La Société généalogique
canadienne-française
Soixante ans d'histoire et de généalogie
Hélène Lamarche
Au tournant des années 1940, la recherche généalogique
semble dans une impasse : parce qu'il n'existe alors à peu près aucun
des outils de recherche qui nous sont aujourd'hui familiers, les chercheurs
n'ont d'autre choix que de se déplacer de paroisse en palais de justice
où sont conservés les registres dont la consultation repose sur la bonne
volonté des curés ou des fonctionnaires. Le Dictionnaire Tanguay
est incomplet et le comité d'experts réunis sous l'égide de la Société
historique de Montréal n'est pas arrivé à s'entendre sur la forme que
prendrait sa refonte éventuelle. Quant à la version microfilmée des
archives de l'état civil, les seules copies connues sont entre les mains
de l'Institut Drouin qui en possède le lucratif monopole.
C'est alors que le père Archange Godbout, o.f.m.
propose la fondation d'une société de généalogie fondée sur le bénévolat,
l'entraide et le partage afin que tous ceux qui le souhaitent puissent
faire leurs propres recherches généalogiques, Un programme annuel de
conférences, une revue semestrielle, un centre de documentation rudimentaire,
voilà ce que la Société, établie le 3 septembre 1943, est rapidement
en mesure d'offrir à ses membres. Ces derniers se recrutent aussi bien
dans la région métropolitaine que dans tout le Québec, le Canada francophone
et même aux États-Unis.
Parce qu'elle est le premier organisme du genre et
que son rayonnement est assuré par la création de sections régionales
« satellites » (certaines deviendront autonomes après 1960), la Société
doit se faire, par la force des choses, le porte-parole de tous les
généalogistes francophones nord-américains auprès des instances gouvernementales.
Après des débuts parfois difficiles – telles
les crises de croissance de la décennie 1950 ponctuées d'accrochages
avec l'Institut généalogique Drouin – la Société entre dans une
fructueuse période de consolidation sous la conduite du père Julien
Déziel qui utilise avec succès la radio et la télévision pour faire
pénétrer la généalogie dans les foyers québécois.
Les années 1980/1990 marquent l'entrée dans l'ère
des nouvelles technologies. Le centre de documentation est devenu la
Maison de la Généalogie (qui abrite, entre autres, les microfilms de
l'Institut Drouin !), des livres sont publiés, des cours de formation
sont offerts sur une base régulière, des congrès, des voyages sont régulièrement
organisés; la revue Mémoires rivalise avec les plus prestigieuses publications
du genre. Supportée par une armée de bénévoles, la Société généalogique
canadienne-française, avec 3 780 membres actuels, est devenue, soixante
ans après sa fondation, le plus important regroupement de généalogistes
de la francophonie.