---- Q ----
Queues de cochon
Piquets
de fer qui se vissent dans le sol. Ils sont destinés à
supporter les réseaux de fils de fer. Les installer fait
moins de bruit que lorsqu’il fallait, au début de la
guerre, enfoncer les piquets en tapant.
Renvois :
Barbelé,
Brun (réseau)
Haut de la page
---- R ----
Rameau
(Guerre des mines) Galerie
étroite qui mène à la chambre de mine. En cas de
nécessité — neutraliser en urgence une mine ennemie
par un camouflet par exemple — le rameau pouvait être
lui-même chargé d’explosif avant même le
creusement de la chambre.
Renvois : Entonnoir,
Fourneau,
Mine
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004.
Haut de la page
Rata
Initialement,
abréviation de ratatouille ; désigne dans
l’argot des combattants un ragoût de pommes de terre ou de
haricots, ou plus généralement un ragoût
quelconque.
Renvois : Popote,
Roulante, Singe
Citations :
- « ils venaient
dans nos tranchées ramasser les bouts de pain qui
traînaient ou frotter le rabiot de rata qui restait au fond des
plats » (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 99)
- « Nouvelle
interruption : le déjeuner : rata de bœuf avec
des patates et quelques choux-raves » (Étienne Tanty,
Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p. 125)
- « Nous arrivons [au
repos] à 23 h 20, logés dans des appartements avec un peu
de paille ; nous ne serons pas trop mal et réparerons un
peu les souffrances que nous avons subies dans la boue, la pluie et le
froid et un léger ravitaillement toutes les nuits à 23
h : le bouillon ou rata était souvent plein de terre, nous
ne le voyions pas, mais nous le sentions aux dents ; malgré
cela on nettoyait le fond de la marmite. » (Léopold
Noé, Nous étions ennemis sans savoir pourquoi ni comment, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc », 1980, p. 37, Artois, octobre 1915).
Haut de la page
Régiment
Unité composant la
division (4 puis 3 par division en France en 1914-1918), un
régiment regroupant 3000 à 4000 hommes, sous le
commandement d’un colonel. Le régiment est
l’unité qui dispose sans doute des plus forts marqueurs
identitaires : surnom (le 152 e RI devient le
« quinze-deux » par exemple), drapeau, hauts
faits consignés dans des historiques, attachement possible des
combattants à un chef emblématique.
Renvois : Brigade,
Bataillon,
Colon,
Compagnie,
Division,
Escouade,
Section
Citations :
- Le témoignage de J. du
Fontenioux commence ainsi : « But : fixer des
souvenirs. Soucis : 1) ne dire que ce que j’ai vu par
moi-même 2) éviter la littérature 3) procurer une
petite contribution à l’histoire d’un
régiment qui n’a jamais reculé [le 125 e
RI]. » Joseph Du Fontenioux, Mon carnet rouge, 1 er août 1914 – 12 février 1918, Domont, Communauté des Carmélites, 1997, 2 vol., vol. I p. 3.
- « (…) Nous
repartons pour Serches – où nous arrivons le soir.
Entrée triomphale du régiment: les poilus, couverts
de boue, défilent, musique en tête, avec des fleurs au
bout de leurs fusils. » ( Lucien Laby, Les carnets de l’aspirant Laby. Médecin dans les tranchées 28 juillet 1914-14 juillet 1919 , Paris, Bayard, 2001, coll. « Hachette Littératures/Pluriel », p. 253, 9 mai 1917)
- « Les
régiments d’infanterie en ont complètement marre et
une grande partie refuse de monter; c’est à cause de cela
que Paul est au mont Haut, ceux qui devaient y aller ayant
refusé de monter. (...) Je crois que la guerre va bientôt
finir car les régiments se révoltent et ne veulent plus
marcher du tout; il n’est pas trop tôt. » (
Fernand Maret, Lettres de la guerre 14-18, Nantes, Siloë, 2001, p. 211, 16 juin 1917)
Haut de la page
Régiment de ligne
Terme encore employé en 1914 mais
devenu obsolète. Sous Napoléon III, il désignait
l’ensemble des gros régiments d’infanterie pour les
différencier des Bataillons de Chasseurs à pied et des
unités légères formées en Algérie
comme les turcos, les tirailleurs, les zouaves, etc.
Haut de la page
Relève
La
relève est le remplacement d’une unité par
une autre dans les tranchées. Opération dangereuse
car bruyante et conduisant au regroupement d’un grand nombre
de combattants, elle se fait généralement de nuit.
Sa périodicité n’est pas fixée strictement,
mais une unité en première ligne est généralement
relevée au bout de quatre à sept jours. La relève
s’effectue par les boyaux.
