1re Guerre Mondiale : Oissel dans la tourmente |
Oissel fut durement touché pendant la guerre. Pour les années 1914-1919, on ne relève pas moins de 193 noms sur le monument aux morts du cimetière, soit près de 20% de la population masculine adulte de l'époque. Parmi tous ces "enfants morts pour la patrie", il en est un qui a laissé son nom à Oissel. |
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PAUL-HENRI MONGIS |
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Paul-Henri Mongis, instituteur à l'école communale d'Oissel qui porte maintenant son nom. Né à Rouen en 1891, Paul-Henri Mongis après des études à l'école primaire de Longueil (près de Dieppe), rentre en 1906 à l'école normale d'instituteurs de Rouen. Après son service militaire au 39e régiment d'infanterie, Mongis est nommé en septembre 1912 adjoint à Oissel à l'école de garçons que dirige Paul Bondois. Mobilisé comme sergent dès le début de la guerre au 74e régiment d'infanterie de Rouen, il participe avec son régiment entre autres à la bataille de la Marne, à la campagne d'Artois, à la bataille de Verdun. Il a conquis sur le front un à un, au prix d'actions d'éclat les grades suivants, jusqu'a celui de lieutenant. Il avait été cité trois fois à l'ordre de l'armée. Outre les trois palmes de sa croix de guerre, il avait reçu le 20 octobre 1915 la croix de chevalier de la légion d'honneur. A la tête de la 8e compagnie, Paul-Henri Mongis est cité par le général Durbal à l'ordre de la Xe armée dans les termes suivants : "Sous le commandement de son chef, le lieutenant Mongis, s'est portée avec un entrain nettement affirmé vers son objectif. Arrêtée dans son mouvement par le feu nourri de l'ennemi occupant une tranchée signalée comme évacuée, s'est maintenue sans faiblir à courte distance de cette tranchée. A organisé à quatre mètres des fils de fer ennemis une barricade qu'elle a tenue pendant dix jours". C'est le 5 avril 1916 qu'il est tué dans les combats des forts de Vaux et de Douaumont au bois de la Caillette. Le 12 novembre 1918, le conseil municipal sous la présidence de Eugène Plantrou décide de donner le nom de Mongis à l'école publique de garçons d'Oissel (la seule à cette époque). |
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SOUVENIRS DE POILUS |
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74e régiment d'infanterie (en savoir plus) |
Un obus... deux frères (d'après le rapporteur du JMO - Le Journal des marches et des opérations du régiment) |
Le 27 mai 1915 : "L’artillerie ennemie a tiré toute la nuit sur le sous-secteur. A 2h30, les allemands ont attaqué sur tout le front du sous-secteur. Le tir de barrage, demandé aussitôt a été déclenché immédiatement. Vers 3 heures, la fusillade a beaucoup diminué d’intensité ; par contre, la canonnade a continué jusqu’à 3h20, heure à laquelle tout est rentré dans un calme relatif. La fusillade a été vive surtout dans le village de Neuville-Saint-Vaast. Le front du sous-secteur est resté intact. Pendant la journée, l’artillerie ennemie a tiré continuellement sur les tranchées du sous-secteur et sur Neuville-Saint-Vaast. Le bombardement a été particulièrement violent vers 10h30 et vers 15 heures.
Pertes de la journée : 3 sous-officiers et 3 hommes tués ; 2 sous-officiers et 14 hommes blessés. Parmi ces hommes, je peux plus précisément évoquer le souvenir de deux d'entre eux.
Hector Dantan, 31 ans, originaire d’Oissel, soldat
Octave Dantan, 28 ans, originaire d’Oissel, sergent
Ce 27 mai, ils se trouvaient tous les deux dans le même abri. On peut imaginer le réconfort et la force qu’ils puisaient l’un dans l’autre à se rapprocher ainsi sous le bombardement. Quelles furent leurs dernières paroles ? Ont-ils eut seulement le temps de se porter un dernier regard, de se dire adieu ? Ont-ils entendu l’arrivée de l’obus qui tomba en plein sur leur abri, les tuant et les ensevelissant par la même occasion ?
L'abri des frères Dantan (d'après photo)
Je ne veux même pas imaginer l’effroi de la famille, à Oissel, lorsqu’elle apprit, quelques temps plus tard, la mort simultanée de deux des siens… Je ne sais malheureusement rien de plus sur eux. Etaient-ils mariés ? Avaient-ils des enfants ? Qui les a pleurés ? Combien de temps…
Aujourd’hui, il est fort possible que pas un être humain sur terre ne pense à ces deux jeunes hommes du siècle dernier. Alors, je suis fier d’évoquer ici leur mémoire – même brièvement – et satisfait que d’autres liront leurs noms et connaîtront la fin tragique de ses deux frères…
Leurs corps reposèrent temporairement sous une seule croix de bois au cimetière de Mareuil…"
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LES BOMBARDEMENTS D'AOUT 1918
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En Mai 1916, alors qu'une fabrique de Médicaments, la S.A. Oyonnite demande à la mairie d'Oissel s'il existe une ancienne usine à vendre pour s'y installer, le ministère de la guerre, sans enquête préalable ni avis du conseil municipal, décide d'édifier à Oissel, une poudrerie. Cette usine qui s'installe sur des terrains entre la voie ferrée et l'actuel Boulevard Dambournay, transforme la petite ville d'Oissel en une vaste usine de munitions, comprenant une poudrerie et une fonderie d'obus. La présence de ces bâtiments à usage militaire vaudra à notre commune des bombardements aériens allemands dans les nuits du 13 au 14 et 15 au 16 août 1918.
Ces raids visent la Poudrerie Nationale, les ateliers de réparation des chemins de fer belges, le stock de charbon ; en fait tout ce qui longe la voie ferrée mais peut- être aussi le sanatorium qui abrite à cette époque de nombreux blessés de guerre. Le deuxième raid occasionne des dégâts importants à un grand nombre d'habitations et provoque également la mort d'un Osselien. Le conseil municipal décide de réagir et demande au ministre de la guerre de prendre les mesures permettant de protéger les populations civiles notamment en réalisant des tranchées-abris. |
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LE MONUMENT AUX MORTS |
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A la fin de la guerre, en Avril 1919, le conseil municipal décide la création d'un comité pour le monument aux morts. Après un appel à la souscription publique, une somme de 38 000 francs est disponible pour payer tous les travaux d'aménagement et l'exécution du monument. Un référendum effectué parmi la population le 9 novembre 1919 décide de son implantation. Par 494 voix contre 301 la place de la mairie est choisie. Le monument ne sera pas à côté de celui érige au cimetière à la mémoire de la guerre de 1870. Un concours entre tous les sculpteurs de la Seine-Inférieure et de l'Eure est ouvert. Apres un choix difficile le monument de M. Deslandes est retenu. II sera inauguré le 20 novembre 1921 en présence du préfet de l'époque. Le commentaire accompagnant la maquette du monument retenu est la suivante : "Sur les débris d'une position bouleversée par la mitraille ennemie, un «poilu» d'un geste large et hardi lance une grenade vers l'assaillant (supposé). Pendant qu'au dessous, un autre vaillant défenseur de la position, mortellement atteint, tombe en étreignant d'une main le drapeau, emblème de la Patrie, et de l'autre laissant échapper son arme désormais inutile. Une mère éplorée, serrant contre elle son enfant, tente vainement de soutenir le glorieux enfant d'Oissel, qui sacrifie si généreusement sa vie pour la défense de son foyer". |
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