Irak

«C'est la chose la plus épouvantable que j'ai vu de ma vie, j'espère ne plus jamais revoir ça», a raconté le sergent Mario Manzano, 26 ans, médecin militaire de la troisième division d'infanterie de l'US Army après une nouvelle bavure, qui a causé la mort de sept civils, femmes et enfants, lundi, à un poste de contrôle près de Najaf (150 km au sud de Bagdad). Alors que l'état de nervosité des soldats est monté d'un cran, aux barrages routiers américains de la région, depuis le premier attentat suicide qui a tué quatre soldats samedi, une voiture a essuyé un tir nourri à l'approche d'un poste de contrôle, dans l'après-midi de lundi. Selon un porte-parole américain, il y a d'abord eu des tirs de sommation puis, «en dernier recours, ils (les soldats) ont tiré dans l'habitacle». Il poursuit: «Quand les soldats ont ouvert la porte du véhicule, ils ont trouvé 13 femmes et enfants. Sept étaient morts, deux blessés et quatre indemnes».

Le «Washington Post» a recueilli des témoignages de soldats ayant observé la scène, qui montrent le manque de préparation des troupes américaines face à ce type de situation. Voyant avec inquiétude le véhicule approcher d'une intersection contrôlée par la troisième division d'infanterie, le capitaine Ronny Johnson saisit sa radio, raconte le «Post»: «Tirez un coup de semonce», ordonne-t-il. Pas de réponse. Il crie: «Mitraillez le moteur». Toujours rien. Il lance à ses hommes: «Allez, mais qu'est-ce que vous faites!» et finit par hurler: «Arrêtez-le, arrêtez-le». Une rafale s'abat sur le véhicule.
Ronny Johnson attrape alors ses jumelles pour observer la scène et se tourne vers ses hommes: «Bande d'incapables, vous venez de tuer toute une famille parce que vous n'avez pas tiré de semonce suffisamment tôt!». Dans un communiqué publié un peu plus tard, le Centre de commandement central, basé au Qatar, a affirmé que selon les rapports préliminaires, «les soldats ont réagi conformément aux règles d'engagement afin de se protéger». Une enquête a été ouverte.

A Nasiriya, trois soldats américains ont été blessés lundi, dont un grièvement, par des soldats irakiens qui ont ouvert le feu sur eux à partir d'une ambulance du Croissant-Rouge. Mardi matin, à une trentaine de kilomètres de là, des Marines américains ont annoncé avoir abattu un Irakien non armé qui conduisait une camionnette à vive allure et ne s'est pas arrêté à un barrage routier devant la ville de Chatra. Un passager a été gravement blessé. «J'ai cru que c'était un attentat suicide», a déclaré l'un des militaires ayant tiré sur la camionnette.