Renvois : Boyau,
Descendre,
Monter
Citations :
- « La
relève se fait naturellement la nuit tombée, pour
éviter le repérage de l’artillerie. »
(Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p. 97)
- « Les
relèves étaient pénibles. Elles se faisaient de
nuit, et par des nuits ordinairement très noires. Nous glissions
sur le sol imprégné d’eau. » (Bloch
2006, p. 157)
- « Huit jours de
tranchées/Huit jours de souffrance/Pourtant on a
l’espérance/Que ce soir viendra la relève/Que nous
attendons sans trêve/Soudain, dans la nuit et dans le silence/On
voit quelqu’un qui s’avance/C’est un officier de
chasseurs à pied/Qui vient pour nous remplacer/Doucement dans
l’ombre/Sous la pluie qui tombe/Les petits chasseurs vont
chercher leurs tombes… » (Chanson de Craonne).
Haut de la page
Repos
Situation
des troupes combattantes qui ne sont pas affectées aux
lignes.
Le terme est souvent trompeur car le repos est généralement
émaillé d’exercices,
de manœuvres et de cérémonies (défilés,
prises d’armes, etc.) qui ne permettent pas réellement
aux combattants de se reposer. Pour désigner le repos véritable
accordé aux unités durement engagées est
créée durant la guerre l’expression « Grand
repos ».
Haut de la page
Réseaux
voir :
Barbelé,
Brun
Haut de la page
Rimailho
Canon français de calibre 155 court, du nom de son concepteur.
Renvois : Calibre,
Pièce
Citations :
- « La bataille
prend de l’ampleur, nos pièces tirent sans arrêt
ainsi qu’une batterie à tir rapide de 155 Rimailho gun.
C’est un canon court d’une portée de 8 km et qui,
paraît-il, fait beaucoup de mal à l’ennemi. Ses obus
passent au-dessus de notre tir et cela nous réjouit
d’entendre leur flou flou. » (Paul Mencier, Les cahiers de Paul Mencier, Guilherand, La plume du temps, 2001, p. 45)
- « Nous avons avec
nous des artilleurs du 5 e lourd de Valence (canons Rimailho 155
court : les Boches ne l’aiment pas
celui-là) » (Marcel Papillon, « Si je reviens comme je l’espère » Lettres du front et de l’arrière 1914-1918, Paris, Grasset, 2004, p. 96, 20 février 1915)
Haut de la page
Rosalie
Personnification
de la baïonnette
apparue dans une chanson de Théodore Botrel intitulée,
Rosalie, chanson à la gloire de la terrible baïonnette,
au début de la guerre et repris par l'arrière. Du
côté des combattants, comme souvent, certains l'emploient
indifféremment mais la plupart le rejettent.
Citation :
- « Le Poilu classique
[des journaux] a un culte, celui de sa baïonnette, que l'on nomme,
paraît-il (je l'ai appris par les journaux) Rosalie. Il faut voir
les misérables Boches se sauver, comme des lapins, devant le Poilu
classique armé de sa classique Rosalie [...] Comme elles sont loin
[de nous] les histoires de Rosalie... Et combien elles apparaissent
navrantes, vues d'ici, de loin et de haut. » (Paul Fiolle, La
Marsouille, Paris, Payot, 1917, p. 211-212)
Haut de la page
Roulante
C’est initialement la
cuisine roulante de compagnie, mobile, qui permet de préparer le
ravitaillement des combattants à proximité des
premières lignes.
Renvoi : Popote
Citations :
- « Les tuyaux
de la roulante nous apprirent qu’on devait attaquer la position
dite du Chemin des dames, puis marcher sur Laon, et, de là, vers
la frontière. J’ai écrit: les tuyaux de la roulante.
Je vais éclairer ma lanterne. La roulante (bien entendu, la
cuisine roulante), constituait pour nous le trait d’union entre
nos lignes, où nous étions isolés de tout, et le
même monde extérieur, ou intérieur. A chaque
distribution de vivres, c’est-à-dire chaque nuit, les
hommes de corvée apportaient les dernières nouvelles du
dehors. » (Antoine Grillet, Fantassin, souvenirs de guerre 1914-1919, Paris, Payot, 1932, p. 92)
- « Les
cuisiniers de compagnie disposent presque tous d’une vaste
cuisine roulante munie d’une chaudière, de deux marmites
et d’un four. C’est tout ce qu’il faut pour varier
les menus, des daubes aux rôtis, et des mirotons aux
ragoûts. » (Daniel Mornet, Tranchées de Verdun, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1990, p.41-42).
Haut de la page
---- S ----
Saint-Etienne
Fabriquée par les
manufactures d’armes de Saint-Etienne, la mitrailleuse
modèle 1907-T est l’arme de ce type la plus
répandue parmi les unités de l’armée
française au début de la guerre. Malgré sa cadence
de tir importante (600 coups/minute), son manque de fiabilité
conduira à en cesser la production en 1917, au profit de la
mitrailleuse Hotchkiss 1914.
