
Des heures d’attente à l’entrée d’hôpitaux vétustes, sans équipement, au personnel médical à bout. Des médicaments achetés à prix d’or sur le marché noir. Des familles désespérées qui vendent leurs maigres biens pour acheter des bouteilles d’oxygène à des prix exorbitants et sauver leurs proches malades.
La crise sanitaire due au nouveau coronavirus a mis en lumière en Amérique latine l’ampleur des carences des systèmes de santé, victimes d’un manque récurrent d’investissement public mais aussi de la corruption, mal endémique qui affecte tous les pays de la région – qui totalisait, samedi 10 octobre, 10 millions de cas recensés, près de 330 000 décès avec le taux de mortalité le plus élevé au monde.
« La santé est le secteur le plus touché après les infrastructures et l’éducation »
Achats d’équipement surfacturés, détournements de fonds d’aides publiques, éléphants blancs, mafias qui font le commerce de médicaments falsifiés, hôpitaux commandés, payés et jamais construits… la liste des faits de corruption et de trafic durant la crise sanitaire est longue. Et n’est pas étrangère au fait que six des dix pays du monde au plus grand nombre de morts du Covid-19 en proportion de leur population sont situés en Amérique latine. En mai, un rapport du Conseil des avocats pour les droits civils et économiques, une organisation américaine, avait établi que, dans douze des quatorze pays de la région étudiés, des faits de corruption ont été relevés dans les contrats publics de marchés liés à la lutte contre la pandémie.
En Colombie, rappelle Andres Hernandez, directeur de l’organisation Transparencia por Colombia (section locale de Transparency International), la santé est « le troisième secteur d’activité le plus touché par la corruption, après les infrastructures et l’éducation ». Du « cartel du sida » au « cartel de l’hémophilie », la Colombie a une longue expérience en matière de scandales sanitaires. La crise liée au Covid-19 n’a rien arrangé. « Pour lutter efficacement contre la pandémie, il a fallu tout à la fois ouvrir le robinet des dépenses publiques et accélérer les procédures », souligne M. Hernandez, décrivant une situation qui s’est répétée un peu partout dans la région.
Dans l’est de la Colombie, le gouverneur du département rural du Vichada, Alvaro Leon, a été suspendu le 28 août pour quatre mois : le surcoût des contrats d’achat d’aliments signés par ses services est évalué à 300 millions de pesos (65 000 euros), une fortune dans cette région pauvre et délaissée.
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