Mai 2000, numéro 211

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L'avenir de la physique à l'UQAM




La physique à l'UQAM :
des rêveries à la dure réalité

Élie Boridy
Département de physique


Le rêve et la réalité

Dans un long article paru dans le SPUQ-Info du mois d’avril dernier, notre collègue André Joyal, du Département de mathématiques, se livre à un « plaidoyer pour le sauvetage de la physique à l’UQAM ». Après avoir rappelé l’importance de la physique, il s’inquiète des rumeurs de plus en plus persistantes de fermeture du Département de physique et conclut en implorant, au nom de la « solidarité », le Conseil académique de la Faculté des sciences, la Commission des études et la direction de l’UQAM de « se ressaisir » et de « maintenir et redresser » ce département.

Rares sont les membres de la communauté universitaire qui se sont prononcés publiquement en faveur de la physique et de son développement à l’UQAM, et il est toujours réconfortant d’entendre des voix comme celle d’André Joyal pour rappeler la place centrale de cette discipline scientifique. Ceux à qui le volumineux dossier du Département de physique est familier savent en effet combien d’effort et d’énergie ont été déployés ces dernières années, alors que j’en assumais la direction, pour, d’une part, assurer à la physique la place qu’elle n’a jamais pu occuper à l’UQAM et, d’autre part, pour « redresser » ce département tout en affrontant un barrage de passivité, de méfiance, d’hostilité, d’incrédulité et d’indifférence. Après y avoir consacré près de quatorze ans, dont six ans à titre de directeur, la réalité ne m’a toutefois donné d’autre choix, en définitive, que de recommander moi-même à la direction de l’Université la mise en tutelle du département et d’examiner la pertinence de maintenir cette unité administrative sous sa forme actuelle et son implication dans la formation spécialisée en physique.

Que s’est-il passé au juste pour en arriver là après tant de détermination et de persévérance? L’historique du Département de physique ne peut être résumé en quelques lignes, mais il est bien connu que ce département a toujours été confronté à deux problèmes majeurs : la fréquentation anémique du programme de baccalauréat en physique et les conflits internes qui le secouent de façon cyclique, quelle que soit la personne qui le dirige, dont les causes, constamment entretenues, remontent à l’époque de sa création. En termes scientifiques, les conditions initiales du cheminement du département avaient été mal posées, à sa naissance, et leur validité avait complètement échappé à tout contrôle.



Un cheminement chaotique

L’exposé quelque peu abstrait d’André Joyal ignore ou passe trop vite sur ces problèmes chroniques du Département de physique et sur son cheminement chaotique qui ont largement contribué à freiner son développement. Qu’il suffise de rappeler les activités marginales du point de vue disciplinaire (qu’André Joyal qualifie curieusement de « succès » et d’« extrême polyvalence de la physique ») dans lesquelles le département s’était lancé dès sa création, dans la liberté la plus totale, allant, entre autres, de la gestion des déchets, de la biologie, des génies chimique, électrique, mécanique et de la météorologie à la ... méditation transcendantale, en passant accessoirement par la physique.

Aujourd’hui encore, malgré tous les efforts des dernières années pour donner au département une certaine crédibilité externe, on continue à y prôner avec le plus grand sérieux l’enseignement d’une « physique sociale » et d’une « physique des sens ». De ce fait, le Département de physique de l’UQAM n’a joué, dans sa propre discipline, qu’un rôle de figuration au sein du système universitaire québécois. Et de ce fait, il accuse un retard insurmontable pour une participation crédible à la formation spécialisée en physique, un constat qui n’a pas échappé à l’analyse récente de la Commission des universités sur les programmes (CUP). C’est sans doute ce qui a poussé récemment l’Université à suspendre les admissions au baccalauréat en physique qui n’attirait qu’une poignée d’étudiants annuellement.

Dans ce contexte, le « plaidoyer » fort louable, mais visiblement non documenté, de notre collègue André Joyal en faveur de la physique dans notre Université me paraît aussi déconcertant que tardif.