Renvois : Chauchat,
Hotchkiss,
Lebel,
VB
Bibliographie : Jean Huon, Les
armes françaises en 1914-1918, Chaumont, Crépin-Leblond,
2005, p.38.
Haut de la page
Saluer
1) Effectuer le salut réglementaire dû aux supérieurs par les subordonnés.
2) Dans l’argot
militaire, désigne le fait de se baisser ou de se coucher au
passage d’un projectile (balle, obus).
Haut de la page
Sammies
Désignation des soldats
américains. Le terme est créé sur le modèle
des « Tommies » désignant les soldats
britanniques.
Renvoi : Tommy/Tommies
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2003, p.97.
Haut de la page
Sape
Dans
le vocabulaire de la guerre de siège, la sape est une tranchée
profonde (parfois couverte, mais jamais souterraine) permettant
la circulation à l’abri des vues. Dans la guerre
des tranchées, ce sens correspond généralement
à celui des boyaux
et le terme de sape est souvent improprement employé pour
désigner galerie souterraine pour fourneaux
de mine ou abri
souterrain.
Citation :
- « A 10 heures, nous
recevons de PC 3 un coup de téléphone : un obus de gros
calibre est tombé sur la sape où étaient
installés le médecin aide-major et les deux
infirmiers » (Carnets d’Auguste Laurent, 20e BCP, 4
août 1914, in Képis bleus de Lorraine, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, St Dié, 2001, p. 60, 21 novembre 1915)
Haut de la page
Sapeur
Soldat de 2e classe du Génie. Leur insigne distinctif est constitué par deux haches en sautoir cousues sur la manche.
Haut de la page
Saucisse
1) En argot des combattants, ballon d’observation. Le nom vient de la forme allongée de ces ballons.
2)En argot des combattants,
désignation des projectiles allongés d’artillerie
de tranchée (sens plus rare que le précédent).
Renvois : Aéro,
Zeppelin
Citations :
- « Marmitage
de la batterie qui écope de 56 obus de 150. La saucisse boche
était haut dans le ciel . Elle a réglé le tir
mais les artilleurs devaient être novices car l’arrosage a
été d’un effet nul. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p.98).
- « (…)
écouter avec inquiétude les crapouillots et les
« saucisses » (bombes) sont les principales
occupations (…) » (Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p.407).
Haut de la page
Schilt (appareil / section)
Lance-flamme
de fabrication française composé d’un réservoir
de 80 litres de pétrole et d’une lance permettant
un jet d’une portée maximale de 35 mètres.
La mise à feu se fait par grenades. Les sections Schilt
sont les unités spécialisées dans le maniement
de ces lance-flammes
Bibliographie : Coll., La Butte meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun, Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004.
Haut de la page
Séchoir
Dans
l’argot des combattants, désignation des barbelés.
L’expression vient de ce que les soldats tués lors
d’une offensive pouvaient « sécher »
sur les barbelés dans lesquels ils étaient pris.
Renvoi : Barbelé
Haut de la page
Secteur
Portion du front à
laquelle est affectée une unité pour un temps
donné. Le secteur peut être dit calme, tranquille ou
« pépère », ou au contraire dur et
dangereux.
Renvois : Filon,
Pépère
Citations :
- « Le secteur
est assez calme, pas de tir d’artillerie, on ne se croit pas en
guerre après la fournaise que nous venons de
passer. » (« Il fait trop beau pour faire la
guerre ». Correspondance de guerre d’Elie Vandrand,
paysan auvergnat (août 1914 – octobre 1916), présentée par Marie-Joëlle Ghouati-Vandrand, Vertaizon, La Galipote, 2000, p. 178, Vosges).
- « Nous voici au
front : mais ce front-ci ne ressemble pas aux autres, aux
précédents que j’ai connus. Il fait partie de ce
que l’on nomme les « secteurs
tranquilles », je n’imaginais pas qu’il put y en
avoir qui le soient à ce point, et évidemment ceux qui
ont vécu ici avant nous pendant 15 mois (!) ne peuvent pas avoir
une idée de la guerre. Notre tour est venu de jouir de ces
avantages. » (Louis Birot, Carnets. Un prêtre républicain dans la Grande Guerre, Albi, FSIT, 2000, p. 221, février 1916).
Haut de la page
Section
La section est la subdivision de
la compagnie et comprend environ 65 hommes. Elle est
généralement commandée par un sous-lieutenant.
Renvois : Bataillon,
Brigade, Compagnie,
Division,
Escouade,
Régiment
Citation :
- « Conduire une
section est un travail intellectuel constant, préoccupant, qui
distrait du danger. Au premier obus percutant qui a soulevé
devant nous un nuage de fumée noire, j’ai fait saluer mes
hommes. A partir de ce moment, je les ai eus en mains. Je me suis,
m’a-t-on dit, conduit comme un vieux sous-lieutenant. (…)
On m’a ordonné de venir à l’E.M. du nouveau
Colonel, j’ai refusé . Je suis resté avec ma
section, nous couchons dans les bois… » (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 319, lettre du 29 août 1914)
Haut de la page
Servant
Terme d’artillerie qui
désigne ceux qui sont directement chargés de la mise en
œuvre d’une pièce.
