§ Lors d'une conférence de presse à Fort-de-France, le candidat de l'UDF a proposé dimanche la suppression de l'ENA. Il s'est également déclaré soulagé par la décision de Gilles de Robien de soutenir Nicolas Sarkozy. § L e candidat UDF à la présidentielle François Bayrou a proposé dimanche, à Fort-de-France, la suppression de l'Ecole nationale d'administration (Ena) et son remplacement par une "Ecole des services publics". "J'ai décidé de proposer une réforme en profondeur de l'Etat qui commencera par la suppression de l'Ena et son remplacement par une école de haut niveau, une Ecole des services publics", a-t-il dit à la presse lors d'un déplacement en Martinique. "NE PAS FAIRE DU NEUF AVEC DU VIEUX" En campagne en Guyane et aux Antilles, François Bayrou a pris comme un "clin d'oeil" le slogan des producteurs de bananes de la Martinique, où il a appris le ralliement de Gilles de Robien, seul ministre UDF, à son rival UMP Nicolas Sarkozy. C'est dans un champ de canne à sucre, près de Fort-de-France, que le candidat UDF à la présidentielle a réagi à la défection du ministre de l'Education nationale, annoncée dans le Journal du Dimanche. "C'est très bien, parce que tout mon effort, c'est de proposer à la France de gouverner différemment", déclare M. Bayrou. Et de lancer une pique: "on ne peut pas faire du neuf avec du vieux". Alors que plusieurs sondages le donnent en baisse, le candidat centriste récuse tout trou d'air dans sa campagne. Réagissant à un titre de "une" du Monde, dans lequel l'UMP et le PS estiment que "le moment Bayrou" est "fini", il fustige les "appareils" politiques comme "les journaux de la pensée unique", qui voudraient "qu'on aille directement au second tour dans lequel leurs chéris sont sélectionnés à l'avance". § Lors d'une réunion de ses partisans, le député de l'Essonne a annoncé la transformation en parti du mouvement Debout la République qu'il dirige. § L e gaulliste souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, qui avait un temps semblé prêt à soutenir François Bayrou, a annoncé samedi 31 mars qu'il ne donnerait aucune consigne de vote pour le premier tour de l'élection présidentielle. Le candidat souverainiste qui n'a pu réunir assez de parrainages pour figurer dans la liste finale des candidats a réuni, samedi, ses partisans, et les a appelé à "se déterminer en (leur) âme et conscience au premier tour de scrutin". "Pour le deuxième tour, il est clair que nous prendrons position", a-t-il précisé, en indiquant que le candidat qui aura ses faveurs sera celui qui sera le plus en adéquation avec le "pacte pour la France" adopté samedi par les partisans de Debout République. M. Dupont-Aignan demande notamment que tout futur traité européen soit soumis à référendum. Il réclame aussi l'institution d'un référendum d'initiative populaire et l'introduction d'un dose de proportionnelle dans le mode de scrutin. Par ailleurs, M. Dupont-Aignan a précisé qu'il avait été décidé de "refonder en parti politique indépendant" son mouvement "Debout la République", qui aura pour ambition de devenir ainsi, sous le même nom, "une force gaulliste républicaine". Député de l'Essonne, âgé de 46 ans, Nicolas Dupont-Aignan a claqué la porte de l'UMP en janvier, aboutissement logique d'une série de prises de position en décalage complet avec celles de Nicolas Sarkozy, dont il dénonçait la ligne "libérale, atlantiste, conservatrice". § A l'issue de la rencontre qui a eu lieu samedi, le candidat de l'UMP a proposé, s'il est élu, de réunir les ONG pour "établir l'ordre du jour" d'un "Grenelle de l'environnement". § L a rencontre était annoncée depuis quelques jours et fortement attendue. Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP à la présidentielle a déclaré samedi à l'issue de son entrevue avec Nicolas Hulot et des ONG, au Museum d'histoire naturelle à Paris qu'il était favorable à l'organisation d'un "Grenelle de l'environnement". M. Sarkozy a proposé au cours de cette rencontre de réunir s'il était élu "dès le lendemain de la présidentielle" les ONG pour "établir l'ordre du jour" de ce "Grenelle de l'environement" qui pourrait avoir lieu en septembre, ont indiqué après la rencontre Nicolas Hulot et la députée UMP (Essonne) Nathalie Kosciusko-Morizet, spécialisée dans les questions environnementales. M. Sarkozy, au sortir de la réunion à huis-clos, s'est déclaré "heureux de rencontrer (les ONG) pour parler du défi environnemental, qui est une priorité". Il s'est notamment prononcé pour donner "la priorité aux transports en commun" et le "développement des énergies renouvelables". Lors de cette rencontre, voulue par Nicolas Hulot, le président de l'UMP a discuté avec les représentants d'une dizaine d'associations, dont Réseau Action Climat (RAC), la fédération France Nature Environnement (FNE, 3 000 associations), Greenpeace, le WWF, les Amis de la Terre, la Ligue Roc et la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Les mêmes ONG et Nicolas Hulot avaient rencontré mardi Ségolène Royal puis mercredi François Bayrou. En annonçant fin janvier qu'il ne serait pas candidat, l'animateur avait demandé aux prétendants à l'Elysée qui avaient signé son Pacte écologique --cinq des douze candidats en lice l'ont fait-- de recevoir les associations de défense de l'environnement. Dans un cadre différent, Nicolas Hulot a rencontré vendredi le candidat alter-mondialiste José Bové, à Saint-Malo, et la candidate Verte Dominique Voynet lundi, à Lorient. Les programmes des 12 candidats à la présidentielle et leurs impacts sur l'environnement ont été notés par l'Alliance pour la planète, une coalition d'associations écologistes. Dominique Voynet a eu 17,5 sur 20, devant Ségolène Royal et José Bové (16/20), Olivier Besancenot (13,5/20) et François Bayrou (13/20), tous les autres candidats sont sous la moyenne. En retard sur ses concurrents, Nicolas Sarkozy a obtenu 8,5 sur 20. § Le "conseil des ministres de la blogosphère" rassemble plusieurs dizaines de blogueurs politiques au sein d'un vrai-faux gouvernement. Parmi eux, de nombreux militants, qui utilisent leur blog pour débattre, mais aussi pour raconter "de l'intérieur" la campagne. Samedi 31 mars, ils se retrouvaient au Sénat pour débattre d'une épineuse question : le blogueur est-il un animal politique ? Le militant, en tout cas, semble enclin à devenir un animal blogosphérique. § 2 1 avril 2002 : lorsque Christophe Grébert découvre que Jean-Marie Le Pen se trouve en face de Jacques Chirac au deuxième tour de l'élection présidentielle, c'est un choc. Il décide de créer un blog de politique locale : Monputeaux.com, qui a accédé depuis à la célébrité nationale, notamment à cause des démêlés judiciaires qui ont opposé le blogueur et la mairie de Puteaux. Simultanément, Christophe Grébert décide de s'engager au Parti socialiste. "C'est dans les partis politiques que les choses se font", explique-t-il. "Si on n'est pas d'accord avec eux, il faut essayer de les changer de l'intérieur." Assise sur le siège d'à côté, Quitterie Delmas hoche vigoureusement la tête : cette blogueuse UDF argumente en faveur d'une meilleure écoute des jeunes à l'intérieur de son parti. C'est un point qui rassemble plusieurs blogueurs politiques : leur engagement et leur blog sont indissociables. Dominique a d'abord eu envie de créer un blog "en soutien à (son) candidat. J'ai voulu voir comment ça marchait, et puis j'ai continué. Aujourd'hui, j'ai quatre blogs, dont deux blogs politiques un peu en sommeil. Les deux autres ne sont pas des blogs politiques, enfin, ma dernière note était sur la question du drapeau..." LE REGARD DES AUTRES MILITANTS Pour elle comme pour d'autre, c'est la présence de "trolls", de commentateurs envahissant, qui la dissuade de se consacrer davantage à la politique en ligne. "Depuis un mois, je n'ai plus envie d'écrire", raconte Jean-Paul Chapon, lui aussi militant socialiste. "Quand j'ai ouvert mon blog, j'avais décidé que, sauf cas gravissimes, il resterait un endroit de libre expression. Mais avec ces invasions dans les commentaires, l'outil s'autodétruit. Résultat, je milite de plus en plus dans ma fédération. La vie politique se fait aussi dans la réalité..." Pour les blogeurs qui affichent leur engagement sur le web, le regard des autres militants n'est pas toujours tendre : "Un jour, on m'a fait des remarques, dans ma fédération, à propos d'un commentaire que j'avais laissé chez Fraise des bois", s'amuse Dominique. Philippe Thomas, militant PS et auteur de ce blog qui ne se prive pas de critiquer les choix de son parti, sourit. Alors qu'il écrivait sous pseudonyme, il a été invité en 2005 dans l'émission France Europe express, sur le même plateau que François Hollande. Un "outing" en forme de coup d'éclat : "Cela m'a enfin permis d'interpeller directement notre premier secrétaire, pour lui dire "Tu sais, camarade, il y a des choses qui ne vont pas bien dans le parti..."" § Le ministre de l'éducation nationale rallie le candidat de l'UMP, dans un entretien à paraître dans "Le Journal du Dimanche". § G illes de Robien, seul ministre UDF du gouvernement Villepin, a annoncé qu'il apportait son soutien à Nicolas Sarkozy pour la présidentielle, dans un entretien au Journal du Dimanche, rendu public samedi et à paraître dimanche 1er avril. Le ministre de l'éducation nationale s'était longtemps démarqué de la stratégie de François Bayrou à la tête de l'UDF pendant la législature. Après André Santini et Christian Blanc, c'est donc au tour de Gilles de Robien de soutenir le candidat de l'UMP contre le leader des centristes. Ce qui est un coup dur pour François Bayrou, qui connaît un certain tassement dans les derniers sondages. Le suspense n'a pas duré longtemps même si vendredi, Gilles de Robien avait envoyé une lettre aux douze candidats pour leur vanter son bilan et "enrichir" leur réflexion. "J'ai souhaité vous transmettre le bilan de la politique menée au service de l'Ecole pendant les sept cents jours au cours desquels j'ai eu l'honneur de travailler à la réussite des jeunes Français et à la mobilisation d'un million et demi de fonctionnaires dont j'ai pu mesurer l'engagement", leur a-t-il écrit. § Il leur a déclaré samedi à son QG à Paris que la France devait "reconnaître sa responsabilité dans le sort douloureux qui a été le leur". § N icolas Sarkozy a promis samedi aux anciens supplétifs musulmans de l'armée française en Algérie, les Harkis, et à leurs familles de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans le sort douloureux qui a été le leur. Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, qui n'a de cesse de fustiger la "repentance systématique" qui "nourrit la honte d'être français", a fait exception devant une centaine de représentants de Harkis reçus à son QG de campagne."RÉBELLION INDÉPENDANTISTE" "Je veux rendre hommage aux soldats que vous fûtes. Des soldats qui ont combattu dans l'armée française contre la rébellion indépendantiste de 1954 à 1962", a-t-il dit. "La nation a un devoir moral envers vous." "Si je suis élu président de la République, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre de Harkis", a-t-il ajouté, répondant ainsi à une des principales revendications de cette communauté. Selon lui, 60 000 musulmans français avait été massacrés entre les accords d'Evian de mars 1962, qui mirent fin à la guerre proprement dite, et l'indépendance algérienne, en juillet 1962. Seulement 10 % du million de Harkis qui s'étaient placés sous la protection de l'armée française avaient pu s'établir en France entre 1962 et 1968, toujours selon lui. La France compte près d'un million de Harkis. "Je le dis : la France, en quittant le sol algérien, n'a pas su empêcher les massacres (...) Les Harkis ne sauraient demeurer les oubliés d'une histoire enfouie. Ils doivent désormais prendre toute leur place dans notre mémoire", a-t-il ajouté. Nicolas Sarkozy s'est engagé à créer, s'il est élu, une "fondation pour la mémoire sur la guerre d'Algérie", qui serait dirigée par des rapatriés et participerait au financement d'événements, d'ouvrages et de films et à la promotion des harkis et de leurs enfants. ACCUEIL "INDIGNE" EN FRANCE Le candidat de l'UMP, qui s'exprimait en présence du ministre délégué aux anciens combattants, Hamlaoui Mekachéra, a d'autre part estimé que l'accueil des Harkis rapatriés en France après la guerre d'Algérie avait été "indigne". Il s'est engagé à faire profiter ces Français musulmans et leurs descendants de la "discrimination positive" qu'il promet d'instaurer en faveur des secteurs de la population les plus défavorisés, notamment en matière de formation, d'accès à l'emploi, au logement et aux fonctions et postes politiques. "La France ne serait pas la France sans ces dizaines de milliers de travailleurs harkis qui ont participé à notre croissance. Ces travailleur sont aujourd'hui devenus des modèles de courage et d'intégration", a souligné Nicolas Sarkozy. Il a d'autre part dit "rêver" de "relations apaisées entre les deux rives de la Méditerranée". "Respectons toutes les victimes de la guerre d'Algérie", a déclaré Nicolas Sarkozy, qui a promis de continuer à travailler à l'amélioration de la circulation des personnes entre la France et l'Algérie, autre revendication des Harkis. "Si je suis élu, je m'attacherai à ce qu'aucune discrimination ne soit possible entre citoyens français sur ces questions de circulation", a-t-il dit. Nicolas Sarkozy a enfin condamné l'"islamophobie", qui "ne s'explique pas" mais "se combat". "Quand en France on menace un musulman (...) c'est la République qu'on menace", a-t-il dit. "Il n'y a rien de plus semblable qu'un antisémite et qu'un islamophobe. Tous deux ont le même visage, celui de la bêtise." § La réforme prend effet le 1er avril. Les candidats à l'élection présidentielle se disent prêts à revoir ce dispositif complexe qui est loin de faire l'unanimité. § R ien de tel qu'une campagne présidentielle pour fragiliser une réforme impopulaire et à peine entrée en vigueur... Si la réforme de l'assurance-chômage des intermittents du spectacle doit s'appliquer le 1er avril, va-t-elle être remise en cause après l'élection ? La question se pose à la lecture des promesses - un peu rapides ? - des principaux candidats à l'élection présidentielle. Ségolène Royal (PS) a ouvert le bal en s'engageant, dans un communiqué, début mars, à amener les partenaires sociaux à négocier un nouvel accord. De son côté, François Bayrou (UDF), Marie-George Buffet (gauche antilibérale), ou Dominique Voynet (Verts) se disent prêts à faire voter la proposition de loi alternative au protocole, soutenue par des élus de tous bords. Tous cherchent à répondre à la revendication majeure de la CGT-spectacle, le syndicat le plus représentatif du secteur, et de la Coordination des intermittents : 507 heures de travail sur douze mois, ouvrant droit à une indemnisation sur douze mois, avec un examen à date fixe du dossier, par les Assedic. Plusieurs rapports d'experts et de parlementaires plaidaient aussi dans ce sens, à quelques nuances près. Le texte, signé le 21 décembre 2006 par la CFDT, la CFE-CGC, la CGC, et rejeté par la CGT et FO, n'a pas suivi cette voie : malgré quelques modifications, il reconduit l'esprit du protocole de juin 2003, à l'origine de la "crise des intermittents". Et l'on peut parier que la "crise" n'est pas terminée. Est-ce pour cette raison que même Nicolas Sarkozy promet de rouvrir les négociations, comme on peut le lire dans sa réponse écrite à la Société des réalisateurs de films ? La situation ne manque pas de sel ! Expert du dossier et proche de M. Sarkozy, le député Dominique Paillé décrypte : "Nous allons voir les effets que produit la réforme dans les six mois qui viennent. Si ce n'est pas concluant en termes d'équilibre financier, de justice sociale et de sécurité des artistes, il faudra le revoir", confirme-t-il. Las, François Chérèque (secrétaire général de la CFDT) a déjà opposé une fin de non-recevoir aux candidats. Et à Mme Royal en particulier, avec laquelle il s'est entretenu sur le sujet. "Nous lui avons dit que si le gouvernement remet en cause de lui-même l'accord, il ouvrira un conflit majeur avec la CFDT", a déclaré M. Chérèque au Monde. Et de brandir la menace que les annexes 8 (techniciens) et 10 (artistes) de l'Unedic ne soient plus financées par les cotisations des salariés du privé. La "solidarité interprofessionnelle" volerait en éclats. "FONDS PERMANENT" En attendant, le ministre de la culture et de la communication, Renaud Donnedieu de Vabres, tente d'assurer le service après-vente de la réforme. La plaquette d'information officielle affirme, en caractères gras et en couleur : "Le seuil d'affiliation de 507 heures sur douze mois est maintenu" en 2007. Les 507 heures en douze mois ? Pas tout à fait. En fait, au-delà des prestations prévues par l'accord des partenaires sociaux, des intermittents en difficulté pourront, sous certaines conditions, bénéficier d'une allocation financée par l'Etat, via le "fonds permanent de solidarité et de professionnalisation" - lequel a vocation aussi à fournir une assistance, notamment en cas d'accident de carrière. Ce "fonds permanent" prolonge, avec quelques bémols, le fonds transitoire créé à l'été 2004 qui aura permis, au total, d'indemniser 43 805 intermittents (chiffre du 23 mars) exclus, pour un coût évalué fin février à 242 millions d'euros. Autant dire que les intermittents y sont très attachés. Le nouveau dispositif sera-t-il aussi protecteur ? Grâce à ce "fonds permanent", affirme-t-on Rue de Valois, une garantie de revenus sur douze mois pourra être assurée, si l'on met bout à bout les prestations d'assurance-chômage, l'allocation financée par l'Etat et les congés payés. Les intermittents crient au "mensonge" et à la "trahison". Suite du feuilleton après l'élection. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § L es Français, ces anciens révolutionnaires seraient-ils devenus conservateurs ? A l'heure où dans le miroir de la campagne présidentielle, se révèlent les crispations de la société, c'est la question que l'Institut Montaigne, présidé par Claude Bébéar, avait choisi de poser à plusieurs personnalités lors d'un séminaire au Conseil économique et social, jeudi 29 mars. La réponse s'est voulue - partiellement - optimiste. "Les Français sont dans un processus de profonds changements", a expliqué Dominique Reynié, professeur à l'Institut d'Etudes politiques de Paris. "Ils ont une disponibilité au changement à condition que celui-ci soit éclairé, expliqué", a-t-il observé. Les résistances viendraient davantage des dirigeants politiques qui, "depuis vingt ans, représentent la catégorie socio-professionnelle qui a le moins évolué. Ceux que l'on qualifie de nouveaux aujourd'hui, font de la politique depuis trente ans !". Le propos ne pouvait que convenir à Jean-François Kahn, qui ne cesse de dénoncer la rupture entre le pays et ses élites. Partisan du centre politique, le directeur fondateur de l'hebdomadaire Marianne, a évoqué le succès de François Bayrou dans cette campagne : "Ce peuple que l'on dit conservateur, il a envie de secouer le cocotier ! Et que lui répondent les élites ? Ah non ! ça ne va pas du tout, il y a une gauche et une droite, on ne bouge pas comme ça. Il faut voir leur affolement à l'idée que le système dans lequel ils sont installés pourrait changer !". Pour l'essayiste et président de PlaNet Finance, Jacques Attali, la société française est "individuellement révolutionnaire et collectivement conservatrice". "Dès que le changement apporte une nouvelle liberté, il n'y a pas de conservatisme", a-t-il observé en évoquant les évolutions technologiques, économiques et sociétales adoptées, par le pays, depuis vingt ans. Dans la profusion d'essais sur le déclin de la France, l'ancien conseiller de François Mitterrand voit "un très bon signe". "Il n'y a jamais eu autant de production sur ce thème qu'au milieu du XIXe siècle qui a été une période d'immense mutation", a-t-il rappelé. Tout aussi salutaire, juge-t-il, le débat sur l'identité nationale : "Cela va nous amener à un projet collectif qui nous forcera à réformer nos institutions, du fonctionnement de l'Etat aux collectivités locales." "Il ne peut y avoir de capacité à vivre le changement si l'on n'a pas conscience d'être mortel", a conclu M. Attali. Examen de conscience les 22 avril et 6 mai. § Ils situent leur choix entre deux pôles, l'un conservateur, l'autre social-démocrate, ce dernier allant des Verts à l'UDF. § B eaucoup d'entre eux furent des compagnons du socialisme au pouvoir. Souvent énarques, rarement élus, mais peuplant les cabinets ministériels de la gauche chaque fois qu'elle fut au pouvoir, ces vingt-cinq dernières années. En une semaine, leur petit club informel, qui réunit une vingtaine de personnes, a signé deux textes dans Le Point sous le pseudonyme antique des Gracques appelant à une alliance entre le PS et l'UDF au nom du réalisme électoral et de la social-démocratie. Le premier intitulé "Merci François", publié le 22 mars, rêvait d'une gauche plus réaliste, plus libérale et plus européenne. Le second, paru le 29 mars, intitulé "Chère Ségolène" appelle à une recomposition politique entre deux pôles, l'un conservateur, l'autre social-démocrate, ce dernier allant des Verts à l'UDF. Autant dire qu'à quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la chose n'est pas passée inaperçue. L'initiative a été d'autant plus remarquée que, parmi les signataires, se trouve Jean-Pierre Jouyet, 53 ans, ancien directeur adjoint de Lionel Jospin à Matignon, ancien directeur du Trésor, patron de l'inspection des finances et surtout grand ami - autrefois - de François Hollande et de Ségolène Royal, qu'il connaît depuis l'ENA. Jouyet, qui fut l'un des piliers, avec Hollande, du club deloriste Témoins, ne cachait plus sa rupture avec Mme Royal, ni le fait qu'il aurait préféré une candidature du premier secrétaire du PS. Maintenu à l'écart de la campagne de Mme Royal, il s'est vite aperçu qu'il n'était pas le seul à ne plus s'accorder avec le discours de la candidate ou à se sentir meurtri de ne pas être sollicité. Dans ce petit cercle où chacun se connaît et se fréquente, une demi-douzaine de personnes, habituées du Blackberry et des échanges en réseaux, ont donc commencé à se "mailer" leurs réflexions et leurs inquiétudes. Au côté de Jean-Pierre Jouyet, se trouve la fine fleur de ce qui fut la technocratie socialiste des vingt dernières années, très souvent passée dans le privé : Denis Olivennes, 46 ans, ancien fabiusien, aujourd'hui patron de la Fnac ; Roger Godino, 67 ans, rocardien et pilier des clubs La gauche en Europe ; Mathieu Pigasse, 38 ans, ancien membre des cabinets Strauss-Kahn puis Fabius au ministère de l'économie sous l'ère Jospin, aujourd'hui vice-président de la banque d'affaire Lazard ; Ariane Obolensky, 57 ans, membre du cabinet Rocard à Matignon en 1988, passée dans la banque ; Bernard Spitz, 48 ans, ex des cabinets Rocard et Stoleru en 1988, en disponibilité du Conseil d'Etat pour exercer ses activités de conseil dans le privé ; Guillaume Hannezo, 46 ans, ancien des cabinets Bérégovoy, brûlé dans le scandale Vivendi et la chute de Jean-Marie Messier, aujourd'hui associé de Rothschild & Cie et vice-président du conseil de surveillance de Libération ; François Villeroy de Galhau, 48 ans, ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy, aujourd'hui à la BNP ; Gilles de Margerie, 51 ans, ancien conseiller de Michel Rocard, devenu banquier. Ce qui les a déterminés ? La montée de François Bayrou dans les sondages et une certitude que résume Roger Godino : "Nous voyons bien, dans le pays, la logique du "Tout sauf Sarkozy". Si Ségolène Royal arrive au second tour face au candidat UMP, elle devra faire appel aux électeurs de Bayrou pour le battre. Si c'est Bayrou, il devra s'ouvrir aux socialistes." Tous n'en étaient pas, cependant, au même degré de conversion. Certains sont déjà fort éloignés de la gauche et voteront François Bayrou. Mais d'autres s'y refusent. Les strauss-kahniens, notamment, se sont sentis confortés dans leur démarche par l'entretien de leur champion dans Le Monde du 10 mars. Ces derniers veulent encore croire que Mme Royal devra, si elle gagne, appeler "DSK" au gouvernement et, calculent que, si elle perd, une partie du PS se recomposera autour de leur ami. "Je suis socialiste et je voterai Ségolène Royal, affirme ainsi Mathieu Pigasse. Mais le temps est venu que le PS fasse sa mue idéologique et accepte l'économie de marché. Ségolène a d'ailleurs gagné la bataille interne sur une tonalité blairiste. Pourquoi l'a-t-elle oublié ?" Ils ont cependant tous été sèchement renvoyés dans les cordes. Ségolène Royal a balayé leur initiative d'un revers de main : "Ils sont extrêmement libéraux", a-t-elle tranché en décommandant le rendez-vous qu'elle leur avait accordé le 24 mars. François Bayrou, lui, les a longuement reçus, enchanté de l'aubaine. Mais lorsque les Gracques lui ont affirmé que l'alliance électorale PS-UDF qu'ils prônent devait aussi fonctionner s'il n'arrive pas au second tour, il a répliqué : "Je n'envisage pas cette hypothèse." Michel Rocard, qui prédit depuis le référendum du 29 mai 2005, le déchirement du PS en deux pôles, a reçu plusieurs des signataires. François Hollande, en habitué de la synthèse, maintient les relations avec notamment Jouyet, même s'il juge les Gracques trop indulgents envers François Bayrou. DSK, qui y retrouve une partie de son cercle idéologique, se montre prudent. "C'est une chose que de penser qu'il faut un bon report des voix Bayrou et une autre de prôner l'alliance électorale", explique ainsi son conseiller Gilles Finchelstein. Quant à Laurent Fabius, qui songe déjà à l'après et compte reprendre le pôle gauche du PS si celui-ci se scindait, les choses sont claires. "Les Gracques ? Ce sont plutôt les Gracques 40, cingle Guillaume Bachelay, "plume" de l'ancien héraut du non à la constitution européenne, les enfants du tournant de la rigueur et de Maastricht. Ils cherchent d'abord la validation de leur acceptation de la contrainte économique." Les Gracques - du nom de ces citoyens romains renommés pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain- sont décidés à attendre maintenant l'entre-deux-tours. Espérant que la configuration politique issue du 22 avril leur donne raison. § Le soulagement à l'UMP et au PS est à la hauteur de l'inquiétude qu'a suscitée la percée dans les sondages du candidat UDF. § L eur soulagement affiché est à la hauteur de l'inquiétude qu'il a suscitée. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal suivent de très près le tassement des intentions de vote en faveur de François Bayrou dont témoignent les dernières enquêtes. Selon un sondage TNS-Sofres-Unilog, publié samedi 31 mars dans le Figaro, le candidat centriste recueillerait désormais 18 % des voix au premier tour (contre 21,5 % la semaine précédente). Le même mouvement à la baisse est enregistré dans le dernier sondage IFOP, qui place le candidat UMP à 28 % des intentions de vote au premier tour, contre 23 et 21 % pour Ségolène Royal et François Bayrou. Le président de l'UDF connaît en revanche une progression d'un point dans le baromètre électoral quotidien IPSOS-Dell-Le Point publié vendredi mais avec 18,5 % des intentions de vote, continue de se situer derrière ses deux principaux concurrents. A l'UMP, ces sondages sont brandis comme des trophées. Aujourd'hui, les proches de Nicolas Sarkozy sont persuadés que "le moment Bayrou" est terminé. Les événements de la gare du Nord, en réactivant le clivage droite-gauche sur le thème de la sécurité, l'ont rendu "inaudible et c'est bien fait", assure un membre de sa garde rapprochée. "Il recule, se félicite en écho Brice Hortefeux, car nous sommes passés du temps des postures aux temps des programmes. En continuant à flinguer ses adversaires il a affaibli sa posture de rassembleur". Au Parti socialiste aussi, on respire, en se persuadant que le risque du vote utile en faveur de François Bayrou au premier tour s'éloigne. D'autant que, comme le reconnaît François Hollande, il n'avait "pas été bien mesuré au départ". Ainsi regarde-t-on avec plus de sérénité l'initiative des Gracques, ces compagnons de route du PS qui ont appelé à une alliance avec le centre. Si leur appel avait été publié en pleine ascension de François Bayrou, la situation " aurait été beaucoup plus embêtante, mais là, le danger est passé", affirme-t-on dans l'entourage du premier secrétaire. Des deux côtés, on reste toutefois en alerte face à la tentation centriste qui continue à s'exprimer dans l'électorat. En marge de son meeting commun avec Ségolène Royal, mercredi 29 mars à Limoges, François Hollande évaluait à 3 % le pourcentage de voix que Ségolène Royal doit reprendre à François Bayrou au premier tour. Et de l'autre côté ? " Au PCF, il ne reste plus que l'os", affirmait-il. L'annonce du soutien de Jacques Delors à la candidate socialiste, l'installation de Bernard Kouchner et de Dominique Strauss-Kahn au premier rang de son public lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, dimanche 25 mars, sont autant de signes adressés à cet électorat. De même est-on convaincu chez Nicolas Sarkozy que le ralliement de Jean-Louis Borloo en début de semaine, après celui de Simone Veil, participe de l'affaiblissement de M. Bayrou. "Ils sont visibles et ils pèsent", explique M. Hortefeux. Surtout, ce sont autant de soutiens dont l'UDF est privée. L'UMP attend désormais celui de du ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien. Ancien directeur de campagne de... François Bayrou en 2002, il a rencontré le 28 mars Jean-Pierre Raffarin pour négocier ses conditions - la survie de son club "Société en mouvement" et des investitures pour ses candidats aux législatives. Officiellement, Gilles de Robien attendait d'être réélu maire d'Amiens - mission accomplie jeudi 29 mars - pour officialiser son soutien à Nicolas Sarkozy. Le soulagement commun du "compère et de la commère", comme il les surnomme désormais, a donné à François Bayrou une nouvelle occasion de dénoncer leur "connivence". Son irruption dans le trio de tête " a chamboulé tous les plans", persiste-t-il à penser et "on" le lui ferait payer. Du coup, ces mêmes sondages si appréciés lorsqu'ils scandaient avec la précision d'un métronome son ascension dans l'opinion, sont-ils pris aujourd'hui avec distance, en ce qu'ils ne refléteraient qu'une opinion " fabriquée" face à une opinion " réelle". "Absolument confiant dans le choix des Français", François Bayrou reste convaincu que ses deux concurrents sont surestimés dans les sondages. " La gauche ne se retrouve pas dans sa candidate. Quant à Sarkozy et Le Pen, ce sont des vases communicants. Si le vote Le Pen est sous-estimé, alors le vote Sarkozy est surestimé", confie-t-il. " Les principaux dirigeants du PS ne cessent de me faire passer des messages affirmant que, si je suis au second tour, ils sont à mes côtés", ajoute-t-il. Dans son entourage, on prépare donc avec confiance la suite. Tandis que le candidat UDF s'est envolé pour la Guyane, son équipe de campagne met ce week-end la dernière main à un programme de vingt pages, thématique, qui sera tiré à 10 millions d'exemplaires et présenté en début de début de semaine prochaine. " On voulait répondre à Royal et à Sarkozy qui disaient que l'on n'avait pas de programme", indique Maurice Leroy, député UDF du Loir-et-Cher. Le quatre pages, jusqu'alors distribué avec une clémentine " pour donner des vitamines à la campagne", a été jugé un peu léger. Le 5 avril, M. Bayrou publiera en outre son troisième livre de campagne, Confidences, qui reprend l'entretien de plusieurs heures accordé à PoliTIC'Show et qui était déjà disponible sur son site. Il a confié au photographe Jean-Marie Perrier, le soin de son portrait officiel. Dans la dernière ligne droite, l'essentiel, pense François Bayrou, est de retrouver la proximité qui avait permis l'identification d'une partie de l'électorat à sa personnalité. Lors d'un meeting de soutien où il l'accompagnait, Vincent Lindon lui a fourni le slogan : "On a tous en nous quelque chose de Bayrou". § Rencontre avec Virginie et Yann, deux jeunes professeurs dans le Nord. "Traumatisée du 21 avril 2002", elle pense voter Ségolène Royal. Lui, "déçu de la gauche et du PS", envisage de donner sa voix à José Bové ou Olivier Besancenot. § § Les candidats d'extrême droite voudraient interroger les Français sur la peine de mort et la monnaie unique, ceux de gauche sur les institutions et les OGM. § L e président du Front national, Jean-Marie Le Pen, est, parmi les autres candidats en lice, celui qui voudrait faire le plus large usage du référendum s'il accédait à l'Elysée. Dans son entretien au Monde du jeudi 5 avril, M. Le Pen soulignait qu'il s'agit là de "l'un des éléments fondamentaux de (ses) propositions", en justifiant cette "méthode dans un pays où il n'y a plus de légitimité démocratique". La création d'un "référendum national d'initiative populaire" figure dans le programme du candidat du FN, qui entend "réformer par voie référendaire". Ainsi a-t-il déjà annoncé deux référendums visant à inscrire dans la Constitution le "caractère sacré de la vie, de la conception à la mort", ainsi que l'obligation de procéder à un référendum avant toute modification des traités européens. Le candidat du Mouvement pour la France, Philippe de Villiers, préconise lui aussi deux référendums : l'un sur le rétablissement de la peine de mort, l'autre sur la monnaie unique. INITIATIVE POPULAIRE Plusieurs candidats de la gauche sont favorables au référendum d'initiative populaire : c'est le cas de Dominique Voynet (Verts), Marie-George Buffet (PCF), ou de l'altermondialiste José Bové. Le programme d'Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire) préconise de "remplacer la pratique référendaire contrôlée d'en haut par le droit à des référendums d'initiative populaire, sur proposition des citoyens eux-mêmes". Plusieurs d'entre eux s'accordent pour proposer un référendum sur les institutions françaises (Mmes Voynet et Buffet, M. Bové) et/ou européennes (Mme Buffet, M. Bové, M. Besancenot). M. Bové préconise, en outre, l'organisation de référendums sur les OGM et - ainsi que Mme Buffet - sur la politique énergétique. § Le candidat de l'UMP estime que le quinquennat rend moins nécessaires les référendums. Mme Royal et M. Bayrou, eux, en prévoient plusieurs. § C 'est l'un des multiples brouillages de cette campagne présidentielle. Le lointain héritier du gaullisme, qui avait fait largement usage du référendum dans une pratique plébiscitaire, promet de ne pas y avoir fréquemment recours : le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a ainsi indiqué qu'il fera, s'il est élu président, un usage "modeste" de ce type de consultation populaire. En revanche, ses deux principaux rivaux - qui "descendent" de familles politiques de tradition plus parlementariste - ont annoncé l'un et l'autre qu'en cas de victoire ils consulteraient les Français sur plusieurs sujets majeurs. M. Sarkozy a justifié ses réserves à ce sujet dans un entretien à l'hebdomadaire L'Express du 27 mars. "Le quinquennat a beaucoup changé les choses", a expliqué le candidat de l'UMP. Avant de s'interroger en ces termes : "Il y a la présidentielle, puis les législatives, se profilent ensuite les municipales, les cantonales et les régionales. Croyez-vous que, si je suis élu, je vais aussitôt dire aux Français : "Excusez-moi, j'ai besoin de vous demander votre avis sur un autre sujet" ?" François Bayrou (UDF) se dit au contraire "partisan de réhabiliter le référendum pour donner la base populaire nécessaire à de grands projets". Pour le candidat centriste, "le référendum, sur un grand sujet, c'est le moyen de donner conscience des enjeux et d'entraîner la mobilisation. Le référendum place le citoyen en position de responsabilité, de gouvernant. Et non pas en position de consommateur qui ne pense qu'à sa situation personnelle." Dans le droit-fil de sa campagne "participative", Ségolène Royal (PS) veut instituer un référendum d'initiative populaire par voie de pétition, avec un seuil compris entre un million de personnes et un dixième des électeurs inscrits. Cette disposition figurerait dans une réforme d'ensemble des institutions (non-cumul des mandats, introduction d'une part de proportionnelle pour les législatives, modification du mode de scrutin pour l'élection des sénateurs, droit de vote des étrangers aux élections locales...), qui serait elle-même soumise à référendum à l'automne. RÉFORME DES RETRAITES Favorable à ce qu'il appelle également une "VIe République" (non-cumul des mandats, instauration de la proportionnelle pour l'élection de la moitié des députés, suppression de l'article 49-3 et des ordonnances...), M. Bayrou a indiqué qu'il consulterait lui aussi les Français sur son projet de réforme institutionnelle. Le candidat de l'UDF veut élargir l'usage du référendum, qui pourrait être organisé à l'initiative non seulement du président de la République, mais aussi de la majorité des deux Assemblées réunies en Congrès ou d'un vingtième des électeurs. M. Bayrou a d'ores et déjà indiqué qu'il soumettrait à référendum une réforme du système de retraites, incluant les régimes spéciaux. M. Sarkozy propose que 10 % du corps électoral puisse demander au Parlement de se saisir d'un problème ou de soumettre à référendum la suppression d'un texte existant ("référendum abrogatif"). Après le non au traité constitutionnel européen, M. Sarkozy n'entend pas consulter de nouveau les Français sur les institutions européennes. Echaudé, le candidat de l'UMP a indiqué qu'il soumettrait au Parlement, cet été, un "traité simplifié". Estimant que seul le peuple peut revenir sur sa décision, M. Bayrou et Mme Royal sont tous deux favorables à un nouveau référendum sur les institutions européennes. M. Bayrou préconise qu'un nouveau texte constitutionnel "court, lisible et compréhensible par tout le monde" soit soumis aux Français. Mme Royal, qui veut ajouter un protocole social au futur traité, veut organiser une consultation populaire au plus tard lors des élections européennes de juin 2009. § L'intégralité du débat avec Bernard Gazier, économiste du travail, coauteur de "L'Introuvable Sécurité de l'emploi", qui revient sur les mesures à prendre pour lutter contre le chômage. § R omulus : Combien y a-t-il de chômeurs en France (en valeur absolue et en %) ? Pourquoi y a-t-il polémique sur les chiffres ? Bernard Gazier : Il y a à l'heure actuelle en France entre 8 et 9 % de chômeurs. Ce n'est pas une réponse très précise parce que l'ampleur du phénomène du chômage depuis 30 ans fait que la société française s'est adaptée. Cette adaptation prend notamment la forme de petits boulots, c'est-à-dire de situations où il est difficile de dire si vous êtes au chômage ou pas. Vous avez effectué quelques heures de travail la semaine dernière, pour un statisticien, vous n'êtes pas au chômage puisque vous avez travaillé. En revanche, si c'est simplement l'ANPE qui contrôle votre situation, cette institution considérera que vous n'avez pas vraiment retrouvé du travail. Cela explique qu'il y ait plusieurs chiffres concernant le chômage, et dans la campagne électorale actuelle, il y a eu deux occasions supplémentaires de polémique : premièrement, l'Insee a observé un très fort taux de non-réponse à ses enquêtes. Deuxièmement, le gouvernement voulait à tout prix présenter un bilan optimiste qui soit meilleur que celui de Lionel Jospin en 2002. Il n'en a rien été, puisque la plupart des statisticiens disent qu'avec les corrections nécessaires, le taux de chômage français est plus près de 9 % que de 8 %. Je terminerai en disant que le chiffre exact a bien peu d'importance. En effet, ce qui compte c'est la persistance d'un niveau très élevé, vraiment plus élevé que la plupart des pays européens, ce qui demeure le signe d'un échec collectif majeur. Laure London : Pensez-vous que le chômage en France est un problème structurel ? Que pensez-vous du modèlel danois, souvent appelé flexicurité ? Pensez-vous qu'il puisse être appliqué en France ? Bernard Gazier : Le Danemark est souvent présenté comme une source d'inspiration nécessaire pour améliorer le chômage en France. C'est à la fois une source possible et une source mystifiante. En effet, ce pays avait au début des années 1990 le même taux de chômage que nous, c'est-à-dire 10 %. Il a alors choisi de développer très fortement les politiques de l'emploi, qu'elles soient "passives", dépenses d'indemnisation des chômeurs, ou qu'elles soient "actives", dépenses de placement et de formation des chômeurs, ou encore des subventions à l'emploi. Avec cette décision, les Danois ont mis en oeuvre une version possible de la flexicurité. En effet, il est dans ce pays très facile de licencier lorsqu'on est en sureffectif. La contrepartie de cette flexibilité pour les entreprises se trouve dans les dépenses pour l'emploi qui sont très élevées. Si donc il est facile de perdre son emploi, il est aussi facile d'en retrouver un. Cette leçon du Danemark ne peut cependant pas être transférée à la France. Il faut d'abord remarquer que le Danemark est un pays où il y a surtout des petites et moyennes entreprises, et c'est aussi un pays où 80 % des salariés sont syndiqués. Ces deux caractéristiques sont à l'opposé de la France, pays dominé par de très grandes entreprises, avec des syndicats aux effectifs très faibles. On peut donc comprendre qu'au Danemark, les entreprises sont en quelque sorte sous surveillance, et les travailleurs sont sécurisés par les garanties collectives hors de l'emploi. Si donc on essayait de faire en France ce qui s'est fait au Danemark, on risquerait tout simplement d'exonérer les grandes entreprises de toute responsabilité vis-à-vis de leurs salariés. Ce serait donc lancer une spirale d'insécurité, parce que les syndicats sont trop faibles pour servir de contrepoids. Il n'en reste pas moins que la flexicurité est une idée intéressante, qui repose sur l'idée de bon sens que des travailleurs adaptables et sûrs d'eux-mêmes pourront plus facilement changer d'emploi lorsque c'est nécessaire. Il faut donc en France une version élargie de la flexicurité, qui ne se limite pas à la protection de l'emploi et aux politiques de l'emploi, mais qui introduise l'engagement des très grandes entreprises, ainsi que celui des régions et des collectivités locales. Dans ce cadre élargi, on peut alors redistribuer les responsabilités et favoriser l'adaptation dont la France a besoin, sans insécuriser les travailleurs. Ce qui rend le chômage français spécifique, c'est la très faible transférabilité des qualifications de certains travailleurs. Longtemps intégrés dans les entreprises, ils ont acquis des compétences qui ne sont pas reconnues ailleurs. Ils craignent donc de perdre leur emploi et renoncent à des changements de spécialisation professionnelle qui seraient pourtant essentiels. Il y a donc un blocage français spécifique, et pour le lever, il convient d'assister les mobilités de ces travailleurs, ce qui nécessite l'engagement des grandes firmes et des territoires. Monzul : Plus de flexibilité égale plus d'emploi ? Notre droit du travail n'est pas suffisamment flexible ? Bernard Gazier : L'idée d'une nécessaire flexibilité de l'emploi, du travail et du salaire, est une fausse bonne idée. Elle semble en effet tout à fait naturelle. Lorsque l'on parle de marché du travail, on a en tête une offre et une demande qui doivent s'ajuster l'une à l'autre. Dans ce cadre logique, tout processus qui vient ralentir la confrontation de l'offre et de la demande peut être conçu comme une entrave ou une rigidité. Mais ce cadre logique n'est pas bien adapté aux problèmes de l'emploi et du chômage. Des économistes ont calculé combien de temps un travailleur devait rester dans une entreprise pour être pleinement productif. On considère qu'il faut rester entre 5 et 13 ans. Il peut donc exister des mesures qui favorisent la rotation de la main-d'oeuvre, qui empêche certains travailleurs de rester assez longtemps pour devenir efficaces. § Le syndicat paysan a décidé en 2006 de ne pas soutenir officiellement son ancien porte-parole. § L a confédération paysanne ne soutient aucun candidat à la présidentielle, même issu de ses rangs, mais, en ce début avril, son magazine Campagne solidaire affiche en "une" la question "Politique et syndicalisme : un couple inséparable?". Avec un entretien avec José Bové, son porte-parole de 2000 à 2004. Pas un coup de pouce, mais une façon de poser le débat, car quoi que décide le syndicat, trois ans après son départ, José Bové lui reste lié, fortement. Encore plus en ces temps de campagne. Du courrier à l'attention du candidat afflue au siège, à Bagnolet. Au téléphone, c'est devenu un réflexe quand un journaliste appelle : "Ça concerne José Bové ? Je vous donne le numéro de son attachée de presse." C'est en 2006 que la décision de ne pas soutenir José Bové a été prise, et discutée avec l'intéressé, alors candidat à la candidature unique. Dans un communiqué, la Confédération a rappelé que ses statuts stipulent l'indépendance entre politique et syndicat et précisé que "les militants qui s'engageraient le feront à titre individuel sans pouvoir se prévaloir de leur appartenance à la Confédération paysanne". Parmi les anciens porte-parole, François Dufour a suivi Bové, mais pas René Louail et Jean-Michel Sanchez, encore aux responsabilités. Les avis sont partagés sur la décision de "José". PETITS MATINS ET GRAND SOIR Depuis, ce texte est réutilisé, comme lors de la campagne pour les chambres d'agriculture en janvier, alors que le concurrent FNSEA tentait de "faire un amalgame" entre le syndicat et M. Bové. Une élection où la Confédération a dévissé, perdant le profit de la période Bové (7 points). Les questions fusaient avant même les résultats sur l'impact de l'absence de M. Bové pour défendre les couleurs du syndicat, et de sa présence sur la scène politique. Depuis, le secrétariat national a demandé à des sociologues de se pencher sur le bilan des élections, et lancé le débat dans les départements. " Les paysans nous considèrent comme les défenseurs d'une agriculture marginale alors qu'il y a aussi chez nous des producteurs de lait classiques ; ils ne nous voient qu'à travers la lutte anti-OGM, la judiciarisation, et le prisme politique, par le biais de José", estime Régis Hochart, l'actuel porte-parole. Si près de 20 % des agriculteurs ont voté Confédération aux élections professionnelles, seuls 6 %, selon un sondage Ifop publié en mars, s'apprêtent à voter Bové. Selon Jean-Philippe Martin, auteur d'Histoire de la nouvelle gauche paysanne, la Confédération a de bonnes raisons de ne pas le soutenir. "Tout d'abord, elle a toujours affirmé son indépendance par rapport à la politique, elle n'a en outre pas intérêt à soutenir un candidat très marqué à gauche, et enfin l'image actuelle de Bové ne colle pas avec ce qu'elle veut affirmer en ce moment", explique-t-il, rappelant que parmi les militants, beaucoup sont issus du christianisme social, et donc plus proches du PS que de l'extrême gauche. La question du positionnement demeure. Si la Confédération paysanne a bâti son action sur deux piliers, la défense des paysans et l'ancrage dans le mouvement social, depuis 2004, les deux sont de nouveau mis en avant, alors que le premier s'était fait plus discret avec M. Bové. Surtout, le mode d'action fait débat. "On est souvent dans le "Il n'y a rien à négocier", mais nous sommes un certain nombre à dire qu'on préfère plusieurs petits matins qu'un seul grand soir", affirme Gérard Durant, porte-parole qui vient de démissionner. Le sujet sera débattu en congrès, au Mans fin mai. Y fera suite la désignation du ou des futurs porte-parole. Mais tous sont d'accord sur un point : l'absence de charisme des successeurs de José Bové a nui à la visibilité. § Les meetings d'Olivier Besancenot rassemblent aussi bien des militants de l'ère Krivine que de jeunes sympathisants. § A u lycée, à la fin des années 1990, il s'activait au sein "d'un groupuscule d'extrême gauche" qu'il a fini par quitter, mais, en 2002, le virus de la politique l'a rattrapé. Depuis, Gabriel Ourlier, 29 ans, milite à la Ligue communiste révolutionnaire. Au fait, c'est quoi, la révolution ? Il se frotte le front et se lance. "C'est la recherche du bonheur. Une meilleure répartition des richesses, ce qui signifie au passage que la révolution ne se fera pas sans heurts, précise-t-il. Une société où chacun puisse manger à sa faim, débattre et se cultiver." Gabriel, dit "Gaby", est venu, ce soir, retrouver ses camarades - dont la plupart sont beaucoup plus jeunes que lui - pour préparer la salle qui doit accueillir le meeting d'Olivier Besancenot au Mans. Cependant, il admet ne pas s'investir corps et âme dans cette campagne. "En ce moment, je suis absorbé par les études que j'ai reprises pour devenir éducateur spécialisé et puis, glisse-t-il, je me préserve un peu. Dans le passé, je me suis déjà laissé bouffer par la politique..." Ce qui exalte vraiment ce garçon longiligne, c'est moins l'entre soi militant des meetings électoraux que la convivialité enfiévrée des grands mouvements sociaux, "lorsque le quotidien vacille et que se lève une force collective". "Contre le CPE, les manifs avaient de la gueule mais au moment de la réforme des retraites, se souvient-il avec des étincelles dans le regard, nous étions 50 000 dans les rues du Mans. C'était énorme." Il a débarqué dans la salle Henri-Barbin, au Mans, pour le meeting d'Olivier Besancenot, entouré de deux alter ego. Blouson ou parka noir, jean, foulard autour du cou, tous les trois arborent une sorte de total-look LCR, version vintage. "On est des camarades de Tours ; on vient donner un coup de main", ont-ils dit simplement en arrivant. L'année prochaine, cela fera vingt-ans qu'Antonin Rossilli a pris sa carte à la LCR : "Il y a eu des allers-retours, des moments où j'ai pris mes distances mais je suis toujours revenu." Malgré son allure qui fleure bon la Ligue à la grande époque d'Alain Krivine, le Tourangeau ne veut surtout pas jouer les anciens combattants. Comme les autres militants blanchis sous le harnais, il observe avec un mélange de surprise et de contentement l'arrivée d'une nouvelle génération. "Lors des manifestations contre la guerre en Irak, les retraites ou le CPE, nous avons vu nos cortèges grossir avec l'arrivée de ces gamins. Une jeunesse moins insouciante que nous l'étions, en proie à la précarité, à de véritables difficultés d'insertion dans la vie professionnelle", souligne ce presque quinquagénaire. "Moi, insiste-t-il, au sortir de mes études, j'ai trouvé dans les six mois un boulot à la Sécurité sociale que, trente ans plus tard, j'occupe toujours." Ces différences induisent un rapport différent à la politique. "Ces jeunes militants sont beaucoup plus concrets et bien moins versés dans la théorie, le trotskisme. Cela n'empêche nullement le courant de passer", se réjouit Antonin. "Je me fiche que l'on qualifie de simplistes les propositions d'Olivier Besancenot. Ce que je sais, c'est qu'il énonce les choses clairement, par exemple lorsqu'il veut réduire le budget de la défense au profit de l'éducation nationale." Sympathisant de la LCR, Antoine Chauvel, 24 ans, est très remonté. Surveillant dans un lycée manceau où il a maintes fois constaté "l'ampleur des injustices sociales", cet aspirant professeur des écoles accuse "Sarko" d'ignorer totalement les réalités éducatives "de terrain" et considère que l'encadrement militaire des jeunes délinquants proposé par "Ségolène" est une solution "purement répressive", donc vaine. Quant à Marie-George Buffet et Arlette Laguiller, il n'est pas loin de les ranger dans la catégorie des ringards. "Je suis du genre gueulard, c'est très français", admet en riant ce syndiqué à Sud-Education, pourfendeur d'une classe politique "gérontocratique". Sur le mur de la salle, le déploiement de grands portraits de Marx, Trotski et Che Guevara ne le rebute pas. "D'accord, cela fait un peu has been, mais j'aime bien leur folklore, dit-il. D'ailleurs, Besancenot dit que, s'il devait choisir, il opterait pour le Che. Ce côté anti-autoritaire, c'est ce qu'il y a de meilleur chez lui." Antoine Chauvel savoure déjà cette campagne du premier tour, "une formidable tribune" pour son candidat favori. Le second tour l'enthousiasme nettement moins. Le 6 mai, il pense ne pas aller voter. _ § Les positions d'Eric Fassin, sociologue enseignant à l'ENS et de Catherine Labrusse-Riou, professeure à l'université Paris-I § E ric Fassin, sociologue, enseignant à l'Ecole normale supérieure La question révèle le chemin parcouru en dix ans. Lorsqu'en France s'engageait le débat sur le pacs on ne se demandait pas si l'ouverture du mariage et de la filiation aux couples de même sexe était souhaitable mais si elle était possible : on était encore dans l'impensable. L'hétérosexualité conjugale (pudiquement appelée la "différence des sexes") semblait la nature même des choses : on parlait d'un "ordre symbolique" intemporel, ou des "fondements anthropologiques de la culture". Or le pacs n'a pas entraîné la fin du monde, mais simplement d'un monde. Puisque nos voisins européens franchissent le pas avant nous, on ne saurait d'ailleurs parler de lois éternelles de la culture - tout au plus de notre culture "franco-française". Bref, l'impensable d'hier apparaît aujourd'hui comme un impensé. La question n'est plus la loi d'une anthropologie religieuse, mais les lois démocratiques : non plus des vérités anhistoriques, mais des valeurs politiques. Aussi les candidats prennent-ils position et du coup, surgit dans la présidentielle un clivage entre droite et gauche, impossible tant qu'on était dans l'impensable. Pourquoi ouvrir le mariage ? Au nom d'une égale liberté, quelle que soit l'orientation sexuelle. La question s'inverse donc : pourquoi ne pas l'ouvrir ? Préserver nos institutions de l'homosexualité, n'est-ce pas fonder l'homophobie en droit ? Or quelles valeurs oppose-t-on encore à l'exigence démocratique ? Le refus de Nicolas Sarkozy montre son embarras : "Je ne prétends pas que j'ai raison, ce sont des convictions très profondes que j'ai en moi." Bref, pure opinion que justifie un aveu : "Je suis né hétérosexuel". Bref, je n'y peux rien, je suis ainsi. Non plus c'est la nature, mais c'est ma nature. Politiquement, c'est un peu court. Catherine Labrusse-Riou, professeure à l'université Paris-I J'y suis opposée, comme juriste et comme citoyenne. Les tribunaux appelés à statuer sur le mariage homosexuel de Bègles l'ont annulé sur le fondement du code civil et de la Convention européenne des droits de l'homme. Dans toutes les sociétés, depuis des millénaires, le mariage est un contrat destiné à sceller l'alliance de l'homme et de la femme. De plus, il n'y a pas d'injustice à exclure les homosexuels du mariage parce qu'ils sont libres de vivre en communauté de vie organisée. L'indifférenciation des sexes dans le mariage repose sur une conception abstraite de l'égalité qui ne vaut pas pour le mariage : l'égalité des époux a été acquise à partir des années 1960 mais cette révolution silencieuse suppose justement la différence des sexes. Je crois que la consécration du mariage homosexuel serait de nature, à terme, à remettre en cause la structure même du droit de la famille basée sur la différence généalogique des lignes paternelle et maternelle. La déstructuration des institutions civiles de la famille me paraît dangereuse. En tant que citoyenne, je me demande si le mariage homosexuel est exempt de risques politiques et sociaux affectant la conception de la République. En 1792, le mariage civil a réalisé l'unité des Français malgré leurs différences religieuses : ce fut un facteur de paix sociale. Si le mariage homosexuel était consacré par la loi, les grandes religions dotées d'un droit de la famille - catholique, juive, musulmane - pourraient demander que le mariage civil ne soit plus un préalable nécessaire à la célébration religieuse. Il y a là un risque de retour de l'autorité des droits religieux et de repli communautariste. § Ils se sont retrouvés dans Paris à 6 heures, mardi 10 avril, avec djembé et sifflets pour dissuader la France "qui se lève tôt" de voter pour l'UMP. § I ls voulaient "réveiller la France qui se lève tôt". Ils se sont donc donné rendez-vous à 6 heures, mardi 10 avril, avec djembé, maracas et sifflets dans le 17e arrondissement de Paris. Un rassemblement qui s'est fait au métro Guy-Môquet, du nom du jeune résistant communiste dont Nicolas Sarkozy revendique l'héritage, pour un parcours "bruyant et festif". Objectif affiché : alerter la France "des simples employés" qui "serait a priori la plus sensible aux idées de Nicolas Sarkozy". Et la dissuader de voter pour lui. Les traits bouffis, encore endormis, les membres du collectif tout récemment baptisé La France qui se lève tôt, souvent des étudiants ou de jeunes actifs, se sont donc retrouvés à une vingtaine, au petit matin. Parmi eux, de nombreux anciens du collectif Jeudi noir, ce petit groupe qui s'invitait dans les visites d'appartements loués à des prix jugés prohibitifs. "Le fait que la majorité des Français pensent que Nicolas Sarkozy va gagner l'élection présidentielle et qu'il a désormais les mains libres nous paraît assez grave", justifie ainsi l'un d'eux, Manuel Domergue, 25 ans, assistant parlementaire du sénateur de Paris Jean Desessard (Verts). Selon M. Domergue, le programme du candidat UMP ne favorise pas "les Français qui se lèvent tôt" mais "ceux qui s'enrichissent en dormant". "On veut dire à tous ces gens : attention, le discours de Sarkozy sur la valeur travail, le mérite... c'est du gros bluff !", explique Leila Chaibi, 24 ans, membre du collectif Génération précaire. Mardi matin, après avoir tracté à l'entrée du métro auprès des voyageurs pressés, ils se sont donc élancés "à l'arrache" et en fanfare, la camionnette de l'un d'eux ouvrant la voie, autoradio à fond. Les rares riverains au balcon, souvent en pyjama, ont modérément apprécié le cortège. "La France qui se lève tôt" compte cependant répéter l'expérience au moins une fois par semaine, jusqu'au deuxième tour. § Les militants font campagne dans des bastions du Parti communiste, avec pour horizon les municipales de 2008, au-delà de la présidentielle et des législatives § D ans le Val-de-Marne, les militants UMP sont en terre de mission. Le département est coupé en deux. Au nord, les communes bourgeoises : Vincennes, Saint-Maur-des-Fossés, Saint-Mandé. Au sud et à l'est, des bastions historiques du PCF : Vitry-sur-Seine, Ivry-sur-Seine, Champigny. Le conseil général est présidé par le communiste Christian Favier. Autant dire que "tracter" sur le marché de Vitry, le samedi matin, s'apparente à une opération commando. "Nous sommes venus en masse", confirme Emmanuel Njoh, candidat UMP aux législatives. Une dizaine de militants sont éparpillés à l'entrée du marché, entre un marchand de ballons et un imam barbu qui quête pour la mosquée de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). Les partisans de Ségolène Royal, Olivier Besancenot, José Bové et Arlette Laguiller sont déjà sur place. Pas d'agressivité entre militants. Le plus souvent, les chalands prennent les tracts, les glissent dans leur cabas ou les refusent sans un mot. Pierre Le Boul, 67 ans, universitaire à la retraite et militant UMP, se félicite de l'attitude des Vitriots. "Les papas et les mamans du Maghreb nous font bon accueil. Les Asiatiques nous sont favorables. Les plus agressifs sont les vieux militants communistes, qui n'apprécient pas qu'on vienne sur leurs terres." "Ils sont agressifs, les cocos, parce qu'ils voient que Sarkozy monte dans les sondages !, renchérit Jean-Louis Rouvet, 52 ans et une gouaille de titi parisien. La dernière fois, à Alfortville, ils nous ont chanté l'Internationale. On leur a répliqué en citant les millions de morts du goulag. C'est au ras des pâquerettes, mais on s'est bien marrés...." "BOÎTAGE" Il lui arrive de s'aventurer dans les cités pour du "boîtage" ou du "collage" "On y va à deux ou trois, parce qu'il peut y avoir du danger. La dernière fois, à la cité Balzac, là où la petite Sohane a été brûlée vive, ça a failli mal tourner. Quelqu'un nous a balancé une pomme. Des mômes sont sortis et ont commencé à arracher les affiches. Un attroupement s'est formé. J'ai dit que j'étais payé pour coller les affiches. Puis on est partis sinon ils s'en prenaient à la voiture." A quoi bon coller des affiches en milieu hostile ? Les militants des Jeunes populaires du Val-de-Marne répondent sans hésiter : "Pour être présent !" Ils tiennent une réunion dans le local de l'UMP, au centre-ville de Champigny, entre la place Lénine et la salle Youri Gagarine. Au mur de la permanence, des affiches de Vincent Chriqui, futur candidat aux municipales dans l'ancien fief de Georges Marchais. Car les militants pensent aussi aux municipales et aux cantonales de 2008, avec l'espoir de faire basculer le département à droite. "Il faut montrer qu'on est présents dans une ville communiste comme Champigny, pour marquer les esprits, explique Sylvain Drouvillé, 23 ans, étudiant en droit à Paris-XII. Le gain de voix par le collage d'affiches est nul. Mais les électeurs UMP se sentent soutenus." Les étudiants UMP ont monté une section Jeunes populaires à la fac de Créteil. Ils tractent, organisent des "cafés politiques" avec des élus UMP. "En fac de droit, l'accueil est plutôt bon. J'imagine qu'en fac de sociologie, ce serait plus difficile", estime Sylvain Drouvillé. Pour eux, le clivage est plus une question de génération que de classe sociale ou de couleur de peau. "Sarko n'a aucun problème avec les jeunes, avance-t-il. Chez les plus de 55 ans, il marche très bien aussi. La population la plus difficile est celle des 35-55 ans, les bobos..." "Ceux qui ont le coeur à gauche, mais refuse de vivre dans une ville de gauche", tranche Yoann Charlot, 27 ans, étudiant en sciences politiques à Paris-II. Coller des affiches est un jeu. "Avec les militants des autres partis, c'est à celui qui passera le dernier pour recouvrir les affiches des autres." Parfois, une voiture passe et leur lance "Sarko facho, Sarko raciste !" "Le Kärcher, la racaille, c'est toujours ce que j'entends, déplore Sylvain Drouvillé. Quand on critique Sarko, c'est sur sa personne, jamais sur son programme. Le clivage droite-gauche n'y est pour rien. C'est un mec qui suscite les passions. On aime ou on n'aime pas, comme pour tous les grands hommes." A Nogent-sur-Marne, la permanence du maire, Jacques J. P. Martin, a été incendiée par un cocktail Molotov dans la nuit du 26 au 27 mars. "Ce n'est pas la première fois que nos locaux sont vandalisés, témoigne l'élu. Je n'exclus pas que des jeunes des quartiers soient à l'origine de l'incendie. Mais ce n'est peut-être pas à Sarkozy en tant que tel qu'ils en voulaient. A Fontenay-aux-Roses, au Plessis-Robinson et à Levallois, c'est la permanence socialiste qui a été attaquée. Les jeunes s'en prennent aux partis de gouvernement et aux symboles de l'autorité." Selon le maire de Nogent, les anti-sarkozystes les plus virulents du département seraient "les communistes et l'extrême gauche". § Des membres de l'UMP issus des minorités présenteront, mercredi 11 avril, un Livre blanc intitulé "La diversité, une richesse pour l'identité française". § E n présence ou non de Nicolas Sarkozy, les secrétaires nationaux, conseillers exécutifs ou simples adhérents de l'UMP, issus des minorités et réunis au sein du Cercle de la diversité républicaine de ce même parti, entendent ouvrir le débat présidentiel sur la diversité. Faute d'une journée sur ce thème en présence de leur candidat, ils présenteront, mercredi 11 avril, lors d'une conférence de presse, un Livre blanc intitulé "La diversité, une richesse pour l'identité française : 35 propositions pour une diversité valorisée, assumée et en mouvement". "M. Sarkozy est précurseur sur le thème de la discrimination positive. Nous avons voulu donner corps à ce principe en le déclinant en mesures concrètes", explique Yves Jégo, secrétaire national aux nouvelles adhésions, à l'origine de la création en septembre 2006 de ce Cercle de la diversité au sein de l'UMP. STATISTIQUES ETHNIQUES En introduction, les auteurs du Livre blanc prennent soin de distinguer la "discrimination positive à la française" qu'ils veulent promouvoir, fondée sur une base territoriale, et la reconnaissance du mérite "quelle que soit la couleur de peau" de "l'affirmative action" américaine s'appuyant sur des critères raciaux ou ethniques. Cela ne les empêche pas d'appeler à la mise en place de statistiques fondées "sur les catégories retenues dans la vie ordinaire, c'est-à-dire les Blancs, les Noirs, les Asiatiques". Des statistiques ethniques en somme, qu'ils se gardent de nommer comme telles, mais qui permettraient, selon eux, de mesurer l'état des discriminations dans la société française et ainsi d'avancer. Sans attendre la mise en place de telles statistiques, "il s'agit de mettre en place de véritables politiques de rattrapage pour aller vers l'égalité effective, en accordant des avantages à ceux qui agissent", relève Dogad Dogoui, porte-parole du Cercle. Ainsi, en matière d'emploi, le Cercle préconise-t-il, par exemple, de transposer les aides consacrées aux zones franches aux personnes qui y résident : une entreprise de centre-ville qui recruterait une personne issue de zone urbaine sensible (ZUS) pourrait se voir exonérée de charges sociales pendant un an ou deux. En matière d'éducation, le Cercle appelle à transformer en politique publique généralisée les dispositifs de soutien scolaire et d'accès spécifiques aux grandes écoles pour les meilleurs élèves issus des quartiers difficiles. Quant à la diversité en politique, elle passe, au-delà de l'instauration d'une dose de proportionnelle déjà proposée par M. Sarkozy, par la limitation à deux mandats successifs dans la même fonction."Les gens attendent, au-delà des déclarations de principe et des postures, du concret et un discours positif. Tous ces jeunes ayant une double culture sont, pour la France, un atout formidable dans la mondialisation", insiste M. Jégo, qui sillonne depuis le mois de janvier l'Hexagone en organisant des réunions et reconnaît que "ce sujet n'est pas assez mis sur le devant de la scène et affirmé." § La LDH a adressé un questionnaire aux candidats et évalué leurs réponses afin de déterminer leur indice d'attachement aux droits de l'homme. Dominique Voynet arrive en tête avec 19,14/20, devant Olivier Besancenot (19/20). Nicolas Sarkozy n'a pas répondu au questionnaire de l'association. § L a Ligue des droits de l'homme (LDH) a adressé à huit des douze candidats à la présidentielle 55 questions sur les droits de l'homme, la démocratie et la citoyenneté. L'association, qui avait exclu "les candidats d'extrême droite de Villiers et Le Pen ainsi que les candidats de lobbies Nihous et Schivardi", a reçu, explique-t-elle dans un communiqué, les réponses de sept d'entre eux. Seul Nicolas Sarkozy n'a pas répondu. La Ligue des droits de l'homme a évalué les réponses des candidats afin de déterminer leur indice d'attachement aux droits de l'homme. Dominique Voynet arrive en tête avec 19,14/20, devant Olivier Besancenot (19/20). Viennent ensuite Marie-George Buffet (18,86/20), José Bové (15,71/20), Ségolène Royal (14/20), François Bayrou (7,86/20). Arlette Laguiller n'ayant répondu qu'à une seule question, elle n'obtient pas de note de la LDH. Nicolas Sarkozy arrive en queue de peloton avec 0,57/20, sur la base de ses déclarations publiques. Pour la LDH, le candidat UMP "atteste par son silence son désintérêt pour les droits de l'homme et/ou son incapacité à se prêter à une évaluation indépendante". Les réponses détaillées des candidats sont consultables sur le site Internet de la LDH. "CINQ ANNÉES DE RÉGRESSION DES LIBERTÉS" L'association appelle les électeurs "à prendre en compte cette mesure de l'importance donnée aux droits de l'homme dans les positions réellement prises par les candidats". Et ne mâche pas ses critiques contre l'action du gouvernement sortant et donc de l'ancien ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Elle espère "que cette élection permette de rompre avec cinq années de régression des libertés, de stigmatisation des personnes en difficulté et de recul des droits sociaux." La LDH demande notamment aux candidats "l'abrogation des lois sécuritaires votées depuis 2002 ; l'arrêt de la militarisation de l'emploi de la police, l'instauration d'une police de proximité et la restauration de la présomption d'innocence et des droits de la défense". En matière de "solidarité", elle appelle les électeurs à réclamer notamment "l'abrogation des lois xénophobes votées depuis 2002 ; la régularisation des parents d'enfants scolarisés ; des mesures concrètes pour mettre en uvre le droit au logement opposable, notamment en contraignant les communes riches à construire des logements sociaux". § Dans un entretien au Bondy Blog, l'ancien ministre du gouvernement Villepin revient sur la sortie de son livre "Un mouton dans la baignoire" et sur ses relations avec le candidat UMP. § D ans un entretien au Bondy Blog, l'ancien ministre du gouvernement Villepin revient sur la sortie de son livre Un mouton dans la baignoire et sur ses relations avec le candidat UMP. Pour Azouz Begag, qui a rallié François Bayrou, "quand un individu, ministre de l'intérieur, affirme devant un parterre de ministres, que moi, Azouz Begag, j'ai des antécédents psychiatriques, quand il déclare qu'il faut associer immigration et identité nationale dans un même ministère, alors oui, je dis que cet individu est dangereux". Il ajoute : "Quand un homme comme lui a la maîtrise et le soutien de tant de pouvoirs médiatiques et économiques, et qu'il peut, avec cela, marquer son emprise totale sur la société française, sans supporter la moindre contestation, alors oui, je dis que cet homme est dangereux." "NON ASSISTANCE À PAYS EN DANGER" L'ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances considère que "c'est un devoir personnel et politique majeur que d'informer les électeurs avant l'élection. Si je laisse faire, je pourrais être accusé de non assistance à pays en danger." Il reproche à l'ancien ministre de l'intérieur d'utiliser les procédés du Front national : "Je remarque qu'il n'a aucun scrupule pendant ces élections à jeter en pâture l'immigration, comme l'a fait Le Pen depuis 25 ans." Azouz Begag revient également sur son expérience au gouvernement, estimant qu'il a été "victime d'une fatwa médiatique éhontée de la part de plusieurs journaux et chaînes de télévision". Il accuse Jean-Louis Borloo de lui avoir "savonné la planche" en minimisant son action au ministère. § Le décret autorisant la construction du réacteur nucléaire EPR de troisième génération de Flamanville (Manche), dont la mise en service est prévue pour 2012, a été publié, mercredi, au "Journal officiel". § L e décret autorisant la construction du réacteur nucléaire EPR de troisième génération de Flamanville (Manche), dont la mise en service est prévue pour 2012, a été publié mercredi 11 avril au Journal officiel. "Les avis favorables de l'Autorité de sûreté du nucléaire et du ministère de la santé nous sont parvenus il y a quelques jours. Dès lors, plus rien ne s'opposait à la signature de ce décret", explique le ministre de l'économie dans Les Echos. "La construction du réacteur contribuera de manière décisive au maintien de l'indépendance énergétique de la France et de l'Europe en fournissant une électricité sûre, compétitive et non émettrice de gaz à effet de serre", a déclaré une porte-parole du groupe. L'EPR, réacteur de troisième génération, doit être construit sur les falaises du Cotentin au sein du site de 120 hectares du centre de Flamanville, qui comprend déjà deux réacteurs de 1 300 mégawatts mis en service il y a vingt ans. Sa construction doit commencer à la fin de l'année, pour une mise en service prévue en 2012. "UN ACTE ANTIDÉMOCRATIQUE" La publication du décret gouvernemental a suscité un tollé chez les associations de défense de l'environnement et les formations politiques de gauche et du centre. Le réseau Sortir du nucléaire, qui regroupe plus de 700 associations, a critiqué un acte jugé "antidémocratique", Greenpeace a déploré un "déni de démocratie" et demandé aux candidats à la présidentielle de s'engager à annuler ce décret s'ils sont élus. "Cette décision est révélatrice d'une conception de la politique qui fait fi du débat transparent et ouvert en matière énergétique et qui illustre le passage en force qui a été la caractéristique de la méthode de la droite sur tous les sujets depuis cinq ans", a fait savoir le Parti socialiste dans un communiqué. UN "DIKTAT DES NUCLÉOCRATES" François Bayrou a souligné qu'il est "totalement antidémocratique que douze jours avant une élection, en douce, en catimini, on prenne des décisions de cette importance, sans que le véritable débat ait eu lieu". "Il faudrait suspendre cette décision, de manière à ce qu'on ait un vrai débat", a-t-il ajouté. Le candidat altermondialiste, José Bové, refusant la soumission "au diktat des nucléocrates", s'est engagé à s'opposer à cette "construction inutile et dangereuse". Il a par ailleurs demandé un moratoire sur l'EPR et la création de nouvelles centrales. "A sommes égales investies dans les énergies renouvelables, on pourrait produire plus d'électricité et créer des emplois au moins quinze fois plus nombreux et mieux répartis sur l'ensemble du territoire", a pour sa part défendu Dominique Voynet, la candidate des Verts. § Pour la première fois dans une élection présidentielle, la vidéo sur Internet est devenue une composante importante de campagne. Pas seulement les vidéos "officielles" tournées par les chaînes de télévision, mais également celles prises ou montées par des amateurs. § P our la première fois dans une élection présidentielle, la vidéo sur Internet est devenue une composante importante de campagne. Pas seulement les vidéos "officielles" tournées par les chaînes de télévision, mais également celles prises ou montées par des amateurs. Les propos de Ségolène Royal, filmée à son insu, sur le temps de présence des professeurs dans leurs établissements ou encore la colère froide de Nicolas Sarkozy s'offusquant en direct sur France 3 d'un reportage qu'il juge "malhonnête" sont autant d'images qui ont fait le tour de la Toile. Mais quelle est l'audience réelle de ces vidéos politiques, dont certaines sont publiées plusieurs fois par des "posteurs" différents ? Créé par André Gunthert, docteur en sociologie, le Laboratoire d'histoire visuelle contemporaine (Lhivic) de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) apporte un début de réponse avec son outil de mesure informatique baptisé le "vidéomètre". Chaque jour, cet outil recherche dans les bases de données des deux principales plates-formes d'échange de vidéos sur la Toile que sont Dailymotion et YouTube celles qui ont un rapport avec la politique. Il peut s'agir d'images d'un discours reprises sur une télévision ou d'un montage d'images - souvent à des fins militantes - réalisé par un ou plusieurs vidéastes amateurs. La note méthodologique disponible sur le site du laboratoire précise que le vidéomètre "soumet aux moteurs de ces deux plates-formes un dictionnaire de mots-clés qui récupère les résultats fournis par ces moteurs de recherche. Ce dictionnaire de mots-clés contient l'ensemble des noms des principaux partis politiques français, ainsi que l'ensemble des noms des principaux candidats en lice, ainsi que des mots-clés généraux relatifs à l'élection et à la campagne électorale". Une méthodologie qui n'est pas infaillible - ainsi, la requête sur le mot "Verts" peut renvoyer aussi bien au parti écologiste qu'à l'équipe de football de Saint-Etienne -, mais de nouveaux algorithmes affinent régulièrement l'outil. "Nous observons dans notre classement un fort effet d'impact de l'actualité dans la consommation de vidéos par les internautes, explique Rémi Douine, doctorant en sciences économiques à Telecom Paris, et développeur technique du "vidéomètre". Lorsqu'une séquence importante passe à la télévision, il y a un effet de rattrapage sur le Web." Pour la semaine du 2 au 8 avril, Nicolas Sarkozy occupe la tête du classement avec deux vidéos peu flatteuses. La première, intitulée Nicolas police (vue plus de 36 000 fois), est un clip musical où l'on voit un enfant qui joue au policier. La seconde, titrée Le Vrai Sarkozy, est un montage qui compile les propos de l'ancien ministre de l'intérieur sur fond d'images d'arrestations policières musclées. Une vidéo regardée plus de 1,7 million de fois (20 800 fois dans la semaine). "L'intérêt de notre outil réside dans sa dynamique, précise Rémi Douine. Le cumul d'audience n'a pas de sens, ce qui compte c'est de voir comment cette audience varie au fil des jours, en fonction de l'actualité." Le vidéomètre permet aussi d'associer des vidéos entre elles. "Lorsqu'une vidéo d'actualité a un très fort succès, elle fait remonter dans le classement d'autres vidéos du fait d'interprétations connexes. Des algorithmes statistiques relient les éléments entre eux en fonction des mots-clés attachés aux vidéos." _ www.videolab.lhivic.org/ § Sur les grilles d'enceinte d'Energy Plast, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), les banderoles s'effilochent. Elles disent la colère des 204 salariés de l'entreprise (dont 80 % de femmes), abandonnés en même temps qu'un outil de travail performant. § S ur les grilles d'enceinte d'Energy Plast, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), les banderoles s'effilochent. Elles disent la colère des 204 salariés de l'entreprise (dont 80 % de femmes), abandonnés en même temps qu'un outil de travail performant. Ici, ils produisaient des bagages pour Samsonite. La mise en faillite a précédé la liquidation judiciaire. Un monde qui s'écroule. Une nouvelle blessure infligée à une région qui ne cesse d'encaisser les coups. Dans le bâtiment en préfabriqué posé sur le parking de l'usine, jonché de bacs calcinés, mardi 10 avril, une soixantaine de salariés d'Energy Plast, de Sublistatic, autre site industriel liquidé, et d'anciens de Metaleurop entourent François Bayrou. Ils racontent les faux espoirs qu'on leur a fait miroiter, les décisions déjà prises de transférer la production sans qu'aucun élu n'en ait été averti, les lettres de licenciement qui arrivent... Au candidat centriste, on parle d'interdictions bancaires, de vies brisées. "On a besoin d'espoir !" s'écrie l'un des participants. Alors, sans faire de promesses qu'il ne serait pas en mesure de tenir, M. Bayrou s'efforce de faire écho aux exigences qui s'expriment, de ne pas laisser "ceux qui se sentent abandonnés" sombrer dans la "désespérance", dont il sait qu'elle est l'alliée des tentations extrêmes. "BELLES PAROLES" Il s'engage, s'il est élu, à mettre en place une autorité chargée de trouver des repreneurs, à "rendre la reprise possible et obligatoire", à en faire "une priorité pour les pouvoirs publics", à "défendre une politique industrielle". Il se déclare pour "un modèle d'exemplarité de l'entreprise", prenant à son tour à partie les "patrons voyous qui contournent la loi". Il développe ses propositions pour faciliter la création d'entreprise. Interpellé sur la décision des députés de prolonger jusqu'à cinq ans l'indemnité dont ils peuvent bénéficier en fin de mandat, il redit son opposition : "C'est comme s'il y avait deux poids deux mesures..." Les visages se détendent. "Il faut des gens qui nous écoutent, intervient un ancien de Metaleurop. C'est à votre honneur, M. Bayrou, d'avoir pris le temps de venir ici." "Tout ce qu'on espère, c'est que ce que vous venez de nous dire, si vous êtes élu, ça ne restera pas que des belles paroles", renchérit une représentante d'Energy Plast. "Madame, si ce n'étaient que des belles paroles, je ne pourrais pas revenir vous voir", jure le candidat. En fin d'après-midi, à l'invitation du maire (divers gauche) de Noyelles-Godault, Jean Urbaniak, qui lui a apporté son soutien, M. Bayrou précise devant un millier de personnes ses propositions en matière d'emploi. Il annonce qu'il ouvrira, dès le mois suivant son élection, une négociation sur la sécurisation des parcours professionnels et sur la continuité des droits sociaux. Il se prononce pour un système de bonus-malus sur les cotisations sociales d'assurance-chômage tenant compte de la préservation de l'emploi. Dénonçant l'"obsession de la concurrence", il plaide pour "une Europe qui fasse son boulot de protection". Et il recueille, en cette terre de labeur, une salve d'encouragements. § Le hit parade hebdomadaire de la campagne 2007. Tous les mercredis dans tes oreilles. § § Tenus à la veille du week-end pascal lors d'une réunion à Paris, les propos de Nicolas Sarkozy affirmant que "les parents ne sont pas membres de la communauté éducative" ont déclenché, bien qu'avec un temps de retard, de vives réactions des organisations de parents d'élèves. § T enus à la veille du week-end pascal lors d'une réunion à Paris, les propos de Nicolas Sarkozy affirmant que "les parents ne sont pas membres de la communauté éducative" ont déclenché, bien qu'avec un temps de retard, de vives réactions des organisations de parents d'élèves. Il s'agit d'"une attaque de plein fouet" contre le rôle des parents à l'école, venant "détruire quarante ans de travail" et risquant de déclencher une "guerre pédagogique", juge le président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). C'est une déclaration "surprenante" et qui "exige une clarification", estime pour sa part la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP). Le candidat de l'UMP, qui s'exprimait vendredi 6 avril à la Mutualité, à Paris, lors de la rencontre "Femmes et égalité des chances", a consacré un passage de son discours à décrire "une école où les familles ont des devoirs, mais aussi des droits". "Pour autant, a-t-il dit, je n'accepte pas que les parents soient considérés comme des membres parmi d'autres de la communauté éducative. Les parents ne sont pas membres de la communauté éducative, ils sont les premiers responsables de l'éducation de leurs enfants. Je ferai abroger par le Parlement cette disposition de la loi Jospin de 1989, qui a mis en oeuvre une vision tellement dogmatique et idéologique de l'école." M. Sarkozy a ensuite énuméré ce que devraient être selon lui les droits des parents en matière scolaire, citant successivement le "droit de connaître les performances" de l'établissement et celles de leur enfant, le "droit d'être immédiatement informés" si celui-ci "décroche", le droit "d'être reçus par les enseignants et le chef d'établissement" quand ils le demandent et celui de retirer leur enfant "d'une école dont le niveau ne permet pas de lui garantir un avenir". "C'est pour cela, a-t-il conclu sur ce sujet, que je veux supprimer la carte scolaire parce que choisir l'école de ses enfants est à mes yeux une liberté fondamentale." M. Sarkozy n'a pas fait allusion à la représentation des parents dans les diverses instances de l'éducation nationale : conseils d'école, conseils d'administration dans le second degré et instances consultatives à l'échelle académique et nationale. Consacrée par la loi d'orientation de Lionel Jospin en 1989, mais réaffirmée par la loi d'orientation sur l'avenir de l'école d'avril 2005, de François Fillon, la notion de "communauté éducative", associant les représentants des parents au fonctionnement de l'institution, est aujourd'hui largement acceptée dans l'éducation nationale. Elle est, aussi, difficilement dissociable de ces modalités de représentation. "VISION RÉACTIONNAIRE" Pour Faride Hamana, président de la FCPE, qui avait déjà été outré, une semaine auparavant, par la défection des candidats à une réunion de sa fédération consacrée à l'élection présidentielle, les déclarations de M. Sarkozy visent clairement à remettre en cause les modalités de représentation des parents. "C'est explosif, mais c'est cohérent. C'est une vision totalement libérale et réactionnaire, qui tourne le dos au dialogue. Même avec Gilles de Robien, nous avions réussi, sur ce thème, à avoir un décret qui convenait à tout le monde", a-t-il commenté en faisant allusion au décret du 28 juillet 2006 sur le rôle des parents d'élèves. "Le droit d'aller voir ailleurs, qu'on nous propose, c'est un leurre, poursuit-il. Si tout est remis en cause, s'il n'y a pas de représentation des parents, il y aura des conflits ouverts, car l'institution génère forcément des tensions. Pour faire plaisir à des minorités agissantes, M. Sarkozy est en train de générer du chaos dans le pays." Jean-François Le Helloco, vice-président de la PEEP, estime que si ces déclarations signifient que "chacun, enseignants et parents, a ses droits de son côté, ce n'est pas la bonne solution". "On ne peut pas considérer que la part des parents s'arrête à la porte de l'école, souligne-t-il. Si c'est ça, nous ne pouvons pas l'accepter." § C'est un peu lui qui a "fait" Olivier Besancenot. François Sabado est aujourd'hui son mentor et son âme damnée. Toujours derrière le candidat de la LCR tout en s'en défendant, mais si fier de la montée de son poulain dans les sondages. § C 'est un peu lui qui a "fait" Olivier Besancenot. François Sabado est aujourd'hui son mentor et son âme damnée. Toujours derrière le candidat de la LCR tout en s'en défendant, mais si fier de la montée de son poulain dans les sondages. Le dirigeant trotskiste aguerri avait repéré ce militant de Louviers (Eure) à une université d'été de la LCR en 1994. Le jeune Olivier faisait alors ses armes dans une tendance minoritaire, reprochant à la direction de l'organisation de n'être pas assez révolutionnaire. François Sabado poussera le trublion dans les pattes d'Alain Krivine, alors député européen, comme attaché parlementaire. Après le retrait du vétéran Krivine pour la course électorale de 2002, c'est encore François Sabado qui convainc le postier, réticent, de représenter la LCR. Il était temps de changer de visage public, et celui du facteur correspondait à la nouvelle génération de militants des luttes altermondialistes. "Je sentais qu'il fallait tourner la page des militants permanents à vie et miser sur des jeunes insérés dans leur milieu professionnel", explique-t-il. Les deux hommes se retrouvent sur l'envie de ne plus se faire moines-soldats, la conviction que la "Ligue" doit cesser de se comporter comme un parti d'"intellos" et "parler aux gens". Ils sortent un livre ensemble - Besancenot comme auteur, lui dans l'ombre -, Révolution ! 100 Mots pour changer le monde (Flammarion, 2003). Ce sens des formules et la certitude que les mots ont leur importance, M. Sabado la tient de son père, républicain espagnol arrêté sur le front catalan en 1937 et emprisonné à Casablanca. Le petit François n'arrive en France qu'à l'âge de 12 ans. Il en garde un accent pied-noir qui grimpe dans les aigus quand il s'échauffe et un irrépressible goût du sucré, tendance cornes de gazelle. Son premier contact avec la politique, il le doit à mai 1968 au lycée Voltaire, à Paris, et à Romain Goupil, alors jeune leader de la Ligue. Il a 14 ans et choisit l'organisation trotskiste "parce qu'ils étaient pour le droit de vote des 3e en assemblée générale". Il en devient le permanent jeune en 1974, entre au bureau politique en 1977 et n'en bougera plus. En 1980, lorsque la LCR amorce son "tournant ouvrier" (implantation volontaire d'étudiants dans les entreprises), il embauche à Renault Flins puis chez Dassault, avant de passer un concours à l'ANPE. Dans "l'orga", Sabado se transforme en "Sacado", "Arafat" pour ses fameuses lunettes de soleil et plus souvent encore "Olivier", son pseudonyme. Le personnage est truculent, mordant, toujours au fait des histoires de coeur entre camarades, parce qu'à ses yeux "tout est lié". Il est aussi très dogmatique, ne déviant guère de la ligne majoritaire et sans état d'âme. "La souplesse n'est pas sa vertu première", sourit Christian Picquet, membre de la direction nationale. Beaucoup moquent ses raffarinades comme celle sortie lors d'un congrès en 1998 : "Pour peser, il faut être lourd." Mais la tendresse n'est jamais loin : "C'est un mec en or", assure Olivier Besancenot. Un "mec" qui compte, pivot de la campagne présidentielle de la LCR. Rongé par l'angoisse au point de s'en arracher les cheveux. Accroché à son portable avec Olivier pour lui donner ses dernières trouvailles contre la droite et lui rédigeant des "fiches d'actu". "Il m'aide à bosser", dit simplement le candidat. § Et si l'une des premières mesures que sera amené à prendre le nouveau gouvernement, dès le mois de juin, devait être un plan drastique de réduction des dépenses de santé et de leur prise en charge pour les patients ? § E t si l'une des premières mesures que sera amené à prendre le nouveau gouvernement, dès le mois de juin, devait être un plan drastique de réduction des dépenses de santé et de leur prise en charge pour les patients ? Aussi inattendue qu'impopulaire, cette hypothèse n'est pas exclue depuis que le comité d'alerte sur l'évolution des dépenses de l'assurance-maladie a lancé une sévère mise en garde, vendredi 6 avril, au vu du bilan des comptes de 2006 de la Sécurité sociale. Sa décision définitive doit intervenir avant le 1er juin, mais, en l'état, les candidats à l'élection présidentielle évitent d'évoquer cette échéance. La loi de réforme de l'assurance-maladie d'août 2004 impose en effet au gouvernement, comme à la Caisse nationale d'assurance-maladie, de prendre des mesures de redressement dès que le seuil d'objectif national des dépenses d'assurance-maladie, fixé par la loi de financement de la Sécurité sociale, est dépassé. Malgré un net redressement du déficit en 2006 (5,9 milliards d'euros en 2006 au lieu de 8 milliards en 2005), les dépenses ont "dérapé" de 1,2 milliard d'euros, soit un peu plus que la barre fixée à 1 milliard. Pour 2007, le gouvernement a limité les prévisions de croissance à 2,5 % (dont 1,1 % pour les soins de ville) pour ne pas devoir augmenter les recettes. "Les dépenses ne pourront être contenues en deçà du seuil fixé", prévient d'ores et déjà le comité d'alerte, qui préconise que "les économies prévues soient intégralement réalisées", soit au total un programme de 2,8 milliards d'euros. C'est loin d'être la tendance avec, au premier trimestre, une hausse de 5 % des charges en raison d'une épidémie et la perspective de l'augmentation au 1er juillet de 1 euro des consultations des médecins généralistes. Le "trou" de la Sécu a donc refait surface dans la campagne. Dans leur programme, les principaux candidats semblent accréditer l'idée que la logique de maîtrise, voire de réduction des dépenses de santé, est nécessaire sans être suffisante. Tant Nicolas Sarkozy que Ségolène Royal affirment que les charges de santé vont continuer de croître en raison du vieillissement de la population, des charges de la dépendance mais aussi d'une réorientation de la politique de santé fondée sur la prévention. Le candidat de l'UMP a provoqué de vives réactions en proposant la création de quatre franchises de soins (hôpital, médecins, médicament, biologie) s'ajoutant aux forfaits existants. Le montant, qui ne serait pas pris en charge par les mutuelles, est susceptible de varier chaque année, de quelques euros à une centaine, selon l'ampleur des déficits. Signant un "Appel contre la franchise", des médecins-écrivains (Martin Winckler, Christian Lehmann), plutôt de gauche, des économistes de la santé comme Jean de Kervasdoué, rejoints par des associations d'usagers et de malades, s'insurgent contre une mesure "socialement injuste, économiquement inefficace et dangereuse pour la santé publique." La candidate socialiste, lors d'un déplacement à Lyon, mercredi 4 avril, a fustigé cette proposition, qui, selon elle, "érigerait un véritable mur sanitaire entre ceux qui ont les moyens et ceux qui ne les ont pas". DIVERGENCES SUR LE FINANCEMENT En matière de santé, tous les candidats prônent "l'égal accès aux soins". Mais si M. Sarkozy fait confiance au système actuel y compris dans la concurrence avec le secteur privé, Mme Royal met en avant le service public de l'hôpital, les maisons de santé de proximité et les programmes de prévention, notamment en faveur des jeunes. Les responsables de la santé du PS tentent aussi d'ouvrir une brèche dans le paiement à l'acte et la liberté d'installation, qui restent les piliers de la médecine libérale. François Bayrou se garde bien d'entrer dans ce débat en préconisant une régionalisation aux contours indéfinis. Les candidats divergent en revanche sur le financement de la protection sociale. L'augmentation de la TVA pour financer la protection sociale, proposée par MM. Sarkozy et Bayrou, alimente les polémiques. La mesure, adoptée en Allemagne, dont le coût et les conséquences sont loin d'être évalués, relève il est vrai d'un autre choix politique qui concerne l'aide de l'Etat aux entreprises et l'abaissement du coût du travail. Un sujet tout aussi sensible. § Devant son conseil de campagne, la socialiste oppose "la France calme" à "la France excitée". Affaiblie dans les sondages, elle appelle au vote "responsable, nécessaire" § D epuis plus d'un mois, Ségolène Royal n'y avait plus mis les pieds. La candidate socialiste est revenue, mardi 10 avril, devant le conseil de campagne du PS - clairsemé - adresser ses dernières recommandations avant le premier tour de l'élection. Des notes à la main, elle a défini quatre conditions à "la victoire : lucidité, sérénité, confiance et détermination". "Nous devons regarder les choses telles qu'elles sont, a-t-elle déclaré. Il y a une immense soif de changement mais les électeurs sont encore massivement hésitants, pas volatils". Le terrain de la nouveauté étant très disputé, Mme Royal a fourni les arguments. "L'intox fait rage, a-t-elle assuré à propos des sondages, et il en sera ainsi jusqu'au bout, par tous les moyens. Nicolas Sarkozy apparaît comme susceptible d'incarner un changement alors que son projet n'est que la radicalisation de la politique menée depuis cinq ans. Quant à l'autre candidat de la droite, blanchi sous le harnais du système, il n'a commencé à exister électoralement qu'à partir du moment où il a décidé d'occuper le créneau porteur de l'anti-système." La candidate, qui juge nécessaire de rappeler les clivages dans tous les domaines, a utilisé plusieurs formules : "Réformer la France sans la casser" ; "La France qui rassure et celle qui inquiète" ; "La France calme et la France excitée". Prenant le soin de "remercier" tous ceux qui animent des réunions, elle a ensuite appelé à "un dernier effort" par "le porte-à-porte et la proximité". "MAIS NON, JE NE RAME PAS !" Arrivée en cours de route de la discussion au PS, sitôt repartie après son intervention, Mme Royal n'a pas prêté attention aux états d'âme des uns et des autres. Tel responsable regrette qu'elle n'ait pas suffisamment critiqué les propositions de M. Sarkozy sur la pédophilie et le suicide des jeunes. "Pourtant, le standard du PS a été saturé d'appels pour réclamer une réaction", affirme cet élu. Laurent Fabius, lui, s'en est à nouveau pris au danger Bayrou en excipant un argumentaire envoyé aux cadres du parti "pas assez clair" à son goût. "Nous ne ferons rien avec Bayrou puisque c'est une variante de la droite", tranchait, catégorique, François Hollande à la sortie. A dix jours du premier tour, le premier secrétaire du PS sent les socialistes "tendus" - "mais qui ne l'est pas ?" - et "dans les salles, des gens enthousiastes et inquiets". Une situation pas trop inconfortable à ses yeux, puisqu'"il faut faire sentir le danger". "Le problème pour Sarkozy, explique M. Hollande, c'est de faire un score qui ne soit pas inférieur aux sondages. Pour Ségolène, être au deuxième tour est un élément fondamental de crédibilité. Le charisme vient avec l'élection". "Nous sommes prêts" à gouverner, a martelé mardi soir la candidate, qui compte présenter les avant-projets de loi sur ses propositions afin de les rendre plus visibles. "Mais non, je ne rame pas !", s'agaçait un peu plus tôt dans la journée Jack Lang en justifiant le calendrier de la candidate, et ses multiples corrections. Les sondages ? "Je vois comment on rend les citoyens défaitistes dans ce pays, ripostait à ses côtés Christiane Taubira, députée du PRG et porte-parole de la candidate. C'est terrible de faire progresser le défaitisme car il envahit tout." Rien de tel, en même temps, pour appeler, comme l'a fait Mme Royal devant son conseil de campagne, au vote "responsable, nécessaire", variante actualisée du vote utile. § Devant la préfecture de Bobigny, des centaines d'étrangers font la queue dans l'espoir de régulariser leur situation. § § Vous photographiez la campagne présidentielle près de chez vous ? Envoyez-nous vos images, les meilleures seront publiées sur Le Monde.fr. § § Pour le professeur de sciences politiques à Paris-X Nanterre, les questionnaires des instituts encouragent les sondés à se dire indécis, par peur de se tromper sur un scrutin serré. § C omment expliquez-vous la forte indécision des électeurs à moins de deux semaines du premier tour ? Ce sont les sondages qui notent une indécision inédite, qui concernerait 40 à 50 % des électeurs. Or il s'agit en partie d'une création des sondeurs, qui par peur de se tromper dans leurs estimations, et après la mésaventure de 2002, ont ouvert un grand parapluie : ils demandent désormais aux sondés s'ils sont sûrs de leur choix, ce qui encourage une réponse négative. Ils cherchent d'autant plus à se protéger que l'incertitude est cette fois très grande. Avec quatre candidats obtenant des intentions de vote à deux chiffres, on a presque autant de chance de trouver la bonne combinaison que de gagner au loto : il y a six duels possibles, douze ordres d'arrivée des deux premiers, vingt-quatre ordres d'arrivée des quatre. Alors que le but des sondages est d'obtenir une opinion sur tout, ils ont paradoxalement choisi cette fois, sans doute temporairement, d'accentuer l'indécision pour la rappeler, le soir du 22 avril, si leurs prévisions s'avèrent fausses. Autre cause de l'indécision constatée : dans la situation actuelle d'afflux d'informations, avec beaucoup de candidats et un faible écart entre certains d'entre eux, les sondés s'y perdent un peu, et si on leur donne l'occasion de réserver leur choix, ils la saisissent. Peut-on parler de "volatilité" des électeurs, qui changeraient d'avis jusqu'au dernier moment ? Cette théorie me paraît un alibi des sondeurs, pour justifier que leurs études différent des résultats effectifs. Mais cela ne tient pas quand on constate que même les sondages "sortie des urnes" effectués après le vote sont faux. Les électeurs continuent de sous-déclarer leur vote. Quand Jérome Jaffré (directeur du Cecop et chercheur associé au Cevipof) déclare que 20 % des sondés se décident au dernier moment, il cite des sondages. Qui posent la question : pour qui allez-vous voter ? A quel moment vous-êtes vous décidé ?, dans la ligne de la sociologie de la décision des années 1960. Mais on est revenu sur ces théories, et tout un chacun constate qu'il est difficile de dater une décision. Par ailleurs, dire qu'il peut changer d'avis ou qu'il se décidera dans l'isoloir est une façon, pour le sondé, de ne pas vraiment dire pour qui il veut voter. Les grandes enquêtes de sociologie électorale, qui analysent le degré de réalité de la réponse, sont bien plus fiables. Mais elles sont lourdes, les résultats sont publiés un ou deux ans après. Ce qui ne fait pas l'affaire en période de campagne. Les sondages semblent très présents dans cette campagne. La Commission des sondages a indiqué la semaine dernière que l'on a passé le cap des 220 sondages, alors qu'il y en avait eu 193 pour toute la campagne 2002. Une inflation prévisible, car le nombre de sondages a augmenté avec les années. Pour plusieurs raisons : il y a de nouveaux commanditaires, notamment les opérateurs Internet, AOL, Orange, etc. ; il y a la concurrence entre instituts, pour qui ces études représentent de l'argent mais aussi de la notoriété, permettant d'obtenir plus tard des études de marchés ; enfin, les partis politiques se basent de plus en plus sur les sondages, faute de militants, et leurs collaborateurs sont plus à l'aise devant des tableaux statistiques, dans un bureau, qu'à discuter au café du coin... Les sondages offrent-ils une juste représentation de l'opinion ? De moins en moins de gens acceptent de répondre aux sondages, du fait de leur abondance. Aux Etats-Unis, dès la fin des années 1980, le taux des non-répondants augmentait de 1 % par an, d'autant que foisonnaient les sondages à vocation commerciale, pour vendre portes et fenêtres. Les sondeurs ne veulent pas le dire, mais entre les gens qui ne sont pas chez eux et ceux qui refusent de répondre, il faut passer 10 appels pour avoir un entretien complet, selon les gens qui ont travaillé dans les centres de téléphonie. Une estimation proche des statistiques aux Etats-Unis, où le taux de non-réponse est de 85 %. Bien des gens ne souhaitent pas s'exprimer sur la politique, car c'est de l'ordre de l'intime, qu'il y a une loi sur le secret du vote, et, pour certains, parce qu'ils savent leur vote diabolisé. Le problème, quand le refus de répondre augmente, est qu'à un moment les échantillons ne sont plus représentatifs politiquement, même s'ils le sont socio-démographiquement. Il n'est pas prouvé que le champ des orientations politiques des gens qui acceptent de répondre est le même que celui des gens qui refusent de répondre. Si les instituts se sont toujours trompés sur le vote FN, c'est parce que leur système de correction ne peut prendre en compte les refus de réponses. La semaine dernière, Le Canard enchaîné donnait le coefficient de redressement pour Jean-Marie Le Pen : les résultats sont multipliés par plus de trois, ce qui n'a plus de sens. Quelles sont les effets des nombreux sondages sur la campagne ? Je parle d'ivresse des sondages, car il y a un phénomène d'addiction : plus il y en a, moins on peut s'en passer. Et cela focalise l'attention sur le résultat de la compétition. A savoir que tout tourne non sur ce qui se fait, mais sur ce qui va arriver. Ce martèlement quotidien des sondages prend tout un chacun dans l'objectivité. Tout individu qui a fait des statistiques sait que les chiffres après la virgule ne veulent rien dire, mais on se focalise sur un résultat qui passe de 23 à 23,5 %. L'opinion est la nouvelle instance de légitimation. Le grand piège, c'est qu'on passe complètement à côté d'une campagne de débat et d'argumentation. Le temps qu'on passe à scruter le positionnement de chacun dans les sondages, c'est du temps qu'on ne passe pas à penser au rôle du président et autres questions. Le résultat de 2002, c'est un pur produit de la croyance de Lionel Jospin dans les sondages, qui était si sûr qu'il a demandé à des élus socialistes de parrainer ses concurrents. Les sondages sont devenus la boussole des politiques, ils ne vont pas changer au milieu de la traversée... Le développement des sondages a-t-il modifié la façon de voter ? Avant, l'orientation du vote se faisait "sous un voile d'ignorance" : on ignorait ce que pensait le voisin, on gardait son vote secret y compris pour ses proches des hommes se vantaient que leur épouse ne savaient pas, et inversement. Le guide était donc la conviction politique. Aujourd'hui, celle-ci n'a pas disparu, mais l'électeur, qui croit savoir ce que les autres vont voter, décide aussi en fonction de l'opportunité du vote et peut calculer. Il veut maximiser son vote, l'utiliser le mieux possible. Ainsi, il peut faire évoluer l'ordre de ses préférences, entre le candidat qu'il souhaite et celui qu'il ne veut surtout pas avoir par exemple. Certains, plutôt dans les milieux très instruits, se livrent ainsi à un calcul sophistiqué avant de voter. Le calcul est cette fois plus important qu'en 2002, car on baigne dans les sondages. § Le nombre de sondages est passé de 111 en 1981 à 260 en 2007 (selon des projections), en cinq élections présidentielles, selon des données de la Commission des sondages. § § Entre la série "Samantha" et les clips électoraux, les téléspectateurs de France 2 ont voté. Depuis lundi 9 avril, date du lancement de la campagne officielle sur les chaînes publiques, France 2 a perdu 15 % de part d'audience sur la tranche de 19 h 50 avec la diffusion des films électoraux. § E ntre la série "Samantha" et les clips électoraux, les téléspectateurs de France 2 ont voté. Depuis lundi 9 avril, date du lancement de la campagne officielle sur les chaînes publiques, France 2 a perdu 15 % de part d'audience sur la tranche de 19 h 50 avec la diffusion des films électoraux en lieu et place de la série qui, d'habitude, mobilise 3 millions de téléspectateurs en moyenne. La chaîne connaît un recul encore plus important vers 13 h 45 (- 30 %) lors de la diffusion des clips de moyen format (deux minutes trente chacun) à la place de l'émission de Jean-Luc Delarue "Toute une histoire". Même constat sur France 3 où, à 11 h 15, la tranche recule de 20 %. A 17 h 50, où les clips sont diffusés entre les sacro-saintes émissions "Des chiffres et des lettres" et "Questions pour un champion", la chaîne perd 4 % d'audience. PART DE MARCHÉ DE 0 % Sur France 5, la tranche de 17 h 30 qui précède le magazine "C dans l'air" recule de 1 % (7 % de part d'audience contre les 8 % habituels). Quant aux clips "grand format" de cinq minutes trente diffusés sur la chaîne éducative à 6 h 05, leurs parts de marché est estimée à... 0 %. Comme lors de la campagne présidentielle de 2002, France Télévisions s'attend à une baisse d'audience moyenne de 0,5 % chaque jour, et à un résultat catastrophique pour le mois d'avril. "Même si les candidats ont eu plus de liberté pour réaliser leurs films, ceux-ci ne sont pas adaptés à la télévision, souligne Thierry Langlois, directeur de l'harmonisation des programmes de France Télévisions. Après deux jours de diffusion, la tendance de notre audience globale est nettement à la baisse et il faudra aussi évaluer les effets collatéraux sur les programmes environnants." Sans attendre, la régie publicitaire du groupe public a déjà réajusté ses tarifs auprès des annonceurs. § "Déni de démocratie" pour Greenpeace, "acte antidémocratique d'un gouvernement en fin de règne" pour Sortir du nucléaire, "mépris pour la démarche de débat public" pour les Verts, "étonnement" du Parti socialiste... § "D éni de démocratie" pour Greenpeace, "acte antidémocratique d'un gouvernement en fin de règne" pour Sortir du nucléaire, "mépris pour la démarche de débat public" pour les Verts, "étonnement" du Parti socialiste : les réactions ont été vives après la publication au Journal officiel, mercredi 11 avril, du décret autorisant EDF à construire le réacteur nucléaire de troisième génération (EPR) de Flamanville (Manche). Greenpeace a annoncé son intention de déposer immédiatement "un recours en annulation devant le Conseil d'Etat". La candidate des Verts Dominique Voynet a précisé qu'elle excluait d'apporter son soutien au deuxième tour à un candidat qui "n'aurait pas pris l'engagement de revenir sur cette décision". Le PS a réaffirmé son engagement "à ouvrir un débat transparent et approfondi sur l'avenir de l'EPR au lendemain de l'élection présidentielle, pour définir les orientations de la politique énergétique du pays". "EN CATIMINI" François Bayrou, candidat de l'UDF, juge "antidémocratique" de prendre une décision "en catimini" juste avant l'élection et s'engage à "suspendre la décision" s'il est élu. José Bové, qui a annoncé, jeudi dans le quotidien gratuit 20 Minutes, qu'il proposerait à Nicolas Hulot d'être premier ministre s'il était élu, y voit "une provocation". Le ministère de l'économie a indiqué pour sa part que "cette autorisation est l'aboutissement d'un processus de consultation du public très complet". La Commission nationale du débat public (CNDP) a organisé un débat public sur l'EPR entre octobre 2005 et février 2006. Une enquête publique locale s'est ensuite déroulée en juin et juillet 2006, "qui s'est conclue par un avis favorable", a rappelé le ministère. Les travaux de terrassement sont déjà largement entamés à Flamanville. La publication du décret, le 11 avril, doit permettre une mise en service du réacteur en 2012. Le réacteur européen à eau sous pression (European Pressurised Water Reactor ou EPR) est destiné à prendre le relais d'une partie des 58 réacteurs français actuels. En France, l'énergie nucléaire assure 78 % de la production d'électricité, contre 16 % dans le monde et 32 % en Europe. Ses opposants dénoncent le coût élevé de sa construction (3,4 milliards d'euros), sa technologie "obsolète" et son utilité discutable, la France étant "en situation de surcapacité énergétique". Selon eux, le coût de l'EPR va limiter l'investissement dans les énergies renouvelables. § La polémique déclenchée par l'article du Canard enchaîné du 11 avril sur une éventuelle amnistie des actions en justice de Jacques Chirac, vigoureusement démentie par l'Elysée, a remis la justice dans la campagne. § L a polémique déclenchée par l'article du Canard enchaîné du 11 avril sur une éventuelle amnistie des actions en justice de Jacques Chirac, vigoureusement démentie par l'Elysée, a remis la justice dans la campagne. Jusque-là, ce grand sujet qui était dans toutes les bouches depuis Outreau semblait avoir disparu de la campagne. François Bayrou a été le premier candidat à avoir abordé de front la question. Le candidat UDF a réuni, jeudi 5 avril, à son siège de campagne à Paris, une centaine de représentants du monde judiciaire, magistrats, avocats, greffiers et juristes. Il s'est inquiété de " la démoralisation des magistrats et de nombreuses professions du monde judiciaire. Les magistrats ont le sentiment que le pouvoir politique multiplie les nominations souveraines, arbitraires, sans tenir compte de l'avis du Conseil supérieur de la magistrature (...). Dans la justice, le soupçon est partout. Il faut sortir de ces facilités et de l'impression que la justice a perdu toute indépendance." Il envisage une refonte de l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) pour en faire une "école du droit". Mercredi 4 avril, les Amis de Ségolène, l'association de soutien à la candidate socialiste créée par Pierre Bergé, essayait de la pousser à prendre pied sur ce terrain, lors d'une réunion à l'Ecole normale supérieure à Paris. "C'est un domaine où elle pourrait faire la différence", a expliqué André Vallini, ancien président de la commission Outreau, en compagnie d'Arnaud Montebourg et de l'avocat Jean-Pierre Mignard. L'ancienne députée de l'Hérault, Christine Lazerges (PS), a estimé "indispensable un discours de fonds de notre candidate sur la justice". Me Mignard a dénoncé "le remaniement considérable du personnel judiciaire à quelques semaines des élections". Pour Dominique Barella, ex-président de l'Union syndicale des magistrats, "la magistrature est verrouillée pour dix ans". Dans la salle, une militante s'est interrogée : "Comment remettre la justice au centre du débat sans faire le jeu de l'insécurité ?" Mme Royal, qui consacre six propositions à la justice, pourrait aller visiter un tribunal pendant la campagne. PAS DE RÉSIGNATION Jusque-là, le débat s'est cantonné à des réunions de spécialistes. Patrick Devedjian (UMP), Hervé Morin (UDF) et André Vallini (PS) vont d'un parterre d'avocats à l'autre. Patrick Devedjian plaide pour les deux mesures phares de l'UMP : les peines planchers et l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans pour les multirécidivistes. Il en fait le minimum pour ce qui n'est pas un sujet de prédilection de son candidat. Certains ne se résignent pas au silence. A Pontoise (Val-d'Oise), un magistrat, Didier Peyrat et un avocat, Frédéric Zajac, ont créé le collectif Besoin de justice, qui réunit juges, avocats, éducateurs et veut s'étendre aux policiers. Pour M. Peyrat, il s'agit "d'avoir un débat informé et raisonnable sur la justice à un moment où elle semble écrasée dans une campagne où elle est oubliée". En mars, l'une des acquittées d'Outreau, Karine Duchochois a lancé un appel aux candidats pour une réforme de la procédure pénale. "C'était une des grandes préoccupations des Français. Un an après on ne parle plus de rien", regrettait-elle. Les réponses sont rares. On lui a promis une rencontre avec Nicolas Sarkozy. Elle n'a rien vu venir. Du 9 mars au 9 avril, Bernard Bolze, cofondateur de l'Observatoire international des prisons, a attendu les candidats sur le parvis de l'Hôtel de ville de Paris, dans un rectangle de 9 m2 avec trois lits, un lavabo et une cuvette de WC pour dénoncer la surpopulation carcérale. Seuls Dominique Voynet et José Bové sont venus visiter la cellule. "Les candidats n'en ont pas fait un enjeu. Le fait de soutenir les droits des prisonniers ne fait pas très bien dans le tableau de la campagne", explique M. Bolze. L'abbé Dominique Wiel, autre acquitté d'Outreau, continue ses débats sur son livre Que Dieu ait pitié de nous. Il sent ce besoin de justice mais ne s'étonne pas de l'absence du sujet dans la campagne. "On évite tout ce qui est important dans cette campagne, explique-t-il. Fondamentalement, il y a une épreuve de force entre les politiques et l'institution judiciaire. Le ministre de la justice a reculé devant l'institution judiciaire. Les candidats n'abordent pas le sujet ; ils tiennent à ce que les juges votent pour eux." § C'est sa dernière campagne, et elle semble, cette fois-ci, plus difficile. A 66 ans, Arlette Laguiller se présente pour la sixième fois à l'élection présidentielle sous les couleurs de Lutte ouvrière (LO). § C 'est sa dernière campagne, et elle semble, cette fois-ci, plus difficile. A 66 ans, Arlette Laguiller se présente pour la sixième fois à l'élection présidentielle sous les couleurs de Lutte ouvrière (LO). Reprenant sans changer un mot son slogan de la candidate du "camp des travailleurs", affichant le même visage sur ses placards électoraux et enchaînant ses visites d'entreprises "en lutte", la candidate semble plus détendue, levant plus souvent le nez de ses notes pour répondre aux interpellations dans les meetings, et prend visiblement du plaisir à parler encore aux "siens". Pourtant, il y a comme un ressort cassé au regard de la campagne de 2002, où "Arlette" avait récolté 5,7 % des voix. Les meetings rassemblent pratiquement deux fois moins de monde : 300 personnes à Bordeaux, 250 à Marseille, 700 à Lille et encore 350 à Reims ce mercredi 11 avril. Le même soir, Olivier Besancenot, son alter ego de la LCR, rassemblait plus de 1 500 personnes à Lille. Les militants, eux, rament pour contrer la tentation du vote utile. Comme à l'usine rémoise Chausson, où Mme Laguiller rendait visite aux salariés menacés d'une fermeture. Dans l'immense hangar d'assemblage automobile, l'ancienne employée du Crédit lyonnais, juchée sur un chariot, un mégaphone à la main, affirme qu'"on n'a rien trouvé de mieux que la lutte pour faire reculer le patronat". Les salariés en blouse bordeaux écoutent sagement. "Elle est franche. Depuis trente ans, elle se bat pour la même chose", remarque Fassy Arnaud, jeune metteur au point. Mais, le 22 avril, il votera Royal ou Bayrou. "Beaucoup ici iront voter socialiste. Ils n'ont pas envie de se retrouver comme en 2002", confirme Alain Bonnet, ouvrier de 44 ans. 2002 est décidément un mauvais souvenir pour les militants de LO. L'organisation trotskiste n'avait alors pas donné de consigne de vote au deuxième tour, et - ses dirigeants l'admettent aujourd'hui - la consigne était mal passée auprès des sympathisants. "Il ne faudrait pas que l'électorat populaire puisse reprocher à notre campagne d'avoir fait perdre la gauche. En 2002, beaucoup nous en ont accusés", reconnaît leur bulletin interne. Pour cette élection, la volonté de voter "par sécurité dés le premier tour" pour la candidate PS "revient comme un leitmotiv", souligne encore l'organisation. "Nous risquons d'être laminés", prévient-elle. Alors cette fois-ci, même si LO assure qu'il n'est pas question de parler "trop à l'avance" de ce que dira sa candidate au deuxième tour, la petite musique a changé. La porte-parole ménage Ségolène Royal en soulignant qu'"on lui fait sans arrêt un procès en compétence". "Je combats ses idées, mais elle ne se débrouille pas moins bien que Sarkozy ou Bayrou", insiste-t-elle. Mme Laguiller se permet de reconnaître à la socialiste qu'elle est "un peu plus sociale que la droite". A Reims, elle lance même à son auditoire que "certaines propositions (de Mme Royal) peuvent apparaître comme des améliorations", avant d'ajouter qu'"elle ne propose rien pour améliorer le niveau de vie et combattre le chômage". Alors, si elle "partage l'envie de se défaire de Sarkozy", Mme Laguiller veut une dernière fois "faire entendre la voix des travailleurs". "A quoi servirait le premier tour si les travailleurs ne peuvent voter pour ce qu'ils désirent, alors qu'au deuxième tour ils ne pourront voter que pour le moins mauvais des candidats ?", répète-t-elle. L'interrogation a du mal à masquer l'inquiétude sur le score à venir. Créditée de 2 % dans les sondages, la candidate de LO sait qu'elle risque de passer derrière Olivier Besancenot. Pas grave ! répète-t-elle depuis quelques semaines. En additionnant les voix des deux candidats trotskistes, elle espère qu'ils retrouveront leur niveau de 2002. Un bon score du candidat de la LCR sera de toute façon "positif pour notre camp". Façon de reconnaître que LO sait qu'elle a désormais perdu sa position de leader de l'extrême gauche. § Dans une pétition diffusée sur Internet, plus de 8 000 femmes - et hommes - s'indignent du sort réservé à Ségolène Royal. § D ans une pétition diffusée sur Internet (www.1milliondefemmessenervent.org), plus de 8 000 femmes - et hommes - s'indignent du sort réservé à Ségolène Royal. "Il y a quelques mois, tout le monde semblait d'accord pour reconnaître que la candidature d'une femme à la magistrature suprême ne posait plus aucun problème. Angela Merkel et Michelle Bachelet démontraient chaque jour qu'une femme est "un homme comme les autres". Puis petites phrases et grands paragraphes, d'une agressivité stupéfiante, se sont enchaînés. On avait ouvert la boîte de Pandore du mépris misogyne. Ce n'est pas une boîte, c'est une malle au format colonial, un bagage écrasant." Cette pétition a été lancée par Maïté Albagly, la secrétaire générale du Planning familial. En 2006, elle a suivi la campagne de Michelle Bachelet au Chili, où elle a entendu de nombreux propos machistes, qu'elle a été stupéfaite de retrouver en France. "Je ne connais pas Ségolène Royal, mais nous nous sentons, en tant que femmes, humiliées par ce qui se dit sur elle aujourd'hui, note la pétition. Je suis scandalisée de voir cette femme sans cesse attaquée sur sa personne." Tout ce qu'on dit sur elle, ajoute la pétition, "est énoncé pour la délégitimer, pour montrer qu'elle n'a pas sa place à la tête de l'Etat". Cette pétition a notamment été signée par des actrices (Catherine Deneuve, Agnès Jaoui, Jeanne Moreau, Sylvie Testud...), des universitaires (Janine Mossuz-Lavau, Evelyne Pisier et Olivier Duhamel) et des écrivains (Marie Darrieussecq, Pierrette Fleutiaux et Hélène Cixous). § L'Observatoire de la parité a interrogé les douze candidats à l'élection présidentielle sur la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes § C omment promouvoir une véritable égalité entre hommes et femmes ? L'Observatoire de la parité a posé la question aux douze candidats à l'élection présidentielle. "Aujourd'hui, une génération, celle de Jacques Chirac, quitte la politique, note Marie-Jo Zimmermann, député (UMP) de la Moselle et rapporteure de l'Observatoire. Au moment où cette page se tourne, nous voulions faire en sorte que l'histoire de France s'écrive désormais à égalité au masculin et au féminin, que la parité devienne une évidence démocratique." Dans un pays où les femmes n'ont obtenu le droit de vote qu'en 1944, soit quarante ans après les Australiennes et vingt-six ans après les Allemandes ou les Britanniques, l'égalité, dans le monde politique, repose sur la loi sur la parité adoptée en 2000 à l'initiative du gouvernement Jospin. "Ce texte était alors perçu comme un élément de modernisation de la vie politique française, souligne Emmanuelle Latour, sociologue et secrétaire générale de l'Observatoire. Face à la crise de la démocratie représentative, il avait pour but de renouveler la classe politique en faisant accéder des femmes mais aussi des jeunes aux fonctions électives." Dans les élections régies par un scrutin de liste, où les partis peuvent aisément mettre en place une alternance hommes-femmes, la parité a immédiatement porté ses fruits. Dès 2004, les conseils régionaux sont ainsi devenus les champions de l'égalité en affichant un taux de féminisation de 47,6 %. Les femmes ont aussi fait une entrée massive au Parlement européen et dans les conseils municipaux des villes de plus de 3 500 habitants, même si la porte des exécutifs leur reste fermée : une seule femme - Ségolène Royal - a accédé à la présidence d'une région et neuf maires sur dix restent des hommes. Malgré la loi sur la parité, l'Assemblée nationale, régie par un scrutin uninominal, ne compte que 12,3 % de femmes. Avec cette proportion, la France se classe au 21e rang des Vingt-Cinq, loin derrière la Suède, la Finlande ou le Danemark, mais aussi la Lettonie, la Slovaquie. Plutôt que d'investir des femmes dans les circonscriptions, les partis préfèrent subir des sanctions financières : en 2005, l'UMP et l'UDF, qui comptent moins de 20 % de députées, ont payé des amendes respectivement de 4,2 millions et 600 000 euros. Avec 35 % de femmes, le Parti socialiste a, lui, versé 1,6 million d'euros. GOUVERNEMENT PARITAIRE Signe que l'idée de parité a fait son chemin, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou promettent un gouvernement paritaire, une idée qui aurait sans doute suscité l'ironie ou le scepticisme il y a encore cinq ans. Dans leurs réponses aux questions de l'Observatoire, tous trois s'engagent aussi à créer un ministère chargé des droits des femmes et de l'égalité. "Je serai attentif, dans l'exercice du pouvoir de nomination qui relève du chef de l'Etat, à une parité effective entre hommes et femmes", précise le candidat centriste. Pour favoriser la parité en politique, François Bayrou propose, pour les élections législatives et cantonales, d'introduire une dose de proportionnelle assortie de listes paritaires. "Les représentants du peuple devraient être pour moitié des représentantes du peuple", affirme-t-il. Lui qui estime que le cumul des mandats est une "source de blocage" souhaite également instaurer un mandat unique pour les députés. Ségolène Royal suggère aussi d'introduire une dose de proportionnelle, mais seulement pour les élections sénatoriales dans les départements qui élisent trois sénateurs. Pour favoriser l'élection de femmes, la candidate socialiste compte sur l'interdiction du cumul des mandats et l'amélioration du statut de l'élu, qui, selon elle, ouvriront la voie à un "renouvellement de la classe politique". "Il y aura plus de femmes, plus de jeunes", note-t-elle. Enfin, Nicolas Sarkozy plaide pour l'extension de la parité aux conseils municipaux des villes de 2 500 à 3 500 habitants et pour la création d'un "bonus financier" destiné aux partis ayant beaucoup d'élues à l'Assemblée. "On verrait alors plus de femmes qu'aujourd'hui dans des circonscriptions "éligibles", écrit-il. La vie politique reste un milieu dur que beaucoup de femmes rejettent. C'est aux hommes de s'interroger sur ce point." En revanche, le candidat de l'UMP, qui ne propose aucune modification du statut des élus, se contente d'annoncer une "réflexion approfondie" sur le sujet. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § § Des proches du candidat ou ses sympathisants ont choisi de dénoncer une polémique sur des propos extraits de leur contexte ou de faire le point sur les recherches scientifiques. Certains s'interrogent sur l'opportunité d'évoquer ce sujet. § L es blogs et forums UMP commentent, quelques jours après le début de la polémique, les propos sur l'inné et l'acquis de Nicolas Sarkozy, qui disait, dans un entretien avec Michel Onfray à Philosophie Magazine, incliner "à penser que l'on naît pédophile". "On débat de l'inné et de l'acquis depuis des millénaires. On ne sait qu'une chose, c'est qu'ils sont intimement mêlés. Mozart avait sûrement des dons extraordinaires en naissant mais, sans sa famille si musicienne, serait-il devenu ce génie ?", interroge, consensuel, Patrick Devedjian, qui termine toutefois avec cette citation en gras :"'Donnez-moi deux lignes de n'importe qui et je le ferai pendre', a dit le président de Harlay, un grand magistrat respecté de la fin du XVIIe siècle, qui voulait ainsi souligner le danger des citations abusives." François Fillon, autre proche de Nicolas Sarkozy, s'indigne d'une "polémique créée et entretenue de toutes pièces". Selon lui,"ce qui est choquant, dans cet entretien (...), c'est la question de Michel Onfray qui présente la pédophilie comme une 'formule' de sexualité, au même titre que l'homosexualité et l'hétérosexualité". Il s'en prend aux "robots" dénonciateurs et argumente sur le terrain de la science : "Il existe des travaux de scientifiques reconnus qui portent directement sur les facteurs chimiques ou anatomiques de la pédophilie. Or, à partir du moment où l'existence de facteurs chimiques ou organiques expliquent pour partie ces anomalies comportementales, il n'est pas incohérent de penser qu'elles peuvent avoir une origine génétique". Semblant s'inspirer largement des notes sus-citées, le site Sarko2007 se propose de "rétablir les faits", et incite ses lecteurs à diffuser par mail son argumentaire, qui termine par les propositions du candidat. On retrouve d'ailleurs son texte sur le site République et sécurité. UNE "POLÉMIQUE IDIOTE" Certains sympathisants n'ont pas hésité à développer de longs argumentaires pour soutenir leur candidat. Parfois un peu complexes, telle cette note d'un jeune de l'UMP, titrée "Inné/Acquis, préformisme/épigenèse : sommes-nous gouvernés par nos gènes ?". Après plusieurs définitions et distinctions, il estime que Nicolas Sarkozy a "simplement posé la question", "en émettant la possibilité de terrains génétiques défavorables"... et conclut : "Encore une politisation du débat médical déjà complexe qui n'est pas près de s'arrêter". Le site Sous les pavés a publié une longue note adressée à François Bayrou, affirmant qu'"aucun chercheur ne conteste que de nombreuses maladies physiques ou mentales ont leur origine dans le génome du malade", et émaillée d'exemples de programmes de recherches dans ce domaine. Il cite le blog du présentateur de LCI organisateur d'un débat sur le sujet, et propose des extraits de l'émission, dont "tous les invités ont déclaré qu'ils n'étaient pas choqués par les propos de Nicolas Sarkozy", indique la note. La blogosphère UMP n'est pourtant pas tout à fait unanime. "Pourquoi débattre de génétique en cette période ?", demande un internaute sur Débat-Sarkozy, l'un des sites du candidat. "Pourquoi discuter de ce qu'on ne connaît pas et qui n'intéresse pas les Français ?", renchérit un autre. Dénonçant une "polémique idiote", un troisième prévient : "Nicolas ne doit pas tomber dans cette surenchère. Revenons à nos fondamentaux, c'est cela qui intéresse nos concitoyens". L'auteur de Avec Sarko tout est possible relève juste, de façon détournée, que le candidat évoque pour la pédophilie un autre facteur que le libre-arbitre, alors que "c'est plutôt de gauche de mettre en doute l'idée du libre-arbitre en privilégiant l'influence d'éléments extérieurs, tout ce qui déresponsabilise trouve grâce à ses yeux". Quant au blog des catholiques de l'UMP, son bref commentaire invite chacun "à se faire son opinion". Avant cette conclusion : "la politique n'a pas vocation à résoudre la question du bien et du mal dans le monde. (...) Le mal n'est ni dans les circonstances ni dans les gènes, pas plus que le bien..." § Tous les dessins sur la campagne présidentielle parus dans "Le Monde". § § A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'affaire est sensible. Deux militants du Front national (FN), âgés de 26 et 44 ans, ont été mis en examen à l'issue de leur garde à vue, vendredi 13 avril, pour violences volontaires avec usage d'armes. § A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'affaire est sensible. Deux militants du Front national (FN) âgés de 26 et 44 ans ont été mis en examen, vendredi 13 avril, pour violences volontaires avec usage d'armes en l'occurrence un bâton et un drapeau tricolore par le procureur de la République de Villefranche-sur-Saône (Rhône), à l'issue de leur garde à vue. Les deux hommes avaient été arrêtés à la suite d'échauffourées qui ont éclaté, mercredi en milieu d'après-midi, avec plusieurs jeunes Français d'origine maghrébine à Thizy, à une trentaine de kilomètres au nord de Lyon. Embarqués à bord de deux camionnettes aux couleurs du parti de Jean-Marie Le Pen, les deux militants participaient avec d'autres membres du FN à la campagne de Geoffroy Daquin, jeune candidat frontiste aux législatives dans cette circonscription rurale du Beaujolais. Il leur est reproché d'avoir frappé à l'aide d'un gourdin en bois deux jeunes habitants de Thizy, dont l'un, âgé de 22 ans, a eu la mâchoire brisée. Le second a été légèrement blessé à la tête. Une plainte a été déposée par la famille de la première victime. Durant leur garde à vue, les militants du FN ont reconnu les violences mais invoquent la "légitime défense" pour les justifier, selon une source proche de l'enquête. TÉMOIGNAGES CONTRADICTOIRES Deux jours après ces échauffourées, de nombreuses zones d'ombre demeurent sur leur déroulement exact. Selon l'association SOS-Racisme, contactée par courriel dans la soirée du 11 avril par la mère de l'une des deux victimes, "quatre militants du FN ont tenté d'écraser le jeune homme lorsqu'il traversait tranquillement son village". "Il était accompagné de son frère et d'un ami. Les gens du FN les ont traités de "sales bougnoules" et l'un des trois jeunes s'est pris un coup de bâton, puis de barre en fer", explique Loïc Rigaud, dirigeant de SOS-Racisme Rhône. Au FN, on avance une version des faits diamétralement opposée. Le parti a déposé plainte pour "dégradations" et "menaces de mort". "Alors que nous avancions vers Thizy avec notre caravane de campagne, nous avons été agressés par une vingtaine de voyous. L'un d'entre eux a cassé la vitre de l'une des camionnettes et le conducteur s'est défendu", relate Geoffroy Daquin, 29 ans, sur les lieux au moment des faits. Il précise qu'une équipe de journalistes de Canal+ était également présente. Le délégué général du FN, Bruno Gollnisch, a quant à lui évoqué lors d'une conférence de presse, jeudi, "un guet-apens" tendu par une "bande ethnique". "La mâchoire de l'agresseur en a souffert, cela ne m'émeut pas du tout. C'est de la légitime défense. Cela fait partie des risques du métier", a-t-il assuré. Selon Francis Battut, procureur de Villefranche-sur-Saône, il est pour l'heure difficile de faire toute la lumière sur cette affaire. "Il n'y a pas de réponse sur ce qui s'est exactement passé tant les discours sont contradictoires", affirme-t-il. § Les quatre principales organisations musulmanes en Allemagne, le Conseil de l'islam (Islamrat), le Conseil central des musulmans, l'Union turque islamique des affaires théologiques et l'Association des centres culturels islamiques ont annoncé, mardi 10 avril, leur regroupement au sein d'un Conseil de coordination commun (KRM). § L es quatre principales organisations musulmanes en Allemagne, le Conseil de l'islam (Islamrat), le Conseil central des musulmans, l'Union turque islamique des affaires théologiques et l'Association des centres culturels islamiques ont annoncé, mardi 10 avril, leur regroupement au sein d'un Conseil de coordination commun (KRM). Les présidents des quatre fédérations devront se relayer tous les six mois pour assurer la fonction de porte-parole du KRM. Ce dernier devra défendre les positions communes des quatre organisations sur divers sujets tels que le cours de religion à l'école, l'abattage des animaux ou le port du foulard islamique. L'initiative arrive trois semaines avant la tenue d'une nouvelle conférence sur l'islam, deuxième étape dans le processus de dialogue engagé officiellement par les autorités allemandes. En septembre 2006, une trentaine de représentants des pouvoirs publics allemands et de la communauté musulmane s'étaient retrouvés en présence du ministre de l'intérieur, Wolfgang Schäuble (CDU), pour jeter les bases d'un échange qui doit aboutir à la rédaction d'une sorte de contrat social. Le monde politique déplore, depuis plusieurs années, l'absence de représentant unique pour les 3,3 millions de musulmans qui vivent en Allemagne. Pour répondre à cette demande et dans l'espoir de bénéficier à terme du même traitement que les églises catholique ou protestante, les quatre organisations musulmanes ont décidé de fonder le KRM après deux années de discussions. "APPROCHES TRÈS CONSERVATRICES" A l'image des religions chrétiennes, les fédérations musulmanes souhaitent être davantage impliquées dans l'introduction d'un cours de religion islamique à l'école ou pouvoir siéger au sein des conseils consultatifs des télévisions et radios publiques. "Nous représentons la majorité des mosquées en Allemagne", a déclaré Ayyoub Axel Köhler, le président du Conseil central des musulmans et porte-parole du KRM pour les six prochains mois. D'après les chiffres communiqués par le KRM, les quatre fédérations représentent 2 000 mosquées sur un total d'environ 2 900. "Nous voulons devenir l'unique interlocuteur pour les autorités", souligne Ali Kizilkaya, le président du Conseil de l'islam. Mais la création du KRM ne règle pas forcément la question de la représentation des musulmans. Seuls 10 à 15 % des musulmans font partie des associations de mosquées, selon les estimations du ministère de l'intérieur. Lors de la première conférence sur l'islam, le ministère de l'intérieur avait aussi invité des personnalités indépendantes favorables à un islam quasi sécularisé et à une émancipation accrue des femmes musulmanes. La nouvelle structure accueille "des approches très conservatrices", souligne la députée Lale Akgün, chargée des questions de l'islam au sein du Parti social-démocrate (SPD) et originaire de Turquie. L'une des quatre organisations du KRM, le Conseil de l'islam, défend le port du foulard islamique chez les enseignantes et l'idée d'une séparation entre les deux sexes lors des cours de natation à l'école. Elle compte parmi ses adhérents l'organisation Milli Görüs, placée sous la surveillance de l'office fédéral pour la protection de la Constitution. § L'Union des organisations islamiques de France tient son congrès, du 13 au 16 avril. Le texte introductif affirme que les musulmans sont la "cible d'attaques incessantes" § C ontrairement aux années précédentes, nul dirigeant politique ne devrait marquer de sa présence le 24e congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), rassemblement de plusieurs dizaines d'associations musulmanes, qui se tient au parc d'expositions du Bourget du 13 au 16 avril. Invités, les candidats à la présidentielle Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, Marie-George Buffet et Dominique Voynet n'avaient pas donné suite quelques heures avant l'ouverture du congrès. La date, délibérément arrêtée par les organisateurs une semaine avant le premier tour, n'est pas étrangère à cette discrétion généralisée. Celle-ci va de pair avec l'absence de débat sur la place et le rôle de l'islam en France. Pour les candidats, une apparition aux côtés des musulmans de l'UOIF, réputés les plus revendicatifs d'un islam visible dans la société, aurait difficilement trouvé sa place dans ce contexte. Le silence du candidat de l'UMP, M. Sarkozy, actif ministre de l'intérieur et des cultes lors de l'installation, en 2003, du Conseil français du culte musulman (CFCM), dont l'UOIF est membre, a déçu une partie du corps électoral d'origine musulmane, évalué à 1,5 million de personnes. Son volontarisme, apprécié lors du processus qui a permis l'organisation institutionnelle de l'islam en France, a cédé la place à ce que beaucoup ont ressenti comme un désintérêt pour la communauté musulmane. Les déclarations du candidat, sur TF1, le 5 février - "en France, (...) on n'égorge pas des moutons dans sa baignoire" - ainsi que son soutien au magazine Charlie-Hebdo lors du procès des caricatures de Mahomet, n'ont fait que renforcer ce sentiment. "DIFFICULTÉS INSURMONTABLES" La gauche, marquée par son approche souvent radicale de la laïcité, ne s'est pas saisie des questions liées aux religions, alors que dans une rare déclaration sur ce thème, le candidat de l'UDF, M. Bayrou indique dans un entretien à La Croix, vendredi 13 avril, qu'il est "légitime" de donner sa place à "une nouvelle famille (l'islam) quand elle arrive dans le village". Les représentants de l'UOIF estiment n'avoir pas trouvé dans les discours de campagne des réponses à leurs préoccupations. Si les thèmes déclinés lors du congrès qui s'ouvre devaient aborder les questions de "Fierté, mémoire, identité", les responsables de l'UOIF y ont accolé un résumé de leurs inquiétudes : "Islamophobie, discriminations, extrémismes". "Sur le court terme, les contradictions et les difficultés plongent les musulmans dans des inquiétudes et des craintes qui semblent insurmontables", indiquent-ils dans un texte introductif au congrès. Adoptant un ton virulent, ils déplorent être "la cible d'attaques incessantes", et faire "l'objet quotidien d'amalgames inacceptables". Les attentats en Algérie et au Maroc, condamnés à la fois par le CFCM et l'UOIF, ont été l'occasion pour le premier vice-président de l'organisation, Fouad Alaoui, de rappeler que l'UOIF refuse "les amalgames entre islam et terrorisme". Dénonçant dans leur texte le licenciement de salariés "au seul motif qu'ils fréquentent régulièrement la mosquée" et la loi "scélérate" qui interdit le port de signes religieux à l'école, l'UOIF fait écho à l'exaspération ressentie par sa base, parfois en décalage avec des dirigeants jugés trop éloignés du terrain depuis leur intégration aux institutions officielles de l'islam de France. § Le candidat UDF s'est réjoui vendredi d'''un signe très positif", ajoutant que si "naturellement l'appareil du Parti socialiste verrouille" et s'oppose à une alliance, "les électeurs s'en fichent". § "C a bouge !", s'est félicité François Bayrou, vendredi 13 avril, après l'appel lancé par Michel Rocard à une "alliance" entre Ségolène Royal et le candidat de l'UDF "avant le premier tour" de l'élection présidentielle. "Cette intuition qui est la mienne et que je défends depuis longtemps, elle est désormais vérifiée par les déclarations de Michel Rocard", a estimé M. Bayrou sur France Inter. "Il faudra bien en effet qu'on soit capable de dépasser les frontières du passé, pour proposer à la France une action différente et une majorité différente", a-t-il souhaité. "Ceci bien entendu est une nouvelle très importante, un signe très important de changement de la part de l'un de ceux qui ont exercé au Parti socialiste des responsabilités de premier plan." "Je suis persuadé qu'on peut faire travailler ensemble des socialistes ouverts, des gaullistes, autour d'une force du centre qui assumera elle aussi sa personnalité", a-t-il dit.Lors d'un déplacement en Haute-Saône, quelques heures plus tard, François Bayrou a ajouté : "Naturellement l'appareil du Parti socialiste et François Hollande verrouillent" en se déclarant opposés à toute alliance avec l'UDF, mais que "les électeurs s'en fichent, car ils voient bien désormais la possibilité qui est ouverte et que c'est à eux qu'il revient de faire le choix fondamental. C'est un signe très positif pour moi, parce que cela veut dire que ce changement de paysage politique que j'appelle de mes vux est possible", a-t-il conclu, sans toutefois indiquer quel type d'alliance il serait, pour sa part, prêt à sceller. § Les dirigeants allemands ne cachent pas l'impatience avec laquelle ils attendent désormais les résultats de l'élection présidentielle française. § L es dirigeants allemands ne cachent pas l'impatience avec laquelle ils attendent désormais les résultats de l'élection présidentielle française. Une fois le nouveau chef de l'Etat français élu, le 6 mai, la chancelière Angela Merkel, qui exerce pour les six premiers mois de l'année la présidence de l'Union européenne, disposera de très peu de temps afin de finaliser ses propositions pour relancer les négociations sur un nouveau traité remplaçant la Constitution européenne, rejetée par les Français. Celles-ci devront être proposées aux Vingt-Sept lors du sommet européen qui se tiendra à Bruxelles les 21 et 22 juin, quatre jours après le deuxième tour des élections législatives françaises. Jusqu'au 6 mai, le gouvernement allemand va rester dans l'incertitude sur les visées de son partenaire le plus important. Depuis des mois, des contacts sont toutefois maintenus avec les états-majors des deux principaux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, qui sont tous deux venus rencontrer la chancelière à Berlin, en février et en mars. Un rendez-vous a été évoqué aussi avec François Bayrou, après sa percée dans les sondages, mais il n'est envisagé qu'entre les deux tours, si le candidat de l'UDF créait la surprise. Aussi bien M. Sarkozy que Mme Royal ont annoncé qu'ils se rendraient aussitôt à Berlin entamer les négociations, s'ils étaient élus. Pour se préparer à toutes les éventualités, indique-t-on dans la capitale allemande, Berlin a développé trois scénarios différents en fonction des propositions qui ont été faites pendant la campagne par les trois principaux candidats et des explications qu'ils ont pu avoir de leur part. En matière de relance européenne, la proposition faite par Nicolas Sarkozy d'un "traité simplifié" qui serait ratifié par la voie parlementaire convient davantage aux officiels allemands que celles de Ségolène Royal ou de François Bayrou. Les Allemands se montrent très sceptiques vis-à-vis de la tenue d'un second référendum sur un nouveau traité européen et espèrent dans le cas d'une élection de François Bayrou ou Ségolène Royal qu'ils renonceront à cette idée. "Pourquoi se positionnent-ils sur un texte qui n'existe pas encore ?", s'interrogeait récemment une source proche du gouvernement allemand. Même si la chancelière a elle-même évoqué la possibilité d'un texte sur le modèle social de l'Union, l'ajout d'un protocole social, comme le souhaite Mme Royal, est loin là aussi de faire l'unanimité au sein de la coalition composée de chrétiens-démocrates et de sociaux-démocrates. Les diplomates allemands n'ignorent pas que c'est un chiffon rouge pour d'autres pays. En revanche, les Allemands semblent sensibles à l'idée d'introduire dans un nouveau traité les nouvelles compétences européennes en matière d'industrie spatiale, de politique énergétique, de justice, de tourisme et de migration, ce qui se rapproche de certaines propositions de la candidate socialiste. "Ce n'est pas une solution de dire que tout ce qui est nouveau doit être supprimé", reconnaît-on. La présidence allemande espère en priorité pouvoir conserver indemne la partie institutionnelle du traité où est évoqué le système de vote à double majorité, le principe de subsidiarité et la sécurité européenne. Pour cela, elle devra mener d'intenses discussions, notamment avec la Pologne sur le vote à double majorité, qui donne à l'Allemagne, le pays le plus peuplé de l'Union, un poids supérieur aux autres. Autre point délicat, la Charte des droits fondamentaux, que la Grande-Bretagne ne veut pas voir figurer dans un nouveau traité. § Dossier incontournable, l'avenir du système des retraites doit être renégocié en 2008. Le constat établi, en janvier 2007, par le Conseil d'orientation des retraites (COR) de janvier 2007 dresse un état des lieux des enjeux. § D ossier incontournable, l'avenir du système des retraites doit être renégocié en 2008. Le constat établi, en janvier 2007, par le Conseil d'orientation des retraites (COR) de janvier 2007 dresse un état des lieux des enjeux. Selon les hypothèses démographiques de l'Insee, le rapport serait de 1,3 à 1,4 actif pour un retraité en 2020, contre 2,5 en 2005. A cette échéance, le besoin de financement, "compte tenu des effets estimés de la réforme de 2003", représenterait 0,7 point du PIB. Le déficit de la Caisse nationale d'allocation vieillesse (CNAV) "pourrait atteindre 3,5 milliards d'euros en 2007", ajoute le COR, qui évoque une situation financière "à court terme plus dégradée que prévu". Pour équilibrer un système par répartition que personne ne semble vouloir remettre en cause, il faudra jouer sur un ou plusieurs paramètres : les recettes, le montant des pensions et l'âge de la retraite. La loi d'août 2003 donne rendez-vous aux partenaires sociaux en 2008 pour établir un bilan et proposer des pistes d'ajustement. Au coeur des discussions aussi, les régimes spéciaux de retraite, laissés de côté en 2003, seront étudiés et probablement modifiés au nom de "l'équité et de la justice sociale des régimes de retraite". Nicolas Sarkozy en a fait une de ses priorités. D'autant que, selon le candidat de l'UMP, il serait possible d'améliorer les petites retraites grâce aux économies réalisées par l'alignement de quelque 500 000 actifs - pour un million de retraités -, pour l'essentiel des anciennes entreprises publiques (EDF, GDF, SNCF, RATP...), sur le droit commun des 40 années de cotisations. Une affirmation contestée par des syndicats sur la défensive. Certaines de ces entreprises ont commencé à modifier les structures de gestion et de financement des régimes de retraite de leurs salariés. Mais elles se sont abstenues de toute remise en cause fondamentale. Le rendez-vous de 2008 laisse aux candidats l'occasion de renvoyer à la future négociation sociale le choix des solutions. ABROGATION OUBLIÉE En 2003, la réforme des retraites a établi un profond clivage dans la classe politique et dans le paysage syndical. La CFDT avait soutenu la réforme de François Fillon qui, outre un alignement des salariés du public sur celui du privé, a instauré l'augmentation de la durée de cotisation de 40 à 41 ans entre 2008 et 2012. Au congrès de Dijon de mai 2003, le PS avait ovationné Bernard Thibault, secrétaire général d'une CGT à la pointe de l'opposition à cette réforme que les socialistes entendaient supprimer dans leur programme. De cette abrogation, Ségolène Royal ne parle plus et renvoie donc à la négociation tout ajustement structurel. Dans une "lettre aux grands-parents" diffusée jeudi 12 avril sur Internet, elle dénonce l'actuelle majorité pour avoir "créé une véritable bombe à retardement". Et elle propose une revalorisation des "petites retraites et des pensions de réversion" de 30 à 50 euros par mois. Le père de la réforme, François Fillon, conseiller politique de Nicolas Sarkozy, s'est lui aussi retranché derrière le "rendez-vous d'étape de 2008", en appelant à la nécessité d'un "compromis large avec les syndicats". Plus radicaux, Marie-George Buffet (PCF) ou Olivier Besancenot (LCR) souhaitent revenir aux 37,5 années de cotisations pour tous, privé et public. Jean-Marie Le Pen (FN) ouvre, lui, la porte au financement par "capitalisation" et préconise un âge légal de la retraite à 65 ans - au lieu de 60 ans, hors les carrières longues. François Bayrou est partisan d'une retraite minimum égale à 75 % du SMIC et d'un système à points qui individualiserait les retraites, en fonction de paramètres comme la pénibilité ou la situation familiale. Il veut faire approuver cette réforme par référendum. Sur la base d'un constat à peu près commun, les candidats se gardent de tracer des scénarios qu'ils laissent à la future négociation. § Bernard Kouchner, qui a rejoint l'équipe de campagne de la candidate socialiste Ségolène Royal, appelle à une alliance entre les socialistes et les centristes, dans une tribune à paraître dimanche dans "Le Journal du Dimanche". § A près Michel Rocard, c'est au tour de Bernard Kouchner d'appeler à une alliance UDF-PS dès le premier tour de la présidentielle. L'ancien ministre de la santé de François Mitterrand rallie l'ancien premier ministre socialiste Michel Rocard dans son appel à une alliance socialo-centriste. "Pour la première fois depuis trente ans, le parti de François Bayrou ne récuse pas la gauche réformatrice. Saisissons cette chance", déclare l'ancien ministre de la santé de Lionel Jospin dans une tribune à paraître dans Le Journal du Dimanche sous le titre : "Assez de l'esprit sectaire!" "A l'instar de nos voisins européens, capables de réussir là où nous avons échoué, cette gauche-là ne doit pas refuser l'alliance avec un centre rénové", souligne Bernard Kouchner, qui a rejoint l'équipe de campagne de la candidate socialiste Ségolène Royal en février. "Je ne suis pas dans une manoeuvre politicienne, je ne l'ai jamais été. Et je n'imagine pas que Michel Rocard y soit, lui qui a plus apporté à la France et aux idées que tous ses détracteurs réunis", explique-t-il. "J'ai suffisamment soutenu Ségolène Royal et travaillé avec elle pour savoir qu'elle peut orchestrer calmement cette indispensable mutation", poursuit-il. "Je sais que les alliances ne se noueront qu'après le premier tour. Ce n'est pas ajouter à la confusion que de revenir dès aujourd'hui à l'essentiel, et de préférer aux calculs politiciens des convictions que tant d'entre nous partagent", insiste Bernard Kouchner."Les électeurs de dimanche prochain ne sont pas prisonniers des frontières du sectarisme. La France vaut mieux que nos certitudes vieillies et nos crampes partisanes", conclut-il. § En pleine campagne électorale, le collectif AC le Feu tente de remettre la question des banlieues sur le devant de la scène. La "marche des oubliés" a rassemblé plusieurs centaines de personnes, samedi 14 avril, à Paris. § § Si l'on est en vacances, malade, en formation, astreint à une obligation professionnelle, indisponible parce qu'on s'occupe d'une personne souffrante ou infirme, ou qu'on a déménagé, la seule solution pour voter aux prochaines élections, présidentielle ou législatives, est la procuration. § S i l'on est en vacances, malade, en formation, astreint à une obligation professionnelle, indisponible parce qu'on s'occupe d'une personne souffrante ou infirme, ou qu'on a déménagé, la seule solution pour voter aux prochaines élections, présidentielle ou législatives, est la procuration. En France, ce document est disponible au tribunal d'instance, au commissariat de police ou à la gendarmerie de son lieu de résidence ou de travail. A l'étranger, les procurations sont établies au consulat ou à l'ambassade. Désormais, aucun justificatif n'est exigé ; il suffit de rédiger une déclaration sur l'honneur sur le volet détachable du formulaire de procuration. Seuls les prisonniers, en détention provisoire ou purgeant une peine, devront fournir un extrait du registre d'écrou. UN OU PLUSIEURS SCRUTINS La procuration doit être confiée à un mandataire inscrit dans la même commune, mais pas forcément dans le même bureau de vote. Son état civil doit être fourni intégralement. L'imprimé de procuration ne comporte plus de volet destiné au mandataire : c'est à celui qui lui donne procuration de prévenir. Le jour du vote, le mandataire devra simplement présenter ses papiers d'identité. On peut donner procuration pour un seul scrutin (pour un tour comme pour les deux), ou encore pour plusieurs scrutins, dans la limite d'un an lorsque la procuration est établie en France, de trois ans lorsqu'elle est établie à l'étranger. Les personnes qui ne peuvent se déplacer pour cause de maladie ou d'infirmité grave peuvent demander par écrit au commissaire de dépêcher un officier de police judiciaire à leur domicile pour établir la procuration sur place. Elles devront fournir un certificat médical. § La reprise, en 2004, par l'Etat, de la Salle Pleyel, haut lieu de la musique rouvert fin 2006, a-t-elle fait l'objet de tractations critiquables entre le vendeur et Nicolas Sarkozy, alors ministre des finances ? § L a reprise, en 2004, par l'Etat, de la Salle Pleyel, haut lieu de la musique rouvert fin 2006, a-t-elle fait l'objet de tractations critiquables entre le vendeur et Nicolas Sarkozy, alors ministre des finances ? Ce dernier avait passé outre à l'avis des services de Bercy, hostiles aux conditions dans lesquelles l'Etat prenait en charge cette prestigieuse salle de concert (Le Monde daté du 31 mars). La présence du beau-frère de M. Sarkozy, Christian Ciganer, dans le montage financier de l'affaire avait alimenté les interrogations sur les dessous de l'opération. On découvre maintenant que le contrat est attaqué devant la justice par Carla Maria Tarditi-Martigny. L'épouse du vendeur, Hubert Martigny, a été directrice générale de la Salle Pleyel de 1998 à 2003. Mme Tarditi a assigné, fin 2006, la Cité de la musique, actuel opérateur de Pleyel, et la société de son mari, Immobilière Daru Saint-Honoré (IDSH), propriétaire de la salle. Elle demande l'annulation du contrat signé au regard "de graves irrégularités juridiques" ayant entaché sa conclusion. "La Cité de la musique n'avait pas le droit de signer le contrat et l'intérêt de IDSH, dont je suis actionnaire minoritaire, a été bafoué", explique-t-elle. Arguments contestés par les deux parties attaquées. "GROS CHÈQUE À L'UMP" Mme Tarditi affirme que son mari et les conseillers de celui-ci, soucieux de débloquer le dossier de la cession de la Salle Pleyel malgré les réserves des services de l'Etat, ont sollicité l'aide de M. Sarkozy via son épouse, Cécilia Sarkozy. Ce soutien, assure-t-elle, aurait été acquis grâce à une convergence de vues sur l'avenir de la salle. Mais, précise Mme Tarditi, cette aide aurait été assortie d'une condition : son époux, par l'intermédiaire de son homme de confiance, Arnaud Marion, aurait promis d'adhérer à l'UMP et de financer la campagne électorale à venir. Sans être en mesure d'indiquer qui était à l'origine de cette démarche, Mme Tarditi déclare : "Un jour mon mari m'a dit qu'il venait de faire un gros chèque à l'UMP avant de recevoir sa carte, en 2006, alors qu'il n'avait jamais adhéré à une formation politique ou versé un euro. Puis, il a été régulièrement sollicité pour verser des fonds. J'ai encore la trace d'un versement de 2 900 euros en février 2007." Interrogé par Le Monde, M. Martigny, cofondateur d'Altran, société de conseil en haute technologie, admet avoir adhéré à l'UMP en 2006, mais dément tout lien avec le dossier Pleyel. "J'ai agi de ma propre initiative", soutient-il. De plus, il affirme n'avoir versé au total que 1 000 euros. "J'ai rencontré Mme Sarkozy avec Arnaud Marion et Jacques Chancel, confirme-t-il en outre, en mai 2004, pour solliciter l'aide de son mari, alors ministre des finances et de l'industrie, dans le seul dossier des pianos Pleyel dont j'avais récupéré l'usine et les problèmes en achetant la Salle Pleyel." Mme Sarkozy assure, pour sa part, "n'avoir jamais déjeuné avec M. Martigny et ses conseillers". "Il était impératif que Pleyel rouvre ses portes, confirme Claude Guéant, alors directeur du cabinet de M. Sarkozy et actuel directeur de sa campagne, et que Paris retrouve son standing." "Mais cette opération n'a donné lieu à aucun arrangement et je ne savais pas, jure-t-il au nom de M. Sarkozy, que son beau-frère y figurait." "PASSER OUTRE" Quand il acquiert la Salle Pleyel, en 1998, pour 9 millions d'euros, M. Martigny, l'une des plus grosses fortunes françaises, pense faire un cadeau à son épouse, chef d'orchestre de formation. Mais sa gestion se révèle plus complexe que prévu. En 2002, il jette l'éponge et charge M. Marion de céder la salle à l'Etat au grand dam de Mme Tarditi, qui se sent dépossédée d'une salle qu'elle a redressée. "Nous aurions pu céder Pleyel à un opérateur privé mais en France, la musique c'est l'Etat, c'était donc le choix le plus sûr et le plus tranquille", note M. Martigny, qui ne cache pas que ses relations se sont depuis détériorées avec son épouse. Néanmoins, les négociations avec l'Etat vont traîner. L'Etat pouvant difficilement acheter directement la Salle Pleyel, l'idée d'un bail de vingt ans s'impose. Le protocole d'accord, signé fin 2003, avec le ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, est repris par son successeur, Renaud Donnedieu de Vabres. Mais les services du ministère des finances refusent d'entériner l'accord. Ils s'opposent au fait que le loyer payé par l'Etat serve à financer des travaux qui, selon eux, doivent revenir au propriétaire. "L'Etat bloquait, rapporte M. Marion, alors qu'une saison symphonique se prépare trois ans à l'avance, que le dépassement des travaux déjà engagés ne cessait d'alourdir la facture et que nous avons signé, le 16 juillet 2004, le contrat de promotion immobilière sans avoir rien conclu et, si vous ajoutez à cela que le 19, M. Martigny était en garde à vue dans l'affaire Altran, la pression était maximale." Le ministère de la culture adresse alors à M. Sarkozy une demande de "passer outre" à l'avis des services des finances. M. Sarkozy, arguant de l'urgence du déblocage, donne son feu vert, le 22 septembre, à la faveur d'un argument qui fait fléchir ses services. "Nous avons trouvé la solution, se félicite son beau-frère, M. Ciganer, en cédant le tout pour 1 euro au terme d'un bail de cinquante ans, l'Etat devenait propriétaire et pouvait assumer les travaux." La signature de ce bail, le 8 novembre 2004, dix jours avant le départ de M. Sarkozy de Bercy, a laissé un goût amer dans les services du ministère qui ont vécu cette passe d'armes. § Deux militants du Front national, impliqués dans une rixe le 11 avril à Thizy (Rhône) avec de jeunes Français d'origine maghrébine, ont été mis en examen, vendredi 13 avril, pour "violences volontaires en réunion avec usages d'arme". § D eux militants du Front national, impliqués dans une rixe le 11 avril à Thizy (Rhône) avec de jeunes Français d'origine maghrébine, ont été mis en examen, vendredi 13 avril, pour "violences volontaires en réunion avec usages d'arme". Agés de 26 ans et 44 ans, ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Les incidents avaient fait deux blessés. L'un d'eux a eu la mâchoire brisée à l'aide d'un gourdin. Au lendemain des faits, les membres du FN avaient assuré être tombés dans un "guet-apens" d'une "bande ethnique d'une vingtaine de personnes" lorsqu'ils menaient campagne pour leur candidat aux législatives. Ils invoquaient la "légitime défense" pour expliquer les violences dont ils sont les auteurs. L'enquête contredit leur version : "Les jeunes du village étaient quatre et non une vingtaine", confirme le procureur de Villefranche-sur-Saône, Francis Battut, qui désigne les frontistes comme les "agresseurs". Rachid Merdji, raconte : "Le FN tournait en camionnette depuis le matin dans Thizy. Il y a eu des mots échangés. L'un des véhicules a accéléré et percuté mon collègue (la principale victime) à la hanche. Il a frappé dans la vitre et l'a brisée. Trois militants sont descendus avec des bâtons d'un mètre. On s'est fait laminer comme des chiens. J'ai vu mon copain, à terre, maîtrisé par des membres du FN, recevoir un coup de pied dans la mâchoire. J'ai entendu la mâchoire craquer, j'ai vu ses yeux tourner." Dimanche, une manifestation à l'appel de SOS-Racisme doit avoir lieu place Bellecour, à Lyon. § Occupé à constituer des réseaux policiers pour la candidate, en cas de victoire, François Rebsamen, codirecteur de la campagne de Ségolène Royal et un des spécialistes des questions de sécurité au PS, a sorti Roger Marion, ancien "numéro deux" de la police judiciaire, sans affectation depuis mai 2006, de l'exil dans lequel il avait été placé. § L a rencontre était discrète, mais la réputation controversée de l'interlocuteur l'a vite ébruitée et suscité quelques crispations. Occupé à constituer des réseaux policiers pour la candidate, en cas de victoire, François Rebsamen, codirecteur de la campagne de Ségolène Royal et un des spécialistes des questions de sécurité au PS, a sorti Roger Marion, ancien "numéro deux" de la police judiciaire, sans affectation depuis mai 2006, de l'exil dans lequel il avait été placé. M. Marion a été convié, il y a quelques semaines, dans un restaurant parisien de la rue de Lille, par M. Rebsamen, qui a pris l'habitude d'organiser des rencontres autour de lui. "Il nous a semblé qu'il avait des choses intéressantes à dire sur le terrorisme", dit-il. Une rencontre dont Julien Dray, autre spécialiste des problèmes de sécurité au PS, affirme ne "pas avoir eu connaissance" et ne souhaite pas commenter. L'ancien policier vedette de l'antiterrorisme ne laisse pas les spécialistes de la police indifférents. Les anciens ministres de l'intérieur Charles Pasqua (RPR) et Jean-Pierre Chevènement - très présent dans la campagne de Mme Royal - louent ses résultats lors du démantèlement, en 1995, du réseau Khaled Kelkal affilié aux Groupes islamiques armés (GIA). Mais beaucoup rappellent ses loupés lors de l'arrestation d'Yvan Colonna, accusé de l'assassinat du préfet Claude Erignac. Refusant de travailler avec d'autres services de police, il avait organisé deux vagues d'arrestations hasardeuses. Fin 2002, M. Sarkozy, alors au ministère de l'intérieur, l'avait écarté de la traque du fugitif en le nommant préfet de police à Marseille, puis à Lille. Les dirigeants du PS continuent de s'appuyer sur les principaux responsables policiers de la période 1997-2002, dont le bilan avait été critiqué par la droite lors de la campagne présidentielle précédente, dominée par les thèmes sécuritaires. L'invitation lancée à M. Marion témoigne d'une certaine difficulté de leur part à renouveler leur réseau. SOLITAIRE ET BRUTAL Parmi eux, se trouve aujourd'hui Jean-Pierre Havrin, ancien conseiller technique de Jean-Pierre Chevènement, nommé à Toulouse pour mettre en place la police de proximité. Mis à l'écart par M. Sarkozy, début 2003, il est devenu président de la fédération sportive de la police, en attendant l'alternance à Toulouse, d'où il observe de loin l'agitation parisienne. Désormais préfet délégué à l'organisation de la Coupe du monde de rugby, qui aura lieu à l'automne, Patrice Bergougnoux est un autre homme-clé de ce réseau. Il avait été nommé directeur général de la police nationale en novembre 1999 par M. Chevènement, dont il était déjà le directeur adjoint du cabinet. C'est lui qui avait été chargé de mener à bien la réforme de la police de proximité, remise en question par M. Sarkozy, dès 2002. "Les policiers consultés constituent une composition très impressionniste, estime un observateur averti, réputé proche de M. Sarkozy. Ils écrivent des notes mais aucun n'a dû voir la candidate plus de dix-huit secondes." Un cadre du PS abonde en ce sens : "Mme Royal ne connaît pas bien ce sujet et a raison de ne pas s'avancer. Elle s'en remettra, en cas de victoire, au premier ministre". La liste des prétendants à la Place Beauvau est, de notoriété publique, bien fournie. Parmi eux figurent François Rebsamen et JulienDray, qui ne manque pas une occasion d'assister aux voeux de fin d'année de l'UNSA-Police. Le secrétaire général du syndicat, Joaquin Masanet, appartient au cercle des gens consultés par l'entourage de Mme Royal. Il l'avait conseillée, fin 2006, pour choisir sa protection rapprochée. En attendant l'élection, l'invitation faite à Roger Marion suscite des interrogations. Car si M. Bergougnoux et M. Rebsamen apprécient son expérience, d'autres - comme M. Havrin - éprouvent de fortes réserves sur cet homme décrit comme solitaire et brutal. "Il faut revoir notre logiciel et ne pas faire reposer notre légitimité future sur de vieux réseaux", plaide l'ancien ministre Daniel Vaillant. § Gérard Schivardi, le candidat "de" maires, "soutenu par le (très trotskiste) Parti des travailleurs" (0,47 % en 2002), est-il en train de devenir "tendance" ? § G érard Schivardi, le candidat "de" maires, "soutenu par le (très trotskiste) Parti des travailleurs" (0,47 % en 2002), est-il en train de devenir "tendance" ? Il obtient un succès non négligeable sur le Net où ses apparitions télévisées sont devenues des objets d'échange. Rien ne prédisposait pourtant cet artisan maçon au rocailleux accent du Sud-Ouest, candidat le moins connu lorsqu'il a officialisé sa candidature, à devenir un nouveau Coluche. Et, sans la publicité qui lui a été faite à la suite de l'invalidation de son matériel de campagne par le Conseil constitutionnel lui contestant l'étiquette de "candidat des maires", le grand public n'aurait découvert le maire de Mailhac (Aude) que lors de la diffusion des clips de la campagne officielle. Ses saillies dénonçant l'UMP et le PS tentant d'"empêcher sa candidature" parce qu'il était "le seul à se présenter contre l'Union européenne" ont d'abord étonné. Puis ses diatribes prônant, encore, "la rupture avec l'Union européenne" comme solution pour financer son programme ont commencé à amuser. L'élu "sorti de terre" est apparu la première fois à une heure de grande écoute au "Grand Journal" de Canal+ le 23 mars. Son nom venait d'être publié au Journal officiel comme l'un des douze candidats validés. Les téléspectateurs ont alors découvert sa crinière blanchie, sa carrure de rugbyman et sa faconde d'homme du terroir. Avec l'ouverture de la campagne officielle, les radios et télévisions ont dû diffuser les propositions iconoclastes de l'élu local : "La première chose que je fais si je suis élu président, c'est de convoquer une assemblée constituante de mise en place." On ne saura pas de quoi, mais c'est presque devenu un gimmick. Ses clips de campagne sont depuis devenus une référence citée au "Grosses têtes" de RTL. On y voit le candidat au milieu de la place de la République à Paris, le trafic automobile en fond très sonore, marteler qu'"on ne le fera pas taire". Le buzz a fait le reste. La "météo du candidat" sur le site lapresidentielle.info affiche un pic de notoriété qui explose après le 1er avril. Même tendance sur le Buzzblog ou l'Observatoire présidentiel 2007. Un must. § Bayrou, Royal, Bové, Besancenot ? Entre ces quatre-là, le coeur de Cédric Thiver balance. § I l est arrivé tôt et a pris place, à côté de son épouse, parmi les premiers rangs, sous la halle du marché couvert de Villiers-sur-Oise (Oise). Abdelkrim Madjid, 46 ans, habite à Clermont-sur-Oise, où il est employé comme menuisier dans une PME. Il se définit comme un homme "de gauche", issu d'une famille "où, de tradition, on considère qu'il faut aider les autres". Son choix, ce sera Ségolène Royal. "Je suis en phase avec tout ce qu'elle propose", assure-t-il avant de se raviser : "Il y a quand même une chose avec laquelle je ne suis pas d'accord ; le smic à 1 500 euros." Redoute-t-il un nivellement des salaires au détriment de ceux dont les rémunérations s'inscrivent un peu au-dessus du salaire minimum ? "Pas du tout, répond-il. Je me demande surtout comment les entreprises vont faire pour financer cet effort. Elles vont forcément le répercuter dans leurs prix ; de proche en proche, cela risque de créer de l'inflation." Pour la suite de la campagne électorale, Abdelkrim Madjid est optimiste. "Par rapport à 2002, il y a beaucoup plus de gens qui se disent de gauche. Même dans ma petite entreprise, j'ai remarqué ça." Il souhaiterait que sa candidate favorite se montre plus offensive. "Elle ne sort pas assez ses griffes contre la droite, regrette-t-il. Il faudrait qu'elle soit plus dure face à Nicolas Sarkozy. Lui, je le trouve faux ; il essaie d'adoucir son image et de faire oublier le passé, alors qu'en réalité il n'a pas changé. Et puis, on a vu ce qu'il est capable de faire." Romain Rocher, 28 ans, travaille dans un cinéma parisien, où il s'occupe de l'accueil et aussi de la machine à pop-corn. Trente-quatre heures de travail hebdomadaires et presque jamais de week-ends libres pour un salaire net de 798 euros par mois. "Je suis 10 euros au-dessus du seuil de pauvreté défini par l'Insee", fait-il remarquer. Dans son milieu, on ne s'est jamais senti concerné par la politique et dans la cité du Val-de-Marne, où il demeure, "on a plutôt tendance à dire "tous pourris" lorsque l'on évoque les présidentielles", raconte Romain, qui, pourtant, veut "faire bouger le monde". Il récuse "le regard que la droite porte sur la jeunesse", mais aussi "le pouvoir absolu accordé au Medef en matière économique et sociale". Ce discours très tranché l'a conduit à adhérer il y a six mois aux Jeunes radicaux de gauche (JRG). Romain s'étonne que l'on puisse s'en étonner. Son choix, dit-il, a été longuement mûri. "En 2002, j'ai voté Taubira car son discours est clair, très accessible." Ce soir, le néomilitant radical de gauche n'a pas manqué l'occasion de se rendre à Nogent-sur-Oise, près de Creil (Oise), où Christiane Taubira, députée PRG de Guyane, tient un meeting de soutien à la candidate socialiste. De Ségolène Royal, Romain Rocher ne pense que du bien. "Elle n'a pas d'oeillères, ne donne pas le sentiment de détenir la vérité absolue. Et puis, ajoute-t-il, je crois à la démocratie participative. Même s'il ne s'exprime pas forcément très bien, le peuple a des choses à dire." Bayrou, Royal, Bové, Besancenot ? Entre ces quatre-là, le coeur de Cédric Thiver balance. "Sincèrement, j'hésite. Je ne sais vraiment pas de quel côté je vais tomber. Evidemment, si Nicolas Hulot avait été candidat, les choses auraient été plus simples : j'aurais voté pour lui", soupire cet agent de surveillance de 28 ans. Outre la défense de l'environnement, son sujet de préoccupation est "la protection de la fonction publique" : "C'est le secteur où travaille ma mère." Peut-être sa grande soeur saura-t-elle orienter son choix. Inconditionnelle de la Guyanaise Christiane Taubira, avec laquelle elle a collaboré sur des projets, Sandra Vautour, énergique Martiniquaise de 34 ans, est chargée de mission dans une association de Creil. Elle a créé Tambour battant, "un jeu éducatif consacré à l'afroculture" et regrette "que les Antilles n'aient pas trouvé leur place dans le débat politique". Le 22 avril, elle soutiendra Ségolène Royal "parce qu'une femme au pouvoir, cela va changer la donne, forcément". Elle votera donc pour la candidate socialiste, mais, ajoute-t-elle, "avec une vraie pensée pour Olivier Besancenot". "J'aime sa jeunesse et son dynamisme, même s'il représente la vieille gauche." Autour d'elle, Sandra dit "percevoir beaucoup d'hésitation ; c'est sûr, beaucoup d'électeurs se détermineront à la dernière minute". Selon elle, "ce flottement tient au fait que les gens ont largement perdu confiance en la politique". § "J'ai toujours été contre. Contre la droite, s'entend." Yvette Lamy, 54 ans, "petit cadre dans un laboratoire de photo, après avoir débuté, à 14 ans, comme apprentie et avoir élevé seule ses trois enfants", n'a pas changé d'avis. § "J 'ai toujours été contre. Contre la droite, s'entend." Yvette Lamy, 54 ans, "petit cadre dans un laboratoire de photo, après avoir débuté, à 14 ans, comme apprentie et avoir élevé seule ses trois enfants", n'a pas changé d'avis. Elle va voter contre Nicolas Sarkozy, contre Jean-Marie Le Pen. Sauf qu'elle n'a pas encore décidé si cet atavisme, dont elle est fière, la conduira à opter en faveur de Ségolène Royal ou de François Bayrou. "C'est curieux, dit-elle. Je m'intéresse beaucoup plus qu'autrefois à la politique, je lis, me documente sans arrêt et discute avec plein de gens. Résultat ? Je n'ai jamais éprouvé autant de doutes quant à mon choix final." "A mesure que je prends de l'âge, les dirigeants politiques me déçoivent. Ils se sont installés dans une sorte de confort, alors que, pendant ce temps, la France se fait griller par ses concurrents." Yvette souhaiterait qu'on lui parle d'éducation, de prise en charge de la dépendance, d'écologie, de fuite des cerveaux, des banlieues "où l'on trouve plein de gens de grande valeur". "Je ne me sens pas en sécurité face à l'avenir et, dans cette campagne, je n'entends personne qui tienne des propos susceptibles de me rassurer. Il faudrait pourtant prendre le taureau par les cornes", s'énerve-t-elle. Bien qu'elle peste contre leur "manque de modestie", cette jeune grand-mère parisienne ne veut pas "jeter la pierre" aux deux candidats entre lesquels elle hésite. Et qu'elle évoque avec une pointe de respect, les appelant "Mme Royal" et "M. Bayrou". De la candidate socialiste, vers laquelle son histoire personnelle devrait la mener, elle regrette "le manque d'assurance". "Elle me donne le sentiment de ne pas être vraiment sûre d'elle et ses propositions gagneraient à devenir plus concrètes. Qu'il s'agisse d'une femme ne m'influence pas. En fait, je la trouve trop différente." "S'ATTACHER À DES DÉTAILS" De "M. Bayrou", elle assure qu'il est "le moins mauvais". "Pourtant, je ne le sens pas trop. Il a de bonnes idées, mais il lui arrive souvent de se rétracter, de changer d'avis. En vérité, il ne sait pas où il habite." Yvette Lamy est presque gênée de ce sentiment qu'elle nourrit, cette sensation d'être en situation d'apesanteur politique, même si, autour d'elle, nombreux sont ses collègues, parents et amis qui "flottent eux aussi, sans pouvoir prendre une décision ferme et définitive". "Un jour c'est l'un, le lendemain c'est l'autre, soupire Yvette. On en est réduit à s'attacher à des détails, des choses finalement assez superficielles. J'ai presque honte d'être comme ça, aussi hésitante..." § La direction de la LCR pense avoir atteint ses objectifs : dépasser le PCF, ringardiser Arlette Laguiller et imposer son candidat comme l'"avenir" de la gauche radicale § O livier Besancenot entend bien s'imposer comme meneur de la gauche antilibérale. "La mayonnaise prend", répète son entourage. Vendredi 13 avril, dans une salle du quartier du Prado, à Marseille, son public était là. Quelque 500 personnes venues entendre le candidat de la LCR, un "salarié comme eux", afficher sa politique "100 % à gauche". Et prendre une assurance nouvelle qui le fait se placer comme la seule opposition de gauche au Parti socialiste. Il court les meetings, où son auditoire, jeune, est deux fois plus nombreux qu'en 2002, visite les entreprises "en lutte" pour montrer que lui, le postier, connaît les problèmes des jeunes salariés "pressés comme des citrons", et enchaîne les discussions dans des cafés avec des jeunes de banlieue "discriminés". Dans cette campagne, il a réussi à se forger une image de protestataire crédible. Depuis deux semaines, les sondages lui donnent une petite avance sur ses concurrents antilibéraux. Quand Marie-George Buffet peine à 3 % des intentions de vote, Arlette Laguiller et José Bové stagnent à 2 %, il oscille entre 3,5 et 4 %. "Comme c'est lui le plus en phase avec cet électorat critique, qu'il a un charisme réel et incarne le renouvellement générationnel, Olivier Besancenot grignote l'électorat PS, remarque Vincent Tiberj, chercheur au Cevipof. Il développe un discours ferme, mais en phase avec son temps." "VOTER AVEC SES TRIPES" La direction de la LCR pense, cette fois, avoir gagné son pari : passer devant le PCF, ringardiser Arlette Laguiller et imposer son poulain comme l'"avenir" de la gauche radicale. "On nous a cantonnés dans la protestation, mais c'est ça qui fait notre succès", biche Pierre-François Grond, son directeur de campagne. "Ceux qui nous traitent de protestataires ont tout simplement oublié de s'opposer, de protester", affirme, en écho, le candidat dans ses meetings. Il martèle ainsi, comme à Marseille, que, si Ségolène Royal est élue, "il faudra une gauche présente au quotidien parce que les politiques libérales vont continuer". Mais alors qu'il lancait, voilà une semaine, un appel aux autres candidats - Arlette Laguiller, Marie-George Buffet et José Bové - au "rassemblement pour une véritable opposition de gauche", il n'en parle plus. Sinon pour dire que "l'heure n'est plus à discuter du type de rassemblement mais à remettre la question sociale au coeur de la campagne". Et il semble persuadé que seul lui peut y prétendre. Face à M. Sarkozy, qui s'est "lancé dans un petit jeu "je t'aime moi non plus" avec Le Pen" en "multipliant les provocations racistes", face à une candidate socialiste, "qui chasse sur les terres de la droite et cherche des alliances avec Bayrou", il revendique d'être le seul à avoir un "positionnement clair" : "Je suis 100 % indépendant du PS et je n'ai pas autre chose en tête", scande-t-il, le criant presque dans le micro. "On ne m'achète pas avec une circonscription électorale ou un strapontin ministériel et j'en suis plutôt fier", répète-t-il. Alors, "dans la dernière ligne droite", voter utile c'est "voter avec ses tripes" : "il n'y a pas de honte d'utiliser un scrutin électoral pour dire qu'on en a ras-le-bol". Sur un air du groupe Ministère des affaires populaires - "ce soir, on vous met la fièvre" -, son public semble en être convaincu. § Jean-Marie Le Pen tenait, dimanche, à Paris, son avant-dernier meeting avant le premier tour. Ses partisans en sont persuadés : cette fois-ci, le président du FN peut gagner. § § Interrogée sur France-Inter, Laurence Parisot s'est dite "stupéfaite par le déferlement d'anathèmes, d'ignorance, de démagogie qui a suivi la révélation de ces différentes affaires". § I nterrogée sur la pratique des parachutes dorés - revenus dans l'actualité après la révélation des indemnités de départ de l'ancien patron d'EADS Noël Forgeard -, la présidente du Medef s'est dite stupéfaite. Par le montant de ces indemnités d'une part (6,1 millions d'euros auxquels s'ajoutent 2,4 millions au titre d'une clause de non-concurrence), mais aussi "par le déferlement d'anathèmes, d'ignorance, de démagogie qui a suivi la révélation de ces différentes affaires". Pour Mme Parisot, ni le grand public ni les candidats à l'élection présidentielle - qui se sont largement saisi de cette affaire - ne disposent des "éléments" qui "permettent de dire si oui ou non ces indemnités sont justifiées". "Seuls le conseil d'admnistration et l'assemblée générale des actionnaires sont capables de le dire", a-t-elle dit. Pour elle, "il y a deux écueils à éviter, qu'on légifère et qu'on laisse faire". Légiférer, comme le propose notamment Nicolas Sarkozy, mettrait "en cause immédiatement l'attractivité économique de notre pays" et sa capacité "à conserver les grands talents chez nous". Par contre, conformément aux recommandations émises par le Medef, Laurence Parisot a plaidé pour que les comités de rémunération des grandes entreprises soient composés en majorité d'administrateurs indépendants. "EADS n'a pas un comité de rémunération composé majoritairement d'administrateurs indépendants", a-t-elle d'ailleurs relevé. § Dans un communiqué publié sur son site Internet, l'ancien premier ministre socialiste a qualifié l'UDF de "formation de droite dont les choix politiques sont contraires" à ceux des socialistes. § L aurent Fabius a déclaré, dimanche 15 avril, qu'il n'était "pas question que le PS s'allie avec l'UDF", face à la proposition de Michel Rocard, d'une "alliance" entre Ségolène Royal et François Bayrou avant le premier tour. "La gauche peut et doit gagner. Pour cela, elle a besoin de clarté, pas de confusion, ni de vieilles lunes", estime-t-il dans un communiqué publié sur son site. "Le Parti socialiste est un parti de gauche. Il agit dans le cadre du rassemblement de la gauche et des Verts pour changer profondément la politique économique, sociale et européenne actuelle. Il n'est donc pas question que le PS s'allie avec l'UDF, formation de droite dont les choix politiques sont contraires aux nôtres", a déclaré M. Fabius. Une position qui suscite déjà des débats sur le forum de l'ancien premier ministre.Il avait déjà estimé, en mars, qu'une alliance avec l'UDF serait une "erreur majeure, stratégiquement et tactiquement". Sur le Forum de Radio J, il réagissait à des propos de Dominique Strauss-Kahn, qui avait appelé François Bayrou à "rejoindre le pacte présidentiel de Ségolène Royal". § Dans un entretien dans "Le Parisien/Aujourd'hui en France", le chef du FN a regretté que M. Chirac ait reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des juifs". § D ans un entretien avec des lecteurs, dimanche 15 avril, dans Le Parisien/Aujourd'hui en France, Jean-Marie Le Pen a regretté que Jacques Chirac ait reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des juifs. Il répondait à l'interpellation d'un lecteur qui s'adresse à lui en ces termes : "Le président joue un rôle dans la façon dont on présente la mémoire nationale. Ainsi Jacques Chirac avait reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des juifs..." "Je le regrette. Il a été le seul président à le faire. Même François Mitterrand ne l'avait pas fait", répond-il. Au même lecteur qui lui demande s'il regrette la façon dont la Shoah est enseignée, M. Le Pen répond : "C'est un sujet que je n'aborderai pas. Quand je me suis exprimé dans des termes pourtant modérés, ça m'a coûté 150 millions d'anciens francs. Ces débats ne sont pas dans le domaine de la liberté d'expression. Je me garde bien d'y toucher. On ne peut pas exprimer une autre opinion que celle dictée par la pensée unique". PAS DE "DIALOGUE DISCRET" En septembre 1987, il avait déclaré sur RTL que les chambres à gaz nazies étaient "un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale". La justice l'avait condamné sur le fond à 1,2 million de francs (183 200 euros) d'amende, lui reprochant d'avoir "banalisé" les persécutions nazies. Par ailleurs, il a nié tout "dialogue discret" avec l'UMP. "J'ai simplement dit qu'il n'y avait pas à mon avis chez Sarkozy l'aversion viscérale qu'éprouve Chirac à mon égard. (...) A partir de là, on a commencé à broder. Il n'y a aucun accord, pas de conversation", déclare-t-il. Mais il est resté flou sur des négociations futures. Comme on lui demandait s'"il n'y aura aucun accord", il répond : "je n'en sais rien. Je ne m'engage pas pour l'avenir". Le président du Front national a réaffirmé qu'à ses yeux M. Sarkozy est moins apte que lui, en raison de ses origines hongroises, à être chef de l'Etat. "Je dis à M. Sarkozy qu'il n'a pas ce passé qui constitue la structure de la nation", lance-t-il, estimant que le président "est en charge d'une incarnation du peuple et de la nation, et le fait d'avoir trois grands-parents étrangers n'est pas ce qui vous qualifie le plus pour cette fonction exceptionnelle". § Nicolas Sarkozy perd un point par rapport à la précédente étude CSA, et reste en tête avec 26 % des intentions de vote au premier tour. § N icolas Sarkozy reste en tête, mais les écarts se resserrent. Selon un sondage CSA, effectué les 11 et 12 avril, à paraître dimanche 15 avril dans Le Parisien dimanche/Aujourd'hui en France, le candidat UMP recueillerait 26 % des intentions de vote au premier tour. Il perd un point par rapport à la précédente enquête CSA, réalisée les 10 et 11 avril. Fiche technique (SCA) Sondage réalisé par téléphone les 11 et 12 avril auprès d'un échantilon national représentatif de 918 personnes âgées de 18 ans et plus, inscrites sur les listes électorales (méthode des quotas). Notice détaillée disponible à la commission des sondages. (Tous les sondages, institut par institut, sur ) Fiche technique (IFOP) Sondage réalisé les 12 et 13 avril par téléphone auprès d'un échantillon de 928 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, inscrite sur les listes électorales, extrait d'un échantillon national représentatif de 1004 personnes (méthode des quotas). Notice détaillée disponible à la commission des sondages. (Tous les sondages, institut par institut, sur Le Monde.fr) Ségolène Royal perd deux points à 23 % et François Bayrou en gagne deux à 21 %. Jean-Marie Le Pen reste stable à 15%. Aucun autre candidat n'atteint le score de 5 % des intentions de vote au premier tour. A gauche, Olivier Besancenot (LCR) progresse de 0,5 point à 4 %, de même que Marie-George Buffet (PCF) à 2,5 %. Arlette Laguiller (LO) est stable à 2 %, José Bové (altermondialiste) perd 0,5 point à 1,5 %. Dominique Voynet (Verts) recule également de 0,5 point à 1 %. Frédéric Nihous (CPNT) gagne 0,5 point à 2 %, de même que Philippe de Villiers (MPF), à 1,5 %. Enfin, Gérard Schivardi (soutenu par le Parti des travailleurs) est crédité de 0,5 % d'intentions de vote (=). Au second tour, l'écart reste très réduit, le candidat UMP l'emporterait par 51% (-1) contre 49% (+1) à sa rivale socialiste. SONDAGE IFOP De son côté, l'IFOP publie dans le Journal du Dimanche, rendu public samedi, un sondage dans lequel Nicolas Sarkozy perd un point dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle à 28,5 %, tandis que Ségolène Royal en gagne deux à 24% et que François Bayrou en perd un à 18 %. Avec 13 % des intentions de vote, Jean-Marie Le Pen recule d'un point par rapport au précédent sondage IFOP réalisé les 5 et 6 avril. Les autres candidats ne passent pas la barre des 5%. Olivier Besancenot est crédité du meilleur score avec 4 % (-0,5). Marie-George Buffet recueille 3 % (+0,5) d'intentions de vote. José Bové est à 2 % (=), tout comme Arlette Laguiller (=), Frédéric Nihous (+0,5) et Philippe de Villiers (+1). Dominique Voynet est créditée de 1 % (-0,5), tandis que Gérard Schivardi est stable à 0,5 %. Au second tour, l'ancien ministre de l'intérieur battrait la candidate PS avec 53 % (-1) des voix contre 47 % (+1). 