Le sommet du 60e anniversaire des Nations Unies s’est clos vendredi soir dernier à New York sous les acclamations d’un nombre record de 150 chefs d’État participants, mais la pluie de critiques vis-à-vis des conclusions faibles et diluées n’a pas tardé.
Plusieurs chefs de gouvernements, ONG et citoyens du monde avaient de grandes attentes quant à ce sommet, croyant qu’il pourrait statuer sur plusieurs questions fondamentales qui maintiennent depuis longtemps l’institution internationale dans le marasme. Certes, de vains espoirs si l’on considère l’hétérogénéité des membres et les agendas politiques intransigeants de certains d’entre eux.
Le mot d’ordre était «réforme», mais s’est avéré plus près d’un statu quo. Un des points central des discussions depuis longtemps tourne autour du Conseil de sécurité et son élargissement. Dans sa forme actuelle, le veto des membres permanents (Chine, États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie) est un barrage qui obstrue plus souvent qu’autrement la possibilité de résolutions positives. Par exemple, advenant la déposition de sanctions onusiennes envers l’Iran et son nucléaire, la Russie et la Chine ont déjà indiqué leur opposition préalable, forts de leurs partenariats militaires et économiques ascendants. La réforme du Conseil de sécurité a été remise à plus tard, laissant présager de réelles difficultés ou même l’impossibilité d’obtenir des changements concrets dans un avenir rapproché.
Un élément a obtenu un concert d’acquiescements de tous les membres et c’est la volonté de lutter contre le «terrorisme», peu importe ce que le terme veut dire, car aucune définition n’a été forgée.
L’ AFP rapporte que le président russe Vladimir Poutine a affirmé que le terrorisme était le «successeur idéologique du nazisme» et qu’il le condamnait «sous toutes ses formes et manifestations». Ses détracteurs pourraient amplement lui rappeler son implication dans le bourbier de la Tchétchénie.
Le «terrorisme», en demeurant un terme vague et flou, devient certes l’objet de lutte des pays de tout acabit, mais le terrorisme d’État demeure tabou et justifié, dans la mesure où il s’agit de lutter contre le terrorisme.
La guerre au terrorisme permet à des pays, aux prises avec certains groupes demandant plus d’autonomie, d’utiliser la machine répressive militaro-policière pour frapper sans retenue et sans grande distinction. On peut penser aux manifestations réprimées dans le sang à Andijan, Ouzbékistan, en mai dernier. Le président Islam Karimov avait tôt fait de décrire ses victimes civiles (hommes, femmes et enfants) comme des terroristes islamistes.
Les discussions ont fait un bout de chemin pour remplacer l’actuelle Commission des droits l’homme, également critiquée pour son inutilité quasi-totale. Siégeant seulement quelques semaines par année, les réformistes aimeraient voir la création d’un conseil permanent pour protéger les droits humains.
Toutefois, les propositions allant dans ce sens n’ont pas fait l’unanimité, se butant à la Chine, la Russie et quelques pays en développement, rappelant le clivage non lointain de la Guerre froide.
L’actuelle Commission est noyautée et certains pays jouent de leur influence pour éviter que leur situation des droits de l’homme ne soit même discutée ouvertement. Les pays occidentaux espèrent un Conseil siégeant à l’année longue et bloquant l’accès aux États parias qui n’excellent sur la scène internationale qu’en matière de violations des droits humains.
La présente Commission a été la risée en ayant dernièrement en son sein des États comme Cuba, le Soudan, la Libye, le Zimbabwe et la Chine.
L’autre point majeur, absent avant même le début du Sommet – car effacé du document de travail – était la question du désarmement et de la non-prolifération des armes nucléaires. Le secrétaire général de l’ONU avait d’ailleurs exprimé sa déception à ce sujet tôt la semaine dernière. Au moment où menaces entrelacées de négociations planent sur l’Iran et la Corée du Nord, l’omission volontaire de ces questions fondamentales a démontré que le monde couvait toujours la guerre, même si tous appellent à la paix.
«Le point crucial manquant est la non-prolifération et le désarmement». «C’est une vraie honte. Nous avons échoué sur le TNP [Traité de non-prolifération des armes nucléaires] et nous avons échoué maintenant.» Les brouillons du document de travail des Nations Unies soumis aux médias précédemment incluaient des déclarations sous la section «Désarmement et non-prolifération», mais dans l’ébauche finale publiée mardi dernier, la section au complet était omise.
«Évidemment, nous n’avons pas obtenu tout ce que nous souhaitions et, avec 191 membres, il n’est pas facile de conclure une entente», a continué Annan. «Il y avait certains gouvernements qui n’étaient pas prêts à faire les concessions nécessaires.»
M. Annan a fait face à un barrage de critiques des journalistes lors de son point de presse. Ils ont critiqué sa gestion des réformes, le scandale du programme Pétrole contre nourriture et son autorité morale en générale. Avec les puissantes rivalités régionales et la collusion entre États-membres pour empêcher un changement, le leadership des Nations Unies a été incapable de les unir sur plusieurs points principaux. Selon l’opinion d’un reporter lors de la conférence, «ces derniers jours n’ont pas été positifs pour l’image publique des Nations Unies».
Le secrétaire général s’est dit tout de même «satisfait» du document final, admettant que cela aurait pu être «mieux». «Nous aurions tous aimé obtenir davantage, mais c'est un pas en avant important», a-t-il déclaré, selon l’ AFP.