La Rance est un fleuve côtier long de 100 km, dont le large estuaire subit, deux fois par jour, des marées dont l'amplitude atteint aux équinoxes le chiffre exceptionnel de 13,5 mètres. Lorsque la marée monte, les vannes sont ouvertes pour laisser entrer l'eau dans le bassin, puis refermées lorsque le niveau d'eau maximum est atteint, ce qui a pour conséquence d'isoler le bassin de la mer. Eventuellement on pompe un peu pour augmenter le niveau d'eau du bassin par rapport à celui de la mer. A marée descendante, lorsque la différence de hauteur d'eau a atteint un niveau suffisant, on "turbine". L'eau s'écoule alors du bassin vers la mer, selon le principe des vases communicants et entraîne les turbines, qui génèrent un courant électrique. Ce fonctionnement, illustré par la figure 1, est dit à "simple effet" ; mais les groupes bulbes peuvent également produire à "double effet", c'est-à-dire à marée descendante comme à marée montante (voir figure 2).
Une énergie naturelle et renouvelable
La ressource des marées est variable jour après jour, mais globalement constante à l'échelle de l'année. L'usine pourrait être pilotée de manière à tirer de cette ressource le maximum de kilowatt-heures mais la demande en électricité suit son propre rythme, ce qui se traduit par une recherche de l'optimisation du placement à la journée : L'intérêt général étant de valoriser la production de la Rance pour en obtenir la recette maximale, on s'efforce de produire pendant les heures de pointe et les heures pleines, lorsque le prix du kWh est le plus élevé.
Une technologie originale
Le groupe bulbe est une turbine hydraulique, appelée ainsi en raison de la forme profilée de l'enveloppe qui abrite le générateur électrique. L'alternateur de chaque groupe est entraîné par une hélice dont les quatre pales sont orientables en fonction du débit de l'eau et de son sens d'écoulement (mer vers bassin ; bassin vers mer). Il peut également fonctionner en moteur et le groupe agit alors comme une pompe. Son sens de rotation est déterminé par le sens d'écoulement de l'eau.
Des marées informatisées
La surveillance et la conduite de l'usine sont assurées depuis la "salle de commande", où convergent toutes les informations. Un calculateur fixe les conditions de fonctionnement des groupes et des vannes à partir d'un programme élaboré sur un ordinateur central, en fonction des heures et des coefficients de marée. Le Barrage, c'est un pont de 700 mètres de long jeté entre Dinard et Saint-Malo, véritable trait d'union entre les deux rives, autrefois isolées l'une de l'autre. C'est également une écluse qui assure la continuité du trafic maritime. Mais c'est aussi une grave erreur écologique au début de la construction: celle d'avoir isolé, pendant trois années consécutives, le bassin de la "mer nourricière". Véritable bouleversement dont se sont fait l'écho tous les journaux locaux et nationaux de l'époque ! Heureusement, un nouvel équilibre semble s'être établi au bout d'une dizaine d'années de fonctionnement du barrage : La Rance est maintenant riche en faune et en flore, même si les espèces actuelles différent des espèces d'origine. Aujourd'hui, les différents projets de barrages marémoteurs dans le monde font d'abord l'objet d'une rigoureuse étude écologique. C'est le cas du barrage de la Severn, actuellement en projet entre le Pays de Galles et l'Angleterre.
Schéma de fonctionnement du barrage. Les turbines sont actionnées deux ou quatre fois par jour, suivant l'option choisie. En simple effet (figure1), la production se fait uniquement à marée descendante, lorsque le bassin se vide vers la mer. En double effet (figure 2), l'énergie induite par le remplissage du bassin est également valorisée. Dans les deux cas, la différence de niveau de part et d'autre du barrage peut être accentuée par un pompage au moment de l'étale. |
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