7 % des personnes interrogées n'expriment pas d'intention de vote pour chacun des deux tours. 63 % (+4) des personnes interrogées se disent sûres de leur choix, contre 37% (-4) qui peuvent encore changer d'avis. § Bernard Kouchner, qui a rejoint Ségolène Royal, appelle à une alliance PS-UDF, dans une tribune à paraître dimanche dans "Le Journal du Dimanche". § A près Michel Rocard, c'est au tour de Bernard Kouchner d'appeler à une alliance UDF-PS dès le premier tour de la présidentielle. L'ancien ministre de la santé de François Mitterrand rallie l'ancien premier ministre socialiste Michel Rocard dans son appel à une alliance socialo-centriste. "Pour la première fois depuis trente ans, le parti de François Bayrou ne récuse pas la gauche réformatrice. Saisissons cette chance", déclare l'ancien ministre de la santé de Lionel Jospin dans une tribune à paraître dans Le Journal du Dimanche sous le titre : "Assez de l'esprit sectaire!" "A l'instar de nos voisins européens, capables de réussir là où nous avons échoué, cette gauche-là ne doit pas refuser l'alliance avec un centre rénové", souligne Bernard Kouchner, qui a rejoint l'équipe de campagne de la candidate socialiste Ségolène Royal en février. "Je ne suis pas dans une manoeuvre politicienne, je ne l'ai jamais été. Et je n'imagine pas que Michel Rocard y soit, lui qui a plus apporté à la France et aux idées que tous ses détracteurs réunis", explique-t-il. "J'ai suffisamment soutenu Ségolène Royal et travaillé avec elle pour savoir qu'elle peut orchestrer calmement cette indispensable mutation", poursuit-il. "Je sais que les alliances ne se noueront qu'après le premier tour. Ce n'est pas ajouter à la confusion que de revenir dès aujourd'hui à l'essentiel, et de préférer aux calculs politiciens des convictions que tant d'entre nous partagent", insiste Bernard Kouchner."Les électeurs de dimanche prochain ne sont pas prisonniers des frontières du sectarisme. La France vaut mieux que nos certitudes vieillies et nos crampes partisanes", conclut-il. § En pleine campagne électorale, le collectif AC le Feu tente de remettre la question des banlieues sur le devant de la scène. La "marche des oubliés" a rassemblé plusieurs centaines de personnes, samedi 14 avril, à Paris. § § Si l'on est en vacances, malade, en formation, astreint à une obligation professionnelle, indisponible parce qu'on s'occupe d'une personne souffrante ou infirme, ou qu'on a déménagé, la seule solution pour voter aux prochaines élections, présidentielle ou législatives, est la procuration. § S i l'on est en vacances, malade, en formation, astreint à une obligation professionnelle, indisponible parce qu'on s'occupe d'une personne souffrante ou infirme, ou qu'on a déménagé, la seule solution pour voter aux prochaines élections, présidentielle ou législatives, est la procuration. En France, ce document est disponible au tribunal d'instance, au commissariat de police ou à la gendarmerie de son lieu de résidence ou de travail. A l'étranger, les procurations sont établies au consulat ou à l'ambassade. Désormais, aucun justificatif n'est exigé ; il suffit de rédiger une déclaration sur l'honneur sur le volet détachable du formulaire de procuration. Seuls les prisonniers, en détention provisoire ou purgeant une peine, devront fournir un extrait du registre d'écrou. UN OU PLUSIEURS SCRUTINS La procuration doit être confiée à un mandataire inscrit dans la même commune, mais pas forcément dans le même bureau de vote. Son état civil doit être fourni intégralement. L'imprimé de procuration ne comporte plus de volet destiné au mandataire : c'est à celui qui lui donne procuration de prévenir. Le jour du vote, le mandataire devra simplement présenter ses papiers d'identité. On peut donner procuration pour un seul scrutin (pour un tour comme pour les deux), ou encore pour plusieurs scrutins, dans la limite d'un an lorsque la procuration est établie en France, de trois ans lorsqu'elle est établie à l'étranger. Les personnes qui ne peuvent se déplacer pour cause de maladie ou d'infirmité grave peuvent demander par écrit au commissaire de dépêcher un officier de police judiciaire à leur domicile pour établir la procuration sur place. Elles devront fournir un certificat médical. § La reprise, en 2004, par l'Etat, de la Salle Pleyel, haut lieu de la musique rouvert fin 2006, a-t-elle fait l'objet de tractations critiquables entre le vendeur et Nicolas Sarkozy, alors ministre des finances ? § L a reprise, en 2004, par l'Etat, de la Salle Pleyel, haut lieu de la musique rouvert fin 2006, a-t-elle fait l'objet de tractations critiquables entre le vendeur et Nicolas Sarkozy, alors ministre des finances ? Ce dernier avait passé outre à l'avis des services de Bercy, hostiles aux conditions dans lesquelles l'Etat prenait en charge cette prestigieuse salle de concert (Le Monde daté du 31 mars). La présence du beau-frère de M. Sarkozy, Christian Ciganer, dans le montage financier de l'affaire avait alimenté les interrogations sur les dessous de l'opération. On découvre maintenant que le contrat est attaqué devant la justice par Carla Maria Tarditi-Martigny. L'épouse du vendeur, Hubert Martigny, a été directrice générale de la Salle Pleyel de 1998 à 2003. Mme Tarditi a assigné, fin 2006, la Cité de la musique, actuel opérateur de Pleyel, et la société de son mari, Immobilière Daru Saint-Honoré (IDSH), propriétaire de la salle. Elle demande l'annulation du contrat signé au regard "de graves irrégularités juridiques" ayant entaché sa conclusion. "La Cité de la musique n'avait pas le droit de signer le contrat et l'intérêt de IDSH, dont je suis actionnaire minoritaire, a été bafoué", explique-t-elle. Arguments contestés par les deux parties attaquées. "GROS CHÈQUE À L'UMP" Mme Tarditi affirme que son mari et les conseillers de celui-ci, soucieux de débloquer le dossier de la cession de la Salle Pleyel malgré les réserves des services de l'Etat, ont sollicité l'aide de M. Sarkozy via son épouse, Cécilia Sarkozy. Ce soutien, assure-t-elle, aurait été acquis grâce à une convergence de vues sur l'avenir de la salle. Mais, précise Mme Tarditi, cette aide aurait été assortie d'une condition : son époux, par l'intermédiaire de son homme de confiance, Arnaud Marion, aurait promis d'adhérer à l'UMP et de financer la campagne électorale à venir. Sans être en mesure d'indiquer qui était à l'origine de cette démarche, Mme Tarditi déclare : "Un jour mon mari m'a dit qu'il venait de faire un gros chèque à l'UMP avant de recevoir sa carte, en 2006, alors qu'il n'avait jamais adhéré à une formation politique ou versé un euro. Puis, il a été régulièrement sollicité pour verser des fonds. J'ai encore la trace d'un versement de 2 900 euros en février 2007." Interrogé par Le Monde, M. Martigny, cofondateur d'Altran, société de conseil en haute technologie, admet avoir adhéré à l'UMP en 2006, mais dément tout lien avec le dossier Pleyel. "J'ai agi de ma propre initiative", soutient-il. De plus, il affirme n'avoir versé au total que 1 000 euros. "J'ai rencontré Mme Sarkozy avec Arnaud Marion et Jacques Chancel, confirme-t-il en outre, en mai 2004, pour solliciter l'aide de son mari, alors ministre des finances et de l'industrie, dans le seul dossier des pianos Pleyel dont j'avais récupéré l'usine et les problèmes en achetant la Salle Pleyel." Mme Sarkozy assure, pour sa part, "n'avoir jamais déjeuné avec M. Martigny et ses conseillers". "Il était impératif que Pleyel rouvre ses portes, confirme Claude Guéant, alors directeur du cabinet de M. Sarkozy et actuel directeur de sa campagne, et que Paris retrouve son standing." "Mais cette opération n'a donné lieu à aucun arrangement et je ne savais pas, jure-t-il au nom de M. Sarkozy, que son beau-frère y figurait." "PASSER OUTRE" Quand il acquiert la Salle Pleyel, en 1998, pour 9 millions d'euros, M. Martigny, l'une des plus grosses fortunes françaises, pense faire un cadeau à son épouse, chef d'orchestre de formation. Mais sa gestion se révèle plus complexe que prévu. En 2002, il jette l'éponge et charge M. Marion de céder la salle à l'Etat au grand dam de Mme Tarditi, qui se sent dépossédée d'une salle qu'elle a redressée. "Nous aurions pu céder Pleyel à un opérateur privé mais en France, la musique c'est l'Etat, c'était donc le choix le plus sûr et le plus tranquille", note M. Martigny, qui ne cache pas que ses relations se sont depuis détériorées avec son épouse. Néanmoins, les négociations avec l'Etat vont traîner. L'Etat pouvant difficilement acheter directement la Salle Pleyel, l'idée d'un bail de vingt ans s'impose. Le protocole d'accord, signé fin 2003, avec le ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, est repris par son successeur, Renaud Donnedieu de Vabres. Mais les services du ministère des finances refusent d'entériner l'accord. Ils s'opposent au fait que le loyer payé par l'Etat serve à financer des travaux qui, selon eux, doivent revenir au propriétaire. "L'Etat bloquait, rapporte M. Marion, alors qu'une saison symphonique se prépare trois ans à l'avance, que le dépassement des travaux déjà engagés ne cessait d'alourdir la facture et que nous avons signé, le 16 juillet 2004, le contrat de promotion immobilière sans avoir rien conclu et, si vous ajoutez à cela que le 19, M. Martigny était en garde à vue dans l'affaire Altran, la pression était maximale." Le ministère de la culture adresse alors à M. Sarkozy une demande de "passer outre" à l'avis des services des finances. M. Sarkozy, arguant de l'urgence du déblocage, donne son feu vert, le 22 septembre, à la faveur d'un argument qui fait fléchir ses services. "Nous avons trouvé la solution, se félicite son beau-frère, M. Ciganer, en cédant le tout pour 1 euro au terme d'un bail de cinquante ans, l'Etat devenait propriétaire et pouvait assumer les travaux." La signature de ce bail, le 8 novembre 2004, dix jours avant le départ de M. Sarkozy de Bercy, a laissé un goût amer dans les services du ministère qui ont vécu cette passe d'armes. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § V u depuis l'Espagne, où je vis actuellement, la présidentielle est à la fois confuse et plus que limpide. Confuse parce qu'il est très difficile d'adhérer à un candidat. Je suis plutôt de gauche. Passons sur les "petits candidats" qui n'ont aucune chance d'aller au second tour. Passons également le cas Le Pen, dont l'idéologie et la portée est claire. Considérons donc les trois candidats "institutionnels". Mme Royal paraît totalement incompétente et perdue dans un monde qu'elle est en train de découvrir. M. Bayrou apparaît donc, si l'on ne veut pas tomber dans la gauche trop extrême, comme l'alternative. Mais il peine également à convaincre. Il ne suffit pas de dire qu'il n'est ni de gauche ni de droite (bien au contraire). Quant à M Sarkozy, force est de constater que c'est celui qui a mené la meilleure campagne jusqu'à présent (et de loin), et que c'est probablement le plus capable de diriger les pays. Pourtant, je ne suis pas du tout d'accord avec ses idées, donc hors de question de voter pour lui. Enfin la présidentielle est plus que limpide, car je vois mal comment ce dernier ne sera pas président. M Le Pen conservera ses 15-25% quoi qu'il arrive. Or, Bayrou, en devenant un candidat sérieux, prend des votes à gauche et à droite, et contribue ainsi à maintenir relativement bas les pourcentages de vote des trois opposants à Le Pen. Ce qui place celui-ci obligatoirement au second tour. Contre le meilleur candidat des trois "challengers": Sarkozy. Evidemment, le second tour ne fait alors plus aucun doute. Alors pour quelqu'un de gauche comme moi, que faire ? Y a t'il un vote utile ? Mon vote sera t-il utile? Voter Chirac au second tour était déjà limite acceptable, mais alors Sarkozy, ça fait mal à la carte d'électeur... § Jean-Marc Morandini a annoncé qu'il entendait publier des "rumeurs" sur les résultats du premier tour de l'élection présidentielle dimanche dès 18 heures. § L ors de l'élection présidentielle de 2002, seuls les "Guignols de l'info" sur Canal+ avaient osé annoncer la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour, un petit quart d'heure avant l'heure légale. Pour cette nouvelle élection, et depuis plusieurs jours, certains blogueurs n'hésitent pas à annoncer leurs intentions non pas de vote mais de publication : Jean-Marc Morandini, journaliste sur Europe 1 et Direct 8, laisse entendre qu'il pourrait publier des "rumeurs" dès 18 heures dimanche soir : "Je pense que nous devons tous avoir les mêmes infos. Lors du premier et du deuxième tour, je mettrai donc en ligne les "rumeurs" qui circulent dans les rédactions à partir de 18 heures (...). Nous devons tous connaître les chiffres et les tendances, et pas seulement les VIP, les privilégiés et les journalistes." Les précédents 1995. Des internautes privilégiés essentiellement quelques dizaines de milliers de Français expatriés découvrent le soir du 7 mai 1995 sur le site de France 3, et plus d'une demi-heure avant le "commun des Français", la large victoire de Jacques Chirac. Internet en est encore à ses balbutiements, et peu de médias s'y sont installés. Quant aux instances régulatrices du Net, elles n'existent tout simplement pas. 1997. La donne change : tous les grands médias ont désormais pignon sur Réseau, mais toujours pas d'instance régulatrice ou de législation adaptée. A l'occasion des élections législatives, La République des Pyrénées, Le Figaro, Le Parisien, France 3 encore, mais aussi La Tribune de Genève en Suisse s'engouffrent dans la brêche et diffusent sur leurs sites et bien avant 20 heures les sondages de "sortie des urnes" sans être plus inquiétés. Face à cette dérive, le gouvernement décide de changer les règles. Parallèlement, le tribunal de grande instance de Paris valide la publication sur Internet de sondages électoraux dans la semaine qui précède le scrutin (décision du 15 décembre 1998), mais la cour d'appel de Paris casse le jugement le 29 juin 2000. 1999. Les élections européennes de juin 1999 jouent le rôle d'une mise en garde pour la présidentielle qui approche : la direction de Paris-Match, profitant du vide judiciaire, met à disposition de ses internautes un lien vers une page fabriquée par l'hebdomadaire et hébergée chez "Geocities" aux Etats-Unis. On assiste alors à une première en France : considérant que le média a délibérement enfreint la loi, le patron de Match, Roger Thérond, est condamné pour violation de l'article 11 de la loi du 19 juillet 1977. Le sujet interpelle grands et petits du Net. De nombreux médias annoncent logiquement leur intention de respecter la loi, tandis que certains blogueurs prennent le parti inverse : ainsi, Guy Birenbaum, sur son blog "NRV", annonce dans le sillage de Jean-Marc Morandini son intention de casser l'embargo. La blogosphère frémit et Nicolas Vanbremeersch, auteur de l'incontournable blog Versac.net, s'en fait l'interprète : dans un appel publié le 15 avril, il demande aux blogueurs de s'engager à ne pas publier ni relayer avant 20 heures de résultats partiels et leur propose d'afficher un logo avec un haut-parleur barré d'un signe d'interdiction. Depuis 2002, la loi est très claire sur ce sujet. Le texte qui modifie la loi du 19 juillet 1977 indique que "la veille de chaque tour de scrutin ainsi que le jour de celui-ci, sont interdits, par quelque moyen que ce soit, la publication, la diffusion et le commentaire de tout sondage". La Commission nationale de contrôle de la campagne a prévenu : elle a dépêché une équipe spéciale pour surveiller la Toile en temps réel. Selon Gilles Bachelier, rapporteur général de la Commission, "si l'on note des violations conscientes de la loi, des poursuites seront engagées". Ces poursuites pénales pourront être assorties d'une amende allant jusqu'à 75 000 euros. C'est le prix à payer pour que tous les électeurs soient à un niveau égal d'information au moment de leur vote et pour garantir la "sincérité" du scrutin. § Le premier secrétaire du PS a continué de plaider, lundi, pour le "vote utile pour le changement", en faveur de Ségolène Royal, dès le premier tour. Selon lui, l'"échec" du gouvernement sortant permet d'anticiper un fort résultat de Jean-Marie Le Pen. § F rançois Hollande a continué, lundi 16 avril, de plaider pour le "vote utile" en faveur de Ségolène Royal dès le premier tour, "non pas simplement pour la gauche, pour le PS" , mais "pour la France, pour le changement, pour le progrès". Le premier secrétaire du Parti socialiste a aussi répété, lors du point de presse quotidien du PS, qu'il n'avait "pas la certitude" que sa candidate soit au deuxième tour. Il a appelé les électeurs "de la gauche de la gauche" à voter pour elle dès dimanche, tout en excluant toute négociation sur les programmes entre les deux tours et en renvoyant après les élections les discussions sur les législatives."BANALISATION DU VOTE D'EXTRÊME DROITE" Le dirigeant du PS a de nouveau rejeté les appels de Michel Rocard et de Bernard Kouchner en faveur d'une alliance avec l'UDF avant le premier tour. Il a dénoncé la "contradiction" de François Bayrou, qui "se différencie" de Nicolas Sarkozy "sur le plan des valeurs républicaines", mais le rejoint sur les propositions économiques et sociales, telles l'exonération des heures supplémentaires, le CNE ou l'allégement de l'ISF. "La stratégie du candidat UDF, qui veut être au second tour, c'est d'empêcher la gauche d'y être", a ajouté M. Hollande, rappelant que "pour que la victoire soit possible, il faut que Ségolène Royal ait le meilleur résultat au premier tour". Il a également mis en avant la menace représentée par le Front national."L'échec de la politique gouvernementale depuis 2002 me laisse penser qu'il y a des conditions objectives pour que le vote de l'extrême droite soit à des niveaux élevés", a-t-il déclaré, notant que "ce qui nous remonte de telle ville ou quartier, c'est qu'aujourd'hui il y a une banalisation du vote d'extrême droite". § L'ancien premier ministre socialiste a déclaré lundi que la vocation du Parti socialiste "est de rassembler une majorité autour de lui à gauche" et qu'une alliance avec l'UDF "vouerait le PS à des alliances incertaines et à une crise interne". § L ionel Jospin a estimé, lundi 16 avril, que "l'idée d'alliance" entre le PS et l'UDF pour l'élection présidentielle n'était "ni opportune ni pertinente". "Si c'est une tactique, c'est-à-dire une approche de court terme, elle n'est pas opportune, elle crée de la confusion, elle sert Bayrou qui n'a en rien rompu avec la droite", a déclaré l'ancien premier ministre socialiste à Cavaillon (Vaucluse), où il est venu apporter son soutien à un candidat PS aux législatives, Jean-Louis Joseph. Pour Lionel Jospin, "seule la candidate socialiste, Ségolène Royal, peut battre Sarkozy en proposant une autre politique". Il a fait valoir que "si l'idée d'alliance PS-UDF était une stratégie, c'est-à-dire une vision de long terme, elle n'était pas pertinente", car elle "rompait avec la vocation du Parti socialiste qui est de rassembler une majorité autour de lui à gauche, comme le font d'ailleurs les grands partis sociaux-démocrates".UNE STRATÉGIE ÉCARTÉE EN 1981 ET EN 1997 Pour lui, cette alliance "vouerait le PS à des alliances incertaines et à une crise interne". "Au premier tour, votons socialiste, votons Ségolène Royal. Au deuxième tour, votons à gauche, votons Ségolène Royal", a-t-il lancé. Lionel Jospin a relevé que Michel Rocard et Bernard Kouchner avaient, en se prononçant pour cette alliance PS-UDF, "les mérites de la constance". "Nous avons écarté cette stratégie en 1981, et en 1997 j'ai à nouveau rassemblé la gauche et nous avons gagné". "Si nous l'avions suivie, jamais avec la gauche et François Mitterrand nous n'aurions remporté la victoire du 10 mai 1981 (...). Et si nous avons perdu en 2002, c'est que cette majorité s'est défaite", a ajouté celui qui a été battu dès le premier tour de la dernière élection présidentielle. § Vous photographiez la campagne présidentielle près de chez vous ? Envoyez-nous vos images, les meilleures seront publiées sur Le Monde.fr. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § "Colombey, c'est le témoignage d'une époque où la France ne doutait pas d'elle-même et le général de Gaulle, c'est le symbole de l'espérance", a déclaré le candidat de l'UMP à Colombey-les-Deux-Eglises. § A six jours du premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy s'est rendu, lundi 16 avril, à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne), afin de se recueillir sur la tombe du général Charles de Gaulle, qui "incarnait la passion de la France, (...) la passion au service de l'intérêt général, l'oubli de soi. Il incarnait la fidélité à ses convictions. Ses valeurs n'ont pas pris une ride". "Je pense qu'il faut davantage parler de la France et de son identité", a aussi déclaré le candidat de l'UMP à son arrivée. Il a estimé que "Colombey, c'est le témoignage d'une époque où la France ne doutait pas d'elle-même et le général de Gaulle c'est le symbole de l'espérance. Quand tout était perdu, il espérait encore et il a fait espérer des millions de gens." M. Sarkozy a souhaité s'"inscrire dans cette partie de l'histoire de France", histoire qu'il entend "assumer dans un bloc". Et d'ajouter : "peut-être que la rupture que j'appelle dans la façon de faire de la politique, c'est retrouver le sens de l'identité nationale française". § Chaque semaine, découvrez sur le Monde.fr une sélection des meilleures vidéos politiques du Web. Et retrouvez toutes les vidéos qui font la campagne sur le groupe Dailymotion du Monde.fr. § C haque semaine, découvrez sur le Monde.fr une sélection des meilleures vidéos politiques du Web. Et retrouvez toutes les vidéos qui font la campagne sur le groupe Dailymotion du Monde.fr CAMPAGNARDS 7 : LE BLÉ EN HERBE Campagnards 7 : Le blé en herbe envoyé par presidentielles_net JOSÉ BOVÉ : SI J'ÉTAIS PRÉSIDENT... José Bové : si j'étais président... envoyé par sarell AU PAYS DE BAYROU ... Au pays de Bayrou ... envoyé par galliju LA MÉTHODE MIRACLE DE MADAME ROYAL POUR RELANCER LA CROISSANCE Segolene_royal_methode_miracle envoyé par kozygolene RMI SMIC STOP HYPOCRISIE RMI SMIC STOP HYPOCRISIE envoyé par patrickdu49 § Près de 40 % des 5 millions de fonctionnaires partiront à la retraite d'ici à 2015. Cette échéance aurait pu conduire les candidats à engager une réflexion concernant le rôle et les missions de l'Etat et des services publics, sur l'évolution des niveaux de recrutement et sur les rémunérations. § P rès de 40 % des 5 millions de fonctionnaires partiront à la retraite d'ici à 2015, que ce soit dans l'administration de l'Etat (51 % des personnels), des collectivités territoriales (30 %) et des hôpitaux (19 %). Cette échéance aurait pu conduire les candidats à l'élection présidentielle à engager une réflexion concernant le rôle et les missions de l'Etat et des services publics, sur l'évolution des niveaux de recrutement et sur les rémunérations. Sur ce point, si les salaires des employés et des ouvriers restent supérieurs dans le public, ceux des professions intermédiaires et des cadres sont nettement plus bas que dans le secteur privé. En l'absence de négociation et d'accord pour 2007, cette question devrait être l'un des dossiers prioritaires du futur gouvernement. Les syndicats restent tout aussi attentifs à l'emploi. La suppression de 15 000 postes au budget 2007, essentiellement dans l'éducation nationale, avait provoqué des mouvements sociaux. UN FONCTIONNAIRE SUR DEUX En proposant de ne remplacer qu'un fonctionnaire de l'Etat sur deux partant à la retraite - soit 400 000 postes - et de consacrer la moitié des économies à financer des augmentations salariales, Nicolas Sarkozy s'est avant tout situé sur le terrain de la diminution du poids du secteur public et de la dette. La modernisation de l'appareil d'Etat a commencé avec les restructurations du ministère de l'économie et des finances, le Trésor public, la direction générale des impôts, les douanes... En vingt ans, le nombre de fonctionnaires de ce secteur, de l'ordre de 194 000, a baissé de 10 %. L'objectif de renouvellement partiel des retraités ne devrait concerner ni l'éducation nationale, l'enseignement supérieur, la recherche, soit près de la moitié des salariés de l'Etat, ni les fonctions régaliennes (police, justice...). Dans ces domaines, aucun candidat ne se prononce pour des coupes claires. Favorable à des mesures qui contribuent à réduire le train de vie de l'Etat, Ségolène Royal a placé le renforcement de la puissance publique et des collectivités locales au centre de ses préoccupations. La candidate socialiste, qui veut renforcer la "solidarité entre les territoires", suggère de poursuivre et d'amplifier la régionalisation, notamment en matière d'emploi. François Bayrou s'avère également un fervent défenseur des services publics, dans les zones rurales et dans les zones urbaines sensibles. Le candidat de l'UDF suggère aussi une refonte de l'administration territoriale avec la fusion des départements et des régions. La gauche antilibérale s'accroche à la préservation des avantages du secteur public. Et si Jean-Marie Le Pen préconise un renforcement de la sphère publique, c'est dans les domaines de la sécurité, la police, la justice, la défense. La transformation du secteur public devra tenir compte des impératifs communautaires. Des directives européennes remettent en cause la "spécificité française", notamment dans les secteurs concurrentiels ou qui donnent lieu à l'attribution d'aides spécifiques. Ce débat a, jusqu'à présent, été plutôt évité. Les candidats reconnaissent aussi la nécessité de revoir l'organisation du système de soins et le fonctionnement de l'hôpital sans toutefois en préciser ni l'ampleur ni les modalités. § Lors d'une conférence de presse mardi à Hénin-Beaumont, Jean-Marie Le Pen a appelé "les chômeurs et les travailleurs pauvres" à voter pour lui et s'est présenté comme "le seul recours" face à ses concurrents "européistes". § J ean-Marie Le Pen a appelé, mardi 17 avril, "les chômeurs et les travailleurs pauvres" à voter pour lui dimanche et s'est présenté comme "le seul recours" face à ses concurrents "européistes". "Ne vous laissez pas endormir par les candidats 'européistes' qui ont voté 'oui' à la Constitution européenne", a lancé le candidat du Front national, lors d'une conférence de presse à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. Jean-Marie Le Pen a choisi un bassin minier frappé par les délocalisations pour l'une de ses rares apparitions sur le terrain. "Pour que le peuple s'en sorte, il faut sortir les sortants, Bayrou, Royal, Sarkozy", a exhorté le candidat frontiste. "A cinq jours du premier tour, je demande aux électeurs français de la lucidité.""LES GUEULES NOIRES M'ONT PLACÉ EN TÊTE" Le dirigeant du FN a rappelé d'emblée être arrivé en tête au premier tour de la présidentielle de 2002 non seulement à Hénin-Beaumont, mais dans l'ensemble du département. Jean-Marie Le Pen, qui avait apporté dans la matinée son soutien à des marins-pêcheurs à Boulogne-sur-Mer, s'est vanté d'être le seul candidat "à avoir exercé un métier manuel", d'abord marin-pêcheur puis mineur, en Belgique. "C'est sans doute la raison pour laquelle les 'gueules noires' m'ont placé en tête ici", a-t-il dit. Prié de dire pourquoi il se contentait d'une conférence de presse, au lieu d'aller à la rencontre des salariés touchés par les délocalisations, comme l'avait fait le candidat centriste François Bayrou la semaine dernière, Jean-Marie Le Pen a mis en cause la CGT. "Monsieur Bayrou, lui, a bénéficié de la complicité de la CGT", a-t-il affirmé, sans préciser si lui-même avait demandé à visiter les trois entreprises concernées. Le président du FN, qui avait défié Nicolas Sarkozy il y a quinze jours en se rendant sur la dalle d'Argenteuil, banlieue symbolique de la région parisienne, s'est présenté à nouveau comme le candidat de ceux "qui souffrent" et des "laissés-pour-compte" dans une France "en pleine décomposition". "La liste est longue des secteurs disparus ou moribonds", a-t-il dit en mettant une grande partie de la responsabilité de ce déclin sur le compte de l'Europe de Bruxelles. "Je suis plus que jamais le recours du peuple français, le seul recours", a-t-il insisté. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § "Il n'y a pas de grand peuple sans exigence permanente de liberté", a affirmé la candidate du PS, lundi 16 avril à Nantes. § L es candidats se saisissent des faits divers. Après Nicolas Sarkozy qui avait reçu, lors d'une réunion publique le 14 avril dans le Vaucluse, la mère de Ghofrane Haddaoui, une jeune femme lapidée en 2004 et dont les meurtriers viennent d'être condamnés, au tour de Ségolène Royal : en déplacement à Nantes, lundi 16 avril, la candidate a annoncé avoir contacté par téléphone la famille de Sophie Gravaud, 23 ans, retrouvée quelques jours auparavant étranglée tout près de la ville, et sans doute victime d'une agression sexuelle selon les premiers éléments de l'enquête. Propositions Restructuration du Conseil supérieur de la magistrature, qui ne sera plus présidé par le chef de l'Etat. Réforme du mode de nomination des membres du Conseil constitutionnel. Renforcement des moyens des organismes comme la Halde, la CNIL, la CNDS. Réforme du mode de nomination au CSA, dont les membres seront désignés par le Parlement à une majorité des 3/5es. Loi pour renforcer les sociétés des rédacteurs dans les rédactions, notamment avec droit d'opposition à la nomination du directeur de la rédaction. Mesures anti-concentration dans le domaine de la presse quotidienne régionale. Juste avant l'ouverture de son meeting au Zénith situé dans l'agglomération nantaise, Mme Royal a déclaré devant la presse qu'elle ferait, si elle est élue, de la lutte contre les violences et les crimes sexuels une "grande cause nationale". "Un dispositif sera organisé autour de cinq mesures concrètes", a-t-elle expliqué : campagnes régulières de prévention, construction de prisons spécialisées, plus de libération de délinquants sexuels "si un comité d'experts ne garantit pas leur non-dangerosité", port de bracelet électronique après leur libération avec système de contrôle et de suivi, et gratuité des soins pour les victimes et leurs proches "aussi longtemps que nécessaire". Ces mots, la candidate les a répétés à l'issue d'un discours prononcé devant près de 9 000 personnes. "Ce combat sera mené sans merci, a-t-elle affirmé. Et quand j'entends certaines théories génétiques, je me dis qu'il y a bien deux visions." "NOTABLES" Cet aparté sur l'actualité a conclu un "thème grave, sérieux" que Mme Royal avait choisi de mettre en avant lundi soir, sur la réforme des institutions et les libertés publiques (Le Monde du 16 avril), en présence du maire, Jean-Marc Ayrault, de Robert Badinter et, dans la salle, installé au premier rang, de l'ambassadeur des Etats-Unis, Craig Stapleton. "Il n'y a pas de grand peuple sans exigence permanente de liberté", a lancé la candidate en promettant, sous sa présidence, "des libertés publiques renforcées et un Etat impartial". "Il y a beaucoup à faire", a-t-elle poursuivi, pour "faire entrer la France dans la modernité politique" et "mettre fin à un Etat monopolisé par un clan, les puissances d'argent et lobbies de tous ordres" - et même "ces notables qui veulent se mêler de tout". Tout en confirmant son intention de renforcer les moyens des services de police et de justice, notamment pour lutter contre le terrorisme, Mme Royal a mis en garde sur la nécessité de "préserver la présomption d'innocence" et "les procès contradictoires". "La première façon de résister au terrorisme et au fanatisme, a-t-elle déclaré, c'est de tenir bon sur les valeurs laïques et républicaines, de tenir bon sur le refus des lois d'exception." A travers la sécurité, la lutte contre les discriminations, l'indépendance de la justice ou des médias, Mme Royal a cherché à montrer sa différence sur l'exercice du pouvoir par rapport à son rival de l'UMP, en s'adressant au "peuple français". "J'en fais ici le serment, le serment de Nantes : je resterai cette femme libre et solide, a-t-elle lancé, parce que c'est vous qui m'avez encouragée, qui m'avez faite (...) Je viendrai régulièrement vous rendre compte de ce pouvoir que vous m'avez déposé, et non pas donné." Un discours particulièrement apprécié de la salle qui a entonné, bien plus souvent que d'habitude, le couplet de la victoire : "On va gagner, on va gagner !" Les libertés publiques, c'est aussi un thème qui avait marqué la campagne de 1981 de François Mitterrand et lundi soir, dans une ville où l'ancien président socialiste tint son dernier meeting avant sa victoire du 10 mai, les références ont été nombreuses. Invité de la soirée, Robert Badinter, qui a, sous les applaudissements nourris de la salle, dénoncé "la lepénisation de Nicolas Sarkozy", a en quelque sorte transmis le flambeau à "la nouvelle génération" incarnée par Mme Royal. "Mitterrand disait c'est au premier tour que se joue le second tour. Le premier tour, dimanche, c'est à nous !", a lancé l'ancien garde des sceaux, père de l'abolition de la peine de mort. "C'est une alternance d'une aussi grande ampleur dont la France a besoin", a pour sa part souligné la candidate avant de s'exclamer en conclusion : "Vous voulez le changement, vous ne le regretterez pas car (...) la force tranquille, elle est là devant vous !". La "force tranquille", slogan fétiche de 1981. § Le maire de la cité normande, qui accueillera le candidat centriste mercredi, n'envisage pas d'unir ses forces avec le PS local, qui lui reproche "une gestion de droite traditionnelle". § M ercredi 18 avril, François Bayrou doit venir à Rouen. Dans la ville encore marquée par le règne de Jean Lecanuet, il va rappeler sa proximité avec le leader centriste dont il fut, lors de ses débuts en politique, le porte-plume. Pierre Albertini, actuel maire de la cité normande, et député UDF chargé du projet présidentiel du candidat, prépare l'événement. "Les nouveaux adhérents que nous avons réunis récemment sont très enthousiastes, explique-t-il. Un quart d'entre eux viennent des rangs socialistes car ils jugent ce parti en retard sur l'Europe ou la social-démocratie." L'homme qui, au mois de mars 2001, a permis que Rouen "retourne à sa famille naturelle" en enlevant la mairie aux socialistes savoure toujours son exploit. "Le PS rouennais a l'impression que je lui ai volé une victoire et ne l'a toujours pas digéré", assure l'ancien professeur de droit constitutionnel. Alors, évidemment, il est impossible pour lui de "travailler en bonne intelligence" avec des gens qui le combattent. Il rêve à Jean-Marie Bockel ou Bernard Kouchner, des sociaux-démocrates avec qui il aimerait bâtir des projets. Selon lui, François Bayrou a raison, le centre peut s'allier à Dominique Strauss-Kahn, "qui est plus éloigné de Jean-Luc Mélenchon que de nous". "GESTION DE DROITE TRADITIONNELLE", SELON L'OPPOSITION Candidate dans la première circonscription de Rouen, la socialiste Valérie Fourneyron ne croit pas en la volonté d'ouverture du maire. "Lorsqu'on choisit comme adjoint chargé de la sécurité Eric Cesari, UMP, directeur de cabinet du président du conseil général des Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy, on affiche bien la couleur de la municipalité : UDF-UMP", explique-t-elle. Son adversaire UMP aux législatives, Bruno Devaux, est d'accord avec elle sur ce point et, si lui a démissionné de son poste d'adjoint en décembre 2006, c'est uniquement pour se consacrer à la campagne électorale. Il explique que la collaboration entre l'UMP et l'UDF a toujours bien fonctionné sur le plan municipal. "Les membres de l'UMP sont plus nombreux parmi les élus de la majorité" note-t-il mais ils ont toujours soutenu Pierre Albertini. Certes, il estime que certains dossiers auraient pu avancer plus vite au cours du mandat mais juge le bilan "globalement positif". L'opposition locale ne partage pas ce point de vue et critique "une gestion de droite traditionnelle" privilégiant l'immobilier privé au détriment du logement social. "Dans les domaines des sports ou des loisirs, le maire ne joue pas la carte des équipements collectifs", assure Valérie Fourneyron. Le dernier contrat signé entre la ville et le groupe Vinci pour moderniser l'éclairage public et les feux tricolores moyennant un loyer de 5 millions d'euros par an pendant vingt ans l'inquiète. Elle craint les dérives financières de ce genre de délégation au privé de services communaux. L'HÉRITAGE DE JEAN LECANUET Pierre Albertini récuse ces accusations et affirme que la ville va pouvoir rénover plus vite son éclairage, mettre aux normes ses feux et créer un système de vidéo-surveillance des lieux sensibles. Pour lui, cette polémique, "c'est de l'histoire locale qui va s'estomper car elle n'est pas souhaitable pour la ville". A l'écouter, on a l'impression que le laboratoire du centrisme communal fonctionne bien à Rouen. Ses opposants critiquent les chantiers en cours ou programmés mais un jour viendra, selon lui, où ils en reconnaîtront le bien-fondé. Il s'inscrit dans l'héritage de Jean Lecanuet et s'efforce de rendre cette ville plus moderne et plus conviviale. Mais le candidat-surprise de la campagne électorale de 1965 possédait d'autres atouts. Président du conseil général et soutenu par la région, il disposait de plus de moyens. Aujourd'hui, ces deux instances ont été conquises par le PS, et le clivage gauche-droite freine les coopérations entre collectivités. "Jusqu'ici, le centre a plutôt penché à droite, reconnaît le maire, ancien adhérent d'un groupe d'étudiants nationalistes. Mais avec la candidature de François Bayrou, les lignes changent." Pour lui, la stature d'homme d'Etat du candidat et son caractère raisonnable vont bousculer les schémas anciens. Il assure que l'UDF n'est plus un parti de notables et un supplétif du RPR. Dans la première circonscription, qui correspond exactement aux limites de la ville, Bruno Devaux multiplie les invitations de ministres pour séduire les électeurs. Il sait que face à Valérie Fourneyron, élue socialiste de l'un des cantons, le combat s'annonce difficile. Mais il sait aussi que le maire pourrait très bien, au dernier moment, s'inviter dans la compétition à la place d'une de ses adjointes. Pierre Albertini aime les décisions surprises. Même s'il est partisan du non-cumul des mandats et estime que ses trois élections successives à l'Assemblée lui suffisent, ses adversaires remarquent qu'il a juste dit qu'il ne se représenterait pas " dans la deuxième circonscription". Bruno Devaux note simplement que le maire a " l'habitude de travailler seul". Valérie Fourneyron lui reproche de ne pas écouter les autres et de ne pas être un rassembleur. A Rouen, l'UDF a du mal à mettre en pratique le " travailler ensemble" cher au candidat Bayrou. § "Michel Rocard défendait déjà cette idée avant 1981. Si nous l'avions suivi, jamais nous n'aurions remporté la victoire du 10 mai 1981 avec François Mitterrand et la gauche", a dit l'ancien premier ministre lundi. § I l est descendu du TGV, a serré les mains des trois élus locaux venus l'accueillir sur le quai et il a feint de s'étonner de la présence de journalistes à ses côtés. "Je ne suis qu'un artisan", glisse Lionel Jospin. Puis il s'est plié à l'arrière de la C4 qui devait le conduire, lundi 16 avril, à Cavaillon (Vaucluse) puis à une réunion publique en Avignon. Son message politique du jour tient sur deux feuillets manuscrits, rédigés sans rature. Aux micros tendus devant la permanence socialiste à Cavaillon, il livre la première partie : une condamnation ferme de l'alliance au centre prônée par l'ancien premier ministre, Michel Rocard, et par les deux anciens ministres, Bernard Kouchner et Claude Allègre. "Michel Rocard défendait déjà cette idée avant 1981. Si nous l'avions suivi, jamais nous n'aurions remporté la victoire du 10 mai 1981 avec François Mitterrand et la gauche", dit-il. Cette idée d'alliance au centre, poursuit Lionel Jospin, n'est "ni opportune ni pertinente. Si c'est une tactique, elle n'est pas opportune. Elle crée la confusion et elle sert Bayrou, qui n'a en rien rompu avec la droite, ajoute l'ancien premier ministre. Si c'est une stratégie, elle n'est pas pertinente car elle rompt avec la majorité du PS, qui est de rassembler une majorité de progrès autour de lui comme le font d'ailleurs les grands partis sociaux-démocrates. S'engager dans cette voie vouerait le PS à des majorités instables et changeantes et à une crise interne. Ecartons cette perspective au premier tour en votant socialiste et Ségolène Royal et au deuxième tour en votant à gauche et Ségolène Royal." "LA BRÛLURE DE 2002" Aux militants qui l'attendent, une heure plus tard, dans la salle des fêtes comble de l'hôtel de ville d'Avignon, il a réservé le deuxième feuillet, consacré à Nicolas Sarkozy, "cet élève du chiraquisme, en plus risqué" qui se présente "comme s'il était tout neuf sur la ligne de départ, comme si 2007 n'était pas aussi pour lui une ligne d'arrivée alors qu'il a fait les cinq ans des deux gouvernements de droite". Evoquant "l'échec sur toute la ligne" du gouvernement sortant et les "votes sanctions" des régionales et du référendum de 2005, Lionel Jospin observe qu'"il serait illogique qu'en 2007 les Français ne sanctionnent pas le pouvoir en place". Il glisse un mot sur la "brûlure de 2002" lorsque "la gauche s'est privée d'une victoire en raison de l'inconscience et de la légèreté d'une partie de ses membres", renouvelle son avertissement contre les tentations d'alliance au centre avant de soutenir le "pacte présidentiel de Ségolène Royal qui est tourné vers les besoins vitaux des Français". De timides "Ségolène, présidente !" s'élèvent, vite couverts par l'ovation réservée à l'hôte du jour. A Cavaillon comme en Avignon, une fois ses mots bien empaquetés et postés à l'adresse du grand débat national, Lionel Jospin assure le portage militant local en quelques phrases personnalisées et amicales pour chacun des candidats socialistes aux élections législatives qui, rappelle-t-il, "font un couple avec l'élection présidentielle". Il n'oublie rien ni personne. L'"artisan" Jospin a du métier. § Désavoué par les enseignants, désavoué par les climatologues, et maintenant désavoué par son ami de cinquante ans, Lionel Jospin, qui refuse une alliance PS-UDF. § D ésavoué par les enseignants, désavoué par les climatologues, et maintenant désavoué par son ami de cinquante ans, Lionel Jospin : Claude Allègre, qui avait emboîté le pas à Michel Rocard pour prôner une alliance PS-UDF "tout à fait concevable", s'est fait reprendre, lundi 16 avril, en Avignon par le premier ministre de la gauche plurielle, sur cette idée "ni opportune, ni pertinente". Dans Le Parisien du 16 avril, à six jours du premier tour, M. Allègre, qui n'a cessé de multiplier les attaques contre Ségolène Royal, a déclaré qu'il voterait pour Dominique Voynet. Il n'avait pourtant cessé de critiquer les Verts entre 1997 et 2002, leur adressant le même reproche qu'à Mme Royal, aujourd'hui, qu'il juge "opposée au progrès". C'est un docteur en iconoclasme. Ministre de l'éducation nationale de 1997 à 2000, il a brisé le pacte tacite et séculaire qui liait les socialistes et les enseignants, à coups de déclarations fracassantes. "12 % d'absentéisme, c'est beaucoup trop", déclare-t-il à peine nommé, jonglant avec des chiffres fantaisistes. "On n'a pas droit à des congés maladie systématiques", enchaîne-t-il, très satisfait de ses sorties : "Quand j'engueule (les enseignants) je prends 25 points dans les sondages". Il s'oppose fortement à François Bayrou, son prédécesseur. "La cogestion avec le SNES, c'est fini", tonne-t-il à l'adresse du principal syndicat d'enseignants, et avertit qu'il va "dégraisser le mammouth". L'année précédente, il avait déclenché une polémique d'ampleur, en déclarant que le problème de l'amiante à Jussieu était une "psychose collective". § Jean Saint-Josse, seul candidat à parler de la ruralité en 2002, voit ce thème aujourd'hui largement repris par d'autres, qu'il s'agisse de MM. Schivardi, Bayrou ou Bové. § L e hasard veut que François Bayrou et Jean Saint-Josse ont tous les deux usé leurs fonds de culotte sur les bancs du lycée de Nay (Pyrénées-Atlantiques), ville célèbre pour son Musée du béret, qui se voit ainsi promue pépinière de candidats à l'élection présidentielle. "Je connais bien le président de l'UDF, raconte le défenseur des chasseurs. Cela fait vingt-cinq ans qu'il fait de la politique et trois mois qu'il parle de la ruralité... Le maire de son village, Bordères, a donné son parrainage à CPNT !" Pour cette présidentielle, Chasse, pêche, nature et traditions a rajeuni les cadres et tout misé sur la ruralité. Le candidat Frédéric Nihous, 39 ans, natif de Valenciennes, parle des campagnes françaises avec l'accent ch'timi, devant des auditoires plus habitués à l'accent chantant de Jean Saint-Josse. "Il n'y a pas de territoires de seconde zone, martèle-t-il. La ruralité, c'est 80 % du territoire et 20 % de la population. Pourtant, c'est toujours nous qui passons à la trappe. On nous ferme tout : nos écoles, nos bureaux de Poste, nos hôpitaux !" Jean Saint-Josse constate avec gourmandise que, si en 2002 il était le seul candidat à parler de la ruralité, ce thème est aujourd'hui largement repris par d'autres, qu'il s'agisse de Gérard Schivardi, de François Bayrou ou de José Bové. Pour sa part, Philippe de Villiers, bien qu'élu du bocage vendéen, préfère parler de la banlieue et des musulmans. A La Roche-sur-Yon, on note avec amusement qu'il n'y a pas une seule mosquée en Vendée."PARISIANISME BOBO" Chez les défenseurs de la ruralité, c'est à qui raillera le mieux les autres candidats, affublés de l'étiquette infamante de "parisianisme bobo". Dans ce registre, Frédéric Nihous a choisi pour tête de Turc Dominique Voynet, accusée de représenter "une écologie de salon". CPNT nouvelle version ne défend plus seulement les chasseurs. Le mouvement veut promouvoir "une écologie respectueuse de l'homme". Mais chassez le gibier, il revient au galop. Henri Sabarot, président de la puissante Fédération départementale des chasseurs de Gironde, avoue que les principales revendications de ses adhérents portent sur les dates de la chasse au gibier d'eau. "Si l'on nous avait pas retiré le mois de février, il n'y aurait pas douze candidats, mais onze !", soupire-t-il. "On ne nous fera pas taire !", s'exclame Gérard Schivardi dans son spot officiel de campagne. Pour la télévision, le "candidat de maires pour la défense des 36 000 communes" pose sur la place de la République à Paris, au milieu du trafic et des klaxons. On peut imaginer décor plus bucolique. Lui aussi entonne, dans ses meetings, la complainte de la ruralité. "On nous ferme le bureau de Poste, l'école, la gendarmerie, la perception..." Quelques maires ruraux sont bien présents à la tribune. Mais le public de Gérard Schivardi est plutôt urbain, composé pour une bonne part de syndicalistes de la fonction publique. BATTRE LES VERTS Comment le maire de Mailhac, village audois de 400 habitants, peut-il faire la jonction entre la défense de la ruralité et le programme anti-capitaliste et anti-européen du Parti des travailleurs ? L'ancien maire du village, Henry Bousquet, croit détenir la clé du personnage. "Tout petit, on l'appelait déjà l'idole, explique-t-il dans les colonnes du Midi libre (8 avril). Il roulait des mécaniques, un orgueilleux. Je l'ai soutenu pour ma succession, mais il parle trop et il dit des bêtises." Aux dernières nouvelles, les habitants de Mailhac, qui observent avec perplexité les frasques parisiennes de leur maire, sont rassurés : il a promis de restaurer la toiture de l'église. CPNT se donne pour objectif de battre les Verts. Réalisable à ses yeux au regard des scores de Dominique Voynet dans les sondages. Malgré l'usage immodéré de la méthode Coué - "Dominique fait une bonne campagne et les sondages ne reflètent pas la réalité du vote écolo" - la candidate Verte est créditée d'un score entre 1 % et 2 % dans les sondages. Alors, dans cette dernière ligne droite, elle fait feu de tout bois pour exister. Une petite visite, lundi 16 avril, au siège d'une coopérative des Pyrénées-Atlantiques, occupée par plusieurs dizaines de militants anti-OGM. José Bové était passé la veille. Une conférence de presse sur le pouce, mardi, avec ses soutiens régionalistes du mouvement Régions et peuples solidaires. La sénatrice de Seine-Saint-Denis a du mal à convaincre de l'originalité de sa candidature. Le succès médiatique de Nicolas Hulot a fait du mal : l'animateur de télévision semble avoir accrédité l'idée qu'il n'y avait plus besoin d'un parti écologiste. Le profil "gestionnaire" et raisonnable de la candidate, son passif au sein de la gauche plurielle ont sans doute aussi pesé. Du coup, le vote utile semble jouer à plein. Dominique Voynet ne s'y trompe guère, elle qui ne cesse de clamer qu'elle a "un rôle dans cette pièce que personne ne (tiendrait) si (elle n'était) pas là". § Crâne rasé de frais, bombers sur le dos, grosses chaussures noires coquées aux pieds, il porte la tenue du skin, comme nombre de participants - jeunes et moins jeunes - au meeting de Jean-Marie Le Pen dimanche 15 avril au Palais des sports de Paris. § C râne rasé de frais, bombers sur le dos, grosses chaussures noires coquées aux pieds, il porte la tenue du skin, comme nombre de participants - jeunes et moins jeunes - au meeting de Jean-Marie Le Pen dimanche 15 avril au Palais des sports de Paris. Sébastien Jean est arrivé avec une bande de copains. Ils ont sympathisé avec d'autres "camarades" - c'est le terme qu'il utilise - et pris une bière en attendant le début de la réunion. Agent de sécurité dans une usine dijonnaise - "payé au smic pour des horaires à la con", précise-t-il au passage -, il est membre depuis quatre ans du Front national. Ses parents étaient communistes mais, précise-t-il avec une pointe de fierté, "je les ai fait voter FN". Sébastien Jean, 20 ans, en a "ras le bol que lorsque l'on travaille et que l'on est français, on ait droit à moins que le premier clampin qui franchit nos soi-disant frontières pour venir s'installer chez nous". "Nous, les prolos, on est les oubliés, les laissés-pour-compte : personne n'en a rien à foutre de nous", renchérit l'un de ses amis par-dessus son épaule. "D'accord, reprend Sébastien Jean, il y a des immigrés qui bossent mais on peut quand même dire que 80 % ne font que profiter du système. Alors, ne me parlez pas de discrimination positive ; de toute façon, il n'y a pas de discrimination qui puisse être positive." Cette campagne électorale qui s'achève s'est, selon lui, "super bien passée". "Hier encore, quand on collait des affiches sur un pont, on a vu des routiers nous faire des appels de phares et klaxonner pour nous encourager." "NI FRONTISTE, NI LEPÉNISTE ; JEAN-MARISTE." Il aime manier la dialectique, Michel Bergagnini. Bien qu'il admette ne pas avoir l'âme militante, ce Parisien de 28 ans tient à se joindre aux rassemblements du FN "dans les grandes occasions". Voilà pourquoi il assiste au meeting de Jean-Marie Le Pen dans l'enceinte du Palais des sports. "La dernière fois que je suis venu, se souvient-il, c'était en 2002." Plus barrésien que lepéniste, ce jeune homme, qui choisit ses mots avec minutie, considère qu'identité nationale et immigration "peuvent présenter des zones de recouvrement mais ne se diluent pas l'une dans l'autre". "Une fois acquise la nationalité française, estime-t-il, l'étranger devient un Français à part entière." "Compagnon de route" du FN, Michel Bergagnini se dit "nationaliste, tout simplement". "Un concept que j'oppose à celui de mondialisation et de construction européenne fondée sur le fédéralisme ; la nation doit récupérer d'urgence les éléments de souveraineté, y compris dans le domaine monétaire, qu'elle a perdu depuis le traité de Rome." Le président du FN, constate ce salarié du privé, est le mieux placé pour faire aboutir ses idées. "Nous aurons un deuxième tour Le Pen-Sarkozy, annonce-t-il, et c'est un peu dommage ; je préférerais un vrai duel droite-gauche entre Le Pen et Ségolène Royal." Contrairement à la plupart des sympathisants FN, Michel Bergagnini ne cloue pas au pilori le candidat de l'UMP. "Je lui sais gré d'avoir contribué à "droitiser" l'opinion. C'était nécessaire." Francine Lavanry ne regrette pas d'avoir quitté le bar-billard qu'elle tenait avec son mari, à Orléans. "Dans la clientèle, j'avais de tout. Des jaunes, des basanés, des noirs. Il fallait les tenir, avoir une main de fer parce que 90 % des problèmes que j'ai connus, c'était à cause de clients étrangers. Vous savez, ajoute-t-elle, ça me désole de dire ça. Franchement, je n'aurais pas cru." Aujourd'hui, cette petite femme de 53 ans habite dans l'Orne, à une quarantaine de kilomètres d'Alençon et donne beaucoup de temps au Front national. "Dans ma campagne normande, le vote FN progresse, même s'il n'y a pas beaucoup d'étrangers alentours. C'est parce que les gens qui ont fui la ville pour venir vivre tranquilles par ici n'ont pas envie d'être rattrapés par toutes ces histoires de délinquance", assure Francine Lavanry, qui porte fièrement à la boutonnière le pin's lumineux "Le Pen président". Lui aussi militant FN dans l'Orne, Lionel Stiefel, un ambulancier de 45 ans, fait le lien entre son engagement frontiste de longue date et ses vingt ans passés en banlieue, dans le Val-d'Oise. "J'ai été menacé, agressé je ne sais combien de fois, traité de face de craie. C'était un enfer. Pour aller travailler à Paris, il fallait prendre la voiture car on ne pouvait plus emprunter les transports en commun." "Je ne suis pas raciste pour un sou, prévient-il, mais il y a des étrangers qui n'aiment pas les blancs. Il faudrait pourtant qu'ils respectent ceux qui ont bâti ce pays." § Suite de la série sur les candidats vus par la presse étrangère. Sophie Pedder, chef du bureau de l'hebdomadaire britannique "The Economist" à Paris, se demande si le candidat de l'UMP est en cohérence avec l'homme politique réformateur d'hier. § I l y a cinq ans, un Alien politique a surgi sur la scène publique française. A peine nommé ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy parcourt le pays dans tous les sens, avec une énergie et une constance jamais démentie. Hyper-actif mais infatigable, volubile mais refusant la langue de bois, il rêve d'être le champion d'une nouvelle manière de gouverner. Les Français sont subjugués. Quelques semaines à peine après sa prise de fonctions Place Beauvau, sa popularité atteint des sommets. Parcours 1955. Naissance à Paris. 1974. Adhère à l'UDR ; soutient Jacques Chaban-Delmas à la présidentielle. 1983. Maire de Neuilly-sur-Seine, à l'âge de 28 ans. 1993. Ministre du budget dans le gouvernement de cohabitation de Balladur. 1995. Soutient Edouard Balladur au premier tour de l'élection présidentielle. 2002-2007. Occupe les ministères de l'intérieur et de l'économie. Dès ses débuts, à la convention UDR de Nice, le militant âgé de 20 ans, en lançant son fameux "Etre gaulliste, c'est être révolutionnaire", offre à son public l'un des aspects les plus séduisants de son caractère : une énergique détermination à faire bouger les choses. Balayant les idées reçues, intrépide face aux conservatismes, ce Nicolas Sarkozy-là a foi en ses convictions : l'effort doit être récompensé, la liberté d'entreprendre favorisée, le travail valorisé et l'initiative encouragée. En outre, son approche pragmatique et postidéologique rompt avec la pensée unique franco-française : si la Grande-Bretagne connaît un faible taux de chômage, Nicolas Sarkozy veut en comprendre les causes ; et si les Etats-Unis parviennent à promouvoir les minorités ethniques, de la même manière il en tirera un enseignement. Tout comme Tony Blair, il ne s'encombre pas des clivages politiques. Si un concept de gauche tel que la suppression de la double peine lui paraît équitable, il le reprend à son compte sans états d'âme, contrepoint de sa politique sécuritaire. "Enfin un homme politique français avec lequel on peut travailler", confie à cette époque un diplomate britannique. Il est certain que Nicolas Sarkozy n'a jamais été le libéral convaincu ou le blairiste que les Anglo-Saxons aiment à penser qu'il est. L'interventionnisme industriel (Alstom) et le patriotisme économique (Sanofi-Aventis) qu'il mit en place en 2004, alors patron de Bercy, ne trouvèrent guère grâce aux yeux de Tony Blair. Cependant, pour les observateurs anglo-saxons, témoins de la paralysie de la scène politique française, Nicolas Sarkozy semblait avoir compris comment revigorer l'économie hexagonale. Mais, au fond, le candidat d'aujourd'hui est-il cohérent avec l'homme politique d'hier ? Est-ce bien le même qui fustige la surévaluation de l'euro, cause selon lui des difficultés de l'industrie française ? Est-ce bien le même qui souhaite - une absurdité - "moraliser le capitalisme", qui parle plus de protection que de croissance, et qui menace de sanctions les entreprises qui délocalisent ? Est-ce bien le même qui multiplie les promesses électorales, décrédibilisant son objectif de baisser les prélèvements obligatoires ? Pourquoi le candidat a-t-il escamoté sa proposition de discrimination positive, tout en abandonnant sa politique équilibrée entre justice et fermeté, à propos de l'immigration et de l'intégration ? Bref, est-il le théoricien de la rupture ou plutôt un praticien du clientélisme économique ? Est-il l'homme qui affirme, le 14 janvier 2007, "J'ai changé", ouvrant ses bras à tous les Français, ou celui qui menace : "Ceux qui n'aiment pas la France ne sont pas obligés d'y rester" ? Le véritable Nicolas Sarkozy reste difficile à décrypter. Les motivations de ses vingt-cinq années d'activité politique semblent moins arc-boutées à une idéologie qu'à un désir manifeste d'exister dans la différence, qu'au besoin inapaisable de laisser son empreinte, celle d'un jeune homme, comme il l'a écrit, "prêt à tout sacrifier à son ambition". Qui sait d'où provient sa farouche détermination ? Exigence de réussite d'un fils d'immigré ? Humiliations subies pendant l'enfance ? Volonté de contredire la prédiction paternelle : "Avec le nom que tu portes et les résultats que tu obtiens, jamais tu ne réussiras en France" ? Quelles qu'en soient les origines, les valeurs qui le conditionnent, Nicolas Sarkozy veut les voir opérantes chez les autres : travail, mérite, responsabilité. Bien qu'il ait grandi à Neuilly-sur-Seine, les circonstances familiales, après l'abandon du père, l'ont démarqué socialement de son milieu bourgeois. Le "petit Français au sang mêlé", comme il aime à se définir, sans appui politique, sans fortune, sans badge de l'ENA, a gravi tous les échelons grâce à son intuition politique, son énergie, sa volonté... et son opportunisme insolent. En 1983, après la mort soudaine d'Achille Peretti, il ravit la mairie de Neuilly au nez de son mentor, Charles Pasqua. Il réitère son exploit, prenant d'assaut la présidence de son parti en 2004, comme l'avait fait trente ans plus tôt Jacques Chirac. Les désastres - l'échec à la présidentielle de 1995 d'Edouard Balladur, qu'il soutint, alors qu'il était ministre du budget, et ses résultats rachitiques aux élections européennes de 1999 - lui ont donné une détermination d'acier. Placardisé par la chiraquie après l'élection de 1995, Nicolas Sarkozy a nourri un désir de revanche, celui de lui démontrer qu'elle avait tort. Fort de sa propre réussite, cet authentique méritocrate semble prêt non seulement à s'attaquer à la bastille des privilèges, férocement défendue en France, mais aussi à se battre pour l'égalité des chances. On veut le croire lorsqu'il appelle de ses voeux la mise en place de l'ascenseur social, rêvant à ce que la société américaine a accompli de plus exemplaire en matière de discrimination positive, par exemple avec la réussite de Colin Powell ou de Condoleezza Rice. Ainsi, à juste raison, peut-on regretter la manière avec laquelle Nicolas Sarkozy a tempéré son zèle réformiste et droitisé son discours pendant cette campagne. Son courage n'est pas à mettre en doute - les Français se souviennent du sang-froid du maire de Neuilly pendant la crise des enfants otages -, ni sa pugnacité ni son engagement tonitruant - ses colères sont impressionnantes pour qui en est témoin. Mais ce qui pourrait lui coûter cher, c'est son incapacité à projeter une image chaleureuse, celle d'un "nice guy". Face au populisme de droite et de gauche, moteur de la campagne présidentielle 2007 et à la surenchère de promesses électorales, Nicolas Sarkozy saura-t-il imposer sa différence dans la rigueur afin de résister à la facilité ? "Le mensonge durant la campagne se paie au prix de l'immobilisme durant le mandat", a-t-il écrit dans Témoignage. La lucidité de l'auteur d'hier ne vaut-elle plus pour le candidat d'aujourd'hui ? _ Prochain article : Gérard Schivardi § Vendredi, une centaine de salariés de JDC Imprimerie et LSG-Gate-Gourmet souhaitaient se rendre à Meaux pour interpeller M. Sarkozy. C'était sans compter sur un imposant dispositif policier. § N icolas Sarkozy bénéficie-t-il d'un régime policier de faveur lors de l'organisation de ses réunions publiques ? Vendredi 13 avril, le candidat UMP était en déplacement à Meaux (Seine-et-Marne). Il devait rencontrer des habitants du quartier populaire de Beauval, puis tenir un meeting. A cette occasion, une centaine de salariés des entreprises JDC Imprimerie et LSG-Gate-Gourmet, sous la menace de licenciements massifs, souhaitaient se rendre à Meaux pour interpeller M. Sarkozy. C'était sans compter sur un imposant dispositif policier : 320 personnes, dont plus de 200 membres des forces mobiles. Michèle Guzman, responsable départementale du Parti communiste, accompagnait les salariés de LSG, auxquels le PCF avait fourni un bus. "Une voiture de police nous attendait à la sortie de l'usine, dit-elle. Cinquante mètres plus loin, trois motards nous ont demandé de nous mettre sur le bas-côté." Il était près de 18 heures. Officiellement, il s'agissait d'un banal contrôle routier. Les policiers se sont contentés de prendre les papiers du véhicule, selon Mme Guzman. "Ça ressemblait à une méchante provocation, poursuit-elle. On a fait prévenir la préfecture, qui nous a fait savoir que tout cela relevait du ministère de l'intérieur." Le bus n'a été autorisé à partir qu'à 20 h 30."ILS ÉTAIENT PLUS NOMBREUX QUE NOUS" Une mésaventure identique est survenue au deuxième bus, parti de JDC. Après un premier contrôle à la sortie de l'usine, il a été arrêté par deux motards, au moment d'entrer sur l'autoroute. Devant les protestations des passagers, les policiers ont accepté de les escorter jusqu'à Meaux. Ils n'y sont jamais arrivés. Le bus a été de nouveau stoppé dans une petite commune, où des renforts policiers avaient été postés, notamment une compagnie républicaine de sécurité. "Ils étaient plus nombreux que nous, explique Jean-Paul Brinon, délégué intersyndical CGT-FO dans l'usine. On a eu le droit pendant deux heures et demie à une garde à vue en pleine campagne, sans aucun motif." Selon la direction centrale des CRS, les consignes avaient été données par la direction départementale de la sécurité publique (DDSP), sous l'autorité du préfet. La DDSP, elle, renvoie sur le ministère. Dans l'entourage du candidat, on affirme n'être informé que du dispositif policier autour du lieu de meeting. "Pour le reste, ça relève de la préfecture", dit-on. Le lendemain de ces événements, M. Sarkozy tenait une réunion publique sur la place de la mairie de Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse). Cette fois, pas de bus à intercepter ; simplement une dizaine de perturbateurs, peu décidés à écouter l'appel à la mobilisation lancé par le candidat à la "majorité silencieuse". Repérés par le service d'ordre de l'UMP et les gendarmes, ils ont été écartés le temps du discours. "Il n'y a pas eu d'interpellations, juste des contrôles d'identité pour prévenir tout trouble à l'ordre public, explique Guy Parayre, directeur général de la gendarmerie nationale. En cette période électorale délicate, on fait preuve d'une vigilance préventive dès qu'il y a un rassemblement important, et ce pour tous les candidats de premier plan." § Selon le magazine économique "Challenges", le ministre de l'économie serait personnellement intervenu pour que l'ancien PDG d'EADS puisse toucher ses indemnités de départ. § S elon des informations publiées, mercredi 18 avril, par le magazine Challenges, le ministre de l'économie, Thierry Breton, serait personnellement intervenu, contre l'avis du conseil d'administration d'EADS, pour que l'ancien PDG, Noël Forgeard, puisse bénéficier de ses indemnités de départ. D'un montant de 8,5 millions d'euros, celles-ci ont provoqué un tollé, que les candidats à la présidentielle ont largement relayé. Sur son site Internet, Challenges affirme, sans pour autant citer de sources, que "tant Arnaud Lagardère que Manfred Bischoff, représentant de DaimlerChrysler au conseil d'administration du groupe, souhaitaient que Forgeard fasse place nette sans se prévaloir de son parachute doré". Le conseil aurait opté pour un licenciement pour fautes, ce qui, ajoute le magazine, aurait inévitablement entraîné un recours en justice de M. Forgeard et une exposition des différends franco-allemands au sein du groupe aéronautique européen. Afin d'arrondir les angles, M. Breton aurait alors imposé "un règlement négocié", avec l'aide du publicitaire Maurice Lévy. "Son rôle a consisté à convaincre Noël de partir et à convaincre les actionnaires d'accepter une séparation à l'amiable", poursuit le magazine, citant un proche du dossier. ARNAUD LAGARDÈRE RECONNAÎT LE POIDS DE L'ÉTAT DANS EADS Un porte-parole du ministère de l'économie et des finances s'est empressé de qualifier de "totalement infondées et totalement erronées" ces "allégations concernant le rôle supposé de l'Etat", ajoutant que l'Etat français n'est"pas représenté au conseil d'administration d'EADS, conformément au pacte d'actionnaires conclu en 2000 sous le gouvernement de M. Jospin". S'il est vrai que les intérêts français sont officiellement portés au sein du conseil par le groupe Lagardère, l'Etat français n'est pas pour autant absent des décisions importantes. C'est ce qu'affirme pour sa part Arnaud Lagardère, autre acteur du feuilleton EADS, dans un entretien au Point à paraître jeudi 19 avril. En évoquant la déconfiture de l'industrialisation de l'Airbus A380 et l'éviction de M. Forgeard, M. Lagardère estime que l'"on passe un peu vite sur d'autres facteurs, comme (...) le rôle de l'Etat". "Toutes les décisions majeures étaient préalablement soumises et présentées depuis 2000 à l'Etat au sein de la holding Sogeade", explique-t-il, faisant référence à cette société qui détient l'ensemble des parts françaises : les 15 % de l'Etat et les 15 % de Lagardère, dont 7,5 % en cours de cession. Cette "horlogerie fine", selon l'expression du Point, fait l'objet de différences d'interprétation. Pour M. Lagardère, "l'Etat est représenté au conseil d'EADS", puisque "nous, les actionnaires privés, n'avons pas un mandat de gestion sans contrôle de l'Etat". LE PS DEMANDE LES EXPLICATIONS DE M. BRETON Le premier secrétaire du PS, François Hollande, qui avait déjà émis, lundi, l'hypothèse de l'existence d'"un accord formel ou informel, écrit ou verbal, de la part du ministère de l''économie", a demandé la démission de Thierry Breton"s'il était avéré" qu'il "avait bien donné son accord" aux indemnisations de Noël Forgeard. "S'il est en effet confirmé que, comme nous le pensons, il y a bien eu accord du gouvernement et notamment de M. Breton, c'est une responsabilité très grave qui aurait été prise par le gouvernement UMP", a-t-il poursuivi, demandant "une nouvelle fois que M. Breton fournisse toutes les explications". § Pour que "la loi du profit" ne l'emporte pas dans la grande distribution, la candidate du PS s'est déclarée prête mercredi à engager un "rapport de force" avec ce secteur, accusé d'engendrer un "nouveau prolétariat féminin". § P our que "la loi du profit" ne l'emporte pas dans la grande distribution, Ségolène Royal s'est déclarée prête, mercredi 18 avril, à engager un "rapport de force" avec ce secteur commercial, qu'elle a accusé d'engendrer un "nouveau prolétariat féminin". En visitant au débotté un supermarché Champion du 13e arrondissement de Paris à la mi-journée, la candidate socialiste s'est offert une tribune au confluent de la plupart de ses mots d'ordre de campagne entre travail des femmes, préoccupations de la vie quotidienne, travailleurs pauvres et envolées contre le grand capital. "Il y a un rapport de force à faire avec la grande distribution", a affirmé Ségolène Royal, lors d'une brève déclaration à la presse effectuée avant le déplacement. Le secteur suit selon elle une "logique d'élimination des salariés". "DE L'ARGENT, IL Y EN A" "Compte tenu de ses profits et du caractère insolent des rémunérations" de ce secteur, les grandes surfaces doivent "montrer l'exemple", a-t-elle insisté. La candidate a particulièrement visé le groupe Carrefour. L'ancien PDG Daniel Bernard avait touché une indemnité globale de départ de neuf millions d'euros auquel s'ajoutait une "retraite chapeau" de près de 30 millions d'euros. Une somme "révoltante", selon la candidate qui a souligné qu'elle "représentait 2 500 emplois". Mme Royal précise sa vision du "vice-premier ministre du développement durable" Ce ministre, suggéré par Nicolas Hulot dans son Pacte écologique, aurait pour tâche d'analyser les conséquences des propositions des ministères et d'essayer de les mettre "en synergie", si Ségolène Royal était élue. Il serait aussi "chargé de l'aménagement du territoire, tant les décisions dans ce domaine conditionnent la structuration d'une société plus ou moins durable", précise la candidate, interrogée par l'hebdomadaire Politis. Le poste de ministre de l'environnement serait conservé. Mme Royal souligne aussi que pour faire face à la crise écologique, il faudra aller "bien au-delà de la seule application des lois existantes" et "promouvoir une réflexion de fond sur la qualité de la croissance", en redéfinissant les modes de production et de consommation et "en utilisant moins d'énergie, d'eau et de matière première". "Cette économie de sobriété sera aussi un facteur de performance pour nos entreprises", souligne-t-elle. - (Avec AFP) Ségolène Royal a slalomé entre les rayons pendant une demi-heure, s'informant des avantages et des inconvénients des caisses automatiques, de la durée des pauses ou du trajet pour venir au travail. Ces attaques contre la grande distribution, surviennent après toute une série de "marqueurs" - visuels ou sémantiques - très à gauche dans la dernière ligne droite de la campagne de Ségolène Royal. Celle-ci a rencontré des ouvriers en grève de PSA Peugeot-Citroën le 2 avril, puis tiré le lendemain d'une nouvelle salve contre les banques, qui s'est ajoutée à ses citations répétées du cas de Noël Forgeard, le dirigeant d'EADS "parti avec la caisse". Pendant toute la visite, Mme Royal a mis en avant certaines des "cent propositions" comme le remboursement des aides publiques si une entreprise licencie, la "sécurité professionnelle", le droit à la formation tout au long de la vie et le renforcement du dialogue social. "Le salariat féminin, c'est le prolétariat d'aujourd'hui et leurs préoccupations ne sont pas prises en compte (...) C'est de ma responsabilité de réagir", a souligné Ségolène Royal. La candidate a souligné que 80 % des employés du supermarché de l'avenue d'Italie sont des femmes et que "70 % des travailleurs pauvres" sont des femmes, se posant en rempart contre "le libéralisme le plus rustique". § Le candidat de la LCR est venu, mercredi, gare d'Austerlitz soutenir les employés chargés du nettoyage des trains – qu'il a qualifiés de "soutiers" –, en grève depuis près d'un mois. § L e candidat de la LCR est venu, mercredi 18 avril, gare d'Austerlitz, soutenir les employés chargés du nettoyage des trains, en grève depuis près d'un mois. Il a salué la "détermination" des "soutiers" de TSI-Advantys, dont une cinquantaine s'étaient rassemblés pour l'occasion, et dénoncé leurs "conditions de travail et la complicité de la SNCF", qui a recours à leurs services. L'entreprise ferroviaire est "hors-la-loi", a lancé le candidat de la LCR. "POUVOIR TRAVAILLER À TEMPS PLEIN" "Derrière toutes les prestations (de service public) auxquelles on a accès quand on va à La Poste ou quand on va à la SNCF, il y a des tas de soutiers" employés par des sous-traitants, a déclaré M. Besancenot, lui-même facteur. "On les paie au lance-pierres, on les empêche de pouvoir faire respecter les réglementations sociales", a-t-il estimé. "Nicolas Sarkozy dit qu'il faudrait travailler plus longtemps pour gagner soi-disant plus d'argent. Mais il y a des gens qui simplement voudraient pouvoir travailler à temps plein et qui subissent des temps partiels imposés et aussi des menaces de licenciement", a ajouté M. Besancenot. § Pour la première fois cette année, 1,5 million d'électeurs délaisseront les traditionnels bulletins de vote pour des machines à voter électroniques. § § Lors d'un point-presse mercredi 18 avril, le socialiste Dominique Strauss-Kahn a sommé François Bayrou de cesser de le citer comme un de ses potentiels premiers ministres. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le Réseau éducation sans frontières a dénoncé, mercredi, l'intervention de la police dans un atelier de confection clandestin d'Aubervilliers. Un enfant de 2 mois a trouvé la mort dans des circonstances non élucidées. § L e Réseau éducation sans frontières (RESF) a dénoncé, mercredi 18 avril, l'intervention de la police dans un atelier de confection clandestin d'Aubervilliers, lundi. "Vers 15 heures, plusieurs dizaines de gendarmes arrivés dans une armada de fourgons sont intervenus de façon extrêmement brutale : portes défoncées, hurlements, cavalcades", dénonce le texte. "Il ont poursuivi des gens dans la rue, les ont menottés devant le centre de loisirs, devant les enfants", s'exclame Liliane Balu, élue communiste d'Aubervilliers. "Ils ont tout cassé, les portes de l'atelier, des appartements, tout était défoncé", raconte Brigitte Wiesler, militante de RESF, qui s'est rendue sur les lieux après l'intervention de la police. Au moins 21 sans-papiers chinois, pour la plupart des femmes, ont été arrêtés, dont plusieurs mineurs emmenés en centre de rétention avec leur famille. "Plusieurs des personnes arrêtées ont des enfants scolarisés à Paris et à Aubervilliers, ajoute Brigitte Wiesler, deux mineurs de 10 ans et 1 an ont été envoyés en centre de rétention." MORT D'UN ENFANT DE 2 MOIS "Un bébé de 2 mois dont la chambre jouxtait l'atelier est décédé", ajoute le communiqué. "On reste prudents, explique Liliane Balu, on ne sait pas si le décès est dû à des violences, du stress." Après la descente de police, l'enfant a été retrouvé inanimé et emmené à l'hôpital, où le décès a été constaté. Les parents de l'enfant seraient en situation régulière et ne travailleraient pas dans l'atelier clandestin. RESF demande une enquête médicale pour connaître "la vérité sur les circonstances du décès du bébé". Et dénonce "le mélange des genres". Pour Brigitte Wiesler, "qu'on lutte contre le travail clandestin, très bien ! Mais là, il s'agit d'un alibi pour rafler des sans-papiers". § A l'approche des élections législatives en Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes tablent sur l'unité pendant que la droite non indépendantiste se déchire. § A l'approche des élections législatives en Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes tablent sur l'unité pendant que la droite non indépendantiste se déchire. L'union n'est pas encore faite dans les rangs du Front de libération nationale Kanak socialiste (FLNKS) mais "l'état d'esprit est là", assure Wassissi Konyi, membre du bureau politique du Palika (Parti de libération kanak), l'une des composantes du FLNKS. "Notre souci est de nous acheminer vers des candidats uniques", renchérit Pascal Naouna, président de l'Union calédonienne, l'autre poids lourd de la coalition indépendantiste. Les deux partis ont déjà, chacun de son côté, désigné leurs candidats et le 1er mai, à Koné, une convention doit faire émerger deux noms, pour les deux circonscriptions calédoniennes. Dans la deuxième, la seule gagnable par les indépendantistes, Jean-Pierre Djaiwé (Palika), vice-président de la province Nord, semble favori. Le FLNKS est en effet divisé et incapable de se trouver un président depuis 2001. Aux élections provinciales de 2004, les indépendantistes n'ont obtenu aucun siège dans le Sud et le FLNKS voit depuis lors se développer sur sa gauche une mouvance kanak altermondialiste et écologique. "On est inquiets et il faut tirer les leçons du passé", affirme Pascal Naouna. L'absence de relais à l'échelon national constitue un handicap pour les indépendantistes, dont le dernier député, Roch Pidjot (UC), a quitté l'Assemblée nationale en 1986. A l'approche des échéances cruciales que sont les transferts de compétences (enseignement secondaire, sécurité civile) et la préparation de la sortie de l'accord de Nouméa entre 2014 et 2018, le FLNKS veut "nourrir des relations dans le temps pour faire passer (ses) idées en métropole". Dans cette logique, toutes les composantes ont d'ailleurs appelé à voter pour Ségolène Royal. ETATS-MAJORS PARISIENS "ATTERRÉS" L'unité pourrait être payante dans la deuxième circonscription (banlieue de Nouméa et intérieur de la Grande-Terre). En 2002, alors que l'UC avait boycotté le scrutin, Paul Néaoutyine, candidat du Palika, n'avait échoué que de 3 000 voix face à Pierre Frogier (UMP). Or, cette année, sans compter le FN, au moins trois candidats seront en lice à droite. La droite non indépendantiste se trouve atomisée. "Le 9 mai 2004, la défaite de Jacques Lafleur (aux élections provinciales) a été un séisme électoral et politique. Il y a encore des répliques. La recomposition s'imposera autour des forces qui vont émerger", commente Pierre Maresca, candidat malheureux des primaires du Rassemblement-UMP en octobre 2006. Il a décidé de se lancer après avoir dénoncé un scrutin "truqué", en faveur de son rival, Gaël Yanno, premier adjoint à la mairie de Nouméa et officiellement investi par l'UMP. A L'Avenir ensemble, conglomérat de droite à la tête du gouvernement depuis 2004, les primaires ont aussi semé la pagaille. L'UDF Didier Leroux, à qui l'on avait promis l'investiture, a finalement vu Philippe Gomes, le président UMP de la province Sud, obtenir l'investiture. S'estimant trahi, M. Leroux décidera s'il doit se présenter après la présidentielle, en fonction du score de François Bayrou. A 75 ans, Jacques Lafleur (UMP), élu dans la première circonscription depuis 1978, a annoncé sa candidature samedi 14 avril, à l'occasion du congrès fondateur de son nouveau parti, le Rassemblement pour la Calédonie (RPC), présidé par le sénateur (UMP) Simon Loueckhote. Le compteur affiche donc pour l'instant quatre, voire cinq candidats à droite (hors FN) dans la première circonscription (Nouméa et les îles). En métropole, les états-majors parisiens de l'UMP se gardent d'arbitrer la débandade calédonienne. "Atterrés, ils attendent le résultat des courses", confie un élu. § Qui succèdera à la très convoitée présidence du conseil général des Hauts-de-Seine, si Nicolas Sarkozy est élu président de la République le 6 mai ? Le sujet est tabou parmi les 24 élus du groupe UMP et apparentés, majoritaires, avec leurs collègues UDF, dans l'hémicycle à Nanterre. § Q ui succèdera à la très convoitée présidence du conseil général des Hauts-de-Seine, si Nicolas Sarkozy est élu président de la République le 6 mai ? Le sujet est tabou parmi les 24 élus du groupe UMP et apparentés, majoritaires, avec leurs collègues UDF, dans l'hémicycle à Nanterre. Jacques Chirac, après son élection à l'Elysée en mai 1995, était resté conseiller de Paris le temps que la municipalité, juridiquement au complet, puisse élire au fauteuil de maire Jean Tibéri. Ce scénario pourrait s'appliquer à la présidence des Hauts-de-Seine. Pour élire un nouveau président, l'assemblée départementale devra être au complet de ses 45 membres. Aujourd'hui, " personne n'en parle mais tout le monde y pense ", souligne un haut fonctionnaire du conseil général. Plusieurs noms possibles circulent déjà dans les couloirs de l'hôtel du département. Les favoris. Patrick Devedjian, député UMP du 92, est vice-président du conseil général en charge des transports. Sa proximité avec Nicolas Sarkozy, dont il est l'un des principaux lieutenants, le placent en bonne position pour lui succéder... s'il ne redevient pas ministre après le 6 mai on évoque la Justice pour cet avocat. L'ancrage local de Jean-Jacques Guillet, député et président du groupe UMP au conseil général, où il fut élu en même temps que Nicolas Sarkozy, en 2004, en fait aussi un favori. C'est à cet ancien proche de Charles Pasqua que le candidat a confié les clés du département le plus riche de France. Très politique, M. Guillet a su faire le lien entre les conseillers généraux pasquaïens et les nouveaux sarkozystes, et mettre en musique la politique départementale, dont Nicolas Sarkozy a fait une sorte de laboratoire de ce pourrait être son action présidentielle. Le "bunker" de l'hôtel du département a résisté aux coups de boutoir des élus de gauche sur les dossiers du logement, du Pôle universitaire de Vinci ou de la coopération internationale. Les outsiders. Curieusement, le 1er vice-président, Jacques Gautier, se classe dans cette catégorie. Certes le maire UMP de Garches remplace le président, de plus en plus absent, au perchoir de Nanterre. Mais beaucoup le considèrent "trop gentil" pour tenir le conseil général et son administration de 5 000 fonctionnaires territoriaux. Ce fidèle de Nicolas Sarkozy a déjà été récompensé, en juillet 2006, par la présidence de l'Epad, l'établissement public d'aménagement de la Défense. On lui prédit plutôt un avenir au Sénat. Autre outsider, le vice-président aux affaires sociales, Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital Beaujon, à Clichy, s'est vu confier l'important portefeuille de la cohésion sociale, soit le tiers du budget départemental, ainsi que la présidence de la commission santé à l'UMP. L'ascension de ce quadra (43 ans) dans l'entourage du candidat suscite des jalousies, et il manque d'expérience politique. Et les femmes ? Une au moins se verrait bien à la tête du conseil général : Isabelle Balkany, vice-présidente aux affaires scolaires. L'épouse du maire de Levallois le fait savoir. Mais son nom ramène irrémédiablement aux souvenirs des années 80, lorsque les époux Balkany, conquérants de Levallois, menaient grand train aux frais de la mairie, avant de finir en justice. Réélue conseillère générale en 2004, Isabelle Balkany s'est attelée avec énergie aux dossiers des collèges et de la politique éducative. Mais elle ne fait pas l'unanimité parmi ses collègues de droite. § Laurence Parisot prépare l'après-élection et présente ses propositions de réforme de la représentativité syndicale. Son discours est amoindri par les indemnités des dirigeants. § L e Medef dresse un "bilan d'étape très satisfaisant de sa participation à la campagne présidentielle". A l'issue du conseil exécutif de l'organisation patronale, sa présidente, Laurence Parisot, a exprimé, mardi 17 avril, le sentiment des chefs d'entreprise d'avoir été entendus des candidats. Même si elle considère qu'"aucun n'a compris que le libéralisme était facteur de progrès social", elle a relevé, dans Les Echos, que "tous, avec des expressions différentes, ont souligné le rôle de l'entreprise. C'est très positif". Ce jugement somme toute optimiste est entaché par l'embarras suscité après la relance de la polémique sur les rémunérations des dirigeants et l'annonce des indemnités de départ perçues par Noël Forgeard, ancien président d'EADS, ou Serge Tchuruk, d'Alcatel. Après s'être donné quelques jours de réflexion, Laurence Parisot, "stupéfaite" dans un premier temps, a aussitôt lancé une mise en garde contre toute menace de légiférer, comme l'ont suggéré la plupart des candidats à l'élection présidentielle. "Je comprends cette tentation. Ce n'est pas si simple. Quel est le coup d'après ?", a-t-elle expliqué. Le Medef considère donc que les règles et recommandations élaborées en janvier avec l'Association française des entreprises privées (AFEP) sont suffisantes. A condition qu'elles soient "strictement respectées, dans l'esprit et dans la lettre" et que les comités de rémunération soient majoritairement composés d'administrateurs indépendants et "courageux". "Je lance un appel solennel pour que les conseils se mettent en conformité", a martelé Mme Parisot. REPRÉSENTATIVITÉ DES SYNDICATS Sans attendre les résultats de l'élection, le Medef a décidé d'avancer sur le dossier de la représentativité des organisations, ouvert puis laissé en suspens par Gérard Larcher, le ministre délégué à l'emploi et au travail. Preuve de l'importance accordée à cette réforme, toutes les organisations professionnelles (Medef, CGPME, UPA), les associations des jeunes dirigeants d'entreprises (CJD), le patronat chrétien, Croissance Plus ainsi que les cercles de réflexion de l'Institut Montaigne et l'Institut de l'entreprise, se sont retrouvées pour esquisser les bases d'un nouveau système de relations sociales. Même s'il n'a pas adopté une position commune, le patronat réaffirme qu'il veut privilégier "un syndicalisme fort qui s'installe dans le contractuel, avec un esprit de compromis et de réforme", a précisé la présidente du Medef. En proposant de déterminer les critères de représentativité sur la base des élections dans les entreprises en premier lieu, puis dans les branches et, enfin, par agrégat au niveau national, le Medef semble se rapprocher de la position commune exprimée par les secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT (Le Monde du 5 décembre 2006). Pour le patronat, l'adoption de cette règle suppose que le monopole actuel de présentation au premier tour des élections professionnelles reconnu aux cinq confédérations soit supprimé. Cela nécessite aussi qu'un accord intervienne sur le seuil de représentativité. "Du choix retenu, entre 5 % ou 12 %, dépend la nature du syndicalisme que l'on veut, soit éclaté, soit ouvert à des regroupements ou des alliances", a précisé Mme Parisot. Une alternative à laquelle des organisations minoritaires, comme la CFTC ou la CFE-CGC, ou émergentes, comme l'UNSA et le groupement Solidaires, seront attentives. Au passage, la présidente du Medef recommande la "transparence financière sur les comptes des syndicats". Mais elle exclut aussitôt que la réforme puisse concerner les organisations patronales. § "Sauvons la recherche", à l'origine du mouvement des chercheurs en 2004, critique le programme de Nicolas Sarkozy, et dans une moindre mesure celui de François Bayrou et donne un bon point aux candidats de gauche. § "S auvons la recherche", le collectif à l'origine du mouvement de protestation des chercheurs en 2004, critique les prises de position de Nicolas Sarkozy (UMP) sur la recherche, et dans une moindre mesure celles de François Bayrou (UDF), mais donne un bon point aux candidats de gauche à la présidentielle. Dans La lettre de SLR, datée du 18 avril, le mouvement publie les réponses de sept des candidats, dont les trois principaux, aux questions qu'il leur a posées. Dans un éditorial, SLR dénonce le gouvernement actuel, qui "a pris le contre-pied de nos propositions dans la loi qu'il a fait voter en mars 2006", et estime qu'au vu de ses réponses et d'autres déclarations, Nicolas Sarkozy présente un programme qui "revient à aggraver encore les effets des réformes de ces dernières années".FRANÇOIS BAYROU JUGÉ PAS ASSEZ CLAIR "Sa volonté de détruire les organismes, de ne plus faire que du financement sur projet de court terme, de donner une autonomie sans rivage aux universités, a pour seule conséquence, si ce n'est pour objectif, de mettre toute la recherche publique au service des intérêts privés", écrit SLR. François Bayrou (UDF), quant à lui, "n'est pas aussi clair dans ses intentions que Nicolas Sarkozy" et "le décryptage de ses propositions (...) ne peut se faire qu'en recherchant ses omissions : rien sur les organismes (de recherche), rien sur la remise en cause du Pacte" pour la recherche voté par le Parlement, etc. Sur les points défendus par SLR, en revanche, "tous les candidats qui se réclament de la gauche, au-delà des nuances qui les distinguent (...), se fondent sur les conclusions des Etats généraux de la recherche (tenus à Grenoble en 2004), reprennent les lignes de force de nos propositions". SLR souligne enfin que "l'issue des prochaines élections sera déterminante pour l'avenir de la recherche et de l'enseignement supérieur" et se déclare déterminé à continuer son action "pour permettre l'émergence d'une nouvelle politique (qui), espérons-le, sauvera enfin la recherche". § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § § Plus d'une centaine de fonctionnaires sont sortis de leur droit de réserve, jeudi, en demandant le report de la publication de chiffres dont ils contestent la fiabilité. § U ne centaine de chargés d'études, chercheurs ou statisticiens ont manifesté, jeudi 19 avril, devant le siège de la Direction générale du travail, demandant le report de la publication des chiffres du chômage, prévue le 26 avril, entre les deux tours de la présidentielle. A l'origine de ce rassemblement public, le premier de ce type dans l'histoire des services statistiques français, ordinairement tenus à un devoir de réserve, plusieurs syndicats du ministère de l'emploi, de l'ANPE et de l'Insee. Ils demandent, dans un communiqué commun, "à leurs directions de prendre leurs responsabilités et de ne pas publier l'estimation mensuelle des chiffres du chômage à la fin avril", tout en exigeant la tenue "d'Etats-généraux des chiffres du chômage". "Cette mobilisation, c'est pour que nos collègues restent crédibles", a souligné la secrétaire générale de la CGT-Insee, Julie Herviant. L'estimation établie par l'ANPE "ne reflète plus, depuis 2005, les évolutions du taux de chômage aux normes du Bureau international du travail (BIT)", explique un statisticien de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), ayant souhaité garder l'anonymat. "L'enquête emploi de l'Insee est la seule véritable source pour mesurer le nombre de demandeurs d'emploi, au sens du BIT", ajoute-t-il. Mais ce document n'est qu'annuel et son report par l'Insee, à l'automne, fait que désormais "seuls les chiffres de l'ANPE font foi". "On dénonce l'attitude très partisane de notre direction, qui a décidé de censurer des parties importantes de notre expertise (sur ce document), problématiques pour le gouvernement actuel", poursuit-il. "CELA ARRANGE TOUT LE MONDE, UN CHÔMAGE QUI BAISSE" Pourquoi privilégier une estimation mensuelle qui ne reflèterait pas nécessairement la réalité ? "Compte tenu de l'importance de l'actualité politique en ce moment, il y a de fortes pressions pour que l'on produise des chiffres mensuels", explique ce statisticien, qui participait à la manifestation. "Nous travaillons dans un ministère assez proche du pouvoir. Dans les périodes électorales, nos conditions de travail, en tant que statisticiens, les pressions que nous subissons sont plus importantes, et les enjeux se durcissent", ajoute-t-il. Pourtant, après avoir personnellement expertisé les chiffres de l'ANPE, ce dernier confirme qu'"il y a d'importantes raisons de penser qu'ils ne sont pas valables". Les méthodes utilisées par l'ANPE pour le calcul du taux de chômage mensuel sont mises en causes, et notamment "les modifications apportés à la gestion du calcul du nombre de demandeurs d'emplois", qui peuvent expliquer pourquoi il y en a moins selon l'ANPE qu'aux yeux du BIT. Si la manifestation n'est en rien "une manuvre politique", ce participant reconnaît facilement que "dans le contexte actuel, on a écho plus important". "Mais ça n'est pas la première fois que l'ont dit qu'il y a des problèmes, se défend-il. La gauche, à la place de la droite, serait susceptible de faire la même chose. Cela arrange tout le monde, un chômage qui baisse." Fin mars, Eurostat, l'office européen de statistiques, s'appuyant sur les chiffres de l'"Enquête emploi", avait relevé les taux de chômage français sur plusieurs mois, et notamment pour le mois de février. Au sens du BIT, il serait de 8,8 %, alors que la majorité affirme l'avoir ramené à 8,4 %, du jamais vu depuis près de 25 ans, selon elle. LeMonde.fr avec AFP § Médiamétrie publie les chiffres mesurés pour la période janvier-mars 2007. § L 'intérêt du public pour l'élection présidentielle rend le sourire aux radios généralistes. La dernière vague de mesure d'audience de la radio, opérée par Médiamétrie pour la période janvier-mars 2007, montre en effet une hausse générale de l'écoute des grandes stations d'information. Avec 12,5 % d'audience cumulée (contre 11,3 % pour la même période en 2006), RTL conserve la tête des généralistes et confirme son statut de première radio de France. "C'est un chiffre que nous n'avions pas atteint depuis quatre ans, explique Axel Duroux, président du directoire. Il y a bien sûr l'effet présidentielle, mais nous sommes sur une tendance plus longue." Même satisfaction du côté de France Inter, qui, avec 9,9 % d'audience (9,6 % en 2006), prend la deuxième place du classement des généralistes. "Cela valide le travail accompli depuis la rentrée, se félicite Frédéric Schlesinger, son directeur général. Il y a un vrai appétit du public pour les scrutins à venir. Nous observons d'ailleurs une belle progression de notre tranche 7 h 00-9 h 30, où nous avons accueilli dans les mêmes conditions tous les candidats. Ce pluralisme a séduit les auditeurs." Jean-Paul Cluzel, président de Radio France, constate que son groupe est "repassé devant celui d'NRJ" et espère que "le retour aux fondamentaux, qui profite aujourd'hui aux généralistes", servira bientôt France Info, dont l'audience continue de s'effriter à 8,7 % (contre 9,5 % en 2006). Pour sa part, après avoir gagné plusieurs nouveaux émetteurs, RMC continue sa progression avec 5,5 % d'audience (4,8 % en 2006). Europe 1 se redresse à 9,4 % après une dernière vague décevante (8,9 % fin 2006). "Nous avons raté notre rentrée, reconnaît Jean-Pierre Elkabbach, PDG de la station. Aujourd'hui nous sommes en progression sur tous les indicateurs, avec des émissions comme celles de Taddéi ou de Laurent Ruquier qui sont à la hausse. Mais ce n'est qu'une étape." EUROPE 2 À LA HAUSSE Tous en choeur, les responsables des généralistes poussent un "ouf" de soulagement en constatant que l'audience générale de la radio est en hausse (84 %). "On voit bien que les nouveaux médias ne cannibalisent pas les anciens", estime ainsi M. Duroux. "La radio n'est pas morte, merci !", analyse Pierre Bellanger, patron du groupe Skyrock. Du côté des musicales, NRJ et Skyrock perdent 0,2 % en un an (respectivement 11,9 % et 7,9 %) mais progressent par rapport à la dernière vague. "Nous restons la première radio des 13-24 et Difool continue de marcher très fort", explique M. Bellanger. La plus forte progression est obtenue par Europe 2 qui, après plusieurs vagues moroses, retrouve des couleurs à 5,8 % (+0,6 % en un an). "C'est le fruit d'un long travail, analyse Christophe Sabot, directeur général du pôle FM de Lagardère. Notre engagement en faveur de la nouvelle scène française et du développement de la musique paie aujourd'hui." § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § L'hebdomadaire scientifique britannique a interrogé Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou. Il dresse un tableau plutôt rassurant de l'état de la recherche française. § P ublication de référence dans les milieux scientifiques, l'hebdomadaire britannique Nature consacre la couverture, l'éditorial et le dossier de son numéro du jeudi 19 avril à la recherche française en tant qu'enjeu de l'élection présidentielle. Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou y répondent à une série de questions posées par la revue, qui touchent également à l'enseignement supérieur et à l'environnement, mais aussi à la dissuasion nucléaire et à la politique agricole commune. Chiffres Les dépenses publiques consacrées à la recherche ont augmenté en France de 20,5 % sous la présidence de François Mitterrand et diminué de 7,0 % pendant les deux mandats de Jacques Chirac, selon des chiffres de l'Observatoire des sciences et techniques. De 1993 à 2003, l'apport du secteur privé aux dépenses de recherche a connu une hausse de 8 % (contre 9 % en Allemagne et une baisse de 15 % en Grande-Bretagne), pour atteindre 51 % du total. "C'est la première fois que nous consacrons une telle place à la recherche française, explique Declan Butler, correspondant de Nature à Paris, qui a coordonné le dossier. Trois raisons à cela : le changement de génération des principaux candidats, le fait que la recherche est devenue un enjeu important de l'élection, et le sentiment que celle-ci constitue un moment fort pour la science française, dont son résultat peut déterminer l'avenir." L'hebdomadaire n'a pas interrogé Jean-Marie Le Pen, qui ne possède pas, à son avis, de "chances sérieuses" de figurer au second tour de l'élection. "Le sentiment que la recherche française connaît un déclin rapide est devenu un thème récurrent du discours politique, des éditoriaux des journaux et des émissions de télé", constate Nature, qui s'interroge sur le bien-fondé de ce sentiment. La revue dresse un tableau plutôt rassurant de la situation, opposant cependant la "décennie dorée" consécutive à l'élection de François Mitterrand, en 1981, à la baisse relative des dépenses consacrées à la recherche sous les deux mandats de Jacques Chirac. "La France tient son rang", assure Declan Butler, qui attribue ce sentiment de déclin à la montée en puissance des pays asiatiques et à un goût hexagonal pour l'autodénigrement davantage qu'à un recul réel de la recherche française. "Le pays a une faiblesse chronique dans le secteur de la recherche privée", note cependant Nature, qui ajoute : "Les faibles performances des universités françaises sont sans doute exagérées." VOLONTÉ DE RÉFORME AFFICHÉE Les trois candidats interrogés réfutent également l'idée de déclin et affirment leur volonté de réforme. Ils rappellent les mesures qu'ils comptent prendre, s'ils sont élus, pour relancer la recherche et réformer l'université (Le Monde du 12 avril). Nicolas Sarkozy évoque "la constitution d'universités puissantes et autonomes", "la revalorisation des carrières" et le renforcement de "la culture d'évaluation des travaux scientifiques". "Les grands organismes comme le CNRS, l'INRA ou l'Inserm (...) devront se repositionner clairement sur leurs missions d'agences de moyens finançant sur projets les meilleures équipes de recherche dans les universités", estime-t-il. Ségolène Royal insiste sur "une reconnaissance du diplôme de docteur", sur le "regroupement d'universités", ainsi que sur la nécessité de "développer la culture scientifique". La candidate socialiste appelle de ses voeux un "débat sur les questions de science au sein de la société". Quant à François Bayrou, il se propose "d'exempter d'impôts les revenus des brevets des chercheurs installés en France" et de faire en sorte que "la recherche devienne une compétence partagée entre l'Union (européenne) et les Etats". Tout comme Ségolène Royal, et à la différence du candidat de l'UMP, il réclame "un moratoire immédiat sur les OGM" et l'ouverture d'un débat sur la construction de l'EPR, le réacteur nucléaire de 3e génération. Dans un éditorial intitulé "Plus ça change ?" (en français dans le texte), Nature juge les trois candidats. "Sarkozy articule le besoin de réforme plus clairement", estime l'hebdomadaire, qui relève que toutes les majorités de droite du dernier quart de siècle avaient fait de la recherche une priorité nationale, sans en tirer les conséquences une fois au pouvoir. "Royal semble vouloir tenir ses promesses. Elle a placé la science et l'éducation au coeur de sa campagne", poursuit la revue. Elle note que François Bayrou a adopté un discours de "consensus non partisan", un "ton juste", mais s'interroge sur sa capacité à trouver une majorité. "La France a besoin de changements pragmatiques, bien ciblés et durables dans des domaines comme la politique de recrutement et les grilles de rémunération, conclut Nature. La science française a de grandes forces, quoi qu'il en soit : les réformateurs potentiels doivent faire attention de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain." § Lundi 16 avril, la gendarmerie est intervenue dans un atelier clandestin d'Aubervilliers. Un nourrisson de deux mois a été retrouvé inanimé dans un logement contigu. § L e Réseau éducation sans frontières (RESF) a vivement critiqué, mercredi 18 avril, la "brutalité" d'une opération de gendarmerie conduite deux jours auparavant dans un atelier clandestin de confection situé rue Karman, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Les forces de l'ordre sont intervenues, après enquête, sur réquisition du procureur de la République dans ces ateliers et les logements attenants où étaient employés et vivaient des Asiatiques. Sur les 21 personnes interpellées, 18, dont une famille avec deux enfants de 1 et 12 ans, ont été placées en centre de rétention. Les trois autres ont été remises en liberté et font l'objet d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. Selon le témoignage de la famille placée au centre de rétention d'Oissel (Seine-Maritime), recueillie par la Cimade, l'opération, de grande ampleur, conduite par une quarantaine de gendarmes, était "impressionnante". La famille dit avoir eu très peur. RESF fait état de "portes défoncées", de "hurlements", de "cavalcades", de "poursuites" et d'"interpellations violentes". Plusieurs individus ont tenté de s'enfuir quand sont arrivées les forces de l'ordre. Une femme qui tentait de s'échapper par une échelle est tombée et a dû être hospitalisée.RASSEMBLEMENT VENDREDI À AUBERVILLIERS Un enfant de 2 mois, qui se trouvait dans un logement contigu à l'atelier, a été retrouvé inanimé par sa mère au cours de l'opération. La famille avait été contrôlée peu de temps auparavant par les gendarmes. Sans être inquiétée car se trouvant en situation régulière. "Après avoir ouvert aux gendarmes, la mère, qui était seule, s'est occupée de ses enfants et de ceux des autres logements attenant à l'atelier et dont les parents étaient retenus par les gendarmes. Elle a nourri le bébé puis l'a recouché dans sa chambre, laquelle est une pièce contiguë à l'atelier dans lequel les gendarmes sont entrés en défonçant la porte", explique Antoine Avignon, du comité de vigilance d'Aubervilliers qui s'est occupé de la famille. "Lorsque, vers 18 heures, poursuit-il, les enfants ont trouvé le bébé inanimé, la mère, paniquée, a pris l'enfant dans ses bras et s'est précipitée dans la rue afin d'arrêter une voiture et se faire emmener à l'hôpital du quartier, sans en informer les gendarmes encore présents dans le lotissement." Le décès de l'enfant a été constaté à l'hôpital de la Roseraie d'Aubervilliers et le soir même son corps était emmené à l'hôpital Jean-Verdier de Bondy, où une autopsie a été pratiquée mercredi 18 avril. Alors que des rumeurs ont circulé sur le lien éventuel entre l'opération et le décès, l'autopsie a conclu à "une mort subite du nourrisson". RESF appelle à un rassemblement vendredi 20 avril, à Aubervilliers, pour dénoncer la violence des interventions de police contre les sans-papiers. § Personne ne l'appelle pour faire des meetings en faveur de Ségolène Royal, qu'il a tant fustigée sur son blog. Sur ce dernier, pourtant, mercredi, il explique que rien n'est gagné pour la candidate PS et qu'il faut se mobiliser. § J ean-Luc Mélenchon se sent bien seul depuis quelques semaines. Personne ne l'appelle pour faire des meetings en faveur de Ségolène Royal, qu'il a tant fustigée sur son blog. Sur ce dernier, pourtant, mercredi, il explique que rien n'est gagné pour la candidate PS et qu'il faut se mobiliser. Il détaille donc ce qu'il fait : "Mercredi, je vais faire un meeting à Lisieux. Puis, vendredi, un café-débat à Massy, la ville où j'habite en Essonne. J'ai envoyé un SMS à Julien Dray pour lui dire que s'il avait quelque chose à me faire faire, j'étais disponible", écrit-il. Pour s'occuper, il a inventé un nouveau concept militant, "la réunion trottoir surprise" : se balader dans la rue et provoquer des discussions. "L'équivalent aérien et ensoleillé de la réunion d'appartement..." § Les membres du Parti blanc étaient présents, mercredil, lors d'une "grande marche pour la démocratie" co-organisée par plusieurs associations. § L es membres du Parti blanc, qui militent pour la reconnaissance du vote blanc, étaient présents, mercredi 18 avril, lors d'une "grande marche pour la démocratie" co-organisée par plusieurs associations. Seulement une trentaine de personnes ont effectué le parcours, de la place de la République à la Bastille, à Paris. Mehdi Guiraud, président du parti depuis décembre 2005, a appelé les électeurs à mettre en marche une "démocratie massive". "Le seul enjeu de ces derniers jours est la participation", a ajouté cet ingénieur de 31 ans. Sans inciter directement à voter blanc, M. Guiraud souhaite que le message du bulletin vierge devienne enfin une réalité comptable : "Il faut que le citoyen soit remis au centre de notre démocratie, en comptabilisant les votes de ceux qui ne se reconnaissent dans aucun des candidats." En 2003, l'Assemblée avait voté une loi séparant, au moment du comptage, les votes nuls des votes blancs, sans pour autant donner de légitimité à cette dernière expression. Mais le projet n'est jamais arrivé jusqu'au Sénat. DEUX EXEMPLES DANS LE MONDE Depuis 1958, la proportion des bulletins blancs et nuls n'a cessé de progresser lors des élections présidentielles, si l'on fait abstraction des 4,42 % du deuxième tour de l'élection de 1969, qui opposait Georges Pompidou à Alain Poher, et du chiffre très faible de 1974, année de l'élection de Valéry Giscard d'Estaing (0,9 % puis 1,3 %). En 2002, la barre des 5 % des suffrages blancs et nuls exprimés est franchie pour la première fois lors du deuxième tour (5,39 %), contre 3,38 % lors du premier. Des chiffres relativement faibles, et pourtant, "les politiques rechignent à couper la branche de l'arbre sur laquelle ils sont posés, regrette Mehdi Guiraud. Leur logique est de ne pas parler du vote blanc, car ils ont besoin de rassembler des voix." Deux pays dans le monde prennent en compte le vote blanc : la Suède et le Pérou, où il doit totaliser respectivement 50 % et deux tiers des suffrages exprimés pour invalider une élection. Par ailleurs, à quelques jours du premier tour de la présidentielle, le collectif du "21 avril" appelle les électeurs de Saint-Pierre-et-Miquelon à voter blanc pour "adresser un message fort au prochain président de la République". Une manière d'exister comme une autre. § Le texte, qui se veut étranger au clivage droite-gauche, n'est pas consensuel : il se situe clairement du côté des tenants de "l'instruction", plutôt que de ceux de "l'éducation". § A dressé au "futur président de la République", un "appel pour la refondation de l'école" sera lancé lors d'une conférence de presse à la Sorbonne, mardi 24 avril, au surlendemain du premier tour, de façon à interpeller les deux candidats encore en lice. Cet appel s'appuie sur une pétition, publiée sur Internet en septembre 2006 et qui vient d'atteindre les 10 000 signataires, dont environ une moitié d'enseignants en exercice ou retraités. Le texte, qui se veut étranger au clivage droite-gauche, n'est pourtant pas consensuel : entre les tenants de "l'instruction" et ceux de "l'éducation" - débat récurrent depuis une vingtaine d'années -, il se situe clairement du côté des premiers. L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, aujourd'hui membre de l'équipe de campagne de Ségolène Royal, compte parmi ses signataires. L'appel est cependant rédigé de façon à limiter les traits polémiques. Il porte un diagnostic - "l'école est malade" - et propose des solutions, inspirées par la réaffirmation de la priorité à "la transmission des connaissances et l'apprentissage du raisonnement". Ses cinq initiateurs ne sont pas des inconnus dans les milieux de l'éducation. Le mathématicien Laurent Lafforgue, médaille Fields 2002, éphémère membre du Haut Conseil de l'éducation, avait dû en démissionner en novembre 2005 après avoir, dans un courriel, comparé la "Nomenklatura" de l'éducation nationale à des "Khmers rouges". L'instituteur Marc Le Bris est membre de l'association "Sauver les lettres". Le mathématicien Jean-Pierre Demailly est président du GRIP (Groupe de réflexion interdisciplinaire sur les programmes), dont Michel Delord, professeur de mathématiques, a été l'inspirateur. Enfin, cheville ouvrière de l'appel, Frédéric Guillaud, normalien, agrégé de philosophie, a été, de septembre 2005 à mai 2006, conseiller technique au cabinet du ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien. Parmi les signataires, on relève les principales figures du combat contre le "pédagogisme" (terme qui n'est pas utilisé dans l'appel) : Jean-Paul Brighelli, Liliane Lurçat, Rachel Boutonnet... Les écrivains Renaud Camus et Claude Duneton, les historiens Alain Besançon et Pierre-André Taguieff, les académiciens Marc Fumaroli, Jean d'Ormesson et Jacqueline de Romilly en font également partie, de même que Michel Zink et Antoine Compagnon, du Collège de France, ainsi que les professeurs Robert Redeker et Maurice Maschino, les journalistes Natacha Polony (Marianne) et Eric Zemmour (Le Figaro) ou le théoricien libéral Philippe Nemo. "LES BASES NE SONT PLUS ACQUISES" Le texte vise essentiellement l'école primaire où, "depuis trente ans", sous l'effet des "réformes successives", le niveau d'exigence a "dramatiquement baissé". Ses rédacteurs citent un exemple, tiré des statistiques du ministère de l'éducation : aux évaluations de 2005 à l'entrée en sixième, un taux d'échec de 60 % a été enregistré à la question de calcul mental "combien valent 60 divisés par 4 ?". "Les bases n'étant plus acquises, le travail des professeurs du secondaire devient de plus en plus difficile, voire impossible", estiment les auteurs de l'appel, qui prônent en priorité l'instauration de "nouveaux programmes, courts, explicites, compréhensibles par tous". Se déclarant pour une plus grande "liberté pédagogique", ils demandent que les instituteurs et les professeurs soient notés "uniquement sur leurs résultats". Enfin, ils défendent "le redoublement du CP si la lecture n'est pas maîtrisée en fin d'année" et se prononcent en faveur d'un "contrôle des connaissances en fin de CM2, fondé sur des épreuves comportant au moins dictée, rédaction, questions et problème d'arithmétique". § Les syndicats de France 3 Nord - Pas-de-Calais/Picardie se sont dits "inquiets", après la critique vigoureuse d'un reportage de la station par le candidat UMP. La vidéo circule sur Internet. § L es syndicats SNRT-CGT, SNJ-CGT et USNA-CFTC de France 3 Nord-Pas-de-Calais/Picardie se sont dit "inquiets", lundi 2 avril, du "contexte de mises en cause de France 3", après la critique vigoureuse d'un reportage de la station par le candidat UMP à la présidentielle Nicolas Sarkozy. M. Sarkozy avait qualifié de "malhonnête" un reportage diffusé le 28 mars sur le dossier de la fabrication des passeports biométriques par l'Imprimerie nationale à Flers-en-Escrebieux. La vidéo circule depuis sur le Web, notamment sur des sites de soutien à Ségolène Royal. Sarkozy colère france 3 le 28.3.07 envoyé par jacquoth "Après 'France Europe Express', c'est à la rédaction de France 3 de subir les foudres du candidat UMP à la présidentielle. (...) L'incident serait plutôt risible s'il n'intervenait dans un contexte de mises en cause de France 3 qui nous inquiète", affirment les syndicats de France 3 Nord dans un communiqué intitulé "France 3 dans le collimateur de Nicolas Sarkozy ?". Lors d'un incident avant l'enregistrement de l'émission "France Europe Express", l'ex-ministre de l'intérieur aurait menacé, selon le Canard Enchaîné du 21 mars, de "virer" la direction de la chaîne s'il était élu à l'Elysée, des propos que le directeur de campagne du candidat de l'UMP, Claude Guéant, avait démentis "totalement". § Dans une étude rendue publique lundi, le candidat UMP gagne deux points dans les intentions de vote au premier tour. Ségolène Royal perd un point et François Bayrou, deux. § D ans une enquête réalisée les 30 et 31 mars par l'institut LH2 pour RMC, BFM TV et 20 minutes, Nicolas Sarkozy gagne deux points d'intentions de vote au premier tour, à 29 %, alors que Ségolène Royal perd un point à 26 %, par rapport au dernier sondage du même institut, réalisé les 23 et 24 mars. (Retrouvez ici l'intégralité des sondages, institut par institut, sur ) Fiche technique Sondage réalisé par l'institut LH2 pour RMC, BFM TV et 20 Minutes vendredi 30 et samedi 31 mars 2007, par téléphone. Échantillon de 1003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Représentativité assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession du chef de famille, après stratification par région et catégorie d'agglomération. Le reflux des intentions de vote en faveur de François Bayrou au premier tour se confirme : il perd deux points, à 18 %. Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, continue, à l'inverse, sa lente progression : avec un point en plus, il est dorénavant crédité de 13 % des intentions de vote. 39 % DES SONDÉS SÛRS DE LEUR CHOIX AU PREMIER TOUR A la gauche du Parti socialiste, seul Olivier Besancenot semble tirer son épingle du jeu. En progressant de 2 points, il atteint pour la première fois dans un sondage LH2 la barre des 5 %. Marie-George Buffet gagne un point à 3 %, et José Bové 0,5 point à 2 %. Arlette Laguiller redescend à 1 % (-1,5 %). Dominique Voynet stagne à 1 %, et Gérard Schivardi en dessous de la barre de 0,5 %. A droite, Philippe de Villiers obtiendrait 1 % (- 0,5 %), tout comme Frédéric Nihous, qui perd un point. Toujours selon cette étude LH2, seuls 39 % des sondés sont sûrs de leur choix pour le premier tour. Au second tour, le score des deux favoris reste inchangé, Nicolas Sarkozy l'emportant avec 51 % d'intentions de vote contre Ségolène Royal. § Lors de sa dernière conférence de presse mensuelle, le premier ministre a appelé à poursuivre les réformes engagées, et s'est dit "pas tout à fait d'accord" avec le projet de ministère de l'immigration de Nicolas Sarkozy. § B ilan et perspectives : lors sa vingtième et dernière conférence de presse mensuelle en tant que premier ministre, lundi 2 avril, Dominique de Villepin a rappelé son action à la tête du gouvernement et tracé des pistes pour ses successeurs, tout en marquant sa différence. "Le premier enseignement" de ses deux années à Matignon est que "la politique peut encore changer les choses". Et de citer l'emploi,"priorité absolue" de son gouvernement, estimant qu'il a tenu son engagement. Il a rejeté la polémique sur les chiffres du chômage. Ce taux a été "ramené de 10,1 % à 8,4 % de la population active. Ce sont les chiffres de l'Insee, confirmés par l'OCDE. Au lieu de polémiquer sur les chiffres, essayons plutôt de faire baisser davantage le chômage et de créer davantage d'emplois de qualité dans notre pays", a-t-il ajouté. M. de Villepin a rappelé que le déficit public a été ramené en dessous de 3 % en 2006, et dit miser sur 2,3 % pour 2007. Quant à l'endettement public,"il pourra passer cette année sous les 63 % du PIB", a-t-il estimé. "AU MILIEU DU GUÉ" Le "deuxième enseignement" que Dominique de Villepin tire de ses fonctions est que "les Français veulent des choix courageux et modernes, ils veulent renouer avec l'esprit pionnier de la France". "Convaincu que le candidat de notre famille est aujourd'hui le mieux à même de porter ces choix", il s'est dit "à ses côtés", "pour défendre la vision d'un pays qui poursuit rassemblé dans la voie du changement". Il n'a alors pas mentionné le nom de Nicolas Sarkozy, mais il l'avait précédemment cité, estimant qu'avec le ministre de l'intérieur, "nous avons fait avancer les choses" pour l'autorité de l'Etat et la prévention de la délinquance. Questionné plus tard sur le projet de ministère de l'immigration et de l'identité nationale porté par son ancien rival, candidat de l'UMP, il s'est déclaré"pas tout à fait d'accord" sur l'idée d'un portefeuille dédié, préférant, "s'il faut aller plus loin", une "agence de l'immigration", dans un cadre interministériel. Evoquant diverses réformes, il a estimé que "nous sommes au milieu du gué. Rien ne serait pire que de revenir en arrière, comme le propose aujourd'hui le Parti socialiste". Sur la mondialisation, "nous ne dresserons pas des barrières entre le monde et nous : ce n'est pas possible, ce n'est de l'intérêt de personne", a-t-il prévenu. En allusion au projet de Ségolène Royal et de François Bayrou d'une VIe République. il a appelé à ne pas se "plaindre des institutions", car "c'est en général la volonté qui fait défaut plus que les instruments". Par ailleurs, a-t-il ensuite indiqué aux journalistes, "le gouvernement n"est pas une caserne", et ses ministres sont libres de soutenir François Bayrou. Lui, leur a toutefois rappelé que le président de l'UDF avait fait voter la censure contre le gouvernement. TROIS PRIORITÉS Selon le premier ministre, le prochain gouvernement devra apporter aux Français "de l'action et des résultats", car avec le quinquennat,"le rythme de l'action publique a changé" :"Tout ce qui concerne l'emploi, la compétitivité de nos entreprises et le pouvoir d'achat des Français me paraît prioritaire, a-t-il ajouté. Soyons capables de garder les outils et les réformes qui ont apporté la preuve de leur efficacité pour nous consacrer à de nouveaux chantiers". Il a conclu sur"l'immense honneur" de conduire le gouvernement, remerciant le chef de l'Etat et "chaque Français", promettant d'être "toujours à leur service, où que (ses) choix le conduisent". Lesquels ne seraient pas encore arrêtés : il a dit souhaité reprendre l'enseignement, mais celui-ci ne sera pas son activité principale. § La Commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle avait anticipé la décision de justice en refusant d'homologuer l'affiche et la profession de foi du candidat. § L e juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a interdit, lundi 2 avril, à Gérard Schivardi de se présenter comme "le candidat des maires" à la présidentielle, donnant ainsi raison à l'Association des maires de France (AMF). Le juge a interdit au candidat soutenu par le Parti des travailleurs (PT) "de se présenter comme le 'candidat des maires' dans toute déclaration qu'il pourrait faire jusqu'au déroulement du premier tour" de la présidentielle, sous astreinte de 500 euros par infraction constatée. LE NOUVEAU MATÉRIEL DÉJÀ VALIDÉ La Commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle avait anticipé la décision de justice en refusant, jeudi 29 mars, d'homologuer l'affiche et la profession de foi, estimant qu'elle exprimait "un soutien de la généralité des maires des communes de France, soutien que le candidat n'a pas pu justifier". A la suite de cette décision, le maire de Mailhac (Aude) avait remplacé sur son affiche la mention "candidat des maires" par celle de "candidat de maires". Son nouveau matériel a été validé par la Commission. Selon Gérard Schivardi, l'invalidation de son matériel coûtera quelque 300 000 euros à sa campagne, compte tenu des documents déjà imprimés et désormais inutilisables. Il doit faire détruire 25 millions de professions de foi et 80 000 affiches. Dimanche, lors d'un meeting de campagne à Paris, devant plusieurs milliers de personnes, il a appelé ses soutiens à lui venir en aide pour financer sa campagne : "Je ne suis pas un milliardaire, aidez-moi, a-t-il lancé en conclusion de son intervention, lâchant au passage que si l'Etat peut outrepasser la loi et l'inventer au fur et à mesure de ses élucubrations, alors la dictature n'est pas loin". § Le zapatérisme s'est démarqué de la droite dans le domaine des réformes de société et sur la question de l'ETA. Les choix économiques font l'objet en Espagne d'un fort consensus. § C 'est Miguel Sebastian, l'ancien conseiller économique du président du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, qui l'assure : l'un des ingrédients de la réussite de l'Espagne, c'est la "continuité" de sa politique économique, matérialisée par ses responsables politiques de droite comme de gauche. Au cours des quatorze dernières années, sous trois présidents de gouvernement successifs, l'Espagne n'a eu que deux ministres de l'économie, Pedro Solbes (socialiste), Rodrigo Rato (conservateur) puis à nouveau Pedro Solbes, qui était entretemps commissaire européen chargé des affaires économique et monétaire. Auparavant, Carlos Solchaga (PSOE) était resté huit ans en fonction. Au total, ces trois hommes ont occupé ce poste dans les vingt-deux dernières années. L'arrivée au pouvoir de M. Zapatero n'a pas entamé la continuité de la politique économique mise en oeuvre après la crise économique de 1993. Aujourd'hui encore, après trois ans de gouvernement socialiste et une croissance de 3,9 % en 2006, le ministre "préféré" de la droite dans l'équipe de Zapatero est M. Solbes. "Il ne fait pas de bêtise, il agit bien, il est sérieux", reconnaît l'un de ses principaux dirigeants. Il a d'ailleurs, dans l'ensemble, carte blanche de la part de M. Zapatero, si l'on excepte l'interventionnisme déployé par La Moncloa pour tenter de favoriser la constitution d'un grand groupe énergétique espagnol, semble-t-il peu du goût de M. Solbes. Lors de son discours d'investiture, le socialiste Zapatero avait énoncé deux préalables à sa politique économique : l'équilibre budgétaire et le refus d'augmenter la pression fiscale globale. De fait, la stricte loi héritée du gouvernement de José Maria Aznar qui contraint les finances publiques à l'équilibre n'a été retouchée qu'à la marge. Les tranches de l'impôt sur le revenu sont passées de 5 à 4, la tranche supérieure de 45 % à 43 % et le revenu plancher, pour être assujetti, a été relevé, ce qui exonère 7 millions de foyers. L'impôt sur les sociétés a été baissé de 5 points, à 30 % pour les grandes entreprises et à 25 % pour les PME. Des problèmes structurels demeurent. En dépit d'un accord conclu entre partenaires sociaux, les contrats précaires continuent de toucher un salarié sur trois. Droite et gauche conviennent qu'il faudrait assouplir les contraintes des contrats de travail à durée indéterminée pour les entreprises, mais, faute d'accord entre partenaires sociaux, le chantier reste en plan. La productivité du travail continue de reculer par rapport au reste de l'Europe en dépit d'incitations pour la recherche et le développement. En revanche, M. Solbes s'emploie, avec un début de succès, à juguler la hausse des prix qui, supérieure à la moyenne européenne, affaiblit la compétitivité de l'économie. Ce n'est pas dans la politique économique proprement dite que M. Zapatero a imprimé sa marque de fabrique, mais dans les réformes de société. Le président du gouvernement a la conviction que, sur ce terrain, les blocages se trouvent bien plus dans les corps intermédiaires et des institutions comme l'Eglise que dans la société, qu'il a jugée prête pour des réformes audacieuses. De fait, le mariage gay ne fait plus parler de lui depuis son adoption, précédée d'énormes manifestations de l'Espagne conservatrice. La loi volontariste sur l'égalité entre hommes et femmes vient d'entrer en vigueur, comme celles instituant un financement de la dépendance ou réduisant un - petit peu - les prérogatives de l'Eglise dans l'enseignement religieux dans les écoles financées par l'Etat. Reste le troisième volet, sans doute le plus problématique du "zapatérisme", mais aussi celui qui est le moins transposable car consubstantiel à l'articulation territoriale si particulière du pays : son projet "d'Espagne plurielle". Il reposait sur deux défis. Réformer le statut de la Catalogne d'abord, afin d'accentuer et d'adapter son autonomie. Cela a été fait en 2006, non sans un coût politique important pour le président du gouvernement. L'affaire n'est d'ailleurs pas tout à fait achevée car le Tribunal constitutionnel doit encore se prononcer. Le second acte doit être la levée de l'hypothèque ETA. Sur ce plan-là, la situation est en suspens. C'est sans doute en partie sur ce dossier que M. Zapatero sera jugé à la fin de son mandat. § Des proches du pouvoir ont été placés à la tête des grandes institutions. § J ean-Noël Jeanneney était le dernier président d'un grand établissement culturel clairement identifié à gauche. Mardi 27 mars, à la veille du conseil des ministres, le président de la Bibliothèque nationale de France (BNF) a appris le nom de son successeur sur le répondeur de son téléphone portable : Bruno Racine, patron du Centre Pompidou et ami de Jacques Chirac. Lors du même conseil des ministres, le gouvernement attribuait la place laissée libre à "Beaubourg" à Alain Seban, conseiller culturel du chef de l'Etat. Le coup était parti. Dès le lendemain, le Parti socialiste (PS) dénonçait des "nominations aussi précipitées qu'imprudentes" : "Il n'échappe en effet à personne que le petit jeu de chaises musicales auquel on vient de se livrer ne vise qu'à recaser des obligés du pouvoir en place." A trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle, l'indignation relève de l'exercice imposé. En 2002, les nominations culturelles n'avaient pas fait trop de vague : cohabitation oblige, les deux camps avaient été servis. Depuis vingt ans, toutefois, le PS de Jack Lang et Catherine Tasca a essuyé les mêmes critiques. Cette année, la polémique traduit un malaise plus profond. L'épisode intervient après une série de nominations contestées. En juillet 2006, Marcel Bozonnet était brutalement écarté de la tête de la Comédie française, au profit de Muriel Mayette. Un mois plus tard, le président du parc et de la Grande halle de La Villette, Bernard Latarjet, ayant atteint l'âge de la retraite, se voyait remplacé par le comédien antillais Jacques Martial. Une jeune femme et un noir engagé dans le combat contre les discriminations, tous deux sans véritable expérience de direction : les choix "politiquement correct" de Renaud Donnedieu de Vabres étaient largement commentés. Plus discrètes, d'autres décisions ont semblé répondre au seul souci de "recaser" des proches du pouvoir. Fin août 2006, Bernard Notari quittait le cabinet du ministre de la culture pour prendre la direction du domaine national et du château-musée de Fontainebleau. Chose rare, les quatre syndicats de conservateurs (CGC, CFDT, FSU, CFTC) se fendaient d'une lettre commune pour dénoncer l'arrivée d'un énarque à la tête de ce musée national. La loyauté politique prenait selon eux le pas sur la valeur scientifique. ARGUMENT MASSUE Quelques semaines plus tôt, Catherine Grenier, conseillère de M. Donnedieu de Vabres pour les arts visuels, avait été pressentie pour occuper la direction du musée du Jeu de Paume. Une large mobilisation l'en a empêchée in extremis avec un argument massue : destinatrice des dossiers de candidature, elle se trouvait forcément juge et partie ! Lundi 2 avril, Mme Grenier devait finalement être officiellement nommée pour piloter les 7 000 m2 du futur espace d'expositions au Palais de Tokyo. L'absence d'appel à candidature pour ce poste suscite une vive émotion, jusque dans les couloirs de la délégation aux arts plastiques du ministère, où l'on parle de "déni de démocratie". La controverse sur les nominations s'est vu amplifiée par le débat sur l'âge de la retraite. En 2005, le président du Musée Guimet, Jean-François Jarrige, 65 ans, a bénéficié, par un décret pris en conseil des ministres, d'une prolongation de trois ans de son mandat. La "jurisprudence Jarrige" a joué en faveur d'un autre proche du chef de l'Etat, Michel Blangy : en juin 2006, le directeur de cabinet de Jacques Chirac était nommé à la tête du domaine de Chambord... à l'âge de 67 ans. De même, le directeur de l'Opéra de Paris, Gérard Mortier, 65 ans en novembre 2008, pourra aller au bout de son mandat, à l'été 2009. M. Jeanneney, qui a 65 ans le 2 avril, pensait pouvoir bénéficier du même traitement. Son mandat, renouvelé en mars 2005, arrivait à échéance en 2008. De quoi avancer le chantier de la bibliothèque numérique européenne. "On a pris le parti de me remplacer. La coloration politique de ce choix est absolument éclatante", note-t-il. Serge Lemoine aura-t-il plus de chance ? Notoirement de droite, le président du Musée d'Orsay fête ses 65 ans entre la présidentielle et les législatives. Comme M. Jeanneney, il lui reste un an à accomplir. Il rêve même de poursuivre ses fonctions jusqu'à 68 ans. Quelle jurisprudence le nouveau président de la République lui appliquera-t-il ? La gauche promet, en cas de victoire, de réformer le mode de nomination. Jean-Jack Queyranne, qui vient de publier un livre-manifeste Pour la culture ! (éd. Stéphane Bachès, 120 p., 10 ), estime urgent de mettre fin à cette "valse des préfets". Avec le PS, il propose une procédure transparente : après appel à candidatures, un jury indépendant dresserait une liste restreinte sur laquelle l'exécutif ferait son choix. Dans le même esprit, l'UMP confierait à une commission parlementaire le soin d'établir un "tiercé" de candidats. L'exécutif y puiserait le nom du gagnant. L'UDF, de son côté, donnerait au Parlement "un rôle consultatif", tandis que le Front national permettrait aux parlementaires d'"auditionner les candidats pour les postes importants (Opéra de Paris, Comédie française...)". Des promesses de campagne, certes. Mais chacun s'accorde à juger le modèle actuel à bout de souffle. Comme le résume Frédéric Martel, auteur du livre De la culture en Amérique (Gallimard, 2006), "il faut sortir de la République bananière". § Le blog du linguiste décrypte le langage des candidats à la présidentielle. § R amenés à leur forme infinitive, quels sont les verbes les plus utilisés par les principaux candidats à la présidentielle ? C'est le verbe "vouloir" qui revient le plus souvent dans les discours de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal ; le verbe "faire" dans la bouche de François Bayrou et dans celle de Jean-Marie Le Pen. Mais pas avec la même fréquence, ni sous la même forme. Dans le détail, cela en dit évidemment long sur les idées des uns et des autres. Pour en savoir plus, rendez-vous sur "Technologies du langage" (http://aixtal.blogspot.com/), le blog de Jean Véronis, professeur d'informatique et de linguistique à l'université d'Aix. Sur son site, il conjugue ses deux marottes, linguistique et informatique : on pourrait croire le mariage un peu forcé et, du coup, la matière quelque peu absconse. Il n'en est rien. Au contraire, le blog se veut très pédagogique. En période électorale, les outils et analyses que le professeur met à la disposition de tous prennent même une saveur toute particulière. "L'analyse du langage conduit à tout, s'amuse Jean Véronis, et notamment à l'analyse du discours politique." Patiemment, il a ainsi constitué une base de données de la plupart des discours, qu'il enrichit chaque jour en allant chercher les textes sur les sites des candidats. De ceux, en tout cas, qui mettent leurs discours en ligne. Sur son blog, il y a par exemple très peu de mots d'Olivier Besancenot ou José Bové. "Les petits candidats ne mettent pas leurs discours sur leurs sites, constate Jean Véronis. C'est peut-être une question de moyens. Mais je pense aussi que certains d'entre eux ne tiennent pas particulièrement à ce que leurs discours puissent être lus et relus par tous." En analysant les textes, le professeur d'Aix s'est par exemple rendu compte qu'Arlette Laguiller prononçait pratiquement toujours le même discours, à quelques variantes près. Environ 140 discours figurent sur le blog des technologies du langage (à la rubrique "discours 2007" dans les outils, colonne de gauche). Tout visiteur peut y chercher les mots qu'il souhaite, à l'aide des outils mis à disposition par le professeur et son labo de recherche. Combien de fois Ségolène Royal a-t-elle prononcé le mot "France" ? Et Nicolas Sarkozy ? A chacun de mener ses propres requêtes, de tenter des comparaisons entre candidats. Qui, des candidats, possède le vocabulaire le plus riche, le plus égocentré, ou bien le plus populaire ? Jean Véronis répond, croise ses données, commente l'actualité des mots. Il compte, dénombre et propose des synthèses. L'outil "presse 2007" suit, semaine après semaine, l'évolution du nombre de citations des principaux candidats à la présidentielle dans les articles politiques de la presse nationale française (Les Echos, Le Figaro, L'Humanité, Libération, Le Monde, Marianne), ainsi que les mots-clés qui font l'actualité. Destiné à l'origine à ses étudiants, le carnet de Jean Véronis est vite devenu l'un des "must" de la blogosphère francophone. Aujourd'hui, il compte plus de 2 000 visiteurs par jour en moyenne. Il a même connu une gloire internationale en 2005, lorsque le professeur d'informatique et de linguistique d'Aix a réussi à démontrer que les statistiques affichées par le moteur de recherche Google étaient erronées. Les candidats à la présidentielle sont donc prévenus, ils ont tout intérêt à surveiller leur langage. aixtal.blogspot.com § "Le Front national se veut le champion de la défense de la famille, des professions et de la nation", a affirmé Jean-Marie Le Pen en clôturant, samedi 31 mars, la journée des comités professionnels organisée par le Front national (FN) à Paris. § "L e Front national se veut le champion de la défense de la famille, des professions et de la nation", a affirmé Jean-Marie Le Pen en clôturant, samedi 31 mars, la journée des comités professionnels organisée par le Front national (FN) à Paris. Une profession de foi qui rappelle délibérément la devise du général Pétain et du régime de Vichy, "travail, famille, patrie". Côté travail, sujet de la rencontre, le président du FN se fait le chantre des artisans, des petites et moyennes entreprises. S'il concède à la France "des capacités considérables dans tous les domaines", il décrit le monde du travail comme un monde "désorganisé, découragé", bloqué par les "puissances extérieures qui viennent perturber les règles, les mécanismes", mais aussi par "l'omniprésence de l'Etat", "l'action subversive de faux syndicats" et la "domination de l'argent et de la finance". En son temps, Claude Allègre, alors ministre socialiste de l'éducation nationale, voulait "dégraisser le mammouth". Jean-Marie Le Pen parle, lui, de "dégraisser l'Etat" qu'il qualifie de "monstre énorme, adipeux et impotent". S'il était élu, il baisserait les impôts pour les entreprises, reviendrait notamment sur les 35 heures, et faciliterait le cumul des emplois et des activités. Pour Jean-Marie Le Pen, être "social" signifie "permettre de travailler plus pour gagner plus". Nationaliste, il défend une "Europe des nations" et entend rétablir les frontières pour "limiter le libre-échangisme et les effets négatifs du capitalisme spéculatif et financier". Il part en guerre contre les syndicats qu'il appelle "syndicats de lutte de classes", dont il conteste la représentativité. S'il était élu, il promet qu'il réformerait la "représentation professionnelle" et mettrait en place des "organisations professionnelles par branche" qui pourraient intervenir notamment "en matière de formation professionnelle, de recherche". Quelque temps auparavant, Carl Lang, vice-président chargé des affaires sociales, avait présenté ses comités professionnels tout fraîchement créés. Des comités chargés de réunir et de mobiliser les militants et adhérents du FN par profession afin, à la fois, de pointer les problèmes et faire des propositions. Seuls trois d'entre eux semblent pour le moment avoir une réelle existence : le comité santé, celui sur les professions agricoles et métiers de la terre et celui sur l'enseignement. Coup médiatique ou réelle volonté du FN de s'implanter dans les milieux professionnels ? Carl Lang promet de donner suite à son initiative après les élections. Ce n'est pas la première fois que le FN se lance dans une telle aventure. En 1984, le parti, ayant remonté ses finances avec la création d'un groupe au Parlement européen, s'était jeté dans la création de cercles. Beaucoup sont restés longtemps des coquilles vides. En 1996, il s'est lancé dans l'aventure syndicale. Une initiative qui a vite avorté mais a amené l'Etat à restreindre encore la possibilité d'émergence de nouveaux syndicats. C'est la première fois depuis la scission du FN en 1999 que la formation d'extrême droite tente de réinvestir le monde du travail. § Près de 12 000 personnes ont assisté, dimanche 1er avril, au meeting parisien de la candidate communiste. Preuve, selon certains, que les sondages "se plantent". § L e Parti communiste a gagné son pari. Il a rempli Bercy. Près de 12 000 personnes s'étaient déplacées, dimanche 1er avril, pour afficher la force militante du parti. Une salle, essentiellement composée de quinquagénaires très PCF, gonflée à bloc. Pour son gros meeting parisien, la direction avait "mis le paquet" : 150 cars affrétés dont une vingtaine de province, des TGV venus de Nice et Marseille ou de Bordeaux, 500 militants du mouvement des Jeunes communistes massés devant la scène... "Cela fait dix-sept ans que nous n'avions pas rempli cette salle, la dernière fois c'était en 1990 pour notre 70e anniversaire", se souvient un dirigeant. "Après Ségolène à Villepinte et Sarko à Bercy, quel autre candidat que Marie-George peut en dire autant ?", s'enthousiasme Patrice Cohen-Seat, numéro deux du parti. Alors qu'on ne leur dise pas que le PCF est à la peine et que la campagne de Mme Buffet patine. "Je tiens à rassurer les journalistes visiblement inquiets sur l'avenir du PCF. Regardez, on va très bien !", dira même la candidate dans son allocution. Pourtant, alors que le show avait commencé avec Marcel et son orchestre, tandis que défilaient sur scène les représentants des entreprises "en lutte", durant près de trois quarts d'heure, l'inquiétude était palpable parmi les proches de Mme Buffet. "Ca ne règle pas tout mais c'est bien. Restent trois semaines pour remettre la question sociale au coeur de la campagne", analysait Olivier Dartigolles, membre de la direction. La candidate a, elle, centré son discours sur le vote utile. Pas celui en faveur de Ségolène Royal "qui déporte à droite tout l'échiquier politique et lui permet de dire qu'il faut sortir de l'idéologie punitive des profits". Le public est aux anges, sifflant la candidate du PS. Pour la numéro un du PCF en congé, ce vote est celui du "renoncement à changer la vie". "C'est le triomphe des tenants de l'ordre établi", assène-t-elle. Face à la peur d'un 21 avril bis, elle assure qu'"on n'en évitera pas de nouveaux en laissant mourir, d'alternance en alternance, toute idée de changement". Elle veut incarner un "vote utile" car il s'agit, pour elle, d'un "vote de courage" pour exprimer, dit-elle, "vos colères, vos idées, vos exigences au premier tour". Une voix contre Sarkozy, mais "en mettant toutes les chances du côté du vrai changement". Les cornes de brume retentissent, les drapeaux rouges sont frénétiquement brandis et la fierté communiste se crie "Marie-George ! Marie-George !". La démonstration est faite que le parti est encore capable de remplir les salles, preuve pour certains que les sondages "se plantent". "La pression du vote utile est très importante, on le sent. Mais comment une candidate qui peut attirer autant de monde pourrait-elle être au niveau qu'on lui donne ?", explique M. Cohen Seat. "Remplir des meetings ne fait pas forcément remonter les scores", font remarquer ses opposants. Avec des intentions de vote entre 3 % et 4 %, Marie-George Buffet est encore loin de son aspiration à "être celle sur qui il faut compter à gauche". § Scotché entre 1 % et 3 % d'intentions de vote dans les sondages, Philippe de Villiers estime que la campagne officielle qui accorde le même temps de parole à la télévision et à la radio à tous les candidats lui sera favorable. § L e président du Mouvement pour la France (MPF) veut croire que tout ne fait que commencer pour lui. Scotché entre 1 % et 3 % d'intentions de vote dans les sondages, Philippe de Villiers estime que la campagne officielle qui accorde le même temps de parole à la télévision et à la radio à tous les candidats lui sera favorable. "Jamais, dans une élection présidentielle, les choses n'ont été aussi imprévisibles", a-t-il expliqué aux quelque 3 500 personnes venues, samedi 31 mars, l'écouter au Palais de congrès, porte Maillot, à Paris. "Le peuple français ne sait pas ce qu'il va faire. Il zappe, mais nous allons passer du zapping au choix, et il y aura de grandes surprises", s'est-il exclamé, en promettant qu'il sera "une des grandes surprises de l'élection présidentielle". Des mots que militants et cadres ne demandaient qu'à entendre. Juste avant que ne commence le meeting, beaucoup, tel Alexandre Varaut, membre du bureau national, ou Hubert de Baillencourt, membre du comité directeur, s'inquiétaient du manque de visibilité de leur candidat, pris en sandwich entre Jean-Marie Le Pen et Nicolas Sarkozy. Un Jean-Marie Le Pen sur l'absence duquel Philippe de Villiers avait misé et comptait prospérer, et un Nicolas Sarkozy qui s'est approprié dans son discours l'identité nationale pour la lier à l'immigration et qui clame, à son tour, sa "fierté d'être français". Selon le président du MPF, deux événements récents prouveraient que "la donne" est en train de changer : la délocalisation de l'entreprise textile Arena et les violences de la gare du Nord, mardi 27 mars. "Les émeutes ont fait apparaître la logique territoriale des bandes de banlieues", s'est exclamé M. de Villiers, qui, mercredi 28 mars, s'est rendu brièvement à la gare du Nord pour dénoncer les "hordes de barbares". "La France qui a perdu ses frontières et ses protections voit venir la misère du monde et partir ses richesses", s'est plaint M. de Villiers, qui, s'il était élu, reviendrait sur les traités européens pour rétablir les frontières. Car il se veut "l'homme du patriotisme. Un patriotisme qui vise à protéger la souveraineté et l'identité de la France". § Pour Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, "avec environ un tiers d'électeurs indécis, l'instrument du sondage ne peut prévoir les reclassements et les choix de dernière minute". § E miga : N'avez-vous pas le sentiment que comme en 2002, comme pour l'ampleur du "non" au dernier référendum, une grosse surprise est possible ? Pascal Perrineau : Les surprises à l'élection présidentielle sont presque une règle. En 1981, personne n'avait prévu la chute du candidat communiste. En 1995, personne n'avait prévu l'arrivée de Jospin en tête des candidats. En 2002, personne n'avait prévu la sélection de Jean-Marie Le Pen au second tour. Avec environ un tiers d'électeurs indécis jusque dans la dernière ligne droite, l'instrument du sondage ne peut prévoir les reclassements et les choix de dernière minute. C'est dans ces évolutions du dernier instant que s'enracinent les surprises. paul : M. Bayrou a-t-il une chance de créer la surprise en passant le premier tour ? Pascal Perrineau : Dans de nombreuses enquêtes, François Bayrou est, en termes d'intentions de votes, proche du niveau de Mme Ségolène Royal. Il suffirait d'une évolution défavorable à la candidate socialiste dans un segment de 2 à 3 % de l'électorat pour que l'ordre d'arrivée prévu par les grands instituts (Sarkozy en premier, Ségolène Royal en deuxième, François Bayrou en troisième) soit perturbé. Cet électorat potentiel de François Bayrou est, toutes les enquêtes le montrent, le plus hésitant. Selon le destin de cette hésitation, le candidat de l'UDF sera présent au second tour ou reviendra dans la position de troisième homme. rou : Les Français vont-ils voter pour le candidat dont ils se sentent le plus proches ou voter utile ? Quelle sera la part des extrêmes ? Pensez-vous que les voix allant à la gauche de la gauche sont susceptibles d'empêcher Ségolène Royal d'accéder au second tour ? Pascal Perrineau : Lorsqu'on leur pose la question, une majorité de Français disent voter davantage en fonction de leur préférence que pour des raisons d'"utilité". Alors que les Français, dans des élections précédentes, s'étaient beaucoup dispersés sur des candidats marginaux, il semble qu'en 2007 ils reviennent vers des candidats issus des grands partis de gouvernement (PS, UMP, UDF). Selon les instituts de sondage, entre 68 et 70 % des Français voteraient pour un de ces trois candidats. Ils ne le font pas pour des raisons uniquement de vote utile, mais aussi parce que ces "grands" candidats apparaissent à tort ou à raison comme des candidats du renouveau générationnel et politique. Quant aux extrêmes, si Jean-Marie Le Pen semble être, en termes d'intentions de vote, au niveau qui était le sien en 2002, il n'en est pas de même des candidats de l'extrême gauche, qui, en dépit de l'apparente "santé électorale" d'Olivier Besancenot, sont en récession par rapport à 2002. Cette récession électorale de l'extrême gauche est certainement due au fait que les électeurs socialistes, qui avaient pu se faire "plaisir" en 2002, hésitent à renouveler ce comportement en 2007, se souvenant de l'échec du candidat socialiste et de sa disparition au second tour. Il y a au sein de l'électorat des gauches une mémoire d'avril 2002. d'Artagnan : Le résultat du premier tour de l'élection semble reposer sur la perméabilité des votes à droite et au centre. Comment analysez-vous la fluctuation née de la position de François Bayrou en cette fin de campagne ? Comment influe-t-elle sur le vote Sarkozy ? sur le vote Royal ? Pascal Perrineau : La poussée des intentions de vote en faveur de François Bayrou reflète un double phénomène. Tout d'abord, la récupération par le candidat de l'UDF de son électorat "naturel", séduit dans un premier temps par Nicolas Sarkozy. Il ne faut pas oublier que dans le passé, les candidats de l'UDF ou soutenus par l'UDF avaient rassemblé entre 16 et 19 % de l'électorat (Barre 16,5 % en 1988, Balladur 18,6 % en 1995). Si la naissance de l'UMP en 2002 a mis à mal l'appareil de l'UDF, elle n'a pas fait disparaître sa base électorale. Il semble qu'après une faiblesse en 2002 (Bayrou n'avait rassemblé que 6,8 % des suffrages), l'UDF récupère le niveau qui a toujours été le sien depuis vingt ans. Le deuxième phénomène qui semble avoir nourri la dynamique Bayrou est constitué par les déçus du "ségolénisme". En effet, certains électeurs socialistes ont pu être déçus de la campagne de la candidate du PS et se sont reportés sur la candidature du président de l'UDF à partir du moment où celui-ci semblait vouloir s'émanciper d'une union des droites à laquelle il a toujours appartenu jusqu'à une date récente. Ainsi, la dynamique Bayrou a à la fois entamé le capital électoral de Nicolas Sarkozy et celui de Ségolène Royal. Reste à savoir si cette tentation bayrouiste tiendra jusqu'au bout. claude : Pensez-vous que le "tout sauf Sarkozy" soit un élément fort de mobilisation ? Pascal Perrineau : La stratégie du "tout sauf Sarkozy" a été mise en place par une gauche qui se rend compte qu'elle ne dispose que de faibles réserves électorales. Le total des intentions de vote en faveur des candidats de gauche ne semble pas devoir dépasser les 40 % d'intentions de vote. Afin de tenter de trouver une vocation majoritaire, la gauche cherche à "diaboliser" le candidat de l'UMP afin de créer un réflexe de rejet non seulement à gauche, mais aussi parmi les électeurs du centre et de la droite modérée. Cette stratégie de diabolisation, si elle peut mobiliser dans un premier temps, peut risquer dans un second d'exaspérer une partie de l'électorat, qui se sentira privée du débat au fond qu'il appelle de ses vux entre la candidate socialiste et celui de l'UMP. Les Français sont en demande d'un débat politique exigeant. Ils pourraient ne pas se satisfaire d'un débat de l'entre-deux-tours qui tournerait au règlement de comptes personnels et aux "grands guignols". § La stratégie du candidat de l'UMP jusqu'au premier tour. Ses points forts dans la campagne, mais aussi les polémiques qu'il a suscitées. Et une sélection de vidéos. § § Pour son dernier meeting avant le premier tour, jeudi 19 avril à Marseille, le candidat UMP a assuré que son "rêve était de changer la France" pour que "chacun y trouve sa place". § § A la différence de 2002, les ventes des quotidiens et des magazines profitent pleinement de l'intérêt des Français pour la campagne présidentielle. § L 'intérêt des Français pour l'élection présidentielle stimule depuis plusieurs semaines la vente des journaux - qu'il s'agisse des quotidiens, des news magazines et même de la presse jeunesse. Un phénomène nouveau par rapport à 2002. "Il y a un vrai appétit pour ces sujets, souligne Michel Labro, codirecteur de la rédaction du Nouvel Observateur. La campagne européenne avait montré un divorce entre l'opinion, les politiques et les médias, nous en avons tiré des leçons." "Nos lecteurs sont beaucoup plus réactifs que pendant la campagne pour la présidentielle de 2002", constate Hervé Bonnaud, directeur des ventes du Monde. Cet engouement s'explique notamment par "la forte indécision chez nos lecteurs et un grand besoin de comprendre. Or, pour approfondir, il n'y a pas mieux que la presse écrite", affirme Dominique Quinio, directrice de La Croix. Les éditeurs ont le sourire. Ainsi Marianne a retiré, jeudi 19 avril, 80 000 exemplaires de son numéro du samedi 14 avril, qui fait sa "une" sur "Le vrai Sarkozy. Ce que les grands médias ne veulent pas ou n'osent pas dévoiler". Un retirage de 60 000 exemplaires avait déjà été effectué mercredi, mais ces numéros ont vite été vendus. L'hebdomadaire aura donc placé en tout 440 000 exemplaires dans les kiosques pour une diffusion totale d'environ 500 000 numéros. Tous les "News" voient également leurs ventes progresser. Au Point, les ventes en kiosque sur la France ont augmenté de 17 % depuis le début de l'année, avec une moyenne de 105 000 numéros vendus chaque semaine en kiosque. De même, au Nouvel Observateur, les ventes en kiosque sur la France ont augmenté de 15 % à 20 % par rapport à la même période de 2006. Le numéro de l'Obs sur "Les intellos virent-ils à droite ?" s'est par exemple écoulé à 91 000 exemplaires, selon l'éditeur. Les ventes de l'Express profitent aussi de l'effet présidentielle. Fort de ce succès, les hebdomadaires ont décidé d'avancer leur jour de parution au mardi 24 avril pour Paris et l'Ile-de-France et au lendemain en province afin de coller au plus près des résultats du premier tour. "LES ECHOS" AUSSI Les quotidiens Libération, Le Monde, Les Echos, Le Figaro, La Croix... sont également plutôt satisfaits avec des ventes qui retrouvent des couleurs, après des années de baisse. Le Monde a vu sa diffusion totale (kiosques et abonnements) progresser de 2,2 % à fin mars. "Les ventes en kiosque à Paris sont redevenues positives en février, ce qui n'était pas arrivé depuis plusieurs années", souligne Hervé Bonnaud. La présidentielle profite aussi à Libération, dont les ventes sont souvent supérieures à celles de 2006. Pour La Croix, les ventes au numéro, qui représentent un peu moins de 10 % de la diffusion totale, augmentent de 15 % à 20%. La tendance est bonne au Figaro. Fait nouveau, Les Echos ont eux aussi profité de la campagne, avec des ventes en kiosque en progression de 3,5 % au premier trimestre. Une première pour ce quotidien économique qui n'a jamais profité de l'effet électoral. Les quotidiens régionaux ne sont pas en reste, notamment Ouest-France, premier quotidien français, dont la diffusion progresse de 1,5 %, et qui prévoit un total de 105 pages "présidentielles" lundi 23 avec ses 40 éditions. § Pour la majorité des pays arabes du Proche-Orient, le départ de Jacques Chirac de l'Elysée signe la fin d'une ère. § P our la majorité des pays arabes du Proche-Orient, le départ de Jacques Chirac de l'Elysée signe la fin d'une ère. La longévité politique du président français, seulement dépassé dans la région par le ministre saoudien de la défense, le prince héritier Sultan ben Abdel Aziz Al-Saoud (en poste depuis 1962), ajoutée à sa filiation gaulliste, en avait fait un repère. Seule la Syrie attend avec impatience le départ de celui qu'elle tient pour un ennemi depuis la rupture précipitée par l'assassinat, en février 2005, de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, imputée par des responsables libanais et occidentaux aux services syriens, ce que Damas dément. Les candidats les mieux placés pour lui succéder soulèvent des interrogations. François Bayrou, qui s'était rendu dans les territoires palestiniens en février 2006, conjugue une faible notoriété et un positionnement politique particulièrement déroutant pour des régimes autoritaires appuyés sur des majorités parlementaires ou partisanes aux ordres. Ségolène Royal reste pénalisée par le tropisme sioniste prêté au Parti socialiste français depuis des lustres et que les deux présidences de François Mitterrand n'ont pas démenti en dépit de ses interventions en faveur des Palestiniens. Les polémiques qui ont accompagné le voyage de la candidate socialiste au Liban, dans les territoires palestiniens et en Israël, en décembre 2006, ont brouillé le message martelé au cours de la campagne interne au PS : la nécessité de "dialoguer avec tout le monde". Il en a été de même avec sa position maximaliste à propos du dossier nucléaire iranien (elle s'oppose à ce que Téhéran accède au nucléaire, y compris civil). PERPLEXITÉ FACE À M. SARKOZY Des trois candidats principaux, c'est cependant Nicolas Sarkozy qui retient le plus l'attention des principaux pays arabes. A son crédit figure son appartenance à une droite généralement préférée à la gauche par les régimes en place. A son débit, en revanche, s'inscrit son "attachement politique à la démocratie israélienne" longuement répété lors d'un récent déjeuner avec les ambassadeurs arabes en poste à Paris. Le candidat de l'UMP indiquait dans son livre Libre que cet attachement a longtemps renforcé une "attitude d'incompréhension et même une certaine indifférence" vis-à-vis du monde arabe, "cet univers que je connais si mal" et qui lui était alors "étranger". Cette méconnaissance assumée alimentait d'ailleurs dans le même livre, à l'occasion de la narration d'une visite d'une semaine en Syrie, des considérations sur "l'hospitalité" qui "n'est pas que proverbiale" mais "réelle", sans parler de "l'artisanat", "riche, soigné, créatif". Cinq ans plus tard, le déséquilibre n'a pas été corrigé, comme le montre le paragraphe intitulé "Le monde arabe" du livre Témoignage (été 2006) et qui consacre plus de lignes à Israël qu'au "monde arabe et musulman". Devenu président de l'UMP en 2004, Nicolas Sarkozy avait accompli à ce titre, en décembre 2006, sa première visite à l'étranger en Israël, son entourage promettant une tournée identique dans les territoires palestiniens qui l'attendent encore. Le 26 février, interrogé sur RMC, M. Sarkozy avait été pris en défaut de compétence sur la région en assurant catégoriquement, contre toute évidence, qu'"on ne peut pas dire que tous les combattants d'Al-Qaida soient sunnites". § Tous les dessins sur la campagne présidentielle parus dans "Le Monde". § § Signe d'un trouble profond, les syndicats de la Dares du ministère de l'emploi, de l'Insee et de l'ANPE ont demandé au gouvernement de ne pas publier les estimations du mois de mars qui doivent être diffusées le 27 avril. § L a querelle des chiffres du chômage rebondit à la veille du premier tour de l'élection présidentielle. Signe d'un trouble profond, les syndicats (CGT, CFDT, FO, SNU-FSU et UNSA) de la Dares (direction de l'animation et de la recherche des études et des statistiques) du ministère de l'emploi, de l'Insee et de l'ANPE ont demandé au gouvernement de ne pas publier les estimations du mois de mars qui doivent être diffusées le 27 avril. Lors d'un rassemblement et d'une conférence de presse, jeudi 19 avril à Paris, ils ont estimé en effet que l'"on prive le débat public d'un élément essentiel pour que les Français se fassent une opinion". Autrement dit, ils accusent le gouvernement de biaiser la réalité pour tirer profit d'une amélioration de l'emploi qu'ils estiment en trompe l'oeil. Au coeur de cette mobilisation inédite, la "confusion" et la "sous-estimation" de la réalité du chômage introduite par le report des résultats de L'Enquête emploi de l'Insee du mois de mars au mois de septembre. Selon cette étude, le taux de chômage serait en réalité de 9,8 % en 2006, au lieu des 9,1 % retenus par l'évaluation moyenne mensuelle tirée des données administratives de l'ANPE (Le Monde du 10 mars). Constatant cet écart, l'organisme public avait, en janvier, sursis à la publication des chiffres, le temps de compléter, voire de corriger les éléments de calcul. Mais en mars, le bureau européen Eurostat s'était fondé sur ces estimations pour réévaluer à 8,8 % le taux de 8,4 % annoncé par le gouvernement. Un chiffre présenté comme la meilleure performance depuis 1983. "Il ne faudrait pas ajouter à la confusion une perte de confiance", considère Juliette Herviant, déléguée (CGT) de l'Insee. Selon elle, "la décision de report en période électorale a été une maladresse énorme". Et elle accuse les responsables de l'Insee d'avoir "paniqué et cédé à la fétichisation du chiffre mensuel" mis en avant par le gouvernement. "Ces chiffres prouvent que la baisse du chômage n'est pas aussi forte que celle qui est annoncée. Au mieux, il y a eu une stagnation en 2006", notent les responsables syndicaux. Selon eux, "les modifications apportées depuis 2005 dans la gestion administrative des demandeurs d'emploi ont conduit à une sous-estimation considérable", notent les responsables syndicaux qui s'interrogent notamment sur les radiations administratives consécutives à l'obligation de présence aux entretiens mensuels. ETATS GÉNÉRAUX LE 29 MAI "La multitude des chiffres montre qu'il faut retrouver des principes éthiques et établir une cohérence entre tous les organismes", juge Christophe Baur (CFDT) de l'Insee. "Nos outils traditionnels sont-ils encore valables pour mesurer l'emploi tel qu'il existe avec ses diverses formes de temps partiels, de contrats précaires", précise Mme Herviant. Malgré l'augmentation du nombre de créations d'emplois au cours des derniers mois, le collectif "Autres chiffres du chômage" avait évalué à plus de 4 millions le nombre réel de personnes en quête d'un emploi. Pour tenter d'élaborer des critères, selon eux plus proches de la réalité, les syndicats, les associations et collectifs de chômeurs ont prévu de se retrouver, le 29 mai à Paris, pour des Etats généraux du chômage et de la précarité. § Le président de la République envisage de créer une fondation sur le modèle de celle de l'ancien président américain Bill Clinton. Il n'entend pas rester à l'Elysée jusqu'à la dernière minute § "P ot de départ, le 6 mai, à 20 heures". L'affiche de Canal+, sur laquelle la marionnette de Jacques Chirac, mi-solennelle mi-goguenarde invite les téléspectateurs à ne pas manquer le rendez-vous, s'étale dans toutes les grandes villes de France. La chaîne garde le secret sur les sketches qu'elle réserve à cette soirée, mais les "Guignols" ont préparé, à n'en pas douter, un "pot" épatant pour leur plus célèbre et populaire marionnette. L'affiche a fait sourire quelques collaborateurs, à l'Elysée. Matignon et l'Elysée recasent leurs collaborateurs A quelques semaines de la passation de pouvoir, l'Elysée et Matignon s'empressent de recaser leurs collaborateurs. Le gouvernement a utilisé largement son "droit de tirage" sur les grands corps de l'Etat, une tradition contestée par certains candidats à la présidentielle. Si le directeur du cabinet de Dominique de Villepin a choisi d'entamer une carrière politique, en se présentant aux législatives à Evreux, ses deux adjoints, Alain Quinet et Louis-Charles Viossat, décrochent l'inspection générale des finances pour le premier et un poste d'ambassadeur chargé de la lutte contre le sida pour le second. Véronique Guillermo, chef du service de presse de Matignon, est nommé inspectrice générale des affaires sociales, Philippe Mettoux, conseiller pour la justice, devient conseiller d'Etat, et Eric Pilloton, conseiller justice, est promu préfet, administrateur des terres australes. Annie Lhéritier, chef de cabinet à l'Elysée, est nommée conseillère d'Etat. La secrétaire générale adjointe Marie-Claire Carrère-Gée devient conseiller-maître à la Cour des comptes. Le conseiller à l'éducation Alain Seban a pris la présidence du Centre Pompidou. C'est bien de départ qu'il s'agit désormais, puisque le président a renoncé à effectuer un dernier voyage et qu'il a réduit au minimum les activités officielles, à quelques jours du premier tour. M. Chirac se concentre sur l'actualité la plus urgente, comme il le fera jusqu'à la fin de son mandat. Il a ainsi présidé un conseil de défense après les attentats au Maroc et suit en permanence, avec Matignon, la situation des deux otages français en Afghanistan. La tournée des adieux se fait sur place, les dirigeants arabes se succédant à l'Elysée. La date de la passation de pouvoirs, qui peut avoir lieu entre la proclamation officielle des résultats et le 17 mai, fin officielle du quinquennat, n'est pas fixée. "Cela fait partie des discussions que le président aura avec la personne qui lui succédera", indique le secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux. "Ce qui est très clair, c'est qu'il fera les choses de la manière la plus simple possible et qu'il ne restera pas jusqu'à la dernière seconde du dernier jour", ajoute-t-il. M. Chirac réfléchit désormais à la façon dont il veut "servir autrement" les Français, comme il l'avait dit dans un entretien enregistré, le 11 février, sur le plateau de Michel Drucker. Comme ancien président, il disposera de bureaux qui sont déjà choisis, dans le septième arrondissement de Paris, quartier des ministères. Une petite équipe, coordonnée par un préfet, est sur le point d'être constituée. FAIRE AVANCER LES SUJETS CHERS À M. CHIRAC Le président se consacre surtout à l'idée d'une fondation, comme l'a révélé Le Parisien, mercredi 18 avril. "La forme d'une fondation n'est pas formellement décidée", précise l'Elysée, mais ses objectifs sont fixés : faire avancer les sujets auxquels M. Chirac a consacré une partie importante de son temps ces dernières années, le développement durable et le dialogue des cultures. Le modèle observé est celui de la Fondation Clinton, montée par l'ancien président américain, avec lequel M. Chirac s'entretient régulièrement. Cette structure devrait faire appel au mécénat et fonctionner en partie avec des bénévoles. Le chef de l'Etat a déjà choisi le collaborateur sur lequel il s'appuiera et qu'il connaît bien, pour avoir travaillé avec lui lorsqu'il était premier ministre entre 1986 et 1998. Il s'agit de Jean-Pierre Laffont, "un diplomate de haute volée" dit-on à l'Elysée, qui a été en poste à l'ONU, en Chine, au Liban, et qui était secrétaire général du Quai d'Orsay entre 2004 et 2006, date à laquelle il a été admis à la retraite du corps diplomatique. M. Chirac, précisent ses actuels collaborateurs, veut travailler dans un double objectif : pousser les sujets de préoccupations du président comme les financements innovants, le développement de l'Afrique, l'environnement, dans les réseaux de débat, les grandes instances internationales, les conférences. "A Davos, par exemple, si cela vaut la peine", dit l'un d'eux. Mais aussi lancer des "actions très concrètes", avec des entreprises, des Etats étrangers, des ONG, sur l'accès à l'eau, aux soins, à l'éducation, pour ceux qui en ont le plus besoin. "Il veut mener à bien des opérations ponctuelles de terrain", raconte M. Salat-Baroux. Cette vie d'ancien président ne commencera vraiment qu'à la rentrée. La future fondation ne peut être opérationnelle avant cette date. Et puis, M. Chirac et son épouse Bernadette ont bien l'intention de se reposer un peu et de voyager. Ce qui est certain, en revanche, c'est que Claude Chirac, la fille du président qui s'est occupée de sa communication pendant douze ans, ne participera pas à cette activité semi-professionnelle d'ancien président. § Une lettre adressée le 16 avril par Nicolas Sarkozy au président du Comité de liaison des associations de rapatriés (CLAN-R), Denis Fadda, circule depuis deux jours dans le milieu pied-noir. § U ne lettre adressée le 16 avril par Nicolas Sarkozy au président du Comité de liaison des associations de rapatriés (CLAN-R), Denis Fadda, circule depuis deux jours dans le milieu pied-noir. Le candidat y redit son "engagement de ne jamais sombrer dans la démagogie de la repentance" : "Si la France a une dette morale, c'est d'abord envers" les Français d'Algérie rapatriés. Le 31 mars, devant des représentants de la communauté harkie, M. Sarkozy s'était engagé à "reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre de harkis", en 1962. Dans sa lettre aux rapatriés, M. Sarkozy "souhaite que les victimes françaises innocentes de cette guerre, jusqu'à l'indépendance, et, tout particulièrement, les victimes du 26 mars 1962 (l'armée française a tiré sur une manifestation organisée par l'OAS à Alger, faisant 56 morts), se voient reconnaître la qualité de "morts pour la France" et que leurs noms figurent sur une stèle officielle afin que personne n'oublie ces épisodes douloureux". Il semble ainsi ne retenir que les morts européens. "Il y a pourtant eu entre 300 000 et 400 000 morts du côté algérien", rappelle l'historien Benjamin Stora. Dans ce courrier, M. Sarkozy rouvre le dossier de l'indemnisation des rapatriés clos par Jacques Chirac en 1987. Il s'engage à créer une commission indépendante devant établir "précisément un état des lieux sur l'ensemble des dossiers concernant les rapatriés, notamment sur les taux d'indemnisation, le désendettement, les retraités et toutes les situations spécifiques qui n'ont pas été réglées". Elle devrait faire des propositions avant la fin 2007, afin que des mesures soient budgétées dès 2008. En s'engageant auprès des rapatriés, "par respect", à ce que la date officielle de la commémoration des morts de la guerre d'Algérie ne soit pas le 19 mars, "celle, dit-il, d'un cessez-le-feu, qui, de surcroît, n'a pas été respecté", le candidat écarte l'idée d'un travail historique commun entre Français et Algériens. "Nous devons aujourd'hui construire ensemble l'avenir, sans repentance, sans réécrire notre histoire avec l'Algérie", affirme-t-il. "Cinquante ans plus tard, écarter toute possibilité que des historiens français et algériens puissent travailler ensemble, c'est soutenir qu'aucun compromis n'est possible. On ne peut pas demander aux Algériens de reconnaître leurs exactions alors que nous n'en reconnaissons aucune dans notre histoire officielle !", s'indigne M. Stora, qui a ouvert la voie d'un travail commun avec l'historien Mohammed Harbi en 1984. "M. Sarkozy endosse la vision nostalgique de la colonisation, des pieds-noirs extrémistes, et fait ainsi resurgir l'article 4 de la loi du 23 février sur les aspects positifs de la colonisation qui a pourtant suscité une vive polémique", s'alarme Gilles Manceron de la Ligue des droits de l'homme. PAS DE TRAITÉ AVEC ALGER M. Sarkozy rejette aussi toute idée de traité avec l'Algérie. Quelques jours avant sa visite à Alger en novembre 2005, il avait déjà déclaré que "l'amitié n'avait pas besoin d'être gravée dans le marbre d'un traité". Il écarte aujourd'hui toute relance de ce projet de traité voulu par M. Chirac puis abandonné après la polémique sur l'amendement consacrant le "rôle positif de la colonisation". Le candidat assure néanmoins tenir "à l'amitié franco-algérienne", mais il s'agit surtout pour lui d'établir des liens économiques : "L'Algérie a d'immenses ressources énergiques. La France maîtrise les technologies de l'électricité nucléaire. Nous devons trouver là les bases d'une coopération équitable", insiste-t-il. Pour M. Stora, ce rejet d'un traité d'amitié franco-algérien équivaut à "une déclaration de guerre envers l'Algérie". § On les avait laissés dans les affres de l'indécision, hésitant, tergiversant, soupesant les arguments qui pourraient les faire pencher d'un côté ou de l'autre. A deux jours du premier tour, la plupart ont franchi le Rubicon. § O n les avait laissés dans les affres de l'indécision, hésitant, tergiversant, soupesant les arguments qui pourraient les faire pencher d'un côté ou de l'autre. A deux jours du premier tour, la plupart ont franchi le Rubicon. Eux qui redoutaient de devoir se décider l'épée dans les reins savent enfin quel nom ils glisseront dans l'urne. Visiblement, ils en sont soulagés. Paulina Ferrier (Le Monde du 14 avril), l'artiste peintre nantaise qui fluctuait entre Nicolas Sarkozy et François Bayrou a tranché. "Humainement, Bayrou me semble plus proche. Alors, oui, je vais lui apporter mon suffrage", dit-elle. "Ce qui m'a fait basculer, dit-elle, ce sont les propos de Nicolas Sarkozy sur les caractéristiques supposées de l'inné et de l'acquis. Tout cela me fait un peu peur." "En fait, Sarkozy m'a découragé de le soutenir", résume Mme Ferrier qui, cependant, ne modifie pas ses plans pour le second tour. Elle voterait en sa faveur s'il était confronté à Ségolène Royal, sans hésiter. "RÉDHIBITOIRES" Les déclarations du candidat de l'UMP sur la génétique ont fait bondir Frédéric (Le Monde du 13 avril), qui optera donc pour Ségolène Royal. "De tels propos sont rédhibitoires", insiste, comme piqué au vif, ce producteur dans la publicité âgée de 42 ans qui se sentait tenté par les choix économiques plus libéraux incarnés par Nicolas Sarkozy mais ne doute plus des valeurs qui sont les siennes. "Finalement, je suis de gauche", constate-t-il après un temps de réflexion. Même s'il ne déborde pas d'enthousiasme pour la candidate socialiste, il parvient malgré tout à lui reconnaître quelque mérite. "Elle est plus ouverte, moins sclérosée que le reste du PS", lâche-t-il. Frédéric, qui il y a une semaine encore se sentait aussi hésitant pour le second tour, évoquant un choix hybride (Royal au premier tour, Sarkozy au second) a également balayé ses doutes pour le 6 mai. "Quitte à voter pour elle, autant faire en sorte qu'elle aille jusqu'au bout", dit-il. Cadre dans un laboratoire photographique, Yvette Lamy pourrait bien suivre le même chemin. Elle qui se disait très tentée par la candidature de François Bayrou (Le Monde du 15-16 avril) se décrit désormais comme "au bord de voter pour madame Royal". Peut-être, la radicalisation du discours du candidat de l'UMP incite-t-elle cette cadre de 56 ans, qui avoue une sainte horreur de la droite, à se rapprocher du camp de la gauche ? On ne sait. En revanche, elle raconte que dimanche dernier, elle s'est rendue chez une amie qui l'a "un peu influencée en évoquant les personnalités proeuropéennes qui soutiennent sa candidature". Ce faisant, elle a touché le point sensible de Mme Lamy qui ne cache pas le respect que lui inspire Jacques Delors. Alors, va pour Ségolène Royal ? "Bon, c'est elle... pour l'instant", sourit Yvette qui, dimanche, a prévu de s'en aller voter vers 17 heures. Une façon de se ménager un ultime délai de réflexion. Une semaine de vacances en Grèce n'a pas résolu le choix cornélien qui taraude Jean Rol-Tanguy, 63 ans, fils de résistant communiste, élevé dans la culture du PCF (Le Monde du 12 avril). Marie-George Buffet, la candidate vers laquelle il se sent naturellement porté mais qui incarne un PCF isolationniste, ou Ségolène Royal, trop étrangère à ses repères mais qui présente le meilleur moyen d'éviter "la cata", autrement dit un remake du 21 avril 2002 ? "J'ai entendu parler des appels de Rocard en faveur d'un rapprochement Bayrou-Royal et cela ne me rassure guère. Quant à la campagne de Marie-George, rien ne s'en dégage vraiment. Alors..." Alors, Jean Rol-Tanguy semble toujours baigner dans une insondable perplexité. § Ce site, vers lequel pointent plusieurs sites du PS, suggérait d'abord d'accompagner un électeur aux urnes, qui "intimidé par votre présence (...) votera selon votre prescription". Un communiqué des porte-parole de Nicolas Sarkozy et de vives critiques ont semble-t-il occasionné des modifications du texte. § D es conseils prodigués par le site des "Amis de Ségolène Royal" pour convaincre son entourage de voter pour la candidate socialiste ont suscité une certaine émotion sur la toile, cause probable des changements de version. Un premier texte, exhumé par un blogueur, intitulé "la visite à domicile, l'arme ultime", suggérait d'accompagner un électeur indécis aux urnes. "Intimidé par votre présence dans le bureau de vote (Vous ne pouvez hélas vous rendre dans l'isoloir pour effectuer l'indispensable vérification et vous allez sans doute lui demander les bulletins restant par précaution), il votera selon votre prescription", pouvait-on ainsi lire. Une seconde version , qui sera la plus commentée, titrait de façon moins guerrière sur "la visite à domicile, la botte secrète", et transformait le terme "intimidé" par "ému". Ce texte a suscité, vendredi 20 avril, un communiqué des porte-parole de Nicolas Sarkozy, où Rachida Dati et Xavier Bertrand "condamnent la vision très inquiétante de la politique et de la démocratie véhiculée par ce mode d'emploi, empreint de sectarisme et invitant à user de techniques de manipulation allant jusqu'à l'intimidation physique aux abords mêmes de l'isoloir". Le Figaro.fr en a fait un article, et plusieurs bloggueurs ont dénoncé le procédé : Ainsi, l'auteur de Koztoujours estime qu'"on est dans le registre de l'intimidation !", dans une note qui a suscité 76 commentaires depuis vendredi soir, "Mariesego" dénonce la "méthode" d'un site qui "vous donne les meilleurs tuyaux pour forcer la main aux indécis: Faites leur croire que vous vous intéressez à eux" . Un des blog de l'UMP, Souslespavés, titre sa note "Sous Ségolène Royal, l'URSS", tandis que les Jeunes Pops de l'UMP Dauphiné s'inquiètent du "flicage des électeurs au Parti socialiste", soulignant que le site des Amis de Ségolène Royal est relayé par plusieurs sites socialistes. "Le vieux sympathisant PS que je suis est un peu désemparé", écrit de son côté l'auteur de Cerca blogue!, qui estime aussi que la page incriminée semble bien, "sauf piratage, improbable jusqu'à plus informé", émaner de l'Association des Amis de Ségolène Royal, présidée par Pierre Bergé. Une troisième mouture du texte supprime le passage sur la regrettable impossibilité de se rendre dans l'isoloir, la vérification des bulletins restant et la "prescription" de vote. "Emu par votre présence à ses côtés dans ce moment solennel, il sera d'autant plus à l'écoute de vos ultimes arguments", affirme le nouveau texte. Si le magazine en ligne Pointblog paraît soulagé, Cerca blogue! estimait lui que"S'ils ne sont pas idiots, les responsables du site devraient avoir effacé l'ensemble des pages d'ici demain (samedi) midi". Samedi en fin de journée, le texte demeurait, ainsi que les liens depuis divers sites du PS. § 830 000 électeurs des collectivités d'Outre-Mer et 178 000 des électeurs français inscrits à l'étranger votent samedi, un jour avant le scrutin en France, décalage horaire oblige. § L es Français d'Amérique et des DOM-TOM outre-Atlantique ont commencé à voter samedi 21 avril pour l'élection à la présidence de la République française. C'est la première fois qu'ils votent un jour avant le scrutin en France, afin d'éviter qu'une bonne partie d'entre eux, décalage horaire oblige, ne déposent leur bulletin dans l'urne à un moment où les résultats seraient déjà connus en métropole. Les premiers bureaux de vote pour ce scrutin ont ouvert à 8 heures (midi à Paris), à Saint-Pierre et Miquelon, archipel français de l'Atlantique nord. Les 4 923 électeurs de ces deux îles, qui forment la plus petite collectivité d'Outre-mer française, à 25 km de Terre-Neuve (Canada) devaient voter dans quatre bureaux, trois sur l'île de Saint-Pierre et un sur Miquelon-Langlade. Le soleil était radieux, mais la température ne dépassait pas 0 degré, loin de l'atmosphère estivale régnant en métropole. Pour le premier tour de la présidentielle de 2002, 58,03 % des Saint-Pierrais et Miquelonnais ne s'étaient pas rendus aux urnes. Une heure après eux, c'était au tour des électeurs du Département d'Outre-mer (DOM) de la Guyane de se rendre dans les isoloirs, en même temps que les Français inscrits au Brésil, en Argentine, au Surinam et en Uruguay et à Moncton et Halifax, les bureaux de vote le plus oriental du Canada. En Argentine, qui détient avec 12 000 inscrits le plus grand contingent latino-américain d'électeurs français, quatre bureaux ont été ouverts à l'ambassade de France à Buenos Aires. Au Brésil, quelque 10 793 Français disposent de huit centres de vote dans plusieurs villes. