Comment expliquer que le gouvernement Landry ait lancé, en juin dernier, au mépris de tous les rapports et débats publics tenus depuis 10 ans sur le sujet, un programme de construction de 36 barrages privés sur 24 rivières du Québec ? Comment expliquer qu’il ait profité de la journée internationale contre les barrages, le 14 mars dernier, pour annoncer à la centaine de groupes de citoyens et aux 32 artistes, dont Jean-Claude Germain, Paul Piché, Roy Dupuis, Richard Desjardins, Marie-Claire Séguin, et tant d’autres, mobilisés pour « Adoptez une rivière », qu’il allait encore sacrifier au moins 14 rivières pour un maigre 132 mégawatts ?
On sait pourtant, qu’à eux seuls, les programmes d’économie d’énergie permettraient d’épargner de 10 à 15 % des 35 000 mégawatts produits annuellement au Québec ! Alors pourquoi bétonner bêtement nos plus beaux sites pour si peu d’énergie qui peut être obtenue pour moins cher et plus durablement ?
Et pourquoi ajouter l’injure à l’odieux en bafouant les droits des citoyens d’être consultés sur le développement de leur territoire comme le recommandait en 1997 la commission Doyon qui a analysé toutes les conséquences de la première série de barrages, autorisée au début des années 90 par les libéraux ?
Ils prétendent que c’est pour l’emploi ? Or, ces centrales automatisées, une fois construites, n’emploient qu’une seule personne, alors qu’elles compromettent pour des décennies le développement récréotouristique, qui crée à lui seul, au Québec, 3 000 emplois par année. Pour le développement des communautés locales ? Ce sont les promoteurs qui empochent, ne laissant généralement que des miettes aux MRC ou aux municipalités impliquées. Pour s’allier les petites élites locales, comme on l’a vu à d’autres époques avec les travaux de voirie ? Bien mauvaise stratégie électoraliste, à voir l’ampleur de la mobilisation contre ces projets ! Pour limiter la pollution et réduire les gaz à effet de serre ? L’absurdité du projet de centrale thermique pour la santé des écosystèmes et des populations ainsi que l’absence d’énergies alternatives témoignent bien de leurs perspectives à la petite semaine.
Alors pourquoi ces petits barrages ? Sans doute pour répondre au lobby de promoteurs cherchant dans cette eau turbinée des profits de 12 % ! Pour gruger un peu plus dans les 396 sites « prometteurs » déjà identifiés par Hydro-Québec. Mais aussi pour servir de « cache-sexe », permettant de détourner l’attention des grands projets de développement hydroélectriques du Nord. Chose certaine, jamais n’a-t-on autant senti l’urgence de démocratiser les débats sur les politiques énergétiques du Québec. Au risque, sinon, de perdre nos rapides, nos chutes, nos rivières et un peu plus à chaque fois le « pays réel ».
« Adoptez une rivière » :
(514) 281-1018