Je ne voulais pas en parler ! Pas tout de suite. Mais les internautes le réclament alors…pas vraiment le choix. Bref, je ne voulais pas parler d’eux pour ne pas leur porter malheur. Aux petits jeunes.
Je vous explique: quand j’ai fait mon Alya en 83, la France, mon équipe de prédilection a l’époque, n’avait jamais rien gagné. Je monte à peine en Israël et voila que l’Euro 84 (appelé alors championnat d’Europe des nations) tombe dans son escarcelle, suivi plus tard d’une coupe du Monde, et de l’Euro suivant. Moi, j’étais logiquement devenu supporter d’Israël, donc je n’ai pas pensé tout de suite que mon départ coïncidait avec ce succès…
J’ai suivi pas à pas la progression d’Elie Ohana, les premiers pas de Revivo, les espoirs suscités par Eyal Berkovitch, j’ai hurlé lors du but victorieux et magnifique de Reuven Attar au Parc des Princes, j’ai presque donné le biberon à Yossi Benayoun et a Yaniv Katan.
Mais après 23 ans d’attente, j’avais pratiquement renoncé… Au bout d’un moment, on s’épuise.
Petite anecdote : quelques semaines après la victoire de la France en coupe du monde, je pars en milouim (période de réserve) à Ramallah, chauffeur de jeep comme d’habitude… A peine arrivé dans…cette station balnéaire, qu'un sabra bien bronzé, attiré par mon accent, s’approcha de moi et me dit : Mazal tov alouf aolam (Félicitations, champion du monde). Habituellement, je me déchaîne quand on me fait le coup du nouvel immigrant en Israël.
Tout me repasse devant les yeux, l’Oulpan avec Shoshana, l’agence juive avec la grosse Shosh, le Misrad haklita avec l’épaisse Shoshi, et le premier tour de garde a l’armée quand Merav vous fait un grand sourire, parce que Shoshi metouka sheli n’a pas pu venir…
Cette fois la, je me suis contenté d’un modeste « merci l’ami », le petit "toda haver" plein de retenu… du champion.
Champion du monde…Wowwwww. Mais bon…sans grande conviction !
Aussi vrai que les secrétaires en Israël se prénomment Shosh et se promènent avec un café au lait à la main, nos hommes en culottes courtes connaissent plus souvent Trafalgar que la guerre des Six jours.
Sauf une fois, match inoubliable à Ramat Gan contre l’Autriche. Cinq a zéro, l’extase, le match absolu, le miracle. Je ne l’ai vécu qu’en différé, j’étais dans un avion. Fraîchement débarqué, je demande le résultat à mon chauffeur de taxi, qui se retient de sourire puis… hurle de joie. C’était le bon temps.
Mais depuis…le ballon ne circule pas comme d’habitude, on défend mal et on attaque…pratiquement pas, ça ne ressemble a rien mais on fait semblant d’y croire par désespoir.
Et puis, soudain, je ne m’en suis pas encore remis d’ailleurs, l’équipe d’Israël des moins de vingt et un ans, équipe olympique pour les non initiés, rencontre les jeunes Français pour un match de barrage menant aux championnats d’Europe.
C’est tout récent.
Les Français sont bons.
Les Israéliens lumineux.
Physiques et frais comme des gardons, techniques comme des brésiliens, généreux comme…des Israéliens.
« Fondamentalement rien n’est modifié » disait Chamberlain après avoir nommé un ministre à un poste d’importance, nomination qui allait changer beaucoup pour l’Angleterre. Pour le football israélien et pour moi, ce petit match de barrage victorieux change tout.
Nos jeunes ont appris à gagner !
Et moi, je ne porte pas obligatoirement la poisse...
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