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE FERMERA LE BAL Enfin, une heure plus tard, à 14 heures, heure de Paris, les bureaux de vote ont ouvert dans deux autres DOM, Martinique et Guadeloupe, ainsi que sur la côte est des Etats-Unis, de New-York à Washington, du Canada, ou encore à Cuba, en Bolivie et au Chili. A Montréal, une centaine de personnes faisaient la queue à l'ouverture au centre de vote de Montréal, le plus important hors d'Europe avec près de 34 000 inscrits, contre un peu plus de 12 000 pour la présidentielle de 2002. Le scrutin devait débuter trois heures plus tard sur la côte pacifique du continent nord-américain. La Polynésie française fermera le bal : les bureaux de vote ouvriront à 20 heures, heure de Paris. Le duel entre les candidats de l'UMP et du Parti socialiste s'y annonce plus serré qu'en 2002. Alors que les indépendantistes avaient toujours appelé à boycotter les scrutins nationaux d'une "nation qui n'était pas la leur", le Tavini Huiraatira, parti indépendantiste du président déchu Oscar Temaru, a appelé pour la première fois cette année à voter et mène depuis plus de deux mois une campagne d'une rare intensité en faveur de Ségolène Royal. 1 007 000 électeurs sont ainsi appelés aux urnes dès samedi : 830 000 des collectivités d'Outre-Mer, auxquels s'ajoutent 178 000 des 821 600 électeurs français inscrits à l'étranger. Pour ces derniers, près de 550 centres de vote ont été mis en place et un effort particulier a été fourni pour les électeurs éloignés des capitales avec l'ouverture de 165 bureaux décentralisés, dont Honolulu (Hawaï), Nassau (Bahamas) ou Guadalajara (Mexique). Le dépouillement aura lieu dès samedi soir, mais bureau par bureau et les résultats doivent être donnés par le ministère des affaires étrangères après la clôture du scrutin dimanche en France. § Une élection se raconte aussi dans sa scénographie. Inventaire des nouveautés de la présidentielle 2007. § J eux de mains. Ça a commencé lors des assemblées générales contre le contrat première embauche (CPE), en 2006. Dans les amphis, on a vu les étudiants lever les mains et les agiter - applaudir, dans le langage des sourds-muets. Fini les claques, les coups fourrés, les retournements d'alliances de la génération précédente et de ses syndicats : on s'écoute, on se respecte, règles de base de la... démocratie participative. Ces applaudissements muets, mis à la mode par les militants altermondialistes américains lors de forums sociaux ou de contre-sommets, se sont répandus durant la campagne sur les tréteaux de gauche. Tous les candidats ou presque disposent, par ailleurs, dans leurs meetings, d'un traducteur pour sourds-muets, usage imposé par Noël Mamère en 2002, et font traduire leurs clips de campagne. Le compteur de la dette. C'est Arlette Chabot, directrice de la rédaction de France 2, qui eu l'idée d'imposer, comme décor d'A vous de juger, un tourniquet géant calculant, en temps réel, l'augmentation exponentielle de la dette de l'Etat français. Après le rapport Pébereau, puis la petite phrase lancée par le ministre de l'économie, Thierry Breton, en juin 2005 - "Chaque enfant naît aujourd'hui avec une dette de plus de 17 000 euros" -, le thème a irrigué la campagne et contraint les candidats. Devant Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen, en deux heures d'émission, la dette a augmenté de 15 millions d'euros. Le quotidien L'Humanité s'est indigné de la dramatisation induite par ce "compteur à débiter de l'idéologie" qui "valide d'emblée les solutions libérales". Le candidat de la LCR, Olivier Besancenot, a préféré en détourner le concept en plaçant sur son site Internet un compteur... des avoirs de l'Etat. Pactes, chartes et engagements. Nicolas Hulot est parti le premier et a donné le ton. L'écologiste a fait signer son pacte dès le 31 janvier à 10 prétendants à l'Elysée. Bernard-Henri Lévy a adopté la même stratégie en faisant signer à François Bayrou, Dominique Voynet, Ségolène Royal et Nicole Guedj, au nom de Nicolas Sarkozy, un acte d'engagement pour le Darfour, à la Mutualité. Le collectif AC le feu, créé en 2005 après l'embrasement des banlieues, a convié les candidats à signer leurs 105 propositions, rédigées sur la base des doléances récoltées dans 120 villes. Sur le plateau de France 2, même Jean-Marie Le Pen a signé ses "engagements", la main cadrée serrée par les caméras. Car c'est le zoom sur le paraphe, parfois multiplié sur écran géant, comme à la Mutualité, qui solennise la promesse. Irruption du "mandat impératif" dans une tradition de démocratie représentative ? Ou ruse désespérée pour prendre les futurs élus au mot - "élections, sommation", comme dit BHL ? Des affiches sans sigle. Le phénomène s'était amorcé à gauche, en 2002. Il s'est, depuis, généralisé : à l'exception des petits candidats, notamment trotskistes, plus personne ne s'affiche avec la signature de sa formation. Les partis sont devenus ringards, rien n'existe plus que la tête d'affiche : "La France présidente", sans le poing et la rose, "Ensemble, tout devient possible, Sarkozy.fr.", "François Bayrou, la France de toutes nos forces", "Votez Le Pen"... Autre signe de cette campagne ultrapersonnalisée, les entourages et seconds couteaux ont disparu, à l'exception de Marine Le Pen, au FN, et de Marielle de Sarnez, à l'UDF. Net et vidéos. La campagne présidentielle a désormais une mémoire audiovisuelle, comme l'ont appris, à leurs dépens, Ségolène Royal et Alain Duhamel. Et une nouvelle arme de guerre. Si, il y a cinq ans, Internet n'avait joué qu'un rôle marginal dans la campagne, l'irruption du haut débit a transformé le rapport au Web et les habitudes des Français : dès 10 heures le matin, ruée sur le Net. Mais c'est surtout l'avènement, en 2005, des plates-formes comme Dailymotion ou YouTube qui a bouleversé la donne. Les candidats s'expriment sur leur site (champion de fréquence : Jean-Marie Le Pen). Grâce aux vidéos, on peut aussi écouter les discours de l'adversaire, revoir Arnaud Montebourg à Canal+ ou l'arrestation policière musclée du grand-père chinois sans papiers devant l'école de la rue Rampal, à Paris. On court-circuite les médias tant décriés en se branchant sur les Web-télés militantes comme Ipol, LaTeleLibre.fr et JT2Zero. Les vidéos se révèlent enfin des armes terribles, comme lors de la campagne américaine de 2004. Le clip Polygraph, du mouvement américain MoveOn, où un détecteur de mensonges s'affolait lorsque George Bush évoquait la guerre en Irak, vient d'être "adapté" par Anti-Sarko.net sous le titre : Sarkozy menteur. "Love Generation" et Marseillaise. Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. Les meetings sont l'occasion de communier, sinon dans une idéologie, au moins dans la danse et la musique. Martin Solveig (photo), un des plus grands DJ de la scène électro-house, est venu mixer pour la jeunesse sarkozyste ses propres tubes comme Rejection, mais aussi ceux de Bob Sinclar : Love Generation, le jingle de la "Star Ac'". Avec les lasers, on se croirait dans une boîte d'Ibiza. A l'image de la Fête de l'Huma, devenue un festival de groupes populaires autant qu'un rendez-vous politique, Marcel et son orchestre, groupe de ska trompettes venu du Pas-de-Calais, ont eux aussi chanté sur la scène du Zénith pour la candidate PCF, sans renoncer à leurs traditionnels numéros de bêtes de scène. Chez José Bové, on ose le slam, le théâtre vivant, un rap musette ch'ti qui se produit aussi - diversité oblige - chez le candidat de la LCR. Enfin, tout le monde, du FN - dans une version jazzy - à l'UMP, en passant par François Bayrou, derrière Revelation de Cerrone remixé par Bob Sinclar, chante La Marseillaise, puisque l'hymne clôt désormais les meetings socialistes. Enfances. Le thème a fait florès, en général sur le mode de l'enfance difficile et de la victimisation. Télévision et presse écrite ont ressorti les images sépia des candidats en nattes et culottes courtes. Personne n'ignore que François Bayrou a perdu son père à 23 ans, tombé accidentellement d'une charrette de foin : il le dit lui-même dans le clip de sa campagne officielle. La plus belle mise en scène a été orchestrée par Ségolène Royal, dont on a feuilleté l'album de photos de jeunesse de Dakar, ville de sa naissance, à Chamagne (photo), dans les Vosges, en passant par la Martinique. Frédéric Nihous est revenu en pèlerinage au bord de l'étang où il pêchait avec son père. Même Marie-George Buffet a contredit la tradition séculaire - le communiste est un militant avant d'être une personne - pour s'en retourner avec des caméras de télévision dans le lycée de sa jeunesse. Quand les influences idéologiques s'estompent, restent l'enracinement géographique - le retour au terroir - et l'archéologie minutieuse de la psychologie des candidats. Quiz et tests. "De quel candidat êtes-vous le plus proche ?" C'est une campagne Que choisir, où les présidentiables sont mis au banc d'essai comparatif par les électeurs. Dans les émissions politiques, les "citoyens" remplacent les journalistes et posent des questions sur les problèmes qui les concernent. C'est une campagne individualiste, où chacun tente l'introspection de son tempérament, cherche son profil, examine son paradigme politique. Aux générations nées avant la chute du mur de Berlin en succèdent d'autres, qui hésitent et se perdent : "Que voté-je ?" "Qui suis-je ?" Signe de ce flottement : la vogue des quiz et autres tests de préférence ou penchant politique ("De quel candidat êtes-vous le plus proche ?") mise au point par des rédactions ou des instituts de sciences politiques, et où les candidats apparaissent par ordre d'affinités avec la réponse. Même Le Nouvel Observateur (du 12 au 18 avril), gardien du temple du fameux clivage droite-gauche, a consacré sa "une" aux "tribus" d'"écolos paumés", de "gaucho-bayrouistes", de "sarkophobes de droite", d'"anti-ségo de gauche"... Sans oublier la plus peuplée : celle des 18 millions d'indécis. § Interpellé par les sociétés de journalistes de plusieurs médias audiovisuels, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) réagit. § D oit-on revoir le principe d'égalité du temps de parole des candidats lors de la campagne officielle ? Interpellé par les sociétés de journalistes de plusieurs médias audiovisuels, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) réagit. Cet organisme, chargé d'établir les règles, avec l'aval du Conseil constitutionnel, en vertu d'un décret publié en 2001, a aussi pour mission de les faire respecter. Depuis le 8 avril, et jusqu'au vendredi 20 avril à minuit, le CSA a ainsi veillé à l'égalité stricte du temps de parole des douze candidats sur les antennes de radio et les chaînes de télévision. "Il y a un vent de fronde parce que la période est cruciale", analyse Sylvie Genevoix, conseillère du CSA, membre du groupe de travail "Pluralisme et campagnes électorales", mais "les règles sont bien appliquées, c'est donc qu'elles sont applicables et non utopiques". Le CSA s'est d'ailleurs déclaré satisfait, jeudi 19 avril, estimant que les principes d'égalité pour le temps de parole, et d'équité pour le temps d'antenne, entre les candidats, avaient été "globalement respectés" du 20 mars au 8 avril, soit juste avant le démarrage de la campagne officielle. Selon lui, les chaînes hertziennes nationales (TF1, France 2, France 3 édition nationale, Canal+ en clair et M6) ont consacré 26 heures de temps de parole et plus de 41 heures de temps d'antenne aux postulants à la fonction présidentielle durant cette période. "Jamais une campagne présidentielle n'a suscité un tel intérêt. Le temps consacré à la campagne a contribué à réconcilier les Français et la politique. Si les règles étaient si contraignantes, les chaînes n'auraient pas consacré tout ce temps d'antenne aux élections", affirme Mme Genevoix. Elle souligne également le fait que, en 2007, la situation est paradoxalement plus aisée pour les rédactions de l'audiovisuel. En 2002, elles devaient jouer avec le temps de parole de, non pas douze, mais seize candidats. Toutefois, selon Mme Genevoix, "pour l'instant, nous pensons que les règles sont bonnes pour l'exercice de la démocratie, nous les appliquons, mais nous ne nous interdisons pas d'y réfléchir dans l'avenir". Le souci principal du CSA, cette année, est le respect de la loi qui interdit toute publication d'estimations du résultat des élections avant la fermeture du dernier bureau de vote, à 20 heures. D'une part, parce que le scrutin a été avancé de 24 heures dans les départements et collectivités d'outre-mer. D'autre part, parce que les sites Internet menacent de griller l'embargo. Pour la première fois, le CSA surveillera, dimanche soir, les sites Internet des télévisions et des radios. § Dans l'obligation de respecter un temps de parole et d'antenne égal pour chaque candidat, les médias audiovisuels ont eu l'impression de faire du calcul mental et non du journalisme. § H aro sur l'égalité du temps de parole ! La campagne officielle dure depuis un mois, et l'exaspération monte dans les radios et les télévisions. Mercredi 18 avril, les sociétés de journalistes de RTL, Europe 1, Radio France, France 2 et France 3 ont écrit aux membres du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour leur faire part de leurs "très vives protestations" et de "leur consternation" devant les règles imposées aux médias audiovisuels. La cause de leur irritation est l'obligation faite aux radios et aux télévisions de respecter, du 20 mars au 20 avril, l'égalité du temps de parole pour l'ensemble des douze candidats au premier tour de la présidentielle. Une obligation qui comprend toutes les interventions sonores des candidats et de leurs soutiens, soit directement à l'antenne, soit dans un reportage et qui, depuis le 9 avril, comprend aussi "l'ensemble des éléments éditoriaux consacrés à un candidat et à ses soutiens". Les sociétés de journalistes ne nient pas "la nécessité de prévoir des règles d'accès aux médias pour permettre à toutes les candidatures d'être entendues des citoyens", mais elles soulignent dans leur lettre le "casse-tête" que cela représente pour les journalistes. "Si on ouvre le "JT" avec un sujet politique, on est contraint de décliner toute l'actualité présidentielle dans la foulée, et si l'on veut respecter les temps de parole, on n'en finit pas", témoigne ainsi un journaliste de France 2. Un constat partagé dans de nombreuses rédactions. "Nous avons respecté scrupuleusement les règles du CSA depuis le début de la campagne, analyse Valérie Lecasble, directrice générale d'i-Télé. Mais à la veille de la fin de la campagne officielle du premier tour, nous avons arrêté de diffuser des "sonores" car nous sommes parvenus à l'égalité du temps de parole entre les candidats. La réalité, c'est que nous n'aurons passé aucun extrait des quatre derniers meetings des quatre grands candidats." Même constat pour Jean-Claude Dassier, directeur général de LCI. "La démocratie ne se loge pas dans l'égalité arithmétique. C'est même l'inverse." La plupart des chaînes mobilisent d'ailleurs plusieurs personnes pour tenir les comptes. Résultat, depuis plusieurs jours, la campagne a quitté les premières minutes des journaux télévisés, et le traitement de la politique se résume souvent à un tour d'horizon des déplacements des candidats et de leurs petites phrases. Certains présentateurs prennent ces obligations avec une certaine dose de bonne humeur. A l'image de Jean-Pierre Pernaut qui, dans le journal de 13 heures de TF1, mercredi 18 avril, a pris un malin plaisir à égrener les noms des douze candidats avec des motifs qui n'avaient rien à voir avec la politique : l'anniversaire d'Olivier Besancenot notamment ! "On ne fait plus du journalisme mais de la comptabilité, peste Arlette Chabot, directrice de l'information sur France 2. Les cinq semaines d'égalité de temps de parole nous obligent à avoir l'oeil rivé en permanence sur le chronomètre. C'est absurde et antidémocratique." Le chronomètre, la rédaction de LCI devait l'avoir devant les yeux jeudi 19 avril. A partir de 20 heures, la chaîne d'information du groupe TF1 a ainsi rendu compte des principaux meetings des candidats insistant longuement sur celui de Gérard Schivardi. De quoi rattraper quelques minutes sur son temps de parole et remettre les compteurs à jour. Pour Jérôme Bureau, directeur de l'information sur M6, les chaînes sont ainsi confrontées à un paradoxe. "Ce qui est une bonne règle démocratique devient un handicap éditorial. Et encore, il n'y a que douze candidats au premier tour et non seize comme en 2002 !" Arlette Chabot se souvient ainsi qu'en 2002, quelques jours avant le premier tour, Jacques Chirac et Lionel Jospin avaient quasiment disparu des "JT" de la chaîne pour respecter les règles du CSA. A ces contraintes formelles s'ajoutent, pour les télévisions, des impératifs d'audience évidents. Les entretiens avec Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal ou François Bayrou attirent plus de téléspectateurs que ceux avec Frédéric Nihous ou Gérard Schivardi. Une réalité qui a coupé court à toute tentative d'organisation de débat avant le premier tour, aucune chaîne ne voulant se retrouver à devoir programmer, en première partie de soirée, un débat avec des candidats supposés moins médiatiques que les quatre favoris. "Cela pose vraiment des problèmes, constate également Nicolas Demorand, présentateur de la matinale sur France Inter. Si vous rendez compte longuement d'un meeting d'un gros candidat ou d'une polémique, vous brûlez tout son temps de parole." Et de prendre pour exemple la sortie du livre de l'ancien ministre Azouz Begag (Un mouton dans la baignoire, éditions Fayard), soutien affiché de François Bayrou. "Si on l'invite pour parler de son livre, le temps de parole de François Bayrou est décompté d'autant. Pour rattraper cela, il faut attribuer un temps de parole équivalent pour les onze autres candidats." Autant dire mission presque impossible. Même si certaines radios, France Info notamment, profitent parfois des heures tardives de la soirée pour diffuser des interviews des "petits candidats". Une "ruse" que ne peuvent pas toujours employer les télévisions, obligées de faire respecter l'égalité dans des tranches horaires équivalentes. Pas question donc de profiter de la nuit pour jouer du chronomètre. Même les chaînes parlementaires, (LCP-AN et Public Sénat), qui ne sont pas soumises au contrôle du CSA, obéissent à l'égalité. "C'est une préoccupation constitutive de l'esprit même de LCP, très attachée au pluralisme des idées", explique Eve-Lise Blanc-Deleuze, secrétaire générale de LCPAN. C'est ainsi qu'au palais du Luxembourg comme au Palais-Bourbon, on s'impose de manière évidente les mêmes règles que celles auxquelles sont soumises les chaînes publiques. Les chiffres sont transmis aux bureaux respectifs et aux groupes parlementaires qui les contrôlent. LCPAN a de surcroît signé, en décembre 2006, une convention avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel, à qui la chaîne transmet ses temps d'antenne et de parole. Question de principe pour les deux chaînes parlementaires. Mais qui n'en pose pas moins quelques menus problèmes. C'est en effet 100 % de leur antenne qui sont actuellement consacrés à l'élection présidentielle. Cela offre certes plus d'espace pour ajuster, le cas échéant, mais réclame aussi de modifier plus lourdement la grille et de retoucher plus profondément la mécanique de diffusion. "En outre, explique Eve-Lise Blanc-Deleuze, cela peut parfois se révéler compliqué avec les petits candidats. Si vous n'avez pas Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, vous pouvez équilibrer en recevant un porte-parole. Mais si l'agenda de Frédéric Nihous est surchargé, vous invitez qui ?". "Nous sommes persuadés que la loi devra évoluer et que, d'ici à 2012, une nouvelle réglementation sera mise en place", prévoit Remi Tomaszewski, le secrétaire général de Public Sénat. Cette réforme, beaucoup de responsables de chaînes l'appellent de tous leurs voeux. "Il faut trouver un autre système, plaide Arlette Chabot. Nous ne pouvons pas supporter toutes les contraintes." Une allusion directe aux spots de la campagne officielle, diffusés sur les chaînes de service public et qui "plombent" l'audience d'une chaîne comme France 2. "Il faut trouver un panachage plus intelligent, peut-être garder plus longtemps la règle de l'équité, moins contraignante", estime Nicolas Demorand, qui souligne toutefois que, dans l'ensemble, "les grands candidats n'ont pas manqué de temps parole durant toute la campagne". En attendant une éventuelle réforme, l'égalité du temps de parole reprend ses droits dès lundi 23 avril. A 5 h 50 précises ! § Le candidat UMP a récemment affirmé dans un courrier à des associations n'être "pas favorable à un traité d'amitié avec l'Algérie". § D ans un courrier du 16 avril au Comité de liaison des associations de rapatriés, CLAN-R (Le Monde du 21 avril), Nicolas Sarkozy avait affirmé n'être "pas favorable à un traité d'amitié avec l'Algérie". Mais son entourage tient à souligner qu'il a été, comme ministre de l'intérieur, "celui qui a le plus fait pour la réconciliation, après Chirac". Dans sa lettre, M. Sarkozy indiquait que "les actes comptent plus que les mots". En témoigne, selon David Martinon, son conseiller diplomatique, le "geste significatif" que l'ex-ministre a fait en convainquant ses homologues européens de lever la consultation communautaire préalable sur les visas Schengen pour les Algériens. "C'est lui aussi qui a parlé d'un accord franco-algérien sur l'énergie nucléaire", ajoute M. Martinon. Il relève que le voyage en Algérie de M. Sarkozy en novembre 2005, qui "s'est pourtant tenu dans un contexte délicat, n'a été critiqué ni par les harkis, ni par les rapatriés, ni par les Algériens". L'entourage du candidat UMP se défend de vouloir écarter toute idée d'un travail commun entre historiens français et algériens. "Nous devons aujourd'hui construire ensemble l'avenir, sans repentance, sans réécrire notre histoire avec l'Algérie", affirme le candidat dans son courrier à l'attention des rapatriés. "Pour Nicolas Sarkozy, il faut construire l'avenir sans réécrire l'histoire sur le sujet algérien", justifie M. Martinon, rappelant que M. Sarkozy "a été le premier à appeler les Turcs à mettre en place une commission mixte composée d'Arméniens et de Turcs" sur le génocide arménien. Benjamin Stora, engagé aux côtés de Ségolène Royal, a atténué ses premières déclarations suscitées par ce courrier. Cet historien, spécialiste du Maghreb, indique qu'il est "essentiel de trouver un compromis mémoriel". Il ajoute : "Et si nous voulons parvenir à ce compromis, il faut prendre en compte la souffrance de l'autre." § Pour les voisins de la France, l'issue de l'élection aura une première conséquence concrète : celle de permettre la relance des négociations sur le futur du traité constitutionnel. § "L 'Intérêt des voisins de la France, en tout cas des Allemands, a été est plus fort que jamais. Au plus tard depuis le non à la Constitution européenne, nous avons compris que, lorsque les Français votent, ils décident aussi pour nous. L'intégration européenne, surtout pour le noyau franco-allemand de l'Union, ne permet plus de processus national isolé", constate l'hebdomadaire allemand de référence Die Zeit, jeudi 19 avril, sous la plume de Klaus Harpprecht. La remarque n'est pas isolée. Le scrutin présidentiel a suscité tout au long de la campagne une attention soutenue de la part des pays partenaires de la France, au moins de ses principaux voisins. Pour ceux-ci, l'issue de l'élection aura une première conséquence concrète : celle de permettre la relance des négociations sur le futur du traité constitutionnel, bloquées depuis deux ans par les non français et néerlandais. Chacun sait que rien de déterminant ne se passera avant que le nouveau pouvoir ne se mette en place à Paris et n'entame des discussions avec la chancelière Angela Merkel. Les exigences de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal ne sont pas les mêmes et l'élection de l'un ou de l'autre, voire de François Bayrou, aura une influence sur le rythme des futures négociations et les alliances qui se noueront en Europe. Avec son projet de "traité modifié", le candidat de l'UMP est considéré par les pays qui ne veulent pas de la Constitution comme un partenaire plus facile que ses deux adversaires. Même si les demandes répétées de tous les candidats pour une Europe plus volontariste dans la prise en compte de ses intérêts économiques et sociaux renvoient aussi à des constantes avec lesquelles les pays partenaires devront compter quel que soit le nouveau titulaire de l'Elysée. SUSPENSE Au-delà de cet enjeu immédiat, l'interdépendance croissante des membres de l'Union fait que tout changement de politique chez l'un a des répercussions pour tous. Avec le départ de Jacques Chirac, les autres capitales sentent bien qu'une page est tournée. "Une élection qui pourrait changer la France", titre le Handelsblat, le quotidien des affaires allemand. La pugnacité de Nicolas Sarkozy, la surprise qu'a constituée le choix par le Parti socialiste de Ségolène Royal comme candidate, de préférence aux éléphants du PS, ont beaucoup contribué à accréditer l'idée qu'une nouvelle France était en train de surgir. L'apparition comme outsider de François Bayrou, en lieu et place de Jean-Marie Le Pen, a rassuré mais aussi ouvert la possibilité d'une recomposition politique française, qui ne serait pas sans influence sur le paysage politique européen. En Belgique, en Italie, en Allemagne, on y a regardé de très près. Reste qu'au-delà de ce saut générationnel les candidats ont entretenu le suspense sur leurs véritables intentions, notamment en Europe. "A un point étonnant, écrit John Thornhill dans le Financial Times, la présidentielle française a tourné autour des problèmes du quotidien et de l'identité nationale. (...) Pour le moment au moins, la France s'est enfermée sur elle-même et ce qu'elle voudra quand elle se tournera de nouveau vers l'extérieur est loin d'être clair." § Melle, Neuilly, Pau, Saint-Cloud : tel est dans l'ordre alphabétique le quarté des lieux où votent, dimanche 22 avril, les quatre principaux candidats. § M elle, Neuilly, Pau, Saint-Cloud : tel est dans l'ordre alphabétique le quarté des lieux où votent, dimanche 22 avril, les quatre principaux candidats. Ségolène Royal passe la journée à Melle (Deux-Sèvres), d'où elle doit faire, dimanche soir, sa déclaration. Pas de conférence de presse, car, sitôt le discours prononcé, deux avions repartent vers Paris. Dans l'un, la candidate et son équipe, dans l'autre, les journalistes. Un dispositif présidentiel : c'est toujours ainsi que voyage Jacques Chirac. Arrivée dans la nuit au siège du PS, rue de Solférino (7e arrondissement), devant lequel un rassemblement est prévu. Et peut-être un autre discours. Dès 20 heures, les figures socialistes feront leur apparition sur les plateaux : François Hollande, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, Jean-Pierre Chevènement, Jack Lang, François Rebsamen, Jean-Louis Bianco, Arnaud Montebourg, Christiane Taubira, sont déjà réservés, mais pas Lionel Jospin. Du QG, le "2-8-2", boulevard Saint-Germain, on n'entend plus parler. De celui de la rue d'Enghien (10e arrondissement), non plus. Nicolas Sarkozy, qui aura voté à Neuilly (Hauts-de-Seine), n'a pas l'intention de s'y attarder. Cecilia Sarkozy a lancé des invitations pour une soirée privée, mais le QG sera fermé à la presse. Le candidat doit prononcer sa déclaration salle Gaveau, non loin du siège de l'UMP, rue de La Boétie. Elle viendra "assez vite, dès que les estimations seront fiables", pronostique l'équipe de campagne. François Bayrou sera chez lui, à Bordères (Pyrénées-Atlantiques), d'où il ne sortira que pour aller voter, à Pau, vers 11 heures. Retour au domicile, puis départ en avion dans l'après-midi pour Paris, où le candidat ne veut voir personne. Il a l'intention de s'enfermer dans son bureau, au QG de la rue de l'Université (7e arrondissement) et de ne parler "que quand il sera sûr des résultats", confie son entourage. Ses principaux missi dominici sur les plateaux seront des proches : Marielle de Sarnez, Hervé Morin, Nicolas Perruchot, Jean-Christophe Lagarde. Jean-Marie Le Pen sera, pour sa part, entre son domicile et le siège du Front national, à Saint-Cloud. § "J'ai eu beaucoup de plaisir à conduire cette campagne, beaucoup de joie à aller au contact des gens, du peuple", expliquait la candidate vendredi. § D es bains de foule pour une journée marathon consacrée à l'image. Ségolène Royal a achevé, vendredi 20 avril, sa campagne avant le premier tour de l'élection présidentielle par un pique-nique en plein air, avec le concours de producteurs bio installés sous les arbres du parc de Blossac de Poitiers, dans sa région de Poitou-Charentes. "Je la termine là où je l'ai commencée, a déclaré la candidate socialiste. C'est un moment grave. Je sens au fond de moi cette concentration, l'importance de ce moment. J'appelle toute la gauche, tous les citoyens et citoyennes à se rassembler." Le micro, devant lequel l'a précédée Edith Cresson, est un peu défaillant, mais tant pis : "Ce qui compte, c'est la présence." Le message, pour un vote "essentiel, conscient", délivré devant des enfants portant des roses rouges et bleues, est connu. "Ce que je demande, c'est un vote utile à la France, la possibilité d'avoir un grand débat entre les deux tours", ajoute Mme Royal avant de se mêler à la foule et de déambuler en ce début de soirée estivale entre des familles installées à même la pelouse et d'autres qui ont pris place autour de tables blanches. Sur la nappe en papier de l'une d'entre elles, elle griffonne une dédicace : "Pour Melle, à dimanche." Melle, c'est sa circonscription depuis 1988, là où elle se rendra le 22 avril pour voter et faire sa première déclaration à l'issue des résultats. Quelques heures auparavant, en fin de matinée, vendredi, c'est sur le marché parisien de Montorgueil que la candidate avait choisi de se rendre, en compagnie du maire de Paris, Bertrand Delanoë, le temps de saluer des commerçants, de prendre un kir rapide à la terrasse d'un café et d'entendre badauds et militants lancer "Ségolène, présidente !" La visite est rapide mais joyeuse. "J'ai l'impression de me promener avec la reine Elizabeth", plaisante M. Delanoë, bousculé par des passants qui jouent des coudes pour attraper une image de Mme Royal avec leur portable. "Vous avez vu la reine, et la présidente, voilà !", lance-t-il amusé à une femme parvenue au premier rang. "J'ai eu beaucoup de plaisir à conduire cette campagne, beaucoup de joie à aller au contact des gens, du peuple", expliquait Mme Royal devant la presse avant de quitter son QG. Samedi, le PS a appelé ses militants à une journée de porte-à-porte. La date sert à elle seule d'argument : 21 avril. § Pour cette ultime rencontre publique, le candidat s'est montré à la fois serein et déterminé, saluant la foule en lançant le poing en sa direction. § "J 'ai adoré faire cette campagne avec vous." C'est sur ces mots adressés au public rassemblé sur la place du 19-Avril-1944, à Rouen, que François Bayrou a clos, vendredi 20 avril, sa campagne officielle avant le premier tour. Une réunion en plein air, en centre-ville, sans aucune barrière ni déploiement policier, comme pour mieux afficher sa proximité avec la population. "Le peuple français a besoin de retrouver confiance dans la politique, a assuré le candidat centriste. Je ne perdrai jamais, et s'il m'arrivait de le faire vous me rappelleriez à l'ordre, ce lien avec les Français, spécialement les plus modestes, ceux qui n'ont pas de relations, pas de moyens, pas de défenseurs. Président de la République, je serai le défenseur de ceux qui n'ont pas de défenseur." Pour cette ultime rencontre publique, M. Bayrou s'est montré à la fois serein et déterminé, saluant la foule à plusieurs reprises en lançant le poing en sa direction. Il a redit les "trois conditions" qui, selon lui, doivent convaincre les indécis en sa faveur pour le premier tour de scrutin. "Je suis d'abord l'homme du changement, car on ne peut pas laisser le pouvoir aux deux partis qui l'occupent depuis vingt-cinq ans. Ce changement impose un nouvel état d'esprit, une nouvelle manière de travailler ensemble, car le pays a besoin que l'on réunisse nos forces. Le projet que je défends est le seul qui puisse l'emporter au deuxième tour contre le candidat de l'UMP, a-t-il estimé. Cela ne dépend plus que d'un seul choix : le vôtre." En fin de matinée, M. Bayrou s'était rendu à Verdun, où il s'était recueilli à l'ossuaire de Douaumont. "Dimanche prochain, la France va prendre une grande décision pour son avenir et, dans cette décision, les jeunes vont jouer un très grand rôle, a déclaré le candidat centriste, dont le grand-père a combattu à Verdun. J'ai voulu penser à d'autres jeunes qui sont morts ici par centaines de milliers. Ces garçons ont vécu ce qu'il y a de plus horrible à vivre." Il a également rappelé le geste symbolique qu'y avaient accompli François Mitterrand et Helmut Kohl, en 1986, soulignant le "message de paix et d'espoir" que porte l'Europe. § François Bayrou est arrivé à son QG de campagne, à Paris un peu avant 18 heures, a constaté Patrick Roger, du "Monde". § F rançois Bayrou est arrivé à son QG de campagne, à Paris un peu avant 18 heures, a constaté Patrick Roger, du Monde. Le candidat de l'UDF avait voté dans la matinée à Pau (Pyrénées-Atlantiques) où, selon l'AFP, il avait invité les journalistes présents à prendre un verre chez lui, avec son épouse et son fils aîné. M. Bayrou, qui n'a pas fait de déclarations à son arrivée à son QG, a été accueilli par les applaudissements des militants. Quelques "Bayrou président" ont également fusé, rapporte Patrick Roger. Le porte-parole de l'UDF, François Sauvadet, s'est félicité devant la presse du fort taux de participation, assurant que "la campagne de François Bayrou y a fortement contribué". Depuis son arrivée à son QG, M. Bayrou est enfermé dans son bureau avec son équipe de campagne. Les militants, eux attendent, indique Patrick Roger, selon qui "l'ambiance n'est pas à l'ébullition". § Pendant toute la campagne, les sondages ont été omniprésents : plus de 250 enquêtes ont été publiées. Mais les instituts ont été la cible de critiques permanentes, sur leurs difficultés à saisir l'opinion. § P our arriver à un résultat qu'ils estiment réaliste, les instituts sont obligés de corriger les résultats bruts des réponses obtenues de leur échantillon représentatif. Ces méthodes se fondent principalement sur les votes précédents déclarés par le sondé et sur les résultats du candidat à des élections antérieures. Mais chaque institut a ses propres techniques de redressement, qu'il garde jalousement, au nom du secret industriel. Les résultats bruts ne sont jamais publiés. Les méthodes de redressement ont un effet crucial. Surtout pour évaluer les intentions de vote de Jean-Marie Le Pen. CSA utilise une question pour "débusquer" des électeurs potentiels du FN "cachés", qui déclarent en première intention qu'ils vont voter pour un autre candidat ou s'abstenir. C'est en raison de cette originalité de méthode que la commission nationale des sondages a émis des "réserves" sur le caractère significatif de deux sondages CSA, publiés les 8 et 15 mars. Les instituts doivent doubler, voire tripler, les intentions de vote brutes pour Jean-Marie Le Pen, affirme un professionnel, sous couvert d'anonymat. L'institut Etudes 3C, qui a créé la surprise en publiant, les données brutes d'une enquête sur le premier tour, vendredi 20 avril, obtenait un score brut de 5,1 % pour le candidat du FN. Directement ou indirectement, les corrections concernent tous les candidats. Par exemple, les intentions de vote des candidats de gauche, dont celui du Parti socialiste, sont traditionnellement surestimées dans les données brutes. Dans les données brutes fournies par Etudes 3C, Ségolène Royal était créditée de 32 % d'intentions de vote. Si la commission nationale des sondages rappelle qu'elle ne recommande pas la publication des données brutes et que la loi laisse les instituts libres sur ce sujet, le secret qui entoure les méthodes de redressement alimente les critiques envers les sondeurs, parfois accusés d'ajuster leurs corrections en fonction de l'actualité, pour suivre l'événement ou le créer. § Dimanche à la mi-journée, la commune de Clichy-sous-Bois affichait un taux de participation exceptionnel au premier tour de la présidentielle: 32,16% contre 19% en moyenne en Seine-Saint-Denis. Après la victoire de Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2002 et les émeutes urbaines de 2005, l'enjeu est perçu comme particulièrement crucial pour nombre des 28 000 Clichois. § § Jean-Marie Le Pen, a voté, dimanche matin 22 avril, à son bureau de vote habituel de Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, déclarant attendre le déroulement de la journée "avec le calme des vieilles troupes". § § La participation au premier tour de l'élection présidentielle en France métropolitaine s'établissait à 73,87 %, dimanche à 17 heures, en hausse de 15 points par rapport aux chiffres collectés à la même heure en 2002, selon le ministère de l'intérieur. § § Ségolène Royal a voté dimanche à la mi-journée dans son fief électoral de Melle, dans le département des Deux-Sèvres. § § Devant et dans le bureau de vote numéro 3, dimanche 22 avril, les électeurs balançaient entre modernité et difficulté, tandis que certains doutaient de la fiabilité du procédé. § § François Bayrou, a voté dimanche à 12 h 30 au bureau de vote numéro 53 du groupe scolaire des Lauriers à Pau. Accompagné de son épouse, le candidat UDF à la présidentielle, qui était allé à la messe avant de voter, a fait la queue pendant près d'une heure avant de mettre son bulletin dans l'urne. § § Dimanche 22 avril, les candidats à la présidentielle se sont rendus dans leur bureau de vote respectif pour le premier tour de la présidentielle. § § Chaque mercredi, écoutez les meilleures chansons de la campagne 2007. § § "Il y aura une persistance pour l'électorat FN du discours de la première partie de la campagne, et peut-être une humanisation de certains concepts propre à satisfaire un électorat centriste", analyse Philippe Ridet, qui suit Nicolas Sarkozy pour "Le Monde" et détaille la stratégie de l'UMP pour séduire l'électorat UDF. § K aplan : Est-ce que le socle de 30 % de Sarkozy est stable ? En tablant sur l'électorat du Front national, ne risque-t-il pas, à présent, de perdre des voix alors qu'il vise le centre gauche ? Comment peut-il ménager la chèvre et le chou ? Philippe Ridet : Il est sûr qu'il y a un risque pour Nicolas Sarkozy à trop vouloir gauchiser son discours, celui de perdre les électeurs du FN qui, pour plus de 60 % d'entre eux, se déclarent prêts à voter pour lui au second tour. Cependant, le travail que Nicolas Sarkozy a effectué en direction de cet électorat durant la campagne du premier tour me paraît suffisamment important et clair pour rassurer les électeurs frontistes. Je ne crois pas que Nicolas Sarkozy soit prêt à abandonner ce qui a fait le succès de sa campagne du premier tour, notamment sur les valeurs telles que l'autorité, l'ordre, le mérite, voire l'identité nationale. D'autre part, l'électorat de Bayrou n'est pas homogène. Il est constitué pour une bonne part d'un électorat traditionnel de droite qui se reconnaît dans les valeurs du centre, telles qu'elles ont été portées successivement par Lecanuet, Giscard, Barre et Bayrou jusqu'en 2002. Je ne suis pas sûr qu'il puisse y avoir un discours qui concilie les deux. Il y aura une persistance pour l'électorat FN du discours de la première partie de la campagne, et peut-être une humanisation de certains concepts propre à satisfaire un électorat centriste. Il ne choisira pas la voie du juste milieu. PatrickD : Sur quel thèmes Sarkozy doit-il ouvrir pour rallier à lui un maximum de voix ? Philippe Ridet : Il y a trois types d'actions prévus. D'abord une action en direction de l'électorat. Cela passe par les meetings, les discours, notamment celui qu'il a tenu dimanche soir au moment de la proclamation des résultats, un discours où il s'est montré plus compassionnel qu'à l'habitude, vis-à-vis des gens qui souffrent, qui sont malades, qui sont dans les difficultés de la vie quotidienne. Je pense que le ton de la campagne d'entre-deux tours sera plus tourné vers les fins de la politique qu'il propose, à savoir plus de bonheur et de mieux-vivre, et moins sur les moyens. Deuxième axe : en direction des élus. Ceux de l'UDF, une trentaine. L'objectif de Sarkozy est de décrocher ces élus du groupe UDF, puisque pour la plupart ils ne doivent leur élection qu'à un vote UMP-UDF. Il faut faire comprendre à ces élus que, hors d'une alliance avec l'UMP, ils n'auront pas de salut. Troisième plan d'action, un peu plus souterrain peut-être : au cours des différentes interventions que devrait faire Sarkozy, il va reprendre à son compte des choses un peu contenues dans le programme de l'UMP, mais surtout celui de l'UDF, portant notamment sur la régénération de la vie politique. Il devrait donc proposer assez rapidement un "statut de l'opposition". Borguy : Sarkozy peut-il mettre en avant un 1er ministre potentiel pour attirer les voix centristes, en la personne de Jean-Louis Borloo ? Philippe Ridet : Non, je ne crois pas. A 31 %, il a certes besoin des voix de l'UDF, mais à choisir de promouvoir dès maintenant Jean-Louis Borloo, il s'exposerait au risque de décevoir ses propres électeurs, qui sont des électeurs UMP très traditionnels, rassurés, je pense, par la présence de Fillon et la réputation qu'il a de réformateur. Nicolas Sarkozy a toujours dit que ce serait la campagne qui produirait la "décantation" concernant le choix du premier ministre. Si on regarde le premier tour, il n'a aucune raison de vouloir dès à présent faire de Borloo un premier ministre potentiel. bernard L. : Compte tenu des attaques virulentes de Le Pen contre Sarkozy, pensez-vous que les électeurs de Le Pen se reporteront massivement sur Sarkozy ? Philippe Ridet : Si on en croit les sondages, entre 60 et 75 % des électeurs de Le Pen se disent prêts à voter pour Sarkozy au 2e tour. Comme je l'ai déjà dit, il y a dans le discours de Sarkozy suffisamment de valeurs desquelles ils se sentent proches. Antoine Bergot : Une alliance de l'UMP avec le FN est-elle aujourd'hui envisageable de la part de Nicolas Sarkozy ? Philippe Ridet : C'est hors de question. Sarkozy a prouvé, par son action politique, le choix de ses mots, sa stratégie, qu'on pouvait, après quasiment vingt années de montée du FN, stopper cette expansion et même la réduire. Donc, ce n'est pas au moment où il prend un million de voix au FN qu'il va lui offrir la possibilité d'une alliance. Pour Sarkozy, il n'y a plus d'effort particulier à faire sur l'électorat du FN. Le travail a été fait à partir des années 2004, quand il a commencé à employer des expressions telles que "la France, on l'aime ou on la quitte", par exemple. Ce travail a été fait en amont. mosbah : Peut-on penser que la majorité des électeurs de Philippe de Villiers se rapporteront sur Mme Royal ? Philippe Ridet : L'électorat de Philippe de Villiers, assez faible, devrait rallier Sarkozy sans trop de problème, de même que celui de Frédéric Nihous. Je pense que Sarkozy n'a rien à gagner à courtiser cet électorat de façon trop voyante. Surtout, la dynamique est telle que c'est lui qui devient l'aimant de l'électorat de droite, sans qu'il ait à bouger. Sans-Papier : Nicolas Sarkozy s'est rendu ce matin dans un foyer habité par des "femmes en détresse" et des sans-papiers. Pensez-vous que sa volonté soit de tirer le débat du second tour vers le social ? Et quelle serait la réaction de Ségolène Royal à votre avis ? Philippe Ridet : Ce n'est pas la première fois qu'il se rend dans un foyer de femmes en difficultés. Ce n'est pas nouveau. Sauf que comme il s'agit de son premier geste de campagne après le premier tour, on peut supposer que c'est une façon pour lui de se situer sur un terrain plus social. 1 | 2 | suivant (fl-rg.gif) chat modéré par Alexandre Piquard Lisez l'article sur une seule page Philippe Ridet, journaliste au Monde. | Philippe Ridet, journaliste au Monde. EN UNE EN CE MOMENT La stratégie du "tout sauf Sarkozy" de Ségolène Royal ne suffira pas Au Nigeria, le candidat du pouvoir élu président sur fond de fraudes et de violence L'ex-président russe Boris Eltsine est mort Un rapport du Pentagone qualifie la tuerie d'Haditha de symptomatique des "infractions graves" commises en Irak ET AUSSI Le candidat de l'UMP est en tête avec 30,57 % % des voix, selon les sondages sortie des urnes. Ségolène Royal est deuxième à 25,69 %. François Bayrou est à 18, 58 % et Jean-Marie Le Pen, à 10,67 %. Sources : AFP. | / AFP Infographie Les résultats nationaux du premier tour de la présidentielle L'entrée du siège social de l'entreprise Smoby à Lavans-les-Saint-Claude (Jura) en avril 2007. | AFP/JEFF PACHOUD Entretien Isaac Larian veut faire de Smoby le leader européen du jouet François Bayrou, le 22 avril 2007. | AFP/MEHDI FEDOUACH Chat François Bayrou parie sur les législatives plus que sur le second tour PRÉSIDENTIELLE 2007 Electop, le hit hebdo de la campagne "Nicolas Sarkozy ne choisira pas la voie du juste milieu" Au Front à Lyon Quel avenir pour le PCF et la gauche antilibérale ? LES DÉPÊCHES Le PS entend conjurer l'arithmétique des urnes Reuters 18h28 CORRECTION - - Les ventes de licences de SAP en ligne avec les attentes Reuters 18h21 Tennis: Rafael Nadal pense déjà à Roland-Garros Reuters 18h19 37% des catholiques ont voté Sarkozy, selon un sondage CSA Reuters 18h12 § Suite et fin d'une soirée électorale en compagnie de militants du Front national. La rédaction du Monde.fr poursuit son parcours sur les routes de France. § § Débat en direct avec Sylvia Zappi, de la rédaction du "Monde", mardi 24 avril 2007 à 14 h 30 § § "Il y a eu des choix de stratégie qui n'ont pas forcément été les bons" et qui ont "désorienté une partie des électeurs communistes", a souligné lundi l'ancien numéro un du PCF. § R obert Hue, ancien numéro un du PCF, a mis en cause, lundi 23 avril, la "stratégie" présidentielle de son parti, en estimant que "le vote utile ne peut pas être la seule explication" du "mauvais" score de Marie-George Buffet. "Il est incontestable que le score est mauvais", a-t-il dit sur France Inter, commentant le 1,93 % de la candidate communiste, en indiquant qu'une partie des électeurs du PCF ont apporté leurs voix "dès le premier tour" à Ségolène Royal. CANDIDATURE UNITAIRE "À TOUT PRIX" Robert Hue a ajouté que "ce vote utile ne peut pas être la seule explication de la chute pratiquement de la moitié de notre score par rapport à 2002". "Il y a eu des choix de stratégie qui n'ont pas forcément été les bons" et qui ont "désorienté une partie des électeurs communistes", a-t-il dit. L'ancien dirigeant communiste a évoqué la "volonté à tout prix" de présenter une candidature antilibérale unitaire. Marie-George Buffet a fait le choix de s'associer aux collectifs unitaires issus du "non" au référendum de 2005, contre l'avis de certains communistes, attachés à la tradition du PCF, indépendant des autres composantes de la gauche de la gauche et allié gouvernemental du PS. "DÉBAT APPROFONDI" Les collectifs n'ayant finalement pu empêcher des candidatures multiples, Marie-George Buffet n'a pu s'afficher comme une candidate "unitaire" légitime, ni comme une meneuse 100 % PCF. Au premier tour, elle a fait beaucoup moins bien que le score plancher de Robert Hue en 2002, ces 3,37 % dans lesquels les communistes voyaient pourtant une "malédiction". "Il me semble qu'il faudra qu'un débat approfondi s'engage au PCF", a conseillé lundi M. Hue. Mais avant ce débat, "l'essentiel est de tout faire pour que Ségolène Royal l'emporte" le 6 mai, a-t-il ajouté. § Michel Rocard, qui avait préconisé avant le premier tour un accord entre François Bayrou et Ségolène Royal, a estimé lundi que certains socialistes "choisissaient la défaite honorable plutôt que la victoire un peu compromettante". § I nterrogé sur le deuxième tour, Michel Rocard s'est dit "un peu inquiet", lundi 23 avril, sur France Inter, même si Ségolène Royal "peut encore gagner" le 6 mai. "Nicolas Sarkozy est quand même pas mal placé et la réserve des voix de gauche est faible", a estimé l'ancien premier ministre socialiste. Revenant rapidement à son message central des dernières semaines, Michel Rocard a poursuivi : "Cela montre bien qu'un désistement réciproque pré-organisé avec François Bayrou aurait été efficace." L'ancien premier ministre avait préconisé avant le premier tour un accord entre François Bayrou et Ségolène Royal, rejeté par les dirigeants du PS et de l'UDF. "UN PEU TARD" "Je ne suis pas sûr d'avoir eu tort de le proposer, mais ça a déplu à beaucoup de gens. Comme si certains choisissaient la défaite honorable plutôt que la victoire un peu compromettante", a grincé Michel Rocard. "Ça me paraît dommage, mais je crains que ce ne soit un peu tard pour la faire parce que les mots identitaires de chaque côté, et donc un peu agressifs, ont été prononcés". Le PS et l'UDF peuvent se retrouver sur "beaucoup" de thèmes : "L'Europe, le champ social, les institutions de notre République", a-t-il fait valoir. § "La gauche défiée par le succès de Sarkozy" ("Le Monde"), "Le combat Royal" ("Libération"), "Duel au sommet ("Le Figaro") : les manchettes des journaux français le 23 avril. § § L'intégralité du débat avec Michel Noblecourt, le 23 avril, éditorialiste au "Monde", qui revient sur les thèmes que la candidate socialiste doit développer pour capter l'électorat centriste : réforme des institutions, Europe, urgence écologiste... § M ichelgre : Mathématiquement la victoire de Nicolas Sarkozy semble assurée. A-t-on dans le passé déjà constaté une inversion de tendance par rapport au premier tour ? Est-ce possible en 2007 ? Michel Noblecourt : Je pense qu'il ne faut pas raisonner d'une manière mathématique seulement. Si vous regardez l'élection de 1981, la référence en quelque sorte, vous observez que Royal fait un score quasiment identique à celui de Mitterrand qui avait fait 25,9 % au premier tour. Et il était déjà en 1981 derrière Giscard d'Estaing, président sortant, qui avait réalisé 28,3 %. Nous sommes en présence d'un écart plus important, puisque Sarkozy a dépassé les 30 %. Autre différence : l'absence de réserves consistantes du côté des petits candidats de gauche, puisqu'en 1981, là aussi, il y avait un candidat communiste, Georges Marchais, qui avait obtenu 15,3 %, alors qu'aujourd'hui Marie-George Buffet fait moins de 2 %. Il y a donc peu de réserves à gauche, et dans une large mesure, le résultat du second tour dépendra du comportement de l'électorat de Bayrou. Et pour une part aussi de l'électorat du FN. aboukamos : Qu'avez-vous pensé du discours de Ségolène Royal hier ? Michel Noblecourt : Je pense que son discours manquait de punch et de la conviction dont à mon avis il faut qu'elle fasse preuve pour le 2e tour. Je pense aussi qu'elle aurait dû intervenir plus tôt. C'est peut-être une ébauche des discours à venir. pédro : Est-ce que Ségolène Royal peut rassembler toute la gauche ? Michel Noblecourt : Elle semble bien partie pour cela. Vous observerez que dès le soir du scrutin, tous les candidats de la gauche et de l'extrême gauche ont soit appelé à voter pour elle, c'est notamment le cas d'Arlette Laguiller, soit appelé, comme Besancenot et Bové, à battre la droite. Je pense donc que le réflexe anti-Sarkozy, très fort dans l'extrême gauche, va jouer en faveur de Royal au deuxième tour. RobertK : Le départ d'Eric Besson et son ralliement au camp de Nicolas Sarkozy n'est-il pas la preuve que Mme Royal a des difficultés à rassembler dans son propre camp ? Est-ce que certains "éléphants" n'ont pas intérêt à ce qu'elle trébuche afin d'être libres de préparer la prochaine élection présidentielle de 2012 ? Michel Noblecourt : En ce qui concerne Eric Besson, je pense que c'est quelqu'un qui a obtenu sa notoriété en trahissant son camp. Il était secrétaire national à l'économie. Ce qui sera intéressant, ce sera de voir l'utilisation qu'il pourra faire au service de Sarkozy du petit livre qu'il avait édité en janvier, qui dénonçait le danger représenté par Sarkozy. C'est vrai que les éléphants ont apporté un soutien à géométrie variable à Royal pendant la campagne du 1er tour et que certains ont visiblement fait le pari qu'elle allait trébucher. Ils font ce pari depuis l'apparition de Royal dans le paysage. Mais manque de chance, cela ne se produit pas. Je pense que cela sera plus difficile pour eux, compte tenu de son score, ils sont obligés de se mobiliser dans la campagne du 2e tour. Sachant que derrière, il y a les législatives, et que le scénario le plus favorable pour le PS et pour les députés socialistes qui veulent être reconduits et pour les candidats qui veulent être élus, c'est quand même celui d'une victoire de Royal. Je pense donc que les calculs et les arrière-pensées pour 2012 vont être temporairement mis de côté. Tocqueville : Sur quels thèmes le rapprochement entre PS et UDF peut-il se faire ? Michel Noblecourt : Je ne pense pas qu'il puisse y avoir un rapprochement en termes d'appareil entre PS et UDF. Je pense que ni l'un ni l'autre ne le souhaite. En revanche, il y a un certain nombre de thèmes sur lesquels il y a d'évidentes convergences entre socialistes et centristes. Je pense à la réforme des institutions. Royal propose une République nouvelle, la VIe République, avec un renforcement des pouvoirs du Parlement, l'instauration d'une démocratie plus participative et l'introduction d'une dose de proportionnelle pour l'élection des députés. C'est un point auquel l'électorat centriste est particulièrement sensible. Je pense aussi qu'il peut y avoir des convergences sur la question de l'Europe. Aussi bien Royal que Bayrou étaient favorables à un nouveau traité après l'échec du référendum de 2005, et ils étaient l'un et l'autre partisans d'un nouveau référendum pour faire ratifier ce traité, probablement en 2008. Autre thème traditionnel : celui de l'Etat impartial, déjà évoqué par Raymond Barre en 1988, repris par Bayrou, et dans son intervention de dimanche, Royal a explicitement repris cette volonté de bâtir un Etat impartial. 1 | 2 | 3 | 4 | suivant (fl-rg.gif) Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page Michel Noblecourt, éditorialiste au Monde. | DR DR Michel Noblecourt, éditorialiste au Monde. EN UNE EN CE MOMENT La stratégie du "tout sauf Sarkozy" de Ségolène Royal ne suffira pas Au Nigeria, le candidat du pouvoir élu président sur fond de fraudes et de violence L'ex-président russe Boris Eltsine est mort Un rapport du Pentagone qualifie la tuerie d'Haditha de symptomatique des "infractions graves" commises en Irak ET AUSSI Le candidat de l'UMP est en tête avec 30,57 % % des voix, selon les sondages sortie des urnes. Ségolène Royal est deuxième à 25,69 %. François Bayrou est à 18, 58 % et Jean-Marie Le Pen, à 10,67 %. Sources : AFP. | / AFP Infographie Les résultats nationaux du premier tour de la présidentielle L'entrée du siège social de l'entreprise Smoby à Lavans-les-Saint-Claude (Jura) en avril 2007. | AFP/JEFF PACHOUD Entretien Isaac Larian veut faire de Smoby le leader européen du jouet François Bayrou, le 22 avril 2007. | AFP/MEHDI FEDOUACH Chat François Bayrou parie sur les législatives plus que sur le second tour PRÉSIDENTIELLE 2007 Electop, le hit hebdo de la campagne "Nicolas Sarkozy ne choisira pas la voie du juste milieu" Au Front à Lyon Quel avenir pour le PCF et la gauche antilibérale ? LES DÉPÊCHES Le PS entend conjurer l'arithmétique des urnes Reuters 18h28 CORRECTION - - Les ventes de licences de SAP en ligne avec les attentes Reuters 18h21 Tennis: Rafael Nadal pense déjà à Roland-Garros Reuters 18h19 37% des catholiques ont voté Sarkozy, selon un sondage CSA Reuters 18h12 § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Christiane Chombeau, journaliste au "Monde", est chargée du suivi du Front national. Elle revient sur le score réalisé par Jean-Marie Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle et analyse la stratégie possible du FN pour le second tour ainsi que les conséquences éventuelles au sein du parti. § A lly : Au vu des résultats d'hier, peut-on vraiment parler d'un transfert des voix du Front national vers l'UMP ou s'agit-il plutôt d'un recul des idées défendues par le parti de Jean-Marie Le Pen ? Christiane Chombeau : Je pense très nettement qu'il y a un transfert. Je pense que cette élection est un tour de trop pour Jean-Marie Le Pen. Beaucoup de ses électeurs ont tiré la leçon de 2002, à savoir que Le Pen ne pourrait pas être président de la République. A partir du moment où ils ont vu qu'il y avait un autre candidat qui défendait les idées de Le Pen et était en situation d'être élu, ils se sont reportés sur lui. Emmanuel : Pensez-vous que les voix de Jean-Marie Le Pen puissent se reporter sur Ségolène Royal ? Christiane Chombeau : Je crois après avoir recueilli différents témoignages dimanche soir qu'il y aura des électeurs du FN qui vont se reporter sur Royal car ils refusent d'élire Sarkozy. Ils refusent car ils sont en opposition avec sa politique, son rapprochement des USA, sa position vis-à-vis de l'Irak et même d'Israël. Maintenant, dans quelle proportion ? Je ne pense pas que ce sera important, et cela touchera les plus militants des électeurs du FN. Sunrise : Est-il possible que Jean-Marie Le Pen appelle à voter Ségolène Royal ? Christiane Chombeau : Non. Aujourd'hui, non. A priori, je ne pense pas. Le scénario le plus probable est qu'il appelle au vote blanc ou dans un premier temps en tout cas, qu'il pose des conditions à Sarkozy. Ensuite il verra suivant les réponses données à ces conditions s'il veut appeler à voter Sarkozy ou si finalement, compte tenu de l'extrême disparité de son électorat, il préférera appeler à voter blanc ou à s'abstenir. AntoineM : Quelle avait été la position de M. Le Pen par le passé concernant les consignes de vote ? Christiane Chombeau : En général, sa position a toujours été de ne pas trancher entre ce qu'il appelle la peste et le choléra et laisser ses électeurs décider eux-mêmes. London_Guy : Y aura-t-il une consigne de vote claire de la part des dirigeants du FN ? Christiane Chombeau : Le bureau exécutif s'est réuni ce matin, le bureau politique se réunit cet après-midi, et pendant toute la semaine il y aura des discussions, des échanges. Le Pen consultera ses cadres mais c'est lui seul qui décidera de la consigne, celle-ci sera claire et rendue publique à la fête traditionnelle de Jeanne d'Arc le 1er mai, place de l'Opéra à Paris. Luigi_04 : Le Pen n'a-t-il pas intérêt à ce que Sarkozy soit élu pour éviter le déclin et la fin du FN ? Christiane Chombeau : Ce n'est pas forcément évident, puisque finalement ce qui a fait croître le FN, c'est justement cette force d'opposition systématique à la majorité de droite. Ce qui est vrai, c'est qu'on entre dans une ère nouvelle. Il y avait jusqu'à présent une opposition systématique de Jacques Chirac à faire toute alliance avec le FN. Aujourd'hui, il y a une grande inconnue, qui est l'attitude demain de Nicolas Sarkozy. Fera-t-il des alliances avec le FN ? les jours et les semaines qui viennent nous le diront. Certains pensent qu'à ce moment-là ce pourrait être le début du déclin du FN, celui-ci serait aspiré au sein de la majorité. Nonmaikelavenir : Assiste-t-on réellement à la fin du FN ? Christiane Chombeau : Tant que Le Pen sera là, le FN continuera à survivre. Mais cette élection montre que son étiage s'est extrêmement réduit. La grande question est : qu'en sera-t-il quand Le Pen prendra sa retraite, retraite qui ne devrait pas trop tarder ? Demos : Jean-Marie Le Pen va-t-il profiter de l'entre-deux tours pour lancer sa succession à la tête du Front national ? Christiane Chombeau : Je n'y crois pas. Le Pen disait il y a quelque temps qu'il souhaitait rester au moins jusqu'aux européennes, et je pense qu'il cherchera à respecter ce délai. Cela dit, il va devoir affronter une opposition interne, des gens qui souhaitaient déjà qu'en 2007 il passe la main. Le Pen a retardé le congrès qui devait se dérouler en 2006. Il y a de fortes probabilités pour qu'il soit obligé de l'organiser à l'automne. Maintenant, si Le Pen décide de rester à la tête de son parti, je doute qu'il y ait une force qui s'y oppose, car le parti est toujours traumatisé par la scission de Mégret fin 1998-début 1999. Nicolas : Sa fille, Marine, ne prendra donc pas le relais directement ? Christiane Chombeau : La question ne se pose pas ainsi. Il y a plusieurs cas de figure. En effet, Le Pen pourrait décider qui est son successeur de son vivant. Jusqu'à présent il s'est toujours refusé à le faire. Il y a de plus fortes probabilités pour qu'il y ait à terme un congrès avec différentes personnes en présence. Crigti : Cette défaite ne permet-elle pas à sa fille d'avancer son propre pion sans qu'elle soit obligée, frontalement, d'évincer son père ? Christiane Chombeau : Ce qu'il faut voir, c'est que Marine Le Pen elle-même sera l'objet de critiques. Car même si elle n'était pas la directrice de campagne, elle en était la directrice stratégique. Et même si chacun sait qu'en fait c'est Le Pen et lui seul qui décide réellement et choisit parmi les propositions qui lui sont faites, tous ceux qui sont opposés à une stratégie de dédiabolisation du FN, qui présupposent que Marine Le Pen cherche à transformer le parti pour le rapprocher de la droite parlementaire, vont saisir l'occasion de l'échec de cette campagne pour régler leurs comptes avec elle. Penser que celle-ci sera la candidate naturelle des cadres du parti est se tromper grandement. En revanche, il est fort probable que Marine Le Pen ait plus d'audience à la base du parti. Mais dans un premier temps, ce sont les cadres qui vont mener la charge. La seule chose qui pourrait éventuellement redorer le blason de la benjamine de M. Le Pen, c'est la campagne législative. Marine Le Pen a en effet choisi elle le rendra officiel dans quelques jours de se présenter à Hénin-Beaumont, circonscription labourée par Steve Briois et qui avait obtenu un des meilleurs scores du FN lors des législatives de 2002. Marine Le Pen se présentera d'ailleurs avec Steve Briois comme suppléant, et c'est la section de Steve Briois qui lui a demandé de venir. Mehdi : Cette défaite ne va-t-elle pas entraîner le FN à redevenir un parti beaucoup moins politiquement correct ? Christiane Chombeau : C'est la question. C'est maintenant, en effet, qu'il va y avoir une bataille parmi les cadres. On verra qui va gagner. Le danger pour le FN, c'est une banalisation. Il serait à ce moment-là vampirisé par Sarkozy, comme on l'a vu. Beaucoup de cadres vont être tentés de se durcir beaucoup plus à droite pour permettre au parti de subsister. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Débat en direct avec Jean-Louis Bourlanges, député européen UDF, jeudi 26 avril 2007 à 10 h 15 § § Le débat entre les deux finalistes de l'élection présidentielle sera retransmis en direct par TF1 et France 2 le 2 mai à 21 heures. Le choix des présentateurs n'est pas encore définitivement arrêté. § L e débat télévisé de l'entre-deux-tours, entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, aura lieu mercredi 2 mai au soir. Lors d'une première réunion au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) mardi à la mi-journée, les représentants des candidats et des deux chaînes organisatrices, TF1 et France 2, se sont mis d'accord sur la date, l'heure (21 heures) et la durée du débat (deux heures). Claude Guéant, directeur de campagne du candidat UMP, et Franck Louvrier, son responsable de la communication, ont convenu avec Jack Lang, conseiller spécial de la candidate PS, d'adopter la formule d'un face-à-face traditionnel. L'option d'un débat "à l'américaine", où les deux candidats dialoguent avec le journaliste mais pas l'un avec l'autre, avait été brièvement évoquée. JACK LANG DIT N'AVOIR "POSÉ AUCUNE CONDITION" Reste à choisir le réalisateur, le décor et le ou les journalistes qui animeront la rencontre, a indiqué à la presse M. Guéant à l'issue de cette réunion. Nicolas Sarkozy "a donné son accord aux noms proposés par les chaînes", à savoir Patrick Poivre d'Arvor pour TF1 et Arlette Chabot pour France 2. Mais Ségolène Royal n'a pas encore donné sa réponse, a ajouté M. Guéant. "Nous ne posons aucune condition", s'est défendu Jack Lang, ajoutant que "nous avons été d'accord quasiment sur l'essentiel". "Nous souhaitons, comme Nicolas Sarkozy, un débat qui assure l'égalité et le respect" et "il nous suffira pour l'essentiel de reprendre les règles qui ont été établies" les fois précédentes, a précisé l'ancien ministre de la culture. Le débat sera diffusé sur TF1 et France 2, et les images seront mises gratuitement à disposition des autres télévisions et des radios. § Deuxième volet des films sonores des différentes campagnes, sur le blog "Un monde de Sons" : petites phrases, mots clés, idées fortes. Etape François Bayrou aujourd'hui. § § Nicolas Sarkozy prend des voix sur les terres traditionnellement FN et dans les départements qui bordent la Seine et en Alsace. Ségolène Royal engrange des voix dans les régions historiquement à gauche (le Limousin, l'Aquitaine, les Midi-Pyrénées et la Bretagne) ainsi qu'en Ile-de-France. M. Le Pen capitalise surtout dans les régions du Nord-Est, au pourtour du bassin méditerranéen et en Corse. Enfin, François Bayrou fait une percée remarquée dans la région bretonne et dans le Sud-Ouest pyrénéen. § § Le député européen socialiste, proche de Laurent Fabius, se félicite que Ségolène Royal tende la main "aux électeurs de François Bayrou" mais rejette l'idée d'une "alliance institutionnelle" avec l'UDF, sur le modèle "PS-PCF" ou "UDF-UMP". § Q ue pensez-vous de la main tendue par Ségolène Royal à François Bayrou ? C'est une main tendue, la précision est importante, vers les électeurs de François Bayrou. Parmi lesquels il y a un grand nombre d'électeurs socialistes qui ont en toute bonne foi cru que le moyen de battre Nicolas Sarkozy était de voter pour François Bayrou au premier tour. Il faut qu'ils rentrent au bercail. Et il y en a un gros paquet, quand même. Les instituts les évaluent entre 25 et 30 % des électeurs du candidat de l'UDF. Par ailleurs, il y a parmi les électeurs de François Bayrou des gens de centre droit, issus de la tradition démocrate-chrétienne. Ils sont tout à fait sensibles, d'abord, à l'idéal de société solidaire défendu par Ségolène Royal et deuxièmement, à la critique de la société individualiste, de la concurrence de tous contre tous, c'est-à-dire du libéralisme économique. Aussi sont-ils très sensibles à la volonté de Mme Royal de porter une démocratie sociale, par la décentralisation, le renforcement du Parlement et la démocratie participative. Enfin, sur l'Europe, il y a des rapprochements très nets entre les programmes de François Bayrou et de Ségolène Royal. L'électorat de François Bayrou est extrêmement hétérogène et une bonne moitié de celui-ci peut être sensible aux propositions, mais aussi à la personnalité de Ségolène Royal. Vous savez, nous sommes dans une période où les consignes des chefs de parti sont données à des électeurs qui n'ont plus le petit doigt sur la couture du pantalon, et qui se déterminent par eux-mêmes. Ségolène Royal a totalement raison d'essayer de convaincre les électeurs de François Bayrou, qui ont refusé de voter pour Nicolas Sarkozy. Cela n'a rien à voir avec la proposition d'une alliance institutionnelle avec l'UDF, comme le PCF en a eu avec le PS pendant longtemps, ou l'UDF avec l'UMP. Que pensez-vous d'une alliance avec l'UDF, prônée au PS par Michel Rocard ou Bernard Kouchner par exemple ? Ce sont des franc-tireurs, qui n'engagent qu'eux-mêmes. Ils ne sont pas du tout dans le film. Que va faire François Bayrou ? Il ne veut pas troquer une alliance pour une autre. Il est l'allié traditionnel de l'UMP depuis 30 ans et c'est complètement ridicule de penser qu'il veut désormais s'allier pour 30 ans au PS. François Bayrou veut créer un véritable centre, avec un nouveau parti, le parti démocrate, qui présenterait des candidats dans 577 circonscriptions. On verra si cela réussit. Ce projet a toutefois contre lui les institutions de la Ve République, qui sont très fortement bipolarisatrices. François Bayrou semble justement vouloir nouer des alliances ponctuelles pour les législatives, avec l'UMP et le PS par exemple. Qu'en pensez-vous ? Les alliances électorales, cela n'a jamais marché comme cela. Les Verts avaient tenté de nouer des alliances à la carte, du temps de MM. Waechter et Lalonde. Les alliances se font sur des convergences programmatiques fortes. François Bayrou choisirait en fonction des lieux où il est fort ou faible... N'y aura-t-il aucune alliance entre le PS et le nouveau parti que François Bayrou voudrait créer ? A chaque jour suffit sa peine. Il n'y aura pas d'alliance a priori. Il faudra voir quel est le programme que porte ce nouveau parti. Les valeurs portées par François Bayrou pendant la campagne ne sont-elles pas assez claires pour que le PS se prononce ? Les valeurs sont polysémiques. Ce qui compte, ce sont les mesures. La baisse des impôts, les deux emplois sans charges ou la réforme des retraites prônées par François Bayrou sont des recettes libérales classiques, des emprunts au programme de Nicolas Sarkozy. Et les questions économiques et sociales sont majeures... Les préoccupations concernant une alliance sont largement prématurées. Il va y avoir une recomposition profonde du champ politique et il faut que le PS pèse sur cette refondation. D'abord, il s'agit de faire gagner Ségolène Royal, en attirant entre autres les voix des électeurs de François Bayrou. Ensuite, il faut construire une organisation aussi puissante que celle des partis socialistes de nos voisins européens. En Europe, aujourd'hui, un parti socialiste qui fait 25 %, c'est une cuisante défaite. Il faut en finir avec cette anomalie française et occuper tout le champ à gauche. Parlez-vous d'englober les partis à la gauche du Parti socialiste ? Non, car ils sont "inenglobables". Les Verts représentent 5 à 10 % de l'électorat, une part supérieure au score de Dominique Voynet au premier tour. Le PCF est un peu plus fort que son score au premier tour mais c'est un parti en fin de course. Quant à l'extrême gauche, elle est incapable de s'unifier. Il faut un grand Parti socialiste avec une dizaine d'alliés. Cela ne ressemble-t-il pas à la situation actuelle ? Si, mais pour que cela se passe bien, il faut que le PS se renforce qualitativement. Le PS s'est longtemps défini comme le parti de gauche qui n'était pas communiste. Aujourd'hui, il doit assumer d'avoir sa propre ligne. C'est un parti à construire et il y a du boulot. Pour la première fois, le champ de la gauche est plus vide, parce que les partis à la gauche du PS se sont tiré eux-mêmes une série de rafales dans les pieds. C'est triste. Mais cela donne au PS la responsabilité d'occuper tout le champ de la gauche dans un pays moderne. En tendant la main aux électeurs de François Bayrou, Ségolène Royal ne risque-t-elle pas de perdre des voix de gauche ? Non, je ne crois pas. Ségolène Royal ne revient sur aucune de ses propositions. Et les électeurs de la gauche de la gauche qui ont voté pour elle au premier tour ont choisi de barrer la route à Nicolas Sarkozy. Votre ligne politique, notamment vis-à-vis de l'alliance avec François Bayrou, ne perd-elle pas du terrain au sein du Parti socialiste ? Quelle ligne ? Ce que je décris est la ligne majoritaire. Je ne vois pas François Hollande dire autre chose. Personne ne va dire "le PCF a disparu, donc allions-nous avec l'UDF". Pourquoi Ségolène Royal a-t-elle annoncé qu'elle voulait discuter, sans préjugés, avec François Bayrou lui-même ? Pourquoi ne discuterait-elle pas avec lui ? On est en République. Ces discussions portent sur cinq points de convergence forte, que j'ai déjà cités et que Ségolène Royal a énumérés dimanche soir. Elle est en train de faire exactement le travail d'ouverture qui s'impose. Rappelez-vous la phrase de Mitterrand : au premier tour, on rassemble les siens, au second, on ouvre au centre. Si vous avez une autre recette pour remporter une présidentielle, signalez-la-moi. § Comment vivre son identité de fille d'immigrée. § § Un tel taux de participation pour une élection présidentielle n'avait pas été observé depuis les premières élections de la Ve République, en 1965. § § Sylvia Zappi de la rédaction du "Monde", analyse les résultats du PCF et des différents représentants de la gauche anti-libérale (LCR, LO, PT, Bové) au premier tour de l'élection présidentielle. Elle analyse les possibilités de recomposition de cette gauche de la gauche. § C arlos : Selon vous, quels sont les motifs de l'érosion des résultats du PCF depuis les 10 % obtenus aux législatives de 1997 ? Sylvia Zappi : Le PC a alterné depuis 1997 une alliance avec le PS et une alliance gouvernementale et une posture plus protestataire, sans arriver à redéfinir ce que voulait dire être communiste aujourd'hui. Il est toujours entre deux chaises, refusant le rassemblement antilibéral qu'il a en partie créé et affichant une candidature communiste qui n'a pas su se définir sans faire référence systématiquement à la gauche responsable. matthias : La place de Marie-George Buffet au sein du PCF est-elle menacée ? Sylvia Zappi : Elle avait d'entrée de jeu dit qu'elle se retirerait de son poste de secrétaire national en 2009 au congrès qui est prévu. Avec un score de 1,9 % qu'elle doit aujourd'hui assumer, elle n'a plus de légitimité comme secrétaire nationale, son départ est envisagé très sérieusement. Zzorglub : Peut-il y avoir une hémorragie de militants du PCF en faveur de la LCR ? Sylvia Zappi : Il y a eu un déplacement en termes électoraux où le candidat de la LCR a réussi à capter une part du vote protestataire du PC. Mais la LCR ne parviendra pas à attirer des militants qui sont allés de défaite en défaite. Elle n'a pas le même type de profil et attire surtout des jeunes étudiants et jeunes salariés. najib : Y a-t-il un avenir pour le PCF ? alex : Le Parti communiste français est-il en voie de disparition ? Sylvia Zappi : Cela fait au moins 15 ans qu'on annonce la mort du PCF. Il est dans un déclin certain, mais il ne faut pas oublier qu'il revendique encore 134 000 adhérents, 13 000 élus, et que c'est une force militante encore très présente. C'est encore aussi une référence politique sur la scène politique française. Il ne faut pas tirer du score calamiteux que vient de faire Marie-George Buffet la fin du PCF. Quant à son avenir, il dépend essentiellement de sa capacité à se redéfinir un projet qui ne soit pas que dans la nostalgie. TJ : 2002 avait déjà été une année extrêmement difficile pour le PCF. Leur désarroi était vraiment énorme. Quel est leur état d'esprit cette année ? Du désespoir (ils s'attendaient à faire mieux) ? De la résignation ? De l'incompréhension ? Sylvia Zappi : Il y a certes de la déception, mais le score était attendu, y compris en interne. Aujourd'hui, la direction développe un discours pour expliquer que ce n'est pas de la faute de Marie-George Buffet, mais celle des autres, les autres étant le vote utile, les médias, et la dérive à droite de la société. Les militants, eux, attendent un peu plus que ces excuses, et sentent bien que leur discours ne passe plus. najib : Y a-t-il une tentation des élus communistes à changer d'étiquette ? Sylvia Zappi : Non, il n'y a pas cette tentation. Ils vont moins afficher leur appartenance que leur bilan local, comme le font tous les élus locaux. Et pour le moment, il n'y pas de mouvement de départ d'élus du PC. Zzorglub : Comment peut-on expliquer le score d'Olivier Besancenot et de la LCR au 1er tour ? Sylvia Zappi : C'est un vote qui a réussi à capter la protestation sociale que n'arrive plus à attirer le PC. Olivier Besancenot a fait de ce point de vue une très bonne campagne, incarnant une forme de résistance avec un nouveau visage. Il a séduit par son bagout et sa position d'indépendance totale vis-à-vis du PS une frange radicale très déçue depuis la gauche plurielle. Mick : Avec son bon score du 1er tour, Olivier Besancenot porte-t-il aujourd'hui le costume de chef de file de l'extrême gauche pour les prochaines échéances ? Sylvia Zappi : Les prochaines échéances électorales sont d'abord législatives et municipales. Ce sont des scrutins dans lesquels la LCR a toujours eu du mal à peser, faute d'implantation d'élus locaux. Le succès d'Olivier Besancenot est d'abord le sien avant d'être celui de la LCR. Or il n'y a pas 577 petits Besancenot dans la LCR. Cela dit, la Ligue revendique aujourd'hui la posture de leader de la gauche antilibérale, s'appuyant sur le score qu'a fait Besancenot, devançant et le PC et Arlette Laguiller. Ainsi que José Bové. gabriel : Le morcellement de l'extrême gauche n'est-il pas lui-même le signe de l'impuissance de la gauche anti-libérale ? Sylvia Zappi : C'est en tout cas le signe de son impuissance pour cette échéance. Les différents courants de gauche réunis au sein du non à la Constitution européenne n'ont pas réussi à se mettre d'accord. Ils paient aujourd'hui gravement cette division et risquent de peser fort peu pour les législatives ou les municipales. Les logiques d'appareil ont repris le dessus. morza : Olivier Besancenot, malgré un succès indiscutable sur ses concurrents directs, n'a-t-il pas comme handicap majeur d'avoir d'ores et déjà annoncé qu'il refuserait tout ministère ou poste à responsabilité dans un gouvernement de gauche ? Ne perd-il pas ainsi en crédibilité ? Sylvia Zappi : Il a au contraire été élu sur cette posture d'extériorité totale à la gauche gouvernementale. Son slogan 100 % à gauche et 100 % indépendant affichait la couleur, et c'est cette posture qui a réussi à recueillir 4,11 %. matthias : Y aura-t-il encore un groupe à l'Assemblée nationale à la gauche du PS ? Sylvia Zappi : C'est une vraie question que les dirigeants du PC se posent depuis quelques semaines. Il ne faut pas oublier que 6 députés avaient été élus sur des listes d'union de la gauche et qu'un certain nombre de députés sortants sont en très mauvaise posture face à la droite. Les pronostics sont, pour les plus optimistes, autour de 12 députés, pour les pessimistes, 8. Cela ne fait pas un groupe parlementaire. borguy : Robert Hue peut-il reprendre la main sur le PCF ? Sylvia Zappi : Non, Robert Hue aujourd'hui est encore très minoritaire et ses fidèles ont même du mal à s'afficher ouvertement. Ils n'ont pas fait de courant ni de texte au dernier congrès et n'en feront probablement pas dans les prochaines échéances internes. Cela dit, c'est vrai que le sénateur du Val-d'Oise est sorti du bois après cinq ans de silence pour tacler celle qui lui a succédé. Léon : Pensez-vous que le PC puisse se doter d'une nouvelle direction autour de gens comme Patrick Braouezec ? Sylvia Zappi : Non. Il est une des figures du courant des refondateurs qui s'étaient positionnés pour une candidature unitaire, puis se sont divisés sur la démarche à la présidentielle, certains se ralliant à Marie-George Buffet, d'autres à José Bové, d'autres enfin préférant se taire. S'ils ont une audience réelle à la base du parti et auprès des anciens communistes, ils ne sont pas en mesure de convaincre une majorité d'adhérents de les porter à la tête du parti. § Jean-Marie Duprez est le scénariste de "Débats 1974-1981", au Théâtre de la Madeleine, à Paris, une pièce dans laquelle Jacques Weber joue Valéry Giscard d'Estaing et Jean-François Balmer François Mitterrand. § V ous êtes le scénariste de "Débats 1974-1981", au Théâtre de la Madeleine à Paris. Jacques Weber y interprète Valéry Giscard d'Estaing et Jean-François Balmer François Mitterrand, dans les débats télévisés de 1974 et 1981. Comment avez-vous procédé ? J'avais une volonté de théâtralisation et j'ai voulu garder ce qui était le plus intéressant, drôle et émouvant. J'ai dû supprimer les deux tiers des débats, tout en conservant une stricte égalité du temps de parole, ou plutôt du nombre de lignes. Je n'ai fait aucun ajout. La difficulté, compte tenu du temps écoulé, était de respecter l'intégrité des intervenants et de leurs discours et de ne pas leur faire dire des choses fausses ou détournées de leur contexte. J'ai visionné les débats originaux seulement après avoir fait les coupes. CV 1998 Jean-Marie Duprez commence sa carrière de scénariste en écrivant le film Belle maman, de Gabriel Aghion, avec Catherine Deneuve et Vincent Lindon. 1983 Il se lance dans la production (L'Eté en pente douce, Chambre à part ...). 1978 Ce diplômé en droit débute comme comédien au Café de la Gare dans Le Bonbon magique, produit et mis en scène par Coluche. L'interprétation de Jacques Weber et Jean-François Balmer n'est pas une restitution mais une recréation, sans volonté de trahir. C'est une vraie pièce de théâtre en deux actes de cinquante minutes. Eveille-t-elle de la nostalgie ? Oui. Le débat de 1974 était le premier organisé en France. Il appartient à notre mémoire collective. Et le contexte est très différent d'aujourd'hui. C'était la fin des "trente glorieuses". En 1974, le mot chômage ne figure pas - ou si peu - dans les débats, ce que Giscard se plaît alors à souligner. En 1981, l'exercice se rapproche de nous. On parle de 1,7 million de chômeurs, un chiffre qu'on aimerait bien avoir aujourd'hui... Qu'est-ce qui caractérise la langue de ces débats ? Giscard et Mitterrand sont deux "rhétoriqueurs" brillants. Dans chacun de leurs développements, ils utilisent une phrase-clé, répétée trois fois. Entre chaque phrase, il y a beaucoup de vide. Quelles sont les formules qui ont le plus marqué ? En 1974, Giscard a pris la main dès le début. Les gens ont retenu "Vous êtes l'homme du passé", lancé à Mitterrand, et surtout "Vous n'avez pas le monopole du coeur" qui a emporté toute la fin du débat. En 1981, le phénomène s'est reproduit mais en sens inverse, Mitterrand portant finalement l'estocade avec : "Vous êtes l'homme du passif". Les aspects économiques peuvent-ils être intéressants voire amusants ? Oui, il y a des moments surréalistes, drôles, quand ils se posent des questions. Quand, en 1974, Mitterrand tente un peu laborieusement d'expliciter les difficultés de la ménagère et cite le prix de la bouteille d'huile. "Savez-vous d'où vient cette bouteille d'huile, M. Mitterrand ?", demande VGE. Mitterrand est très déstabilisé. Il répond : "de l'arachide...". C'est presque du théâtre de boulevard. Mitterrand est survolé par VGE sur l'économie. Et en 1981 ? Pendant sept ans, Mitterrand a été obsédé par ce débat et il s'est préparé, cette fois-ci avec une équipe, pour le match retour. En 1974, il incarnait encore l'homme politique-grand orateur, ce qui ne passait pas à la télévision. En 1981, il fait mine de s'énerver quand VGE l'interroge sur la valeur du deutsche mark mais il sort finalement le cours au centime près. La conclusion du débat par Mitterrand est remarquable d'écriture, comme sur le fond, alors que Giscard finit de façon trop universitaire. Le théâtre, la politique et la télévision font-ils bon ménage ? C'est une évidence que la politique est l'essence du théâtre. Il y avait déjà du théâtre dans la démocratie grecque. La théâtralisation trouve son apogée à travers ce qu'en font les médias, mais elle a toujours existé. Revoyons les discours de Blum ou les mises en scène inventées par Malraux pour de Gaulle ! Giscard a été le premier à adapter ce sens théâtral à la télévision. On est passé du héros gaullien, l'homme d'exception, à quelqu'un devenu presque comme vous et moi. § L'intégralité du discours de François Bayrou, mercredi 25 avril 2007. § § Au lendemain de l'invitation de Ségolène Royal à construire une France "arc-en-ciel", ouvrant la porte à des ministres UDF dans une "majorité présidentielle", des responsables de la gauche de la gauche et de la gauche du PS ont exprimé des critiques. § A u lendemain de l'invitation lancée par Ségolène Royal à François Bayrou et ses électeurs à la rejoindre, pour construire une France "arc-en-ciel" où des ministres UDF pourraient rejoindre une "majorité présidentielle", des personnalités de la gauche de la gauche et de la gauche du PS ont exprimé des critiques, tandis que des soutiens de la candidate socialiste expliquaient son initiative. Alain Krivine (LCR) a estimé qu'il s'agissait d'"une très mauvaise idée". Il s'est demandé "comment on peut mobiliser les gens à gauche pour battre Sarkozy en commençant par s'allier avec quelqu'un qui a été son complice pendant des années au gouvernement". Selon lui, "cela risque de démobiliser toute une partie de la gauche". Ce qui le l'a pas empêché de réitérer la position de son parti : "On vote contre Sarkozy et le seul moyen, c'est un bulletin Ségolène". Le Parti communiste s'est lui aussi montré critique, dans un communiqué. "Les communistes sont en campagne pour battre (Nicolas Sarkozy), pour repousser le danger qu'il représente, pour porter une vraie ambition pour la gauche. La proposition avancée par la candidate du PS concernant la présence de ministre UDF dans un gouvernement autour d'un pacte présidentiel intégrant des propositions d'une partie de la droite ne va à l'évidence pas dans ce sens", indique son texte, qui rappelle que Marie-George Buffet a demandé à Ségolène Royal de "lever les doutes et les ambiguïtés". Le sénateur PS de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon a accusé Ségolène Royal et son équipe de "jouer avec le feu", rappelant que "Bayrou, c'est la droite". Il estime que "cette gymnastique hasardeuse aura bientôt un prix", et appelle François Bayrou à refuser la main tendue, afin que le PS "parle au peuple, car c'est lui qui va faire la décision". Dominique Strauss-Kahn a souhaité que Ségolène Royal et François Bayrou puissent "se parler" et sortir du "vieux clivage d'hier". "S'il y a des convergences, je ne voudrais pas que mon pays perde cette occasion historique de faire que la donne change", a-t-il estimé sur Europe 1. Selon l'ancien ministre socialiste,"François Bayrou, qui a soutenu Romano Prodi contre Berlusconi (lors des législatives italiennes), doit très logiquement aujourd'hui avoir la même démarche vis-à-vis de Nicolas Sarkozy". François Rebsamen, codirecteur de campagne de la candidate, a lui parlé d'"une démarche de rassemblement", "une position traditionnelle" avant un deuxième tour. Alors que des responsables socialistes ont déploré que l'ouverture n'ait pas été discutée dans les instances du parti, il a répondu que "c'est la candidate qui fait les propositions"; et que mardi, "il y a eu un bureau politique, un conseil politique du PS, et personne n'a remis en cause une démarche qui existe depuis François Mitterrand". Jean-Pierre Chevènement a estimé que "Ségolène Royal est en train de construire sa majorité présidentielle avec beaucoup d'audace stratégique". Le fondateur du Mouvement républicain et citoyen, rallié à la candidate socialiste, a estimé que "François Bayrou est placé devant ses responsabilités". "Il faut qu'il soit un peu logique" avec sa campagne du premier tour pendant laquelle il a fortement critiqué le projet de Nicolas Sarkozy, a expliqué le maire de Belfort sur France 2. Alors que le chef du gouvernement italien Romano Prodi a apporté son soutien à Ségolène Royal, M. Chevènement a rappelé que Nicolas Sarkozy avait reçu, lui, le soutien de Silvio Berlusconi, et qu'élu, il"serait un Berlusconi français. (...) Ce serait un filet qui serait jeté sur la société française, une concentration inouïe de pouvoirs économiques, financiers, politiques, médiatiques". § Le candidat de l'UDF n'a donné aucune consigne de vote mercredi pour le second tour de la présidentielle mais accepté un débat avec la candidate socialiste. Patrick Ollier (UMP) a pour sa part dénoncé ce "non choix", "une initiative irresponsable et grave". § M oins d'une heure après que François Bayrou a annoncé, lors d'une conférence de presse, mercredi 25 avril, qu'il acceptait de débattre avec Ségolène Royal, celle-ci l'a invité à participer à un forum de la presse régionale, vendredi à 11 heures, où elle souhaite apporter "des éclaircissements sur un certain nombre de points de (son) pacte présidentiel".Julien Dray, porte-parole du PS et conseiller de la candidate, a de son côté estimé que si François Bayrou n'a donné aucune consigne de vote, "les choses peuvent cheminer". "Je constate que les termes employés (...) ne sont pas les mêmes et que les caractéristiques qui sont avancées pour l'un et les reproches qui sont faits à l'autre ne sont pas du tout équivalents", a-t-il expliqué sur LCP-Le Monde-France Info. Jean-Michel Baylet, président du PRG, parti qui soutient Ségolène Royal, a estimé que "le fait que François Bayrou accepte le débat avec Ségolène Royal" était une "très bonne nouvelle". "Débattre ainsi devant tous les Français et dans la plus grande transparence permettra aux citoyens (de se faire) une opinion définitive et sera peut-être une amorce d'une nouvelle majorité sur la base du pacte présidentiel", estime-t-il dans un communiqué. Le président de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier (UMP), a dénoncé le "non choix" de François Bayrou pour le second tour de la présidentielle comme "une initiative irresponsable et grave pour l'avenir de la France". "Il a décidé de servir son destin personnel contre l'intérêt des Français", affirme M. Ollier dans un communiqué, publié à l'issue de la conférence de presse du président de l'UDF. Le président de l'Assemblée nationale "appelle les électeurs du centre droit qui, avec sincérité, ont cru au changement proposé par François Bayrou, de réfléchir". "L'absence de choix de François Bayrou crée la confusion et laisse ses électeurs désemparés face aux enjeux de l'avenir". Selon lui, "le projet socialiste de Mme Royal, soutenu par l'extrême gauche, n'est pas celui que veut l'immense majorité des électeurs du centre". "Nicolas Sarkozy, lui, propose le rassemblement autour de valeurs que nous avons toujours défendues avec nos amis centristes", conclut M. Ollier. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le président de l'UDF, François Bayrou, a annoncé lors d'une conférence de presse, à Paris, qu'il ne donnerait aucune consigne de vote et a officiellement déclaré la naissance du Parti démocrate. § § Chaque mercredi, écoutez les meilleures chansons de la campagne 2007. Cette semaine, François Bayrou "bouge de là" et Nicolas Sarkozy s'installe en tête du hit parade, juste devant le "blues de l'électeur". § § La candidate des Verts, qui a obtenu 1,57 % des suffrages au premier tour de la présidentielle, a aussi demandé mercredi aux Verts de se mobiliser pour faire gagner la gauche au second tour, mais attend "des signes" de Ségolène Royal. § D ominique Voynet, qui a obtenu 1,57 % des suffrages au premier tour de la présidentielle, a souhaité, mercredi 25 avril, que les Verts se mobilisent pour faire gagner la gauche au second tour, avant qu'ils travaillent à se refonder. Devant un conseil extraordinaire du parti, la candidate des Verts a insisté sur la nécessité de "contribuer de la façon la plus utile possible à la défaite du candidat de droite et à la victoire" de Ségolène Royal. "Nous ferons tout ce que nous pourrons, mais les électeurs écologistes, quoi qu'ils aient voté, attendent des signes", ils "veulent être respectés", et non pas "mobilisés dans une croisade anti-Sarkozy", a-t-elle ajouté. "Il est urgent, a-t-elle indiqué, que (Ségolène Royal) dise clairement qu'elle ne laissera passer aucun des forfaits anti-écolos que prépare la droite". FAIRE "PLUS LARGE, PLUS AMPLE, PLUS RAPIDE" Dominique Voynet a reproché aux socialistes de ne pas s'être "occupés de leurs électeurs traditionnels" et d'avoir "dilué leurs propositions dans des thématiques ambiguës" et des "provocations". "Plutôt que de prendre en compte l'apport de leurs propres alliés, les socialistes ont entretenu le mythe du vote utile et, tel l'arroseur arrosé, ils ont alimenté la peur qui a nourri sur leur droite le vote pour le candidat centriste", a-t-elle souligné. Quant à l'avenir des Verts, elle a pointé "les points faibles" de leur dispositif politique, dont le "petit nombre" des militants et les liens "trop ténus avec les intellectuels écolos, les syndicalistes, les jeunes, les diffuseurs d'opinion". Il faut faire "plus large, plus ample, plus rapide", a-t-elle souligné, "faire converger le maximum d'écolos connus ou pas connus dans un dispositif politique partagé plus visible médiatiquement et dans la société", afin de construire un "parti écolo populaire, ouvert et de masse". "Après la campagne présidentielle, après les législatives, ce sera le moment du débat en notre sein", a-t-elle conclu. § Avant la conférence de presse qu'il devait tenir, mercredi après-midi, François Bayrou a dû se repasser en boucle les messages que les deux finalistes lui ont laissés sur son portable. § A vant la conférence de presse qu'il devait tenir, mercredi après-midi, François Bayrou - "la caricature du cynisme et de l'opportunisme" (Nicolas Sarkozy, le 12 avril), "une forme d'imposture" (Ségolène Royal, le 14 mars) - a dû se repasser en boucle les messages que les deux finalistes lui ont laissés sur son portable. Savourant une période que son ancien ami André Santini lui promet brève : "Bayrou a fait la voiture-balai dans cette élection. Après quoi, il va s'écrouler. Le 6 mai, il n'aura plus personne derrière lui", a estimé le député des Hauts-de-Seine, néosarkozyste de l'UDF, dans un entretien au Figaro de mardi. D'ici là, on s'arrache le contenu de la "voiture-balai". Des détails restent à régler pour le débat Royal-Sarkozy Rien n'est encore définitivement réglé pour l'organisation du débat de l'entre-deux-tours qui doit opposer, mercredi 2 mai, Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal. A l'issue d'une réunion, organisée mardi 24 avril au siège du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), entre les représentants de TF1 et France 2 et les mandataires des deux candidats, aucun accord n'a pu être encore trouvé. Si tout le monde s'est mis d'accord sur la date, l'heure (21 heures) et la durée du débat (deux heures), de nombreux détails restent encore à régler. Claude Guéant, directeur de campagne du candidat UMP, et Franck Louvrier, son responsable de communication, ont convenu avec Jack Lang, conseiller spécial de la candidate PS, d'adopter la formule d'un face-à-face traditionnel. Reste à choisir le réalisateur (les noms de Jérôme Revon et Jean-Jacques Amsellem ont été avancés) et le décor. Côté journalistes, les représentants des deux candidats ont donné leur accord aux noms proposés par les chaînes, à savoir Patrick Poivre d'Arvor pour TF1 et Arlette Chabot pour France 2. "Nous ne posons aucune condition", a déclaré M. Lang. "Nous souhaitons un débat qui assure l'égalité et le respect" et "il suffira pour l'essentiel de reprendre les règles qui ont été établies" les fois précédentes, a précisé l'ancien ministre de la culture. MM. Lang et Guéant ont assuré que les deux équipes abordaient ce débat "dans un esprit de loyauté". Une nouvelle réunion devait avoir lieu, jeudi 26 avril, au CSA. LA BATAILLE DU CENTRE (SUITE). Tous les moyens sont bons pour glaner des voix centristes. Jusqu'à l'intox, pratiquée par Pierre Moscovici (PS) : "Je suis persuadé que dans l'urne il déposera un bulletin Ségolène Royal. Il serait plus clair qu'il le dise", affirme le député européen dans un entretien au Nouvel observateur. D'autres lui préfèrent l'art du syllogisme. Version Sarkozy : "Ségolène Royal, on l'a souvent trouvée assez sectaire dans cette campagne. Le centre, c'est l'adversaire du sectarisme, c'est l'ouverture à la convivialité et je ne vois pas le centre choisir le sectarisme" (Jean-Pierre Raffarin). Version Royal : "Sarkozy, c'est la société de la confrontation, de l'affrontement. Bayrou a dit que son modèle de société et son modèle de démocratie étaient à l'opposé de celui de Nicolas Sarkozy. A l'opposé il y a Ségolène Royal" (Daniel Cohn-Bendit). Il convient aussi d'aider obligeamment les gentils centristes, ces "gens qui ont l'esprit ouvert", comme le dit Jean-Pierre Raffarin, à débusquer les mauvais coups qui leur seraient faits. L'UMP "fait des sourires" mais tient "un gros gourdin et menace les députés UDF" pour les législatives, prévient Julien Dray (PS). "Nicolas Sarkozy veut rassembler, Ségolène Royal veut marchander", réplique Xavier Bertrand (UMP). DU "TSS" AU "TPS". Les partisans de Ségolène Royal n'entendent pas se laisser enfermer dans la logique du "tout sauf Sarkozy" (TSS), qui risquerait de "victimiser" le candidat de l'UMP et de remobiliser la droite. Il suffit d'ailleurs de ne changer qu'une lettre pour corriger le tir. D'ici au 6 mai, ce sera donc le TPS : "tous pour Ségolène". LES CAUCHEMARS D'ERIC BESSON. Julien Dray, porte-parole du PS, a prédit "des nuits difficiles" à l'ex-PS Eric Besson, qu'il a accusé d'avoir "trahi sa famille" pour "faire l'apologie du camp d'en face". "En ce moment, il est peut-être acclamé, mais dans un mois, quand il va se regarder dans la glace, est-ce qu'il sera fier de ce qu'il est au regard de ce qu'il a été ?", s'est interrogé M. Dray. DOMINIQUE DE VILLEPIN, DE PLUS EN PLUS DISPONIBLE. "J'aurai l'occasion de prendre toute ma part dans la campagne, de m'exprimer tout au long des prochains jours", a indiqué le premier ministre à l'issue d'un déjeuner à Matignon avec Nicolas Sarkozy, sans préciser s'il participerait à un meeting avant le second tour. "La chose est prévue", avait dit M. de Villepin à ce sujet, début avril. Il reste encore dix jours. Cela étant, le candidat de la "rupture" ne semble pas trop impatient de s'afficher sur une estrade aux côtés du chef du gouvernement. "Si Dominique participe à un meeting c'est très bien", a indiqué M. Sarkozy, "mais on échange tous les jours au téléphone". Non pas tant sur Matignon, a précisé le candidat, que sur "son expérience de deux campagnes réussies auprès de Jacques Chirac", en 1995 puis en 2002. LES MAUVAIS COMPTES DE LUTTE OUVRIÈRE ... La dernière campagne présidentielle d'Arlette Laguiller (1,33 % des voix) s'achève sur une ardoise de quelque 1,4 million d'euros pour LO, qui a lancé une souscription afin de renflouer ses caisses. La Ligue communiste révolutionnaire s'en tire mieux : Olivier Besancenot (4,08 %) s'est montré plus économe en ne dépensant qu'un peu plus de 800 000 euros, somme remboursée par l'Etat aux candidats dont le score est inférieur à 5 %. ... ET LES BONS DE DOUBLET. Leader mondial de la fabrication de drapeaux, qui a intégré à ses activités le matériel électoral, les équipements sportifs et le mobilier urbain, Doublet a fait coup double dans cette campagne. Le souhait formulé par Ségolène Royal de voir tous les ménages français s'équiper d'un drapeau tricolore lui avait fait profiter d'une bonne campagne de promotion gratuite. Dans l'immédiat, les retombées financières, à hauteur de deux millions d'euros, sont venues de la vente d'isoloirs accessibles aux handicapés, qu'un décret du 20 octobre 2006 avait rendus obligatoires. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, Doublet se félicite de ne pas s'être lancé cette année dans les nouvelles machines à voter électroniques, qui ont connu dimanche de sérieux déboires. L'IMPATIENCE DE BENOÎT XVI. En marge d'une rencontre au Vatican avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le pape Benoît XVI a très clairement indiqué qu'il suivait avec une passion débordante le duel Royal-Sarkozy. En langage pontifical, cela donne : "Nous attendons le résultat des élections." Une remarque en apparence sibylline, mais dont l'AFP nous précise qu'elle "tranche avec la réserve habituellement observée par le pape envers les médias lors de ce type de rencontre". Plus que dix jours avant la fumée blanche. § La nouvelle n'a pas fait plaisir au secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. M. Le Pen arrive en deuxième position dans les votes parmi les sympathisants de la CGT, selon un sondage sortie des urnes réalisé par CSA. § L a nouvelle n'a pas fait plaisir au secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. Jean-Marie Le Pen arrive en deuxième position dans les votes parmi les sympathisants de la CGT, selon un sondage sortie des urnes réalisé par CSA pour Liaisons sociales (effectué le 22 avril auprès de 5 009 personnes). La CGT appelle à voter contre "l'ultralibéralisme" Cela ressemble fort à une consigne de vote même si, formellement, ça n'en est pas une. La CGT, dans une déclaration rendue publique, mardi 24 avril, "alerte à nouveau les salariés sur le risque qu'à l'issue des élections, s'installe un gouvernement totalement acquis à une vision ultralibérale de la société et de l'économie dont les salariés et leurs libertés seraient les victimes". Soulignant, sans le nommer, les convergences entre le programme de Nicolas Sarkozy et "les ambitions du Medef", la CGT réaffirme son opposition à "toute restriction des libertés syndicales et du droit de grève" et appelle "à participer massivement au second tour". 12 % des "proches de la CGT" disent avoir voté pour le chef de l'extrême droite, 11 % pour Nicolas Sarkozy et 11 % pour François Bayrou. Un résultat somme toute logique au vu du poids maintenu du FN dans l'électorat ouvrier, indique Stéphane Rozès de CSA. La gauche arrive néanmoins largement en tête avec 65 % dans cet électorat, dont 42 % pour Ségolène Royal. "La gauche hors PS fait quand même 23 %", notait Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT. Chez les sympathisants du syndicat longtemps associé au PCF, Marie-George Buffet arrive derrière le candidat de la LCR, Olivier Besancenot, 7 % contre 9 %. Robert Hue, son prédécesseur en 2002, avait fait 18 %. Si la gauche fait son meilleur score auprès des proches de la CGT, la droite et Nicolas Sarkozy obtiennent de bons scores chez les sympathisants des autres syndicats : 60 % à la CFE-CGC, 39 % à la CFTC, 20 % à la CFDT et à FO. Ce score explose à 96 % auprès des sympathisants des organisations patronales, Medef et CGPME. A l'inverse, le candidat de l'UMP n'a pas séduit les sympathisants du syndicat enseignant FSU, avec un score de 1 %. Mme Royal atteint 69 % auprès de ce public. Comme ceux de la CGT et de SUD, les sympathisants de la FSU ont voté majoritairement à gauche, à 85 % : à la CFDT, gauche et extrême gauche ont recueilli 44 %, 45 % à FO et 36 % à l'UNSA. François Bayrou réalise de bons scores chez les sympathisants de la CFDT et de la CFTC, 24 %, de l'UNSA, 29 %, et de SUD, 27 %. Les "proches" de ce syndicat ont donné au postier de la LCR (par ailleurs syndiqué à SUD) son meilleur score avec 20 %, 4 % pour José Bové, 0 % pour Mme Buffet et 42 % pour la candidate socialiste. Si les candidats trotskistes atteignent l'important total de 15 % auprès des proches de FO, le représentant du Parti des travailleurs, Gérard Schivardi, n'en capte que 1 %, Arlette Laguiller et Olivier Besancenot 7 % chacun. Le Pen, enfin, réalise son meilleur score auprès des "proches" de FO, 14 %, suivi de la CGT, de la CGC, 10 %, et 8 % à la CFDT et la CFTC. § Le futur ministre de l'intérieur doit s'attendre à des "discussions houleuses" avec les protestants sur l'accueil des étrangers en France, a indiqué, Claude Baty, le nouveau président de la Fédération protestante de France (FPF). § L e futur ministre de l'intérieur doit s'attendre à des "discussions houleuses" avec les protestants sur l'accueil des étrangers en France, a indiqué, mardi 24 avril, devant la presse, Claude Baty, nouveau président de la Fédération protestante de France (FPF), traditionnellement sensible aux questions d'immigration. "Quel que soit le candidat élu, aucun ne mènera une politique satisfaisante à nos yeux", a-t-il pronostiqué. M. Baty a, en outre, assuré qu'il "continuerait le combat pour obtenir des aménagements" à la loi de 1905 afin de faciliter l'ouverture de lieux de culte. Une option clairement rejetée par Ségolène Royal et gelée, "faute de consensus", par Nicolas Sarkozy. M. Baty, qui prendra ses fonctions en juillet, a confirmé que "l'électorat protestant a évolué à droite" et attribué cette tendance aux positions du PS sur les questions éthiques, "en décalage avec ce qui est enseigné dans les églises", plus qu'à une adhésion au candidat de l'UMP, "même s'il affiche clairement que les religions ont un rôle à jouer dans la société". "Il faut se méfier de l'affichage religieux des hommes politiques en campagne, qui cherchent à pêcher des voix", a-t-il jugé. § L'intégralité du débat avec Frédéric Sawicki, qui revient sur les rapports de force entre la gauche, l'extrême gauche et le centre à quelques jours du second tour, jeudi 26 avril. § G régory Crenn : En fondant le Parti démocrate, François Bayrou n'a-t-il pas coupé l'herbe sous le pied des socialistes dans l'optique d'une mutation du PS en cas de défaite électorale ? Est-ce que l'aile droite du PS ne va pas rejoindre le Parti démocrate ? Frédéric Sawicki : Les intérêts électoraux des élus socialistes, qu'ils soient à l'aile gauche ou à l'aile droite du PS, empêcheront sans doute ceux-ci de rejoindre immédiatement le Parti démocrate que créera François Bayrou. Joris : A moyen terme, le Parti démocrate de M. Bayrou et le Parti socialiste pourront-ils cohabiter ? Frédéric Sawicki : Depuis les années 1960 en France, les alliances politiques nationales et les alliances politiques locales ou régionales ont eu tendance à se superposer. En l'état actuel des choses, il est plus facile de concevoir un rapprochement entre le PS et le nouveau Parti démocrate au niveau parlementaire que dans les collectivités locales, où l'UDF gouverne généralement avec l'UMP. Par conséquent, il faudra du temps avant que le principe et l'idée d'une alliance entre PS et UDF se diffusent largement à travers le territoire national. Ceci constitue un des principaux obstacles à l'acceptation de ce rapprochement. La proximité des élections municipales aggrave cette situation. revas : La main tendue à François Bayrou est-elle la conséquence logique d'une droitisation de la vie politique, marquée par la droitisation de l'UMP et l'affaiblissement de l'extrême gauche ? Frédéric Sawicki : La droitisation ne concerne pas seulement la vie politique. Elle correspond à une adhésion majoritaire des Français à des valeurs et des idées répressives en matière de sécurité et libérales en matière de lutte contre le chômage. Ainsi, d'après une enquête du Cevipof, deux tiers des ouvriers et des employés sont aujourd'hui d'accord ou plutôt d'accord avec l'idée selon laquelle "si les chômeurs le voulaient, ils pourraient retrouver du travail". Cet exemple illustre selon moi très bien la défaite des valeurs traditionnelles de la gauche sociale-démocrate dans la société française d'aujourd'hui, et permet de comprendre pourquoi le discours de Nicolas Sarkozy sur le travail, sa réhabilitation, la critique de l'assistanat reçoit un écho très favorable au-delà du monde des indépendants, au sein du petit salariat. jean : Quel danger représente pour le PS un accord avec François Bayrou ? Frédéric Sawicki : Pour le moment, je ne pense pas que le PS puisse envisager un accord quelconque avec François Bayrou. Cet accord, s'il est possible, n'interviendra probablement qu'au soir du premier tour des élections législatives. Il porterait alors sur la question des désistements au second tour entre les candidats de l'UDF et les candidats du PS. Alors, le risque pour ces candidats serait qu'ils perdent le soutien d'une partie des électeurs de gauche. cécile : Qui va sortir gagnant du rapprochement entre PS et centre ? Frédéric Sawicki : Tout dépendra du résultat du deuxième tour de l'élection présidentielle. Valderama : Quelle est l'importance du débat entre Ségolène Royal et François Bayrou ? Frédéric Sawicki : Ce débat est essentiellement une façon habile pour Ségolène Royal et pour François Bayrou de manifester leur rapprochement en évitant que cela apparaisse comme un ralliement explicite de François Bayrou à Ségolène Royal, et comme un accord précis de gouvernement pour Ségolène Royal. mendesfrance : Le Parti démocrate de François Bayrou est-il l'avenir de la gauche ? Frédéric Sawicki : François Bayrou fait un pari risqué. Il espère sans doute qu'une défaite du Parti socialiste lui amène des électeurs et une partie des adhérents qui ont récemment rejoint le PS. Et donc, dans l'esprit de François Bayrou, sans doute, le Parti démocrate est l'avenir d'une partie de la gauche. Du point de vue évidemment des dirigeants socialistes, habitués à occuper depuis maintenant trente ans une position hégémonique sur leurs alliés, le Parti démocrate ne pourrait au mieux constituer qu'un nouvel allié temporaire qu'il s'agirait au plus vite de satelliser. Savonarole : Le PS peut-il survivre avec en son sein des personnes aussi différentes que Mélenchon, antilibéral patenté, et DSK, social-démocrate, dont les positions sur tous les grands dossiers sont diamétralement opposées ? Quelle est finalement la position du PS par rapport au libéralisme ? Frédéric Sawicki : La question de la rénovation des pratiques au sein du PS a été posée plutôt par François Hollande, qui a introduit l'adhésion à 20 euros et qui a généralisé le recours à Internet dans la communication militante. Le problème est que cette nouvelle façon de participer à la vie interne du PS a eu plutôt tendance à renforcer l'embourgeoisement de ses membres. Il faudra sans doute penser à l'avenir à recourir à d'autres manières d'associer l'électorat de gauche à la vie du parti. Le PS a fort à faire pour attirer à nouveau dans ses rangs des militants issus du syndicalisme, issus des associations et des mouvements sociaux. Les nouveaux adhérents qui ont rejoint le PS au cours de cette dernière année sont majoritairement des gens qui sont faiblement investis dans la vie de la cité et plutôt issus des catégories moyennes supérieures. Le PS, comme la plupart des partis sociaux-démocrates européens, a toujours vu cohabiter en son sein des personnalités ou des militants politiques de tendances composées. Dans les années 1970, bien des choses séparaient le jacobinisme marxisant de Jean-Pierre Chevènement et le décentralisateur favorable à l'économie de marché qu'était Michel Rocard. Romano : Quelle est l'importance des centristes (DSK...) aujourd'hui au sein du PS ? Frédéric Sawicki : Cette importance s'est accrue récemment car les enquêtes réalisées auprès des nouveaux adhérents montrent que beaucoup ont rejoint le PS séduits par la critique que Ségolène Royal adressait aux "idées archaïques" du PS. On peut donc penser qu'en plus des traditionnels rocardiens devenus strauss-kahniens, ce courant représente environ 40 % du parti. § Le débat télévisé du 2 mai entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sera réalisé par Jérôme Revon, ont indiqué jeudi les représentants des candidats, à l'issue d'une nouvelle réunion de préparation au Conseil supérieur de l'Audiovisuel (CSA). § C 'est Jérôme Revon, réalisateur notamment des Césars et des Victoires de la musique, qui réalisera le débat télévisé du 2 mai entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ont indiqué, jeudi 26 avril, les représentants des candidats, à l'issue d'une seconde réunion de préparation au Conseil supérieur de l'audiovisuel. "Nous sommes d'accord sur l'organisation du débat. (...) Il reste quelques détails à régler tels que le choix des thèmes et le temps accordé aux thèmes. Nous nous rencontrerons au cours des prochains jours", a déclaré Jack Lang, conseiller spécial de la candidate du Parti socialiste. "Nous convergeons très largement sur les thèmes", a ajouté Claude Guéant, directeur de campagne du candidat UMP, estimant qu'"il n'y a aucune surprise à attendre". DÉCOR PLUS "MODERNE" Les représentants des candidats ont décidé que ceux-ci seraient assis face-à-face, et séparés par une distance "de l'ordre de 2 mètres", selon M. Guéant. Il n'y aura pas de plans de coupe, qui montrent les réactions d'un candidat lorsque l'autre parle : Jack Lang s'y était dit peu favorable, souhaitant respecter "la tradition", à la différence d'Arlette Chabot, qui animera ce débat de deux heures avec Patrick Poivre d'Arvor. Le tirage au sort a décidé que Nicolas Sarkozy serait à droite de l'écran pour le téléspectateur et Ségolène Royal à gauche, ont indiqué MM. Lang et Guéant. France 2 était représentée à cette réunion par Arlette Chabot, directrice de l'information, et Patrice Duhamel, directeur général de France Télévisions, TF1 par Etienne Mougeotte, vice-président de la chaîne, et Robert Namias, directeur de l'information. Sur RTL, jeudi matin, Patrick Poivre d'Arvor et Arlette Chabot avaient indiqué que le décor serait plus "moderne" que lors des précédents débats. § La LDH a présenté, jeudi, sa nouvelle édition de "L'Etat des droits de l'homme en France", particulièrement critique à l'égard du bilan de l'ancien ministre de l'intérieur et candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy. § L a Ligue des droits de l'homme (LDH) a présenté, jeudi 26 avril, l'édition 2007 de son Etat des droits de l'homme en France, déplorant une "régression continuelle des libertés" et condamnant particulièrement le bilan de Nicolas Sarkozy, candidat UMP à la présidence et ex-ministre de l'intérieur. Qualifiant la "vision du monde" de M. Sarkozy d'"absolument terrifiante", le président de la LDH, Jean-Pierre Dubois, a laissé peu de suspense sur la prise de position du comité central samedi dans le duel Nicolas Sarkozy-Ségolène Royal. "Il faut réagir avant qu'il ne soit trop tard", a-t-il martelé jeudi, parlant de "grave régression en matière de droits fondamentaux depuis cinq ans". "La politique législative de course au sécuritaire à dominante xénophobe sacrifie au report de voix d'extrême droite les droits des étrangers, l'humanité élémentaire et, au bout du compte, les libertés de tous", écrit Jean-Pierre Dubois en introduction de ce bilan publié aux éditions La Découverte et constitué d'une série d'articles brefs évoquant les questions ayant interpellé la Ligue tout au long de l'année 2006, qu'elles concernent la justice, le racisme, la citoyenneté ou l'immigration. Revenant sur plusieurs événements, comme l'expulsion de Cachan, la multiplication des tentes de sans-abris, la promulgation-abrogation du CPE, ou l'affaire d'Outreau, la LDH fait le constat d'une "aggravation de la crise sociale", d'un "approfondissement de la crise institutionnelle" et d'une "extension de la crise éthique" qui "se répand au rythme de la contamination de l'ordre républicain par l'agenda lepéniste". "LES LIBERTÉS ET L'ÉGALITÉ ONT RÉGRESSÉ DE CONCERT EN 2006" Elle déplore les effets de plusieurs lois votées en 2006, notamment la loi du 31 mars sur l'égalité des chances qui a signifié selon elle "stigmatisation, sanctions, alourdissement des difficultés pour les familles et les jeunes les plus fragiles" ou la nouvelle loi sur l'immigration du 24 juillet. "L'année 2006, plus encore que les précédentes, fut une très mauvaise année pour les étrangers vivant sur le sol français", estime M. Dubois, selon lequel "la chasse aux sans-papiers s'est intensifiée au rythme de la précampagne présidentielle du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, avec son volet 'chasse aux enfants' particulièrement insupportable". Par ailleurs, elle met en garde contre la loi de prévention de la délinquance, "point d'orgue de cinq ans de mise en uvre législative de pans entiers du programme de Le Pen" qui risque selon elle de "préfigurer un véritable basculement de notre société", désignant M. Sarkozy comme "son auteur réel". "Le ministre de l'intérieur, qui se mêle déjà de justice, de santé, d'éducation, de logement, a encore une fois asséné ses conceptions : la prévention, l'éducation, c'est la sanction". "Les libertés et l'égalité ont ainsi régressé de concert en 2006, au profit non d'une sécurité durable mais d'une idéologie sécuritaire qui augmente l'insécurité qu'elle prétend combattre", affirme encore l'organisation, qui déplore que certains policiers "ne respectent pas les droits des citoyens" et "se sentent sinon couverts, du moins rarement inquiétés, dans le climat crée par les provocations ministérielles". La LDH se félicite en revanche de l'avènement en 2006 de "résistances symboliques mais aussi militantes", saluant notamment la "retentissante victoire contre le CPE" et le combat du Réseau éducation sans frontières (RESF) pour protéger les familles sans-papiers grâce au "recours légitime à la désobéissance citoyenne". § Des inspirateurs aux premiers ministrables, les principaux réseaux du candidat UMP à la présidence de la République. § § Des inspirateurs aux premiers ministrables, les principaux réseaux de la candidate PS à la présidence de la République. § § "La bataille pour le logement de tous les Français est pour moi une bataille essentielle", a déclaré Mme Royal en visite dans un immeuble qui a échappé in extremis à une vente à la découpe. § S égolène Royal a critiqué, jeudi 26 avril, "la spéculation immobilière des fonds de pension qui bénéficient d'avantages fiscaux" et "chassent les familles à revenus modestes ou moyens", lors d'une visite dans un immeuble rue de Montreuil, à Paris, qui a échappé à la vente à la découpe grâce à la mobilisation de ses locataires et à l'intervention de la ville. Accompagnée de Bertrand Delanoë, maire de Paris, et Patrick Bloche, élu du 11e arrondissement et premier secrétaire de la fédération PS de Paris, elle a indiqué que, si elle arrivait au pouvoir, elle réformerait ce dispositif. "Les fonds de pension feraient mieux d'investir dans les entreprises pour créer des emplois", a-t-elle déclaré, précisant qu'elle baisserait la fiscalité pour les y encourager, en supprimant en revanche "les avantages fiscaux accordés aux organismes qui font de la spéculation immobilière". "La bataille pour le logement de tous les Français est pour moi une bataille essentielle", a dit Mme Royal, parce qu'"être correctement logé conditionne la qualité de vie de famille". Le maire de Paris a expliqué qu'en six ans de mandature la ville avait racheté 7 000 des 22 000 appartements soumis à une vente à la découpe, et rappelé que le "pacte présidentiel" prévoyait, outre la suppression des avantages fiscaux lors de la vente à la découpe, "des instruments légaux donnés aux maires de toutes les communes pour pouvoir s'y opposer". § Le portrait de l'affiche de campagne de Ségolène Royal pour le second tour est signé du photographe italien Oliviero Toscani, l'auteur de plusieurs campagnes controversées pour la marque de vêtements Benetton. § S égolène Royal a dévoilé, mardi 24 avril, son affiche de campagne pour le second tour. Le portrait couleur est signé du photographe italien Oliviero Toscani, auteur de plusieurs campagnes provocantes et controversées pour la marque de vêtements Benetton. Sur l'affiche, on voit le visage souriant de face et les épaules de la candidate socialiste, vêtue de blanc, sur fond blanc. Au bas de l'affiche, son slogan "La France présidente", inchangé depuis le premier tour, est inscrit en lettres bleues, suivi de son nom. L'affiche de campagne pour le premier tour montrait le visage de Ségolène Royal, grave, en plan très serré et en noir et blanc, avec le même slogan sur fond rouge. Elle avait été réalisée par le photographe italien Emanuele Scorcelletti. § Si l'on compte le nombre de fois où le nom d'un candidat est apparu dans les flux d'information des sites Internet et des blogs français durant la campagne, on obtient à peu de chose près le résultat du premier tour de la présidentielle. § L a méthode n'est pas scientifique, mais le résultat, lui, est troublant. Résumons : si l'on compte le nombre de fois où le nom d'un candidat est apparu dans les flux d'information des sites Internet et des blogs français durant la campagne, on obtient à peu de chose près le résultat du premier tour de la présidentielle. C'est en tout cas ce qui apparaît à la consultation du blog elysee2007endirect.com. Exemple : le nom de Nicolas Sarkozy est présent dans 30,16 % des articles, or il a obtenu 31,18 % à l'élection ; Ségolène Royal est citée dans 24,85 %, alors que son score de dimanche fut de 25,87 %. Et ainsi de suite. Ou presque. Le calcul est en effet légèrement moins fiable pour François Bayrou (20,45 % contre 18,57 %) et Jean-Marie Le Pen (7,83 % contre 10,44 %). L'ordre d'arrivée est en tout cas respecté. N'importe. Le but n'était de toute manière pas là. Si Patrick Ferran, Ramon Guiu et Amine Layachi ont créé ce blog, ce n'était pas pour faire de la prédiction électorale, mais juste pour montrer leur savoir-faire, exposer une application concrète des outils qu'ils ont mis au point au sein de leur start-up. La solution Web qu'ils ont développée se nomme Blastfeed. "Elle sert à extraire des fils d'actu RSS que l'utilisateur choisit en fonction de l'information qui l'intéresse, explique Patrick Ferran, un des créateurs. Dès qu'elle est détectée, l'utilisateur reçoit alors l'information par e-mail, messagerie instantanée, RSS, et bientôt sur SMS." Une petite explication s'impose : les fils RSS sont des flux de contenu gratuit en provenance de sites Internet, qui incluent les titres des articles, des résumés, et les liens vers les articles intégraux à consulter en ligne. Ces informations peuvent être lues grâce à un logiciel spécifique ou bien directement et automatiquement intégrées à un blog ou à un autre site. Exemple avec elysee2007 endirect.com : tout son contenu provient de flux RSS d'une centaine de sources autorisées, de sites Web de journaux et de blogs. On y retrouve donc, classées les unes après les autres, les dernières informations provenant, par exemple, du monde.fr, des sites de Libération et des Echos, et des carnets de notes des blogueurs français les plus influents comme ceux de Versac ou de maître Eolas. C'est une première chose. Mais il y a mieux : grâce à l'outil Blastfeed, tout le contenu est scanné, et toutes les informations sont ainsi classées par mots-clés. On peut de la sorte ne consulter que les articles contenant "Ségolène Royal" ou bien contenant seulement "Nicolas Sarkozy". Vitrine du savoir-faire de la start-up, ce site n'indexe que les fils de texte. Mais la technologie développée par la start-up est également capable d'inclure dans ses analyses des flux qui transmettent de l'information multimédia, sous forme audio ou vidéo, d'images, de podcast. Le site a été lancé, le 19 février, à J - 75. Le 22 avril à 20 heures, le blog avait analysé ainsi 12 147 billets et articles. La rubrique "Le nuage depuis J - 75" récapitule le score de chaque candidat. Le 25 avril, c'est le nom de Nicolas Sarkozy qui était le plus souvent cité sur le blog expérimental, avec 4 142 citations. Ségolène Royal n'apparaissait qu'à 3 391 reprises dans les flux analysés par Blastfeed. On n'est pas obligé d'en accepter l'augure. www.elysee2007endirect.com § Patricia, 46 ans, ne sait plus précisément à quel moment elle a touché le RMI pour la première fois. "C'était en 1995 ou 1996", avance-t-elle, incertaine. Son mari et elle restent tributaires de ce minimum social. § P atricia, 46 ans, ne sait plus précisément à quel moment elle a touché le RMI pour la première fois. "C'était en 1995 ou 1996", avance-t-elle, incertaine. Son mari et elle restent tributaires de ce minimum social. Mais ils n'ont jamais baissé les bras. Inscrite "dans toutes les boîtes d'intérim de Louviers", Patricia travaille régulièrement dans des entreprises qui conditionnent différents produits (bouteilles de parfum, produits pharmaceutiques, DVD, etc.). Problème : quand le contrat arrive à son terme, le salaire cesse - évidemment - d'être payé, tandis que le versement du RMI peut ne reprendre qu'au bout de plusieurs semaines. Patricia dit s'être ainsi retrouvée sans le sou, plus d'une fois. Avec le revenu de solidarité active (RSA), que le conseil général de l'Eure devrait instaurer - à titre expérimental - en juin, de telles difficultés ne devraient plus se produire. Figurant parmi les propositions de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy, ce dispositif a été imaginé par une commission qui rendit, il y a deux ans, un rapport sur "la famille, la pauvreté et la vulnérabilité", sous la houlette de Martin Hirsch, président d'Emmaüs-France (Le Monde du 22 avril 2005). Le RSA vise à donner un surcroît de revenus aux bénéficiaires d'un minimum social qui reprennent une activité - même à temps partiel. En rendant le retour à l'emploi plus attractif, cette nouvelle allocation devrait faciliter l'insertion professionnelle de RMistes. "SUIVI RENFORCÉ" Patricia en attend beaucoup. "Ça va nous remettre le pied à l'étrier", dit-elle. Dans le passé, elle a quelquefois refusé des propositions d'emploi, de peur de ne plus avoir aucune rentrée d'argent à la fin de son contrat. "Je comprends qu'il y ait des RMistes qui travaillent au noir, confie-t-elle. Il m'est également arrivé de faire quelques heures de ménage ou des gardes d'enfants sans le déclarer." Grâce au RSA, espère-t-elle, ses ressources n'évolueront plus en dents de scie. A l'heure actuelle, une douzaine de départements, dirigés par des élus de gauche et de droite, ont l'intention ou sont sur le point de tester le RSA, d'après M. Hirsch. Mais le conseil général de l'Eure, présidé par Jean-Louis Destans (PS), est celui qui a le plus avancé dans la mise en place de cette nouvelle allocation. Prévue sur trois ans, l'expérience s'appliquera à une partie du département - dépendant de l'unité territoriale d'action sociale (UTAS) de Louviers. Indépendamment des incitations financières qui leur seront accordées, les bénéficiaires auront droit à un "suivi renforcé" et à des mesures d'"accompagnement" lorsqu'ils reprendront un emploi, explique Patricia Amiens, directrice de l'UTAS. "Dans un premier temps, nous espérons en faire profiter quelque 200 personnes", ajoute-t-elle. Conditions d'accès : être affilié au "dispositif RMI", occuper une activité professionnelle ou suivre une formation rémunérée. Des allocataires d'un minimum social, réunis dans un groupe-référent, ont donné leur avis sur le RSA au fur et à mesure de son élaboration. Parmi eux, il y a Louis Coutard, 47 ans, qui voit dans cette nouvelle prestation une avancée "formidable". Jusqu'à présent, souligne-t-il, les RMistes qui retournaient au travail perdaient - totalement ou en partie - certains droits (CMU, aides au logement, tarifs sociaux, etc.). D'après lui, ces désagréments seront résolus avec le "complément de salaire" apporté par le RSA. § Pour sa première participation à un scrutin présidentiel, Clémence Robin a voté Bayrou. Une évidence pour cette étudiante en master d'affaires publiques européennes - "un diplôme pour devenir lobbyiste à Bruxelles", précise-t-elle - à l'université de Maastricht, aux Pays-Bas. § P our sa première participation à un scrutin présidentiel, Clémence Robin a voté Bayrou. Une évidence pour cette étudiante en master d'affaires publiques européennes - "un diplôme pour devenir lobbyiste à Bruxelles", précise-t-elle - à l'université de Maastricht, aux Pays-Bas. Son discours sur la construction européenne et son attitude par rapport à la dette publique l'ont convaincue. "Un vote d'adhésion, car le positionnement de François Bayrou, un peu trop à droite à mon goût en début de campagne, a bien évolué par la suite", justifie-t-elle. Issue d'une famille où toutes les sensibilités politiques sont représentées, cette étudiante de 22 ans se définit comme plutôt à gauche. Alors, bien que la candidate socialiste la "laisse un peu sur (sa) faim", elle se sent naturellement portée vers Ségolène Royal pour le second tour. D'autant plus, ajoute-t-elle, que le vote blanc n'est pas son genre et que le discours de Nicolas Sarkozy au soir du premier tour - "brusquement adouci, parlant de protéger les faibles, évoquant les malades et les handicapés" - lui est apparu "ridicule". Cependant, le ralliement à la cause Royal ne va pas sans réticences. "Il faut avouer qu'elle n'est pas très bonne à l'oral avec son rythme de parole incroyablement lent. Remarquez, s'amuse-t-elle, cela a permis à mes amis étudiants étrangers, que j'avais invités chez moi à Maastricht pour suivre la soirée électorale à la télévision, de bien comprendre tout ce qu'elle disait." A vrai dire, Clémence Robin aurait préféré que Dominique Strauss-Kahn soit désigné par les adhérents du PS, même si les apparitions, plus fréquentes, de ce dernier dans la campagne socialiste ainsi que la mise à contribution de Bernard Kouchner et Jacques Delors - "des gens qui ont le sens des responsabilités à l'égard de la construction européenne" - lui ont mis du baume au coeur. Et puis, il y eut une bonne surprise. "L'autre jour, sur TV5 où elle était interrogée sur la politique étrangère, j'ai trouvé Ségolène Royal très bonne, raconte la jeune fille. Contrairement à son concurrent, je pense qu'elle aura beaucoup plus tendance à se tourner vers les partenaires européens de la France que vers les Etats-Unis. En outre, lors de cette émission, elle connaissait et maîtrisait parfaitement ses dossiers internationaux ; pour être très honnête, je ne m'attendais pas à ce qu'elle se débrouille aussi bien." "Tout compte fait, c'est plutôt un vote positif que je vais effectuer en faveur de Ségolène Royal", dit-elle, presque surprise de dresser, finalement, un tel constat. Il lui reste désormais à faire valoir son point de vue auprès de ses homologues roumains, tchèques, britanniques ou allemands qui, a-t-elle remarqué, s'intéressent de très près à l'élection française. Ce ne sera pas une mince affaire. "La plupart des étudiants étrangers sont plutôt pro-Sarkozy, regrette-t-elle. En général, Ségolène Royal ne les intéresse que parce qu'il s'agit d'une femme-candidate. C'est un peu court, quand même !" § Débat en direct avec Frédéric Dabi, directeur du département opinion publique de l'IFOP, lundi 30 avril à 16 heures. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Plusieurs des "exigences techniques" requises par la loi ne sont pas satisfaites. Ce qui n'a pas empêché le bureau de certification, et le ministère de l'intérieur, d'approuver l'utilisation des machines. § L e 18 avril, les machines à voter i-Votronic avaient été discrètement remplacées, à sept jours du premier tour, parce que leur nouveau modèle avait fait l'objet d'un "refus d'agrément" de la part du ministère de l'intérieur. Aujourd'hui, les machines Nedap, dont l'agrément n'a été publié que le 14 avril, à neuf jours du scrutin, ne satisfont pas non plus complètement au règlement technique "fixant les conditions d'agrément des machines à voter". Le Conseil constitutionnel défend les machines à voter Dans son bilan du premier tour, le Conseil constitutionnel déplore le "climat de suspicion entretenu autour des machines à voter", et avance qu'"aucune fraude, détérioration ou sabotage n'a été mis en évidence". Dans un communiqué de presse "appelant à la raison", il avait déjà rappelé, le 29 mars, que les agréments délivrés par le ministère de l'intérieur ne peuvent être délivrés qu'au terme d'une "procédure rigoureuse de contrôle" et que les machines "doivent être conformes en tout point aux 114 exigences" du règlement technique. Reconnaissant que "l'usage des machines à voter a pu poser un certain nombre de problèmes", le Conseil rappelle qu'"il demeure loisible aux communautés concernées (...) de renoncer provisoirement à ce procédé afin de mettre les prochaines échéances électorales (...) à l'abri de toute contestation". Cinq villes ont annoncé à ce jour qu'elles renoncaient, ne serait-ce que temporairement, à utiliser les machines à voter : Amiens, Saint-Malo, Le Perreux-sur-Marne, Noisy-le-Sec et Ifs (Calvados). L'exigence 6 stipule ainsi que "les membres du bureau doivent pouvoir régler l'horloge interne de la machine à voter". Or, dans le rapport d'évaluation de conformité effectué pour le compte du ministère de l'intérieur, dont a pu se procurer des extraits, le bureau Véritas écrit qu'"il n'existe pas de possibilité de mettre à l'heure l'horloge interne. Celle-ci est automatiquement mise à 00:00:00 lors du démarrage de la machine". La machine Nedap est-elle conforme ? "Oui, mais il s'agit d'une heure relative uniquement." De fait, les tests effectués lors des formations préalables au vote étaient tous antidatés et faisaient figurer la mention "22 avril" en lieu et place de la date véritable. Pour satisfaire à l'obligation de pouvoir visualiser et imprimer les "heures d'ouverture et de clôture du scrutin" (exigence 19), et de "dater les divers événements et comptes rendus mémorisés au cours d'un scrutin" (exigence 46), les présidents des bureaux de vote sont ainsi invités à le rajouter eux-mêmes "à la main sur le procès-verbal (...) avec précision". En conclusion de son rapport d'évaluation 2005, dont la société France Election, distributrice de la machine Nedap, a publié sur son site Internet l'introduction, le bureau Véritas n'en avance pas moins que "les processus mis en uvre par les sociétés Nedap et France Election sont conformes aux 114 exigences du règlement technique du ministère de l'intérieur" et que "la sécurité de la machine (...) se révèle tout à fait satisfaisante". Véritas émet néanmoins quelques réserves, qualifiées de "mineures", concernant "des points bien connus du ministère". Ainsi, les clés destinées au président et à l'assesseur du bureau de vote sont mécaniques, et non électroniques, comme le prévoit le règlement (exigence 7), et la machine ne résiste pas assez aux chocs (exigence 84). Nedap aurait d'ailleurs "présenté immédiatement les solutions qu'elle met en place pour réduire ces faiblesses". Le rapport 2007 reprend mot pour mot cette même expression, mais aussi les réserves avancées en 2005, sans qu'elles aient donc été suivies d'effet. Arguant de l'absence d'horloge interne, l'avocat Pierre Gaborit, conseiller municipal socialiste à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), vient de déposer un référé suspension au tribunal administratif de Versailles afin de bloquer l'utilisation des machines Nedap. Ce même tribunal avait déjà rejeté, le 21 avril, la requête d'une plaignante qui avançait ces mêmes arguments, au motif que la machine avait bel et bien été agréée. Hervé Pallisson, de France Election, renvoie lui aussi à l'agrément délivré par le ministère de l'intérieur, et rétorque qu'il n'a dû changer qu'une seule des 1 500 machines réparties dans 70 villes à l'occasion de ces élections. De plus, aucune des cinq villes qui ont décidé de ne plus utiliser de machines à voter n'est équipée de la machine Nedap. En somme, "ça a été une parfaite réussite !" § Chaque semaine, découvrez sur le Monde.fr une sélection des meilleures vidéos politiques du Web. Et retrouvez toutes les vidéos qui font la campagne sur le groupe Dailymotion du Monde.fr § C haque semaine, découvrez sur le Monde.fr une sélection des meilleures vidéos politiques du Web. Et retrouvez toutes les vidéos qui font la campagne sur le groupe Dailymotion du Monde.fr DISTRIBUTION DE TRACTS À LEVALLOIS Distribution de tracts à Levallois envoyé par oriane38 SECOND TOUR 2007 2nd tour 2007 envoyé par jcloric RÉACTIONS PRÉSIDENTIELLES Reactions Présidentielles 01 envoyé par systaime A VOTE ! a voté ! envoyé par Tit-belette FILMEZ LA CAMPAGNE, LE MONDE.FR VOUS PUBLIE La campagne présidentielle vous concerne ? Vous vous sentez l'âme d'un reporter et vous voulez partager vos réactions en images ? Vous assistez à des débats politiques, vous souhaitez délivrer un message, vous portez un regard décalé sur les déclarations des candidats : partagez vos films avec les lecteurs du Monde.fr sur Dailymotion. IFRAME: http://www.dailymotion.com/widget/upload/group/28100?web=1&skin=de fault AUTORISATIONS - Les déposants autorisent l'utilisation de leurs vidéos et écrits par Le Monde interactif pour une publication sur (www.lemonde.fr) et dans le groupe Dailymotion du Monde.fr (http://www.dailymotion.com/group/28100). - Les vidéos seront toujours utilisées avec mention du nom de l'auteur. L'utilisation de ces éléments ne pourra donner lieu à un versement de droit d'auteur ou à une rétribution sous quelque forme que ce soit. - Le Monde interactif s'engage à prendre le plus grand soin des uvres confiées dans le cadre de ce service, mais ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable des pertes ou dommages occasionnés aux uvres. § Invités par l'hebdomadaire protestant Réforme et la revue "néoconservatrice" Le Meilleur des mondes, ils ont rompu avec leur relative discrétion pendant la campagne et distribué bons et mauvais points aux deux candidats en lice. § C 'est au temple qu'une dizaine d'intellectuels, politologues et philosophes pour la plupart sont venus livrer leurs impressions d'entre-deux tours, jeudi 26 avril, à Paris. Invités par l'hebdomadaire protestant Réforme et la revue "néoconservatrice" Le Meilleur des mondes, ils ont rompu avec leur relative discrétion pendant la campagne et distribué bons et mauvais points aux deux candidats en lice. Parmi eux, André Glucksmann, "homme de gauche" rallié à Nicolas Sarkozy, a justifié son engagement au côté du candidat UMP. "Si j'ai voté Sarkozy, c'est pour des raisons de gauche", a-t-il plaidé. "Face à une France qui va mal, frappée par le chômage depuis trente ans, il est le seul à avoir osé dresser un bilan contre son propre camp." Tout n'est pas bon à prendre chez le candidat de droite, nuance le philosophe, mais il a le mérite, selon lui, d'avoir lancé "la bataille des idées et posé des clivages". Et de citer notamment les propositions de M. Sarkozy sur le service minimum dans les transports, la discrimination positive, l'Europe ou la construction de mosquées... "Encore indécis", Pascal Bruckner a émis des réserves sur le candidat UMP. "C'est un homme qui aime le conflit pour le conflit ; il peut déraper y compris à l'égard de ses amis. Et son idée d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, thème plus stalinien que d'extrême droite, cela m'a refroidi. En outre, son programme est fourre-tout ; il pourrait être un Chirac brutal, avec des réformes molles et un raidissement autoritaire", a jugé l'écrivain. Insistant sur la peur que lui inspire M. Sarkozy, notamment en matière de "laïcité, de lien social ou d'intégrismes", la journaliste et essayiste Caroline Fourest l'a accusé "d'avoir enterré la droite républicaine et gaulliste". OPA RÉUSSIE DE M. SARKOZY Le "Tout sauf Sarkozy" défendu par une partie de la gauche offusque pourtant M. Glucksmann. "Voter non à Sarkozy, au prétexte qu'il serait fasciste, brutal et eugéniste, c'est la négation du processus électoral. Le référendum anti-Sarkozy ne relève pas d'un choix politique, mais d'une opinion théologique, métaphysique", s'est-il emporté, raillant le programme de Ségolène Royal qui relèverait "du plan B (en référence au projet de Constitution européenne) dans lequel on peut tout supposer, car il ne contient rien de précis". Monique Canto-Sperber, philosophe et directrice de l'Ecole normale supérieure, s'est dite "impressionnée par le courage et les intuitions" de la candidate socialiste, seule à même "d'amener le centre et les idées social-libérales au pouvoir". Au-delà des attaques contre les personnes, le politologue Pascal Perrineau a souligné "l'étonnante faiblesse de la gauche", due, selon lui, à "un défaut de modernisation, une difficulté à traduire les évolutions de la société et à s'adapter à l'économie mondialisée". "Les thèmes de la rupture et du changement sont passés de la gauche à la droite, et Nicolas Sarkozy a fait preuve d'une meilleure compréhension de l'évolution des valeurs de la société telles que le travail ou l'autorité." Le philosophe Paul Thibaud a aussi relevé le processus de "réidentification de la droite" initié par M. Sarkozy, rappelant qu'"une droite qui rase les murs, c'est un déficit de pensée" et appelé la gauche, en phase de "recomposition" à "sortir de sa nullité économique". Tous ont souligné l'OPA réussie de M. Sarkozy sur le Front national et, en dépit de l'émergence du candidat centriste, ont salué le retour de la bipolarisation de la vie politique. "Je ne crois pas au centre ; aux élections législatives, les électeurs de Bayrou vont retourner chacun dans leur camp, a pronostiqué le politologue Gérard Grunberg. Et le risque de scission du parti centriste est réel." § Avec 45,48 % des voix pour Ségolène Royal, Trappes (Yvelines) a offert à la candidate socialiste son plus gros score francilien. Et c'est dans les quartiers les plus défavorisés qu'il a culminé, à 69,9 %. § A vec 45,48 % des voix pour Ségolène Royal, Trappes (Yvelines) a offert à la candidate socialiste son plus gros score francilien. Et c'est dans les quartiers les plus défavorisés qu'il a culminé, à 69,9 %. La participation élevée, 83 %, constitue un autre record local. De surcroît, les inscriptions sur les listes électorales avaient été massives - 1 200 nouveaux inscrits en 2006, pour une ville de 30 000 habitants. Une poussée de civisme à laquelle Jamel Debbouze, l'enfant de Trappes qui a mené une croisade de sensibilisation, n'est peut-être pas étranger. Coupée en deux par la RN 10 - d'un côté, l'ancien village, de l'autre, les cités HLM et les pavillons -, Trappes est une ville hybride. A 30 km de Paris et bordée par la forêt de Rambouillet et ses somptueuses résidences, elle compte 2 200 chômeurs, 78 % de logements sociaux et des poches de misère. Grâce à une vie associative intense, le tissu social de cette ancienne cité de cheminots, longtemps communiste, s'effiloche moins qu'ailleurs. A l'automne 2005, Trappes n'avait pas connu d'émeutes mais deux épisodes dramatiques : la mort du gardien d'un lycée, asphyxié par des voitures en feu, et l'incendie de vingt-trois bus dans un dépôt. "Depuis deux ans, la ville s'est pacifiée et l'on constate une nette baisse de la délinquance, souligne Guy Malandain, maire (PS), qui insiste sur les efforts déployés en matière d'éducation, d'intégration et de tolérance. Ici on ne voit jamais de tags racistes. Le vote Le Pen, toujours assez bas, recule à 6 %, tandis que Sarkozy ne fait que 18,6 %." Socialiste depuis 1965, M. Malandain avait rejoint Jean-Pierre Chevènement avant de réintégrer le PS pour y soutenir Laurent Fabius. Si le score local de Mme Royal le réjouit, il a le triomphe discret. Au marché des Merisiers, en revanche, on n'est pas loin d'entonner Le Temps des cerises. Sous le soleil, ce lieu de brassage des riverains originaires de soixante-dix pays renvoie l'image d'une cohabitation paisible. Derrière l'étal de sa boucherie halal, Abdel, 26 ans, qui n'a pas pu voter, confie volontiers que ses frères et soeurs ont tous choisi Ségolène Royal, avec enthousiasme. "Sarko, il est trop dur. Parler de Kärcher pour des êtres humains, il abuse", s'indigne-t-il en appelant son voisin, le fromager : "Eh Yaourt ! Viens nous dire pourquoi tu es pour Le Pen." "Non, non, j'ai voté pour M. Sarkozy", rectifie l'interpellé, gêné. Sophie, étudiante, et Nadia, secrétaire intérimaire, qui choisissent des sandales, n'hésitent pas à commenter leur choix : "On a voté Ségo parce que c'est une femme et qu'elle secoue le cocotier mais surtout parce qu'elle met en avant l'éducation, l'environnement et la lutte contre les inégalités. Pour notre génération, l'emploi et le logement, c'est l'enfer !" Dans certains quartiers, le chômage des jeunes atteint 22 %. Sur le marché, il est possible aussi de croiser Safia Otokoré, vice-présidente (PS) du conseil régional de... Bourgogne. Parachutée dans la circonscription, cette battante d'origine djiboutienne espère bien conquérir le siège de député du maire (UMP) d'Elancourt. Elle semble déjà chez elle en arpentant les cités au côté de Robert Vigliecca, pilier de la section socialiste depuis 1970. Cet infatigable et jovial retraité de Renault assure des permanences à L'Epicerie sociale et milite à sa manière, fraternelle. "Quand vous voyez dans quel dénuement vivent la majorité des familles, vous tombez de l'armoire !, lâche-t-il. Mais les gens d'ici se serrent les coudes." Mustapha Larbaoui, président du Trappes-Football-Club ne souhaite pas dire pour qui il a voté, mais son parcours est édifiant. Né en 1961, dans une cité HLM de Versailles, de parents algériens qui, avec leurs six enfants, se partageaient un deux-pièces, il a repris des études de pharmacie à l'âge de 25 ans. "Je suis un vrai "beurgeois", j'ai dirigé une entreprise de 250 salariés et j'habite à Dampierre, un site protégé à 10 km. Mais je vais bientôt ouvrir une officine à Trappes tellement je m'y sens bien. Malgré les souffrances du quotidien, on ressent une envie de vivre ensemble magnifique. Les gens d'ici mériteraient le Nobel de la paix." Les 670 licenciés du club sont emblématiques de la France "black-beur" à peine teintée de blanc. "Nicolas Anelka, qui s'est formé au Trappes-Saint-Quentin- Football-Club, en est le président d'honneur et il peut être fier de nos joueurs qui font preuve d'un respect total. Premier en première division de district, le club est aussi en tête pour le fair-play", s'enflamme M. Larbaoui, qui se dit pétri de "laïcité républicaine". Il est comblé par la participation des trappistes à l'élection présidentielle, qui manifeste un "désir d'implication". Il pense que le résultat répond à la "brutalité de certains propos" et y voit "l'influence apaisante des mères". "Lors des émeutes, une minorité s'était exprimée violemment mais, dimanche, une grande majorité s'est exprimée par le vote. C'est un tournant et une leçon." § Le document de 4 pages (ici en PDF) du candidat UMP qui va être distribué dans les boîtes aux lettres en vue du second tour de l'élection présidentielle. § § Le document de 4 pages (ici en PDF) de la candidate socialiste qui va être distribué dans les boîtes aux lettres en vue du second tour de l'élection présidentielle. § § Philippe de Villiers n'aura pas tenu longtemps. Dimanche 22 avril au vu de son piètre score électoral - 2,24 % des suffrages exprimés, soit 815 000 voix, alors qu'en 1995 il avait recueilli 4,74 % des suffrages, soit 1 443 235 voix -, il avait déclaré sur TF1 qu'il se refusait à donner une consigne de vote. § P hilippe de Villiers n'aura pas tenu longtemps. Dimanche 22 avril au vu de son piètre score électoral - 2,24 % des suffrages exprimés, soit 815 000 voix, alors qu'en 1995 il avait recueilli 4,74 % des suffrages, soit 1 443 235 voix -, il avait déclaré sur TF1 qu'il se refusait à donner une consigne de vote. "Les Français sont libres", avait-il précisé. Trois jours plus tard, il a changé d'avis et a envoyé un communiqué à l'AFP pour annoncer que, tout compte fait, il "invitait les Français à faire le choix de la droite et de Nicolas Sarkozy pour barrer la route à la gauche". Dans son communiqué, le président du MPF explique que son revirement est dicté par l'attitude de François Bayrou vis-à-vis du PS : "Pour ce qui me concerne, je ne ferai pas la politique du pire (...) parce que je suis toujours opposé à la gauche et à l'extrême gauche", écrit-il. TRANSFUGE Les vraies raisons sont à chercher en Vendée où M. de Villiers qui avait recueilli 22,02 % de suffrages en 1995 n'en a récolté que 11,28 % cette année. Ce département est pourtant un fief MPF. M. de Villiers y est président du conseil général depuis 1988 et le MPF y concentre la quasi-totalité de ses parlementaires : ses deux députés et deux de ses trois sénateurs. Et tout cela avec le soutien de l'UMP. Une donnée que M. Sarkozy a évoquée en l'appelant au téléphone, lundi 23 avril, et sur laquelle Brice Hortefeux, un proche du président de l'UMP, a insisté dans des conversations téléphoniques mardi alors que M. de Villiers se trouvait au Parlement européen à Strasbourg. Le réalisme a fait le reste. Depuis dimanche soir, les parlementaires renâclent. Mardi, le sénateur MPF Philippe Darniche a fait savoir qu'il appelait ses "électeurs à voter pour leur famille politique, c'est-à-dire la droite". Quant aux sondages, ils "montrent que les électeurs villiéristes voulaient voter en faveur du candidat de l'UMP au second tour", explique Guillaume Peltier, le secrétaire général du MPF, qui est très critiqué par des élus et des cadres sur la façon dont il a dirigé la campagne présidentielle. Ce transfuge du FN semble toutefois avoir encore la confiance de M. de Villiers, qui l'a nommé directeur de la campagne pour les législatives. Reste que, si en appelant à voter Sarkozy, Philippe de Villiers satisfait bon nombre de ses élus et militants, il en déçoit d'autres. Ainsi Paul-Marie Coûteaux, député européen, a annoncé mercredi qu'il quittait le MPF pour reprendre la tête du Rassemblement pour l'indépendance de la France (RIF). "Pour moi, le débat n'est pas de choisir entre la droite et la gauche mais de savoir où va la souveraineté de la France", explique-t-il, en soulignant que lui appelle à "voter blanc. Mais, affirme-t-il, un certain nombre de militants du MPF voteront Ségolène Royal qui, elle, promet un référendum sur la Constitution". § usqu'alors, le député Dominique Paillé avait un regard indulgent - peut-être admiratif - pour les propos et la tactique de François Bayrou. Il en fut le porte-parole en 2002 avant de rallier l'UMP avec de nombreux autres élus centristes après le 21 avril 2002. § C ette fois, "François" y a été un peu fort. Jusqu'alors, le député Dominique Paillé avait un regard indulgent - peut-être admiratif - pour les propos et la tactique de François Bayrou. Il en fut le porte-parole en 2002 avant de rallier l'UMP avec de nombreux autres élus centristes après le 21 avril 2002. Jusqu'alors, "Dominique" et "François" se téléphonaient régulièrement, et le premier avait parié avec le second une caisse de saint-joseph qu'il ne dépasserait pas les 20 % d'intentions de vote dans les sondages. Epoque révolue. M. Paillé n'a pas supporté de voir son ancien mentor "faire la leçon", mercredi, aux électeurs de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy. Moins encore d'entendre le président de l'UDF entonner l'air de "la concentration des pouvoirs" et de "l'intimidation" à propos du candidat de l'UMP. Dénonçant "un procès en sorcellerie", le député des Deux-Sèvres explique : "Je peux parler en connaissance de cause. J'ai appartenu à l'UDF où je bénéficiais d'une certaine liberté, mais je suis plus libre encore à l'UMP." M. Paillé assure que jamais M. Sarkozy n'a eu l'intention de le "freiner", qu'il s'agisse de son vote contre la privatisation d'EDF ou de ses prises de position critiques vis-à-vis de la décentralisation et des peines planchers. "Quand j'entends Bayrou dire que Sarkozy étouffe, intimide, pratique des pressions inavouables, je me sens insulté." "A l'UDF, poursuit-il, il n'y avait que des électrons libres, sans projet collectif élaboré en commun. Il n'y avait que des chapelles défendant un pré carré électoral." Ancien secrétaire général du groupe Union centriste de l'Assemblée nationale entre 1989 et 1993, M. Paillé plaide pour un centre "arrimé" à la droite. "Ce que fait François Bayrou est périlleux. Pour des raisons électoralistes, il rompt avec des alliances d'équilibre en rejoignant un camp dont les valeurs sont à l'opposé des siennes. Il a construit son succès sur une forme de transparence, et il s'abîme dans une négociation d'appareil." Diagnostic : "C'est une forme de schizophrénie." Mais la colère de M. Paillé ne s'arrête pas là. "Voilà le troisième de l'élection qui juge les deux premiers, c'est démocratiquement surprenant. De plus, il se sert des médias pour remettre en cause le choix du peuple après avoir accusé ses adversaires de les détourner à leur profit. C'est paradoxal. Je me demande qui manipule qui. On est proche d'un dévoiement de la démocratie." § Nicolas Sarkozy perd 1,5 point mais battrait Ségolène Royal par 52,5 % des voix contre 47,5 %, selon un sondage Ifop-Fiducial réalisé pour M6 et Le "Journal du Dimanche", rendu public samedi. § N icolas Sarkozy perd 1,5 point mais battrait Ségolène Royal par 52,5 % des voix contre 47,5 %, selon un sondage Ifop-Fiducial réalisé pour M6 et Le Journal du Dimanche, rendu public samedi 28 avril. La précédente enquête Ifop pour le JDD a été réalisée le 22 avril. Selon cette enquête, ségolène Royal progresse parmi les électeurs de François Bayrou : 53 % voteraient au second tour pour la socialiste, soit une hausse de 7 points. 47 % d'entre eux se reporteraient sur M. Sarkozy. 78 % DES SONDÉS SÛRS DE LEUR CHOIX Fiche technique Sondage réalisé jeudi 26 et vendredi 27 avril par téléphone auprès d'un échantillon de 886 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d'un échantillon de 956 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Le pronostic de victoire n'en reste pas moins favorable à Nicolas Sarkozy : 74 % le prédisent élu, contre 18 % pour Ségolène Royal, 8 % ne se prononçant pas. L'indécision semble reculer légèrement : 9 % des personnes interrogées ne se sont pas prononcées, soit deux points de moins comparé au précédent sondage le 22 avril. Par ailleurs, 78 % des personnes interrogées déclarent être "sûres de leur choix" et 22 % indiquent pouvoir "encore changer d'avis". Le taux de participation au second tour est estimé à 81 %, pour 19 % d'abstention. Un score très élevé. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § § La Ligue des droits de l'Homme (LDH), réunie à Paris en comité central, a appelé samedi "à voter et faire voter, le 6 mai 2007, pour Ségolène Royal", dans un communiqué intitulé "Barrons la route à l'autoritarisme". § L a Ligue des droits de l'Homme (LDH), réunie à Paris en comité central, a appelé samedi "à voter et faire voter, le 6 mai 2007, pour Ségolène Royal". Dans un communiqué intitulé "Barrons la route à l'autoritarisme", la LDH a assuré n'intervenir "dans le débat électoral que si le bon fonctionnement de la démocratie, l'effectivité de la citoyenneté et le respect des principes de liberté, d'égalité et de fraternité sont en jeu". "CHOISIR LA SOLIDARITÉ ET NON LA PEUR" "Si Nicolas Sarkozy se voyait confier la plus haute charge de l'Etat, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas : loi durcissant encore la répression pénale, nouvelle loi anti-étrangers, contrat de travail 'unique' se substituant au CDI, sans parler du ministère de l''identitaire' et de l'immigration", poursuit le communiqué. "Il est de notre devoir d'alerter les citoyennes et les citoyens de ce pays." "La poursuite et l'amplification de la politique menée depuis cinq ans ne serait pas un 'rêve' mais un cauchemar. Nous ne voulons pas d'une démocratie muselée qui, parce qu'elle laisserait sur le bord de la route des millions de personnes, attiserait le communautarisme, le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie et ouvrirait la voie aux révoltes sociales", ajoute la LDH. "La France n'est jamais aussi grande que lorsqu'elle met ses actes en accord avec son ambition séculaire de voir tous les droits valoir pour tous", conclut le communiqué. "Pendant qu'il en est temps, la LDH appelle les électeurs à choisir la solidarité et non la peur, le respect et non les menaces, l'égalité et non les discriminations". § Nicolas Baverez et Daniel Cohen divergent sur l'état réel du pays mais croient en sa capacité à bouger. § A quelques jours du changement de locataire à l'Elysée, Le Monde a demandé à Nicolas Baverez, auteur de plusieurs ouvrages sur le déclin français et longtemps séguiniste, et à Daniel Cohen, vice-président de l'Ecole d'économie de Paris et économiste engagé à gauche, leur jugement sur l'état du pays. Profil Nicolas Baverez, énarque, historien et avocat, est notamment l'auteur de La France qui tombe (Perrin). Daniel Cohen, professeur d'économie à l'Ecole normale supérieure, a publié de nombreux ouvrages dont Trois leçons sur la société post-industrielle (Seuil). La France décroche-t-elle? La réponse ne fait pas de doute, et elle est positive, pour le plus connu des "déclinologues" français qui nuance en préambule sa pensée. "Le déclin, dit-il, ce n'est pas la décadence. Il n'a rien d'inéluctable, il est par définition réversible dès lors que l'on prend les décisions qui s'imposent." Pour M. Baverez, la France est dans une situation de déclin "non pas absolu mais relatif". "En dix ans, elle est passée du 4e au 6e rang mondial pour la puissance économique, du 7e au 17e pour la richesse par habitant. Et ses performances sont moins bonnes que celles de ses voisins." Et de comparer avec l'Allemagne qui affiche, aujourd'hui, "2,7 % de croissance, un million de chômeurs en moins, un déficit public de 1,7 % du PIB"."POLITIQUES MALTHUSIENNES ET COLBERTISTES" Pour ce libéral qui ne cache pas son adhésion aux thèses de Nicolas Sarkozy, "la France a des atouts formidables, mais une stratégie déficiente". "Les politiques malthusiennes et colbertistes menées par des gouvernements incompétents ont donné des résultats déplorables : croissance enrayée, chômage de masse depuis un quart de siècle, paupérisation relative de la population, blocage progressif des institutions, pulsion des extrémismes, poussée protestataire et non au référendum du 29 mai 2005", analyse-t-il. M. Baverez souligne aussi "l'éclatement de la nation en corporations et en communautés, avec 750 ghettos urbains dans lesquels plus de 3 millions de personnes vivent en dehors de la société, le dernier élément de la crise étant la perte d'influence française en Europe". Mais l'élection présidentielle 2007 donne au biographe de Raymond Aron des raisons d'espérer. "Les Français ne sont plus au stade de la protestation, du désespoir, du cynisme des Mitterrand et Chirac. Ils en sont à la recherche de solutions", estime-t-il. Les deux tiers d'entre eux et les principaux candidats ont pris conscience, selon lui, de la réalité du déclin, et "quel que soit le candidat élu, le 6 mai, il disposera d'un mandat politique pour mener à bien les changements nécessaires". LES FRANÇAIS "TRAVAILLENT AUTANT" QUE LEURS VOISINS L'économiste Daniel Cohen, lui, s'inscrit en faux contre toute idée de déclin français. "La France a certes été dépassée par des pays comme l'Irlande ou la Finlande, qui ont connu une croissance très forte au cours des vingt dernières années. Mais c'est une escroquerie statistique de donner à penser qu'elle aurait décroché par rapport aux pays qui lui sont comparables", estime-t-il. "Le revenu par habitant y est, à la virgule près, celui de l'Allemagne et du Japon. Il est un peu derrière celui du Royaume-Uni et devant celui de l'Italie, mais dans des ordres de grandeur très proches. La différence est plus forte avec les Etats-Unis." Pour le chroniqueur associé au Monde, il faut se demander "pourquoi les pays européens se sont laissé distancer par les Etats-Unis, et pourquoi ils n'ont pas été davantage les acteurs d'une nouvelle révolution industrielle, presqu'exclusivement américaine". Une interrogation "qui ne concerne pas la France seule". Quant à la responsabilité du modèle social souvent invoquée pour expliquer un prétendu déclin français, M. Cohen n'y croit pas : "Les Français travaillent annuellement autant que les Néerlandais, les Suédois, les Allemands" et "beaucoup d'économistes pensent que ce sont les Etats-Unis, dont la durée du travail baissait avant la crise mais qui est bloquée depuis plus de vingt ans, qui sont l'exception". A ses yeux, la vraie "pathologie" française et européenne, c'est "la faiblesse du système d'enseignement supérieur et de la recherche". "Les dépenses françaises par étudiant ont longtemps été inférieures aux dépenses par lycéen. En recherche et développement, la France est à 600 dollars par tête quand les Etats-Unis sont à 1100 et dans l'Europe des 15, on ne dépense que 520 euros par tête". "Va-t-on laisser les Etats-Unis acquérir le monopole de la production du savoir?", s'interroge M. Cohen, pour qui l'enjeu majeur du 6 mai est "de savoir si la France peut reprendre confiance en elle" et "retrouver l'intelligence de soi", après "l'incroyable mutation" des vingt-cinq dernières années. Rémi Barroux et Claire Guélaud § Dès le premier tour, les électeurs de ce pays d'outre-mer ont voté à 45,23 % pour M. Sarkozy, soutenu par M. Flosse, et à 41,68 % pour Mme Royal, soutenue par M. Temaru. § Q uel que soit le résultat du 6 mai, la Polynésie française prépare déjà son troisième tour : des élections territoriales, qui pourraient avoir lieu après la dissolution de l'assemblée de la Polynésie décidée par le président de la République qui sera élu. Les deux principaux responsables politiques de ce pays d'outre-mer souhaitent cette dissolution. Oscar Temaru, président du Tavini huiraatira, parti indépendantiste qui a appelé à voter pour Ségolène Royal, afin de reconquérir le pouvoir. Gaston Flosse, fondateur du Tahoeraa huiraatira, proche de l'UMP, pour barrer la route aux indépendantistes, mais aussi reprendre à Gaston Tong Sang la place de président de la Polynésie. Bien qu'issu du Tahoeraa, ce dernier ne dispose que d'une fragile majorité de quelques sièges à l'assemblée. Dans cette présidentielle, les enjeux locaux priment. Après trois années de tensions politiques et quatre renversements de majorité, le choix ne s'est pas fait, le 22 avril, entre les douze candidats comme en métropole, mais entre les deux leaders polynésiens. Gaston Flosse se demandait, le 24 avril, s'il fallait "encore parler d'une élection Sarko-Ségo ou plutôt d'une élection Tahoeraa-Tavini". Habituée au scrutin territorial à un tour, la Polynésie a fait son choix, dès le premier tour, entre M. Sarkozy (45,23 % des voix) et Mme Royal (41,68 %). GASTON TONG SANG AMER Les électeurs n'ont pas failli à la tradition locale. La plupart du temps, ils ont suivi les consignes de vote de leur tavana ("maire", en tahitien). C'est ainsi que le candidat de l'UMP a obtenu 61 % des voix à Pirae, la commune du sénateur (UMP) Gaston Flosse, et la candidate du PS 56 % à Faa'a, la commune d'Oscar Temaru. Gaston Flosse peut se dire satisfait de la première place de son candidat mais aussi s'inquiéter de quelques communes théoriquement acquises au Tahoeraa huiraatira dans lesquelles Ségolène Royal arrive en tête (Paea et Papara à Tahiti, Nuku Hiva aux Marquises, Raivavae aux Australes ou Huahine aux îlesSous-le-Vent). Oscar Temaru, dont c'est le premier engagement dans une présidentielle, peut se réjouir d'avoir plus que doublé, en nombre de voix, le score de Lionel Jospin en 2002. Mais il peut s'inquiéter d'un recul des voix indépendantistes sur l'île de Tahiti par rapport aux élections territoriales de 2004 et 2005, qui lui avaient donné la victoire. Il s'adresse désormais aux abstentionnistes, convaincu que certains électeurs indépendantistes ont, une nouvelle fois, boudé cette élection nationale. Le président de la Polynésie française, Gaston Tong Sang, constate amèrement que "le premier tour a été pollué par des intérêts trop locaux, les maires ont eu besoin de compter leurs voix". Dans son fief de Bora Bora, M. Sarkozy n'atteint pas la barre des 50 % (48,32 %). M. Tong Sang n'a rien à attendre de cette élection, si ce n'est qu'elle relance l'instabilité politique. Le faible score de François Bayrou (7,15 %) n'est pas fait pour le rassurer. Le candidat UDF avait le soutien du Fetia Api, petit parti centriste membre de la "plate-forme autonomiste" qui soutient le président de la Polynésie. Les partis politiques ont repris les meetings de soutien, mais pas pour gagner les électeurs de M. Bayrou. Les résultats du second tour conforteront soit Gaston Flosse, soit Oscar Temaru. § La commune, dont le maire est socialiste, a donné l'un de ses dix meilleurs scores hexagonaux à François Bayrou, député des lieux. § I ls ont changé de religion. Comme ça, sans prévenir, ou presque, au soir du premier tour de la présidentielle. Ils étaient 102 inscrits, et au nez et à la barbe de leur maire et conseiller général PS, de socialistes ils sont devenus "bayrouistes", avec 58,89 % des voix. L'un des dix meilleurs scores hexagonaux de François Bayrou, député des lieux. "Quand j'ai vu Bayrou, Bayrou, Bayrou, lors du dépouillement, j'ai compris ce qui se passait, raconte Jean-Pierre Gouyen-Cassou, 58 ans, agriculteur à la retraite, conseiller municipal et ancien militant PS. Je m'y attendais un peu, mais pas à ce niveau." Le résultat a été sans appel : sur 92 votants, deux abstentions, deux voix pour Jean-Marie Le Pen, trois pour Nicolas Sarkozy, 18 pour Ségolène Royal et... 53 pour M. Bayrou. Personne n'a vraiment commenté, à Bentayou-Sérée. Chacun a voté dans son coin. Il n'y a qu'une quarantaine de maisons, et on n'a pas pour habitude de disserter sur la présidentielle entre voisins. D'autant qu'il n'y a pas de coeur de village. La commune s'étend sur 800 hectares, et les fermes aux toits d'ardoise s'éparpillent au gré des collines et des champs de maïs. Aussi, après le scrutin, chacun est retourné chez soi. Sans se douter. "Ça me fait rire, plaisante le maire et conseiller général fabiusien, Michel Pastouret. Je vais pouvoir demander l'investiture du Parti démocrate !" Ses collègues du conseil général le taquinent, mais il n'en a cure. Elu la dernière fois en 2001, M. Bayrou, pour lui, c'est d'abord "François". Alors il préfère jouer les bons camarades. "Là ça été Bayrou, mais le prochain coup ça sera peut-être une autre vague", relativise aussi Philippe Lapoudge, 48 ans, gérant de magasin et premier adjoint au maire. En 2002, rappelle-t-il, c'est le chef de file de Chasse pêche nature et traditions (CPNT), Jean Saint-Josse, autre figure politique béarnaise, qui était arrivé en tête, avec 19 voix, devant Lionel Jospin, 17 voix. Chacun a eu sa bonne raison de voter François Bayrou, cette fois. Pour Philippe Lapoudge et son épouse Chantal, le coeur à gauche, c'est "le retour des éléphants" qui les a écartés de Ségolène Royal. Pour Joëlle Brouca, 42 ans, fonctionnaire, les idées à droite, chiraquienne en 2002, c'est le côté "rigide" de Nicolas Sarkozy qui l'a détournée. Quant à Fernand Mouneu, 79 ans, agriculteur de père en fils depuis quatre générations, ce qu'il a apprécié, c'est que M. Bayrou puisse "faire éclater le système tout en restant plus modéré que Le Pen". "RETOUR AU BERCAIL" Mais, pour beaucoup, et rares sont ceux qui s'en cachent, "la solidarité béarnaise" a largement joué. "On a vu avec la Corrèze de Chirac !", lâche M. Mouneu. Ici les gens votent pour "Henri IV, le petit Béarnais", glisse M. Lapoudge, rieur, en référence à la biographie écrite par François Bayrou sur le personnage qui a, plusieurs fois, alterné entre catholicisme et protestantisme. Un vote Bayrou donc, même si la plupart n'ont aucun souvenir de la campagne du candidat centriste en 2002. Pas de "chasse aux sorcières", cependant, à Bentayou : "chacun va rentrer dans son bercail respectif au deuxième tour", estime M. Lapoudge. Sauf chez les Mouneu, où père et fils sont indécis et tentés par le vote blanc. A l'instar de Marc Teulé, 54 ans, "bayrouiste" convaincu, et ancien maire du village. Un "retour au bercail" également ambiguë pour les futures élections législatives. Car si la stratégie d'entre-deux-tours de François Bayrou semble séduire les électeurs socialistes du village, elle laisse plus dubitatifs ceux de droite : "Si Ségolène Royal est élue avec les voix de Bayrou, alors là, je ne pense pas que je voterai pour lui au mois de juin !", commente Joëlle Brouca. "Il y a un proverbe qui dit qu'un Béarnais n'a qu'une seule parole, raconte Xavier Ricq, 50 ans, ouvrier. D'ailleurs quand il en a besoin, il l'a reprend." Il appelle ça "le complexe d'Henri IV". § Ségolène Royal et François Bayrou ont débattu pendant une heure et demi, samedi 28 avril, à l'hôtel Westin, dans le 1er arrondissement de Paris, en direct sur la radio RMC et la chaîne BFM TV. § § Les machines à voter de marque Nedap, agréées neuf jours avant le premier tour, ne satisfont pas complètement au règlement technique "fixant les conditions d'agrément des machines à voter". § L es machines à voter de marque Nedap, agréées le 14 avril, soit neuf jours avant le premier tour de la présidentielle, ne satisfont pas complètement au règlement technique "fixant les conditions d'agrément des machines à voter". L'exigence 6 de ce règlement note ainsi que "les membres du bureau doivent pouvoir régler l'horloge interne de la machine à voter". Or, dans le rapport d'évaluation effectué pour le ministère de l'intérieur, dont lemonde.fr s'est procuré des extraits, le bureau Veritas écrit qu'"il n'existe pas de possibilité de mettre à l'heure l'horloge interne. Celle-ci est automatiquement mise à 00:00:00 lors du démarrage de la machine". La machine Nedap est-elle conforme ? "Oui, mais il s'agit d'une heure relative uniquement." De fait, les tests effectués étaient postdatés, faisant figurer la mention "22 avril" au lieu de la date véritable. RÉFÉRÉ Pour satisfaire à l'obligation de pouvoir visualiser et imprimer les "heures d'ouverture et de clôture du scrutin" (exigence 19) et de "dater les divers événements et comptes rendus mémorisés au cours d'un scrutin" (exigence 46), les présidents des bureaux de vote sont ainsi invités à le rajouter eux-mêmes "à la main sur le procès-verbal (...) avec précision". Pour autant, dans son rapport d'évaluation 2005, le bureau Veritas conclut que "les processus mis en oeuvre par les sociétés Nedap et France Election sont conformes aux 114 exigences (...)" et que "la sécurité de la machine (...) se révèle tout à fait satisfaisante". Le rapport 2007 reprend les réserves avancées en 2005, sans qu'elles aient donc été suivies d'effet. Arguant de l'absence d'horloge interne, l'avocat Pierre Gaborit, conseiller municipal (PS) à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), vient de déposer un référé suspension au tribunal administratif de Versailles afin de bloquer l'utilisation des machines Nedap. Ce même tribunal avait déjà rejeté, le 21 avril, la requête d'une plaignante qui avançait ces mêmes arguments, au motif que la machine avait bel et bien été agréée. § Devant plus de 15 000 personnes, vendredi, près de Lyon, Ségolène Royal a ironisé sur les "procès de Moscou" dont Nicolas Sarkozy estime faire les frais. § L a guerre des nerfs a commencé pour la dernière partie de la campagne. Devant plus de 15 000 personnes rassemblées, vendredi 27 avril, à Eurexpo, dans la banlieue de Lyon, Ségolène Royal a ironisé sur les "procès de Moscou" dont Nicolas Sarkozy, accusé d'avoir fait pression sur les médias pour tenter d'empêcher le débat Bayrou-Royal, estime faire les frais. "Moi, je ne me pose pas en victime comme le fait le président de l'UMP tous les quatre matins. Pauvre victime !, s'est exclamée la candidate socialiste. L'élection présidentielle ne se joue pas sur une victimisation, ou alors il faut faire autre chose !" Estimant avoir "pris beaucoup de coups" durant cette campagne, - "on remplirait un roman avec ce que dit Nicolas Sarkozy dans ses meetings sur moi" -, elle s'est présentée sous les acclamations de la foule comme une "femme solide, une femme combattante". Mme Royal s'est même offert le luxe de dénoncer "la somme des attaques, des mots violents, des mots de mépris pour François Bayrou" de M. Sarkozy. "Quand j'entends le candidat de la droite se présenter comme une victime, c'est assez drôle...", a-t-elle insisté. Aux centristes, aux "républicains de progrès", la candidate, encouragée par la présence aux premiers rangs d'une dizaine d'élus locaux UDF, a proposé de "faire un bout de chemin" avec la gauche, "dès lors que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise". Les militants sont au rendez-vous, qui scandent à plein poumons "On va gagner !" Elle les interpelle : "Je sais que vous me soutenez dans cette démarche nouvelle, surprenante, qui nous demande des efforts pour sortir des dogmes, des idées préconçues et des camps qui s'affrontent les uns contre les autres." Au milieu de la foule, une poignée de partisans de M. Bayrou, éliminé au premier tour, étaient aisément repérables avec leurs tee-shirts orange. "Je suis venu à titre individuel, expliquait prudemment l'un d'entre eux, Stéphane, 29 ans. Je n'adhère pas du tout au pacte présidentiel de Royal mais je vais quand même voter pour elle parce que Sarkozy est liberticide." UNE VIDÉO DE ROMANO PRODI C'est par la couleur que les messages sont passés : le fond de la scène qui varie entre le rouge et le bleu ; les drapeaux "arc-en-ciel" mêlés aux bannières du PS ; la palette utilisée dans les discours. "Rouge, rose, vert et aussi ce soir, pour la première fois, orange, énumère à la tribune Gérard Collomb, le maire de Lyon. Nous sommes divers mais nous avons une même volonté, celle du changement." Arnaud Montebourg associe les noms "Bové, Buffet, Voynet, Bayrou" pour "l'avenir". Dominique Strauss-Kahn, très applaudi, avance un autre argument de synthèse : "Moi qui ai été candidat contre elle, on ne peut pas demander une procédure démocratique et ne pas s'y plier. Quand on est de gauche, quand on est démocrate, on vote Ségolène Royal." Dans un message vidéo enregistré en français, le président du conseil italien, Romano Prodi, apporte son soutien à la candidate et vante un modèle : "Nous, les démocrates et socialistes européens convaincus, nous devons unir nos forces." Mais Mme Royal sait aussi qu'il lui faut ménager le Parti socialiste et rassembler une gauche irritée par ses appels répétés au centre. Quelques minutes avant le meeting, la candidate a donc fait savoir qu'elle confiait à l'altermondialiste José Bové, autre candidat éliminé au premier tour, une "mission d'étude" sur "la mondialisation et la souveraineté alimentaire". Au même moment, Henri Emmanuelli, en meeting à Morchenx, près de Mont-de-Marsan, a appelé le PS à devenir "un grand parti progressiste" destiné à réunir "tous les antilibéraux" avec "des femmes et des hommes de gauche auxquels il ne faut pas faire renoncer à leur culture". Distinguant le "frein", les "conservateurs" de droite, de "l'accélérateur", les réformistes de gauche, le député des Landes a conclu, selon des propos rapportés par France-Info : "Si on appuie sur les deux en même temps, on cale." Interrogé par téléphone, M. Emmanuelli a déclaré au Monde : "Ségolène Royal a raison de faire bouger le parti." Avec ou sans le centre ? Son appel, a-t-il répondu, "n'exclut personne". De l'aile gauche, aussi, les messages sont passés. § Faouzi Lamdaoui, secrétaire national à l'Egalité du Parti socialiste, a dénoncé dimanche "l'éternel discours de haine et de division" de Nicolas Sarkozy après le meeting du candidat UMP à la présidentielle à Bercy. § F aouzi Lamdaoui, secrétaire national à l'égalité du Parti socialiste, a dénoncé "l'éternel discours de haine et de division" de Nicolas Sarkozy, après le meeting du candidat UMP à Bercy, dimanche 29 avril. "En stigmatisant pêle-mêle les 'assistés', 'les fraudeurs et les voleurs', les 'enfants de mai 68', la 'gauche' et 'François Bayrou qui abandonne l'UDF', Nicolas Sarkozy a montré qu'il tenait un éternel discours de haine et de division des Français, toujours à la recherche de nouveaux boucs émissaires", a-t-il déclaré, dans un communiqué. POLÉMIQUE SUR LE NOMBRE DE SPECTATEURS De son côté, le sénateur de Paris et ancien président du Palais omnisports de Paris Bercy, David Assouline, a contesté l'estimation de 40 000 spectateurs avancée l'UMP, affirmant que "la capacité maximum et impérative de la salle est de 17 à 18 000 personnes si l'ensemble de la fosse est debout". Selon l'UMP, 20 000 personnes ont assisté au meeting dans la salle et 20 000 autres à l'extérieur, où deux écrans géants avaient été dressés. § Christian Clavier, Gilbert Montagné ou, du côté des politiques, Gilles de Robien ou Dominique de Villepin étaient présents au grand meeting parisien de Nicolas Sarkozy, dimanche 29 avril. § § En meeting à Bercy, le candidat de l'UMP a fustigé la gauche qui "entre Jules Ferry et mai 1968, a choisi 1968", l'accusant d'avoir engendré "l'assistanat, l'égalitarisme, le nivellement, les 35 heures" et même "la dérive du capitalisme financier". § "J e veux tourner la page de mai 1968", a lancé Nicolas Sarkozy, en meeting au Palais omnisports de Paris-Bercy, dimanche 29 avril. En attaquant sur différents angles, le candidat de l'UMP a fustigé la gauche qui "entre Jules Ferry et mai 1968, a choisi 1968", l'accusant d'avoir prôné "l'assistanat, l'égalitarisme, le nivellement, les 35 heures". Elle a "tourné le dos aux travailleurs de notre pays", a-t-il dit. Des soutiens affichés Avant que le candidat ne s'exprime, des soutiens se sont exprimés. Parmi les "people" présents : Johnny Hallyday, Jean-Marie Bigard, Basile Boli, Christian Clavier, Jean Reno, Enrico Macias, Gilbert Montagné, Faudel, David Douillet, Alain Prost, Dominique Farrugia, Henri Leconte, Henri Salvador, André Glücksmann... Le chauffeur de salle a aussi demandé au public de réserver un accueil particulier à Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo, Brice Hortefeux et François Baroin. "On va gagner ! On va gagner !", scandaient les 17 000 spectateurs de l'arène, en attendant leur candidat, rejoints par les quelques milliers qui ont suivi le meeting sur un écran à l'extérieur. "Durant ces quatre mois, je vous le jure, j'ai tout donné", a d'abord affirmé Nicolas Sarkozy, évoquant la campagne depuis son investiture le 14 mai. Le candidat a affirmé avoir "rencontré" les Français avec "sincérité", énumérant des "victimes" qu'il avait croisées, notamment, "cette famille à la Courneuve, qui pleurait la mort d'un enfant de 11 ans, qui avait pris une balle perdue dans une guerre de bandes rivales". "C'était le jour ou j'ai parlé du Kärcher", a-t-il ajouté, affirmant qu'il voulait être le candidat de "la révolte contre la violence". "CEUX QUI PROFITENT DU SYSTÈME" De nouveau, Nicolas Sarkozy s'est affirmé comme le candidat de la "majorité silencieuse", "la France qui paye pour ceux qui profitent du système". "Je ne serai pas le candidat des médias, des appareils, des sectarismes, des intérêts partisans", a-t-il lancé. "Il y a en France un besoin de politique", a poursuivi Nicolas Sarkozy, prônant le triomphe de la "volonté". "Mais le besoin de politique a pour corollaire le besoin de nation. On la disait condamnée, et la voilà de retour, contre l'inquiétude née de la mondialisation. Je réclame le droit de pouvoir parler de l'identité nationale française sans être traité de nationaliste", a-t-il ajouté. "Nous conjurerons le pire en remettant de la morale dans la politique, a affirmé Nicolas Sarkozy. Le mot morale ne me fait pas peur. La morale, après 1968, on ne pouvait plus en parler. Pour la première fois depuis des décennies, elle a été au coeur d'un campagne". Une façon de lancer la charge contre "les héritiers de 1968", accusés de "relativisme intellectuel et moral". "il n'y avait plus aucune différence entre bien et le mal, le beau et le laid, le vrai et le faux, l'élève valait le maître", a-t-il ironisé. CEUX QUI MANIFESTAIENT CONTRE DE GAULLE EN 1958 De nouveau, Nicolas Sarkozy est revenu sur les affrontements survenus à la Gare du Nord : "Au lieu d'apporter leur soutien aux forces de l'ordre qui ont fait un travail", ses adversaires ont prononcé "cette phrase qui devrait rester dans les annales des campagnes présidentielles : "Il est inquiétant de constater qu'un fossé se creuse entre la police et la jeunesse". Cette gauche la n'a rien compris. C'est une insulte a la jeunesse de France que de les assimiler aux casseurs." Les héritiers de mai 1968 sont même responsables, selon Nicolas Sarkozy, de la "dérive du capitalisme financier". "La contestation de tous les repères éthiques a préparé le terrain des parachutes dorés et des patrons-voyous." "Dans cette campagne, je n'ai pas été épargné", a affirmé Nicolas Sarkozy, rejetant des "accusations" qui "déshonorent plus ceux qui les profèrent qui ceux qui les reçoivent". Avant de revenir à l'Histoire : "Ce sont exactement les mêmes que ceux qui en 1958 se sont donné le ridicule absolu de défiler contre le général De Gaulle en hurlant que le fascisme ne passerait pas." Nicolas Sarkozy a conclu son discours en lançant un appel à ceux qui n'ont pas encore fait leur choix, alors qu'il ne reste que "huit petits jours". Un clin d'oeil lancé aux "électeurs du centre, dont les valeurs sont si proches des nôtres." "Leur sensibilité a toute sa place dans la majorité", a-t-il affirmé. Un signe a aussi été réservé à "ceux qui se sont tournés vers les extrêmes". "La proportionnelle n'est pas un bon système, car il donne le pouvoir aux partis", a affirmé Nicolas Sarkozy, avant s'engager "introduire un peu de proportionnelle, à l'Assemblée nationale ou au Sénat, sans créer le risque d'une instabilité gouvernementale". § La part de rejet atteint 56 % chez les électeurs potentiels de Ségolène Royal, contre 40 % pour affirmant vouloir voter pour Nicolas Sarkozy, selon une étude TNS-Sofres pour RTL et "Le Monde", publiée dimanche. § 4 6 % des électeurs affirment qu'ils voteront au second tour de l'élection présidentielle par rejet de l'autre candidat, contre 51 % par adhésion, selon une étude TNS-Sofres pour RTL et Le Monde, rendue publique dimanche 29 avril. Cette part de rejet atteint 56 % chez les électeurs ayant l'intention de voter pour Ségolène Royal, contre 40 % chez ceux de Nicolas Sarkozy. Fiche technique Enquête réalisée par téléphone auprès d'un échantillon national de 2 200 personnes, constitué d'un échantillon de 2 000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus inscrite sur les listes électorales, et complété par un sur-échantillon de 200 électeurs de François Bayrou (méthode des quotas). C'est parmi les électeurs ayant choisi François Bayrou au premier tour que le vote de refus est le plus fort : 65 %. Il est majoritaire (55 %) chez ceux qui envisagent de se reporter au second tour sur M. Sarkozy, mais culmine à 72 % chez ceux qui disent avoir choisi Mme Royal. Les "Bayrouistes" qui rejettent Nicolas Sarkozy lui font grief de ses propos (63 %) et de sa personnalité (57 %). Ceux qui refusent la candidate socialiste s'interrogent sur son programme (42 %) et sa capacité à exercer le pouvoir (49 %). 39 % D'INDÉCIS CHEZ LES ÉLECTEURS DE M. BAYROU D'après l'enquête, l'avantage reste à Mme Royal dans la conquête des électeurs de M. Bayrou : 31 % des électeurs du candidat UDF ont l'intention de voter pour elle, contre 23 % pour M. Sarkozy. 7 % veulent s'abstenir. Mais 39 % n'ont pas encore arrêté leur choix. En outre, 51 % des sondés électeurs de François Bayrou jugent plus naturelle l'alliance avec Ségolène Royal, contre 33 % qui penchent pour l'alliance à droite. Comme la moyenne des Français, les électeurs de M. Bayrou se sentent plus proches des positions de M. Sarkozy sur la sécurité, l'immigration, mais aussi la politique économique, le travail et l'emploi, la politique étrangère. Mais toujours comme l'ensemble des Français, quoique de façon plus accentuée, ils se sentent plus proches de la candidate PS sur le pouvoir d'achat, l'éducation le logement, l'assurance maladie et l'environnement. UN CHOIX ENTRE DEUX CONCEPTIONS DE LA POLITIQUE Le choix de François Bayrou de ne pas donner de consigne de vote est majoritairement approuvé par ses électeurs sondés (72 %), ainsi que la création d'un parti démocrate à peine moins (64 %). Ce projet fait l'unanimité parmi ses électeurs : 88 %. Selon l'enquête, 8 électeurs sur 10 affirment avoir fait leur choix pour le 6 mai. 36 % sont sûrs de voter Royal, 38 % de voter Sarkozy. On compte également 7 % d'abstentionnistes décidés. Les autres hésitent, soit entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal (8 %), soit entre le vote pour l'un des deux candidats et l'abstention (7 %). Enfin, 54 % des électeurs considèrent que l'élection du 6 mai est un avant tout un choix entre deux manières de concevoir la politique, quand seuls 20 % estiment qu'il s'agit d'un choix entre la gauche et la droite, et 24 % un choix entre deux personnalités. § "J'entends parfois des propos de mépris à l'égard de l'extrême gauche. Mais moi, quand j'entends dire 'nos vies valent plus que des profits', je suis d'accord avec cela", a dit la candidate, invitée de Dimanche Plus. § "J e n'oublie pas les candidats à gauche et les écologistes qui m'ont soutenue aussi dès le soir du 1er tour", a affirmé Ségolène Royal, invitée de Dimanche Plus, le 29 avril, le lendemain de son débat télévisé avec François Bayrou. "J'entends parfois des propos de mépris à l'égard de l'extrême gauche. Mais moi, quand j'entends dire 'nos vies valent plus que leurs profits', je suis d'accord avec cela, a-t-elle plaidé. Lorsque j'entends que la mondialisation doit avoir des règles plus justes et notamment qu'il faut garantir la sécurité alimentaire des pays les plus pauvres, je suis d'accord avec cela." "LA FRANCE EST DANS DE MAUVAISES MAINS" Ségolène Royal veut que l'hôpital "retrouve les moyens dont il a besoin". "Il va falloir remettre de la justice dans la répartition des moyens", a affirmé Ségolène Royal, en visite dimanche 29 avril au centre hospitalier Sud francilien à Corbeil. La candidate a pris "très fermement" l'engagement, si elle est élue le 6 mai, de redonner "les moyens de fonctionner à l'hôpital public." Et s'est dite soucieuse de lancer un plan de formation des infirmières et de revaloriser la profession de médecin. Mme Royal a cité en exemple la structure de pointe de Corbeil, qui rassemble des pompiers, un SMUR (service médical d'urgence et de réanimation), un hôpital et une maison médicale de garde où travaillent des médecins libéraux. - (Avec AFP) "Lorsque j'entends Arlette Laguiller dire qu'il faut respecter la dignité des travailleurs et que l'élection de Nicolas Sarkozy serait un danger pour les travailleurs les plus modestes et aggraverait la précarité, je suis d'accord avec cela", a-t-elle ajouté. "Il y a trop de riches d'un côté, trop de pauvres de l'autre et dans l'intermédiaire, des gens qui ont peur d'être déclassés", a estimé Ségolène Royal. "Je travaille en rassemblant ceux qui pensent que la France peut se réformer en protégeant la dignité des hommes et des femmes", a assuré la candidate socialiste, soulignant que "la France est dans de mauvaises mains". § Se succédant sur le plateau de Dimanche Plus, les deux candidats à l'élection présidentielle ont voulu donner une image apaisée, à trois jours du débat d'entre-deux-tours. § I ls n'étaient pas face à face mais il se sont répondus. Interrogés l'un après l'autre sur le plateau de Dimanche Plus, le 29 avril, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont chacun voulu donner une image apaisée, après la polémique suscitée par l'entrevue organisée la veille entre François Bayrou et la candidate du PS. Et surtout, avant le "vrai" débat du 2 mai. "On n'a jamais vu une finale de la Coupe du monde se jouer entre le deuxième et le troisième", a réitéré le candidat de l'UMP, démentant de nouveau toute "pression" sur Canal Plus, qui avait refusé d'organiser l'entrevue entre Mme Royal et M. Bayrou. "IL A COMPRIS QU'IL NE FALLAIT PAS QU'IL CONTINUE DANS CETTE DIRECTION" Interrogé par la journaliste de Canal Plus Laurence Ferrari sur les critiques que lui a adressées François Bayrou, Nicolas Sarkozy a répliqué : "Je ne lui en veux pas, Quelqu'un qui est candidat à la présidence ne doit pas garder d'amertume." Avant d'ajouter : "Cela ne ressemble pas au François Bayrou que je connais depuis 20 ans. Je veux croire que ces injures inusitées dans sa bouche, c'est le fruit de l'amertume et de la déception. Je peux comprendre, mais je crois qu'il a compris qu'il ne fallait pas qu'il continue dans cette direction." "J'aime beaucoup débattre", répond Ségolène Royal, soulignant que le "dialogue" avec François Bayrou a été "non seulement utile mais agréable". Que réplique-t-elle à Nicolas Sarkozy, qui a accusé les candidats du PS et de l'UDF de se livrer à de "petites combines" ? "Je ne comprends pas cette violence verbale. La République mérite que l'on se parle. Et se parler, c'est commencer à se respecter." Les deux finalistes ont surtout cherché à souligner les points de leur programme susceptibles de convaincre les électeurs centristes. Après avoir cité en exemple les députés UDF qui le rallient, Nicolas Sarkozy a égréné la réduction de l'endettement de la France, la pérennité de régimes de retraites, la maîtrise de l'immigration ou la remise en cause des 35 heures, pointant sa différence avec Mme Royal. Des UDF auront leur "place" dans un gouvernement UMP, a-t-il ajouté. "JE NE M'INTERDIS RIEN" Ségolène Royal a souligné les "points de convergence forts" entre son programme et celui de M. Bayrou, notamment "l'Etat impartial" et l'Europe, la transparence et la lutte contre la "concentration des pouvoirs". Serait-elle prête à modifier son pacte présidentiel ? "Non seulement je suis prête à le compléter mais demain, si je suis élue, toutes les bonnes idées seront bienvenues. Je suis à l'écoute", a dit la socialiste, plaidant pour que l'on "dépasse les vieux antagonismes, les blocages". "Je ne veux plus d'une France coupée en deux", a-t-elle lancé. Interrogée sur la possibilité de prendre François Bayrou comme premier ministre, elle répond : "Je ne m'interdis rien. Ce n'est pas ce qui se passera mais je ne m'interdis rien." "LES ÉLECTEURS SONT LIBRES" Le "vrai" débat, celui du 2 mai, les deux candidats disent l'aborder avec sérénité. Le candidat de l'UMP a d'abord jugé "assez machiste" "l'idée" selon laquelle "on ne débat pas avec une femme comme avec un homme". "Mme Royal, il ne faut pas la réduire à sa féminité, qui est grande. Elle est une responsable politique", a dit M. Sarkozy, promettant d'essayer d'être "souriant", à défaut d'être "conciliant". Après la "bonne répétition" offerte par le dialogue avec François Bayrou, Ségolène Royal a affirmé qu'il y aura le 2 mai une "confrontation beaucoup plus nette, sans que quiconque puisse se poser en victime." "Le débat est important, il est difficile", a affirmé la candidate, démentant qu'elle jouait "tout" sur le face-à-face d'entre deux tours. "Les électeurs sont libres", ont enfin martelé les deux candidats, mot pour mot. Nicolas Sarkozy a salué la participation historique du premier tour. "On va continuer à parler fort. Je ferai entrer la culture des résultats dans le République", a affirmé le candidat de l'UMP. Ségolène Royal, saluant "l'élan civique" du 22 avril, a demandé aux électeurs de "ne pas s'abstenir", malgré les "200 sondages" donnant Nicolas Sarkozy vainqueur. "La France mérite autre chose qu'une sorte de guerre civile", a-t-elle dit. § Le président du SPQR accuse Mme Royal et son entourage d'avoir exercé des pressions sur le syndicat. Le n°2 de l'organisation, par ailleurs président du Parti radical de gauche, se dit scandalisé par ces propos. § J ean-Michel Baylet, vice-président du Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR), a démenti, dimanche 29 avril, que "Ségolène Royal ou son entourage" ait "exercé des pressions sur notre syndicat". D'abord pressenti pour organiser le débat Royal-Bayrou, le SPQR s'était désisté. Des accusations issues de l'UDF et du PS avaient alors fusé contre Nicolas Sarkozy, soupçonné d'avoir fait pression pour que n'ait pas lieu ce débat. Celui-ci a finalement eu lieu samedi, mais à la télévision. Depuis, le président du syndicat de la presse quotidienne régionale dément toute pression de la part du président de l'UMP, et accuse au contraire Ségolène Royal d'avoir tenté d'influencer la presse. "On accuse (le SPQR) très directement d'avoir cédé aux pressions du candidat Sarkozy. Or ce syndicat que l'on dit très puissant n'est pas là pour intervenir dans la campagne", déclare M. Comboul, dans un texte paru dimanche dans plusieurs titres de province, dont Nice-Matin et Ouest-France. Expliquant que le refus du SPQR ne répondait qu'au souci de respecter des règles d'équité, il déplore qu'"une formidable machine à désinformer s'est alors mise en marche". "FORMIDABLE MACHINE À DÉSINFORMER" "Oui, le syndicat a été délibérément l'instrument d'une campagne orchestrée. Non, Mme Royal, il n'y a pas eu de pression de Nicolas Sarkozy. En revanche, il y en a eu de très fortes de votre côté, exercées directement par votre équipe, et aussi par vous-même à travers vos déclarations", reproche le président du SPQR. Il réaffirme par ailleurs ne pas avoir rencontré Nicolas Sarkozy jeudi matin, contrairement aux affirmations de Mme Royal. Suite à ces déclarations, Jean-Michel Baylet, le numéro deux de l'organisation est intervenu pour contredire son supérieur : "je suis scandalisé d'entendre certains prétendre que Ségolène Royal ou son entourage aurait exercé des pressions sur notre syndicat. Comme vice-président de notre syndicat, je démens formellement ces affirmations sans fondement", affirme, dans un communiqué, M. Baylet, qui est également président du Parti radical de gauche (PRG), qui soutient la candidate socialiste. § Nicolas Sarkozy perd 1,5 point mais battrait Ségolène Royal par 52,5 % des voix contre 47,5 %, selon un sondage Ifop-Fiducial réalisé pour M6 et Le "Journal du Dimanche", rendu public samedi. § N icolas Sarkozy perd 1,5 point mais battrait Ségolène Royal par 52,5 % des voix contre 47,5 %, selon un sondage Ifop-Fiducial réalisé pour M6 et Le Journal du Dimanche, rendu public samedi 28 avril. La précédente enquête Ifop pour le JDD a été réalisée le 22 avril. Selon cette enquête, ségolène Royal progresse parmi les électeurs de François Bayrou : 53 % voteraient au second tour pour la socialiste, soit une hausse de 7 points. 47 % d'entre eux se reporteraient sur M. Sarkozy. 78 % DES SONDÉS SÛRS DE LEUR CHOIX Fiche technique Sondage réalisé jeudi 26 et vendredi 27 avril par téléphone auprès d'un échantillon de 886 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d'un échantillon de 956 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Le pronostic de victoire n'en reste pas moins favorable à Nicolas Sarkozy : 74 % le prédisent élu, contre 18 % pour Ségolène Royal, 8 % ne se prononçant pas. L'indécision semble reculer légèrement : 9 % des personnes interrogées ne se sont pas prononcées, soit deux points de moins comparé au précédent sondage le 22 avril. Par ailleurs, 78 % des personnes interrogées déclarent être "sûres de leur choix" et 22 % indiquent pouvoir "encore changer d'avis". Le taux de participation au second tour est estimé à 81 %, pour 19 % d'abstention. Un score très élevé. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § § La Ligue des droits de l'Homme (LDH), réunie à Paris en comité central, a appelé samedi "à voter et faire voter, le 6 mai 2007, pour Ségolène Royal", dans un communiqué intitulé "Barrons la route à l'autoritarisme". § L a Ligue des droits de l'Homme (LDH), réunie à Paris en comité central, a appelé samedi "à voter et faire voter, le 6 mai 2007, pour Ségolène Royal". Dans un communiqué intitulé "Barrons la route à l'autoritarisme", la LDH a assuré n'intervenir "dans le débat électoral que si le bon fonctionnement de la démocratie, l'effectivité de la citoyenneté et le respect des principes de liberté, d'égalité et de fraternité sont en jeu". "CHOISIR LA SOLIDARITÉ ET NON LA PEUR" "Si Nicolas Sarkozy se voyait confier la plus haute charge de l'Etat, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas : loi durcissant encore la répression pénale, nouvelle loi anti-étrangers, contrat de travail 'unique' se substituant au CDI, sans parler du ministère de l''identitaire' et de l'immigration", poursuit le communiqué. "Il est de notre devoir d'alerter les citoyennes et les citoyens de ce pays." "La poursuite et l'amplification de la politique menée depuis cinq ans ne serait pas un 'rêve' mais un cauchemar. Nous ne voulons pas d'une démocratie muselée qui, parce qu'elle laisserait sur le bord de la route des millions de personnes, attiserait le communautarisme, le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie et ouvrirait la voie aux révoltes sociales", ajoute la LDH. "La France n'est jamais aussi grande que lorsqu'elle met ses actes en accord avec son ambition séculaire de voir tous les droits valoir pour tous", conclut le communiqué. "Pendant qu'il en est temps, la LDH appelle les électeurs à choisir la solidarité et non la peur, le respect et non les menaces, l'égalité et non les discriminations". § Le candidat UDF à la présidentielle s'en est pris aux autorités chinoises pour leur soutien à Khartoum, accusé d'aider les milices arabes dans le conflit qui les oppose à des groupes rebelles du Soudan. § F rançois Bayrou a réitéré, mardi 3 avril, sa menace, s'il devient président de la République, d'un boycottage par la France des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin si la Chine ne change pas d'attitude face à la crise dans la région soudanaise du Darfour. "J'entends que les autorités chinoises peuvent ne pas être satisfaites mais si un responsable politique français n'est pas capable de défendre ceux qui meurent au Darfour, alors à quoi sert-il ?" a déclaré le candidat UDF à la présidentielle. "Ces centaines de milliers, ces millions de personnes méritent que quelque part dans le monde quelqu'un s'occupe d'eux et qu'on n'accepte pas en effet la protection que les autorités chinoises ont décidé d'apporter aux autorités soudanaises pour que le Conseil de sécurité ne puisse pas se mêler de ce qui le regarde", a ajouté le député béarnais, qui s'est rendu au Darfour il y a deux ans. Le conflit au Darfour, qui a fait, selon l'ONU, 200 000 morts et des millions de déplacés, oppose des groupes rebelles à des milices arabes appuyées militairement par le gouvernement soudanais. L'Union européenne a demandé à l'ONU de prononcer des sanctions contre Khartoum mais les Nations unies se sont heurtées à l'opposition de la Chine et de la Russie. "Je demande au mouvement olympique et je demande aux autorités chinoises de s'occuper d'abord de cela", a dit François Bayrou. "On est bien trop légers dans cette affaire-là", a-t-il déploré. § Réunis par "Le Monde" à l'invitation du Théâtre du Rond-Point, à Paris, dimanche 1er avril, le premier secrétaire du Parti socialiste et l'ancien premier ministre ont confronté leurs conceptions et leurs expériences de la réforme. § L 'ambition affichée de tous les candidats à la présidence de la République est de changer la France. Pourtant, Jean-Pierre Raffarin décrit dans son livre récent, La Dernière Marche, un pays en proie au doute et gagné par "une tendance dépressive ". La France est-elle donc irréformable, oscillant entre la crise de nerfs et l'immobilisme ? Jean-Pierre Raffarin : Non, ce pays est réformable et je crois que l'immobilisme, c'est le déclin. Mais c'est vrai que la France est stressée, repliée sur elle-même, inquiète de la mondialisation, inquiète aussi parce qu'elle sent que la politique n'est plus le grand espoir qu'elle fut, face à cette société complexe. Pourquoi changer? D'abord parce que le monde nous bouscule et nous oblige à bouger. Il suffit de porter le regard sur ce qui est en train de se passer en Asie, sur cette alliance de la production chinoise et de l'intelligence indienne. L'attractivité économique du pays, et de l'Europe, est une priorité économique et nous oblige à mettre de la compétition partout. Nos traditionnels leviers de mouvement sont grippés. Il est urgent de retrouver la crédibilité du projet européen et de sortir du dossier institutionnel où nous sommes embourbés. On voit bien que l'Organisation mondiale du commerce essaie de créer une sorte de gouvernance mondiale, mais sur la base d'un ultralibéralisme qui ne convient pas à nos sociétés européennes. Il faut donc retrouver notre force continentale. Il faut aussi qu'on tienne compte de la situation financière de la France. Les grandes réformes sociales de ces vingt-cinq dernières années ont été en grande partie financées par les emprunts. Par centaines de milliards, on a creusé des déficits et on est désormais à un niveau de dette qui nous prive des marges de manuvre pour financer notre besoin social. Enfin, nous sommes confrontés à deux défis. Le défi démographique auquel j'ai commencé à m'attaquer quand j'étais à Matignon, avec la réforme des retraites et la question de la dépendance, mais qui pose aussi la question de l'immigration. On a besoin d'immigrés dans notre pays; il faut les accueillir, mais dans le cadre de règles claires que nous devons faire respecter. Quant au deuxième défi, il est démocratique. On voit bien qu'il y a un désenchantement de la politique et une certaine difficulté à concevoir la République comme une force moderne capable de rassembler notre communauté nationale. A mes yeux, cette crise morale est liée à la dévalorisation du travail. François Hollande : Le thème essentiel de l'élection présidentielle est en effet le changement. Il y a là comme une nouveauté, puisqu'il n'y a pratiquement pas de candidat de la continuité. Même le quasi-sortant souhaite changer. Sans doute parce que l'aspiration au changement est très forte : elle est constituée à la fois d'une défiance significative, y compris à l'égard des politiques, d'un doute sur la capacité même de changer et en même temps d'un espoir qui ne faiblit pas dans la République et ce qu'elle peut apporter. Les Français ont aujourd'hui acquis une grande lucidité par rapport aux problèmes qui frappent la société française. Ils ont conscience que nous connaissons l'un des plus hauts niveaux de chômage en Europe, et depuis longtemps. Ils sont également conscients que notre système de protection sociale est lourdement déficitaire. Enfin, ils ont une interrogation sur notre capacité de vivre ensemble, ce qui ne renvoie pas seulement à la question de la sécurité, mais aussi de la possibilité d'être un citoyen à égalité de droits et de devoirs. Sans compter le défi de l'environnement. Cette attente de changement se heurte à plusieurs blocages. D'abord, nous avons un problème avec l'élection présidentielle depuis 1981. Celle de 1981 a été un choix de sociétéqui correspondait à un changement attendu depuis des années, articulé autour d'un pacte présidentiel qui a été, pour l'essentiel, appliqué. En 1988, François Mitterrand demande à être renouvelé sur un programme qui est le"ni-ni" , c'est-à-dire par définition pas un programme de grande réforme. En 1995, Jacques Chirac est élu par la fracture sociale, mais son programme est immédiatement contourné, détourné et pas véritablement mis en uvre. Chacun se souvient des circonstances de 2002, où l'absence de véritable choix pour le second tour n'a pas permis de nouer un pacte présidentiel. L'élection de cette année va permettre un choix d'orientation. Si un contrat est enfin noué entre le ou la président(e) de la République et le peuple, ce sera un puissant adjuvant à la réforme. Le deuxième blocage souvent invoqué, à juste raison, est d'ordre institutionnel. Nous sommes dans un système qui ne favorise pas la réforme, avec un président qui ne prend pas le principe de responsabilité comme le fondement de son action et ne dirige pas véritablement le pays. Jacques Chirac en a fait la démonstration en ne tirant aucune conséquence d'une dissolution manquée et d'un référendum perdu. C'est trop commode de confier à un premier ministre l'essentiel du travail, de l'appuyer autant que ça ne pose pas de problème, de retirer les réformes lorsqu'elles posent un problème et de retirer le premier ministre lorsqu'il pose trop de problèmes. Il est manifeste qu'avoir un Parlement abaissé comme le démontre l'adoption du contrat nouvelle embauche (CNE) par ordonnance et celle du contrat première embauche (CPE) grâce au 49-3 ne facilite pas davantage la réforme. Enfin, il n'y a pas en France de contrat clair et une claire répartition des responsabilités entre l'Etat et les collectivités locales, ce qui prive bien souvent les réformes de leur effectivité. Dernier blocage aux réformes : gauche et droite pensent que c'est avec des lois que l'on réforme le pays. Je ne prendrai qu'un seul exemple : celui qui était ministre de l'intérieur jusqu'à ces derniers jours a quand même fait voter cinq lois sur la sécurité et deux lois sur l'immigration. Et il en propose d'autres à son programme. L'inflation législative est contradictoire avec l'ambition de réforme. Si l'on veut réformer, il faut donc un président de la République élu sur un pacte, un Parlement qui joue tout son rôle, des collectivités locales associées et un véritable dialogue social. § Malgré l'Appel des journalistes de l'audiovisuel public, l'hypothèse d'une telle confrontation s'éloigne. François Bayrou suggère, mardi, d'organiser un débat sur le Net. § "I l y a 10 jours, on n'y croyait plus. Mais maintenant, on se dit qu'il reste quand même 20 jours avant le premier tour." L'initiateur de l'Appel des journalistes de l'audiovisuel public en faveur de débats contradictoires, Jean-François Tealdi, a repris espoir. "Jusqu'à la semaine dernière, la balle était dans le camp des candidats. Mais désormais, tous, sauf Nicolas Sarkozy, sont pour des débats télévisés", se réjouit le grand reporter, responsable syndical CGT à France 3. Lancé le 7 février, son "appel" a été signé par plus de 10 000 personnes, sur bellaciao.org et info-impartiale.net. Bayrou plaide pour un débat à quatre sur Internet François Bayrou, candidat UDF à l'élection présidentielle, a proposé mardi 3 avril l'organisation d'un débat sur internet qui le confronterait à Nicolas Sarkozy (UMP), Ségolène Royal (PS), Jean-Marie Le Pen (FN). "Je n'ai pas de doute que ce débat aura des échos, qu'il y aura des millions d'internautes qui le suivront, et je suis prêt pour ma part à ce que ce débat dure aussi longtemps que l'on veut", a-t-il ajouté. Estimant que "les Français attendent qu'il y ait des débats", le candidat UDF "suggère qu'Internet prenne ses responsabilités et qu'on crée un nouvel espace démocratique puisque tous les autres sont bloqués avec la bénédiction des deux candidats favoris". Rappelant que le temps de parole entre les 12 candidats est désormais limité sur les médias audiovisuels, M. Bayrou a fait valoir qu'internet est affranchi de ces règles. Lundi 19 mars, Ségolène Royal, puis François Bayrou, se sont dits favorables à des confrontations télévisées, alors que débutait, le jour-même la "période intermédiaire" de la campagne, qui dure jusqu'au 8 avril. Celle-ci impose l'égalité des temps de parole entre candidats. Depuis, les positions des favoris des sondages ont peu évolué. "HYPOCRISIE" Au PS, on "maintient" la proposition de Ségolène Royal : "C'est aux chaînes de faire des propositions" . L'UDF renvoit le même son de cloche : "Cela fait des semaines que nous sommes pour un débat. Les Français sont pour", s'énerve Marielle de Sarnez. La directrice de campagne de François Bayrou précise tout de même qu'elle parle d'un "débat à trois", tout en affirmant qu'elle "sait" que les candidats du PS et de l'UMP ne veulent pas être confrontés à celui de l'UDF. "Ce que dit Nicolas Sarkozy est une hypocrisie absolue, ajoute Mme de Sarnez. Les directeurs de chaînes n'ont qu'à organiser un débat et M. Sarkozy devra bien s'y rendre." "Ségolène Royal a proposé des débats au moment où ce n'était plus possible. C'est une hypocrisie !, tonne Franck Louvrier, le directeur de la communication de Nicolas Sarkozy. Le CSA imposerait désormais un débat à 12. C'est inorganisable." M. Louvrier assure que le candidat de l'UMP a toujours été favorable à un débat et en a proposé la tenue, avant le début de la période d'égalité des temps de parole. Pour le directeur du service politique de France 3, Jean-Michel Blier, les choses sont loin d'être aussi simples : "Nous avons enregistré la proposition de Ségolène Royal et nous avons alors sondé du côté de Nicolas Sarkozy. Nous avons eu une réponse claire : il était prêt à débattre avec elle, mais pas avec M. Bayrou, ni M. Le Pen." A partir de là, "c'était cuit", estime M. Blier, qui précise que France 3 a renoncé à envoyer un courrier aux candidats, comme l'avait annoncé Paul Nahon, le directeur de l'information de la chaîne. "Il est difficile, vis-à-vis du CSA, d'organiser maintenant un débat qui ressemblerait à un face-à-face de second tour, à moins d'en organiser cinq autres, également en prime time, avec tous les autres candidats, ce qui est impensable." Jean-Michel Blier accorde un point à Nicolas Sarkozy : "Franck Louvrier m'a proposé un débat avec Ségolène Royal, avant la période d'égalité. Nous avons transmis à l'équipe de la candidate, mais nous n'avons jamais eu de retour." "UN PEU D'IMPOSTURE" En revanche, d'ici au 8 avril, il aurait été parfaitement possible d'organiser trois débats à quatre, et même de réunir sur un même plateau les "gros" candidats, estime Jean-Michel Blier. "Mais ni Sarkozy, ni Royal, ni Bayrou, ni Le Pen ne veulent débattre avec d'autres candidats. Pour reprendre les mots de M. Sarkozy, ils estiment avoir 'tout à y perdre et rien à y gagner'." Le responsable de France 3 en veut pour preuve qu'aucun des quatre champions n'est venu en personne sur le plateau de "Français, votez pour moi". "C'est la même chose pour France 2, qui a organisé un débat à douze, dans 'Mots croisés'", le lundi 26 mars, ajoute-t-il. Quant à tenter de forcer la main à Nicolas Sarkozy en lançant des invitations aux candidats, Jean-Michel Blier ne consent pas à "suivre ce raisonnement" que pour mieux le démonter : "Il ne serait pas obligé de venir. Avant la date, il annoncerait par exemple Brice Hortefeux en remplacement. Et là, Ségolène Royal, ou François Bayrou, répondraient qu'ils ne sont pas intéressés. Ils se tiennent tous. Un débat, c'est un château de cartes." "Il y a un peu d'imposture de la part des politiques, conclut Jean-Michel Blier, qui se plaint que la campagne de 2007 ait révélé une nouvelle aptitude des candidats à "se servir des médias, en imposant leurs règles du jeu". Le débat sur les débats n'est peut-être pas clos. Mais il ne porte plus sur leur possible tenue avant le premier tour, mais sur le nom de celui qui portera la responsabilité de leur annulation. § Il y'a dans le monde 1,4 million d'immatriculés dans les consulats français, donc plus de la moitié dans les autres pays de l'Union européenne. § § Dans une déclaration commune, ils ont néanmoins reconnu la nécessité, dans certains cas, "d'appliquer un traitement qui puisse avoir pour effet secondaire d'abréger la vie". § S oulevé durant la campagne présidentielle, le débat sur l'euthanasie agite aussi les communautés religieuses. Les responsables juif et catholique de Paris ont rendu publique, lundi 2 avril, une déclaration commune sur ce sujet. Sans surprise, le texte signé par l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, et le grand rabbin de Paris, David Messas, s'en tient au commandement biblique "Tu ne tueras point". "Nous exprimons une opposition très ferme à toute forme d'assistance au suicide et à tout acte d'euthanasie, celle-ci étant comprise comme tout comportement, action ou omission, dont l'objectif est de donner la mort à une personne pour mettre ainsi fin à ses souffrances", précise le texte, issu d'une lecture commune de la loi Leonetti du 22 avril 2005, relative aux droits des malades et à la fin de vie. Les responsables religieux préfèrent s'en remettre au développement des soins palliatifs. Ils reconnaissent toutefois la nécessité, dans certains cas, "d'appliquer un traitement qui puisse avoir pour effet secondaire d'abréger la vie", ainsi que le stipule la loi Leonetti, mais à condition que "l'abrègement de la vie ne soit en aucune façon recherché". Ils se prononcent aussi contre l'acharnement thérapeutique, approuvant la loi, qui indique que les actes médicaux "ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable". DÉBAT "INTENSIFIÉ ET ACTUALISÉ" Ce débat intéresse aussi le protestantisme, qui, s'il n'a pas adopté de position officielle, s'inquiète par la voix du président en exercice de la Fédération protestante de France, Jean-Arnold de Clermont, de la présence de "lobbies" : "Le débat (sur l'euthanasie) a pris une tournure étonnante avec cette pétition de plus de deux mille médecins et infirmières (publiée début mars) demandant une loi nouvelle, au nom de la liberté de choisir l'heure de sa mort et de la liberté pour les soignants non seulement d'aider à mourir mais de passer au stade suivant, c'est-à-dire la liberté de tuer." Pour les protestants, la place donnée aux soins palliatifs demeure la priorité. Parallèlement, ils mettent en avant la responsabilité et la réflexion individuelles, qui doivent être alimentées par un débat national. Mais, reconnaît-on à la FPF, le débat interne sur l'euthanasie doit "être intensifié et actualisé". De leur côté, les musulmans partagent avec les juifs et les catholiques l'idée que "celui qui donne la mort, c'est Dieu" et qu'elle ne doit pas être provoquée. En revanche, un débat est en cours entre les savants musulmans sur une définition de la mort et le moyen de déterminer à quel moment "l'âme se sépare du corps". § Le chef du gouvernement a tenu pour la dernière fois, le 2 avril, sa traditionnelle conférence de presse mensuelle, alors que les nouveaux ministres s'installent dans leurs fonctions. § R ideau. Le compte à rebours est enclenché pour les 31 ministres du gouvernement Villepin. "A trois semaines du premier tour, maintenant, c'est le saut dans l'inconnu, on ne contrôle plus rien", glisse Jean-François Copé, lucide. S'il y en a un qui sait ce qu'il fera, c'est Dominique de Villepin. Flanqué de douze ministres chiraquiens, le premier ministre a tiré sa révérence, lundi 2 avril, en se livrant, pour la dernière fois, à l'exercice de sa conférence de presse mensuelle. Fier, il a affirmé laisser le pays dans un meilleur état que ne le lui avait laissé son prédecesseur, Jean-Pierre Raffarin : "Si l'on compare la situation qui était celle de la France il y a deux ans, au lendemain d'un référendum perdu, et la situation d'aujourd'hui, je crois que, dans tous les domaines, les choses ont été remises sur les rails et améliorées." Orgueilleux, il affirme avoir toujours su qu'il serait absent de la campagne présidentielle : "En me proposant d'être premier ministre, Jacques Chirac m'avait dit :'dans ce cas, mon cher Dominique, vous ne serez pas candidat à la présidence de la République'." Têtu, il a confirmé son refus de solliciter d'une manière ou d'une autre un mandat électif : "Je suis convaincu qu'il y a d'autres chemins (que le suffrage universel) et que l'esprit de mission vaut onction... on ne se refait pas !". Mystérieux, il laisse planer le doute sur ses prochaines occupations : "Je ne suis pas un homme de demi-mesure, j'ai des passions, je poursuivrai dans la voie de ces passions, convaincu que dans la vie on a plusieurs vies." Si le premier ministre va enseigner "aux Etats-Unis, en Chine, au Moyen-Orient et en Afrique", cela ne constituera pas son activité principale. "Je ferai des choix qui professionnellement m'engageront", affirme-t-il. Se placer en réserve de la République ? "Les étagères sont pleines de recours qui prennent la poussière", répond-t-il. "Le seul vrai recours, c'est la vie, il faut d'abord rester vivant", ajoute-t-il. En trahissant une ambition intacte : "le recours, c'est les circonstances". Dominique de Villepin est déjà en route pour l'Aventin. Son rôle dans la campagne présidentielle sera discret. Concédant que Nicolas Sarkozy "est le mieux à même" de porter les choix de leur famille politique, il est possible que le premier ministre s'affiche à ses côtés sur une tribune : "La chose est prévue"... Il y a en revanche trois ministres qui ont l'intention de profiter de chaque minute qu'il leur reste. Nouveaux promus du gouvernement "Villepin II", le ministre de l'intérieur François Baroin, le ministre de la santé Philippe Bas et le ministre délégué à l'outre-mer, Hervé Mariton, ont six semaines pour faire leurs preuves. En quelques jours, François Baroin a défini sa ligne : "Fermeté et sérénité". Rivalisant avec Nicolas Sarkozy, il a "chargé" le resquilleur de la gare du Nord, à l'origine de la nuit de violences du 27 mars et il est revenu sur le principe du moratoire, en période scolaire, des expulsions de parents d'enfants scolarisés. Veut-il donner des gages à Nicolas Sarkozy pour l'après-présidentielle ? "Il en faudrait sans doute beaucoup plus...", rétorque le plus chiraquien des ministres. Le nouveau ministre de la santé, longtemps conseiller de Jacques Chirac, continue, lui, d'essayer de gommer son image de technocrate. "J'ai commencé auprès de Simone Veil, alors ministre des affaires sociales en 1993. Je ne suis pas en phase d'apprentissage", assure Philippe Bas. Il fait comme s'il était en poste depuis des lustres et s'apprêtait à le rester pour une durée indéterminée. Certes, l'ancien ministre délégué à la Sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille n'a eu qu'un étage à descendre dans l'immeuble de l'avenue de Ségur pour occuper le fauteuil de Xavier Bertrand, devenu porte-parole du candidat Sarkozy. Il n'empêche : Philippe Bas n'en finit pas d'énumérer les dossiers qu'il veut boucler en six semaines : un plan maladies chroniques, un plan santé et violence, la permanence des soins... Sans oublier sa propre campagne pour un siège de député dans la Manche. Seul vrai "bleu" du gouvernement, le nouveau ministre de l'outre-mer se demande, lui, s'il parviendra à quitter la métropole. De l'outre-mer, Hervé Mariton connaît surtout La Réunion, où il s'est rendu pendant la crise du chikungunya, le "tchik" comme il dit. Il se souvient d'avoir apporté aux Réunionnais un stock d'essence de lavande : un ami lui avait garanti que c'était un remède souverain contre les piqûres de moustiques. "Je veux être utile", plaide-t-il. L'installation du nouveau préfet des îles de Saint-Martin et Saint-Barthélémy, qui viennent d'être érigées en collectivités territoriales, lui donnera peut-être l'occasion de voyager. Ou un tsunami en Nouvelle-Calédonie, un cyclone à La Réunion, une émeute aux Antilles ? Son téléphone portable sonne quand il est dans sa circonscription de la Drôme, pour l'avertir que le piton de la Fournaise est entré en éruption... § Lors d'une conférence de presse, lundi 2 avril, Nicolas Sarkozy a mis les aspirants ministres sous pression en leur proposant un CDD, soit "un contrat de mission évalué chaque année". § A vis aux candidats ministres d'un futur gouvernement composé par Nicolas Sarkozy en cas de victoire à la présidentielle : l'emploi n'est pas garanti. En convoquant, lundi 2 avril, une conférence de presse de 90 minutes consacré à son programme et à ses priorités, le candidat de l'UMP a mis les aspirants sous pression. Il leur a proposé un CDD, soit "un contrat de mission évalué chaque année". "Il est temps, a-t-il poursuivi, de faire comprendre aux ministres que c'est eux qui dirigent l'administration et non l'inverse. Ils sont responsables devant le chef du gouvernement et le président." Exemple donné par M. Sarkozy : "Le ministre de l'éducation nationale ne changera pas en fonction du nombre de manifestants dans la rue, mais parce qu'il n'a pas obtenu de résultats." L'ancien ministre de l'intérieur a également réaffirmé sa volonté de construire un gouvernement de "quinze ministres" à parité égale entre les hommes et les femmes. Il a en outre profité de l'occasion pour préciser la future architecture gouvernementale qu'il souhaiterait mettre en place. Ainsi propose-t-il la création d'un "ministère des affaires financières" chargé de la "réduction des déficits". Un ministère de "l'emploi et des stratégies économiques" devrait quant à lui prendre en charge "les performances économiques du pays". "PLUS QU'UNE FAUTE, UNE IMPRÉCISION" Le "ministère de l'immigration et de l'identité nationale" figurera bien au nombre des nouveaux maroquins, malgré les critiques répétées de Simone Veil qui dans un entretien à Tribune Juive, y voit "plus qu'une faute, une imprudence". M. Sarkozy a d'abord parlé "d'intégration" au lieu "d'immigration", mais il l'a reconnu lui-même, c'était un lapsus... Autre piste évoquée : le rapprochement de la santé et du sport, de l'éducation nationale et de la culture. Ainsi qu'un ministère du "développement durable" au contenu audacieux puisqu'il regrouperait à lui seul les transports, l'énergie, l'eau, l'écologie et la biodiversité. La raréfaction des postes et les conditions d'exercice draconiennes ne paraissent pas décourager les impétrants. Dans l'après-midi, lors d'une visite en Bretagne, M. Sarkozy était accompagné de Jean-Louis Borloo, de Philippe Douste-Blazy et du président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Pierre Méhaignerie. Il s'agissait pour l'équipe de M. Sarkozy d'illustrer le ralliement du ministre de l'emploi au candidat de l'UMP. Ils ont ainsi visité ensemble une entreprise de croissants où il a rencontré plusieurs salariés bénéficiant d'un contrat de transition professionnelle (CTP). Ce dispositif, créé par M. Borloo, permet à un licencié économique de bénéficier de 80 % de son ancien salaire à condition de se former pour un autre emploi. Dans des effluves de viennoiseries, M. Sarkozy a promis "la généralisation" du CTP. "Tout vaut mieux que le chômage", a-t-il déclaré. Satisfait, M. Borloo a alors suivi le reste de la visite dans une exploitation agricole de Servon-sur-Vilaine, cent pas derrière le candidat : "Moi, je ne suis pas candidat", a-t-il lancé à la presse. Ça tombe bien. En marge de sa conférence de presse, M. Sarkozy avait confié ne pas vouloir livrer le nom de son premier ministre entre les deux tours comme il s'y était imprudemment engagé par le passé. Il explique désormais que la campagne et le résultat "décanteraient" le nom de l'heureux élu. § Ils sont électeurs, sympathisants, voire militants socialistes. Ils ne partagent pas la ferveur des meetings et ne sont pas tendres avec Ségolène Royal mais constituent le socle ineffritable de sa candidature. § I ls sont électeurs, sympathisants, voire militants socialistes. Ils ne partagent pas la ferveur des meetings et ne sont pas tendres avec Ségolène Royal. Ils sont pourtant sa chance : ils constituent le socle ineffritable de la candidate socialiste. Paradoxalement, alors que Ségolène Royal mène campagne loin de la rue de Solférino, de ses dogmes et de ses caciques, ces électeurs critiques votent pour elle par discipline. Et, surtout, parce qu'ils ne se sont pas remis du choc du 21 avril 2002. Il y a d'abord les militants qui ne l'avaient pas écartée lors de la primaire. En général, ils serrent les rangs. "Les gens votent comme des autruches : surtout, je ne regarde pas ce qui se passe et je mets mon bulletin dans l'urne", résume un élu proche de Laurent Fabius. Chez Dominique Strauss-Kahn, on traduit le phénomène dans une formule brevetée : "Normalement, chez nous, ils vont voter... les yeux fermés." Ce vote identitaire concerne aussi les électeurs. Les mêmes mots reviennent, qui font penser à ceux employés par les rocardiens qui se résignaient à voter François Mitterrand, en 1981, ou aux communistes auxquels "le Parti" avait donné consigne de voter pour le même, en 1965. Avec, en 2007, des arguments moins... tranchés. "Ségolène Royal, ça n'est pas mon truc. Plus je l'entends parler, moins j'ai envie de voter pour elle, raconte Rémi L. Il faudrait changer beaucoup de choses. Mais je me suis fixé une ligne, le clivage existe, je vote à gauche. J'irai donc les yeux fermés jusqu'à l'isoloir. Et les oreilles bouchées, accessoirement." Claire R. , "plutôt écolo", a voté Taubira en 2002, "oui" au référendum de 2005, et choisira Ségolène Royal "en se pinçant le nez". L'encadrement militaire pour mineurs, le drapeau tricolore à la maison, la "une" de Challenges, le 28 mars, ("Les profits sont nécessaires !") "tout ça" la gêne. "Du coup, je n'écoute pas beaucoup la campagne". Avec des amis, elle a eu l'idée de lancer une pétition : "On vote pour toi, mais tais-toi." Elle a renoncé : on aurait pu y lire une adresse machiste. "Mais que l'on soit clair : ce n'est pas parce que c'est une femme que ça me réconforte de voter par défaut." "VIEILLE INSTITUTRICE" Jérôme M., du service oecuménique d'entraide Cimade, est une sorte d'anar d'habitude peu soucieux de l'isoloir. Sa logique, c'est le ""tout sauf Sarkozy". Je vote utile", résume-t-il. "Je ne crois plus aux sondages. Donc je ferme les oreilles au premier tour, pour éviter d'avoir à me boucher le nez au second. Le problème, c'est qu'elle fait vraiment rien pour nous aider. A la radio, quand j'entends son mauvais Malraux, c'est quand même pas emballant." "A gauche, voter Ségolène, c'est aussi plus simple. Une fois qu'on a choisi, les amis arrêtent de vous embêter." Il y a aussi cette militante qui déclare, après la réunion de la candidate à Nantes, le 26 mars : "Je n'irai plus à un meeting, pour ne pas être tentée de l'abandonner." Ou Sophie Aslanian, prof de français, membre du Réseau éducation sans frontières et marraine de sans-papiers, qui éteint sa télé : "Je ne peux pas supporter quand elle me parle comme une vieille institutrice." Elle aurait "aimé voter Besancenot", elle mettra un bulletin Royal dans l'urne "en serrant les fesses, à l'insu de (son) plein gré", en répétant à ses copines : "On vote pas pour elle, on vote à gauche." § Dans les pays d'émigration des Français, l'attrait pour la prochaine élection présidentielle se traduit par une forte augmentation du nombre d'inscrits sur les listes électorales. § G rande-Bretagne. 52 000 Français sont inscrits sur les listes électorales au Royaume-Uni, contre seulement 13 000 en 2002. L'attrait du prochain scrutin présidentiel contribue largement à ce gonflement du corps électoral. Mais celui-ci est aussi dû à la simplification des formalités d'inscription et de vote. Pour rapprocher les urnes de l'électeur, quatre bureaux de vote décentralisés fonctionneront dans quatre grandes villes : Birmingham, Bristol, Leeds et Belfast. Le nombre de bureaux sera également accru à Londres, où vivent au moins la moitié des Français installés dans le royaume. 111 000 sont inscrits sur les listes consulaires mais on estime leur nombre réel à 300 000. Créée il y a deux ans et animée par Laurence Azzena-Gougeon, la section de l'UMP organise des conférences-débats autour d'une personnalité (François Fillon, Michel Barnier). Les thèmes qui intéressent le plus les sympathisants touchent à l'économie et au marché du travail. La section du PS a gonflé en effectifs depuis l'automne 2006. Ses membres sont plus proeuropéens que la moyenne des socialistes français. La moitié d'entre eux se sentent proches de Ségolène Royal, et 30 % de Dominique Strauss-Kahn. Un groupe UDF, créé en 2006, est animé par un jeune banquier de 26 ans, Guilhem Nègre. Il regroupe en majorité des convertis déçus par l'archaïsme du PS, ou gênés par la rigidité de Nicolas Sarkozy, notamment sur les questions d'identité nationale. En 2002, Jacques Chirac était arrivé en tête avec 30 %, suivi par Lionel Jospin à 22 %. Jean-Marie Le Pen arrivait loin derrière. Suisse. En Suisse, qui abrite la première communauté française à l'étranger, 77 786 personnes se sont inscrites sur les listes électorales. Le président de la délégation UMP en Suisse, Pierre Condamin Gerbier, associé gérant dans une banque privée genevoise, avait annoncé une visite de Nicolas Sarkozy à la mi-janvier. Après l'affaire Johnny Hallyday, tout a été chamboulé, et les propos de M. Gerbier ont été sèchement démentis par le directeur de la communication de l'UMP, Franck Louvrier, fin décembre 2006. Fin octobre 2006, Valérie Pécresse, députée des Yvelines, porte-parole, a fait un saut à Genève pour une soirée. Dans le Matin Dimanche, elle avait déclaré : "Deux tiers des électeurs étrangers votent UMP. C'est plus que la moyenne nationale. Sachant que, souvent, les élections présidentielles se font à 100 000 voix près, il faut les mobiliser." Belgique. "On n'a jamais connu un tel intérêt pour une élection", confirme-t-on au consulat général de France à Bruxelles. Près de 61 000 Français se sont inscrits sur les listes électorales. C'est deux fois plus que pour les précédentes élections présidentielles. La véritable campagne qu'ont menée les sections officielles de l'UMP et du PS à Bruxelles n'est sans doute pas étrangère à la forte mobilisation constatée cette année. A Bruxelles, le Lycée français, lieu habituel des rendez-vous électoraux, a été délaissé au profit d'un pavillon entier du Parc des expositions, au stade du Heysel. Allemagne. 56 528 sont inscrits sur les listes électorales des trois nouvelles circonscriptions de Berlin, Munich et Francfort, fruits d'une réorganisation administrative. En 2002, le nombre d'inscrits était de 30 648. En Allemagne, les Français ont, en 2002, placé largement en tête Lionel Jospin dans tous les centres de vote (entre 26,7 % à Sarrebruck et 31,8 % à Berlin), Jacques Chirac obtenant entre 21,3 % à Francfort et 16,3 % à Berlin. Jean-Marie Le Pen avait obtenu un maximum de 6,7 % à Sarrebruck. François Bayrou avait fait un bon score, entre 6,4 % à Berlin et 10,6 % à Munich. L'UMP a organisé, samedi 31 mars, à Berlin, un meeting de soutien à Nicolas Sarkozy en présence de l'ancien ministre des affaires étrangères Michel Barnier. Il a réuni 120 personnes, dont des indécis venus voir. Un meeting de soutien à Ségolène Royal avait rassemblé près de 700 personnes à Berlin, le 5 mars, à l'occasion du déplacement de la candidate. Italie. Les Italiens se passionnent pour l'élection présidentielle française, au menu de tous les dîners en ville, mais la campagne trouve paradoxalement moins d'écho dans la communauté française. Le mois de mars s'est écoulé sans que les visites, plus ou moins évoquées, de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal se concrétisent. Dans la capitale italienne, la fédération du Parti socialiste, née il y a moins de deux ans, et celle de l'UMP, pourtant plus ancienne, ne compte pas plus de quelques membres actifs. Cela ne signifie pas que les Français d'Italie ne voteront pas. "Nous avons enregistré une augmentation d'environ 10 % des inscrits par rapport à 2002", précise Candide Soci, le consul de France à Rome. Homme d'influence à droite, Raymond Petri-Guasco, élu depuis 1972 à l'Assemblée des Français de l'étranger, dit avoir été l'un de ceux qui ont convaincu l'ancien ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, d'augmenter de 50 % le nombre des villes dans le monde où les Français pourront exprimer leurs suffrages. Etats-Unis. L'afflux d'inscriptions a été forte cette année aux Etats-Unis. 74 630 électeurs sont inscrits cette année. Dans la circonscription de New York (qui compte aussi le New Jersey et le Connecticut), les services consulaires ont enregistré 4 000 inscriptions de plus, soit une augmentation de 25 %. Il y a maintenant près de 20 000 inscrits, pour une communauté française de plus de 60 000 personnes (dont la moitié binationaux). Les nouveaux inscrits sont plutôt jeunes. "Il y a eu un vrai mouvement civique", dit le consul, François Delattre. S'y ajoute un effet américain. "Les Français de New York sont très intégrés dans leur environnement. Le fait de voir que le monde américain s'intéresse aux élections françaises a aussi joué dans leur mobilisation." "Les gens sentent que les choses bougent, ils ont envie de participer", dit la consul honoraire de Princeton, Isabelle Darnis-Wilhelm. § Ségolène Royal gagne deux points au second tour de la présidentielle à 48 % mais Nicolas Sarkozy reste en tête avec 52 % des voix, selon un sondage LH2 pour RMC, BFM TV et "20 minutes". Un sondage IFOP donne lui un score de 53-47 %. § S égolène Royal gagne deux points au second tour de la présidentielle à 48 % mais Nicolas Sarkozy reste donné vainqueur avec 52 % des voix, selon un sondage LH2 pour RMC, BFM TV et 20 Minutes, publié lundi 30 avril. Selon une autre enquête publiée le même jour par l'IFOP, Nicolas Sarkozy est crédité de 53 % d'intentions de vote, en hausse de 0,5 point, contre 47 % à Ségolène Royal. Ce sondage paraîtra cette semaine dans Paris-Match. Fiches techniques Le sondage LH2 pour RMC, BFM TV et 20 Minutes a été réalisé les 27 et 28 avril par téléphone auprès d'un échantillon de 1 002 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Le sondage IFOP pour Le Journal du dimanche a été réalisé les 27 et 28 avril par téléphone auprès d'un échantillon représentatif de 956 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus inscrite sur les listes électorales (méthode des quotas). L'indécision des sondés recule : 5 % ne se prononcent pas, contre 9 % lors du précédent sondage IFOP rendu public samedi, et réalisé jeudi et vendredi pour Fiducial, M6 et Le Journal du dimanche.SÉGOLÈNE ROYAL PROGRESSE CHEZ LES BAYROUISTES Pour l'IFOP, 57 % des électeurs de François Bayrou (+ 4 par rapport à samedi) choisiraient Ségolène Royal au second tour, contre 43 % pour Nicolas Sarkozy. Pour LH2, 55 % des électeurs du candidat de l'UDF se reporteraient sur la socialiste, contre 45 % sur le candidat de la droite. La proportion était de 50-50 le 22 avril au soir. En revanche, une majorité des sympathisants UDF sondés envisagent de voter pour M. Sarkozy, selon LH2, ce qui confirme apparemment un décalage entre le socle de l'électorat centriste et les nouveaux électeurs de François Bayrou, plus favorables à la gauche. En ce qui concerne les électeurs de Jean-Marie Le Pen, les deux sondages divergent fortement : 89 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen se reporteraient sur le candidat UMP, soit une hausse de 12 points, contre 11 % pour la socialiste, selon l'IFOP. Pour LH2, au contraire, 74 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen choisiraient Nicolas Sarkozy et 26 % Ségolène Royal, soit une hausse de 16 point pour la candidate socialiste dans l'électorat frontiste. Selon LH2, 80 % des personnes interrogées disent avoir fait définitivement leur choix, 12 % ont une préférence marquée pour un candidat tout en pouvant encore changer d'avis, et 8 % hésitent encore. § L'intégralité du débat du 30 avril avec Frédéric Dabi, directeur du département opinion publique de l'IFOP, qui évalue les comportements des électeurs dont le favori a été éliminé, de Le Pen à Besancenot en passant par Bayrou. § S ofia : En sachant que la participation au deuxième tour est toujours supérieure à celle du premier, qui des deux candidats peut profiter d'un taux de participation encore plus important ? Frédéric Dabi : Cela n'a pas été systématiquement le cas. En 1969, on a eu plus d'abstentions au second tour qu'au premier, du fait de l'élimination de la gauche. Il est difficile de répondre à une question comme la vôtre. On peut penser que compte tenu des bons scores réalisés par Sarkozy et Royal, puisque le total des voix Sarkozy-Royal atteint 56 %, alors qu'il n'était que de 37 % en 2002 pour Le Pen-Chirac, et de 43 % en 1995 pour Chirac-Jospin, la dynamique qu'ont créée l'un et l'autre fait qu'ils ont de bonnes chances d'engranger des soutiens issus de l'abstention du premier tour, même si celle-ci a été historiquement basse. Pour donner une petite piste, on peut penser que compte tenu du score historiquement bas de la gauche au premier tour, qui a atteint 36 %, on a plus eu affaire à des abstentionnistes de gauche que de droite. Même si l'abstention, je le répète, a été très faible. albatros : A qui profiteront les abstentions au deuxième tour ? Frédéric Dabi : Question prospective difficile. Il y a des chances qu'on ait des électeurs des extrêmes qui s'abstiennent, aussi bien des électeurs d'extrême gauche que d'extrême droite. Même si pour l'extrême gauche, au nom de l'anti-sarkozysme et du souhait de faire du second tour un référendum anti-Sarkozy, il peut y avoir une bonne mobilisation. De la même manière, les électeurs du FN de premier tour, en dépit de l'opération de captation, de siphonnage que Sarkozy a réussie sur l'électorat Le Pen traditionnel, auront certainement moins de difficulté à voter Sarkozy en 2007 que Chirac en 1995 ou en 1988. Alain : Est-ce que l'on peut réellement dire, au vu des précédentes élections, que le report des voix se fait d'après les consignes de vote qui sont données ? Dans quelle mesure ? Frédéric Dabi : Je dirais non. Il y a un principe majeur qui est : on n'est pas propriétaire de ses voix. Je citerai deux exemples : en 1981, on a tendance à dire que le PCF a fait voter en sous-main contre Mitterrand. De la même manière, il y a eu des récits précis qui tendent à dire qu'une partie de l'appareil RPR de l'époque a fait voter Mitterrand en 1981, pour éliminer le président sortant, Giscard d'Estaing. Dans les faits, on sait que les électeurs communistes de 1981 ont voté massivement Mitterrand. Et malgré tout, les électeurs RPR ont voté Giscard. Deuxième exemple : Jean-Marie Le Pen en 1988 dit : il ne faut pas une voix pour le candidat socialiste (Mitterrand). Pour autant, on a pu observer des transferts de voix non négligeables de l'électorat Le Pen vers Mitterrand. Même chose en 1995 Le Pen dit : Chirac, c'est Jospin en pire. Pour autant, quand on regarde le rapport de force au second tour, on a pu constater de bons reports de voix FN sur Jacques Chirac. Les consignes de vote du candidat pour lequel on a voté peuvent compter, surtout si ces consignes émanent de partis militants, comme le PC ou le FN. Mais l'électeur reste souvent dans son choix au second tour. bernard : A combien estimez-vous le report des voix FN sur les deux candidats en lice et le taux d'abstention des électeurs FN au 2e tour ? Frédéric Dabi : Lorsqu'on regarde les enquêtes d'intention de vote de l'IFOP faites depuis le 22 avril, on constate de très bons reports de l'électorat frontiste sur Sarkozy. Dans ce cadre, on n'est pas du tout dans la situation de 1988 où une partie des électeurs du FN s'étaient placés dans le giron de Mitterrand. Dans nos enquêtes, on a environ, sur 100 électeurs Le Pen qui déclarent une intention de vote de second tour, entre 82 et 89 qui voteraient en faveur de Sarkozy. Sachant qu'il faut aussi prendre en compte les électeurs Le Pen qui ne se prononcent pas, à savoir 10 % environ. Ce qui change par rapport à 1988, c'est qu'on a eu une campagne spécifique du candidat Sarkozy positionnée très à droite qui a siphonné une partie très importante de l'électorat Le Pen traditionnel. Pour autant, les 11 % d'électeurs déclarant un vote en faveur de Jean-Marie Le Pen peuvent être attirés par le fait que la campagne de second tour de Sarkozy reste sur ce sillon de droite, en parlant beaucoup de sécurité, d'immigration, en s'en prenant à l'héritage de Mai 1968. L'idée est donc que Sarkozy, sans le dire, réhabilite la phrase de Charles Pasqua de 1988 qui avait fait scandale : les électeurs du FN et ceux de la droite républicaine ont les mêmes valeurs. Il est plus facile pour un électeur FN de franchir le pas du second tour en faveur du candidat de la droite qu'auparavant. Ce que je dis là ne prend pas en compte ce que va dire Le Pen demain. brelos : Les consignes de Le PEN demain peuvent-elles influencer les électeurs ? Frédéric Dabi : Cela va jouer un rôle, car c'est un leader qui a eu plus de 3 millions de voix. Mais on voit qu'il y a des remous internes au sein du FN quand certains disent que sur certains points Royal est "moins pire" que Sarkozy. Propos certainement alimentés par la rancoeur liée à la captation d'une partie de l'électorat FN par Sarkozy. Mais il y a aussi peut-être tout une base qui va se retrouver dans le discours de Sarkozy du second tour. La direction du FN est prise entre ces deux tensions. L'influence de ce que va dire Le Pen va être réelle, mais il y a absolument toutes les chances qu'il se contente, comme en 1988, et comme en 1995, d'un soutien ou d'un non-soutien elliptique. Il est clair donc que l'influence jouera un rôle, mais sera minoritaire en comparaison avec les aspirations de la base du FN. Chat modéré par Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT Guerre au Liban : la commission d'enquête dénonce l'"échec sévère" d'Ehoud Olmert Amertume à l'UDF face à la fuite des députés vers Sarkozy Le discours de Nicolas Sarkozy sur Mai 68, "une démarche de réaction", selon le PS Maussade bilan de campagne pour les collectifs antilibéraux ET AUSSI Nicolas Sarkozy en meeting à Paris-Bercy, le 29 avril 2007. | AFP/THOMAS COEX Télézapping La dernière ligne droite Des enfants suivent un cours d'activité théâtrale à la Boderie, dans l'Orne. | AFP/MYCHELE DANIAU Pratique Des vacances culturelles et ludiques pour les 6-17 ans De très nombreux cyclistes brûlent allégrement les feux rouges et les stops ou ne marquent pas l'arrêt devant un passage piétons. | AFP/JOEL SAGET Les faits Le respect du code de la route par les cyclistes en débat PRÉSIDENTIELLE 2007 Sondages : les tendances divergent mais Nicolas Sarkozy reste en tête Frédéric Dabi : "La victoire de Royal paraît arithmétiquement possible, mais politiquement difficile" La dernière ligne droite En visite en Corse, Nicolas Sarkozy se montre ferme LES DÉPÊCHES Attentat suicide en Irak lors d'un enterrement chiite Reuters 18h13 Nicolas Sarkozy donné vainqueur avec 52% des voix, selon LH2 Reuters 18h10 Royal et Sarkozy préparent leur débat sans oublier Bayrou Reuters 18h05 Basket: la gazette de la NBA Reuters 17h50 § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § "Ceux qui posent des bombes la nuit, ceux qui sont des lâches parce qu'ils mettent des cagoules, n'aiment pas la Corse, ne défendent pas la Corse, et ne sont pas fidèles à l'identité de la Corse", a lancé Nicolas Sarkozy, en visite lundi 30 avril à Porto-Vecchio. § "C eux qui posent des bombes la nuit, ceux qui sont des lâches parce qu'ils mettent des cagoules, n'aiment pas la Corse, ne défendent pas la Corse, et ne sont pas fidèles à l'identité de la Corse", a lancé Nicolas Sarkozy, en visite lundi 30 avril à Porto-Vecchio. Le candidat de l'UMP a tenu une réunion publique au centre culturel de Porto-Vecchio devant plusieurs centaines de personnes, d'autres attendant dehors, faute de place. Il a été ovationné. Un déjeuner républicain avait été prévu, mais en raison de la forte pluie qui s'est abattue en milieu de journée sur le sud de la Corse, il s'est transformé en petit meeting. "La Corse est victime de la violence, elle n'est pas coupable de la violence. Les premières victimes de la violence ce sont les Corses, pris en otages par une minorité", a poursuivi le candidat. Nicolas Sarkozy a notamment salué "l'importance de l'héritage chrétien" de l'île. Il a également dénoncé les attentats commis contre des villas sous prétexte que leur propriétaire "n'est pas corse depuis assez longtemps" : "Ceux qui font cela ont un comportement raciste qui est exactement le contraire de la tradition et de la culture corse." "LES MAFIEUX" Nicolas Sarkozy a également dénoncé les grèves dans les transports maritimes et aériens entre la Corse et le continent, fustigeant une "minorité syndicale qui prend en otage l'économie corse dans des conditions qui sont scandaleuses." "Je poursuivrai une action sans faiblesse en matière d'autorité de l'Etat sur les mafieux - les mafieux politiques et les mafieux économiques, les deux, parce que je vois qu'ils ont des intérêts et des partis liés", a-t-il également avancé. Nicolas Sarkozy a essuyé un échec en Corse en juillet 2003, lors d'un référendum local dans lequel a été rejeté un nouveau statut pour l'île, où il s'est rendu 27 fois en tant que ministre de l'intérieur. Au premier tour de la présidentielle, la Corse largement voté pour Nicolas Sarkozy, qui a obtenu 37 % des suffrages, Ségolène Royal réalisant un score de 21,81 %. "Vous m'avez fait un formidable cadeau au premier tour. Doublez la mise au second !", a conclu le candidat de l'UMP. § Les réactions à gauche ont été très vives, lundi, après les propos du candidat de l'UMP qui, lors de son meeting dimanche à Bercy, s'en est pris au mouvement "qui nous a imposé le relativisme intellectuel et moral". § L 'attaque en règle de Nicolas Sarkozy contre "les héritiers de Mai 68", les accusant, dimanche 29 avril, lors de son meeting à Bercy (Paris), d'avoir détruit les valeurs et la hiérarchie, ne sont visiblement pas du goût de tous et lundi, des réactions assez vives se sont fait entendre. Côté politique, la gauche a fustigé les propos du candidat de l'UMP, François Hollande en tête. Le premier secrétaire du Parti socialiste a estimé que Nicolas Sarkozy mène "une démarche de régression, pour ne pas dire de réaction", ajoutant que "ce n'est pas la société de demain que prépare Nicolas Sarkozy (...) c'est la société d'hier ou d'avant-hier". Dressant un portrait à charge du candidat de l'UMP, le premier secrétaire du PS l'a qualifié de "candidat de la régression, du bilan, du statu quo, de l'injustice" mais aussi "de l'incantation". Le député européen Daniel Cohn-Bendit a estimé de son côté que "parler de liquidation de Mai 68, c'est du bolchevisme", jugeant "incroyable ce terme stalinien, bolchevique, de 'liquidation'". "Si on veut un bolchevique au pouvoir en France, eh bien : Sarkozy !" a-t-il lancé. MAI 68, "UN NOUVEAU BOUC ÉMISSAIRE" Le député européen socialiste Henri Weber, qui fut comme M. Cohn-Bendit l'un des leaders de Mai 68, n'a pas non plus apprécié les propos de M. Sarkozy, qui "a trouvé un nouveau bouc émissaire : après les immigrés, les fonctionnaires, c'est Mai 68 qui est désormais responsable de tous les malheurs de la France !" Pour ce proche de Laurent Fabius, la "campagne de la droite" contre Mai 68 a "deux objectifs" : "en finir avec le modèle social français" et "revenir à l'ordre moral répressif et à l'exercice autoritaire du pouvoir qui prévalaient avant le soulèvement de mai". Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) rallié à Ségolène Royal, a également estimé dimanche que le candidat UMP "ferait mieux de balayer devant sa porte avant de donner des leçons de morale dont Mme Royal n'a rien à cirer". "J'ai participé aux événements de Mai 68, a rappelé de son côté Jack Lang, conseiller spécial de la candidate socialiste. Cela a été un moment de libération dans un pays qui à l'époque était relativement claquemuré. Mai 68 a été un moment où se sont affirmés des droits nouveaux dans tous les domaines", a-t-il déclaré. "En même temps, donner à penser que la gauche d'aujourd'hui serait une gauche qui détruirait les valeurs, qui serait favorable au désordre, c'est se moquer du monde, c'est jouer avec la réalité. C'est une fois de plus un discours de tromperie, d'imposture", a-t-il ajouté. "L'AUTORITARISME DE PÉTAIN" La communauté enseignante est également montée au créneau, lundi. Le fondateur des IUFM (instituts de formation de maîtres), Philippe Meirieu, a estimé que "ce que Nicolas Sarkozy dit sur l'autorité ressemble au discours de Pétain, avec un retour à l'autoritarisme, à une forme d'obéissance arbitraire fondée sur la force et non sur la compétence", a-t-il souligné. "Liquider Mai 68, c'est un recul inquiétant de la démocratie : c'est mettre en place un dispositif dans lequel l'autorité ne se discute pas, or l'autorité démocratique, par essence, se discute", a-t-il ajouté. Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, principale fédération de l'éducation, a pour sa part qualifié les propos de M. Sarkozy de "discours idéologique" qui sous-entend un "retour à un âge d'or qui n'a jamais existé". "L'école de Jules Ferry était une école de tri social extrêmement forte. On se donne l'illusion qu'avant on formait bien tout le monde alors que c'est totalement faux", a-t-il ajouté. "C'est toujours la même procédure, il y a derrière tout cela, non pas un discours de compréhension du système éducatif, mais un discours de la nostalgie qui fait froid dans le dos. Ce n'est pas en stigmatisant qu'on comprend l'évolution de la société" a également déclaré Patrick Gonthier, secrétaire général de l'UNSA-Education. § Le 22 avril, ils ont voté à gauche ; ces lecteurs du Monde.fr nous donnent leur opinion sur le rapprochement entre la Parti socialiste et François Bayrou. § L e 22 avril, ils ont voté à gauche ; ces lecteurs du Monde.fr nous donnent leur opinion sur le rapprochement entre la Parti socialiste et François Bayrou. Etienne Masdupuy : "Un parti qui respecte la démocratie" L'UDF de François Bayrou est un parti qui respecte la démocratie. L'UMP de Nicolas Sarkozy vient d'avaler le FN, et semble ne pas souffrir d'indigestion. En tant que socialiste, je fais alliance avec François Bayrou contre le parti UMP de la concentration du pouvoir, de la politique anti-sociale et de régression dans la pratique démocratique. En tant que citoyen, je défends la France libre, démocratique. Paule Gecils : "Ça ne me plaît évidemment pas" Ce n'est pas nouveau. Le PS et l'UDF se sont déjà affichés côté à côte pour défendre le Traité de Maastricht. Chacun peut en apprécier les résultats sur le plan économique et social, et par conséquent sur la vie quotidienne des Français. Expérience faite de l'Europe gérée selon les règles de ce traité, les Français ont refusé la constitution européenne qui a suivi, malgré le soutien de ces deux mêmes partis politiques. Ma sympathie va aux organisations qui revendiquaient une autre Europe et un monde plus juste. Malheureusement elles sont divisées, éclatées et affaiblies. Elles sont incapables, en l'état, de peser sur les orientations politiques et de compter dans les orientations stratégiques du PS. Pour gagner la présidentielle, la candidate socialiste soutenue par tout ce que le PS compte de sociaux-démocrates, pense qu'il n'y 'a d'autre choix que celui de se rapprocher de l'UDF, composante de la droite, nommée "centre" pour l'occasion. Les références européennes ne manquent pas au PS pour justifier ce choix illustré par le débat Royal/Bayrou. Il a largement profité à Bayrou qui, du coup, s'est hissé au statut d'homme d'état, sans avoir eu besoin d'être qualifié pour le second tour. Ça ne me plaît évidemment pas, mais alors pas du tout, mais je n'ai d'autre choix que celui de voter pour Ségolène Royal car, au delà de toutes les réticences que je peux avoir, tout doit être fait pour empêcher l'autre candidat de s'attaquer à ce que la France porte de valeurs de progrès, de liberté et de démocratie. Béatrice Jacquemart, 22 ans : "Je ne pense pas qu'un pays puisse être géré à 100% par la gauche" Pour le premier tour des élections, j'ai voté pour Mme Royal. Au second je redonnerai ma voix a Ségolène Royal. Je suis extrêmement fière de voir que le dialogue est possible en politique entre les dirigeants de différents partis (ce qui semblait urgentissime dès 2002). Il me semble beaucoup plus normal de voir un rapprochement entre Ségolene Royal et Francois Bayrou, que d'assister a la triste réunion des idées politiques de Nicolas Sarkozy et de Jean-Marie Le Pen. Je me sens de gauche, par idéologie, pourtant je ne pense pas qu'un pays puisse être géré à 100% par la gauche, notamment au niveau économique. C'est pour cela que je suis très fière de voir que Mme Royal respecte ce qu'elle dit, faire de la politique autrement, plus moderne, ouverte ! Accepter un dialogue avec M. Bayrou, c'est reconnaître l'autre, reconnaître l'opinion de millions de francais qui se sont exprimés par leur vote, c'est une grande forme de respect envers les citoyens Français. Je pense que tous les partis (en excluant évidemment les extrémistes) devraient être capable de dialoguer et d'avoir comme but un combat commun, le bien et l'avenir de la France. Je suis tres fière que Mme Royal et M. Bayrou nous donnent tous deux une vision de la possibilité de l'ouverture et du dialogue, dans notre societe du divisionisme, c'est un modèle et un exemple très positif. Diego Melchior : "Cette démarche peut créer une dynamique importante pour le second tour" J'ai voté pour Ségolène Royal dès le premier tour car elle m'avait déjà convaincu par son esprit d'ouverture, cette idée d'une France apaisée et rassembleuse. Le fait qu'elle ait demandé un débat avec François Bayrou est pour moi une preuve de sa continuité politique : dialogue, esprit d'ouverture, écoute, rassemblement. Le rapprochement entre le PS et l'UDF souhaitée par Ségolène Royal est à mon avis une très bonne chose qui offre un double avantage : la modernisation du PS vers une ligne plus européenne, plus sociale-démocrate et la multiplication des chances de battre Nicolas Sarkozy à travers un projet social, démocratique et humaniste. Cetains au PS voient un renoncement, peut-être une trahison politique dans le rapprochement du PS et de l'UDF, je pense au contraire que cette démarche peut créer une dynamique importante pour le second tour et aura un vrai succès auprès de la population française, surtout chez les jeunes qui apprécient les pôles modérés et ouverts à la discussion. Yannick Boyer : "L'enjeu de ce deuxième tour dépasse les divergences qui peuvent exister" Ayant voté pour Ségolène Royal au premier tour et bien que me situant a priori plus à gauche que le PS, je souscris à l'initiative de Ségolène Royal de se rapprocher de l'électorat de François Bayrou (que je n'assimile pas pour ma part à un électorat strictement UDF). Il me semble que l'enjeu de ce deuxième tour dépasse les divergences qui peuvent exister entre les programmes des uns et celui des autres et pose la question plus globale de la façon dont on entend faire de la politique dans les années qui viennent. Sans faire "de l'anti-sarkozysme primaire" (je ne peux m'empêcher de penser que les propositions de ce candidat sont largement déterminées par un opportunisme personnel fondé sur stratégie populiste et que la réalité de l'exercice du pouvoir le conduirait à nuancer très fortement ses positions), je demeure cependant choqué de la façon dont se déroule cet entre-deux tours sur le plan de la démocratie et du respect que l'on doit à son adversaire politique et aux électeurs. Il me semble que de ce point de vue, autant chez Ségolène Royal que chez François Bayrou, il y a la volonté de ne pas prendre les électeurs pour des imbéciles dont on peut manipuler le vote, d'avouer que les réponses aux questions qui se posent au pays ne sont pas manichéennes et dogmatiques et a fortiori connues d'avance mais à inventer par le débat collectif, ce qui n'interdit pas pour autant des analyses et des propositions différentes bien évidemment. En ce sens, je me reconnais dans cette façon de penser la politique, comme un acte d'émancipation et de responsabilité pour tout un chacun. Je voterai donc Royal, comme j'aurais voter Bayrou s'il avait été au second tour face à Sarkozy et cela n'a rien à voir avec mes convictions profondes qui restent naturellement portées plus à gauche que le programme défendu par ces deux candidats. § Claude Biwer, sénateur UDF de la Meuse, explique pourquoi les députés UDF se rallient massivement à Nicolas Sarkozy. L'élu votera Nicolas Sarkozy mais reste à l'UDF et attend de voir quelle orientation politique prend François Bayrou. § P ourquoi les sénateurs UDF ne se rallient-ils pas aussi massivement à Nicolas Sarkozy que les députés ? Les députés doivent assurer leur réélection dans les tout prochains mois. Ils se disent probablement que leur intérêt est d'être en phase tout de suite avec la majorité sortante. Moi aussi, au sein du groupe UDF au Sénat, je me sens proche de la majorité actuelle et si celle-ci s'organise et reste au pouvoir, il y a une continuité. C'est pour cela que certains soutiens se prononcent dès maintenant, dans le but de faire partie de la majorité au moment où on discutera des investitures aux législatives. Les sénateurs ne sont pas concernés immédiatement. Ils attendent donc un peu de voir venir. Mais, à ma connaissance, il y a un certain nombre de sénateurs qui ont déjà pris position. A notre connaissance, il n'y en a que deux qui se soient prononcés pour Nicolas Sarkozy... Vous voulez dire deux qui sont partis dans le giron de l'UMP, ou dans cette structure centriste voulue par l'UMP, au sein de laquelle Nicolas Sarkozy dit qu'il créera un courant ou un parti centriste. Cette volonté de l'UMP m'a étonné car j'ai reçu, comme d'autres, une lettre d'Alain Juppé, à l'époque où il présidait le parti, disant qu'il n'était pas question qu'il y ait des courants au sein de l'UMP. Ce qui a fait qu'un certain nombre d'entre nous, dont je fais partie, ont refusé d'entrer à l'UMP. Cette volonté d'intégrer une structure centriste dans l'orbite de l'UMP ne réduit-elle pas l'espace politique du futur Parti démocrate que François Bayrou veut créer ? C'est possible. Cela réduit l'espace dans les rangs de ceux qui se sentent proches de la majorité actuelle. Il y aura deux courants centristes, un au sein de l'UMP et un au sein de l'UDF transformée, cette transformation n'étant pas encore faite. Doutez-vous que François Bayrou réussisse à transformer l'UDF ? Pour l'instant, je suis prudent. Moi, je me suis déterminé. Il y a trois jours, il y a eu une réunion départementale des amis de Nicolas Sarkozy. Comme je suis membre de la majorité et que j'ai toujours voté le budget, cela se sait localement. On m'a invité, pour essayer de me faire dire ce qu'on voudrait que je dise. Moi, je reste à l'UDF et je vote au second tour pour Nicolas Sarkozy. J'ai des collègues qui sont sur cette même ligne mais j'ai l'impression que cela ne va pas jusqu'à Paris. N'est-ce pas une contradiction, que de rallier Nicolas Sarkozy, tout en restant dans le parti de François Bayrou ? Pour l'instant, je n'ai vu que des propos lancés comme cela, en public, mais pas de résultats. Si demain, on nous propose un système dans lequel le parti serait un tiers à droite et deux tiers à gauche, cela n'est pas sûr que cela me convienne. N'y a-t-il pas des gens à l'UDF qui pensent que la campagne de François Bayrou, fondée sur le "et gauche et droite", a été une réussite pour l'homme-candidat mais suicidaire pour son parti ? Suicidaire, ce n'est pas sûr, parce que je pense que la France vit en ce moment plus au centre qu'autrement. Ce n'est pas parce que des UDF sont repartis à la soupe à l'UMP que la pensée centriste ne reste pas une réalité. Si Nicolas Sarkozy veut créer un courant centriste, c'est qu'il y en a besoin. Ce n'est pas un échec pour François Bayrou que d'être passé de 6 à 18 %. Le fait que nous ne représentions que 6 % de l'électorat, c'est ce qu'on nous mettait dans les gencives avant. Un parti qui fait 18 % à une présidentielle doit être respecté. Quant à savoir précisément ce que va devenir l'UDF, je n'en sais rien. § "J'invite les Français à rallier mon ego surdimensionné". Des Français de New York ont fait un bond en lisant les sous-titres en anglais du discours prononcé par Nicolas Sarkozy au soir du 22 avril dans un sujet diffusé dans le journal de France 2 du lendemain, retransmis aux Etats-Unis sur des chaînes du câble. § "J 'invite les Français à rallier mon ego surdimensionné". Des Français de New York ont fait un bond en lisant les sous-titres en anglais du discours prononcé par Nicolas Sarkozy au soir du 22 avril dans un sujet diffusé dans le journal de France 2 du lendemain, retransmis aux Etats-Unis sur des chaînes du câble. Le dérapage dans la traduction a été aussitôt signalé sur un Web magazine à l'intention des Français de New York, French Morning NY. Et un élu des Français de l'étranger, Jean Lachaud, se serait plaint de l'incident auprès de France 2... qui a décidé de licencier son traducteur facétieux. La responsable du service traduction de France 2, Claire Quidet, souligne dans un courrier qu'"il serait faux de croire (...) qu'il s'agi(t) d'un sous-titre anti-Sarko". "Il s'agit plutôt, souligne-t-elle, d'une blague de potache d'un traducteur un peu surmené, qui aurait pu s'appliquer à n'importe quel autre personnage, politique ou non, que le traducteur aurait eu à traduire dans sa partie ce soir-là. Il faut enfin rappeler que tous les traducteurs sont américains, et qu'en plus de ne pas être électeurs pour ce scrutin, leurs sentiments vis-à-vis des candidats n'ont rien d'aussi tranché que ceux des citoyens français." § Mardi 1er mai, à la veille de la confrontation télévisée entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, Canal+ diffuse le dernier film de Karl Zéro : Ségo et Sarko sont dans un bateau... § C eci est un objet vidéo non identifié. Mardi 1er mai, à la veille de la confrontation télévisée entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, Canal+ diffuse le dernier film de Karl Zéro : Ségo et Sarko sont dans un bateau... Programmé pour l'occasion en deux fois 52 minutes, dont 15 minutes de séquences inédites que nous n'avons pas vues, le film mêle enquête journalistique - avec tutoiement de rigueur - et divertissement politique, entre "Le Zapping" et "Vidéo Gag". Alimenté par les recherches du spécialiste des archives télévisuelles Michel Royer, qui a pioché dans les images de l'INA et a également ressorti des extraits inédits de coulisses du "Vrai Journal" de Canal+, ce nouvel opus de Karl Zéro s'inscrit à la suite de Dans la peau de Jacques Chirac, César 2007 du meilleur documentaire. Ségo et Sarko sont dans un bâteau... n'en est pas à sa première vie : devançant sa sortie dans trois salles parisiennes le 4 avril, il avait été mis à la disposition des internautes pendant un mois en avant-première en vidéo à la demande (VoD) avec Neuf Cegetel. Le DVD, paru entre-temps, s'est vendu à quelque 60 000 exemplaires en trois jours, avant d'être couplé à une livraison du magazine VSD. "Au total, nous pensons en vendre 130 000, alors que les radios et les télévisions ont été muselées", affirme Karl Zéro. En complément depuis le 19 mars, le site Internet AOL accueille lejt2zero.fr, où le visiteur est accueilli par cette phrase : "Le poids du buzz, le choc du off." De "off", justement, Ségo et Sarko sont dans un bateau... n'en manque pas. "Vous étiez tous deux bien plus charmants en "off", lance dans le film Karl Zéro. Comme si le monde ne devait vous connaître que sous un jour préfabriqué par quelque obscur conseiller." Parité oblige, à la fameuse "bravitude" de la candidate socialiste sur la Grande Muraille de Chine répond la pitoyable prestation en anglais de son adversaire face à l'American Jewish Committee. Bien qu'il égratigne davantage le patron de l'UMP que la candidate du PS, le film n'échappe pas à l'écueil populiste du "tous pareils". Les deux "finalistes" de la présidentielle n'étant pas les seuls, d'ailleurs, à voir leur naturel revenir au galop. On revoit ainsi cette scène mémorable où le paisible François Bayrou, plutôt ménagé par Karl Zéro, adresse une baffe à un gamin qui, profitant d'une bousculade, fouille dans ses poches. Le film montre aussi Jean-Marie Le Pen chantant "Tiens, voilà du boudin !" ou Philippe de Villers comparant, geste et paroles à l'appui, Nicolas Sarkozy au lapin-tambour Duracell. La palme revient à Nicolas Narkozy, qui faisait, en "off", cette confidence à l'animateur sur son travail, à l'époque où il était ministre : "On accumule des charges, des charges, du stress, des cons, des nuls... La connerie en barre toute la journée." Le premier montage de Ségo et Sarko sont dans un bateau... (seule version visible à ce jour) a été achevé fin janvier. Depuis, le film a fait l'objet d'une remise à jour constante afin d'y intégrer des éléments d'actualité. "Echaudés" par l'expérience vécue avec leur documentaire sur Jacques Chirac, dont n'a voulu aucune télévision, le réalisateur et son archiviste ont travaillé "cachés, loin de tous les appels amicaux ou inamicaux." Les chaînes avaient été singulièrement absentes lors des présentations en pré-production de Sego et Sarko sont dans un bateau... La tendance s'est, depuis, inversée. Présidentielle oblige, Canal+, qui s'est séparée de Karl Zéro en juin 2006, n'a, cette fois, pas résisté aux sirènes du duo et a même modifié en catastrophe sa programmation pour diffuser le film. § Le journaliste vedette de TF1 va arbitrer, avec Arlette Chabot, de France 2, son premier débat télévisé entre deux candidats au second tour de l'élection présidentielle. Récusé par Lionel Jospin en 1995, il s'étonne que cette péripétie de sa carrière suscite l'intérêt. § N arcissique et pudique, audacieux et timide, sincère et illusionniste. Plein d'appétence pour la vie, mais profondément douloureux. Multiple, donc. Et tellement secret... La plume patine quand il faut écrire sur cet homme-là. Tant d'articles, de photos, de lumière et d'ouvrages. Tant de contradictions, d'accusations, de confidences. Journaliste a-t-il jamais fait couler autant d'encre ? Journaliste, fût-il star, a-t-il jamais attiré autant de projecteurs et de fantasmes, d'adulation et de sarcasmes ? PARCOURS 1947 Naissance à Reims (Marne). 1971 Lauréat du concours Envoyé spécial de France Inter où il débute sa carrière 1976-1983 Présentation du 20 heures sur Antenne 2. 1987 Devient présentateur du 20 heures sur TF1 privatisée. 1988 Création de l'émission littéraire "Ex-Libris", devenue "Vol de nuit". 2000 Prix Interallié pour "L'Irrésolu" (Albin Michel) Il présente, bien sûr, le journal télévisé le plus regardé d'Europe. On l'a vu à Bagdad, Sarajevo, Tchernobyl, Jérusalem. Il a interviewé Begin et Arafat, Clinton, Thatcher, Saddam Hussein et quelques autres. Il eut de jolis scoops, des émissions spéciales improvisées dans la tourmente d'une guerre ou d'une catastrophe et assurées avec maestria. Cela n'explique pas l'obsession dont il est l'objet. Il est vrai qu'il brouille les pistes. Car il écrit aussi des livres. Près d'une quarantaine en trente-six ans de carrière : des essais de journaliste, mais surtout des romans. "C'est un écrivain, dit son ami Erik Orsenna. Un vrai." Récompensé en l'an 2000 par le prix Interallié. Ne parlez pas de hobby. L'écriture est "un besoin compulsif", son carburant, son oxygène. Comme la lecture. 20 000 livres dans sa bibliothèque. Un petit mot de remerciement presque affectueux à chaque auteur. Et deux émissions littéraires imposées à sa direction en un geste militant en faveur des écrivains et de la littérature : "Vol de nuit" sur TF1, "Place aux livres" sur LCI. Il y a reçu Sagan, Soljenitsyne, Modiano, Lévi-Strauss, Vargas Llosa, Havel, Fuentes, Eco... et tant d'inconnus. Inutile de dire qu'il a le monde de l'édition à ses pieds, mais que les médias sont loin de lui rendre justice sur cette activité-là. Un Bouygues's boy aurait donc de belles lettres ? Il agace, avec son talent de touche-à-tout, ses nombreux engagements humanitaires parallèles à son parcours de Rastignac, fraîchement déboulé de sa province à 17 ans pour conquérir Paris, le smoking offert par sa grand-mère glissé dans ses bagages, le regard effrontément séducteur. Il énerve avec ses cent activités et visages, sa durée et sa résistance aux tempêtes, son appétit insatiable de rencontres, d'expériences, d'adrénaline qui le fait foncer vers Roissy, sitôt son journal du jeudi soir terminé, rentrant à temps le lundi pour s'asseoir sur le trône du "20 heures", en décalage horaire mais parfaitement synchro avec sa rédaction, maître de son journal. Il déroute enfin par le soin mis à sculpter son image en multipliant, dans la presse ou les livres, signaux et confessions intimes tout en implorant le respect absolu de sa vie privée. "C'est cette complexité qui le rend si attachant, dit la réalisatrice Michèle Reiser. Il fréquente la terre entière et c'est un solitaire. Il bouge sans arrêt et c'est un contemplatif, il n'est pas PPDA, cette image devenue marque. Et personne ne le connaît vraiment." Personne ? Son frère Olivier, peut-être. Sûrement. Complice fusionnel avec qui il a écrit plusieurs livres et tient, la nuit, des conversations téléphoniques interminables. Un cas, PPDA. Raillé pour son influence, ses coquetteries, sa proximité - complaisance - avec Bernadette Chirac, son obsession de plaire et de ne fâcher quiconque ; mais défendu, toujours, par sa rédaction. Qu'il épate. Et qu'il sait aussi mettre en avant. Volontiers parrain et protecteur pour les plus jeunes, solidaire quand surgit un grain, capable de coups de gueule mais aussi de coups de fil de remerciements ou de félicitations à un envoyé spécial juste après le journal. "Son enthousiasme et son allant sont intacts, raconte Catherine Jentille, grand reporter. Il est partant dans la demi-heure pour Mogadiscio, Kaboul ou le Rwanda. Et, s'il se passe quelque chose juste avant le journal, il est surexcité de bonheur, casse le programme, prend tous les risques. Et ne nous plante jamais. Un envoyé à l'étranger peut l'appeler à tout moment, il pige, attentif, respectueux, rassurant." Alors, la politique... Parlons-en puisqu'il va arbitrer, mercredi 2 mai, pour la première fois de sa carrière, et en tandem avec Arlette Chabot, de France 2, le fameux duel télévisé entre les candidats pour le second tour de l'élection présidentielle. Il fait la moue, déçu, presque irrité que l'on choisisse cet événement plutôt qu'un autre - la sortie de son dernier livre Aimer c'est agir, par exemple - pour le solliciter. "Ce n'est pas l'acmé de ma vie journalistique." Certes. Mais pourquoi n'avait-il pas officié à la même place en 1995 ? "Récusé par les communicants de Jospin. Ce qui m'avait beaucoup choqué." Les raisons ? "Il paraît que j'étais trop mordant." François Mitterrand, plus tôt, avait dit "insolent". Comme le dira plus tard Chirac. Un partout, la balle au centre. Mordant... ou pas de ce bord-là ? Il se raidit. Allons ! "Aucun de mes camarades de la rédaction ne peut savoir ce que je vais voter. Personne ne m'a jamais fait le reproche de manifester la moindre inclination." Même pour Valéry Giscard d'Estaing ? "J'ai fait partie, en effet, pendant un an et demi, des Jeunes Giscardiens. L'homme m'avait plu et j'aime les gens engagés. Du jour où j'ai eu ma carte de presse, en 1971, j'ai abandonné tout militantisme. Mon indépendance est totale." Une preuve ? La demande que lui fit en 1988 François Mitterrand de lui servir d'intervieweur dans un spot officiel de sa campagne. Et vous aviez accepté ? "Uniquement parce que Jacques Chirac a formulé le lendemain la même demande." Il n'a guère d'illusion sur les assauts d'amabilité des politiques à son égard. Et c'est avec plus d'ironie que de fanfaronnade qu'il a un jour révélé avoir été sollicité deux fois par François Mitterrand pour devenir ministre. Ce qui le fâche, en revanche, ce sont les attaques de François Bayrou contre les journalistes proférées à l'antenne. Ou les insinuations visant TF1 et l'amitié entre Martin Bouygues, le premier actionnaire de la chaîne privée, et Nicolas Sarkozy. "Tous les organes de presse ont des propriétaires et actionnaires. L'Etat, Lagardère, Vivendi... Est-ce que cela empêche les journalistes de faire leur métier avec conscience et professionnalisme ? Est-ce que le fait qu'Alain Minc, président du conseil de surveillance du Monde, penche pour M. Sarkozy implique que les rédacteurs du Monde ont reçu des consignes ? Non. Bien sûr ! Alors, respect pour une rédaction libre dont le journal réunit chaque soir 10 millions de Français." Mordant. On confirme. § L'intégralité du débat avec Michel Kaplan, ancien vice-président de la conférence des présidents d'université (CPU) qui revient sur les maux dont souffrent les universités francaises et les promesses des candidats à la présidentielle, le mercredi 4 avril. § H eidi : Comment définir la crise de l'université ? Quels en sont les maux principaux ? Michel Kaplan : Je peux voir trois maux principaux : le premier, c'est une insuffisance de financement. On est à des standards de financement inférieurs de 40 à 60 % inférieurs à des pays comparables. D'autre part, on a une insuffisance d'orientation des étudiants. On laisse des étudiants s'engager sans les prévenir dans des filières pour lesquelles ils n'ont pas été formés, préparés. Enfin la recherche universitaire n'est pas encore dotée des moyens nécessaires. bouba : Quel a été votre plus grand problème quand vous étiez président d'université ? Michel Kaplan : A l'université que j'ai présidée le plus gros problème était indiscutablement le manque de locaux. Mais c'est un problème spécifique d'une partie des universités parisiennes. Ce n'est pas le cas dans un certain nombre d'universités de province ou d'universités nouvelles. Elia : Comment lutter contre l'échec des étudiants en première année (on parle de 40 %) ? Michel Kaplan : Il y a plusieurs façons. La principale, c'est d'essayer de persuader les étudiants d'aller vers une filière où ce qu'ils ont appris dans l'enseignement du second degré les prédispose à réussir. Si vous envoyez quelqu'un qui a passé un bac professionnel en droit, par exemple, ce sera un miracle s'il réussit. Cela dit, ce n'est pas la seule condition. Il faut fournir aux étudiants suffisamment d'enseignement par petits groupes, et vraisemblablement rendre plus fréquent le système du tutorat, c'est-à-dire l'encadrement méthodologique par des étudiants avancés, de mastère ou de doctorat. Hieid : Que pensez-vous du principe de la sélection à l'entrée de l'université ? Quelles pourraient être les modalités concrètes : examen ? dossier ? Dans tous les cas, cela ne revient-il pas à accentuer encore plus les inégalités ? Michel Kaplan : Oui, je suis d'accord avec ce dernier point. Il y a deux points de vue : les jeunes gens qui se présentent à l'entrée de l'enseignement supérieur sont des adultes. Il faut les mettre devant leurs responsabilités. Plus encore que les sélectionnner, il faut leur montrer là où ils ont des chances de réussir. D'autre part, il faut les informer sur les débouchés auxquels les études qu'ils entreprennent peuvent leur ouvrir accès, aux différents niveaux de qualification : 3 ans pour la licence, et 5 ans pour le mastère. A partir de ça, faut-il sélectionner ? Je ne vous cache pas que la communauté universitaire est très divisée. Le fait de sélectionner mettrait les universités à armes égales avec les grandes écoles. Mais est-ce la vocation des universités ? Marie (de Tokyo) : Comment faire pour que les entreprises françaises recrutent plus de diplômés de l'université ? Michel Kaplan : Première question : le principe d'une chose que les universités avaient pas mal réussi, les DESS, qui sont maintenant des mastères professionnalisés, est de travailler avec les entreprises dans la définition des besoins de formation et leur demander de nous envoyer leurs cadres pour faire une partie des enseignements. Ce qui réussit bien, ce sont donc des enseignements conçus avec les professions. L'un des points sur lesquels Le Monde a insisté hier et qui réussit assez bien, c'est l'apprentissage. Celui-ci est lié de façon ancienne au fait d'apprendre des métiers manuels, mais en réalité, on s'aperçoit qu'on arrive à faire, notamment dans les métiers du tertiaire, des formations en apprentissage. Elles sont très exigeantes pour les étudiants, car ils doivent assimiler en même temps le programme du diplôme et être en situation de travail dans une entreprise. Premier avantage : ils apprennent le métier auquel ils se destinent ; et il y a une grille de rémunération pour l'enseignement en apprentissage, ce qui est une manière de financer ses études. Mohamed Arafat : Comment expliquer le fait que l'on investisse beaucoup plus pour un lycéen que pour un étudiant à l'université ? Michel Kaplan : C'est une mauvaise habitude prise il y a longtemps et pour laquelle la France est un cas unique dans les pays développés. Il faut savoir qu'un étudiant d'université coûte à peu près à la nation 6 000 euros par an. Je peux vous certifier que pour l'université que j'ai présidée, le coût d'un étudiant est inférieur à celui d'un élève de maternelle. Si on peut donner une explication, un peu politique, je dirais qu'il n'y a pas de notion de parents d'élèves à l'université, donc d'électeurs, contrairement à l'enseignement primaire et secondaire. Par ailleurs, il est vraisemblable que les syndicats du primaire et du secondaire sont d'une efficacité très supérieure à ceux de l'enseignement supérieur. Il y a aussi une prise de conscience insuffisante de l'importance d'un enseignement de haut niveau et de la recherche de pointe. Il faut ajouter que la dichotomie entre grandes écoles et universités a conduit à doter les grandes écoles à des niveaux corrects, pas extraordinaires, simplement comparable aux meilleures universités de l'Allemagne ou du Royaume-Uni. Pendant ce temps-là, on peut continuer à négliger les universités, puisque une bonne partie des couches les plus éclairées et dirigeantes de la société envoie systématiquement ses enfants dans les grandes écoles. rick : Pourquoi, fait très français, y a-t-il des universités et des grandes écoles, séparé par un large fossé ? Michel Kaplan : Cette scission est fondée sur l'histoire. Au moment où se déclenche la Révolution française, l'université est un corps clérical. Les universités sont entièrement ecclésiastiques. La Révolution a supprimé l'université en France et comme elle avait besoin de former des cadres, elle a inventé les grandes écoles sur lesquelles le contrôle politique était plus facile. Ce n'est que par la suite que les universités ont été recréées mais les grandes écoles était déjà dans leur dynamique. § Malgré la baisse du chômage pour l'ensemble de la population, le taux de chômage des jeunes est toujours très haut et les contrats aidés pour les moins de 26 ans ont chuté. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le hit parade hebdomadaire de la campagne 2007. Tous les mercredis dans tes oreilles. § § "Il est impensable qu'aujourd'hui de très jeunes enfants soient pris en otages et soient traités de cette façon traumatisante pour eux", a déclaré Ségolène Royal mercredi. § L undi 2 avril, neuf élèves âgés de 3 à 6 ans de l'école de Maincy en Seine-et-Marne, ont été nourris au pain et à l'eau, parce que leurs parents avaient oublié de payer d'avance la cantine de leurs enfants. Mardi, cinq élèves, dont les parents n'avaient pas encore payé, ont mangé des sandwichs achetés par une association de parents. "Le motif invoqué par la mairie était un retard de paiement, les repas devant être payés pour un mois au début du mois, mais peut-on vraiment parler de retard le 2 avril ?", a protesté Magalie Diez, une des parents d'élève. "On a regroupé les enfants concernés et on leur a dit qu'il fallait gronder leurs parents. C'est un procédé ignoble. On doit s'en prendre aux parents, pas aux enfants", ajoute-t-elle. La maire du village, Pascale Coffinet, a rétorqué que le paiement d'avance des repas vaut réservation. Elle a également invoqué l'impossibilité de fournir un repas aux enfants. "Légalement nous n'avions pas le droit d'aller acheter quelque chose aux enfants, en cas d'allergie. Notre tort a été de prendre ces enfants à midi. Les instituteurs auraient dû les garder et appeler les parents négligents". Dans un communiqué publié mercredi, Ségolène Royal s'est indignée d'une telle situation. "Il est impensable qu'aujourd'hui de très jeunes enfants soient pris en otages et soient traités de cette façon traumatisante pour eux." "Les enfants, souligne-t-elle, ne doivent jamais être les victimes d'une situation dont ils ne sont pas responsables." § Que pense-t-on des élections françaises au Burundi, en Norvège, en Afrique du Sud ou en Australie ? Comment les étrangers interprètent-ils les soubresauts de la campagne présidentielle ? § Q ue pense-t-on des élections françaises au Burundi, en Norvège, en Afrique du Sud ou en Australie ? Comment les étrangers interprètent-ils les soubresauts de la campagne présidentielle ? Lancé le 12 mars, à l'initiative de la chaîne française d'information internationale France 24, le site The Observer (observer.france24.com) donne, sur ces questions, la parole aux blogueurs du monde entier. "Une façon pour nous de traiter les élections en utilisant les possibilités offertes par le web 2.0, déclare Stanislas Leridon, directeur Internet et nouveaux médias à France 24. L'intérêt est de pouvoir mesurer, via les interventions des blogueurs, ce que les étrangers attendent de l'élection française, quelles retombées ils imaginent qu'elle aura dans leur pays." Le Britannique Ludovic Windsor remarque ainsi que la question de la dette est, pour le moment, absente du débat, ce qui prouve, selon lui, que "les candidats sont décidés à augmenter les dépenses sans soulever la question de la menace de faillite qui pèse sur les prochaines générations". Le Sud-Africain Dieter Lubbe s'interroge, lui, sur la capacité des candidats à réformer l'Etat : "Quel que soit le vainqueur, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, il n'y aura pas d'impulsion pour réformer le système exclusif et ballonné qu'est l'Etat-nounou français", écrit-il. De son côté, Yves Moukoury, du Burundi, se demande comment les Français réussiront à faire leur choix entre des programmes si peu différenciés : "Les candidats ont pratiquement les mêmes propositions et les électeurs ne savent pas à quel saint se vouer tant on ne sait qui est de droite ou de gauche, voire de l'extrême gauche ou droite", estime-t-il. La proposition de Nicolas Sarkozy de créer un ministère de l'identité nationale a suscité de nombreux commentaires parmi les internautes : "Quand Sarkozy marche sur les plates-bandes de l'extrême droite, il est conscient qu'il fait un appel du pied à l'électorat d'extrême droite", estime ainsi l'Américain Alex Pigman. La vingtaine de blogueurs qui s'expriment chaque jour sur The Observer n'est pas journaliste ou commentateur professionnel. Ils ont été sélectionnés par l'agence de communication Mode d'emploi avec les responsables de la chaîne française d'information internationale. "Nous les avons repérés sur le Web pour la pertinence de leurs commentaires sur l'actualité politique française, précise Nicolas Grivaux, chef de projet à Mode d'emploi. France 24 effectue un tri parmi les contributions afin d'éviter que le blog prenne "une tournure partisane". Chaque jour, une revue de la presse internationale propose une sélection d'articles commentant l'élection française depuis Londres, Los Angeles, Oslo ou Pékin. Sur le site du journal The Australian, repris par The Observer, on peut ainsi lire comment "Nicolas Sarkozy compte sur sa femme volage pour l'aider à accéder au pouvoir en faisant monter sa cote auprès des jeunes et des femmes". Plus ludique qu'informatif, un "Net ranking" (outil de classement du réseau), suit, de manière instantanée, le "buzz" médiatique autour des quatre principaux candidats. Mardi 3 avril, Nicolas Sarkozy arrivait largement en tête, suivi par Ségolène Royal, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen. Un classement "qui n'a pas valeur de sondage", précise M. Leridon. Créé spécialement pour la présidentielle, The Observer devrait s'éclipser après le second tour. Mais la direction de France 24 envisage de le remettre en ligne "à l'occasion de certains grands événements internationaux". observer.france24.com § Convaincu qu'entre le monde rural et les quartiers populaires, "la réalité sociale est la même", José Bové parcourt les banlieues pour dénoncer "une France coupée en deux". § C onvaincu qu'entre le monde rural et les quartiers populaires, "la réalité sociale est la même", José Bové parcourt les banlieues pour dénoncer "une France coupée en deux". Les 23 et 24 mars, il était à Mantes-la-Jolie (Yvelines) où il avait "décentralisé" son QG de campagne. Le 2 avril, il s'est rendu à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 3 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) puis à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise). Les proches du candidat à la présidentielle assurent que leur champion "fait un tabac dans les quartiers populaires", notamment auprès des jeunes. Lundi soir, dans un gymnase de Vitry, ils étaient 400 à être venus l'écouter. Le candidat altermondialiste y a expliqué que "c'est la même aspiration au droit à la dignité qui anime les solidarités dans les quartiers que dans les campagnes". Le Larzac n'est pas Vitry mais "pour les jeunes, ici et là-bas, l'avenir c'est le chômage", martèle-t-il. "Il est plus proche de la banlieue que le reste de la gauche", remarque Boubacar N'Diaye, 32 ans. Plus loin, Ahmed Elabed, 25 ans, dit sa "confiance" d'avoir trouvé un candidat qui "parle des inégalités et des discriminations". "C'est fou, il y a des jeunes des cités dans un meeting", s'émerveille Renaud Pasquarelli, ex-communiste qui assure que "c'est la première fois qu'(il) voit ça à Vitry". "Il y a quelque chose qui se passe dans les quartiers et je suis certain que le vote Bové sera plus important qu'on ne l'imagine", veut croire le député (PCF) Patrick Braouezec, un de ses porte-parole. § Jeudi 5 avril, le grand amphithéâtre de Sciences Po Paris devait accueillir le forum Elle-Elections sur le thème "Ce que veulent les femmes". "C'est une grosse, une très grosse opération", soupire la rédactrice en chef du magazine Elle. § V alérie Toranian pèse ses mots. "C'est une grosse, une très grosse opération", soupire la rédactrice en chef du magazine Elle. Jeudi 5 avril, le grand amphithéâtre de Sciences Po Paris devait accueillir le forum Elle-Elections sur le thème "Ce que veulent les femmes". Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet, Dominique Voynet et Jean-Marie Le Pen doivent s'y succéder. Les candidats ne feront toutefois jamais tribune commune. A l'occasion de ce forum, l'hebdomadaire communiquera les résultats d'une enquête menée auprès de femmes pendant le mois de mars sur le site Internet Elle.fr, à partir de quinze thèmes et de multiples questions : impôts, santé, contraception - "Faut-il étendre le délai légal de l'IVG ?" -, école, emploi, chômage, environnement - "Faut-il interdire les OGM ?" -, immigration... A la mi-mars, le site avait enregistré 200 000 visites. Les principaux résultats de l'enquête ont été transmis aux candidats. Les internautes étaient également invités à poser, chacune, une question. Près de 150 d'entre elles se rendront à Sciences Po pour la formuler directement aux intéressés. Présentés au côté de Valérie Toranian par Laurence Ferrari, journaliste à Canal+ et animatrice de l'émission "Dimanche+", les candidats devront aussi répondre à des étudiants de l'IEP et à des personnalités choisies par Elle. UNIVERS DIFFÉRENTS "Ces femmes appartiennent au monde associatif, à celui de l'entreprise, de la justice ou à l'univers social, précise Mme Toranian. Elles ont l'habitude de prendre la parole." Anonymes ou réputées, toutes parleront "depuis leur expérience. Nous attendons de la part des candidats des réponses claires et pragmatiques". Aucun candidat n'aura connaissance des questions qui lui seront posées, a l'exception d'une seule, commune à tous : "Si vous êtes élu(e), quelles seront les trois premières mesures que vous prendrez en faveur des femmes ?" La campagne électorale passionne les lectrices du magazine, "mais pas forcément en faveur des candidates féminines, nuance la rédactrice en chef. Elles expriment une attente forte et une réelle préoccupation, notamment pour leurs enfants, qui ont grandi". L'hebdomadaire a toujours fait preuve d'une grande liberté dans ses opinions lors des campagnes antérieures. Qu'il s'agisse de la question du foulard à l'école, des droits des femmes ou de la parité, le magazine du groupe Hachette Filipacchi Médias occupe une position singulière dans l'univers de la presse féminine. "Qui d'autre que nous pouvait organiser ce que l'on va faire à Sciences Po, demande Mme Toranian. Défricheur des tendances de la mode, Elle est un univers où la légèreté a sa place, en même temps qu'il est un décrypteur de notre société" Les personnalités du monde politique n'ont jamais été indifférentes à sa lecture. A quelques jours du grand rendez-vous de Sciences Po, Valérie Toranian s'en réjouit d'avance : "Ils rêvent tous d'être dans Elle." Le débat sera diffusé en direct et en intégralité sur le site elle.fr. Les meilleurs moments seront également retransmis sur la chaîne i-Télé. De son côté, Public Sénat proposera, jeudi 5 et vendredi 6 avril, l'intégralité des interventions des huit candidats. § La publication de deux rapports sensibles commandés par le ministère de l'intérieur a été gelée ces derniers mois en raison du contexte politique. Le premier porte sur la police de sécurité quotidienne et le second concerne les relations entre la police et la population en Seine-Saint-Denis. § L a publication de deux rapports sensibles commandés par le ministère de l'intérieur a été gelée ces derniers mois en raison du contexte politique. Le premier porte sur la police de sécurité quotidienne et revenait sur l'expérience de la police de proximité, par la gauche, entre 1997 et 2002. Le second est l'oeuvre de l'Institut national des hautes études sur la sécurité (INHES). Il concerne les relations entre la police et la population en Seine-Saint-Denis. L'idée d'un rapport sur la police de sécurité quotidienne a été évoquée à la fin de l'été 2006 dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, notamment par Alain Bauer, président du conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance (OND). L'objectif était de souligner les carences dans la mise en place de la police de proximité et de dessiner des pistes de mutation. Outre M. Bauer, la mission a réuni le directeur général de la police nationale, Michel Gaudin, et un de ses conseillers, Renaud Vedel, le directeur central de la sécurité publique, Philippe Lhoreau, Christophe Soullez de l'OND, Pierre Monzani, directeur de l'INHES, ainsi que Jean-Luc Garnier, ancien patron du syndicat Alliance, et Joaquin Masanet, secrétaire général de l'UNSA-Police. Ces deux derniers étaient conviés aux travaux en tant que membres du Conseil économique et social. Longtemps, le groupe a travaillé dans la concorde ; puis les discussions se sont durcies à l'approche des élections. Le 23 février, une dépêche de l'AFP a précipité la crise. Elle donnait le sentiment que l'objectif était de jeter les bases d'une nouvelle police de quartier, soit de revenir en arrière. "La proximité n'est pas une idée de gauche, assure Jean-Luc Garnier. Elle figurait déjà dans la loi d'orientation de Charles Pasqua en 1995 !" Le 8 mars, Joaquin Masanet, proche de Ségolène Royal, a décidé de claquer la porte du groupe. "La mission était faite pour dénigrer toute la police de proximité et dire que le bilan de Sarkozy était parfait", explique-t-il. Pour sa part, la direction générale de la police nationale (DGPN), peu enthousiaste dès la création de la mission, a demandé le report de la publication. "Tout ce qui sortirait dans le contexte actuel serait analysé de façon partiale et retenu contre nous", y plaide-t-on. "INSTRUMENTALISATION" Le 21 mars, lors d'une réunion organisée autour de M. Sarkozy au ministère, il a été décidé que la publication aurait lieu plus tard, après une concertation avec les syndicats de policiers. "La fuite et son instrumentalisation ont posé problème, dit Alain Bauer. Sans cela, le rapport serait déjà sorti." Celui-ci compte quatre parties. La première précise les sources d'inspiration de la police de proximité. La deuxième dresse son bilan en France, soit une expérimentation réussie suivie d'une généralisation ratée. La troisième explique sous quelles formes elle a subsisté, malgré le recentrage décidé par M. Sarkozy sur les missions répressives. La dernière dessine les réformes pour améliorer la police du quotidien. "Quelle que soit l'issue des élections, ce rapport sera un élément fort de la réflexion sur la sécurité pour l'avenir", assure M. Bauer. La deuxième étude, sur la Seine-Saint-Denis, a été demandée à l'automne 2006 par le préfet du département, Jean-François Cordet, à l'INHES. Quelques semaines plus tôt, Le Monde avait publié un courrier très alarmiste de M. Cordet, adressé à la DGPN, sur la montée des violences en Seine-Saint-Denis. Cette étude souligne notamment certains "effets secondaires" de la diversité réclamée dans les rangs de la police afin qu'elle soit davantage à l'image de la population. Ses conclusions, remises en janvier, ont été placées " sous embargo", explique-t-on à l'INHES. § Après la proposition de M. Bayrou de remplacer l'ENA par une "école des services publics", l'institution met en avant les évolutions des enseignements et des cursus § A deux pas du quartier de la "Petite France", à Strasbourg, la commanderie Saint-Jean qui abrite le campus principal de l'Ecole nationale d'administration (ENA) se dresse comme une forteresse. Deux jours après la proposition de François Bayrou de supprimer l'école, symbole à ses yeux du "verrouillage actuel de la société française", l'ancienne prison de femmes, autrefois lieu de culte des hospitaliers de Saint-Jean, a pris des allures de citadelle assiégée. CHRONOLOGIE 1945. L'ENA est créée à la Libération pour constituer un corps de hauts fonctionnaires aptes à encadrer la reconstruction de la France. 1991. Edith Cresson, alors premier ministre, décide la délocalisation d'une vingtaine d'organismes, dont l'ENA, qui doit rejoindre strasbourg. 2004. Les trois concours qui permettent d'intégrer l'école sont ouverts aux ressortissants de l'Union européenne. La promotion "Willy Brandt" (2007-2009) compte ainsi 91 français et 34 étrangers. 2005. Le déménagement à Strasbourg, commencé en 1993, est achevé. Arguant du devoir de réserve que leur impose leur statut de fonctionnaire, les étudiants, comme la direction de l'école, se refusent à réagir aux propos du candidat de l'UDF à l'élection présidentielle. En ce mardi 3 avril, le hall de l'école bruit davantage du murmure des personnalités venues assister aux "Premiers rendez-vous européens de la gestion publique" que de celui des étudiants. Et pour cause, depuis la réforme de la scolarité, mise en oeuvre le 1er janvier 2006, les élèves alternent stages et études pendant les 27 mois que dure leur scolarité. Résultat : les trois promotions d'une centaine d'élèves chacune se retrouvent rarement ensemble dans les locaux. Renaud Dorandeu, directeur des études de l'école, ne veut pas rentrer dans la polémique mais préfère, démontrer concrètement que la transformation de l'ENA s'est accélérée depuis quelques années. "Nous avons changé de fond en comble le déroulement du cursus et travaillé sur le contenu des enseignements, explique-t-il. Le modèle pédagogique qui a prévalu pendant des années était un peu daté." Le nouveau cursus est organisé autour d'un tronc commun de 24 mois qui s'articule autour de trois grandes thématiques, Europe, territoires, gestion publique et management. Chacune est abordée de la même façon : trois semaines de préparation au stage ; un stage qui varie entre 4 et 22 semaines selon la thématique ; un module d'approfondissement des connaissances d'une durée de 7 semaines. Autre nouveauté, l'introduction de bilans personnalisés de connaissances et d'aptitudes professionnelles, en début, milieu et fin de cursus. Réalisés par un cabinet privé en ressources humaines, à partir de plusieurs entretiens avec l'élève, ses bilans sont destinés à aider le futur énarque à établir ses points forts et ses points faibles, et à mieux l'orienter dans son choix de carrière. Seul le sacro-saint classement de sortie qui détermine l'affectation dans les différents corps n'a subi qu'un léger lifting. Promotion Marc Bloch (1995-1997), ce jeune inspecteur des finances, qui s'exprime sous couvert d'anonymat, n'a pas bénéficié de ces changements et le regrette. Comme beaucoup de ses camarades de promotion, il avait fait le reproche à l'époque à la direction de dispenser un enseignement trop théorique. Pour autant, il fustige, "les fantasmes" autour de son école. "Quel type de scolarité pourrait mettre les énarques au contact du peuple comme le préconise M. Bayrou ? Il faut arrêter de délirer, je prends les transports en commun, je fais mes courses au supermarché, je ne pense pas être coupé de la réalité à ce point-là", dit-il. Les accusations de "pantouflage" dans le privé hérissent tout autant les anciens. "Le phénomène est marginal, 80 % des anciens de l'école travaillent dans le public, certains font des va-et-vient entre les deux mondes mais c'est loin d'être la majorité", assure Arnaud Teyssier, président de l'association des anciens élèves de l'ENA. "Il y a vingt ans, c'était de bon ton pour les grands groupes de se "payer" un énarque, ce temps est révolu. Le vivier des grandes écoles est tel que les entreprises n'ont que l'embarras du choix", estime, pour sa part, Renaud Dorandeu. Pour nombre d'anciens, le débat est de toute façon beaucoup plus large. "S'attaquer à l'ENA, c'est prendre le problème par le petit bout de la lorgnette, explique cet autre haut fonctionnaire aux finances, promotion Fernand Braudel (1985-1987). Ce n'est pas sa suppression qui résoudra la question de la difficulté de mobilité au sein de la fonction publique, ni celle de la diversité sociale des élites ou de la valeur accordée dans notre pays aux diplômes plutôt qu'aux compétences." § La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête concernant un mail, reçu par deux employés de TV5 et du Parti socialiste, intitulé "Sarkozy-attentat-Lyon-5 avril 2007". § L a section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire de police sur des mails évoquant un attentat contre Nicolas Sarkozy, ont indiqué, jeudi 5 avril, des sources policière et judiciaire. Cette procédure fait suite à la réception par la chaîne de télévision publique TV5, lundi, puis par un employé administratif du Parti socialiste d'un mail rédigé ainsi : "Sarkozy-attentat-Lyon-5 avril 2007", a-t-on précisé. Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on se refuse à tout commentaire et on renvoie vers le ministère de l'intérieur. TV5 et le PS ont informé le parquet. L'enquête confiée à la section antiterroriste de la brigade criminelle vise notamment à identifier le ou les expéditeur(s) de ces courriers, envoyés de deux adresses électroniques distinctes. Aucun autre élément n'indique qu'un projet d'attentat réel vise le candidat présidentiel de l'UMP et la procédure ne permet en l'état que des vérifications de routine, a-t-on précisé de source judiciaire. § La rédaction du "Bleu" de Profession politique a établi, dans son numéro du 5 avril, la liste des 100 personnalités "ministrables" en cas de victoire de Nicolas Sarokozy (UMP), François Bayrou (UDF) ou Ségolène Royal (PS). § L a rédaction du Bleu de Profession politique a établi, dans son numéro du jeudi 5 avril, la liste des 100 personnalités "ministrables" en cas de victoire de Nicolas Sarokozy (UMP), François Bayrou (UDF) ou Ségolène Royal (PS). Selon Le Bleu, si Nicolas Sarkozy accède à la tête de l'Etat, trois personnes seraient susceptibles de devenir premier ministre : François Fillon, Xavier Bertrand ou Jean-Louis Borloo. Si François Bayrou était élu, Bernard Kouchner, Corinne Lepage ou Pascal Lamy pourraient s'installer à Matignon. Enfin, si Ségolène Royal devenait présidente de la République, l'hebdomadaire de Profession politique imagine Jean-Marc Ayrault, Dominique Strauss-Kahn ou Jean-Louis Bianco comme chef du gouvernement. § L'intégralité du débat avec El Mouhoub Mouhoud, auteur de "Mondialisation et Délocalisation des entreprises" (2006), qui revient sur les défis que l'économie française doit relever, le jeudi 5 avril. § J ihane : Peut-on stopper la délocalisation massive des entreprises dans une économie libérale ? El Mouhoub Mouhoud : Oui, on peut stopper les délocalisations, mais pas toutes. On peut freiner les délocalisations, on ne peut pas les stopper. Les délocalisations existent, se développement, mais beaucoup d'entreprises ne délocalisent pas et d'autres reviennent en France, relocalisent. Il y a des possibilités de récupérer des avantages par rapport aux pays à bas salaires, par exemple grâce à l'automatisation de la production. Mais il ne faut pas attendre beaucoup de ces relocalisations, parce que certaines d'entre elles relèvent de la même logique de les délocalisations et ne créent pas d'emplois. jvh : Dans la mesure où les délocalisations d'entreprises françaises peuvent permettre à celles-ci d'améliorer leur résultats, dans la mesure aussi où la globalisation permet à la France d'accueillir des IDE, a-t-on une idée claire de l'effet "net" des délocalisations sur la croissance et l'emploi français ? El Mouhoub Mouhoud : D'abord, il faut tout de suite différencier deux grandes logiques de délocalisations : la première, celle qui est dominante, consiste à investir à l'étranger pour conquérir des marchés. Cette stratégie passe par l'investissement direct à l'étranger, par les fusions-acquisitions et a des effets plutôt positifs sur l'économie française et l'ensemble des économies d'origine de ces investissements. Ces investissements à l'étranger sont complémentaires avec l'emploi et le commerce extérieur. En revanche, la deuxième logique de délocalisation, plus minoritaire globalement, ne passe pas par l'investissement direct, mais par la sous-traitance internationale. Cette logique consiste à faire assembler à l'étranger des produits et à les réimporter pour être consommés en France ou en Europe. Cette logique de délocalisation a des effets, au contraire, de substitution sur l'emploi et la production. Mais elle ne représente qu'une faible part des logiques de déploiement à l'étranger des firmes et ne touche que certains secteurs et certaines régions. L'effet global est très faible, mais très élevé au niveau de certaines entreprises et de certaines régions. C'est pourquoi il faut tout de même le prendre au sérieux. fofolle : Quels sont les secteurs particulièrement épargnés ? touchés ? El Mouhoub Mouhoud : Les secteurs particulièrement touchés sont les filières de biens de consommation, textile, cuir, habillement, produits de la métallurgie, produits électroniques et électriques, jouets, etc. pour les biens manufacturés. Nouveauté : le phénomène touche également les activités de services, épargnées jusqu'à présent. Dans les services, on peut désormais faire ce qui existait déjà depuis longtemps dans l'industrie, c'est-à-dire séparer le lieu de production du lieu de consommation du service, grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Depuis le début des années 1990, les emplois tertiaires délocalisés sont les postes de téléopérateurs (centres d'appel), les postes de gestion relations clients (emplois de back offices), de saisie de données (facturation, services de paie, déclarations de sinistres pour les compagnies d'assurance, etc.). Les activités plutôt épargnées sont les activités intensives en connaissances (recherche et développement, travail très qualifié). Dans ces secteurs, le mode de concurrence dominant n'est pas la compétitivité prix, mais la course à l'innovation. Dès lors, être dans les grandes agglomérations où se concentrent des avantages technologiques, qualification de la main-d'oeuvre, d'infrastructure, de recherche, d'innovation (les grandes agglomérations comme l'Ile-de-France) constitue un atout. fantasio : La Chine se met à la production d'avions, développe les technologies de l'espace... Bientôt l'avantage en productivité des pays industrialisés ne risque t-il pas lui aussi d'être annulé ? El Mouhoub Mouhoud : Justement, la nouveauté de la mondialisation actuelle, c'est que, en effet, les activités d'innovation qui étaient autrefois maintenues jalousement par les firmes dans leur pays d'origine commencent à être aussi délocalisées. Par exemple les centres de recherche et développement dans l'informatique, dans l'électronique, ou même dans la pharmacie. Mais il faut faire très attention, parce que ces délocalisations se font plutôt entre les grandes régions des pays industrialisés qu'en direction des pays à bas salaires comme la Chine ou l'Inde. L'intérêt est de renforcer l'avantage technologique de la firme dans son pays d'origine. C'est la recherche de l'excellence, et non pas de coûts de main-d'oeuvre bas. Les systèmes régionaux d'innovation s'ouvrent de plus en plus à la globalisation, mais restent dans une logique de croisement des échanges entre régions des pays développés. 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | suivant (fl-rg.gif) Chat modéré par Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page El Mouhoub Mouhoud | El Mouhoub Mouhoud EN UNE EN CE MOMENT Onze candidats dévoilent leurs croyances et leurs visions de la laïcité Menaces écologiques sur les plus grands fleuves du monde Trois suspects inculpés dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Londres Les candidats à la présidentielle confrontés à "ce que veulent les femmes" ET AUSSI Des policiers procèdent sans ménagement à l'arrestation de deux jeunes gens à Rouen le 4 avril 2007. | France 3 Télézapping Violences en France L'ancienne joueuse de tennis Isabelle Demongeot à Roland-Garros en juin 2000. | AFP/JACK GUEZ Enquête Isabelle Demongeot ou le lourd secret d'une championne de tennis Les titres les plus vendus restent l'espagnol, l'anglais, l'italien et l'allemand. Mais tous les éditeurs constatent le succès du russe, du chinois, et du japonais, voire de l'indonésien. | AFP/MYCHELE DANIAU Pratique Nombre de voyageurs s'initient aux langues des pays qu'ils visitent PRÉSIDENTIELLE 2007 Enquête sur des mails menaçant Nicolas Sarkozy Les 100 personnalités "ministrables" El Mouhoub Mouhoud : " Délocalisations: les candidats se contentent de mesures défensives" Les candidats à la présidentielle confrontés à "ce que veulent les femmes" LES DÉPÊCHES La cote de Sarkozy, Royal et Bayrou en baisse, selon TNS Sofres Reuters 18h28 Huit soldats américains et britanniques tués en 24H en Irak Reuters 18h22 120 membres d'une filière irakienne sous les verrous en Algérie Reuters 18h20 Rugby: les clubs français confirment leur retrait d'Europe Reuters 18h16 § Invités par l'hebdomadaire "Elle" à Sciences-Po, huit des douze candidats à l'Elysée ont répondu aux questions sur la parité, la garde d'enfant, les violences faites aux femmes, la contraception... § S ans doute conscients que les femmes représentent 53 % de l'électorat, les candidats à l'élection présidentielle ont répondu massivement à l'invitation de l'hebdomadaire féminin Elle, qui organisait, jeudi 5 avril à Sciences-Po, un forum sur le thème "Ce que veulent les femmes". Les trois candidats en tête des sondages, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou, se sont succédé dans la matinée, sans se croiser, dans le grand amphithéâtre de l'école parisienne, pour répondre aux questions d'internautes et d'invitées du magazine. Premier à s'exprimer, le candidat de l'UMP a réaffirmé qu'il fallait permettre aux femmes de pouvoir choisir librement entre travailler ou pas. Il s'est engagé, s'il était élu à l'Elysée, à mettre en place"en cinq ans" un "droit opposable à la garde d'enfant". Il a aussi rappelé son objectif de réunir une "conférence sociale" patronat-syndicats chargée d'établir un diagnostic des branches où existent des écarts de rémunération hommes-femmes."Je donnerai deux ans pour rétablir la parité entre les hommes et les femmes", faute de quoi, à compter de 2009, les discriminations seraient passibles de sanctions pénales, a-t-il déclaré, rappelant plusieurs de ses propositions : enfants gardés dans les écoles après 16 heures pour leurs devoirs, "crèches d'entreprise", "défiscalisation quasi complète pour les emplois à domicile". § Retrouvez l'intégralité du débat avec Frédéric Martel, journaliste et écrivain, sur la place de la culture dans les programmes des candidats. Un rendez-vous Télérama, en partenariat avec Le Monde.fr. § N icolas C : Pour que nous soyons sur la même longueur d'onde, dites-nous si vous incluez l'enseignement, les sciences, la recherche, etc. en un mot, toutes les connaissances dans ce que vous entendez par "culture". Zbd : Que pensez-vous des cultures alternatives (danse de rue, graffs, etc.) ? Ne méritent-elles pas d'être autant valorisées que les cultures dites classiques ? Julien : Jack Lang n'a-t-il pas vidé de son sens le mot "culture" depuis qu'il a déclaré que les tags et graffitis faisaient partie de la culture ? Frédéric Martel : Le travail que j'ai fait était justement une quête de définition. Savoir ce que le mot "culture" signifiait pour les Américains. Et j'en reviens changé. Je suis très "typiquement français" dans une forme d'opposition quasi biographique d'une séparation entre l'art et le divertissement, parce que j'ai grandi dans une forme de catéchisme culturel qui, de Télérama à Libération, de la Rue de Valois à Jack Lang compris, était de définir ce qu'était la culture : l'art d'un côté et puis le divertissement, le marché de l'autre. Ce que les Américains appellent la high culture, la culture légitime, et la low culture, la culture plus populaire. Cette distinction existe aux Etats-Unis mais elle est totalement, et très souvent en particulier depuis les années 1960, brouillée. Il y a une forme de volonté constante, très typique du journaliste équivalent de Télérama aux Etats-Unis par exemple, qui serait de parler de culture populaire sérieusement et jouer avec une sorte d'entertainment des cultures savantes. Cela m'a profondément changé. Donc la question de savoir si Lang a brouillé la culture je précise que je ne suis pas du tout languien ne se poserait pas aux Etats-Unis. Evidemment que le rap et les tags, comme hier le jazz, le western ou les comédies musicales, appartiennent à la culture. Tessy : Pensez-vous que l'enseignement des arts (sculpture, peinture, etc.) et de la philosophie dès la classe maternelle, en augmentant progressivement les idées comme on progresse en mathémathique au fil des ans, amènerait à l'écoute, la tolérance et le respect de l'autre ? Frédéric Martel : Absolument. Et je dirais d'ailleurs que si les Américains sont bien meilleurs que nous dans la manière qu'ils ont d'insérer les arts et la culture à l'université, ils sont en revanche bien moins bons que nous en ce qui concerne l'éducation artistique. Cela s'explique par les coupes drastiques dans les budgets des écoles publiques et l'absence de rôle fédérateur du gouvernement, qui a laissé à l'abandon l'enseignement artistique. Untel : Que faudrait-il faire pour réussir la "démocratisation" de la culture dont les politiques nous parlent tant ? Frédéric Martel : Depuis Malraux, tous les ministres de la culture ont fait de la démocratisation culturelle leur priorité. Et depuis Malraux, tous les ministres ont échoué. La participation culturelle, c'est-à-dire le nombre de fois où on est allé au cinéma, au musée, au théâtre dans l'année écoulée, a peu évolué depuis 1959, et j'ajoute qu'elle est très proche en France et aux Etats-Unis, contrairement à ce qu'on croit souvent. Lire la suite sur Télérama.fr § "Nous étions en 2002 au second tour, nous avons toutes les raisons de penser que nous pouvons y être une fois de plus en 2007", a souligné, jeudi, Marine Le Pen, directrice de campagne de son père. § E n 2002, le Front national avait été pris au dépourvu quand il s'était qualifié au second tour de l'élection présidentielle. Cette fois, le FN se prépare à une telle éventualité. "C'est un petit peu légitime. Nous étions en 2002 au second tour de cette élection, nous avons toutes les raisons de penser que nous pouvons y être une fois de plus en 2007", a souligné Marine Le Pen, directrice de campagne de son père, jeudi 5 avril. "Il est normal que nous nous mettions dans les conditions de préparer ces quinze jours", a-t-elle précisé. Dans Le Figaro de jeudi, Martial Bild, l'adjoint du délégué général Bruno Gollnisch, indique que le FN a déjà préparé, dans cette perspective, des affiches prenant en compte les trois cas de figure possibles (duel contre François Bayrou, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy). "Oui c'est vrai", mais "c'est trois professions de foi surtout plutôt que trois affiches", a précisé Marine Le Pen, jugeant que "les faits qui ont porté (son père) au second tour en 2002 se sont aggravés" et que "les solutions qui ont été appliquées n'ont pas été les bonnes". Selon Le Figaro, le FN s'affaire à préparer les documents qui devront être imprimés dès le lendemain du premier tour et a pris une option sur 500 tonnes de papier qui sont en stock chez les différents imprimeurs. "Nous sentons sur le terrain une véritable vague vers la candidature de Le Pen, a assuré la vice-présidente du parti. Sa cote de popularité n'a jamais été aussi haute", avec "des sondages en brut supérieurs à ce qu'ils étaient en 2002". § Le nombre de régularisations a augmenté de 700% entre 1999 et 2006, avec une très forte hausse en 2006. § § Le ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances avait officalisé le 16 mars son soutien à François Bayrou, le candidat de l'UDF. § J acques Chirac a mis fin, jeudi 5 avril, aux fonctions d'Azouz Begag, le ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances. L'Elysée a pris cette décision sur proposition du premier ministre, Dominique de Villepin, à qui M. Begag a remis sa lettre de démission afin de pouvoir "reprendre sa pleine liberté de parole". Azouz Begag avait été le premier ministre du gouvernement de Villepin à se ranger derrière François Bayrou. Le 16 mars, sur le plateau de France 2, il avait indiqué que le candidat de l'UDF était "le seul candidat (qu'il) puisse soutenir". Dix jours plus tard, il avait été imité par François Goulard, ministre délégué à l'enseignement supérieur.M. Begag ne sera pas remplacé car "l'ensemble de ses missions pour les semaines qui viennent sont reprises par Matignon", indique-t-on à l'Elysée. § Le candidat de l'UMP revendique un discours musclé mais se décrit en "homme sentimental". La candidate du PS ne veut pas apparaître comme une faible femme. § O n a vu Nicolas Sarkozy citer Jaurès et Ségolène Royal s'enrouler dans le drapeau national. Puis chacun est rentré chez soi. La sécurité est hissée au premier rang des thèmes de campagne par le candidat de l'UMP et la candidate socialiste vient de voler dans les plumes des banques, qui s'enrichissent "sur le dos des plus modestes". Le clivage droite-gauche que François Bayrou s'efforce de faire voler en éclats est revenu en maître. Cécilia Sarkozy fait un retour discret au côté de son mari Cécilia Sarkozy fait un discret retour dans la communication du candidat. Un confidentiel du Parisien du 30 mars attestait de sa présence au QG de campagne de son mari alors qu'on l'y avait très peu vue, au point de susciter des questions. Dans un entretien à Paris Match (du 5 avril), le candidat explique : "Quand on la voyait trop, on m'en faisait reproche. Maintenant que nous tirons les leçons du passé, on m'interroge. Son rôle est essentiel à mes côtés mais c'est un rôle privé." "Si je suis élu, quelle sera la place de Cécilia ? continue-t-il. J'attends le lendemain des élections pour le dire. Je suis un challenger (...). Ce sont les Français qui choisiront." Ce choix d'un discours musclé, Nicolas Sarkozy le revendique, convaincu que, cette fois, la bataille se gagnera à droite. "Ségolène Royal est plus à droite que Jospin et moi je suis plus à droite que Chirac", analyse-t-il. Les incidents de la gare du Nord l'ont ancré dans la certitude que, pour l'emporter, il devait s'adresser prioritairement à la droite et à l'extrême droite pour garantir le meilleur report de voix au premier tour. Il ne mettra donc pas les pieds en banlieue, contrairement à ce qu'il avait laissé entendre, persuadé que ce déplacement à risque lui serait préjudiciable. "On me tend une muleta, mais, derrière, il y a un mur dans lequel on aimerait que je me plante. Mais moi je suis un vieux taureau", confie-t-il, en observant que l'effritement des intentions de vote en faveur de M. Bayrou est concomitant de la visite du candidat UDF à Saint-Denis. Dans les réservoirs centristes de province, "ça coûte cher les images du "20 heures"", analyse-t-il. Du coup, Nicolas Sarkozy consacre tous ses efforts à cibler les micro-clientèles de la droite sans rechigner à la surenchère. Dans un entretien avec Michel Onfray accordé au mensuel Philosophie magazine, lorsqu'il déclare être enclin, pour sa part, "à penser qu'on naît pédophile". Avec les anciens combattants et les rapatriés d'Algérie à Nice, le 30 mars, auxquels il a livré un discours sur mesure, en se plaçant du côté de ceux qui "assument toute l'histoire de France" contre "les adeptes de la repentance", du côté aussi des "colons qui n'étaient pas des exploiteurs" mais "des gens courageux, qui avaient travaillé dur toute leur vie". Puis, à Lorient (Morbihan), le 3 avril, avec les marins-pêcheurs, auxquels il a reconnu une sorte de droit légitime à la violence - "Je ne mettrai jamais sur le même plan la colère des pêcheurs qui ne veulent pas mourir et la violence gratuite des fraudeurs et des voyous", a-t-il déclaré. Pas question non plus de consacrer trop de temps à sillonner le pays à quelques jours du long week-end de Pâques, où, selon son équipe, "la cristallisation des voix va s'opérer". "S'il doit perdre cette élection, ce ne sera pas parce qu'il n'a pas assez dormi en province", affirme un de ses conseillers. Ségolène Royal fait un choix radicalement opposé. A peine de retour de Lyon où elle a exposé son programme sur la santé, le "Ségotour" repart, jeudi, sur les routes du Sud-Ouest, avec étapes dans chaque département. Aller partout, sur tous les sujets, comme s'il fallait mettre à profit la dernière ligne droite pour répondre aux inquiétudes sur le programme de la candidate socialiste et, surtout, rester hyper-réactive aux frissons de la société sans se laisser enfermer dans le débat sur la sécurité. "Je suis une femme libre, très attentive à ce que les Français veulent encore comprendre pour choisir", dit-elle. Mais voilà qu'un autre front s'est ouvert entre les deux candidats qui espèrent se retrouver face à face au deuxième tour. Plus complexe à maîtriser, hautement sensible. La campagne s'est brusquement sexuée : un homme, une femme. Nicolas Sarkozy sait que ses coups de menton peuvent lui coûter cher dans la bataille d'images face à une Ségolène Royal, installée dans sa réputation de proximité et d'empathie. "Il donne l'impression d'avoir réponse à tout. C'est pour cela qu'on le juge autoritaire. S'il exprimait un doute parfois, ce ne serait pas si mal", confie son directeur de campagne, Claude Guéant. Message reçu cinq sur cinq par Nicolas Sarkozy, qui a confié à l'hebdomadaire Paris Match la mise en scène soignée de sa "vraie personnalité". Après le "j'ai changé" du 14 janvier, le "je vous aime" lancé aux jeunes le 18 mars, voilà le "je suis un sentimental" du 5 avril. "Je me suis réconcilié avec moi-même" et "je suis profondément équilibré", ajoute-t-il, comme si l'affirmation, après les échanges d'invectives de ces derniers jours et les récits qui le décrivent tendu, irritable, n'allait pas autant de soi qu'il l'espérait. Au même moment, Ségolène Royal choisit de lui voler dans les plumes, histoire de prouver qu'elle n'est pas "une faible femme" et que, dans la bataille, elle aussi "en" a. On l'avait presque oublié, mais ce clivage-là pourrait bien être décisif : "XX" contre "XY" § Présidente de la fédération des élus UDF, Jacqueline Gourault fait parmi de celles et ceux qui n'ont jamais laissé tomber le candidat du centre. § A Blois, mercredi 4 avril, François Bayrou était dans son fief. Sous le chapiteau dressé devant la Halle aux grains où se pressaient 3 000 personnes bravant une bise frigorifiante, il était entouré à la tribune du maire de la ville, Nicolas Perruchot, 40 ans, du sénateur du Loir-et-Cher Pierre Fauchon, 76 ans, du président du conseil général, Maurice Leroy, 48 ans. Et, faisant le lien entre ces deux générations, celle à qui il a rendu un hommage appuyé : Jacqueline Gourault, 56 ans, elle aussi sénatrice du Loir-et-Cher et, surtout, un des rouages essentiels de la famille centriste. Entre cette professeure d'histoire-géographie et l'agrégé de lettres, une relation de près de trente ans : "Une amitié exceptionnelle, originale et forte, une des chances de ma vie, décrit volontiers le candidat de l'UDF, se remémorant leur première rencontre. C'était un soir au début des années 1980, j'avais 30 ans. Pierre Fauchon m'avait demandé d'animer une réunion, à la Gerbe d'or. Il y avait du brouillard, je suis arrivé avec une heure trente de retard. Déjà... Ce soir-là, il y avait douze personnes et, parmi les douze, Jacqueline Gourault. Eh bien, si j'avais dû faire 1 000 kilomètres pour venir, s'il y avait eu moitié moins de monde à l'arrivée, j'aurais quand même réalisé une sacrée belle affaire !" Depuis lors, "Jacqueline" n'a cessé d'accompagner le parcours de "François". C'est une groupie, une inconditionnelle, qui jamais n'a laissé le doute s'insinuer dans sa foi envers celui auquel elle voue un véritable culte. Avec Hervé Morin, président du groupe UDF de l'Assemblée nationale, Michel Mercier, son homologue du Sénat, et Marielle de Sarnez, présidente de la délégation de l'UDF au Parlement européen, elle forme le quatuor desvice-présidents de l'exécutif centriste. Elle préside la fédération des élus. Après la saignée qui a accompagné le départ d'une bonne partie de l'UDF, de ses cadres et de ses élus, entre les deux tours de la présidentielle de 2002, pour créer l'UMP, c'est elle qui a reconstitué presque intégralement le réseau des élus, intégré et fait émerger une nouvelle génération de militants susceptibles de former la relève. Il n'était qu'à voir comment, lors de la dernière université d'été de l'UDF, en septembre 2006, ces jeunes recrues se bousculaient autour d'elle, buvant ses conseils, pour comprendre la place qu'elle occupe et la reconnaissance dont elle jouit dans la maison centriste. Au siège de campagne, rue de l'Université, à Paris, Jacqueline Gourault est à la fois la gardienne du temple, une sorte de "mère supérieure", celle qui apaise les conflits, qui tient aussi fermement les rênes de l'escouade de jeunes bénévoles engagés dans la campagne. Sans jamais hausser le ton, elle parvient à obtenir de sa couvée un engagement immodéré au seul service du candidat. Ce travail de fourmi, c'est aussi celui qui a permis à François Bayrou, pour sa deuxième candidature à l'élection présidentielle, d'obtenir plus de 1 600 parrainages d'élus, alors qu'en 2002, avant la partition de l'UDF, il n'en avait recueilli que 1 066. Et, bien entendu, parmi les départements qui lui ont apporté le plus de signatures figure le Loir-et-Cher. § Une grève paralysait, depuis le début de la semaine, les sites de Nîmes (Gard) et de Wissous (Essone) alors que l'affichage officiel de la campagne doit débuter dimanche à minuit. § I l était moins une. Alors que l'affichage officiel de la campagne doit débuter dimanche 8 avril à minuit, une grève paralysait depuis le début de la semaine Clear Channel, le groupe américain chargé de l'affichage officiel de la campagne présidentielle dans toute la France. Les salariés ont voté, vendredi après-midi, la fin de la grève qui paralysait les sites de Nîmes et Wissous, dans l'Essonne, ont indiqué la CFDT et la direction. Le protocole d'accord a été adopté vers 15 heures et la grève levée sur les deux sites, a précisé le délégué syndical CFDT nîmois Jacques Brunnel. "On est arrivé à un compromis satisfaisant par rapport aux avancées. Le mouvement a servi à quelque chose. On sort de la grève par le haut, avec fierté et dignité", a-t-il déclaré tout en refusant d'entrer dans le détail des revendications salariales accordées. Dans un communiqué, Clear Channel s'est félicité de la reprise du travail et a affirmé que l'affichage officiel des douze candidats à la présidentielle serait "réalisé en temps et en heure". § Le candidat soutenu par le Parti des travailleurs ne pourra plus se présenter comme "le candidat des maires". Il a été condamné à 3 000 euros au titre des frais de procédure. § G érard Schivardi, candidat à l'élection présidentielle soutenu par le Parti des travailleurs (PT, extrême gauche) qui se présentait jusqu'à maintenant comme "le candidat des maires", ne pourra plus le faire. Une première décision de justice du tribunal de grande instance de Paris lui avait déjà interdit, le 2 avril, de se présenter sous cette dénomination dans toutes ses déclarations, notamment sur son site Internet. Vendredi, la 14e chambre de la cour d'appel de Paris a confirmé ce jugement, donnant ainsi raison à l'Association des maires de France (AMF). Dans son arrêt, la cour a estimé qu'"en s'intitulant 'candidat des maires', Gérard Schivardi s'inscrit incontestablement dans le sillage de l'AMF alors qu'il ne bénéficie pas de son soutien mais de celui d'un parti politique" et que "la revendication de cette qualité, à l'évidence contraire à la vérité, est de nature à créer une confusion dans l'esprit du public". La cour d'appel a condamné le candidat à payer 3 000 euros à l'AMF au titre des frais de procédure. § Débat en direct avec Gérard Cornilleau, directeur adjoint du département des études de l'OFCE, centre de recherche en économie de Sciences-Po, mercredi 11 avril à 15 heures. § § Tous les dessins sur la campagne présidentielle parus dans "Le Monde". § § Après un moment de flottement, le candidat centriste estime que le soutien populaire autour de sa campagne n'a pas faibli. Et se réjouit d'avoir gagné 1,5 % d'intentions de vote au premier tour, à 21 %, selon un nouveau sondage. § A Agen, jeudi 5 avril, François Bayrou a retrouvé la dynamique qui avait semblé lui échapper ces derniers jours. Le candidat centriste avait connu un moment de flottement : tassement dans les sondages, voyage loupé aux Antilles, déplacement des thèmes de campagne réactivant le clivage droite-gauche et tirs croisés de ses principaux adversaires... Depuis son retour d'outre-mer, lundi 2 avril, les réunions qu'il a tenues à Reims, Grenoble, Blois puis Agen, devant plusieurs milliers de personnes à chaque fois, l'ont convaincu que le soutien populaire autour de sa campagne n'avait pas faibli. En quelques jours, il pense même être parvenu à desserrer l'étau en proposant de supprimer l'Ecole nationale d'administration (ENA). Puis en appuyant la demande de débat avant le premier tour et en suggérant que celui-ci puisse avoir lieu sur Internet. Restait à trouver l'élément déclencheur qui puisse en attester. Aussi, quand l'entourage de M. Bayrou a pris connaissance, juste avant que commence le meeting d'Agen, du sondage à paraître dans Le Parisien du 6 avril qui lui accorde un gain de 1,5 point d'intentions de vote au premier tour à 21 %, il y a eu un "ouf" de soulagement. L'écart se resserre de nouveau avec Ségolène Royal, à 23,5 %, et Nicolas Sarkozy, à 26 %. "On l'attendait", reconnaissait un proche du candidat, même si ce dernier assure n'avoir jamais connu le moindre doute. "Dans toutes les études d'opinion, je me maintiens, en brut, entre 22 % et 24 %", affirme M. Bayrou. Mais ce premier sondage où il repart à la hausse après deux semaines d'érosion "vaut triple". "A la veille d'un long week-end de Pâques où ce n'est pas la campagne des candidats qui va influer mais les commentaires qui vont être échangés, celui-là va peser lourd", analyse-t-on. Il y a surtout une chose que M. Bayrou n'a pas voulu laisser passer. "Présenter la vie politique comme la lutte entre les honnêtes gens d'un côté et les fraudeurs et les voyous de l'autre, le jour où l'on reçoit le soutien de Bernard Tapie, ça pose des questions sur le montant en millions d'euros à partir duquel vous n'êtes plus considéré comme un fraudeur", a-t-il souligné, se demandant s'il y avait "deux sortes de fraudeurs". En aparté, M. Bayrou se disait convaincu que le ralliement annoncé de M. Tapie à M. Sarkozy desservirait ce dernier. Le candidat a mis en avant sa famille comme il ne l'avait jamais fait jusqu'à présent : "J'ai six enfants, a-t-il amorcé. Chacun des six croit que ce que je porte devant les Français, c'est la vérité de ma vie. Et je ne peux pas revenir devant mes enfants en n'ayant pas respecté ce que j'avais dit." "Cet engagement-là est irréversible", a-t-il conclu, la voix nouée. Face à un public dans lequel les observateurs reconnaissaient aussi bien des figures de la droite que de la gauche locales, des dirigeants syndicaux et des responsables associatifs, le candidat centriste s'est montré à son aise pour plaider le "respect des valeurs de chacun". "Ce n'est pas parce qu'on a des valeurs différentes que l'on ne peut pas travailler ensemble", a-t-il assuré, promettant que "nous sommes en situation de changer la politique française comme elle n'a jamais été changée". § Avant et après le meeting de la candidate des Verts à l'élection présidentielle, jeudi 5 avril à la Mutualité, à Paris, les participants donnaient leur sentiment sur la campagne de Dominique Voynet et le débat sur l'écologie. § § S'il est élu, Nicolas Sarkozy fera miroiter "la baisse de 5 points de l'impôt sur les sociétés", comme l'a révélé son porte-parole, Xavier Bertrand, dans un entretien à "La Tribune", vendredi. § N icolas sarkozy a trouvé une carotte pour convaincre les entreprises de l'aider à tenir ses promesses en termes d'emploi (5 % de chômage d'ici cinq ans) et de pouvoir d'achat. S'il est élu, le candidat de l'UMP fera donc miroiter "la baisse de 5 points de l'impôt sur les sociétés", comme le révèle son porte-parole, Xavier Bertrand, dans un entretien à La Tribune, vendredi 6 avril. "Mais pour bénéficier à plein des 5 points, il faudra que la politique salariale, de l'emploi et de l'investissement soient au rendez-vous", nuance l'ex-ministre de la santé. Nicolas Sarkozy propose un "deal" aux entreprises : "moduler l'impôt sur les sociétés et lier le paquet fiscal à un paquet salarial", décrypte M. Bertrand. Cette baisse de 5 points de l'impôt sur les sociétés (actuellement de 33 %), qui permettrait à la France de s'approcher de la moyenne européenne (25 %) n'interviendra probablement que dans la seconde moitié du quinquennat. "Nous voulons les deux premières années libérer les énergies et les freins qui entravent la croissance", explique M. Bertrand, qui énumère la défiscalisation des heures supplémentaires, la déduction des intérêts des emprunts immobiliers, la suppression des droits de succession pour 90 % à 95 % des Français et la possibilité pour les assujettis à l'ISF de déduire de cet impôt jusqu'à 50 000 euros investis dans les PME. Ce "paquet fiscal", discuté au Parlement dès cet été s'il est élu, coûtera 15 milliards d'euros. La baisse de l'impôt sur les sociétés, qui coûtera 7 milliards supplémentaires, attendra. CHOUCHOUTES DES CANDIDATS Parmi les entreprises, ce sont les PME qui devraient bénéficier le plus de la manne présidentielle. Chouchoutes des candidats, "vraies entreprises" pour Ségolène Royal, "les plus porteuses" selon François Bayrou, symbole du "capitalisme familial" pour Nicolas Sarkozy, elles ont fait monter les enchères en adressant - par l'intermédiaire de la CGPME - un questionnaire aux candidats. Selon un document de synthèse publié par Les Echos, l'UMP leur a promis la suspension des seuils sociaux pendant deux ans et la suppression de l'imposition forfaitaire annuelle. Pour sa part, le PS annonce la suppression de la responsabilité des chefs d'entreprise sur leurs biens personnels et l'UDF un "contrat première expérience" sans charges et l'exemption de l'impôt sur les premiers bénéfices. § "Pas d'états d'âme" : le mot d'ordre des chiraquiens résonne à l'envi dans les couloirs du "Château", qui soutient, avec un enthousiasme modéré, le candidat de l'UMP. § L e Palais fut triste. Il l'est moins. L'Elysée observe désormais avec gourmandise et sans indulgence cette campagne " un peu Star Ac'", qui voit s'affronter trois quinquagénaires, talonnés par Jean-Marie Le Pen. Comme d'habitude, Bernadette Chirac fait son devoir. Jeudi 5 avril, à Lyon, elle est allée appuyer le candidat qui a reçu " tout naturellement" le soutien de son mari. Il ne faut tout de même pas trop lui en demander. Elle s'abstient d'applaudir quand la salle s'enthousiasme pour cet anathème de Nicolas Sarkozy : "La Turquie n'a rien à faire dans l'Europe !" Maintenant qu'elle a réglé les conditions de vie matérielles de "l'après" - l'appartement est trouvé, ainsi que des bureaux dans le quartier des ministères -, elle enverra quelques signes et s'impliquera dans les législatives. " Elle sélectionnera attentivement les députés qu'elle souhaite soutenir. Il y a des gens qu'elle aime et d'autres moins. C'est à la fois affectif et politique", observe un proche. La loyauté et la fidélité à Jacques Chirac y entreront pour beaucoup. M. Sarkozy est donc le candidat officiel de l'Elysée. Démissionné de l'intérieur et déclaré favori en une minute et trente-huit secondes, le 21 mars. "Un soutien à la télévision, depuis l'Elysée, c'est quand même politiquement fort. Une prise de parole télévisée, il n'y en a pas une seule de banale", nuance Jean-Pierre Raffarin. L'ancien premier ministre, qui a sillonné 45 départements depuis septembre, s'est octroyé enfin une bonne nuit, en ce début avril. C'est bien simple, on n'a vu que lui, parmi les "éléphants" de la droite. LE "GENTIL" CANDIDAT Cela n'a pas échappé à la tour de contrôle de l'Elysée. " Où sont-ils tous passés ?", feint-on de s'étonner dans l'entourage du président, depuis plusieurs semaines. Alain Juppé ? Il voyage beaucoup et a, "naturellement", gardé une ligne directe avec le chef de l'Etat. Le ralliement de Juppé à Sarkozy, tôt survenu, a-t-il touché le président ? Claude Chirac répond qu'elle "n'aime pas beaucoup ce mot de ralliement, qui implique une sorte d'abaissement, de renoncement". Pour elle, l'ancien premier ministre a encore un avenir, car c'est " un vrai homme d'Etat". Le mot d'ordre des chiraquiens, colporté à l'envi, résonne drôlement : " Pas d'états d'âme." Ils se sont quand même réunis pour un petit déjeuner autour de Juppé, chez Thoumieux, un restaurant du 7e arrondissement, le 28 mars. Il y avait là Bernard Accoyer, Yves Censi, Jean-Michel Dubernard, Michel Herbillon, Philippe Briand et quelques autres. " On souhaitait tous que le thème du social soit un peu plus développé dans la campagne de Sarko, mais il n'y a pas de problème du tout", commente l'un d'eux. Quelques conseillers du Palais se sont aussi beaucoup amusés des mots choisis par Simone Veil pour soutenir le "gentil" candidat de l'UMP, sans cesser de proclamer que les Français avaient "envie et besoin d'alternance". Le candidat a beau avoir mis la pédale douce sur la "rupture", de là à souhaiter l'alternance, donc la gauche... Quant à Valéry Giscard d'Estaing, il n'a toujours pas apporté le soutien promis au candidat de la droite, relève-t-on à l'Elysée. L'ancien président le voit pourtant souvent. Il paraît que l'adoubement de "VGE" ne saurait tarder, même si son siège au Conseil constitutionnel lui impose quelque réserve. Et puis, il y a ce fameux conseil des ministres du 28 mars, le premier sans Sarkozy. Un Chirac de fort bonne humeur, qui félicite le "nouveau", Hervé Mariton, raccroché pendant le week-end, et les promus, François Baroin et Philippe Bas. Le petit signe qu'il adresse à François Goulard, pour qu'il vienne lui parler en particulier à l'issue du conseil, n'échappe à personne. Le ministre délégué à l'enseignement supérieur et à la recherche vient de déclarer, l'avant-veille, son soutien à François Bayrou. De cet aparté discret mais visible, M. Goulard refuse de révéler la teneur. "Disons qu'il était cordial", glisse-t-il. Dominique de Villepin n'a vu aucun inconvénient à son ralliement au candidat de l'extrême centre. Nihil obstat non plus, manifestement, du côté de l'Elysée. Quant à Vincent Lindon, acteur, ancien "boy friend" de Claude Chirac et ami de la famille, "il n'a pas eu un Vésuve en face de lui", quand il a fait part au Château de son intention de soutenir le centriste, concède un proche de Bayrou. FAIRE AVEC A vrai dire, il n'y a même que cela qui a intéressé l'Elysée, pendant des semaines. Bayrou par-ci, Bayrou par-là : "Il est le seul à ne pas payer l'ISF" ; "ce qu'il a réussi sur Sarko c'est "lui, c'est le pouvoir de l'argent, Neuilly, Bouygues, TF1, les médias couchés"" ; "il a la tête de M. Tout-le-Monde, ça plaît". On s'est penché avec délectation sur l'initiative des Gracques, ces hauts fonctionnaires socialistes qui ont rallié le panache du Béarnais. Le ravissement a pourtant ses limites. "Il y a une baisse de Sarko, euh, de Bayrou, dans les sondages", constate un matin de la mi-mars un conseiller attentif. "Sarkozy a une vision, pas Bayrou. Et il va finir par se heurter à la question de l'équipe avec laquelle il gouverne", souligne un collaborateur de longue date du président. L'engouement passe au Palais... Il faut faire avec Sarkozy, quoi qu'il en soit. Malgré le ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Malgré l'autre clin d'oeil adressé à Le Pen, durant la récolte des parrainages, via Jean-Jacques Aillagon. C'est ainsi que l'Elysée a interprété le geste "débile" de l'ancien ministre de la culture qui s'en était remis au tirage au sort, le 9 mars, pour accorder sa signature à un candidat. "Ce coup-là a été préparé. Aillagon ne bouge pas une oreille sans qu'on le lui dise. C'était fait pour montrer qu'un élu proche de Sarko ne remet pas son honneur en cause s'il donne sa signature à Le Pen." Le sort aurait pu, en effet, désigner le président du Front national. Il faut faire avec, vous dit-on. § Au quartier lyonnais de la Croix-Rousse, s'opposer à l'ordre établi et au pouvoir en place est une vieille tradition. § C e n'est pas une banlieue qui s'est élevée, jeudi 5 avril, contre la venue de Nicolas Sarkozy. C'est même tout le contraire. Le quartier de la Croix-Rousse - "la colline qui travaille", par opposition à Fourvière, "la colline qui prie"- a plutôt les allures d'un village bobo perché sur les hauteurs de la ville. Ici, historiquement, on crie, on milite et on se révolte. S'opposer à l'ordre établi et au pouvoir en place est une vieille tradition. C'est de la Croix-Rousse, commune indépendante de Lyon jusqu'en 1852, qu'est partie, le 21 novembre 1831, la première grande révolte française contre le patronat à l'initiative des canuts, les ouvriers de la soie dont les ateliers aux grandes fenêtres et poutres apparentes sont aujourd'hui très prisés par les promoteurs immobiliers. Les émeutes ont duré trois jours et ont fait six cents victimes. C'est aussi d'ici que le philosophe anarchiste russe Bakounine lança, en 1870, en pleine débâcle napoléonienne, un appel à la révolution internationaliste. C'est encore à la Croix-Rousse que fut fondée par Michel Derrion, en 1835, la première coopérative française de consommation, sorte de commerce équitable avant l'heure. "Il y a, à la Croix-Rousse, une volonté des habitants, surtout chez les jeunes et les gens de gauche, de s'approprier la révolte des Canuts et de s'en faire les héritiers. C'est pour cette raison que la Croix-Rousse, avec son petit côté village où tout le monde se connaît, reste un quartier à part à Lyon", analyse Robert Luc, 64 ans, journaliste, guide et chroniqueur insatiable de la vie croix-roussienne. Gérald Rigaud, 32 ans, "crieur public" sur le marché du quartier et principal animateur de la manifestation anti-Sarkozy, ne dit pas autre chose : "L'esprit canut est inscrit dans l'inconscient collectif. A nous de le faire vivre." Mais les choses ont changé. Même si les pentes de la Croix-Rousse demeurent un creuset alternatif où l'on trouve une radio libertaire (Radio Canut), des cafés coopératifs et de nombreuses boutiques étiquetées "équitables", la sociologie générale du quartier a considérablement évolué. Comme de nombreux quartiers de Lyon, la Croix-Rousse connaît un phénomène grandissant de gentryfication, dû à une pression immobilière de plus en plus forte. Le prix moyen du mètre carré à la vente dans le neuf a ainsi atteint 4 323 euros en 2006. Un record. § Le candidat de l'UMP a dû renoncer à sa visite à la Croix-Rousse à Lyon pour cause de manifestations. § N icolas Sarkozy n'aura pas vu la place de Croix-Rousse, à Lyon. Le quartier, qui vit sur sa réputation de quartier frondeur et entretient le souvenir de la révolte des Canuts, n'a pourtant rien de sensible. Mais le candidat de l'UMP n'a pu y mettre les pieds. Une cinquantaine de militants l'attendaient pour l'acclamer. Mais de l'autre côté du trottoir, 100 à 200 manifestants entendaient le priver des chocolats - sa douceur préférée - de la maison Bouillet, qu'il souhaitait visiter. Brandissant des pancartes hostiles sur lesquelles on lisait "Sarko, vous n'êtes pas le bienvenu", cette petite foule encadrée par une quinzaine de policiers a mis en échec l'ex-ministre de l'intérieur, qui s'est toujours vanté de n'avoir jamais été "empêché" de mener campagne. "Alors, comment ça se présente ?", demande avec anxiété le député Emmanuel Hammelin à un officier de police. Plutôt mal en vérité. La décision d'annuler cette étape vient d'être prise. L'absence d'images vaut mieux, aux yeux de M. Sarkozy et de ses communicants, que des plans d'un candidat chahuté, encadré par des CRS, dans les journaux de 20 heures. "L'équipe de M. Sarkozy nous avait prévenus que sa visite pouvait être annulée", se désole Sébastien Bouillet, qui avait revêtu sa plus belle tenue blanche à liséré tricolore. La veille, son échoppe avait été taguée de slogans hostiles à la venue de l'ancien ministre. Des appels à manifester avaient été émis sur les ondes de la radio associative libertaire Radio Canut, expliquant la présence de militants anarchistes ou de jeunes se revendiquant d'une gauche radicale. Des jeunes du réseau "anti-Sarko", proche de l'aile droite du PS, avaient également mis en place une "chaîne de Textos" conviant leurs correspondants à venir accueillir le ministre de l'intérieur sur place. Et voilà donc les militants, le pâtissier, ses douceurs plantés là. Les mutinés de la Croix-Rousse exultent : "Sarko dehors !", "Sarko, t'es foutu, les canuts sont dans la rue !" Mais encore fallait-il trouver un prétexte à cette dérobade. Prévue à 16 heures, sa visite a été avancée d'une demi-heure. C'est pourtant l'excuse d'"un retard d'avion" qui est avancée pour justifier l'absence de M. Sarkozy. "On passe au point suivant", répète en boucle son staff de communication, sans trop y croire. Les journalistes regagnent les cars. Direction une entreprise de tapisserie à Villeurbanne. "C'est pas vrai, cette histoire de retard, confie un des chauffeurs à la presse pendant le trajet. Un collègue dont le beau-frère travaille à l'aéroport de Bron m'a dit qu'il avait atterri à 15 heures." Quand il se montre enfin, M. Sarkozy reprend la version officielle : "Mon avion a eu 45 minutes de retard. Je vais y aller, à la Croix-Rousse." "Vraiment, me priver de chocolat...", lance-t-il d'un ton désolé, le sourire aux lèvres. Ses accompagnateurs du jour, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, se taisent. Alors que le candidat parle de l'avenir de l'artisanat, un élu minimise déjà les conséquences politiques de la situation : "C'est un non-événement organisé par un petit groupe d'extrême gauche. C'est la première fois que cela arrive, il fallait bien que ça se produise un jour." La vérité de ce vrai-faux retard est enfin dévoilée, vers 18 heures, par un journaliste du Nouvel Observateur qui la publie illico sur le site Internet de l'hebdomadaire : l'avion de M. Sarkozy, un Falcon 900 affrété par la compagnie privée Aéroservice, a décollé à 14 heures du Bourget ; il s'est posé à 14 h 56 à Bron. Fin de la séquence galère pour le candidat. MUETTE, IMPASSIBLE Le bonheur viendra après, au meeting tenu au Palais des expositions de Chassieu, dans la banlieue lyonnaise. "20 000 militants", selon l'UMP, s'impatientent. 