Pour en savoir plus

 

Bibliographie

             Aube, Éd. Bonneton, 1994.
             Aube, Panorama économique, CCI Troyes, 1997.
             A. AUFAUVRE, Histoire de Nogent-sur-Seine depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, Troyes, 1859.
             A. BANET-RIVET, La France au fil de l'eau, Paris, Gallimard, 1996, Coll. Les encyclopédies du voyage.
             F. BERNARD, Guide itinéraire de Paris à Lyon et à Troyes, Paris, Hachette, 1855, Bibliothèque des chemins de fer.
             Dr COLIN, "Notes historiques et statistiques sur le canton de Nogent-sur-Seine", Annuaire de l'Aube, Laloy-Bouquot, Libraires-éditeurs, Troyes,1836.
             "Création et aménagement d'un port à Nogent-sur-Seine", Nogent-sur-Seine, Bulletin officiel municipal, n° 1, 2è trimestre 1966, p. 13.
             J. GIROUX, "Lancement d'une desserte entre le Havre et Nogent", L'Est-Éclair, 12 septembre 2003.
             L. GOUDET, "Nogent, premier port de Champagne-Ardenne", L'Observateur de l'Aube du mercredi 5 juillet 2006.
             G. GROLEY, "Nogent-sur-Seine", La Vie en Champagne, n° 15, juillet-août 1954.
             J.-L. HUMBERT, "Le carnet du siècle : une révolution agricole en Champagne crayeuse", L'Est-Éclair, 29 novembre 1999.
             L. LASSERRE, Typologie du transport fluvial dans le monde et de son rôle dans les chaînes de transport, Lyon, Laboratoire d'économie des transports, 1993.
             "Le commerce des grains. Les silos de la SCARM", Nogent-sur-Seine, Bulletin officiel municipal, n° 2, 4è trimestre 1968, p. 22-23.
             Le fleuve est notre métier, plaquette du Service Navigation de la Seine, VNF, sans date.
             Le Patrimoine maritime et fluvial, Actes du colloque de la Direction du Patrimoine, Paris, Éd. du Patrimoine/Picard, 1994.
             P. LESCUYER, Géographie physique, agricole, commerciale, industrielle administrative et historique du département de l'Aube, Troyes, Lib. Léopold
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             C. LEVERT, "2003 : Claudel, Émin-Leydier, Knauf et Soufflet", L'Est-Éclair, 5 janvier 2004.
             C. MARTIN, "La voie d'eau, porteuse d'espérance", L'Est-Éclair, 8 novembre 1977.
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             C. et J. MORE, La Seine. Charmes et sortilèges d'un fleuve, Paris, A. Michel, 1991.
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             L. ROBLIN, Cinq siècles de transport fluvial en France, Ouest France, 2003.
             P. SCHILDE, "Territoire : Nogentais", Mercure 10, Magazine bimestriel de la CCI de Troyes et de l'Aube, n°151, janvier 2005.
             Subdivision de Nogent-sur-Seine, plaquette du Service Navigation de la Seine, sans date.
             A. WILLOCX, Nogent-sur-Seine des origines au XXIè siècle, Nogent-sur-Seine, 1991.

