Crimes/enquêtes
Démission du procureur ghanéen anti-corruption

Le procureur anti-corruption au Ghana, Martin Amidu a démissionné lundi. Il accuse le chef de l'Etat Nana Akufo-Addo "d'ingérence politique" dans son travail, trois semaines avant l'élection présidentielle.
L'ancien procureur général a affirmé qu'il restait convaincu "qu'il n'était plus en mesure d'exercer en toute indépendance" son travail, dans une lettre de démission adressée au président et rendue publique.
"Vous avez, à tort, pensé que je pourrais exercer ma fonction de procureur spécial comme votre caniche", écrit-il dans sa lettre.
M. Amidu accuse notamment le président Nana Akufo Ado d'avoir tenté de lui faire enterrer un rapport explosif concernant une société offshore créée par le gouvernement pour gérer les redevances minières du pays, premier producteur d'or en Afrique.
Il accuse également le chef de l'Etat d'essayer d'être "juge et partie" alors que le rapport pointe des pratiques négatives dans la lutte contre le corruption au sein de la présidence.
La démission de M. Amidu intervient avant l'élection présidentielle du 7 décembre. L'actuel président Nana Akufo-Addo, candidat à sa réélection, affrontera l'ancien chef d'Etat John Mahama dans un scrutin qui s'annonce serré.
La présidence n'a pas encore réagi à ces accusations, mais le pouvoir exécutif a récemment affirmé qu'il agissait de façon transparente dans ce dossier.
La nomination de M. Martin Amidu par le président Akufo-Addo en février 2018 avait suscité l'espoir au Ghana, pays considéré un modèle de démocratie en Afrique de l'Ouest, mais où la corruption demeure un problème persistant.
Le rapport sur la société offshore a finalement été publié il y a deux semaines et le gouvernement a annoncé qu'il retardait l'entrée en bourse de cette société au lendemain de la présidentielle.
Cette société devait entrer à la Bourse de Londres en septembre et permettre de lever 500 millions de dollars (421 millions d'euros). Mais son introduction sur les marchés a été suspendue après que des organisations de la société civile aient dénoncé des risques de corruption.
Pour les autorités, ce projet de vente devrait aider financièrement le Ghana a faire face à la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus.
En 2019, le Ghana a été classé 80e sur 180 dans l'index sur la perception de la corruption établi par l'ONG Transparency International. Selon une enquête de cette ONG, un tiers des usagers du service public ont affirmé avoir payé des pots-de-vin cette année-là.
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L'armée malienne accusée de crimes de guerre et des groupes armés de crimes contre l'humanité

L'armée malienne a commis des "crimes de guerre" et plusieurs groupes armés des "crimes contre l'humanité", indique la Commission internationale sur le Mali établie par l'ONU dans un rapport transmis aux membres du Conseil de sécurité et obtenu en exclusivité par l'AFP.
Sans être la seule, l'armée malienne figure au premier rang des accusés de cette commission, qui estime avoir recueilli "des motifs raisonnables de croire" qu'elle a "commis des crimes de guerre", selon ce rapport de près de 350 pages, qui prône la création d'une Cour spécialisée dans les crimes internationaux.
Etablie en janvier 2018, cette commission, composée de la Suédoise Lena Sundh, du Camerounais Simon Munzu et du Mauricien Vinod Boolell, a enquêté sur la période 2012-2018.
Elle a remis mi-2020 son rapport au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui l'a transmis la semaine dernière aux 15 membres du Conseil de sécurité.
Interrogé par l'AFP, le service de communication de l'ONU n'a pas fait de commentaire sur le texte, qui n'a pas encore été rendu public.
En 2012, les militaires maliens s'étaient emparés du pouvoir par un coup d'Etat censé enrayer la déroute de l'armée face aux rebelles indépendantistes et jihadistes dans le Nord, mais qui l'a en fait précipitée, plongeant le pays dans une crise qui se poursuit.
En 2012-2013, les forces de sécurité et de défense se sont rendus coupables d'"assassinats" visant "particulièrement les membres des communautés touareg et arabe", les associant aux rebelles indépendantistes et aux groupes jihadistes.
Après l'apparition en 2015 d'un groupe jihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa, les peuls du centre du Mali ont été victimes d'amalgames: "les assassinats commis par les forces armées maliennes ont de plus en plus visé les membres de (cette) communauté", dit le texte.
Plusieurs signataires de l'accord de paix, dont les ex-rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le groupe pro-gouvernemental "Gatia", sont également responsables de "crimes de guerre", selon la Commission.
