Établissement
de l’Effectif de guerre territorial
Bien avant la proclamation de l’état
de guerre, la croissance inquiétante
de forces navales et aériennes hostiles
tant du côté de l’océan
Pacifique que du côté de l’Atlantique
oblige le gouvernement canadien à
planifier la défense de son territoire
national. Dans les années 1930, la
montée de la tension entre le Japon
et les États-Unis laisse croire à
l’imminence d’un conflit naval
sur le Pacifique. Allié à
son voisin du sud, le Canada compte sur
la US Navy pour repousser la flotte japonaise
dans l’éventualité où
celle-ci s’approcherait de la côte
ouest. Pour répondre à des
raids armés sur un territoire immense
et peu peuplé comme la Colombie-Britannique,
le ministère de la Défense
nationale estime que l’aviation possède
le double avantage de la rapidité
d’action et d’une longue portée.
L’Aviation royale canadienne (ARC)
forme donc le Commandement de la zone aérienne
de l’Ouest (Western Air Command ou
WAC) le 1er mars 1938 et entreprend immédiatement
la construction de bases en vue de la mise
en place d’une force aérienne
le long du Pacifique.
L’équipage
d’un Canso affecté
aux patrouilles maritimes sur
la côte est. Le sergent
A. Skee se tient dans la bulle
où s’apprête
à entrer l’aviateur
chef L.D. Allgood. En bas, de
gauche à droite : le sous-officier
2e classe C.C. Hogleth, le lieutenant
d’aviation E.C. Snider,
le capitaine d’aviation
J.W. Langmuir, capitaine, et le
sergent chef M.W. Paul. |
Service
d'imagerie de la Défense
nationale, PL 16700. |
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Malheureusement, la crise de Munich en
septembre 1938 montre la gravité
de la menace de guerre qui se dessine à
l’est, du côté du continent
européen. En réponse aux événements,
l’ARC crée le Commandement
de la zone aérienne de l’Est
(Eastern Air Command ou EAC) le 15 septembre
1938 et prépare de nouveaux plans
de défense qui impliquent la construction
de bases et le déploiement d’escadrons
dans les provinces maritimes. Ces deux commandements
relèvent de l’Effectif de guerre
territorial du Canada (Home War Establishment
ou HWE).
À la fin de 1939, le HWE compte
14 escadrons en service actif dont le 110e
qui sera détaché sous peu
pour accompagner la 1re Division d’infanterie
outre-mer. Parmi les autres, seulement deux
possèdent les avions nécessaires
à leurs fonctions : le 1er Escadron
(Chasse), équipé de sept Hawker
Hurricane, et le 11e Escadron (Bombardement
et reconnaissance) équipé
de dix Lockheed Hudson. Le HWE est alors
loin des 16 escadrons et des 574 avions
prévus dans le plan de défense
aérienne.
Déjà très réelle
en 1939, la possibilité d’essuyer
une attaque ennemie sur le territoire canadien
augmente encore à l’été
1940, devant l’éventualité
de la chute de la Grande-Bretagne. La crainte
d’avoir à repousser un raid
naval ou aérien atteint son paroxysme
en 1941, quand le Japon assène un
coup formidable à la US Navy à
Pearl Harbor. En mars 1942, le vice-maréchal
de l’Air
L.S. Breadner résume ainsi les
dangers auxquels le Canada doit se préparer
à faire face :
La tournure de la guerre fait qu’il
est urgent que le Canada augmente ses
défenses aériennes pour
faire face de façon plus efficace
aux dangers suivants que courent la ligne
maritime vitale vers le Royaume-Uni et
notre propre existence en tant que nation
:
- le nombre grandement accru de nos
navires marchands coulés par
des sous-marins ennemis dans l’ouest
de l’océan Atlantique;
- les attaques possibles d’avions
ennemis contre des objectifs vitaux
sur les côtes est et ouest;
- le bombardement possible de ports
de la côte est et de la côte
ouest par des navires ennemis;
- l’invasion possible de la côte
pacifique du Canada par des forces transportées
par voie aérienne et maritime.
Pour parer à cette éventualité,
Breadner trace un nouveau plan. Il demande
d’augmenter l’Effectif de guerre
territorial à 49 escadrons, ce qui
obligerait le Canada à acheter 380
chasseurs Hurricane, 244 bombardiers Mosquito,
144 hydravions Canso, 40 bombardiers légers
Vultee Vengeance en plus d’appareils
de transport : une dépense estimée
à 151 millions de dollars canadiens.