Le trafic du port de Nogent en 1836

  "Il passe annuellement à Nogent par le canal :
Foin
1° Quatre cent cinquante couplages de foin (1), venant des prairies de Marnay, Pont-sur-Seine et Romilly. Chaque couplage contient deux mille bottes à peu près, ce qui varie suivant le degré d'élévation de la rivière.
Bois flotté
2° Deux cent cinquante trains de bois dit bois flotté. Il faut dix-huit coupons pour un train, qui se compose d'environ vingt-cinq décastères, ou cinquante cordes de bois. Ce bois provient des départements de l'Aube et de la Haute-Marne. Une partie est destinée pour l'approvisionnement de Paris.
Charbon
3° Vingt-cinq grands bateaux de charbon arrivent chaque année à Nogent, savoir : dix-huit venant de Conflant, et cinq à six d'Arcis-sur-Aube. Ils y séjournent jusqu'à ce que leur tour de vente arrive : chacun d'eux contient deux mille six cents voies de Paris. La valeur d'un bateau est de 30 000 fr. à peu près ; il coûte 3 000 fr. de construction. On voit communément sur les ports vingt à vingt-cinq bateaux de charbon provenant des bois de la Traconne et des environs de Sézanne. On y charge aussi cinq à six bateaux de charbon, qui sort des bois de Lusigny et de l'Orient, au-delà de Troyes.
Bois de charpente
4° Cent trains à peu près de bois carré ou de charpente ; bois venant de Brienne ou des alentours.
5° Vingt couplages de planches de peuplier, appelées voliges ; elles se tirent de Marcilly-sur-Seine, Saron et Romilly. Chaque couplage contient deux mille voliges.
Boissellerie
6° Huit couplages de boissellerie, sabots, pelles et attelles pour les selliers. Ces objets viennent par Arcis de la Lorraine et des forêts des Ardennes.
Fer provenant de la Lorraine
7° Trente à trente-six grands couplages de fer provenant des forges et des manufactures de la Lorraine; (La plupart de ces commerces se font par commission).

Mouvement des marchandises par le Coche
Annuellement on charge sur le coche à peu près trois mille sacs de blé à froment, tant pour la halle que pour les moulins de Corbeil. Le coche voiture encore dix mille sacs d'orge et deux mille sacs de son pour les greniers de Paris ; quatre cents balles de bonneterie de la fabrique de Romilly ; quatre à cinq cents pièces de vin de Villenauxe ; du tan et autres objets mercantils. Indépendamment d'une infinité d'effets mobiliers, il remonte de Paris des meubles en quantité, de l'épicerie, du plâtre, du bois de Campêche et beaucoup de marchandises fragiles, telles que fayence, porcelaines, glaces, etc."

(1) On nomme couplage, l'assemblage de deux bateaux.

Dr Colin, "Notes historiques et statistiques sur le canton de Nogent-sur-Seine",
Annuaire de l'Aube, Laloy-Bouquot, Libraires-éditeurs, Troyes,1836.

L'arrondissement de Nogent-sur-Seine au début des années 1920

"À l'ouest du département de l'Aube, l'arrondissement de Nogent-sur-Seine se présente comme une bande allongée du N.-O. au S.-E., limitrophe des départements de la Marne, de Seine-et-Marne et de l'Yonne.
C'est le plus proche de la capitale et les express de la grande ligne de l'Est, via Troyes-Chaumont-Belfort et Bâle, franchissent les 111 kilomètres qui séparent Nogent-sur-Seine de Paris en une moyenne de 1h45 de trajet.
La population comprend 36 183 habitants, répartis en 4 cantons et 60 communes ; géographiquement et historiquement, le terroir appartient à la Champagne.
La vaste plaine, aux larges horizons que barrent au sud les premières ondulations boisées de la forêt d'Othe a sa poésie lorsque les feux du couchant l'illuminent et revêtent de leur splendeur passagère la monotonie des cultures et des boqueteaux giboyeux. La vallée de la Seine, celles de ses affluents l'Ardusson et l'Orvin y découpent des trouées, fraîches et verdoyantes, aux aspects fins, modérés et riants. Marnay et Pont-sur-Seine y comptent parmi les plus recommandées de ces stations estivales où les plaisirs de la pêche s'offrent aux villégiateurs épris de vie paisible et reposante.
La région la plus pittoresque de l'arrondissement est, sans contredit, la falaise qui sépare la Champagne de l'Ile-de-France. De son point culminant, Courtioux, à 196 mètres d'altitude, la vue s'étend sur le damier de la plaine champenoise, parsemée des champs de bataille où s'est joué tant de fois le destin français. Tout près, Villenauxe, gracieuse et animée petite ville, offrira au touriste son aimable accueil. Et si la randonnée se poursuit, les buts d'excursion ne feront point défaut : l'église Saint-Laurent, monuments historique, à Nogent-sur-Seine. Sur le territoire de Quincey, le Paraclet où reposent Héloïse et Abélard, ces amants immortels : le monumental château de l'abbé Terray, ministre de Louis XV, construit tout près de la Motte-Tilly.
Grâce à l'intelligent labeur des cultivateurs, l'appellation "Champagne pouilleuse" qui s'attachait à la platitude infertile du sol, a perdu la plus grande partie de sa triste vérité. Les champs de céréales, les prairies artificielles et les taillis ont conquis les mamelons et les plateaux de craie dure et certains domaines - Bernières, aux portes de Nogent-sur-Seine, le Clos, près de Soligny-les-Étangs, Saint-Martin-de-Bossenay - sont cités parmi les plus intéressants efforts d'exploitation rurale.
L'activité industrielle est des plus diverses : tourbières des vallées de la Seine et de l'Ardusson, poteries et porcelaines de Villenauxe, minoteries, distillerie et sucrerie de Nogent-sur-Seine, minoteries et grands ateliers de la Compagnie de l'Est à Romilly. Toutefois, l'industrie dominante de l'arrondissement est la bonneterie qui, concentrée tout d'abord à Troyes, a essaimé au loin, surtout à Romilly, Marigny-le-Châtel et Pâlis. La production intense des tissus caoutchoutés, des tricots de toutes sortes, depuis le bas le plus vulgaire jusqu'au tissé coton et soie a donné à grand nombre de nos villages un caractère spécial qui rappelle le Jura : la coexistence de l'activité industrielle et du labeur cultural."

