L'avenir de la physique à l'UQAM
La physique à l'UQAM :
des rêveries à la dure réalité
Élie Boridy
Département de physique
Le rêve et la réalité
Dans un long article paru dans le SPUQ-Info du mois davril dernier, notre collègue André Joyal, du Département de mathématiques, se livre à un « plaidoyer pour le sauvetage de la physique à lUQAM ». Après avoir rappelé limportance de la physique, il sinquiète des rumeurs de plus en plus persistantes de fermeture du Département de physique et conclut en implorant, au nom de la « solidarité », le Conseil académique de la Faculté des sciences, la Commission des études et la direction de lUQAM de « se ressaisir » et de « maintenir et redresser » ce département.
Rares sont les membres de la communauté universitaire qui se sont prononcés publiquement en faveur de la physique et de son développement à lUQAM, et il est toujours réconfortant dentendre des voix comme celle dAndré Joyal pour rappeler la place centrale de cette discipline scientifique. Ceux à qui le volumineux dossier du Département de physique est familier savent en effet combien deffort et dénergie ont été déployés ces dernières années, alors que jen assumais la direction, pour, dune part, assurer à la physique la place quelle na jamais pu occuper à lUQAM et, dautre part, pour « redresser » ce département tout en affrontant un barrage de passivité, de méfiance, dhostilité, dincrédulité et dindifférence. Après y avoir consacré près de quatorze ans, dont six ans à titre de directeur, la réalité ne ma toutefois donné dautre choix, en définitive, que de recommander moi-même à la direction de lUniversité la mise en tutelle du département et dexaminer la pertinence de maintenir cette unité administrative sous sa forme actuelle et son implication dans la formation spécialisée en physique.
Que sest-il passé au juste pour en arriver là après tant de détermination et de persévérance? Lhistorique du Département de physique ne peut être résumé en quelques lignes, mais il est bien connu que ce département a toujours été confronté à deux problèmes majeurs : la fréquentation anémique du programme de baccalauréat en physique et les conflits internes qui le secouent de façon cyclique, quelle que soit la personne qui le dirige, dont les causes, constamment entretenues, remontent à lépoque de sa création. En termes scientifiques, les conditions initiales du cheminement du département avaient été mal posées, à sa naissance, et leur validité avait complètement échappé à tout contrôle.
Un cheminement chaotique
Lexposé quelque peu abstrait dAndré Joyal ignore ou passe trop vite sur ces problèmes chroniques du Département de physique et sur son cheminement chaotique qui ont largement contribué à freiner son développement. Quil suffise de rappeler les activités marginales du point de vue disciplinaire (quAndré Joyal qualifie curieusement de « succès » et d« extrême polyvalence de la physique ») dans lesquelles le département sétait lancé dès sa création, dans la liberté la plus totale, allant, entre autres, de la gestion des déchets, de la biologie, des génies chimique, électrique, mécanique et de la météorologie à la ... méditation transcendantale, en passant accessoirement par la physique.
Aujourdhui encore, malgré tous les efforts des dernières années pour donner au département une certaine crédibilité externe, on continue à y prôner avec le plus grand sérieux lenseignement dune « physique sociale » et dune « physique des sens ». De ce fait, le Département de physique de lUQAM na joué, dans sa propre discipline, quun rôle de figuration au sein du système universitaire québécois. Et de ce fait, il accuse un retard insurmontable pour une participation crédible à la formation spécialisée en physique, un constat qui na pas échappé à lanalyse récente de la Commission des universités sur les programmes (CUP). Cest sans doute ce qui a poussé récemment lUniversité à suspendre les admissions au baccalauréat en physique qui nattirait quune poignée détudiants annuellement.
Dans ce contexte, le « plaidoyer » fort louable, mais visiblement non documenté, de notre collègue André Joyal en faveur de la physique dans notre Université me paraît aussi déconcertant que tardif.
