Au parking Jules Guesde de la porte d'Aix à Marseille, la barrière monte et descend pour laisser passer les véhicules comme à l'entrée de n'importe quel parking. Le tarif est unique, cinq euros. Ici, pourtant, on ne retire aucun ticket à l'entrée, pour payer en sortant. La transaction se fait de la main à la main. Car ces cinq euros vont directement dans les poches d'une bande qui a pris le contrôle du parking. Des jeunes, selon La Provence , qui ne précise pas leur nombre.
Le groupe français de construction et de BTP Vinci gérait le parking Jules Guesde dans le cadre d'une délégation de service public (DSP) signée avec la communauté urbaine. Mais Vinci en a abandonné la gestion. Depuis «plusieurs mois» selon la communauté urbaine. «Depuis le 8 juillet» selon la direction régionale de Vinci Park. Les deux s'accordent toutefois pour dire que les troubles ne datent pas d'hier.
«15 à 20 plaintes déposées»
Tout commence à la fin de l'année 2010. Un groupe d'individus attend le départ des gardiens de Vinci en fin de journée et continue à faire fonctionner le parc de stationnement en demandant cinq euros par véhicule. Petit à petit, les gardiens se font déborder. Les intimidations et violences se multiplient. La direction régionale de Vinci Park note par exemple que les caisses automatiques sont fréquemment incendiées. Le groupe affirme avoir déposé «15 à 20 plaintes, sans conséquences sur le terrain.» La préfecture assure de son côté en avoir enregistré sept, qui ont été transmises au parquet et ont débouché sur deux interpellations.
La situation était devenue «impossible», reconnaît mercredi dans un communiqué le président PS de Marseille Provence Métropole (MPM), Eugène Caselli. Marseille Provence Métropole se donne jusqu'au premier septembre pour reprendre la main sur le parking. Pour ce faire, Eugène Caselli a annoncé mercredi un renforcement du dispositif de sécurité. Vinci «réfléchit et étudie la question» mais n'a pas encore pris de décision quant à un éventuel retour.
Les différentes autorités concernées se renvoient la responsabilité du problème. «Nous sommes une société d'exploitation de parkings, pas de maintien de l'ordre», explique-t-on à la direction régionale de Vinci Park. Le président de la communauté urbaine estime que la préfecture doit se saisir du problème : «Nous ne parviendrons pas seuls à résoudre durablement ce problème. Pas plus que les nécessaires interventions de la police municipale ne suffiront à rétablir l'ordre public sur ce secteur très sensible de Marseille. Nous attendons en ce sens une réponse rapide de l'Etat». La préfecture, elle, répond «qu'il appartient à Vinci de mettre en place un dispositif de sécurité adapté afin d'assurer la sécurité des personnes et des biens au sein de ses installations. Le coût du stationnement payé par les clients intègre cet aspect.»
Selon les informations du quotidien régional La Provence , la communauté urbaine touchait chaque année 100.000 euros grâce à ce parc de stationnement. Vinci Park n'a pas souhaité s'exprimer sur le manque à gagner occasionné par cette situation.
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