Après l'annonce de la candidature du leader paysan à la présidentielle de 2007.
Le PS accuse Bové de diviser la gauche
Par Pascal VIROT
LIBERATION.FR : Lundi 7 août 2006 - 18:58
Tir de barrage contre José Bové. En annonçant hier, dans Libération, qu'il était «prêt à aller à l'Elysée» pour représenter la gauche de la gauche, le leader paysan ne s'est pas fait que des amis. Particulièrement chez les socialistes qui lui reprochent de s'ériger en obstacle à une possible victoire en 2007.
C'est François Hollande qui a d'abord porté le fer : faisant mine de prendre cette candidature «pour une candidature de plus dans la gauche de la gauche qui ne [lui] paraît pas en manquer jusqu'à présent», le premier secrétaire du PS a cessé d'ironiser en martelant : «La seule perspective que nous voulons récuser c'est l'éclatement de la gauche, qui pourrait produire le même effet que le 21 avril 2002.» Et d'enfoncer une autre banderille : «L'extrême gauche en France n'est peut-être pas la plus révolutionnaire, mais c'est la plus électoraliste : à chaque élection, elle est présente. La révolution peut attendre, mais les groupes révolutionnaires sont là.»
Le numéro un socialiste n'a pas été le seul à pilonner la gauche mouvementiste en général et l'Homme du Larzac en particulier. Leader du Nouveau Parti socialiste, l'une des tendances de gauche du PS, Vincent Peillon a lui aussi sorti l'artillerie : «José Bové fonde le rassemblement sur une attaque contre le PS, plus que sur des propositions, sur des caricatures et des contre-vérités.» Il lui reproche d'avoir justifié sa candidature en expliquant qu'«avec Ségolène Royal, c'est une droite du PS qui est représentée». «Il faut faire attention à ne pas désespérer la gauche et ne pas faire le jeu de la droite, a préconisé Vincent Peillon. On ne peut pas construire sur l'anathème à gauche et sur le mensonge.» Récusant à l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne le droit de «s'auto-labélliser plus à gauche que les autres», il a néanmoins jugé «positif» que Bové «veuille rassembler à gauche de la gauche», alors que «l'émiettement menace et fait ressusciter la crainte d'un 21 avril».
Claude Bartolone, proche de Laurent Fabius, a lui condamné cette nouvelle candidature, jugée «très dangereuse» pour le PS, bien que son mentor ait fricoté avec Bové lors de la campagne du non au traité européen. Mais d'un mal, Bartolone espère tirer un bien : «C'est une raison de plus pour que le PS marque fortement son ancrage à gauche.» Selon lui, les socialistes «ne doivent pas s'enfermer dans une tranche étroite du salariat» mais s'adresser aux couches les plus défavorisées.
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