Ramener la réflexion à un niveau concret
Il est utile de ramener la réflexion sur lavenir du Département de physique à un niveau plus concret et de rappeler que ce département traverse actuellement sa cinquième crise majeure en moins de trois décennies et quil en est à sa quatrième tutelle et à son sixième tuteur. Ses conflits internes cycliques sont jumelés aux difficultés quil éprouve depuis trente ans à se définir des orientations scientifiques durables, avec ou sans intervention externe. Les tentatives récentes des deux tuteurs du département qui se sont succédé au cours des douze derniers mois en témoignent de façon éloquente. La fréquentation historiquement déficiente de ses programmes et ses activités de recherche plus que modestes sajoutent aux nombreuses causes qui placent aujourdhui le Département de physique, en tout point, loin derrière les autres départements de la Faculté des sciences et encore plus loin derrière les trois autres départements de physique de la région montréalaise.
Sur une période de près de trente ans, des directeurs, des comités et des tuteurs, en nombre impressionnant, se sont penchés tour à tour sur les problèmes endémiques du département, chacun y allant de sa solution quil espérait définitive, souvent en défaisant la solution précédente. La plus généreuse et la plus fouillée est celle proposée, il y a deux ans, par le Comité sur lavenir de la physique à lUQAM qui a été entérinée par le Conseil dadministration malgré les réticences de la communauté universitaire, incluant limmense majorité des membres de la Faculté des sciences. Le plan daction établi par ce comité constituait une ouverture inespérée pour le département, car non seulement il répondait aux revendications unanimes de ses (sept) professeurs, mais il visait, surtout, à lextirper finalement de sa marginalité. Lors de sa mise en application, toutefois, dans une volte-face qui défie toute analyse logique, il sest paradoxalement heurté, au département même, à la résistance tenace au changement dune majorité de professeurs et à leur attachement, profondément enraciné, au statu quo, provoquant ainsi la consternation et lexaspération générales et ranimant les conflits internes qui ont conduit le département à sa présente tutelle.
Par cette dernière maladresse qui a brisé lunanimité affichée autour dobjectifs qui, jusque-là, semblaient communs, le Département de physique est, encore une fois, retourné à la case départ non sans entacher la crédibilité quil essayait de se forger. Et encore une fois, les discussions byzantines ont repris de plus belle dans la communauté sur ce que devrait être la physique à lUQAM, sur les orientations à donner à cette discipline et sur la pertinence de maintenir un département de physique manifestement incapable de fonctionner normalement.
Y a-t-il une solution rationnelle?
Quelle solution envisager après toutes ces tentatives avortées? Y a-t-il une solution rationnelle qui pourrait mettre un terme aux problèmes aigus du Département de physique qui ont drainé, au fil des ans, une quantité impressionnante dénergie et de ressources? Étant donné sa taille actuelle réduite (sept professeurs) et le volume comparativement faible de ses activités dans la discipline proprement dite, sil fallait aujourdhui satisfaire les rêveries de certains et ramener le département, comme je le souhaitais, à un niveau raisonnable de développement et de productivité répondant aux standards et critères établis récemment par la CUP, il faudrait à toutes fins utiles monter, de nouveau, tout un département. LUQAM devrait alors injecter des ressources humaines et matérielles importantes dans un cadre budgétaire plus contraignant que jamais. Même si cet obstacle était levé, avec les pressions de rationalisation qui sexercent sur les universités québécoises et la diminution généralisée du nombre dinscriptions en physique, il sagirait là dun processus à contre-courant exigeant des justifications convaincantes et sans faille puisque les trois autres départements de physique avoisinants subissent, parallèlement, dimportantes compressions. Plus encore, cela supposerait que les problèmes de fonctionnement répétitifs de lactuel département soient définitivement réglés. Après quatre tutelles et les louvoiements des deux dernières années, il est permis den douter.
Des décisions prudentes
La décision de lUQAM de se retirer de la formation spécialisée de premier cycle en physique est, à mon avis, une décision sage étant donné la conjoncture présente et future, et la compétition vive des universités voisines. Récemment, la Commission des études refusait de donner son aval à limplantation de nouveaux programmes dont celui de majeure en physique et mineure en météorologie, soumis avec des prévisions deffectifs étudiants des plus fantaisistes contredisant lexpérience toute récente. Là encore, la Commission a joué de prudence, comme il se devait, se rappelant sûrement les nombreux programmes périphériques et éphémères qui ont vu le jour au Département de physique sans justification sérieuse et dont certains ont été longtemps maintenus en vie de façon artificielle et coûteuse. LUQAM devrait continuer à résister aux pressions résiduelles qui, au nom dune « solidarité » soudainement retrouvée après trente ans dapathie, lincitent à « faire demi-tour » et à revenir sur ses décisions pour se relancer dans des programmes hâtivement confectionnés et sans lendemain.