989 officiers et 11 347 aviateurs devraient
s’ajouter à la force aérienne
canadienne : un coût supplémentaire
de 216 millions de dollars.
Approuvé par le gouvernement canadien,
le plan de 49 escadrons ne sera jamais complété.
En effet, dès les premiers mois de
la guerre, des difficultés se dressent
et le HWE n'arrive pas à obtenir
les hommes, les avions et les bases nécessaires
à la réalisation de ses objectifs.
Le Plan d’entraînement aérien
du Commonwealth britannique (PEACB) forme
du personnel aérien et des équipes
au sol, mais l’article 15 de l’accord
avec la Grande-Bretagne stipule la part
de diplômés canadiens à
envoyer outre-mer et celle qui doit être
gardée au Canada pour la défense
du pays; or, les quotas fixés pour
ces derniers ne suffisent pas à équiper
les escadrons du HWE.
La situation est encore pire lorsqu’il
faut se procurer des avions et des pièces
de rechange. Jusqu’à l’entrée
en guerre des États-Unis en décembre
1941, leur loi de neutralité les
empêche d’exporter vers une
nation belligérante des avions de
modèles militaires. D’autre
part, à l’intérieur
du Commonwealth, la RAF et le PEACB ont
priorité sur le HWE et reçoivent
tous les appareils produits en Grande-Bretagne.
Pendant les premiers mois de la guerre,
les escadrons affectés à la
défense des côtes canadiennes
ne peuvent donc obtenir les appareils modernes
dont ils ont besoin.
Et la situation ne s’améliore
guère par la suite… Le 22 avril
1941 l’Anglo-American Joint Aircraft
Committee est formé. Il a pour mission
de la gestion de la totalité de la
production aéronautique alliée
et l'allocation d'appareils, de moteurs
et de pièces de rechange selon les
priorités de guerre. Les gouvernements
anglais et américains refusent au
Canada le droit de siéger sur ce
comité qui, pendant toute la durée
du conflit, se montre peu enclin à
répondre aux exigences de l’ARC.
En fait, les escadrons canadiens engagés
dans la lutte anti-sous-marine souffrent
sévèrement du manque d’appareils
et de leur retard technologique par rapport
à leurs équivalents britanniques.
Le HWE doit aussi faire face à des
difficultés qui sont liées
à l'étendue du territoire
canadien, à sa faible occupation
et aux rigueurs de son climat nordique.
Les côtes qu’il a pour mission
de protéger couvrent de grandes étendues
peu peuplées et peu accessibles.
Le transport de matériel pour la
construction de bases et de pistes d’atterrissage
pose des défis énormes. Par
ailleurs, l’isolement de certaines
bases reculées est tel que le moral
et l’efficacité du personnel
en souffrent. De surcroît, les conditions
météorologiques changent rapidement
près des océans, surtout au
nord : des vents violents ou du brouillard
rendent souvent les vols difficiles, voire
impossibles.
En 1939, il aurait été
facile pour des avions ennemis de pénétrer
au-dessus du territoire canadien sans
être vus. Pour parer à cette
éventualité, l’Aviation
royale du Canada (ARC) met sur pied le
Corps de détection aérienne
: des civils non rémunérés,
appelés à surveiller l’espace
aérien et à informer les
postes de l’ARC de toute activité
suspecte.
Le Corps de détection aérienne
Sur la côte ouest
Dans la région contrôlée
par le Commandement de la zone aérienne
de l’Ouest, le terrain d’atterrissage
de Sea Island, où se trouve l’aéroport
civil desservant la ville de Vancouver,
devient la première base de l’ARC.
Les pistes d’atterrissage et les bases
d’hydravions se multiplient rapidement
pour assurer la protection de la côte,
à Patricia Bay, Ucluelet, Tofino,
Coal Harbour et Port Hardy sur l’île
de Vancouver, à Bella Coola et Prince
Rupert dans les régions côtières
éloignées, à Alliford
Bay sur les îles de la Reine-Charlotte.