Renvois : Batterie,
Pièce
Citations :
- « Ma
première pièce est amenée. Mais le mur gêne
pour la seconde. Qu’à cela ne tienne ! En un instant,
d’une salve, les servants pratiquent une embrasure qui
dégage la visée de tir. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p.45).
- « Deux mortiers de
220 en profitent pour s’installer non loin de nous. Quel
matériel il faut pour ces deux monstres ! Les servants sont
de véritables athlètes. Un obus de 200 pèse plus de
100 kg. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p.59).
Haut de la page
Shell-Shock
Littéralement
le « choc de l’obus » : nom donné
par les Anglo-saxons aux affections psychologiques consécutives
à l’expérience du bombardement.
Renvoi : Obusite
Haut de la page
Shrapnel
Arme
antipersonnel : obus rempli de projectiles, du nom de l’inventeur
du minuteur qui provoque l’explosion, le général
anglais Henry Shrapnel. L’orthographe du terme est variable
dans les témoignages. L’obus libère 200 à
300 balles de plomb capables de percer un crâne non casqué.
Par extension, on appelait aussi shrapnells les éclats
d’obus.
Bibliographie : Bill Rawling, Survivre aux tranchées. L'armée canadienne et la technologie (1914-1918), Outremont (Québec), Athéna, 2004, p. 135-136.
Citations :
- « Les obus
tombent dur. Une fois, j’attrape une grêle de shrapnells
sur le dos ; heureusement qu’il [l’obus] avait
éclaté un peu trop haut et ils ne me font pas de
mal. » (Léopold Noé, Nous étions ennemis sans savoir pourquoi ni comment, Carcassonne, FAOL, « La Mémoire de14-18 en Languedoc », 1980, p.33).
- « Les obus nous
suivent, marmites et shrapnells. Trois fois, je me suis trouvé
en pleine gerbe d’un shrapnell, les balles de plomb criblant la
terre autour de moi, fêlant des têtes, trouant des pieds ou
crevant des gamelles » ( Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll « Points », p.39).
Haut de la page
Singe
Dans l’argot des
combattants, désignation du bœuf et plus
généralement de toute viande en boîte de
conserve ; le « singe » est
fréquemment critiqué pour sa mauvaise qualité (que
le mot même suggère).
Citations :
- « Il me tend
le singe et dit : - Sers-toi. Je prends ma part de la pointe du couteau
et la pose sur un biscuit; je lui repasse la boîte, il se sert
à son tour et tous les copains de l’escouade se servent
aussi. La bouche pleine, je mâche interminablement pour ne pas
avaler et je les regarde. Quelques-uns font semblant de manger, mais la
plupart se nourrissent de bon coeur. Ils goûtent, en effet, une
des joies marquantes de leur vie toute physique. Avant la guerre, la
joie du corps était beaucoup pour eux; maintenant elle est
tout. » (Jean Bernier, La Percée. Roman d’un fantassin 1914-1915, Paris, Agone, 2000 [1 e éd. 1920] , p. 176)
- « Les
musettes farcies d’indigestes biscuits et de boîtes de
« singe », le tout pour trois
jours… » (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p.157).
Haut de la page
Soixante-quinze (75)
Désignation
du canon français le plus utilisé et considéré
comme un des plus efficaces, dont le calibre, c’est-à-dire
le diamètre de la pièce à son embouchure,
est de 75 mm. D’une cadence de tir potentielle de 20 coups
par minute (en pratique, 8 coups par minute) il est précis
à plus de 6000 mètres de distance, et relativement
mobile en raison de sa légèreté. Désigné
comme emblématique de la modernité technique de
l’armée française, il est doté de vertus
miraculeuses par la presse (v. Bourrage de crânes) et parfois
par les combattants eux-mêmes, même si ses limites
face aux retranchements solides apparaissent rapidement.
Renvois : Batterie,
Pièce
Bibliographie : Christian Benoît, Le canon
de 75 : une gloire centenaire, Vincennes, Service historique
de l'Armée de terre, 1996.
Citations :
- « Silencieux,
nos hommes regardent. Une détonation soudaine, nette,
impérieuse, fait passer parmi eux un frémissement. Trois
autres s’enlèvent à la file avec la même
vigueur allègre, et de petits obus rageurs, sifflant pointu,
jettent par-dessus nous leurs trajectoires rigides. Des rires
d’enthousiasme les saluent: "Ah! vieux, pour péter comme
ça, y a que l' soixante-quinze!" ». (Maurice Genevoix, Ceux de 14, Paris, Flammarion, 1950, réed. Seuil, coll « Points », p.189).
