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UN AUTRE BARRAGE LA DMZ EN COREE
Colonel Jacques VERNET
L'armistice de Pan Mun loin (27 juillet 1953) a marqué la fin de la guerre de Corée qui opposait, depuis le 26 juin 1950, la Corée du Sud et les pays regroupés sous le commandement des Nations Unies (UNC) à la Corée du Nord - l'agresseur - et son allié, la République populaire de Chine.
La clause principale de cet armistice spécifiait que les deux adversaires devaient reculer leurs troupes de 2 km par rapport à la ligne de front, créant ainsi une zone démilitarisée, longue de 243 km, allant de la mer Jaune (à l'ouest) à la mer du Japon (à l'est) sans solution de continuité. Le seul point de contact entre Nord et Sud était fixé à Pan Mun Joui, située sur la ligne même du front et où s'étaient déroulés les pourparlers d'armistice pendant deux ans.
Cette zone est connue sous le nom de DMZ (Demilitarized Zone), En son milieu, la MDL (Military Demarcation Line), l'ancienne ligne de front, est matérialisée par une suite de pancartes jaunes (DML markers) portant, face au sud, des inscriptions en anglais et en coréen, et face au nord, les même termes en chinois et en coréen. Les limites de la DMZ sont marquées par une haie continue de 3 m de haut, surmontée de rouleaux de barbelés supportés par des bras en Y. Le long de cette haie, un chemin de patrouille permet une surveillance constante par de petits éléments d'infanterie qui surveillent méticuleusement l'état de cette haie. Lorsque le terrain le permet, une zone sablonneuse est créée en avant de la haie mais le terrain très montagneux de la Corée ne permet pas qu'elle suive sans discontinuité la totalité de la bordure.
La DMZ devrait être en principe une zone sans soldats ni armement, mais il n'en est rien. Chaque belligérant a poussé à l'intérieur de la DMZ, des " Guard Posts ", en fait des postes de compagnie, situés sur des points hauts d'où ils peuvent communiquer à vue entre eux, bien protégés par des réseaux de barbelés et des champs de mines. Ces postes sont reliés par route à des portes dans la haie-limite de zone et disposent systématiquement d'une DZ pour hélicoptères. Les portes dans la haie-bordure sont gardées par des postes de section. Tous ces " Guard Posts " sont bien évidemment en deça de la DML. Certains sont installés sur des sites de combats fameux de la guerre, comme Arrowhead, le Punch Bowl ou le Triangle de Fer. Les Nord-Coréens ont établi le même système d'observations entre la DML et la bordure nord de la DMZ.
A l'extérieur de la DMZ, chaque ex-belligérent a avancé au plus près le maximum de forces. Pour le Sud, la TROKA et la FROKA (Third ROK Army et First ROK Army) sont placées côte à côte face au Nord. Une division américaine, la 2e DIUS est stationnée dans la zone de la TROKA, à proximité du couloir qui permet d'atteindre la zone de Pan Mun Jom (ou Joint Security Area) où se situe le seul point de rencontre entre membres de la Commission militaire d'armistice. La surveillance de la bordure sud est renforcée par des postes-radar, des projecteurs et des patrouilles motorisées qui circulent sur une route. Celleci à la différence des barrages algériens, peut être hors de vue de la haie-bordure mais relie entre elles toutes les portes permettant de pénétrer dans la DMZ. En outre, compte tenu de la proximité de Séoul, capitale de la Corée du Sud, à 60 km de la bordure sud de la DMZ, les Coréens du Sud ont établi sept lignes successives d'obstacles entre la DMZ et Séoul. Ces obstacles sont essentiellement constitués d'une ligne continue de dents de dragon, doublée d'un fossé antichar. Lorsque la ligne coupe une route principale, l'obstacle consiste en une destruction préparée assez originale : un immense bloc de béton de la largeur de la route et haut de 2 à 3 m est posé sur deux murs de soutènement dans lesquels des alvéoles pour explosifs sont aménagés et approvisionnés. La destruction des murs amène l'effondrement du bloc sur la chaussée : la route est barrée pour plusieurs heures si ce n'est plusieurs jours. Bien évidemment, ces destructions sont liées à la manoeuvre en retraite des Sud-coréens et n'auraient pas lieu a priori. Ces lignes d'obstacles jouent en partie le rôle des barrages arrière d'Algérie.
Depuis quarante-trois ans, la DMZ est une frontière hermétique entre les deux Corées qui n'ont aucun contact, routier, aérien, maritime, postal ou téléphonique. Des " défecteurs " ont tenté de la traverser, le plus souvent du nord au sud, plutôt que du sud au nord. La JSA de Pan Mun Jom est l'endroit le plus facile pour passer la DML. C'est aussi l'endroit où l'on peut passer officiellement d'un côté ou de l'autre : ce fut le cas de l'exprésident Carter en 1994.
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