La future ligne à grande vitesse Marseille-Toulon-Nice devra s'ouvrir au fret et au TER
Les Echos n° 21087 du 26 Decembre 2011 • page 6Devant le front du refus de la ligne TGV entre Marseille et Nice, l'Etat demande à RFF d'étudier un projet de transport ferroviaire plus global. Les trains de fret et de transport interurbain devraient pouvoir circuler sur la ligne à grande vitesse.
Le comité de pilotage du projet de ligne à grande vitesse présidé par le préfet de la région Paca, Hugues Parant, a tranché : la nouvelle ligne de chemin de fer qui doit relier Marseille, Toulon et Nice par un « tracé des métropoles » ne sera pas exclusivement réservée aux TGV mais accueillera aussi du fret et des TER. Après plusieurs semaines de concertation houleuse, suspendue prématurément par le ministre des Transports, Thierry Mariani, l'Etat vient de demander à RFF (Réseau Ferré de France) de revoir sa copie. « Le débat initial sur la grande vitesse doit changer de nature, explique le préfet. Face aux risques de thrombose automobile des agglomérations de la région, le report modal sur les transports collectifs est une urgence incontournable qui réclame un projet global de mobilité ferroviaire. »
Pas question pour autant d'abandonner la construction d'une nouvelle ligne « rendue indispensable si on veut tripler les capacités de trafic », comme les projections démographiques le recommandent. Mais les revendications exprimées parfois violemment par les populations concernées ont été entendues. « La stricte logique de grande vitesse va être abandonnée au profit d'une ligne mixte tenant compte des contraintes de territoire », explique un ingénieur.
Consensus
Au passage, des consensus ont été dégagés à l'issue des 72 réunions de concertation qui se sont tenues dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes. Consensus contre : la traversée des vignobles de Bandol, le sillon éco-sensible entre Toulon et Le Muy et une gare à l'est de Toulon. « Ces projets envisagés dans la première version sont abandonnés », confirme Hugues Parant. En revanche, un consensus favorable a été trouvé pour confirmer la création d'un grand pôle d'échange ferroviaire souterrain à Marseille (chiffrage estimé : 2 milliards d'euros), d'une gare liée à l'aéroport de Nice Côte-d'Azur et d'une liaison jusqu'à la frontière italienne pour relier à terme Montpellier et Gênes, « au risque, sinon, d'éliminer le littoral du tracé commercial de l'Arc méditerranéen au profit de Lyon », insiste le représentant de l'Etat.
Etudier les alternatives
Enfin, plusieurs points techniques demandent à être approfondis : la sortie de Marseille, l'emplacement d'une future gare à Toulon (au centre ou à l'ouest) et la faisabilité du doublement des voies dans les emprises existantes. « Nous souhaitons épurer et restreindre les nuisances potentielles de cette ligne pour en faire l'ossature naturelle et intégrée d'un projet global de trafic », résume Hugues Parant.
Les ingénieurs de RFF ont six mois pour revoir leur copie et dessiner le maillage de transport envisagé en marge du « tracé des métropoles » (qui changera de nom). Ils devront également étudier les alternatives proposées par les populations et motiver si besoin les raisons de leur rejet. Le nouveau projet sera présenté aux élus à l'occasion d'un nouveau comité de pilotage, à l'été. La possibilité d'une nouvelle concertation publique après cette phase n'a pas été exclue.