Elle a en outre accusé de "crimes contre l'humanité" d'autres acteurs du conflit, notamment des groupes armés jihadistes dont l'influence et la violence ne cessent de s'étendre dans la sous-région, mais aussi de la milice Dan Nan Ambassagou, qui s'est érigée en défenseure des dogons dans le centre du Mali et est accusée de massacres de villageois peuls.
A la différence d'autres rapports, les conclusions de cette commission peuvent constituer une base légale pour de futurs procès.
Attentat de Lockerbie en 1988: Un Libyen inculpé aux Etats-Unis

La justice américaine a annoncé lundi l'inculpation d'Abou Agila Mohammad Massoud, un ancien agent des services secrets libyens soupçonné d'avoir participé à l'attentat de Lockerbie en décembre 1988 en Ecosse, le jour du 32e anniversaire de la tragédie.
Il est accusé d'avoir assemblé la bombe qui a explosé à bord du Boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am au-dessus de la petite ville écossaise le 21 décembre 1988, tuant ses 259 passagers et membres d'équipage, dont 190 ressortissants américains. Onze habitants de Lockerbie avaient été tués par des débris de l'appareil.
"Enfin, cet homme responsable du meurtre d'Américains et de nombreux autres va répondre de ses crimes devant la justice", a déclaré le ministre de la Justice Bill Barr.
Il s'est dit "optimiste" sur une extradition aux Etats-Unis d'Abou Agila Mohammad Massoud, actuellement détenu par les autorités en Libye.
"Nous n'avons pas de raisons de penser que ce gouvernement a un intérêt à s'associer avec cet acte terroriste haineux", a-t-il déclaré.
Selon M. Barr, les autorités libyennes actuelles ont obtenu les aveux d'Abou Agila Mohammad Massoud lors d’un interrogatoire après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2012.
En 1991, les justices américaine et écossaise avaient annoncé l'inculpation de deux agents de renseignement libyens, Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi et Amine Khalifa Fhimah, pour leur participation à l'attentat.
Bill Barr était à l'époque ministre de la Justice par intérim et avait annoncé ces poursuites.
Les deux accusés libyens avaient été jugés en 2000 par un tribunal spécial écossais établi en terrain neutre, aux Pays-Bas. L'année suivante, Fhimah avait été acquitté et Megrahi, reconnu coupable de meurtre, condamné à la prison à vie avant de voir sa peine être commuée en 27 de prison minimum.
Il avait été libéré en 2009 pour raisons médicales et est mort trois ans plus tard dans son pays.
Controverse autour des centaines de conteneurs de déchets d'Italie

Comment les poubelles d'une région du sud italien sont-elles arrivées en bateau en Tunisie, pays déjà en difficulté avec ses propres déchets? La question se pose alors que la saisie de centaines de conteneurs fait craindre une vaste affaire de corruption.
Depuis que des douaniers du port de Sousse, ville de l'est de la Tunisie, ont saisi 70 grands conteneurs puis 212 autres au début de l'été, la douane et le ministère de l'Environnement se renvoient la balle.
Et, dimanche soir, le ministre de tutelle Mustapha Aroui a été limogé par le chef du gouvernement Hichem Mechichi. Aucun motif officiel n'a été fourni, mais cette décision est bien liée à l'affaire des déchets, a affirmé à l'AFP une source gouvernementale sous couvert de l'anonymat.
Les cargaisons mises en cause contenaient des déchets ménagers, dont l'exportation est interdite par la législation tunisienne comme par les conventions internationales, qui les qualifient de "dangereux".
Elles ont été importées par une entreprise locale, Soreplast, quelques semaines seulement après que cette société en sommeil a relancé ses activités -en mai-, avec pour seule autorisation de recycler des rebuts plastiques industriels destinés à l'exportation.
Interrogé avant l'annonce de son limogeage, le service de communication de M. Aroui avait assuré que le ministre n'avait "signé aucun document" autorisant Soreplast à se lancer dans l'importation des déchets.
Sollicité à plusieurs reprises, le patron de Soreplast est resté injoignable.
L'AFP a en revanche obtenu copie de la demande initiale de la société tunisienne: à l'arrivée des conteneurs, elle a sollicité l'autorisation d'importer de façon "temporaire" des "déchets en plastiques post-industriel en balles non dangereux (...) pour effectuer les opérations de tri, recyclage et réexportation vers le territoire européen".Pourtant, le contrat signé par Soreplast avec une société italienne stipule explicitement avoir "pour objectif la récupération (par Soreplast) des déchets et leur élimination ultérieure" en Tunisie.
