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mercredi 26 avril 2006, 17h44
Congrès CGT: tir de barrage des opposants au troisième jour des débats
LILLE (AFP) - Les opposants à la ligne du secrétaire général de la CGT Bernard Thibault ont monopolisé les débats sur les revendications et la stratégie de l'organisation syndicale, mercredi, au troisième jour de son 48e congrès, réuni jusqu'à vendredi à Lille.
Les congressistes ont examiné le document d'orientation, qui fixe la feuille de route de la CGT pour les trois ans à venir et sur lequel les 1.001 délégués se prononceront jeudi.
Signe de tensions, la journée a été émaillée par les critiques sur l'organisation "non démocratique" des débats ou le travail de la commission chargée d'examiner les amendements au document d'orientation.
Quelque 3.000 amendements ont été déposés par 300 syndicats -- sur 22.000 --, soit pour enrichir le texte, soit pour modifier en profondeur les orientations prônées par la direction confédérale.
Face aux tenants d'un "syndicalisme de lutte, de classe et de masse", Bernard Thibault défend, depuis son accession à la tête de la CGT en 1999, une ligne plus réformiste, prônant la recherche de l'unité syndicale, une indépendance vis-à-vis du politique et une stratégie alliant contestation et négociation.
Mais, cette ligne suscite toujours des remous au sein de la première et plus ancienne confédération syndicale de France.
Les détracteurs d'une CGT "light, incolore et inodore" - fédérations de la chimie, de l'agroalimentaire, de la santé, de la recherche-culture... - ont largement dominé les prises de parole mercredi. Ils ont réclamé que la notion de "lutte des classes" soit réintroduite dans le document d'orientation et dénoncé l'engagement de la CGT dans une démarche de négociation.
Le "statut du travail salarié" et la "sécurité sociale professionnelle", garantissant des droits au salarié même quand il perd son emploi et affichés comme des revendications centrales de la CGT, ont fait l'objet de vifs échanges.
"Il me semblait qu'à la CGT, on devait lutter contre les licenciements et non les accompagner", s'est indignée Eloïse Seguin, déléguée de la fédération agroalimentaire.
"Des milliers de salariés sont confrontés à la précarité, à la non-reconnaissance de leur qualification, au temps partiel subi. La sécurité sociale professionnelle doit être partie intégrante de la vie de la CGT !", lui a répliqué Anne Le Loarer, de la fédération Santé.
Sans surprise, la réaffirmation de l'ancrage de la CGT à la Confédération européenne des syndicats (CES) a ravivé la crise interne provoquée en février 2005 par le référendum sur le traité constitutionnel européen.
Le comité confédéral national (CCN, parlement de la CGT) avait alors infligé un camouflet à Bernard Thibault, appelant à voter "non" contre l'avis de la direction confédérale qui souhaitait adopter une position de neutralité.
Rappelant que la CES avait, elle, appelé à voter "oui", plusieurs délégués ont souhaité que la CGT quitte cet organisme, auquel elle a adhéré en 1999.
"Il y a une prime au désaccord dans les débats, car ceux qui ont déposé des amendements pour enrichir le texte ne prennent pas la parole puisqu'ils ont obtenu satisfaction", a souligné une des secrétaires confédérales de la CGT, Maryse Dumas.
De fait, la première partie du document d'orientation a été approuvée par une majorité de délégués lors d'un vote indicatif.
Jeudi s'annonce comme une nouvelle journée houleuse: outre la dernière partie du document d'orientation, elle sera consacrée au débat et au vote d'une réforme très contestée du système de répartition des cotisations.
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