Lundi 17 octobre 2011 à 06h00 | Mis à jour le 17 octobre 2011 à 08h15 Par muriel bonneville |
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Samedi, à 102 ans, Raymonde Séliquer a réalisé un rêve : voler en hélicoptère
Martine et Jeanne profitent des vingt minutes dont elles disposent pour tenter de résoudre deux problèmes fondamentaux concernant le gâteau d'anniversaire. Quelle pâtisserie sera assez grande pour accueillir 102 bougies et est-ce que leur mère aura assez de souffle pour les éteindre toutes d'un coup ? Lorsque l'Écureuil AS 350 bleu revient se poser, les deux sœurs n'ont pas véritablement tranché. Mais qu'importe, comme un seul homme elles se lèvent et guettent la descente des cinq passagers de l'hélicoptère.
Quatre hommes en sortent les premiers, dont leurs fils Gérald et Armand. Suit, quelques instants plus tard, une petite dame menue aux cheveux argentés, tout sourire, les yeux pétillants d'un bonheur évident. Il s'agit de Raymonde Séliquer, à qui ses filles Martine et Jeanne ont offert, pour ses 102 ans, un baptême de l'air en hélicoptère. Un rêve enfin réalisé pour la vieille dame. « Je ne saurais trop vous expliquer pourquoi j'ai toujours voulu monter dans un hélicoptère, pouffe-t-elle. Peut-être parce que quelque part, ça me rappelle mon enfance… »
En quête de sensations
Son enfance, Raymonde Séliquer, née Fourquet, la passe au gré des affectations de son père, officier dans l'aviation - il terminera sa carrière comme commandant à la BA 120 de Cazaux en Gironde -, qui changent en moyenne tous les deux ans. « Mon père refusait toujours que l'on monte dans les avions ma sœur et moi, confie la centenaire. Il avait peur pour nous. Mais un jour, nous avons pu voler en cachette dans un avion de chasse à hélices. C'était merveilleux ! Le pilote nous a fait faire plein de virages sur aile. Je crois que c'est depuis cela que j'ai gardé le goût des sensations fortes ! »
La vie aura eu l'occasion de lui en offrir plein d'autres, mais pas toujours aussi joyeuses. Et c'est dans les épreuves que Raymonde Séliquer a montré toute sa force de caractère. Mariée à Pierre, militaire dans l'infanterie coloniale, elle a vécu plusieurs années en Afrique du Nord. En 1943, enceinte de son troisième enfant, elle apprend la disparition de son mari, dont le bateau sur lequel il officiait a été coulé au large de Toulon.
« Elle a toujours su faire face dignement aux événements », dit Martine admirative. Sa mère élude : « J'envie les jeunes d'aujourd'hui, ils ont une adolescence tranquille. Alors que pour nous, c'est vrai, cela n'a pas toujours été drôle avec ces guerres ».
« Quel panorama ! »
À 102 ans, Raymonde Séliquer vit seule et en toute autonomie dans un petit appartement près de la Citadelle à Bayonne, à deux pas donc du 1er RPIMa. « Chaque fois que je les entends faire des manœuvres avec des hélicoptères, je me dis que j'aimerais bien monter dedans ! » rit-elle. Depuis samedi après-midi, c'est chose faite. Ses filles lui ont offert le circuit « Miramar » qui, en vingt minutes, permet de survoler Biarritz, Arnaga, le lac de Saint-Pée et la baie de Saint-Jean-de-Luz. Exceptionnellement, le pilote est allé jusqu'à la Rhune.
« Je n'étais pas du tout stressée, confie la vieille dame de sa petite voix. J'ai même trouvé que l'hélicoptère n'allait pas assez vite ! En revanche, quel panorama ! Le Pays basque vu du ciel est vraiment magnifique. On voit les choses complètement différemment. » Raymonde Séliquer est repartie heureuse, entourée de ses proches visiblement fiers d'elle. L'histoire ne dit pas si elle aura eu à souffler sur 102 bougies le soir même…
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17/10/2011, à 13h55 Alertez
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