- « Le concert
est formidable: les 75 tapent si fort et si dru que le fracas des
grosses marmites boches se perd dans leurs rugissements: Leurs
« ping » sinistres et rageurs déchirent le
tympan, mais on finit par s’y habituer: on les trouve même
harmonieux,tellement on les désire lorsque pendant trois heures
on s’est senti comme écrasé sous les
éclatements formidables des grosses marmites. »(Paul
Tézenas du Montcel, Dans les tranchées. Journal d’un officier du 102e Territorial, Montbrison, Eleuthère Brassart, 1925, p.95).
- « Je vais aux
tranchées. Les barbelés n’ont pas été
coupés comme prévu. Les officiers estiment que le 75
n’est pas fait pour cela. Son obus, d’une efficacité
terrifiante sur du personnel en mouvement ou sur du matériel peu
abrité, ne peut rien contre des retranchements sérieux.
Il faut réviser les méthodes du temps de
paix. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p.81).
Haut de la page
Stosstruppen
(Mot allemand signifiant troupes
de choc) Troupes d’assaut envoyées par les Allemands comme
avant-garde dans les attaques.
Bibliographie : Relation traduite en française d’une opération de Stosstrupp dans La Vosgienne, 1917-1918. Une compagnie franche dans la Grande Guerre. Souvenirs du Lieutenant-Colonel Bon de la Tour, éd. Jean-Claude Fombaron et Yann Prouillet, s.l., Société philomatique vosgienne, 2000, p. 89-90.
Haut de la page
---- T ----
Taube
(Mot allemand qui signifie
pigeon) Avion allemand monoplan dont la forme générale
rappelle celle d’un oiseau en plein vol. (Larousse Universel en 2 volumes, Paris, Larousse, 1925)
Renvoi : Aéro
Citations :
- «Par-ci par
là, on tirait bien des coups de canon vers la lune, les
projecteurs jouaient à cache-cache avec les "Taubes" qui ne disparaissaient comme les oiseaux nocturnes
que lorsque le soleil venait relever la lune dans le
firmament » (Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, p. 405)
- « De ma
fenêtre, j’aperçois à une hauteur
prodigieuse, deux mille mètres au moins, une sorte de libellule
aux ailes argentées, sillonnant le ciel pur d’un soleil
couchant : c’est l’avion allemand, un «
Taube ». Place de Passy, grande joie du public, curieux du
nouveau spectacle. » Arthur-Lévy , 1914. Août - septembre - octobre à Paris. Paris, Plon, 1917, p.115.
Haut de la page
Territoriale
Fraction
de l’armée composée d’hommes âgés
de plus de trente-quatre ans. Ils sont affectés dans des
régiments spécifiques (RIT) et généralement
à des secteurs tranquilles ou des travaux à l’arrière,
même s’il peut arriver qu’ils soient exposés
au danger des premières lignes.
Les soldats de la territoriale sont dénommés les
« territoriaux » et surnommés les
« pépères ».
Renvois : Active,
Pépère
Bibliographie : André Bach, Fusillés pour l’exemple 1914-1915, Paris, Tallandier, 2003, chap. II.
Citations :
- « Un homme,
territorial actuellement, c’est-à-dire plus un gamin,
cherche à côté s’il ne reste pas quelque
vieux gourbi habitable : « Tu ne voudrais pas que je
couche là ? » disait-il en causant au caporal
qui cherchait son escouade. » ( Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p.235)
- « A ce moment
s’avançait un groupe de territoriaux, cantonniers
nocturnes, pelles et pioches pacifiques sur l’épale allant
déjà à la première accalmie
déblayer, réparer les dégâts du bombardement
aux chemins, aux passages qu’à tout prix il fallait
maintenir praticables (…) Ce rôle des territoriaux
n’était pas sans péril et souvent quelques-uns
arrosaient de leur sang la boue qu’ils remuaient ; ils
jalonnaient de petites croix ces chemins funèbres. »
(Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Paris, La découverte, 1997, pp. 386-387).
Haut de la page
Tirailleur
1) Unités de
l’armée française composées de soldats issus
des colonies (tirailleurs sénégalais, etc.)
2) Progresser « en tirailleurs » : ce
tte expression signifie qu’il faut prendre de grandes distances
entre chaque homme et progresser en utilisant le terrain. Cela permet
grâce à cette dispersion de se protéger, de se
camoufler et de diminuer les pertes sous les tirs d’artillerie .
Citations :
- « Au jour, la
section d’avant-poste est attaquée par des forces
supérieures. Elle bat en retraite sur Bréménil
d’où nous sortons pour nous installer en tirailleurs sur
les crêtes à droite de la route en venant de
Badonviller. » (Carnets d’Auguste Laurent, 20e BCP, 4
août 1914, in Képis bleus de Lorraine, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, St Dié, 2001, p.15).