Un rôle plus modeste et plus réaliste
de la physique à lUQAM
Maintenant que ces décisions sont prises, lUniversité devrait plutôt orienter ses ressources, dans limmédiat, vers la formation de soutien en physique requise par les programmes existants de sa Faculté des sciences, qui représente en fait, en termes détudiants-cours, la presque totalité des activités actuelles du département. Rappelons à cet effet que, de lavis même de la CUP, si la présence de la physique est essentielle dans toute université abritant un secteur des sciences, la formation spécialisée en physique nest pas une condition nécessaire. Après avoir établi, « sans appel possible », les conditions dune telle formation, la CUP souligne, par ailleurs, qu« une université comprendra quelle ne peut prétendre offrir aujourdhui des programmes spécialisés dans un secteur, et à plus forte raison en physique, sauf à ces conditions, quitte à sen dessaisir lorsquils ne satisfont pas les standards de formation, cela à la fois pour le bien de létudiant et de la discipline. La physique resterait alors à même de participer à une formation scientifique polyvalente à luniversité. » Dans cette optique, lUQAM pourrait alors songer à étendre sa participation à la formation en physique en examinant la possibilité de création de nouveaux programmes de majeure/mineure, à condition que ces programmes soient bien ciblés et résolument soutenus. À condition surtout quils soient administrés avec la rigueur que la nouvelle réalité impose, en confiant leur gestion à une personne qualifiée, objective et étrangère aux conflits qui secouent le département. Il sagit là dun préalable essentiel, car lexpérience indique que, tôt ou tard, ces conflits finissent par déborder sur la programmation en perpétuant le cercle vicieux dont il est urgent de sortir.
Une solution définitive aux problèmes chroniques
du Département de physique
Les bases dune solution définitive et réaliste aux problèmes chroniques du Département de physique ont été jetées avec le retrait du programme de baccalauréat en physique. Aux cycles supérieurs, le département dispense depuis 1992 un programme de maîtrise en physique (par extension de lUQTR) qui nimplique que deux ou trois cours par année et dont la fréquentation modeste diminue régulièrement. Les tâches administratives reliées à ces deux programmes feront graduellement place à une plus grande disponibilité des professeurs au profit de leurs activités académiques. De plus, comme les effectifs actuels du département peuvent répondre adéquatement aux demandes des différents programmes de sciences requérant des cours de physique, aucune ressource professorale additionnelle ne sera nécessaire. Le seul abandon du baccalauréat en physique libérera bientôt léquivalent de quatre postes de professeur.
Dans ce contexte, la structure départementale naurait effectivement plus sa raison dêtre. Les sept professeurs en place pourraient former un groupe à lintérieur dune autre unité administrative, éliminant ainsi lune des principales causes des conflits internes du Département. Lexemple du groupe de micro-électronique, transféré au Département dinformatique à la suite de la troisième tutelle du Département de physique, est un modèle de fonctionnement qui pourrait être adopté pour un « groupe de physique » relevant dune unité administrative daccueil. Un exemple plus récent est donné par le groupe de sciences de latmosphère/météorologie, autrefois relevant aussi du Département de physique, qui a été muté, il y a quatre ans, au Département des sciences de la terre. Dautres exemples de ce modèle de fonctionnement intégrant dans la même unité administrative des disciplines ou des champs détudes présentant des affinités existent à lUQAM aussi bien à la Faculté des sciences que dans dautres facultés et institutions universitaires. Il présente lavantage de rapprocher les disciplines et les individus et de favoriser linterdisciplinarité comme le souhaite André Joyal dans son apologie pédagogique de la physique. Et comme il le souligne très justement, un tel rapprochement local ne pourrait avoir que des effets bénéfiques sur les activités de recherche et sur lencadrement détudiants aux cycles supérieurs. De plus, il naltère en rien la possibilité de collaboration dans la recherche et la formation, à tous les cycles, avec les départements de physique des trois universités avoisinantes, fortement recommandée par la CUP. Ce mode de fonctionnement, dicté par le simple bon sens, contredit manifestement lassertion générale énoncée par certains que le développement dune discipline ou dun champ détudes requiert nécessairement une structure départementale autonome, si petite soit-elle et à nimporte quel prix.