Ramener la réflexion à un niveau concret

Il est utile de ramener la réflexion sur l’avenir du Département de physique à un niveau plus concret et de rappeler que ce département traverse actuellement sa cinquième crise majeure en moins de trois décennies et qu’il en est à sa quatrième tutelle et à son sixième tuteur. Ses conflits internes cycliques sont jumelés aux difficultés qu’il éprouve depuis trente ans à se définir des orientations scientifiques durables, avec ou sans intervention externe. Les tentatives récentes des deux tuteurs du département qui se sont succédé au cours des douze derniers mois en témoignent de façon éloquente. La fréquentation historiquement déficiente de ses programmes et ses activités de recherche plus que modestes s’ajoutent aux nombreuses causes qui placent aujourd’hui le Département de physique, en tout point, loin derrière les autres départements de la Faculté des sciences et encore plus loin derrière les trois autres départements de physique de la région montréalaise.

Sur une période de près de trente ans, des directeurs, des comités et des tuteurs, en nombre impressionnant, se sont penchés tour à tour sur les problèmes endémiques du département, chacun y allant de sa solution qu’il espérait définitive, souvent en défaisant la solution précédente. La plus généreuse et la plus fouillée est celle proposée, il y a deux ans, par le Comité sur l’avenir de la physique à l’UQAM qui a été entérinée par le Conseil d’administration malgré les réticences de la communauté universitaire, incluant l’immense majorité des membres de la Faculté des sciences. Le plan d’action établi par ce comité constituait une ouverture inespérée pour le département, car non seulement il répondait aux revendications unanimes de ses (sept) professeurs, mais il visait, surtout, à l’extirper finalement de sa marginalité. Lors de sa mise en application, toutefois, dans une volte-face qui défie toute analyse logique, il s’est paradoxalement heurté, au département même, à la résistance tenace au changement d’une majorité de professeurs et à leur attachement, profondément enraciné, au statu quo, provoquant ainsi la consternation et l’exaspération générales et ranimant les conflits internes qui ont conduit le département à sa présente tutelle.

Par cette dernière maladresse qui a brisé l’unanimité affichée autour d’objectifs qui, jusque-là, semblaient communs, le Département de physique est, encore une fois, retourné à la case départ non sans entacher la crédibilité qu’il essayait de se forger. Et encore une fois, les discussions byzantines ont repris de plus belle dans la communauté sur ce que devrait être la physique à l’UQAM, sur les orientations à donner à cette discipline et sur la pertinence de maintenir un département de physique manifestement incapable de fonctionner normalement.



Y a-t-il une solution rationnelle?

Quelle solution envisager après toutes ces tentatives avortées? Y a-t-il une solution rationnelle qui pourrait mettre un terme aux problèmes aigus du Département de physique qui ont drainé, au fil des ans, une quantité impressionnante d’énergie et de ressources? Étant donné sa taille actuelle réduite (sept professeurs) et le volume comparativement faible de ses activités dans la discipline proprement dite, s’il fallait aujourd’hui satisfaire les rêveries de certains et ramener le département, comme je le souhaitais, à un niveau raisonnable de développement et de productivité répondant aux standards et critères établis récemment par la CUP, il faudrait à toutes fins utiles monter, de nouveau, tout un département. L’UQAM devrait alors injecter des ressources humaines et matérielles importantes dans un cadre budgétaire plus contraignant que jamais. Même si cet obstacle était levé, avec les pressions de rationalisation qui s’exercent sur les universités québécoises et la diminution généralisée du nombre d’inscriptions en physique, il s’agirait là d’un processus à contre-courant exigeant des justifications convaincantes et sans faille puisque les trois autres départements de physique avoisinants subissent, parallèlement, d’importantes compressions. Plus encore, cela supposerait que les problèmes de fonctionnement répétitifs de l’actuel département soient définitivement réglés. Après quatre tutelles et les louvoiements des deux dernières années, il est permis d’en douter.



Des décisions prudentes

La décision de l’UQAM de se retirer de la formation spécialisée de premier cycle en physique est, à mon avis, une décision sage étant donné la conjoncture présente et future, et la compétition vive des universités voisines. Récemment, la Commission des études refusait de donner son aval à l’implantation de nouveaux programmes dont celui de majeure en physique et mineure en météorologie, soumis avec des prévisions d’effectifs étudiants des plus fantaisistes contredisant l’expérience toute récente. Là encore, la Commission a joué de prudence, comme il se devait, se rappelant sûrement les nombreux programmes périphériques et éphémères qui ont vu le jour au Département de physique sans justification sérieuse et dont certains ont été longtemps maintenus en vie de façon artificielle et coûteuse. L’UQAM devrait continuer à résister aux pressions résiduelles qui, au nom d’une « solidarité » soudainement retrouvée après trente ans d’apathie, l’incitent à « faire demi-tour » et à revenir sur ses décisions pour se relancer dans des programmes hâtivement confectionnés et sans lendemain.