20 000 plus une : Bernadette Chirac. L'épouse du chef de l'Etat cherchait à matérialiser son soutien au candidat de l'UMP. Arrivant ensemble, elle partage avec lui les applaudissements. Son discours terminé, il la fait monter à la tribune et chanter La Marseillaise à ses côtés, après lui avoir dit sa reconnaissance pour avoir été "un trait d'union au moment où les choses étaient compliquées" entre lui et son mari. Mais elle reste muette et impassible. Un peu plus tard, elle convoque un pool de journalistes pour s'exprimer. Enfin. Question : pourquoi soutenez-vous M. Sarkozy ? "Parce qu'il est le meilleur pour relever les défis de la France de demain." Votre mari vous a-t-il encouragée à venir ? "Sans son accord, je ne serais pas venue." Elle dit encore qu'"il est normal qu'un futur président de la République ait sa vision, son programme. Je n'ai jamais observé que M. Sarkozy soit en opposition ou en contradiction avec ce que mon mari a initié pendant douze ans". Pourra-t-il gagner ? "Oui, il faut travailler, mais ensemble nous pouvons gagner." Enfin quelques grammes de douceur dans cette journée compliquée pour le candidat de l'UMP. § Le Conseil représentatif des associations noires a fait circuler sur Internet un clip de présentation de ses Etats généraux du 7 avril intitulé "Les candidats et la question noire". § L e Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a fait circuler sur Internet un clip de présentation de ses Etats généraux du 7 avril, intitulé "Les candidats et la question noire". Grâce à la technique du morphing, les visages de François Bayrou (UDF), Ségolène Royal (PS), Nicolas Sarkozy (UMP) et Jean-Marie Le Pen (FN) se transforment progressivement... Les candidats en black envoyé par dadisucre § "Il faut nommer la réalité des problèmes si on veut agir contre les discriminations", a déclaré l'ancien ministre socialiste, samedi, lors des Etats généraux du Conseil représentatif des associations noires (CRAN) à Paris. § "C 'est une bonne chose de mettre en oeuvre" des statistiques de la diversité, a estimé Dominique Strauss-Kahn, samedi 7 avril, lors des Etats généraux du Conseil représentatif des associations noires (CRAN) à Paris."On ne traite un problème que quand on accepte de le regarder en face", a ajouté le député socialiste, appuyant ainsi l'une des propositions du "Plan pour la diversité" du CRAN, visant à évaluer les discriminations pesant sur les minorités visibles. Sollicité sur la position de Ségolène Royal en matière de statistiques ethniques, il a estimé qu'elle "n'est pas obligatoirement la même", rappelant que la candidate socialiste "ne s'est pas expressément exprimée là-dessus". "INSTRUMENTALISATION" A la tribune, devant un public qui ne remplissait pas le Palais de la Mutualité, le député du Val-d'Oise a déclaré que le "combat" que mène le CRAN contre les discriminations est "central"."Il faut nommer la réalité des problèmes si on veut agir contre les discriminations", a-t-il dit. Il a reconnu qu'"en matière de représentation politique, le petit pas en avant fait pour les beurs n'existe absolument pas pour les Noirs" et qu'"il faut vraiment s'atteler à cette question". A l'ouverture de ces Etats généraux, le président du CRAN, Patrick Lozès, a dénoncé "l'instrumentalisation" de la question de l'immigration pendant la campagne électorale. "Cela crée, a-t-il dit, un cocktail dangereusement explosif comme nous l'avons vu lors des incidents de la gare du Nord". Soulignant que les associations noires "attendent un engagement fort" des candidats à la présidentielle, Patrick Lozès a ajouté : "nous nous alarmons des risques majeurs qu'entraînerait une absence de réponses". § En visite en Corse, vendredi et samedi, le candidat UDF a prôné tout à la fois "fermeté" et "compréhension", vis-à-vis des nationalistes. § E n déplacement en Corse, vendredi et samedi, François Bayrou s'est employé à cultiver son image d'homme de l'"équilibre" , de "président apaiseur", grâce à laquelle il espère toujours faire la différence le 22 avril. Et d'estimer, au vu du "nombre de personnes qui ont dit qu'elles voteraient pour (lui) au marché, et tout à l'heure à l'aéroport ?", qu'"il y a un vote corse qui n'existait pas auparavant" - il avait obtenu 3,5 % des voix dans l'île en 2002. Aucun meeting n'a été organisé lors de ce séjour en forme de pause buccolique avant le sprint final."Je pense que les choses vont bouger énormément. La dernière fois, tout s'est joué dans les trois derniers jours", a analysé le candidat de l'UDF, affichant une sérénité retrouvée après de récents sondages marquant une hausse des intentions de vote en sa faveur."Une campagne, c'est une révélation de ce que sont les gens", a-t-il asséné lors d'un de ses nombreux apartés avec la presse. Sans manquer une occasion de critiquer Nicolas Sarkozy, concernant son "dérapage", "glaçant" sur la pédophilie, l'odre et la sécurité, qu'"on ne peut assurer en faisant monter les tensions". Tout semble préférable aux "idéologies du mépris" , "qui organisent la violence ou s'accomodent de la violence" , même Olivier Besancenot, que François Bayrou trouve "intéressant" et "respectable". FERMETÉ ET COMPRÉHENSION Le député béarnais n'a en revanche abordé que succintement les problématiques corses."La question principale est celle d'un développement économique dépendant de l'équilibre qu'on saura trouver en Corse", a-t-il déclaré. Il n'a pas fait de propositions spécifiques, mais estimé que son projet d'exonérer de charges, durant deux ans, l'embauche de deux salariés par une société, devrait"intéresser la Corse, qui comporte beaucoup de très petites entreprises". De même que sa proposition de fusionner régions et départements. Alors que les attentats persistent dans l'île, François Bayrou a fait part de son "sentiment" que les nationalistes modérés mènent une "réflexion" vers un engagement "plus politique et démocrate"."Chacun a le droit de revendiquer sa culture, sa langue, son patrimoine, son histoire et cependant ça ne nous empêche pas de vivre ensemble, a-t-il dit. Parlons d'une attitude à la fois de fermeté nécessaire et en même temps de compréhension qui favorisera toute évolution positive". § Le candidat de l'UMP, qui avait évoqué une éventuelle prédétermination génétique des pédophiles, a indiqué samedi qu'il "ne souhaite pas polémiquer", ajoutant à l'adresse de ses rivaux que "ce n'est pas en attaquant les autres que l'on progresse dans les sondages". § M gr André Vingt-Trois a critiqué, samedi 7 avril, les récents propos de Nicolas Sarkozy, qui déclairait "incliner (...) à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions pas gérer cette pathologie"."L'homme est libre. Je voudrais que l'on n'oublie pas aussi que l'on est dans une société qui fait une chasse génétique", a réagi l'archevêque de Paris, sur RTL. "Quand on décrète que des enfants atteints de trisomie 21 ne doivent pas naître, qu'est-ce qu'on fait ?", s'est-il interrogé."Vous être contre cet aspect-là, avec un relent d'eugénisme pensez-vous ?", lui a-t-on ensuite demandé à l'antenne. "C'est évident", a-t-il répondu."Ce qui me paraît plus grave c'est l'idée que l'on ne peut pas changer le cours de l'existence (...) Dire que quelqu'un est prédéterminé par la famille qui l'a entouré, les conditions dans lesquelles il a vécu, cela veut dire que l'homme est conditionné absolument", a-t-il encore déclaré. "QUE CHACUN GARDE SON CALME" La réponse du candidat UMP lors d'un dialogue avec Michel Onfray, publiée dans le dernier numéro de Philosophie Magazine, a été qualifiée vendredi d'"énormité" par Ségolène Royal, qui a souhaité que "les scientifiques se prononcent sur ce genre de choses". Le codirecteur de campagne de la candidate socialiste, Jean-Louis Bianco, a lui parlé de propos "surprenants" , tandis que le candidat de l'UDF, François Bayrou, les jugeait "terriblement inquiétants" et "glaçants". Interrogé samedi sur ce sujet lors d'une séance publique de dédicace de son livre "Ensemble" , à Saint-Rémy-de-Provence, Nicolas Sarkozy a répondu qu'il"ne souhaite pas polémiquer". "Il y a beaucoup de nervosité de la part de François Bayrou et de Ségolène Royal, a-t-il ajouté. Il faut que chacun garde son calme et se consacre à ses projets. Ce n'est pas en attaquant les autres que l'on progresse dans les sondages". § Lundi débute la campagne officielle, et avec elle la diffusion, sur les radios et télés publiques, des "clips" des candidats. Certains entendent bien innover. § R eportages, interviews : certains des candidats à l'Elysée ont tenté de renouveler le genre austère des spots de campagnes, qui seront diffusés quotidiennement sur les chaînes publiques de radios et de télévision durant la campagne officielle, soit du 9 au 20 avril. Si les formats sont fixes - des clips de trois formats, entre 1 et 5 minutes et demie -, les équipes des candidats annoncent des traitements variés. Lundi, à 6 h 05, José Bové ouvre le bal sur France 5 Les émissions regroupant les spots des candidats seront diffusées du lundi 9 avril au samedi 14 et du lundi 16 au vendredi 20 avril, à différentes heures de la journée, sur les antennes des radios et télévisions du service public (France 2, France 3, France 4, France 5, RFO, France Inter et RFI). José Bové, candidat altermondialiste, ouvrira le bal, selon le tirage au sort effectué par le CSA. Lundi, les spots seront diffusés à 6 h 05 sur France 5, puis à 8 h 45 après "Télématin" sur France 2, à 9 h 30 sur France 4 et à 11 heures sur France 3. François Bayrou s'est adjoint les services d'un de ses nouveaux soutiens, le cinéaste Pascal Thomas. Le réalisateur de "La Dilettante" a fait des "films sans artifice", selon l'UDF. En gros plan serré, le candidat évoque "l'enjeu du rassemblement". Dans le plus long des formats, il se raconte un peu, après quelques vues de ses Pyrénées natales et de sa famille. Jean-Marie Le Pen, qui a voulu des films "sans fanfreluches", s'exprime en studio, face caméra. Priorité au discours : "on nous donne du temps d'antenne, il faut en profiter pour faire des voix", explique-t-on au FN. Chez Ségolène Royal (PS), on se plaît à souligner qu'on n'a recruté ni "réalisateur particulier", ni "boîte de communication". "Pas d'effet spectaculaire", fait valoir le porte-parole Julien Dray, vantant "un moment de vérité et de sincérité". On verra donc "essentiellement" la candidate, même si son équipe n'exclut pas un peu de "souplesse" et des inserts documentaires. Les spots UMP feront large place à Nicolas Sarkozy "sur le terrain", filmé au cours des six derniers mois par CBTV, boîte de production de Christian Blachas qui avait réalisé les clips de Chirac en 1995 et 2002, souligne-t-on à l'UMP. Pour le reste, M. Sarkozy, "face caméra et sans prompteur", présentera son projet aux Français "les yeux dans les yeux", devant son affiche de campagne et son slogan "Ensemble tout devient possible". FRÉDÉRIC NIHOUS NE PENSE PAS "AVOIR LE CÉSAR" Le MPF Philippe de Villiers, ne croyant guère à l'efficacité de ce genre de spots, a choisi la forme classique. "Les clips de la campagne officielle : c'est la pire chose que j'ai eu à faire dans cette campagne !", confie le candidat CPNT (Chasse Pêche Nature Traditions) Frédéric Nihous, qui avoue qu'il n'aura "pas le César". Le "candidat de la ruralité" a tourné en studio et dans la campagne des Yvelines. Réalisés dans sa région de Besançon, les clips de Dominique Voynet (Verts), la montreront interpellée par des citoyens sur de grands thèmes. Le générique alerte sur "les dangers des bouleversements climatiques". Parti pris de simplicité et d'économie à Lutte ouvrière : "Il y a un seul intervenant, c'est Arlette" Laguiller, indique-t-on. "Fond rouge" pour les interventions face caméra de la communiste Marie-George Buffet. Ses films donneront la parole à "la gauche populaire et citoyenne" (un sans-papiers, un syndicaliste...). Quelques notes de musique pour conclure, "à la fois guitare et classique". Au Parti des travailleurs, on se borne à dire qu'on verra, outre le candidat soutenu par le PT Gérard Schivardi, "des élus, des syndicalistes", ainsi que des prises de vues de meetings et de rues. Ouvriers d'une entreprise délocalisée, jeunes d'un quartier du nord de Paris... les films d'Olivier Besancenot, agrémentés d'un jingle "mi-rap, mi-reggae", le donnent à voir "en dialogue" avec des citoyens, selon la LCR. José Bové a créé la surprise en se faisant épauler par son ami, l'animateur-réalisateur Karl Zéro, qui l'interviewe d'un "ton assez direct". Le reste prend la forme d'un "journal de campagne", en banlieues ou au Larzac. Après tirage au sort, c'est l'altermondialiste qui ouvrira le bal lundi. § Une vidéo montre la porte-parole de l'UMP plaisantant sur son futur ministère "de la rénovation urbaine au Kärcher", lors d'un "duel" avec le président de l'UNEF, Bruno Julliard. § L 'agence Point du jour a filmé un "duel" organisé par Paul Wermus pour VSD entre la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, et le président de l'UNEF, Bruno Julliard, visible sur le site LaTeleLibre. Reprenant Paul Wermus qui appelait Mme Dati "madame la ministre", le syndicaliste étudiant demande : "Ministre de quoi ?" "Ministre de la rénovation urbaine au Kärcher", répond la porte-parole. Eclat de rire généralisé jusqu'à ce que les convives s'aperçoivent que la scène était filmée et demandent d'éteindre la caméra. § Le candidat de l'UDF a dénoncé, vendredi, les propos tenus par son rival de l'UMP dans "Philosophie Magazine". M. Sarkozy y déclarait "incliner à penser qu'on naît pédophile" § "C 'est glaçant !" De Corse, où il était en déplacement, vendredi 6 et samedi 7 avril, François Bayrou a jugé d'une "extrême gravité" les propos tenus pas Nicolas Sarkozy dans Philosophie Magazine du mois d'avril. Dialoguant avec le philosophe Michel Onfray, le candidat de l'UMP, y déclarait "incliner à penser qu'on naît pédophile". "Et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions pas soigner cette pathologie", ajoutait-il. "Cela voudrait dire que le destin est joué à l'avance, qu'il n'y a aucune place pour le travail de prévention", s'est indigné le candidat centriste. "Je ne crois pas qu'il y ait un médecin, un psychiatre qui puissent entendre ces propos sans frémir", a-t-il ajouté. M. Bayrou a estimé que les propos de M. Sarkozy constituaient "un dérapage très lourd de conséquences". Dans le même magazine, l'ancien ministre de l'intérieur considérait également que, s'"il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés mais parce que génétiquement ils avaient une fragilité, une douleur préalable". "Emettre l'idée que les adolescents qui se suicident le font parce qu'ils sont nés comme ça, c'est ignorer le travail de cicatrisation que l'on peut faire. Ce ne sont pas des propos raisonnables", a dénoncé M. Bayrou, jugeant qu'"un point de repère est perdu". "Ces propos sont graves et inquiétants parce qu'ils s'inscrivent en rupture avec l'humanisme, (et parce) qu'aucune philosophie, aucune religion, aucune école de pensée ne peut les accréditer, a-t-il ajouté. Qu'est-ce qu'on va enseigner en philosophie à nos enfants si le président de la République pense que la pédophilie est une affaire de naissance ?" "UNE AUTRE IDÉE DE L'ORDRE" Pour le candidat centriste, les déclarations de M. Sarkozy ne peuvent être considérées comme fortuites. L'ancien ministre de l'intérieur, rappelle M. Bayrou, avait espéré un temps imposer dans son projet de loi sur la prévention de la délinquance, en 2006, un dépistage précoce, chez les jeunes enfants, des troubles de comportement, avant d'être contraint à faire machine arrière. "De dérapage en dérapage, de surenchère en surenchère", la campagne perd son "cadre démocratique", a estimé M. Bayrou, qui dit "s'interroger" sur le choix stratégique de son rival de l'UMP. " Cherche-t-il à se garantir un report des voix du Front national au second tour ? Mais plus il radicalise ses positions, plus il s'éloigne d'une partie de son électorat", a-t-il ajouté. M. Bayrou s'est, en tout cas, vu conforté dans sa volonté de défendre "une autre idée de l'ordre". "L'ordre, cela commence quand il y a la paix dans les esprits. Si vous choisissez l'affrontement, vous n'avez pas l'ordre mais le désordre, a-t-il assuré. La sécurité vient d'abord de la manière dont les gens se regardent entre eux. S'ils s'acceptent et se comprennent, alors vous avez la sécurité." Observant la tonalité que ses deux principaux adversaires impriment à leur campagne, le candidat de l'UDF veut au contraire affirmer une volonté de rassemblement et d'apaisement, y compris dans sa manière de mener campagne : "La politique, cela ne se fait pas avec des murs de gardes du corps qui vous protègent. Il faut que les gouvernants soient, dans le peuple, dans leur élément", proclame-t-il. § Nicolas Sarkozys'est engagé vendredi, lors d'une rencontre à la Mutualité, à introduire de nouvelles contraintes législatives, notamment pour les entreprises. § S imone Veil s'est érigée, vendredi 6 avril, en gardienne des promesses de campagne du candidat Sarkozy en matière d'égalité hommes-femmes. A l'occasion d'une réunion publique avec Nicolas Sarkozy sur ce thème à la Mutualité, à Paris, l'ancienne ministre de la santé de Valéry Giscard d'Estaing a expliqué que, "pour partie femme alibi" d'un président qui avait promis, en cas d'élection, de faire rentrer des femmes au gouvernement, elle se sentait "redevable" à l'égard des femmes d'aujourd'hui. "Je n'ai pas souffert de discrimination, c'est même parce que j'étais une femme que j'ai été projetée sur la scène politique. (...) Je veux dire à Nicolas combien nous comptons sur lui, sachant que les traditions sont si fortes que ce ne sera pas facile de changer", a souligné Mme Veil. Le candidat de l'UMP, qui a notamment promis de nommer sept ou huit femmes ministres sur les quinze de son gouvernement, a justement monté d'un cran, vendredi, ses promesses sur la parité. Il a ainsi promis d'introduire de nouvelles contraintes législatives, notamment pour les entreprises. "Je donnerai deux ans aux entreprises pour aligner les salaires des femmes sur ceux des hommes et je le ferai sous peine de sanctions." EUTHANASIE En matière sociale, le candidat a également promis des retraites plus élevées que les 300 euros du minimum vieillesse pour les femmes qui, travaillant aux côtés de leur mari, n'ont pas acquis de droit propre à la retraite et pour celles qui ont eu des carrières coupées pour élever leurs enfants. Mais, prévient M. Sarkozy, cette mesure sera conditionnée à la mise en oeuvre de la réforme des régimes spéciaux de retraites. En revanche, le candidat de l'UMP a explicitement rejeté l'idée de la candidate socialiste d'un salaire familial : "Car le pays n'en a pas les moyens." Sur le plan fiscal, il a précisé que la suppression de droits en succession serait totale entre époux, quel que soit le niveau de l'héritage. De même, la solidarité fiscale entre époux, qui obligeait les femmes à s'acquitter des indélicatesses fiscales de leur mari, sera supprimée. Nicolas Sarkozy a profité de cette réunion pour annoncer sa position en matière d'euthanasie, plusieurs fois ajournée : "Tout ne peut pas faire l'objet d'une loi, a-t-il expliqué. Et lorsque quand la souffrance rend la vie impossible, il faut faire confiance au dialogue singulier qui s'installe entre le malade et sa famille, et le personnel soignant." Enfin, peut-être pour contrebalancer sa proposition de créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, critiqué par Simone Veil, M. Sarkozy a promis d'accorder la "citoyenneté française" à toute femme "martyrisée" dans le monde, sans préciser les modalités de cette nouvelle forme d'asile. § Extraits du livre de l'ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances Azouz Begag, à paraître le 13 avril. § D ans son livre Un mouton dans la baignoire (Fayard) à paraître le 13 avril, l'ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances Azouz Begag, qui a démissionné du gouvernement jeudi 5 avril, revient sur sa mésentente avec Nicolas Sarkozy. Le conflit avec celui qui est alors ministre de l'intérieur naît d'abord de l'emploi par ce dernier du mot "racaille" et s'amplifie avec les violences dans les banlieues en novembre 2005. Extraits : "En pleine tempête, on m'a organisé un rendez-vous en tête à tête place Beauvau avec Sarko. Il me reçoit dans son bureau, avec des sourires enrobés de mots doux et m'invite à m'asseoir près de la cheminée, au coin du feu. (...) Il me fixe droit dans les yeux : "Pourquoi tu m'attaques, Azouz ? Moi, je ne t'ai pas attaqué, jamais. Je n'ai même pas réagi à tes propos, tu as vu ?" (...) Il ment. Prétend qu'il n'a pas répondu à mes attaques, mais en fait les ripostes dans la presse se multiplient, orchestrées par ses proches. Ils font de moi l'Arabe ministre qui défend ses frères arabes des banlieues au lieu de défendre les citoyens contre la "racaille" qui infecte la vie des bons Français. (...) Au passage, je lui glisse que mon grand-père est mort en 1918 dans le 23e régiment de tirailleurs algériens dans la Somme. Qui est le plus français de nous deux ? "C'est toi", il reconnaît. Il dit qu'il est hongrois. Puis il me montre son désir de résoudre au plus vite notre mésentente : "Alors, qu'est-ce qu'on fait ?" (...) Sans vergogne, il me propose le prochain mercredi, jour du conseil, de venir le rejoindre place Beauvau et d'aller ensemble, à pied, à l'Elysée sous l'oeil des caméras. Je suis stupéfait. L'homme me prend pour un bouffon ! (...) Il propose alors que nous allions ensemble dans un quartier de banlieue. Je dis : "Oui, mais sans caméra". Je souligne que ce sont les médias qui enveniment les situations, qu'il ne faut donc pas se rendre avec eux dans les quartiers. Il dit que cela ne sert à rien de sortir sans le faire savoir." Un jour, M. Begag interpellé sur le projet de loi sur l'immigration, croit faire un bon mot en rétorquant : "Je ne m'appelle pas Azouz Sarkozy." Fureur du ministre de l'intérieur qui appelle M. Begag, alors dans le train, qui en fait le récit suivant : ""Tu es un connard ! Un déloyal, un salaud ! Je vais te casser la gueule ! Tu te fous de mon nom... Tu te fous de mon physique aussi, je vais te casser ta gueule, salaud ! Connard !" Je suis cloué à mon téléphone (...) Le ministre de l'intérieur m'a conseillé dans une ultime menace de ne jamais plus lui serrer la main, sinon il allait m'en cuire, "sale connard" que je suis. Je ne sais combien de fois il a projeté ces mots contre mes tympans. Je ne pardonnerai pas." § Des états généraux de la question noire sont organisés samedi par le CRAN, qui propose un "Plan pour la diversité" en une soixantaine de mesures. § L a France a besoin de sa diversité, et de ses talents", lançait Ségolène Royal, jeudi 5 avril, en meeting à Bordeaux. Pourtant, au-delà de déclarations de principe, la question des discriminations et des moyens de promouvoir la diversité reste étrangement absente de la campagne. Ce silence, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) entendait le rompre à l'occasion de ses deuxièmes Etats généraux, samedi 7 mars, à Paris. "Nous ne voulons plus des belles paroles. Il est temps d'entamer des réformes de fond. A des problèmes de discriminations fondées sur la couleur de la peau, nous devons apporter des solutions basées sur la couleur de la peau", devait affirmer Patrick Lozès, son président, en présentant un "Plan pour la diversité" comportant une soixantaine de mesures. Mise en place de statistiques de la diversité ; création d'un corps d'inspecteurs des discriminations ; attribution préférentielle des marchés publics aux entreprises dirigées par des minorités ou embauchant plus de 50 % de personnels issus des minorités ; mise en place d'internats de réussite éducative ; versement d'une prime d'éloignement aux ressortissants des DOM travaillant en métropole, à l'instar de celle versée aux métropolitains travaillant dans les DOM ; instauration d'une "Commission vérité réconciliation sur les crimes de la Françafrique, durant la décolonisation et la période coloniale"... : sur toutes ces propositions, le CRAN entendait, samedi, appeler les candidats à se prononcer, l'association ayant invité certains d'entre eux, dont Nicolas Sarkozy et Marie-George Buffet. Chez les élus et militants, à gauche comme à droite, l'attente est forte aussi. Au PS, d'aucuns se désespèrent que pas une seule véritable proposition pour "repenser les outils de l'égalité républicaine" n'ait été encore portée par la candidate socialiste. Quelque 200 élus locaux, responsables de section ou simples militants, issus ou non des minorités, ont écrit, le 19 février, à Ségolène Royal, pour lui faire part de leur inquiétude. "Le pacte présidentiel ne fait aucune proposition sur la question de la lutte contre les discriminations et de la promotion de l'égalité réelle", soulignaient-ils dans ce courrier adressé au lendemain du discours programme prononcé par Mme Royal, le 11 février, à Villepinte. ROMPRE LE SILENCE "Au-delà des slogans, des discours et de l'éloge de quelques initiatives citoyennes, nos électeurs potentiels nous jugeront certainement sur notre capacité à porter leur aspiration à être reconnu de manière définitive dans notre société", alertaient les mêmes un mois plus tard dans un nouveau courrier, le premier étant resté lettre morte. En vain. "Les Français issus des minorités attendent beaucoup de la gauche, et du PS en particulier, soutient Fayçal Douhane, l'un des signataires de ces courriers et membre du conseil national du PS. On ne gagne pas sur des symboles. L'identité française est un sujet important. Mais dans cette question, il y a aussi la question des discriminations." "Si aucune proposition n'est faite, nous le payerons collectivement", insiste-t-il. Non moins convaincu des gains de voix potentiels, Dogad Dogoui, conseiller exécutif de l'UMP et animateur des comités de soutien "France diversité" pour Nicolas Sarkozy attend toujours lui aussi que le candidat UMP rompe le silence qu'il observe sur le sujet depuis le début de sa campagne. Il se refuse à croire la question définitivement enterrée par les candidats, à commencer par le sien, lequel, relève-t-il, "a été le premier à porter la discrimination positive et à l'inscrire dans son programme". La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), qui entendait pourtant mettre sur la table des candidats un nouvel avis sur la mesure de la diversité, a elle-même repoussé à plusieurs reprises la présentation de ses travaux, pour finir par la reporter à la mi-mai... après l'élection présidentielle. Un choix fait par souci de rigueur et non par refus de se prononcer, affirme son président, Alex Türk. § Le candidat du Front national a affirmé, dimanche, être "le candidat du terroir" alors que son adversaire de l'UMP "vient de l'immigration". § L e candidat du Front national Jean-Marie Le Pen a ciblé ses attaques, dimanche 8 avril, sur son adversaire de l'UMP Nicolas Sarkozy. "C'est un candidat qui vient de l'immigration, moi je suis un candidat du terroir. C'est vrai qu'il y a une différence, un choix qui peut être considéré comme fondamental par un certain nombre de Français", a-t-il déclaré lors du Grand rendez-vous Europe 1/TV5 Monde et Le Parisien-Aujourd'hui en France, faisait allusion aux origines hongroises, par son père, de M. Sarkozy. "Lui-même s'en est servi comme argument" pendant la campagne, a-t-il souligné. M. Le Pen a par ailleurs réaffirmé qu'il était persuadé d'être présent au second tour de la présidentielle, comme en 2002, ajoutant qu'il croyait "raisonnablement" être "au-dessus de 20 %", soit nettement plus que ce que les sondages le créditent. Il a également jugé que l'avance de M. Sarkozy dans les sondages l'avait amené à dire "beaucoup de choses, quelquefois un peu absurdes, comme celle sur les gènes". Le candidat UMP "a repris les vieilles thèses du XIXe siècle sur le criminel-né", a-t-il commenté à propos des déclarations de M. Sarkozy sur le caractère inné de la pédophilie ou de la propension au suicide. Par ailleurs, quand M. Sarkozy "promet à toutes les femmes battues du monde de leur donner la nationalité française, on est là dans le domaine ubuesque", a-t-il poursuivi. § Le candidat altermondialiste a appelé dimanche à "changer aujourd'hui", pas dans un "futur lointain" et sans attendre "une révolution mythique". § "B eaucoup de gens sont déçus de cette gauche tiède qui n'est pas capable de changer la vie au quotidien", a estimé José Bové, dimanche 8 avril, sur Canal +. Ces électeurs, le 22 avril, "soit ils se réfugient dans le vote protestataire de Besancenot et Laguiller, mais on a bien vu en 2002 que ça n'avait pas servi à grand chose puisque les trois millions de voix qu'ils avaient réunis, ça n'a pas créé de dynamique", a analysé l'ancien leader paysan. Soit ils vont "vers Marie-George Buffet ou Dominique Voynet, mais c'est uniquement pour essayer de gagner un strapontin avec le PS", a-t-il accusé. Selon lui, "ce qui est important, c'est que les électeurs aient envie de changer tout de suite, au quotidien, pas dans un futur lointain", sans attendre "une révolution mythique". Si, à ses yeux, "Nicolas Sarkozy est dangereux pour nos libertés", François Bayrou "essaie d'avoir un ton beaucoup plus modeste", mais il "appartient à des associations internationales qui prônent le libre échange, le libéralisme à outrance". § Interrogé dimanche sur Ségolène Royal, le candidat soutenu par le Parti des travailleurs (extrême gauche), répondu qu'il "ne voterait jamais pour des gens qui ont pu mettre la France et l'Europe à genoux". § G érard Schivardi a annoncé dimanche 8 avril sur Canal+ qu'il ne donnerait pas de consigne de vote au second tour de la présidentielle et glisserait lui-même un bulletin blanc dans l'urne. Comme on lui demandait s'il choisirait la socialiste Ségolène Royal, le candidat soutenu par le Parti des travailleurs (extrême gauche) a répondu : "je ne voterai jamais pour des gens qui ont pu mettre la France et l'Europe à genoux". Quant à François Bayrou,"c'est un partisan de l'Europe des fonds de pension", a répondu le maire de Mailhac (Aude) . Des décisions de justice, saisie notamment par l'Association des maires de France, l'ayant empêché de se présenter comme "candidat des maires", il est contraint de réimprimer ses affiches et professions de foi, pour un coût de 320 000 euros. Le désormais"candidat de maires", a indiqué que l'appel à dons lancé par pétition a bien marché. "Les Français sont généreux. Nous aurons l'argent", a-t-il affirmé, déclarant avoir presque atteint 200 000 euros de dons. Il a réaffirmé que cette péripétie judiciaire était due à "un complot fomenté par le PS et l'UMP" contre sa candidature. Comme on lui demandait s'il était trotskiste (composante importante du Parti des Travailleurs), il a répondu par la négative : "je suis socialiste. Mais un vrai socialiste". § Le secrétaire général du syndicat Force ouvrière a dénoncé dimanche une campagne présidentielle "décevante" qui donne le sentiment d'une "campagne marketing et zapping". § "C ette campagne est décevante et j'ai un peu le sentiment d'une campagne marketing et zapping", a déclaré le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, dimanche 8 avril sur France Inter :"marketing, parce qu'on sent qu'il y a des stratégies de communication et qu'on essaie de s'adresser à des clientèles particulières, et zapping parce qu'on passe d'un sujet à l'autre, très vite". Le syndicaliste a déploré "un problème de lisibilité pour les citoyens", et "qu'on ne sent pas les idées fortes qui se dégagent à travers cette campagne". Selon lui,"deux thèmes de fond sont absents de cette campagne : la question économique et la question européenne (...), deux lacunes importantes car c'est ce qui conditionne la cohérence des uns et des autres" candidats. Interrogé sur la possibilité de la présence du candidat du Front national au deuxième tour de l'élection présidentielle,il a estimé que le fait qu'on puisse se poser la question cinq ans après "le choc du 21 avril 2002", montre qu'il faut"répondre aux problèmes de fond et ce n'est toujours pas le cas", et "que la mise en exergure de l'identité nationale par exemple contribue à favoriser un autre choc". § Le candidat de la LCR a critiqué la politique "hyper autoritaire" de l'Etat, samedi lors d'un meeting à Ajaccio § "L es Corses ont droit à l'autodétermination. Qui mieux que le peuple Corse peut choisir librement son développement ?", a déclaré .Olivier Besancenot, samedi 7 avril lors d'un meeting qui a réuni près de 400 personnes à Ajaccio. "Je viens soutenir la résistance qui s'exerce ici contre les défenseurs d'un Etat hyper autoritaire, de plus en plus pénal et de moins en moins social", a expliqué le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), . Appelant à "combattre ensemble les grands groupes capitalistes" qui "freinent les espoirs d'un véritable développement durable de l'économie" de l'île, il a affirmé sa volonté" que la Corse soit appelée Corsica et non pas Véolia", du nom du groupe industriel. Olivier Besancenot a également évoqué "la flambée de l'immobilier" en Corse qui "creuse le fossé des disparités" et rend "de plus en plus difficile le quotidien des Corses". La veille à Bastia, Marie-George Buffet s'était engagée à défendre "bec et ongles" la loi sur le littoral en Corse, sans accepter aucune dérogation. La candidate communiste avait aussi souhaité empêcher que l'île devienne "un ghetto pour riches". § Selon une enquête IFOP pour le "JDD", la candidate perd un point, à 22 %, son plus bas score en six mois. Les autres sondages parus depuis vendredi la créditent de 23,5 % d'intentions de vote, en baisse d'un demi à 3,5 points. § L es quatre sondages parus ces derniers jours coïncident essentiellement sur un point : ils notent une baisse des intentions de vote en faveur de Ségolène Royal. Selon une étude IFOP publiée dans le Journal du dimanche du 8 avril, la candidate socialiste perd un point par rapport à l'enquête menée du 31 mars au 2 avril, à 22 % des intentions de vote, soit son plus bas score dans les sondages des six derniers mois. Nicolas Sarkozy progresse lui de deux points, à 29,5 %, creusant l'écart avec ses rivaux. François Bayrou, qui était donné en hausse par de récents sondages, recueillerait selon celui-ci 19 % des voix, en baisse de 1 point. Jean-Marie Le Pen est stable, à 14 %. Aucun des autres candidats n'atteindrait la barre des 5 % nécessaire au remboursement des comptes de campagne : Olivier Besancenot (LCR) en baisse d'un demi-point, est crédité de 4,5 % d'intentions de vote, suivi par Marie-George Buffet, qui gagne un demi-point, à 2,5 %. La candidate de Lutte ouvrière Arlette Laguiller et l'altermondialiste Jose Bové sont stables, à 2 %, tandis qu'à droite Philippe de Villiers (MPF) perd un demi-point à 1 %. Au second tour, Nicolas Sarkozy accroîtrait son avance sur Ségolène Royal, avec 54 % des intentions de vote, contre 52 % lors de la précédente étude. Le sondage a été réalisé par téléphone les 5 et 6 avril auprès d'un échantillon national de 953 personnes, représentatif de l'ensemble de la population française âgée de 18 ans et plus. Les trois autres sondages publiés depuis vendredi créditent la candidate socialiste de 23,5 % des intentions de vote au premier tour, mais tous font état d'une baisse : elle n'est que d'un demi-point selon la 33e vague du baromètre électoral quotidien d'Ipsos/Dell pour SFR et Le Point, publiée samedi, de 1 point selon l'étude CSA/Cisco pour Le Parisien -Aujourd'hui en France/itele du même jour, mais atteint 3,5 point selon un sondage TNS Sofres pour RTL, LCI et Le Figaro, publié vendredi soir. § Quelque dix-huit millions d'électeurs n'ont pas choisi pour qui ils vont voter au premier tour, ou pourraient changer d'avis au dernier moment, selon un sondage CSA paru dimanche. § Q uelque dix-huit millions d'électeurs, plus de quatre Français sur dix (42 %), n'ont toujours pas choisi pour qui ils vont voter au premier tour de l'élection présidentielle, ou pourraient changer d'avis au dernier moment, selon un sondage CSA, paru dimanche 8 avril dans Le Parisien/Aujourd'hui en France. Certains (20 % d'entre eux) risquent même de s'abstenir, faute d'avoir trouvé "le" candidat qui leur convient. Fiche technique Sondage réalisé par téléphone du 28 février au 29 mars, auprès d'un échantillon national représentatif de 3 587 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas). Notice détaillée disponible à la Commission des sondages. Ce sondage souligne que 58% des personnes interrogées sont "tout à fait sûres" de leur choix et dessine les contours de l'électorat indécis. Sont concernés les femmes (49 %) plus que les hommes (35 %), les jeunes (56 % des moins de 30 ans hésitent encore) plus que les séniors (47 % d'indécis pour les 30 à 49 ans et 33 % pour les plus de 50 ans), les ouvriers plus que les cadres. Parmi les quatre candidats crédités des meilleurs scores au premier tour, c'est chez les électeurs de François Bayrou (UDF) que l'on trouve la plus forte proportion d'indécis (52 %). La part des électeurs pouvant encore changer d'avis est relativement voisine pour les trois autres candidats : 38 % d'indécis parmi les électeurs de Ségolène Royal (PS), 35 % parmi ceux de Nicolas Sarkozy (UMP) et 32 % parmi ceux de Jean-Marie Le Pen (FN). "Les candidats ont du mal à cristalliser sur leur nom les électeurs potentiels... il y a même 7 à 8 % des Français qui hésitent entre Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou", souligne Roland Cayrol, directeur général de l'Institut CSA. "La nouveauté, dit-il encore, c'est le phénomène Bayrou. les électeurs qui viennent d'arriver à lui, en provenance soit de la gauche soit de la droite, ont pour le moment l'intention de voter pour lui. mais ce n'est pas une habitude ni un choix ferme. La marge de progression ou de régression de Bayrou est la plus forte. Il peut terminer entre 12 et 29 %." 17 % des Français ont confié, en 2002, avoir fait leur choix définitif le jour même du scrutin. § Le candidat UDF à l'élection présidentielle se dit convaincu, dans un entretien au "Journal du dimanche", d'être présent au second tour de l'élection présidentielle et renvoie dos à dos ses adversaires UMP et socialiste. § L e candidat UDF à l'élection présidentielle, toujours devancé dans les sondages par Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, se dit convaincu, dans un entretien au Journal du dimanche du 8 avril, d'être présent au second tour de l'élection présidentielle et renvoie dos à dos ses adversaires UMP et socialiste. ''Ces deux projets de société sont dangereux'', accuse M. Bayrou. ''L'un parce qu'il propose une société violente. L'autre parce que c'est une société du 'Tout Etat' alors qu'on devrait en être vacciné depuis longtemps''. Revenant sur les récents propos de Nicolas Sarkozy concernant la pédophilie, le candidat de l'UDF affirme que son rival de l'UMP "incarne une société (...) d'autant plus violente qu'il en vient à penser que c'est à la naissance que tout est joué, thèse totalement anti scientifique et anti humaniste". "Mon projet, au contraire, est celui d'une société équilibrée dans laquelle, au lieu de dresser les gens contre les autres, on leur permet de vivre ensemble. Une société dans laquelle, au lieu de demander à l'Etat de tout faire, on permet aux solidarités de s'exprimer, à la société civile d'exister en face d'un Etat qui ne ferait plus que l'essentiel", souligne-t-il. "UN ÉLECTROCHOC TRANQUILLE" Il refuse d'envisager son absence au second tour."Ma présence au deuxième tour, plus qu'une victoire, sera un électrochoc, dit-il encore, un électrochoc tranquille, mais un électrochoc déterminant". Réagissant au peu de ralliements que sa candidature a suscité jusqu'ici, M. Bayrou dit en attendre ''d'autant moins'' des ''ténors de la politique qu'ils sont verrouillés par les appareils''. Mais s'il est au second tour, il se dit persuadé ''que des responsables politiques de premier plan, de gauche comme de droite, me rejoindront rapidement''. En cas de victoire, il se dit certain que ''se mettra en place une majorité nouvelle qui permettra de faire travailler ensemble des sociaux-démocrates venus du PS et de la droite républicaine''. Même s'il a ''une idée'', le candidat ne souhaite toujours pas révéler l'identité de son éventuel premier ministre. Quant à sa majorité parlementaire, il déclare que ''dans toutes les circonscriptions il y aura des candidats avec l'étiquette de la majorité présidentielle''. ''Les Français étant d'une logique absolue, après avoir donné un mandat à un nouveau président, ils créeront une nouvelle majorité'', assure-t-il. § Selon la candidate communiste, il serait "dramatique" que le PCF sorte de cette élection "affaibli", parce que "cela voudrait dire que la gauche n'aura pas les moyens de battre la droite au second tour". § I nterrogée sur le"contrat première chance" de Ségolène Royal, samedi 7 avril sur Canal+, Marie-George Buffet a affirmé qu'elle était en faveur d'un "nouveau CDI" (contrat à durée indéterminée). "Pourquoi toujours vouloir parquer les jeunes dans un contrat particulier ? Je suis pour qu'ils rentrent directement dans le travail, dans l'emploi stable. On peut inventer un nouveau CDI", a affirmé la candidate communiste, alors que Ségolène Royal, (PS) a proposé un contrat spécifique pour les jeunes non qualifiés, convention de parcours conclue entre une région, une entreprise et un jeune pour un an. "Aujourd'hui, on ne restera pas toute sa vie dans la même entreprise. Il faut une mobilité choisie, construite par des périodes d'emploi et de formation", a ajouté Mme Buffet. Elle a par ailleurs estimé qu'une éventuelle absence de la gauche au second tour de l'élection présidentielle serait "une catastrophe"."J'ai envie de mener le combat jusqu'au bout (...). Demain, on peut mener le combat dans une majorité à l'Assemblée nationale (...). Il ne faudra pas avoir une attitude de compromis pour aller au gouvernement, mais au contraire continuer à porter l'ensemble de notre programme pour que la gauche réussisse", a-t-elle dit. "A la présidentielle comme aux législatives, il faut que toute la gauche se rassemble sur le ou la candidate le mieux placé. Je ne vois pas très bien pourquoi il faudrait passer un accord autre que celui-là", a-t-elle ajouté. Et il serait, selon elle, "dramatique" que le PCF sorte de cette élection "affaibli", parce que "cela voudrait dire que la gauche n'aura pas les moyens de battre la droite au second tour". Mme Buffet a indiqué qu'elle ne sera pas présente à la présidentielle de 2012. § La candidate socialiste a dénoncé un "système qui dresse les gens les uns contre les autres", lors d'un meeting à Lézignan-Corbières, dans l'Aude. § S égolène Royal a appelé de ses voeux, samedi 7 avril à Lézignan-Corbières, "une France rassemblée". "Non, je ne veux plus de cette France de l'affrontement, je veux une France de la réconciliation", s'est exclamée la candidate socialiste devant 2 000 sympathisants réunis dans une petite pinède. "Je veux avec vous une France qui fasse reculer (...) ce système qui dresse les gens les uns contre les autres", a-t-elle repris : "les fonctionnaires contre ceux qui ne le sont pas et qui sont désignés du doigt, les grévistes contre ceux qui ne le sont pas et qui sont désignés du doigt, ceux qui auront le droit de faire des heures supplémentaires et ceux qui ne l'auront pas, ceux qui pourront continuer d'accéder à la santé et ceux qui ne le pourront plus, ceux qui vont bénéficier des allégements fiscaux en haut de l'échelle et ceux qui seront obligés de payer de leur précarité les nouveaux cadeaux fiscaux que la droite promet". "LA LUTTE CONTRE LA DÉLINQUANCE, ÇA SE FAIT AUSSI PAR L'EXEMPLE" Insistant beaucoup sur les questions sociales, Ségolène Royal a aussi prôné "une France où l'Etat garantira des conditions égales d'accéder à la liberté de choix de sa vie". "Je ne veux pas non plus d'une France de l'assistanat, je veux qu'avec chaque droit nouveau, il y ait une obligation nouvelle et que les droits et les devoirs soient les mêmes pour tous, que les puissants ne puissent pas s'en affranchir", a-t-elle ajouté. Après le début de polémique suscitée par son "contrat première chance" pour les jeunes sans qualification, elle a défendu son droit à "bousculer les tabous" pour remporter la "bataille" contre le chômage des jeunes, à "avoir de l'imagination avec pour seul guide la volonté de résoudre rapidement les problèmes qui sont posés". Elle a dénoncé les dernières propositions de Nicolas Sarkozy, évoqué par les termes "candidat de la droite", telles la "TVA sociale" ou les "franchises médicales" , qui sont à ses yeux "la première étape de la privatisation de la sécurité sociale". Et fustigé les attaques du candidat de l'UMP qui, après les incidents de la gare du Nord, l'avait accusée de "soutenir les fraudeurs" :"la lutte contre la délinquance, ça se fait aussi par l'exemple, la lutte contre toutes les formes de brutalités, ça se fait aussi par l'exemple, la lutte contre l'agressivité verbale, ça se fait aussi par l'exemple", a-t-elle déclarée sous les applaudissements."Construisons ensemble une France rassemblée et fière d'elle-même", a conclu Ségolène Royal, qui avait commencé son discours d'une quarantaine de minutes par un appel à la mobilisation, afin de "faire le plus gros score possible dès le 22 avril prochain". § Le conseiller régional d'Ile-de-France, ancien secrétaire national de l'UMP, déplore "la droitisation constante de l'UMP au cours de cette campagne". § J ean-Luc Romero, président du parti Aujourd'hui, Autrement, associé à l'UMP, a annoncé lundi 9 avril dans un communiqué qu'il soutenait la candidature de François Bayrou pour l'élection présidentielle. Il constate qu'"il n'est pas parvenu à peser significativement sur les positions de l'UMP" et déplore"la droitisation constante de l'UMP au cours de cette campagne". Il estime que François Bayrou "est aujourd'hui le seul candidat à porter une vision humaniste, tolérante et nouvelle de notre pays". Jean-Luc Romero a été élu conseiller régional d'Ile-de-France sur la liste UMP/UDF/Cap 21 de Paris en 2004. Se réclamant d'une "droite sociétale et sociale", il est candidat aux législatives dans la 8e circonscription de Paris (12e arrondissement). Il a été président du comité Sida, grande cause nationale 2005. Il avait quitté en juin 2004 le poste de secrétaire national de l'UMP chargé de la lutte contre le sida, pour protester contre le report de l'examen du projet de loi contre les propos sexistes ou homophobes. § L'étude LH2 diffusée lundi soir 9 avril crédite le candidat du FN de 15 % des intentions de vote, soit 2 points de plus que la semaine dernière. § U n sondage LH2-RMC-BFM TV-20 Minutes, diffusé lundi soir 9 avril, fait état d'une hausse de deux points des intentions de vote en faveur de Jean-Marie Le Pen en une semaine, à 15 %. La même tendance avait été notée par un sondage CSA, publié dans Le Parisien du 6 avril : la progression du candidat d'extrême droite d'un point l'avait porté à 16 % des intentions de vote, un record pour cet institut. Fiche technique Sondage réalisé par téléphone les 6 et 7 avril auprès d'un échantillon de 1 009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus suivant la méthode des quotas. Notice détaillée consultable à la Commission des sondages. Selon l'étude LH2, Jean-Marie Le Pen ne serait plus qu'à trois points de François Bayrou, qui reste stable à 18 %. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal conservent une forte avance, mais reculent tous deux : le candidat de l'UMP perd un point, à 28 %, celle du PS deux, à 24 %, après quatre autres sondages montrant une baisse des intentions de vote en faveur de Mme Royal. Autre fait marquant : le taux d'indécis baisse de six points, mais atteint toujours 47 %, à 13 jours du scrutin. Olivier Besancenot recueillerait 4 % (- 1), Marie-George Buffet 2,5 % (- 0,5), José Bové, stable à 2 %, serait rejoint par Dominique Voynet, en hausse d'un point. Suivraient Arlette Laguiller et Philippe de Villiers, passés tous deux de 1 à 1,5 %. Frédéric Nihous obtiendrait 1 %, un score inchangé, Gérard Schivardi 0,5 %, en hausse d'un demi-point. "UN PEU COMME EN 2002" Au second tour, Nicolas Sarkozy l'emporterait avec 52 % des voix (+ 1) devant Ségolène Royal, à 48 % (- 1). A noter que plus d'un électeur sur quatre (27 %) n'aurait pas encore fait son choix entre ces deux candidats s'ils étaient qualifiés. Selon François Miquet-Marty, de LH2, la progression de M. Le Pen "se fait un peu comme en 2002 : il progresse chez les ouvriers et les employés, ceux qui s'intéressent le plus tardivement à la campagne". Le chercheur estime que Ségolène Royal pâtirait de sa passe d'armes récente avec Nicolas Sarkozy et de la résistance des petits candidats à sa gauche. Il note enfin les "bons scores auprès des sympathisants socialistes" de M. Bayrou et conclut à une "progression de l'incertitude". § Le candidat du FN avait estimé dimanche qu'il y a une "différence" entre lui et Nicolas Sarkozy (UMP), "un candidat qui vient de l'immigration". § Y ves Jégo, secrétaire national de l'UMP, a jugé, lundi 9 avril, "inadmissibles et insupportables" les propos de Jean-Marie Le Pen (FN), qui avait estimé dimanche qu'il y a une "différence" entre lui et Nicolas Sarkozy (UMP), "un candidat qui vient de l'immigration". Ces propos révèlent "une fois encore la face hideuse de son extrémisme", a écrit le député de Seine-et-Marne dans un communiqué. "En cherchant à faire une nouvelle provocation en affirmant qu'il serait plus français que Nicolas Sarkozy", a-t-il ajouté, "le dirigeant du FN confirme sa haine de l'étranger et son refus de voir que trois Français sur quatre ont un de leurs ancêtres issu de l'immigration !" Gérard Schivardi, candidat soutenu par le Parti des travailleurs (extrême gauche), a de son côté dit s'être "senti visé" par les propos de Jean-Marie Le Pen sur Nicolas Sarkozy. "Je suis petit-fils d'immigré italien, ça fait mal quelque part", a expliqué le maire de Mailhac (Aude). Les sans-papiers "sont des Français comme nous, a-t-il ajouté. Mon grand-père, quand il est arrivé en France, il n'avait pas de papiers. Et je pense que le grand-père de Sarkozy, il n'avait pas de papiers non plus." "SURENCHÈRE IDENTITAIRE MALSAINE" Dans sa région, Jean-Marie Le Pen "ne fait pas peur", selon lui. "Les Français en ont assez de la politique (...) qui a mené à la faillite de notre pays", et pour eux, "il n'y a que deux issues de secours : ou Le Pen, ou nous, les maires. Il n'y en a pas d'autre". M. Schivardi a par ailleurs dit partager la conception d'une Europe des nations que défendait Charles de Gaulle quand il était président. Le candidat a enfin annoncé que s'il était élu le 6 mai, il ne serait président que pendant deux mois, le temps de mettre en place une Assemblée constituante qui rendrait son mandat inutile. Le Parti socialiste avait pour sa part dénoncé dès dimanche les déclarations de Jean-Marie Le Pen lors de l'émission Le Grand Rendez-Vous Europe 1-TV5-Le Monde-Le Parisien/Aujourd'hui en France. Selon le secrétaire national à l'égalité et au partenariat équitable du PS, Faouzi Lamdaoui, "ces propos sont inacceptables et relèvent de la xénophobie exprimée régulièrement par cet homme d'extrême droite". "Il faut remarquer que Nicolas Sarkozy, dont la qualité de Français est mise en cause, est pris au piège de sa surenchère identitaire malsaine avec Jean-Marie Le Pen", ajoutait-il dans un communiqué. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § S'il propose de "remettre à plat" la loi de 2006 sur le droit d'auteur et droits voisins dans la société de l'information (Dadvsi), M. Rocard ne brandit pas comme solution la licence globale, soutenue en son temps par Mme Royal. § I l y a quelques semaines, Ségolène Royal demandait à Michel Rocard de lui "préparer un rapport sur les enjeux numériques". Mercredi 5 avril, l'ancien premier ministre remettait à la candidate PS à l'élection présidentielle un document intitulé "République 2.0. Vers une société de la connaissance ouverte". Au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy sur la culture, au cours duquel le candidat UMP a dénoncé "le vol organisé" des oeuvres sur Internet et s'en est pris au "jeunisme", M. Rocard a fait savoir dans une lettre annexée au rapport et en date du 5 avril qu'"il n'y a pas à faire de procès d'intention en irresponsabilité, notamment des jeunes". S'il propose de "remettre à plat" la loi de 2006 sur le droit d'auteur et droits voisins dans la société de l'information (Dadvsi), M. Rocard ne brandit pas comme solution la licence globale, soutenue en son temps par Mme Royal. "La défense de la rémunération de la création et de la qualité des contenus, tout comme la préservation des libertés dans ce domaine, ne peuvent résulter que d'une démarche de concertation et de négociation de toutes les parties concernées." M. Rocard prône la "négociation sociale, qui vaut mieux que l'arbitraire de la loi". Il faut "mettre en oeuvre une solution qui assure la sécurité juridique des échanges, mais préserve les intérêts des artistes autour d'une rémunération consensuelle qu'il conviendra de défendre vigoureusement au niveau européen", indique-t-il dans son rapport. Ces phrases ont été mises au point avec un petit groupe d'experts, parmi lesquels Aziz Ridouan, le jeune président de l'Association des audionautes, qui milite pour la légalisation du téléchargement sur Internet. Dans son rapport, M. Rocard formule quatre-vingt-quatorze propositions, comme le refus de la "brevetabilité des logiciels", l'interruption du projet de carte d'identité biométrique ou encore un "tarif social" pour l'accès au haut débit de 5 euros par mois. § Bruno Gollnisch a réuni, mercredi 4 avril, autour d'un dîner patriotique 75 convives, qui, convaincus que "seul Le Pen les comprend", voteront FN au premier tour § D îner patriotique dans un restaurant du centre-ville d'Auxerre, mercredi 4 avril. Poutres apparentes et monumentales cheminées datant de 1541. Au mur, décoration champêtre et affiches de Jean-Marie Le Pen. Devant 75 convives, entre le jambon braisé et le fromage, Bruno Gollnisch, délégué général du FN, énonce "des mesures de bon sens" pour la France. La "préférence nationale", les diatribes contre "l'Europe des technocrates" mais aussi la répression routière d'un gouvernement "qui traite plus mal celui qui conduit une voiture que celui qui la brûle" obtiennent les plus francs succès. Dans le chef-lieu de l'Yonne, 40 000 habitants, M. Le Pen a obtenu plus de 16 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle en 2002, à quelques décimales près son score national. Sa progression locale d'un scrutin à l'autre a été conforme à l'évolution du pays. Un sondage de l'institut CSA, réalisé auprès des seuls Auxerrois, le crédite de 13 % d'intentions de vote. Peu ou prou ce qu'augurent les instituts dans les panels hexagonaux. "Ils nous mettaient plus bas à la même époque en 2002, ironise Bruno Gollnisch. Nous serons encore là au second tour !" Tonnerre d'applaudissements. Autour des tables, ce soir-là, des personnes de tous âges et de toutes conditions. Beaucoup de petites gens qui gagnent autour de 1 200 euros par mois. Elles en ont déboursé 21 pour entendre l'orateur exprimer clairement ce qu'elles ressentent confusément. "Il dit bien ce qu'on pense", constate Jean-Pierre Paris, 38 ans, un artisan. Comme en 2002, il votera Le Pen. Il le fera "à cause des droits qu'on perd", "des salaires qui ne permettent plus de s'en sortir", "des retraites qu'on n'aura pas", " des étrangers qui nous pourrissent nos campagnes". Il le fera "parce qu'on n'a plus que la liberté de payer" et aussi "pour la fierté d'être français". M. Paris parle aussi de l'insécurité. "On a une bonne campagne, qui est saine, qui est pure et on aimerait qu'elle le reste. J'ai peur qu'ils viennent." "Ils ?" Ceux qu'ils voient à la télé, "qui cassent, à Paris, des choses que nous, les contribuables, devrons payer". "Ils" ne sont plus très loin d'ailleurs : le nord du département, autour de Sens, est déjà dans l'orbite francilienne et connaît des phénomènes de délinquance identiques à ceux des banlieues. C'est à cinquante kilomètres à peine. Joigny, à trente kilomètres, commence à être touché... Robert Serré, 54 ans, acquiesce, donne son opinion sur les immigrés. "Ceux qui travaillent, il n'y a pas de problème. Mais les sans-papiers, ceux qui sont à notre charge, à qui on donne de l'argent dans tous les sens, ouste !" Le salarié agricole se rendra aux urnes pour apaiser " (sa) grosse colère". Il vote Le Pen au premier tour depuis 1981. Au second, il avait choisi Mitterrand en 1988 et Chirac en 1995. Cette fois, c'est fini. "Je ne voterai pas si Le Pen n'est pas là." Hors de question de se rabattre sur Nicolas Sarkozy qui lui a "pris six points de (son) permis" et qui fait "augmenter le pétrole". Au tour de M. Paris d'avaliser : "Sarko, il nous colle des contraventions et nous fait sa petite dictature." Catherine Poinsard, 57 ans, n'est pas aussi formelle. "Voter Sarko après ? Ça se discute." Mais le 22 avril, jour du premier tour, cette infirmière n'hésitera pas. "M. Le Pen a le discours le plus cohérent, le plus proche de mes convictions. C'est le seul qui soit à droite sans conditions." Parmi les thèmes qui suscitent son adhésion, Mme Poinsard évoque le "combat pour la vie". C'est la seule. Les autres interlocuteurs se disent plutôt favorables à l'avortement et épousent sans regimber les évolutions de leur chef sur la question. Même le rétablissement de la peine de mort ne paraît pas un thème mobilisateur. Sylviane, 49 ans, et Ludivine, 24 ans, attendent surtout de leur favori "un vrai salaire". La mère "travaille pour la gloire" à la Sécurité sociale. La fille vivote comme vendeuse. "Plus les années passent, plus on s'enfonce, explique Viviane. Il n'y a plus que deux classes sociales, les riches et les pauvres. Seul Le Pen nous comprend." "Il n'y a que lui pour aider les Français. Les autres nous ont laissés tomber", renchérit Ludivine. Sylviane constate que des amis qui votaient comme elle ont basculé dans le camp de Sarkozy. "Il nous pique nos idées", tempête Ludivine. Dans la famille, un des frères fait dissidence : jusque-là proche du FN, il soutiendra la candidate socialiste. "Il est homosexuel et "Sego" est pour le mariage gay", explique Sylviane. Jean, 62 ans, commerçant, est las "d'être couillonné". "Le pays est délabré. On est à saturation. Le système est à bout de souffle. Il faut arrêter tout ça." Il se plaint des charges exorbitantes, estime qu'il faut "laisser travailler les Français". Il ne veut pas donner son nom car "ce n'est pas bon pour les affaires". Le repas s'achève par une quête et la vente du dernier livre de l'invité. Nulle manifestation d'hostilité n'aura troublé la soirée. Richard Jacob, 45 ans, responsable du FN à Auxerre, est satisfait. Cet homme aimable a proscrit de son discours l'outrance qui anime encore certains propos d'électeurs. Il adhère à l'image plus lisse, à cet autre ton qu'entend donner M. Le Pen à sa campagne. Longtemps resté discret, cet homme d'affaires versé dans l'immobilier s'affiche désormais dans la presse locale, sans que cela ne nuise vraiment à son activité. Il le constate : "Nos idées passent de mieux en mieux." § Avec une forte proportion d'indécis et quatre candidats forts, M. Sarkozy et Mme Royal, mais aussi MM. Bayrou et Le Pen, c'est le brouillard. Autre élément d'incertitude : la participation, et le grand nombre de nouveaux électeurs inscrits sur les listes électorales en 2007. § L a présidentielle, c'est comme l'amour ou le sucre : à un moment, quelque part entre Stendhal et Ginette Mathiot, auteure de La Cuisine pour tous, il y a cristallisation. Où en était ce passionnant phénomène, à quinze jours du premier tour en 1988, 1995 et 2002 ? Voyons d'abord 2007, au moment où débute, lundi 9 avril, la campagne officielle : " 18 millions d'indécis", titrait Le Parisien, dimanche 8 avril. Ce gros chiffre, 42 % des électeurs, a cependant été obtenu par l'institut CSA lors d'une enquête qui s'est achevée le 29 mars, près de dix jours avant sa parution. Quoi qu'il en soit, avec quatre candidats forts, M. Sarkozy et Mme Royal, mais aussi MM. Bayrou et Le Pen, c'est le brouillard. Autre élément d'incertitude, la participation, qui fut la plus faible de la Ve République en 2002, et le grand nombre de nouveaux électeurs inscrits sur les listes électorales en 2007, 2,86 millions de plus qu'il y a cinq ans. CAMPAGNE OFFICIELLE La campagne officielle, qui a débuté lundi 9 avril à 0 heure, sera close vendredi 20 avril à minuit, pour un premier tour dimanche 22 avril. AFFICHAGE. Un million d'affiches sont collées sur les panneaux électoraux par un millier de colleurs, devant les 85 000 bureaux de vote. L'ordre des panneaux métalliques a été tiré au sort par le Conseil constitutionnel, lundi 19 mars. Olivier Besancenot (LCR) porte le numéro un, Nicolas Sarkozy (UMP) le numéro douze. Entre eux : Marie-George Buffet (PCF), Gérard Schivardi (PT), François Bayrou (UDF), José Bové (altermondialiste), Dominique Voynet (Verts), Philippe de Villiers (MPF), Ségolène Royal (PS), Frédéric Nihous (CPNT), Jean-Marie Le Pen (FN) et Arlette Laguiller (LO). SPOTS AUDIOVISUELS. Chaque candidat dispose de 45 minutes de temps de parole, segmentés en clips de une minute, 2 minutes et demie, 5 minutes et demie, diffusés sur l'audiovisuel public. le conseil supérieur de l'audiovisuel a tiré au sort le 5 avril l'ordre de passage des candidats. josé bové a commencé lundi, à 6 h 25, sur france 5. SONDAGES. L'interdiction de publication des sondages prendra effet le vendredi 20 avril à minuit et durera jusqu'à la clôture du scrutin du premier tour, le dimanche 22 avril, à 20 heures. A deux dimanches du jour J, en 1988, on commence à parler dans ces colonnes d'un "vote exutoire" en faveur du président du Front national. Il obtiendra, nouveauté inquiétante, près de 15 % des suffrages. On s'intéresse au duel de la droite, entre Jacques Chirac et Raymond Barre, mais, à deux week-ends du 24 avril, ce dernier commence à être sérieusement distancé. Neuf points d'écart, déjà. M. Barre peste, car le soutien de celui qui l'a sacré "meilleur économiste de France", Valéry Giscard d'Estaing, ne lui sert à rien. Le 7 avril, il s'affiche avec lui dans le Puy-de-Dôme, tout en lâchant "c'est encore plus compliqué que d'aller voir le pape". "CASSER LES OEUFS SOCIALISTES" L'événement, dans cette campagne, après sept années de mitterrandisme et deux ans de cohabitation, c'est la lettre de François Mitterrand à ses compatriotes, pour solliciter à nouveau leurs suffrages. Publiée le 7 avril dans Libération et Le Parisien, ainsi que dans 23 quotidiens régionaux, elle suscite un cri unanime à droite : "Au flou !". Alain Juppé, porte-parole du candidat Chirac, y voit "un bavardage insipide, émaillé de quelques énormités". Le normalien résume la missive d'une formule, "La lettre et le Néant". M. Barre traite le sortant de "chauve-souris", le 10 avril : "Je suis rassembleur, voyez mes ailes ; je suis socialiste, voyez mon poil !". Le chroniqueur Philippe Boucher dépeint le 9 avril dans Le Monde un climat sans passion : "La gauche est raisonnable, la droite se veut fréquentable et le centre se cherche pour être le phare des deux autres. Quel ennui !" Personne ne parle plus de "changement", comme en 1981. Sauf, peut-être, l'ambassadeur des Etats-Unis à Paris, Evan Galbraith, qui s'irrite, le 10 avril, que le vieux sphinx semble parvenir "à renaître de ses cendres". Hésitant entre Chirac et Barre, il préconise sa recette à la sauce américaine : "Il faut faire une omelette d'un genre nouveau et, pour y parvenir, il faut casser les oeufs socialistes". La lettre du président sortant va pourtant plaire aux Français, puisqu'ils accordent à Mitterrand 4,3 millions de voix de plus qu'à Chirac, soit 14,15 points d'écart. Une confirmation des sondages parus à quinze jours du premier tour. Quel suspense en revanche à la même période, en 1995 ! "Nous sommes à un moment où l'on a le sentiment que le destin hésite", déclare Edouard Balladur le 10 avril, à treize jours du scrutin. La grande affaire, c'est évidemment son duel avec Jacques Chirac. Lionel Jospin n'est même pas sûr de figurer au second tour - il va pourtant, bien que de peu, arriver en tête le 23 avril. Les balladuriens, eux, ont encore de l'espoir, car certaines enquêtes donnent un premier tour serré Jospin-Balladur. La plupart des sondages donnent cependant le candidat Chirac vainqueur à tous les coups du second tour. Plusieurs amis proches de M. Mitterrand le soutiennent, officiellement ou en sous-main. Et les trois principaux candidats redoublent d'efforts, à quinze jours du premier tour pour séduire les jeunes, avec un avantage qui se révélera décisif pour M. Chirac. "Imaginons que j'arrive à un point derrière le deuxième", rêve déjà Jean-Marie Le Pen, qui va confirmer son score de 1988, à 15 %. Il prédit, le 10 avril, que le candidat du RPR, qui fait campagne sur la fracture sociale, "ne se sentira pas du tout impliqué par les promesses qu'il a faites". Que se passait-il deux semaines avant un certain 21 avril 2002, de sinistre mémoire ? Les sondages donnaient une légère avance à Lionel Jospin, tandis que son épouse, Sylviane Agacinski, dépeignait dans Paris Match un homme "tendre et généreux". Il est donné partout vainqueur au second tour. Il n'y figurera pas, après une campagne tout entière axée sur la sécurité, tandis que le président du FN prendra la deuxième place. M. Chirac, après un septennat désastreux, amputé de cinq ans de cohabitation et gangrené par les affaires, ne fait pas une si mauvaise campagne. Tandis qu'à gauche les critiques sourdent contre celle du candidat socialiste, jugée "brouillonne et bureaucratique". Voilà de quoi rassurer : la campagne est décisive. § L'UMP accuse "les militants du PS" d'être à l'origine de la petite manifestation qui, jeudi 5 avril, a conduit Nicolas Sarkozy à annuler sa visite dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon. § A la suite de la petite manifestation qui, jeudi 5 avril, a conduit Nicolas Sarkozy à annuler sa visite dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, l'UMP a accusé "les militants du PS" d'être à l'origine des déboires du candidat de l'UMP. "C'est une façon d'essayer de faire passer une image. Qu'est-ce qu'on dirait si nous envoyions des militants pour empêcher Ségolène Royal d'accéder à des lieux ?", s'est interrogé François Fillon sur Canal+ le 6 avril, expliquant que l'ancien ministre de l'intérieur "a choisi de ne pas forcer un passage devant des gens hostiles, distribuant des documents d'une rare violence et membres d'un parti politique qui le combat". Toutefois, à l'intérieur du parti certains ne se satisfont pas de cette condamnation sans surprise. Une question demeure : comment un grand parti politique, rompu aux campagnes électorales, a-t-il pu envoyer son candidat dans cette galère ? Dominique Perben, qui brigue la mairie de Lyon, avait immédiatement pris les devants en faisant dire qu'il n'était pour rien dans ce fiasco. "C'est Emmanuel Hamelin qui a organisé cette étape", se défaussait-on dès jeudi dans l'entourage du ministre des transports. "ELÉMENTS PERTURBATEURS" Député (UMP) de la circonscription, ce dernier botte à son tour en touche : "Il y avait dans la foule un quart d'éléments perturbateurs et trois quarts de personnes non hostiles, des sympathisants ou de simples badauds." "Vraiment pas de quoi fouetter un chat !", observe-t-il. Une manière de sous-entendre que l'entourage du candidat de l'UMP a pris, en annulant cette étape de la visite du candidat, une décision précipitée que les circonstances n'imposaient pas. Il raconte : "J'ai eu Nicolas au téléphone avant qu'il n'annule. Je lui ai dit que le rapport de force nous était plutôt favorable. Mais Sarkozy m'a dit : "Moi je ne viens pas pour créer des soucis. Si ça doit tourner à l'affrontement, non merci"." Et à son tour il porte l'accusation vers le PS local d'avoir "orchestré" la contestation. De son côté l'UMP ne veut pas porter le chapeau et se défausse sur le QG du candidat. Un cadre du parti explique que la place de la Croix-Rousse était "impossible" à sécuriser et à "barriérer". "Un travail d'énarque", lâche-t-il un peu amer. Pour sa part, M. Hamelin indique avoir rencontré la semaine précédente trois membres de l'équipe Sarkozy venue du QG pour régler les détails de la visite de l'ancien ministre et vérifier si la pâtisserie Bouillet pouvait abriter la soixantaine de journalistes accrédités. La présence sur les lieux des "anti-Sarko" de la Croix-Rousse n'a visiblement pas été prévue. On cherche un lampiste. § M. Sarkozy veut "assumer toute l'histoire de France", et n'hésite pas à citer les figures historiques de la gauche. § I l emprunte à la gauche ses figures historiques : Blum, Jaurès, Ferry, Zola, sont venus illustrer ses discours comme autant de preuves qu'on ne pouvait réduire complètement Nicolas Sarkozy à un candidat classique de droite. Il a feint de s'offusquer du procès en "captation d'héritage" que lui ont intenté le PS et le PCF, mais il s'est réjoui de ses prises de guerre comme un entomologiste fier de ses nouveaux papillons. Parallèlement à ce travail, le candidat de l'UMP cherche à débarrasser en partie la droite de ses zones d'ombre. Fustigeant toute idée de "repentance" alors que Jacques Chirac a marqué ses mandats par la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat dans la déportation des juifs, M. Sarkozy veut "assumer toute l'histoire de France". Raison de plus pour la toiletter un peu, la magnifier, pour ensuite se poser en rassembleur et porter ensuite la "synthèse entre l'Ancien Régime et la Révolution". "Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire, a-t-il déclaré à Nice le 30 mars. Elle n'a pas commis de génocide, elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'homme. Je veux dire que, pendant la guerre, tous les Français n'ont pas été pétainistes, (...) que, si certains Français ont dénoncé des juifs, d'autres plus nombreux les ont aidés au péril de leur vie, (...) que dans les colonies, tous les colons n'étaient pas des exploiteurs, il y avait parmi eux beaucoup de gens courageux qui n'avaient jamais exploité personne, qui avaient construit des routes, des hôpitaux, des écoles". Ce faisant, le candidat de l'UMP cherche d'abord à réhabiliter les valeurs et l'oeuvre de droite. : "La droite est sortie honteuse de la guerre, explique Patrick Devedjian. Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l'histoire, distribuant les bons et les mauvais points : à gauche le parti des fusillés, à droite les collaborateurs. Même Chirac n'a jamais dit qu'il était de droite, et Jospin n'a pas hésité à dire de la droite qu'elle était héritière d'un courant anti-dreyfusard, antisémite et raciste." "FILIATION" Derrière ce réajustement, il y a bien sûr l'influence d'Henri Guaino, la "plume" du candidat : "Il ne s'agit pas de réécrire les pages honteuses de la droite, mais de récuser le clivage entre une histoire de droite et une histoire de gauche, explique-t-il. Dire qu'il y a eu d'un côté le bien et de l'autre le mal est absurde. Nous avons le droit de choisir nos filiations. Je ne me sens pas dans le camp du Comité des forges (organisation de la sidérurgie incarnant un patronat de combat). Mais je ne laisserai pas Jules Ferry à la gauche." Surfant sur l'exaspération d'une partie de l'UMP après l'abrogation, en 2005, de l'article de loi reconnaissant "le rôle positif de la présence française Outre-Mer", M. Sarkozy s'attelle à replacer la famille politique dont il est issu du côté glorieux de l'histoire : "Il a sorti nos valeurs de la réclusion, il redonne sa dignité à la droite, analyse M. Devedjian, pour qui "la droitisation de la société permet aujourd'hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire politique". M. Guaino renchérit : "Ce travail sur l'histoire est un travail préalable pour convaincre les gens qu'ils peuvent refaire les grandes choses qui ont été faites avant eux." Pour le politologue Dominique Reynié, M. Sarkozy avait deux choix possibles pour répondre à l'angoisse des Français face à la mondialisation : "L'exaltation de l'avenir et de l'innovation par nature anxiogène ou le retour à la tradition au risque de la glorifier à l'excès." "Il choisit visiblement cette seconde solution, continue-t-il, en passant par le terrain de la révision idéologique." M. Reynié précise : "Ce faisant, il reste authentiquement un homme de droite qui pense, par exemple, qu'il y aurait un génie des peuples, une prédestination, qui les pousseraient à faire le bien ou le mal." Cet investissement accru sur le terrain de l'idéologie, la relativisation des fautes de la droite, sont évidemment une manière pour M. Sarkozy de concurrencer le Front national et de préparer un bon report de voix dans l'éventualité d'un second tour. Il intervient également à un moment où, sous la pression de ses alliés et de ses ralliés, son programme économique et social n'illustre plus tout à fait la rupture qu'il voulait illustrer. § En durcissant son discours, le candidat de l'UMP nourrit aussi les inquiétudes sur son caractère. § "O n me dit que je fais peur." En lançant cette phrase devant son comité politique, Nicolas Sarkozy a de lui-même admis que la question de sa personnalité s'est installée au coeur de la campagne. De tous les candidats, c'est sans doute à celui de l'UMP que les deux semaines à venir vont sembler les plus longues. Si Nicolas Sarkozy a creusé la distance avec ses adversaires, si 59 % des Français pronostiquent sa victoire (contre 18 % Ségolène Royal et 8 % François Bayrou) selon un sondage CSA-Le Parisien publié lundi 9 avril, la droitisation de son discours, le durcissement de son ton, ont un coût. Ils ont offert un angle d'attaque commun à ses principaux concurrents, au moment périlleux où l'issue de la campagne du premier tour repose sur cette majorité silencieuse d'indécis, évaluée selon un autre sondage CSA-Le Parisien, publié dimanche, à 42 % du corps électoral, soit 18 millions d'électeurs. François Bayrou a été le plus prompt à dégainer. "Ce qui est en jeu maintenant, ce sont les projets de société que nous défendons les uns et les autres ainsi que les caractères de ceux qui les portent", soulignait-il dans un entretien accordé au Journal du dimanche. Rappelant les dernières déclarations du candidat de l'UMP sur le caractère "génétique" de la pédophilie ou du suicide des jeunes, M. Bayrou a observé que "cette thèse anti-scientifique et anti-humaniste (...) remet en cause les valeurs communes autour desquelles a été construite la société française". Dans l'avion qui le ramenait de Corse, samedi 7 avril, le candidat UDF confiait aux journalistes : "Sarkozy va sur le terrain de Le Pen. Or il y a un grand nombre d'électeurs qui hésitent entre lui et moi et qui ne vont pas le suivre sur ce terrain." M. Bayrou est convaincu que le choix de Nicolas Sarkozy de "jouer l'affrontement" peut lui aliéner une partie de l'électorat modéré : "La société française a besoin de stabilité et d'optimisme", dit-il, ajoutant que "les deux autres candidats, chacun, portent une inquiétude : Sarkozy parce qu'on sait où il va, Royal parce qu'on ne le sait pas". Les allusions au caractère "anxiogène" de l'ancien ministre de l'intérieur n'ont également pas manqué dans le camp de Ségolène Royal. "La question de son aptitude est posée", a lancé Arnaud Montebourg, l'un de ses porte-parole. "Sarkozy est un écorché vif. Il ne peut vivre que dans la tension", affirme en écho Julien Dray, conseiller spécial de la candidate socialiste. Celle-ci, qui a signé la fin des hostilités frontales avec son rival UMP, a saisi les occasions offertes par son déplacement dans le Sud-Ouest pour souligner "la brutalité" du projet de celui qu'elle désigne comme "le candidat sortant", en opposant sa vision d'une "France de la réconciliation" à celle d'une "France de l'affrontement". Ségolène Royal a en revanche prudemment abandonné aux scientifiques "le soin de commenter les propos de M. Sarkozy sur le caractère héréditaire de la pédophilie". "Si, moi, je m'étais permis de dire des énormités pareilles...", s'est-elle contentée d'observer - mais elle n'exclut pas de relancer le sujet en faisant appel à une "voix autorisée" qui pourrait être celle de Bernard Kouchner. Le candidat de l'UMP feint de ne pas s'inquiéter des accusations répétées de ses adversaires. A Saint-Rémy-de-Provence (Bouches du Rhône) où il était allé passer le week-end et dédicacer son livre Ensemble, Nicolas Sarkozy leur a lancé ce conseil : "Ce n'est pas en attaquant les autres que l'on progresse dans les sondages". Devant ses amis politiques, il a prévenu qu'il ne changerait pas de ligne. "Tout va bien. Je fais salle comble dans mes meetings, mais il faudrait que, moi, j'aille mal alors que les sondages me placent au niveau de Georges Pompidou (en 1969) ?", réplique-t-il à ceux qui évoquent ses signes de nervosité. Il n'empêche que le week-end a été rude : aux révélations sur sa brutalité, lancées dans le livre publié par son ex-collègue du gouvernement Azouz Begag, et aux remontrances de l'évêque André Vingt-Trois à propos de ses déclarations sur les prédestinations génétiques, se sont ajoutées les rumeurs sur les tensions au sein de son couple, nourries par l'absence de Cecilia Sarkozy à ses côtés pendant ce long week-end de Pâques. Tout en dénonçant "le retour des procès en sorcellerie", les proches de M. Sarkozy lui conseillent de "prendre de la hauteur". Henri Guaino, sa plume, s'est attelé à la rédaction d'un discours "rassembleur et gaullien" que le candidat devrait prononcer mardi 10 avril à Tours, la veille de l'intervention que Ségolène Royal a prévue à Metz sur les institutions et les fonctions régaliennes du chef de l'Etat, en présence de l'ancien garde des sceaux de François Mitterrand, Robert Badinter. Patrick Devedjian plaide, de son côté, pour que l'on reparle sans tarder de "la (prise d'otage en mai 1993 de la) maternelle de Neuilly". "La question de son image sera réglée pour le second tour, explique le député Dominique Paillé. A ce moment-là, une autre élection commencera." C'est aussi la conviction de Nicolas Sarkozy : "Les compteurs seront remis à zéro." D'ici là, le candidat vit le dilemme du favori : fort parce qu'il est en tête, mais vulnérable parce qu'il est à découvert. C'est encore loin, le 22 avril ? § Evoquant son entretien avec le ministre de l'intérieur à l'automne 2005, après la crise des banlieues, le footballeur raconte : "Il me dit, vous savez, c'est les Noirs et les Arabes qui créent des problèmes dans les banlieues". Nicolas Sarkozy dément avoir tenu ces propos. § N icolas Sarkozy dément "formellement avoir tenu les propos qui lui ont été attribués par Lilian Thuram". Le footballeur français a affirmé sur France Culture, mercredi 31 janvier, que M. Sarkozy avait "une vision raciale des choses et des gens". Evoquant son entretien avec le ministre de l'intérieur à l'automne 2005, après la crise des banlieues, il raconte :"Il me dit, vous savez, c'est les Noirs et les Arabes qui créent des problèmes dans les banlieues". "Il m'a dit par exemple qu'il avait été le premier à nommer un préfet musulman", poursuit Thuram : "Ça veut dire qu'il juge les gens par leur religion (...) Maintenant je comprends mieux ses discours sur le communautarisme et tout ça, pourquoi il pense ça". Lilian Thuram a dîné lundi soir avec la candidate du PS Ségolène Royal, mais n'a pas pris position officiellement pour la candidate socialiste. Réagissant à cet entretien sur France Culture, le porte-parole de M. Sarkozy a déclaré dans un communiqué que ce dernier regrettait que Thuram, "qui se prépare à apporter son soutien à la candidate du PS, lui fasse un procès d'intention dénué de tout fondement sous prétexte de prétendues révélations sur le contenu d'un entretien en tête-à-tête, qui s'est tenu il y a plus d'un an". Dans le communiqué, M. Sarkozy "rappelle que lors des violences urbaines de l'automne 2005, il n'a cessé de plaider pour qu'on nomme les auteurs de ces violences pour ce qu'ils sont, des délinquants, et qu'on évite les amalgames liés à l'emploi de termes inappropriés et injustes pour les personnes concernées". § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle a opposé, jeudi, une fin de non-recevoir aux socialistes et aux partisans de l'UDF qui réclament son départ du ministère de l'intérieur. § N icolas Sarkozy ne cédera pas aux pressions. Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle a opposé, jeudi 1er février, une fin de non-recevoir aux socialistes et aux centristes qui réclament son départ du ministère de l'intérieur. "Je partirai à une date qui a un sens", a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'une visite aux halles de Rungis. Il a cité trois dates possibles : la fin de la session parlementaire, fin février ; le jour où le président Chirac s'exprimera sur ses propres intentions, et le début de la campagne officielle, "c'est-à-dire le moment où les ministres seront astreints à un devoir de réserve". Il a cité à ce propos la date du 9 avril, qui correspond au début de la campagne officielle. "Si je quitte le gouvernement fin mars-début avril, il me restera un mois de campagne", a souligné M. Sarkozy. Selon son entourage, le secrétariat général du gouvernement a en fait envoyé aux ministres une lettre leur demandant de ne plus effectuer de déplacements, sauf autorisation du secrétariat, à partir du 23 mars. "MALSAIN" Les voix réclamant le départ de M. Sarkozy de la Place Beauvau se sont multipliées, depuis la polémique sur le rôle des renseignements généraux (RG) dans la campagne. Les "RG", qui dépendent du ministère de l'intérieur, ont été mis en cause plusieurs fois ces derniers jours. Ils sont notamment accusés d'avoir enquêté sur le patrimoine du couple Ségolène Royal-François Hollande et d'avoir interrogé des riverains du QG de campagne du candidat Sarkozy, dans le 10e arrondissement de Paris. Des informations que le directeur central des RG dément. "C'est malsain qu'il fasse campagne avec l'argent de l'Etat et qu'on puisse à chaque instant soupçonner les services de l'Etat d'être engagés dans des actions politiques", a déclaré hier soir François Bayrou, le candidat de l'UDF. François Hollande, le premier secrétaire du PS, a renchéri ce matin : "Les conditions du débat présidentiel, la conception que l'on a de la démocratie, le climat qui doit être le plus dégagé possible, exigent le départ de Nicolas Sarkozy du gouvernement." Xavier Bertrand, porte-parole du candidat UMP, a pour sa part fait valoir que la question de la démission du candidat socialiste de 2002 Lionel Jospin, qui était alors premier ministre, n'avait jamais été posée. Mais pour François Hollande, la situation était différente dans la mesure où le président Jacques Chirac était lui-même candidat à sa réélection. "Si je puis dire, c'était la cohabitation et ils se neutralisaient", a estimé le dirigeant socialiste. "Aujourd'hui, il s'agit de Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, confondant tout à fait les genres et les moyens et les caisses (...), et effectivement encourant la suspicion permanente de vouloir enquêter sur ses concurrents ou sur ses adversaires", a-t-il insisté. § Le PCF déplore une "candidature de division". La Confédération paysanne rappelle qu'elle ne prendra position pour aucun candidat, même pas son ancien porte-parole. § S erge Lépine, membre du conseil de campagne de Marie-George Buffet et syndicaliste paysan, a vivement réagi à l'entrée en lice de José Bové. Une "candidature de division" d'un homme "totalement coupé du monde agricole" et qui"ne défend pas les productions en crise". De son côté, Jack Lang, conseiller spécial de Ségolène Royal, a déclaré que les socialistes n'étaient "ni pour ni contre" la candidature de José Bové. "Tout dépendra de la façon dont M. Bové se comportera face au pouvoir en place et face au combat frontal et principal entre la droite et la gauche", a-t-il précisé. Reconnaissant qu'à chaque nouvelle candidature pouvait se poser la question de l'émiettement de la gauche, il a affirmé : "Mon sentiment est que le moment venu, le sursaut sera accompli pour que ceux qui veulent battre la droite regroupent leurs suffrages autour de Ségolène Royal." "VISION RÉGRESSIVE" Christian Pèes, le président d'Euralis (premier groupe coopératif agroalimentaire du sud-ouest de la France et leader mondial du foie gras), estime que José Bové représente une "vision régressive de l'agriculture". "La conception de l'agriculture véhiculée par José Bové, qui soumettrait notre pays à de nombreuses dépendances, dont la plus redoutable serait la dépendance alimentaire, a autant de conséquences négatives que celle défendue par les ultralibéraux au sein des organisations internationales", affirme-t-il dans un communiqué. Enfin, la Confédération paysanne ne soutiendra pas José Bové, son ancien porte-parole. Le deuxième syndicat agricole français rappelle, dans un communiqué, que "dès sa création, (elle) a marqué son indépendance vis-à-vis des partis politiques, en stipulant dans ses statuts qu'il y avait incompatibilité entre mandat de responsabilité syndicale et mandat de responsabilité politique". § Mercredi 31 janvier, pour la deuxième année consécutive, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) tenait son dîner annuel. § M arie-George Buffet s'y est rendue, François Bayrou y a fait une apparition... Mercredi 31 janvier, pour la deuxième année consécutive, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) tenait son dîner annuel. "Il n'est plus temps de se plaindre, les Noirs devaient agir, et nous l'avons fait", a lancé son président, Patrick Lozès, qui venait le jour même de présenter le premier sondage réalisé auprès des populations noires de France, donnant une première évaluation du poids de celles-ci et montrant que plus d'un Noir sur deux se sentait victime de discrimination raciale (Le Monde du 1er février). "Le débat n'est pas pour ou contre les statistiques ethniques, mais pour ou contre la vérité", a soutenu M. Lozès. Tout en soulignant qu'il pouvait y avoir débat sur ce que défendait le CRAN, la candidate PCF à l'élection présidentielle s'est félicitée de son existence. "Ce mouvement se lève contre les discriminations. L'essentiel est qu'il existe et qu'il nous fasse avancer", a-t-elle affirmé. Laetitia Van Eeckhout Article paru dans l'édition du 02.02.07. Offre Elections 2007 : Le Monde à -50% Patrick Lozès, président du CRAN. | AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI Les faits Une majorité de Noirs de France se disent victimes de discriminations Parmi les articles précédents Eclairage Les statistiques ethniques pour lutter contre les discriminations en débat à la CNIL 26.01.07 EUR Compte rendu L'Observatoire européen du racisme réclame des statistiques ethniques sur l'emploi 29.11.06 EUR Point de vue Recensement ethnique dans la République, par Jean-François Merle 20.11.06 EUR EN UNE EN CE MOMENT L'IGPN cherche le "corbeau" chez les RG Vladimir Poutine réfléchit à la création d'une OPEP du gaz La "crise de la tortilla" fait descendre les Mexicains dans la rue Djibril Cissé et David Trezeguet de retour parmi les Bleus ET AUSSI Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur et candidat UMP à la présidentielle, déjeune à Rungis, lors d'une tournée électorale, le 1er février. | AFP/PHILIPPE WOJAZER Panorama Sarkozy et "la France qui se lève tôt" Sylvester Stallone dans le film américain de John G. Avildsen, "Rocky" . | D.R. Cinéma La série des "Rocky", ou le destin d'un champion Des militants libanais du Hezbollah défilent dans la banlieue sud de Beyrouth en novembre 2003. Sur le drapeau jaune du Hezbollah, il est écrit : "La résistance islamique au Liban" et "Car c'est le parti de Dieu qui sera victorieux". Une lettre du mot " Allah" (en vert) brandit un fusil AK-47. | AFP/RAMZI HAIDAR Repère Le Hezbollah, ses objectifs, sa stratégie, ses leaders PRÉSIDENTIELLE 2007 Lilian Thuram accuse Nicolas Sarkozy d'avoir une "vision raciale des choses" Sarkozy et "la France qui se lève tôt" Malgré la polémique, Nicolas Sarkozy répète qu'il restera ministre de l'intérieur La gauche et les milieux agricoles accueillent fraîchement la candidature Bové LES DÉPÊCHES Des RG entendus dans les fuites sur l'affaire Rebelle Reuters 18h17 La Bourse de Paris clôture à son plus haut niveau en six ans Reuters 18h14 Villepin pour un traité de l'UE soumis aux 27 en même temps Reuters 17h58 José Bové se veut le candidat des "sans voix" Reuters 17h49 § Anciens militants et nouveaux adhérents PS, sympathisants ou curieux ont saisi le micro qui leur était tendu pour s'exprimer, avec l'espoir, cette fois, d'être entendu. § P as de "trou d'air", mais plutôt du trop plein. Un trop-plein de frustrations, de déceptions et de colères. Des inquiétudes et des angoisses. Et un formidable besoin de parler. Pour témoigner, tout simplement. Avec le secret espoir d'être enfin écouté ; et - sait-on jamais ? - d'être, cette fois, entendu. Mme Royal entend maintenir son "style de campagne" Invité, mercredi 31 janvier, de "Questions d'info LCP-Le Monde-France-Info", Jean-Louis Bianco, directeur de campagne de Ségolène Royal, a voulu balayer les doutes qu'inspire l'entrée en campagne de la candidate du PS. "Ça ne tangue pas, a-t-il assuré, mais il y a des gens qui n'ont pas compris sa méthode." Il a précisé que Mme Royal n'entendait pas modifier "le style de campagne qu'elle a choisi". "Si cela veut dire utiliser les archaïsmes, les vieilles recettes, nous ne sommes pas d'accord (...). Nous inventons le nouveau socialisme." Le conseiller de Mme Royal a cependant admis une phase de "recul". "Nous avons fait des erreurs, a-t-il reconnu. Nous corrigeons le tir, nous essayons d'être plus réactifs, plus performants, mieux coordonnés." M. Bianco a réaffirmé que "Nicolas Sarkozy doit quitter le gouvernement" : "On ne peut pas être ministre de l'intérieur, chargé de la police, qui prépare les élections, en même temps que candidat." Déroutants, parfois moqués lorsqu'ils ne sont pas ignorés en haut lieu, les milliers de débats participatifs locaux organisés par les sections du PS et les comités Désirs d'avenir ont rencontré un indéniable succès sur le terrain. Anciens militants et nouveaux adhérents, sympathisants et curieux, de tous bords et de tous âges, ont franchi des portes, et saisi les micros qu'on leur tendait. Les notables étaient là, bien sûr, mais ils ont accepté tant bien que mal de se fondre dans le décor. Tout le monde est logé à la même enseigne. A Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret) où se tenait, mardi 30 janvier, un débat sur la "sécurité durable", deux affiches ornaient les murs : "Impose-toi dans le débat" ; "Demain, rien ne se fera sans toi". Message reçu, ici comme ailleurs. A Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), lundi soir, les cent personnes présentes ne se le sont pas fait dire deux fois. D'autant qu'ils connaissent bien le thème du débat : la "vie chère". "On s'est installé dans la précarité, on vit des aides du RMI, on n'a aucun pouvoir d'achat", explique le premier orateur, un militant de la CGT-chômeurs. Christine, qui travaille "à la Sécu" : "J'ai un emploi, ma fille a une bourse, je ne paye pas d'impôt, je me sens en risque de précarité, comme beaucoup." Rachida, elle aussi mère célibataire : "Le soleil, je ne le vois jamais. Il faut se battre pour un logement, pour un travail. Pour balayer par terre, il faudra bientôt un diplôme." "L'esclavage existe toujours", lance-t-elle, avant de se rasseoir, accablée. Les deux rapporteurs désignés prennent aussi en note le propos de Monique, infirmière à l'hôpital, qui explique que "notre système de santé prend l'eau". A chacun son "truc". Dans le Loiret, trois ou quatre thèmes apparaissent sur un écran géant pour lancer le débat. Dans la section du 18e arrondissement de Paris, on distribue des Post-it pour relever questions et témoignages. Lundi soir, lors du débat sur la justice, un ancien prisonnier en utilise deux, d'une écriture serrée, pour résumer ce qu'il veut dire. Au micro, il évoque ces "enfants qu'on met avec des bandits de grands chemins", les "médecins qui distribuent calmants et préservatifs" et "les cris, tous les soirs". Aux magistrats qui l'écoutent, il propose d'inscrire dans leur formation "un jour" en prison. Lorsque la parole est libre, les propos ne sont pas forcément convenus. A Vesoul (Haute-Saône), un ancien directeur général des douanes, un brin exaspéré, propose sa contribution : "Vous me faites nommer ministre de la recherche des fonds, et vous verrez que le pognon retournera dans les caisses de l'Etat !" La formule inquiétait certains des militants les plus aguerris, davantage rompus aux meetings traditionnels. Mais elle a satisfait d'emblée les plus jeunes, ainsi que tous ceux qui désertaient le débat politique. Le même décalage s'observe au sujet des faux pas et du rythme de la campagne : quand les "anciens" sont parfois en proie au doute, les nouveaux venus balaient spontanément toute critique. A Lyon, mercredi soir, deux femmes de vingt-cinq ans sont intervenues dans le débat sur le développement durable organisé à l'Opus Café, près de l'hôtel de ville, pour plaider en faveur des transports en commun. Carole Vincent, militante socialiste, a entraîné une de ses amies, Emilie Busset, de gauche mais non encartée. Toutes deux se réjouissent du principe des forums. "C'est un vrai enrichissement de la politique", se félicite la première. Un trou d'air ? "Il n'y en a pas. C'est un argument de la droite pour déstabiliser Ségolène Royal", tranche la seconde. Un jeune adhérent socialiste, Nicolas Bréand (19 ans) n'est pas plus inquiet : "C'est parce que la méthode de Ségolène Royal est complètement nouvelle qu'elle déboussole. J'ai fait plusieurs débats et ce que j'observe, c'est un réel intérêt des gens à discuter et une vraie satisfaction à participer à un débat d'idées." A Salon-de-Provence, le secrétaire de la section PS, Patrick Alvisi, s'était montré inquiet en ouverture du débat : "Notre nouvelle démarche peut surprendre surtout quand on connaît une campagne un peu molle (...) Mais, gardez votre sang-froid, Ségolène garde son cap. Et surtout prenez la parole." A 22 h 30, une fois la réunion terminée, les anciens militants parlent encore un peu du "reflet chez les gens de ce que disent les journaux". Mais sans grande conviction. Ils croient plutôt que c'est ce mouvement de réunions ouvertes, "où on entend des gens qui, jamais, ne prennent la parole" qui poussera vers la victoire. Un sentiment partagé à Saint-Jean-de-la Ruelle. Henriette, 40 ans, qui a laissé ses trois enfants à la maison pour venir au débat, est à fond derrière Ségolène Royal. "Tout me plaît chez elle, les valeurs qu'elle défend", explique-t-elle. Elle vient d'adhérer au PS pour la soutenir. Tout comme Paulette, 70 ans, qui votait "centre-droit" jusqu'ici. "Son discours est différent, plus accessible aux gens de la base", souligne-t-elle, en se disant certaine que "Sarkozy, lui aussi, aura ses trous d'air". § En file indienne, les éléphants du PS entrent dans la campagne. Lionel Jospin, ex-rival, est invité au meeting de Paris du 6 février. § E n file indienne, les éléphants du PS entrent dans la campagne. Il y a d'abord eu Dominique Strauss-Kahn, chargé de mission sur la fiscalité. Puis Bertrand Delanoë, Martine Aubry - la maire de Lille vient d'annoncer qu'elle participera elle-même à un débat participatif dans sa ville, le 6 février, sur "l'emploi et les salaires". Laurent Fabius, qui s'était déclaré "disponible" a patienté un peu. Mais c'est fait. L'ancien rival de Ségolène Royal a reçu un appel : en février, il devrait accueillir la candidate dans sa fédération de Seine-Maritime. Ce n'est pas tout. Lionel Jospin, autre ancien rival, est invité au meeting de Paris du 6 février. "Soyez tous là", a lancé Mme Royal devant le bureau national du Parti, réuni mardi 30 janvier. "Que les éléphants s'y mettent !", avait-elle jeté quelques jours plus tôt, le 18 janvier, en marge d'un meeting à Toulon, selon une formule diversement appréciée par les intéressés. Après avoir fait seule le chemin de la première étape de la campagne, sans un geste pour ses anciens concurrents, Mme Royal modifie donc sa stratégie, avec précaution. La candidate ne veut pas entacher l'image du "tout sauf les éléphants" qui l'a si bien servi dans l'opinion pendant la primaire socialiste. Et cette compétition interne a laissé des traces : pour Mme Royal, ce sont d'abord ses rivaux socialistes qui ont nourri le procès en incompétence aujourd'hui exploité par l'UMP. BESOIN DE TOUT LE MONDE Leur loyauté est parfois mise en doute. Mais le feu nourri de la droite contre elle et les sondages aujourd'hui moins favorables ont changé la donne. Les éléphants eux-mêmes ne veulent pas que les militants puissent leur reprocher d'être restés passifs alors que leur candidate connaît des difficultés. D'où un intérêt bien compris des deux côtés. François Hollande, qui réunit, chaque semaine, les principaux leaders des courants, a poussé en ce sens. Pour la deuxième étape de sa campagne, Mme Royal aura besoin de tout le monde pour porter ses idées et son programme. Selon un sondage Sofres publié par Le Nouvel Observateur jeudi 1er février, 70 % des Français ne la trouvent "pas assez concrète" et 62 % jugent sa phase d'écoute "risquée". Le 11 février, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), devant 4 000 à 5 000 personnes attendues, elle devrait présenter sa plate-forme présidentielle, et la pression, autour de cette date, ne fait que croître. Ce jour-là, la candidate promet un "discours de la mutation". Elle y présentera sa vision et ses principales propositions qu'elle compte associer à sa méthode et appuyer sur la parole des Français entendue. Mme Royal récupère ainsi, chaque matin, le verbatim des interventions des gens dans les débats participatifs organisés sur tout le territoire. "C'est bien mieux que les études qualitatives", juge-t-elle. § Président de l'association du passage des Petites-Ecuries, mitoyenne, où l'on compte " 400 boîtes aux lettres", Jean-Michel Comte est l'un des créateurs du blog fréquenté par les parents d'élèves du quartier, des militants associatifs, des voisins. § "N on mais ho, on ne passe pas ! On ne passe plus. Si tu veux la route de l'Amérique, elle passe par Neuilly" : les "conseils" de ce genre à l'adresse de Nicolas Sarkozy foisonnent sur rentrecheztoi.blogspirit.com, un blog créé par des habitants du quartier populaire où le président de l'UMP a installé son QG de campagne, rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris. Exaspérés par le déploiement policier alentour, opposés aux idées du candidat, ses promoteurs recommandent " humour, légèreté, pertinence et imagination", et modèrent le site - " pas d'agressivité, d'injures, ni réac ni facho". Mot d'ordre pour les riverains : " Sors de chez toi pour qu'il rentre chez lui." Président de l'association du passage des Petites-Ecuries, mitoyenne, où l'on compte " 400 boîtes aux lettres", Jean-Michel Comte est l'un des créateurs du blog fréquenté par les parents d'élèves du quartier, des militants associatifs, des voisins. " C'est un endroit de très grande mixité, où il y a beaucoup d'immigrés, du chômage. On trouve ça indécent et provocateur qu'il se soit installé ici, dans la "Petite Turquie"", proteste-t-il. Le porche voisin du QG a longtemps abrité des "Sangatte", après la fermeture du centre d'accueil des immigrés du Pas-de-Calais, raconte-t-il. "Mille bravos pour ce blog. L'arrivée de ce QG me pourrit littéralement la vie. Le quartier est très tranquille, bien coloré comme je les aime", écrit Nour, le 29 janvier, râlant contre la présence policière, l'impossibilité de se garer "mal" et promettant d'être présent au prochain speaker's corner qui doit se tenir tous les samedis au square Alban-Satragne. Un autre internaute pense que la meilleure réponse à apporter à l'installation du candidat de l'UMP dans le 10e est "qu'il y fasse son plus mauvais score de tout Paris, de la banlieue et même plus si...". "NOUVEAU FORT CHABROL" Les Reynolds de Valence (Drôme), menacés de licenciement, pour cause de délocalisation de l'entreprise en Chine, ont eux aussi laissé leur message : "Vous avez raison, il faut délocaliser Sarko à Neuilly". La librairie turque Özgül appelait voilà quelques jours à manifester contre l'assassinat du journaliste turc arménien Hrant Dink - "C'est la première fois que des Turcs kurdes et arméniens se rassemblent, ça serait bien que les habitants du quartier soutiennent". Mais sans mentionner le fait que le président de l'UMP était opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Sur place, les voisins immédiats du QG s'indignent surtout que l'on fasse "payer au contribuable" le déploiement policier dans le quartier. Plusieurs cars de CRS stationnent en permanence à l'entrée de la rue et les policiers en tenue ou en civil ont envahi les rues. L'apparition de barrières anti-émeutes suscite sur le blog des commentaires ironiques : "Bientôt un nouveau fort Chabrol ?", demande l'un des internautes, allusion à la rue de Chabrol, toute proche et parallèle à la rue d'Enghien. La préfecture rétorque que depuis l'installation, le 15 janvier, du QG de campagne du ministre de l'intérieur, "7 manifestations de voie publique, dont 3 n'ont pas fait l'objet de déclaration préalable prévue par la loi, ont été organisées en direction de la rue d'Enghien, nécessitant la mise en place de services d'ordre adaptés". Mais refuse, malgré des demandes répétées, de communiquer toute donnée chiffrée sur les effectifs policiers déployés. § Une perquisition a été menée, mercredi, aux RG, par l'Inspection générale de la police nationale afin de trouver l'origine des fuites sur la fiche de Bruno Rebelle. Quinze personnes doivent être auditionnés. § U ne perquisition a été menée, mercredi 31 janvier, aux renseignements généraux (RG) par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) afin de dénicher un éventuel "corbeau" dans l'affaire de la fiche sur Bruno Rebelle, a-t-on appris, jeudi 1er février, de source policière. L'IGPN a saisi des disques durs d'ordinateur, selon la même source, et a été saisie d'une enquête "classique" afin de "faire la lumière" concernant cette fiche, à l'origine d'une polémique sur le rôle des RG dans la campagne présidentielle. Elle recherche une éventuelle "fuite" et un présumé "corbeau", a précisé la source. La perquisition s'est déroulée dans les locaux d'une section spécialisée de la direction centrale des RG (DCRG), selon la même source. Selon le figaro.fr, quinze fonctionnaires des renseignements généraux doivent être auditionnés jeudi par l'IGPN. Selon site Internet du quotidien, l'un d'entre eux attire particulièrement les soupçons de l'Inspection, qui serait prête à prendre des sanctions. VIVE POLÉMIQUE Les avocats de Bruno Rebelle, ancien directeur de Greenpeace-France ayant rejoint l'équipe de campagne de la candidate du PS Ségolène Royal, ont déposé mardi une requête auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) pour avoir accès à son dossier aux RG. La CNIL a écrit mercredi au patron des RG pour lui demander de pouvoir accéder rapidement aux fichiers constitués sur M. Rebelle. En pleine campagne présidentielle, les RG sont au cur d'une vive polémique. Ils sont accusés depuis cette affaire d'avoir également enquêté sur le patrimoine de Ségolène Royal et de "ficher" des riverains du QG parisien de campagne de Nicolas Sarkozy, ce qu'ils nient. § Le QG de campagne rue d'Enghien (Paris-10e) dont M. Sarkozy voulait faire une "maison ouverte" est au coeur d'une nouvelle polémique. § M aison de verre ou bunker ? Le QG de campagne rue d'Enghien (Paris-10e) dont M. Sarkozy voulait faire une "maison ouverte" est au coeur d'une nouvelle polémique. La publication par Le Canard enchaîné, mercredi 31 janvier, d'une note confidentielle à propos du voyage que le candidat de l'UMP a effectué mardi à Londres montre que, malgré les protections policières dont bénéficient les locaux, les secrets de la War Room ne le restent pas longtemps. Rédigée par David Martinon, conseiller diplomatique de M. Sarkozy, la note recommandait au candidat de promouvoir "un exemple de politiques et de mesures qui marchent effectivement en Grande-Bretagne". Etait aussi évoquée la possibilité d'une photo à l'intérieur du 10 Downing Street avec Tony Blair. Les conseillers de M. Sarkozy ne s'expliquent pas comment ce texte diffusé à "deux ou trois destinataires" et dont, jurent-ils, le ministre n'a même pas pris connaissance, a pu faire l'objet d'une publication quasi immédiate. Transmis par courriel, ce texte n'a fait l'objet que de "quelques tirages papier". M. Martinon n'écarte pas un piratage du système informatique au sein du QG. "Nous avons encore des progrès à faire en matière de sécurité", lâche, sans rire, un autre conseiller. Dans son malheur, M. Martinon se console en se disant que tout ce qu'il avait prévu concernant le déplacement du ministre de l'intérieur s'est produit. "Dans le cas contraire, dit-il, j'aurai eu l'air ridicule." L'équipe de M. Sarkozy compte bien renforcer le dispositif de confidentialité : une broyeuse devrait rapidement faire son apparition au QG et les conditions d'entrée vont être durcies. "Mais une chose est sûre, dit-on rue d'Enghien, nous ne soupçonnons pas le Parti socialiste et nous ne porterons pas l'affaire devant le Conseil constitutionnel..." § "Le Monde" suit l'élection présidentielle de 2007 avec des lycéens de seconde du lycée Montaigne à Paris. § L e Monde suit l'élection présidentielle avec des lycéens de seconde du lycée Montaigne à Paris. Avec la collaboration du Monde des ados, ils écrivent, chaque mois, une chronique de campagne, accessible sur lemonde.fr et dans Le Monde Dossiers & Documents. L'EUROPE Les deux principaux candidats à la présidentielle, Ségolène Royal pour le PS et Nicolas Sarkozy pour l'UMP, ont chacun leur idée sur l'avenir de l'Europe. Considérant que "l'Europe a échoué sur les questions sociales", Ségolène Royal a pour ambition de redonner à l'Union européenne (UE) un nouvel élan. Elle met par ailleurs l'accent sur l'éducation, la recherche et l'environnement. Elle propose une TVA à taux réduit pour les économies d'énergie et les énergies renouvelables. La candidate du PS s'est également prononcée contre la libéralisation des marchés de l'énergie. Nicolas Sarkozy, lui, choisit de revenir sur le projet de Constitution européenne, rejeté par les Français en 2005. Il propose un "minitraité" qui reprendrait la première partie de la Constitution. Il suggère également que le président de la Commission européenne soit élu par le Parlement de Strasbourg... Enfin, il veut instaurer un pacte européen qui permettrait de faire de la politique d'asile une seule politique européenne. LA QUESTION TURQUE Ségolène Royal est restée ambiguë sur l'adhésion de la Turquie à l'UE. Elle a déclaré, qu'in fine, ce seraient les Français qui décideraient par référendum. Autre son de cloche chez Nicolas Sarkozy qui est contre l'intégration de la Turquie dans l'Union. "Tous les pays du monde n'ont pas vocation à intégrer l'Europe à commencer par la Turquie qui n'a pas sa place à l'intérieur de l'Union Européenne", a-t-il déclaré le 14 janvier, ajoutant : "La Turquie est en Asie mineure, pas en Europe. L'Europe, c'est fait pour les Etats européens." Ça a le mérite d'être clair ! LES JOURNAUX EUROPÉENS Les points de vue des deux candidats sur l'Europe sont suivis de très près par la presse européenne, mais c'est Ségolène Royal qui intéresse le plus. Indra Adnan, du Guardian, a même écrit : "En tant que féministe, j'aimerais évidemment voir davantage de femmes à des postes à responsabilités." Pour Nicklas Ekdal, dans le journal suédois, Dagens Nyheter, "lorsqu'une représentante du beau sexe prend la tête d'un gouvernement ou d'un pays, les femmes du monde entier se disent que tout est possible". Il semble bien qu'être une femme et avoir travaillé son image ait porté ses fruits. Ségolène est devenue une star, même dans les capitales européennes... En tout cas, les deux principaux candidats à la présidentielle ont encore des efforts à faire pour expliquer leur politique étrangère et notamment européenne. L'heure est à la mondialisation. La campagne électorale ne peut plus être que franco-française ! § "J'ai une question à vous poser", le 5 février sur TF1, a suscité des doutes en raison du passé de l'un de ses producteurs. § C ent personnes face à un candidat à la présidentielle. Près de deux heures de questions ininterrompues, posées par des citoyens lambda sélectionnés par l'institut de sondage TNS-Sofres et assis dans un décor d'amphithéâtre, la personnalité politique, placée face à eux, se contentant d'un tabouret, d'une petite table et d'un verre d'eau. Tel est le concept de "J'ai une question à vous poser", dont le premier numéro a été diffusé en direct lundi 5 février à 20 h 50 sur TF1, avec Nicolas Sarkozy dans le rôle du "cobaye". Un concept mis au point par la chaîne privée avec les sociétés de production "Magnéto Serge" et "A prime", dirigée par Dominique Ambiel. Plus de 8,2 millions de téléspectateurs ont suivi cette discussion à bâtons rompus, orchestrée par Patrick Poivre d'Arvor. Dès le lendemain de la diffusion, l'UDF a dénoncé l'organisation de ce programme. Le député Jean-Christophe Lagarde affirmait ainsi ne pas être "sûr que l'émission soit sans filtre entre le candidat et les Français". Et d'ajouter : "On voit que c'est filtré par la Sofres et qu'on leur demandait dès le matin quelles étaient leurs questions." Mercredi 7, c'est au tour de François Bayrou, candidat de l'UDF, invité, lui, à participer à l'émission du lundi 26 février (aux côtés de Dominique Voynet, José Bové et Arlette Laguillier) de se déclarer "infiniment choqué" par les conditions de son organisation. M. Bayrou réagit à un article du Canard enchaîné affirmant que le producteur Dominique Ambiel, ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin, a préparé l'émission avec Franck Tapiro, conseiller en communication du ministre-candidat. Il menace même de ne pas participer à l'émission. "Je tiens à réfléchir, car je suis tombé de ma chaise en découvrant les conditions d'organisation de ce débat." Joint par Le Monde, M. Ambiel "dément" toute préparation de l'émission avec M. Tapiro : "Premièrement, depuis mon départ de Matignon, je n'ai pas les meilleures relations avec Nicolas Sarkozy ; deuxièmement, nous ne sommes que les producteurs exécutifs de cette émission, l'éditorial étant assuré par TF1." Pierre Sportolaro, collaborateur de M. Ambiel et producteur exécutif et artistique de l'émission, explique qu'il s'est personnellement occupé de la logistique de l'émission, à savoir le décor, l'accueil des personnes sélectionnées par la Sofres, leur transport et leur logement. "En aucune manière, je ne suis intervenu dans le contenu", précise t-il au Monde. "Voilà des mois que nous avions ce projet dans nos cartons. Des contacts avancés avaient eu lieu avec M6, mais TF1 s'est décidée plus rapidement et nous avons signé pour quatre émissions du même type", précise t-il. Le matin même de l'émission, le panel des 100 sélectionnés a été réuni pour, selon M. Sportolaro, un "briefing technique" qui a consisté à leur expliquer comment prendre la parole, se lever, se présenter, voire interrompre M. Sarkozy. M. Sportolaro confirme que les dirigeants de TF1 étaient présents ce matin-là pour établir "un premier conducteur" de l'émission avec les questions que comptaient poser les Français sélectionnés. "Uniquement les grands thèmes, car l'émission étant en direct, rien n'empêchait l'un d'entre eux de poser une tout autre question", affirme M. Sportolaro. Il estime que M. Bayrou se trompe en mettant en doute "la déontologie" de la société A Prime et confirme que leur avocat a préparé, à son encontre, une "citation directe" pour "atteinte grave à l'honneur et la considération" de la société. L'avocat a toutefois trois mois pour la déposer... Mercredi 7 février, l'apaisement était de mise entre M. Bayrou et M. Ambiel, qui se sont téléphoné pour s'expliquer. M. Bayrou, qui, dans un premier temps, avait déclaré qu'il réfléchissait à sa venue sur le plateau de "J'ai une question à vous poser", devrait finalement s'y rendre le 26 février. Cependant, le candidat de l'UDF a mené sa propre enquête. Il a appelé lui-même par téléphone un des "témoins", Frédéric Poitou, qui a d'abord cru à une blague de l'imitateur Gérald Dahan. "Je lui ai décrit le déroulement de la journée telle que je l'ai vécue, rapporte M. Poitou, et je lui ai dit que je pensais sincèrement que Nicolas Sarkozy n'était pas au courant des questions qu'on avait l'intention de lui poser. J'ai d'ailleurs saisi une conversation entre la directrice de campagne de M. Sarkozy et un membre de son cabinet, juste avant le démarrage de l'émission, qui, selon moi, prouve qu'il ne savait pas quels thèmes allaient être abordés." Et d'ajouter : "Les deux collaborateurs du ministre observaient les témoins et émettaient des hypothèses sur les questions qu'ils allaient poser en se fiant à leur allure, par exemple la législation sur le cannabis pour un jeune aux cheveux longs." A ceux qui se sont étonnés que M. Sarkozy connaisse la profession - commerçante - de l'intervenante venue de Marseille, M. Poitou répond : "Il n'y a rien de mystérieux, sa profession était inscrite sur l'écran de contrôle qu'il avait devant lui !" Libération a publié dans la page "Courrier" de son édition du 8 février une lettre de l'un des témoins, Frédérick Carles-Font, se plaignant d'être arrivé sur le plateau de l'émission "épuisé" après avoir passé la journée, depuis 7 heures du matin, à être "trimballé de briefings en répétitions et de déplacements en consignations à résidence". M. Poitou, venu la veille d'Aix-en-Provence et logé, comme les autres témoins arrivés de province, dans un hôtel à l'ouest de Paris, confirme que la journée a été longue. Accueillis la veille au soir par "des membres de la production", ils ont été identifiés par la pose d'un bracelet avant d'être convoqués à une réunion d'information le lendemain à 9 heures dans le sous-sol de l'hôtel en présence des producteurs, des techniciens, du directeur de l'information de TF1, Robert Namias, du vice-président de la chaîne, Etienne Mougeotte, et de Brice Teinturier, directeur général adjoint de TNS-Sofres. Il précise que Patrick Poivre d'Arvor n'est arrivé que quelques minutes avant la fin "et n'a entendu que les dernières interventions". PPDA a, selon ce témoin, expliqué que "son rôle n'était pas de corriger les questions mais de conduire l'émission avec cohérence". Après le déjeuner, les témoins ont été cloîtrés dans leur chambre jusqu'à 16 heures avant de partir en car vers les studios de Boulogne, où ils ont attendu l'arrivée de M. Sarkozy, qui a signé quelques autographes avant le démarrage de l'émission. Face aux critiques, M. Namias "met au défi quiconque de prouver qu'il y a eu manipulation". "Il était inimaginable de pouvoir contrôler la parole des Français invités. Il y a eu des échanges qui n'auraient sans doute pas eu lieu dans une émission politique classique", explique-t-il. Pour M. Namias, cette émission s'inscrit dans un cadre particulier de la couverture de l'élection présidentielle et a une "une durée limitée dans le temps". Brice Teinturier estime de son côté que ce type de programme répond à une demande du public. "On ne peut pas d'un côté contester la crise du politique qui voit 63 % des Français penser que les hommes politiques ne s'occupent pas de leurs préoccupations, et, de l'autre, s'offusquer quand on donne la parole aux gens. Mais cela ne signifie pas qu'il ne faut faire que ce type de programme. Les émissions plus classiques sont aussi nécessaires." Jean-Marie Le Pen, Olivier Besancenot et Marie-George Buffet seront les prochains invités de "J'ai une question à vous poser", lundi 12 février. Ségolène Royal se pliera à l'exercice une semaine plus tard. "Pour l'invité du premier numéro, nous avons proposé un tirage au sort entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, explique M. Namias. La candidate socialiste préférant intervenir après la mi-février, c'est donc M. Sarkozy qui a inauguré le concept." § La rareté crée le désir. C'est sur ce principe éternel que Jacques Chirac, conseillé par sa fille Claude, a fondé sa communication. § E videmment, la rareté crée le désir. C'est sur ce principe éternel que Jacques Chirac, conseillé par sa fille Claude, a fondé sa communication, surtout pendant le quinquennat. Non qu'il ne parle jamais. Il a même prononcé plusieurs centaines de discours en douze ans. Mais il s'est très rarement expliqué sur lui-même et n'a délivré des "briefing off" aux journalistes qu'au compte-gouttes. A l'approche de la fin de sa vie politique, il ouvre les portes avec le souci de laisser une meilleure image. Lassé que l'on raconte n'importe quoi sur lui " sans jamais avoir cherché à démentir quoi que ce soit", dit-il à Pierre Péan. Ou comme chaque fois qu'il est en difficulté et qu'il doit convaincre, à l'instar d'une campagne. Cela a commencé avec Paris-Match le 16 novembre 2006, où le président s'est laissé photographier sur une double page avec son petit-fils Martin. Cela a continué avec des confidences distillées à des journalistes auxquels il ne parle pas habituellement. Jusqu'à ce qu'il se prenne les pieds dans le tapis du "off", lors d'une interview avec le Herald Tribune, le New York Times et Le Nouvel observateur, le 29 janvier, sur la question ultrasensible du nucléaire iranien. Dimanche 11 février, il se confie aussi à Michel Drucker sur France 2, sur l'après-Elysée. " Je ne suis pas quelqu'un qui vit dans le culte du passé. (...) Alors on peut approuver (mon action), la critiquer, peu importe, mais j'ai toujours essayé d'agir pour les Français et pour l'idée que je me faisais de la France. Et si, le jour où je n'aurai plus de responsabilités de cette nature, eh bien j'essaierai de servir la France, les Français, d'une autre manière", dit-il. Le chef de l'Etat avait refusé de se confier à Patrick Rotman, qui a réalisé un film sur lui, Chirac, du jeune loup au vieux lion, diffusé sur France2 en octobre 2006. Il a accepté de se livrer à Péan, par le truchement de Jean-Luc Aubert, conseiller officieux de l'Elysée et ami de Claude Chirac. Le journaliste l'avait rencontré par l'intermédiaire de Jacques Pilhan. Péan a proposé "à l'été", dit l'Elysée, un projet fondé sur " les grands combats de Chirac, comme la cohésion nationale, le dialogue des cultures, sa vision internationale". " C'est ce qui lui a plu", souligne Agathe Sanson, responsable du service de presse. C'est une manière, aussi, de tenter d'effacer La tragédie du président (Flammarion, 2007) le best-seller de Franz-Olivier Giesbert. Chirac s'est longtemps confié au patron du Point, qui avoue lui-même dans son livre avoir "vidé ses carnets". Une trahison que le président a assez peu appréciée si l'on en croit les commentaires de l'Elysée sur l'ouvrage, alors que son Chirac de 1987, au Seuil, avait tant plu. § Pierre Péan a recueilli dans un livre, "L'Inconnu de l'Elysée", qui sort le 17 février, les confidences de Jacques Chirac. "Marianne" en publie les bonnes feuilles samedi. § C 'est un extraordinaire document. Jacques Chirac a rencontré à plusieurs reprises cet été, puis une dernière fois en janvier, le journaliste Pierre Péan, qui confessa François Mitterrand dans Une jeunesse française (Fayard, 1994). Il en est résulté un autre livre, L'Inconnu de l'Elysée, qui sera publié chez le même éditeur, le 17 février. L'hebdomadaire Marianne (daté 10-16 février) s'est assuré l'exclusivité de ses bonnes feuilles, parues samedi. Elles recèlent des scoops, quelques arrangements avec l'histoire et permettent de mieux lire l'actualité. A dix semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le chef de l'Etat s'exprime sur le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy. Il remet les choses à leur place. Alors qu'il parle pour la première fois de sa fille Laurence, minée depuis l'âge de 15 ans par l'anorexie - "c'est vraiment le problème de ma vie" -, Pierre Péan l'interroge sur les trahisons politiques au regard de cette souffrance. "Je me fous éperdument que Sarkozy ou tel autre... Je me fous de beaucoup de choses." Il dit encore : "Je suis insensible à la haine et tout aussi insensible au découragement. Je ne crois pas aux sondages, qu'ils soient bons ou mauvais. C'est ma grande différence avec Sarkozy... Je lui dis toujours : "Arrête de te fier aux sondages !"" Il est vrai que le candidat Chirac ne leur a pas accordé une importance excessive en 1995. Et c'est ancien ! En 1969, Pierre Juillet, au trente-sixième dessous, présente à Georges Pompidou des enquêtes d'opinion déplorables. Au café, où se retrouve l'équipe de campagne, le candidat choisit la terrasse : "Il faut se montrer, avec les sondages que l'on a." Jacques Chirac de rétorquer : "Tout ça ne vaut rien. Vous serez élu." Une petite anecdote que le secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux, tient de la bouche du président et qu'il a soigneusement rapportée au Monde, il y a peu. Soyons justes, si les bons sondages de Nicolas Sarkozy l'indiffèrent, le chef de l'Etat reconnaît beaucoup de qualités à son ministre de l'intérieur. "C'est un homme actif, intelligent, un homme politique de premier ordre." En 2002, lorsqu'il l'a nommé ministre de l'intérieur, il a considéré que "c'était un atout pour la majorité et pour la conduite de l'action publique". M. Chirac, qui a souvent reproché au président de l'UMP d'être libéral, atlantiste et communautariste, relève : "c'est une bonne chose, des évolutions de sa part" et "beaucoup de points de convergence". Sur le communautarisme, "j'ai noté aujourd'hui son adhésion à un principe fondamental à mes yeux : la France n'est pas, et ne sera jamais une addition de communautés. La nation française est une et indivisible". Nicolas Sarkozy est "spontanément plus libéral que moi", souligne aussi le président, portant sur le libéralisme - qu'il appliqua lors des privatisations entre 1986 et 1988 - une cinglante condamnation. "Je suis convaincu que le libéralisme est voué au même échec que le communisme et qu'il conduira aux mêmes excès. L'un comme l'autre sont des perversions de la pensée humaine", dit-il. Sarkozy l'a ulcéré quand il a critiqué, à Washington, le 12 septembre 2006, l'"arrogance" française et la "grandiloquence stérile" de son pays - il visait Dominique de Villepin - au moment de la crise irakienne à l'ONU. Prudent, M. Chirac se contente de dire qu'il " existe des différences d'approche, s'agissant notamment de la relation avec les Etats-Unis". Il s'explique longuement sur l'Irak, ayant "répété trente-six fois à Bush qu'il commettait une erreur monumentale". Le président raconte aussi sa version de la prise de la mairie de Neuilly par Nicolas Sarkozy, au nez et à la barbe de Charles Pasqua, en 1983. " J'ai dû rendre un arbitrage. A Pasqua, j'ai dit : "Tu n'iras pas, tu vas laisser ta place à Sarkozy. Il est jeune. Il faut pousser les jeunes". A peine élu, Sarkozy n'a cessé d'expliquer que je n'y avais été pour rien. (...) Cela aurait dû faire tilt..." Bernard Pons a, en fait, souvent raconté que Jacques Chirac l'avait envoyé pour sonder Nicolas Sarkozy. Persuadé de sa détermination à y aller, le président du RPR avait tout simplement laissé faire. Prudence encore sur la trahison de 1995 : "Il y a un défaut que je n'ai pas, c'est celui d'être rancunier. C'est un sentiment qui m'est totalement étranger." Il assaisonne davantage Edouard Balladur, moquant sa vanité. Mais reconnaît que le lâchage du premier ministre de l'époque, dont il raconte précisément les circonstances, lui a " fait de la peine". Jeter la rancune à la rivière... Une célèbre expression de 1982, lorsque Giscard et Chirac projetaient de se réconcilier lors d'un déjeuner chez Drouant. Cette rivière n'est pas près de couler. Habituellement discret sur son vieil ennemi, M. Chirac se lâche. Il raconte le fameux dîner à Brégançon, où les Giscard avaient convié leur moniteur de ski et sa femme, en compagnie des Chirac. Les uns très habillés, sur la recommandation d'Anne-Aymone, les autres plutôt sport. Et très gênés. " Cela a été affreux. (...) On ne fait pas des choses comme ça. Ou alors on prévient. (...) Les deux invités étaient terrorisés. Vous vous rendez compte : ils se retrouvaient face au président de la République et au premier ministre, et à leurs épouses en robe longue." Jacques Chirac explique pourquoi il conserve son amitié à Charles Pasqua, malgré ses fréquentations " hautement contestables". Jean-Charles Marchiani, par exemple, que Chirac nomma, à sa demande, préfet du Var : "un grand tort dans ma vie". "Dans toutes les histoires d'otages où il s'est attribué un rôle, c'était largement bidon", révèle-t-il. "Marchiani réclamait sans cesse de l'argent - que je ne lui donnais pas. Pasqua, lui, voulait que je prélève sur les fonds spéciaux de Matignon", ajoute-t-il. C'est Jean-Marie Le Pen, auquel il fut opposé au second tour de 2002, qui fait l'objet de sa plus grande exécration. "J'ai toujours été allergique au Front national, c'est quasiment physique, je ne peux supporter tout ce qui est racisme et xénophobie", dit-il. Il s'explique sur la sulfureuse photo témoignant de sa poignée de main avec Le Pen, en 1987 - un coup monté par le président du FN, dit-il. Il "charge" aussi Balladur, qui a essayé de le convaincre, comme Pasqua de pactiser avec Le Pen en 1988 : "Cela Edouard, jamais ! On perdra peut-être les élections, mais si on les perd, ce ne sera pas pour cette raison-là." Ces valeurs allant souvent de pair avec la défense des opprimés, cela donne lieu, chez Jacques Chirac, à des révélations étonnantes. Il dit comment, approché par le roi du Maroc, Hassan II, à la fin des années soixante, il s'était fait le militant discret de l'ANC (African National Congress), le mouvement qui luttait contre l'apartheid en Afrique du Sud. En clair son porteur de valises. Il prouve son incontestable culture, ayant laissé dire pendant des années qu'il était "un analphabète"... "Je me disais, au moins on me fout la paix, j'ai mon domaine privé". Et ne cache pas son admiration pour François Mitterrand "homme très intelligent et cultivé, pas du tout comme moi" ! Ils font partie du même club, excessivement restreint, des chefs d'Etat réélus. Ils avaient le même conseiller en communication, René Pilhan. Ils ont désormais le même biographe. § L'ancien ministre a renoncé à publier un livre d'entretiens - "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi" -, dans lequel il fustigeait notamment le couple Hollande-Royal. § L e Monde du 21 novembre 2006 l'avait révélé, L'Express du 8 février le confirme : Jack Lang, aujourd'hui conseiller spécial de Ségolène Royal, n'a pas toujours eu pour elle des mots élogieux. En septembre 2006, avant de se résigner à ne plus être candidat à la désignation interne du PS, l'ancien ministre avait renoncé à publier un livre d'entretiens - Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi -, dans lequel il fustigeait notamment le couple Hollande-Royal. Son éditeur, Bernard Pascuito, a déposé plainte, estimant son préjudice à 125 000 euros. Trois jours après la révélation de cette information, M. Lang exigea du quotidien un droit de réponse cinglant dans lequel il assurait qu'il ne "fustigeait en aucune manière ni Ségolène Royal ni aucun autre camarade" du PS. L'Express, qui est parvenu à se procurer le manuscrit entier, alors que Le Monde n'avait pu en lire que des extraits, cite d'autres exemples des propos de M. Lang sur Mme Royal. Dans un chapitre intitulé "On n'est jamais trahi que par les siens", l'ancien ministre de la culture affirme : "Je n'ai jamais entendu qu'une pensée très ringarde là où on aurait au moins pu espérer un discours à la fois tranché et novateur. Tant qu'à jouer cavalier seul, il serait bienvenu d'avoir des choses intéressantes à dire..." Revenant sur les critiques de Mme Royal sur les 35 heures, il lâche : "C'est une chose de distiller quelques petites phrases explosives par-ci par-là. C'en est une autre de proposer de vraies idées de changements. (...)" S'agissant de M. Hollande, il assure : "L'homme qui devait jouer les rassembleurs nous a divisés : c'est pour cela que je parle de manipulation." § Jean-Louis Bianco lui-même, l'un des deux directeurs de campagne de la candidate, s'y perd parfois. "Ségolène Royal diversifie ses sources et les gère de façon mitterrandienne, très personnelle", indiquait-il fin janvier. § C ertains se sont engagés, un temps, au côté de tel dirigeant socialiste. D'autres ont accepté, par curiosité intellectuelle et par affinité idéologique. La plupart, économistes et chercheurs en sciences sociales, avouent une certaine perplexité face à la méthode de travail de Ségolène Royal. Jean-Louis Bianco lui-même, l'un des deux directeurs de campagne de la candidate, s'y perd parfois. "Ségolène Royal diversifie ses sources et les gère de façon mitterrandienne, très personnelle, en se gardant la possibilité d'un certain nombre d'ouvertures", indiquait-il fin janvier. Précisant, sans trop s'engager, que des contacts personnels avaient dû être noués avec les économistes Daniel Cohen, Thomas Piketty, Jean Pisani-Ferry, Elie Cohen, ainsi qu'avec les sociologues Eric Maurin et Dominique Méda. M. Strauss-Kahn veut taxer les Français de l'étranger Réduire le poids de la dette publique et stabiliser le taux de prélèvements obligatoires : telles sont les deux bornes que se sont fixées Dominique Strauss-Kahn, Didier Migaud et François Marc, chargés de fournir à Ségolène Royal des propositions sur la fiscalité. Sans citer le seuil de 4 000 euros de revenu mensuel net qu'avait évoqué François Hollande, ils proposent de "revenir sur les largesses inconsidérées prévues au profit des contribuables les plus aisés". Ils envisagent également une "contribution citoyenne payée en fonction de ses capacités par tout Français établi à l'étranger et ne payant pas d'impôts en France". Les experts du PS souhaitent une modulation de l'impôt sur les sociétés en fonction d'"objectifs définis par le Parlement" et une imposition minorée sur les bénéfices des PME et TPE. Professeur à l'Ecole normale supérieure (ENS), Daniel Cohen reconnaît avoir rencontré Mme Royal. "Ce n'est un secret pour personne que j'ai soutenu et que je soutiens Dominique Strauss-Kahn, avec lequel j'ai travaillé. Pour autant, je n'avais aucune raison de ne pas rencontrer Mme Royal. Elle m'a donné l'impression de vouloir faire un tour d'horizon assez large. Mais il n'y a eu aucun nouveau contact, aucun rapprochement et pas de "follow up" après cet échange", précise l'auteur des Trois leçons sur la société postindustrielle. Thomas Piketty, dont les travaux sur les hauts revenus en France font autorité, admet avoir vu, "comme tout le monde", Mme Royal, avant qu'elle ne soit investie par le PS : "J'ai surtout insisté sur l'éducation, sur la nécessité d'engager une vraie politique de discrimination positive en faveur des plus défavorisés, au lieu de les stigmatiser avec les zones d'éducation prioritaire (ZEP). J'ai eu l'impression d'avoir été entendu. Il y a eu, depuis, quelques contacts avec son entourage, mais sans plus", explique le chercheur qui ne demande rien. "SILENCE RADIO TOTAL" Spécialiste de la politique industrielle, Elie Cohen a fait partie d'un groupe de travail élargi sur l'économie et la société françaises animé par Alain Bergounioux, auquel participait également le sociologue Eric Maurin, auteur d'un essai remarqué sur le séparatisme social. "Le groupe a cessé ses activités lorsque Jack Lang, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn ont commencé, avec d'autres, à travailler sur le projet du PS. Le parti est alors entré dans une phase de préparation plus politique de ses propositions", se souvient-il. "Depuis l'université de La Rochelle, c'est le silence radio total", ajoute l'économiste, lié à Henri Weber et à Sophie Bouchet-Petersen. "Ayant dénoncé le positionnement ultra-gauche du PS sur la réforme des retraites, je ne suis sans doute plus très fréquentable publiquement", ironise-t-il. Premier président du Conseil d'analyse économique (CAE) qu'il mit en place auprès de Lionel Jospin, spécialiste de la prévision, Pierre-Alain Muet anime un groupe d'une quarantaine de personnes, qui se réunit une fois par semaine au PS et transmet ses notes à la candidate et à M. Bianco. Que deviennent-elles ? "Comme Mitterrand, Ségolène s'appuie sur des cercles différents qui ne se croisent pas nécessairement. Les éléments de notre réflexion collective, je les retrouve dans ses discours", répond prudemment M. Muet, qui se serait bien vu conseiller officiel. D'autres rédacteurs de notes, sur la politique culturelle cette fois, ont confié leur perplexité sur l'utilité de ce travail à Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint de cabinet de Lionel Jospin, et ami de longue date du couple Hollande-Royal, imaginant sans doute qu'il ferait passer le message à qui de droit. Las ! M. Jouyet assure n'avoir "pas vu Ségolène depuis pratiquement un an et ne jouer aucun rôle dans sa campagne". "Je ne sais pas s'il faut le déplorer ou pas, mais c'est ainsi", ajoute le chef de l'inspection générale des finances. § Dimanche, pour la première fois, les artistes et intellectuels qui soutiennent la candidature de Mme Royal - Jeanne Moreau, Charles Berling, Daniel Mesguish, Philippe Torreton,etc. - devraient se mêler aux dirigeants du parti et aux militants. § L e scénographe de François Mitterrand, Patrick Bouchain, qui travailla avec Christian Dupavillon sur les meetings de l'ancien président socialiste en 1988, entre en scène. L'architecte, ami et ancien conseiller de Jack Lang, a conçu le rendez-vous du "pacte présidentiel" de Ségolène Royal, dimanche 11 février, à Villepinte, en région parisienne. Des visages d'enfants, de femmes et d'hommes disposés sur des "kakémonos" rouges et bleus, sorte de paravents japonais, borderont la scène à fond blanc sur lequel figurera l'inscription du nouveau slogan de la candidate. Puis M. Bouchain réalisera un autre décor très coloré pour les 8 gros meetings prévus pour accueillir plusieurs milliers de personnes jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle. Comme Mitterrand en 1988, Mme Royal commencera ce marathon - géré par le fabiusien Pascal Popelin - à Rennes, le 20 février. Suivront Mont-de-Marsan le 1er mars, Dijon le 7, Marseille le 22, Limoges le 29, Bordeaux le 5 avril, Nantes le 17 et enfin Lille le 19. "LA FIN DES NUAGES" Dimanche, Villepinte est censé marquer un tournant dans la campagne. Le logo du site Internet Désirs d'avenir, un ciel bleu traversé de quelques nuées blanches, disparaît. "C'est la fin des nuages", s'amuse un responsable socialiste. Dimanche, pour la première fois aussi, les artistes et intellectuels qui soutiennent la candidature de Mme Royal devraient se mêler aux dirigeants du parti et aux militants. Jeanne Moreau, Charles Berling, Daniel Mesguish, Philippe Torreton, Elsa Zylberstein, ou bien encore l'écrivain Philippe Besson devraient ainsi être présents. Emmanuelle Béart, Michel Piccoli et Pierre Arditi se sont excusés mais apportent leur caution. La veille, samedi, Mme Royal devait déjeuner avec la plupart d'entre eux. La candidate n'oublie jamais non plus de citer les rappeurs. Récemment, elle a tenu une réunion de travail avec Kerry James sur la question de la réussite scolaire dans les cités. Aucun nouvel organigramme ne devrait voir le jour, mais une équipe de "débatteurs" a été constituée pour animer des meetings en province et porter la parole de Mme Royal sur les médias. Réunis lundi matin par la candidate, ces "débatteurs" mêleront des profils différents, du fabiusien Claude Bartolone au président du parlement des banlieues, Karim Zeribi, ancien conseiller de Jean-Pierre Chevènement, en passant par l'acteur Philippe Torreton. § La candidate socialiste va présenter, dimanche, un discours-programme contenant quelque cent propositions. Il s'agit d'"un contrat que je veux passer avec les Français", explique-t-elle au "Monde". § C 'est une centaine de mesures - qui ne sont pas sans rappeler les 110 propositions de François Mitterrand en 1981 - que Ségolène Royal devait présenter dimanche 11 février à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Des engagements à forte connotation sociale : hausse de 5 % et mensualisation des retraites dès 2007, création de trois indices des prix par grands niveaux de revenus, contrôle de la tarification bancaire, allocation pour les jeunes accessible aux classes moyennes, jurys de citoyens tirés au sort pour évaluer les lois et l'action des élus, création d'emplois-parents, à l'image des emplois-jeunes dans les quartiers... Dans un hall du Parc des Expositions décoré par l'architecte Patrick Bouchain, scénographe des meetings de François Mitterrand en 1988, la candidate socialiste présentera son discours-programme comme un "pacte présidentiel" - une idée lancée par Dominique Strauss-Kahn pendant la primaire socialiste. "C'est un contrat que je veux passer avec les Français", explique-t-elle au Monde. Un contrat fondé sur "des droits et des devoirs". Huit mille personnes étaient attendues, militants, dirigeants du Parti socialiste et personnalités - comme Charles Berling, Daniel Mesguish ou l'écrivain Philippe Besson -, et 600 journalistes français et étrangers se sont fait accréditer pour ce rendez-vous très attendu. A 14 h 30, après la réunion de tous les secrétaires de section et l'intervention du premier secrétaire, François Hollande, Mme Royal commencera son discours, prévu pour durer 1 h 30, par dresser "l'inventaire de l'ensemble des désordres" d'une France "tirée vers le bas", en proie au "déscenseur social", et sur la façon dont elle compte "remettre les choses en place". Elle parlera de ce que "les Français ne veulent pas et de ce qu'ils veulent pour la France" en s'appuyant sur les quelque 6 000 débats participatifs organisés sur tout le territoire, selon la méthode qu'elle a imposée au PS depuis son investiture, en novembre 2006. Cet état des lieux sur les finances publiques lui permettra de commencer par un premier thème, la réforme de l'Etat. Fidèle à sa ligne de conduite et forte de l'expérience italienne et espagnole, Mme Royal compte transférer aux régions de nombreuses compétences (construction des universités, aides aux entreprises...), convaincue qu'une "meilleure répartition des responsabilités entraînera des économies". "Il faut savoir de quelles marges de manoeuvre on peut disposer, estime-t-elle. Les gens ont peur et ne sont pas prêts à croire n'importe quelle promesse." Tout au long de son discours, la candidate socialiste se référera à cette parole des Français recueillie au cours des débats et consignée dans un document intitulé "Les Cahiers de l'espérance". A partir de ces témoignages, Mme Royal a retenu plusieurs enseignements, à commencer par l'acceptation de contreparties : la hausse des bas salaires en échange d'un effort sur la formation professionnelle, l'allocation pour les jeunes, - fixée selon un barème assez élevé de ressources pour la rendre accessible aux classes moyennes -, et le droit au premier emploi en échange de soutien scolaire et de tutorat... Le même principe sera appliqué aux entreprises bénéficiaires d'exonérations sociales moyennant des contreparties en terme d'emplois ou de salaires. "C'est une vision de la société où l'on n'oppose pas les uns aux autres", affirme Mme Royal qui dit avoir trouvé "une grande maturité, même des plus démunis". Plusieurs propositions, comme la mensualisation des retraites, sont directement inspirées des débats participatifs. La création d'emplois-parents dans les quartiers est, elle, issue des revendications émises par le collectif AC le feu qui s'était constitué après la révolte des banlieues de novembre 2005. Mme Royal déclinera tous les thèmes en "combats" : "mon combat contre la vie chère", "contre toutes les formes de violence", la discrimination, pour l'éducation, l'emploi, ou en faveur de "l'efficacité économique". Sa relance reposera sur trois "piliers" : développement économique, efficacité sociale et efficacité environnementale. Sa méthode lui a en effet permis de tester ses idées. Les jurys de citoyens, mais aussi les tuteurs référents et les solutions alternatives à la prison, notamment l'encadrement militaire, ont été, selon la candidate qui les inclura dans son programme, "plébiscites". Sur le plan de la sécurité, la police de proximité, mise en place sous le gouvernement Jospin puis supprimée, sera rétablie sous le nom de "police de quartier". Sur l'immigration, Mme Royal, en réponse à l'association France Terre d'asile, se prononce pour une régularisation sélective des sans-papiers basée sur des critères (durée de présence en France, scolarisation des enfants, possession ou promesse d'un contrat de travail), et prône le réexamen des dossiers des personnes "ni expulsables ni régularisables" déboutées du droit d'asile. Beaucoup de ses propositions, qui figureront dans un document annexé à son discours, relèvent des mesures de "vie quotidienne" et reprennent les pistes qu'elle avait déjà avancées en matière d'environnement, de logement, ou sur le plan social (Le Monde du 3 février). Ces dernières en restent parfois à l'esquisse pour laisser la place à la concertation avec les partenaires sociaux dans le cadre d'une conférence nationale sur l'emploi, les revenus et les salaires. C'est le cas, notamment, pour les 35 heures. Mme Royal devait achever son intervention par la partie Europe et international, les rapports Nord-Sud, la "sauver garde de la planète" et le "maintien de la paix" dans le monde, au terme d'un discours alimenté par de nombreuses contributions : "la plume des Français", dit-elle, celles des socialistes, mais aussi d'intellectuels comme Yves Michaud, ou Edgar Morin. § Dans un entretien au au bimensuel "MAG Cultures" du 15 au 28 février, Nicolas Sarkozy estime "indispensable" de poursuivre la recherche sur les OGM. Tout en se disant "pour le moment sceptique sur les vrais avantages" des OGM, il n'exclut pas qu'ils "s'avèrent un jour vraiment utiles à la société". § D ans un entretien au au bimensuel MAG Cultures du 15 au 28 février, Nicolas Sarkozy estime "indispensable" de poursuivre la recherche sur les organismes génétiquement modifiés (OGM). Tout en se disant "pour le moment sceptique sur les vrais avantages" des OGM, le candidat UMP à la présidentielle n'exclut pas qu'ils "s'avèrent un jour vraiment utiles à la société". "C'est pourquoi je considère que la France doit se réserver la possibilité, plus tard, lorsque les conditions de sécurité seront pleinement remplies, de s'engager dans leur culture", indique le ministre de l'intérieur. De plus en plus d'hectares d'OGM Au moins 30 000 hectares d'OGM seront cultivés en France cette année, contre 5 000 hectares en 2006 et moins de 1 000 en 2005, a déclaré, jeudi 8 février, Daniel Chéron, directeur général de Limagrain, la maison mère du semencier Vilmorin. Lors d'une conférence de presse, il a précisé que Vilmorin devait "faire face à une importante demande des agriculteurs qui souhaitent cultiver du maïs OGM dans le Sud-Ouest". (Avec Reuters.) "La destruction sauvage des travaux développés par des sociétés ou par des organismes de recherche n'est pas admissible, dès lors qu'ils ont été légalement autorisés", a déclaré le candidat UMP. "Ce que les Français veulent, c'est un débat sur les OGM et non des actes de délinquance", a-t-il ajouté, en référence à la condamnation de José Bové à quatre mois de prison ferme pour avoir participé à un fauchage d'OGM. Cette position est, à peu de chose près, celle de l'UMP sur les OGM. Mais pas celle du gouvernement : la France n'a toujours pas adopté le projet de loi visant à encadrer les cultures d'OGM et à transposer dans le droit français les directives européennes en la matière. Le texte a simplement été adopté en première lecture par le Sénat en mars dernier. § Voici le "pacte présidentiel" de Ségolène Royal (publié sur le site Internet Désirs d'avenir) présenté dimanche 11 février à Villepinte. § V oici le "pacte présidentiel" de Ségolène Royal (publié sur le site Internet Désirs d'avenir) présenté dimanche 11 février à Villepinte. Présentation "Ce que vous m'avez dit, je l'ai entendu. Ce que je savais, vous l'avez confirmé. Aujourd'hui, je vous propose le Pacte présidentiel : 100 propositions pour que la France retrouve une ambition partagée, la fierté, et la fraternité. Plus de 6 000 débats ont été organisés sur tout le territoire. J'ai reçu par Internet 135 000 contributions. J'ai écouté les partenaires sociaux, j'ai rencontré les associations, j'ai mobilisé les experts. Vous avez été nombreux à vouloir participer à cette uvre collective. J'ai souhaité ce travail d'écoute et de confrontation des idées. J'ai voulu que les citoyens reprennent la parole pour que je puisse porter leur voix : vous ne supportez plus que l'on rédige dans l'ombre des programmes aussi vite oubliés qu'ils sont écrits. Les promesses doivent être tenues, elles doivent être crédibles. Ce Pacte présidentiel, c'est ensemble que nous le mettrons en uvre. Plus juste, la France sera plus forte. Ségolène ROYAL" Le pacte présidentiel de la confiance retrouvée Remontée des débats Pour relancer la croissance, les participants aux débats se sont prononcés davantage pour des réformes structurelles que pour des politiques macroéconomiques nécessairement limitées par l'ampleur de la dette publique. Il faut stimuler la création d'entreprises, renforcer l'investissement et la recherche, remédier à la sous-qualification, développer la formation professionnelle, soutenir les PME et renforcer l'efficacité de la dépense publique. Enjeux Un développement durable, une croissance forte, une dette publique maîtrisée, la réconciliation des Français avec les entreprises sont les préalables nécessaires à un retour de la confiance, à l'esprit d'initiative, à un partage effectif des richesses et à une maîtrise de la mondialisation. Propositions 1- Investir massivement dans l'innovation et la recherche : augmentation pendant le quinquennat du budget de la recherche et des crédits publics pour l'innovation de 10 % par an (le budget public de recherche-développement a diminué de 1 à 0,8 % du PIB entre 2002 et 2005). Sur les 65 milliards d'aide aux entreprises, seuls 5 % sont orientés vers la recherche-développement : je propose de porter cette part à 15 %. 2- Mettre en place une politique industrielle capable de préparer l'avenir et de réduire les risques de délocalisations avec la création d'une Agence nationale de réindustrialisation. 3- Soutenir les PME avec la création de fonds publics régionaux de participation et en leur réservant une part dans les marchés publics. 4- Donner la priorité à l'investissement des entreprises avec un taux d'impôt sur les sociétés plus bas si le bénéfice est réinvesti et plus haut s'il est distribué aux actionnaires. 5- Sécuriser le parcours des jeunes créateurs en soutenant la création d'entreprises (simplifications), en généralisant les ateliers de la création dans toutes les régions, en améliorant la protection sociale des entrepreneurs, et en mettant en place un mécanisme de cautionnement mutuel pour ceux qui garantissent les emprunts de leur entreprise sur leur patrimoine privé. 6- Réformer l'Etat : un euro dépensé doit être un euro utile. Une décentralisation aboutie. Des services publics de qualité présents sur tout le territoire et accessibles par Internet. La généralisation des logiciels libres dans l'administration. Le pacte présidentiel du pouvoir d'achat garanti Remontée des débats L'introduction de l'euro, l'augmentation de la fiscalité locale, la hausse des prix de l'énergie et le manque de concurrence dans certains secteurs sont considérés comme étant à l'origine de la vie chère. L'indice des prix ne reflète pas la réalité de la consommation : il est incomplet, il ne prend pas en compte des dépenses nouvelles, et il ne pondère par les dépenses selon les revenus. Mais la vie chère c est surtout le logement : le consensus est total sur la gravité de la situation. Il n'y a pas assez de logements, les logements sont trop chers. Il faut mieux appliquer la loi SRU, adopter une politique active de construction de logements, et mettre en place un service public de la caution : " contre la dictature des agences et des proprios. " Le surendettement des ménages est également une préoccupation. La publicité pour les prêts à la consommation et les conditions d'obtention des crédits doivent être davantage réglementée. Il est également nécessaire d'offrir de nouvelles formes de crédits solidaires. Pour la participants des débats, le constat est net : les salaires stagnent et la précarité augmente. La hausse des salaires est économiquement justifiée mais doit être financée. L'Etat doit s'impliquer par une politique volontariste et prendre sa part de l'effort de financement. Le recours aux heures supplémentaires n'est pas considéré comme une solution adaptée à tous. Elles ne sont pas toujours payées et ne concernent pas tous les salariés. De plus c'est souvent l'employeur qui oblige, pas l'employé qui choisit : "C'est ignorer le monde du travail que de prétendre le contraire." Il faut revaloriser les petites retraites et réformer, globalement, le système des retraites. Les principales victimes en sont les femmes (veuves), le monde agricole et l'artisanat. Enjeux La vie chère est une réalité vécue par une grande majorité de Français et pas seulement les plus modestes. Les salaires stagnent, les pensions s'amenuisent, les prestations sociales ne compensent pas les aléas de la vie. L'accès de tous à un logement de qualité est devenu difficile pour de nombreuses familles. Propositions 7- Augmenter les salaires : Le SMIC sera porté à 1500 , le plus tôt possible dans la législature. § L'UMP, le Front national et le Parti communiste ont critiqué le "pacte présidentiel" présenté par Ségolène Royal, dimanche. § "O n ne peut qu'être frappé que cette litanie de constats et ce catalogue de mesures n'expriment aucune politique d'ensemble susceptible de créer de la croissance et de l'emploi, donc du pouvoir d'achat", écrivent les porte-parole de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati et Xavier Bertrand, dans un communiqué. "On ne sait toujours pas où la candidate socialiste veut emmener notre pays dans les 5 années qui viennent. Quelle est sa vision des grands problèmes des Français, comme la question des retraites ou du travail ? Quelle est sa vision de la France ?", demandent-ils. Rachida Dati et Xavier Bertrand regrettent que la candidate du PS "n'ait pas été plus précise quant aux modalités de mise en oeuvre de ses propositions et quant à leur financement". "L'incantation et la pétition de principe ne font pas un mode d'emploi", estiment-ils. § Parmi les mesures proposées par la candidate socialiste à la présidentielle figurent la hausse du smic à 1 500 euros, le développement des "centres éducatifs renforcés", ou encore la révision de la carte scolaire. § A u terme d'une "phase d'écoute" de trois mois, Ségolène Royal a présenté, dimanche 11 février, "cent propositions" aux Français pour rendre la France "plus juste" et "plus forte". La candidate socialiste a publié son "pacte présidentiel" sur Internet et a longuement exposé les mesures qu'elle entend prendre si elle est élue présidente lors d'un discours de près de deux heures, qu'elle a prononcé devant 20 000 personnes réunies à Villepinte, au nord de Paris. La candidate socialiste reprend de nombreux objectifs du projet du PS pour 2007 auxquels elle a ajouté des "remontées" des débats participatifs et quelques propositions plus personnelles qui avaient provoqué des remous pendant la campagne interne pour l'investiture. Voici les principales propositions avancées : SALAIRES ET RETRAITES -Hausse du smic : "Le smic sera porté à 1 500 euros, le plus tôt possible dans la législature". -Salaires : "afin de tirer vers le haut tous les salaires, une conférence nationale sur les salaires, les revenus et la croissance réunissant les partenaires sociaux sera organisée dès 2007". -Retraites : "Les petites retraites" seront "augmentées de 5 %", et le minimum vieillesse sera versé mensuellement, "le paiement des retraites de la Sécurité sociale sera rétabli au premier jour de chaque mois". 