Se poser enfin les vraies questions
La question nest pas de savoir si la physique est une discipline importante et essentielle au sein de la Faculté des sciences. Tout le monde en convient, aujourdhui à lUQAM, et ce nest certainement pas un physicien qui a lutté farouchement dans ce but qui démentira cette évidence. La question est plutôt de déterminer si, dans le contexte peu favorable que nous connaissons et eu égard à lexpérience pénible des trente dernières années, lUQAM peut toujours espérer jouer un rôle significatif dans cette discipline ou si elle ne devrait pas plutôt se contenter dun rôle plus modeste et plus réaliste. Dans la première éventualité, lUQAM serait-elle disposée à y effectuer un investissement massif en ressources humaines et matérielles et pourrait-elle objectivement le justifier? Avec deux autres départements de physique des plus performants au Canada situés à moins de trois kilomètres du Département de physique de lUQAM, le ministère de lÉducation, dans sa nouvelle volonté de surveiller de plus près lutilisation des fonds publics, ne tardera probablement pas à indiquer lavenue à emprunter. Il vaudrait mieux que lUQAM prenne les devants et fasse ce choix de façon volontaire.
Ce texte se retrouve aux pages 6, 7, 8 et 9. |
En réponse à la question posée par André Joyal :
« ...comment en sommes-nous arrivés à envisager la fermeture de notre département de physique? »
Armel Boutard, Gilles Bolduc, Gilles Couture,
Chérif Hamzaoui, Paul Lavallée
Professeurs au Département de physique
La question
Dans le numéro davril 2000 du SPUQ-Info, le professeurAndré Joyal du Département de mathématiques présentait un plaidoyer pour la physique à lUQAM.
Le texte du professeur Joyal démontre, par de nombreux exemples précis, limportance de la physique dans le monde scientifique et au quotidien par les applications technologiques innombrables auxquelles elle donne naissance. Il atteste de la polyvalence de la physique et de ses liens fondamentaux avec les autres disciplines. Enfin, il rappelle la nécessité de la physique, science fondamentale, pour une faculté des sciences et pour une université.
Nous affirmons notre accord avec les propos du professeur Joyal et nous voudrions répondre à limportante question quil pose : « ... comment en sommes-nous arrivés à envisager la fermeture de notre Département de physique? »
Nous pensons quen exposant les étapes qui ont conduit à une telle interrogation, nous trouverons des pistes permettant de redresser la situation.
Les faits
Le cheminement qui a conduit à la situation actuelle doit être exposé afin de permettre à tous de comprendre dans quelles conditions se sont prises les décisions qui ont mené à létat déplorable où se retrouve le Département de physique.
1996-97: nous sommes sur la bonne voie
Au milieu des années 90, le Département de physique faisait ses frais. Mieux, en 1996-97, selon les indicateurs en vigueur, il justifiait lengagement de deux et peut-être trois nouveaux professeurs.
Alors que certains de nos diplômés du baccalauréat choisissaient le marché de lemploi, dautres, majoritaires, poursuivaient des études en maîtrise tant à lUQAM que dans dautres universités.
Lentente récente sur le programme de maîtrise avec lUniversité du Québec à Trois-Rivières connaissait un succès tel que le nombre détudiants inscrits était comparable à celui de lUniversité de Montréal au deuxième cycle. Plusieurs de nos diplômés en maîtrise ont poursuivi des programmes de Ph. D. dans des universités comme lUniversité de Montréal, lUniversité de Sherbrooke, lÉcole Polytechnique, University of Western Ontario, Institute of Theoretical Physics (Stony Brook, NY), University of California- Davis.
La production en recherche était dun niveau comparable à celui des autres universités en terme de productivité par professeur.
En 1996-97, la physique se portait bien à lUQAM.
Début de dérapage?
