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La bataille de Neuve-Chapelle - 10-12 mars 1915

 

"Une expérience d'apprentissage pour les Canadiens"

Sommaire des combats
Sources consultées
Renseignements en ligne

Les objectifs du front Ouest au printemps de 1915

Les objectifs que poursuivaient les Alliés en 1915 devaient rester les mêmes durant toute la guerre : percer les lignes de défense allemandes qui traversaient les territoires occupés dans le Nord de la France. Un des premiers objectifs consistaient à briser le réseau de communication ennemi dans la plaine de Douai. Pour y arriver, l'armée française devait se joindre au Corps expéditionnaire britannique pour mener l'assaut vers l'est entre Arras et Lens, s'emparer des hauteurs de Vimy et dominer toute la région de Douai. Cependant, les troupes françaises étant de plus en plus sollicitées à Gallipoli, elles ne furent pas en mesure de prêter main-forte aux troupes britanniques. Ces dernières, commandées par le général sir Douglas Haig, durent donc entreprendre les opérations sans l'appui des Français. L'armée de Haig se trouvait un peu à l'est du village de Neuve-Chapelle; c'est à partir de cette position qu'il décida d'attaquer.

La bataille de Neuve-Chapelle fut importante pour les Canadiens puisqu'elle constituait la première véritable offensive à laquelle le Corps expéditionnaire canadien participait, hormis un raid effectué par le Princess Patricia's Canadian Light Infantry avec une brigade britannique, le 28 février 1915. La 1re division canadienne était récemment arrivée en France de son camp d'entraînement dans la plaine de Salisbury en Angleterre. Les troupes canadiennes se préparèrent donc à vivre leur première expérience de combat, tout comme les Britanniques qui, jusqu'alors, n'avaient assumé qu'un rôle purement défensif dans les opérations alliées.

La zone de bataille : Neuve-Chapelle et le secteur de Fleurbaix

Le petit hameau de Neuve-Chapelle était situé à moins d'un kilomètre des tranchées, en plein centre de la ligne de front de la Ire armée britannique. Le village se trouvait également à une courte distance au nord-est du front de la IIe armée française, lequel s'étendait vers le sud à partir du canal de La Bassée entre Lens et Arras; ces deux villes étaient elles-mêmes séparées par la crête de Vimy, un site d'une grande importance stratégique. Les Canadiens occupaient un secteur de 6 400 mètres aux abords du village de Fleurbaix. Comme les nappes d'eau souterraines se trouvaient tout près de la surface dans cette région, les tranchées étaient peu profondes; elles prenaient plutôt la forme de parapets faits de mottes de gazon et de sacs de sable. De ces tranchées, on apercevait des champs sillonnés de rangées de saules étêtés, bordant des fossés où les tireurs d'élite allemands pouvaient se terrer et profiter ainsi de positions dissimulées avantageuses. À quelque six kilomètres plus à l'est, la crête d'Aubers cachait partiellement la ville de Lille, située à environ quatorze kilomètres de la ligne de front. Les lignes allemandes installées dans la région immédiate étaient peu fortifiées. Une neige fine tomba dans la nuit qui précéda l'assaut, se transformant en bruine le 10 mars.

Le plan : les Canadiens créent une diversion

Postée sur le flanc gauche de la Ire armée britannique, la 1re division canadienne devait ouvrir le feu sur toute sa ligne de front, afin d'empêcher l'ennemi d'aller renforcer la zone principale de combat où les Britanniques avançaient vers Neuve-Chapelle. Si l'armée britannique réussissait à percer les défenses allemandes, les Canadiens devaient se tenir prêts à se joindre au combat, sous les ordres des Britanniques.

Les facteurs-clés : un bombardement massif pour surprendre l'ennemi; une communication rapide des renseignements

Les Canadiens avaient pour mission de créer une diversion en détournant l'attention de l'ennemi et en le retenant aussi longtemps que possible hors de la zone principale de combat; leur assaut prit la forme d'un bombardement massif suivi de salves de tir rapide de mitrailleuses qui continuèrent, par intervalles de quinze minutes, toute la journée. Une fois les Allemands occupés à défendre le secteur assailli par les Canadiens, les militaires se servant du système de communication britannique devaient transmettre l'ordre aux troupes d'exploiter la percée réalisée sur la ligne de front ennemie. Cette information devait circuler très rapidement afin de permettre aux soldats alliés d'avancer simultanément et d'empêcher l'ennemi de se regrouper et de contre-attaquer.

Les objectifs de la bataille : capturer Neuve-Chapelle et pousser le front vers l'est jusqu'à Lille

Cette première bataille planifiée par les Britanniques avait pour objectifs de percer la défense allemande, de capturer Neuve-Chapelle, de détruire les tranchées ennemies par des bombardements et de poursuivre l'avancée jusqu'à Lille.

