LE nouveau chef de l’Etat sierra-léonais, le commandant Johnny
Paul Koroma, a annoncé mardi soir la suspension de la
Constitution et l’interdiction des partis politiques « jusqu’à
nouvel ordre » dans son premier discours politique après le
renversement dimanche du président civil, Ahmad Tejan Kabbah.
Il a annoncé la prochaine publication d’un « calendrier pour le
retour à la démocratie, après des élections transparentes et
libres (...) Mais nous ne voulons pas d’une démocratie fondée
sur le régionalisme et le tribalisme », a-t-il insisté.
Trois jours après le coup d’Etat militaire, la composition du
« conseil révolutionnaire des forces armées » (AFRC) qui doit
diriger le pays n’a toujours pas été communiquée.
Sur le plan diplomatique, Etats-Unis en tête, c’est le tir de
barrage. Les sommations à « rendre le pouvoir aux civils » (une
formule surprenante pour un pays plongé dans la guerre civile
depuis des années) se multiplient depuis les capitales
occidentales. A l’appui de sa condamnation, Washington a fait
savoir que le porte-hélicoptères « Kearsarge », avec
1.200 marines à son bord, sera « dans les prochains jours » au
large de la Sierra Leone. Le « Kearsarge » mouillait jusqu’ici
non loin de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre). Le
Conseil de sécurité de l’ONU a jugé de son côté que le
renversement « du gouvernement élu démocratiquement » n’était pas
acceptable. Deux navires de guerre de la force ouest-africaine
« de paix » au Liberia, l’ECOMOG, avec des troupes à bord, sont
arrivés mardi après-midi à Freetown. L’ECOMOG, créée en 1990
par la Commission des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
pour tenter de ramener la paix au Liberia voisin, est
majoritairement composée de troupes nigérianes. Le chef de
l’Etat nigérian est président en exercice de la communauté.