Un rôle plus modeste et plus réaliste
de la physique à l’UQAM

Maintenant que ces décisions sont prises, l’Université devrait plutôt orienter ses ressources, dans l’immédiat, vers la formation de soutien en physique requise par les programmes existants de sa Faculté des sciences, qui représente en fait, en termes d’étudiants-cours, la presque totalité des activités actuelles du département. Rappelons à cet effet que, de l’avis même de la CUP, si la présence de la physique est essentielle dans toute université abritant un secteur des sciences, la formation spécialisée en physique n’est pas une condition nécessaire. Après avoir établi, « sans appel possible », les conditions d’une telle formation, la CUP souligne, par ailleurs, qu’« une université comprendra qu’elle ne peut prétendre offrir aujourd’hui des programmes spécialisés dans un secteur, et à plus forte raison en physique, sauf à ces conditions, quitte à s’en dessaisir lorsqu’ils ne satisfont pas les standards de formation, cela à la fois pour le bien de l’étudiant et de la discipline. La physique resterait alors à même de participer à une formation scientifique polyvalente à l’université. » Dans cette optique, l’UQAM pourrait alors songer à étendre sa participation à la formation en physique en examinant la possibilité de création de nouveaux programmes de majeure/mineure, à condition que ces programmes soient bien ciblés et résolument soutenus. À condition surtout qu’ils soient administrés avec la rigueur que la nouvelle réalité impose, en confiant leur gestion à une personne qualifiée, objective et étrangère aux conflits qui secouent le département. Il s’agit là d’un préalable essentiel, car l’expérience indique que, tôt ou tard, ces conflits finissent par déborder sur la programmation en perpétuant le cercle vicieux dont il est urgent de sortir.



Une solution définitive aux problèmes chroniques
du Département de physique

Les bases d’une solution définitive et réaliste aux problèmes chroniques du Département de physique ont été jetées avec le retrait du programme de baccalauréat en physique. Aux cycles supérieurs, le département dispense depuis 1992 un programme de maîtrise en physique (par extension de l’UQTR) qui n’implique que deux ou trois cours par année et dont la fréquentation modeste diminue régulièrement. Les tâches administratives reliées à ces deux programmes feront graduellement place à une plus grande disponibilité des professeurs au profit de leurs activités académiques. De plus, comme les effectifs actuels du département peuvent répondre adéquatement aux demandes des différents programmes de sciences requérant des cours de physique, aucune ressource professorale additionnelle ne sera nécessaire. Le seul abandon du baccalauréat en physique libérera bientôt l’équivalent de quatre postes de professeur.

Dans ce contexte, la structure départementale n’aurait effectivement plus sa raison d’être. Les sept professeurs en place pourraient former un groupe à l’intérieur d’une autre unité administrative, éliminant ainsi l’une des principales causes des conflits internes du Département. L’exemple du groupe de micro-électronique, transféré au Département d’informatique à la suite de la troisième tutelle du Département de physique, est un modèle de fonctionnement qui pourrait être adopté pour un « groupe de physique » relevant d’une unité administrative d’accueil. Un exemple plus récent est donné par le groupe de sciences de l’atmosphère/météorologie, autrefois relevant aussi du Département de physique, qui a été muté, il y a quatre ans, au Département des sciences de la terre. D’autres exemples de ce modèle de fonctionnement intégrant dans la même unité administrative des disciplines ou des champs d’études présentant des affinités existent à l’UQAM aussi bien à la Faculté des sciences que dans d’autres facultés et institutions universitaires. Il présente l’avantage de rapprocher les disciplines et les individus et de favoriser l’interdisciplinarité comme le souhaite André Joyal dans son apologie pédagogique de la physique. Et comme il le souligne très justement, un tel rapprochement local ne pourrait avoir que des effets bénéfiques sur les activités de recherche et sur l’encadrement d’étudiants aux cycles supérieurs. De plus, il n’altère en rien la possibilité de collaboration dans la recherche et la formation, à tous les cycles, avec les départements de physique des trois universités avoisinantes, fortement recommandée par la CUP. Ce mode de fonctionnement, dicté par le simple bon sens, contredit manifestement l’assertion générale énoncée par certains que le développement d’une discipline ou d’un champ d’études requiert nécessairement une structure départementale autonome, si petite soit-elle et à n’importe quel prix.