- « Hier, nous avons
vu les tirailleurs algériens, et ce sont des géants
auprès de nous ; je comprends la terreur des Allemands
devant de pareils gaillards » (Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p.72).
Haut de la page
Tirs d'artillerie
En fonction de leur objectif, les tirs d’artillerie portent des noms différents :
Le tir de démolition ou de destruction vise la
destruction brutale et complète d’un objectif, par
un tir fourni et ajusté, avec des projectiles explosifs
percutants.
Le tir d’écrasement est un tir de démolition de densité particulièrement forte.
Le tir d’efficacité est un tir sur zone, dense et rapide, effectué immédiatement après le réglage.
Le tir d’encagement
désigne un tir en tenaille (donc produit par au moins deux
positions d’artillerie) au plus près de l’ennemi et
sur une zone réduite.
Le tir d’enfilade vise une position ou un cheminement sur la plus grande longueur, généralement de flanc.
Le tir d’interdiction a
pour effet d’interdire la circulation en un point de passage
alors que toute surveillance est impossible (zone invisible des
observatoires, temps de brume ou de nuit).
Le tir de neutralisation
cherche, quand la destruction des organisations ennemies est
impossible, à neutraliser le personnel de ces organisations en
l’obligeant à demeurer dans les abris et en le
démoralisant par la violence du bombardement.
Renvois : Barrage,
Batterie,
Pièce, Servant
Bibliographie : Coll., La Butte
meurtrie. Vauquois. La guerre des mines, 1914-1918, Verdun,
Les Amis de Vauquois et de sa région, mai 2004.
Haut de la page
Tommy / Tommies
Surnom des
soldats britanniques, en particulier durant la Première
Guerre mondiale. L’origine du terme fait débat, mais
il est attesté dès le XVIIIe siècle sous
la forme « Tommy Atkins ». Avant la guerre
de 1914-1918 , son usage est déjà répandu
(1892, poème « Tommy » de Rudyard
Kipling). Durant le conflit, le terme est également utilisé
par des soldats français et allemands. C'est l'équivalent
du "Poilu"
pour les britanniques, avec des connotations différentes.
Renvois : Poilu,
Sammies
Haut de la page
Torpille
Projectile d’artillerie, en particulier d’artillerie de tranchées.
Renvois : Crapouillot,
Marmite,
Minen
Citation :
- « La torpille
est un engin dont la portée varie de 200 à 1000
mètres selon le calibre, et se tire comme un obusier,
sous un angle très court. Elle consiste en une mince
enveloppe renfermant une énorme charge de mélinite
(v.). Elle est de forme allongée et munie d’une
queue et d’ailes. La queue seule s’enfonce à
l’intérieur de la pièce et repose sur la
charge de poudre qui la projette. Les ailes sont pour donner
la direction. Chez nous, nous en avions de 18, 40 et 100 kilos.
Les Boches en avaient d’un kilo qu’ils lançaient
comme des grenades. La torpille marche lentement. En entendant
le coup du départ de la pièce, on peut la voir
monter presque à angle droit, et on l’entend grâce
au bruit particulier que font ses ailes en tournant. En déterminant
son point de chute, on peut avoir le temps de se garer. Elle
est généralement à fusée retardée
et s’enfonce profondément en terre où elle
éclate avec un bruit épouvantable et surtout démoralisant
en faisant des cratères énormes. Elle est surtout
employée pour la destruction des ouvrages, abris ou tranchées. »
(C’est à Craonne, sur le plateau…, Journal
de route 1914-15-16-17-18-19 de Xavier Chaïla, Carcassonne,
FAOL, « La Mémoire de 14-18 en Languedoc,
1997, pp.55-56, Vosges, août 1916).
Haut de la page
Totos
Nom donné aux poux ou plus généralement aux parasites dans l’argot des combattants
Bibliographie : Rémy Cazals, Les mots de 14-18, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2003, p. 108.
Citations :
- « Hier, j'ai
tué au moins 50 totos. Je voudrais faire photographier la
section un beau matin, tous en train de faire la chasse aux totos, sans
chemise. Cette carte aurait du succès. » (extrait
d'une lettre de fin 1917, d'un homme du 11e RI, VIe Armée,
cité dans Jean Nicot, Les poilus ont la parole : dans les tranchées, lettres du front, 1917-1918 , Bruxelles, Complexe, 1998 , p.42, n.9)
- « [Les puces sont]
plus voraces et plus remuantes [que les poux] ; et c’est une
véritable torture quand elles exécutent leurs sarabandes
du cou jusqu’aux chevilles. » (Émile Morin, Lieutenant Morin, combattant de la guerre 1914-1918, Besançon, Cêtre, 2002, p. 160)
Haut de la page
Tranchées
voir :
Abri,
Boyau,
Ligne,
Parados,
Parapet,
Pare-éclats,
Sape
Haut de la page
Trou d'obus
voir :
Cratère,
Entonnoir
Haut de la page
Tube
Synonyme de canon, terme plus particulièrement employé par les artilleurs.