L’attaque de la marine japonaise
contre Pearl Harbor, le 7 décembre
1941, étend le conflit mondial au
Pacifique. Le Japon déclare la guerre
aux États-Unis et à la Grande-Bretagne;
le Canada doit renforcer les mesures de
protection de la côte ouest. La crise
est de courte durée cependant. Les
risques d’une invasion ou de raids
de moindre envergure s’estompent avec
la victoire des Américains sur les
Japonais à Midway, le 4 juin 1942.
Cela ne rassure pas pour autant la population
de la Colombie-Britannique, électrisée
par la peur d’une invasion japonaise
et inquiète de la présence
dans la région de nombreux citoyens
canadiens d’origine japonaise. Pour
rassurer la population et les politiciens
locaux, le gouvernement fédéral
maintient dans l’ouest une force aérienne
plus forte qu’il n’aurait voulu
étant donné la flambée
d’attaques par des U-boote sur la
côte atlantique.
Les aviateurs de l’Effectif
de guerre territorial ne s’attendaient
pas à devoir combattre en dehors
des frontières canadiennes. C’est
pourtant ce qui se produit en 1942. Au
plus fort de la crise du Pacifique, les
États-Unis craignent une attaque
en force sur la partie la plus au nord
de la côte ouest; ils demandent
alors l’aide canadienne. Bataille
aérienne à Kiska
En 1943, Western Air Command atteint une
force respectable et bien équilibrée.
Les escadrons assignés à la
protection de la région septentrionale
forment maintenant le 4e Groupe, avec un
quartier général à
Prince Rupert. Le quartier général
du 2e Groupe, à Jericho Bay (Vancouver)
assure le contrôle de la partie sud
de la côte de Colombie-Britannique.
De nouveaux escadrons de chasseurs sont
formés : les numéros 132,
133 et 135, stationnés à Patricia
Bay, et le 163, stationné à
Sea Island. De nouveaux appareils arrivent
: des Canso A remplacent les Stanraer âgés
et de moins en moins fiables, des bimoteurs
Lockheed-Vega Ventura remplacent les vieux
Bolingbroke des 8e, 115e et 149e Escadrons.
Le long de la côte, des stations
de radar récemment construites offrent,
à la fin de 1943, une couverture
presque complète de l’espace
aérien. Toujours en 1943, le programme
de construction de bases et de pistes d’atterrissage
se concentre désormais sur des régions
situées à l’intérieur
des terres afin d’assurer un meilleur
réseau de ravitaillement.
Désormais bien organisé mais
sans menace immédiate à laquelle
faire face, Western Air Command met l’accent,
pour les dernières années
de la guerre, sur la mobilité et
la rapidité de sa réponse
tactique contre toute attaque.
La côte est et la
Bataille de l’Atlantique
À l’est, le Commandement de
la zone aérienne de l’Est (Eastern
Air Command ou EAC) a pour mission de coordonner
la défense aérienne des régions
côtières de l’Atlantique.
Le dominion de Terre-Neuve ne fait pas encore
partie du Canada mais, en août 1940,
il est placé sous la protection des
forces armées canadiennes. Le territoire
de l’EAC couvre désormais l’est
du Québec, le Labrador, Terre-Neuve,
le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse
et l’Île-du-Prince-Édouard.
L’EAC établit son quartier
général à Halifax,
à proximité de celui de la
Marine royale du Canada puisque la défense
maritime exige la collaboration étroite
de l’aviation et de la marine. Un
réseau de bases aériennes
se développe rapidement à
Halifax, Dartmouth, Yarmouth, Sydney, Gander,
Torbay, Bagotville. Des bases pour hydravions
sont établies à Gaspé,
Shelburne, Botwood.
Le rôle de l’aviation sur la
côte est se précise dès
septembre 1939, au moment du départ
du premier convoi, le HX-1. Les hydravions
Stanraer du 5e Escadron (Reconnaissance
générale) patrouillent alors
les approches du port de Halifax pour y
détecter la présence de sous-marins
et, quand le convoi prend la mer, ils en
assurent la protection aérienne à
l’intérieur d’un rayon
de près de 400 kilomètres.
Cela représente environ le tiers
de la portée réelle de l’appareil
mais le capitaine doit prévoir la
quantité de carburant nécessaire
au voyage de retour et aux vents contraires.
