Sur les usages publics de
l’histoire
CVUH - Journée
de réflexion et de débats - Paris 4 mars 2006
Histoire et mémoire
10h -10h30 Nicolas Offenstadt (Université
de Paris I)
" La Grande Guerre aujourd’hui
"
10h30 - 11h Bernard Pudal
(Université de Paris X)
" Les instrumentalisations politiques
des recherches sur le communisme "
11h - 11h30 Michèle
Riot-Sarcey (Université de Paris VIII)
" L'usage du genre : un enjeu
dans l'écriture du politique "
11h30 -13h Débat avec la
salle
Esclavage, colonisation, immigration
: quels passés, quels usages ?
14h30 - 15h Marcel Dorigny
(Université de Paris VIII)
" L’esclavage, une réalité
du passé, un enjeu du présent "
15h00 - 15h30 Catherine Coquery-Vidrovitch
(Université de Paris VII)
" Le passé colonial,
entre recherche scientifique et usages mémoriels "
15h30 -16h00 Gérard
Noiriel (EHESS)
" Peut-on enseigner l’histoire
de l’immigration ? " |
Pas de compte rendu exhaustif,
mais quelques notations personnelles brèves.
Il faut espérer que les
textes arrivent vite sur le site internet du cvuh.
La journée a été
filmée. Il serait donc possible de mettre tout ou partie du son
en ligne.
J’ai aussi demandé à
qq participants de témoigner sur la liste HF.
Un amphi plein à craquer,
le matin, comme l’après-midi.
Mais sans expulsion par la sécurité.
Beaucoup de visages connus.
Un préalable : Gérard
Noiriel a marqué son désaccord avec les 19 (" Liberté
pour l’histoire "), mais il refuse les oppositions manichéeennes.
Une affirmation récurrente
: Tout est politique.
Pas seulement le vote de l’article
4 voilà un an ;
Pas seulement le vote récent
de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe sur les crimes
du communisme ;
Pas seulement les instrumentalisations
de l'histoire, à gauche comme à droite.
Mais avant tout une certaine lecture
de l’histoire par l’historiographie dominante, en adéquation avec
le contexte social et politique.
Une illustration en forme d'étude
de cas a été amorcée dans l’intervention de Nicolas
Offenstadt : l’historiographie de la Grande guerre.
Dans Le Monde (10/03/2006), 2 pages
de Jean Birnbaum : "1914-1918,
guerre de tranchées entre historiens"
- Les programmes et les concours
ont été évoqués à plusieurs reprises.
Notamment pour interroger les rapports
entre le supérieur et le secondaire ,
les modes de diffusion des résultats
de la recherche,
la diffusion et l’appropriation
de ces résultats…
Selon une intervention, il paraîtrait
que notre avis va être enfin entendu pour les prochains programmes.
C’était déjà
le cas lors des programmes Frémont, ce qui n’a pas empêché
les controverses très vives et un résultat loin de faire
l’unanimité. Les structures mises en place par Fillon et Robien,
la conjoncture politique n’incitent pas à autant de candeur et d’enthousiasme.
Avec le recul, on peut s’interroger
sur l’empressement à faire passer dans les deniers programmes certains
choix idéologiques (l’histoire religieuse, la révolution
selon Furet, l’école totalitarienne…), et sur le rôle donné
au récit univoque, le débat (l’état de la question
et les controverses historiques) étant expulsé et exilé…en
ECJS.
Une question personnelle : est-il
vraiment nécessaire, dans un programme, de détailler ce qui
doit être traité en cours ? Comment faisait-on à l'époque
des programmes Braudel ?
Quelles pistes ?
- Revendiquer une approche critique
et pluraliste de l’histoire.
- Michèle Riot-Sarcey a utilisé
le genre comme une illustration de ce que pourrait être une autre
histoire du politique, en mettant en avant l’analyse des rapports de
domination et de pouvoir (pas seulement entre hommes et femmes)
- Mettre en place des " forums
hybrides" réunissant des experts divers et des citoyens
ordinaires autour de questions scientifiques complexes et controversées
".
http://www.cnrs.fr/Cnrspresse/n394/html/n394a04.htm
4 remarques :
- La loi Taubira a été
évoquée. Sans approfondissement ni débat réel
sur la notion de " crime contre l’humanité ".
- L'histoire des femmes a progressé,
à l'université et dans le secondaire.
Le sujet est au programme des concours
(en LP et en SES).
L'histoire de l'immigration n'a
pas bénéficié de la même réception.
Des opportunités ont sans
doute été manquées dans les années 1980.
A voir ce que donnera la CNHI.
- Les médias.
La réception des travaux
scientifiques par les journalistes continue de poser problème, tout
comme le discours ("la vérité spontanée" des archives,
les vérités "cachées", les réalités
"oubliées"...) et la mise en spectacle et la personnalisation.
Voir aussi Le
savant et le rienologue : Michel Vovelle - PhJ Catinchi - recenser
ou exécuter d'une phrase ?
- Les représentations
négatives d’Internet ont la vie dure.
Au cours du débat, Internet
a été évoqué à propos du CVUH : comme
outil de mobilisation, comme outil d'édition et de diffusion (cf
le CRID1418). Internet est un moyen de mettre des compétences et
du temps libre au service des autres.
Ces allusions ont déclenché
un tir de barrage.
Passons sur ce chercheur apparemment
déçu de ne pouvoir repérer d’un seul clic tous ses
collègues travaillant sur l’antifascisme italien. Nous savons tous
qu’internet est une auberge espagnole. Nous y trouvons d’abord ce que nous
élaborons et choisissons de mettre en ligne.
"La femme au XVIIeme". Autre
couplet (un brin corporatiste), celui d’une documentaliste à propos
d'élèves mal encadrés et mal accompagnés par
leurs enseignants (Histoire en classe de 4eme ? Lettres au lycée
?) . On pourrait peut-être demander aux membres de la SIEFAR de proposer
un choix de questionnements et de ressources à portée de
collégiens ou de lycéens. http://www.siefar.org/-
- Catherine Coquery-Vidrovitch a
évoqué une question d’agrégation sur " la colonisation
1936-1956 ".
A comparer avec la Guerre d’indépendance
algérienne traitée en 25 lignes dans un manuel de terminale
2004…
DL - 05/06/2006 |