Selon un responsable douanier, ces documents montrent que Soreplast a fait une fausse déclaration sur la nature de la marchandise importée.
Ramifications
Le contrat a été passé avec une société basée au sud de Naples, Sviluppo Risorse Ambientali Srl, spécialisée dans la collecte et traitement des déchets en Campanie (sud).
L'entreprise italienne est également restée injoignable malgré les démarches de l'AFP.
Le document, dont l'AFP a obtenu une copie, prévoit l'élimination de 120.000 tonnes maximum, au prix de 48 euros par tonne --soit un total dépassant les 5 millions d'euros.
A Sousse, le 8 juillet, il a finalement été décidé de saisir les conteneurs pour les renvoyer en Italie, d'après le responsable douanier.
Mais, à ce jour, les déchets sont toujours en Tunisie.
Et cette affaire semble illustrer les ramifications du commerce illégal des déchets, qui augmente face au durcissement des normes européennes, et à la réticence grandissante de l'Asie, longtemps dépotoir des déchets occidentaux.
Dans un rapport en août, Interpol a ainsi alerté sur l'augmentation considérable des chargements de déchets plastiques illégaux depuis 2018.
Un phénomène d'autant plus préoccupant que les infrastructures tunisiennes ne permettent pas au pays de surmonter ses propres besoins: seuls 61% des déchets de la capitale sont collectés, selon un rapport récent de la Banque mondiale, et la majorité aboutit dans des décharges à ciel ouvert.
L'affaire a été largement relayée dans les médias, et une enquête judiciaire a été ouverte, mais la justice n'a pas encore fait état d'arrestation.
"Lobbies"
"Cette affaire montre qu'il y a de grands lobbies de corruption", affirme Hamdi Chebâane, expert en valorisation des déchets et membre d'une coalition d'associations, Tunisie Verte, mettant en cause le ministère de l'Environnement et de hauts responsables politiques.
Selon lui, le ministère a subi d'importantes pressions d'hommes d'affaires ces dernières années pour permettre l'importation de déchets, mais "c'est la première fois" qu'une telle affaire est dévoilée.
"Comment la douane a-t-elle permis le dépôt de ces déchets sur le sol tunisien, alors qu'il n'y a aucune autorisation officielle?", accuse Béchir Yahya, directeur du recyclage à l'Agence nationale de recyclage des déchets (Anged), sous la tutelle du ministère de l'Environnement.
L'Anged est elle accusée par la douane d'avoir donné le feu vert pour faire sortir les 70 premiers conteneurs du port.
La douane a en effet exigé une attestation sur la nature de leur contenu avant de les laisser sortir. Le responsable de l'Anged a estimé dans un message électronique qu'il s'agissait de plastique et non de déchets interdits.
Dans ce courriel de M. Yahya, dont l'AFP a pu voir une copie, ce dernier précisait qu'après avoir lu les résultats de prélèvements effectués, il ne voyait "aucune objection à l'importation de ces produits en plastique (...) ne contenant pas de produits dangereux".
C'est sur la foi de cette correspondance que la douane a autorisé l'enlèvement des 70 conteneurs, assure une source douanière.
Mais M. Yahya souligne qu'il ne s'agissait que d'un "avis personnel" officieux, "pas d'un document officiel", et que les douaniers savaient que cela ne suffisait en aucun cas à autoriser l'importation.
Les 212 autres conteneurs sont toujours dans un coin du port, où l'activité était très dense quand l'AFP s'y est rendue début décembre.
Des experts judiciaires étaient affairés à en examiner le contenu, selon le directeur du port, qui en a interdit l'accès à l'AFP malgré une autorisation des ministères concernés.
"Cette énorme quantité que la Tunisie n'a pas les moyens d'enterrer, vers où aurait-elle été envoyée?" si l'affaire n'avait pas été révélée, s'interroge encore Hamdi Chebâane.
Nigeria: 5 militaires tués et 35 civils enlevés dans deux attaques jihadistes

Cinq soldats nigérians ont été tués samedi soir par des jihadistes affiliés à l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) dans une embuscade visant un convoi militaire dans l'Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria, ont indiqué dimanche des sources sécuritaires.
Des combattants de cette branche de Boko Haram affiliée à l'EI ont également kidnappé 35 personnes vendredi et tué une femme dans l'attaque d'un autre convoi de voitures transportant des civils dans la même région, épicentre de l'insurrection islamiste, selon deux autres sources sécuritaires.