Renvois : Batterie,
Pièce
Bibliographie : Voir les titres des deux ouvrages de Paul Lintier, Ma pièce, souvenirs d’un canonnier (1914) et Le tube 1233, souvenirs d’un chef de pièce (1915-1916), parus chez Plon en 1916 et 1917.
Haut de la page
Tuyau(x)
Terme d’argot
désignant les rumeurs, possédant de nombreux synonymes
(« bruits », « bobards »,
« ragots », …). Le développement du
phénomène des rumeurs de tranchées,
précocement identifié par Marc Bloch, est
étroitement lié à l’impossibilité
quasi totale pour les soldats d’obtenir des informations
permettant un jugement global de la situation militaire entrant en
conflit avec « besoin humain de donner un sens à des
événements qui en manquent » (F. Rousseau, La guerre censurée, p.20). Les rumeurs se développent alors pour tenter de compenser ce vide informationnel.
Renvoi : Bobard
Bibliographie : Marc Bloch, « Réflexions d’un historien sur les fausses nouvelles de la guerre », L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, Gallimard, coll. « Quarto, 2006 [1 e éd. 1921], pp. 293-316.
Citation :
- « - Ho !
fiston de la fistonnerie, quoi de nouveau dans ces vieilles babillardes
des familles ? -Garde à vous ! derniers tuyaux :
on se bat maintenant en plaine vers Lens et la percée est faite.
Du moins en l’esprit ; je me laisse dire que soixante-douze
mille cavaliers on fait masse : ça n’est pas dans le
communiqué, mais il paraît que c’est
certain. » (André Pézard, Nous autres à Vauquois (1915-1916), Paris, La Renaissance du livre, 1930 [1918], p.192)
Haut de la page
---- U ----
Uhlan(s)
Principale composante de la cavalerie
légère allemande, les Uhlans sont
généralement employés en tant
qu’éclaireurs. Déjà existante en 1870, cette
unité a profondément marqué l’imaginaire
collectif des Français dans la période séparant la
guerre franco-prussienne de la Première Guerre mondiale, en
particulier dans les régions envahies par les armées de
Bismarck. Associés, pour des raisons surtout subjectives, aux
massacres et aux pillages, l’apparition des Uhlans,
annonçant l’arrivée probable dans un délai
bref de troupes plus nombreuses, suscite généralement
l’angoisse et parfois la panique dans les populations civiles, et
l’inquiétude chez les soldats.
Citations :
- « Des
hauteurs, on aperçoit des patrouilles de uhlans vers
Petitmont » (Carnets d’Auguste Laurent, 20e BCP, 4
août 1914, à Ancerviller in Képis bleus de Lorraine, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, St Dié, 2001, p. 14)
- « 25 août 1914
– (…) Et voilà que tout d’un coup, dans
la nuit, une voix angoissée crie : « Les
uhlans ! » et sans attendre un ordre les hommes se
précipitent en criant « Les uhlans ! »
Certains, pour mieux fuir, jettent sac et fusil. » (Paul
Ramadier « Carnet de guerre (15 août 1914 – 11
novembre 1914) », Revue du Rouergue, n° 79, automne 2004, p. 409)
Haut de la page
---- V ----
Vaguemestre
Militaire chargé de la
distribution du courrier aux armées. Son arrivée est
espérée et guettée par les combattants qui
attendent les lettres et colis constituant leur lien avec
l’arrière.
Renvoi : Colis
Citations :
- « Le
vaguemestre va partir, je termine malgré moi et je n’ai
même plus de papier pour recommencer une autre
lettre ! » ( Étienne Tanty, Les violettes des tranchées. Lettres d’un poilu qui n’aimait pas la guerre, Paris, France bleu/Italiques, 2002, p. 84)
- « Le brigadier
vaguemestre et son planton arrivent, surchargés de courrier.
Chacun a son message. Ah ! cette première distribution
après un mois de lourd silence ! On s’isole pour lire
plus intimement le cher courrier. » (Ivan Cassagnau, Ce que chaque jour fait de veuves, journal d’un artilleur 1914-1916, Paris, Buchet-Chastel, 2003, p. 43, 4 septembre 1914)
Haut de la page
V.B.
Grenade Viven-Bessières
de Viven (industriel) et de Bessières (ingénieur arts et
métiers) qui la mettent au point en 1915. Elle s’adapte
sur un tromblon fixé à un fusil Lebel. La balle enflamme
l’amorce, tandis que le gaz de la cartouche en se
détendant projette la grenade. Elle explose au bout de sept
secondes à une distance variable selon l’angle de tir. Sa
portée maximale est de 200 m environ.
