A l'aide la carte ci-dessous un lecteur peu habitué à manier des cartes détaillées au 1/100 000, comme les dix cartes topographiques situant l'emplacement futur des écluses et des barrages, pourra en lisant le texte après cette carte se rendre compte plus facilement du trajet, sans rupture de charge, que parcourra une barge depuis BOMA jusque KINSHASA.
Tout conteneur en provenance du monde entier sera déchargé du cargo au port de Boma et scellé après vérification douanière. On le chargera alors dans une barge de 1.000 tonnes faisant partie d'un convoi poussé de six barges qui remontera le fleuve jusqu'à l'Ile des Princes et qui s'engagera ensuite dans le chenal maritime pour accéder à l'écluse A de Kitsingi où il atteindra le niveau + 50 m. Le convoi rejoindra après ce passage la rivière Mao par la petite jonction N° IV de 1 km. Le niveau de la rivière aura en effet été surélévé à cette hauteur par le barrage N° 3 de Kiwele avant de se jeter dans le fleuve Congo. Son déversoir sera régulé suivant son débit saisonnier pour la maintenir à cette altitude de 50 m.
Après son passage de l'écluse de Kitsingi le convoi remontera le cours de la rivière Mao en direction nord en passant par les écluses B (Kizobota 1), C (Kizobota 2), D (Sumba) et E (Kikaluda) et se trouvera à ce moment à l'altitude 250 . En remontant toujours la rivière Mao vers le Nord-Est maintenant, il arrivera enfin à l'écluse F (Kilandu) où il atteindra l'altitude 300 qui sera son plus haut niveau durant son trajet vers Kinshasa.
Le convoi se trouvera alors dans un secteur inondé submergeant à 300 m d'altitude le reste de la rivière Mao et son affluent la Niamvu venant de l'est. Le convoi se dirigera alors vers l'est durant 3 km jusquà Binda-Loanda où la rivière Niamvu prend sa source . Il s'engagera ensuite dans une tranchée de 3 km qui sera la Jonction III reliant la source de la Niamvu à la source de la rivière Mami qui elle coule vers l'est. Cette rivière Mami sera également submergée l'altitude 300 grâce au barrage de retenue N° 2 établi sur celle-ci 11 km plus loin là où elle oblique vers le sud pour aller se jeter dans le fleuve Congo au Nord de Matadi. L'altitude de cette nappe d'eau à 300 m d'altitude sera en effet régulée par le déversoir de ce barrage important. A noter à ce stade de l'explication que le trajet que devra suivre le convoi poussé quand il naviguera dans les parties inondées sera en fait balisé par des bouées délimitant en surface le cours initial de la rivière et de ses affluents afin de toujours se trouver au plus haut point d'eau surplombant le fond.
Arrivé en face du barrage de retenue N° 2, le convoi prendra alors la direction plein nord suivant le cours d'un affluent de la Mami dont le nom ne figure pas sur la carte Weber ayant servi aux professeurs Dehousse et Arnould pour délimiter la surface inondée à l'altitude 300 et entourant la colline de Pangi qui culmine elle à 545 m d'altitude. Ce trajet vers le nord s'étirera sur 8 km pour atteindre le surplomb de la source de cet affluent. A cet endroit débutera alors la plus importante tranchée creusée dans le massif et coupant la route allant de Matadi à Kinzau-Vuete, c'est la Jonction II. Cette tranchée dont les escarpements s'élèveront à son plus haut niveau à 450 m sera surplombée par un pont métallique important assurant la continuité de la route asphaltée Matadi-Boma faisant le tour par Kinzau-Vuete.
La Jonction N° II de 8 km sera creusée en suivant de façon rectiligne le cours moyen de la rivière Vunzi qui se jette dans le fleuve Congo au sud de Inga à la hauteur du mont Kolutu culminant à 260 m. Le bout de la tranchée débouchera sur la partie inondée de la rivière Vunzi à 300 m d'altitude grâce au barrage/écluse G qui lui permettra de descendre 50 m plus bas pour se retrouver à l'altitude 250 dans un petit bief inondé sur la rivière Vunzi grâce au barrage de retenue N° 1. Au départ de ce petit bief à l'altitude 250 le convoi empruntera une petite tranchée de moins d'un km, la jonction I, pour se retrouver en face du barrage écluse H édifié sur un affluent de la large rivière Bundi. Ce passage de l'écluse H lui permettra de redescendre au niveau 205 pour se retrouver dans la vaste étendue aquatique qui sera créée 1) par le barrage du Grand Inga sur le fleuve lui-même de part et d'autre de l'île de Sikila à la latitude 05°25' S, 2) par le barrage-usine de la Bundi juste avant son embouchure dans le fleuve Congo après les rapides de Kanza : il y aura là une chute de plus de 160 m ! Cette vaste étendue aquatique recouvrira largement le cours inférieur de la Bundi et de ses affluents avec en particulier la Makonge. C'est au sommet du barrage de la Bundi que sera déplacée la route asphaltée en provenance de Matadi vers toutes les installations hydrauliques de Inga I et II ainsi que son aéroport.
Le convoi naviguera alors dans cette vaste étendue aquatique en suivant un balisage qui le guidera jusqu'en amont du barrage du Grand Inga à la latitude de 5°25' Sud où il rejoindra enfin le fleuve Congo qui lui sera au niveau 205 m grâce à la finition de ce barrage. Le rehaussement du fleuve à 205 m en cet endroit aura pour conséquence de noyer tous les rapides du fleuve jusqu'aux environs de la frontière avec le Congo Brazza après Luozi. Dans les calculs hydrauliques effectués par les professeurs Dehousse et Arnould ce niveau devrait être maintenu durant 170 km jusqu'au rétrécissement du fleuve à Kalankala où sa largeur est réduite à 300 m . C'est à cet endroit que l'équipe d'ingénieurs des professeurs Dehousse et Arnould, travaillant sur maquette à échelle réduite, prévoyait il y a trente ans d'édifier un énorme barrage d'un concept nouveau à l'aide d'un amas de tétrapodes en béton. Ce barrage s'élevant à la cote 300 serait doublé sur une rive de deux écluses en enfilade de 45 m de dénivellation chacune et sur l'autre rive d'une centrale hydraulique de 15.000 MW, quasi aussi puissante que celle installée en Chine au Trois Gorges qui elle développe 18.200 MW. Il permettrait de noyer tous les rapides du fleuve jusqu'aux ports de Kinshasa et de Brazzaville.
Le contexte politique actuel, ne permet plus d'envisager ce complexe à l'endroit idéal de Kalankala pour la bonne raison qu'il serait à cheval sur la frontière entre le Congo Brazza et la RDC. Contacté par les initiateurs du projet Moanda, le professeur Dehousse nous a dit que ce complexe pouvait très bien être édifié quelques km en aval c'est à dire entre la RDC et l'Emphytéose Moanda, ne requérant donc plus à ce moment des négotiations jugées présentement impossibles avec Brazza.
En passant par ces deux écluses de 45 m en enfilade la barge faisant partie du convoi poussé depuis Boma se retrouvera à 300 m d'altitude et pourra ainsi naviguer en eau calme jusque Kinshasa ou Brazza et ensuite faire partie d'un autre convoi poussé assemblé dans un de ces deux ports et navigant alors vers Kisangani ou Libenge.