"Nogent-sur-Seine", L'Illustration économique et financière, L'Aube, supplément au n° du 22 mars 1924, p. 62.

Écluses, barrages et canaux

Le passe-bateau

  La navigation sur les rivières équipées de barrages pour les moulins a nécessité la mise en place de dispositifs aptes à faire passer les bateaux du bief haut au bief bas et inversement.
On peut faire passer l'embarcation à côté du barrage sur une rampe à bateaux. Le système est peu coûteux et n'entraîne aucune consommation d'eau. Mais il n'est utilisable que pour des bateaux de petite taille, courts et solides.
On peut aussi faire passer le bateau par-dessus le barrage en ouvrant une ouverture dans celui-ci par où se précipite l'eau de la rivière. Outre qu'il autorise le transfert de bateaux plus importants, le procédé du pertuis permet une descente facile et rapide, mais la remonte est plus pénible et lente.

L'écluse à sas

  L'écluse à sas, dont le principe a été amélioré par Léonard de Vinci à partir d'un système déjà connu et opérationnel en Italie, aux Pays-Bas et vraisemblablement en France, permet la navigation intérieure artificielle moderne. Construite aux endroits où le canal change de niveau, elle fait monter ou descendre les bateaux de plusieurs mètres sans effort, grâce à un simple déplacement d'eau.
Une écluse est constituée d'un sas maçonné, comprenant un fond, nommé radier, et des côtés aussi appelés bajoyers. Aux deux extrémités du sas, des paires de portes en bois ou en acier permettent l'accueil des bateaux descendants ou montants. Les vantaux de ces portes, manœuvrés à l'aide de systèmes mécaniques, buttent l'un contre l'autre en formant un angle qui permet la résistance à la pression de l'eau. Les vannes autorisant le remplissage et le vidage du sas sont le plus souvent installées sur les portes et sont manœuvrées à l'aide de crémaillères à manivelles.
L'écluse contemporaine, apparue sur la Seine, possède de très grandes dimensions : 24 m de largeur au lieu de 12 m, 180 m de longueur. Le vannage, placé dans les bajoyers, tend à réduire les remous du remplissage ou du vidage afin de ne pas gêner les bateaux. On limite la consommation d'eau en faisant se succéder bateau montant et bateau avalant.
Le bassin de la Seine compte 282 écluses, la plupart pourvues d'un système de commande automatique. De Marcilly-sur-Seine à Saint-Germain-Laval, les bateaux empruntent 11 écluses.


