§ La responsable politique française devrait rencontrer dimanche à Jérusalem le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, pour se poser en "médiatrice". § S égolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle française, a pressé, vendredi 1er décembre, tous les protagonistes de la crise libanaise de reprendre "le fil du dialogue", alors même qu'une imposante manifestation de l'opposition réclamait la démission du gouvernement libanais. Elle a milité pour la tenue d'"une conférence internationale rapide", qu'elle a jugée "indispensable". Dans la soirée, Mme Royal doit rencontrer la commission des affaires étrangères du Parlement libanais à laquelle participent des représentants du Hezbollah. "Ces parlementaires sont élus, donc ils ont la légitimité", a-t-elle dit. La candidate à l'élection présidentielle n'a pas exclu, par ailleurs, un dialogue sous conditions avec la Syrie, accusée par la majorité libanaise de vouloir déstabiliser le Liban. "Ce dialogue, dans son principe, ne doit pas être fermé mais il doit être conditionné à des gestes tangibles pour qu'il soit crédible et utile au Liban", a-t-elle dit. Au siège de la Finul à Naqoura, Mme Royal a demandé que "cessent les survols" des positions de la Finul par des avions israéliens, une déclaration qui ne peut que lui valoir l'approbation de tous les Libanais. "J'ai bien l'intention d'en parler aux dirigeants israéliens. Mon rôle, là, est utile", a-t-elle déclaré. La responsable politique française devrait rencontrer dimanche à Jérusalem le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, pour se poser en "médiatrice". "Pourquoi pas ?", a-t-elle répondu comme on la soupçonnait de vouloir tenir ce rôle. Elle n'a pas exclu non plus une rencontre avec des représentants du mouvement islamiste palestinien Hamas, alors qu'elle doit se rendre dimanche dans la bande de Gaza. "La vérité des questions que je pose à tous mes interlocuteurs qui parfois les surprend un peu me permet aussi de porter des messages aux uns et autres", a assuré Ségolène Royal. § L'écologie est au centre de la campagne présidentielle. L'irruption de Nicolas Hulot dans ce paysage met en lumière l'éclatement de la galaxie écologiste. § C 'est un puzzle éparpillé. Ou un repas de famille où chacun revendiquerait l'héritage. Alors que les thématiques écologistes semblent enfin entrer en politique avec la campagne présidentielle de 2007, rarement la galaxie écologiste aura été aussi éclatée. L'irruption de Nicolas Hulot a fini de mettre au jour une crise de l'écologie politique qui couvait depuis dix ans. VINGT ANS D'ÉLECTIONS VERTES 1974 René Dumont, premier candidat écologiste français, obtient 1,3 % des voix à l'élection présidentielle. 1981 Brice Lalonde obtient 3,8 % des voix. 1984 Création des Verts. 3,4 % des voix aux européennes de juin. 1988 Antoine Waechter obtient 3,8 % des voix à l'élection présidentielle. 1989 Forte poussée des Verts aux municipales de juin (1 369 élus) et aux européennes (10,6 % des suffrages et 9 élus). 1992 Marie-Christine Blandin est élue présidente de la région Nord- Pas-de-Calais. 1995 Dominique Voynet obtient 3,3 % à l'élection présidentielle. 1997 Aux législatives, les listes de la gauche plurielle donnent 8 sièges aux Verts. 1999 Avec 9,7 % des voix, la liste conduite aux européennes par Daniel Cohn-Bendit obtient 9 sièges. 2001 Au premier tour des municipales, les listes autonomes Vertes remportent en moyenne 11,2 % des suffrages. 40 maires écologistes sont élus. 2002 Avec Noël Mamère, les Verts franchissent, pour la première fois à une présidentielle, la barre des 5 %. Ils n'ont que 3 sièges à l'issue des législatives de juin. En surgissant à la fin juillet dans l'arène présidentielle, où personne ne l'attendait, l'animateur-producteur de télévision a semé la pagaille. Affichant clairement sa volonté de donner un coup de gueule pour qu'enfin la question écologiste soit considérée avec sérieux, il a pris tout le monde au dépourvu, à commencer par ses amis écologistes. Créditée de 10 % des intentions de vote par l'institut Ipsos pour Le Point du 15 novembre, la vedette d'"Ushuaïa" n'a, depuis, cessé de pousser les feux sur son Pacte pour l'écologie en dix points, qu'il a soumis à l'ensemble des candidats. La Fondation Hulot annonçait, mardi 28 novembre, que sa démarche avait recueilli plus de 145 000 soutiens. Et que sept candidats déclarés l'appuyaient, dont François Bayrou, Marie-George Buffet, Dominique Voynet, Nicolas Dupont-Aignan et Corinne Lepage. L'animateur continue pourtant à jouer l'Arlésienne en expliquant que sa "vocation n'est pas d'être candidat à la présidentielle", mais "supra-politique, comme une ONG". Il n'empêche : en décrétant l'"urgence écologique", M. Hulot dérange, et l'opinion suit. Les préoccupations écologistes ne sont plus aussi marginales dans les motivations de vote : selon un sondage CSA pour l'émission de France 3 "France Europe Express" du 26 novembre, l'environnement serait "l'enjeu qui compterait le plus au moment de voter" pour 15 % des Français interrogés. Le succès du film d'Al Gore, ancien vice-président américain, sur le réchauffement climatique comme "crise planétaire", en est encore un signe. Du coup, l'action de Nicolas Hulot bouscule les partis traditionnels. Une incursion dans le débat public que jamais ni Génération Ecologie, le mouvement fondé par Brice Lalonde, ni Cap 21, de Corinne Lepage, ni même les Verts n'avaient jusqu'alors réussie. Le premier, ancien compagnon de route du PS puis d'Alain Madelin, a disparu corps et biens depuis son incapacité à se porter candidat à l'élection présidentielle de 2002, faute de parrainages. Brice Lalonde a, depuis, délaissé son mouvement, aujourd'hui présidé par une inconnue du grand public, France Gamerre. Candidate déclarée de Génération Ecologie pour 2007, Mme Gamerre vient cependant d'inviter Nicolas Hulot à "présenter sa candidature", avec trois autres petits mouvements, dont le Mouvement écologiste indépendant (MEI) d'Antoine Waechter. Corinne Lepage, pour sa part, retente sa chance dans la course à la présidentielle sur la même posture écologiste "ni de droite ni de gauche" qu'elle avait adoptée en 2002. Même si l'ancienne ministre de l'environnement d'Alain Juppé assure qu'elle fera tout pour obtenir ses 500 parrainages, elle peine à sortir de la marginalité : quand les instituts de sondage la citent parmi les candidats en piste, elle n'obtient péniblement que 1 % des intentions de vote. A la veille de leur assemblée générale fédérale, qui se réunit les 2 et 3 décembre à Bordeaux (Gironde), les Verts semblent tout autant encalminés. Leur candidate, Dominique Voynet, a retardé le lancement de sa campagne après une désignation précoce en juillet, sachant qu'elle resterait "inaudible" tant que les candidats des deux principales formations, l'UMP et le PS, n'auraient pas lancé leur champion. Ce délai ne semble pas l'avoir aidée. Les sondages la donnent tous à 2 % des intentions de vote. L'ancienne ministre de Lionel Jospin a beau rappeler que les prévisions ne sont jamais très favorables aux écologistes en début de campagne et qu'elles remontent dès que la campagne officielle s'ouvre, elle ne parvient pas à masquer l'inquiétude de son parti. "Même si c'est foncièrement injuste pour Dominique, ce score montre la profonde déconnexion entre l'image des élus écologistes dans les exécutifs locaux et celle des Verts au niveau national", admet Jean-Luc Bennahmias, député (Verts) européen. Ce dernier ne cache pas qu'il préférerait voir les Verts se ranger derrière Nicolas Hulot, si ce dernier se déclarait, évitant ainsi à Mme Voynet une déroute assurée. Mais, au-delà de leur faiblesse dans les sondages, c'est l'existence même des Verts comme parti qui est en question. Les élections nationales - législatives ou présidentielle - n'ont certes jamais été favorables aux écologistes. Depuis la fondation de leur parti, en 1984, les amis de Dominique Voynet ont toujours mieux fait fructifier leur action dans les élections locales ou européennes. Tant au Parlement européen que dans les conseils municipaux ou régionaux, leur capacité à influer sur les politiques publiques a su convaincre les électeurs. Ils sont aujourd'hui présents dans les majorités de 21 régions et gouvernent, avec la gauche, plusieurs grandes villes comme Nantes, Lyon ou Paris. En 2001, ils avaient obtenu en moyenne 11,25 % des voix dans les communes où ils avaient présenté des listes autonomes. Depuis, leur image nationale s'est brouillée. Fonctionnement interne procédurier, âpreté des échanges, querelles interminables sur la nécessité ou non de nouer des alliances avec les socialistes, primaire interne qui a tourné au cafouillage entre les deux prétendants, Yves Cochet et Dominique Voynet, les champions de la "politique autrement" n'attirent pas. Leurs effectifs stagnent toujours à 9 000 adhérents. "Rarement nos idées ont été autant diffusées et notre faiblesse politique aussi grande", reconnaît Noël Mamère, député de Gironde, qui se voit contester son investiture pour les législatives de 2007. Depuis plus de trois ans, le manque de clarté de leur message politique les rend inaudibles. § Ce fut l'une des racines de l'écologie et le ferment d'unité de tous les mouvements qui s'en réclamaient en France. Avec l'irruption du débat sur l'effet de serre et le réchauffement climatique, le combat antinucléaire est plus isolé dans l'arène politique. § C e fut l'une des racines de l'écologie et le ferment d'unité de tous les mouvements qui s'en réclamaient en France. Avec l'irruption du débat sur l'effet de serre et le réchauffement climatique, le combat antinucléaire est plus isolé dans l'arène politique. Il y a dix ans, les écologistes avaient réussi à gagner une majorité de l'opinion à leur refus de la politique du tout-nucléaire menée par la France. Même si les mobilisations contre la construction de centrales restaient modestes, les écologistes - les Verts en tête - avaient obtenu quelques victoires symboliques en 1997 : l'arrêt de la construction de Superphénix, une loi sur la transparence nucléaire et une expérimentation des sites d'enfouissement des déchets, alors que les industriels réclamaient d'en construire immédiatement. La confirmation scientifique de la responsabilité des gaz à effet de serre dans le réchauffement de l'atmosphère et le renchérissement subit du pétrole ont profondément modifié la donne. Le basculement, tant dans les milieux de la recherche que dans l'opinion, se serait opéré sous la pression de deux événements climatiques, la tempête de décembre 1999 et la canicule de l'été 2003. DÉBAT SUR LES SOURCES D'ÉNERGIE Soudain, le dérèglement climatique devenait palpable, et il fallait agir. "Le débat s'est focalisé sur les sources d'énergie et les moyens de production pour remplacer le pétrole, un peu comme en 1974 quand, après le premier choc pétrolier, la France avait accéléré son programme nucléaire", regrette Dominique Dron, professeure à l'Ecole des mines de Paris. L'appréhension du nucléaire a changé : "Dans l'opinion, on a senti que la méfiance a priori se muait en une interpellation à notre adresse. On nous a dit : "On n'aime pas le nucléaire, mais prouvez-nous qu'on peut répondre à la crise sans"", se souvient Pierre Radanne, conseiller de Dominique Voynet. Les interrogations touchent même les défenseurs de l'environnement. Ainsi, certains chercheurs, comme Dominique Bourg, directeur du centre de recherches et d'études interdisciplinaires sur le développement durable à l'université de Troyes, ou Patrick Criqui, directeur de recherche au CNRS à Grenoble, tous deux proches de Nicolas Hulot, ne cachent plus qu'entre deux risques, ils préfèrent le nucléaire à l'effet de serre. "Le blocage face au nucléaire n'est plus tenable. Si on veut réduire drastiquement les émissions de CO, les alternatives comme les énergies renouvelables ou la réduction de la consommation ne suffisent pas", assure Patrick Criqui. Les pronucléaires ont saisi l'aubaine. Depuis deux ans, plus un mois ne se passe sans son lot de colloques scientifiques et de publications savantes, où le "lobby" de l'atome explique que, pour réduire les émissions de CO, il faut construire de nouveaux réacteurs. EDF sponsorise la Fondation Nicolas Hulot et apparaît sur la page d'accueil de son site Internet. "Le lobby surfe sur la vague", admet Sébastien Genest, président de France Nature Environnement. "Mais, alors, il faut expliquer aux Français que si l'on veut compenser la consommation de pétrole par le nucléaire, c'est au bas mot une centrale par département qu'il faut construire !", assure-t-il. "Et cela sera insuffisant au regard des efforts à accomplir", insiste Mme Dron. Pour les écologistes, le débat relève du "bluff". "75 % des émissions sont dues aux transports et, là, le nucléaire ne peut rien, lance Yannick Jadot, de Greenpeace. Sans compter le débat en cours sur les risques d'accidents en cas de prolifération." § Certains les haïssent, d'autres s'en moquent, la plupart les ignorent. Les adeptes de la "décroissance", eux, en rient. Leur mode de vie, c'est le vélo, la nourriture bio et la cuisine sans frigo. Un quotidien frugal, mais heureux, disent-ils : pour préserver l'environnement. § C ertains les haïssent, d'autres s'en moquent, la plupart les ignorent. Les adeptes de la "décroissance", eux, en rient. Leur mode de vie, c'est le vélo, la nourriture bio et la cuisine sans frigo. Un quotidien frugal, mais heureux, disent-ils : pour préserver l'environnement. Pour les "décroissants", la société telle qu'elle fonctionne n'a pas d'avenir. Le réchauffement climatique, l'épuisement des ressources pétrolières en sont les symptômes. La faute au capitalisme et à son idéologie de la croissance, estiment-ils. Pour en sortir, une solution : le retour aux sources. Dans le monde idéal des décroissants, toute l'économie devrait être "relocalisée". La mondialisation des échanges n'a plus lieu d'être, on vit à l'échelle de l'"éco-région". La consommation de tomates d'Espagne ou de lave-vaisselle polonais est interdite. On achète près de chez soi des biens produits près de chez soi. On se débarrasse de sa voiture, on jette sa télévision et on chauffe à 18 °C. On travaille, enfin, si possible, près de son domicile, on évite de prendre l'avion et, pour les vacances, c'est toute la famille en TER. La théorie de la décroissance, en France, doit son essor à l'activisme, depuis 2001, des fondateurs du mouvement Casseurs de pub : Bruno Clémentin et Vincent Cheynet. Aujourd'hui, aucune statistique ne recense le nombre de sympathisants du mouvement. Mais une dizaine d'intellectuels promeuvent régulièrement leurs idées. Parmi eux : l'ancien journaliste Jean-Paul Besset, coordinateur de Pour un pacte écologique de Nicolas Hulot, et le peintre et écrivain Jean-Claude Besson-Girard. Il existe aussi un mensuel - La Décroissance - et une revue pluriannuelle : Entropia. Les décroissants manquent cependant de relais politiques. En 2002, un militant, Pierre Rabhi, avait tenté d'être candidat à l'élection présidentielle, mais il n'avait pas obtenu les 500 parrainages nécessaires. Au mois d'avril, les décroissants ont également tenté de créer un Parti pour la décroissance (PPLD). Il est mort-né. Aujourd'hui, seul le député Vert Yves Cochet se fait régulièrement le porte-parole des thèses du mouvement. C'est que les décroissants, radicaux comme modérés, ont un ennemi de taille : le développement durable. "Une imposture", selon Serge Latouche, professeur à l'université Paris-Sud (Orsay) et l'un des rares promoteurs universitaires du mouvement. "Sous les habits neufs du développement, on retrouve la croissance dans toute sa nudité", explique-t-il dans Le Pari de la décroissance (Fayard, 2006). La multiplication d'appareils économiseurs d'énergie, l'essor des biocarburants ou l'amélioration des TGV sont, pour lui, de dangereux miroirs aux alouettes. La faute à un effet "rebond" qui, paradoxalement, inciterait à acheter plus, à rouler plus et à voyager plus. Cette radicalité nuit au mouvement. Certaines thèses, comme la limitation des naissances ou le retour à la spiritualité, également développées par quelques décroissants, séduisent des milieux très réactionnaires. Jean Jacob, auteur de L'Antimondialisation (Berg International, 2006), a ainsi enquêté sur les liens qu'entretiennent certains décroissants avec des mouvements d'extrême droite. "Nous souffrons d'une extrême faiblesse théorique qui nous empêche encore de penser le monde globalement", remarquait récemment Paul Ariès, l'un des théoriciens, plutôt modéré, de la décroissance. § La direction du Parti communiste a réuni en urgence, jeudi 30 novembre, place du Colonel-Fabien, les secrétaires fédéraux afin de les mobiliser avant la réunion des collectifs pour une candidature antilibérale à la présidentielle de 2007. § L a direction du Parti communiste a réuni en urgence, jeudi 30 novembre, place du Colonel-Fabien, les secrétaires fédéraux afin de les mobiliser avant la réunion des collectifs pour une candidature antilibérale à la présidentielle de 2007. Ce rassemblement doit permettre de désigner un candidat unique, les 9 et 10 décembre, à Paris. Objectif : convaincre les communistes que la candidature de "Marie-George" est la plus légitime après les "attaques lancées contre le parti". Mme Buffet a envie que "ça se termine". Lundi 27 novembre, l'ensemble des partenaires du PCF réunis dans le collectif national d'animation de la campagne avaient signé un appel venu des Bouches-du-Rhône appelant Mme Buffet à retirer sa candidature, jugée trop estampillée PCF. Après le retrait de José Bové (Le Monde du 24 novembre), la mise entre parenthèses par Patrick Braouezec de sa candidature, il reste dorénavant trois postulants : Clémentine Autain, Marie-George Buffet et Yves Salesse. La tension est alors montée d'un cran. La direction du PCF a aussitôt répliqué en appelant les collectifs à "rejeter les exclusives et les pressions". Mme Buffet entend faire reconnaître son rôle central dans le rassemblement des antilibéraux. Jeudi, elle a donc demandé à ses cadres que les communistes soient nombreux les 9 et 10 décembre. Et de convaincre les militants qui hésiteraient à la défendre publiquement. Les différents mouvements politiques du collectif doivent se rencontrer avant le 9 décembre pour tenter de trouver une porte de sortie. § "Je suis ici, j'y reste." Par ces mots, Ségolène Royal a opposé une fin de non-recevoir à tous ceux qui, Français et Libanais, la pressaient de quitter le Liban à peine venait-elle d'y poser le pied. § "J e suis ici, j'y reste." Par ces mots, Ségolène Royal a opposé une fin de non-recevoir à tous ceux qui, Français et Libanais, la pressaient de quitter le Liban à peine venait-elle d'y poser le pied. Arrivée à Beyrouth en début d'après-midi, jeudi, la candidate socialiste à l'élection présidentielle a reçu le conseil de repartir au plus vite en raison de la tension extrême qui règne au Liban, à la veille de la grande manifestation organisée, vendredi 1er décembre, par les partis de l'opposition - le Hezbollah, Amal et les partisans de Michel Aoun. L'ambassade avait même réservé des places sur un vol vers la Jordanie. Mais Mme Royal, qui inaugure avec le Liban une tournée au Proche-Orient, a tenu bon. "Partir serait un mauvais signe, une atteinte portée à l'image du Liban", a-t-elle déclaré. "Si elle s'en allait, cela voudrait dire que le pays est à feu et à sang", complétait son directeur de campagne, Jean-Louis Bianco. La candidate socialiste n'a donc pas modifié son programme et maintenu, contre vents et marées, son projet de visiter, vendredi, les troupes françaises de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), le plus important contingent des casques bleus basés dans le Liban sud. Jeudi, à Beyrouth, après s'être rendue au domicile de l'ancien président Amine Gemayel, dont le fils, Pierre Gemayel, ministre de l'industrie, a été assassiné le 21 novembre, Mme Royal a été reçue par le président du Parlement libanais, Nabih Berri, chef du parti chiite Amal, et le premier ministre Fouad Siniora, qui a indiqué par ailleurs, jeudi, que son gouvernement ne céderait pas à la pression de l'opposition. Mme Royal a ensuite dîné avec le président du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. "Le Liban en a assez d'être un pays otage, victime des conflits des autres, qui paie depuis trente ans le prix de ses vertus, la démocratie, la modération et le pluralisme", a-t-elle déclaré. Elle devait rencontrer, vendredi, les membres de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée, qui regroupe toutes les sensibilités politiques. Pour M. Bianco, c'est là son "style" : "Parler avec tout le monde, car on ne fait pas la paix qu'avec ses amis." § Nicolas Sarkozy a plaidé, jeudi 30 novembre, sur France 2, pour "une politique pénitentiaire différente". Le ministre de l'intérieur propose "des établissements spécialisés pour les détenus ayant des troubles psychiatriques". § N icolas Sarkozy a plaidé, jeudi 30 novembre, sur France 2, pour "une politique pénitentiaire différente". Le ministre de l'intérieur propose "des établissements spécialisés pour les détenus ayant des troubles psychiatriques". Selon lui, "on ne peut plus continuer avec des prisons qui font honte, où l'on mêle des gens qui sont psychiatriquement des malades". Le problème de la présence massive de malades mentaux en prison est revenu récemment au centre du débat à l'occasion de la sortie d'un livre choc paru au Seuil, Fresnes, histoires de fous (Le Monde du 21 octobre). Son auteure, Catherine Herszberg, rappelait que, "sur l'ensemble des hommes détenus, 21 % souffrent de troubles psychotiques - dont 7,3 % de schizophrénie et 7,3 % de paranoïa et de psychoses hallucinatoires chroniques". La situation génère une grave montée des violences en prison. Elle est dénoncée par les soignants comme contraire à la dignité humaine. Le gouvernement a abordé la question sous l'angle de la dangerosité des personnes détenues. En 2005 et 2006, deux missions successives, l'une confiée à l'ancien procureur général de la Cour de cassation Jean-François Burgelin, l'autre au député UMP Jean-Paul Garraud, ont préconisé la création de "centres fermés de protection sociale" dans lesquels les condamnés dangereux pourraient être maintenus, à vie, après avoir purgé leur peine. Une troisième mission, sénatoriale, a cependant écarté ces centres, qualifiés de "lieux de relégation sociale, ni hôpitaux ni prison", au profit d'"unités hospitalières spécialement aménagées". Pour les médecins, la priorité est de donner des moyens au secteur public de la psychiatrie, sinistré. Seuls 4 % des détenus suivis en prison continuent de l'être dehors. Depuis 2001, la politique pénale a conduit à une progression de 30 % du nombre de personnes entrant et sortant chaque année en prison (85 500 en 2005). Cette population n'est pas seulement fragile sur le plan de la santé : 12 % sont sans domicile fixe, 54 % sans travail, 40 % illettrés. L'immense majorité ressort de prison sans aucun accompagnement. La libération conditionnelle ne concerne que 4,6 % des sortants. § Invité de l'émission "A vous de juger", jeudi, sur France 2, le président de l'UMP a estimé qu'on pouvait "changer la psychologie de la France en quelques semaines". § E t puis, Pascale est arrivée... Mère divorcée de trois enfants, vivant dans un logement dégradé, ne disposant que de 750 euros par mois, une fois les charges payées, enchaînant les CDD... "A vous de juger", l'émission d'Arlette Chabot sur France 2, à laquelle Nicolas Sarkozy a donné, jeudi 30 novembre, la primeur de sa première intervention de candidat, languissait. Le ministre de l'intérieur, un peu tendu, n'était pas parvenu à sortir de son rôle. Les premières questions des invités, leurs témoignages, l'enfermaient dans ce terrain de la sécurité où son bilan - quoiqu'il s'en défende - est désormais contesté et où il n'a plus rien à prouver. Il y avait bien eu Dominique, une chauffeuse de bus de banlieue, dont le récit lui avait permis de redire sa compassion à l'égard des représentants de l'Etat confrontés aux violences et de promettre que "la suppression de l'excuse de minorité" serait au programme du candidat, de même que la mise en place de peines planchers. Le face-à-face avec le nouveau président de l'Union syndicale des magistrats (majoritaire), Bruno Thouzellier, rappelait des affrontements passés avec son prédécesseur Dominique Barella. Bref rien de neuf. Mais Pascale, c'était autre chose. Jusque-là, M. Sarkozy s'était efforcé de sourire, cette fois il rayonnait. Compassionnel, il tenait avec elle la possibilité de montrer de quoi le président qu'il veut être est capable. Promettant le compte épargne formation tout au long de la vie, ajoutant le contrat unique, la possibilité de contracter un crédit hypothécaire, la garantie de l'Etat pour les emprunts des plus pauvres : M. Sarkozy a pu tracer les contours de cette société "solidaire avec les plus méritants, comme vous, Pascale" et plus sévère "avec ceux qui ne veulent pas s'en sortir". L'intéressée semblait convaincue. Son voisin de plateau, un chef d'entreprise, venait de lui proposer un emploi. L'effet Sarkozy, déjà ? "NE RÉDUISEZ PAS MME ROYAL" Auparavant, il avait déjà amorcé son virage en direction de l'électorat populaire en reconnaissant que "le passage à l'euro avait organisé la hausse des prix" et que "les indices de calculs de l'inflation n'étaient pas les bons". Promettant de faire du pouvoir d'achat "une priorité", il a promis "une révolution économique". "On peut changer la psychologie de la France en quelques semaines", s'est-il enthousiasmé. Le reste de l'émission, longue de trois heures et trop longue de la moitié, aura offert la possibilité au candidat de dévider la quasi-totalité du programme... législatif de l'UMP. Jouant à fond de sa réputation de compétence pour contrer sa rivale socialiste, il a négligé le programme présidentiel, censé illustrer sa marge de manoeuvre par rapport au parti. Comme si M. Sarkozy peinait encore à prendre toute la mesure de son nouveau statut. La question du droit de vote des étrangers non-européens aux élections locales, qui pouvait y figurer, a subi un sérieux coup de frein. M. Sarkozy s'y est déclaré favorable à la condition qu'il soit réciproque pour les Français vivant hors de l'Union européenne. Consacré à sa décision de se porter candidat, le début de l'émission en a redit les raisons. Refusant de s'attaquer à Ségolène Royal, il a expliqué : "Ce que choisiront les Français sera bien." Il n'a pu pourtant s'empêcher de lui donner cette leçon : "Le rôle d'un homme politique c'est le dialogue, et pas seulement l'écoute passive." "Est-ce un problème d'affronter une femme ?", lui a-t-on alors demandé. Sa réponse : "Ne réduisez pas Ségolène Royal à son seul statut de femme, elle vaut mieux que cela." § Olivier Besancenot a confirmé jeudi soir lors de son premier grand meeting de campagne, à Paris, sa candidature pour 2007. "Entre Ségolène Royal et moi, ça fait au moins deux gauches", souligne le candidat de la LCR. § O livier Besancenot a confirmé, jeudi 30 novembre au soir, lors de son premier grand meeting de campagne, à Paris, sa candidature pour 2007. Il a rappelé ses divergences avec la gauche antilibérale et a fixé comme objectif de faire "entendre la voix de la gauche anticapitaliste". "La LCR ne va s'effacer pour personne, elle ira jusqu'au bout", a-t-il prévenu, devant quelque 1 500 militants, parmi lesquels de nombreux jeunes, à la Mutualité. Il a rappelé ses "désaccords politiques avec la direction du PCF" qu'il accuse de ne pas rompre franchement avec le PS. Il faut "prendre l'engagement de ne pas participer à un gouvernement socialiste et de ne pas le soutenir", réclame-t-il. "Accepter de gouverner ou non avec Ségolène Royal, ce n'est pas une peccadille", a-t-il ajouté en réponse à José Bové qui l'avait accusé d'avancer des prétextes pour ne pas rallier la gauche antilibérale alors que celle-ci peine à s'accorder sur un champion. "Entre Ségolène Royal et moi, ça fait au moins deux gauches", souligne le candidat de la LCR en se disant "prêt à discuter" de ces divergences avec le PCF. Par ailleurs, il a prévenu les communistes et la gauche antilibérale qu'ils ne peuvent monopoliser l'héritage de la campagne référendaire du 29 mai : "Le label '29-Mai' a été déposé par tout le monde ou par personne". SARKOZY, "C'EST NON, MILLE FOIS NON !" M. Besancenot, qui est crédité dans les derniers sondages de 5 % des intentions de vote (4,3 % en 2002), a souligné que son but, dans la campagne électorale, était de "peser dans le débat à gauche". "Il faut opposer à la gauche sécuritaire et libérale une gauche anticapitaliste", a-t-il dit, entouré à la tribune de représentants de "secteurs en lutte" un syndicaliste de Coliposte de Pantin en grève, un bagagiste de Roissy et un ouvrier de la société Reynolds, de Valence. Le jeune postier, qui appelle Ségolène Royal au débat d'idées, entend "démontrer que les mesures d'urgence sociale sont non seulement justes, mais qu'elle sont possibles et réalisables". "On ne m'achète pas avec un strapontin électoral, ni avec un portefeuille ministériel, je veux dire la vérité au PS sur un plateau télé. On va voir si Ségolène Royal a envie de cette confrontation", a-t-il dit. Il a par ailleurs ironisé sur Nicolas Sarkozy, qui défendait à la même heure sa candidature dans l'émission de France 2 "A vous de juger" : "C'est déjà jugé d'avance, c'est non, mille fois non !" a-t-il lancé sous les applaudissements. Le jeune postier, qui dispose à ce stade de "331 promesses de signature", a "bon espoir" de parvenir à réunir les 500 parrainages nécessaires à sa candidature, mais il n'a pas encore obtenu de son employeur les "deux mois de congés" qu'il demande pour mener campagne. § Candidat déclaré à l'élection présidentielle, le ministre de l'intérieur a détaillé certaines de ses propositions, jeudi 30 novembre au soir, sur France 2. § C andidat déclaré à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a détaillé certaines de ses propositions, jeudi 30 novembre au soir, sur France 2. Le président de l'UMP a confirmé sa candidature, dans des termes très proches de l'entretien publié dans la presse régionale jeudi matin. "Oui je serai candidat à l'élection présidentielle", a-t-il réaffirmé. "C'est une décision qui m'engage", a-t-il déclaré, ajoutant que sa candidature reposait sur "deux valeurs : la confiance dans la parole donnée, et le respect". "Je me sens la force de proposer une alternative", a-t-il martelé. "Je veux tout dire avant l'élection, parce que je ferai tout après l'éléction. Je veux une nouvelle relation entre les français et la politique", a expliqué le ministre de l'intérieur. Il a défendu une "rupture tranquille" , expliquant : "je sens le désir de changement chez les Français. Et en même temps il y a un désir de protection, de rassemblement. Il faut incarner les deux." "La politique que j'ai mis en oeuvre au ministère de l'intérieur, je veux la mettre en oeuvre dans l'ensemble de la France." "JE PRÉFÈRE LE MOT DIALOGUE AU MOT ÉCOUTE" Répondant implictement à l'"ordre juste" prôné par Ségolène Royal, il a estimé que "l'ordre juste, c'est juste de l'ordre." "Si l'ordre n'est pas en mouvement, il provoque des injustices", a-t-il ajouté. Il a dénoncé "l'immobilisme" du Parti socialiste, estimant que "la France mérite autre chose". Il s'est agacé des questions sur la candidate socialiste : "qu'est ce que vous avez avec cette histoire de femme ? Ne réduisez pas Ségolène Royal à son statut de femme, elle vaut plus que cela !", s'est-il exclamé. "Je préfère le mot dialogue au mot écoute, passif", a-t-il déclaré, ironisant sur l'"écoute" défendue par Ségolène Royal. Interrogé sur son départ du ministère de l'intérieur, le président de l'UMP a expliqué que "la date de (son) départ, est une question difficile". "Je quitterai la responsabilité de ministre de l'intérieur avant l'élection", s'est-il engagé,"on verra le moment exact de la date", a-t-il affirmé. Il s'est voulu ouvert sur la compétition interne à l'UMP, saluant Michèle Alliot-Marie, "une personne de grande qualité". "La nouvelle vie de l'UMP c'est une vie de débat et de démocratie", a-t-il dit, encourageant ses adversaires potentiels à se déclarer. Nicolas Sarkozy a également rappelé son opposition ferme à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. "Je demande la suspension de toutes les négociations avec la Turquie", a-t-il affirmé, ajoutant : "la Turquie est en Asie mineure, pas en Europe, sa place n'est pas dans l'Union européenne. L'Europe, c'est fait pour les Etats européens." Prônant une "véritable révolution économique", il a proposé "l'éxonération des charges sur les heures supplémentaires, la liberté de donner des heures supplémentaires, d'accepter ou non ces heures supplémentaires pour le salariés". § Faute de consensus sur une candidature lors de la réunion de ce week-end, les délégués des 750 collectifs issus du "non" à la Constitution européenne ont décidé de consulter à nouveau leur base, "dans un délai raisonnable". § L es antilibéraux se sont séparés dimanche 10 décembre sans parvenir à choisir un candidat unique à la présidentielle de 2007 et ont décidé de consulter à nouveau, sans échéance précise, les plus de 700 collectifs issus du "non" au référendum européen de 2005, afin de surmonter ce "blocage". Les organisateurs des collectifs ont décidé de demander "leur avis et leurs propositions" aux militants de base dans les collectifs locaux pour "dépasser le blocage actuel et aboutir à un consensus", selon un texte adopté à l'issue de deux jours de débats réunissant un millier de délégués à l'Île Saint-Denis. Les collectifs locaux doivent se revoir dans un "délai raisonnable et suffisamment court", selon le texte adopté. Le texte ne reprend pas les termes d'une proposition faite par la secrétaire nationale du Parti communiste Marie-George Buffet, qui avait suggéré une nouvelle consultation des collectifs locaux, éventuellement par un vote, dès la semaine prochaine, pour éviter un échec du rassemblement. "Les modalités des échanges" dans les collectifs et "la façon dont ils seront tranchés" seront discutés lors d'une prochaine réunion des organisations prévue mardi, indique le texte. Cette décision permet aux collectifs d'éviter l'éclatement qui menaçait en raison de l'insistance du PCF à pousser la candidature de Mme Buffet, arrivée en tête dans quelque 55 % des collectifs, à l'issue d'une première consultation. § L'accord avec les socialistes en vue des législatives a été approuvé dimanche, et le leader du Mouvement républicain et citoyen a annoncé qu'il ralliait Ségolène Royal. § A près le PRG, le MRC. Ségolène Royal, candidate socialiste à l'élection présidentielle, a obtenu dimanche 10 décembre le ralliement du Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement, qui a ainsi renoncé à se présenter. Les délégués à la convention nationale du partie, réunie à Paris, ont voté à 84 % "en faveur du soutien à Ségolène Royal et de la validation de l'accord (électoral avec le PS) et 16 % ont voté contre", a annoncé Patrick Trannoy, secrétaire national aux élections du MRC, à la mi-journée. "Personne ne me forçait à être candidat. Personne ne me force à retirer ma candidature. Je le fais en pleine conscience pour ouvrir la voie à un dynamisme positif au premier tour" de la présidentielle, a annoncé un peu plus tard le président d'honneur du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), devant la convention. Mme Royal, dont la présence était annoncée, n'était pas présente dans la salle au moment du discours de M. Chevènement. "BAISER DE LA MORT" L'ancien ministre de l'intérieur s'était présenté à la présidentielle en 2002, obtenant 5,3 % des voix. Le PS avait dénoncé sa candidature comme l'un des facteurs de l'élimination de Lionel Jospin. L'accord politique conclu avec le Parti socialiste prévoit que les deux mouvements "entendent définir un programme de législature qui constitue une alternative durable à une politique de la droite". L'accord électoral prévoit que 10 circonscriptions seront réservées à des candidats MRC, qui seront également soutenus par le PS et que six places de suppléants de candidats socialistes seront réservées au MRC. Dans une soixantaine de circonscriptions restant à déterminer, "le MRC présentera ses propres candidats à côté des candidats présentés ou soutenus par le PS", poursuit ce texte. M. Trannoy a indiqué s'être prononcé contre l'accord, qu'il a qualifié de "baiser de la mort", indiquant que les minoritaires considéraient que les circonscriptions réservées étaient "pour une très large majorité pas gagnables". § Samedi, les tensions, entre les composantes du mouvement antilibéral ont rendu peu probable une candidature unitaire. Dans les collectifs, les militants sont partagés entre colère et résignation. § "" uel gâchis !" Les mots de Gaël, militant d'un collectif antilibéral à Toulouse, suffisent à résumer l'ambiance. Samedi 9 décembre, dans un gymnase de l'Ile Saint-Denis, un millier de militants des collectifs antilibéraux se sont retrouvés pour se mettre d'accord sur un candidat pour l'élection présidentielle de 2007. Des trois candidats en lice, c'est la communiste Marie George-Buffet qui arrive en tête des scrutins organisés dans les collectifs. Devant l'élue parisienne, Clémentine Autain, et le cofondateur de la Fondation Copernic, Yves Salesse. Mais pour choisir le candidat, c'est la règle du double consensus qui a été retenue : les collectifs et les organisations politiques qui les composent doient parvenir à se mettre d'accord sur un nom. Et dans les allés du Centre Sportif de l'Ile des Vannes, la solution semble difficile à trouver. Au banc des accusés : "le Parti communiste, il a retrouvé ses vieilles pratiques", dénonce un militant lyonnais, "ils ont bourré les urnes, à leur manière". Plusieurs militants racontent comment, le jour du vote, ils ont vu arriver en nombre dans leurs collectifs des adhérents du PCF qui n'y avaient, auparavant, jamais mis les pieds. "Dans un collectif en Haute-Garonne qui compte d'habitude 30 personnes, ils sont arrivés à 25 de plus. Pas difficile de faire basculer le rapport de force en faveur de Buffet", raconte Gaël. Dans les Bouches-du Rhône, dans le Jura, dans la Loire, à Paris, les mêmes histoires se répètent et se racontent, de délégation en délégation. La salle est d'ailleurs à l'image de cette fracture : une moitié de délégués sont opposés à la candidature Buffet, l'autre moitié y tient farouchement. Résultat : les militants des collectifs et des autres forces politiques (minorité de la LCR, gauche des Verts, Alternatifs, etc.) menacent de ne pas participer à la campagne de Mme Buffet... et de laisser le PCF mener une campagne qui n'aurait d'unitaire que le nom. "ÇA VA ÉCLATER, SI ÇA CONTINUE" Dans certains collectifs la situation est plus nuancée. "Dans mon collectif", raconte un militant du 19eme arrondissement, " les cadres du Parti ont fait venir plein de vieux adhérents pour voter Buffet mais ils ont dû affronter les autres militants du PC, qui défendent la candidature unitaire depuis toujours". Car au sein du PCF, les mêmes tensions se font sentir. "Ce n'est pas juste ce qu'on fait les camarades, confie un secrétaire de section anonyme, il aurait fallu jouer le jeu unitaire jusqu'au bout, pas passer en force. Dans ces conditions, on sera nombreux à ne pas faire la campagne de Marie-George, tant pis". "En interne, ça va éclater, si ça continue" confirme une militante du Rhône. A la tribune, un communiste des quartiers nord de Marseille interpelle la secrétaire générale du PCF : "Marie-George, j'apprécie ton discours, mais quelle est ta solution pour sortir la tête haute ?" Les militants communistes fidèles à la ligne de la direction parlent de "mauvais procès" : "ils refusent simplement de soutenir Marie-George, c'est injuste. Si quelqu'un d'autre était arrivé premier, nous, on l'aurait soutenu ", explique un jeune communiste de Rennes. A l'extérieur, devant un verre de café, les militants tentent de convaincre : "de toute façon Marie-George est la plus rassembleuse ", insiste Cyril, de Clermont-Ferrand. Olivier, membre de la LCR dans la même ville, ironise : "Tu plaisantes ? Si Buffet a été désigné c'est parce qu'on a vu pousser des collectifs du jour au lendemain, avec seulement des communistes, pour soutenir sa candidature". Et de citer en exemple un collectif d'un village des Bouches-du-Rhône, créé fin octobre, et dont la seule réunion a consisté à faire voter les adhérents communistes locaux pour soutenir la candidature de la secrétaire générale de leur Parti. "NI OLIVIER, NI MARIE-GEORGE" Dans les collectifs, si l'amertume est grande vis-à-vis de la direction du Parti communiste, l'autre parti de la gauche radicale, la LCR, n'est pas épargné. "Si Olivier Besancenot était là, on n'aurait pas tous ces ennuis", se plaint un militant lyonnais, "ça obligerait le PCF à faire des concessions". "En faisant cavalier seul, la direction de la 'Ligue' fait un mauvais calcul" estime un minoritaire du parti trotskiste,"elle nous empêche de faire jeu égal avec le PC, empêche de faire émerger une vraie candidature unitaire, et jette les communistes dans les bras du PS pour un accord pour les législatives". En marge de la réunion, un représentant de la majorité de la LCR, observe froidement la réunion. "La situation actuelle conforte la direction, qui estime qu'il ne faut jamais faire confiance au PCF", enrage un militant du Xe arrondissement parisien. "Mais ils ne se rendent pas compte qu'une moitié de l'organisation ne fera pas la campagne de Besancenot, de toute façon !". Les militants "non-encartés" sont les plus déçus. "Pour le première fois de ma vie, malgré son orientation sectaire, je voterais Arlette Laguiller pour donner une leçon à Besancenot et Buffet pour avoir cassé cette dynamique formidable" lance Olivier, enseignant à Saint-Etienne. "Si l'aventure s'arrête là, je ne vote ni Olivier, ni Marie-George, je préfère m'abstenir", estime également Gaël. "On peut faire plus de 50 % au référendum contre la constitution européenne, et aux présidentielles il y aurait 5 % à se partage entre Buffet et Besancenot ? On passe à côté de quelque chose, c'est grave, les appareils des partis ne se rendent pas compte.", s'enflamme Jean, qui a voté pour Yves Salesse dans son collectif girondin. "On a l'impression d'être pris pour des guignols, on n'est pas venus pour faire la campagne d'un parti, quel qu'il soit", témoigne Pierre, de Rouen. Marion et Fabien, de Lyon, "n'y croient plus vraiment", après toutes ces tergiversations. Et comme beaucoup d'autres, il ne savent pas quoi faire si la démarche unitaire se termine par un flop. En l'absence d'accord, certains tentent d'imaginer une campagne commune pour les législatives, mais sans trop y croire : l'échec annoncé d'une candidature unitaire pourrait créer une fracture durable... et difficile à oublier. § Une partie du mouvement, réuni jusqu'à dimanche en Seine-Saint-Denis, reproche au Parti communiste de vouloir imposer Marie-George Buffet. § P lus de 1 000 délégués de 750 collectifs unitaires antilibéraux tentaient samedi 9 décembre, lors d'une réunion houleuse à l'Ile Saint-Denis, de se trouver un candidat unique à la présidentielle. Le mouvement est menacé d'éclatement, le PCF étant accusé de vouloir imposer Marie-George Buffet. Les participants ont jusqu'à dimanche pour départager trois postulants : la numéro un du PCF, l'élue de Paris Clémentine Autain et le président de la fondation Copernic, Yves Salesse. Le leader altermondialiste José Bové a lui jeté l'éponge fin novembre, accusant le PCF de vouloir faire passer en force sa numéro 1. Selon les derniers décomptes donnés samedi, portant sur 569 Collectifs rassemblant au total 16 000 militants, Mme Buffet arrive en tête, "près de 55 % des collectifs" l'ayant mise en "première place". Un décompte qui ne satisfait pas les autres sensibilités, qui militent pour le "consensus" et soulignent que les collectifs n'ont pas tous le même poids, d'autant que certains sont des créations "récentes" du seul PCF. S'appuyant néanmoins sur ce premier résultat, la secrétaire nationale du PCF s'estime gagnante : "Les militants des collectifs locaux ont travaillé et donné près de 60 % à ma candidature, c'est la démocratie". Selon elle, la règle du "double consensus" (entre organisations qui composent le mouvement d'une part et militants d'autre part) fixée au départ ne peut plus fonctionner : "Entre les organisations, il n'y a de consensus sur personne, il faut maintenant savoir comment sortir de ce piège". "IL FAUT Y ALLER MAINTENANT" Devant le risque d'éclatement, Mme Buffet a promis de mener une campagne "unitaire" avec les autres sensibilités, affirmant "se battre pour qu'elles ne quittent pas le rassemblement". Un responsable du petit parti Mars, Eric Coquerel, rétorque : si le PCF impose son numéro un "dans les collectifs, il n'y aura plus que des militants communistes et tout le reste sera parti". Il propose de rechercher "d'ici un mois, une autre solution", suggestion rejetée par Mme Buffet, pour qui "le temps presse, il faut y aller maintenant". Clémentine Autain, refusant qu'on "remette en cause la méthode" de consensus "en cours de route", met en garde : "Si quelqu'un veut passer en force, il s'excluera du rassemblement". Les adversaires de la chef de file communiste estiment qu'un "dirigeant de premier plan d'un parti n'est pas en mesure de représenter le rassemblement dans sa diversité". "La candidature de Marie-George Buffet serait vécue comme celle du PCF", souligne ainsi Christian Picquet, chef de file de la minorité de la LCR engagée dans le mouvement. "Nous ne sommes pas là pour des querelles dérisoires, pour mettre en avant telle ou telle candidature, nous avons le devoir de réussir", a affirmé de son côté Yves Salesse, suscitant des ovations de la salle, pourtant largement remplie de militants communistes, scandant "unité unité, tous ensemble". "Ou nous gagnons ensemble, ou nous serons tous perdants", a prévenu Claude Debons, coordinateur du mouvement, alors que Mme Buffet plafonne à 3 % dans les sondages. Une "commission de synthèse" devait se réunir à huis clos samedi soir pour tenter de trouver un accord, selon les organisateurs, et une décision devrait être prise dimanche. § L'ex-premier ministre a ouvert samedi le premier forum de l'UMP. Nicolas Sarkozy et de sa rivale potentielle, Michèle Alliot-Marie, se sont notamment exprimés. § I l y a "un impératif et un seul : un seul candidat de l'UMP au premier tour, pour la victoire de l'UMP au second tour", a assuré Jean-Pierre Raffarin en ouvrant samedi 9 décembre le premier forum de l'UMP, qui devrait être l'occasion d'un débat entre Nicolas Sarkozy et sa rivale potentielle, Michèle Alliot-Marie. Arrivés ensemble au Cnit de la Défense, près de Paris, le président de l'UMP et la ministre de la défense se sont ensuite retrouvés sur le podium au centre de la salle : lui seul à son pupitre, non loin de Jean-Pierre Raffarin, elle entre le secrétaire général de l'UMP, Pierre Méhaignerie, et le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. Dans son mot d'introduction, l'ancien premier ministre a émis le souhait que l'UMP montre son "vrai visage", celui "de la transparence, celui de la tolérance et aussi, pourquoi pas, celui de la bonne humeur". "Je serai vigilant à ce que toutes les leçons du quinquennat soit tirées pour réussir le second", a ajouté Jean-Pierre Raffarin. Prévenant que "lors de ces forums, la diversité s'exprimera mais le rassemblement s'opèrera", il a aussi rappelé qu'"aujourd'hui, on ne choisira pas un candidat puisque seul Nicolas Sarkozy" a déclaré sa candidature. M. SARKOZY PROMET UNE LOI CONTRE "LA DICATURE DES MINORITÉS VIOLENTES" Après un mot introductif de Françoise de Panafieu, candidate à la mairie de Paris, sur la liberté, thème retenu pour ce débat, Michèle Alliot-Marie a remercié Nicolas Sarkozy d'avoir organisé ces forums, pas pour "imiter" les socialistes, mais pour "tordre le cou à l'idée selon laquelle la droite serait caporaliste". "Nous aussi, nous savons échanger des idées (même si) on ne le fait pas toujours devant les caméras", a-t-elle dit, "convaincue que nous sortirons des débats plus forts qu'avant". L'ancienne dirigeante du parti gaulliste ne dira qu'après le dernier des trois forums, le 21 décembre à Bordeaux, si elle est candidate à la candidature UMP pour la présidentielle. Nicolas Sarkozy a lui annoncé que s'il était élu président de la République, il ferait voter une loi prévoyant "au bout de huit jours de conflit dans une administration, une entreprise ou une université, l'obligation d'organiser un vote à bulletins secrets pour que la dictature des minorités violentes ne puisse plus imposer sa loi". Le président de l'UMP a par ailleurs reproché à Ségolène Royal d'avoir voulu dialoguer avec des représentants du Hezbollah lors de son récent voyage au Liban. "Le fait d'être élu ne suffit pas pour discuter. Hitler a été élu, ça n'en a pas fait un interlocuteur respectable et responsable", a-t-il déclaré, alors que la candidate socialiste à la présidentielle avait affirmé vouloir discuter "avec tout le monde" à l'occasion de son voyage au Proche-Orient. § Le candidat du MPF a présenté son programme. § A quatre mois de l'élection présidentielle, Philippe de Villiers ne décolle pas dans les sondages et voit les intentions de vote en sa faveur osciller entre 2 % et 4 %. Une nouvelle qui, ironise-t-il, le "réjouit, car les sondages se sont toujours trompés". "60 % des Français se décident le dernier mois, et 19 % le dernier jour, soutient-il. Presque arrivé au terme d'une précampagne menée rondement ces derniers mois en province, il présidait, samedi 9 décembre, à Paris, un conseil national extraordinaire, pour formaliser sa candidature à l'élection présidentielle, approuver son programme et redynamiser les militants, qui n'ont recueilli que 350 promesses de parrainage sur les 500 requises pour participer à la course à l'Elysée. Le président du Mouvement pour la France décrit des Français "en colère", que "l'avenir angoisse". Des électeurs "agacés de voir que le système essaie de leur voler le premier tour de l'élection présidentielle avec des sondages qui remplacent le suffrage universel et leur impose le duo Sarko-Ségo". Ce qui lui permet de rêver à "un grand décrochage à l'occasion de l'élection présidentielle". "Face à Ségolène Royal, qui prône un socialisme revisité par le marketing, et un Nicolas Sarkozy qui se soumet trop souvent à la pensée de la gauche et qui, comme elle, s'inscrit dans l'euromondialisme, je représente une candidature 100 % nationale et de droite", déclare-t-il. Son projet : "La France à 100 %", lance-t-il en présentant ses huit priorités de candidat. Au premier rang de celles-ci, "l'interdiction du voile dans les espaces publics", car, dit-il, "ce n'est pas à la République de s'adapter à l'islam, c'est à l'islam de s'adapter à la France". Dans le deuxième point, qui traite de l'école, il prône "la blouse et l'uniforme" ainsi que le "drapeau tricolore flottant dans toutes les cours d'école". M. de Villiers, qui veut "stopper l'immigration", reprend le slogan du Front national : "La France, tu l'aimes ou tu la quittes", réclame notamment l'expulsion de ceux qui "insultent le drapeau ou La Marseillaise" et subordonne l'acquisition de la nationalité française à "une assimilation effective". Chantre de la famille traditionnelle, il veut que soit inscrit dans la Constitution le fait que le mariage soit "l'alliance d'un homme et d'une femme". § Le ministre de l'intérieur était, vendredi 8 décembre, dans la baie de Somme pour discuter avec des chasseurs après sa proposition de doublement de la fiscalité écologique. § I l l'attend de pied ferme, casquette visée sur la tête sous une pluie battante. Nicolas Lottin, président de chasseurs de la baie de Somme a rendez-vous, vendredi 8 décembre, avec Nicolas Sarkozy au bout de la lande, là où terre et mer se confondent. Il a toujours voté Chasse Pêche Nature et Tradition (CPNT). En mai 2002, pour le second tour de la présidentielle, il a déchiré par le milieu les deux bulletins restants de Chirac et Le Pen. "Je les ai recollés ensemble, et dessus j'ai écrit : "Quelle belle merde la France !"" C'est dire si le rendez-vous avec le ministre qui, la veille, s'était prononcé pour un doublement de la fiscalité écologique, et le chasseur s'annonçait musclé. D'emblée le second donne le ton, un brin menaçant : "Ici nous faisons la pluie et le beau temps." Chemin faisant, le dialogue s'engage. M. Sarkozy ne se laisse pas démonter, suivi d'une troupe crottée de conseillers, d'élus et du ministre de la santé, Xavier Bertrand, pataugeant dans la boue des prés gorgés d'eau. "CHASSE AU CANARD" Plaidant pour une "synthèse" entre écologie et chasse, le candidat de l'UMP à la présidentielle, se fait l'apôtre du dialogue : "Bien souvent, explique-t-il à son compagnon, on ne trouve pas la solution parce qu'on se place sur une position dogmatique. ça durcit les choses, moi je veux les assouplir." Le chasseur qui vilipende les dates de chasse fixées par Bruxelles, opine de la casquette. Mais ne lâche rien : "On veut la vraie justice. Mon intérêt à moi, c'est de protéger le moment de la chasse au canard." Le ministre de l'intérieur relance : "Je ne pense pas que vous faites progresser votre cause en donnant l'impression à une partie de la population qu'on la caricature." Les voilà arrivés vers une hutte de chasse. M. Sarkozy, chaussé de bottes en caoutchouc et couvert d'une parka de bonne facture, continue d'argumenter. Les caméras filment, les micros se tendent : il ne lui déplaît pas de montrer que l'ancien élu de Neuilly sait prendre l'air et résiste aux rigueurs du climat picard. Il argumente : "Votre cause est suffisamment intéressante pour s'en tenir à une discussion avec les partis, plutôt que vous lancer en politique, car là vous perdez un peu de crédibilité." En clair, M. Sarkozy préférerait que CPNT n'ait pas de candidat à la présidentielle. Deux heures et demie plus tard, le candidat est reparti. Avant de quitter ses hôtes, il les a mis en garde contre la tentation, vive dans cette région, du vote Front national : "Je suis venu vous dire qu'il y a une autre solution que ces impasses." Et Nicolas Lottin, convaincu ? "Au premier tour, je voterai CPNT parce que je ne peux pas trahir ma famille, explique le chasseur. Au deuxième, je discuterai..." § Le choix probable de Marie-George Buffet comme candidate, ce week-end, mécontente les autres forces antilibérales. § C e ne devait être qu'un "nom sur un bulletin de vote". C'est devenu l'objet principal de la crise qui traverse la gauche antilibérale. Les collectifs pour une candidature unitaire à gauche du PS, réunis, samedi 9 et dimanche 10 décembre, à l'Ile-Saint-Denis, vont se livrer à l'exercice périlleux de choisir leur candidat en évitant l'éclatement. Depuis deux semaines, les différents mouvements investis au côté du PCF contestent sa volonté de voir Marie-George Buffet désignée. Ils avaient tenté d'expliquer que la secrétaire nationale ne pouvait prétendre représenter un rassemblement divers où se retrouvaient des militants socialistes, communistes, verts, alternatifs, d'extrême gauche ou altermondialistes. LES CHOIX DES COLLECTIFS Voici, au 8 décembre, les conclusions du rénovateur communiste Roger Martelli, chargé d'établir une synthèse des votes des collectifs locaux avant la réunion des 9 et 10 décembre. NOMBRE DE COLLECTIFS S'ÉTANT PRONONCÉS : 569 collectifs ont fait remonter leur choix. EFFECTIFS DES COLLECTIFS : les assemblées ayant procédé au vote représenteraient environ 16 100 participants, pour des effectifs allant de 4 à 264 personnes. CLASSEMENT : 54,8 % des collectifs ont placé Marie-George Buffet en tête, Clémentine Autain a été retenue par 22,9 % d'entre eux et Yves Salesse par 19,5 %. José Bové a recueilli 2,9 %. La consultation dans les collectifs a pourtant donné des arguments à la direction du PCF : les procès-verbaux d'une première tranche de 569 collectifs, sur 800 revendiqués, donnent Mme Buffet en tête devant Clémentine Autain (adjointe à la Mairie de Paris, app. communiste) et Yves Salesse (Fondation Copernic). La numéro un du PCF entend bien faire valider cette victoire. Mais risque ainsi de faire éclater l'unité de ce front. "Une candidate proposée par le PCF, validée dans le parti par un vote à 96 %, et élue au sein des collectifs par les militants communistes, est une candidate du PCF. Personne n'acceptera de partir derrière elle", prévient Jean-Jacques Boislaroussie des Alternatifs, résumant le sentiment général à l'issue d'une ultime tentative de négociation vendredi 8 décembre. C'est peut-être le PCF qui risque le plus gros. Les différents mouvements - des minoritaires de la LCR à ceux des Verts, en passant par les socialistes de Pour la République sociale (PRS) du sénateur Jean-Luc Mélenchon ou les Républicains de gauche (scission chevènementiste) - affirment aujourd'hui qu'ils ne feront pas la campagne de Mme Buffet. Les autres postulants candidats, Clémentine Autain, Yves Salesse ou José Bové, ont juré qu'eux non plus. Quant à ceux des collectifs de base qui se sont opposés à la candidature de Mme Buffet, ils risquentde refuser de s'engager. Le PCF pourrait se retrouver seul à faire campagne, sans profiter de l'éventuelle dynamique apportée par ses partenaires, alors que les sondages attribuent aujourd'hui à sa candidate entre 3 % et 4 % des voix. Une situation qu'il avait tenté d'éviter en s'engageant dans ce front unitaire. Faute de pouvoir doper le score que lui attribuent les sondages, l'équation des législatives, qui interviennent un mois après la présidentielle, sera simple : en dehors d'un accord avec le PS, les communistes risquent de perdre un certain nombre de circonscriptions et donc leur groupe parlementaire. Plusieurs députés comme Gilbert Biessy (Isère), André Gerin (Rhône), Muguette Jacquaint (Seine-Saint-Denis), François Liberti (Hérault), Daniel Paul (Seine-Maritime) et Jean-Claude Sandrier (Cher) ont été élus en 2002 comme candidats uniques de la gauche. Les municipales et cantonales de 2008 pourraient aussi s'avérer sévères pour le PCF, si le PS le décide. "Nous jouons notre avenir", pronostique le député de Seine-Saint-Denis, Patrick Braouezec. Les partenaires "organisés" du PCF au sein des collectifs ne seront pas mieux lotis. Les minoritaires de la LCR seront amenés à réintégrer complètement leur organisation, mais risquent de bouder leur candidat, Olivier Besancenot. Même perspective de " retour au bercail" pour les Verts emmenés par Francine Bavay ou les socialistes de PRS. Quant aux petits mouvements comme Mars, les Alternatifs ou Alternative citoyenne, ils devront quitter les projecteurs des meetings unitaires et retrouver leur marginalité politique. Seule lueur d'espoir pour les plus optimistes d'entre eux, une tentative de maintenir les collectifs pour présenter des candidats aux législatives. Mais sans le PCF, désormais vécu comme "le diviseur". § Samedi 9 et dimanche 10 décembre, les collectifs antilibéraux doivent désigner leur candidat à l'élection présidentielle. Après le départ de José Bové, il reste trois prétendants en lice : Marie-George Buffet, Clémentine Autain et Yves Salesse. § S amedi 9 et dimanche 10 décembre, les collectifs antilibéraux doivent désigner leur candidat à l'élection présidentielle. Après le départ fracassant de José Bové et celui, plus discret, de Patrick Braouezec, il reste trois prétendants en lice : la secrétaire générale du Parti communiste, Marie-George Buffet, l'adjointe au maire de Paris Clémentine Autain et l'ancien président de la Fondation Copernic, Yves Salesse. Le mode de désignation du candidat est relativement complexe. Chaque collectif a choisi une procédure différente : certains votent simplement pour le candidat qu'ils préfèrent, certains organisent un vote préférentiel (le militant classe les candidats par ordre de préférence), d'autres préfèrent décider au consensus, ou encore ne pas donner de décision ferme, pour ne pas bloquer les débats. Ensuite, le processus choisi est celui du double consensus : les collectifs doivent trouver un acccord, et les forces politiques qui y participent également.Mais, alors que les collectifs sont parvenus à rédiger une ébauche de programme commun, ont entamé une campagne avec des meetings réunissant plusieurs milliers de personnes, le candidature de la gauche de la gauche semble de moins en moins probable. La stratégie d'Olivier Besancenot de ne pas s'inscrire dans le cadre du rassemblement unitaire avait déjà créé des tensions avec la direction de la LCR. Depuis quelques semaines, les militants de nombreux collectifs accusent le Parti communiste de forcer la candidature de Marie-George Buffet, et de ne plus respecter le cadre unitaire. Le PCF est accusé d'avoir créé des "vraix-faux" collectifs, uniquement constitué de militants communistes, pour appuyer fortement la candidature de Marie-George Buffet. Et de faire pression sur les autres organisations politiques dans ce sens. Face aux tensions persistantes, la réunion du week-end promet d'être houleuse. Et certains annoncent déjà l'échec du processus qui a commencé avec la campagne du "non" au référendum. Pour d'autres, il est encore possible de trouver une solution, en proposant un nom alternatif, qui pourrait mettre tout le monde d'accord. § Entretien avec Zakaria Ben Mlouka, candidat à l'élection présidentielle. § § Le ministre de l'intérieur et candidat déclaré à la présidentielle a présenté l'immigration comme un des thèmes majeurs de sa campagne présidentielle. § N icolas Sarkozy a présenté l'immigration comme l'un des thèmes majeurs de sa campagne pour l'élection présidentielle. Pour le probable candidat de l'UMP, qui s'exprimait lundi lors d'une conférence de presse, "jamais le fossé n'a été aussi profond", dans l'approche de ce sujet, entre "les élites et la sensibilité dominante dans la population française". Il s'est dit "sidéré par la force des tabous qui dominent" à ce propos. Les propositions du Parti socialiste en matière d'immigration Dans le projet adopté par le Parti socialiste, une sous-partie est consacrée à l'immigration. A côté des idées de codéveloppement avec les pays d'origine et de lutte contre l'immigration illégale, voici les principaux points abordés : - "Nous reviendrons sur les dispositions des lois Sarkozy qui ont précarisé la situation des immigrés installés depuis longtemps dans notre pays. Nous restaurerons la possibilité de régularisation après dix ans de résidence. Nous respecterons le droit au regroupement familial pour protéger les enfants scolarisés, nés en France, ou y vivant depuis longtemps." (Dans son projet législatif de 2007, l'UMP dit vouloir "renforcer les conditions de revenu et de logement pour le regroupement familial, afin que vivre en France soit un projet fondé sur le travail, pas sur le bénéfice de prestations sociales). - "Nous bâtirons un projet migratoire individuel pour une insertion réussie. Ce contrat permettra l'accompagnement personnalisé de l'étranger au moment de son arrivée sur le territoire français, avec la création d'un guichet unique d'accueil et d'insertion." - "Nous rendrons plus simple et plus solennelle l'accession à la nationalité française : une journée du citoyen rassemblera chaque année dans chaque mairie les Français lorsqu'ils atteignent l'âge de la majorité ou quand ils sont naturalisés. A cette occasion, les principes fondamentaux de la République seront rappelés." Le ministre de l'intérieur a défendu son bilan en la matière et notamment sa loi du 24 juillet 2006 sur l'immigration choisie, dont l'objectif est de faire passer l'immigration de travail de 7 à 50 % de l'immigration régulière. "Beaucoup reste à faire pour aller plus loin", a-t-il pourtant reconnu, avant de lancer "quelques pistes pour l'avenir" : Ministre de l'immigration. Le candidat à la candidature de l'UMP souhaite "la nomination d'un ministre chargé de l'immigration, qui sera à la tête de toutes les administrations responsables de ce dossier". A sa charge notamment : "la maîtrise de l'immigration familiale, la lutte contre les abus et la fraude et l'assouplissement des conditions de l'immigration dont notre économie a besoin". Traité international sur les migrations. Rappelant la nécessité de "bâtir une grande politique de codéveloppement", il juge "urgent d'ouvrir le grand chantier d'un traité sur les migrations internationales". L'application de ce traité, stipulant "des droits et des devoirs pour les Etats et les migrants", incomberait à "une agence internationale". Aide au retour. Il préconise également de "généraliser la politique d'aide aux microprojets en faveur des migrants de retour dans leur pays". Le nombre de ces migrants a doublé en 2006, pour s'élever à 2 000 personnes. § Face au soutien de Jean-Pierre Chevènement à Ségolène Royal, les amis du ministre de l'intérieur brandissent celui apporté, il y a une semaine, par Christine Boutin à Nicolas Sarkozy. § N icolas Sarkozy, combien de ralliements ? Face au soutien de Jean-Pierre Chevènement à Ségolène Royal, les amis du ministre de l'intérieur brandissent celui apporté, il y a une semaine, par Christine Boutin à Nicolas Sarkozy. Certes, les deux ne pèsent pas du même poids. La présidente du Forum des républicains sociaux avait obtenu 1,2 % des voix contre 5,3 % au président du MRC au premier tour de la présidentielle de 2002. M. Sarkozy affirme qu'il fédérera "mieux son camp" que sa rivale socialiste, selon lui "incapable de représenter toute la gauche". Autre raison de croire à la "magie du rassemblement" pour le ministre de l'intérieur : les affirmations réitérées de Dominique de Villepin selon lesquelles "l'UMP aura un seul candidat en 2007". Même s'ils se méfient des arrière-pensées du premier ministre, les sarkozystes veulent croire que toute menace de candidature sauvage est à présent écartée. Ils estiment que le rapport de force en leur faveur au sein du parti leur vaudra le ralliement des chiraquiens les plus en vue, tel Alain Juppé. Président du club souverainiste Debout la République, en partie financé par l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan affirme qu'il partira à l'aventure présidentielle sous ses propres couleurs. Pour l'heure, les dirigeants de l'UMP refusent de "victimiser" le député (UMP) de l'Essonne, comptant moins sur les pressions qu'ils pourraient exercer à son encontre que sur ses difficultés à obtenir les 500 parrainages pour le ramener à la raison. "A l'heure actuelle, on ne peut rien négocier avec lui, ironise un ancien ministre. Tout se passe entre lui et la France." Les difficultés rencontrées par Philippe de Villiers, qui stagne dans les sondages, sont aussi de bon augure aux yeux de M. Sarkozy. Reste le cas de François Bayrou. Le candidat de l'UDF, que M. Sarkozy feint d'ignorer pour ne pas lui donner de l'importance, se réserve la possibilité de négocier avec les deux camps au soir du premier tour. A l'UMP, on estime que les électeurs naturels du Béarnais retourneront à droite ; quant à la ferveur nouvelle dont M. Bayrou est l'objet, elle est le fait, dit-on, de sympathisants des gauches qui, in fine, se reporteront sur Mme Royal. § En arrivant, bras dessus, bras dessous avec Nicolas Sarkozy, la veille, dans une salle aux trois quarts vide du CNIT de La Défense (Hauts-de-Seine), la ministre de la défense a indiqué que la confrontation serait consensuelle. Personne n'imaginait qu'elle serait ennuyeuse. § L es deux prochains forums régionaux de l'UMP ne devraient pas ressembler à celui qui s'est tenu, samedi 9 décembre. "On peut tout faire", indique l'entourage de Jean-Pierre Raffarin, chargé de leur organisation, après que Michèle Alliot-Marie s'est plainte, dimanche 10 décembre sur Canal+, que les règles du débat n'aient "pas été respectées" et de l'absence d'"équité" entre les participants. "Si les débats ne devaient pas apporter quelque chose, je ne vois pas pourquoi j'y participerai", a-t-elle menacé. Des tractations sont prévues avant les réunions du 15 à Lyon et du 21 à Bordeaux. Le projet UMP : 47,3 milliards d'euros, selon debat2007.fr Le site de chiffrage de l'Institut de l'entreprise (IDEP), debat2007.fr, a évalué le projet législatif de l'UMP. Il en estime le coût brut à 47,3 milliards d'euros, soit 17,3 milliards de plus que les 30 milliards annoncés par le mouvement présidé par Nicolas Sarkozy. Le coût brut du projet PS avait, lui, été chiffré à 57,22 milliards d'euros. Toutefois, selon qu'elles sont imputées au PS ou à l'UMP, certaines propositions sont mesurées différemment : pour le service civique de six mois, debat2007.fr retient une hypothèse basse à 500 millions d'euros pour la proposition de la droite et une hypothèse haute à 3,1 milliards d'euros pour celle du PS. En arrivant, bras dessus, bras dessous avec Nicolas Sarkozy, la veille, dans une salle aux trois quarts vide du CNIT de La Défense (Hauts-de-Seine), la ministre de la défense a indiqué que la confrontation serait consensuelle. Personne n'imaginait qu'elle serait ennuyeuse. Le dispositif scénique n'avantage pas Mme Alliot-Marie : elle voulait apparaître à côté du président de l'UMP ; la voilà coincée entre M. Méhaignerie et M. Accoyer. "J'aurais pu dire je m'en vais, mais ce n'est pas mon genre", a-t-elle confié le lendemain. Se coulant dans le sarkozysme ambiant, Mme Alliot-Marie a créé la surprise par son absence de différences affichées avec son rival. Devant un millier de militants, deux ministres (Brice Hortefeux et Xavier Bertrand) et des personnalités de l'UMP aspirant à le devenir, elle s'en est tenue aux généralités au nom de "l'humain". Seule proposition concrète : les enfants compteront une part entière dans le calcul des impôts dès le deuxième, immédiatement reprise par M. Sarkozy. "Les sujets économiques ne sont pas ceux sur lesquels ils ont le plus de différence", expliquait son entourage. "Nous sommes d'accord sur l'essentiel", a souligné, ravi, le président de l'UMP. M. Sarkozy a déroulé son programme, promettant de s'occuper "personnellement" du service minimum dans les transports avec une loi "dès le mois de juillet" 2007. En cas de grève dans une entreprise, il a plaidé pour un vote à bulletin secret "au bout de huit jours" afin que cesse "la dictature des minorités violentes". Il s'est réservé les critiques contre la candidate socialiste à propos de sa rencontre au Liban avec un député du Hezbollah : "Le fait d'être un élu ne suffit pas pour discuter. Hitler avait été élu, ça n'en fait pas un interlocuteur respectable et responsable." Amalgame dénoncé par le PS qui y voit une banalisation de la Shoah. M. Sarkozy a expliqué dimanche sur TV5 : "Michèle Alliot-Marie est une femme d'une grande qualité qui a toute sa place dans notre famille politique et dont j'ai besoin." Selon un conseiller, "cet exercice à risque" lui "a permis d'apparaître comme ouvert au dialogue voire souriant". Les proches de "MAM" déplorent que les interventions de leur championne aient été diluées dans le temps de parole des députés et les questions d'internautes : "Sarkozy prenait la parole quand il voulait. Michèle attendait qu'on la lui donne." De nouvelles règles sont-elles à prévoir ? "On s'en fout, explique un ministre. La vedette à Lyon se sera Villepin s'il vient. Et à Bordeaux, ce sera Juppé !" Une manière de dire que l'heure de "MAM" et de sa candidature virtuelle est désormais passée. § Après Christiane Taubira (PRG), Jean-Pierre Chevènement (MRC) renonce à se présenter en 2007. § R etour à la gauche de 1995, lorsque les petits partis amis s'étaient rangés derrière Lionel Jospin pour l'élection présidentielle. Après le Parti radical de gauche (PRG) en octobre, le Mouvement des républicains et citoyens (MRC) a conclu samedi 9 décembre un accord avec le PS. Petit à petit, François Hollande, qui a scellé les négociations à 22 h 30 avec Jean-Pierre Chevènement, est parvenu à éliminer deux candidatures qui avaient handicapé le champion socialiste le 21 avril 2002. "Ce qui n'avait pas été possible le devient, se réjouit le premier secrétaire du PS. Ça permet de partir avec un socle plus solide." CHIFFRES QUATRE CANDIDATS à gauche se sont déclarés pour la présidentielle de 2007 : Ségolène Royal pour le PS allié au PRG et au MRC, Dominique Voynet pour les Verts, Olivier Besancenot pour la Ligue communiste révolutionnaire, Arlette Laguiller au nom de Lutte ouvrière. Marie-George Buffet (PCF) est sur les rangs pour la gauche antilibérale. DIX CIRCONSCRIPTIONS pour le MRC : la 3e des Ardennes, la 9e des Bouches-du-Rhône (Sami Naïr), la 1ère de la Drôme (Catherine Coutard), la 2e de l'Indre, la 12e du Nord, la 3e de Seine-et-Marne (Daniel Guerin), la 1ère du Var (Odette Casanova), la 2e du Territoire de Belfort (Jean-Pierre Chevènement), la 10e du Val-de-Marne (Jean-Luc Laurent) et la 2e de la Creuse (Georges Sarre). Après avoir écarté le risque d'une candidature PRG de Christiane Taubira, la députée de Guyane qui avait obtenu 2,3 % des voix au premier tour de l'élection en 2002, les socialistes voient s'éloigner la concurrence de Jean-Pierre Chevènement (5,3 %). Au bout d'un mois de campagne, ce dernier a préféré renoncer. En échange, il obtient dix circonscriptions pour les législatives, et six suppléants, sur la base d'un accord politique : réorientation de la construction européenne, réforme de sa Banque centrale, et "lutte contre l'euro cher" ; primauté de la République, "taxe antidumping" contre les délocalisations... Le PS a fait ce qu'il fallait pour amadouer les chevénementistes. "Rien ne me forçait à me retirer, je le fais en pleine conscience pour ouvrir la voie à une dynamique dès le premier tour", a assuré le président d'honneur du MRC. Sans tarder, M. Chevènement a fait avaliser l'accord par son mouvement réuni dimanche dans le 11e arrondissement de Paris. Ignorant tout du changement d'ordre du jour, ses partisans, convoqués pour animer la campagne de leur chef de file ont dû s'adapter et changer de braquet en accueillant... Ségolène Royal. La décision de soutenir la candidate socialiste a été approuvée par 84 % des délégués. Seule, une petite minorité s'estimait "flouée" de rallier une responsable du PS qui a fait campagne pour le oui à la Constitution européenne. Les retrouvailles avec celui qui a été l'un des fondateurs du PS en 1971, ministre en même temps que Mme Royal dans le gouvernement Jospin, ont été malgré tout chaleureuses. "C'est un moment historique important pour la gauche", a souligné Mme Royal tout en rappelant ses affinités sur le fond, la sécurité, "l'ordre juste", la valeur travail, l'éducation, avec M. Chevènement : "Nous étions en phase et nous n'avons jamais cessé de l'être." La contrepartie est jugée assez lourde par les socialistes contraints de se désister pour laisser de la place aux législatives. Surtout après les 35 circonscriptions cédées au PRG et les 25 déjà gelées pour les Verts... "C'est le prix à payer pour gagner la présidentielle, estime M. Hollande. Il vaut mieux ça que d'être intransigeant et risquer de tout perdre". Pour Bruno Le Roux, secrétaire national chargé des élections au PS, sur les 10 circonscriptions visées, seules 5 ou 6 sont gagnables en cas de victoire de la gauche. "Soit moins de 2 % des députés" sur une vague rose qui pourrait en compter 300. Le bureau national du PS devra avaliser cet accord mardi 12 décembre. De son côté, le MRC a fini par renoncer à réclamer pour son président, Georges Sarre, maire du 11e arrondissement de Paris, la 6e circonscription qu'il avait perdue en 2002 au profit d'une socialiste. Il sera candidat dans la Creuse, où on lui a redécouvert des racines familiales. C'est le dernier noeud que M. Chevènement, candidat à Belfort, et M. Hollande ont fini par dénouer samedi soir. Les deux parties assurent qu'aucune promesse n'a été faite quant à la composition d'un futur gouvernement de gauche. Il reste que pour apaiser ses partisans, M. Chevènement a maintenu une "soixantaine" de candidats étiquetés MRC pour les législatives, ce qui lui permet de garder un financement public. "Ils seront présents en bonne intelligence", promet le maire MRC du Kremlin-Bicêtre, Jean-Luc Laurent. Le PS ne veut négliger aucune piste pour rassembler la gauche. M. Hollande "ne désespère pas" de trouver un terrain d'entente avec de toutes petites formations, comme Régions et peuples solidaires, ou l'Union démocratique bretonne (UDB). Il attend que les Verts se dotent d'une direction, le 16 et 17 décembre, pour reprendre les discussions aujourd'hui en panne. Cette fois, pas de retrait de candidat exigé, mais un accord de gouvernement doit être trouvé. Sur la table, les socialistes ont déposé 25 propositions de circonscriptions. Les Verts en demandent le double. § L'intégralité du débat avec Nicolas Dupont-Aignan, député UMP, candidat à l'élection présidentielle, lundi 11 décembre 2006 § T homas : Quand vous voyez tous les candidats de la gauche (Taubira, Chevènement) se ranger derrière la candidate offcielle, n'est-ce pas du bon sens ? Si Jean-Marie Le Pen arrive au second tour face à Royal, vous sentirez-vous coupable ? Nicolas Dupont-Aignan : Autant supprimer, avec votre raisonnement, le premier tour de scrutin. J'ajoute que si par l'absurde vous supprimez tous les candidats autres que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, vous découvrirez que Jean-Marie Le Pen peut aussi exactement de la même façon être au second tour. Je dirai même plus : si nous assistions à un simple duo Royal-Sarkozy, il y a de fortes chances que Jean-Marie Le Pen finisse premier de la compétition au premier tour. Quand comprendra-t-on qu'il faut traiter enfin à la racine les problèmes des Français plutôt que de casser le thermomètre ? Ma candidature peut au contraire permettre à de nombreux Français qui ne supportent pas ce duel factice de ne pas sombrer dans les extrémismes. Koen_Amsterdam : Le gaullisme offre quelle réponse aux défis auquels la France fait face actuellement (chômage, dette, insécurité, etc.) ? Nicolas Dupont-Aignan : Le gaullisme, c'est avant tout le respect du peuple, le volontarisme politique et l'idée fondamentale selon laquelle les Français ne pourront s'en sortir qu'en comptant sur leurs propres forces. Ce n'est pas une recette toute faite, mais une démarche malheureusement totalement oubliée de notre classe politique. Dans mon livre Français, reprenez le pouvoir, aux éditions Archipel, je propose 101 mesures concrètes capables justement de redresser le pays. Par exemple, pour lutter contre le chômage et les délocalisations, je propose la TVA sociale (réduction des cotisations sociales comme au Danemark et augmentation de la TVA qui touche les produits importés) ; la réforme de l'euro (changement des statuts de la Banque centrale européenne pour limiter son indépendance), la suppression de l'ISF pour les capitaux qui s'investissent dans la recherche, la relance de la participation des salariés dans le capital des entreprises pour limiter les OPA. Bob : Cette TVA sociale ne risque-t-elle pas d'être sanctionnée par la CJCE (Cour de justice des Communautés européennes) comme étant une mesure protectionniste ? Nicolas Dupont-Aignan : Cette TVA sociale existe au Danemark, et Mme Merkel y a aussi recours. Mais soyons francs, pour s'en sortir, il faut bien évidemment revoir de fond en comble les règles de Bruxelles. L'Europe d'aujourd'hui est en train d'étouffer nos économies et de tuer notre modèle social. Je propose une autre Europe, celle des nations, des projets et des coopérations à la carte. Ségolène Royal, comme Nicolas Sarkozy, échoueront s'ils sont élus, car ils ne veulent pas remettre en cause l'organisation européenne oligarchique de la Commission, de la Banque centrale et de la Cour de justice, qui est en train de fâcher les Européens avec la belle idée européenne. Mathieu : Mais cela va favoriser la baisse du pouvoir d'achat s'il n'y a pas une augmentation de salaire avec cette augmentation de taxe ? Nicolas Dupont-Aignan : Non, pour la simple raison que les entreprises, ayant moins de cotisations sociales, baisseront le prix de leurs produits. Seuls les produits importés augmenteront, comme cela s'est passé au Danemark, ce qui a favorisé la production et l'emploi sur le territoire national. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à préconiser la TVA sociale. Depuis dix ans, quantité de rapports, du Sénat et de l'Assemblée nationale, essaient de faire comprendre à nos dirigeants qu'il est complètement absurde, dans une économie ouverte, de taxer l'emploi situé sur notre territoire et de favoriser fiscalement les importations en provenance de pays qui ont déjà des salaires nettement inférieurs. Il faut aussi rétablir, bien évidemment, la préférence communautaire pour éviter le dumping social, environnemental et monétaire d'un pays comme la Chine. Arthur : N'est-ce pas les multiples réformes ("Sécu", retraites, casse des 35 heures) qui tuent notre modèle social plus que l'Europe ? Nicolas Dupont-Aignan : Je n'ai jamais dit que la manière dont a été construite l'Europe était la seule cause de nos difficultés. Nous devons aussi balayer devant notre porte et améliorer l'efficacité de l'Etat comme de la Sécurité sociale. Mais on ne peut pas réformer quand la croissance est proche de zéro. On ne peut pas non plus en permanence réduire les acquis sociaux de l'après-guerre. Ne comptez pas sur moi pour demander aux Français de vivre comme les Chinois. L'objectif collectif devrait être plutôt d'élever le niveau de vie des Chinois et des Indiens, c'est-à-dire de passer de la mondialisation "clochardisation" qu'on nous prépare à une mondialisation qui élève le niveau de vie global. C'est pourquoi rien ne pourra se faire sans un changement du fonctionnement de l'OMC, sans une reprise en main politique des institutions européennes, sans un nouvel ordre environnemental pour éviter la destruction de la planète. Cela n'empêche pas pour autant d'inciter les Français à travailler davantage, mais je crois que nous n'aurons l'effort de tous que si nos concitoyens comprennent le cap fixé. Sur les 35 heures, le gouvernement a déjà assoupli la loi Aubry. Nous pouvons encore faire un peu plus, notamment pour permettre à ceux qui le veulent de travailler davantage. En revanche, ne faisons pas croire aux Français que la seule réforme des 35 heures permettra de lutter contre le chômage. Il faut veiller à relancer la demande si l'on veut que les entreprises offrent du travail, 35 heures ou non. Je suis par ailleurs hostile à la proposition de Nicolas Sarkozy et de l'UMP de supprimer toutes charges sociales sur les heures supplémentaires, car cela aboutirait, en cas de commandes supplémentaires, à faire faire des heures supplémentaires à ceux qui ont déjà un emploi, au lieu de recruter ceux qui sont au chômage. Il est bien préférable, comme je le propose, de supprimer les charges sociales pour les toutes petites entreprises qui recruteraient un salarié de plus. Sur les retraites, la même démagogie règne, en faisant croire qu'il suffit de réformer les régimes de retraite pour garantir les pensions. En vérité, cela ne sert à rien de demander aux gens de travailler plus, entre 60 et 65 ans, s'ils sont presque tous licenciés à 52 ans... § "Qu'il y ait des débats pour la présidentielle, c'est une chose, que le chef du gouvernement soit les deux mains dans l'huile pour faire mieux marcher le moteur, ça me paraît normal", a expliqué le premier ministre sur France Inter, lundi matin. § L e premier ministre, Dominique de Villepin, a laissé entendre, lundi 11 décembre, qu'il ne participerait pas aux deux derniers forums de l'UMP prévus les 15 et 21 décembre, arguant que "ce n'est pas (sa) place". "On ne peut pas toujours avoir des débats pour l'avenir, il faut avoir des débats pour aujourd'hui, et moi, c'est ma responsabilité", a dit le chef du gouvernement sur France Inter. "Qu'il y ait des débats pour la présidentielle, c'est une chose, que le chef du gouvernement soit les deux mains dans l'huile pour faire mieux marcher le moteur, ça me paraît normal", a-t-il plaidé. Le premier ministre promet des "mesures concrètes" sur l'emploi La conférence sur l'emploi de jeudi, qui réunira gouvernement, patronat et syndicats, doit être "un temps fort du diagnostic" mais aussi "un temps de décision", a déclaré le premier ministre sur France-Inter. "Je ferai des propositions pour déboucher sur des mesures concrètes", a-t-il dit en citant plusieurs pistes sur lesquelles il entendait avancer : les femmes en temps partiel subi, "qui ont énormément de mal à accéder à la formation et à valider les acquis de l'expérience", et les jeunes "qui ne se voient proposer aucun stage". M. de Villepin, qui a précisé que le financement de ces mesures serait intégré dans le "collectif budgétaire", qui doit être définitivement adopté par le Parlement d'ici à Noël. - (Avec AFP) "J'aurai le loisir, tout au long de la campagne, d'apporter ma contribution. Je serai présent (...) mais aujourd'hui, là où je peux être le plus utile, c'est dans l'exercice de ma responsabilité de premier ministre", a insisté M. de Villepin, précisant avoir "l'intention d'apporter des réponses très concrètes aux Français avant Noël". "PERSONNE NE DÉTIENT LA BAGUETTE MAGIQUE" Invité à commenter les sondages qui placent les candidats Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal largement en tête dans la perspective de la présidentielle de 2007, M. de Villepin a estimé que cela n'avait "pas beaucoup de signification". "On ressasse, on peut toujours s'amuser avec des statistiques mais il vaut mieux parler des problèmes concrets des Français", a-t-il ajouté, refusant une nouvelle fois de répondre sur son éventuelle candidature à l'Elysée. Face à la menace d'un vote massif en faveur du Front national, le premier ministre a ironisé sur l'attitude de Nicolas Sarkozy, estimant que "personne ne détient la baguette magique". Revenant sur la polémique en France sur le niveau élevé de l'euro, M. de Villepin a appelé à "clarifier les rôles" concernant l'action de la Banque centrale européenne dans le domaine de la politique des changes. "C'est en récupérant des marges de manuvre et de souveraineté que les Etats pourront faire davantage", a-t-il poursuivi, jugeant qu'il fallait "mieux coordonner les travaux de l'Eurogroupe et la Banque centrale européenne". § L'intégralité du débat avec Philippe Raynaud, auteur de "L'extrême gauche plurielle" (Broché, 2006), lundi 11 décembre 2006 § A lain Gaulon : Existe-t-il réellement une gauche de la gauche ? Ne s'agit-il pas plutôt d'un ensemble disparate de personnalités ? Philippe Raynaud : Disons qu'il y a un ensemble disparate de courants ou d'organisations. Il y a des courants de la vieille extrême gauche trotskiste qui sont très organisés, et d'autres mouvances qui ont des porte-parole. Mais je crois que ce sont vraiment des organisations, et non simplement des personnalités. C'est très hétérogène, pour des raisons de fond, et c'est sans doute pour cela qu'il n'y a pas eu de candidature unique qui s'est dégagée hier. Mat_1 : Quelles sont les différences de fond qui empêchent LO et la LCR de se mettre d'accord ? Philippe Raynaud : C'est le fait que ce sont des organisations qui ont une histoire très ancienne avec des divergences formées depuis plus de cinquante ans, et qui concernent l'interprétation de l'histoire du monde communiste après la seconde guerre mondiale. Ce sont des organisations très différentes dans leur fonctionnement, qui n'ont pas la même base militante. LO est plutôt traditionnelle, représentée dans l'industrie, les banques. La LCR dans des milieux plus diplômés, dans la fonction publique, dans les hôpitaux... L'électorat de LO est plus ouvrier, moins grande ville. Ils n'ont pas les mêmes réflexes à l'égard des nouveaux courants de la gauche radicale moderniste. LO est moins libertaire, par exemple, sur les questions de murs. Mais ce qu'elles ont en commun, néanmoins, c'est de rester dans une perspective qu'on peut dire révolutionnaire qui, concrètement, les rend très méfiantes à l'égard de toute idée d'intégration possible dans une coalition de type union de la gauche à vocation gouvernementale. Un des enjeux de la réunion de ce dimanche était justement celui-là : savoir si l'on pouvait faire une unité sans entrer dans la stratégie d'après-second tour. C'est pour cela que la LCR s'était déjà retirée, et que LO n'a jamais envisagé de participer à une coalition avec les altermondialistes. Tellme : L'audience du PCF est en déclin depuis de nombreuses années. L'OPA manquée du PCF sur les comités issus du "non" au référendum marque-t-elle un "game-over" pour ce parti ? Philippe Raynaud : Je crois que c'est un nouvel affaiblissement du PC. Mais en même temps, le jeu pour le PC est actuellement très délicat, car il a cherché à se ressourcer dans l'altermondialisme ; mais d'un autre côté, il a besoin de maintenir des alliances électorales assez solides avec le PS, et il a comme perspective stratégique de revenir dans des gouvernements de type union de la gauche ou gauche plurielle. Il aurait donc été difficile d'avoir une autre politique, parce que soutenir très vite un autre candidat, José Bové, ou Clémentine Autain, c'était quand même presque accepter de disparaître. Sans compter qu'il y a des raisons très profondes pour lesquelles quelqu'un comme Bové, par exemple, n'est pas très sympathique aux yeux des communistes. Bové représente une mouvance libertaire, écologiste, et notamment très antinucléaire. Pour des raisons à la fois de culture et d'organisation, le PC peut difficilement se reconnaître dans une orientation pareille. Par exemple, dans les choses qui restent puissantes dans le PC, il y a les militants de la CGT d'EDF, qui pourraient difficilement être satisfaits si le PC soutenait un parti antinucléaire. Et de toute façon, c'est une culture très différente. Llamas : Est-il envisageable que Marie-George Buffet renonce à l'investiture ? Philippe Raynaud : C'est envisageable, parce qu'il y a actuellement des tractations qui pourraient aboutir à ce qu'on se mette d'accord sur un autre candidat issu du PC, mais qui ne pourrait pas être la secrétaire générale en titre. Les gens qui étaient hostiles, dans les comités antimondialistes, à la candidature de Marie-George Buffet disaient qu'ils voulaient bien d'un communiste, mais pas de la secrétaire générale du PC. On peut donc envisager un compromis, qui serait de proposer par exemple un syndicaliste issu des cheminots ou d'autre chose. Dans ce cas, Mme Buffet pourrait se retirer. Mais je pense néanmoins qu'elle ne le souhaite pas et que sa candidature continue d'avoir le soutien de la majorité des militants communistes. Il est difficile pour les militants communistes de ne pas se présenter sous leur drapeau. Et accepter aujourd'hui un autre candidat que Mme Buffet issu du PC serait perçu comme un aveu de défaite. Brunom : L'accord a été possible sur les grandes lignes du programme. Pourquoi est-il plus difficile sur la candidature, alors que tous disent vouloir mener une campagne collective ? Philippe Raynaud : L'accord a été possible sur les grandes lignes du programme, mais pas nécessairement sur la stratégie à moyen terme, notamment pour ce qui suivra le second tour de l'élection. Et d'autre part, l'accord sur le programme n'empêche ni les ambitions personnelles ni les intérêts d'organisations. La vision de la société dont sont porteurs des gens comme José Bové n'est pas du tout la même que celle que peuvent avoir les communistes. Ce sont des courants qui sont surtout unis contre quelque chose, contre la politique libérale, etc., mais qui ne cherchent pas pour l'instant une alternative gouvernementale. Leur programme sert pour progresser dans l'opinion, pour gagner des électeurs, mais je crois qu'il n'y a pas vraiment de perspective à moyen terme là-dedans. Du coup, à court terme, les divisions se développent. Azer : Les collectifs n'auraient que 15 000 militants dans leurs rangs. Comment se fait-il qu'ils n'aient pas cherché à augmenter leurs troupes ? Le PS, qu'on disait déconnecté de la société, n'a pas eu de mal à doubler ses effectifs. Comment se fait-il que les collectifs stagnent alors qu'on leur prête un important électorat potentiel ? Philippe Raynaud : Le PS s'est développé sur la base d'une campagne d'adhésion large et facile, où il suffisait de verser 20 euros de cotisation, avec un enjeu immédiat : celui de participer à la désignation du candidat du principal parti de gauche, dont on estime qu'il a de vraies chances d'arriver au pouvoir. Le type de motivation nécessaire pour entrer dans un parti de ce genre ne va pas loin. C'est une manière de participer, apparemment plus influente, au jeu de l'élection présidentielle. Dans le cas des mouvements altermondialistes et autres, c'est un engagement dont les effets à court terme sont très nets et ne sont pas de même nature. C'est un engagement qui mobilise moins facilement et moins de monde. § L'accord avec les socialistes en vue des législatives a été approuvé dimanche, et le leader du Mouvement républicain et citoyen a annoncé qu'il ralliait Ségolène Royal. § A près le PRG, le MRC. Ségolène Royal, candidate socialiste à l'élection présidentielle, a obtenu dimanche 10 décembre le ralliement du Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement, qui a ainsi renoncé à se présenter. Les délégués à la convention nationale du partie, réunie à Paris, ont voté à 84 % "en faveur du soutien à Ségolène Royal et de la validation de l'accord (électoral avec le PS) et 16 % ont voté contre", a annoncé Patrick Trannoy, secrétaire national aux élections du MRC, à la mi-journée. "Personne ne me forçait à être candidat. Personne ne me force à retirer ma candidature. Je le fais en pleine conscience pour ouvrir la voie à un dynamisme positif au premier tour" de la présidentielle, a annoncé un peu plus tard le président d'honneur du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), devant la convention. Mme Royal, dont la présence était annoncée, n'était pas présente dans la salle au moment du discours de M. Chevènement. "BAISER DE LA MORT" L'ancien ministre de l'intérieur s'était présenté à la présidentielle en 2002, obtenant 5,3 % des voix. Le PS avait dénoncé sa candidature comme l'un des facteurs de l'élimination de Lionel Jospin. L'accord politique conclu avec le Parti socialiste prévoit que les deux mouvements "entendent définir un programme de législature qui constitue une alternative durable à une politique de la droite". L'accord électoral prévoit que 10 circonscriptions seront réservées à des candidats MRC, qui seront également soutenus par le PS et que six places de suppléants de candidats socialistes seront réservées au MRC. Dans une soixantaine de circonscriptions restant à déterminer, "le MRC présentera ses propres candidats à côté des candidats présentés ou soutenus par le PS", poursuit ce texte. M. Trannoy a indiqué s'être prononcé contre l'accord, qu'il a qualifié de "baiser de la mort", indiquant que les minoritaires considéraient que les circonscriptions réservées étaient "pour une très large majorité pas gagnables". § Samedi, les tensions, entre les composantes du mouvement antilibéral ont rendu peu probable une candidature unitaire. Dans les collectifs, les militants sont partagés entre colère et résignation. § "" uel gâchis !" Les mots de Gaël, militant d'un collectif antilibéral à Toulouse, suffisent à résumer l'ambiance. Samedi 9 décembre, dans un gymnase de l'Ile Saint-Denis, un millier de militants des collectifs antilibéraux se sont retrouvés pour se mettre d'accord sur un candidat pour l'élection présidentielle de 2007. Des trois candidats en lice, c'est la communiste Marie George-Buffet qui arrive en tête des scrutins organisés dans les collectifs. Devant l'élue parisienne, Clémentine Autain, et le cofondateur de la Fondation Copernic, Yves Salesse. Mais pour choisir le candidat, c'est la règle du double consensus qui a été retenue : les collectifs et les organisations politiques qui les composent doient parvenir à se mettre d'accord sur un nom. Et dans les allés du Centre Sportif de l'Ile des Vannes, la solution semble difficile à trouver. Au banc des accusés : "le Parti communiste, il a retrouvé ses vieilles pratiques", dénonce un militant lyonnais, "ils ont bourré les urnes, à leur manière". Plusieurs militants racontent comment, le jour du vote, ils ont vu arriver en nombre dans leurs collectifs des adhérents du PCF qui n'y avaient, auparavant, jamais mis les pieds. "Dans un collectif en Haute-Garonne qui compte d'habitude 30 personnes, ils sont arrivés à 25 de plus. Pas difficile de faire basculer le rapport de force en faveur de Buffet", raconte Gaël. Dans les Bouches-du Rhône, dans le Jura, dans la Loire, à Paris, les mêmes histoires se répètent et se racontent, de délégation en délégation. La salle est d'ailleurs à l'image de cette fracture : une moitié de délégués sont opposés à la candidature Buffet, l'autre moitié y tient farouchement. Résultat : les militants des collectifs et des autres forces politiques (minorité de la LCR, gauche des Verts, Alternatifs, etc.) menacent de ne pas participer à la campagne de Mme Buffet... et de laisser le PCF mener une campagne qui n'aurait d'unitaire que le nom. "ÇA VA ÉCLATER, SI ÇA CONTINUE" Dans certains collectifs la situation est plus nuancée. "Dans mon collectif", raconte un militant du 19eme arrondissement, " les cadres du Parti ont fait venir plein de vieux adhérents pour voter Buffet mais ils ont dû affronter les autres militants du PC, qui défendent la candidature unitaire depuis toujours". Car au sein du PCF, les mêmes tensions se font sentir. "Ce n'est pas juste ce qu'on fait les camarades, confie un secrétaire de section anonyme, il aurait fallu jouer le jeu unitaire jusqu'au bout, pas passer en force. Dans ces conditions, on sera nombreux à ne pas faire la campagne de Marie-George, tant pis". "En interne, ça va éclater, si ça continue" confirme une militante du Rhône. A la tribune, un communiste des quartiers nord de Marseille interpelle la secrétaire générale du PCF : "Marie-George, j'apprécie ton discours, mais quelle est ta solution pour sortir la tête haute ?" Les militants communistes fidèles à la ligne de la direction parlent de "mauvais procès" : "ils refusent simplement de soutenir Marie-George, c'est injuste. Si quelqu'un d'autre était arrivé premier, nous, on l'aurait soutenu ", explique un jeune communiste de Rennes. A l'extérieur, devant un verre de café, les militants tentent de convaincre : "de toute façon Marie-George est la plus rassembleuse ", insiste Cyril, de Clermont-Ferrand. Olivier, membre de la LCR dans la même ville, ironise : "Tu plaisantes ? Si Buffet a été désigné c'est parce qu'on a vu pousser des collectifs du jour au lendemain, avec seulement des communistes, pour soutenir sa candidature". Et de citer en exemple un collectif d'un village des Bouches-du-Rhône, créé fin octobre, et dont la seule réunion a consisté à faire voter les adhérents communistes locaux pour soutenir la candidature de la secrétaire générale de leur Parti. "NI OLIVIER, NI MARIE-GEORGE" Dans les collectifs, si l'amertume est grande vis-à-vis de la direction du Parti communiste, l'autre parti de la gauche radicale, la LCR, n'est pas épargné. "Si Olivier Besancenot était là, on n'aurait pas tous ces ennuis", se plaint un militant lyonnais, "ça obligerait le PCF à faire des concessions". "En faisant cavalier seul, la direction de la 'Ligue' fait un mauvais calcul" estime un minoritaire du parti trotskiste,"elle nous empêche de faire jeu égal avec le PC, empêche de faire émerger une vraie candidature unitaire, et jette les communistes dans les bras du PS pour un accord pour les législatives". En marge de la réunion, un représentant de la majorité de la LCR, observe froidement la réunion. "La situation actuelle conforte la direction, qui estime qu'il ne faut jamais faire confiance au PCF", enrage un militant du Xe arrondissement parisien. "Mais ils ne se rendent pas compte qu'une moitié de l'organisation ne fera pas la campagne de Besancenot, de toute façon !". Les militants "non-encartés" sont les plus déçus. "Pour le première fois de ma vie, malgré son orientation sectaire, je voterais Arlette Laguiller pour donner une leçon à Besancenot et Buffet pour avoir cassé cette dynamique formidable" lance Olivier, enseignant à Saint-Etienne. "Si l'aventure s'arrête là, je ne vote ni Olivier, ni Marie-George, je préfère m'abstenir", estime également Gaël. "On peut faire plus de 50 % au référendum contre la constitution européenne, et aux présidentielles il y aurait 5 % à se partage entre Buffet et Besancenot ? On passe à côté de quelque chose, c'est grave, les appareils des partis ne se rendent pas compte.", s'enflamme Jean, qui a voté pour Yves Salesse dans son collectif girondin. "On a l'impression d'être pris pour des guignols, on n'est pas venus pour faire la campagne d'un parti, quel qu'il soit", témoigne Pierre, de Rouen. Marion et Fabien, de Lyon, "n'y croient plus vraiment", après toutes ces tergiversations. Et comme beaucoup d'autres, il ne savent pas quoi faire si la démarche unitaire se termine par un flop. En l'absence d'accord, certains tentent d'imaginer une campagne commune pour les législatives, mais sans trop y croire : l'échec annoncé d'une candidature unitaire pourrait créer une fracture durable... et difficile à oublier. § Une partie du mouvement, réuni jusqu'à dimanche en Seine-Saint-Denis, reproche au Parti communiste de vouloir imposer Marie-George Buffet. § P lus de 1 000 délégués de 750 collectifs unitaires antilibéraux tentaient samedi 9 décembre, lors d'une réunion houleuse à l'Ile Saint-Denis, de se trouver un candidat unique à la présidentielle. Le mouvement est menacé d'éclatement, le PCF étant accusé de vouloir imposer Marie-George Buffet. Les participants ont jusqu'à dimanche pour départager trois postulants : la numéro un du PCF, l'élue de Paris Clémentine Autain et le président de la fondation Copernic, Yves Salesse. Le leader altermondialiste José Bové a lui jeté l'éponge fin novembre, accusant le PCF de vouloir faire passer en force sa numéro 1. Selon les derniers décomptes donnés samedi, portant sur 569 Collectifs rassemblant au total 16 000 militants, Mme Buffet arrive en tête, "près de 55 % des collectifs" l'ayant mise en "première place". Un décompte qui ne satisfait pas les autres sensibilités, qui militent pour le "consensus" et soulignent que les collectifs n'ont pas tous le même poids, d'autant que certains sont des créations "récentes" du seul PCF. S'appuyant néanmoins sur ce premier résultat, la secrétaire nationale du PCF s'estime gagnante : "Les militants des collectifs locaux ont travaillé et donné près de 60 % à ma candidature, c'est la démocratie". Selon elle, la règle du "double consensus" (entre organisations qui composent le mouvement d'une part et militants d'autre part) fixée au départ ne peut plus fonctionner : "Entre les organisations, il n'y a de consensus sur personne, il faut maintenant savoir comment sortir de ce piège". "IL FAUT Y ALLER MAINTENANT" Devant le risque d'éclatement, Mme Buffet a promis de mener une campagne "unitaire" avec les autres sensibilités, affirmant "se battre pour qu'elles ne quittent pas le rassemblement". Un responsable du petit parti Mars, Eric Coquerel, rétorque : si le PCF impose son numéro un "dans les collectifs, il n'y aura plus que des militants communistes et tout le reste sera parti". Il propose de rechercher "d'ici un mois, une autre solution", suggestion rejetée par Mme Buffet, pour qui "le temps presse, il faut y aller maintenant". Clémentine Autain, refusant qu'on "remette en cause la méthode" de consensus "en cours de route", met en garde : "Si quelqu'un veut passer en force, il s'excluera du rassemblement". Les adversaires de la chef de file communiste estiment qu'un "dirigeant de premier plan d'un parti n'est pas en mesure de représenter le rassemblement dans sa diversité". "La candidature de Marie-George Buffet serait vécue comme celle du PCF", souligne ainsi Christian Picquet, chef de file de la minorité de la LCR engagée dans le mouvement. "Nous ne sommes pas là pour des querelles dérisoires, pour mettre en avant telle ou telle candidature, nous avons le devoir de réussir", a affirmé de son côté Yves Salesse, suscitant des ovations de la salle, pourtant largement remplie de militants communistes, scandant "unité unité, tous ensemble". "Ou nous gagnons ensemble, ou nous serons tous perdants", a prévenu Claude Debons, coordinateur du mouvement, alors que Mme Buffet plafonne à 3 % dans les sondages. Une "commission de synthèse" devait se réunir à huis clos samedi soir pour tenter de trouver un accord, selon les organisateurs, et une décision devrait être prise dimanche. § A quatre mois du scrutin, des étudiants de l'université Paris-XIII se disent encore très indécis. Ils jugent peu crédibles les discours des prétendants, qui les courtisent avec assiduité. § A plus de 130 jours de l'élection présidentielle, les sondeurs font un drôle de métier. Les "jeunes de banlieue" - ces voix en puissance que les candidats ont entrepris de draguer avec assiduité - ont bien du mal à se prononcer sur leurs futurs choix. Dans la cafétéria de son université, à Bobigny, Sarah David, 25 ans, étudiante en sociologie, originaire d'une banlieue tranquille du Val-d'Oise, essaie déjà de se souvenir pour qui elle a voté en 2002, lors de la précédente élection. Un silence : "Au deuxième tour, c'était Chirac." Un nouveau silence. Puis elle fait la moue : "Pour le premier tour, c'était à gauche mais je sais plus pour qui. Quand je vote, je me décide au feeling, au dernier moment, en fonction de mon instinct, donc j'oublie." Son "instinct" est loin d'avoir encore parlé pour 2007. A quatre mois de la prochaine élection, elle écoute, elle s'informe, elle sourit en observant les trésors d'imagination des stratèges en communication des candidats : "Ils vont dans les cités, ils reçoivent des jeunes, c'est bien, bravo ! Ils veulent montrer que "le" jeune, ce type qui écoute de la musique et s'habille en survêtement, les intéresse. C'est pas mal pour les caméras, mais je suis pas sûre que ce soit très efficace..." De la "mise en scène", de la "communication" mais pas grand-chose sur l'éducation, l'économie, l'emploi, regrette la jeune femme. Les clivages traditionnels ont une signification toute relative parmi ces étudiants venus essentiellement de la banlieue nord de Paris pour leurs études à l'université Paris-XIII. Audrey Deslances, 18 ans, étudiante en IUT, issue du quartier des "4 000" à La Courneuve, se définirait "plutôt à gauche" si elle avait à répondre à un sondage. Mais, "un peu perdue", elle se sent aussi glisser "à droite" parce que les socialistes français ne sont pas assez "réalistes", pas assez précis sur leurs programmes. Un sondeur s'y arracherait probablement les cheveux, mais elle compte bien attendre le dernier moment pour se prononcer. Sa copine, Nassabia Petit, 29 ans, également originaire de la cité des "4 000", décrit une même incertitude : "Je suis issue d'une famille qui vote à droite. Jusque-là, je me sentais à gauche mais depuis quelque temps, je ne sais plus. Je peux soutenir les uns ou les autres, ça dépendra des sujets." Elle ne pense pas voter pour Nicolas Sarkozy à cause de son comportement de "bulldozer" ou de "GI américain qui prétend sans arrêt sauver la France", attitude qu'elle juge inappropriée pour un président de la République. Mais, sur le fond, cette Française d'origine comorienne soutient sa politique de rupture en matière d'immigration avec des mots qui feraient tressaillir beaucoup de militants de gauche : "On ne peut pas accepter tout le monde en France. A force d'accueillir des tonnes d'immigrés, le pays ne va pas bien et le racisme augmente." Dans son travail au sein d'une administration, qu'elle effectue en parallèle avec ses études, elle a découvert des comportements qui l'ont choquée : "Des immigrés vont vers les administrations uniquement pour récupérer des allocations sociales. C'est pas normal. Moi, je considère que venir en France, c'est accepter d'être citoyen, de s'intégrer, pas seulement de réclamer des fonds." Dans les locaux de l'université, les affiches syndicales et politiques sont rares. Le militantisme actif demeure l'affaire d'un nombre limité d'étudiants. "En huit années à la fac, je n'ai pas rencontré, dans mes proches, un seul militant vraiment engagé. Il y avait des choses qui se faisaient, des sit-in, des trucs comme ça, mais cela a toujours été le fait d'une minorité", souligne Sarah David. La politique intéresse mais tranquillement, sans passion, sans rêve. Un effet de génération, sans doute, mais aussi la conséquence d'un sentiment d'abandon : "Si les politiciens étaient un peu plus représentatifs de la société, s'ils n'oubliaient pas une partie de la population, on se sentirait peut-être un peu plus investis", explique ainsi Sandy Sanon, 19 ans, étudiante en médecine, originaire de Drancy (Seine-Saint-Denis), pour souligner l'absence de diversité ethnique dans le personnel politique. Malgré les hésitations sur la politique, malgré les doutes sur le clivage droite-gauche, Nicolas Sarkozy risque d'être handicapé, au final, par sa méthode, son vocabulaire. "Plutôt à droite", Benoît Delamare, 18 ans, étudiant en première année de médecine, originaire d'Aulnay-sous-Bois, critique ainsi le terme de "Kärcher" utilisé par le ministre de l'intérieur pour illustrer sa volonté de "nettoyer" les quartiers sensibles. "C'est trop dur comme expression. Même si dans son esprit, c'était ciblé sur les jeunes qui posent problème, c'est difficile de l'accepter." Ces "jeunes de banlieue" se disent convaincus que le ministre paiera, dans les urnes, cette agressivité verbale : plus pour une question de forme (le manque de "respect") que pour une raison de fond (sa politique répressive contre la délinquance). Le jeu médiatique, qu'ils jugent focalisé sur l'opposition entre "Ségolène" et "Nicolas", les irrite également. "On a l'impression qu'il n'y a que deux candidats", s'indigne Franck Ngako, 18 ans, étudiant en IUT, originaire de Seine-et-Marne. Soudainement saisi d'un doute, il regarde son camarade : "Il y en a d'autres, hein ? Je sais plus leurs noms, mais je crois qu'il y en a d'autres." La personnalisation de la campagne agace. "On dirait presque qu'il faut choisir entre des "people" ou des stars", s'indigne Nassabia Petit, en regrettant que la politique apparaisse, du même coup, moins sérieuse. La confiance dans les débats médiatiques, pour se forger une opinion, apparaît très relative. L'expérience des émeutes d'octobre et novembre 2005 a traumatisé la plupart de ces "jeunes de banlieue", choqués par les "amalgames" et les images négatives qui ont circulé sur leurs quartiers, leurs départements, voire leur génération. Aussi privilégient-ils volontiers des sources d'information plus informelles, donc moins suspectes. "Cela risque d'être comme en 1995 où les "Guignols" avaient rendu Chirac sympa aux yeux des jeunes", note Aleksandra Krason, 20 ans, en licence professionnelle de communication graphique. Une façon de suggérer qu'il faudra, à nouveau, surveiller l'émission culte de Canal+ pour deviner qui en sortira "sympa". Et donc favori. § Le temps d'un aller-retour à Ris-Orangis (Essonne), dans la banlieue sud de Paris, Ségolène Royal est allée, lundi 11 décembre, encourager les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. § L e temps d'un aller-retour à Ris-Orangis (Essonne), dans la banlieue sud de Paris, Ségolène Royal est allée, lundi 11 décembre, encourager les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. A son arrivée à la mairie, dirigée par le socialiste Thierry Mandon, un proche d'Arnaud Montebourg, il y avait bien plus de journalistes que de jeunes pour entendre la candidate PS à la présidentielle vanter son "désir de faire reculer l'indifférence ou "l'aquabonisme"". Qu'importe. Entourée du chanteur Cali, parrain de la campagne d'inscription, et de Jack Lang, Mme Royal a estimé que "l'actualité tombait à pic avec la disparition du sinistre Pinochet" pour rappeler que "des millions d'hommes et de femmes continuaient à mourir" pour le droit de vote. "Je dis aux jeunes : "Saisissez-vous de ce droit. On a besoin de vous pour être bousculé". Si les jeunes viennent massivement s'inscrire, ce sera une exigence supplémentaire par rapport au projet présidentiel", a-t-elle lancé, tandis que son fils Thomas distribuait des autocollants avec ces slogans : "Impose-toi dans le débat" et "Demain ne se fera pas sans toi". Après avoir rappelé que "12 % des électeurs ne sont pas inscrits", Jack Lang, promu récemment conseiller spécial de la candidate, a de son côté incité les jeunes "à écrire une nouvelle page avec Ségolène". "Inscrivez-vous avant le 31 décembre, ne ratez pas cette date !", s'est exclamé l'ancien ministre. "S'inscrire est très facile et l'enjeu est terriblement excitant cette fois, a enchéri Cali, qui fait partie, depuis peu, des nouveaux adhérents du PS. Le pays peut basculer vers un côté plein d'espoir, ou sombre, c'est un beau combat." L'opération de communication a été rondement menée, en quarante minutes, puis Mme Royal est partie, non sans avoir lancé un dernier appel : "Qu'on cesse de désigner les jeunes comme les principaux auteurs des violences ! Je demande aux jeunes de m'aider à construire cette République nouvelle dans laquelle ils auront toute leur place. A vos bulletins de vote !" § Le directeur de cabinet de Ségolène Royal a du métier. Ce conseiller d'Etat, au PS depuis 1980, a servi dans plusieurs ministères et à Matignon. § I l est un homme de coulisses, comme son père. Antoine Chantepy a passé sa vie caché des regards, à manier des marionnettes - "à gaine, pas à fils" - dans les préaux d'école. Son fils vit à l'ombre des politiques, dans le monde clos des cabinets ministériels qu'il n'aime pas quitter pour s'exposer. Promu tout récemment directeur de cabinet pour la campagne présidentielle de Ségolène Royal, il force sa nature. "Mon père inventait les histoires, il fabriquait lui-même les marionnettes dans la cuisine le soir, porte fermée. Il nous montrait progressivement les personnages et puis on avait droit à une avant-première, raconte Christophe Chantepy. On dirait aujourd'hui qu'il était intermittent du spectacle." PARCOURS 1959 Naissance à Saint-Chamond (Loire). 1993 Entre au Conseil d'Etat. 1997 Directeur de cabinet de Mme Royal, ministre déléguée à l'enseignement scolaire. 2000 Directeur de cabinet de M. Sapin, ministre chargé de la fonction publique. 2005 Président de l'association et du site Internet Désirs d'avenir. 2006 Directeur de cabinet pour la campagne présidentielle de Ségolène Royal. Lui est un intermittent du pouvoir. Un commis d'Etat au service de la gauche puisque ses parents étaient de gauche. Le père, marionnettiste, participait à des meetings du PSU parce qu'il admirait Michel Rocard. Chantepy fils, 47 ans, a choisi Royal. Le 16 novembre, jour de la désignation de la candidate par les militants du PS, il envoie ce message par courrier électronique à un ami : "J'ai passé quarante-huit heures dans le rien." Pendant un an, Christophe Chantepy a mené une double vie : conseiller d'Etat le jour, président de l'association de campagne Désirs d'avenir de Ségolène Royal le reste du temps. Quatre semaines avant le vote des adhérents, il présentait un rapport sur le projet de loi concernant le financement de la Sécurité sociale au Conseil d'Etat, où il est entré en 1993, sans rien lâcher de son travail militant pour la candidate. "Il était à ramasser à la pince à sucre", sourit un proche, Philippe Boucher, également conseiller d'Etat et ancien journaliste au Monde. Amoureux de Berlin, ce germanophone n'a pas encore trouvé le temps de mettre les pieds dans l'appartement qu'il vient d'y acquérir. Le technocrate un peu passe-muraille a dû également délaisser une autre de ses passions, l'art moderne, qui égaie son domicile parisien, table de Le Corbusier en verre dans le salon et encre de Chine de Thomas Salet au mur - "Je ne suis pas très commode Louis XV". Sa vie est austère depuis ce jour de novembre 2005 où Sophie Bouchet-Petersen, conseillère spéciale de Ségolène Royal, le convie à déjeuner. La veille, il reçoit un coup de fil de la présidente de Poitou-Charentes : "Ecoute bien ce que Sophie va te dire..." Un mois plus tard, il dépose les statuts de Désirs d'avenir qui deviendra, sous son impulsion, une véritable PME. En février, au démarrage, il recrute une petite équipe de bénévoles, quarante personnes, puis cent cinquante, et confie à un ami, Jean-Pierre Legendre, directeur de cabinet du socialiste Michel Sapin, président du conseil régional du Centre, la mission de créer un réseau de comités locaux. Dans l'univers des "royalistes", Christophe Chantepy n'est pas un inconnu. Entre 1997 et 2000, il a dirigé le cabinet de Ségolène Royal, alors ministre déléguée à l'enseignement scolaire. La confiance s'est nouée là, à l'ombre de la tutelle colérique du ministre de l'éducation nationale, Claude Allègre. "C'est devenu compliqué lorsque les courbes de popularité se sont croisées, soupire Christophe Chantepy. Mais Ségolène Royal y a rodé sa méthode "Je trace ma route"." Les ministres s'accrochent. Il reste zen. "Allègre l'aimait bien. J'ai le souvenir qu'il voulait même le prendre à Ségolène", s'amuse François Hollande. Finalement, ce sera Michel Sapin, nommé ministre de la fonction publique en 2000, qui en fera son directeur de cabinet, alors que Ségolène Royal change de ministère pour s'occuper de la famille. "Il y a eu un tout petit moment de froid entre Ségolène et moi à ce moment-là. J'ai reçu un petit mot aigre-doux de sa part", se souvient Michel Sapin. Dans le cénacle fermé des ministres, on loue sa capacité à animer une équipe et à ne pas se faire passer pour le calife à la place du calife. La compagne de François Hollande a la réputation de ne pas être une patronne commode ? Chantepy hausse des épaules : "Si cela signifie être exigeant, elle l'est." Il ne confesse aucun désaccord de fond, mais quelquefois de méthode. "Ce qui me séduit le plus chez elle, dit-il, c'est sa liberté. La contre-partie, c'est que ce n'est pas toujours facile à suivre derrière." "Il prend soin de tout le monde et il est rassurant", dit Ségolène Royal. "Il est étranger au conformisme des grands corps d'Etat : il en a les qualités mais pas les défauts, témoigne Sophie Bouchet-Petersen. Il n'a pas peur du talent des autres, et il n'humilie personne." Il connaît sur le bout des doigts les rouages de l'administration. Chantepy a du métier : il a été conseiller technique de Michel Charasse, ministre délégué au budget, d'Edith Cresson, puis de Pierre Bérégovoy à Matignon. Comme l'ancien premier ministre, il est, lui aussi, un pur produit de l'école républicaine. D'origine modeste, Christophe Chantepy, aîné de quatre enfants, a gravi un à un les échelons jusqu'à franchir la porte des grandes écoles : Centrale Paris, Sciences Po, puis l'ENA, promotion Diderot. Il effectue ensuite un stage au service société du Monde, où il sait se faire apprécier. On le surnomme "Chantepaille". Quand il rentre au PS, en 1980, "c'est pour coller des affiches pour Mitterrand". Avant d'être "royaliste", Christophe Chantepy a d'abord été fabiusien, "séduit" par le jeune premier ministre "qui affichait des idées plus modernes que la moyenne sans renier ses idées de gauche". Homosexuel assumé sans ostentation, il milite dans le groupe GPL (Gays pour la liberté), proche de Fabius. "Lors des manifs pour équiper les premiers appartements thérapeutiques, il nous avait apporté son patronage et son soutien. Sa rapidité de réaction sur le sida m'a particulièrement touché, et j'insiste sur le mot rapidité", souligne Christophe Chantepy, qui estime injustes les accusations portées contre Laurent Fabius dans l'affaire sur le sang contaminé. Sa rupture avec l'ancien premier ministre se produit en 2000, lorsque Laurent Fabius prend les commandes de Bercy : "Je n'ai pas compris sa politique fiscale, elle m'est restée en travers de la gorge." A partir de 2002, et jusque récemment, il devient alors l'un des visiteurs du lundi de François Hollande. Membre de la petite garde des conseillers, il prend le chemin toutes les semaines du siège du PS, pour travailler avec le premier secrétaire, qui apprécie ce "garçon pas sectaire". Cette période s'est achevée avec l'entrée en campagne de Ségolène Royal. En janvier 2007, Christophe Chantepy compte quitter le Conseil d'Etat pour se consacrer pleinement à sa fonction : auxiliaire précieux sur la route de l'Elysée. § Difficile d'échapper à cette affiche. Le visage d'Arlette Laguiller rajeuni se détache sur un fond blanc. § D ifficile d'échapper à cette affiche. Le visage d'Arlette Laguiller rajeuni se détache sur un fond blanc. Pas de signature de campagne pour cette marathonienne de l'élection présidentielle, qui s'apprête à être candidate pour la sixième fois, ni de référence à son parti, Lutte ouvrière (LO). Juste une interpellation : "Arlette Laguiller, qui d'autre peut se dire sincèrement dans le camp des travailleurs". "Avec 15 000 panneaux d'affichage répartis dans les grandes agglomérations, mais aussi les petites villes et même la campagne, ce dispositif est comparable à celui d'un gros annonceur, un acteur de la grande distribution par exemple", explique Philippe Jay, chargé du développement et de l'institutionnel chez Clear Channel, l'afficheur qui a signé le contrat avec le parti d'extrême gauche. Cette offensive de communication se déroule à un moment charnière. Elle a débuté mercredi 6 décembre, à quelques jours du 31 décembre, date à laquelle les partis ne seront plus autorisés à faire de l'affichage politique sur les réseaux commerciaux. Cette campagne frappe d'autant plus les esprits qu'elle fait figure d'exception dans le paysage de la communication politique. LO précise que ce n'est pas un coup d'essai. En 1995 et 2002, Arlette Laguiller avait eu droit à ce type de promotion. Cette fois, l'enjeu est d'autant plus important que l'engouement médiatique n'est pas au rendez-vous. Il semble loin le temps où Alain Souchon mettait en musique le nom d'Arlette. "Les médias n'ont d'yeux que pour les deux grands candidats. Il faut essayer de s'adresser autrement à notre électorat", précise Georges Kaldy, membre de la direction de LO. S'il ne chiffre pas le coût de cette campagne, il l'estime "à un tiers du budget global de la présidentielle" et assure qu'elle est financée par le remboursement de la précédente campagne où Arlette Laguiller avait dépassé le seuil des 5 %. § Le ministre de l'intérieur et candidat déclaré à la présidentielle a présenté l'immigration comme un des thèmes majeurs de sa campagne présidentielle. § N icolas Sarkozy a présenté l'immigration comme l'un des thèmes majeurs de sa campagne pour l'élection présidentielle. Pour le probable candidat de l'UMP, qui s'exprimait lundi lors d'une conférence de presse, "jamais le fossé n'a été aussi profond", dans l'approche de ce sujet, entre "les élites et la sensibilité dominante dans la population française". Il s'est dit "sidéré par la force des tabous qui dominent" à ce propos. Les propositions du Parti socialiste en matière d'immigration Dans le projet adopté par le Parti socialiste, une sous-partie est consacrée à l'immigration. A côté des idées de codéveloppement avec les pays d'origine et de lutte contre l'immigration illégale, voici les principaux points abordés : - "Nous reviendrons sur les dispositions des lois Sarkozy qui ont précarisé la situation des immigrés installés depuis longtemps dans notre pays. Nous restaurerons la possibilité de régularisation après dix ans de résidence. Nous respecterons le droit au regroupement familial pour protéger les enfants scolarisés, nés en France, ou y vivant depuis longtemps." (Dans son projet législatif de 2007, l'UMP dit vouloir "renforcer les conditions de revenu et de logement pour le regroupement familial, afin que vivre en France soit un projet fondé sur le travail, pas sur le bénéfice de prestations sociales). - "Nous bâtirons un projet migratoire individuel pour une insertion réussie. Ce contrat permettra l'accompagnement personnalisé de l'étranger au moment de son arrivée sur le territoire français, avec la création d'un guichet unique d'accueil et d'insertion." - "Nous rendrons plus simple et plus solennelle l'accession à la nationalité française : une journée du citoyen rassemblera chaque année dans chaque mairie les Français lorsqu'ils atteignent l'âge de la majorité ou quand ils sont naturalisés. A cette occasion, les principes fondamentaux de la République seront rappelés." Le ministre de l'intérieur a défendu son bilan en la matière et notamment sa loi du 24 juillet 2006 sur l'immigration choisie, dont l'objectif est de faire passer l'immigration de travail de 7 à 50 % de l'immigration régulière. "Beaucoup reste à faire pour aller plus loin", a-t-il pourtant reconnu, avant de lancer "quelques pistes pour l'avenir" : Ministre de l'immigration. Le candidat à la candidature de l'UMP souhaite "la nomination d'un ministre chargé de l'immigration, qui sera à la tête de toutes les administrations responsables de ce dossier". A sa charge notamment : "la maîtrise de l'immigration familiale, la lutte contre les abus et la fraude et l'assouplissement des conditions de l'immigration dont notre économie a besoin". Traité international sur les migrations. Rappelant la nécessité de "bâtir une grande politique de codéveloppement", il juge "urgent d'ouvrir le grand chantier d'un traité sur les migrations internationales". L'application de ce traité, stipulant "des droits et des devoirs pour les Etats et les migrants", incomberait à "une agence internationale". Aide au retour. Il préconise également de "généraliser la politique d'aide aux microprojets en faveur des migrants de retour dans leur pays". Le nombre de ces migrants a doublé en 2006, pour s'élever à 2 000 personnes. § Face au soutien de Jean-Pierre Chevènement à Ségolène Royal, les amis du ministre de l'intérieur brandissent celui apporté, il y a une semaine, par Christine Boutin à Nicolas Sarkozy. § N icolas Sarkozy, combien de ralliements ? Face au soutien de Jean-Pierre Chevènement à Ségolène Royal, les amis du ministre de l'intérieur brandissent celui apporté, il y a une semaine, par Christine Boutin à Nicolas Sarkozy. Certes, les deux ne pèsent pas du même poids. La présidente du Forum des républicains sociaux avait obtenu 1,2 % des voix contre 5,3 % au président du MRC au premier tour de la présidentielle de 2002. M. Sarkozy affirme qu'il fédérera "mieux son camp" que sa rivale socialiste, selon lui "incapable de représenter toute la gauche". Autre raison de croire à la "magie du rassemblement" pour le ministre de l'intérieur : les affirmations réitérées de Dominique de Villepin selon lesquelles "l'UMP aura un seul candidat en 2007". Même s'ils se méfient des arrière-pensées du premier ministre, les sarkozystes veulent croire que toute menace de candidature sauvage est à présent écartée. Ils estiment que le rapport de force en leur faveur au sein du parti leur vaudra le ralliement des chiraquiens les plus en vue, tel Alain Juppé. Président du club souverainiste Debout la République, en partie financé par l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan affirme qu'il partira à l'aventure présidentielle sous ses propres couleurs. Pour l'heure, les dirigeants de l'UMP refusent de "victimiser" le député (UMP) de l'Essonne, comptant moins sur les pressions qu'ils pourraient exercer à son encontre que sur ses difficultés à obtenir les 500 parrainages pour le ramener à la raison. "A l'heure actuelle, on ne peut rien négocier avec lui, ironise un ancien ministre. Tout se passe entre lui et la France." Les difficultés rencontrées par Philippe de Villiers, qui stagne dans les sondages, sont aussi de bon augure aux yeux de M. Sarkozy. Reste le cas de François Bayrou. Le candidat de l'UDF, que M. Sarkozy feint d'ignorer pour ne pas lui donner de l'importance, se réserve la possibilité de négocier avec les deux camps au soir du premier tour. A l'UMP, on estime que les électeurs naturels du Béarnais retourneront à droite ; quant à la ferveur nouvelle dont M. Bayrou est l'objet, elle est le fait, dit-on, de sympathisants des gauches qui, in fine, se reporteront sur Mme Royal. § En arrivant, bras dessus, bras dessous avec Nicolas Sarkozy, la veille, dans une salle aux trois quarts vide du CNIT de La Défense (Hauts-de-Seine), la ministre de la défense a indiqué que la confrontation serait consensuelle. Personne n'imaginait qu'elle serait ennuyeuse. § L es deux prochains forums régionaux de l'UMP ne devraient pas ressembler à celui qui s'est tenu, samedi 9 décembre. "On peut tout faire", indique l'entourage de Jean-Pierre Raffarin, chargé de leur organisation, après que Michèle Alliot-Marie s'est plainte, dimanche 10 décembre sur Canal+, que les règles du débat n'aient "pas été respectées" et de l'absence d'"équité" entre les participants. "Si les débats ne devaient pas apporter quelque chose, je ne vois pas pourquoi j'y participerai", a-t-elle menacé. Des tractations sont prévues avant les réunions du 15 à Lyon et du 21 à Bordeaux. Le projet UMP : 47,3 milliards d'euros, selon debat2007.fr Le site de chiffrage de l'Institut de l'entreprise (IDEP), debat2007.fr, a évalué le projet législatif de l'UMP. Il en estime le coût brut à 47,3 milliards d'euros, soit 17,3 milliards de plus que les 30 milliards annoncés par le mouvement présidé par Nicolas Sarkozy. Le coût brut du projet PS avait, lui, été chiffré à 57,22 milliards d'euros. Toutefois, selon qu'elles sont imputées au PS ou à l'UMP, certaines propositions sont mesurées différemment : pour le service civique de six mois, debat2007.fr retient une hypothèse basse à 500 millions d'euros pour la proposition de la droite et une hypothèse haute à 3,1 milliards d'euros pour celle du PS. En arrivant, bras dessus, bras dessous avec Nicolas Sarkozy, la veille, dans une salle aux trois quarts vide du CNIT de La Défense (Hauts-de-Seine), la ministre de la défense a indiqué que la confrontation serait consensuelle. Personne n'imaginait qu'elle serait ennuyeuse. Le dispositif scénique n'avantage pas Mme Alliot-Marie : elle voulait apparaître à côté du président de l'UMP ; la voilà coincée entre M. Méhaignerie et M. Accoyer. "J'aurais pu dire je m'en vais, mais ce n'est pas mon genre", a-t-elle confié le lendemain. Se coulant dans le sarkozysme ambiant, Mme Alliot-Marie a créé la surprise par son absence de différences affichées avec son rival. Devant un millier de militants, deux ministres (Brice Hortefeux et Xavier Bertrand) et des personnalités de l'UMP aspirant à le devenir, elle s'en est tenue aux généralités au nom de "l'humain". Seule proposition concrète : les enfants compteront une part entière dans le calcul des impôts dès le deuxième, immédiatement reprise par M. Sarkozy. "Les sujets économiques ne sont pas ceux sur lesquels ils ont le plus de différence", expliquait son entourage. "Nous sommes d'accord sur l'essentiel", a souligné, ravi, le président de l'UMP. M. Sarkozy a déroulé son programme, promettant de s'occuper "personnellement" du service minimum dans les transports avec une loi "dès le mois de juillet" 2007. En cas de grève dans une entreprise, il a plaidé pour un vote à bulletin secret "au bout de huit jours" afin que cesse "la dictature des minorités violentes". Il s'est réservé les critiques contre la candidate socialiste à propos de sa rencontre au Liban avec un député du Hezbollah : "Le fait d'être un élu ne suffit pas pour discuter. Hitler avait été élu, ça n'en fait pas un interlocuteur respectable et responsable." Amalgame dénoncé par le PS qui y voit une banalisation de la Shoah. M. Sarkozy a expliqué dimanche sur TV5 : "Michèle Alliot-Marie est une femme d'une grande qualité qui a toute sa place dans notre famille politique et dont j'ai besoin." Selon un conseiller, "cet exercice à risque" lui "a permis d'apparaître comme ouvert au dialogue voire souriant". Les proches de "MAM" déplorent que les interventions de leur championne aient été diluées dans le temps de parole des députés et les questions d'internautes : "Sarkozy prenait la parole quand il voulait. Michèle attendait qu'on la lui donne." De nouvelles règles sont-elles à prévoir ? "On s'en fout, explique un ministre. La vedette à Lyon se sera Villepin s'il vient. Et à Bordeaux, ce sera Juppé !" Une manière de dire que l'heure de "MAM" et de sa candidature virtuelle est désormais passée. § Après Christiane Taubira (PRG), Jean-Pierre Chevènement (MRC) renonce à se présenter en 2007. § R etour à la gauche de 1995, lorsque les petits partis amis s'étaient rangés derrière Lionel Jospin pour l'élection présidentielle. Après le Parti radical de gauche (PRG) en octobre, le Mouvement des républicains et citoyens (MRC) a conclu samedi 9 décembre un accord avec le PS. Petit à petit, François Hollande, qui a scellé les négociations à 22 h 30 avec Jean-Pierre Chevènement, est parvenu à éliminer deux candidatures qui avaient handicapé le champion socialiste le 21 avril 2002. "Ce qui n'avait pas été possible le devient, se réjouit le premier secrétaire du PS. Ça permet de partir avec un socle plus solide." CHIFFRES QUATRE CANDIDATS à gauche se sont déclarés pour la présidentielle de 2007 : Ségolène Royal pour le PS allié au PRG et au MRC, Dominique Voynet pour les Verts, Olivier Besancenot pour la Ligue communiste révolutionnaire, Arlette Laguiller au nom de Lutte ouvrière. Marie-George Buffet (PCF) est sur les rangs pour la gauche antilibérale. DIX CIRCONSCRIPTIONS pour le MRC : la 3e des Ardennes, la 9e des Bouches-du-Rhône (Sami Naïr), la 1ère de la Drôme (Catherine Coutard), la 2e de l'Indre, la 12e du Nord, la 3e de Seine-et-Marne (Daniel Guerin), la 1ère du Var (Odette Casanova), la 2e du Territoire de Belfort (Jean-Pierre Chevènement), la 10e du Val-de-Marne (Jean-Luc Laurent) et la 2e de la Creuse (Georges Sarre). Après avoir écarté le risque d'une candidature PRG de Christiane Taubira, la députée de Guyane qui avait obtenu 2,3 % des voix au premier tour de l'élection en 2002, les socialistes voient s'éloigner la concurrence de Jean-Pierre Chevènement (5,3 %). Au bout d'un mois de campagne, ce dernier a préféré renoncer. En échange, il obtient dix circonscriptions pour les législatives, et six suppléants, sur la base d'un accord politique : réorientation de la construction européenne, réforme de sa Banque centrale, et "lutte contre l'euro cher" ; primauté de la République, "taxe antidumping" contre les délocalisations... Le PS a fait ce qu'il fallait pour amadouer les chevénementistes. "Rien ne me forçait à me retirer, je le fais en pleine conscience pour ouvrir la voie à une dynamique dès le premier tour", a assuré le président d'honneur du MRC. Sans tarder, M. Chevènement a fait avaliser l'accord par son mouvement réuni dimanche dans le 11e arrondissement de Paris. Ignorant tout du changement d'ordre du jour, ses partisans, convoqués pour animer la campagne de leur chef de file ont dû s'adapter et changer de braquet en accueillant... Ségolène Royal. La décision de soutenir la candidate socialiste a été approuvée par 84 % des délégués. Seule, une petite minorité s'estimait "flouée" de rallier une responsable du PS qui a fait campagne pour le oui à la Constitution européenne. Les retrouvailles avec celui qui a été l'un des fondateurs du PS en 1971, ministre en même temps que Mme Royal dans le gouvernement Jospin, ont été malgré tout chaleureuses. "C'est un moment historique important pour la gauche", a souligné Mme Royal tout en rappelant ses affinités sur le fond, la sécurité, "l'ordre juste", la valeur travail, l'éducation, avec M. Chevènement : "Nous étions en phase et nous n'avons jamais cessé de l'être." La contrepartie est jugée assez lourde par les socialistes contraints de se désister pour laisser de la place aux législatives. Surtout après les 35 circonscriptions cédées au PRG et les 25 déjà gelées pour les Verts... "C'est le prix à payer pour gagner la présidentielle, estime M. Hollande. Il vaut mieux ça que d'être intransigeant et risquer de tout perdre". Pour Bruno Le Roux, secrétaire national chargé des élections au PS, sur les 10 circonscriptions visées, seules 5 ou 6 sont gagnables en cas de victoire de la gauche. "Soit moins de 2 % des députés" sur une vague rose qui pourrait en compter 300. Le bureau national du PS devra avaliser cet accord mardi 12 décembre. De son côté, le MRC a fini par renoncer à réclamer pour son président, Georges Sarre, maire du 11e arrondissement de Paris, la 6e circonscription qu'il avait perdue en 2002 au profit d'une socialiste. Il sera candidat dans la Creuse, où on lui a redécouvert des racines familiales. C'est le dernier noeud que M. Chevènement, candidat à Belfort, et M. Hollande ont fini par dénouer samedi soir. Les deux parties assurent qu'aucune promesse n'a été faite quant à la composition d'un futur gouvernement de gauche. Il reste que pour apaiser ses partisans, M. Chevènement a maintenu une "soixantaine" de candidats étiquetés MRC pour les législatives, ce qui lui permet de garder un financement public. "Ils seront présents en bonne intelligence", promet le maire MRC du Kremlin-Bicêtre, Jean-Luc Laurent. Le PS ne veut négliger aucune piste pour rassembler la gauche. M. Hollande "ne désespère pas" de trouver un terrain d'entente avec de toutes petites formations, comme Régions et peuples solidaires, ou l'Union démocratique bretonne (UDB). Il attend que les Verts se dotent d'une direction, le 16 et 17 décembre, pour reprendre les discussions aujourd'hui en panne. Cette fois, pas de retrait de candidat exigé, mais un accord de gouvernement doit être trouvé. Sur la table, les socialistes ont déposé 25 propositions de circonscriptions. Les Verts en demandent le double. § L'intégralité du débat avec Nicolas Dupont-Aignan, député UMP, candidat à l'élection présidentielle, lundi 11 décembre 2006 § T homas : Quand vous voyez tous les candidats de la gauche (Taubira, Chevènement) se ranger derrière la candidate offcielle, n'est-ce pas du bon sens ? Si Jean-Marie Le Pen arrive au second tour face à Royal, vous sentirez-vous coupable ? Nicolas Dupont-Aignan : Autant supprimer, avec votre raisonnement, le premier tour de scrutin. J'ajoute que si par l'absurde vous supprimez tous les candidats autres que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, vous découvrirez que Jean-Marie Le Pen peut aussi exactement de la même façon être au second tour. Je dirai même plus : si nous assistions à un simple duo Royal-Sarkozy, il y a de fortes chances que Jean-Marie Le Pen finisse premier de la compétition au premier tour. Quand comprendra-t-on qu'il faut traiter enfin à la racine les problèmes des Français plutôt que de casser le thermomètre ? Ma candidature peut au contraire permettre à de nombreux Français qui ne supportent pas ce duel factice de ne pas sombrer dans les extrémismes. Koen_Amsterdam : Le gaullisme offre quelle réponse aux défis auquels la France fait face actuellement (chômage, dette, insécurité, etc.) ? Nicolas Dupont-Aignan : Le gaullisme, c'est avant tout le respect du peuple, le volontarisme politique et l'idée fondamentale selon laquelle les Français ne pourront s'en sortir qu'en comptant sur leurs propres forces. Ce n'est pas une recette toute faite, mais une démarche malheureusement totalement oubliée de notre classe politique. Dans mon livre Français, reprenez le pouvoir, aux éditions Archipel, je propose 101 mesures concrètes capables justement de redresser le pays. Par exemple, pour lutter contre le chômage et les délocalisations, je propose la TVA sociale (réduction des cotisations sociales comme au Danemark et augmentation de la TVA qui touche les produits importés) ; la réforme de l'euro (changement des statuts de la Banque centrale européenne pour limiter son indépendance), la suppression de l'ISF pour les capitaux qui s'investissent dans la recherche, la relance de la participation des salariés dans le capital des entreprises pour limiter les OPA. Bob : Cette TVA sociale ne risque-t-elle pas d'être sanctionnée par la CJCE (Cour de justice des Communautés européennes) comme étant une mesure protectionniste ? Nicolas Dupont-Aignan : Cette TVA sociale existe au Danemark, et Mme Merkel y a aussi recours. Mais soyons francs, pour s'en sortir, il faut bien évidemment revoir de fond en comble les règles de Bruxelles. L'Europe d'aujourd'hui est en train d'étouffer nos économies et de tuer notre modèle social. Je propose une autre Europe, celle des nations, des projets et des coopérations à la carte. Ségolène Royal, comme Nicolas Sarkozy, échoueront s'ils sont élus, car ils ne veulent pas remettre en cause l'organisation européenne oligarchique de la Commission, de la Banque centrale et de la Cour de justice, qui est en train de fâcher les Européens avec la belle idée européenne. Mathieu : Mais cela va favoriser la baisse du pouvoir d'achat s'il n'y a pas une augmentation de salaire avec cette augmentation de taxe ? Nicolas Dupont-Aignan : Non, pour la simple raison que les entreprises, ayant moins de cotisations sociales, baisseront le prix de leurs produits. Seuls les produits importés augmenteront, comme cela s'est passé au Danemark, ce qui a favorisé la production et l'emploi sur le territoire national. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à préconiser la TVA sociale. Depuis dix ans, quantité de rapports, du Sénat et de l'Assemblée nationale, essaient de faire comprendre à nos dirigeants qu'il est complètement absurde, dans une économie ouverte, de taxer l'emploi situé sur notre territoire et de favoriser fiscalement les importations en provenance de pays qui ont déjà des salaires nettement inférieurs. Il faut aussi rétablir, bien évidemment, la préférence communautaire pour éviter le dumping social, environnemental et monétaire d'un pays comme la Chine. Arthur : N'est-ce pas les multiples réformes ("Sécu", retraites, casse des 35 heures) qui tuent notre modèle social plus que l'Europe ? Nicolas Dupont-Aignan : Je n'ai jamais dit que la manière dont a été construite l'Europe était la seule cause de nos difficultés. Nous devons aussi balayer devant notre porte et améliorer l'efficacité de l'Etat comme de la Sécurité sociale. Mais on ne peut pas réformer quand la croissance est proche de zéro. On ne peut pas non plus en permanence réduire les acquis sociaux de l'après-guerre. Ne comptez pas sur moi pour demander aux Français de vivre comme les Chinois. L'objectif collectif devrait être plutôt d'élever le niveau de vie des Chinois et des Indiens, c'est-à-dire de passer de la mondialisation "clochardisation" qu'on nous prépare à une mondialisation qui élève le niveau de vie global. C'est pourquoi rien ne pourra se faire sans un changement du fonctionnement de l'OMC, sans une reprise en main politique des institutions européennes, sans un nouvel ordre environnemental pour éviter la destruction de la planète. Cela n'empêche pas pour autant d'inciter les Français à travailler davantage, mais je crois que nous n'aurons l'effort de tous que si nos concitoyens comprennent le cap fixé. Sur les 35 heures, le gouvernement a déjà assoupli la loi Aubry. Nous pouvons encore faire un peu plus, notamment pour permettre à ceux qui le veulent de travailler davantage. En revanche, ne faisons pas croire aux Français que la seule réforme des 35 heures permettra de lutter contre le chômage. Il faut veiller à relancer la demande si l'on veut que les entreprises offrent du travail, 35 heures ou non. Je suis par ailleurs hostile à la proposition de Nicolas Sarkozy et de l'UMP de supprimer toutes charges sociales sur les heures supplémentaires, car cela aboutirait, en cas de commandes supplémentaires, à faire faire des heures supplémentaires à ceux qui ont déjà un emploi, au lieu de recruter ceux qui sont au chômage. Il est bien préférable, comme je le propose, de supprimer les charges sociales pour les toutes petites entreprises qui recruteraient un salarié de plus. Sur les retraites, la même démagogie règne, en faisant croire qu'il suffit de réformer les régimes de retraite pour garantir les pensions. En vérité, cela ne sert à rien de demander aux gens de travailler plus, entre 60 et 65 ans, s'ils sont presque tous licenciés à 52 ans... § "Qu'il y ait des débats pour la présidentielle, c'est une chose, que le chef du gouvernement soit les deux mains dans l'huile pour faire mieux marcher le moteur, ça me paraît normal", a expliqué le premier ministre sur France Inter, lundi matin. § L e premier ministre, Dominique de Villepin, a laissé entendre, lundi 11 décembre, qu'il ne participerait pas aux deux derniers forums de l'UMP prévus les 15 et 21 décembre, arguant que "ce n'est pas (sa) place". "On ne peut pas toujours avoir des débats pour l'avenir, il faut avoir des débats pour aujourd'hui, et moi, c'est ma responsabilité", a dit le chef du gouvernement sur France Inter. "Qu'il y ait des débats pour la présidentielle, c'est une chose, que le chef du gouvernement soit les deux mains dans l'huile pour faire mieux marcher le moteur, ça me paraît normal", a-t-il plaidé. Le premier ministre promet des "mesures concrètes" sur l'emploi La conférence sur l'emploi de jeudi, qui réunira gouvernement, patronat et syndicats, doit être "un temps fort du diagnostic" mais aussi "un temps de décision", a déclaré le premier ministre sur France-Inter. "Je ferai des propositions pour déboucher sur des mesures concrètes", a-t-il dit en citant plusieurs pistes sur lesquelles il entendait avancer : les femmes en temps partiel subi, "qui ont énormément de mal à accéder à la formation et à valider les acquis de l'expérience", et les jeunes "qui ne se voient proposer aucun stage". M. de Villepin, qui a précisé que le financement de ces mesures serait intégré dans le "collectif budgétaire", qui doit être définitivement adopté par le Parlement d'ici à Noël. - (Avec AFP) "J'aurai le loisir, tout au long de la campagne, d'apporter ma contribution. Je serai présent (...) mais aujourd'hui, là où je peux être le plus utile, c'est dans l'exercice de ma responsabilité de premier ministre", a insisté M. de Villepin, précisant avoir "l'intention d'apporter des réponses très concrètes aux Français avant Noël". "PERSONNE NE DÉTIENT LA BAGUETTE MAGIQUE" Invité à commenter les sondages qui placent les candidats Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal largement en tête dans la perspective de la présidentielle de 2007, M. de Villepin a estimé que cela n'avait "pas beaucoup de signification". "On ressasse, on peut toujours s'amuser avec des statistiques mais il vaut mieux parler des problèmes concrets des Français", a-t-il ajouté, refusant une nouvelle fois de répondre sur son éventuelle candidature à l'Elysée. Face à la menace d'un vote massif en faveur du Front national, le premier ministre a ironisé sur l'attitude de Nicolas Sarkozy, estimant que "personne ne détient la baguette magique". Revenant sur la polémique en France sur le niveau élevé de l'euro, M. de Villepin a appelé à "clarifier les rôles" concernant l'action de la Banque centrale européenne dans le domaine de la politique des changes. "C'est en récupérant des marges de manuvre et de souveraineté que les Etats pourront faire davantage", a-t-il poursuivi, jugeant qu'il fallait "mieux coordonner les travaux de l'Eurogroupe et la Banque centrale européenne". § Voilà maintenant un an que Nicolas Sarkozy cherche à ravauder le fil rompu le 25 octobre 2005 entre les jeunes de banlieue et lui. Ce jour-là, le ministre de l'intérieur se mettait la jeunesse des quartiers difficiles à dos en reprenant à son compte le mot de "racaille". § V oilà maintenant un an que Nicolas Sarkozy cherche à ravauder le fil rompu le 25 octobre 2005 entre les jeunes de banlieue et lui. Ce jour-là, le ministre de l'intérieur, visitant la "dalle" d'Argenteuil (Val-d'Oise), se mettait la jeunesse des quartiers difficiles à dos en reprenant à son compte le mot de "racaille" qu'avait lancé une habitante exaspérée. Au point que le ministre de l'intérieur n'a presque plus remis les pieds en banlieue depuis les violences de l'hiver 2005. Comment inverser la tendance ? Cette question hante les conseillers de M. Sarkozy qui savent que la présidentielle se jouera aussi sur la jeunesse qui, dans les sondages, accorde sa préférence à Ségolène Royal. Malvenu dans les "quartiers", le candidat de l'UMP a décidé de faire venir la banlieue jusqu'à lui, place Beauvau. Mercredi 13 décembre, il devait recevoir, toute la journée, un millier de jeunes issus des quartiers populaires pour assister et participer à une série de tables rondes autour des questions de l'identité et de l'égalité des chances, de l'éducation et de la formation, de l'emploi, du logement et de l'urbanisme, des médias et des femmes. Plusieurs personnalités devaient participer à ce raout : de l'acteur-réalisateur, Roschdy Zem, à l'écrivain Yasmina Benguigui, en passant par des grands patrons (La Poste, Vivendi, Gaz de France), des recteurs d'universités, des patrons de la télévision (Patrick de Carolis et Etienne Mougeotte). Co-organisé par le ministère et l'association d'Argenteuil, Bleu, blanc, rouge (BBR), elle se veut une réponse à ceux qui concluent à l'échec de la politique de M. Sarkozy en banlieue. UN "PROJET TRÈS CHALLENGING" Tout remonterait à ce fameux 25 octobre. Avant de quitter le Val-d'Oise, le ministre de l'intérieur s'entretient avec quelques jeunes de la cité et les invite à venir le rencontrer quelques jours plus tard à son ministère. "Donnez-nous les moyens de changer les choses", lui demandent-ils alors. "Organisez-vous en association", leur conseille M. Sarkozy. Un peu plus tard, l'association BBR animée par une petite dizaine de bénévoles - presque tous diplômés et bien intégrés professionnellement - est créée. "Nous nous occupons de tout, raconte un de ses responsables, Zacharia Joddar, diplômé de l'Essec et analyste financier. Du soutien scolaire à l'optimisation des CV." Parlant volontiers le franglais des affaires, M. Joddar explique : "A Beauvau, on a trouvé notre projet très challenging." Pendant un an, ces jeunes providentiels ont été activement soutenus par les collaborateurs de M. Sarkozy, Laurent Solly, son chef de cabinet, et Rachida Dati, chargée des questions d'intégration. "Nous avons eu tous les moyens du ministère, dit encore M. Joddar. Nous avons apporté le projet du forum et M. Sarkozy nous a ouvert son carnet d'adresses." Les animateurs de l'association admettent que "les gens restent méfiants" vis-à-vis de leur activité, de peur "d'être récupérés" par le ministre. M. Joddar veut les rassurer : "M. Sarkozy nous offre juste une tribune." § Arrivé devant le bureau de Ségolène Royal à l'Assemblée nationale, mardi 12 décembre, Nicolas Hulot a pris un petit air contrarié devant le nombre de journalistes qui l'attendaient au bas de l'immeuble. § A rrivé devant le bureau de Ségolène Royal à l'Assemblée nationale, mardi 12 décembre, Nicolas Hulot a pris un petit air contrarié devant le nombre de journalistes qui l'attendaient au bas de l'immeuble. "C'est une séance de travail qui avait vocation à se faire dans la discrétion. C'est un peu raté... Je suis surpris de vous voir...", a-t-il déclaré. A la sortie, après un entretien d'une heure avec la candidate socialiste à l'élection présidentielle, l'animateur de télévision ne s'est pas montré plus bavard : "Je repars avec un certain nombre de propositions et de points qui méritent d'être retravaillés." Mme Royal s'est engagée à signer le Pacte écologique que M. Hulot présente à tous les candidats et prochainement à Nicolas Sarkozy. Mais, se présentant seule devant la presse, elle a souhaité aller plus loin en apportant des "compléments". LES PROPOSITIONS DE MME ROYAL CRÉATION d'une "Communauté européenne des énergies et des énergies renouvelables" sur le modèle de l'ex-Communauté européenne du charbon et de l'acier. RÉFORME de la Politique agricole commune en faveur notamment de l'agriculture biologique. MISE EN PLACE d'une fiscalité incitative, avec une TVA à taux zéro pour les énergies renouvelables, et du principe pollueur-payeur. OBLIGATION pour tous les permis de construire, publics et privés, d'intégrer des normes environnementales (énergies renouvelables, éco-matériaux, etc). PLAN NATIONALde travail pour l'isolation des bâtiments anciens. PRÉPARER L'APRÈS-PÉTROLE et investir dans la recherche. Lancer des débats participatifs. DIVERGENCE "Je revendique la crédibilité en matière d'environnement", a souligné d'emblée la candidate en excipant de son expérience de ministre de l'environnement en 1992-1993 et des décisions prises dans sa région, "exemplaire", de Poitou-Charentes. "Pas hostile" à la création d'un poste de vice-premier ministre chargé du développement durable, qui figure en tête des priorités du pacte de M. Hulot, Mme Royal estime cependant qu'"il ne faut pas tomber dans la démagogie". "S'il y en a un pour l'environnement, alors il y aura un vice-premier ministre chargé de l'emploi et du social", a-t-elle affirmé. La création d'une taxe sur les émissions de dioxyde de carbone est apparue en revanche comme une source de divergence avec l'animateur. Sur ce point, Mme Royal prône plutôt une fiscalité incitative, "encourageante" et non "punitive". "Je ne suis pas d'accord pour augmenter systématiquement les impôts sur les énergies fossiles parce que les gens souvent n'ont pas le choix, a-t-elle expliqué. Je pense qu'au contraire on peut baisser les impôts, baisser par exemple la TVA sur toutes les énergies renouvelables, l'énergie solaire, les matériaux économes en énergie, les voitures propres, le transport collectif, les travaux d'isolation." La candidate socialiste, qui a déjà promis de faire de la France le pays de l'"excellence environnementale", a pris l'engagement nouveau, si elle était élue, d'imposer, pour tous les permis de construire, l'obligation d'intégrer des installations d'énergies renouvelables (énergie solaire, filière bois, eco-matériaux...). "Je le dis maintenant au secteur du BTP pour qu'il anticipe, a-t-elle souligné. Ce n'est pas possible qu'il n'y ait aucune entreprise de fabrication de panneaux solaires en France. Nous importons tout, y compris les éoliennes !" Autre promesse, celle de créer un plan national de grands travaux sur l'isolation des bâtiments anciens, source de "40 % d'énergie gaspillée". Ces deux chantiers permettraient, selon Mme Royal, de créer chacun 450 000 emplois. Au plan européen, après avoir redit son intention de réorienter la politique agricole commune, notamment en faveur de l'agriculture biologique, Mme Royal s'est prononcée pour la création d'une "communauté européenne des énergies et des énergies renouvelables", sur le modèle de l'ex-CECA consacrée au charbon. En avançant ces propositions, Mme Royal compte bien ne pas laisser ce terrain à la droite et à Jacques Chirac, qui a reçu la veille M. Hulot, et dont elle a fustigé la "contradiction choquante" entre les "beaux discours et la réalité". Les Verts ne sont pas mieux lotis : "Ils ne m'ont pas demandé mon avis sur l'environnement", a tranché Mme Royal. § L'animateur cherche toujours une manière de ne pas se présenter à la présidentielle. § P lus d'un mois après le lancement de son Pacte écologique, le 7 novembre, Nicolas Hulot est toujours en tournée pour essayer de faire accepter son programme aux principaux candidats à la présidentielle. Ségolène Royal l'a reçu, le 12 décembre, et il devrait rencontrer Nicolas Sarkozy avant la fin de la semaine. Le 12 décembre, il s'est par ailleurs rendu à l'Elysée pour participer au comité de pilotage d'une grande conférence internationale sur l'environnement prévue, en février, à Paris, aux côtés d'Hubert Védrine (PS) et d'Alain Juppé (UMP). Depuis que le Pacte écologique a été officialisé, plus de deux cent mille personnes l'ont signé, dont une vingtaine d'élus locaux et neuf candidats à la présidentielle. Mais ceux que Nicolas Hulot appelle les "grands candidats", et qui comptent le plus à ses yeux, traînent encore des pieds. Or l'échéance - début janvier - qu'il s'est fixée pour valider ou non l'hypothèse de sa candidature à la présidentielle, approche. Pour certains, Nicolas Hulot est en train d'être pris au "piège". Pour les plus pessimistes, c'est "l'impasse". Pour son entourage, c'est le signe qu'il a atteint un "carrefour". "Je suis plus déterminé que jamais", se défend-il. Face à un étau politique et médiatique chaque jour un peu plus pressant, l'animateur de TF1 n'a pourtant, officiellement, toujours pris aucune décision. M. Hulot a toujours dit qu'il "croisait les doigts pour ne pas y aller". "Il se demande souvent : Est-ce que ça vaut le coup ? Ils vont me faire la peau...", raconte le philosophe Dominique Bourg, l'un des ses amis les plus proches. "Nicolas ne veut pas perdre sa nouvelle stabilité familiale", explique de son côté Philippe Legorjus, un autre de ses très proches amis et ancien chef du GIGN. Tout le monde guette la décision de l'animateur. Même sa fondation, sur laquelle il s'est jusqu'à présent en grande partie appuyé pour mener sa campagne. "Nous aussi on l'attend !", remarque Cécile Ostria, la directrice. Depuis le lancement du Pacte écologique, la structure reçoit jusqu'à trois cents mails par jour de demandes diverses et variées. "Les gens imaginent que Nicolas va tout débloquer", explique-t-elle. Alors que le budget annuel d'environ 3,5 millions d'euros est en train de se boucler, les partenaires de la fondation - parmi lesquels L'Oréal et TF1 - attendent aussi avant de renouveler leur enveloppe financière. La première chaîne guette également la décision de l'animateur pour programmer ou non "Ushuaïa Nature" à l'antenne. Trois émissions du magazine, pour un budget de plusieurs millions d'euros, ont déjà été enregistrées et attendent d'être diffusées. Juridiquement, s'il se lance dans la campagne, M. Hulot ne pourra plus s'appuyer sur sa fondation. Début décembre, en toute discrétion, et pour rester crédible, il a donc dû lancer un comité de soutien, destiné à s'y substituer. Au cas où. C'est Gérard Feldzer, directeur du Musée de l'air et de l'espace, au Bourget (Seine-Saint-Denis) qui en a pris la tête. Cet ami de vingt ans a, en son temps, participé à la campagne présidentielle de Coluche. Il est chargé d'organiser la pression politique en lançant la recherche des cinq cents parrainages. Le 12 décembre, il avait recueilli un centaine de promesses. Mais comme pour la fondation, les hésitations de Nicolas Hulot compliquent sa démarche : "Les élus attendent sa décision pour se prononcer", regrette-t-il. "Et quand Coluche avait réuni cent dix promesses, au final, il n'avait obtenu que dix signatures", précise-t-il. Malgré une apparente improvisation, Nicolas Hulot a cependant parfaitement organisé son opération. Son projet, il le mûrit depuis la présidentielle de 2002. A l'époque, il avait été très déçu de l'absence de débat autour de la thématique environnementale. Dès le printemps 2005, l'animateur a donc mis en branle un groupe de travail, composé de proches et de membres de sa fondation. Et au bout de dix-huit mois, dès le mois de mai : les cinq propositions, les dix objectifs, le plan de communication et la date de lancement du Pacte, tout était prêt. Dès 2005, Nicolas Hulot a également organisé son "comité permanent". Cinq hommes, tous convaincus par "sa cause", chargés de l'aider dans son défi. Une sorte de "think-tank" où, chacun dans son domaine de prédilection, l'oriente, lui rédige des notes avant un discours, orchestre les emballements médiatiques et le "bluff" politique. A leurs côtés, selon eux, M. Hulot, à 51 ans, à réussi ce que personne n'avait réussi jusque-là : réunir l'ensemble de l'écologie politique derrière lui. Corinne Lepage, Dominique Voynet, France Gamerre ont tous signé le Pacte. Sur sa péniche, à Paris, Gérard Feldzer, reçoit des politiques de tous bords parmi lesquels Christian Blanc (apparenté UDF) ou Bernard Kouchner (PS). "C'est plutôt contre les politiques que se resserre actuellement l'étau", veut croire l'ancien journaliste Jean-Paul Besset. § A quatre mois du scrutin, des étudiants de l'université Paris-XIII se disent encore très indécis. Ils jugent peu crédibles les discours des prétendants, qui les courtisent avec assiduité. § A plus de 130 jours de l'élection présidentielle, les sondeurs font un drôle de métier. Les "jeunes de banlieue" - ces voix en puissance que les candidats ont entrepris de draguer avec assiduité - ont bien du mal à se prononcer sur leurs futurs choix. Dans la cafétéria de son université, à Bobigny, Sarah David, 25 ans, étudiante en sociologie, originaire d'une banlieue tranquille du Val-d'Oise, essaie déjà de se souvenir pour qui elle a voté en 2002, lors de la précédente élection. Un silence : "Au deuxième tour, c'était Chirac." Un nouveau silence. Puis elle fait la moue : "Pour le premier tour, c'était à gauche mais je sais plus pour qui. Quand je vote, je me décide au feeling, au dernier moment, en fonction de mon instinct, donc j'oublie." Son "instinct" est loin d'avoir encore parlé pour 2007. A quatre mois de la prochaine élection, elle écoute, elle s'informe, elle sourit en observant les trésors d'imagination des stratèges en communication des candidats : "Ils vont dans les cités, ils reçoivent des jeunes, c'est bien, bravo ! Ils veulent montrer que "le" jeune, ce type qui écoute de la musique et s'habille en survêtement, les intéresse. C'est pas mal pour les caméras, mais je suis pas sûre que ce soit très efficace..." De la "mise en scène", de la "communication" mais pas grand-chose sur l'éducation, l'économie, l'emploi, regrette la jeune femme. Les clivages traditionnels ont une signification toute relative parmi ces étudiants venus essentiellement de la banlieue nord de Paris pour leurs études à l'université Paris-XIII. Audrey Deslances, 18 ans, étudiante en IUT, issue du quartier des "4 000" à La Courneuve, se définirait "plutôt à gauche" si elle avait à répondre à un sondage. Mais, "un peu perdue", elle se sent aussi glisser "à droite" parce que les socialistes français ne sont pas assez "réalistes", pas assez précis sur leurs programmes. Un sondeur s'y arracherait probablement les cheveux, mais elle compte bien attendre le dernier moment pour se prononcer. Sa copine, Nassabia Petit, 29 ans, également originaire de la cité des "4 000", décrit une même incertitude : "Je suis issue d'une famille qui vote à droite. Jusque-là, je me sentais à gauche mais depuis quelque temps, je ne sais plus. Je peux soutenir les uns ou les autres, ça dépendra des sujets." Elle ne pense pas voter pour Nicolas Sarkozy à cause de son comportement de "bulldozer" ou de "GI américain qui prétend sans arrêt sauver la France", attitude qu'elle juge inappropriée pour un président de la République. Mais, sur le fond, cette Française d'origine comorienne soutient sa politique de rupture en matière d'immigration avec des mots qui feraient tressaillir beaucoup de militants de gauche : "On ne peut pas accepter tout le monde en France. A force d'accueillir des tonnes d'immigrés, le pays ne va pas bien et le racisme augmente." Dans son travail au sein d'une administration, qu'elle effectue en parallèle avec ses études, elle a découvert des comportements qui l'ont choquée : "Des immigrés vont vers les administrations uniquement pour récupérer des allocations sociales. C'est pas normal. Moi, je considère que venir en France, c'est accepter d'être citoyen, de s'intégrer, pas seulement de réclamer des fonds." Dans les locaux de l'université, les affiches syndicales et politiques sont rares. Le militantisme actif demeure l'affaire d'un nombre limité d'étudiants. "En huit années à la fac, je n'ai pas rencontré, dans mes proches, un seul militant vraiment engagé. Il y avait des choses qui se faisaient, des sit-in, des trucs comme ça, mais cela a toujours été le fait d'une minorité", souligne Sarah David. La politique intéresse mais tranquillement, sans passion, sans rêve. Un effet de génération, sans doute, mais aussi la conséquence d'un sentiment d'abandon : "Si les politiciens étaient un peu plus représentatifs de la société, s'ils n'oubliaient pas une partie de la population, on se sentirait peut-être un peu plus investis", explique ainsi Sandy Sanon, 19 ans, étudiante en médecine, originaire de Drancy (Seine-Saint-Denis), pour souligner l'absence de diversité ethnique dans le personnel politique. Malgré les hésitations sur la politique, malgré les doutes sur le clivage droite-gauche, Nicolas Sarkozy risque d'être handicapé, au final, par sa méthode, son vocabulaire. "Plutôt à droite", Benoît Delamare, 18 ans, étudiant en première année de médecine, originaire d'Aulnay-sous-Bois, critique ainsi le terme de "Kärcher" utilisé par le ministre de l'intérieur pour illustrer sa volonté de "nettoyer" les quartiers sensibles. "C'est trop dur comme expression. Même si dans son esprit, c'était ciblé sur les jeunes qui posent problème, c'est difficile de l'accepter." Ces "jeunes de banlieue" se disent convaincus que le ministre paiera, dans les urnes, cette agressivité verbale : plus pour une question de forme (le manque de "respect") que pour une raison de fond (sa politique répressive contre la délinquance). Le jeu médiatique, qu'ils jugent focalisé sur l'opposition entre "Ségolène" et "Nicolas", les irrite également. "On a l'impression qu'il n'y a que deux candidats", s'indigne Franck Ngako, 18 ans, étudiant en IUT, originaire de Seine-et-Marne. Soudainement saisi d'un doute, il regarde son camarade : "Il y en a d'autres, hein ? Je sais plus leurs noms, mais je crois qu'il y en a d'autres." La personnalisation de la campagne agace. "On dirait presque qu'il faut choisir entre des "people" ou des stars", s'indigne Nassabia Petit, en regrettant que la politique apparaisse, du même coup, moins sérieuse. La confiance dans les débats médiatiques, pour se forger une opinion, apparaît très relative. L'expérience des émeutes d'octobre et novembre 2005 a traumatisé la plupart de ces "jeunes de banlieue", choqués par les "amalgames" et les images négatives qui ont circulé sur leurs quartiers, leurs départements, voire leur génération. Aussi privilégient-ils volontiers des sources d'information plus informelles, donc moins suspectes. "Cela risque d'être comme en 1995 où les "Guignols" avaient rendu Chirac sympa aux yeux des jeunes", note Aleksandra Krason, 20 ans, en licence professionnelle de communication graphique. Une façon de suggérer qu'il faudra, à nouveau, surveiller l'émission culte de Canal+ pour deviner qui en sortira "sympa". Et donc favori. § Le temps d'un aller-retour à Ris-Orangis (Essonne), dans la banlieue sud de Paris, Ségolène Royal est allée, lundi 11 décembre, encourager les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. § L e temps d'un aller-retour à Ris-Orangis (Essonne), dans la banlieue sud de Paris, Ségolène Royal est allée, lundi 11 décembre, encourager les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. A son arrivée à la mairie, dirigée par le socialiste Thierry Mandon, un proche d'Arnaud Montebourg, il y avait bien plus de journalistes que de jeunes pour entendre la candidate PS à la présidentielle vanter son "désir de faire reculer l'indifférence ou "l'aquabonisme"". Qu'importe. Entourée du chanteur Cali, parrain de la campagne d'inscription, et de Jack Lang, Mme Royal a estimé que "l'actualité tombait à pic avec la disparition du sinistre Pinochet" pour rappeler que "des millions d'hommes et de femmes continuaient à mourir" pour le droit de vote. "Je dis aux jeunes : "Saisissez-vous de ce droit. On a besoin de vous pour être bousculé". Si les jeunes viennent massivement s'inscrire, ce sera une exigence supplémentaire par rapport au projet présidentiel", a-t-elle lancé, tandis que son fils Thomas distribuait des autocollants avec ces slogans : "Impose-toi dans le débat" et "Demain ne se fera pas sans toi". Après avoir rappelé que "12 % des électeurs ne sont pas inscrits", Jack Lang, promu récemment conseiller spécial de la candidate, a de son côté incité les jeunes "à écrire une nouvelle page avec Ségolène". "Inscrivez-vous avant le 31 décembre, ne ratez pas cette date !", s'est exclamé l'ancien ministre. "S'inscrire est très facile et l'enjeu est terriblement excitant cette fois, a enchéri Cali, qui fait partie, depuis peu, des nouveaux adhérents du PS. Le pays peut basculer vers un côté plein d'espoir, ou sombre, c'est un beau combat." L'opération de communication a été rondement menée, en quarante minutes, puis Mme Royal est partie, non sans avoir lancé un dernier appel : "Qu'on cesse de désigner les jeunes comme les principaux auteurs des violences ! Je demande aux jeunes de m'aider à construire cette République nouvelle dans laquelle ils auront toute leur place. A vos bulletins de vote !" § Le directeur de cabinet de Ségolène Royal a du métier. Ce conseiller d'Etat, au PS depuis 1980, a servi dans plusieurs ministères et à Matignon. § I l est un homme de coulisses, comme son père. Antoine Chantepy a passé sa vie caché des regards, à manier des marionnettes - "à gaine, pas à fils" - dans les préaux d'école. Son fils vit à l'ombre des politiques, dans le monde clos des cabinets ministériels qu'il n'aime pas quitter pour s'exposer. Promu tout récemment directeur de cabinet pour la campagne présidentielle de Ségolène Royal, il force sa nature. "Mon père inventait les histoires, il fabriquait lui-même les marionnettes dans la cuisine le soir, porte fermée. Il nous montrait progressivement les personnages et puis on avait droit à une avant-première, raconte Christophe Chantepy. On dirait aujourd'hui qu'il était intermittent du spectacle." PARCOURS 1959 Naissance à Saint-Chamond (Loire). 1993 Entre au Conseil d'Etat. 1997 Directeur de cabinet de Mme Royal, ministre déléguée à l'enseignement scolaire. 2000 Directeur de cabinet de M. Sapin, ministre chargé de la fonction publique. 2005 Président de l'association et du site Internet Désirs d'avenir. 2006 Directeur de cabinet pour la campagne présidentielle de Ségolène Royal. Lui est un intermittent du pouvoir. Un commis d'Etat au service de la gauche puisque ses parents étaient de gauche. Le père, marionnettiste, participait à des meetings du PSU parce qu'il admirait Michel Rocard. Chantepy fils, 47 ans, a choisi Royal. Le 16 novembre, jour de la désignation de la candidate par les militants du PS, il envoie ce message par courrier électronique à un ami : "J'ai passé quarante-huit heures dans le rien." Pendant un an, Christophe Chantepy a mené une double vie : conseiller d'Etat le jour, président de l'association de campagne Désirs d'avenir de Ségolène Royal le reste du temps. Quatre semaines avant le vote des adhérents, il présentait un rapport sur le projet de loi concernant le financement de la Sécurité sociale au Conseil d'Etat, où il est entré en 1993, sans rien lâcher de son travail militant pour la candidate. "Il était à ramasser à la pince à sucre", sourit un proche, Philippe Boucher, également conseiller d'Etat et ancien journaliste au Monde. Amoureux de Berlin, ce germanophone n'a pas encore trouvé le temps de mettre les pieds dans l'appartement qu'il vient d'y acquérir. Le technocrate un peu passe-muraille a dû également délaisser une autre de ses passions, l'art moderne, qui égaie son domicile parisien, table de Le Corbusier en verre dans le salon et encre de Chine de Thomas Salet au mur - "Je ne suis pas très commode Louis XV". Sa vie est austère depuis ce jour de novembre 2005 où Sophie Bouchet-Petersen, conseillère spéciale de Ségolène Royal, le convie à déjeuner. La veille, il reçoit un coup de fil de la présidente de Poitou-Charentes : "Ecoute bien ce que Sophie va te dire..." Un mois plus tard, il dépose les statuts de Désirs d'avenir qui deviendra, sous son impulsion, une véritable PME. En février, au démarrage, il recrute une petite équipe de bénévoles, quarante personnes, puis cent cinquante, et confie à un ami, Jean-Pierre Legendre, directeur de cabinet du socialiste Michel Sapin, président du conseil régional du Centre, la mission de créer un réseau de comités locaux. Dans l'univers des "royalistes", Christophe Chantepy n'est pas un inconnu. Entre 1997 et 2000, il a dirigé le cabinet de Ségolène Royal, alors ministre déléguée à l'enseignement scolaire. La confiance s'est nouée là, à l'ombre de la tutelle colérique du ministre de l'éducation nationale, Claude Allègre. "C'est devenu compliqué lorsque les courbes de popularité se sont croisées, soupire Christophe Chantepy. Mais Ségolène Royal y a rodé sa méthode "Je trace ma route"." Les ministres s'accrochent. Il reste zen. "Allègre l'aimait bien. J'ai le souvenir qu'il voulait même le prendre à Ségolène", s'amuse François Hollande. Finalement, ce sera Michel Sapin, nommé ministre de la fonction publique en 2000, qui en fera son directeur de cabinet, alors que Ségolène Royal change de ministère pour s'occuper de la famille. "Il y a eu un tout petit moment de froid entre Ségolène et moi à ce moment-là. J'ai reçu un petit mot aigre-doux de sa part", se souvient Michel Sapin. Dans le cénacle fermé des ministres, on loue sa capacité à animer une équipe et à ne pas se faire passer pour le calife à la place du calife. La compagne de François Hollande a la réputation de ne pas être une patronne commode ? Chantepy hausse des épaules : "Si cela signifie être exigeant, elle l'est." Il ne confesse aucun désaccord de fond, mais quelquefois de méthode. "Ce qui me séduit le plus chez elle, dit-il, c'est sa liberté. La contre-partie, c'est que ce n'est pas toujours facile à suivre derrière." "Il prend soin de tout le monde et il est rassurant", dit Ségolène Royal. "Il est étranger au conformisme des grands corps d'Etat : il en a les qualités mais pas les défauts, témoigne Sophie Bouchet-Petersen. Il n'a pas peur du talent des autres, et il n'humilie personne." Il connaît sur le bout des doigts les rouages de l'administration. Chantepy a du métier : il a été conseiller technique de Michel Charasse, ministre délégué au budget, d'Edith Cresson, puis de Pierre Bérégovoy à Matignon. Comme l'ancien premier ministre, il est, lui aussi, un pur produit de l'école républicaine. D'origine modeste, Christophe Chantepy, aîné de quatre enfants, a gravi un à un les échelons jusqu'à franchir la porte des grandes écoles : Centrale Paris, Sciences Po, puis l'ENA, promotion Diderot. Il effectue ensuite un stage au service société du Monde, où il sait se faire apprécier. On le surnomme "Chantepaille". Quand il rentre au PS, en 1980, "c'est pour coller des affiches pour Mitterrand". Avant d'être "royaliste", Christophe Chantepy a d'abord été fabiusien, "séduit" par le jeune premier ministre "qui affichait des idées plus modernes que la moyenne sans renier ses idées de gauche". Homosexuel assumé sans ostentation, il milite dans le groupe GPL (Gays pour la liberté), proche de Fabius. "Lors des manifs pour équiper les premiers appartements thérapeutiques, il nous avait apporté son patronage et son soutien. Sa rapidité de réaction sur le sida m'a particulièrement touché, et j'insiste sur le mot rapidité", souligne Christophe Chantepy, qui estime injustes les accusations portées contre Laurent Fabius dans l'affaire sur le sang contaminé. Sa rupture avec l'ancien premier ministre se produit en 2000, lorsque Laurent Fabius prend les commandes de Bercy : "Je n'ai pas compris sa politique fiscale, elle m'est restée en travers de la gorge." A partir de 2002, et jusque récemment, il devient alors l'un des visiteurs du lundi de François Hollande. Membre de la petite garde des conseillers, il prend le chemin toutes les semaines du siège du PS, pour travailler avec le premier secrétaire, qui apprécie ce "garçon pas sectaire". Cette période s'est achevée avec l'entrée en campagne de Ségolène Royal. En janvier 2007, Christophe Chantepy compte quitter le Conseil d'Etat pour se consacrer pleinement à sa fonction : auxiliaire précieux sur la route de l'Elysée. § Difficile d'échapper à cette affiche. Le visage d'Arlette Laguiller rajeuni se détache sur un fond blanc. § D ifficile d'échapper à cette affiche. Le visage d'Arlette Laguiller rajeuni se détache sur un fond blanc. Pas de signature de campagne pour cette marathonienne de l'élection présidentielle, qui s'apprête à être candidate pour la sixième fois, ni de référence à son parti, Lutte ouvrière (LO). Juste une interpellation : "Arlette Laguiller, qui d'autre peut se dire sincèrement dans le camp des travailleurs". "Avec 15 000 panneaux d'affichage répartis dans les grandes agglomérations, mais aussi les petites villes et même la campagne, ce dispositif est comparable à celui d'un gros annonceur, un acteur de la grande distribution par exemple", explique Philippe Jay, chargé du développement et de l'institutionnel chez Clear Channel, l'afficheur qui a signé le contrat avec le parti d'extrême gauche. Cette offensive de communication se déroule à un moment charnière. Elle a débuté mercredi 6 décembre, à quelques jours du 31 décembre, date à laquelle les partis ne seront plus autorisés à faire de l'affichage politique sur les réseaux commerciaux. Cette campagne frappe d'autant plus les esprits qu'elle fait figure d'exception dans le paysage de la communication politique. LO précise que ce n'est pas un coup d'essai. En 1995 et 2002, Arlette Laguiller avait eu droit à ce type de promotion. Cette fois, l'enjeu est d'autant plus important que l'engouement médiatique n'est pas au rendez-vous. Il semble loin le temps où Alain Souchon mettait en musique le nom d'Arlette. "Les médias n'ont d'yeux que pour les deux grands candidats. Il faut essayer de s'adresser autrement à notre électorat", précise Georges Kaldy, membre de la direction de LO. S'il ne chiffre pas le coût de cette campagne, il l'estime "à un tiers du budget global de la présidentielle" et assure qu'elle est financée par le remboursement de la précédente campagne où Arlette Laguiller avait dépassé le seuil des 5 %. § Le ministre de l'intérieur et candidat déclaré à la présidentielle a présenté l'immigration comme un des thèmes majeurs de sa campagne présidentielle. § N icolas Sarkozy a présenté l'immigration comme l'un des thèmes majeurs de sa campagne pour l'élection présidentielle. Pour le probable candidat de l'UMP, qui s'exprimait lundi lors d'une conférence de presse, "jamais le fossé n'a été aussi profond", dans l'approche de ce sujet, entre "les élites et la sensibilité dominante dans la population française". Il s'est dit "sidéré par la force des tabous qui dominent" à ce propos. Les propositions du Parti socialiste en matière d'immigration Dans le projet adopté par le Parti socialiste, une sous-partie est consacrée à l'immigration. A côté des idées de codéveloppement avec les pays d'origine et de lutte contre l'immigration illégale, voici les principaux points abordés : - "Nous reviendrons sur les dispositions des lois Sarkozy qui ont précarisé la situation des immigrés installés depuis longtemps dans notre pays. Nous restaurerons la possibilité de régularisation après dix ans de résidence. Nous respecterons le droit au regroupement familial pour protéger les enfants scolarisés, nés en France, ou y vivant depuis longtemps." (Dans son projet législatif de 2007, l'UMP dit vouloir "renforcer les conditions de revenu et de logement pour le regroupement familial, afin que vivre en France soit un projet fondé sur le travail, pas sur le bénéfice de prestations sociales). - "Nous bâtirons un projet migratoire individuel pour une insertion réussie. Ce contrat permettra l'accompagnement personnalisé de l'étranger au moment de son arrivée sur le territoire français, avec la création d'un guichet unique d'accueil et d'insertion." - "Nous rendrons plus simple et plus solennelle l'accession à la nationalité française : une journée du citoyen rassemblera chaque année dans chaque mairie les Français lorsqu'ils atteignent l'âge de la majorité ou quand ils sont naturalisés. A cette occasion, les principes fondamentaux de la République seront rappelés." Le ministre de l'intérieur a défendu son bilan en la matière et notamment sa loi du 24 juillet 2006 sur l'immigration choisie, dont l'objectif est de faire passer l'immigration de travail de 7 à 50 % de l'immigration régulière. "Beaucoup reste à faire pour aller plus loin", a-t-il pourtant reconnu, avant de lancer "quelques pistes pour l'avenir" : Ministre de l'immigration. Le candidat à la candidature de l'UMP souhaite "la nomination d'un ministre chargé de l'immigration, qui sera à la tête de toutes les administrations responsables de ce dossier". A sa charge notamment : "la maîtrise de l'immigration familiale, la lutte contre les abus et la fraude et l'assouplissement des conditions de l'immigration dont notre économie a besoin". Traité international sur les migrations. Rappelant la nécessité de "bâtir une grande politique de codéveloppement", il juge "urgent d'ouvrir le grand chantier d'un traité sur les migrations internationales". L'application de ce traité, stipulant "des droits et des devoirs pour les Etats et les migrants", incomberait à "une agence internationale". Aide au retour. Il préconise également de "généraliser la politique d'aide aux microprojets en faveur des migrants de retour dans leur pays". Le nombre de ces migrants a doublé en 2006, pour s'élever à 2 000 personnes. § Face au soutien de Jean-Pierre Chevènement à Ségolène Royal, les amis du ministre de l'intérieur brandissent celui apporté, il y a une semaine, par Christine Boutin à Nicolas Sarkozy. § N icolas Sarkozy, combien de ralliements ? Face au soutien de Jean-Pierre Chevènement à Ségolène Royal, les amis du ministre de l'intérieur brandissent celui apporté, il y a une semaine, par Christine Boutin à Nicolas Sarkozy. Certes, les deux ne pèsent pas du même poids. La présidente du Forum des républicains sociaux avait obtenu 1,2 % des voix contre 5,3 % au président du MRC au premier tour de la présidentielle de 2002. M. Sarkozy affirme qu'il fédérera "mieux son camp" que sa rivale socialiste, selon lui "incapable de représenter toute la gauche". Autre raison de croire à la "magie du rassemblement" pour le ministre de l'intérieur : les affirmations réitérées de Dominique de Villepin selon lesquelles "l'UMP aura un seul candidat en 2007". Même s'ils se méfient des arrière-pensées du premier ministre, les sarkozystes veulent croire que toute menace de candidature sauvage est à présent écartée. Ils estiment que le rapport de force en leur faveur au sein du parti leur vaudra le ralliement des chiraquiens les plus en vue, tel Alain Juppé. Président du club souverainiste Debout la République, en partie financé par l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan affirme qu'il partira à l'aventure présidentielle sous ses propres couleurs. Pour l'heure, les dirigeants de l'UMP refusent de "victimiser" le député (UMP) de l'Essonne, comptant moins sur les pressions qu'ils pourraient exercer à son encontre que sur ses difficultés à obtenir les 500 parrainages pour le ramener à la raison. "A l'heure actuelle, on ne peut rien négocier avec lui, ironise un ancien ministre. Tout se passe entre lui et la France." Les difficultés rencontrées par Philippe de Villiers, qui stagne dans les sondages, sont aussi de bon augure aux yeux de M. Sarkozy. Reste le cas de François Bayrou. Le candidat de l'UDF, que M. Sarkozy feint d'ignorer pour ne pas lui donner de l'importance, se réserve la possibilité de négocier avec les deux camps au soir du premier tour. A l'UMP, on estime que les électeurs naturels du Béarnais retourneront à droite ; quant à la ferveur nouvelle dont M. Bayrou est l'objet, elle est le fait, dit-on, de sympathisants des gauches qui, in fine, se reporteront sur Mme Royal. § En arrivant, bras dessus, bras dessous avec Nicolas Sarkozy, la veille, dans une salle aux trois quarts vide du CNIT de La Défense (Hauts-de-Seine), la ministre de la défense a indiqué que la confrontation serait consensuelle. Personne n'imaginait qu'elle serait ennuyeuse. § L es deux prochains forums régionaux de l'UMP ne devraient pas ressembler à celui qui s'est tenu, samedi 9 décembre. "On peut tout faire", indique l'entourage de Jean-Pierre Raffarin, chargé de leur organisation, après que Michèle Alliot-Marie s'est plainte, dimanche 10 décembre sur Canal+, que les règles du débat n'aient "pas été respectées" et de l'absence d'"équité" entre les participants. "Si les débats ne devaient pas apporter quelque chose, je ne vois pas pourquoi j'y participerai", a-t-elle menacé. Des tractations sont prévues avant les réunions du 15 à Lyon et du 21 à Bordeaux. Le projet UMP : 47,3 milliards d'euros, selon debat2007.fr Le site de chiffrage de l'Institut de l'entreprise (IDEP), debat2007.fr, a évalué le projet législatif de l'UMP. Il en estime le coût brut à 47,3 milliards d'euros, soit 17,3 milliards de plus que les 30 milliards annoncés par le mouvement présidé par Nicolas Sarkozy. Le coût brut du projet PS avait, lui, été chiffré à 57,22 milliards d'euros. Toutefois, selon qu'elles sont imputées au PS ou à l'UMP, certaines propositions sont mesurées différemment : pour le service civique de six mois, debat2007.fr retient une hypothèse basse à 500 millions d'euros pour la proposition de la droite et une hypothèse haute à 3,1 milliards d'euros pour celle du PS. En arrivant, bras dessus, bras dessous avec Nicolas Sarkozy, la veille, dans une salle aux trois quarts vide du CNIT de La Défense (Hauts-de-Seine), la ministre de la défense a indiqué que la confrontation serait consensuelle. Personne n'imaginait qu'elle serait ennuyeuse. Le dispositif scénique n'avantage pas Mme Alliot-Marie : elle voulait apparaître à côté du président de l'UMP ; la voilà coincée entre M. Méhaignerie et M. Accoyer. "J'aurais pu dire je m'en vais, mais ce n'est pas mon genre", a-t-elle confié le lendemain. Se coulant dans le sarkozysme ambiant, Mme Alliot-Marie a créé la surprise par son absence de différences affichées avec son rival. Devant un millier de militants, deux ministres (Brice Hortefeux et Xavier Bertrand) et des personnalités de l'UMP aspirant à le devenir, elle s'en est tenue aux généralités au nom de "l'humain". Seule proposition concrète : les enfants compteront une part entière dans le calcul des impôts dès le deuxième, immédiatement reprise par M. Sarkozy. "Les sujets économiques ne sont pas ceux sur lesquels ils ont le plus de différence", expliquait son entourage. "Nous sommes d'accord sur l'essentiel", a souligné, ravi, le président de l'UMP. M. Sarkozy a déroulé son programme, promettant de s'occuper "personnellement" du service minimum dans les transports avec une loi "dès le mois de juillet" 2007. En cas de grève dans une entreprise, il a plaidé pour un vote à bulletin secret "au bout de huit jours" afin que cesse "la dictature des minorités violentes". Il s'est réservé les critiques contre la candidate socialiste à propos de sa rencontre au Liban avec un député du Hezbollah : "Le fait d'être un élu ne suffit pas pour discuter. Hitler avait été élu, ça n'en fait pas un interlocuteur respectable et responsable." Amalgame dénoncé par le PS qui y voit une banalisation de la Shoah. M. Sarkozy a expliqué dimanche sur TV5 : "Michèle Alliot-Marie est une femme d'une grande qualité qui a toute sa place dans notre famille politique et dont j'ai besoin." Selon un conseiller, "cet exercice à risque" lui "a permis d'apparaître comme ouvert au dialogue voire souriant". Les proches de "MAM" déplorent que les interventions de leur championne aient été diluées dans le temps de parole des députés et les questions d'internautes : "Sarkozy prenait la parole quand il voulait. Michèle attendait qu'on la lui donne." De nouvelles règles sont-elles à prévoir ? "On s'en fout, explique un ministre. La vedette à Lyon se sera Villepin s'il vient. Et à Bordeaux, ce sera Juppé !" Une manière de dire que l'heure de "MAM" et de sa candidature virtuelle est désormais passée. § Jeudi 14 décembre, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il allait signer prochainement le Pacte écologique, à l'issue d'une rencontre avec l'animateur de télévision. Ségolène Royal avait assuré, mardi, qu'elle ferait de même. § E n maintenant le doute sur sa candidature, Nicolas Hulot n'en finit pas de récolter des soutiens. Jeudi 14 décembre, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il allait signer prochainement le Pacte écologique, à l'issue d'une rencontre avec l'animateur de télévision. Ségolène Royal avait assuré, mardi, qu'elle ferait de même. Le président de l'UMP a reçu l'animateur de télévision pendant plus d'une heure pour débattre des dix objectifs et cinq propositions du Pacte. "Nicolas Sarkozy a décidé de signer le Pacte écologique dans les prochains jours. Il fera alors connaître ses propositions en matière de développement durable", dit un communiqué de l'UMP, qui ajoute que "Nicolas Sarkozy soutient la démarche de Nicolas Hulot et ses propositions pragmatiques". Le parti entend montrer son engagement écologique, et rappelle qu'il présente"quarante mesures précises dont l'objectif est d'aider chacun à vivre de manière écologique, sans peser sur le pouvoir d'achat, l'emploi et le progrès". Nicolas Sarkozy a ainsi proposé de doubler en cinq ans le poids de la fiscalité écologique, d'instaurer un crédit d'impôt écologique et de créer un grand ministère du développement durable. Outre Ségolène Royal, le président de l'UDF, François Bayrou, la candidate des Verts, Dominique Voynet, et la dirigeante communiste, Marie-George Buffet, se sont engagés à signer le texte de Nicolas Hulot. Mercredi 13 décembre, Nicolas Hulot a prévenu qu'au-delà de la signature de son Pacte écologique, il attendait "du concret clairement énoncé" de la part des candidats à l'Elysée, avant de décider s'il entre en lice pour la présidentielle. L'animateur a indiqué à plusieurs reprises qu'il se déciderait au plus tard tout début janvier. § Entretien avec Yves-Marie Cann, responsable à l'IFOP de l'Observatoire de la "netcampagne" présidentielle. Les internautes apprécient notamment la liberté de ton et les informations inédites qu'ils peuvent trouver sur les blogs. Propos recueillis par Constance Baudry § § Théoricien de la fracture sociale en 1995, l'historien et démographe est consulté par le monde politique et médiatique comme un oracle. Notamment par tous ceux qui rêvent de sortir du duel Ségo-Sarko. § D ominique de Villepin lui a demandé de venir exposer ses thèses décoiffantes, jeudi 14 décembre, en ouverture de la conférence sur l'emploi. Et, franchement, l'événement ne s'était jamais vu. Mais le premier ministre savait à quoi s'attendre de la part d'Emmanuel Todd. Les deux hommes, sans être amis, discutent volontiers ensemble depuis l'opposition de la France à la guerre en Irak. L'historien et démographe a donc déjà mille fois expliqué au chef du gouvernement pourquoi désormais "une part importante des Français refusent les choix économiques des dirigeants parce que le libre-échange fout en l'air la vie de la moitié de la population" et pourquoi l'Europe doit adopter un "protectionnisme à ses frontières extérieures". Mais tout de même, le dire aux côtés du premier ministre... PARCOURS 1951 Naissance à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). 1968 Adhère au Parti communiste. 1976 Publie son premier livre, La Chute finale, où il prédit l'implosion de l'URSS. 1992 Vote non au traité de Maastricht. 2005 Vote oui au traité constitutionnel européen. 2006 Ouvre la conférence sur l'emploi. Depuis plusieurs semaines, Todd explique aussi, à coups de cartes et d'interviews, que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont deux "candidats du vide". Evidemment, ses deux cibles tordent le nez... Mais tous ceux que le duel attendu entre les deux candidats défrise lisent avec passion ses analyses. Villepin, donc, mais aussi Laurent Fabius ou François Bayrou se sont mis à le citer dans le texte. On s'échange ses commentaires sur l'évolution des classes populaires en France. Et la géographie électorale est devenue un sujet de conversation parmi les technocrates des partis. "Il n'y a qu'en France, souligne avec surprise la presse étrangère, qu'un anthropologue peut être autant lu par les ambitieux du pouvoir." Depuis qu'à l'automne 1994 Emmanuel Todd a publié une note destinée aux intellectuels de feu la Fondation Saint-Simon intitulée "Aux origines du malaise politique" qui servit de base théorique à la campagne présidentielle de Jacques Chirac sur la fracture sociale, l'historien et démographe fait figure de prophète politique. Le chercheur en sourit : "Comme je suis timide, je m'exprime parfois brutalement, mais je m'efforce d'analyser des tendances sociales plus profondes." Il prédit un rejet du système démocratique, face à une mondialisation qui impose ses règles. "Franchement, Sarkozy et Royal ont-ils compris cela ?" Le milieu de la recherche française n'apprécie pas toujours cet intellectuel médiatique et peu conventionnel. Il y a quelques semaines, Gérard Grunberg et Zaki Laïdi, chercheurs à Sciences Po, ont publié un article cinglant dans Libération pour contester ses "contradictions grossières et ses hypothèses méthodologiquement spécieuses". Todd avait expliqué une semaine plus tôt, à partir de cartes de France reprenant les résultats électoraux de Laurent Fabius et de Ségolène Royal lors de la primaire socialiste du 16 novembre, que cette dernière, contrairement à Laurent Fabius, ne parvenait pas à pénétrer les milieux populaires... "Il se contente parfois de juxtaposer deux cartes électorales et d'en tirer des théories que je n'accepterais même pas de mes étudiants", ironise Gérard Grunberg. "Il est parfois à l'emporte-pièce, mais c'est ce qui fait son charme", note avec plus d'indulgence le chercheur du Cevipof Pascal Perrineau, qui remarque tout de même qu'il "est le seul à avoir introduit en France l'anthropologie historique britannique de Peter Lasslett et Jack Goody, qu'aucun intellectuel ne connaissait ici". Emmanuel Todd est du coup resté un peu à part dans l'université. Il a tout de même été rattrapé par l'Institut national d'études démographiques (INED), qui lui a d'abord offert un poste de bibliothécaire, puis celui de technicien rattaché aux équipes de chercheurs, qu'il occupe toujours aujourd'hui. Il s'en satisfait sans difficulté. "Je ne suis jamais aussi heureux que lorsque j'étudie les structures familiales en Inde", sourit-il. Chez lui, en effet, les murs de son bureau sont tapissés de cartes et de données statistiques sur les profils familiaux d'Asie ou d'Europe. Son père, le journaliste Olivier Todd, assure qu'à 13 ans Emmanuel affirmait avec détermination : "Je veux trouver quelque chose !" A 55 ans, il a gardé un charme juvénile et explique en riant : "J'ai sans doute été poussé à modéliser les familles et à en tirer des typologies du fait même de la famille bordélique qui était la mienne." La famille en question est tout ce qu'il y a de plus séduisant. Au chapitre des personnages totémiques, on y trouve le grand-père écrivain, Paul Nizan, le père journaliste, Olivier Todd, mais aussi toute une kyrielle de grands-parents, oncles, tantes et cousins, générations mêlées, à la fois bourgeois et bohèmes, qui offrirent à Emmanuel un écrin de culture et d'éclectisme. La famille ne sourcille pas lorsqu'il s'engage en plein Mai 68 au Parti communiste. Trente ans plus tôt, le grand-père Nizan a pourtant quitté avec fracas le Parti, avant guerre, à la suite de la signature du pacte germano-soviétique. Olivier, son père, journaliste très social-démocrate, lui offre tout de même deux livres, de Mao et Staline, "afin qu'il juge par lui-même de leur bêtise". L'un des cadres de la cellule où milite le jeune homme lui conseillera gentiment de reprendre ses études. Fin de l'engagement. Et début d'une nouvelle vie. A Sciences Po, puis à Cambridge, en Angleterre, Emmanuel Todd s'épanouit dans l'histoire, l'anthropologie et les mathématiques. Il veut mêler toutes les sciences. Rester en prise avec la société. Garder un impact politique. Deux amis de ses parents, Emmanuel Leroy-Ladurie et Jean-François Revel, vont lui servir de pères spirituels. Les voici qui publient son premier livre, La Chute finale, qui prédit l'effondrement du système soviétique et devient aussitôt un best-seller. "Je suis resté de gauche, affirme-t-il aujourd'hui. J'ai tenté d'adhérer au PS en 1974, mais je les trouvais trop bavards." Il ne regrette aucunement de s'être engagé ardemment en 1992 contre le traité de Maastricht... puis en 2005 pour le traité constitutionnel. Aujourd'hui, son père résume les choses : "C'est un pur produit de l'empirisme anglais et du goût de la théorisation à la française." Le père et le fils sont partis un jour en Inde. Le chercheur analysait la situation politique du pays à travers la lecture des journaux. Le reporter discutait avec les chauffeurs de taxi tout en se méfiant de "la dictature du vécu assénée par la presse". Ils n'ont plus jamais cessé, depuis, de confronter leurs méthodes. Le fils avec la France vue de son laboratoire. Le père avec son expérience d'aventurier. "Il n'a sans doute jamais mis les pieds dans une boîte de nuit, ne fait pas une cuisine formidable, sa voiture est un foutoir et je le trouve souvent trop anti-Ségolène, rit le père. Mais il m'épate !" § Accueillant les participants de l'opération "le ministre de l'intérieur accueille les jeunes", intervenant au micro des radios et des télévisions, Rachida Dati, conseillère de Nicolas Sarkozy, a veillé à ce que l'événement soit un succès pour son patron. § C 'était l'autre vedette du jour, mercredi 13 décembre, place Beauvau. Accueillant les participants de l'opération "le ministre de l'intérieur accueille les jeunes", intervenant au micro des radios et des télévisions, Rachida Dati, conseillère de Nicolas Sarkozy, a veillé à ce que l'événement soit un succès pour son patron. Et pour elle. Il s'agissait aussi d'un test pour cette magistrate à la quarantaine élégante et rieuse, accueillie en juin 2002 dans l'entourage du ministre de l'intérieur. Le candidat de l'UMP envisage d'en faire sa porte-parole. Elle rejoindrait ainsi le ministre de la santé, Xavier Bertrand, lui aussi pressenti, comme l'a révélé Le Parisien. Les conseillers de M. Sarkozy se contentent de lâcher un "rien est fait" qui sonne comme une quasi-confirmation. "C'est une idée qui chemine", dit-on à l'UMP. L'intéressée ne cache pas l'attention dont elle est l'objet. Ni la crainte que lui inspire l'emploi. "Si c'est pour prendre des coups, je n'en ai pas trop envie", dit-elle, avec un brin de fausse timidité. Pourtant elle connaît la gauche : approchée par Bernard Kouchner, elle a figuré sur l'ébauche de liste Rocard aux européennes de 1994. Pour M. Sarkozy, cette promotion d'une femme issue de l'immigration est une aubaine face au PS qui l'accuse de machisme et le croit incapable de mettre en oeuvre sa "discrimination positive". Originaire de Chalon-sur-Saône, issue d'un famille algéro-marocaine de douze enfants, Mme Dati est pour le ministre le symbole de son volontarisme. Ambitieuse, fière de son parcours, "carriériste", disent ceux qui ne l'aiment pas, Mme Dati préférerait être reconnue sur sa compétence. Elle combat les clichés. Ecrit-on qu'elle est chargée des "questions d'intégration" (Le Monde du 13 décembre), elle corrige aussi sec : "Je m'occupe de la prévention de la délinquance. Ici, ce ne sont pas les Arabes qui s'occupent des Arabes." Son ascension fait quelques jaloux. Et quelques anxieux. "Sa nomination plaira à la presse, lâche un conseiller du ministre un peu inquiet. Mais plaira-t-elle aux Français ?" § Des amis, des partisans de Ségolène Royal et des membres de son équipe de campagne se sont regroupés pour donner naissance à un nouveau réseau, moitié socialiste, moitié société civile. § D es amis, des partisans de Ségolène Royal et des membres de son équipe de campagne se sont regroupés pour donner naissance à un nouveau réseau, moitié socialiste, moitié société civile. Le groupe Nouvelle Voix, représenté au sein du Parti socialiste par plusieurs élus (Gaëtan Gorce, Christophe Caresche ou Jean-Louis Bianco, codirecteur de campagne de Mme Royal), a fusionné, mardi 12 décembre, avec le club de réflexion Témoin, dirigé par Jean-Pierre Mignard, un ami du couple Royal-Hollande. L'ex-élue des Verts Aurélie Filippetti et quelques-uns de ses amis, en rupture avec le parti écologiste, rejoignent ce nouvel ensemble qui conserve le nom de Nouvelle Voix et devrait réunir près d'un millier de participants. Pour ses promoteurs, il ne s'agit pas d'un nouveau courant mais, comme l'affirme M. Mignard, d'un "lieu de convergence entre anciens et nouveaux adhérents du PS" que l'organisation partisane, pour ces derniers, ne séduit guère. "Un parti-société" d'inspiration ouvertement sociale-démocrate, poursuit M. Mignard, "dans la lignée de la IIe Internationale". L'investiture de Mme Royal a changé la donne, assure M. Gorce : "Il a clos le cycle d'Epinay", qui, en 1971, avait donné naissance au Parti socialiste. "La société civile rentre de plus en plus dans les partis", ajoute-t-il. Parmi les chantiers que Nouvelle Voix veut explorer, figure la réforme des organisations partisanes, en janvier 2007, avant la défense et la lutte contre le terrorisme en février. Ce mouvement pourrait ne pas être du goût de tous les socialistes, qui observent déjà d'un mauvais oeil le rôle joué par les comités de campagne Désirs d'avenir, en marge du PS. Et ce, alors que le parti a arrêté son dispositif de campagne en faisant une place à tous les courants classiques : douze pôles ont ainsi été créés qui mêlent des partisans de MM. Hollande, Fabius, Strauss-Kahn et Jospin. § Enquête TNS-Sofres/Le Monde/RTL les 6 et 7 décembre 2006. § § Les femmes sont plus nombreuses que les hommes (68 % contre 63 %) à estimer que Jean-Marie Le Pen représente un danger pour la démocratie. § L es femmes sont plus nombreuses que les hommes (68 % contre 63 %) à estimer que Jean-Marie Le Pen représente un danger pour la démocratie. Une constante enregistrée par l'enquête TNS-Sofres pour Le Monde et RTL sur l'image du Front national dans l'opinion. En 2000, 65 % des femmes parlaient de "danger" tandis que les hommes n'étaient que 58 %. De même, 36 % d'entre elles jugent les positions du président du Front national (FN) "inacceptables" soit 4 points de plus que les hommes et 66 % (contre 65 %) considèrent qu'il est d'extrême droite. Ces chiffres tendent à montrer que les Françaises sont moins sensibles que les Français aux efforts de M. Le Pen - et de sa fille Marine Le Pen - pour polir l'image du candidat à l'élection présidentielle. A noter toutefois que les femmes sont moins opposées que les hommes (78 % contre 82 %) à la préférence nationale en matière d'emploi comme pour les prestations sociales (76 % contre 78 %). Une mesure qui est au coeur du projet FN et qui consiste à faire une discrimination entre les Français et les travailleurs étrangers. En revanche les Françaises ont quasiment la même désapprobation que leurs partenaires masculins des prises de position du président du FN sur l'immigration (69 % contre 70 %). Lorsque l'on regarde en détail les réactions hommes-femmes sur les thématiques de M. Le Pen on constate des divergences de taille. Les plus grandes amplitudes concernent les "critiques contre la classe politique" et celles "contre le gouvernement Villepin et la majorité". Les femmes étant moins perméables que les hommes aux critiques. Le sondage montre également qu'elles sont moins attachées que les hommes à la "défense des valeurs traditionnelles" : 36 % approuvent contre 42 % d'hommes et 54 % désapprouvent contre 51 %. Le rapport de force s'inverse cependant quand on touche au domaine de la sécurité et de la justice, les femmes approuvant plus souvent le président du FN que les hommes (+ 2 points). Enfin, d'une façon générale les Françaises sont plus nombreuses à dire qu'elles n'ont pas d'opinion et cela est particulièrement vrai en matière d'impôt (+6 points) et sur la construction de l'Europe (+8 points). § Trois quarts des Français rejettent la préférence nationale, mais 26 % adhèrent aux autres thèses du FN. § D epuis le début de l'automne, le président du Front national n'a cessé d'être encouragé par les sondages : les intentions de votes en sa faveur seraient, cinq mois avant l'élection présidentielle, à un niveau équivalent (17 %) à son score du 21 avril 2002 (Le Monde du 25 novembre). L'enquête annuelle réalisée par TNS-Sofres pour Le Monde et RTL sur l'image du FN permet de comprendre cette évolution. Elle confirme le succès de la stratégie de " dédiabolisation" encouragée par Marine Le Pen qui estompe les positions les plus extrémistes du FN (par exemple sur l'immigration) et promeut un image plus "comestible", notamment à droite. Fiche technique Ce sondage a été réalisé par TNS-Sofres, pour RTL et Le Monde, les 6 et 7 décembre, auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas, interrogées en face à face à leur domicile. Le Monde, RTL et la Sofres réalisent ce baromètre de l'image du Front national depuis 1984. Les résultats de ces enquêtes sont consultables, depuis 1999, sur le site de TNS-Sofres (tns-sofres.com). L'adhésion globale aux idées défendues par Jean-Marie Le Pen se confirme et progresse : elle atteint 26 %, soit son niveau le plus élevé depuis dix ans, exception faite de mai 2002 (28 %). Certes, 70 % des sondés continuent d'être en désaccord, mais c'est 10 points de moins qu'à la fin des années 1990. De même, 29 % des personnes interrogées considèrent que le FN ne représente pas " un danger pour la démocratie". Ces jugements positifs ont progressé de 10 points depuis 1997, tandis que les jugements négatifs de ceux qui perçoivent le FN comme un danger se situent à 65 %, soit une dizaine de points de moins qu'à la fin des années 1990. Les Français sont de moins en moins nombreux à juger " inacceptables" les positions de M. Le Pen : ils ne sont plus que 34 %, contre près de la moitié (48 %) en 1997. En revanche, la part de ceux qui les jugent seulement " excessives" a progressé de 11 points (47 % contre 36 % en 1997), tandis que 15 % estiment qu'elles sont " justes" (9 % en 1997). IMAGE MOINS EXTRÉMISTE L'analyse des principaux thèmes défendus par le président du Front national est très éclairante. Ainsi, sa défense des valeurs traditionnelles est désormais approuvée par 39 % des sondés (contre 53 %), en progression de 6 points en un an. Ses positions sur la situation dans les banlieues sont approuvées par 33 % (contre 55 %), sur la sécurité et la justice par 32 % (contre 56 %). Ses critiques contre la "classe politique" sont partagées par 29 % des sondés, soit un niveau record pour ce thème typiquement poujadiste, tandis que 60 % les désapprouvent. Enfin 22 % approuvent ses positions sur les impôts. Sur tous ces sujets, le niveau d'approbation enregistre des progressions significatives de 4 à 8 points en un an. En revanche, les credos fondamentaux du FN n'exercent plus le même attrait. C'est particulièrement net pour ses positions sur les immigrés, approuvées par 24 % des sondés (contre 69 %), soit un étiage au plus bas par rapport aux années 1990. Plus nettement encore, la préférence nationale - qui est au coeur du projet du parti d'extrême droite - fait beaucoup moins recette. Pour 18 % des personnes interrogées (contre 80 %) " on doit donner la priorité à un Français sur un immigré en situation régulière en matière d'emploi" ; c'est le cas pour 22 % (contre 77 %) en matière de prestations sociales. En 1991, 45 % et 43 % des sondés étaient d'accord avec ces revendications du FN et ils étaient encore 31 % en 1998. Au total, moins des deux tiers des Français (65 %) considèrent Jean-Marie Le Pen comme " le représentant d'une extrême droite nationaliste et xénophobe", tandis que 28 % le voient comme le représentant d'une "droite patriote et attachée aux valeurs traditionnelles". Ce constat n'est pas de nature à rassurer Nicolas Sarkozy. Les sympathisants de l'UMP sont en effet loin d'être insensibles à l'image moins extrémiste du président du FN : 36 % d'entre eux sont d'accord avec ses idées (contre 61 % d'avis contraire) ; 39 % considèrent qu'il ne représente pas un danger pour la démocratie ; enfin, 19 % estiment que ses positions sont justes et 58 % les jugent seulement excessives (contre 22 % seulement qui les qualifient d'inacceptables). La porosité de la frontière idéologique entre la droite et le FN est d'autant plus embarrassante pour le candidat de l'UMP que les Français semblent dubitatifs sur l'efficacité de sa stratégie anti-Le Pen. A peine deux sondés sur trois estiment que M. Sarkozy peut faire baisser (16 %) ou limiter (23 %) la progression du vote FN ; au contraire, 25 % pensent qu'il fait monter ce vote et 23 % qu'il n'y change rien. § Plusieurs personnalités de droite tentent encore de faire entendre des voix dissonantes par rapport à la ligne politique et économique défendue par Nicolas Sarkozy. § D ominique de Villepin ne rate pas une occasion de faire entendre sa différence avec Nicolas Sarkozy. Ce n'est donc pas un hasard s'il a choisi de donner la parole à Emmanuel Todd, jeudi 14 décembre, à l'ouverture de la conférence pour l'emploi et les revenus. Devant l'ensemble des partenaires sociaux, le premier ministre fait une nouvelle tentative pour déplacer le centre de gravité du débat présidentiel en dehors de l'affrontement entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Le sociologue et historien, qui avait déjà donné, en 1995, un corpus idéologique à la "fracture sociale" de M. Chirac, met en garde aujourd'hui contre les dommages du libre-échange sur le système démocratique et en appelle à un protectionnisme européen. Ce diagnostic est partagé par le premier ministre qui affirmait, jeudi 16 novembre à l'université de Lille-II, que "le monde qui se construit n'est pas un monde d'équilibres" et qui plaidait pour "la défense sans complexe de nos intérêts", notamment avec l'instauration d'un "bouclier monétaire" et d'un "patriotisme économique". Ce questionnement tranche avec la ligne officielle de l'UMP, déclinée par Nicolas Sarkozy, le 9 novembre à Saint-Etienne : il y affirmait que "la question n'est pas de savoir si la mondialisation est bonne ou mauvaise mais si nous y sommes préparés et si nous voulons être du côté des gagnants ou de celui des perdants". Si le premier ministre estime en privé que la campagne n'est pas à la hauteur des enjeux, son ministre de l'emploi, Jean-Louis Borloo, l'affirme, lui, explicitement dans Le Parisien du 14 décembre : "C'est un débat qui relève plus des élections législatives." Le ministre du budget, Jean-François Copé, se propose, lui, avec son club generationfrance.fr, lancé le 13 décembre, de "mettre les pieds dans le plat" avec des débats "décalés" pour la présidentielle. Alors que le débat au sein de l'UMP doit se dérouler au cours des trois forums organisés en décembre, une partie de la majorité est déterminée à le poursuivre jusqu'en février ou mars. "La logique politique fait qu'il y a eu beaucoup de ralliements à Sarkozy mais la question est : est-ce que la droite est convaincue par le positionnement de l'UMP ?", s'interroge un chiraquien. Membre l'UMP, mais également co-président du parti radical, Jean-Louis Borloo a prévu de faire son entrée en scène dans la campagne électorale, samedi 16 décembre, lors du congrès de son parti. Le ministre de l'emploi a choisi un scénario à la Nicolas Hulot. Il propose à tous les candidats de "changer d'échelle". "Je suis parti du constat de nos échecs républicains", explique M. Borloo. "La globalisation de l'économie, l'accroissement des inégalités, les risques d'explosion sociale et communautaire, l'allongement de la durée de vie, la multiplication des modèles familiaux appellent une réforme complète de l'action politique", explique-t-il, en proposant une sorte de "plan Marshall" de la République. Jacques Chirac, lui-même, devrait, lors de ses voeux 2007, monter au créneau pour fixer "un cap et une vision pour le pays", selon un familier. François Baroin, ministre de l'outre-mer et proche du chef de l'Etat, met en avant la singularité de Jacques Chirac sur "la place du social, le rassemblement du pays, le refus du communautarisme et les vertus inaltérables qui fondent notre pacte républicain". Une ligne politique qu'une partie de la droite n'estime pas représentée par la candidature de Nicolas Sarkozy. § Aucune enquête d'opinion ne se risque à estimer que Jean-Marie Le Pen pourrait être présent au second tour de l'élection présidentielle. La critique est facile : les instituts de sondage auraient ignoré le phénomène Le Pen en 2002 et seraient prêts à commettre la même erreur. § L e 22 avril 2007 succédera-t-il au 21 avril 2002 ? Les sondeurs, accusés d'avoir sous-estimé le vote en faveur de Jean-Marie Le Pen en 2002, n'ont pas sombré dans l'excès inverse. Pour l'instant, aucune enquête d'opinion ne se risque à estimer que le président du FN pourrait être présent au second tour de l'élection présidentielle. Néanmoins, les réponses apportées par les sondeurs semblent différentes selon les instituts. Fin novembre, l'institut CSA plaçait le président du Front national à 17 % d'intentions de vote au premier tour, soit un score très proche de celui d'avril 2002 (16,8 %). Mais la plupart des instituts de sondage, comme TNS-Sofres ou Ipsos, estiment plutôt le score que ferait Jean-Marie-Le Pen si l'élection avait lieu aujourd'hui, entre 11 % et 13 %. Comment expliquer cet écart ? "Nous utilisons d'autres outils pour mesurer les intentions du vote Front national, par exemple en posant d'autres questions aux sondés" , explique Stéphane Rozès, de l'institut CSA. Mais sans détailler les outils correctifs mis en uvre : si la commission des sondages est dans le secret, les instituts, eux, ne communiquent pas sur le sujet. "Chaque institut à ses méthodes", se contente d'ajouter Stéphane Rozès. Brice Teinturier, de la Sofres, confirme : "Les échantillons font l'objet de différents types de redressement : c'est une opération avant tout statistique." Pas question, là encore, de dévoiler la recette qui pourra permettre de mesurer l'opinion au plus près. "DES CREUX ET DES BOSSES" Les sondeurs tiennent à le rappeler : une enquête d'opinion n'est jamais qu'une photographie de l'opinion à un moment donné. "On ne sait pas à combien Jean-Marie Le Pen sera dans cinq mois. Contrairement à un schéma habituellement accepté, le Front national n'obéit pas à une loi mécanique de montée inéluctable. Comme toutes les forces politiques, il a des creux et des bosses, en fonction de l'actualité", explique Brice Teinturier. Son collègue du CSA détaille : "On voit Le Pen à 9 % en janvier et à 17 % aujourd'hui. Entretemps, il y a eu le CPE, des événements dans les banlieues." Le spécialiste de la Sofres poursuit : "Le Front national a un socle d'électeurs mais, ensuite, il y a des couronnes qui s'agrègent en fonction des thématiques de la campagne. Ce n'est pas la même chose si le discours est centré sur la sécurité ou sur le pouvoir d'achat." La sous-évaluation de l'électorat du Front national dans les sondages vient en partie de la crainte d'être stigmatisé. "Les gens ont peur d'être repérés donc ils ne disent pas qu'ils votent pour Jean-Marie Le Pen, affirme Alain Vizier, responsable de la communication au FN. Les outils correctifs utilisés par les instituts de sondages le laissent sceptique : "Si quelqu'un ne veut pas vous dire qu'il vote Le Pen, comment allez-vous le savoir ?" s'amuse-t-il, estimant que son parti est "mal noté" car le Front national "n'achète jamais de sondages". "On nous accuse de sous-estimer le FN, mais depuis 2002, il y a eu au moins six élections pour lesquelles on ne s'est pas trompés !", tient à rappeler Brice Teinturier. Les sondeurs confirment qu'il y a une part de dissimulation de la part des électeurs, mais elle est difficile à quantifier. Pour le directeur du département politique de TNS-Sofres, "c'est aussi un électorat qui a une tendance, plus que d'autres, à refuser de répondre aux enquêtes d'opinion". C'est sur cet aspect que les sondeurs travaillent : le redressement intervient sur les échantillons, pas sur les résultats. Il est en revanche plus facile de mesurer le poids grandissant du Front national dans l'opinion. Jean-Marie Le Pen jouit d'une image moins inquiétante qu'auparavant. Dans les baromètres d'opinion, le président du FN tend à être perçu comme moins extrémiste, à se banaliser. "Mais de là à savoir quelles seront les conséquences sur le comportement électoral, c'est autre chose. Il peut y avoir plus d'adhésion aux idées du Front national, mais moins de vote. Et ça, personne ne peut le savoir", avertit Brice Teinturier. § Michèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy se sont affrontés, vendredi 15 décembre, sur les institutions de la République, lors du deuxième forum interrégional de l'UMP sur l'élection présidentielle de 2007. § M ichèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy se sont affrontés, vendredi 15 décembre, sur les institutions de la République, lors du deuxième forum interrégional de l'UMP sur l'élection présidentielle de 2007. Cela a commencé comme une boutade. La France aujourd'hui, vue de l'étranger, "c'est la Tour Eiffel et Jacques Chirac. Ce sont eux qui incarnent la France", a déclaré la ministre de la défense. "Je me garderai de réduire la France à un monument ou à une personne aussi estimable soit-elle", a riposté quelques instants plus tard le ministre de l'Intérieur, candidat à l'investiture de l'UMP pour la présidentielle. "La France c'est 62 millions de Français, c'est un peuple qui a un génie propre et c'est le travail de ce peuple qui crée une nation." Sur le fond, les deux ministres ont laissé éclater leurs divergences sur la question du rôle ."Ce n'est pas être ringard que d'être attaché aux institutions de la Ve République, au rôle éminent du président de la République. Le président donne de la visibilité sur l'avenir, il garantit la cohésion nationale", a argué la ministre de la défense. LE PRÉSIDENT N'EST PAS "UN ARBITRE AU-DESSUS DES PARTIS" Le président est "le seul à ne pas être remis en cause pendant cinq ans (...). Il a la responsabilité complète du choix de ses moyens. Quant au premier ministre, il ne peut pas être le correspondant du secrétaire général de l'Elysée", a-t-elle ajouté, estimant que "le quinquennat n'avait rien changé" à l'équilibre des institutions. "Il y a une espèce de mode qui consiste à dire : on a de bonnes institutions mais elles fonctionnent mal. Si elles fonctionnent mal, alors améliorons leur fonctionnement", mais pas les institutions elles-mêmes, a-t-elle soutenu. "Le président de la République n'est pas un arbitre au-dessus des partis, qui marche sur les eaux parce qu'il a été élu", a répliqué Nicolas Sarkolzy. "Le président, c'est un leader qui a le courage de dire avant les élections tout ce qu'il pense et tout ce qu'il fera et qui a l'honnêteté au lendemain de l'élection de mettre scrupuleusement en oeuvre la politique sur laquelle il s'est engagé", a-t-il ajouté. "C'est un homme qui s'engage, c'est un homme qui est responsable, c'est un homme qui assume ses responsabilités, ce n'est pas un homme qui se dissimule derrière un conseiller ou derrière un premier ministre.", a ajouté le président de l'UMP. La ministre de la défense, qui ne dira qu'à l'issue des forums si elle est candidate à la candidature UMP pour 2007, a été brièvement sifflée par l'assistance. Jean-Pierre Raffarin, organisateur des forums, a alors appelé à la "bonne humeur", après quoi Mme Alliot-Marie a été globalement applaudie. § Pierre Larrouturou, candidat à l'élection présidentielle, vient de recevoir un soutien de poids en la personne de Michel Rocard. "Sur la ligne 'ne votez pas pour moi, mais écoutez ce que j'ai à dire'", écrit l'ancien premier ministre, "je soutiens volontiers votre démarche d'alerte." § P ierre Larrouturou, candidat à l'élection présidentielle, vient de recevoir un soutien de poids en la personne de Michel Rocard. "Sur la ligne 'ne votez pas pour moi mais écoutez ce que j'ai à dire'", écrit l'ancien premier ministre, "je soutiens volontiers votre démarche d'alerte." La "démarche" de M. Larrouturou, délégué national du PS à l'Europe, ne manque en effet pas d'originalité : il appelle à voter, dès le premier tour, pour la candidate socialiste Ségolène Royal. Autrement dit à ne pas voter pour lui. Son objectif : "sonner le tocsin" sur un certain nombre de sujets qui lui semblent essentiels et pas assez présents en ce début de campagne présidentielle. Avec le scientifique Albert Jacquard et le chercheur Alain Trautmann notamment, il a lancé le collectif "Urgence sociale" pour réclamer une "nouvelle donne" sociale, démocratique et européenne. Le collectif propose, entre autres, de passer à la semaine de quatre jours pour lutter contre le chômage, d'en "finir avec le cumul des mandats" et de "créer une loi d'initiative citoyenne" pour "bâtir une démocratie réelle". BATAILLE POUR LES IDÉES Ce n'est que si Ségolène Royal était élue que M. Larrouturou engagerait "un rapport de force" avec elle. Il menacerait de présenter des candidats aux élections législatives de juin 2007, si la présidente n'affichait pas rapidement des "actes forts" pour prendre en compte ses revendications. "La dernière fois que la gauche a gagné des législatives, en 1997, des politologues ont calculé qu'elle n'a dû sa victoire qu'à cent mille voix d'avance ! La dernière fois qu'avec quelques amis nous avons présenté une liste (aux européennes de 1999), nous avions recueilli cent quatre-vingt mille voix" déclare le candidat. Une bataille pour les idées qui pourrait bien devenir électorale. § Marie-George Buffet veut "en finir". Lasse des critiques de ses partenaires de la gauche antilibérale et de la contestation interne, la secrétaire nationale a décidé de se faire relégitimer par le parti. § M arie-George Buffet veut "en finir". Lasse des critiques de ses partenaires de la gauche antilibérale et de la contestation interne, la secrétaire nationale a décidé de se faire relégitimer par le parti. Lors du conseil national réuni le 15 et 16 décembre, la direction du PCF doit proposer de faire voter une seconde fois les militants sur sa candidature et de partir en campagne dans la foulée. Convaincue qu'avec la majorité de 55 % de votes qu'elle a obtenu dans les collectifs, sa candidature est légitime, la secrétaire nationale veut "clarifier" avant Noël. Après le désaccord constaté lors de la réunion nationale des antilibéraux les 9 et 10 décembre, les collectifs doivent à nouveau se prononcer sur le nom "le plus à même de faire consensus". La direction du PCF entend, de son coté, "donner la réponse des communistes". Devant les critiques des rénovateurs emmenés par Pierre Zarka, Marie-George Buffet semble prête à s'appuyer sur le courant "orthodoxe" et les amis de Robert Hue, pour faire passer son orientation. Quitte à changer d'alliance pour garder sa majorité. Reste à évaluer la réaction des militants. Dans plusieurs assemblées fédérales comme le Cher, la Vienne, l'Isère, la Haute-Savoie, le Gard, ou l'Hérault, ils ont exprimé leur "colère" et leur "tristesse" devant l'attitude de leur direction. Jeudi, plus de 300 élus, responsables de section et militants se sont réunis à Saint-Denis pour faire pression à leur tour. Deux jours auparavant, les secrétaires fédéraux de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et du Val-d'Oise ont expliqué leur inquiétude face au "risque d'éclatement du parti". Les artistes "compagnons de route" ont aussi réagi. Le réalisateur Robert Guédiguian, les comédiens Ariane Ascaride et Gérard Meylan, ont lancé un appel à "Marie-George" à "se retirer au profit de n'importe quel autre candidat". Jean Ferrat et Gérard Mordillat s'étaient manifestés quelques jours auparavant dans L'Humanité. "Si le parti n'entend pas cette exigence, pour la première fois de ma vie, je ne voterais pas communiste", explique au Monde M. Guédiguian. La marge de manoeuvre de Mme Buffet s'est rétrécie. Un de ses principaux anciens opposants, et nouvel "allié", Nicolas Marchand assure qu'il soutiendra l'idée d'"une entrée en campagne de Marie-George le plus vite possible". Mais prévient qu'ensuite, les bilans seront tirés sur une "alliance au sommet avec l'extrême gauche qui ne pouvait que mener à l'échec". § Entretien avec Brice Hortefeux (UMP), un proche de Nicolas Sarkozy. § D eux rapports mettent en évidence l'absence de lisibilité des finances locales (Le Monde du 12 décembre). Partagez-vous ce diagnostic ? Effectivement. La fiscalité locale est trop complexe. J'en veux pour preuve trois exemples : les valeurs locatives, qui sont à la base de la fiscalité locale, n'ont pas été révisées depuis 1970, l'instruction qui définit les critères d'assujettissement à la taxe foncière non bâtie n'a pas été revue depuis 1908 et enfin, il n'y a pas un contribuable qui soit en mesure de calculer sa taxe d'habitation ! La fiscalité locale est à bout de souffle. Une réforme paraît donc à la fois indispensable et inéluctable, avec pour lignes directrices la lisibilité et la simplification. Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Ma conviction est que, par un effet de dominos, toucher à la fiscalité locale engage automatiquement une réflexion sur la fiscalité nationale, et cela ne peut être abordé qu'au lendemain d'un scrutin national, présidentiel ou législatif. Les collectivités locales reprochent à l'Etat de leur avoir transféré des charges sans les doter des ressources fiscales suffisantes pour y faire face. Le gouvernement est allé au-delà de ses obligations légales, en allant de 157 millions d'euros au-delà de la stricte compensation à l'euro près. En ce qui concerne le revenu minimum d'insertion (RMI), l'Etat a rempli ses engagements. Il aura consacré près de 2 milliards d'euros à la compensation supplémentaire du RMI. Il peut exister ici ou là quelques points marginaux pour lesquels il y a discussion sur la réalité du transfert. Le RMI est malheureusement une dépense en constante évolution. Mais les départements bénéficient de la recette des droits de mutation à titre onéreux, qui ont augmenté en moyenne de 80 % depuis 2002. Il n'y a pas d'exemple de recette de l'Etat qui évolue de manière aussi dynamique. Pourtant les élus locaux reprochent à l'Etat de creuser les déficits. Les responsabilités concernant les dérives de finances publiques sont plus partagées que les collectivités voudraient le faire croire. Depuis trois ans, l'Etat a diminué de 0,4 % les effectifs de sa fonction publique, et les collectivités l'ont augmenté de 3,6 %. En cinq ans, c'est-à-dire entre 1999 et 2004, les effectifs communaux ont augmenté de 3,92 % alors que ceux des intercommunalités ont progressé de 53,17 %. Or, il y aurait dû avoir un effet de vase communicant par l'effet des transferts des compétences. Vous êtes en train de dire que les collectivités locales sont riches ? Les régions n'ont pas de motif de se plaindre. Elles ont davantage levé l'impôt pour se désendetter, pour investir le cas échéant, que pour mettre en oeuvre la décentralisation. Faisons attention à l'évolution de la fiscalité locale. Nos compatriotes y sont, à juste titre, de plus en plus attentifs. Cette question doit faire l'objet d'un débat juste et nécessaire dans les mois qui viennent. Que pensez-vous de l'hypothèse d'élire les présidents d'intercommunalité au suffrage universel ? On n'est pas prêt aujourd'hui à instaurer l'élection des délégués intercommunautaires. Le maire serait réduit à être un simple agent de l'état civil et à faire de la figuration. Il faut imaginer des pistes transitoires. Ma préconisation est qu'on s'inspire du statut PLM (Paris, Lyon, Marseille) : ceux qui seraient en tête de liste deviendraient à la fois conseillers communautaires et conseillers municipaux. Cela donnerait à la fois de la lisibilité et une plus grande efficacité tout en conservant la légitimité de l'élection municipale. § Pour une fois, la cause défendue par Ségolène Royal n'est pas populaire. La décentralisation, dont la candidate socialiste à l'élection présidentielle a fait l'un de ses principaux axes de campagne, ne séduit pas les Français. § P our une fois, la cause défendue par Ségolène Royal n'est pas populaire. La décentralisation, dont la candidate socialiste à l'élection présidentielle a fait l'un de ses principaux axes de campagne, ne séduit pas les Français : 45 % jugent qu'elle est allée trop loin, selon un récent sondage Ipsos-La Gazette des communes. Du coup, Mme Royal, qui participait jeudi 14 décembre, au congrès de l'Association des régions de France (ARF) réuni à Dijon, adapte son vocabulaire et remplace "décentralisation" par un autre mot : "régionalisation". "Si les Français sont sceptiques à l'égard du fait régional, c'est qu'ils ne savent pas ce qu'elles ont accompli", a-t-elle tranché. L'ANPE "NE FONCTIONNE PAS BIEN" Fustigeant la "loi ratée" de Jean-Pierre Raffarin sur le sujet, la présidente de Poitou-Charentes, porte-parole de l'ARF, a suggéré une "réconciliation" en insistant à plusieurs reprises sur la nécessité d'un "Etat fort qui fixe les règles et protège". Mais Mme Royal, n'en démord pas : les régions, dont, en dehors de l'outre-mer, vingt sur vingt-deux sont aujourd'hui dirigées par des présidents socialistes, sont "l'échelon moderne, pertinent, pour réussir une France solidaire". Et pour faire taire toute inquiétude, elle a lancé l'idée d'un "pouvoir de veto des régions", qui refuseraient de délibérer, si l'Etat transférait des compétences sans les ressources. Cette précaution prise, la candidate du PS a proposé une "nouvelle phase" de décentralisation, consacrée aux jeunes. Les régions, a-t-elle présenté, devraient mettre en commun leurs expériences pour favoriser l'accès au premier emploi, à une qualification et à un métier. Mme Royal voudrait étendre ce qu'elle a mis en place dans sa propre région : le chèque création d'entreprise, entre 5 000 et 10 000 euros, pour aider au démarrage d'une activité. Mme Royal a aussi plaidé pour le transfert des travaux de rénovation des universités aux régions, comme pour les lycées. "Une action lourde", a-t-elle reconnu. Enfin, Mme Royal milite pour "l'invention" d'une nouvelle forme de logement qui mêlerait étudiants et jeunes salariés. Ce ne sont pas les seuls domaines concernés. En aparté, Mme Royal dressait une liste, non exhaustive, des transferts de compétence qu'elle souhaiterait confier à "l'intelligence collective des territoires" : l'environnement, les universités, la recherche et l'innovation en rapport avec la compétitivité des entreprises, et jusqu'à l'ANPE "qui ne fonctionne pas bien et pourrait bien mieux le faire si elle était régionalisée". La présidente de Poitou-Charentes s'insurge contre le système actuel des cofinancements pour développer les projets qui impose souvent le recours aux départements. "Je suis pour des actions payées cash !", s'est-elle exclamée, très executive woman dans son tailleur-pantalon, en prenant pour exemple la gratuité des permis de conduire dans sa région. Et de conclure sur sa détermination : "Ce n'est pas parce qu'il y a un mauvais sondage que je vais renoncer." § 2 000 personnes venues du Nord - Pas-de-Calais et d'au-delà, étaient rassemblées pour le premier grand meeting régional de la campagne présidentielle du chef de l'UDF § S a précédente campagne présidentielle, il y a cinq ans, il l'avait démarrée dans un bus fonctionnant au colza, "la fleur au fusil", reconnaît-il lui-même. Cette fois, François Bayrou attaque comme un vrai "pro". Pour son premier grand meeting de campagne, jeudi 14 décembre, il a rempli le Grand Palais de Lille, au-delà de ses attentes, près de 200 personnes n'ayant pu y prendre place. Pour l'occasion, les organisateurs avaient ratissé large, au-delà du Nord - Pas-de-Calais et, parmi les 2 000 spectateurs de cette entrée en campagne, il en était venu de la Somme, des Ardennes, de la Marne et même de Strasbourg. Cinq ans après, certains ont encore du mal à identifier le programme du président de l'UDF. Interrogés, les jeunes des écoles de commerce de l'agglomération lilloise venus sur invitation étaient bien en peine de citer une de ses mesures phares. En revanche, ils aiment bien "quand il tape Chazal ou Chabot". Depuis l'été, M. Bayrou s'est ainsi bâti une stature de pourfendeur des médias "aux ordres" qui prétendent "faire l'opinion". Mais la marque de fabrique de M. Bayrou, c'est incontestablement son voeu de "former un gouvernement différent des précédents". Après une longue énumération des "chantiers immenses" qui l'attendent, il fait un tabac quand il affirme de nouveau vouloir "nommer un gouvernement avec des femmes et des hommes nouveaux et compétents, d'accord sur les urgences et les priorités". Et M. Bayrou de préciser que "ce gouvernement soutiendra, lors des élections législatives qui suivront immédiatement, des candidats dans chaque circonscription". Un candidat "antisystème", qui dénonce l'"impuissance perpétuelle" de ceux qui se sont succédé alternativement au pouvoir depuis 1981 et qui veut privilégier l'"intérêt général" à l'"intérêt d'un camp, d'un clan ou d'une classe sociale". Voilà le portrait-robot du candidat Bayrou à quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle. D'ici là, il va lui falloir "labourer". Dans l'agglomération lilloise, il a voulu mettre l'accent sur la petite entreprise. Avec, à la clé, deux idées : offrir à chacune la possibilité de créer deux emplois sans charges et majorer toutes les heures supplémentaires de 35 %, "sans que cela coûte un centime à l'entreprise". § A quelques mois de la présidentielle en 2007, l'opposition ne s'est pas privée d'ironiser sur le départ annoncé du chanteur, qui s'était affiché aux côtés de Nicolas Sarkozy début septembre à l'université d'été de l'UMP. § L 'annonce du départ de Johnny Hallyday en Suisse fait des vagues dans toute la classe politique. Le chanteur avait justifié jeudi sa décision sur la station de radio Europe 1 en déclarant qu'il en avait "marre, comme beaucoup de Français, de payer ce qu'on nous impose comme impôts". Nicolas Sarkozy a pris la défense du chanteur, soutien affiché du candidat à la présidentielle, en estimant, vendredi 15 décembre, que le départ de Johnny Hallyday en Suisse prouvait qu'il y avait un problème en France. "Je n'ai pas de commentaire à faire sur une situation personnelle. Je veux seulement dire une chose : un pays où tant de nos artistes, de nos créateurs, de nos chercheurs, où tant de gens se disent qu'il faut partir, c'est bien qu'il y a un problème", a déclaré M. Sarkozy, venu à Lyon pour le deuxième forum de la précampagne électorale de l'UMP, dans l'après-midi. Johnny Hallyday va mourir d'ennui à Gstaad Dans un éditorial intitulé Johnny, reste chez toi, le rédacteur en chef du journal suisse Le Matin, Peter Rothenbühler, relève qu'il ne fait bon vivre que trois mois par an à Gstaad, une petite station de sports d'hiver où l'on parle le dialecte suisse allemand, à condition "d'aimer le ski, la randonnée et la solitude". "Et comme Johnny est un gars qui ne peut pas rester seul, il va donc s'ennuyer comme un rat mort à Gstaad", poursuit l'éditorialiste, qui doute que la star française vienne vraiment vivre en Suisse six mois par an. - (Avec AFP) La décision de Johnny Hallyday conduit à se "poser des questions", a, pour sa part, estimé la présidente du Medef, Laurence Parisot. "Je pense qu'il y a une émigration dont personne ne parle aujourd'hui. (...) Je ne regarde pas seulement ceux qui ont des hauts salaires. Regardez tous nos jeunes talents qui sortent des écoles de commerce, où les meilleurs élèves sont en train de partir à l'étranger pour faire une carrière", a déclaré la présidente de l'organisation patronale. CRITIQUES DE HOLLANDE ET BAYROU A quelques mois de la présidentielle de 2007, l'opposition ne s'est pas privée d'ironiser sur le départ annoncé du chanteur, qui s'était affiché aux côtés de Nicolas Sarkozy début septembre à l'université d'été de l'UMP. "Nicolas Sarkozy devrait se méfier de ses propres amis, a estimé le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande. Quand on a une conception de la République, de son pays, on reste payer ses impôts dans son pays." "Ce n'est pas un très bon exemple civique", a également déclaré François Bayrou. Le candidat UDF pour 2007 s'est prononcé "pour une réforme profonde" de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui "fera rentrer plus dans les caisses de l'Etat et empêchera que tous ces gens s'en aillent". De leurs côtés, le président français Jacques Chirac, connu pour être un inconditionnel du chanteur, et le premier ministre, Dominique de Villepin, ont dit "regretter" la décision de Johnny Hallyday. "Ce n'est pas justifié par la situation fiscale de notre pays", a estimé M. de Villepin. § "Ce sera l'un des débats qu'il y aura en France", a estimé jeudi le président de l'UMP. "Les socialistes sont pour l'adhésion de la Turquie, moi pas", a-t-il dit en marge d'une rencontre de la droite européenne. § A lors que l'Union européenne s'apprête à geler les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, Nicolas Sarkozy a choisi, jeudi 14 décembre, de relancer la controverse qu'il sait exister en France sur le sujet. Lors d'un sommet du Parti populaire européen (PPE) à Meise, près de Bruxelles, le futur candidat de l'UMP à l'élection présidentielle s'est montré très critique sur le dossier turc. Selon un responsable allemand, le ministre de l'intérieur "a dit aux autres que s'il était élu, il aurait une obligation envers le peuple français". Et d'inviter les participants à la réunion, parmi lesquels les chanceliers allemand et autrichien, Angela Merkel et Wolfgang Schüssel, à réfléchir à quoi pourrait ressembler le "partenariat privilégié" qu'il prône comme alternative à l'adhésion. Selon plusieurs sources proches du PPE, plusieurs pays comme la Grèce, les Pays-Bas et la Suède ont plaidé au contraire pour une politique de la main tendue envers Ankara. "Un partenariat privilégié n'est pas une bonne option", a estimé un responsable néerlandais. Le premier ministre grec, Costas Caramanlis, a estimé pour sa part qu'"une Turquie orientée vers l'Europe serait bénéfique pour tout le monde". A la sortie de la réunion, Nicolas Sarkozy s'est dit décidé à croiser le fer sur ce thème avec les socialistes durant la campagne présidentielle. "J'ai regretté que le Parti socialiste européen appelle à l'adhésion de la Turquie. Ce sera l'un des débats qu'il y aura en France", a-t-il estimé. "Les socialistes sont pour l'adhésion de la Turquie, moi pas. Parler de l'adhésion de la Turquie alors même que la famille européenne n'est pas encore réunifiée, cela n'a pas beaucoup de sens", a-t-il ajouté devant la presse, avant de rentrer à Paris. SÉGOLÈNE ROYAL POUR UN RÉFÉRENDUM La candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, s'est prononcée pour une poursuite des négociations avec Ankara et l'organisation d'un référendum en France, comme le prône le président Jacques Chirac. "Mon opinion est celle du peuple français", avait-elle lancé en octobre à ce sujet. Un proche de Nicolas Sarkozy a fait remarquer que le prochain conseil européen, sous présidence allemande, aurait lieu fin juin, peu après le second tour des législatives françaises. "Le nouveau pouvoir aura quatre jours pour prendre position, alors il faut être prêt", a-t-il dit. Pour l'heure, Nicolas Sarkozy a salué la décision "ferme" de Bruxelles de ralentir les négociations après le refus d'Ankara d'ouvrir ses ports et ses aéroports au commerce en provenance de Chypre. Cette position doit être entérinée lors du conseil des chefs d'Etat et de gouvernement, qui a commencé jeudi, à Bruxelles, sous présidence finlandaise. "La Turquie doit comprendre que ce n'est pas à l'Europe de s'adapter aux règles des autres", a dit le président de l'UMP, pour qui "la nécessité absolue" d'une reconnaissance de Chypre par Ankara est une évidence. "Je ne comprends même pas que la question se pose. Si la Turquie veut entrer dans l'Europe et vous connaissez mes réserves , elle doit d'abord considérer que l'Europe est à vingt-cinq, pas à vingt-quatre, a-t-il dit. Ce n'est pas un préalable que de reconnaître l'ensemble des Etats qui constituent l'Union européenne. C'est un principe, c'est une nécessité absolue." § Alors que les antilibéraux ne sont toujours pas parvenus à trouver un accord sur le nom d'un candidat, des élus et militants communistes demandent à la secrétaire nationale du PCF de se retirer pour éviter l'échec de la candidature unitaire. § L e conseil national du Parti communiste français, vendredi 15 décembre, promet d'être houleux. Après la difficile réunion des collectifs antilibéraux samedi 9 et dimanche 10 décembre, la candidature unitaire n'a pas fini de diviser les communistes. Toute la semaine, Marie-George Buffet a rappelé qu'elle maintenait sa candidature, malgré l'impossibilité d'arriver à un consensus sur son nom. La direction du PCF a appelé les militants à se rendre dans les collectifs et "à exprimer leur volonté que l'accord politique se fasse à partir du choix qu'ils ont fait d'une candidature de Marie-George Buffet". Mais, au sein du Parti communiste français, les partisans d'une candidature unitaire ne sont pas prêts à céder. Réunis mercredi soir à Saint-Denis, des élus et militants communistes d'Ile-de-France en ont appelé à la direction du parti : "Nous voulons la poursuite du rassemblement et nous ne faisons pas de l'appartenance du candidat(e) au Parti communiste français sa condition." Le message des participants à cette réunion, comme les députés François Asensi ou Patrick Braouezec, ou les maires de Nanterre et de Gennevilliers, se veut sans équivoque : il faut retirer la candidature de la secrétaire nationale du PCF, sous peine de voir échouer tout rassemblement. DERNIÈRE OPPORTUNITÉ Malgré tout, la situation semble bloquée : si la direction du PCF passe en force, elle perdra l'appui d'une partie de ses militants, engagés dans la démarche unitaire ; si elle retire la candidature de Mme Buffet, elle prend le risque de se couper des "historiques" du parti, favorables à une identité communiste plus marquée. "Il ne faut pas se raconter d'histoires, estime le député de Saint-Denis, Patrick Braouezec, le parti est déjà divisé, entre ceux qui pensent que le PCF est au centre de ce rassemblement, et ceux qui, comme moi, pensent qu'il est une composante essentielle du mouvement, mais qu'il n'en est pas le centre." Dans la semaine, plusieurs collectifs, en Isère, en région parisienne, dans l'Hérault, ont signé des textes affirmant qu'ils ne soutiendraient pas la candidature d'une dirigeante d'un parti politique. Parmi les signataires, certains militants communistes qui avaient soutenu la candidature de Mme Buffet. Jean-Louis Bousquet, membre du conseil national du PCF, expliquait sur le site Bellaciao : "J'ai défendu la candidature Buffet qui me paraît être une excellente candidate, mais ce n'est pas vécu comme cela par les non-communistes (...) Vu l'urgence qu'il y a à trouver un candidat, (son) retrait permettrait la poursuite du processus de rassemblement." Pour Patrick Braouezec, la direction du parti pourrait céder devant la pression : "Ils sont alertés par ce qui se passe au niveau local, dans les fédérations." Pour les partisans d'une candidature unitaire au sein du PCF, la réunion du conseil national, vendredi, pourrait être la dernière opportunité de voir Marie-George Buffet retirer sa candidature. § Jeudi 14 décembre, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il allait signer prochainement le Pacte écologique, à l'issue d'une rencontre avec l'animateur de télévision. Ségolène Royal avait assuré, mardi, qu'elle ferait de même. § E n maintenant le doute sur sa candidature, Nicolas Hulot n'en finit pas de récolter des soutiens. Jeudi 14 décembre, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il allait signer prochainement le Pacte écologique, à l'issue d'une rencontre avec l'animateur de télévision. Ségolène Royal avait assuré, mardi, qu'elle ferait de même. Le président de l'UMP a reçu l'animateur de télévision pendant plus d'une heure pour débattre des dix objectifs et cinq propositions du Pacte. "Nicolas Sarkozy a décidé de signer le Pacte écologique dans les prochains jours. Il fera alors connaître ses propositions en matière de développement durable", dit un communiqué de l'UMP, qui ajoute que "Nicolas Sarkozy soutient la démarche de Nicolas Hulot et ses propositions pragmatiques". Le parti entend montrer son engagement écologique, et rappelle qu'il présente"quarante mesures précises dont l'objectif est d'aider chacun à vivre de manière écologique, sans peser sur le pouvoir d'achat, l'emploi et le progrès". Nicolas Sarkozy a ainsi proposé de doubler en cinq ans le poids de la fiscalité écologique, d'instaurer un crédit d'impôt écologique et de créer un grand ministère du développement durable. Outre Ségolène Royal, le président de l'UDF, François Bayrou, la candidate des Verts, Dominique Voynet, et la dirigeante communiste, Marie-George Buffet, se sont engagés à signer le texte de Nicolas Hulot. Mercredi 13 décembre, Nicolas Hulot a prévenu qu'au-delà de la signature de son Pacte écologique, il attendait "du concret clairement énoncé" de la part des candidats à l'Elysée, avant de décider s'il entre en lice pour la présidentielle. L'animateur a indiqué à plusieurs reprises qu'il se déciderait au plus tard tout début janvier. § Le Parti communiste a décidé, samedi, de reconsulter par vote mercredi ses militants, leur demandant de se prononcer sur le maintien ou non de Marie-George Buffet comme candidate d'un rassemblement anti-libéral pour 2007, alors qu'elle ne fait pas l'objet d'un consensus chez les anti-libéraux. § L e Parti communiste a décidé, samedi 16 décembre, de reconsulter par vote mercredi ses militants, leur demandant de se prononcer sur le maintien ou non de Marie-George Buffet comme candidate d'un rassemblement anti-libéral pour 2007, alors qu'elle ne fait pas l'objet d'un consensus chez les anti-libéraux. "Je ferai une intervention jeudi ou vendredi pour dire qu'on poursuit la bataille du rassemblement et si les organisations continuent de dire non, il faudra alors travailler avec ceux dans les collectifs qui veulent aller de l'avant", a répondu la secrétaire nationale du PCF. "On ne peut pas attendre le mois d'avril pour entrer en campagne", a-t-elle ajouté, en soulignant que lors du conseil national du PCF, "il y a eu une réaffirmation d'une démarche de rassemblement". Environ 100 000 militants communistes sont ainsi appelés à choisir entre les deux propositions suivantes : "Je choisis la proposition de candidature de Marie-George Buffet, choix le plus partagé des collectifs locaux pour porter le rassemblement anti-libéral à la présidentielle", ou "Je choisis le retrait de Marie-George Buffet et la recherche d'une autre candidature de rassemblement anti-libéral à l'élection présidentielle". Ce vote a été décidé après l'échec du rassemblement anti-libéral du week-end dernier à s'accorder sur un candidat commun pour la présidentielle, la candidature de Mme Buffet ne faisant pas l'objet d'un consensus. Deux autres candidats sont sur les rangs, Clémentine Autain, élue de Paris apparentée communiste, et Yves Salessse, président de la Fondation Copernic. Les sensibilités du mouvement anti-libéral hors PCF avaient rejeté le week-end dernier la candidature de Mme Buffet, estimant que la dirigeante d'un parti ne pouvait pas pas représenter la diversité du mouvement. Mais le PCF avait fait valoir que Mme Buffet avait déjà rassemblé autour d'elle 55 % des collectifs locaux. § Cécile Duflot, 31 ans, a été élue, samedi, secrétaire nationale des Verts par le conseil national du parti réuni à Paris, en remplacement de Yann Wehrling, qui devient porte-parole. § A 31 ans, cécile Duflot devient la plus jeune secrétaire nationale des Verts, record auparavant détenu par son prédécesseur Yann Wehrling, qui avait accédé à ce poste à 33 ans. La jeune femme a été élue, samedi 16 décembre, par le conseil national du parti réuni à Paris, en remplacement de Yann Wehrling, qui devient porte-parole. La nouvelle direction, qui comprend au total 15 membres, a été élue au premier tour de vote, avec tout juste la majorité requise de 60 % des exprimés. En la personne de Dominique Voynet, les Verts ont déjà une femme comme candidate à l'élection présidentielle de 2007. Outre Cécile Duflot à la tête du parti pour deux ans et Yann Wherling qui avait déjà été porte-parole pendant deux ans avant de diriger le parti, les Verts ont choisi comme porte-parole femme Anne Souyris. Mireille Ferri, secrétaire nationale adjointe dans la direction sortante, conserve son poste, mais avec de nouvelles attributions (réformes internes du parti). Michel Bock, un proche de Dominique Voynet, est délégué aux élections. CANDIDATE AUX LÉGISLATIVES DE 2007 Membre influente ces dernières années du courant le plus à gauche du parti, Cécile Duflot en a rejoint un autre pour le congrès de Bordeaux début décembre, "Espoirs en actes", plus composite et qu'elle définit comme "la gauche modérée" des Verts. Née le 1er avril 1975 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), elle est revenue y habiter à 17 ans. Elle aligne aussitôt les petits boulots, "pour être sûre d'être libre", dit-elle : standardiste dans une société de livraison de pizzas, télé-marketing... Dès sa prime jeunesse, elle milite dans des associations. A 16 ans, sous l'influence de sa mère, à la Ligue de protection des oiseaux, puis dans des associations d'éducation populaire "à tendance catholique", comme la Jeunesse ouvrière chrétienne. Elle a également milité au sein du Génépi (Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées) pendant quatre ans. Titulaire d'un DEA de géographie sur le thème des "lieux de vacances", ancienne de l'Essec, elle travaille depuis quatre ans dans un groupe immobilier à vocation sociale à Créteil. Elle est mère de trois enfants, âgés de 9 à 5 ans. Adhérente des Verts depuis février 2001, Cécile Duflot entame son troisième mandat consécutif au sein du collège exécutif du parti, où elle a été successivement déléguée à l'organisation, puis porte-parole. Selon les statuts des Verts, ce sera forcément le dernier mandat. Conseillère municipale, candidate aux cantonales en mars 2004, elle a été investie pour pour les législatives de 2007 dans la circonscription où elle habite, en attendant un éventuel accord avec le PS. § La candidate socialiste à l'élection présidentielle a exhorté ses partisans, samedi à Paris, à "changer leur façon de faire de la politique" pour "ramener le vote populaire vers les socialistes et la gauche". Elle a également déclaré qu'elle était d'accord pour débattre avec Nicolas Sarkozy. § S égolène Royal a lancé, samedi 16 décembre, sa "campagne participative" , en exhortans ses partisans, réunis au Cnit de la Défense, à Paris, à "changer leur façon de faire de la politique". La candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007 leur a demandé d'organiser des débats "à tous les échelons" avec les citoyens, "dans un quartier, une rue, un bistrot, un appartement". "La responsabilité des socialistes et des militants de gauche, c'est de ramener vers eux le vote populaire. Il est là l'enjeu de l'élection présidentielle et nulle part ailleurs", a-t-elle expliqué. Inquiète du dernier sondage "terrible" TNS-Sofres où "on voit monter une forme de crédibilité du Front national", Ségolène Royal a invité ses amis à s'adresser en priorité à "cette France qui pense ne compter pour rien : les travailleurs pauvres, les invisibles, les gens de peu". La candidate a évoqué "ces millions de Français victimes de la politique de la droite (qui) n'ont pas envie de revenir voter ou iront vers les extrêmes si notre campagne ne répond pas à leurs préoccupations". Se présentant "comme fervente régionaliste", la présidente de la région Poitou-Charentes a présenté un "kit pour réussir un débat participatif" constitué de diaporamas thématiques sur l'éducation et le premier emploi, la lutte contre la "vie chère", le combat contre "toutes les formes de violence" et l'écologie. Elle a également annoncé que 20 % du budget de la campagne soit 4 millions d'euros seraient alloués aux départements, déclenchant des applaudissements nourris. SÉGOLÈNE ROYAL D'ACCORD POUR DÉBATTRE AVEC NICOLAS SARKOZY Après les débats participatifs, dont la conclusion doit être présentée le 4 février, "on va choisir, identifier un certain nombre de propositions nouvelles par rapport au projet socialiste", a-t-elle précisé, ajoutant que "c'est une façon de hiérarchiser aussi les propositions des socialistes". "L'idée sera de dire au bout du compte : 'mon projet présidentiel, je l'ai construit avec les Français'", a-t-elle affirmé, annonçant qu'elle se déplacerait ensuite "sans doute dans tous les départements". Mme Royal a également annoncé qu'elle était d'accord pour débattre avec Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale de 2007. "Forcément, bien évidemment (...) Ca fait partie de la démocratie, mais chaque chose en son temps, nous n'en sommes pas là", a-t-elle répondu à des journalistes qui lui posaient la question. Egratignant le président de l'UMP sans toutefois le nommer, elle a souhaité "éviter d'avoir des amis qui se sauvent en Suisse pour payer leurs impôts", une allusion à la récente décision du chanteur Johnny Hallyday de passer plus de la moitié de l'année dans la station de ski de Gstaad. "Quand on a beaucoup, beaucoup d'argent comme les grands artistes, on doit montrer l'exemple et payer ses impôts en France, dans le pays qui vous accueille et qui a fait votre succès", a-t-elle estimé. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § M ieux organisé, plus nerveux, moins consensuel, le deuxième forum régional de l'UMP, après celui de Paris, a permis à Michèle Alliot-Marie d'afficher ses différences sur les thèmes des institutions et de l'Europe. Mais il ne l'autorise toujours pas à se poser comme une rivale sérieuse de Nicolas Sarkozy. Question de style. Là où le ministre de l'intérieur multiplie les exemples, la ministre de la défense se contente le plus souvent de généralités. Sa vision de la Ve République ? Une défense du statu quo ("Ce n'est pas ringard d'être attachée aux institutions") et du chiraquisme. "Seul le président de la République peut dire non à une guerre, n'en déplaise à M. Bush", dit-elle comme un reproche à la visite controversée de M. Sarkozy à Washington. Elle en rajoute encore : "La France aujourd'hui, c'est la tour Eiffel et Jacques Chirac." Réplique immédiate du candidat de l'UMP : "Je me garderai de ramener la France à un monument et à une personne, aussi estimable soit-elle." La salle, cette fois comble, s'amuse. "Réveillons-nous !", enchaîne-t-il aussitôt, rappelant que les cohabitations, le quinquennat, le 21 avril, ont changé la donne institutionnelle. Il en profite pour critiquer "un président marchant sur les eaux" et plaide à nouveau pour "un président qui s'engage" ; qui va devant le Parlement, limite ses mandats et le nombre de ses ministres, et partage son domaine réservé parce que "si c'est important, ça concerne tout le monde". Même opposition concernant le rôle du premier ministre. "Le président de la République n'est pas un homme qui se cache derrière son premier ministre", a ajouté M. Sarkozy. "Il ne peut être réduit au rôle de correspondant du secrétaire général de l'Elysée", a soutenu Mme Alliot-Marie. Qui ajoute : "Le premier ministre est le vrai chef de la majorité." M. Sarkozy s'interroge alors, narquois : "Qui peut croire que de Gaulle, Pompidou et Chirac n'aient pas été les chefs de la majorité ?" L'Europe n'est pas parvenue à les réconcilier. Ils s'opposent sur l'idée de réduire le traité constitutionnel à un "mini traité" adopté par le Parlement, défendue par le ministre de l'intérieur. "Ce serait le signe d'une Europe au rabais", s'alarme Mme Alliot-Marie, favorable à une "initiative française", sans autre précision. Dépassée dans l'échange, elle tente un dernier coup gagnant. D'abord en faisant l'éloge du gaullisme, qui lui vaut cette réplique immédiate : "Les gens sont profondément fatigués d'entendre des envolées lyriques." Ensuite en essayant de mettre les femmes de son côté, en émule tardive de Ségolène Royal : "Messieurs, je voudrais vous dire que les places, les postes et les salaires, on les prendra, que cela vous plaise ou non." Encore faudrait-il commencer par être candidate. § Les campagnes en direction des "non-inscrits" se multiplient à l'approche de la date limite du 30 décembre. § A deux semaines de la date limite d'inscription sur les listes électorales, fixée au samedi 30 décembre, les associations multiplient les opérations pour inciter les citoyens à effectuer les démarches pour obtenir leur carte d'électeur. Malgré l'importance du sujet, le flou demeure quant au nombre précis d'électeurs remplissant toutes les conditions pour voter mais qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales. La loi dispose pourtant que "l''inscription sur les listes électorales est obligatoire" (article 9 du code électoral). L'association Cidem (Civisme et démocratie), chargée par l'Etat d'organiser les campagnes officielles d'incitation au vote, évoque un chiffre de 2 millions à 2,5 millions de citoyens qui ne seraient pas enregistrés. Ce chiffre pourrait, en réalité, atteindre les 3 millions : sur les 62,7 millions d'habitants en France, un peu plus de 42 millions étaient enregistrés sur les listes fin 2005, alors que le nombre d'électeurs potentiels (Français majeurs non privés du droit de vote) dépasse les 45 millions. DES INSCRITS QUI L'IGNORENT L'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee), à travers ses enquêtes annuelles sur les conditions de vie, révèle qu'il existe aussi une catégorie de Français majeurs qui ne savent pas qu'ils sont inscrits. Au total, le nombre des non-inscrits et des inscrits qui l'ignorent a varié entre 10 % et 13,3 % de l'électorat sur les neuf dernières années. Pour 2004, dernière année disponible, cela signifie que 4,9 millions de citoyens déclaraient, à tort ou à raison, ne pas être enregistrés sur les listes - ce qui contribue mécaniquement à augmenter l'abstention. L'obligation de procéder à une nouvelle inscription en cas de déménagement pourrait expliquer cette statistique. Les études de l'Insee montrent que, avant l'élection présidentielle de 2002, le taux des non-inscrits avait fortement diminué, témoignant d'un afflux de nouveaux électeurs avant une élection importante. Elus et responsables d'associations font état d'inscriptions en nombre ces dernières semaines, mais aucune estimation globale n'est actuellement disponible. Les chiffres définitifs du nombre d'inscrits en 2006 devraient être connus en mars 2007, après vérification des listes. Selon l'Insee, les non-inscrits se trouvent majoritairement parmi les catégories sociales populaires (18,6 % parmi les inactifs, 14,9 % parmi les ouvriers, contre 8,7 % des cadres) et les jeunes majeurs (22,5 % des 18-19 ans, contre 4,9 % des 60-69 ans, par exemple). Depuis une loi de 1997, l'inscription est pourtant automatique pour les jeunes majeurs dans leur commune. L'Insee transmet aux mairies la liste des Français de 18 ans recensés dans le cadre des journées d'appel et de préparation à la défense. Le maire doit seulement s'assurer que ces jeunes habitent toujours dans sa commune. A défaut, ceux-ci doivent effectuer leurs propres démarches. Le taux d'inscription automatique augmente régulièrement. Mais la procédure ne permet toujours pas de couvrir l'ensemble de la population visée : 66 % des jeunes majeurs ont été inscrits d'office en 2004, un pourcentage qui a atteint 75,4 % en 2005. La différence s'explique, selon le ministère de l'intérieur, par les déménagements des intéressés. Selon l'association Cidem, le taux d'inscription d'office atteindrait aujourd'hui 90 % avec, néanmoins, de "fortes disparités territoriales". En 2005, des associations et des élus locaux avaient évoqué un accroissement important des inscriptions. Le bilan global sur l'année était néanmoins resté modeste : moins de 1 % d'augmentation du nombre d'inscrits, selon Cidem. "Le ciblage de la campagne sur les jeunes de 18 ans, en 2005, a été une erreur. Nous insistons aujourd'hui sur les populations un peu plus âgées, qui n'ont pas bénéficié de l'inscription automatique, ou qui sont en forte mobilité", note Cédric Bloquet, directeur de Cidem. L'association a multiplié les opérations pour favoriser l'inscription sur les listes électorales. Des collectifs, comme Citoyenneté et démocratie, AC-le feu, Agir pour la citoyenneté, ont lancé des actions similaires dans les quartiers sensibles. § Lors du deuxième forum interrégional de l'UMP, vendredi 15 décembre, Michèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy ont débattu du rôle du chef de l'Etat. § M ichèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy se sont affrontés, vendredi 15 décembre, sur les institutions de la République, lors du deuxième forum interrégional de l'UMP sur l'élection présidentielle en 2007. Cela a commencé comme une boutade. La France aujourd'hui, vue de l'étranger, "c'est la tour Eiffel et Jacques Chirac. Ce sont eux qui incarnent la France", a déclaré la ministre de la défense. "Je me garderai de réduire la France à un monument ou à une personne aussi estimable soit-elle", a riposté quelques instants plus tard le ministre de l'intérieur, candidat à l'investiture de l'UMP pour la présidentielle. "La France c'est soixante-deux millions de Français, c'est un peuple qui a un génie propre et c'est le travail de ce peuple qui crée une nation." Sur le fond, les deux ministres ont laissé éclater leurs divergences sur la question du rôle ."Ce n'est pas être ringard que d'être attaché aux institutions de la Ve République, au rôle éminent du président de la République. Le président donne de la visibilité sur l'avenir, il garantit la cohésion nationale", a argué Mme Alliot-Marie. LE PRÉSIDENT N'EST PAS "UN ARBITRE AU-DESSUS DES PARTIS" Le président est "le seul à ne pas être remis en cause pendant cinq ans (...). Il a la responsabilité complète du choix de ses moyens. Quant au premier ministre, il ne peut pas être le correspondant du secrétaire général de l'Elysée", a-t-elle ajouté, estimant que "le quinquennat n'avait rien changé" à l'équilibre des institutions. "Il y a une espèce de mode qui consiste à dire : 'On a de bonnes institutions, mais elles fonctionnent mal.' Si elles fonctionnent mal, alors améliorons leur fonctionnement", mais pas les institutions elles-mêmes, a-t-elle soutenu. "Le président de la République n'est pas un arbitre au-dessus des partis, qui marche sur les eaux parce qu'il a été élu", a répliqué Nicolas Sarkozy. "Le président, c'est un leader qui a le courage de dire avant les élections tout ce qu'il pense et tout ce qu'il fera et qui a l'honnêteté au lendemain de l'élection de mettre scrupuleusement en uvre la politique sur laquelle il s'est engagé", a-t-il ajouté. "C'est un homme qui s'engage, c'est un homme qui est responsable, c'est un homme qui assume ses responsabilités, ce n'est pas un homme qui se dissimule derrière un conseiller ou derrière un premier ministre", a ajouté le président de l'UMP. La ministre de la défense, qui ne dira qu'à l'issue des forums si elle est candidate à la candidature UMP pour 2007, a été brièvement sifflée par l'assistance. Jean-Pierre Raffarin, organisateur des forums, a alors appelé à la "bonne humeur", après quoi Mme Alliot-Marie a été globalement applaudie. § Pierre Larrouturou, candidat à l'élection présidentielle, vient de recevoir un soutien de poids en la personne de Michel Rocard. "Sur la ligne 'ne votez pas pour moi, mais écoutez ce que j'ai à dire'", écrit l'ancien premier ministre, "je soutiens volontiers votre démarche d'alerte." § P ierre Larrouturou, candidat à l'élection présidentielle, vient de recevoir un soutien de poids en la personne de Michel Rocard. "Sur la ligne 'ne votez pas pour moi mais écoutez ce que j'ai à dire'", écrit l'ancien premier ministre, "je soutiens volontiers votre démarche d'alerte." La "démarche" de M. Larrouturou, délégué national du PS à l'Europe, ne manque en effet pas d'originalité : il appelle à voter, dès le premier tour, pour la candidate socialiste Ségolène Royal. Autrement dit à ne pas voter pour lui. Son objectif : "sonner le tocsin" sur un certain nombre de sujets qui lui semblent essentiels et pas assez présents en ce début de campagne présidentielle. Avec le scientifique Albert Jacquard et le chercheur Alain Trautmann notamment, il a lancé le collectif "Urgence sociale" pour réclamer une "nouvelle donne" sociale, démocratique et européenne. Le collectif propose, entre autres, de passer à la semaine de quatre jours pour lutter contre le chômage, d'en "finir avec le cumul des mandats" et de "créer une loi d'initiative citoyenne" pour "bâtir une démocratie réelle". BATAILLE POUR LES IDÉES Ce n'est que si Ségolène Royal était élue que M. Larrouturou engagerait "un rapport de force" avec elle. Il menacerait de présenter des candidats aux élections législatives de juin 2007, si la présidente n'affichait pas rapidement des "actes forts" pour prendre en compte ses revendications. "La dernière fois que la gauche a gagné des législatives, en 1997, des politologues ont calculé qu'elle n'a dû sa victoire qu'à cent mille voix d'avance ! La dernière fois qu'avec quelques amis nous avons présenté une liste (aux européennes de 1999), nous avions recueilli cent quatre-vingt mille voix" déclare le candidat. Une bataille pour les idées qui pourrait bien devenir électorale. § Marie-George Buffet veut "en finir". Lasse des critiques de ses partenaires de la gauche antilibérale et de la contestation interne, la secrétaire nationale a décidé de se faire relégitimer par le parti. § M arie-George Buffet veut "en finir". Lasse des critiques de ses partenaires de la gauche antilibérale et de la contestation interne, la secrétaire nationale a décidé de se faire relégitimer par le parti. Lors du conseil national réuni le 15 et 16 décembre, la direction du PCF doit proposer de faire voter une seconde fois les militants sur sa candidature et de partir en campagne dans la foulée. Convaincue qu'avec la majorité de 55 % de votes qu'elle a obtenu dans les collectifs, sa candidature est légitime, la secrétaire nationale veut "clarifier" avant Noël. Après le désaccord constaté lors de la réunion nationale des antilibéraux les 9 et 10 décembre, les collectifs doivent à nouveau se prononcer sur le nom "le plus à même de faire consensus". La direction du PCF entend, de son coté, "donner la réponse des communistes". Devant les critiques des rénovateurs emmenés par Pierre Zarka, Marie-George Buffet semble prête à s'appuyer sur le courant "orthodoxe" et les amis de Robert Hue, pour faire passer son orientation. Quitte à changer d'alliance pour garder sa majorité. Reste à évaluer la réaction des militants. Dans plusieurs assemblées fédérales comme le Cher, la Vienne, l'Isère, la Haute-Savoie, le Gard, ou l'Hérault, ils ont exprimé leur "colère" et leur "tristesse" devant l'attitude de leur direction. Jeudi, plus de 300 élus, responsables de section et militants se sont réunis à Saint-Denis pour faire pression à leur tour. Deux jours auparavant, les secrétaires fédéraux de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et du Val-d'Oise ont expliqué leur inquiétude face au "risque d'éclatement du parti". Les artistes "compagnons de route" ont aussi réagi. Le réalisateur Robert Guédiguian, les comédiens Ariane Ascaride et Gérard Meylan, ont lancé un appel à "Marie-George" à "se retirer au profit de n'importe quel autre candidat". Jean Ferrat et Gérard Mordillat s'étaient manifestés quelques jours auparavant dans L'Humanité. "Si le parti n'entend pas cette exigence, pour la première fois de ma vie, je ne voterais pas communiste", explique au Monde M. Guédiguian. La marge de manoeuvre de Mme Buffet s'est rétrécie. Un de ses principaux anciens opposants, et nouvel "allié", Nicolas Marchand assure qu'il soutiendra l'idée d'"une entrée en campagne de Marie-George le plus vite possible". Mais prévient qu'ensuite, les bilans seront tirés sur une "alliance au sommet avec l'extrême gauche qui ne pouvait que mener à l'échec". § Entretien avec Brice Hortefeux (UMP), un proche de Nicolas Sarkozy. § D eux rapports mettent en évidence l'absence de lisibilité des finances locales (Le Monde du 12 décembre). Partagez-vous ce diagnostic ? Effectivement. La fiscalité locale est trop complexe. J'en veux pour preuve trois exemples : les valeurs locatives, qui sont à la base de la fiscalité locale, n'ont pas été révisées depuis 1970, l'instruction qui définit les critères d'assujettissement à la taxe foncière non bâtie n'a pas été revue depuis 1908 et enfin, il n'y a pas un contribuable qui soit en mesure de calculer sa taxe d'habitation ! La fiscalité locale est à bout de souffle. Une réforme paraît donc à la fois indispensable et inéluctable, avec pour lignes directrices la lisibilité et la simplification. Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Ma conviction est que, par un effet de dominos, toucher à la fiscalité locale engage automatiquement une réflexion sur la fiscalité nationale, et cela ne peut être abordé qu'au lendemain d'un scrutin national, présidentiel ou législatif. Les collectivités locales reprochent à l'Etat de leur avoir transféré des charges sans les doter des ressources fiscales suffisantes pour y faire face. Le gouvernement est allé au-delà de ses obligations légales, en allant de 157 millions d'euros au-delà de la stricte compensation à l'euro près. En ce qui concerne le revenu minimum d'insertion (RMI), l'Etat a rempli ses engagements. Il aura consacré près de 2 milliards d'euros à la compensation supplémentaire du RMI. Il peut exister ici ou là quelques points marginaux pour lesquels il y a discussion sur la réalité du transfert. Le RMI est malheureusement une dépense en constante évolution. Mais les départements bénéficient de la recette des droits de mutation à titre onéreux, qui ont augmenté en moyenne de 80 % depuis 2002. Il n'y a pas d'exemple de recette de l'Etat qui évolue de manière aussi dynamique. Pourtant les élus locaux reprochent à l'Etat de creuser les déficits. Les responsabilités concernant les dérives de finances publiques sont plus partagées que les collectivités voudraient le faire croire. Depuis trois ans, l'Etat a diminué de 0,4 % les effectifs de sa fonction publique, et les collectivités l'ont augmenté de 3,6 %. En cinq ans, c'est-à-dire entre 1999 et 2004, les effectifs communaux ont augmenté de 3,92 % alors que ceux des intercommunalités ont progressé de 53,17 %. Or, il y aurait dû avoir un effet de vase communicant par l'effet des transferts des compétences. Vous êtes en train de dire que les collectivités locales sont riches ? Les régions n'ont pas de motif de se plaindre. Elles ont davantage levé l'impôt pour se désendetter, pour investir le cas échéant, que pour mettre en oeuvre la décentralisation. Faisons attention à l'évolution de la fiscalité locale. Nos compatriotes y sont, à juste titre, de plus en plus attentifs. Cette question doit faire l'objet d'un débat juste et nécessaire dans les mois qui viennent. Que pensez-vous de l'hypothèse d'élire les présidents d'intercommunalité au suffrage universel ? On n'est pas prêt aujourd'hui à instaurer l'élection des délégués intercommunautaires. Le maire serait réduit à être un simple agent de l'état civil et à faire de la figuration. Il faut imaginer des pistes transitoires. Ma préconisation est qu'on s'inspire du statut PLM (Paris, Lyon, Marseille) : ceux qui seraient en tête de liste deviendraient à la fois conseillers communautaires et conseillers municipaux. Cela donnerait à la fois de la lisibilité et une plus grande efficacité tout en conservant la légitimité de l'élection municipale. § Pour une fois, la cause défendue par Ségolène Royal n'est pas populaire. La décentralisation, dont la candidate socialiste à l'élection présidentielle a fait l'un de ses principaux axes de campagne, ne séduit pas les Français. § P our une fois, la cause défendue par Ségolène Royal n'est pas populaire. La décentralisation, dont la candidate socialiste à l'élection présidentielle a fait l'un de ses principaux axes de campagne, ne séduit pas les Français : 45 % jugent qu'elle est allée trop loin, selon un récent sondage Ipsos-La Gazette des communes. Du coup, Mme Royal, qui participait jeudi 14 décembre, au congrès de l'Association des régions de France (ARF) réuni à Dijon, adapte son vocabulaire et remplace "décentralisation" par un autre mot : "régionalisation". "Si les Français sont sceptiques à l'égard du fait régional, c'est qu'ils ne savent pas ce qu'elles ont accompli", a-t-elle tranché. L'ANPE "NE FONCTIONNE PAS BIEN" Fustigeant la "loi ratée" de Jean-Pierre Raffarin sur le sujet, la présidente de Poitou-Charentes, porte-parole de l'ARF, a suggéré une "réconciliation" en insistant à plusieurs reprises sur la nécessité d'un "Etat fort qui fixe les règles et protège". Mais Mme Royal, n'en démord pas : les régions, dont, en dehors de l'outre-mer, vingt sur vingt-deux sont aujourd'hui dirigées par des présidents socialistes, sont "l'échelon moderne, pertinent, pour réussir une France solidaire". Et pour faire taire toute inquiétude, elle a lancé l'idée d'un "pouvoir de veto des régions", qui refuseraient de délibérer, si l'Etat transférait des compétences sans les ressources. Cette précaution prise, la candidate du PS a proposé une "nouvelle phase" de décentralisation, consacrée aux jeunes. Les régions, a-t-elle présenté, devraient mettre en commun leurs expériences pour favoriser l'accès au premier emploi, à une qualification et à un métier. Mme Royal voudrait étendre ce qu'elle a mis en place dans sa propre région : le chèque création d'entreprise, entre 5 000 et 10 000 euros, pour aider au démarrage d'une activité. Mme Royal a aussi plaidé pour le transfert des travaux de rénovation des universités aux régions, comme pour les lycées. "Une action lourde", a-t-elle reconnu. Enfin, Mme Royal milite pour "l'invention" d'une nouvelle forme de logement qui mêlerait étudiants et jeunes salariés. Ce ne sont pas les seuls domaines concernés. En aparté, Mme Royal dressait une liste, non exhaustive, des transferts de compétence qu'elle souhaiterait confier à "l'intelligence collective des territoires" : l'environnement, les universités, la recherche et l'innovation en rapport avec la compétitivité des entreprises, et jusqu'à l'ANPE "qui ne fonctionne pas bien et pourrait bien mieux le faire si elle était régionalisée". La présidente de Poitou-Charentes s'insurge contre le système actuel des cofinancements pour développer les projets qui impose souvent le recours aux départements. "Je suis pour des actions payées cash !", s'est-elle exclamée, très executive woman dans son tailleur-pantalon, en prenant pour exemple la gratuité des permis de conduire dans sa région. Et de conclure sur sa détermination : "Ce n'est pas parce qu'il y a un mauvais sondage que je vais renoncer." § Education, environnement, logement... Le co-président du Parti radical s'est posé en champion de "la justice sociale", samedi, devant les membres de son parti réunis en congrès, en espérant peser dans la campagne présidentielle de tout son poids de son ministre de la cohésion sociale. § "J e suis persuadé que cette élection présidentielle est un énorme danger ou une énorme chance. C'est probablement sur un certain nombre de sujets un rendez-vous providentiel", a lancé le ministre de la cohésion sociale et co-président du Parti radical Jean-Louis Borllo devant un millier de militants, ministres (Xavier Bertrand, Philippe Douste-Blazy, Thierry Breton, Christian Jacob...) et parlementaires venus participer au 107e congrès du parti, associé à l'UMP, à Paris. Gilles de Robien, seul ministre UDF, retenu à Amiens, était absent mais a tenu à faire lire un message à la tribune du congrès dans lequel il déplore qu'"aucun candidat" pour 2007 "ne défende les valeurs de la droite sociale". Avec ses quelque 8 000 adhérents, ses trois ministres outre M. Borloo, François Loos (délégué à l'industrie) et Renaud Dutreil (PME) ses vingt-cinq parlementaires, le Parti radical, associé à l'UMP, a toujours eu en France une influence qui dépasse ses effectifs. "Je veux plus que jamais être l'avocat de la justice sociale de notre pays", a affirmé M. Borloo, avocat de formation, qui co-préside le Parti radical avec André Rossinot, maire de Nancy. Le ministre de la cohésion sociale, qui n'a pas encore dit quel candidat il soutiendrait à la présidentielle, réunira un congrès extraordinaire de son parti en février 2007. "LA SITUATION ET L'INQUIÉTUDE SONT GRAVES" Samedi, il a proposé "cinq grands défis" pour "bâtir un communauté de destins" : éducation-formation, réforme du financement de la protection sociale, environnement "évidemment, il faut soutenir le pacte écologique de Nicolas Hulot", a-t-il lancé justice sociale territoriale, accompagnement des mutations. "Oui, ça va gueuler, ce sera difficile, ce ne sera pas sans se heurter à quelques conservatismes, ça bouleversera des intérêts particuliers, des égoïsmes, mais c'est incontournable", a-t-il indiqué. "Il nous faut prendre un nouveau souffle (...) Ne nous racontons pas de salades" car "la situation et l'inquiétude sont graves", a-t-il également souligné. Il souhaite également lancer "un chantier de rattrapage, celui de la justice territoriale" car "l'injustice territoriale est insupportable entre villes riches et villes pauvres". Si on ne réalise pas ces chantiers, "je vous le garantis, ce ne sera pas un Grenelle des salaires qu'on aura mais un Grenelle d'un autre nom", a-t-il mis en garde. A ses yeux, "le président ou la présidente" qui sera élu(e) en 2007 "sera forcément quelqu'un qui va être capable de faire bouger tous les acteurs de la société française". Avant lui, André Rossinot avait pris la parole pour lancer à M. Borloo : "Avec toi, la révolution civique que le pays attend doit constituer l'existence fondatrice du contrat républicain (...) que nous devons maintenant négocier avec l'UMP, notre partenaire". § Le Parti communiste a décidé, samedi, de reconsulter par vote mercredi ses militants, leur demandant de se prononcer sur le maintien ou non de Marie-George Buffet comme candidate d'un rassemblement anti-libéral pour 2007, alors qu'elle ne fait pas l'objet d'un consensus chez les anti-libéraux. Six membres du courant "Refondateur" ont démissionné. § L e Parti communiste a décidé, samedi 16 décembre, de reconsulter par vote mercredi ses militants, leur demandant de se prononcer sur le maintien ou non de Marie-George Buffet comme candidate d'un rassemblement anti-libéral pour 2007, alors qu'elle ne fait pas l'objet d'un consensus chez les anti-libéraux. "Je ferai une intervention jeudi ou vendredi pour dire qu'on poursuit la bataille du rassemblement et si les organisations continuent de dire non, il faudra alors travailler avec ceux dans les collectifs qui veulent aller de l'avant", a répondu la secrétaire nationale du PCF. "On ne peut pas attendre le mois d'avril pour entrer en campagne", a-t-elle ajouté, en soulignant que lors du conseil national du PCF, "il y a eu une réaffirmation d'une démarche de rassemblement". Environ 100 000 militants communistes sont ainsi appelés à choisir entre les deux propositions suivantes : "Je choisis la proposition de candidature de Marie-George Buffet, choix le plus partagé des collectifs locaux pour porter le rassemblement anti-libéral à la présidentielle", ou "Je choisis le retrait de Marie-George Buffet et la recherche d'une autre candidature de rassemblement anti-libéral à l'élection présidentielle". Ce vote a été décidé après l'échec du rassemblement anti-libéral du week-end dernier à s'accorder sur un candidat commun pour la présidentielle, la candidature de Mme Buffet ne faisant pas l'objet d'un consensus. DÉMISSION DE SIX MEMBRES DU COURANT "REFONDATEUR" Deux autres candidats sont sur les rangs, Clémentine Autain, élue de Paris apparentée communiste, et Yves Salessse, président de la Fondation Copernic. Les sensibilités du mouvement anti-libéral hors PCF avaient rejeté le week-end dernier la candidature de Mme Buffet, estimant que la dirigeante d'un parti ne pouvait pas pas représenter la diversité du mouvement. Mais le PCF avait fait valoir que Mme Buffet avait déjà rassemblé autour d'elle 55 % des collectifs locaux. En réaction, six membres du comité exécutif national ont annoncé samedi leur démission de cette instance, accusant la direction de sortir le parti du processus "unitaire" antilibéral en maintenant la candidature de Marie-George Buffet pour 2007. Les démissionnaires, membres du courant "Refondateur" (minoritaire) au PCF, parmi lesquels Pierre Zarka et Roger Martelli, ont accusé dans un texte la direction de "retournement d'orientation politique". La direction "dans sa majorité, a pris la décision de refuser toute recherche de candidature à la présidentielle qui aurait permis le maintien et l'élargissement de cette construction" antilibérale, arguent-ils. "C'est suicidaire pour le PCF qui va se trouver isolé et sera tenu pour responsable de cette situation", ajoutent les démissionnaires. Selon eux, le bulletin de vote soumis aux militants "n'éclaire pas sur les conséquences qu'aurait le maintien de la candidature de Marie-George Buffet" à savoir "la sortie du processus unitaire", ajoutent-ils. § Cécile Duflot, 31 ans, a été élue, samedi, secrétaire nationale des Verts par le conseil national du parti réuni à Paris, en remplacement de Yann Wehrling, qui devient porte-parole. § A 31 ans, cécile Duflot devient la plus jeune secrétaire nationale des Verts, record auparavant détenu par son prédécesseur Yann Wehrling, qui avait accédé à ce poste à 33 ans. La jeune femme a été élue, samedi 16 décembre, par le conseil national du parti réuni à Paris, en remplacement de Yann Wehrling, qui devient porte-parole. La nouvelle direction, qui comprend au total 15 membres, a été élue au premier tour de vote, avec tout juste la majorité requise de 60 % des exprimés. En la personne de Dominique Voynet, les Verts ont déjà une femme comme candidate à l'élection présidentielle de 2007. Outre Cécile Duflot à la tête du parti pour deux ans et Yann Wherling qui avait déjà été porte-parole pendant deux ans avant de diriger le parti, les Verts ont choisi comme porte-parole femme Anne Souyris. Mireille Ferri, secrétaire nationale adjointe dans la direction sortante, conserve son poste, mais avec de nouvelles attributions (réformes internes du parti). Michel Bock, un proche de Dominique Voynet, est délégué aux élections. CANDIDATE AUX LÉGISLATIVES DE 2007 Membre influente ces dernières années du courant le plus à gauche du parti, Cécile Duflot en a rejoint un autre pour le congrès de Bordeaux début décembre, "Espoirs en actes", plus composite et qu'elle définit comme "la gauche modérée" des Verts. Née le 1er avril 1975 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), elle est revenue y habiter à 17 ans. Elle aligne aussitôt les petits boulots, "pour être sûre d'être libre", dit-elle : standardiste dans une société de livraison de pizzas, télé-marketing... Dès sa prime jeunesse, elle milite dans des associations. A 16 ans, sous l'influence de sa mère, à la Ligue de protection des oiseaux, puis dans des associations d'éducation populaire "à tendance catholique", comme la Jeunesse ouvrière chrétienne. Elle a également milité au sein du Génépi (Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées) pendant quatre ans. Titulaire d'un DEA de géographie sur le thème des "lieux de vacances", ancienne de l'Essec, elle travaille depuis quatre ans dans un groupe immobilier à vocation sociale à Créteil. Elle est mère de trois enfants, âgés de 9 à 5 ans. Adhérente des Verts depuis février 2001, Cécile Duflot entame son troisième mandat consécutif au sein du collège exécutif du parti, où elle a été successivement déléguée à l'organisation, puis porte-parole. Selon les statuts des Verts, ce sera forcément le dernier mandat. Conseillère municipale, candidate aux cantonales en mars 2004, elle a été investie pour pour les législatives de 2007 dans la circonscription où elle habite, en attendant un éventuel accord avec le PS. § La candidate socialiste à l'élection présidentielle a exhorté ses partisans, samedi à Paris, à "changer leur façon de faire de la politique" pour "ramener le vote populaire vers les socialistes et la gauche". Elle a également déclaré qu'elle était d'accord pour débattre avec Nicolas Sarkozy. § S égolène Royal a lancé, samedi 16 décembre, sa "campagne participative" , en exhortans ses partisans, réunis au Cnit de la Défense, à Paris, à "changer leur façon de faire de la politique". La candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007 leur a demandé d'organiser des débats "à tous les échelons" avec les citoyens, "dans un quartier, une rue, un bistrot, un appartement". "La responsabilité des socialistes et des militants de gauche, c'est de ramener vers eux le vote populaire. Il est là l'enjeu de l'élection présidentielle et nulle part ailleurs", a-t-elle expliqué. Inquiète du dernier sondage "terrible" TNS-Sofres où "on voit monter une forme de crédibilité du Front national", Ségolène Royal a invité ses amis à s'adresser en priorité à "cette France qui pense ne compter pour rien : les travailleurs pauvres, les invisibles, les gens de peu". La candidate a évoqué "ces millions de Français victimes de la politique de la droite (qui) n'ont pas envie de revenir voter ou iront vers les extrêmes si notre campagne ne répond pas à leurs préoccupations". Se présentant "comme fervente régionaliste", la présidente de la région Poitou-Charentes a présenté un "kit pour réussir un débat participatif" constitué de diaporamas thématiques sur l'éducation et le premier emploi, la lutte contre la "vie chère", le combat contre "toutes les formes de violence" et l'écologie. Elle a également annoncé que 20 % du budget de la campagne soit 4 millions d'euros seraient alloués aux départements, déclenchant des applaudissements nourris. SÉGOLÈNE ROYAL D'ACCORD POUR DÉBATTRE AVEC NICOLAS SARKOZY Après les débats participatifs, dont la conclusion doit être présentée le 4 février, "on va choisir, identifier un certain nombre de propositions nouvelles par rapport au projet socialiste", a-t-elle précisé, ajoutant que "c'est une façon de hiérarchiser aussi les propositions des socialistes". "L'idée sera de dire au bout du compte : 'mon projet présidentiel, je l'ai construit avec les Français'", a-t-elle affirmé, annonçant qu'elle se déplacerait ensuite "sans doute dans tous les départements". Mme Royal a également annoncé qu'elle était d'accord pour débattre avec Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale de 2007. "Forcément, bien évidemment (...) Ca fait partie de la démocratie, mais chaque chose en son temps, nous n'en sommes pas là", a-t-elle répondu à des journalistes qui lui posaient la question. Egratignant le président de l'UMP sans toutefois le nommer, elle a souhaité "éviter d'avoir des amis qui se sauvent en Suisse pour payer leurs impôts", une allusion à la récente décision du chanteur Johnny Hallyday de passer plus de la moitié de l'année dans la station de ski de Gstaad. "Quand on a beaucoup, beaucoup d'argent comme les grands artistes, on doit montrer l'exemple et payer ses impôts en France, dans le pays qui vous accueille et qui a fait votre succès", a-t-elle estimé. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § M ieux organisé, plus nerveux, moins consensuel, le deuxième forum régional de l'UMP, après celui de Paris, a permis à Michèle Alliot-Marie d'afficher ses différences sur les thèmes des institutions et de l'Europe. Mais il ne l'autorise toujours pas à se poser comme une rivale sérieuse de Nicolas Sarkozy. Question de style. Là où le ministre de l'intérieur multiplie les exemples, la ministre de la défense se contente le plus souvent de généralités. Sa vision de la Ve République ? Une défense du statu quo ("Ce n'est pas ringard d'être attachée aux institutions") et du chiraquisme. "Seul le président de la République peut dire non à une guerre, n'en déplaise à M. Bush", dit-elle comme un reproche à la visite controversée de M. Sarkozy à Washington. Elle en rajoute encore : "La France aujourd'hui, c'est la tour Eiffel et Jacques Chirac." Réplique immédiate du candidat de l'UMP : "Je me garderai de ramener la France à un monument et à une personne, aussi estimable soit-elle." La salle, cette fois comble, s'amuse. "Réveillons-nous !", enchaîne-t-il aussitôt, rappelant que les cohabitations, le quinquennat, le 21 avril, ont changé la donne institutionnelle. Il en profite pour critiquer "un président marchant sur les eaux" et plaide à nouveau pour "un président qui s'engage" ; qui va devant le Parlement, limite ses mandats et le nombre de ses ministres, et partage son domaine réservé parce que "si c'est important, ça concerne tout le monde". Même opposition concernant le rôle du premier ministre. "Le président de la République n'est pas un homme qui se cache derrière son premier ministre", a ajouté M. Sarkozy. "Il ne peut être réduit au rôle de correspondant du secrétaire général de l'Elysée", a soutenu Mme Alliot-Marie. Qui ajoute : "Le premier ministre est le vrai chef de la majorité." M. Sarkozy s'interroge alors, narquois : "Qui peut croire que de Gaulle, Pompidou et Chirac n'aient pas été les chefs de la majorité ?" L'Europe n'est pas parvenue à les réconcilier. Ils s'opposent sur l'idée de réduire le traité constitutionnel à un "mini traité" adopté par le Parlement, défendue par le ministre de l'intérieur. "Ce serait le signe d'une Europe au rabais", s'alarme Mme Alliot-Marie, favorable à une "initiative française", sans autre précision. Dépassée dans l'échange, elle tente un dernier coup gagnant. D'abord en faisant l'éloge du gaullisme, qui lui vaut cette réplique immédiate : "Les gens sont profondément fatigués d'entendre des envolées lyriques." Ensuite en essayant de mettre les femmes de son côté, en émule tardive de Ségolène Royal : "Messieurs, je voudrais vous dire que les places, les postes et les salaires, on les prendra, que cela vous plaise ou non." Encore faudrait-il commencer par être candidate. § Les campagnes en direction des "non-inscrits" se multiplient à l'approche de la date limite du 30 décembre. § A deux semaines de la date limite d'inscription sur les listes électorales, fixée au samedi 30 décembre, les associations multiplient les opérations pour inciter les citoyens à effectuer les démarches pour obtenir leur carte d'électeur. Malgré l'importance du sujet, le flou demeure quant au nombre précis d'électeurs remplissant toutes les conditions pour voter mais qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales. La loi dispose pourtant que "l''inscription sur les listes électorales est obligatoire" (article 9 du code électoral). L'association Cidem (Civisme et démocratie), chargée par l'Etat d'organiser les campagnes officielles d'incitation au vote, évoque un chiffre de 2 millions à 2,5 millions de citoyens qui ne seraient pas enregistrés. Ce chiffre pourrait, en réalité, atteindre les 3 millions : sur les 62,7 millions d'habitants en France, un peu plus de 42 millions étaient enregistrés sur les listes fin 2005, alors que le nombre d'électeurs potentiels (Français majeurs non privés du droit de vote) dépasse les 45 millions. DES INSCRITS QUI L'IGNORENT L'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee), à travers ses enquêtes annuelles sur les conditions de vie, révèle qu'il existe aussi une catégorie de Français majeurs qui ne savent pas qu'ils sont inscrits. Au total, le nombre des non-inscrits et des inscrits qui l'ignorent a varié entre 10 % et 13,3 % de l'électorat sur les neuf dernières années. Pour 2004, dernière année disponible, cela signifie que 4,9 millions de citoyens déclaraient, à tort ou à raison, ne pas être enregistrés sur les listes - ce qui contribue mécaniquement à augmenter l'abstention. L'obligation de procéder à une nouvelle inscription en cas de déménagement pourrait expliquer cette statistique. Les études de l'Insee montrent que, avant l'élection présidentielle de 2002, le taux des non-inscrits avait fortement diminué, témoignant d'un afflux de nouveaux électeurs avant une élection importante. Elus et responsables d'associations font état d'inscriptions en nombre ces dernières semaines, mais aucune estimation globale n'est actuellement disponible. Les chiffres définitifs du nombre d'inscrits en 2006 devraient être connus en mars 2007, après vérification des listes. Selon l'Insee, les non-inscrits se trouvent majoritairement parmi les catégories sociales populaires (18,6 % parmi les inactifs, 14,9 % parmi les ouvriers, contre 8,7 % des cadres) et les jeunes majeurs (22,5 % des 18-19 ans, contre 4,9 % des 60-69 ans, par exemple). Depuis une loi de 1997, l'inscription est pourtant automatique pour les jeunes majeurs dans leur commune. L'Insee transmet aux mairies la liste des Français de 18 ans recensés dans le cadre des journées d'appel et de préparation à la défense. Le maire doit seulement s'assurer que ces jeunes habitent toujours dans sa commune. A défaut, ceux-ci doivent effectuer leurs propres démarches. Le taux d'inscription automatique augmente régulièrement. Mais la procédure ne permet toujours pas de couvrir l'ensemble de la population visée : 66 % des jeunes majeurs ont été inscrits d'office en 2004, un pourcentage qui a atteint 75,4 % en 2005. La différence s'explique, selon le ministère de l'intérieur, par les déménagements des intéressés. Selon l'association Cidem, le taux d'inscription d'office atteindrait aujourd'hui 90 % avec, néanmoins, de "fortes disparités territoriales". En 2005, des associations et des élus locaux avaient évoqué un accroissement important des inscriptions. Le bilan global sur l'année était néanmoins resté modeste : moins de 1 % d'augmentation du nombre d'inscrits, selon Cidem. "Le ciblage de la campagne sur les jeunes de 18 ans, en 2005, a été une erreur. Nous insistons aujourd'hui sur les populations un peu plus âgées, qui n'ont pas bénéficié de l'inscription automatique, ou qui sont en forte mobilité", note Cédric Bloquet, directeur de Cidem. L'association a multiplié les opérations pour favoriser l'inscription sur les listes électorales. Des collectifs, comme Citoyenneté et démocratie, AC-le feu, Agir pour la citoyenneté, ont lancé des actions similaires dans les quartiers sensibles. § Lors du deuxième forum interrégional de l'UMP, vendredi 15 décembre, Michèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy ont débattu du rôle du chef de l'Etat. § M ichèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy se sont affrontés, vendredi 15 décembre, sur les institutions de la République, lors du deuxième forum interrégional de l'UMP sur l'élection présidentielle en 2007. Cela a commencé comme une boutade. La France aujourd'hui, vue de l'étranger, "c'est la tour Eiffel et Jacques Chirac. Ce sont eux qui incarnent la France", a déclaré la ministre de la défense. "Je me garderai de réduire la France à un monument ou à une personne aussi estimable soit-elle", a riposté quelques instants plus tard le ministre de l'intérieur, candidat à l'investiture de l'UMP pour la présidentielle. "La France c'est soixante-deux millions de Français, c'est un peuple qui a un génie propre et c'est le travail de ce peuple qui crée une nation." Sur le fond, les deux ministres ont laissé éclater leurs divergences sur la question du rôle ."Ce n'est pas être ringard que d'être attaché aux institutions de la Ve République, au rôle éminent du président de la République. Le président donne de la visibilité sur l'avenir, il garantit la cohésion nationale", a argué Mme Alliot-Marie. LE PRÉSIDENT N'EST PAS "UN ARBITRE AU-DESSUS DES PARTIS" Le président est "le seul à ne pas être remis en cause pendant cinq ans (...). Il a la responsabilité complète du choix de ses moyens. Quant au premier ministre, il ne peut pas être le correspondant du secrétaire général de l'Elysée", a-t-elle ajouté, estimant que "le quinquennat n'avait rien changé" à l'équilibre des institutions. "Il y a une espèce de mode qui consiste à dire : 'On a de bonnes institutions, mais elles fonctionnent mal.' Si elles fonctionnent mal, alors améliorons leur fonctionnement", mais pas les institutions elles-mêmes, a-t-elle soutenu. "Le président de la République n'est pas un arbitre au-dessus des partis, qui marche sur les eaux parce qu'il a été élu", a répliqué Nicolas Sarkozy. "Le président, c'est un leader qui a le courage de dire avant les élections tout ce qu'il pense et tout ce qu'il fera et qui a l'honnêteté au lendemain de l'élection de mettre scrupuleusement en uvre la politique sur laquelle il s'est engagé", a-t-il ajouté. "C'est un homme qui s'engage, c'est un homme qui est responsable, c'est un homme qui assume ses responsabilités, ce n'est pas un homme qui se dissimule derrière un conseiller ou derrière un premier ministre", a ajouté le président de l'UMP. La ministre de la défense, qui ne dira qu'à l'issue des forums si elle est candidate à la candidature UMP pour 2007, a été brièvement sifflée par l'assistance. Jean-Pierre Raffarin, organisateur des forums, a alors appelé à la "bonne humeur", après quoi Mme Alliot-Marie a été globalement applaudie. § Pierre Larrouturou, candidat à l'élection présidentielle, vient de recevoir un soutien de poids en la personne de Michel Rocard. "Sur la ligne 'ne votez pas pour moi, mais écoutez ce que j'ai à dire'", écrit l'ancien premier ministre, "je soutiens volontiers votre démarche d'alerte." § P ierre Larrouturou, candidat à l'élection présidentielle, vient de recevoir un soutien de poids en la personne de Michel Rocard. "Sur la ligne 'ne votez pas pour moi mais écoutez ce que j'ai à dire'", écrit l'ancien premier ministre, "je soutiens volontiers votre démarche d'alerte." La "démarche" de M. Larrouturou, délégué national du PS à l'Europe, ne manque en effet pas d'originalité : il appelle à voter, dès le premier tour, pour la candidate socialiste Ségolène Royal. Autrement dit à ne pas voter pour lui. Son objectif : "sonner le tocsin" sur un certain nombre de sujets qui lui semblent essentiels et pas assez présents en ce début de campagne présidentielle. Avec le scientifique Albert Jacquard et le chercheur Alain Trautmann notamment, il a lancé le collectif "Urgence sociale" pour réclamer une "nouvelle donne" sociale, démocratique et européenne. Le collectif propose, entre autres, de passer à la semaine de quatre jours pour lutter contre le chômage, d'en "finir avec le cumul des mandats" et de "créer une loi d'initiative citoyenne" pour "bâtir une démocratie réelle". BATAILLE POUR LES IDÉES Ce n'est que si Ségolène Royal était élue que M. Larrouturou engagerait "un rapport de force" avec elle. Il menacerait de présenter des candidats aux élections législatives de juin 2007, si la présidente n'affichait pas rapidement des "actes forts" pour prendre en compte ses revendications. "La dernière fois que la gauche a gagné des législatives, en 1997, des politologues ont calculé qu'elle n'a dû sa victoire qu'à cent mille voix d'avance ! La dernière fois qu'avec quelques amis nous avons présenté une liste (aux européennes de 1999), nous avions recueilli cent quatre-vingt mille voix" déclare le candidat. Une bataille pour les idées qui pourrait bien devenir électorale. § Marie-George Buffet veut "en finir". Lasse des critiques de ses partenaires de la gauche antilibérale et de la contestation interne, la secrétaire nationale a décidé de se faire relégitimer par le parti. § M arie-George Buffet veut "en finir". Lasse des critiques de ses partenaires de la gauche antilibérale et de la contestation interne, la secrétaire nationale a décidé de se faire relégitimer par le parti. Lors du conseil national réuni le 15 et 16 décembre, la direction du PCF doit proposer de faire voter une seconde fois les militants sur sa candidature et de partir en campagne dans la foulée. Convaincue qu'avec la majorité de 55 % de votes qu'elle a obtenu dans les collectifs, sa candidature est légitime, la secrétaire nationale veut "clarifier" avant Noël. Après le désaccord constaté lors de la réunion nationale des antilibéraux les 9 et 10 décembre, les collectifs doivent à nouveau se prononcer sur le nom "le plus à même de faire consensus". La direction du PCF entend, de son coté, "donner la réponse des communistes". Devant les critiques des rénovateurs emmenés par Pierre Zarka, Marie-George Buffet semble prête à s'appuyer sur le courant "orthodoxe" et les amis de Robert Hue, pour faire passer son orientation. Quitte à changer d'alliance pour garder sa majorité. Reste à évaluer la réaction des militants. Dans plusieurs assemblées fédérales comme le Cher, la Vienne, l'Isère, la Haute-Savoie, le Gard, ou l'Hérault, ils ont exprimé leur "colère" et leur "tristesse" devant l'attitude de leur direction. Jeudi, plus de 300 élus, responsables de section et militants se sont réunis à Saint-Denis pour faire pression à leur tour. Deux jours auparavant, les secrétaires fédéraux de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et du Val-d'Oise ont expliqué leur inquiétude face au "risque d'éclatement du parti". Les artistes "compagnons de route" ont aussi réagi. Le réalisateur Robert Guédiguian, les comédiens Ariane Ascaride et Gérard Meylan, ont lancé un appel à "Marie-George" à "se retirer au profit de n'importe quel autre candidat". Jean Ferrat et Gérard Mordillat s'étaient manifestés quelques jours auparavant dans L'Humanité. "Si le parti n'entend pas cette exigence, pour la première fois de ma vie, je ne voterais pas communiste", explique au Monde M. Guédiguian. La marge de manoeuvre de Mme Buffet s'est rétrécie. Un de ses principaux anciens opposants, et nouvel "allié", Nicolas Marchand assure qu'il soutiendra l'idée d'"une entrée en campagne de Marie-George le plus vite possible". Mais prévient qu'ensuite, les bilans seront tirés sur une "alliance au sommet avec l'extrême gauche qui ne pouvait que mener à l'échec". § Entretien avec Brice Hortefeux (UMP), un proche de Nicolas Sarkozy. § D eux rapports mettent en évidence l'absence de lisibilité des finances locales (Le Monde du 12 décembre). Partagez-vous ce diagnostic ? Effectivement. La fiscalité locale est trop complexe. J'en veux pour preuve trois exemples : les valeurs locatives, qui sont à la base de la fiscalité locale, n'ont pas été révisées depuis 1970, l'instruction qui définit les critères d'assujettissement à la taxe foncière non bâtie n'a pas été revue depuis 1908 et enfin, il n'y a pas un contribuable qui soit en mesure de calculer sa taxe d'habitation ! La fiscalité locale est à bout de souffle. Une réforme paraît donc à la fois indispensable et inéluctable, avec pour lignes directrices la lisibilité et la simplification. Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Ma conviction est que, par un effet de dominos, toucher à la fiscalité locale engage automatiquement une réflexion sur la fiscalité nationale, et cela ne peut être abordé qu'au lendemain d'un scrutin national, présidentiel ou législatif. Les collectivités locales reprochent à l'Etat de leur avoir transféré des charges sans les doter des ressources fiscales suffisantes pour y faire face. Le gouvernement est allé au-delà de ses obligations légales, en allant de 157 millions d'euros au-delà de la stricte compensation à l'euro près. En ce qui concerne le revenu minimum d'insertion (RMI), l'Etat a rempli ses engagements. Il aura consacré près de 2 milliards d'euros à la compensation supplémentaire du RMI. Il peut exister ici ou là quelques points marginaux pour lesquels il y a discussion sur la réalité du transfert. Le RMI est malheureusement une dépense en constante évolution. Mais les départements bénéficient de la recette des droits de mutation à titre onéreux, qui ont augmenté en moyenne de 80 % depuis 2002. Il n'y a pas d'exemple de recette de l'Etat qui évolue de manière aussi dynamique. Pourtant les élus locaux reprochent à l'Etat de creuser les déficits. Les responsabilités concernant les dérives de finances publiques sont plus partagées que les collectivités voudraient le faire croire. Depuis trois ans, l'Etat a diminué de 0,4 % les effectifs de sa fonction publique, et les collectivités l'ont augmenté de 3,6 %. En cinq ans, c'est-à-dire entre 1999 et 2004, les effectifs communaux ont augmenté de 3,92 % alors que ceux des intercommunalités ont progressé de 53,17 %. Or, il y aurait dû avoir un effet de vase communicant par l'effet des transferts des compétences. Vous êtes en train de dire que les collectivités locales sont riches ? Les régions n'ont pas de motif de se plaindre. Elles ont davantage levé l'impôt pour se désendetter, pour investir le cas échéant, que pour mettre en oeuvre la décentralisation. Faisons attention à l'évolution de la fiscalité locale. Nos compatriotes y sont, à juste titre, de plus en plus attentifs. Cette question doit faire l'objet d'un débat juste et nécessaire dans les mois qui viennent. Que pensez-vous de l'hypothèse d'élire les présidents d'intercommunalité au suffrage universel ? On n'est pas prêt aujourd'hui à instaurer l'élection des délégués intercommunautaires. Le maire serait réduit à être un simple agent de l'état civil et à faire de la figuration. Il faut imaginer des pistes transitoires. Ma préconisation est qu'on s'inspire du statut PLM (Paris, Lyon, Marseille) : ceux qui seraient en tête de liste deviendraient à la fois conseillers communautaires et conseillers municipaux. Cela donnerait à la fois de la lisibilité et une plus grande efficacité tout en conservant la légitimité de l'élection municipale. § Un juge d'instruction de Reims a été saisi "en urgence", a annoncé lundi le ministre candidat, à propos de l'affaire de malversation présumée qui touche la direction du sous-traitant automobile ardennais, lors d'une visite dans le département, auprès de "la France qui souffre". § "I l faut absolument que la justice passe. L'instruction ne pouvant se faire rapidement à Charleville, un juge d'instruction de Reims a été saisi en urgence vendredi dernier, je vous l'annonce", a déclaré Nicolas Sarkozy, lundi 18 décembre, après une rencontre à la préfecture de Charleville avec les syndicats des Ardennes. Le ministre candidat a décidé de se saisir de l'affaire de malversation présumée dans la liquidation du sous-traitant automobile Thomé-Génot. "Je ne suis pas décidé à laisser passer cela. Le ministère de l'intérieur, croyez-moi, mettra à sa disposition tous les moyens d'enquête nécessaires. Je crois trop en mes idées pour accepter que des voyous viennent les trahir", a ajouté le ministre. Le sous-traitant automobile Thomé-Génot, qui employait quelque 300 salariés dans les Ardennes, a été liquidé le 24 octobre. Une enquête sur d'éventuels abus a déjà été lancée contre l'actionnaire principal, le fonds d'investissement américain Catalina, accusé par les salariés d'avoir "pillé" l'entreprise. M. BESANCENOT AVAIT INTERPELLÉ MME ALLIOT-MARIE Les employés révoltés de cette entreprise implantée de longue date dans la région avaient été peu salués par les politiques jusqu'ici. Seul, Olivier Besancenot, le 12 novembre, avait interpellé la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, sur le plateau de France Europe Express. Le leader de la LCR avait alors remis à la candidate potentielle à la présidentielle une douille de cartouche de gaz lacrymogènes, utilisée par les forces de l'ordre contre des salariés de Thomé-Génot retranchés dans leur usine, lui demandant ainsi d'agir. Mme Alliot-Marie avait rejeté la responsabilité sur le ministère de l'intérieur et parlé de l'actionnariat salarié, comme étant une des réponses à ce type de conflits entre direction et employés. En organisant une visite dans les Ardennes lundi, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir se rendre au chevet de "la France qui souffre". Au sein même de sa majorité, certains le pressent de montrer un visage plus "social". "Ici, ce n'est pas la France qui brûle des voitures. Mais ce n'est pas parce qu'ils ne brûlent pas de voitures qu'on ne doit pas s'occuper d'eux", a-t-il affirmé, soulignant que les Ardennes avaient voté à plus de 40 % pour "les extrêmes" en 2002. Après avoir visité un lycée agricole, le ministre de l'intérieur a prévu de tenir une réunion publique à Charleville-Mézières. § Le kit numéro un pour "bien réussir la campagne participative" de Ségolène Royal a été remis, samedi 16 décembre, aux cadres du PS réunis au CNIT de la Défense. § L e kit numéro un pour "bien réussir la campagne participative" de Ségolène Royal a été remis, samedi 16 décembre, aux cadres du PS réunis au CNIT de la Défense. Les destinataires, des secrétaires de section et de fédération, y ont trouvé un CD-Diaporama, des modèles d'en-tête, de flyers (invitations), et une foule de conseils. Exemple : "Oser jouer des contradictions et des conflits pour créer la dynamique du débat". Pas de discours-fleuve. "L'idée, c'est que les élus interviennent comme les gens", a souligné Mme Royal. Il y a aussi, photos à l'appui, le descriptif des réunions "qu'il ne faut pas faire" les meetings traditionnels où l'orateur derrière son pupitre s'adresse à des citoyens assis en rangs d'oignons. Préférer le modèle Royal debout au centre d'un cercle, plus interactif. La candidate socialiste a poursuivi derrière un pupitre , en réclamant "la vérité de la parole" "pas de bla-bla, pas de formules recuites" et "une rigueur de comportement" quasi évangélique : "Entendez-vous bien les uns les autres". Pas d'austérité mais "du sérieux et de la gaieté", a plaidé Mme Royal en vantant les petites initiatives "ludiques", comme "des petits nuds dans les cheveux des enfants" et des lieux inhabituels pour organiser des réunions telles des "tentes itinérantes". Faire simple est son obsession. "Les catégories populaires sont revenues vers nous et sur mon nom, sans doute avec la façon dont je parle", a estimé Mme Royal en rappelant que l'expression "vie chère" plutôt que pouvoir d'achat lui avait valu des "ricanements". L'après-midi, les cadres du PS avaient atelier. § Plus du quart du revenu des Français est consacré aux "dépenses contraintes" : eau, logement, téléphone. Les hommes politiques accusent une concurrence trop faible. § L a nécessité de lutter contre la "vie chère", que la gauche et la droite font leur avec des accents différents, pourrait faire resurgir dans le débat public un thème délaissé depuis le référendum du 29 mai 2005 : celui de la concurrence libre et non faussée. L'ampleur prise dans le budget des ménages par les "dépenses contraintes", qui, comme le logement, l'eau ou le téléphone, représentent un peu plus du quart de leur revenu disponible brut, incitera probablement le prochain gouvernement à intervenir sur certains marchés pour favoriser une baisse des prix. François Hollande propose, dans nos colonnes, de "mettre plus de concurrence dans les oligopoles privés". En matière de défense des consommateurs, le ministre de l'économie, Thierry Breton, a présenté au conseil des ministres du 8 novembre un projet de loi introduisant dans le droit français une forme de recours en justice s'apparentant aux "class actions" américaines (actions de groupe) mais moins contraignante qu'elles. Le chef de l'Etat a souhaité que ce texte soit examiné "avant la fin de la législature". D'autres sujets pourraient aussi émerger en 2007. Téléphonie. Satisfaite de la confirmation, le 12 décembre, par la cour d'appel de Paris, de l'amende record (534 millions d'euros) infligée en 2005 par le Conseil de la concurrence aux trois opérateurs mobiles Orange France, SFR et Bouygues Telecom pour pratiques anticoncurrentielles, l'UFC-Que choisir a permis à 12 500 personnes de saisir le tribunal de commerce de Paris pour demander une indemnisation. L'association estime que "seule une véritable action de groupe permettrait une réparation intégrale de ce contentieux de masse". Voté dans sa forme actuelle, le projet de loi de M. Breton ne la permettrait pas. En raison de son ampleur - 20 millions de consommateurs lésés, un préjudice de 1,2 milliard à 1,6 milliard d'euros -, cette affaire relance les spéculations sur l'opportunité d'accorder une quatrième licence d'opérateur mobile pour réactiver la concurrence. Tarifs bancaires. Ce dossier achoppe sur le plafonnement des frais prélevés en cas d'incidents de paiement, que les associations de consommateurs réclament depuis des années. En revanche, les banques se sont engagées, le 21 novembre, à fournir à tous leurs clients "un récapitulatif mensuel de frais". Grande distribution. Pour protéger le petit commerce, la France interdit la revente à perte qui, dans les pays anglo-saxons et en Allemagne, est acceptée tant qu'elle ne vise pas à évincer un concurrent. La suppression de cette règle très discutée pourrait favoriser des prix plus bas. De même, les règles d'installation des grandes surfaces ont figé les parts de marché des grands distributeurs français. La France a fait l'objet en 2005 d'une procédure de mise en demeure communautaire et devra modifier ses règles d'urbanisme commercial. Professions réglementées. Les avocats et les conseils juridiques, les notaires, les huissiers, les vétérinaires, etc., bénéficient de réglementations ou de monopoles qui pourraient être revus car ils posent, de l'avis des économistes Pierre Cahuc et Francis Kramarz, un problème de droit de la concurrence. Tel est aussi le cas des taxis, avec leur système de licences malthusien, ou des pharmaciens, avec leur monopole s'appliquant même à la vente de certains produits non pharmaceutiques, à l'origine de prix élevés. Marchés publics. La France pourrait s'inspirer de l'exemple des Pays-Bas qui interdisent de marchés publics, pendant plusieurs années, les entreprises sanctionnées pour entente lors de la passation de tels marchés, une pratique fréquente dans le BTP. Par ailleurs, dans le secteur de la distribution de l'eau, la Lyonnaise des eaux et Veolia pourraient se voir contraintes de mettre fin aux filiales communes qu'elles ont constituées pour stabiliser leurs parts de marché. § Le candidat Nicolas Sarkozy est invité par son camp à revoir sa copie économique et fiscale. A commencer par Thierry Breton, ministre de l'économie, qui, en privé, estime que le programme économique de l'UMP n'est pas assez ambitieux. § L e candidat Nicolas Sarkozy est invité par son camp à revoir sa copie économique et fiscale. A commencer par Thierry Breton, ministre de l'économie, qui, en privé, estime que le programme économique de l'UMP n'est pas assez ambitieux. Lundi 18 décembre dans Les Echos, il a fait une première proposition destinée à rouvrir le débat dans ce domaine : M. Breton y explique que le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu est "techniquement prêt" pour une mise en oeuvre au 1er janvier 2009. Plutôt que de payer l'impôt l'année suivante, les salariés s'en acquitteraient, chaque mois, sous la forme d'une nouvelle ligne de prélèvement sur la fiche de paie. Ce qui supposera que les employeurs disposent des informations sur le foyer fiscal et le nombre de parts de chaque salarié. Comme argument de vente de sa réforme, le ministre propose que "les revenus de 2008 ne soient pas imposés"... En trésorerie, l'opération serait neutre pour les contribuables et l'Etat : les Français paieraient en 2008 l'impôt sur les revenus de 2007 et, en 2009, ils commenceraient à payer l'impôt à la source sur leurs revenus 2009. Seuls les contribuables en mesure de gonfler artificiellement leurs revenus de 2008 ou ceux qui bénéficieraient de revenus exceptionnels cette année-là pourraient tirer profit de la réforme. "ÇA DOIT ÊTRE INTELLIGENT" Pour les autres, comme l'expliquait le premier ministre, Dominique de Villepin, jeudi 14 décembre sur TF1, cette réforme est censée enlever "une partie de la frustration des Français qui vient du fait que, faute de retenue à la source, ils ne connaissent pas exactement le montant actuel de leurs impôts". Jean-Louis Borloo, le ministre de l'emploi, fait aussi partie de ceux qui, à droite, veulent changer la dernière ligne de la feuille de paie des Français. Il a ainsi approuvé, dimanche soir sur RTL la réforme proposée par Thierry Breton : "S'il la propose, c'est que ça doit être intelligent, parce que c'est un très bon ministre de l'économie." Surtout, samedi, à l'occasion du congrès du Parti radical qu'il copréside, il a proposé un transfert massif des charges sociales pesant sur les salaires sur d'autres impôts. "Je propose de transférer la moitié des cotisations sociales, soit 300 milliards d'euros sur 600, sur d'autres assiettes, comme la consommation, le patrimoine, les mutations, le pétrole, l'écologie", a-t-il expliqué. Par ce moyen, le ministre de l'emploi estime ainsi qu'il est possible d'augmenter les salaires directs "de 10 % à 15 %". M. Borloo, qui demande à Nicolas Sarkozy que le programme présidentiel soit "un projet présidentiel partagé", est loin de partager les autres options fiscales du candidat de l'UMP. Ainsi, l'idée de Nicolas Sarkozy de supprimer les droits de succession pour 90 % à 95 % des ménages est, selon lui, une mauvaise piste. § François Hollande, premier secrétaire du PS, détaille dans "Le Monde" les mesures économiques et sociales d'un futur gouvernement de gauche. § P rojet fiscal contre projet fiscal : le débat s'aiguise à quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle. Dans Les Echos, lundi 18 décembre, Thierry Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, propose la retenue à la source de l'impôt sur le revenu à partir du 1er janvier 2009. Les contribuables ne paieraient pas d'impôt sur leur revenu de 2008. François Hollande, premier secrétaire du PS, détaille dans Le Monde les mesures économiques et sociales d'un futur gouvernement de gauche. Si la gauche revient au pouvoir, abrogerez-vous les mesures fiscales du gouvernement ? Nous reviendrons sur toutes les baisses d'impôt sur le revenu qui ont été accordées sur les tranches supérieures du barème. Nous nous remettrons au niveau de 2002. De même, nous supprimerons le bouclier fiscal, dont on voit, avec Johnny Hallyday, qu'il ne convainc nullement certains de ses bénéficiaires de ne pas pratiquer l'exil fiscal. La retenue à la source est une technique, pas une réforme. Il y a de la supercherie électorale à laisser penser que les Français ne paieront pas d'impôt en 2008. Ils le paieront en 2009. Vous reviendrez donc sur la réforme de l'ISF ? Nous ferons une réforme de l'ISF qui maintienne la contribution des plus gros patrimoines à l'effort de solidarité sans pour autant favoriser l'évasion. Nous ferons en sorte que les entreprises familiales ne soient pas rachetées, pour des raisons fiscales, par des fonds d'investissement et ne voient pas ainsi leurs sièges délocalisés, comme c'est le cas depuis une dizaine d'années. Il faut autoriser la création de pactes d'actionnaires qui permettent à leurs signataires d'être soumis au même traitement que ceux qui sont dirigeants ou présents dans les conseils de surveillance. Si on ne vend pas ses titres pendant quinze ans, vingt ans, il est légitime de payer un impôt moins élevé. L'ISF doit jouer son rôle de cohésion sociale. Est-il acceptable que les dirigeants du CAC 40 aient une rémunération équivalente à 300 smic et protestent, en plus, sur le niveau excessif des prélèvements ! Exonérerez-vous partiellement la résidence principale de l'ISF ? La hausse du prix de l'immobilier constitue un enrichissement pour ceux qui ont déjà un patrimoine. Ce serait paradoxal d'y ajouter un avantage fiscal. En revanche, je suis favorable à un système beaucoup plus incitatif pour l'acquisition. Plusieurs réformes sont possibles : opérer une distinction entre le foncier et l'immobilier, créer des systèmes de prêts hypothécaires plus longs, avoir des garanties collectives qui permettent d'accéder à la propriété alors qu'on ne dispose pas de patrimoine de départ. La droite explore des pistes... Une des idées les plus contestables, avancées par Nicolas Sarkozy, c'est la privatisation des logements du parc HLM. Elle créerait des situations de copropriétés impossibles à gérer pour les bailleurs sociaux et immobiliserait un patrimoine social dont le principe même doit être la mobilité de ses occupants. Les Français doivent accéder plus facilement à la propriété, mais hors du logement social. Baisserez-vous les droits de mutation ? Ils l'ont déjà été singulièrement, et notamment par des gouvernements de gauche. Aujourd'hui ces droits sont perçus par les collectivités locales ; leur suppression supposerait donc des compensations de la part de l'Etat. Mais je le dis clairement : il n'y aura pas de baisse du niveau des prélèvements obligatoires durant la prochaine législature. Tout candidat qui promettra une baisse des impôts, générale et massive, est soit dans le mensonge, soit dans l'irresponsabilité. Quand on a un niveau d'endettement public proche de 60 % de la richesse nationale, toute baisse d'impôt est financée par emprunt. Tout avantage fiscal accordé doit donc être d'un rendement élevé, sinon il est payé par les générations futures. C'est à l'aune de ces deux principes que sera fondée notre politique budgétaire et fiscale. Reverrez-vous à la baisse les dépenses de l'Etat ? C'est l'efficacité de la dépense qui compte. Nous aurons à redéployer des moyens et des effectifs, à réorganiser un certain nombre de ministères et à remettre en cause des "aides" ou des dépenses fiscales sans contreparties effectives. Par exemple, en matière de logement, le dispositif De Robien aboutit à la construction de logements vides. Quant aux exonérations de cotisations sociales, elles dépassent 25 milliards d'euros, sans véritable contrepartie en termes d'emplois ! Nous les remettrons sous conditions. Comment vous y prendrez-vous pour réformer les retraites ? La droite a fait le plus facile, avec le départ avant 60 ans de ceux qui ont cotisé plus de 40 annuités. Elle a multiplié les injustices, notamment avec le système de la décote, et elle n'a rien réglé financièrement ; le déficit est là, 4 milliards d'euros en 2007, et un rendez-vous difficile s'annonce en 2008, alors même que les Français pensent avoir déjà consenti le plus gros de l'effort. Il faudra d'abord leur dire la vérité sur les comptes sociaux de demain et d'après-demain. Ensuite, s'ouvrira une négociation avec les partenaires sociaux sur ce qu'il conviendra d'abroger de la réforme Fillon - les décotes qui touchent les carrières non complètes, notamment pour les femmes - et ce qu'il sera nécessaire d'ajouter. Ainsi, nous introduirons la règle de la pénibilité, métier par métier pour tenir compte des espérances de vie au moment du départ à la retraite et fixer à partir de ce critère les durées de cotisations. La négociation ne doit plus simplement porter sur le seul âge de la retraite, mais sur le temps de travail sur toute la vie. Le compte épargne temps, de ce point de vue, doit être complètement reconsidéré pour en faire un outil à la disposition de chacun afin d'organiser librement sa vie professionnelle. La plupart des pays européens ont fait le choix de retarder l'âge de la retraite, à 67 ans en Allemagne. Nous n'avons pas la même situation démographique que les Allemands. Notre taux de fécondité permet le renouvellement des générations et le solde migratoire des dernières années a contribué au rajeunissement de la population. Le problème majeur qu'il nous faut régler c'est celui du taux d'emploi. On entre trop tard et on quitte trop tôt le marché du travail. Il faut mettre fin à un comportement patronal qui écarte les seniors pour des questions de productivité et de rémunération. Pour maintenir les salariés dans l'entreprise, je propose de moduler les cotisations sociales en fin de carrière, de façon à dissuader les licenciements des plus de 55 ans. § Pierre Zarka, Roger Martelli ainsi que quatre autres membres de cette sensibilité ont annoncé, samedi 16 décembre, leur démission du comité exécutif du parti pour protester contre la décision de Marie-George Buffet de maintenir sa candidature au sein du rassemblement antilibéral. § L es refondateurs ont décidé de claquer la porte des instances dirigeantes du PCF. Pierre Zarka, Roger Martelli ainsi que quatre autres membres de cette sensibilité ont annoncé, samedi 16 décembre, leur démission du comité exécutif du parti pour protester contre la décision de Marie-George Buffet de maintenir sa candidature au sein du rassemblement antilibéral. A l'initiative de la direction du PCF qui entend faire relégitimer cette candidature, quelque 100 000 militants communistes à jour de cotisations sont appelés à voter mercredi. Le bulletin tel qu'il est rédigé leur laisse deux options : choisir Mme Buffet "pour porter le rassemblement antilibéral" en 2007 - option dont il est précisé qu'elle a l'aval du conseil national du PCF et qu'elle est "la plus partagée dans les collectifs locaux" -, ou se prononcer pour son "retrait" et la recherche d'une "autre candidature unitaire". La secrétaire nationale devrait se retrouver largement confortée à l'issue de cette consultation. Elle a prévenu dimanche sur Europe 1 : "Il faut une candidature communiste." Ce référendum interne comporte pourtant un risque pour Mme Buffet : la direction laisse la possibilité aux militants de faire entendre le malaise qui s'exprime depuis dix jours. Les partenaires du PCF dans les collectifs antilibéraux ont décidé aussi de se faire entendre. Lundi, ils ont adressé un "appel aux militants communistes" leur enjoignant de ne "pas commettre l'irréparable". Et ont précisé qu'ils étaient prêts à discuter d'une candidature de Francis Wurtz, président du groupe gauche unitaire au Parlement européen, "pour favoriser le déblocage". Une hypothèse qui avait été caressée par la direction du PCF avant d'être abandonnée. § Le candidat à la présidence de la République François Bayrou a un credo : s'il est élu, il formera un gouvernement réunissant des hommes et des femmes de sensibilités différentes qui acceptent de travailler ensemble à la "reconstruction" de la France. § L e candidat à la présidence de la République François Bayrou a un credo : s'il est élu, il formera un gouvernement réunissant des hommes et des femmes de sensibilités différentes qui acceptent de travailler ensemble à la "reconstruction" de la France. Une sorte de gouvernement d'union nationale des "volontés républicaines", constitué à partir des compétences, et non des étiquettes. "Chaque fois que la France a voulu se redresser, c'est cette voie qu'elle a choisie", soulignait le président de l'UDF, le 2 décembre, lors de sa déclaration de candidature. Et il citait en exemple Charles de Gaulle, Pierre Mendès France, Valéry Giscard d'Estaing, Raymond Barre et... Michel Rocard. Ce dernier a moyennement apprécié de se voir ainsi associé à un objectif qu'il qualifie d'"impossible configuration". Il l'a signifié au candidat centriste dans une lettre datée du 5 décembre : "J'apprécierais qu'à l'avenir tu t'abstiennes d'évoquer, dans ce sens, mon nom et mes cinquante-sept ans d'engagement à gauche", écrit M. Rocard. Le député européen du PS avait accepté de participer, en septembre, à l'université d'été des jeunes UDF. Son compagnonnage s'arrêtera là. "Je me dois de te confirmer formellement que, bien que flatté d'être présenté par toi en leader de référence, je n'accepte pas qu'il soit sous-entendu que je puisse constituer, même pour partie, l'esquisse de l'ébauche d'une improbable solution politique", précise-t-il. "Mon intention n'a jamais été de me servir de Michel Rocard. Je veux simplement pouvoir lui dire mon estime", se défend M. Bayrou, regrettant cependant que "les hommes politiques, surtout de cette génération, (soient) prisonniers des appareils". Quant à M. Rocard, il soutiendra Ségolène Royal. "Elle n'était pas mon choix. Elle l'est maintenant", affirme-t-il. Et, s'il ne croit guère à la stratégie de M. Bayrou, il souhaite néanmoins à ce dernier "bon courage, sincèrement". § Education, environnement, logement... Le co-président du Parti radical s'est posé en champion de "la justice sociale", samedi, devant les membres de son parti réunis en congrès, en espérant peser dans la campagne présidentielle de tout son poids de son ministre de la cohésion sociale. § "J e suis persuadé que cette élection présidentielle est un énorme danger ou une énorme chance. C'est probablement sur un certain nombre de sujets un rendez-vous providentiel", a lancé le ministre de la cohésion sociale et co-président du Parti radical Jean-Louis Borllo devant un millier de militants, ministres (Xavier Bertrand, Philippe Douste-Blazy, Thierry Breton, Christian Jacob...) et parlementaires venus participer au 107e congrès du parti, associé à l'UMP, à Paris. Gilles de Robien, seul ministre UDF, retenu à Amiens, était absent mais a tenu à faire lire un message à la tribune du congrès dans lequel il déplore qu'"aucun candidat" pour 2007 "ne défende les valeurs de la droite sociale". Avec ses quelque 8 000 adhérents, ses trois ministres outre M. Borloo, François Loos (délégué à l'industrie) et Renaud Dutreil (PME) ses vingt-cinq parlementaires, le Parti radical, associé à l'UMP, a toujours eu en France une influence qui dépasse ses effectifs. "Je veux plus que jamais être l'avocat de la justice sociale de notre pays", a affirmé M. Borloo, avocat de formation, qui co-préside le Parti radical avec André Rossinot, maire de Nancy. Le ministre de la cohésion sociale, qui n'a pas encore dit quel candidat il soutiendrait à la présidentielle, réunira un congrès extraordinaire de son parti en février 2007. "LA SITUATION ET L'INQUIÉTUDE SONT GRAVES" Samedi, il a proposé "cinq grands défis" pour "bâtir un communauté de destins" : éducation-formation, réforme du financement de la protection sociale, environnement "évidemment, il faut soutenir le pacte écologique de Nicolas Hulot", a-t-il lancé justice sociale territoriale, accompagnement des mutations. "Oui, ça va gueuler, ce sera difficile, ce ne sera pas sans se heurter à quelques conservatismes, ça bouleversera des intérêts particuliers, des égoïsmes, mais c'est incontournable", a-t-il indiqué. "Il nous faut prendre un nouveau souffle (...) Ne nous racontons pas de salades" car "la situation et l'inquiétude sont graves", a-t-il également souligné. Il souhaite également lancer "un chantier de rattrapage, celui de la justice territoriale" car "l'injustice territoriale est insupportable entre villes riches et villes pauvres". Si on ne réalise pas ces chantiers, "je vous le garantis, ce ne sera pas un Grenelle des salaires qu'on aura mais un Grenelle d'un autre nom", a-t-il mis en garde. A ses yeux, "le président ou la présidente" qui sera élu(e) en 2007 "sera forcément quelqu'un qui va être capable de faire bouger tous les acteurs de la société française". Avant lui, André Rossinot avait pris la parole pour lancer à M. Borloo : "Avec toi, la révolution civique que le pays attend doit constituer l'existence fondatrice du contrat républicain (...) que nous devons maintenant négocier avec l'UMP, notre partenaire". § Le Parti communiste a décidé, samedi, de reconsulter par vote mercredi ses militants, leur demandant de se prononcer sur le maintien ou non de Marie-George Buffet comme candidate d'un rassemblement anti-libéral pour 2007, alors qu'elle ne fait pas l'objet d'un consensus chez les anti-libéraux. Six membres du courant "Refondateur" ont démissionné. § L e Parti communiste a décidé, samedi 16 décembre, de reconsulter par vote mercredi ses militants, leur demandant de se prononcer sur le maintien ou non de Marie-George Buffet comme candidate d'un rassemblement anti-libéral pour 2007, alors qu'elle ne fait pas l'objet d'un consensus chez les anti-libéraux. "Je ferai une intervention jeudi ou vendredi pour dire qu'on poursuit la bataille du rassemblement et si les organisations continuent de dire non, il faudra alors travailler avec ceux dans les collectifs qui veulent aller de l'avant", a répondu la secrétaire nationale du PCF. "On ne peut pas attendre le mois d'avril pour entrer en campagne", a-t-elle ajouté, en soulignant que lors du conseil national du PCF, "il y a eu une réaffirmation d'une démarche de rassemblement". Environ 100 000 militants communistes sont ainsi appelés à choisir entre les deux propositions suivantes : "Je choisis la proposition de candidature de Marie-George Buffet, choix le plus partagé des collectifs locaux pour porter le rassemblement anti-libéral à la présidentielle", ou "Je choisis le retrait de Marie-George Buffet et la recherche d'une autre candidature de rassemblement anti-libéral à l'élection présidentielle". Ce vote a été décidé après l'échec du rassemblement anti-libéral du week-end dernier à s'accorder sur un candidat commun pour la présidentielle, la candidature de Mme Buffet ne faisant pas l'objet d'un consensus. DÉMISSION DE SIX MEMBRES DU COURANT "REFONDATEUR" Deux autres candidats sont sur les rangs, Clémentine Autain, élue de Paris apparentée communiste, et Yves Salessse, président de la Fondation Copernic. Les sensibilités du mouvement anti-libéral hors PCF avaient rejeté le week-end dernier la candidature de Mme Buffet, estimant que la dirigeante d'un parti ne pouvait pas pas représenter la diversité du mouvement. Mais le PCF avait fait valoir que Mme Buffet avait déjà rassemblé autour d'elle 55 % des collectifs locaux. En réaction, six membres du comité exécutif national ont annoncé samedi leur démission de cette instance, accusant la direction de sortir le parti du processus "unitaire" antilibéral en maintenant la candidature de Marie-George Buffet pour 2007. Les démissionnaires, membres du courant "Refondateur" (minoritaire) au PCF, parmi lesquels Pierre Zarka et Roger Martelli, ont accusé dans un texte la direction de "retournement d'orientation politique". La direction "dans sa majorité, a pris la décision de refuser toute recherche de candidature à la présidentielle qui aurait permis le maintien et l'élargissement de cette construction" antilibérale, arguent-ils. "C'est suicidaire pour le PCF qui va se trouver isolé et sera tenu pour responsable de cette situation", ajoutent les démissionnaires. Selon eux, le bulletin de vote soumis aux militants "n'éclaire pas sur les conséquences qu'aurait le maintien de la candidature de Marie-George Buffet" à savoir "la sortie du processus unitaire", ajoutent-ils. § Cécile Duflot, 31 ans, a été élue, samedi, secrétaire nationale des Verts par le conseil national du parti réuni à Paris, en remplacement de Yann Wehrling, qui devient porte-parole. § A 31 ans, cécile Duflot devient la plus jeune secrétaire nationale des Verts, record auparavant détenu par son prédécesseur Yann Wehrling, qui avait accédé à ce poste à 33 ans. La jeune femme a été élue, samedi 16 décembre, par le conseil national du parti réuni à Paris, en remplacement de Yann Wehrling, qui devient porte-parole. La nouvelle direction, qui comprend au total 15 membres, a été élue au premier tour de vote, avec tout juste la majorité requise de 60 % des exprimés. En la personne de Dominique Voynet, les Verts ont déjà une femme comme candidate à l'élection présidentielle de 2007. Outre Cécile Duflot à la tête du parti pour deux ans et Yann Wherling qui avait déjà été porte-parole pendant deux ans avant de diriger le parti, les Verts ont choisi comme porte-parole femme Anne Souyris. Mireille Ferri, secrétaire nationale adjointe dans la direction sortante, conserve son poste, mais avec de nouvelles attributions (réformes internes du parti). Michel Bock, un proche de Dominique Voynet, est délégué aux élections. CANDIDATE AUX LÉGISLATIVES DE 2007 Membre influente ces dernières années du courant le plus à gauche du parti, Cécile Duflot en a rejoint un autre pour le congrès de Bordeaux début décembre, "Espoirs en actes", plus composite et qu'elle définit comme "la gauche modérée" des Verts. Née le 1er avril 1975 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), elle est revenue y habiter à 17 ans. Elle aligne aussitôt les petits boulots, "pour être sûre d'être libre", dit-elle : standardiste dans une société de livraison de pizzas, télé-marketing... Dès sa prime jeunesse, elle milite dans des associations. A 16 ans, sous l'influence de sa mère, à la Ligue de protection des oiseaux, puis dans des associations d'éducation populaire "à tendance catholique", comme la Jeunesse ouvrière chrétienne. Elle a également milité au sein du Génépi (Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées) pendant quatre ans. Titulaire d'un DEA de géographie sur le thème des "lieux de vacances", ancienne de l'Essec, elle travaille depuis quatre ans dans un groupe immobilier à vocation sociale à Créteil. Elle est mère de trois enfants, âgés de 9 à 5 ans. Adhérente des Verts depuis février 2001, Cécile Duflot entame son troisième mandat consécutif au sein du collège exécutif du parti, où elle a été successivement déléguée à l'organisation, puis porte-parole. Selon les statuts des Verts, ce sera forcément le dernier mandat. Conseillère municipale, candidate aux cantonales en mars 2004, elle a été investie pour pour les législatives de 2007 dans la circonscription où elle habite, en attendant un éventuel accord avec le PS. § C'est à la fois beaucoup et, finalement, peu, décrypte Jean-Daniel Lévy, directeur d'études à l'institut CSA, qui a réalisé une étude sur la certitude des choix pour la présidentielle, commandée par "Le Bleu de Profession politique". § 4 9 % des électeurs sont "tout à fait sûrs" de leur choix, 51 % peuvent encore changer d'avis, selon un sondage CSA pour le Bleu de Profession politique publié mardi 19 décembre. Que la moitié du corps électoral soit indécise, cela peut paraître un chiffre important, surtout quand l'abstention, les bulletins nuls et blancs s'élèvent à 28 %. François Bayrou gagne 2 % d'intentions de vote Le CSA a accompagné son étude sur la certitude des choix des électeurs d'un sondage d'intentions de vote au premier tour. La plus forte variation est attribuée à François Bayrou : + 2 %, soit 8 %. Ségolène Royal perdrait un point à 31 %, Nicolas Sarkozy en gagnant un, à 30 %. Jean-Marie Le Pen est crédité de 16 % des intentions, en baisse d'un point. Arlette Laguiller reste créditée de 3 % des interrogés, comme Marie-George Buffet. Olivier Besancenot perd un point à 4 %. Philippe de Villiers gagne un point à 3 %. Dominique Voynet reste pour l'instant la lanterne rouge avec 2 % des voix, score inchangé. - (avec AFP) "La proportion d'indécis est plutôt faible, tempère Jean-Daniel Lévy, directeur d'études au CSA. En 2002, à la même époque, ni Jacques Chirac, ni Lionel Jospin n'étaient officiellement candidats. Cette année, les électeurs semblent dire que la campagne les satisfait relativement et qu'ils ne sont pas poussés à l'attentisme. Certains électorats sont déjà constitués." Les 49 % de Français qui se disent sûrs de leurs choix sont "essentiellement des hommes, personnes âgées de 50 ans ou plus, inactifs, sympathisants des extrêmes et du PCF", précise Jean-Daniel Lévy. LES ÉLECTEURS FRONTISTES SONT LES PLUS SÛRS DE LEUR CHOIX Les électeurs UMP sont plus sûrs de leur choix que ceux de Mme Royal : 55 % des sympathisants de Nicolas Sarkozy affirment être certains de voter pour lui, 45 % pouvant changer d'avis. Le "noyau dur" de Mme Royal est un peu moins important (49%). M. Sarkozy "affirme ses axes de campagne et positionnements" depuis plus longtemps que Mme Royal, souligne le CSA, et "apparaît, dans son champ politique, plus hégémonique" que la candidate PS. Les personnes déclarant avoir l'intention de voter pour Jean-Marie Le Pen sont les plus certaines de leur choix : 61 %. Les plus indécis sont de loin les électeurs potentiels de la candidate des Verts, Dominique Voynet : 90 % d'entre eux doutent encore. Les électorats les plus constitués se retrouvent également parmi les électeurs potentiels de la communiste Marie-George Buffet (55 %) et de Philippe de Villiers (49 %). Pour autant, "les comportements électoraux potentiels devraient évoluer, même parmi ces populations 'acquises' à un candidat", prévient Jean-Daniel Lévy. "En effet, la campagne n'a pas véritablement commencé. Tous les acteurs ne sont pas présents, les enjeux pas définitivement apparus, les stratégies et axes de communication pas exposés." Le sondage a été réalisé par téléphone les 12 et 13 décembre auprès d'un échantillon de 798 personnes de plus de 18 ans inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. § Emmaüs et Médecins du monde ont réagi, mardi, aux propos du ministre de l'intérieur qui a promis que plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir s'il était élu à l'Elysée. § L es associations s'interrogent après les déclarations du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, qui a promis, lundi 19 décembre, que plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir s'il était élu à l'Elysée. "Quand on entend ressortir le slogan de Jospin en 2002 de zéro SDF, on se dit que l'on n'a pas encore bien compris le problème, a ironisé, mardi, le président d'Emmaüs, Martin Hirsch. Bien sûr, il faut tendre vers zéro SDF, mais on n'y arrivera jamais si on ne s'attaque pas au fait qu'il y a 30 % de travailleurs pauvres dans la rue, si l'on n'agit pas en amont". "Sinon, on restera dans des slogans assez creux", a-t-il dénoncé. Inviter les gens à être SDF une nuit : de la "poudre aux yeux", selon la ministre Catherine Vautrin, ministre de la cohésion sociale, a raillé mardi l'installation d'une centaine de tentes à Paris par l'association Les enfants de Don Quichotte, pour inviter les passants à connaître les conditions de vie des sans-abri : "Je condamne ces initiatives, qui pourraient paraître généreuses mais qui sont de la poudre aux yeux et un leurre pour la résolution du problème l'exclusion", a-t-elle dit, affirmant qu'"il est faux de déclarer que le gouvernement laisse les gens dormir dehors". "Utiliser à des fins médiatico-politiques les problèmes d'exclusion des gens, c'est dangereux et sans espoir", a-t-elle déclaré en faisant également référence à l'initiative de Médecins du monde qui avait proposé l'hiver dernier des tentes aux SDF à Paris. "Il y a des places pour héberger les gens mais certains les refusent. On est dans le domaine de l'humain. S'il faut convaincre les gens on ne peut pas non plus les contraindre", a conclu Mme Vautrin. Médecins du monde (MDM), qui avait suscité la polémique en 2005 en distribuant des tentes aux SDF parisiens, a également appellé les dirigeants politiques et candidats à l'élection présidentielle à agir concrètement cet hiver en faveur des sans-abri, et à ne pas se contenter de promesses pour 2007. "Ce serait intéressant de savoir quelles mesures (Nicolas Sarkozy) propose et ce qu'il compte faire aujourd'hui, en qualité de ministre de l'intérieur, pour éviter que les SDF ne soient chassés et trouver des solutions durables", a lancé Graciela Robert, qui s'occupe du dossier. L'association a lancé, mardi, une pétition "D'une toile de tente à un toit" sur son site Internet, "pour que soient créées rapidement et en nombre suffisant, des places d'hébergement durable et adapté aux besoins réels des personnes à la rue". "OÙ SONT PASSÉES TOUTES LES TENTES AU BORD DE LA SEINE ?" Le Parti socialiste n'a pas manqué, non plus, de railler la promesse du président de l'UMP. "Nicolas Sarkozy a raison de découvrir qu'il y a des SDF qui dorment la nuit dehors. Je me demande d'ailleurs ce qu'il fait maintenant depuis plus de quatre ans et demi comme ministre de l'intérieur", a ironisé François Hollande, premier secrétaire du PS. Dominique de Villepin a assuré, pour sa part, que des places d'hébergement étaient disponibles pour les personnes sans-abri. "Je ne crois pas que la tente soit la meilleure solution, qui plus est quand nous avons des places et des lits disponibles", a déclaré le premier ministre lors d'un déplacement dans le Val-de-Marne. Le gouvernement a intensifié son "plan hiver" 2006-2007 pour les sans-abri en le dotant de plus de 100 000 places d'hébergement, soit environ 4 200 places de plus que la précédente saison. Mais Pierre Micheletti, le président de MDM, a souligné que le plan gouvernemental avait du retard et manquait de visibilité. L'association dénonce également la volonté, non revendiquée à ce jour, de "déloger et de chasser les personnes sous les tentes" en particulier à Paris."Qui est responsable ? On nous dit qu'il n'y a pas de directives dans ce sens. Mais où sont passées toutes les tentes au bord de la Seine ?", s'est indignée Graciela Robert. Lundi, une vingtaine de sans-abri ont ainsi été évacués dans la capitale par des policiers qui les ont délogés d'un campement de 46 tentes qu'ils occupaient Quai d'Austerlitz, dans le 13e arrondissement, sur réquisition du Port autonome de Paris. Et "aucune proposition de relogement" n'a été faite aux SDF délogés, a souligné Graciela Robert. § Depuis une semaine, le site web du chanteur Zêdess est fermé pour cause de saturation, tant le clip de sa chanson "Un Hongrois chez les Gaulois" a attiré de visiteurs. § D epuis une semaine, le message "site temporairement indisponible" s'affiche sur le site web du chanteur de reggae Zêdess. Début décembre, le chanteur y avait mis en ligne le clip de sa chanson "Un Hongrois chez les Gaulois", un titre engagé contre l'immigration choisie, dont le refrain interpelle directement le ministre de l'intérieur : "Nicolas Sarkozy, pourquoi ton père a fui la Hongrie ?" L'adresse du site a rapidement circulé sur Internet, provoquant un afflux énorme de visiteurs. Or, le contrat entre le chanteur et l'hébergeur du site limite la bande passante disponible à 40 gigaoctets par mois. "J'ai reçu un e-mail il y a une semaine m'expliquant que j'avais utilisé 2 160 giga-octets de bande passante en deux semaines, que mon site avait donc été fermé, et que je leur devais 10 000 euros", explique le chanteur. 2 160 gigaoctets, cela représente plusieurs dizaines de milliers de connexions. Des internautes malintentionnés auraient pu saturer le site en s'y connectant à de nombreuses reprises. Du côté de Lycos, l'hébergeur, on explique que des analyses sont en cours pour déterminer s'il ne s'agit pas d'une erreur de mesure. "Je ne veux pas être l'Africain anti-Sarkozy de service", insiste le chanteur, qui partage son temps entre le Burkina-Faso et la Belgique. "J'ai refusé de figurer sur une compilation parce que je trouvais que deux autres morceaux prévus dessus faisaient l'apologie de Ségolène Royal. Si Nicolas Sarkozy avait déclaré qu'il était pour l'immigration zéro, je n'aurais pas écrit de chanson, j'aurais trouvé ça cohérent. Mais cette idéologie de l'immigration choisie, ça me rappelle les heures les plus sombres de l'histoire de l'Afrique." Malgré la fermeture du site, la chanson et le clip continuent de circuler sur Internet. Il a déjà été vu plus de soixante-dix mille fois sur les sites de vidéos en ligne Dailymotion et Youtube. Sarkozy, un Hongrois chez les Gaulois § Le programme économique et social d'un futur gouvernement de gauche dessiné par le premier secrétaire du PS dans "Le Monde" a agacé. Est-il chef de file ? Futur ministre ? § U ne candidate, et un chef de file. La distribution des rôles, au Parti socialiste, soulève des interrogations et suscite parfois de l'irritation. C'est encore le cas avec le programme économique et social d'un futur gouvernement de gauche dessiné par le premier secrétaire du PS, François Hollande, dans Le Monde (daté 19 décembre) - un terrain que n'a pas beaucoup investi, jusqu'ici, Ségolène Royal. "Qui c'est le candidat ?", fait mine de s'interroger un fabiusien. "Le forcing médiatique de François Hollande va finir par provoquer un malaise", a réagi, dans un communiqué, Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn. Le député de Paris, tout en prenant soin d'indiquer que "personne ne peut mettre en cause la conduite des socialistes lors d'une présidentielle par leur premier secrétaire", reproche à M. Hollande de tirer la couverture à lui. "Soit les socialistes sont dans une phase d'écoute comme leur recommande leur candidate Ségolène Royal, et les propositions économiques et sociales viennent trop tôt et perturbent la campagne participative. Soit nous sommes dans une phase de proposition et il vaudrait mieux en discuter", écrit-il. Sans doute, M. Cambadélis, comme bon nombre de socialistes, a-t-il traduit avec agacement le programme de M. Hollande comme le signe d'une ambition déguisée pour s'imposer dans le rôle d'un ministre de l'économie potentiel. PERSPECTIVE MOINS TABOUE Ségolène Royal à l'Elysée, son compagnon François Hollande au gouvernement ? Cette perspective est de moins en moins taboue. "Ce qui m'apparaissait totalement inconcevable il y a encore quelques mois, me le semble beaucoup moins aujourd'hui", admet un membre de la direction du PS. Le couple n'évoque jamais la composition de l'exécutif si la gauche venait à gagner les élections, mais l'un et l'autre sont aux avant-postes de la campagne. M. Hollande a déjà indiqué, par ailleurs, qu'il mènerait la campagne législative, repoussant d'autant la fin de son mandat à la tête du PS, sans rien dévoiler du rôle qu'il se réserve pour l'après. En attendant, elle bouscule les coutumes du parti ; il corrige. Dans chaque réunion du PS, l'habitude a été prise : Mme Royal détaille son plan d'action, M. Hollande recentre sur le parti. Devant les cadres du PS réunis le 17 décembre à la Défense, elle promeut une campagne participative moins traditionnelle et appelle à s'adresser aux "Français les plus éloignés du militantisme" ; M. Hollande conclut en rappelant l'importance des "grands rassemblements qui font un effet de masse". La stratégie se veut complémentaire. "Il a son registre, plus classique, elle a le sien, celui de la dynamique", assure Jean-Louis Bianco, codirecteur de campagne de Mme Royal. Il reste que François Rebsamen, numéro deux du parti, devenu codirecteur de campagne de Mme Royal, a passé du temps, ces dernières semaines, à apaiser les frictions entre les comités Désirs d'avenir de Mme Royal et les fédérations du PS. § Jean-Marie Le Pen n'est pas venu personnellement au Zénith de Paris, lundi, mais a envoyé sa femme Jany ainsi qu'une très imposante délégation du parti, trop importante pour tenir dans le carré des VIP. § B runo Gollnisch, le délégué général du FN, et Jany Le Pen, l'épouse du président du Front national, assis dans le carré des VIP tout près de Roland Dumas, ancien ministre des affaires étrangères de François Mitterrand. Le spectacle, lundi 18 décembre au Zénith à Paris, était autant dans la salle que sur la scène. Dieudonné jouait son dernier sketch Dépôt de bilan. L'occasion pour lui de recevoir ses amis. Les anciens comme les nouveaux. "J'invite Jean-Marie Le Pen à venir me voir au Zénith", avait lancé l'humoriste lors de sa visite aux Bleu-Blanc-Rouge, la fête du FN, samedi 11 novembre. Une main tendue qui se refuse difficilement en cette période électorale lorsque l'on veut dédouaner son parti d'une étiquette de racisme mais qui, en même temps, pouvait alimenter les accusations d'antisémitisme. Un piège que le président du FN a contourné en ne venant pas personnellement au spectacle mais en y envoyant sa femme Jany ainsi qu'une très imposante délégation du parti, trop importante pour tenir dans le carré des VIP.PARODIE DES DERNIERS JOURS D'HITLER Au sein de cette délégation se trouvaient Bruno Gollnisch, qui compte parmi les admirateurs de Dieudonné depuis que ce dernier lui a apporté son soutien alors qu'il était accusé de révisionnisme ; Jean-Michel Dubois, ami de M. Le Pen et membre du bureau politique tout comme Eric Pinel, Farid Smahi, ou Eric Iorio, ex-époux de Marine Le Pen. Les personnalités les plus importantes ont été reçues par Joseph Elise, l'homme de confiance de Dieudonné, et leur ami "Fred", Frédéric Chatillon, ancien responsable du GUD, directeur de Riwal communication, une entreprise qui a participé à la réalisation de la dernière campagne d'affiche frontiste. M. Gollnisch n'a pas manqué de saluer Thierry Meyssan, responsable du Réseau Voltaire, autrefois engagé dans la lutte contre le FN, aujourd'hui accusé d'antisémitisme par d'anciens partenaires. De même a-t-il discuté avec Alain Soral, un écrivain exclu du PCF en 1992 pour, dit l'intéressé, "avoir voulu faire la jonction de tous les patriotes" et qui est aujourd'hui conseiller de Jean-Marie Le Pen et de sa fille Marine. Tout ce petit monde a ri à gorge déployée en entendant Dieudonné parodier les derniers jours d'Hitler dans son bunker, en le voyant mimer un journaliste devenant d'un seul coup affable devant Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), ou en l'entendant évoquer une "hiérarchisation victimaire". Lorsque Dieudonné a revendiqué la "liberté de parole" pour le négationniste Robert Faurisson, la réserve de la salle a été de courte durée. Et l'hilarité a été générale au récit d'une histoire de Toto contestant "l'existence de chambres à air". § Les jeunes, souvent présentés comme une catégorie à part de la société française, partagent bien des appréciations de leurs aînés. Tel est le principal enseignement d'un sondage Ipsos, réalisé du 23 au 30 novembre, auprès d'un échantillon de 800 jeunes de 18 à 25 ans. § L es jeunes, souvent présentés comme une catégorie à part de la société française, partagent bien des appréciations de leurs aînés. Tel est le principal enseignement d'un sondage Ipsos, réalisé du 23 au 30 novembre, auprès d'un échantillon de 800 jeunes de 18 à 25 ans. Cette enquête a été effectuée pour l'association Graines de citoyens, qui cherche à inciter les jeunes à lire la presse quotidienne. Comme d'autres, les 18-25 ans ont (à 79 %) une "mauvaise image" des hommes et femmes politiques, dont ils considèrent (dans la même proportion), qu'ils "ne sont pas à l'image de la société actuelle". Ils partagent également (à 87 %) le sentiment - très répandu - de ne pas être assez entendus. Méfiants et sceptiques vis-à-vis de la politique - 75 % sont convaincus que les responsables économiques ont "plus de pouvoir", et 50 % estiment que "quel que soit le résultat de l'élection (présidentielle), les choses ne changeront pas vraiment en France" -, les jeunes sont-ils plus "en rupture" que leurs aînés ? Cela n'apparaît pas dans cette enquête. Une majorité (57 %) des 18-25 ans reconnaît "s'intéresser" à la politique ; et si 42 % d'entre eux ne se sentent proches d'aucune formation politique, 79 % estiment que les partis "sont indispensables dans une démocratie". Les trois quarts des jeunes inscrits sur les listes ou qui affirment leur intention de le faire d'ici au 31 décembre se disent "tout à fait certains" d'aller voter à la présidentielle. BESANCENOT TROISIÈME Au diapason, là encore, de leurs aînés - mais en étant plus proches des partis de gauche que la moyenne nationale -, ils placent en tête de ce sondage Ségolène Royal (56 %) et Nicolas Sarkozy (44 %), qu'ils jugent "les plus à même de répondre aux préoccupations des jeunes". La seule demi-surprise de cette enquête est la percée du candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, Olivier Besancenot, qui obtient (à 34 %) la troisième place. Les jeunes ont parfaitement intégré le déroulé traditionnel d'une carrière politique : ainsi, ils sont 80 % à prédire qu'ils seraient "gênés" si le futur président n'avait "aucune expérience gouvernementale". Si les réticences à la perspective qu'une femme soit élue sont faibles (14 % déclarent une gêne), elles sont plus fortes à l'idée que ce soit "un juif" (29 %), "un homosexuel" (30 %), "une personne d'origine immigrée" (44 %) ou "un musulman" (51 %). § Ils ont entre 30 et 50 ans, 50 % d'entre eux disent vivre à la rue depuis au moins cinq ans... c'est, à grands traits, le profil établi par une "enquête de terrain" de Médecins du monde (MDM). § I ls ont entre 30 et 50 ans, la moitié d'entre eux disent vivre à la rue depuis au moins cinq ans et leurs problèmes de santé, parfois très graves, ne sont pas traités dans près de deux cas sur trois. C'est, à grands traits, le portait-robot du SDF parisien installé sous une toile de tente, d'après une "enquête de terrain" de Médecins du monde (MDM) rendue publique, mardi 19 décembre. Un an après le début de sa campagne de distribution de tentes à des sans-abri, l'association humanitaire tire le bilan de son action et interpelle, une nouvelle fois, les pouvoirs publics sur le déficit de solutions d'hébergement adaptées en Ile-de-France. Sur les 231 personnes questionnées par MDM durant ses tournées de rue, une sur deux dit souffrir d'une dépendance à l'alcool ou être atteinte d'une affection quelconque (troubles respiratoires, problèmes dermatologiques...). Parmi elles, 15 % sont porteuses du virus du sida. Près de la moitié des sans-logis rencontrés déclarent ne pas avoir de couverture maladie. Une écrasante majorité de "SDF campeurs" (84 %) affirment ne plus composer le 115. Ce numéro d'appel gratuit, qui traite les demandes d'hébergement, est jugé "trop difficile à joindre". Beaucoup confient également être rebutés par les problèmes de sécurité, d'hygiène et de violence qui se posent dans un certain nombre de structures d'hébergement. Enfin, 94 % des personnes interrogées affirment qu'elles quitteraient la rue si "une solution décente et durable" leur était proposée. Preuve de leur découragement, moins de 1 % d'entre elles ont déposé une demande de logement social. § François de la Brosse, 54 ans, le dernier arrivé des communicants du candidat Sarkozy, a effectué, lundi 18 décembre, dans les Ardennes, son premier déplacement. § S a présence dans le sillage du candidat est déjà un symbole. Costume rayé, chevelure grisonnante, François de la Brosse, 54 ans, le dernier arrivé des communicants du candidat Sarkozy, a effectué, lundi 18 décembre, dans les Ardennes, son premier déplacement. C'est le signe qu'il est désormais installé dans l'entourage du président de l'UMP, même si les autres conseillers conservent avec lui une certaine distance. L'arrivée, cet automne, de ce publicitaire recommandé par Cécilia Sarkozy avait provoqué quelques remous dans la vieille garde des proches. Son seul titre de noblesse en politique ? Une participation à la campagne de Giscard en 1981. "Autant dire à la préhistoire...", grinçaient les plus critiques."DU TRAVAIL POUR TOUT LE MONDE" Aujourd'hui, il règne sur la communication du candidat. "Je ne me réfère qu'à Nicolas et Cécilia", explique-t-il afin de souligner son ascendant pris sur les autres communicants, Jean-Michel Goudard, cheville ouvrière de la campagne de Jacques Chirac en 1995, et Franck Tapiro. Du premier, il dit qu'il est "un sage, qu'il a presque 70 ans". A propos du second, il note qu'entre les différentes activités de M. Sarkozy (UMP, ministère, conseil général, candidat), il y a "du travail pour tout le monde". Son objectif, créer "un bouquet de sites", consacrés au candidat de l'UMP dès que celui-ci aura été officiellement investi par le parti, le 14 janvier. D'ores et déjà, un cameraman l'accompagne, filmant le moindre fait et geste du ministre de l'intérieur, afin de mettre en ligne les images le moment venu. M. de la Brosse cherche à étoffer son équipe et ne répugne pas à tenter de débaucher lui-même ses futurs collaborateurs parmi les JRI (journalistes reporters d'images) des chaînes de télévision présentes. A l'occasion de la visite d'une forge, à Bogny-sur-Meuse (Ardennes), M. de la Brosse a commencé à réaliser quelques micros-trottoirs prêts à la diffusion. Dialogue avec une ouvrière. Le publicitaire souriant : "Allez-y, posez une question à Nicolas Sarkozy." L'ouvrière intimidée : "Euh..." Le publicitaire : "Dites-lui : "M. Sarkozy, qu'allez-vous faire pour que je gagne plus d'argent ?"" L'ouvrière s'exécute. Le publicitaire l'applaudit. C'est dans la boîte. § Remplacer la "fracture sociale" par "la France qui souffre". Nicolas Sarkozy, en visite lundi dans les Ardennes, a tenté de concilier le meilleur de l'héritage de son aîné avec sa volonté de rupture. § F aire du Chirac sans Chirac. Renouer avec la thématique de la campagne gagnante de 1995. Remplacer la "fracture sociale" par "la France qui souffre". Nicolas Sarkozy en visite, lundi 18 décembre, dans les Ardennes a tenté de concilier le meilleur de l'héritage de son aîné avec sa volonté de rupture. Ainsi lui emprunte-t-il presque au mot près un de ses slogans de douze ans d'âge : "le salaire n'est pas l'ennemi de l'emploi". Parfois, il pioche plus loin encore retrouvant dans sa dénonciation de "l'insidieuse capitulation sociale" des accents de Philippe Séguin qui, en 1993, dénonçait "le Munich social", conduit par Edouard Balladur. Mais son éloge du chef de l'Etat s'est vite transformé en coup de pied de l'âne : "Grâce au quinquennat de Jacques Chirac, a commencé le président de l'UMP, en meeting, lundi 18 décembre à Charleville-Mézières, nous avons cessé de capituler face à la délinquance, au déclin industriel, à l'immigration non maîtrisée, à l'endettement public (...). Mais nous avons capitulé sur notre message social. Il nous faut passer du renoncement à l'audace. Ce renoncement est une faute. Le cacher serait une faute plus grave encore. Je ne veux pas que demain ressemble à hier." Sachant qu'il doit aussi faire avec les promesses non tenues du chef de l'Etat, il ajoute, solennel : "Je veux dire à la France, les yeux dans les yeux, que je dirai tout avant l'élection parce que je ferai tout après. Je sais que vous vous êtes souvent sentis trahis. Je fais ce serment à la France : je ne vous trahirai pas. Je ne vous mentirai pas. Je ne vous abandonnerai pas." NUANCER SON IMAGE DE LIBÉRAL Dans ce département meurtri par les délocalisations et le chômage, dans lequel le non au référendum a passé les 62 % où l'extrême droite a totalisé plus de 26 % des voix en 2002, M. Sarkozy sait qu'il doit convaincre de sa sincérité. Devant les élèves d'un lycée agricole de Rethel, les ouvriers des forges des Ateliers de Janves, visitées dans l'après midi, le candidat a fustigé "la démission", le "renoncement", la "capitulation". "Protéger, c'est la première responsabilité d'un président de la République", a-t-il dit. S'en tenant le plus souvent au constat, le candidat n'a pas avancé d'idées neuves. "Nous ne sommes condamnés ni à la fin de l'industrie, ni à la fin du travail, ni à la baisse des salaires, ni à la fin de l'identité française", tonne-t-il. Mais pour ramener les électeurs déboussolés dans le giron de l'UMP, le candidat compte visiblement davantage sur sa force de persuasion, au risque de l'incantation, que sur des mesures précises. Le ministre de l'intérieur a cherché à nuancer son image de libéral. En vantant un "capitalisme familial et patrimonial", qu'il oppose à celui des fonds de pension, il ne propose rien moins que de "moraliser la vie économique" et déclare que "les dérives de la finance ne sont pas acceptables". Saisissant l'occasion de dénoncer à nouveau "la surévaluation de l'euro", il a fustigé comme "un renoncement", "la religion du libre-échange absolu", "l'acceptation de la fin de l'industrie", et "le partage du temps de travail". C'est pourtant lorsqu'il s'en prend à l'héritage de Mai 68 dans l'éducation nationale, à l'école "où l'on dévalorise la culture", aux revenus de l'assistance qu'il dit supérieurs à ceux du smic, à l'immigration non maîtrisée, qu'il connaît ses meilleurs succès de tribune. "La bonne conscience, lance-t-il, ne veut pas voir le ressentiment qui monte chez ceux qu'on accueille si mal et chez ceux qui se sentent de plus en plus étrangers dans leur propre pays." Auparavant, il avait rendu hommage à cette "France qui croit au mérite et à l'effort, la France dure à la peine, la France dont on ne parle jamais parce qu'elle ne se plaint pas, parce qu'elle ne brûle pas les voitures (...), parce qu'elle ne bloque pas les trains. La France qui en a assez que l'on parle en son nom. La France qui se sent mise à l'écart parce que les augmentations d'impôt sont toujours pour elle et les allocations pour les autres". A la recherche d'un syncrétisme, mêlant le meilleur du chiraquisme au volontarisme, M. Sarkozy cherche à donner corps à la "rupture tranquille". Le mot désormais n'est plus prononcé. M. Sarkozy entend seulement l'incarner. § Etude réalisée par l'institut de sondage Ipsos (décembre 2006). § § Chômeurs et précaires ont manifesté, samedi 2 décembre, pour tenter de mettre le question du chômage au cœur du débat public avant la présidentielle. § P lusieurs milliers de chômeurs ont défilé, samedi 2 décembre après-midi à Paris, contre le chômage et la précarité, à l'appel de l'ensemble des mouvements de chômeurs. La manifestation est partie de la place de la République peu en direction du siège de l'Unedic, derrière une banderole de tête proclamant "Temps, travail, argent : changeons les règles". Les trois associations de chômeurs (MNCP, AC!, Apeis), ainsi que la CGT-Chômeurs ont appelé à cette manifestation nationale pour tenter de peser sur la présidentielle. "L'insécurité, sujet de prédilection annoncé de cette campagne, découle en majeure partie du chômage et de la précarisation de nos vies", ont-ils rappelé. "C'est la 4e année que nous organisons une manifestation début décembre", a déclaré Philippe Villechalane, porte-parole de l'Apeis. "Le but, c'est de montrer qu'on existe, de rappeler qu'il y a cinq millions de chômeurs et 7 millions de travailleurs pauvres en France, mais aussi de dire qu'il n'y a pas de fatalité : que notre situation est le résultat de choix politiques, sociaux, et des entreprises, dans une société riche", a-t-il ajouté. "Cette manif est devenue un rituel pour dire que beaucoup de gens ne passent pas un bon Noël : on est les porte-parole des sans-voix", raconte Maguy, 54 ans, une ancienne de Moulinex à Caen licenciée en 2001, la casquette vissée sur des cheveux noirs très courts. "UN CHÔMEUR EST UN ÉLECTEUR" Des manifestants sont venus de province (Basse-Normandie, Ardennes, etc..), tel Jean-Pierre, grand gaillard du BTP aux yeux bleux, originaire de la Sarthe et au chômage depuis 4 ans. "A 50 ans, pour trouver du travail, c'est pas facile : on espère que les candidats à la présidentielle vont nous entendre et voir qu'il faut changer les choses", a-t-il témoigné. Les manifestants demandent que "la prime de Noël" de 152 euros réservée aux bénéficiaires du RMI et aux chômeurs en fin de droits (ASS) soit portée à 500 euros et accordée à "tous les chômeurs et précaires". Du côté des précaires, souvent des jeunes, Marie, 32 ans, travaille à temps partiel "subi" dans une association toulousaine. "Un chômeur est un électeur", indique sa banderole et elle aimerait mobiliser les demandeurs d'emploi "pour qu'ils aillent voter et que le premier parti des chômeurs ne soit plus l'abstention". "Parce que, quoiqu'on en dise, il y a une différence de gestion entre la gauche et la droite", assure-t-elle. Des membres du collectif de stagiaires "Génération précaire", portant des masques blancs, étaient aussi présents. "Faisons la guerre aux chômage, pas aux chômeurs", indiquait une autre banderole du défilé, dans lequel la CNT, les syndicats SUD, Attac ou encore la LCR étaient représentés. § Le manque de réaction de la candidate socialiste lorsqu'un député du Hezbollah a comparé l'occupation israélienne du Liban au "nazisme" suscite la polémique. Ségolène Royal affirment qu'elle n'a "pas entendu" ces propos "inadmisissibles, abominables, odieux". § "J e n'ai pas entendu cette comparaison et si cette comparaison avait été faite, que ce soit moi ou que ce soit l'ambassadeur de France qui était à mes côtés et qui n'a pas non plus entendu ces propos, nous aurions quitté la salle". C'est en ces termes que Ségolène Royal a expliqué à la presse, lors du troisième jour de sa visite au Liban, sa réaction face à un député du Hezbollah qui a comparé l'occupation israélienne du Liban au "nazisme". "Que les choses soient bien claires : ces propos qui auraient été inadmisissibles, abominables, odieux, auraient entraîné de notre part un départ de la salle. Nous n'avons pas entendu ces propos", a-t-elle insisté. La candidate socialiste a expliqué qu'elle n'avait pas réagi tout de suite car elle n'avait pas entendu ce qualificatif prononcé en arabe. Les faits remontent à vendredi, lors de la rencontre entre Ségolène Royal et 17 députés de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale libanaise. Au cours de cette réunion, un député du Hezbollah, Ali Ammar, a déclaré en arabe : "Le nazisme qui a versé notre sang et qui a usurpé notre indépendance et notre souveraineté n'est pas moins mauvais que le nazisme qui a occupé la France". Ses propos, qui se trouvaient dans un long exposé, étaient traduits en langue française par deux traductrices, une pour la candidate socialiste et ses conseillers, une autre pour les journalistes français. Le mot "nazya", prononcé deux fois en arabe, a été entendu clairement par de nombreux journalistes français présents dans la salle. "JE CONTINUERAI À DIALOGUER" Au cours de la réunion, le parlementaire du Hezbollah avait qualifié Israël d'"entité sioniste". Ségolène Royal avait alors exprimé "une divergence de vues", affirmant que "l'Etat d'Israël a le droit d'exister". En revanche, Ali Ammar ayant longuement insisté sur "la folie de la politique américaine", elle a dit partager avec lui "beaucoup de choses, notamment l'analyse du rôle des Etats-Unis". A la fin de la réunion, elle a fait une mise au point en soulignant qu'il ne fallait pas "confondre la politique de l'administration Bush avec la politique globale des Etats-Unis", rappelant que la France était "l'alliée" de ce pays. La candidate socialiste a tenu à préciser : "je continuerai à dialoguer, n'en déplaise à certains, avec tous les parlementaires ou toutes les autorités démocratiquement représentatives et je ne laisserai pas déformer le contenu d'une réunion ou les propos pour m'empêcher de continuer à parler", a-t-elle poursuivi, sans préciser si elle rencontrerait des élus du parti palestinien Hamas lors de son déplacement à Gaza. Ségolène Royal est attendue dimanche en Israël et à Gaza, elle doit s'entretenir avec le premier ministre israélien Ehoud Olmert et la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni, ainsi qu'avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. § Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, parti associé à l'UMP, a annoncé samedi 2 décembre qu'elle renonçait à se présenter à la présidentielle de 2007 et apportait son soutien à Nicolas Sarkozy. § C hristine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, parti associé à l'UMP, a annoncé samedi 2 décembre qu'elle renonçait à se présenter à la présidentielle de 2007 et apportait son soutien à Nicolas Sarkozy. "Afin de tenir compte des risques d'un avril 2002 à l'envers, j'ai pris la décision de ne pas me présenter à l'élection présidentielle, pas plus qu'à l'investiture interne de l'UMP", a déclaré Mme Boutin devant ses partisans réunis à Paris. Elle a fait part immédiatement de son "soutien" à Nicolas Sarkozy pour la présidentielle, en ajoutant que le programme du candidat UMP devait "être enrichi". Il faut "mettre Nicolas Sarkozy, pour la France, en situation de réussite", a-t-elle poursuivi tandis que des "Sarkozy président" retentissaient dans la salle. En 2002, au premier tour de la présidentielle, la présidente du Forum des Républicains sociaux avait recueilli 1,2 % des suffrages. § Parler avec tout le monde au Liban, dans un rôle que Ségolène Royal conçoit comme celui d'une "facilitatrice", relève de la diplomatie à haut risque. § P arler avec tout le monde au Liban, dans un rôle que Ségolène Royal conçoit comme celui d'une "facilitatrice", relève de la diplomatie à haut risque. La candidate socialiste à l'élection présidentielle a pu le mesurer, vendredi 1er décembre, lors de sa rencontre avec les membres de la commission des affaires étrangères du Parlement libanais, réunis dans un grand hôtel de Beyrouth, en marge de la manifestation de l'opposition. Parmi les députés de toutes tendances politiques assis autour de la table, le représentant du Hezbollah, Ali Amar, s'est lancé dans une violente diatribe contre les Etats-Unis et Israël. Evoquant le rôle des Américains en Afghanistan et en Irak, le député dénonce la "démence illimitée américaine". Puis il enchaîne sur l'"entité sioniste" : "Le nazisme qui a versé notre sang, usurpé notre indépendance n'est pas moins mauvais que le nazisme qui a occupé la France." Mme Royal écoute, puis reprend la parole. "Merci de votre franchise, dit-elle. Il y a beaucoup de choses que je partage de ce que vous avez dit, notamment votre analyse sur les Etats-Unis. J'aurai juste une divergence de vues : les Palestiniens ont droit à un Etat souverain, mais je ne peux pas parler comme vous d'"entité" à propos d'Israël. L'Etat d'Israël existe et a droit à la sécurité." Elle écoute aussi un partisan du général Michel Aoun, des représentants de la coalition du 14 mars anti-syrienne, et même l'éditorialiste d'un quotidien qui choisit d'attaquer les relations de Jacques Chirac avec une famille - celle des Hariri, qualifiée "d'affairiste" - et qui cite des "notes" obscures du président français sur les chrétiens maronites. Mme Royal corrige : "Vous n'y allez pas doucement ! Il ne faut pas avancer des choses sans preuve. Comme si moi je disais que les Syriens sont à l'origine des assassinats politiques, beaucoup le pensent, je n'en sais rien. Voilà, toutes les choses sont dites." A la fin de la séance, cependant, la candidate socialiste tenait à faire une "mise au point" : ses propos sur les Etats-Unis, assure-t-elle, visaient l'action de l'"administration Bush" et ne valaient pas "condamnation globale" de l'allié américain, "pays avec lequel nous avons beaucoup de convergences". VOYAGE EN ISRAËL ET À GAZA Un peu plus tôt, à la résidence de l'ambassadeur, la candidate socialiste avait défini sa méthode devant la presse : "Je veux une diplomatie franche, efficace, simple et qui aboutisse à des résultats, avec une certaine abnégation. Je crois que la diplomatie ne doit pas être conduite au profit de la France, mais au nom d'un certain nombre de valeurs, au nom d'un ordre international juste." Elle s'est dite "en phase" avec la politique étrangère de la France et partisane d'une "très forte continuité". Mais, "attentive à une donne qui évolue", elle revendique "une liberté de parole", et défend le principe de parler avec des représentants de tous bords dès lors qu'ils sont élus et ont "une légitimité démocratique". Interrogée sur la suite de son voyage prévu dimanche en Israël, dans les territoires palestiniens, à Gaza, et sur la possibilité de rencontrer des élus du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), avec lesquels les dirigeants européens refusent de traiter, elle répond : "S'il s'agit de représentants démocratiquement désignés, je verrai. J'évaluerai en fonction des propositions qui me sont faites." Au Proche-Orient, Mme Royal teste sa diplomatie : " J'ai besoin de sentir la situation, explique-t-elle. Oui, c'est une façon de me préparer si je suis élue." Son statut de candidate ne la complexe pas. " J'observe avec intérêt que cette question ne s'est pas posée à mes interlocuteurs", s'est-elle félicitée. § "Le Monde" suit l'élection présidentielle de 2007 avec des lycéens de seconde du lycée Montaigne à Paris § L e Monde suit l'élection présidentielle de 2007 avec des lycéens de seconde du lycée Montaigne à Paris. Avec la collaboration du Monde des ados, ils écriront, chaque mois, une chronique pour livrer leur vision de la campagne électorale. Cette contribution est aussi accessible dans Le Monde Dossiers & Documents. SOURIRE Mme Royal a profité de son statut de femme pour bénéficier d'une campagne fortement médiatisée. De ce fait, elle s'est retrouvée avantagée par rapport aux autres candidats. Après tout, ses idées ont-elles réellement de l'importance quand elle sourit aux photographes ? Mais que va-t-elle apporter à la France ? Voilà une question à laquelle son sourire ne répond pas. Milena Fedida IDÉES Ségolène Royal apporte du nouveau par son visage et par sa façon de penser. Certes, elle a joué de sa féminité, mais elle a également su exprimer clairement ses idées, en s'appropriant le programme de son parti, et en y ajoutant sa vision nouvelle de la politique. Ségolène nous a montré que l'égalité homme-femme pouvait exister. Alice Bauer SOUFFLE Certains s'offusquent du choix de Ségolène Royal. Est-ce à cause du contenu de son programme ou de son sexe ? C'est vrai que les femmes sont plutôt rares dans le paysage politique français. Ségolène semble incarner une nouvelle manière de faire de la politique en se montrant orfèvre dans la maîtrise de son image et des médias. Va-t-elle apporter un nouveau souffle au PS, voire au pays tout entier ? Alexandre Cheronnet DESSOUS Quel est ce nouveau type de journalisme qui s'attarde sur la couleur du maillot de bain des politiques plutôt que de s'intéresser aux idées de fond ? Est-il nécessaire de connaître les "dessous" de la politique ? Ce que nous attendons des politiques, c'est qu'ils nous apportent des idées pertinentes nécessaires à l'évolution de la société. Qu'ils portent des projets, soutenus par leur parti. Connaître leur vie privée n'apporte rien au débat. Léopoldine Hallynck FRANÇOIS On peut s'étonner que François Hollande, premier secrétaire du PS, ne soit pas candidat à l'élection présidentielle. C'est une femme qui prend sa place : Ségolène Royal, sa compagne ! Ce renoncement est-il dû à son manque de charisme, ou à la popularité de Ségolène ? En tout cas, pour une fois c'est l'homme qui laisse la place la plus en vue à sa femme, ce qui est rare. Si Ségolène est élue, elle sera la première femme présidente en France. Mais le couple présidente de la République-premier secrétaire du PS fonctionnera-t-il ? Chloé Spyratos et Juliette Denis IMAGE Un socialiste aurait dit : " Ségolène c'est : une phrase, un sourire." Un sourire radieux que tout le monde a vu à la télévision et dans les magazines. Mais, au fond, son projet n'est-il pas d'être élue pour cette image qu'elle s'est formée à coup de sourires et de petites phrases plutôt que pour des idées ? § A Angers, pour son premier meeting de campagne, le candidat a choisi de s'adresser à un public délaissé par la droite, les "maîtres". Il se dit prêt au "match avec Royal" § P our son premier meeting de candidat officiel, vendredi 1er décembre à Angers, Nicolas Sarkozy a choisi de s'adresser à un public délaissé par la droite : ces professeurs "admirables", ceux qu'il n'appelle plus désormais que "les maîtres". Une manière de se faire une place sur ce créneau déjà encombré par Ségolène Royal et François Bayrou et de sortir symboliquement de son rôle de ministre de l'intérieur. Désormais, sa volonté est de s'adresser "à tous" et "d'aller chercher aussi bien l'électeur du FN, les femmes et les hommes de gauche qui croient au mouvement, les abstentionnistes". Le candidat du "tout est possible" a particulièrement visé les enseignants des zonnes d'éducation prioritaire (ZEP) dont on veut "taire la colère pour une prime de 80 euros par mois". En eux, M. Sarkozy voit les nouveaux "hussards noirs de la République", résistant "à la facilité et à la démagogie des instructions de l'éducation nationale". Dénonçant "l'Etat (qui) se met en situation de non-assistance à personne en danger en n'assurant pas leur protection et leur autorité", il se lance ce défi : faire, en cinq ans, des établissements déshérités, des établissements d'excellence. L'école rêvée de M. Sarkozy est d'abord une arme "contre le communautarisme". Elle est une école du "respect" où l'on salue le professeur, où l'on apprend la règle. Rejoignant sa rivale socialiste, il plaide pour une "tenue décente" des élèves, car en "entre l'uniforme et le jean taille basse qui laisse trop voir, il y a un juste milieu". Cette école est enfin "libre" de choisir son projet éducatif, ses méthodes, ses élèves. FLOU SUR LES MOYENS Prônant, une nouvelle fois, la suppression de la carte scolaire, et l'autonomie des établissements, il promet aux enseignants la rémunération de leurs heures de soutien scolaire volontaires quand Mme Royal souhaite faire travailler les professeurs 35 heures dans les établissements. Flou sur les moyens, il s'est montré déterminé sur l'objectif. Les "maîtres" doivent d'abord "transmettre leur savoir", et privilégier les grands auteurs car, dit-il, on y "apprend autant sur le courage, le civisme, l'amour de la patrie, la générosité, la fraternité et le refus des injustices qu'en participant à un forum de discussion improvisée où chacun vient dire la dernière idée qui lui passe par la tête". Réactionnaire ? Il s'en défend : "L'école de la IIIe République a vécu. Pas question de revenir aux outils, aux programmes et aux méthodes du passé." Mais "il y a un juste milieu", croit-il, entre l'école "où l'on apprend tout par coeur et une école ou on n'apprend plus rien". Toute cette première journée de campagne a d'ailleurs été placée sous le signe de la jeunesse et de la transmission. Rendant visite dans l'après-midi aux apprentis de la chambre de commerce et d'industrie d'Angers, M. Sarkozy les a assurés qu'il ne parlait pas seulement "pour les meilleurs et les champions du monde". "C'est très agréable de discuter avec des jeunes aussi responsables", s'est-il félicité, alors que les 15 à 25 ans lui sont, selon les sondages, majoritairement hostiles. Il leur a même glissé ce conseil : "Le narcissisme n'a jamais conduit au bonheur." La maxime vaut-elle pour lui-même ? Dopé par les scores d'audience de son intervention la veille sur France 2, rassuré par le battage médiatique autour de son entrée en campagne, le président de l'UMP est persuadé d'avoir eu raison dans sa stratégie. Il n'a pu, du coup, résister à la tentation de régler quelques comptes avec la presse. A l'envoyé spécial de Libération, il lance : "Quelle analyse fantastique !" Allusion à la "une" du quotidien, qui a conclu à un "ratage" de son annonce de candidature. A l'encontre de celle de TF1, il grince : "Mes condoléances pour votre mauvaise audience jeudi." Avec Le Monde, il ironise : "Alors, est-ce que j'ai retrouvé mon second souffle ?", en référence à un titre (Le Monde du 29 novembre). Mais tout à sa joie et sa confiance retrouvée, le président de l'UMP a déjà enjambé les étapes qui le conduiront, croit-il, à un face-à-face avec sa rivale du PS. La primaire interne de l'UMP pour laquelle, la veille encore, il invitait Michèle Alliot-Marie, à s'inscrire au plus vite, n'a pas même été évoquée : "C'est derrière nous, veut-il croire. Les électeurs ont déjà tranché. Ils veulent le match avec Royal." § "Le choix qui a été fait par les grands partis ces derniers jours clarifie les choses, a confié Dominique de Villepin, vendredi 1er décembre, lors de son déplacement en Afrique. § "L e choix qui a été fait par les grands partis ces derniers jours clarifie les choses, a confié Dominique de Villepin, vendredi 1er décembre, lors de son déplacement en Afrique. C'est certainement un élément de "sérénisation" de l'action gouvernementale : chacun à sa place, chacun à sa tâche." "Le statut de candidat (de Nicolas Sarkozy) l'oblige à un autre positionnement", confie un proche de M. de Villepin, qui relève que sa déclaration de candidature évoque la perspective de son départ du gouvernement. "En évoquant sa participation à l'un des forums régionaux de l'UMP en décembre, Dominique de Villepin entérine le processus interne à l'UMP", estime Christian Estrosi, secrétaire d'Etat à l'aménagement du territoire. Conférence des revenus et de l'emploi le 14 décembre, conférence sur la croissance en janvier 2007 : désormais, le "premier chef de gouvernement à finir le premier quinquennat" se veut "un cas d'école" en menant l'action gouvernementale "jusqu'au bout". § Le président de l'UDF a solennellement déclaré, samedi à la mi-journée, à Serres-Castet, dans le Béarn, être "candidat à la présidence de la République", car "il faut que la France prenne un autre chemin". § L e président de l'UDF, François Bayrou, a solennellement déclaré, samedi 2 décembre, à la mi-journée, sur l'esplanade de la mairie de Serres-Castet, au coeur de son Béarn natal, être "candidat à la présidence de la République", car "il faut que la France prenne un autre chemin". Enumérant les "crises" qui touchent la France : chômage, violence, dette publique, discrimination selon "la religion ou l'origine", difficultés à "joindre les deux bouts", le député des Pyrénées-Atlantiques a affirmé que "ce sont les Français qui ont payé les pots cassés". "C'est pourquoi on ne peut plus continuer dans la guerre civile ridicule et sourde d'une moitié du pays contre l'autre", a lancé le leader centriste, prônant une démarche de "rassemblement et réconciliation". "FAIRE RECULER LES ÉCHECS ET LES DÉCLINS" Il s'exprimait derrière un pupitre sur lequel était écrit "la France de toutes nos forces", sur un belvédère avec vue plongeante sur la plaine de Pau et au loin les cimes des Pyrénées saupoudrées de neige. "Il nous reste une chance, une seule : rassembler notre pays, fixer des objectifs raisonnables et républicains, nous regrouper et faire reculer, pas à pas, mètre par mètre, avec acharnement, les échecs et les déclins", a estimé M. Bayrou, devant quelques centaines de personnes, élus UDF, familiers et locaux. Et de poursuivre : "L'esprit de rassemblement et de réconciliation, c'est ma conception de la fonction de chef d'Etat". Regrettant la "recherche perpétuelle de boucs émissaires", il s'en est pris, sans les nommer, à Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal : "pour l'un, les coupables, ce sont les juges qui sont tantôt laxistes, tantôt trop rigoureux. Pour l'autre, ce sont les professeurs qui ont trop de temps libre et se font payer grassement leurs heures de cours par des sociétés cotées en bourse". "Cette recherche éperdue des boucs émissaires est le signe d'un pays qui va mal", a-t-il lancé. M. Bayrou a réaffirmé que, s'il était élu, il "nommerait au gouvernement une équipe pluraliste, équilibrée, des démocrates, femmes et hommes, venus de bords différents, avec mission de mettre en oeuvre le même projet républicain". § La TVA est actuellement de 19,6 % dans la restauration. La baisse de ce taux est une revendication récurrente des restaurateurs. § P our son premier déplacement de campagne comme candidat déclaré, vendredi 1er décembre, Nicolas Sarkozy s'est adressé aux membres de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), réunis en congrès annuel à Marseille. Il a promis l'instauration de la TVA à 5,5 % dans la restauration, qu'ils réclament depuis plusieurs années. "Ce n'est pas moi qui ai promis, et pourtant c'est moi qui vais tenir", a indiqué Nicolas Sarkozy en réponse aux propos du président de la Fédération nationale de la restauration française (FNRF), Philippe Villalon, qui venait de déclarer : "Jacques Chirac nous a abandonnés au sommet de Bruxelles de 2005. A cause du dossier TVA, une grande majorité de professionnels ont perdu confiance. Seul un engagement ferme et précis sur une décision franco-française rétablirait cette confiance." "Je veux parler au nom de cette France qui travaille et qui se lève tôt", a martelé le candidat. "Cette promesse qui vous a été faite m'apparaît juste. Il n'y a aucune raison qu'il y ait un taux différent pour la restauration rapide et un taux pour la vôtre. C'est une affaire d'équité", a-t-il souligné. "Il n'y a aucun risque de changer les conditions de la concurrence avec nos amis allemands. S'ils souhaitent augmenter la TVA, qu'ils l'augmentent. C'est leur choix. Nous demandons qu'on respecte le nôtre. En disant cela, je n'ai pas le sentiment d'être un mauvais Européen, ni de faire du corporatisme", a conclu Nicolas Sarkozy sur le sujet. Renaud Dutreil, ministre des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et des professions libérales, a abondé à son tour dans le sens de Nicolas Sarkozy : "Il n'a pas fait la promesse, il la tiendra. Ce n'est pas que l'espoir d'une profession, c'est l'espoir de tous les Français." § La responsable politique française devrait rencontrer dimanche à Jérusalem le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, pour se poser en "médiatrice". § S égolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle française, a pressé, vendredi 1er décembre, tous les protagonistes de la crise libanaise de reprendre "le fil du dialogue", alors même qu'une imposante manifestation de l'opposition réclamait la démission du gouvernement libanais. Elle a milité pour la tenue d'"une conférence internationale rapide", qu'elle a jugée "indispensable". Dans la soirée, Mme Royal doit rencontrer la commission des affaires étrangères du Parlement libanais à laquelle participent des représentants du Hezbollah. "Ces parlementaires sont élus, donc ils ont la légitimité", a-t-elle dit. La candidate à l'élection présidentielle n'a pas exclu, par ailleurs, un dialogue sous conditions avec la Syrie, accusée par la majorité libanaise de vouloir déstabiliser le Liban. "Ce dialogue, dans son principe, ne doit pas être fermé mais il doit être conditionné à des gestes tangibles pour qu'il soit crédible et utile au Liban", a-t-elle dit. Au siège de la Finul à Naqoura, Mme Royal a demandé que "cessent les survols" des positions de la Finul par des avions israéliens, une déclaration qui ne peut que lui valoir l'approbation de tous les Libanais. "J'ai bien l'intention d'en parler aux dirigeants israéliens. Mon rôle, là, est utile", a-t-elle déclaré. La responsable politique française devrait rencontrer dimanche à Jérusalem le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, pour se poser en "médiatrice". "Pourquoi pas ?", a-t-elle répondu comme on la soupçonnait de vouloir tenir ce rôle. Elle n'a pas exclu non plus une rencontre avec des représentants du mouvement islamiste palestinien Hamas, alors qu'elle doit se rendre dimanche dans la bande de Gaza. "La vérité des questions que je pose à tous mes interlocuteurs qui parfois les surprend un peu me permet aussi de porter des messages aux uns et autres", a assuré Ségolène Royal. § Mercredi, Clémentine Autain et Yves Salesse ont tenté un dernier compromis, en proposant le député européen communiste Francis Wurtz comme candidat de la gauche antilibérale. § L e vote des militants communistes, mercredi 20 décembre, pourrait sceller le sort d'une candidature antilibérale. Appelés à se prononcer pour ou contre le maintien de Mme Buffet, les adhérents du PCF devraient sauf surprise entériner la candidature de la secrétaire nationale du parti. Faute d'avoir pu imposer sa secrétaire générale, il y a dix jours, face à l'hostilité des collectifs antilibéraux, le PCF a décidé de redemander à ses militants s'ils souhaitent la voir porter "le rassemblement antilibéral à la présidentielle". Ils peuvent se prononcer jusqu'à 20 heures dans leur section. Les résultats officiels seront connus jeudi matin.Le score de Marie-George Buffet devrait néanmoins être moins massif que lors de la première consultation en novembre : elle avait obtenu 96 % des suffrages. Compte tenu des profondes divisions du PCF, le soutien devrait être plus mesuré. "Il y a des débats au sein du parti", reconnaît dans un euphémisme Patrice Cohen-Seat, membre du comité exécutif du PCF et bras droit de Mme Buffet. "Jamais le PCF n'a été aussi divisé", assène de son côté Pierre Zarka, qui vient de claquer la porte de la direction, avec les autres chefs de file du courant "refondateur" . Mercredi matin, Clémentine Autain, apparentée PCF et candidate à la candidature, a de nouveau mis en garde les militants communistes : confirmer le choix de Mme Buffet serait "irresponsable" et suivrait "une logique suicidaire et pour le Parti communiste et pour notre rassemblement", a déclaré l'adjointe au maire de Paris dans un entretien au Parisien. L'HYPOTHÈSE FRANCIS WURTZ Mercredi dans la journée, Clémentine Autain et Yves Salesse ont tenté une dernière proposition de compromis : ils en appellent à une candidature du député européen communiste Francis Wurtz pour porter les couleurs antilibérales. L'appel est cosigné par le député PCF Patrick Braouezec et le coordinateur des collectifs, Claude Debons. Ce choix de "compromis" est également soutenu par les représentants de plusieurs sensibilités du front antilibéral. Les auteurs de l'appel en faveur de M. Wurtz "soumettent cette proposition aux collectifs pour vérifier le plus vite possible qu'elle peut faire consensus en leur sein". Ils ont choisi comme candidat alternatif un communiste qui ne fait pas partie des refondateurs et n'a pas activement participé aux collectifs antilibéraux, probablement pour rendre son choix acceptable pour les militants du PCF. L'intéressé a affirmé mardi dans L'Humanité qu'il ne se voyait pas comme un concurrent de sa secrétaire nationale : "Je ne m'associerai à aucune initiative dirigée contre Marie-George Buffet et lui réaffirme mon total soutien", a-t-il écrit. Le rêve d'une candidature antilibérale unitaire vit peut-être ses dernière heures. "Je pense que c'est fini", a anticipé Jean-Luc Mélenchon, le sénateur socialiste impliqué dans les collectifs, sur RTL. "C'est dommage", a-t-il ajouté, précisant que la mauvaise nouvelle valait aussi pour le PS." Il y a "tout un secteur de la gauche et de la population qui ne va pas se sentir représenté." § Les retrouvailles de Jean-Pierre Chevènement et du PS ont franchi une nouvelle étape avec la présence du président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), mardi 19 décembre, au bureau national du PS. § L es retrouvailles de Jean-Pierre Chevènement et du PS ont franchi une nouvelle étape avec la présence du président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), mardi 19 décembre, au bureau national du PS. L'ancien ministre, qui avait quitté le parti en 1992, avant le référendum de Maastricht - après avoir contribué à le fonder à Epinay en 1971 -, a, pour la première fois, remis les pieds dans le cercle des dirigeants socialistes, dix jours après avoir rallié la candidature de Ségolène Royal et retiré la sienne. A la tête d'une délégation, en présence de Mme Royal, M. Chevènement a pris part au conseil politique de la campagne de la candidate, élargi aux représentants du Parti radical de gauche. "Nos approches se sont rapprochées et nous pouvons faire campagne ensemble", a déclaré M. Chevènement qui, selon le porte-parole du PS, Julien Dray, a mis en avant l'esprit "de responsabilité" face à Nicolas Sarkozy, soutenu, a-t-il dit, par "les puissances d'argent". L'accord entre le PS et le MRC s'est fait sur la base d'un texte politique et d'une alliance électorale pour les prochaines législatives : dix circonscriptions seront réservées à un candidat du MRC, dont M. Chevènement à Belfort, et Georges Sarre dans la Creuse. M. Chevènement s'était présenté à l'élection présidentielle de 2002 face à Lionel Jospin. Il avait obtenu 5,33 % des suffrages au premier tour. § Etape de campagne dans l'agglomération lyonnaise, les 18 et 19 décembre, pour le président de l'UDF, qui s'attache à présenter un visage "social et humain". § P our la deuxième étape de sa campagne pour l'élection présidentielle, le "laboureur" François Bayrou avait posé son soc, lundi 18 et mardi 19 décembre, dans l'agglomération lyonnaise. Point d'orgue de sa visite, un dîner-débat réunissait un millier de personnes à l'hippodrome de Lyon-Bron. Au cours de ces deux jours a émergé un "style" Bayrou, fait d'écoute et de respect. D'humilité même. "Social et humain" le qualifiait Djamila, médiatrice du rendez-vous avec les femmes qui fréquentent le hammam de Vaulx-en-Velin (Rhône), pour expliquer son engagement auprès du candidat centriste.DÉFENDRE LES ENSEIGNANTS Pendant plus de trois heures, le président de l'UDF s'est assis sur une banquette au côté de cette quinzaine de femmes de tous âges, attentif, étonné parfois, comme lorsque cette mère de famille musulmane confie avoir préféré mettre ses enfants dans un collège privé catholique de Lyon plutôt que de les laisser dans un des collèges publics de Vaulx-en-Velin, où "la situation est catastrophique". De l'éducation, de l'enseignement, il aura beaucoup été question tout au long de ces deux jours. L'ancien ministre de l'éducation nationale en fait la principale illustration du besoin de "rééquilibrer l'Etat". "L'Etat, ne cesse-t-il de répéter, est omniprésent là où ça va bien et il est absent là où ça va mal." Il s'érige également en défenseur des enseignants, qu'"il est de bon ton, à droite comme à gauche, de prendre pour cibles", déplore-t-il. "J'ai bien l'intention de les défendre, non pas par opportunisme politique, mais par conviction", annonce M. Bayrou, prompt à tirer parti du trouble qu'ont pu jeter dans le corps enseignant les propos tenus par Ségolène Royal sur les horaires des professeurs de collège. De la rencontre avec ces femmes de Vaulx-en-Velin, le candidat aura aussi retenu "une formidable leçon d'intelligence, d'optimisme et de vitalité". Et cette interrogation, cette incompréhension. "Pourquoi, demande Ouassila, parle-t-on tout le temps d'un tel ou une telle d'origine maghrébine ? Je suis née française, je suis française, point barre ! Quand j'entends dire : 'Ces gens-là, ils ne veulent pas s'intégrer', mais qu'est-ce que ça veut dire ? Il faut que j'apprenne à marcher sur la tête pour être intégrée ?" "ON EST FRANÇAIS, POINT. A ÉGALITÉ DE DROITS" La République ne peut pas accepter les discriminations, plaide M. Bayrou. Mais il faut aussi que les responsables montrent l'exemple, que, dans leur façon de parler, ils montrent que la France respecte tout le monde. Je suis contre les discriminations positives. On est français, point. A égalité de droits." Et une pierre dans le jardin de Nicolas Sarkozy. Autre temps fort de ce séjour : la visite qu'a effectuée M. Bayrou, lundi soir, au foyer Notre-Dame-des-Sans-Abri. Une des plus grosses structures d'hébergement de sans-domicile-fixe en France, offrant cent quatre-vingt-huit places d'accueil et suivant plus de cinq cents "passagers". Là, le candidat a d'abord mesuré la réalité de l'exclusion. Et il a écouté, longuement, les responsables du foyer décrire toute la complexité du travail d'insertion, toute la difficulté à parvenir à ce qu'un être humain reste debout. Ebranlé, M. Bayrou prend note. Entend les critiques. S'empare à son tour du thème de "la bataille pour les plus pauvres". Durant les deux prochains mois, le président de l'UDF devrait poursuivre sa campagne de "labourage" sur le même mode. Loin de la "grosse armada" déployée par le ministre de l'intérieur et futur candidat soutenu par l'UMP. Avec des moyens également bien plus limités. Michel Mercier, le trésorier de la campagne, indique un budget de l'ordre de 8 millions d'euros. § Personne n'aurait pu l'imaginer il y a un an encore, et pourtant, le président du Mouvement national républicain a posé aux côtés du président du Front national, son ancien parti, mercredi 20 décembre, lors d'une conférence de presse. § J ean-Marie Le Pen posant au côté de Bruno Mégret, l'ancien numéro deux du Front national (FN), parti, en 1999, avec la moitié de l'appareil pour fonder le Mouvement national républicain (MNR), personne n'aurait pu l'imaginer il y a un an encore. Et pourtant : les deux hommes étaient réunis, mercredi 20 décembre, pour annoncer le soutien du second à la candidature à l'élection présidentielle du premier. Un soutien "sans conditions", explique au "Monde" M. Mégret et qu'il a mis au point "directement avec M. Le Pen". "Il y a urgence à sortir de ce système qui a définitivement échoué. Il serait aberrant que les électeurs n'aient que le choix entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, au second tour de 2007", justifie M. Mégret. "Avec Jean-Marie Le Pen, nous avons eu des différents mais nous partageons la même vision de la France. Nous nous devions d'aller de l'avant dans l'union patriotique", continue le président du MNR, qui qualifie la réconciliation de "personnelle et amicale".LES RÉTICENCES DES ANCIENS ENNEMIS Le cadre choisi pour solenniser celle-ci souligne cet aspect : une conférence de presse organisée dans la villa de Montretout à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), où se trouve le bureau de M. Le Pen, et non au siège du parti, et cela en présence des épouses des anciens ennemis. Ce genre de cérémonie a l'avantage pour le président du FN de ménager ceux qui dans son parti ont les plus fortes réticences à voir revenir celui que M. Le Pen traitait de "félon". Au premier rang de ceux-ci, Marine Le Pen, directrice stratégique de la campagne présidentielle, cible des attaques des mégrétistes au moment de la crise de 1998. Cette dernière avait fait bloc autour de son père et avait été un élément important avec Louis Aliot, aujourd'hui secrétaire général du parti de l'équipe chargé de faire judiciairement face aux attaques mégrétistes et de limiter l'hémorragie lors de la scission. Mme Le Pen comme M. Aliot ont, lors du bureau politique (BP) du 20 novembre, émis des doutes sur l'opportunité en matière d'image d'une union avec M. Mégret et montré leurs réticences à un accord pour les législatives. Ce même BP s'est toutefois entendu, à l'initiative de Carl Lang, vice-président du FN, pour donner "totale confiance" à M. Le Pen dans ses discussions sur les soutiens à sa candidature. Le soutien "inconditionnel" de M. Mégret devrait apaiser les réticences. Reste que si celui-ci martèle qu'il n'est pas question de "fusionner les appareils des deux partis ou de revenir dans le giron du FN" il espère que "le temps venu" une entente sera possible pour les législatives. § L'hebdomadaire satirique et d'enquête, dans son édition du mercredi 20 décembre, résume une étude réalisée par la Sofres et le Cevipof selon laquelle le ministre de l'intérieur est coresponsable de la crise des banlieues et moins populaire que Mme Royal. § L e ministre de l'intérieur vient de recevoir une enquête qui va le "déprimer", écrit l'hebdomadaire satirique et d'enquête dans son édition du mercredi 20 décembre. Réalisée par le Cevipof et la Sofres pour l'intérieur, l'étude conclut que, pour 52 % des 2 039 banlieusards interrogés, ce sont "les propos de Nicolas Sarkozy" qui ont le plus lourdement contribué aux émeutes de novembre 2005. Suivent d'autres raisons expliquant l'embrasement des banlieues il y a un an : la télévision a "facilité l'escalade", pour 44,5 % des sondés, loin devant "le harcèlement et les violences de la police" (25 %) et le rôle des "mafias" (20 %). Ce dernier a souvent été mis en avant par Nicolas Sarkozy pour expliquer la coordination des "bandes" qui ont brûlé des voitures, malgré les réserves des renseignements généraux.MME ROYAL "DOMINE" M. SARKOZY Intitulée "Le rapport au politique dans les zones urbaines sensibles après la crise des banlieues", l'étude dit clairement que les banlieusards préfèrent Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy, poursuit Le Canard enchaîné : 58 % d'intentions de vote pour la candidate du PS, contre 37 % pour le candidat à l'investiture de l'UMP (il n'est pas précisé si la question portait sur le premier ou, plus probablement, sur le second tour de l'élection présidentielle). "Elle le domine de la tête et des épaules dans toutes les catégories, ironise l'hebdomadaire : Français dit de souche et électeurs d'origine étrangère." Au-delà des contingences politiques, ce rapport livre en 131 pages une image qui ne correspond pas vraiment à la réputation des banlieues, conclut Le Canard enchaîné. Les habitants de zones urbaines sensibles jugent leurs quartiers bien fournis en magasins et transports. Et disent aussi à 72 % qu'ils ont confiance dans la police, un pourcentage qui chute chez les personnes originaires d'Afrique ou des DOM-TOM, qui déclarent être contrôlées deux fois plus souvent que la moyenne. § C'est à la fois beaucoup et, finalement, peu, décrypte Jean-Daniel Lévy, directeur d'études à l'institut CSA, qui a réalisé une étude sur la certitude des choix pour la présidentielle, commandée par "Le Bleu de Profession politique". § 4 9 % des électeurs sont "tout à fait sûrs" de leur choix, 51 % peuvent encore changer d'avis, selon un sondage CSA pour le Bleu de Profession politique publié mardi 19 décembre. Que la moitié du corps électoral soit indécise, cela peut paraître un chiffre important, surtout quand l'abstention, les bulletins nuls et blancs s'élèvent à 28 %. François Bayrou gagne 2 % d'intentions de vote Le CSA a accompagné son étude sur la certitude des choix des électeurs d'un sondage d'intentions de vote au premier tour. La plus forte variation est attribuée à François Bayrou : + 2 %, soit 8 %. Ségolène Royal perdrait un point à 31 %, Nicolas Sarkozy en gagnant un, à 30 %. Jean-Marie Le Pen est crédité de 16 % des intentions, en baisse d'un point. Arlette Laguiller reste créditée de 3 % des interrogés, comme Marie-George Buffet. Olivier Besancenot perd un point à 4 %. Philippe de Villiers gagne un point à 3 %. Dominique Voynet reste pour l'instant la lanterne rouge avec 2 % des voix, score inchangé. - (avec AFP) "La proportion d'indécis est plutôt faible, tempère Jean-Daniel Lévy, directeur d'études au CSA. En 2002, à la même époque, ni Jacques Chirac, ni Lionel Jospin n'étaient officiellement candidats. Cette année, les électeurs semblent dire que la campagne les satisfait relativement et qu'ils ne sont pas poussés à l'attentisme. Certains électorats sont déjà constitués." Les 49 % de Français qui se disent sûrs de leurs choix sont "essentiellement des hommes, personnes âgées de 50 ans ou plus, inactifs, sympathisants des extrêmes et du PCF", précise Jean-Daniel Lévy. LES ÉLECTEURS FRONTISTES SONT LES PLUS SÛRS DE LEUR CHOIX Les électeurs UMP sont plus sûrs de leur choix que ceux de Mme Royal : 55 % des sympathisants de Nicolas Sarkozy affirment être certains de voter pour lui, 45 % pouvant changer d'avis. Le "noyau dur" de Mme Royal est un peu moins important (49%). M. Sarkozy "affirme ses axes de campagne et positionnements" depuis plus longtemps que Mme Royal, souligne le CSA, et "apparaît, dans son champ politique, plus hégémonique" que la candidate PS. Les personnes déclarant avoir l'intention de voter pour Jean-Marie Le Pen sont les plus certaines de leur choix : 61 %. Les plus indécis sont de loin les électeurs potentiels de la candidate des Verts, Dominique Voynet : 90 % d'entre eux doutent encore. Les électorats les plus constitués se retrouvent également parmi les électeurs potentiels de la communiste Marie-George Buffet (55 %) et de Philippe de Villiers (49 %). Pour autant, "les comportements électoraux potentiels devraient évoluer, même parmi ces populations 'acquises' à un candidat", prévient Jean-Daniel Lévy. "En effet, la campagne n'a pas véritablement commencé. Tous les acteurs ne sont pas présents, les enjeux pas définitivement apparus, les stratégies et axes de communication pas exposés." Le sondage a été réalisé par téléphone les 12 et 13 décembre auprès d'un échantillon de 798 personnes de plus de 18 ans inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. § Emmaüs et Médecins du monde ont réagi, mardi, aux propos du ministre de l'intérieur qui a promis que plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir s'il était élu à l'Elysée. § L es associations s'interrogent après les déclarations du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, qui a promis, lundi 19 décembre, que plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir s'il était élu à l'Elysée. "Quand on entend ressortir le slogan de Jospin en 2002 de zéro SDF, on se dit que l'on n'a pas encore bien compris le problème, a ironisé, mardi, le président d'Emmaüs, Martin Hirsch. Bien sûr, il faut tendre vers zéro SDF, mais on n'y arrivera jamais si on ne s'attaque pas au fait qu'il y a 30 % de travailleurs pauvres dans la rue, si l'on n'agit pas en amont". "Sinon, on restera dans des slogans assez creux", a-t-il dénoncé. Inviter les gens à être SDF une nuit : de la "poudre aux yeux", selon la ministre Catherine Vautrin, ministre de la cohésion sociale, a raillé mardi l'installation d'une centaine de tentes à Paris par l'association Les enfants de Don Quichotte, pour inviter les passants à connaître les conditions de vie des sans-abri : "Je condamne ces initiatives, qui pourraient paraître généreuses mais qui sont de la poudre aux yeux et un leurre pour la résolution du problème l'exclusion", a-t-elle dit, affirmant qu'"il est faux de déclarer que le gouvernement laisse les gens dormir dehors". "Utiliser à des fins médiatico-politiques les problèmes d'exclusion des gens, c'est dangereux et sans espoir", a-t-elle déclaré en faisant également référence à l'initiative de Médecins du monde qui avait proposé l'hiver dernier des tentes aux SDF à Paris. "Il y a des places pour héberger les gens mais certains les refusent. On est dans le domaine de l'humain. S'il faut convaincre les gens on ne peut pas non plus les contraindre", a conclu Mme Vautrin. Médecins du monde (MDM), qui avait suscité la polémique en 2005 en distribuant des tentes aux SDF parisiens, a également appellé les dirigeants politiques et candidats à l'élection présidentielle à agir concrètement cet hiver en faveur des sans-abri, et à ne pas se contenter de promesses pour 2007. "Ce serait intéressant de savoir quelles mesures (Nicolas Sarkozy) propose et ce qu'il compte faire aujourd'hui, en qualité de ministre de l'intérieur, pour éviter que les SDF ne soient chassés et trouver des solutions durables", a lancé Graciela Robert, qui s'occupe du dossier. L'association a lancé, mardi, une pétition "D'une toile de tente à un toit" sur son site Internet, "pour que soient créées rapidement et en nombre suffisant, des places d'hébergement durable et adapté aux besoins réels des personnes à la rue". "OÙ SONT PASSÉES TOUTES LES TENTES AU BORD DE LA SEINE ?" Le Parti socialiste n'a pas manqué, non plus, de railler la promesse du président de l'UMP. "Nicolas Sarkozy a raison de découvrir qu'il y a des SDF qui dorment la nuit dehors. Je me demande d'ailleurs ce qu'il fait maintenant depuis plus de quatre ans et demi comme ministre de l'intérieur", a ironisé François Hollande, premier secrétaire du PS. Dominique de Villepin a assuré, pour sa part, que des places d'hébergement étaient disponibles pour les personnes sans-abri. "Je ne crois pas que la tente soit la meilleure solution, qui plus est quand nous avons des places et des lits disponibles", a déclaré le premier ministre lors d'un déplacement dans le Val-de-Marne. Le gouvernement a intensifié son "plan hiver" 2006-2007 pour les sans-abri en le dotant de plus de 100 000 places d'hébergement, soit environ 4 200 places de plus que la précédente saison. Mais Pierre Micheletti, le président de MDM, a souligné que le plan gouvernemental avait du retard et manquait de visibilité. L'association dénonce également la volonté, non revendiquée à ce jour, de "déloger et de chasser les personnes sous les tentes" en particulier à Paris."Qui est responsable ? On nous dit qu'il n'y a pas de directives dans ce sens. Mais où sont passées toutes les tentes au bord de la Seine ?", s'est indignée Graciela Robert. Lundi, une vingtaine de sans-abri ont ainsi été évacués dans la capitale par des policiers qui les ont délogés d'un campement de 46 tentes qu'ils occupaient Quai d'Austerlitz, dans le 13e arrondissement, sur réquisition du Port autonome de Paris. Et "aucune proposition de relogement" n'a été faite aux SDF délogés, a souligné Graciela Robert. § Depuis une semaine, le site web du chanteur Zêdess est fermé pour cause de saturation, tant le clip de sa chanson "Un Hongrois chez les Gaulois" a attiré de visiteurs. § D epuis une semaine, le message "site temporairement indisponible" s'affiche sur le site web du chanteur de reggae Zêdess. Début décembre, le chanteur y avait mis en ligne le clip de sa chanson "Un Hongrois chez les Gaulois", un titre engagé contre l'immigration choisie, dont le refrain interpelle directement le ministre de l'intérieur : "Nicolas Sarkozy, pourquoi ton père a fui la Hongrie ?" L'adresse du site a rapidement circulé sur Internet, provoquant un afflux énorme de visiteurs. Or, le contrat entre le chanteur et l'hébergeur du site limite la bande passante disponible à 40 gigaoctets par mois. "J'ai reçu un e-mail il y a une semaine m'expliquant que j'avais utilisé 2 160 giga-octets de bande passante en deux semaines, que mon site avait donc été fermé, et que je leur devais 10 000 euros", explique le chanteur. 2 160 gigaoctets, cela représente plusieurs dizaines de milliers de connexions. Des internautes malintentionnés auraient pu saturer le site en s'y connectant à de nombreuses reprises. Du côté de Lycos, l'hébergeur, on explique que des analyses sont en cours pour déterminer s'il ne s'agit pas d'une erreur de mesure. "Je ne veux pas être l'Africain anti-Sarkozy de service", insiste le chanteur, qui partage son temps entre le Burkina-Faso et la Belgique. "J'ai refusé de figurer sur une compilation parce que je trouvais que deux autres morceaux prévus dessus faisaient l'apologie de Ségolène Royal. Si Nicolas Sarkozy avait déclaré qu'il était pour l'immigration zéro, je n'aurais pas écrit de chanson, j'aurais trouvé ça cohérent. Mais cette idéologie de l'immigration choisie, ça me rappelle les heures les plus sombres de l'histoire de l'Afrique." Malgré la fermeture du site, la chanson et le clip continuent de circuler sur Internet. Il a déjà été vu plus de soixante-dix mille fois sur les sites de vidéos en ligne Dailymotion et Youtube. Sarkozy, un Hongrois chez les Gaulois § Le programme économique et social d'un futur gouvernement de gauche dessiné par le premier secrétaire du PS dans "Le Monde" a agacé. Est-il chef de file ? Futur ministre ? § U ne candidate, et un chef de file. La distribution des rôles, au Parti socialiste, soulève des interrogations et suscite parfois de l'irritation. C'est encore le cas avec le programme économique et social d'un futur gouvernement de gauche dessiné par le premier secrétaire du PS, François Hollande, dans Le Monde (daté 19 décembre) - un terrain que n'a pas beaucoup investi, jusqu'ici, Ségolène Royal. "Qui c'est le candidat ?", fait mine de s'interroger un fabiusien. "Le forcing médiatique de François Hollande va finir par provoquer un malaise", a réagi, dans un communiqué, Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn. Le député de Paris, tout en prenant soin d'indiquer que "personne ne peut mettre en cause la conduite des socialistes lors d'une présidentielle par leur premier secrétaire", reproche à M. Hollande de tirer la couverture à lui. "Soit les socialistes sont dans une phase d'écoute comme leur recommande leur candidate Ségolène Royal, et les propositions économiques et sociales viennent trop tôt et perturbent la campagne participative. Soit nous sommes dans une phase de proposition et il vaudrait mieux en discuter", écrit-il. Sans doute, M. Cambadélis, comme bon nombre de socialistes, a-t-il traduit avec agacement le programme de M. Hollande comme le signe d'une ambition déguisée pour s'imposer dans le rôle d'un ministre de l'économie potentiel. PERSPECTIVE MOINS TABOUE Ségolène Royal à l'Elysée, son compagnon François Hollande au gouvernement ? Cette perspective est de moins en moins taboue. "Ce qui m'apparaissait totalement inconcevable il y a encore quelques mois, me le semble beaucoup moins aujourd'hui", admet un membre de la direction du PS. Le couple n'évoque jamais la composition de l'exécutif si la gauche venait à gagner les élections, mais l'un et l'autre sont aux avant-postes de la campagne. M. Hollande a déjà indiqué, par ailleurs, qu'il mènerait la campagne législative, repoussant d'autant la fin de son mandat à la tête du PS, sans rien dévoiler du rôle qu'il se réserve pour l'après. En attendant, elle bouscule les coutumes du parti ; il corrige. Dans chaque réunion du PS, l'habitude a été prise : Mme Royal détaille son plan d'action, M. Hollande recentre sur le parti. Devant les cadres du PS réunis le 17 décembre à la Défense, elle promeut une campagne participative moins traditionnelle et appelle à s'adresser aux "Français les plus éloignés du militantisme" ; M. Hollande conclut en rappelant l'importance des "grands rassemblements qui font un effet de masse". La stratégie se veut complémentaire. "Il a son registre, plus classique, elle a le sien, celui de la dynamique", assure Jean-Louis Bianco, codirecteur de campagne de Mme Royal. Il reste que François Rebsamen, numéro deux du parti, devenu codirecteur de campagne de Mme Royal, a passé du temps, ces dernières semaines, à apaiser les frictions entre les comités Désirs d'avenir de Mme Royal et les fédérations du PS. § Jean-Marie Le Pen n'est pas venu personnellement au Zénith de Paris, lundi, mais a envoyé sa femme Jany ainsi qu'une très imposante délégation du parti, trop importante pour tenir dans le carré des VIP. § B runo Gollnisch, le délégué général du FN, et Jany Le Pen, l'épouse du président du Front national, assis dans le carré des VIP tout près de Roland Dumas, ancien ministre des affaires étrangères de François Mitterrand. Le spectacle, lundi 18 décembre au Zénith à Paris, était autant dans la salle que sur la scène. Dieudonné jouait son dernier sketch Dépôt de bilan. L'occasion pour lui de recevoir ses amis. Les anciens comme les nouveaux. "J'invite Jean-Marie Le Pen à venir me voir au Zénith", avait lancé l'humoriste lors de sa visite aux Bleu-Blanc-Rouge, la fête du FN, samedi 11 novembre. Une main tendue qui se refuse difficilement en cette période électorale lorsque l'on veut dédouaner son parti d'une étiquette de racisme mais qui, en même temps, pouvait alimenter les accusations d'antisémitisme. Un piège que le président du FN a contourné en ne venant pas personnellement au spectacle mais en y envoyant sa femme Jany ainsi qu'une très imposante délégation du parti, trop importante pour tenir dans le carré des VIP.PARODIE DES DERNIERS JOURS D'HITLER Au sein de cette délégation se trouvaient Bruno Gollnisch, qui compte parmi les admirateurs de Dieudonné depuis que ce dernier lui a apporté son soutien alors qu'il était accusé de révisionnisme ; Jean-Michel Dubois, ami de M. Le Pen et membre du bureau politique tout comme Eric Pinel, Farid Smahi, ou Eric Iorio, ex-époux de Marine Le Pen. Les personnalités les plus importantes ont été reçues par Joseph Elise, l'homme de confiance de Dieudonné, et leur ami "Fred", Frédéric Chatillon, ancien responsable du GUD, directeur de Riwal communication, une entreprise qui a participé à la réalisation de la dernière campagne d'affiche frontiste. M. Gollnisch n'a pas manqué de saluer Thierry Meyssan, responsable du Réseau Voltaire, autrefois engagé dans la lutte contre le FN, aujourd'hui accusé d'antisémitisme par d'anciens partenaires. De même a-t-il discuté avec Alain Soral, un écrivain exclu du PCF en 1992 pour, dit l'intéressé, "avoir voulu faire la jonction de tous les patriotes" et qui est aujourd'hui conseiller de Jean-Marie Le Pen et de sa fille Marine. Tout ce petit monde a ri à gorge déployée en entendant Dieudonné parodier les derniers jours d'Hitler dans son bunker, en le voyant mimer un journaliste devenant d'un seul coup affable devant Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), ou en l'entendant évoquer une "hiérarchisation victimaire". Lorsque Dieudonné a revendiqué la "liberté de parole" pour le négationniste Robert Faurisson, la réserve de la salle a été de courte durée. Et l'hilarité a été générale au récit d'une histoire de Toto contestant "l'existence de chambres à air". § Le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire à la présidentielle ne signera pas le "pacte écologique" de Nicolas Hulot, pas assez "en rupture" avec le système économique, a annoncé jeudi la LCR. § O livier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire à la présidentielle, ne signera pas le "pacte écologique" de Nicolas Hulot "en l'état", a annoncé jeudi 21 décembre la LCR, dans un communiqué. L'animateur de télévision a présenté dans un livre dix propositions qu'il demande aux candidats d'endosser. Pour Olivier Besancenot, "les formules du 'pacte écologique' dénotent une réelle vision de l'ampleur des problèmes et, tant qu'on en reste à des formules générales, il peut se trouver une plage d'accord. En particulier, lorsque le 'pacte' appelle à 'une évolution en profondeur vers d'autres façons de produire, de travailler, de consommer, de se nourrir, de se loger, de se déplacer, de se chauffer', nous ne pouvons qu'acquiescer", explique-t-il."DIGÉRABLES PAR LE SYSTÈME" "Mais dire cela, précise le candidat trotskiste, c'est en appeler à une rupture radicale avec la façon dont est organisé le système économique, ses transports, ses modes énergétiques, son industrie ou son agriculture." Or, les propositions de M. Hulot "sont tout à fait digérables par ce même système, sans que cela ne change quoi que ce soit à l'état des ressources naturelles", argumente Olivier Besancenot. "C'est justement au nom des exigences et de l'urgence écologique que nous ne pouvons souscrire" à ces propositions "qui nous semblent très éloignées des enjeux réels", conclut-il. Arlette Laguiller, l'autre candidate trotskiste, de Lutte ouvrière, a elle aussi refusé de signer le pacte de l'animateur de "Ushuaïa". § "J'ai tenu toutes mes promesses", a lancé le ministre de l'intérieur aux policiers, jeudi, lors de la cérémonie des vœux du principal syndicat de gardiens de la paix. § L e ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a dressé, jeudi 21 décembre au ministère, le bilan de son activité devant les policiers de l'UNSA-Police, principal syndicat de gardiens de la paix, dont les dirigeants sont réputés proches de la candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal. "Depuis 2002, j'ai tenu toutes mes promesses", a lancé le ministre lors de la cérémonie des vux du syndicat qui a ravi en novembre, lors des élections professionnelles, la première place à Alliance, organisation proche du ministre de l'intérieur. "En 2002, rien n'allait dans la police et vous me l'avez dit", a-t-il lancé au dirigeant du syndicat, Joaquin Masanet. Le ministre et M. Masanet ont officiellement tu leurs divergences, M. Masanet accusant même les médias d'avoir "politisé" les élections de novembre. M. Sarkozy a énuméré les mesures mises en place, selon lui, sous ses deux ministères, prenant M. Masanet à témoin à plusieurs reprises : réforme des corps et des carrières des policiers, loi sur la sécurité intérieure qui leur a donné des "moyens" en armement, effectifs ou équipements. "Vous m'avez dit que si je faisais la réforme des corps, j'inscrirais mon nom dans la police. Je l'ai faite", a indiqué le ministre. "J'AI ÉTÉ BEAUCOUP MINISTRE MAIS PAS DES AFFAIRES SOCIALES" Le ministre a de nouveau raillé la police de proximité mise en place par le gouvernement de Lionel Jospin. Tandis que M. Masanet l'a soutenue dans un discours qu'il a voulu apaisé et dans lequel il a rendu hommage au ministre. "La police de proximité, si c'était bien, on se demande pourquoi les résultats étaient contestables et contestés", a rétorqué M. Sarkozy. Le ministre a été un peu chahuté par l'assistance sur la prime au mérite, instaurée pour les policiers et critiquée par l'UNSA, mais surtout sur les retraites, l'UNSA affirmant qu'il faut maintenir les acquis et "respecter la spécificité du métier". "J'ai été beaucoup ministre", a rétorqué M. Sarkozy, "mais pas des affaires sociales". "Alors, gardez vos appréciations pour les intéressés !", a-t-il lancé. Il s'est dit d'accord sur la "spécificité" mais a défendu la réforme et ce "dossier difficile". "C'est l'après-Sarko qui commence", a ironisé, Delphine Batho, responsable de la sécurité au PS et proche de Ségolène Royal, après la présentation des vux à laquelle elle a assisté, tout comme le porte-parole du PS, Julien Dray. "La réalité est moins idyllique et moins simple qu'il ne le dit. Son bilan n'est pas bon", a-t-elle ajouté. § Le président du Front national a adouci sa position sur le pacte civil de solidarité, jeudi sur BFM, suivant une stratégie de recentrage sur certains thèmes de société. Le programme du FN dit pourtant que le pacs normalise des "comportements déviants". § "J e ne vois pas beaucoup d'intérêt à cette formule, mais dans le fond, si elle permet à certaines personnes de se témoigner réciproquement de leurs intérêts matériels, je ne vois pas d'inconvénient", a déclaré Jean-Marie Le Pen à propos du pacs, jeudi sur l'antenne de BFM. Le pacte civil de solidarité, qui permet l'union de couples homosexuels ou hétérosexuels, est pourtant promis à l'abrogation dans le programme du Front national. "La loi dispose, normalement, dans l'intérêt général. Elle n'a pas à légiférer au profit de lobbies organisés (moins de trente mille personnes, dont un quart à Paris), prétendant imposer leurs comportements déviants en modèle social normatif", professe le parti d'extrême droite. INTRANSIGEANT SUR L'HOMOPARENTALITÉ S'il n'est "pas gêné" par le pacs, Jean-Marie Le Pen a tenu à montrer qu'il restait intransigeant sur la question de l'homoparentalité : "Je suis contre, pour des raisons de conception de la famille, de modélisation de la vie sociale, et d'équilibre entre les sexes". "La famille, c'est d'abord un homme et une femme", a martelé le président du FN. En se montrant conciliant sur le pacs, M. Le Pen est en décalage avec la doctrine traditionnelle du FN, hostile aux homosexuels. Ce repositionnement reflète la volonté du président du FN de se recentrer sur certains sujets de société, selon une stratégie défendue notamment par sa fille Marine. Le 12 novembre, au Bourget, le candidat parvenu au second tour en 2002 avait évoqué une grande politique de la famille, en évitant de citer l'abrogation du pacs ou la lutte contre l'avortement. § Entretien avec Pierre Larrouturou, délégué national du PS à l'Europe et membre du collectif Urgence sociale. Propos recueillis par Constance Baudry § § Frédéric Nihous a estimé que l'animateur défend "une approche trop classique, dogmatique et sectaire". § F rédéric Nihous, le candidat de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT) à l'élection présidentielle, a indiqué jeudi 21 décembre qu'il ne signera pas le pacte écologique de Nicolas Hulot. L'animateur défend "une approche trop classique, dogmatique et sectaire", a-t-il justifié, lors d'un déplacement à Montpellier. "Tout le monde lui court après, pas moi, a lancé le champion de la "ruralité", à propos de Nicolas Hulot. J'ai lu son pacte, il y a tout un volet de 'mise sous cloche' des populations. On ne va pas revenir à l'âge de pierre, on n'est pas des réserves d'Indiens." "Appliquer le protocole de Kyoto, intégrer les compagnies aériennes dans les calculs (de pollution) par exemple, d'accord, mais le pacte de Nicolas Hulot, ce sont les mêmes recettes écologiques que l'on voit depuis des années. Ce n'est pas notre écologie", a critiqué M. Nihous, qui est en tournée dans l'Hérault et le Gard. MONDE RURAL CONTRE "ÉCOLOGIE PAILLETTES" Frédéric Nihous a été désigné le 2 septembre par son parti pour prendre la relève du leader charismatique Jean Saint-Josse à la présidentielle 2007. Score de référence en 2002 : 4,23 %, soit plus de 1 200 000 voix. Pour se démarquer, le candidat de CPNT defend bien sûr la chasse, mais pourfend aussi l'"Europe des technocrates" et s'empare de thèmes ruraux, fustigeant l'"écologie paillettes" qui consiste notamment "à lâcher un ours et à repartir en avion à Paris après". "Pour nous, l'écologie, c'est la défiscalisation des zones humides, des aides pour replanter des haies, la fin de la fermeture des services publics, un genre de plan Marshall dans les zones rurales pour y développer du travail, le soutien aux petits commerces et aux artisans, le maintien des soins médicaux", a énuméré Frédéric Nihous. C'est aussi "le développement de l'agriculture, de la viticulture et de la pêche" pour "une 'écologie d'équilibre, respectueuse de l'homme et de son activité", a poursuivi M. Nihous, exhortant Nicolas Hulot, raillé en tant qu'"anti-chasse notoire", à "remettre ses bottes et à aller sur le terrain". § Jean-Claude Trichet a riposté, mercredi 20 décembre à Bruxelles, au concert de critiques contre la Banque centrale européenne (BCE) entonné par les principaux candidats à l'élection présidentielle française. § J ean-Claude Trichet a riposté, mercredi 20 décembre à Bruxelles, au concert de critiques contre la Banque centrale européenne (BCE) entonné par les principaux candidats à l'élection présidentielle française. Après avoir signalé son intention de poursuivre le cycle de hausse des taux d'intérêts, le président de la BCE, a estimé lors d'une audition au Parlement européen qu'il est "extraordinairement injuste et faux" de faire de l'euro un bouc émissaire. Début décembre à Porto, lors d'un congrès des socialistes européens, Ségolène Royal avait exigé que la Banque centrale soit "soumise à des décisions politiques" parce que ce n'est plus à son président "de commander l'avenir de nos économies". M. Trichet a souligné que les études d'opinion réalisées en France attestent d'un fort soutien envers la BCE : "75 % (des sondés) sont favorables" à son indépendance, a- t-il affirmé. Le statut de la BCE a été entériné, a-t-il observé au passage, à quatre reprises en France, "à l'occasion de trois votes parlementaires et du référendum sur le traité de Maastricht", en 1992. M. Trichet a également fait allusion au discours prononcé, lundi, par Nicolas Sarkozy, contre cette "grave erreur économique" que constituerait le "dogme de l'euro fort". Le président de la BCE s'est contenté de répéter, comme l'a fait le G7, qu'"une volatilité excessive et des mouvements chaotiques des taux de change sapent la croissance économique". M. Trichet a fait allusion à son expérience d'ancien gouverneur de la Banque de France, qui lui valut d'incessantes polémiques contre sa stratégie du "franc fort" : "Après quatre ans, nous avions obtenu le taux le plus élevé de crédibilité en Europe", a-t-il dit. Jean-Claude Trichet, nommé avec l'appui de Jacques Chirac, a défendu le bilan économique de la zone euro : en huit ans d'existence, elle aurait enregistré des performances supérieures à celles des différents Etats membres dans la période précédente : d'après lui, "11,8 millions d'emplois ont été créés, contre 2,5 millions" sur les huit ans avant l'euro. § En arguant notamment que son camp était "celui des travailleurs" et qu'elle se refuse de parler d'"intérêt général" - trop suspect d'ignorer la division en classes sociales "aux intérêts inconciliables" -, Mme Laguiller condamnait sans appel la démarche de l'écologiste. § C 'est une réponse sans appel à Nicolas Hulot. Arlette Laguiller a affiché, momentanément, mardi 19 décembre, sur son site Internet (www.arlette-laguiller.org), les raisons pour lesquelles elle refusait de souscrire au Pacte écologique de l'animateur de télévision. Intitulé "Pourquoi Arlette Laguiller ne signera pas", la réponse de la candidate de Lutte ouvrière était sans ambiguïté. En arguant notamment que son camp était "celui des travailleurs" et qu'elle se refuse de parler d'"intérêt général" - trop suspect d'ignorer la division en classes sociales "aux intérêts inconciliables" -, Mme Laguiller condamnait sans appel la démarche de l'écologiste. Avant tout, M. Hulot et sa fondation, ont le tort de faire abstraction de la "réalité sociale" et notamment de celle des travailleurs. "Il faut vraiment tout ignorer de la situation de millions de chômeurs, de précaires, de ceux qu'on appelle les "travailleurs pauvres" (...), pour oser écrire que depuis 1981 "le pouvoir d'achat a crû de 60 %"", écrit-elle. Les mesures proposées parmi les priorités du pacte ne trouvent pas plus grâce à ses yeux. Ainsi, la "taxe carbone" avancée comme sanction contre les pollueurs qu'ils soient consommateurs ou industriels, a le tort de "frapper durement les plus pauvres". Son utilisation envisagée pour réduire les prélèvements sur le travail n'est qu'un cadeau "au patronat". Quant à penser qu'on peut changer les choses en comptant "sur la bonne volonté des politiques", là encore M. Hulot a tout faux. Ce ne sont pas eux qui exercent le pouvoir : ils ne sont "que les mandataires du grand patronat", écrit Mme Laguiller dans son courrier. La porte-parole du parti trotskiste avait reçu le 7 novembre comme tous les candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2007, un courrier de Nicolas Hulot. La candidate de LO lui a répondu le 22 novembre mais a attendu un mois pour rendre publique sa lettre. Cette dernière avait disparu du site, mercredi, au bout de vingt-quatre heures de mise en ligne. "Une erreur technique", selon la direction de LO. Olivier Besancenot de la LCR a été plus prudent. Lui aussi critique sur la taxe carbone, il n'a pas signé - "pour l'instant" - le pacte Hulot. Et attend une rencontre avec l'animateur pour trancher définitivement. § Marine Le Pen, directrice stratégique de la campagne présidentielle s'est donné pour mission de transformer le Front national, jusque-là surtout protestataire, en parti de gouvernement. § M arine Le Pen, directrice stratégique de la campagne présidentielle s'est donné pour mission de transformer le Front national, jusque-là surtout protestataire, en parti de gouvernement. Depuis trois mois, vingt commissions d'action présidentielle, les CAP Le Pen 2007, travaillent à l'élaboration d'un programme qui servira pour les campagnes présidentielle et législatives. Son contenu devrait être publié lors de la convention des 24 et 25 février à Lille. Ce qui n'empêche pas le président du FN d'en distiller le contenu au fil de ses discours. Louis Aliot, secrétaire général et adjoint au directeur de campagne - fonction tenue par Jean-Marie Le Pen - promet une "révolution douce". "Révolutionnaire", ce programme l'est dans la mesure où il propose une société radicalement différente de celle qui existe aujourd'hui. Il l'est moins au regard des programmes antérieurs puisqu'il repose toujours sur la préférence nationale qui distingue les Français des étrangers pour donner aux premiers la priorité en matière d'emploi et de logements sociaux et leur réserver les prestations familiales et les aides sociales. Son inscription dans la constitution est toujours d'actualité. Le programme 2007 envisage toujours de renégocier les traités européens pour créer une Europe dans laquelle les nations reprendraient leur souveraineté, récupéreraient le contrôle de leurs frontières, troqueraient l'euro "monnaie unique" contre un euro "monnaie commune". Enfin, l'"immigration zéro" figure toujours au programme, tout comme la fin du regroupement familial, l'expulsion des familles de délinquants ou l'abandon du droit du sol au profit de la loi du sang pour l'acquisition de la nationalité. La naturalisation est plus que jamais soumise à la preuve de l'assimilation dans la société française des postulants. La nouveauté réside essentiellement dans l'adjectif "douce" par lequel M. Aliot veut caractériser sa "révolution". Plus question de heurter. Désormais, M. Le Pen s'efforce de mettre l'accent sur les à-côtés du projet frontiste. Lorsqu'il aborde l'immigration il souligne la nécessité de mettre en oeuvre une politique de codéveloppement avec les pays africains. De même, insiste-t-il sur le fait que la naturalisation ne se fera pas sur des critères "d'origine ethnique ou religieux". Ce qui n'est pas nouveau chez M. Le Pen mais n'était pas mis en avant. En revanche, c'est la première fois que dans une campagne électorale celui-ci s'adresse directement aux électeurs d'origine étrangère en mettant en scène une jeune fille de couleur (cette dernière est en fait d'origine antillaise). L'innovation n'a pas été au goût de tout le monde : le groupuscule d'extrême droite Les Identitaires, vient de publier une affiche détournant celle du FN avec les inscriptions "Black, blanc, beur, non merci". Partant du principe qu'une fois arrivé au pouvoir il pourra immédiatement prendre les mesures qui lui permettront de dissuader l'immigration, d'expulser les clandestins et de limiter les naturalisations, il envisage désormais d'"accueillir un certain nombre d'immigrés dont l'intégration serait souhaitable parce que conforme à l'intérêt économique de la France". "RÉALISME GOUVERNEMENTAL" Toujours au nom de ce fameux "réalisme gouvernemental" demandé par Mme Le Pen, Carl Lang, responsable de la commission sociale, a suggéré l'abandon du principe de caisses de sécurité sociale et de retraite séparées pour les Français et les travailleurs d'origine étrangère : "Cette séparation n'aura plus lieu d'être, l'immigration étant maîtrisée", insiste M. Lang. Question impôts, la suppression de l'impôt sur la fortune est toujours à l'ordre du jour ainsi que celle de l'impôt sur le revenu en revanche cette dernière se fera dorénavant "progressivement, tout au long du mandat". Et, pour la première fois, le parti avance des barèmes portant sur tout le système fiscal. En ce qui concerne l'avortement, un thème sensible au sein de la branche catholique du FN, le programme envisage toujours de revenir sur la loi Veil mais "par voie référendaire" et en fin de mandat. Une option qui n'est pas nouvelle puisqu'elle figurait déjà dans la brochure Cinq référendums pour un quinquennat rédigée par Louis Aliot et soutenue par Marine Le Pen lors de l'élection présidentielle de 2002. Déjà en 2002, M. Le Pen préférait-il insister sur la nécessité de créer un environnement et de mener une politique familiale d'"accueil à la vie" pour décourager les IVG. § Entretien avec Michel Onfray, philosophe et proche des collectifs antilibéraux. Propos recueillis par Constance Baudry § § Entretien avec Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Reims et auteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Ed. du Croquant, 2006). § R émi Lefebvre, vous êtes professeur de sciences politiques à Reims et auteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Ed. du Croquant, 2006). Vous menez une enquête sur les nouveaux adhérents dans le Nord, arrivés au Parti socialiste, avec 80 000 autres, entre le lancement de la cotisation à 20 euros et l'été. Cette vague d'adhésions a considérablement rajeuni un parti vieillissant : l'âge moyen est aujourd'hui de 43 ans contre 55 auparavant. Il s'est aussi un peu féminisé, et a surtout perdu de son homogénéité sociale : le PS, parti d'enseignants, de fonctionnaires et de vieux militants (40 % de retraités, contre 15 % désormais), attire davantage les travailleurs du privé. On assiste aussi à une élévation du capital culturel des adhérents : 54 % possèdent un niveau bac + 3, contre 30 % naguère. Je distinguerai trois types de nouveaux adhérents : l'ex-militant de retour au bercail (environ 10 %), le simple sympathisant socialiste traumatisé par le 21 avril 2002, et celui qui n'a jamais milité nulle part. Cela signifie que 90 % des nouveaux adhérents n'ont jamais eu aucune attache avec le PS. Cela a des conséquences. Les partis politiques sont traditionnellement des passoires. Ils sont arrivés dans un contexte particulier : une campagne conflictualisée et personnalisée. Sans jouer les prophètes, il est probable qu'une grande partie de ces "post-militants" ne se satisferont pas des routines et des lourdeurs de la vie partisane hors élections et ne resteront pas. Une heure de vérité s'ouvre aujourd'hui pour eux : militants "hors sol", familiers de l'Internet, ils sont désormais enrôlés dans le fonctionnement de deux campagnes - présidentielle et législatives - qui, pour être participatives, s'organiseront néanmoins dans les sections. Les voilà pris dans le jeu territorial. Au choc des cultures et des croyances va s'ajouter, avec les ex-adhérents, des divergences sur la représentation qu'ils se font de l'électeur. § Créée au début de l'année, Désirs d'avenir, l'association de Ségolène Royal, survit à son investiture. Les membres des comités plébiscitent cette nouvelle forme de militantisme, loin du cadre du PS. § I l est dix heures du soir dans la salle municipale de Cendras, petite commune minière des environs d'Alès, dans le Gard. Après deux heures de discussion, l'heure est venue pour les trente militants du comité Désirs d'avenir du Grand Alès de boire un gobelet de vin en mangeant les tartes préparées par les militantes. L'association Désirs d'avenir, présidée par Christophe Chantepy, a été créée au début de l'année pour soutenir la candidature à l'investiture de Ségolène Royal. Plus d'une centaine de comités existent aujourd'hui, parallèlement aux sections du Parti socialiste. Un jeune retraité de l'enseignement, adhérent du Parti socialiste depuis le printemps, raconte avoir été "subjugué par Ségolène, mais surtout par l'ambiance qu'elle crée autour d'elle" quand il est allé l'écouter à Florac, en Lozère. Mais ce qui l'enchante le plus, ce sont les débats : "Au fond, peu importe que nos propositions servent ou pas. Ce qui compte, c'est que cela crée une dynamique très forte." Cet homme qui n'avait jamais adhéré à un parti réfléchit à haute voix : "Qui, à un quelconque moment, m'a donné l'occasion de parler ? De dire librement ce que je pense ? On me laisse la parole, on me demande même de la prendre. C'est peut-être une utopie, mais les utopies sont belles." Le trésorier de la section locale et "prof du technique" renchérit : "Ségolène a tout bousculé. Elle a lancé des débats sur ce qui se disait dans les couloirs du parti et pas dans les réunions." Pendant deux heures, vingt hommes et dix femmes ont confronté leurs arguments. Certains se retrouvaient sur les positions du PS quand d'autres, en particulier les jeunes femmes, bousculaient les vieux schémas. Dominique, "toute nouvelle directrice d'école" et adhérente de fraîche date, se disait choquée de "l'attachement des professeurs à leur statut". Valérie expliquait que "souvent les parents d'élèves sont hallucinés par ce que leur répondent les profs." Tous ont parlé des "questions de fond, à partir de ce qu'on vit, de ce qu'on voit", souligne Dominique. C'est ce qui frappe quand on parle avec les adhérents de Désirs d'avenir : le plaisir pris à parler librement en partant de sa propre histoire. A Marseille, peu avant le sacre de Ségolène, se tient une grande assemblée des comités des Bouches-du-Rhône. Parmi la centaine de présents, une écrasante majorité est membre du PS. Pourtant cette assemblée ne ressemble pas à une fédération. D'abord, on s'assied en rond dans la grande salle, et non face à une estrade où sont installés les élus. Nadia Brya, présidente du réseau dans le département, explique : "On fait très attention à ce genre de choses, afin que chacun se sente à égalité avec les autres." Les interventions ont été choisies "en fonction de la démarche singulière de chaque collectif, de chaque groupe ou de l'individu qui a réfléchi sur un sujet". Une militante dit que, s'intéressant à la décentralisation, elle a relu l'ensemble des textes qui l'ont fondée et "redécouvert l'importance du tournant de 1982", lors des lois Defferre. Un autre, voulant montrer qu'il faut "repenser le local et les spécificités du territoire", raconte l'histoire d'"apprentis sorciers" qui ont tenté de dessaler l'étang de Berre en faisant rejeter par EDF de l'eau douce. Il conclut : "On sauvera l'étang de Berre car Ségolène Royal sera présidente de la République et qu'elle a sauvé le Marais poitevin." Rires, applaudissements. Le débat reprend, fidèle à l'idée que "l'expérience est une expertise". A Marignane (Bouches-du-Rhône), l'animateur, Vincent Gomez, au PS depuis 1989, confirme : "Dans ces réunions, chacun a son mot à dire, parce que chacun peut échanger à partir de son terrain. Et puis il n'y a aucune gêne, on peut sortir des clous du programme." Au comité de Montpellier, qui se réunit dans l'arrière-salle d'un bar, les militants ont décidé de discuter de "démocratie d'opinion, démocratie représentative et démocratie participative." Yvan Nosbé, un des animateurs du groupe, dix-sept ans de parti et jospiniste rallié à Mme Royal, argumente : "Il faut traiter de la méthode avant de parler du fond." Dans la salle bondée, une trentaine d'hommes et une vingtaine de femmes écoutent attentivement deux professeurs d'université invités à cadrer les débats. Le premier évoque Benjamin Constant et sa distinction entre "le peuple en gros et le peuple en détail", le second décrit des expériences contemporaines de démocratie participative. Une forêt de doigts se lève, chacun veut parler. L'un de son expérience "lors de la consultation sur la ligne 2 du tramway" ; l'autre de "l'élaboration, par des gens qui ne savent ni lire ni écrire, des budgets participatifs"... Deux heures plus tard, chacun a parlé, et les coordinateurs proposent de "faire remonter tout ça" sur le site de Désirs d'avenir. Car, comme après les autres réunions, il faut envoyer à "notre candidate ces réflexions, ces idées, ces propositions venues d'en bas", explique Mylène, trente ans de parti, "retraitée que les lois Raffarin ont remise au travail". Quand on lui demande en quoi ces assemblées diffèrent de celles du PS, alors qu'elles sont composées à peu près des mêmes gens, elle répond : "Ici il n'y a pas de hiérarchie, on a juste une équipe d'animation sans pouvoir. Rien ne vient d'en haut, sinon des demandes. Quand on est en section, on écoute le secrétaire, l'élu. Ici on s'écoute les uns les autres. C'est toute la différence." § M. Raffarin le soutient, M. Juppé s'apprête à le faire. M. Sarkozy déclare avoir besoin de M. de Villepin. Mme Alliot-Marie n'a pas fait connaître sa décision. § L e vent du rassemblement autour de Nicolas Sarkozy souffle sur l'UMP. Vendredi 22 décembre, au lendemain de l'audition marathon de Dominique de Villepin, par les juges du pôle financier, le premier ministre a réuni une vingtaine de ses ministres pour un petit-déjeuner à Matignon. "Pas éprouvé", selon un participant, M. de Villepin a expliqué, selon plusieurs sources, qu'il fera "tout pour faire gagner son camp" et qu'il soutiendra le candidat de la majorité. M. Tapie penche "plutôt" pour M. Sarkozy Bernard Tapie a indiqué, le 21 décembre, sur RTL, qu'il penchait "plutôt" du côté de Nicolas Sarkozy pour 2007, en raison de "l'arrivée de Chevènement" auprès de Ségolène Royal. Et d'expliquer : "C'est impossible de concilier, notamment sur l'Europe, ce qu'est Chevènement et ce qu'est Baylet", du nom du président du Parti radical de gauche, formation à laquelle appartient M. Tapie. Le PRG a décidé de soutenir Mme Royal après avoir conclu avec le PS un accord pour les législatives. "J'ai été à vos côtés dans les moments difficiles, aujourd'hui c'est moi qui ai besoin de vous", lui avait lancé un peu plus tôt le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Dans sa réponse, M. de Villepin est resté flou, mais plusieurs participants ont compris que désormais M. Sarkozy n'avait plus rien à craindre de son ancien rival.. Cette grande scène de réconciliation générale intervient alors que la veille, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a officialisé, sur TF1, son soutien au ministre de l'intérieur. "Je connais bien Nicolas Sarkozy, a-t-il déclaré, il a été mon ministre, je connais son courage, je connais son caractère, je connais ses convictions, je connais son énergie, et donc j'ai décidé de soutenir sa candidature à l'élection présidentielle." Un déjeuner devait réunir, vendredi, les élus de son club Dialogue et initiative (auquel se joindra Francis Mer, ancien ministre de l'économie) et le ministre de l'intérieur pour illustrer ce ralliement. Il fait suite à ceux récemment enregistrés des ministres Xavier Bertrand, Dominique Perben, Jean-François Copé, Thierry Breton et Philippe Douste-Blazy. C'est probablement un des effets des trois débats organisés par l'UMP pour faire vivre la diversité et nourrir le projet présidentiel de son candidat. Michèle Alliot-Marie, la principale rivale de M. Sarkozy, n'ayant pas apporté la preuve de la crédibilité de sa candidature, ni suscité autour d'elle une vague de soutiens apte à la porter, plus rien ne justifie désormais la prudence. Invité d'honneur du dernier forum, organisé jeudi 21 décembre à Bordeaux, l'ancien premier ministre Alain Juppé a lui aussi profité de l'occasion pour lever un coin du voile sur ses intentions. "Il y a le temps du débat, c'est maintenant, a-t-il déclaré en s'exprimant pour la première fois devant des militants de l'UMP depuis sa démission de la présidence du parti en 2004. Il y aura le temps de la décision, j'ai confiance que chacun aura à coeur de respecter cette décision et que tous nous nous rassemblerons autour de notre candidat." Un usage du masculin qui ne laisse guère de doute sur sa préférence. D'autant qu'il ajoute, parlant de la France et des "inégalités, (de l') injustice et (de la) pauvreté (qui la) fragilisent", que "des changements profonds, parfois des ruptures, sont nécessaires". Une allusion transparente à la "rupture" souhaitée par le président de l'UMP. Au passage, M. Juppé glisse ce conseil : "Il faudra toucher le coeur et l'esprit de nos concitoyens qui sont dans l'espérance d'un temps nouveau." Visiblement ravi, M. Sarkozy a couvert d'éloge son hôte : "M. Juppé est une voix politique qui compte et qui jouera un rôle dans les mois qui viennent et après." Lors de cette même réunion, M. Sarkozy a également enregistré le soutien de Rachid Kaci, animateur de la Droite libre, mouvement affilié à l'UMP. Celui-ci, qui avait été seul à lui disputer la présidence de l'UMP en novembre 2004, se retire faute d'avoir obtenu les parrainages suffisants au sein du Conseil national. Reste à Mme Alliot-Marie à faire connaître sa décision. A l'issue du débat bordelais, consacré à l'écologie et à la situation internationale, elle s'est une nouvelle fois refusée à envisager son retrait, estimant qu'elle était encore dans "le temps du débat". Son compagnon, Patrick Ollier, milite pour qu'elle renonce à se présenter devant les militants. M. Sarkozy semble déjà tenir son abandon pour acquis. Prenant la parole pour conclure ses interventions, il s'est tourné vers les ralliés, actuels ou futurs : "Voilà pourquoi ma chère Michèle, mon cher Jean-Pierre, mon cher Philippe mon cher Alain, j'aurais bien besoin de vous." Mais il les a également prévenus : "Tenez compte de mes idées, on ne peut pas rassembler sur le plus petit dénominateur commun." Une manière de leur signifier que, malgré leur insistance à peser sur son programme présidentiel en échange de leur soutien, il entend bien garder sa part de liberté Une seule incertitude assombrit encore le ciel du candidat : que fera Jacques Chirac ? Autour du président, ils sont plusieurs à souhaiter qu'il mette fin le plus tôt possible au suspens sur l'hypothèse d'un troisième mandat et profite de la séquence de ses voeux en janvier pour sortir de l'ambiguïté. Avant de quitter l'Elysée, Frédéric de Saint-Sernin, son spécialiste des sondages, lui a fait passer une note avec ce commentaire : "Vous n'avez aucun espace". § Jean-Marie Le Pen était l'invité, jeudi 21 décembre, de la radio et chaîne de télévision BFM. § J ean-Marie Le Pen était l'invité, jeudi 21 décembre, de la radio et chaîne de télévision BFM. Les questions des journalistes ont porté sur la présence d'une très forte délégation du Front national au spectacle de Dieudonné, lundi 18 décembre, au Zénith de Paris. En tête de celle-ci, Jany Le Pen, l'épouse du président du Front national (FN) et Bruno Gollnisch, le délégué général du parti (Le Monde du 20 décembre). Lorsqu'une des journalistes lui a demandé : "Est-ce que c'est l'antisémitisme affiché de Dieudonné que vous trouvez assez drôle ?", M. Le Pen a répondu : "Oui... Ça peut aussi être drôle... Il ne doit pas y avoir de sujets qui échappent à la critique ou à l'ironie." Il a ajouté : "Tout dépend de la manière dont on les traite (ces sujets). M. Dieudonné les traite d'une certaine manière. Devant son spectacle, il y a des moments où on a envie d'applaudir et des moments où on est plutôt discrets, peut-être même quelque fois gênés. Mais il en est de même dans tous les spectacles." Incrédule, la journaliste insiste : "Vous venez de dire que si l'antisémitisme est exprimé de façon drôle, pourquoi pas ?" M. Le Pen a alors répliqué : "Vous savez que les gens qui se moquent le plus des juifs, ce sont les juifs eux-mêmes. Il y a un humour juif très célèbre, très connu." Le président du Front national sait pourtant ce qu'antisémitisme veut dire - "racisme dirigé contre les juifs" selon le Petit Robert - et que celui-ci est réprimé par la loi. Il est vrai que l'abrogation de toutes les lois réprimant le racisme et l'antisémitisme figure dans le programme du FN. Jeudi 21 et vendredi 22 au matin, sa fille Marine Le Pen était injoignable pour commenter les propos de son père. Des propos qui vont à l'encontre de ses tentatives de dédiabolisation du parti d'extrême droite et de sa volonté de faire oublier les accusations de racisme et d'antisémitisme. Difficile de dire si cette nouvelle saillie de M. Le Pen aura une incidence dans sa recherche de parrainages pour sa candidature à l'élection présidentielle tant elles n'étonnent plus. Reste que dans cette même émission le président du FN a dit "pense (r) avoir passé la barre des 400" signatures sur les 500 nécessaires. Il a précisé qu'il ne sera satisfait "qu'au-delà de la barre de 600 car (il) crain (t) toujours des retournements de dernière minute". § Confirmée par les militants communistes jeudi, Marie-George Buffet est considérée comme la candidate du seul PCF par Clémentine Autain et d'autres membres des collectifs. Olivier Besancenot, le candidat de la LCR, ironise. § "C 'est une candidature du PCF", estime Clémentine Autain. Comme prévu, l'élue de Paris, et une bonne partie des collectifs antilibéraux, ont mal accueilli la confirmation de la candidature de la secrétaire nationale du Parti communiste pour la présidentielle, annoncée jeudi 21 décembre par les militants communistes. La logique des partis a eu raison du rêve unitaire prôné à la gauche de la gauche. Une dernière rencontre était prévue jeudi soir entre le PCF et les autres organisations, qui rejettent toujours Mme Buffet, pas assez représentative de la diversité des collectifs issus du "non" au référendum sur la Constitution européenne. "Si le blocage persiste, la voie que choisira le PCF est que Marie-George Buffet puisse être candidate", a résumé Patrice Cohen-Seat, membre de la direction du PCF. Même si "elle n'est pas la candidate du rassemblement antilibéral", son "objectif reste de rassembler dans les urnes en 2007 tous ceux qui veulent une rupture avec le libéralisme", a-t-il affirmé. "MALHEUREUSEMENT PRÉVISIBLE" Après un an de mobilisation, les militants de toutes tendances de la gauche radicale, qui se sont accordés sur une stratégie et un programme, n'ont pas su surmonter l'obstacle de la désignation d'un champion acceptable par tous. José Bové, qui avait brigué l'investiture contre Mme Buffet, avait déjà jeté l'éponge, accusant le PCF de vouloir "imposer" son numéro un. Clémentine Autain, apparentée communiste mais longtemps prétendante elle-même à l'investiture, a refusé de soutenir Mme Buffet. Elle a aussi précisé qu'elle ne souhaitait pas "ajouter la division à la division" en se présentant à la présidentielle. Elle ne compte pas pour autant aller "planter ses choux" et compte s'investir dans la campagne. Pour Olivier Besancenot, qui a sollicité et obtenu l'investiture de la LCR, tout en suivant la dynamique unitaire à distance, la désignation de Mme Buffet par le PCF "était malheureusement prévisible". "A aucun moment la direction du PCF n'a imaginé qu'il pouvait y avoir une autre candidature que communiste dans le cadre unitaire" antilibéral, a ironisé celui qui a toujours justifié ses réticences en accusant les communistes d'envisager de gouverner avec le Parti socialiste. "DÉPASSER L'ÉTIAGE" Au sein du PCF, deux chefs de file du courant "refondateur" du PCF, Pierre Zarka et Isabelle Lorand, qui ont démissionné dimanche du comité exécutif du parti, ont qualifié jeudi de "mauvaise nouvelle" le vote des militants communistes en faveur de Mme Buffet. Mais ils se sont aussi réjouis de constater que quelque "10 000 communistes continuent à affirmer leur détermination de voir aboutir le processus unitaire". Au-delà de la sémantique, "l'enjeu pour Mme Buffet est de savoir si elle arrivera à donner à sa campagne une dynamique qui dépasse le seul étiage d'une campagne communiste", a résumé Stéphane Rozès de l'institut CSA. "Le fait d'avoir le vote d'une majorité de collectifs ne suffit pas, il faut agréger une dynamique autour de soi", commente l'analyste. Mme Buffet, qui plafonne actuellement autour de 3 % dans les sondages, devra disputer les voix de la gauche radicale à Arlette Laguiller, de Lutte ouvrière (3 %) et Olivier Besancenot, de la LCR (4 %). Le Parti socialiste en a profité, jeudi, pour lancer un appel du pied au PCF. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a appelé Marie-George Buffet à "ne pas se tromper de combat" et à cesser de "taper sur Ségolène Royal". § Rachid Kaci, seul rival déclaré de Nicolas Sarkozy à l'investiture de l'UMP, s'est rallié au président du parti, jeudi à Bordeaux. Jean-Pierre Raffarin a fait de même, sur TF1. § S i ce n'est que symbolique, Nicolas Sarkozy est désormais le seul candidat officiel à l'investiture de l'UMP pour la présidentielle. Son seul rival déclaré, Rachid Kaci, président de La droite libre, a apporté jeudi son soutien au président du parti. Par sa candidature, M. Kaci souhaitait "défendre la laïcité" et "dénoncer la dérive communautariste" au sein de l'UMP, mais il avait admis avoir du mal à rassembler les 75 parrainages de conseillers nationaux nécessaires. Le 3e forum régional organisé jeudi 21 décembre à Bordeaux par l'UMP semble avoir été une bonne journée pour Nicolas Sarkozy. Le président de l'UMP a engrangé de nouveaux soutiens. Un débat était prévu autour de la fraternité, de l'écologie et de l'international, et présidé par Jean-Pierre Raffarin. L'ancien premier ministre a d'ailleurs officialisé son soutien à Nicolas Sarkozy, dans la foulée, au journal télévisé de TF1. "Je souhaite apporter un peu de sagesse dans la rupture", a-t-il justifié. Un peu plus tôt jeudi, c'est le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, qui a rallié le chef de file du parti aux affaires. "J'AURAI BESOIN DE VOUS " Hôte de la manifestation, le maire de Bordeaux Alain Juppé a lui aussi tenu à préciser que "parfois, des ruptures sont nécessaires", bien que la France "ne soit pas en déclin". Après avoir évoqué ce thème cher à Nicolas Sarkozy, l'ex-premier ministre de Jacques Chirac a salué "l'énergie" du président de l'UMP. Alain Juppé a pourtant pris le soin de faire référence à Michèle Alliot-Marie, qui songe à se présenter en rivale de Nicolas Sarkozy, et au premier ministre Dominique de Villepin. "Il y a le temps du débat, c'est maintenant. Il y aura le temps de la décision, j'ai confiance que chacun aura à cur de respecter cette décision et que tous nous nous rassemblerons autour de notre candidat", a-t-il justifié. Devant les militants UMP, Nicolas Sarkozy s'est montré pacificateur, prônant à nouveau le nécessaire "rassemblement". Il a, par exemple, fait monter sur scène des jeunes d'Argenteuil avec lesquels il a "travaillé depuis quatorze mois". A cette époque, il avait créé la polémique en utilisant le mot "racailles", lors d'un déplacement dans cette commune de banlieue. Pour le reste, M. Sarkozy a repris les grands thèmes de sa campagne, évoquant son "objectif que dans deux ans personne ne dorme dehors par moins 5" ou rappelant que "quelqu'un qui veut venir en France doit apprendre à parler le français, doit respecter la France, doit aimer la France et accepter les valeurs, les lois et les règlements de la France." Il a aussi ironisé sur les socialistes, qu'il "croit" quand "ils promettent qu'ils vont augmenter les impôts". Se tournant, notamment vers Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy a dit : "J'aurai bien besoin de vous", soulignant qu'il devrait "bien sûr tenir compte des idées que chacun aura exprimées". La ministre de la défense, qui s'est gardé d'évoquer son éventuelle candidature, a salué un "débat dans le respect des personnes". "Chacun d'entre nous ne compte pas beaucoup, ce qui compte c'est ce que nous allons faire en France, parce que nous avons en commun une certaine idée de la France", a-t-elle dit. § Le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire à la présidentielle ne signera pas le "pacte écologique" de Nicolas Hulot, pas assez "en rupture" avec le système économique, a annoncé jeudi la LCR. § O livier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire à la présidentielle, ne signera pas le "pacte écologique" de Nicolas Hulot "en l'état", a annoncé jeudi 21 décembre la LCR, dans un communiqué. L'animateur de télévision a présenté dans un livre dix propositions qu'il demande aux candidats d'endosser. Pour Olivier Besancenot, "les formules du 'pacte écologique' dénotent une réelle vision de l'ampleur des problèmes et, tant qu'on en reste à des formules générales, il peut se trouver une plage d'accord. En particulier, lorsque le 'pacte' appelle à 'une évolution en profondeur vers d'autres façons de produire, de travailler, de consommer, de se nourrir, de se loger, de se déplacer, de se chauffer', nous ne pouvons qu'acquiescer", explique-t-il."DIGÉRABLES PAR LE SYSTÈME" "Mais dire cela, précise le candidat trotskiste, c'est en appeler à une rupture radicale avec la façon dont est organisé le système économique, ses transports, ses modes énergétiques, son industrie ou son agriculture." Or, les propositions de M. Hulot "sont tout à fait digérables par ce même système, sans que cela ne change quoi que ce soit à l'état des ressources naturelles", argumente Olivier Besancenot. "C'est justement au nom des exigences et de l'urgence écologique que nous ne pouvons souscrire" à ces propositions "qui nous semblent très éloignées des enjeux réels", conclut-il. Arlette Laguiller, l'autre candidate trotskiste, de Lutte ouvrière, a elle aussi refusé de signer le pacte de l'animateur de "Ushuaïa". § Le sénateur socialiste de l'Essonne tire les conclusions de l'échec de la candidature unitaire de la gauche antilibérale et reconnaît la place centrale de Mme Royal. § J ean-Luc Mélenchon rentre à la maison. Le sénateur socialiste de l'Essonne prend acte sur son blog de l'échec de la gauche antilibérale et de sa tentative de trouver une candidature unitaire. Il reconnaît, la mort dans l'âme, que la dynamique est désormais plutôt du côté de Ségolène Royal. Dès le 14 décembre, ce partisan de Laurent Fabius prévenait ses amis réunis dans le groupe Pour la République sociale (PRS) que "le ralliement à Ségolène Royal de Jean-Pierre Chevènement après celui du PRG préfigure la centralité absolue de la candidature socialiste". Ajoutant que "l'autre gauche est, à cette heure, en voie de pulvérisation". "C'est fini, poursuivait-il, le 20 décembre. L'autre gauche est aux pâquerettes." La déception, pour ce partisan du non à la Constitution européenne, est réelle. Pendant des mois, il a participé à des meetings au côté des figures de la gauche antilibérale - Marie-George Buffet, Clémentine Autain, Yves Salesse et José Bové -, mû par l'espoir qu'il en sortirait une alternative au PS. Ses proches se sont investis dans les collectifs locaux. Au point de croire qu'un scénario "Linkspartei à la française" - du nom du parti que les anciens communistes allemands et quelques figures de l'aile gauche du Parti social-démocrate allemand tente de former - était possible. Aujourd'hui, M. Mélenchon tire les conclusions de l'échec de cette aventure : la candidature socialiste, dit-il, est "la seule efficace pour atteindre le programme commun le plus élémentaire, être présent au deuxième tour et battre la droite". Les 20 et 21 janvier, M. Mélenchon réunira les quelque 2 500 adhérents revendiqués de PRS pour tirer les conclusions : l'avenir se joue davantage à l'intérieur du PS qu'à l'extérieur. "Quelques-uns vont se mettre en retrait, mais je les connais : quand ça va chauffer (avec la droite) ils ne vont pas rester les bras ballants", dit-il au Monde. Le virage sera peut-être difficile à négocier pour des militants qui ont "goûté à l'autonomie politique", selon l'expression de son ami François Delapierre. Y compris pour M. Mélenchon, qui redoute plus que tout que l'on parle de "ralliement" alors qu'il n'a cessé de s'opposer à la direction du PS à tous les congrès depuis 2002. La presse, écrit-il le 21 décembre, "va révéler que je "rentre au bercail". En lisant cela le lecteur sera confirmé (...) qu'aucun homme politique n'a de suite dans les idées". Il rentre pourtant, mais sans rien négocier. "Nous ne sommes pas dans la situation d'un Montebourg ou d'un Chevènement, qui se rallient pour des places", assure M. Delapierre. "Je ne suis pas gêné, se défend M. Mélenchon, la gauche est en réinvention. Le problème est de savoir : qu'est-ce que la candidate va faire avec des gens comme moi ?" Lui pardonnera-t-elle sa sortie sur la primaire qui ne devait pas "tourner au concours de beauté ?" "Une erreur", avait admis le sénateur. Sera-t-il compatible avec Mme Royal, lui l'admirateur du chef d'Etat vénézuélien Hugo Chavez, qu'il est allé soutenir début décembre ? Il fera campagne. A sa façon. § Marie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. § M arie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. Elle a ainsi mis un terme à la tentative de recherche d'une candidature unique de la gauche antilibérale. La numéro un du PCF donnera le coup d'envoi de sa campagne, le 5 janvier 2007, dans sa circonscription de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). "Je rentre en campagne car il manque, dans le débat politique, la voix de ceux et celles qui veulent une gauche du courage, une gauche de combat", a d'emblée expliqué Mme Buffet. A ses yeux, "entre la gauche du renoncement, incarnée par Ségolène Royal," et "une extrême gauche qui ne vise pas une nouvelle majorité politique", il y a place pour une candidate "populaire". Malgré les critiques de ses partenaires du front antilibéral, opposés à une candidature de la numéro un du PCF, et les doutes exprimés en interne, l'objectif de débuter la campagne avant Noël est atteint. La direction du PCF expliquait depuis deux jours que la candidature de Mme Buffet avait été "légitimée", mercredi, par le vote à 81 % des militants communistes, après avoir recueilli l'aval majoritaire des collectifs unitaires début décembre. Lors d'une réunion du collectif national unitaire, jeudi, les dirigeants communistes faisaient donc valoir que le temps des discussions était clos. Le lendemain, le premier tract à l'effigie de "Marie-George" était distribué sur les marchés. Le but, précise Patrice Cohen-Seat, bras droit de Mme Buffet, est de réaliser "le rassemblement dans les urnes et de faire campagne avec tous ceux qui le veulent". Pour prouver qu'elle n'entend pas incarner une candidature "communiste pur sucre", Marie-George Buffet a annoncé qu'elle quittera ses responsabilités à la tête du parti le 4 janvier, lors d'un conseil national. MEETING AU ZÉNITH DE PARIS Cet abandon de titre risque pourtant de ne convaincre personne. Vendredi, lors d'une conférence de presse, les partenaires du PCF ont prévenu : "Marie-George Buffet est seulement la candidate du PCF. Elle ne pourra revendiquer l'expérience unique que nous avons menée ensemble dans les collectifs antilibéraux", ont déclaré Yves Salesse, Clémentine Autain, Christian Picquet (LCR) et Patrick Braouezec. Ne voulant pas "se résigner à l'échec", ils ont appelé les collectifs locaux à une rencontre les 20 et 21 janvier afin de "réfléchir aux moyens de continuer ensemble". En attendant, ils assurent qu'ils ne soutiendront personne en avril 2007. Pour le moment, la candidate communiste devra donc compter sur les seules forces du PCF. Pour tenter de les mobiliser, un meeting est prévu le 23 janvier au Zénith de Paris. § La secrétaire nationale du Parti communiste a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, vendredi 22 décembre, sur TF1. § M arie-George Buffet rejoint officiellement les rangs des candidats à l'élection présidentielle. "Je rentre en campagne", a annoncé vendredi 22 décembre, la secrétaire nationale du Parti communiste français, au cours du journal télévisé de TF1. Confirmée jeudi 21 décembre par les militants du Parti communiste, cette candidature est la dernière entaille au projet de rassemblement de la gauche antilibérale. Les porte-parole des collectifs ont évoqué, vendredi dans la matinée, un "coup terrible porté à la perspective de candidature unitaire de la gauche antilibérale à l'élection présidentielle et aux législatives". De son côté, Marie-George Buffet a rappelé que "les collectifs locaux (l)'ont désignée deux fois" et dit ne plus vouloir "continuer à tergiverser", ajoutant que "la porte est toujours ouverte au rassemblement". La candidate a également annoncé qu'elle quitterait les fonctions de secrétaire nationale de son parti dès le 4 janvier. Et ce afin de "se mettre à la disposition de celles et ceux qui veulent une politique antilibérale de gauche". Souhaitant se démarquer de la "gauche de renoncement de Ségolène Royal", Marie-George Buffet veut incarner "une gauche de combat" et se dit notamment en faveur de la mise en place d'une VIe République et du droit de vote pour les étrangers. § Entretien avec Michel Onfray, philosophe et proche des collectifs antilibéraux. Propos recueillis par Constance Baudry § § Entretien avec Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Reims et auteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Ed. du Croquant, 2006). § R émi Lefebvre, vous êtes professeur de sciences politiques à Reims et auteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Ed. du Croquant, 2006). Vous menez une enquête sur les nouveaux adhérents dans le Nord, arrivés au Parti socialiste, avec 80 000 autres, entre le lancement de la cotisation à 20 euros et l'été. Cette vague d'adhésions a considérablement rajeuni un parti vieillissant : l'âge moyen est aujourd'hui de 43 ans contre 55 auparavant. Il s'est aussi un peu féminisé, et a surtout perdu de son homogénéité sociale : le PS, parti d'enseignants, de fonctionnaires et de vieux militants (40 % de retraités, contre 15 % désormais), attire davantage les travailleurs du privé. On assiste aussi à une élévation du capital culturel des adhérents : 54 % possèdent un niveau bac + 3, contre 30 % naguère. Je distinguerai trois types de nouveaux adhérents : l'ex-militant de retour au bercail (environ 10 %), le simple sympathisant socialiste traumatisé par le 21 avril 2002, et celui qui n'a jamais milité nulle part. Cela signifie que 90 % des nouveaux adhérents n'ont jamais eu aucune attache avec le PS. Cela a des conséquences. Les partis politiques sont traditionnellement des passoires. Ils sont arrivés dans un contexte particulier : une campagne conflictualisée et personnalisée. Sans jouer les prophètes, il est probable qu'une grande partie de ces "post-militants" ne se satisferont pas des routines et des lourdeurs de la vie partisane hors élections et ne resteront pas. Une heure de vérité s'ouvre aujourd'hui pour eux : militants "hors sol", familiers de l'Internet, ils sont désormais enrôlés dans le fonctionnement de deux campagnes - présidentielle et législatives - qui, pour être participatives, s'organiseront néanmoins dans les sections. Les voilà pris dans le jeu territorial. Au choc des cultures et des croyances va s'ajouter, avec les ex-adhérents, des divergences sur la représentation qu'ils se font de l'électeur. § Créée au début de l'année, Désirs d'avenir, l'association de Ségolène Royal, survit à son investiture. Les membres des comités plébiscitent cette nouvelle forme de militantisme, loin du cadre du PS. § I l est dix heures du soir dans la salle municipale de Cendras, petite commune minière des environs d'Alès, dans le Gard. Après deux heures de discussion, l'heure est venue pour les trente militants du comité Désirs d'avenir du Grand Alès de boire un gobelet de vin en mangeant les tartes préparées par les militantes. L'association Désirs d'avenir, présidée par Christophe Chantepy, a été créée au début de l'année pour soutenir la candidature à l'investiture de Ségolène Royal. Plus d'une centaine de comités existent aujourd'hui, parallèlement aux sections du Parti socialiste. Un jeune retraité de l'enseignement, adhérent du Parti socialiste depuis le printemps, raconte avoir été "subjugué par Ségolène, mais surtout par l'ambiance qu'elle crée autour d'elle" quand il est allé l'écouter à Florac, en Lozère. Mais ce qui l'enchante le plus, ce sont les débats : "Au fond, peu importe que nos propositions servent ou pas. Ce qui compte, c'est que cela crée une dynamique très forte." Cet homme qui n'avait jamais adhéré à un parti réfléchit à haute voix : "Qui, à un quelconque moment, m'a donné l'occasion de parler ? De dire librement ce que je pense ? On me laisse la parole, on me demande même de la prendre. C'est peut-être une utopie, mais les utopies sont belles." Le trésorier de la section locale et "prof du technique" renchérit : "Ségolène a tout bousculé. Elle a lancé des débats sur ce qui se disait dans les couloirs du parti et pas dans les réunions." Pendant deux heures, vingt hommes et dix femmes ont confronté leurs arguments. Certains se retrouvaient sur les positions du PS quand d'autres, en particulier les jeunes femmes, bousculaient les vieux schémas. Dominique, "toute nouvelle directrice d'école" et adhérente de fraîche date, se disait choquée de "l'attachement des professeurs à leur statut". Valérie expliquait que "souvent les parents d'élèves sont hallucinés par ce que leur répondent les profs." Tous ont parlé des "questions de fond, à partir de ce qu'on vit, de ce qu'on voit", souligne Dominique. C'est ce qui frappe quand on parle avec les adhérents de Désirs d'avenir : le plaisir pris à parler librement en partant de sa propre histoire. A Marseille, peu avant le sacre de Ségolène, se tient une grande assemblée des comités des Bouches-du-Rhône. Parmi la centaine de présents, une écrasante majorité est membre du PS. Pourtant cette assemblée ne ressemble pas à une fédération. D'abord, on s'assied en rond dans la grande salle, et non face à une estrade où sont installés les élus. Nadia Brya, présidente du réseau dans le département, explique : "On fait très attention à ce genre de choses, afin que chacun se sente à égalité avec les autres." Les interventions ont été choisies "en fonction de la démarche singulière de chaque collectif, de chaque groupe ou de l'individu qui a réfléchi sur un sujet". Une militante dit que, s'intéressant à la décentralisation, elle a relu l'ensemble des textes qui l'ont fondée et "redécouvert l'importance du tournant de 1982", lors des lois Defferre. Un autre, voulant montrer qu'il faut "repenser le local et les spécificités du territoire", raconte l'histoire d'"apprentis sorciers" qui ont tenté de dessaler l'étang de Berre en faisant rejeter par EDF de l'eau douce. Il conclut : "On sauvera l'étang de Berre car Ségolène Royal sera présidente de la République et qu'elle a sauvé le Marais poitevin." Rires, applaudissements. Le débat reprend, fidèle à l'idée que "l'expérience est une expertise". A Marignane (Bouches-du-Rhône), l'animateur, Vincent Gomez, au PS depuis 1989, confirme : "Dans ces réunions, chacun a son mot à dire, parce que chacun peut échanger à partir de son terrain. Et puis il n'y a aucune gêne, on peut sortir des clous du programme." Au comité de Montpellier, qui se réunit dans l'arrière-salle d'un bar, les militants ont décidé de discuter de "démocratie d'opinion, démocratie représentative et démocratie participative." Yvan Nosbé, un des animateurs du groupe, dix-sept ans de parti et jospiniste rallié à Mme Royal, argumente : "Il faut traiter de la méthode avant de parler du fond." Dans la salle bondée, une trentaine d'hommes et une vingtaine de femmes écoutent attentivement deux professeurs d'université invités à cadrer les débats. Le premier évoque Benjamin Constant et sa distinction entre "le peuple en gros et le peuple en détail", le second décrit des expériences contemporaines de démocratie participative. Une forêt de doigts se lève, chacun veut parler. L'un de son expérience "lors de la consultation sur la ligne 2 du tramway" ; l'autre de "l'élaboration, par des gens qui ne savent ni lire ni écrire, des budgets participatifs"... Deux heures plus tard, chacun a parlé, et les coordinateurs proposent de "faire remonter tout ça" sur le site de Désirs d'avenir. Car, comme après les autres réunions, il faut envoyer à "notre candidate ces réflexions, ces idées, ces propositions venues d'en bas", explique Mylène, trente ans de parti, "retraitée que les lois Raffarin ont remise au travail". Quand on lui demande en quoi ces assemblées diffèrent de celles du PS, alors qu'elles sont composées à peu près des mêmes gens, elle répond : "Ici il n'y a pas de hiérarchie, on a juste une équipe d'animation sans pouvoir. Rien ne vient d'en haut, sinon des demandes. Quand on est en section, on écoute le secrétaire, l'élu. Ici on s'écoute les uns les autres. C'est toute la différence." § M. Raffarin le soutient, M. Juppé s'apprête à le faire. M. Sarkozy déclare avoir besoin de M. de Villepin. Mme Alliot-Marie n'a pas fait connaître sa décision. § L e vent du rassemblement autour de Nicolas Sarkozy souffle sur l'UMP. Vendredi 22 décembre, au lendemain de l'audition marathon de Dominique de Villepin, par les juges du pôle financier, le premier ministre a réuni une vingtaine de ses ministres pour un petit-déjeuner à Matignon. "Pas éprouvé", selon un participant, M. de Villepin a expliqué, selon plusieurs sources, qu'il fera "tout pour faire gagner son camp" et qu'il soutiendra le candidat de la majorité. M. Tapie penche "plutôt" pour M. Sarkozy Bernard Tapie a indiqué, le 21 décembre, sur RTL, qu'il penchait "plutôt" du côté de Nicolas Sarkozy pour 2007, en raison de "l'arrivée de Chevènement" auprès de Ségolène Royal. Et d'expliquer : "C'est impossible de concilier, notamment sur l'Europe, ce qu'est Chevènement et ce qu'est Baylet", du nom du président du Parti radical de gauche, formation à laquelle appartient M. Tapie. Le PRG a décidé de soutenir Mme Royal après avoir conclu avec le PS un accord pour les législatives. "J'ai été à vos côtés dans les moments difficiles, aujourd'hui c'est moi qui ai besoin de vous", lui avait lancé un peu plus tôt le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Dans sa réponse, M. de Villepin est resté flou, mais plusieurs participants ont compris que désormais M. Sarkozy n'avait plus rien à craindre de son ancien rival.. Cette grande scène de réconciliation générale intervient alors que la veille, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a officialisé, sur TF1, son soutien au ministre de l'intérieur. "Je connais bien Nicolas Sarkozy, a-t-il déclaré, il a été mon ministre, je connais son courage, je connais son caractère, je connais ses convictions, je connais son énergie, et donc j'ai décidé de soutenir sa candidature à l'élection présidentielle." Un déjeuner devait réunir, vendredi, les élus de son club Dialogue et initiative (auquel se joindra Francis Mer, ancien ministre de l'économie) et le ministre de l'intérieur pour illustrer ce ralliement. Il fait suite à ceux récemment enregistrés des ministres Xavier Bertrand, Dominique Perben, Jean-François Copé, Thierry Breton et Philippe Douste-Blazy. C'est probablement un des effets des trois débats organisés par l'UMP pour faire vivre la diversité et nourrir le projet présidentiel de son candidat. Michèle Alliot-Marie, la principale rivale de M. Sarkozy, n'ayant pas apporté la preuve de la crédibilité de sa candidature, ni suscité autour d'elle une vague de soutiens apte à la porter, plus rien ne justifie désormais la prudence. Invité d'honneur du dernier forum, organisé jeudi 21 décembre à Bordeaux, l'ancien premier ministre Alain Juppé a lui aussi profité de l'occasion pour lever un coin du voile sur ses intentions. "Il y a le temps du débat, c'est maintenant, a-t-il déclaré en s'exprimant pour la première fois devant des militants de l'UMP depuis sa démission de la présidence du parti en 2004. Il y aura le temps de la décision, j'ai confiance que chacun aura à coeur de respecter cette décision et que tous nous nous rassemblerons autour de notre candidat." Un usage du masculin qui ne laisse guère de doute sur sa préférence. D'autant qu'il ajoute, parlant de la France et des "inégalités, (de l') injustice et (de la) pauvreté (qui la) fragilisent", que "des changements profonds, parfois des ruptures, sont nécessaires". Une allusion transparente à la "rupture" souhaitée par le président de l'UMP. Au passage, M. Juppé glisse ce conseil : "Il faudra toucher le coeur et l'esprit de nos concitoyens qui sont dans l'espérance d'un temps nouveau." Visiblement ravi, M. Sarkozy a couvert d'éloge son hôte : "M. Juppé est une voix politique qui compte et qui jouera un rôle dans les mois qui viennent et après." Lors de cette même réunion, M. Sarkozy a également enregistré le soutien de Rachid Kaci, animateur de la Droite libre, mouvement affilié à l'UMP. Celui-ci, qui avait été seul à lui disputer la présidence de l'UMP en novembre 2004, se retire faute d'avoir obtenu les parrainages suffisants au sein du Conseil national. Reste à Mme Alliot-Marie à faire connaître sa décision. A l'issue du débat bordelais, consacré à l'écologie et à la situation internationale, elle s'est une nouvelle fois refusée à envisager son retrait, estimant qu'elle était encore dans "le temps du débat". Son compagnon, Patrick Ollier, milite pour qu'elle renonce à se présenter devant les militants. M. Sarkozy semble déjà tenir son abandon pour acquis. Prenant la parole pour conclure ses interventions, il s'est tourné vers les ralliés, actuels ou futurs : "Voilà pourquoi ma chère Michèle, mon cher Jean-Pierre, mon cher Philippe mon cher Alain, j'aurais bien besoin de vous." Mais il les a également prévenus : "Tenez compte de mes idées, on ne peut pas rassembler sur le plus petit dénominateur commun." Une manière de leur signifier que, malgré leur insistance à peser sur son programme présidentiel en échange de leur soutien, il entend bien garder sa part de liberté Une seule incertitude assombrit encore le ciel du candidat : que fera Jacques Chirac ? Autour du président, ils sont plusieurs à souhaiter qu'il mette fin le plus tôt possible au suspens sur l'hypothèse d'un troisième mandat et profite de la séquence de ses voeux en janvier pour sortir de l'ambiguïté. Avant de quitter l'Elysée, Frédéric de Saint-Sernin, son spécialiste des sondages, lui a fait passer une note avec ce commentaire : "Vous n'avez aucun espace". § Jean-Marie Le Pen était l'invité, jeudi 21 décembre, de la radio et chaîne de télévision BFM. § J ean-Marie Le Pen était l'invité, jeudi 21 décembre, de la radio et chaîne de télévision BFM. Les questions des journalistes ont porté sur la présence d'une très forte délégation du Front national au spectacle de Dieudonné, lundi 18 décembre, au Zénith de Paris. En tête de celle-ci, Jany Le Pen, l'épouse du président du Front national (FN) et Bruno Gollnisch, le délégué général du parti (Le Monde du 20 décembre). Lorsqu'une des journalistes lui a demandé : "Est-ce que c'est l'antisémitisme affiché de Dieudonné que vous trouvez assez drôle ?", M. Le Pen a répondu : "Oui... Ça peut aussi être drôle... Il ne doit pas y avoir de sujets qui échappent à la critique ou à l'ironie." Il a ajouté : "Tout dépend de la manière dont on les traite (ces sujets). M. Dieudonné les traite d'une certaine manière. Devant son spectacle, il y a des moments où on a envie d'applaudir et des moments où on est plutôt discrets, peut-être même quelque fois gênés. Mais il en est de même dans tous les spectacles." Incrédule, la journaliste insiste : "Vous venez de dire que si l'antisémitisme est exprimé de façon drôle, pourquoi pas ?" M. Le Pen a alors répliqué : "Vous savez que les gens qui se moquent le plus des juifs, ce sont les juifs eux-mêmes. Il y a un humour juif très célèbre, très connu." Le président du Front national sait pourtant ce qu'antisémitisme veut dire - "racisme dirigé contre les juifs" selon le Petit Robert - et que celui-ci est réprimé par la loi. Il est vrai que l'abrogation de toutes les lois réprimant le racisme et l'antisémitisme figure dans le programme du FN. Jeudi 21 et vendredi 22 au matin, sa fille Marine Le Pen était injoignable pour commenter les propos de son père. Des propos qui vont à l'encontre de ses tentatives de dédiabolisation du parti d'extrême droite et de sa volonté de faire oublier les accusations de racisme et d'antisémitisme. Difficile de dire si cette nouvelle saillie de M. Le Pen aura une incidence dans sa recherche de parrainages pour sa candidature à l'élection présidentielle tant elles n'étonnent plus. Reste que dans cette même émission le président du FN a dit "pense (r) avoir passé la barre des 400" signatures sur les 500 nécessaires. Il a précisé qu'il ne sera satisfait "qu'au-delà de la barre de 600 car (il) crain (t) toujours des retournements de dernière minute". § Dans un entretien à la presse suisse, le chanteur raconte que le président de l'UMP lui a dit : "Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait". Pour lui, la polémique "a été lancée par la gauche" mais "la desservira". § "I l m'a dit : 'Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait''". Pour Johnny Hallyday, pas de doute, le président de l'UMP soutient pleinement son exil fiscal. Dans un entretien à l'hebdomadaire Le Matin Dimanche, le 24 décembre, le chanteur estime que la polémique provoquée par son départ pour la Suisse "ne fait pas de mal" à Nicolas Sarkozy.Installé depuis mercredi dans son chalet de Gstaad, une station de ski huppée de l'ouest du pays, Johnny Hallyday maintient son soutien au candidat à l'investiture UMP. "Je suis de son côté et je crois sincèrement qu'il est le seul à pouvoir faire avancer les choses", affirme-t-il, espérant que la controverse "fera réfléchir les Français" au sujet de la fiscalité. "CETTE POLÉMIQUE A ÉTÉ LANCÉE PAR LA GAUCHE" Interrogé par Le Matin qui lui demande s'il payera 200 000 ou 300 000 euros d'impôts en Suisse, Johnny Hallyday assure que ce sera "davantage"."Ca va quand même faire une différence énorme avec la France", assure le chanteur, qui précise qu'il est taxé à hauteur de 72 % dans l'Hexagone. Selon la presse, Johnny était en 2005 le chanteur français le mieux payé, avec un revenu de 6,65 millions d'euros. En Suisse, il a négocié avec les autorités un "forfait fiscal", un dispositif destiné à attirer les grandes fortunes et dont bénéficient plus de 3 000 étrangers installés dans le pays."Il est clair que cette polémique a été lancée par la gauche. Mais vous verrez qu'au bout du compte ça la desservira", pronostique la rock star. Mais selon le Journal du Dimanche, Johnny pourrait s'ennuyer terriblement à Gstaad. "Hallyday voulait la paix, il l'aura, royale et mortellement ennuyeuse", écrit l'hebdomadaire, soulignant le caractère "authentique" mais "minuscule" de la station de la Suisse alémanique, située à 1 050 mètres d'altitude. "Johnny va s'ennuyer comme un rat mort", prédit le rédacteur en chef du Matin de Lausanne dans le JDD. Le chanteur jure qu'il ne s'ennuira pas et que Genève n'est pas si loin "quand on a envie de s'amuser". "Ici, ce n'est pas une prison. Il y a plein de choses à faire, du ski en hiver, du motocross en été. J'ai aussi beaucoup d'amis. Et de toute façon, je ne vis pas six mois par an en France. Mes disques, je les enregistre aux Etats-Unis, je suis toujours en voyage à gauche et à droite", dit-il. Après l'annonce du départ de "l'idole des jeunes", le président de l'UMP avait estimé que cette décision révélait l'existence d'un problème fiscal en France. "Un pays où tant de nos artistes, de nos créateurs, de nos chercheurs, où tant de gens se disent qu'il faut partir, c'est bien qu'il y a un problème", avait observé M. Sarkozy. La candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, avait en revanche estimé que Johnny Hallyday devrait "donner l'exemple" en payant ses impôts en France et revenir sur sa décision. § Le sénateur socialiste de l'Essonne tire les conclusions de l'échec de la candidature unitaire de la gauche antilibérale et reconnaît la place centrale de Mme Royal. § J ean-Luc Mélenchon rentre à la maison. Le sénateur socialiste de l'Essonne prend acte sur son blog de l'échec de la gauche antilibérale et de sa tentative de trouver une candidature unitaire. Il reconnaît, la mort dans l'âme, que la dynamique est désormais plutôt du côté de Ségolène Royal. Dès le 14 décembre, ce partisan de Laurent Fabius prévenait ses amis réunis dans le groupe Pour la République sociale (PRS) que "le ralliement à Ségolène Royal de Jean-Pierre Chevènement après celui du PRG préfigure la centralité absolue de la candidature socialiste". Ajoutant que "l'autre gauche est, à cette heure, en voie de pulvérisation". "C'est fini, poursuivait-il, le 20 décembre. L'autre gauche est aux pâquerettes." La déception, pour ce partisan du non à la Constitution européenne, est réelle. Pendant des mois, il a participé à des meetings au côté des figures de la gauche antilibérale - Marie-George Buffet, Clémentine Autain, Yves Salesse et José Bové -, mû par l'espoir qu'il en sortirait une alternative au PS. Ses proches se sont investis dans les collectifs locaux. Au point de croire qu'un scénario "Linkspartei à la française" - du nom du parti que les anciens communistes allemands et quelques figures de l'aile gauche du Parti social-démocrate allemand tente de former - était possible. Aujourd'hui, M. Mélenchon tire les conclusions de l'échec de cette aventure : la candidature socialiste, dit-il, est "la seule efficace pour atteindre le programme commun le plus élémentaire, être présent au deuxième tour et battre la droite". Les 20 et 21 janvier, M. Mélenchon réunira les quelque 2 500 adhérents revendiqués de PRS pour tirer les conclusions : l'avenir se joue davantage à l'intérieur du PS qu'à l'extérieur. "Quelques-uns vont se mettre en retrait, mais je les connais : quand ça va chauffer (avec la droite) ils ne vont pas rester les bras ballants", dit-il au Monde. Le virage sera peut-être difficile à négocier pour des militants qui ont "goûté à l'autonomie politique", selon l'expression de son ami François Delapierre. Y compris pour M. Mélenchon, qui redoute plus que tout que l'on parle de "ralliement" alors qu'il n'a cessé de s'opposer à la direction du PS à tous les congrès depuis 2002. La presse, écrit-il le 21 décembre, "va révéler que je "rentre au bercail". En lisant cela le lecteur sera confirmé (...) qu'aucun homme politique n'a de suite dans les idées". Il rentre pourtant, mais sans rien négocier. "Nous ne sommes pas dans la situation d'un Montebourg ou d'un Chevènement, qui se rallient pour des places", assure M. Delapierre. "Je ne suis pas gêné, se défend M. Mélenchon, la gauche est en réinvention. Le problème est de savoir : qu'est-ce que la candidate va faire avec des gens comme moi ?" Lui pardonnera-t-elle sa sortie sur la primaire qui ne devait pas "tourner au concours de beauté ?" "Une erreur", avait admis le sénateur. Sera-t-il compatible avec Mme Royal, lui l'admirateur du chef d'Etat vénézuélien Hugo Chavez, qu'il est allé soutenir début décembre ? Il fera campagne. A sa façon. § Marie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. § M arie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. Elle a ainsi mis un terme à la tentative de recherche d'une candidature unique de la gauche antilibérale. La numéro un du PCF donnera le coup d'envoi de sa campagne, le 5 janvier 2007, dans sa circonscription de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). "Je rentre en campagne car il manque, dans le débat politique, la voix de ceux et celles qui veulent une gauche du courage, une gauche de combat", a d'emblée expliqué Mme Buffet. A ses yeux, "entre la gauche du renoncement, incarnée par Ségolène Royal," et "une extrême gauche qui ne vise pas une nouvelle majorité politique", il y a place pour une candidate "populaire". Malgré les critiques de ses partenaires du front antilibéral, opposés à une candidature de la numéro un du PCF, et les doutes exprimés en interne, l'objectif de débuter la campagne avant Noël est atteint. La direction du PCF expliquait depuis deux jours que la candidature de Mme Buffet avait été "légitimée", mercredi, par le vote à 81 % des militants communistes, après avoir recueilli l'aval majoritaire des collectifs unitaires début décembre. Lors d'une réunion du collectif national unitaire, jeudi, les dirigeants communistes faisaient donc valoir que le temps des discussions était clos. Le lendemain, le premier tract à l'effigie de "Marie-George" était distribué sur les marchés. Le but, précise Patrice Cohen-Seat, bras droit de Mme Buffet, est de réaliser "le rassemblement dans les urnes et de faire campagne avec tous ceux qui le veulent". Pour prouver qu'elle n'entend pas incarner une candidature "communiste pur sucre", Marie-George Buffet a annoncé qu'elle quittera ses responsabilités à la tête du parti le 4 janvier, lors d'un conseil national. MEETING AU ZÉNITH DE PARIS Cet abandon de titre risque pourtant de ne convaincre personne. Vendredi, lors d'une conférence de presse, les partenaires du PCF ont prévenu : "Marie-George Buffet est seulement la candidate du PCF. Elle ne pourra revendiquer l'expérience unique que nous avons menée ensemble dans les collectifs antilibéraux", ont déclaré Yves Salesse, Clémentine Autain, Christian Picquet (LCR) et Patrick Braouezec. Ne voulant pas "se résigner à l'échec", ils ont appelé les collectifs locaux à une rencontre les 20 et 21 janvier afin de "réfléchir aux moyens de continuer ensemble". En attendant, ils assurent qu'ils ne soutiendront personne en avril 2007. Pour le moment, la candidate communiste devra donc compter sur les seules forces du PCF. Pour tenter de les mobiliser, un meeting est prévu le 23 janvier au Zénith de Paris. § La secrétaire nationale du Parti communiste a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, vendredi 22 décembre, sur TF1. § M arie-George Buffet rejoint officiellement les rangs des candidats à l'élection présidentielle. "Je rentre en campagne", a annoncé vendredi 22 décembre, la secrétaire nationale du Parti communiste français, au cours du journal télévisé de TF1. Confirmée jeudi 21 décembre par les militants du Parti communiste, cette candidature est la dernière entaille au projet de rassemblement de la gauche antilibérale. Les porte-parole des collectifs ont évoqué, vendredi dans la matinée, un "coup terrible porté à la perspective de candidature unitaire de la gauche antilibérale à l'élection présidentielle et aux législatives". De son côté, Marie-George Buffet a rappelé que "les collectifs locaux (l)'ont désignée deux fois" et dit ne plus vouloir "continuer à tergiverser", ajoutant que "la porte est toujours ouverte au rassemblement". La candidate a également annoncé qu'elle quitterait les fonctions de secrétaire nationale de son parti dès le 4 janvier. Et ce afin de "se mettre à la disposition de celles et ceux qui veulent une politique antilibérale de gauche". Souhaitant se démarquer de la "gauche de renoncement de Ségolène Royal", Marie-George Buffet veut incarner "une gauche de combat" et se dit notamment en faveur de la mise en place d'une VIe République et du droit de vote pour les étrangers. § Entretien avec Michel Onfray, philosophe et proche des collectifs antilibéraux. Propos recueillis par Constance Baudry § § Entretien avec Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Reims et auteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Ed. du Croquant, 2006). § R émi Lefebvre, vous êtes professeur de sciences politiques à Reims et auteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Ed. du Croquant, 2006). Vous menez une enquête sur les nouveaux adhérents dans le Nord, arrivés au Parti socialiste, avec 80 000 autres, entre le lancement de la cotisation à 20 euros et l'été. Cette vague d'adhésions a considérablement rajeuni un parti vieillissant : l'âge moyen est aujourd'hui de 43 ans contre 55 auparavant. Il s'est aussi un peu féminisé, et a surtout perdu de son homogénéité sociale : le PS, parti d'enseignants, de fonctionnaires et de vieux militants (40 % de retraités, contre 15 % désormais), attire davantage les travailleurs du privé. On assiste aussi à une élévation du capital culturel des adhérents : 54 % possèdent un niveau bac + 3, contre 30 % naguère. Je distinguerai trois types de nouveaux adhérents : l'ex-militant de retour au bercail (environ 10 %), le simple sympathisant socialiste traumatisé par le 21 avril 2002, et celui qui n'a jamais milité nulle part. Cela signifie que 90 % des nouveaux adhérents n'ont jamais eu aucune attache avec le PS. Cela a des conséquences. Les partis politiques sont traditionnellement des passoires. Ils sont arrivés dans un contexte particulier : une campagne conflictualisée et personnalisée. Sans jouer les prophètes, il est probable qu'une grande partie de ces "post-militants" ne se satisferont pas des routines et des lourdeurs de la vie partisane hors élections et ne resteront pas. Une heure de vérité s'ouvre aujourd'hui pour eux : militants "hors sol", familiers de l'Internet, ils sont désormais enrôlés dans le fonctionnement de deux campagnes - présidentielle et législatives - qui, pour être participatives, s'organiseront néanmoins dans les sections. Les voilà pris dans le jeu territorial. Au choc des cultures et des croyances va s'ajouter, avec les ex-adhérents, des divergences sur la représentation qu'ils se font de l'électeur. § Créée au début de l'année, Désirs d'avenir, l'association de Ségolène Royal, survit à son investiture. Les membres des comités plébiscitent cette nouvelle forme de militantisme, loin du cadre du PS. § I l est dix heures du soir dans la salle municipale de Cendras, petite commune minière des environs d'Alès, dans le Gard. Après deux heures de discussion, l'heure est venue pour les trente militants du comité Désirs d'avenir du Grand Alès de boire un gobelet de vin en mangeant les tartes préparées par les militantes. L'association Désirs d'avenir, présidée par Christophe Chantepy, a été créée au début de l'année pour soutenir la candidature à l'investiture de Ségolène Royal. Plus d'une centaine de comités existent aujourd'hui, parallèlement aux sections du Parti socialiste. Un jeune retraité de l'enseignement, adhérent du Parti socialiste depuis le printemps, raconte avoir été "subjugué par Ségolène, mais surtout par l'ambiance qu'elle crée autour d'elle" quand il est allé l'écouter à Florac, en Lozère. Mais ce qui l'enchante le plus, ce sont les débats : "Au fond, peu importe que nos propositions servent ou pas. Ce qui compte, c'est que cela crée une dynamique très forte." Cet homme qui n'avait jamais adhéré à un parti réfléchit à haute voix : "Qui, à un quelconque moment, m'a donné l'occasion de parler ? De dire librement ce que je pense ? On me laisse la parole, on me demande même de la prendre. C'est peut-être une utopie, mais les utopies sont belles." Le trésorier de la section locale et "prof du technique" renchérit : "Ségolène a tout bousculé. Elle a lancé des débats sur ce qui se disait dans les couloirs du parti et pas dans les réunions." Pendant deux heures, vingt hommes et dix femmes ont confronté leurs arguments. Certains se retrouvaient sur les positions du PS quand d'autres, en particulier les jeunes femmes, bousculaient les vieux schémas. Dominique, "toute nouvelle directrice d'école" et adhérente de fraîche date, se disait choquée de "l'attachement des professeurs à leur statut". Valérie expliquait que "souvent les parents d'élèves sont hallucinés par ce que leur répondent les profs." Tous ont parlé des "questions de fond, à partir de ce qu'on vit, de ce qu'on voit", souligne Dominique. C'est ce qui frappe quand on parle avec les adhérents de Désirs d'avenir : le plaisir pris à parler librement en partant de sa propre histoire. A Marseille, peu avant le sacre de Ségolène, se tient une grande assemblée des comités des Bouches-du-Rhône. Parmi la centaine de présents, une écrasante majorité est membre du PS. Pourtant cette assemblée ne ressemble pas à une fédération. D'abord, on s'assied en rond dans la grande salle, et non face à une estrade où sont installés les élus. Nadia Brya, présidente du réseau dans le département, explique : "On fait très attention à ce genre de choses, afin que chacun se sente à égalité avec les autres." Les interventions ont été choisies "en fonction de la démarche singulière de chaque collectif, de chaque groupe ou de l'individu qui a réfléchi sur un sujet". Une militante dit que, s'intéressant à la décentralisation, elle a relu l'ensemble des textes qui l'ont fondée et "redécouvert l'importance du tournant de 1982", lors des lois Defferre. Un autre, voulant montrer qu'il faut "repenser le local et les spécificités du territoire", raconte l'histoire d'"apprentis sorciers" qui ont tenté de dessaler l'étang de Berre en faisant rejeter par EDF de l'eau douce. Il conclut : "On sauvera l'étang de Berre car Ségolène Royal sera présidente de la République et qu'elle a sauvé le Marais poitevin." Rires, applaudissements. Le débat reprend, fidèle à l'idée que "l'expérience est une expertise". A Marignane (Bouches-du-Rhône), l'animateur, Vincent Gomez, au PS depuis 1989, confirme : "Dans ces réunions, chacun a son mot à dire, parce que chacun peut échanger à partir de son terrain. Et puis il n'y a aucune gêne, on peut sortir des clous du programme." Au comité de Montpellier, qui se réunit dans l'arrière-salle d'un bar, les militants ont décidé de discuter de "démocratie d'opinion, démocratie représentative et démocratie participative." Yvan Nosbé, un des animateurs du groupe, dix-sept ans de parti et jospiniste rallié à Mme Royal, argumente : "Il faut traiter de la méthode avant de parler du fond." Dans la salle bondée, une trentaine d'hommes et une vingtaine de femmes écoutent attentivement deux professeurs d'université invités à cadrer les débats. Le premier évoque Benjamin Constant et sa distinction entre "le peuple en gros et le peuple en détail", le second décrit des expériences contemporaines de démocratie participative. Une forêt de doigts se lève, chacun veut parler. L'un de son expérience "lors de la consultation sur la ligne 2 du tramway" ; l'autre de "l'élaboration, par des gens qui ne savent ni lire ni écrire, des budgets participatifs"... Deux heures plus tard, chacun a parlé, et les coordinateurs proposent de "faire remonter tout ça" sur le site de Désirs d'avenir. Car, comme après les autres réunions, il faut envoyer à "notre candidate ces réflexions, ces idées, ces propositions venues d'en bas", explique Mylène, trente ans de parti, "retraitée que les lois Raffarin ont remise au travail". Quand on lui demande en quoi ces assemblées diffèrent de celles du PS, alors qu'elles sont composées à peu près des mêmes gens, elle répond : "Ici il n'y a pas de hiérarchie, on a juste une équipe d'animation sans pouvoir. Rien ne vient d'en haut, sinon des demandes. Quand on est en section, on écoute le secrétaire, l'élu. Ici on s'écoute les uns les autres. C'est toute la différence." § M. Raffarin le soutient, M. Juppé s'apprête à le faire. M. Sarkozy déclare avoir besoin de M. de Villepin. Mme Alliot-Marie n'a pas fait connaître sa décision. § L e vent du rassemblement autour de Nicolas Sarkozy souffle sur l'UMP. Vendredi 22 décembre, au lendemain de l'audition marathon de Dominique de Villepin, par les juges du pôle financier, le premier ministre a réuni une vingtaine de ses ministres pour un petit-déjeuner à Matignon. "Pas éprouvé", selon un participant, M. de Villepin a expliqué, selon plusieurs sources, qu'il fera "tout pour faire gagner son camp" et qu'il soutiendra le candidat de la majorité. M. Tapie penche "plutôt" pour M. Sarkozy Bernard Tapie a indiqué, le 21 décembre, sur RTL, qu'il penchait "plutôt" du côté de Nicolas Sarkozy pour 2007, en raison de "l'arrivée de Chevènement" auprès de Ségolène Royal. Et d'expliquer : "C'est impossible de concilier, notamment sur l'Europe, ce qu'est Chevènement et ce qu'est Baylet", du nom du président du Parti radical de gauche, formation à laquelle appartient M. Tapie. Le PRG a décidé de soutenir Mme Royal après avoir conclu avec le PS un accord pour les législatives. "J'ai été à vos côtés dans les moments difficiles, aujourd'hui c'est moi qui ai besoin de vous", lui avait lancé un peu plus tôt le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Dans sa réponse, M. de Villepin est resté flou, mais plusieurs participants ont compris que désormais M. Sarkozy n'avait plus rien à craindre de son ancien rival.. Cette grande scène de réconciliation générale intervient alors que la veille, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a officialisé, sur TF1, son soutien au ministre de l'intérieur. "Je connais bien Nicolas Sarkozy, a-t-il déclaré, il a été mon ministre, je connais son courage, je connais son caractère, je connais ses convictions, je connais son énergie, et donc j'ai décidé de soutenir sa candidature à l'élection présidentielle." Un déjeuner devait réunir, vendredi, les élus de son club Dialogue et initiative (auquel se joindra Francis Mer, ancien ministre de l'économie) et le ministre de l'intérieur pour illustrer ce ralliement. Il fait suite à ceux récemment enregistrés des ministres Xavier Bertrand, Dominique Perben, Jean-François Copé, Thierry Breton et Philippe Douste-Blazy. C'est probablement un des effets des trois débats organisés par l'UMP pour faire vivre la diversité et nourrir le projet présidentiel de son candidat. Michèle Alliot-Marie, la principale rivale de M. Sarkozy, n'ayant pas apporté la preuve de la crédibilité de sa candidature, ni suscité autour d'elle une vague de soutiens apte à la porter, plus rien ne justifie désormais la prudence. Invité d'honneur du dernier forum, organisé jeudi 21 décembre à Bordeaux, l'ancien premier ministre Alain Juppé a lui aussi profité de l'occasion pour lever un coin du voile sur ses intentions. "Il y a le temps du débat, c'est maintenant, a-t-il déclaré en s'exprimant pour la première fois devant des militants de l'UMP depuis sa démission de la présidence du parti en 2004. Il y aura le temps de la décision, j'ai confiance que chacun aura à coeur de respecter cette décision et que tous nous nous rassemblerons autour de notre candidat." Un usage du masculin qui ne laisse guère de doute sur sa préférence. D'autant qu'il ajoute, parlant de la France et des "inégalités, (de l') injustice et (de la) pauvreté (qui la) fragilisent", que "des changements profonds, parfois des ruptures, sont nécessaires". Une allusion transparente à la "rupture" souhaitée par le président de l'UMP. Au passage, M. Juppé glisse ce conseil : "Il faudra toucher le coeur et l'esprit de nos concitoyens qui sont dans l'espérance d'un temps nouveau." Visiblement ravi, M. Sarkozy a couvert d'éloge son hôte : "M. Juppé est une voix politique qui compte et qui jouera un rôle dans les mois qui viennent et après." Lors de cette même réunion, M. Sarkozy a également enregistré le soutien de Rachid Kaci, animateur de la Droite libre, mouvement affilié à l'UMP. Celui-ci, qui avait été seul à lui disputer la présidence de l'UMP en novembre 2004, se retire faute d'avoir obtenu les parrainages suffisants au sein du Conseil national. Reste à Mme Alliot-Marie à faire connaître sa décision. A l'issue du débat bordelais, consacré à l'écologie et à la situation internationale, elle s'est une nouvelle fois refusée à envisager son retrait, estimant qu'elle était encore dans "le temps du débat". Son compagnon, Patrick Ollier, milite pour qu'elle renonce à se présenter devant les militants. M. Sarkozy semble déjà tenir son abandon pour acquis. Prenant la parole pour conclure ses interventions, il s'est tourné vers les ralliés, actuels ou futurs : "Voilà pourquoi ma chère Michèle, mon cher Jean-Pierre, mon cher Philippe mon cher Alain, j'aurais bien besoin de vous." Mais il les a également prévenus : "Tenez compte de mes idées, on ne peut pas rassembler sur le plus petit dénominateur commun." Une manière de leur signifier que, malgré leur insistance à peser sur son programme présidentiel en échange de leur soutien, il entend bien garder sa part de liberté Une seule incertitude assombrit encore le ciel du candidat : que fera Jacques Chirac ? Autour du président, ils sont plusieurs à souhaiter qu'il mette fin le plus tôt possible au suspens sur l'hypothèse d'un troisième mandat et profite de la séquence de ses voeux en janvier pour sortir de l'ambiguïté. Avant de quitter l'Elysée, Frédéric de Saint-Sernin, son spécialiste des sondages, lui a fait passer une note avec ce commentaire : "Vous n'avez aucun espace". § Dans un entretien à la presse suisse, le chanteur raconte que le président de l'UMP lui a dit : "Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait". Pour lui, la polémique "a été lancée par la gauche" mais "la desservira". § "I l m'a dit : 'Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait''". Pour Johnny Hallyday, pas de doute, le président de l'UMP soutient pleinement son exil fiscal. Dans un entretien à l'hebdomadaire Le Matin Dimanche, le 24 décembre, le chanteur estime que la polémique provoquée par son départ pour la Suisse "ne fait pas de mal" à Nicolas Sarkozy.Installé depuis mercredi dans son chalet de Gstaad, une station de ski huppée de l'ouest du pays, Johnny Hallyday maintient son soutien au candidat à l'investiture UMP. "Je suis de son côté et je crois sincèrement qu'il est le seul à pouvoir faire avancer les choses", affirme-t-il, espérant que la controverse "fera réfléchir les Français" au sujet de la fiscalité. "CETTE POLÉMIQUE A ÉTÉ LANCÉE PAR LA GAUCHE" Interrogé par Le Matin qui lui demande s'il payera 200 000 ou 300 000 euros d'impôts en Suisse, Johnny Hallyday assure que ce sera "davantage"."Ca va quand même faire une différence énorme avec la France", assure le chanteur, qui précise qu'il est taxé à hauteur de 72 % dans l'Hexagone. Selon la presse, Johnny était en 2005 le chanteur français le mieux payé, avec un revenu de 6,65 millions d'euros. En Suisse, il a négocié avec les autorités un "forfait fiscal", un dispositif destiné à attirer les grandes fortunes et dont bénéficient plus de 3 000 étrangers installés dans le pays."Il est clair que cette polémique a été lancée par la gauche. Mais vous verrez qu'au bout du compte ça la desservira", pronostique la rock star. Mais selon le Journal du Dimanche, Johnny pourrait s'ennuyer terriblement à Gstaad. "Hallyday voulait la paix, il l'aura, royale et mortellement ennuyeuse", écrit l'hebdomadaire, soulignant le caractère "authentique" mais "minuscule" de la station de la Suisse alémanique, située à 1 050 mètres d'altitude. "Johnny va s'ennuyer comme un rat mort", prédit le rédacteur en chef du Matin de Lausanne dans le JDD. Le chanteur jure qu'il ne s'ennuira pas et que Genève n'est pas si loin "quand on a envie de s'amuser". "Ici, ce n'est pas une prison. Il y a plein de choses à faire, du ski en hiver, du motocross en été. J'ai aussi beaucoup d'amis. Et de toute façon, je ne vis pas six mois par an en France. Mes disques, je les enregistre aux Etats-Unis, je suis toujours en voyage à gauche et à droite", dit-il. Après l'annonce du départ de "l'idole des jeunes", le président de l'UMP avait estimé que cette décision révélait l'existence d'un problème fiscal en France. "Un pays où tant de nos artistes, de nos créateurs, de nos chercheurs, où tant de gens se disent qu'il faut partir, c'est bien qu'il y a un problème", avait observé M. Sarkozy. La candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, avait en revanche estimé que Johnny Hallyday devrait "donner l'exemple" en payant ses impôts en France et revenir sur sa décision. § Le sénateur socialiste de l'Essonne tire les conclusions de l'échec de la candidature unitaire de la gauche antilibérale et reconnaît la place centrale de Mme Royal. § J ean-Luc Mélenchon rentre à la maison. Le sénateur socialiste de l'Essonne prend acte sur son blog de l'échec de la gauche antilibérale et de sa tentative de trouver une candidature unitaire. Il reconnaît, la mort dans l'âme, que la dynamique est désormais plutôt du côté de Ségolène Royal. Dès le 14 décembre, ce partisan de Laurent Fabius prévenait ses amis réunis dans le groupe Pour la République sociale (PRS) que "le ralliement à Ségolène Royal de Jean-Pierre Chevènement après celui du PRG préfigure la centralité absolue de la candidature socialiste". Ajoutant que "l'autre gauche est, à cette heure, en voie de pulvérisation". "C'est fini, poursuivait-il, le 20 décembre. L'autre gauche est aux pâquerettes." La déception, pour ce partisan du non à la Constitution européenne, est réelle. Pendant des mois, il a participé à des meetings au côté des figures de la gauche antilibérale - Marie-George Buffet, Clémentine Autain, Yves Salesse et José Bové -, mû par l'espoir qu'il en sortirait une alternative au PS. Ses proches se sont investis dans les collectifs locaux. Au point de croire qu'un scénario "Linkspartei à la française" - du nom du parti que les anciens communistes allemands et quelques figures de l'aile gauche du Parti social-démocrate allemand tente de former - était possible. Aujourd'hui, M. Mélenchon tire les conclusions de l'échec de cette aventure : la candidature socialiste, dit-il, est "la seule efficace pour atteindre le programme commun le plus élémentaire, être présent au deuxième tour et battre la droite". Les 20 et 21 janvier, M. Mélenchon réunira les quelque 2 500 adhérents revendiqués de PRS pour tirer les conclusions : l'avenir se joue davantage à l'intérieur du PS qu'à l'extérieur. "Quelques-uns vont se mettre en retrait, mais je les connais : quand ça va chauffer (avec la droite) ils ne vont pas rester les bras ballants", dit-il au Monde. Le virage sera peut-être difficile à négocier pour des militants qui ont "goûté à l'autonomie politique", selon l'expression de son ami François Delapierre. Y compris pour M. Mélenchon, qui redoute plus que tout que l'on parle de "ralliement" alors qu'il n'a cessé de s'opposer à la direction du PS à tous les congrès depuis 2002. La presse, écrit-il le 21 décembre, "va révéler que je "rentre au bercail". En lisant cela le lecteur sera confirmé (...) qu'aucun homme politique n'a de suite dans les idées". Il rentre pourtant, mais sans rien négocier. "Nous ne sommes pas dans la situation d'un Montebourg ou d'un Chevènement, qui se rallient pour des places", assure M. Delapierre. "Je ne suis pas gêné, se défend M. Mélenchon, la gauche est en réinvention. Le problème est de savoir : qu'est-ce que la candidate va faire avec des gens comme moi ?" Lui pardonnera-t-elle sa sortie sur la primaire qui ne devait pas "tourner au concours de beauté ?" "Une erreur", avait admis le sénateur. Sera-t-il compatible avec Mme Royal, lui l'admirateur du chef d'Etat vénézuélien Hugo Chavez, qu'il est allé soutenir début décembre ? Il fera campagne. A sa façon. § Marie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. § M arie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. Elle a ainsi mis un terme à la tentative de recherche d'une candidature unique de la gauche antilibérale. La numéro un du PCF donnera le coup d'envoi de sa campagne, le 5 janvier 2007, dans sa circonscription de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). "Je rentre en campagne car il manque, dans le débat politique, la voix de ceux et celles qui veulent une gauche du courage, une gauche de combat", a d'emblée expliqué Mme Buffet. A ses yeux, "entre la gauche du renoncement, incarnée par Ségolène Royal," et "une extrême gauche qui ne vise pas une nouvelle majorité politique", il y a place pour une candidate "populaire". Malgré les critiques de ses partenaires du front antilibéral, opposés à une candidature de la numéro un du PCF, et les doutes exprimés en interne, l'objectif de débuter la campagne avant Noël est atteint. La direction du PCF expliquait depuis deux jours que la candidature de Mme Buffet avait été "légitimée", mercredi, par le vote à 81 % des militants communistes, après avoir recueilli l'aval majoritaire des collectifs unitaires début décembre. Lors d'une réunion du collectif national unitaire, jeudi, les dirigeants communistes faisaient donc valoir que le temps des discussions était clos. Le lendemain, le premier tract à l'effigie de "Marie-George" était distribué sur les marchés. Le but, précise Patrice Cohen-Seat, bras droit de Mme Buffet, est de réaliser "le rassemblement dans les urnes et de faire campagne avec tous ceux qui le veulent". Pour prouver qu'elle n'entend pas incarner une candidature "communiste pur sucre", Marie-George Buffet a annoncé qu'elle quittera ses responsabilités à la tête du parti le 4 janvier, lors d'un conseil national. MEETING AU ZÉNITH DE PARIS Cet abandon de titre risque pourtant de ne convaincre personne. Vendredi, lors d'une conférence de presse, les partenaires du PCF ont prévenu : "Marie-George Buffet est seulement la candidate du PCF. Elle ne pourra revendiquer l'expérience unique que nous avons menée ensemble dans les collectifs antilibéraux", ont déclaré Yves Salesse, Clémentine Autain, Christian Picquet (LCR) et Patrick Braouezec. Ne voulant pas "se résigner à l'échec", ils ont appelé les collectifs locaux à une rencontre les 20 et 21 janvier afin de "réfléchir aux moyens de continuer ensemble". En attendant, ils assurent qu'ils ne soutiendront personne en avril 2007. Pour le moment, la candidate communiste devra donc compter sur les seules forces du PCF. Pour tenter de les mobiliser, un meeting est prévu le 23 janvier au Zénith de Paris. § La secrétaire nationale du Parti communiste a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, vendredi 22 décembre, sur TF1. § M arie-George Buffet rejoint officiellement les rangs des candidats à l'élection présidentielle. "Je rentre en campagne", a annoncé vendredi 22 décembre, la secrétaire nationale du Parti communiste français, au cours du journal télévisé de TF1. Confirmée jeudi 21 décembre par les militants du Parti communiste, cette candidature est la dernière entaille au projet de rassemblement de la gauche antilibérale. Les porte-parole des collectifs ont évoqué, vendredi dans la matinée, un "coup terrible porté à la perspective de candidature unitaire de la gauche antilibérale à l'élection présidentielle et aux législatives". De son côté, Marie-George Buffet a rappelé que "les collectifs locaux (l)'ont désignée deux fois" et dit ne plus vouloir "continuer à tergiverser", ajoutant que "la porte est toujours ouverte au rassemblement". La candidate a également annoncé qu'elle quitterait les fonctions de secrétaire nationale de son parti dès le 4 janvier. Et ce afin de "se mettre à la disposition de celles et ceux qui veulent une politique antilibérale de gauche". Souhaitant se démarquer de la "gauche de renoncement de Ségolène Royal", Marie-George Buffet veut incarner "une gauche de combat" et se dit notamment en faveur de la mise en place d'une VIe République et du droit de vote pour les étrangers. § Entretien avec Michel Onfray, philosophe et proche des collectifs antilibéraux. Propos recueillis par Constance Baudry § § Entretien avec Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Reims et auteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Ed. du Croquant, 2006). § R émi Lefebvre, vous êtes professeur de sciences politiques à Reims et auteur avec Frédéric Sawicki de La Société des socialistes (Ed. du Croquant, 2006). Vous menez une enquête sur les nouveaux adhérents dans le Nord, arrivés au Parti socialiste, avec 80 000 autres, entre le lancement de la cotisation à 20 euros et l'été. Cette vague d'adhésions a considérablement rajeuni un parti vieillissant : l'âge moyen est aujourd'hui de 43 ans contre 55 auparavant. Il s'est aussi un peu féminisé, et a surtout perdu de son homogénéité sociale : le PS, parti d'enseignants, de fonctionnaires et de vieux militants (40 % de retraités, contre 15 % désormais), attire davantage les travailleurs du privé. On assiste aussi à une élévation du capital culturel des adhérents : 54 % possèdent un niveau bac + 3, contre 30 % naguère. Je distinguerai trois types de nouveaux adhérents : l'ex-militant de retour au bercail (environ 10 %), le simple sympathisant socialiste traumatisé par le 21 avril 2002, et celui qui n'a jamais milité nulle part. Cela signifie que 90 % des nouveaux adhérents n'ont jamais eu aucune attache avec le PS. Cela a des conséquences. Les partis politiques sont traditionnellement des passoires. Ils sont arrivés dans un contexte particulier : une campagne conflictualisée et personnalisée. Sans jouer les prophètes, il est probable qu'une grande partie de ces "post-militants" ne se satisferont pas des routines et des lourdeurs de la vie partisane hors élections et ne resteront pas. Une heure de vérité s'ouvre aujourd'hui pour eux : militants "hors sol", familiers de l'Internet, ils sont désormais enrôlés dans le fonctionnement de deux campagnes - présidentielle et législatives - qui, pour être participatives, s'organiseront néanmoins dans les sections. Les voilà pris dans le jeu territorial. Au choc des cultures et des croyances va s'ajouter, avec les ex-adhérents, des divergences sur la représentation qu'ils se font de l'électeur. § Créée au début de l'année, Désirs d'avenir, l'association de Ségolène Royal, survit à son investiture. Les membres des comités plébiscitent cette nouvelle forme de militantisme, loin du cadre du PS. § I l est dix heures du soir dans la salle municipale de Cendras, petite commune minière des environs d'Alès, dans le Gard. Après deux heures de discussion, l'heure est venue pour les trente militants du comité Désirs d'avenir du Grand Alès de boire un gobelet de vin en mangeant les tartes préparées par les militantes. L'association Désirs d'avenir, présidée par Christophe Chantepy, a été créée au début de l'année pour soutenir la candidature à l'investiture de Ségolène Royal. Plus d'une centaine de comités existent aujourd'hui, parallèlement aux sections du Parti socialiste. Un jeune retraité de l'enseignement, adhérent du Parti socialiste depuis le printemps, raconte avoir été "subjugué par Ségolène, mais surtout par l'ambiance qu'elle crée autour d'elle" quand il est allé l'écouter à Florac, en Lozère. Mais ce qui l'enchante le plus, ce sont les débats : "Au fond, peu importe que nos propositions servent ou pas. Ce qui compte, c'est que cela crée une dynamique très forte." Cet homme qui n'avait jamais adhéré à un parti réfléchit à haute voix : "Qui, à un quelconque moment, m'a donné l'occasion de parler ? De dire librement ce que je pense ? On me laisse la parole, on me demande même de la prendre. C'est peut-être une utopie, mais les utopies sont belles." Le trésorier de la section locale et "prof du technique" renchérit : "Ségolène a tout bousculé. Elle a lancé des débats sur ce qui se disait dans les couloirs du parti et pas dans les réunions." Pendant deux heures, vingt hommes et dix femmes ont confronté leurs arguments. Certains se retrouvaient sur les positions du PS quand d'autres, en particulier les jeunes femmes, bousculaient les vieux schémas. Dominique, "toute nouvelle directrice d'école" et adhérente de fraîche date, se disait choquée de "l'attachement des professeurs à leur statut". Valérie expliquait que "souvent les parents d'élèves sont hallucinés par ce que leur répondent les profs." Tous ont parlé des "questions de fond, à partir de ce qu'on vit, de ce qu'on voit", souligne Dominique. C'est ce qui frappe quand on parle avec les adhérents de Désirs d'avenir : le plaisir pris à parler librement en partant de sa propre histoire. A Marseille, peu avant le sacre de Ségolène, se tient une grande assemblée des comités des Bouches-du-Rhône. Parmi la centaine de présents, une écrasante majorité est membre du PS. Pourtant cette assemblée ne ressemble pas à une fédération. D'abord, on s'assied en rond dans la grande salle, et non face à une estrade où sont installés les élus. Nadia Brya, présidente du réseau dans le département, explique : "On fait très attention à ce genre de choses, afin que chacun se sente à égalité avec les autres." Les interventions ont été choisies "en fonction de la démarche singulière de chaque collectif, de chaque groupe ou de l'individu qui a réfléchi sur un sujet". Une militante dit que, s'intéressant à la décentralisation, elle a relu l'ensemble des textes qui l'ont fondée et "redécouvert l'importance du tournant de 1982", lors des lois Defferre. Un autre, voulant montrer qu'il faut "repenser le local et les spécificités du territoire", raconte l'histoire d'"apprentis sorciers" qui ont tenté de dessaler l'étang de Berre en faisant rejeter par EDF de l'eau douce. Il conclut : "On sauvera l'étang de Berre car Ségolène Royal sera présidente de la République et qu'elle a sauvé le Marais poitevin." Rires, applaudissements. Le débat reprend, fidèle à l'idée que "l'expérience est une expertise". A Marignane (Bouches-du-Rhône), l'animateur, Vincent Gomez, au PS depuis 1989, confirme : "Dans ces réunions, chacun a son mot à dire, parce que chacun peut échanger à partir de son terrain. Et puis il n'y a aucune gêne, on peut sortir des clous du programme." Au comité de Montpellier, qui se réunit dans l'arrière-salle d'un bar, les militants ont décidé de discuter de "démocratie d'opinion, démocratie représentative et démocratie participative." Yvan Nosbé, un des animateurs du groupe, dix-sept ans de parti et jospiniste rallié à Mme Royal, argumente : "Il faut traiter de la méthode avant de parler du fond." Dans la salle bondée, une trentaine d'hommes et une vingtaine de femmes écoutent attentivement deux professeurs d'université invités à cadrer les débats. Le premier évoque Benjamin Constant et sa distinction entre "le peuple en gros et le peuple en détail", le second décrit des expériences contemporaines de démocratie participative. Une forêt de doigts se lève, chacun veut parler. L'un de son expérience "lors de la consultation sur la ligne 2 du tramway" ; l'autre de "l'élaboration, par des gens qui ne savent ni lire ni écrire, des budgets participatifs"... Deux heures plus tard, chacun a parlé, et les coordinateurs proposent de "faire remonter tout ça" sur le site de Désirs d'avenir. Car, comme après les autres réunions, il faut envoyer à "notre candidate ces réflexions, ces idées, ces propositions venues d'en bas", explique Mylène, trente ans de parti, "retraitée que les lois Raffarin ont remise au travail". Quand on lui demande en quoi ces assemblées diffèrent de celles du PS, alors qu'elles sont composées à peu près des mêmes gens, elle répond : "Ici il n'y a pas de hiérarchie, on a juste une équipe d'animation sans pouvoir. Rien ne vient d'en haut, sinon des demandes. Quand on est en section, on écoute le secrétaire, l'élu. Ici on s'écoute les uns les autres. C'est toute la différence." § M. Raffarin le soutient, M. Juppé s'apprête à le faire. M. Sarkozy déclare avoir besoin de M. de Villepin. Mme Alliot-Marie n'a pas fait connaître sa décision. § L e vent du rassemblement autour de Nicolas Sarkozy souffle sur l'UMP. Vendredi 22 décembre, au lendemain de l'audition marathon de Dominique de Villepin, par les juges du pôle financier, le premier ministre a réuni une vingtaine de ses ministres pour un petit-déjeuner à Matignon. "Pas éprouvé", selon un participant, M. de Villepin a expliqué, selon plusieurs sources, qu'il fera "tout pour faire gagner son camp" et qu'il soutiendra le candidat de la majorité. M. Tapie penche "plutôt" pour M. Sarkozy Bernard Tapie a indiqué, le 21 décembre, sur RTL, qu'il penchait "plutôt" du côté de Nicolas Sarkozy pour 2007, en raison de "l'arrivée de Chevènement" auprès de Ségolène Royal. Et d'expliquer : "C'est impossible de concilier, notamment sur l'Europe, ce qu'est Chevènement et ce qu'est Baylet", du nom du président du Parti radical de gauche, formation à laquelle appartient M. Tapie. Le PRG a décidé de soutenir Mme Royal après avoir conclu avec le PS un accord pour les législatives. "J'ai été à vos côtés dans les moments difficiles, aujourd'hui c'est moi qui ai besoin de vous", lui avait lancé un peu plus tôt le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Dans sa réponse, M. de Villepin est resté flou, mais plusieurs participants ont compris que désormais M. Sarkozy n'avait plus rien à craindre de son ancien rival.. Cette grande scène de réconciliation générale intervient alors que la veille, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a officialisé, sur TF1, son soutien au ministre de l'intérieur. "Je connais bien Nicolas Sarkozy, a-t-il déclaré, il a été mon ministre, je connais son courage, je connais son caractère, je connais ses convictions, je connais son énergie, et donc j'ai décidé de soutenir sa candidature à l'élection présidentielle." Un déjeuner devait réunir, vendredi, les élus de son club Dialogue et initiative (auquel se joindra Francis Mer, ancien ministre de l'économie) et le ministre de l'intérieur pour illustrer ce ralliement. Il fait suite à ceux récemment enregistrés des ministres Xavier Bertrand, Dominique Perben, Jean-François Copé, Thierry Breton et Philippe Douste-Blazy. C'est probablement un des effets des trois débats organisés par l'UMP pour faire vivre la diversité et nourrir le projet présidentiel de son candidat. Michèle Alliot-Marie, la principale rivale de M. Sarkozy, n'ayant pas apporté la preuve de la crédibilité de sa candidature, ni suscité autour d'elle une vague de soutiens apte à la porter, plus rien ne justifie désormais la prudence. Invité d'honneur du dernier forum, organisé jeudi 21 décembre à Bordeaux, l'ancien premier ministre Alain Juppé a lui aussi profité de l'occasion pour lever un coin du voile sur ses intentions. "Il y a le temps du débat, c'est maintenant, a-t-il déclaré en s'exprimant pour la première fois devant des militants de l'UMP depuis sa démission de la présidence du parti en 2004. Il y aura le temps de la décision, j'ai confiance que chacun aura à coeur de respecter cette décision et que tous nous nous rassemblerons autour de notre candidat." Un usage du masculin qui ne laisse guère de doute sur sa préférence. D'autant qu'il ajoute, parlant de la France et des "inégalités, (de l') injustice et (de la) pauvreté (qui la) fragilisent", que "des changements profonds, parfois des ruptures, sont nécessaires". Une allusion transparente à la "rupture" souhaitée par le président de l'UMP. Au passage, M. Juppé glisse ce conseil : "Il faudra toucher le coeur et l'esprit de nos concitoyens qui sont dans l'espérance d'un temps nouveau." Visiblement ravi, M. Sarkozy a couvert d'éloge son hôte : "M. Juppé est une voix politique qui compte et qui jouera un rôle dans les mois qui viennent et après." Lors de cette même réunion, M. Sarkozy a également enregistré le soutien de Rachid Kaci, animateur de la Droite libre, mouvement affilié à l'UMP. Celui-ci, qui avait été seul à lui disputer la présidence de l'UMP en novembre 2004, se retire faute d'avoir obtenu les parrainages suffisants au sein du Conseil national. Reste à Mme Alliot-Marie à faire connaître sa décision. A l'issue du débat bordelais, consacré à l'écologie et à la situation internationale, elle s'est une nouvelle fois refusée à envisager son retrait, estimant qu'elle était encore dans "le temps du débat". Son compagnon, Patrick Ollier, milite pour qu'elle renonce à se présenter devant les militants. M. Sarkozy semble déjà tenir son abandon pour acquis. Prenant la parole pour conclure ses interventions, il s'est tourné vers les ralliés, actuels ou futurs : "Voilà pourquoi ma chère Michèle, mon cher Jean-Pierre, mon cher Philippe mon cher Alain, j'aurais bien besoin de vous." Mais il les a également prévenus : "Tenez compte de mes idées, on ne peut pas rassembler sur le plus petit dénominateur commun." Une manière de leur signifier que, malgré leur insistance à peser sur son programme présidentiel en échange de leur soutien, il entend bien garder sa part de liberté Une seule incertitude assombrit encore le ciel du candidat : que fera Jacques Chirac ? Autour du président, ils sont plusieurs à souhaiter qu'il mette fin le plus tôt possible au suspens sur l'hypothèse d'un troisième mandat et profite de la séquence de ses voeux en janvier pour sortir de l'ambiguïté. Avant de quitter l'Elysée, Frédéric de Saint-Sernin, son spécialiste des sondages, lui a fait passer une note avec ce commentaire : "Vous n'avez aucun espace". § Reportage au marché de Mantes-la-jolie, en banlieue parisienne, mardi 19 décembre. Hassan Ben M'Barek, président de l'association Citoyenneté et démocratie, aborde les jeunes pour les inciter à s'inscrire sur les listes électorales ou aller voter pour l'élection présidentielle. § § Rost est rappeur et fondateur de l'association Banlieues actives, créée après les émeutes de novembre 2005 pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. Il a organisé un débat-concert à Paris, le 20 décembre, pour battre le rappel.Propos recueillis par Alexandre Piquard § § Hassen a 16 ans, il est lycéen dans l'Essonne et est venu écouter des rappeurs au Glaz'art, à Paris, le 20 décembre, pour un débat-concert à vocation civique. Propos recueillis par Alexandre Piquard § § Philippe Trésor, est militant à SOS-Racisme et animateur à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne. Il a amené des jeunes de son quartier au Glaz'art, le 20 décembre, écouter les rappeurs invités par l'association Banlieues actives.Propos recueillis par Alexandre Piquard § § A l'approche de la clôture des listes électorales, associations et partis se mobilisent pour obtenir de nouvelles inscriptions. § E n près de deux heures passées au centre social du quartier de l'Epidème, le 19 décembre, Sylvie Daems n'a enregistré que quatre inscriptions. Dont l'une reste sujette à caution : un jeune homme qui s'est présenté avait jadis été radié des listes électorales, pour une durée qu'il semblait lui-même ignorer. S'INSCRIRE SUR LES LISTES IL FAUT SE RENDRE À LA MAIRIE de son domicile, avec une pièce d'identité en cours de validité et un document prouvant sa domiciliation dans cette commune (factures de téléphone ou d'électricité, avis d'imposition, quittances de loyer). LA DATE LIMITE D'INSCRIPTION pour voter aux scrutins de 2007 (présidentielle et législatives) est le samedi 30 décembre 2006. LES JEUNES QUI AURONT 18 ANS à la veille du premier tour de chacun des scrutins prévus en 2007 seront inscrits d'office sur les listes électorales et auront donc la possibilité de voter. S'ils résident ailleurs qu'au domicile familial, ils peuvent demander à être inscrits dans une autre ville - par exemple, celle où ils étudient - à condition d'y séjourner de manière continue depuis août 2006. http ://www.cidem.org Du temps perdu ? "Ah ça non ! Ce n'est pas le tempérament !", réplique cette fonctionnaire du service des élections de la mairie de Tourcoing. Elle sait d'expérience qu'obtenir des inscriptions volontaires dans les quartiers "populaires" de cette ville réclame une infinie patience. Même lorsque l'on se rend sur place, comme elle le fait ce jour-là, pour cette opération organisée à l'initiative de plusieurs associations, parmi lesquelles le Collectif tourquennois pour la citoyenneté et la Confédération régionale de l'immigration. "EN SITUATION DE RUPTURE" Parmi les non-inscrits en capacité de voter, Mme Daems distingue "les négligents" - ceux qui ne se sont pas inscrits après un changement d'adresse - et "ceux qui s'en foutent, qui ne comprennent même pas à quoi ça sert". "Certains m'ont même demandé si l'inscription était payante !", s'exclame-t-elle, en soulignant que ce degré d'ignorance "vient de ce que l'on a arrêté d'enseigner l'instruction civique à l'école". Chargée, au sein de l'Association animation, prévention et insertion, des jeunes de moins de 26 ans "en situation de rupture", Anne Radivoniuk est également présente au centre social. Mais c'est bien en amont d'éventuelles inscriptions sur les listes électorales qu'elle doit livrer l'essentiel de son combat : "Ils ont d'autres soucis, d'autres problèmes. Ils sont tellement exclus qu'ils ont tendance à se replier sur eux-mêmes", explique cette jeune femme. "Sarkozy et tout ce qui est politique de répression ou de sanction les inquiètent quand même", ajoute-t-elle toutefois, estimant, comme d'autres responsables associatifs présents ce jour-là, que la mauvaise image du ministre de l'intérieur auprès d'une partie des jeunes semble être un élément incitatif plus efficace que leurs appels à la responsabilité et au civisme. A la mairie de Tourcoing, dirigée par le socialiste Jean-Pierre Balduyck, on évite d'afficher tout activisme qui pourrait être interprété comme une manoeuvre électorale. "Un article a été publié dans le mensuel municipal de décembre, qui est distribué dans toutes les boîtes aux lettres. Le MJS (Mouvement des jeunes socialistes) distribue des tracts à la sortie des lycées. Mais je ne suis pas partisan de demander à des fonctionnaires de la mairie de sillonner la ville", explique M. Balduyck. Ce dernier préfère, au demeurant, évoquer un déficit de participation dont souffrirait structurellement la gauche : "La participation est beaucoup plus forte dans les bureaux qui votent à droite que dans les bureaux en difficulté sociale", souligne le maire, arguant du fait que "le débat politique paraît totalement étranger à quelqu'un qui est sans boulot et sans perspective". Les chiffres de nouvelles inscriptions fournis par les services de la mairie traduisent toutefois un relatif afflux qui pourrait modifier la donne. Pour une population à peu près stable, de près de 95 000 habitants, le nombre d'électeurs inscrits est passé de 53 312 en février 1990 à 59 570 en février 2006. Ce mouvement irait s'amplifiant : lors de la première quinzaine de décembre, 649 inscriptions volontaires - soit hors inscriptions d'office - ont été enregistrées à la mairie de Tourcoing, contre 228 pour la même période de 2005. Membre du cabinet du maire et premier secrétaire de la section locale du PS, François Camerlynck estime que la plupart de ces nouvelles inscriptions se font par l'intermédiaire de "gens qui se connaissent", appartenant à des "cercles de gens activés par la gauche et la droite", l'influence d'un "grand frère" ou d'un "oncle" étant, selon lui, plus efficace qu'un message émanant d'une institution comme la mairie ou les lycées. M. Camerlynck espère et veut croire que ces chiffres traduisent un "élan populaire" susceptible d'être favorable à la gauche. Pêle-mêle, il cite le "souvenir du 21 avril 2002", le "gros impact d'artistes comme Djamel Debbouze", ainsi que les "provocations politiques du gouvernement". "On sent clairement chez les jeunes un mouvement anti-Sarko qui déclenche des inscriptions", précise-t-il. Dans une ville où près d'un tiers de la population a moins de vingt ans, ce vivier de non-inscrits aiguise certains appétits. § Dans un entretien donné au quotidien régional "Sud Ouest", paru mardi, le syndicaliste paysan José Bové regrette "le patriotisme d'appareil" qui a empêché la désignation d'un candidat commun de la gauche antilibérale. Il juge "creux" le projet de Nicolas Hulot. § D ans un entretien paru mardi 26 décembre dans le quotidien régional Sud Ouest, le syndicaliste paysan José Bové regrette"le patriotisme d'appareil" qui a empêché la désignation d'un candidat commun de la gauche antilibérale. Marie-George Buffet, première secrétaire du Parti communiste, s'est finalement lancée dans la bataille présidentielle sans l'appui des collectifs antilibéraux, alors que M. Bové, un temps candidat à la candidature, s'est retiré de la compétition. "Il s'est passé ce que je redoutais, le patriotisme d'appareil a rapidement repris le dessus", indique M. Bové, commentant l'éclatement du front commun né à la gauche de la gauche après le non à la Constitution européenne. "NOUS POUVIONS OBTENIR UN SCORE À DEUX CHIFFRES" "A partir du moment où nous ne pouvions plus agir de façon collective parce que le PC et la Ligue communiste révolutionnaire jouaient individuellement, je n'avais plus qu'à me retirer, ce que j'ai fait", explique le syndicaliste."L'émiettement est une maladie infantile de la gauche française apparemment incurable", poursuit M. Bové, estimant que "les gens avaient envie d'autre chose en politique et que nous pouvions obtenir un score à deux chiffres nous permettant de poser des questions fondamentales". De plus, il affirme, dans cet entretien, qu"'il faut tout faire pour battre Nicolas Sarkozy", un homme "très libéral et dangereux". "Ses discours sur les banlieues ne font qu'attiser les haines. Il ne peut qu'accroître la fracture sociale", ajoute-t-il. Il ne lance, en revanche, aucune attaque contre Ségolène Royal, attendant "de voir la suite des événements". Familier des combats écologistes, M. Bové se montre, par contre, prudent à l'égard de Nicolas Hulot, dont il juge le projet "creux". "Il ne s'attaque pas aux vrais responsables de la crise écologique, les multinationales notamment." "Le constat qu'il nous propose a été fait depuis longtemps", remarque-t-il, mais "on ne peut pas défendre l'écologie sans remettre en cause l'ordre économique de la planète." § Dans un entretien à la presse suisse, le chanteur raconte que le président de l'UMP lui a dit : "Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait". Pour lui, la polémique "a été lancée par la gauche" mais "la desservira". § "I l m'a dit : 'Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait''". Pour Johnny Hallyday, pas de doute, le président de l'UMP soutient pleinement son exil fiscal. Dans un entretien à l'hebdomadaire Le Matin Dimanche, le 24 décembre, le chanteur estime que la polémique provoquée par son départ pour la Suisse "ne fait pas de mal" à Nicolas Sarkozy.Installé depuis mercredi dans son chalet de Gstaad, une station de ski huppée de l'ouest du pays, Johnny Hallyday maintient son soutien au candidat à l'investiture UMP. "Je suis de son côté et je crois sincèrement qu'il est le seul à pouvoir faire avancer les choses", affirme-t-il, espérant que la controverse "fera réfléchir les Français" au sujet de la fiscalité. "CETTE POLÉMIQUE A ÉTÉ LANCÉE PAR LA GAUCHE" Interrogé par Le Matin qui lui demande s'il payera 200 000 ou 300 000 euros d'impôts en Suisse, Johnny Hallyday assure que ce sera "davantage"."Ca va quand même faire une différence énorme avec la France", assure le chanteur, qui précise qu'il est taxé à hauteur de 72 % dans l'Hexagone. Selon la presse, Johnny était en 2005 le chanteur français le mieux payé, avec un revenu de 6,65 millions d'euros. En Suisse, il a négocié avec les autorités un "forfait fiscal", un dispositif destiné à attirer les grandes fortunes et dont bénéficient plus de 3 000 étrangers installés dans le pays."Il est clair que cette polémique a été lancée par la gauche. Mais vous verrez qu'au bout du compte ça la desservira", pronostique la rock star. Mais selon le Journal du Dimanche, Johnny pourrait s'ennuyer terriblement à Gstaad. "Hallyday voulait la paix, il l'aura, royale et mortellement ennuyeuse", écrit l'hebdomadaire, soulignant le caractère "authentique" mais "minuscule" de la station de la Suisse alémanique, située à 1 050 mètres d'altitude. "Johnny va s'ennuyer comme un rat mort", prédit le rédacteur en chef du Matin de Lausanne dans le JDD. Le chanteur jure qu'il ne s'ennuira pas et que Genève n'est pas si loin "quand on a envie de s'amuser". "Ici, ce n'est pas une prison. Il y a plein de choses à faire, du ski en hiver, du motocross en été. J'ai aussi beaucoup d'amis. Et de toute façon, je ne vis pas six mois par an en France. Mes disques, je les enregistre aux Etats-Unis, je suis toujours en voyage à gauche et à droite", dit-il. Après l'annonce du départ de "l'idole des jeunes", le président de l'UMP avait estimé que cette décision révélait l'existence d'un problème fiscal en France. "Un pays où tant de nos artistes, de nos créateurs, de nos chercheurs, où tant de gens se disent qu'il faut partir, c'est bien qu'il y a un problème", avait observé M. Sarkozy. La candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, avait en revanche estimé que Johnny Hallyday devrait "donner l'exemple" en payant ses impôts en France et revenir sur sa décision. § Le sénateur socialiste de l'Essonne tire les conclusions de l'échec de la candidature unitaire de la gauche antilibérale et reconnaît la place centrale de Mme Royal. § J ean-Luc Mélenchon rentre à la maison. Le sénateur socialiste de l'Essonne prend acte sur son blog de l'échec de la gauche antilibérale et de sa tentative de trouver une candidature unitaire. Il reconnaît, la mort dans l'âme, que la dynamique est désormais plutôt du côté de Ségolène Royal. Dès le 14 décembre, ce partisan de Laurent Fabius prévenait ses amis réunis dans le groupe Pour la République sociale (PRS) que "le ralliement à Ségolène Royal de Jean-Pierre Chevènement après celui du PRG préfigure la centralité absolue de la candidature socialiste". Ajoutant que "l'autre gauche est, à cette heure, en voie de pulvérisation". "C'est fini, poursuivait-il, le 20 décembre. L'autre gauche est aux pâquerettes." La déception, pour ce partisan du non à la Constitution européenne, est réelle. Pendant des mois, il a participé à des meetings au côté des figures de la gauche antilibérale - Marie-George Buffet, Clémentine Autain, Yves Salesse et José Bové -, mû par l'espoir qu'il en sortirait une alternative au PS. Ses proches se sont investis dans les collectifs locaux. Au point de croire qu'un scénario "Linkspartei à la française" - du nom du parti que les anciens communistes allemands et quelques figures de l'aile gauche du Parti social-démocrate allemand tente de former - était possible. Aujourd'hui, M. Mélenchon tire les conclusions de l'échec de cette aventure : la candidature socialiste, dit-il, est "la seule efficace pour atteindre le programme commun le plus élémentaire, être présent au deuxième tour et battre la droite". Les 20 et 21 janvier, M. Mélenchon réunira les quelque 2 500 adhérents revendiqués de PRS pour tirer les conclusions : l'avenir se joue davantage à l'intérieur du PS qu'à l'extérieur. "Quelques-uns vont se mettre en retrait, mais je les connais : quand ça va chauffer (avec la droite) ils ne vont pas rester les bras ballants", dit-il au Monde. Le virage sera peut-être difficile à négocier pour des militants qui ont "goûté à l'autonomie politique", selon l'expression de son ami François Delapierre. Y compris pour M. Mélenchon, qui redoute plus que tout que l'on parle de "ralliement" alors qu'il n'a cessé de s'opposer à la direction du PS à tous les congrès depuis 2002. La presse, écrit-il le 21 décembre, "va révéler que je "rentre au bercail". En lisant cela le lecteur sera confirmé (...) qu'aucun homme politique n'a de suite dans les idées". Il rentre pourtant, mais sans rien négocier. "Nous ne sommes pas dans la situation d'un Montebourg ou d'un Chevènement, qui se rallient pour des places", assure M. Delapierre. "Je ne suis pas gêné, se défend M. Mélenchon, la gauche est en réinvention. Le problème est de savoir : qu'est-ce que la candidate va faire avec des gens comme moi ?" Lui pardonnera-t-elle sa sortie sur la primaire qui ne devait pas "tourner au concours de beauté ?" "Une erreur", avait admis le sénateur. Sera-t-il compatible avec Mme Royal, lui l'admirateur du chef d'Etat vénézuélien Hugo Chavez, qu'il est allé soutenir début décembre ? Il fera campagne. A sa façon. § Marie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. § M arie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. Elle a ainsi mis un terme à la tentative de recherche d'une candidature unique de la gauche antilibérale. La numéro un du PCF donnera le coup d'envoi de sa campagne, le 5 janvier 2007, dans sa circonscription de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). "Je rentre en campagne car il manque, dans le débat politique, la voix de ceux et celles qui veulent une gauche du courage, une gauche de combat", a d'emblée expliqué Mme Buffet. A ses yeux, "entre la gauche du renoncement, incarnée par Ségolène Royal," et "une extrême gauche qui ne vise pas une nouvelle majorité politique", il y a place pour une candidate "populaire". Malgré les critiques de ses partenaires du front antilibéral, opposés à une candidature de la numéro un du PCF, et les doutes exprimés en interne, l'objectif de débuter la campagne avant Noël est atteint. La direction du PCF expliquait depuis deux jours que la candidature de Mme Buffet avait été "légitimée", mercredi, par le vote à 81 % des militants communistes, après avoir recueilli l'aval majoritaire des collectifs unitaires début décembre. Lors d'une réunion du collectif national unitaire, jeudi, les dirigeants communistes faisaient donc valoir que le temps des discussions était clos. Le lendemain, le premier tract à l'effigie de "Marie-George" était distribué sur les marchés. Le but, précise Patrice Cohen-Seat, bras droit de Mme Buffet, est de réaliser "le rassemblement dans les urnes et de faire campagne avec tous ceux qui le veulent". Pour prouver qu'elle n'entend pas incarner une candidature "communiste pur sucre", Marie-George Buffet a annoncé qu'elle quittera ses responsabilités à la tête du parti le 4 janvier, lors d'un conseil national. MEETING AU ZÉNITH DE PARIS Cet abandon de titre risque pourtant de ne convaincre personne. Vendredi, lors d'une conférence de presse, les partenaires du PCF ont prévenu : "Marie-George Buffet est seulement la candidate du PCF. Elle ne pourra revendiquer l'expérience unique que nous avons menée ensemble dans les collectifs antilibéraux", ont déclaré Yves Salesse, Clémentine Autain, Christian Picquet (LCR) et Patrick Braouezec. Ne voulant pas "se résigner à l'échec", ils ont appelé les collectifs locaux à une rencontre les 20 et 21 janvier afin de "réfléchir aux moyens de continuer ensemble". En attendant, ils assurent qu'ils ne soutiendront personne en avril 2007. Pour le moment, la candidate communiste devra donc compter sur les seules forces du PCF. Pour tenter de les mobiliser, un meeting est prévu le 23 janvier au Zénith de Paris. § La secrétaire nationale du Parti communiste a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, vendredi 22 décembre, sur TF1. § M arie-George Buffet rejoint officiellement les rangs des candidats à l'élection présidentielle. "Je rentre en campagne", a annoncé vendredi 22 décembre, la secrétaire nationale du Parti communiste français, au cours du journal télévisé de TF1. Confirmée jeudi 21 décembre par les militants du Parti communiste, cette candidature est la dernière entaille au projet de rassemblement de la gauche antilibérale. Les porte-parole des collectifs ont évoqué, vendredi dans la matinée, un "coup terrible porté à la perspective de candidature unitaire de la gauche antilibérale à l'élection présidentielle et aux législatives". De son côté, Marie-George Buffet a rappelé que "les collectifs locaux (l)'ont désignée deux fois" et dit ne plus vouloir "continuer à tergiverser", ajoutant que "la porte est toujours ouverte au rassemblement". La candidate a également annoncé qu'elle quitterait les fonctions de secrétaire nationale de son parti dès le 4 janvier. Et ce afin de "se mettre à la disposition de celles et ceux qui veulent une politique antilibérale de gauche". Souhaitant se démarquer de la "gauche de renoncement de Ségolène Royal", Marie-George Buffet veut incarner "une gauche de combat" et se dit notamment en faveur de la mise en place d'une VIe République et du droit de vote pour les étrangers. § Pour faire venir les deux favoris des sondages sur leur plateau, les producteurs acceptent de se soumettre à leurs exigences. § D ébat" est leur mot fétiche. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal l'évoquent à tout propos. Ils disent vouloir écouter et se soumettre aux salutaires interpellations des citoyens. Dans la pratique, c'est autre chose. Les candidats ont intégré toutes les contraintes de l'audiovisuel et surtout son impact sur l'opinion. Ils arrivent bardés de conseillers en communication et négocient leurs apparitions dans les moindres détails avec les chaînes. Pour préparer "A vous de juger", le 30 novembre sur France 2, Nicolas Sarkozy a ainsi posé ses conditions. Il voulait avoir le temps d'exposer sa candidature et présenter son projet politique sur quatre thèmes : l'emploi, la sécurité, l'immigration, l'école. Demande acceptée par la chaîne. "Nous voulions être les premiers à faire une grande émission avec lui, après sa candidature, et les thèmes qu'il voulait aborder sont aussi ceux qui intéressent les Français", souligne Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2. Le ministre candidat souhaitait aussi débattre avec un syndicaliste. François Chérèque (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO), Bernard Thibault (CGT) ont été sollicités par France 2. Les trois ont décliné l'offre. Un socialiste, alors ? Cette fois, c'est Nicolas Sarkozy qui ne le souhaitait pas. "Il les a déjà tous eus face à lui, affirme l'entourage du président de l'UMP, et il voulait débattre avec des Français." Selon le principe de l'émission, l'équipe a donc réuni une douzaine de personnes - chef d'entreprise, chômeur, jeune de banlieue... - pour qu'ils interpellent le candidat. Elle leur a adjoint un magistrat et un journaliste du Nouvel Observateur censés représenter la gauche. " Les discussions avec Nicolas Sarkozy et son équipe ont été plutôt faciles, explique Nathalie Saint-Cricq, rédactrice en chef de l'émission. Nous avons connu des époques beaucoup plus compliquées." L'émission a été un succès d'audience : 24,2 % de part de marché à 20 h 50, 41,8 % à 23 heures. Sur France 5, Serge Moati a dû, lui aussi, composer. Cette fois, avec Ségolène Royal. La candidate socialiste était l'invitée, le 17 décembre, du magazine "Ripostes". Elle est arrivée avec ses conseillers et ses conditions. "Elle ne voulait pas un débat agressif et politicien, explique Julien Dray, son porte-parole. Ou alors avec une grosse personnalité comme Jean-Pierre Raffarin, François Fillon ou Alain Juppé." Las, les trois hommes ont décliné : pas question d'apparaître en faire-valoir de Ségolène. Serge Moati et son équipe ont alors sollicité Valérie Pecresse, porte-parole de l'UMP. "Trois jours plus tard, affirme cette dernière, on m'a rappelée pour me dire que Mme Royal ne voulait plus de moi, parce qu'elle ne souhaitait pas un débat trop agressif." Les députés Nadine Morano et Patrick Devedjian, proposés par "Ripostes", ont également été récusés. "La candidate voulait parler d'écologie, explique la production. Nous nous sommes donc accordés sur la présence de Nathalie Kosciusko-Morizet, en charge de ces questions à l'UMP." Est-il normal qu'un candidat choisisse ses contradicteurs ? "En fonction des thèmes abordés, il me paraît compréhensible qu'il y ait des interlocuteurs avec lesquels mon invité a envie ou pas de débattre", affirme Serge Moati. Mais le producteur reconnaît que "chacun a aujourd'hui de multiples préoccupations : aborder tel ou tel thème, débattre avec l'un, éviter d'être trop agressé par l'autre, n'accepter que des interlocuteurs "d'un certain niveau"". Pour autant, souligne-t-il, le très grand soin apporté par ses invités n'a pas empêché Ségolène Royal "d'être interpellée sans ménagement par Jean-Louis Bourlanges". Il n'empêche, les chaînes se plient de plus en plus aux règles édictées par les deux favoris des sondages. "Les débats d'aujourd'hui incarnent parfaitement la culture politique et médiatique française, souligne Mickaël Darmon, journaliste politique à France 2. On reste ainsi dans un système d'adoubement, très encadré." Les conseillers en communication ont d'ailleurs si bien intégré les lois de l'audiovisuel qu'ils en ont adopté le vocabulaire. Ils parlent désormais de "séquences" et de "story board", comme les scénaristes de feuilletons télévisés. § Reportage au marché de Mantes-la-jolie, en banlieue parisienne, mardi 19 décembre. Hassan Ben M'Barek, président de l'association Citoyenneté et démocratie, aborde les jeunes pour les inciter à s'inscrire sur les listes électorales ou aller voter pour l'élection présidentielle. § § Rost est rappeur et fondateur de l'association Banlieues actives, créée après les émeutes de novembre 2005 pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. Il a organisé un débat-concert à Paris, le 20 décembre, pour battre le rappel.Propos recueillis par Alexandre Piquard § § Hassen a 16 ans, il est lycéen dans l'Essonne et est venu écouter des rappeurs au Glaz'art, à Paris, le 20 décembre, pour un débat-concert à vocation civique. Propos recueillis par Alexandre Piquard § § Philippe Trésor, est militant à SOS-Racisme et animateur à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne. Il a amené des jeunes de son quartier au Glaz'art, le 20 décembre, écouter les rappeurs invités par l'association Banlieues actives.Propos recueillis par Alexandre Piquard § § A l'approche de la clôture des listes électorales, associations et partis se mobilisent pour obtenir de nouvelles inscriptions. § E n près de deux heures passées au centre social du quartier de l'Epidème, le 19 décembre, Sylvie Daems n'a enregistré que quatre inscriptions. Dont l'une reste sujette à caution : un jeune homme qui s'est présenté avait jadis été radié des listes électorales, pour une durée qu'il semblait lui-même ignorer. S'INSCRIRE SUR LES LISTES IL FAUT SE RENDRE À LA MAIRIE de son domicile, avec une pièce d'identité en cours de validité et un document prouvant sa domiciliation dans cette commune (factures de téléphone ou d'électricité, avis d'imposition, quittances de loyer). LA DATE LIMITE D'INSCRIPTION pour voter aux scrutins de 2007 (présidentielle et législatives) est le samedi 30 décembre 2006. LES JEUNES QUI AURONT 18 ANS à la veille du premier tour de chacun des scrutins prévus en 2007 seront inscrits d'office sur les listes électorales et auront donc la possibilité de voter. S'ils résident ailleurs qu'au domicile familial, ils peuvent demander à être inscrits dans une autre ville - par exemple, celle où ils étudient - à condition d'y séjourner de manière continue depuis août 2006. http ://www.cidem.org Du temps perdu ? "Ah ça non ! Ce n'est pas le tempérament !", réplique cette fonctionnaire du service des élections de la mairie de Tourcoing. Elle sait d'expérience qu'obtenir des inscriptions volontaires dans les quartiers "populaires" de cette ville réclame une infinie patience. Même lorsque l'on se rend sur place, comme elle le fait ce jour-là, pour cette opération organisée à l'initiative de plusieurs associations, parmi lesquelles le Collectif tourquennois pour la citoyenneté et la Confédération régionale de l'immigration. "EN SITUATION DE RUPTURE" Parmi les non-inscrits en capacité de voter, Mme Daems distingue "les négligents" - ceux qui ne se sont pas inscrits après un changement d'adresse - et "ceux qui s'en foutent, qui ne comprennent même pas à quoi ça sert". "Certains m'ont même demandé si l'inscription était payante !", s'exclame-t-elle, en soulignant que ce degré d'ignorance "vient de ce que l'on a arrêté d'enseigner l'instruction civique à l'école". Chargée, au sein de l'Association animation, prévention et insertion, des jeunes de moins de 26 ans "en situation de rupture", Anne Radivoniuk est également présente au centre social. Mais c'est bien en amont d'éventuelles inscriptions sur les listes électorales qu'elle doit livrer l'essentiel de son combat : "Ils ont d'autres soucis, d'autres problèmes. Ils sont tellement exclus qu'ils ont tendance à se replier sur eux-mêmes", explique cette jeune femme. "Sarkozy et tout ce qui est politique de répression ou de sanction les inquiètent quand même", ajoute-t-elle toutefois, estimant, comme d'autres responsables associatifs présents ce jour-là, que la mauvaise image du ministre de l'intérieur auprès d'une partie des jeunes semble être un élément incitatif plus efficace que leurs appels à la responsabilité et au civisme. A la mairie de Tourcoing, dirigée par le socialiste Jean-Pierre Balduyck, on évite d'afficher tout activisme qui pourrait être interprété comme une manoeuvre électorale. "Un article a été publié dans le mensuel municipal de décembre, qui est distribué dans toutes les boîtes aux lettres. Le MJS (Mouvement des jeunes socialistes) distribue des tracts à la sortie des lycées. Mais je ne suis pas partisan de demander à des fonctionnaires de la mairie de sillonner la ville", explique M. Balduyck. Ce dernier préfère, au demeurant, évoquer un déficit de participation dont souffrirait structurellement la gauche : "La participation est beaucoup plus forte dans les bureaux qui votent à droite que dans les bureaux en difficulté sociale", souligne le maire, arguant du fait que "le débat politique paraît totalement étranger à quelqu'un qui est sans boulot et sans perspective". Les chiffres de nouvelles inscriptions fournis par les services de la mairie traduisent toutefois un relatif afflux qui pourrait modifier la donne. Pour une population à peu près stable, de près de 95 000 habitants, le nombre d'électeurs inscrits est passé de 53 312 en février 1990 à 59 570 en février 2006. Ce mouvement irait s'amplifiant : lors de la première quinzaine de décembre, 649 inscriptions volontaires - soit hors inscriptions d'office - ont été enregistrées à la mairie de Tourcoing, contre 228 pour la même période de 2005. Membre du cabinet du maire et premier secrétaire de la section locale du PS, François Camerlynck estime que la plupart de ces nouvelles inscriptions se font par l'intermédiaire de "gens qui se connaissent", appartenant à des "cercles de gens activés par la gauche et la droite", l'influence d'un "grand frère" ou d'un "oncle" étant, selon lui, plus efficace qu'un message émanant d'une institution comme la mairie ou les lycées. M. Camerlynck espère et veut croire que ces chiffres traduisent un "élan populaire" susceptible d'être favorable à la gauche. Pêle-mêle, il cite le "souvenir du 21 avril 2002", le "gros impact d'artistes comme Djamel Debbouze", ainsi que les "provocations politiques du gouvernement". "On sent clairement chez les jeunes un mouvement anti-Sarko qui déclenche des inscriptions", précise-t-il. Dans une ville où près d'un tiers de la population a moins de vingt ans, ce vivier de non-inscrits aiguise certains appétits. § Dans un entretien donné au quotidien régional "Sud Ouest", paru mardi, le syndicaliste paysan José Bové regrette "le patriotisme d'appareil" qui a empêché la désignation d'un candidat commun de la gauche antilibérale. Il juge "creux" le projet de Nicolas Hulot. § D ans un entretien paru mardi 26 décembre dans le quotidien régional Sud Ouest, le syndicaliste paysan José Bové regrette"le patriotisme d'appareil" qui a empêché la désignation d'un candidat commun de la gauche antilibérale. Marie-George Buffet, première secrétaire du Parti communiste, s'est finalement lancée dans la bataille présidentielle sans l'appui des collectifs antilibéraux, alors que M. Bové, un temps candidat à la candidature, s'est retiré de la compétition. "Il s'est passé ce que je redoutais, le patriotisme d'appareil a rapidement repris le dessus", indique M. Bové, commentant l'éclatement du front commun né à la gauche de la gauche après le non à la Constitution européenne. "NOUS POUVIONS OBTENIR UN SCORE À DEUX CHIFFRES" "A partir du moment où nous ne pouvions plus agir de façon collective parce que le PC et la Ligue communiste révolutionnaire jouaient individuellement, je n'avais plus qu'à me retirer, ce que j'ai fait", explique le syndicaliste."L'émiettement est une maladie infantile de la gauche française apparemment incurable", poursuit M. Bové, estimant que "les gens avaient envie d'autre chose en politique et que nous pouvions obtenir un score à deux chiffres nous permettant de poser des questions fondamentales". De plus, il affirme, dans cet entretien, qu"'il faut tout faire pour battre Nicolas Sarkozy", un homme "très libéral et dangereux". "Ses discours sur les banlieues ne font qu'attiser les haines. Il ne peut qu'accroître la fracture sociale", ajoute-t-il. Il ne lance, en revanche, aucune attaque contre Ségolène Royal, attendant "de voir la suite des événements". Familier des combats écologistes, M. Bové se montre, par contre, prudent à l'égard de Nicolas Hulot, dont il juge le projet "creux". "Il ne s'attaque pas aux vrais responsables de la crise écologique, les multinationales notamment." "Le constat qu'il nous propose a été fait depuis longtemps", remarque-t-il, mais "on ne peut pas défendre l'écologie sans remettre en cause l'ordre économique de la planète." § Dans un entretien à la presse suisse, le chanteur raconte que le président de l'UMP lui a dit : "Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait". Pour lui, la polémique "a été lancée par la gauche" mais "la desservira". § "I l m'a dit : 'Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait''". Pour Johnny Hallyday, pas de doute, le président de l'UMP soutient pleinement son exil fiscal. Dans un entretien à l'hebdomadaire Le Matin Dimanche, le 24 décembre, le chanteur estime que la polémique provoquée par son départ pour la Suisse "ne fait pas de mal" à Nicolas Sarkozy.Installé depuis mercredi dans son chalet de Gstaad, une station de ski huppée de l'ouest du pays, Johnny Hallyday maintient son soutien au candidat à l'investiture UMP. "Je suis de son côté et je crois sincèrement qu'il est le seul à pouvoir faire avancer les choses", affirme-t-il, espérant que la controverse "fera réfléchir les Français" au sujet de la fiscalité. "CETTE POLÉMIQUE A ÉTÉ LANCÉE PAR LA GAUCHE" Interrogé par Le Matin qui lui demande s'il payera 200 000 ou 300 000 euros d'impôts en Suisse, Johnny Hallyday assure que ce sera "davantage"."Ca va quand même faire une différence énorme avec la France", assure le chanteur, qui précise qu'il est taxé à hauteur de 72 % dans l'Hexagone. Selon la presse, Johnny était en 2005 le chanteur français le mieux payé, avec un revenu de 6,65 millions d'euros. En Suisse, il a négocié avec les autorités un "forfait fiscal", un dispositif destiné à attirer les grandes fortunes et dont bénéficient plus de 3 000 étrangers installés dans le pays."Il est clair que cette polémique a été lancée par la gauche. Mais vous verrez qu'au bout du compte ça la desservira", pronostique la rock star. Mais selon le Journal du Dimanche, Johnny pourrait s'ennuyer terriblement à Gstaad. "Hallyday voulait la paix, il l'aura, royale et mortellement ennuyeuse", écrit l'hebdomadaire, soulignant le caractère "authentique" mais "minuscule" de la station de la Suisse alémanique, située à 1 050 mètres d'altitude. "Johnny va s'ennuyer comme un rat mort", prédit le rédacteur en chef du Matin de Lausanne dans le JDD. Le chanteur jure qu'il ne s'ennuira pas et que Genève n'est pas si loin "quand on a envie de s'amuser". "Ici, ce n'est pas une prison. Il y a plein de choses à faire, du ski en hiver, du motocross en été. J'ai aussi beaucoup d'amis. Et de toute façon, je ne vis pas six mois par an en France. Mes disques, je les enregistre aux Etats-Unis, je suis toujours en voyage à gauche et à droite", dit-il. Après l'annonce du départ de "l'idole des jeunes", le président de l'UMP avait estimé que cette décision révélait l'existence d'un problème fiscal en France. "Un pays où tant de nos artistes, de nos créateurs, de nos chercheurs, où tant de gens se disent qu'il faut partir, c'est bien qu'il y a un problème", avait observé M. Sarkozy. La candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, avait en revanche estimé que Johnny Hallyday devrait "donner l'exemple" en payant ses impôts en France et revenir sur sa décision. § Le sénateur socialiste de l'Essonne tire les conclusions de l'échec de la candidature unitaire de la gauche antilibérale et reconnaît la place centrale de Mme Royal. § J ean-Luc Mélenchon rentre à la maison. Le sénateur socialiste de l'Essonne prend acte sur son blog de l'échec de la gauche antilibérale et de sa tentative de trouver une candidature unitaire. Il reconnaît, la mort dans l'âme, que la dynamique est désormais plutôt du côté de Ségolène Royal. Dès le 14 décembre, ce partisan de Laurent Fabius prévenait ses amis réunis dans le groupe Pour la République sociale (PRS) que "le ralliement à Ségolène Royal de Jean-Pierre Chevènement après celui du PRG préfigure la centralité absolue de la candidature socialiste". Ajoutant que "l'autre gauche est, à cette heure, en voie de pulvérisation". "C'est fini, poursuivait-il, le 20 décembre. L'autre gauche est aux pâquerettes." La déception, pour ce partisan du non à la Constitution européenne, est réelle. Pendant des mois, il a participé à des meetings au côté des figures de la gauche antilibérale - Marie-George Buffet, Clémentine Autain, Yves Salesse et José Bové -, mû par l'espoir qu'il en sortirait une alternative au PS. Ses proches se sont investis dans les collectifs locaux. Au point de croire qu'un scénario "Linkspartei à la française" - du nom du parti que les anciens communistes allemands et quelques figures de l'aile gauche du Parti social-démocrate allemand tente de former - était possible. Aujourd'hui, M. Mélenchon tire les conclusions de l'échec de cette aventure : la candidature socialiste, dit-il, est "la seule efficace pour atteindre le programme commun le plus élémentaire, être présent au deuxième tour et battre la droite". Les 20 et 21 janvier, M. Mélenchon réunira les quelque 2 500 adhérents revendiqués de PRS pour tirer les conclusions : l'avenir se joue davantage à l'intérieur du PS qu'à l'extérieur. "Quelques-uns vont se mettre en retrait, mais je les connais : quand ça va chauffer (avec la droite) ils ne vont pas rester les bras ballants", dit-il au Monde. Le virage sera peut-être difficile à négocier pour des militants qui ont "goûté à l'autonomie politique", selon l'expression de son ami François Delapierre. Y compris pour M. Mélenchon, qui redoute plus que tout que l'on parle de "ralliement" alors qu'il n'a cessé de s'opposer à la direction du PS à tous les congrès depuis 2002. La presse, écrit-il le 21 décembre, "va révéler que je "rentre au bercail". En lisant cela le lecteur sera confirmé (...) qu'aucun homme politique n'a de suite dans les idées". Il rentre pourtant, mais sans rien négocier. "Nous ne sommes pas dans la situation d'un Montebourg ou d'un Chevènement, qui se rallient pour des places", assure M. Delapierre. "Je ne suis pas gêné, se défend M. Mélenchon, la gauche est en réinvention. Le problème est de savoir : qu'est-ce que la candidate va faire avec des gens comme moi ?" Lui pardonnera-t-elle sa sortie sur la primaire qui ne devait pas "tourner au concours de beauté ?" "Une erreur", avait admis le sénateur. Sera-t-il compatible avec Mme Royal, lui l'admirateur du chef d'Etat vénézuélien Hugo Chavez, qu'il est allé soutenir début décembre ? Il fera campagne. A sa façon. § Marie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. § M arie-George Buffet a officialisé sa candidature, vendredi 22 décembre, au journal de 20 heures sur TF1. Elle a ainsi mis un terme à la tentative de recherche d'une candidature unique de la gauche antilibérale. La numéro un du PCF donnera le coup d'envoi de sa campagne, le 5 janvier 2007, dans sa circonscription de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). "Je rentre en campagne car il manque, dans le débat politique, la voix de ceux et celles qui veulent une gauche du courage, une gauche de combat", a d'emblée expliqué Mme Buffet. A ses yeux, "entre la gauche du renoncement, incarnée par Ségolène Royal," et "une extrême gauche qui ne vise pas une nouvelle majorité politique", il y a place pour une candidate "populaire". Malgré les critiques de ses partenaires du front antilibéral, opposés à une candidature de la numéro un du PCF, et les doutes exprimés en interne, l'objectif de débuter la campagne avant Noël est atteint. La direction du PCF expliquait depuis deux jours que la candidature de Mme Buffet avait été "légitimée", mercredi, par le vote à 81 % des militants communistes, après avoir recueilli l'aval majoritaire des collectifs unitaires début décembre. Lors d'une réunion du collectif national unitaire, jeudi, les dirigeants communistes faisaient donc valoir que le temps des discussions était clos. Le lendemain, le premier tract à l'effigie de "Marie-George" était distribué sur les marchés. Le but, précise Patrice Cohen-Seat, bras droit de Mme Buffet, est de réaliser "le rassemblement dans les urnes et de faire campagne avec tous ceux qui le veulent". Pour prouver qu'elle n'entend pas incarner une candidature "communiste pur sucre", Marie-George Buffet a annoncé qu'elle quittera ses responsabilités à la tête du parti le 4 janvier, lors d'un conseil national. MEETING AU ZÉNITH DE PARIS Cet abandon de titre risque pourtant de ne convaincre personne. Vendredi, lors d'une conférence de presse, les partenaires du PCF ont prévenu : "Marie-George Buffet est seulement la candidate du PCF. Elle ne pourra revendiquer l'expérience unique que nous avons menée ensemble dans les collectifs antilibéraux", ont déclaré Yves Salesse, Clémentine Autain, Christian Picquet (LCR) et Patrick Braouezec. Ne voulant pas "se résigner à l'échec", ils ont appelé les collectifs locaux à une rencontre les 20 et 21 janvier afin de "réfléchir aux moyens de continuer ensemble". En attendant, ils assurent qu'ils ne soutiendront personne en avril 2007. Pour le moment, la candidate communiste devra donc compter sur les seules forces du PCF. Pour tenter de les mobiliser, un meeting est prévu le 23 janvier au Zénith de Paris. § Jeudi 28 décembre, dans un entretien à "Sud-Ouest", la ministre de la défense a indiqué qu'elle ne serait pas "candidate au soutien financier et logistique de l'UMP". § E lle n'ira pas. Michèle Alliot-Marie a mis fin au suspense - limité - sur son éventuelle candidature au sein de l'UMP pour obtenir le "soutien" du parti. Jeudi 28 décembre, dans un entretien à Sud-Ouest, la ministre de la défense a indiqué qu'elle ne serait pas "candidate au soutien financier et logistique de l'UMP". A trois jours de la clôture des candidatures internes, Nicolas Sarkozy est donc en passe d'être le candidat unique du scrutin du 14 janvier au cours duquel les quelque 300 000 militants de l'UMP seront appelés à désigner leur candidat. A l'issue des trois forums régionaux, réclamés notamment par Mme Alliot-Marie, la plupart des principales personnalités de la majorité se sont clairement ralliées au président de leur parti (Le Monde du 23 décembre). Tous ? Non ! La ministre de la défense a seulement pris acte de cette bataille perdue. "Ce que je constate aujourd'hui, c'est qu'au sein de l'UMP, les nouveaux membres, notamment, ont souhaité adhérer pour soutenir une candidature de Nicolas Sarkozy. Il ne s'agit pas pour moi de semer le trouble. Je ne demande donc rien", indique-t-elle dans Sud-Ouest. Mais elle n'a pas dit son dernier mot : "Je vais consulter un certain nombre de personnes et je dirai, avant le congrès du 14 janvier, comme ça les choses seront claires, quelle sera ma décision." "PAS COMME LES AUTRES" Que va faire Michèle Alliot-Marie ? D'un côté, elle indique, jeudi 28 décembre, qu'elle a "envie d'être candidate". Dans la version audio de l'entretien de Sud-Ouest, disponible sur le site Internet du quotidien, elle affirme : "Je ne suis pas une candidate comme les autres", utilisant, pour la première fois, un présent de l'indicatif. D'un autre côté, l'annonce par la ministre de la défense qu'elle fera part de sa décision avant le 14 janvier semble indiquer le contraire. Mercredi 6 décembre, Mme Alliot-Marie avait expliqué que "si dans quelques semaines, il apparaît que Nicolas Sarkozy est le candidat qui a le plus de chances de l'emporter (...), je le soutiendrai, et sans aucune hésitation". On voit donc mal Mme Alliot-Marie annoncer sa candidature au moment de l'investiture triomphale et presque unanime de Nicolas Sarkozy par les adhérents. Surtout que Mme Alliot-Marie affirme que "quand je vais à une élection, c'est pour gagner". En renonçant, l'ex-présidente du RPR prendrait-elle déjà date pour l'après-2007 et l'éventuelle défaite de son camp ? L'UMP semble pourtant considérer avec indifférence les hésitations de Mme Alliot-Marie. Jeudi matin sur Europe 1, le porte-parole de l'UMP, Luc Chatel, indiquait que "ce qui est important, c'est que nous prenons acte du fait que MAM ne sera pas candidate dans le cadre de la procédure définie au sein de notre famille politique (...) qui a pour objet d'apporter un soutien politique, juridique et financier à un candidat". Xavier Bertrand, ministre de la santé, récemment rallié à Nicolas Sarkozy dont il devrait être l'un des porte-parole de campagne, ne croit pas qu'elle ira jusqu'au bout : "Je ne peux imaginer qu'elle puisse faire cela. Il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP au premier tour de l'élection présidentielle (...). Il faut que l'esprit de responsabilité l'emporte", a-t-il estimé sur BFM. La députée Nadine Morano (Meurthe-et-Moselle, UMP) a lancé à Mme Alliot-Marie, jeudi sur Europe 1, une dernière perche : "Tout cela se terminera avec une place bien précise, déterminée dans la campagne auprès de Nicolas Sarkozy et tout rentrera dans l'ordre." Seul candidat déclaré en dehors du parti, le député Nicolas Dupont-Aignan (UMP, Essonne) estime puiser une nouvelle légitimité dans le renoncement de Mme Alliot-Marie à affronter M. Sarkozy : "plus que jamais candidat" à la présidentielle, il juge que les primaires dans son parti sont "totalement artificielles" et qu'elles constituent "un non-sens institutionnel" sous la Ve République. § Entre la crainte d'une réédition du 21 avril 2002 et les hésitations devant la publication des listes de parrains par le Conseil constitutionnel à un an des élections municipales de 2008, les maires sont encore nombreux à réserver leur réponse. § A u lendemain de Noël, les décomptes de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ne donnaient que 340 promesses de signatures sur les 500 nécessaires pour son candidat, Olivier Besancenot, un score qui ne progresse que très lentement depuis un mois. Alors que M. Besancenot devra avoir déposé ses parrainages avant le 16 mars à minuit, l'inquiétude commence à se faire sentir au siège de la LCR. Les équipes de militants ont pourtant démarché plus de 8 000 élus afin de les convaincre. "On rame. Le blocus du PS est toujours aussi fort", explique François Sabado, membre du bureau politique. Entre la crainte d'une réédition du 21 avril 2002 et les hésitations devant la publication des listes de parrains par le Conseil constitutionnel à un an des élections municipales de 2008, les maires sont encore nombreux à réserver leur réponse. Plus de 1 000 parmi ceux qui ont reçu la visite de la LCR seraient dans ce cas. Les dirigeants de l'organisation ont lancé un appel à l'ensemble des partis politiques leur demandant de "s'abstenir de toute consigne visant à empêcher la candidature d'Olivier Besancenot". En vain, pour le moment, du côté du PS. La consigne de François Hollande aux élus socialistes de n'accorder aucun parrainage à un autre candidat que celui désigné par les militants semble toujours tenir. Elle a été répétée lors d'un bureau national du PS début décembre. Et Olivier Besancenot semble en faire les frais plus que l'autre candidate trotskiste, Arlette Laguiller. La direction de la LCR envisage de demander un rendez-vous au PS, début janvier 2007, "pour tenter de débloquer la situation". La candidate de Lutte ouvrière (LO) aurait, elle, déjà plus de 500 parrainages, selon la direction de l'organisation. Les équipes de LO, qui ont commencé leur collecte début juin, n'ont rien laissé au hasard. LES DÉÇUS DE SÉGOLÈNE ROYAL Le visage de Mme Laguiller flanquée de son slogan "sincèrement dans le camp des travailleurs" s'affiche depuis dix jours sur 15 000 panneaux publicitaires. D'autres devraient suivre pour une campagne "comme nous la menons depuis des années", précise Georges Kaldy, l'un des dirigeants de LO. La bataille entre les deux candidats d'extrême gauche s'annonce serrée. Même s'ils n'ont pas le même électorat - Mme Laguiller ayant fidélisé depuis plus longtemps le sien dans les couches populaires et M. Besancenot attirant plus les couches intellectuelles "petites-bourgeoises", selon l'institut CSA - ils tournent entre 3 % et 4 % des intentions de vote. Et comptent bien récupérer les déçus de Ségolène Royal. § La députée sarkozyste Nadine Morano "ne pense pas que Michèle Alliot-Marie va se lancer" dans la campagne présidentielle sans le soutien de l'UMP. Le ministre de la santé Xavier Bertrand estime qu'"il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP". § X avier Bertrand, ministre de la santé fraîchement rallié à Nicolas Sarkozy, dont il pourrait être un porte-parole de campagne, ne croit pas à une candidature de Michèle Alliot-Marie en dehors de l'UMP. "Je ne peux imaginer qu'elle puisse faire cela. Il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP au premier tour de l'élection présidentielle", a réagi le ministre, mercredi soir, 27 décembre, sur les ondes de BFM, avant d'ajouter : "Il faut que l'esprit de responsabilité l'emporte." Peu avant, le quotidien régional Sud-Ouest avait levé le rideau sur un entretien avec Mme Alliot-Marie publié dans son édition du jeudi 28 décembre. Dans cette interview, la ministre annonce qu'elle ne demande pas le soutien de l'UMP pour être candidate à la présidentielle, mais qu'elle réfléchit à une candidature hors parti, dont elle affirme avoir "très envie". Invitée à commenter les propos de la ministre de la défense, la sarkozyste Nadine Morano a de son côté indiqué jeudi au micro d'Europe 1, ne pas croire que la ministre puisse aller au bout d'une candidature en solo. "Je ne pense pas qu'elle va se lancer", a estimé la députée UMP du département de Meurthe-et-Moselle. Nadine Morano estime que "la sagesse" et "le sens des responsabilités" de la ministre de la défense la conduiront à soutenir in fine Nicolas Sarkozy. La députée se dit convaincue que Mme Alliot-Marie "terminera avec une place bien précise, déterminée dans la campagne auprès de Nicolas Sarkozy et tout rentrera dans l'ordre". Selon Mme Morano, à deux semaines du congrès du 14 janvier, chaque responsable UMP doit "maintenant prendre la porte de sortie de la réflexion personnelle pour la porte d'entrée de l'action collective". Le député sarkozyste Yves Jégo a indiqué pour sa part ne voir "aucune justification" à une candidature de Michèle Alliot-Marie en dehors de l'UMP, ajoutant qu'une telle démarche "ouvrirait une division". "A partir du moment où on ne fait pas le choix de se présenter devant les militants, ipso facto on renonce à être candidat à l'élection présidentielle", a affirmé jeudi sur RMC Info le député de Seine-et-Marne, qui estime que"rien ne justifie aujourd'hui que Michèle Alliot-Marie quitte sa famille". DES PRIMAIRES "ARTIFICIELLES" "En déclarant forfait, Michèle Alliot-Marie confirme ce que j'ai toujours dit : les primaires de l'UMP constituent, sous la Ve République, un non-sens institutionnel et sont totalement artificielles", a réagi, pour sa part, le député UMP de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, dans un communiqué diffusé jeudi. Selon le président du club Debout la République, qui s'affirme "plus que jamais candidat" à la présidentielle, mais en dehors de l'UMP, Nicolas Sarkozy obtiendra le 14 janvier "le soutien logistique et financier de l'UMP, mais ne pourra en aucun cas, avec son projet atlantiste, européiste et libéral, rassembler les gaullistes". § La ministre de la défense a annoncé, dans une interview à paraître jeudi 28 décembre dans le quotidien "Sud-Ouest", qu'elle ne demandait pas le soutien de l'UMP pour être candidate à la présidentielle. Elle a également indiqué réfléchir à une candidature hors parti, dont elle affirme avoir "très envie". § M ichèle Alliot-Marie, ministre de la défense, a annoncé, mercredi 27 décembre, au journal Sud-Ouest qu'elle ne demandait pas le soutien de l'UMP pour être candidate à la présidentielle. Elle a ajouté qu'elle réfléchissait à une candidature hors parti, dont elle affirme avoir "très envie". Dans cette interview à paraître jeudi, Mme Alliot-Marie indique qu'elle n'est pas "candidate au soutien financier et logistique de l'UMP". Elle ne s'inscrira donc pas dans le processus de candidatures ouvert par son parti jusqu'au 31 décembre 2006. Nicolas Sarkozy devrait par conséquent être seul à solliciter le soutien financier et politique de l'UMP en vue de la présidentielle de 2007 lors du congrès du parti, le 14 janvier à Paris. La ministre ajoute qu'elle va "réfléchir" à une candidature en consultant "les membres de (son) association Le Chêne, les parlementaires et également des personnalités de l'UMP dans les prochaines semaines". MME ALLIOT-MARIE ANNONCERA SA DÉCISION AVANT LE 14 JANVIER Elle annonce également qu'elle donnera sa décision finale "avant le congrès du 14 janvier". "Ce que je constate aujourd'hui, a-t-elle déclaré à Sud-Ouest, c'est qu'au sein de l'UMP, les nouveaux membres notamment ont souhaité adhérer pour soutenir une candidature de Nicolas Sarkozy. Il ne s'agit pas pour moi de semer le trouble. Je ne demande donc rien". Mme Alliot-Marie assure enfin "ne pas vouloir faire durer le suspens" mais souhaite "distinguer deux choses". "Il y a d'une part le soutien de l'UMP. Il y a d'autre part l'élection présidentielle. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment faire gagner ma famille politique et mes convictions. C'est pourquoi il était important qu'il puisse y avoir un débat d'idées montrant que notre famille politique est riche de sa diversité. Ceci a été fait, notamment grâce aux forums", conclut-elle. § Pour faire venir les deux favoris des sondages sur leur plateau, les producteurs acceptent de se soumettre à leurs exigences. § D ébat" est leur mot fétiche. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal l'évoquent à tout propos. Ils disent vouloir écouter et se soumettre aux salutaires interpellations des citoyens. Dans la pratique, c'est autre chose. Les candidats ont intégré toutes les contraintes de l'audiovisuel et surtout son impact sur l'opinion. Ils arrivent bardés de conseillers en communication et négocient leurs apparitions dans les moindres détails avec les chaînes. Pour préparer "A vous de juger", le 30 novembre sur France 2, Nicolas Sarkozy a ainsi posé ses conditions. Il voulait avoir le temps d'exposer sa candidature et présenter son projet politique sur quatre thèmes : l'emploi, la sécurité, l'immigration, l'école. Demande acceptée par la chaîne. "Nous voulions être les premiers à faire une grande émission avec lui, après sa candidature, et les thèmes qu'il voulait aborder sont aussi ceux qui intéressent les Français", souligne Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2. Le ministre candidat souhaitait aussi débattre avec un syndicaliste. François Chérèque (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO), Bernard Thibault (CGT) ont été sollicités par France 2. Les trois ont décliné l'offre. Un socialiste, alors ? Cette fois, c'est Nicolas Sarkozy qui ne le souhaitait pas. "Il les a déjà tous eus face à lui, affirme l'entourage du président de l'UMP, et il voulait débattre avec des Français." Selon le principe de l'émission, l'équipe a donc réuni une douzaine de personnes - chef d'entreprise, chômeur, jeune de banlieue... - pour qu'ils interpellent le candidat. Elle leur a adjoint un magistrat et un journaliste du Nouvel Observateur censés représenter la gauche. " Les discussions avec Nicolas Sarkozy et son équipe ont été plutôt faciles, explique Nathalie Saint-Cricq, rédactrice en chef de l'émission. Nous avons connu des époques beaucoup plus compliquées." L'émission a été un succès d'audience : 24,2 % de part de marché à 20 h 50, 41,8 % à 23 heures. Sur France 5, Serge Moati a dû, lui aussi, composer. Cette fois, avec Ségolène Royal. La candidate socialiste était l'invitée, le 17 décembre, du magazine "Ripostes". Elle est arrivée avec ses conseillers et ses conditions. "Elle ne voulait pas un débat agressif et politicien, explique Julien Dray, son porte-parole. Ou alors avec une grosse personnalité comme Jean-Pierre Raffarin, François Fillon ou Alain Juppé." Las, les trois hommes ont décliné : pas question d'apparaître en faire-valoir de Ségolène. Serge Moati et son équipe ont alors sollicité Valérie Pecresse, porte-parole de l'UMP. "Trois jours plus tard, affirme cette dernière, on m'a rappelée pour me dire que Mme Royal ne voulait plus de moi, parce qu'elle ne souhaitait pas un débat trop agressif." Les députés Nadine Morano et Patrick Devedjian, proposés par "Ripostes", ont également été récusés. "La candidate voulait parler d'écologie, explique la production. Nous nous sommes donc accordés sur la présence de Nathalie Kosciusko-Morizet, en charge de ces questions à l'UMP." Est-il normal qu'un candidat choisisse ses contradicteurs ? "En fonction des thèmes abordés, il me paraît compréhensible qu'il y ait des interlocuteurs avec lesquels mon invité a envie ou pas de débattre", affirme Serge Moati. Mais le producteur reconnaît que "chacun a aujourd'hui de multiples préoccupations : aborder tel ou tel thème, débattre avec l'un, éviter d'être trop agressé par l'autre, n'accepter que des interlocuteurs "d'un certain niveau"". Pour autant, souligne-t-il, le très grand soin apporté par ses invités n'a pas empêché Ségolène Royal "d'être interpellée sans ménagement par Jean-Louis Bourlanges". Il n'empêche, les chaînes se plient de plus en plus aux règles édictées par les deux favoris des sondages. "Les débats d'aujourd'hui incarnent parfaitement la culture politique et médiatique française, souligne Mickaël Darmon, journaliste politique à France 2. On reste ainsi dans un système d'adoubement, très encadré." Les conseillers en communication ont d'ailleurs si bien intégré les lois de l'audiovisuel qu'ils en ont adopté le vocabulaire. Ils parlent désormais de "séquences" et de "story board", comme les scénaristes de feuilletons télévisés. § Reportage au marché de Mantes-la-jolie, en banlieue parisienne, mardi 19 décembre. Hassan Ben M'Barek, président de l'association Citoyenneté et démocratie, aborde les jeunes pour les inciter à s'inscrire sur les listes électorales ou aller voter pour l'élection présidentielle. § § Rost est rappeur et fondateur de l'association Banlieues actives, créée après les émeutes de novembre 2005 pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. Il a organisé un débat-concert à Paris, le 20 décembre, pour battre le rappel.Propos recueillis par Alexandre Piquard § § Hassen a 16 ans, il est lycéen dans l'Essonne et est venu écouter des rappeurs au Glaz'art, à Paris, le 20 décembre, pour un débat-concert à vocation civique. Propos recueillis par Alexandre Piquard § § Philippe Trésor, est militant à SOS-Racisme et animateur à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne. Il a amené des jeunes de son quartier au Glaz'art, le 20 décembre, écouter les rappeurs invités par l'association Banlieues actives.Propos recueillis par Alexandre Piquard § § A l'approche de la clôture des listes électorales, associations et partis se mobilisent pour obtenir de nouvelles inscriptions. § E n près de deux heures passées au centre social du quartier de l'Epidème, le 19 décembre, Sylvie Daems n'a enregistré que quatre inscriptions. Dont l'une reste sujette à caution : un jeune homme qui s'est présenté avait jadis été radié des listes électorales, pour une durée qu'il semblait lui-même ignorer. S'INSCRIRE SUR LES LISTES IL FAUT SE RENDRE À LA MAIRIE de son domicile, avec une pièce d'identité en cours de validité et un document prouvant sa domiciliation dans cette commune (factures de téléphone ou d'électricité, avis d'imposition, quittances de loyer). LA DATE LIMITE D'INSCRIPTION pour voter aux scrutins de 2007 (présidentielle et législatives) est le samedi 30 décembre 2006. LES JEUNES QUI AURONT 18 ANS à la veille du premier tour de chacun des scrutins prévus en 2007 seront inscrits d'office sur les listes électorales et auront donc la possibilité de voter. S'ils résident ailleurs qu'au domicile familial, ils peuvent demander à être inscrits dans une autre ville - par exemple, celle où ils étudient - à condition d'y séjourner de manière continue depuis août 2006. http ://www.cidem.org Du temps perdu ? "Ah ça non ! Ce n'est pas le tempérament !", réplique cette fonctionnaire du service des élections de la mairie de Tourcoing. Elle sait d'expérience qu'obtenir des inscriptions volontaires dans les quartiers "populaires" de cette ville réclame une infinie patience. Même lorsque l'on se rend sur place, comme elle le fait ce jour-là, pour cette opération organisée à l'initiative de plusieurs associations, parmi lesquelles le Collectif tourquennois pour la citoyenneté et la Confédération régionale de l'immigration. "EN SITUATION DE RUPTURE" Parmi les non-inscrits en capacité de voter, Mme Daems distingue "les négligents" - ceux qui ne se sont pas inscrits après un changement d'adresse - et "ceux qui s'en foutent, qui ne comprennent même pas à quoi ça sert". "Certains m'ont même demandé si l'inscription était payante !", s'exclame-t-elle, en soulignant que ce degré d'ignorance "vient de ce que l'on a arrêté d'enseigner l'instruction civique à l'école". Chargée, au sein de l'Association animation, prévention et insertion, des jeunes de moins de 26 ans "en situation de rupture", Anne Radivoniuk est également présente au centre social. Mais c'est bien en amont d'éventuelles inscriptions sur les listes électorales qu'elle doit livrer l'essentiel de son combat : "Ils ont d'autres soucis, d'autres problèmes. Ils sont tellement exclus qu'ils ont tendance à se replier sur eux-mêmes", explique cette jeune femme. "Sarkozy et tout ce qui est politique de répression ou de sanction les inquiètent quand même", ajoute-t-elle toutefois, estimant, comme d'autres responsables associatifs présents ce jour-là, que la mauvaise image du ministre de l'intérieur auprès d'une partie des jeunes semble être un élément incitatif plus efficace que leurs appels à la responsabilité et au civisme. A la mairie de Tourcoing, dirigée par le socialiste Jean-Pierre Balduyck, on évite d'afficher tout activisme qui pourrait être interprété comme une manoeuvre électorale. "Un article a été publié dans le mensuel municipal de décembre, qui est distribué dans toutes les boîtes aux lettres. Le MJS (Mouvement des jeunes socialistes) distribue des tracts à la sortie des lycées. Mais je ne suis pas partisan de demander à des fonctionnaires de la mairie de sillonner la ville", explique M. Balduyck. Ce dernier préfère, au demeurant, évoquer un déficit de participation dont souffrirait structurellement la gauche : "La participation est beaucoup plus forte dans les bureaux qui votent à droite que dans les bureaux en difficulté sociale", souligne le maire, arguant du fait que "le débat politique paraît totalement étranger à quelqu'un qui est sans boulot et sans perspective". Les chiffres de nouvelles inscriptions fournis par les services de la mairie traduisent toutefois un relatif afflux qui pourrait modifier la donne. Pour une population à peu près stable, de près de 95 000 habitants, le nombre d'électeurs inscrits est passé de 53 312 en février 1990 à 59 570 en février 2006. Ce mouvement irait s'amplifiant : lors de la première quinzaine de décembre, 649 inscriptions volontaires - soit hors inscriptions d'office - ont été enregistrées à la mairie de Tourcoing, contre 228 pour la même période de 2005. Membre du cabinet du maire et premier secrétaire de la section locale du PS, François Camerlynck estime que la plupart de ces nouvelles inscriptions se font par l'intermédiaire de "gens qui se connaissent", appartenant à des "cercles de gens activés par la gauche et la droite", l'influence d'un "grand frère" ou d'un "oncle" étant, selon lui, plus efficace qu'un message émanant d'une institution comme la mairie ou les lycées. M. Camerlynck espère et veut croire que ces chiffres traduisent un "élan populaire" susceptible d'être favorable à la gauche. Pêle-mêle, il cite le "souvenir du 21 avril 2002", le "gros impact d'artistes comme Djamel Debbouze", ainsi que les "provocations politiques du gouvernement". "On sent clairement chez les jeunes un mouvement anti-Sarko qui déclenche des inscriptions", précise-t-il. Dans une ville où près d'un tiers de la population a moins de vingt ans, ce vivier de non-inscrits aiguise certains appétits. § Le ministère de l'intérieur a donné à toutes les mairies de France la consigne d'ouvrir "au moins samedi matin" 30 décembre, afin de recevoir les demandes d'inscription sur les listes électorales. Le collectif "Votez banlieues" a fini sa marche vendredi. § L e ministère de l'intérieur a donné à toutes les mairies de France la consigne d'ouvrir "au moins samedi matin" 30 décembre, afin de recevoir les demandes d'inscription sur les listes électorales. Samedi est le dernier jour pour se faire enregistrer. Selon l'article R5 du code électoral, "pour chaque révision annuelle des listes électorales, les demandes d'inscription des électeurs sont déposées dans les mairies jusqu'au dernier jour ouvrable de décembre inclus, le samedi étant considéré comme jour ouvrable". UN ENGOUEMENT DIFFICILEMENT MESURABLE Fin de la marche du collectif "Votez banlieues" Les marcheurs du collectif "Votez banlieues", composé d'étudiants de Sciences-Po Paris et de jeunes originaires des cités, sont arrivés vendredi 29 décembre à Strasbourg, au terme d'un périple de quatorze jours. Cette marche avait pour objectif d'inciter les habitants des cités à s'inscrire sur les listes électorales. Un des étudiants, Mohamed Chirani, a parlé devant l'hôtel de ville de Strasbourg d'"un vent citoyen", affirmant que "dans les cités traversées, beaucoup de gens (...) ont dit 'cette fois je vote"'. (Avec AFP.) L'année 2007 étant celle des élections présidentielle et législatives, associations et partis tablent sur une forte augmentation du nombre d'inscrits sur les listes électorales. Les institutionnels montrent davantage de prudence, en attendant la publication des listes électorales révisées le 1er mars 2007. Il n'existe pour l'instant "aucune remontée chiffrée" au plan national, prévient-on au bureau des élections du ministère de l'intérieur. UN "DEUXIÈME EFFET 21 AVRIL" Un an après les violences dans les banlieues, des municipalités de la région parisienne évoquent pourtant un "emballement". Pour des acteurs du monde associatif, c'est, cinq ans après, le "deuxième effet 21 avril" qui conduit les Français à s'inscrire en masse."Il y a une volonté de ne pas rater le coche du premier tour cette fois", assure Olivier Klein, maire adjoint de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Dans cette ville de 28 000 habitants, d'où est parti le mouvement de violences à l'automne 2005, on ne comptait que 7 500 électeurs inscrits fin 2004. Plus de 50 % de la population locale avait alors moins de 18 ans et on dénombrait une forte population étrangère. "Aujourd'hui, on enregistre 2 000 inscrits de plus", précise Olivier Klein, soulignant que le "gros" de ces nouvelles inscriptions s'est fait fin 2005, sous la houlette d'associations nées dans la foulée des violences urbaines. § Ni immigration ni insécurité à Chigné, 300 habitants. Pourtant, près de 20 % des électeurs de ce village de Maine-et-Loire a déjà voté pour l'extrême droite. Quatrième volet de notre série avant l'élection présidentielle. § J our de fête à Chigné. Comme chaque année à la même époque, ce dimanche 21 avril 2002, les quelque 300 habitants du village sont réunis autour du "plan d'eau", en bordure du village. Le comité des fêtes a préparé divers stands, la buvette rencontre son succès habituel et "les Anglais", nouvelle communauté massivement implantée dans la région, font goûter leurs spécialités. L'élection présidentielle du jour n'occupe pas les esprits, encore moins les conversations. A Chigné, petite commune rurale de Maine-et-Loire, c'est une habitude, voire une doctrine : la politique, on n'en parle pas. A vrai dire, on n'y pense pas trop non plus. Chigné mène sa vie tranquille et délaissée de village champêtre autour de son unique commerce, un bar-restaurant-épicerie-dépôt de pain et de journaux. La grande église du XVIe siècle n'a plus de curé attitré et n'accueille plus que deux messes par an, au grand dam des villageois. L'école, en "unité pédagogique" avec trois villages voisins, n'a plus qu'une seule classe de maternelle, où sont regroupés 31 élèves de trois niveaux différents. Les agriculteurs sont partis ou se sont associés pour diriger sept ou huit grandes exploitations qui n'emploient pas plus d'un ouvrier chacune. Les autres villageois sont artisans ou employés dans les villes alentour, mais les retraités forment la grosse majorité de la population. Des chômeurs arrivent parfois de la ville pour trouver là des logements moins chers, les Anglais achètent pour les mêmes raisons : un nouveau mélange avec lequel il faut bien composer. La petite délinquance apparaît dans les bourgs voisins. "Tout se délite doucement", disent les anciens sans forcément s'en plaindre. Il est 18 heures, ce 21 avril 2002. Le bureau de vote ferme ses portes. Autour du plan d'eau, la fête finit dans la gaieté en compagnie des dernières "fillettes", ces mini-bouteilles de vin de Loire, indispensables en toute occasion. Une heure plus tard, le jeune maire arrive au plan d'eau, la mine blême. Les derniers fêtards sont en train de trinquer lorsqu'il leur annonce les résultats. Sur les 213 inscrits, 166 ont voté : 33 pour Jacques Chirac, 20 pour Lionel Jospin et... 31 pour les candidats de l'extrême droite (25 pour Jean-Marie Le Pen et 6 pour Bruno Mégret soit au total 19,5 %). Michelle Coisly, l'ancienne institutrice en retraite, d'ordinaire si joviale, fond en larmes. "J'étais là, mon verre à la main, et je n'avais plus envie de trinquer", se rappelle Yorga, un artiste venu s'installer en famille à Chigné, surnommé "Ben Laden" à cause de sa barbe. "Nous étions sidérés, dit le maire, Pascal Louis, agriculteur et sympathisant UMP. Je connais à peu près tout le monde dans le village, et pourtant je n'ai aucune idée de qui a voté Le Pen, ni pourquoi. C'est certainement une protestation d'ordre général, sans lien direct avec la vie locale." Pourquoi, en effet, un tel reflet du vote national dans cette commune minuscule qui ne connaît ni l'immigration ni l'insécurité, où les habitants laissent volontiers maison et voiture ouvertes, où la plus haute tour est le château d'eau ? Est-ce en raison de sa situation solitaire et peu favorisée, perdue entre Saumur (43 kilomètres), Le Mans (55 kilomètres), Angers (58 kilomètres) et Tours (55 kilomètres) ? De l'exode rural qui l'a naturellement frappée, avec la fermeture ou la restructuration de maintes usines dans les bourgs les plus proches ? De l'absence de services de proximité qui aiguise le sentiment du "trop d'impôts" ? A cause des Anglais, qui rachètent les corps de ferme à des prix que les villageois ne peuvent plus suivre ? Ou de ceux qui, sans emploi, sont perçus comme les "profiteurs du système" ? La réponse est là, mais aussi ailleurs. Dans ce rectangle de lumière où chacun contemple en famille, volets fermés, le grand désordre du monde. Cet écran de télévision capable de faire fantasmer l'arrivée imminente et massive, jusque dans les campagnes, d'une vague d'immigration incontrôlée - et, aujourd'hui, des émeutiers de banlieue. Jusqu'ici, à Chigné. Devant l'école maternelle, le car attend les enfants pour ramener ceux qui habitent jusqu'à 10 kilomètres de là. Floriane Boulay, 26 ans, directrice et unique institutrice, aide les retardataires à s'habiller. Angélique Tessier, 35 ans, cantinière et agent d'entretien, leur fait traverser la cour jusqu'au car. Angélique est la dernière de neuf enfants. Son père a touché à tous les métiers possibles dans la région : ouvrier agricole, bûcheron, carrossier, transporteur de lait. Elle, son CAP de pâtisserie en poche, a longtemps gagné sa vie en allant "aux pommes", comme la plupart des jeunes de la région : éclaircissage des branches de mai à juin, cueillette de septembre à novembre, calibrage ensuite. Elle a ensuite trouvé ce travail d'employée municipale : 1 000 euros net par mois. Sans son compagnon chauffeur routier, elle n'aurait pas eu de quoi emprunter pour acheter une maison dans le village. Elle y est bien. "Le calme, les animaux, le jardin, les balades, pas de vandalisme... quoique : les voyous, on les voit arriver au Lude (la "grande ville" proche, 4 000 habitants, à 8 kilomètres)." Cette montée de la délinquance, à deux pas, la préoccupe. Ce qu'elle vote ? Angélique ne sait pas. Elle ne se souvient plus. En 2002, Chirac ou Le Pen ? "Franchement, je ne me souviens plus du tout. Vu toutes les promesses qu'ils nous font... Le Pen, il n'y a pas que du mauvais dans ce qu'il dit." "C'est sûr, c'est comme pour tout, enchaîne Floriane. Mais lui, quand même, il me fait peur." Floriane habite Le Mans et fait chaque jour deux heures de trajet pour travailler à Chigné. Elle a choisi d'enseigner à la campagne, "parce que, dans les villes, il y a soit les écoles de riches, soit les ZEP avec des enfants qui ne parlent pas français". En 2002, elle a voté Olivier Besancenot parce que le programme de la LCR, arrivé dans sa boîte aux lettres, était celui qui lui semblait s'attaquer à ce problème. "Besancenot, c'était une fois, comme ça. Pour 2007, je n'ai aucune idée encore. Je n'aime pas Sarkozy, Ségolène ne m'inspire pas. C'est au feeling. On verra ce qui restera." Un peu plus loin vers la sortie du village, habitent Roland et Suzanne Deaucourt, un couple de retraités parisiens venus à Chigné pour "trouver la paix à un prix raisonnable". Suzanne était agent hospitalier, Roland travaillait dans une entreprise de bâtiment. A Chigné, ils ont tout de suite été acceptés et font partie du comité des fêtes. Ils préparent les roses en papier crépon pour les comices agricoles, organisent la fête du plan d'eau ou celle du mardi gras, le buffet campagnard de février, le méchoui du mois d'août... "On est bien dans notre petit Chigné. C'est une commune vivante, se réjouissent-ils, et notre maire n'a pas peur de faire la vaisselle !" § La candidate du PS a précisé vendredi 29 décembre qu'elle rencontrerait bien les membres de l'association qui a installé 200 tentes pour les SDF sur les bords du canal Saint-Martin, à Paris, mais "sans la presse et dans le cadre d'une réunion de travail". § S égolène Royal rencontrera les membres de l'association Les Enfants de Don Quichotte, qui a monté 200 tentes pour les SDF sur les bords du canal Saint-Martin, à Paris, mais "les contacts seront privés et auront lieu en dehors de la presse, dans le cadre d'une réunion de travail", a précisé vendredi 29 décembre la candidate socialiste. Plus tôt dans l'après-midi, le président de l'association, Jean-Baptiste Legrand, avait démenti la nouvelle d'une visite de Mme Royal au campement de l'association vendredi soir, comme l'avaient laissé entendre des sources "dans l'entourage de la candidate" . Jeudi, une petite délégation du PS a rencontré les membres de l'association et des sans-abri installés sur les bords du canal. "NOUS NE VOULONS PAS ÊTRE RÉCUPÉRÉS" Dans leur appel, Les Enfants de Don Quichotte ne s'étaient pas adressés à Mme Royal, mais à François Hollande, premier secrétaire du PS. Ce dernier a annoncé jeudi qu'il allait signer la charte du canal Saint-Martin, dans laquelle l'association présente ses propositions pour sortir les SDF de la rue. La candidate socialiste s'était pour sa part refusée à toute promesse, affirmant que sa priorité reste "la lutte contre la vie chère et la précarité". "Nous avons choisi d'interpeller les présidents de partis politiques pour l'instant, nous ne voulons pas être récupérés par un ou une candidate présidentielle", a souligné Jean-Baptiste Legrand. § La mobilisation contre l'expulsion d'enfants scolarisés de parents sans papiers, l'émotion suscitée par l'évacuation du squatt de Cachan, et plus récemment l'initiative des Enfants de Don Quichotte ont poussé les politiques à prendre position. § T rois mouvements citoyens auront marqué l'année : la mobilisation contre l'expulsion d'enfants scolarisés de parents sans papiers ; l'émotion suscitée par l'évacuation des squatters de Cachan (Val-de-Marne) ; et plus récemment l'initiative des Enfants de Don Quichotte, invitant des biens-logés à camper à Paris, canal Saint-Martin, au côté des SDF. Des sujets sociétaux qui devraient peser dans la présidentielle de 2007. Paradoxalement, au-delà des déclarations de principe, le Parti socialiste et Ségolène Royal ont été plutôt en retrait sur ces dossiers. C'est Nicolas Sarkozy, qui s'est retrouvé en première ligne en tant que ministre de l'intérieur et candidat à l'élection présidentielle. Son attitude a, pour une large part, tenu compte des enquêtes d'opinion et de l'évolution des rapports de force. Dès octobre 2005, sous la pression croissante des comités de soutien aux jeunes étrangers scolarisés menacés d'expulsion, le ministre de l'intérieur s'était engagé à ne pas reconduire à la frontière leur famille au cours de l'année scolaire. Huit mois plus tard, la mobilisation redoublant, en raison de la proximité émotionnelle des Français avec ces enfants, il a dû régulariser une partie de ces familles. Sur l'affaire du squat de Cachan, M. Sarkozy s'est, cette fois-là, prévalu d'une attitude de fermeté. Les enquêtes d'opinion semblaient montrer que la population ne témoignait pas d'une grande empathie pour les familles étrangères évacuées, alors qu'elle a elle-même du mal à se loger. Etat d'esprit qu'il a revendiqué pour rester inflexible... avant de trouver un compromis grâce à la médiation de la Licra et de SOS-Racisme. Logiquement, sur sujet des mal-logés, le président de l'UMP a compris qu'il s'agissait là d'une question sensible pour les Français. Son entourage, qui a auditionné des personnalités qualifiées, dont le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Patrick Doutreligne, l'a tenu informé. En octobre, il évoquait déjà, dans son discours de Périgueux, l'idée d'un droit au logement opposable. Avant de prendre, le 18 décembre, à Charleville-Mézières, l'engagement, d'ici deux ans, de consacrer un véritable droit à l'hébergement et à ce que "plus personne ne (soit) obligé de dormir sur un trottoir et d'y mourir de froid". Cet engagement complète le discours habituel de M. Sarkozy, souvent enclin à défendre le mérite et l'effort personnel. "Se positionner sur un enjeu social est aussi une façon d'adoucir son image qui peut paraître inquiétante jusque dans les rangs de ses soutiens", estime Gaël Sliman, directeur adjoint de l'institut d'études BVA. Le président de l'UMP, qui entend s'adresser à "la France qui souffre", s'est donc invité dans l'affaire des SDF en confiant, mercredi 27 décembre, à Arno Klarsfeld une mission sur le droit à l'hébergement. "Les enjeux sociétaux sont aujourd'hui plus importants que par le passé et ont un impact émotionnel fort dans l'opinion. Il est normal qu'un responsable politique et a fortiori celui qui aspire aux plus hautes fonctions de l'Etat, se prononce dessus", relève Brice Teinturier, directeur général de TNS-Sofres. Pour lui, comme pour Gaël Sliman, c'est davantage l'absence de discours de Ségolène Royal qui peut paraître surprenant. Et ce d'autant plus qu'il s'agit là de thèmes habituellement portés par la gauche. La candidate socialiste à l'élection présidentielle s'est refusée, le 22 décembre, à promettre un hébergement à tous les SDF : "Le changement politique qu'attendent les Français est de dire les choses quand elles sont faites", a-t-elle dit, précisant que sa "première priorité reste la lutte contre la vie chère et la précarité". Une attitude moins étrangère qu'il n'y paraît à l'état de l'opinion, comme l'explique Stéphane Rozès, directeur de l'institut CSA-Opinion. "Ce n'est pas parce que les Français expriment fortement leur crainte de tomber dans le chômage, l'exclusion, qu'ils se vivent comme exclus. Dès lors, souligne-t-il, il y a un danger à agiter la lutte contre l'exclusion comme une question centrale, car ceux qui en ont le plus peur ont le sentiment que l'on ne s'occupe pas d'eux." Le "zéro SDF d'ici à 2007" de Lionel Jospin en 2002 avait été mal accueilli. "L'attente des citoyens, insiste M. Rozès, ne porte pas tant sur la lutte contre l'exclusion que sur la cohésion sociale : ils veulent que les politiques mettent toute la société sur les rails." Un registre sur lequel Ségolène Royal a choisi de se placer, tirant les leçons de l'expérience de Lionel Jospin. § "Lutte ouvrière s'est tenue à l'écart, jouant la carte de l'intégrisme révolutionnaire. La direction du Parti communiste, tout à ses tractations d'appareil menées contre la base des militants, a noyauté les comités antilibéraux afin d'obtenir une majorité communiste lors du vote national. José Bové a tergiversé, s'est fait désirer." § L a tentative de trouver une candidature unique de la gauche antilibérale vient d'échouer. Vous l'avez soutenue. Quels sont les responsables de cet échec ? La Ligue communiste révolutionnaire avait donné le ton en affirmant très vite et très tôt qu'elle n'en serait pas, prétextant des différends sur la gestion de la gauche antilibérale en cas de victoire de la gauche libérale. Lutte ouvrière s'est tenue à l'écart, jouant la carte de l'intégrisme révolutionnaire. La direction du Parti communiste, tout à ses tractations d'appareil menées contre la base des militants, a noyauté les comités antilibéraux afin d'obtenir une majorité communiste lors du vote national. José Bové a tergiversé, s'est fait désirer. Restaient Patrick Braouezec, Yves Salesse et Clémentine Autain qui ont joué collectivement un jeu que les autres jouaient personnellement. Mais sans succès : l'honnêteté ne paie pas. Les responsabilités sont diluées, mais sans conteste, les états majors de la LCR et du PCF en portent la plus grande part. Comme toujours, les militants sont les dindons de la farce. N'y a-t-il pas eu aussi des problèmes d'ego entre les différents candidats ? Bien sûr que si. Je n'ai pas assisté aux tractations en coulisses, mais je crains que José Bové ait été le plus fort dans ce genre de jeu... "J'irai bien, je suis prêt, j'y vais, j'y suis, je repartirais bien, je m'en vais, mais je peux revenir si les conditions m'y obligent", etc. Bové représentait un espoir car il cristallisait plus que lui, mais il n'a pas pris en compte cette dimension qui le dépasse. La culture antiautoritaire des antilibéraux a joué contre une solution claire : chacun voulant le leadership secrètement, mais n'osant pas se comporter comme c'est nécessaire. L'union de la gauche antilibérale nécessitait un génie stratégique et tactique qui a manqué. Vous dénoncez les pratiques du PCF. Pensez-vous qu'il peut changer ? Je crains que non tant que ses destinées seront entre les mains de gens comme Marie-George Buffet, dont on ne dit pas assez qu'elle faisait partie de l'équipe de Georges Marchais, grand stalinien s'il en fut. Le PCF n'est plus stalinien car Staline n'existe plus. Il ne soutient plus les pays de l'Est car il n'y en a plus. Mais la déstalinisation de l'appareil reste à mener, ce qu'attendent les anciens communistes, les exclus, les rénovateurs, les sympathisants, les militants, bon nombre d'adhérents qu'on sacrifie toujours sur les autels des états-majors... Une démarche de ce genre, hors partis à gauche, est-elle vouée à l'échec ? Jouons la carte hors partis en tablant désormais sur la base des militants et des sympathisants contre les états-majors plus soucieux de politique politicienne afin de faire rentrer l'argent dans les caisses, notamment avec des tractations de circonscriptions réservées d'élus pour le PCF, ou préoccupés de s'assurer le leadership de l'extrême gauche sur l'échiquier politique français pour la LCR. Ce qui veut dire que, par-delà les partis politiques constitués, un genre de front populaire antilibéral, à même de préparer les échéances électorales futures, des législatives de 2007 à la présidentielle de 2 012. C'est possible dans une formule à inventer de coordinations, de rassemblements, de mutualités. En avril 2007, parmi les candidats de gauche, pour qui allez-vous voter ? Je me vois mal donner ma voix à la candidate de Lutte ouvrière, restée bloquée sur un logiciel des années 1920. Je n'ai pas plus envie de voter pour une LCR plus soucieuse de politique politicienne que de la misère française. Je ne voterai pas pour un PCF dont la direction n'a pas renoncé aux méthodes staliniennes. Un vote de conviction semble désormais impossible. On peut alors choisir de rester pur et se cantonner à la seule éthique de conviction en votant blanc aux deux tours. On peut aussi mettre les mains dans le cambouis, composer une éthique de responsabilité : voter blanc au premier tour et Royal au second ; ou voter utile deux fois en choisissant Ségolène Royal. Ce qui suppose - ce que je crois - qu'à défaut d'idéal, on compose avec une gauche antilibérale responsable qui pense que la droite de Sarkozy, a fortiori celle de Le Pen, ça n'est pas la même chose que la gauche libérale des socialistes. § Jeudi 28 décembre, dans un entretien à "Sud-Ouest", la ministre de la défense a indiqué qu'elle ne serait pas "candidate au soutien financier et logistique de l'UMP". § E lle n'ira pas. Michèle Alliot-Marie a mis fin au suspense - limité - sur son éventuelle candidature au sein de l'UMP pour obtenir le "soutien" du parti. Jeudi 28 décembre, dans un entretien à Sud-Ouest, la ministre de la défense a indiqué qu'elle ne serait pas "candidate au soutien financier et logistique de l'UMP". A trois jours de la clôture des candidatures internes, Nicolas Sarkozy est donc en passe d'être le candidat unique du scrutin du 14 janvier au cours duquel les quelque 300 000 militants de l'UMP seront appelés à désigner leur candidat. A l'issue des trois forums régionaux, réclamés notamment par Mme Alliot-Marie, la plupart des principales personnalités de la majorité se sont clairement ralliées au président de leur parti (Le Monde du 23 décembre). Tous ? Non ! La ministre de la défense a seulement pris acte de cette bataille perdue. "Ce que je constate aujourd'hui, c'est qu'au sein de l'UMP, les nouveaux membres, notamment, ont souhaité adhérer pour soutenir une candidature de Nicolas Sarkozy. Il ne s'agit pas pour moi de semer le trouble. Je ne demande donc rien", indique-t-elle dans Sud-Ouest. Mais elle n'a pas dit son dernier mot : "Je vais consulter un certain nombre de personnes et je dirai, avant le congrès du 14 janvier, comme ça les choses seront claires, quelle sera ma décision." "PAS COMME LES AUTRES" Que va faire Michèle Alliot-Marie ? D'un côté, elle indique, jeudi 28 décembre, qu'elle a "envie d'être candidate". Dans la version audio de l'entretien de Sud-Ouest, disponible sur le site Internet du quotidien, elle affirme : "Je ne suis pas une candidate comme les autres", utilisant, pour la première fois, un présent de l'indicatif. D'un autre côté, l'annonce par la ministre de la défense qu'elle fera part de sa décision avant le 14 janvier semble indiquer le contraire. Mercredi 6 décembre, Mme Alliot-Marie avait expliqué que "si dans quelques semaines, il apparaît que Nicolas Sarkozy est le candidat qui a le plus de chances de l'emporter (...), je le soutiendrai, et sans aucune hésitation". On voit donc mal Mme Alliot-Marie annoncer sa candidature au moment de l'investiture triomphale et presque unanime de Nicolas Sarkozy par les adhérents. Surtout que Mme Alliot-Marie affirme que "quand je vais à une élection, c'est pour gagner". En renonçant, l'ex-présidente du RPR prendrait-elle déjà date pour l'après-2007 et l'éventuelle défaite de son camp ? L'UMP semble pourtant considérer avec indifférence les hésitations de Mme Alliot-Marie. Jeudi matin sur Europe 1, le porte-parole de l'UMP, Luc Chatel, indiquait que "ce qui est important, c'est que nous prenons acte du fait que MAM ne sera pas candidate dans le cadre de la procédure définie au sein de notre famille politique (...) qui a pour objet d'apporter un soutien politique, juridique et financier à un candidat". Xavier Bertrand, ministre de la santé, récemment rallié à Nicolas Sarkozy dont il devrait être l'un des porte-parole de campagne, ne croit pas qu'elle ira jusqu'au bout : "Je ne peux imaginer qu'elle puisse faire cela. Il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP au premier tour de l'élection présidentielle (...). Il faut que l'esprit de responsabilité l'emporte", a-t-il estimé sur BFM. La députée Nadine Morano (Meurthe-et-Moselle, UMP) a lancé à Mme Alliot-Marie, jeudi sur Europe 1, une dernière perche : "Tout cela se terminera avec une place bien précise, déterminée dans la campagne auprès de Nicolas Sarkozy et tout rentrera dans l'ordre." Seul candidat déclaré en dehors du parti, le député Nicolas Dupont-Aignan (UMP, Essonne) estime puiser une nouvelle légitimité dans le renoncement de Mme Alliot-Marie à affronter M. Sarkozy : "plus que jamais candidat" à la présidentielle, il juge que les primaires dans son parti sont "totalement artificielles" et qu'elles constituent "un non-sens institutionnel" sous la Ve République. § Entre la crainte d'une réédition du 21 avril 2002 et les hésitations devant la publication des listes de parrains par le Conseil constitutionnel à un an des élections municipales de 2008, les maires sont encore nombreux à réserver leur réponse. § A u lendemain de Noël, les décomptes de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ne donnaient que 340 promesses de signatures sur les 500 nécessaires pour son candidat, Olivier Besancenot, un score qui ne progresse que très lentement depuis un mois. Alors que M. Besancenot devra avoir déposé ses parrainages avant le 16 mars à minuit, l'inquiétude commence à se faire sentir au siège de la LCR. Les équipes de militants ont pourtant démarché plus de 8 000 élus afin de les convaincre. "On rame. Le blocus du PS est toujours aussi fort", explique François Sabado, membre du bureau politique. Entre la crainte d'une réédition du 21 avril 2002 et les hésitations devant la publication des listes de parrains par le Conseil constitutionnel à un an des élections municipales de 2008, les maires sont encore nombreux à réserver leur réponse. Plus de 1 000 parmi ceux qui ont reçu la visite de la LCR seraient dans ce cas. Les dirigeants de l'organisation ont lancé un appel à l'ensemble des partis politiques leur demandant de "s'abstenir de toute consigne visant à empêcher la candidature d'Olivier Besancenot". En vain, pour le moment, du côté du PS. La consigne de François Hollande aux élus socialistes de n'accorder aucun parrainage à un autre candidat que celui désigné par les militants semble toujours tenir. Elle a été répétée lors d'un bureau national du PS début décembre. Et Olivier Besancenot semble en faire les frais plus que l'autre candidate trotskiste, Arlette Laguiller. La direction de la LCR envisage de demander un rendez-vous au PS, début janvier 2007, "pour tenter de débloquer la situation". La candidate de Lutte ouvrière (LO) aurait, elle, déjà plus de 500 parrainages, selon la direction de l'organisation. Les équipes de LO, qui ont commencé leur collecte début juin, n'ont rien laissé au hasard. LES DÉÇUS DE SÉGOLÈNE ROYAL Le visage de Mme Laguiller flanquée de son slogan "sincèrement dans le camp des travailleurs" s'affiche depuis dix jours sur 15 000 panneaux publicitaires. D'autres devraient suivre pour une campagne "comme nous la menons depuis des années", précise Georges Kaldy, l'un des dirigeants de LO. La bataille entre les deux candidats d'extrême gauche s'annonce serrée. Même s'ils n'ont pas le même électorat - Mme Laguiller ayant fidélisé depuis plus longtemps le sien dans les couches populaires et M. Besancenot attirant plus les couches intellectuelles "petites-bourgeoises", selon l'institut CSA - ils tournent entre 3 % et 4 % des intentions de vote. Et comptent bien récupérer les déçus de Ségolène Royal. § La députée sarkozyste Nadine Morano "ne pense pas que Michèle Alliot-Marie va se lancer" dans la campagne présidentielle sans le soutien de l'UMP. Le ministre de la santé Xavier Bertrand estime qu'"il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP". § X avier Bertrand, ministre de la santé fraîchement rallié à Nicolas Sarkozy, dont il pourrait être un porte-parole de campagne, ne croit pas à une candidature de Michèle Alliot-Marie en dehors de l'UMP. "Je ne peux imaginer qu'elle puisse faire cela. Il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP au premier tour de l'élection présidentielle", a réagi le ministre, mercredi soir, 27 décembre, sur les ondes de BFM, avant d'ajouter : "Il faut que l'esprit de responsabilité l'emporte." Peu avant, le quotidien régional Sud-Ouest avait levé le rideau sur un entretien avec Mme Alliot-Marie publié dans son édition du jeudi 28 décembre. Dans cette interview, la ministre annonce qu'elle ne demande pas le soutien de l'UMP pour être candidate à la présidentielle, mais qu'elle réfléchit à une candidature hors parti, dont elle affirme avoir "très envie". Invitée à commenter les propos de la ministre de la défense, la sarkozyste Nadine Morano a de son côté indiqué jeudi au micro d'Europe 1, ne pas croire que la ministre puisse aller au bout d'une candidature en solo. "Je ne pense pas qu'elle va se lancer", a estimé la députée UMP du département de Meurthe-et-Moselle. Nadine Morano estime que "la sagesse" et "le sens des responsabilités" de la ministre de la défense la conduiront à soutenir in fine Nicolas Sarkozy. La députée se dit convaincue que Mme Alliot-Marie "terminera avec une place bien précise, déterminée dans la campagne auprès de Nicolas Sarkozy et tout rentrera dans l'ordre". Selon Mme Morano, à deux semaines du congrès du 14 janvier, chaque responsable UMP doit "maintenant prendre la porte de sortie de la réflexion personnelle pour la porte d'entrée de l'action collective". Le député sarkozyste Yves Jégo a indiqué pour sa part ne voir "aucune justification" à une candidature de Michèle Alliot-Marie en dehors de l'UMP, ajoutant qu'une telle démarche "ouvrirait une division". "A partir du moment où on ne fait pas le choix de se présenter devant les militants, ipso facto on renonce à être candidat à l'élection présidentielle", a affirmé jeudi sur RMC Info le député de Seine-et-Marne, qui estime que"rien ne justifie aujourd'hui que Michèle Alliot-Marie quitte sa famille". DES PRIMAIRES "ARTIFICIELLES" "En déclarant forfait, Michèle Alliot-Marie confirme ce que j'ai toujours dit : les primaires de l'UMP constituent, sous la Ve République, un non-sens institutionnel et sont totalement artificielles", a réagi, pour sa part, le député UMP de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, dans un communiqué diffusé jeudi. Selon le président du club Debout la République, qui s'affirme "plus que jamais candidat" à la présidentielle, mais en dehors de l'UMP, Nicolas Sarkozy obtiendra le 14 janvier "le soutien logistique et financier de l'UMP, mais ne pourra en aucun cas, avec son projet atlantiste, européiste et libéral, rassembler les gaullistes". § La ministre de la défense a annoncé, dans une interview à paraître jeudi 28 décembre dans le quotidien "Sud-Ouest", qu'elle ne demandait pas le soutien de l'UMP pour être candidate à la présidentielle. Elle a également indiqué réfléchir à une candidature hors parti, dont elle affirme avoir "très envie". § M ichèle Alliot-Marie, ministre de la défense, a annoncé, mercredi 27 décembre, au journal Sud-Ouest qu'elle ne demandait pas le soutien de l'UMP pour être candidate à la présidentielle. Elle a ajouté qu'elle réfléchissait à une candidature hors parti, dont elle affirme avoir "très envie". Dans cette interview à paraître jeudi, Mme Alliot-Marie indique qu'elle n'est pas "candidate au soutien financier et logistique de l'UMP". Elle ne s'inscrira donc pas dans le processus de candidatures ouvert par son parti jusqu'au 31 décembre 2006. Nicolas Sarkozy devrait par conséquent être seul à solliciter le soutien financier et politique de l'UMP en vue de la présidentielle de 2007 lors du congrès du parti, le 14 janvier à Paris. La ministre ajoute qu'elle va "réfléchir" à une candidature en consultant "les membres de (son) association Le Chêne, les parlementaires et également des personnalités de l'UMP dans les prochaines semaines". MME ALLIOT-MARIE ANNONCERA SA DÉCISION AVANT LE 14 JANVIER Elle annonce également qu'elle donnera sa décision finale "avant le congrès du 14 janvier". "Ce que je constate aujourd'hui, a-t-elle déclaré à Sud-Ouest, c'est qu'au sein de l'UMP, les nouveaux membres notamment ont souhaité adhérer pour soutenir une candidature de Nicolas Sarkozy. Il ne s'agit pas pour moi de semer le trouble. Je ne demande donc rien". Mme Alliot-Marie assure enfin "ne pas vouloir faire durer le suspens" mais souhaite "distinguer deux choses". "Il y a d'une part le soutien de l'UMP. Il y a d'autre part l'élection présidentielle. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment faire gagner ma famille politique et mes convictions. C'est pourquoi il était important qu'il puisse y avoir un débat d'idées montrant que notre famille politique est riche de sa diversité. Ceci a été fait, notamment grâce aux forums", conclut-elle. § Pour faire venir les deux favoris des sondages sur leur plateau, les producteurs acceptent de se soumettre à leurs exigences. § D ébat" est leur mot fétiche. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal l'évoquent à tout propos. Ils disent vouloir écouter et se soumettre aux salutaires interpellations des citoyens. Dans la pratique, c'est autre chose. Les candidats ont intégré toutes les contraintes de l'audiovisuel et surtout son impact sur l'opinion. Ils arrivent bardés de conseillers en communication et négocient leurs apparitions dans les moindres détails avec les chaînes. Pour préparer "A vous de juger", le 30 novembre sur France 2, Nicolas Sarkozy a ainsi posé ses conditions. Il voulait avoir le temps d'exposer sa candidature et présenter son projet politique sur quatre thèmes : l'emploi, la sécurité, l'immigration, l'école. Demande acceptée par la chaîne. "Nous voulions être les premiers à faire une grande émission avec lui, après sa candidature, et les thèmes qu'il voulait aborder sont aussi ceux qui intéressent les Français", souligne Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2. Le ministre candidat souhaitait aussi débattre avec un syndicaliste. François Chérèque (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO), Bernard Thibault (CGT) ont été sollicités par France 2. Les trois ont décliné l'offre. Un socialiste, alors ? Cette fois, c'est Nicolas Sarkozy qui ne le souhaitait pas. "Il les a déjà tous eus face à lui, affirme l'entourage du président de l'UMP, et il voulait débattre avec des Français." Selon le principe de l'émission, l'équipe a donc réuni une douzaine de personnes - chef d'entreprise, chômeur, jeune de banlieue... - pour qu'ils interpellent le candidat. Elle leur a adjoint un magistrat et un journaliste du Nouvel Observateur censés représenter la gauche. " Les discussions avec Nicolas Sarkozy et son équipe ont été plutôt faciles, explique Nathalie Saint-Cricq, rédactrice en chef de l'émission. Nous avons connu des époques beaucoup plus compliquées." L'émission a été un succès d'audience : 24,2 % de part de marché à 20 h 50, 41,8 % à 23 heures. Sur France 5, Serge Moati a dû, lui aussi, composer. Cette fois, avec Ségolène Royal. La candidate socialiste était l'invitée, le 17 décembre, du magazine "Ripostes". Elle est arrivée avec ses conseillers et ses conditions. "Elle ne voulait pas un débat agressif et politicien, explique Julien Dray, son porte-parole. Ou alors avec une grosse personnalité comme Jean-Pierre Raffarin, François Fillon ou Alain Juppé." Las, les trois hommes ont décliné : pas question d'apparaître en faire-valoir de Ségolène. Serge Moati et son équipe ont alors sollicité Valérie Pecresse, porte-parole de l'UMP. "Trois jours plus tard, affirme cette dernière, on m'a rappelée pour me dire que Mme Royal ne voulait plus de moi, parce qu'elle ne souhaitait pas un débat trop agressif." Les députés Nadine Morano et Patrick Devedjian, proposés par "Ripostes", ont également été récusés. "La candidate voulait parler d'écologie, explique la production. Nous nous sommes donc accordés sur la présence de Nathalie Kosciusko-Morizet, en charge de ces questions à l'UMP." Est-il normal qu'un candidat choisisse ses contradicteurs ? "En fonction des thèmes abordés, il me paraît compréhensible qu'il y ait des interlocuteurs avec lesquels mon invité a envie ou pas de débattre", affirme Serge Moati. Mais le producteur reconnaît que "chacun a aujourd'hui de multiples préoccupations : aborder tel ou tel thème, débattre avec l'un, éviter d'être trop agressé par l'autre, n'accepter que des interlocuteurs "d'un certain niveau"". Pour autant, souligne-t-il, le très grand soin apporté par ses invités n'a pas empêché Ségolène Royal "d'être interpellée sans ménagement par Jean-Louis Bourlanges". Il n'empêche, les chaînes se plient de plus en plus aux règles édictées par les deux favoris des sondages. "Les débats d'aujourd'hui incarnent parfaitement la culture politique et médiatique française, souligne Mickaël Darmon, journaliste politique à France 2. On reste ainsi dans un système d'adoubement, très encadré." Les conseillers en communication ont d'ailleurs si bien intégré les lois de l'audiovisuel qu'ils en ont adopté le vocabulaire. Ils parlent désormais de "séquences" et de "story board", comme les scénaristes de feuilletons télévisés. § Dominique Voynet a réaffirmé, dimanche, sa volonté de porter haut les couleurs de son parti et fait comprendre qu'elle n'avait pas l'intention de s'effacer au profit d'une autre personnalité. § D ominique Voynet a réaffirmé dimanche 3 décembre à Bordeaux lors du congrès national du mouvement écologiste sa volonté de porter haut les couleurs de son parti et fait comprendre qu'elle n'avait pas l'intention de s'effacer au profit d'une autre personnalité. Alors que l'ombre de Nicolas Hulot et de son pacte écologique ont plané tout au long du week-end studieux des Verts, au point que certains n'ont pas hésité à suggérer de rallier l'animateur de télévision s'il se présentait à la présidentielle, Dominique Voynet a lancé : "Je suis la candidate des Verts et j'en suis fière". "Je n'ai pas l'intention de mettre mon drapeau dans ma poche lors des prochains mois", a-t-elle assuré sous les applaudissements de plusieurs centaines de militants. "Les mêmes qui nous affirment aujourd'hui que la candidature verte est inutile parce que les (autres) candidats sont touchés par la grâce écologique ont pour la plupart ignoré et parfois méprisé les alertes dont nous avons été les porteurs depuis René Dumont en 1974", a-t-elle ajouté. Les Verts, a expliqué la candidate, doivent apporter un "démenti collectif" à "certains intervieweurs patentés qui me pressent, en boucle, de dire que le parti vert est inactif, divisé, inutile, inaudible". MESURES SOCIALES Cette volonté de faire des Verts le parti de référence pour l'écologie dans la campagne présidentielle, Dominique Voynet a annoncé qu'elle la concrétiserait un peu plus en proposant aux Français le 26 janvier à Nantes (Loire-Atlantique) un "contrat écologique" qui sera centré "autour des grands impératifs écologiques" mais "ne fera pas l'impasse sur les questions sociales". Elle a ainsi refusé de se résigner à abandonner sept millions de personnes "qui vivent la pauvreté et la précarité dans notre pays". Elle a proposé de "limiter le recours au travail à temps partiel", la création d'un "revenu de solidarité active" pour aider le retour à l'activité, d'un "service public de la petite enfance" et d'un "chèque santé" pour assurer une alimentation de qualité à tous. Dominique Voynet qui a qualifié d'indécentes les attaques contre les 35 heures a estimé que les Verts étaient les "mieux placés" pour relancer une vieille inspiration : "travailler tous, travailler moins, travailler mieux". Pendant ce temps, les 544 délégués votaient sur les motions servant à définir la politique du parti pour les deux années à venir. Déjà reporté d'une journée, le vote a repris dimanche et donné une majorité de 54,75 % à la synthèse trouvée entre trois motions, celle des partisans de Dominique Voynet, celle plus à gauche défendue notamment par la porte-parole des Verts Cécile Duflot et celle des amis de Noël Mamère, député-maire de Bègles. Le député Yves Cochet et ses amis qui avaient refusé de s'y joindre ont finalement obtenu 23,55% des votes. La motion de synthèse arrivée en tête et acquise au soutien de Dominique Voynet devra ensuite rallier des voix venues des motions écartées pour franchir le cap des 60% des voix nécessaires pour donner au parti une nouvelle direction dans deux semaines lors d'un conseil national à Paris. § La candidate socialiste, a appelé, dimanche, à l'établissement d'un Etat palestinien "viable" et à une "sécurité" durable pour Israël. § S égolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle française, a appelé, dimanche 3 décembre, à l'établissement d'un Etat palestinien "viable" et à une "sécurité" durable pour Israël, lors d'une visite à Gaza, la première d'un responsable français depuis la victoire du Hamas. "Seule la paix et le développement peuvent faire connaître l'espérance", a affirmé Mme Royal, lors d'une conférence de presse avec le président palestinien Mahmoud Abbas. "Les principes sont connus : le peuple palestinien a droit à un Etat souverain et viable et Israël à une sécurité durable", a-t-elle ajouté, avant de souligner : "La tâche est difficile, la tâche est complexe mais les énergies humaines et la volonté finiront par l'emporter". "J'ai pu mesurer les frustrations et les angoisses du peuple palestinien", a-t-elle ajouté, mettant l'accent sur "le chômage des jeunes qui nourrit le fondamentalisme". Peu auparavant, la candidate socialiste avait appelé lors d'une rencontre avec des étudiants palestiniens à une reprise de l'aide internationale directe, gelées après la victoire du Hamas en janvier. "Il faut reprendre l'aide internationale aux Palestiniens", a déclaré Mme Royal, selon des participants à une table ronde au centre culturel français de Gaza, insistant sur la nécessité d'un bon fonctionnement du service public dans la bande de Gaza. HOMMAGE À M. ABBAS Mme Royal a, par ailleurs, loué les efforts de M. Abbas."Je suis impressionnée par sa force, sa volonté et son optimisme dans un contexte que je sais critique mais en même temps plein d'espoir suite aux récentes déclarations d'Ehoud Olmert", a-t-elle ajouté. "Je tiens, M. le président, à vous rendre un hommage particulier pour vos efforts pour la constitution d'un gouvernement palestinien qui manifesterait un progrès substantiel vers la reconnaissances des principes du Quartet" , a dit Mme Royal. M. Abbas, de son côté, a remercié la France pour son soutien aux Palestiniens et a indiqué qu'il souhaitait un "gouvernement capable de briser le blocus". "Les conditions pour briser ce siège sont connues", a-t-il ajouté. Après sa visite à Gaza, Mme Royal doit s'entretenir dans l'après-midi avec la ministre israélienne des affaires étrangères, Tzipi Livni, à Jérusalem. § Si le premier tour de la présidentielle avait lieu demain, Sarkozy et Royal obtiendraient quasiment le même score, loin devant les autres, selon un sondage IFOP pour le "Journal du dimanche". Selon un autre sondage, CSA celui-là, 46 % des Français souhaiteraient voir Sarkozy soutenu par l'UMP et 33 % Alliot-Marie. § S i le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu demain, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal obtiendraient quasiment le même score, loin devant les autres candidats, selon un sondage IFOP pour le Journal du dimanche diffusé dimanche 3 décembre. En cas de duel au second tour, ils recueilleraient chacun 50 % des voix, d'après cette enquête réalisée jeudi et vendredi auprès de 901 personnes. Dans le précédent sondage réalisé les 17 et 18 novembre, Ségolène Royal l'emportait d'une courte tête (51% contre 49 % pour Nicolas Sarkozy). Au premier tour, la candidate du Parti socialiste obtiendrait 31 % des voix, soit une hausse de deux points par rapport à mi-novembre. Le président de l'UMP, officiellement candidat à l'investiture de son parti depuis jeudi, en recueillerait 30 % (+ 1 point). Le leader du Front national, Jean-Marie Le Pen, est crédité de 12 % des intentions de vote. Le président de l'UDF, François Bayrou, qui a annoncé sa candidature samedi matin, est à 9 %, en recul de deux points par rapport à la précédente enquête. Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire) et Philippe de Villiers (Mouvement pour la France) ont été choisis par de 4 % des sondés. La candidate des Verts Dominique Voynet, recueille 2 % des intentions de vote. LES FRANÇAIS ET LE MATCH À L'UMP Par ailleurs, selon un autre sondage publié également dimanche et réalisé cette fois par CSA pour France 3 et France Info, 46 % des Français souhaiteraient voir Nicolas Sarkozy soutenu par l'UMP à l'élection présidentielle et 33 % Michèle Alliot-Marie. 25% souhaiteraient que le candidat de l'UMP soit Dominique de Villepin et 3 % Nicolas Dupont-Aignan. 10 % ne choisissent aucune de ces personnalités et 8 % ne se prononcent pas. Les personnes interrogées par CSA (auprès d'un échantillon représentatif de 962 personnes, dont 239 sympathisants UMP, les 29 et 30 novembre) pouvaient citer deux noms dans la liste qui leur était proposée. Chez les sympathisants UMP, le ministre de l'intérieur réalise un score de 82 %, Michèle Alliot-Marie atteignant 34 %, Dominique de Villepin 23 % et Nicolas Dupont-Aignan 1 %, tandis qu'1 % ne se prononce pas. § Chômeurs et précaires ont manifesté, samedi 2 décembre, pour tenter de mettre le question du chômage au cœur du débat public avant la présidentielle. § P lusieurs milliers de chômeurs ont défilé, samedi 2 décembre après-midi à Paris, contre le chômage et la précarité, à l'appel de l'ensemble des mouvements de chômeurs. La manifestation est partie de la place de la République peu en direction du siège de l'Unedic, derrière une banderole de tête proclamant "Temps, travail, argent : changeons les règles". Les trois associations de chômeurs (MNCP, AC!, Apeis), ainsi que la CGT-Chômeurs ont appelé à cette manifestation nationale pour tenter de peser sur la présidentielle. "L'insécurité, sujet de prédilection annoncé de cette campagne, découle en majeure partie du chômage et de la précarisation de nos vies", ont-ils rappelé. "C'est la 4e année que nous organisons une manifestation début décembre", a déclaré Philippe Villechalane, porte-parole de l'Apeis. "Le but, c'est de montrer qu'on existe, de rappeler qu'il y a cinq millions de chômeurs et 7 millions de travailleurs pauvres en France, mais aussi de dire qu'il n'y a pas de fatalité : que notre situation est le résultat de choix politiques, sociaux, et des entreprises, dans une société riche", a-t-il ajouté. "Cette manif est devenue un rituel pour dire que beaucoup de gens ne passent pas un bon Noël : on est les porte-parole des sans-voix", raconte Maguy, 54 ans, une ancienne de Moulinex à Caen licenciée en 2001, la casquette vissée sur des cheveux noirs très courts. "UN CHÔMEUR EST UN ÉLECTEUR" Des manifestants sont venus de province (Basse-Normandie, Ardennes, etc..), tel Jean-Pierre, grand gaillard du BTP aux yeux bleux, originaire de la Sarthe et au chômage depuis 4 ans. "A 50 ans, pour trouver du travail, c'est pas facile : on espère que les candidats à la présidentielle vont nous entendre et voir qu'il faut changer les choses", a-t-il témoigné. Les manifestants demandent que "la prime de Noël" de 152 euros réservée aux bénéficiaires du RMI et aux chômeurs en fin de droits (ASS) soit portée à 500 euros et accordée à "tous les chômeurs et précaires". Du côté des précaires, souvent des jeunes, Marie, 32 ans, travaille à temps partiel "subi" dans une association toulousaine. "Un chômeur est un électeur", indique sa banderole et elle aimerait mobiliser les demandeurs d'emploi "pour qu'ils aillent voter et que le premier parti des chômeurs ne soit plus l'abstention". "Parce que, quoiqu'on en dise, il y a une différence de gestion entre la gauche et la droite", assure-t-elle. Des membres du collectif de stagiaires "Génération précaire", portant des masques blancs, étaient aussi présents. "Faisons la guerre aux chômage, pas aux chômeurs", indiquait une autre banderole du défilé, dans lequel la CNT, les syndicats SUD, Attac ou encore la LCR étaient représentés. § Le manque de réaction de la candidate socialiste lorsqu'un député du Hezbollah a comparé l'occupation israélienne du Liban au "nazisme" suscite la polémique. Ségolène Royal affirme qu'elle n'a "pas entendu" ces propos "inadmisissibles, abominables, odieux". § "J e n'ai pas entendu cette comparaison et si cette comparaison avait été faite, que ce soit moi ou que ce soit l'ambassadeur de France qui était à mes côtés et qui n'a pas non plus entendu ces propos, nous aurions quitté la salle". C'est en ces termes que Ségolène Royal a expliqué à la presse, lors du troisième jour de sa visite au Liban, sa réaction face à un député du Hezbollah qui a comparé l'occupation israélienne du Liban au "nazisme". "Que les choses soient bien claires : ces propos qui auraient été inadmisissibles, abominables, odieux, auraient entraîné de notre part un départ de la salle. Nous n'avons pas entendu ces propos", a-t-elle insisté. La candidate socialiste a expliqué qu'elle n'avait pas réagi tout de suite car elle n'avait pas entendu ce qualificatif prononcé en arabe. Les faits remontent à vendredi, lors de la rencontre entre Ségolène Royal et 17 députés de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale libanaise. Au cours de cette réunion, un député du Hezbollah, Ali Ammar, a déclaré en arabe : "Le nazisme qui a versé notre sang et qui a usurpé notre indépendance et notre souveraineté n'est pas moins mauvais que le nazisme qui a occupé la France". Ses propos, qui se trouvaient dans un long exposé, étaient traduits en langue française par deux traductrices, une pour la candidate socialiste et ses conseillers, une autre pour les journalistes français. Le mot "nazya", prononcé deux fois en arabe, a été entendu clairement par de nombreux journalistes français présents dans la salle. "JE CONTINUERAI À DIALOGUER" Au cours de la réunion, le parlementaire du Hezbollah avait qualifié Israël d'"entité sioniste". Ségolène Royal avait alors exprimé "une divergence de vues", affirmant que "l'Etat d'Israël a le droit d'exister". En revanche, Ali Ammar ayant longuement insisté sur "la folie de la politique américaine", elle a dit partager avec lui "beaucoup de choses, notamment l'analyse du rôle des Etats-Unis". A la fin de la réunion, elle a fait une mise au point en soulignant qu'il ne fallait pas "confondre la politique de l'administration Bush avec la politique globale des Etats-Unis", rappelant que la France était "l'alliée" de ce pays. La candidate socialiste a tenu à préciser : "je continuerai à dialoguer, n'en déplaise à certains, avec tous les parlementaires ou toutes les autorités démocratiquement représentatives et je ne laisserai pas déformer le contenu d'une réunion ou les propos pour m'empêcher de continuer à parler", a-t-elle poursuivi, sans préciser si elle rencontrerait des élus du parti palestinien Hamas lors de son déplacement à Gaza. Ségolène Royal est attendue dimanche en Israël et à Gaza, elle doit s'entretenir avec le premier ministre israélien Ehoud Olmert et la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni, ainsi qu'avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. § Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, parti associé à l'UMP, a annoncé samedi 2 décembre qu'elle renonçait à se présenter à la présidentielle de 2007 et apportait son soutien à Nicolas Sarkozy. § C hristine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, parti associé à l'UMP, a annoncé samedi 2 décembre qu'elle renonçait à se présenter à la présidentielle de 2007 et apportait son soutien à Nicolas Sarkozy. "Afin de tenir compte des risques d'un avril 2002 à l'envers, j'ai pris la décision de ne pas me présenter à l'élection présidentielle, pas plus qu'à l'investiture interne de l'UMP", a déclaré Mme Boutin devant ses partisans réunis à Paris. Elle a fait part immédiatement de son "soutien" à Nicolas Sarkozy pour la présidentielle, en ajoutant que le programme du candidat UMP devait "être enrichi". Il faut "mettre Nicolas Sarkozy, pour la France, en situation de réussite", a-t-elle poursuivi tandis que des "Sarkozy président" retentissaient dans la salle. En 2002, au premier tour de la présidentielle, la présidente du Forum des Républicains sociaux avait recueilli 1,2 % des suffrages. § Parler avec tout le monde au Liban, dans un rôle que Ségolène Royal conçoit comme celui d'une "facilitatrice", relève de la diplomatie à haut risque. § P arler avec tout le monde au Liban, dans un rôle que Ségolène Royal conçoit comme celui d'une "facilitatrice", relève de la diplomatie à haut risque. La candidate socialiste à l'élection présidentielle a pu le mesurer, vendredi 1er décembre, lors de sa rencontre avec les membres de la commission des affaires étrangères du Parlement libanais, réunis dans un grand hôtel de Beyrouth, en marge de la manifestation de l'opposition. Parmi les députés de toutes tendances politiques assis autour de la table, le représentant du Hezbollah, Ali Amar, s'est lancé dans une violente diatribe contre les Etats-Unis et Israël. Evoquant le rôle des Américains en Afghanistan et en Irak, le député dénonce la "démence illimitée américaine". Puis il enchaîne sur l'"entité sioniste" : "Le nazisme qui a versé notre sang, usurpé notre indépendance n'est pas moins mauvais que le nazisme qui a occupé la France." Mme Royal écoute, puis reprend la parole. "Merci de votre franchise, dit-elle. Il y a beaucoup de choses que je partage de ce que vous avez dit, notamment votre analyse sur les Etats-Unis. J'aurai juste une divergence de vues : les Palestiniens ont droit à un Etat souverain, mais je ne peux pas parler comme vous d'"entité" à propos d'Israël. L'Etat d'Israël existe et a droit à la sécurité." Elle écoute aussi un partisan du général Michel Aoun, des représentants de la coalition du 14 mars anti-syrienne, et même l'éditorialiste d'un quotidien qui choisit d'attaquer les relations de Jacques Chirac avec une famille - celle des Hariri, qualifiée "d'affairiste" - et qui cite des "notes" obscures du président français sur les chrétiens maronites. Mme Royal corrige : "Vous n'y allez pas doucement ! Il ne faut pas avancer des choses sans preuve. Comme si moi je disais que les Syriens sont à l'origine des assassinats politiques, beaucoup le pensent, je n'en sais rien. Voilà, toutes les choses sont dites." A la fin de la séance, cependant, la candidate socialiste tenait à faire une "mise au point" : ses propos sur les Etats-Unis, assure-t-elle, visaient l'action de l'"administration Bush" et ne valaient pas "condamnation globale" de l'allié américain, "pays avec lequel nous avons beaucoup de convergences". VOYAGE EN ISRAËL ET À GAZA Un peu plus tôt, à la résidence de l'ambassadeur, la candidate socialiste avait défini sa méthode devant la presse : "Je veux une diplomatie franche, efficace, simple et qui aboutisse à des résultats, avec une certaine abnégation. Je crois que la diplomatie ne doit pas être conduite au profit de la France, mais au nom d'un certain nombre de valeurs, au nom d'un ordre international juste." Elle s'est dite "en phase" avec la politique étrangère de la France et partisane d'une "très forte continuité". Mais, "attentive à une donne qui évolue", elle revendique "une liberté de parole", et défend le principe de parler avec des représentants de tous bords dès lors qu'ils sont élus et ont "une légitimité démocratique". Interrogée sur la suite de son voyage prévu dimanche en Israël, dans les territoires palestiniens, à Gaza, et sur la possibilité de rencontrer des élus du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), avec lesquels les dirigeants européens refusent de traiter, elle répond : "S'il s'agit de représentants démocratiquement désignés, je verrai. J'évaluerai en fonction des propositions qui me sont faites." Au Proche-Orient, Mme Royal teste sa diplomatie : " J'ai besoin de sentir la situation, explique-t-elle. Oui, c'est une façon de me préparer si je suis élue." Son statut de candidate ne la complexe pas. " J'observe avec intérêt que cette question ne s'est pas posée à mes interlocuteurs", s'est-elle félicitée. § "Le Monde" suit l'élection présidentielle de 2007 avec des lycéens de seconde du lycée Montaigne à Paris § L e Monde suit l'élection présidentielle de 2007 avec des lycéens de seconde du lycée Montaigne à Paris. Avec la collaboration du Monde des ados, ils écriront, chaque mois, une chronique pour livrer leur vision de la campagne électorale. Cette contribution est aussi accessible dans Le Monde Dossiers & Documents. SOURIRE Mme Royal a profité de son statut de femme pour bénéficier d'une campagne fortement médiatisée. De ce fait, elle s'est retrouvée avantagée par rapport aux autres candidats. Après tout, ses idées ont-elles réellement de l'importance quand elle sourit aux photographes ? Mais que va-t-elle apporter à la France ? Voilà une question à laquelle son sourire ne répond pas. Milena Fedida IDÉES Ségolène Royal apporte du nouveau par son visage et par sa façon de penser. Certes, elle a joué de sa féminité, mais elle a également su exprimer clairement ses idées, en s'appropriant le programme de son parti, et en y ajoutant sa vision nouvelle de la politique. Ségolène nous a montré que l'égalité homme-femme pouvait exister. Alice Bauer SOUFFLE Certains s'offusquent du choix de Ségolène Royal. Est-ce à cause du contenu de son programme ou de son sexe ? C'est vrai que les femmes sont plutôt rares dans le paysage politique français. Ségolène semble incarner une nouvelle manière de faire de la politique en se montrant orfèvre dans la maîtrise de son image et des médias. Va-t-elle apporter un nouveau souffle au PS, voire au pays tout entier ? Alexandre Cheronnet DESSOUS Quel est ce nouveau type de journalisme qui s'attarde sur la couleur du maillot de bain des politiques plutôt que de s'intéresser aux idées de fond ? Est-il nécessaire de connaître les "dessous" de la politique ? Ce que nous attendons des politiques, c'est qu'ils nous apportent des idées pertinentes nécessaires à l'évolution de la société. Qu'ils portent des projets, soutenus par leur parti. Connaître leur vie privée n'apporte rien au débat. Léopoldine Hallynck FRANÇOIS On peut s'étonner que François Hollande, premier secrétaire du PS, ne soit pas candidat à l'élection présidentielle. C'est une femme qui prend sa place : Ségolène Royal, sa compagne ! Ce renoncement est-il dû à son manque de charisme, ou à la popularité de Ségolène ? En tout cas, pour une fois c'est l'homme qui laisse la place la plus en vue à sa femme, ce qui est rare. Si Ségolène est élue, elle sera la première femme présidente en France. Mais le couple présidente de la République-premier secrétaire du PS fonctionnera-t-il ? Chloé Spyratos et Juliette Denis IMAGE Un socialiste aurait dit : " Ségolène c'est : une phrase, un sourire." Un sourire radieux que tout le monde a vu à la télévision et dans les magazines. Mais, au fond, son projet n'est-il pas d'être élue pour cette image qu'elle s'est formée à coup de sourires et de petites phrases plutôt que pour des idées ? § A Angers, pour son premier meeting de campagne, le candidat a choisi de s'adresser à un public délaissé par la droite, les "maîtres". Il se dit prêt au "match avec Royal" § P our son premier meeting de candidat officiel, vendredi 1er décembre à Angers, Nicolas Sarkozy a choisi de s'adresser à un public délaissé par la droite : ces professeurs "admirables", ceux qu'il n'appelle plus désormais que "les maîtres". Une manière de se faire une place sur ce créneau déjà encombré par Ségolène Royal et François Bayrou et de sortir symboliquement de son rôle de ministre de l'intérieur. Désormais, sa volonté est de s'adresser "à tous" et "d'aller chercher aussi bien l'électeur du FN, les femmes et les hommes de gauche qui croient au mouvement, les abstentionnistes". Le candidat du "tout est possible" a particulièrement visé les enseignants des zonnes d'éducation prioritaire (ZEP) dont on veut "taire la colère pour une prime de 80 euros par mois". En eux, M. Sarkozy voit les nouveaux "hussards noirs de la République", résistant "à la facilité et à la démagogie des instructions de l'éducation nationale". Dénonçant "l'Etat (qui) se met en situation de non-assistance à personne en danger en n'assurant pas leur protection et leur autorité", il se lance ce défi : faire, en cinq ans, des établissements déshérités, des établissements d'excellence. L'école rêvée de M. Sarkozy est d'abord une arme "contre le communautarisme". Elle est une école du "respect" où l'on salue le professeur, où l'on apprend la règle. Rejoignant sa rivale socialiste, il plaide pour une "tenue décente" des élèves, car en "entre l'uniforme et le jean taille basse qui laisse trop voir, il y a un juste milieu". Cette école est enfin "libre" de choisir son projet éducatif, ses méthodes, ses élèves. FLOU SUR LES MOYENS Prônant, une nouvelle fois, la suppression de la carte scolaire, et l'autonomie des établissements, il promet aux enseignants la rémunération de leurs heures de soutien scolaire volontaires quand Mme Royal souhaite faire travailler les professeurs 35 heures dans les établissements. Flou sur les moyens, il s'est montré déterminé sur l'objectif. Les "maîtres" doivent d'abord "transmettre leur savoir", et privilégier les grands auteurs car, dit-il, on y "apprend autant sur le courage, le civisme, l'amour de la patrie, la générosité, la fraternité et le refus des injustices qu'en participant à un forum de discussion improvisée où chacun vient dire la dernière idée qui lui passe par la tête". Réactionnaire ? Il s'en défend : "L'école de la IIIe République a vécu. Pas question de revenir aux outils, aux programmes et aux méthodes du passé." Mais "il y a un juste milieu", croit-il, entre l'école "où l'on apprend tout par coeur et une école ou on n'apprend plus rien". Toute cette première journée de campagne a d'ailleurs été placée sous le signe de la jeunesse et de la transmission. Rendant visite dans l'après-midi aux apprentis de la chambre de commerce et d'industrie d'Angers, M. Sarkozy les a assurés qu'il ne parlait pas seulement "pour les meilleurs et les champions du monde". "C'est très agréable de discuter avec des jeunes aussi responsables", s'est-il félicité, alors que les 15 à 25 ans lui sont, selon les sondages, majoritairement hostiles. Il leur a même glissé ce conseil : "Le narcissisme n'a jamais conduit au bonheur." La maxime vaut-elle pour lui-même ? Dopé par les scores d'audience de son intervention la veille sur France 2, rassuré par le battage médiatique autour de son entrée en campagne, le président de l'UMP est persuadé d'avoir eu raison dans sa stratégie. Il n'a pu, du coup, résister à la tentation de régler quelques comptes avec la presse. A l'envoyé spécial de Libération, il lance : "Quelle analyse fantastique !" Allusion à la "une" du quotidien, qui a conclu à un "ratage" de son annonce de candidature. A l'encontre de celle de TF1, il grince : "Mes condoléances pour votre mauvaise audience jeudi." Avec Le Monde, il ironise : "Alors, est-ce que j'ai retrouvé mon second souffle ?", en référence à un titre (Le Monde du 29 novembre). Mais tout à sa joie et sa confiance retrouvée, le président de l'UMP a déjà enjambé les étapes qui le conduiront, croit-il, à un face-à-face avec sa rivale du PS. La primaire interne de l'UMP pour laquelle, la veille encore, il invitait Michèle Alliot-Marie, à s'inscrire au plus vite, n'a pas même été évoquée : "C'est derrière nous, veut-il croire. Les électeurs ont déjà tranché. Ils veulent le match avec Royal." § "Le choix qui a été fait par les grands partis ces derniers jours clarifie les choses, a confié Dominique de Villepin, vendredi 1er décembre, lors de son déplacement en Afrique. § "L e choix qui a été fait par les grands partis ces derniers jours clarifie les choses, a confié Dominique de Villepin, vendredi 1er décembre, lors de son déplacement en Afrique. C'est certainement un élément de "sérénisation" de l'action gouvernementale : chacun à sa place, chacun à sa tâche." "Le statut de candidat (de Nicolas Sarkozy) l'oblige à un autre positionnement", confie un proche de M. de Villepin, qui relève que sa déclaration de candidature évoque la perspective de son départ du gouvernement. "En évoquant sa participation à l'un des forums régionaux de l'UMP en décembre, Dominique de Villepin entérine le processus interne à l'UMP", estime Christian Estrosi, secrétaire d'Etat à l'aménagement du territoire. Conférence des revenus et de l'emploi le 14 décembre, conférence sur la croissance en janvier 2007 : désormais, le "premier chef de gouvernement à finir le premier quinquennat" se veut "un cas d'école" en menant l'action gouvernementale "jusqu'au bout". § Les sites Internet de "Challenges" et du "Nouvel Observateur" ont annoncé, vendredi, que Michèle Alliot-Marie renonçait à une candidature à l'élection présidentielle, même en dehors de l'UMP. L'entourage de la ministre de la défense a démenti. § L a candidature possible de Michèle Alliot-Marie à l'élection présidentielle de 2007 a donné lieu à des informations contradictoires, vendredi 29 décembre, dans la presse. L'hebdomadaire Challenges, sur son site Internet, puis le site Nouvelobs.com ont annoncé, au cours de la journée, que la ministre de la défense avait renoncé à se présenter à l'élection présidentielle, même en dehors de l'UMP. Selon le site de Challenges, Mme Alliot-Marie aurait indiqué à Nicolas Sarkozy, lors d'un entretien téléphonique jeudi, qu'elle ne souhaitait pas se présenter en 2007, que ce soit sous la bannière UMP ou pas. "Elle a justifié sa décision en évoquant le peu de soutien en sa faveur qu'elle a constaté au sein de son parti", a affirmé l'hebdomadaire. Cette information a ensuite été "catégoriquement démentie" par l'entourage de la ministre. "Cette information est fausse, a-t-on indiqué. Michèle Alliot-Marie fera connaître sa décision d'ici au 14 janvier. Il n'y a pas eu de contact téléphonique entre elle et Nicolas Sarkozy." Dans une interview publiée jeudi dans le quotidien Sud-Ouest, Michèle Alliot-Marie annonçait son retrait de la course à l'investiture à l'UMP, mais n'excluait pas une candidature indépendante. § De nombreux reponsables et candidats vont signer les propositions de l'association qui a installé un camp de tentes pour les SDF sur les bords du canal Saint-Martin. D'autres soutiennent l'initiative et étudient le texte. Jean-Marie Le Pen dénonce, lui, une "démagogie caricaturale". § C écile Duflot, nouvelle secrétaire nationale des Verts, et Yann Wehrling, aujourd'hui porte-parole du parti, ont d'emblée soutenu le mouvement des Enfants de Don Quichotte, dont ils ont signé la charte, après avoir passé une nuit dans le camp de tentes monté sur les bords du canal Saint-Martin. Christine Boutin, députée UMP et présidente du Forum des républicains sociaux, a fait savoir jeudi 28 décembre qu'elle signerait la charte, qui comprend le droit au logement opposable dont Mme Boutin a fait un cheval de bataille. Conseillère politique de Nicolas Sarkozy, la députée UMP a dit vouloir "encourager" M. Sarkozy à signer lui aussi les propositions de l'association. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, a dit jeudi 28 décembre son intention de signer la charte. Il pourrait la ratifier lors d'une "réunion de travail" qu'il a annoncée pour bientôt. Les six articles de la charte "pourraient fonder aussi les bases d'une politique contre l'exclusion", a-t-il affirmé. Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, a décidé le 27 décembre de signer la charte des Enfants de Don Quichotte. Elle "correspond à ce que je demande à l'Etat et aux autres collectivités depuis cinq ans et à ce que j'ai fait en partie à Paris", a déclaré le maire de Paris vendredi 29 décembre, après avoir rencontré des membres de l'association. Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste et candidate à l'élection présidentielle de 2007, a annoncé vendredi 29 décembre qu'elle avait signé la charte du canal Saint-Martin "devant l'urgence de la situation" vécue par tant de Français "jetés à la rue par la crise" du logement social, le chômage et les bas salaires. Olivier Besancenot, Roseline Vachetta et Alain Krivine, les trois porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire, ont annoncé vendredi 29 décembre avoir signé mercredi la charte. "Je constate que Nicolas Sarkozy l'a signée par l'intermédiaire de Christine Boutin, a déclaré Olivier Besancenot. Il accepte donc que des logements vides soient réquisitionnés à Neuilly, où il y a très peu de logements sociaux", a ajouté le candidat à la présidentielle 2007. Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche, s'est déclaré, vendredi 29 décembre, "signataire" de la charte et a dit partager "pleinement les objectifs de l'association". Roger-Gérard Schwartzenberg, président d'honneur du PRG, a déclaré dans un communiqué, qu'il "s'associe" à cette charte, "qui propose des mesures humainement indispensables et matériellement réalisables pour que les SDF soient enfin accueillis dans des conditions d'hébergement dignes et durables". § Le ministère de l'intérieur a donné à toutes les mairies de France la consigne d'ouvrir "au moins samedi matin" 30 décembre, afin de recevoir les demandes d'inscription sur les listes électorales. § L e ministère de l'intérieur a donné à toutes les mairies de France la consigne d'ouvrir "au moins samedi matin" 30 décembre, afin de recevoir les demandes d'inscription sur les listes électorales. Samedi est le dernier jour pour se faire enregistrer. Selon l'article R5 du code électoral, "pour chaque révision annuelle des listes électorales, les demandes d'inscription des électeurs sont déposées dans les mairies jusqu'au dernier jour ouvrable de décembre inclus, le samedi étant considéré comme jour ouvrable". UN ENGOUEMENT DIFFICILEMENT MESURABLE Fin de la marche du collectif "Votez banlieues" Les marcheurs du collectif "Votez banlieues", composé d'étudiants de Sciences-Po Paris et de jeunes originaires des cités, sont arrivés vendredi 29 décembre à Strasbourg, au terme d'un périple de quatorze jours. Cette marche avait pour objectif d'inciter les habitants des cités à s'inscrire sur les listes électorales. Un des étudiants, Mohamed Chirani, a parlé devant l'hôtel de ville de Strasbourg d'"un vent citoyen", affirmant que "dans les cités traversées, beaucoup de gens (...) ont dit 'cette fois je vote"'. (Avec AFP.) L'année 2007 étant celle des élections présidentielle et législatives, associations et partis tablent sur une forte augmentation du nombre d'inscrits sur les listes électorales. Les institutionnels montrent davantage de prudence, en attendant la publication des listes électorales révisées le 1er mars 2007. Il n'existe pour l'instant "aucune remontée chiffrée" au plan national, prévient-on au bureau des élections du ministère de l'intérieur. UN "DEUXIÈME EFFET 21 AVRIL" Un an après les violences dans les banlieues, des municipalités de la région parisienne évoquent pourtant un "emballement". Pour des acteurs du monde associatif, c'est, cinq ans après, le "deuxième effet 21 avril" qui conduit les Français à s'inscrire en masse."Il y a une volonté de ne pas rater le coche du premier tour cette fois", assure Olivier Klein, maire adjoint de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Dans cette ville de 28 000 habitants, d'où est parti le mouvement de violences à l'automne 2005, on ne comptait que 7 500 électeurs inscrits fin 2004. Plus de 50 % de la population locale avait alors moins de 18 ans et on dénombrait une forte population étrangère. "Aujourd'hui, on enregistre 2 000 inscrits de plus", précise Olivier Klein, soulignant que le "gros" de ces nouvelles inscriptions s'est fait fin 2005, sous la houlette d'associations nées dans la foulée des violences urbaines. § Ni immigration ni insécurité à Chigné, 300 habitants. Pourtant, près de 20 % des électeurs de ce village de Maine-et-Loire a déjà voté pour l'extrême droite. Quatrième volet de notre série avant l'élection présidentielle. § J our de fête à Chigné. Comme chaque année à la même époque, ce dimanche 21 avril 2002, les quelque 300 habitants du village sont réunis autour du "plan d'eau", en bordure du village. Le comité des fêtes a préparé divers stands, la buvette rencontre son succès habituel et "les Anglais", nouvelle communauté massivement implantée dans la région, font goûter leurs spécialités. L'élection présidentielle du jour n'occupe pas les esprits, encore moins les conversations. A Chigné, petite commune rurale de Maine-et-Loire, c'est une habitude, voire une doctrine : la politique, on n'en parle pas. A vrai dire, on n'y pense pas trop non plus. Chigné mène sa vie tranquille et délaissée de village champêtre autour de son unique commerce, un bar-restaurant-épicerie-dépôt de pain et de journaux. La grande église du XVIe siècle n'a plus de curé attitré et n'accueille plus que deux messes par an, au grand dam des villageois. L'école, en "unité pédagogique" avec trois villages voisins, n'a plus qu'une seule classe de maternelle, où sont regroupés 31 élèves de trois niveaux différents. Les agriculteurs sont partis ou se sont associés pour diriger sept ou huit grandes exploitations qui n'emploient pas plus d'un ouvrier chacune. Les autres villageois sont artisans ou employés dans les villes alentour, mais les retraités forment la grosse majorité de la population. Des chômeurs arrivent parfois de la ville pour trouver là des logements moins chers, les Anglais achètent pour les mêmes raisons : un nouveau mélange avec lequel il faut bien composer. La petite délinquance apparaît dans les bourgs voisins. "Tout se délite doucement", disent les anciens sans forcément s'en plaindre. Il est 18 heures, ce 21 avril 2002. Le bureau de vote ferme ses portes. Autour du plan d'eau, la fête finit dans la gaieté en compagnie des dernières "fillettes", ces mini-bouteilles de vin de Loire, indispensables en toute occasion. Une heure plus tard, le jeune maire arrive au plan d'eau, la mine blême. Les derniers fêtards sont en train de trinquer lorsqu'il leur annonce les résultats. Sur les 213 inscrits, 166 ont voté : 33 pour Jacques Chirac, 20 pour Lionel Jospin et... 31 pour les candidats de l'extrême droite (25 pour Jean-Marie Le Pen et 6 pour Bruno Mégret soit au total 19,5 %). Michelle Coisly, l'ancienne institutrice en retraite, d'ordinaire si joviale, fond en larmes. "J'étais là, mon verre à la main, et je n'avais plus envie de trinquer", se rappelle Yorga, un artiste venu s'installer en famille à Chigné, surnommé "Ben Laden" à cause de sa barbe. "Nous étions sidérés, dit le maire, Pascal Louis, agriculteur et sympathisant UMP. Je connais à peu près tout le monde dans le village, et pourtant je n'ai aucune idée de qui a voté Le Pen, ni pourquoi. C'est certainement une protestation d'ordre général, sans lien direct avec la vie locale." Pourquoi, en effet, un tel reflet du vote national dans cette commune minuscule qui ne connaît ni l'immigration ni l'insécurité, où les habitants laissent volontiers maison et voiture ouvertes, où la plus haute tour est le château d'eau ? Est-ce en raison de sa situation solitaire et peu favorisée, perdue entre Saumur (43 kilomètres), Le Mans (55 kilomètres), Angers (58 kilomètres) et Tours (55 kilomètres) ? De l'exode rural qui l'a naturellement frappée, avec la fermeture ou la restructuration de maintes usines dans les bourgs les plus proches ? De l'absence de services de proximité qui aiguise le sentiment du "trop d'impôts" ? A cause des Anglais, qui rachètent les corps de ferme à des prix que les villageois ne peuvent plus suivre ? Ou de ceux qui, sans emploi, sont perçus comme les "profiteurs du système" ? La réponse est là, mais aussi ailleurs. Dans ce rectangle de lumière où chacun contemple en famille, volets fermés, le grand désordre du monde. Cet écran de télévision capable de faire fantasmer l'arrivée imminente et massive, jusque dans les campagnes, d'une vague d'immigration incontrôlée - et, aujourd'hui, des émeutiers de banlieue. Jusqu'ici, à Chigné. Devant l'école maternelle, le car attend les enfants pour ramener ceux qui habitent jusqu'à 10 kilomètres de là. Floriane Boulay, 26 ans, directrice et unique institutrice, aide les retardataires à s'habiller. Angélique Tessier, 35 ans, cantinière et agent d'entretien, leur fait traverser la cour jusqu'au car. Angélique est la dernière de neuf enfants. Son père a touché à tous les métiers possibles dans la région : ouvrier agricole, bûcheron, carrossier, transporteur de lait. Elle, son CAP de pâtisserie en poche, a longtemps gagné sa vie en allant "aux pommes", comme la plupart des jeunes de la région : éclaircissage des branches de mai à juin, cueillette de septembre à novembre, calibrage ensuite. Elle a ensuite trouvé ce travail d'employée municipale : 1 000 euros net par mois. Sans son compagnon chauffeur routier, elle n'aurait pas eu de quoi emprunter pour acheter une maison dans le village. Elle y est bien. "Le calme, les animaux, le jardin, les balades, pas de vandalisme... quoique : les voyous, on les voit arriver au Lude (la "grande ville" proche, 4 000 habitants, à 8 kilomètres)." Cette montée de la délinquance, à deux pas, la préoccupe. Ce qu'elle vote ? Angélique ne sait pas. Elle ne se souvient plus. En 2002, Chirac ou Le Pen ? "Franchement, je ne me souviens plus du tout. Vu toutes les promesses qu'ils nous font... Le Pen, il n'y a pas que du mauvais dans ce qu'il dit." "C'est sûr, c'est comme pour tout, enchaîne Floriane. Mais lui, quand même, il me fait peur." Floriane habite Le Mans et fait chaque jour deux heures de trajet pour travailler à Chigné. Elle a choisi d'enseigner à la campagne, "parce que, dans les villes, il y a soit les écoles de riches, soit les ZEP avec des enfants qui ne parlent pas français". En 2002, elle a voté Olivier Besancenot parce que le programme de la LCR, arrivé dans sa boîte aux lettres, était celui qui lui semblait s'attaquer à ce problème. "Besancenot, c'était une fois, comme ça. Pour 2007, je n'ai aucune idée encore. Je n'aime pas Sarkozy, Ségolène ne m'inspire pas. C'est au feeling. On verra ce qui restera." Un peu plus loin vers la sortie du village, habitent Roland et Suzanne Deaucourt, un couple de retraités parisiens venus à Chigné pour "trouver la paix à un prix raisonnable". Suzanne était agent hospitalier, Roland travaillait dans une entreprise de bâtiment. A Chigné, ils ont tout de suite été acceptés et font partie du comité des fêtes. Ils préparent les roses en papier crépon pour les comices agricoles, organisent la fête du plan d'eau ou celle du mardi gras, le buffet campagnard de février, le méchoui du mois d'août... "On est bien dans notre petit Chigné. C'est une commune vivante, se réjouissent-ils, et notre maire n'a pas peur de faire la vaisselle !" § La candidate du PS a précisé vendredi 29 décembre qu'elle rencontrerait bien les membres de l'association qui a installé 200 tentes pour les SDF sur les bords du canal Saint-Martin, à Paris, mais "sans la presse et dans le cadre d'une réunion de travail". § S égolène Royal rencontrera les membres de l'association Les Enfants de Don Quichotte, qui a monté 200 tentes pour les SDF sur les bords du canal Saint-Martin, à Paris, mais "les contacts seront privés et auront lieu en dehors de la presse, dans le cadre d'une réunion de travail", a précisé vendredi 29 décembre la candidate socialiste. Plus tôt dans l'après-midi, le président de l'association, Jean-Baptiste Legrand, avait démenti la nouvelle d'une visite de Mme Royal au campement de l'association vendredi soir, comme l'avaient laissé entendre des sources "dans l'entourage de la candidate" . Jeudi, une petite délégation du PS a rencontré les membres de l'association et des sans-abri installés sur les bords du canal. "NOUS NE VOULONS PAS ÊTRE RÉCUPÉRÉS" Dans leur appel, Les Enfants de Don Quichotte ne s'étaient pas adressés à Mme Royal, mais à François Hollande, premier secrétaire du PS. Ce dernier a annoncé jeudi qu'il allait signer la charte du canal Saint-Martin, dans laquelle l'association présente ses propositions pour sortir les SDF de la rue. La candidate socialiste s'était pour sa part refusée à toute promesse, affirmant que sa priorité reste "la lutte contre la vie chère et la précarité". "Nous avons choisi d'interpeller les présidents de partis politiques pour l'instant, nous ne voulons pas être récupérés par un ou une candidate présidentielle", a souligné Jean-Baptiste Legrand. § La mobilisation contre l'expulsion d'enfants scolarisés de parents sans papiers, l'émotion suscitée par l'évacuation du squatt de Cachan, et plus récemment l'initiative des Enfants de Don Quichotte ont poussé les politiques à prendre position. § T rois mouvements citoyens auront marqué l'année : la mobilisation contre l'expulsion d'enfants scolarisés de parents sans papiers ; l'émotion suscitée par l'évacuation des squatters de Cachan (Val-de-Marne) ; et plus récemment l'initiative des Enfants de Don Quichotte, invitant des biens-logés à camper à Paris, canal Saint-Martin, au côté des SDF. Les Enfants de Don Quichotte lancent un appel solennel à Jacques Chirac Alors que la Charte du canal Saint-Martin, où Les Enfants de Don Quichotte présentent leurs propositions d'urgence pour sortir les SDF de la rue, reçoit de plus en plus de signatures, le président de l'association a lancé vendredi 29 décembre " un appel solennel à Jacques Chirac pour qu'il signe cette charte et qu'elle soit mise en oeuvre au plus vite", a-t-il ajouté. Les Don Quichotte attendent un geste du président de la République à l'occasion de ses voeux du 31 décembre. "Soit Chirac prend une mesure forte, au-dessus des partis, en décidant l'application de la charte, soit on durcit le mouvement en fortifiant nos campements", a prévenu Jean-Baptiste Legrand. (Avec AFP.) Des sujets sociétaux qui devraient peser dans la présidentielle de 2007. Paradoxalement, au-delà des déclarations de principe, le Parti socialiste et Ségolène Royal ont été plutôt en retrait sur ces dossiers. C'est Nicolas Sarkozy, qui s'est retrouvé en première ligne en tant que ministre de l'intérieur et candidat à l'élection présidentielle. Son attitude a, pour une large part, tenu compte des enquêtes d'opinion et de l'évolution des rapports de force. Dès octobre 2005, sous la pression croissante des comités de soutien aux jeunes étrangers scolarisés menacés d'expulsion, le ministre de l'intérieur s'était engagé à ne pas reconduire à la frontière leur famille au cours de l'année scolaire. Huit mois plus tard, la mobilisation redoublant, en raison de la proximité émotionnelle des Français avec ces enfants, il a dû régulariser une partie de ces familles. Sur l'affaire du squat de Cachan, M. Sarkozy s'est, cette fois-là, prévalu d'une attitude de fermeté. Les enquêtes d'opinion semblaient montrer que la population ne témoignait pas d'une grande empathie pour les familles étrangères évacuées, alors qu'elle a elle-même du mal à se loger. Etat d'esprit qu'il a revendiqué pour rester inflexible... avant de trouver un compromis grâce à la médiation de la Licra et de SOS-Racisme. Logiquement, sur sujet des mal-logés, le président de l'UMP a compris qu'il s'agissait là d'une question sensible pour les Français. Son entourage, qui a auditionné des personnalités qualifiées, dont le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Patrick Doutreligne, l'a tenu informé. En octobre, il évoquait déjà, dans son discours de Périgueux, l'idée d'un droit au logement opposable. Avant de prendre, le 18 décembre, à Charleville-Mézières, l'engagement, d'ici deux ans, de consacrer un véritable droit à l'hébergement et à ce que "plus personne ne (soit) obligé de dormir sur un trottoir et d'y mourir de froid". Cet engagement complète le discours habituel de M. Sarkozy, souvent enclin à défendre le mérite et l'effort personnel. "Se positionner sur un enjeu social est aussi une façon d'adoucir son image qui peut paraître inquiétante jusque dans les rangs de ses soutiens", estime Gaël Sliman, directeur adjoint de l'institut d'études BVA. Le président de l'UMP, qui entend s'adresser à "la France qui souffre", s'est donc invité dans l'affaire des SDF en confiant, mercredi 27 décembre, à Arno Klarsfeld une mission sur le droit à l'hébergement. "Les enjeux sociétaux sont aujourd'hui plus importants que par le passé et ont un impact émotionnel fort dans l'opinion. Il est normal qu'un responsable politique et a fortiori celui qui aspire aux plus hautes fonctions de l'Etat, se prononce dessus", relève Brice Teinturier, directeur général de TNS-Sofres. Pour lui, comme pour Gaël Sliman, c'est davantage l'absence de discours de Ségolène Royal qui peut paraître surprenant. Et ce d'autant plus qu'il s'agit là de thèmes habituellement portés par la gauche. La candidate socialiste à l'élection présidentielle s'est refusée, le 22 décembre, à promettre un hébergement à tous les SDF : "Le changement politique qu'attendent les Français est de dire les choses quand elles sont faites", a-t-elle dit, précisant que sa "première priorité reste la lutte contre la vie chère et la précarité". Une attitude moins étrangère qu'il n'y paraît à l'état de l'opinion, comme l'explique Stéphane Rozès, directeur de l'institut CSA-Opinion. "Ce n'est pas parce que les Français expriment fortement leur crainte de tomber dans le chômage, l'exclusion, qu'ils se vivent comme exclus. Dès lors, souligne-t-il, il y a un danger à agiter la lutte contre l'exclusion comme une question centrale, car ceux qui en ont le plus peur ont le sentiment que l'on ne s'occupe pas d'eux." Le "zéro SDF d'ici à 2007" de Lionel Jospin en 2002 avait été mal accueilli. "L'attente des citoyens, insiste M. Rozès, ne porte pas tant sur la lutte contre l'exclusion que sur la cohésion sociale : ils veulent que les politiques mettent toute la société sur les rails." Un registre sur lequel Ségolène Royal a choisi de se placer, tirant les leçons de l'expérience de Lionel Jospin. § "Lutte ouvrière s'est tenue à l'écart, jouant la carte de l'intégrisme révolutionnaire. La direction du Parti communiste, tout à ses tractations d'appareil menées contre la base des militants, a noyauté les comités antilibéraux afin d'obtenir une majorité communiste lors du vote national. José Bové a tergiversé, s'est fait désirer." § L a tentative de trouver une candidature unique de la gauche antilibérale vient d'échouer. Vous l'avez soutenue. Quels sont les responsables de cet échec ? La Ligue communiste révolutionnaire avait donné le ton en affirmant très vite et très tôt qu'elle n'en serait pas, prétextant des différends sur la gestion de la gauche antilibérale en cas de victoire de la gauche libérale. Lutte ouvrière s'est tenue à l'écart, jouant la carte de l'intégrisme révolutionnaire. La direction du Parti communiste, tout à ses tractations d'appareil menées contre la base des militants, a noyauté les comités antilibéraux afin d'obtenir une majorité communiste lors du vote national. José Bové a tergiversé, s'est fait désirer. Restaient Patrick Braouezec, Yves Salesse et Clémentine Autain qui ont joué collectivement un jeu que les autres jouaient personnellement. Mais sans succès : l'honnêteté ne paie pas. Les responsabilités sont diluées, mais sans conteste, les états majors de la LCR et du PCF en portent la plus grande part. Comme toujours, les militants sont les dindons de la farce. N'y a-t-il pas eu aussi des problèmes d'ego entre les différents candidats ? Bien sûr que si. Je n'ai pas assisté aux tractations en coulisses, mais je crains que José Bové ait été le plus fort dans ce genre de jeu... "J'irai bien, je suis prêt, j'y vais, j'y suis, je repartirais bien, je m'en vais, mais je peux revenir si les conditions m'y obligent", etc. Bové représentait un espoir car il cristallisait plus que lui, mais il n'a pas pris en compte cette dimension qui le dépasse. La culture antiautoritaire des antilibéraux a joué contre une solution claire : chacun voulant le leadership secrètement, mais n'osant pas se comporter comme c'est nécessaire. L'union de la gauche antilibérale nécessitait un génie stratégique et tactique qui a manqué. Vous dénoncez les pratiques du PCF. Pensez-vous qu'il peut changer ? Je crains que non tant que ses destinées seront entre les mains de gens comme Marie-George Buffet, dont on ne dit pas assez qu'elle faisait partie de l'équipe de Georges Marchais, grand stalinien s'il en fut. Le PCF n'est plus stalinien car Staline n'existe plus. Il ne soutient plus les pays de l'Est car il n'y en a plus. Mais la déstalinisation de l'appareil reste à mener, ce qu'attendent les anciens communistes, les exclus, les rénovateurs, les sympathisants, les militants, bon nombre d'adhérents qu'on sacrifie toujours sur les autels des états-majors... Une démarche de ce genre, hors partis à gauche, est-elle vouée à l'échec ? Jouons la carte hors partis en tablant désormais sur la base des militants et des sympathisants contre les états-majors plus soucieux de politique politicienne afin de faire rentrer l'argent dans les caisses, notamment avec des tractations de circonscriptions réservées d'élus pour le PCF, ou préoccupés de s'assurer le leadership de l'extrême gauche sur l'échiquier politique français pour la LCR. Ce qui veut dire que, par-delà les partis politiques constitués, un genre de front populaire antilibéral, à même de préparer les échéances électorales futures, des législatives de 2007 à la présidentielle de 2 012. C'est possible dans une formule à inventer de coordinations, de rassemblements, de mutualités. En avril 2007, parmi les candidats de gauche, pour qui allez-vous voter ? Je me vois mal donner ma voix à la candidate de Lutte ouvrière, restée bloquée sur un logiciel des années 1920. Je n'ai pas plus envie de voter pour une LCR plus soucieuse de politique politicienne que de la misère française. Je ne voterai pas pour un PCF dont la direction n'a pas renoncé aux méthodes staliniennes. Un vote de conviction semble désormais impossible. On peut alors choisir de rester pur et se cantonner à la seule éthique de conviction en votant blanc aux deux tours. On peut aussi mettre les mains dans le cambouis, composer une éthique de responsabilité : voter blanc au premier tour et Royal au second ; ou voter utile deux fois en choisissant Ségolène Royal. Ce qui suppose - ce que je crois - qu'à défaut d'idéal, on compose avec une gauche antilibérale responsable qui pense que la droite de Sarkozy, a fortiori celle de Le Pen, ça n'est pas la même chose que la gauche libérale des socialistes. § Jeudi 28 décembre, dans un entretien à "Sud-Ouest", la ministre de la défense a indiqué qu'elle ne serait pas "candidate au soutien financier et logistique de l'UMP". § E lle n'ira pas. Michèle Alliot-Marie a mis fin au suspense - limité - sur son éventuelle candidature au sein de l'UMP pour obtenir le "soutien" du parti. Jeudi 28 décembre, dans un entretien à Sud-Ouest, la ministre de la défense a indiqué qu'elle ne serait pas "candidate au soutien financier et logistique de l'UMP". A trois jours de la clôture des candidatures internes, Nicolas Sarkozy est donc en passe d'être le candidat unique du scrutin du 14 janvier au cours duquel les quelque 300 000 militants de l'UMP seront appelés à désigner leur candidat. A l'issue des trois forums régionaux, réclamés notamment par Mme Alliot-Marie, la plupart des principales personnalités de la majorité se sont clairement ralliées au président de leur parti (Le Monde du 23 décembre). Tous ? Non ! La ministre de la défense a seulement pris acte de cette bataille perdue. "Ce que je constate aujourd'hui, c'est qu'au sein de l'UMP, les nouveaux membres, notamment, ont souhaité adhérer pour soutenir une candidature de Nicolas Sarkozy. Il ne s'agit pas pour moi de semer le trouble. Je ne demande donc rien", indique-t-elle dans Sud-Ouest. Mais elle n'a pas dit son dernier mot : "Je vais consulter un certain nombre de personnes et je dirai, avant le congrès du 14 janvier, comme ça les choses seront claires, quelle sera ma décision." "PAS COMME LES AUTRES" Que va faire Michèle Alliot-Marie ? D'un côté, elle indique, jeudi 28 décembre, qu'elle a "envie d'être candidate". Dans la version audio de l'entretien de Sud-Ouest, disponible sur le site Internet du quotidien, elle affirme : "Je ne suis pas une candidate comme les autres", utilisant, pour la première fois, un présent de l'indicatif. D'un autre côté, l'annonce par la ministre de la défense qu'elle fera part de sa décision avant le 14 janvier semble indiquer le contraire. Mercredi 6 décembre, Mme Alliot-Marie avait expliqué que "si dans quelques semaines, il apparaît que Nicolas Sarkozy est le candidat qui a le plus de chances de l'emporter (...), je le soutiendrai, et sans aucune hésitation". On voit donc mal Mme Alliot-Marie annoncer sa candidature au moment de l'investiture triomphale et presque unanime de Nicolas Sarkozy par les adhérents. Surtout que Mme Alliot-Marie affirme que "quand je vais à une élection, c'est pour gagner". En renonçant, l'ex-présidente du RPR prendrait-elle déjà date pour l'après-2007 et l'éventuelle défaite de son camp ? L'UMP semble pourtant considérer avec indifférence les hésitations de Mme Alliot-Marie. Jeudi matin sur Europe 1, le porte-parole de l'UMP, Luc Chatel, indiquait que "ce qui est important, c'est que nous prenons acte du fait que MAM ne sera pas candidate dans le cadre de la procédure définie au sein de notre famille politique (...) qui a pour objet d'apporter un soutien politique, juridique et financier à un candidat". Xavier Bertrand, ministre de la santé, récemment rallié à Nicolas Sarkozy dont il devrait être l'un des porte-parole de campagne, ne croit pas qu'elle ira jusqu'au bout : "Je ne peux imaginer qu'elle puisse faire cela. Il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP au premier tour de l'élection présidentielle (...). Il faut que l'esprit de responsabilité l'emporte", a-t-il estimé sur BFM. La députée Nadine Morano (Meurthe-et-Moselle, UMP) a lancé à Mme Alliot-Marie, jeudi sur Europe 1, une dernière perche : "Tout cela se terminera avec une place bien précise, déterminée dans la campagne auprès de Nicolas Sarkozy et tout rentrera dans l'ordre." Seul candidat déclaré en dehors du parti, le député Nicolas Dupont-Aignan (UMP, Essonne) estime puiser une nouvelle légitimité dans le renoncement de Mme Alliot-Marie à affronter M. Sarkozy : "plus que jamais candidat" à la présidentielle, il juge que les primaires dans son parti sont "totalement artificielles" et qu'elles constituent "un non-sens institutionnel" sous la Ve République. § Entre la crainte d'une réédition du 21 avril 2002 et les hésitations devant la publication des listes de parrains par le Conseil constitutionnel à un an des élections municipales de 2008, les maires sont encore nombreux à réserver leur réponse. § A u lendemain de Noël, les décomptes de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ne donnaient que 340 promesses de signatures sur les 500 nécessaires pour son candidat, Olivier Besancenot, un score qui ne progresse que très lentement depuis un mois. Alors que M. Besancenot devra avoir déposé ses parrainages avant le 16 mars à minuit, l'inquiétude commence à se faire sentir au siège de la LCR. Les équipes de militants ont pourtant démarché plus de 8 000 élus afin de les convaincre. "On rame. Le blocus du PS est toujours aussi fort", explique François Sabado, membre du bureau politique. Entre la crainte d'une réédition du 21 avril 2002 et les hésitations devant la publication des listes de parrains par le Conseil constitutionnel à un an des élections municipales de 2008, les maires sont encore nombreux à réserver leur réponse. Plus de 1 000 parmi ceux qui ont reçu la visite de la LCR seraient dans ce cas. Les dirigeants de l'organisation ont lancé un appel à l'ensemble des partis politiques leur demandant de "s'abstenir de toute consigne visant à empêcher la candidature d'Olivier Besancenot". En vain, pour le moment, du côté du PS. La consigne de François Hollande aux élus socialistes de n'accorder aucun parrainage à un autre candidat que celui désigné par les militants semble toujours tenir. Elle a été répétée lors d'un bureau national du PS début décembre. Et Olivier Besancenot semble en faire les frais plus que l'autre candidate trotskiste, Arlette Laguiller. La direction de la LCR envisage de demander un rendez-vous au PS, début janvier 2007, "pour tenter de débloquer la situation". La candidate de Lutte ouvrière (LO) aurait, elle, déjà plus de 500 parrainages, selon la direction de l'organisation. Les équipes de LO, qui ont commencé leur collecte début juin, n'ont rien laissé au hasard. LES DÉÇUS DE SÉGOLÈNE ROYAL Le visage de Mme Laguiller flanquée de son slogan "sincèrement dans le camp des travailleurs" s'affiche depuis dix jours sur 15 000 panneaux publicitaires. D'autres devraient suivre pour une campagne "comme nous la menons depuis des années", précise Georges Kaldy, l'un des dirigeants de LO. La bataille entre les deux candidats d'extrême gauche s'annonce serrée. Même s'ils n'ont pas le même électorat - Mme Laguiller ayant fidélisé depuis plus longtemps le sien dans les couches populaires et M. Besancenot attirant plus les couches intellectuelles "petites-bourgeoises", selon l'institut CSA - ils tournent entre 3 % et 4 % des intentions de vote. Et comptent bien récupérer les déçus de Ségolène Royal. § La députée sarkozyste Nadine Morano "ne pense pas que Michèle Alliot-Marie va se lancer" dans la campagne présidentielle sans le soutien de l'UMP. Le ministre de la santé Xavier Bertrand estime qu'"il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP". § X avier Bertrand, ministre de la santé fraîchement rallié à Nicolas Sarkozy, dont il pourrait être un porte-parole de campagne, ne croit pas à une candidature de Michèle Alliot-Marie en dehors de l'UMP. "Je ne peux imaginer qu'elle puisse faire cela. Il n'y a pas d'espace politique pour deux candidats issus de l'UMP au premier tour de l'élection présidentielle", a réagi le ministre, mercredi soir, 27 décembre, sur les ondes de BFM, avant d'ajouter : "Il faut que l'esprit de responsabilité l'emporte." Peu avant, le quotidien régional Sud-Ouest avait levé le rideau sur un entretien avec Mme Alliot-Marie publié dans son édition du jeudi 28 décembre. Dans cette interview, la ministre annonce qu'elle ne demande pas le soutien de l'UMP pour être candidate à la présidentielle, mais qu'elle réfléchit à une candidature hors parti, dont elle affirme avoir "très envie". Invitée à commenter les propos de la ministre de la défense, la sarkozyste Nadine Morano a de son côté indiqué jeudi au micro d'Europe 1, ne pas croire que la ministre puisse aller au bout d'une candidature en solo. "Je ne pense pas qu'elle va se lancer", a estimé la députée UMP du département de Meurthe-et-Moselle. Nadine Morano estime que "la sagesse" et "le sens des responsabilités" de la ministre de la défense la conduiront à soutenir in fine Nicolas Sarkozy. La députée se dit convaincue que Mme Alliot-Marie "terminera avec une place bien précise, déterminée dans la campagne auprès de Nicolas Sarkozy et tout rentrera dans l'ordre". Selon Mme Morano, à deux semaines du congrès du 14 janvier, chaque responsable UMP doit "maintenant prendre la porte de sortie de la réflexion personnelle pour la porte d'entrée de l'action collective". Le député sarkozyste Yves Jégo a indiqué pour sa part ne voir "aucune justification" à une candidature de Michèle Alliot-Marie en dehors de l'UMP, ajoutant qu'une telle démarche "ouvrirait une division". "A partir du moment où on ne fait pas le choix de se présenter devant les militants, ipso facto on renonce à être candidat à l'élection présidentielle", a affirmé jeudi sur RMC Info le député de Seine-et-Marne, qui estime que"rien ne justifie aujourd'hui que Michèle Alliot-Marie quitte sa famille". DES PRIMAIRES "ARTIFICIELLES" "En déclarant forfait, Michèle Alliot-Marie confirme ce que j'ai toujours dit : les primaires de l'UMP constituent, sous la Ve République, un non-sens institutionnel et sont totalement artificielles", a réagi, pour sa part, le député UMP de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, dans un communiqué diffusé jeudi. Selon le président du club Debout la République, qui s'affirme "plus que jamais candidat" à la présidentielle, mais en dehors de l'UMP, Nicolas Sarkozy obtiendra le 14 janvier "le soutien logistique et financier de l'UMP, mais ne pourra en aucun cas, avec son projet atlantiste, européiste et libéral, rassembler les gaullistes". § François Bayrou et Arlette Laguiller ont signé la charte de l'association qui a monté des camps de SDF. Ségolène Royal prône un "vaste plan contre la précarité". Les Enfant de Don Quichotte veulent un "déclic" du président, à l'heure de ses voeux. § C omme l'appel de Nicolas Hulot avant elle, l'initiative des Enfants de Don Quichotte parvient à créer un consensus rare. A l'exception de Jean-Marie Le Pen, des personnalités de tous bords se pressent pour dire les louanges de l'association qui a créé un électrochoc en montant un camp de 200 tentes de SDF à Paris, sur les bords du canal Saint-Martin, et commence à répliquer l'expérience en province. Samedi, François Bayrou a sauté le pas et signé la charte de propositions pour sortir les sans-toit de la rue. "Il est d'accord avec son esprit global même s'il émet des réserves sur la question de la réquisition des logements vides", a annoncé Marielle de Sarnez, la directrice de campagne du président de l'UDF, en déplacement à la Réunion. Augustin Legrand, porte parole des "Don Quichotte", devrait discuter de cette dernière mesure, traditionnellement refusée à droite en respect du droit de propriété, avec M. Bayrou, favorable selon lui à un "plan Marshall" pour les SDF. Samedi encore, Arlette Laguiller a annoncé qu'elle signait elle aussi la charte des Enfants de Don Quichotte, qui prône des solutions de long terme et dénonce l'insuffisance des renforcements de l'hébergement d'urgence annoncés par le gouvernement. "Ils ont su par leur action faire bouger les choses et obliger le gouvernement à se décider, du moins en paroles, à changer d'attitude", s'est félicitée la candidate de Lutte ouvrière. "IL NE MANQUE QUE LE DÉCLIC CHIRAC" "Il faut un vaste plan pour lutter contre la précarité", a renchéri Ségolène Royal dans le Journal du Dimanche. "La droite a fait de la précarité un principe", a taclé la candidate socialiste. "Par son discours fermé, individualiste, elle ne cesse de prôner le chacun pour soi". Mme Royal n'a finalement pas rencontré les Enfants de Don Quichotte comme annoncé vendredi, mais les a eux trois fois au téléphone. La charte du Canal Saint-Martin propose notamment d'ouvrir les structures d'hébergement à plein temps et d'humaniser les conditions d'accueil, de créer immédiatement une offre de logements temporaires, de créer plus de logements sociaux et de rendre le droit au logement opposable sur tout le territoire. "On a toutes les associations avec nous, la gauche a signé notre charte, Bayrou l'a signée, Christine Boutin, qui est conseillère de Nicolas Sarkozy, l'a signée, a énuméré samedi le porte-parole des Enfants de Don Quichotte. Il ne manque plus qu'un déclic, et ce déclic c'est Chirac, pour qu'on puisse dire 'OK, on y va'". A quelques heures des voeux du président pour la nouvelle année, il a lancé un appel : "On appelle le président de la République à convoquer une session au Parlement pour mettre en oeuvre un plan Marshall pour les SDF, estimer son coût, discuter ses modalités." § La commission des opérations électorales de l'UMP ayant clos les inscriptions dimanche midi, M. Sarkozy est désormais quasiment sûr de représenter le parti de la majorité en 2007. § N icolas Sarkozy est le seul candidat à l'investiture de l'UMP pour la présidentielle de 2007 en France, a annoncé son porte-parole Franck Louvrier, après la clôture des enregistrements, dimanche 31 décembre à midi. "Robert Pandraud, président de la commission de contrôle et d'organisation des opérations électorales de l'UMP, a constaté à la clôture de dépôt des parrainages, ce dimanche 31 décembre 2006 à 12 heures, que seul Nicolas Sarkozy avait recueilli les parrainages de conseillers nationaux requis pour se présenter aux suffrages des adhérents" de l'UMP, a déclaré M. Louvrier qui a précisé qu'il n'y avait pas d'autre personnalité que M. Sarkozy ayant sollicité de parrainages. Une nouvelle qui n'est pas vraiment une surprise depuis que Michèle Alliot-Marie a annoncé, vendredi, qu'elle ne demanderait pas le soutien "financier et logistique" de l'UMP pour la présidentielle et qu'elle réfléchissait à un candidature indépendante. A partir de là, M. Sarkozy était de fait seul à briguer ce soutien, avec la perspective hautement probable d'un plébiscite des adhérents du parti. Et il est désormais presque sûr que M. Sarkozy, qui préside l'UMP et tient la tête de tous les sondages parmi les personnalités de droite pour 2007, sera le rival principal de Ségolène Royal, elle aussi en tête des sondages pour les socialistes, dans la course à l'Elysée. Les quelque 327 000 adhérents voteront désormais par Internet, et le résultat du scrutin sera publié lors du congrès de l'UMP, le 14 janvier Porte de Versailles à Paris. Entre 30 000 et 50 000 personnes y sont attendues. Les éventuels candidats à la candidature avaient jusqu'au 31 décembre pour se déclarer mais devaient en réalité s'y préparer beaucoup plus tôt, puisque les parrainages de 75 conseillers nationaux étaient nécessaires. Cette investiture n'exclut pas, toutefois, qu'en accord avec le règlement interne, d'autres responsables de cette formation politique, voire le président Jacques Chirac, puissent se présenter hors du cadre du parti. § Le chef de l'Etat a confié au "Monde" ses intentions pour son allocution du 31 décembre. S'il compte exercer pleinement son mandat jusqu'au bout, il devrait maintenir le suspense sur ses projets pour 2007. § "J e ne veux pas faire un bilan. Les journalistes s'en chargeront". Jacques Chirac a une idée bien précise des derniers voeux qu'il veut adresser aux Français à la fin de son deuxième mandat présidentiel. Ils commencent, comme d'habitude, par ceux du 31 décembre, à 20 heures, à la télévision. "Dans cette période où un débat national va avoir lieu, je veux dire aux Français quels sont les grands enjeux aptes à créer les conditions du développement et de la prospérité de la France dans les années qui viennent", confiait le président au Monde, à la mi-décembre. Agenda 31 décembre. Voeux aux Français. 3 janvier 2007. Voeux du gouvernement. 4 janvier. Voeux des forces vives. 5 janvier. Voeux du corps diplomatique. 6 janvier. Voeux en Corrèze. 8 janvier. Voeux des armées. 9 janvier. Voeux aux corps constitués. 11 janvier. Voeux de la presse. Certains voeux, sans présence de la presse, ne figurent pas à l'agenda officiel : il s'agit de ceux du Conseil constitutionnel, du Parlement et du Conseil économique et social, des autorités religieuses, de la municipalité de Paris et ceux aux anciens combattants. Question de tempérament et de tactique : M. Chirac veut exercer pleinement son mandat jusqu'à la dernière minute ; il espère peser le plus possible sur la campagne qui vient ; il estime avoir une vision de la France et du monde à livrer. Il sait aussi que l'usure du pouvoir noircit un bilan que les commentateurs jugeront peut-être moins sévèrement dans quelques années. Fort de l'approbation de l'opinion en matière de politique internationale, le président veut "faire comprendre qu'il y a un certain nombre de problèmes dont la solution se trouve en dehors des frontières". Cela suppose, dit-il, "une capacité à les comprendre, à les intégrer et à en tirer les conséquences". "LES PROMOTEURS DU LIBÉRALISME À TOUT CRIN" La paix et la stabilité, les flux migratoires, l'aide au développement, les questions d'environnement, la tolérance et le dialogue des cultures, explique-t-il, conditionnent pour une large part "notre capacité de développement économique et donc de progrès social". La responsabilité du politique consiste à faire en sorte que la mondialisation soit "équitable", juge le chef de l'Etat. "Ce n'est pas forcément la conception des promoteurs du libéralisme à tous crins", glisse M. Chirac. Un péché dont il a bien souvent chargé le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, avant que celui-ci n'amorce, voilà quelques semaines, un virage social. "Le président observe la campagne. Il estime qu'elle ne fait que commencer. Et qu'à ce stade, les dimensions de la mondialisation, de l'interdépendance du national et de l'international ne sont abordées que de façon partielle", soulignent ses collaborateurs. Il en va ainsi de l'environnement, par exemple, à l'heure où la plupart des candidats putatifs ou déclarés se pressent pour signer le pacte écologique de Nicolas Hulot, qui conseilla M. Chirac : "Ce que fait Hulot, c'est très bien, mais nous ne sommes qu'aux prémices du débat", nuancent les proches du chef de l'Etat. "La vraie question c'est de concilier une forte croissance mondiale et la protection des ressources", ajoutent-ils. "UN PEU TÔT POUR MOI POUR DIRE CE QUE J'AI L'INTENTION DE FAIRE" Ceux qui espéraient, à l'occasion des voeux, que M. Chirac annonce son intention de ne pas se représenter ou qu'il adoube M. Sarkozy en seront pour leurs frais. " J'ai toujours dit que je me déterminerai au cours du premier trimestre de l'année 2007. Les voeux se terminant à la mi-janvier, c'est probablement un peu tôt pour moi pour dire ce que j'ai l'intention de faire", a-t-il répondu au Monde. Il n'était guère probable, en effet, que M. Chirac dévoile quoi que ce soit de ses intentions avant le 14 janvier 2007, date à laquelle l'UMP doit apporter son soutien à son président, Nicolas Sarkozy. Le calendrier présidentiel est, par la suite, assez chargé : la conférence internationale sur le Liban, fin janvier, celle sur l'environnement, les 2 et 3 février et à peine dix jours plus tard, un sommet Afrique-France. Le président, qui n'a guère de prise sur le calendrier de la majorité, n'a d'autre choix que de suivre le sien propre et de profiter de la séquence médiatique des voeux. Avec, cette année, deux nouveautés : les voeux en Corrèze, qui ferment habituellement le ban, auront lieu au beau milieu de la période, avec "un thème spécifique et important", tandis que les voeux à la presse marqueront la fin de la session. "Il présentera ses voeux à sa place, en responsabilité, avec une grande liberté et de façon très personnelle", assurent ses proches. Rien à voir avec une feuille de route annuelle. Si ce n'est pas un bilan, cela peut s'appeler un héritage. § Les sites Internet de "Challenges" et du "Nouvel Observateur" ont annoncé, vendredi, que Michèle Alliot-Marie renonçait à une candidature à l'élection présidentielle, même en dehors de l'UMP. L'entourage de la ministre de la défense a démenti. § L a candidature possible de Michèle Alliot-Marie à l'élection présidentielle de 2007 a donné lieu à des informations contradictoires, vendredi 29 décembre, dans la presse. L'hebdomadaire Challenges, sur son site Internet, puis le site Nouvelobs.com ont annoncé, au cours de la journée, que la ministre de la défense avait renoncé à se présenter à l'élection présidentielle, même en dehors de l'UMP. Selon le site de Challenges, Mme Alliot-Marie aurait indiqué à Nicolas Sarkozy, lors d'un entretien téléphonique jeudi, qu'elle ne souhaitait pas se présenter en 2007, que ce soit sous la bannière UMP ou pas. "Elle a justifié sa décision en évoquant le peu de soutien en sa faveur qu'elle a constaté au sein de son parti", a affirmé l'hebdomadaire. Cette information a ensuite été "catégoriquement démentie" par l'entourage de la ministre. "Cette information est fausse, a-t-on indiqué. Michèle Alliot-Marie fera connaître sa décision d'ici au 14 janvier. Il n'y a pas eu de contact téléphonique entre elle et Nicolas Sarkozy." Dans une interview publiée jeudi dans le quotidien Sud-Ouest, Michèle Alliot-Marie annonçait son retrait de la course à l'investiture à l'UMP, mais n'excluait pas une candidature indépendante. § De nombreux reponsables et candidats vont signer les propositions de l'association qui a installé un camp de tentes pour les SDF sur les bords du canal Saint-Martin. D'autres soutiennent l'initiative et étudient le texte. Jean-Marie Le Pen dénonce, lui, une "démagogie caricaturale". § C écile Duflot, nouvelle secrétaire nationale des Verts, et Yann Wehrling, aujourd'hui porte-parole du parti, ont d'emblée soutenu le mouvement des Enfants de Don Quichotte, dont ils ont signé la charte, après avoir passé une nuit dans le camp de tentes monté sur les bords du canal Saint-Martin. Christine Boutin, députée UMP et présidente du Forum des républicains sociaux, a fait savoir jeudi 28 décembre qu'elle signerait la charte, qui comprend le droit au logement opposable dont Mme Boutin a fait un cheval de bataille. Conseillère politique de Nicolas Sarkozy, la députée UMP a dit vouloir "encourager" M. Sarkozy à signer lui aussi les propositions de l'association. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, a dit jeudi 28 décembre son intention de signer la charte. Il pourrait la ratifier lors d'une "réunion de travail" qu'il a annoncée pour bientôt. Les six articles de la charte "pourraient fonder aussi les bases d'une politique contre l'exclusion", a-t-il affirmé. Bertrand Delanoë, maire PS de Paris, a décidé le 27 décembre de signer la charte des Enfants de Don Quichotte. Elle "correspond à ce que je demande à l'Etat et aux autres collectivités depuis cinq ans et à ce que j'ai fait en partie à Paris", a déclaré le maire de Paris vendredi 29 décembre, après avoir rencontré des membres de l'association. Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste et candidate à l'élection présidentielle de 2007, a annoncé vendredi 29 décembre qu'elle avait signé la charte du canal Saint-Martin "devant l'urgence de la situation" vécue par tant de Français "jetés à la rue par la crise" du logement social, le chômage et les bas salaires. Olivier Besancenot, Roseline Vachetta et Alain Krivine, les trois porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire, ont annoncé vendredi 29 décembre avoir signé mercredi la charte. "Je constate que Nicolas Sarkozy l'a signée par l'intermédiaire de Christine Boutin, a déclaré Olivier Besancenot. Il accepte donc que des logements vides soient réquisitionnés à Neuilly, où il y a très peu de logements sociaux", a ajouté le candidat à la présidentielle 2007. Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche, s'est déclaré, vendredi 29 décembre, "signataire" de la charte et a dit partager "pleinement les objectifs de l'association". Roger-Gérard Schwartzenberg, président d'honneur du PRG, a déclaré dans un communiqué, qu'il "s'associe" à cette charte, "qui propose des mesures humainement indispensables et matériellement réalisables pour que les SDF soient enfin accueillis dans des conditions d'hébergement dignes et durables". François Bayrou a sauté le pas samedi 30 décembre et signé la charte. "François Bayrou est d'accord avec son esprit global même s'il émet des réserves sur la question de la réquisition des logements vides", a annoncé Marielle de Sarnez, sa directrice de campagne. Augustin Legrand, porte parole des "Don Quichotte", devrait discuter de cette mesure, traditionnellement refusée à droite en respect du droit de propriété, avec le président de l'UDF, favorable selon lui à un "plan Marshall" pour les SDF. Arlette Laguiller a annoncé samedi 30 décembre son soutien au texte des Enfants de Don Quichotte."Ils ont su par leur action faire bouger les choses et obliger le gouvernement à se décider, du moins en paroles, à changer d'attitude", s'est félicitée la candidate de Lutte ouvrière. § Le ministère de l'intérieur a donné à toutes les mairies de France la consigne d'ouvrir "au moins samedi matin" 30 décembre, afin de recevoir les demandes d'inscription sur les listes électorales. § L e ministère de l'intérieur a donné à toutes les mairies de France la consigne d'ouvrir "au moins samedi matin" 30 décembre, afin de recevoir les demandes d'inscription sur les listes électorales. Samedi est le dernier jour pour se faire enregistrer. Selon l'article R5 du code électoral, "pour chaque révision annuelle des listes électorales, les demandes d'inscription des électeurs sont déposées dans les mairies jusqu'au dernier jour ouvrable de décembre inclus, le samedi étant considéré comme jour ouvrable". UN ENGOUEMENT DIFFICILEMENT MESURABLE Fin de la marche du collectif "Votez banlieues" Les marcheurs du collectif "Votez banlieues", composé d'étudiants de Sciences-Po Paris et de jeunes originaires des cités, sont arrivés vendredi 29 décembre à Strasbourg, au terme d'un périple de quatorze jours. Cette marche avait pour objectif d'inciter les habitants des cités à s'inscrire sur les listes électorales. Un des étudiants, Mohamed Chirani, a parlé devant l'hôtel de ville de Strasbourg d'"un vent citoyen", affirmant que "dans les cités traversées, beaucoup de gens (...) ont dit 'cette fois je vote"'. (Avec AFP.) L'année 2007 étant celle des élections présidentielle et législatives, associations et partis tablent sur une forte augmentation du nombre d'inscrits sur les listes électorales. Les institutionnels montrent davantage de prudence, en attendant la publication des listes électorales révisées le 1er mars 2007. Il n'existe pour l'instant "aucune remontée chiffrée" au plan national, prévient-on au bureau des élections du ministère de l'intérieur. UN "DEUXIÈME EFFET 21 AVRIL" Un an après les violences dans les banlieues, des municipalités de la région parisienne évoquent pourtant un "emballement". Pour des acteurs du monde associatif, c'est, cinq ans après, le "deuxième effet 21 avril" qui conduit les Français à s'inscrire en masse."Il y a une volonté de ne pas rater le coche du premier tour cette fois", assure Olivier Klein, maire adjoint de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Dans cette ville de 28 000 habitants, d'où est parti le mouvement de violences à l'automne 2005, on ne comptait que 7 500 électeurs inscrits fin 2004. Plus de 50 % de la population locale avait alors moins de 18 ans et on dénombrait une forte population étrangère. "Aujourd'hui, on enregistre 2 000 inscrits de plus", précise Olivier Klein, soulignant que le "gros" de ces nouvelles inscriptions s'est fait fin 2005, sous la houlette d'associations nées dans la foulée des violences urbaines. § Ni immigration ni insécurité à Chigné, 300 habitants. Pourtant, près de 20 % des électeurs de ce village de Maine-et-Loire a déjà voté pour l'extrême droite. Quatrième volet de notre série avant l'élection présidentielle. § J our de fête à Chigné. Comme chaque année à la même époque, ce dimanche 21 avril 2002, les quelque 300 habitants du village sont réunis autour du "plan d'eau", en bordure du village. Le comité des fêtes a préparé divers stands, la buvette rencontre son succès habituel et "les Anglais", nouvelle communauté massivement implantée dans la région, font goûter leurs spécialités. L'élection présidentielle du jour n'occupe pas les esprits, encore moins les conversations. A Chigné, petite commune rurale de Maine-et-Loire, c'est une habitude, voire une doctrine : la politique, on n'en parle pas. A vrai dire, on n'y pense pas trop non plus. Chigné mène sa vie tranquille et délaissée de village champêtre autour de son unique commerce, un bar-restaurant-épicerie-dépôt de pain et de journaux. La grande église du XVIe siècle n'a plus de curé attitré et n'accueille plus que deux messes par an, au grand dam des villageois. L'école, en "unité pédagogique" avec trois villages voisins, n'a plus qu'une seule classe de maternelle, où sont regroupés 31 élèves de trois niveaux différents. Les agriculteurs sont partis ou se sont associés pour diriger sept ou huit grandes exploitations qui n'emploient pas plus d'un ouvrier chacune. Les autres villageois sont artisans ou employés dans les villes alentour, mais les retraités forment la grosse majorité de la population. Des chômeurs arrivent parfois de la ville pour trouver là des logements moins chers, les Anglais achètent pour les mêmes raisons : un nouveau mélange avec lequel il faut bien composer. La petite délinquance apparaît dans les bourgs voisins. "Tout se délite doucement", disent les anciens sans forcément s'en plaindre. Il est 18 heures, ce 21 avril 2002. Le bureau de vote ferme ses portes. Autour du plan d'eau, la fête finit dans la gaieté en compagnie des dernières "fillettes", ces mini-bouteilles de vin de Loire, indispensables en toute occasion. Une heure plus tard, le jeune maire arrive au plan d'eau, la mine blême. Les derniers fêtards sont en train de trinquer lorsqu'il leur annonce les résultats. Sur les 213 inscrits, 166 ont voté : 33 pour Jacques Chirac, 20 pour Lionel Jospin et... 31 pour les candidats de l'extrême droite (25 pour Jean-Marie Le Pen et 6 pour Bruno Mégret soit au total 19,5 %). Michelle Coisly, l'ancienne institutrice en retraite, d'ordinaire si joviale, fond en larmes. "J'étais là, mon verre à la main, et je n'avais plus envie de trinquer", se rappelle Yorga, un artiste venu s'installer en famille à Chigné, surnommé "Ben Laden" à cause de sa barbe. "Nous étions sidérés, dit le maire, Pascal Louis, agriculteur et sympathisant UMP. Je connais à peu près tout le monde dans le village, et pourtant je n'ai aucune idée de qui a voté Le Pen, ni pourquoi. C'est certainement une protestation d'ordre général, sans lien direct avec la vie locale." Pourquoi, en effet, un tel reflet du vote national dans cette commune minuscule qui ne connaît ni l'immigration ni l'insécurité, où les habitants laissent volontiers maison et voiture ouvertes, où la plus haute tour est le château d'eau ? Est-ce en raison de sa situation solitaire et peu favorisée, perdue entre Saumur (43 kilomètres), Le Mans (55 kilomètres), Angers (58 kilomètres) et Tours (55 kilomètres) ? De l'exode rural qui l'a naturellement frappée, avec la fermeture ou la restructuration de maintes usines dans les bourgs les plus proches ? De l'absence de services de proximité qui aiguise le sentiment du "trop d'impôts" ? A cause des Anglais, qui rachètent les corps de ferme à des prix que les villageois ne peuvent plus suivre ? Ou de ceux qui, sans emploi, sont perçus comme les "profiteurs du système" ? La réponse est là, mais aussi ailleurs. Dans ce rectangle de lumière où chacun contemple en famille, volets fermés, le grand désordre du monde. Cet écran de télévision capable de faire fantasmer l'arrivée imminente et massive, jusque dans les campagnes, d'une vague d'immigration incontrôlée - et, aujourd'hui, des émeutiers de banlieue. Jusqu'ici, à Chigné. Devant l'école maternelle, le car attend les enfants pour ramener ceux qui habitent jusqu'à 10 kilomètres de là. Floriane Boulay, 26 ans, directrice et unique institutrice, aide les retardataires à s'habiller. Angélique Tessier, 35 ans, cantinière et agent d'entretien, leur fait traverser la cour jusqu'au car. Angélique est la dernière de neuf enfants. Son père a touché à tous les métiers possibles dans la région : ouvrier agricole, bûcheron, carrossier, transporteur de lait. Elle, son CAP de pâtisserie en poche, a longtemps gagné sa vie en allant "aux pommes", comme la plupart des jeunes de la région : éclaircissage des branches de mai à juin, cueillette de septembre à novembre, calibrage ensuite. Elle a ensuite trouvé ce travail d'employée municipale : 1 000 euros net par mois. Sans son compagnon chauffeur routier, elle n'aurait pas eu de quoi emprunter pour acheter une maison dans le village. Elle y est bien. "Le calme, les animaux, le jardin, les balades, pas de vandalisme... quoique : les voyous, on les voit arriver au Lude (la "grande ville" proche, 4 000 habitants, à 8 kilomètres)." Cette montée de la délinquance, à deux pas, la préoccupe. Ce qu'elle vote ? Angélique ne sait pas. Elle ne se souvient plus. En 2002, Chirac ou Le Pen ? "Franchement, je ne me souviens plus du tout. Vu toutes les promesses qu'ils nous font... Le Pen, il n'y a pas que du mauvais dans ce qu'il dit." "C'est sûr, c'est comme pour tout, enchaîne Floriane. Mais lui, quand même, il me fait peur." Floriane habite Le Mans et fait chaque jour deux heures de trajet pour travailler à Chigné. Elle a choisi d'enseigner à la campagne, "parce que, dans les villes, il y a soit les écoles de riches, soit les ZEP avec des enfants qui ne parlent pas français". En 2002, elle a voté Olivier Besancenot parce que le programme de la LCR, arrivé dans sa boîte aux lettres, était celui qui lui semblait s'attaquer à ce problème. "Besancenot, c'était une fois, comme ça. Pour 2007, je n'ai aucune idée encore. Je n'aime pas Sarkozy, Ségolène ne m'inspire pas. C'est au feeling. On verra ce qui restera." Un peu plus loin vers la sortie du village, habitent Roland et Suzanne Deaucourt, un couple de retraités parisiens venus à Chigné pour "trouver la paix à un prix raisonnable". Suzanne était agent hospitalier, Roland travaillait dans une entreprise de bâtiment. A Chigné, ils ont tout de suite été acceptés et font partie du comité des fêtes. Ils préparent les roses en papier crépon pour les comices agricoles, organisent la fête du plan d'eau ou celle du mardi gras, le buffet campagnard de février, le méchoui du mois d'août... "On est bien dans notre petit Chigné. C'est une commune vivante, se réjouissent-ils, et notre maire n'a pas peur de faire la vaisselle !" § La candidate du PS a précisé vendredi 29 décembre qu'elle rencontrerait bien les membres de l'association qui a installé 200 tentes pour les SDF sur les bords du canal Saint-Martin, à Paris, mais "sans la presse et dans le cadre d'une réunion de travail". § S égolène Royal rencontrera les membres de l'association Les Enfants de Don Quichotte, qui a monté 200 tentes pour les SDF sur les bords du canal Saint-Martin, à Paris, mais "les contacts seront privés et auront lieu en dehors de la presse, dans le cadre d'une réunion de travail", a précisé vendredi 29 décembre la candidate socialiste. Plus tôt dans l'après-midi, le président de l'association, Jean-Baptiste Legrand, avait démenti la nouvelle d'une visite de Mme Royal au campement de l'association vendredi soir, comme l'avaient laissé entendre des sources "dans l'entourage de la candidate" . Jeudi, une petite délégation du PS a rencontré les membres de l'association et des sans-abri installés sur les bords du canal. "NOUS NE VOULONS PAS ÊTRE RÉCUPÉRÉS" Dans leur appel, Les Enfants de Don Quichotte ne s'étaient pas adressés à Mme Royal, mais à François Hollande, premier secrétaire du PS. Ce dernier a annoncé jeudi qu'il allait signer la charte du canal Saint-Martin, dans laquelle l'association présente ses propositions pour sortir les SDF de la rue. La candidate socialiste s'était pour sa part refusée à toute promesse, affirmant que sa priorité reste "la lutte contre la vie chère et la précarité". "Nous avons choisi d'interpeller les présidents de partis politiques pour l'instant, nous ne voulons pas être récupérés par un ou une candidate présidentielle", a souligné Jean-Baptiste Legrand. § La mobilisation contre l'expulsion d'enfants scolarisés de parents sans papiers, l'émotion suscitée par l'évacuation du squatt de Cachan, et plus récemment l'initiative des Enfants de Don Quichotte ont poussé les politiques à prendre position. § T rois mouvements citoyens auront marqué l'année : la mobilisation contre l'expulsion d'enfants scolarisés de parents sans papiers ; l'émotion suscitée par l'évacuation des squatters de Cachan (Val-de-Marne) ; et plus récemment l'initiative des Enfants de Don Quichotte, invitant des biens-logés à camper à Paris, canal Saint-Martin, au côté des SDF. Les Enfants de Don Quichotte lancent un appel solennel à Jacques Chirac Alors que la Charte du canal Saint-Martin, où Les Enfants de Don Quichotte présentent leurs propositions d'urgence pour sortir les SDF de la rue, reçoit de plus en plus de signatures, le président de l'association a lancé vendredi 29 décembre " un appel solennel à Jacques Chirac pour qu'il signe cette charte et qu'elle soit mise en oeuvre au plus vite", a-t-il ajouté. Les Don Quichotte attendent un geste du président de la République à l'occasion de ses voeux du 31 décembre. "Soit Chirac prend une mesure forte, au-dessus des partis, en décidant l'application de la charte, soit on durcit le mouvement en fortifiant nos campements", a prévenu Jean-Baptiste Legrand. (Avec AFP.) Des sujets sociétaux qui devraient peser dans la présidentielle de 2007. Paradoxalement, au-delà des déclarations de principe, le Parti socialiste et Ségolène Royal ont été plutôt en retrait sur ces dossiers. C'est Nicolas Sarkozy, qui s'est retrouvé en première ligne en tant que ministre de l'intérieur et candidat à l'élection présidentielle. Son attitude a, pour une large part, tenu compte des enquêtes d'opinion et de l'évolution des rapports de force. Dès octobre 2005, sous la pression croissante des comités de soutien aux jeunes étrangers scolarisés menacés d'expulsion, le ministre de l'intérieur s'était engagé à ne pas reconduire à la frontière leur famille au cours de l'année scolaire. Huit mois plus tard, la mobilisation redoublant, en raison de la proximité émotionnelle des Français avec ces enfants, il a dû régulariser une partie de ces familles. Sur l'affaire du squat de Cachan, M. Sarkozy s'est, cette fois-là, prévalu d'une attitude de fermeté. Les enquêtes d'opinion semblaient montrer que la population ne témoignait pas d'une grande empathie pour les familles étrangères évacuées, alors qu'elle a elle-même du mal à se loger. Etat d'esprit qu'il a revendiqué pour rester inflexible... avant de trouver un compromis grâce à la médiation de la Licra et de SOS-Racisme. Logiquement, sur sujet des mal-logés, le président de l'UMP a compris qu'il s'agissait là d'une question sensible pour les Français. Son entourage, qui a auditionné des personnalités qualifiées, dont le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Patrick Doutreligne, l'a tenu informé. En octobre, il évoquait déjà, dans son discours de Périgueux, l'idée d'un droit au logement opposable. Avant de prendre, le 18 décembre, à Charleville-Mézières, l'engagement, d'ici deux ans, de consacrer un véritable droit à l'hébergement et à ce que "plus personne ne (soit) obligé de dormir sur un trottoir et d'y mourir de froid". Cet engagement complète le discours habituel de M. Sarkozy, souvent enclin à défendre le mérite et l'effort personnel. "Se positionner sur un enjeu social est aussi une façon d'adoucir son image qui peut paraître inquiétante jusque dans les rangs de ses soutiens", estime Gaël Sliman, directeur adjoint de l'institut d'études BVA. Le président de l'UMP, qui entend s'adresser à "la France qui souffre", s'est donc invité dans l'affaire des SDF en confiant, mercredi 27 décembre, à Arno Klarsfeld une mission sur le droit à l'hébergement. "Les enjeux sociétaux sont aujourd'hui plus importants que par le passé et ont un impact émotionnel fort dans l'opinion. Il est normal qu'un responsable politique et a fortiori celui qui aspire aux plus hautes fonctions de l'Etat, se prononce dessus", relève Brice Teinturier, directeur général de TNS-Sofres. Pour lui, comme pour Gaël Sliman, c'est davantage l'absence de discours de Ségolène Royal qui peut paraître surprenant. Et ce d'autant plus qu'il s'agit là de thèmes habituellement portés par la gauche. La candidate socialiste à l'élection présidentielle s'est refusée, le 22 décembre, à promettre un hébergement à tous les SDF : "Le changement politique qu'attendent les Français est de dire les choses quand elles sont faites", a-t-elle dit, précisant que sa "première priorité reste la lutte contre la vie chère et la précarité". Une attitude moins étrangère qu'il n'y paraît à l'état de l'opinion, comme l'explique Stéphane Rozès, directeur de l'institut CSA-Opinion. "Ce n'est pas parce que les Français expriment fortement leur crainte de tomber dans le chômage, l'exclusion, qu'ils se vivent comme exclus. Dès lors, souligne-t-il, il y a un danger à agiter la lutte contre l'exclusion comme une question centrale, car ceux qui en ont le plus peur ont le sentiment que l'on ne s'occupe pas d'eux." Le "zéro SDF d'ici à 2007" de Lionel Jospin en 2002 avait été mal accueilli. "L'attente des citoyens, insiste M. Rozès, ne porte pas tant sur la lutte contre l'exclusion que sur la cohésion sociale : ils veulent que les politiques mettent toute la société sur les rails." Un registre sur lequel Ségolène Royal a choisi de se placer, tirant les leçons de l'expérience de Lionel Jospin. § "Lutte ouvrière s'est tenue à l'écart, jouant la carte de l'intégrisme révolutionnaire. La direction du Parti communiste, tout à ses tractations d'appareil menées contre la base des militants, a noyauté les comités antilibéraux afin d'obtenir une majorité communiste lors du vote national. José Bové a tergiversé, s'est fait désirer." § L a tentative de trouver une candidature unique de la gauche antilibérale vient d'échouer. Vous l'avez soutenue. Quels sont les responsables de cet échec ? La Ligue communiste révolutionnaire avait donné le ton en affirmant très vite et très tôt qu'elle n'en serait pas, prétextant des différends sur la gestion de la gauche antilibérale en cas de victoire de la gauche libérale. Lutte ouvrière s'est tenue à l'écart, jouant la carte de l'intégrisme révolutionnaire. La direction du Parti communiste, tout à ses tractations d'appareil menées contre la base des militants, a noyauté les comités antilibéraux afin d'obtenir une majorité communiste lors du vote national. José Bové a tergiversé, s'est fait désirer. Restaient Patrick Braouezec, Yves Salesse et Clémentine Autain qui ont joué collectivement un jeu que les autres jouaient personnellement. Mais sans succès : l'honnêteté ne paie pas. Les responsabilités sont diluées, mais sans conteste, les états majors de la LCR et du PCF en portent la plus grande part. Comme toujours, les militants sont les dindons de la farce. N'y a-t-il pas eu aussi des problèmes d'ego entre les différents candidats ? Bien sûr que si. Je n'ai pas assisté aux tractations en coulisses, mais je crains que José Bové ait été le plus fort dans ce genre de jeu... "J'irai bien, je suis prêt, j'y vais, j'y suis, je repartirais bien, je m'en vais, mais je peux revenir si les conditions m'y obligent", etc. Bové représentait un espoir car il cristallisait plus que lui, mais il n'a pas pris en compte cette dimension qui le dépasse. La culture antiautoritaire des antilibéraux a joué contre une solution claire : chacun voulant le leadership secrètement, mais n'osant pas se comporter comme c'est nécessaire. L'union de la gauche antilibérale nécessitait un génie stratégique et tactique qui a manqué. Vous dénoncez les pratiques du PCF. Pensez-vous qu'il peut changer ? Je crains que non tant que ses destinées seront entre les mains de gens comme Marie-George Buffet, dont on ne dit pas assez qu'elle faisait partie de l'équipe de Georges Marchais, grand stalinien s'il en fut. Le PCF n'est plus stalinien car Staline n'existe plus. Il ne soutient plus les pays de l'Est car il n'y en a plus. Mais la déstalinisation de l'appareil reste à mener, ce qu'attendent les anciens communistes, les exclus, les rénovateurs, les sympathisants, les militants, bon nombre d'adhérents qu'on sacrifie toujours sur les autels des états-majors... Une démarche de ce genre, hors partis à gauche, est-elle vouée à l'échec ? Jouons la carte hors partis en tablant désormais sur la base des militants et des sympathisants contre les états-majors plus soucieux de politique politicienne afin de faire rentrer l'argent dans les caisses, notamment avec des tractations de circonscriptions réservées d'élus pour le PCF, ou préoccupés de s'assurer le leadership de l'extrême gauche sur l'échiquier politique français pour la LCR. Ce qui veut dire que, par-delà les partis politiques constitués, un genre de front populaire antilibéral, à même de préparer les échéances électorales futures, des législatives de 2007 à la présidentielle de 2 012. C'est possible dans une formule à inventer de coordinations, de rassemblements, de mutualités. En avril 2007, parmi les candidats de gauche, pour qui allez-vous voter ? Je me vois mal donner ma voix à la candidate de Lutte ouvrière, restée bloquée sur un logiciel des années 1920. Je n'ai pas plus envie de voter pour une LCR plus soucieuse de politique politicienne que de la misère française. Je ne voterai pas pour un PCF dont la direction n'a pas renoncé aux méthodes staliniennes. Un vote de conviction semble désormais impossible. On peut alors choisir de rester pur et se cantonner à la seule éthique de conviction en votant blanc aux deux tours. On peut aussi mettre les mains dans le cambouis, composer une éthique de responsabilité : voter blanc au premier tour et Royal au second ; ou voter utile deux fois en choisissant Ségolène Royal. Ce qui suppose - ce que je crois - qu'à défaut d'idéal, on compose avec une gauche antilibérale responsable qui pense que la droite de Sarkozy, a fortiori celle de Le Pen, ça n'est pas la même chose que la gauche libérale des socialistes. § L'intégralité du débat avec le sociologue Loïc Blondiaux, qui a travaillé sur la mise en place d'opérations de démocratie participative pour le comopte de Ségolène Royal en Poitou-Charentes. Un rendez-vous Télérama.fr, en partenariat avec Le Monde.fr. § M olinera : Vous avez travaillé avec Ségolène Royal. Sur quoi exactement ? Quelle était votre mission ? Loïc_Blondiaux : En fait, en 2004, juste après les élections régionales, Ségolène Royal a souhaité mettre en place un certain nombre de dispositifs participatifs en Poitou-Charentes, et elle a consulté plusieurs experts, dont je faisais partie. De cette mission a résulté en partie le dispositif de budget participatif mis en place en Poitou-Charentes. Ce budget consiste à faire en sorte qu'un certain nombre d'investissements faits par la région dans les lycées soient discutés au préalable, lycée par lycée, par l'ensemble des acteurs de la communauté scolaire : lycéens, enseignants, responsables administratifs. Et la région s'engage à suivre les choix faits à la base par les citoyens. Et cela concerne dix pour cent du budget des lycées. Doomkey : Pensez-vous qu'un tel dispositif pourrait être mis en place de façon nationale ? Les élections présidentielles sont-elles le lieu d'un tel débat ? Loïc_Blondiaux : Pour l'instant, on n'a pas d'exemple d'expérience de ce type au niveau national. Et de manière générale, la plupart des dispositifs dits de "démocratie participative" se mettent en place sur une échelle locale. On peut cependant imaginer que par rapport à des choix importants qui doivent être faits par le gouvernement, ou par le Parlement, ceux-ci aient recours à ce qu'on appelle des "conférences de citoyens", composées de citoyens "ordinaires", et qui produisent un avis qui est ensuite censé éclairer le choix du décideur. Et cette formule a déjà été expérimentée, d'abord au Danemark, puis au Canada, et paraît tout à fait envisageable en France, à condition que ce dispositif reste consultatif, au risque de concurrencer directement les instances de la représentation nationale. Dam : Existe-t-il des dispositifs démocratiques qui permettent de prendre en compte à la fois les aspirations de l'opinion publique et la qualité d'une expertise indépendante et non partisane ? Loïc_Blondiaux : Dans l'idéal, un dispositif de démocratie participative doit fonctionner comme un "forum hybride", au sens où l'a défini Michel Callon, c'est-à-dire intégrer et tenter de concilier les perspectives développées par les experts, celles défendues par les citoyens engagés ou ordinaires, et les choix produits par les élus. C'est de la confrontation entre ces logiques que doivent résulter des décisions à la fois plus légitimes et plus rationnelles. Dans la pratique, et dans l'expérience, les experts admettent très difficilement de se voir contestés par les profanes, et d'autre part, ce que l'on appelle l'"expertise profane" ou l'"expertise d'usage" est rarement prise en compte par ceux qui pensent détenir un savoir technique sur les questions en débat. Par exemple, dans le débat sur l'énergie nucléaire, la résistance de la part des ingénieurs d'Etat à accepter un contrôle ou une discussion avec le public témoigne de cette difficulté. Lire la suite sur Telerama.fr § "On va garder les 35 heures, mais ceux d'entre vous qui voudront mettre du beurre dans les épinards" pourront travailler plus, a-t-il promis, lors d'un déplacement à Chalon-sur-Saône. § L e temps de travail sera-t-il un thème central de la campagne présidentielle ? Le ministre de l'intérieur, président de l'UMP et candidat à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, a prôné lundi "une société du libre choix" en la matière. "Ceux qui veulent être payés le double et travailler le dimanche 24 (décembre), pourquoi les empêcher de le faire?", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). "Le premier problème économique de la France, c'est le pouvoir d'achat et les salaires (...) Je propose une nouvelle révolution économique : récompenser ceux qui veulent travailler davantage (...) On va garder les trente-cinq heures, mais ceux d'entre vous qui voudront mettre du beurre dans les épinards" pourront travailler plus, a-t-il ajouté. Selon M. Sarkozy, "si la France a 1 % de croissance de moins que les grandes économies, c'est qu'il faut remettre du carburant (...) Les autres pays ont bien compris que le système des trente-cinq heures obligatoires a eu comme conséquence la rigueur salariale". Le candidat UMP a également proposé "une exonération de charges sociales sur les heures supplémentaires, pour que les entreprises aient intérêt à donner des heures supplémentaires". LOI DÉJÀ ASSOUPLIE PLUSIEURS FOIS Sujet de polémiques, la loi sur les trente-cinq heures a déjà été assouplie par la droite à plusieurs reprises, mais jamais supprimée totalement. En 2003, la loi Fillon relève notamment le contingent d'heures supplémentaires de cent trente à deux cent vingt heures par an et par salarié. Et la loi du 31 mars 2005 introduit la mesure dite de "temps choisi" qui permet d'aller au-delà du contingent, sur simple accord du salarié, à condition qu'un accord de branche existe. Les propositions de Nicolas Sarkozy s'inscrivent dans la continuité de l'action de l'actuel gouvernement. Et si le projet du Parti socialiste pour 2007 recommande la "généralisation" des trente-cinq heures, Ségolène Royal a pris ses distances à l'égard de la réforme emblématique du gouvernement Jospin. En juin 2006, la candidate estimait, sur son site désirsdavenir, que la conséquence de la loi sur les trente-cinq heures avait été "un spectaculaire assouplissement du temps de travail (...) et une flexibilité accrue". Elle ajoutait qu'"en termes de qualité de vie au travail, les résultats des trente-cinq heures sont mitigés". Les économistes s'accordent en général pour dire que les trente-cinq heures auraient créé environ trois cent cinquante mille emplois entre 1998 et 2002 (Le Monde de l'économie, 31 octobre 2006). Selon les estimations de Michel Martinez, directeur des études de Rexecode, elles auraient coûté près de 13 milliards d'euros par an et favorisé la modération salariale (le nombre de salariés payés au SMIC étant passé de 10,7 % en 1996 à 16,8 % en 2005). § La récompense ne s'est pas fait attendre. Alors que Christine Boutin (UMP) vient de renoncer à se présenter à l'élection présidentielle, elle a été nommée conseillère politique de Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et officiellement candidat pour 2007. § L a récompense ne s'est pas fait attendre. Alors que Christine Boutin (UMP) vient de renoncer à se présenter à l'élection présidentielle, elle a été nommée conseillère politique de Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et officiellement candidat pour 2007. "L'humanisme social" défendu par Mme Boutin "a toute sa place dans la palette" des différentes sensibilités de l'UMP, a affirmé Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP, lors du point de presse hebdomadaire de son parti à Paris. Samedi, lors d'un conseil national du Forum des républicains sociaux, dont elle est la présidente, Mme Boutin avait annoncé qu'elle renonçait à se présenter à la présidentielle et qu'elle apportait son soutien à Nicolas Sarkozy. "Afin de tenir compte des risques d'un Avril-2002 à l'envers, j'ai pris la décision de ne pas me présenter à l'élection présidentielle, pas plus qu'à l'investiture interne de l'UMP", avait déclaré la députée UMP des Yvelines. Candidate en 2002, Christine Boutin avait remporté 1,19 % des voix. § L'intégralité du débat avec Patrick Jarreau, rédacteur en chef au "Monde", lundi 4 décembre 2006. § L ion37 : Pouvez-vous nous rappeler les faits ? Est-il possible de les vérifier ? Patrick Jarreau : Les faits sont simples et connus : au Liban, vendredi 1er décembre, Ségolène Royal s'est entretenue avec plusieurs députés. L'un d'entre eux, élu du Hezbollah, qui s'appelle Ali Ammar, s'exprimant en arabe, a critiqué les Etats-Unis, désigné Israël par les mots "l'entité sioniste", et comparé la politique israélienne au nazisme. Mme Royal a répondu qu'elle partageait le point de vue de son interlocuteur au sujet des Etats-Unis, mais qu'elle n'acceptait pas le mot "entité" pour désigner l'Etat d'Israël. Plus tard, elle a précisé dans un communiqué que son propos sur les Etats-Unis visait l'administration Bush, et non pas le pays lui-même. Samedi, au sujet de la comparaison entre les Israéliens et les nazis, elle a déclaré : "Je n'ai pas entendu cette comparaison. L'ambassadeur non plus. Cela aurait entraîné immédiatement notre départ de la salle." Les faits que je viens de rappeler ont été constatés sur place par les journalistes français présents lors de la rencontre. Deux interprètes travaillaient au cours de cet entretien : l'un traduisait pour Mme Royal, l'autre traduisait pour les journalistes. Ces derniers ne savent donc pas quels termes a rapportés à Ségolène Royal l'interprète qui travaillait pour elle. AlfonseB : Pourquoi les critiques sont dirigées uniquement vers Mme Royal et pas vers l'ambassadeur de France ? Si c'était vrai, pourquoi l'ambassadeur de France n'a pas réagi aux propos du député sachant qu'il partageait la traduction dont a bénéficié Mme Royal ? Patrick Jarreau : Vous avez raison. D'ailleurs, Ségolène Royal elle-même a fait valoir que l'ambassadeur de France, M. Emié, qui a entendu les mêmes choses qu'elle, n'a pas réagi lui non plus. C'est à ses yeux la preuve que l'assimilation d'Israël au nazisme n'a pas été traduite par l'interprète. Dalex : Finalement, il semblerait que la presse israélienne ne soit pas particulièrement choquée par l'"incident" avec les représentants du Hezbollah. L'UMP en France n'est-elle pas clairement allée trop vite en voulant récupérer ce prétendu faux pas ? Patrick Jarreau : Les deux situations ne sont pas identiques. Le gouvernement israélien a une préoccupation diplomatique vis-à-vis de la France et de celle qui pourrait être dans six mois élue présidente. Il cherche donc à ménager ses rapports futurs avec les dirigeants français. L'UMP est dans une situation différente, celle d'une compétition électorale dans laquelle elle utilise tous les arguments qui peuvent nourrir la critique de ses adversaires. Ce qui est vrai, c'est que les responsables de la majorité actuelle qui se sont exprimés dirigeants de l'UMP ou ministres ont donné l'impression de se jeter sur la première occasion qui leur était offerte d'accuser Ségolène Royal d'incompétence en matière internationale. Mais elle-même a assumé ce risque en choisissant de faire son premier voyage de candidate au Proche-Orient, région particulièrement complexe et à laquelle l'opinion française est extrêmement sensible. Bardamu : Ce raté n'est-il pas révélateur de l'inexpérience de Ségolène Royal en matière de politique étrangère ? Patrick Jarreau : On peut se demander si Ségolène Royal a eu raison d'accepter de discuter avec un député du Hezbollah. Cependant, dès lors qu'elle était à Beyrouth et qu'elle avait décidé d'y rester dans le contexte de crise politique que traverse le Liban, il lui était difficile de prendre parti et de refuser d'entendre des représentants élus d'une formation politique qui représente une portion significative des électeurs libanais. En revanche, Ségolène Royal a donné le sentiment de présumer un peu de ses forces lorsqu'elle s'est présentée, par exemple, comme "facilitatrice" dans le conflit qui oppose le gouvernement Siniora au Hezbollah et aux autres formations politiques prosyriennes. On peut comprendre que la candidate n'ait pas voulu repartir du Liban aussitôt arrivée jeudi en raison de la tension qui y régnait. Mais elle aurait peut-être dû se faire plus discrète, et en tout cas ne pas prétendre, comme elle l'a fait, jouer un rôle dans la recherche d'une issue à la crise. Halcides : Je vais être volontairement iconoclaste et provocateur : même si elle l'avait entendu et qu'elle n'avait pas réagi, où est le problème ? Après tout, on s'accommode bien pour d'autres de l'utilisation du terme "nazi" à tort et à travers... Patrick Jarreau : Pour d'autres, sans doute, et c'est déjà condamnable. Mais chacun sait que l'assimilation de l'Etat d'Israël, ou du gouvernement israélien, ou des Israéliens en général, ou des juifs, aux nazis, a une signification particulière, s'agissant d'un peuple qui a subi le génocide du milieu du XXe siècle. Par conséquent, je ne suis pas d'accord avec vous. Cette accusation, le plus souvent inacceptable, est particulièrement insupportable s'agissant d'Israël. Celine : Quel projet diplomatique Ségolène Royal offre en tant que candidate à la présidentielle ? Patrick Jarreau : Vous posez la bonne question, et c'est d'ailleurs parce que Mme Royal est consciente de ne pas avoir de réponse pour le moment qu'elle a entrepris ce voyage au Proche-Orient. Elle a voulu montrer par le geste ce qu'elle entendait faire quand elle serait présidente, si elle est élue, en se rendant d'abord dans une des régions clés des conflits internationaux de notre époque. Elle a affiché ainsi son audace et une forme de refus des convenances et de la langue de bois diplomatiques. Mais elle a montré aussi par là qu'au-delà des bonnes intentions et de la bonne volonté, elle n'a pas de projet élaboré et convaincant à présenter dans ce domaine. Bernard : On dit que Ségolène Royal refuserait de rencontrer le Hamas à Gaza. Est-ce exact et pourquoi ? Patrick Jarreau : Ségolène Royal a hésité sur cette question. Elle a finalement choisi de s'aligner sur la position de l'Union européenne, qui consiste à ne pas discuter avec une formation politique et militaire qui refuse le droit d'Israël à l'existence. Evidemment, cette position se heurte au fait que le Hamas a remporté les élections au Parlement palestinien dans des conditions parfaitement régulières. Mais Mme Royal a visiblement préféré respecter la position adoptée par l'Union européenne plutôt que de paraître vouloir faire cavalier seul, ce qui aurait entraîné inévitablement des interrogations sur la façon dont elle envisage de se comporter dans l'Union européenne si elle est demain élue présidente. § En se rendant à Grenoble, les 30 novembre et 1er décembre, pour inaugurer une série de présentations de son Pacte écologique, Nicolas Hulot a touché du doigt ce que pourrait devenir son quotidien s'il se présentait à l'élection présidentielle. § E n se rendant à Grenoble, les 30 novembre et 1er décembre, pour inaugurer une série de présentations de son Pacte écologique, Nicolas Hulot a touché du doigt ce que pourrait devenir son quotidien s'il se présentait à l'élection présidentielle. En 48 heures, une équipe de télévision aux trousses, il a animé cinq conférences, satisfait des dizaines d'interviews, ressassé cent fois le même laïus. A chaque fois : salle comble et ovation. "Cela fait beaucoup pour moi en ce moment", a-t-il confié au Monde. Durant les deux jours qu'a duré son déplacement, son entourage n'a eu de cesse de guetter ses signes de fatigue. L'un de ses vieux amis, Philippe Lagorges, était du voyage "pour lui tenir compagnie" et lui "parler d'autre chose". Entre deux poignées de main, l'animateur cachait mal sa déception après le silence de Nicolas Sarkozy sur l'environnement, dans l'émission "A vous de juger", le 30 novembre, sur France 2. "Si, sur trois heures d'émission, ni lui ni les journalistes n'ont abordé le sujet, ça prouve que l'écologie est encore traitée de façon marginale", s'est-il agacé. Depuis qu'il a lancé son "Pacte", le 7 novembre, plus de 200 000 personnes, dont sept candidats à l'Elysée, l'ont signé. Mais M. Hulot attend toujours un retour du ministre de l'intérieur et de Ségolène Royal. Il espère des négociations en décembre. A force de batailler, l'animateur dissimule de moins en moins l'issue qu'il pourrait donner à "la petite hypothèse" de sa candidature à la présidentielle. Face aux Verts qui lui reprochent de tuer la candidature de Dominique Voynet, il rétorque que, "s'il se retire", son initiative "pourrait au contraire créer un appel d'air en leur faveur". Si au moins un "grand candidat" prend en compte son pacte écologique, il pourra considérer qu'il a "en partie atteint son but". Depuis quelque temps, M. Hulot a trouvé une certaine stabilité familiale. Se lancer dans la campagne présidentielle, il le sait, pourrait remettre en cause cet équilibre. A Grenoble, lors de son dernier grand oral, plus de 1 500 personnes sont venues l'écouter. Lors de l'ovation finale, son vieil ami laissait échapper : "Ouf, ils n'ont pas crié "Nicolas président !"" § La droite attaque la socialiste, qui a tardé à réagir aux propos d'un élu du Hezbollah sur Israël. § L a tournée au Proche-Orient de Ségolène Royal comporte deux faces, l'une polémique et l'autre réussie. La première a commencé au Liban où la candidate socialiste se trouvait le vendredi 1er décembre. Ce jour-là, tandis qu'une vaste manifestation des partis prosyriens réunit près d'un million de personnes dans les rues de Beyrouth, Mme Royal rencontre des membres de la commission des affaires étrangères du Parlement auxquels se sont joints des éditorialistes. Dix-sept personnes ont pris place autour d'une table dans un grand hôtel, en présence de l'ambassadeur de France, Bernard Emié, du directeur de campagne de Mme Royal, Jean-Louis Bianco, et de son directeur de cabinet, Christophe Chantepy. En retrait, une quinzaine de journalistes, hors caméras, assistent à la rencontre qualifiée d'"exceptionnelle" par Mme Royal pour la diversité des sensibilités politiques qui se font face malgré la tension qui règne dans le pays. Parmi les députés présents, arrivé avec quelques minutes de retard, figure un élu du Hezbollah, Ali Ammar. Lorsqu'il prend la parole, en arabe, ses propos sont traduits par deux interprètes, l'une derrière Mme Royal, l'autre avec les journalistes français. Le représentant du Hezbollah, membre du bureau politique, s'en prend aux Etats-Unis et compare l'action d'Israël - qualifié d'"entité sioniste" - au "nazisme qui a occupé la France" (Le Monde daté 3-4 décembre). Reprenant la parole, la candidate souligne sa divergence de vue à propos du choix du mot "entité" plutôt qu'"Etat" pour Israël, mais ne réagit pas au "nazisme". A la sortie, M. Chantepy, interrogé, répond : "Elle ne pouvait pas répondre point par point." Le lendemain, samedi, lorsqu'elle découvre le compte rendu de la rencontre dans la presse française, Mme Royal reçoit par petits groupes les médias et s'indigne : "Je n'ai pas entendu cette comparaison, ni l'ambassadeur. Cela aurait entraîné immédiatement notre départ de la salle." M. Emié confirme qu'il n'a pas entendu les paroles d'Ali Ammar. Mais comme la question lui est reposée, Mme Royal tranche : "Ces propos n'ont pas été tenus" et lance, mécontente : "Personne ne m'empêchera de continuer de dialoguer avec des représentants démocratiquement désignés." En France, la polémique démarre. Dès samedi, François Fillon, conseiller politique de Nicolas Sarkozy, qualifie de "choquantes les fautes" de Mme Royal : "Accepter de parler avec un membre du Hezbollah, organisation qui prône la destruction d'Israël, qui a provoqué et mené la guerre contre Israël en entrant en territoire israélien et en prenant des otages, était déjà une faute, écrit-il dans un communiqué. Laisser insulter sans réagir les alliés et amis de la France, qu'il s'agisse des Etats-Unis ou d'Israël, en est une autre, lourde." Dimanche, le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, prend le relais sur France Info : "Dans ses Mémoires, le général de Gaulle avait écrit : "J'allais vers l'Orient compliqué avec des idées simples". Encore faut-il que ces idées ne soient pas simplistes." Le même jour, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) "déplore" que Mme Royal "ait accepté de dialoguer avec un représentant du Hezbollah". De François Bayrou (UDF) à Dominique Voynet (Verts), d'autres candidats condamnent l'attitude de Mme Royal, tandis que le PS prend la défense de sa candidate en arguant d'une "mauvaise traduction". Mme Royal, elle, a poursuivi son déplacement, en Jordanie, samedi, puis dans les territoires palestiniens et en Israël dimanche avec succès. C'est la deuxième face de sa tournée au Proche-Orient. Partout, elle est reçue presque comme un chef d'Etat sans que sa rencontre avec le représentant du Hezbollah suscite la même passion : "La droite française est surprise par l'ampleur que prend son voyage et le comportement des dirigeants qui la reçoivent, elle est en train de perdre ses nerfs pour ça", affirme, en Israël, Julien Dray, porte-parole du PS. Personne ne peut parler à la place des Israéliens, pas même le CRIF." L'équipe de Mme Royal vante sa méthode : dialogue "franc" et entretiens avec les dirigeants uniquement en tête-à-tête pour "nouer des contacts personnels". "Tout son voyage est une façon de dire :"Je serai en capacité et je le démontre"", affirme M. Bianco. Lundi, après avoir dîné la veille avec Tzipi Livni, la ministre des affaires étrangères, puis visité le Mémorial de la Shoah de Yad Vashem, elle devait finir son voyage en rencontrant Ehoud Olmert, le chef du gouvernement israélien. § Une photo de plus. Après les personnalités libanaises à Beyrouth, dont le premier ministre, après le premier ministre jordanien et le directeur de cabinet du roi à Amman, Ségolène Royal a ajouté à son album de présidentiable celle du chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. § U ne photo de plus. Après les personnalités libanaises à Beyrouth, dont le premier ministre, après le premier ministre jordanien et le directeur de cabinet du roi à Amman, Ségolène Royal a ajouté à son album de présidentiable celle du chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Poursuivant sa tournée au Proche-Orient, dimanche 3 décembre, la candidate socialiste a franchi en convoi aux couleurs françaises le check-point d'Erez pour se rendre directement au siège de la présidence palestinienne à Gaza. Après une demi-heure d'entretien en tête à tête avec M. Abbas, elle a lu une courte déclaration à ses côtés : "J'ai été impressionnée par sa volonté, sa force et son optimisme dans un contexte que je sais particulièrement critique." Avant d'énoncer des "principes" : "Le peuple palestinien a droit à un Etat souverain et viable, et Israël à une sécurité durable." RENCONTRE AVEC LE HAMAS ÉCARTÉE Plus question du Hamas, alors que, deux jours plus tôt, au Liban, Mme Royal n'avait pas exclu de rencontrer des élus "démocratiquement élus" de l'organisation classée comme terroriste par l'Union européenne. La candidate a tenu à rendre "un hommage particulier" à M. Abbas, chef du Fatah, soulignant ses "efforts" pour constituer un nouveau gouvernement. Quelques heures plus tard, Jean-Louis Bianco, son directeur de campagne, expliquait à la presse qu'une rencontre avec des élus du Hamas n'aurait été possible que sous certaines conditions : reconnaissance de l'Etat d'Israël, formation d'un gouvernement d'union nationale. Conditions que Mme Royal n'avait cependant pas énumérées quand elle avait dit qu'elle "évaluerait les propositions" de rendez-vous qui pourraient lui être faites. M. Abbas n'a pas marqué sa désapprobation, tout au contraire. Il a salué "la candidate présidentielle d'un pays ami" - seule responsable politique française à s'être rendue à Gaza depuis la victoire du Hamas aux élections en janvier. "Nous avons parlé avec beaucoup de franchise", a indiqué le chef de l'Autorité palestinienne. Signe de l'attention qu'il a portée à son invitée : M. Abbas est sorti pour raccompagner Mme Royal jusqu'à son véhicule, malgré les consignes de sécurité. Un geste peu fréquent. § Pour l'éditorialiste du quotidien "Haaretz", "la visite de Mme Royal est traitée de manière positive" et "il n'y a eu aucune allusion à ce qui s'est passé au Liban." § Q uelles ont été les réactions en Israël après la visite de Ségolène Royal au Liban et l'incident qui a eu lieu avec le député du Hezbollah ? En Israël, cet incident n'a pas laissé de traces. La visite de Mme Royal est traitée de manière positive, presque tous les journaux israéliens ont mis sa photo en première page. Et il n'y a eu aucune allusion à ce qui s'est passé au Liban. Que peut-on escompter de sa rencontre avec des responsables politiques israéliens ? Pas grand-chose. C'est sa première visite dans la région. On ne la connaît pas très bien ici. Elle a donc droit à tous les honneurs, mais elle n'est pas accueillie comme un secrétaire d'Etat américain, les responsables politiques n'attendent pas beaucoup de sa visite. Mais c'est une femme qui pourrait devenir la prochaine présidente de la France. Cette rencontre est donc une première prise de contact au cours de laquelle vont lui être expliqués les problèmes de la région. Qu'attendent les responsables politiques israéliens de l'élection présidentielle française ? Ils attendent deux choses. Premièrement, la politique française dans la région étant vue comme très pro-arabe, les responsables politiques israéliens souhaiteraient donc un rééquilibrage vers une attitude qui leur soit plus favorable. Deuxièmement, la communauté juive est très importante en France, et Israël attend que cette communauté soit traitée avec plus de considération. § Christine Boutin a annoncé lors du conseil national de son mouvement, le Forum des républicains sociaux (FRS), samedi 2 décembre à Paris, qu'elle renonçait à se présenter à l'élection présidentielle et se rangeait derrière la candidature de Nicolas Sarkozy. § C hristine Boutin a annoncé lors du conseil national de son mouvement, le Forum des républicains sociaux (FRS), samedi 2 décembre à Paris, qu'elle renonçait à se présenter à l'élection présidentielle et se rangeait derrière la candidature de Nicolas Sarkozy. Un renoncement âprement négocié, puisque le FRS, parti associé à l'UMP, a obtenu trois circonscriptions, sur la dizaine demandée, pour les élections législatives de juin 2007 : la 7e du Rhône (Lyon) confiée à Jean-François Debiol et la 5e de Haute-Garonne (Toulouse) octroyée à Marie-Claire Danen en plus de la 10e circonscription des Yvelines, détenue par Mme Boutin depuis 1986. FRS, qui aurait aimé que Ghislain Domart porte ses couleurs dans la 2e circonscription de Loire-Atlantique, devra se consoler en voyant ce dernier contester la mairie de Nantes à Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Outre ces circonscriptions, FRS, mouvement d'imprégnation chrétienne, a déjà obtenu que le programme législatif de l'UMP reprenne plusieurs thèmes de combat de sa présidente : une loi instaurant des droits pour les détenus, l'orientation des recherches sur les cellules souches adultes plutôt que sur l'embryon, et des droits sociaux facilitant le maintien à domicile des enfants handicapés. Christine Boutin ne désespère pas d'obtenir plus et de peser dans l'élaboration du projet de Nicolas Sarkozy. Si cette égérie de la droite chrétienne et sociale ne veut pas être "le Chevènement de la droite" et renonce à la présidentielle par crainte d'un "21 avril 2002 à l'envers" qui verrait Ségolène Royal, la candidate du PS, affronter au second tour celui du Front national, elle ne compte pas en effet "se taire". Gardant sa "liberté de parole", elle sera, a-t-elle promis, samedi, "l'aiguillon social de l'UMP". "ELLE SERA MINISTRE" "A toi Nicolas et à tous les autres, je vous le dis, je serai présente, tenace et peut-être même intransigeante" pour que soit prise en compte la plate-forme de FRS. Dans cette plate- forme figure notamment le dividende universel (garantie pour toute personne de bénéficier d'au moins 330 euros par mois de la naissance à la mort), le droit au logement, la protection de la vie, de l'état d'"embryon à la mort, et la promotion de la famille fondée sur l'altérité". Loin d'être désespérés par la non-candidature de leur présidente à l'élection présidentielle, les quelque 150 cadres de FRS présents samedi lui voyaient déjà un destin gouvernemental : "Elle sera ministre", lançait ainsi l'un d'eux à la presse, tandis qu'un autre renchérissait : "Premier ministre". § Le benjamin de l'Assemblée nationale, jeune homme brillant et surdiplômé, avait ses entrées à l'Elysée. Ses compétences sont aujourd'hui à la disposition du camp d'en face. § I l a 31 ans, mesure 1,90 m, chausse du 47 et marche très vite. Il court même assez bien pour avoir fait le marathon de Berlin. Arrivé 18 798e sur 40 000. Pour une fois, il n'était pas le premier. Le benjamin de l'Assemblée nationale est normalien, major de l'agrégation d'histoire, diplômé de Sciences Po, major de l'ENA (promotion Nelson Mandela) et titulaire d'un DEA de droit public. Dans un pays qui a la religion du diplôme, il dit : "Ça ne donne pas un droit de tirage à vie." Résumons : une sorte de Juppé sympathique. PARCOURS 1975 Naissance à Lyon (Rhône). 1999 Rencontre Soeur Emmanuelle au Caire. 2002 Suppléant de Jacques Barrot en Haute-Loire. 2004 Elu député. 2006 Parution d'"Un Huron à l'Assemblée nationale" (éd. Privé, 18 ). Il ne lui en fallait pas tant pour devenir le chouchou de l'Elysée, apprécié - un exploit - du conseiller spécial Jérôme Monod et des Chirac au grand complet, le président, sa femme, sa fille. Avant de passer dans l'équipe de Nicolas Sarkozy. Cette tête bien faite, qui vient de publier sur son expérience assez neuve de député un ouvrage gentillet, Un Huron à l'Assemblée nationale (Editions Privé), n'est pas un pied-tendre. Ni un héros romantique : "Je ne veux pas, assure-t-il dans son livre, être un Lorenzaccio de la politique." L'antimodèle, c'est donc ce personnage de Musset "lassé d'entendre brailler en plein vent le bavardage humain" qui tue le prince et finira par s'abîmer dans la vanité désespérante de la politique. Voyons de plus près. L'histoire avec les chiraquiens commence avec la Haute-Loire et l'Europe. C'est aussi là qu'elle finit. Jérôme Monod ne sait plus qui a repéré ce brillant caillou, comme il les aime, au Conseil d'Etat. Il apprécie tout de suite ce jeune homme "intelligent, fin, passionné par les idées", dont il dit : "Un vrai bon normalien, qui n'a pas été détruit par son passage à l'ENA.". La maison familiale du jeune Wauquiez est au Chambon-sur-Lignon, sur ce plateau protestant de Haute-Loire où des Justes cachèrent des enfants juifs pendant la guerre. C'est au collège cévenol du Chambon que le protestant Monod a passé deux années de la guerre avec sa soeur cadette. Il embarque Wauquiez dans sa Fondation pour l'innovation, qui devait servir de boîte à idées à l'UMP. "Il m'a beaucoup aidé", souligne le conseiller spécial, qui juge souvent les hommes politiques médiocres. Une circonscription pour sauter le pas ? La 1re de Haute-Loire, celle de Jacques Barrot, européen comme lui, s'est imposée. Il a fallu subir quelques épreuves d'adoubement. Rigolard comme à l'ordinaire, Laurent Wauquiez, qui venait de passer du statut de suppléant à celui de député, en racontait quelques-unes avec beaucoup de franchise, en juillet 2004. Claude Chirac, ravie de tant de fraîcheur, s'était exclamée : "Pourvu qu'il ne change pas !" Evidemment, Laurent Wauquiez-Motte a encore en travers de la gorge l'amputation de son nom complet sur ses affiches électorales, décidée dans son dos par Jacques Barrot - "trop long". Avec Barrot, tout s'est arrangé, au point que la permanence du jeune député se tient à Yssingeaux, dans la maison personnelle du commissaire européen. Motte, c'est le nom maternel, rajouté par trait d'union à 18 ans. Pour faire plus chic ? "Sans tomber dans la psychologie à deux balles", se défend-il, c'est plutôt en hommage à "maman, qui a élevé ses quatre enfants". Le père, cadre de banque, est parti quand il avait 1 an. La mère, qui travaille dans le domaine culturel, "a misé beaucoup sur lui depuis qu'il est tout petit. Elle l'a motivé", raconte le frère aîné, Vladimir. Laurent Wauquiez est "très famille". Fou de sa jolie et brillante épouse, Charlotte, et de leurs deux enfants. En 1995, pendant que les balladuriens et les chiraquiens se déchirent, l'étudiant de la Rue d'Ulm qui parle déjà anglais et allemand, part apprendre l'arabe en Egypte. Avec une recommandation de son prof d'histoire : "N'y allez pas pour la beauté des savoirs théoriques. Vous pouvez être utile." Wauquiez le catholique donne donc des cours de français dans l'un des quartiers les plus pauvres du Caire, dans l'école fondée par Soeur Emmanuelle. Il nouera des liens avec elle quelques années plus tard, à l'occasion de son stage de l'ENA. Huit mois au Caire, à nouveau, pendant lesquels il continue à donner des cours. "Un petit engagement à ma mesure", nuance-t-il. Tant de vertu a parfois attiré l'ironie. Une pointure comme celle-là, les sarkozystes n'allaient pas la laisser filer. C'est Frédéric Lefebvre, le conseiller de Nicolas Sarkozy chargé des relations avec le Parlement, qui va, patiemment, le cueillir. Originaire lui-même de Haute-Loire, il s'appuie sur le conseiller régional d'Auvergne, Brice Hortefeux, ami fidèle du ministre de l'intérieur. Beau transfert. La première occasion, c'est le débat parlementaire sur la licence globale, qui divise le groupe UMP. "On a travaillé très vite avec Laurent, je lui ai fait faire un rappel au règlement et on a immédiatement affiché la position du groupe, dit Frédéric Lefebvre. Il a vu qui comptait au Parlement." Quelques mois encore, et "on l'a fait entrer dans l'équipe, direct à côté de Brice". Celui qui faisait des notes pour l'Elysée s'est mis à en rédiger pour le ministre de l'intérieur. Sur l'agriculture, sur les classes moyennes - son dada -, sur les jeunes. Il a même fait le ménage dans les associations se réclamant des "Amis de Nicolas Sarkozy", une mission de confiance. La rupture avec la chiraquie avait commencé avec le référendum européen. En février 2005, Laurent Wauquiez confiait déjà : "L'inquiétude économique se couple avec un rejet de la politique : on va faire sauter le système." Elle se consomme le 14 avril 2005, lorsque Jacques Chirac apparaît déconnecté de la jeunesse, en direct, à la télévision. La déchirure s'achève lorsque, Dominique de Villepin nommé à Matignon, Laurent Wauquiez aurait pu devenir ministre. Le chef du gouvernement a refusé ce sang neuf. Grosse amertume. Au début, il travaille loyalement pour le premier ministre. Son rapport sur les bourses pour les étudiants fait même un peu de bruit. Mais il juge que l'histoire entre Villepin et les élus ne se tisse pas. Alors il choisit. Très tôt et en allant faire ses adieux au château. Jérôme Monod : "C'est son choix. Je crois qu'il considère qu'il faut changer les acteurs qui sont depuis très longtemps sur la scène. C'est absolument normal. En tout cas, ce n'est pas illégitime." Bernadette Chirac, elle aussi, a compris. Elle a juste demandé que l'on respecte son mari. Pas d'inquiétude, Laurent Wauquiez est un jeune homme ambitieux, pressé, mais poli. § "Certains ont peut-être besoin de cours de rattrapage", a ironisé le ministre de l'éducation, en référence aux récentes propositions de François Bayrou, de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy. § L e ministre de l'éducation, Gilles de Robien (UDF), a vivement réagi mardi aux propos des candidats à la présidentielle qui ont récemment critiqué la politique de l'éducation. "Je voudrais remettre un peu d'ordre dans ce débat, de l'ordre juste bien sûr, en rappelant quelques vérités de bon sens", a déclaré le ministre, d'un ton agacé. Sans les nommer, il a cité les récentes déclarations en matière d'éducation des trois candidats déclarés : la socialiste Ségolène Royal, le président de l'UMP Nicolas Sarkozy et le centriste François Bayrou (UDF). "Certains ont donc peut-être besoin de cours de rattrapage, le ministère est à leur disposition pour un soutien individualisé", a ironisé M. de Robien. Il a repris une à une les propositions des trois candidats en rappelant que "ça a déjà été fait", ou "mieux, plus et autrement". "Un candidat veut 'faire le bilan des zones d'éducation prioritaire', il (Nicolas Sarkozy) l'a dit sur France 2 jeudi dernier, il veut qu'on cesse d'y affecter les enseignants les plus jeunes, il veut qu'on y crée des équipes volontaires. C'est déjà fait !", a lancé M. de Robien, qui a rappelé qu'"un plan de relance a été décidé qui permet justement d'y affecter des enseignants expérimentés". S'en prenant à François Bayrou, ancien ministre de l'éducation, il a cité "un autre candidat" qui a proposé de "mettre en place des filières d'excellence dans les établissements en difficulté", ajoutant : "Cest fait." Enfin, épinglant les propos de Ségolène Royal sur les trente-cinq heures de présence des enseignants dans les collèges, il a estimé que la candidate socialiste "a abordé le problème sous un angle mauvais". § Débat en direct avec Sylvia Zappi, journaliste au "Monde", mercredi 6 décembre 2006 à 16 heures. § § A cinq mois de l'élection présidentielle, le départ du chargé des sondages à l'Elysée pour la présidence du Stade rennais marque une accélération dans le jeu de "recasage". § A cinq mois de la fin du mandat de Jacques Chirac, le jeu des nominations et des recasages bat son plein à l'Elysée, que l'ancien secrétaire d'Etat de Jean-Pierre Raffarin, Frédéric de Saint-Sernin, vient de quitter, lundi 4 décembre. L'entourage du chef de l'Etat s'agace. "Il s'agit d'un turn-over classique", prétend-on, alors que les mouvements de conseillers se sont, de fait, accélérés. M. Chirac avait déjà recomposé son cabinet, après la nomination de Dominique de Villepin à Matignon (Le Monde du 15 juin 2005). Le secrétaire général adjoint, Augustin de Romanet, n'aura tenu que seize mois. Ancien directeur de cabinet adjoint à Matignon sous Jean-Pierre Raffarin, il était arrivé à l'Elysée, plein d'enthousiasme, en juin 2005. Il en est reparti en octobre, désenchanté, pour devenir directeur adjoint de la finance et de la stratégie au Crédit agricole. Marie-Claire Carrère-Gée, conseillère sociale du chef de l'Etat, a obtenu ce poste qu'elle souhaitait occuper depuis longtemps. Elle est elle-même remplacée par un médecin de 45 ans, Cédric Grouchka, spécialiste des systèmes de santé, passé par les cabinets de tous les ministres de la santé depuis 2002. Stéphane Dupré-Latour, conseiller chargé de l'industrie, de l'environnement et des transports, quitte M. Chirac pour la centrale nucléaire de Dampierre. Il est remplacé par un autre X-Mines, Bruno Bensasson, 34 ans, ancien des cabinets des ministres de l'industrie successifs, Patrick Devedjian et François Loos. D'autres conseillers du président, anciens de l'Elysée ou ministres chiraquiens, veulent tenter l'aventure électorale. C'était déjà le cas de Philippe Bas, ministre de la santé, et de Jean-François Lamour, ministre des sports, candidats aux législatives de juin 2007. "Les instructions de Nicolas, c'était de bien traiter toutes les demandes", assure un proche du président de l'UMP. Nicolas Sarkozy a cependant ses préférences. Il ne s'est pas opposé au parachutage de la ministre déléguée au commerce extérieur, Christine Lagarde, au Havre, pour les municipales de 2008. Il lui a même donné publiquement la parole lors de son meeting de Saint-Etienne, le 9 novembre. Un privilège rarement accordé à des ministres, surtout chiraquiens. Il était plus réservé sur la candidature aux élections législatives à Paris de l'ancienne porte-parole de l'Elysée et ministre déléguée aux affaires européennes, Catherine Colonna. Puis, dans le cadre de ses relations complexes avec Jacques Chirac, il est devenu "très ouvert" à cette perspective, proposée par Françoise de Panafieu. Encore faut-il que Jean de Gaulle renonce à se représenter dans la 8e circonscription parisienne. Laurent Vigier, chargé du G8 et des dossiers multilatéraux auprès du chef de l'Etat, a trouvé une circonscription en Seine-Saint-Denis. Un ancien conseiller du président, Vincent Mahé, aujourd'hui directeur de cabinet de M. Bas, pourrait atterrir comme suppléant à Fécamp (Seine-Maritime), en visant les élections municipales. Frédéric Salat-Baroux, le secrétaire général de l'Elysée, a téléphoné lui-même aux sarkozystes pour lui donner un coup de pouce. Mme Carrère-Gée, qui s'était vue proposer une circonscription en Moselle, hésite, car l'affaire ne se présente pas aussi bien qu'annoncé. Le président de la communauté d'agglomération, mécontent de ce parachutage, entend se présenter contre elle, qui n'a, comme elle l'admet, aucune légitimité régionale. La secrétaire générale adjointe de l'Elysée pourrait alors se rabattre sur la circonscription de Guy Drut, en Seine-et-Marne, l'ancien ministre chiraquien ayant laissé entendre, en petit comité, qu'il ne se représenterait pas. Dans les institutions publiques, la nomination de Michel Boyon, actuel président de Réseau ferré de France (RFF), à la tête du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), est bien engagée. L'ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin, qui visait naguère la vice-présidence du Conseil d'Etat, devrait remplacer Dominique Baudis à l'expiration du mandat de celui-ci, en janvier 2007. § La candidate socialiste réaffirme son hostilité au programme nucléaire civil iranien et se déclare opposée "en l'état actuel des choses" à des contacts avec le Hamas. § A u terme de son périple au Proche-Orient qui s'est achevé lundi 4 décembre, Ségolène Royal a dressé le bilan de sa dernière étape, Israël, et de ses ultimes rencontres avec des "interlocuteurs de haute qualité" : les ministres des affaires étrangères et de la défense, et le premier ministre, Ehoud Olmert. Comme au Liban ou dans les territoires palestiniens, la candidate socialiste à l'élection présidentielle française a adapté son discours en saluant ici "les efforts pour la paix" du gouvernement israélien. Le TNP prévoit expressément le droit au nucléaire civil Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui a été signé en 1968 et compte aujourd'hui 189 signataires, souligne qu'aucune de ses dispositions "ne sera interprétée comme portant atteinte au droit inaliénable de toutes les parties au traité de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques". Ce que réclame Ségolène Royal (qu'aucun pays, pas même les Etats-Unis ou Israël, ne demande) reviendrait à rendre caduc le TNP, dont l'esprit est le suivant : en échange de leur renonciation à l'arme atomique, les Etats non nucléaires recevaient l'assurance que leurs voisins ne s'en doteront pas, et la reconnaissance de leur droit au nucléaire civil. Actuellement, le texte d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, prévoyant des sanctions (diplomatiques, économiques mais non militaires) contre l'Iran, est en cours de négociation entre les Six (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne). Il vise les "activités les plus sensibles" du programme nucléaire et balistique de l'Iran. "Vous avez devant vous la seule responsable politique française qui s'est exprimée contre l'accès au nucléaire civil de l'Iran. Là se trouve le plus grand danger pour la sécurité d'Israël et du reste du monde", a-t-elle lancé aux journalistes. "Il ne faut pas laisser l'Iran accéder au nucléaire civil, et donc militaire, ce sera ma position si je suis élue présidente de la République", a insisté Mme Royal, qui avait avancé cette idée lors de la primaire socialiste. "Le premier ministre israélien m'a lui-même félicitée pour cette prise de position", a-t-elle souligné. Sur bien d'autres points, Mme Royal a donné des gages à l'Etat juif. Ainsi a-t-elle affirmé qu'"en l'état actuel des choses, il n'était pas question de parler aux dirigeants du Hamas" comme elle avait pu le laisser entendre lors de sa visite au Liban. "Si les conditions s'y prêtent et pour faire avancer un certain nombre de processus, on ne doit fermer la porte à rien", s'est contentée d'affirmer Mme Royal. S'agissant des survols des forces françaises de la Finul par l'aviation israélienne au Liban sud, la socialiste a adouci sa position. "Il faut que cela cesse", avait-elle déclaré à l'issue d'une visite au quartier général de la force de l'ONU, le 1er décembre. "J'ai compris que le nombre et la nature de ces survols ont déjà diminué. Ceux qui subsistent sont liés à un certain nombre de faits", a-t-elle affirmé à Jérusalem. Enfin, Mme Royal n'a pas contesté le "mur de séparation" construit par Israël en Cisjordanie. "Il y a un problème sur le tracé de ce mur", a-t-elle déclaré, ajoutant : "Quand c'est nécessaire pour la sécurité, une construction est justifiée, encore faut-il que les choses se passent en bonne entente." Mme Royal s'est drapée dans les habits d'un chef de l'Etat potentiel en revendiquant clairement une "phase préparatoire de futures responsabilités". "Si je suis élue, a-t-elle expliqué, ma première priorité sera de mettre l'Europe au travail" pour parvenir à une "forme de discipline européenne" sur le plan international. La candidate voudrait couper court à la polémique déclenchée, lors de son séjour au Liban, par les propos tenus en sa présence d'un député du Hezbollah qui comparait l'action de l'Etat juif au régime nazi. "Ces polémiques ont un effet extrêmement pervers en véhiculant ces mots lourds de sens dans la presse et sur les ondes", a-t-elle plaidé, très agacée par les attaques de la droite française. Visitant, lundi matin, Yad Vashem, le Mémorial de la Shoah à Jérusalem, Mme Royal a découvert, au moment de déposer une gerbe, qu'une autre responsable politique française l'avait devancée. A côté de la flamme du souvenir, Françoise de Panafieu avait déjà laissé la sienne, bien reconnaissable avec les mots "UMP Paris" en gros. Croisant un peu plus tard dans le hall de l'Hôtel King David l'élue parisienne, Mme Royal lui a sèchement lancé : "Vous, je ne vous salue pas." § A l'issue de son entretien avec le premier ministre israélien, la candidate socialiste précise sa vision de la situation au Proche-Orient. Pour elle, l'Iran ne doit pas accéder au nucléaire civil et le Hamas reste sur la liste des organisations terroristes. § L a candidate socialiste à la présidentielle française, Ségolène Royal, a apporté lundi à Jérusalem un franc soutien à l'Etat hébreu. Mme Royal a conclu une visite de deux jours en Israël et dans les territoires par un entretien avec le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, malgré les critiques qui ont émaillé sa tournée au Proche-Orient. M. Olmert s'est déclaré "content" de cette entrevue. "Mme Royal a posé au premier ministre de nombreuses questions à propos de la région. Ils ont ensuite longuement évoqué la question palestinienne", a commenté Miri Eisin, la porte-parole de M. Olmert. Durant les quarante minutes d'entretien dans le bureau du premier ministre à Jérusalem, Mme Royal a également évoqué le rôle de l'Union européenne dans la région, a-t-elle poursuivi. Durant son séjour de quarante-huit heures en Israël, Mme Royal a rencontré les principaux responsables israéliens : outre M. Olmert, elle a eu des entretiens avec les ministres des affaires étrangères, Tzipi Livni, et de la défense, Amir Péretz. § Après s'être recueillie au mémorial Yad Vashem de Jérusalem, la candidate socialiste a rencontré lundi le premier ministre israélien, Ehoud Olmert. § L a candidate socialiste à l'élection présidentielle française a rencontré lundi 4 décembre le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, pour le point d'orgue d'une visite en Israël où elle a été courtisée malgré les critiques qui ont émaillé sa tournée au Proche-Orient. Mme Royal, qui devait donner une conférence de presse dans la soirée, a rappelé son opposition à ce que l'Iran accède aux technologies nucléaires civiles. "Elle a absolument rappelé sa position, disant (...) qu'il fallait trouver d'autres solutions énergétiques pour l'Iran", a expliqué à des journalistes Jean-Pierre Masseret, président de la région Lorraine, qui assistait à la rencontre, soulignant qu'elle est en "parfaite harmonie" avec Ehoud Olmert sur ce point. Julien Dray, porte-parole du Parti socialiste, a confirmé une "convergence de vues" entre les deux interlocuteurs. Nicolas Sarkozy : Ségolène Royal a déclenché une "grave polémique" "Mme Royal fait ce qu'elle veut. Elle a déclenché une très grave polémique et je ne suis pas sûr que celle-ci vaille la peine", a déclaré lundi 4 décembre le ministre de l'intérieur, en déplacement à Mâcon. "La situation là-bas est déjà extrêmement compliquée, il faut donc agir avec beaucoup de mesure, avec beaucoup de sens des responsabilités, d'habileté", a-t-il ajouté, avant de conclure :"Il y a eu assez de dégats avec cette visite, ce n'est pas la peine d'en rajouter". (Avec Reuters.) "C'était très intéressant d'entendre ce qu'elle avait à dire sur sa visite" au Liban, a déclaré Ehoud Olmert. Les deux interlocuteurs ont longuement évoqué la question palestinienne, ainsi que le sort des deux militaires israéliens enlevés en juillet par des miliciens libanais. Cependant, Ségolène Royal n'a pas abordé avec le premier ministre la question des survols du sud du Liban par les avions de chasse israéliens, qu'elle avait évoquée dimanche avec la ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni. Lundi matin, avant sa rencontre avec M. Olmert, Ségolène Royal s'est rendue au musée Yad Vashem, à Jérusalem, dédié à la mémoire des six millions de juifs exterminés par les nazis. UN AGENDA DE "PRÉSIDENTIABLE" Lors de son séjour de quarante-huit heures en Israël et dans la bande de Gaza, celle qui brigue la présidence française aura rencontré, outre M. Olmert, les principaux responsables du gouvernement israélien : les ministres des affaires étrangères, Tzipi Livni, et de la défense, Amir Péretz. La veille, dans la bande de Gaza, Ségolène Royal avait eu un entretien de quarante-cinq minutes avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Cet agenda digne d'un chef d'Etat contraste avec la polémique née en France autour du périple proche-oriental de Mme Royal. Aucun responsable de l'Etat hébreu n'a réagi à l'épisode de Beyrouth, au cours duquel la candidate n'aurait pas entendu les propos d'un député assimilant au nazisme l'action d'Israël au Liban. La presse israélienne s'est contentée pour sa part de relater l'incident en soulignant "le silence" de la candidate. § L'intégralité du débat avec le sociologue Loïc Blondiaux, qui a travaillé sur la mise en place d'opérations de démocratie participative pour le comopte de Ségolène Royal en Poitou-Charentes. Un rendez-vous Télérama.fr, en partenariat avec Le Monde.fr. § M olinera : Vous avez travaillé avec Ségolène Royal. Sur quoi exactement ? Quelle était votre mission ? Loïc_Blondiaux : En fait, en 2004, juste après les élections régionales, Ségolène Royal a souhaité mettre en place un certain nombre de dispositifs participatifs en Poitou-Charentes, et elle a consulté plusieurs experts, dont je faisais partie. De cette mission a résulté en partie le dispositif de budget participatif mis en place en Poitou-Charentes. Ce budget consiste à faire en sorte qu'un certain nombre d'investissements faits par la région dans les lycées soient discutés au préalable, lycée par lycée, par l'ensemble des acteurs de la communauté scolaire : lycéens, enseignants, responsables administratifs. Et la région s'engage à suivre les choix faits à la base par les citoyens. Et cela concerne dix pour cent du budget des lycées. Doomkey : Pensez-vous qu'un tel dispositif pourrait être mis en place de façon nationale ? Les élections présidentielles sont-elles le lieu d'un tel débat ? Loïc_Blondiaux : Pour l'instant, on n'a pas d'exemple d'expérience de ce type au niveau national. Et de manière générale, la plupart des dispositifs dits de "démocratie participative" se mettent en place sur une échelle locale. On peut cependant imaginer que par rapport à des choix importants qui doivent être faits par le gouvernement, ou par le Parlement, ceux-ci aient recours à ce qu'on appelle des "conférences de citoyens", composées de citoyens "ordinaires", et qui produisent un avis qui est ensuite censé éclairer le choix du décideur. Et cette formule a déjà été expérimentée, d'abord au Danemark, puis au Canada, et paraît tout à fait envisageable en France, à condition que ce dispositif reste consultatif, au risque de concurrencer directement les instances de la représentation nationale. Dam : Existe-t-il des dispositifs démocratiques qui permettent de prendre en compte à la fois les aspirations de l'opinion publique et la qualité d'une expertise indépendante et non partisane ? Loïc_Blondiaux : Dans l'idéal, un dispositif de démocratie participative doit fonctionner comme un "forum hybride", au sens où l'a défini Michel Callon, c'est-à-dire intégrer et tenter de concilier les perspectives développées par les experts, celles défendues par les citoyens engagés ou ordinaires, et les choix produits par les élus. C'est de la confrontation entre ces logiques que doivent résulter des décisions à la fois plus légitimes et plus rationnelles. Dans la pratique, et dans l'expérience, les experts admettent très difficilement de se voir contestés par les profanes, et d'autre part, ce que l'on appelle l'"expertise profane" ou l'"expertise d'usage" est rarement prise en compte par ceux qui pensent détenir un savoir technique sur les questions en débat. Par exemple, dans le débat sur l'énergie nucléaire, la résistance de la part des ingénieurs d'Etat à accepter un contrôle ou une discussion avec le public témoigne de cette difficulté. Lire la suite sur Telerama.fr § "On va garder les 35 heures, mais ceux d'entre vous qui voudront mettre du beurre dans les épinards" pourront travailler plus, a-t-il promis, lors d'un déplacement à Chalon-sur-Saône. § L e temps de travail sera-t-il un thème central de la campagne présidentielle ? Le ministre de l'intérieur, président de l'UMP et candidat à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, a prôné lundi "une société du libre choix" en la matière. "Ceux qui veulent être payés le double et travailler le dimanche 24 (décembre), pourquoi les empêcher de le faire?", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). "Le premier problème économique de la France, c'est le pouvoir d'achat et les salaires (...) Je propose une nouvelle révolution économique : récompenser ceux qui veulent travailler davantage (...) On va garder les trente-cinq heures, mais ceux d'entre vous qui voudront mettre du beurre dans les épinards" pourront travailler plus, a-t-il ajouté. Selon M. Sarkozy, "si la France a 1 % de croissance de moins que les grandes économies, c'est qu'il faut remettre du carburant (...) Les autres pays ont bien compris que le système des trente-cinq heures obligatoires a eu comme conséquence la rigueur salariale". Le candidat UMP a également proposé "une exonération de charges sociales sur les heures supplémentaires, pour que les entreprises aient intérêt à donner des heures supplémentaires". LOI DÉJÀ ASSOUPLIE PLUSIEURS FOIS Sujet de polémiques, la loi sur les trente-cinq heures a déjà été assouplie par la droite à plusieurs reprises, mais jamais supprimée totalement. En 2003, la loi Fillon relève notamment le contingent d'heures supplémentaires de cent trente à deux cent vingt heures par an et par salarié. Et la loi du 31 mars 2005 introduit la mesure dite de "temps choisi" qui permet d'aller au-delà du contingent, sur simple accord du salarié, à condition qu'un accord de branche existe. Les propositions de Nicolas Sarkozy s'inscrivent dans la continuité de l'action de l'actuel gouvernement. Et si le projet du Parti socialiste pour 2007 recommande la "généralisation" des trente-cinq heures, Ségolène Royal a pris ses distances à l'égard de la réforme emblématique du gouvernement Jospin. En juin 2006, la candidate estimait, sur son site désirsdavenir, que la conséquence de la loi sur les trente-cinq heures avait été "un spectaculaire assouplissement du temps de travail (...) et une flexibilité accrue". Elle ajoutait qu'"en termes de qualité de vie au travail, les résultats des trente-cinq heures sont mitigés". Les économistes s'accordent en général pour dire que les trente-cinq heures auraient créé environ trois cent cinquante mille emplois entre 1998 et 2002 (Le Monde de l'économie, 31 octobre 2006). Selon les estimations de Michel Martinez, directeur des études de Rexecode, elles auraient coûté près de 13 milliards d'euros par an et favorisé la modération salariale (le nombre de salariés payés au SMIC étant passé de 10,7 % en 1996 à 16,8 % en 2005). § La récompense ne s'est pas fait attendre. Alors que Christine Boutin (UMP) vient de renoncer à se présenter à l'élection présidentielle, elle a été nommée conseillère politique de Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et officiellement candidat pour 2007. § L a récompense ne s'est pas fait attendre. Alors que Christine Boutin (UMP) vient de renoncer à se présenter à l'élection présidentielle, elle a été nommée conseillère politique de Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et officiellement candidat pour 2007. "L'humanisme social" défendu par Mme Boutin "a toute sa place dans la palette" des différentes sensibilités de l'UMP, a affirmé Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP, lors du point de presse hebdomadaire de son parti à Paris. Samedi, lors d'un conseil national du Forum des républicains sociaux, dont elle est la présidente, Mme Boutin avait annoncé qu'elle renonçait à se présenter à la présidentielle et qu'elle apportait son soutien à Nicolas Sarkozy. "Afin de tenir compte des risques d'un Avril-2002 à l'envers, j'ai pris la décision de ne pas me présenter à l'élection présidentielle, pas plus qu'à l'investiture interne de l'UMP", avait déclaré la députée UMP des Yvelines. Candidate en 2002, Christine Boutin avait remporté 1,19 % des voix. § L'intégralité du débat avec Patrick Jarreau, rédacteur en chef au "Monde", lundi 4 décembre 2006. § L ion37 : Pouvez-vous nous rappeler les faits ? Est-il possible de les vérifier ? Patrick Jarreau : Les faits sont simples et connus : au Liban, vendredi 1er décembre, Ségolène Royal s'est entretenue avec plusieurs députés. L'un d'entre eux, élu du Hezbollah, qui s'appelle Ali Ammar, s'exprimant en arabe, a critiqué les Etats-Unis, désigné Israël par les mots "l'entité sioniste", et comparé la politique israélienne au nazisme. Mme Royal a répondu qu'elle partageait le point de vue de son interlocuteur au sujet des Etats-Unis, mais qu'elle n'acceptait pas le mot "entité" pour désigner l'Etat d'Israël. Plus tard, elle a précisé dans un communiqué que son propos sur les Etats-Unis visait l'administration Bush, et non pas le pays lui-même. Samedi, au sujet de la comparaison entre les Israéliens et les nazis, elle a déclaré : "Je n'ai pas entendu cette comparaison. L'ambassadeur non plus. Cela aurait entraîné immédiatement notre départ de la salle." Les faits que je viens de rappeler ont été constatés sur place par les journalistes français présents lors de la rencontre. Deux interprètes travaillaient au cours de cet entretien : l'un traduisait pour Mme Royal, l'autre traduisait pour les journalistes. Ces derniers ne savent donc pas quels termes a rapportés à Ségolène Royal l'interprète qui travaillait pour elle. AlfonseB : Pourquoi les critiques sont dirigées uniquement vers Mme Royal et pas vers l'ambassadeur de France ? Si c'était vrai, pourquoi l'ambassadeur de France n'a pas réagi aux propos du député sachant qu'il partageait la traduction dont a bénéficié Mme Royal ? Patrick Jarreau : Vous avez raison. D'ailleurs, Ségolène Royal elle-même a fait valoir que l'ambassadeur de France, M. Emié, qui a entendu les mêmes choses qu'elle, n'a pas réagi lui non plus. C'est à ses yeux la preuve que l'assimilation d'Israël au nazisme n'a pas été traduite par l'interprète. Dalex : Finalement, il semblerait que la presse israélienne ne soit pas particulièrement choquée par l'"incident" avec les représentants du Hezbollah. L'UMP en France n'est-elle pas clairement allée trop vite en voulant récupérer ce prétendu faux pas ? Patrick Jarreau : Les deux situations ne sont pas identiques. Le gouvernement israélien a une préoccupation diplomatique vis-à-vis de la France et de celle qui pourrait être dans six mois élue présidente. Il cherche donc à ménager ses rapports futurs avec les dirigeants français. L'UMP est dans une situation différente, celle d'une compétition électorale dans laquelle elle utilise tous les arguments qui peuvent nourrir la critique de ses adversaires. Ce qui est vrai, c'est que les responsables de la majorité actuelle qui se sont exprimés dirigeants de l'UMP ou ministres ont donné l'impression de se jeter sur la première occasion qui leur était offerte d'accuser Ségolène Royal d'incompétence en matière internationale. Mais elle-même a assumé ce risque en choisissant de faire son premier voyage de candidate au Proche-Orient, région particulièrement complexe et à laquelle l'opinion française est extrêmement sensible. Bardamu : Ce raté n'est-il pas révélateur de l'inexpérience de Ségolène Royal en matière de politique étrangère ? Patrick Jarreau : On peut se demander si Ségolène Royal a eu raison d'accepter de discuter avec un député du Hezbollah. Cependant, dès lors qu'elle était à Beyrouth et qu'elle avait décidé d'y rester dans le contexte de crise politique que traverse le Liban, il lui était difficile de prendre parti et de refuser d'entendre des représentants élus d'une formation politique qui représente une portion significative des électeurs libanais. En revanche, Ségolène Royal a donné le sentiment de présumer un peu de ses forces lorsqu'elle s'est présentée, par exemple, comme "facilitatrice" dans le conflit qui oppose le gouvernement Siniora au Hezbollah et aux autres formations politiques prosyriennes. On peut comprendre que la candidate n'ait pas voulu repartir du Liban aussitôt arrivée jeudi en raison de la tension qui y régnait. Mais elle aurait peut-être dû se faire plus discrète, et en tout cas ne pas prétendre, comme elle l'a fait, jouer un rôle dans la recherche d'une issue à la crise. Halcides : Je vais être volontairement iconoclaste et provocateur : même si elle l'avait entendu et qu'elle n'avait pas réagi, où est le problème ? Après tout, on s'accommode bien pour d'autres de l'utilisation du terme "nazi" à tort et à travers... Patrick Jarreau : Pour d'autres, sans doute, et c'est déjà condamnable. Mais chacun sait que l'assimilation de l'Etat d'Israël, ou du gouvernement israélien, ou des Israéliens en général, ou des juifs, aux nazis, a une signification particulière, s'agissant d'un peuple qui a subi le génocide du milieu du XXe siècle. Par conséquent, je ne suis pas d'accord avec vous. Cette accusation, le plus souvent inacceptable, est particulièrement insupportable s'agissant d'Israël. Celine : Quel projet diplomatique Ségolène Royal offre en tant que candidate à la présidentielle ? Patrick Jarreau : Vous posez la bonne question, et c'est d'ailleurs parce que Mme Royal est consciente de ne pas avoir de réponse pour le moment qu'elle a entrepris ce voyage au Proche-Orient. Elle a voulu montrer par le geste ce qu'elle entendait faire quand elle serait présidente, si elle est élue, en se rendant d'abord dans une des régions clés des conflits internationaux de notre époque. Elle a affiché ainsi son audace et une forme de refus des convenances et de la langue de bois diplomatiques. Mais elle a montré aussi par là qu'au-delà des bonnes intentions et de la bonne volonté, elle n'a pas de projet élaboré et convaincant à présenter dans ce domaine. Bernard : On dit que Ségolène Royal refuserait de rencontrer le Hamas à Gaza. Est-ce exact et pourquoi ? Patrick Jarreau : Ségolène Royal a hésité sur cette question. Elle a finalement choisi de s'aligner sur la position de l'Union européenne, qui consiste à ne pas discuter avec une formation politique et militaire qui refuse le droit d'Israël à l'existence. Evidemment, cette position se heurte au fait que le Hamas a remporté les élections au Parlement palestinien dans des conditions parfaitement régulières. Mais Mme Royal a visiblement préféré respecter la position adoptée par l'Union européenne plutôt que de paraître vouloir faire cavalier seul, ce qui aurait entraîné inévitablement des interrogations sur la façon dont elle envisage de se comporter dans l'Union européenne si elle est demain élue présidente. § L'intégralité du débat avec Sylvia Zappi, journaliste au "Monde", mercredi 6 décembre 2006. § S teven Latch : Sans la LCR, LO et Bové, le front unitaire de la gauche du "non" est déjà bien entamé, au moins symboliquement. A ce stade, l'enjeu ne serait-il pas plutôt de savoir si, à partir du 11 décembre, les non-communistes vont accepter de grossir les rangs d'une candidature "PC plus" avec Mme Buffet comme candidate, ou si le PC va accepter de n'être qu'une force de soutien pour un candidat non issu de ses rangs, alors que ses deux rivaux historiques (LO, LCR) font campagne en leur nom propre ? Sylvia Zappi : Vu le comportement de la direction du Parti communiste français (PCF), il paraît évident qu'ils ne veulent pas admettre que Marie-George Buffet n'est pas acceptée comme candidate unitaire. Et vont donc tout faire pour l'imposer lors de la réunion des collectifs les 9 et 10 décembre. La question va donc effectivement se poser à tous ses partenaires de soutenir ou non une candidature de Mme Buffet. Pour l'instant, ils ont tous juré qu'ils ne suivraient pas. Quant au front lézardé, il l'était déjà depuis le refus de Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire, LCR) de suivre. Lutte ouvrière (LO), quant à elle, n'a jamais été dans le film en refusant dès la campagne du "non" d'être dans ce front antilibéral. Red-linger : Les collectifs antilibéraux ont commencé à débattre et à se prononcer. Pour l'instant, il semble que la candidature de Marie-George Buffet soit largement en tête des choix exprimés. Les composantes du rassemblement seront-elles assez responsables pour accepter la démocratie et se rassembler derrière la candidate ? Sylvia Zappi : C'est vrai qu'on peut percevoir le problème en termes de démocratie, car Mme Buffet semble pour le moment en tête. Il faut quand même attendre la fin de la semaine, car seuls 300 collectifs sur 800 se sont prononcés. Mais la procédure arrêtée prévoyait un "double consensus" : c'est-à-dire qu'en plus du choix des collectifs, il fallait examiner celui de l'ensemble des mouvements politiques qui composaient le collectif national. Et là, il y avait unanimité contre l'option Buffet. Donc on peut aussi penser qu'il aurait été "responsable" de la part du PCF de comprendre qu'il devait mieux entendre ça, retirer Marie-George et accepter un candidat ou une candidate de consensus. I_bzh : Face au doute, voire au désarroi, provoqué dans l'aile gauche des sympathisants du Parti socialiste (PS) après la désignation de Ségolène Royal, comment se fait-il que la gauche, dite extrême, soit incapable de faire taire ses divergences pour espérer capter ces voix ? Sylvia Zappi : Il y a un vrai potentiel électoral à gauche depuis la nomination de Ségolène Royal et la gauche antilibérale pouvait espérer le capter. Mais ses querelles d'ego et l'incapacité du PCF à s'effacer devant le collectif ont eu raison de son unité. Mme Buffet voulait ramasser la mise. Elle risque de perdre la partie par manque de troupes et de votes. Nicolas_Guyard : Quel serait l'enjeu d'un tel rassemblement antilibéral qui semble bien compromis dans l'élection présidentielle ? Avoir un véritable poids politique et influencer un futur gouvernement de gauche, si celui-ci est élu, avec en ligne de mire les élections législatives ? Sylvia Zappi : L'enjeu était de montrer qu'une autre gauche que celle de Ségolène Royal était vivante, proposait une politique de rupture avec la logique dominante. C'était leur objectif en se rassemblant. Ces antilibéraux avaient concocté un programme de 125 propositions qui n'avait pas à rougir devant celui du PS. Quant à la participation gouvernementale, ils étaient clairs : ils ne voulaient pas participer à un accord avec le PS tel qu'il était, c'est-à-dire social-libéral. Faf : Est-ce que l'annonce du retrait de José Bové est définitive, ou peut-il encore revenir, sous la demande pressante des collectifs ? Sylvia Zappi : Il a renoncé à sa candidature pour donner un coup de semonce face à l'attitude sectaire de la LCR et la tentation hégémonique du PCF. Il ne reviendra pas sur sa décision. D'autant qu'il s'est aussi aperçu qu'il n'avait pas tant de soutiens que ça dans les collectifs, et ne voulait pas affronter un vote minoritaire. Gab : Si le rassemblement réussit à se faire, le PCF est-il en capacité (ou a-t-il la volonté) de renoncer à demander le soutien du PS pour les législatives ? Ne risque-t-il alors pas de perdre tous ses députés ? Sylvia Zappi : Marie-George Buffet a singulièrement durci le ton à l'égard du PS depuis la nomination de Ségolène Royal. A ses yeux, cette dernière entraîne la gauche vers la droite avec ses valeurs d'ordre et de respect des équilibres économiques actuels. Il n'y a pour le moment aucun contact ni négociation entre les deux partis. Et vu le rétrécissement du rassemblement entraîné par la désignation attendue de la candidate du PCF, il risque de faire un petit score et de perdre son groupe parlementaire. Alain : Existe-t-il vraiment un consensus idéologique entre les différents prétendants pour faire une gauche unitaire ? Sylvia Zappi : Oui. Cela s'est vu lors de l'élaboration de leur programme. Malgré des histoires et des cultures politiques différentes, ils ont réussi à se mettre d'accord sur 125 mesures qu'un gouvernement de gauche prendrait s'ils arrivaient au pouvoir. Ce n'est pas rien. Mais il demeure encore des désaccords sur le nucléaire, le droit de vote des étrangers ou encore la laïcité , qu'ils assument. Ronald Duchene : Clémentine Autain veut être la candidate de la gauche antilibérale mais critique ouvertement le Parti communiste. Pensez-vous qu'elle puisse créer son propre parti si elle n'est pas désignée par les collectifs ? Sylvia Zappi : Non, ce n'est pas son projet. Elle ne souhaite pas ajouter un énième petit parti à gauche, mais veut rassembler de la LCR à la gauche du PS type Mélenchon. § Dans une lettre adressée aux collectifs locaux, la secrétaire nationale du PCF fait de nouvelles propositions pour tenter de surmonter les réticences de ses concurrents, qui doutent qu'un chef de parti puisse incarner le rassemblement. § M arie-George Buffet, qui espère être choisie le week-end prochain pour conduire une candidature antilibérale unitaire à l'élection présidentielle de 2007, s'est engagée à "mener une campagne qui fait vivre le pluralisme". Dans une lettre adressée aux collectifs locaux, la secrétaire nationale du Parti communiste français (PCF) fait de nouvelles propositions pour tenter de surmonter les réticences de ses concurrents, qui doutent qu'un chef de parti puisse incarner le rassemblement. Marie-George Buffet promet une campagne réellement collective menée à égalité avec ses rivaux, Clémentine Autain et Yves Salesse, et la constitution d'un collectif de porte-parole, notamment. Pour le PCF, en dépit des divisions affichées par les leaders de la gauche radicale, il est hors de question que le choix du candidat, sur la base d'un double consensus entre militants des collectifs et partis, soit reporté début janvier. "Certains voudraient repousser le choix du candidat mais les collectifs ne l'accepteront pas. Il y a une forte aspiration unitaire et les collectifs sont impatients d'entrer en campagne", avance Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. AU NOM DU POIDS DU PCF La réunion de samedi et dimanche prochains à l'île des Vannes, à Saint-Ouen, la troisième du genre, doit permettre de boucler l'accord politique entre des militants du PCF, des courants minoritaires de la LCR et des Verts, des amis du socialiste Jean-Luc Mélenchon, des syndicalistes et membres d'associations. Marie-George Buffet, qui voudrait recréer la dynamique qui a permis la victoire du "non" au référendum de mai 2005 sur le projet de Constitution européenne, revendique l'investiture au nom du poids du PCF dans les 800 collectifs créés en France. Mais ses concurrents, comme l'altermondialiste José Bové, qui s'est pour l'instant retiré du jeu, ou Clémentine Autain, adjointe au maire de Paris, estiment que son statut de chef de parti se prête mal à une candidature de rassemblement. En outre, nombre de militants accusent le PCF d'avoir "noyauté" les collectifs locaux et la pression s'accentue chez ses opposants pour qu'elle renonce à sa candidature, une hypothèse rejetée catégoriquement par les communistes. SOMMÉS DE S'ACCORDER Le PCF souligne que sur 283 collectifs dont les résultats ont été collectés par un groupe de travail, Marie-George Buffet arrive en tête dans plus de la moitié . Yves Salesse, président de la Fondation Copernic, resterait en troisième position en étant choisi par 61 collectifs mais rattraperait presque Clémentine Autain, désignée par 65 collectifs. Au-delà des querelles de personnes, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a refusé d'entrer offficiellement dans le processus. Elle récuse l'ambition du PCF de réunir dans un premier temps la gauche radicale puis d'envisager après la présidentielle un programme de gouvernement avec le Parti socialiste, c'est-à-dire la gauche réformiste. Au début de la semaine, le philosophe Michel Onfray a interpellé l'ensemble des leaders de la gauche radicale, dont ceux de la LCR et José Bové, en les sommant de s'accorder sur une candidature unique. Mais, à quelques nuances près, chacun campe depuis sur ses positions. § A trois jours de la réunion nationale des collectifs, les 9 et 10 décembre à l'Ile-Saint-Denis, qui doit désigner un candidat unique pour l'élection présidentielle de 2007, un vent de pessimisme souffle parmi les alliés du Parti communiste. § "C 'est pas perdu mais c'est pas gagné." Clémentine Autain a résumé d'une phrase le sentiment des différents candidats à la candidature antilibérale qui tenaient meeting, mardi 5 décembre à la salle des fêtes de Montreuil (Seine-Saint-Denis). A trois jours de la réunion nationale des collectifs, les 9 et 10 décembre à l'Ile-Saint-Denis, qui doit désigner un candidat unique pour l'élection présidentielle de 2007, un vent de pessimisme souffle parmi les alliés du Parti communiste. Depuis une semaine, les collectifs ont commencé à se prononcer et sur les 283 qui ont déjà envoyé leur préférence (sur 800 revendiqués), Marie-George Buffet arrive en tête des choix dans une majorité d'entre eux. Ces premiers résultats ont convaincu l'ensemble des mouvements politiques impliqués dans le "rassemblement antilibéral" que le Parti communiste a mobilisé ses troupes et fera tout pour faire reconnaître sa victoire dans les collectifs. Opposés à l'option Buffet, dont le statut de chef de parti imprimerait une étiquette PCF trop marquée à la campagne unitaire, les autres ténors antilibéraux s'efforcent de trouver une solution à la désignation au vote majoritaire. Tirage au sort, primaires après les fêtes de Noël, désignation d'un candidat de "second choix"... Le philosophe Michel Onfray proposait même dans Libération du 4 décembre que les candidats "votent chacun pour l'un d'entre eux à l'exclusion de lui-même". La trouvaille n'a pas eu l'heure de séduire les intéressés. "Elle ne représenterait pas la diversité des collectifs", tranchait Clémentine Autain, résumant le sentiment général. "Tout le monde est dans le jaja", remarquait Olivier Madaule, militant PCF de Montreuil. Et pourtant, on n'avait pas vu autant de monde dans un meeting à Montreuil depuis dix ans..." "Le 9 et 10, il ne faut pas trancher mais continuer la discussion", lançait le député communiste Patrick Braouezec tandis qu'à la tribune Marie-George Buffet, tentait de rassurer : "Les communistes seront sincèrement dans cette campagne quelle que soit la décision des collectifs." Dans les couloirs, personne ne doutait plus que la secrétaire nationale revendiquerait la candidature unique - rejetée par ses partenaires - et ferait voler en éclat l'alliance antilibérale. Les paris sur les chances de trouver "une porte de sortie" oscillaient entre 2 % pour les déprimés et 10 % pour les plus optimistes. Certains espèrent encore que les voix, nombreuses, qui s'élèvent dans le parti pour éviter un "passage en force" réussiront à faire infléchir la direction du PCF. Mardi, circulait ainsi une lettre adressée par cinq figures communistes au conseil national enjoignant à "Marie-George" de retirer sa candidature afin de "ne pas casser la dynamique unitaire". Parmi les signataires, George Séguy, ancien secrétaire général de la CGT et Lucien Sève, philosophe. § Les deux partis tablent sur le retour d'une croissance plus forte pour financer leurs projets. Le mouvement de Nicolas Sarkozy veut aussi réviser les politiques publiques. § L es deux principaux partis de gouvernement, le PS et l'UMP, sont en ordre de marche pour 2007 : ils ont désormais l'un et l'autre un (e) candidat (e) - investie pour Ségolène Royal, déclaré pour Nicolas Sarkozy - et un projet pour la législature dûment chiffré. Avec vingt jours de retard sur le calendrier qu'avait fixé un François Fillon sans doute trop optimiste, l'UMP a rendu public, mardi 5 décembre dans l'après-midi, le chiffrage de ses principales propositions (27 milliards d'euros). Il ne lui reste plus qu'à préciser, selon Pierre Méhaignerie, sur quelles politiques publiques il entend revenir pour financer ses priorités, un travail délicat qui l'occupera dans les prochaines semaines. PROJET DE L'UMP CADRAGE GÉNÉRAL. L'UMP se propose de ramener la dette publique à 60 % du PIB en 2012. Et retient, pour ce faire, deux hypothèses : un taux de croissance annuelle de 2,25 % en moyenne et une augmentation maximale des dépenses publiques de 1,8 % en volume par an sur la législature. D'où la nécessité de financer la majorité des mesures nouvelles par redéploiement. COÛT. L'UMP estime qu'elle devra consacrer 27 milliards d'euros à ses priorités, dont 2,6 milliards à l'éducation, 9,5 milliards à l'enseignement supérieur et à la recherche, 4, 6 milliards pour exonérer de charges fiscales et sociales les heures supplémentaires et 3 milliards pour supprimer les droits de succession sur les patrimoines "petits et moyens". Accusé au printemps par la droite d'avoir choisi la "démagogie" en concoctant, selon Jean-François Copé, un programme à "115 milliards d'euros", le Parti socialiste avait fait connaître le 1er juillet le chiffrage détaillé de son projet : 49 milliards de dépenses supplémentaires et 18 milliards de surcroît de recettes fiscales, soit un "coût net" de 31 milliards d'euros. Pour les socialistes, c'était un moyen de répliquer à l'offensive d'une droite qui ciblait ses attaques sur le retour d'une gauche dépensière. Précisant le contenu et le coût de son projet pour la législature, l'UMP a eu le souci de ne pas prêter le flanc aux mêmes critiques que le PS : il a donc présenté un programme apparemment moins coûteux (27 milliards) et financé, pour moitié, par redéploiement. Le signal d'alarme tiré par la commission Pébereau sur la situation financière de la France et sur ses plus de 1 100 milliards d'euros de dette publique semble avoir été entendu. Dans l'affichage au moins, l'UMP et le PS ont tenu compte de la nécessité de poursuivre (pour la droite) ou d'engager (pour la gauche) le redressement des finances publiques. Le cadrage général de leurs deux programmes est assez proche. L'un et l'autre se donnent la durée de la législature pour rétablir les comptes publics, même si l'UMP a retenu des objectifs beaucoup plus précis et plus contraignants et s'est fixé une progression maximale de la dépense publique (1,8 % par an en volume) moins forte que les 2,2 % retenus par le PS -, l'un et l'autre comptent sur une croissance relativement forte sur la durée de la législature : 2,5 % à 3 % par an pour le PS, 2,25 % pour l'UMP. S'il l'on excepte la volonté de faire de l'éducation et de la recherche une priorité - à 12,1 milliards pour l'UMP et à 12,6 milliards pour le PS -, les deux projets sont fort différents en termes de contenu : les mesures les plus symboliques du PS portant sur la remise en cause de la réforme Fillon des retraites (évaluée à 10,1 milliard par la cellule de chiffrage de l'Institut de l'entreprise), l'extension des 35 heures (2,1 milliards), la réactivation des emplois-jeunes (1,5 milliard) ou le dispositif d'entrée des jeunes dans la vie active (2,1 milliards). A l'UMP, il s'agit de poursuivre le détricotage des 35 heures engagé par M. Fillon en 2003, en exonérant de charges sociales et fiscales les heures supplémentaires et de supprimer les droits de succession pour les patrimoines "petits et moyens". Les moyens de financement diffèrent radicalement : le PS veut revenir sur les baisses d'impôt, l'UMP veut diminuer le train de vie de l'Etat et d'une partie de la Sécurité sociale (assurance-maladie et allocations familiales). Au-delà de ces différences, les deux projets sont, à en croire nombre d'économistes et de budgétaires, sous-évalués. La cellule de chiffrage de l'Institut de l'entreprise (IDEP) estime à 38,92 milliards d'euros le coût net du projet PS : 57,22 milliards de dépenses ; 18,3 milliards de recettes, dont 6 proviendraient du toilettage du "maquis des niches fiscales" et 5 de l'annulation de 80 % des baisses d'impôt accordées par la droite aux 20 % les plus aisés. Pour l'UMP, l'IDEP a évalué le coût des seules propositions de Nicolas Sarkozy à 36 milliards à 38 milliards d'euros. Lors de l'émission "A vous de juger" sur France 2, consacrée à M. Sarkozy, l'économiste Elie Cohen avait, lui, estimé à 45 milliards d'euros le projet UMP. "Avec un tel niveau de dépenses et des baisses d'impôt prévues pour les entreprises dès qu'il y aura des marges de manoeuvre, nous ne parviendrons pas à redresser les finances publiques", s'inquiétait le sarkozyste Gilles Carrez le 16 novembre, en marge d'un atelier consacré au financement de l'économie. Les "budgétaires" de l'UMP - Pierre Méhaignerie et Gilles Carrez pour la commission des finances de l'Assemblée, Philippe Marini pour le Sénat - ont pesé pour obtenir que sur les 12,2 milliards de recettes fiscales supplémentaires procurées par la croissance, 6 milliards par an soient consacrés à la réduction du déficit. § Le député UMP de l'Essonne et président du club Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, le dit haut et fort : il maintient sa candidature à l'élection présidentielle de 2007. § L e député UMP de l'Essonne et président du club Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, le dit haut et fort : il maintient sa candidature à l'élection présidentielle de 2007. Une candidature autonome, car il ne participera pas à la primaire que l'UMP organise pour désigner son candidat. M. Dupont-Aignan a réuni, mercredi 6 décembre au matin, le conseil national de son mouvement pour mobiliser ses militants et présenter son nouveau matériel de campagne : site Internet, affiches. Un tract, tiré à un million d'exemplaires, invite les Français à reprendre "le pouvoir" en votant pour sa candidature qu'il qualifie de "gaulliste et républicaine". "Nicolas Sarkozy cherche des figurants pour assister à son sacre. Personne n'est dupe de cette mise en scène", lance-t-il pour expliquer sa décision de ne pas participer à la "supercherie" que représente à ses yeux la procédure interne de l'UMP. "DIFFÉRENCES DE FOND" "Mes différences avec lui sont des différences de fond. Elles ne peuvent être tranchées que par le peuple, au premier tour de scrutin", argumente-t-il. Au premier rang de celles-ci, son approche sur l'Europe : "Nicolas Sarkozy propose le vote par le Parlement d'une mini constitution. Pour moi c'est une remise en cause du verdict du 29 mai 2005 que je ne peux accepter", explique ce chantre du non à la Constitution européenne, qui prône une Europe des nations. "Si l'on veut sortir la France de l'impasse dans laquelle elle se trouve - coût de la vie, délocalisations, immigration - il faut changer les orientations de l'Europe", insiste-t-il. "Tout le monde dit par exemple que l'euro est trop cher mais personne ne veut en tirer les conséquences" : a minima, "un changement du fonctionnement de la Banque centrale européenne (BCE)", et, a maxima, la sortie de la zone euro. "Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, a franchi les bornes du supportable en augmentant les taux directeurs. Il faut qu'il démissionne !", lance M. Dupont-Aignan. L'UMP affiche un calme olympien face à l'attitude frondeuse du député de l'Essonne. Valérie Pecresse, porte-parole de l'UMP, ne désespère pas de voir M. Dupont-Aignan faire comme Christine Boutin, la présidente du Forum des républicains sociaux qui s'est rangée derrière la candidature de M. Sarkozy. "M. Dupont-Aignan représente un courant d'idées à part entière dans l'UMP. Beaucoup de points nous rassemblent : la fierté d'être Français, le patriotisme économique. Je ne veux pas croire qu'on ne puisse pas surmonter nos divergences sur l'Europe. Au PS, Ségolène Royal et les fabiusiens y sont bien arrivés", explique-t-elle. Elle rappelle que l'UMP a été créé avec les différentes sensibilités de droite et du centre pour former un parti de gouvernement : "Nous avons de règles que l'on doit respecter si nous ne voulons pas voir ressurgir les petites chapelles." "La personne qui se placera en dehors de l'UMP prendra le risque de faire perdre quelques points décisifs à son candidat. Il faudra alors qu'elle en tire les conséquences", prévient Mme Pecresse. Des "conséquences" que M. Dupont-Aignan se dit prêt à assumer : "Je prendrais ma décision le moment venu", répond-il en n'excluant pas de quitter le parti de la majorité. De même ne craint-il pas un candidat UMP face à lui lors des législatives : "J'assume les risques. Je dois être franc avec mes électeurs." Ce n'est pas la première fois qu'il se trouve en porte-à-faux avec sa famille d'origine. Sa position contre au traité d'Amsterdam lui avait valu d'être mis au ban du RPR en 1999. Philippe Séguin lui avait retiré le secrétariat aux fédérations. Quelques mois plus tard, le député quittait le RPR pour le RPF de Charles Pasqua. M. Dupont-Aignan, qui déclare avoir recueilli près de 300 signatures, insiste : "Rien ne me fera renoncer à ma candidature. Pas même le risque de voir Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, car je dénonce le scénario écrit d'avance qui veut lier les mains des Français." § L'organisation de forums régionaux de l'UMP - dont le premier des trois aura lieu, samedi 9 décembre, à la Défense (Hauts-de-Seine) - use la patience de Jean-Pierre Raffarin. § L 'organisation de forums régionaux de l'UMP - dont le premier des trois aura lieu, samedi 9 décembre, à la Défense (Hauts-de-Seine) - use la patience de Jean-Pierre Raffarin. Chargé par Nicolas Sarkozy de mettre en scène la diversité du parti et une compétition sans suspense dans la course à l'investiture du parti, l'ancien premier ministre a reçu une lettre et un coup de téléphone de Michèle Alliot-Marie. "Pour être utile à notre image à l'UMP, écrit la ministre de la défense, ces débats doivent être respectueux, libres et constructifs. (...) Ils ne peuvent être de simples colloques noyant l'expression de différentes sensibilités qui composent l'UMP." "GÉRER LES EGO" La ministre de la défense, qui aimerait pouvoir défier M. Sarkozy, soupçonne son rival de vouloir multiplier les interventions de ses proches pour marginaliser ses idées. Echaudée par les sifflets suscités par son discours lors du conseil national de l'UMP, elle demande des garanties sur la neutralité du public et souhaite imposer ses thématiques : quelle société pour demain ? quelle politique économique et sociale ? quelle France dans le monde ? Autres exigences : les débatteurs devront représenter une "sensibilité réelle" (sarkozyste, gaulliste, libérale et centriste) et répondront - dans un temps de parole identique - aux mêmes questions. Ses proches menacent : "Si ces conditions ne sont pas remplies, on en tirera les conclusions." M. Sarkozy compte sur ces débats pour apparaître moins hégémonique au sein de son parti ; Mme Alliot-Marie escompte qu'ils lui permettront de susciter l'adhésion à ses idées. Après quoi elle fera connaître, fin décembre, sa décision de se soumettre ou non aux suffrages des militants, tout en se réservant la possibilité d'être candidate hors du parti. "Gérer les ego, c'est une mission difficile", se lamente-t-on dans l'entourage de M. Raffarin. La marge de manoeuvre de la ministre de la défense se réduit pourtant. Selon un sondage IFOP pour Paris Match, elle perd 7 % de bonnes opinions (54 %) par rapport au mois de novembre, ce qui pourrait témoigner que sa stratégie est mal comprise. Interrogé sur France 3, mardi 5 décembre, son compagnon Patrick Ollier a déclaré que "ce serait une erreur qu'il y ait au premier tour de la présidentielle plusieurs candidats de l'UMP". § Le ministre a passé en revue les propositions de François Bayrou, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en leur opposant des éléments de son bilan. § M ardi 5 décembre, le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien, a organisé une conférence de presse dédiée aux "bases du débat sur l'éducation nationale dans le cadre de l'élection présidentielle". Parce que "l'éducation est un sujet trop sérieux pour tolérer le simplisme", il s'est livré à l'adresse des trois "candidats déclarés" (Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou), qu'il n'a pas nommés, à une série de rappels à l'ordre, parfois ironiques. "Certains ont peut-être besoin de cours de rattrapage, le ministère est à leur disposition pour un soutien individualisé", a-t-il dit. Ces commentaires suivent de quelques jours la réunion publique sur l'éducation tenue le vendredi 1er décembre à Angers par Nicolas Sarkozy. A cette occasion, le président de l'UMP avait décrit un système guidé par "une idéologie folle", "inventant ses propres statistiques", "faisant de l'élève l'auteur de son propre savoir" et demandant aux enseignants, dans les quartiers populaires, "de remplacer les Fleurs du mal par des chansons de rap". "C'EST DÉJÀ FAIT !" En les classant par thèmes, Gilles de Robien a passé en revue les récentes déclarations des candidats sur l'éducation nationale, veillant à répartir ses reproches, et leur opposant à chaque fois un élément de son bilan. En réplique à des propos de M. Sarkozy sur les ZEP, il a déclaré : "Un candidat a dit (...) qu'il voulait faire le bilan des zones d'éducation prioritaire, il veut qu'on cesse d'y affecter les enseignants les plus jeunes, il veut qu'on y crée des équipes volontaires." "C'est déjà fait !", a-t-il lancé en rappelant son plan "Ambition réussite". S'en prenant à M. Bayrou, il a cité "un autre candidat" ayant proposé de "mettre en place des filières d'excellence dans les établissements en difficulté". "C'est fait", a-t-il commenté. Relevant les propos "d'une candidate" lui reprochant d'avoir supprimé les heures de mise à niveau pour les élèves en difficulté, il a déploré cette "méconnaissance" de la part de Mme Royal. "Dans les réseaux Ambition réussite, tous les élèves bénéficient d'études accompagnées", a-t-il répliqué, en rappelant également la généralisation des "programmes personnalisés de réussite éducative". Gilles de Robien, lui-même accusé de "simplisme" par la majorité des syndicats lors des récentes controverses sur l'apprentissage de la lecture, a conclu en demandant aux présidentiables de mener leurs débats "avec l'exigence de la vérité". § "Certains ont peut-être besoin de cours de rattrapage", a ironisé le ministre de l'éducation, en référence aux récentes propositions de François Bayrou, de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy. § L e ministre de l'éducation, Gilles de Robien (UDF), a vivement réagi mardi aux propos des candidats à la présidentielle qui ont récemment critiqué la politique de l'éducation. "Je voudrais remettre un peu d'ordre dans ce débat, de l'ordre juste bien sûr, en rappelant quelques vérités de bon sens", a déclaré le ministre, d'un ton agacé. Sans les nommer, il a cité les récentes déclarations en matière d'éducation des trois candidats déclarés : la socialiste Ségolène Royal, le président de l'UMP Nicolas Sarkozy et le centriste François Bayrou (UDF). "Certains ont donc peut-être besoin de cours de rattrapage, le ministère est à leur disposition pour un soutien individualisé", a ironisé M. de Robien. Il a repris une à une les propositions des trois candidats en rappelant que "ça a déjà été fait", ou "mieux, plus et autrement". "Un candidat veut 'faire le bilan des zones d'éducation prioritaire', il (Nicolas Sarkozy) l'a dit sur France 2 jeudi dernier, il veut qu'on cesse d'y affecter les enseignants les plus jeunes, il veut qu'on y crée des équipes volontaires. C'est déjà fait !", a lancé M. de Robien, qui a rappelé qu'"un plan de relance a été décidé qui permet justement d'y affecter des enseignants expérimentés". S'en prenant à François Bayrou, ancien ministre de l'éducation, il a cité "un autre candidat" qui a proposé de "mettre en place des filières d'excellence dans les établissements en difficulté", ajoutant : "Cest fait." Enfin, épinglant les propos de Ségolène Royal sur les trente-cinq heures de présence des enseignants dans les collèges, il a estimé que la candidate socialiste "a abordé le problème sous un angle mauvais". § L'intégralité du débat avec Sylvia Zappi, journaliste au "Monde", mercredi 06 décembre 2006 § S teven Latch : Sans la LCR, LO et Bové, le front unitaire de la gauche du "non" est déjà bien entamé, au moins symboliquement. A ce stade, l'enjeu ne serait-il pas plutôt de savoir si, à partir du 11 décembre, les non-communistes vont accepter de grossir les rangs d'une candidature "PC plus" avec Mme Buffet comme candidate, ou si le PC va accepter de n'être qu'une force de soutien pour un candidat non issu de ses rangs, alors que ses deux rivaux historiques (LO, LCR) font campagne en leur nom propre ? Sylvia Zappi : Vu le comportement de la direction du Parti communiste français (PCF), il paraît évident qu'ils ne veulent pas admettre que Marie-George Buffet n'est pas acceptée comme candidate unitaire. Et vont donc tout faire pour l'imposer lors de la réunion des collectifs les 9 et 10 décembre. La question va donc effectivement se poser à tous ses partenaires de soutenir ou non une candidature de Mme Buffet. Pour l'instant, ils ont tous juré qu'ils ne suivraient pas. Quant au front lézardé, il l'était déjà depuis le refus de Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire, LCR) de suivre. Lutte ouvrière (LO), quant à elle, n'a jamais été dans le film en refusant dès la campagne du "non" d'être dans ce front antilibéral. Red-linger : Les collectifs antilibéraux ont commencé à débattre et à se prononcer. Pour l'instant, il semble que la candidature de Marie-George Buffet soit largement en tête des choix exprimés. Les composantes du rassemblement seront-elles assez responsables pour accepter la démocratie et se rassembler derrière la candidate ? Sylvia Zappi : C'est vrai qu'on peut percevoir le problème en termes de démocratie, car Mme Buffet semble pour le moment en tête. Il faut quand même attendre la fin de la semaine, car seuls 300 collectifs sur 800 se sont prononcés. Mais la procédure arrêtée prévoyait un "double consensus" : c'est-à-dire qu'en plus du choix des collectifs, il fallait examiner celui de l'ensemble des mouvements politiques qui composaient le collectif national. Et là, il y avait unanimité contre l'option Buffet. Donc on peut aussi penser qu'il aurait été "responsable" de la part du PCF de comprendre qu'il devait mieux entendre ça, retirer Marie-George et accepter un candidat ou une candidate de consensus. I_bzh : Face au doute, voire au désarroi, provoqué dans l'aile gauche des sympathisants du Parti socialiste (PS) après la désignation de Ségolène Royal, comment se fait-il que la gauche, dite extrême, soit incapable de faire taire ses divergences pour espérer capter ces voix ? Sylvia Zappi : Il y a un vrai potentiel électoral à gauche depuis la nomination de Ségolène Royal et la gauche antilibérale pouvait espérer le capter. Mais ses querelles d'ego et l'incapacité du PCF à s'effacer devant le collectif ont eu raison de son unité. Mme Buffet voulait ramasser la mise. Elle risque de perdre la partie par manque de troupes et de votes. Nicolas_Guyard : Quel serait l'enjeu d'un tel rassemblement antilibéral qui semble bien compromis dans l'élection présidentielle ? Avoir un véritable poids politique et influencer un futur gouvernement de gauche, si celui-ci est élu, avec en ligne de mire les élections législatives ? Sylvia Zappi : L'enjeu était de montrer qu'une autre gauche que celle de Ségolène Royal était vivante, proposait une politique de rupture avec la logique dominante. C'était leur objectif en se rassemblant. Ces antilibéraux avaient concocté un programme de 125 propositions qui n'avait pas à rougir devant celui du PS. Quant à la participation gouvernementale, ils étaient clairs : ils ne voulaient pas participer à un accord avec le PS tel qu'il était, c'est-à-dire social-libéral. Faf : Est-ce que l'annonce du retrait de José Bové est définitive, ou peut-il encore revenir, sous la demande pressante des collectifs ? Sylvia Zappi : Il a renoncé à sa candidature pour donner un coup de semonce face à l'attitude sectaire de la LCR et la tentation hégémonique du PCF. Il ne reviendra pas sur sa décision. D'autant qu'il s'est aussi aperçu qu'il n'avait pas tant de soutiens que ça dans les collectifs, et ne voulait pas affronter un vote minoritaire. Gab : Si le rassemblement réussit à se faire, le PCF est-il en capacité (ou a-t-il la volonté) de renoncer à demander le soutien du PS pour les législatives ? Ne risque-t-il alors pas de perdre tous ses députés ? Sylvia Zappi : Marie-George Buffet a singulièrement durci le ton à l'égard du PS depuis la nomination de Ségolène Royal. A ses yeux, cette dernière entraîne la gauche vers la droite avec ses valeurs d'ordre et de respect des équilibres économiques actuels. Il n'y a pour le moment aucun contact ni négociation entre les deux partis. Et vu le rétrécissement du rassemblement entraîné par la désignation attendue de la candidate du PCF, il risque de faire un petit score et de perdre son groupe parlementaire. Alain : Existe-t-il vraiment un consensus idéologique entre les différents prétendants pour faire une gauche unitaire ? Sylvia Zappi : Oui. Cela s'est vu lors de l'élaboration de leur programme. Malgré des histoires et des cultures politiques différentes, ils ont réussi à se mettre d'accord sur 125 mesures qu'un gouvernement de gauche prendrait s'ils arrivaient au pouvoir. Ce n'est pas rien. Mais il demeure encore des désaccords sur le nucléaire, le droit de vote des étrangers ou encore la laïcité , qu'ils assument. Ronald Duchene : Clémentine Autain veut être la candidate de la gauche antilibérale mais critique ouvertement le Parti communiste. Pensez-vous qu'elle puisse créer son propre parti si elle n'est pas désignée par les collectifs ? Sylvia Zappi : Non, ce n'est pas son projet. Elle ne souhaite pas ajouter un énième petit parti à gauche, mais veut rassembler de la LCR à la gauche du PS type Mélenchon. § A cinq mois de l'élection présidentielle, le départ du chargé des sondages à l'Elysée pour la présidence du Stade rennais marque une accélération dans le jeu de "recasage". § A cinq mois de la fin du mandat de Jacques Chirac, le jeu des nominations et des recasages bat son plein à l'Elysée, que l'ancien secrétaire d'Etat de Jean-Pierre Raffarin, Frédéric de Saint-Sernin, vient de quitter, lundi 4 décembre. L'entourage du chef de l'Etat s'agace. "Il s'agit d'un turn-over classique", prétend-on, alors que les mouvements de conseillers se sont, de fait, accélérés. M. Chirac avait déjà recomposé son cabinet, après la nomination de Dominique de Villepin à Matignon (Le Monde du 15 juin 2005). Le secrétaire général adjoint, Augustin de Romanet, n'aura tenu que seize mois. Ancien directeur de cabinet adjoint à Matignon sous Jean-Pierre Raffarin, il était arrivé à l'Elysée, plein d'enthousiasme, en juin 2005. Il en est reparti en octobre, désenchanté, pour devenir directeur adjoint de la finance et de la stratégie au Crédit agricole. Marie-Claire Carrère-Gée, conseillère sociale du chef de l'Etat, a obtenu ce poste qu'elle souhaitait occuper depuis longtemps. Elle est elle-même remplacée par un médecin de 45 ans, Cédric Grouchka, spécialiste des systèmes de santé, passé par les cabinets de tous les ministres de la santé depuis 2002. Stéphane Dupré-Latour, conseiller chargé de l'industrie, de l'environnement et des transports, quitte M. Chirac pour la centrale nucléaire de Dampierre. Il est remplacé par un autre X-Mines, Bruno Bensasson, 34 ans, ancien des cabinets des ministres de l'industrie successifs, Patrick Devedjian et François Loos. D'autres conseillers du président, anciens de l'Elysée ou ministres chiraquiens, veulent tenter l'aventure électorale. C'était déjà le cas de Philippe Bas, ministre de la santé, et de Jean-François Lamour, ministre des sports, candidats aux législatives de juin 2007. "Les instructions de Nicolas, c'était de bien traiter toutes les demandes", assure un proche du président de l'UMP. Nicolas Sarkozy a cependant ses préférences. Il ne s'est pas opposé au parachutage de la ministre déléguée au commerce extérieur, Christine Lagarde, au Havre, pour les municipales de 2008. Il lui a même donné publiquement la parole lors de son meeting de Saint-Etienne, le 9 novembre. Un privilège rarement accordé à des ministres, surtout chiraquiens. Il était plus réservé sur la candidature aux élections législatives à Paris de l'ancienne porte-parole de l'Elysée et ministre déléguée aux affaires européennes, Catherine Colonna. Puis, dans le cadre de ses relations complexes avec Jacques Chirac, il est devenu "très ouvert" à cette perspective, proposée par Françoise de Panafieu. Encore faut-il que Jean de Gaulle renonce à se représenter dans la 8e circonscription parisienne. Laurent Vigier, chargé du G8 et des dossiers multilatéraux auprès du chef de l'Etat, a trouvé une circonscription en Seine-Saint-Denis. Un ancien conseiller du président, Vincent Mahé, aujourd'hui directeur de cabinet de M. Bas, pourrait atterrir comme suppléant à Fécamp (Seine-Maritime), en visant les élections municipales. Frédéric Salat-Baroux, le secrétaire général de l'Elysée, a téléphoné lui-même aux sarkozystes pour lui donner un coup de pouce. Mme Carrère-Gée, qui s'était vue proposer une circonscription en Moselle, hésite, car l'affaire ne se présente pas aussi bien qu'annoncé. Le président de la communauté d'agglomération, mécontent de ce parachutage, entend se présenter contre elle, qui n'a, comme elle l'admet, aucune légitimité régionale. La secrétaire générale adjointe de l'Elysée pourrait alors se rabattre sur la circonscription de Guy Drut, en Seine-et-Marne, l'ancien ministre chiraquien ayant laissé entendre, en petit comité, qu'il ne se représenterait pas. Dans les institutions publiques, la nomination de Michel Boyon, actuel président de Réseau ferré de France (RFF), à la tête du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), est bien engagée. L'ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin, qui visait naguère la vice-présidence du Conseil d'Etat, devrait remplacer Dominique Baudis à l'expiration du mandat de celui-ci, en janvier 2007. § Nicolas Sarkozy s'est présenté jeudi comme un candidat écologiste à la présidentielle, en estimant que l'écologie n'était pas l'apanage des Verts. § N icolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle, a rencontré à Paris Al Gore, ancien vice-président démocrate des Etats-Unis et à l'origine d'un film sur le réchauffement de la planète (Une vérité qui dérange). Tous deux ont plaidé jeudi pour "une révolution écologique". Selon eux, cette "révolution écologique" doit se faire "autour de deux propositions principales : la réduction de la fiscalité pesant sur le travail compensée par l'augmentation de la taxation des pollutions, et la nécessité d'engager avec la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, dès 2010, un nouveau traité international de lutte contre le changement climatique". Peu avant, M. Sarkozy intervenait devant le quatrième forum du développement durable organisé par la revue Passages. Le ministre de l'intérieur a proposé un doublement sur cinq ans du "poids de la fiscalité écologique". Il s'agit, précise la députée Nathalie Kosciusko-Morizet, responsable de l'écologie à l'UMP, de faire passer le poids de la fiscalité sur la pollution de 2,3 % à 5 % du produit intérieur brut. A l'inverse, pour les particuliers et les entreprises respectueux de l'environnement, Nicolas Sarkozy propose un "crédit d'impôt écologique" pour que "l'investissement écologique soit plus intéressant que l'investissement polluant." "C'est quand même extravagant qu'acheter une voiture qui pollue moins, ça soit plus cher qu'acheter une voiture qui pollue !", s'est exclamé le ministre. ÉVITER LE "DUMPING ÉCOLOGIQUE" En ce qui concerne l'action de l'Etat, le président de l'UMP prône la création d'un "grand ministère" qui, outre l'environnement, reprendrait les compétences assurées par plusieurs ministères : les transports, l'eau, l'énergie. Pour lui, ce ministère est une réponse à la proposition de Nicolas Hulot, qui souhaite la création d'un poste de vice-premier ministre chargé du développement durable. Nicolas Sarkozy souhaite aussi imposer une "redevance" aux camions étrangers qui passent par la France pour éviter notamment l'Allemagne et la Suisse. Cette taxe "serait affectée au financement des grandes infrastructures dont nous avons besoin, pour développer le TGV, le ferroutage et le transport fluvial", a indiqué le ministre de l'intérieur. "Le transport routier est polluant il n'est donc pas normal que seuls les camions français paient une redevance", a-t-il estimé. Dépassant les frontières, il a appelé à la création d'un "organisme international" de l'environnement qui édicterait un "droit mondial de l'environnement" pour faire respecter "la loyauté" dans la concurrence, que n'assure pas à ses yeux l'Organisation mondiale du commerce. Il s'agit, explique Nathalie Kosciusko-Morizet, d'éviter le "dumping écologique", certaines entreprises produisant moins cher en faisant fabriquer leur production dans des pays qui ne respectent pas les normes environnementales. § Le processus de désignation du candidat de l'UMP en quelques dates. § § La mise en scène est prête, les salles retenues, les acteurs choisis : tout est désormais prêt pour permettre, en théorie au moins, aux trois forums régionaux de l'UMP. § L a mise en scène est prête, les salles retenues, les acteurs choisis : tout est désormais prêt pour permettre, en théorie au moins, aux trois forums régionaux de l'UMP - le premier le 9 décembre à la Défense, le deuxième à Lyon le 15 et le dernier à Bordeaux le 21 - de rivaliser avec les primaires du PS. A une différence capitale près : seul Nicolas Sarkozy a officiellement demandé le "soutien" de son parti dans la perspective de 2007. Michèle Alliot-Marie, son seul challenger, attendra l'ultime débat pour dévoiler ses ambitions. Qu'importe. Devant les caméras des chaînes parlementaires, on est prié de faire comme si. Comme si M. Sarkozy n'avait pas déjà rallié la grande majorité des militants, des élus et du gouvernement à sa cause. Les six "députés de la nouvelle génération" qui interpelleront le candidat et sa rivale, les "représentants des sensibilités", les "grands témoins", les ministres au premier rang, les internautes, le public de militants, tous sont invités à "nourrir le projet présidentiel" de leur futur candidat, le projet législatif étant déjà validé. La ministre de la défense, qui avait exigé une égalité de temps de parole avec M. Sarkozy et des thèmes de débats moins généraux, en est pour ses frais. M. Raffarin, le metteur en scène de cette fiction politique, n'a pas l'intention de "singer la rigidité des primaires au PS". Alors que "MAM" s'inquiétait de l'avantage dont pourrait bénéficier M. Sarkozy, l'ancien premier ministre, un peu excédé, lui a répondu : "Tu n'as qu'à être candidate..." § Au second tour, Nicolas Sarkozy récolterait 51 % des suffrages face à Ségolène Royal (49 %). § § Débat en direct avec Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, mardi 12 décembre 2006 à 14 h 30 § § Nicolas Sarkozy arrive en tête avec 35 % des voix face à Ségolène Royal (31 %), selon un sondage réalisé par Ipsos pour "Le Point". Jean-Marie Le Pen arrive en troisième position avec 12,5 % des voix. § § "Je pense aujourd'hui que je suis prête, parce que j'ai une certaine expérience des choses et que j'ai travaillé pour cela", a-t-elle déclaré, en réponse à une question. § M ichèle Alliot-Marie, ministre de la défense, s'est déclaré "prête" à être candidate à l'élection présidentielle, dans un discours prononcé mercredi soir 6 décembre, après l'inauguration de la permanence du futur candidat de l'UMP aux municipales à Ris-Orangis. "Je pense aujourd'hui que je suis prête, parce que j'ai une certaine expérience des choses et que j'ai travaillé pour cela", a-t-elle déclaré, en réponse à une question. Le ministre a estimé "indispensable" qu'il y ait un candidat unique de l'UMP pour la présidentielle. "Si dans quelques semaines il apparaît que Nicolas Sarkozy est le candidat qui a le plus de chances de l'emporter (...), je le soutiendrai, et sans aucune hésitation. Et je suis persuadée que Nicolas Sarkozy fera de même à mon égard s'il apparaît dans quelques semaines que je suis la mieux à même de rassembler la majorité des Français face à Ségolène Royal", a-t-elle ajouté. "PLUS DE LIBERTÉ DE DIRE LES CHOSES" A propos de sa participation aux forums de l'UMP, Mme Alliot-Marie a déclaré avoir souhaité qu'ils soient "constructifs, libres, respectueux, dès lors que ces trois conditions paraîtront réunies, (...) il est tout à fait normal que j'y participe, en tous les cas, je le souhaite". "On a progressé, je crois qu'il y a encore quelques points à voir", a-t-elle souligné, interrogée sur la réunion de ces conditions. Et de poursuivre : "Ce qui est important, c'est de voir, et c'est ce que je ferai dans les prochaines semaines, si mes convictions, et peut-être ma personnalité, rencontrent ou non les désirs des Français. (...) Il est très difficile pour un homme de mener une bataille électorale contre une femme", "j'ai probablement plus de liberté de dire les choses" par rapport à Nicolas Sarkozy. "Ce n'est pas parce qu'un programme archaïque est porté par une femme qu'il est moins archaïque", a-t-elle affirmé à propos de Ségolène Royal qui, selon elle, n'a ni "idées" ni "convictions", et se fie aux sondages d'opinion. § Dans les enquêtes d'opinion publiées depuis l'automne, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy restent tous deux à un niveau élevé d'environ 30 % d'intentions de vote au premier tour, aucun ne se détachant vraiment pour le second tour. § D ans les enquêtes d'opinion publiées depuis l'automne, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy restent tous deux à un niveau élevé d'environ 30 % d'intentions de vote au premier tour, aucun ne se détachant vraiment pour le second tour. Signe que le réflexe du "vote utile" après le choc du 21 avril 2002 pourrait jouer à l'élection présidentielle de 2007. Le dernier sondage Ipsos, du 4 décembre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal arrivent en tête du premier tour avec respectivement 35 % et 31 % des voix. Suivent Jean-Marie Le Pen (12,5 %), François Bayrou (8 %), Olivier Besancenot et Marie-George Buffet (3 % chacun), Philippe de Villiers (2,5 %), Arlette Laguiller (2 %), Dominique Voynet (1,5 %), Jean-Pierre Chevènement (1 %) et Frédéric Nihous (0,5 %). Au second tour, Nicolas Sarkozy arrive en tête avec 51 % des suffrages (contre 49 % pour Ségolène Royal). Au premier tour, le président de l'UMP est crédité, selon les instituts, de scores allant de 29 % (IFOP, novembre) à 38 % (Sofres, octobre) avec un point moyen se situant légèrement au-dessus des 30 %. Il fait en général un petit peu mieux que la candidate socialiste, qui totalise entre 26 % (IFOP, octobre) et 34 % (Sofres, octobre) des intentions de vote. Ces chiffres sont particulièrement élevés. Lors des deux derniers scrutins présidentiels, aucun des candidats principaux n'a atteint 25 % des voix au premier tour. Il faut remonter à 1988, avec François Mitterrand à 34,11 % au premier tour, pour retrouver un niveau similaire. Par comparaison, fin novembre 2001, l'IFOP donnait Jacques Chirac à 26 % et Lonel Jospin à 22 %. Dans le même temps, 47 % des sondés affirment que leurs opinions et attentes ne sont représentées par aucun de ces deux candidats. Ce qui crée un sentiment d'incertitude d'autant plus grand que, dans le même temps, 36 % affirment qu'ils pourraient voter aussi bien pour l'un que pour l'autre (BVA). AU SECOND TOUR, AUCUN NE SEMBLE S'IMPOSER Au cas où ils seraient tous deux au second tour, aucun ne semble vraiment s'imposer. La dernière étude d'IFOP les donne à 50-50, Sofres et CSA donnent un léger avantage à la candidate socialiste (51 % contre 49 %), la dernière enquête d'Ipsos donnant, pour sa part, l'avantage à Nicolas Sarkozy (51 % contre 49 %). Le seul candidat qui paraît en mesure de troubler un peu le jeu est Jean-Marie Le Pen. A cinq mois de l'élection, tous les instituts le situent entre 10 % et 15 % d'intentions de vote : un niveau qu'il n'avait jamais atteint à cette période lors des précédentes élections présidentielles. Selon une enquête CSA, fin novembre, il recueillait même 17 % (9 % en novembre 2001, selon le même institut), soit plus que le score qui lui avait ouvert les portes du deuxième tour en 2002 (16,88 %). Dans l'hypothèse où le leader frontiste ne serait pas candidat faute d'avoir obtenu 500 parrainages, ses voix se répartiraient principalement sur M. Sarkozy (+ 8 points) et Mme Royal (+ 5 points), mais aussi sur Philippe de Villiers (+ 3) et Arlette Laguiller (+ 1). MAINTIEN D'UNE GAUCHE RADICALE ET SOUCI ÉCOLOGISTE Affichant sa volonté d'incarner une "autre voie" entre UMP et PS, le président de l'UDF, François Bayrou, ne parvient toujours pas à décoller. Malgré un frémissement en octobre (12 %, IFOP) son étiage moyen reste en deçà des 10 %. A peine mieux que son score de 2002 (6,84 %). L'autre enseignement des sondages est le maintien d'une gauche radicale à 10-12 %, malgré son éclatement, avec Arlette Laguiller plutôt en deçà de ses scores antérieurs (entre 2 et 4 %), devancée par Olivier Besancenot (entre 3 et 5 %). La responsable du PCF, Marie-George Buffet, reste plafonnée à 3 % en moyenne. Dominique Voynet aussi fait du surplace, à 2-3 % (et même 1,5 % dans la dernière enquête Ipsos). Situation paradoxale pour la représentante des Verts, alors que les Français n'ont jamais été aussi préoccupés par l'environnement et qu'une candidature de Nicolas Hulot aurait un impact bien plus élevé (10 %, selon un sondage Ipsos du 15 novembre). § Dans une lettre adressée aux collectifs locaux, la secrétaire nationale du PCF fait de nouvelles propositions pour tenter de surmonter les réticences de ses concurrents, qui doutent qu'un chef de parti puisse incarner le rassemblement. § M arie-George Buffet, qui espère être choisie le week-end prochain pour conduire une candidature antilibérale unitaire à l'élection présidentielle de 2007, s'est engagée à "mener une campagne qui fait vivre le pluralisme". Dans une lettre adressée aux collectifs locaux, la secrétaire nationale du Parti communiste français (PCF) fait de nouvelles propositions pour tenter de surmonter les réticences de ses concurrents, qui doutent qu'un chef de parti puisse incarner le rassemblement. Marie-George Buffet promet une campagne réellement collective menée à égalité avec ses rivaux, Clémentine Autain et Yves Salesse, et la constitution d'un collectif de porte-parole, notamment. Pour le PCF, en dépit des divisions affichées par les leaders de la gauche radicale, il est hors de question que le choix du candidat, sur la base d'un double consensus entre militants des collectifs et partis, soit reporté début janvier. "Certains voudraient repousser le choix du candidat mais les collectifs ne l'accepteront pas. Il y a une forte aspiration unitaire et les collectifs sont impatients d'entrer en campagne", avance Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. AU NOM DU POIDS DU PCF La réunion de samedi et dimanche prochains à l'île des Vannes, à Saint-Ouen, la troisième du genre, doit permettre de boucler l'accord politique entre des militants du PCF, des courants minoritaires de la LCR et des Verts, des amis du socialiste Jean-Luc Mélenchon, des syndicalistes et membres d'associations. Marie-George Buffet, qui voudrait recréer la dynamique qui a permis la victoire du "non" au référendum de mai 2005 sur le projet de Constitution européenne, revendique l'investiture au nom du poids du PCF dans les 800 collectifs créés en France. Mais ses concurrents, comme l'altermondialiste José Bové, qui s'est pour l'instant retiré du jeu, ou Clémentine Autain, adjointe au maire de Paris, estiment que son statut de chef de parti se prête mal à une candidature de rassemblement. En outre, nombre de militants accusent le PCF d'avoir "noyauté" les collectifs locaux et la pression s'accentue chez ses opposants pour qu'elle renonce à sa candidature, une hypothèse rejetée catégoriquement par les communistes. SOMMÉS DE S'ACCORDER Le PCF souligne que sur 283 collectifs dont les résultats ont été collectés par un groupe de travail, Marie-George Buffet arrive en tête dans plus de la moitié . Yves Salesse, président de la Fondation Copernic, resterait en troisième position en étant choisi par 61 collectifs mais rattraperait presque Clémentine Autain, désignée par 65 collectifs. Au-delà des querelles de personnes, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a refusé d'entrer offficiellement dans le processus. Elle récuse l'ambition du PCF de réunir dans un premier temps la gauche radicale puis d'envisager après la présidentielle un programme de gouvernement avec le Parti socialiste, c'est-à-dire la gauche réformiste. Au début de la semaine, le philosophe Michel Onfray a interpellé l'ensemble des leaders de la gauche radicale, dont ceux de la LCR et José Bové, en les sommant de s'accorder sur une candidature unique. Mais, à quelques nuances près, chacun campe depuis sur ses positions. § A trois jours de la réunion nationale des collectifs, les 9 et 10 décembre à l'Ile-Saint-Denis, qui doit désigner un candidat unique pour l'élection présidentielle de 2007, un vent de pessimisme souffle parmi les alliés du Parti communiste. § "C 'est pas perdu mais c'est pas gagné." Clémentine Autain a résumé d'une phrase le sentiment des différents candidats à la candidature antilibérale qui tenaient meeting, mardi 5 décembre à la salle des fêtes de Montreuil (Seine-Saint-Denis). A trois jours de la réunion nationale des collectifs, les 9 et 10 décembre à l'Ile-Saint-Denis, qui doit désigner un candidat unique pour l'élection présidentielle de 2007, un vent de pessimisme souffle parmi les alliés du Parti communiste. Depuis une semaine, les collectifs ont commencé à se prononcer et sur les 283 qui ont déjà envoyé leur préférence (sur 800 revendiqués), Marie-George Buffet arrive en tête des choix dans une majorité d'entre eux. Ces premiers résultats ont convaincu l'ensemble des mouvements politiques impliqués dans le "rassemblement antilibéral" que le Parti communiste a mobilisé ses troupes et fera tout pour faire reconnaître sa victoire dans les collectifs. Opposés à l'option Buffet, dont le statut de chef de parti imprimerait une étiquette PCF trop marquée à la campagne unitaire, les autres ténors antilibéraux s'efforcent de trouver une solution à la désignation au vote majoritaire. Tirage au sort, primaires après les fêtes de Noël, désignation d'un candidat de "second choix"... Le philosophe Michel Onfray proposait même dans Libération du 4 décembre que les candidats "votent chacun pour l'un d'entre eux à l'exclusion de lui-même". La trouvaille n'a pas eu l'heure de séduire les intéressés. "Elle ne représenterait pas la diversité des collectifs", tranchait Clémentine Autain, résumant le sentiment général. "Tout le monde est dans le jaja", remarquait Olivier Madaule, militant PCF de Montreuil. Et pourtant, on n'avait pas vu autant de monde dans un meeting à Montreuil depuis dix ans..." "Le 9 et 10, il ne faut pas trancher mais continuer la discussion", lançait le député communiste Patrick Braouezec tandis qu'à la tribune Marie-George Buffet, tentait de rassurer : "Les communistes seront sincèrement dans cette campagne quelle que soit la décision des collectifs." Dans les couloirs, personne ne doutait plus que la secrétaire nationale revendiquerait la candidature unique - rejetée par ses partenaires - et ferait voler en éclat l'alliance antilibérale. Les paris sur les chances de trouver "une porte de sortie" oscillaient entre 2 % pour les déprimés et 10 % pour les plus optimistes. Certains espèrent encore que les voix, nombreuses, qui s'élèvent dans le parti pour éviter un "passage en force" réussiront à faire infléchir la direction du PCF. Mardi, circulait ainsi une lettre adressée par cinq figures communistes au conseil national enjoignant à "Marie-George" de retirer sa candidature afin de "ne pas casser la dynamique unitaire". Parmi les signataires, George Séguy, ancien secrétaire général de la CGT et Lucien Sève, philosophe. § Entretien avec Zakaria Ben Mlouka, candidat à l'élection présidentielle. § § La ministre de la défense hésite toujours à s'engager dans la bataille pour l'investiture de l'UMP à la présidentielle. Les fidèles du chef de l'Etat ne croient pas en ses chances. § E lle devrait être leur candidate "naturelle". Chiraquienne revendiquée, gaulliste affichée, Michèle Alliot-Marie n'est pourtant pas parvenue à ce jour à susciter un mouvement de ralliement de la part des ministres restés fidèles au chef de l'Etat. Pourtant, elle le rencontre une fois par semaine, et fréquente ses principaux soutiens. AGENDA TROIS DÉBATS. Les forums de l'UMP auront lieu le 9 décembre à la Défense, le 15 à Lyon, et le 21 à Bordeaux. PERSONNALITÉS NICOLAS SARKOZY, candidat déclaré, et MICHÈLE ALLIOT-MARIE, candidate virtuelle, participeront aux trois forums animés par M. Raffarin, qui prononcera un discours introductif. Ils seront accompagnés, autour d'une table en fer à cheval, de deux des présidents des groupes UMP au Parlement. SIX DÉPUTÉS interrogeront les prétendants, qui devront aussi répondre aux questions de la salle et d'internautes. RETRANSMISSION des débats sur les deux chaînes parlementaires. A quarante-huit heures du premier forum régional auquel elle participera au côté de Nicolas Sarkozy, Mme Alliot-Marie paraît bien seule dans sa tentative pour renverser le scénario de la désignation du candidat de l'UMP à l'élection présidentielle. Question à François Goulard, antisarkozyste déclaré, jeudi 7 décembre, sur LCI : "Michèle Alliot-Marie se dit prête à y aller, pourrait-elle avoir votre soutien ?" La réponse du ministre de la recherche : "Je ne crois pas. (...) Je ne vois pas de vrai débat dans cette séquence de temps beaucoup trop courte. Et puis, bon, elle fera quel score ? 20 %, 25 %..." Résignation ? Les chiraquiens ne croient pas aux chances de la ministre de la défense, même s'ils se reconnaissent dans ses idées : "Elle est dans une logique de négociation", avance l'un. "Elle va caner", pronostique un autre. De plus, ils refusent de la considérer comme "l'héritière" qu'elle voudrait être, estimant que seul Jacques Chirac pourrait, s'il en a les moyens, incarner une candidature chiraquienne en 2007. "FACTEUR DE DIVISION" Les confidences de proches de "MAM" expliquant que leur championne était "encouragée" par le président de la République - ce qui est vrai - ont fini par agacer l'Elysée, où l'on aime la discrétion. Choqué par les propos tenus par Nicolas Sarkozy à Washington, M. Chirac avait trouvé provisoirement un intérêt à "insécuriser" le président de l'UMP. Depuis, leurs relations se sont réchauffées, il préfère garder deux fers au feu : "Chirac n'est pas en férocité contre Sarkozy", explique un proche des deux hommes. Un nouveau mot d'ordre s'est donc imposé chez les chiraquiens : "Alliot-Marie n'est pas le poisson pilote de Chirac, analyse un ancien ministre. Il n'a mandaté personne pour être un facteur de division." "Chirac ne nous a donné aucune consigne, explique le ministre de la fonction publique, Christian Jacob. Mais on le connaît suffisamment pour comprendre ce qu'il ne nous dit pas." Jean-Pierre Raffarin avance cette explication : "Il y a le temps du parti et le temps du président. Les chiraquiens attendront donc ce que dira Chirac pour se prononcer ensemble à leur tour." Henri Cuq, ministre délégué aux relations avec le Parlement, renchérit : "Le calendrier du gouvernement n'est pas celui du parti. Tous les ministres devraient s'en souvenir." Les arrière-pensées tactiques ne sont pas étrangères à cette stratégie évolutive. Pour François Baroin, ministre de l'outre-mer, s'il devait y avoir la moindre chance pour M. Chirac de se présenter, celui-ci aura besoin d'un "parti uni". Selon lui, les ambitions de la ministre de la défense font peser un risque de division, même si, numériquement, les militants de l'UMP sont largement acquis au ministre de l'intérieur. "Chirac aura alors besoin de l'UMP pour être soutenu", explique M. Baroin. M. Raffarin précise : "Le chef de l'Etat ne peut avoir un conflit d'intérêt avec le parti qui l'a soutenu." Malgré cette absence de soutiens affichés, Mme Alliot-Marie assure de sa volonté d'aller jusqu'au bout de sa démarche et d'assister aux trois forums régionaux de l'UMP avant de rendre publique sa décision. M. Sarkozy l'y encourage, conscient que cette rivalité interne l'aidera à peaufiner une image de rassembleur. Pourtant, l'ancienne présidente du RPR, qui caresse l'espoir de ravir un jour la tête de l'UMP en cas d'échec de M. Sarkozy à la présidentielle, ou la présidence de l'Assemblée nationale en cas de succès, hésite à compter ses forces au sein du parti. Elle s'interroge : qu'est ce qui sera le plus efficace pour ses ambitions ? La menace d'une candidature ou son exécution ? Une participation sans espoir de victoire au processus interne de l'UMP brûlerait une cartouche en rendant hypothétique la possibilité d'une candidature, une fois le soutien des militants acquis à M. Sarkozy. "C'est un élément majeur de la réflexion", admet-on dans son entourage. § C'est la "séquence verte" du candidat de l'UMP. Lors du quatrième Forum du développement durable, jeudi 7 décembre au Sénat, Nicolas Sarkozy a proposé, s'il est élu, le "doublement en cinq ans du poids de la fiscalité écologique". § C 'est la "séquence verte" du candidat de l'UMP. Lors du quatrième Forum du développement durable, jeudi 7 décembre au Sénat, Nicolas Sarkozy a proposé, s'il est élu, le "doublement en cinq ans du poids de la fiscalité écologique". Celle-ci représente actuellement 2,3 % du produit intérieur brut. A l'inverse, les particuliers et les entreprises respectueux de l'environnement bénéficieraient d'"un crédit d'impôt écologique". M. Sarkozy court après le FN, selon M. Montebourg Invité, jeudi 7 décembre, de "Questions d'info LCP-Le Monde-France-Info", Arnaud Montebourg a accusé Nicolas Sarkozy de "courir après les objurgations de la famille Le Pen". Le député (PS) de Saône-et-Loire, porte-parole de Ségolène Royal, a fustigé l'hostilité du ministre de l'intérieur à l'examen du projet de loi sur le corps électoral en Nouvelle-Calédonie, prévu le 13 décembre à l'Assemblée. "Braconnant dans les terres du Front national, lui-même est emporté par une dérive extrémiste", a dénoncé M. Montebourg, pour lequel "M. Chirac est le garant de la parole donnée par la République". Le ministre de l'intérieur, qui consacrera, vendredi, sa visite dans la baie de Somme à l'écologie, s'est prononcé pour une taxe à l'essieu sur les camions étrangers qui entrent en France. Il a plaidé pour la création d'un "droit mondial de l'environnement". Ces propositions ont déjà été développées par le candidat dans une tribune au Figaro le 8 novembre. Elles sont, pour la plupart, contenues dans le programme législatif de l'UMP. M. Sarkozy les remet sur la table alors que l'animateur de télévision Nicolas Hulot est en tête dans les sondages de popularité et menace toujours de se présenter. Le créateur d'"Ushuaïa" avait été déçu que M. Sarkozy n'évoque la question écologique ni dans sa déclaration de candidature à la presse, le 29 novembre, ni lors de sa prestation, le lendemain, sur France 2. Ce, alors que le ministre avait déclaré dans une lettre à M. Hulot son intérêt pour le Pacte écologique de ce dernier. Dans ce courrier, le président de l'UMP émettait toutefois des réserves sur certaines mesures du pacte. Selon Le Figaro, il serait ainsi très réservé sur la proposition d'une taxe sur les énergies fossiles. Par ailleurs, M. Sarkozy, qui ne verrait pas d'un mauvais oeil la candidature de Nicolas Hulot - laquelle, selon son entourage, présente l'avantage de prendre des voix à la gauche -, refuse la création d'un poste de vice-premier ministre en charge de l'écologie, lui préférant un grand ministère de l'environnement, de l'eau, des transports et de l'énergie. Dans la matinée, M. Sarkozy avait reçu l'ancien vice-président démocrate des Etats-Unis, Al Gore, auteur du film Une vérité qui dérange. Alors que Ségolène Royal a repoussé son voyage au Etats-Unis où elle devait rencontrer le couple Clinton, le candidat n'a pas boudé son plaisir de s'afficher avec la star mondiale de la protection de la planète. D'autant que ce dernier lui a dit, selon l'UMP, avoir trouvé "terrific" le discours prononcé par M. Sarkozy en septembre à Washington. "Vous devez en être fier", a-t-il ajouté. § Le ministre de l'emploi, qui bénéficie d'une bonne cote de popularité dans les sondages, tente de négocier son ralliement à Nicolas Sarkozy en échange de Matignon ou de la Mairie de Paris. § Q ue faire quand on a 63 % de popularité auprès des Français ? Cette question, Jean-Louis Borloo la ressasse depuis plusieurs semaines. La dernière mouture du baromètre mensuel IFOP-Paris Match, publiée le 7 décembre, le place encore en tête des personnalités de droite, y compris devant le candidat déclaré à la présidentielle, Nicolas Sarkozy. La crainte du ministre de l'emploi est de connaître, à terme, le même sort que Bernard Kouchner : coqueluche des Français depuis plusieurs années, le cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde n'a jamais réussi à utiliser ce capital sur la scène politique. Transformer une popularité en potentiel électoral est une alchimie délicate. Bernard Kouchner l'a expérimenté à ses dépens, comme Simone Veil, autre chouchou des sondages pendant plusieurs années. Le premier n'a jamais réussi à trouver sa place sur l'échiquier politique français, malgré ses responsabilités au sein des gouvernements socialistes, puis en tant que haut représentant de l'ONU au Kosovo. La seconde a enregistré une défaite cuisante lors des élections européennes de 1989. Numéro deux de cette liste à l'époque, Jean-Louis Borloo est bien placé pour mesurer l'écart qui sépare une popularité d'une intention de vote. "HORS NORME" Le coprésident du Parti radical (PR), associé depuis 2002 à l'UMP, réfléchit au moyen d'utiliser au mieux son "capital" dans la présidentielle de 2007. "Les sondages qualitatifs indiquent que, quels que soient les critères, les Français me définissent par l'action et les résultats", affirme le ministre. Jean-Luc Parodi, conseiller pour les études politiques de l'IFOP, concède que la "marque Borloo" ne peut se réduire à une image sympathique. "Il a conquis Valenciennes contre toutes les forces politiques en présence", souligne-t-il. Pourtant, ajoute ce spécialiste des questions électorales, "son score en situation de concurrence n'est pas encore à la hauteur de son potentiel". Ainsi, quand l'IFOP l'a testé, lors de différents sondages, dans des duels contre des adversaires potentiels, l'actuel ministre de l'emploi a été écrasé par Ségolène Royal en avril 2004 (32 % contre 57 %) et distancé par Martine Aubry en juillet 2004 (38 % contre 51 %). Contre son premier ministre, M. Borloo perd en juin 2005 (36 % contre 48 %) mais l'emporte au plus fort des difficultés de Dominique de Villepin en mai 2006 (60 % contre 35 %). "Mais c'est surtout grâce aux sympathisants de gauche, qui, dans ce duel, se prononcent aux trois quarts pour lui", souligne Jean-Luc Parodi. "Il est tellement hors norme que, quand il est opposé à quelqu'un de droite, il gagne la sympathie d'une partie de la gauche, et quand il est opposé à quelqu'un de gauche, la droite ne s'y retrouve pas tout à fait", résume-t-il. Dans une primaire à droite face à Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo sait qu'il ne ferait pas le poids. C'est la raison pour laquelle il n'a pas souhaité s'inscrire dans la compétition interne de l'UMP. "Il ne veut pas aller à la primaire de l'UMP, car ce serait aller au casse-pipe", décrypte le député (UMP) Laurent Hénart, son lieutenant et son plus fidèle soutien au sein du Parti radical. "Cette primaire serait un piège pour lui et pour Sarkozy. La sensibilité sociale que Jean-Louis incarne apparaîtrait comme nettement minoritaire, alors qu'elle est beaucoup plus importante au sein de notre électorat", affirme le député (UMP) Dominique Paillé, membre du PR. La cause est donc entendue. Mercredi 29 novembre, M. Borloo a une nouvelle fois mis les points sur les "i" lors du bureau politique du Parti radical : il n'ira pas à la primaire de l'UMP, n'en déplaise à André Rossinot, l'autre coprésident, qui lui demandait de "porter la voix du Parti radical". Ce n'est pas parce qu'il refuse les primaires que M. Borloo a renoncé à ses ambitions. "Il va y avoir un trou d'air dans le calendrier présidentiel de la majorité. Il faut en profiter pour faire vivre la sensibilité sociale et radicale de Jean-Louis Borloo", estime Laurent Hénart. En clair, monnayer son ralliement à Nicolas Sarkozy, et l'image sociale qu'il pourrait lui apporter dans la campagne électorale, en échange de Matignon ou d'une candidature à la Mairie de Paris. "Sarkozy a intérêt à laisser aller quelqu'un sur sa gauche, donc au centre, surtout depuis l'intronisation de Ségolène Royal", poursuit-il. "TOUT EST OUVERT !" M. Borloo élaborera, au sein du Parti radical, un "contrat républicain" qui sera adopté le 16 décembre par le congrès du parti. Il a engagé un dialogue avec les Français en multipliant les réunions publiques en province : Nantes, Bayonne, Lyon, Marseille... Dominique Paillé applaudit : "C'est là, en province, en face-à-face avec les électeurs, que se gagnera la campagne." Mais Jean-Louis Borloo veut prendre son temps. "On fera le point mi-février, début mars. En fonction des réponses qui seront apportées par le candidat de l'UMP aux questions des radicaux, le Parti radical précisera son choix pour la présidentielle, à l'occasion d'un congrès extraordinaire qui se tiendra en février 2007", avertit le ministre, qui ne veut pas seulement faire de la figuration sur la photo du candidat. "L'objectif de Jean-Louis, c'est Matignon ou l'Elysée !", affirme Dominique Paillé. Mais, comme ce dernier est avant tout un proche de Nicolas Sarkozy, il fait partie de ceux qui conseillent à M. Borloo de renoncer à ses ambitions présidentielles et de s'accrocher à l'hypothèse de Matignon en mai 2007 : "Tout est ouvert ! Fillon, Borloo ou Bayrou : tout dépendra de la contribution de chacun à la campagne et des scores du premier tour", promet-il. § Après avoir été sans étiquette (pour les municipales à Valenciennes en 1989), CDS (aux européennes de 1989 avec Simone Veil), écolo (Génération écologie puis Oxygène pour les régionales de 1992), UDF (porte-parole de la campagne de François Bayrou en 2002) et RPR (dans l'entre-deux-tours de 2002), Jean-Louis Borloo est coprésident du Parti radical depuis décembre 2005. § A près avoir été sans étiquette (pour les municipales à Valenciennes en 1989), CDS (aux européennes de 1989 avec Simone Veil), écolo (Génération écologie puis Oxygène pour les régionales de 1992), UDF (porte-parole de la campagne de François Bayrou en 2002) et RPR (dans l'entre-deux-tours de 2002), Jean-Louis Borloo est coprésident du Parti radical depuis décembre 2005. Cet ancien grand parti, qui a plus de cent ans d'existence, tente de faire entendre sa différence au sein de l'UMP, auquel il est désormais "associé". Un des cadres du parti s'impatiente : "Jean-Louis doit maintenant s'approprier le Parti radical. Il reste un chasseur solitaire. Or, quand on vise l'Elysée ou Matignon, il faut chasser en meute." M. Borloo a tenté, début octobre, de faire bouger les lignes politiques. Il a envisagé avec Bernard Tapie - dont il a été l'avocat dans les années 1980 - et Christiane Taubira le rapprochement de son parti avec le Parti radical de gauche (PRG). Ce projet d'alliance, qui était observé avec bienveillance par l'Elysée, avait pour objectif de disputer à l'UDF de M. Bayrou l'incarnation du centre et à Nicolas Sarkozy la suprématie à droite. "Depuis que je suis au Parti radical, en 1988, c'est la 5e fois que j'entends parler d'un tel rapprochement", relativise le député radical Laurent Hénart. Déjouant ce projet, le président du PRG, Jean-Michel Baylet, en a profité pour négocier avec François Hollande, premier secrétaire du PS, un accord électoral très favorable : le PRG, qui ne présentera pas de candidat à la présidentielle comme en 2002, a obtenu des socialistes 35 circonscriptions réservées pour les législatives de 2007. Aujourd'hui, Jean-Louis Borloo reste énigmatique : "Je ne raisonne pas en termes d'échiquier politique. Il y a, de fait, une bipolarisation institutionnelle mais pas de bipolarisation politique chez les Français." En attendant qu'il abatte toutes ses cartes, ses proches s'emploient à faire grossir ses troupes. "Mais tout cela se fait dans une optique d'alliance avec Sarkozy", promet M. Hénart. § Au congrès du PSE, la candidate française a critiqué l'indépendance de la Banque centrale européenne. § I nvité pour la première fois au congrès du Parti des socialistes européens (PSE), qui s'est ouvert jeudi 7 décembre à Porto, le président du Parti démocrate américain, Howard Dean, s'est vu ravir la vedette par Ségolène Royal. "C'est une vraie rock star !", s'est exclamé M. Dean en patientant devant la salle où la Française recevait, les uns après les autres, des dirigeants socialistes et sociaux-démocrates européens : le premier ministre bulgare, Sergueï Stanichev, l'Allemand Martin Schulz, président du groupe socialiste au Parlement de Strasbourg, le futur chancelier autrichien Alfred Gusenbauer. MISSIONS "NOUVELLE RÉPUBLIQUE". Ségolène Royal a confié aux présidents des groupes parlementaires socialistes la mission de préparer pour fin janvier 2007 des pistes de réforme d'une "nouvelle République". Jean-Marc Ayrault (Assemblée) se consacrera à la démocratie sociale et au "syndicalisme de masse", Jean-Pierre Bel (Sénat) aux institutions. ETATS-UNIS. Elle a chargé le président du Parti démocrate américain, Howard Dean, de préparer son déplacement aux Etats-Unis, en janvier, sur le thème de la recherche universitaire et privée. Chacun a eu droit à sa poignée de main devant une forêt de caméras avant de s'entretenir quelques instants avec Mme Royal. "Elle a une très forte présence, elle va donner du fil à retordre à Nicolas Sarkozy", confiait M. Dean avant de poser à côté d'elle. "LA FIDÉLITÉ, PAS LA RÉPÉTITION" "Nous sommes tous derrière toi Ségolène, a déclaré à la tribune le premier ministre portugais, José Socrates. Ne te fâche pas quand on dit que tu n'es pas de gauche, j'ai moi aussi entendu la même chose, tout comme Mitterrand, Blair, Gonzalez, Soares, tous ces socialistes qui ont fait la fierté de la gauche européenne. Ne te laisse pas impressionner (...). Nous avons besoin d'une nouvelle voix en France et tu es cette nouvelle voix." En l'absence de MM. Blair et Zapatero, Mme Royal a occupé tout l'espace. Invitée à prononcer le discours d'introduction du congrès, elle s'est présentée comme le chef de file d'une nouvelle génération, après un hommage à François Mitterrand et à Jacques Delors, présent. "C'est à nous, socialistes du XXIe siècle, d'affronter les questions nouvelles, a-t-elle affirmé. La vraie fidélité n'est pas la répétition." Devant les parlementaires et délégations des vingt-cinq pays de l'Union européenne, Mme Royal a plaidé pour une "Europe des gens", soucieuse de lutter "contre la vie chère" et la précarité : "Je veux, si je suis élue, remettre l'Europe en mouvement." La Française a proposé la création de pôles de compétitivité européens et insisté sur le développement de la recherche qui serait sortie des critères de Maastricht. Elle s'est attirée les applaudissements de la salle en critiquant la Banque centrale européenne qui devrait être "soumise à des décisions politiques" : "Ce n'est plus à M. Trichet son gouverneur de commander l'économie de nos pays !" Au sujet du traité constitutionnel européen, rejeté en France et aux Pays-Bas, mais ratifié par seize pays, Mme Royal a fixé un objectif : "Nous devons nous remettre à la tâche, je souhaite que nous puissions déboucher sous la présidence française", en 2008. Beaucoup de congressistes ont paru conquis, comme en témoignait leur ovation debout à la fin de son discours. "Ça donne un nouveau souffle", jugeait l'Allemand Martin Schulz. "Elle est très proche de la ligne de travail que nous développons avec Zapatero", estimait José Blanco, numéro deux du Parti socialiste espagnol. Pour l'eurodéputé britannique Richard Corbett, Mme Royal est "représentative d'une nouvelle génération". "Je sens qu'elle a impressionné, son approche est rafraîchissante, ouverte", appréciait-il, avant d'ajouter, pince-sans-rire : "L'idée que vous aurez une présidente Royal, ça convient bien au style monarchique de la Ve République." La députée italienne Donata Gottardi vantait la "simplicité" de Mme Royal : "Chez nous, beaucoup de femmes sont très contentes de sa candidature." Le premier secrétaire du PS, François Hollande, venu à la tête d'une délégation d'une vingtaine de Français, commentait en restant à l'extérieur du bureau de la candidate : "Beaucoup ne la connaissaient pas et la découvrent. L'Europe est sans leadership, Ségolène, elle, incarne un changement de méthode, de génération, de langage." § L'affaire du livre de Jack Lang jamais publié ("Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi") fait encore couler de l'encre. § L 'affaire du livre de Jack Lang jamais publié (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi) fait encore couler de l'encre. L'éditeur Bernard Pascuito n'a visiblement pas digéré que son ex-futur auteur qualifie son travail de "nul" et "vulgaire", pour justifier son refus de le publier. Sur son blog, Didier Jacob, un chroniqueur du Nouvel Observateur, fait état d'un entretien qu'il a eu avec M. Pascuito qui donne une version très différente des raisons qui ont poussé Jack Lang à ne pas aller jusqu'au bout de son livre. Le Monde (dans son édition du 21 novembre 2006) avait déjà suggéré que le livre avait été "victime" du "ralliement" de Jack Lang à Ségolène Royal, qu'il "fustigeait" dans son manuscrit. Dans une réponse adressée au quotidien quelques jours après, Jack Lang démentait, affirmant notamment que "le texte (...) ne 'fustigeait', en aucune manière, ni Ségolène Royal, ni aucun autre de (ses) camarades !". Bernard Pascuito affirme pourtant le contraire au journaliste du Nouvel Observateur. A propos de François Hollande et de sa compagne Ségolène Royal, Jack Lang, aujourd'hui "conseiller spécial" de la candidate socialiste, aurait ainsi dit : "Ce couple a privatisé le parti à son profit. C'est un déni de démocratie." Sur l'expérience de Ségolène Royal : "Elle n'en a aucune, ni à l'international, ni dans un grand ministère." Enfin, sur la méthode de la candidate socialiste à l'élection présidentielle : "On ne peut pas jouer uniquement de son charme, ne rien dire, et espérer devenir présidente." La primaire socialiste a laissé des traces que certains ont du mal à effacer. § Jean-Pierre Raffarin, qui présidera les trois forums que l'UMP organise dans le cadre de sa pré-campagne pour 2007, affirme que "le candidat de l'UMP" à l'élection présidentielle "serait obligatoirement le candidat d'une synthèse, d'un rassemblement". § J ean-Pierre Raffarin, qui présidera les trois forums que l'UMP organise dans le cadre de sa pré-campagne pour 2007, a affirmé jeudi au Figaro que "le candidat de l'UMP" à l'élection présidentielle "serait obligatoirement le candidat d'une synthèse, d'un rassemblement". "Mon objectif n'est pas de mettre les uns ou les autres dans l'embarras, mais d'aller jusqu'au bout de l'expression de nos diversités pour construire l'unité", a-t-il dit. La ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, qui réfléchit à une éventuelle candidature, "n'est pas à ce jour candidate, mais elle s'exprimera dans les trois forums avec un statut approchant", a affirmé M. Raffarin. Avec ces forums, "notre premier objectif n'est pas de désigner un candidat, mais d'éclairer le choix des militants en vue d'organiser le rassemblement autour de celui ou de celle qui sera désigné le 14 janvier", lors du congrès de l'UMP, a-t-il précisé. "Je me porte personnellement garant de l'éthique du débat et je ferai respecter la neutralité de la salle", a-t-il déclaré. "Ces forums seront marqués par un esprit de convivialité, une ambiance détendue et surtout une totale transparence qui tranchera avec les débats devant les militants du Parti socialiste qui avaient été interdits aux caméras et aux micros", a-t-il assuré. "BÂTIR ENSEMBLE UNE STRATÉGIE COMMUNE" Les forums se dérouleront à Paris, Lyon et Bordeaux respectivement les 9, 15 et 21 décembre. Ils pourront être diffusés sur toutes les chaînes d'information en continu et les deux chaînes parlementaires. Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et candidat à l'élection présidentielle, et Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, qui réfléchit à une candidature, participeront à chaque forum. Le premier ministre, Dominique de Villepin, pourrait participer à celui de Lyon. Chaque forum se déroulera autour d'une table en fer à cheval : au centre aura pris place M. Raffarin qui prononcera le discours d'introduction (10 à 15 minutes). M. Sarkozy, Mme Alliot-Marie et deux personnalités s'installeront d'un côté et de l'autre de la table. Interrogé sur ses préférences pour 2007, l'ancien premier ministre a affirmé qu'il avait, "pour l'heure, un devoir de neutralité", ajoutant : "Mon contrat de neutralité s'arrête le 21 décembre au soir, à l'issue du dernier des trois forums." Mais "quand le président s'exprimera, j'en tiendrai le plus grand compte. Qu'une situation nouvelle soit ou non créée, je ne doute pas de la volonté de tous de bâtir ensemble une stratégie commune", a-t-il ajouté. § Invité sur Canal+, le premier ministre a réaffirmé, jeudi, qu'il resterait à Matignon "jusqu'au bout" et souhaité que la famille UMP soit "rassemblée" autour d'"un seul candidat" pour affronter l'élection présidentielle de 2007. § I nvité, jeudi 7 décembre, à l'émission "Le Grand Journal" sur Canal+, le premier ministre, Dominique de Villepin, a souhaité qu'il n'y ait qu'un "seul candidat" UMP à l'élection présidentielle de 2007. Il a également réaffirmé qu'il resterait à Matignon jusqu'aux élections. "Je suis premier ministre et je veux aller jusqu'au bout de la responsabilité qui est la mienne", a-t-il déclaré. "J'accepte les règles de ma famille et par définition, je me réjouis de voir qu'un processus a été accepté par chacun", a indiqué le chef du gouvernement. A la question de savoir s'il pourrait y avoir un candidat UMP à l'extérieur des procédures prévues par le parti, il a lancé :"Par définition, si nous sommes tous rassemblés, si nous voulons tous gagner, nous souhaitons tous qu'il n'y ait qu'un seul candidat de notre famille. Les choses sont claires et simples". Il a également assuré que la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, qui se dit "prête" à être candidate à la présidentielle de 2007, "est dans le même état d'esprit". "MANQUE DE CRÉDIBILITÉ" Interrogé sur les qualités de présidentiables de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, M. de Villepin a estimé qu'"il ne faut pas se contenter aujourd'hui de porter un regard sur tel et tel candidat, il faut voir comment ils évoluent, comment ils avancent". "Mais à l'évidence, Nicolas Sarkozy a les qualités pour être un grand responsable politique, les qualités d'un homme d'Etat, et je pense que Ségolène Royal a une expérience qui lui permet aussi d'ambitionner le premier rang", a-t-il souligné. Sur les déclarations de la candidate socialiste, qui s'est dite opposée à l'accès de l'Iran au nucléaire civil, le premier ministre a estimé que c'était "nier une réalité de la vie internationale". "Décréter comme position de principe que l'Iran ne peut pas accéder au nucléaire civil, c'est créer une nouvelle catégorie d'Etat", a-t-il ajouté, tout en affirmant ne pas souhaiter verser dans la polémique sur le récent voyage de Mme Royal au Proche-Orient. Ce qui ne l'a pas empêché de glisser : "Sur l'Iran, la position qu'elle a exprimée manque de crédibilité et mériterait sérieusement d'être étayée, expliquée, si l'on voulait pouvoir la défendre." § La candidate du PS à l'élection présidentielle française a été accueillie en star par ses pairs du Parti socialiste européen, jeudi, à Porto. § L a candidate du PS à l'élection présidentielle française de 2007, Ségolène Royal, a sévèrement critiqué jeudi 7 décembre, à Porto (Portugal), la Banque centrale européenne (BCE) et son président, Jean-Claude Trichet, leur déniant "le droit de décider de l'avenir" de l'économie européenne. "Ce n'est plus à M. Trichet de décider de l'avenir de nos économies, c'est aux dirigeants démocratiquement élus", a lancé Mme Royal, lors de la séance d'ouverture du congrès du Parti socialiste européen à Porto. Pour Ségolène Royal, remettre l'Europe sur les rails "suppose que la Banque centrale européenne soit soumise à des décisions politiques, bien sûr celles de l'Eurogroupe" qui réunit les ministres des finances de la zone euro "mais aussi celles du Conseil européen" des chefs d'Etat et de gouvernement. L'indépendance de la BCE est inscrite dans les traités européens qui stipulent qu'elle ne doit recevoir d'instructions d'aucun gouvernement dans la conduite de la politique monétaire. Plus généralement, Mme Royal, accueillie en star par ses pairs du Parti socialiste européen, a déclaré : "Je veux, si je suis élue, remettre l'Europe en mouvement, lui redonner un souffle." "Je veux que l'Europe avance par la preuve et l'action, il faut construire l'Europe des gens, qui réussit à lutter contre le chômage, contre la vie chère, contre toutes les formes de précarité", a-t-elle ajouté. Elle a prôné une "Europe de la matière grise, de l'intelligence, des qualifications, l'Europe de la recherche, de l'environnement, de l'après-pétrole", et appelé les socialistes à "porter l'ambition sociale de l'Europe". § L'ex-premier ministre a ouvert samedi le premier forum de l'UMP. Nicolas Sarkozy et de sa rivale potentielle, Michèle Alliot-Marie, se sont notamment exprimés. § I l y a "un impératif et un seul : un seul candidat de l'UMP au premier tour, pour la victoire de l'UMP au second tour", a assuré Jean-Pierre Raffarin en ouvrant samedi 9 décembre le premier forum de l'UMP, qui devrait être l'occasion d'un débat entre Nicolas Sarkozy et sa rivale potentielle, Michèle Alliot-Marie. Arrivés ensemble au Cnit de la Défense, près de Paris, le président de l'UMP et la ministre de la défense se sont ensuite retrouvés sur le podium au centre de la salle : lui seul à son pupitre, non loin de Jean-Pierre Raffarin, elle entre le secrétaire général de l'UMP, Pierre Méhaignerie, et le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. Dans son mot d'introduction, l'ancien premier ministre a émis le souhait que l'UMP montre son "vrai visage", celui "de la transparence, celui de la tolérance et aussi, pourquoi pas, celui de la bonne humeur". "Je serai vigilant à ce que toutes les leçons du quinquennat soit tirées pour réussir le second", a ajouté Jean-Pierre Raffarin. Prévenant que "lors de ces forums, la diversité s'exprimera mais le rassemblement s'opèrera", il a aussi rappelé qu'"aujourd'hui, on ne choisira pas un candidat puisque seul Nicolas Sarkozy" a déclaré sa candidature. M. SARKOZY PROMET UNE LOI CONTRE "LA DICATURE DES MINORITÉS VIOLENTES" Après un mot introductif de Françoise de Panafieu, candidate à la mairie de Paris, sur la liberté, thème retenu pour ce débat, Michèle Alliot-Marie a remercié Nicolas Sarkozy d'avoir organisé ces forums, pas pour "imiter" les socialistes, mais pour "tordre le cou à l'idée selon laquelle la droite serait caporaliste". "Nous aussi, nous savons échanger des idées (même si) on ne le fait pas toujours devant les caméras", a-t-elle dit, "convaincue que nous sortirons des débats plus forts qu'avant". L'ancienne dirigeante du parti gaulliste ne dira qu'après le dernier des trois forums, le 21 décembre à Bordeaux, si elle est candidate à la candidature UMP pour la présidentielle. Nicolas Sarkozy a lui annoncé que s'il était élu président de la République, il ferait voter une loi prévoyant "au bout de huit jours de conflit dans une administration, une entreprise ou une université, l'obligation d'organiser un vote à bulletins secrets pour que la dictature des minorités violentes ne puisse plus imposer sa loi". Le président de l'UMP a par ailleurs reproché à Ségolène Royal d'avoir voulu dialoguer avec des représentants du Hezbollah lors de son récent voyage au Liban. "Le fait d'être élu ne suffit pas pour discuter. Hitler a été élu, ça n'en a pas fait un interlocuteur respectable et responsable", a-t-il déclaré, alors que la candidate socialiste à la présidentielle avait affirmé vouloir discuter "avec tout le monde" à l'occasion de son voyage au Proche-Orient. § Le candidat du MPF a présenté son programme. § A quatre mois de l'élection présidentielle, Philippe de Villiers ne décolle pas dans les sondages et voit les intentions de vote en sa faveur osciller entre 2 % et 4 %. Une nouvelle qui, ironise-t-il, le "réjouit, car les sondages se sont toujours trompés". "60 % des Français se décident le dernier mois, et 19 % le dernier jour, soutient-il. Presque arrivé au terme d'une précampagne menée rondement ces derniers mois en province, il présidait, samedi 9 décembre, à Paris, un conseil national extraordinaire, pour formaliser sa candidature à l'élection présidentielle, approuver son programme et redynamiser les militants, qui n'ont recueilli que 350 promesses de parrainage sur les 500 requises pour participer à la course à l'Elysée. Le président du Mouvement pour la France décrit des Français "en colère", que "l'avenir angoisse". Des électeurs "agacés de voir que le système essaie de leur voler le premier tour de l'élection présidentielle avec des sondages qui remplacent le suffrage universel et leur impose le duo Sarko-Ségo". Ce qui lui permet de rêver à "un grand décrochage à l'occasion de l'élection présidentielle". "Face à Ségolène Royal, qui prône un socialisme revisité par le marketing, et un Nicolas Sarkozy qui se soumet trop souvent à la pensée de la gauche et qui, comme elle, s'inscrit dans l'euromondialisme, je représente une candidature 100 % nationale et de droite", déclare-t-il. Son projet : "La France à 100 %", lance-t-il en présentant ses huit priorités de candidat. Au premier rang de celles-ci, "l'interdiction du voile dans les espaces publics", car, dit-il, "ce n'est pas à la République de s'adapter à l'islam, c'est à l'islam de s'adapter à la France". Dans le deuxième point, qui traite de l'école, il prône "la blouse et l'uniforme" ainsi que le "drapeau tricolore flottant dans toutes les cours d'école". M. de Villiers, qui veut "stopper l'immigration", reprend le slogan du Front national : "La France, tu l'aimes ou tu la quittes", réclame notamment l'expulsion de ceux qui "insultent le drapeau ou La Marseillaise" et subordonne l'acquisition de la nationalité française à "une assimilation effective". Chantre de la famille traditionnelle, il veut que soit inscrit dans la Constitution le fait que le mariage soit "l'alliance d'un homme et d'une femme". § Le ministre de l'intérieur était, vendredi 8 décembre, dans la baie de Somme pour discuter avec des chasseurs après sa proposition de doublement de la fiscalité écologique. § I l l'attend de pied ferme, casquette visée sur la tête sous une pluie battante. Nicolas Lottin, président de chasseurs de la baie de Somme a rendez-vous, vendredi 8 décembre, avec Nicolas Sarkozy au bout de la lande, là où terre et mer se confondent. Il a toujours voté Chasse Pêche Nature et Tradition (CPNT). En mai 2002, pour le second tour de la présidentielle, il a déchiré par le milieu les deux bulletins restants de Chirac et Le Pen. "Je les ai recollés ensemble, et dessus j'ai écrit : "Quelle belle merde la France !"" C'est dire si le rendez-vous avec le ministre qui, la veille, s'était prononcé pour un doublement de la fiscalité écologique, et le chasseur s'annonçait musclé. D'emblée le second donne le ton, un brin menaçant : "Ici nous faisons la pluie et le beau temps." Chemin faisant, le dialogue s'engage. M. Sarkozy ne se laisse pas démonter, suivi d'une troupe crottée de conseillers, d'élus et du ministre de la santé, Xavier Bertrand, pataugeant dans la boue des prés gorgés d'eau. "CHASSE AU CANARD" Plaidant pour une "synthèse" entre écologie et chasse, le candidat de l'UMP à la présidentielle, se fait l'apôtre du dialogue : "Bien souvent, explique-t-il à son compagnon, on ne trouve pas la solution parce qu'on se place sur une position dogmatique. ça durcit les choses, moi je veux les assouplir." Le chasseur qui vilipende les dates de chasse fixées par Bruxelles, opine de la casquette. Mais ne lâche rien : "On veut la vraie justice. Mon intérêt à moi, c'est de protéger le moment de la chasse au canard." Le ministre de l'intérieur relance : "Je ne pense pas que vous faites progresser votre cause en donnant l'impression à une partie de la population qu'on la caricature." Les voilà arrivés vers une hutte de chasse. M. Sarkozy, chaussé de bottes en caoutchouc et couvert d'une parka de bonne facture, continue d'argumenter. Les caméras filment, les micros se tendent : il ne lui déplaît pas de montrer que l'ancien élu de Neuilly sait prendre l'air et résiste aux rigueurs du climat picard. Il argumente : "Votre cause est suffisamment intéressante pour s'en tenir à une discussion avec les partis, plutôt que vous lancer en politique, car là vous perdez un peu de crédibilité." En clair, M. Sarkozy préférerait que CPNT n'ait pas de candidat à la présidentielle. Deux heures et demie plus tard, le candidat est reparti. Avant de quitter ses hôtes, il les a mis en garde contre la tentation, vive dans cette région, du vote Front national : "Je suis venu vous dire qu'il y a une autre solution que ces impasses." Et Nicolas Lottin, convaincu ? "Au premier tour, je voterai CPNT parce que je ne peux pas trahir ma famille, explique le chasseur. Au deuxième, je discuterai..." § Le choix probable de Marie-George Buffet comme candidate, ce week-end, mécontente les autres forces antilibérales. § C e ne devait être qu'un "nom sur un bulletin de vote". C'est devenu l'objet principal de la crise qui traverse la gauche antilibérale. Les collectifs pour une candidature unitaire à gauche du PS, réunis, samedi 9 et dimanche 10 décembre, à l'Ile-Saint-Denis, vont se livrer à l'exercice périlleux de choisir leur candidat en évitant l'éclatement. Depuis deux semaines, les différents mouvements investis au côté du PCF contestent sa volonté de voir Marie-George Buffet désignée. Ils avaient tenté d'expliquer que la secrétaire nationale ne pouvait prétendre représenter un rassemblement divers où se retrouvaient des militants socialistes, communistes, verts, alternatifs, d'extrême gauche ou altermondialistes. LES CHOIX DES COLLECTIFS Voici, au 8 décembre, les conclusions du rénovateur communiste Roger Martelli, chargé d'établir une synthèse des votes des collectifs locaux avant la réunion des 9 et 10 décembre. NOMBRE DE COLLECTIFS S'ÉTANT PRONONCÉS : 569 collectifs ont fait remonter leur choix. EFFECTIFS DES COLLECTIFS : les assemblées ayant procédé au vote représenteraient environ 16 100 participants, pour des effectifs allant de 4 à 264 personnes. CLASSEMENT : 54,8 % des collectifs ont placé Marie-George Buffet en tête, Clémentine Autain a été retenue par 22,9 % d'entre eux et Yves Salesse par 19,5 %. José Bové a recueilli 2,9 %. La consultation dans les collectifs a pourtant donné des arguments à la direction du PCF : les procès-verbaux d'une première tranche de 569 collectifs, sur 800 revendiqués, donnent Mme Buffet en tête devant Clémentine Autain (adjointe à la Mairie de Paris, app. communiste) et Yves Salesse (Fondation Copernic). La numéro un du PCF entend bien faire valider cette victoire. Mais risque ainsi de faire éclater l'unité de ce front. "Une candidate proposée par le PCF, validée dans le parti par un vote à 96 %, et élue au sein des collectifs par les militants communistes, est une candidate du PCF. Personne n'acceptera de partir derrière elle", prévient Jean-Jacques Boislaroussie des Alternatifs, résumant le sentiment général à l'issue d'une ultime tentative de négociation vendredi 8 décembre. C'est peut-être le PCF qui risque le plus gros. Les différents mouvements - des minoritaires de la LCR à ceux des Verts, en passant par les socialistes de Pour la République sociale (PRS) du sénateur Jean-Luc Mélenchon ou les Républicains de gauche (scission chevènementiste) - affirment aujourd'hui qu'ils ne feront pas la campagne de Mme Buffet. Les autres postulants candidats, Clémentine Autain, Yves Salesse ou José Bové, ont juré qu'eux non plus. Quant à ceux des collectifs de base qui se sont opposés à la candidature de Mme Buffet, ils risquentde refuser de s'engager. Le PCF pourrait se retrouver seul à faire campagne, sans profiter de l'éventuelle dynamique apportée par ses partenaires, alors que les sondages attribuent aujourd'hui à sa candidate entre 3 % et 4 % des voix. Une situation qu'il avait tenté d'éviter en s'engageant dans ce front unitaire. Faute de pouvoir doper le score que lui attribuent les sondages, l'équation des législatives, qui interviennent un mois après la présidentielle, sera simple : en dehors d'un accord avec le PS, les communistes risquent de perdre un certain nombre de circonscriptions et donc leur groupe parlementaire. Plusieurs députés comme Gilbert Biessy (Isère), André Gerin (Rhône), Muguette Jacquaint (Seine-Saint-Denis), François Liberti (Hérault), Daniel Paul (Seine-Maritime) et Jean-Claude Sandrier (Cher) ont été élus en 2002 comme candidats uniques de la gauche. Les municipales et cantonales de 2008 pourraient aussi s'avérer sévères pour le PCF, si le PS le décide. "Nous jouons notre avenir", pronostique le député de Seine-Saint-Denis, Patrick Braouezec. Les partenaires "organisés" du PCF au sein des collectifs ne seront pas mieux lotis. Les minoritaires de la LCR seront amenés à réintégrer complètement leur organisation, mais risquent de bouder leur candidat, Olivier Besancenot. Même perspective de " retour au bercail" pour les Verts emmenés par Francine Bavay ou les socialistes de PRS. Quant aux petits mouvements comme Mars, les Alternatifs ou Alternative citoyenne, ils devront quitter les projecteurs des meetings unitaires et retrouver leur marginalité politique. Seule lueur d'espoir pour les plus optimistes d'entre eux, une tentative de maintenir les collectifs pour présenter des candidats aux législatives. Mais sans le PCF, désormais vécu comme "le diviseur". § Samedi 9 et dimanche 10 décembre, les collectifs antilibéraux doivent désigner leur candidat à l'élection présidentielle. Après le départ de José Bové, il reste trois prétendants en lice : Marie-George Buffet, Clémentine Autain et Yves Salesse. § S amedi 9 et dimanche 10 décembre, les collectifs antilibéraux doivent désigner leur candidat à l'élection présidentielle. Après le départ fracassant de José Bové et celui, plus discret, de Patrick Braouezec, il reste trois prétendants en lice : la secrétaire générale du Parti communiste, Marie-George Buffet, l'adjointe au maire de Paris Clémentine Autain et l'ancien président de la Fondation Copernic, Yves Salesse. Le mode de désignation du candidat est relativement complexe. Chaque collectif a choisi une procédure différente : certains votent simplement pour le candidat qu'ils préfèrent, certains organisent un vote préférentiel (le militant classe les candidats par ordre de préférence), d'autres préfèrent décider au consensus, ou encore ne pas donner de décision ferme, pour ne pas bloquer les débats. Ensuite, le processus choisi est celui du double consensus : les collectifs doivent trouver un acccord, et les forces politiques qui y participent également.Mais, alors que les collectifs sont parvenus à rédiger une ébauche de programme commun, ont entamé une campagne avec des meetings réunissant plusieurs milliers de personnes, le candidature de la gauche de la gauche semble de moins en moins probable. La stratégie d'Olivier Besancenot de ne pas s'inscrire dans le cadre du rassemblement unitaire avait déjà créé des tensions avec la direction de la LCR. Depuis quelques semaines, les militants de nombreux collectifs accusent le Parti communiste de forcer la candidature de Marie-George Buffet, et de ne plus respecter le cadre unitaire. Le PCF est accusé d'avoir créé des "vraix-faux" collectifs, uniquement constitué de militants communistes, pour appuyer fortement la candidature de Marie-George Buffet. Et de faire pression sur les autres organisations politiques dans ce sens. Face aux tensions persistantes, la réunion du week-end promet d'être houleuse. Et certains annoncent déjà l'échec du processus qui a commencé avec la campagne du "non" au référendum. Pour d'autres, il est encore possible de trouver une solution, en proposant un nom alternatif, qui pourrait mettre tout le monde d'accord. § Entretien avec Zakaria Ben Mlouka, candidat à l'élection présidentielle. § § La ministre de la défense hésite toujours à s'engager dans la bataille pour l'investiture de l'UMP à la présidentielle. Les fidèles du chef de l'Etat ne croient pas en ses chances. § E lle devrait être leur candidate "naturelle". Chiraquienne revendiquée, gaulliste affichée, Michèle Alliot-Marie n'est pourtant pas parvenue à ce jour à susciter un mouvement de ralliement de la part des ministres restés fidèles au chef de l'Etat. Pourtant, elle le rencontre une fois par semaine, et fréquente ses principaux soutiens. AGENDA TROIS DÉBATS. Les forums de l'UMP auront lieu le 9 décembre à la Défense, le 15 à Lyon, et le 21 à Bordeaux. PERSONNALITÉS NICOLAS SARKOZY, candidat déclaré, et MICHÈLE ALLIOT-MARIE, candidate virtuelle, participeront aux trois forums animés par M. Raffarin, qui prononcera un discours introductif. Ils seront accompagnés, autour d'une table en fer à cheval, de deux des présidents des groupes UMP au Parlement. SIX DÉPUTÉS interrogeront les prétendants, qui devront aussi répondre aux questions de la salle et d'internautes. RETRANSMISSION des débats sur les deux chaînes parlementaires. A quarante-huit heures du premier forum régional auquel elle participera au côté de Nicolas Sarkozy, Mme Alliot-Marie paraît bien seule dans sa tentative pour renverser le scénario de la désignation du candidat de l'UMP à l'élection présidentielle. Question à François Goulard, antisarkozyste déclaré, jeudi 7 décembre, sur LCI : "Michèle Alliot-Marie se dit prête à y aller, pourrait-elle avoir votre soutien ?" La réponse du ministre de la recherche : "Je ne crois pas. (...) Je ne vois pas de vrai débat dans cette séquence de temps beaucoup trop courte. Et puis, bon, elle fera quel score ? 20 %, 25 %..." Résignation ? Les chiraquiens ne croient pas aux chances de la ministre de la défense, même s'ils se reconnaissent dans ses idées : "Elle est dans une logique de négociation", avance l'un. "Elle va caner", pronostique un autre. De plus, ils refusent de la considérer comme "l'héritière" qu'elle voudrait être, estimant que seul Jacques Chirac pourrait, s'il en a les moyens, incarner une candidature chiraquienne en 2007. "FACTEUR DE DIVISION" Les confidences de proches de "MAM" expliquant que leur championne était "encouragée" par le président de la République - ce qui est vrai - ont fini par agacer l'Elysée, où l'on aime la discrétion. Choqué par les propos tenus par Nicolas Sarkozy à Washington, M. Chirac avait trouvé provisoirement un intérêt à "insécuriser" le président de l'UMP. Depuis, leurs relations se sont réchauffées, il préfère garder deux fers au feu : "Chirac n'est pas en férocité contre Sarkozy", explique un proche des deux hommes. Un nouveau mot d'ordre s'est donc imposé chez les chiraquiens : "Alliot-Marie n'est pas le poisson pilote de Chirac, analyse un ancien ministre. Il n'a mandaté personne pour être un facteur de division." "Chirac ne nous a donné aucune consigne, explique le ministre de la fonction publique, Christian Jacob. Mais on le connaît suffisamment pour comprendre ce qu'il ne nous dit pas." Jean-Pierre Raffarin avance cette explication : "Il y a le temps du parti et le temps du président. Les chiraquiens attendront donc ce que dira Chirac pour se prononcer ensemble à leur tour." Henri Cuq, ministre délégué aux relations avec le Parlement, renchérit : "Le calendrier du gouvernement n'est pas celui du parti. Tous les ministres devraient s'en souvenir." Les arrière-pensées tactiques ne sont pas étrangères à cette stratégie évolutive. Pour François Baroin, ministre de l'outre-mer, s'il devait y avoir la moindre chance pour M. Chirac de se présenter, celui-ci aura besoin d'un "parti uni". Selon lui, les ambitions de la ministre de la défense font peser un risque de division, même si, numériquement, les militants de l'UMP sont largement acquis au ministre de l'intérieur. "Chirac aura alors besoin de l'UMP pour être soutenu", explique M. Baroin. M. Raffarin précise : "Le chef de l'Etat ne peut avoir un conflit d'intérêt avec le parti qui l'a soutenu." Malgré cette absence de soutiens affichés, Mme Alliot-Marie assure de sa volonté d'aller jusqu'au bout de sa démarche et d'assister aux trois forums régionaux de l'UMP avant de rendre publique sa décision. M. Sarkozy l'y encourage, conscient que cette rivalité interne l'aidera à peaufiner une image de rassembleur. Pourtant, l'ancienne présidente du RPR, qui caresse l'espoir de ravir un jour la tête de l'UMP en cas d'échec de M. Sarkozy à la présidentielle, ou la présidence de l'Assemblée nationale en cas de succès, hésite à compter ses forces au sein du parti. Elle s'interroge : qu'est ce qui sera le plus efficace pour ses ambitions ? La menace d'une candidature ou son exécution ? Une participation sans espoir de victoire au processus interne de l'UMP brûlerait une cartouche en rendant hypothétique la possibilité d'une candidature, une fois le soutien des militants acquis à M. Sarkozy. "C'est un élément majeur de la réflexion", admet-on dans son entourage. § C'est la "séquence verte" du candidat de l'UMP. Lors du quatrième Forum du développement durable, jeudi 7 décembre au Sénat, Nicolas Sarkozy a proposé, s'il est élu, le "doublement en cinq ans du poids de la fiscalité écologique". § C 'est la "séquence verte" du candidat de l'UMP. Lors du quatrième Forum du développement durable, jeudi 7 décembre au Sénat, Nicolas Sarkozy a proposé, s'il est élu, le "doublement en cinq ans du poids de la fiscalité écologique". Celle-ci représente actuellement 2,3 % du produit intérieur brut. A l'inverse, les particuliers et les entreprises respectueux de l'environnement bénéficieraient d'"un crédit d'impôt écologique". M. Sarkozy court après le FN, selon M. Montebourg Invité, jeudi 7 décembre, de "Questions d'info LCP-Le Monde-France-Info", Arnaud Montebourg a accusé Nicolas Sarkozy de "courir après les objurgations de la famille Le Pen". Le député (PS) de Saône-et-Loire, porte-parole de Ségolène Royal, a fustigé l'hostilité du ministre de l'intérieur à l'examen du projet de loi sur le corps électoral en Nouvelle-Calédonie, prévu le 13 décembre à l'Assemblée. "Braconnant dans les terres du Front national, lui-même est emporté par une dérive extrémiste", a dénoncé M. Montebourg, pour lequel "M. Chirac est le garant de la parole donnée par la République". Le ministre de l'intérieur, qui consacrera, vendredi, sa visite dans la baie de Somme à l'écologie, s'est prononcé pour une taxe à l'essieu sur les camions étrangers qui entrent en France. Il a plaidé pour la création d'un "droit mondial de l'environnement". Ces propositions ont déjà été développées par le candidat dans une tribune au Figaro le 8 novembre. Elles sont, pour la plupart, contenues dans le programme législatif de l'UMP. M. Sarkozy les remet sur la table alors que l'animateur de télévision Nicolas Hulot est en tête dans les sondages de popularité et menace toujours de se présenter. Le créateur d'"Ushuaïa" avait été déçu que M. Sarkozy n'évoque la question écologique ni dans sa déclaration de candidature à la presse, le 29 novembre, ni lors de sa prestation, le lendemain, sur France 2. Ce, alors que le ministre avait déclaré dans une lettre à M. Hulot son intérêt pour le Pacte écologique de ce dernier. Dans ce courrier, le président de l'UMP émettait toutefois des réserves sur certaines mesures du pacte. Selon Le Figaro, il serait ainsi très réservé sur la proposition d'une taxe sur les énergies fossiles. Par ailleurs, M. Sarkozy, qui ne verrait pas d'un mauvais oeil la candidature de Nicolas Hulot - laquelle, selon son entourage, présente l'avantage de prendre des voix à la gauche -, refuse la création d'un poste de vice-premier ministre en charge de l'écologie, lui préférant un grand ministère de l'environnement, de l'eau, des transports et de l'énergie. Dans la matinée, M. Sarkozy avait reçu l'ancien vice-président démocrate des Etats-Unis, Al Gore, auteur du film Une vérité qui dérange. Alors que Ségolène Royal a repoussé son voyage au Etats-Unis où elle devait rencontrer le couple Clinton, le candidat n'a pas boudé son plaisir de s'afficher avec la star mondiale de la protection de la planète. D'autant que ce dernier lui a dit, selon l'UMP, avoir trouvé "terrific" le discours prononcé par M. Sarkozy en septembre à Washington. "Vous devez en être fier", a-t-il ajouté. § Le ministre de l'emploi, qui bénéficie d'une bonne cote de popularité dans les sondages, tente de négocier son ralliement à Nicolas Sarkozy en échange de Matignon ou de la Mairie de Paris. § Q ue faire quand on a 63 % de popularité auprès des Français ? Cette question, Jean-Louis Borloo la ressasse depuis plusieurs semaines. La dernière mouture du baromètre mensuel IFOP-Paris Match, publiée le 7 décembre, le place encore en tête des personnalités de droite, y compris devant le candidat déclaré à la présidentielle, Nicolas Sarkozy. La crainte du ministre de l'emploi est de connaître, à terme, le même sort que Bernard Kouchner : coqueluche des Français depuis plusieurs années, le cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde n'a jamais réussi à utiliser ce capital sur la scène politique. Transformer une popularité en potentiel électoral est une alchimie délicate. Bernard Kouchner l'a expérimenté à ses dépens, comme Simone Veil, autre chouchou des sondages pendant plusieurs années. Le premier n'a jamais réussi à trouver sa place sur l'échiquier politique français, malgré ses responsabilités au sein des gouvernements socialistes, puis en tant que haut représentant de l'ONU au Kosovo. La seconde a enregistré une défaite cuisante lors des élections européennes de 1989. Numéro deux de cette liste à l'époque, Jean-Louis Borloo est bien placé pour mesurer l'écart qui sépare une popularité d'une intention de vote. "HORS NORME" Le coprésident du Parti radical (PR), associé depuis 2002 à l'UMP, réfléchit au moyen d'utiliser au mieux son "capital" dans la présidentielle de 2007. "Les sondages qualitatifs indiquent que, quels que soient les critères, les Français me définissent par l'action et les résultats", affirme le ministre. Jean-Luc Parodi, conseiller pour les études politiques de l'IFOP, concède que la "marque Borloo" ne peut se réduire à une image sympathique. "Il a conquis Valenciennes contre toutes les forces politiques en présence", souligne-t-il. Pourtant, ajoute ce spécialiste des questions électorales, "son score en situation de concurrence n'est pas encore à la hauteur de son potentiel". Ainsi, quand l'IFOP l'a testé, lors de différents sondages, dans des duels contre des adversaires potentiels, l'actuel ministre de l'emploi a été écrasé par Ségolène Royal en avril 2004 (32 % contre 57 %) et distancé par Martine Aubry en juillet 2004 (38 % contre 51 %). Contre son premier ministre, M. Borloo perd en juin 2005 (36 % contre 48 %) mais l'emporte au plus fort des difficultés de Dominique de Villepin en mai 2006 (60 % contre 35 %). "Mais c'est surtout grâce aux sympathisants de gauche, qui, dans ce duel, se prononcent aux trois quarts pour lui", souligne Jean-Luc Parodi. "Il est tellement hors norme que, quand il est opposé à quelqu'un de droite, il gagne la sympathie d'une partie de la gauche, et quand il est opposé à quelqu'un de gauche, la droite ne s'y retrouve pas tout à fait", résume-t-il. Dans une primaire à droite face à Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo sait qu'il ne ferait pas le poids. C'est la raison pour laquelle il n'a pas souhaité s'inscrire dans la compétition interne de l'UMP. "Il ne veut pas aller à la primaire de l'UMP, car ce serait aller au casse-pipe", décrypte le député (UMP) Laurent Hénart, son lieutenant et son plus fidèle soutien au sein du Parti radical. "Cette primaire serait un piège pour lui et pour Sarkozy. La sensibilité sociale que Jean-Louis incarne apparaîtrait comme nettement minoritaire, alors qu'elle est beaucoup plus importante au sein de notre électorat", affirme le député (UMP) Dominique Paillé, membre du PR. La cause est donc entendue. Mercredi 29 novembre, M. Borloo a une nouvelle fois mis les points sur les "i" lors du bureau politique du Parti radical : il n'ira pas à la primaire de l'UMP, n'en déplaise à André Rossinot, l'autre coprésident, qui lui demandait de "porter la voix du Parti radical". Ce n'est pas parce qu'il refuse les primaires que M. Borloo a renoncé à ses ambitions. "Il va y avoir un trou d'air dans le calendrier présidentiel de la majorité. Il faut en profiter pour faire vivre la sensibilité sociale et radicale de Jean-Louis Borloo", estime Laurent Hénart. En clair, monnayer son ralliement à Nicolas Sarkozy, et l'image sociale qu'il pourrait lui apporter dans la campagne électorale, en échange de Matignon ou d'une candidature à la Mairie de Paris. "Sarkozy a intérêt à laisser aller quelqu'un sur sa gauche, donc au centre, surtout depuis l'intronisation de Ségolène Royal", poursuit-il. "TOUT EST OUVERT !" M. Borloo élaborera, au sein du Parti radical, un "contrat républicain" qui sera adopté le 16 décembre par le congrès du parti. Il a engagé un dialogue avec les Français en multipliant les réunions publiques en province : Nantes, Bayonne, Lyon, Marseille... Dominique Paillé applaudit : "C'est là, en province, en face-à-face avec les électeurs, que se gagnera la campagne." Mais Jean-Louis Borloo veut prendre son temps. "On fera le point mi-février, début mars. En fonction des réponses qui seront apportées par le candidat de l'UMP aux questions des radicaux, le Parti radical précisera son choix pour la présidentielle, à l'occasion d'un congrès extraordinaire qui se tiendra en février 2007", avertit le ministre, qui ne veut pas seulement faire de la figuration sur la photo du candidat. "L'objectif de Jean-Louis, c'est Matignon ou l'Elysée !", affirme Dominique Paillé. Mais, comme ce dernier est avant tout un proche de Nicolas Sarkozy, il fait partie de ceux qui conseillent à M. Borloo de renoncer à ses ambitions présidentielles et de s'accrocher à l'hypothèse de Matignon en mai 2007 : "Tout est ouvert ! Fillon, Borloo ou Bayrou : tout dépendra de la contribution de chacun à la campagne et des scores du premier tour", promet-il. § Après avoir été sans étiquette (pour les municipales à Valenciennes en 1989), CDS (aux européennes de 1989 avec Simone Veil), écolo (Génération écologie puis Oxygène pour les régionales de 1992), UDF (porte-parole de la campagne de François Bayrou en 2002) et RPR (dans l'entre-deux-tours de 2002), Jean-Louis Borloo est coprésident du Parti radical depuis décembre 2005. § A près avoir été sans étiquette (pour les municipales à Valenciennes en 1989), CDS (aux européennes de 1989 avec Simone Veil), écolo (Génération écologie puis Oxygène pour les régionales de 1992), UDF (porte-parole de la campagne de François Bayrou en 2002) et RPR (dans l'entre-deux-tours de 2002), Jean-Louis Borloo est coprésident du Parti radical depuis décembre 2005. Cet ancien grand parti, qui a plus de cent ans d'existence, tente de faire entendre sa différence au sein de l'UMP, auquel il est désormais "associé". Un des cadres du parti s'impatiente : "Jean-Louis doit maintenant s'approprier le Parti radical. Il reste un chasseur solitaire. Or, quand on vise l'Elysée ou Matignon, il faut chasser en meute." M. Borloo a tenté, début octobre, de faire bouger les lignes politiques. Il a envisagé avec Bernard Tapie - dont il a été l'avocat dans les années 1980 - et Christiane Taubira le rapprochement de son parti avec le Parti radical de gauche (PRG). Ce projet d'alliance, qui était observé avec bienveillance par l'Elysée, avait pour objectif de disputer à l'UDF de M. Bayrou l'incarnation du centre et à Nicolas Sarkozy la suprématie à droite. "Depuis que je suis au Parti radical, en 1988, c'est la 5e fois que j'entends parler d'un tel rapprochement", relativise le député radical Laurent Hénart. Déjouant ce projet, le président du PRG, Jean-Michel Baylet, en a profité pour négocier avec François Hollande, premier secrétaire du PS, un accord électoral très favorable : le PRG, qui ne présentera pas de candidat à la présidentielle comme en 2002, a obtenu des socialistes 35 circonscriptions réservées pour les législatives de 2007. Aujourd'hui, Jean-Louis Borloo reste énigmatique : "Je ne raisonne pas en termes d'échiquier politique. Il y a, de fait, une bipolarisation institutionnelle mais pas de bipolarisation politique chez les Français." En attendant qu'il abatte toutes ses cartes, ses proches s'emploient à faire grossir ses troupes. "Mais tout cela se fait dans une optique d'alliance avec Sarkozy", promet M. Hénart. § Devant le conseil national du Parti communiste français, l'ancienne ministre de la jeunesse et des sports a accusé la candidate socialiste de vouloir incarner l'"air du temps" plutot que le "courage politique". § D ans son rapport au conseil national du Parti communiste français, lundi 20 novembre, Marie-George Buffet a haussé le ton face à la nouvelle candidate socialiste. Et multiplié les appels du pied aux collectifs antilibéraux, en estimant que la période était "cruciale" pour "le maintien d'une alternative à gauche". Convoqué dans l'urgence, ce conseil national avait pour objectif de répondre à la situation nouvelle créée par la désignation de Ségolène Royal. L'ancienne ministre de la jeunesse et des sports a accusé la candidate socialiste de vouloir incarner l'"air du temps" en se fondant sur "une démocratie d'opinion". Selon elle, "Ségolène Royal ne prend en compte que les insatisfactions et les solutions immédiatement palpables". "Un renoncement au courage politique" pour la secrétaire générale du PCF, qui estime que l'alternative à gauche doit se construire avec ceux "que la dérive du Parti socialiste laisse au bord du chemin." "Les objectifs politiques que Ségolène Royal assigne à sa campagne sont à l'encontre de l'exigence de rassemblement de la gauche pour répondre aux attentes populaires. C'est en cela que la situation est grave", a-t-elle ajouté. MME BUFFET TENTE DE RASSURER LES COLLECTIFS ANTILIBÉRAUX Insistant sur le "nécessaire rassemblement de toutes les forces antilibérales", Marie-George Buffet, elle-même candidate à l'investiture des collectifs antilibéraux, a voulu rappeler l'engagement du Parti communiste français dans les initiatives unitaires. Parfois accusée par ses partenaires de ne pas jouer le jeu collectif et de vouloir imposer sa candidature, Mme Buffet a voulu présenter un profil politique ouvert : "Il ne s'agit pas de leur dire de nous rejoindre. Mais de proposer que nous nous rejoignions." La charge politique contre Ségolène Royal aurait aussi pour objectif de rassurer les collectifs antilibéraux, dont certains membres s'inquiètent d'un possible retournement du PCF vers les socialistes. Dans la matinée, invité d'I-Télé, le candidat de la LCR, Olivier Besancenot, avait déploré la démarche des collectifs unitaires, accusés d'offrir un "spectacle un petit peu lamentable" en affichant "une unité de façade" sur les tribunes mais en "s'engueulant en coulisses" sur le nom d'un candidat. Il a estimé qu'ils n'étaient pas suffisamment clairs sur leur participation à un éventuel gouvernement socialiste. "Très concrètement, le problème est de savoir si oui ou non on va soutenir ou participer au gouvernement de Ségolène Royal si elle remporte les élections (...) Ma réponse est non, pas par sectarisme, mais parce que je pense que ce serait inefficace", a-t-il réaffirmé. § D'après une enquête Ipsos-"Le Point" publiée lundi 20 novembre, 77 % des sympathisants UMP choisiraient Nicolas Sarkozy comme candidat à l'élection présidentielle. Parmi ces sympathisants, 87 % rejettent l'idée d'une candidature de Jacques Chirac. § § Entretien avec Pascal Perrineau, directeur du Cevipof.Propos recueillis par Constance BaudryLire la 2e vague du Baromètre politique français § § L'auteur des principaux discours de Nicolas Sarkozy se félicite de faire applaudir des idées de gauche par des salles de droite. Mais l'influence de cet économiste antilibéral agace l'entourage du candidat § I l s'était pourtant juré qu'il ne ferait "plus ça". "Ça" ? Mettre sa plume lyrique, ses idées républicaines, sa vision à la fois pessimiste et exaltée du destin de la France, ses convictions ultragaullistes, dans la bouche des autres. "Ça", c'est aussi l'amertume quand ces mêmes mots sont biffés des discours, ses convictions affadies au nom du rassemblement. "C'est un engagement très fort, explique cet économiste passé par Sciences Po Paris, mais qui a raté l'ENA. Cela demande trop d'énergie, de passion, d'enthousiasme." PARCOURS 1957 Naissance à Arles (Bouches-du-Rhône). 1975-1978 Etudiant à l'Institut d'études politiques de Paris. 1995 Participe à la campagne de Jacques Chirac. Nommé commissaire au plan. 1998 Limogé du commissariat au Plan. 2006 Conseiller maître à la Cour des comptes ; rejoint l'équipe de Nicolas Sarkozy. Ils sont nombreux déjà ceux qui jouèrent les textes d'Henri Guaino. Il y eut d'abord Philippe Séguin, qu'il épaula dans son combat contre le traité de Maastricht en 1992 et qui est désormais son patron à la Cour des comptes. Vint ensuite Charles Pasqua, pour qui il rédigea un programme présidentiel intitulé "le pacte républicain" en 1994. Déçu par l'indécision du ministre de l'intérieur de l'époque, il mit ensuite son projet à disposition de Jacques Chirac pour lequel il réinventa - avec d'autres - la fracture sociale. Henri Guaino fait désormais le pari de Nicolas Sarkozy. Celui-là, croit-il, sera fidèle à ses engagements. "Ce n'est pas un calcul, se défend-il. Sa personnalité m'a convaincu. Cet homme n'est pas un danger public, ce n'est pas un cynique. Il a plus d'humanité, de sensibilité et de profondeur qu'on le dit généralement." Ses anciens complices du combat du non à Maastricht ironisent sur ce "revirement", parlent de "traîtrise". Vachard, l'un d'eux balance : "Guaino, c'est un sac à vent. Il voit grand, mais il voit mal." Quelques-uns l'absolvent. "Il n'a pas changé d'encrier ni de plume en passant de Séguin à Sarkozy, estime l'historien Max Gallo. Il sait toujours donner de la profondeur à la politique." François Fillon salue "un type de haut niveau", mais reconnaît que la "greffe est parfois difficile" avec les "historiques" de l'équipe Sarkozy. Entre l'élu de Neuilly-sur-Seine et l'"enfant naturel" d'une femme de ménage arlésienne, l'histoire remonte à 1997, lorsqu'après la dissolution Philippe Séguin prend le RPR à Alain Juppé avec l'appui des balladuriens. Leur alliance est aussi celle du ressentiment. Bien qu'ils soutiennent l'un et l'autre Jacques Chirac à la conquête de son deuxième mandat, ils ne se cachent pas leur désillusion. Nommé commissaire général au plan dans la foulée de la victoire de Chirac en 1995, Guaino avait eu droit à un coup de fil d'amitié de la part du président. Deux ans plus tard, cependant, lorsque Lionel Jospin demande sa tête, il l'obtient sans difficulté. Il se souvient encore que c'est un simple conseiller de l'Elysée qui l'a alors averti de sa disgrâce. Dans cette épreuve, Henri Guaino gagne définitivement ses galons d'économiste antilibéral. Il signe des tribunes, donne des interviews, échange avec ses contradicteurs libéraux. Il collabore aux quotidiens La Croix et Les Echos, où il défend l'éthique de l'Etat contre la loi du marché. Le voilà donc installé place Beauvau, depuis le printemps 2006. Nicolas Sarkozy cherche le moyen d'échapper à la caricature de libéral ami des patrons, que ses adversaires dénoncent à longueur de meetings. Sa mission : donner de l'humanité, de la compassion et de la profondeur aux interventions du ministre de l'intérieur. Henri Guaino s'attelle à la tâche. Il rédige les discours de Nîmes, Agen, Marseille, Périgueux. Le ministre de l'intérieur y trouve des accents inhabituels. Les mots roulent, évoquant à chaque fois l'histoire, la géographie, l'âme de la France, son esprit de résistance, son destin inouï. Provisoirement Nicolas Sarkozy échappe à sa caricature. Guaino jubile : "Des salles de droite applaudissent des idées de gauche. La nation est redevenue un sujet politique." Inquiet de son influence, certains adversaires l'accusent de recycler ses tribunes dans le discours du candidat. Il rétorque : "C'est bien la même plume qui écrit les deux." Mais l'idylle n'est pas sans orage. Fier et sourcilleux, le conseiller ne transige ni sur ses idées ni sur sa prose. Alors qu'il a rédigé et transmis le discours que Nicolas Sarkozy doit prononcer sur la mondialisation à Saint-Etienne, le 9 novembre, il est surpris de ne pas recevoir de réaction du cabinet du ministre de l'intérieur. Quand le texte lui est retourné, il ne retrouve pas ses mots. "Trop catastrophiste", a jugé Claude Guéant, le directeur de cabinet du ministre, qui a truffé sa copie de références plus libérales. Guaino présente sa démission. Sarkozy le retient, mais le discours restera bancal. Preuve que l'exercice qui consiste a faire prononcer un diagnostic de gauche par un homme de droite a trouvé ses limites. L'incident a bien sûr réjoui les libéraux de l'UMP, inquiets de l'influence de ce conseiller atypique. Une critique de la Banque centrale européenne incluse dans le discours de Nîmes avait fait bondir Edouard Balladur. Les nouveaux droits opposables prônés par Nicolas Sarkozy à Périgueux ont fait frémir les députés réformateurs. Henri Guaino balaye ces prudences : "Moi je ne m'intéresse pas aux étiquettes. Droite-gauche, libéral-étatiste, ça avait du sens il y a trente ans. Aujourd'hui cela ne dit plus rien à personne." Nicolas Sarkozy, croit-il, saura supprimer ces frontières. Et mettra fin à cette crise qu'Henri Guaino observe depuis vingt ans et qui "l'empêche de dormir". Vraiment ? "Oui, le chômage de masse, l'exclusion m'empêchent de dormir. L'idée que les sacrifices c'est bon pour les autres, mais jamais pour soi, je ne parviens pas à la comprendre." Pourquoi alors ne pas se lancer comme ses mentors à la conquête d'un fief où il pourrait faire ses armes ? Le conseiller maître à la Cour des comptes réfléchit et lâche : "Je ne me vois pas investir ce qu'il faut d'énergie pour faire de la politique locale. Ce n'est pas à mon âge que je vais me lancer là-dedans." Le souvenir d'une campagne difficile dans le 5e arrondissement de Paris aux élections municipales de 2001 n'est sans doute pas pour rien dans cet "étrange renoncement", pour reprendre le titre d'un de ses livres. "Ses tracts étaient aussi sexy que le Journal officiel", se souvient un ancien de son équipe. Candidat investi par le RPR, il fut humilié par Jean Tiberi, le paria de la droite... Reste alors à courir le risque Sarkozy, instruit par l'expérience de la précarité du poste et des frustrations qui vont avec : "Je n'ai jamais rien regretté. Ce que Chirac a dit en 1995 méritait d'être dit. Cela a ouvert des portes. Si je devais me rendre compte que je me suis à nouveau trompé, je partirais." Encore. § Le livre devait s'appeler en toute modestie Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi et être signé Jack Lang. § L e livre devait s'appeler en toute modestie Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi et être signé Jack Lang. C'est l'éditeur, Bernard Pasquito, qui avait trouvé le titre et réalisé l'entretien avec l'ancien ministre de la culture, matière principale de l'ouvrage. Jack Lang y exposait toutes les bonnes raisons pour lesquelles il pouvait être candidat à la primaire socialiste, ses réussites de ministre, sa popularité, son expérience. Il y fustigeait aussi Ségolène Royal, déjà favorite de la course présidentielle, et son compagnon, François Hollande, premier secrétaire du PS. Jack Lang jugeait la candidate peu compétente, et laissait supposer notamment que le couple avait "manipulé le parti à son profit." Henri Emmanuelli : "la bataille n'est pas gagnée d'avance" Henri Emmanuelli, jusque-là partisan de Laurent Fabius, affirme désormais "soutenir Ségolène Royal", même s'il prend souvent le contre-pied de ses propositions. Invité, dimanche 19 novembre, du "Grand jury RTL-LCI-Le Figaro", le député des Landes a d'ailleurs mis en garde la candidate : "La bataille n'est pas gagnée d'avance", a-t-il dit. Il a demandé aux socialistes de mettre en place "un dispositif cohérent" entre Mme Royal et le PS. Sur sa recommandation, l'éditeur était allé à l'Institut des mémoires de l'édition contemporaine (IMEC), près de Caen, pour retrouver des lettres de Mme Royal, au temps où elle était ministre de la famille. Celle-ci, s'agaçait M. Lang, n'avait-elle pas mené une guerre contre la pédophilie en soutenant qu'" un enfant ne ment pas", quelques mois avant la catastrophe judiciaire d'Outreau ? A la mi-juin, soixante-douze premiers feuillets furent relus et annotés. A la fin juin, le contrat était signé. Comme il le fait toujours, Jack Lang ne réclamait aucune avance mais exigeait 50 % des droits d'auteur sur les ventes à venir. Las ! A la fin de l'été, l'ancien ministre a commencé à douter de l'opportunité du livre en même temps que de sa candidature à la primaire socialiste. Il a donc demandé à reporter la publication de l'ouvrage, initialement prévue le 20 août. "Le manuscrit était beaucoup trop vulgaire et contenait des propos que je n'aurais jamais dit ainsi, affirme aujourd'hui M. Lang. D'ailleurs, M. Pasquito ne m'avait pas enregistré." L'éditeur réfute cette version et assure qu'il avait déjà composé les épreuves du livre de 210 pages, retenu les droits de la photo de couverture, composé cette même couverture et engagé une attachée de presse pour trois mois. "Entre les voyages que j'ai fait pour M. Lang et l'ensemble des frais de fabrication, soutient M. Pasquito, j'ai dépensé 34 000 euros, ce qui est énorme pour une petite maison comme la mienne." Entre-temps, Jack Lang a renoncé à être candidat et a rallié celle qu'il critiquait, Ségolène Royal. Autant dire que le livre n'a plus de raison d'être. L'éditeur ne s'avoue pas vaincu pour autant. Il vient d'attaquer en justice M. Lang pour rupture de contrat et rétention abusive de droits d'auteur. Il demande notamment le remboursement de ses frais. Ce dont Jack Lang ne veut pas entendre parler. "J'ai parfaitement le droit de refuser la publication d'un livre d'entretien, s'insurge-t-il, on ne peut pas m'obliger à l'assumer alors que je le réfute et ne m'y reconnaît pas !" L'éditeur, peu au fait de la vie politique, a compris seulement aujourd'hui pourquoi le livre, acerbe pour Ségolène Royal, était devenu politiquement impubliable. Et regrette : "Et dire que Lang m'avait demandé de faire un livre "punchy" !" § Dynamiter le processus de désignation interne du candidat de l'UMP : c'est le mot d'ordre des chiraquiens à quelques heures du bureau politique qui doit entériner, mercredi 22 novembre, les modalités de dépôt des candidatures. § D ynamiter le processus de désignation interne du candidat de l'UMP : c'est le mot d'ordre des chiraquiens à quelques heures du bureau politique qui doit entériner, mercredi 22 novembre, les modalités de dépôt des candidatures. Et notamment la fixation d'une date butoir - peut-être le 5 décembre - pour participer à la compétition de l'investiture par le parti, le 14 janvier. "Rien n'est joué", a affirmé Dominique de Villepin, dimanche 19 novembre sur France 5. "Nous ne sommes pas au bout du débat politique en ce qui concerne l'éventuel candidat de notre famille. Notre famille s'est entendue pour choisir un calendrier (un vote le 14 janvier). Il faut le respecter sans préempter les choses", a expliqué le premier ministre. Relativisant la suprématie de son ministre de l'intérieur dans les sondages, il a expliqué : "Rien n'est écrit (...), je ne crois pas que les Français soient entrés dans le choix présidentiel. Lors des précédentes élections, ceux qui étaient donnés gagnants en octobre-novembre n'ont pas forcément été sur la photo à l'arrivée." ALLER SEUL À LA COMPÉTITION Michèle Alliot-Marie refuse, elle aussi, de se plier au calendrier du parti et d'abattre ses cartes début décembre. "Je m'exprimerai sur ma candidature au début de l'année prochaine", affirme-t-elle dans Le Journal du Dimanche du 19 novembre. Bref, décrypte un ancien ministre, "les chiraquiens veulent laisser Sarkozy aller seul à la compétition du 14 janvier et s'auto-sacrer avec un score undefinedundefinedbourguibesque''". Jeudi 16 novembre, les sifflets des congressistes du conseil national de l'UMP à l'encontre de Mme Alliot-Marie ont permis d'accréditer, aux dires des chiraquiens, l'idée du refus du débat par les sarkozystes. "Je ne veux pas penser que M. Sarkozy est derrière cela", ironise Mme Alliot-Marie. Lundi, dans Le Parisien, le villepiniste François Goulard, prenant acte du fait que "M. Sarkozy n'a pas su faire vivre un débat politique au sein du mouvement", assure que "s'il y a une autre candidature, elle sera forcément externe à l'UMP". § La visite de Dieudonné aux Bleu-Blanc-Rouge, la fête du Front national (FN), samedi 11 novembre, et sa poignée de main à Jean-Marie Le Pen perturbe les admirateurs de l'humoriste. § L a visite de Dieudonné aux Bleu-Blanc-Rouge, la fête du Front national (FN), samedi 11 novembre, et sa poignée de main à Jean-Marie Le Pen perturbe les admirateurs de l'humoriste. A un tel point que ce dernier a décidé de faire une réunion publique dans son théâtre de la Main d'or à Paris, dimanche 19 novembre. Ils étaient près de 200, d'origines et de religions variées, à se presser à l'ouverture des portes. Première à se lancer, Ginette Skandrani, une des fondatrices des Verts exclue du parti après notamment sa participation au site Web négationniste de l'Aaargh (Association des anciens amateurs de récits de guerres et d'holocaustes). Présidente de l'association La Pierre et l'Olivier, qui considère que l'Etat d'Israël est illégitime, elle dit comprendre cette visite - "Dieudonné s'est toujours battu pour la liberté d'expression" - mais personnellement elle n'y serait jamais allée car elle a "porté les valises du FLN pendant la guerre d'Algérie". "Tu nous prends pour des cons comme les autres politiques, explose une jeune algérienne. C'est un coup marketing que tu fais (...). Quand tu luttais contre le sionisme j'étais prête à aller devant toi, mais là, alors que tu soutiens les sans papiers, cette visite, c'est de la politique politicienne". Même incompréhension chez ce jeune homme qui "après une visite en Israel et en Palestine" a apprécié de pouvoir "rigoler" sur le sujet avec l'humoriste mais "fait des cauchemars la nuit" depuis "ce rapprochement avec le FN". "Tu poses aujourd'hui avec les skins contre lesquels on s'est battu", lance quelqu'un. "Des racistes, il y en a au PS, à l'UMP et chez nous les Noirs aussi", objecte un défenseur de Dieudonné. "Moi je me reconnais plus dans les assimilationnistes, les antiaméricains, pro-arabes et anti-impérialistes que dans Dominique Strauss-Kahn qui dit que tous les juifs de la diaspora doivent soutenir Israël", commente quelqu'un tandis qu'un autre se dit "tenté par cette idée de faire exploser le système" en soutenant Jean-Marie Le Pen. "Moi j'ai été au parti communiste, en 2002 j'ai voté Besancenot, au deuxième j'ai voté contre Chirac. Aujourd'hui j'en appelle au bing bang. Qu'on s'unisse pour faire péter le système", s'enflamme un partisan de l'humoriste. Pour ce dernier, la France est dans une "situation prérévolutionnaire" et faire "sauter le système, la pensée unique" n'est pas pour lui déplaire. S'il "n'appelle pas aujourd'hui à voter Le Pen", il "demande à voir" et revendique le droit de "parler à tout le monde". Aux mécontents, il dit : "je ne suis pas un guide", "je suis un homme seul", un "rebelle" auquel on a "donné le rôle du méchant" et qui "s'en satisfait". § Le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CREC), présidé par Jacques Delors, a remis au premier ministre un rapport intitulé "La France en transition 1993-2005", qui estime que l'"instabilité" et l'"insécurité" de l'emploi constituent les principales causes de l'accroissement des inégalités de revenu salarial en France. L'intégralité du rapport en PDF (2,3 Mo). § § Le premier ministre est revenu sur la préparation de la présidentielle à l'UMP, lors de l'émission télévisée "Ripostes", dimanche 19 novembre, sur France 5. § § François Goulard dénonce le blocage organisé par Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin indique que les jeux ne sont pas faits pour 2007, Edouard Balladur dénonce la multiplication des polémiques qui sont contraires à l'intérêt général. § I l devient de plus en plus difficile de ne voir que la tête du patron de l'UMP comme candidat de ce parti à la présidentielle. Le villepiniste François Goulard affirme que Nicolas Sarkozy est "incapable d'admettre un avis différent du sien" et "se bloque dès qu'une autre voix se fait entendre", dans un entretien publié lundi 20 novembre dans Le Parisien/Aujourd'hui en France. Le ministre délégué à l'enseignement supérieur estime qu'à l'inverse des socialistes, qui ont désigné jeudi leur candidate à l'Elysée Ségolène Royal, l'UMP apparaît "incapable d'organiser un débat". Il dénonce les sifflets qui ont ponctué l'intervention de Michèle Alliot-Marie, jeudi, devant le conseil national de l'UMP. "C'est profondément choquant (...). Au lieu de la contrecarrer, Sarkozy aurait dû se réjouir qu'une telle personnalité vienne enrichir les discussions", a-t-il affirmé. Selon François Goulard, "Sarkozy a commis une erreur flagrante. C'est une preuve supplémentaire de son refus du débat interne". "RIEN N'EST JOUÉ" Dimanche, Dominique de Villepin a une nouvelle fois insisté sur le fait que les jeux ne sont pas faits pour 2007, avertissant Nicolas Sarkozy que l'on n'est "pas au bout du débat politique" sur le candidat de l'UMP. "Rien n'est joué (...). Je ne crois pas que les Français soient entrés dans le choix présidentiel", a déclaré le premier ministre, invité de l'émission "Ripostes" sur France 5. Pour lui,"la rupture", thème cher au président de l'UMP, n'est pas la bonne solution. L'ancien premier ministre Edouard Balladur a, de son côté, déploré lundi la multiplication des coups bas à droite. "Je ne crois pas qu'il soit dans l'intérêt de la majorité de multiplier les piques, les objections, les critiques et les polémiques sur tous les sujets. C'est contraire à l'intérêt général", a déclaré sur France 2 le député de Paris. "Il serait temps que chacun s'en rende compte. On se fait beaucoup de mal les uns aux autres de cette manière. De grâce, arrêtons ce jeu", a-t-il ajouté. Selon Edouard Balladur, "l'atmosphère politique changera" à partir du 14 janvier, date du congrès de l'UMP pour la désignation de son candidat. "Il y aura deux candidats, un candidat socialiste et le candidat de l'UMP, dont je souhaite que ce soit Nicolas Sarkozy (...). Le débat sera clarifié." § D'autres candidats UMP peuvent-ils émerger face à Nicolas Sarkozy ? Mardi 21 novembre, le ministre de la justice, Pascal Clément, déclarait ainsi sur LCI que la candidature de Michèle Alliot-Marie était "une bonne idée". § D 'autres candidats de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) peuvent-ils émerger face à Nicolas Sarkozy ? Mardi 21 novembre, le ministre de la justice, Pascal Clément, déclarait ainsi sur LCI que la candidature de Michèle Alliot-Marie était "une bonne idée". Et dimanche dernier, Dominique de Villepin affirmait que "rien n'était joué" pour la désignation du candidat UMP à la présidentielle. Mais cette hypothèse n'est pas du goût de tous au sein du parti majoritaire. Jeudi dernier, la ministre de la défense a été sifflée lors du conseil national de sa formation alors qu'elle critiquait certaines positions du ministre de l'intérieur. Et, à la suite des déclarations du premier ministre, des députés sarkozystes ont menacé de ne pas voter le prochain projet de loi. RÉUNION DE CONCILIATION Face à l'offensive des sarkozystes, le ministre délégué à la recherche, François Goulard, a reproché au président de l'UMP d'être"incapable d'admettre un avis différent du sien". Et dans une lettre au ministre de l'intérieur, révélée par Le Parisien, Mme Alliot-Marie réclame un "débat libre et constructif" au sein du parti. Après ces différentes passes d'armes, chacun tente de calmer le jeu. Mardi 21 novembre, le premier ministre a prôné le "rassemblement", dans un entretien au Figaro. De son côté, Bernard Accoyer, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a proposé une rencontre entre MM. Sarkozy, Villepin et Mme Alliot-Marie. Cette réunion de "conciliation" devrait se tenir mercredi, peu avant le bureau politique de l'UMP consacré justement aux modalités de désignation du candidat à la présidentielle. Et à ce sujet, M. Sarkozy que certains accusent de vouloir accélérer le calendrier de l'UMP a proposé que les prétendants de son parti à la présidentielle puissent déposer leur "candidature jusqu'à la dernière minute", c'est-à-dire juste avant le congrès du 14 janvier qui doit désigner le candidat du parti. § Le fils aîné du président du Mouvement pour la France a été mis en examen après le dépôt d'une plainte par son frère cadet, qui l'accuse de l'avoir violé. Pour Philippe de Villiers, il s'agit d'une "manipulation odieuse et sordide" qui vise à "abattre un candidat à l'élection présidentielle". § D ans son édition du mardi 21 novembre, Le Parisien révèle que Guillaume de Villiers, 29 ans, l'aîné des enfants de Philippe de Villiers, a été mis en examen pour "viols" vendredi après qu'une plainte a été déposée par son frère cadet, Laurent, âgé de 22 ans. Guillaume de Villiers a subi une expertise psychiatrique et une confrontation avec son frère. Selon une source judiciaire, il a été laissé libre et placé sous contrôle judiciaire lui interdisant de rencontrer le plaignant. Les faits remonteraient à une quinzaine d'années et ne seraient pas prescrits. Consultant pour le développement international des entreprises, marié et père de trois enfants, Guillaume de Villiers nie tous les faits que lui reproche son frère, a expliqué son conseil, Me Alexandre Varaut. L'avocat a déclaré qu'il porterait plainte mardi pour "dénonciation calomnieuse". "Laurent n'en est pas à son coup d'essai dans les dénonciations d'infractions imaginaires", a expliqué Me Varaut. "Il a une tendance à affabuler", a affirmé l'avocat, ajoutant que cette tendance s'était déjà exprimée dans plusieurs affaires soumises, selon lui, au parquet de la Roche-sur-Yon (Vendée)."La famille Villiers connaît le mal-être et les problèmes de comportement de Laurent", a expliqué Me Varaut. "Ses relations avec les autres et avec lui-même sont un souci permanent". "On peut s'interroger sur le calendrier choisi pour ce dépôt de plainte", a-t-il ajouté. UNE "MANIPULATION", POUR PHILIPPE DE VILLIERS Pour le président du Mouvement pour la France, "il est clair que cette manipulation odieuse et sordide vise à abattre un candidat à l'élection présidentielle". Selon lui, "il y a plusieurs preuves de la manipulation". "D'abord, la soudaineté d'une plainte infamante en pleine campagne électorale (...) Ensuite le contenu du dossier : il est vide, il ne repose que sur des affirmations calomnieuses (...) Troisième élément : la personne visée, Guillaume de Villiers, était la cible des barbouzes du renseignement, qui lui reprochaient de m'avoir fourni des documents pour mon livre Les Mosquées de Roissy", a assuré le président du conseil général de Vendée, en précisant que son fils aîné "travaille dans l'intelligence'". Me Jean-Marc Fedida, l'avocat du plaignant, a pour sa part estimé que l'"agitation" créée par cette mise en examen était "indécente". "Ce n'est pas parce qu'on s'appelle de Villiers qu'on n'a pas le droit de porter plainte quand on a été violé ou qu'on doit tenir compte de l'emploi du temps de ses parents", a-t-il expliqué, précisant qu'il se constituerait partie civile "très prochainement", probablement dans la journée. § Le bureau politique de l'UMP du mercredi 22 novembre, qui doit fixer les modalités de la compétition interne pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle, s'annonce tendu. § L e bureau politique de l'UMP du mercredi 22 novembre, qui doit fixer les modalités de la compétition interne pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle, s'annonce tendu. Le parti est sous le choc de la désignation transparente et ouverte de Ségolène Royal par les militants socialistes. Parmi ses 120 membres, certains ne sont pas sûrs d'avoir le temps de s'y rendre. Ainsi, Dominique de Villepin indique, dans Le Figaro du 21 novembre, qu'il travaille. Il se rendra à l'invitation de Nicolas Sarkozy "si (sa) tâche le (lui) permet". Michèle Alliot-Marie a mis en garde le président de l'UMP. "Le conseil national de jeudi dernier (où la ministre de la défense a été sifflée) a montré une vraie difficulté à débattre sérieusement au sein de l'UMP", estime-t-elle dans une lettre dévoilée par Le Parisien du 21 novembre. "Cela ne donne pas une bonne image de notre famille de pensée, au moment où les Français ont eu le sentiment que le PS avait montré sa capacité au débat, écrit-elle à M. Sarkozy. Je te propose que nous nous rencontrions pour parler des moyens d'enrichir le débat." Dès mercredi soir, elle compte contester l'idée de M. Sarkozy, pressé de se déclarer officiellement après le triomphe de Mme Royal, de proposer une date butoir - sans doute le 5 décembre - pour faire acte de candidature à l'investiture par le parti, le 14 janvier. "Je m'exprimerai sur ma candidature au début de l'année prochaine", martèle-t-elle. Les partisans de M. Sarkozy s'agacent de ces velléités de contestation interne, rappelant l'écrasante supériorité du président de l'UMP. Selon un sondage Ipsos-Le Point effectué du 17 au 19 novembre, 77 % des sympathisants de l'UMP affichent leur préférence pour M. Sarkozy, loin devant Mme Alliot-Marie (17 %) et M. de Villepin (6 %). Pourtant, 49 % des Français souhaitent un deuxième candidat UMP à l'élection présidentielle, tout comme 34 % des sympathisants UMP. Certains, à droite, s'inquiètent que ces divisions se prolongent. Même d'anciens supporters de M. de Villepin, comme Philippe Douste-Blazy ou Renaud Donnedieu de Vabres. "Si l'on se sent en décalage, on peut élaborer son propre projet, mais, après le 14 janvier, je ne considérerai pas cette demande comme légitime", affirme le ministre de la culture. § La candidate n'a pas repris contact avec Laurent Fabius et et DSK et ne veut pas être entravée par les courants du PS. "Le rassemblement se fera par la base", selon M. Rebsamen. § I naccessible, même pour ses proches partisans, depuis sa triomphale désignation, le 16 novembre, par les militants, comme candidate du PS pour 2007, Ségolène Royal est réapparue, lundi 20 novembre sur TF1, pour évoquer, a minima, sa future campagne. "Maintenant que les socialistes ont beaucoup parlé entre eux, nous allons nous tourner vers les Français", a-t-elle assuré. Pour cette deuxième étape, nul besoin d'être militant : la candidate socialiste s'est adressée aux sympathisants et "citoyens" en les incitant à participer à des forums sur quatre thèmes : l'éducation, la lutte contre la précarité et toutes les formes de violence - "aux Français de me dire ce qu'ils entendent par ordre juste" -, le pouvoir d'achat et l'environnement. Une façon, là encore, de chasser le spectre de 2002 et l'image des "technos" qui avaient entouré Lionel Jospin... Ségolène Royal s'en remet à l'opinion. Va-t-elle "suivre ce qu'on lui propose ?", l'interroge Patrick Poivre d'Arvor. "Absolument", répond-elle. Son projet pour 2007 sera ainsi "sans doute complété (...), plus concret" que celui du PS. "Un leader doit considérer qu'il ne sait pas tout, tout seul, a poursuivi Mme Royal. En voilà assez des politiques qui assènent sur la tête des autres ce qu'il faut penser, ce qu'il faut dire et ce qu'il faut faire." Ce n'est qu'après cette "phase d'écoute", a-t-elle précisé, qu'un "responsable politique décide", puis "explique les raisons des décisions qu'il va prendre". Pour préparer le terrain de sa campagne "participative", elle devrait rencontrer très vite des maires et les présidents de région socialistes. Pas question de se laisser rattraper par les discussions au sommet du PS sur les subtils équilibres à tenir pour rassembler tout le monde en vue de la campagne. Mme Royal veut à tout prix éviter de donner l'image de "composer" avec les courants. "Le rassemblement se fera par la base", affirme François Rebsamen, numéro deux du PS. Pas de "ticket" avec Dominique Strauss-Kahn, donc, pas d'accord non plus avec Laurent Fabius, qui ressembleraient trop à des manoeuvres du "vieux parti". Lundi soir, Mme Royal n'avait toujours pas rappelé ses deux rivaux à l'investiture qui voulaient la féliciter. Son absence de réponse est un message. Le PS a pourtant quelques problèmes à résoudre. Composée à la proportionnelle des courants issus du congrès du Mans de novembre 2005, la direction du parti est avant tout... plurielle. Plusieurs de ses responsables ont une vision très divergente de celle de la candidate sur leurs secteurs. C'est le cas de la fabiusienne Claude Roiron, secrétaire nationale à l'éducation et, dans une moindre mesure, de Pierre Moscovici, partisan de "DSK", chargé de l'international... Seul le premier secrétaire, François Hollande, peut opérer un remaniement de l'équipe, mais il doit être approuvé par le conseil national du PS - lui-même composé à la proportionnelle des courants. Le congrès d'investiture de Mme Royal, prévu à la Mutualité de Paris, dimanche 26 novembre, échappera à cette règle. Les mille délégués attendus seront désignés par les fédérations, non pas en fonction du résultat du Mans, mais de celui du vote du 16 novembre. Autrement dit, la salle accueillera plus de 60 % de royalistes. Pour élargir le cercle au-delà du PS, les radicaux de gauche, avec lesquels un accord pour 2007 a été passé, ont été conviés. Leur président, Jean-Michel Baylet, pourrait intervenir. La parole sera aussi offerte à Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, voire Bertrand Delanoë, maire de Paris et ami de Lionel Jospin. Pour un rassemblement tourné vers les Français. § Débat en direct avec Philippe Ridet, journaliste au "Monde", mercredi 22 novembre 2006 à 11 heures. § § La secrétaire nationale du Parti communiste a appelé à un rassemblement à gauche et s'est dit inquiète des positions de la candidate socialiste à la présidentielle 2007, lundi 20 novembre, lors du conseil national du PC. § § C'est désormais au tour de l'UMP de désigner son candidat pour l'élection présidentielle de 2007. § § Dominique de Villepin prône le rassemblement au sein de l'UMP et indique qu'il n'a rien à reprocher à Nicolas Sarkozy, tandis que Michèle Alliot-Marie insiste sur la nécessité d'un débat d'idées avec ce dernier. § A près l'agitation de ce week-end au sein de l'UMP, rien de tel qu'une phase d'explication. Dominique de Villepin prône le rassemblement au sein de l'UMP, en appelant à ne pas se laisser "détourner par les questions de personnes", dans un entretien publié dans Le Figaro mardi 20 novembre. "Quoi qu'il arrive, je me battrai pour la victoire de notre famille et de nos idées. Nous serons rassemblés autour de celui ou de celle qui sera le mieux placé pour l'emporter", ajoute-t-il, alors qu'un bureau politique de l'UMP consacré aux modalités de désignation du candidat est prévu mercredi. "La victoire passe par le rassemblement", insiste le premier ministre. "C'est en rassemblant que l'on obtient le meilleur."Le chef du gouvernement a précisé "souhaiter" se rendre au bureau politique de l'UMP mercredi soir, affirmant qu'il irait "si ma tâche me le permet". Interrogé sur ce qu'il reproche au président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, M. de Villepin répond : "Je ne reproche rien à personne. La seule chose qui m'importe, c'est que nous allions tous ensemble à la rencontre des Français." UN "DÉBAT LIBRE ET CONSTRUCTIF" Evoquant Michèle Alliot-Marie, possible candidate au sein de l'UMP, M. de Villepin estime que, "comme Nicolas Sarkozy, elle est un atout pour notre famille". La ministre de la défense juge pour sa part "indispensable" un "débat libre et constructif" au sein du parti, dans une lettre à Nicolas Sarkozy, révèle Le Parisien-Aujourd'hui en France. Selon le quotidien, Mme Alliot-Marie propose au président de l'UMP une rencontre "pour parler des moyens d'enrichir le débat tout en préservant l'unité indispensable" de l'UMP. "Le conseil national de jeudi dernier a montré une vraie difficulté à débattre sereinement au sein de l'UMP. Le débat sur les idées semble, hélas, occulté par d'autres considérations", regrette la ministre de la défense. Elle ajoute que "cela ne donne pas une bonne image de notre famille de pensée, au moment où les Français ont eu le sentiment que le PS avait montré sa capacité au débat, même si celui-ci est demeuré très virtuel". § Ségolène Royal a déclaré, lundi 20 novembre, sur TF1, qu'elle ferait une campagne "participative" pour "remettre le peuple français au cœur du projet des socialistes". Les antilibéraux dénoncent son positionnement mais peinent à se rassembler. § S égolène Royal a déclaré, lundi 20 novembre sur TF1, qu'elle ferait une campagne "participative" pour "remettre le peuple français au cur du projet des socialistes". "Maintenant que les socialistes ont beaucoup parlé entre eux, nous allons nous tourner vers les Français, conquérir leur confiance", a déclaré la candidate socialiste à la présidentielle, invitée du journal de 20 heures, en exprimant sa volonté de "ne pas décevoir". Elle a annoncé qu'elle allait "lancer une campagne participative pour que tous ceux qui veulent participer, venir dans le projet des socialistes, y apporter des précisions, des idées neuves n'ayons pas peur des idées neuves ! , puissent le faire". Le projet de la candidate sera "sans doute complété (...), plus concret" que celui du PS, a déclaré Mme Royal. Il faut "aller plus loin dans la hiérarchie des priorités et dans les idées neuves qui surgiront dans cette campagne", a-t-elle affirmé. La première phase de sa campagne, a-t-elle expliqué, sera une phase d'écoute. "Un leader doit considérer qu'il ne sait pas tout tout seul et qu'en voilà assez des politiques qui assènent sur la tête des autres ce qu'il faut penser, ce qu'il faut dire et ce qu'il faut faire", a poursuivi Ségolène Royal. Ensuite seulement, a-t-elle ajouté, "le responsable politique décide (...), explique les raisons des décisions qu'il va prendre". Mme Royal a souligné qu'il faudrait "dire avec précision ce qui se passera si les Français (lui) font confiance". Elle a enfin souhaité que "le candidat désigné (par l'UMP) ait la même légitimité" qu'elle. "J'attends que les militants de l'UMP soient appelés aux urnes" pour le choisir, a-t-elle lancé. LES ANTILIBÉRAUX VEULENT INVESTIR LE TERRAIN À GAUCHE DE SÉGOLÈNE ROYAL Si la gauche radicale voit son espace politique élargi par la désignation de Mme Royal, elle reste menacée d'explosion, le PCF insistant pour que Mme Buffet porte les couleurs antilibérales, à quoi s'opposent les autres organisations. "Deux candidatures ne feront pas consensus : celle de José Bové" que rejette le PCF et "celle de Mme Buffet à laquelle s'opposent tous les autres courants", résume une dirigeante du mouvement. Selon elle, deux candidats émergent : la très médiatique Clémentine Autain et Yves Salesse, théoricien du mouvement. Les antilibéraux se sentent néanmoins pousser des ailes. "La victoire de Ségolène Royal est la traduction du déplacement vers la droite du centre de gravité du PS : une sorte de blairisme à la française sur le dos des aspirations populaires", a affirmé Claude Debons, coordinateur du Collectif national antilibéral, lundi 20 novembre. Les autres courants du rassemblement ne sont pas en reste pour dénoncer la candidate socialiste : "Le PS s'oriente vers un libéralisme autoritaire et un populisme moralisant", a dénoncé Christian Picquet, chef de file du courant minoritaire de la LCR. De son côté, la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, a qualifié les propositions de Ségolène Royal de "préoccupantes". Elle a lancé un appel pour rassembler tous ceux, notamment au PS, qui veulent le triomphe d'une "majorité" vraiment de gauche en 2007, avec un programme de "réformes". § Devant le conseil national du Parti communiste français, l'ancienne ministre de la jeunesse et des sports a accusé la candidate socialiste de vouloir incarner l'"air du temps" plutot que le "courage politique". § D ans son rapport au conseil national du Parti communiste français, lundi 20 novembre, Marie-George Buffet a haussé le ton face à la nouvelle candidate socialiste. Et multiplié les appels du pied aux collectifs antilibéraux, en estimant que la période était "cruciale" pour "le maintien d'une alternative à gauche". Convoqué dans l'urgence, ce conseil national avait pour objectif de répondre à la situation nouvelle créée par la désignation de Ségolène Royal. L'ancienne ministre de la jeunesse et des sports a accusé la candidate socialiste de vouloir incarner l'"air du temps" en se fondant sur "une démocratie d'opinion". Selon elle, "Ségolène Royal ne prend en compte que les insatisfactions et les solutions immédiatement palpables". "Un renoncement au courage politique" pour la secrétaire générale du PCF, qui estime que l'alternative à gauche doit se construire avec ceux "que la dérive du Parti socialiste laisse au bord du chemin." "Les objectifs politiques que Ségolène Royal assigne à sa campagne sont à l'encontre de l'exigence de rassemblement de la gauche pour répondre aux attentes populaires. C'est en cela que la situation est grave", a-t-elle ajouté. MME BUFFET TENTE DE RASSURER LES COLLECTIFS ANTILIBÉRAUX Insistant sur le "nécessaire rassemblement de toutes les forces antilibérales", Marie-George Buffet, elle-même candidate à l'investiture des collectifs antilibéraux, a voulu rappeler l'engagement du Parti communiste français dans les initiatives unitaires. Parfois accusée par ses partenaires de ne pas jouer le jeu collectif et de vouloir imposer sa candidature, Mme Buffet a voulu présenter un profil politique ouvert : "Il ne s'agit pas de leur dire de nous rejoindre. Mais de proposer que nous nous rejoignions." La charge politique contre Ségolène Royal aurait aussi pour objectif de rassurer les collectifs antilibéraux, dont certains membres s'inquiètent d'un possible retournement du PCF vers les socialistes. Dans la matinée, invité d'I-Télé, le candidat de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire), Olivier Besancenot, avait déploré la démarche des collectifs unitaires, accusés d'offrir un "spectacle un petit peu lamentable" en affichant "une unité de façade" sur les tribunes mais en "s'engueulant en coulisses" sur le nom d'un candidat. Il a estimé qu'ils n'étaient pas suffisamment clairs sur leur participation à un éventuel gouvernement socialiste. "Très concrètement, le problème est de savoir si oui ou non on va soutenir ou participer au gouvernement de Ségolène Royal si elle remporte les élections (...) Ma réponse est non, pas par sectarisme, mais parce que je pense que ce serait inefficace", a-t-il réaffirmé. § Au cours d'un déjeuner avec les élus socialistes en marge du congrès de l'Association des maires de France, à Paris, Mme Royal a appelé les édiles à "se saisir des sujets mis au débat participatif". § L a candidate du PS à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, a lancé, mercredi 22 novembre, un appel aux élus socialistes pour qu'ils contribuent au "débat participatif" qu'elle entend mener dans les prochains mois avec les Français dans le cadre de sa campagne. Au cours d'un déjeuner en marge du congrès de l'Association des maires de France, à Paris, Mme Royal les a appelés à "se saisir des sujets mis au débat participatif". "Il est important que les territoires municipaux se mettent en mouvement : il faut faire revenir les habitants au cur du projet socialiste", a-t-elle dit. La candidate socialiste a précisé qu'elle attendait des élus des "retours de terrain" pour lui permettre notamment de "trouver les mots justes et avancer des propositions qui rencontrent un écho profond" auprès des Français. La présidente de la région Poitou-Charentes a également souhaité "avancer sur la décentralisation". Elle a estimé qu'il fallait "faire un bilan de la décentralisation sans tarder" afin qu'une "nouvelle étape de transferts de responsabilités" puisse être conduite "de façon équitable, c'est-à-dire avec les ressources qui vont avec". Selon elle, "les transferts de compétences qui doivent se poursuivre" pour mener "des politiques au plus près des citoyens" supposent que l'on fasse "confiance aux élus". § "Ségolène Royal a été désignée de façon très nette par les adhérents du PS. Elle est désormais la candidate de tous les socialistes dont je suis", écrit Lionel Jospin sur son blog. § P rès d'une semaine après le vote des militants, il sort de son mutisme. Dans un bref message publié sur son blog, Lionel Jospin a apporté, mercredi 22 novembre, son soutien à Ségolène Royal."Certains d'entre vous m'ont demandé quelle sera mon attitude lors de la prochaine présidentielle. La réponse va de soi. Ségolène Royal a été désignée de façon très nette par les adhérents du PS. Elle est désormais la candidate de tous les socialistes dont je suis. Dans un combat que je sais difficile, je lui souhaite bonne chance", explique-t-il. "D'une façon ou d'une autre, je m'efforcerai de contribuer à la victoire contre la droite", ajoute le candidat malheureux à la présidentielle de 2002. Lionel Jospin avait envisagé pendant l'été de briguer l'investiture du PS, avant de renoncer fin septembre. Gardant pour lui quel prétendant il soutenait pendant la campagne pour l'investiture, il avait néanmoins clairement indiqué qu'il ne voterait pas pour la présidente de la région Poitou-Charentes. La semaine dernière, Lionel Jospin avait voté pour l'investiture socialiste à la présidentielle dans sa section du 18e arrondissement de Paris et refusé de donner le moindre indice sur sa préférence. "J'ai voté pour un des trois candidats", avait-il déclaré sans plus de précision."Si je ne l'ai pas fait plusieurs jours avant, je ne vais pas le faire alors que le vote est en train de se dérouler", avait-t-il ajouté. § Philippe de Villiers, président du MPF, a qualifié, mardi 21 novembre, de "machination politique" la mise en examen de l'un de ses fils, Guillaume de Villiers, sur plainte d'un autre de ses enfants, Laurent. § P hilippe de Villiers, président du MPF, a qualifié, mardi 21 novembre, de "machination politique" la mise en examen de l'un de ses fils, Guillaume de Villiers, sur plainte d'un autre de ses enfants, Laurent. "Je demande au premier ministre de déclencher une enquête de la police des polices, qu'on sache ce qui s'est passé", a déclaré le candidat à la présidentielle. Il a affirmé qu'à travers cette plainte, "la cible n'est pas Guillaume de Villiers, mais son père (...) En pleine campagne, on a essayé de manipuler un jeune homme fragile pour atteindre un candidat". Le fils aîné de M. de Villiers, a été mis en examen le 17 novembre par une juge d'instruction du tribunal de Versailles pour "agressions sexuelles et viols sur mineur", en l'occurrence son frère cadet Laurent, âgé de 22 ans aujourd'hui. L'aîné des sept enfants du député, consultant en développement international, marié et père de trois enfants, a été laissé libre. Laurent de Villiers s'était confié à la brigade des mineurs de Paris, le 30 octobre. Le dossier avait été transmis au parquet de Versailles. La mise en examen intervient après une confrontation entre les deux hommes et une expertise psychiatrique. Les faits se seraient déroulés pendant une période de deux ans et ne seraient pas prescrits. Laurent était alors âgé de 10 (à 12 ans), son frère aîné avait, lui, entre 16 (et 18 ans). L'avocat de Guillaume de Villiers, Me Alexandre Varaut, a déposé une plainte, mardi 21 novembre, pour "dénonciation calomnieuse". "Laurent de Villiers était déjà connu des services judiciaires pour être un fabulateur", a-t-il indiqué. "Il a eu beaucoup d'occasions pour révéler ces faits. Pourquoi le fait-il maintenant ? Le calendrier n'est pas anodin", s'est-il interrogé. Me Jean-Marc Fedida, l'avocat du plaignant, s'est pour sa part demandé ce qui "poussait Philippe de Villiers à rendre publique une affaire qui aurait dû rester secrète". § Jean-Marie Le Pen repart à l'offensive sur la question des 500 parrainages d'élus nécessaires pour valider une candidature à l'élection présidentielle. § J ean-Marie Le Pen repart à l'offensive sur la question des 500 parrainages d'élus nécessaires pour valider une candidature à l'élection présidentielle. "Une véritable conspiration des oligarques lie entre eux les partis installés et (le Conseil constitutionnel) pour empêcher le candidat de l'opposition nationale d'être présent lors de ce scrutin majeur", a lancé le président du Front national (FN) au cours d'une conférence de presse à Staint-Cloud, mercredi 22 novembre. Son courroux concerne la probable réduction du nombre de jours fixés pour collecter les signatures et la publication du nom des personnes accordant leur paraphe. En 2002, les formulaires de parrainages avaient été envoyés aux élus concernés (maires, conseillers généraux et régionaux, parlementaires) le 26 février, et la date limite de leur dépôt au Conseil constitutionnel avait été fixé au 2 avril à minuit. Pour 2007, le Conseil explique sur son site internet que le temps de recueil des signatures "couvrira la première quinzaine de mars, si, comme il est souhaitable, le décret de convocation est publié au tout début du mois de mars prochain". La date limite de dépôt des formulaires fixée par le conseil des ministres du 24 octobre est le vendredi 16 mars à minuit. Si le gouvernement décide, comme il est probable, de suivre le Conseil constitutionnel, le délai de recueil des parrainages passera donc de 36 à 16 jours. Une mesure qui, selon M. Le Pen, "impose (rait) une véritable course contre la montre aux petits candidats (...) qui ne disposent pas des grands réseaux d'élus". "La plupart des grands leaders politiques, paniqués par ma progression dans les intentions de vote, souhaitent officiellement que je n'ai pas mes signatures", accuse le président du FN. Il parle "de manoeuvres secrètes" entre ses adversaires politiques et le Conseil constitutionnel où, affirme-t-il, siègent des personnes qui ont été nommées "en raison de leur hostilité revendiquée à Le Pen". M. Le Pen dénonce également la disposition législative qui impose la publication du nom de 500 parrains. Celle-ci, dit-il, "aboutit à des pressions politiques ou physiques qui dissuadent les maires de signer, particulièrement pour Le Pen, candidat diabolisé par l'oligarchie en place". LETTRE À M. DE VILLEPIN Prenant au mot le Premier ministre, Dominique de Villepin, qui a déclaré le 10 novembre qu'il "pens (ait) que dans la vie d'un grand pays démocratique comme la France, il est important que tous ceux qui expriment une opinion et qui trouvent un écho dans la vie de notre pays puissent se présenter à l'élection présidentielle", il lui a adressé une lettre pour lui demander de revenir sur cette publication du nom des parrains. "Il est tout à fait temps pour modifier la loi, en supprimant la publication et en confiant à un groupe indépendant de hauts magistrats le contrôle de la sincérité des parrainages", écrit-il dans sa missive transmise à la presse. "Nul ne comprendrait en effet, en France et à l'étranger, que le candidat de l'opposition nationale, présent au deuxième tour en 2002, en puisse pas se présenter au suffrage des électeurs en 2007", plaide-t-il. Une nouvelle fois interrogé sur le nombre de promesses de parrainages qu'il aurait déjà recueilli, M. Le Pen est resté énigmatique, se déclarant "confiant". Selon son entourage il aurait déjà 450 engagements, dont 157 conseillers régionaux et maires de petites communes adhérents du FN ou sympathisants. § Dans un entretien au "Monde", le candidat de la LCR à la présidentielle, Olivier Besancenot, estime que "la rengaine du vote utile sera le seul vrai programme du PS". § O ù en êtes-vous avec vos parrainages ? Selon notre dernier décompte, on en a 300. Je pense que nous parviendrons à avoir le nombre requis. Ce sera compliqué mais jouable. Le PS a désigné Ségolène Royal comme candidate. Cela change-t-il le paysage pour 2007 ? Cela donne un visage nouveau au PS par rapport à celui des éléphants, mais ce n'est pas un changement politique. Mme Royal défend des idées et un programme fait par et pour ces mêmes éléphants. Même avec sa musique particulière, elle reste dans la continuité de l'orientation socialiste et l'alternance qui dure depuis trente ans. Les militants socialistes risquent de se réveiller avec la gueule de bois. Le réflexe du vote utile ne va-t-il pas peser sur la campagne ? Comment allez-vous justifier votre candidature ? La rengaine du vote utile sera le seul vrai programme du PS. Il n'aura pas besoin de s'étendre sur ses propositions, il va s'amuser à culpabiliser l'ensemble des électeurs de gauche. Je le dis depuis le début, entre huit ou neuf candidats à gauche, comme en 2002, et un seul, il doit y avoir un juste milieu. Je n'empêche pas la gauche plurielle, qui semble se reconstituer, de présenter une seule candidature si elle en a envie. Mais, moi, je n'étais pas dans la gauche plurielle numéro un , je ne serai pas dans la gauche plurielle numéro deux . Je milite pour rassembler les candidatures, pas à la gauche du PS, mais à la gauche de l'ex-gauche plurielle. Il y a justement une tentative de rassemblement pour une candidature unitaire. Pourquoi ne voulez-vous pas, avec votre popularité, être le candidat de cette gauche du non ? Personnellement, cela ne me déplairait pas. Mais, étant le porte-parole d'un petit parti politique, je pense que je ne suis pas le mieux placé pour fédérer tout le monde. Je n'ai d'ailleurs jamais postulé. Je ne suis pas le candidat unique de la gauche radicale mais uniquement celui de la LCR. Mais, je ne me sens pas isolé. Pourquoi la LCR s'est-elle retirée de ce rassemblement ? Les discussions continuent, mais je ne me vois plus participer à des tribunes où on ne tire pas clairement les conséquences de ce que nous avons revendiqué ensemble le 29 mai : ne pas refaire la gauche plurielle numéro deux ; refuser de participer ou de soutenir un gouvernement socialiste. On connaît le programme du PS et sa candidate. La question est simple : fait-on croire, comme le fait le PCF, qu'on peut convertir Mme Royal à l'antilibéralisme ? Ma réponse est non. Pour le moment, vous considérez donc que cette candidature unitaire n'offre pas assez de garanties malgré ses proclamations d'indépendance ? Il y a deux lectures différentes de la stratégie de la candidature unitaire. La lecture du PCF n'est pas la même que celle des militants des collectifs. Quand la direction communiste a refusé un accord unitaire, lors de la municipale partielle, à Bordeaux, et s'est présentée, dès le premier tour, avec le PS, ce n'était pas une bavure locale. Elle a répondu à sa manière à nos exigences. De même lorsque Marie-George Buffet dit, lundi, que la candidature unitaire ne sera pas celle de la gauche de la gauche. Je ne veux plus servir de caution à une unité de façade où on fait comme si on était tous d'accord et où on s'engueule dans les coulisses sur le nom de celui ou celle qui pourra incarner la candidature. Vous ne croyez donc pas aux engagements de Mme Buffet de ne pas rééditer l'expérience de la gauche plurielle ? Je ne fais de procès d'intention à personne. Mais tirons-en alors les conséquences en excluant qu'on puisse convertir le PS à l'antilibéralisme et former avec lui un vaste gouvernement. Vous pensez appeler à voter Mme Royal au second tour ? Je ne donnerai de consigne de vote qu'après le premier tour. Sachant que la LCR n'a jamais fait la politique du pire et que notre adversaire dans cette campagne c'est la droite. Personnellement, il y a eu des moments où j'ai voté à gauche au second tour ; d'autres fois, je ne l'ai pas fait : cela dépend aussi de ce qui peut être dit lors de la campagne. Vouloir battre Sarkozy, c'est une chose absolument légitime, mais donner un chèque en blanc au PS, c'en est une autre. N'allez-vous pas pâtir d'une concurrence entre Arlette Laguiller et une possible candidature unique ? L'espoir né pendant la campagne du non au référendum ne doit pas se terminer dans une "concurrence libre et non faussée", où les électeurs auraient le choix entre des bulletins de vote Laguiller, Bové, Buffet, Besancenot, etc. L'unité n'est pas contradictoire avec l'indépendance à l'égard du PS et du pouvoir tel qu'il existe actuellement. On ne me fera pas taire avec une circonscription ou un strapontin ministériel. Si vous n'avez pas vos signatures, êtes-vous prêt à appeler à voter pour Mme Laguiller ou Mme Buffet ? Je ne l'envisage même pas ! On fera tout pour avoir nos parrainages. § La majorité des blogs participant à la plate-forme de l'UMP soutiennent sans réserve le ministre de l'intérieur. En marge des canaux officiels du parti, les partisans de Michèle Alliot-Marie s'organisent. § N icolas Sarkozy n'est pas seulement le favori des sympathisants UMP pour l'investiture à la présidentielle. A l'image de sa domination sur l'appareil de l'UMP, le ministre de l'intérieur est déjà le candidat des blogueurs de son parti. Dans l'annuaire des blogs UMP, une recherche "Sarkozy" donne plus de 80 résultats, alors que les requêtes "Alliot-Marie" et "Villepin" n'en donnent que deux pour chacun d'entre eux. Et pour cause. Les blogueurs hébergés par l'UMP, qu'ils soient militants, cadres, ou élus du parti, sont déjà intégrés à la machine éléctorale de Nicolas Sarkozy. Lors du lancement de la plate-forme de blogs de l'UMP, Thierry Solère, responsable de la stratégie Internet du parti, lui-même maire adjoint de Boulogne-Billancourt et blogueur, expliquait que cette plate-forme serait un moyen d'approfondir le soutien à Nicolas Sarkozy. "Nous n'avons qu'un seul candidat, même s'il ne s'est pas encore déclaré officiellement ! (...) Il est probable que le blog de l'UMP deviendra celui de Nicolas Sarkozy", détaillait-il au Figaro en août 2006. UNE CAMPAGNE À LA MARGE La prédominance de Nicolas Sarkozy s'explique aussi par la présence de nombreux blogs de Jeunes Populaires, très majoritairement engagés dans le soutien au président de l'UMP. Et par le soutien affiché de certains blogs influents, comme celui de Loïc Le Meur, qui participe au comité Internet du parti, sans en être adhérent. Dans la blogosphère UMP, la candidature de Nicolas Sarkozy semble à ce point acquise que les débats sur la désignation du candidat sont pratiquement absents. Les élus proches du ministre de l'intérieur ne relaient pas les prises de position de Michèle Alliot-Marie et les petites phrases de Dominique de Villepin. Seul Alain Lambert, ancien ministre du budget, sonne la charge contre la ministre de la défense, estimant que "c'est elle, et elle seule, qui s'est mise l'auditoire à dos, et personne d'autre", lors du conseil national de l'UMP le 16 novembre. Les militants et les sections se contentent souvent, eux, d'afficher leur soutien au président du parti. C'est donc en marge des blogs "officiels" de l'UMP que les partisans de "MAM" doivent mener leur campagne. Des sections locales qui expriment leur soutien créent des blogs sur des plates-formes distinctes de celle du parti. Paris14avecMAM, leCantalavecMAM, ou encore LyonpourMAM reprennent les argumentaires de la rivale de Nicolas Sarkozy sur le processus de désignation du candidat, sur la discrimination positive ou sur la "rupture" proposée par le président de l'UMP. L'apparition d'une série de blogs de soutien à MAM ces dernières semaines semble peu spontanée, mais pourrait inquiéter à terme le président de l'UMP. Pour preuve : le mot-clé "Alliot-Marie" dans Google a déjà été acheté par l'UMP et la publicité appelle à soutenir... Nicolas Sarkozy. § Nicolas Sarkozy souhaite se concilier la ministre de la défense tout en rejetant le premier ministre dans le camp des diviseurs. § L e ministre de l'intérieur cherche à diviser le front anti-Sarkozy au sein de l'UMP. Alors que Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin entretiennent le mystère sur leur possible candidature, il souhaite se concilier la ministre de la défense tout en rejetant le premier ministre dans le camp des diviseurs. Une opération menée en deux temps. Houspillée par le président de l'UMP et sifflée par une partie des cadres jeudi 16 novembre pour avoir critiqué le programme législatif du parti, Mme Alliot-Marie a vu revenir à elle un Nicolas Sarkozy mieux disposé. Conscient de s'être montré ce jour-là un brin "macho" - alors que dans le même temps le PS choisissait une femme pour porter ses couleurs - le probable candidat a invité sa rivale à le rencontrer mercredi 22 novembre, suite à la lettre qu'elle lui a fait parvenir. La ministre de la défense s'y plaignait amèrement de l'absence de débat dans le parti. Il a également consenti, devant les députés UMP, à repousser "jusqu'à la dernière minute" la date du dépôt des candidatures UMP à la présidentielle. Une question qui devait être discutée mercredi lors d'un bureau politique ainsi que les modalités de la campagne interne. Officieusement ouverte le 23 novembre et close le 5 décembre, cette période obligeait la ministre de la défense à inscrire sa démarche hors du parti. Mme Alliot-Marie ayant toujours affirmé qu'elle se déciderait "début janvier". En repoussant la date plafond, M. Sarkozy permet à l'ancienne présidente du RPR, qui ne souhaite pas rompre ses liens avec les militants, de se caler dans le calendrier de l'UMP, quoi qu'elle décide. Dans l'entourage de M. Sarkozy, on estimait "à fin décembre, début janvier" l'ultime limite de dépôt d'une candidature. M. de Villepin n'a pas eu droit à autant d'égards. Lors de la réunion du bureau du groupe mardi matin, à laquelle n'assistait pas le premier ministre, des députés ont vivement condamné ses propos, dimanche sur France 5 ("Rien n'est joué") et ceux du ministre de la recherche Jean-François Goulard, le lendemain dans Le Parisien ("le programme de l'UMP est un programme attrape-tout"). "Je conseille aux ministres de réserver leur flèches aux socialistes et non à notre projet", a d'emblée attaqué Bernard Deflesselles, député des Bouches-du-Rhône. "Il y une quinzaine de trublions qui veulent tuer Sarkozy, a renchéri Henri Cugnenc (Hérault), mais nous sommes trois cent à vouloir le soutenir". Expliquant que la "confiance n'existe plus", certains élus ont carrément menacé de ne pas voter le budget. De son côté, le ministre de l'intérieur a expliqué que la "primaire" au sein de son parti avait lieu "depuis plus de deux ans", en référence aux embûches dont il estime avoir triomphé. Devant ce risque d'embrasement, le président du groupe UMP, Bernard Accoyer, a joué les démineurs : "laissez-moi le temps de tenter une conciliation", a-t-il lancé à ses troupes en tentant d'organiser une réunion "rapide" entre le premier ministre, le président de l'UMP et la ministre de la défense. "C'est Accoyer qui verra le premier ministre", a fait savoir le président de l'UMP, enterrant de facto le projet de ce sommet. Selon Le Figaro du 22 novembre, Jacques Chirac en personne était intervenu dans la matiné pour ramener le calme entre les belligérants en recevant successivement Mme Alliot-Marie et M. Sarkozy. Indifférents aux efforts tactiques de M. Sarkozy, les partisans du premier ministre s'en tiennent à leur credo : la présidentielle se jouera en mars, et pas avant. Leur tactique : délégitimer le processus de désignation du "candidat autoproclamé de l'UMP". Jean-Pierre Grand, député de l'Hérault, explique que "Dominique de Villepin, est un homme politique neuf, à qui on doit laisser le temps de faire passer ses idées". "Il faut faire comprendre à l'opinion publique que Villepin est disponible pour être candidat", renchérit Hervé Mariton (Drôme). Georges Tron (Essonne) ajoute ce distinguo : "Le calendrier du parti n'est pas celui de la présidentielle." Du coup le premier ministre ne devait pas assister au bureau politique de l'UMP. Echaudés par celui de décembre 2005, où ils avaient imprudemment approuvé la procédure qu'ils dénoncent aujourd'hui, le premier ministre et ses proches veulent "banaliser" cet événement pour ne pas se lier à la décision qui en sortira... Jusqu'où durera cette tension alors que les éléphants du Parti socialiste se rangent sans barguigner derrière Ségolène Royal ? "Jusqu'à la défaite", risque avec un sourire ironique, Dominique Paillé (Deux-Sèvres). Tandis qu'Eric Woerth (Oise) tente de ramener les élus à la raison : "Sarkozy c'est la meilleure machine à gagner qu'on ait eu depuis longtemps, il ne faut pas l'abîmer."Un avertissement tardif. § L'intégralité du débat avec Philippe Ridet, journaliste au "Monde", mercredi 22 novembre 2006. § O ups : Cette rivalité entre MAM, Villepin et Sarkozy peut-elle vraiment avoir des conséquences, si l'on regarde le dernier sondage auprès des sympathisants UMP qui montre que 77 % d'entre eux sont favorables à une candidature Sarkozy ? Philippe Ridet : Oui, elle peut avoir des conséquences, et elle en aura. La première d'entre elles, c'est qu'elle fait apparaître que Nicolas Sarkozy n'est pas parvenu à rassembler tout son camp derrière lui, comme il s'y était engagé. Toutefois, les stratégies de Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin ne sont pas liées. Elles sont concurrentes. Mme Alliot-Marie souhaite inscrire sa candidature dans le processus mis en place par l'UMP, alors que Dominique de Villepin cherche à s'en affranchir. Cette rivalité à l'intérieur de l'opposition à Nicolas Sarkozy peut permettre à ce dernier de jouer l'une contre l'autre. Francis : Comme dans tous les partis, les querelles d'hommes font rage. Mais si l'on sent au PS des sensibilités largement différentes, peut-on en dire autant à l'UMP, ou a-t-on seulement un vrai combat de chefs auquel la droite nous a longtemps habitués ? Philippe Ridet : L'UMP n'est pas parvenue et n'a pas souhaité organiser, comme au PS, des courants en son sein. Alain Juppé, lorsqu'il a pris la présidence du parti, s'y est opposé, tout comme les principaux ténors de la droite. Dans ces conditions, il est normal que la lutte des hommes et des femmes l'emporte sur le débat d'idées. Mais derrière ces hommes et ces femmes se font jour des oppositions réelles en termes idéologiques. Mme Alliot-Marie et M. de Villepin veulent incarner une continuité gaulliste et chiraquienne, basée sur un Etat régulateur, alors que M. Sarkozy veut rompre avec la politique menée depuis plusieurs années par les gouvernements successifs. Il souhaite pour sa part un Etat réduit à ses fonctions essentielles (sécurité, défense, etc.) et laisser un champ plus libre à l'économie. Laurent_R : N'est-il pas évident que Jacques Chirac ne rêve que d'être réélu et de se représenter, comme sa femme l'a récemment laissé entendre ? Dans ces conditions, pourquoi sa candidature est-elle si peu évoquée par les médias et pourquoi, par exemple, n'y a-t-il pas eu de sondage avec l'hypothèse de Chirac au premier tour ? Philippe Ridet : Que Chirac en rêve, c'est fort possible. La perspective de quitter le pouvoir est toujours un crève-cur pour ceux qui l'ont exercé, quel que soit leur niveau. Les confidences de Mme Chirac au Nouvel Observateur sont, selon moi, une manière pour l'épouse du chef de l'Etat de rappeler que l'heure du partage des dépouilles n'est pas encore venue. Ce rappel s'adresse aussi bien à M. Sarkozy qu'à M. de Villepin ou à Mme Alliot-Marie. Elle entend ainsi préserver la fin de mandat de son mari et retarder le plus longtemps possible le bilan de son action. La candidature de M. Chirac a bien été évoquée dans les médias, contrairement à ce que vous suggérez. Il est vrai que très peu d'observateurs privilégient l'hypothèse d'une nouvelle candidature. Pour l'instant, M. Chirac n'a pas d'espace politique pour se représenter. J'ajoute que son nom a été testé dans certains sondages. Le plus spectaculaire d'entre eux lui donnait il y a quelques semaines 2 % d'intentions de vote. Judex : Les "petits candidats", comme Nicolas Dupont-Aignan, auront-ils leur place dans ce débat ? Philippe Ridet : Le problème des petits candidats, pour l'instant, n'est pas d'avoir une place dans le débat, mais d'obtenir les parrainages nécessaires à leur candidature. Je ne suis pas sûr à l'heure actuelle que M. Dupont-Aignan puisse se présenter. Ensuite, il pourra disposer durant la campagne officielle du même temps de parole que ses concurrents. Gilla : Chirac et Villepin cherchent-ils la défaite de Sarkozy en 2007, pour avoir leurs chances en 2012 ? Fregono : Ne pensez-vous pas que la perspective d'un autre candidat à l'UMP au nom des idées gaullistes est en fait la démonstration du "tout sauf Sarkozy" et que certains ont choisi de faire gagner Ségolène Royal en 2007 pour gagner en 2012 avec Alain Juppé ? Philippe Ridet : Ce genre de scénario a toujours existé en politique, à droite comme à gauche. L'homme politique étant par nature optimiste, il a tendance à reporter sur des échéances futures les projets qu'il ne peut pas réaliser dans l'instant. Parier sur l'échec de Sarkozy est toutefois très aléatoire. Si Jacques Chirac devait encourager ou militer pour une victoire de Ségolène Royal, il affaiblirait considérablement son image à droite et teinterait son bilan d'un soupçon de trahison. M. de Villepin ne peut non plus s'inscrire dans cette stratégie. En 2012, quel que soit le candidat élu en 2007, il y a fort à parier qu'il ne pèsera pas grand-chose. Le premier ministre, en effet, n'est pas élu, n'a pas de réseau de militants, n'a pas de relais chez les députés : trois conditions indispensables pour se présenter à une élection. Le "tout sauf Sarkozy", néanmoins, est une tentation qui existe à droite, mais pour qu'il y ait un "tout sauf Sarkozy" efficace, il faudrait qu'une autre candidature au sein de l'UMP s'impose, car le "tout sauf Sarkozy", aujourd'hui, conduirait à coup sûr à la victoire de la gauche. Qui, à droite, peut vraiment prendre ce risque ? Sarkolas : Dominique de Villepin n'a-t-il pas été trop "grillé" par le CPE ou Clearstream pour faire une sérieuse concurrence à Nicolas Sarkozy ? Philippe Ridet : Oui, c'est exact. Je citerais le CPE avant Clearstream, car son implication dans cette affaire n'est pas à ce jour prouvée. Les tensions surgies au sein de la majorité au moment du contrat premières embauches ont laissé des traces. A ce moment-là, M. de Villepin jouissait encore d'une réputation de volontarisme et d'ambition réformatrice. Il pouvait apparaître comme une alternative à M. Sarkozy. Mais à trop vouloir déborder le ministre de l'intérieur sur le terrain des réformes libérales, il s'est à ce moment-là grillé durablement auprès des élus, qui ne voulaient pas risquer leur siège dans ce combat, et probablement aussi auprès de Jacques Chirac, qui ne souhaitait pas ternir son bilan par un face-à-face avec la jeunesse. Marc : MAM croit-elle vraiment en ses chances de convaincre et de l'emporter face à Sarkozy ? Ou poursuit-elle une simple démonstration que ce dernier n'est pas capable de rassembler l'ensemble de l'UMP, comme il l'avait promis ? § Philippe de Villiers, candidat à la présidentielle, s'est exprimé à propos de la plainte pour viol déposée par un de ses fils contre son frère aîné, mardi 21 novembre. § § Le présentateur écologiste déclare "ne pas être programmé pour faire de la politique" et avoir "tout à perdre dans cette histoire". L'UMP lui propose un "super-ministère du développement durable", tandis que les Verts lui demandent de se rallier à leur cause. § C 'est décidément l'homme du moment, même s'il n'a pas déclaré sa candidature. Nicolas Hulot indique qu'il annoncera "au plus tard dans les premiers jours de janvier" sa décision d'être ou non candidat à la présidentielle, mais "croise les doigts pour ne pas y aller", dans un entretien au Parisien-Aujourd'hui en France publié mercredi 22 novembre. "Je ne suis pas programmé pour faire de la politique, j'ai tout à perdre dans cette histoire", déclare l'animateur écologiste. Etre candidat à l'Elysée "n'a jamais été mon objectif" et "si, comme je le souhaite, les offres sont conséquentes, je m'en tiendrai là. Mais, si les cases restent vides, alors j'irai", a-t-il précisé. Dans le cas où il serait candidat, Nicolas Hulot envisage de faire appel pour sa campagne au "patron du Musée de l'air, Gérard Feldzer", "l'homme qui avait animé la campagne de Coluche en 1981". "L'analogie avec la candidature de Coluche, c'est d'être atypique par rapport aux codes habituels du jeu politique", fait-il valoir. Il précise ne pas vouloir "engager les gens de la Fondation Nicolas Hulot" dans cette démarche "personnelle". "SUPER-MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE" Nicolas Sarkozy a proposé à Nicolas Hulot un "super-ministère du développement durable" ayant des compétences dans les transports, le logement, l'équipement et l'énergie, révèle, mercredi 22 novembre, Le Parisien. "Nous ne lui proposons pas un poste de vice-premier ministre vide et sans pouvoir", explique au quotidien Nathalie Kosciusco-Morizet, responsable des questions d'écologie au sein de l'UMP. Pendant la campagne pour l'investiture présidentielle socialiste, Laurent Fabius avait offert à Nicolas Hulot, par médias interposés, le poste de vice-premier ministre chargé de l'environnement dans un éventuel gouvernement socialiste. Selon Nathalie Kosciusco-Morizet, le poste proposé par le président de l'UMP et probable candidat à la présidentielle "aurait un levier formidable sur tous les grands corps d'Etat". La députée de l'Essonne avait déjà tenté en 2002 et 2004 de convaincre Nicolas Hulot d'accepter un portefeuille ministériel. Le futur "super-ministre" aurait notamment le pouvoir sur la direction départementale de l'équipement et la direction régionale de l'industrie et de la recherche, selon Le Parisien. Nicolas Sarkozy a écrit à l'ancien animateur de télévision pour lui dire qu'il adhérait aux cinq principales propositions de son "pacte écologique", précise le journal. Nicolas Hulot est naturellement courtisé aussi par les Verts. Dans une tribune publiée dans Libération du 22 novembre, Dominique Voynet l'interpelle : "Nicolas, l'heure est venue : ne soyons pas concurrents mais partenaires, prenons chacun notre part du fardeau, pour construire un monde meilleur, de l'intimité de nos maisons aux assemblées générales de l'OMC !" Le secrétaire national des Verts, Yann Wehrling, a vivement souhaité que Nicolas Hulot adhère aux Verts. "J'aimerais franchement qu'il adhère aux Verts. Je lui dirais 'Bienvenue Nicolas, ne reste pas en dehors du cercle des gens qui travaillent sur ces idées depuis vingt ans'", a-t-il déclaré. § Les élections cantonales, municipales et sénatoriales auront bien lieu en 2008. C'est ce que le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a déclaré jeudi 23 novembre, lors du congrès des maires de France. § L es élections cantonales, municipales et sénatoriales auront bien lieu en 2008. C'est ce que le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy a déclaré jeudi 23 novembre, lors du congrès des maires de France. "Après avoir mûrement réfléchi, j'ai décidé que le calendrier des élections municipales, cantonales et sénatoriales ne serait pas modifié et qu'on en reste au calendrier que nous avions prévu", a affirmé M. Sarkozy. Ces élections auront donc lieu, comme prévu par la loi du 6 décembre 2005, en mars 2008 et les élections sénatoriales en septembre 2008. Le report à 2008 de ces élections locales et sénatoriales avait été décidé en raison d'un calendrier électoral initial qui aurait fait se succéder, chose unique sous la Ve République, cinq scrutins dans la même année 2007, déjà occupée par la présidentielle et les législatives. Remettre les municipales à septembre 2007 avait été réclamé par deux proches de Nicolas Sarkozy, le numéro deux de l'UMP Jean-Claude Gaudin et la future candidate du parti à Paris Françoise de Panafieu, qui souhaitaient ainsi profiter de la dynamique créée par une éventuelle victoire aux élections présidentielle et législatives. Hier, Dominique de Villepin qui ne manque pas une occasion d'exprimer un désaccord avec son ministre de l'intérieur, s'était prononcé en faveur du maintien de ces élections en 2008. M. Sarkozy s'est donc rangé au point de vue du premier ministre sur ce sujet. En revanche, il ne s'est pas privé de défendre, devant les maires, son idée de discrimination positive, une voie que M. de Villepin avait rejetée la veille, la qualifiant de "chemin sans issue". § Entretien avec Edouard Fillias, candidat d'Alternative libérale à l'élection présidentielle.Propos recueillis par Contance Baudry § § La candidate a invité, mercredi, les maires socialistes à lui faire remonter les préoccupations des Français et surtout à l'alerter sur les mots qu'ils emploient pour en parler. § L e dialogue avec le peuple est pour elle, les corvées du parti sont pour lui. Ségolène Royal et François Hollande, la candidate socialiste et le premier secrétaire du PS, se sont croisés, mercredi 22 novembre, au rendez-vous annuel des maires de France, à la Défense, selon un partage des rôles bien précis. M. Jospin souhaite "bonne chance" à la candidate C'est en pratiquant l'art du syllogisme que Lionel Jospin a consenti, mercredi 22 novembre, à apporter son soutien à la candidate choisie par les militants socialistes. "Ségolène Royal a été désignée de façon très nette par les adhérents du PS. Elle est désormais la candidate de tous les socialistes dont je suis", a affirmé l'ancien premier ministre sur son blog. Cette réponse qui "va de soi", selon M. Jospin, s'est fait attendre. Très critique sur le fond et la forme de la campagne interne menée par Mme Royal, l'ancien premier ministre avait expliqué, lors du retrait de sa propre candidature à l'investiture, le 28 septembre, qu'il "ne ferait pas le choix" de cette candidate. "Dans un combat que je sais difficile, je lui souhaite bonne chance. D'une façon ou d'une autre, je m'efforcerai de contribuer à la victoire contre la droite", ajoute M. Jospin sur son blog. Mme Royal s'est dite "très heureuse" de ce soutien "tout à fait précieux". A lui l'accueil et les tapes dans le dos des élus socialistes qu'il faut réconcilier après le vote des militants pour désigner le candidat 2007 ; à elle l'appel au peuple, sans contrainte. Lors d'un déjeuner avec près de 600 maires socialistes, Mme Royal les a incités à lui faire part des préoccupations des Français et surtout des mots qu'ils emploient pour en parler. Elle a tout de suite donné un exemple : "Si je dis "la vie chère" au lieu de "pouvoir d'achat", ce n'est pas un hasard, a-t-elle insisté avant d'expliquer en substance que, "la vie chère", tout le monde comprend ce que cela veut dire, tandis que le "pouvoir d'achat", lui, dépend de statistiques de l'Insee qui s'obstine à le voir en hausse." A l'avenir, les partisans de Mme Royal devront, autre exemple, s'accoutumer à parler de "petites retraites" plutôt que de "pensions modestes" et ainsi de suite. A tous, la candidate a demandé de s'impliquer dans les forums participatifs sur les thèmes qu'elle avait énoncés la veille sur TF1 : l'éducation, l'"ordre juste" et la sécurité, la "vie chère" et l'environnement. Chacun est prié ensuite de lui envoyer des notes sur ce qu'il voit et entend jusqu'à la mi-janvier - période qui marquera la fin de la "phase d'écoute" de la candidate. Selon l'un des participants, Mme Royal compte en effet disposer de projets de loi préparés et quasiment prêts à l'emploi "dans les semaines" qui suivraient son accession à l'Elysée, en cas de victoire. Flattés de se trouver au centre du dispositif, la plupart des maires se sont déclarés satisfaits de leur feuille de route, qui précède celle qui sera confiée aux présidents de région socialistes jeudi. Mais quelques-uns confiaient aussi leur perplexité. "Incontestablement, elle a une vraie sensibilité populaire mais de là à dire que les gens ne comprennent pas "pouvoir d'achat"... Je suis un peu surpris par sa recherche de vocabulaire, ça me paraît très simplificateur", témoigne, dubitatif, le maire anonyme d'une ville moyenne. INFLEXIBLE Selon Patrick Mennucci, proche de Mme Royal, la candidate socialiste envisage d'aller plus loin et de constituer "un comité de 30 élus de tous niveaux" qui se réunirait "tous les 15 jours pour évaluer la campagne et faire remonter les réactions de la population". Une sorte de "jury citoyen", a assuré M. Mennucci. Ses méthodes bousculent le parti, mais Mme Royal ne compte pas changer quoi que ce soit à sa démarche qui, juge-t-elle, a déjà fait ses preuves dans l'opinion. La candidate peut se montrer inflexible, dure même parfois. Dînant la veille au soir avec son premier cercle de partisans, elle a lancé sèchement à l'un d'entre eux : "Si tu n'as pas le temps de me faire cette note (pour le lendemain), je demanderai à quelqu'un d'autre." Elle l'avait dit : il n'y a pas de pause. § Selon le président de l'UDF, cette déclaration aura "un côté original et personnel". Il devrait être le seul à briguer l'investiture de son parti. § F rançois Bayrou annoncera officiellement sa candidature à la présidentielle "le 2 décembre dans le Béarn", sa région. Selon le président de l'UDF, cette déclaration aura "un côté original et personnel". Il a indiqué qu'elle aurait lieu dans "un lieu moins institutionnel" que celle du 27 novembre 2001, lorsqu'il avait annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2002 au conseil général des Pyrénées-Atlantiques, dont il venait de quitter la présidence. Selon le calendrier arrêté lors du dernier conseil national de l'UDF, les candidats qui souhaitent obtenir le soutien du parti à la présidentielle ont jusqu'au 5 décembre pour se faire connaître. M. Bayrou devrait "a priori" être le seul à demander ce soutien. Interrogé sur une éventuelle candidature du seul ministre UDF au sein du gouvernement, Gilles de Robien, qui conteste sa stratégie anti-UMP, M. Bayrou a répondu qu'il n'y croyait pas. "LA GUERRE EST INSCRITE DANS LES GÈNES DE L'UMP" Les quelque trente-trois mille adhérents de l'UDF voteront par correspondance pour choisir le candidat qu'ils soutiendront. Le résultat doit être annoncé le 20 décembre, mais il n'y aura "pas de congrès", a précisé M. Bayrou. Le président de l'UDF tiendra "sa première réunion de candidature" à Lille, probablement le 14 décembre. Interrogé sur les tensions au sein de l'UMP, M. Bayrou a estimé qu'il s'agissait des "premières escarmouches". "La guerre est inscrite dans les gènes de l'UMP (...) l'enjeu est aujourd'hui la guerre de succession" de M. Chirac, a-t-il déclaré. "Pour moi, l'enjeu ce n'est pas comme à l'UMP droite contre gauche, c'est France contre décomposition." Il a par ailleurs estimé que l'idée de campagne participative de la candidate socialiste Ségolène Royal "trouvera forcément ses limites". "A un moment, les gens attendent une vision de l'avenir qui donne de la consistance, un chemin à suivre", a-t-il affirmé. Si le président de l'UDF n'est pas encore officiellement candidat, il est déjà en campagne. § Après avoir renoncé, en 2001, à son mandat de maire de Redon, Alain Madelin se défait de ses derniers liens avec la politique active. § "V ous n'allez pas écrire mon éloge funèbre ?" Interrogé sur son avenir au téléphone, Alain Madelin choisit la boutade. A 60 ans, il a fait savoir à l'UMP qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat de député UMP dans la 4e circonscription d'Ille-et-Vilaine, où il était élu depuis 1978. Après avoir renoncé, en 2001, à son mandat de maire de Redon, il se défait de ses derniers liens avec la politique active. De toute façon la Bretagne ne l'intéressait plus, comme beaucoup d'autres choses : "Le plaisir que j'ai à figurer sur une photo pour l'inauguration d'une piscine n'est rien au regard de ma liberté, des voyages...". Le voilà donc libre et "heureux", dit-il, de sa nouvelle activité dans les fonds de placement et les investissements financiers. Libre de gagner de l'argent. Libre de critiquer sans calculer. Libre de faire entendre sa différence. Et, déjà, il en profite. Le programme de l'UMP, présenté le 16 novembre, l'a "amusé jusqu'à en pleurer". "La fiscalité écologique, les droits opposables, la préférence communautaire, ce sont, dit-il, des plaisanteries de garçon de bains. Je n'ai rien vu sur la réforme fiscale, rien sur le code du travail. Tout est basé sur la peur de l'immigration et de la mondialisation. Le mot "croissance" est un fantôme. Il n'y a plus qu'en France qu'on imagine que l'Etat peut produire Bill Gates et YouTube." Une pause, et il reprend : "J'ai connu un Sarkozy libéral, c'était il y a vingt ans." L'ancien inspirateur - avec Philippe Séguin - de la campagne de Jacques Chirac en 1995, en arriverait "même à souhaiter un nouveau mandat du chef de l'Etat pour mettre un terme à la démagogie ambiante". "Je dis ça pour rire", insiste-t-il. "JE NE SUIS PAS RACHETABLE" Lui fait-on remarquer que cette campagne n'était pas sans "démagogie", il répond : "Je vous mets au défi de trouver une proposition qui n'était pas tenable. C'est le service après-vente qui n'a pas fonctionné." Une pique, cette fois, à destination d'Alain Juppé, qui le limogea, en août 1995, de son poste de ministre des finances. "On me pardonne mes convictions, assure-t-il. Je ne suis pas rallié ni rachetable." Faussement détaché, il affirme ne plus regretter de ne pas avoir été nommé au secrétariat général de l'Organisation de coopération et de développement économiques. "J'étais suffisamment mainstream pour le job. C'était un formidable "think tank"", dit-il dans ce franglais qui agaçait les politiques et qu'il partage désormais avec les hommes d'affaires de la planète. Candidat malheureux à la présidentielle (3,91 % en 2002), il se refuse de considérer son effacement comme le signe d'un essoufflement des idées libérales. Avant de raccrocher, il lance : "Au fait, Le Monde ne serait pas à vendre par hasard..." § Lors d'un bureau politique du parti majoritaire, Nicolas Sarkozy a accepté de repousser la date limite des dépôts de candidature à l'investiture. § L 'UMP respecte sa propre règle de l'alternance : après une phase de tension entre Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie, c'est une phase d'accalmie qui a commencé mercredi 22 novembre, à l'occasion d'un bureau politique du parti auquel n'assistait pas le premier ministre. Au cours de cette réunion d'une heure trente, le ministre de l'intérieur a accepté d'allonger la période de dépôt de candidature. Celle-ci s'est ouverte le 23 novembre, elle s'achèvera le 31 décembre. Chaque candidat devra recueillir le parrainage de 3 % des 2 400 membres du conseil national. La ministre de la défense, qui avait été reçue auparavant par M. Sarkozy en tête à tête aurait préféré un autre scénario. Elle a défendu l'idée de faire du congrès du 14 janvier - au cours duquel les militants voteront pour "soutenir" le candidat de l'UMP - un "congrès de lancement de campagne interne" qui aurait été suivi d'un autre de désignation en février. Proposition refusée. FORUMS RÉGIONAUX Les membres du bureau politique soucieux d'aboutir à une synthèse ont validé un autre processus. La campagne interne sera émaillée de forums régionaux "pour enrichir le débat" auxquels participeront les candidats. Une manière de reconnaître l'efficacité de la campagne interne des socialistes, après l'avoir critiquée. Chacun a paru y trouver son compte. "Ce qui est important, a expliqué, Mme Alliot-Marie à sa sortie, c'est que nous puissions mettre en place ces forums, qui vont permettre à chacun d'exprimer ses vues". "C'est une bonne nouvelle pour tous les électeurs de la majorité", a renchéri M. Sarkozy, qui devait s'exprimer jeudi sur TF1. C'est aussi une bonne nouvelle pour lui à l'heure où les chiraquo-villepinistes fustigent quotidiennement l'absence de démocratie au sein de l'UMP. C'est aussi une bonne nouvelle pour la ministre de la défense, qui a toujours dit qu'elle se déciderait "début janvier" : Elle ne devra avancer son échéancier que de quelques jours pour respecter la nouvelle règle du jeu. Au cours de cette réunion, plusieurs participants ont appelé les concurrents à "jouer le jeu de l'UMP". L'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a promis "la sévérité pour ceux qui se mettront en dehors des règles du parti". "On ne peut pas tenir des propos de division à l'extérieur", a insisté Antoine Rufenacht, ancien directeur de campagne de Jacques Chirac en 2002. Bernard Accoyer, venu avec un engagement écrit des députés du groupe UMP en faveur du "respect des procédures", s'est employé à charmer Mme Alliot-Marie, dont il a salué "la grande classe". Dans l'entourage du ministre de la défense on insiste sur "la volonté de victoire" qui a animé ce bureau politique, "enfin pour ceux qui étaient là". Une allusion à l'absence du premier ministre, qui recevait mercredi matin M. Sarkozy pour un petit déjeuner. La veille, le premier ministre a une nouvelle fois critiqué son numéro deux devant les maires, dénonçant "le chemin sans issue" de la discrimination positive. Selon un conseiller de Matignon, M. de Villepin souhaite mettre en garde le président de l'UMP : "On n'a pas retrouvé les réponses qu'attendent les Français dans les programmes de l'UMP." § Le président du Front national s'est posé en victime, mercredi 22 novembre, accusant les "grands partis" de vouloir l'empêcher d'obtenir les 500 signatures nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle. § § L'intégralité du débat avec le journaliste et essayiste américain Ted Stanger, jeudi 23 novembre 2006. § R omster : Je me rappelle d'une phrase citée par M. Stanger dans une émission de télévision : "Les Français ont tué Dieu et l'ont remplacé par l'Etat." Cette citation est d'une grande justesse, nous avons des attentes vis-à-vis de l'Etat qui dépassent parfois la raison... Revendiquez-vous toujours cette phrase ? Ted Stanger : Absolument. Même si je ne suis pas sociologue. Mais il suffit de regarder comment les Français adorent leur Etat et attendent tout de lui. En plus, je crois que les administrations ont remplacé les églises d'autrefois, tout simplement, et on va voir un fonctionnaire un peu comme on allait se confesser auprès du prêtre. Bien sûr, c'est une image destinée à provoquer et à faire réfléchir sur une croyance qui est rarement remise en question, celle de penser que l'Etat peut tout faire, comme le Bon Dieu il y a des siècles. CBONN : Afin d'améliorer l'efficacité de la fonction publique, serait-il préférable de supprimer la garantie de l'emploi et d'instaurer la révocabilité des fonctionnaires ? Ted Stanger : Sur ce point, il est certain que j'ai un préjugé en faveur d'une responsabilité absolue pour tout employé, que ce soit dans le public ou dans le privé. C'est ma manière de dire oui. Un fonctionnaire qui n'est pas performant doit risquer le licenciement. J'ai du mal à croire que dans un pays de 62 millions d'âmes, avec des centaines de milliers d'enseignants, il n'y ait pas un seul parmi eux qui ne mérite pas le renvoi. Ce qui arrive rarement, même s'il y a des conseils autorisés à statuer sur le comportement des professeurs. Alyssa : Je suis fonctionnaire et j'aimerais voir une réforme qui permette à ceux qui travaillent, ont de bonnes évaluations annuelles, de gagner plus que les autres, de pouvoir grimper plus facilement dans la hiérarchie. Actuellement, c'est le nivellement par le bas ! Que vous travailliez 35 heures ou 50 heures, le salaire est le même... Ted Stanger : Tout à fait d'accord avec vous. En plus, il y a un grand problème de tassement dans les avancements professionnels dans beaucoup de catégories de fonctionnaires, pour qui il ne reste plus que le titre de maréchal de France. Il faudrait pouvoir, dans un monde juste, récompenser ceux qui travaillent mieux que d'autres. Je ne crois pas à l'égalité dans un cas où une personne est plus performante que ses collègues sur le lieu de travail. Fredo_HKG : Alors, selon vous, le schéma selon lequel, en contrepartie d'une rémunération moindre, un salarié de la fonction publique a la sécurité de l'emploi n'est pas bon ? Ted Stanger : Je ne suis pas révolutionnaire en ce qui concerne la fonction publique et les conditions de travail. Pour ceux qui sont déjà embauchés, l'Etat doit respecter le contrat implicite : emploi à vie et rémunération selon les conditions que l'on connaît. Par contre, pour les futures embauches, la France ferait bien d'instaurer des "contrôles continus" pour tous les fonctionnaires et les rémunérer selon leurs compétences. Platon a dit que chaque homme doit recevoir ce qu'il mérite. C'était sa définition de la justice. Rien n'a changé depuis. Belette_grise : Il n'est pas très correct de critiquer le pays qui vous accueille de la façon dont vous le faites. Mais cela n'est pas très grave. Ce qui est grave c'est que vous ne voyiez pas, comme vos amis libéraux, que là où l'Etat se délite, par exemple en Russie, la situation se détériore encore un peu plus.... Ted Stanger : Bien sûr, on peut toujours dire qu'un étranger en France doit se contenter de vos fromages et de vos vins et fermer sa gueule ! Mais je paie mes impôts, je n'ai pas le droit de vote, et pour ma thérapie personnelle, je dois m'exprimer. Par contre, comparer avec la Russie ou avec l'Amérique ne me semble parfois rien d'autre qu'une manière d'éviter le changement en France. Je regarde la fonction publique ici dans un contexte franco-français, et je suis même plus ambitieux que beaucoup de Français : je voudrais une France dynamique, efficace et performante. En ce moment, le pays et son économie sont plombés par une fonction publique hors normes. Dans le cas de la Russie, il y a bien sûr des dislocations dues à une situation probablement provisoire. Mais je ne prétends absolument pas que le libéralisme apporte une réponse à toute situation. Je suis un libéral de gauche, et je pense que dans bien des cas, la collectivité décide mieux que le marché. Catou : Qu'appelez-vous fonction publique hors normes ? Ted Stanger : Rien que par sa taille, la fonction publique en France empêche l'Etat de dépenser et investir dans des domaines qui sont si importants pour l'avenir de ce pays. Je ne cite qu'un exemple : la recherche scientifique. Je ne sais si vous avez remarqué qu'encore une fois, les Américains ont raflé les prix Nobel de sciences. Avec son niveau d'enseignement pour les mathématiques et autres, la France devrait avoir plus sa part du gâteau et ne pas être reléguée au deuxième plan. La fonction publique vous coûte si cher (73 % du budget de l'Etat hors paiement des intérêts de la dette nationale) que l'Etat est handicapé dans d'autres domaines. Xav69 : Un bac + 8 qui débute en tant qu'enseignant en université gagne 1 500 euros par mois : l'Etat paye-il correctement ses élites ? Ted Stanger : Oui. Parce que vous oubliez que vous avez choisi de payer beaucoup en cotisations sur chaque bulletin de salaire. C'est illusoire de ne regarder que la partie que vous avez dans la poche à la fin du mois. La Sécu, les retraites, la solidarité, tout ça a un prix. Ce serait presque de la mauvaise foi que d'oublier ces dépenses-là, puisque vous les avez choisies en tant qu'électeur et citoyen. § Le Parti radical, dont il est coprésident, "précisera son choix pour la présidentielle à l'occasion d'un congrès extraordinaire qui se tiendra en février 2007", a-t-il indiqué. § L e ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a indiqué qu'il ne serait pas candidat à la candidature UMP en 2007. Jeudi soir, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, qui doit faire connaître ses intentions "la semaine prochaine", avait invité Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo et Michèle Alliot-Marie à se porter candidats. "Je m'en tiens au calendrier fixé par le Parti radical", a affirmé le ministre, également coprésident de cette formation associée à l'UMP. Le Parti radical tiendra un congrès le 16 décembre "pour débattre de la situation du pays" et "définir les lignes de force du contrat républicain", a expliqué M. Borloo. Ce contrat, a-t-il précisé, "sera à négocier avec le candidat soutenu par l'UMP le 14 janvier prochain", lors du congrès de l'UMP au cours duquel les adhérents du parti choisiront leur champion."En fonction des réponses qui seront apportées par le candidat de l'UMP aux questions des radicaux, le Parti radical précisera son choix pour la présidentielle, à l'occasion d'un congrès extraordinaire qui se tiendra en février 2007". Les candidatures à l'investiture UMP en 2007 doivent être déposées d'ici au 31 décembre. Un peu plus tôt dans la journée, Dominique de Villepin avait indiqué qu'il entendait "(s)e concentrer sur (s)a tâche" et "sera à (s)a place comme chef du gouvernement". Pour sa part, la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie a annoncé hier qu'elle se déciderait d'ici au 31 décembre. § Les candidats ou partis en peine de signatures ne manquent pas d'imagination pour séduire les élus locaux et tenter de leur arracher les précieux parrainages. § L es candidats ou partis en peine de signatures ne manquent pas d'imagination pour séduire les élus locaux et tenter de leur arracher les précieux parrainages. Jacques Cheminade, du parti Solidarité et progrès (extrême droite), a installé une chorale à l'entrée du métro pour retenir l'attention des élus venus au congrès l'Association des maires de France, qui s'est tenu à Paris du 21 au 23 novembre. Marine Le Pen (FN) s'est rendue sur place, mercredi 22 novembre. Elle a dû battre en retraite, les journalistes qui se pressaient autour d'elle faisant fuir les maires. Dominique Gissinger, maire de Rosenau (Haut-Rhin), 2 000 habitants, qui se définit "de centre-droit", n'a pas choisi qui elle parrainera. Elle a reçu la visite d'un militant de Lutte ouvrière à son domicile. Courrier postal ou électronique, téléphone... ou porte-à-porte, les membres de LO sont particulièrement actifs. Les maires des petites communes sont un vivier. "Les grands candidats ne s'adressent même pas à nous, constate Gérard Pelletier, président de l'Association des maires ruraux de France. En revanche, les petits candidats n'ont souvent d'autre solution que de solliciter notre parrainage." Pour beaucoup d'élus, la signature reste un sujet tabou. "Beaucoup de maires ont peur que cela se retourne contre eux, estime M. Pelletier. Je pense que les administrés s'en moquent." Colette Roulleaux-Dugage, maire de Rouellé (Orne), 214 habitants, a été vaccinée. "En 2002, j'ai accordé mon parrainage, je ne dirai pas pour qui. J'ai eu des observations. Pourtant, parrainer quelqu'un, cela ne veut pas dire que vous votez pour lui..." D'autres, comme Jean-Pierre Sicre, maire de Merens-les-Vals (Ariège), 180 habitants, font un calcul plus politique. "Eparpiller les voix, c'est une catastrophe. On a vu le résultat en 2002. Je suis au PS. Par conséquent, j'accorderai ma signature à Ségolène." Paul-Antoine Paolantoni, maire de Bisinchi (Corse), 175 habitants l'hiver, 700 l'été, renchérit : "En 2002, j'ai parrainé Taubira. Cette année, j'ai dit non à Chevènement. On ne peut pas multiplier les candidatures." Pour Noëlle Salaun, maire de Serrières-en-Chantagne (Savoie), 1 000 habitants, "il faudrait ne pas rendre publiques les signatures". Ce que Gérard Pelletier rejette : "Cela va contre la transparence républicaine. En plus, au lieu d'avoir 15 candidats, on en aurait 50 !" § Au présentateur du journal de TF1, qui le pressait, jeudi 23 novembre, d'officialiser sa candidature, Nicolas Sarkozy a répondu : "J'ai trop de respect pour votre indépendance pour faire de vous mon porte-parole." § D es cadeaux pour tout le monde sauf pour Ségolène Royal et Patrick Poivre d'Arvor. Au présentateur du journal de TF1, qui le pressait, jeudi 23 novembre, d'officialiser sa candidature, Nicolas Sarkozy a répondu : "J'ai trop de respect pour votre indépendance pour faire de vous mon porte-parole." Cette annonce, a-t-il promis, aura lieu "la semaine prochaine" : "Si je donnais ma réponse aujourd'hui, je ramènerais tout à moi." On ne saurait être plus modeste. Car, pour le président de l'UMP, l'heure est au débat et à la décrispation. Invitant ses "amis Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin", dont il se méfie, à être "candidats" et à "donner le meilleur d'eux-mêmes", il s'est fait rassembleur, promettant que "tous (s'additionneraient) pour gagner". Avec des accents de bateleur, il a proposé aux Français d'adhérer à l'UMP "pour être les acteurs du changement" : "Tous ceux qui nous auront rejoints avant le 31 décembre pourront voter sur le projet et pour le candidat." Premier cadeau. DE SA HOTTE Comme s'il ne doutait pas de leur choix, il a levé le faux suspense de sa candidature pour défier Mme Royal, l'attaquant sur ce qu'il croit son point faible : la politique étrangère. "Le prochain président, a-t-il énuméré, trouvera sur son bureau la question iranienne, celles de l'indépendance du Liban, de la sécurité d'Israël, d'une patrie pour le peuple palestinien et de la construction européenne." Ironique, il a lancé : "On ne va pas passer cinq mois à dire aux Français : "Je n'ai pas d'idées, aidez-moi à en trouver une"." Dans l'après-midi, c'est encore le candidat en campagne qui s'est adressé, à son tour, aux maires de France réunis en congrès. Une autre occasion de faire des cadeaux. Alors que sa rivale socialiste souhaite "de nouveaux transferts de responsabilités", M. Sarkozy leur a garanti une pause dans la décentralisation, accompagnée d'un "bilan financier". Enfin, après M. de Villepin, la veille, il les a assurés que la date des élections municipales resterait fixée à mars 2008, à leur grand soulagement. Surtout, il s'est attaché à désinhiber les élus démarchés par les émissaires des candidats en quête de parrainages, dont ceux du Front national. "Je ne crois pas, leur a-t-il expliqué, que la démocratie soit autre chose que la possibilité donnée à chaque courant de pensée de défendre ses idées, surtout si ce ne sont pas les miennes. On ne gagne pas en empêchant les autres de s'exprimer." Ce qu'il redoute : l'absence de Jean-Marie Le Pen au premier tour, qui pourrait justifier les ambitions d'autres candidats issus de l'UMP, dont celles du premier ministre. Plus tôt, devant les maires d'outre-mer reçus place Beauvau, M. Sarkozy s'était montré pareillement généreux, se prononçant pour la création, dans chacun des quatre DOM (Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion), "d'une zone franche globale". De sa hotte, il a aussi tiré un assouplissement des règles de desserte aérienne à partir de mars 2007, sans en préciser l'ampleur. Enfin, l'aéroport de Fort-de- France (Martinique) prend le nom d'aéroport Aimé-Césaire. Le poète et homme politique martiniquais, qui avait refusé de rencontrer Nicolas Sarkozy en décembre 2005, avant de s'y résoudre quelques mois plus tard, a apprécié : "Cela manifeste une certaine sympathie pour moi, et je l'accepte", a-t-il déclaré, voyant dans cet hommage "un signe d'amitié universelle". § Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a annoncé qu'il n'y aurait pas de changement de calendrier pour les élections cantonales et municipales, lors du congrès des maires de France. § § L'ancien leader paysan abandonne la bataille en mettant en cause le PCF et la LCR qui, selon lui, "ont pris la responsabilité de casser la dynamique unitaire". § J osé Bové tire sa révérence. L'ancien leader paysan a adressé, jeudi 23 novembre, un courrier électronique à l'ensemble des collectifs militant en faveur d'une candidature unitaire de la gauche antilibérale en 2007, leur expliquant qu'il "retirait sa proposition" de candidature. Et se mettait lui-même en retrait du "rassemblement" issu de la campagne contre la Constitution européenne. La missive, dont Le Monde a eu connaissance, est sans équivoque. M. Bové y rappelle qu'il avait annoncé, voici six mois, qu'il était "disponible" pour assumer le rôle de candidat unitaire, afin de "mener une campagne collective" rassemblant toutes les forces de la campagne du non au référendum et qu'il "ne pouvait être question de se ranger derrière le porte-parole" d'un parti. "Six mois plus tard, force est de constater que les forces de la division l'ont provisoirement emporté", constate le leader altermondialiste. Il cite la manière dont le PCF cherche à imposer Marie-George Buffet, "sans lésiner sur les moyens" : création de collectifs "bidons", meetings en solo de la secrétaire nationale, refus de valider un compte rendu de réunion du collectif national d'animation de la campagne, où la majorité des participants rejetaient l'option Buffet, égrène-t-il. Pour preuve encore, la "confirmation" dans un entretien au Monde d'Olivier Besancenot que la LCR lance une campagne autonome en 2007, "préférant se mesurer électoralement au Parti communiste". "Le Parti communiste et la LCR ont pris la responsabilité de casser la dynamique unitaire", assène son courriel. M. Bové s'en prend aussi au collectif national, chargé d'organiser la campagne. A ses yeux, ce dernier s'est révélé incapable de proposer une méthode simple pour le choix du candidat et a trop tardé à dire "l'incompatibilité de la candidature de Mme Buffet" avec une "logique unitaire". "Le processus est aujourd'hui dans une impasse", conclut-il. Voilà des semaines qu'exaspéré, M. Bové menaçait à demi-mot de s'en aller. Les militants des quelque 700 collectifs locaux doivent choisir d'ici à début décembre entre cinq postulants : Clémentine Autain, Patrick Braouezec, Marie-George Buffet, Yves Salesse et lui-même. La méthode proposée du "double consensus" requis - un dans les collectifs et un entre forces politiques - lui a fait craindre un "passage en force du PCF" en faveur de Mme Buffet. M. Bové, qui n'envisageait pas de perdre la bataille de l'investiture, a tenté, ces derniers jours, de faire revenir la majorité de la LCR sur sa décision de partir en solo, en rencontrant discrètement M. Besancenot. Sans succès. Il a également essayé de rallier Clémentine Autain en lui demandant de retirer sa candidature pour mieux contrer l'offensive Buffet. Là, encore en vain. Refusant de "servir d'alibi unitaire" au PCF et de "semer des illusions" dans les collectifs, M. Bové s'en va. "Sous réserve d'événements qui changeraient profondément la situation", précise-t-il sans illusions. Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, "regrette" cette décision. "Nous avons besoin de José Bové comme d'Olivier Besancenot", indique-t-il. "C'est un choix irresponsable. On ne peut pas faire un tour de piste et renoncer au débat avant qu'il n'ait été mené jusqu'au bout", s'agace Christian Picquet, membre de la minorité de la LCR favorable à une candidature unitaire. Mme Autain veut croire que la décision n'est pas irrévocable : "C'est au PCF aujourd'hui de créer les conditions qui permettront de rouvrir le dialogue." § Le succès sans appel de Ségolène Royal au soir du premier tour de la primaire socialiste est-il le signe d'une reconquête de l'électorat populaire ? "Le Figaro" et "Libération" apportent des réponses différentes dans leur édition du 24 novembre. § L e succès sans appel de Ségolène Royal au soir du premier tour de la primaire socialiste est-il le signe d'une reconquête de l'électorat populaire ? Le Figaro et Libération apportent des réponses différentes dans leur édition du 24 novembre. Une étude de l'IFOP pour Le Figaro, montre, comme l'explique Jérôme Fourquet dans les colonnes du quotidien, que Mme Royal "réalise ses meilleurs résultats dans les catégories ouvriers, employés et cadres intermédiaires (...). Chez les cadres, elle tombe à 45 %, au-dessous de sa moyenne nationale. Ce qui fait d'elle une candidate de la France d'en bas". A l'opposé, Emmanuel Todd, démographe et sociologue, dans un entretien au journal Libération, explique que le résultat de cette primaire ne donne aucun signal d'une reconquête de l'électorat populaire. "Comme Jospin en 2002, le vote Royal est surreprésenté dans (...) la France paisible : une France semi-rurale, où les vieilles industries sont absentes et qui ne compte pas beaucoup d'immigrés." Mais selon Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof, il est encore trop tôt pour savoir où se portera le vote populaire. D'après les résultats du dernier Baromètre politique français, le cur de cible de Ségolène Royal reste les couches moyennes intellectuelles (enseignants, travailleurs sociaux...). Selon M. Boy, le côté "autoritaire" du projet de la candidate socialiste serait à même de conquérir l'électorat populaire. En revanche, "le thème de la démocratie participative est leur dernier souci". "Ce sont plutôt les classes intellectuelles qui ont ce désir de participer", précise-t-il. Et jusqu'à présent, "une bonne partie de l'électorat populaire reste encore proche de Jean-Marie Le Pen", conclut-il. § A six mois de l'élection présidentielle, un sondage CSA pour "Le Monde" et i-télé lui accorde 17 % d'intentions de vote. § J ean-Marie Le Pen n'a jamais été aussi haut dans un sondage d'intentions de vote à six mois d'une élection présidentielle : il est à 17 %, selon une enquête réalisée par l'institut CSA pour Le Monde et i-télé, contre 9 % en novembre 2001. Un chiffre équivalent à son score du 21 avril 2002 (16,86 %). Dans ce contexte, les Français se montrent très partagés sur sa présence dans la compétition : 48 % d'entre eux souhaitent qu'il "obtienne les 500 signatures d'élus qui lui permettront de se présenter à l'élection présidentielle" et 47 % ne le souhaitent pas. La gauche est la plus opposée à l'obtention de ces signatures (63 %) ; la droite parlementaire y est favorable à 55 %. Fiche technique Sondage sur "L'attitude des Français à l'égard de la présence de M. Le Pen à la présidentielle et les intentions de vote selon sa présence ou non" réalisé, par téléphone, par CSA pour Le Monde et i-télé, les 21 et 22 novembre, auprès d'un échantillon réprésentatif de 1002 personnes âgées de 18 ans et plus. Les Français sont tiraillés entre une thèse qui voudrait que le président du Front national (FN), qui représente un courant politique non interdit, puisse se présenter et leur envie de ne pas se retrouver en avril 2007 dans une situation analogue à celle de 2002 avec M. Le Pen au second tour. Ainsi, 72 % contre 24 % des personnes sondées sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle : "Quoi qu'on pense de lui et de ses idées, il serait dommage que les électeurs n'aient pas le choix de voter ou non pour M. Le Pen." Et 68 % contre 28 % pensent que "Jean-Marie Le Pen représente une force électorale depuis plusieurs années et à ce titre, il doit pouvoir se présenter à l'élection présidentielle." Mais ils mettent en avant les règles législatives pour trancher la présence ou non du président du FN à la présidentielle : 75 % des personnes interrogées affirment que "la démocratie c'est la règle. Si M. Le Pen ne trouve pas 500 maires ou élus prêts à lui apporter leur signature, il est normal qu'il ne puisse pas se présenter". Les femmes sont beaucoup plus réticentes que les hommes : 56 % ne souhaitent pas qu'il ait ses signatures contre 38 % d'hommes. De même y a-t-il moins de femmes (14 % contre 20 % pour les hommes) à envisager de voter en 2007 pour M. Le Pen. Reste qu'au total, 17 % des Français, en priorité les couches populaires et les retraités, déclarent qu'ils voteront pour lui au premier tour. Un bond de 8 points depuis janvier selon CSA. Deux facteurs ont probablement contribué à cette progression : la situation dans les banlieues, mais aussi, souligne Stéphane Rozès, directeur de l'Institut CSA-Opinion, "la déception d'une partie de la droite sur la gestion de la crise du CPE par le gouvernement". Si M. Le Pen est présent au premier tour, Ségolène Royal arriverait en tête (32 %), devant Nicolas Sarkozy (29 %). La surprise viendrait du report de voix en cas d'absence du président du FN. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, peu d'électeurs de M. Le Pen s'abstiendraient si celui-ci était empêché. Le taux d'abstention passerait seulement de 27 % à 28 %. Selon le sondage CSA, M.Sarkozy profiterait en premier du report de voix (37 %, + 8 points). Il ferait jeu égal avec Mme Royal, qui engrangerait 5 points supplémentaires. Ce sondage laisse penser que le discours de cette dernière sur "l'ordre juste", la "valeur travail" aurait un écho favorable auprès d'une partie de l'électorat populaire. Philippe de Villiers (MPF) passerait de 2 % à 5 % des intentions de vote. Enfin, 43 % des personnes interrogées estiment que M. Le Pen va "perturber la campagne électorale" s'il n'est pas en mesure de se présenter, 49 % étant d'un avis contraire. § Le ministre de l'intérieur a invité, jeudi, sur TF1, "tous ceux qui pensent avoir quelque chose à dire" à se porter candidats à la candidature UMP pour la présidentielle de 2007. Il s'en est ensuite pris à Ségolène Royal. § § Les élections cantonales, municipales et sénatoriales auront bien lieu en 2008. C'est ce que le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a déclaré jeudi 23 novembre, lors du congrès des maires de France. § L es élections cantonales, municipales et sénatoriales auront bien lieu en 2008. C'est ce que le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy a déclaré jeudi 23 novembre, lors du congrès des maires de France. "Après avoir mûrement réfléchi, j'ai décidé que le calendrier des élections municipales, cantonales et sénatoriales ne serait pas modifié et qu'on en reste au calendrier que nous avions prévu", a affirmé M. Sarkozy. Ces élections auront donc lieu, comme prévu par la loi du 6 décembre 2005, en mars 2008 et les élections sénatoriales en septembre 2008. Le report à 2008 de ces élections locales et sénatoriales avait été décidé en raison d'un calendrier électoral initial qui aurait fait se succéder, chose unique sous la Ve République, cinq scrutins dans la même année 2007, déjà occupée par la présidentielle et les législatives. Remettre les municipales à septembre 2007 avait été réclamé par deux proches de Nicolas Sarkozy, le numéro deux de l'UMP Jean-Claude Gaudin et la future candidate du parti à Paris Françoise de Panafieu, qui souhaitaient ainsi profiter de la dynamique créée par une éventuelle victoire aux élections présidentielle et législatives. Hier, Dominique de Villepin qui ne manque pas une occasion d'exprimer un désaccord avec son ministre de l'intérieur, s'était prononcé en faveur du maintien de ces élections en 2008. M. Sarkozy s'est donc rangé au point de vue du premier ministre sur ce sujet. En revanche, il ne s'est pas privé de défendre, devant les maires, son idée de discrimination positive, une voie que M. de Villepin avait rejetée la veille, la qualifiant de "chemin sans issue". § Entretien avec Edouard Fillias, candidat d'Alternative libérale à l'élection présidentielle.Propos recueillis par Constance Baudry § § En visite vendredi dans un centre pour femmes battues à Bondy, en Seine-Saint-Denis, la candidate socialiste a souhaité que "l'Etat reconnaisse cette criminalité comme une criminalité à part entière". § L e pavillon, dans une rue paisible de Bondy (Seine-Saint-Denis), abrite le centre SOS-Femmes 93, membre de la Fédération nationale solidarité femmes, et issu, comme le précise sa présidente, Jo Mercier, "du mouvement féministe des années 1970". C'est là, vendredi 24 novembre, que Ségolène Royal a pris les devants. "Ma première loi, si je suis élue sera une loi contre les violences faites aux femmes", a annoncé la candidate socialiste à la veille de la journée internationale organisée sur ce thème par l'ONU et le Conseil de l'Europe. "Je veux que la loi du silence soit levée et que l'Etat reconnaisse cette criminalité comme une criminalité à part entière", a souligné Mme Royal après avoir rappelé que tous les trois jours en France, une femme est tuée par son conjoint. S'inspirant de l'exemple du gouvernement socialiste espagnol de José Luis Zapatero, Mme Royal a promis une loi-cadre, en reprenant à son compte l'une des revendications exprimées par les responsables présentes sur les "incohérences entre le droit civil et le droit pénal". Les violences faites aux femmes, a-t-elle dit, contiennent "les racines de la délinquance : lorsque la famille devient un champ de bataille, alors tout le reste devient déstructuré". "La société devrait être aussi mobilisée que pour les crimes racistes." La candidate n'a pas attendu son discours d'investiture, devant le congrès du PS réuni à Paris dimanche 26 novembre. Pendant qu'elle se trouvait à Bondy, vendredi, un projet de son intervention a été distribué par erreur aux journalistes sur Internet. Rédigé par le député européen Vincent Peillon, il citait une liste d'illustres socialistes, en totalité masculine - dont François Mitterrand, qui "croyait aux forces de l'esprit". L'équipe de communication de Mme Royal a réagi en envoyant des messages priant de ne "pas tenir compte" de cet envoi prématuré... § "Un premier jet" du discours que doit prononcer la candidate socialiste dimanche lors du congrès organisé pour son investiture a été envoyé par erreur, par mail, à la presse. § "C her(e)s ami(e)s, che(e)s camarades, chacun et chacune d'entre vous peut imaginer l'émotion qui est la mienne aujourd'hui. Le plaisir aussi..." Ce discours, Ségolène Royal devait le prononcer, dimanche 26 novembre, lors de l'investiture du Parti socialiste. Mais, suite à une "malencontreuse" erreur informatique, il a atteri, vendredi en fin d'après-midi, dans les boîtes mail de toutes les rédactions. Le document de treize pages intitulé "Ségolène.doc" a été envoyé par le bureau parlementaire de la candidate présidentielle. Le message original provenait de Vincent Peillon, député européen rallié à la présidente de Poitou-Charentes depuis l'été. L'équipe de Ségolène Royal, qui a construit une partie de sa campagne pour l'investiture socialiste sur Internet, a transmis par la suite deux messages priant les journalistes de ne pas utiliser le texte "qui n'est en aucun cas la version définitive du discours" de dimanche. Le texte reprend les thèmes favoris de la candidate, "ordre juste", "république du respect" et "désir d'avenir" et appelle les socialistes au rassemblement face à la droite après une campagne interne parfois houleuse. Une "erreur malencontreuse" est à l'origine du bug, a expliqué un des membres de l'équipe de la candidate. Un "mauvais copier-coller" a fait atterrir le document sur la "mailing list des agendas" de la candidate, a-t-il assuré. "Elle travaille beaucoup beaucoup ses discours et le premier jet n'est jamais le discours final". Dix jours après avoir été triomphalement élue par les militants socialistes, Ségolène Royal doit être investie dimanche lors d'un congrès commun du PS et du Parti radical de gauche (PRG) à La Mutualité, à Paris. § Le Parti radical, dont il est coprésident, "précisera son choix pour la présidentielle à l'occasion d'un congrès extraordinaire qui se tiendra en février 2007", a-t-il indiqué. § L e ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a indiqué qu'il ne serait pas candidat à la candidature UMP en 2007. Jeudi soir, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, qui doit faire connaître ses intentions "la semaine prochaine", avait invité Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo et Michèle Alliot-Marie à se porter candidats. "Je m'en tiens au calendrier fixé par le Parti radical", a affirmé le ministre, également coprésident de cette formation associée à l'UMP. Le Parti radical tiendra un congrès le 16 décembre "pour débattre de la situation du pays" et "définir les lignes de force du contrat républicain", a expliqué M. Borloo. Ce contrat, a-t-il précisé, "sera à négocier avec le candidat soutenu par l'UMP le 14 janvier prochain", lors du congrès de l'UMP, au cours duquel les adhérents du parti choisiront leur champion."En fonction des réponses qui seront apportées par le candidat de l'UMP aux questions des radicaux, le Parti radical précisera son choix pour la présidentielle, à l'occasion d'un congrès extraordinaire qui se tiendra en février 2007." Les candidatures à l'investiture UMP en 2007 doivent être déposées d'ici au 31 décembre. Un peu plus tôt dans la journée, Dominique de Villepin avait indiqué qu'il entendait "(s)e concentrer sur (s)a tâche" et "sera à (s)a place comme chef du gouvernement". Pour sa part, la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, a annoncé hier qu'elle se déciderait d'ici au 31 décembre. § Pour la sixième fois depuis la fondation du Front national, en 1972, Jean-Marie Le Pen est candidat à l'Elysée. Récit des premiers pas, jusqu'au coup de tonnerre du deuxième tour, le 21 avril 2002. § E t de six. A 78 ans, Jean-Marie Le Pen, président du Front national (FN), démarre sa cinquième campagne présidentielle. Et même la sixième si l'on compte l'élection de 1981 où, n'ayant pas recueilli le nombre de parrainages requis, il n'a pu, malgré une intense campagne, se présenter. Il rêve pour 2007 d'une revanche sur 2002, avec cette fois en face de lui au second tour un candidat de gauche. Un cas de figure qui lui permettrait d'obliger la droite à se déterminer par rapport à lui. Mais - est-ce l'âge ? -, depuis le début de cette campagne, le président du FN ne cesse de revenir sur l'élection présidentielle de 1965. A l'époque, malgré la pression de ses proches, il avait refusé de se présenter et avait poussé la candidature de Jean-Louis Tixier-Vignancour, l'avocat de l'OAS, et notamment du général Raoul Salan. Son idée était de fonder, sur la lancée de la présidentielle, un grand parti. Mais rien n'a marché comme il le pensait. Jean-Louis Tixier-Vignancour a tenté de mettre sur pied un mouvement, mais sans lui. Et Jean-Marie Le Pen a dû attendre sept ans avant de bâtir le Front national. "J'aurais dû me présenter, mais je m'estimais trop jeune", rabâche-t-il. § Les candidats ou partis en peine de signatures ne manquent pas d'imagination pour séduire les élus locaux et tenter de leur arracher les précieux parrainages. § L es candidats ou partis en peine de signatures ne manquent pas d'imagination pour séduire les élus locaux et tenter de leur arracher les précieux parrainages. Jacques Cheminade, du parti Solidarité et progrès (extrême droite), a installé une chorale à l'entrée du métro pour retenir l'attention des élus venus au congrès l'Association des maires de France, qui s'est tenu à Paris du 21 au 23 novembre. Marine Le Pen (FN) s'est rendue sur place, mercredi 22 novembre. Elle a dû battre en retraite, les journalistes qui se pressaient autour d'elle faisant fuir les maires. Dominique Gissinger, maire de Rosenau (Haut-Rhin), 2 000 habitants, qui se définit "de centre-droit", n'a pas choisi qui elle parrainera. Elle a reçu la visite d'un militant de Lutte ouvrière à son domicile. Courrier postal ou électronique, téléphone... ou porte-à-porte, les membres de LO sont particulièrement actifs. Les maires des petites communes sont un vivier. "Les grands candidats ne s'adressent même pas à nous, constate Gérard Pelletier, président de l'Association des maires ruraux de France. En revanche, les petits candidats n'ont souvent d'autre solution que de solliciter notre parrainage." Pour beaucoup d'élus, la signature reste un sujet tabou. "Beaucoup de maires ont peur que cela se retourne contre eux, estime M. Pelletier. Je pense que les administrés s'en moquent." Colette Roulleaux-Dugage, maire de Rouellé (Orne), 214 habitants, a été vaccinée. "En 2002, j'ai accordé mon parrainage, je ne dirai pas pour qui. J'ai eu des observations. Pourtant, parrainer quelqu'un, cela ne veut pas dire que vous votez pour lui..." D'autres, comme Jean-Pierre Sicre, maire de Merens-les-Vals (Ariège), 180 habitants, font un calcul plus politique. "Eparpiller les voix, c'est une catastrophe. On a vu le résultat en 2002. Je suis au PS. Par conséquent, j'accorderai ma signature à Ségolène." Paul-Antoine Paolantoni, maire de Bisinchi (Corse), 175 habitants l'hiver, 700 l'été, renchérit : "En 2002, j'ai parrainé Taubira. Cette année, j'ai dit non à Chevènement. On ne peut pas multiplier les candidatures." Pour Noëlle Salaun, maire de Serrières-en-Chantagne (Savoie), 1 000 habitants, "il faudrait ne pas rendre publiques les signatures". Ce que Gérard Pelletier rejette : "Cela va contre la transparence républicaine. En plus, au lieu d'avoir 15 candidats, on en aurait 50 !" § Au présentateur du journal de TF1, qui le pressait, jeudi 23 novembre, d'officialiser sa candidature, Nicolas Sarkozy a répondu : "J'ai trop de respect pour votre indépendance pour faire de vous mon porte-parole." § D es cadeaux pour tout le monde sauf pour Ségolène Royal et Patrick Poivre d'Arvor. Au présentateur du journal de TF1, qui le pressait, jeudi 23 novembre, d'officialiser sa candidature, Nicolas Sarkozy a répondu : "J'ai trop de respect pour votre indépendance pour faire de vous mon porte-parole." Cette annonce, a-t-il promis, aura lieu "la semaine prochaine" : "Si je donnais ma réponse aujourd'hui, je ramènerais tout à moi." On ne saurait être plus modeste. Car, pour le président de l'UMP, l'heure est au débat et à la décrispation. Invitant ses "amis Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin", dont il se méfie, à être "candidats" et à "donner le meilleur d'eux-mêmes", il s'est fait rassembleur, promettant que "tous (s'additionneraient) pour gagner". Avec des accents de bateleur, il a proposé aux Français d'adhérer à l'UMP "pour être les acteurs du changement" : "Tous ceux qui nous auront rejoints avant le 31 décembre pourront voter sur le projet et pour le candidat." Premier cadeau. DE SA HOTTE Comme s'il ne doutait pas de leur choix, il a levé le faux suspense de sa candidature pour défier Mme Royal, l'attaquant sur ce qu'il croit son point faible : la politique étrangère. "Le prochain président, a-t-il énuméré, trouvera sur son bureau la question iranienne, celles de l'indépendance du Liban, de la sécurité d'Israël, d'une patrie pour le peuple palestinien et de la construction européenne." Ironique, il a lancé : "On ne va pas passer cinq mois à dire aux Français : "Je n'ai pas d'idées, aidez-moi à en trouver une"." Dans l'après-midi, c'est encore le candidat en campagne qui s'est adressé, à son tour, aux maires de France réunis en congrès. Une autre occasion de faire des cadeaux. Alors que sa rivale socialiste souhaite "de nouveaux transferts de responsabilités", M. Sarkozy leur a garanti une pause dans la décentralisation, accompagnée d'un "bilan financier". Enfin, après M. de Villepin, la veille, il les a assurés que la date des élections municipales resterait fixée à mars 2008, à leur grand soulagement. Surtout, il s'est attaché à désinhiber les élus démarchés par les émissaires des candidats en quête de parrainages, dont ceux du Front national. "Je ne crois pas, leur a-t-il expliqué, que la démocratie soit autre chose que la possibilité donnée à chaque courant de pensée de défendre ses idées, surtout si ce ne sont pas les miennes. On ne gagne pas en empêchant les autres de s'exprimer." Ce qu'il redoute : l'absence de Jean-Marie Le Pen au premier tour, qui pourrait justifier les ambitions d'autres candidats issus de l'UMP, dont celles du premier ministre. Plus tôt, devant les maires d'outre-mer reçus place Beauvau, M. Sarkozy s'était montré pareillement généreux, se prononçant pour la création, dans chacun des quatre DOM (Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion), "d'une zone franche globale". De sa hotte, il a aussi tiré un assouplissement des règles de desserte aérienne à partir de mars 2007, sans en préciser l'ampleur. Enfin, l'aéroport de Fort-de- France (Martinique) prend le nom d'aéroport Aimé-Césaire. Le poète et homme politique martiniquais, qui avait refusé de rencontrer Nicolas Sarkozy en décembre 2005, avant de s'y résoudre quelques mois plus tard, a apprécié : "Cela manifeste une certaine sympathie pour moi, et je l'accepte", a-t-il déclaré, voyant dans cet hommage "un signe d'amitié universelle". § Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a annoncé qu'il n'y aurait pas de changement de calendrier pour les élections cantonales et municipales, lors du congrès des maires de France. § § L'ancien leader paysan abandonne la bataille en mettant en cause le PCF et la LCR qui, selon lui, "ont pris la responsabilité de casser la dynamique unitaire". § J osé Bové tire sa révérence. L'ancien leader paysan a adressé, jeudi 23 novembre, un courrier électronique à l'ensemble des collectifs militant en faveur d'une candidature unitaire de la gauche antilibérale en 2007, leur expliquant qu'il "retirait sa proposition" de candidature. Et se mettait lui-même en retrait du "rassemblement" issu de la campagne contre la Constitution européenne. La missive, dont Le Monde a eu connaissance, est sans équivoque. M. Bové y rappelle qu'il avait annoncé, voici six mois, qu'il était "disponible" pour assumer le rôle de candidat unitaire, afin de "mener une campagne collective" rassemblant toutes les forces de la campagne du non au référendum et qu'il "ne pouvait être question de se ranger derrière le porte-parole" d'un parti. "Six mois plus tard, force est de constater que les forces de la division l'ont provisoirement emporté", constate le leader altermondialiste. Il cite la manière dont le PCF cherche à imposer Marie-George Buffet, "sans lésiner sur les moyens" : création de collectifs "bidons", meetings en solo de la secrétaire nationale, refus de valider un compte rendu de réunion du collectif national d'animation de la campagne, où la majorité des participants rejetaient l'option Buffet, égrène-t-il. Pour preuve encore, la "confirmation" dans un entretien au Monde d'Olivier Besancenot que la LCR lance une campagne autonome en 2007, "préférant se mesurer électoralement au Parti communiste". "Le Parti communiste et la LCR ont pris la responsabilité de casser la dynamique unitaire", assène son courriel. M. Bové s'en prend aussi au collectif national, chargé d'organiser la campagne. A ses yeux, ce dernier s'est révélé incapable de proposer une méthode simple pour le choix du candidat et a trop tardé à dire "l'incompatibilité de la candidature de Mme Buffet" avec une "logique unitaire". "Le processus est aujourd'hui dans une impasse", conclut-il. Voilà des semaines qu'exaspéré, M. Bové menaçait à demi-mot de s'en aller. Les militants des quelque 700 collectifs locaux doivent choisir d'ici à début décembre entre cinq postulants : Clémentine Autain, Patrick Braouezec, Marie-George Buffet, Yves Salesse et lui-même. La méthode proposée du "double consensus" requis - un dans les collectifs et un entre forces politiques - lui a fait craindre un "passage en force du PCF" en faveur de Mme Buffet. M. Bové, qui n'envisageait pas de perdre la bataille de l'investiture, a tenté, ces derniers jours, de faire revenir la majorité de la LCR sur sa décision de partir en solo, en rencontrant discrètement M. Besancenot. Sans succès. Il a également essayé de rallier Clémentine Autain en lui demandant de retirer sa candidature pour mieux contrer l'offensive Buffet. Là, encore en vain. Refusant de "servir d'alibi unitaire" au PCF et de "semer des illusions" dans les collectifs, M. Bové s'en va. "Sous réserve d'événements qui changeraient profondément la situation", précise-t-il sans illusions. Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, "regrette" cette décision. "Nous avons besoin de José Bové comme d'Olivier Besancenot", indique-t-il. "C'est un choix irresponsable. On ne peut pas faire un tour de piste et renoncer au débat avant qu'il n'ait été mené jusqu'au bout", s'agace Christian Picquet, membre de la minorité de la LCR favorable à une candidature unitaire. Mme Autain veut croire que la décision n'est pas irrévocable : "C'est au PCF aujourd'hui de créer les conditions qui permettront de rouvrir le dialogue." § Le succès sans appel de Ségolène Royal au soir du premier tour de la primaire socialiste est-il le signe d'une reconquête de l'électorat populaire ? "Le Figaro" et "Libération" apportent des réponses différentes dans leur édition du 24 novembre. § L e succès sans appel de Ségolène Royal au soir du premier tour de la primaire socialiste est-il le signe d'une reconquête de l'électorat populaire ? Le Figaro et Libération apportent des réponses différentes dans leur édition du 24 novembre. Une étude de l'IFOP pour Le Figaro, montre, comme l'explique Jérôme Fourquet dans les colonnes du quotidien, que Mme Royal "réalise ses meilleurs résultats dans les catégories ouvriers, employés et cadres intermédiaires (...). Chez les cadres, elle tombe à 45 %, au-dessous de sa moyenne nationale. Ce qui fait d'elle une candidate de la France d'en bas". A l'opposé, Emmanuel Todd, démographe et sociologue, dans un entretien au journal Libération, explique que le résultat de cette primaire ne donne aucun signal d'une reconquête de l'électorat populaire. "Comme Jospin en 2002, le vote Royal est surreprésenté dans (...) la France paisible : une France semi-rurale, où les vieilles industries sont absentes et qui ne compte pas beaucoup d'immigrés." Mais selon Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof, il est encore trop tôt pour savoir où se portera le vote populaire. D'après les résultats du dernier Baromètre politique français, le cur de cible de Ségolène Royal reste les couches moyennes intellectuelles (enseignants, travailleurs sociaux...). Selon M. Boy, le côté "autoritaire" du projet de la candidate socialiste serait à même de conquérir l'électorat populaire. En revanche, "le thème de la démocratie participative est leur dernier souci". "Ce sont plutôt les classes intellectuelles qui ont ce désir de participer", précise-t-il. Et jusqu'à présent, "une bonne partie de l'électorat populaire reste encore proche de Jean-Marie Le Pen", conclut-il. § A six mois de l'élection présidentielle, un sondage CSA pour "Le Monde" et i-télé lui accorde 17 % d'intentions de vote. § J ean-Marie Le Pen n'a jamais été aussi haut dans un sondage d'intentions de vote à six mois d'une élection présidentielle : il est à 17 %, selon une enquête réalisée par l'institut CSA pour Le Monde et i-télé, contre 9 % en novembre 2001. Un chiffre équivalent à son score du 21 avril 2002 (16,86 %). Dans ce contexte, les Français se montrent très partagés sur sa présence dans la compétition : 48 % d'entre eux souhaitent qu'il "obtienne les 500 signatures d'élus qui lui permettront de se présenter à l'élection présidentielle" et 47 % ne le souhaitent pas. La gauche est la plus opposée à l'obtention de ces signatures (63 %) ; la droite parlementaire y est favorable à 55 %. Fiche technique Sondage sur "L'attitude des Français à l'égard de la présence de M. Le Pen à la présidentielle et les intentions de vote selon sa présence ou non" réalisé, par téléphone, par CSA pour Le Monde et i-télé, les 21 et 22 novembre, auprès d'un échantillon réprésentatif de 1002 personnes âgées de 18 ans et plus. Les Français sont tiraillés entre une thèse qui voudrait que le président du Front national (FN), qui représente un courant politique non interdit, puisse se présenter et leur envie de ne pas se retrouver en avril 2007 dans une situation analogue à celle de 2002 avec M. Le Pen au second tour. Ainsi, 72 % contre 24 % des personnes sondées sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle : "Quoi qu'on pense de lui et de ses idées, il serait dommage que les électeurs n'aient pas le choix de voter ou non pour M. Le Pen." Et 68 % contre 28 % pensent que "Jean-Marie Le Pen représente une force électorale depuis plusieurs années et à ce titre, il doit pouvoir se présenter à l'élection présidentielle." Mais ils mettent en avant les règles législatives pour trancher la présence ou non du président du FN à la présidentielle : 75 % des personnes interrogées affirment que "la démocratie c'est la règle. Si M. Le Pen ne trouve pas 500 maires ou élus prêts à lui apporter leur signature, il est normal qu'il ne puisse pas se présenter". Les femmes sont beaucoup plus réticentes que les hommes : 56 % ne souhaitent pas qu'il ait ses signatures contre 38 % d'hommes. De même y a-t-il moins de femmes (14 % contre 20 % pour les hommes) à envisager de voter en 2007 pour M. Le Pen. Reste qu'au total, 17 % des Français, en priorité les couches populaires et les retraités, déclarent qu'ils voteront pour lui au premier tour. Un bond de 8 points depuis janvier selon CSA. Deux facteurs ont probablement contribué à cette progression : la situation dans les banlieues, mais aussi, souligne Stéphane Rozès, directeur de l'Institut CSA-Opinion, "la déception d'une partie de la droite sur la gestion de la crise du CPE par le gouvernement". Si M. Le Pen est présent au premier tour, Ségolène Royal arriverait en tête (32 %), devant Nicolas Sarkozy (29 %). La surprise viendrait du report de voix en cas d'absence du président du FN. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, peu d'électeurs de M. Le Pen s'abstiendraient si celui-ci était empêché. Le taux d'abstention passerait seulement de 27 % à 28 %. Selon le sondage CSA, M.Sarkozy profiterait en premier du report de voix (37 %, + 8 points). Il ferait jeu égal avec Mme Royal, qui engrangerait 5 points supplémentaires. Ce sondage laisse penser que le discours de cette dernière sur "l'ordre juste", la "valeur travail" aurait un écho favorable auprès d'une partie de l'électorat populaire. Philippe de Villiers (MPF) passerait de 2 % à 5 % des intentions de vote. Enfin, 43 % des personnes interrogées estiment que M. Le Pen va "perturber la campagne électorale" s'il n'est pas en mesure de se présenter, 49 % étant d'un avis contraire. § La candidate du PS à l'élection présidentielle participant à la table ronde sur l'emploi, a proposé la mise en place d'ateliers de création d'entreprises dans tous les quartiers, avec l'aide de subventions des régions. § S égolène Royal a proposé la mise en place d'ateliers de création d'entreprises dans tous les quartiers, avec l'aide de subventions des régions, toutes aux mains du PS, samedi 25 novembre, lors d'une réunion du Parlement des banlieues à Bondy, en Seine-Saint-Denis."Je veux que dans le courant de la campagne pour l'élection présidentielle nous mettions en place dans les quartiers des ateliers de la création, pour permettre à tous ceux qui le veulent de créer leur activité et leur emploi, leur micro-entreprise", a indiqué la candidate socialiste. Résumant ses propositions dans ce domaine, sous le titre de "pacte de Bondy", elle a souligné "l'engagement de répondre concrètement aux projets et aux idées qui vont mettre la France en mouvement". Mme Royal a aussi proposé que "tous les jeunes qualifiés, diplômés, aient accès au premier emploi". "C'est vrai sur tout le territoire national car aujourd'hui il y a trop d'inégalités entre les jeunes qui ont des relations, qui peuvent accéder à leur premier emploi ou à des stages rémunérés, et ceux qui n'ont pas de relations et auxquels les entreprises ne donnent pas leur chance", a-t-elle ajouté. Prônant les valeurs d'"ordre juste", du travail et de l'effort, Ségolène Royal a proposé de "mettre en place des emplois parentaux comme il y a eu des emplois jeunes pour que chaque adulte ait le sentiment de son utilité et puisse transmettre à ses enfants le sens de l'effort et de la dignité au travail". "Je considère qu'il y a un projet que j'ai largement évoqué, mais aussi que j'ai besoin d'entendre les Français pour qu'ils me disent comment nous pouvons agir ensemble sans tarder", a-elle ajouté, dans une réplique à Nicolas Sarkozy qui lui avait reproché jeudi de se contenter de demander aux Français de lui dire quoi faire, alors qu'un président de la République est là pour "rassurer". Elle a aussi proposé de fermer les tribunes des stades de football où se produisent des violences."Il faut que le club prenne ses responsabilités, qu'il ferme les tribunes où se passent ces déclenchements insupportables de violence, de racisme et d'antisémitisme", a-t-elle ajouté. La candidate du Parti socialiste à l'élection présidentielle, avait déclaré vendredi que sa première loi, si elle est élue en 2007, serait consacrée aux violences faites aux femmes."Je veux que la loi du silence soit levée et que l'Etat reconnaisse cette criminalité comme une criminalité à part entière". § Les principaux points du discours d'investiture de Ségolène Royal, le 26 novembre : "imaginons une France qui aura le courage d'affronter les mutations", une France qui se "reconnaissance dans la diversité de ses talents et de ses origines". § "U n nouvel espoir s'est levé à gauche et ne demande qu'à grandir", a lancé Ségolène Royal, candidate du PS pour la présidentielle, dans son discours d'investiture, en évoquant "la victoire en 2007"."Un nouvel espoir s'est levé à gauche, qui ne demande qu'à grandir, jusqu'à la victoire en 2007"."Ce que je veux déclencher dans cette campagne, c'est un sursaut collectif, un élan à la dimension de l'espoir qui se lève. Transformer l'espoir en dépassement, en donnant du bonheur et parfois même de la ferveur", a-t-elle poursuivi. "Je veux incarner ce mouvement vers le haut qui nous conduira vers la victoire", a ajouté la candidate du PS. Elle a rendu hommage à ses concurrents malheureux à la primaire socialiste, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, et appelé à l'unité du parti, remerciant également son compagnon, et premier secrétaire du parti, François Hollande."J'ai besoin de tout le monde, de tous les talents, de tous les socialistes, et cette victoire est la victoire de tous les socialistes", a-t-elle insisté. § Ségolène Royal a été officiellement investie, dimanche, candidate du PS pour la présidentielle de 2007. "Un nouvel espoir s'est levé à gauche, qui ne demande qu'à grandir, jusqu'à la victoire en 2007", a-t-elle lancé. § S égolène Royal a été officiellement investie, dimanche 26 novembre, candidate du Parti socialiste pour la présidentielle de 2007. "Un nouvel espoir s'est levé à gauche, qui ne demande qu'à grandir, jusqu'à la victoire en 2007", a-t-elle lancé, devant les délégués et membres du conseil national du PS réunis à la Mutualité, à Paris. "Ce que je veux déclencher dans cette campagne, c'est un sursaut collectif, un élan à la dimension de l'espoir qui se lève (...). Je veux incarner ce mouvement vers le haut qui nous conduira vers la victoire", a poursuivi la candidate, régulièrement interrompue par des ovations et des "Ségolène présidente" scandés par les 1 300 congressistes. Avant de rejoindre son pupitre, la candidate a salué Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius venus assister à son investiture et témoigner de leur volonté de rassembler le parti après la primaire. Mme Royal a rendu hommage à ses concurrents malheureux et appelé à l'unité du parti."J'ai besoin de tout le monde, de tous les talents, de tous les socialistes, et cette victoire est la victoire de tous les socialistes", a-t-elle insisté. Debout à un pupitre avec en arrière plan sur fond rose le slogan du projet du PS pour 2007, "Réussir le changement", elle a lancé "un appel à tous les Français, hommes et femmes de notre pays" : "Rassemblons-nous, mobilisons-nous, aidons-nous les uns les autres à servir la France", a-t-elle lancé, avant de reprendre les idées forces de sa campagne, l'éducation, la lutte contre "toutes les formes de violence", la vie chère et le pouvoir d'achat, l'environnement et le codéveloppement. Le congrès s'est achevé au son de la chanson révolutionnaire italienne "Bella Ciao". Ségolène Royal est alors montée seule sur scène sous les vivats, faisant face au public pendant de longues minutes, un large sourire aux lèvres. § En visite vendredi dans un centre pour femmes battues à Bondy, en Seine-Saint-Denis, la candidate socialiste a souhaité que "l'Etat reconnaisse cette criminalité comme une criminalité à part entière". § L e pavillon, dans une rue paisible de Bondy (Seine-Saint-Denis), abrite le centre SOS-Femmes 93, membre de la Fédération nationale solidarité femmes, et issu, comme le précise sa présidente, Jo Mercier, "du mouvement féministe des années 1970". C'est là, vendredi 24 novembre, que Ségolène Royal a pris les devants. "Ma première loi, si je suis élue sera une loi contre les violences faites aux femmes", a annoncé la candidate socialiste à la veille de la journée internationale organisée sur ce thème par l'ONU et le Conseil de l'Europe. "Je veux que la loi du silence soit levée et que l'Etat reconnaisse cette criminalité comme une criminalité à part entière", a souligné Mme Royal après avoir rappelé que tous les trois jours en France, une femme est tuée par son conjoint. S'inspirant de l'exemple du gouvernement socialiste espagnol de José Luis Zapatero, Mme Royal a promis une loi-cadre, en reprenant à son compte l'une des revendications exprimées par les responsables présentes sur les "incohérences entre le droit civil et le droit pénal". Les violences faites aux femmes, a-t-elle dit, contiennent "les racines de la délinquance : lorsque la famille devient un champ de bataille, alors tout le reste devient déstructuré". "La société devrait être aussi mobilisée que pour les crimes racistes." La candidate n'a pas attendu son discours d'investiture, devant le congrès du PS réuni à Paris dimanche 26 novembre. Pendant qu'elle se trouvait à Bondy, vendredi, un projet de son intervention a été distribué par erreur aux journalistes sur Internet. Rédigé par le député européen Vincent Peillon, il citait une liste d'illustres socialistes, en totalité masculine - dont François Mitterrand, qui "croyait aux forces de l'esprit". L'équipe de communication de Mme Royal a réagi en envoyant des messages priant de ne "pas tenir compte" de cet envoi prématuré... § "Un premier jet" du discours que doit prononcer la candidate socialiste dimanche lors du congrès organisé pour son investiture a été envoyé par erreur, par mail, à la presse. § "C her(e)s ami(e)s, che(e)s camarades, chacun et chacune d'entre vous peut imaginer l'émotion qui est la mienne aujourd'hui. Le plaisir aussi..." Ce discours, Ségolène Royal devait le prononcer, dimanche 26 novembre, lors de l'investiture du Parti socialiste. Mais, suite à une "malencontreuse" erreur informatique, il a atteri, vendredi en fin d'après-midi, dans les boîtes mail de toutes les rédactions. Le document de treize pages intitulé "Ségolène.doc" a été envoyé par le bureau parlementaire de la candidate présidentielle. Le message original provenait de Vincent Peillon, député européen rallié à la présidente de Poitou-Charentes depuis l'été. L'équipe de Ségolène Royal, qui a construit une partie de sa campagne pour l'investiture socialiste sur Internet, a transmis par la suite deux messages priant les journalistes de ne pas utiliser le texte "qui n'est en aucun cas la version définitive du discours" de dimanche. Le texte reprend les thèmes favoris de la candidate, "ordre juste", "république du respect" et "désir d'avenir" et appelle les socialistes au rassemblement face à la droite après une campagne interne parfois houleuse. Une "erreur malencontreuse" est à l'origine du bug, a expliqué un des membres de l'équipe de la candidate. Un "mauvais copier-coller" a fait atterrir le document sur la "mailing list des agendas" de la candidate, a-t-il assuré. "Elle travaille beaucoup beaucoup ses discours et le premier jet n'est jamais le discours final". Dix jours après avoir été triomphalement élue par les militants socialistes, Ségolène Royal doit être investie dimanche lors d'un congrès commun du PS et du Parti radical de gauche (PRG) à La Mutualité, à Paris. § Le Parti radical, dont il est coprésident, "précisera son choix pour la présidentielle à l'occasion d'un congrès extraordinaire qui se tiendra en février 2007", a-t-il indiqué. § L e ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a indiqué qu'il ne serait pas candidat à la candidature UMP en 2007. Jeudi soir, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, qui doit faire connaître ses intentions "la semaine prochaine", avait invité Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo et Michèle Alliot-Marie à se porter candidats. "Je m'en tiens au calendrier fixé par le Parti radical", a affirmé le ministre, également coprésident de cette formation associée à l'UMP. Le Parti radical tiendra un congrès le 16 décembre "pour débattre de la situation du pays" et "définir les lignes de force du contrat républicain", a expliqué M. Borloo. Ce contrat, a-t-il précisé, "sera à négocier avec le candidat soutenu par l'UMP le 14 janvier prochain", lors du congrès de l'UMP, au cours duquel les adhérents du parti choisiront leur champion."En fonction des réponses qui seront apportées par le candidat de l'UMP aux questions des radicaux, le Parti radical précisera son choix pour la présidentielle, à l'occasion d'un congrès extraordinaire qui se tiendra en février 2007." Les candidatures à l'investiture UMP en 2007 doivent être déposées d'ici au 31 décembre. Un peu plus tôt dans la journée, Dominique de Villepin avait indiqué qu'il entendait "(s)e concentrer sur (s)a tâche" et "sera à (s)a place comme chef du gouvernement". Pour sa part, la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, a annoncé hier qu'elle se déciderait d'ici au 31 décembre. § Pour la sixième fois depuis la fondation du Front national, en 1972, Jean-Marie Le Pen est candidat à l'Elysée. Récit des premiers pas, jusqu'au coup de tonnerre du deuxième tour, le 21 avril 2002. § E t de six. A 78 ans, Jean-Marie Le Pen, président du Front national (FN), démarre sa cinquième campagne présidentielle. Et même la sixième si l'on compte l'élection de 1981 où, n'ayant pas recueilli le nombre de parrainages requis, il n'a pu, malgré une intense campagne, se présenter. Il rêve pour 2007 d'une revanche sur 2002, avec cette fois en face de lui au second tour un candidat de gauche. Un cas de figure qui lui permettrait d'obliger la droite à se déterminer par rapport à lui. Mais - est-ce l'âge ? -, depuis le début de cette campagne, le président du FN ne cesse de revenir sur l'élection présidentielle de 1965. A l'époque, malgré la pression de ses proches, il avait refusé de se présenter et avait poussé la candidature de Jean-Louis Tixier-Vignancour, l'avocat de l'OAS, et notamment du général Raoul Salan. Son idée était de fonder, sur la lancée de la présidentielle, un grand parti. Mais rien n'a marché comme il le pensait. Jean-Louis Tixier-Vignancour a tenté de mettre sur pied un mouvement, mais sans lui. Et Jean-Marie Le Pen a dû attendre sept ans avant de bâtir le Front national. "J'aurais dû me présenter, mais je m'estimais trop jeune", rabâche-t-il. § Les candidats ou partis en peine de signatures ne manquent pas d'imagination pour séduire les élus locaux et tenter de leur arracher les précieux parrainages. § L es candidats ou partis en peine de signatures ne manquent pas d'imagination pour séduire les élus locaux et tenter de leur arracher les précieux parrainages. Jacques Cheminade, du parti Solidarité et progrès (extrême droite), a installé une chorale à l'entrée du métro pour retenir l'attention des élus venus au congrès l'Association des maires de France, qui s'est tenu à Paris du 21 au 23 novembre. Marine Le Pen (FN) s'est rendue sur place, mercredi 22 novembre. Elle a dû battre en retraite, les journalistes qui se pressaient autour d'elle faisant fuir les maires. Dominique Gissinger, maire de Rosenau (Haut-Rhin), 2 000 habitants, qui se définit "de centre-droit", n'a pas choisi qui elle parrainera. Elle a reçu la visite d'un militant de Lutte ouvrière à son domicile. Courrier postal ou électronique, téléphone... ou porte-à-porte, les membres de LO sont particulièrement actifs. Les maires des petites communes sont un vivier. "Les grands candidats ne s'adressent même pas à nous, constate Gérard Pelletier, président de l'Association des maires ruraux de France. En revanche, les petits candidats n'ont souvent d'autre solution que de solliciter notre parrainage." Pour beaucoup d'élus, la signature reste un sujet tabou. "Beaucoup de maires ont peur que cela se retourne contre eux, estime M. Pelletier. Je pense que les administrés s'en moquent." Colette Roulleaux-Dugage, maire de Rouellé (Orne), 214 habitants, a été vaccinée. "En 2002, j'ai accordé mon parrainage, je ne dirai pas pour qui. J'ai eu des observations. Pourtant, parrainer quelqu'un, cela ne veut pas dire que vous votez pour lui..." D'autres, comme Jean-Pierre Sicre, maire de Merens-les-Vals (Ariège), 180 habitants, font un calcul plus politique. "Eparpiller les voix, c'est une catastrophe. On a vu le résultat en 2002. Je suis au PS. Par conséquent, j'accorderai ma signature à Ségolène." Paul-Antoine Paolantoni, maire de Bisinchi (Corse), 175 habitants l'hiver, 700 l'été, renchérit : "En 2002, j'ai parrainé Taubira. Cette année, j'ai dit non à Chevènement. On ne peut pas multiplier les candidatures." Pour Noëlle Salaun, maire de Serrières-en-Chantagne (Savoie), 1 000 habitants, "il faudrait ne pas rendre publiques les signatures". Ce que Gérard Pelletier rejette : "Cela va contre la transparence républicaine. En plus, au lieu d'avoir 15 candidats, on en aurait 50 !" § Au présentateur du journal de TF1, qui le pressait, jeudi 23 novembre, d'officialiser sa candidature, Nicolas Sarkozy a répondu : "J'ai trop de respect pour votre indépendance pour faire de vous mon porte-parole." § D es cadeaux pour tout le monde sauf pour Ségolène Royal et Patrick Poivre d'Arvor. Au présentateur du journal de TF1, qui le pressait, jeudi 23 novembre, d'officialiser sa candidature, Nicolas Sarkozy a répondu : "J'ai trop de respect pour votre indépendance pour faire de vous mon porte-parole." Cette annonce, a-t-il promis, aura lieu "la semaine prochaine" : "Si je donnais ma réponse aujourd'hui, je ramènerais tout à moi." On ne saurait être plus modeste. Car, pour le président de l'UMP, l'heure est au débat et à la décrispation. Invitant ses "amis Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin", dont il se méfie, à être "candidats" et à "donner le meilleur d'eux-mêmes", il s'est fait rassembleur, promettant que "tous (s'additionneraient) pour gagner". Avec des accents de bateleur, il a proposé aux Français d'adhérer à l'UMP "pour être les acteurs du changement" : "Tous ceux qui nous auront rejoints avant le 31 décembre pourront voter sur le projet et pour le candidat." Premier cadeau. DE SA HOTTE Comme s'il ne doutait pas de leur choix, il a levé le faux suspense de sa candidature pour défier Mme Royal, l'attaquant sur ce qu'il croit son point faible : la politique étrangère. "Le prochain président, a-t-il énuméré, trouvera sur son bureau la question iranienne, celles de l'indépendance du Liban, de la sécurité d'Israël, d'une patrie pour le peuple palestinien et de la construction européenne." Ironique, il a lancé : "On ne va pas passer cinq mois à dire aux Français : "Je n'ai pas d'idées, aidez-moi à en trouver une"." Dans l'après-midi, c'est encore le candidat en campagne qui s'est adressé, à son tour, aux maires de France réunis en congrès. Une autre occasion de faire des cadeaux. Alors que sa rivale socialiste souhaite "de nouveaux transferts de responsabilités", M. Sarkozy leur a garanti une pause dans la décentralisation, accompagnée d'un "bilan financier". Enfin, après M. de Villepin, la veille, il les a assurés que la date des élections municipales resterait fixée à mars 2008, à leur grand soulagement. Surtout, il s'est attaché à désinhiber les élus démarchés par les émissaires des candidats en quête de parrainages, dont ceux du Front national. "Je ne crois pas, leur a-t-il expliqué, que la démocratie soit autre chose que la possibilité donnée à chaque courant de pensée de défendre ses idées, surtout si ce ne sont pas les miennes. On ne gagne pas en empêchant les autres de s'exprimer." Ce qu'il redoute : l'absence de Jean-Marie Le Pen au premier tour, qui pourrait justifier les ambitions d'autres candidats issus de l'UMP, dont celles du premier ministre. Plus tôt, devant les maires d'outre-mer reçus place Beauvau, M. Sarkozy s'était montré pareillement généreux, se prononçant pour la création, dans chacun des quatre DOM (Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion), "d'une zone franche globale". De sa hotte, il a aussi tiré un assouplissement des règles de desserte aérienne à partir de mars 2007, sans en préciser l'ampleur. Enfin, l'aéroport de Fort-de- France (Martinique) prend le nom d'aéroport Aimé-Césaire. Le poète et homme politique martiniquais, qui avait refusé de rencontrer Nicolas Sarkozy en décembre 2005, avant de s'y résoudre quelques mois plus tard, a apprécié : "Cela manifeste une certaine sympathie pour moi, et je l'accepte", a-t-il déclaré, voyant dans cet hommage "un signe d'amitié universelle". § Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a annoncé qu'il n'y aurait pas de changement de calendrier pour les élections cantonales et municipales, lors du congrès des maires de France. § § Depuis qu'il a renoncé cet automne à être candidat à la candidature socialiste, François Hollande essaie de jouer le plus normalement possible son rôle de premier secrétaire. § "L e congrès (de dimanche du Parti socialiste) a montré la stratégie de dissimulation de l'entreprise familiale Royal/Hollande", déclare lundi Luc Chatel, porte-parole de l'UMP. Ce n'est pas la première fois que cette situation inédite la compagne du chef du principal parti d'opposition est candidate à l'élection présidentielle alimente la polémique. Mais, depuis qu'il a renoncé cet automne à être candidat à la candidature socialiste, François Hollande continue de jouer le plus normalement possible son rôle de premier secrétaire. Au cours de la primaire socialiste, il s'attache à rester neutre dans une compétition où sa compagne joue les premiers rôles et où ses adversaires le suspectent constamment de la soutenir en sous-main. "Ma responsabilité n'est pas de favoriser tel ou telle parce qu'elle serait la mère de mes quatre enfants", réaffirme-t-il lors du "Grand Rendez-Vous d'Europe 1-TV5-Le Monde-Le Parisien", au soir de l'investiture officielle de sa compagne à la Mutualité, dimanche 26 novembre. Lors de ce congrès d'investiture, François Hollande invite sa compagne à s'"appuyer" sur le Parti socialiste, "un atout formidable" pour gagner, alors que certains la soupçonnent de vouloir s'en affranchir. Une façon de lui rappeler aussi le rôle qu'il peut jouer dans cette campagne en tant que premier secrétaire du parti. "Je dois mobiliser (le parti), mobiliser ceux qui ont voté pour Ségolène Royal et ceux qui ne l'ont pas fait, et mobiliser les élus", déclare-t-il au lendemain de la primaire socialiste. A l'occasion de ce congrès, il laisse les accents lyriques à Ségolène Royal, qui parle d'"élan à la dimension de l'espoir qui se lève" ou de "transformer l'espoir en dépassement, en donnant du bonheur et parfois même de la ferveur". Le premier secrétaire, de son côté, se réserve les piques à l'égard du probable candidat de l'UMP : "Si la politique de Nicolas Sarkozy marchait, eh bien ça se saurait !" Et après les élections présidentielle et législatives de 2007, quel sera son rôle ? Il a annoncé qu'il céderait alors sa place de premier secrétaire. Et certains se demandent déjà si, en cas de victoire de Ségolène Royal, il pourrait être ministre. Une situation, encore une fois, inédite. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Les catholiques s'invitent dans la campagne électorale. L'association des Semaines sociales, présidée par l'ancien directeur général du FMI, Michel Camdessus, a tenu sa session annuelle du 24 au 26 novembre à Paris. § L es catholiques s'invitent dans la campagne électorale. L'association des Semaines sociales, présidée par l'ancien directeur général du FMI, Michel Camdessus, a tenu sa session annuelle du 24 au 26 novembre à Paris. Elle a reçu quatre personnalités politiques. A chacune a été remis un petit livret intitulé Douze propositions pour une société plus juste. Parmi elles : assurer aux enfants les plus défavorisés le soutien nécessaire à une scolarité normale ; établir des règles pour les rémunérations des dirigeants d'entreprise ; mettre fin au scandale des ghettos et des sans-abri ; traiter avec respect les personnes en détention ; instaurer un service civique obligatoire ; accueillir dignement les immigrés ; faire de l'aide au développement des pays d'émigration africains une priorité ; ne pas transférer aux générations suivantes les charges de l'endettement. Intervenant samedi matin, Nicolas Sarkozy a défendu le principe de la discrimination positive, sans toutefois employer cette expression. "Ce que je veux, c'est le volontarisme républicain pour qu'on fasse plus pour celui qui en a vraiment besoin." Le ministre de l'intérieur a plaidé pour une immigration "choisie" et en faveur d'une aide massive pour le développement de l'Afrique. Michel Sapin, membre de la direction du PS, s'est élevé contre les baisses d'impôts : "La contribution publique ne doit pas être considérée comme un fardeau, mais comme un élément fondamental d'une politique en faveur d'une société juste. Baisser les impôts au bénéfice de quelques-uns aujourd'hui en faisant peser le déficit sur les générations à venir ne constitue pas une politique juste et efficace." Il a également critiqué les mesures du projet de loi Sarkozy sur la délinquance. "Ce n'est pas en abaissant l'âge auquel on peut mettre un mineur en prison qu'on résoudra les problèmes de sécurité dans les banlieues. La prison est une réponse facile et inadaptée." Dominique Voynet, sénatrice (Verts) de Seine-Saint-Denis, s'est montrée sceptique sur l'instauration d'un service civique obligatoire. "Je ne suis pas d'accord avec l'idée que l'enseignement du civisme devrait être réservé aux jeunes, a-t-elle dit. La fraude fiscale, les stagiaires non rémunérés, ce n'est pas les jeunes que je sache ! Je souhaite que l'on renforce l'envie de s'engager, mais sans la rendre obligatoire." François Bayrou, président de l'UDF, s'est dit favorable pour sa part à un service civique universel. En ce qui concerne la lutte contre l'exclusion, il a souhaité que "l'on demande à toutes les associations et aux collectivités locales de proposer une activité aux bénéficiaires des minima sociaux, afin de les remettre debout". Les douze propositions seront mises en ligne sur un site (www.unesocieteplusjuste.org) avec les réactions des internautes et aussi les engagements des candidats. § Extraits du discours de Mme Royal, dimanche 26 novembre, à la Mutualité. § E xtraits du discours de Mme Royal, dimanche 26 novembre, à la Mutualité. Nous écrivons aujourd'hui ensemble une belle page de l'histoire de France. Un nouvel espoir s'est levé à gauche, comme une vague en formation qui ne demande qu'à grandir. La volonté et le courage permettront d'aller chercher toutes celles et tous ceux qui pensent ne compter pour rien et qui ne savent plus de quoi demain sera fait. Aidez-moi à tracer ce chemin, aidez-moi à construire ce renouveau, à accélérer le mouvement de ce nouvel élan partagé. Nous avons beaucoup parlé entre socialistes. Alors je vous demande aujourd'hui de vous tourner résolument vers les Français, de nouer avec eux un nouveau dialogue pour que chacun ait le sentiment d'être pris en considération. Pour redresser la France, pour la retirer vers le haut, pour mettre fin à cet insupportable vécu de déclin et de pessimisme, chacun doit être appelé à se mettre en marche. Aucun talent ne doit être gaspillé, aucune chance oubliée, aucune bonne volonté écartée (...). Pour tirer le pays vers le haut, il faut bien sûr comprendre les changements du monde alentour, mais il faut d'abord aimer la France, cette idée toute neuve, et vouloir que les Français s'aiment en elle. C'est à cela que je vous invite (...). La campagne sera victorieuse si nous le méritons - et vous connaissez mon attachement à la valeur travail. La campagne sera victorieuse si nous y travaillons (...). En choisissant une femme pour mener le combat des idées socialistes vous avez, militants socialistes, non seulement aux yeux des Français, mais aussi aux yeux du reste du monde, plus de deux siècles après Olympe de Gouges, accompli un véritable geste révolutionnaire (...) Il y aura des embûches, des chausse-trappes (...), des chutes, mais nous nous relèverons, il y aura des entorses mais nous les soignerons, il y aura des pièges et nous les contournerons. J'ai de la résistance, de la force, de l'obstination et du courage parce que c'est vous qui me les donnez. § Dimanche 26 novembre, le congrès du Parti socialiste a officiellement investi sa candidate. La composition de son équipe de campagne nourrit les discussions. § P our transmettre le "flambeau" de 1981, Pierre Mauroy en Monsieur Loyal. Pour changer les habitudes, un podium blanc qui avance dans la salle. Pour accueillir l'entrée en scène, par les coulisses, de Ségolène Royal, trois minutes d'applaudissements ininterrompus. Entre tradition et modernité, le congrès du PS a officiellement investi, dimanche 26 novembre à La Mutualité, sa candidate à l'élection présidentielle de 2007. Devant plus de 1 500 cadres, militants, et invités, dont le PRG, Mme Royal a lancé sa campagne avec ses mots bien à elle. Rapides pour saluer ses ex-rivaux, "Laurent, Dominique, Lionel et Jack". Appliqués pour décrire une campagne "qui ressemblera à la façon de gouverner, qui repère les vrais problèmes, qui apporte des solutions concrètes et qui dit au nom de quelles valeurs elle agit". Des mots qui font parfois sursauter quand ils prennent une allure de prêche : "Rassemblons-nous, mobilisons-nous, aidons-nous les uns les autres à servir la France". Ou de maîtresse d'école : "Si vous faites bien ce que je vous propose, si vous me faites bien remonter ce que vous entendez des Français, de leur intelligence collective pour que je puisse réajuster les choses en temps réel, si vous faites bien tout cela, alors, oui, je vous mènerai à la victoire." Dans la salle tout le monde ne parle pas le "Royal". Mais l'ambiance, malgré la mauvaise qualité de la sono, y est. Les hommages se succèdent, ceux du président de l'Internationale socialiste, Georges Papandréou et du socialiste belge Elio di Rupo qui salue ainsi la primaire socialiste : "vous avez fait de la droite un parti ringard". Il y a aussi ceux lus à la tribune des chefs de gouvernement de gauche européens, l'italien Romano Prodi et l'espagnol Jose Luis Zapatero. Et de la présidente chilienne, Michelle Bachelet : "Ta désignation n'est pas une surprise mais un pas immense vers l'égalité. Je t'embrasse." Tous saluent la première femme candidate qui pourrait accéder à l'Elysée. Mme Royal y répond en citant les "figures éclatantes" du féminisme, Olympe de Gouges, "qui a eu le droit de monter à l'échafaud sans avoir le droit de vote", Louise Michel, Rosa Luxembourg, Marie Curie, mais aussi le Manifeste des 343 salopes et le "combat" de Ni putes ni soumises. "SÉGOLÈNE NE CRAINT RIEN" Après la candidate, qu'il encouragera à la fin à remonter sur scène, François Hollande conclut avec des mots plus classiques pour fixer "quatre conditions" à la victoire : vaincre l'adversaire de droite, - "l'exigence morale voudrait qu'il ne soit pas plus longtemps ministre de l'intérieur" -, imposer les thèmes de la confrontation, mobiliser le parti et rassembler la gauche. S'il se refuse à "tomber dans je ne sais quel moment de jubilation ou d'autocélébration de nous-mêmes", il évoque, s'agissant du succès de sa compagne, "une alchimie étrange". Avec humour, il lui emprunte parfois son vocabulaire pour évoquer le pouvoir d'achat, "tiens, j'allais dire la vie chère". Plus curieusement, il dit aussi : "je ne crains rien, Ségolène ne craint rien". Mais le premier secrétaire du PS, chaleureusement applaudi et qui a eu, lui aussi, sa part d'hommage, marque son trouble. Peu coutumier des lapsus, il en commet un gros : "Nous allons battre la gauche". A plusieurs reprises, M. Hollande a pris soin de mettre en avant le rôle du PS : "Il n'y a pas d'un côté le vieux parti et de l'autre le nouveau, c'est le même, il n'a pas changé de nature." Il s'est ainsi employé à calmer les inquiétudes que font naître les délicates discussions, en coulisses, sur la composition de l'équipe de campagne de Mme Royal. Les cadres voient d'un mauvais oeil la présence constante aux côtés de la candidate de sa garde rapprochée qui a créé son association Désirs d'avenir. Aucune assurance n'a été donnée à personne, pas même au numéro deux du PS, François Rebsamen, qui s'attend à devenir le directeur de la campagne - rôle qu'il a assumé lors de la primaire. La question du rassemblement avec les partisans de Laurent Fabius et de Dominique Strauss-Kahn reste également posée. La veille, M. Fabius a fixé le cadre : "Rassemblement mais pas reniement." De son côté, "DSK" a prévu de réunir son courant le 17 décembre. Dimanche, après le congrès, Mme Royal a rencontré autour d'un buffet les premiers secrétaires des fédérations du PS, invités, comme les maires et présidents de région, à ouvrir des débats participatifs sur l'éducation, la sécurité, "la vie chère" et l'environnement. "N'étouffez pas les comités Désirs d'avenir, c'est une richesse", a plaidé la candidate en soulignant que la campagne se ferait "à 50 % sur Internet". A ceux qui posaient des questions techniques sur le financement de la présidentielle et des législatives, M. Hollande a lancé avant de tourner les talons : "Si c'est une photo de Ségolène, c'est le compte de campagne de Ségolène. Si c'est une photo du candidat, c'est le compte de campagne pour les législatives. Si c'est une photo de Ségolène et du candidat, c'est moitié-moitié. Si c'est avec moi, c'est gratuit." § Le ministre délégué aux collectivités territoriales et proche de Nicolas Sarkozy s'est dit "assez favorable à une forme de pétition citoyenne". Il s'agirait pour les candidats de réunir les signatures de 200 000 personnes "en dehors des grands notables". § L e ministre délégué aux collectivités territoriales, Brice Hortefeux, est favorable à une modification du système de parrainage des candidats à l'élection présidentielle. "Près du tiers des électeurs français se sont portés, en 2002, sur des candidats qui étaient faiblement représentés dans les Assemblées (...) et le quart en 1995", a rappelé, lundi 27 novembre sur Canal+, ce proche du ministre de l'intérieur et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy. Que ces électeurs "ne soient pas certains d'avoir des représentants" en 2007 pose problème, a-t-il ajouté. Il s'est dit "assez favorable à une forme de pétition citoyenne". Il s'agirait pour les candidats de réunir les signatures de 200 000 personnes "en dehors des grands notables". Actuellement, tout candidat doit réunir les signatures de 500 élus, ce qui est simple pour les grands partis qui disposent de réseaux importants dans toute la France, mais plus compliqué pour les autres formations politiques. Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, dénonce rituellement à chaque scrutin une "conspiration des oligarques" visant à dissuader les élus locaux de lui apporter leur parrainage. Le dirigeant d'extrême droite menace de faire perdre le candidat de la droite parlementaire s'il ne parvient pas à réunir les 500 signatures nécessaires pour se présenter en 2007. § Ségolène Royal a été officiellement investie candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007, dimanche 26 novembre, lors du conseil national du PS à la Mutalité, à Paris. Dans son discours, elle a appelé les socialistes à accomplir "ensemble (leur) devoir de victoire". § § La candidate du PS à l'élection présidentielle participant à la table ronde sur l'emploi, a proposé la mise en place d'ateliers de création d'entreprises dans tous les quartiers, avec l'aide de subventions des régions. § S égolène Royal a proposé la mise en place d'ateliers de création d'entreprises dans tous les quartiers, avec l'aide de subventions des régions, toutes aux mains du PS, samedi 25 novembre, lors d'une réunion du Parlement des banlieues à Bondy, en Seine-Saint-Denis."Je veux que dans le courant de la campagne pour l'élection présidentielle nous mettions en place dans les quartiers des ateliers de la création, pour permettre à tous ceux qui le veulent de créer leur activité et leur emploi, leur micro-entreprise", a indiqué la candidate socialiste. Résumant ses propositions dans ce domaine, sous le titre de "pacte de Bondy", elle a souligné "l'engagement de répondre concrètement aux projets et aux idées qui vont mettre la France en mouvement". Mme Royal a aussi proposé que "tous les jeunes qualifiés, diplômés, aient accès au premier emploi". "C'est vrai sur tout le territoire national car aujourd'hui il y a trop d'inégalités entre les jeunes qui ont des relations, qui peuvent accéder à leur premier emploi ou à des stages rémunérés, et ceux qui n'ont pas de relations et auxquels les entreprises ne donnent pas leur chance", a-t-elle ajouté. Prônant les valeurs d'"ordre juste", du travail et de l'effort, Ségolène Royal a proposé de "mettre en place des emplois parentaux comme il y a eu des emplois jeunes pour que chaque adulte ait le sentiment de son utilité et puisse transmettre à ses enfants le sens de l'effort et de la dignité au travail". "Je considère qu'il y a un projet que j'ai largement évoqué, mais aussi que j'ai besoin d'entendre les Français pour qu'ils me disent comment nous pouvons agir ensemble sans tarder", a-elle ajouté, dans une réplique à Nicolas Sarkozy qui lui avait reproché jeudi de se contenter de demander aux Français de lui dire quoi faire, alors qu'un président de la République est là pour "rassurer". Elle a aussi proposé de fermer les tribunes des stades de football où se produisent des violences."Il faut que le club prenne ses responsabilités, qu'il ferme les tribunes où se passent ces déclenchements insupportables de violence, de racisme et d'antisémitisme", a-t-elle ajouté. La candidate du Parti socialiste à l'élection présidentielle, avait déclaré vendredi que sa première loi, si elle est élue en 2007, serait consacrée aux violences faites aux femmes."Je veux que la loi du silence soit levée et que l'Etat reconnaisse cette criminalité comme une criminalité à part entière". § Les principaux points du discours d'investiture de Ségolène Royal, le 26 novembre : "imaginons une France qui aura le courage d'affronter les mutations", une France qui se "reconnaissance dans la diversité de ses talents et de ses origines". § "U n nouvel espoir s'est levé à gauche et ne demande qu'à grandir", a lancé Ségolène Royal, candidate du PS pour la présidentielle, dans son discours d'investiture, en évoquant "la victoire en 2007"."Un nouvel espoir s'est levé à gauche, qui ne demande qu'à grandir, jusqu'à la victoire en 2007"."Ce que je veux déclencher dans cette campagne, c'est un sursaut collectif, un élan à la dimension de l'espoir qui se lève. Transformer l'espoir en dépassement, en donnant du bonheur et parfois même de la ferveur", a-t-elle poursuivi. "Je veux incarner ce mouvement vers le haut qui nous conduira vers la victoire", a ajouté la candidate du PS. Elle a rendu hommage à ses concurrents malheureux à la primaire socialiste, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, et appelé à l'unité du parti, remerciant également son compagnon, et premier secrétaire du parti, François Hollande."J'ai besoin de tout le monde, de tous les talents, de tous les socialistes, et cette victoire est la victoire de tous les socialistes", a-t-elle insisté. § Ségolène Royal a été officiellement investie, dimanche, candidate du PS pour la présidentielle de 2007. "Un nouvel espoir s'est levé à gauche, qui ne demande qu'à grandir, jusqu'à la victoire en 2007", a-t-elle lancé. § S égolène Royal a été officiellement investie, dimanche 26 novembre, candidate du Parti socialiste pour la présidentielle de 2007. "Un nouvel espoir s'est levé à gauche, qui ne demande qu'à grandir, jusqu'à la victoire en 2007", a-t-elle lancé, devant les délégués et membres du conseil national du PS réunis à la Mutualité, à Paris. "Ce que je veux déclencher dans cette campagne, c'est un sursaut collectif, un élan à la dimension de l'espoir qui se lève (...). Je veux incarner ce mouvement vers le haut qui nous conduira vers la victoire", a poursuivi la candidate, régulièrement interrompue par des ovations et des "Ségolène présidente" scandés par les 1 300 congressistes. Avant de rejoindre son pupitre, la candidate a salué Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius venus assister à son investiture et témoigner de leur volonté de rassembler le parti après la primaire. Mme Royal a rendu hommage à ses concurrents malheureux et appelé à l'unité du parti."J'ai besoin de tout le monde, de tous les talents, de tous les socialistes, et cette victoire est la victoire de tous les socialistes", a-t-elle insisté. Debout à un pupitre avec en arrière plan sur fond rose le slogan du projet du PS pour 2007, "Réussir le changement", elle a lancé "un appel à tous les Français, hommes et femmes de notre pays" : "Rassemblons-nous, mobilisons-nous, aidons-nous les uns les autres à servir la France", a-t-elle lancé, avant de reprendre les idées forces de sa campagne, l'éducation, la lutte contre "toutes les formes de violence", la vie chère et le pouvoir d'achat, l'environnement et le codéveloppement. Le congrès s'est achevé au son de la chanson révolutionnaire italienne "Bella Ciao". Ségolène Royal est alors montée seule sur scène sous les vivats, faisant face au public pendant de longues minutes, un large sourire aux lèvres. § La liste des personnes membres de l'équipe de campagne de la candidate socialiste. § § Entretien avec Corinne Lepage, candidate à l'élection présidentielle et présidente du parti Cap 21.Propos recueillis par Constance Baudry § § Depuis la première élection du président de la République au suffrage universel, en 1965, tous les prétendants à cette fonction se sont posé la question avant de déclarer leur candidature. De l'allocution gaullienne au fax jospinien, retour sur quelques réponses emblématiques. § I l faut trouver les mots pour le dire. Mais aussi choisir soigneusement la date, le lieu et le média. La télévision, la presse écrite, un simple courrier ? Un entretien ou une déclaration ? En direct ou en différé ? A Paris ? En province ? Depuis la première élection du président de la République au suffrage universel, en 1965, tous les prétendants à cette fonction se sont posé ces questions avant de déclarer leur candidature. De l'allocution gaullienne au fax jospinien, retour sur quelques réponses emblématiques. A minima. Contourner l'obstacle est un moyen de le franchir sans dommage. François Mitterrand est "devenu le candidat commun de la gauche sans jamais avoir eu à faire le moindre acte de candidature", relate Le Monde du 10 avril 1974. "Le comité directeur puis le congrès de son parti l'ont désigné à l'unanimité et, alors seulement, le premier secrétaire est venu rejoindre ses camarades", précise-t-on. La perpétuation de leur propre pouvoir étant généralement une évidence aux yeux de ceux qui le détiennent, les quatre présidents en exercice qui ont brigué un nouveau mandat l'ont annoncé toujours tardivement, souvent brièvement. Le record en la matière est détenu par le même Mitterrand, qui s'est contenté d'un seul mot pour faire part de ses intentions. Extrait du Journal télévisé d'Antenne 2 du 22 mars 1988 : "Etes-vous à nouveau candidat à la présidence de la République ? - Oui. - Vous avez mûrement réfléchi ? - Je le crois. - On peut savoir quand vous avez pris cette décision ? Certains disent que c'est en juillet 1987, d'autres disent que c'est pendant les fêtes de fin d'année. - Je n'en sais rien moi-même." Le général de Gaulle avait attendu le 4 novembre 1965 - soit un mois et un jour avant le premier tour - pour mettre fin au suspense. Nulle trace, dans sa déclaration, de mots indignes tels que "candidat" ou "candidature". "Je crois devoir me tenir prêt à poursuivre ma tâche", déclare-t-il. L'intervention présidentielle est enregistrée peu après 18 heures. Jusqu'à sa diffusion, à 20 heures, les soixante techniciens et journalistes présents, ainsi que le directeur de l'ORTF et le ministre de l'information, sont empêchés de quitter l'Elysée. Le 2 mars 1981, cinquante-cinq jours avant le premier tour, c'est également à l'Elysée que Valéry Giscard d'Estaing enregistre sa déclaration. "J'ai décidé de me présenter à l'élection présidentielle pour un septennat nouveau. Comme président, je n'y ai aucun droit particulier et personne ne me doit rien", indique "VGE". Jacques Chirac n'est pas plus disert en Avignon, le 11 février 2002, où il répond en ces termes à une question de la maire (RPR), Marie-José Roig : "Oui, je suis candidat. J'ai voulu le dire au milieu des Français, je m'engage devant les Français." En province. Un challenger se doit de marquer davantage les esprits. Plusieurs ont choisi de s'éloigner du microcosme parisien et de se rapprocher du "pays réel" où habitent les "vrais gens". Si les chiraquiens ont théorisé ce principe dans les années 1990, le précurseur est Giscard. C'est à Chamalières (Puy-de-Dôme), dont il est le maire, que "VGE" annonce sa candidature, le 8 avril 1974 à midi : "Je voudrais regarder la France au fond des yeux, lui dire mon message et écouter le sien", déclare-t-il, juste avant de regagner la capitale. Vingt ans plus tard, "fracture sociale" oblige, c'est le Pas-de-Calais que choisit M. Chirac. A la veille d'un déplacement, les 4 et 5 novembre 1994, consacré aux problèmes de la santé, le président du RPR accorde un entretien au quotidien La Voix du Nord. Il y ajoute au dernier moment ces quelques phrases : "L'hypocrisie qui affecte le débat politique actuel offense (le) civisme (des Français) et entretient un climat malsain. J'ai donc décidé de clarifier la situation en annonçant dès aujourd'hui que je suis candidat (...)" Rebelote, sept ans plus tard, en Avignon. Dans un registre un peu plus vivant, cette fois. En famille. Le 8 février 1988, peu avant 11 heures, Olivier et Nicolas Barre sont déjà au palais des congrès de Lyon lorsqu'arrivent leurs parents, Raymond et Eve. Vêtu d'un costume anthracite à fines rayures, l'ancien premier ministre et député de la circonscription monte sur une estrade bleu ciel et lit son texte devant le maire de Lyon, Francisque Collomb, les principaux membres de son état-major et quelque cent cinquante journalistes. Extrait : "Il est temps de mettre fin aux faux-semblants. Il est temps de prendre un nouveau départ. C'est pourquoi j'ai décidé d'être candidat à la présidence de la République." Au pouvoir. C'est de l'hôtel Matignon que M. Chirac annonce sa candidature, le 16 janvier 1988 en fin de matinée. "Nous avons travaillé, et dans beaucoup de domaines nous avons réussi. Les conditions sont réunies pour franchir une nouvelle étape", indique le premier ministre, qui se réclame d'une "France fidèle à son passé et confiante en son avenir de grande puissance". Son "ami de trente ans", Edouard Balladur, se déclare également de Matignon, le 18 janvier 1995, dans une intervention radiotélévisée enregistrée en fin de matinée, et diffusée à la mi-journée. Exercice imposé : "J'ai décidé de présenter ma candidature à la présidence de la République." Figures libres : "Je ne suis pas le candidat d'un parti", précise-t-il, en promettant une campagne "positive", "sereine" et "optimiste". Trois mois plus tard, on enregistre la nouvelle défaite d'un premier ministre en exercice. A domicile. En fin d'après-midi, le 20 février 2002, Matignon s'efforce d'humaniser la déclaration de Lionel Jospin en fournissant aux journalistes des bribes de récit. On apprend que son épouse, Sylviane Agacinski, était "attentive" lorsqu'à 17 h42, à leur domicile parisien de la rue du Regard, son fils, Daniel, a appuyé sur le bouton du "vieux fax" pour transmettre à l'AFP la déclaration de candidature du premier ministre. "On dit parfois que le pouvoir éloigne ; j'ai pour ma part le sentiment qu'il m'a rapproché de vous", assure-t-il dans cette Lettre aux Français. "Je veux participer pleinement au grand débat démocratique qui s'est ouvert en France. Aujourd'hui, je suis candidat à l'élection présidentielle", indique M. Jospin. Avant d'officialiser sa candidature, le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a révisé ces leçons du passé. Il en a conclu qu'en la matière, il n'y avait "pas de réussite mais des exercices plus ou moins ratés". § Alors que le président de l'UMP doit annoncer sa candidature jeudi, son entourage craint un trou d'air et attend avec fébrilité les prochains sondages. § C 'était pourtant l'objectif. En s'invitant, le 23 novembre au 20 heures de Patrick Poivre d'Arvor sur TF1, Nicolas Sarkozy s'était promis de rectifier son image autoritaire et cassante. Seulement voilà, il n'a pu s'empêcher de "sécher" son interlocuteur en évoquant l'interview réalisée par le journaliste, quelques jours auparavant, avec Ségolène Royal, "enfin, si on peut appeler ça une interview", a lancé en direct le ministre de l'intérieur. C'était aussi l'objectif ce 16 novembre, date du conseil national de l'UMP : faire vivre le débat, inviter à l'expression de toutes les sensibilités. Au final n'ont été retenues que les images d'un Sarkozy vociférant à l'adresse de Michèle Alliot-Marie, coupable de critiques trop appuyées. Sa diatribe passée, le président de l'UMP a dépêché deux députés en salle de presse. Leurs rapports ne l'ont pas rassuré : "Les journalistes de gauche t'ont trouvé agressif, ceux de droite sont dubitatifs." M. Sarkozy a su qu'il en avait trop fait. "Je sais que mon pire ennemi c'est moi-même", a-t-il confié un jour à un de ses interlocuteurs. Depuis, il rame... A cinq mois du premier tour de la présidentielle, il sait que chaque erreur se paye cash. Ni l'effet de la primaire socialiste dans la montée en puissance de Mme Royal ni les conséquences de sa "sortie" contre "MAM" n'ont été anticipés. Le voilà contraint de confier à Jean-Pierre Raffarin l'organisation à la va-vite de trois forums régionaux, en décembre, pour mettre en scène le débat à l'intérieur de l'UMP. D'autant que toutes les remarques sur son inappétence pour le dialogue ne viennent pas que de ses adversaires. "Il a du mal à aller au-delà du cercle de ses amis", se plaint parfois le président du groupe UMP, Bernard Accoyer. "Il reste un solitaire, explique un de ses conseillers politiques. Il a du mal à passer du statut de rebelle à celui de rassembleur." Mais comment se réformer ? Parfois, il se permet encore un "Je vais les niquer !" à l'adresse des chiraquiens. Il laisse déborder son mépris contre Dominique de Villepin : "Cette fois, il est mûr !", lâche-t-il devant un petit groupe de députés alors qu'il sort d'une explication houleuse avec le premier ministre. Dans le huis clos du petit-déjeuner de la majorité, le mardi matin, l'atmosphère est lourde. Sûr de rien ni de personne, il s'attend au pire de ses ennemis. "C'est une question de confiance", a-t-il lâché un jour à M. de Villepin qui lui demandait d'abandonner son poste de président de l'UMP quand il serait candidat. "Il ne laisse rien passer, raconte un élu. C'est dans sa nature." Le parlementaire villepiniste Hervé Mariton peut en témoigner. Alors que le livre du ministre de l'intérieur, Témoignage (éditions XO), est en passe de devenir le best-seller de l'été, M. Sarkozy appelle directement le député de la Drôme qui, dans Le Parisien, a osé expliquer que cet ouvrage "n'était pas à la hauteur". Furieux, M. Sarkozy lui lance : "Qu'est-ce que tu dirais si j'allais chez toi pour dire que tu n'es pas à la hauteur ?" Nerveux ? Pas rassuré en tout cas. Ses proches eux-mêmes ne sont pas sans subir ses foudres. Certains conseillers sont remis, sans ménagement, à leur place, priés par le "patron" de s'occuper davantage des élus, de la presse ou du parti. Les parlementaires sont désormais dûment briefés avant leurs interventions. Même les amis de plus de vingt ans ne sont pas épargnés : "J'aimerais que Brice soit un peu plus politique et un peu moins ministre des collectivités locales", a-t-il glissé un jour à l'adresse de son principal conseiller, Brice Hortefeux. "Bref, personne n'est heureux", dit un familier de la Place Beauvau. Les prochains sondages sont attendus avec un peu d'angoisse. Chacun anticipe "un trou d'air" pour le candidat de l'UMP, consécutif à la désignation officielle de la candidate socialiste. Le découragement pointe : "Les Français ont élu deux fois Chirac, ils pourraient bien élire Royal", se désole un conseiller. L'articulation entre les différents rouages de la campagne - élus, parti, communication - tarde à trouver son harmonie. L'arrivée d'un nouveau communicant, François de la Brosse, recommandé par Cécilia Sarkozy, a provoqué un malaise. Son slogan - "Sarko j'y crois" - a été jugé "inepte". Dans l'entourage du ministre, les débats sont parfois vifs. Faut-il organiser la campagne à l'UMP ou s'en affranchir ? Faut-il s'arc-bouter sur la "rupture" ou s'affilier à une forme de continuité chiraquienne ? Faut-il quitter le gouvernement ou tenir la place ? Pour l'heure, M. Sarkozy laisse ces questions sans réponse. Au risque de laisser la cacophonie s'installer. Le programme législatif de l'UMP porte la marque de cette ambivalence. Trop libéral pour les centristes, trop social pour les libéraux. Pour l'heure, chacun feint de s'en contenter, repoussant à plus tard l'étalage de ses états d'âme. Autre question ouverte : la forme que prendra le congrès du 14 janvier. Prévu pour être "modeste", il affiche désormais l'objectif d'être le plus grand rassemblement jamais mis en scène par un parti. Commentaire d'un député sceptique : "Un congrès à 80 000 personnes ? Jamais on n'a réussi a réunir autant de monde dans un même lieu. Cela sert juste à le rassurer." § Mercredi 29 novembre, Jacques Chirac fêtera ses 74 ans, après plus de onze années passées à l'Elysée § M ercredi 29 novembre, Jacques Chirac fêtera ses 74 ans, après plus de onze années passées à l'Elysée. Ce jour-là, le chef de l'Etat sera à Riga, en Lettonie, pour un sommet de l'OTAN. Le traditionnel pot amical avec ses collaborateurs aura donc lieu le lendemain. Le cadeau : lié aux arts premiers, comme chaque année ? "Ce sera comme d'habitude", confirme-t-on à l'Elysée. Cette fois-là est pourtant particulière. Elle sera sans doute la dernière du genre. Et puis les temps changent : dans la campagne présidentielle qui vient, les principaux candidats, à droite, à gauche ou au centre, sont quinquagénaires. Et l'investiture triomphale de Ségolène Royal, au PS, a donné un coup de vieux à tout le monde. Mais, pour une fois, Nicolas Sarkozy n'en a pas rajouté : il a promis qu'il n'annoncerait pas sa candidature le 29. Article paru dans l'édition du 29.11.06. Abonnez-vous au journal : 15/mois Jacques Chirac, le 2 septembre 2005. | AFP/PATRICK KOVARIK Les faits L'Elysée juge "mensongères" les allégations sur un compte de Chirac au Japon Parmi les articles précédents Les faits Nouveau démenti de l'Elysée relatif à l'existence d'un compte bancaire de M. Chirac au Japon 17.05.06 EUR Les faits Alertée sur l'existence d'un compte de M. Chirac au Japon, la DGSE n'a jamais vérifié l'information 10.05.06 EUR Zoom M. Chirac dément avoir possédé un compte au Japon 09.05.06 EUR (1024_voir.gif) Le président Jacques Chirac, le 15 février 2005, au palais de l'Elysée à Paris. | AFP/PATRICK KOVARIK Chronologie Jacques Chirac, dix ans à l'Elysée Les temps forts des deux mandats présidentiels de Jacques Chirac. (1024_deb.gif) Forum Politique La politique française dans la perspective de l'élection présidentielle de 2007. EN UNE EN CE MOMENT Hooliganisme : Nicolas Sarkozy, taxé de "complaisance", durcit le ton Benoît XVI appelle chrétiens et musulmans à un "dialogue basé sur la vérité" EADS hésite encore à lancer le futur Airbus A350 Gazprom et Rosneft signent un accord de partenariat stratégique ET AUSSI Des visiteurs devant les mosaïques de la basilique Sainte-Sophie, à Istanbul. L'Eglise orthodoxe espère que la visite du pape Benoît XVI en Turquie incitera le gouvernement de Recep Erdogan à faire davantage respecter les droits des minorités chrétiennes dans le pays. | AFP/STR Portfolio Les images du jour du 28 novembre L'entrée du Camp Delta à Guantanamo Bay à Cuba en juin 2006. | AFP/BRENNAN LINSLEY Reportage Guantanamo, cité prospère L'entrée d'un multiplexe avec une quinzaine de salles à Ivry-sur-Seine, le 5 avril 2002. | AFP/PIERRE-FRANCK COLOMBIER Les faits Huit distributeurs face à la concentration PRÉSIDENTIELLE 2007 L'équipe de campagne de Ségolène Royal "Que la laïcité vienne, aux côtés de la liberté, l'égalité et la fraternité, dans notre devise républicaine" Pour "la suppression en cinq ans de toutes les subventions à la pollution" "Je ne me sens pas être une femme de droite" LES DÉPÊCHES Avis positif des eurodéputés aux commissaires roumain et bulgare AFP 18h49 Villepin maintient son déplacement au Tchad jeudi AFP 18h47 Lancement d'une expédition au large de l'Antarctique AFP 18h44 L'équipe de campagne de Ségolène Royal dirigée par Bianco et Rebsamen AFP 18h24 § Une tournée dans la région viserait à donner une stature internationale à la candidate, alors qu'elle a souvent été attaquée sur son manque d'expérience en terme de politique étrangère. § I ra, ira pas ? Depuis lundi soir, les rumeurs vont bon train sur un possible voyage de Ségolène Royal au Liban, voire au Proche-Orient. Si l'entourage de la candidate socialiste reste silencieux et promet une annonce mardi 28 novembre dans l'après-midi, le quotidien libanais L'Orient-Le Jour l'évoque dans son édition du jour. Et parle même d'un hommage rendu au ministre de l'industrie Pierre Gemayel, assassiné mardi 21 novembre dans la banlieue de Beyrouth. Mais la difficulté, pour son entourage, est d'organiser en très peu de temps un voyage qui lui permette de visiter plusieurs pays de la région (Liban, Israël, Jordanie, Palestine) et de s'entretenir avec ses dirigeants. Surtout, cette visite internationale pourrait remplir deux objectifs. D'abord, occuper le terrain médiatique alors que Nicolas Sarkozy s'apprête à annoncer sa candidature à l'investiture UMP. Ensuite, donner une stature internationale à la candidate, souvent attaquée sur son manque d'expérience en terme de politique étrangère : lors du dernier débat télévisé entre prétendants socialistes, elle a été accusée de mal maîtriser les termes du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en affirmant que l'Iran ne devait pas contrôler tout le processus du nucléaire civil. Et de mal connaître le Proche-Orient lorsqu'elle a affirmé que l'Irak était "en train de se redresser, malgré une forme de terrorisme". Ségolène Royal pourrait également en profiter pour affiner ses positions relatives au conflit israélo-palestinien. Elle est, par exemple, favorable au rétablissement immédiat de l'aide européenne à l'Autorité palestinienne, quasiment suspendue depuis l'arrivée du Hamas au pouvoir. Mais elle s'est peu exprimée sur la situation libanaise et sur le rôle de la France dans la région. § Des membres du collectif national pour une candidature antilibérale unitaire en 2007 ont signé, lundi, une pétition demandant au PCF de "renoncer" à la candidature de Marie-George Buffet pour porter les couleurs antilibérales en 2007. § L a gauche antilibérale arrivera-t-elle à se défaire de ses vieux démons de la division ? Des membres du collectif national pour une candidature antilibérale unitaire en 2007 ont signé, lundi 27 novembre, une pétition demandant au Parti communiste français de "renoncer" à la candidature de Marie-George Buffet, sa secrétaire nationale, pour porter les couleurs antilibérales en 2007. Ils demandent à José Bové de réintégrer le rassemblement. Ce dernier avait annoncé qu'il se retirait de la course à l'investiture antilibérale, accusant le PCF de vouloir "imposer" la candidature de son numéro un. Estimant que "la dynamique unitaire est menacée", la pétition, partie d'une initiative des collectifs unitaires des Bouches-du-Rhône, demande au leader altermondialiste de "reprendre sa place dans le rassemblement". "CHANTAGE" La pétition appelle aussi le Parti communiste à "prendre conscience que Marie-George Buffet n'est pas en mesure de représenter la diversité de notre rassemblement et à renoncer à cette candidature". Le texte appelle aussi la LCR, qui a déjà présenté Olivier Besancenot, à "rejoindre le processus unitaire". Cosignataire de l'appel, Clémentine Autain, adjointe au maire de Paris et candidate à l'investiture antilibérale, a affirmé que "le PCF doit prendre la mesure de la difficulté de la candidature de Marie-George Buffet, qui ne peut pas faire consensus". Claude Debons, coordinateur des collectifs, Christian Picquet, chef de file du courant minoritaire de la LCR, Francine Bavay (minorité des Verts), Claire Villiers (élue francilienne), sont parmi les signataires. "Laissons les collectifs décider", a répondu, mardi 28 novembre, la secrétaire nationale du PCF sur RTL. "Pourquoi je renoncerais à une candidature qui a été proposée par des milliers de militants, qui ont réfléchi, débattu. Laissons la discussion se faire. Pourquoi faudrait-il absolument que je (me) retire avant que la démocratie joue ? Qu'est-ce que c'est ce chantage ? (...)" Par ailleurs, à l'initiative du courant "refondateur" du PCF, une autre pétition circule au sein du Parti communiste français, qui appelle à l'émergence d'une "candidature alternative" à celle de la secrétaire nationale. "Nous ne demandons pas le retrait de la candidature de Marie-George Buffet, mais estimons qu'il faut se préparer à faire émerger une candidature recevable par le plus grand nombre de sensibilités" et "qui en même temps corresponde aux attentes des communistes", a indiqué Roger Martelli, l'un des chefs de file de ce courant. Les collectifs sont censés choisir leur candidat par "un double consensus" entre les militants et les organisations, les 9 et 10 décembre lors d'une réunion à Saint-Ouen, en région parisienne. § Le ministre de l'intérieur devrait se lancer officiellement dans la course à l'Elysée avant la fin de la semaine. § § La campagne n'a pas démarré mais certains pensent déjà à quitter le navire. § L a campagne n'a pas démarré mais certains pensent déjà à quitter le navire. Deux figures historiques des Verts, Jean-Luc Bennahmias, député européen, et Yves Cochet, député de Paris, ne cachent plus leur envie de rejoindre l'équipe de Nicolas Hulot si celui-ci se déclarait candidat à l'élection présidentielle. M. Bennahmias a tiré le premier lors des journées d'été des Verts en demandant à ses amis de réfléchir à une alliance avec l'animateur de télévision. C'est lui qui a poussé son parti à inviter M. Hulot ainsi que Corinne Lepage, présidente de Cap 21 et candidate à la présidentielle, en rêvant d'une candidature unique des écologistes. Il va plus loin aujourd'hui : "Si Hulot est candidat, je le soutiendrai", dit-il au Monde. C'est par un écho dans le Nouvel observateur du 23 novembre que M. Cochet a donné sa préférence. A ses yeux, Nicolas Hulot est "le Cousteau du XXIe siècle !". Il a taclé dans le même élan la candidature de Dominique Voynet, en assurant que "si Dominique reste à 1 ou 2 % dans les sondages, elle devra renoncer". Depuis des mois, les contacts n'ont cessé entre les proches de M. Hulot et les deux députés. "Je rencontre régulièrement Jean-Paul Besset, son conseiller, et j'en discute ensuite avec Cochet", raconte M. Bennahmias. Les proches de M. Cochet, qui n'a pu être joint, démentent : "Nous avons une candidate et c'est Dominique Voynet", affirme Barbara Pompili, sa collaboratrice. A trois jours de l'assemblée générale des Verts des 2 et 3 décembre, M. Cochet préfère rester discret. Le 23 novembre, il a envoyé aux Verts un communiqué disant qu'il "resterait jusqu'au bout fidèle et loyal" à la candidate Verte. Sans adresser de démenti au magazine. Ces tentations de désertion agacent au sein des Verts. "Il suffit que Hulot éternue pour que les Verts s'enrhument et que certains attrapent la fièvre, grince Noël Mamère. Ils voudraient flinguer les Verts et leur candidate qu'ils ne s'y prendraient pas autrement." "Yves cochet est dans le dépit et cherche à se venger", dit un autre cadre. Mme Voynet feint de ne pas s'étonner : "Tant que Nicolas n'est pas candidat, la question ne se pose pas. Les Verts ont la leur." § Ségolène Royal a involontairement déclenché une petite tempête politique en Belgique où, faute de pouvoir toujours énoncer clairement leurs différences, les partis de gauche et de droite font fréquemment référence au débat français dans leurs joutes. § S égolène Royal a involontairement déclenché une petite tempête politique en Belgique où, faute de pouvoir toujours énoncer clairement leurs différences, les partis de gauche et de droite font fréquemment référence au débat français dans leurs joutes. Cette fois, c'est Elio Di Rupo, le président du PS francophone, qui a effectué un détour par la France pour se démarquer de ses partenaires libéraux au sein du gouvernement de coalition belge et faire oublier les déboires de son parti, dont plusieurs membres ont été cités dans des scandales judiciaires. Invité à Paris, dimanche 26 novembre, pour participer à l'intronisation de Mme Royal, M. Di Rupo a lancé à son amie Ségolène : "En Belgique, la droite a tellement peur de ta victoire qu'elle envisage de reporter en juin les élections générales qui auraient pu se dérouler à la mi-mai." En clair, la victoire de la candidate du PS créerait un appel d'air favorable à ses camarades d'outre-Quiévrain. Cette petite phrase aurait dû faire sourire : la date des élections législatives n'est pas fixée et dépendra, pour l'essentiel, du vote d'une loi reprenant les articles de la Constitution que les partis des deux grandes communautés belges voudront réviser en vue d'une nouvelle réforme de l'Etat. Seul le premier ministre, Guy Verhofstadt, a indiqué que le 24 juin lui semblait la date la plus favorable. Plusieurs observateurs font en outre remarquer que la victoire de la gauche française n'est pas certaine et qu'en toute hypothèse le programme de M. Di Rupo est plus proche de celui de Dominique Strauss-Kahn que de celui de Mme Royal, adepte de "l'optique blairiste du law and order", comme l'a affirmé, dans Le Soir, le politologue Pascal Delwit. Didier Reynders, ministre des finances et chef de file du mouvement réformateur (libéral), n'a, en tout cas, pas aimé le propos de M. Di Rupo le décrivant comme "grotesque". Perfide, un de ses adjoints ajoutait que "l'électeur fera la différence entre Ségolène Royal, Lucien Cariat, Jacques Van Gompel, Georges Rovillard", des mandataires socialistes belges placés en détention provisoire dans le cadre d'enquêtes sur des malversations. L'agacement des libéraux, dont le rêve est de s'assurer une victoire historique sur le PS en 2007, est d'autant plus grand que récemment, M. Di Rupo avait désigné "le libéralisme" et "les conservateurs qui, partout, s'opposent à la régulation", comme les responsables de la restructuration de Volkswagen-Forest, le site belge du constructeur allemand qui devrait perdre 4 000 emplois. Cette analyse est "une insulte à l'intelligence", a répliqué Louis Michel, commissaire européen et ex-président du Mouvement réformateur, en affirmant que les responsables du blocage de l'Europe sociale étaient surtout des travaillistes. M. Michel semblait au passage confirmer la rumeur qui veut qu'il revienne à la politique belge pour en découdre avec le PS. En misant sur un "effet Sarko". § Une formation "paritaire" de quinze personnes constituera la garde rapprochée de la candidate. Un second cercle "territorialisé" s'y ajoutera § L 'équipe de campagne de Ségolène Royal se veut "resserrée", "opérationnelle". Et "paritaire". La candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007 a rendu publique, mardi 28 novembre, une liste de quinze personnes - tous des élus à de rares exceptions près - qui vont former sa garde rapprochée. Tournée de la candidate au Proche-Orient Au moment où Nicolas Sarkozy s'apprête à rendre publique sa candidature pour l'élection présidentielle de 2007, Ségolène Royal prend le large. La candidate socialiste consacre son premier déplacement à l'étranger au Proche-Orient. Après le Liban, où elle se rendra du 30 novembre au 2 décembre, Mme Royal poursuivra son voyage dans les territoires palestiniens et en Israël, où elle devrait rencontrer le premier ministre, Ehoud Olmert, et les dirigeants du Parti travailliste. La candidate socialiste devrait répondre à l'invitation des démocrates américains, qui l'ont invitée à participer à leur congrès prévu mi-décembre, à New York. Enfin, l'équipe de Mme Royal examine la possibilité de rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel. A ce noyau dur s'ajoutera un deuxième cercle "territorialisé" composé de présidents de région, de conseillers généraux, de maires et de cadres du PS. "Je ne distribue pas les postes, affirme Mme Royal. La compétence se traduit par la production, le travail." Le conseil d'orientation politique qui s'était formé pour la primaire socialiste est dissous. Il est remplacé par le bureau national du PS, présidé par François Hollande et élargi à des représentants du Parti radical de gauche (PRG). Mme Royal, qui n'était pas membre, jusqu'ici, du bureau national, y participera dès mardi 5 décembre. JEAN-LOUIS BIANCO ET FRANÇOIS REBSAMEN, CODIRECTEURS DE CAMPAGNE. Ancien secrétaire général de l'Elysée de 1981 à 1986, deux fois ministre (affaires sociales en 1991, transport, équipement et logement en 1993), M. Bianco, 63 ans, est député des Alpes-de-Haute-Provence et président du conseil général. M. Rebsamen, 55 ans, numéro deux du PS et maire de Dijon depuis 2001, "fera le lien" avec le parti selon l'expression de Mme Royal. C'est sur eux que l'engagement d'une "disponibilité" totale, requise par la candidate, pèse le plus lourd. Les deux hommes ne pourront pas consacrer plus d'une "journée par semaine" à leur fief électoral. PATRICK MENNUCCI, DANIELLE BOUSQUET ET YVON COLLIN, DIRECTEURS ADJOINTS. Spécialiste des déplacements de Mme Royal dans les fédérations pendant la primaire, M. Mennucci, 51 ans, vice-président de la région PACA et président du groupe socialiste au conseil municipal de Marseille, est chargé de l'organisation. Mme Bousquet, 59 ans, députée des Côtes-d'Armor, avait constitué le groupe parlementaire de femmes ralliées à la candidature Royal. M. Collin, 62 ans, sénateur de Tarn-et-Garonne, est le représentant PRG désigné par son parti. CHRISTOPHE CHANTEPY, DIRECTEUR DU CABINET CAMILLE PUTOIS, CHEF DE CABINET Président de l'association de campagne Désirs d'avenir, M. Chantepy, conseiller d'Etat, a été directeur du cabinet de Mme Royal, ministre de la famille entre 2000 et 2002. Mme Putois est chef du bureau des élections et des études politiques au ministère de l'intérieur, où elle a beaucoup étudié l'hypothèse du vote électronique aux élections. Adhérente à Désirs d'avenir, elle a été "repérée" par Mme Royal qui l'a persuadée de quitter ses fonctions au ministère pour rejoindre son cabinet. Font partie ausi de ce cabinet des proches de Mme Royal dont Sophie Bouchet-Petersen, sa conseillère spéciale. JULIEN DRAY, CONSEILLER CHARGÉ DE LA COORDINATION DES PORTE-PAROLE Ami du couple Hollande-Royal, le député de l'Essonne, 51 ans, porte-parole du PS, a été le premier à soutenir la candidature de Mme Royal. La liste des porte-parole actuels, Arnaud Montebourg et Gilles Savary, sera étoffée. JACK LANG, CONSEILLER SPÉCIAL L'ancien ministre sera chargé des "contacts" internationaux et de l'organisation d'"événements". BRUNO LE ROUX, AURÉLIE FILIPETTI ET OUARDA KARRAÏ, CHARGÉS DE MISSION M. Le Roux, 41 ans, proche de M. Hollande, est député de Seine-Saint-Denis, et secrétaire national chargé des élections au PS. Mme Filipetti, écrivaine, élue dans le 5e arrondissement de Paris, vient de démissionner des Verts. Mme Karraï, ancienne attachée parlementaire de M. Bianco, avait été écartée de la liste Ile-de-France entre les deux tours de l'élection régionale avant de figurer en sixième position, non éligible, aux européennes en 2004. DOMINIQUE BERTINOTTI, MANDATAIRE FINANCIER Ex-fabusienne, maire du 4e arrondissement de Paris depuis 2001, elle a adhéré au PS en 1988. YVETTE ROUDY ET SAFIA OTOKORÉ, CHARGÉES DE L'ANIMATION DES COMITÉS DÉSIRS D'AVENIR Mme Roudy, ancienne ministre des droits de la femme de 1981 à 1986, est proche d'Arnaud Montebourg. Mme Otokoré, 37 ans, a rejoint fin 2005 la direction du PS comme secrétaire nationale chargée des sports. § Comme un avant-goût de campagne présidentielle. Les violences d'après-match de jeudi soir, où un supporteur du PSG a trouvé la mort, alimentent une bataille politique. § C omme un avant-goût de campagne présidentielle. Les violences d'après-match du jeudi 23 novembre, où un supporteur du PSG a trouvé la mort, alimentent une bataille politique. Mardi 28 novembre, les députés PS se sont lancés, lors de la séance des questions, à l'assaut du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Christophe Caresche (PS) est monté au créneau, accusant M. Sarkozy de ne pas avoir "pris la mesure de ce qui s'est passé" et d'avoir reçu des représentants de supporteurs "interdits de stade". Il a exigé la dissolution des clubs violents. Le ministre a vertement renvoyé à ses responsabilités le député, également adjoint au maire de Paris chargé de la sécurité, en soulignant que la mairie de Paris "subventionnait depuis des années" le PSG et était représentée dans son conseil d'administration. "Si vous considérez que ce club et les associations de supporteurs ne méritent plus vos subventions, coupez les subventions", s'est exclamé M. Sarkozy. Le ministre a annoncé que les associations de supporteurs "ne se désolidarisant pas de mouvements racistes ou d'actions violentes seront immédiatement dissoutes", conformément à la loi de 2006 dont les décrets d'application seront publiés d'ici à vendredi, a-t-il promis. Le porte-parole de l'UDF, François Sauvadet, s'était "étonné" que ces décrets n'aient pas été encore publiés. MENACE DE MATCHES À HUIS CLOS M. Sarkozy a aussi réaffirmé que seuls les supporteurs ayant acheté leur billet "par l'intermédiaire d'une association de supporteurs" pourraient pénétrer dans le stade du Parc des Princes. Il a même brandi la menace de matches à huis clos pour les clubs ne se conformant pas à ces obligations. Une solution radicale que la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, avait suggérée pour la fin de saison du PSG. Enfin, M. Sarkozy a confirmé le doublement "des interdictions administratives et judiciaires" par la préfecture de police de Paris. A ce sujet, Elisabeth Guigou (PS) a dénoncé "une faillite de Nicolas Sarkozy", observant que cela faisait "des années et des années qu'il y avait des incidents au PSG, toujours avec cent, deux cents ou trois cents individus maximum, parfaitement répertoriés et connus des services de police". Jean-Marie Le Pen a lui aussi ajouté son grain de sel, dénonçant "une ignoble manuvre" visant à lui nuire à quelques mois de la présidentielle de 2007. Le président du FN a annoncé qu'il déposerait une plainte en diffamation avec constitution de partie civile contre le procureur de la République Jean-Claude Marin, chargé de l'affaire du PSG. Aux yeux de M. Le Pen, le magistrat "est sorti de son rôle" et a"ouvert la voie à une série de déclarations manipulatoires et diffamatoires" en faisant publiquement état de présumés slogans des supporteurs parmi lesquels "Le Pen président !". En définitive, et comme M. Caresche l'avait également réclamé, la partie basse de la tribune Boulogne sera fermée lors du prochain match de Ligue 1 de football du Paris-Saint-Germain au Parc des Princes, dimanche, face à Toulouse. § Le Parti socialiste a rendu publics les noms des quinze personnes qui entoureront sa candidate pendant la campagne électorale. § § Le ministre de l'intérieur et président de l'UMP veut "s'adresser aux Français" et a affirmé, mardi soir, à quelque 350 parlementaires de l'UMP invités à un buffet à son ministère qu'"il ne pouvait pas être imaginable qu'il y ait des candidats UMP en dehors de l'UMP". § N icolas Sarkozy a déclaré, mardi soir 28 novembre, à plus de 350 parlementaires de l'UMP qu'il entendait "s'adresser aux Français" dans quelques jours. Il les avait invités à son ministère pour un buffet, à l'occasion de l'examen par le Parlement de sa loi sur la prévention de la délinquance, mais il leur a surtout parlé de sa volonté de briguer l'Elysée, de l'autre côté de la rue. L'annonce de sa candidature à l'investiture UMP pour la présidentielle de 2007 est attendue jeudi. Selon tous les participants interrogés, le ministre de l'intérieur, dont la candidature à l'investiture de l'UMP est donnée certaine, a promis "quelques surprises". "La façon dont il le fera illustrera beaucoup le message qu'il veut faire passer aux Français", a expliqué Laurent Wauquiez, selon qui Nicolas Sarkozy tient à ce que ce soit "un scénario de rencontre directe avec les Français". "A mon avis, a-t-il dit, il va plutôt chercher un cadre qui soit assez serein et apaisé, un lieu qui lui parle à lui." M. Sarkozy est l'invité, jeudi soir, de l'émission "A vous de juger", sur France 2. Selon un de ses collaborateurs, il y parlera en particulier d'immigration, de sécurité, d'éducation et de pouvoir d'achat. D'autres ont laissé entendre qu'il s'exprimerait quelques heures avant l'émission, peut-être lors d'un déplacement à ce jour tenu secret. La "surprise" de Sarkozy ? Selon Le Parisien/Aujourd'hui en France, le ministre de l'intérieur et président de l'UMP annoncerait sa candidature par voie de presse, s'adressant aux Français à travers les quotidiens régionaux. Le journal indique que "plusieurs de leurs représentants sont en effet conviés au ministère de l'intérieur". Libération indique pour sa part que "le numéro deux du gouvernement a étudié toutes les déclarations des derniers prétendants à l'Elysée pour recenser les erreurs à ne pas commettre. Exit celle envoyée par fax à l'Agence France-Presse de Lionel Jospin, en 2002. Mauvais souvenir, celle d'Edouard Balladur sous les dorures de Matignon en 1995"."PAS DE CANDIDATS UMP EN DEHORS DE L'UMP" Selon le député Dominique Paillé, Nicolas Sarkozy a redit, mardi soir, "sous un tonnerre d'applaudissements, qu'il ne pouvait pas être imaginable qu'il y ait des candidats UMP en dehors de l'UMP". Selon d'autres participants au buffet de mardi soir, M. Sarkozy a déclaré que "gagner une présidentielle, c'est rassembler un Français sur deux, et notre famille politique n'est pas prête à subir une division supplémentaire". Pour le ministre, le parti aura "trois priorités dans les mois à venir : l'unité, la nouveauté et la modernité". "Je ne demande à personne de renoncer à ce qu'il est, mais de se tourner vers l'avenir", a-t-il également précisé dans une allusion à peine voilée aux autres éventuels candidats à la candidature de l'UMP, dont Michèle Alliot-Marie, la ministre de la défense, ou encore le premier ministre, Dominique de Villepin. Nombre de participants ont parlé d'un "moment d'émotion", avec un Nicolas Sarkozy à la fois "impressionnant", "serein", "calme", "apaisé" et "très déterminé", n'hésitant pas, comme la candidate socialiste Ségolène Royal, à comparer la prochaine bataille électorale à l'ascension d'une montagne. "Il a dit qu'aller vers une échéance aussi importante, c'était un peu comme gravir l'Himalaya, que ça nécessitait du souffle, de l'énergie, de l'expérience, qu'on pouvait décrocher à tout moment et que ceux qui l'accompagneront doivent être capables de le suivre", a dit le député Yves Jégo. "Il est un peu en train de fendre l'armure", a, pour sa part, déclaré Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP, reprenant ainsi une formule appliquée au candidat socialiste Lionel Jospin lors de la campagne présidentielle de 1995. "Il est fin prêt", a renchéri un autre porte-parole de l'UMP, Luc Chatel. Assurant être "tranquille comme il ne l'a jamais été", le président de l'UMP a également critiqué le Parti socialiste et sa candidate désormais officielle, Ségolène Royal : "Le PS est devenu un parti immobile, l'électorat populaire s'est senti trahi par la gauche, la gauche de Blum et de Jaurès parlait des travailleurs, la gauche de Lionel Jospin et de Ségolène Royal parle des 35 heures." § La candidate socialiste à la présidentielle a annoncé mardi la constitution d'une équipe de campagne resserrée autour de ses proches, qui tente de faire le lien entre la vieille garde du parti et la jeune génération. § L a candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, a annoncé, mardi, la constitution d'une équipe de campagne "restreinte" d'une quinzaine de personnes, codirigée par Jean-Louis Bianco, ex-secrétaire général de l'Elysée, et François Rebsamen, numéro deux du PS. Cette équipe comprend autant d'hommes que de femmes, si l'on inclut la candidate. Mais elle est avant tout composée de proches de Ségolène Royal, qui ne s'est pas risquée à l'ouvrir à des proches de Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. De même, elle illustre les priorités politiques de Ségolène Royal, et sa volonté d'allier sa prétention de renouveau aux traditions du parti. Partisan de longue date de la candidate, l'ancien fer de lance de la gauche du parti, ancien du Nouveau Parti socialiste, le porte-parole du PS Julien Dray, est nommé "conseiller, chargé de la coordination des porte-parole" de la candidate. Il devrait être le véritable porte-parole de la campagne. Si Arnaud Montebourg et Gilles Savary conservent officiellement leurs fonctions de porte-parole, ils ne figurent pas dans l'équipe telle qu'elle a été rendue publique. L'équipe Royal fait la part belle à ses fidèles de la première heure : Christophe Chantepy, président de l'association Désirs d'avenir et chef d'orchestre de la communication de la présidente de Poitou-Charentes, devient officiellement directeur de cabinet. L'élu marseillais Patrick Menucci, artisan de la construction des réseaux Royal au sein du parti, est nommé directeur adjoint de la campagne. Autre impératif de Ségolène Royal : conjuguer la tradition mitterrandienne et les nouvelles générations de socialistes. Jean-Louis Bianco, directeur de campagne, et Jack Lang, nommé "conseiller spécial" de la candidate, représentent la vieille garde socialiste. Yvette Roudy, figure du féminisme socialiste, ministre des droits de la femme du premier gouvernement Mitterrand, est chargée de co-animer les collectifs Désirs d'avenir. Mais la présence de quatre femmes de moins de 35 ans doit équilibrer l'exécutif de campagne. Parmi elles, l'ex-élue municipale Verte Aurélie Filippetti, récemment écartée des investitures aux législatives du parti écologiste, est nommée chargée de mission, probablement en charge des questions environnementales, axe fondamental de la campagne de Mme Royal. Safia Otokoré, qui co-animera les collectifs Désirs d'avenir, est conseillère régionale de Bourgogne et conseillère municipale à Auxerre. Originaire de Djibouti, arrivée en France à 1993, elle fait partie des candidats issus de l'immigration mis en avant par le PS pour les élections législatives de juin 2007, malgré les réticences des militants locaux. Elle avait provoqué un débat au sein du PS en octobre 2005 lorsqu'elle avait été évincée d'une délégation à la mairie d'Auxerre pour avoir eu des "mots déplacés" envers certains élus. Plusieurs élues socialistes avaient alors marqué leur solidarité en dénonçant le "sexisme" des cadres socialistes d'Auxerre. Rencontrée de "fraîche date", Camille Putois arrive au poste de chef de cabinet de Ségolène Royal directement de la Place Beauvau. Jeune énarque et normalienne, elle était jusqu'à mardi "chef du bureau des élections et des études politiques" au ministère de l'intérieur. § La liste des personnes membres de l'équipe de campagne de la candidate socialiste. § § Entretien avec Corinne Lepage, candidate à l'élection présidentielle et présidente du parti Cap 21.Propos recueillis par Constance Baudry § § Y aura-t-il une "plate-forme commune" écologiste, comme l'idée avait été lancée en septembre dernier ? A quelques jours de l'assemblée générale des Verts (2 et 3 décembre), la question resurgit avec acuité. § Y aura-t-il une "plate-forme commune" écologiste, comme l'idée avait été lancée en septembre dernier ? A quelques jours de l'assemblée générale des Verts (2 et 3 décembre), la question resurgit avec acuité. Jeudi, Dominique Voynet, candidate des Verts à la présidentielle, a annoncé avoir signé, "sans tergiverser", le pacte de Nicolas Hulot sur l'urgence écologique. Dans une lettre transmise à au producteur de télévision, Mme Voynet souligne qu'on retrouve "la quasi-totalité" des propositions de Nicolas Hulot dans le projet des Verts, qui vont souvent "plus loin". La sénatrice de Seine-Saint-Denis suggère ainsi un regroupement des forces. "Il est juste, nécessaire et urgent, écrit la candidate, de faire converger cet élan, dont tu es le symbole, avec les savoirs, l'énergie, l'expérience que beaucoup d'entre nous ont accumulés depuis 20 ans, de regrouper nos forces et nos talents, dès à présent, pour le futur". L'idée d'une "plate-forme commune" risque néanmoins d'achopper sur la question de son leader. Le secrétaire national des Verts appuie, pour sa part, la candidature de Mme Voynet. "Dominique Voynet est et restera candidate des Verts", a ainsi déclaré à l'AFP Yann Wehrling. "L'engagement de Hulot à nos côtés serait bénéfique : les Verts sont la seule formation politique qui assurera la mise en oeuvre réelle de ses propositions." Mais pour Jean-Luc Bennahmias, député européen et ancien secrétaire national des Verts, si Nicolas Hulot entre en lice pour la présidentielle, les Verts doivent renoncer à leur propre candidature. "En ce qui nous concerne, il ne s'agit pas d'élire un président, mais de peser fortement sur les programmes des différents partis politiques", a-t-il expliqué. Il a rappelé un sondage de début novembre indiquant que, pour 66 % des Français, l'animateur de télévision est celui qui représenterait le mieux la défense de l'environnement lors de la campagne présidentielle, nettement devant Dominique Voynet (14 %). Contactée la semaine dernière, Corinne Lepage, candidate de Cap21, semblait toujours déterminée à se présenter, soulignant que les discussions avec Les Verts et Nicolas Hulot n'avaient pas avancé depuis septembre. § L'intégralité du débat avec Philippe Ridet, journaliste au "Monde", jeudi 30 novembre 2006. § F lorent : N. Sarkozy a-t-il gagné quelque chose en laissant planer ce "faux suspense" sur sa candidature ? Philippe Ridet : Politiquement, c'est difficile à savoir pour l'instant. Il faut attendre les prochains sondages pour savoir si cette déclaration de candidature a un impact négatif ou positif sur sa popularité. Ce qu'il a gagné, en revanche, c'est une exposition médiatique maximum. Mais était-ce vraiment ce qu'il cherchait ? Savonarole : M. Sarkozy s'est finalement inspiré de la méthode de... Jacques Chirac en 1994 pour annoncer officiellement sa candidature. N'est-ce pas une erreur stratégique ? Philippe Ridet : Oui, il s'est inspiré de cette méthode. Mais rappelons qu'en 1994, le 4 novembre pour être précis, Jacques Chirac s'était adressé à un seul quotidien régional, La Voix du Nord. Visiblement, Nicolas Sarkozy a développé la formule en s'adressant, lui, à une soixantaine de quotidiens en même temps. Si l'on en juge par les effets de l'annonce de Jacques Chirac sur sa campagne, M. Sarkozy peut espérer le même sort. Maintenant, la question est de savoir si cette communication de masse correspond à ce qu'attendent les Français. Ceux-ci souhaitent que l'on s'adresse à eux, mais pour autant, je ne crois pas qu'ils souhaitent être l'objet d'une déclaration aussi massive. Leur rêve serait plutôt qu'en s'adressant à la France, M. Sarkozy s'adresse à chacun d'eux individuellement. La méthode choisie ne le garantit pas. Benoitdev : La fuite de l'interview était-elle organisée ? Philippe Ridet : Je ne le crois pas. L'équipe de communicants de Nicolas Sarkozy était hier très dubitative quant à la solidité de l'embargo jusqu'à 2 heures du matin, qui avait été conclu entre les journalistes qui ont recueilli l'interview et le ministère de l'intérieur. Cela dit, la rapidité avec laquelle Libération a pu publier cet interview, moins de deux heures après que le ministère de l'intérieur l'eut retourné à leurs auteurs, est quand même un petit échec pour les conseillers de Nicolas Sarkozy qui passent pour des maîtres en matière de contrôle de la communication. Fabien : Ne s'agit-il pas d'une annonce un peu froide par rapport à la surprise annoncée ? Philippe Ridet : Il n'y avait pas de surprise au sens véritable du terme. Chacun sait depuis plusieurs années que Nicolas Sarkozy sera candidat. La seule incertitude concernait la forme que prendrait cette déclaration. Si elle peut sembler froide, c'est aussi parce qu'en choisissant l'écrit plutôt que la parole, M. Sarkozy voulait éviter, pour une fois, le piège des images et d'une émission en direct qu'il ne maîtrise pas entièrement. Il est probable que son intervention de ce soir sur France 2 vise aussi à donner de la chair et de l'humanité à sa déclaration de candidature. Dragonfly : L'annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy le lendemain de l'anniversaire de Jacques Chirac est-il un hasard du calendrier ? Philippe Ridet : Le lendemain ? Les fuites qui ont précédé la publication de cet entretien ont finalement abouti à ce que l'équipe de Sarkozy ne voulait pas, à savoir une candidature annoncée le jour du 74e anniversaire de Jacques Chirac. Cette journée du 29 novembre a toujours été, dans l'esprit de M. Sarkozy, une journée "sanctuarisée". C'est pour cela que la date du 30 a été initialement choisie pour faire paraître l'entretien annonçant sa candidature. Cela dit, ce ne sont pas les 24 heures théoriques entre la date de l'anniversaire de M. Chirac et l'officialisation des ambitions du ministre de l'intérieur pour la présidentielle de 2007 qui changent quoi que ce soit à cette impression qu'une page est en train de se tourner à droite. Vincent : Que veut dire "rupture tranquille" ? Comment quelque chose peut-il se rompre tranquillement ? Julienb : Est-ce que N. Sarkozy tente d'assouplir un peu son discours aux yeux de l'opinion avec la notion de "rupture tranquille" ? Est-ce que ça peut marcher ? Philippe Ridet : La rupture a souvent été dénoncée dans l'entourage même de Nicolas Sarkozy, et chez certains députés qui lui sont fidèles, comme un terme anxiogène. Certaines élues allant même jusqu'à soutenir que ce terme faisait "peur aux femmes". Le candidat a tenu compte de ces critiques. Toutefois, renoncer à ce mot aurait pu être interprété comme un recul politique. En y adjoignant le qualificatif de "tranquille", M. Sarkozy tente à la fois de sauver son concept et donne raison à ceux qui le critiquent. Le mot "tranquille" a, par le passé, très bien réussi à François Mitterrand en 1981. Pour M. Sarkozy, il est aussi un "clin d'oeil" à un certain électorat de gauche qu'il compte séduire. Volangis : Ne pensez-vous pas que M. Sarkozy a été pressé d'annoncer sa candidature, devant l'avancée socialiste et la menace de candidats UMP potentiels comme Villepin ou MAM ? Philippe Ridet : Il ne s'agit pas véritablement d'une accélération du calendrier. La période durant laquelle les candidats de l'UMP peuvent déposer leur candidature est ouverte depuis la semaine dernière et se refermera le 31 décembre. M. Sarkozy, dont les ambitions ne sont un mystère pour personne, n'avait aucun intérêt à faire durer au-delà du supportable ce faux suspense. Cependant, la manière choisie pour se déclarer candidat est un double signe. Et même un triple signe. D'abord, il s'adresse à ses troupes, gagnées parfois par une forme de doute, et les assure de sa détermination. Ensuite, il montre à ses rivaux au sein de l'UMP qu'il a largement les moyens de remporter la bataille interne. C'est une manière aussi de les écurer. Enfin, il adresse une démonstration de force à Ségolène Royal, dont l'envolée dans les médias l'a véritablement surpris. § La candidate socialiste est arrivée au Liban, jeudi, où elle a adressé ses condoléances à la famille du ministre de l'industrie Pierre Gemayel, assassiné mardi 21 novembre. § § Le président de l'UDF, dont les valeurs étaient démodées dans les années 1980, est devenu tendance, comme les produits bio. Il met aujourd'hui en scène ses racines pour faire oublier sa déjà longue carrière. § A Serres-Castet, le nom de Bayrou est connu depuis plus d'un siècle. Il y eut d'abord François, le fondateur de la lignée, dans les Pyrénées-Atlantiques. Vers 1850, il a quitté le village, dont les terres ne faisaient plus vivre sa famille, pour Bordères, dans la plaine, à quelques dizaines de kilomètres. Il y a aussi Raymond. Son nom est désormais gravé aux côtés de quelques autres sur le monument aux morts de ce village de 1 500 âmes. C'est ici que, samedi 2 décembre, François Bayrou déclarera officiellement sa candidature à l'élection présidentielle. "Raymond, c'était un cousin de mon grand-père, François, raconte le futur candidat. Il est mort à la guerre de 14-18." A l'heure où Nicolas Sarkozy annonce sa candidature à l'Elysée dans la presse régionale, à l'heure où Ségolène Royal transforme sa terre d'élection de Melle (Deux-Sèvres) en terre quasi natale, François Bayrou retourne simplement chez lui pour annoncer aux Français qu'il brigue à nouveau leurs suffrages. C'est son avantage sur ses rivaux. Un luxe qu'il n'a pas eu à conquérir et qui fut longtemps son complexe. La revanche du petit paysan. "Quand je suis venu à Paris, explique-t-il avec des accents de Petit Chose qui a réussi dans la capitale, j'ignorais les codes vestimentaires, les règles implicites, les moeurs et les réseaux." Lui, il est d'ici. Toute une lignée d'ancêtres ont contemplé en deux siècles la plaine de Pau et la chaîne des Pyrénées qui s'étage en balcons. Le président de l'UDF n'a pas été long à voir le profit qu'il pouvait tirer de cet enracinement alors que l'histoire personnelle de ses principaux rivaux les prive de véritables racines. "J'ai cessé de tricher avec moi-même, dit le président de l'UDF pour expliquer son choix d'une déclaration "au pays". L'authenticité aujourd'hui est une arme. Il faut s'adresser à son pays avec ce qu'on est." En 2002, il avait choisi le cadre institutionnel du conseil général. Cette fois, si le temps le permet, cela aura lieu en plein air, sur la place du village. Il ne manquera plus que la musique de Douce France pour faire la bande-son de ce chromo provincial. Aujourd'hui, par un miraculeux renversement des valeurs, il lui suffit d'être lui-même pour être différent. Démodé dans les années 1980, Bayrou est devenu tendance, comme les produits bio ou le développement durable. La mort de son père, Calixte, paysan érudit mort en tombant d'une charrette de foin, peut se lire comme une page d'histoire de France. Sa biographie d'agrégé de lettres, professeur le jour et soutien de famille le reste du temps, appartient aux grandes heures de la méritocratie républicaine. L'ancien bègue qui est parvenu à vaincre son handicap est un exemple de volonté. Hier, le microcosme le snobait, moquait ses costumes de provincial, ses manières mal dégrossies, son parler de prof. Aujourd'hui, Bayrou est devenu un must sans rien changer ou presque. Pourtant, ce franc-tireur qui tient la gauche et la droite dans son viseur n'a pas toujours eu ce courage. Longtemps, François Bayrou fut lui aussi un apparatchik. "J'ai été longtemps un jeune conformiste, avoue-t-il Et sans doute "formiste" est-il de trop." Car, avant d'être un rebelle, François Bayrou chercha à être un héritier. C'est un parti de nantis et de notables, où le pouvoir se transmet de père en fils, qu'il choisit pour son entrée en politique. Il y retrouve les fils des Bosson, des Méhaignerie. Chez eux, le pouvoir se transmet comme un titre ou une propriété. Mais ils sont catholiques, et c'est d'abord ce qui compte à ses yeux. Dans ce petit parti on monte vite. Les qualités de plume de François Bayrou font merveille. Il écrit les discours de Pierre Méhaignerie, Jean Lecanuet, Pierre Pflimlin. Dirige des lettres d'informations. Inonde la presse locale. Il connaît sa valeur, se sent sûr de lui. Il ne dîne pas avec les puissants, mais il sait les séduire par un mélange de culot et de culture. Il conquiert rapidement le statut de "jeune espoir". La naissance de l'UDF en 1976 aidera à sa promotion. Dix ans plus tard, en 1986, il gagne son premier mandat de député. Et connaît sa première désillusion : "Député, raconte-t-il, c'est formidable, le premier soir. Les amis vous félicitent, votre femme couche pour la première fois avec un élu - dans la plupart des cas -, on vous donne une écharpe. On découvre alors qu'on n'est rien." Mais ce "rien" va le faire rêver quelques années encore. S'il dit négliger les allées du pouvoir et le contact des puissants, ni les unes ni les autres ne lui sont étrangers. Deux mandats de ministre viennent couronner cette oeuvre de patience et d'abnégation. Les jeux d'appareil ne lui sont pas défavorables non plus. La prise du CDS en 1994, sa transformation en Force démocrate deux ans plus tard sont autant de marches vers le pouvoir et le destin qu'il s'imagine. "Je ne ferais pas ce métier si je n'étais pas persuadé d'être le meilleur, si je devais me contenter d'être médiocre", a-t-il confié un jour à sa biographe Violaine Gelly (François Bayrou, éditions Bertillat, 270 p., 18,29 ). Tout Bayrou est là : orgueil démesuré et détermination absolue. Alain Lamassoure le compara un jour au rugbyman Jean Gachassin : "Il était comme lui, vif-argent." Bayrou semble renier ses succès : "Je savais jouer le jeu, mais il y avait des cartes sous la table que je ne voyais pas." Le bilan n'est pas si mauvais, pourtant. C'est aussi dans ces années-là que se forme la bande à Bayrou. Marielle de Sarnez, Claude Goasguen, Eric Azière et Jean-Louis Bourlanges en sont les premiers piliers. Plus tard s'y joindront les Borloo, Leroy, Morin... Le président de l'UDF est accusé par certains centristes d'un fonctionnement "clanique". Ils dînent tard à la brasserie Lorraine ou chez Thoumieux. Jouent au tarot jusqu'à pas d'heure et font de la politique entre deux plis. Les discours sont écrits aux petites heures du matin. Parfois cela se voit, d'autres fois pas. Bayrou gagne une réputation de dilettante. Il laisse dire. L'époque après tout est à la facilité, il n'en manque pas. "J'ai longtemps surestimé l'intelligence", dit-il comme pour s'excuser. § Entretien avec Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS. § Y a-t-il une politique de la culture de droite et une autre de gauche ? L'histoire du siècle dernier est éclairante. Au début du XXe siècle, la "politique culturelle" était refusée par les partis de gauche au motif qu'elle ferait financer par tous, au moyen de l'impôt, les loisirs des seuls riches. Mais les responsabilités municipales et l'épisode du Front populaire ont fait évoluer la gauche. Quand Malraux a hérité du ministère de la culture , il s'est retrouvé face à un relatif consensus. Dans les années 1980-1990, il s'est passé l'inverse : une politique portée par la gauche - celle de Jack Lang - a été rendue pérenne par la conversion de la droite à la nécessité de franchir une étape nouvelle. Si bien que, au total, la politique culturelle est difficilement identifiable à un camp. Concrètement, une fois au pouvoir, mènent-ils la même politique ? La distinction n'est pas évidente. A l'exception de l'extrême droite, il y a un consensus sur la "sanctuarisation" du budget de la culture à 1 %, même si la capacité de la droite à ruser avec les chiffres est légèrement supérieure... Historiquement, chaque camp avait ses inclinations : la gauche favorisait la création, la droite le patrimoine. Ce n'est plus vrai. Avec la crise des intermittents, le gouvernement actuel a privilégié le spectacle vivant. Et l'action patrimoniale a été renouvelée par un discours de gauche. En termes philosophiques, à présent : on attendrait de la gauche qu'elle privilégie l'encadrement de politiques structurelles. Or Jack Lang a aussi mené une politique néomécénale, qui a renforcé l'idée d'un ministère des artistes. En matière de démocratisation, enfin, la gauche serait censée mener une politique de l'offre, et la droite stimuler la demande. Là encore, ce n'est pas le cas. Avec le Quai Branly, "La force de l'art" ou "Rue au Grand Palais", le ministre actuel, de droite, a soutenu de grandes initiatives en faveur de l'offre. Les obligations structurelles de financement ne limitent-elles pas de toute façon les marges de manoeuvre ? C'est évident. A budget constant, le poids des équipements culturels incontournables - musées, opéras, théâtres - ne cesse de croître, alors que l'extension des publics y accédant n'est pas comparable. J'ai étudié le cas des festivals : la droite souhaitait s'en désengager ; elle n'y est pas parvenue. Dans la culture, la machine se reconduit dans ses choix, les marges de manoeuvre se réduisent et la rigidité bureaucratique augmente. Devant ces impasses, quelles réponses apportent les candidats à la présidentielle ? Prenons les deux principaux : la gauche ségoléniste souhaite réorienter massivement les institutions culturelles vers la demande, en faisant participer les citoyens. Estimant que l'élitisme pour quelques-uns n'est pas une fatalité, elle propose une application ciblée de la démocratie participative. L'UMP, tout en sanctuarisant le budget, prend au contraire la culture comme terrain d'expérimentation libérale. Pour retrouver des marges de manoeuvre, elle souhaite insuffler à tous les niveaux des fonds privés. Mais, sur ces deux registres, les candidats restent très imprécis. § Ni de droite ni de gauche, mais accessoire. Telle apparaît la politique culturelle aux yeux des Français. § N i de droite ni de gauche, mais accessoire. Telle apparaît la politique culturelle aux yeux des Français. Interrogés par la Sofres pour Radio France et Arte, seulement 23 % d'entre eux accordent une place prépondérante à la culture, derrière l'économie (62 %), l'environnement (53 %) et la politique étrangère (32 %). Ils ne s'en désintéressent pas, toutefois : toutes les catégories d'âge, de sexe, de situation professionnelle, de niveau de diplôme et de préférence partisane (à l'exception des partisans du FN) la jugent "importante" à plus de 65 %. Doit-on y voir l'absence d'enjeu politique ? Sans doute, car seuls 37 % des sondés décèlent des "différences" dans l'approche de la culture par la droite et la gauche. Cette absence de distinction est encore plus marquée chez les sympathisants de droite et les ruraux. Alors que 53 % des électeurs communistes et 50 % des Franciliens établissent une différence claire, 28 % le font chez les électeurs de l'UMP et 27 % parmi les habitants de communes de moins de 2 000 habitants. Priorité au financement public. Le modèle français d'intervention étatique est connu et reconnu. Le financement public de la culture est jugé prioritaire par 44 % des interrogés, devant la vente des oeuvres ou des billets (34 %) et le mécénat (10 %). Un tiercé qui se retrouve, dans l'ordre, dans presque tous les segments de la population, hormis les électeurs d'extrême droite, les habitants des villes moyennes et les artisans, commerçants et chefs d'entreprise. Le choix assigné à la politique culturelle est plus marqué encore. Exit la défense de la diversité culturelle (15 %), le rayonnement de la France (13 %), le soutien aux nouveaux talents (11 %), l'organisation de grands événements (8 %). Toutes catégories confondues, la priorité reste l'accès de tous à la culture (46 %), autrement dit la fameuse "démocratisation culturelle". La culture, levier social. Les Français sont convaincus que la culture peut servir de levier social. Mais davantage dans la dynamisation des zones rurales (70 %), la réduction des inégalités scolaires (64 %) que dans la lutte contre la ghettoïsation (59 %) ou la violence en banlieues (57 %). Là encore, ce sentiment est plus marqué à droite. Pas de crainte de la mondialisation. C'est le grand enseignement de cette étude : les sondés estiment à 40 % que la principale menace qui pèse sur la culture est son coût. Les jeunes, les ouvriers et les professions intermédiaires, ainsi que les électeurs de gauche, sont les plus convaincus. A l'inverse, les électeurs de la droite parlementaire, les plus de 65 ans et les travailleurs indépendants redoutent, avant tout, la montée des intégrismes. Les diplômés de l'enseignement supérieur, eux, mettent l'accent sur un troisième danger : le poids grandissant de la télévision. Ce tiercé des menaces peut paraître surprenant, tant il écarte les thèmes les plus médiatisés. L'impact de la mondialisation n'inquiète que 14 % des Français. L'hégémonie anglo-saxonne n'est "menaçante" que pour 17 %. Même indifférence vis-à-vis du piratage sur Internet (18 %), pourtant au coeur d'un long feuilleton politique. Quant au poids des enjeux financiers dans la culture, il inquiète plus du tiers des cadres et professions intellectuelles (35 %) mais moins du quart des autres (23 %). Uniformisation des oeuvres, disparition du droit d'auteur, marchandisation des biens culturels : les nouveaux épouvantails ne font pas encore, ou déjà plus peur. § Michèle Alliot-Marie a mis un pied dans la place, mais elle se réserve le choix d'entrer en lice le moment venu, en combat d'idées singulier avec Nicolas Sarkozy. § M ichèle Alliot-Marie a mis un pied dans la place, mais elle se réserve le choix d'entrer en lice le moment venu, en combat d'idées singulier avec Nicolas Sarkozy. Son compagnon, Patrick Ollier, s'acquitte de la défense de ses intérêts au sein du groupe de liaison chargé d'organiser les trois forums régionaux décidés lors du dernier bureau politique du 22 novembre. Jean-Pierre Raffarin, qui en assume la coordination avec les présidents des groupes parlementaires, Bernard Accoyer et Josselin de Rohan, le trésorier de l'UMP, Eric Woerth, et le secrétaire général délégué, Brice Hortefeux, a levé un coin du voile, mercredi 29 novembre, sur leur organisation. Le premier aura lieu le 7 décembre à Paris, les autres les 15 et 21 décembre en province. ASSURER 15 % À 20 % DES VOIX Ce dispositif, s'il assure une place de choix à la ministre de la défense, ne permet pas de garantir qu'elle acceptera de disputer à M. Sarkozy les suffrages des adhérents pour la désignation du candidat soutenu par l'UMP. "Michèle Alliot-Marie acceptera de se lancer si elle est sûre d'exister à l'arrivée, constate Marie-Anne Montchamp, proche de M. Raffarin. Ce n'est pas une aventurière. Il nous faut lui préparer un cadre qui garantisse qu'elle aura un poids réel." Les proches du président de l'UMP s'en cachent à peine, pour qu'"elle" se présente, il faut lui garantir "un minimum de 15 %". A l'issue de la réunion du groupe de coordination, mercredi matin, certains allaient jusqu'à estimer qu'un seuil de 20 % serait nécessaire. "Mais on n'a pas les moyens d'organiser le vote des militants...", jure M. Woerth. Les amis de M. Raffarin, regroupés dans son club Dialogue et Initiative, ont pour mission de lui apporter le réservoir de voix qui puisse la convaincre de ne pas laisser M. Sarkozy recueillir seul une désignation plébiscitaire. Pour cela, il faut que le président de l'UMP promette pour l'avenir une place à chacun. "Le problème pour Sarkozy est qu'il a construit une forteresse en oubliant le pont-levis, analyse Mme Montchamp. Il lui faut maintenant l'ouvrir à d'autres. Mais ceux qui sont à l'intérieur n'ont pas envie de laisser la place." A force de voir arriver de nouveaux ralliés, les anciens commencent à manifester des signes d'inquiétude. "Sarkozy est dans une phase de rassemblement, mais il ne faut pas qu'il oublie ceux qu'il a déjà rassemblés", prévient Hervé Novelli. Le porte-parole des "réformateurs" a cosigné avec Gérard Longuet et les "démocrates-sociaux" Pierre Méhaignerie et Dominique Paillé une lettre adressée, mardi, au président de l'UMP. Ils lui font part de leur volonté d'"enrichir sa démarche de leurs convictions", qu'ils estiment "distinctes des autres héritages de l'UMP, par exemple celui de la famille gaulliste". § Le président de l'UMP souhaite faire de la France le pays "où tout peut devenir possible". § O fficiellement candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy veut faire de "l'ordre et du mouvement" les deux mots d'ordre de sa campagne. "Nous ne sommes pas condamnés à l'immobilisme dans le monde d'aujourd'hui, a-t-il déclaré, jeudi 30 novembre au Monde. Le mouvement protège, l'immobilisme expose." Le président de l'UMP veut faire de la France "le pays où tout peut devenir possible pour tout le monde". Il axera son message sur des sujets concrets : "la promotion sociale, la possibilité de devenir propriétaire de son logement, d'avoir pour ses enfants une meilleure école, la possibilité pour les salariés d'avoir un meilleur salaire et plus de pouvoir d'achat". M. Sarkozy entend "parler à tout ceux qui pensent que ce n'est jamais pour eux". Une manière aussi de s'adresser à l'électorat de gauche. "Au fond, dit-il, Ségolène Royal va essayer de convaincre qu'elle peut faire de la sécurité, et moi que je peux faire du pouvoir d'achat." Le candidat de l'UMP ne s'estime pas débordé sur sa droite, alors que les sondages pointent un score élevé du Front national. "Cela reste à prouver", dit-il, estimant qu'"aucune élection partielle ne montre une progression du Front national, aucune." Alors que, selon un sondage CSA pour Le Parisien et iTélé, 43 % des Français (contre 40 %) souhaitent que le ministre de l'intérieur aille jusqu'au bout de sa mission, il annonce : "Je préciserai le 14 janvier (date du congrès de soutien de l'UMP) quand je partirai." "Je ne peux pas m'enfermer dans un calendrier trop précis. Des événements peuvent survenir", précise-t-il en évoquant des risques d'attentats ou d'émeutes. "Je suis le premier à m'imposer cette règle", dit-il encore. Jeudi 30 novembre, plusieurs dizaines de quotidiens régionaux et départementaux ont publié un entretien du ministre de l'intérieur accordé à des représentants de la presse quotidienne régionale. De nombreuses fuites sur Internet ont officialisé dès mercredi l'annonce de cette candidature. A la question : "Etes-vous candidat à la présidence de la République ?", M. Sarkozy répond simplement : "Oui je le suis." Evoquant le "choix d'une vie", M. Sarkozy estime avoir "la force, l'énergie et l'envie de proposer une autre vison de la France". Et la rupture ? "Rompre, ce n'est pas la crise, insiste le ministre de l'intérieur. A ceux qui voudraient m'appeler à la continuité, je pose la question : "Etes-vous sûrs d'être en harmonie avec les Français ?"" Toutefois, M. Sarkozy prend soin d'accorder le mot de "rupture" à l'adjectif de "tranquille". Un "clin d'oeil" assumé à la "force tranquille" de François Mitterrand en 1981. "Il y a beaucoup d'électeurs de gauche qui voteront pour moi, confie M. Sarkozy au Monde. Ceux qui sont vraiment décidés à faire bouger les choses." § Ce qui aurait dû être un événement politique - l'officialisation de la candidature de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle - s'est transformé en événement avant tout médiatique. § C e qui aurait dû être un événement politique - l'officialisation de la candidature de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle - s'est transformé en événement avant tout médiatique. En accordant, mercredi 29 novembre, un seul entretien à six représentants de la presse quotidienne régionale, le président de l'UMP a peut-être davantage cherché à écoeurer ses éventuels rivaux au sein de l'UMP et ses adversaires qu'à surprendre, comme il s'y était engagé. PRESSE RÉGIONALE 60 JOURNAUX, DEUX SYNDICATS. La presse quotidienne régionale et départementale regroupe 60 journaux, répartis dans deux organisations syndicales patronales : le Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) - qui regroupe 33 titres - et le Syndicat de la presse quotidienne départementale (SPQD). Présidé depuis juin par Michel Comboul, PDG du groupe Nice-Matin, le SQPR est affilié à la Fédération nationale de la presse française, dont M. Comboul vient de prendre la présidence, succédant à François d'Orcival. DIFFUSION. 5,5 millions d'exemplaires diffusés chaque jour, et 18,5 millions de lecteurs. Son simple "Oui, je le suis" en réponse à la question "Etes-vous candidat à l'élection présidentielle ?" a été répercuté à un potentiel de 18,5 millions de lecteurs à travers 60 titres de la presse quotidienne régionale ou départementale. Après avoir confié les images de ses meetings à une société de production chargée de les redistribuer gratuitement aux chaînes désireuses de les diffuser, l'équipe de communication de M. Sarkozy franchit un nouveau palier avec l'entretien unique dont la plupart des quotidiens ont publié, jeudi, l'intégralité ou de larges extraits. "80 % des médias sont contre moi", se plaignait, il y a encore quelques jours, M. Sarkozy. Spectaculaire, cette initiative a été décidée, lundi, au cours d'une des nombreuses réunions des communicants du ministre de l'intérieur. "On voulait s'adresser aux médias de proximité", explique-t-on dans l'entourage de M. Sarkozy, pour qui la déclaration de candidature de Jacques Chirac, le 4 novembre 1994, dans un entretien à La Voix du Nord, reste un modèle d'efficacité. Pour Michel Comboul, président du Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR), c'est la Place Beauvau qui était demandeuse. Pour les conseillers du président de l'UMP, c'est le patron de La Montagne, Jean-Pierre Caillard, qui le premier a eu l'idée de cette opération et l'a confiée à Brice Hortefeux, principal conseiller de M. Sarkozy et conseiller régional d'Auvergne. L'UMP insiste également sur l'entière liberté laissée au SPQR dans le choix des interlocuteurs du ministre de l'intérieur. Une manière d'anticiper la polémique : plusieurs éditorialistes frustrés de ne pas avoir été conviés à ce rendez-vous ont dénoncé des "méthodes cavalières". Pour le Syndicat national des journalistes (SNJ), "l'intérêt des patrons occulte l'indépendance des titres". C'est donc à 9 heures du matin, mercredi, que Jacques Camus (République du Centre), Francis Laffont (L'Alsace), Philippe Noireaux (L'Yonne républicaine), Pierre Taribo (L'Est républicain), Jean-Yves Boulic (Ouest-France) et Dominique Valleys (La Montagne) se sont retrouvés dans le bureau de M. Sarkozy, place Beauvau. L'entretien a duré une heure et quart. "Il était 9 h 17, lorsqu'il a répondu "oui"", se plaît à préciser le responsable de la communication du ministre. Renvoyé en début d'après-midi pour relecture, cet entretien a été retourné à leurs auteurs vers 17 heures. Ceux-ci ayant pris en outre l'engagement, un peu illusoire, d'un embargo jusqu'à deux heures du matin le lendemain. Mais, en fin d'après-midi, le site Internet de Libération publiait l'intégralité de l'interview du ministre, bientôt suivi par d'autres sites. A 20 heures, les journaux télévisés "ouvraient" à leur tour sur cette déclaration de candidature. Déjà dénoncée par la gauche comme "un spectaculaire non-événement", cette déclaration de candidature suivie, jeudi, par une longue explication sur France 2, porte à son comble la théorie de M. Sarkozy selon laquelle "la communication est à l'action ce que la préparation d'artillerie est à l'infanterie". En l'occurrence, cet entretien peut s'apparenter à ce que les Américains, durant la seconde guerre mondiale, avaient appelé le "carpet bombing" (tapis de bombes). Pour l'heure, les communicants de l'équipe Sarkozy se félicitent de leur "coup". Peu leur importe que l'embargo n'ait pas été respecté, que les fuites aient dégonflé la "surprise" promise par le candidat à la présidentielle. La concomitance de cette annonce avec le 74e anniversaire de Jacques Chirac ne pèse rien au regard de la "satisfaction" des députés qui seraient "heureux", dit-on, de constater que leur candidat a choisi la province pour s'exprimer. "Les quotidiens régionaux, c'était très important pour moi. Ce sont des médias de proximité. Pour moi, qui ne suis pas un élu de la province, c'est plus important que pour n'importe quel autre", insiste M. Sarkozy, qui ajoute : "Les socialistes disent que c'est un non-événement. Qu'est-ce que cela serait si c'était un événement !" § Entretien avec Stéphane Rozès, directeur général adjoint de l'institut de sondages CSA. Propos recueillis par Constance Baudry §