Se poser enfin les vraies questions

La question n’est pas de savoir si la physique est une discipline importante et essentielle au sein de la Faculté des sciences. Tout le monde en convient, aujourd’hui à l’UQAM, et ce n’est certainement pas un physicien qui a lutté farouchement dans ce but qui démentira cette évidence. La question est plutôt de déterminer si, dans le contexte peu favorable que nous connaissons et eu égard à l’expérience pénible des trente dernières années, l’UQAM peut toujours espérer jouer un rôle significatif dans cette discipline ou si elle ne devrait pas plutôt se contenter d’un rôle plus modeste et plus réaliste. Dans la première éventualité, l’UQAM serait-elle disposée à y effectuer un investissement massif en ressources humaines et matérielles et pourrait-elle objectivement le justifier? Avec deux autres départements de physique des plus performants au Canada situés à moins de trois kilomètres du Département de physique de l’UQAM, le ministère de l’Éducation, dans sa nouvelle volonté de surveiller de plus près l’utilisation des fonds publics, ne tardera probablement pas à indiquer l’avenue à emprunter. Il vaudrait mieux que l’UQAM prenne les devants et fasse ce choix de façon volontaire.

Ce texte se retrouve aux pages 6, 7, 8 et 9.




En réponse à la question posée par André Joyal :
« ...comment en sommes-nous arrivés à envisager la fermeture de notre département de physique? »

Armel Boutard, Gilles Bolduc, Gilles Couture,
Chérif Hamzaoui, Paul Lavallée
Professeurs au Département de physique


La question

Dans le numéro d’avril 2000 du SPUQ-Info, le professeurAndré Joyal du Département de mathématiques présentait un plaidoyer pour la physique à l’UQAM.

Le texte du professeur Joyal démontre, par de nombreux exemples précis, l’importance de la physique dans le monde scientifique et au quotidien par les applications technologiques innombrables auxquelles elle donne naissance. Il atteste de la polyvalence de la physique et de ses liens fondamentaux avec les autres disciplines. Enfin, il rappelle la nécessité de la physique, science fondamentale, pour une faculté des sciences et pour une université.

Nous affirmons notre accord avec les propos du professeur Joyal et nous voudrions répondre à l’importante question qu’il pose : « ... comment en sommes-nous arrivés à envisager la fermeture de notre Département de physique? »

Nous pensons qu’en exposant les étapes qui ont conduit à une telle interrogation, nous trouverons des pistes permettant de redresser la situation.


Les faits

Le cheminement qui a conduit à la situation actuelle doit être exposé afin de permettre à tous de comprendre dans quelles conditions se sont prises les décisions qui ont mené à l’état déplorable où se retrouve le Département de physique.



1996-97: nous sommes sur la bonne voie

Au milieu des années 90, le Département de physique faisait ses frais. Mieux, en 1996-97, selon les indicateurs en vigueur, il justifiait l’engagement de deux et peut-être trois nouveaux professeurs.

Alors que certains de nos diplômés du baccalauréat choisissaient le marché de l’emploi, d’autres, majoritaires, poursuivaient des études en maîtrise tant à l’UQAM que dans d’autres universités.

L’entente récente sur le programme de maîtrise avec l’Université du Québec à Trois-Rivières connaissait un succès tel que le nombre d’étudiants inscrits était comparable à celui de l’Université de Montréal au deuxième cycle. Plusieurs de nos diplômés en maîtrise ont poursuivi des programmes de Ph. D. dans des universités comme l’Université de Montréal, l’Université de Sherbrooke, l’École Polytechnique, University of Western Ontario, Institute of Theoretical Physics (Stony Brook, NY), University of California- Davis.

La production en recherche était d’un niveau comparable à celui des autres universités en terme de productivité par professeur.

En 1996-97, la physique se portait bien à l’UQAM.



Début de dérapage?