Écluse
(Petit Larousse en couleurs, Larousse, Paris, 1972, p. 301)

Les canaux

  Les canaux de dérivation prolongent naturellement les écluses vers l'aval. Prolongés en aval et en amont de celles-ci, ils permettent d'éviter les passages en rivière dans les endroits les plus difficiles comme les zones de faible profondeur.
Les canaux latéraux sont établis parallèlement à une rivière. Ils ne conservent avec elle que peu de points de contacts pour leur alimentation et par quelques écluses de descente en rivière.
Les canaux de jonction permettent de mettre en communication des rivières appartenant à deux bassins fluviaux différents et de remplacer la circulation périphérique des marchandises par une circulation intérieure.
Pour faire franchir la ligne de partage des eaux à ces canaux, il faut les alimenter par un dispositif de rigoles artificielles qui captent les eaux de ruissellement des hauteurs. Stockées dans des réservoirs, elles sont amenées au bief de partage et alimentent les écluses des deux versants. Le canal de Briare, ouvert à la navigation en 1642, est le premier canal à bief de partage permettant une jonction navigable entre les bassins de la Seine et de la Loire.
Les canaux Freycinet ont un petit gabarit et n'acceptent que des bateaux de moins de 650 tonnes. Leur nom provient de celui du ministre des Travaux publics qui a lancé leur programme de construction au XIXè siècle. Ils constituent la majeure partie du réseau français. Les canaux ou rivières à grand gabarit sont des voies accessibles aux embarcations de plus de 1 000 tonnes. Peu fréquentes en France, elles constituent l'essentiel du réseau dans le reste de l'Europe.

Le barrage mobile

  Toutes les rivières ne peuvent pas être canalisées à l'aide de barrages fixes en maçonnerie. L'eau accumulée derrière ceux-ci s'ajouterait en effet à celle des périodes de crue pour submerger les vallées.
Le barrage mobile s'efface pour laisser le passage aux crues. Il se referme en période d'étiage pour exhausser de façon permanente les eaux de la rivière. À l'état naturel, le niveau d'eau de la Seine ne dépasserait pas un mètre durant six mois de l'année.
La vogue du barrage mobile touche d'abord les rivières du quart nord-est de la France. Le barrage à aiguilles est inventé vers 1835 par Charles Poirée, ingénieur en chef de la navigation alors en poste à Nogent-sur-Seine. Il expérimente son procédé en 1838 sur l'Yonne, à Basseville en aval de Clamecy, lors de la contruction du canal du Nivernais. Ensuite, la Seine, la Marne, la Saône, le Cher... en sont équipés.
La canalisation des rivières par barrages mobiles éclusés permet l'achèvement de l'aménagement des voies d'eau et la constitution d'un réseau continu de voies artificielles parmi lesquelles les canaux. La spécialisation de la voie d'eau dans les transports lourds et la naissance de la batellerie de canal découlent de cette canalisation généralisée.
Le bassin de la Seine compte 84 barrages construits à la fin du XIXè siècle ou au début du XXè siècle. Le barrage de Suresnes qui maintient la Seine en eau à Paris est ainsi édifié en 1865. La section de rivière gérée par la subdivision de Nogent-sur-Seine comporte 7 barrages. Les barrages les plus anciens, comme les barrages à aiguilles, à hausses, à vannettes, sont manœuvrés manuellement. Les barrages les plus récents, comme les barrages à clapets ou à vannes-segments, se manœuvrent automatiquement.
De nos jours, ces aménagements profitent à de nombreuses activités de loisirs. Ils permettent le soutien de la nappe phréatique, la préservation des équilibres écologiques. Ils favorisent une meilleure oxygénation de l'eau et autorisent une auto-épuration de la rivière.


Profil schématique de la Seine canalisée en basses eaux

(Croquis VNF, Subdivision de Nogent-sur-Seine)


Le principe du barrage à clapet

(Croquis VNF, Subdivision de Nogent-sur-Seine)

Les types de bateaux

La péniche

  La généralisation des voies canalisées transforme les techniques de navigation. La profondeur accrue et garantie permet de doubler le tonnage des bateaux. Les dimensions des écluses Freycinet longues de 40 m et large de 5,20 m définissent le gabarit des péniches - 38,50 m de longueur sur 5 m de largeur -, leur morphologie et certains traits architecturaux comme le gouvernail repliable. La construction de bateaux en bois est progressivement abandonnée au profit de la construction métallique par rivetage, puis par soudure.
Le type de péniche le plus répandu au début du XXè siècle est originaire du nord de la France et de Belgique. La péniche flamande est aussi appelée Freycinet.
Dans l'est et le centre de la France se maintiennent d'autres bateaux de canal : toues, flûtes, cadoles, margotats.