Dailleurs, la Commission des études, parmi ses recommandations dengagement de professeurs pour 1997-98, avait attribué un poste au Département de physique. De façon incompréhensible, le poste sest évaporé entre la Commission des études et le Conseil dadministration. Cela se passait, il y a quatre ans.
Au printemps 1997, la Commission des études de lUQAM crée un Comité chargé détudier lavenir de la physique à lUQAM. Le Comité est présidé par le professeur Serge Robert du Département de philosophie; le professeur Yves Gingras du Département dhistoire et le professeur Robert Anderson du Département de mathématiques en sont membres; y siègent aussi deux membres externes à lUQAM, le professeur Maurice Labbé, retraité de lU de M. et le professeur René Racine, également retraité de lU de M.
Le Comité Robert dépose son rapport en janvier 1998. Il recommande, unanimement, le développement du Département de physique, en particulier par lajout dun deuxième axe de recherche et lembauche de plusieurs professeurs nouveaux; tout cela selon un échéancier précis sétalant sur plusieurs années. Une oeuvre de planification rare, jugée remarquable par lensemble des professeurs du Département de physique.
Le 6 février 1998, lassemblée départementale de physique se prononce en faveur du Rapport Robert dans une résolution votée unanimement, par tous les professeurs du département.
Dérapage
La Commission des études prépare, à la fin du mois de mars 1998, une résolution qui modifie plusieurs des éléments esssentiels des recommandations du Rapport Robert. Cest ici que les difficultés commencent.
Pressé par une majorité de professeurs de tenir une assemblée départementale pour discuter de cette résolution de la Commission des études, le directeur du département, Élie Boridy, refuse obstinément de la tenir, et ne la tient pas. Il affirme que les modifications lui conviennent et que cela est suffisant.
À la suite de ce refus, une réunion informelle à laquelle sont invités tous les professeurs du département est commandée. Quatre des sept professeurs du département y participent. Une lettre signée par les quatre professeurs est adressée à la rectrice indiquant les écarts entre la résolution de la Commission des études et les recommandations du Comité sur lavenir de la physique et les conséquences négatives de ces écarts pris dans leur ensemble; il y est finalement demandé à la rectrice de ramener la position de lUQAM plus près du plan du rapport.
Aucun accusé de réception. Le Conseil dadministration entérine la position de la Commission des études sans modifications importantes.
Deux mois plus tard (fin mai 1998), la rectrice rencontre les professeurs du département et les informe quils ont un poste à leur dispositon (celui que leur avait accordé la Commission des études en 1997 et qui sétait évaporé avant datteindre le Conseil dadministration), mais que pour la suite des événements rien nest planifié; le Département de physique devra suivre le processus régulier; et même, sil y a des départs à la retraite, il ny a aucune garantie de remplacement.
Par la suite, le directeur refuse de convoquer plusieurs assemblées départementales bien que la demande lui en soit faite dans les formes, par écrit, et parfois sous signatures de cinq des sept professeurs du département.
Un mois plus tard (fin juin 1998), le doyen de la Gestion académique rencontre lassemblée du Département de physique. À cette occasion, il suggère aux professeurs de penser à faire disparaître le département; une fusion dans un autre département pourrait, dit-il, être envisagée. Il reçoit lappui du directeur du département.
Vers la mi-août 1998, le directeur du département, Élie Boridy, adresse à la vice-rectrice, Lynn Drapeau, une lettre dans laquelle il recommande la dissolution du département. Cet avis se fait à linsu du département; aucune consultation ou discussion ne lont précédé. Cinq des sept professeurs du département retirent leur confiance au directeur. Celui-ci ne démissionnera quau milieu du mois de septembre 1998.
Au début de novembre, monsieur René Racine, retraité du Département de physique de lUniversité de Montréal, est nommé administrateur délégué (tuteur) du département.
Le Rapport Racine est déposé en mars 1999. Il y est recommandé de suspendre les admissions au baccalauréat spécialisé en physique avant dentamer toute discussion avec lUniversité de Montréal en vue de létablissement dun programme de baccalauréat conjoint. Il y est aussi recommandé de procéder à lengagement de professeurs à laide dun comité composé en nombre égal de professeurs de lUniversité de Montréal et de lUQAM. Rappelons que monsieur René Racine est signataire du Rapport Robert, mentionné plus haut.