Les Lockeed Hudson qui équipent
le 11e Escadron à Dartmouth, en novembre
1939, permettent d’étendre
la portée des patrouilles à
550 kilomètres. On utilise aussi
les bombardiers Bolingbroke et Digby. Dans
les premières années de la
guerre, l’appareil qui offre les meilleures
performances pour les escortes navales demeure
l’hydravion Consolidated Catalina
(ou Canso en version canadienne), avec une
portée efficace de 960 kilomètres.
Malheureusement, les escadrons de l’EAC
ne peuvent en obtenir avant juin 1941, quand
les attaques de U-boote contre les convois
alliés se rapprochent à quelque
1000 kilomètres des côtes de
Terre-Neuve.
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Un
avion de bombardement et reconnaissance
Lockheed Hudson Mk I survole un
dragueur de mines, le 15 août
1940. |
Service
d'imagerie de la Défense
nationale, PL 1186. |
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Jusqu’en 1942, les U-boote n’ont
pas à craindre les patrouilles de
l’ARC. Entraînement insuffisant,
inexpérience, armement inadéquat,
tout semble empêcher les aviateurs
canadiens de marquer des points contre les
submersibles. En Angleterre, Coastal Command
équipe ses avions de radars et de
grenades sous-marines au Torpex, réglées
pour exploser à faible profondeur.
Malheureusement, les escadrons canadiens
ne peuvent obtenir pareil équipement
qu’avec un retard de plusieurs mois.
Éventuellement, les recherches menées
par les Britanniques parviennent au Canada.
Par exemple, des recherches effectuées
par la Royal Air Force ont conclu que les
vigies tendent à surveiller le ciel
près de l’horizon parce qu’il
est fatigant de regarder constamment vers
le haut. Au niveau de la mer, un avion blanc
en-dessous et gris foncé au-dessus
se confond contre l’éclat lumineux
du ciel. Un avion peut alors s’approcher
d’un U-boot de beaucoup plus près
avant d’être repéré,
puis fondre sur lui en piqué et larguer
ses grenades sous-marines avant qu’il
n’ait le temps de plonger. L’ARC
doit au commandant d’aviation N.E.
Small, du 113e Escadron, l’introduction
du camouflage blanc et le vol à altitude
plus élevée, de 1200 à
1500 mètres. Cette tactique lui vaut
une victoire contre le U-754.
Le U-boot était
en surface, faisant cap sur 240° à
une vitesse de 8-10 nœuds. Le pilote
mit les gaz à fond et piqua, manœuvrant
pour attaquer de l’arrière
exactement dans le sillage du sous-marin.
Attaque
du U-754 par le Hudson 625 du 113e escadron
(BR), 3 juillet 1942
Quand le copilote, le
sergent Duncan, a crié tout énervé
« sous-marin », je me suis
mis debout immédiatement et j’ai
ouvert la bulle. Le sillage blanc du sous-marin
sur les flots verts était fascinant,
alors qu’il fendait la surface de
la mer comme une balle sortie de l’enfer.
J’ai tout de suite détaché
la mitrailleuse…
Attaque
du U-604 par un Canso du 5e escadron (BR),
24 février 1943
Malgré le déploiement des
escadrons de l’ARC le long des côtes,
il reste au milieu de l’Atlantique
une zone faible parce que hors de portée
des Canso. Les demandes répétées
de l’ARC pour obtenir des bombardiers
à très longue portée
restent vaines jusqu’à l’été
1943. Le 10e Escadron (Bombardement reconnaissance)
reçoit alors des quadrimoteurs Lockheed
B-24 Liberator modifiés pour la traversée
de l’Atlantique et équipés
du radar américain ASG. Les Liberator
du 10e Escadron jouent un rôle important
lors de la campagne contre les convois menée
par les U-boote en septembre 1943.
Le U-boot répliqua
par des tirs de DCA, créant un
tir de barrage nourri avec parfois jusqu’à
50 éclats simultanés. L’appareil
répondit par des tirs intermittents
pendant une heure et neuf minutes. Vers
12 h 11 Zulu, le sous-marin commença
à plonger en catastrophe et l’appareil
vira pour attaquer à nouveau.
