Société (sociologie)

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Sommaire

Par société, on désigne en sociologie un ensemble d'individus qui partagent des normes, des conduites et une culture, et qui interagissent en coopération pour former un groupe ou une communauté.

[modifier] Origine et transformations

Le mot français a son origine dans le latin « societas » : « association amicale avec d'autres » et « socius » : « compagnon, associé, camarade ». Le mot latin est un dérivé du grec « socus », terme qui implique un contrat social entre les membres de la communauté.

Le terme a été introduit analytiquement par le sociologue Ferdinand Tönnies en 1887 dans son ouvrage Gemeinschaft und Gesellschaft (communauté et société). Tönnies caractérise la notion de communauté par une confiance mutuelle, un lien émotionnel et une homogénéité. La communauté se distingue de la société en ce que les acteurs de cette dernière ont des objectifs nettement plus individuels. Cela conduit à un lien plus lâche des individus envers la société. « Communauté » et « société » sont pour Tönnies les objets de la sociologie.

Le concept de société n'est pas l'objet d'analyse principal chez tous les sociologues. Il est par ailleurs remis en question chez certains sociologues en ayant fait leur objet central.

[modifier] Le concept de sociologie définit par les sociologues

[modifier] Chez Durkheim

Émile Durkheim distingue deux types de sociétés :

Société traditionnelle Société moderne (ou industrielle)
Solidarité mécanique Solidarité organique
Les membres de la société sont peu spécialisés et peu différenciables par leurs fonctions Les membres de la société sont spécialisés (division du travail social) et sont en situation d'interdépendance


« En s’agrégeant, en se pénétrant, en se fusionnant, les âmes individuelles donnent naissance à un être, psychique si l’on veut, mais qui constitue une individualité psychique d’un genre nouveau ». »
    — Émile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, 1895, Chapitre V, section 2, § 18.

« La société est à ses membres ce qu'un dieu est à ses fidèles.  »
    — Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse, 1912, Chapitre VII, Section III, § II.

[modifier] Chez Weber

Max Weber rattachera le concept de socialisation aux caractéristiques indiquées par Tönnies.

[modifier] Chez Bourdieu

Pour Pierre Bourdieu, la société n'est pas complètement explicable. Il y a toutefois deux niveaux à différencier : le niveau de la pratique sociale, dans la vie de tous les jours ou des régularités se jouent, et le niveau de la théorie de la pratique, où on doit examiner les rapports de force inconscients de la pratique sociale (habitus). Le travail de Bourdieu contient ainsi une composante critique de la société.


[modifier] Chez Richard Jenkins

Le sociologue Richard Jenkins se pose des questions relatives à l'existence des sociétés :

  1. Comment les humains pensent et échangent entre eux — le monde sensoriel ne compose qu'une fraction de l'humain. Pour comprendre le monde, nous devons concevoir les interactions humaines de façon abstraite (c'est à dire du point de vue sociétal),
  2. Beaucoup de phénomènes ne peuvent pas être réduits au comportement individuel — pour expliquer certains phénomènes, une vue de quelque chose « plus grande que la somme de ses parties » est nécessaire,
  3. Les collectivités survivent la plupart du temps compte tenu de la durée de vie de ses membres.
  4. L'état humain a toujours signifié aller au delà de l'évidence de nos sens ; chaque aspect de nos vies est attaché au collectif[1].

[modifier] Organisation de la société

Article détaillé : Organisation sociale.

[modifier] Évolution des sociétés

Durkheim postule un évolutionisme unilinéaire : toutes les sociétés humaines se développent par les mêmes stades qui vont vers une complexification croissante et une rationnalité croissante. Toutes les sociétés ont ce qu'il appelle une forme source identique. Par la suite, les structures de parenté, les rapports de travail se complexifieraient ; la rationnalisation augmenterait et la raison gouvernerait de plus en plus de champs sociaux[réf. nécessaire].

Pour sa part, Gerhard Lenski, sociologue, a différencié des sociétés basées sur leur niveau de technologie, de communication et d'économie : chasseurs et cueilleurs, agricole, agricole avancé, industriel[2]. Ce système de classification contient quatre catégories :

  • Chasseurs-cueilleurs généralement égalitaires,
  • Sociétés tribales dans lesquelles il y a quelques exemples limités rang social et prestige,
  • Structures stratifiées dirigées près des chefs de clans,
  • Civilisations, avec des hiérarchies sociales complexes et des gouvernements organisés et institutionnels.
  • Société moderne diversifiée sur laquelle repose tous les éléments de la société.

C'est à peu près le même système développé plus tôt par les anthropologues Morton H. Frit, un théoricien du conflit, et d'Elman Service, un théoricien de l'intégration, qui ont produit un système de classification pour des sociétés dans toutes les cultures humaines basé sur l'évolution de inégalité sociale et le rôle du état.

Avec le temps, certains cultures ont progressé vers les formes plus complexes d'organisation et d'autorité. Cette évolution culturelle a eu un effet profond sur les modèles de la communauté. Les tribus de chasseurs-cueilleurs rassemblés autour des lieux de chasse saisonniers se sont sédentarisé dans des villages agraires. Ces villages sont devenus des villes et les villes ont muées en villes-état et en États-nations[3].

Aujourd'hui, beaucoup d'anthropologues et de sociologues s'opposent à la notion d'évolution culturelle et des « étapes » rigides décrites. En fait, les données anthropologiques ont suggéré que la complexité (civilisation, croissance et densité de population, spécialisation, etc.) ne conduit pas toujours à une forme d'organisation ou de stratification sociale hiérarchique.

[modifier] Aspect ontologique et typologies

À titre relatif, il faut mentionner un débat continu entre les cercles de sociologues et d'anthropologues pour savoir s'il existe (ou pas) une entité que nous pourrions appeler « société ». Certains théoriciens marxistes, comme Louis Althusser, Ernest Laclau et Slavoj Zizek, ont argué du fait que la société n'est rien davantage qu'un effet idéologique d'un certain système de classes. Ils considèrent que ce terme ne devrait pas être employé comme notion sociologique. Le concept de Marx de société comme somme de relations sociales des membres d'une communauté diffère des interprétations de la perspective de l'individualisme méthodologique où la société est simplement le total des aspects individuels sur un territoire donné.

Les sociologues néo-marxistes ont construit une classification des sociétés différente de celle des sociologues structuro-fonctionnalistes.

La classification néo-marxiste résumée des sociétés, est la suivante :

  • les sociétés pré-capitalistes ou féodales,
  • les sociétés capitalistes,
  • les sociétés capitalistes monopolistes d’État,
  • les sociétés collectivistes d’État ou socialistes-étatistes,
  • les sociétés socialistes et,
  • les sociétés communistes.

[modifier] Société mondiale

Ferdinand Tönnies et Niklas Luhmann (théorie des systèmes sociaux) ont des approches plus étendues - comme d'autres macrothéoriciens qui y ont réfléchi - avec l'idée de « société mondiale » (Karl Marx a développpé le mécanisme d'exploitation propre au capitalisme ; Ludwig Gumplowicz a annoncé la guerre entre groupes ; Ferdinand Tönnies est l'initiateur lointain de ce concept ; Niklas Luhmann fait un raccord en analysant les médias de masse (dont la communication, la circulation de l'argent, etc.).

[modifier] Notes

  1. Richard Jenkins (sociologue), Foundations of Sociology, 2002
  2. Gerhard Lenski, Human Societies: An Introduction to Macrosociology, 1974
  3. R. Effland, The Cultural Evolution of Civilizations, 1998 (www.mc.maricopa.edu)

[modifier] Voir également

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes et source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Society »