D’ailleurs, la Commission des études, parmi ses recommandations d’engagement de professeurs pour 1997-98, avait attribué un poste au Département de physique. De façon incompréhensible, le poste s’est évaporé entre la Commission des études et le Conseil d’administration. Cela se passait, il y a quatre ans.

Au printemps 1997, la Commission des études de l’UQAM crée un Comité chargé d’étudier l’avenir de la physique à l’UQAM. Le Comité est présidé par le professeur Serge Robert du Département de philosophie; le professeur Yves Gingras du Département d’histoire et le professeur Robert Anderson du Département de mathématiques en sont membres; y siègent aussi deux membres externes à l’UQAM, le professeur Maurice Labbé, retraité de l’U de M. et le professeur René Racine, également retraité de l’U de M.

Le Comité Robert dépose son rapport en janvier 1998. Il recommande, unanimement, le développement du Département de physique, en particulier par l’ajout d’un deuxième axe de recherche et l’embauche de plusieurs professeurs nouveaux; tout cela selon un échéancier précis s’étalant sur plusieurs années. Une oeuvre de planification rare, jugée remarquable par l’ensemble des professeurs du Département de physique.

Le 6 février 1998, l’assemblée départementale de physique se prononce en faveur du Rapport Robert dans une résolution votée unanimement, par tous les professeurs du département.



Dérapage

La Commission des études prépare, à la fin du mois de mars 1998, une résolution qui modifie plusieurs des éléments esssentiels des recommandations du Rapport Robert. C’est ici que les difficultés commencent.

Pressé par une majorité de professeurs de tenir une assemblée départementale pour discuter de cette résolution de la Commission des études, le directeur du département, Élie Boridy, refuse obstinément de la tenir, et ne la tient pas. Il affirme que les modifications lui conviennent et que cela est suffisant.

À la suite de ce refus, une réunion informelle à laquelle sont invités tous les professeurs du département est commandée. Quatre des sept professeurs du département y participent. Une lettre signée par les quatre professeurs est adressée à la rectrice indiquant les écarts entre la résolution de la Commission des études et les recommandations du Comité sur l’avenir de la physique et les conséquences négatives de ces écarts pris dans leur ensemble; il y est finalement demandé à la rectrice de ramener la position de l’UQAM plus près du plan du rapport.

Aucun accusé de réception. Le Conseil d’administration entérine la position de la Commission des études sans modifications importantes.

Deux mois plus tard (fin mai 1998), la rectrice rencontre les professeurs du département et les informe qu’ils ont un poste à leur dispositon (celui que leur avait accordé la Commission des études en 1997 et qui s’était évaporé avant d’atteindre le Conseil d’administration), mais que pour la suite des événements rien n’est planifié; le Département de physique devra suivre le processus régulier; et même, s’il y a des départs à la retraite, il n’y a aucune garantie de remplacement.

Par la suite, le directeur refuse de convoquer plusieurs assemblées départementales bien que la demande lui en soit faite dans les formes, par écrit, et parfois sous signatures de cinq des sept professeurs du département.

Un mois plus tard (fin juin 1998), le doyen de la Gestion académique rencontre l’assemblée du Département de physique. À cette occasion, il suggère aux professeurs de penser à faire disparaître le département; une fusion dans un autre département pourrait, dit-il, être envisagée. Il reçoit l’appui du directeur du département.

Vers la mi-août 1998, le directeur du département, Élie Boridy, adresse à la vice-rectrice, Lynn Drapeau, une lettre dans laquelle il recommande la dissolution du département. Cet avis se fait à l’insu du département; aucune consultation ou discussion ne l’ont précédé. Cinq des sept professeurs du département retirent leur confiance au directeur. Celui-ci ne démissionnera qu’au milieu du mois de septembre 1998.

Au début de novembre, monsieur René Racine, retraité du Département de physique de l’Université de Montréal, est nommé administrateur délégué (tuteur) du département.

Le Rapport Racine est déposé en mars 1999. Il y est recommandé de suspendre les admissions au baccalauréat spécialisé en physique avant d’entamer toute discussion avec l’Université de Montréal en vue de l’établissement d’un programme de baccalauréat conjoint. Il y est aussi recommandé de procéder à l’engagement de professeurs à l’aide d’un comité composé en nombre égal de professeurs de l’Université de Montréal et de l’UQAM. Rappelons que monsieur René Racine est signataire du Rapport Robert, mentionné plus haut.

