Missions civiles pour la protection du peuple palestinien

26 février

Deir Istya - Naplouse

  

Sur les chemins de fortune évitant les barrages...

Une jeep de l'armée israélienne patrouille sur une route coupée. Au fond, une colonie israèlienne surplombant un village palestinien complétement isolé.

Route coupée...

 

... ou passage réservé aux seuls camions israéliens ou voitures de colons. Au fond on distingue un nouveau barrage érigé sur le chemin de terre escarpé que doivent emprunter les Palestiniens. Seul motif possible, humilier, briser l'économie et tout simplement empêcher toute vie normale aux Palestiniens.

 

Sur ce chemin entre deux barrages, femmes, enfants, vieillards payent quotidiennement le prix de l'occupation israélienne.

NAPLOUSE

Visite du poste de controle, où ont été abatu cinq policiers palestiniens quelques jours auparavant...

"Il est deux heures du matin,

à proximité du camp de Balata, au poste de controle palestinien marquant l'entrée en zone A(autorité administrative et policière palestinienne)

Dans la rue, large et deserte, quelques hommes approchent tranquillement..........A la hauteur du poste, les silencieux sortent des vestes : les trois policiers en faction s'écroulent, mortellement touchés.

Des tirs de blindés se portent sur le baraquement en tole jouxtant le poste...

... et tuent deux autres policiers palestiniens surpris dans leur sommeil.

L'armée israelienne, pour une fois claire et franche, revendique la vengeance...

Denis

UNE JOURNEE ORDINAIRE D’INTIFADA A NAPLOUSE

Le camp de réfugiés de Balata se trouve au cœur de Naplouse, dans une région qui a subi le plus de morts depuis le début de l’Intifada. Dans ce mouchoir de poche ( cinq kilomètres de long sur trois de large) vivent pas moins de vingt mille Palestiniens. Déterminés, ils résistent à l’occupation israélienne. Nous sommes en zone A, soit sous autorité administrative et militaire palestinienne. Les soldats israéliens ont tendance à l’oublier. La route principale, stratégique, qui relie le nord, le sud et le centre de la Cisjordanie a été bouclée deux mois après le début de la seconde Intifada. Trois blindés israéliens bloquent depuis peu le passage. Dans un immeuble attenant, ils retiennent enfermées cinquante cinq personnes, -vrais boucliers humains- parquées dans un seul appartement, sans lien direct avec l’extérieur. Les membres de l’AFPS, escortés par ceux du Palestinian medical relief committee (PMRC), décident d’avancer sur la route, en direction des blindés. De jeunes Palestiniens nous emboîtent rapidement le pas. Certains lancent des pierres. Cas de conscience. Devions-nous y aller, au risque de les exposer ? Au final, rien ne se passe, nous repartons en voiture, mais les jeunes Palestiniens, eux, restent...

Les blindés de l'armée israélinne devant l'un des immeubles occupés surplombant le camp de réfugié de Balata.

 

Des habitants de l'immeuble confinés dans un des appartements du premier étage.

Dans le village de Kofor Kallil, qui surplombe le camp de Balata, des soldats israéliens occupent les deux étages supérieurs d’un immeuble à trois niveaux.

Les habitants, quatre familles de douze enfants et autant d’adultes, vivent cloîtrées depuis une semaine. Les soldats ont investi les lieux mercredi dernier sur les coups de quatre heures du matin. Depuis, les familles vivent dans la peur. Ils manquent de nourriture. Certains auraient besoin de soins, d’autres de médicaments. Claude parlemente avec les soldats dans le but de rentrer en contact avec ces personnes séquestrées. Assis sur leur char, les soldats profitent de notre présence pour improviser un exercice d’évacuation. L’un d’eux s’allonge sur une civière. Mascarade habituelle. Un des Palestiniens retenus est autorisé à nous parler, sous bonne escorte. Il est calme, tendu. Il raconte la panique des enfants qui, la nuit, entendent, au deuxième étage, les soldats tirer sur le camp de Balata. Il dit leur tristesse aussi de ne pouvoir fêter l’Aïd el Kébir. Claude et Azita, qu’accompagne un caméraman de l’agence Reuters, - appelé par nos soins-sont autorisées à parler aux familles. Dehors, nous attendons. Une jeune Palestinienne passe devant nous. Elle avance droit sur les tanks pour rejoindre son village, un peu plus loin. Les soldats refusent de la laisser passer. Elle craque, les brave du poing, les insulte. Elle est en larmes. « Ce que vous nous faîtes subir n’est rien à côté de ce qu’Allah vous fera à vous ! ».Elle nous prend également à parti. Les soldats, fusils en main, ricanent. Elle finira par passer suite à l’intervention des militants du PMRC. Claude a obtenu de revenir le jour même avec des médicaments et de la nourriture. Ce n’est pas rien.

Claude et un membre du PMRC allant tenter d'obtenir un entretien avec des habiatnts de l'immeuble occupé.

Les habitants cloitrés...

Les deux membres de la famille avec lesquels nous avons réussi à discuter doivent regagner leur domicile occupé...

Visite à l'hôpital de Naplouse.

Nous nous rendons ensuite à l’hôpital de Naplouse. Certains jours, ce ne sont pas moins de 60 à 70 blessés qui y sont transportés. Néanmoins, depuis le début de la seconde Intifada, il est très difficile de porter simplement secours aux blessés. Certains, faute de temps, sont morts avant d’arriver. Les ambulances ont du mal à circuler. L’hôpital manque de matériel performant. Les appareils fonctionnent en sur-régime. La guerre les use, eux aussi.

Une ambulance des volontaires du Palestinian Medical Relief Comitee de Naplouse.

Dans une des salles, le plus dur reste à venir. Une jeune femme de dix-neuf ans, ayant accouchée la veille et blessée est alitée. Hier, son mari de vingt-deux ans est mort, canardé par des soldats à un check-point près de Deir Istia, alors qu’il l’emmenait à l’hôpital. A côté d’elle, dans une couverture, une petite fille âgée d’un jour, hurle tant qu’elle peut. Dans une chambre proche, le père de son mari, présent lors du drame, lutte contre la mort. Une balle de soldat l’a atteint en pleine gorge. Le petit enfant, la jeune femme l’a baptisé « Fida » ( « Sacrifice »). Son entrée dans la vie coïncide avec la mort d’un homme, celle de son père. En lieu et place de la joie, c’est le deuil qui domine. Comment Fida pourrait-elle résister, un jour, plus tard, si rien ne change, à devenir à son tour une martyre ?

 

mise à jour le : 26 fév.
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