LG
: Quelle est la spécificité de tes guitares ?
Philippe
Berne : La spécificité de mes guitares c'est la double rosace.
Je n'ai rien inventé puisque c'est la même idée qu'il y avait
sur les guitares baroques, où l'on essayait de faire un conduit. De la
même manière, que tu mets tes mains autour de ta bouche. Cela te
rajoute une chambre qui va faire vibrer l'air à l'intérieur. Au
niveau des formes de guitares, cela te permet de faire des basses très
généreuses. Après il faut compenser avec les barrages pour
remettre un peu d'aigu car tu fabriques vraiment beaucoup de basses. Au départ
cela m'a vraiment beaucoup surpris. Pour la rythmique ce n'est pas cela mais pour
l'arpège c'est nickel. Justement
on a l'impression que vous êtes très attaché aux basses puisqu'il
y a plusieurs basses, et effectivement les basses sonnent bien
Philippe
Berne : Personnellement je trouvais toujours que les guitares manquaient de
basses. J'ai longtemps joué de la guitare avant d'en faire. Les fréquences
basses sont difficiles à sortir. Peut
on dire qu'il s'agit de la particularité de vos guitares ? Quel avantage
le public peut trouver à vos guitares par rapport aux guitares de série
? Philippe
Berne : Comme tout le monde, ils trouveront ce qu'ils ne trouveront jamais
ailleurs. Jamais dans la série, les industriels vont se risquer à
aller aussi loin. Mécaniquement ils ne peuvent pas se permettre. Nous nous
avons cette chance alors on en profite. Même sur des basses comme celles
là j'ai énormément travaillé pour arriver à
un point de rupture, pour trouver l'équilibre ! J'ajuste jusqu'à
obtenir le son recherché. Avec un instrument, j'ai une longueur vibrante
de guitare basse et un moelleux de contrebasse Et
du point de vue esthétique ? L'inspiration semble baroque
Philippe
Berne : Après ce sont les goûts et les couleurs
. D'abord,
je fabrique mes rosaces, mes motifs de marqueterie. J'aime le bois alors je ne
fais que des décos avec du bois je ne mets pas d'autres matériaux
que du bois. Je m'attache aussi à des bois qui ne sont plus utilisés
depuis longtemps. Comme par exemple le robinier massif je n'ai jamais vu d'instruments
fait en cette matière Dans
ce cas c'est plutôt pour l'esthétique ou pour le son ?
Philippe
Berne : C'est toujours pour les deux. Là, j'ai une guitare en buis
massif : c'est très rare. Personnellement, je n'en ai jamais vu jusqu'à
aujourd'hui. C'est possible c'est pourquoi j'aime bien dire cela car ce n'est
pas facile à affirmer ! Je travaille des noyer, des sorbiers, des abricotiers,
de l'orme, des ormeaux. En ce moment,je travaille du frêne . Je range les
bois par capacité mécaniques. Le prix est souvent lié à
la rareté et à des business de commerce qui ne me concernent pas.
Depuis très longtemps j'ai fait le choix de travailler avec des bois indigènes,
et les gens me connaissent pour ce choix ! (En tout cas elles sont
vraiment belles. J'aime la basse car elle donne la profondeur La basse
c'est ce qui attrape le bide !) Interview
réalisée par Christine Hamdi le 30/10/2005
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