Plusieurs centaines de Palestiniens ont cherché refuge dans l’église de la Nativité encerclée par les militaires de Sharon. Après Jenine, Naplouse est menacée de réoccupation.

Alors que Mary Robinson, haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a demandé l’envoi d’observateurs internationaux dans les territoires palestiniens occupés, le gouvernement Sharon continue, sur le terrain, de jouer la carte du pire. Cette proposition réitérée par la responsable de l’ONU lui a valu les foudres de l’ambassadeur des États-Unis, Kevin Moley, parlant de " partialité " et mettant en doute " l’honnêteté " de la Commission.

L’armée israélienne s’apprêtait hier à réoccuper Naplouse, la plus grande ville de Cisjordanie et capitale universitaire de la Palestine. Dans la matinée, 400 chars et blindés étaient déployés dans la localité de Salfit, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de la cité historique. Dans les heures précédentes, Tsahal avait réoccupé Jénine, où au moins deux Palestiniens, dont une infirmière, ont été abattus.

Durant la nuit de mardi à mercredi, l’armée israélienne a pilonné un territoire situé dans le Sud Liban depuis le territoire controversé des fermes de Chebaa, à la frontière. Une douzaine de roquettes sont tombées dans la vallée de Majidieh. La milice chiite libanaise du Hezbollah avait tiré mardi sur ce secteur des fermes de Chebaa, occupé par Israël, provoquant une première riposte de l’aviation et de l’artillerie israéliennes.

Cette reprise des incidents armés à la frontière entre Israël et le Liban suscite " l’inquiétude " de la Russie, co-parrain du processus de paix au Proche-Orient avec les États-Unis. Moscou a mis en garde contre la multiplication de tels faits, qui pourrait dégénérer en un nouveau " foyer " de conflit, apportant un " élément supplémentaire à une escalade " de la violence au Proche-Orient, indique le ministère russe des Affaires étrangères.

Des dizaines de représentants d’Églises chrétiennes ont été bloqués mercredi à un barrage routier de l’armée israélienne à l’entrée de Bethléem, où ils voulaient se rendre par " solidarité " avec la population. Des sources militaires israéliennes avaient affirmé auparavant que plusieurs dizaines de Palestiniens armés étaient retranchés dans l’église de la Nativité, à Bethléem. En fait, selon plusieurs sources, quelque 300 à 400 personnes avaient cherché refuge dans ce lieu de culte. " Notre convoi a été bloqué à un barrage routier en dehors de Bethléem. Les responsables militaires israéliens nous ont expliqué que la ville était zone militaire fermée et que nous ne pouvions pas y accéder ", a expliqué le frère Raed Awad Abousahlia, secrétaire du Patriarcat latin à Jérusalem.

Un char de type Merkava, deux véhicules de transport de troupes et des Jeeps étaient stationnés à ce barrage. Le convoi s’est retrouvé bloqué sous une pluie battante. L’église de la Nativité doit être " zone neutre ", a affirmé le Frère Raed. " Nous tenons le gouvernement israélien d’Ariel Sharon pour responsable de tous dommages. " Des tirs sporadiques étaient entendus mercredi matin dans la ville.

Dans la bande de Gaza, des chars ont ouvert le feu à Rafah et contre le camp de réfugiés de Khan Younès. L’armée israélienne a établi en outre un barrage près du village de Wadi Al-Salqa (sud de la région), à proximité du point de contrôle de Kissoufim, entre Israël et la bande de Gaza.

Côté Tsahal, on faisait savoir qu’un Palestinien, portant sur lui une ceinture d’explosifs, a été tué mercredi à un barrage routier à Barka al Charqieh en Cisjordanie. Ce Palestinien, dont l’identité n’a pas été précisée, se serait approché du barrage malgré les ordres des soldats qui ont alors ouvert le feu.

Un peu plus tard, on apprenait la mort d’un enfant palestinien de treize ans, tué par balles dans le camp de réfugiés de Jénine. Mohammed Hawachen est le cinquième Palestinien tué dans cette cité depuis sa réoccupation. Ce décès porte à 1 693 le nombre de morts depuis le déclenchement de l’Intifada en septembre 2000, dont 411 Israéliens et 1 251 Palestiniens.

Dans le courant de l’après-midi, on apprenait que la police israélienne a employé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser quelque 2 000 pacifistes juifs et arabes qui s’étaient rassemblés au barrage d’Al-Raam, entre Jérusalem et Ramallah. Aux cris de " Cessez l’occupation ! " et " Libérez les prisonniers ! ". Dix Jeeps et deux véhicules blindés ont été appelés en renfort au barrage pour disperser la foule. Trois organisations de défense des droits de l’homme israéliennes avaient organisé cette marche. Le maire de la ville arabe israélienne de Nazareth, Ramzi Jeraissi, et deux députés arabes israéliens figurent parmi les blessés.

Jean Chatain