35 HEURES -Le texte propose d'ouvrir des négociations sur les 35 heures "pour déterminer comment on peut consolider cet acquis et réduire ses négatifs pour les ouvriers et les employés". ÉDUCATION -Carte scolaire : pour assurer "la réussite éducative", l'ancienne ministre déléguée à l'enseignement scolaire se prononce pour une révision de la carte scolaire afin de "supprimer les ghettos scolaires, assurer la mixité sociale et constituer des réseaux d'éducation prioritaire". -Jeunes : la candidate propose une allocation d'autonomie pour les jeunes "sous conditions de ressources". -Autres propositions : soutien scolaire gratuit pour tous les élèves assuré par des "répétiteurs", limitation à 17 du nombre d'élèves par classe en CP et en CE1 dans les ZEP. DÉLINQUANCE DES MINEURS -Centres éducatifs renforcés : pour "extraire les mineurs de la délinquance", Ségolène Royal prône le développement de "centres éducatifs renforcés si besoin avec encadrement militaire ainsi que la suppression des peines de prison pour les mineurs", "en dehors des cas d'atteintes graves aux personnes". INSTITUTIONS -Démocratie participative : le pacte propose d'"introduire la démocratie participative dans toutes les collectivités publiques (jurys citoyens, budgets participatifs, etc.)" . "Des citoyens ayant recueilli un million de signatures pourront demander au Parlement l'examen d'une proposition de loi", indique le texte du pacte. -Modernisation : la candidate propose d'instaurer le non cumul des mandats pour les parlementaires, de renforcer le pouvoir de contrôle du Parlement, de supprimer le 49/3. LOGEMENT - Sécurité logement tout au long de la vie : le "pacte présidentiel" prévoit une "sécurité logement tout au long de la vie", avec une limitation du coût du logement pour les ménages modestes à 25% des revenus. Cette limitation, prévue par le projet socialiste, se fera par une hausse des allocations logement. -Autres mesures : le texte propose aussi la construction de 120 000 logements sociaux par an, la création d'un "service public de la caution", une extension des prêts à taux zéro. § Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle s'est posé en rassembleur, dimanche, devant les responsables de ses comités de soutiens locaux à la Mutualité. § L e candidat de l'UMP à l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy s'est posé en rassembleur, dimanche 11 février, devant les responsables de ses comités de soutiens locaux à la Mutualité, à Paris. "Je veux être le président de l'union de tous les Français, je veux être le président de la réconciliation (...) Je veux être le président qui réconcilie les Français avec leur Etat, avec leur école, avec leur université", a-t-il déclaré. "Je veux être le président qui réconcilie la France qui souffre avec la France qui réussit (...) Je veux être le président qui réconcilie les Français entre eux, quelles que soient la couleur de leur peau, leur religion, leurs origines." Le président de l'UMP a réaffirmé que si ses valeurs étaient celles de la droite républicaine, il entendait "parler à tous les Français quand d'autres veulent parler aux militants socialistes". "C'est parce que je suis sûr de mes convictions, sûr de mes valeurs, sûr de mon projet, que je crois à la nécessité de l'ouverture aux autres", a-t-il dit. "Je ne suis pas candidat pour rassembler uniquement ceux qui ont toujours pensé de la même façon mais pour créer les conditions d'un immense rassemblement au service de la France parce que la France a besoin de l'énergie de tous ses enfants." "Les étiquettes, je m'en moque, les convictions, je les respecte : voici mon message", a-t-il lancé. Des personnalités incarnant cette volonté de rassembler sont montées à la tribune avant Nicolas Sarkozy : le député apparenté UDF, Christian Blanc, l'ex-médecin-chef de la prison de la Santé, Véronique Vasseur, ou encore le député-maire UDF d'Issy-les-Moulineaux, André Santini. Nicolas Sarkozy n'a fait qu'une seule annonce durant son discours, évoquant une éventuelle légalisation de l'euthanasie. "Les principes je les respecte, les convictions je les respecte. Mais je me dis quand même, au fond de moi, il y a des limites à la souffrance qu'on impose à un être humain", a-t-il déclaré. Et d'ajouter :"on ne peut pas rester les bras ballants devant la souffrance d'un de nos compatriotes qui appelle à ce que ça se termine, tout simplement parce qu'il n'en peut plus." § Le premier secrétaire du PS est intervenu lors du rassemblement à Villepinte au cours duquel Ségolène Royal doit dévoiler son "pacte présidentiel". Le PS a mis en ligne les Cahiers d'espérance issus des débats participatifs. § P remier temps fort du rassemblement du Parti socialiste à Villepinte, dimanche 11 février, le premier secrétaire du PS François Hollande est intervenu à la tribune après une matinée consacrée à la "restitution de débats participatifs" et à l'analyse des "cahiers d'espérances". Particulièrement offensif, François Hollande a affirmé que "la campagne (présidentielle) commence vraiment aujourd'hui". Pour M. Hollande, le pays attend "un affrontement clair entre la gauche et la droite". Le compagnon de Ségolène Royal s'en est pris au candidat de l'UMP, en assurant que "Nicolas Sarkozy, c'est la continuité en pire". Il a assigné à la gauche la mission de battre "une droite dure qui veut en finir avec le modèle social français", car "c'est nous qui représentons la paix sociale, l'harmonie, le vivre ensemble". Ségolène Royal est "le seul changement possible dans cette élection", contre François Bayrou, "version édulcorée de la droite et qui y retourne toujours", et Jean-Marie Le Pen qui est toujours "le troisième homme". "Elle est la seule qui porte un projet alternatif à la droite, la seule qui peut être au second tour face à la droite", a-t-il aussi souligné, appelant à ne pas répéter les mêmes erreurs qu'en 2002 : "Si on veut le changement, il faut l'installer dès le premier tour (...) C'est au premier tour qu'il faudra porter au plus haut la candidature de Ségolène Royal", a martelé François Hollande, ajoutant "Que ceux qui ont oublié le 21 avril retrouvent vite leurs esprits car le 22 avril 2007 il sera trop tard", a-t-il mis en garde. "NOUS SOMMES PRÊTS" "Tout commence aujourd'hui. Il faut gagner la bataille du coeur et des esprits", a-t-il conclu en ajoutant "Nous sommes au rendez-vous du 6 mai, nous sommes prêts, confiants dans nos idées, nous sommes là avec une seule ambition faire gagner la France et porter Ségolène Royal à la présidence de la République". Des milliers de personnes sont déjà présentes sur le site, et c'est enviton 8 000 personnes qui sont attendues pour le temps fort de cette journée que sera le discours de Ségolène Royal, au cours duquel la candidate socialiste doit dévoiler son pacte présidentiel. Cette intervention qui doit commencer à 14 h 30 doit durer 90 minutes environ. D'ores et déjà les Cahiers d'espérances ont été mis en ligne sur le site du PS qui dévoilent une partie des mesures que Ségolène Royal compte faire figurer à son programme : augmentation du SMIC à 1500 euros, revalorisation des petites retraites, révision de la carte scolaire... Conformément au voeu de François Hollande, le PS donnera un coup d'accélérateur à sa campagne après le discours de Ségolène Royal. Dans la matinée, François Rebsamen, numéro deux du PS et codirecteur de la campagne, a annoncé des "réunions du changement" dans toute la France dès lundi et la tenue le 18 mars d'"une grande fête des élus et des citoyens" dans le même Parc des Expositions de Villepinte. § "C'est le seul candidat en mesure d'emporter" la présidentielle, souligne le député UDF dans une interview au "Journal du Dimanche". § L e député UDF André Santini annonce son ralliement à Nicolas Sarkozy dans une interview au Journal du Dimanche, daté du 11 février. "C'est le seul candidat en mesure d'emporter" la présidentielle, souligne-t-il pour justifier son choix. "Je rallie un homme, Nicolas Sarkozy, mais pas un parti parce que j'ai toujours été libre dans un parti libre", affirme encore le député-maire d'Issy-les-Moulineaux qui indique ne pas souhaiter quitter l'UDF. André Santini récuse l'idée d'avoir cédé à des pressions dans le département du président de l'UMP, assurant que "personne aujourd'hui, ni à l'UMP ni à l'UDF, ne peut (le) menacer de représailles". Il affirme avoir "une réelle amitié pour Nicolas Sarkozy. Je pense sincèrement qu'il peut être l'homme du vrai changement". Il explique qu'il "est important de soutenir" le candidat UMP "dès le premier tour pour que sa légitimité soit plus forte encore quand il sera élu", en notant que "jusqu'à maintenant", la droite "a toujours eu un candidat qui ne dépassait pas au premier tour les 20% des voix". M. Santini, qui sera présent dimanche à la réunion des comités de soutien locaux de Nicolas Sarkozy, reprend une analyse récente de Raymond Barre pour critiquer la stratégie du président de l'UDF François Bayrou. M. Barre "disait qu'il ne faut jamais que le centre rompe avec sa majorité et, poursuit M. Santini, que s'il y a refus d'alliance, il y a risque d'isolement". Il affirme avoir vu "deux fois l'autre semaine" M. Bayrou. Et conclut : "Il m'a dit : 'Si tu es ami avec Sarkozy, tu es libre'", ajoute le députe-maire. § "Le Monde" suit l'élection présidentielle de 2007 avec des lycéens de seconde du lycée Montaigne à Paris. § L e Monde suit l'élection présidentielle avec des lycéens de seconde du lycée Montaigne à Paris. Avec la collaboration du Monde des ados, ils écrivent, chaque mois, une chronique de campagne, accessible sur lemonde.fr et dans Le Monde Dossiers & Documents. L'EUROPE Les deux principaux candidats à la présidentielle, Ségolène Royal pour le PS et Nicolas Sarkozy pour l'UMP, ont chacun leur idée sur l'avenir de l'Europe. Considérant que "l'Europe a échoué sur les questions sociales", Ségolène Royal a pour ambition de redonner à l'Union européenne (UE) un nouvel élan. Elle met par ailleurs l'accent sur l'éducation, la recherche et l'environnement. Elle propose une TVA à taux réduit pour les économies d'énergie et les énergies renouvelables. La candidate du PS s'est également prononcée contre la libéralisation des marchés de l'énergie. Nicolas Sarkozy, lui, choisit de revenir sur le projet de Constitution européenne, rejeté par les Français en 2005. Il propose un "minitraité" qui reprendrait la première partie de la Constitution. Il suggère également que le président de la Commission européenne soit élu par le Parlement de Strasbourg... Enfin, il veut instaurer un pacte européen qui permettrait de faire de la politique d'asile une seule politique européenne. LA QUESTION TURQUE Ségolène Royal est restée ambiguë sur l'adhésion de la Turquie à l'UE. Elle a déclaré, qu'in fine, ce seraient les Français qui décideraient par référendum. Autre son de cloche chez Nicolas Sarkozy qui est contre l'intégration de la Turquie dans l'Union. "Tous les pays du monde n'ont pas vocation à intégrer l'Europe à commencer par la Turquie qui n'a pas sa place à l'intérieur de l'Union Européenne", a-t-il déclaré le 14 janvier, ajoutant : "La Turquie est en Asie mineure, pas en Europe. L'Europe, c'est fait pour les Etats européens." Ça a le mérite d'être clair ! LES JOURNAUX EUROPÉENS Les points de vue des deux candidats sur l'Europe sont suivis de très près par la presse européenne, mais c'est Ségolène Royal qui intéresse le plus. Indra Adnan, du Guardian, a même écrit : "En tant que féministe, j'aimerais évidemment voir davantage de femmes à des postes à responsabilités." Pour Nicklas Ekdal, dans le journal suédois, Dagens Nyheter, "lorsqu'une représentante du beau sexe prend la tête d'un gouvernement ou d'un pays, les femmes du monde entier se disent que tout est possible". Il semble bien qu'être une femme et avoir travaillé son image ait porté ses fruits. Ségolène est devenue une star, même dans les capitales européennes... En tout cas, les deux principaux candidats à la présidentielle ont encore des efforts à faire pour expliquer leur politique étrangère et notamment européenne. L'heure est à la mondialisation. La campagne électorale ne peut plus être que franco-française ! § "J'ai une question à vous poser", le 5 février sur TF1, a suscité des doutes en raison du passé de l'un de ses producteurs. § C ent personnes face à un candidat à la présidentielle. Près de deux heures de questions ininterrompues, posées par des citoyens lambda sélectionnés par l'institut de sondage TNS-Sofres et assis dans un décor d'amphithéâtre, la personnalité politique, placée face à eux, se contentant d'un tabouret, d'une petite table et d'un verre d'eau. Tel est le concept de "J'ai une question à vous poser", dont le premier numéro a été diffusé en direct lundi 5 février à 20 h 50 sur TF1, avec Nicolas Sarkozy dans le rôle du "cobaye". Un concept mis au point par la chaîne privée avec les sociétés de production "Magnéto Serge" et "A prime", dirigée par Dominique Ambiel. Plus de 8,2 millions de téléspectateurs ont suivi cette discussion à bâtons rompus, orchestrée par Patrick Poivre d'Arvor. Dès le lendemain de la diffusion, l'UDF a dénoncé l'organisation de ce programme. Le député Jean-Christophe Lagarde affirmait ainsi ne pas être "sûr que l'émission soit sans filtre entre le candidat et les Français". Et d'ajouter : "On voit que c'est filtré par la Sofres et qu'on leur demandait dès le matin quelles étaient leurs questions." Mercredi 7, c'est au tour de François Bayrou, candidat de l'UDF, invité, lui, à participer à l'émission du lundi 26 février (aux côtés de Dominique Voynet, José Bové et Arlette Laguillier) de se déclarer "infiniment choqué" par les conditions de son organisation. M. Bayrou réagit à un article du Canard enchaîné affirmant que le producteur Dominique Ambiel, ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin, a préparé l'émission avec Franck Tapiro, conseiller en communication du ministre-candidat. Il menace même de ne pas participer à l'émission. "Je tiens à réfléchir, car je suis tombé de ma chaise en découvrant les conditions d'organisation de ce débat." Joint par Le Monde, M. Ambiel "dément" toute préparation de l'émission avec M. Tapiro : "Premièrement, depuis mon départ de Matignon, je n'ai pas les meilleures relations avec Nicolas Sarkozy ; deuxièmement, nous ne sommes que les producteurs exécutifs de cette émission, l'éditorial étant assuré par TF1." Pierre Sportolaro, collaborateur de M. Ambiel et producteur exécutif et artistique de l'émission, explique qu'il s'est personnellement occupé de la logistique de l'émission, à savoir le décor, l'accueil des personnes sélectionnées par la Sofres, leur transport et leur logement. "En aucune manière, je ne suis intervenu dans le contenu", précise t-il au Monde. "Voilà des mois que nous avions ce projet dans nos cartons. Des contacts avancés avaient eu lieu avec M6, mais TF1 s'est décidée plus rapidement et nous avons signé pour quatre émissions du même type", précise t-il. Le matin même de l'émission, le panel des 100 sélectionnés a été réuni pour, selon M. Sportolaro, un "briefing technique" qui a consisté à leur expliquer comment prendre la parole, se lever, se présenter, voire interrompre M. Sarkozy. M. Sportolaro confirme que les dirigeants de TF1 étaient présents ce matin-là pour établir "un premier conducteur" de l'émission avec les questions que comptaient poser les Français sélectionnés. "Uniquement les grands thèmes, car l'émission étant en direct, rien n'empêchait l'un d'entre eux de poser une tout autre question", affirme M. Sportolaro. Il estime que M. Bayrou se trompe en mettant en doute "la déontologie" de la société A Prime et confirme que leur avocat a préparé, à son encontre, une "citation directe" pour "atteinte grave à l'honneur et la considération" de la société. L'avocat a toutefois trois mois pour la déposer... Mercredi 7 février, l'apaisement était de mise entre M. Bayrou et M. Ambiel, qui se sont téléphoné pour s'expliquer. M. Bayrou, qui, dans un premier temps, avait déclaré qu'il réfléchissait à sa venue sur le plateau de "J'ai une question à vous poser", devrait finalement s'y rendre le 26 février. Cependant, le candidat de l'UDF a mené sa propre enquête. Il a appelé lui-même par téléphone un des "témoins", Frédéric Poitou, qui a d'abord cru à une blague de l'imitateur Gérald Dahan. "Je lui ai décrit le déroulement de la journée telle que je l'ai vécue, rapporte M. Poitou, et je lui ai dit que je pensais sincèrement que Nicolas Sarkozy n'était pas au courant des questions qu'on avait l'intention de lui poser. J'ai d'ailleurs saisi une conversation entre la directrice de campagne de M. Sarkozy et un membre de son cabinet, juste avant le démarrage de l'émission, qui, selon moi, prouve qu'il ne savait pas quels thèmes allaient être abordés." Et d'ajouter : "Les deux collaborateurs du ministre observaient les témoins et émettaient des hypothèses sur les questions qu'ils allaient poser en se fiant à leur allure, par exemple la législation sur le cannabis pour un jeune aux cheveux longs." A ceux qui se sont étonnés que M. Sarkozy connaisse la profession - commerçante - de l'intervenante venue de Marseille, M. Poitou répond : "Il n'y a rien de mystérieux, sa profession était inscrite sur l'écran de contrôle qu'il avait devant lui !" Libération a publié dans la page "Courrier" de son édition du 8 février une lettre de l'un des témoins, Frédérick Carles-Font, se plaignant d'être arrivé sur le plateau de l'émission "épuisé" après avoir passé la journée, depuis 7 heures du matin, à être "trimballé de briefings en répétitions et de déplacements en consignations à résidence". M. Poitou, venu la veille d'Aix-en-Provence et logé, comme les autres témoins arrivés de province, dans un hôtel à l'ouest de Paris, confirme que la journée a été longue. Accueillis la veille au soir par "des membres de la production", ils ont été identifiés par la pose d'un bracelet avant d'être convoqués à une réunion d'information le lendemain à 9 heures dans le sous-sol de l'hôtel en présence des producteurs, des techniciens, du directeur de l'information de TF1, Robert Namias, du vice-président de la chaîne, Etienne Mougeotte, et de Brice Teinturier, directeur général adjoint de TNS-Sofres. Il précise que Patrick Poivre d'Arvor n'est arrivé que quelques minutes avant la fin "et n'a entendu que les dernières interventions". PPDA a, selon ce témoin, expliqué que "son rôle n'était pas de corriger les questions mais de conduire l'émission avec cohérence". Après le déjeuner, les témoins ont été cloîtrés dans leur chambre jusqu'à 16 heures avant de partir en car vers les studios de Boulogne, où ils ont attendu l'arrivée de M. Sarkozy, qui a signé quelques autographes avant le démarrage de l'émission. Face aux critiques, M. Namias "met au défi quiconque de prouver qu'il y a eu manipulation". "Il était inimaginable de pouvoir contrôler la parole des Français invités. Il y a eu des échanges qui n'auraient sans doute pas eu lieu dans une émission politique classique", explique-t-il. Pour M. Namias, cette émission s'inscrit dans un cadre particulier de la couverture de l'élection présidentielle et a une "une durée limitée dans le temps". Brice Teinturier estime de son côté que ce type de programme répond à une demande du public. "On ne peut pas d'un côté contester la crise du politique qui voit 63 % des Français penser que les hommes politiques ne s'occupent pas de leurs préoccupations, et, de l'autre, s'offusquer quand on donne la parole aux gens. Mais cela ne signifie pas qu'il ne faut faire que ce type de programme. Les émissions plus classiques sont aussi nécessaires." Jean-Marie Le Pen, Olivier Besancenot et Marie-George Buffet seront les prochains invités de "J'ai une question à vous poser", lundi 12 février. Ségolène Royal se pliera à l'exercice une semaine plus tard. "Pour l'invité du premier numéro, nous avons proposé un tirage au sort entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, explique M. Namias. La candidate socialiste préférant intervenir après la mi-février, c'est donc M. Sarkozy qui a inauguré le concept." § La rareté crée le désir. C'est sur ce principe éternel que Jacques Chirac, conseillé par sa fille Claude, a fondé sa communication. § E videmment, la rareté crée le désir. C'est sur ce principe éternel que Jacques Chirac, conseillé par sa fille Claude, a fondé sa communication, surtout pendant le quinquennat. Non qu'il ne parle jamais. Il a même prononcé plusieurs centaines de discours en douze ans. Mais il s'est très rarement expliqué sur lui-même et n'a délivré des "briefing off" aux journalistes qu'au compte-gouttes. A l'approche de la fin de sa vie politique, il ouvre les portes avec le souci de laisser une meilleure image. Lassé que l'on raconte n'importe quoi sur lui " sans jamais avoir cherché à démentir quoi que ce soit", dit-il à Pierre Péan. Ou comme chaque fois qu'il est en difficulté et qu'il doit convaincre, à l'instar d'une campagne. Cela a commencé avec Paris-Match le 16 novembre 2006, où le président s'est laissé photographier sur une double page avec son petit-fils Martin. Cela a continué avec des confidences distillées à des journalistes auxquels il ne parle pas habituellement. Jusqu'à ce qu'il se prenne les pieds dans le tapis du "off", lors d'une interview avec le Herald Tribune, le New York Times et Le Nouvel observateur, le 29 janvier, sur la question ultrasensible du nucléaire iranien. Dimanche 11 février, il se confie aussi à Michel Drucker sur France 2, sur l'après-Elysée. " Je ne suis pas quelqu'un qui vit dans le culte du passé. (...) Alors on peut approuver (mon action), la critiquer, peu importe, mais j'ai toujours essayé d'agir pour les Français et pour l'idée que je me faisais de la France. Et si, le jour où je n'aurai plus de responsabilités de cette nature, eh bien j'essaierai de servir la France, les Français, d'une autre manière", dit-il. Le chef de l'Etat avait refusé de se confier à Patrick Rotman, qui a réalisé un film sur lui, Chirac, du jeune loup au vieux lion, diffusé sur France2 en octobre 2006. Il a accepté de se livrer à Péan, par le truchement de Jean-Luc Aubert, conseiller officieux de l'Elysée et ami de Claude Chirac. Le journaliste l'avait rencontré par l'intermédiaire de Jacques Pilhan. Péan a proposé "à l'été", dit l'Elysée, un projet fondé sur " les grands combats de Chirac, comme la cohésion nationale, le dialogue des cultures, sa vision internationale". " C'est ce qui lui a plu", souligne Agathe Sanson, responsable du service de presse. C'est une manière, aussi, de tenter d'effacer La tragédie du président (Flammarion, 2007) le best-seller de Franz-Olivier Giesbert. Chirac s'est longtemps confié au patron du Point, qui avoue lui-même dans son livre avoir "vidé ses carnets". Une trahison que le président a assez peu appréciée si l'on en croit les commentaires de l'Elysée sur l'ouvrage, alors que son Chirac de 1987, au Seuil, avait tant plu. § Pierre Péan a recueilli dans un livre, "L'Inconnu de l'Elysée", qui sort le 17 février, les confidences de Jacques Chirac. "Marianne" en publie les bonnes feuilles samedi. § C 'est un extraordinaire document. Jacques Chirac a rencontré à plusieurs reprises cet été, puis une dernière fois en janvier, le journaliste Pierre Péan, qui confessa François Mitterrand dans Une jeunesse française (Fayard, 1994). Il en est résulté un autre livre, L'Inconnu de l'Elysée, qui sera publié chez le même éditeur, le 17 février. L'hebdomadaire Marianne (daté 10-16 février) s'est assuré l'exclusivité de ses bonnes feuilles, parues samedi. Elles recèlent des scoops, quelques arrangements avec l'histoire et permettent de mieux lire l'actualité. A dix semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le chef de l'Etat s'exprime sur le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy. Il remet les choses à leur place. Alors qu'il parle pour la première fois de sa fille Laurence, minée depuis l'âge de 15 ans par l'anorexie - "c'est vraiment le problème de ma vie" -, Pierre Péan l'interroge sur les trahisons politiques au regard de cette souffrance. "Je me fous éperdument que Sarkozy ou tel autre... Je me fous de beaucoup de choses." Il dit encore : "Je suis insensible à la haine et tout aussi insensible au découragement. Je ne crois pas aux sondages, qu'ils soient bons ou mauvais. C'est ma grande différence avec Sarkozy... Je lui dis toujours : "Arrête de te fier aux sondages !"" Il est vrai que le candidat Chirac ne leur a pas accordé une importance excessive en 1995. Et c'est ancien ! En 1969, Pierre Juillet, au trente-sixième dessous, présente à Georges Pompidou des enquêtes d'opinion déplorables. Au café, où se retrouve l'équipe de campagne, le candidat choisit la terrasse : "Il faut se montrer, avec les sondages que l'on a." Jacques Chirac de rétorquer : "Tout ça ne vaut rien. Vous serez élu." Une petite anecdote que le secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux, tient de la bouche du président et qu'il a soigneusement rapportée au Monde, il y a peu. Soyons justes, si les bons sondages de Nicolas Sarkozy l'indiffèrent, le chef de l'Etat reconnaît beaucoup de qualités à son ministre de l'intérieur. "C'est un homme actif, intelligent, un homme politique de premier ordre." En 2002, lorsqu'il l'a nommé ministre de l'intérieur, il a considéré que "c'était un atout pour la majorité et pour la conduite de l'action publique". M. Chirac, qui a souvent reproché au président de l'UMP d'être libéral, atlantiste et communautariste, relève : "c'est une bonne chose, des évolutions de sa part" et "beaucoup de points de convergence". Sur le communautarisme, "j'ai noté aujourd'hui son adhésion à un principe fondamental à mes yeux : la France n'est pas, et ne sera jamais une addition de communautés. La nation française est une et indivisible". Nicolas Sarkozy est "spontanément plus libéral que moi", souligne aussi le président, portant sur le libéralisme - qu'il appliqua lors des privatisations entre 1986 et 1988 - une cinglante condamnation. "Je suis convaincu que le libéralisme est voué au même échec que le communisme et qu'il conduira aux mêmes excès. L'un comme l'autre sont des perversions de la pensée humaine", dit-il. Sarkozy l'a ulcéré quand il a critiqué, à Washington, le 12 septembre 2006, l'"arrogance" française et la "grandiloquence stérile" de son pays - il visait Dominique de Villepin - au moment de la crise irakienne à l'ONU. Prudent, M. Chirac se contente de dire qu'il " existe des différences d'approche, s'agissant notamment de la relation avec les Etats-Unis". Il s'explique longuement sur l'Irak, ayant "répété trente-six fois à Bush qu'il commettait une erreur monumentale". Le président raconte aussi sa version de la prise de la mairie de Neuilly par Nicolas Sarkozy, au nez et à la barbe de Charles Pasqua, en 1983. " J'ai dû rendre un arbitrage. A Pasqua, j'ai dit : "Tu n'iras pas, tu vas laisser ta place à Sarkozy. Il est jeune. Il faut pousser les jeunes". A peine élu, Sarkozy n'a cessé d'expliquer que je n'y avais été pour rien. (...) Cela aurait dû faire tilt..." Bernard Pons a, en fait, souvent raconté que Jacques Chirac l'avait envoyé pour sonder Nicolas Sarkozy. Persuadé de sa détermination à y aller, le président du RPR avait tout simplement laissé faire. Prudence encore sur la trahison de 1995 : "Il y a un défaut que je n'ai pas, c'est celui d'être rancunier. C'est un sentiment qui m'est totalement étranger." Il assaisonne davantage Edouard Balladur, moquant sa vanité. Mais reconnaît que le lâchage du premier ministre de l'époque, dont il raconte précisément les circonstances, lui a " fait de la peine". Jeter la rancune à la rivière... Une célèbre expression de 1982, lorsque Giscard et Chirac projetaient de se réconcilier lors d'un déjeuner chez Drouant. Cette rivière n'est pas près de couler. Habituellement discret sur son vieil ennemi, M. Chirac se lâche. Il raconte le fameux dîner à Brégançon, où les Giscard avaient convié leur moniteur de ski et sa femme, en compagnie des Chirac. Les uns très habillés, sur la recommandation d'Anne-Aymone, les autres plutôt sport. Et très gênés. " Cela a été affreux. (...) On ne fait pas des choses comme ça. Ou alors on prévient. (...) Les deux invités étaient terrorisés. Vous vous rendez compte : ils se retrouvaient face au président de la République et au premier ministre, et à leurs épouses en robe longue." Jacques Chirac explique pourquoi il conserve son amitié à Charles Pasqua, malgré ses fréquentations " hautement contestables". Jean-Charles Marchiani, par exemple, que Chirac nomma, à sa demande, préfet du Var : "un grand tort dans ma vie". "Dans toutes les histoires d'otages où il s'est attribué un rôle, c'était largement bidon", révèle-t-il. "Marchiani réclamait sans cesse de l'argent - que je ne lui donnais pas. Pasqua, lui, voulait que je prélève sur les fonds spéciaux de Matignon", ajoute-t-il. C'est Jean-Marie Le Pen, auquel il fut opposé au second tour de 2002, qui fait l'objet de sa plus grande exécration. "J'ai toujours été allergique au Front national, c'est quasiment physique, je ne peux supporter tout ce qui est racisme et xénophobie", dit-il. Il s'explique sur la sulfureuse photo témoignant de sa poignée de main avec Le Pen, en 1987 - un coup monté par le président du FN, dit-il. Il "charge" aussi Balladur, qui a essayé de le convaincre, comme Pasqua de pactiser avec Le Pen en 1988 : "Cela Edouard, jamais ! On perdra peut-être les élections, mais si on les perd, ce ne sera pas pour cette raison-là." Ces valeurs allant souvent de pair avec la défense des opprimés, cela donne lieu, chez Jacques Chirac, à des révélations étonnantes. Il dit comment, approché par le roi du Maroc, Hassan II, à la fin des années soixante, il s'était fait le militant discret de l'ANC (African National Congress), le mouvement qui luttait contre l'apartheid en Afrique du Sud. En clair son porteur de valises. Il prouve son incontestable culture, ayant laissé dire pendant des années qu'il était "un analphabète"... "Je me disais, au moins on me fout la paix, j'ai mon domaine privé". Et ne cache pas son admiration pour François Mitterrand "homme très intelligent et cultivé, pas du tout comme moi" ! Ils font partie du même club, excessivement restreint, des chefs d'Etat réélus. Ils avaient le même conseiller en communication, René Pilhan. Ils ont désormais le même biographe. § Revue de presse sur les propositions de Ségolène Royal dans les journaux télévisés de la mi-journée. § § Dans un courrier au premier président de la cour d'appel de Paris, le Syndicat de la magistrature et l'Union syndicale des magistrats dénoncent la prise de position de Martine Monteil en faveur du candidat de l'UMP. § "L a directrice centrale de la police judiciaire, Martine Monteil, a pris publiquement parti en faveur de Nicolas Sarkozy, soutenant ainsi sa candidature à l'élection présidentielle", déplorent l'Union syndicale des magistrats et le Syndicat de la magistrature, lundi 12 février. Les présidents des syndicats de magistrats s'en plaignent dans un courrier commun adressé au premier président de la cour d'appel de Paris. Citant un dépêche AFP du 1er février et le Journal du dimanche du 4 février, les syndicats de magistrats rapportent que Mme Monteil a souhaité à M. Sarkozy que "le courage et l'énergie" du ministre soient demain "au service de la France". La directrice centrale de la police judiciaire a également fait vu d'"un grand succès" pour le candidat de l'UMP, lors d'une entrevue dans le cadre de la célébration du centenaire de la police judiciaire, à Paris, le 1er février. "Elle aurait précisé qu'elle s'exprimait à titre personnel", ajoute le communiqué, rejetant pourtant cette "précaution oratoire". NUIRE À "L'IMPARTIALITÉ" DE LA POLICE "Cette prise de position publique ne peut que nuire à l'impartialité objective et subjective des actes de procédure que le justiciable est en droit d'attendre de la police nationale", estiment les présidents de l'USM et du SM, Bruno Thouzellier et Emmanuelle Perreux. Les syndicats de magistrats expriment leur "inquiétude" et laissent au premier président de la cour d'appel de Paris "le soin d'apprécier, le cas échéant, l'opportunité de saisir le procureur général de la cour d'appel de Paris". § Stéphane Rozès, directeur du département Opinions de l'institut de sondages CSA, compare l'intervention de Ségolène Royal le 11 février à celle de Nicolas Sarkozy le 14 janvier, lors de son entrée officielle en campagne.Propos recueillis par Constance Baudry § § "L'ensemble des éléments de chiffrage sera connu dans les semaines qui viennent", a déclaré lundi Julien Dray, le porte-parole du PS, qui estime ne pas avoir de "leçons" à recevoir de la droite. § "N ous n'avons pas de comptes à rendre à la droite, ni de leçons à recevoir de ces gens-là", a déclaré le porte-parole du PS, Julien Dray, au cours d'un point presse lundi 12 février. En réponse aux critiques de l'UMP sur le financement des cent propositions de Ségolène Royal, il a promis que "l'ensemble des éléments de chiffrage sera connu dans les semaines qui viennent." Ils seront "extrêmement précis", a-t-il ajouté. Julien Dray a ironisé sur les compétences du ministre de l'économie, Thierry Breton. "Quand M. Breton dit ce qu'il ne faut pas faire, nous l'écoutons, parce que c'est un expert, surtout quand on regarde la réalité du déficit record commercial. Nous ne nous laisserons pas faire", a déclaré Julien Dray.REVENIR SUR LES EXONÉRATIONS DE CHARGES SOCIALES Le député de l'Essonne a reproché à la droite de "se draper dans une sorte de savoir-faire en économie". Il s'est demandé "comment Nicolas Sarkozy finance 68 milliards de baisse des prélèvements obligatoires" le candidat UMP voulant les diminuer de quatre points sur dix ans. Et "comment il finance les 50 milliards de dépenses supplémentaires qu'il a annoncés". Julien Dray a assuré que "tout ce qui est proposé (dans le projet de Ségolène Royal) sera financé sans augmenter les prélèvements obligatoires", comme la candidate s'y est déjà engagée. Parmi les "pistes" d'économies possibles, il a notamment cité la remise en cause, prévue dans le projet socialiste, de l'exonération de charges sociales accordées aux entreprises pour un montant de "près de 60 milliards d'euros". § À l'issue de la deuxième conférence nationale des finances publiques, le premier ministre, Dominique de Villepin, a souligné, lundi, "l'enjeu vital" du désendettement. § A l'issue de la deuxième conférence nationale des finances publiques, le premier ministre, Dominique de Villepin, a souligné, lundi 12 février, "l'enjeu vital" du désendettement. Alors que certains économistes cherchent à chiffrer les promesses électorales de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, le premier ministre a implicitement mis en garde les deux principaux candidats à la présidentielle, les exhortant au "courage". M. de Villepin a fait valoir, en pleine campagne électorale, qu'"un Etat qui se désendette, ce n'est pas un Etat qui se désengage de ses responsabilités. C'est au contraire un Etat qui se renforce et peut assumer pleinement son rôle de garant des services publics". Pour le premier ministre, la dette ne doit servir qu'à financer l'investissement. "Le désendettement, comme l'emploi et la croissance, doivent constituer un socle consensuel minimal pour construire l'avenir du pays", a-t-il plaidé. Réunir EDF et GDF, une proposition "inacceptable" de Ségolène Royal "Un certain nombre de propositions (de Mme Royal) me paraissent peu réalistes", a déclaré Dominique de Villepin, en clôture de la deuxième conférence nationale des finances publiques à Bercy. "Je pense en particulier à la fusion GDF-EDF", a-t-il précisé : "C'est totalement inacceptable" et pas "compatible" avec l'Union européenne. Le "pacte présidentiel" de Ségolène Royal prévoit de "créer un pôle public de l'énergie" avec EDF et GDF. Le programme socialiste spécifie : "Nous réintroduirons le contrôle public à 100 % d'EDF". Il exclut "la privatisation" des deux entreprises d'énergie. - (avec AFP) "UNE LOGIQUE D'AUSTÉRITÉ" Reprenant des informations communiquées par le ministre de l'économie et des finances, Dominique de Villepin a affirmé que le déficit public serait "sans doute inférieur à 2,7 %" du PIB en 2006 et que l'objectif de 2,5 % pour 2007 pourrait être tenu. Thierry Breton avait précisé que la dette "devrait approcher les 2,6 %". M. de Villepin s'est dit "convaincu" que la France pourrait faire reculer sa dette à "55 % dès 2012". Au même horizon, l'UMP s'en tient à atteindre la barre des 60 %. Le premier ministre a par ailleurs regretté que Mme Royal ne dise "rien sur (le) financement global" de ses propositions. En présentant dimanche son "pacte présidentiel", la candidate socialiste avait fustigé la droite et "la France qu'ils nous laissent. La dette publique est devenue insoutenable, les intérêts qu'elle génère sont devenus la deuxième dépense du budget de la nation", avait-elle dénoncé. "L'idée qu'il faudrait faire des économies dans les budgets publics risque de nous conduire à la catastrophe", a mis en garde Jean-Christophe Le Duigou, numéro 2 de la CGT, qui dénonce "une logique d'austérité" dans les propos du premier ministre. § Une centaine de chercheurs en sciences sociales, militants associatifs et syndicaux ont mis au point 80 "propositions à débattre d'urgence". § V oici quelques mois, avec le collectif "Voter Y", ils étaient à la recherche du candidat idéal pour l'élection présidentielle. Devant l'éparpillement à gauche, ils ont renoncé et préféré mettre au point un livre-programme clés en main, présenté samedi 10 février, à Paris. Une centaine de chercheurs en sciences sociales, militants associatifs et syndicaux - notamment Droit au logement, Confédération paysanne, Syndicat de la magistrature, SUD énergie, Survie - praticiens ou artistes, ont mis au point 80 "propositions à débattre d'urgence". L'ouvrage, intitulé L'autre campagne, (La Découverte, 14 euros), se veut un "puissant anxiolytique au marasme ambiant", explique Thomas Lacoste, éditeur et l'un des coordinateurs. Autour de lui, on retrouve les noms familiers de cette gauche intellectuelle qui a tenté, depuis trois ans, de s'impliquer dans le débat politique : l'économiste Geneviève Azam, les philosophes Jacques Bouveresse et Etienne Balibar, la politologue Isabelle Sommier, le sociologue Daniel Borillo, le démographe Patrick Simon ou encore l'urbaniste Marie-Hélène Bacqué. L'initiative de ces militants et intellectuels engagés est née à la fois de la crainte de "la montée en puissance d'une droite autoritaire, violente et décomplexée" et de la déception face à une "gauche éclatée" qui ne semble pouvoir offrir que "l'accompagnement du capitalisme financier et le maintien d'un ordre social et moral profondément inégalitaire et liberticide", préviennent-ils en introduction. "FAIRE EXPLOSER" LES LIMITES Effarés par la "platitude" de la campagne présidentielle, ils veulent en "faire exploser" les limites. "Depuis des semaines, les thèmes importants imposés par la situation politique et économique ne sont pas abordés. Le débat porte sur des lieux communs", dénonce Georges Debrégeas, physicien, vice-président de Sauvons la recherche et autre coordinateur de l'ouvrage. L'urgence à leurs yeux est de réhabiliter la "faisabilité d'une réelle politique de gauche", à partir d'expertises "qui ne demandent qu'à entrer dans le débat", insiste Thomas Lacoste. Les pistes proposées sont inspirées des revendications des mouvements sociaux des dix dernières années. Ainsi, pour renforcer la place des services publics, ils réclament une directive européenne respectueuse des traditions de chaque Etat membre. Faire face à la crise du logement suppose, à leurs yeux, de "s'attaquer au tabou de la propriété privée" : les auteurs proposent donc que l'Etat "agisse en loueur en préemptant les logements privés vides du parc privé". La réforme institutionnelle passe, elle, par la suppression de l'élection du président de la République au suffrage universel. Quant au sujet récurrent de l'énergie, ils récusent l'idée d'un "pôle public" défendu à gauche : "Etablir un pôle public pour éviter les dérives libérales dans un secteur dérégulé est une illusion, assure M. Debrégeas. Il faut assumer le retour à la propriété entièrement publique avec une gestion déléguée aux régions et des tarifs appliqués différemment selon qu'on est particulier ou entreprise grosse consommatrice d'énergie." L'ensemble de ces 80 propositions sont "discutables et amendables", assurent encore les auteurs. Un site Internet leur est dédié (www.lautrecampagne.org) et un film mettant en scène le regard des auteurs sur la campagne officielle est en préparation. "Nos idées sont libres de droit", expliquent encore les deux coordonnateurs de l'initiative, qui espèrent que "les candidats vont s'en saisir". § M. Sarkozy fait le pari que les déçus de la candidate socialiste peuvent le rejoindre, sans passer par la "case Bayrou" dont il reprend une des idées forces. § I l dit qu'il l'a regardée "un peu" parce qu'il était "fatigué" par son discours prononcé le matin devant ses comités de soutien à Paris. Dimanche 11 février en fin d'après-midi, Nicolas Sarkozy a beau vouloir se garder de tout triomphalisme, il ne peut s'empêcher de lancer : "On n'écrira pas sur le discours de Ségolène Royal ce qu'on a pu écrire sur le mien (lors du congrès d'investiture de l'UMP du 14 janvier). Je l'ai amenée sur un terrain où elle n'est pas à l'aise, elle a tort de vouloir me suivre. Tactiquement, c'était intéressant de parler d'ouverture, alors qu'elle se tourne vers les éléphants du PS." Ouverture ? Un grand mot peut-être. Ses proches rêvaient il y a peu de "parasiter" l'entrée en campagne de Mme Royal en affichant des "personnalités" venues de la gauche. Ils ont dû se contenter de la présence à la tribune de la Mutualité de deux transfuges de l'UDF, les députés Christian Blanc et André Santini, et, dans la salle, de Pierre-Christophe Baguet et Hervé Marseille, ces trois derniers étant élus des Hauts-de-Seine, dont M. Sarkozy préside le conseil général. La preuve que le premier souci de M. Sarkozy est autant le "pacte présidentiel" de Mme Royal que l'attractivité - soulignée par les sondages - du président de l'UDF, François Bayrou, sur certains électeurs de gauche. En assurant dans cette salle, habituellement consacrée aux réunions politiques de gauche et d'extrême gauche, qu'il n'est "pas un conservateur", ni "l'homme d'un clan", qu'il se "moque des étiquettes" et "respecte les convictions", c'est d'abord à eux qu'il a voulu s'adresser. "NE PAS TROP AFFAIBLIR" M. BAYROU M. Sarkozy fait le pari que les déçus de la candidate socialiste peuvent aussi bien le rejoindre dès le 23 avril, sans passer par la "case Bayrou" dont il reprend une des idées forces : "Il s'agit de faire le constat que sur certains sujets, dans certaines circonstances, les concitoyens d'un même pays (...) peuvent avoir des choses à se dire, (...) peuvent construire ensemble au nom des mêmes principes, des mêmes convictions." Se présentant déjà en "président de la réconciliation", il assure : "L'exigence qu'un président de la République doit s'imposer à lui-même, je veux me l'imposer dès maintenant." Mais la manoeuvre est compliquée, même en présentant son meilleur profil aux centristes, notamment quand il cite Jean Monnet et Robert Schuman. "Il faut faire baisser le score de Bayrou au premier tour, pour augmenter le nôtre, explique Dominique Paillé, ancien député UDF qui a choisi l'UMP en 2002. Mais il faut prendre garde de ne pas trop l'affaiblir, car certains électeurs de gauche auront besoin de passer par Bayrou pour aller vers Sarko. Nous aurons besoin d'une réserve de voix." Toute agression contre M. Bayrou reviendrait à le "victimiser" et donc à augmenter sa popularité de "candidat antisystème". Reste l'option de démontrer "l'impasse" politique dans laquelle, selon les amis de M. Sarkozy, M. Bayrou s'engage. C'est ce qu'a essayé de faire André Santini. Applaudi à tout rompre, il a d'abord salué "le courage évident" de la démarche du président de l'UDF avant de l'enfoncer : "Imaginons que cette démarche soit plébiscitée par les Français. Comment concrètement la mettre en oeuvre au gouvernement ? Avec qui ? Avec quelle majorité à l'Assemblée nationale ? Cette démarche est intellectuellement satisfaisante, mais pratiquement inefficace." "Je ne cherche à débaucher personne", a assuré, quant à lui, M. Sarkozy. En privé, il assure toutefois "qu'à l'UDF, ça bouge très fort" dans la perspective des législatives. Une situation dont il entend profiter pour démontrer aux élus centristes que l'avenir de l'UDF passe par lui. Fin février, Jean-Louis Borloo, coprésident du Parti radical, membre associé de l'UMP, s'affichera avec M. Sarkozy. En mars, lorsqu'elle sera libérée de sa neutralité de membre du Conseil constitutionnel, Simone Veil, tête de liste UDF aux élections européennes de 1979, présidera ses comités de soutien. § En octobre 2005, le ministre de l'intérieur avait évoqué les "racailles" sous les huées. Une association de jeunes, soutenue et subventionnée, prépare une nouvelle visite. § P ierrette Chevalier a de la chance. Le 25 octobre 2005, elle a pu converser avec Nicolas Sarkozy, de son balcon avec vue imprenable sur le commissariat, au quatrième étage d'une petite tour d'Argenteuil (Val-d'Oise). Son mari, Yvon, la tenait par la manche en lui murmurant à l'oreille : "Arrête, ne lui parle pas, on va avoir des représailles." Mais Pierrette, 72 ans, est du genre bavard. "Bonjour, monsieur Sarkozy", a-t-elle osé, à l'adresse du ministre de l'intérieur, qui venait d'essuyer une bordée de "Sarko, on t'encule !", scandés par quelques dizaines de jeunes. Elle l'aime bien, Nicolas Sarkozy : "C'est du vif argent, ce gars-là, il faut l'aider !" La réponse, c'est tout juste si elle l'a entendue. "Il s'est tourné vers moi et m'a dit : "n'ayez pas peur, on va vous débarrasser". C'est tout." Mais "débarrasser" de quoi ? Grâce aux images tournées par France 3, ce soir-là, on entend bien la réponse de M. Sarkozy : "Vous avez assez de cette bande de racailles... on va vous en débarrasser." Derrière son pas de porte, seize mois plus tard, Pierrette Chevalier peste. "Oubliez le terme racaille, ce n'est pas important. D'ailleurs, je ne l'ai pas dit. Il ne faut pas confondre jeunesse et racaille." Au lendemain de cette soirée mouvementée, mi-goguenard, mi-ennuyé, M. Sarkozy lâchait à un journaliste : "Puisque ma visite à Argenteuil a tellement plu, j'y retournerai.""PAS LÀ POUR LÉCHER LES BOTTES DE SARKO" Depuis, il n'a jamais remis les pieds sur la "dalle", cette vaste langue de béton qui traverse Argenteuil. On l'annonçait, samedi 10 février. Fausse alerte. "Il y reviendra, assure Rachida Dati, sa porte-parole. Rien ne s'oppose à ce que Nicolas Sarkozy se rende en banlieue. Depuis 2002, on a organisé plus de 500 déplacements du ministre, tout s'est toujours bien passé." Le 25 octobre 2005 ? "Rien à voir, ce n'était pas un déplacement, rétorque Mme Dati, mais l'inspection d'un dispositif de sécurité." Une certitude : il ne viendra plus "inspecter" le commissariat d'Argenteuil. Il se sait attendu. "Il est venu chez nous pour nous insulter, dit aujourd'hui Pascal (le prénom a été changé), "racailles", dans sa bouche, ça ne passe pas. Qu'il vienne un samedi soir, ici, et le ghetto va se réveiller." Avec ses cinq copains, il tue le temps au pied d'une cage d'escalier. Ce n'est pas tant la personnalité du ministre qui le dérange que sa méthode : cette visite à l'improviste, à grand renfort d'uniformes galonnés et de caméras. "Parce qu'on veut bien lui parler, lui poser des questions. Il est courageux, quand même, assure-t-il. Et puis "Kärcher" (expression employée par M. Sarkozy le 20 juin 2005 à La Courneuve), ça m'a pas gêné. C'est vrai que c'est sale, à La Courneuve, plus sale qu'ici..." Dans un coin, discret, Tarek Mouadane se marre. A 26 ans, il est le porte-parole de BBR (Bleu-blanc-rouge), une association montée en avril 2006 pour faciliter l'accès à l'emploi. Tarek Mouadane a une gueule et de la tchatche. Nicolas Sarkozy avait pu s'en rendre compte, lors de sa visite, lorsqu'il avait été abordé par cet histrion décomplexé. Depuis, ils ne se quittent plus. "Je ne suis pas là pour lécher les bottes de Sarko, dit le jeune homme, on n'est pas des marionnettes. Je ne travaille pas pour lui, mais avec lui. Si la gauche nous écoutait, on bosserait avec elle, pas de problèmes. Mais avec Sarko, c'est du gagnant-gagnant." "JEUNES DE BANLIEUE SUR-MESURE" Ses copains des cités le surnomment "Tarko", ça ne le dérange pas : "Je voudrais que Nicolas Sarkozy soit bien reçu à Argenteuil, que les jeunes du coin ne soient pas vus comme des animaux." Ça se déroulera dans un gymnase, une grande salle, avec des thèmes de discussion précis. "Pour l'instant, on n'est pas encore prêt", explique le leader de BBR. En face, on se fâche. Faouzi Lamdaoui, le candidat socialiste pour les législatives, n'a de cesse de critiquer BBR : "Avec eux, Sarkozy s'est inventé des jeunes de banlieue sur-mesure. Il s'agit de figurants payés, une machination politique montée par Rachida Dati. Ils veulent faire un safari photo en banlieue." L'association a effectivement reçu, dans son berceau, une obole de 20 000 euros, ponctionnée sur les crédits de la politique de la ville. Deux de ses membres sont encartés à l'UMP, et son président travaille au conseil général des Hauts-de-Seine, dirigé par M. Sarkozy. "Comment voulez-vous qu'on les instrumentalise, répond Rachida Dati, sauf à dire qu'ils n'ont pas leur libre arbitre. Au niveau des crédits, tout est clair et transparent, il n'y a pas de financement direct." A BBR, on s'insurge contre les accusations de M. Lamdaoui : "On bosse pour les jeunes d'ici, on a déjà obtenu des résultats pour une trentaine de personnes, avance Aziz Benhassni, la cheville ouvrière de BBR. On subit cette campagne électorale. Mme Dati, elle nous conseille, sans nous récupérer. Déjà qu'on galère pour se payer une cafetière malgré nos 20 000 euros..." Pas d'affiche de Nicolas Sarkozy dans leur local, pas de réunions électorales. Simplement, le ministre leur a ouvert grand son carnet d'adresses, sans contrepartie, jurent-ils tous. Mais M. Sarkozy se trouve tout de même doté d'une tête de pont chez les jeunes d'Argenteuil. Du "gagnant-gagnant", pour revenir un jour dans la cité. § Marielle de Sarnez, la directrice de campagne du candidat UDF, a estimé que la proposition de Ségolène Royal d'augmenter de 5 % les petites retraites n'était "rien du tout". § F rançois Bayrou va proposer que "les petites retraites puissent atteindre au bout de cinq ans 90 % du smic", a annoncé lundi Marielle de Sarnez, sa directrice de campagne. Elle a jugé sur France Info que la proposition de Ségolène Royal d'augmenter de 5 % les petites retraites n'était "rien du tout". Au lendemain du discours prononcé à Villepinte par la candidate socialiste, Mme de Sarnez a reproché à Ségolène Royal de ne pas avoir pris "d'engagements sur des sujets lourds" comme les retraites, l'Europe ou le déficit. Selon la vice-présidente de l'UDF, la candidate socialiste s'est contentée de "généralités" sur toutes ces questions. Marielle de Sarnez a également affirmé que la candidate socialiste n'avait pas formulé "une seule proposition pour créer de l'emploi demain". Sur son site, le candidat de l'UDF propose de "remettre à plat" le système des retraites, notamment pour "régler" la question des régimes spéciaux, "laissée en suspens" lors de la réforme de 2003 : une "retraite à la carte, une retraite par points", permettrait aux salariés de choisir de partir plus ou moins tôt à la retraite, et donc de toucher une pension plus ou moins élevée. § Bien que l'éventualité d'une candidature de Jacques Chirac à l'élection présidentielle s'éloigne, Jean-Marie Le Pen continue d'en faire une cible privilégiée. § B ien que l'éventualité d'une candidature de Jacques Chirac à l'élection présidentielle s'éloigne, Jean-Marie Le Pen continue d'en faire une cible privilégiée. Intervenant, dimanche 11 février devant 900 militants et sympathisants, venus pour un "banquet patriotique" organisé à Nantes sur le thème de l'écologie, il s'en est pris violemment à "celui qui a été le ministre de l'agriculture du président Pompidou, qui a dirigé le gouvernement à deux reprises (...) et qui, depuis douze ans préside la République française" pour le mettre au premier rang "des pollueurs". "Confier à Chirac des responsabilités en matière écologique reviendrait à confier la protection de l'enfance à Dutroux", a-t-il estimé. "Les dirigeants politiques qui aujourd'hui font assaut d'écologisme sont d'autant plus grotesques qu'ils ont mis en oeuvre ou soutenu les politiques destructrices de notre environnement, affirme-t-il. Il y a cohérence complète entre la défense de l'identité et celle de l'environnement." "Nos campagnes sont à l'agonie", dit-il en citant "la fermeture des commerces et des services publics de proximité" mais aussi "les raves parties" et "la volonté d'étendre (...) à l'immigration à des communes jusqu'à présent préservées." "Chaque année, l'arrivée en France de centaines de milliers d'immigrés supplémentaires qui viennent s'entasser dans nos agglomérations où ils sont prioritaires dans l'attribution des logements sociaux, contribue à la détérioration de notre environnement urbain", soutient-il. De même déclare-t-il que "la construction de mosquées-cathédrales avec minaret porte aussi atteinte au paysage traditionnel de nos villes" en s'en prenant à Nicolas Sarkozy qui "souhaiterait le financement" de telles mosquées "par l'Etat." § Sous la pression des psychiatres hospitaliers, en grève mardi, le ministre de l'intérieur a dû faire machine arrière. Le président de l'UMP était notamment accusé, à travers ce texte, de réaliser un "amalgame inacceptable" entre troubles mentaux et délinquance. § S ous la pression des psychiatres hospitaliers, en grève mardi 13 février, le ministre de l'intérieur a dû faire machine arrière. Nicolas Sarkozy a annoncé à l'Assemblée nationale le retrait du volet santé mentale, très décrié, de son projet de loi de prévention de la délinquance. "Je n'ai jamais assimilé maladie et délinquance", a dit le ministre. "Jamais nous n'avons nié la nécessité d'une réforme d'ensemble de la loi de 1990 sur les hospitalisations sous contrainte", a-t-il ajouté alors qu'il présentait son texte pour une deuxième lecture par l'Assemblée. "J'ai donc décidé de vous proposer de retirer du projet de loi les dispositions relatives aux hospitalisations d'office. Et je m'engage aussi à ce que cette réforme d'ensemble soit proposée au Parlement, dès l'ouverture de la prochaine session, si le peuple français me confiait des responsabilités importantes", a-t-il annoncé. Le projet de loi sur la prévention de la délinquance Ce projet de loi, qui modifie une nouvelle fois l'ordonnance de 1945 sur les mineurs, propose de faire du maire le "pivot" d'un dispositif plus répressif en particulier avec les mineurs délinquants. Sur les 94 articles que compte ce texte, 53 ont déjà été entérinés par les deux Assemblées et les autres restent en discussion. Les sénateurs avaient adopté ce texte le 11 janvier en deuxième lecture. Son examen par les députés devrait s'achever mercredi soir. Une commission mixte paritaire (CMP) Assemblée-Sénat sera prochainement convoquée afin de parvenir à un texte commun, qui sera soumis pour adoption définitive le jeudi 22 février aux députés et sénateurs. "AMALGAME INACCEPTABLE" La présence d'un volet psychiatrie dans un texte relatif à la délinquance était vivement décriée par les familles et les professionnels. Ceux-ci ont manifesté mardi aux abords de l'Assemblée nationale et quatre syndicats ont appelé les 3 500 psychiatres hospitaliers à faire grève aujourd'hui pour obtenir le retrait des ces articles, estimant qu'il s'agissait d'un "amalgame inacceptable" entre troubles mentaux et délinquance. Cette partie du projet de loi avait donné lieu à une certaine confusion : le gouvernement, à la demande de tous les groupes de l'Assemblée et du Sénat, avait annoncé lors de la première lecture le retrait de ce volet "santé mentale" du texte. Il avait prévu de le réintroduire dans un autre texte, afin que la réforme de la loi de 1990 sur les hospitalisations d'office pour troubles mentaux soit réalisée par voie d'ordonnance. Mais saisi par l'opposition, le Conseil constitutionnel avait censuré la procédure pour des raisons de forme, autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnance. Aussi le gouvernement avait-il décidé de laisser ce volet santé dans le texte sur la prévention de la délinquance. § L'altermondialiste José Bové a été, mardi, le quatrième candidat à la présidentielle à se rendre au palais de justice pour apporter son "soutien" aux victimes de la marée noire de l'"Erika" en 1999. § L 'altermondialiste José Bové a été, mardi 13 février, le quatrième candidat à la présidentielle à se rendre au palais de justice pour apporter son "soutien" aux victimes de la marée noire de l'Erika en 1999. M. Bové a déclaré, en marge du procès, que Total en était "le premier responsable". "C'est l'affréteur qui doit aujourd'hui être civilement et pénalement responsable par rapport à l'ensemble des dégâts écologiques et économiques", ainsi que des atteintes à la "santé humaine", a-t-il estimé. Selon lui, les bénévoles ayant nettoyé les plages redoutent de développer un "cancer" en raison de la toxicité des produits. "AUCUN CONTRÔLE CITOYEN" "Il y a nécessité qu'une loi soit mise en place en France afin que les affréteurs soient responsables", a insisté le candidat antilibéral. "Face aux questions de l'avenir de l'énergie, on laisse la liberté totale à des entreprises (...) sans aucun contrôle citoyen", s'est-il indigné. "Tout le monde dit que la planète brûle (...) et on laisse la question à des entrepreneurs qui font des bénéfices énormes et n'ont absolument pas le souci du bien commun", a-t-il dit. La veille, premier jour du procès, trois candidats à l'élection présidentielle avaient fait entendre leur voix au palais de justice. Dominique Voynet (Verts), ministre de l'environnement lors de la catastrophe, s'est dite "très désireuse de voir Total s'expliquer enfin". Philippe de Villiers (MPF), président du conseil général de Vendée, a dénoncé les "navires pourris". Et l'avocate Corinne Lepage (Cap 21), qui représente plusieurs communes parties civiles, a plaidé pour "le principe du pollueur-payeur". La socialiste Ségolène Royal ne s'est pas déplacée. Mais elle a fait savoir, par la voix du vice-président de sa région Poitou-Charentes, François Patsouris, qu'elle "suivait ce procès de près". § L'OCDE s'est indirectement invitée dans la campagne présidentielle en reprochant notamment à la France sa "mauvaise doctrine d''emploi" sur le travail peu qualifié. § L 'OCDE s'est indirectement invitée dans la campagne présidentielle en publiant une série de recommandations pour réformer le marché du travail en France. "On a une mauvaise doctrine d'emploi" sur le travail peu qualifié en France, a estimé le chef économiste de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Jean-Philippe Cotis, lors d'une conférence de presse mardi 13 février. D'après lui, il existe trois instruments à la disposition du gouvernement pour augmenter l'emploi peu qualifié tout en lui conservant "un revenu décent" : les cotisations des employeurs, le salaire minimum et les dispositifs comme la prime pour l'emploi. Ceux-ci ont été utilisés en France pour "accroître le pouvoir d'achat et non l'emploi", déplore M. Cotis. "Le bon agencement des instruments est un salaire minimum qui croît un peu moins vite que le salaire moyen, et utiliser ce qui reste comme baisses de charges pour réduire le coût du travail peu qualifié", afin de stimuler l'embauche, a-t-il jugé lors d'une conférence de presse. L'OCDE est un forum d'experts d'inspiration plutôt libérale, regroupant trente pays industrialisés. Interrogé sur la proposition de Ségolène Royal d'augmenter le salaire minimum à 1 500 euros, M. Cotis a rappelé que la France "a le coût du travail peu qualifié le plus élevé" parmi les pays membres de l'OCDE. Un coût qui nuit à l'emploi des jeunes sans qualification, selon M. Cotis. "SENTIMENT DE PRÉCARITÉ ACCRU EN FRANCE" Par ailleurs, l'OCDE recommande l'adoption d'une "unification des contrats" de travail. Une mesure que le candidat UMP, Nicolas Sarkozy, propose dans son programme, sous la forme d'un contrat unique inspiré du contrat nouvelle embauche. Ségolène Royal a, pour sa part, promis d'abroger le CNE. Dans son rapport annuel "Objectif croissance", publié mardi, l'OCDE rappelle les autres réformes qu'elle propose régulièrement pour la France : "Si la situation budgétaire le permet, procéder à la baisse envisagée des cotisations de sécurité sociale ou à une augmentation de la prime pour l'emploi afin d'améliorer le pouvoir d'achat des bas salaires". L'organisation préconise aussi de poursuivre l'assouplissement de la protection de l'emploi, tout en rendant les "coûts de licenciement plus prévisibles". D'après M. Cotis, il y a un "sentiment de précarité accru" en France, qui ne reflète pas la réalité. L'emploi des 35 à 55 ans en France est "le plus stable" depuis 1945, a-t-il ainsi remarqué, même si à l'inverse, celui des moins de 35 ans est le plus instable depuis soixante ans. L'OCDE recommande enfin d'augmenter les incitations au travail pour les plus de cinquante ans, en n'exemptant plus, par exemple, les chômeurs âgés indemnisés de l'obligation de rechercher un emploi. § Le modèle Hulot fait des émules en banlieue. Au moment où les candidats à l'élection présidentielle multiplient les discours et les déplacements dans les quartiers dits "sensibles", les associations tentent de peser sur l'élection en obtenant des hommes politiques qu'ils prennent des engagements circonstanciés face à la "souffrance" des quartiers, sur le modèle de ce que l'animateur de TF1 a obtenu pour l'écologie. § L e modèle Hulot fait des émules en banlieue. Au moment où les candidats à l'élection présidentielle multiplient les discours et les déplacements dans les quartiers dits "sensibles", les associations tentent de peser sur l'élection en obtenant des hommes politiques qu'ils prennent des engagements circonstanciés face à la "souffrance" des quartiers, sur le modèle de ce que l'animateur de TF1 a obtenu pour l'écologie. Dans les prochaines semaines, plusieurs initiatives devraient être lancées. Les associations considèrent que le contexte leur est "très favorable" : à la fois sur le fond - les candidats devant tenter de trouver des réponses aux difficultés des quartiers -, et sur le strict plan électoral - les partis ayant bien compris l'importance de séduire des populations habituellement peu mobilisées. "On ne veut pas un regain d'intérêt temporaire. On veut une vision et du concret, des gestes mais pas de la démagogie", résume Mohammed Mechmache, président d'AC-Le feu. "Les sondages montrent que tout reste possible, pour les différents candidats, mais, surtout, que tout reste à faire pour convaincre les habitants des quartiers", ajoute Karim Zéribi, président du Parlement des banlieues. "CAUSE NATIONALE" L'association AC-Le feu prévoit de rendre public un "contrat social et citoyen", le 23 février. Sur le modèle du Pacte écologique de Nicolas Hulot, le collectif, qui avait recueilli des milliers de doléances au cours d'un tour de France des quartiers en 2006, veut amener les candidats à prendre des engagements précis sur les questions de logement, d'emploi, de discrimination, etc. Les représentants de l'association, née en octobre 2005, ont déjà rencontré Marie-George Buffet, Ségolène Royal, François Bayrou et Olivier Besancenot. Le collectif a prévu un nouveau tour de France des quartiers en mars. Le Parlement des banlieues, autre instance associative, compte également amener les candidats à préciser leurs engagements. M. Zéribi, doit publier, d'ici à la fin février, un "manifeste des quartiers populaires" destiné à présenter une série de propositions. "Il y a une volonté des habitants des quartiers de ne pas passer à côté de l'élection comme cela avait été le cas en 2002. Mais il faut que les candidats aient quelque chose à leur proposer", explique M. Zéribi, pressenti, par ailleurs, pour participer à la campagne de Mme Royal. L'association doit tenir une réunion, début mars, à Villeurbanne (Rhône). Dans un texte provisoirement intitulé "Ni Kärcher ni camps militaires", quatre présidents d'associations locales devraient aussi lancer un appel pour obliger les candidats à aborder les questions d'éducation. Autour de Sonia Imloul, présidente de Respect 93, ils entendent faire signer un maximum de représentants associatifs. "On veut interroger les candidats pour qu'ils nous disent quelle refondation de la politique de la ville ils entendent mener", note Stéphane Ouraoui, un des initiateurs du projet, président de l'association Pas de quartier, tous citoyens ! Sur un registre voisin, l'association Ville et banlieue, qui regroupe des élus de tous bords, a lancé un "manifeste", le 7 février, pour souligner que "le problème des banlieues n'est pas celui de nos villes mais a minima celui de la France". Une interpellation directe des candidats avec l'espoir que la banlieue devienne une "cause nationale". L'ensemble de ces associations n'ont pas réussi, pour l'heure, à s'entendre sur un appel commun. § Deux chercheurs ont étudié pendant cinq ans le comportement électoral d'une cité de Saint-Denis. § V ous publiez La Démocratie de l'abstention (Folio "Actuel", Gallimard), résultat de cinq années de recherche dans un quartier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Qu'est-ce qui caractérise, sur le plan politique, la population de ce quartier sensible ? Jean-Yves Dormagen : C'est une forme d'indifférence à la politique. Elle s'exprime d'abord à travers l'inscription sur les listes et la participation aux votes. Il faut bien se rendre compte de l'état de la démocratie dans un quartier comme celui des Cosmonautes : on compte 1 400 habitants, dont 700 environ sont des Français en âge de voter. Parmi eux, 500 seulement étaient inscrits sur les listes en 2002. Et au premier tour de la présidentielle, moins de 300 de ces inscrits sont allés voter. Lorsqu'on étudie les listes d'émargement sur la longue période, pour voir qui participe régulièrement, on se rend compte que le noyau dur des électeurs tombe à 150 personnes. Cela signifie que, même s'il y a eu un mouvement plus important d'inscription en 2006, c'est la participation qui est aujourd'hui minoritaire alors que l'abstention est devenue la norme. Cela se traduit de manière très concrète dans une commune comme Saint-Denis : en 2001, le maire (Patrick Braouezec) a été élu, au premier tour, avec un peu moins de 7 500 voix sur une population de 85 000 habitants ! Son prédécesseur (Marcelin Berthelot) avait, quant à lui, été élu au premier tour en 1977 avec 20 515 voix. Quand on s'intéresse aux banlieues populaires, on s'aperçoit que la France est en voie d'américanisation électorale. Ce type de quartiers a longtemps constitué la "banlieue rouge" de Paris. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Céline Braconnier : Dans les années 1970, la cité des Cosmonautes votait plus que le reste du pays. A partir du début des années 1980, on assiste à un renversement de tendance avec une très forte progression de l'abstention, deux fois plus rapide dans ce quartier populaire que dans le reste du pays. L'encadrement partisan et syndical y a totalement disparu. En cinq années d'enquête sur le quartier, nous n'avons pas rencontré un seul militant communiste. Pas un seul ! Une cellule du PCF a fonctionné jusque dans les années 1990 mais le déménagement de son principal animateur a mis fin à toute forme d'organisation politique. Lorsque nous questionnons les habitants, une partie connaît à peine les noms des candidats à l'élection présidentielle. Beaucoup ne savent pas ce que recoupe la distinction entre la droite et la gauche et, a fortiori, ne différencient pas gauche et extrême gauche. Ici, la politique est perçue comme un spectacle assez ésotérique. Constatez-vous des votes identitaires ou ethniques ? C. B. : Oui. Plusieurs éléments importants en témoignent. D'abord, le vote Le Pen qui, ici, présente une forte dimension ethnico-communautaire. Ce vote, dans ce quartier comme dans beaucoup de cités du même type, s'est effondré entre 1993 et 2002, passant de 45 % des voix à 15 %. La raison en est très simple : pendant cette période, un grand nombre d'électeurs dits "Français de souche", des "Blancs" généralement retraités, ont quitté la cité. Ensuite, le vote Taubira en 2002 : on constate que les électeurs d'origine antillaise se sont particulièrement mobilisés pour cette élection et ont massivement voté pour "leur" candidate. Alors même qu'elle tenait un discours universaliste, elle a ainsi, elle aussi, profité d'un vote ethnico-communautaire dans le quartier en obtenant 10,6 % des suffrages. Ce qui au passage révèle à quel point le vote peut prospérer sur un malentendu entre le message du candidat et le sens que les électeurs donnent à leur bulletin de vote. Un phénomène similaire s'est reproduit lors des européennes, cette fois-ci plutôt avec des électeurs d'origine maghrébine : la liste Europalestine a obtenu 14 % des suffrages. Ces résultats témoignent aussi d'une demande de reconnaissance identitaire de la part de la population. Comment expliquez-vous cette démobilisation ? J.-Y. D. : Par la déstructuration des environnements populaires et la déstabilisation de leurs populations ! Le travail, par exemple, a longtemps constitué un espace de politisation individuelle et collective. Il le demeure en partie d'ailleurs : ceux qui sont inscrits sur les listes et vont voter appartiennent, dans des proportions significatives, à la petite fonction publique. Leur participation garantit localement, à la gauche, une majorité électorale. Mais, à l'inverse, les chômeurs ou ceux qui se trouvent dans la précarité ont déserté les bureaux de vote : ils sont majoritaires dans le quartier (44 % des salariés de la cité) mais ultraminoritaires à la sortie des urnes. Si on comprend que la démobilisation en cours n'est rien d'autre que le prolongement de la ghettoïsation dans l'ordre électoral, on comprend également qu'il faudra plus que des opérations de communication pour que le pays légal ressemble à nouveau au pays réel. § Pilier de l'UDF dans les Hauts-de-Seine, le maire d'Issy- les-Moulineaux a annoncé son ralliement à Nicolas Sarkozy. Entre rondeur et calembours, il refuse le "ni gauche ni droite" de François Bayrou § I l y a des moments, dans la vie, où tout se détraque. Prenez André Santini, par exemple, maire d'Issy-les-Moulineaux depuis près de trente ans. Le 25 janvier, le balcon de son appartement, dans sa commune des Hauts-de-Seine, s'est subitement écroulé, entraînant dans sa chute les six du dessous. Un immeuble de 1989, construit sous sa propre mandature ! Ce cataclysme devait en annoncer un autre : dimanche 11 février, lors d'un grand show organisé à la Mutualité pour les comités de soutien à Nicolas Sarkozy, le même André Santini, vice-président national de l'UDF, annonçait solennellement sa rupture avec le président du même parti, son vieil ami François Bayrou, et son ralliement à la candidature de "Nicolas". Heureux de se trouver à la Mutualité, a-t-il dit sur l'estrade, "parce que, par les temps qui courent, les tribunes sont plus sûres que les balcons". PARCOURS 1940 Naissance à Paris. 1980 Maire d'Issy-les-Moulineaux (Hauts- de- Seine). 1983 Président du Syndicat des eaux d'Ile-de-France. 1986-1988 Secrétaire d'Etat aux rapatriés, puis ministre délégué à la communication 1988 Député (UDF) des Hauts-de-Seine. 2007 Se rallie à la candidature de Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle André Santini n'aime pourtant rien autant que le calme, l'harmonie, les rondeurs. A la mairie d'Issy-les-Moulineaux, ce diplômé en langues orientales s'est fait un bureau à sa mesure, selon le principe, explique-t-il savamment, du feng chui (bien-être chinois). Un véritable musée Santini, baigné d'odeurs de tabac et regorgeant de bibelots-souvenirs, où se répondent symétriquement les quatre éléments : une cheminée (le feu), un aquarium (l'eau), un jardin derrière une baie vitrée (la terre) et le ciel à travers les fenêtres (l'air). Voilà. Encore un arrêt respectueux devant un placard plein de cigares et un autre devant son prix de "premier fumeur de pipe 2006", histoire d'en lâcher une bien bonne : "Comme Clinton, je réconcilie la pipe et le cigare..." Désolé, il ne pouvait pas résister. La visite terminée, le maire s'assoit enfin, lentement, et les paupières lourdes, avec ce faux air de matou assoupi toujours prêt à lancer vivement la patte. Le centriste n'aime pas être déchiré. Le centriste n'aime pas les excès. Surtout quand il est à la fois du signe de la Balance, fils d'un radsoc franc-maçon, cofondateur de l'UDF en 1978 puis de la nouvelle UDF avec François Bayrou, en 1998. Or en votant contre le budget dès 2005, puis la censure contre le gouvernement de Dominique de Villepin en 2006, M. Bayrou a plongé dans l'embarras ce centriste fidèle à la majorité. En s'avançant dans une campagne sur le thème "ni droite ni gauche", il a enfoncé le clou. "Nous sommes mal à l'aise", reconnaît Hervé Marseille, maire de Meudon (Hauts-de-Seine) et proche ami de Santini, qui a fait savoir lui aussi son ralliement à Sarkozy. A la Mutualité, dimanche, André Santini est arrivé en rock star. Salut amical à la foule en délire. Ovation debout. Sarkozy, tout à son programme d'"ouverture", est monté sur l'estrade et lui a fait la bise. C'est dire que, pour l'UMP, la prise est de premier choix. Le jackpot inespéré pour faire bisquer Bayrou. Car André Santini n'est pas seulement ce rigolo bien enrobé de l'Assemblée nationale, tintinophile averti, capable d'indulgence envers Fidel Castro par amour du havane, parcourant l'Ile-de-France dans sa vrombissante "dédémobile" orange vif, et plusieurs fois lauréat du Prix de l'humour politique. Il ronronne en égrenant ses trouvailles : "Saint Louis rendait la justice sous un chêne, Pierre Arpaillange (ex-ministre de la justice) la rend comme un gland." Les journalistes adorent. Santini l'a bien compris. Par ses calembours et ses vacheries distribuées à tout-va, le jovial député a habilement construit une aura médiatique. Qui vient appuyer de réels pouvoirs : maire très populaire d'une ville dont il a fait le Shanghaï de la région (riche en nouvelles technologies, en emplois, en logements, en sièges d'entreprises, de presse notamment), ténor du puissant département des Hauts-de-Seine (il fut vice-président du conseil général), président depuis plus de vingt ans du Syndicat des eaux d'Ile-de-France, une structure intercommunale qui regroupe 144 municipalités et quatre millions d'habitants, partenaire historique de Veolia (ex-Générale des eaux)... Autant d'atouts politiques, médiatiques et financiers que François Bayrou se refusait, il y a quelques jours encore, à voir disparaître de son camp. "Il ne partira pas, vous verrez", nous assurait-il. Insistant pour faire passer le message : "André Santini est un homme sensible, profond, quelqu'un que j'aime profondément." Incriminant les "pressions ignobles" déployées sur lui par le camp d'en face. "Parlons plutôt des pressions que Bayrou nous fait subir", rétorque le dissident. Un maire des Hauts-de-Seine peut-il, sans crainte d'être gêné dans la gestion de sa commune, s'opposer au président du conseil général quand celui-ci s'appelle... Nicolas Sarkozy ? André Santini, fort de sa popularité locale, jure qu'il n'a "rien à craindre". Il n'en est pas moins flatté par les nombreuses opérations de séduction dont il fait l'objet. Lors de ses voeux annuels à Issy-les-Moulineaux, en janvier, Sarkozy est venu faire un discours, ostensiblement plus affectueux que politique. Evoquant publiquement leur amitié trentenaire, les frites qu'ils allaient manger ensemble au drugstore de Neuilly. "Un numéro gênant de danse du ventre", selon Lucile Schmid, l'adversaire socialiste d'André Santini aux législatives. "Nicolas avait 18 ans. Il était tout petit, il a bien grandi", a enchaîné Santini. André et Nicolas ont le même parrain dans le département : l'ancien président du conseil général, Charles Pasqua. Santini, fils d'un maquisard corse devenu cafetier à Courbevoie, a tout de suite plu au ténor RPR qui fabriqua la puissance des Hauts-de-Seine. "Les gaullistes et les centristes ont toujours été imbriqués dans le département", explique Charles Pasqua. Autant dire qu'avec Nicolas les affinités sont anciennes. "Bayrou a découvert récemment mon amitié avec Nicolas, raconte André Santini. Ça ne lui a pas plu. Il pensait que j'étais son ami exclusif. Il met tout en termes affectifs." A quoi rêve André Santini ? Il règne sur sa ville. Il a déjà de toutes forces essayé d'être président du conseil général et assure ne plus y croire. "Pour l'UMP, je serai toujours une pièce rapportée." Actuellement mis en examen dans l'"affaire Hamon", du nom d'un collectionneur ayant voulu faire don de ses oeuvres à la ville d'Issy, "il ne peut pas être ministre", fait remarquer, non sans fiel, un conseiller de Nicolas Sarkozy. Il a déjà été deux fois membre du gouvernement, il y a vingt ans. "J'ai beaucoup aimé", dit-il, songeur. § En clarifiant la répartition des coûts, le président de l'UMP entend parer les accusations de "mélange des genres" sans renoncer encore à la Place Beauvau. § C 'est en candidat que Nicolas Sarkozy se rendra sur l'île de La Réunion jeudi 15 et vendredi 16 février. Même si une grande partie de son emploi du temps sera consacrée à son activité de ministre. Conséquence : les frais de transport et d'hébergement de M. Sarkozy et de ses collaborateurs (à l'exception de son conseiller pour l'outre-mer et des officiers de sécurité attachés à son service) seront entièrement imputés sur son compte de campagne. Soit, selon l'estimation d'Eric Woerth, trésorier de la campagne, environ 120 000 euros. Cette clarification a été décidée par Claude Guéant, il y a une dizaine de jours. "C'est exemplaire et c'est plus clair", explique le directeur de campagne réservé sur la possibilité de distinguer durablement les activités du ministre de celles du candidat. Cette règle, qui s'appliquera à tous les déplacements de M. Sarkozy, traduit la crainte du candidat-ministre devant les accusations de "mélange des genres" venues de la gauche et de l'UDF. Une attaque que M. Sarkozy ne parvient à balayer et à laquelle il cède en partie, tout en soutenant qu'il est le seul à s'imposer l'impératif de quitter le gouvernement avant la présidentielle, au plus tard le 23 mars. Des précautions avaient déjà été prises. Candidat et ministre peuvent être une seule et même personne mais ils s'efforcent de tenir des comptes séparés. Reste à savoir quelle différence il y a entre le candidat au Mont-Saint-Michel, le 15 janvier, et le ministre, deux jours plus tard à Millau. Dans la Manche, M. Sarkozy s'est déplacé à bord d'un avion privé, parti de l'aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis), puis d'un véhicule banalisé et conduit par un militant. Dans l'Aveyron, il avait retrouvé un avion de l'Escadron de transport, d'entraînement et de calibration, parti de Villacoublay (Yvelines) pour effectuer l'aller et retour depuis Paris, sa Vel Satis blindée et son chauffeur. "La seule chose qui ne change pas, explique Franck Louvrier, c'est son environnement." Le conseiller-presse du candidat désigne ainsi la voiture suiveuse, et la dizaine de policiers du service de protection des hautes personnalités qui l'accompagnent (SPHP). Leurs émoluments restent à la charge de l'Etat, et leur nombre est déterminé par le SPHP selon la dangerosité du déplacement. "Ce n'est pas négociable, explique-t-on au QG du candidat. Il n'est pas moins exposé comme candidat que comme ministre." Cette répartition des rôles ne va pas sans ajustements. Exemple : la visite de M. Sarkozy à Charleville-Mézières, le 18 décembre, effectuée comme candidat et ministre de l'aménagement du territoire. Ce jour-là, les journalistes désireux de suivre toute la visite ont été promenés aux frais de l'Etat de Paris à Rethel (Ardennes) pour la visite d'une ferme, puis à Charleville où le candidat a prononcé un discours sur l'aménagement du territoire, et enfin à Bogny-sur-Meuse pour suivre la visite d'une fonderie. C'est alors que le ministre, redevenu candidat, s'en est retourné à Charleville pour tenir meeting ; les journalistes, eux, ont changé d'équipage pour attraper un véhicule affrété cette fois par l'UMP. Dans le même temps, un autre bus, payé par le parti, quittait le siège de l'UMP, à Paris pour voiturer les médias intéressés par la seule réunion publique. Le meeting terminé, tout ce petit monde a ensuite regagné Paris gracieusement, pour y être déposé sans encombre. Ministre candidat, M. Sarkozy est également président de l'UMP. A ce titre, comme ses adversaires, il jouit des moyens de son parti. Les 3,5 millions d'euros du congrès d'investiture de la porte de Versailles, budgété aux alentours de 3,5 millions d'euros, seront pris en charge par le parti et par le compte de campagne. La clé de répartition ? La partie du congrès comprise entre l'ouverture des portes vers 9 h 30 et la proclamation des résultats aux alentours de 13 h 45 serait imputée au parti, le reste étant à la charge du candidat. Il n'y a pas de petits bénéfices... Les collaborateurs de M. Sarkozy ont dû également se plier à cette règle de "transparence". Depuis le 14 janvier, date de la désignation officielle du candidat de l'UMP, Claude Guéant (directeur de campagne), David Martinon (chef de cabinet), Rachida Dati (porte-parole) et Franck Louvrier (communication) sont officiellement détachés du ministère de l'intérieur et leurs salaires intégralement rattachés au compte de campagne du candidat. Pour M. Sarkozy, le problème est moins de démontrer son honnêteté que de gérer les risques politiques inhérents à sa fonction. Plus il reste ministre, plus il apparaît comme un privilégié - salarié de l'Etat pour 11 000 euros mensuels, dormant et mangeant aux frais des contribuables - et comme le tireur de ficelles d'un théâtre d'ombres où s'agitent fonctionnaires des renseignements généraux et policiers aux ordres. Son obstination à se maintenir à son poste a peut-être des avantages. Elle finit par avoir un prix. § Le décor n'a pas changé. Mais l'émission "J'ai une question à vous poser", organisée, lundi 12 février, par TF1 avait cependant un petit air de manège électoral. § L e décor n'a pas changé. Mais l'émission "J'ai une question à vous poser", organisée, lundi 12 février, par TF1 avait cependant un petit air de manège électoral. Au lieu d'un seul invité, comme lundi 5 février lors du passage de Nicolas Sarkozy, Patrick Poivre-d'Arvor a dû gérer pour la première fois plusieurs invités, sans que jamais ils ne se croisent. Ils étaient, au total, quatre à défiler avec un temps de parole différent : Jean-Marie Le Pen (FN) pour plus d'une heure, Marie-George Buffet (PCF) 30 minutes, Philippe de Villiers (MPF) et Olivier Besancenot (LCR), 20 minutes. Les temps de parole ont été répartis selon la règle de "l'équité", instituée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), explique la direction de TF1. "Nous avons même été plus loin car les petits candidats ont été surreprésentés", précise François Bachy, rédacteur en chef du service politique. Le dosage a été opéré en tenant compte du score obtenu par leur parti en 2002, les sondages actuels mais aussi "la dynamique de campagne avec l'affluence aux meetings et l'existence d'un groupe parlementaire", poursuit M. Bachy. Prévenus, les candidats avaient accepté cette répartition à contre-coeur. Peu invités jusqu'alors par les télévisions, ils soulignent qu'ils ne pouvaient se permettre de refuser un tel plateau en prime-time. "On regrette ces inégalités mais on ne va pas se priver d'émission", remarque Jean-Marc Bouvet, chargé de communication de Mme Buffet. "C'est ça ou rien, alors on y va pour se faire entendre", lance Alain Krivine. L'échantillon de Français présents sur le plateau pour interroger les candidats n'était plus le même que celui auquel avait été confronté le candidat de l'UMP. Mais la structure de cette représentation demeurait la même, assure l'institut TNS-Sofres. "Il est impossible d'avoir les mêmes personnes pendant les quatre émissions. Et on aurait eu une attitude moins spontanée qu'en renouvelant l'échantillon", explique Brice Teinturier, directeur de l'institut. Les questions ont été posées sagement et précisément aux candidats. Mais chacun a eu droit à des interviewers différents. Réunis le matin, il avait été demandé aux intervenants de préciser le thème de leur question et à qui ils voulaient la poser. "Certains ne le savaient pas encore et on a été un peu à l'aveugle", assure M. Bachy. "CHOUETTE ET SURPRENANT" Les postulants à l'élection présidentielle semblent en tout cas s'être très bien accommodés de la formule. "J'ai trouvé cela formidable, s'est exclamé Philippe de Villiers à la sortie du plateau. Les questions sont rapides, concrètes, sans détour et l'atmosphère est en même temps empreinte de solennité. Je me suis tout de suite senti bien dans le dialogue". Même enthousiasme chez Olivier Besancenot, le candidat de la LCR : "C'est gens qui ont la parole, c'est chouette et surprenant. C'est un vrai truc qui ressemble à nos meetings même si le public est un peu différent". Marie-George Buffet a eu la même impression de similitude avec les "gens" qu'elle rencontre dans ses réunions publiques ou interventions sur le terrain. "Je suis plutôt contente, raconte-t-elle, séduite. Mais j'aurais aimé que les personnes aillent plus loin. Là, ils posent leur question et se rassoient. C'est dommage". § Selon un sondage BVA pour Orange réalisé lundi et rendu public mercredi 14 février, la candidate socialiste progresse, au détriment des autres candidats de gauche, mais reste battue au second tour par Nicolas Sarkozy. § S elon un sondage BVA pour Orange réalisé lundi et rendu public mercredi 14 février, le "pacte présidentiel" de Ségolène Royal aurait convaincu à gauche. Au lendemain du meeting de Villepinte, la candidate PS est créditée de 29 % d'intentions de vote au premier tour, soit une hausse de trois points, par rapport au 7-8 février. Fiche technique Sondage réalisé par téléphone le 12 février auprès d'un échantillon de 873 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatif de la population française de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). La progression de la candidate PS se fait essentiellement aux dépens des quatre candidats placés sur sa gauche (Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, Marie-George Buffet et José Bové), dont le total passe de 11 à 9 points. Son score devient très majoritaire parmi les électeurs de gauche (63 %, + 13 points). Une poussée particulièrement marquée chez les partisans de l'extrême gauche ou des Verts. SARKOZY À 35 % AU PREMIER TOUR "La situation de Ségolène Royal dans les intentions de vote est paradoxale, estime Jérôme Sainte-Marie, directeur de BVA opinion, car si la remontée de la candidate socialiste est significative au premier tour, elle ne fait pas le plein de voix au second tour." Nicolas Sarkozy l'emporterait par 53 % des voix contre 47 %, alors que la précédente enquête BVA donnait un écart moindre entre les deux candidats : 52 % - 48 %. Au premier tour, le ministre de l'intérieur est crédité de 35 %, gagnant un point. Le président de l'UDF, François Bayrou, se maintient à 14 % alors que celui du Front national, Jean-Marie Le Pen, marque le pas, reculant de deux points, à 10 %. Arlette Laguiller cède un point, à 2 %, comme Olivier Besancenot et José Bové, également à 2 %. Marie-George Buffet progresse d'un point, à 3 %. Dominique Voynet est stable à 1 % et Philippe de Villiers et Corinne Lepage stagnent respectivement à 2 % et à 0 %. Cependant 12,5 % des personnes interrogées n'ont pas exprimé d'intention de vote pour le premier tour et 14,2 % pour le second tour. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Samedi 10 février, il a déprogrammé une visite sur la dalle d'Argenteuil. Et mardi, il ne s'est finalement pas rendu à Nanterre. § L a banlieue parisienne attend toujours une nouvelle visite de Nicolas Sarkozy. Depuis que le ministre de l'intérieur est devenu candidat officiel de l'UMP, le 14 janvier, les rumeurs vont bon train sur son "retour" dans un "quartier". Samedi 10 février, il a déprogrammé une rencontre sur la dalle d'Argenteuil. En octobre 2005, il y avait été "caillassé" et insulté par des jeunes, et avait assuré à une habitante qu'il allait débarrasser le quartier de ses "racailles". Il avait alors promis de revenir rapidement sur place. Mercredi 14 février, Rachida Dati, porte-parole du candidat, a assuré que la volonté du ministre ne faiblissait pas. "On est allés (en banlieue) et on y retournera, les dates seront indiquées quand on ira", a-t-elle affirmé lors d'un point de presse au QG de campagne de M. Sarkozy. Elle a démenti les informations annonçant une visite mardi à Nanterre : "Hier il n'y avait pas de visite prévue." "Je devais y aller, c'est ce qui était prévu", a-t-elle dit, puisqu'elle s'est finalement rendue seule à l'invitation de l'association locale Zy'Va. Le président de cette association avait au contraire indiqué que Nicolas Sarkozy avait "annulé son déplacement au dernier moment"."INSTRUMENTALISATION" Mme Dati a accusé le Parti socialiste d'"instrumentaliser la venue en banlieue de Nicolas Sarkozy. Il y est allé à de nombreuses reprises en tant que ministre de l'intérieur" s'est-elle défendue, énumérant ses visites dans la banlieue du Havre, de Perpignan, Mulhouse, Orléans et Lyon, depuis son retour Place Beauvau en juin 2005. Mardi soir, Nicolas Sarkozy s'est lui-même défendu en affirmant que ses projets de déplacement en banlieue ne se heurtaient à "aucune difficulté" mais qu'il n'entendait pas "faire un numéro" devant des caméras de télévision. "Je veux pouvoir le faire tranquillement et rencontrer les gens. Je ne suis pas non plus responsable de tout ce que dit parfois mon entourage", a-t-il ajouté. Un député UMP affirme mercredi matin dans Le Parisien que M. Sarkozy ne se rendra en banlieue qu'après avoir quitté son poste de ministre de l'intérieur, pour ne pas brouiller son image. § "Vous personnellement, seriez-vous favorable ou opposé à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale comme le propose François Bayrou, c'est-à-dire mêlant la gauche et la droite ?" A cette question, 21 % des sondés se sont dits "tout à fait favorables" et 50 % "plutôt favorables", dans une enquête réalisée par BVA pour Orange, le 12 février. § "V ous personnellement, seriez-vous favorable ou opposé à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale comme le propose François Bayrou, c'est-à-dire mêlant la gauche et la droite ?" A cette question, 21 % des sondés se sont dits "tout à fait favorables", et 50 % "plutôt favorables", dans une enquête réalisée par BVA pour Orange, lundi 12 février. 18 % sont "plutôt opposés", 9 % "tout à fait opposés". L'idée d'une "troisième voie", fer de lance du candidat UDF, séduit plus à droite qu'à gauche : 76 % de sympathisants de droite sondés y sont favorables, contre 67 % à gauche. Les électeurs potentiels des grands partis se disent très majoritairement pour une union nationale : 73 % pour ceux du Parti socialiste, 69 % pour ceux de l'UMP. Le concept d'union nationale est également porté par Corinne Lepage, de Cap 21, ainsi que de nombreux petits candidats. Et Nicolas Sarkozy, dimanche, dans son discours "d'ouverture", se l'est aussi approprié. M. BAYROU JUGÉ CRÉDIBLE POUR METTRE EN UVRE L'IDÉE "Il est à noter qu'elle suscite davantage d'adhésions dans les catégories moyennes ou aisées que parmi les milieux populaires (64 % parmi les ouvriers)", précise BVA. Quant à savoir si François Bayrou, "s'il est élu président de la République, essaiera réellement de former un gouvernement rassemblant des personnalités du centre, de droite ou de gauche", 66 % de l'échantillon représentatif le croit. C'est pourtant sur la question de la crédibilité qu'André Santini, élu UDF rallié à Nicolas Sarkozy, a attaqué M. Bayrou, dimanche : "Imaginons que cette démarche soit plébiscitée par les Français. Comment concrètement la mettre en uvre au gouvernement ? Avec qui ? Avec quelle majorité à l'Assemblée nationale ? Cette démarche est intellectuellement satisfaisante, mais pratiquement inefficace." Malgré la progression de Ségolène Royal, le candidat de l'UDF se maintient bien dans cette même enquête, avec 14 % d'intentions de vote au premier tour, inchangé par rapport au 7-8 février. § La cour d'appel d'Amiens a confirmé, mercredi, la décision de première instance accordant l'adoption simple d'un petit garçon de deux ans à la compagne de sa mère biologique. § E n pleine campagne électorale, cette décision risque de ne pas passer inaperçue. Mercredi 14 février, la cour d'appel d'Amiens a prononcé l'adoption simple d'un garçonnet de deux ans et demi par la compagne de sa mère biologique, confirmant ainsi la décision prise en première instance, a indiqué l'avocate du couple, Me Hélène Devismes-Gras. Selon elle, ce serait "la première fois" qu'une cour d'appel confirme une telle adoption. Avec cette décision, la mère biologique de l'enfant perd son autorité parentale et les deux femmes vont devoir désormais engager une procédure devant le tribunal de grande instance pour "obtenir le partage de l'autorité parentale entre les deux", a précisé Me Devismes-Gras. "IL Y A URGENCE À LÉGIFÉRER" Le 8 septembre, le tribunal de grande instance d'Amiens avait déjà fait droit à la demande d'adoption, jugeant "conforme à l'intérêt supérieur de (l'enfant) de bénéficier d'un lien juridique avec la partenaire de sa mère qui le considère comme son propre enfant et qui participe à son éducation". Mais le parquet avait fait appel, considérant qu'il s'agissait d'un contournement de la loi qui prohibe l'adoption par un couple homosexuel. Lors de l'audience du 13 décembre, le ministère public avait également requis le rejet de cette demande d'adoption. Les deux femmes, des fonctionnaires qui résident dans la Somme et se sont pacsées en 2001, élèvent ensemble l'enfant depuis sa naissance, en 2004. Le petit garçon est né d'une insémination artificielle pratiquée en Belgique. L'adoption simple permettrait à la compagne de "continuer à tenir le rôle éducatif qu'elle a toujours eu" auprès du petit garçon, "en cas de survenance d'un événement privant la mère d'exprimer sa volonté", avait souligné le tribunal de première instance. Du côté des associations, on se réjouit de cette décision mais on ne compte pas en rester là. L'Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT) voit ainsi dans "ce jugement un pas de plus vers la reconnaissance des familles homoparentales". Mais "il y a urgence à légiférer, pour mettre fin à l'insécurité juridique des familles homoparentales. Celles-ci sont une réalité sociale, que ne pourront ignorer les débats électoraux présidentiel et législatif", affirme l'Inter-LGBT. § C'est une victoire pour les psychiatres et les usagers en santé mentale : Nicolas Sarkozy a retiré, mardi, les dispositions contestées sur l'hospitalisation d'office, contenues dans son projet de loi sur la prévention de la délinquance. § C 'est une victoire pour les psychiatres et les usagers en santé mentale : Nicolas Sarkozy a retiré, mardi 13 février, les dispositions contestées sur l'hospitalisation d'office, contenues dans son projet de loi sur la prévention de la délinquance. Lors de la seconde lecture à l'Assemblée nationale et alors que les psychiatres hospitaliers étaient en grève, le ministre de l'intérieur a affirmé n'avoir "jamais assimilé maladie et délinquance" et "être attentif aux craintes" des professionnels. Le candidat de l'UMP a toutefois confirmé sa volonté de réformer la loi de 1990 sur l'internement psychiatrique. "Je m'engage, si le peuple français me confie d'importantes responsabilités, à déposer ce texte au début de la prochaine session", a-t-il dit. Le volet "santé mentale" du projet de loi sur la prévention de la délinquance avait été élaboré sans concertation avec les professionnels et usagers de la psychiatrie. Ne concernant que les hospitalisations d'office, soit les patients troublant l'ordre public, le texte renforçait les pouvoirs du maire et créait un fichier national des personnes hospitalisées. D'emblée, patients et psychiatres ont dénoncé un amalgame entre maladie mentale et délinquance et exigé une réforme d'ensemble de l'internement psychiatrique, dans un cadre sanitaire. Face au tollé, le gouvernement avait accepté de renoncer à ces dispositions en introduisant, dans un autre projet de loi, la possibilité de légiférer par ordonnance sur la santé mentale. Mais le Conseil constitutionnel, saisi par le PS, avait censuré, le 25 janvier, cette possibilité. M. Sarkozy n'avait plus guère de choix : persister au risque d'une polémique ou jeter prudemment l'éponge à quelques semaines de l'élection présidentielle. § Après un début de campagne de "joyeux bordel", José Bové présentait, mercredi au café associatif La Passerelle à Paris, sa panoplie de collaborateurs. § L 'équipe est enfin constituée. Après un début de campagne de "joyeux bordel" comme le reconnaissait son entourage, José Bové présentait, mercredi 14 février au café associatif La Passerelle à Paris, sa panoplie de collaborateurs. Verts, communistes, trotskistes en rupture d'organisation, alternatifs et libertaires, syndicalistes, militants associatifs ou "électrons libres" comme ces inorganisés se définissent eux-mêmes : l'alliage est surprenant, mais pas pour déplaire au candidat qui veut "puiser dans cette diversité" sans dépendre de personne. Jacques Perreux, conseiller général du Val-de-Marne, est chargé de piloter l'attelage. Ce communiste atypique a été un des premiers refondateurs à appeler à se rallier au syndicaliste paysan. Les deux hommes se sont connus sur le plateau du Larzac à l'été 2001 après le premier séjour en prison de José Bové. Avec Patrick Braouezec, député (PCF) de Seine-Saint-Denis, et Fernanda Marrucchelli, membre de la direction nationale du PCF, deux des porte-parole de la campagne, il est censé attirer les communistes refusant de faire la campagne de Marie-George Buffet. Jacques Perreux sera surtout "celui qui met de l'huile et permet à tous de travailler ensemble", s'amuse-t-il. La campagne, toujours "collective", est en effet dotée d'une pléthore de porte-parole : une liste paritaire de dix-huit personnes dont cinq qui habitent en province, cinq issus des banlieues et une majorité venus des mouvements sociaux. Les plus en vue - Patrick Braouezec, Francine Bavay, vice-présidente (Verts) de la région Ile-de-France, Claire Villiers, conseillère régionale (Alternative citoyenne) d'Ile-de-France, Yves Salesse (Fondation Copernic), et François Dufour, ex-porte-parole de la Confédération paysanne - seront amenés à remplacer le candidat sur les plateaux télévisés et émissions de radio. "ALTERORGANISÉS" D'autres comme les militants associatifs Nordine Iznasni et Omeyya Seddik, anciens du Mouvement immigration banlieues (MIB) ou Eros Sana des Zones d'écologie populaire, porteront la dimension des quartiers populaires et des discriminations. Enfin, les inorganisés, ou plutôt "alterorganisés", seront représentés par l'écolo-libertaire Yannis Youlountas, responsable du site Web Unis avec Bové. Deux autres sites sont dédiés à la campagne Bové. L'un "officiel", recensant meetings et discours du candidat, géré par le militant altermondialiste Christophe Aguiton. L'autre, par des jeunes militants issus de collectifs comme Vamos, les Clowns ou Attac campus. Ce dernier se charge de la campagne sur le Net, en multipliant blogs, fiches argumentaires et slogans à l'image de la campagne contre la Constitution européenne. La collecte des parrainages a été confiée à Clément Aumeunier, collaborateur du maire de Limeil-Brévanes (Val-de-Marne) qui affiche 230 promesses récoltées. La communication sera assurée par Bernard Loche, un des animateurs de Convergence citoyenne, et l'organisation des meetings par Gilles Lemaire, ex-secrétaire national des Verts. "On a maintenant une équipe plus opérationnelle et présentable", se félicite M. Aguiton. José Bové devrait la présenter, en expliquant de nouveau que son but est d'"aider la gauche à gagner". § La CFDT a adressé aux candidats à la présidentielle ses propositions sur l'emploi, les salaires, la protection sociale, le logement, mais aussi l'Europe. § L a CFDT a adressé aux candidats à la présidentielle ses propositions sur l'emploi, les salaires, la protection sociale, le logement, mais aussi l'Europe. Son secrétaire général, François Chérèque, a précisé, mardi 13 février, que cette adresse était destinée à François Bayrou, Marie-George Buffet, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et Dominique Voynet, excluant les candidats "d'extrême droite" et ceux qui, à l'extrême gauche, "ne s'inscrivent pas dans une logique de gouvernement". "Comment envisagez-vous de répondre à l'élévation inévitable des besoins de financement dans les domaines de santé, des retraites et de la dépendance ?", questionne la CFDT. Ou encore, quels leviers privilégier en matière de politique de rémunérations et de revenus ? Considérant la proposition de Mme Royal et de M. Bayrou d'augmenter les petites retraites, le syndicat se demande comment assurer son financement. Ne voulant pas "comparer et se contenter de catalogues", la CFDT présente ses propres propositions sur la sécurisation des parcours professionnels, incluant la question du contrat de travail. Mais elle ne traite pas des 35 heures : "Tout le monde sait ce que l'on en pense et cette question n'est pas centrale", explique M. Chérèque. Si les candidats font des propositions concrètes, M. Chérèque s'inquiète : "A vouloir aller dans le très concret, on crée des zones d'ombre sur le traitement global des problèmes." Il a par ailleurs rappelé aux journalistes qu'ils devaient "interpeller les candidats à la présidentielle sur ce qu'ils disent", déplorant leur silence face à plusieurs affirmations factuelles "fausses" de M. Sarkozy, sur TF1, le 5 février. Avant la CFDT, la CFTC et l'UNSA avaient envoyé leurs questions aux candidats. La CGT, à l'issue de la réunion de sa commission exécutive, le 1er mars, fera une déclaration sur les enjeux de l'élection. § Jeunesse, école, enseignement, contrat de travail... § J eunesse. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal souhaitent créer un service civique obligatoire de six mois. Mme Royal envisage une phase d'expérimentation. Philippe de Villiers veut rétablir un service militaire modernisé. M. Sarkozy et Mme Royal proposent aussi d'accorder aux jeunes des prêts à taux zéro pour financer leurs projets. Mme Royal évoque 10 000 euros, M. Sarkozy parle de plusieurs milliers d'euros. Pour faciliter l'insertion professionnelle, Mme Royal entend instaurer un "droit au premier emploi" pour qu'"aucun jeune ne reste au chômage au-delà de six mois sans avoir un accès à une formation, un emploi aidé ou un tutorat rémunérés". Ecole. M. Sarkozy veut supprimer la carte scolaire et permettre aux parents de choisir l'établissement de leurs enfants. Mme Royal prône son redécoupage " pour que les secteurs soient plus hétérogènes et que chaque famille ait le choix entre plusieurs établissements". François Bayrou suggère de la faire évoluer en "équilibrant l'excellence au lieu de la concentrer sur les établissements les plus chanceux". Concernant les ZEP, M. Sarkozy veut " déposer leur bilan" sans renier pour autant " le principe de l'éducation prioritaire". Il propose de transformer en cinq ans les établissements les plus deshérités en "établissements d'excellence", en divisant par deux le nombre d'élèves et en récompensant par des salaires plus élevés les enseignants. Mme Royal veut limiter à 17 le nombre d'élèves par classes en CP et en CE1. Elle veut renforcer la présence adulte dans les établissements classés ZEP et y implanter des classes préparatoires aux grandes écoles. Ces deux pistes se retrouvent dans le programme de M. Bayrou. M. Le Pen veut instaurer un chèque scolaire pour laisser le choix entre enseignement public et privé. Enseignement supérieur et recherche. Ce domaine est prioritaire pour les candidats PS et UMP. La socialiste propose de faire progresser de 10 % par an le budget de la recherche et de porter en cinq ans la dépense par étudiant au niveau moyen des pays de l'OCDE. M. Sarkozy veut augmenter l'effort de recherche de 40 % et le budget de l'enseignement supérieur de 50 % en cinq ans. M. Bayrou a chiffré quant à lui l'effort en faveur de la recherche à 3 % du PIB dans les cinq ans. M. Sarkozy et Mme Royal s'accordent aussi pour favoriser l'autonomie des universités et leur regroupement. Contrat de travail. Pour Mme Royal, le contrat doit être un élément de sécurité pour le salarié. Elle propose la suppression du contrat nouvelles embauches (CNE), instauré par Dominique de Villepin, et affirme la nécessité de faire du CDI la règle. Elle propose des bonifications pour les entreprises qui transformeraient les contrats "précaires", CDD, intérim, en CDI. M. Sarkozy propose un contrat unique, dont les droits seraient progressifs. Il reprendrait certains traits du CNE, tout en en réduisant la période d'essai de deux ans et en rétablissant la nécessité de justifier les raisons de la rupture du contrat. Son objectif est de sécuriser le licenciement pour le chef d'entreprise, en en réduisant le coût et la période de contestation juridique. Olivier Besancenot (LCR) et Arlette Laguiller (LO) proposent l'interdiction des licenciements. Dialogue social. Les deux principaux candidats veulent rénover le dialogue social et proposent de revoir les règles de la représentativité. Ils sont a priori d'accord pour les fonder sur une consultation électorale des salariés. Mme Royal ne précise pas les modalités du scrutin quand M. Sarkozy envisage d'ouvrir le premier tour des élections professionnelles à d'autres que les organisations syndicales. En revanche, M. Sarkozy propose d'encadrer le droit de grève (vote à bulletin secret dès le septième jour de conflit) et d'instaurer le service minimum dans les services publics, dès juin 2007. Il propose le non remplacement d'un fonctionnaire parti à la retraite sur deux. Temps de travail. Si Mme Royal a pu, comme M. Sarkozy, critiquer les 35 heures, il n'est pas question de les supprimer. Elle n'a pas repris la proposition du PS de l'étendre à tous les salariés et propose d'ouvrir des négociations pour "déterminer comment on ne peut consolider cet acquis et réduire ses effets négatifs". M. Sarkozy veut les supprimer de fait, en favorisant les heures supplémentaires. M. Le Pen veut supprimer les 35 heures, tandis que le PCF et la LCR proposent d'aller vers les 32 heures. Pouvoir d'achat. Mme Royal prône l'augmentation rapide du smic à 1 500 euros et des bas salaires. Une conférence sur les revenus, en juin 2007, devrait en discuter. L'augmentation du pouvoir d'achat chez Nicolas Sarkozy se fera par le "travailler plus" et les heures supplémentaires sans charges à hauteur de quatre heures par semaine et la rémunération de toutes les heures supplémentaires avec une majoration de 25 %. Le PCF propose d'augmenter de 10 % les fonctionnaires et un smic à 1 500 euros tout de suite. Retraites. M. Sarkozy propose de réformer les régimes spéciaux de retraite et de permettre aux Français de travailler plus longtemps. Mme Royal avance une augmentation des "petites retraites" de 5 %, sans préciser toutefois le mode de financement d'une telle mesure. Elle ne reprend pas la proposition du PS d'abrogation de la loi Fillon et renvoie à la discussion des partenaires sociaux, notamment, la réforme des régimes spéciaux. Elle n'a repris l'idée d'une CSG-retraite, proposée par François Hollande. Santé. Le PS et l'UMP n'abordent plus la santé seulement sous l'angle de la maîtrise des dépenses. " Compte tenu (...) de l'aspiration bien naturelle de nos concitoyens à vivre en bonne santé, l'investissement dans la santé sera forcément majeur.", confiait, en janvier, M. Sarkozy. Le PS a la même approche. M. Sarkozy a proposé l'établissement d'une franchise par famille sur le remboursement des premiers soins "afin de responsabiliser les patients". Il rejette une progressivité des cotisations maladie mais n'exclut pas une TVA sociale. Mme Royal ne s'est pas prononcé sur le financement de l'assurance-maladie. Elle a proposé la gratuité des soins pour les moins de 16 ans ainsi que la création d'une carte santé pour les 16-25 ans. § Ça prendra un peu de temps, mais les dirigeants socialistes se disent convaincus que la tendance va s'inverser. 10 jours ? Trois semaines ? § C a prendra un peu de temps, mais les dirigeants socialistes se disent convaincus que la tendance va s'inverser et que "l'effet Villepinte" - les cent propositions présentées par Ségolène Royal le 11 février - finira bien par se faire sentir. "Une dizaine de jours", pronostique Jean-Pierre Chevènement. "Trois semaines" estime Julien Dray. Les premiers sondages, mitigés, réalisés dès le lendemain du meeting de Villepinte, suscitent agacement et colère. "Laissez infuser et laissez-nous diffuser !", s'est exclamé Jean-Christophe Cambadélis, en s'adressant aux journalistes. Le député de Paris, proche de Dominique Strauss-Kahn, dénonce des "sondages sauvages" qui "mesurent une époque dépassée", celle où Mme Royal était attaquée sur l'absence de programme. Mais d'autres arrivent et au PS, on guette avec anxiété le "frémissement". Selon une enquête BVA-Les Echos-BFM réalisée le 12 février auprès de 1 003 personnes, les mesures proposées par la candidate rencontrent un vif succès : 87 % des personnes interrogées approuvent la hausse de 5 % des petites retraites, 79 % l'obligation faite aux entreprises de rembourser les aides publiques en cas de délocalisation et 76 % la création d'un nouveau métier de "répétiteur" dans les classes. Toutefois, lorsqu'il faut choisir le "meilleur" programme économique et social, 36 % des sondés placent celui de Nicolas Sarkozy en tête, devant celui de Mme Royal (33 %). Un autre sondage BVA pour Le Figaro et LCI, réalisé aussi le 12 février auprès de 959 personnes, est plus dur : 53 % des sondés estiment que Mme Royal n'a pas présenté un programme "convaincant". Pour les socialistes, ces données ne correspondent pas aux "remontées du terrain" qu'ils perçoivent. Après Villepinte, "je n'ai rencontré que des gens heureux", a lancé Pierre Mauroy, mardi soir, devant le bureau national du parti. "Il s'est produit un événement important le 11 février : l'entrée de la gauche en campagne", a assuré François Hollande. Lors d'un "pot" avec les parlementaires réunis dans la soirée au PS, Mme Royal leur a demandé de se "saisir" de son pacte présidentiel. "Je sens qu'un nouveau souffle se lève après cette journée du 11", a-t-elle lancé. Pour la première fois, les socialistes ont applaudi leur candidate au bureau national. § Le célèbre chroniqueur politique a confié qu'il voterait pour le président de l'UDF à la présidentielle, lors d'une conférence à Sciences-Po organisée par les jeunes de l'UDF en novembre dernier. La vidéo de cette conférence a été diffusée jeudi sur Internet. § L e journaliste Alain Duhamel "n'interviendra plus sur les antennes de France Télévisions jusqu'à la fin de la campagne électorale", en raison de sa prise de position publique "en faveur de la candidature de François Bayrou", a annoncé France 2 jeudi 15 février dans un communiqué. Cette décision a été prise au nom des "principes d'indépendance et de neutralité", indique le texte. "C'est quelqu'un que j'aime bien et je voterai pour lui", avait déclaré le célèbre chroniqueur politique dans une vidéo diffusée sur le site Dailymotion. C'était au cours d'une confidence devant des étudiants de Sciences Po, organisée le 27 novembre 2006 par les jeunes de l'UDF, le parti centriste présidé par le candidat à l'élection présidentielle. Duhamel-vote-Bayrou envoyé par jeunesudfparis Le communiqué de France 2 précise qu'Alain Duhamel "ne participera pas à l'émission 'A vous de juger' (animé par Arlette Chabot) avec François Bayrou programmée ce jeudi 15 février." § Le Comité national olympique et sportif français a auditionné, jeudi, cinq candidats à l'élection présidentielle. Il a annoncé qu'un "pacte" concernant le mouvement sportif serait soumis aux candidats présents au second tour de l'élection présidentielle. § N icolas Hulot n'a pas fini d'inspirer la campagne présidentielle. Jeudi 15 février, Henri Sérandour, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a annoncé qu'un "pacte" concernant le mouvement sportif serait soumis aux candidats présents au second tour de l'élection présidentielle. Repères Le mouvement sportif revendique 15,5 millions de licenciés, 175 000 associations et 2 millions de bénévoles. Son financement public représente près de 11 millions d'euros, dont 3,09 versés par l'Etat et 7,86 par les collectivités locales, selon les chiffres (pour l'année 2002) du Livre blanc publié par le CNOSF et remis aux candidats. Pour la part de l'Etat, l'éducation nationale est le principal contributeur (2,2 millions d'euros), devant le ministère des sports (600 000 euros). Le budget moyen du sport par habitant était en 2001 de 5,54 euros pour les régions, 8 euros pour les départements et 81,41 euros pour les communes de plus de 3 000 habitants. Le CNOSF a auditionné jeudi cinq candidats à l'élection présidentielle, en sélectionnant uniquement ceux qui avaient déjà participé à un gouvernement. Ensuite, le Comité olympique fera connaître ces déclarations "aux 15,5 millions de licenciés pour qu'ils aient un éclairage supplémentaire dans l'isoloir", a précisé M. Sérandour.Nicolas Sarkozy , en duplex depuis la Réunion, s'est engagé à accroître la place du sport à l'école, à lui allouer un ministère à part entière et à porter ses moyens à "au moins" 3 % du budget de l'Etat, contre 1,3 % actuellement. "La première priorité est de transformer radicalement la place du sport à l'école. Le sport doit faire partie du socle des matières fondamentales", a-t-il déclaré, promettant un doublement des heures de sport dans le primaire et le secondaire. Il s'est également déclaré favorable à l'entrée des clubs en Bourse, "car l'épargne publique n'a rien de malhonnête". Il souhaite néanmoins une démarche européenne pour que l"'excès d'argent dans le sport ne pervertisse pas l'équité des compétitions sportives." Ségolène Royal a insisté sur l'éducation sportive, soulignant sa volonté de rétablir les moyens supprimés par le gouvernement au cours des dernières années. La candidate socialiste veut doubler le montant du budget consacré au sport par l'Etat, pour le porter à 1,5 milliard d'euros. Elle souhaite rétablir les 70 % de postes supprimés au Capes d'éducation physique et sportive, et mettre en place la troisième heure d'enseignement sportif dans les lycées. Elle a également affirmé qu'une partie des 500 000 "emplois-tremplins" qu'elle souhaite créer pour les jeunes serait réservée aux associations et aux fédérations sportives. La candidate a affirmé qu'elle voulait contribuer à faire du sport "un espace privilégié d'intégration et de mixité", insistant sur la féminisation et l'accès aux handicapés. Marie-George Buffet a affirmé que le combat contre le dopage serait une de ses priorités en matière sportive, si elle était élue à la présidence. Elle avait déjà fait de la lutte contre le dopage un de ses chevaux de bataille en tant que ministre des sports du gouvernement de Lionel Jospin. "Le sport ne doit pas être une marchandise", a-t-elle dit, soulignant sa ferme opposition à la cotation en Bourse de clubs, comme l'Olympique lyonnais en football. "C'est peut-être un succès économique, mais c'est un échec pour les valeurs du sport", a jugé Mme Buffet. Pour aider à la pratique du sport en France, notamment à l'école, la candidate communiste a promis d'augmenter le budget alloué aux sports jusqu'à "1 % du PIB". Dominique Voynet s'est engagée à "renforcer singulièrement" le budget du ministère des sports et à "reconnaître l'importance du mouvement sportif". "Il faut aussi protéger l'intégrité des sportifs et faire cesser toute manifestation de racisme dans les enceintes sportives", a dit la candidate écologiste. Mme Voynet a fait part de sa "sympathie" pour les professeurs d'EPS, qui manifestaient devant le CNOSF pour protester contre les "1 692 heures supprimées, représentant 564 forfaits d'animation du sport scolaire". François Bayrou s'est refusé à préciser le budget qui serait alloué au sport s'il était élu afin de ne pas participer à "l'inflation des promesses qui ne seront pas tenues". "Mes concurrents sont venus annoncer un doublement, un triplement, un quadruplement (...) des budgets du sport", a ainsi déclaré le candidat de l'UDF. Il a estimé qu'on était "dans une campagne délirante dans laquelle les principaux candidats signent tous les jours des chèques dont on sait à coup sûr que ce seront des chèques en bois". Il a également proposé la création d'un "plan épargne reconversion" pour aider les sportifs de haut niveau au moment de leur retour à la vie civile. § L'UMP et le PS, réagissant à la progression du candidat centriste dans les intentions de vote, s'efforcent de corriger la tendance. Pas question de laisser s'installer l'idée que le président de l'UDF pourrait s'immiscer dans le jeu entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. § C 'est le retour de l'"épouvantail Le Pen", selon François Bayrou, pour encourager le "vote utile". L'UMP et le PS, réagissant à la progression du candidat centriste dans les intentions de vote, s'efforcent de corriger la tendance. Pas question de laisser s'installer l'idée que le président de l'UDF pourrait chambouler la donne au premier tour de l'élection présidentielle et s'immiscer dans le jeu entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Crédité de 12 % à 14 % d'intentions de vote dans la dernière vague de sondages, M. Bayrou devance désormais Jean-Marie Le Pen dans la quasi-totalité des enquêtes d'opinion. "Le seul troisième homme possible, on le connaît, c'est Le Pen", s'est insurgé François Hollande, mercredi 14 février, sur Canal+. "François Bayrou ne peut pas être au niveau de Jean-Marie Le Pen. Arrêtez de créer d'autres effets", a insisté le premier secrétaire du PS. Dans l'entourage de M. Bayrou, ces propos ont été perçus comme une déclaration de guerre. "Hollande tombe le masque, il se fait le directeur de campagne de Le Pen, a réagi Jean-Christophe Lagarde, porte-parole du candidat UDF. Il joue le maintien du FN pour préserver le PS. C'est indigne et abject. Cela montre que Le Pen, qui prétend combattre le système, est en fait le meilleur rempart du système." Un peu plus tard, Xavier Bertrand, porte-parole de M. Sarkozy, invité de "Questions d'info" LCP-Le Monde-France-Info, prenait à son tour le contre-pied des études d'opinion. "Nous n'avons pas un Front national aussi bas que ne nous le disent les intentions de vote, a estimé M. Bertrand. En 2002, on s'est rendu compte que Le Pen n'était même pas le troisième homme, mais le deuxième. Les intentions de vote semblent nous dire que François Bayrou arrive troisième. Moi, franchement, je pense que le FN se situe à un niveau plus important." Après s'être longtemps présenté comme la meilleure assurance de faire baisser le FN, M. Sarkozy veut ainsi prévenir la "tentation Bayrou" en rappelant la persistance d'un FN fort. Pour M. Bayrou, à l'inverse, si les sondages confirment un recul du "risque Le Pen", "alors les électeurs peuvent exercer leur choix et tout devient possible au premier tour". Emporté par l'enthousiasme du meeting de Strasbourg, lundi 12 février, il confiait au Monde que, "si à la fin du mois je suis à 17 %, c'est gagné". § La promesse d'autonomie des universités figure dans le programme de Nicolas Sarkozy comme dans celui de Ségolène Royal. § L a promesse d'autonomie des universités figure dans le programme de Nicolas Sarkozy comme dans celui de Ségolène Royal. Dès le 4 octobre 2006, le candidat de l'UMP avait tracé les contours d'une réforme qu'il promet pour l'été 2007. Mercredi 14 février, dans un entretien au quotidien Les Echos, et sur son site Web, M. Sarkozy a défendu un "statut d'autonomie (...) sur la base du volontariat" : "Aucune université ne sera obligée de le retenir, mais chacune pourra y être candidate." Le champ de cette autonomie sera très large. Il couvrira aussi bien le domaine du recrutement des étudiants et des professeurs, des programmes de recherche ou encore du financement. Chaque université aura "la liberté de recruter ses étudiants, notamment étrangers". "Nous ne sommes pas condamnés à recruter des étudiants dont on ne veut nulle part ailleurs au monde", estime M. Sarkozy sur son site. D'autre part, "les universités seront libres de recruter" les enseignants et les chercheurs et "de moduler leurs rémunérations". Elles auront toute latitude pour gérer leur patrimoine et pour diversifier leurs ressources via des fondations, des donateurs privés ou des entreprises. L'Etat conservera la mission de déterminer les diplômes nationaux, d'évaluer les universités et de les sanctionner financièrement si les objectifs ne sont pas atteints. Ségolène Royal s'est engagée, dans son pacte présidentiel, en faveur d'un "renforcement de l'autonomie des universités dans un cadre national". Selon son entourage, des pistes de réforme seront dévoilées, vendredi 16 février, lors de sa rencontre avec de jeunes chercheurs à Strasbourg. "Tout ce qui est inutilement démocratique et qui ne fait qu'alourdir le fonctionnement des universités devra être revu", confie l'un des membres de son équipe de campagne. En ligne de mire, la multitude d'instances élues. Les universités pourraient aussi bénéficier de davantage d'autonomie financière. De même, "il faudra trouver un moyen d'éviter aux universités de s'épuiser dans des discussions poste par poste avec leur ministère de tutelle", précise-t-on. § Le fondateur du Parti communiste réunionnais ne tarit pas d'éloges sur le gouvernement, qui, selon lui, a accordé à l'île tout ce qu'elle souhaitait § P aul Vergès n'a qu'un seul candidat pour la présidentielle : la Réunion. Le président (Parti communiste réunionnais, PCR) du conseil régional affirme tranquillement se trouver dans la position d'un Nicolas Hulot. Le mouvement qu'il anime, l'Alliance, a présenté, dimanche 11 février, une "plate-forme de propositions" qui sera soumise aux candidats. "Ensuite, nous ferons connaître aux Réunionnais les engagements des uns et des autres, explique-t-il. J'exprimerai mon choix personnel le moment voulu..." Au coeur de cette plate-forme se trouvent les deux projets qui tiennent le plus à coeur à M. Vergès : la réalisation d'un tram-train entre Saint-Denis et Saint-Paul, au nord-ouest de l'île, et la construction d'une nouvelle route du littoral. Jeudi 15 février, Nicolas Sarkozy est venu signer le contrat de projet Etat-région, qui vise à financer ces deux projets jusqu'en 2013. Le fondateur du PCR ne tarit pas d'éloge sur le gouvernement, qui a accordé à la région tout ce qu'elle souhaitait. Irait-il jusqu'à appeler à voter pour le candidat de l'UMP ? "Il faudrait qu'on m'explique la différence entre la gauche et la droite, bougonne-t-il. Vu d'ici, nous avons surtout l'impression que Paris méconnaît les problèmes de la Réunion." COLLUSION Aujourd'hui, les socialistes réunionnais, qui ont émis des réserves sur le projet de rendre payante la future route du littoral, constituent sa première cible. "Le PS est le seul parti à avoir condamné localement (le contrat de projet Etat-région), peste M. Vergès. Ségolène Royal est bien mal servie par ses porte-parole." Pour sa part, Michel Vergoz, conseiller régional (PS) dénonce une collusion entre la droite et le PRC : "Paul Vergès est en train de ficeler les amis de Sarkozy à ses côtés". M. Vergès, 82 ans, sait que son avis a du poids dans la présidentielle. Avec 800 000 habitants, dont la moitié sont inscrits sur les listes électorales, la Réunion est la plus grosse collectivité ultramarine. Et la participation y est plus élevée que dans le reste de l'outre-mer. En outre, M. Vergès garde une influence certaine dans l'opinion réunionnaise qui dépasse les clivages gauche-droite. En 2002, il avait appelé à voter pour Lionel Jospin, et celui-ci était arrivé en tête au premier tour, avec 38 % des voix. "Pour l'opinion publique, Vergès n'est plus communiste, analyse René-Paul Victoria, maire (UMP) de Saint-Denis. C'est avant tout un régionaliste." En prenant position ouvertement pour M. Sarkozy, M. Vergès prendrait le risque de compromettre les résultats de son parti aux législatives, puis aux municipales de 2008. Pour certains, il pourrait réitérer sa tactique de 1995 : se prononcer au premier tour pour plusieurs candidats (à l'époque Jacques Chirac, Lionel Jospin, Robert Hue et Dominique Voynet) et appeler au deuxième tour à voter pour la gauche. § Une main suffit désormais à compter les fidèles de Jacques Chirac. Jean-Louis Debré, François Baroin, Henri Cuq, Christian Jacob, Dominique de Villepin, n'ont pas encore rallié Nicolas Sarkozy. § U ne main suffit désormais à compter les fidèles de Jacques Chirac. Jean-Louis Debré, François Baroin, Henri Cuq, Christian Jacob, Dominique de Villepin, n'ont pas encore rallié Nicolas Sarkozy. Le président affecte l'indifférence face à sa solitude politique. Ses confidences, son épouse, sa fille, occupent la scène médiatique. Jeudi 15 et vendredi 16 février, il a réussi à organiser un ultime sommet "des chefs d'Etat d'Afrique et de France", à Cannes, alors que celui de Bamako, en décembre 2005 devait être le dernier : les sommets Afrique-France sont normalement bisannuels. Son calendrier est plein jusqu'à la suspension de la session parlementaire, le 22 février, et même au-delà. Il ne s'expliquera pas sur ses intentions avant cette date, mais probablement début mars. Le ministre délégué aux relations avec le Parlement, Henri Cuq, veut croire que "la campagne démarrera vraiment quand Chirac se sera exprimé". A ce moment-là, M. Chirac devrait avoir nommé deux de ses proches dans des institutions clés pour l'organisation de l'élection présidentielle : M. Debré à la présidence du Conseil constitutionnel, M. Baroin au ministère de l'intérieur. En attendant, les députés s'agitent sur la succession de M. Debré à la présidence de l'Assemblée nationale. Le bureau de l'UMP voulait, mercredi, consulter le Conseil constitutionnel pour savoir si le premier vice-président, Yves Bur (UMP, Bas-Rhin), pouvait faire office de président pendant la campagne. Chez M. Cuq, on fait part d'un certain " étonnement", le Conseil constitutionnel n'ayant pas compétence pour répondre à la question. Il semble acquis qu'une élection aura lieu. "PENSE À TON AVENIR" Puis il faudra remplacer M. Sarkozy au ministère de l'intérieur. " Baroin fait un peu la tête, car ce sera très tard. C'est comme si Sarkozy lui laissait juste les clés du camion pour aller le garer", assure l'un de ses collègues ministres. Le ministre de l'outre-mer, " complètement zen", dément et se contente d'assurer que " le président décide". "Nous ne sommes pas très nombreux à l'accompagner dans le silence de sa réflexion", ajoute-t-il. Il ne veut voir aucun problème dans le tempo respectif de M. Chirac et de M. Sarkozy. " Ce sont des calendriers décalés, pas des calendriers opposés", explique-t-il. M. Sarkozy critique vivement en privé cette fidélité très affective. " Il faut que tu penses à ton avenir, maintenant", a cependant glissé M. Chirac à son protégé. Quant à M. de Villepin, " on voit bien qu'il est en retrait. Il n'y a plus d'allant", commente un ministre. "Que va-t-on en faire ?", s'interroge gravement un cacique de l'UMP. M. Chirac avouera peut-être un jour que la seule défection qui lui a fait "de la peine", comme il l'a admis récemment à propos d'Edouard Balladur en 1995, a été celle d'Alain Juppé. Plusieurs de ses proches témoignent qu'il a jugé son ralliement à M. Sarkozy "rapide et massif". § La démission, mercredi 14 février, d'Eric Besson de l'équipe de campagne de Ségolène Royal, aussitôt remplacé par Michel Sapin, a suscité la colère des blogueurs proches du Parti socialiste. § L a démission, mercredi 14 février, d'Eric Besson de l'équipe de campagne de Ségolène Royal, aussitôt remplacé par Michel Sapin, a suscité la colère des blogueurs proches du Parti socialiste. "Ils veulent faire gagner Sarkozy ?", s'exclame Cabinets de subversion. "Besson pouvait pas choisir un autre moment que LA semaine, la seule semaine où son rôle fait qu'il est au cur du dispositif Royal ?", se demande-t-il. "Je me demande si le parti socialiste (dont le premier secrétaire) ne fait pas tout pour faire barrage à l'élection de leur candidate ? ", s'interroge un blog de soutien à la candidate socialiste dans les Vosges. "C'EST DUR D'ÊTRE À GAUCHE" "Faut tout faire pour être sûr qu'on ne gagne pas ces présidentielles", ironise Marc Vasseur, qui a l'impression qu'en "face d'une véritable machine de guerre relayée par des médias complaisants, il y une équipe decomment dire de pieds nickelés". Sur le blog de Claude Askolovitch, journaliste au Nouvel Observateur, les commentaires sont assassins : "C'est dur d'être à gauche quand on ne peut pas être à droite ! Dites-lui qu'il est temps qu'elle trouve le bouton d'allumage !", s'insurge un internaute. "Je me contrefiche de cette énième polémique", estime par contre un jeune socialiste parisien." Un militant PS va jusqu'à se demander si "la langue de bois avec laquelle 'on' parle rue de Solférino est si différente de celle qu'utilise la droite ". "Alors que l'on pensait que les divisions seraient l'apanage de la droite, c'est au sein du PS que ça se divise, que ça conteste...", remarque L'Avocat du diable, qui estime que, "pourtant, beaucoup n'attendent qu'une chose, c'est d'y croire". § Venus parler de la campagne électorale et tester leur candidate auprès des habitants de cette banlieue parisienne, les communistes rencontrent un électorat populaire hésitant. § C 'est ici, dans cette cité située à l'extrême nord de Saint-Denis qu'ils ont voulu "prendre la température". Parce que sur les marchés, "on ne sent rien en tendant un tract que les gens regardent à peine". Ils sont sept, militants communistes de longue date, à avoir décidé un "porte-à-porte", ce mardi 13 février, un tract en faveur de Marie-George Buffet à la main. Aller à la rencontre des populations des quartiers, voir comment elles sentent la campagne électorale et, accessoirement, tester la popularité de leur secrétaire générale. "Sémard" a toujours voté à gauche. Lors des municipales de 2001, Patrick Braouezec avait atteint 46 % des voix au premier tour. Et en 2002, la gauche avait totalisé 57 % (7 % pour Robert Hue, le candidat communiste). Mais cette fois, les militants s'interrogent. Et si Nicolas Sarkozy avait marqué des points ici aussi ? Le quartier connaît un taux de chômage et de précarité inquiétants (38 %) et l'inactivité chez les jeunes atteint 31 %. Relégués dans des petites barres coincées entre le stade municipal et les voies de chemin de fer de la ligne Paris-Lille, les résidents se sentent un peu oubliés. La preuve ? Le mur antibruit réclamé depuis des années n'est toujours qu'à l'état de projet. Le premier hall, le numéro 7, est attaqué avec entrain mais sans illusion : "Ce n'est pas ce soir qu'on va gagner des voix", glisse Jean Val, la cinquantaine rieuse sous sa parka et sa polaire orange. C'est un Algérien, "en France depuis quarante ans", la moustache grisonnante, qui ouvre le premier après quelques portes restées sourdes. "Je n'ai pas le droit de voter mais mes enfants iront. Pour la gauche", s'excuse-t-il. Son voisin, un jeune en jogging, capuche relevée, bougonne : "On va voter blanc car personne ne m'intéresse." Le tract est resté suspendu derrière la porte. Appartement 310, M. Brami assure qu'il vote : "J'ai ma carte d'identité !", lance-t-il en guise de preuve. Mais il ne sait pas encore. "Je suis de gauche mais je veux d'abord écouter la télé." D'autres portes s'ouvrent, plus discrètes, une main attrape le papier et s'efface. Deux étages plus bas, M. Salingue, cinquantaine en short bleu et tee-shirt affichant "No limit", avoue lui aussi qu'il hésite encore. "Ça va être la gauche", lâche-t-il seulement. Sur le palier, une machine à laver, un frigo hors d'état de marche. Mme Bensalem, elle, ne votera pas. Petite brune à l'accent gouailleur, elle vient de La Courneuve et n'est pas inscrite sur les listes électorales. "Mais Marie-George elle est mortelle ! Elle est pour ceux qui veulent s'en sortir mais qui le 15 du mois, avec le seuil, n'ont plus rien." Elle prend la profession de foi et se ravise : "Mais y a Bové, il est mortel lui aussi !" Les doutes face à la gauche, les peurs de rééditer 2002 sont palpables sur ces paliers. Mme Ben Habida, une petite fille dans les jambes, admet : "J'hésite entre Mme Buffet et Ségolène." Plus loin, au 4e étage, Mme Daiwara assure que "de droite ou de gauche, tant que c'est pas Le Pen" et ajoute en pointant la photo de la candidate du PCF : "Elle et Ségolène, ça va." Beaucoup ont vu ou entendu parler du passage de la numéro un communiste sur TF1 la veille. Mais le choix laisse ceux du hall numéro 5 aussi perplexes. "Elle est bien, ma copine l'a entendue. Mais moi, je balance entre Bayrou et Royal", raconte M. Bentalbi, jeune homme tout sourire. "Avec tout ce qui se passe, on va réfléchir", explique Mme Ricardo, sa voisine. "Je suis communiste au fond mais je vais voter Ségo. On va pas recommencer 2002", lance M. Momé. "Moi je veux que la gauche gagne, parce que quand je vois ma fiche de paye, ça me fait mal au coeur. Mais tout ce qu'ils promettent, ils vont le faire au moins ?", s'emballe M. Corvellec, énervé parce que son beau-père "gagne trop". Les raisonnements sont sommaires, les programmes peu connus, mais ici la boussole penche encore du "bon côté", souffle Jean. Au pied de l'immeuble, une demi-douzaine de jeunes se sont approchés. Rémi a travaillé à la voirie mais est au chômage depuis un an. Le bonnet noir enfoncé sur le front, il s'énerve : "Le PS, non ! Pour eux, ça glisse, ils ont besoin de rien. Rien à voir avec nous. Bové, lui, c'est un bon !" Son copain, un beur belge, ne peut pas voter mais "y a pas intérêt que Sarko passe", prévient-il. Deux jeunes lycéennes de terminale s'approchent un peu plus tard. "Moi, je vais voter pour celui qui a la moustache. Pas Ségolène, elle veut ajouter des heures de travail", assure la plus téméraire. La seconde acquiesce puis lâche : "Faut virer Sarkozy". La tournée s'achève et, au total, les trois équipes ont essuyé peu de refus. "C'est pas facile mais j'aime bien ce contact. Là, on fait vraiment de la politique", explique Philippe Rezto, 39 ans et blouson de motard sur le dos. L'équipe repart cependant sans illusion. "Ils hésitent encore beaucoup." § Les émeutes en banlieue de novembre 2005 et les propos du ministre de l'intérieur sur le "nettoyage au Kärcher" ont laissé des traces dans certains quartiers : on s'acheminerait vers un vote-sanction à l'encontre de Nicolas Sarkozy. § § Réunie les 15 et 16 février, la Conférence des présidents d'université va formuler des propositions aux candidats à la présidentielle. § L a présidente de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Sylvie Faucheux, préfère prendre les choses avec humour : "On nous a accroché tous les boulets aux pieds, et on arrive quand même à avancer. Ça tient du miracle." A l'instar de ses collègues, elle plaide pour une nouvelle gouvernance et une autonomie renforcée des universités. Une exigence qui sera au coeur des revendications de la Conférence des présidents d'universités (CPU) qui se réunit, jeudi 15 et vendredi 16 février, et qui devrait formuler des propositions à l'intention des candidats à l'élection présidentielle. A la tête d'une université jeune, créée en 1991, Mme Faucheux a tous les jours l'occasion de se confronter aux limites de la loi Faure et de la loi Savary , qui, sur le papier, affichent le principe d'autonomie. Mais, sur le terrain, sa marge de manoeuvre est réduite. A la tête d'une "entreprise" de 17 000 étudiants, 860 enseignants chercheurs, 370 ingénieurs et personnels techniques, administratifs et de service, sans compter 500 chercheurs et personnels issus des organismes nationaux, Mme Faucheux ne dispose pas des "prérogatives" d'un entrepreneur. Comme dans toutes les universités, la gestion de son "navire" repose sur une superposition de conseils élus, dont le sommet est le conseil d'administration. Questions statutaires, pédagogiques, budgétaires, tout est balayé au cours de ces grand-messes. "C'est un fonctionnement très démocratique, mais très lourd", estime-t-elle. L'université souffre aussi du poids de son ministère de tutelle. "Chaque année, le ministère nous demande d'établir le nombre et aussi, par priorité, le type de postes dont nous avons besoin", explique Mme Faucheux. A l'arrivée, c'est souvent la surprise : le ministère attribue des postes mais pas forcément ceux qui, pour l'université, sont prioritaires. "Cette année, sur quatorze postes, je peux dire que j'ai eu quatre aberrations", confie-t-elle. Les universités peuvent aussi recruter, pour certains personnels, sur leurs ressources. Mais elles sont obligées de rester dans les grilles de salaire fixées par le ministère, qui se fondent uniquement sur le niveau de diplôme. "Dans ces conditions, l'université est peu attractive pour des jeunes qui se sont formés sur le tas mais qui maîtrisent des compétences recherchées, en multimédia, par exemple", regrette Mme Faucheux. Les lourdeurs sont similaires en matière d'immobilier, puisque, là aussi, c'est l'Etat qui gère le patrimoine. "Deux mois après mon élection, j'avais tout organisé pour trouver un acquéreur à un de nos bâtiments désaffectés, se souvient la présidente. On m'a expliqué que la vente ne pouvait pas se faire comme ça. Résultat, le bâtiment a été vendu trois ans après, à un prix inférieur !" Des anecdotes de ce type, Sophie Faucheux n'en manque pas. En matière de formation, notamment, où, là encore, tout doit être validé par la Rue de Grenelle : "Je suis attachée aux diplômes nationaux, mais il faudrait que l'Etat fasse un peu confiance aux universités quand elles essaient de développer des formations professionnalisantes, par exemple." Et de se rappeler la bataille pour convaincre le ministère de la pertinence de monter une formation en alternance avec une grande entreprise. "Il a fallu que je prenne mon bâton de pèlerin, se souvient-elle. Aujourd'hui, cette formation fait le plein." La décentralisation a multiplié les occasions de travailler avec les collectivités locales. Mais elle n'a pas coupé le lien avec le ministère de tutelle. "Il y a une déperdition d'énergie énorme", déplore Mme Faucheux. Comme beaucoup de ses collègues, elle milite pour une autonomie régulée par l'Etat qui responsabiliserait les universités. "Les gouvernements successifs ont manqué de courage politique, dénonce-t-elle. Pourtant, avec Luc Ferry, on était à deux doigts d'y arriver. Il faut y aller, sinon les universités vont en crever." § Un concert de rap, qui devait se tenir samedi soir 17 février à Nice, aurait été annulé après une campagne "d'intimidation" d'un groupe d'extrême droite. § U n concert de rap, qui devait se tenir samedi soir 17 février à Nice, aurait été annulé après une campagne "d'intimidation" de l'extrême droite. "Nous avons reçu énormément de mails de l'extrême, extrême, extrême droite. Il y avait tellement de pressions politiques qu'on a préféré annuler pour apaiser", a déploré Seif Ben Amar, l'organisateur du concert. Les rappeurs Sinik, 113, Sefyu et Mac Tyer étaient attendus. Ces deux derniers sont engagés auprès du Collectif 2007, qui appelle les jeunes à voter. Le rappeur "citoyen" Rost a rencontré Jean-Marie Le Pen Le rappeur Rost (Fofo Adom) a rencontré jeudi pendant deux heures à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) le candidat du FN, afin de lui présenter dix questions posées par les jeunes des banlieues. Après Ségolène Royal, l'entourage de François Bayrou et les conseillers de Nicolas Sarkozy, le fondateur de l'association Banlieues actives, a soumis un questionnaire à M. Le Pen, qu'il juge "comme les autres". Celui-ci s'est dit "nationaliste", mais pas "fasciste", et "opposé au droit de vote des immigrés", a rapporté le chanteur de "J'accuse". Depuis le 21 avril 2006, le trentenaire s'est employé à pousser les jeunes à s'inscrire sur les listes, avant de porter aujourd'hui les 27 000 "doléances" qu'il a recueillies. Il est persuadé que ce sont "les quartiers populaires qui vont élire le président de la République" et qu'il faut donc les informer sur les candidats, sans donner de consigne de vote. Il compte éditer début mars un guide du votant. - (avec AFP) Nissa Rebela, émanation locale du groupe d'extrême droite Les Jeunesses identitaires, avait dénoncé ces derniers jours, dans des milliers de tracts, la prestation prévue des rappeurs "dont le fonds de commerce est la haine de la France et des Français". Ils avaient appelé leurs sympathisants à inonder les organisateurs de coups de téléphone et de messages électroniques hostiles.PLAINTE POUR "PROPOS RACISTES" "Pour nous, l'annulation de ce concert est indiscutablement une victoire", a déclaré Philippe Vardon, responsable des Jeunesses identitaires à Nice. Les Jeunesses identitaires sont soupçonnées d'être une émanation d'"Unité radicale", un groupuscule interdit après la tentative d'assassinat de Jacques Chirac en 2002 par l'un de ses membres. Fin janvier, Philippe Vardon a été mis en examen à Nice pour "reconstitution de ligue dissoute". Après cette déconvenue, Seif Ben Amar n'a pourtant pas l'intention de renoncer à produire un concert à Nice : "Pourquoi renoncer ? On est en France". Il a précisé qu'il envisageait d'y organiser un nouveau concert, peut-être avec des artistes différents, le 13 avril. M. Ben Amar a également annoncé son intention de déposer une plainte avec constitution de partie civile contre le groupe d'extrême droite pour "propos racistes et atteinte à la liberté d'expression". § Photographies d'un écran de télévision... images distordues de thèmes télévisés. § § La suspension de l'éditorialiste qui a révélé qu'il voterait François Bayrou est vécue comme une injustice par les blogueurs, pour qui aucun journaliste politique n'est vraiment impartial. Et une "mauvaise nouvelle" pour l'UDF, ironisent certains. § "A bsent hier de l'écran de mon ordinateur de 8 h 15 jusqu'à plus de 15 heures, j'ai été en vérité comme vous sans doute stupéfait puis ensuite estomaqué du cours pris par les événements tout au long de la journée." C'est le constat aigre-doux que fait, vendredi 16 février, Guy Birenbaum. L'éditeur a contribué, en l'évoquant la veille sur son blog, à populariser la vidéo sur laquelle le commentateur politique Alain Duhamel affirme qu'il votera pour François Bayrou. Ce document filmé en novembre a provoqué, jeudi, sa suspension par son employeur, France Télévisions. Reprenant ses esprits et sa verve, Guy Birenbaum l'affirme : "Il m'apparaît désormais patent que le sort réservé à Alain Duhamel est effectivement, comme d'autres l'ont écrit ici hier soir, une belle hypocrisie." Car, écrit-il, on ne fait pas tant de cas "des saillies hebdomadaires des insupportables 'penseurs' néo-cons du Point", ou des "pseudo-investigations & autres contorsions des éditoriaux Sarkocompatibles du Monde", sans parler de "la bipolitisation vendue par la télévision". Ce blogueur "NRV" résume bien le sentiment général. "Libérez Alain Duhamel !", clame Jean-François Kahn sur le site de Marianne. Même avis chez l'influent Versac, ou chez Mehdi Ourahoui. M. Duhamel a été suspendu "au nom de quoi ?, demande l'internaute Sacha. De l'éthique ? De l'indépendance de l'information ? Du contre-pouvoir ? Mais ça fait belle lurette que ça n'existe plus", estimant qu'il est "sain" qu'un journaliste tombe le masque et prenne position. "UNE MAUVAISE NOUVELLE POUR BAYROU" Daniel Schneidermann, sur son Big Bang Blog, joue avec l'idée de faire son propre "coming out", en faveur de Ségolène Royal, tout en disant qu'il est encore "indécis". Sur l'affaire Duhamel, il dénonce une "rare hypocrisie". "S'il eût fallu éventuellement le 'suspendre', c'était plus tôt, pour toutes les raisons professionnelles amplement développées depuis un an sur ce blog", regrette l'éditorialiste de Libération. Car si la blogosphère dénonce le "deux poids, deux mesures" dont est victime le commentateur politique, elle n'est pas tendre avec lui. "Duhamel est un homme ... fini dépassé.. il a fait son temps .. Duhamel, cest le temps Chirac Mitterrand ...", attaque Syl. On ne compte plus les réactions qui affirment que ce "coming out" n'en est pas un, Duhamel étant considéré comme centriste, voire "giscardien", depuis longtemps. "C'est plutôt une mauvaise nouvelle pour Bayrou... une bonne nouvelle pour Ségolène ;-)", ironise l'internaute Helder. "A chaque fois qu'Alain Duhamel prend position pour quelque chose, ça foire. Que ce soit Barre, Balladur, Jospin, le Oui au référendum européen ou Idéal du Gazeau dans la cinquième", raille Eric Mainville, de Crise dans les médias. Rommy, un internaute, estime au contraire sur le Big Bang Blog que l'affaire va renforcer le candidat de l'UDF, parti en croisade contre la partialité des grands médias. Alain Duhamel, "première victime des blogs " ? Eric Carzon, de 20 Minutes, le pense. Et pour sa défense, l'éditorialiste suspendu a également dénoncé "l'effet Internet", "disproportionné". "Pour l'anecdote, ce qui est plutôt amusant, c'est que contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce pataquès n'est pas du tout l'uvre des e-barbouzes du PS, de l'UMP ou du FN... mais l'uvre des jeunes UDF eux-mêmes, trop contents de mettre en ligne sur leur propre site le soutien éclairé du journaliste pour leur poulain. C'est aussi ça la troisième voie !", rigole Kandidatür. § Question à Axiom, rappeur et représentant d'AC le feu ! § V ous avez parcouru les banlieues pour appeler les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. Avez-vous perçu un vote Jean-Marie Le Pen ? Pour la première fois j'entends des jeunes des quartiers populaires dire : "En cas de second tour Sarkozy-Le Pen, je vais voter Le Pen". Pour eux, le choix c'est subir avec Sarkozy ou faire péter le système avec Le Pen. Aujourd'hui, dès que l'on prononce le nom (de Sarkozy), il y a une levée de boucliers. Dans les cahiers de doléances de l'association, les gens se plaignent des contrôles d'identité à répétition, des violences policières. Sans compter la discrimination à l'embauche. Jusqu'à présent, personne n'a voulu les entendre. Beaucoup sont dégoûtés, même moi j'ai du mal à leur parler. Je crains le pire car, que ce soit Le Pen ou Sarkozy, il y aura le clash. Les candidats à la présidentielle devraient se demander pourquoi ces gens qui ont été des boucs émissaires pensent voter Le Pen. Ségolène Royal nous dit qu'on sera ses enfants mais on n'a pas besoin d'être maternés. Sarkozy, lui, réduit notre identité à la religion. José Bové est le seul a avoir fait allusion aux quartiers populaires. Il a dit qu'il allait faire le lien entre les petites gens et ceux que Sarkozy appelle les racailles. Il y a chez ces jeunes une perte de sens d'avenir, un cri de désespoir. Il faudrait y répondre. § La révélation par "Le Monde" (du 16 février) d'un rapport sévère de la chancellerie sur la qualité des procédures policières a suscité des réactions aussi vives qu'attendues chez les syndicats. § L a révélation par Le Monde (du 16 février) d'un rapport sévère de la chancellerie sur la qualité des procédures policières a suscité des réactions aussi vives qu'attendues chez les syndicats. Pour Alliance (proche de M. Sarkozy), il s'agit d'un texte "partisan et scandaleux", d'une "manoeuvre bassement politicienne". Bruno Beschizza, secrétaire général de Synergie-officiers, souligne pour sa part des "contre-vérités". "Il est faux de dire, par exemple, qu'il y a moins d'officiers de police judiciaire qu'en 1995, indique-t-il. Quant au niveau d'instruction, le seul baromètre est l'éducation nationale, pas les magistrats. Or, avec la réforme des corps, il faut maintenant avoir son bac pour devenir gardien de la paix, bac + 3 pour être officier et bac + 5 pour être commissaire." "RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL" Olivier Damien, secrétaire général du Syndicat des commissaires et hauts fonctionnaires de la police nationale, s'indigne des "excès" du rapport : "Conclure que le manque de qualité des procédures conduit à l'enfermement d'innocents est abusif." Mais il reconnaît que, à la suite de la refonte des corps, "certains services sont confrontés à de réelles difficultés de fonctionnement, avec des carences d'encadrement. On retrouve d'ailleurs le même problème dans les tribunaux, comme en région parisienne". Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale des magistrats, estime lui qu'il n'y a "rien de nouveau sous le soleil". "Il s'agit d'un constat technique, établi sur la base des remontées des parquets, qui vise à identifier des lacunes pour les corriger, en concertation. On sait bien, poursuit-il, que les policiers ont des problèmes de jeunesse d'effectifs, de formation, et qu'ils sont soumis à une logique très productiviste." § L'essayiste Alain Soral, ami de Dieudonné, a convaincu le président du FN de l'existence d'"un vote révolutionnaire" en sa faveur dans les banlieues. § J ean-Marie Le Pen s'est rendu vendredi 16 février au cimetière chinois de Noyelles-sur-Mer (Somme). Un cimetière dont peu de Français connaissent l'existence mais où sont enterrés 838 "coolies" recrutés par l'armée britannique entre 1917 et 1919. Alliée à la France pour combattre l'Allemagne, la Grande-Bretagne les avait fait venir de Chine du Nord pour s'occuper du déchargement des trains et des navires, creuser les tranchées, prendre soin des chevaux de sa cavalerie et plus tard dégager les mines. Un morceau d'histoire pour les Chinois de France auquel le président du Front national (FN) s'est adressé. La gauche appelle à manifester contre la convention du FN à Lille La venue de Jean-Marie Le Pen "sur une terre ouvrière, de combat social et une terre d'immigration est particulièrement symbolique et provocateur", a estimé Annick Batallan, de la Ligue des droits de l'homme. Un collectif d'une trentaine d'associations, de syndicats et partis politiques a appelé vendredi à manifester le 24 février à Lille pour protester contre le Front national qui tiendra alors dans la ville sa convention présidentielle. La manifestation à l'appel notamment du PS, du PCF et des Verts, de la LDH, de Ras l'Front, du Mrap, de l'Unef, de Solidaires, de la CFDT s'ébranlera à 14 h 30 au moment où s'ouvrira la séance inaugurale de la convention FN prévue sur deux jours. - (avec AFP) Depuis plusieurs mois, M. Le Pen n'en finit plus de faire des clins d'oeil aux Français d'origine étrangère. Son premier grand geste remonte au 20 septembre à Valmy. Ce jour-là il s'était tourné vers cet électorat pour lui demander de le rallier : "Français d'origine étrangère, je vous invite à nous rejoindre. Vous que nous avions si bien su assimiler par le passé, quand notre beau pays suscitait désir et respect, avant que les ravages de Mai 68 n'aient répandu partout la haine de ce qui est français, la détestation de l'autre et de soi", leur avait-il lancé en posant comme principe à ce ralliement l'assimilation et non l'intégration. "Dans la mesure où vous respectez nos coutumes et nos lois, dans la mesure où vous n'aspirez qu'à vous élever dans ce pays par le travail, nous sommes prêts (...) à vous fondre dans le creuset national et républicain, avec les mêmes droits, mais aussi les mêmes devoirs", avait-il insisté. Il a par la suite donné son aval à une campagne d'affiches mettant en scène une jeune fille martiniquaise mais dont le look évoque autant une beurette qu'une jeune métisse africaine. Et avait donné son accord à la visite de Dieudonné à la fête des Bleu-Blanc-Rouge le 11 novembre. On pouvait d'ailleurs remarquer la présence à cette même fête d'un chanteur camerounais, Patrice Nouma, venu promouvoir son disque intitulé "Si tu n'aimes pas la France, sors de la France". Une première pour les frontistes qui n'ont pas tous été séduits comme le montrait un autocollant de Terre et peuple, une association ethniciste proche du FN qui clamait : "La terre des peuples africains, c'est l'Afrique... L'Europe, c'est la terre des Européens." "CANDIDAT DES AFRO-EUROPÉENS" Cela fait plusieurs années, explique Marine Le Pen, la directrice stratégique de la campagne, que le FN note l'existence d'un vote de Français issus de l'immigration en sa faveur. Mais, selon Olivier Martinelli, le directeur de cabinet de M. Le Pen, c'est depuis les révoltes des banlieues de 2005 que ce dernier est persuadé de l'existence d'un vrai potentiel électoral. Et que s'y intéresser entraînerait de toutes les façons, par ricochet, une dédiabolisation. A cette époque, il avait été frappé par un reportage dans les cités montrant une Française d'origine maghrébine se plaignant des "voyous" et affirmant qu'elle "voterait Le Pen". Depuis, l'essayiste Alain Soral, ami de Dieudonné, aujourd'hui conseiller des Le Pen père et fille, l'a également convaincu d'un vote "révolutionnaire" en sa faveur en cas de face-à-face avec Nicolas Sarkozy au second tour. Une analyse confortée par différentes déclarations dont celle en octobre sur France 5 du rappeur noir Rost, animateur de Banlieues actives, selon laquelle "si un second tour oppose Sarkozy à Le Pen, moi ce coup-ci, je vote Le Pen !". Ce même Rost qui, accompagné d'une équipe de son association, a rencontré, jeudi 15 février, dans le cadre d'une tournée auprès des candidats à la présidentielle Jean-Marie Le Pen. Reste toutefois pour le président du FN à transformer ce vote de "rupture avec le système" en vote d'adhésion. Une tâche à laquelle participe Ahmed Moualek sur son site Internet La Banlieue ainsi que Dieudonné qui ne cesse d'inviter ses fans à lire le discours de Valmy. Ce dernier s'est également fait récemment le porte-voix du président du FN auprès de la communauté antillaise en reprenant abondamment dans des conférences de presse une déclaration de M. Le Pen sur France 5 sur le fait que "depuis la révolution" en Martinique, rien n'avait changé, elle "appartient encore pratiquement totalement aux Békés". Des mots qui, aux yeux de Dieudonné, font de M. Le Pen "le candidat des Afro-Européens". § Finie la police de proximité : chez les socialistes, on parle de "police de quartier", selon l'expression de Ségolène Royal, à Villepinte, le 11 février. Ce glissement sémantique donne une idée de la prudence de la gauche. § F inie la police de proximité : chez les socialistes, on parle de "police de quartier", selon l'expression de Ségolène Royal, à Villepinte, le 11 février. Ce glissement sémantique donne une idée de la prudence de la gauche : son ambition consiste à revenir sur l'orientation strictement répressive imposée à la police depuis 2002, sans reproduire certaines erreurs commises par le gouvernement Jospin, entre 1997 et 2002. Delphine Batho, secrétaire nationale chargée de la sécurité au PS, distingue trois nouveautés dans ce projet. La première consiste à abandonner l'idée d'une généralisation de cette police. "Il faudra concentrer les moyens dans les endroits où la montée des violences est la plus inquiétante", explique-t-elle. Le deuxième point doit permettre de s'attaquer au problème de la qualité des effectifs dans les quartiers sensibles, où sont affectés massivement des gardiens de la paix fraîchement sortis d'écoles, qui ne pensent qu'à partir. "Du fait de ce renouvellement, on perd trop vite la mémoire des rapports humains avec la population", estime-t-elle. Enfin, Mme Batho souligne qu'il faudra "se pencher sur de nouveaux moyens d'investigation", en améliorant la liaison entre la police judiciaire et la sécurité publique, "le grand parent pauvre des années Sarkozy". "SYSTÈME FÉODAL" La concentration des moyens dans les zones urbaines sensibles est considérée par Sébastian Roché comme une idée "très atypique", car elle "heurte le système d'organisation de la fonction publique." Le sociologue s'interroge sur la capacité de la gauche à mener à bien cette réforme. "Le système français est profondément féodal, juge-t-il. Les vassaux, les élus locaux, sollicitent le ministre de l'intérieur pour réclamer des policiers supplémentaires. Du coup, on observe un saupoudrage, un effet de dilution." Christophe Caresche, lui, croit déceler "une disponibilité de l'institution pour reprendre une réforme telle que la police de proximité." Le spécialiste des questions de sécurité au PS, adjoint au maire de Paris, souligne l'effort de pédagogie à accomplir, pour ne pas assimiler cette police à la seule prévention. "On a prêté le flanc à cette critique dans le passé. Résultat, Sarkozy s'est engouffré dans la brèche", dit-il. M. Caresche souhaite également "une meilleure articulation avec d'autres acteurs de la sécurité, comme les polices municipales ou les sociétés privées". Cette fois, les socialistes annoncent que les statistiques de la criminalité pourraient augmenter, si le maillage policier s'améliorait et si les plaintes étaient mieux recueillies, notamment grâce à Internet. "Nos références restent les expériences réussies au Canada et en Grande-Bretagne, explique Mme Batho. Soit des polices territorialisées, évaluées sur les statistiques, mais aussi sur le service rendu à la population : comme, le délai d'intervention ou la qualité de l'accueil dans les commissariats." § Hakim Khenfer se sent un peu "dépassé" par les événements. Le 5 février, dans l'émission politique de TF1 "J'ai une question à vous poser", ce jeune charpentier d'origine algérienne de 25 ans habitant la cité de la Rabière, en banlieue de Tours, faisait partie du panel de 100 Français invités à poser une question à Nicolas Sarkozy. § H akim Khenfer se sent un peu "dépassé" par les événements. Le 5 février, dans l'émission politique de TF1 "J'ai une question à vous poser", ce jeune charpentier d'origine algérienne de 25 ans habitant la cité de la Rabière, en banlieue de Tours, faisait partie du panel de 100 Français invités à poser une question à Nicolas Sarkozy. Lorsqu'était venu son tour, il avait dénoncé une police "répressive" plutôt que "préventive". Pour illustrer son propos, Hakim Khenfer avait raconté avoir été "menotté", "mis à genoux" et traité de "sale gris" par des forces de l'ordre, lors d'un contrôle d'identité, en novembre 2005. Le candidat à l'élection présidentielle s'était engagé à en discuter avec lui après l'émission et à en "tirer toutes les conséquences". Mardi 13 février, le commissaire divisionnaire de Tours, Marc Emig, a entendu Hakim Khenfer. Le 7 février, Jean-Marc Berlioz, l'inspecteur général de l'administration au cabinet du ministre de l'intérieur avait également reçu le jeune homme. "Je n'ai jamais demandé à ce qu'on résolve mon cas", s'agace Hakim Khenfer. Aujourd'hui, il ne désire pas porter plainte. Les deux autres personnes présentes lors de l'incident, ne souhaitent pas témoigner. "Je ne me battais pas pour moi mais au nom de gens qui sont victimes de délit de faciès", explique-t-il. Sa prudence est en partie liée au fait qu'Hakim Khenfer ne se souvient pas précisément de la date des faits. Lors de son entretien avec M. Emig, le 13 février, il s'est seulement rappelé que c'était "un jeudi", et a mis en cause des CRS. Son audition administrative a donc été transmise à la direction centrale de la sécurité publique (DCSP). Malgré ces imprécisions, l'enquête se poursuit au ministère de l'intérieur. § Pressé de ne pas faire de promesses qui compromettraient le rétablissement des finances publiques, le candidat va devoir revoir à la baisse ses ambitions. § T rop, c'est trop. L'inflation des promesses électorales de Nicolas Sarkozy a fini par provoquer un vrai malaise à l'UMP. Ses "budgétaires", Pierre Méhaignerie, Gilles Carrez et Alain Lambert, de plus en plus inquiets, ont obtenu de François Fillon, jeudi 15 février, une réunion d'ajustement du programme économique et social de leur candidat. Objectif de ce rendez-vous, auquel participait Christian Blanc (ex-apparenté UDF) : raboter certaines propositions pour s'en tenir au plafond de 30 milliards de dépenses nouvelles sur cinq ans. La cellule de chiffrage de l'Institut de l'entreprise évalue le coût du programme de M. Sarkozy à un peu moins de 50 milliards, auxquels s'ajoutent ces fameux 68 milliards d'euros de prélèvements obligatoires que M. Sarkozy souhaite restituer aux Français (Le Monde du 23 janvier). Conséquence de la réunion d'ajustement de jeudi : l'entrée en vigueur de certaines mesures, comme l'allocation au premier enfant ou le bouclier fiscal à 50 %, devrait être repoussée, et les ambitions pourraient être revues à la baisse dans certains domaines, dont les droits de succession et la baisse de 4 points des prélèvements obligatoires. "On peut espérer baisser d'un point d'ici à la fin de la législature, pas plus", estimaient, dès mercredi, le président de la commission des finances de l'Assemblée, M. Méhaignerie, et le rapporteur du budget, M. Carrez, dans les couloirs du Palais-Bourbon. Pour financer son projet sans compromettre le rétablissement des finances publiques, l'UMP s'était fixé un cadre budgétaire strict, assis sur une hypothèse de croissance de 2,25 % en moyenne par an : ramener à l'horizon de 2012 le poids de la dette publique sous la barre de 60 % du produit intérieur brut (PIB) et limiter à 30 milliards d'euros sur cinq ans les dépenses nouvelles, 5 à 6 milliards par an devant aller à la réduction du déficit. Obsédés par le contre-exemple de 2002 - la croissance s'était retournée et le déficit budgétaire envolé -, MM. Méhaignerie, Carrez et Lambert n'ont pas réussi à imposer un calendrier plus serré sur la diminution de la dette (2010 au lieu de 2012). Mais ils ont obtenu satisfaction sur une règle d'or, à laquelle ils tiennent, à savoir qu'aucune dépense de fonctionnement ne doit être financée par l'emprunt. Un principe également défendu par le président de l'UDF, François Bayrou. Ces préalables posés, les participants à la réunion de jeudi ont passé au crible le projet de M. Sarkozy, et évoqué la possibilité de revoir à la baisse ses ambitions. Le candidat avait lui-même fait le premier pas, en laissant entendre que la baisse de 4 points des prélèvements obligatoires se ferait sur dix ans, une hypothèse réaffirmée jeudi sur Canal+ par le ministre de l'économie, Thierry Breton : "La baisse promise (...) ne commencera qu'auprès 2010." Le candidat de l'UMP avait également annoncé aux Echos du 14 février que le bouclier fiscal à 50 % serait mis en oeuvre "quand ce sera possible". "On ne peut pas faire la même chose avec 1,5 % de croissance et avec 3 %", avait ajouté M. Sarkozy au lendemain de l'annonce par l'Insee des chiffres provisoires de la croissance en 2006, 2 % seulement, soit la fourchette basse retenue par le gouvernement Villepin pour confectionner son budget. Parmi les trois ou quatre points encore en débat qui devraient être tranchés prochainement, figurent l'hypothèse d'une baisse moins forte que prévue des droits de succession et celle de programmer, sur le "long terme", l'intégration de la contribution sociale généralisée (CSG) dans le bouclier fiscal. Actuellement, la loi limite à 60 % des revenus d'un contribuable la somme des impôts directs (impôt sur le revenu, impôt de solidarité sur la fortune et impôts locaux). Un bouclier qui se limite à 71 % des revenus, lorsque l'on tient compte de la CSG et de la contribution de remboursement de la dette sociale (CRDS). Le coût de la mesure n'est évidemment pas le même si l'on part du haut de la fourchette (71 %) ou du bouclier fiscal actuel (60 %). Côté pouvoir d'achat, M. Méhaignerie ne désespère pas d'obtenir une revalorisation sensible de la prime pour l'emploi. § Le livre programme de François Bayrou sortira début mars. Publié chez Plon, il s'intitulera Le Projet espoir. § L e livre programme de François Bayrou sortira début mars. Publié chez Plon, il s'intitulera Le Projet espoir. L'espoir, pour le président de l'UDF, c'est d'abord de sortir de la "tenaille", du "choix établi à l'avance" entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Mais le fol espoir du début de campagne s'est désormais mué, chez le candidat à l'élection présidentielle, en une inébranlable foi. Invité, jeudi 15 février, de l'émission "A vous de juger", sur France 2, M. Bayrou a répondu : "Oui, je crois que je serai élu président de la République." "SI DELORS ÉTAIT PLUS JEUNE" Fidèle à son idée de gouvernement d'union nationale - dont une enquête réalisée par BVA pour Orange, publiée lundi 12 février, indiquait que 71 % des personnes interrogées y sont "tout à fait" ou "plutôt" favorables -, il a même évoqué le portrait-robot de celui qui pourrait être appelé à le former : "Si Jacques Delors était plus jeune, c'est le type de profil que je choisirais, a-t-il indiqué. Quelqu'un qui se complète bien avec moi." M. Bayrou n'a pas, non plus, dérogé à la règle de "vertu" qu'il s'est fixée en matière budgétaire. Un thème qui, apparemment, entre aussi en résonance avec l'opinion : selon un sondage réalisé en ligne par OpinionWay publié dans Le Figaro de vendredi, 74 % des personnes interrogées estiment que M. Bayrou a raison de dénoncer la "foire aux promesses" à laquelle se livrent, selon lui, M. Sarkozy et Mme Royal. M. Bayrou a précisé que le coût de son projet sur la législature représenterait "environ 20 milliards d'euros, entièrement équilibré par des économies". Il a indiqué que serait présentée "dans les premiers jours de mars l'intégralité du financement et du coût de ce programme". Le député des Pyrénées-Atlantiques a pris "cinq engagements". Il se donne trois ans pour supprimer le déficit de fonctionnement de l'Etat. Il mettrait en place un dispositif, dont le coût est évalué à 6 milliards d'euros, permettant à chaque entreprise, quelle que soit sa taille, de créer deux emplois nouveaux sans charges (hormis les 10 % pour les retraites) pour une durée de cinq ans. Il s'engage à ce que, d'ici trois ans, pas un enfant n'entre en sixième sans savoir lire et écrire. Son gouvernement mettrait en oeuvre dès son entrée en fonctions un "plan de lutte contre l'exclusion". Enfin, il propose de supprimer les cautions pour les locations de logement - "le cauchemar des familles" - en instaurant à la place un système d'assurance mutuelle. § Selon un sondage IFOP à paraître dans le "Journal du dimanche", le 18 février, près de 80 % des sondés estiment que "beaucoup de choses peuvent se passer d'ici le 22 avril". § S elon un sondage IFOP à paratre dans Le Journal du Dimanche, près de 80% des Français, l'élection présidentielle n'est pas jouée. A neuf semaines du premier tour, 79% des personnes interrogées estiment que "l'élection présidentielle n'est pas jouée" et que "beaucoup de choses peuvent se passer d'ici le 22 avril". Les Français toujours mécontents de Chirac et Villepin Selon un autre sondage IFOP-JDD à paraître dimanche, les cotes de popularité de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin sont pratiquement stables en février, les Français restant majoritairement mécontents de leur action. Les Français sont 56 % à désapprouver le chef de l'Etat, contre 57 % en janvier. Ils sont 60 %, comme en janvier, à se dire mécontents du premier ministre. Dominique de Villepin est approuvé par 38 % des sondés, contre 37 % en janvier. Jacques Chirac satisfait 43 % des Français contre 41 % en janvier. L'IFOPa interrogé 1.874 personnes âgées de 18 ans et plus entre le 8 et le 16 février. (avec Reuters) 81% des sympathisants PS sont de cet avis, et 71% des sympathisants 'UMP. Alors que le candidat UMP caracole en tête des sondages d'intentions de vote, 17% des sondés considèrent que l'élection est jouée en faveur de Nicolas Sarkozy. 27% des sympathisants UMP partagent cette opinion, et 11% de ceux du PS. Seuls 4% pensent que la présidentielle est jouée en faveur de la candidate socialiste Ségolène Royal. Sondage IFOP réalisé du 15 au 16 février par téléphone auprès d'un échantillon de 963 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. § "Si Alain Duhamel, au lieu de prononcer le nom de François Bayrou, avait prononcé d'autres noms, l'écho aurait été moindre", a estimé le président de l'UDF. § "J e défends la liberté d'expression et l'objectivité des journalistes", a déclaré François Bayrou, en clôturant un colloque sur la culture organisé par l'UDF au Sénat. "Je préfère et de loin des journalistes objectifs, dont on connaisse l'opinion, à des journalistes dont on ne connaît pas l'opinion, mais qui sont tendancieux et partisans", a-t-il ajouté. "Si Alain Duhamel, au lieu de prononcer le nom de François Bayrou, avait prononcé d'autres noms, l'écho aurait été moindre et peut-être les réactions" également, a-t-il dit. Rappelant le contexte de ce qu'il a qualifié d'"affaire Alain Duhamel", M. Bayrou a expliqué que le journaliste s'était exprimé "dans un cadre privé", devant les étudiants de Sciences-Po en novembre dernier, alors que lui-même n'était pas encore officiellement candidat à la présidentielle. "Alain Duhamel a voulu exprimer des critiques sur la campagne du référendum européen" de mai 2005, et "pour adoucir ces critiques, il a dit à mon sujet, 'je l'aime bien et je m'apprête à voter pour lui'", a relaté M. Bayrou, qui n'était pas présent à ce débat, mais auquel assistait Marielle de Sarnez, vice-présidente de l'UDF. Il a estimé que les jeunes UDF ont mis "ingénument" la vidéo sur leur site. M. Bayrou a en outre souligné qu'"un journaliste est un citoyen" comme les autres, "dont on peut attendre qu'il ait des opinions". "Il faut tourner la page sur le temps du sectarisme, le temps où on était obligé de se taire", a-t-il lancé. M. Duhamel a toujours été "un journaliste honnête", qui "n'a jamais eu la moindre complaisance à l'égard de ceux" qu'il a interviewés, a-t-il estimé. § Désormais, les "vraies gens" sont directement invités à poser leurs questions aux candidats. Sans chichis et sans médiateurs. § L es campagnes électorales ont changé de grands-messes. Finies les "Heures de vérité", les "7 sur 7", les "Face-à-face" qui ont fait les belles heures de la télévision pendant trois décennies et transformé quelques journalistes en vedettes incontournables du débat public. Place aux panels de citoyens sans grade et d'électeurs lambda ! Désormais, les "vraies gens" sont directement invités à poser leurs questions aux candidats. Sans chichis et sans médiateurs. Ce changement d'acteurs et de scénographie en dit long sur l'état de notre démocratie... et de notre profession. Il confirme tous les symptômes du discrédit dont souffrent les médias, volontiers soupçonnés de connivences coupables avec les responsables politiques et accusés d'aveuglement, de partis pris ou d'incurie. L'enquête annuelle que vient de réaliser TNS-Sofres pour La Croix est, à cet égard, sans appel : la moitié seulement des Français pensent que les choses se sont passées comme on le leur raconte dans les journaux ou à la télévision et les deux tiers jugent que les journalistes ne sont pas indépendants des pouvoirs politiques ou économiques. Quant à la démocratie, la demande sociale veut qu'elle soit désormais de plus en plus "participative", autant que représentative. Nous y sommes : les panels d'électeurs conviés à interroger les candidats ressemblent à s'y méprendre aux "jurys citoyens" prônés ici ou là. Avec, à la clef, de redoutables questions : ce dispositif ne risque-t-il pas d'accélérer l'affaiblissement des corps intermédiaires dont souffre, depuis longtemps déjà, la démocratie française ? Ne va-t-il pas contribuer à accentuer l'émiettement individualiste des problèmes posés, au détriment de toute visée ou projet collectifs ? Après avoir porté au pinacle les journalistes politiques, il serait tout aussi imprudent de tordre complètement le bâton dans l'autre sens et de sacraliser, aujourd'hui, le citoyen interviewer. Indéniablement, ce dernier apporte une simplicité, une réalité, une rugosité parfois ou une émotion qui revivifient le débat. Jacques Chirac en avait fait cruellement les frais lors de la fameuse rencontre avec des jeunes avant le référendum européen de mai 2005. Mais cette nouvelle forme de débat peut, tout aussi bien, permettre aux responsables politiques d'éviter les questionnements précis, les confrontations, les rappels aux faits ou les remises en perspective que les journalistes peuvent - et doivent - exercer. Entre l'expérience des citoyens et l'expertise des journalistes, entre la simplicité dont les uns sont porteurs et la complexité dont les autres sont comptables, la complémentarité s'impose. Dès lors que le choix des premiers n'est pas biaisé et que les seconds font leur travail. § Comment faire son métier si les internautes éditorialisent et quand les téléspectateurs posent eux-mêmes les questions ? § C 'est une expérience que les journalistes politiques font presque tous les jours, en reportage, au café, dans les dîners privés où l'on parle de l'élection présidentielle. La question vient en général très vite : "Alors, qui va gagner ?" Quelques minutes plus tard, arrive la critique : "Vous, les médias parisiens, vous vous trompez toujours !" Entre ce statut de supposé devin et la réputation de mauvais expert, le piège est toujours inextricable. "Nous avons un véritable problème de crédibilité depuis le 21 avril 2002, évidemment accentué depuis la campagne référendaire de 2005, reconnaît Renaud Dély, directeur adjoint de la rédaction de Libération. On nous reproche notre arrogance, on nous soupçonne de vouloir orienter les votes et parfois, dans le même temps, de ne pas assez le faire." Il se souvient ainsi qu'au lendemain de l'élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen, au premier tour de la présidentielle de 2002, les lecteurs de Libération faisaient ce type de reproche à leur journal : "Vous ne nous aviez pas dit que Le Pen pouvait l'emporter. Si vous l'aviez fait, nous n'aurions pas voté pour Besancenot, Laguiller, Chevènement, Taubira, etc.""MIS EN BOUCLE" Lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, ce fut pire encore. Les journalistes politiques, et les médias plus globalement, furent accusés d'arrogance, de méconnaissance des réalités quotidiennes, de militantisme en faveur du traité. De connivence, en somme, avec ce que Jean-François Kahn a appelé "la bullocratie", version moderne de l'establishment. Le discrédit qui touchait les responsables politiques a donc atteint les médias eux-mêmes et l'irruption d'Internet a fait le reste. Les journalistes ne sont pas insensibles à cette critique qui les touche désormais de plein fouet. "Il faut bien reconnaître que nous nous trompons régulièrement, souligne Laurent Bazin, ancien de LCI et d'Europe 1, aujourd'hui journaliste à i-Télé. Mais la critique qui nous est portée est plus profonde encore : les citoyens ont le sentiment que les journalistes et les politiques se sont mis en boucle pour ne parler que de choses qui les intéressent, eux." Le phénomène était déjà perceptible depuis une bonne dizaine d'années. En 1995, la critique sur la "balladurisation des esprits" fut d'abord adressée aux médias et aux sondeurs, coupables d'avoir prédit la victoire du premier ministre sur Jacques Chirac. Elle s'est depuis largement amplifiée. Désormais, une part des électeurs votent aussi contre le candidat qu'ils perçoivent comme étant celui des médias. La création de ce forum constant qu'est Internet a rendu cette contestation bien plus percutante et directe en offrant à tous la possibilité d'être un éditorialiste en puissance. "Du coup, constate Laurent Bazin, les citoyens voudraient pouvoir nous juger comme ils jugent les politiques." LES POLITIQUES CRITIQUENT DES MÉDIAS Chacun constate ainsi l'agressivité des courriels et des discussions d'internautes sur la politique. "La suspicion est aujourd'hui devenue très violente, souligne Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express et éditorialiste à LCI. "Ce qui me frappe souvent, c'est que les gens ne se contentent pas de critiquer, de vous soupçonner d'être pour Sarkozy ou pour Royal. Ils veulent aussi affaiblir les journalistes, réclament des sanctions, votre démission ou votre licenciement." Quitte à s'adoucir ensuite lorsque le journaliste débat personnellement avec eux ou... est effectivement sanctionné. Alain Duhamel, le plus célèbre des journalistes politiques de par sa longévité sur les écrans, les ondes et dans les journaux, était ainsi régulièrement vilipendé sur le Web. On lui reprochait son conformisme, ses réseaux, son rejet de Ségolène Royal. On le soupçonnait de sarkozysme, aussi. Jusqu'à ce qu'une vidéo circule sur le Web le montrant, en novembre 2006, devant des étudiants de Sciences Po à qui il glissait qu'il voterait pour François Bayrou, candidat UDF à la présidentielle. Mis à l'écart de France 2 et RTL pour cette raison, jeudi 15 février, le même Duhamel voit aujourd'hui une partie de ses anciens contempteurs prendre sa défense... Une nouveauté, cependant : la classe politique elle-même a intégré cette critique générale des médias. "Après avoir asservi la télévision, note Nicolas Domenach, directeur adjoint de la rédaction de Marianne et éditorialiste à la télévision, les politiques ont été asservis par elle. Ils ont accepté n'importe quoi pour passer deux minutes sur les écrans et se sont retrouvés les victimes de journalistes de l'audiovisuel parfois sans culture politique." Il assure ainsi : "Ma plus grande honte reste d'avoir vu Michel Rocard accepter de répondre à la question de l'animateur Thierry Ardisson : 'Est-ce que sucer, c'est tromper ?'" Mais la société du spectacle ayant achevé de discréditer la politique, elle s'est retrouvée elle-même soumise à l'exaspération des citoyens. "JE NE VOUS COMPRENDS PAS" Les conseillers en marketing politique et les élus ayant pris conscience de ce grand mouvement antimédias, arrive maintenant une nouvelle phase. Désormais, les candidats peuvent se tailler un succès facile dans les meetings en moquant les journalistes. M. Bayrou en a fait l'un de ses arguments les plus constants. Le 8 février, Ségolène Royal a évoqué violemment ses adversaires "et leurs relais dans les médias". Le 15 février, interrogée par la presse sur la démission de son conseiller économique Eric Besson, elle a pris à témoin les salariés d'une usine près d'Amiens qu'elle visitait : "Vous connaissez M. Besson ? Personne ne connaît M. Besson ! Moi, je m'occupe des vrais problèmes..." Et l'on a même vu Nicolas Sarkozy, pourtant omniprésent dans la presse, se plaindre d'y être maltraité... Dans ce contexte de défiance généralisée, l'initiative de TF1 de remplacer les journalistes politiques par un panel d'électeurs pour ses grandes émissions de campagne n'est donc apparue que comme un signal supplémentaire du discrédit qui touche la profession. Rares pourtant sont les journalistes qui contestent l'intérêt de faire intervenir auditeurs ou téléspectateurs. "Les critiques qui nous sont faites ne sont pas toujours injustifiées, reconnaît Catherine Nay, éditorialiste à Europe 1, et la certitude que le peuple ne ment pas est bien ancrée." Tous citent aussi l'émission de Jacques Chirac devant un panel de jeunes, sur TF1, lors du débat référendaire de 2005, comme un exemple révélateur du désarroi présidentiel - "Je ne vous comprends pas", avait avoué le président à ses jeunes interlocuteurs - qu'aucun journaliste n'aurait sans doute pu révéler. Mais beaucoup craignent que la méthode ne soit qu'une façon d'éviter le questionnement. En somme, assure Christophe Barbier, que " la démocratie participative appliquée aux médias ne soit qu'une manière efficace d'échapper à la confrontation." Les responsables politiques, aguerris aux mécanismes de la télévision, faisant face à des citoyens qui restent des novices devant l'instrument. "Partout en Europe, souligne ainsi Michaël Darmon, journaliste à France 2, les responsables politiques se soumettent aux interrogations précises des journalistes. En France, les politiques n'ont que le débat à la bouche. Mais ils délégitiment ce questionnement dès qu'il devient gênant." Les journalistes ont enfin noté que la critique à laquelle ils sont désormais soumis les a rendus plus frileux. "Nous avons intégré le fait que nous pouvions nous tromper, constate Renaud Dély, et nous envisageons désormais avec application toutes les hypothèses. On voit ainsi des journaux titrer - je caricature à peine - "Ségolène décolle" et trois jours après "Ségolène s'écroule". Est-ce un progrès ou une confusion supplémentaire ?" § Nicolas Sarkozy recueillerait 55 % des intentions de vote, contre 45 % pour la socialiste, d'après une enquête CSA pour Le Parisien et i-télé réalisée les 14 et 15 février. § L e candidat de l'UMP creuse l'écart dans les sondages, pour le second tour de l'élection présidentielle. Nicolas Sarkozy recueillerait 55 % des intentions de vote, contre 45 % pour la socialiste, d'après une enquête CSA pour Le Parisien et i-télé réalisée les 14 et 15 février auprès de 909 personnes. Ce score, en hausse d'un point par rapport à une enquête CSA du 12 février, est le meilleur jamais enregistré par M. Sarkozy. Depuis son investiture par l'UMP, le 14 janvier, M. Sarkozy est donné gagnant par tous les sondages. Au premier tour, CSA lui accorde 33 % des intentions de vote (stable par rapport au 12 février), contre 27 % à Mme Royal, qui gagne un point. Jean-Marie Le Pen arrive en troisième position (14 %, inchangé) tandis que François Bayrou, en passe de devenir le "troisième homme" de tous les instituts, gagne un point, à 13 %. Cette enquête confirme la tendance enregistrée par de nombreux instituts au lendemain du discours programme de Mme Royal à Villepinte, le 11 février. Donnée battue au second tour, elle stabilise son score au premier, sans parvenir à rattraper le retard accumulé depuis deux mois sur M. Sarkozy. "Les sondages de deuxième tour renseignent sur la présidentialité du candidat", analyse Stéphane Rozès, directeur de l'institut CSA-Opinions. "La gauche, inquiète, se recentre un peu sur Royal au premier tour. Mais celle-ci a perdu son lien direct avec le pays. Son discours est apparu comme un compromis avec les concurrents de la primaire socialiste", poursuit M. Rozès, qui lui reproche d'avoir fait à Villepinte un début de discours "deuxième gauche", sur la dette et les entreprises, suivi d'un catalogue de mesures "première gauche". "Ce compromis ne fait pas une cohérence", poursuit-il. Après une semaine marquée par la démission d'Eric Besson, secrétaire national chargé des questions économiques au PS, Mme Royal devait préparer son passage, lundi, dans l'émission de TF1 "J'ai une question à vous poser", deux semaines après M. Sarkozy. § Fin janvier, le candidat de l'UMP s'était également montré circonspect. § L ORS d'un meeting à Dunkerque, jeudi 15 février, Ségolène Royal, la candidate socialiste à l'élection présidentielle, a affirmé que "si la nation est capable de dégager le coût d'un deuxième porte-avions", "cette marge de manoeuvre supplémentaire n'ira pas à la défense nationale mais à l'éducation nationale". Cette prise de position constitue une évolution. En novembre 2006, Mme Royal avait noté que "la question du second porte-avions se pose parce que celui que nous avons est immobilisé pendant dix-huit mois, tous les sept ans". "Or nous avons besoin d'une présence à la mer permanente", avait-elle ajouté. Elle avait alors suggéré de "négocier avec les Britanniques, pour voir si, en coopération avec eux dans le cadre d'une Europe de la défense, nous pouvons assurer une permanence à la mer". La candidate du PS n'est pas la seule à varier. Fin janvier, Nicolas Sarkozy s'était montré circonspect, estimant que la décision de lancer la construction du porte-avions "doit s'apprécier relativement aux marges de manoeuvre dont nous pouvons disposer et à la lumière des arbitrages budgétaires". La marine s'était inquiétée et avait réussi à convaincre le candidat de l'UMP de la nécessité de construire ce porte-avions. Le Charles-de-Gaulle quittera le service actif à l'été 2007 pour entrer dans une période d'"immobilisation périodique pour entretien et réparation" de dix-huit mois. Pendant ce temps, soulignent les marins, la France ne disposera plus de cette "permanence à la mer" que Mme Royal estimait indispensable. Le souhait des candidats à la présidentielle d'envisager une coopération avec les Britanniques est réalisé depuis 2005. La France et la Grande-Bretagne s'efforcent de rapprocher leurs projets, c'est-à-dire de réaliser une mini-série de trois bâtiments : 2 CVF (Carrier Vessel Future) britanniques et le porte-avions. Les choses avancent bien, même si, de part et d'autre de la Manche, les projets sont encore considérés comme trop chers (sans doute plus de 2 milliards d'euros pour le nouveau porte-avions). § La candidate des Verts affiche sa confiance, notamment pour l'obtention des parrainages, mais n'émerge pas dans les sondages. L'irruption de José Bové a encore réduit son espace électoral. § D ominique Voynet a beau afficher un optimisme résolu, ses troupes commencent à s'inquiéter. A moins d'une semaine de la date d'envoi des formulaires officiels, la candidate des Verts totalise 424 promesses de parrainage. Mardi 14 février, sur LCI, elle a affirmé qu'elle était convaincue de les obtenir : "C'est très difficile mais je les aurai." Ses fidèles sont pourtant plus "préoccupés". "Avec le black-out des grands partis, les élus ne veulent donner à personne", reconnaît son directeur de campagne, Claude Taleb. Noël Mamère avait eu, lui aussi, du mal à rassembler ses parrainages en 2002. Mais la campagne des Verts connaît d'autres signes de faiblesse. Les sondages donnent l'ex-ministre de l'environnement en légère baisse - entre 1,5 et 2 %. Malgré le retrait de Nicolas Hulot, son espace électoral ne s'est pas élargi. "C'est assez fou, mais Dominique n'a rien récupéré, constate le député européen Jean-Luc Bennahmias. Cela démontre bien la déconnection réelle entre ce qu'attendait l'électorat écolo et (ce qu'attendaient) ses représentants politiques." L'entourage de Mme Voynet continue pourtant à expliquer que les sondages "ne les intéressent pas" et que la popularité de la candidate est plus "significative". L'étude BVA réalisée pour L'Express du 15 février montre que Dominique Voynet demeure, après le retrait de M. Hulot, la "meilleure candidate" pour défendre les idées écologistes, devant José Bové et Corinne Lepage. Mais d'autres signes de ce "trou d'air" persistant sont apparus ces derniers jours. L'équipe a du mal à constituer un comité de soutien. Alors que Noël Mamère avait eu à ses côtés des personnalités comme les écrivains Dan Franck et Geneviève Brisac, le cinéaste Romain Goupil, les comédiens Anémone, Philippine Leroy-Beaulieu et Philippe Torreton ou le dessinateur Fred, les "people" ont des réticences à s'engager cette fois-ci. Jusqu'à présent, seuls le photographe Yann Arthus-Bertrand et le président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), Allain Bougrain-Dubourg, ont décidé de s'engager. Même si les Verts leur "font souvent de la peine par leurs déchirements", précisent-ils. Plus inquiétant, l'irruption de José Bové dans la bataille présidentielle a semé la pagaille en interne. Les élus Verts qui se sont ralliés au leader altermondialiste demeurent peu nombreux - une trentaine sur les 220 revendiqués -, mais l'inquiétude est palpable chez les cadres du parti. "Ils sentent que le mot d'ordre de la campagne, 'La révolution écologiste', incarnant un positionnement plus à gauche, n'est pas crédible quand il est porté par une gestionnaire", remarque l'ex-secrétaire national, Gilles Lemaire. "Il y a des Verts qui soutiennent Bové et ça se voit. Le champ d'influence de Dominique s'est restreint", constate M. Bennahmias. Si, au siège de la campagne, on assure que José Bové n'inquiète pas Mme Voynet et que la défection militante est "marginale", l'ambiance s'est tendue : la secrétaire nationale, Cécile Duflot, a rappelé que "l'investiture aux législatives ne pourra être accordée aux adhérents qui auront soutenu un autre candidat que celui des Verts". § On ne guérit pas de l'excès de confiance, on peut à la limite le contrôler - avec plus ou moins de réussite. § O n ne guérit pas de l'excès de confiance, on peut à la limite le contrôler - avec plus ou moins de réussite. Donné gagnant au second tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy s'essaie à l'exercice. "Je suis un challenger, je ne serai jamais un favori, a-t-il lancé, le 15 février, en meeting à la Réunion. La vie, c'est de partir de tout en bas pour aller tout en haut. Je n'ai pas oublié d'où je viens." De cette manière, le candidat de l'UMP entend rappeler que sa carrière compte de nombreux échecs. Ce fut le cas des campagnes qu'il a menées sur son nom (européennes de 1999 et référendum sur la Corse en 2003). Celles qu'il a menées avec les gouvernements Raffarin et Villepin n'ont pas connu plus de succès. Autant de revers qui, selon lui, devraient le prémunir contre la grosse tête. "RESTER EN MOUVEMENT" Mais M. Sarkozy est aussi l'homme qui, en janvier 1995, conseillait à Jacques Chirac de se retirer de la présidentielle, anticipant dans ces conditions un succès pour Edouard Balladur dès le premier tour... Il n'est pas à l'abri d'une telle rechute. "Cette élection, je commence à ne pas trop mal la sentir", a-t-il fanfaronné, vendredi. Quelques heures plus tard, devant les journalistes, il atténue : "Je sens les aspirations du peuple français." La différence est mince. Elle est essentielle à ses yeux. Tout est fait, dans son entourage, pour maintenir un suspense à cette élection qui pour beaucoup de ses proches n'en comporte plus guère. L'un d'eux critique-t-il la campagne "de produit" de Mme Royal, il rappelle aussitôt pour ne pas être cité. "Etre en pole position, cela crée des obligations", explique le député Laurent Wauquiez. Dont celle de rappeler, dans chaque discours, que "rien n'est joué". Vendredi, la visite à la Réunion terminée, M. Sarkozy a regagné Paris en annulant son projet de rester 24 heures de plus avec sa femme et son fils, se doutant que les images de farniente comparées aux remous qui agitent le PS, auraient été du plus mauvais effet. Sa hantise : donner l'impression qu'il s'arrête, qu'il a déjà gagné. De la campagne de M. Balladur, il a appris qu'il fallait "rester en mouvement". Il compte notamment sur les débats qu'il provoque au sein de son parti pour donner l'illusion du débat. Ses propos sur l'euthanasie, le 11 février, ont heurté la députée des Yvelines, Christine Boutin, qui s'est refusée à monter à la tribune de la Mutualité. Un accroc contrôlé dans lequel le candidat ne voit que des avantages. § Après la réunion du Congrès, Jean-Louis Debré, le président de l'Assemblée nationale, devrait être nommé à la tête du Conseil constitutionnel. § A près la réunion du Congrès à Versailles, Jean-Louis Debré, le président de l'Assemblée nationale, devrait être nommé par Jacques Chirac à la tête du Conseil constitutionnel, en remplacement de Pierre Mazeaud, dont le mandat arrive à échéance le 3 mars. Déjà les ambitions se déclarent, au sein du groupe UMP, pour lui succéder au perchoir, jusqu'aux élections législatives de juin, alors que les travaux parlementaires vont être suspendus à partir du 23 février. Patrick Ollier, président de la commission des affaires économiques, estime avoir toute légitimité, et mène une active campagne. Edouard Balladur a également mis tout son poids dans la balance, défendant la candidature de "quelqu'un qui n'obère pas l'avenir", qui ne risque pas de confisquer le poste. L'ancien premier ministre a l'appui de Pierre Méhaignerie, le président de la commission des finances. Car le député d'Ille-et-Vilaine briguerait bien la fonction, mais en juin, s'il ne parvenait pas à obtenir un poste ministériel. Ce qui affaiblit les chances d'Yves Bur, actuel premier vice-président. Et renforce celles du premier questeur, Claude Gaillard, qui présente l'avantage de ne pas solliciter un nouveau mandat en juin. § Michel Verpeaux, professeur de droit public à l'université Paris-I § J acques Chirac est-il le "grand modificateur" de la Constitution de 1958 ? Il est incontestablement celui qui l'a le plus révisée depuis 1958, alors qu'il pouvait être considéré comme l'héritier du gaullisme : quatorze révisions en douze ans. Mais de Gaulle lui-même l'a profondément modifiée avec l'élection du président au suffrage universel, en 1962. Georges Pompidou est le seul qui ne l'a pas réformée. Il s'est arrêté en chemin pour instaurer le quinquennat, sachant qu'il n'aurait pas une majorité parlementaire suffisante. La saisine du Conseil constitutionnel par soixante députés ou sénateurs, voulue par Valéry Giscard d'Estaing, en 1974, a été à tort qualifiée de "réformette". Elle a bouleversé la place du Conseil constitutionnel. Sous François Mitterrand, l'Europe entre pour la première fois dans la Constitution, la révision de 1992 permettant de ratifier le traité de Maastricht. Mitterrand, s'appuyant sur le rapport Vedel, aurait voulu des révisions plus profondes en 1993, mais la cohabitation l'en a empêché. Edouard Balladur n'a retenu que la création de la Cour de justice de la République et une réforme du Conseil supérieur de la magistrature. Au total, Jacques Chirac est bien le grand gagnant du concours de la révision constitutionnelle et le seul à avoir utilisé la procédure "normale" du référendum, passant par l'article 89, pour la réforme du quinquennat en 2000. Comment jugez-vous les révisions intervenues sous ses deux mandats ? Notons d'abord qu'il commence, à peine élu en 1995, par une révision constitutionnelle (qui comprend l'extension du champ du référendum et l'instauration de la session unique au Parlement) et qu'il finit de même en 2007. Dans les deux cas, il s'agit de tenir des promesses, de candidat ou de président. Il faut aussi remarquer que la cohabitation ne l'a pas empêché de réviser la Constitution. Elle l'a cependant forcé à instaurer le quinquennat, qu'il ne souhaitait pas. D'autres révisions intervenues entre 1997 et 2002 l'ont été en accord avec la gauche. Etaient-elles toutes justifiées ? Certaines, quasi obligatoires, relèvent de l'adaptation à un nouveau contexte européen ou international. D'autres marquent une volonté d'adapter la Constitution à la société, comme la Charte de l'environnement ou la décentralisation, deux thèmes "modernes". La Charte de l'environnement n'est pas un modèle de précision. Elle risque de soulever dans l'avenir des problèmes juridiques. Quant à la décentralisation, c'est un choix politique poussé par Jean-Pierre Raffarin. Mais il est vrai que les questions d'organisation du territoire relèvent normalement de la Constitution. Quelles révisions "ligotent" le plus ses successeurs ? L'institution d'un référendum pour approuver l'entrée de nouveaux pays dans l'Union européenne - qui vise surtout la Turquie et les Balkans. Et évidemment l'instauration d'un statut pénal pour le chef de l'Etat. En tout cas jusqu'à ce que ses successeurs veuillent changer la Constitution. § Le bureau départemental UDF des Hauts-de-Seine a sommé, dimanche 18 février, le député centriste André Santini, qui s'est rallié à la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, de se mettre en congé de l'UDF avant lundi matin. § L e bureau départemental UDF des Hauts-de-Seine a sommé, dimanche 18 février, le député centriste André Santini, qui s'est rallié à la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, de se mettre en congé de l'UDF avant lundi matin. Bernard Le Hideux, membre du bureau, a indiqué que l'instance départementale lui a "demandé de suspendre sa qualité d'adhérent à l'UDF. Nous lui avons laissé jusqu'à lundi matin, faute de quoi nous saisirons la commission nationale d'arbitrage". Président de la fédération départementale des Hauts-de-Seine de l'UDF, M. Santini "n'a pas pris l'initiative de nous réunir" après son ralliement, a indiqué M. Le Hideux, par ailleurs député européen. 