|
Le
mercredi 2 août 1944 des bruits alarmistes circulent et prédisent
que les allemands veulent dynamiter les écluses et les quais. Le
lendemain 3 août le Colonel Andréas Von Aulock Commandant
la forteresse donne ordre à ses troupes de résister jusqu'
aux ultimes limites.
Le
vendredi 4 août les américains approchent de Saint-Malo mais
les troupes allemandes sont décidées à résister.
Le tambour de la ville annonce l' ordre du Colonel Von Aulock d' évacuer
immédiatement toute la population. Déjà
au loin les canons retentissent et de nombreux passages d' avions interviennent.
Dans
la nuit du samedi 5 août des rafales de mitrailleuses, des coups
de révolvers et de fusils claquent. Ce sont les résistants
qui ont attaqués l'ennemi. Au terme de cette escarmouche l'un des
clochetons de la Cathédrale est abattu.
Le
dimanche 6 août,
après l' échauffourée du samedi, les allemands exigent,
l'évacuation totale et immédiate de l'ensemble de la population
qui, en partie, souhaite rester dans les abris. A 11 heures les premiers
obus américains explosent, en faisant un bruit effroyable, dans
le quartier de la poste. Vers
les 14 heures, la Cathédrale est, par le tir provenant du bateau
dragueur de mines n° 6 de la 24.MsFl, décapitée
de son clocher qui tombe sur la Chapelle du Sacré-Cœur.
Les allemands l' on abattu. Il servait, soit-disant, de repère
à des tireurs pour atteindre le Grand Bé. Peu de temps après,
les navires de guerre de la Kriegsmarine, en état, abandonnent
le port de Saint-Malo et vont se refugier vers les îles anglo-normandes.
Les travaux de reconstruction de la Cathédrale dureront jusqu'en
1972.
Dans le courant de l'après-midi, les allemands arrêtent tous
les hommes de moins de 60 ans qu' ils trouvent, désarment la police
et la gendarmerie puis, attendent la marée basse pour transférer
les 360 prisonniers dans le Fort National où un drapeau de la Croix
Rouge flotte afin des les protéger. Un peu plus tard, des tirs
d' artillerie mettent le feu aux baraques implantées avec la FLAK
(Défense aérienne allemande) sur les tours du château
dont l'unité est commandée par Franz Küster, qui avant
guerre était juge à Cologne. Plusieurs habitations de la
place Châteaubriand sont également incendiées par
ce tir.
Le
lundi 7 août, tôt le matin et à une heure inhabituelle,
des bombardements ont lieux sur l' îlot du Grand Bé et sur
l' île de Cézembre. A midi, les chars américains arrivent
par la plage du sillon. Les explosions font trembler le sol jusqu' au
soir et le feu se propage dans les quartiers en illuminant le ciel d'
une couleur rouge sang. Dans
le début de la soirée les installations portuaires sont
dynamitées et les grues s'écrasent dans les bassins puis,
en cette nuit du 7 au 8 août les allemands font sauter le Môle
des Noires sur
environ 200 cent mètres,
qu'ils avaient, préventivement, les 25 et 26 juillet, minés.
Le
mardi 8 août, les premiers soldats américains arrivent par
Saint-Servan ville la plus proche de Saint-Malo (environ 1500 mètres).
Dans
la matinée, les soldats du génie allemand font exploser
les écluses ce qui à pour effet de vider les bassins du
port et de mettre l'ensemble des navires et péniches s'y trouvant
au sec.
Les
tirs d' artillerie des canons américains venant des bateaux en
mer attaquent le Bastion de la Hollande. Au cours de ce combat le cargo
Hüxter navire-hôpital allemand est coulé dans le bassin
Bouvet, il sera renfloué en février 1945, vers
20 heures 30, un obus est tombé sur le Fort National et on dénombre
près de vingt victimes dont onze tués. Plus tard, sept
autres décèderont à l'hôpital des suites de
leurs blessures. Monsieur
le Curé de Paramé est là, providentiellement, avec
les Saintes Huiles. Il donne les derniers sacrements aux gravements atteints
et mourants. Dans la soirée, les forteresses volantes américaines
attaquent l' île de Cézembre où, dans un fracas indescriptible,
l' enfer des bombes tombant sur les rochers fait trembler le sol de l'
Intra-Muros.
Dans la soirée du mercredi 9 août, vers 20 heures 30, un
tir de barrage d' une extrème violence est déclenché
sur la ville close où, après une heure et demie de cauchemar,
des incendies se déclarent et se de multiplient dans presque toute
la ville.