En juin 1999, André Hade, professeur au Département de chimie de l’UQAM, est nommé tuteur du Département de physique. À la remorque du Rapport Racine, l’UQAM suspend les admissions au baccalauréat en physique à partir de janvier 2000. Cette suspension est immédiatement diffusée sur le réseau internet.

Simultanément à la fermeture virtuelle du baccalauréat en physique, la Commission des études demande au Module de physique de mettre en place un programme majeure-mineure de type physique-météorologie avec l’éventuel ajout d’autres mineures.

Un tel programme est déposé à la Commission des études en mars 2000 avec deux mineures (en météorologie et en informatique). La Commission des études reporte l’adoption du programme. La boucle est bouclée; il n’y a plus de programme en physique à l’UQAM.



Commentaires

Alors « ... comment en sommes nous arrivés à envisager la fermeture de notre département de physique? »

Pour en arriver à ce résultat, il aura fallu compter sur le travail de l’administration pour bloquer l’attribution d’un poste, justifié sans conteste, au Département de physique en 1997.

Pour en arriver à ce résultat, il aura fallu anéantir le plan prometteur du Rapport Robert.

Les recommandations du Rapport Robert étaient le résultat d’une longue étude, fouillée, faite par cinq personnes externes au Département de physique dont deux externes à l’UQAM. La planification du Rapport Robert assurait une présence forte de l’UQAM en physique, renforçait sa Faculté des sciences et assurait à l’UQAM le maintien d’un éventail équilibré de disciplines caractéristiques d’une université à part entière. Le Rapport Robert voyait à long terme. Rappelons que le Rapport Robert a été produit à la demande et selon les directives de la Commission des études.

Pour en arriver à ce résultat, il aura fallu compter sur un directeur de département, Élie Boridy, qui demande la fermeture de son département, à l’insu de ses professeurs; le directeur est appuyé par le doyen de la Gestion académique.
Pour en arriver à ce résultat, il aura fallu aussi compter sur le travail d’un tuteur (René Racine), retraité du Département de physique de l’Université de Montréal, encore actif en recherche à l’U de M, qui a été engagé par notre administration pour relancer la physique à l’UQAM; le tuteur Racine a recommandé la « fermeture temporaire » du baccalauréat spécialisé en physique (en contradiction avec les recommandations de la CUP dans son rapport du mois d’août 1998) et la mise en place d’un mécanisme par lequel l’engagement de professeurs de l’UQAM serait soumis au veto de l’Université de Montréal. Toute une relance!

Le rôle de l’administration dans ces événements est, on le voit, loin d’être transparent.



Il n’est pas trop tard

En décembre 1999, la rectrice Paule Leduc a affirmé, devant l’assemblée générale du Département de physique (employés de soutien et professeurs), que les négociations avec l’Université de Montréal sur la mise en place du baccalauréat conjoint en physique (promis par le tuteur Racine) sont dans le marasme, et semble-t-il, pour plusieurs années. Serait-il possible que l’UQAM se ressaisisse et prenne des mesures positives avant que tout ne soit définitivement perdu? L’UQAM aura-t-elle le courage de reconnaître que la « fermeture temporaire » du baccalauréat en physique du tuteur Racine était peut-être un leurre?

Bien que les cégeps aient été informés que les admissions étaient impossibles en physique à l’UQAM pour la session d’automne 2000, malgré que cette information ait été diffusée sur le réseau internet, quarante-huit (48) demandes d’admission ont été refusées par l’UQAM pour le baccalauréat en physique (fermé) à l’automne 2000.

Combien y en aurait-t-il eu avec une campagne positive faite dans un climat de support et d’appui collectif?

Ce résultat est un des nombreux indices que la physique à l’UQAM a un potentiel réel. Ce potentiel est détaillé dans plusieurs documents publics déposés auprès des instances de l’UQAM, documents où les propositions de développement respectent les directives du rapport de la CUP du mois d’août 1998.

Il ne manque que la volonté politique pour que le redressement s’effectue. L’application du Rapport Robert demeure d’actualité dans son esprit et ses grandes lignes. Nous souhaitons que toutes les instances de l’UQAM le reconsidèrent.

Ce texte se retrouve aux pages 9, 10 et 11.

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