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mardi 11 octobre 2005, 20h56
OMC: tir de barrage français contre les demandes américaines et Mandelson
PARIS (AFP) - La France a rejeté mardi les propositions américaines pour relancer les négociations sur l'agriculture à l'OMC, les jugeant "irréalistes", et a sévèrement rappelé à l'ordre le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson qui a proposé de fortes baisses des subventions.
Les propositions "de nos partenaires américains ne doivent être à aucun moment conditionnées à des demandes irréalistes envers les autres, tout particulièrement sur la question très sensible de l'accès au marché agricole", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy lors d'une conférence de presse.
Lundi, le représentant américain pour le Commerce Rob Portman avait annoncé à Zurich que les Etats-Unis étaient prêts à accepter une baisse de 60% sur cinq ans des aides internes qui faussent le plus les échanges mondiaux, en échange d'une baisse de 80% des aides internes européennes.
En réponse, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson avait mis immédiatement sur la table une baisse de 70% des aides versées par Bruxelles.
"Le commissaire européen a cru devoir répondre en allant probablement un peu au-delà du cadre du mandat dans lequel il opérait", a déclaré lors de la même conférence de presse le ministre déléguée au Commerce extérieur Christine Lagarde.
M. Douste-Blazy a rappelé de "manière solennelle" à M. Mandelson "les principes qui s'imposent au négociateur européen".
"Ce sont les décisions prises par le Conseil qui ont fixé le cadre de ces négociations. Il appartient au Commissaire, premièrement de s'y conformer", a déclaré le ministre. "Deuxièmement d'apporter la démonstration que les positions qu'il a exprimées ces derniers jours respectent pleinement les dispositions prises dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) entre 1999 et 2003", a-t-il ajouté.
Et "troisièmement, il incombe au Commissaire de respecter pleinement l'obligation de transparence à laquelle il s'est engagé, ce qui implique conformation et pleine association du Conseil des Etats membres à chaque étape significative de la négociation", a affirmé M. Douste-Blazy.
Ces subventions sont au coeur des négociations sur la libéralisation du commerce mondial, connues sous le nom de cycle de Doha. Elles doivent être concrétisées dans deux mois à Hong Kong lors d'une conférence des ministres des 148 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
La France avait réagi dès lundi à l'appel de M. Portman en soulignant que l'UE avait "déjà apporté sa contribution à la négociation avec la réforme de la PAC de 2003".
"Nous souhaitons sanctuariser la PAC telle qu'elle a été modifiée en 2003", a déclaré Mme Lagarde, ajoutant que "la position française sera défendue avec vigueur et vigilance".
L'accord de Luxembourg de juin 2003 entre les ministres de l'Agriculture de l'UE a entériné la sanctuarisation jusqu'en 2013 du montant de la majeure partie des dépenses de la PAC.
"Au moment où la négociation de l'OMC s'engage dans une phase cruciale", M. Douste-Blazy a assuré: "la France n'est pas isolée et notre réseau diplomatique est mobilisé".
Peter Mandelson est un proche du Premier ministre britannique Tony Blair qui s'oppose régulièrement à la France au sein de l'UE sur la question de la PAC. En juin, le Royaume-Uni, qui assure la présidence de l'UE jusqu'à la fin de l'année, et la France, s'étaient opposés sur le budget de l'Union. M. Blair avait lié toute renégociation du "rabais" britannique sur ses contributions à une nouvelle réforme en profondeur de la PAC.
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