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par Didier Semanyenzi, Gloria Umutoniwase
Rwanda (Syfia Grands Lacs/Rwanda) Les universités privées sont de plus en plus nombreuses au Rwanda. Leurs diplômes ne sont cependant que très rarement homologués par le ministère de l'Éducation. Conséquence, les jeunes lauréats peinent à trouver un emploi.
Ces dix dernières années, le nombre d'institutions d’enseignement supérieur privé a été multiplié par quatre au Rwanda. Dans les douze structures que compte aujourd'hui le pays, ces étudiants sont désormais près de 21 000, soit plus de la moitié du nombre total d'étudiants. Ils n'étaient que quelques centaines il y a dix ans... Les autorités semblent débordées par cette fulgurante progression. Seuls les diplômes de quatre instituts privés (Université adventiste d’Afrique centrale, Université libre de Kigali, Grand séminaire de Nyakibanda, Institut supérieur pédagogique de Gitwe) sont pour l'heure officiellement homologués. Du coup, les jeunes lauréats rencontrent de grandes difficultés à intégrer le marché du travail. "À quoi bon investir dans ta formation, quand tu sais que ton diplôme ne sera pas reconnu !", regrette un lauréat de l’Université laïque adventiste de Kigali (UNILAC). Depuis qu'il est sorti de cet institut, il y a trois ans, il affirme avoir ainsi raté trois occasions de postuler à des offres d’emploi. Sans diplôme homologué, difficile de briguer un emploi à la hauteur de ses qualifications dans le secteur public qui absorbe 70 % des travailleurs cadres du pays. Certains réussissent cependant à décrocher du travail dans le secteur privé (finance, enseignement, etc.) ou au sein d'ONG. D'autres choisissent de poursuivre leurs études à l’étranger. "Même si l'État ne reconnaît pas nos diplômes, ces deux dernières années, une dizaine de nos lauréats ont été embauchés, pour la plupart dans des pays de la sous-région", signale un membre de l’association des étudiants de l'UNILAC, en insistant sur le bagage intellectuel acquis dans cet institut qui les aide à réussir les épreuves de recrutement. Ministère exigeant Entre l'État et la majorité des universités privées, le blocage semble vouloir s'inscrire dans la durée. "Comme nous étudions dans une institution religieuse qui a vite acquis l'agrément pour démarrer ses activités, nous pensions que nos diplômes seraient rapidement homologués…", soupire une étudiante de l’Université catholique de Kabgayi (province du Sud), dont l'institution a été agréée il y a 4 ans. Dans d'autres structures, découragés, les lauréats attendent eux aussi l’homologation de leurs diplômes depuis plusieurs années. Équipements inadéquats, nombre insuffisant de professeurs permanents qualifiés... Bon nombre de dirigeants de l'enseignement supérieur privé peinent à remplir les conditions exigées par le ministère de l'Éducation. "Nous sommes convaincus qu'une éducation sans qualité ressemble à un poison pour la santé. Nous nous efforçons donc de répondre aux exigences du ministère, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain. C'est un long processus", explique Faustin Nyombayire, recteur de l’Université polytechnique de Byumba (province du Nord). La jeune institution qu'il dirige a obtenu, en 2004, l’agrément pour exercer ses activités de formation, mais l’homologation des diplômes qu'elle délivre tarde à venir... Pourquoi les autorités laissent-elles ces instituts opérer sans pour autant formellement reconnaître leurs diplômes ? Un agent du ministère explique que l’homologation comprend plusieurs étapes et que c’est seulement après avoir reconnu une institution que l’autorité publique peut se concentrer sur les matières qu'elle dispense et les diplômes qu'elle délivre. Selon lui, s'ils tardent à être reconnus, c'est le plus souvent parce que la plupart des universités privées compteraient trop peu d'enseignants qualifiés dans leurs rangs. "Les Rwandais ont soif d'étudier, mais ils ne doivent pas apprendre n'importe quoi, n'importe comment ! a dernièrement expliqué, au cours d'un point presse, la ministre de l’Education, Dr Jeanne d’Arc Mujawamariya. Ces universités doivent réunir toutes les conditions pour que nous puissions homologuer leurs diplômes au lieu de nous mettre devant le fait accompli." version imprimable |