Samedi soir, des jihadistes armés de lance-roquettes ont ouvert le feu sur le convoi militaire en périphérie de la ville de Mafa, à 44 kilomètres Maiduguri, capitale du Borno.
"Les terroristes ont tiré une roquette sur le convoi qui a touché un véhicule dans lequel se trouvaient cinq soldats", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire sous couvert d'anonymat.
"Les cinq soldats ont été tués", selon cette source. Ce bilan a été confirmé par une autre source sécuritaire, qui ajoute que les insurgés se sont emparés de deux véhicules militaires.
L'ISWAP, qui a fait scission de Boko Haram en 2016, multiplie les attaques contre les forces armées et a tué des dizaines, voire des centaines de soldats nigérians. Mais elle est accusée de s'en prendre également de plus en plus souvent aux civils.
Vendredi en fin d'après-midi, des jihadistes ont tendu une embuscade sur un convoi de voitures transportant des civils sur l'autoroute reliant Maiduguri et Damaturu, ville située dans l'Etat voisin de Yobe.
"Les insurgés sont arrivés à bord de cinq camions équipés de mitrailleuses et ont barricadé l'autoroute. Ils ont enlevé 35 personnes et en ont tué une", a déclaré dimanche à l'AFP le responsable d'une milice antijihadiste pro-gouvernementale, Umar Ari.
Neuf véhicules abandonnés par les voyageurs ont été pillés par les jihadistes qui ont incendié un camion et deux autres voitures.
Plus de 36.000 personnes ont été tuées et environ deux millions ont été déplacées en une décennie de conflit dans le nord-est du Nigeria.
Les violences jihadistes de Iswap et de Boko Haram sont jusqu'ici restées localisées dans le nord-est du Nigeria.
Mais l'enlèvement de 344 enfants le 11 décembre dernier par des groupes criminels pour le compte de Boko Haram dans le nord-ouest du pays, à des centaines de kilomètres de leur bastion, fait redouter une expansion territoriale du groupe jihadiste.
Les centaines d'enfants ont finalement été relâchés vendredi après des négociations entre les autorités et les groupes criminels.
Trois morts dans un attentat-suicide perpétré par une adolescente au Nigeria

Trois personnes ont été tuées et deux grièvement blessées vendredi soir dans un attentat-suicide perpétré par une adolescente dans le nord-est du Nigeria, où le groupe jihadiste Boko Haram a récemment intensifié ses attaques, ont affirmé à l'AFP des sources humanitaire et sécuritaire.
"Nous avons évacué trois cadavres et deux personnes grièvement blessées", a déclaré à l'AFP Abubakar Mohammed, un travailleur humanitaire, après l'attentat-suicide survenu dans la ville de Konduga, à 38 kilomètres de la capitale régionale Maiduguri, dans l'Etat du Borno.
La kamikaze, qui aurait environ 17 ans, a activé ses explosifs au milieu d'un groupe d'hommes réunis à côté du domicile d'un chef local, a déclaré Ibrahim Liman, responsable d'une milice pro-gouvernementale, qui a communiqué à l'AFP le même bilan.
Cet attentat-suicide porte la marque du groupe jihadiste Boko Haram, qui utilise des femmes kamikazes pour mener des attaques contre des civils dans cette région depuis le début de l'insurrection en 2009. L'année dernière, 30 personnes avaient été tuées par trois kamikazes de Boko Haram dans la même ville de Konduga.
L'attaque de vendredi intervient une semaine après l'enlèvement de centaines d'enfants et d'adolescents par des criminels pour le compte de Boko Haram dans le nord-ouest du pays, région pourtant située à des centaines de kilomètres du bastion du groupe jihadiste.
Vendredi, 344 de ces garçons ont été libérés après négociations avec les autorités et ont retrouvé leur famille, mais le nombre de victimes encore aux mains des ravisseurs restait flou samedi.
Ce rapt massif a ému la planète entière, et ravivé le souvenir de l'enlèvement par Boko Haram de plus de 200 jeunes filles à Chibok en 2014.
Fin novembre, le groupe jihadiste avait également tué au moins 76 agriculteurs qui travaillaient dans un champs non loin de Maiduguri, l'attaque la plus violente cette année contre des civils, selon l'ONU.
Boko Haram et sa branche dissidente, le groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), ont fait plus de 36.000 morts en dix ans de conflit et deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.