LE 201ème RI, DE LA 1ère D.I., ATTAQUE VERS LE PLESSIER HULEU

PREMIER TÉMOIGNAGE

L'auteur, servait à la 26ème Compagnie, 6ème Bataillon du 201ème RI.

Embarqués le 16 à la tombée du jour, nous débarquons, la nuit même, à Crépy en Valois et regagnons aussitôt la sucrerie de Vauciennes, avec la consigne d'y demeurer toute la journée, sans nous montrer. La nuit venue, nous nous remettons en route après avoir incorporé, à la hâte un renfort territoriaux du 16ème d'Infanterie et des jeunes de la classe 18.

Il fait une nuit très sombre. Bientôt une pluie d'orage s'abat sur nous. C'est une marche pénible à travers la forêt, d'un noir d'encre, avec la boue et des routes très encombrées de voitures, de canons et de chars.

L'aurore commence, nous faisons halte au Rond d'Orléans, tellement fatigué à même le sol on dort.

On se réveille en sursaut. C'est le bombardement, mais ce sont nos pièces qui tirent en plein. 10 minutes après, à 4h55, c'est l'attaque par la division marocaine, Longpont - Le Château de Villers Hélon. Les obus arrivent sur nous, mais pendant deux jours encore, le 19 et 20 juillet, le régiment reste en réserve du corps d'armée et après de la division. C'est le 1er RI. et le 233ème qui attaquent et avancent, le bois de Mauloy, les villages de Blanzy et de St. Rémy Blanzy.

Nous occupons, le 201ème RI, Blanzy et les petits bois à l'est du bois de Mauloy dans la soirée du 19 Juillet, puis, dans la nuit du 20 au 21, nous venons nous concentrer autour de St. Rémy Blanzy, dans le bois de la Folie et dans la garenne Manet, face au Village du Plessier Huleu. Devant nous, droit à l'est, l'ennemi tient fortement ce village qui lui permet de dominer tout le plateau découvert et devant la route Soissons-Château Thierry.

Au nord-est, légèrement sur la gauche, il tient encore plus fortement le bois du Plessier, véritable nid de mitrailleuses qu'il a organisé.

Nous recevons, le 201ème RI, 4ème et 5ème Bataillons, pour notre part l'ordre d'enlever le village, ce sera dure, car les Allemands se défendent.

Le 21 Juillet à 10 heures du matin, le 4ème et le 5ème Bataillons doivent sortir de la garenne Manet et par la garenne de Frontenoy atteindre le sud du Village.

Déjà le mouvement commence mais il faut arrêter l'attaque, on ne peut plus avancer. Le 5ème bataillon peut revenir mais le 4ème reste sous le tir des canons et mitrailleuses et se terre.

On procède à une nouvelle attaque, au lieu d'attaquer par le sud à droite de la route, nous nous regroupons Garenne du Plessier à gauche de la route à 600 mètres ouest du village et avec un bataillon du 1er RI. car le 4ème bataillon est presque nul.

Mais toute cette concentration dans le bois du Plessier attire l'attention des Allemands qui pendant 2 heures arrosent le bois avec tous les engins à leur disposition et avec un tir indirect de mitrailleuses, c'est un soulagement de partir à l'attaque, tout le monde est content d'en sortir, mais il reste beaucoup de morts et blessés. Le 6ème bataillon y reste, à 16h30 c'est de nouveau l'attaque et sous un tir ennemi, barrage roulant et de mitrailleuses la ligne part du bois avec 11 chars et 4 sont détruits.

Au centre impossible d'atteindre la lisière ouest du Village, mais par les deux cotés nous l'abordons.

Au sud, c'est le bataillon du 1er RI qui appuyé par les chars réussit à entrer dans les premières maisons avec un bataillon du 201ème RI à droite et ils s'y maintiennent.

Au nord, le 4ème bataillon passe droit devant lui, arrive et dépasse le parc du château, malgré beaucoup de pertes y reste, une contre-attaque allemande - c'est là que 4 chars sont détruits, il ne reste plus que 15 hommes isolés entre le village et le bois du Plessier. Trop peu nombreux pour tenir la position qui a coûté si cher, ces braves sont obligés de se replier au nord-ouest du village avec des prisonniers dont un Commandant allemand.

Cependant, nous tenons au sud les premières maisons du Plessier Huleu, l'ennemi ne peut plus s'y tenir en sécurité. Ce qui reste du 4ème et 5ème Bataillon, précédé de patrouilles, élargisse la position dans Le Plessier Huleu. L'ennemi se retire en laissant beaucoup de matériel et de prisonniers. A minuit, Le Plessier Huleu est occupé complètement.

A force d'attaques et beaucoup de pertes en hommes, nous avons conquis Le Plessier Huleu, sur ses meilleurs point d'appui à l'ouest de la route Soissons-Château-Thierry un bataillon du 233ème RI y vient constituer la garnison et assurer la défense.