55 % des Français voudraient voir Bayrou au deuxième tour Selon un sondage CSA que devaient diffuser, dimanche 18 février, France 3 et France Info, 55 % des Français souhaitent que François Bayrou soit présent au second tour de l'élection présidentielle, contre 35 % qui ne le souhaitent pas. 10% ne se prononcent pas. Les sympathisants de gauche sont à 55 % favorables à la présence du président de l'UDF, et ceux de droite, à 65%. Sondage réalisé par téléphone les 14 et 15 février auprès d'un échantillon représentatif de 909 personnes âgées de 18 ans et plus inscrites sur les listes électorales (méthode des quotas). (AFP) Interrogé par l'AFP, l'entourage de M. Santini a indiqué que le député-maire d'Issy-les-Moulineaux n'avait "pas l'intention de se mettre en congé de l'UDF". Il avait annoncé, le 10 févier, qu'il ralliait Nicolas Sarkozy, "le seul candidat en mesure d'emporter" la présidentielle. "Je rallie un homme mais pas un parti parce que j'ai toujours été libre dans un parti libre", avait-il affirmé, en indiquant ne pas quitter l'UDF. Premier parlementaire à avoir apporté son soutien à M. Sarkozy, le député des Hauts-de-Seine Pierre-Christophe Baguet, avait été suspendu en octobre de l'UDF par la commission d'arbitrage après avoir été exclu du groupe centriste à l'Assemblée nationale. D'autres élus UDF, la sénatrice Gisèle Gautier et le député apparenté Christian Blanc, ont eux aussi apporté leur soutien à M. Sarkozy. § Le ministre des affaires étrangères et François Fillon, conseiller politique de M. Sarkozy, ont défendu dimanche l'évaluation du programme du candidat UMP, critiquant "l'improvisation" de Ségolène Royal. § "L e budget, qui est prévu pour le programme de Nicolas Sarkozy, a été parfaitement, au centime d'euro près, tout à fait détaillé, il ne changera pas", a déclaré dimanche 18 février le ministre des affaires étrangères M. Douste-Blazy, sur TV5 Monde. L'UMP a avancé vendredi un nouveau montant de 32 milliards d'euros sur cinq ans. "Je comprends que le PS, empêtré dans ses bourdes à répétition d'organisation ou de forme et de fond, veut essayer de discréditer les autres. Il n'y arrivera pas", a poursuivi M. Douste-Blazy."UNE NÉCESSITÉ QUI NE DEVRAIT SUSCITER AUCUN DÉBAT" François Fillon, coordinateur du projet Sarkozy, a fait écho à ces propos. "Ce n'est pas avec une gestion des gribouille que l'on débloquera les freins qui, depuis vingt ans, nous maintiennent dans le peloton de queue des pays développés pour l'emploi et la croissance", a-t-il ajouté, dans le Journal du dimanche. "Ramener en une décennie la moyenne de nos charges et impôts autour de la moyenne européenne est une nécessité qui ne devrait susciter aucun débat", a affirmé M. Fillon. Le conseiller UMP a jugé le chiffrage du projet socialiste peu "crédible". Il a dénoncé dans le discours de Mme Royal une "improvisation sans cohérence destinée à faire plaisir à toutes les clientèles". Cette dernière critique a été un des reproches formulés cette semaine par le PS à propos de Nicolas Sarkozy. § La candidate socialiste à la présidentielle a déclaré dimanche qu'elle annoncerait cette semaine "une nouvelle organisation" de campagne. Les sondages défavorables seront "déjoués", promet François Hollande. § L a candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a déclaré dimanche 18 février à l'AFP qu'elle annoncerait cette semaine "une nouvelle organisation" de campagne. Cette promesse conclut une semaine marquée par les sondages mitigés, malgré le discours de Villepinte, et par la démission d'Eric Besson, le secrétaire national national à l'économie du PS, qui expliquera dans la semaine les raisons de son départ. MM. Fillon et Douste-Blazy défendent le chiffrage du projet Sarkozy "Le budget, qui est prévu pour le programme de Nicolas Sarkozy, a été parfaitement, au centime d'euro près, tout à fait détaillé, il ne changera pas", a déclaré dimanche le ministre des affaires étrangères M. Douste-Blazy, sur TV5 Monde. L'UMP a avancé vendredi un montant de 32 milliards d'euros sur cinq ans. "Je comprends que le PS, empêtré dans ses bourdes à répétition d'organisation ou de forme et de fond, veut essayer de discréditer les autres. Il n'y arrivera pas", a-t-il poursuivi. François Fillon, coordinateur du projet Sarkozy, a fait écho à ces propos. "Ce n'est pas avec une gestion des gribouille que l'on débloquera les freins qui, depuis vingt ans, nous maintiennent dans le peloton de queue des pays développés pour l'emploi et la croissance", a-t-il ajouté, dans le Journal du dimanche. Le conseiller UMP a dénoncé dans le discours de Mme Royal une "improvisation sans cohérence destinée à faire plaisir à toutes les clientèles". - (avec AFP) "Les électeurs n'ont pas encore commencé à lire les projets et il y en aurait un qui par voie de sondages se serait déjà proclamé... Nous allons déjouer ces pronostics qui n'ont aucun fondement", a martelé François Hollande dimanche sur France Inter. Samedi, un sondage sondage CSA a donné Nicolas Sarkozy vainqueur d'un second tour face à Mme Royal, avec 55 % des voix. Mais le premier secrétaire du Parti socialiste a lui mis en avant une autre enquête Ifop/JDD, selon lequelle 79 % des Français pensent que l'élection n'est pas encore "jouée". "PROJET CONTRE PROJET" M. Hollande a appelé "ceux qui veulent le changement à aider Ségolène Royal", comme la veille Jean-Pierre Chevènement, le leader du MRC, rallié à la candidate socialiste. "Du niveau du premier tour dépendra beaucoup la dynamique pour le second", a-t-il ajouté en précisant ne pas tenir "beaucoup compte des intentions de vote au second tour" car "on ne connaît pas le premier". Interrogé sur la démission d'Eric Besson, M. Hollande a admis qu'il en portait "une part de responsabilité" mais que "cet incident de campagne", qui portait sur "la manière de présenter le chiffrage", n'avait "pas de raison politique en tant que telle" et était "clos". Demandant de faire campagne "projet contre projet", M. Hollande a critiqué le chiffrage du projet présidentiel de M. Sarkozy : "Que penser de sa crédibilité quand en moins de trois semaines, il a changé trois fois de chiffres sur la baisse d'impôts ?", a-t-il demandé."On a divisé par quatre ce qu'étaient les promesses de Nicolas Sarkozy en termes de baisse d'impôts. D'ici la fin de la campagne, ce ne sera plus des baisses d'impôts, ce sera une augmentation des prélèvements", a-t-il ironisé. § Le comédien et fondateur de l'association des Enfants de Don Quichotte a affirmé dimanche ne pas se sentir responsable de la la situation au camp de SDF dans Paris, qui "s'enlise" et "s'envenime", selon "Le Parisien". § "L a situation s'envenime au Canal Saint-Martin", titre dimanche 18 février Le Parisien. Le camp de SDF du 10e arrondissement de Paris, devenu exemplaire par le soutien de tous les bords politiques, compte toujours 120 tentes. Et la "drogue", dont l'alcool, ainsi que "l'épuisement" et le manque de solutions de relogements, tendent les relations avec le voisinage, écrit le quotidien. L'Etat est reponsable de la situation, a clairement affirmé Augustin Legrand, le comédien et fondateur de l'association des Enfants de Don Quichotte, de retour sur le camp samedi après cinq semaines de tournage en Afrique du sud. L'association a mis officiellement fin à son action sur le canal le 8 janvier. "Je ne suis pas l'Abbé Pierre. L'Etat ne doit pas se défausser sur la famille Legrand", dit-il au Parisien. Questionné sur la radicalisation du campement des sans-abris le frère Legrand affirme que "cela est totalement assumé, c'est même volontaire". "Ma mission, en lançant l'opération il y a deux mois, c'était d'aider les sans-abri à témoigner, à sensibiliser l'opinion publique. Moi, j'ai juste dénoncé un état de fait", affirme-t-il. "ON N'EST PAS ENCORE EN SORTIE DE CRISE" Pour apaiser les tensions, selon lui, l'Etat "doit immédiatement mandater sur le terrain des travailleurs sociaux. Je l'ai dit à Borloo : 'Pourquoi tu n'envoies pas 5 ou 6 mecs pour encadrer le campement ?'. Sans cette présence, c'est normal si ça part à vau-l'eau." "On n'est pas encore en sortie de crise", reconnaît la ministre déléguée à la cohésion sociale, Catherine Vautrin, dans Le Parisien. Depuis le 8 janvier, quand le gouvernement s'est engagé à trouver une solution à chacun des campeurs, 200 personnes sont parties du campement, 85 % d'entre eux ont " bénéficié d'une solution adaptée ", selon la ministre. La cellule de crise aurait attribué 48 appartements HLM, 40 logements dans des maisons-relais ou des résidences sociales, 76 hébergements de longue durée et une cinquantaine de places en hôtel avant d'entrevoir une issue pérenne. La situation n'est toujours pas réglée, malgré le consensus affiché par les candidats et la création d'une loi sur le droit au logement opposable. Elle ne trouvera pas d'issue avec une action de police pour dégager les sans-abris, estime Augustin Legrand : "Une opération de ce genre sur le camp ferait perdre les présidentielles au gouvernement." § Selon un sondage IFOP à paraître dans le "Journal du dimanche", le 18 février, près de 80 % des sondés estiment que "beaucoup de choses peuvent se passer d'ici le 22 avril". § S elon un sondage IFOP à paratre dans Le Journal du Dimanche, près de 80% des Français, l'élection présidentielle n'est pas jouée. A neuf semaines du premier tour, 79% des personnes interrogées estiment que "l'élection présidentielle n'est pas jouée" et que "beaucoup de choses peuvent se passer d'ici le 22 avril". Les Français toujours mécontents de Chirac et Villepin Selon un autre sondage IFOP-JDD à paraître dimanche, les cotes de popularité de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin sont pratiquement stables en février, les Français restant majoritairement mécontents de leur action. Les Français sont 56 % à désapprouver le chef de l'Etat, contre 57 % en janvier. Ils sont 60 %, comme en janvier, à se dire mécontents du premier ministre. Dominique de Villepin est approuvé par 38 % des sondés, contre 37 % en janvier. Jacques Chirac satisfait 43 % des Français contre 41 % en janvier. L'IFOPa interrogé 1.874 personnes âgées de 18 ans et plus entre le 8 et le 16 février. (avec Reuters) 81% des sympathisants PS sont de cet avis, et 71% des sympathisants 'UMP. Alors que le candidat UMP caracole en tête des sondages d'intentions de vote, 17% des sondés considèrent que l'élection est jouée en faveur de Nicolas Sarkozy. 27% des sympathisants UMP partagent cette opinion, et 11% de ceux du PS. Seuls 4% pensent que la présidentielle est jouée en faveur de la candidate socialiste Ségolène Royal. Sondage IFOP réalisé du 15 au 16 février par téléphone auprès d'un échantillon de 963 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. § "Si Alain Duhamel, au lieu de prononcer le nom de François Bayrou, avait prononcé d'autres noms, l'écho aurait été moindre", a estimé le président de l'UDF. § "J e défends la liberté d'expression et l'objectivité des journalistes", a déclaré François Bayrou, en clôturant un colloque sur la culture organisé par l'UDF au Sénat. "Je préfère et de loin des journalistes objectifs, dont on connaisse l'opinion, à des journalistes dont on ne connaît pas l'opinion, mais qui sont tendancieux et partisans", a-t-il ajouté. "Si Alain Duhamel, au lieu de prononcer le nom de François Bayrou, avait prononcé d'autres noms, l'écho aurait été moindre et peut-être les réactions" également, a-t-il dit. Rappelant le contexte de ce qu'il a qualifié d'"affaire Alain Duhamel", M. Bayrou a expliqué que le journaliste s'était exprimé "dans un cadre privé", devant les étudiants de Sciences-Po en novembre dernier, alors que lui-même n'était pas encore officiellement candidat à la présidentielle. "Alain Duhamel a voulu exprimer des critiques sur la campagne du référendum européen" de mai 2005, et "pour adoucir ces critiques, il a dit à mon sujet, 'je l'aime bien et je m'apprête à voter pour lui'", a relaté M. Bayrou, qui n'était pas présent à ce débat, mais auquel assistait Marielle de Sarnez, vice-présidente de l'UDF. Il a estimé que les jeunes UDF ont mis "ingénument" la vidéo sur leur site. M. Bayrou a en outre souligné qu'"un journaliste est un citoyen" comme les autres, "dont on peut attendre qu'il ait des opinions". "Il faut tourner la page sur le temps du sectarisme, le temps où on était obligé de se taire", a-t-il lancé. M. Duhamel a toujours été "un journaliste honnête", qui "n'a jamais eu la moindre complaisance à l'égard de ceux" qu'il a interviewés, a-t-il estimé. § Désormais, les "vraies gens" sont directement invités à poser leurs questions aux candidats. Sans chichis et sans médiateurs. § L es campagnes électorales ont changé de grands-messes. Finies les "Heures de vérité", les "7 sur 7", les "Face-à-face" qui ont fait les belles heures de la télévision pendant trois décennies et transformé quelques journalistes en vedettes incontournables du débat public. Place aux panels de citoyens sans grade et d'électeurs lambda ! Désormais, les "vraies gens" sont directement invités à poser leurs questions aux candidats. Sans chichis et sans médiateurs. Ce changement d'acteurs et de scénographie en dit long sur l'état de notre démocratie... et de notre profession. Il confirme tous les symptômes du discrédit dont souffrent les médias, volontiers soupçonnés de connivences coupables avec les responsables politiques et accusés d'aveuglement, de partis pris ou d'incurie. L'enquête annuelle que vient de réaliser TNS-Sofres pour La Croix est, à cet égard, sans appel : la moitié seulement des Français pensent que les choses se sont passées comme on le leur raconte dans les journaux ou à la télévision et les deux tiers jugent que les journalistes ne sont pas indépendants des pouvoirs politiques ou économiques. Quant à la démocratie, la demande sociale veut qu'elle soit désormais de plus en plus "participative", autant que représentative. Nous y sommes : les panels d'électeurs conviés à interroger les candidats ressemblent à s'y méprendre aux "jurys citoyens" prônés ici ou là. Avec, à la clef, de redoutables questions : ce dispositif ne risque-t-il pas d'accélérer l'affaiblissement des corps intermédiaires dont souffre, depuis longtemps déjà, la démocratie française ? Ne va-t-il pas contribuer à accentuer l'émiettement individualiste des problèmes posés, au détriment de toute visée ou projet collectifs ? Après avoir porté au pinacle les journalistes politiques, il serait tout aussi imprudent de tordre complètement le bâton dans l'autre sens et de sacraliser, aujourd'hui, le citoyen interviewer. Indéniablement, ce dernier apporte une simplicité, une réalité, une rugosité parfois ou une émotion qui revivifient le débat. Jacques Chirac en avait fait cruellement les frais lors de la fameuse rencontre avec des jeunes avant le référendum européen de mai 2005. Mais cette nouvelle forme de débat peut, tout aussi bien, permettre aux responsables politiques d'éviter les questionnements précis, les confrontations, les rappels aux faits ou les remises en perspective que les journalistes peuvent - et doivent - exercer. Entre l'expérience des citoyens et l'expertise des journalistes, entre la simplicité dont les uns sont porteurs et la complexité dont les autres sont comptables, la complémentarité s'impose. Dès lors que le choix des premiers n'est pas biaisé et que les seconds font leur travail. § Comment faire son métier si les internautes éditorialisent et quand les téléspectateurs posent eux-mêmes les questions ? § C 'est une expérience que les journalistes politiques font presque tous les jours, en reportage, au café, dans les dîners privés où l'on parle de l'élection présidentielle. La question vient en général très vite : "Alors, qui va gagner ?" Quelques minutes plus tard, arrive la critique : "Vous, les médias parisiens, vous vous trompez toujours !" Entre ce statut de supposé devin et la réputation de mauvais expert, le piège est toujours inextricable. "Nous avons un véritable problème de crédibilité depuis le 21 avril 2002, évidemment accentué depuis la campagne référendaire de 2005, reconnaît Renaud Dély, directeur adjoint de la rédaction de Libération. On nous reproche notre arrogance, on nous soupçonne de vouloir orienter les votes et parfois, dans le même temps, de ne pas assez le faire." Il se souvient ainsi qu'au lendemain de l'élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen, au premier tour de la présidentielle de 2002, les lecteurs de Libération faisaient ce type de reproche à leur journal : "Vous ne nous aviez pas dit que Le Pen pouvait l'emporter. Si vous l'aviez fait, nous n'aurions pas voté pour Besancenot, Laguiller, Chevènement, Taubira, etc.""MIS EN BOUCLE" Lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, ce fut pire encore. Les journalistes politiques, et les médias plus globalement, furent accusés d'arrogance, de méconnaissance des réalités quotidiennes, de militantisme en faveur du traité. De connivence, en somme, avec ce que Jean-François Kahn a appelé "la bullocratie", version moderne de l'establishment. Le discrédit qui touchait les responsables politiques a donc atteint les médias eux-mêmes et l'irruption d'Internet a fait le reste. Les journalistes ne sont pas insensibles à cette critique qui les touche désormais de plein fouet. "Il faut bien reconnaître que nous nous trompons régulièrement, souligne Laurent Bazin, ancien de LCI et d'Europe 1, aujourd'hui journaliste à i-Télé. Mais la critique qui nous est portée est plus profonde encore : les citoyens ont le sentiment que les journalistes et les politiques se sont mis en boucle pour ne parler que de choses qui les intéressent, eux." Le phénomène était déjà perceptible depuis une bonne dizaine d'années. En 1995, la critique sur la "balladurisation des esprits" fut d'abord adressée aux médias et aux sondeurs, coupables d'avoir prédit la victoire du premier ministre sur Jacques Chirac. Elle s'est depuis largement amplifiée. Désormais, une part des électeurs votent aussi contre le candidat qu'ils perçoivent comme étant celui des médias. La création de ce forum constant qu'est Internet a rendu cette contestation bien plus percutante et directe en offrant à tous la possibilité d'être un éditorialiste en puissance. "Du coup, constate Laurent Bazin, les citoyens voudraient pouvoir nous juger comme ils jugent les politiques." LES POLITIQUES CRITIQUENT DES MÉDIAS Chacun constate ainsi l'agressivité des courriels et des discussions d'internautes sur la politique. "La suspicion est aujourd'hui devenue très violente, souligne Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express et éditorialiste à LCI. "Ce qui me frappe souvent, c'est que les gens ne se contentent pas de critiquer, de vous soupçonner d'être pour Sarkozy ou pour Royal. Ils veulent aussi affaiblir les journalistes, réclament des sanctions, votre démission ou votre licenciement." Quitte à s'adoucir ensuite lorsque le journaliste débat personnellement avec eux ou... est effectivement sanctionné. Alain Duhamel, le plus célèbre des journalistes politiques de par sa longévité sur les écrans, les ondes et dans les journaux, était ainsi régulièrement vilipendé sur le Web. On lui reprochait son conformisme, ses réseaux, son rejet de Ségolène Royal. On le soupçonnait de sarkozysme, aussi. Jusqu'à ce qu'une vidéo circule sur le Web le montrant, en novembre 2006, devant des étudiants de Sciences Po à qui il glissait qu'il voterait pour François Bayrou, candidat UDF à la présidentielle. Mis à l'écart de France 2 et RTL pour cette raison, jeudi 15 février, le même Duhamel voit aujourd'hui une partie de ses anciens contempteurs prendre sa défense... Une nouveauté, cependant : la classe politique elle-même a intégré cette critique générale des médias. "Après avoir asservi la télévision, note Nicolas Domenach, directeur adjoint de la rédaction de Marianne et éditorialiste à la télévision, les politiques ont été asservis par elle. Ils ont accepté n'importe quoi pour passer deux minutes sur les écrans et se sont retrouvés les victimes de journalistes de l'audiovisuel parfois sans culture politique." Il assure ainsi : "Ma plus grande honte reste d'avoir vu Michel Rocard accepter de répondre à la question de l'animateur Thierry Ardisson : 'Est-ce que sucer, c'est tromper ?'" Mais la société du spectacle ayant achevé de discréditer la politique, elle s'est retrouvée elle-même soumise à l'exaspération des citoyens. "JE NE VOUS COMPRENDS PAS" Les conseillers en marketing politique et les élus ayant pris conscience de ce grand mouvement antimédias, arrive maintenant une nouvelle phase. Désormais, les candidats peuvent se tailler un succès facile dans les meetings en moquant les journalistes. M. Bayrou en a fait l'un de ses arguments les plus constants. Le 8 février, Ségolène Royal a évoqué violemment ses adversaires "et leurs relais dans les médias". Le 15 février, interrogée par la presse sur la démission de son conseiller économique Eric Besson, elle a pris à témoin les salariés d'une usine près d'Amiens qu'elle visitait : "Vous connaissez M. Besson ? Personne ne connaît M. Besson ! Moi, je m'occupe des vrais problèmes..." Et l'on a même vu Nicolas Sarkozy, pourtant omniprésent dans la presse, se plaindre d'y être maltraité... Dans ce contexte de défiance généralisée, l'initiative de TF1 de remplacer les journalistes politiques par un panel d'électeurs pour ses grandes émissions de campagne n'est donc apparue que comme un signal supplémentaire du discrédit qui touche la profession. Rares pourtant sont les journalistes qui contestent l'intérêt de faire intervenir auditeurs ou téléspectateurs. "Les critiques qui nous sont faites ne sont pas toujours injustifiées, reconnaît Catherine Nay, éditorialiste à Europe 1, et la certitude que le peuple ne ment pas est bien ancrée." Tous citent aussi l'émission de Jacques Chirac devant un panel de jeunes, sur TF1, lors du débat référendaire de 2005, comme un exemple révélateur du désarroi présidentiel - "Je ne vous comprends pas", avait avoué le président à ses jeunes interlocuteurs - qu'aucun journaliste n'aurait sans doute pu révéler. Mais beaucoup craignent que la méthode ne soit qu'une façon d'éviter le questionnement. En somme, assure Christophe Barbier, que " la démocratie participative appliquée aux médias ne soit qu'une manière efficace d'échapper à la confrontation." Les responsables politiques, aguerris aux mécanismes de la télévision, faisant face à des citoyens qui restent des novices devant l'instrument. "Partout en Europe, souligne ainsi Michaël Darmon, journaliste à France 2, les responsables politiques se soumettent aux interrogations précises des journalistes. En France, les politiques n'ont que le débat à la bouche. Mais ils délégitiment ce questionnement dès qu'il devient gênant." Les journalistes ont enfin noté que la critique à laquelle ils sont désormais soumis les a rendus plus frileux. "Nous avons intégré le fait que nous pouvions nous tromper, constate Renaud Dély, et nous envisageons désormais avec application toutes les hypothèses. On voit ainsi des journaux titrer - je caricature à peine - "Ségolène décolle" et trois jours après "Ségolène s'écroule". Est-ce un progrès ou une confusion supplémentaire ?" § Nicolas Sarkozy recueillerait 55 % des intentions de vote, contre 45 % pour la socialiste, d'après une enquête CSA pour Le Parisien et i-télé réalisée les 14 et 15 février. § L e candidat de l'UMP creuse l'écart dans les sondages, pour le second tour de l'élection présidentielle. Nicolas Sarkozy recueillerait 55 % des intentions de vote, contre 45 % pour la socialiste, d'après une enquête CSA pour Le Parisien et i-télé réalisée les 14 et 15 février auprès de 909 personnes. Ce score, en hausse d'un point par rapport à une enquête CSA du 12 février, est le meilleur jamais enregistré par M. Sarkozy. Depuis son investiture par l'UMP, le 14 janvier, M. Sarkozy est donné gagnant par tous les sondages. Au premier tour, CSA lui accorde 33 % des intentions de vote (stable par rapport au 12 février), contre 27 % à Mme Royal, qui gagne un point. Jean-Marie Le Pen arrive en troisième position (14 %, inchangé) tandis que François Bayrou, en passe de devenir le "troisième homme" de tous les instituts, gagne un point, à 13 %. Cette enquête confirme la tendance enregistrée par de nombreux instituts au lendemain du discours programme de Mme Royal à Villepinte, le 11 février. Donnée battue au second tour, elle stabilise son score au premier, sans parvenir à rattraper le retard accumulé depuis deux mois sur M. Sarkozy. "Les sondages de deuxième tour renseignent sur la présidentialité du candidat", analyse Stéphane Rozès, directeur de l'institut CSA-Opinions. "La gauche, inquiète, se recentre un peu sur Royal au premier tour. Mais celle-ci a perdu son lien direct avec le pays. Son discours est apparu comme un compromis avec les concurrents de la primaire socialiste", poursuit M. Rozès, qui lui reproche d'avoir fait à Villepinte un début de discours "deuxième gauche", sur la dette et les entreprises, suivi d'un catalogue de mesures "première gauche". "Ce compromis ne fait pas une cohérence", poursuit-il. Après une semaine marquée par la démission d'Eric Besson, secrétaire national chargé des questions économiques au PS, Mme Royal devait préparer son passage, lundi, dans l'émission de TF1 "J'ai une question à vous poser", deux semaines après M. Sarkozy. § Fin janvier, le candidat de l'UMP s'était également montré circonspect. § L ORS d'un meeting à Dunkerque, jeudi 15 février, Ségolène Royal, la candidate socialiste à l'élection présidentielle, a affirmé que "si la nation est capable de dégager le coût d'un deuxième porte-avions", "cette marge de manoeuvre supplémentaire n'ira pas à la défense nationale mais à l'éducation nationale". Cette prise de position constitue une évolution. En novembre 2006, Mme Royal avait noté que "la question du second porte-avions se pose parce que celui que nous avons est immobilisé pendant dix-huit mois, tous les sept ans". "Or nous avons besoin d'une présence à la mer permanente", avait-elle ajouté. Elle avait alors suggéré de "négocier avec les Britanniques, pour voir si, en coopération avec eux dans le cadre d'une Europe de la défense, nous pouvons assurer une permanence à la mer". La candidate du PS n'est pas la seule à varier. Fin janvier, Nicolas Sarkozy s'était montré circonspect, estimant que la décision de lancer la construction du porte-avions "doit s'apprécier relativement aux marges de manoeuvre dont nous pouvons disposer et à la lumière des arbitrages budgétaires". La marine s'était inquiétée et avait réussi à convaincre le candidat de l'UMP de la nécessité de construire ce porte-avions. Le Charles-de-Gaulle quittera le service actif à l'été 2007 pour entrer dans une période d'"immobilisation périodique pour entretien et réparation" de dix-huit mois. Pendant ce temps, soulignent les marins, la France ne disposera plus de cette "permanence à la mer" que Mme Royal estimait indispensable. Le souhait des candidats à la présidentielle d'envisager une coopération avec les Britanniques est réalisé depuis 2005. La France et la Grande-Bretagne s'efforcent de rapprocher leurs projets, c'est-à-dire de réaliser une mini-série de trois bâtiments : 2 CVF (Carrier Vessel Future) britanniques et le porte-avions. Les choses avancent bien, même si, de part et d'autre de la Manche, les projets sont encore considérés comme trop chers (sans doute plus de 2 milliards d'euros pour le nouveau porte-avions). § S'il était qualifié, le candidat de l'UDF obtiendrait 52 % des voix face au candidat de l'UMP et 54 % face à la candidate socialiste. Encore faut-il que M. Bayrou arrive à passer le cap du premier tour. § D 'après un sondage IFOP pour Fiducial et LCI, si François Bayrou était au second tour face à Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, il l'emporterait. Le candidat de l'UDF obtiendrait 52 % des voix face au candidat de l'UMP et 54 % face à la candidate socialiste. Encore faut-il que M. Bayrou arrive à passer le cap du premier tour. Selon le même sondage, il reste en troisième position avec 16 % des intentions de vote (+ 3,5 % des voix par rapport au sondage effectué un mois plus tôt), derrière Ségolène Royal (25,5 %, - 2,5 %) et Nicolas Sarkozy (32 %, - 0,5 %). Selon un sondage Ipsos-Le Point rendu public également le 19 février, l'écart entre François Bayrou et Ségolène Royal au premier tour serait encore plus mince, le premier obtenant 16 % des voix (+ 2 % par rapport au dernier sondage publié le 12 février), la seconde 23 % (- 4 %). Le candidat de l'UDF prétend transcender le clivage droite-gauche qu'il juge "préhistorique". Dimanche, il a déclaré qu'il pourrait nommer un premier ministre de gauche, s'il était élu président de la République. § Selon "Le Parisien", l'ex-secrétaire national du PS chargé de l'économie, qui vient de démissionner, a envoyé une lettre personnelle à Nicolas Sarkozy. "Je ne suis pas dupe des raisons pour lesquelles cette information paraît aujourd'hui de façon tronquée", déclare M. Besson. § L a tension monte entre Eric Besson et le PS. Selon Le Parisien, l'ex-secrétaire national du PS chargé de l'économie, qui vient de démissionner à cause d'un désaccord sur le chiffrage du programme socialiste, a envoyé une lettre personnelle à Nicolas Sarkozy. Il y écrit avoir beaucoup évolué, beaucoup changé, ces dernières semaines et qu'il tient à lui en "donner acte". "La machine à produire rumeurs et contre-vérités tourne à plein", écrit Eric Besson dans un communiqué de presse. "Leur liste est désormais longue et j'y répondrai lors de ma conférence de presse cette semaine", précise le député qui a promis de s'expliquer sur les raisons de son départ mercredi 21 février."PAS DUPE" M. Besson reconnaît qu'il a effectivement envoyé une lettre au ministre de l'intérieur, avec qui il a "toujours eu des relations franches et cordiales qui n'empêchaient pas une confrontation politique souvent de qualité, parfois 'musclée'". La raison de ce courrier ? "A la suite de la publication d'un rapport que j'ai coordonné, ayant appris qu'il avait pu être blessé par une formule que j'avais utilisée, je lui ai adressé une lettre personnelle d'explication". M. Besson a dirigé la rédaction d'un long document à charge intitulé "L'inquiétante rupture tranquille de M. Sarkozy". "Je ne suis pas dupe des raisons pour lesquelles cette information paraît aujourd'hui de façon tronquée", écrit M. Besson avant de préciser que cela "n'entamera en rien sa détermination à s'exprimer clairement très prochainement..." La suite du règlement de comptes, mercredi. § Alors que Ségolène Royal est l'invitée ce soir de l'émission politique de TF1 "J'ai une question à vous poser", la polémique sur les liens privilégiés que Nicolas Sarkozy entretiendrait avec les médias enfle. § A lors que Ségolène Royal est l'invitée lundi 19 février au soir de l'émission politique de TF1 "J'ai une question à vous poser", la polémique sur les liens privilégiés que Nicolas Sarkozy entretiendrait avec les médias enfle. Arnaud Montebourg, porte-parole de la candidate socialiste, a dénoncé lundi 19 février "un système médiatique concentré en faveur des intérêts de la droite" et évoqué les liens personnels entre M. Sarkozy, Arnaud Lagardère et Martin Bouygues. François Bayrou avait critiqué également l'émission politique de TF1, faisant part de ses doutes sur la "déontologie" des conditions d'organisation, l'émission étant produite avec la société A Prime Group qui appartient à Dominique Ambiel, ex-conseiller de Jean-Pierre Raffarin (UMP)."UNE ESPÈCE DE PURETÉ VIRGINALE" Répondant à ces attaques, le directeur de l'information de TF1, Robert Namias, a précisé sur RMC que l'amitié entre Nicolas Sarkozy et Martin Bouygues, principal actionnaire de TF1, ne jouait "en rien sur l'information". "Jusqu'à présent j'avais des relations excellentes avec François Bayrou", a déclaré M. Namias, qui connaît M. Bayrou "depuis vingt ans". "Je n'ai pas compris" qu'il "remette en cause l'honnêteté journalistique... J'en ai presque été un petit peu blessé", a-t-il ajouté. M. Ambiel est "l'un des grands producteurs français, il a été conseiller de M. Raffarin pendant deux ans, (mais) ça ne m'intéresse pas. Il a surtout un savoir-faire et un métier", a expliqué le responsable de TF1. Interrogé sur la suspension d'Alain Duhamel de France Télévisions et de RTL pour son soutien à M. Bayrou, M. Namias a déclaré"regretter" cette décision. "Au fond, c'est la décision de gens qui aboient un peu avec les loups", qui se "drapent dans une espèce de pureté virginale et donnent des leçons de journalisme à tout le monde et expliquent qu'il faut travailler dans un couvent pour faire ce métier", a-t-il lancé. § Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), devrait lancer une pétition sur le thème "Arrêtons le chiffrage", après avoir vu la "tournure des événements". § I l y a ceux qui, comme Francis Kramarz, chercheur au Centre de recherche en économie et statistique (Crest), "ne veulent même pas les regarder, ces chiffrages...". D'autres, comme Christian de Boissieu, professeur à l'université Paris-I, estiment qu'il "est légitime de se poser la question des coûts budgétaire et fiscal d'un programme électoral", mais ajoute-t-il, "c'est un exercice extrêmement périlleux". Une prudence qui se traduira lors de la sortie imminente d'un nouveau rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) - dont il est le président -, intitulé "Economie politique de la LOLF" : M. de Boissieu et Jean-Hervé Lorenzi (tous deux parmi les auteurs du rapport) lanceront alors un appel solennel à une réforme de l'Etat, indispensable à leurs yeux pour dégager les marges de manoeuvre budgétaire nécessaires à l'action politique. " Nous ne souhaitons pas polémiquer sur le chiffrage, mais nous voulons signifier qu'il est temps de s'attaquer aux véritables problèmes, explique M. Lorenzi, par ailleurs président du Cercle des économistes. Pour montrer que cette réalité transcende les clivages, notre appel devrait être signé par l'ancien ministre du budget, Alain Lambert (UMP), et Didier Migaud (PS), conseiller budgétaire de Ségolène Royal." En revanche, pour certains, la coupe est pleine. Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), devrait lancer une pétition sur le thème "Arrêtons le chiffrage", après avoir vu la "tournure des événements". "Des experts nous abreuvent de chiffres pour soi-disant éclairer les citoyens, mais leurs calculs ne correspondent pas à la réalité et escamotent entièrement le débat politique", explique l'économiste, soutenu par beaucoup de ses pairs. EXERCICE INSATISFAISANT En réalité, quelle que soit la manière dont la critique est exprimée, le diagnostic est le même : le chiffrage est un exercice insatisfaisant. "Et il ne faut pas être docteur en économie pour le percevoir, note Eric Heyer, adjoint de Xavier Timbeau à l'OFCE. Qu'allez-vous choisir ? Des mesures peu coûteuses mais totalement inadaptées au contexte français ? Ou des dispositifs qui coûtent cher mais qui seront efficaces ?" Deux points sont particulièrement mis en avant. D'abord la nécessité de prendre les chiffres avancés pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire de simples données budgétaires, qui ne prennent pas en compte les conséquences économiques des mesures. "On peut toujours calculer l'impact d'une baisse des charges sur un smic à 1 500 euros, confirme M. Heyer. Ou d'une revalorisation de 5 % du minimum vieillesse. Mais, comment évaluer les effets ex-post ?" La question fondamentale tient, en effet, au modèle économique sous-jacent aux différents dispositifs mis en oeuvre. "Prenez la baisse de 4 points de prélèvements obligatoires (PO) évalués à 68 milliards d'euros par l'UMP, analyse M. Timbeau. Mais quid d'un tel choix politique ? Si l'on penche du côté des libéraux, cette baisse devrait se traduire par de nouvelles marges de manoeuvre pour les entreprises, rendues alors aptes à renforcer leur budget d'innovation, dégageant par conséquent de nouveaux gains de productivité, et contribuant donc à une plus forte croissance et à des rentrées fiscales. Mais la baisse des recettes fiscales liée à la diminution des PO peut aussi être vécue par les Français comme l'annonce de coupes claires dans les dépenses publiques et une possible remise en cause de notre système de protection sociale. Le sentiment d'insécurité et de peur ainsi suscité peut conduire à une hausse de l'épargne de précaution, et donc rogner sur la consommation..." Une démonstration parmi d'autres, qui explique pourquoi l'OFCE, qui a l'habitude de faire tourner son modèle économétrique E-Mod pour présenter ses statistiques conjoncturelles, n'a pas l'intention de se prêter à un chiffrage global des programmes, car certaines mesures sont, selon l'organisme, ne s'y prêtent pas : la baisse des PO, les modifications du code du travail, la mise en place de la sécurité sociale professionnelle, etc. Seconde critique dans le droit-fil de la première : le chiffrage est, par définition, statique, et non dynamique. "N'importe quel chercheur sait qu'il faut prendre en compte deux cas : la situation telle qu'elle évoluerait sans les mesures ; la situation une fois les mesures réalisées", insiste M. Kramarz. "Et la conjoncture ?, s'interroge M. Heyer. Les 110 propositions de François Mitterrand ont été chiffrées en 1981. Mais, en 1983, la situation économique a fait prendre le tournant de la rigueur à la gauche... Que restait-il alors des montants annoncés deux ans plus tôt ?" La polémique sur le chiffrage n'est pas nouvelle, en effet. Mais jusqu'à aujourd'hui, et contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays, aucune solution n'a été mise en place pour rendre le débat plus transparent. Les experts de la cellule de chiffrage de l'Institut de l'entreprise souhaitent rester anonymes, tandis que ceux des administrations publiques, et notamment de l'Insee, seront tenus à un devoir de réserve à partir du 9 avril. Interruption temporaire de certaines publications, interdiction de participer à une manifestation publique : les consignes sont formelles. Et ce pour que "les chiffres ne soient pas instrumentalisés" ! § Aux Pays-Bas, toute campagne électorale - et ce fut le cas pour le scrutin législatif de novembre 2006 - est précédée d'une évaluation chiffrée et précise par le Bureau central du Plan. § P our beaucoup de Français, les Néerlandais sont de grands blonds braillards qui habitent un pays plat et laxiste et qui, l'été venu, sillonnent l'Europe à bord de voitures bourrées de rouleaux de papier toilette et d'eau minérale, en vertu du principe : "Faut pas gâcher l'argent". Caricature pour caricature, aux yeux des Néerlandais, les Français sont d'arrogants unilingues, des cigales qui mangent, s'habillent et s'amusent à grands frais sans souci du lendemain. Dès lors, dites à un responsable néerlandais qu'en France des candidats à une présidentielle se jettent allégrement les milliards à la tête et peuvent s'accuser, sans autre conséquence, de préparer une baisse des impôts trop coûteuse ou une hausse du salaire minimum intenable et il vous montrera sa sincère incompréhension. Aux Pays-Bas, toute campagne électorale - et ce fut le cas pour le scrutin législatif de novembre 2006 - est précédée d'une évaluation chiffrée et précise par le Bureau central du Plan. Une tradition lancée en 1986. L'an dernier, huit partis en lice ont ainsi demandé à cet organisme indépendant d'établir le coût des mesures qu'ils proposaient. Un document de 210 pages sobrement intitulé "Les choix en jeu, 2008-2011" et accessible à tous en a résulté. "C'est un moyen, non partisan, de comparer les propositions, de rendre compréhensibles les mesures avancées et d'offrir un service tant aux électeurs qu'aux partis", explique un porte-parole. L'analyse des programmes électoraux facilite également, par la suite, la négociation entre différentes formations si certaines veulent créer une coalition et établir son programme. Dans ce pays où, de la rue au sommet de l'Etat, la bonne gestion du florin, puis de l'euro, est une règle cardinale et où un homme politique peut devenir populaire en insistant sur la rigueur budgétaire, la pratique française est surprenante, voire inconvenante. Dans son dernier opus, le Bureau du Plan s'est excusé : il n'avait pas eu assez de temps pour chiffrer tous les impacts des programmes, notamment en matière d'environnement. § Entretien avec Enrico Giovannini, chef statisticien à l'OCDE. § Q uel est le niveau de connaissance des citoyens des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière de données économiques de base ? Réponse du 27 au 30 juin lors du Forum mondial "Statistiques, connaissances et politique", organisé à Istanbul par l'OCDE, en coopération avec la Commission européenne, l'Organisation de la conférence islamique, l'Organisation des Nations unies et la Banque mondiale : y seront rendus publics les résultats d'une enquête qui sera menée dans 29 pays en avril, où les personnes seront interrogées sur les statistiques officielles du déficit public, les taux de croissance, d'inflation, de chômage et le produit intérieur brut, de leurs pays respectifs. Des enquêtes similaires, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ont montré que cette connaissance varie fortement selon la catégorie sociale, le niveau d'éducation, etc., mais surtout que l'intérêt pour ces données est très inégal. Le risque est de voir les citoyens prendre de plus en plus de distance vis-à-vis du débat public et perdre toute confiance dans les chiffres avancés. Il est pourtant indispensable au fonctionnement des démocraties modernes, submergées par les flux de données, que toutes les parties prenantes de la société puissent s'appuyer sur un socle commun de savoirs partagés, basé sur des statistiques de qualité qui permettent le débat. Nous devons pouvoir mesurer de façon fiable les améliorations et les dégradations intervenues dans la vie de nos communautés politiques, pour éclairer les choix des citoyens. Cet objectif est celui du projet "mesurer les progrès de la société", initié par l'OCDE. CV 2001 Enrico Giovannini est nommé chef statisticien et prend la tête de la direction des statistiques de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE). Il est également professeur destatistiques économiques à l'université Tor Vergata (Rome). 1993 Il est nommé directeur du département "Comptabilité nationale et analyse économique" à l'Institut national italien de la statistique (Istat). Qu'est-ce qui a été fait jusqu'ici dans ce domaine ? Prenons l'exemple de l'Australie : il y a quelques années, l'Institut national de statistique a organisé une conférence entre gouvernement, opposition, médias, syndicats, ONG, chercheurs, etc., pour répondre à la question suivante : comment voulons-nous mesurer les évolutions de la société ? Ces négociations sont par définition laborieuses, et la liste retenue est au final un compromis, qui doit demeurer dynamique : elle sera renégociée périodiquement. Reste que les indicateurs ainsi mis au point sont désormais utilisés quotidiennement au Parlement, dans les médias, pour tout débat public. Depuis, l'Irlande, les Etats-Unis - au niveau fédéral et local (Oregon, Boston) - se sont lancés dans des exercices similaires. Nous souhaitons que tous les pays de l'OCDE se joignent à ce mouvement dans les six ou sept années à venir. La statistique est, étymologiquement, la science de l'Etat : née sous Napoléon Ier, elle était destinée à éclairer la décision politique. Elle doit devenir celle de la société, une "sociétistique" si j'ose dire. Car aujourd'hui, de plus en plus de décisions que le citoyen "sous-traitait" à l'Etat - le choix d'un mode d'épargne, d'un établissement scolaire, etc. - lui reviennent, individuellement ou collectivement. Mais un compromis entre acteurs sociaux peut-il produire des données scientifiques ? Une statistique doit avoir deux qualités : la fiabilité - c'est l'affaire des statisticiens, mais aussi sa pertinence, c'est-à-dire sa capacité à répondre à la question posée. Par exemple, le calcul de l'inflation est utile aux politiques monétaires, mais pas aux politiques de répartition des revenus. D'où l'écart croissant entre le "ressenti" des citoyens après le passage à l'euro, et la hausse des prix "officielle". Si l'on veut mesurer les évolutions du pouvoir d'achat de chaque catégorie, il faut créer d'autres instruments de mesure que le taux d'inflation agrégé. Mais une fois obtenu l'accord entre les acteurs sociaux sur le choix de ce qu'il faut mesurer, le relais doit être passé aux statisticiens pour mettre au point un instrument de mesure fiable. Si les statisticiens doivent apprendre à discuter avec la société, celle-ci doit en échange respecter leur indépendance ! § Le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, a appelé les élus à lui donner les parrainages qui lui manquent pour se présenter à l'élection présidentielle. § § Comment passer ses journées avec un personnage aussi envahissant que le candidat de l'UMP, décrypter son action, ses non-dits et garder ses distances ? Tranche de vie du journaliste accrédité du "Monde". § P as besoin de remonter très loin. Tenez, pas plus tard que le 6 février. Un déplacement comme des dizaines d'autres, rendez-vous gare de Lyon, à Paris. Son arrivée se devine au mouvement qu'elle déclenche. Une masse mouvante hérissée de perches et de caméras qui se bousculent pour monter avec lui dans son wagon. La direction du jour : Le Creusot (Saône-et-Loire). Après, il suffit d'attendre son tour. Viendra d'abord celui des images. Sarkozy dans le train, Sarkozy feuilletant des dossiers en compagnie d'un élu ou d'un collaborateur, Sarkozy en laboureur du territoire : de quoi faire un plan de coupe dans les sujets des 20 Heures, une illustration pour un sujet magazine. Et nous, la presse écrite ? Ce jour-là, c'est Franck Louvrier, chargé de la communication, interface indispensable et serviable entre le candidat et les médias, les grands comme les petits, qui viendra nous parler. Le sujet du jour : la prestation du candidat la veille sur TF1. Record d'audience à la clé. Pourra-t-on le voir ? "Oui, sans doute, dans un moment, on verra." C'est tout vu. Dix minutes plus tard. Une quinzaine de journalistes, dont l'envoyé spécial du Monde, se pressent autour de Sarkozy pour une de ces conversations "off the record", qu'on n'est pas censé rapporter, mais dont le propos sera intégralement retranscrit dans les papiers du lendemain. Le candidat est content de lui : "Presque 10 millions de téléspectateurs, ça prouve que la politique intéresse. Et ce n'est pas mon vieux compère Philippe Ridet qui me contredira." Cette fois, il est vraiment content de lui. "Vieux compère..." Que faire ? Partir, drapé dans sa dignité ? Feindre l'indifférence ? Sourire niaisement ? Va pour la troisième solution. Tout Sarkozy est là : s'appuyer sur une relation ancienne et professionnelle - elle date du milieu des années 1990 - et surjouer la connivence pour mieux déjouer la critique. Axiome sarkozyste : on ne peut me faire le reproche de ce que je ne cache pas. Problème journalistique : comment profiter de sa proximité avec son sujet sans en être l'otage ? Resurgissent de nombreuses heures passées à suivre son activité. Ici, des rendez-vous dans son bureau de maire de Neuilly lorsqu'il s'empiffrait de chocolat, rongeant son frein de ne pouvoir partir à la conquête du RPR en 1999. Là, un retour en voiture d'Amiens à Paris, après une réunion publique, où il évoque son divorce et son souci de toujours : envoyer une carte postale à ses enfants où qu'il se trouve. Ailleurs, des félicitations pour un mariage, une naissance. Ne pas exclure qu'il puisse être sincère. L'intime et le politique imbriqués au point de ne faire qu'un. Et ce tutoiement qui s'est installé entre nous. Comment dire vous à celui qui vous dit tu ? Pas trouvé. Ainsi devient-on embedded, enrôlé comme ces journalistes dans l'armée américaine pendant la guerre d'Irak. Embarqué, spectateur et critique du show Sarkozy. Une décision de rédaction en chef, une connaissance de ses réseaux, une longue fréquentation du sujet, et on se retrouve une accréditation autour du cou, "Ensemble tout devient possible". Nous prenons ses trains, ses avions, partageons ses hôtels, échangeons quotidiennement avec ses collaborateurs. Il remplit nos carnets de notes. Nous sature. Voyage à La Réunion, octobre 2005. Airbus estampillé "République française". L'avion n'a pas plutôt décollé que Sarkozy est déjà parmi nous. Il salue les visages connus, d'une poignée de main virile, d'une bourrade, d'une bise, et - surtout - repère les inconnus. S'il déjeune avec Martin Bouygues, ou Arnaud Lagardère, il n'ignore pas les petits soldats. Il s'enquiert : "Depuis quand travaillez-vous à... ?" Appose sa signature sur le carnet d'une jeune consoeur. Bref, il laisse sa trace. En douze heures de voyage, autant au retour, nous aurons le temps de le voir beaucoup. Quand il ne vient pas à l'arrière de l'appareil, il invite quelques-uns d'entre nous à l'avant. Surtout ne pas rester seul. A cette époque, son épouse, Cécilia, est partie vivre à New York, le sujet est délicat et personne ne l'aborde. Son embarras est palpable. Le nôtre aussi. A cette époque, ses amis n'en mènent pas large. Cet "accident de la vie", comme il l'appelle, peut mettre fin à des années de patiente stratégie. Ses collaborateurs semblent atteints par ce flottement général. Sarkozy parle, de tout, à tous, à tort et à travers, sans que personne dans son entourage ne paraisse en mesure de l'inciter à la prudence. Villepin, Chirac, la Corse, tout y passe. Et cet aveu qui sidère tout le monde : "Je ne sais pas si j'ai envie de me présenter à la présidentielle." Il continue. "Je ne m'accrocherai pas. Je peux faire autre chose, gagner de l'argent." Il dit qu'il a envie de posséder une maison "à la montagne". Et la seconde d'après, il enchaîne : "D'abord je fais président, puis je fais avocat." "Je ne finirai pas comme Balladur ou comme Baudis", lâche-t-il avec mépris. Interloqués, nous le regardons partir, et on saute sur nos calepins pour noter ces propos incohérents. Quel statut leur donner ? Et qu'en faire ? "C'est off ?" s'interroge-t-on. Réponse : "Il n'y a pas de off avec Sarko." Ça pourra toujours servir. Il arrive que Sarkozy se referme, laissant le peloton de ses suiveurs à sa porte. La gestion de l'"affaire Cécilia" est à ce titre exemplaire. Si le ministre fait pression, avec plus ou moins de réussite, sur les éditeurs et patrons de presse afin qu'ils ne s'attardent pas sur ses déboires, il s'interdit tout commentaire avec ses embedded : "Vous m'avez assez reproché de trop exposer ma vie privée, dit-il, pour ne pas supporter aujourd'hui que je ne vous en dise rien." S'il aime prendre la presse à témoin de son bonheur et de ses succès, il ne commente pas ses difficultés. Autre domaine interdit : sa relation avec Jacques Chirac. Il décourage toutes les questions sur la nature de ses rendez-vous hebdomadaires avec le chef de l'Etat, se contentant de réponses évasives. § Nicolas Sarkozy lâche souvent cette mise en garde ironique aux journalistes : "C'est drôle, je connais tous vos patrons..." § N icolas Sarkozy lâche souvent cette mise en garde ironique aux journalistes : "C'est drôle, je connais tous vos patrons..." Ce n'est pas une fanfaronnade. Vingt-cinq ans d'investissement ont porté leurs fruits : même s'il est loin d'avoir avec tous des relations amicales, le président de l'UMP n'ignore aucun dirigeant des médias. Il connaît leur parcours, l'état capitalistique de leur groupe, leurs rivalités de pouvoir, leur vie privée. Ce travail-là a d'abord commencé à Neuilly-sur-Seine, lorsqu'il en est devenu le maire, en mars 1983, à 28 ans. Il y a alors parmi ses administrés le gratin de l'audiovisuel, du cinéma, de la politique et de la publicité, de Martin Bouygues à Patrick Poivre d'Arvor ou Jacques Attali. Des patrons, des stars du 20 Heures, des rois du marketing, régulièrement invités à la mairie de Neuilly pour des dîners décontractés. En 1985, l'édile crée carrément un club, Neuilly Communication, dirigé par Gérald de Roquemaurel, cadre montant, puis PDG d'Hachette Filipacchi jusqu'à ce qu'Arnaud Lagardère l'écarte, en octobre 2006. S'y côtoient Arnaud de Puyfontaine (PDG du groupe de presse Mondadori-France, ex-Emap), Nicolas de Tavernost (patron de M6), Guy Verrecchia et Alain Sussfeld (à la tête d'UGC), Philippe Gaumont (agence de publicité FCB), l'afficheur Jean-Claude Decaux ou le patron de la Sacem, Jean-Loup Tournier. Désormais, une partie de la carrière de Nicolas Sarkozy va aussi se construire dans les médias. Le groupe TF1 est, depuis 1989, dirigé par Martin Bouygues, à qui son père, Francis, a passé la main. "Martin" et "Nicolas" sont amis - Martin Bouygues fut témoin au mariage de Nicolas et Cécilia Sarkozy et est le parrain de leur fils Louis. Le premier se sait méprisé par les barons du groupe et les patrons des médias. Le second est l'un des jeunes espoirs du RPR. Télégénique et ami de Martin Bouygues, deux bonnes raisons d'être un invité régulier de TF1. En 1992, lorsque la chaîne est sanctionnée par le CSA parce qu'elle ne diffuse pas son quota de productions françaises, Nicolas Sarkozy, au nom de l'opposition, vient condamner sur TF1 "la réglementation absurde" et promet que, si la droite l'emporte aux législatives de 1993, elle reviendra sur ces mesures. En mars 1993, le voici ministre du budget d'Edouard Balladur. Un poste stratégique où se décide une partie des aides à la presse. Le ministre reprend en outre le portefeuille de la communication en juillet 1994, après la démission d'Alain Carignon. Il a déjà un carnet d'adresses ultra-fourni, qui va d'Alain Minc (aujourd'hui président du conseil de surveillance du Monde) à Bernard Arnault (qui, à la tête de LVMH, est présent dans la presse économique), en passant par François Pinault, qui rachète en 1997 Le Point et sera l'un des plus ardents à plaider la cause de Sarkozy auprès de Jacques Chirac en 2002. Ministre, il apprend très concrètement la structuration capitalistique des groupes de presse. Si les rédactions sont souvent séduites par la gauche, leurs patrons sont traditionnellement plus libéraux que socialistes. Et ceux-là ont trouvé en Sarkozy un homme qui les comprend. En somme, un "bon client". Seulement, le bon client inverse parfois les rôles. Nicolas Sarkozy n'a alors pas rompu avec son activité d'avocat d'affaires. En vingt-cinq ans, son cabinet a défendu les hommes les plus puissants des médias : Serge Dassault, pour qui il a en partie réglé la succession de son père Marcel (le groupe Dassault possède aujourd'hui plusieurs journaux, dont Le Figaro) ; Stéphane Courbit, le président d'Endémol, qui produit de nombreuses émissions dont celles de Marc-Olivier Fogiel, lié lui aussi à Nicolas Sarkozy. Ministre de l'économie, en 2004, il va aussi s'allier définitivement Arnaud Lagardère, avec lequel il entretenait déjà des relations d'amitié. C'est lui qui réglera en effet, après la mort de Jean-Luc Lagardère, la succession du groupe, alors même qu'un conflit menace d'opposer le fils Arnaud et sa belle-mère, Bethy. Jusque-là, Jean-Luc Lagardère s'était gardé de choisir un camp politique, afin de préserver son groupe d'armement, étroitement dépendant des commandes publiques. Avec Arnaud, les choses sont plus nettes. Et Nicolas Sarkozy a tendance à se conduire en terrain conquis. Alain Genestar, alors patron de Paris Match, affirme ainsi avoir été licencié du groupe Hachette Filipacchi pour avoir publié en couverture, à l'été 2005, une photo de Richard Attias et Cécilia Sarkozy, soulignant ainsi les difficultés conjugales du ministre de l'intérieur. En décembre 2006, alors que l'arrivée de Christian de Villeneuve comme directeur des rédactions du groupe paraissait devoir condamner Jacques Espérandieu, directeur de la rédaction du Journal du dimanche, M. Sarkozy cherche à intervenir. Soucieux de ne pas paraître à l'origine de l'éventuelle éviction de M. Espérandieu, il le convie place Beauvau, pour lui proposer sa protection. Offre, semble-t-il, déclinée par le journaliste, finalement resté à son poste. Ce qui fait dire aujourd'hui aux cadres d'Hachette que c'est bien le candidat UMP qui a calmé le jeu dans un conflit interne au groupe. Arnaud Lagardère ne s'en cache pas. En avril 2005, lorsqu'il fit de Nicolas Sarkozy l'invité d'honneur du séminaire de son groupe à Deauville, c'est avec ces mots qu'il le présenta : "Nicolas n'est pas un ami, c'est un frère." § Difficile, a priori, de trouver une cohérence politique dans les agressions qui se sont déroulées ces dernières semaines contre des permanences de partis politiques à Paris. § D ifficile, a priori, de trouver une cohérence politique dans les agressions qui se sont déroulées ces dernières semaines contre des permanences de partis politiques à Paris. Tout juste peut-on constater que les locaux de l'UMP ont été les plus visés par ces commandos : douze attaques, contre deux pour le PS et une contre les Verts, depuis le 23 janvier. Au total, huit permanences du parti de Nicolas Sarkozy ont été vandalisées, certaines à plusieurs reprises, ainsi que le siège du candidat, rue d'Enghien dans le 10e arrondissement, devant lequel des détritus et des excréments ont été déposés. Selon Philippe Goujon, président de la fédération de Paris de l'UMP, la différence de nature de ces attaques comme la différence des cibles, interdit de faire des rapprochements. Selon lui, l'occupation de la permanence de Pierre Lellouche dans le 9e arrondissement par des militants d'Act Up criant "Sarkozy assassin", le 1er février, n'est pas de même nature que le jet de plusieurs projectiles contre la devanture d'un local, rue Paul-Bert, dans le 11e. Le responsable UMP croit néanmoins voir derrière ces agressions, "les méthodes de l'extrême gauche qui utilise la violence", ou les actes d'"irresponsables". Le coût de ces attaques est évalué à 60 000 euros. Depuis les attaques, 20 000 euros auraient été investis dans des dispositifs de sécurité. M. Goujon, ex-maire adjoint en charge de la sécurité à Paris, estime que "ces actes sont dus au climat de haine, aux attaques personnelles contre Nicolas Sarkozy". Du côté de l'enquête, les services de police confirment que cela "ne ressemble pas à des actions concertées", elles ne sont pas signées, même si des tags ont été tracés sur certains locaux. L'enquête a néanmoins été centralisée par une unité de soutien aux investigations territoriales, dépendant de la direction de la police urbaine de proximité. Les rondes de surveillance sont plus nombreuses, explique-t-on à la préfecture et, à l'UMP, des consignes de prudence ont été données aux militants. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Selon le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Razzye Hammadi, Ségolène Royal a renoncé à faire figurer dans sa plate-forme présidentielle l'instauration d'un service civique obligatoire pour tous les jeunes, optant pour un service volontaire. § S elon le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Razzye Hammadi, Ségolène Royal a renoncé à faire figurer dans sa plate-forme présidentielle l'instauration d'un service civique obligatoire pour tous les jeunes, optant pour un service volontaire. "Après débat, échange et discussion, (examen de la) faisabilité technique, il a été décidé que ce service civique serait volontaire, de six mois, faisable en plusieurs fois", a affirmé le dirigeant du MJS. La création d'un service civique obligatoire "pour tous les jeunes gens et toutes les jeunes filles" figure dans le projet du PS adopté par un vote des militants en juin 2006, sous le chapitre "Refonder la République". "ON NE VA PAS IMPOSER" Depuis l'adoption du projet, le premier secrétaire François Hollande n'a cessé de se porter garant de son respect par le candidat du PS. A l'université d'été de La Rochelle fin août, il avait rappelé que les candidats pouvaient "préciser" le projet socialiste, mais en aucun cas "le dénaturer ou le dévider, et encore moins l'oublier". Ce revirement des socialistes "est la preuve que les débats participatifs ne sont pas là pour faire joli, ils sont là pour enrichir le projet socialiste", a estimé Razzye Hammadi. Une proposition de loi socialiste avait même été débattue à l'Assemblée nationale dans le cadre d'une "niche" parlementaire, puis repoussée car l'UMP était hostile à un service obligatoire. Selon le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray, les organisations syndicales "ont insisté auprès de nous en disant que le caractère obligatoire pouvait peut-être amener à remettre en cause l'adhésion des jeunes au service civique, parce qu'il devenait une contrainte et que l'acte civique qu'on voulait lui donner perdait son sens". "On ne va pas imposer de manière autoritaire les choses", a-t-il ajouté. § Dans un chat sur Le Monde.fr, le candidat à la présidentielle a détaillé ses propositions sur l'environnement, l'emploi et la défense. Il a défendu sa vision d'une France " laïque, démocratique, féministe, antiraciste et écologiste". § A drien, étudiant à Tours : Ne pensez-vous pas que la multiplication des candidatures de l'extrême gauche va diviser vos électeurs et ainsi les chances de parvenir à emporter les élections ? José Bové : Je crois que ma candidature est une candidature qui veut être utile à la gauche pour battre Sarkozy et Le Pen. C'est une candidature qui s'inscrit dans la dynamique des collectifs unitaires et des 125 propositions qui ont été élaborés par ceux-ci. Vince : Vous considérez-vous comme un candidat écologiste ? José Bové : Je me considère comme un candidat qui ne peut pas séparer la lutte écologique de la lutte contre un modèle économique, modèle économique productiviste et libéral. La crise écologique aujourd'hui est le fruit d'un modèle de développement qui s'est accentué par la logique de la mondialisation libérale. Marcie : Comment allez-vous donner du travail aux Français ? José Bové : Il y a plusieurs pistes. D'abord, il faut que le travail soit revalorisé par rapport au capital. Il y a 150 millions d'euros, dans les dix dernières années, qui sont passés du travail vers le capital, c'est-à-dire vers les actionnaires. Il faut que cet argent permette de revaloriser les bas salaires et les minimas sociaux. Un autre type de mesure, par exemple : à cause du problème climatique et de la nécessité de la maîtrise de l'énergie, il est indispensable de réhabiliter tous les logements qui ont été construits avant 1975. Si on réhabilite 400 000 logements par an pendant quarante ans, cela permettrait de créer au moins 100 000 emplois. Banlieue78 : Peux-tu clairement énoncer ta vision concernant le "sort" des quartiers populaires jetés dans l'anathème et la source de tous les maux de la République ? Quelle transformation sociale dans les quartiers populaires ? José Bové : La question des banlieues ou des quartiers populaires est une question centrale, tant au point de vue de l'emploi que du logement et du respect de toutes les personnes qui y vivent dans leurs différences, qu'elles soient culturelles ou sociales. On ne réglera pas la question par une simple réunion interministérielle. Il y a nécessité de faire avec l'ensemble des populations de ces quartiers, des élus, des véritables états généraux des banlieues. Et au niveau du budget de l'Etat, si on veut sortir de la ghettoïsation, il faut que cela soit une priorité. Benjamin : N'avez-vous pas l'impression d'être obscurantiste en arrachant des plants transgéniques destinés à produire des médicaments ? José Bové : Aujourd'hui, la fédération des producteurs d'OGM au niveau international a pris une position très claire en disant qu'il ne fallait pas utiliser des plants en plein air pour produire des médicaments, parce que les risques de transferts de ces gènes à d'autres plantes pouvaient créer des risques pour la population qui n'est pas malade. Deuxième raison : il existe des méthodes beaucoup plus fiables pour produire ces molécules, en utilisant les fermenteurs en milieu confiné. C'est d'ailleurs ce que choisissent les laboratoires. Ganz : Serez-vous le candidat de la "décroissance" ? José Bové : Dans le projet que nous avons avancé, nous avons dit très clairement qu'il fallait remettre en cause le modèle de développement dans lequel nous sommes, tant au niveau de la production que de la consommation et des transports. Cette question touche à la fois l'avenir du travail et la pénibilité du travail, mais aussi l'avenir de la planète et la possibilité pour les générations futures de pouvoir vivre de manière décente. Il est certain que, de toutes les manières, les ressources fossiles seront épuisées d'ici une cinquantaine d'années. Il est nécessaire de mettre en uvre les alternatives dès aujourd'hui plutôt que d'attendre un conflit lié à la pénurie. Enrique : Je travaille dans une centrale nucléaire. Quelle est ta position sur ce thème ? Le rien nucléaire ? José Bové : Dans le cadre des collectifs, les positions sont divergentes entre ceux qui sont favorables à la poursuite de la politique nucléaire de la France et ceux qui prônent la sortie du nucléaire. La position que j'ai adoptée est de dire que ce débat énergétique ne peut pas être simplement réglé par des experts dans des cabinets ministériels, mais doit faire l'objet d'un débat public et d'un référendum. Pour que ce débat puisse se dérouler de manière sereine, il est indispensable d'arrêter le chantier de l'EPR et de décréter un moratoire sur toute nouvelle construction de centrales nucléaires en France. Seb : Quelle est votre opinion sur l'Europe et l'avenir de la Constitution européenne ? José Bové : Je crois qu'il faut être clair. Les Français ont voté "non" en mai 2005. Pour nous, il est clair qu'il faut proposer un nouveau texte fondateur qui tourne radicalement le dos au tout-marché. Nous proposons que, dès la fin du processus électoral, la France s'engage à relancer un processus pour la rédaction d'un nouveau traité qui devrait prendre toute sa dimension au moment de la présidence française de l'UE en 2008. Erick,_etudiant : Quelle est votre position par rapport à l'immigration ? José Bové : Sans aucune ambiguïté, je suis pour la régularisation de tous les sans-papiers. Les immigrés ne sont pas une menace. Ils sont une chance. Oualid : Avez-vous une idée pour régler le problème du logement ? José Bové : Il faut, entre autres, lancer un grand projet de construction. En même temps, on ne peut pas accepter que des logements vides puissent continuer à le rester en toute impunité. Il faut donc rendre effective la réquisition. Flobé : Quels seraient les fondements de la VIe République ? José Bové : Je parlerai plutôt de Ire République. On ne peut pas se contenter d'un replâtrage de la Ve République. Il faut modifier les rapports du pouvoir et des citoyens. Il faut mettre de manière très claire un terme au cumul des mandats, limiter le renouvellement, permettre aux citoyens de pouvoir déposer des projets de loi. Il faut mettre sous contrôle les élus et rendre possible leur révocation en cas de contradiction avec leurs électeurs. § Le slameur Lorent pose sa prose sur les clichés des murs calcinés lors des révoltes de novembre 2005. § § Ll'Association des parents gays et lesbiens (APGL) organise, samedi 3 février, un débat avec les candidats à l'élection présidentielle. § E lles sont allées chercher Pauline au Vietnam ensemble, elles se sont levées toutes les deux la nuit pour les biberons et pour la fièvre, mais aux yeux de la loi, seule l'une d'elles est considérée comme la mère de l'enfant. "Lorsque j'ai demandé un agrément pour l'adoption, je ne leur ai pas dit que j'étais homosexuelle pour éviter un refus, raconte Sophie. Je me suis présentée comme célibataire et ils m'ont délivré l'agrément. Mais, du coup, l'adoption est uniquement à mon nom." Depuis 2005, Sophie et sa compagne, Véronique, élèvent ensemble une petite fille d'origine vietnamienne qui aura bientôt deux ans. "Je m'en occupe autant que Sophie, mes parents se considèrent comme ses grands-parents et elle est invitée à la galette des rois de mon entreprise, comme si elle était ma fille, mais juridiquement, je n'ai aucun lien avec elle, regrette Véronique. C'est un peu insécurisant." Le couple souhaite adopter un deuxième enfant au Vietnam mais cette fois, c'est Véronique qui déposera la demande d'agrément. En se déclarant, comme Sophie, célibataire. "ABSENCE DE RÉFÉRENT PATERNEL" Les couples homosexuels qui souhaitent adopter à l'étranger cachent souvent leur situation pour éviter que l'agrément leur soit refusé. C'est ce qui est arrivé en 1998 à une institutrice du Jura qui avait déclaré qu'elle vivait avec une femme. "Votre projet d'adoption révèle l'absence d'image ou de référent paternels susceptibles de favoriser le développement harmonieux d'un enfant adopté", notait la décision du conseil général. Le dossier sera examiné en mars par la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg. L'homoparentalité - un terme forgé en 1997 par l'Association des parents gays et lesbiens (APGL) qui est entré dans le Robert en 2001 - s'impose peu à peu dans le paysage européen : la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, la Belgique et l'Espagne ont déjà choisi de s'engager dans cette voie. Depuis une dizaine d'années, la recherche s'intéresse, elle aussi, à ces questions : l'APGL, qui organise, samedi 3 février, un débat avec les candidats à l'élection présidentielle, vient de publier un guide qui recense plus d'un millier d'études sur l'homoparentalité, dont 319 ont été réalisées en France. "En 1997, il en existait seulement 250 dans le monde et aucune en France !", remarque l'APGL. § Le PS a inscrit dans son programme la légalisation du mariage entre deux personnes du même sexe. A droite, l'UDF et l'UMP défendent une "union civile" célébrée en mairie. § I ls portent tous deux des alliances qu'ils ont achetées ensemble il y a plus de vingt ans. " A l'époque, l'on ne s'affichait pas facilement, surtout dans la famille et dans le travail, sourit Jean Longarret. Ces alliances, c'était une façon de dire qu'on espérait vivre longtemps ensemble." Vingt ans plus tard, ils vivent toujours côte à côte et le mariage gay, qui fait partie du programme du PS, semble à portée de main. "Si c'est le cas, nous serons les premiers mariés homosexuels de Choisy-le-Roi !", lancent-ils en riant. Raimundo Ambrosio da Silva, 55 ans, travaille dans un service d'entretien le matin et fabrique des costumes de carnaval l'après-midi. Son compagnon Jean Longarret, qui a 63 ans, est réalisateur de documentaires. S'ils souhaitent se marier, c'est parce qu'à leurs yeux le mariage reste un symbole. "J'ai toujours eu l'impression que le pacs était un sous-produit pour des sous-citoyens", explique Jean Longarret. Passer devant le maire leur permettrait également de résoudre leurs problèmes fiscaux et patrimoniaux : pour que Raimundo puisse hériter de l'appartement de Choisy-le-Roi, il leur a fallu jongler avec les textes. "L'appartement est à mon nom car c'est moi qui aie souscrit l'emprunt, raconte Jean Longarret. Mais, s'il m'arrive un pépin, Raimundo ne pourra pas en hériter car aux yeux de la loi, nous ne sommes rien l'un pour l'autre. J'ai donc fait un testament en sa faveur mais il a également fallu que je souscrive une assurance-vie pour qu'il puisse payer les droits de succession : ils seront très élevés puisque nous ne sommes pas mariés." Jean Longarret et Raimundo Ambrosio da Silva ne sont pas les seuls à se poser ces questions. Depuis que le PS défend l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, beaucoup d'homosexuels songent à passer devant monsieur le maire. "C'est un phénomène nouveau, explique Alain Piriou, le porte-parole de l'Inter-LGBT (lesbienne, gaie, bi et trans), qui organise tous les ans la Marche des fiertés, à Paris. Le fait que ce projet devienne possible amène beaucoup de couples à y réfléchir sérieusement." "ÉGALITÉ DES SYMBOLES" Longtemps réticente, Ségolène Royal vient de clarifier ses positions. Dans un courrier envoyé le 11 décembre 2006 à l'Inter-LGBT, la candidate socialiste, qui se prononce en faveur d'un projet de loi sur le mariage homosexuel, s'engage à conduire cette réforme "avec détermination afin de convaincre une majorité de Français de son bien-fondé". Dans cette lettre, Mme Royal, qui s'était déjà déclarée favorable à l'adoption pour les couples homosexuels, va plus loin encore : elle envisage de modifier les lois de bioéthique afin d'ouvrir l'assistance à la procréation aux couples de femmes. A droite, où la violence des débats sur le pacs a laissé des mauvais souvenirs, les positions ont évolué aussi. A l'automne 2006, François Bayrou s'est dit favorable à une "union civile" célébrée en mairie pour les homosexuels et à l'ouverture de l'adoption simple pour les couples de même sexe. Nicolas Sarkozy, lui, refuse l'adoption mais il défend un "contrat d'union civil" avec les mêmes droits et devoirs que le mariage et qui sera célébré en mairie. "Il y a, chez les homosexuels, une aspiration profonde à l'égalité des droits, mais aussi aux symboles, souligne Stéphane Dassé, conseiller exécutif de l'UMP et président de Gaylib, un mouvement associé à l'UMP. Beaucoup d'entre nous portent les cicatrices des difficultés qu'ils ont vécues en famille ou ailleurs. Ils ont besoin d'entendre que la société les accepte et les reconnaît." En s'engageant dans cette voie, la France s'inscrirait dans un mouvement qui touche de plus en plus de pays européens : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique et l'Espagne ont déjà ouvert le mariage aux couples de même sexe. Quant au pacs, il fait de plus en plus d'émules : la République tchèque a inventé en 2006 un partenariat civil, la Suisse a créé en 2005 un contrat destiné aux couples de même sexe et le gouvernement italien de Romano Prodi a promis un projet de loi pour le mois de février. L'Afrique n'est pas en reste : en 2006, l'Afrique du Sud a été le premier pays du continent noir à autoriser les "unions volontaires" de couples de même sexe. § A Marseille, dans les allées du congrès de la FSU, fédération syndicale majoritaire parmi les enseignants, personne ne s'affiche en faveur de Ségolène Royal. § A Marseille, dans les allées du congrès de la FSU, fédération syndicale majoritaire parmi les enseignants, personne ne s'affiche en faveur de Ségolène Royal, dont les propos sur les 35 heures au collège ont durablement marqué les esprits. Pourtant, beaucoup en viennent à s'inquiéter de l'avenir électoral de la candidate. Car, si cette dernière ne suscite pas d'affection, tous éprouvent envers Nicolas Sarkozy un intense sentiment de rejet. Les plus intransigeants excluent de voter pour la candidate PS au premier tour, mais finissent par confier qu'en cas de duel au second ils le feraient "quand même". Clotilde Gauthier, jeune enseignante de maternelle à Melun (Seine-et-Marne) est sur la ligne "tout sauf Sarko", mais pas au point de voter "Ségo" au premier tour. Un choix qui n'est pas forcément celui des collègues qu'elle rencontre. Ce qui domine chez eux, rapporte-elle, est "la logique du moins pire", entre deux hantises : celle d'un Sarkozy triomphant et celle d'un "nouveau 21 avril". "LES JEUX NE SONT PAS FAITS" C'est pourquoi la question du "vote utile" se pose même parmi les plus engagés politiquement. Elle s'accompagne d'une forte attente : que Mme Royal exprime et clarifie "enfin" ses propositions en matière éducative. "On veut au moins savoir quelles sont les grandes lignes, si l'éducation est encore une priorité", dit Félicité Montagnac, qui enseigne à Moulins (Allier). "Je ne suis pas seulement enseignante, je suis aussi citoyenne", dit Christelle Mauss, jeune professeur des écoles à Nancy (Moselle) qui a voté Jospin en 2002. "Or, Ségolène ne nous rassure pas, car elle ne dit rien." Pour autant, "elle n'a pas encore perdu mon vote". "Les jeux ne sont pas faits", confirme Béatrice Dunet, professeur des écoles dans les Bouches-du-Rhône. En sollicitant Monique Vuaillat, ex-numéro un de la FSU, pour organiser une rencontre, jeudi à Grenoble, avec une trentaine d'enseignants, Mme Royal a voulu émettre un signal : six ans après avoir quitté ses responsabilités syndicales, celle qui avait mené la bataille contre Claude Allègre reste une figure du monde enseignant. Mais en présentant indûment la participation de Mme Vuaillat comme "un ralliement", Jack Lang a quelque peu gâché le symbole. § Nicolas Sarkozy a décidé d'occuper l'espace avant, pendant et après le 11 février pour conserver l'avantage dont le créditent les sondages face à sa rivale socialiste. § A l'UMP, on a aussi entouré d'un trait rouge la date du 11 février. Et décidé de tout faire pour amoindrir l'effet médiatique des propositions que Ségolène Royal dévoilera ce jour-là. Aussi, Nicolas Sarkozy a décidé d'occuper l'espace avant, pendant et après le 11 février pour conserver l'avantage dont le créditent les sondages face à sa rivale socialiste. Cette confrontation à distance commencera par une épreuve médiatique. Lundi 5 février, le candidat de l'UMP sera le premier invité de la nouvelle émission politique de TF1, "J'ai une question à vous poser". Ségolène Royal, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen participeront également à cette émission, dont le principe - dangereux - est de confronter un candidat à un panel de 100 téléspectateurs. En acceptant d'essuyer les plâtres, M. Sarkozy compte établir d'entrée un record d'audience difficile à battre et asseoir sa maîtrise. Pour doper l'audience, un SMS sera envoyé aux 330 000 adhérents de l'UMP afin de les engager à être présents devant leur petit écran. Deux jours plus tard, le 7 mai, le candidat UMP se consacrera aux questions de défense lors d'un meeting à Toulon, en compagnie de la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie. La seconde épreuve se jouera sur la popularité et l'attraction. Le 11 février, M. Sarkozy réunira ses comités de soutien à la Mutualité, à Paris. Il s'agit selon, Roger Karoutchi, chargé de l'animation au QG de campagne du candidat de rassembler ceux qui disent : "L'UMP n'est pas mon parti, mais Sarkozy est mon candidat." A cette occasion seront présents des élus sans étiquette, des représentants des branches professionnelles (médecins, infirmières, enseignants) et des artistes, tels que le chanteur Enrico Macias, des intellectuels, comme André Glucksmann et Alain Finkielkraut. La liste est en cours d'élaboration. VISITE À ANGELA MERKEL La troisième et dernière épreuve sera consacrée à la stature internationale. Le 12 février, M. Sarkozy se rendra à Berlin, en compagnie de l'ancien premier ministre Alain Juppé pour une rencontre avec la chancelière Angela Merkel. Ce déplacement fait suite à sa visite à Tony Blair à Londres, le 30 janvier, au cours de laquelle M. Sarkozy s'était interrogé, en visant implicitement Mme Royal : "Qui peut envisager de diriger la France sans connaître les dirigeants de l'Europe ?" En renforçant son image internationale, cette visite à Berlin soulignerait les difficultés de Mme Royal à oragniser un rendez-vous rapide avec la chancelière allemande. Au-delà de cette compétition, le candidat de l'UMP est certain d'avoir pris un avantage décisif sur la candidate du Parti socialiste même s'il répète que "rien n'est joué". Au cours d'une conversation avec les journalistes en marge de sa visite au marché de Rungis, jeudi 1er février, Nicolas Sarkozy a implicitement critiqué la stratégie de Ségolène Royal : "Il faut tellement de temps pour installer ses idées. C'est une erreur de penser qu'on peut les garder pour la fin." Ce qui n'empêche pas l'UMP de faire monter la pression sur le rendez-vous du 11. "Nous participons à l'attente, explique un député proche de M. Sarkozy. Mais nous espérons bien qu'elle sera déçue." § Une journaliste de France 3 Ouest menace le président du Mouvement pour la France d'une action en justice pour diffamation. § U ne journaliste de France 3 Ouest et la CGT ont écrit à Philippe de Villiers pour lui demander de publier un droit de réponse dans les colonnes de son journal de campagne, qui avait comparé un reportage de la chaîne à la propagande de Goebbels. Dans ce courrier publié jeudi 1er février, cette journaliste estime avoir été "diffamée" et "se réserve la possibilité" d'aller en justice. Dans Pour la France, le journal de campagne, paru en décembre 2006, du candidat à la présidentielle, un article s'en prenait à un reportage de France 3 Ouest sur la Vendée. Cet article dénonçait une "désinformation galopante" et des "tripatouillages audiovisuels comme aux plus belles heures du docteur Goebbels", ministre de la propagande sous le régime nazi. DROIT DE RÉPONSE Mardi, la journaliste mise en cause a écrit à M. de Villiers, lui demandant de publier le droit de réponse suivant : "Je m'étonne du caractère outrancier de vos propos. Je trouve malvenues toutes les comparaisons que vous faites entre mon travail et les méthodes de la propagande du régime nazi", écrit cette journaliste. Les syndicats SNJ-CGT et SNRT-CGT ont également demandé un droit de réponse au président du MPF. La CGT "déplore" que M. de Villiers "n'ait pas jugé utile de répondre favorablement à l'invitation de l'équipe (de France 3) qui souhaitait lui donner la parole" dans ce reportage sur la Vendée. § "J'ai réglé mon problème avec Chirac", assure le président de l'UMP. Mais, tant que le chef de l'Etat n'a pas annoncé qu'il renonçait à se représenter, la question du soutien reste en suspens. § I l y a eu des concessions de part et d'autre. Une volonté d'apaisement dans cette relation régie par les rapports de forces. Jacques Chirac ira-t-il, pour autant, jusqu'à adouber Nicolas Sarkozy ? La question circule, depuis des semaines, parmi les partisans du candidat de l'UMP. Le ministre de l'intérieur lui-même a déclaré dans Le Figaro, mercredi 31 janvier : "Si le président devait me manifester son soutien, ce serait important." Une petite phrase très remarquée parmi les proches du chef de l'Etat. Pour la plupart des chiraquiens, la réponse ne fait pas de doute, à terme. "De même qu'il a voulu peser sur le centre de gravité de la campagne, avec succès, il me paraît évident qu'il va l'adouber", juge un ministre qui tient à rester anonyme. Parce qu'il y a désormais "une plus large convergence de vues, malgré quelque friture sur la ligne". Parce que la droite ne peut pas gagner en crachant sur son bilan. Parce que le chef de l'Etat ne peut que constater la bonne entrée en campagne d'un candidat soutenu par toute la droite. Après son entrevue du lundi avec le président, le 29 janvier, le ministre de l'intérieur aurait confié en privé : "J'ai réglé mon problème avec Chirac."PAS UN "PRINCIPE DE PLAISIR", MAIS DE "RÉALITÉ" Mieux, semble-t-il, que Lionel Jospin avec François Mitterrand en 1995. Le président en place avait attendu le 13 mars pour apporter son soutien, du bout des lèvres, au candidat du PS. "Ce n'est pas un mystère. Je voterai pour lui et j'espère que ceux qui m'ont suivi jusqu'ici agiront comme moi", avait déclaré le président, alors que quelques-uns de ses plus proches s'étaient rangés du côté de M. Chirac ou de Robert Hue. Des conseils au candidat ? "Oh, je m'en garderai bien", avait répondu M. Mitterrand. Il est vrai que le futur premier ministre Jospin avait évoqué un "droit d'inventaire" et tout fait pour s'éloigner d'un monarque devenu impopulaire, avant de l'appeler, discrètement, à la rescousse. "Ce n'est pas un principe de plaisir mais de réalité. Et Chirac ne s'est pas donné tout le mal qu'il s'est donné pour voir tout démolir", commente un autre chiraquien, persuadé que, dans deux ans, n'importe quel gouvernement subira une dégradation "quasi biologique" de popularité, tandis que le bilan du chef de l'Etat apparaîtra moins noir que la presse ne le dépeint aujourd'hui. Et puis, jugent les uns et les autres, il est logique qu'il soutienne la famille dont il est issu et dont il a créé le parti. "Il faut arrêter les fantasmes. Autre temps, autres moeurs", s'agace un ami de M. Chirac qui ne "croit absolument pas" au scénario baroque de 1981, où ses proches avaient appelé, en sous-main, à faire battre Valéry Giscard d'Estaing. Evidemment, le doute persiste sur un éventuel coup de pouce au candidat, tant que le président n'a pas annoncé qu'il ne l'était pas lui-même. "On ne peut pas répondre à la question d'après, si on n'a pas répondu à celle d'avant", glisse un conseiller de l'Elysée. "C'est personnel, intime. C'est très important cette annonce-là, ce propos-là, il faut le respecter", souligne un chiraquien converti au président de l'UMP. Et les sarkozystes se relaient pour faire remarquer que "les attaques ont cessé" - car ils pensent que M. Chirac ne se représentera pas. Jeudi 1er février, ils n'ont pas jeté d'huile sur le feu, après la polémique née des propos de M. Chirac tenus "off" sur l'Iran à la presse, puis reformulés. COMME LEMOND ET HINAULT Reste la délicate question du calendrier. Le chef de l'Etat restera très présent sur la scène médiatique jusqu'à la fin du mois de février. Le 11, le jour même de l'annonce du programme de Ségolène Royal, Bernadette Chirac occupera l'écran pour une émission à forte audience, "Vivement dimanche", de Michel Drucker, au cours de laquelle un témoignage du président, enregistré, doit être diffusé. A la mi-février, il sera à Cannes (Alpes-maritimes) pour un sommet France-Afrique. Le 19 ou le 26 février, le Congrès réuni à Versailles (Yvelines) doit adopter la triple réforme constitutionnelle, voulue par M. Chirac, sur l'abolition de la peine de mort, le statut pénal du chef de l'Etat et la Nouvelle-Calédonie. "Il va quand même réussir ce miracle que les trois réformes soient votées par consensus gauche-droite, assorti d'un hommage de Badinter", prévoit un constitutionnaliste. "C'est un bon moment pour sortir en majesté et en tout cas pas avant", jugent plusieurs ténors de la majorité. M. Sarkozy a déjà son modèle d'adoubement en tête depuis longtemps : l'accolade de Bernard Hinault à son jeune coéquipier Greg LeMond en haut de L'Alpe-d'Huez, pour lui laisser gagner son premier Tour de France en 1986. Las, voici comment l'histoire se finit : "Quoi, Hinault m'aurait fait gagner ? Je n'ai pas besoin de lui. (...) J'aurais pu le lâcher tranquillement", avait répondu LeMond quelques semaines plus tard. Et Hinault avait "un peu" regretté : "C'est difficile l'humilité pour un Américain... A l'Alpe-d'Huez, j'aurais pu lui faire la peau. Je me sentais bien. Je me baladais." Ce n'est plus le cas de M. Chirac. § La Fédération nationale des chasseurs (FNC) organisait, mardi 20 février à Paris, un "grand oral" inédit des candidats à l'élection présidentielle. § L a Fédération nationale des chasseurs (FNC) organisait, mardi 20 février à Paris, un "grand oral" inédit des candidats à l'élection présidentielle. "L'électorat chasseur est une proie difficile à capturer", a averti Charles-Henri de Ponchalon, le président de la fédération. Selon M. de Ponchalon, les chasseurs veulent "en finir avec le laxisme politique envers Bruxelles et la surréglementation sur la chasse" et "en finir avec les batailles des dates de chasse aux migrateurs". Ils demandent également d'échapper à la tutelle du ministère de l'écologie et d'être rattachés à un grand "ministère de la ruralité". La FNC revendique 1,3 million d'adhérents. Et, au premier tour l'élection présidentielle de 2002, Jean Saint-Josse (Chasse, pêche, nature et tradition) avait recueilli plus de 1,2 million de voix, soit 4,23 % des suffrages. Aujourd'hui, l'électorat CPNT et, au-delà, l'électorat rural sont "à prendre", souligne Jérôme Fourquet (IFOP). Et selon lui, le jeu est "assez ouvert" dans cette population, principalement entre Sarkozy, Royal, Le Pen et Bayrou. "LOISIR RURAL" Tous deux présents, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont donc pris soin de ménager cet électorat potentiel. La candidate socialiste, "fille de chasseur", a défendu "un loisir rural" et "un droit démocratique", revendiquant "une relation amicale et proche" avec les chasseurs. Le candidat de l'UMP n'était pas en reste. "La chasse, c'est une partie de l'identité française", et elle doit être "respectée parce qu'elle est respectable", a-t-il déclaré. Tous deux ont répondu en partie aux revendications des chasseurs. Mme Royal s'est engagée à ne pas faire "la énième réforme de la chasse" et à "préserver le cadre législatif actuel" qui garantit, selon elle, une "pratique de la chasse dans une bonne harmonie avec les autres activités". De son côté, le candidat de l'UMP a déclaré que si "l'Europe a vocation à protéger, à définir des règles pour les oiseaux migrateurs qui traversent nos frontières", "il appartient aux seuls Etats de déterminer les conditions de chasse sur leurs territoires". Il a toutefois souligné qu'il "n'accepterait aucune entorse s'agissant des espèces protégées". Par ailleurs, la candidate socialiste a affirmé qu'"à la lumière de l'évaluation de l'application des politiques, nous pourrons voir de quelle manière la chasse pourrait être rattachée au ministère de l'agriculture". Elle a proposé de "renforcer l'implication des chasseurs dans la gestion de l'espace rural". Et M. Sarkozy a également promis de rattacher "la chasse au ministère en charge de la ruralité". HUÉES Dominique Voynet (Verts) a eu droit à un accueil beaucoup plus mouvementé. Sous les huées et les sifflets, elle a revendiqué son "franc-parler" sur la question de la chasse. "Je ne suis pas venue faire la danse du ventre devant vous", a-t-elle prévenu dans un propos liminaire. Mme Voynet a rappelé s'être vivement affrontée aux chasseurs au moment du vote de sa "loi chasse" en 2000. D'une manière générale, elle a appelé les chasseurs à "mettre un terme concrètement" aux actes de violence dans leurs protestations. Elle a "regretté personnellement que les chasseurs, en tant que lobby, fassent si peu pour la conservation de la nature". Mme Voynet a estimé que "la politique de la chasse doit rester sous la tutelle du ministère de la protection de la nature et de l'environnement". § Interviewé le 12 février par le site Internet de France 2, Loïc Le Meur, personnalité en vue de la blogosphère *, a dit tout le bien qu'il pensait du premier flic de France et candidat de l'UMP à l'élection présidentielle.... Lire la suite sur Langue sauce piquante, le blog des correcteurs du monde.fr § § Alain Duhamel a dû suspendre sa chronique quotidienne sur RTL pour avoir pris position en faveur de la candidature de François Bayrou. § A lain Duhamel étant suspendu de RTL, d'un commun accord avec la radio, pendant la durée de la campagne présidentielle, son éditorial quotidien sera assuré par les journalistes Franz-Olivier Giesbert et Serge July. Avant le 5 mars, M. Giesbert, que les auditeurs peuvent déjà entendre chaque vendredi à 18 heures, présentera seul l'éditorial matinal. Il sera ensuite assuré en alternance avec M. July, ex-PDG de Libération, qui collabore au site Internet de RTL consacré à la présidentielle. Alain Duhamel a été privé d'antenne sur France Télévisions jusqu'à la fin de la campagne électorale et a dû suspendre sa chronique quotidienne sur RTL, pour avoir pris position en faveur de la candidature de François Bayrou. De son côté, "comme convenu", M. Duhamel "continuera à collaborer et à participer aux débats" sur RTL : "Dès son retour de vacances le 26 février, il deviendra polémiste de l'émission 'On refait le monde' menée chaque soir par Nicolas Poincaré, de 19 h 15 à 20 heures", ajoute la station. § Le président syndicat patronal du secteur a envoyé une lettre aux 100 000 salariés du secteur pharma pour les pousser à intervenir comme autant de petits soldats auprès des différents candidats. § L es laboratoires pharmaceutiques s'invitent dans la campagne présidentielle. Et de manière musclée. Christian Lajoux, président du LEEM (Les entreprises du médicament), le syndicat patronal du secteur, a annoncé, mardi 20 février, qu'il avait envoyé une lettre aux 100 000 salariés du secteur pharma (recherche, production, commercial...) pour les pousser à intervenir comme autant de petits soldats auprès des différents candidats. "Nous vivons une période qui se caractérise par une pression très forte sur nos entreprises et sur le médicament", écrit M. Lajoux, faisant référence aux déremboursements, aux génériques et à la difficulté de faire homologuer de nouveaux médicaments. "On veut limiter les dépenses pour la santé et on essaie de diminuer le recours au médicament. On demande à nos entreprises des contributions et des taxes spécifiques." Bref, c'est "la dynamique même du progrès thérapeutique en France" qui serait menacée. Après avoir échoué à "attirer l'attention des pouvoirs publics sur le caractère dangereux de cette situation pour le progrès médical d'abord mais aussi pour nos emplois, pour nos recherches et au final pour l'économie", le président du LEEM "en appelle" comme une carte de la dernière chance, "à chacun, dans le respect de (ses) choix, pour qu'il relaie ces préoccupations dans le débat (électoral) que nous vivons"."TROUVEZ DES SOLUTIONS THÉRAPEUTIQUES NOUVELLES !" Les bataillons de la pharmacie sont-ils tous en ordre pour l'assaut ? Pas sûr, car tous n'ont pas été pénalisés de manière uniforme par les changements de politique intervenus ces dernières années. Certes, les taxes nouvelles ont frappé tous les laboratoires, mais les génériques et les déremboursements ont surtout pénalisé ceux qui investissent peu ou mal dans la recherche et dont les résultats reposent sur un stock de produits anciens. Comme le faisait remarquer Christophe Weber, PDG de GlaxoSmithKline France, lors de la présentation des résultats du groupe le 8 février, la politique du gouvernement français ne pénalise pas les laboratoires qui innovent. "Il y a un choix pour l'innovation qui se met progressivement en place en France", expliquait M. Weber. Ainsi, ceux qui comme le suisse Roche ont plusieurs médicaments innovants contre le cancer sur le marché ou ceux qui comme Wyeth ont un produit innovant contre la polyarthrite rhumatoïde s'en sortent mieux en termes de volumes et de prix que ceux qui, comme Sanofi Aventis, voient s'effriter marges et chiffre d'affaires parce que de vieux produits comme l'Ercefuryl (diarrhées) ou le Gabacet (vertiges) ont été déremboursés. "Le message politique est clair : trouvez des solutions thérapeutiques nouvelles !", explique Christophe Weber. Un discours que le LEEM, qui représente tous les laboratoires, ne peut faire sien. § L'ascension médiatique de Ségolène Royal peut se lire en feuilletant Paris Match. § L 'ascension médiatique de Ségolène Royal peut se lire en feuilletant Paris Match. En 1992, alors ministre de l'environnement, on l'avait vue photographiée dans Paris Match sur son lit d'accouchée lors de la naissance de sa fille Flora. A l'époque, cette prestation - plutôt inhabituelle dans les moeurs du monde politique - avait servi sa notoriété mais lui avait aussi valu des critiques, y compris de la part de son compagnon, François Hollande. Après d'autres apparitions dans l'hebdomadaire, c'est encore dans Paris Match que Mme Royal annonce officiellement sa candidature à l'investiture du Parti socialiste. De même, elle a su entretenir des rapports suivis avec les rédactions des magazines féminins, domaine considéré parmi les responsables politiques comme une terra incognita sans réel intérêt stratégique. Comptabilisant avec autant d'attention ses citations dans les pages politiques que ses interviews - avec photos - dans les magazines familiaux traitant de sujets "sociétaux", Mme Royal a patiemment labouré le terrain. "UNE RUBRIQUE 'TENDANCES' À ELLE TOUTE SEULE" Dès le lancement de la campagne interne au PS, le courant est passé entre Ségolène Royal et la presse féminine. Début 2006, la candidate a accordé des entretiens à Femme actuelle et à Elle. Depuis, pas un magazine féminin qui ne se soit longuement penché sur le "phénomène Ségolène", y compris Vogue USA et Vanity Fair. Dans ce domaine, Edith Cresson comme Michèle Alliot-Marie n'ont jamais disposé d'une telle aura. L'entourage de la candidate apprécie sans fard l'opportunité de pouvoir s'exprimer dans ces médias à fort tirage qui "permettent de toucher directement un lectorat populaire". Et les sollicitations n'ont pas manqué, précise son état-major. "Cette femme est différente, elle dégage quelque chose", assure Valérie Toranian, directrice de la rédaction de Elle. "Depuis soixante ans, notre journal encourage les femmes à occuper la place qu'elles méritent dans la société ; comment rester indifférent à une candidate en position d'accéder à la fonction suprême ?", plaide la journaliste. Muriel Picard, qui dirige la rédaction de Femme actuelle, sait gré à Ségolène Royal "d'avoir fait voler en éclats le mythe selon lequel une femme ne peut accéder aux plus hautes responsabilités". La candidate socialiste a donné, sur la forme comme sur le fond, du grain à moudre aux magazines féminins qui célèbrent dans leurs colonnes la femme moderne, élégante, féminine, indépendante, capable de concilier sa vie professionnelle et ses devoirs de mère. "Ségolène, c'est une rubrique 'Tendances' à elle toute seule. Elle choisit ses tenues avec soin, personnifie la force de la féminité et, en plus, reflète les tensions au sein du couple égalitaire moderne", s'amuse Bénédicte Epinay, rédactrice en chef de Jasmin. "FOND DE MACHISME" A mesure que se rapprochent les échéances, les magazines féminins modèrent l'effervescence dans laquelle les a plongés la candidate. "Si je nourris de l'empathie pour ce qu'elle représente, je me définis comme modérément ségoléniste", fait savoir Alix Girod de l'Ain, éditorialiste à Elle. Dans l'édition du 8 février du Nouvel Observateur, elle va plus loin. "Femme moi-même, ai-je le droit moral de ne pas être béate devant cette néo-madone ?", s'interroge-t-elle, comparant "Ségo" à "une préfète pète-sec". "Quelle soit une bonne ou une mauvaise candidate, là n'est pas la question. Nous n'avons pas choisi notre camp", insiste pour sa part Muriel Picard. Visiblement, les rapports sont également devenus plus tendus avec les magazines "people". Y compris avec Paris Match. "Elle capte la lumière comme personne mais, comme elle redoute sans cesse de se faire piéger, les rapports sont devenus beaucoup plus difficiles", assure Laurence Masurel, rédactrice en chef à Paris Match. Capturé dans l'objectif des paparazzis, "l'effet Ségolène" revient comme un boomerang, ce que la candidate n'avait peut-être pas anticipé. Avant de finalement y renoncer, elle a menacé de poursuivre en justice VSD et Closer, qui avaient publié des photos d'elle en maillot de bain, prises à son insu durant les vacances. "Ces clichés, contrairement aux photos de Dominique de Villepin en maillot de bain ou de Nicolas Sarkozy en survêtement, sortaient du cadre de la communication organisée", souligne Stéphane Albouy, rédacteur en chef adjoint de Closer. "Aujourd'hui, considère Laurence Masurel, je pense que le fait d'être une femme ne joue plus en sa faveur. Peut-être même cela penche-t-il en sa défaveur. Entrée en campagne, Ségolène Royal est rattrapée par la politique. Et aussi par le vieux fond de machisme qui existe en France." § Ségolène Royal a voulu instaurer un système artisanal de relations avec la presse, qui se révèle plus compliqué depuis la primaire socialiste. Tranche de vie de la journaliste du "Monde" accréditée auprès de la candidate § E lle vous salue toujours, en vous serrant la main, d'une voix inimitable : "Bonjour ! Rhôôô. Vous êtes là ?" Evidemment nous sommes là. Vingt, trente, quarante journalistes de presse écrite, radio, télévision et photographes qui suivent en permanence Ségolène Royal, de la Grande Muraille de Chine à la banlieue de Lille. On appelle ça le "Ségo tour". C'est une course-poursuite avec une candidate perpétuellement souriante mais qui fuit de plus en plus le contact, blessée par les articles sur ses "bourdes", méfiante vis-à-vis de la petite phrase qui pourrait lui échapper. Il n'y a plus de "off" dans les avions, ces conversations improvisées qui alimentent en partie les papiers. A chaque tentative pour aller la voir, un officier de sécurité se lève et barre le passage. "Les journalistes qui suivent Sarkozy sont obligés de lui dire de retourner à sa place tellement il n'arrête pas", proteste-t-on. Rien à faire. C'est le "syndrome Jospin", qui prononça dans un avion de retour de La Réunion le fameux "usé, vieilli, fatigué" à propos de Jacques Chirac, et qui déclencha une des plus belles polémiques de la campagne 2002. Ségolène Royal n'a rien oublié, qui s'entoure de mille protections. Il n'en a pas toujours été ainsi. "VOUS ÊTES FÉTICHISTES ?" Au commencement, la candidate était plus accessible. Mais où cela a-t-il commencé ? Au Chili ? A l'époque, en janvier 2006, les journalistes qui la suivent sont rares. Trois, peut-être quatre qui se mêlent aux envoyés spéciaux chargés de "couvrir" l'élection de la présidente chilienne, Michelle Bachelet. J'en suis. Dès son arrivée à l'aéroport, Ségolène Royal se tourne et lance dans un charmant sourire : "Vous pouvez encore repartir, je ne vais rien vous dire." Au retour, elle patiente à la sortie de l'avion pour lancer un "vous êtes fétichistes ?" furibard aux journalistes qui ont évoqué ses chaussures à talons dans les quartiers populaires de Santiago. La primaire socialiste n'a pas encore vraiment commencé. Mais on a sondé la détermination de la présidente de Poitou-Charentes, et fait connaissance avec son carré de fidèles : Sophie Bouchet-Petersen, sa conseillère spéciale, Patrick Mennucci, chargé de l'organisation, Benoît Pichard, son chef de cabinet, et Agnès Longueville, son attachée de presse. Utile. En réalité, tout commence à Privas, le 8 mars. Ce jour-là, Ségolène Royal, qui a raté son premier train, tire sa valise à roulettes toute seule sur un quai de la gare de Lyon. Aucun garde du corps à l'horizon, aucun "accompagnant" et trois journalistes seulement : Françoise Degois, de France Inter, Ilana Moryoussef, de France Info et moi-même. Dans le train, nous parlons pendant trois heures à bâtons rompus de tout, de la politique, du PS, de Dominique de Villepin. Les carnets de notes se remplissent. A l'arrivée, un choc. Dans cette petite commune ardéchoise, une foule d'un millier de personnes enthousiastes attend Ségolène Royal alors que la fédération socialiste du département ne compte pas plus de 600 cartes. Aucun bus, juste des voitures en tous sens sur le parking. "A l'Elysée, ma petite !", lance une femme. A partir de ce jour-là, nous ne la quitterons plus. Meetings et réunions s'enchaînent, la primaire au PS bat son plein. Les reproches pleuvent. Fabiusiens et strauss-kahniens crient à l'injustice : "Pourquoi ne vous intéresser qu'à elle ?" Parce que chaque apparition publique de la candidate valide les sondages. Ses réunions sont pleines à craquer quand ses concurrents peinent à élargir le cercle de leurs fidèles. Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas voir ce qui se passe. Les débats télévisés entre les candidats n'y changent rien. Les partisans de DSK, qui tentent d'accréditer l'idée d'un second tour, sont parmi les plus durs. Les pressions se multiplient. Au lendemain du dernier débat télévisé, un quotidien gratuit publie sur une demi-page une photo de la candidate dans le restaurant voisin des studios où l'attendent, à la sortie de l'émission, ses partisans et de nombreux journalistes. Mais sur l'image, on ne voit que Ségolène Royal assise à une table, menton dans la main, entourée de Françoise Degois et de moi-même avec cette légende : "Ségolène Royal dubitative après son dernier débat entourée de ses collaboratrices" (sic). Je ne crois pas beaucoup au malentendu. Les relations avec les "royalistes" sont aussi compliquées. Alors qu'elle n'est pas encore investie, Ségolène Royal, qui intervient peu directement elle-même, a la bouderie facile sur des papiers jugés "hostiles". En novembre, les jeux sont faits : 60 % des militants élisent du premier coup Ségolène Royal. Le 16, dans sa circonscription de Melle (Deux-Sèvres), une soixantaine de journalistes, dont deux équipes japonaises de télévision et une allemande, attendent sa déclaration dans la petite salle des fêtes transformée en QG de presse. Après cela, elle acceptera, à notre demande, de recevoir quelques instants le trio, plus un photographe, Jean-Luc Luyssen, de l'agence Gamma, dans sa maison toute proche. Un moment rare qui clôt une étape. Assise dans son canapé blanc, Ségolène Royal, presque grave, commente : "Je ne suis pas euphorique, je réfléchis dans ma tête à ce souffle nouveau qui me pousse. C'est le peuple qui m'a faite, qui a écrit cette histoire" (Le Monde du 18 novembre 2006). Une photo de cet instant paraîtra le lendemain à la "une" du Journal du dimanche (JDD). Beaucoup se demanderont quels étaient les interlocuteurs qui lui faisaient face. Des privilégiés, sans doute, des journalistes complaisantes, certainement pas. PEUT ÊTRE MANIPULATRICE, JAMAIS FAMILIÈRE Ségolène Royal peut être manipulatrice, elle n'est jamais familière. Elle ne crée pas de liens, même si elle semble attacher plus d'importance aux journalistes de "base" qu'aux grands éditorialistes - qu'elle connaît pourtant fort bien pour les avoir souvent rencontrés, seule ou avec François Hollande. Y a-t-il une relation privilégiée non dite entre la première candidate susceptible d'accéder à l'Elysée et des journalistes femmes ? Sans doute les manifestations récurrentes de machisme au Parti socialiste ont-elles fait naître, ici et là, un réflexe de protection, mais il ne pouvait s'installer dans la durée. Ségolène Royal plaisante aimablement mais reste toujours sur ses gardes. Elle se protège mais s'expose en première ligne et ne délègue pas. Au cours de son voyage au Sénégal, elle montera elle-même dans le bus réservé aux journalistes, alors en bagarre avec Agnès Longueville, son attachée de presse. "Cessez d'embêter Agnès ! Si quelque chose ne va pas, vous venez me le dire à moi !" La scène restera dans les mémoires. Capable d'annuler au dernier moment un 20 heures sur TF1, une matinale sur France Inter ou une interview au Monde, elle ne se livre guère. Et quand elle finit par choisir son moment, que l'entretien pour le Monde est bouclé et envoyé pour relecture, elle peut téléphoner à 1 heure du matin, insatisfaite ou angoissée : "Je ne la sens pas, cette interview..." Il faudra un peu de diplomatie pour lui faire comprendre qu'il n'est pas possible, à quelques heures du bouclage, de repousser l'entretien (Le Monde du 23 juin 2006). § En mars prochain doit être lancé un jeu de simulation géopolitique sur PC intitulé "Mission président", qui donne la possibilité de se glisser dans les habits de 170 chefs d'Etat autour du monde. § V ous ne figurez pas parmi la quarantaine de candidats déclarés à l'Elysée, mais vous pouvez jouer au président sur jeu vidéo. En mars prochain doit être lancé un jeu de simulation géopolitique sur PC intitulé "Mission président", qui donne la possibilité de se glisser dans les habits de 170 chefs d'Etat autour du monde. Avec un double objectif : rester au pouvoir le plus longtemps possible et conserver le taux de popularité le plus élevé. Pour chaque pays, le simulateur intègre plusieurs centaines de données (chômage, partis politiques, alliances internationales, poids des syndicats, etc.). "Nous voulons coller le plus possible à la réalité de la politique dans chaque pays", explique André Rocques, président de la société française Eversim, qui a créé le logiciel. Les joueurs disposent de tous les attributs des pouvoirs : président de la République, monarque, dictateur. Vous pouvez jouer sur les impôts (supprimer l'ISF, par exemple), faire varier le nombre de fonctionnaires, décréter un embargo, vous allier avec un autre pays, déclarer une guerre, etc. Au total, un millier d'actions différentes sont possibles. FORMATION DES OFFICIERS Les concepteurs du jeu n'ont pas fixé de limites morales, laissant la possibilité de frauder lors des élections, d'assassiner un opposant, de devenir un dictateur... Mais, à chaque fois que le chef de l'Etat prend une décision, il doit en supporter les conséquences politiques : les différents groupes de pression sont représentés et leurs réactions prises en compte. "Un chef de l'Etat peut perdre le soutien de son Parlement, par exemple, et être conduit à la démission", explique André Rocques. D'ici à la fin 2007, le jeu (vendu 39,90 euros) pourra devenir multijoueur (jusqu'à 170 apprentis chefs d'Etat en interaction) et sera "persistant", ce qui signifie que la simulation continuera d'évoluer, y compris lorsque l'ordinateur est arrêté (troubles sociaux, réchauffement climatique, etc.) Cette innovation a suscité l'intérêt de la défense nationale. Selon nos informations, la délégation générale pour l'armement (DGA), chargée de piloter les programmes de recherche, a avancé 30 000 euros pour soutenir le projet. L'armée française compte utiliser cette technologie pour simuler des "comportements de pays ou de groupes sociaux". Le logiciel devrait notamment servir dans le cadre de la formation des officiers supérieurs. § Entre quatre et six points en moins. Alors qu'elle totalisait 14,7 % en 2002, la gauche du PS semble peiner en ce début de campagne. § E ntre quatre et six points en moins. Alors qu'elle totalisait 14,7 % en 2002, la gauche du PS semble peiner en ce début de campagne. Selon les différents instituts de sondage, elle plafonne aujourd'hui entre 8 % et 11 %. Et 12 % à 13 % si on lui additionne le faible score de Dominique Voynet (entre 1 % et 2 %). Il semble bien que les espoirs nourris par les partis de la gauche antilibérale de capitaliser les effets du non de gauche au référendum se soient - momentanément ? - évanouis. C'est en effet Ségolène Royal qui a récupéré l'électorat de gauche opposé au traité constitutionnel européen le 29 mai 2005. La candidate socialiste attire 49 % de ces protestataires, selon une étude de l'institut IFOP, réalisée à partir de trois enquêtes faites entre la mi-janvier et la mi-février. Les électeurs du "non de gauche" voteraient à 10 % pour Marie-George Buffet (PCF), 8 % pour Olivier Besancenot (LCR), 5 % pour José Bové et 4 % pour Arlette Laguiller (LO). "Cela confirme que les candidats de l'extrême gauche sont à la peine", explique Jérôme Fourquet, directeur de l'institut. Les probabilités de vote testées après les résultats du référendum avaient déjà dessiné cette tendance, rappelle-t-on au Centre d'études de la vie politique française : "Les nonistes n'ont pas disparu mais sont très proches du PS. Et ce d'autant plus que la candidate s'est efforcée de réconcilier les deux camps", soutient Vincent Tiberj, chercheur au Cevipof. L'effet "21 avril" semble encore fonctionner et maintenir le vote de gauche sous influence du PS. "La volonté de barrer la route à Nicolas Sarkozy se double d'une réelle déception face à l'absence d'une candidature unitaire", rappelle M. Fourquet. Le profil politique adopté par cette gauche protestataire influe aussi sur la perception qu'en a l'électorat de gauche. "Tous continuent à faire campagne sur une doctrine alors que l'électorat populaire attend des réponses immédiates pour faire face à une situation sociale difficile. La candidate du PS, elle, explique qu'elle veut incarner le pouvoir pour en faire quelque chose", souligne Stéphane Rozès de l'institut CSA-Opinions. Résultat : les scores de la gauche du PS se sont tassés. TASSEMENT Arlette Laguiller se retrouve ainsi à 2 %, alors qu'elle avait atteint 5,7 % en 2002. "L'effet répétition et fidélité d'une même candidate ne constitue visiblement plus une ressource de motivation de son électorat", remarque Brice Teinturier, directeur de TNS-Sofres. Le même phénomène de tassement est noté pour Olivier Besancenot, qui tourne autour de 3 %. Le facteur "nouveauté" ne semble plus jouer en sa faveur. Marie-George Buffet est celle qui stagne le plus nettement avec un score oscillant entre 2 % et 3 %. "Elle est à un niveau extrêmement faible qui montre que l'érosion du PCF continue", assure M. Tiberj. Quant à José Bové, avec 3,5 % selon la Sofres, il semble qu'il n'ait pas encore réussi à installer sa spécificité : "Il a une image hybride entre opposition aux OGM et antilibéralisme", remarque le directeur de cet institut. Enfin, même si elle ne faisait pas partie des "forces du non", Dominique Voynet ne parvient pas non plus à retrouver le score des Verts en 2002 (5,25 %). Elle n'a pas réussi à capter les intentions de vote mobilisées par Nicolas Hulot avant son retrait. Estimée entre 1 % et 2 %, la candidate des Verts "ne donne pas le sentiment d'incarner sa campagne, note M. Teinturier. La thématique écolo a été recyclée dans tous les partis et le retrait de M. Hulot a entériné cette perception". Les jeux ne sont cependant pas faits et les débuts de la campagne officielle pourraient modifier ces rapports de forces, soulignent tous les sondeurs. "L'électorat populaire, qui s'informe avec la télévision et s'intéresse tardivement à la campagne, n'est pas encore rentré dans l'arène", avertit Jérôme Fourquet. La prudence est la même au Cevipof : "2002 nous a appris que tout pouvait changer rapidement", renchérit Vincent Tiberj. § Le candidat UDF poursuit son opération-séduction vers l'électorat socialiste. Il envisage de nommer un premier ministre de gauche ressemblant à "Delors en plus jeune". § L es couloirs du Congrès de Versailles, lundi 19 février, ne bruissaient que de cela. Chacun se rapportait les résultats "confidentiels" de sondages à paraître accordant une nouvelle progression à François Bayrou, désormais crédité de 16 % d'intentions de vote au premier tour de l'élection présidentielle. C'est cependant le sondage IFOP étudiant l'hypothèse où le candidat centriste serait présent au second tour qui était le plus commenté. Il y est en effet donné gagnant dans tous les cas de figure, avec 54 % des voix face à Ségolène Royal et 52 % contre Nicolas Sarkozy. M. Sarkozy "clarifie" l'organisation de sa campagne Nicolas Sarkozy modifie l'organisation de sa campagne en fusionnant les réunions des parlementaires chargés de relayer dans les médias les propositions du candidat dans une seule instance, dont la première séance de travail a eu lieu mardi 20 février au QG de campagne du candidat sous la responsabilité conjointe de Brice Hortefeux et de François Fillon. Jusqu'alors celles-ci se déroulaient concurremment, Place Beauvau, sous la houlette du premier, et Rue d'Enghien sous celle du second. Dans l'entourage du candidat, on explique que cette nouvelle architecture n'est pas un désaveu pour M. Hortefeux, mais une "clarification". En concentrant les responsabilités à son QG, M. Sarkozy anticipe son arrivée à temps plein Rue d'Enghien et tient compte de la disponibilité de son plus proche conseiller alors que la session parlementaire se termine. Les élus de l'UDF ne cachaient pas leur jubilation. "Ce qui est en train de se dessiner, c'est que François Bayrou est le meilleur rempart face à Sarkozy", s'exclame Maurice Leroy, député du Loir-et-Cher. Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis, rapporte que, dans son département, non seulement des électeurs mais même des militants socialistes semblent désormais convaincus que "voter Bayrou est le seul moyen de faire barrage à Sarkozy".LE VOTE BAYROU, ARME FATALE DU "TSS" : TOUT SAUF SARKOZY ? L'état-major de l'UDF voit en tout cas dans ces intentions de vote une nouvelle étape dans la progression de son candidat. Après être sorti de l'étiage dans lequel le confinaient toutes les enquêtes d'opinion à l'automne 2006, il a réussi tout d'abord à installer sa candidature et les thèmes qu'elle porte. Une deuxième phase décisive l'a vu devancer systématiquement Jean-Marie Le Pen au premier tour. Le "risque Le Pen" a ainsi perdu de son influence pour inciter les électeurs à porter leur choix au premier tour sur l'un des deux candidats de l'UMP et du PS afin d'éviter une répétition du 21 avril 2002. Pour M. Bayrou, voir à présent étudiée l'hypothèse de sa présence au second tour est déjà une victoire. Il y a à peine une semaine, à l'issue d'un meeting à Strasbourg où il s'était senti porté par l'enthousiasme du public, il confiait : "Si à la fin du mois je suis à 17 %, c'est gagné !" L'entourage du candidat est en effet convaincu qu'une grande partie de l'électorat décidé à "renverser la table" se portera sans problème sur M. Bayrou, "qui est crédible dans sa capacité à l'emporter au second tour, alors que Le Pen, lui, n'a aucune chance". Pour renforcer encore ses chances, M. Bayrou n'hésite plus, désormais, à adresser des clins d'oeil appuyés à l'électorat de gauche. Il dresse désormais régulièrement le "portrait-robot" d'un premier ministre qu'il pourrait nommer parmi des personnalités de gauche ressemblant à "Delors en plus jeune". Il reste cependant, pour en arriver là, une étape majeure à franchir. Il faut d'abord assurer la présence au second tour, ce qui suppose une "inversion des courbes" avec celle de Mme Royal. Un objectif désormais à portée, estime-t-on à l'UDF. Et le repas partagé par les députés dans la galerie des Batailles du château de Versailles n'était pas pour démentir ce bel optimisme, tans les élus socialistes faisaient grise mine. "Vous êtes en train de nous dépouiller", lançait tristement André Vallini, faisant la queue avec M. Lagarde pour se servir au buffet. "Laissez-nous au moins une place à table", renchérissait son collègue Claude Evin. § Le "cas Bayrou" doit être discuté, mardi dans une réunion informelle autour de Claude Guéant, directeur de campagne du candidat de l'UMP. § "P as de panique." Tel est le mot d'ordre qui circulait, lundi 19 février, dans les coursives du QG de campagne de Nicolas Sarkozy. La divulgation de trois sondages soulignant un nouveau regain de popularité de François Bayrou ne devrait pas conduire - officiellement - l'UMP et son candidat à modifier leur stratégie d'indifférence vis-à-vis du président de l'UDF. Bayrou troisième homme ? Voire deuxième pour l'IFOP, qui confronte le président de l'UDF à un second tour hypothétique avec le candidat de l'UMP. Dans ce cas le premier l'emporterait avec 52 % des suffrages contre 48 %. Pas de panique, donc, mais une certaine inquiétude. Le "cas Bayrou" devrait être à nouveau discuté, mardi dans une réunion informelle autour de Claude Guéant, directeur de campagne du candidat de l'UMP. Depuis plusieurs jours, les élus de base sont demandeurs d'une stratégie, mais ils obtiennent toujours la même réponse : "Bayrou, c'est le problème du PS. On ne l'agresse pas, il fait partie de la grande famille de la droite." Lundi soir devant les parlementaires UMP, M. Sarkozy a maintenu cette ligne : "Je creuse mon sillon et j'avance mes propositions." Dans cette "grande famille", on a toutefois de la mémoire, surtout chez les anciens compagnons du Béarnais. Ceux-ci ont collecté une série d'articles de presse (dont notamment du Monde) et de dépêches de l'AFP parus entre 1988 et 1991. Ces documents sont censés apporter la preuve que le leader centriste n'a pas toujours été engagé dans la "troisième voie" qu'il prône aujourd'hui. En 1988, quelques élus de l'UDF regroupés au Parlement au sein de l'Union du centre avaient accepté le jeu de "l'ouverture" proposé par Michel Rocard, le premier ministre d'alors. Pas M. Bayrou, qui désormais complimente Dominique Strauss-Kahn, en qui il voit un futur premier ministre au cas où il accéderait lui-même à l'Elysée. En 1989, il écrivait dans la revue Démocratie moderne - une publication du Centre des démocrates sociaux (CDS) - que "deux grandes sensibilités - l'une plus autoritaire et conservatrice, l'autre plus démocrate et sensible aux évolutions - forment les deux piliers de l'opposition". En mars 1991, président du groupe UDF, il explique à Libération que le grand parti du centre dont il rêve déjà "ne sera pas la roue de secours du PS". "Ni de près ni de loin nous ne gouvernerons avec les socialistes", tonne-t-il. Quatre mois plus tard, il déclare au Quotidien de Paris que le rapprochement entre le PS et le PCF a "un aspect heureusement pédagogique pour tous ceux qui voulaient croire à la possibilité d'une entente avec le gouvernement socialiste". "MESSE DU DIMANCHE" Sans remettre en cause la possibilité pour un homme politique de changer de ligne, certains députés de l'UMP veulent instiller le doute sur la "sincérité" de ce revirement. "Au-delà de 15 %, Bayrou devient un problème, explique l'un deux, il faut donc l'effriter pour qu'il n'accède pas au second tour. Tous les moyens pour y parvenir sont les bienvenus." Mais le niveau d'intentions de vote atteint désormais par le candidat de l'UDF sonne comme un échec pour la stratégie de M. Sarkozy. Celui-ci devra multiplier les messages à l'adresse de l'électorat naturel de M. Bayrou et de tous ceux qui seraient tentés de le rejoindre. Mercredi, à Strasbourg, le président de l'UMP devrait s'exprimer sur la moralisation du capitalisme : "C'est très bien, glisse Dominique Paillé, ancien centriste et député UMP depuis 2002. Le mot de moralisation évoque toujours la messe du dimanche pour un centriste." § Daniel Cohn-Bendit, coprésident du groupe Verts au Parlement européen, a suggéré mercredi un "partenariat présidentiel" réunissant Dominique Voynet, Nicolas Hulot, Ségolène Royal et François Bayrou. Une idée rejetée par l'UDF et le PS. § D aniel Cohn-Bendit, coprésident du groupe Verts au Parlement européen, a suggéré mercredi 21 février 2007 un "partenariat présidentiel" d'un nouveau genre. Il unirait un "pôle écologiste", autour de Dominique Voynet et Nicolas Hulot, "Ségolène Royal comme pôle central" et "l'UDF de François Bayrou". Dans ce cas, "le centre passerait pour la première fois à gauche", a-t-il noté sur France Inter. M. Cohn-Bendit a demandé que François Bayrou "clarifie" sa position. Etant "contre l'Etat UMP, il pose le problème d'une autre majorité". Ce n'est "pas vrai que l'UDF doit automatiquement entrer dans le giron de l'UMP", a estimé l'ex-leader de Mai 1968. M. Cohn-Bendit s'est dit lui-même "contre l'Etat UMP et contre l'Etat socialiste, où il y a un parti qui domine tout." Pour les législatives, il a envisagé que le PS propose de "ne pas présenter de candidat au premier tour contre un candidat UDF". L'écologiste est élu en Allemagne, actuellement dirigée par la coalition d'Angela Merkel qui rassemble des sensibilités politiques différentes. DIALOGUE DE SOURDS L'idée de M. Cohn-Bendit a été aussitôt rejetée par Hervé Morin, le président du groupe UDF à l'Assemblée. "L'alternance dont Cohn-Bendit parle, c'est l'alternance entre le PS et l'UMP", alors que "François Bayrou veut être à la fois une alternative au PS et à l'UMP", a-t-il dit. "Nous sommes une alternative et cette alternative se fera autour de nous", a-t-il martelé. Le socialiste Jean-Christophe Cambadélis a à son tour condamné le gouvernement d'union nationale prôné par l'UDF. Produit "100 % synthétique", François Bayrou "ne peut être l'épine dorsale d'une recomposition politique", ayant "comme objectif de casser la gauche", a-t-il dit. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § La commission nationale d'arbitrage et de contrôle de l'UDF a suspendu mercredi deux élus des Hauts-de-Seine qui se sont ralliés à la candidature de Nicolas Sarkozy, André Santini et Hervé Marseille. § L a commission nationale d'arbitrage et de contrôle (CNAC) de l'UDF a suspendu mercredi 21 février deux élus des Hauts-de-Seine qui se sont ralliés à la candidature de Nicolas Sarkozy : André Santini et Hervé Marseille. Ces députés ne pourront ainsi pas se prévaloir de leur qualité d'UDF pour faire campagne pour un autre candidat que François Bayrou, a indiqué Denis Badré, membre de la CNAC et sénateur UDF des Hauts-de-Seine. M. Santini, député-maire d'Issy-les-Moulineaux, avait annoncé le 10 février qu'il ralliait Nicolas Sarkozy, "le seul candidat en mesure d'emporter" la présidentielle. M. Santini, qui était président de la fédération UDF des Hauts-de-Seine, avait refusé de se mettre en congé du parti. Comme lui, le maire de Meudon, Hervé Marseille, avait participé le 11 février à la réunion des comités de soutien de M. Sarkozy à Paris."ANGOISSE" Le bureau départemental UDF des Hauts-de-Seine avait ensuite adopté une motion, demandant à M. Santini et à "ceux qui feraient le même choix que lui" de se mettre en congé du parti, faute de quoi ils seraient suspendus. Premier parlementaire à avoir apporté son soutien à M. Sarkozy, le député des Hauts-de-Seine Pierre-Christophe Baguet avait été suspendu en octobre de l'UDF, après avoir été exclu du groupe centriste à l'Assemblée nationale. D'autres élus UDF, la sénatrice Gisèle Gautier et le député apparenté Christian Blanc, ont eux aussi apporté leur soutien à M. Sarkozy. Mme Gautier a pour sa part rejoint l'UMP. Le Canard enchaîné évoque mercredi l'"angoisse" de députés UDF qui craindraient d'être opposés à des candidats UMP dans leur circonscription, si les négociations pour les législatives échouaient entre les deux partis. § Sous l'égide de Pierre Bergé, une réunion au Bataclan, mardi soir, visait à "montrer que si beaucoup d'intellectuels passent du côté de Sarkozy, d'autres restent derrière Ségolène Royal". § C eux qui attendaient un grand show musical, hier soir, au Bataclan, à Paris, ont dû être déçus. A mi-chemin entre meeting politique et café philo, la soirée de l'association Les Amis de Ségolène Royal a pris tour à tour la forme d'une tribune anti-sarkozyste et d'une déclaration de soutien à la candidate socialiste. "On n'est pas un Zénith !", assure l'entrepreneur Pierre Bergé, à l'origine de la soirée. L'objectif était clair : "Montrer que si beaucoup d'intellectuels passent du côté de Sarkozy, d'autres restent derrière Ségolène Royal." L'association organise chaque vendredi des tables rondes thématiques. Pour cette soirée, dont l'entrée était libre, elle a contacté quelque 1 500 personnes, issues des cercles politiques et intellectuels proches du PS.LA STAR PHILIPPE TORRETON Pendant deux heures, devant 600 personnes acquises à la cause, et sous l'oeil de la maîtresse de cérémonie, la journaliste Laure Adler, une quinzaine d'intellectuels et d'artistes dont Philippe Torreton, l'écrivain Erik Orsenna, l'anthropologue Françoise Héritier, l'historien Benjamin Stora, le sociologue Patrick Weil ou le psychanalyste Gérard Miller, ont défilé au pupitre. En milieu de soirée, un morceau de papier circule : "Bonne nouvelle ! Dans un sondage publié demain, Ségolène passe de 27 % à 29 % au premier tour et Sarkozy de 33 % à 29 % !", s'exclame Julien Dray, porte-parole de la candidate. Mais la star du Bataclan, c'était sans doute Philippe Torreton, assailli par des admirateurs. Sur scène, il décrit avec virulence "la France de Narkozy, un dealer qui vous propose de tout", et dénonce "Bayrou, qui récupère les poujadistes". Tonnerre d'applaudissements. Prochain rendez-vous le 7 mars, à Dijon. § Ils sont communistes et ont décidé de ne pas faire la campagne de Marie-George Buffet. Le leader altermondialiste a saisi l'importance de leur présence et ne cesse de leur adresser des signes. § I ls sont communistes et ont décidé de ne pas faire la campagne de Marie-George Buffet. Depuis l'annonce de la candidature de José Bové, ils sont nombreux à être entrés en dissidence. Le leader altermondialiste a saisi l'importance de leur présence et ne cesse de leur adresser des signes. C'est à Saint-Denis qu'il organise, mercredi 21 février, sa première grosse initiative parisienne à la Bourse du travail. C'est également dans cette municipalité communiste qu'il a lancé sa campagne le 1er février, puis à Aubagne (Bouches-du-Rhône), autre fief du PCF, qu'il a tenu son premier meeting. Et il a largement représenté cette sensibilité dans son équipe de campagne. M. Bové a confié la direction de son équipe à Jacques Perreux, vice-président (PCF) du conseil général du Val-de-Marne. Puis choisi une figure des refondateurs, le député de Seine-Saint-Denis Patrick Braouezec comme un de ses principaux porte-parole. Tous deux ont été parmi les premiers à annoncer leur ralliement. D'autres élus franciliens les ont rejoints comme le conseiller régional Jean Brafman et le député de Seine-Saint-Denis François Asensi. "PAS DERRIÈRE UN HOMME, DERRIÈRE UNE DYNAMIQUE" José Bové dénonce une "conjuration antidémocratique" pour l'écarter José Bové a dénoncé mercredi "une conjuration antidémocratique" pour lui barrer la route, dans une déclaration devant le siège du Conseil constitutionnel à Paris. "Les grands partis ont les moyens de m'empêcher d'être candidat à l'élection présidentielle", a déclaré le candidat pour une "alternative à gauche", entouré de sept de ses vingt porte-parole. Mais, a-t-il prévenu, "il faut qu'ils sachent qu'avec les dizaines de milliers de citoyens et les centaines de collectifs qui font campagne avec moi, nous ne nous laisserons pas baillonner". José Bové a précisé qu'il disposait de 330 parrainages sur les 500 nécessaires pour briguer l'Elysée, appelant les maires à la parrainer. - (Avec AFP) Fernanda Marrucchelli, membre de l'exécutif, a intégré le noyau qui entoure le candidat après discussion avec ses amis refondateurs emmenés par Pierre Zarka. "Les classes populaires sont à la recherche d'une réponse politique que Bové peut leur apporter", explique cette élue du 20e arrondissement de Paris, assurant que le candidat attire les "citoyens invisibles". Des ténors locaux comme le maire d'Aubagne, Daniel Fontaine - "35 ans au parti" -, le sénateur des Bouches-du-Rhône Robert Bret ou le vice-président du conseil général du Gard, Christophe Cavard, se sont engagés "à fond". Plus étonnant est le ralliement de Patricia Latour, élue d'Aubervilliers où elle mena la guerre au courant refondateur incarné par Jack Ralite et qui anima, avec Jean-Jacques Karman, un courant "orthodoxe" un temps proche du Parti des travailleurs (PT). "Bové n'a jamais été compromis dans un gouvernement de la gauche plurielle", argumente-t-elle. "Le parti n'avait pas besoin d'avoir une candidature à l'élection présidentielle." Il est "hors de question" pour elle d'appeler à voter Marie-George Buffet. Même si Mme Buffet affirme qu'aucune sanction ne sera prise contre les dissidents, Olivier Dartigolles, un de ses proches prévient : "Je ne vois pas les communistes renouveler leur confiance à des personnalités qui ne sont pas présentes à la présidentielle." Les communistes pro-Bové continuent, persuadés que le sort de "l'alternative" passe par cette "candidature populaire". Pas sûr que leur "champion" puisse réunir les 500 parrainages, ni qu'il sache assumer une campagne collective compliquée. "On ne s'engage pas derrière un homme mais derrière une dynamique possible", précise Mme Marrucchelli. "Si ça ne prend pas, faudra réfléchir", avance M. Braouezec. Mais, c'est juré, ils sentent que "ça bouge". "Dans tous les collectifs de campagne, il y a des communistes", insiste M. Perreux. § "Ce qui se passe là, s'est enflammé François Bayrou, mardi 20 février, dans un Palais des congrès de Dijon comble, c'est un grand mouvement du peuple français, qui a décidé d'exercer sa responsabilité constitutionnelle. § "C e qui se passe là, s'est enflammé François Bayrou, mardi 20 février, dans un Palais des congrès de Dijon comble, c'est un grand mouvement du peuple français, qui a décidé d'exercer sa responsabilité constitutionnelle. C'est la preuve qu'un peuple ne s'achète pas." Malaises dans la salle dus à la chaleur étouffante, coupure de micro, chant pyrénéen entonné a capella par le député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle, en attendant que soit rétablie la sonorisation... Dans cette campagne de M. Bayrou, l'inattendu a été au rendez-vous. Le candidat de l'UDF était venu pour parler éducation et présenter son "contrat de confiance entre la société et l'école". Il a, avant toute chose, redit sa considération à l'égard du monde de l'éducation : "Je suis désespéré quand je vois comment on fait des enseignants les boucs émissaires de tous les problèmes de la société", a affirmé le président de l'UDF. Il a donc défendu sa vision de l'"école de la République", l'école de la "transmission des valeurs communes qui nous rassemblent". Réaffirmant vouloir faire de l'éducation la "priorité absolue", il s'est engagé à une "garantie des moyens pendant cinq ans". "CASSER LA CARTE SCOLAIRE : UNE FAUTE RÉPUBLICAINE" Le "premier défi" qu'il entend relever, c'est que chacun des élèves entrant en 6e sache lire et écrire. Dénonçant au passage "la vanité de prétendre introduire des méthodes de lecture par décret", il plaide pour que les élèves en difficulté puissent bénéficier de classes particulières, "avec des maîtres spécialement formés". "Sur ce sujet, il n'y a pas de question de coût, c'est le meilleur investissement pour la nation", explique-t-il. Pour le collège, le candidat s'est fixé la sécurité comme objectif : "Je veux la discipline scolaire, avec les moyens de l'école, pas avec des policiers. A l'école, ce n'est pas des rapports de forces qu'il faut, ce sont des rapports de respect". Pour y parvenir, "il faut être capable d'offrir un autre type de scolarité à ceux qui déstabilisent le collège". Il se prononce pour la création d'"établissements d'éducation, collèges hors murs ou internats, encadrés non seulement par des enseignants, mais par des éducateurs". "Certains veulent casser la carte scolaire : c'est une faute républicaine", a poursuivi M. Bayrou. Le candidat a développé l'idée qu'il se fait d'un "service public de l'école", abordant les questions de l'ouverture des établissements hors période scolaire, de la création d'un corps d'auxiliaires pour l'accompagnement des élèves handicapés, du développement de l'enseignement artistique et de la carrière des enseignants. Un discours qui, de toute évidence, visait à rassurer et séduire l'électorat enseignant et les parents d'élèves. § "3 000 morts, c'est ce qu'il y a en un mois en Irak", a justifié M. Le Pen, dans un entretien à "La Croix". "C'est beaucoup moins que les bombardements de Marseille ou de Dresde à la fin de la seconde guerre mondiale." § S elon Jean-Marie Le Pen, les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par Al-Qaida contre les tours jumelles du World Trade Center à New York ne seraient qu'un "incident". Au journal La Croix, qui lui demande, dans son édition du 21 février, ce qu'il pense "de l'initiative commune prise par les responsables des grandes religions - islam compris - de dénoncer les attentats de New York de 2001", le président du Front national répond : "C'est une excellente chose. Mais elle fait partie de ces pétitions de principe qui ont une influence éphémère. Sur le moment, l'événement du 11-Septembre, pour ne pas dire l'incident, a conduit un certain nombre de gens à prendre leurs distances pour ne pas tomber sous le coup des accusations qui étaient alors lancées." Les journalistes de La Croix s'étonnant de l'utilisation du mot "incident" pour parler de l'attentat qui fit près de 3 000 morts, Jean-Marie Le Pen déclare : "3 000 morts, c'est ce qu'il y a en un mois en Irak, c'est beaucoup moins que les bombardements de Marseille ou de Dresde à la fin de la seconde guerre mondiale, qui étaient aussi des actes terroristes car ils visaient expressément des populations civiles pour faire capituler des militaires." Adversaire de la politique américaine dans le Golfe, opposant de l'intervention en Irak, Jean-Marie Le Pen a toujours minimisé les attentats. Après avoir pris la précaution de préciser qu'il a "toujours condamné sans équivoque la pratique du terrorisme, de tous les terrorismes", le président du FN avait ainsi estimé, le 21 septembre 2001, que les attentats du 11-Septembre étaient "directement liés" à la politique américaine. SABLER LE CHAMPAGNE Une justification politique qu'il avait réitérée par la suite et notamment lors de son discours de clôture de la fête de Bleu-Blanc-Rouge, le 23 septembre 2001 à Paris. "Nous ne devons pas nous aligner comme le premier des serfs ou des vassaux des Etats-Unis" qui paient leur "politique hégémonique dans le monde", avait-il déclaré avant de conseiller à la France de se préoccuper de sa situation interne. "Certains seront tentés d'adopter le point de vue à la mode et réduiront l'analyse à la lutte contre le terrorisme islamique (...) mais là n'est pas l'essentiel. Le risque pour la France est celui de la submersion et de la subversion à partir d'une folle politique d'immigration qui a fait entrer chez nous des millions d'étrangers tandis qu'on poussait à la désintégration de la nation et de la République", avait-il poursuivi. A l'époque, le FN avait été partagé entre ceux qui souhaitaient une solidarité de l'Occident et ceux qui estimaient que les Etats-Unis payaient le rôle de "gendarme du monde qu'ils s'étaient assignés". Certains, parmi ces derniers, avaient été jusqu'à sabler le champagne, le 11 septembre 2001, au siège du FN, avant que Jean-Marie Le Pen, qui avait alors commencé sa campagne présidentielle de 2002, ne calme leurs ardeurs. § Ils partirent plus de quarante et arrivèrent... Réponse le 20 mars. Pour les candidats à l'élection présidentielle, la chasse aux signatures ouvre, officiellement, jeudi 22 février. § I ls partirent plus de quarante et arrivèrent... Réponse le 20 mars. Pour les candidats à l'élection présidentielle, la chasse aux signatures ouvre, officiellement, jeudi 22 février. Ce jour-là, les préfets envoient aux élus susceptibles de les parrainer (conseillers généraux ou régionaux, maires, parlementaires), le formulaire ad hoc. Les candidats, ou les élus eux-mêmes, devront les retourner au Conseil constitutionnel au plus tard le 16 mars. Une phase stratégique s'ouvre, pour transformer les promesses en 500 paraphes fatidiques. Le record du nombre de candidats, 16 en 2002, qui avait provoqué un émiettement des votes, sera-t-il battu ? Jean-Marie Le Pen qui obtint 533 parrainages, après s'être beaucoup plaint d'avoir "ramé", les rassemblera-t-il ? Le président du Front national assurait, lundi 19 février, avoir recueilli " entre 450 et 500 promesses" de signatures. Il entend mobiliser tout l'appareil du parti dès vendredi, pour récupérer les formulaires définitifs. Les cadres frontistes ont reçu, en fin de semaine dernière, une lettre de Louis Aliot, le secrétaire général du FN, leur demandant de ne pas perdre de temps. Car en 2002, les défections d'élus avaient été nombreuses au moment de passer à l'acte. Dans un entretien au Monde (daté 23 janvier), Nicolas Sarkozy jugeait "souhaitable" que M. Le Pen obtienne ses signatures. Au point de l'aider à les obtenir, alors que Dominique de Villepin avait clairement laissé entendre qu'il pourrait se présenter si le FN était absent de la compétition ? Il semble que non. Des élus non inscrits ou divers droite, qui ont posé la question à l'UMP, n'ont pas été encouragés à aider M. Le Pen. DUPONT-AIGNAN ET VILLIERS CONFIANTS Nicolas Dupont-Aignan, ex-UMP et président de Debout la République, qui évalue à 425 ses promesses de parrainages, se dit "confiant". Il refuse le porte-à-porte, "exaspérant" pour un maire, dit-il. Il fait néanmoins confiance aux élus à qui il va lancer, jeudi, un dernier appel, pour leur demander d'envoyer directement les formulaires à son quartier général, dans sa ville d'Yerres (Essonne). Au Mouvement pour la France (MPF), où l'on dit avoir réuni 440 promesses en faveur de Philippe de Villiers, les militants et les cadres commenceront la collecte des formulaires le 26 février. "Nous connaîtrons en fin de semaine prochaine le taux de perte entre les promesses et les signatures définitives", estime Guillaume Peltier, le secrétaire général. S'il excède 20 %, la candidature de M. de Villiers "risque d'être compromise", juge-t-il. A l'UMP cependant, on est certain que le candidat du MPF a fait le plein. Au PS, la position est simple : "Les élus socialistes parrainent la candidate, point", tranche François Hollande. La leçon de 2002 est encore brûlante. Le PS avait aidé des petits candidats, sans penser un instant que Lionel Jospin pourrait être absent du second tour. Ségolène Royal s'est contentée d'envoyer une demande de parrainage aux 5 000 membres de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR). Sans tenter d'"assécher" le large vivier des signatures, souligne M. Hollande, puisqu'il y a 36 000 maires parmi lesquels une majorité de non inscrits. INQUIÉTUDE PALPABLE CHEZ JOSÉ BOVÉ Les Verts jouent la transparence et affichent le score sur leur site Internet. Mardi à 12 heures, ils annonçaient 237 parrainages. Et... 441 à 22 heures ! Belle journée ou gonflette du compteur ? Quant à Arlette Laguiller, vieille routière pour cette sixième candidature, elle a 510 promesses, indique Lutte ouvrière. La LCR assure qu'elle en a récolté 460 pour Olivier Besancenot. "Ça grimpe moins bien cette semaine car on a eu quelques défections", admet néanmoins le parti trotskiste. Chez les amis de José Bové, qui avouent 280 parrainages, l'inquiétude est palpable. Patrick Braouezec, refondateur communiste qui promeut cette candidature de la "gauche antilibérale" s'est cassé les dents auprès du PS, en venant quémander des signatures pour son champion. Il dément avoir effectué cette démarche, mais le PS la confirme. "On se heurte au chantage aux subventions des partis sur leurs élus", se plaint aussi Jacques Perreux, le directeur de campagne. "Jamais je n'ai demandé à un élu socialiste de faire pression sur un autre", tempête M. Hollande, qui trouve cette idée "indécente et inacceptable". De l'offre définitive proposée aux électeurs, dépendra beaucoup le résultat. En attendant, ces candidats espèrent ne pas se trouver dans la situation de Charles Pasqua en 2002. Avec 478 parrainages, il s'était vu attribuer l'inconfortable position du premier collé. § Dans un entretien au "Parisien" mercredi, le candidat de l'UMP promet une réforme des régimes spéciaux de retraite et détaille le calendrier de son action s'il est élu président. § I l cite Léon Blum dans ses discours, mais il défie Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. Dans un entretien au Parisien du mercredi 21 février, Nicolas Sarkozy promet une réforme des régimes spéciaux de retraite et détaille le calendrier de son action s'il est élu président. Et parmi les premières mesures contenues dans son "paquet social", le candidat réaffirme que la loi sur le service minimum "sera votée dès l'été", de même que l'organisation d'un vote à bulletins secrets au bout de huit jours de grève dans "les entreprises et les universités". "Si la majorité est favorable à la reprise du travail, la minorité qui n'est pas de cet avis pourra continuer de faire grève." "Il n'y aura pas de piquet de grève", précise-t-il. Pour les autres mesures telles que la liberté de candidature au premier tour des élections professionnelles, le contrat de travail unique et l'égalité des salaires hommes-femmes, M. Sarkozy prévoit qu'"il faudra négocier". L'autre précision de calendrier concerne le "paquet fiscal". Le collectif budgétaire de juillet devra intégrer la décharge sociale et fiscale des heures supplémentaires et leur paiement uniforme, quelle que soit la taille de l'entreprise ; la déduction des intérêts de l'emprunt contracté pour l'achat de sa résidence ; la suppression des droits de succession et de donation "pour la totalité des classes moyennes et une partie des classes supérieures" ; enfin, la possibilité pour les assujettis à l'ISF d'investir jusqu'à 50 000 euros de leur impôt dans une PME.LES UDF ÉLUS "AVEC DES VOIX DE LA DROITE ET DU CENTRE" M. Sarkozy se fixe pour objectif de ne remplacer que la moitié des 450 000 fonctionnaires qui, d'ici à 2012, partiront à la retraite. A cette date, explique-t-il, en ciblant le secteur des douanes, des impôts, de la formation professionnelle et de l'action sociale, "on aura retrouvé le même nombre de fonctionnaires qu'en 1992". Interrogé sur l'intervention de Ségolène Royal sur TF1, M. Sarkozy déclare : "La compassion n'est pas une politique, et l'imprécision n'est pas une stratégie. (...) Comprendre la souffrance des Français, c'est nécessaire, mais ils ne nous demandent pas seulement de les comprendre : ils demandent de tirer les conséquences de leurs souffrances." Sur RTL, le candidat n'a pas caché mercredi son agacement quant à la montée de M. Bayrou dans les sondages et l'intention du candidat UDF de le battre : "Quel projet !, s'est exclamé M. Sarkozy, quand on sait que la totalité des élus de l'UDF sont élus avec des voix de la droite et du centre." Interrogé sur son projet de se rendre à Argenteuil (Val-d'Oise), il a balayé : "Je ne veux pas instrumentaliser la banlieue." Selon Le Canard enchaîné du 21 février, cette perspective est "de plus en plus barrée". § La France oublie trop volontiers qu'elle se satisfait d'un système politique parfaitement archaïque. § D rapée dans sa gloire d'avoir été, en 1789, l'accoucheuse de l'Histoire et, à peu de chose près, l'inventrice de la République, la France oublie trop volontiers qu'elle se satisfait d'un système politique parfaitement archaïque. Ainsi, il aura fallu un siècle et demi pour que les femmes y obtiennent le droit de vote et plus de deux siècles pour qu'une loi - d'ailleurs largement contournée au Parlement - pose le principe de l'égal accès des hommes et des femmes aux fonctions électives. De même, la Ve République a assuré le triomphe d'une conception féodale du pouvoir politique en permettant aux mêmes notables de monopoliser les fonctions de représentation et de décision à tous les échelons ou presque de la vie du pays, depuis la commune jusqu'au gouvernement en passant par le département ou la région. Ce cumul des mandats est, au plus mauvais sens du terme, une exception française : il concerne plus de quatre parlementaires sur cinq quand, dans toutes les autres grandes démocraties occidentales, les Constitutions ou l'usage le cantonnent à 15 % au maximum des élus nationaux. Certes, depuis vingt ans, la gauche a tenté de limiter le phénomène. Une première loi avait timidement ouvert la voie en 1985, à l'initiative du gouvernement Fabius. En dépit de sa volonté de moderniser la vie politique, Lionel Jospin s'est, lui aussi, heurté sur ce terrain à la fronde de tous les élus, et en particulier de la droite sénatoriale, bien décidés - au nom de l'enracinement local des élus nationaux - à ne pas abandonner l'essentiel de leurs prérogatives et de leurs rentes de situation : la loi d'avril 2000 n'a limité qu'à la marge la pratique du cumul, sans parvenir à en remettre en cause le principe. Or le problème est tout sauf mineur. En bloquant le renouvellement fluide des élus et des élites, en renforçant, voire en justifiant, un absentéisme parlementaire déplorable, en ignorant une décentralisation qui, depuis vingt-cinq ans, a modifié en profondeur la nature et l'exercice des pouvoirs locaux ou régionaux, le cumul des mandats a lourdement contribué au jugement très sévère que les Français portent sur le fonctionnement de notre système politique. Et, inévitablement, au discrédit des hommes qui en exercent la responsabilité. Plusieurs candidats à l'élection présidentielle, notamment Ségolène Royal et François Bayrou, se sont prononcés en faveur d'une stricte limitation du cumul et ont proposé que cette réforme, parmi d'autres modifications institutionnelles, soit soumise à référendum. Tant mieux. Car elle est une condition nécessaire, sinon suffisante, pour restaurer la confiance entre les Français et leurs représentants. § La candidate écologiste de Cap 21 a prôné une "révolution douce" en présentant les grands axes de son programme. § C orinne Lepage, candidate de Cap 21 à la présidentielle, a présenté mercredi 21 février son programme "écolo-républicain" pour une "révolution douce", avec un slogan :"osons ce que nous voulons." La candidate, qui avait obtenu 1,88 % des voix en 2002, prône un gouvernement d'"union nationale", alliant des gens de droite et de gauche. L'ex-ministre de l'environnement d'Alain Juppé se présente depuis comme farouchement indépendante. Elle veut "construire une société désirable" sur "trois piliers", "écologie, démocratie et laïcité". En matière de climat, Mme Lepage propose un "plan national de réduction des émissions des gaz à effet de serre de 15 % en cinq ans" et un "plan d'adaptation aux conséquences du changement climatique". L'avocate, qui défend des victimes dans l'affaire de la marée noire de l'Erika, est favorable à "un moratoire sur les OGM en plein champ"."LIBÉRALISME RÉGULÉ" Revendiquant un "libéralisme régulé", et voulant "réconcilier économie et emploi par l'écologie", Mme Lepage souhaite"lancer un New Deal écologique" avec pour objectif de "créer en cinq ans trois cent mille emplois directs par le développement des nouvelles technologies environnementales". La femme de loi, qui a corédigé un ouvrage "citoyen" sous le pseudonyme de Catherine de Médicis, ne parle pas que d'écologie. Contre les délocalisations, elle suggère de "créer des fonds citoyens territoriaux défiscalisés" pour "soutenir le tissu économique de proximité et permettre le maintien d'activités grâce au rachat des entreprises par ces fonds et par les salariés". En matière fiscale, elle propose d'"alléger les charges patronales et salariales de manière à libérer le pouvoir d'achat". "VIe RÉPUBLIQUE" Concernant les institutions, Mme Lepage plaide pour une "VIe République", fondée notamment sur un "pouvoir judiciaire indépendant". Elle veut par exemple "faire élire un procureur de la nation pour cinq ans, par le Parlement, chargé de gérer la carrière des magistrats du parquet". S'exprimant à propos de l'Union européenne, la candidate souhaite "encourager l'adoption de la clause du citoyen européen le plus favorisé", et appelle de ses vux "un tribunal pénal international de l'environnement". Enfin, elle est optimiste sur ses chances d'obtenir les cinq cents parrainages d'élus nécessaires pour valider une candidature. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Les responsables Internet des partis étaient conviés à un colloque organisé par l'Esomar, l'association internationale pour les études d'opinion et de marketing. § C haque candidat a le sien. Soigneusement personnalisés, les sites Internet des candidats à la présidentielle se veulent le reflet de leur personnalité et du type de rapport qu'ils souhaitent entretenir avec les internautes. Mais si ces vitrines en disent sûrement long sur la vision et la stratégie politique des équipes qui les conçoivent, quel impact ont-elles réellement auprès de l'électorat ? C'est pour tenter de répondre à cette question que Thierry Solère, responsable de la stratégie Internet auprès de Nicolas Sarkozy, et Benoit Thieulin, responsable de la Netcampagne de Ségolène Royal, ont été conviés à la maison de l'Amérique latine, mardi 13 février, pour le colloque "Internet et opinion publique" organisé par l'Esomar (Association internationale pour les études d'opinion et de marketing). Un débat au cours duquel les deux responsables de la Netcampagne à l'UMP et au PS ont pu exposer leurs stratégies et surtout leurs attentes. "A l'UMP, nous sommes persuadés qu'Internet va avoir une influence sur le résultat, a expliqué M. Solère. Mais tout cela est difficilement mesurable. Je pense que ce sera de même nature que l'influence que l'on a prêtée aux Guignols sur le scrutin de 2005." Un avis partagé par le camp opposé. "On a un foisonnement d'outils, d'indicateurs, a précisé Benoît Thieulin. Mais au fond on ne sait pas vraiment mesurer l'impact, la portée de tout cela." MOBILISATION À MOINDRE COÛT Après un démarrage timide pour la présidentielle 2002, c'est la première fois qu'Internet est autant pris en compte dans la stratégie de communication de la campagne. "On découvre, donc on tâtonne", admet le responsable UMP. "Internet est désorientant pour tout le monde, confirme son homologue au PS, et a fortiori pour un parti politique dont la structure traditionnelle se prête assez mal à une organisation non pyramidale, non descendante, et auto-organisée." Du côté de Nicolas Sarkozy, on mise essentiellement sur une mobilisation à moindre coût des militants, "Internet étant une source d'économie considérable pour les entreprises comme pour les partis politiques", souligne M. Solère. L'UMP s'est constitué une base de données d'adresses électroniques "de plusieurs centaines de milliers de Français" dûment déclarée à la CNIL et qui permet de communiquer avec eux par un simple clic. "Notre idée est de pouvoir compter sur 500 000 personnes qui participent physiquement à la campagne." Le site principal, plutôt conçu comme une Web-télé, n'est que le vaisseau amiral d'une stratégie plus vaste, entre achat de liens sur Google, et plate-forme de blogs. "Sarkozy. fr, détaille encore M. Solère, sert aussi à montrer le candidat, car dans une élection présidentielle, il y a bien sûr un projet, des idées, des propositions, mais il faut aussi se faire une idée de la personnalité du candidat." Pour le site de campagne "Désirs d'avenir" de Ségolène Royal, la stratégie a consisté, dès le début, à placer l'Internet au coeur de la plate-forme participative de la candidate. "Le plus compliqué, relate M. Thieulin, c'est d'arriver à prouver aux contributeurs que leurs messages sont bien lus et qu'ils font l'objet d'un traitement." Chaque synthèse mise en ligne depuis un an fait ainsi une large place aux citations des internautes et renvoie systématiquement au courrier d'origine. Pour traiter plus efficacement l'information, "Désirs d'avenir" a aussi mis en place une procédure de type "wiki", où les contributeurs s'évaluent les uns les autres. Au total, quelque 135 000 contributions ont été recueillies sur le site de campagne, et ont débouché sur un document de 680 pages remis à Ségolène Royal. § Ségolène Royal ne s'oppose plus au nouveau réacteur EPR, a annoncé Arnaud Montebourg, mardi sur Europe 1. Greenpeace, qui milite contre le projet, juge pourtant "prometteuses" les déclarations de la candidate socialiste mercredi soir. § L e Parti socialiste (PS) et Ségolène Royal admettent l'intérêt d'une relance du nucléaire civil. Le PS "s'oriente" vers le maintien du projet de construction de l'EPR, le réacteur de troisième génération qu'EDF doit mettre en service en 2012 à Flamanville (Manche), a annoncé Arnaud Montebourg, mardi 20 février sur Europe 1. Greenpeace juge "prometteuses" les déclarations de Mme Royal mercredi soir Greenpeace a salué jeudi les déclarations de Ségolène Royal à propos de l'EPR. L'association écologiste parle des propos tenus mercredi soir lors d'une conversation informelle entre la candidate, des militants et des journalistes, à l'issue d'une réunion publique dans le Calvados. Mme Royal a indiqué qu'elle considérait que la décision de construire le réacteur nucléaire de nouvelle génération avait été prise "sans véritable débat", estimant qu'il fallait "remettre à plat l'ensemble des données". "Cet engagement pour un moratoire de fait est prometteur, s'il permet effectivement la mise à plat de la politique énergétique française sur des critères objectifs et rationnels", a commenté Greenpeace, qui appelle les candidats à l'élection présidentielle à s'engager à renoncer au projet EPR, dont la construction doit débuter fin 2007. - (Avec AFP) Le porte-parole de la candidate à l'Elysée avance trois raisons au revirement du PS. Celui-ci jugeait que l'EPR "ne correspond pas à un besoin réel et immédiat" et préférait attendre les réacteurs de quatrième génération, plus efficaces et plus propres (brûlant leurs déchets), mais opérationnels en 2040 seulement."UN OUTIL INDUSTRIEL QUI S'EXPORTE" Lancé en 2004 par le gouvernement Raffarin, l'EPR est "une décision de l'Etat qui doit s'inscrire dans une forme de continuité", a indiqué M. Montebourg. C'est aussi "un outil industriel qui s'exporte", a-t-il ajouté avant de conclure sur l'argument écologique : il faut "d'abord lutter contre les émissions de gaz carbonique". De quoi rassurer le PDG d'EDF, pour qui le besoin de "renouvellement des compétences" est urgent dans un secteur qui n'a pas construit de réacteur depuis dix ans. Dans Les Echos du 22 février, Pierre Gadonneix souligne que "le nucléaire est un formidable atout pour la France". La Finlande doit opter prochainement pour un second EPR et le français Areva finalise la vente de deux réacteurs en Chine. De son côté, EDF a identifié quatre pays où elle veut les bâtir et les exploiter (Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Afrique du Sud). Bruno Rebelle, ex-patron de Greenpeace en France et actuel conseiller de Mme Royal, n'a pas pu obtenir l'abandon de l'EPR. Dans une étude commandée au scientifique britannique John Large, le mouvement écologiste affirme qu'il sera "le réacteur le plus dangereux au monde", en raison de son combustible, le MOX, plus radioactif que l'uranium enrichi. § Le sociologue Vincent Geisser décrypte le changement d'attitude de M. Sarkozy face à la communauté musulmane, et la "grande méconnaissance" du PS sur ces questions § V incent Geisser, vous êtes sociologue, auteur avec Aziz Zemouri de Marianne et Allah, Les politiques face à la "question musulmane", à paraître le 15 mars. Les organisations musulmanes se sentent lâchées par les responsables politiques, de gauche et de droite. Est-ce fondé ? L'UOIF dénonce "l'offensive du Parti socialiste" Les responsables de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) s'étonnent dans un communiqué de "l'offensive du Parti socialiste" contre leur fédération. Après le Conseil français du culte musulman (CFCM) qui, en janvier, s'inquiétait de "l'utilisation politicienne et électoraliste que prennent les débats autour de l'islam en France", l'UOIF dénonce les mises en cause contenues dans un document publié par le PS sur Nicolas Sarkozy, dans le cadre de la campagne électorale ; ce document qualifie l'UOIF de "fondamentaliste" et "d'intégriste". Cette "offensive" s'ajoute à l'agacement des responsables musulmans face au soutien que François Hollande, François Bayrou et Nicolas Sarkozy ont apporté au magazine Charlie Hebdo, poursuivi par le CFCM et l'UOIF après la publication des caricatures de Mahomet. L'intervention de trois d'entre eux au procès des caricatures (François Hollande et François Bayrou comme témoins cités par Charlie Hebdo et Nicolas Sarkozy, signataire d'une lettre de soutien au magazine) relève d'une même stratégie. L'objet "islam"est devenu un créneau qui permet d'exister, il faut donc s'y investir. Soit en faisant des choses en faveur des musulmans, comme cela peut être le cas localement avec la construction de mosquées, soit en donnant l'impression que l'on protège la communauté nationale d'une menace venue des musulmans. Comment s'explique le changement d'attitude de M. Sarkozy, qui se présentait jusqu'à il y a peu comme "l'ami exigeant" des musulmans ? On peut identifier trois phases dans l'évolution du ministre de l'intérieur. Quand il arrive au ministère, il ne connaît rien à la communauté musulmane. Là, il découvre des néoconservateurs, les "intégristes" de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), avec lesquels il se rend compte qu'il peut travailler, notamment pour la création du Conseil français du culte musulman (CFCM). Il se fait donc l'avocat de ce qu'il appelle "l'islam épicé". Il comprend, contrairement à ce que pensent beaucoup de Français, que le néoconservatisme musulman et la loyauté à l'égard de la République sont compatibles. C'est la période du "bâtisseur". Pragmatique, il se dit qu'en tenant les associations islamiques, il tient les quartiers. Pour lui, la question sécuritaire et la question de l'islam sont liées : l'islam est considéré comme une ressource dans sa politique de contrôle et de répression dans les banlieues. Il pense aussi qu'avec les associations, il se constitue un vivier de voix. Car même si toutes les études montrent qu'il n'y a pas de vote musulman, M. Sarkozy, comme l'ensemble de la classe politique française, théorise l'existence d'un vote communautaire. Plusieurs éléments vont l'éloigner de ces analyses. Le discours ambiant sur les dangers du fondamentalisme l'amène à se démarquer. Puis il réalise que le lobby électoral sur lequel il comptait ne fonctionne pas, qu'avec l'UOIF, notamment, il n'a pas affaire à une communauté en "ordre de marche". Il se transforme alors en "démolisseur" et n'hésite pas à forcer le trait. La phrase qu'il prononce le 5 février sur TF1 sur les "moutons égorgés dans les appartements", il ne l'aurait jamais dite dans la période précédente. La relative distance de la gauche, notamment du PS, avec la communauté musulmane relève de la même analyse ? Non. Au PS, la relation aux musulmans est caractérisée par une grande méconnaissance, un paternalisme social et une approche laïciste. Aux yeux des socialistes, il y a les intégristes et les intégrés. Ils sont sur l'idée, de gauche, que le recours au religieux est un effet de l'échec des politiques économiques et sociales. Ce sont l'accès à l'éducation et la lutte contre les discriminations qui favorisent l'intégration dans la République et détournent de la religion. Personne n'est là pour leur dire que le retour à l'islam se produit aussi beaucoup dans les classes moyennes et supérieures. La proposition 74 de Mme Royal (d'inscrire une charte de la laïcité dans la Constitution) s'explique par la nécessité de compenser l'absence de propositions concrètes par un recours à l'idéologie, au symbolique. Face aux valeurs de laïcité et de service public, l'islam est de fait la religion la plus menaçante. La peur du communautarisme se décline donc à travers des exemples tirés de l'islam. Enfin, pour les féministes de gauche, il est clair que le port du voile agresse l'idéal d'émancipation. § Avec 61 525 personnes placées sous écrou au mois de février, la France atteint de nouveau des records en matière d'emprisonnement. Désormais, 97,2 personnes sur 100 000 sont écrouées dans le pays, contre 77 en 2001. § A vec 61 525 personnes placées sous écrou au mois de février, la France atteint de nouveau des records en matière d'emprisonnement. Désormais, 97,2 personnes sur 100 000 sont écrouées dans le pays, contre 77 en 2001. Selon Pierre Tournier, directeur de recherches au CNRS, les prisons comptent 10 400 détenus de plus que de places. Ce "surnombre" nourrit la violence en détention et la récidive des sortants de prison. 