Dans un bel ouvrage illustré, l’auteure parle comme rarement des deltas, ces lieux envoûtants que l’homme « s’est ingénié à domestiquer ». Désormais, barrages et autres grands projets d’irrigation menacent nombre de sites : le Banc d’Arguin, la Camargue, les deltas de l’Okavango, du Mississippi, de l’Ebre, du Danube... Au nom du développement, « s’accomplissent les pires erreurs » : déplacements de populations, défrichements, forages pétroliers, aquaculture, irruption des infrastructures routières... « La liste est connue des sottises à ne pas faire, elle n’en continue pas moins de s’allonger », car il reste « une ignorance tenace des conséquences environnementales des grands travaux entrepris ».

Avec un franc-parler, mais aussi une grande sensibilité, l’auteure rappelle que les grands barrages profitent surtout aux sociétés qui les construisent, aux tenants de l’agriculture intensive et aux industries polluantes, qui exigent eau et électricité à bas prix. Le barrage chinois des Trois-Gorges « n’en est que l’exemple le plus récent et le plus aberrant ».

La Martinière, Paris, 2004, 240 pages, 38 euros.