Les préparatifs : patrouilles de reconnaissance, tirs d'embuscade constants et précis et raids éclair

On confiait fréquemment aux soldats canadiens, confrontés pour la première fois au combat, les patrouilles de nuit dans les tranchées, en préparation à l'assaut. Agissant sous les ordres de leur commandant britannique, le lieutenant-général sir E.A.H. Alderson, la division canadienne entreprit, dès son arrivée en France, une routine de patrouilles de nuit, de tirs d'embuscade et de raids éclair contre les tranchées ennemies. Ces actions visaient à démoraliser l'ennemi et à le maintenir sur la défensive.

L'assaut : les succès et les revers

Le 10 mars 1914 à 7 h 30, (heure H), l'artillerie divisionnaire canadienne déclencha un tir de barrage sur les positions ennemies. L'assaut fut lancé trente-cinq minutes plus tard, soutenu par des salves de tir rapide de mitrailleuses qui continuèrent par intervalles de quinze minutes toute la journée. Cette tactique connut le succès espéré : elle prit l'ennemi complètement par surprise. En moins de vingt minutes, une brèche de 1 600 mètres fut pratiquée dans la ligne allemande. Dès 9 h, les troupes britanniques avaient balayé Neuve-Chapelle sans rencontrer la moindre résistance. Les troupes d'assaut avaient reçu l'ordre de faire halte sur une ligne prévue d'avance et d'y attendre les instructions du quartier général avant de poursuivre. C'est à ce moment précis que l'opération, jusqu'alors parfaitement réussie, s'effondra complètement. Les lignes téléphoniques et télégraphiques, beaucoup trop vulnérables, avaient été rapidement rompues par les obus ennemis. Les commandants des troupes d'assaut reçurent donc trop tard l'ordre de continuer d'avancer et manquèrent ainsi une occasion en or d'exploiter la percée réalisée au centre de la ligne de front. Ce ne fut que vers 17 h que toutes les brigades, bataillons et compagnies purent reprendre l'assaut, au moment où le soleil se couchait et où les opérations de la journée devaient prendre fin.

Le 11 mars au matin, les Britanniques durent affronter des troupes ennemies deux fois plus nombreuses que la veille. Tout au long de la journée, les Canadiens reprirent leurs actions de diversion, cette fois sans résultat. Les Britanniques tentèrent de reprendre l'offensive à deux reprises, mais comme les Allemands avaient eu amplement le temps d'obtenir du renfort, les Britanniques ne savaient plus où se trouvaient les batteries ennemies, ni comment maintenir l'offensive. Les troupes alliées ne firent aucun progrès ce jour-là.

Dans la nuit du 12 mars, juste avant l'aube, les Allemands bombardèrent les positions alliées et lancèrent une contre-attaque avec vingt bataillons. Les unités britanniques s'étaient toutefois bien préparées et repoussèrent l'ennemi avec succès. Mais encore une fois, les troupes d'assaut avaient reçu l'ordre de ne pas avancer avant 10 h 30, ce qui les empêcha d'exploiter ce nouvel avantage. Une brume épaisse vint également compliquer la stratégie britannique et retarder l'offensive. Quand enfin les Britanniques se lancèrent à l'attaque, ce fut l'hécatombe. Comme des rumeurs circulaient à l'effet que l'attaque alliée avait connu un succès éclatant, les 1re, 2e et 3e brigades de la division canadienne se préparèrent à avancer, mais elles restèrent finalement dans leurs tranchées. Vers 20 h 40 le général Haig se résolut à établir une nouvelle ligne de défense sur le territoire récemment conquis. La bataille de Neuve-Chapelle prenait fin. Les Britanniques avaient perdu 12 892 hommes, dont 100 Canadiens.

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Sources consultées :

Granatstein, J.L. Canada's Army: Waging War and Keeping the Peace, Toronto, Buffalo, London, University of Toronto Press, 2002.

Morton, Desmond et J.L. Granatstein. Marching to Armageddon: Canadians and the Great War 1914-1919, Toronto, Lester & Orpen Dennys Ltd., 1989.

Nicholson, Colonel G.W.L., C.D. Le Corps expéditionnaire canadien 1914-1919 - Histoire officielle de la paricipation de l'armée canadienne à la Première Guerre mondiale, Ottawa, Imprimeur de la Reine et Contrôleur de la Papeterie, 1963.

Rawling, Bill. Surviving Trench Warfare, Toronto, University of Toronto Press, 1992.

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Renseignements en ligne

The British Army in the Great War [L'armée britannique dans la Grande Guerre]
www.1914-1918.net/bat9.htm
   
First World War.com [La Première Guerre mondiale] www.firstworldwar.com
   
The Western Front Association [L'Association du front ouest] www.westernfront.co.uk
   
Nicholson, G.W. L. Le Corps expéditionnaire canadien 1914-1919, disponible en ligne à http://www.forces.gc.ca/dhh/downloads/Official_Histories/CEF_f.PDF
   
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C-049485

Le lieutenant-général
Edwin Alfred Hervey Alderson
(1859-1927)

Archives nationale du Canada
C-049485

 

C-104645

Cimetière du Princess Patricia's
Canadian Light Infantry
à Voormezelle.

Archives nationale du Canada
C-104645

 

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