Péniche

(Petit Larousse en couleurs, Larousse, Paris, 1972, p. 680)

Le toueur et le remorqueur

  La canalisation des rivières par barrages mobiles éclusés fait naître les grandes batelleries de canal tractionnées par des toueurs et des remorqueurs à vapeur d'abord puis dotés en un peu plus d'un demi-siècle de moteurs à explosion. Avec elles, le halage à dos d'homme disparaît, remplacé par une traction
Le toueur à chaîne est un bateau qui peut naviguer dans les deux sens. Il dispose pour cela d'un gouvernail à chaque extrémité. Il se déhale sur une chaîne posée au fond de l'eau sur toute la section à parcourir, à l'aide d'un treuil mu par une machine. Il entraîne derrière lui un train de péniches.
Le remorqueur est un bateau propulseur équipé de puissantes machines et d'une hélice de grand diamètre. Il tractionne chalands et péniches sur les rivières canalisées.


Remorqueur
(Petit Larousse en couleurs, Larousse, Paris, 1972, p. 791)

L'automoteur et le pousseur

  L'avénement de l'automoteur, puis du pousseur marquent la fin des batelleries de canal traditionnelles.
L'automoteur est un bateau construit en acier, propulsé par une hélice entraînée par un moteur diesel. Il se présente sous deux formes : l'automoteur de canal au gabarit Freycinet, le chaland automoteur de rivière. Chambre des machines, cabine d'habitation et timonerie sont situées à l'arrière de ces bateaux. Apparus après la Première Guerre mondiale, ils supplantent de 1920 à 1970 les anciens bateaux de bois tractionnés.
Le pousseur, apparaît dans les années 1960 sur les voies à grand gabarit. Il pousse un ensemble de barges porteuses. Permettant des économies de main d'œuvre et amenant une plus grande rapidité de manœuvre, il se substitue au touage et au remorquage au cours des vingt dernières années du XXè siècle.

La batellerie en France aujourd'hui

Une inégale présence du transport fluvial sur le territoire

  Seuls 34 départements sont desservis par la voie d'eau. 93 % du trafic fluvial domestique s'effectue sur les cinq segments à grand gabarit (Seine, Rhin, Moselle, Rhône-Saône, Nord-Pas-de-Calais).
La part du transport fluvial s'élève à environ 15 % du transport de marchandises dans le bassin de la Seine et elle varie entre 15 et 25 % dans celui de la Moselle et le Rhin. En revanche, elle est très faible dans les régions dotées d'un réseau au gabarit Freycinet. Elle ne s'élève ainsi qu'à environ 1,5 % en Champagne-Ardenne et à 4 % en Bourgogne. Si l'existence d'une voie d'eau à grand gabarit est une condition nécessaire à l'existence d'un transport fluvial actif, elle n'est cependant pas suffisante. La voie d'eau ne représente que 6 % du transport de marchandises en Nord-Pas-de-Calais et 4 % sur le segment Rhône-Saône.
La situation du transport fluvial est donc très contrastée. Absent à l'ouest d'une ligne Le Havre-Sète, il est faible sur les liaisons aux capacités inemployées, telles que la Saône et le Rhône. En revanche, la Moselle est saturée à cause de l'accroissement du trafic provoqué par la canalisation de la Sarre. Les bassins fluviaux ouverts (Rhin et Moselle) progressent tandis que les bassins fermés "longs" (Rhône, Seine) ou "courts" (Loire et Gironde) régressent.

D'après Voies Navigables de France, 1997

Le transport fluvial, une alternative qui monte

  Pour le fret, la voie fluviale s'affirme comme une alternative à la route et au fer. En 2002, la hausse du trafic est de 3,3 % en France et de 5,4 % sur le seul bassin de la Seine. Certains secteurs sont très porteurs : charbon (+ 43 %), conteneurs et produits finis ou semi-finis à haute valeur ajoutée (+ 19,7 %), matériaux de construction (+ 5 %).
Des atouts certains :
             fiabilité,
             faible coût : 1,52 euro au KM pour 1 000 tonnes transportées contre 5,57 euros pour le fer et 25,92 euros pour la route,
             faible consommation d'énergie : 1 kg équivalent pétrole permet de transporter 1 tonne sur 175 km (de 2 000-3 000 tonnes de capacité), contre 130 km en train complet et 55 km en camion,
             silence et protection de l'environnement : 2,6 fois moins d'émissions de gaz à effet de serre que la route,
             sûreté : peu d'accidents, donc aptitude au transport de matières dangereuses,
             combinaison possible avec fer et route.

