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Ligne n°23 : ... o Europe- Ligne n°24 : o Amériques
Ligne n°25 : o Asie ...- Ligne n°192 : Tout le monde, assurément, ne partagera pas ma prémisse selon laquelle l’autorité de l’État — à la notable exception des États-Unis d’Amérique — s’est réduite ces dernières années. L’intrusion des gouvernements dans notre vie quotidienne est manifestement plus grande aujourd’hui qu’un siècle auparavant. Des lois et des règlements administratifs régissent désormais la durée du travail, la sécurité sur les lieux de travail et dans les habitations, sans parler du comportement des citoyens sur la route. Les écoles et les universités sont toujours plus soumises aux décisions des ministères de l’éducation. Il faut obtenir l’aval de toutes sortes de responsables avant de commencer la construction du moindre bâtiment ou de couper un arbre. L’inspecteur d’une administration — visiteur jadis très exceptionnel (et parfois objet de ridicule) — est devenu un personnage familier voire redouté. Toutes ces interférences de l’État ont un
Ligne n°193 : prix, lequel se traduit par les diverses contributions qu’il prélève sur l’économie, sur le travail de chacun d’entre nous. En témoigne la part du produit intérieur brut que s’arroge l’appareil étatique : aujourd’hui jusqu’à soixante pour cent du revenu national, contre moins de la moitié de ce chiffre naguère encore. La « réforme », ces temps-ci, a toutes les chances de signifier amputer les activités de l’État, réduire l’Administration et exiger d’elle une gestion rigoureuse et des économies, alors qu’il n’y a pas si longtemps cela aurait voulu dire exactement le contraire : recourir à l’autorité du gouvernement pour imposer un comportement réglementé et plus humain à l’ensemble des affaires et du secteur privé. ...- Ligne n°201 : Le pire de ceux-ci est le mot « globalisation », qui peut se référer à n’importe quoi, depuis l’Internet jusqu’au hamburger. Trop souvent, c’est un euphémisme poli pour l’américanisation continue des pratiques culturelles et des goûts en matière de consommation.
- Ligne n°203 : L’expression beaucoup plus ancienne d’« interdépendance » dissimule de même la réalité d’une dépendance asymétrique. Sans doute nombre des auteurs qui l’invoquent, depuis que l’économiste Dick Cooper l’a lancée dans le titre d’un livre à la fin des années 1960 (Cooper, 1968)^*, reconnaissent-ils explicitement que le préfixe « inter » n’exprime pas suffisamment l’inégalité de la dépendance entre les parties. Néanmoins, son usage quotidien sert souvent à atténuer, sinon à dissimuler, la réalité des relations, les réalités brutales du pouvoir structurel sur d’autres États et d’autres sociétés. L’« interdépendance » est très semblable, à cet égard, au substantif « multinationale ». Celui-ci aurait été forgé au début des années 1960 par le service des relations publiques d’International Business Machines pour camoufler — ou du moins tenter de faire oublier — le fait qu’IBM était une entreprise américaine, même
Ligne n°204 : si elle cherchait à accéder au marché de nombreux pays dans le monde entier. Elle n’était en aucun sens « multinationale », si ses opérations l’étaient. Je ne suggère pas que Cooper a lui aussi délibérément employé le mot interdépendance pour cacher le fait que la coopération intergouvernementale, qu’il disait nécessaire au maintien de la prospérité de toutes les économies industrielles avancées, profitait davantage aux États-Unis que, par exemple, à la Suisse ou à la Suède. Il n’en était pas moins vrai que les Américains, en tant que gardiens du feu nucléaire et donc de la sécurité de l’alliance des pays riches, se réservaient le droit de décider quand bon leur semblerait, avec ou sans consultation, d’user de la puissance militaire ou d’en brandir la menace. ...
Ligne n°203 : ... L’expression beaucoup plus ancienne d’« interdépendance » dissimule de même la réalité d’une dépendance asymétrique. Sans doute nombre des auteurs qui l’invoquent, depuis que l’économiste Dick Cooper l’a lancée dans le titre d’un livre à la fin des années 1960 (Cooper, 1968)^*, reconnaissent-ils explicitement que le préfixe « inter » n’exprime pas suffisamment l’inégalité de la dépendance entre les parties. Néanmoins, son usage quotidien sert souvent à atténuer, sinon à dissimuler, la réalité des relations, les réalités brutales du pouvoir structurel sur d’autres États et d’autres sociétés. L’« interdépendance » est très semblable, à cet égard, au substantif « multinationale ». Celui-ci aurait été forgé au début des années 1960 par le service des relations publiques d’International Business Machines pour camoufler — ou du moins tenter de faire oublier — le fait qu’IBM était une entreprise américaine, même- Ligne n°204 : si elle cherchait à accéder au marché de nombreux pays dans le monde entier. Elle n’était en aucun sens « multinationale », si ses opérations l’étaient. Je ne suggère pas que Cooper a lui aussi délibérément employé le mot interdépendance pour cacher le fait que la coopération intergouvernementale, qu’il disait nécessaire au maintien de la prospérité de toutes les économies industrielles avancées, profitait davantage aux États-Unis que, par exemple, à la Suisse ou à la Suède. Il n’en était pas moins vrai que les Américains, en tant que gardiens du feu nucléaire et donc de la sécurité de l’alliance des pays riches, se réservaient le droit de décider quand bon leur semblerait, avec ou sans consultation, d’user de la puissance militaire ou d’en brandir la menace.