Renvois : Chauchat,
Lebel
Bibliographie : Patrice Delhomme, Les grenades françaises de la Grande guerre, Paris, Hégide, 1984, pp.128-129)
Citation :
- « Notre
tranchée s’illumine sur la droite : une fusillade
violente roule tout autour de nous. Les grenades VB s’abattent
sur les communs, sur le mur du jardin, partout, et dans les lueurs
vives qu’elles lancent, la maison surgit toute entière,
plus sinistre que jamais. » (Georges Gaudy, L’agonie du Mont-Renaud, Paris, Plon, 1921, p.163)
Haut de la page
Voie de 0,60
Chemin de fer léger, posé
par l’armée dans la zone du front pour faciliter le
transport du matériel. A l’occasion de la
préparation d’une offensive, le génie multiplie la
pose des voies de 0,60m de largeur dans la région de
l’attaque. Les wagonnets pouvaient être tirés par
des chevaux ou par de petites locomotives, désignées
comme les « Decauville ». Decauville pouvait
aussi s’appliquer à la « voie
Decauville ». Si l’écartement le plus
fréquent est celui de 0,60m, il existait aussi des voies de 0,40
et 0,50.
Haut de la page
---- Y ----
Ypérite
Surnom du gaz de combat mis au
point en 1917 par l’Allemagne et utilisé pour la
première fois dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917 dans la
région d’Ypres (Belgique). Surnommé
également « gaz moutarde » en raison de
son odeur, son action se fait à travers la peau, ce qui rend
partiellement inopérante la protection des masques ; de
plus ce gaz a pour caractéristique de contaminer durablement les
zones dans lesquelles il est utilisé.
Renvois : Gaz
Bibliographie : Olivier Lepick, La grande guerre chimique, Paris, PUF, 1998.
Citation :
- «
L’ypérite est la plus diabolique invention de cette
guerre. Ni Jules Verne, ni Wells n’imaginèrent jamais de
méthode de combat plus étrange. La réalité
fut plus inventive que l’imagination. Un jour d’août
1917, des batteries françaises devant Verdun furent
marmitées avec des obus à gaz. Le marmitage cessa. Des
hommes sortirent des abris pour manœuvrer les canons. Quelques
heures après, leurs mains étaient brûlées.
L’un d’eux rapporta une couverture qu’il avait
laissée à l’extérieur et se coucha
dessus : le lendemain, son côté était
brûlé et quelques jours après il mourait. Trois
jours après, un officier pissait dans un trou
d’obus : le lendemain ses parties étaient
brûlées et avaient pris la forme d’un énorme
boudin. A Reims, des obus semblables tombaient. Comme ce gaz se combine
avec l’humidité, des femmes avaient l’entrejambe
brûlé, pour avoir, quelques heures plus tard,
traversé le terrain ypérité. Une femme qui se
sauvait en chemise, pour avoir passé une culotte
ypéritée, mourait dans des douleurs de
Nessus. » (Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, pp. 238-239)
Haut de la page
---- Z ----
Zeppelin
Ballon aérien allemand, du
nom du comte Ferdinand von Zeppelin (général et
aéronaute allemand, 1838-1917). La carcasse rigide des zeppelins
est en aluminium ou en duralumin. Elle comprend un certain nombre de
cellules dans chacune desquelles se trouve logé un ballon
à gaz. Le tout est recouvert d’une enveloppe de toile
imperméabilisée. Les dirigeables ont un volume de plus de
20 000 m 3 avec 150 mètres et même 180 mètres de
longueur. Trois ou quatre moteurs de 260 CV les actionnent et ils
comportent jusqu’à 30 hommes d’équipage.
Renvois : Aéro,
Taube
Citations :
- « Lundi 22 mars
1915 – St-Jean s/Tourbe – (…) Au milieu de
toutes les horreurs du front, une nouvelle circule. Plusieurs zeppelins
ont survolé Paris et lancé des bombes. Il y a des
victimes. » (Albert Anterrieux, « Journal de
route de la guerre (1915) », Revue du Rouergue, n° 79, automne 2004, p.377)
- « 24
août 1914 – (…) Les Allemands approchent, dit-on. Un
zeppelin est venu vers 4 heures reconnaître notre position. Mais
on ne croit pas encore le combat imminent. ». (Paul Ramadier
« Carnet de guerre - 15 août 1914 – 11 novembre
1914 », Revue du Rouergue, n° 79, automne 2004, p.401)
- « 5 décembre
1914 – Beau – Les zeppelins L7 passent au-dessus du camp
très bas, voyons clairement les passagers. » (Les Carnet de captivité de Charles Gueugnier1914-1918, présentés par Nicole Dabernat-Poitevin, Accord édition, 1998, p. 26.)
Haut de la page
|