Le
jeudi 10 août, c'est l'anéantissement par le feu dont les
foyers sont impossibles à éteindre par les équipes
de bénévoles qui n'ont que des seaux et des haches. L' évacuation
de la population et des blessés devient impératif. Au cours
ce cette nuit du 10 août, le Casino,
magnifique construction réalisée, en partie, avec du
bois, prend feu. Le bois sec crépite et les flammes illuminent,
tout entier, le ciel.
Le
vendredi 11 août débute avec un épais brouillard puis,
vers 10 heures deux américains sont fait prisonniers. Ils ont été
obligés de laisser leur camion sous le tir des allemands. Le Capitaine
Berry, légèrement blessé, et le Lieutenant Johnson
qui apartiennent au corps de transport américain (train) sont conduient
à Franz Küster.
Le
samedi 12 août, les tirs d' artillerie commençent dès
7 heures.
Les avions rase-mottes (piper) dirigent les tirs et les obus tombent sans
cesse sur le château et la ville. La tourelle d' observation du
château est détruite . Peu après 17 heures des chasseurs-bombardiers
ont attaqués le château avec des bombes phosphoriques et
de brouillard qui tombent également sur la ville. Les incendies
phosphoriques se propagent en divers endroits.
Le
dimanche 13 août, les nuages de fumée cachent le soleil et
l' odeur de brûlé est répandue dans toute la ville.
La forteresse est perdue pour les allemands qui ne possédent plus
l' armement indispensable pour soutenir le siège mais le Lieutenant
Franz Küster reçoit l'odre du Colonel Von Aulock de tenir
coûte que coûte. A
11 heures les tirs reprennent et des fragments du Donjon tombent de plus
en plus. vers 15 heures 150 avions de bombardements (Libérator
4 moteurs) larguent leurs bombes sur la Cité, le Grand Bé,
Cézembre et le Château. L' horreur est à son comble
et quelques bombes lourdes tombent aussi dans la ville d' où un
champignon de fumée immense monte vers le ciel alors qu'un tremblement
de terre fait s' écrouler les batiments et immeubles.
Le
lundi 14 août, les bombardements continuent et vers 9 heures 20
chars blindés tentent de pénétrer dans la ville.
Le premier (Shermann-Panzer) est touché par une mine
sous la voute de la porte Saint-Vincent les autres reculent et finalement
à midi, les américains pénètrent dans la ville.
La résistance allemande n' a plus de sens et Franz Küster
rassemble ses sous-chefs et leur ordonne de détruire les restes
des canons et autre matériel de guerre puis contacte le Lieutenant
américain Reader à qui il fait connaître ses souhaits
de capitulation: la prise en charges de ses soldats blessés, de
ceux de l'Hôtel-Dieu, la protection de ses soldats, du médecin
français et de l'infirmière. Le Lieutenant Reader fait part
de la situation à son Commandant et revient avec un accord de reddition
qui doit intervenir à 17 heures. La fin de ces temps horribles
et inoubliables est commencée. Mais la Cité et Cézembre
résistent toujours et les 15 et 16 août la batterie de la
cité continue ses tirs d'obus sur la vieille ville d' où
les américains qui ont installés, Porte de Dinan, des pièces
d' artillerie ripostent sans arrêt.
La
Cité ne se rendra que le jeudi 17 août dans l' après-midi.
Le
Colonel Von Aulock donne enfin l'ordre de reddition dans toute la citadelle.
Les hommes quittent leurs postes et sortent du côté de Solidor.
Sur son souhait, le Colonel Von Aulock est conduit à l' Hôpital
du Rosais et demande où sont ses soldats blessés. Il lui
est répondu qu' ils sont partis et prisonniers des américains.
Von Aulock quitte L' Hôpital du Rosais et se fait conduire au casernement
de Lorette où des prisonniers allemands au garde-à-vous
le saluent une dernière fois. Ensuite, Von Aulock monte, entourés
de soldats américains, dans une jeep, à bord de laquelle
le chauffeur le conduit à Rennes.
Les
troupes de l' île de Cézembre ne se soumettrons que le vendredi
1er septembre, dans la matinée, après un bombardement par
200 avions qui largueront le jeudi 31 août entre 12 heures 50 et
13 heures 40 deux-mille-quatre-cent bombes.
De
Saint-Malo, il ne restait que les décombres des maisons calcinées
ou effondrées. En quinze jours, des siècles d' histoire
ont été effacés à jamais.
|