D'après VNF et Les Échos, 28 mai 2003

Le transport fluvial de marchandises poursuit sa croissance

  Voie Navigables de France a déclaré que "2002 a été une nouvelle année de croissance". En effet, la performance globale progresse de 3,3 % par rapport à 2001 pour atteindre près de 7 milliards de tonnes-kilométriques. Le volume de marchandises traité croît de 1,1 % et atteint 56,8 millions de tonnes. Depuis 5 ans, le transport fluvial a progressé en France de 22 %. Ce qui fait de la navigation intérieure, selon VNF, le mode alternatif à la route le plus performant. Les bassins de la Seine et surtout du Rhône ont enregistré une très nette progression en 2002.

D'après VNF, mars 2003

Le Service Navigation de la Seine

Les missions du service

  Le Service Navigation de la Seine (SNS) est un service déconcentré du ministère de l'Équipement et des Transports. Il est partiellement mis à disposition de l'établissement public Voies Navigables de France (VNF) dont il constitue la direction interrégionale sur le bassin de la Seine.
Le bassin de la Seine comprend la Seine et ses affluents. Il s'étend sur 17 départements et 5 régions. Le bassin compte 1 427 km de voies navigables, dont 496 km de voies à grand gabarit. Premier réseau français de voies navigables, il joue un rôle économique majeur : 27 millions de tonnes transportées en 2000.
Le SNS a pour tâche d'exploiter, d'entretenir et de moderniser le réseau des voies navigables, de permettre un approvisionnement régulier en eau de l'industrie et de l'agriculture, d'assurer l'alimentation en eau potable, de protéger contre les risques d'inondation, de préserver la qualité de l'eau et du milieu aquatique, de valoriser le patrimoine et l'environnement, de développer les sports nautiques et les loisirs et d'assurer la sécurité du transport fluvial.

D'après Le fleuve est notre métier, plaquette du Service Navigation de la Seine, VNF, sans date.

La subdivision de Nogent-sur-Seine

  Service public de proximité, la subdivision de Nogent-sur-Seine est l'une des 5 subdivisions de l'arrondissement Seine-Amont du Service Navigation de la Seine.
"La subdivision de Nogent a compétence sur 65 km de rivière de Seine et canaux de dérivation entre Marcilly-sur-Seine et Saint-Germain-Laval. Elle gère aussi le canal de la Haute-Seine jusqu'à Méry-sur-Seine (...). La subdivision est composée de 40 agents (...).
Au titre de l'État, elle remplit différentes missions régaliennes : police de la navigation, contrôle des bateaux, permis de navigation, certificats de capacité ; police de l'eau, autorisation et contrôle des rejets, surveillance et étude de la qualité des eaux superficielles, lutte contre les pollutions ; protection des zones submersibles, avis à l'élaboration des Pos (et des PLU) et des Plans de Prévention des Risques naturels et des Inondations, avis sur les permis de construire.
Au titre de Voies Navigables de France, elle intervient sur l'exploitation, l'entretien et la modernisation des voies navigables ; le développement du transport et du tourisme fluvial ; la gestion du domaine, la gestion des zones d'habitat fluvial".

Subdivision de Nogent-sur-Seine, plaquette du Service Navigation de la Seine, sans date.


