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Le barrage Robert-Bourassa, qui ferme la vallée de La Grande Rivière, est constitué de 23 millions de mètres cubes de remblai. Il a une longueur en crête de 2 835 mètres, une hauteur de 162 mètres et sa largeur à la base mesure 550 mètres. La construction du barrage s'est effectuée sur une période de cinq ans, de 1974 à 1978, à raison d'environ huit mois par année, car on ne pouvait mettre le till en place pendant l'hiver.
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L'imperméabilité du barrage
Pour bien jouer leur rôle, les ouvrages de retenue (digues et barrages) doivent avoir deux grandes qualités : l'imperméabilité et la résistance à la fantastique pression exercée par l'eau. En fait, la construction d'un barrage imposant vise à obtenir la meilleure hauteur de chute possible avec un nombre optimal d'ouvrages, donc au meilleur coût. À l'exception du barrage de La Grande-1 qui est en béton, tous les barrages et toutes les digues du complexe La Grande sont des ouvrages remblayés, c'est-à-dire faits de matériaux meubles disponibles sur place. C'est grâce à leur masse imposante qu'ils peuvent résister à la pression exercée par l'eau.
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Pour assurer l'imperméabilité de ces barrages et de ces digues (et ainsi éviter que l'eau ne vienne s'infiltrer sous l'ouvrage), il faut prendre de nombreuses précautions au moment de la construction :
- bien dégager le mort-terrain couvrant le socle rocheux qui doit servir de fondation ou d'assise à l'ouvrage de retenue ;
- nettoyer soigneusement le roc de fondation et le préparer par des injections de coulis de ciment ;
- mettre en place avec le plus grand soin le till, qui constituera le noyau de l'ouvrage de retenue.
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Le till
Au complexe La Grande, le noyau imperméable des barrages et des digues est constitué de till, un matériau granulaire très fin laissé par les glaciers. De part et d'autre du noyau de till, on met en place les diverses couches qui couvrent le noyau :
- les filtres ou zones de transition en sable et en gravier, qui permettent le drainage de l'eau tout en retenant les particules fines de till ;
- la recharge, c'est-à-dire les matériaux rocheux grossiers, qui résistent à l'érosion et constituent l'essentiel de la masse du barrage ou de la digue.
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Le till est toutefois un matériau capricieux. Pour pouvoir être compacté correctement, le till doit avoir un taux d'humidité variant entre 6,5 % et 8,5 %, le taux optimal étant de 7,5%. Le froid et la pluie sont donc ses ennemis. Lorsque c'était nécessaire, les ouvriers de La Grande-2 utilisaient d'énormes fours rotatifs afin d'assécher le till et d'obtenir le degré d'humidité idéal. À l'approche de l'hiver, il fallait recouvrir le noyau de till et suspendre les travaux jusqu'au retour du printemps.
Afin d'éviter que le gel ne pénètre jusqu'au noyau de till, on le recouvrait d'une couche de gravier. Avec les années, on a raffiné les techniques d'isolation du noyau de till pendant la saison hivernale. Ainsi, on utilisait de la neige artificielle pour recouvrir le till. On réalisait de cette façon une double économie : d'une part, la neige était plus rapidement mise en place que le gravier grâce à de gigantesques canons à neige ; d'autre part, l'enlèvement de la couche isolante se faisait automatiquement avec la fonte printanière. En fait, on recouvrait le noyau de till d'une couche de 60 cm de gravier, puis d'une couche de 2,5 mètres de neige artificielle.
Malgré sa nature capricieuse, le till demeurait la solution la moins coûteuse sur un chantier aussi éloigné, comparativement par exemple au béton.
Les matériaux granulaires comme le sable ou le till ont été tirés de bancs d'emprunt situés à proximité des ouvrages de retenue. Afin de minimiser les impacts sur l'environnement, on a dans la mesure du possible exploité des bancs d'emprunts situés dans la zone qui allait disparaître sous l'eau après la mise en eau des réservoirs. Quant aux bancs d'emprunts qui ont été exploités à l'extérieur de ces zones, ils ont fait l'objet de travaux de renaturalisation afin que la nature puisse reprendre ses droits le plus rapidement possible.
L'enrochement tout-venant qui vient donner l'essentiel de leur masse aux ouvrages de retenue était pour sa part tiré des nombreuses excavations réalisées pour l'aménagement des galeries de dérivation, du canal d'amenée, des conduites forcées, de la centrale, des galeries de fuite et de l'évacuateur de crues ainsi que de carrières exploitées dans le futur réservoir.
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