Le Général Joffre inspectant ses troupes

Le 12 juillet 1914, en présence des élus du département, M. Poincaré président de la République remettait la croix de la légion d'honneur à la ville de Péronne en récompense du courage déployé par ses habitants au cours des sièges héroïquement soutenus en 1536, 1636 et 1870. Après cette cérémonie, le train présidentiel s'était arrêté en gare de Roye. MM. Ernest Mandron et Charles Hebert, adjoints au maire, accompagnés des conseillers municipaux, étaient venus saluer le président de la République dans son wagon présidentiel, tandis que M. Laurami secrétaire d'Etat à la Guerre, M. le Préfet, et M. Louis Klotz député de la Somme recevaient une délégation de vétérans de la guerre de 1870. Ils furent introduits dans le wagon présidentiel, et M. Poincaré leur serra cordialement la main. De Roye le train présidentiel gagnait ensuite Montdidier.

Soldats allemands défilant dans les rues de Roye

Nul alors ne se doutait que le martyre allait bientôt recommencer. Le samedi 1er août 1914 les cloches sonnent, c'est la mobilisation. Ce n'est pas la guerre, affirme M. Poincaré qui vient de rentrer de Russie. Victorieux en Belgique les Allemands se ruent sur Paris, battus sur la Marne, ils se replient vers le Nord (Somme et Aisne). Le front stabilisé, chaque adversaire essaie de déborder l'autre. La course à la mer s'allume en Picardie. La plaine de Roye, par sa configuration et le nombre de ses routes, mais aussi par sa situation, à l'angle du front occidental, fut abordée de 1914 à 1918 de toutes les directions. En 1914, l'ennemi descend du Nord, passe et s'éloigne vers le Sud-Est, mouvement que Joffre observe. En effet, des colonnes obliquent à Roye et prennent la route de Noyon. En septembre-octobre 1914, l'armée Castelman, rappelée de l'Est, a commencé la course de la mer, en s'engageant sur les routes qui viennent de Montdidier. D'Estrées-Saint-Denis et de Lassigny contre les renforts de Von-kluck qui viennent de la route de Ham et de la route de Noyon, bientôt la ligne se stabilise à l'ouest de Roye. L'ennemi renonce pour le moment à ouvrir cet accès de la route de Paris, il opère sur le front oriental en 1915, sur le massif de Verdun en 1916 et, battu sur la Somme et à Verdun, se retire en mars 1917 du saillant de Noyon-Roye qu'il avait maintenu pour observer et au besoin menacer Paris, reprend la route de Nesle, Ham et Saint-Quentin.

15 septembre 1914 : les allemands font exploser le clocher de l'église Saint Pierre

En mars 1918, à travers le désert qu'il vient d'abandonner, il s'élance à nouveau sur les routes classiques de l'invasion, il les doublent, submerge la plaine de ses décisions innombrables, emporte Roye, mais brise son effort et décime ses armées contre le barrage de l' Avre et de Montdidier. Deberney et Humbert écrasent les armées allemandes sur l'Avre et l'Ancre et convergent sur Roye par toutes les routes de l'Ouest, de Rosières, d'Amiens, de Montdidier et d'Estrées-Saint-Denis. Humbert s'est emparé du massif de Lassigny, la plaine de Roye, est définitivement à nous, les barrages, l'accès de la route de Paris. L'ennemi s'éloigne vers son réduit du Vermandois. Invasion de Roye août 1914, bataille indécise du 17 septembre au 6 octobre 1914. Occupation de Roye jusqu'à mars 1917. Nouvelle invasion de Roye en mars 1918 et libération définitive de la plaine de Roye en août 1918. A Roye, l'ennemi lors de son occupation a commis de nombreux actes de vandalisme, pillages, mise à sac, viols et assassinats de personnes innocentes. M. Mandron 1er adjoint faisant fonction de maire a été plusieurs fois menacé de mort par les Allemands et mis dos au mur, pour avoir défendu des Royens accusés à tort d'assassinats de soldats occupants. Les trois sucreries ont été pillées de leur bronze, détruites ou incendiées. Même sort pour la tannerie Demouy dont le stock de cuirs est pillé. Toutes les industries ont été détruites, la ville également, à plus de 90%. Le 15 décembre 1914 les Allemands font exploser le clocher de l'église St Pierre. Dans la nuit du 17 mars 1917, à 3H45, ils détruisent l'hôtel de ville et terminent la destruction de l'église St Pierre.

Des soldats français devant les ruines de L'Hôtel de Ville

Certains furent ramenés au cimetière communal, d'autres inhumés dans les nécropoles du front, d'autres disparus, dispersés dans les tranchées de Verdun, de la Somme, de l'Yser, en Champagne, dans l'Aisne et d'autres théâtres d'opérations extérieurs. Pour garder la mémoire de ses enfants morts pour la France, un monument fut élevé au cimetière civil en 1921. Puis pour maintenir leur souvenir au milieu des vivants, un autre fut édifié au square de Fourment, qu'on appelle aujourd'hui place des Combattants. Inauguré par le président Herriot le 21 juillet 1927, cent soixante deux noms y sont gravés dans la pierre avec ceux des quinze civils tués de 1914 à 1918. D'autres noms s'y ajouteront. Deuxième Guerre mondiale : quatorze militaires, dix civils, trois F.F.I. et huit déportés politiques morts en Allemagne, cinq tués en Indochine et deux en Afrique du Nord (l'un fut rapatrié en région parisienne).