La subdivision de Nogent du Service Navigation de la Seine

(Carte VNF, sans date)

Les termes de la batellerie

             AFFRÈTEMENT = engagement du propriétaire d'un bateau de commerce de transporter des marchandises par voie fluviale. On distingue l'affrètement au voyage simple (pour un seul trajet), le contrat au tonnage (pour une quantité donnée), et le contrat à temps (pour une durée déterminée).
             ARRIÈRE-PAYS ou HINTERLAND = ensemble des régions situées en arrière d'un port et reliées à ce dernier par un maillage fluvial.
             AUTOMOTEUR = péniche motorisée.
             BATELLERIE = ensemble des artisans bateliers. Industrie du transport fluvial.
             BARGE = unité de transport fluvial non motorisée, généralement poussée. Le regroupement de plusieurs barges forme un convoi.
             BIEF = portion de rivière ou de canal située entre deux écluses.
             CONTENEUR = caisse de dimensions normalisées servant au transport de marchandises avec des outils normalisés dans le monde entier. Un conteneur 20 pieds peut contenir de 16 à 18 tonnes utiles, un conteneur 40 pieds de 22 à 24 tonnes utiles. Il existe divers types de conteneurs : dry (pour les marchandises), open top (dessus ouvert ou bâché), reefer (à température dirigée), flat (simple châssis).
             CONVOI = ensemble rigide de bateaux dont l'un au moins est motorisé ou ensemble de bateaux tirés par un remorqueur.
             DARSE = bassin portuaire.
             DONNEUR D'ORDRE = société de transport, négociant ou producteur affrétant un camion, un navire ou tout autre mode de transport pour expédier des marchandises.
             DRAGAGE = curage du lit d'un fleuve, d'une rivière ou d'un canal.
             INTER MODALITÉ, MULTIMODALITÉ = utilisation de plusieurs modes de transport pour un même transport de marchandises. Faculté donnée par la taille et la configuration des réseaux de substituer un mode de transport à un autre.
             INTEROPÉRABILITÉ = aptitude d'un réseau de transports à permettre la circulation sans rupture de charge.
             JAUGE = ensemble des mesures et des calculs définissant le tonnage d'un bateau et sa capacité à naviguer sur divers fleuves, rivières ou canaux.
             PLATE-FORME MULTIMODALE = lieu équipé pour le transfert de marchandises entre plusieurs modes de transport et facilitant les liaisons entre des différents modes : route, mer, fer et voie d'eau.
             PONT ROULANT ou PORTIQUE = piste de manutention de colis lourds, produits métallurgiques et conteneurs maritimes. Il se déplace sur des rails et transporte la marchandise transversalement.
             PORT EN LOURD = capacité de chargement du bateau.
             POUSSEUR = bateau agissant par poussée à l'arrière des barges, d'une puissance de 300 à 9 000 cv et capable de pousser jusqu'à quatre barges de 1 000 tonnes.
             RIVE DROITE, RIVE GAUCHE = se définit en observant le canal, la rivière ou le fleuve en direction de l'aval.
             ROLL ON / ROLL OFF, ou "RO-RO" = transport de poids lourds ou de remorques sur des bateaux appelés rouliers.
             RUPTURE DE CHARGE = rupture de la chaîne des transports correspondant au déchargement et au chargement des marchandises lors d'un changement de mode.
             TIRANT D'AIR = hauteur maximale du bateau au-dessus de l'eau. Désigne aussi la hauteur libre sous un pont ou dans un canal souterrain.
             TIRANT D'EAU = hauteur de la partie immergée du bateau qui varie en fonction de la charge transportée.
             TONNEAU = unité internationale de volume. Un tonneau vaut cent pieds cubes britanniques, soit 2,83 m³.
             TONNE-KILOMÈTRE = unité servant à mesurer les trafics de marchandises, correspondant au transport d'une tonne sur un kilomètre. On l'obtient en multipliant le nombre de tonnes transportées par la distance en kilomètres.
             TRANSPORT COMBINÉ = chaîne de transport mettant en jeu différents modes.

Le groupe Soufflet, un gros client du port de Nogent

  Avec Soufflet, dont le siège est à Nogent-sur-Seine, l'Aube possède l'un des géants des céréales au plan national et international. Le port de Nogent est à la fois son berceau et sa base arrière.