Le 23 Juillet, le 201ème RI reprend l'offensive. Il s'agit de dépasser Le Plessier Huleu, d'atteindre le chemin de fer et la gare, puis la route. C'est le 6ème Bataillon du 201ème RI qui mène l'attaque à la pointe du jour (je me rappelle être dans un champ de betteraves).

On suit le barrage avec 16 chars. Nous partons du sud de Plessier. De tous cotés mais surtout des lisières sud du bois de Plessier qui menacent de flanc toute notre ligne d'attaque, un feu d'enfer, mitrailleuses et barrages, essaie de nous arrêter. Malheureusement, notre gauche reste découverte car le 48ème n'a pu avancer et à droite le 1er RI se trouve lui aussi arrêté par un bois qu'il ne peut traverser.

Complètement découverts, nous ne pouvons plus avancer. 8 chars sont atteints (j'ai vu 2 conducteurs de chars sur la route de la gare à la route de Soissons se sauver et abandonner les engins), tandis que tous leurs engins nous tirent dessus. Nous avons eu beaucoup de tués.

Il est 7 heures du matin, le 4ème Bataillon arrive aussitôt en renfort. Vers 9 heures, les Allemands essaient de nous enlever la tranchée du chemin de fer, mais ils n'y arrivent pas. Toute la journée leurs avions nous survolent dans la tranchée; Les mitrailleuses du bois du Plessier nous prennent en enfilade et il est difficile de circuler entre le village et la gare. On réussit à abattre un avion à coup de fusil, une balle dans le réservoir, un tué et l'officier qui se rend à un officier de chez nous.

Enfin, dans la nuit suivante, vers 2 heures du matin, l'ennemi s'insinuant dans le bois devant nous veut à toute force reprendre la tranchée.

On se trouve submergé, entouré de toutes parts j'ai réussi à me sauver avec 25 hommes et 3 officiers, on se sauve et rejoint la 15ème Compagnie qui était en soutien. Il reste en tout 60 hommes. La relève s'impose, ce sera le 105ème RI.

DEUXIÉME TÉMOIGNAGE

C'est à minuit, le 21 juillet, que le village a été complètement évacué par les Allemands et occupé par un bataillon du 201ème RI. Précédés de patrouilles, les éléments du 4ème Bataillon qui restent s'infiltrent dans le village, mais l'ennemi en était parti, abandonnant des prisonniers et un matériel considérable. A minuit l'occupation de Plessier Huleu était complète.

Voila la description de l'attaque:

Le 21 juillet, à 10 heures du matin, le 4ème suivi du 5ème Bataillon du 201ème RI doit sortir de la garenne Manet et par la garenne Frontenay atteindre le village par le sud. L'attaque commence, est aussitôt arrêtée par l'ennemi, le 5ème Bataillon peut revenir, mais le 4ème se terre sur place et là c'est le massacre, ceux qui restent vivant, au soir, reviennent en arrière.

C'est à gauche de la route, à 600 mètres du village, la préparation est meurtrière et pénible pendant 3 heures à 16h 30 le départ est donné sous un feu qui n'a cessé et redoublé d'un barrage et de mitrailleuses, avec 11 chars dont la moitié sont détruits. Nous abordons les deux ailes du village jusqu'à la lisière du parc du château. 15 hommes restent à la 18ème Compagnie. Les Allemands attaquent, toute le monde se replie au nord-ouest du village, mais nous tenons les premières maisons et c'est dans la nuit que les Allemands ont abandonné le village.

Le 22 juillet les soldats du 201ème sont remplacés par un bataillon du 233ème RI.

Le 23 juillet il faut continuer, il s'agit de dépasser et d'atteindre la gare et la tranchée du chemin de fer avec 15 chars. Le départ a bien été par le 6ème Bataillon mais avec toujours le barrage et les mitrailleuses.

Les premiers soldats arrivent à la grande route de Soissons à Château Thierry. Mais les Allemands cachés dans les champs du blé réattaquent et il faut se replier dans la tranchée de chemin de fer, mais beaucoup ont été tués en se repliant, il y avait un petit bois, je me rappelle. Quant aux chars, beaucoup sont restés en route sur la petite route de la gare.

Le lendemain attaque de nouveau par les Allemands, nous reculons un peu, nous abandonnons, nous ne pouvons nous maintenir. C'est la relève, après ces 3 journées d'attaque les pertes s'élèvent à 322 hommes, 18 officiers, 4 sous-lieutenants tués.

Les destructions au village ont été faites par l'artillerie française le 21.

Personnalité qui assistait aux attaques: l'aumônier, qui sera évêque de Lille.

Ce sont les ambulances américaines qui évacuaient les blessés, sans arrêt, pendant 2 jours.

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