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Cet après-midi, des militants palestiniens, internationaux et israéliens ont mené à bien deux actions non violentes sur deux barrages routiers illégaux dans la région d’al-Khalil (Hébron).
Les barrages de al-Jab’a et Beit Ommar avaient été choisis, et alors que les manifestants n’ont pas pu ouvrir le premier barrage, ils ont réussi à dégager celui de Beit Ommar. De nombreux soldats des forces d’occupation s’étaient amassés aux deux manifestations et ont brutalement frappé nombre des participants.
Les Palestiniens de PSP aidés des internationaux enlèvent le barrage routier près de Jab'a
Après les prières du vendredi dans le village d’al-Jaba, trente-cinq internationaux et israéliens et plus de quarante Palestiniens ont organisé une marche depuis la mosquée du village jusqu’au barrage routier.
Les internationaux faisaient partie du Projet de Solidarité avec la Palestine (PSP – Palestine Solidarity Project), des Femmes Internationales pour la Paix (IWPS – International Women’s Peace Service), des Chrétiens Faiseurs de Paix (CPT - Christian Peace Makers Team).
Les Israéliens représentaient Ta’ayush et les Anarchistes contre le Mur.
Cette manifestation est la troisième en trois semaines où les manifestants se retrouvent au barrage de al-Jaba’a pour le démanteler. La semaine dernière, leurs efforts ont été couronnés de succès et ils ont réussi à ouvrir le barrage. Cependant, cette semaine, les soldats et la police, avec les Forces d’Occupation Israéliennes (IOF – Israeli Occupation Force) ont devancé l’action et attaqué les activistes.
Lorsque ceux-ci ont atteint le barrage qui sépare le village d’al-Jaba’a de celui de Surif, ils sont tombés sur de nombreuses jeeps de l’armée d’occupation, de la police et sur un car transportant des officiers du Shin Bet, le service secret de l’occupant. Les militaires sont intervenus dans la manifestation mais les militants ont pu travailler pendant environ quarante-cinq minutes avant que les soldats des Forces d’Occupation ne tentent de procéder à des arrestations.
Au pic de leur tentative, plus de trente soldats, huit policiers et deux agents du Shin Bet étaient présents, ainsi que deux jeeps de la police, six de l’armée et un véhicule Hummer. Les soldats se sont positionnés en différents endroits pour l’attaque, dont trois d’entre eux sur le toit d’une maison palestinienne, armés de mitraillettes et de lanceurs de grenades lacrymogènes.
Les manifestants ont utilisé des pelles et des pioches pour dégager les gravas et les lourds blocs de pierre qui formaient le barrage. Après quarante-cinq minutes de ce travail, les Forces d’Occupation ont accéléré leur violence. A cause de leur présence massive et des nombreuses armes « non létales » prêtes à être utilisées, les manifestants ont décidé de se disperser plutôt que de se lancer dans une confrontation avec des soldats lourdement armés. Lorsqu’ils repartaient vers al-Jab’a, les Forces d’Occupation ont tenté d’arrêter un Palestinien mais en ont été empêchés par les activistes internationaux et israéliens.
Laissant le barrage seulement partiellement dégagé et ne voulant pas perdre le reste de la journée, certains des Palestiniens, accompagnés par le groupe des internationaux et des Israéliens, sont partis vers le village de Beit Ommar pour dégager un deuxième barrage, composé de quatre énormes blocs de béton pesant deux tonnes chacun.
Cette fois les manifestants sont arrivés sans être détectés, et ont travaillé un moment avant que les Forces d’Occupation et la police n’arrivent. Ils ont utilisé des cordes pour harnacher les blocs et, avec la force déployée par plus de quarante personnes, ont pu dégager trois des blocs et ouvrir la route.
Pour faire bouger chaque bloc, les cordes étaient attachées à des crochets plantés dans le béton et pendant qu’une trentaine de personnes tiraient sur les deux cordes, les autres poussaient. Grâce à cette méthode trois des quatre blocs ont pu être enlevés, créant un passage permettant aux voitures et aux tracteurs d’entrer dans le village. Avec l’ouverture de cette route, les habitants de Beit Ommar n’ont plus à passer par le check-point, constitué d’une tour d’observation et d’une grille en métal.
Après le dégagement de deux des blocs de béton, les soldats sont arrivés. Plus de quarante soldats des Forces d’Occupation et des policiers, six jeeps de l’armée, de jeeps de la police et un véhicule militaire de transport. Rapidement les soldats ont commencé à attaquer les manifestants.
Au cours de ces attaques, plusieurs personnes ont été blessées :
- un Palestinien, frappé à l’abdomen par la crosse d’un fusil,
- une Suédoise, délibérément coincée entre un bloc de béton et une jeep de l’armée. Elle a pu se dégager et éviter de justesse d’être écrasée. Elle a été ensuite attaquée et jetée contre un mur de béton.
- un Suédois, frappé à la tête et jeté par terre la tête la première, blessé au cou,
- un Anglais, frappé plusieurs fois à l’avant bras avec la crosse d’un fusil, causant plusieurs tuméfactions,
- une Danoise, frappée à la tête avec la crosse d’un fusil ainsi qu’au pied, causant une tuméfaction,
- une Suédoise, mordue à l’avant-bras par un soldat, causant une tuméfaction.
En plus de ces blessures spécifiques, de nombreux manifestants ont été frappés à coup de poing, secoués, poussés, jetés par terre par les Forces d’Occupation. Les internationaux ont été témoins d’au moins trois Palestiniens battus, mais nous ne connaissons pas le détail de leurs blessures pour l’instant. Pendant ces attaques, les soldats ont essayé d’arrêter trois Palestiniens mais n’y sont pas arrivés, grâce aux efforts des militants internationaux et israéliens qui ont réussi à empêcher leur arrestation par des interventions non violentes.
Après ces attaques, les soldats des Forces d’Occupation se sont acharnés sur une maison palestinienne qui borde le barrage. Ils ont lancé au moins une grenade et ont tiré ce qui s’est avéré être une balle de métal recouverte de caoutchouc à travers la fenêtre de la maison. Au moment du tir, plusieurs femmes et enfants observaient les soldats à la fenêtre mais n’ont heureusement été blessés ni par la balle ni par le bris de vitre.
Le barrage routier de Beit Ommar a été dégagé et la route ouverte, mais il a été rapidement bloqué par quatre jeeps de l’armée qui ont tenté, sans succès, de replacer les blocs de béton. Les Forces d’Occupation se sont vite rendus compte du poids des blocs qu’elles ont été incapables de bouger.
Bien que le barrage soit toujours ouvert au moment où nous écrivons, il est vraisemblable que ce ne soit qu’une question d’heures avant que les Forces d’Occupation ne réinstallent la barrière illégale, étranglant Beit Ommar et forçant ses habitants à passer par le checkpoint militarisé.
Tout comme le barrage du village d’al-Jab’a qui sera rapidement réédifié après son démantèlement, son enlèvement partiel est pourtant un autre acte de résistance dans la longue chaîne des actions contre l’occupation.
Les activistes palestiniens, internationaux et israéliens continueront à organiser ces sortes de manifestations contre l’oppression qui enferme et restreint la libre circulation du peuple palestinien.
Pour des informations sur les actions précédentes à al-Jab’a :
www.palsolidarity.org/main/2006/09/21/jaba-roadblock-action/
www.palsolidarity.org/main/2006/09/30/jaba-roadblock2/
Pour des informations sur le Projet Solidarité avec la Palestine :
www.palestinesolidarityproject.wordpress.org
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