En juin 1999, André Hade, professeur au Département de chimie de lUQAM, est nommé tuteur du Département de physique. À la remorque du Rapport Racine, lUQAM suspend les admissions au baccalauréat en physique à partir de janvier 2000. Cette suspension est immédiatement diffusée sur le réseau internet.
Simultanément à la fermeture virtuelle du baccalauréat en physique, la Commission des études demande au Module de physique de mettre en place un programme majeure-mineure de type physique-météorologie avec léventuel ajout dautres mineures.
Un tel programme est déposé à la Commission des études en mars 2000 avec deux mineures (en météorologie et en informatique). La Commission des études reporte ladoption du programme. La boucle est bouclée; il ny a plus de programme en physique à lUQAM.
Commentaires
Alors « ... comment en sommes nous arrivés à envisager la fermeture de notre département de physique? »
Pour en arriver à ce résultat, il aura fallu compter sur le travail de ladministration pour bloquer lattribution dun poste, justifié sans conteste, au Département de physique en 1997.
Pour en arriver à ce résultat, il aura fallu anéantir le plan prometteur du Rapport Robert.
Les recommandations du Rapport Robert étaient le résultat dune longue étude, fouillée, faite par cinq personnes externes au Département de physique dont deux externes à lUQAM. La planification du Rapport Robert assurait une présence forte de lUQAM en physique, renforçait sa Faculté des sciences et assurait à lUQAM le maintien dun éventail équilibré de disciplines caractéristiques dune université à part entière. Le Rapport Robert voyait à long terme. Rappelons que le Rapport Robert a été produit à la demande et selon les directives de la Commission des études.
Pour en arriver à ce résultat, il aura fallu compter sur un directeur de département, Élie Boridy, qui demande la fermeture de son département, à linsu de ses professeurs; le directeur est appuyé par le doyen de la Gestion académique.
Pour en arriver à ce résultat, il aura fallu aussi compter sur le travail dun tuteur (René Racine), retraité du Département de physique de lUniversité de Montréal, encore actif en recherche à lU de M, qui a été engagé par notre administration pour relancer la physique à lUQAM; le tuteur Racine a recommandé la « fermeture temporaire » du baccalauréat spécialisé en physique (en contradiction avec les recommandations de la CUP dans son rapport du mois daoût 1998) et la mise en place dun mécanisme par lequel lengagement de professeurs de lUQAM serait soumis au veto de lUniversité de Montréal. Toute une relance!
Le rôle de ladministration dans ces événements est, on le voit, loin dêtre transparent.
Il nest pas trop tard
En décembre 1999, la rectrice Paule Leduc a affirmé, devant lassemblée générale du Département de physique (employés de soutien et professeurs), que les négociations avec lUniversité de Montréal sur la mise en place du baccalauréat conjoint en physique (promis par le tuteur Racine) sont dans le marasme, et semble-t-il, pour plusieurs années. Serait-il possible que lUQAM se ressaisisse et prenne des mesures positives avant que tout ne soit définitivement perdu? LUQAM aura-t-elle le courage de reconnaître que la « fermeture temporaire » du baccalauréat en physique du tuteur Racine était peut-être un leurre?
Bien que les cégeps aient été informés que les admissions étaient impossibles en physique à lUQAM pour la session dautomne 2000, malgré que cette information ait été diffusée sur le réseau internet, quarante-huit (48) demandes dadmission ont été refusées par lUQAM pour le baccalauréat en physique (fermé) à lautomne 2000.
Combien y en aurait-t-il eu avec une campagne positive faite dans un climat de support et dappui collectif?
Ce résultat est un des nombreux indices que la physique à lUQAM a un potentiel réel. Ce potentiel est détaillé dans plusieurs documents publics déposés auprès des instances de lUQAM, documents où les propositions de développement respectent les directives du rapport de la CUP du mois daoût 1998.
Il ne manque que la volonté politique pour que le redressement seffectue. Lapplication du Rapport Robert demeure dactualité dans son esprit et ses grandes lignes. Nous souhaitons que toutes les instances de lUQAM le reconsidèrent.
Ce texte se retrouve aux pages 9, 10 et 11. |