Publicité : tir de barrage contre le CSA
Le 18h.com
La décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le 22 février, autorisant l'accès à la publicité télévisée aux sites de presse, de distribution, de cinéma et d'édition (tous secteurs qui en sont privés pour leur activité traditionnelle) fait presque l’unanimité contre elle. Hier, Catherine Trautmann, la ministre de la Culture et de la Communication, se déclarait surprise par cette mesure inattendue. Des critiques avaient également été émises par les organisations de presse (qui craignent notamment de voir la publicité de la grande distribution se détourner vers la télévision) et les radios. Aujourd’hui, le Syndicat interprofessionnel des radios et télévision indépendantes accuse le CSA de " bousculer l’économie des médias " et craint de voir changer la réparition des recettes publicitaires au profit de la télévision. La Chambre syndicale des producteurs et exportateurs de films français, elle, demande " la suspension " de la décision qui risque de " créer un détournement de l’interdiction de la publicité à la télévision pour le cinéma ".
La plupart des critiques mettent en avant l’absence de concertation de la part du CSA. Celui-ci a en effet pris tout le monde par surprise en annonçant une mesure qui sera expérimentée pendant dix-huit mois et prendra effet dès le 15 mars. Hervé Bourges, le président du CSA, tente depuis plusieurs mois de jouer un rôle en matière de régulation d’Internet. Ses demandes rencontrant peu d’échos, Hervé Bourges, qui estime qu’une régulation est nécessaire pour assurer " la vitalité du Web ", est donc monté au créneau par le biais de la réglementation télévisuelle, affirmant ainsi agir dans le cadre de ses attributions. Mais il n’entend pas en rester là, comme en témoigne la page d’accueil du site Web du CSA. On y trouve en effet la réponse du CSA au document d'orientation du Gouvernement sur l’ " Adaptation du cadre législatif de la société de l'information ", ainsi qu’un lien vers le compte rendu du " Sommet mondial des régulateurs ", organisé sous l’égide du CSA le 30 novembre à Paris. Par ailleurs, un message incite à " déclarer son site Web auprès du CSA et du procureur de la République" (en cliquant sur le lien, on découvre que le CSA veut en fait parler de " la création en France d'un site de communication audiovisuelle, autre que de radio ou de télévision "). En attendant, la première initiative du CSA en matière d’Internet a déclenché une polémique qui pourrait obliger Hervé Bourges à en rediscuter les modalités.