Silos du groupe Soufflet dans le port de Nogent
(Cl. A. Sauer, mars 2004)

Quelques chiffres

  Avec 3 617 salariés et une présence dans 20 pays, le groupe Soufflet se positionne dans la filière agro-alimentaire. Il collecte (capacité de stockage de 1,38 Mt) et assure le négoce de céréales (7,6 M traitées dans le monde). Il développe des industries de première et de seconde transformation : malterie, meunerie, maïserie, boulangerie et viennoiserie, riz et légumes secs. Le chiffre d'affaires atteint 2,7 milliards d'euros en juin 2002, dont 55 % à l'export. Dans chacun de ses métiers, le groupe occupe une place de choix :
             - Premier collecteur privé de céréales en France (2,2 Mt),
             - Premier exportateur français de céréales,
             - Premier meunier européen (1,15 Mt),
             - Premier malteur et exportateur mondial (1,15 Mt),
             - Premier maïsier français (218 000 t),
             - Premier groupe français de légumes secs,
             - Deuxième groupe français pour le riz,
             - Premier fournisseur français de la viticulture.

Un peu d'histoire

  En un siècle, le petit commerce de grains de la veuve Juchat à Nogent est devenu un groupe international puissant, aux métiers diversifiés.
1900-1957
  En 1900, des agriculteurs de la région de Nogent livrent leurs récoltes à Pierre et Lucie Juchat, commerçants en grains. Lucie Juchat, veuve très jeune, développe l'affaire avant de la transmettre à sa fille Yvonne et à son gendre Jean Soufflet en 1925. Ce dernier donne une impulsion déterminante à l'entreprise. En 1939, il fait construire le premier silo à grains de Nogent quai Sarrail. En 1946, l'affaire familiale devient SARL sous la raison sociale Établissements J. Soufflet.
L'après guerre voit la modernisation de l'agriculture champenoise. Entré dans l'entreprise en 1947, Michel Soufflet développe la collecte des céréales en assurant l'enlèvement et le transport des grains du champ au silo, tandis que Jean Soufflet se lance dans les exportations. Ainsi au cours des années 1950 sont posées les bases de ce que sera la groupe Soufflet. En 1953, l'acquisition de la grande malterie de Nogent est un autre grand tournant. En 1955, suite au décès de son père, Michel Soufflet prend en main les destinées de l'entreprise qui compte alors une vingtaine de personnes.
1959-2000
  En même temps qu'elle accroît le volume de sa collecte (88 000 tonnes en 1966), la société Soufflet se tourne vers les céréales de qualité, notamment les orges de brasserie, et développe les ventes d'approvisionnement aux agriculteurs (semences, engrais). Avec la construction européenne qui amène la libre circulation des produits agricoles au sein de la Communauté, l'entreprise passe de l'échelon local à la dimension internationale. En 1966, la création d'un premier silo portuaire à Rouen est la base du développement du négoce international.
Soufflet est alors le 64è exportateur français. À la fin des années 1960, la société franchit un nouveau pas décisif en construisant une nouvelle malterie à Nogent, d'une capacité de 30 000 tonnes annuelles, soit dix fois plus que la précédente.
Les années 1970 voit un essor considérable de l'activité et de la dimension de la société. En 1970, elle crée un service de conseils techniques. En 1974, elle fonde sa première filiale étrangère en Grande-Bretagne. En 1978, devenu premier collecteur privé français de céréales, Soufflet s'ouvre à la meunerie avec l'achat d'un premier moulin dans l'Aube. La même année le chiffre d'affaires atteint un milliard de francs.
Au cours des années 1980, tout en intensifiant sa présence dans la filière des céréales, la société s'intéresse à d'autres métiers : boulangerie industrielle à partir de 1982, maïserie et riz et légumes secs à partir de 1986.
Au cours des années 1990, Soufflet construit de nouvelles installations ou agrandit les anciennes. L'entreprise absorbe d'autres sociétés : Ceres (premier meunier belge), le groupe Pantin. De plus en plus, afin de créer de la valeur ajoutée, Michel Soufflet opte pour la difficulté : aller livrer le grain dans le monde entier.
  Depuis 2001, Jean-Michel Soufflet préside le directoire de l'entreprise et en assure la direction opérationnelle. Son père préside le conseil de surveillance. Le groupe, qui connaît un développement significatif dans la grande Europe, s'affirme de plus en plus comme un opérateur incontournable des filières blé et orge.

D'après le site Internet Soufflet