Départ de Hébron à 7h00. 20 minutes après, nous sommes arrivés au ’barrage de Gush Etzion’ entre Hébron et Bethlehem. Les soldats nous ont posé quelques questions rapides puis nous avons continué notre route. Le chauffeur nous a proposé de donner un nom a chaque barrage (pour s’amuser) car il y en a beaucoup.
Autrefois les Palestiniens passaient par Jérusalem pour aller au nord, mais puisque la ville est interdite aux Palestiniens depuis 1992, nous utilisons "la route de la vallée de feu" la seule route qui lie le nord au sud. Cette route est très dangereuse (beaucoup de virages) et très longue.
Après le premier barrage nous étions informés que la route qui contourne Bethlehem, côté est, est fermée par un barrage, nous avons donc pris une autre route qui contourne la route de contournement. Sur cette route, l’armée avait mis un barrage volant "le barrage du soldat barbu". Encore des questions. A 9h30, on a quitté ce barrage.
On a pris la route de feu qui lie Bethlehem à Abu Dis. A la sortie de cette route il y a un barrage qui s’appelle le ’barrage du container’. Après deux heures d’attente, on a réussi à continuer notre route.
Trois Kms après, c`est le barrage de la colonie Maale Adoumim à l`est de Jérusalem. Nous l’avons appelé ’le barrage du rond-point’. Un soldat nous a demandé où nous allions.
-À Naplouse
Pourquoi faire ?
Pour vendre du raisin,
Prouvez ?
Prouver quoi monsieur !
Prouvez que vous allez à Naplouse pour vendre du raisin
Regarde on a du raisin dans notre camionnette
Ce n`est pas assez. Garez vous au bord de la route, j`arrive.
Une heure après il nous a demandé de partir sans rien demander.
Nous avons fait 20 Kms tranquilles, sans barrage, jusqu’à l’entrée de la région de Ramallah, où il y avait un point de contrôle "le barrage de Hammer". Les mêmes questions, mais il nous a ordonné de faire un demi tour car, d’après les soldats, cette route est interdite aujourd`hui.
Il reste la route de la vallée du Jourdain, qui lie Jéricho à Naplouse, nous sommes arrivés au barrage "Al hamrah", à 14h20. Seul le chauffeur a le droit d’entrer en voiture alors que mon ami et moi nous avons pris un petit chemin à pied.
Enfin, nous sommes à Naplouse vers 15h30. On a vendu les 3 tonnes à 3 000 shekels, on a payé 650 shekels pour la camionnette, 360 shekels pour les caisses de raisin que nous avions achetées, 360 shekels pour le commissionnaire. Il reste pour nous deux 1630 shekels, nous avons donc vendu le kilo à 0.54 shekel. Nous n’étions pas contents tout en se disant que le raisin avait quand même été vendu.
À 18h30 on a tout terminé. Il fallait rentrer avant 19h00 car le barrage à l’entrée ouest de Naplouse ferme à cette heure-là. A 19h10 : "le barrage des carrières". Nous avons commencé notre voyage de retour. À quelques Kms, le premier barrage, "le barrage du tank", nous a arrêtés : encore des questions et de l’humiliation.
De ce barrage jusqu’à Halhul, nous avons été contrôlés à 12 autres barrages et nous sommes arrivés dans nos foyers à 2h00 du matin.
On parle aujourd`hui du retrait de Gaza : les Palestiniens de Gaza fêtent une libération à laquelle il manque l’essentiel pour pouvoir la considérer comme une vraie libération :
la question des réfugiés à résoudre.
la frontière qui est contrôlée par tout le monde sauf nous.
la continuité avec la Cisjordanie n’existe toujours pas, seuls les responsables de l’Autorité Palestinienne et quelques diplomates peuvent entrer et sortir en passant par Israël.
la situation économique est catastrophique - plus de 55 % de chômeurs - 85 % d’habitants de Gaza sont très pauvres et 15% sont très riches. Or la farine et les aides humanitaires ne résolvent jamais un problème aussi grave.
Pendant qu’il y a la fête à Gaza, la confiscation des terres en Cisjordanie s’accélère, la surface des colonies s`accroît comme à Ferata près de Bethlehem où l’on voit très clairement les nouveaux quartiers qu’ils sont en train de construire sur des terres confisquées, comme à Ma`ale Adoumim près de Jérusalem et dans la veille ville de Jérusalem. Il y a aussi le nombre des barrages qui ne cesse d’augmenter. Le mur avance comme prévu.
Et le pire : l’image de Sharon devenu le héros de la paix. Et tous les pays qui ne voulaient pas avoir une relation diplomatique avec Israël tant que l’occupation ne cessait pas se précipitent maintenant pour développer leurs relations avec Israël.
La liberté ne se donne pas et elle ne peut pas être donnée, il faut beaucoup travailler pour fêter la vraie libération.
Raed