Attaque
du U-420 par le Liberator « A »
du 10e escadron (BR), 26 octobre 1943
Les succès des Alliés contre
les sous-marins allemands, en 1943, entraînent
un changement de doctrine pour les patrouilles
aéronavales menées par les
escadrons de Canso et de Liberator. Averti
de l’approche de sous-marins par les
stations terrestres de radiogoniométrie,
par le décryptage des radio-communications
et par les services de renseignements anglais,
l’EAC dépêche des patrouilles
aériennes ayant pour mission de repérer
ces U-boote, de les attaquer et surtout
de maintenir le contact jusqu’à
ce que l’ARC et la MRC aient rassemblé
sur les lieux une force aérienne
et navale capable de maintenir l’attaque.
Malheureusement, la collaboration de l’ARC
et de la MRC, essentielle aux opérations
anti-sous-marines, souffre d’une vieille
culture perpétuée par les
officiers supérieurs de l’ARC,
opposés à ce que la marine
prenne le commandement des forces aériennes.
C’est pourtant la formule qui prévaut
en Angleterre, où le Coastal Command
de la Royal Air Force (RAF) prend ses ordres
de l’Amirauté. Ici, la situation
ne s’était guère améliorée
à la suite d’une première
réorganization due à l’accord
anglo-américain qui, à l’automne
1941, plaçait le commandement des
forces navales de la région de l’Atlantique
sous la direction des États-Unis.
La MRC se pliait de mauvaise grâce
aux ordres de l’amiral américain
installé à la base d’Argentia
alors que l’ARC tentait de s’y
soustraire en invoquant des responsabilités
qui s’étendaient au-delà
des opérations d’escorte et
de lutte anti-sous-marine. Il faut attendre
le printemps 1943 et une deuxième
réorganization des forces canadiennes,
américaines et anglaises impliquées
dans la défense des navires marchands
pour obtenir enfin de meilleures communications
entre elles. En effet, le théâtre
d’opérations de l’Atlantique
du nord-ouest est créé le
30 avril 1943 et placé sous les ordres
du contre-amiral L.W. Murray [can-pep-can-murray-f.doc].
Les opérations anti-sous-marines
de l’ARC tombent alors sous la direction
de la Marine, ce qui assure une meilleure
coordination des deux forces. En revanche,
l’officier commandant de l’EAC
continue d’exercer le contrôle
opérationnel général.
L’EAC doit effectivement tenir compte
d’autres besoins que ceux de la lutte
contre les U-boote. Il doit aussi défendre
l’intérieur du pays, dans les
régions où l’on craint
des attaques ciblées sur certaines
industries de guerre. En 1942 et en 1943,
le gouvernement canadien procède
à la mise en place d’un réseau
de stations radar et au déploiement
d’escadrons de chasseurs d’interception
sur la côte est afin de la sceller
contre toute intrusion ennemie. Il est alors
peu probable que l’ennemi puisse pénétrer
au centre du pays sans être détecté
le long des côtes, ce qui permet au
Canada de refuser de se plier aux pressions
des Américains qui demandent une
plus grande protection aérienne de
la région de Sault Ste Marie et de
Sudbury, au cœur de la région
industrielle des Grands Lacs. Au Québec,
un escadron de Hawker Hurricane est stationné
en permanence à Bagotville, une base
construite spécifiquement pour protéger
les alumineries d’Arvida.
En 1943, les succès alliés
sur tous les fronts enclenchent le déplacement
progressif de l’effectif de l’ARC
assigné à la défense
territoriale vers des théâtres
d’opérations plus actifs. De
septembre à décembre 1943,
des escadrons de chasseurs de l’HWE
sont envoyés outre-mer et réorganisés
en vue de l’invasion de la France.
En décembre, deux escadrons de Canso,
le 117e (Bombardier reconnaissance) et le
162e (Bombardier reconnaissance), sont transférés
en Islande sous le Coastal Command britannique.
Les transferts se poursuivent et l’Effectif
de guerre territorial réduit le nombre
d’hommes et d’avions à
sa disposition à mesure que les Alliés
s’avancent en Europe du Nord-Ouest.
Puis, la démobilisation des aviateurs
commence, peu de temps après la reddition
de l’Allemagne. Le 15 septembre 1945,
les Commandements de l’Est et de l’Ouest
n’ont plus aucun effectif en service
actif.
Lecture
Suggérée: |
W.A.B. Douglas, La création
d’une aviation militaire nationale,
Histoire officielle de l’Aviation
royale du Canada volume II, Ministère
de la défense nationale, [1986?].
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