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effets d'un barrage sur les poissons d'un fleuve tropical Le 6 janvier 1994, EDF fermait les vannes du tout nouveau barrage hydro-électrique de Petit-Saut sur le fleuve Sinnamary (bassin versant de 6.652 km2) en Guyane française. Compte tenu des importantes perturbations de l'environnement générées par cet ouvrage - en amont du barrage, les eaux ont noyé 310 km2 de forêt équatoriale, soit 18 millions d'arbres -, il fut décidé d'entreprendre de nombreux programmes de recherche. A cette fin, EDF a conclu des conventions avec différents organismes scientifiques, dont le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), l'Institut national de recherche agronomique (Inra) et l'IRD et plusieurs universités. Ceux-ci ont conduit et conduisent aujourd'hui encore des études destinées à mesurer les effets produits par la retenue sur la faune et la flore locale. Dans ce cadre, l'Orstom intervient dans le domaine de l'hydrobiologie et plus particulièrement sur l'écologie des peuplements de poissons. D'après les résultats acquis par cette équipe d'hydrobiologistes présente sur le terrain depuis 1989, les effets du barrage sur les populations de poissons diffèrent selon que l'on considère la retenue, où il y a eu transformation radicale du milieu d'eau courante en un lac, et la partie aval du barrage, qui a subi des modifications mais qui est demeurée une rivière. Dans la retenue Deux ans après la mise en eau, il apparaît que le nombre d'espèces dans les eaux de la retenue n'a pas encore notablement diminué. Dans cette partie du fleuve, en terme de biomasse, les poissons sont même aujourd'hui plus nombreux car ils ont trouvé dans ce nouveau milieu une nourriture abondante du fait de la décomposition de la végétation et de la présence accrue d'insectes aquatiques attirés par les troncs et les branchages noyés. Il faudra cependant attendre plusieurs années avant d'être assuré de la pérennité des phénomènes observés. On pourrait en effet assister à une prolifération de certaines familles de poissons (prédateurs et espèces d'eau dormante notamment) et à une raréfaction des sources de nourriture à mesure que les organismes terrestres et la végétation disparaîtront des eaux du lac. Ces différents facteurs pourraient contribuer à terme à une diminution du nombre des espèces et de biomasse des poissons dans la retenue. En aval En revanche,
l'impact du barrage s'est fait d'ores et déjà ressentir
de manière préoccupante en aval. Etudiant les premiers stades
de la vie des poissons qui, jusqu'à présent, ont très
rarement fait l'objet de recherches dans les écosystèmes
fluviaux, les chercheurs ont observé chez les juvéniles
une baisse importante de la biomasse (de moitié selon les prélévements)
et de la diversité des espèces. Cette diminution apparaît
en particulier pendant la saison des pluies (d'avril à juin), période
de l'année où ils étaient auparavant le plus nombreux.
Agissant ainsi sur les premiers stades de vie des poissons, cette modification durable du régime de crue dans cette portion du fleuve aura-t-elle des effets drastiques, voire irréversibles, sur la diversité des espèces et l'abondance des peuplements du Sinnamary ? telle est la question à laquelle les chercheurs tentent aujourd'hui de répondre.
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Bibliographie A. Grégoire,
Evolution de la qualité de l'eau du Sinnamary au cours de la première
année de mise en eau, EDF CNEH, 1995. Laurent
Lauzanne et al. Structure et biologie des peuplements ichtyques du fleuve
Sinnamary en Guyane française, rapport final, Orstom Centre de
Cayenne, avril 1995.
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