135 établissements ou quartiers sur 226 sont surpeuplés, 10 d'entre eux ayant une densité égale ou supérieure à 200 %. La surpopulation étouffe les maisons d'arrêt, où s'effectuent les détentions provisoires et les courtes peines. On compte ainsi 410 détenus pour 180 places à Béthune (Pas-de-Calais). Sur ce sujet, les deux principaux candidats à l'élection présidentielle s'opposent. En réclamant l'instauration de peines planchers, peines minimales en dessous desquelles les juges ne pourraient aller, Nicolas Sarkozy s'inscrit dans la poursuite de l'augmentation de la population écrouée. "Je veux qu'à la première multirécidive on ne puisse pas être condamné à moins de la moitié de la peine prévue", a-t-il répété dans Le Parisien, mercredi 21 février. Pour la deuxième récidive, "pas moins de 75 % de la peine prévue", suggère le candidat. "Et pour la troisième, ce sera 100 %". SYSTÈME SATURÉ C'est le système des peines automatiques, combiné au plaider-coupable, qui a provoqué l'explosion carcérale américaine. Selon une étude publiée le 14 février aux Etats-Unis, le pays a 2,2 millions de prisonniers et devrait en compter 200 000 de plus d'ici à 2011, soit une croissance triple de celle de la population. Le surcoût est estimé à 27,5 milliards de dollars. En souhaitant encadrer strictement la détention provisoire par des délais butoirs et développer les sanctions pénales alternatives à la prison, Ségolène Royal promet de son côté de rompre avec cette tendance. La proposition socialiste ne détaille cependant pas comment les moyens seraient rééquilibrés entre le milieu fermé et le milieu ouvert. Le budget de l'administration pénitentiaire, 2,2 milliards d'euros en 2007, a augmenté de plus de 60 % depuis 2002. Malgré la création de nouvelles places (3 000 depuis 2002, pour un coût unitaire d'environ 100 000 euros), le système est saturé. "Les établissements déjà surpeuplés connaissent une situation de plus en plus tendue, explique M. Tournier. Les détenus en surnombre (+ 6 % entre 2005 et 2006) augmentent plus vite que la population carcérale (+ 1,5 %)." Au début du mois de février, la CGT pénitentiaire dénonçait dans un communiqué "la situation catastrophique de la maison d'arrêt de Dijon", occupée à 230 %. Matelas par terre dans des cellules de 9m2 partagées par trois détenus, problèmes d'accès aux parloirs, au travail et au sport : les surveillants s'inquiètent. Le personnel de la maison d'arrêt rappelle qu'en 1996 la surpopulation (trois détenus pour une place) avait provoqué une émeute. Détruite, la prison avait été fermée pendant deux ans. § Au lendemain du chiffrage officiel du "pacte" de Ségolène Royal, le premier secrétaire du Parti socialiste, a ironisé sur le coût, à géométrie variable, des propositions de Nicolas Sarkozy. § A u lendemain de la contre-attaque de Ségolène Royal et du chiffrage officiel de son "pacte présidentiel" (35 milliards d'euros), le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, a ironisé, mercredi 21 février, sur le coût, à géométrie variable, des propositions de Nicolas Sarkozy. "Nous, nous ne changerons pas en fonction des circonstances. Notre chiffrage ne sera pas corrigé des variations saisonnières", s'est-il exclamé en soulignant qu'en un mois les engagements de baisse des prélèvements obligatoires de M. Sarkozy étaient passés de 68 milliards d'euros à 15 milliards d'euros sur cinq ans. "Il nous reste encore deux mois de campagne. Je crains que tout cela ne finisse par des hausses d'impôts", a-t-il raillé. "Nous voulons relancer la croissance. Notre premier objectif est de faire repartir l'économie française en améliorant le pouvoir d'achat pour soutenir la demande, en modernisant notre appareil productif pour stimuler une offre compétitive et en faisant du développement durable et des économies d'énergie les nouvelles frontières de la croissance française", a notamment indiqué M. Hollande. En cas de difficultés internationales, a-t-il précisé, les socialistes "ajusteront leurs promesses". Le premier secrétaire du PS est toujours partisan que soit réalisé un audit des finances publiques. Il souhaite en confier la réalisation à Jacques Bonnet et Philippe Nasse, les deux experts qui avaient fait en juin 2002 le bilan des années Jospin. A l'époque, les deux magistrats de la Cour des comptes avaient réévalué à la hausse autour de 2,3 % à 2,6 % le déficit public, évalué à 1,4 % par le gouvernement Jospin à l'automne 2001 puis réévalué à 1,8 % en mars 2002. § Ségolène Royal a achevé, mercredi 21 février, une mini-tournée régionale, dans la salle communale de Mondeville. § L 'invitation, lancée à l'ouverture du meeting par Philippe Duron, président PS du conseil régional de Basse-Normandie, peut surprendre. "Ce moment, lâche-t-il, vous permettra de communier avec Ségolène Royal." Elle ne choque personne dans la salle communale de Mondeville, banlieue ouvrière de Caen, où s'entassent debout, serrées les unes contre les autres, plusieurs centaines de personnes - parmi lesquelles, au premier rang, l'actrice Emmanuelle Béart. La candidate socialiste, qui achevait, mercredi 21 février, une mini-tournée dans la région, retrouve la même atmosphère de ferveur que lors de la primaire socialiste. Elle embarque la salle lorsque, avisant deux ou trois malentendants qui l'applaudissent en agitant les mains, bras tendus en l'air, elle exhorte son auditoire à faire de même. Le résultat est unanime : tout le monde applaudit en langage des sourds. Elle suscite l'approbation générale lorsqu'elle promet que les entreprises bénéficiaires qui délocalisent ou licencient devront rembourser "toutes les aides publiques". Elle fait siffler le candidat de l'UMP, qu'elle ne nomme pas, quand elle évoque ses "solutions dangereuses" - la retraite "à 70 ans", par exemple. Elle déroule son pacte présidentiel et donne une importance particulière aux femmes, "premières victimes des précarités", sous le regard ravi d'anciennes ouvrières de Moulinex. "C'EST TOUCHANT..." "Merci peuple de France !", s'exclame Mme Royal à la fin de son discours, avant de promettre : "Avec moi, la politique ne sera plus jamais comme avant !" Et, de la même façon qu'elle concluait ses réunions pendant la primaire socialiste par "A vos sacs à dos", elle finit sur ces mots : "A votre pacte !" "C'est formidable, touchant, cette présence populaire...", se réjouit-elle à la sortie. Comment l'expliquer après le trou d'air ressenti dans les sondages ? "Les gens ont eu le sentiment que je m'étais éloignée, répond Mme Royal, et puis ils ont eu peur avec les sondages." Mais depuis quelques jours, la candidate le "sent" : elle a renoué son lien avec les Français. Ils s'intéressent à son pacte. "Je me sens sécurisée sur mes bases", confie-t-elle. Du coup, la réorganisation annoncée de son équipe de campagne semble à l'arrière-plan de ses préoccupations. Un conseil "stratégique" dans lequel figureraient les personnalités du PS devrait être bientôt dévoilé. "Je ne vais pas refaire une armée mexicaine mais quelque chose d'opérationnel", affirme la candidate. Un responsable du parti devrait notamment chapeauter la communication. Mais rien ne presse. Dominique Strauss-Kahn s'est envolé au Canada pour y tenir des conférences, tandis que Laurent Fabius est allé se rendre compte de la situation au Darfour. "Ce n'est pas moi qui ait empêché les uns et les autres de venir, assure la candidate. J'ai respecté le rythme de chacun. J'espère qu'ils vont se mettre à parler." M. Fabius le fera, samedi 24 février, au cours d'un meeting commun en Seine-Maritime. § Que prévoit le programme de Ségolène Royal en matière d'égalité hommes-femmes ? § Q ue prévoit le programme de Ségolène Royal en matière d'égalité hommes-femmes ? La candidate, qui rappelle souvent qu'en France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, a promis une loi-cadre sur les violences faites aux femmes. "Nous ne pouvons qu'applaudir", souligne Maya Surduts, l'une des porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes. Ce mouvement, qui organise une manifestation sur ce thème, le 24 mars, à Paris, a rédigé à l'automne une proposition de loi-cadre sur les violences qui a été transmise à l'équipe de la candidate du PS. Pour diminuer le nombre de travailleurs pauvres, qui sont pour beaucoup des travailleuses - lors du débat participatif de Strasbourg, la sociologue Dominique Meda avait souligné qu'un million de femmes travaillent en "temps partiel subi" -, Ségolène Royal s'est engagée à créer un revenu de solidarité active. "SORTIR DE LA PAUVRETÉ" Défendu par le président d'Emmaüs-France, Martin Hirsch, ce système permettrait aux titulaires d'un minimum social de voir leurs revenus progresser lors de la reprise d'un emploi, même à temps partiel. "Cela permettrait aux familles de bien fonctionner et aux enfants de sortir de la pauvreté", avait résumé la candidate. Enfin, Ségolène Royal s'est engagée à mettre en place un véritable service public de la petite enfance afin de faciliter l'accès des femmes au marché du travail. En 2005, sur les 2,4 millions d'enfants de moins de trois ans, 70 % d'entre eux étaient gardés par leurs parents (principalement leur mère), 13,5 % étaient confiées à une assistante maternelle et 9 % à une crèche. De 1992 à 2005, le nombre de places en établissement d'accueil a légèrement progressé - il est passé de 250 000 à 320 000 -, mais il reste encore très insuffisant. § La candidate du PS rattache son parcours au combat pour l'émancipation des femmes. Le milieu associatif se souvient de ses actions en faveur de la pilule et contre les violences sexuelles. § L ors de son discours d'investiture, à la Mutualité, Ségolène Royal avait convoqué les grandes figures de l'émancipation des femmes : Olympe de Gouges, qui "eut le droit de monter à l'échafaud mais jamais celui de voter", Louise Michel, qui se battit aux côtés des communards avant d'être déportée en Nouvelle-Calédonie, Rosa Luxembourg, qui participa à l'insurrection spartakiste allemande de 1919, mais aussi les 343 "salopes" du manifeste pour l'avortement de 1973, et Ni putes ni soumises. Féministe, Ségolène Royal ? "Elle l'est, c'est sûr, mais pas au sens où on l'entendait dans les années 1970", précise Laurence Rossignol, la secrétaire nationale aux droits des femmes du PS. A l'époque des grands combats, dans les années qui suivirent Mai 68, Ségolène Royal préparait l'ENA. "J'ai le même âge qu'elle et je ne l'ai jamais vu dans une manifestation sur l'avortement ou les violences, note Suzy Rojtman, la présidente du Collectif national pour les droits des femmes. Or, le féminisme est d'abord un combat collectif. Si, à l'époque, on s'était battu chacune de notre côté, dans notre travail ou notre couple, on ne serait pas allé bien loin.""IMPENSABLE IL Y QUINZE ANS" Pourtant, Ségolène Royal revendique clairement l'héritage des années 1970 : à la Mutualité, la candidate du PS a affirmé être venue au socialisme par le "féminisme et la révolte contre la place subalterne assignée aux femmes". "Elle n'a peut-être pas participé aux manifestations, mais par son histoire, elle est incontestablement féministe, affirme Fadela Amara, la présidente de Ni putes ni soumises. Elle s'est opposée à l'autorité de son père, elle s'est émancipée grâce à l'école et elle s'est imposée dans un monde politique encore très machiste." Nul ne doute que Mme Royal a fait très tôt l'expérience de la répartition sexuée des rôles. "Dans ma famille, le destin des filles était de se marier et de se consacrer à leur foyer, expliquait-elle à l'automne 2006. Pour y échapper, je n'avais pas d'autre possibilité que de mériter, par mes notes, le droit d'aller un peu plus loin à chaque étape." Pour Fadela Amara, cette histoire qui s'est déroulée il y a plus de quarante ans dans une famille catholique de province dominée par un lieutenant-colonel autoritaire a de l'écho dans les cités. "Comme elle, beaucoup d'entre nous se sont construites contre l'autorité du père, grâce à l'école. Son parcours peut montrer le chemin." Si la présence de Ségolène Royal dans la course présidentielle satisfait toutes les féministes - "L'idée qu'une femme puisse accéder à la magistrature suprême était impensable il y a quinze ans", rappelle Suzy Rojtman -, ses discours sur les bienfaits des repères, l'importance de la famille ou la violence à la télévision laissent perplexes. "Je ne me reconnais pas dans ce féminisme puritain teinté d'ordre moral, affirme Clémentine Autain, la fondatrice du mouvement féministe Mix-Cité. Son éloge de la maternité, ses discours à l'ancienne sur la famille, sa façon de dire qu'elle fait de la politique autrement parce qu'elle est une femme, son combat contre la pornographie ne sont pas ma tasse de thé." LA MANIÈRE, PLUS QUE LE CONTENU Bien des militantes se souviennent pourtant que c'est elle qui a autorisé la distribution de la pilule du lendemain dans les infirmeries scolaires, alors qu'elle était ministre déléguée à l'enseignement scolaire (1997-2000). Beaucoup saluent aussi sa volonté d'impliquer les pères auprès des enfants : lorsqu'elle était ministre de la famille (2000-2002), elle avait créé le congé paternité et inscrit dans la loi la résidence alternée. Enfin, son combat contre les violences sexuelles a marqué les esprits : elle avait imposé en 1997 la suspension des professeurs accusés de pédophilie et lancé en 1998 une croisade contre les bizutages, dont certains avaient des connotations sexuelles ou sexistes. "Elle a une réelle sensibilité sur la question des violences sexuelles", résume Suzy Rojtman, qui est aussi l'une des fondatrices du Collectif féministe contre le viol. Mais plus que le contenu de ses réformes, c'est sa manière de faire de la politique qui marque, pour certaines, la différence. En mettant en avant des sujets volontairement délaissés par les hommes comme la famille ou les relations interpersonnelles, Ségolène Royal aurait donné corps à un vieux principe féministe : le privé est politique. "Elle a montré que tous ces thèmes que les hommes considèrent avec un certain dédain comme mineurs sont en réalité très politiques, note Laurence Rossignol. Malgré les moqueries d'un monde politique encore très masculin, elle n'a pas renoncé à dire : la politique, ce n'est pas uniquement l'économie et le social." En insistant sur la nécessité d'écouter ses concitoyens, en conférant une légitimité à des thèmes traditionnellement négligés par les hommes politiques, Ségolène Royal a également, selon Réjane Sénac-Slawinski, enseignante en sciences politiques à la Sorbonne nouvelle, remis au goût du jour les débats sur la parité : "En 2000, cette réforme avait lancé un débat sur la nécessité de renouveler le personnel politique et le lien entre les représentants et les représentés. La pratique politique de Ségolène Royal, sa démarche participative et l'importance qu'elle apporte à l'écoute donnent un nouveau souffle à ces questionnements sur la place du citoyen. En cela, son ascension marque le second moment de la parité." § Le blogueur, qui a rejoint l'équipe de campagne du candidat de l'UMP, comprend la décision de Canal+, mais trouve les règles du CSA "ringardes à l'ère d'Internet". § M ercredi soir, le célèbre blogueur Loïc Le Meur annoncait sur son blog qu'il était suspendu d'"En aparté", l'émission quotidienne de Pascale Clark sur Canal+, en raison de son soutien affiché à Nicolas Sarkozy. L'information a été confirmée à l'AFP par la direction de Canal+, au nom du "principe d'équité imposé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel : Loïc Le Meur ayant un rôle officiel dans la campagne de l'UMP, son temps de parole est décompté comme celui d'un soutien officiel de Sarkozy". Sur son blog, M. Le Meur explique : "Je m'en doutais, et avais été prévenu du risque et n'en tiens aucunement rigueur à Canal (...) Je sais que mon temps de parole est depuis le début décompté du temps pour Nicolas Sarkozy et je le comprends tout à fait." "Ils n'ont fait qu'appliquer la règle du CSA. Dans la mesure où j'étais le seul de leurs polémistes à avoir dit ouvertement pour qui je votais, je les mettais dans l'embarras", souligne le blogeur, rappellant qu'il a rejoint l'équipe de campagne du candidat de l'UMP fin janvier 2007. Loïc Le Meur juge néanmoins les règles du CSA "complètement ringardes à l'ère d'Internet et poussant les personnes invitées dans les médias à surtout cacher le plus possible leurs opinions". Le principe d'équité du CSA détermine le temps d'antenne et de parole des candidats et de leurs soutiens, en prenant en compte leur représentativité. Il est applicable jusqu'à la publication de la liste officielle des postulants à l'Elysée, le 20 mars, date à partir de laquelle une stricte égalité arithmétique doit être respectée. § Le candidat de l'UDF à l'élection présidentielle, François Bayrou, a présenté vendredi 23 février son projet économique pour la France. § § Après la présentation de la nouvelle équipe de campagne socialiste, l'ensemble de la droite a raillé le retour des "éléphants" et des "archaïques". § L a vague de réactions en provenance de l'UMP, de l'UDF et du FN n'a pas tardé, vendredi 23 février, suite à l'annonce du retour des "éléphants" socialistes dans la campagne présidentielle. "Sacrée réorganisation ! On prend les mêmes et on recommence !", s'est moqué Xavier Bertrand, porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, sur i-télé. Le ministre de la santé a particulièrement insisté sur le réapparition de l'ancien premier ministre, signe que la gauche se serait "arrêtée en 2002". "On avait le retour aux idées de Jospin, on a eu le retour aux équipes Jospin, on a même le retour à Lionel Jospin", a-t-il déclaré. Cette stratégie aurait, selon lui, pour principal objectif de "resserrer les rangs pour faire oublier au plus vite l'épisode Eric Besson". "LE RETOUR DE LA HORDE DES ÉLÉPHANTS" Le candidat UDF, François Bayrou, a stigmatisé "le retour de la horde des éléphants" dans la campagne socialiste, estimant que les Français n'en avaient "pas envie"."Elle prend un risque", a estimé le ministre de l'éducation, Gilles de Robien. "Jospin, il a fait 17%" au premier tour de la présidentielle de 2002", a-t-il déclaré sur Europe 1. Laurent Wauquiez, secrétaire général adjoint de l'UMP, s'est dit "consterné" par l'annonce du nouvel organigramme socialiste. "Ce remaniement ressemble fort au retour de la grande parade des éléphants du PS", a-t-il ironisé. Marine Le Pen pense que la campagne de Ségolène Royal "va devenir beaucoup moins sexy". Aux yeux de la vice-présidente du Front national, Ségolène Royal séduisait un certain électorat "parce qu'elle s'était libérée de tout l'archaïsme socialiste". "Or les archaïques reviennent en force", a-t-elle observé. § Débat en direct avec Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, mercredi 28 février 2007 à 15 heures. § § Mme Royal juge que la décision de construire l'EPR a été prise en 2004 "sans véritable débat" et qu'il faut "remettre à plat l'ensemble des données". § L e porte-parole de Ségolène Royal a été un peu vite en besogne : alors qu'Arnaud Montebourg déclarait que la candidate socialiste à l'Elysée "s'oriente" vers la poursuite du programme EPR (Le Monde du 23 février), Mme Royal a fait savoir, mercredi 21 février à Caen, qu'elle déciderait un moratoire sur la construction de ce réacteur nucléaire de troisième génération en cas de victoire à la présidentielle. Mme Royal juge que la décision de construire l'EPR a été prise en 2004 "sans véritable débat" et qu'il faut "remettre à plat l'ensemble des données". Selon son conseiller Bruno Rebelle, ex-directeur de Greenpeace France, ce moratoire ne préjuge pas de sa décision finale, mais elle entend "replacer l'EPR dans le contexte global d'une politique énergétique et du développement des énergies renouvelables". Mme Royal veut examiner les effets sur l'emploi de l'EPR, mais aussi d'un développement plus volontariste des énergies renouvelables (éolien, solaire...). Elle soulève aussi le problème de la ligne à haute tension pour raccorder l'EPR au réseau électrique. Mme Royal examinera les avantages de l'EPR (énergie sans CO, exportation). Certains, au PS, jugent que la parole de l'Etat est déjà engagée et qu'une continuité s'impose. Si EDF a commencé les travaux de terrassement à Flamanville (Manche), rappelle M. Rebelle, le gouvernement n'a toujours pas pris le décret d'autorisation de construction de l'EPR. § En novembre 2006, Pieter Winsemius, le ministre néerlandais du logement, lançait un appel pressant : faute d'un plan d'action volontariste, 140 quartiers "difficiles" risquaient, selon ce responsable libéral, de connaître une évolution "à la française". § E n novembre 2006, Pieter Winsemius, le ministre néerlandais du logement, lançait un appel pressant : faute d'un plan d'action volontariste, 140 quartiers "difficiles" risquaient, selon ce responsable libéral, de connaître une évolution "à la française". M. Winsemius - qui n'est plus membre du gouvernement - évoquait la nécessité de construire 40 000 nouveaux logements par an et d'endiguer les maux de ces zones urbaines : chômage, échec scolaire, criminalité, affrontements à caractère ethnique de plus en plus fréquents. Cette mise en garde se nourrissait d'une crainte sur l'avenir. En se basant sur l'évolution démographique et sociologique des Pays-Bas - vieillissement, augmentation du nombre de familles monoparentales, etc. -, le ministère du logement jugeait indispensable d'accélérer, dans les vingt années à venir, la rénovation du parc immobilier existant, ainsi que les nouvelles constructions. Cela afin de préserver la mixité sociale des quartiers et d'éviter la fuite de la classe moyenne. La nouvelle équipe ministérielle issue des élections législatives du 22 novembre 2006 a admis la nécessité d'agir vite et fort. MISSION TROP VASTE Mais la vision néerlandaise du logement social n'est pas celle de la technocratie européenne. En juillet 2005, les Pays-Bas avaient été rappelés à l'ordre par la Commission de Bruxelles après un examen des règles de financement des 600 coopératives néerlandaises du logement. Pour Bruxelles, leur mission est trop vaste et aboutit à fausser les règles de la concurrence, au détriment du privé. Ces coopératives, dont la valeur comptable globale se chiffrait, en 2005, à quelque 78 milliards d'euros, détiennent 75 % des logements locatifs du pays. Leur mission inclut la location mais aussi l'acquisition et la construction de logements à prix modérés destinés principalement aux personnes à faibles revenus, âgées et handicapées. Or, au fil du temps, ces organismes publics ont géré leurs surcapacités en louant, à des prix souvent très inférieurs à ceux du marché, des logements à des ménages jouissant de revenus plus élevés. La Commission demande aux Pays-Bas de rétablir une concurrence normale. La Haye envisagerait de fixer un plafond - autour de 200 000 euros - pour la valeur des logements susceptibles d'être qualifiés de "sociaux". Bruxelles en demande plus et souhaite que soient mis en vente à leurs occupants ou à des sociétés privées un certain nombre de ces logements. § Le conseil représentatif des associations noires (CRAN) a présenté, jeudi 22 février, les réponses au questionnaire qu'il avait adressé aux candidats à l'élection présidentielle pour connaître leurs propositions en matière de lutte contre les discriminations. § L e conseil représentatif des associations noires (CRAN) a présenté, jeudi 22 février, les réponses au questionnaire qu'il avait adressé aux candidats à l'élection présidentielle pour connaître leurs propositions en matière de lutte contre les discriminations. Les principaux prétendants des partis de gouvernement, de Nicolas Sarkozy à Marie-George Buffet, ont pris soin d'y répondre. La satisfaction du CRAN est d'autant plus grande que ces réponses révèlent une "véritable avancée politique" sur une des questions des plus décisives à ses yeux : les "statistiques de la diversité" - appellation qu'il préfère à celle de "statistiques ethniques". Tous les candidats se disent ouverts. Seule Ségolène Royal juge la question "délicate" car, explique-t-elle, "l'objectif recherché de détecter les discriminations peut se retourner par le fichage des citoyens en fonction de critères qui sont contraires à nos valeurs républicaines". Les autres se montrent prudents et soulignent les précautions nécessaires sur l'usage de ces données qui, comme le note Dominique Voynet (Verts), "ont pu être utilisées à des fins funestes au cours de l'histoire". Pour autant, ces candidats jugent "nécessaire" la production de statistiques de la diversité pour "avoir une connaissance précise" de la réalité des discriminations. Mais ils souhaitent que ce recensement soit fondé sur l'autodéclaration et le volontariat, et anonyme. Le CRAN veut maintenir la pression sur les candidats avant de déterminer sa stratégie pour l'élection, qu'il révélera le 7 avril lors des Etats généraux des populations noires. "Les objectifs affichés nous paraissent certes louables mais les moyens concrets ne sont pas toujours clairs et ne sont assortis d'aucun engagement en terme de délais, relève Patrick Lozès, son président. Le dialogue est engagé et nous allons le poursuivre en leur demandant de préciser leurs intentions." § Avec la flambée générale des prix de l'immobilier, le logement social est un enjeu crucial. L'Angleterre réserve ce parc aux plus pauvres, les Pays-Bas y accueillent un ménage sur trois, la France un sur six. § L e droit au logement opposable est désormais gravé dans le marbre. Votée par le Parlement jeudi 22 février, la loi instituant ce nouveau principe a pour objectif de fournir un toit aux centaines de milliers de personnes condamnées à vivre à la rue, dans des hôtels sans confort ou chez des proches. Autant de situations douloureuses qui résultent de la pénurie de logements à des prix accessibles. Cette réalité n'est ni nouvelle ni propre à la France. "Développer une offre de logements abordables est une préoccupation de la plupart des pays européens", soulignait, en septembre 2006, un rapport du ministère du logement. "Dans les Etats comparables à la France, 20 % à 25 % de la population ont besoin d'être aidés pour se loger", estime, pour sa part, Laurent Ghekiere, représentant du mouvement HLM français auprès de l'Union européenne. Le phénomène a pris une ampleur inédite avec l'augmentation du prix de l'immobilier, qui touche l'ensemble des pays de l'UE - exception faite de l'Allemagne, où l'offre locative est supérieure à la demande (notamment dans l'ex-RDA) et où les prix sont encadrés. En 2005, la hausse du prix de l'immobilier a oscillé entre 10 % et 15 % en France, en Suède et en Espagne. Dans ce contexte, le logement social est un enjeu crucial. L'Europe des 25 compte environ 21 millions de logements sociaux, soit 17 % du parc total de logements. D'un pays à un autre, les situations sont très différentes, qu'il s'agisse du nombre d'habitations à caractère social, des publics concernés ou des appellations en vigueur. Le logement social représente plus d'une résidence sur trois aux Pays-Bas. Il est, à l'inverse, marginal en Espagne et quasiment inexistant en Grèce, car, dans ces deux pays, l'accession à la propriété est profondément enracinée dans les mentalités. "Il n'existe pas, actuellement, de définition européenne de la notion de logement social", souligne Romain Graëffly, dans Le Logement social, étude comparée de l'intervention publique en France et en Europe occidentale (Librairie générale de droit et de jurisprudence, novembre 2006). En Grande-Bretagne, explique-t-il, le terme "est souvent utilisé comme synonyme de logement municipal", et "peut revêtir la forme d'habitations locatives ou à l'achat", tandis qu'en Allemagne il désigne "le logement subventionné par le secteur public, sans tenir compte des politiques d'accession à la propriété". Au-delà de ces singularités nationales, trois "modèles" se dégagent au sein de l'Union européenne, selon Laurent Ghekiere. Le premier, ancré dans certains pays d'Europe du Nord, repose sur une conception "universaliste" du logement social. En Suède, par exemple, des sociétés municipales de logement à but non lucratif accueillent environ 22 % de la population. Aucun plafond de ressources n'est fixé et les loyers sont négociés avec les représentants des locataires. Aux Pays-Bas, les logements sociaux peuvent également être attribués à des ménages ayant des revenus élevés - dès l'instant où il n'y a plus de candidatures jugées prioritaires à satisfaire. Ce système assure une forte mixité sociale dans des habitations de qualité. Toutefois, l'afflux d'immigrés a récemment modifié le peuplement de ces ensembles résidentiels et, relève Laurent Ghekiere, "des phénomènes de ghettoïsation émergent". Contrairement aux organismes HLM français, les bailleurs sociaux néerlandais interviennent aussi dans le secteur privé. Depuis janvier 2006, ils sont soumis à l'impôt sur les bénéfices pour la part de leurs activités commerciales. A l'opposé des pays d'Europe du Nord, la Grande-Bretagne réserve son parc de logements sociaux aux plus pauvres. Le poids de cet habitat reste important (21 %), mais il a nettement diminué depuis la mise en application de la loi relative au "right to buy" (droit à l'achat). Adopté en 1980 à l'initiative de Margaret Thatcher, ce texte s'est traduit par la cession d'environ 2 millions de logements sociaux à leurs locataires en vingt ans, d'après le Cecodhas (Comité européen de coordination de l'habitat social). Quelque 352 000 habitations ont également été transférées aux Housing Associations - des associations agréées sans but lucratif qui participent de plus en plus aux politiques publiques. "A terme, pronostique Laurent Ghekiere, les Housing Associations récupéreront l'intégralité du patrimoine à travers des transferts organisés par les collectivités locales." Cette approche du logement social s'accompagne d'un soutien important des locataires (présence d'un réseau associatif dense et actif, distribution d'aides personnelles relativement élevées). "Les habitants sont étroitement associés aux opérations de réhabilitation de leur quartier, observe Laurent Ghekiere. La politique des Anglais en la matière est exemplaire." En France, l'habitat social a vocation à accueillir une large partie de la population - des plus démunis jusqu'aux classes moyennes. Les logements sont attribués sous conditions de ressources mais celles-ci ne sont pas draconiennes, puisque les deux tiers de la population entrent dans les plafonds. Ces spécificités nationales ne doivent pas occulter les "évolutions communes" à l'oeuvre dans de nombreux pays européens, souligne Yan Maury, enseignant-chercheur à l'Ecole nationale des travaux publics de l'Etat. Depuis une vingtaine d'années, les aides à la pierre ont diminué en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas. A l'instar de la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l'Allemagne ont vendu un grand nombre de logements sociaux. A Dresde, par exemple, la société communale Woba, qui possédait 48 000 appartements, 1 500 locaux commerciaux, un parking et un centre sportif, a été cédée, en 2006, au fonds américain Fortress Investment Group pour 1,7 milliard d'euros. Depuis le début des années 2000, en Allemagne, quelque 600 000 logements publics sont passés dans la sphère privée. Autre phénomène repérable à l'échelle de l'Union européenne : nombre de pays membres confient au secteur associatif le logement et l'accompagnement social des familles défavorisées, et les autorités locales prennent de plus en plus d'importance dans les politiques du logement. Toutefois, plusieurs pays, comme la France, la Grande-Bretagne et l'Espagne, ont récemment relancé la production d'une offre locative accessible. § Dans son programme, rendu public ce week-end, le parti de M. Le Pen propose "une inversion des flux migratoires" et veut diminuer la durée des cartes de séjour de dix à trois ans. § "J e n'ai pas changé, j'ai évolué", répète à l'envi Jean-Marie Le Pen. Il n'a en effet pas changé comme le montre son programme, qui sera rendu public lors de la deuxième convention présidentielle organisée, samedi 24 et dimanche 25 février, à Lille par le FN. Il continue de considérer l'immigration comme la cause de tous les problèmes de la France - chômage, crise du logement, déficit de la Sécurité sociale, délinquance, dette publique... - et son arrêt comme "la" solution. SUR LES INSTITUTIONS PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE. Rétablissement de la durée de son mandat à sept ans mais non renouvelable. Il détermine la politique de la nation. Il engage sa responsabilité quand il procède à la dissolution de l'Assemblée nationale en cours de mandat GOUVERNEMENT. Modification de l'article 20 de la Constitution pour faire du gouvernement l'équipe d'exécution et d'administration de la politique présidentielle. MODE DE SCRUTIN. Adoption de la proportionnelle intégrale à un tour aux législatives, européennes, régionales, cantonales et municipales. CONSEIL CONSTITUTIONNEL. Transformation en Cour constitutionnelle composée de juristes élus par le Parlement avec la possibilité d'une saisine par le peuple. DÉPENSES PUBLIQUES. Inscription dans le préambule de la Constitution du plafonnement de celles-ci à 35 % du PIB. Dès son arrivée au pouvoir, le président du FN s'attellerait à mettre en oeuvre ce qu'il appelle "une politique d'inversion des flux migratoires (...), d'arrêt de toute nouvelle immigration (...), d'assimilation de ceux qui respectent nos lois nos coutumes, acceptent les devoirs qui découlent des droits accordés et considèrent la France comme leur patrie, à l'exception de toute autre". Cette politique se traduirait par un rétablissement des frontières et donc une sortie de l'espace Schengen ainsi que la dénonciation de tous les traités européens concernant l'immigration. Tout étranger rentré illégalement sur le territoire serait bien évidemment expulsé. D'autre part, les personnes sous le coup d'une condamnation judiciaire seront également priées de repartir au pays "purger leur peine". Et les ressortissants Français, naturalisés depuis moins de dix ans, condamnés à plus de six mois de prison fermes pourraient se voir déchus de leur nationalité. De façon à décourager les candidats à l'immigration, la durée des cartes de séjour passerait de dix à trois ans, "y compris pour ceux qui se trouvent actuellement sur notre territoire" et il serait mis fin au regroupement familial. De même, les patrons embauchant des étrangers verraient la part de leurs cotisations à la branche maladie majorées de 35 %, idem pour l'assurance-chômage. Dans ce dernier cas, la part salariale serait elle aussi augmentée de 35 %. Seules les cotisations pour les retraites resteraient inchangées, mais les travailleurs immigrés seraient incités à retourner dans leur pays d'origine pour y finir leur vie. Enfin, les travailleurs étrangers n'auraient plus droit aux aides sociales qui, comme les allocations familiales, seraient réservées aux Français. Car sur ce plan-là aussi, le président du FN n'a pas changé. Il prévoit toujours d'inscrire la préférence nationale, qui instaure une discrimination entre Français et étrangers, dans le préambule de la Constitution. Une mesure associée au changement du mode d'acquisition de la nationalité française pour substituer le droit du sang au droit du sol. Si "évolution" il y a chez Jean-Marie Le Pen, celle-ci se manifeste dans la forme et remonte à la présidentielle de 2002. Il en est ainsi du traitement de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Il y a cinq ans déjà, le président du FN ne parlait plus de supprimer la loi Veil sur l'avortement dès son arrivée au pouvoir mais prévoyait, comme aujourd'hui, un référendum pour inscrire dans le préambule de la Constitution le "caractère sacré de la vie, de la conception à la mort". Il compte, dit-il, sur l'adoption prénatale et sa politique familiale pour décourager les IVG. Cette politique repose sur la création d'un revenu parental d'un montant équivalent au smic qui serait versé pendant trois ans pour le premier enfant, idem pour le deuxième et dix ans pour le troisième. Ses bénéficiaires auraient également droit à la "protection sociale, la formation professionnelle et la retraite". Le programme du FN réaffirme son opposition à l'adoption par des couples homosexuels et au mariage de ceux-ci. Autre exemple, M. Le Pen ne prévoit plus de supprimer dès son installation à l'Elysée l'impôt sur le revenu mais prévoit sa diminution progressive. Il souhaite également "la prise en charge par l'Etat, à hauteur de 200 euros par mois, de la part salariale des cotisations sociales pour les salaires allant jusqu'à 1,4 fois le smic". Toujours en matière de fiscalité, le FN prône une diminution des droits de succession en ligne directe et, s'il maintient l'impôt sur la fortune, il exonère la résidence principale de celui-ci. Enfin, il diminue l'impôt des PME, dont il entend faciliter la création et soutenir par toute une série de mesures. Hostile au libre-échange et protectionniste (création de barrières douanières, instauration de quotas d'importation, etc.), le programme du FN se montre foncièrement libéral à l'intérieur de ses frontières. Outre les diminutions d'impôts consenties aux entreprises, le FN veut abroger les 35 heures, renégocier la durée hebdomadaire du temps de travail, mettre la retraite à 65 ans. Il est pour autoriser le cumul des activités salariées-non salariées et retraite-emploi. Enfin, M. Le Pen ne dit plus qu'il abandonnera tout de suite l'euro pour revenir au franc mais qu'il exigera au préalable une réforme de la Banque centrale européenne. Il entend par ailleurs "proposer à nos partenaires européens une renégociation radicale des traités dans le sens d'une Europe d'Etats souverains coopérant sur des sujets d'intérêt commun". "En cas de réponses négatives ou de non-réponse dans le délai fixé", le programme du FN prévoit un référendum demandant si "la France doit reprendre son indépendance". Le FN et son président veulent que la France retrouve sa totale souveraineté. Il s'oppose en conséquence à tout impôt européen, refuse la coopération policière au sein d'Europol, judiciaire avec le "réseau judiciaire européen", ou Eurojust, mais accepte Interpol ou veut "rétablir la préférence communautaire pour lutter contre le dumping social, fiscal ou environnemental". Partisan d'une armée nationale forte, M. Le Pen président ferait en sorte que la France quitte l'Eurocorps et l'OTAN et renforcerait l'armée française. Nostalgique du service militaire obligatoire, il se contenterait toutefois d'un service militaire volontaire de six mois. § Devant 3 500 personnes venues des six départements de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Marie-George Buffet a demandé, jeudi soir à Marseille, le rassemblement d'une "gauche de combat" pour faire barrage à la "droite toujours plus revancharde" de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou "l'autre chouchou des médias". § D evant 3 500 personnes venues des six départements de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Marie-George Buffet a demandé, jeudi soir à Marseille, le rassemblement d'une "gauche de combat" pour faire barrage à la "droite toujours plus revancharde" de Nicolas Sarkozy et de François Bayrou "l'autre chouchou des médias". "La semaine dernière, Sarkozy était déjà président. Cette semaine, il est dans le trou d'air, a-t-elle lancé, mais ce ne sont pas les sondages qui font une élection, ce sont les électeurs." Pour son deuxième grand meeting de campagne, la candidate était entourée de Fabio Amato, représentant de Rifondazione comunista, juste arrivé d'Italie, et d'Oskar Lafontaine, de la Gauche allemande, qui lui a souhaité "un grand succès". Prenant la parole pendant près d'une heure devant un public plutôt âgé, Mme Buffet a surtout tenté de se présenter comme la candidate "d'une gauche de responsabilité", assez crédible pour répondre "aux experts qui vont vous jouer la chanson des contraintes". Elle a donc proposé une longue série de "mesures concrètes qui seront présentées, dès la prise de fonction d'un gouvernement de gauche, lors de la session parlementaire extraordinaire de juillet 2007". Parmi ces mesures phares, "le smic à 1 500 euros tout de suite et pas dans cinq ans, l'augmentation de 300 euros de tous les minima sociaux, l'abrogation des lois Sarkozy et Chevènement sur l'immigration, un moratoire sur l'expulsion des locataires". Ne citant aucun autre candidat de gauche, elle s'est efforcée de convaincre ses auditeurs que, "si la gauche a du courage, elle a toutes les cartes en main pour mettre en oeuvre ces réformes". Car Mme Buffet ne veut décidément pas croire les sondages qui disent que "la droite, accolée à l'extrême droite, représenterait aujourd'hui 60 % des voix". "EN RETRAIT" Un peu ragaillardie par l'enthousiasme d'une soirée conclue par une Marseillaise et une Internationale, un militant confiait à son amie en sortant du Dôme : "Ce serait bien qu'elle émerge". Car, sondages ou pas, les militants communistes des Bouches-du-Rhône sentent bien que la campagne est difficile et cela a considérablement tendu les rapports au sein du PCF. Des pétitions circulent en son sein pour exiger la démission des élus qui soutiennent José Bové, comme l'unique sénateur communiste des Bouches-du-Rhône, Robert Bret, ou le maire communiste d'Aubagne, Daniel Fontaine, absents jeudi soir. Cible privilégiée des orthodoxes, la présidente du groupe PCF à la mairie de Marseille reçoit de nombreuses lettres insultantes de camarades qui ne l'appellent plus que "madame". Un quinquagénaire qui en a vu beaucoup et préfère rester anonyme, commente amèrement l'ambiance actuelle : "Ces méthodes et cette atmosphère me rajeunissent de trente ans : je me crois revenu dans les années 1970." Le ralliement public à Marie-George Buffet du député marseillais Frédéric Dutoit a un peu rassuré les chefs de ce parti aux 3 868 cotisants, dont 80 % ont voté pour sa candidature lors de la consultation interne de fin 2006. Malgré tout, nombre de militants "restent en retrait". Et ceux qui se sont résolus à rallier cette candidature déplorent encore l'unité perdue du "non de gauche". Comme tout le monde, ils scrutent avec inquiétude les sondages qui annoncent à leur parti un faible score présidentiel et ils redoutent au moins autant une débâcle législative. § Manifestation anti-Le Pen à Lille samedi et inquiétude de Jean-Marie Le Pen pour obtenir ses parrainages, les militants du Front national sont réunis ce week-end pour la convention présidentielle. § § Lors d'une réunion publique en "terre fabiusienne" près de Rouen, Ségolène Royal a déclaré devant environ 7 500 personnes qu'elle voulait "bâtir la gauche moderne du XXIe siècle". § S égolène Royal s'est déclarée samedi candidate de "la gauche du XXIe siècle" lors d'un meeting avec Laurent Fabius, près de Rouen. "Je veux bâtir avec vous tous la gauche moderne, celle du XXIe siècle", a déclaré la candidate socialiste devant environ 7 500 personnes réunies au Zénith de Grand-Quevilly. "La gauche du XXIe siècle, le camp du progrès, le nouveau modèle, une nouvelle façon, à partir des valeurs de gauche adaptées pour accompagner ces mutations pour apaiser les inquiétudes", a-t-elle dit. "La gauche nouvelle et efficace n'oublie rien, ni les luttes ouvrières ni les conquêtes sociales", a assuré Ségolène Royal."Elle ne renonce pas à l'espérance du progrès social, à l'égalité réelle, elle n'en rabat pas sur la lacité et les services publics" mais a "les yeux ouverts sur la réalité" et "ne confond pas la conviction avec le sectarisme". "UNE POUR TOUS, TOUS POUR UNE", POUR LAURENT FABIUS Assurant qu'elle s'inscrivait dans le sillage de François Mitterrand, Léon Blum et de l'ensemble des gouvernements socialistes, citant Lionel Jospin et Pierre Bérégovoy, elle a expliqué que cette gauche n'oublie "ni les luttes ouvrières, ni les conquêtes sociales", ne renonce pas "à l'égalité réelle", "n'en rabat pas sur la lacité et les services publics" et a "les yeux ouverts sur la réalité". Laurent Fabius, candidat malheureux à l'investiture socialiste, avait auparavant sonné le rassemblement. "Désormais, chère Ségolène, c'est une pour tous et tous pour une", a martelé le député de Seine-Maritime, assurant : "Nous sommes ici rassemblés dans le même esprit offensif et amical pour dire notre souhait que d'ici peu de semaines, la présidente de la République s'appelle Ségolène Royal". Cette réunion publique au moment où un sondage de l'IFOP, rendu publique samedi à 18 heures et à paraître dans Le Journal du Dimanche, montre que Ségolène Royal remonte dans les intentions de vote et resserre l'écart avec Nicolas Sarkozy. Les deux candidats sont crédités de 28 % chacun, au premier tour. Elle gagnerait 2,5 points alors que le candidat de l'UMP en perd 4. Quant à François Bayrou, au premier tour, le président de l'UDF est crédité pour la deuxième fois de 17 % d'intentions de vote (+1). Selon cette enquête, réalisée entre les 22 et 24 février, soit après l'émission télévisée de Mme Royal lundi dernier sur TF1, M. Sarkozy l'emporterait cependant le 6 mai sur la députée PS par 50,5% contre 49,5 %. Ainsi, pour la 29e fois depuis le congrès de l'UMP le 15 janvier, Nicolas Sarkozy est donné vainqueur au second tour. Lors de son enquête précédente réalisée du 13 au 15 février, l'IFOP donnait M. Sarkozy vainqueur le 6 mai par 53 % contre 47 % à Mme Royal. Selon l'IFOP, Mme Royal progresse de 6 points chez les ouvriers et les employés. § Environ 1 300 personnes, selon la police, 3 000 à 4 000 selon les organisateurs ont défilé samedi après-midi dans les rues de Lille pour protester contre la tenue de la convention présidentielle du FN. § "N on au F-Haine", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants samedi 24 février descendues dans les rues de Lille, à l'appel de dizaines d'associations, pour protester contre l'organisation dans la ville de la convention présidentielle du FN, jusqu'à dimanche soir. Ils étaient 1 300 personnes selon la police, entre 3 000 et 4 000 selon les organisateurs réunis autour du slogan "Non à Le Pen". Ambiance de kermesse, le défile regroupait dans l'union des organisations comme la LDH, Ras l'Front, le MRAP, le PS, les Verts et le PCF, ainsi que des syndicats. Les manifestants évitait le centre de congrès Lille-Grand-Palais occupé pour le week-end par les dirigeants et militants du FN. La manifestation s'est arrêtée à 17 h 00 sans incident. "Même s'il est arrivé au second tour de la présidentielle, le FN reste un parti non démocratique qui ne devrait pas avoir sa place dans la vie politique", a estimé Clémence Assailly, une manifestante, de 27 ans"venue en citoyenne", et qui considère comme "une insulte" la présence de Jean-Marie Le Pen à Lille."Ce n'est pas innocent", a pour sa part estimé, Jean-Paul Caboche, secrétaire Unsa pour le Nord. "Le Pen est arrivé en tête dans le département en 2002, dans une région où le social est important. Il essaie d'axer sa campagne sur le social, c'est un symbole et ce symbole, on le refuse", a-t-il expliqué."Pour l'instant, le combat contre le Front national n'est pas près de se finir", a jugé Catherine, une militante quadragénaire de Ras l'Front qui portait la banderole de tête du cortège. "On voudrait bien qu'il n'y ait pas un nouveau 21 avril (1er tour de la présidentielle 2002, ndlr), peut-être que le monde qui manifeste aujourd'hui nous dit que cela n'arrivera pas", a-t-elle ajouté. Présent dans une délégation du Parti socialiste, le député PS du Nord Bernard Roman a pour sa part rappelé "pour tous ceux qui ont tendance à oublier le 21 avril, il faut redire que le pire ennemi de la démocratie ce sont les idées que Le Pen continue à véhiculer". § Le réchauffement relance le débat sur l'arme fiscale pour faire baisser la consommation d'énergie. § L es principaux candidats à la présidentielle s'aventurent, pour la première fois, sur un terrain miné : la réforme de la fiscalité environnementale. "Les taxes écologiques ont toujours été associées, pour caricaturer, à l'idée qu'on allait faire payer les pauvres", regrette Jean-Charles Hourcade, directeur du Centre international de recherche sur l'environnement et le développement. "C'est un dossier hautement manipulable." Le doublement de la fiscalité verte est la pierre angulaire du programme environnemental de Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal promet la généralisation de "l'application du principe pollueur-payeur". François Bayrou souhaite que "l'ensemble de notre fiscalité soit réorienté pour susciter chez chaque acteur des comportements plus éco-responsables". Dominique Voynet veut une fiscalité verte "plus juste et plus efficace". Quel est l'objectif ? D'abord, rendre visibles les coûts des atteintes à l'environnement, qui sont aujourd'hui cachés ou renvoyés aux générations futures. Ensuite, influencer les comportements des consommateurs afin de les détourner des produits polluants. Il existe, pour y arriver, une multitude de formules. Jusqu'à présent, en France, personne n'a trouvé la bonne. Les écotaxes existantes se résument souvent à des prélèvements destinés à financer le traitement des pollutions. C'est le cas des redevances versées aux agences de l'eau et des taxes sur les ordures ménagères. Quant aux différentes petites taxes rassemblées au sein de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), leurs montants sont trop modestes pour avoir un effet incitatif. "C'est la grande pathologie des réformes passées, explique Pierre Radanne, spécialiste du climat, responsable de la commission énergie des Verts. On a procédé au coup par coup, sans lisibilité, en mettant les gens sur la défensive." La seule véritable taxe verte française n'a pas été créée dans cet objectif. C'est la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), qui rapporte chaque année quelque 25 milliards d'euros à l'Etat. "Résultat : aujourd'hui un Français consomme trois fois moins de carburant routier qu'un Américain, dont le carburant n'est pas taxé, explique Yves Martin, ingénieur général honoraire des Mines. Cela n'a pas rendu les Français plus malheureux et cela n'a pas nui à la compétitivité de notre industrie automobile, qui a été incitée à concevoir des véhicules moins consommateurs." COMPENSATION La TIPP est-elle suffisante ? Devant l'urgence de lutter contre le dérèglement climatique, le débat se concentre aujourd'hui sur cette question. La plupart des économistes de l'environnement répondent par la négative. Ils plaident en faveur d'une taxe additionnelle sur le carbone (ou d'une taxe mixte sur le carbone et l'énergie), proposition reprise dans le Pacte écologique de Nicolas Hulot.Les partisans de cette taxe recommandent un doublement des prix des carburants d'ici à 2050, seul moyen selon eux d'atteindre l'objectif de division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre. En France, les transports sont responsables de 26 % des émissions, qui grimpent en flèche (+ 23 % depuis 1990). L'augmentation du prix des énergies fossiles doit être "progressive et programmée" afin que les véhicules, les entreprises, les comportements, et in fine les structures urbaines s'adaptent à cette nouvelle donne. Cette taxe devrait impérativement être compensée par la baisse d'autres charges. "On ne doit jamais aborder la question sans parler, en même temps, de ce que l'on va diminuer", affirme M. Hourcade. "La neutralité fiscale doit être assurée, en baissant les charges les plus distorsives, comme les charges patronales", explique Olivier Godard, directeur de recherche au CNRS. "On basculerait ainsi de taxes perverses, qui découragent l'emploi, vers des taxes vertueuses, qui encouragent l'économie des ressources naturelles", résume M. Martin. Les ménages modestes, souvent prisonniers de la voiture car ils n'ont pas les moyens de se loger dans les centres-villes, devraient impérativement être aidés, sous forme d'aides directes aux revenus ou de franchises. "Les correctifs nécessaires doivent faire partie de la réforme, prévient le Vert Pierre Radanne. Le but n'est pas d'appauvrir les ménages, mais de diminuer la pollution ! " § Inquiétés par le système des parrainages et leur faible médiatisation, ils se disent pourtant content de leur aventure présidentielle. § I ls ne sont pas malheureux les petits candidats. Ils déplorent que les médias les boudent, se scandalisent des difficultés à récolter des parrainages. Mais, lorsqu'ils font le bilan, ils se disent plutôt "satisfaits" de leur aventure présidentielle. Le succès, chez les "petits" candidats, s'évalue surtout en "passages médias". Comprendre quelques secondes à la radio ou un article publié, soigneusement archivé dans un classeur. "J'ai compté qu'on en avait eu près de 700 en un an !", s'enthousiasme Jean-Paul Oury, porte-parole d'Alternative libérale, une structure présidée par Edouard Fillas, ex-étudiant à Sciences Po, soutenu par Alain Madelin. Ces "passages médias" sont d'autant plus convoités qu'ils permettent de se faire connaître. Et plus si affinités. C'est le cas de Christian Chavrier, président du Parti fédéraliste. Le 5 février, il a rejoint le giron de l'UDF. Avec ses 3 000 adhérents revendiqués, il "soutient" désormais François Bayrou. Objectif presque atteint aussi pour Alain Mourguy, président de l'Union Droite-Gauche (UDG). Depuis quelque temps, il lorgnait sur une petite mairie des Alpes-Maritimes, dont il souhaite taire le nom. Grâce à son "tapage", il a obtenu un accord électoral avec des "écologistes" pour les municipales de 2008. Restent ceux que la noblesse de l'engagement politique réjouit toujours. "J'en suis à mon troisième tour de France et j'ai toujours autant de satisfaction à rencontrer les militants sur le terrain", raconte Nicolas Miguet, président du Rassemblement des contribuables français (RCF). Il s'était déjà présenté en 2002. Il se satisfait d'avoir réussi à "lancer un vrai mouvement" avec lequel... "il vise 2012". § Après la présentation du programme économique du candidat centriste. § B ernard Kouchner venait à peine d'être promu dans l'"équipe du pacte présidentiel" de Ségolène Royal qu'il a ouvert une brèche dans la stratégie dite d'"étanchéité" qu'a adoptée le PS vis-à-vis de François Bayrou. L'ancien ministre de la santé, interrogé sur RTL, vendredi 23 février, a estimé que le président de l'UDF avait "raison" de vouloir dépasser les clivages droite-gauche : "J'espère qu'il sera entendu, j'espère que Ségolène Royal entendra la nécessité d'élargir", a-t-il ajouté. Tout ce qu'il ne fallait pas dire, alors qu'une partie de l'électorat socialiste semble être réceptive aux thèmes développés par le candidat centriste. Jack Lang, désormais "conseiller spécial" de la candidate du PS, s'est immédiatement chargé de rectifier le tir. Qualifiant M. Bayrou de candidat "attrape-benêts", il a estimé, lors du point de presse du PS, que "ceux qui imaginent qu'il pourrait franchir le premier tour se mettent les doigts dans le nez". Et M. Lang de préciser que toute "complaisance" à l'égard de M. Bayrou devait être "étrangère à la campagne" du PS. "Il ne faut pas entretenir la moindre confusion", a-t-il ajouté, souhaitant que, sur ce point, les socialistes aient "une parole commune, claire, nette et unanime". Du reste, les porte-parole socialistes ont vivement réagi au projet économique que M. Bayrou a présenté, vendredi, à la presse. Michel Sapin, qui a remplacé Eric Besson dans les fonctions de responsable économique du PS après la démission de celui-ci, a dénoncé un programme "libéral et droitier". "Derrière l'apparence d'un équilibre centriste se dissimule un projet qui tourne bien souvent au plagiat de celui de Nicolas Sarkozy", a-t-il estimé. Didier Migaud, conseiller budgétaire de Mme Royal, a estimé que "François Bayrou ne porte qu'un discours de la résignation, de l'absence d'ambition et de volonté". Tandis que Vincent Peillon, qui a rejoint le pôle des porte-parole de la candidate socialiste, a précisé qu'"on ne voit pas comment François Bayrou peut encore espérer faire illusion et obtenir le vote d'électeurs de gauche". "M. Bayrou a voulu nous faire croire qu'il n'était ni de droite ni de gauche, a indiqué M. Peillon, mais il est pleinement et totalement de droite et son embryon de programme est à la fois conservateur et libéral." Dans Le Parisien du 24 février, Jean Peyrelevade, qui a participé à l'élaboration du programme économique de M. Bayrou, rejette ces accusations. "Cela me fait rire, affirme l'ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy. C'est le même discours qu'Arlette Laguiller. Cela ne tient pas lieu d'argumentation." § Alors que le FN organise à Lille sa convention présidentielle, des dizaines d'associations lilloises nt décidé de protester contre cette réunion du parti de Jean-Marie Le Pen. § L e Front national a choisi le Palais des congrès de Lille pour lancer sa campagne présidentielle, samedi 24 et dimanche 25 février. Lille, "la ville de Roger Salengro, ce maire et ministre suicidé en 1936 après des attaques calomnieuses de l'extrême droite française", tient à rappeler Gilles Pargneaux, premier secrétaire de la fédération PS du Nord. Une trentaine d'associations, organisations politiques ou syndicales, ont lancé une "semaine anti-Le Pen" : une conférence-débat animée jeudi par Ras l'front et le MRAP, un concert de rock vendredi à l'Aéronef de Lille, une manifestation devant Lille-Grand Palais samedi après-midi... Jeudi soir, salle des Acacias, à Hellemmes-Lille, une centaine de personnes ont écouté le politologue Jean-Yves Camus et Manuel Abramowicz, coordinateur de l'Observatoire belge de l'extrême droite. M. Camus avait débattu le matin avec Marine Le Pen sur une radio : "Marine représenterait la banalisation du FN qui se veut du centre droit. En réalité, hors antenne, elle m'a affirmé n'avoir aucune intention d'un glissement à l'italienne de son parti. Son travail est du pur marketing." Pour le conférencier, le choix de la région nordiste est "emblématique d'une volonté d'ancrage populaire" des frontistes. Selon lui, "il sera intéressant de voir aussi qui viendra de la Belgique proche". M. Abramowicz approuvait : "Il est évident que l'image Le Pen a essaimé en Belgique." Et là aussi, dit-il, "le Vlaams Belang essaie de se couler en parti de centre droit". MOLLESSE AMBIANTE M. Camus se dit "surpris de la relative faiblesse de la mobilisation française anti-extrême droite, alors qu'en Allemagne, où le NPD est moins ancré que le FN chez nous, les contre-manifestations sont immédiates." Pour M. Camus, cela viendrait d'un glissement à droite du pays : "La pensée néo-conservatrice à la française touche aussi la gauche désormais". "Les médias ne fouillent plus autour du FN comme autrefois." Mickael, venu d'abord au PCF par réaction à la présidentielle de 2002, et Mona, aujourd'hui tous deux militants des Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR), s'avouent déçus de la mollesse ambiante. "Heureusement que cette convention à Lille réveille les gens. J'en parlais à un ami du quartier populaire des Bois-Blancs : le FN n'y choque plus grand monde." Venu en voisin, Stanislas Tabaka, secrétaire de la section de Fives du PS, hoche la tête. "Dans mon secteur, le discours populiste contre les élus se développe. Le FN a gagné des élus aux comités HLM sur le thème "pour payer moins de charges il faut virer ces gens inutiles des HLM"". "Simples citoyens militants", Slimane, Djahida et Adeline étaient trop jeunes pour voter en 2002. Alors, heureux de pouvoir enfin s'exprimer ? "Non... Nous sommes en fait dégoûtés d'avoir si peu de choix. Pour une première présidentielle, c'est raté. Et puis on se sent seuls ; on nous prend pour des illuminés." § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § L 'heure n'est plus à l'euphorie. Il y a une semaine, à la Réunion, le candidat, dopé par un sondage lui accordant 55 % des suffrages au second tour face à Ségolène Royal, lançait : "Cette élection, je commence à bien la sentir." Vendredi, à Perpignan, en introduction de son discours, il a modestement reconnu : "Une campagne, c'est une épreuve." Entre-temps, Nicolas Sarkozy a pris connaissance d'une enquête CSA pour Le Parisien réalisée au lendemain de la prestation jugée réussie de Mme Royal sur TF1, dans laquelle la candidate socialiste réduisait l'écart. D'autres sondages devraient confirmer cette tendance, croit-on à l'UMP. "Ça se resserre, dit un élu. Mais on ne sent pas une tendance de fond comme lorsque Chirac avait rattrapé Balladur en 1995." Autre sujet d'inquiétude : la hausse continue de François Bayrou. "J'ai regardé l'émission de Ségolène en me disant "pourvu qu'elle tienne"", confiait en début de semaine un conseiller du candidat de l'UMP, persuadé que le candidat de l'UDF a choisi un créneau efficace et diablement dangereux. DÉSORDRE ET VEXATION Dans le même temps, la fusion des deux réunions de parlementaires organisées place Beauvau par Brice Hortefeux et au QG par François Fillon a braqué les projecteurs sur des ratés dans ce qui passait pour être la meilleure équipe de campagne. La semaine dernière, la visite de M. Sarkozy à Nanterre avait été annoncée dans le groupe Hortefeux pour être démenti dans le groupe Fillon. Désordre. Selon un "écho" du Nouvel Observateur, M. Juppé n'aurait pas apprécié d'avoir joué les utilités lors du déplacement du candidat à Berlin. Vexation. De quoi se poser quelques questions. Faire naître quelques doutes. Dans cette campagne sans boussole, où les sondages d'un jour anéantissent les espoirs de la veille, rien n'est assuré. Le déplacement de Perpignan, vendredi, avait d'abord été prévu pour aborder le thème de la "fraternité", puis celui de la "cohérence du programme". Mais, au retour de Strasbourg, mercredi 21, M. Sarkozy a lâché à ses collaborateurs : "Je veux parler d'autorité". "Nicolas décide selon son intuition", concède un de ses collaborateurs. Les enquêtes qualitatives commandées par l'UMP soulignent toujours un déficit de "proximité" par rapport à Mme Royal. Le candidat veut multiplier désormais les déplacements de terrain. "Une nouvelle phase s'ouvre, explique un élu. Après les concepts et la théorie, nous allons essayer d'illustrer le programme". "Dans ce domaine, explique un conseiller en stratégie, sa crédibilité est supérieure". Reste une difficulté : sa présence au ministère de l'intérieur. "Ce serait mieux s'il avait plus de temps, explique ce même conseiller. Vivement qu'il se tire de là !" § Le candidat de l'UMP à la présidentielle, qui a prononcé vendredi soir un discours consacré à l'autorité, est allé inopinément prendre part à un débat avec des jeunes. § C e n'est pas la dalle d'Argenteuil, dans le Val-d'Oise, où il lâcha le mot "racaille". Ce n'est pas la cité des 4 000 à la Courneuve, en Seine-Saint-Denis, où il prononça celui de "Kärcher". C'est une petite salle polyvalente du quartier de Mailloles à Perpignan, ville où, en juin 2005, se sont déroulées des violences entre communautés gitane et maghrébine. C'est là que Nicolas Sarkozy a tenté, vendredi 23 février, de renouer modestement un lien avec la banlieue et les jeunes des cités. Organisée par deux associations de ce quartier en difficulté, cette réunion ne devait officiellement recevoir que Rachida Dati, porte-parole du candidat et tête de pont de M. Sarkozy dans les banlieues. Si la présence du ministre de l'intérieur a été envisagée, elle n'a pas été formellement décidée. On verra sur place. La presse a été tenue dans l'ignorance des préparatifs. C'est alors que son avion se posait sur le tarmac de l'aéroport de la préfecture de l'Aude, en début d'après midi, que le candidat de l'UMP, sans doute assuré que l'accueil lui serait favorable, a lâché : "Ok, on y va." Immédiatement, les journalistes, qui l'attendaient au commissariat principal de la préfecture de l'Aude, sont priés de monter dans un bus sans être renseignés sur leur destination. Au bout de quelques minutes, un des collaborateurs du candidat lève une partie du mystère : "On va à la cité Mailloles où Mme Dati est entrain de discuter avec des jeunes. Je vous demande de ne pas courir. On va voir là-bas comment on va travailler tranquillement." On ne saurait être plus prudent. DIVERSITÉ Arrivé sur les lieux, on découvre le candidat-ministre déjà installé sur une chaise en plastique, au milieu de plusieurs dizaines de jeunes et de mères de famille. Le débat démarre par un hommage d'une participante à Mme Dati : "Elle a réussi à nous faire sentir les choses que nous n'avions pas comprises, explique une jeune fille en dévoilant en partie le travail préalable de la conseillère de M. Sarkozy. Entre ce qu'elle nous a dit de vous et l'image que vous donnez dans les médias, ce n'est vraiment pas la même chose." La sono est crachotante comme pour mieux souligner que cette réunion n'a pas été montée de toutes pièces pour aider le candidat à reprendre pied dans les quartiers. Vantant les mérites de sa conseillère, M. Sarkozy fait l'éloge de la "discrimination positive", une expression qui avait disparu de son vocabulaire de candidat officiel. Il promet, s'il est élu, de faire représenter la diversité "à la tête des cabinets ministériel et des administrations". Il parle de "passer à une autre étape de la politique de la ville" et réaffirme son projet d'un "plan national de formation qualifiante pour chaque jeune en difficulté" : "C'est à l'Etat de corriger les inégalités." La seule contradiction viendra d'un jeune homme qui, habilement, l'interroge : "La France dites-vous, "aimez-la ou quittez-la". Vous l'aimez cette France, et pourtant vous avez envie de la changer. Pourquoi quelqu'un issu de l'immigration n'aurait pas le droit de critiquer la France ?" Réponse biaisée du candidat : "Quand on habite la France, on respecte ses valeurs. On ne choisit pas le sexe de son médecin. Le sacrifice rituel ne doit pas être pratiqué de la même façon qu'à Kayes (Mali). Je ne fuis pas le débat. Une infime minorité se comporte en France comme elle ne pourrait pas le faire dans un pays de l'autre côté de la Méditerranée." Au bout d'une cinquantaine de minutes, M. Sarkozy repart. Le soir, le candidat retrouve, lors d'un meeting consacrée à "l'autorité", un public acquis à sa cause. Même s'il se dit conscient que ce mot "vous fait immédiatement soupçonner de préparer rien de moins qu'un Etat policier", il n'hésite pas une fois de plus à caricaturer Mai 68. Abandonnant ses références à Jaurès et à Blum, il s'est montré, dans cette thématique idéale pour le ministre de l'intérieur qu'il est encore, plus à l'aise que devant les jeunes de la cité Mailloles. Le chemin de son retour en banlieue est encore long. § A Perpignan, le candidat parle à nouveau de discrimination positive avec un groupe de jeunes. § "O rdre" et "autorité" : Nicolas Sarkozy, en visite vendredi 23 février à Perpignan, a retrouvé la thématique qu'il avait abandonnée depuis le début de sa campagne au profit d'un discours plus compassionnel envers les classes populaires. Pour le candidat de l'UMP, la "dévalorisation" de "l'autorité" est un des signes "de la crise morale que traverse la France". "C'est devenu un de ces mots qui peuvent vous briser une carrière politique", a-t-il lancé d'emblée lors de son meeting devant plusieurs milliers de personnes. Pourtant, il semble convaincu que, pour ce qui le concerne, ce registre est encore un atout face à sa rivale Ségolène Royal. Ouvrant une nouvelle fois le procès de Mai 68, il a décrit une société où serait "démodée l'obéissance de l'enfant à ses parents", "ringarde la supériorité du maître sur l'élève", "dépassée la soumission à la loi", ou serait "fini le pouvoir de la police, ainsi que l'amour de la patrie et la fidélité pour son drapeau". Abandonnant toutes références aux figures de la gauche, il a martelé : "Lorsqu'il n'y a plus de règle, plus de loi commune, plus de norme, plus de valeurs partagées, il n'y a plus rien pour endiguer le mal qui est en l'homme, pour canaliser la violence, les instincts, les pulsions, la loi de la force, la loi des bandes, la loi des voyous." Le candidat a donc prôné la restauration de "l'ordre" dans tous ses aspects et à tous les niveaux. A l'école comme dans le capitalisme financier, au sommet de l'Etat comme dans les quartiers. "Comment les hommes politiques pourraient avoir une autorité s'ils ne donnent l'exemple ? S'ils ne sont pas irréprochables ? S'ils ne tiennent pas leurs promesses ?", s'est-il interrogé avant de poursuivre : "L'ordre est au service des plus faibles. Abaisser l'ordre, c'est exposer les plus faibles. Voilà ce que les socialistes n'ont jamais compris !" Ce retour au thème de l'autorité, à l'ordre moral intervient alors que les derniers sondages, après la prestation de Ségolène Royal à TF1, sont venus doucher l'euphorie des dernières semaines, qu'on perçoit comme une hésitation dans leur stratégie de campagne. Du coup, Nicolas Sarkozy se prépare à multiplier les déplacements pour tenter de combler un déficit de "proximité" par rapport à son adversaire socialiste. Tout en adressant un signe à son électorat le plus droitier, M. Sarkozy a cherché, à Perpignan, à renouer le dialogue avec les jeunes des cités. Lors d'une rencontre surprise, dans l'après-midi, avec quelques dizaines de jeunes d'un quartier sensible de la préfecture de l'Aude, avec lesquels il a évoqué le thème de la "discrimination positive", il a tenté ainsi d'entamer son retour sur le terrain des banlieues. Ségolène Royal, elle, se faisait applaudir le soir, au Casino de Paris, par Jamel Debbouze. § Europe, police de proximité et remontée de Ségolène Royal dans les sondages, le candidat de l'UMP veut maintenir le cap dans la "sérénité" et l'esprit d'un "challenger" pas du favori, selon Brice Hortefeux, son plus proche collaborateur. § N icolas Sarkozy entend continuer à "dérouler" sa campagne présidentielle comme prévu, malgré le retour en grâce dans les sondages de Ségolène Royal, de la polémique née de ses déclarations sur l'Europe et la police de proximité, assurait dimanche l'entourage du candidat de l'UMP. Prié de dire, dans le cadre de l'émission "Cinq ans avec...", si ces résultats l'inquiétaient, il a répondu : "Non." "Les sondages j'en ai tous les jours. Les 25 sondages précédents, où j'étais en tête, je ne me suis pas dit une seconde que c'était gagné parce que je sais très bien que l'élection présidentielle c'est une longue histoire, qu'elle se mérite et que ce ne sont pas les sondages qui font l'élection",a déclaré le ministre de l'intérieur. "Il faut garder la tête froide", a déclaré à Reuters son directeur de campagne, Claude Guéant. "Les sondages sont une photographie à un instant donné et le résultat de la présence médiatique. Cette semaine, Ségolène Royal a été extrêmement présente et Nicolas Sarkozy beaucoup moins." De fait, après le voyage du ministre de l'intérieur à la Réunion les 15 et 16 février, la campagne du candidat UMP a paru moins allante et son discours plus répétitif. Cette semaine en demi-teinte lui a certes permis d'ajuster la coordination entre son équipe de campagne et les sarkozystes de la première heure, tel le ministre délégué aux Collectitivés territoriales Brice Hortefeux, désormais associé aux réunions quotidiennes du QG de la rue d'Enghien. Mais il n'a toujours pas effectué en banlieue un déplacement aussi attendu qu'à haut risque pour le ministre de l'intérieur qu'il est encore, à l'exception d'une timide incursion dans le quartier populaire de Mailloles, vendredi à Perpignan. Depuis la mi-janvier, cet amateur de vélo avait creusé l'écart à grands coups de pédales médiatiques face à une candidate socialiste victime de crevaisons à répétition. "Cette élection, quand même, je commence à ne pas trop mal la sentir", s'était-il laissé aller à déclarer à La Réunion, le 16 février, après avoir dit de Ségolène Royal, dans l'avion qui l'amenait dans ce département d'outre-mer : "Elle est mal." Il la voit aujourd'hui revenir en danseuse dans son sillage, dopée par le succès d'audience de sa participation à l'émission "J'ai une question à vous poser", lundi dernier sur TF1. Dans le sondage Ifop-Journal du Dimanche, Ségolène Royal regagne 2,5 points par rapport à la semaine précédédente dans les intentions de vote au premier tour et Nicolas Sarkozy en perd quatre, ce qui les met tous les deux à égalité à 28 %. Pour le second tour, le ministre de l'intérieur ne garde qu'une très courte avance sur la candidate socialiste, à 50,5 % contre 49,5 % au lieu de 53 % contre 47 % huit jours plus tôt. "JUSQU'A LA DERNIERE SECONDE" Le président de l'UDF François Bayrou est pour sa part crédité de 17 % d'intentions de vote au premier tour. "François Bayrou a beaucoup pris sur Mme Royal. Il prend vraisemblablement un peu maintenant sur Nicolas Sarkozy", estime Claude Guéant. "Bayrou est pour l'instant un vote refuge pour ceux qui ne veulent pas choisir", constate pour sa part le député UMP Dominique Paillé. L'un et l'autre démentent cependant la constitution d'une "cellule" spécifiquement chargée de surveiller le candidat centriste. "C'est complètement ridicule. Il y a un petit groupe qui suit l'ensemble des candidats, sous la houlette de Claude Guéant. C'est tout", affirme Dominique Paillé. Les conseillers de Nicolas Sarkozy ne veulent en tout cas voir dans le retour de Ségolène Royal dans les sondages qu'un phénomène "normal" et non un "coup de mou", ft-il passager, de la campagne de leur candidat. Le député UMP Yves Jégo y voit tout juste un aiguillon pour maintenir les "troupes mobilisées". C'est un encouragement "à aller plus loin, à être encore plus présents, encore plus dynamiques, encore plus pédagogues", a renchéri sur Radio J Brice Hortefeux. LA SEMAINE SARKOZY Mais le candidat UMP "garde la même stratégie" assure un autre membre de son entourage. "Ces fluctuations avaient été anticipées et ne sont pas de de nature à modifier la campagne de Nicolas Sarkozy", explique de son côté Yves Jégo. "Pour nous, ça ne change absolument rien", renchérit Dominique Paillé. "Nous n'avons absolument pas d'inquiétude aujourd'hui." Le candidat de l'UMP a pour sa part très vite réprimé tout ce qui pourrait ressembler de sa part à un excès de confiance. De Perpignan, il a demandé vendredi soir à ses partisans de se battre "jusqu'à la dernière seconde de la dernière minute de la dernière heure" de la campagne. Et il reprend cette semaine déplacements et interventions sur un rythme soutenu : interview sur RMC et déplacement dans le Cher lundi ; visite et meeting à Madrid mardi ; conférence de presse mercredi ; déplacement en Gironde sur le thème de l'environnement jeudi ; participation au Grand Journal de Canal Plus vendredi. § Le leader du Front national s'est présenté, dimanche 25 février, comme le candidat du "peuple" dans une France menacée "d'appauvrissement général" et celui de "la vie" face aux menaces écologiques de la planète. § J ean-Marie Le Pen s'est présenté, dimanche 25 février, comme le candidat du "peuple" dans une France menacée "d'appauvrissement général" et celui de "la vie" face aux menaces écologiques de la planète. Le candidat du Front national, qui a tenu à Lille un discours empiétant parfois sur les terres de l'extrême gauche, s'est également étendu sur les dangers "visibles" et "invisibles" vers lesquels court, selon lui, la planète. Polémique Jean-Marie Le Pen-Philippe de Villiers Le leader du Front national a ouvert son discours en dénonçant une "manoeuvre crapuleuse" destinée à le priver des parrainages. Il a implicitement accusé Philippe de Villiers d'en être le commanditaire. Philippe de Villiers a aussitôt démenti dimanche "avec vigueur les insinuations mensongères" de Jean-Marie Le Pen, dont la "manoeuvre n'a d'autre but que de chercher à disqualifier un autre candidat à l'élection présidentielle en pleine campagne de collecte des signatures", a-t-il déclaré dans un communiqué. Le président du MPF a décidé de saisir le Conseil constitutionnel face aux "opérations de déstabilisation contre sa candidature". (avec AFP) "Réveillez-vous, parce que sur la scène du théâtre du monde, le décor de la tragédie est déjà en place", a-t-il lancé en clôturant devant plus de 2 500 sympathisants sa deuxième convention présidentielle. Jean-Marie Le Pen a choisi la capitale du Nord, région emblématique à ses yeux de la désespérance sociale, pour donner une nouvelle impulsion à sa campagne à un moment où le centriste François Bayrou le distance dans les sondages. A nouveau, Jean-Marie Le Pen s'est présenté comme le seul recours face aux "Sarkozy, Royal, Bayrou, Buffet, cartel de ministres et anciens ministres des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 30 ans" et portent la responsabilité du "désastre actuel." Jean-Marie Le Pen, qui dit croire à une paupérisation croissante du pays - il évoque le chiffre de 7 millions de pauvres - compte gagner de nouveaux électeurs dans les campagnes et les banlieues, où il tente de rallier à lui des Français issus de l'immigration."Nous ne devons pas en vouloir aux immigrés de cette politique, les seuls et exclusifs responsables sont les politiciens français, UMP, UDF, PC, PS représentés aujourd'hui par les candidats Royal, Sarkozy, Bayrou déguisés en premiers communiants", a-t-il estimé. LE DIEU DES FOURMIS ET DES ETOILES "Ce sont eux et les partis qui ont gouverné la France, tantôt en alternance, tantôt en cohabitation. Tous responsables, tous coupables", a-t-il insisté tandis que ses partisans survoltés brandissaient des pancartes : "Le Pen, président." Jean-Marie Le Pen, 78 ans, a profité du rassemblement de Lille pour décliner quelques éléments de son programme qui vise à une "reconquête économique et sociale" et fait toujours de l'immigration la principale cause des difficultés du pays, avec l'Europe de Bruxelles. Le FN entend "inverser les flux migratoires" en supprimant notamment les aides sociales dont bénéficient les étrangers et en réduisant de 10 à trois ans la durée des cartes de séjour. Son leader a également promis un "plan Marshall pour les campagnes et une "révolution fiscale." Bien que partisan d'un "capitalisme éclairé", il a fustigé le "capitalisme financier planétaire" tenu, selon lui, par quelques milliers de "prédateurs" qui n'ont "qu'un seul but : le taux de profit à deux chiffres et une seule nation, l'argent." Enfin, le dirigeant du FN semble avoir répondu à l'appel de certains de ses conseillers, comme Jean-Claude Martinez, qui lui demandaient d'avoir une vision plus planétaire. Enfourchant un nouveau cheval de bataille, Jean-Marie le Pen a promis d'être "le président qui, en septembre 2007, ira à l'Assemblée générale des Nations unies proposer l'audace de gérer en commun quatre parties communes de la propriété planétaire : l'eau, l'alimentation, les médicaments de base et l'instruction." Selon lui, un tel acte marquerait le "retour" de la France sur la scène mondiale. Citant des extraits "d'Alice aux pays des merveilles", Jean-Marie Le Pen a ensuite évoqué l'image de l'Etna, au sud de l'Italie, où repoussent désormais des genêts et où l'on "peut voir des petits taches blanches qui bougent doucement à plus de 2 500 mètres." "Des moutons qui broutent les pousses de genêts." "C'est la leçon de l'Etna, la vie finit toujours par gagner. Voilà le but de notre combat politique, faire gagner la vie", a-t-il lancé. Avant de conclure sous les ovations : "Le Dieu des fourmis et le Dieu des étoiles nous donneront, avec vous, la victoire. Parce que je suis le candidat de la vie." § Dans un entretien accordé au "Parisien", dimanche 25 février, la candidate du PS a déclaré que la famille socialiste est désormais rassemblée derrière elle et qu'elle dispose ainsi de la "meilleure équipe qui soit". § C 'est pas exactement la dream team, mais presque... "Maintenant, j'ai avec moi la meilleure équipe qui soit", s'est félicitée Ségolène Royal dans un entretien publié dimanche 25 février par le Parisien, trois jours après la constitution d'une nouvelle équipe de campagne dans laquelle figurent notamment Lionel Jospin, Dominique Strauss-Khan et Laurent Fabius. "J'ai, depuis le début, le soucis du rassemblement de toute la famille socialiste. Je crois que c'est ce qu'attendaient et espéraient nos électeurs. Voilà qui est fait, et c'est bien", souligne la candidat socialiste à l'élection présidentielle. Priée de dire si Lionel Jospin a hésité avant de rejoindre son état-major, Ségolène Royal répond par la négative. "Il a accepté chaleureusement", assure-t-elle. Et d'ajouter : Je suis respectueuse des tempéraments de chacun et, en même temps, tenace pour réunir. "Quand vous pensez qu'au même moment, François Bayrou lance une petite annonce pour trouver un premier ministre - "cherche un Delors jeune" - et que Nicolas Sarkozy, en guise de rupture, nous propose le gouvernement sortant, je peux dire que, maintenant, j'ai avec moi la meilleure équipe qui soit", insiste-t-elle, jugeant le moment venu de passer à une confrontation directe avec la droite. "PRIORITE AUX PME" En ce qui concerne son programme, la présidente de la région Poitou-Charente indique que sa priorité, en cas de victoire, "sera de redonner confiance aux PME", par des mesures ciblées pour stimuler l'embauche. "Le tournant politique que je souhaite incarner, c'est, en redéployant les fonds publics dont on dispose, le passage d'une politique d'aides totalement uniforme à des politiques sur mesure", poursuit-elle, proposant notamment de réserver une part des marchés publics aux seules PME. La candidate du PS prône en outre la mise en place d'une "sécurité sociale professionnelle", qu'elle détaille ainsi : "Lorsqu'une entreprise est absolument contrainte de faire un plan social et d'investir en même temps pour décrocher de nouveaux marchés, les salariés conservent leur contrat de travail et continuent dans cette phase de transition à être payés sur fonds publics en suivant une formation, donc en préparant leur reconversion. Ils évitent ainsi le chômage". LE TROISIEME HOMME, "C'EST LE PEN" Interrogée sur "le candidat Sarkozy", Ségolène Royal juge qu'il s'est "fortement droitisé". "Un exemple : par deux fois (...), il a dénoncé l'abattage des moutons dans les baignoires par certains musulmans pour la fête de l'Aïd. ça , c'est odieux. C'est le vocabulaire de l'extrême droite", déplore-t-elle. Quid de Bayrou ? "On le connaît (...) Il fait cela à chaque campagne. Quelles sont propositions à part s'autoproclamer 'ni de droite ni de gauche'? ". A la base, il n'y a aucune ambiguïté puisque dans toutes les collectivités, il gouverne et vote avec l'UMP, sans aucune exception", tranche la candidate, qui dénie à son rival de l'UDF le rôle de "troisième homme", dévolu sans conteste, selon elle, à Jean-Marie Le Pen. § Manifestation anti-Le Pen à Lille samedi et inquiétude de Jean-Marie Le Pen pour obtenir ses parrainages, les militants du Front national sont réunis ce week-end pour la convention présidentielle. § § Lors d'une réunion publique en "terre fabiusienne" près de Rouen, Ségolène Royal a déclaré devant environ 7 500 personnes qu'elle voulait "bâtir la gauche moderne du XXIe siècle". § S égolène Royal s'est déclarée samedi candidate de "la gauche du XXIe siècle" lors d'un meeting avec Laurent Fabius, près de Rouen. "Je veux bâtir avec vous tous la gauche moderne, celle du XXIe siècle", a déclaré la candidate socialiste devant environ 7 500 personnes réunies au Zénith de Grand-Quevilly. "La gauche du XXIe siècle, le camp du progrès, le nouveau modèle, une nouvelle façon, à partir des valeurs de gauche adaptées pour accompagner ces mutations pour apaiser les inquiétudes", a-t-elle dit. "La gauche nouvelle et efficace n'oublie rien, ni les luttes ouvrières ni les conquêtes sociales", a assuré Ségolène Royal."Elle ne renonce pas à l'espérance du progrès social, à l'égalité réelle, elle n'en rabat pas sur la lacité et les services publics" mais a "les yeux ouverts sur la réalité" et "ne confond pas la conviction avec le sectarisme". "UNE POUR TOUS, TOUS POUR UNE", POUR LAURENT FABIUS Assurant qu'elle s'inscrivait dans le sillage de François Mitterrand, Léon Blum et de l'ensemble des gouvernements socialistes, citant Lionel Jospin et Pierre Bérégovoy, elle a expliqué que cette gauche n'oublie "ni les luttes ouvrières, ni les conquêtes sociales", ne renonce pas "à l'égalité réelle", "n'en rabat pas sur la lacité et les services publics" et a "les yeux ouverts sur la réalité". Laurent Fabius, candidat malheureux à l'investiture socialiste, avait auparavant sonné le rassemblement. "Désormais, chère Ségolène, c'est une pour tous et tous pour une", a martelé le député de Seine-Maritime, assurant : "Nous sommes ici rassemblés dans le même esprit offensif et amical pour dire notre souhait que d'ici peu de semaines, la présidente de la République s'appelle Ségolène Royal". Cette réunion publique au moment où un sondage de l'IFOP, rendu publique samedi à 18 heures et à paraître dans Le Journal du Dimanche, montre que Ségolène Royal remonte dans les intentions de vote et resserre l'écart avec Nicolas Sarkozy. Les deux candidats sont crédités de 28 % chacun, au premier tour. Elle gagnerait 2,5 points alors que le candidat de l'UMP en perd 4. Quant à François Bayrou, au premier tour, le président de l'UDF est crédité pour la deuxième fois de 17 % d'intentions de vote (+1). Selon cette enquête, réalisée entre les 22 et 24 février, soit après l'émission télévisée de Mme Royal lundi dernier sur TF1, M. Sarkozy l'emporterait cependant le 6 mai sur la députée PS par 50,5% contre 49,5 %. Ainsi, pour la 29e fois depuis le congrès de l'UMP le 15 janvier, Nicolas Sarkozy est donné vainqueur au second tour. Lors de son enquête précédente réalisée du 13 au 15 février, l'IFOP donnait M. Sarkozy vainqueur le 6 mai par 53 % contre 47 % à Mme Royal. Selon l'IFOP, Mme Royal progresse de 6 points chez les ouvriers et les employés. § Environ 1 300 personnes, selon la police, 3 000 à 4 000 selon les organisateurs ont défilé samedi après-midi dans les rues de Lille pour protester contre la tenue de la convention présidentielle du FN. § "N on au F-Haine", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants samedi 24 février descendues dans les rues de Lille, à l'appel de dizaines d'associations, pour protester contre l'organisation dans la ville de la convention présidentielle du FN, jusqu'à dimanche soir. Ils étaient 1 300 personnes selon la police, entre 3 000 et 4 000 selon les organisateurs réunis autour du slogan "Non à Le Pen". Ambiance de kermesse, le défile regroupait dans l'union des organisations comme la LDH, Ras l'Front, le MRAP, le PS, les Verts et le PCF, ainsi que des syndicats. Les manifestants évitait le centre de congrès Lille-Grand-Palais occupé pour le week-end par les dirigeants et militants du FN. La manifestation s'est arrêtée à 17 h 00 sans incident. "Même s'il est arrivé au second tour de la présidentielle, le FN reste un parti non démocratique qui ne devrait pas avoir sa place dans la vie politique", a estimé Clémence Assailly, une manifestante, de 27 ans"venue en citoyenne", et qui considère comme "une insulte" la présence de Jean-Marie Le Pen à Lille."Ce n'est pas innocent", a pour sa part estimé, Jean-Paul Caboche, secrétaire Unsa pour le Nord. "Le Pen est arrivé en tête dans le département en 2002, dans une région où le social est important. Il essaie d'axer sa campagne sur le social, c'est un symbole et ce symbole, on le refuse", a-t-il expliqué."Pour l'instant, le combat contre le Front national n'est pas près de se finir", a jugé Catherine, une militante quadragénaire de Ras l'Front qui portait la banderole de tête du cortège. "On voudrait bien qu'il n'y ait pas un nouveau 21 avril (1er tour de la présidentielle 2002, ndlr), peut-être que le monde qui manifeste aujourd'hui nous dit que cela n'arrivera pas", a-t-elle ajouté. Présent dans une délégation du Parti socialiste, le député PS du Nord Bernard Roman a pour sa part rappelé "pour tous ceux qui ont tendance à oublier le 21 avril, il faut redire que le pire ennemi de la démocratie ce sont les idées que Le Pen continue à véhiculer". § Le réchauffement relance le débat sur l'arme fiscale pour faire baisser la consommation d'énergie. § L es principaux candidats à la présidentielle s'aventurent, pour la première fois, sur un terrain miné : la réforme de la fiscalité environnementale. "Les taxes écologiques ont toujours été associées, pour caricaturer, à l'idée qu'on allait faire payer les pauvres", regrette Jean-Charles Hourcade, directeur du Centre international de recherche sur l'environnement et le développement. "C'est un dossier hautement manipulable." Le doublement de la fiscalité verte est la pierre angulaire du programme environnemental de Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal promet la généralisation de "l'application du principe pollueur-payeur". François Bayrou souhaite que "l'ensemble de notre fiscalité soit réorienté pour susciter chez chaque acteur des comportements plus éco-responsables". Dominique Voynet veut une fiscalité verte "plus juste et plus efficace". Quel est l'objectif ? D'abord, rendre visibles les coûts des atteintes à l'environnement, qui sont aujourd'hui cachés ou renvoyés aux générations futures. Ensuite, influencer les comportements des consommateurs afin de les détourner des produits polluants. Il existe, pour y arriver, une multitude de formules. Jusqu'à présent, en France, personne n'a trouvé la bonne. Les écotaxes existantes se résument souvent à des prélèvements destinés à financer le traitement des pollutions. C'est le cas des redevances versées aux agences de l'eau et des taxes sur les ordures ménagères. Quant aux différentes petites taxes rassemblées au sein de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), leurs montants sont trop modestes pour avoir un effet incitatif. "C'est la grande pathologie des réformes passées, explique Pierre Radanne, spécialiste du climat, responsable de la commission énergie des Verts. On a procédé au coup par coup, sans lisibilité, en mettant les gens sur la défensive." La seule véritable taxe verte française n'a pas été créée dans cet objectif. C'est la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), qui rapporte chaque année quelque 25 milliards d'euros à l'Etat. "Résultat : aujourd'hui un Français consomme trois fois moins de carburant routier qu'un Américain, dont le carburant n'est pas taxé, explique Yves Martin, ingénieur général honoraire des Mines. Cela n'a pas rendu les Français plus malheureux et cela n'a pas nui à la compétitivité de notre industrie automobile, qui a été incitée à concevoir des véhicules moins consommateurs." COMPENSATION La TIPP est-elle suffisante ? Devant l'urgence de lutter contre le dérèglement climatique, le débat se concentre aujourd'hui sur cette question. La plupart des économistes de l'environnement répondent par la négative. Ils plaident en faveur d'une taxe additionnelle sur le carbone (ou d'une taxe mixte sur le carbone et l'énergie), proposition reprise dans le Pacte écologique de Nicolas Hulot.Les partisans de cette taxe recommandent un doublement des prix des carburants d'ici à 2050, seul moyen selon eux d'atteindre l'objectif de division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre. En France, les transports sont responsables de 26 % des émissions, qui grimpent en flèche (+ 23 % depuis 1990). L'augmentation du prix des énergies fossiles doit être "progressive et programmée" afin que les véhicules, les entreprises, les comportements, et in fine les structures urbaines s'adaptent à cette nouvelle donne. Cette taxe devrait impérativement être compensée par la baisse d'autres charges. "On ne doit jamais aborder la question sans parler, en même temps, de ce que l'on va diminuer", affirme M. Hourcade. "La neutralité fiscale doit être assurée, en baissant les charges les plus distorsives, comme les charges patronales", explique Olivier Godard, directeur de recherche au CNRS. "On basculerait ainsi de taxes perverses, qui découragent l'emploi, vers des taxes vertueuses, qui encouragent l'économie des ressources naturelles", résume M. Martin. Les ménages modestes, souvent prisonniers de la voiture car ils n'ont pas les moyens de se loger dans les centres-villes, devraient impérativement être aidés, sous forme d'aides directes aux revenus ou de franchises. "Les correctifs nécessaires doivent faire partie de la réforme, prévient le Vert Pierre Radanne. Le but n'est pas d'appauvrir les ménages, mais de diminuer la pollution ! " § Inquiétés par le système des parrainages et leur faible médiatisation, ils se disent pourtant content de leur aventure présidentielle. § I ls ne sont pas malheureux les petits candidats. Ils déplorent que les médias les boudent, se scandalisent des difficultés à récolter des parrainages. Mais, lorsqu'ils font le bilan, ils se disent plutôt "satisfaits" de leur aventure présidentielle. Le succès, chez les "petits" candidats, s'évalue surtout en "passages médias". Comprendre quelques secondes à la radio ou un article publié, soigneusement archivé dans un classeur. "J'ai compté qu'on en avait eu près de 700 en un an !", s'enthousiasme Jean-Paul Oury, porte-parole d'Alternative libérale, une structure présidée par Edouard Fillas, ex-étudiant à Sciences Po, soutenu par Alain Madelin. Le Conseil constitutionnel examine le cas Miguet Le secrétaire général du Conseil constitutionnel Jean-Eric Schoettl et un collaborateur de l'un des candidats, Gérard Schivardi, ont indiqué à l'AFP que des élus de plusieurs départements ont reçu des documents se présentant comme des "guides officiels à destination des élus - parrainages des candidats" les invitant notamment à renvoyer leurs parrainages à une adresse du huitième arrondissement de Paris. L'adresse mentionnée est "RF République Française - Opération parrainage 63 rue de Courcelles 75008 Paris". Cet envoi est accompagné d'un livret présentant une vingtaine de candidats déclarés et est "surtout à la gloire de Nicolas Miguet", indique M. Schoettl. "Ce document n'a aucun caractère officiel", souligne le secrétaire général du Conseil constitutionnel. "Je mets en garde les maires contre toute fausse interprétation", a-t-il déclaré à l'AFP. Ce document, qui donne également la liste des rencontres électorales de M. Miguet, et comprend un article du candidat, comporte des présentations parfois erronées, selon un collaborateur de M. Schivardi, Philippe Delorme. Le Conseil constitutionnel réfléchit sur les mesures à prendre quant à cette opération. (avec AFP) Ces "passages médias" sont d'autant plus convoités qu'ils permettent de se faire connaître. Et plus si affinités. C'est le cas de Christian Chavrier, président du Parti fédéraliste. Le 5 février, il a rejoint le giron de l'UDF. Avec ses 3 000 adhérents revendiqués, il "soutient" désormais François Bayrou. Objectif presque atteint aussi pour Alain Mourguy, président de l'Union Droite-Gauche (UDG). Depuis quelque temps, il lorgnait sur une petite mairie des Alpes-Maritimes, dont il souhaite taire le nom. Grâce à son "tapage", il a obtenu un accord électoral avec des "écologistes" pour les municipales de 2008. Restent ceux que la noblesse de l'engagement politique réjouit toujours. "J'en suis à mon troisième tour de France et j'ai toujours autant de satisfaction à rencontrer les militants sur le terrain", raconte Nicolas Miguet, président du Rassemblement des contribuables français (RCF). Il s'était déjà présenté en 2002. Il se satisfait d'avoir réussi à "lancer un vrai mouvement" avec lequel... "il vise 2012". § Après la présentation du programme économique du candidat centriste. § B ernard Kouchner venait à peine d'être promu dans l'"équipe du pacte présidentiel" de Ségolène Royal qu'il a ouvert une brèche dans la stratégie dite d'"étanchéité" qu'a adoptée le PS vis-à-vis de François Bayrou. L'ancien ministre de la santé, interrogé sur RTL, vendredi 23 février, a estimé que le président de l'UDF avait "raison" de vouloir dépasser les clivages droite-gauche : "J'espère qu'il sera entendu, j'espère que Ségolène Royal entendra la nécessité d'élargir", a-t-il ajouté. Tout ce qu'il ne fallait pas dire, alors qu'une partie de l'électorat socialiste semble être réceptive aux thèmes développés par le candidat centriste. Jack Lang, désormais "conseiller spécial" de la candidate du PS, s'est immédiatement chargé de rectifier le tir. Qualifiant M. Bayrou de candidat "attrape-benêts", il a estimé, lors du point de presse du PS, que "ceux qui imaginent qu'il pourrait franchir le premier tour se mettent les doigts dans le nez". Et M. Lang de préciser que toute "complaisance" à l'égard de M. Bayrou devait être "étrangère à la campagne" du PS. "Il ne faut pas entretenir la moindre confusion", a-t-il ajouté, souhaitant que, sur ce point, les socialistes aient "une parole commune, claire, nette et unanime". Du reste, les porte-parole socialistes ont vivement réagi au projet économique que M. Bayrou a présenté, vendredi, à la presse. Michel Sapin, qui a remplacé Eric Besson dans les fonctions de responsable économique du PS après la démission de celui-ci, a dénoncé un programme "libéral et droitier". "Derrière l'apparence d'un équilibre centriste se dissimule un projet qui tourne bien souvent au plagiat de celui de Nicolas Sarkozy", a-t-il estimé. Didier Migaud, conseiller budgétaire de Mme Royal, a estimé que "François Bayrou ne porte qu'un discours de la résignation, de l'absence d'ambition et de volonté". Tandis que Vincent Peillon, qui a rejoint le pôle des porte-parole de la candidate socialiste, a précisé qu'"on ne voit pas comment François Bayrou peut encore espérer faire illusion et obtenir le vote d'électeurs de gauche". "M. Bayrou a voulu nous faire croire qu'il n'était ni de droite ni de gauche, a indiqué M. Peillon, mais il est pleinement et totalement de droite et son embryon de programme est à la fois conservateur et libéral." Dans Le Parisien du 24 février, Jean Peyrelevade, qui a participé à l'élaboration du programme économique de M. Bayrou, rejette ces accusations. "Cela me fait rire, affirme l'ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy. C'est le même discours qu'Arlette Laguiller. Cela ne tient pas lieu d'argumentation." § Alors que le FN organise à Lille sa convention présidentielle, des dizaines d'associations lilloises nt décidé de protester contre cette réunion du parti de Jean-Marie Le Pen. § L e Front national a choisi le Palais des congrès de Lille pour lancer sa campagne présidentielle, samedi 24 et dimanche 25 février. Lille, "la ville de Roger Salengro, ce maire et ministre suicidé en 1936 après des attaques calomnieuses de l'extrême droite française", tient à rappeler Gilles Pargneaux, premier secrétaire de la fédération PS du Nord. Une trentaine d'associations, organisations politiques ou syndicales, ont lancé une "semaine anti-Le Pen" : une conférence-débat animée jeudi par Ras l'front et le MRAP, un concert de rock vendredi à l'Aéronef de Lille, une manifestation devant Lille-Grand Palais samedi après-midi... Jeudi soir, salle des Acacias, à Hellemmes-Lille, une centaine de personnes ont écouté le politologue Jean-Yves Camus et Manuel Abramowicz, coordinateur de l'Observatoire belge de l'extrême droite. M. Camus avait débattu le matin avec Marine Le Pen sur une radio : "Marine représenterait la banalisation du FN qui se veut du centre droit. En réalité, hors antenne, elle m'a affirmé n'avoir aucune intention d'un glissement à l'italienne de son parti. Son travail est du pur marketing." Pour le conférencier, le choix de la région nordiste est "emblématique d'une volonté d'ancrage populaire" des frontistes. Selon lui, "il sera intéressant de voir aussi qui viendra de la Belgique proche". M. Abramowicz approuvait : "Il est évident que l'image Le Pen a essaimé en Belgique." Et là aussi, dit-il, "le Vlaams Belang essaie de se couler en parti de centre droit". MOLLESSE AMBIANTE M. Camus se dit "surpris de la relative faiblesse de la mobilisation française anti-extrême droite, alors qu'en Allemagne, où le NPD est moins ancré que le FN chez nous, les contre-manifestations sont immédiates." Pour M. Camus, cela viendrait d'un glissement à droite du pays : "La pensée néo-conservatrice à la française touche aussi la gauche désormais". "Les médias ne fouillent plus autour du FN comme autrefois." Mickael, venu d'abord au PCF par réaction à la présidentielle de 2002, et Mona, aujourd'hui tous deux militants des Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR), s'avouent déçus de la mollesse ambiante. "Heureusement que cette convention à Lille réveille les gens. J'en parlais à un ami du quartier populaire des Bois-Blancs : le FN n'y choque plus grand monde." Venu en voisin, Stanislas Tabaka, secrétaire de la section de Fives du PS, hoche la tête. "Dans mon secteur, le discours populiste contre les élus se développe. Le FN a gagné des élus aux comités HLM sur le thème "pour payer moins de charges il faut virer ces gens inutiles des HLM"". "Simples citoyens militants", Slimane, Djahida et Adeline étaient trop jeunes pour voter en 2002. Alors, heureux de pouvoir enfin s'exprimer ? "Non... Nous sommes en fait dégoûtés d'avoir si peu de choix. Pour une première présidentielle, c'est raté. Et puis on se sent seuls ; on nous prend pour des illuminés." § La défection du vote populaire chez les socialistes, le vote masculin du FN, l'implantation de la droite chez les plus âgés ou la hausse générale de l'abstention... L'Atlas électoral publié le 1er mars 2007 par Les Presses de Sciences Po décrypte des tendances lourdes. § § Le refus du FN chez les femmes, la fin du "vote de classe ouvrier", la cote de la gauche chez les Français issus de l'immigration, le recul de la droite chez les ruraux, la crise de l'engagement dans les classes moyennes... L'Atlas électoral publié le 1er mars 2007 par Les Presses de Sciences Po décrypte le vote des Français. § § Un sondage LH2 pour RMC-"20 Minutes"-BFM TV et une enquête Ipsos pour "Le Point", publiés lundi, montrent une progression de Ségolène Royal et de François Bayrou au premier tour. Le score de Jean-Marie Le Pen reste stable. § S égolène Royal gagne 2 points d'intentions de vote au premier tour à 27 %, selon un sondage LH2 pour RMC-20 Minutes-BFM TV rendu public lundi 26 février (voir l'historique de tous les sondages sur Le Monde.fr). Nicolas Sarkozy toujours vainqueur au second tour ? Pour la première fois depuis janvier, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal seraient à égalité 50-50, s'ils étaient opposés au second tour de la présidentielle, selon le sondage LH2 rendu public lundi. Pourtant, selon l'enquête réalisée les mêmes 23 et 24 février par Ipsos, le candidat de l'UMP serait toujours largement vainqueur : 53 % contre 47 % pour la candidate socialiste, qui gagne tout de même un point en une semaine. Le ministre de l'Intérieur a été donné vainqueur, dans les 29 sondages précédents réalisés depuis le 15 janvier. L'écart maximal a été atteint dans une enquête CSA réalisée les 14 et 15 février : 55 %-45 %. Depuis, l'écart se resserre : l'Ifop a crédité M. Sarkozy de 50,5 % des voix dans sa dernière enquête des 22 et 23 février, et CSA lui accorde 51 % d'intentions de vote, dans un sondage réalisé le 20 février. François Miquet-Marty, de LH2, relève que les reports de voix de François Bayrou sur Ségolène Royal au second tour sont "nettement meilleurs" : taux de plus de 50 %. 12 % des sondés qui se disent certains d'aller voter n'ont pas exprimé d'intention de vote. - (Avec AFP) François Bayrou est crédité de 17 % pour la troisième fois dans un sondage, gagnant 3 points sur la précédente enquête LH2. Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy perd trois points à 30 %. Jean-Marie Le Pen est stable à 13 %. Une autre enquête, également réalisée les 23 et 24 février, après l'annonce du remaniement de l'équipe de Mme Royal, montre une évolution similaire : la candidate du PS gagne 3 points en une semaine, à 26 % d'intentions de vote et le président de l'UDF progresse d'1,5 point à 17,5 %, selon ce sondage Ipsos pour Le Point. Le candidat de l'UMP perd deux points à 31 %, son niveau le plus bas depuis le début de la campagne, dans les enquêtes Ipsos. Le champion du FN est stable à 13 %. "Mme Royal a vraiment repris la main", estime François Miquet-Marty, de LH2. Nicolas Sarkozy pâtit de l'"inquiétude" qu'il suscite "toujours" chez certains électeurs et "peine à aller au-delà de son propre camp", selon l'analyste. François Bayrou "est bien perçu sur la critique du clivage droite-gauche, séduit par son discours sur la dette et progresse aussi sur les difficultés de Nicolas Sarkozy", ajoute-t-il. Quant à Jean-Marie Le Pen, il ne disposerait plus comme en 2002 d'un "réservoir" d'électeurs populaires prêts à voter pour lui au dernier moment, selon M. Miquet-Marty. UNE CAMPAGNE "SURDÉTERMINÉE" PAR LE SOUVENIR DE 2002 Selon ces deux sondages, les candidats d'extrême gauche voient leurs intentions de vote se tasser. Olivier Besancenot est crédité de 3,5 %, score inchangé, devant Marie-George Buffet, qui perd un point à 2,5 %, selon l'enquête LH2. Arlette Laguiller est stable à 2 %, quand José Bové recule d'un point à 1,5 %. Dominique Voynet reste créditée d'1 % d'intentions de vote. Gérard Schivardi est sondé à 0 %. La campagne, très suivie, est "surdéterminée" par le souvenir de 2002, ce qui explique que "les petits candidats de gauche ont du mal", estime François Miquet-Marty, de LH2. A droite, Frédéric Nihous, le candidat de Chasse, pêche, nature, traditions gagne un point à 1 % et Philippe de Villiers perd 1,5 point à 1 %. Nicolas Dupont-Aignan est crédité de 0,5 % des voix (+ 0,5), Corinne Lepage de 0 %. 11 % des sondés qui se disent certains d'aller voter n'ont pas exprimé d'intentions de vote pour le premier tour et 12 % pour le second. 44 % des personnes interrogées affirment avoir fait définitivement leur choix pour le premier tour, 33 % avoir une préférence marquée mais pouvoir encore changer d'avis, tandis que 23 % hésitent encore. § Dans un chat au Monde.fr, lundi 26 février, Cyril Lemieux, sociologue spécialiste des médias, analyse le traitement médiatique de la campagne présidentielle. § A ldemanus : Pensez-vous que l'information diffusée en France, que ce soit à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite, soit suffisamment pluraliste ? Cyril Lemieux : Je pense qu'elle pourrait l'être bien davantage. Pour cela, il faudrait que les journalistes parviennent à mieux respecter une de leurs règles de distanciation professionnelle que j'appelle la "polyphonie", autrement dit, le fait de donner la parole à l'ensemble des parties impliquées dans une compétition ou un conflit. Il faudrait donc réfléchir aux raisons pour lesquelles, bien souvent, ils respectent insuffisamment cette règle. A mon avis, cela est dû en grande partie à l'organisation du travail dans les rédactions. Corsrc : Les éditorialistes sont-ils influents ? Cyril Lemieux : Ils le sont sur les autres éditorialistes, plus largement sur les élites journalistiques, politiques, économiques. Beaucoup moins, certainement, sur la "population générale". Atao : Quel est votre conseil pour se faire une opinion entre médias traditionnels et blogs ? Cyril Lemieux : D'utiliser les deux types de médias. En utiliser un seul, c'est prendre le risque d'être incomplètement informé ou d'être désinformé. Scampee : Peut-on objectivement coller une étiquette politique à une chaîne de télévision française ? Cyril Lemieux : Il est certain que le traitement sur certaines chaînes de télévision laisse indubitablement penser qu'elles "penchent" d'un côté ou de l'autre politiquement. Cela ne veut pas dire que tous les journalistes de ces rédactions penchent de ce côté. Par conséquent, il faudrait développer davantage, dans ces entreprises de presse, la collégialité du travail journalistique et éviter que les décisions soient prises uniquement par la hiérarchie sans discussion possible avec les journalistes "de base". Boubba : Comment se fait-il que l'émission de ce soir "J'ai une question à vous poser'" ne fasse l'objet que de rares commentaires alors que les passages de M. Sarkozy et de Mme Royal ont été largement annoncés et "vendus" par la presse ? Cyril Lemieux : Une des motivations des dirigeants des chaînes pour promouvoir tel invité politique plutôt que tel autre peut être d'ordre politique, mais, bien souvent, il s'agit aussi et d'abord de motivations liées à des objectifs d'audience. Eddy_Mitchum : Le décompte des temps de parole, sur lequel veille le CSA, est-il appliquable, appliqué et utile ? N'est-ce pas un leurre de démocratie ? Cyril Lemieux : Il est globalement et approximativement évalué et respecté. Tant que la campagne officielle n'a pas débuté, c'est le principe de l'équité qui est censé prévaloir et qui laisse une certaine marge de manuvre aux dirigeants des chaînes. Kriskarma : Est-ce que les liens entre Nicolas Sarkozy et divers médias peuvent réellement faire penser à un processus de "berlusconisation" ? Cyril Lemieux : Ces liens, avérés et anciens, jouent évidemment un rôle. Une des différences avec Berlusconi est que le candidat de l'UMP ne possède pas de chaîne. C'est d'ailleurs la preuve que posséder une chaîne n'est pas nécessaire pour y avoir accès. Hassan : Quels sont les paramètres qui doivent présider au traitement d'une infomation équilibrée par rapport à la campagne et à tous les candidats ? Cyril Lemieux : Les journalistes doivent respecter au mieux de leurs possibilités toutes les règles de distanciation professionnelles habituelles : séparation des faits et des commentaires, "polyphonie", conservation d'initiatives, etc. Steph : Comment expliquer que les médias parlent peu des petits partis, qui font cependant partis de la démocratie ? Sommes-nous tombés dans un système à l'américaine ? Cyril Lemieux : La question revient sur le problème de la notion d'équité contre celle d'égalité. Faut-il donner à tous une part égale, ou bien une part équitable, c'est-à-dire relative à leur "poids" ? Enrichetta : Sur quelle indépendance des médias peut-on tabler quand on sait que la plupart d'entre eux sont aux mains de grands groupes financiers (Lagardère, Rothschild pour n'en citer que deux) ? Cyril Lemieux : C'est vrai que la dépendance vis-à-vis des actionnaires pose d'énormes problèmes. Reste que les journalistes ne sont pas entièrement dépourvus dans leur capacité à faire valoir collectivement le respect qu'ils doivent à leurs règles de distanciation professionnelles vis-à-vis de leurs employeurs. Bibi : Comment voyez-vous le rôle d'Internet par rapport aux médias traditionnels dans cette campagne ? Cyril Lemieux : Internet n'est pas un média de masse et n'a donc qu'assez peu d'influence directe sur la "population générale". En revanche, il peut jouer en tant que source et en tant qu'appareil de lobbying vis-à-vis des journalistes des médias traditionnels, et ainsi exercer indirectement une influence sur la population générale. Naaba : La proposition de M. Bayrou d'interdire à tout groupe en commerce avec l'Etat de posséder une filiale dans les médias est-elle envisageable et réalisable ? Cyril Lemieux : Pour répondre, il faudrait entrer dans les détails techniques du dossier. Pour l'heure, il me semble que l'on peut dire que la proposition, sur le principe, mérite d'être bien accueillie. De manière générale, les hommes politiques font trop peu de propositions concernant une politique publique des médias. Céline : Pensez-vous que M. Duhamel "mérite" la sanction dont il a fait l'objet, compte tenu du fait qu'aucun journaliste n'est neutre politiquement ? Cyril Lemieux : Alain Duhamel a accepté cette "sanction" dans l'intérêt de ses employeurs France 2 et RTL. Pour ma part, j'ai tendance à considérer que les journalistes doivent être évalués sur leurs performances publiques. § La candidate de Lutte ouvrière sillonne le pays depuis trois mois pour sa sixième et dernière campagne. Elle apparaît désormais avec sa possible successeure, Nathalie Arthaud. § P our elle, ce n'est "pas une candidature de trop mais une candidature nécessaire". Arlette Laguiller, qui, à bientôt 67 ans, se présente pour la sixième fois à l'élection présidentielle, assure même qu'elle "se sent bien dans cette campagne". Forte de ses 510 promesses de parrainage annoncées, elle a commencé voici trois mois sa tournée de réunions publiques et d'interventions aux portes des entreprises. Zone industrielle d'Arles (Bouches-du-Rhône), usines de Liévin (Pas-de-Calais), manifestation aux côtés des grévistes d'Arena, Dim et Well..., partout elle entend la petite musique du vote utile s'affirmer. "Ils me disent "faut chasser Sarko"", raconte la candidate. "ON VEUT EN PROFITER AVANT QU'ELLE S'EN AILLE" Mais, inlassablement, avec son inusable slogan "Qui d'autre peut se dire sincèrement dans le camp des travailleurs ?", elle veut dire aux "siens", "le monde du travail", qu'il "ne faut pas être dupe" lors de cette élection présidentielle. Comme à Saint-Etienne (Loire), le 21 février, pour un meeting régional où sont venues l'écouter quelque 250 personnes, habitués et curieux. Dans le centre des congrès, ancien site des usines Manufrance, le décorum est immuable : tribune et drapeaux rouges, l'Appel du Komintern (Quittez les machines/Dehors, prolétaires/Marchez et marchez...) et Bandiera rossa en fond sonore, et vendeurs de l'hebdomadaire Lutte ouvrière. La candidate est flanquée de sa possible successeure, Nathalie Arthaud, enseignante, qui égrène la longue liste des entreprises qui licencient dans la région. Mais c'est "Arlette" qu'ils sont venus écouter, parce que, si c'est son dernier tour de piste, son discours n'a pas changé. "On veut en profiter avant qu'elle s'en aille", sourit Jean Bouchauveau, ingénieur de Giat-industrie à la retraite qui avoue n'avoir jamais voté LO et qui "adore" Olivier Besancenot. Jean Max, cuisinier, lui, a déjà voté pour Arlette Laguiller, "il y a fort longtemps" : "Je suis là pour la soutenir. Je travaille depuis l'âge de 14 ans, je sais qu'on est dans le même camp". Plus loin, deux jeunes venus "par curiosité" : "on fait un peu tous les meetings pour se faire une idée sur les candidats", glisse Pierre Couturier, jeune enseignant. Dès ses premiers mots, scandés de son ton monocorde si familier, la candidate annonce la couleur comme la "une" de LO : "Il sert ouvertement le patronat, elle n'ose y toucher". Les deux cibles sont clairement identifiées : Nicolas Sarkozy dont "la feuille de route sera, en pire, la même politique que pendant les cinq ans écoulés" et Ségolène Royal pour qui "le réalisme est de tenir compte de l'intérêt des patrons". Les deux favoris ont d'ailleurs un point commun, selon elle : "Derrière leurs discours mensongers, c'est le patronat qui tire les ficelles", lance Mme Laguiller. LES CRITIQUES LA FONT SOURIRE Contre les "profiteurs", elle propose des "mesures indispensables", "pas des revendications révolutionnaires", qui permettent aux travailleurs, de "retrouver les conditions d'existence d'il y a une trentaine d'années" : hausse des salaires de 300 euros, interdiction des licenciements, augmentation des impôts sur les profits... les propositions n'ont guère varié depuis des années. Pourtant, les critiques sur son discours suranné la font sourire. "On me moque souvent pour mon "travailleuses, travailleurs". Mais ce qui apparaît comme des vieux mots est apprécié", assure l'employée de banque à la retraite. Les sondages qui voient les intentions de vote en sa faveur se tasser à 2 % ne l'inquiètent pas. La concurrence à gauche non plus. "Ça fait discuter dans un petit milieu mais ça ne préoccupe pas trop les travailleurs", prétend-elle. A l'en croire, les autres n'ont guère de chance de lui faire de l'ombre. Elle doute que Gérard Schivardi (Parti des travailleurs) ira "jusqu'au bout", juge que Marie-George Buffet (PCF), "c'est la gauche de gouvernement", et pense que la campagne de José Bové, "ne sera pas axée sur la défense des intérêts des travailleurs". Olivier Besancenot, lui, est à part. "Je ne fais pas la course avec lui", prévient-elle quand on relève qu'il la devance dans les sondages. "Au soir du premier tour, on additionnera", insiste-t-elle espérant réitérer les 10 % obtenus par l'extrême gauche en 2002. Et qu'on ne lui parle pas de l'effet 21-Avril. "Je ne crois pas à un Le Pen au second tour. Dans les couches populaires, c'est à la droite qu'on a envie de faire payer les mauvais coups", avance-t-elle, ajoutant tranquillement que la gauche va retrouver les 4 millions de voix qu'elle avait perdus. En attendant, "c'est au premier tour qu'on peut voter pour ses convictions". Et de dire avec le bulletin de vote "qu'on en assez de subir et qu'on a envie de rendre les coups". Les poings se lèvent et L'Internationale est reprise par les deux tiers de la salle qui est restée. § En clôturant sa convention présidentielle le 25 février à Lille, le candidat du FN a retrouvé des accents de son discours du 21 avril 2002. § A u soir du 21 avril 2002, alors qu'il venait d'être qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen s'était adressé aux "petits" aux "obscurs", aux "sans grades", "travailleurs, seniors, agriculteurs retraités...". C'est à nouveau à eux, mais aussi aux "artisans" et aux "petits patrons" menacés par "le capitalisme planétaire" et "prédateur" que le président du Front national (FN), à nouveau candidat à l'élection présidentielle, s'est adressé en clôturant la convention présidentielle organisée les 24 et 25 février à Lille. Le Pen accuse Villiers d'intimidations Jean-Marie Le Pen a dénoncé, dimanche 25 février, "une manoeuvre particulièrement crapuleuse qui tend à intimider les maires par des coups de téléphone et à les insulter" afin de les dissuader d'accorder leur parrainage au président du Front national. "Il est probable que cette manoeuvre vient du candidat qui se trouve jusqu'à présent dans les sous-sols des sondages, et qui espère grâce à cette manoeuvre pouvoir prendre ma place", a continué M. Le Pen, lors de sa deuxième convention présidentielle à Lille. La veille, M. Le Pen avait été plus direct en prononçant le nom de Philippe de Villiers et sa fille avait prévenu que son parti "est en train de réunir des éléments pour les transmettre à la justice". Ainsi accusé, M. de Villiers, président du Mouvement pour la France, a démenti, dimanche, dans un communiqué, "les insinuations mensongères" de M. Le Pen. Il a annoncé qu'il saisirait le Conseil constitutionnel de ce qu'il nomme des "opérations de déstabilisation contre (sa) candidature". Une ville hautement symbolique puisqu'elle est gérée par Martine Aubry qui, ministre socialiste de l'emploi et de la solidarité, défendit les 35 heures, honnis par M. Le Pen. Mais aussi ville capitale d'une région de gauche qui, au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, accorda 19,03 % des suffrages exprimés au président du FN contre 17,29 à Jacques Chirac et 17,06 à Lionel Jospin. "CAMARADES" Convaincu que c'est parmi les déçus de la gauche qu'il pourra s'attirer de nouveaux électeurs, Jean-Marie Le Pen n'a pas hésité à emprunter dans son discours des formules que ne désavouerait pas l'extrême gauche. Se présentant comme "la voix du peuple", il a rendu hommage aux "travailleurs qui obtinrent par la lutte syndicale, les conditions de travail décentes, des salaires acceptables dont on ne leur fit jamais cadeau". A ces "galibots, porions et reculeux (qui) arrachèrent de haute lutte les droits essentiels du travailleur aux patrons de droit divin d'alors". Un patronat, dont l'équivalent d'aujourd'hui se trouve "au Medef" et au "CAC 40". "Aujourd'hui, se plaint-il, apparaît un capitalisme sans projet, avec le culte du rendement à trois mois plutôt que de l'investissement". "Un capitalisme prédateur, fait de grands sauriens des fonds de pension anglo-saxons qui achetèrent nos industries, nos richesses nos infrastructures publiques et privées" insiste-t-il. Donnant satisfaction au député européen Jean-Claude Martinez qui ne cesse de lui demander d'ouvrir son discours aux grands problèmes du monde, Jean-Marie Le Pen se veut chantre d'un "commerce éthique" et propose la création d'un "droit de douane pour les produits importés" qui "ouvrirait un droit de même montant à l'achat des produits français." Il promet que s'il est élu il irait "à l'Assemblée générale des Nations unies" pour demander que soit "géré en commun (...) quatre parties communes de la copropriété planétaire : l'eau, l'alimentation, les médicaments de base et l'instruction." Selon Jean-Marie Le Pen, "gauche et droite" ont "trahi" l'électorat populaire. "Les Sarkozy, les Bayrou, les Royal" partisans du "oui à la Constitution européenne" sont devenus les "serviteurs zélés" des "nouveaux grands patrons du Medef et du CAC 40" et "sacrifient les productions françaises sur l'autel de la compétitivité d'un ultralibéralisme mondialisé". Seul, affirme-t-il, le retour à la "nation" avec "rétablissement des frontières pour les marchandises et pour les hommes" pourra résoudre les problèmes de la France. Opposé au Traité constitutionnel européen, il se voit demain en "président de la majorité du 29 mai". Partisane de cette tactique en direction de l'électorat de gauche, Marine Le Pen, directrice stratégique de la campagne, ironisait en marge de la convention sur le Parti communiste qui a oublié qu'il "disait autrefois produisons Français avec des Français". D'autres militants s'inquiétaient toute fois de cette orientation. "Ca suffit tous ces "camarades"" s'est ainsi exclamé un militant irrité, samedi matin, d'entendre les orateurs commencer leur discours en saluant les "camarades". "Je crois que c'est à droite que le FN peut gagner ses électeurs. A gauche ceux qui viennent sont en rupture idéologique avec la gauche et viennent motivés sur les valeurs de droite que sont l'ordre, la famille..." estime Michel Hubault, membre du bureau politique. § Dans son émission sur France-Culture, dimanche, le journaliste est revenu sur l'"affaire" Alain Duhamel, précisant qu'il voterait François Bayrou. § D ans son émission hebdomadaire sur France-Culture, dimanche 25 février, le journaliste Philippe Meyer est revenu sur l'"affaire" Alain Duhamel. Ce dernier a été suspendu par France Télévisions et RTL durant la campagne présidentielle après la diffusion sur le Net d'images prises à son insu au cours d'une rencontre avec des étudiants de Sciences Po Paris, en novembre 2006. Il y déclarait que François Bayrou était quelqu'un qu'il aimait bien et qu'il voterait pour lui. "Si l'utilisation d'images volées, prises dans un cercle privé à l'insu de l'intéressé et diffusées sans qu'il en soit informé devient une pratique légitimée - et c'est bien ce que viennent de faire France Télévisions et RTL -, n'importe quel journaliste amené, comme tout le monde, à exprimer ses choix (...) peut se trouver dans la même situation", s'est-il insurgé. M. Meyer estime que "le meilleur moyen - et sans doute le seul - d'empêcher cette situation est que chaque journaliste chargé de suivre les affaires publiques déclare sans haine et sans crainte pour quel candidat il penche". Ce qu'il juge préférable à une situation où "les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs (...) se montrent choqués que telle rédaction paraisse rouler à visage masqué pour la candidate socialiste ou que telle autre fasse feu de n'importe quel bois pour appuyer le candidat de l'UMP sans avoir la franchise de se déclarer en sa faveur". "C'est en vertu de cette analyse, poursuit-il, que je déclare que, si je devais me rendre aux urnes ce dimanche, je voterais pour François Bayrou. (...) Je prétends toutefois que ce choix ne m'empêchera pas plus de faire mon métier au plus près de l'exigence d'impartialité que leurs anciens engagements n'empêcheront ou n'empêchent M. Debré d'exercer avec le même souci les fonctions de président du Conseil constitutionnel, M. Séguin celles de premier président de la Cour des comptes ou M. Boyon celles de président du Conseil supérieur de l'audiovisuel." "A bon entendeur, salut et bas les masques", a-t-il conclu. § Le candidat de l'UDF rassemble un nombre croissant d'experts qui ne veulent ni de Ségolène Royal ni de Nicolas Sarkozy. Avec eux, il élabore son programme. § F rançois Bayrou, invité lundi 26 février de l'émission "J'ai une question à vous poser" sur TF1, s'appuie, pour élaborer ses propositions, sur un réseau de relations tissé au fil des ans. Et qui ne cesse de se densifier. "Un basculement s'est produit fin 2006, constate sa directrice de campagne, Marielle de Sarnez. Des personnes avec lesquelles nous n'étions pas en contact se sont manifestées pour proposer de travailler avec nous." Pour nourrir les propositions du candidat, c'est un fonctionnement en pôles, animés par les parlementaires de l'UDF, qui a été mis en place, M. Bayrou se plongeant lui-même directement dans chacun des sujets. L'élaboration du programme économique, présenté vendredi 23 février à la presse, a ainsi été précédée de plusieurs réunions de travail, auxquelles participait le président de l'UDF. Autour de Jean Arthuis, président de la commission des finances du Sénat, et de Charles-Amédée de Courson, secrétaire de la commission des finances de l'Assemblée, se retrouvent Jean Peyrelevade, ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy à Matignon et ancien président du Crédit lyonnais, les économistes Christian Saint-Etienne et Jean-Claude Casanova, éditorialiste associé au Monde. D'autres personnalités, telles Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, Michel Albert, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques, ou Edmond Alphandéry, ancien ministre de l'économie, ont également été associées. Les relations du candidat de l'UDF avec les milieux patronaux passent par Laurent Bruel, président de Plastic Omnium, et Michel de Fabiani, qui anime le comité Sully. Sur les questions sociales, le président de la commission des affaires sociales du Sénat, Nicolas About, ainsi que la sénatrice du Nord Valérie Létard, auteure de plusieurs rapports sur la précarité et les minima sociaux, sont chargés d'animer la réflexion, ainsi que le député du Nord Francis Vercammer. M. Bayrou a beaucoup travaillé avec la secrétaire générale de l'association Le Coeur des halles, Danièle Huèges. Pour les questions de santé, dont s'occupe Jean-Luc Préel, député de la Vendée, François Hab, chef de service à l'hôpital Tenon de Paris, et Claire Nihoul-Fékété, chef du service à l'hôpital Necker Enfants-Malades à Paris, font office de têtes de pont. M. Bayrou a aussi rencontré à plusieurs reprises, parmi les acteurs de la santé, le docteur Patrick Pelloux, spécialiste de la médecine d'urgence, sans que cela signifie un engagement de ce dernier en faveur de sa candidature. "IL SAIT SUR QUI COMPTER" Sur les banlieues, dont les députés Jean-Christophe Lagarde et Nicolas Perruchot sont les principaux intervenants, M. Bayrou a travaillé avec Aziz Senni, auteur de L'Ascenseur social est en panne, j'ai pris l'escalier (L'Archipel) et fondateur des Jeunes entrepreneurs de France. C'est le général Morillon, élu au Parlement européen, qui s'occupe de la défense et de l'armée, avec les députés Hervé Morin et Philippe Folliot. Dans le groupe qui travaille sur ces questions, participe notamment le général Copel, auteur de Prévenir le pire (Michalon), spécialiste de la défense civile, ainsi que le préfet maritime Laurent Meur. Les questions agricoles relèvent du député de la Côte-d'Or François Sauvadet et du sénateur de la Somme Marcel Deneux. Mais c'est l'ancien président des Jeunes agriculteurs Jean-Luc Duval qui est aujourd'hui chargé de développer l'exploitation centriste en milieu rural. M. Bayrou s'est saisi des problèmes de l'environnement de longue date. Ainsi, il y a trois ans, s'est-il immergé dans ces questions en y consacrant plusieurs séances de travail avec l'équipe de Greenpeace. Aujourd'hui, ses principaux conseillers sont l'universitaire Jean-Marie Pelt et le spécialiste des questions de l'énergie Jean-Marc Jancovici. En politique étrangère, avec les élus au Parlement européen Jean-Louis Bourlanges et Jean-Marie Cavada, l'UDF peut également compter sur l'ancienne conseillère de Romano Prodi, Sylvie Goulard, qui a mis fin au partage du pouvoir PS-UMP à la tête du Mouvement européen France. M. Bayrou entretient des relations de proximité avec des dirigeants comme les Italiens Romano Prodi ou Francesco Rutelli. Il revendique de bons contacts avec le Luxembourgeois Jean-Claude Junker ou l'Allemand Wolfgang Schäuble. Depuis son passage au ministère de l'éducation nationale, il maintient un réseau tissé dans l'enseignement et de la recherche. "Il peut prendre son téléphone à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit pour demander un éclairage, confie ce haut responsable de l'éducation qui fait office de "plaque tournante". Il sait sur qui il peut compter pour la question qui l'intéresse." Il a rencontré à plusieurs reprises les acteurs de Sauvons la recherche. Mais il est un domaine dans lequel le président de l'UDF ne laisse à personne le soin de conduire la réflexion : celui des institutions. Il entend bien être celui qui aura accouché d'une VIe République. § La circonscription euroise de Jean-Louis Debré, nommé, vendredi 23 février, président du Conseil constitutionnel, n'aura pas été laissée vacante longtemps. § L a circonscription euroise de Jean-Louis Debré, nommé, vendredi 23 février, président du Conseil constitutionnel, n'aura pas été laissée vacante longtemps. Bruno Le Maire, directeur du cabinet du premier ministre, la revendique pour juin 2007, avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy. "Nicolas m'a appelé pour me dire qu'il me soutenait et qu'il fallait que les gens de talent se lancent en politique", affirme M. Le Maire. Cet accord est confirmé par Alain Marleix, secrétaire national aux élections de l'UMP. "Cela doit être approuvé en commission nationale d'investiture, mais ça ne paraît pas poser de difficulté", a-t-il indiqué à l'AFP. FAIRE SES PREUVES Contrairement à son mentor, Dominique de Villepin, qui semble avoir renoncé à briguer un mandat aux législatives, M. Le Maire a choisi d'affronter le verdict démocratique, après cinq années passées dans les cabinets ministériels, d'abord comme conseiller politique de M. de Villepin aux affaires étrangères, à l'intérieur et à Matignon, ensuite comme directeur de son cabinet depuis l'été 2006. Début 2007, il avait adhéré à l'UMP dans cette optique et multiplié les contacts avec son président, qu'il a longtemps combattu. Pour M. Sarkozy, et alors que M. de Villepin garde secrètes ses intentions pour l'après-Matignon, l'adoubement de M. Le Maire permet de donner un nouveau signe de réconciliation à son camp. Le directeur du cabinet du premier ministre devra désormais faire ses preuves dans la première circonscription de l'Eure, où il est inconnu, même s'il revendique ses "nombreux séjours dans la maison familiale du Tronquay, située dans la circonscription voisine de Lyons-la-Forêt". S'il y parvient, il s'attaquera sûrement en 2008 à la mairie d'Evreux, laissée vacante par M. Debré, dont il revendique la filiation gaulliste. § Pour attirer le plus grand nombre de voix dès le premier tour, Ségolène Royal a bien l'intention de conquérir le camp du non de la gauche à la Constitution européenne. Un avantage que Nicolas Sarkozy ne possède pas, à ses yeux. § P our attirer le plus grand nombre de voix dès le premier tour, Ségolène Royal a bien l'intention de conquérir le camp du non de la gauche à la Constitution européenne. Un avantage que Nicolas Sarkozy ne possède pas, à ses yeux. "Il ne cristallise que les gens du oui, confiait-elle en marge de son déplacement en Basse-Normandie, mercredi 21 février. Je pense que je suis la mieux placée pour sortir l'Europe de l'ornière. Je suis regardée avec beaucoup d'intérêt par les capitales européennes." Alors que le candidat de l'UMP devait se rendre, mercredi 28 février, à Madrid, pour rencontrer le chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Zapatero, puis le 6 mars, un autre leader de la gauche européenne, l'italien Romano Prodi, la candidate socialiste prépare sa rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, prévue le même jour."TAUX PLANCHERS EN MATIÈRE D'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS" Face aux 5 000 militants et sympathisants réunis dans une salle du Zénith, près de Rouen, samedi 24 février, Mme Royal a de nouveau insisté sur la nécessité, au côté d'un "Etat stratège", d'une "Europe qui protège". Dans le fief de Laurent Fabius, figure du non au PS, dont elle était l'invitée, Mme Royal a repris quelques-uns des arguments mis en avant pendant le référendum par les opposants à l'adoption du traité. Après avoir insisté sur la nécessité d'une "gouvernance économique et sociale de la zone Europe", et d'un "protocole social pour renforcer les droits des travailleurs", elle s'est ainsi prononcée pour "l'instauration de taux planchers en matière d'impôt sur les sociétés" afin de "freiner" les délocalisations. C'est la première fois que Mme Royal reprend à son compte cette proposition, dont l'application, au sein de l'Union européenne, paraît délicate tant les écarts sont importants entre les pays. La veille de sa rencontre avec Mme Merkel, Mme Royal compte préparer le terrain en s'adressant notamment aux Français de l'étranger via le réseau de la Fédération socialiste du même nom qui lui avait, à une large majorité, apporté ses voix lors de la primaire socialiste. § Le syndicat étudiant a lancé sa campagne pour la présidentielle. Son président, Bruno Julliard, s'est félicité mardi que la question de l'allocation autonomie pour les étudiants soit devenue "un thème électoral apparemment porteur". § L 'Union nationale des étudiants de France (UNEF), qui fêtera en mars son centième anniversaire, lance une campagne pour la présidentielle, intitulée "Qu'allez-vous faire de nos 20 ans ?". Bruno Julliard, président de l'UNEF, s'est félicité, mardi 27 février, que la question de l'allocation autonomie pour les étudiants soit devenue "un thème électoral apparemment porteur". "Maintenant, il faut rentrer dans la précision à tous les niveaux", a déclaré le syndicaliste étudiant. Les sept "exigences" de l'UNEF dans la campagne 1. Création d'une allocation d'autonomie 2. Investissement massif de l'Etat dans l'enseignement supérieur 3. Réforme pour la réussite de tous 4. Garantie de l'insertion professionnelle des jeunes 5. Egalité des droits entre étudiants français et étudiants étrangers 6. Plan pour le logement étudiant 7. Plan pour l'accès à la santé L'allocation autonomie serait une réponse à la faiblesse du pouvoir d'achat des jeunes, argumente l'UNEF, qui a publié un dossier sur la question (PDF). Elle remplacerait le système actuel d'aide, jugé "à bout de souffle". Le syndicat préconise "la refonte des aides directes aux jeunes en formation (bourses, aides au logement) et des allocations familiales versées aux familles en une aide unique". "Sur ce point, on demandera des engagements précis, pris à ce jour seulement par Marie-George Buffet (PCF) et Dominique Voynet (Verts)", a-t-il ajouté. Si des candidats veulent instituer cette allocation autonomie "avec un système toujours aussi injuste qu'aujourd'hui, avec autant de déductions fiscales accordées aux parents, on ne sera pas d'accord", a-t-il averti. M. SARKOZY EST "REVENU EN ARRIÈRE" Sur cette question, le leader étudiant a salué "une forte inflexion" dans la campagne de Ségolène Royal (PS) en souhaitant qu'elle "se poursuive". En revanche, selon lui, Nicolas Sarkozy, "à un moment donné, a commencé à avancer" sur cette allocation, "et puis il est revenu en arrière". La campagne lancée par l'UNEF, classée à gauche, se poursuit jusqu'au 22 mars. Elle comprend l'édition à 500 000 exemplaires d'une lettre ouverte que les étudiants sont invités à signer dès mardi dans les universités ou sur le site de la campagne. Les candidats à la présidentielle sont également invités au congrès de l'UNEF du 22 au 25 mars à Lille. A ce jour, Ségolène Royal, Olivier Besancenot (LCR), Marie-George Buffet (PCF) et Dominique Voynet (Verts) ont confirmé leur présence. Arlette Laguiller (LO) a fait savoir qu'elle serait représentée. § L'intégralité du débat en direct avec Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l'IFOP, qui estime que la percée du candidat de l'UDF explique en partie la faiblesse de la gauche dans les sondages. § L 'intégralité du débat en direct, mardi 27 février, avec Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l'IFOP, qui estime que la percée du candidat de l'UDF explique en partie la faiblesse de la gauche dans les sondages. Katia : Comment se fait-il que la gauche soit aussi bas dans les sondages ? Et comment interpréter ce total si faible ? Jérôme Fourquet : Il faut se méfier des catégories, et tout dépend de ce qu'on place dans la gauche. Par exemple, actuellement, une des grandes indications de nos enquêtes, c'est l'intérêt suscité par la candidature de François Bayrou, qui dans notre dernier sondage publié pour Paris-Match cette semaine, atteint 19 %. Sur ces 19 points, on estime qu'on a entre 8 et 9 points issus de la gauche, des électeurs qui peuvent se dire proches du PS dans notre enquête, mais préfèreraient voter pour François Bayrou que pour Ségolène Royal. Si par exemple on réintègre ces 8 points dans un total gauche et qu'on les enlève à la droite, on a un rapport gauche-droite beaucoup plus équilibré, de l'ordre de 46-47 pour la gauche contre 53-54 % pour la droite. Donc on s'aperçoit qu'il y a un effet trompe-l'oeil. fabien : M. Bayrou prend-il plus de votes sur sa gauche ou sur sa droite ? Jérôme Fourquet : Le reste des 19 points accordés à François Bayrou provient de la droite et du centre-droit. Aujourd'hui, donc, François Bayrou a un électorat un peu plus issu de la droite et du centre que de la gauche, même si le poids des électeurs de gauche est aujourd'hui très important dans l'électorat Bayrou. gedeon : La faiblesse des intentions de vote pour la gauche favorise-t-elle le centre (Bayrou) ou la droite (Sarkozy) ? Y a-t-il une réelle droitisation du pays, et si oui, pour quelles raisons ? Jérôme Fourquet : Comment peut-on mesurer la droitisation éventuelle du pays ? On a d'une part les intentions de vote et d'autre part des sondages d'opinions sur différents sujets. Si l'on s'intéresse aux intentions de vote, on doit nuancer le propos en disant que la droitisation de l'électorat est relative, car c'est avant tout la candidature de F. Bayrou qui "fausse" un peu les perspectives habituelles. Mais cela traduit néanmoins le fait qu'une partie de l'électorat du centre-gauche pourrait aujourd'hui voter pour un candidat issu de l'UDF et non plus pour un candidat socialiste. En ce sens, il y aurait effectivement un mouvement vers la droite. Si l'on regarde les sondages d'opinion, y a-t-il droitisation ? On peut le dire en partie sur les questions liées à la demande d'autorité, sur le traitement de la délinquance, notamment celle des mineurs. Là, c'est assez sensible et assez net. Même chose pour les questions sur le fait de savoir comment gérer la question de l'immigration en France. Dans le même temps, sur les questions économiques et sociales, si par exemple l'entreprise a retrouvé une certaine "bienveillance" vis-à-vis des Français, pour autant, sur d'autres sujets économiques et sociaux, on s'aperçoit que les thématiques portées par la gauche sont aujourd'hui majoritaires. Je pense par exemple au maintien de certains services publics, à la dénonciation du libre-échange et du libéralisme économique. En ce sens, on doit nuancer l'idée d'une droitisation du pays. surcouf : Pourquoi Bayrou attire-t-il selon vous un électorat de gauche ? Y a-t-il des composantes sociologiques dans ce glissement (enseignants par exemple) ? Jérôme Fourquet : Nous allons publier demain un sondage pour Le Monde de l'éducation sur le vote des enseignants, qui montre qu'en effet, une bonne partie d'entre eux (27 %) serait tentée aujourd'hui par un vote en faveur de François Bayrou, alors que Ségolène Royal recueillerait 31 % de leurs suffrages. L'écart est faible, et on voit que la candidature Bayrou recueille un certain écho dans le monde enseignant, du fait de ses propositions, et peut-être aussi de son passé de ministre et d'enseignant. Autre catégorie sociologique : les cadres. On s'est aperçu qu'au moment des primaires au PS, les cadres étaient la catégorie dans laquelle Ségolène Royal était la plus concurrencée par Dominique Strauss-Kahn. On peut penser qu'une partie de ces cadres de centre-gauche soit aujourd'hui également tentée par la candidature Bayrou et qu'ils ne se retrouvent pas, par exemple, sur la ligne Hollande-Royal concernant la fiscalité. Delphine : Ségolène Royal est finalement relativement haut dans les sondages. Le problème ne se pose-t-il pas plutôt du côté du poids de l'autre gauche (Verts, extrême gauche), dont les scores semblent nettement plus bas que par le passé ? Et à quoi cela tient-il ? Jérôme Fourquet : Effectivement, le reste de la gauche hors PS se situe à un niveau assez faible. On peut y voir deux explications principales. La première, c'est le souvenir du 21 avril 2002 et le souhait pour une bonne partie de l'électorat de gauche de voter "utile" dès le premier tour en choisissant Ségolène Royal. On observe ainsi que près de 40 % des électeurs actuels de Ségolène Royal nous disent qu'ils l'ont choisie par réflexe de vote utile. Ce qui réduit d'autant plus l'espace de la gauche de la gauche. La deuxième raison, c'est l'espoir déçu et la dynamique avortée à l'issue du référendum européen. Le fait que les différentes organisations de gauche ne se soient pas entendues autour d'une candidature unique a sans doute démobilisé une partie de leurs électeurs. La question du vote utile a été posée dans les enquêtes : on a demandé : "Allez-vous voter pour un candidat qui a le plus de chances d'accéder au second tour mais qui n'est pas le plus proche de vos idées ou pour le candidat le plus proche de vos idées même s'il a peu de chances d'accéder au second tour ?" § Le président de l'UDF gagne deux points au premier tour et atteint son plus haut niveau dans un sondage réalisé avant son passage dans l'émission "J'ai une question à vous poser", selon une enquête IFOP à paraître jeudi dans "Paris-Match". § L e président de l'UDF gagne deux points au premier tour et atteint son plus haut niveau dans un sondage, selon une enquête IFOP réalisée lundi 26 février, à paraître jeudi dans Paris-Match : il est crédité de 19 % d'intentions de vote (voir l'historique de tous les sondages de la campagne sur ). Nicolas Sarkozy est en hausse d'un point, à 29 % au premier tour, tandis que Ségolène Royal baisse de 2,5 points, à 25,5 %. Jean-Marie Le Pen gagne 0,5 point, à 12 %. M. Sarkozy de nouveau largement vainqueur en cas de second tour face à Mme Royal : 52-48 % Nicolas Sarkozy creuse à nouveau l'écart et l'emporterait au second tour de l'élection présidentielle avec 52 % des suffrages, s'il était opposé à Ségolène Royal (48 %), selon le sondage IFOP réalisé lundi pour Paris-Match. L'enquête précédente de l'IFOP, publiée par Le Journal du dimanche et effectuée les 22 et 23 février, donnait 50,5 % des voix au second tour à M. Sarkozy et 49,5 % à Mme Royal, les plaçant à égalité (28 %) au premier tour. Comme tous les sondages d'intentions de vote, cette enquête a été réalisé auprès d'un échantillon (952 personnes) représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, inscrite sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. L'IFOP note que "le reflux des intentions de vote" en faveur de Mme Royal intervient à la suite de l'annonce de sa nouvelle équipe de campagne incluant les piliers du PS, MM. Jospin, Strauss-Kahn et Fabius. Il souligne que "c'est parmi les sympathisants de gauche que ce recul est le plus marqué". "Plus que jamais trouble-fête", M. Bayrou voit 17 % des sympathisants PS et 16 % de ceux des Verts se porter sur sa candidature, souligne l'institut, qui rappelle toutefois que c'est dans son électorat que "la part des indécis est la plus élevée : 62 %". DOMINIQUE VOYNET À SON NIVEAU LE PLUS BAS L'IFOP souligne qu'avec 36,5 % d'intentions de vote, la gauche "voit se rapprocher son score plancher de 1969", élection lors de laquelle elle fut éliminée au second tour au profit de deux candidats de droite et du centre (MM. Pompidou et Poher). Derrière les quatre candidats de tête, Olivier Besancenot gagne un point au premier tour, à 4 %, et devance Marie-George Buffet, à 2,5 %, score inchangé. On trouve ensuite Arlette Laguiller, stable à 2 %, comme José Bové et Philippe de Villiers. Quatre candidats sont crédités de 0,5 %. Dominique Voynet perd 1,5 % et tombe à son plus bas score dans une enquête pré-électorale, Corinne Lepage est stable à 0,5 %, alors que Frédéric Nihous, de Chasse, pêche, nature et traditions, gagne un demi-point. Nicolas Dupont-Aignan perd un demi-point. Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des travailleurs, n'atteint pas 0,5 %. 5 % des sondés ne se prononcent pas pour le premier tour, 7 % pour le second. § Le Conseil constitutionnel a reçu des parrainages d'élus rédigés sur des documents non conformes à ceux imprimés pour l'élection de 2007. Deux départements sont surtout concernés : la Marne et le Loiret. § C 'est le premier bogue électoral de la campagne 2007. Le Conseil constitutionnel reçoit depuis quelques jours de "vrais-faux" formulaires de présentation des candidats les fameux parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle. Ces formulaires non datés, réalisés en 2004 et provenant essentiellement de deux départements, ne sont pas conformes à ceux imprimés pour l'élection de 2007. Ils comprennent notamment 18 cases où l'élu doit sélectionner en quelle qualité il "parraine" le candidat, contre 20 cases dans le formulaire conforme, validé et envoyé par le Conseil constitutionnel, le jeudi 22 février, aux quelque 38 000 élus susceptibles de présenter un candidat. Ces formulaires ne pourront donc pas être comptabilisés par le Conseil constitutionnel, qui doit publier le 20 mars la liste des candidats. Le Conseil constitutionnel et quelques QG de campagne de certains candidats viennent de s'apercevoir de ces anomalies. Confirmant nos informations, le Conseil constitutionnel pense avoir identifié l'origine de ce bogue. Ces "vrais-faux" formulaires émaneraient de deux départements : la Marne et le Loiret. Au total, une trentaine d'élus du premier département et huit du second auraient, à ce jour, envoyé, en toute bonne foi, de mauvais formulaires qui leur ont été adressés, par erreur, par les deux préfectures concernées. DES ERREURS QUI POURRAIENT ÊTRE LOURDES DE CONSÉQUENCES Malgré les recommandations du Conseil constitutionnel de détruire tous les stocks de formulaires inutilisés, ces deux préfectures ont puisé dans leur stock pour les envoyer aux élus. Depuis le début de la semaine, le Conseil constitutionnel a discrètement demandé à ces deux préfectures de prévenir l'ensemble des élus de leurs départements de cette méprise et d'acheminer au plus vite de nouveaux formulaires. En attendant, les élus sont priés de s'abstenir d'envoyer les formulaires au Conseil, et ceux qui l'ont déjà fait sont invités à les renvoyer plus tard. Ces erreurs pourraient être lourdes de conséquences. D'abord, parce que, dans ces deux départements, la procédure de collecte va être de facto réduite de quelques jours. Ensuite, parce que ces deux départements ruraux sont traditionnellement un réservoir important de voix pour les petits candidats. Plusieurs de ces derniers, à qui il pourrait manquer quelques parrains pour atteindre le seuil des 500 signatures, pourraient donc se prévaloir de ces deux arguments auprès du juge pour faire invalider la procédure. Ce bogue survient à deux jours de l'arrivée du nouveau président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré. Or le Conseil, qui a organisé la procédure d'envoi des formulaires, sera aussi, in fine, le juge de la procédure des parrainages. Pour ne pas être accusé d'être à la fois juge et partie, Jean-Louis Debré va devoir marcher sur des ufs. § Encalminé dans les sondages, Philippe de Villiers, candidat à la présidentielle et président du conseil général de la Vendée, se serait passé du procès du directeur de la maison d'Ariane, qui s'est ouvert, mardi 27 février, devant les assises de Vendée. § E ncalminé dans les sondages, Philippe de Villiers, candidat à la présidentielle et président du conseil général de la Vendée, se serait passé du procès du directeur de la maison d'Ariane, qui s'est ouvert, mardi 27 février, devant les assises de Vendée. Le directeur de ce centre d'accueil de femmes enceintes, Jean-Pierre Baudry, 63 ans, est poursuivi pour "viols", "agressions sexuelles" et "harcèlements" sur neuf salariées et pensionnaires. L'affaire éclate le 28 janvier 2005, par la plainte d'une jeune femme. Le directeur du centre, en contrepartie d'un emploi de veilleuse de nuit, aurait exigé de la candidate des faveurs sexuelles. L'enquête mettra au jour d'autres faits, que M. Baudry "conteste en bloc", selon son avocat, Me Armand Bâ. Derrière ce procès se profile une autre bataille, politique celle-là, entre partisans et opposants à la loi Veil sur l'avortement. C'est le 28 octobre 1994 que Philippe de Villiers annonce la création de la maison d'Ariane, deux jours après l'irruption d'un commando anti-avortement à l'hôpital de La Roche-sur-Yon. Ce commando, emmené par Xavier Dor, chef de file des anti-IVG, est venu "prier sur le lieu de crimes, dans les avortoirs", et se dit "très proche de Philippe de Villiers et du Front national". "HUMILIATIONS" Financée par le département, la gestion du centre est confiée à l'Association vendéenne pour l'accueil de la vie et la promotion de la famille. Sa mission : "Promouvoir une culture de vie reposant sur la conviction que la vie est sacrée et inviolable, de la conception jusqu'à la mort naturelle." En d'autres termes, offrir une alternative à l'avortement. Mais pour les adversaires de cette structure, elle sert surtout de "vitrine légale" à M. de Villiers, dans sa croisade anti-avortement. La CFDT parle même de "courants intégristes" autour de ce foyer. En 2000, le procureur de la République est saisi d'une plainte. Des "mauvais traitements" et "un climat quotidien oppressant (...), du harcèlement, des humiliations" sont évoqués. L'affaire sera classée, avant qu'une enquête, diligentée par la direction départementale des affaires sanitaires et sociales, ne se fasse, à son tour, l'écho de dysfonctionnements. Le directeur en place est alors discrètement écarté. Et, en juin 2002, Jean-Pierre Baudry lui succède. Il restera en poste jusqu'à sa mise en examen. Pour Véronique Besse, députée (MPF) et conseillère générale chargée de la solidarité et de la famille, "tout ceci est un fâcheux concours de circonstances". § Dans son livre, à paraître jeudi 1er mars, intitulé Candidat rebelle (Hachette, 13 euros), José Bové se présente non plus comme un résistant à la mondialisation libérale mais en acteur du mouvement social qui entend "prendre ses responsabilités en acceptant les risques du pouvoir". § D ans son livre, à paraître jeudi 1er mars, intitulé Candidat rebelle (Hachette, 13 euros), José Bové se présente non plus comme un résistant à la mondialisation libérale mais en acteur du mouvement social qui entend "prendre ses responsabilités en acceptant les risques du pouvoir". "Je veux". C'est par ces mots, scandés à plusieurs reprises, que le candidat altermondialiste explique sa nouvelle posture. "Je veux être utile pour battre la droite et l'extrême droite", "je veux être utile pour refonder l'espoir d'une alternative à gauche", mais, ajoute-t-il, son programme "n'est pas celui de Ségolène Royal". Il veut faire partager aux Français sa conviction que "le changement véritable de leur vie quotidienne est une affaire de volonté et de confiance" dans la possibilité de "s'attaquer aux forteresses économiques libérales". A ses yeux, la campagne socialiste ne parviendra pas à remobiliser les "oubliés de la mondialisation libérale" - chômeurs, RMistes, travailleurs précaires et surendettés, discriminés - parce que préférant s'intéresser aux classes moyennes, la gauche est devenue "incapable d'améliorer concrètement et durablement la vie quotidienne des classes populaires", écrit M. Bové. L'analyse s'appuie sur l'objectif qu'il croit être celui du Parti socialiste : "Conquérir le pouvoir pour atténuer les dégâts sociaux d'un système économique particulièrement violent", une perspective qui n'est plus à même de répondre aux "urgences sociales". Et ni le slogan d'un "ordre juste" de Ségolène Royal ni sa méthode participative n'y changeront rien. Le premier parce qu'il n'est pas "un principe de gauche". La seconde car la démocratie citoyenne, sans "pouvoir de décision", ne saurait être qu'"une méthode habile de gestion du pouvoir". Lui imagine des institutions qui "organisent pour les citoyens le contrôle et l'exercice du pouvoir". "J'ai drôlement changé !", assure-t-il. Il n'entend plus simplement porter un programme mais "le cas échéant" le mettre en oeuvre. L'ouvrage se veut ainsi une réponse aux rumeurs de retrait. "Hors de question de renoncer ! Je ne fais pas un coup politique mais je compte bien aller jusqu'au bout", a-t-il précisé au Monde, lundi 26 février. Malgré les appels du pied de Ségolène Royal qui, le matin même sur France Inter, expliquait que, si des candidats comme José Bové ou Dominique Voynet souhaitaient la rejoindre dés le premier tour, "ce ne sera pas quelque chose qui pourrait leur être reproché". "En même temps, ils ont leur liberté et la possibilité d'être candidats", ajoutait-elle. José Bové, avec 358 promesses de parrainages annoncés, veut faire savoir qu'il entend les garder. § E mpoignades pour le moment virtuelles (sur les forums) à la gauche du PS, et plus particulièrement chez les soutiens de José Bové, au sujet des parrainages. § E mpoignades pour le moment virtuelles (sur les forums) à la gauche du PS, et plus particulièrement chez les soutiens de José Bové, au sujet des parrainages. Dans leurs échanges électroniques, les partisans du leader altermondialiste se divisent désormais entre "pro" et "anti" braconnage. Certains aficionados de M. Bové sont en effet allés démarcher des maires qui avaient promis leur signature à Olivier Besancenot, le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Ces démarcheurs se félicitent d'avoir obtenu des élus ainsi visités qu'ils modifient leur promesse de parrainage en faveur de l'ex-syndicaliste paysan et au détriment du candidat trotskiste. Ils énumérent au passage quelques exemples de ces "prises de guerre". La ressource "parrainage" est rare et précieuse à la gauche de la gauche. Elle l'est d'autant plus que le PS ne manifeste pas l'intention de lever la consigne demandant à ses élus de réserver leurs signatures à Mme Royal. Ni M. Besancenot, ni M. Bové ne sont assurés d'obtenir les 500 signatures nécessaire à la validation de leur candidature. Doivent-ils se ravir les parrainages entre eux ? La querelle éthique fait rage chez les partisans de M. Bové. "Pas loyal", estiment les uns, pour qui cela n'est pas "faire de la politique autrement". "Je trouve totalement inadmissible que nous puissions tenter de faire changer d'avis des élus qui ont fait une promesse à la gauche de la gauche alors que nous essayons de faire passer l'idée que Bové n'est pas une candidature supplémentaire, une candidature qui divise (...) Nous allons nous bouffer entre nous", s'émeut un intervenant qui réclame un positionnement clair des collectifs Bové sur la question. "C'est justifié", répondent d'autres qui dénoncent "la logique boutiquière de la LCR" et expliquent leur volonté de "sanctionner ainsi les logiques d'appareil". "Il est normal de prendre les parrainages de Besancenot. La faiblesse politique de sa candidature réside dans la duplicité de la LCR", indique un membre du comité de soutien. Selon les comptages des pro-Bové, une dizaine de maires auraient été ainsi "chipés" par leur champion. La LCR, elle, minimise officiellement le phénomène sans le démentir mais en s'apppliquant à le circonscrire dans une localisation qui concernerait surtout le Languedoc-Roussillon. § La polémique sur le chiffrage des programmes des candidats à la présidentielle repart avec la rédaction d'un "manifeste contre une démagogie en rase campagne" publié par Jean-Paul Fitoussi et Xavier Timbeau. § L a polémique sur le chiffrage des programmes des candidats à la présidentielle repart avec la rédaction d'un "manifeste contre une démagogie en rase campagne" publié par Jean-Paul Fitoussi, président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), et Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de ce centre de recherche de la Fondation nationale de sciences politiques. Ce texte met en cause la démarche et la méthode de l'Institut de l'entreprise pour évaluer le coût des programmes des candidats. Depuis le début de la campagne, ce cercle de réflexion présidé par Michel Pébereau, président du conseil d'administration de BNP-Paribas, s'est attaché à chiffrer et à corriger le montant des propositions des candidats, en particulier de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal. Les économistes de l'OFCE contestent le terme même de "chiffrage" qui laisse entendre "qu'une arithmétique des programmes politiques est possible et que, parce qu'il s'agit d'argent public, le moins coûteux d'entre eux serait le plus efficace. Une telle perspective est trompeuse...", affirment MM. Fitoussi et Timbeau. A une démarche qualifiée "d'enfermement comptable", ils estiment préférable "d'évaluer un programme présidentiel à l'impulsion dynamique qu'il entend donner à l'économie et à la société plutôt qu'à la mécanique budgétaire sur laquelle il s'appuiera". Et ils ajoutent : ""Combien ça coûte" est le slogan de programmes télévisés distrayants. Ce n'est pas une méthode pour savoir si les options qui nous sont proposées sont à la hauteur des enjeux." Le directeur de l'Institut de l'entreprise, Jean-Pierre Boisivon, s'est déclaré "stupéfait" par ces reproches. "Le chiffrage ne s'oppose pas à l'évaluation économique, il se complète. Les mesures proposées ont un coût. Les seules imprécisions sont celles des candidats. Notre démarche n'a d'autre objectif que de les obliger à être plus précis. La pire des menaces, ajoute-t-il, serait de se retrouver dans l'absence de débat." § A l'UMP, il n'y a pas, comme au PS, d'"éléphants". On parle de "poids lourds", de "personnalités", depuis que les "barons" ne sont plus. Mais le résultat est le même. § A l'UMP, il n'y a pas, comme au PS, d'"éléphants". On parle de "poids lourds", de "personnalités", depuis que les "barons" ne sont plus. Mais le résultat est le même. Nicolas Sarkozy doit feindre de les associer à sa réflexion, les ménager pour ne pas qu'ils se répandent en propos fielleux, les montrer sans risquer de mettre à mal son image d'homme de la rupture. "Si je ne les associais pas, ça donnerait une image de sectarisme. Quelle serait alors la crédibilité de l'ouverture politique que je propose ?", explique le candidat avec un rien de cynisme. Démonstration, jeudi 1er mars, à Bordeaux. Ce jour-là, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin partageront la tribune du candidat. Et tant pis si la photo de famille relativise les critiques de l'UMP raillant à qui mieux mieux le retour de Lionel Jospin, comparé à un "retour vers le passé". "Mais Nicolas ne varie pas sa ligne de campagne en fonction de la réflexion des uns et des autres", s'empresse de préciser François Fillon. Pour amadouer un "poids lourd", rien de tel que de le flatter et de lui prouver qu'il est indispensable en lui commandant force notes et études. M. Raffarin revendique "un coup de fil par jour" avec le candidat, "plusieurs SMS" quotidiens et un "tête-à-tête par semaine". De toutes les personnalités de l'UMP, l'ancien premier ministre, qui brigue la présidence de l'UMP, se montre le plus actif avec "quarante départements visités". Vient ensuite Michèle Alliot-Marie qui, lorsqu'elle présidait le RPR (2000-2002), déclarait : "Amadouer les éléphants ? Facile, il faut les caresser sous la trompe." Ayant rejoint le troupeau, la ministre de la défense a dîné, au terme du match de rugby France-Pays de Galles, samedi 24 février, en compagnie de M. Sarkozy et de Philippe Douste-Blazy. En privé, M. Sarkozy ne se montre pourtant pas convaincu de l'apport de ces deux personnalités à sa campagne. LES FAIRE VIVRE ENSEMBLE M. Juppé, qui se consacre à la rédaction d'un nouveau livre, est moins présent. M. Sarkozy l'a invité à l'accompagner à Berlin, mais l'ancien premier ministre a mal supporté de jouer les faire-valoir. M. Balladur est pour l'instant le plus discret. Après les avoir flattés, il faut les faire vivre ensemble. C'est plus difficile. Un député, Hervé Novelli, s'occupe spécialement de coordonner leurs déplacements. Depuis le 20 février, un comité politique - "monté en quarante-huit heures", confie-t-on à l'UMP - s'est mis en place avec pour vocation de les accueillir, avec une quarantaine de d'élus. Mais l'idée de créer une instance spécifique à leur usage a été abandonnée. Pour trois raisons au moins : M. Sarkozy ne souhaitait pas leur donner un trop beau rôle, Ségolène Royal leur a chipé l'idée et il est difficile de faire nager des crocodiles dans le même marigot : "Il vaut mieux un bilatéral approfondi qu'un multilatéral confus", explique M. Raffarin. Manque encore quelques figures dans cette galerie de portraits. Dominique de Villepin se réfugie derrière la position de Jacques Chirac pour décider de sa participation à la campagne. Et Jean-Louis Borloo se fait attendre, persuadé que son soutien aura d'autant plus de poids que M. Sarkozy sera affaibli. Qu'importe, au QG de campagne, on compte sur l'appui "actif", à partir de mars, de Valéry Giscard d'Estaing et de Simone Veil. § Le candidat UMP tient une conférence de presse, mercredi, sur l'international. Le chef de l'Etat pourrait s'exprimer sur son propre avenir autour du conseil européen des 8 et 9 mars. § L es calendriers de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy sont "décalés, pas opposés", avait assuré le ministre chiraquien François Baroin. Ils ont dû cependant être ajustés. Le candidat de l'UMP, qui est à Madrid mardi, tient, mercredi 28 février, une conférence de presse sur la politique internationale. Les sarkozystes assuraient, voilà quinze jours, que celle-ci ne saurait avoir lieu avant que le chef de l'Etat ne se soit exprimé sur ses intentions. Pour ne pas empiéter trop tôt sur le "domaine réservé". Si M. Sarkozy a avancé la date de cette prestation, argumente désormais son entourage, c'est qu'il souhaite dégager une période libre pour que M. Chirac s'exprime. L'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui s'entretient régulièrement avec les deux hommes, ne voit lui non plus aucun inconvénient à la date choisie. Il estime qu'une " grande conférence de presse fait partie des exercices auxquels devra se livrer le futur président". A l'Elysée, la prudence est de mise. "Le candidat s'est déjà exprimé sur l'Europe, c'est normal dans une campagne. Le fond de ce qu'il dit importe plus que le principe d'une expression ou sa date. C'est cela que l'on regarde", note un proche de M. Chirac. On souligne aussi, dans l'entourage du chef de l'Etat, qu'il serait curieux qu'une campagne présidentielle soit centrée uniquement sur les affaires intérieures. M. Sarkozy a empiété depuis longtemps sur le fameux "domaine réservé". Dans un entretien à la revue Le meilleur des mondes, à l'automne 2006, le candidat de l'UMP contestait "l'idée qu'un homme, quelle que soit sa fonction, demeure propriétaire de cette question". Il jugeait que le premier ministre devait " soulager le président de la République d'un agenda international par définition extrêmement chargé". Connu pour son penchant atlantiste et ses prises de position en faveur d'Israël, M. Sarkozy a précisé, lundi, sur RMC, sa vision de la question iranienne, un des dossiers internationaux les plus chauds que le futur président trouvera à son entrée en fonctions. Il a reconnu l'efficacité des "sanctions économiques" contre Téhéran mais a jugé "inutile" une intervention américaine, en se refusant toutefois à la qualifier de "dangereuse". M. Chirac s'était distingué en s'opposant à la guerre d'Irak et avait fort peu apprécié que le ministre de l'intérieur juge la position de la France "arrogante" en septembre 2006, lors d'un voyage à Washington. Les relations semblent pacifiées. Jusqu'à nouvel ordre. M. Chirac pourrait s'exprimer juste avant ou juste après le conseil européen des 8 et 9 mars. Quant à la forme, " elle dépend beaucoup du fait qu'il soit candidat ou pas", glisse un collaborateur du chef de l'Etat, faisant observer que, jusqu'à présent, M. Chirac a agi de façon que tout soit réversible. Même si l'hypothèse d'un départ semble désormais certaine. Un autre chiraquien penche pour une annonce après le conseil européen, car la semaine est assez chargée, avec l'intronisation officielle de Jean-Louis Debré au Conseil constitutionnel, lundi 5 mars, et l'élection d'un nouveau président de l'Assemblée nationale, le 7. " Cette bataille du perchoir va créer une petite agitation de bocal", note un chiraquien, notamment pour indiquer ce que sera le climat pour les centristes, par la suite. Car voilà ce qui intéresse beaucoup l'Elysée : la percée de François Bayrou, au détriment de M. Sarkozy. § Les candidats à l'élection présidentielle commencent à s'emparer du plan social d'Airbus. Marie-George Buffet et Ségolène Royal demandent une suspension du plan, alors que Nicolas Sarkozy estime qu'il s'agit d'un problème d'actionnariat. § N icolas Sarkozy a refusé de commenter, mercredi 28 février, le plan de restructuration d'Airbus. "On ne peut pas dire, de l'extérieur comme ça, 'arrêtez, ça me gêne pour ma campagne'", a-t-il lancé, critiquant les propos d'"une candidate" , sans citer Ségolène Royal, dont le "programme" est selon lui "l'immobilisme". Il a estimé que les difficultés actuelles d'Airbus et d'EADS relevaient surtout d'un problème d'actionnariat. "Vous avez une entreprise qui a de grands projets industriels, donc de grands besoins de financement, et vous avez un actionnariat qui, pour des raisons multiples (...), ne souhaite pas investir davantage dans cette entreprise. Comment ça peut durablement fonctionner ?" a demandé le candidat UMP. "La question essentielle d'EADS, c'est quel actionnariat demain", a fait valoir le ministre de l'intérieur, qui a estimé que les Etats, en l'occurence la France et l'Allemagne, n'étaient pas "les actionnaires industriels les plus avisés". "J'ai l'impression de l'extérieur que tout ceci souffre, par manque de leadership, d'un opérateur industriel qui serait actionnaire de l'ensemble", a-t-il ajouté. " § Lors d'une conférence de presse sur les questions internationales, le candidat UMP a notamment évoqué les relations avec les Etats-Unis et jugé l'offensive israélienne au Liban de cet été "disproportionnée". § "L a première urgence de notre politique internationale, c'est de résoudre la crise institutionnelle européenne ouverte par le 'non' néerlandais et le 'non' français" au printemps 2005, a déclaré Nicolas Sarkozy, le candidat de l'UMP à la présidentielle, lors d'une conférence de presse consacrée à son programme de politique internationale, mercredi 28 février. "Si je suis élu président de la République, je proposerai à nos partenaires européens un traité simplifié. (...) Il n'aura pas pour but de refondre l'Europe politique, il aura pour but que les institutions européennes se remettent à fonctionner", a-t-il réaffirmé, soulignant qu'il n'y avait "aucun intérêt à laisser perdurer une crise européenne". § L'intégralité du débat avec le directeur du Cevipof, sur le poids du vote Le Pen, mercredi 28 février à 15 heures. § P ascal Perrineau est directeur du Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po. Marcolo : Comme plusieurs de mes amis, je voterai Le Pen en 2007 et comme eux, je ne le crie pas sur les toits. Sachant que si j'étais sondé, je dirais que je vote Sarkozy ou Royal ou Bayrou, ce qui n'est pas foulant, êtes-vous bien certain de mesurer l'actuel poids du vote FN ? Pascal Perrineau : Le vote FN est un des votes les plus difficiles à évaluer par les sondeurs. Pourquoi ? Parce qu'il fait l'objet d'un tel rejet dans l'opinion publique que certains électeurs n'osent avouer leur intention de voter pour le patron du Front national. Une telle sous-estimation a déjà existé dans le passé en ce qui concerne le vote communiste dans les années 1950, 1960 et 1970. Les sondeurs sont alors obligés de "redresser" les résultats bruts afin de tenter d'évaluer le niveau réel atteint par Jean-Marie Le Pen. Les clés de redressement peuvent varier d'un institut de sondage à l'autre. Cela peut expliquer la variabilité des résultats de Jean-Marie Le Pen. Ces redressements sont parfois sous-estimés. Ce fut le cas en 2002, où quelques jours avant le premier tour, aucun institut n'envisageait la deuxième place de Jean-Marie Le Pen. fx : Quels sont les "ajustements" qui sont faits par les instituts de sondage pour corriger le manque de transparence de l'électorat de Le Pen (qui refuse de le dire lors des sondages) ? Ces ajustements sont-ils fiables? Ont-ils évolué depuis la présidentielle de 2002 ? Pascal Perrineau : Chaque institut de sondage garde une certaine confidentialité sur les clés de redressement. Seule la Commission des sondages connaît de manière précise les procédures mises en uvre par les instituts pour redresser les intentions de vote. Ces redressements ont une certaine fiabilité, mais il reste que le vote Le Pen est aujourd'hui, de tous les votes, le plus difficile à estimer. Depuis 2002, certains instituts sont particulièrement attentifs à la bonne représentation dans les échantillons des électeurs de faible niveau d'études. On sait en effet que cet électorat qui est en bas de la hiérarchie des diplômes a tendance à soutenir davantage Jean-Marie Le Pen que les autres catégories. Leur sous-représentation au sein d'échantillons de sondés accentue la sous-évaluation des intentions de vote en faveur du président du Front national. Les différents critères qui peuvent servir au redressement sont, entre autres, les votes aux élections précédentes, l'accord avec les idées de Jean-Marie Le Pen... Mazza : Y a-t-il une possibilité que le Front National se retrouve de nouveau au second tour, liée aux sondages, qui peuvent laisser croire à tort que M. Le Pen n'est plus une menace ? Le corollaire de cette question est : la donne elle-est similaire à celle de 2002, nous imposant de "voter utile", ou a-t-elle changé car de nouveaux facteurs sont à prendre en compte ? Pascal Perrineau : Il y a par rapport à 2002 à la fois des éléments de permanence et des éléments de nouveauté. Les éléments de permanence sont : l'ampleur de la crise économique et sociale, l'approfondissement de la crise de la représentation politique et les inquiétudes identitaires quant à la place de la France en Europe. Il y a là, en 2007 comme en 2002, trois ressorts importants du vote Le Pen. Cependant, par rapport à 2002, il y a des éléments nouveaux. Le haut niveau, pour l'instant, des deux candidats des grands partis de gouvernement, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, qui sont sensiblement plus haut à deux mois de l'élection présidentielle que ne l'étaient Jacques Chirac et Lionel Jospin en 2002. Autre élément de nouveauté, la concurrence électorale vive entre Jean-Marie Le Pen et Nicolas Sarkozy dans certains segments particulièrement populaires de l'électorat. Une partie significative d'électeurs qui avaient voté Le Pen en 2002 s'interrogent aujourd'hui et hésitent entre un nouveau vote Le Pen et un vote en faveur du président de l'UMP. Enfin, le candidat du Front national est un des candidats les plus âgés et il incarne peut-être moins bien la contestation et la protestation véhémentes qu'en 2002. Savonarole : On peut affirmer sans trop se tromper qu'au premier tour, Nicolas Sarkozy va mordre en partie sur l'électorat de M. Le Pen. Mécaniquement, cela ne condamne-t-il pas de fait l'éventualité d'un score élevé du candidat FN ? Pascal Perrineau : Selon la troisième vague du baromètre politique français (décembre 2006), seuls 59 % des électeurs de Le Pen en 2002 s'apprêtaient à revoter en faveur du président du FN en 2007. 28 % préféraient à ce stade de la campagne porter leur suffrage sur Nicolas Sarkozy. On voit donc bien que la droite, confrontée depuis vingt-cinq ans à la question du Front national, semble avoir trouvé pour la première fois un candidat, Nicolas Sarkozy, qui sème le trouble au sein de l'électorat du Front national et paraît capable d'engager un processus de reconquête. Cependant, nous sommes à deux mois de l'élection présidentielle, et l'on sait que la dynamique Le Pen est toujours une dynamique de fin de campagne. Aujourd'hui, seul un électeur sur deux est sûr de son vote. Cela montre la marge de manuvre et de reclassement qui existe dans l'électorat. Bleck : Dans quelle mesure la montée en puissance du vote en faveur de Bayrou, qui mord sur l'UMP et sur le PS, augmente-t-il les chances de Le Pen d'accéder au second tour ? Pascal Perrineau : Pour l'instant, la poussée des intentions de vote en faveur de François Bayrou rend plus difficile la possibilité pour Jean-Marie Le Pen de perturber le jeu présidentiel, comme il l'avait fait en 2002. Les clientèles électorales de François Bayrou et de Jean-Marie Le Pen sont sociologiquement et politiquement très différentes. § Le nombre de demandeurs d'emploi a légèrement augmenté après une baisse de 1 % en un an. Le ministère met en avant 243 000 créations nettes en 2006. § L e ministre de l'emploi et de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, aurait préféré s'approprier les bons résultats de la baisse du chômage en France jusqu'au terme de son action à la tête du ministère de l'emploi et de la cohésion sociale. Las, le mouvement de diminution quasiment ininterrompu depuis février 2005 a subi un coup d'arrêt à la fin du mois de janvier 2007. Et cette évolution devrait contribuer à animer les polémiques sur la réalité de la situation de l'emploi et le bilan du gouvernement durant la campagne présidentielle. Moins d'un chômeur sur deux serait indemnisé Selon le collectif Les Autres chiffres du chômage (ACDC), seuls 47,5 % des chômeurs toutes catégories confondues étaient indemnisés par l'assurance-chômage en 2006, contre 54 % en novembre 2003. "Ce taux serait encore plus bas si l'on comptabilisait les chômeurs qui ne s'inscrivent pas à l'ANPE", ajoute-t-il, citant des chiffres de l'Unedic. "Il serait normal que tous les chômeurs qui ont cotisé soient indemnisés. Or ce n'est pas le cas", a expliqué Pierre Concialdi, du Réseau d'alerte sur les inégalités, membre de ce collectif d'associations et de syndicats. Cette évolution est liée aux modifications du régime de l'assurance chômage : "Depuis 1979, pas moins de six réformes ont progressivement réduit les droits à indemnisation, et le RMI sert de plus en plus de voiture-balai", rapporte ACDC, pour qui l'indemnisation moyenne d'un demandeur d'emploi par les Assedic reste "faible, environ 80 % du smic". Le ministère de l'emploi réfute ces accusations, considérant que l'indemnisation résulte des accords entre partenaires sociaux de l'Unedic. Il estime que le nombre de chômeurs indemnisés est même en augmentation ces derniers mois. Selon les chiffres fournis, mardi 27 février, par le ministère, le nombre de demandeurs de catégorie 1, soit à la recherche d'un emploi à temps plein, a légèrement augmenté pour atteindre 2 093 000 personnes (+ 1 200) par rapport au mois de décembre 2006. Selon les normes du bureau international du travail (BIT), le chiffre reste quasiment stable avec 2 353 000 demandeurs d'emplois, soit un taux de chômage de 8,6 %, identique sur le mois mais en baisse de 1 % sur un an. La baisse reste néanmoins perceptible parmi les jeunes de moins de 25 ans (- 0,9 %) dont le taux de chômage atteint 21, 7 %, ainsi que chez les plus âgés (- 0,3 %) et les chômeurs de longue durée (- 2,4 %). M. Borloo a bien tenté de minimiser l'impact de cette pause. Selon lui, le mois de janvier n'est guère favorable puisqu'il enregistre les fins de contrats de l'année écoulée. Depuis la fin décembre, le nombre d'entrées à l'ANPE a effectivement augmenté à la suite des licenciements économiques ou non, des fins de contrats à durée déterminée (CDD) et de missions d'intérim. Au total, ce sont 49 300 salariés qui se sont inscrits à l'ANPE en janvier. En revanche, l'organisme public a enregistré un peu plus de 25 % de reprises d'emplois (+ 24 000). Il a aussi procédé à 7 500 radiations supplémentaires en janvier parmi 144 000 absences au contrôle et 39 000 pour raison administrative. Quant au nombre d'offres déposées à l'ANPE, il est en progression de 5 % sur un an. Le ministre de l'emploi continue de croire à l'efficacité des mesures de son plan de cohésion sociale. "La mécanique est lancée", a-t-il indiqué en insistant à nouveau sur la baisse du taux de chômage passé de 10,1 % en février 2005 à 8,6 % en janvier 2007, soit 380 000 chômeurs de moins. Outre les mesures sociales de contrats aidés et en faveur de l'apprentissage, la reprise serait aussi perceptible dans les secteurs du transport dont le nombre d'offres est en progression de 7,9 % et surtout des services à la personne (+ 21,3 %). Alors que se profilent des plans massifs de suppressions d'emploi dans l'industrie, notamment chez Airbus et Alcatel-Lucent, les métiers du tertiaire et de l'administration ont de nouveau progressé. Au total, souligne le ministère, la baisse du chômage résulte pour partie "d'une augmentation significative des créations nettes d'emplois qui ont augmenté de 243 000 en 2006 contre 149 000 en 2005". Mis en cause par le collectif Les autres chiffres du chômage, qui l'accuse de minimiser le nombre réel des demandeurs d'emplois (Le Monde du 26 janvier), le directeur de l'Insee, Jean-Michel Charpin, a néanmoins tempéré toute appréciation hâtive. Dans une lettre adressée lundi 26 février dans une lettre au collectif, il a de nouveau insisté sur le caractère "provisoire" de l'estimation du taux de chômage dont la révision définitive a été reportée du mois de mars à l'automne "sur la base de considérations techniques et en toute indépendance". § Pour résoudre la crise du chômage, assure le candidat de l'UDF, il suffirait donc d'inciter les 2,7 millions d'entreprises en France à créer un ou deux emplois supplémentaires à temps plein exonérés partiellement de charges sociales pendant cinq ans. § L a proposition figurait déjà dans son programme présidentiel de 2002 ; François Bayrou l'a ressortie en l'actualisant. Pour résoudre la crise du chômage, "retrouver le dynamisme et favoriser les créations de postes pour les plus jeunes et les plus âgés", assure le candidat de l'UDF, il suffirait donc d'inciter les 2,7 millions d'entreprises en France - dont 1,5 million n'ont aucun salarié et 1 million de un à neuf salariés - à créer un ou deux emplois supplémentaires à temps plein exonérés partiellement de charges sociales pendant cinq ans. Pour un coût net évalué entre 3,3 milliards d'euros et 4,3 milliards d'euros, 87 500 emplois supplémentaires par an pourraient être créés, soit 350 000 d'ici à 2013. Pour éviter toute forme de discrimination, la mesure concernerait toutes les entreprises quelle que soit leur taille, leur activité, le type d'emploi ou de niveau de rémunération proposé, à condition qu'il s'agisse d'un contrat à durée indéterminée. Seule restriction, elle ne s'appliquerait que sur des salaires de moins de 5 000 euros. L'Etat prendrait alors à sa charge toutes les cotisations sociales, patronales et salariales, à l'exception des 9,9 % consacrés au financement des retraites de base et des 5,5 % du régime complémentaire. Au total, le coût du travail serait allégé d'environ 20 %. Pour M. Bayrou, "la mesure serait de nature symbolique pour les grands groupes, mais pourrait représenter une aide déterminante pour une petite ou une moyenne entreprise". Cette politique d'allégement de charges a été chiffrée par Charles de Courson, député (UDF) de la Marne, et par l'économiste Christian Saint-Etienne. Sur la base d'un taux de croissance de 2 % par an, ils ont évalué à 3 744 euros par emploi créé le montant de cette mesure calculée à partir d'un salaire moyen de 1,3 smic dans le secteur privé, soit 19 500 euros annuels. Le coût brut de la proposition, qui peut varier de 7,4 milliards d'euros à 8,4 milliards d'euros selon le nombre d'emplois concernés, serait compensé par les économies et les recettes supplémentaires réalisées tant sur la réduction des prestations de chômage, le surplus de consommation, de cotisation aux Assedic, à la CSG, à la CRDS, voire d'impôt sur le revenu créé par le retour d'activité. RÉSERVES DES INTÉRESSÉS Ces différentes hypothèses budgétaires devraient être vérifiées par l'Institut de l'entreprise, le club de réflexion présidé par Michel Pébereau, président de BNP-Paribas, qui annonce une évaluation du programme de François Bayrou d'ici à la fin de la semaine. Principale cible de la proposition du candidat de l'UDF, les petites et moyennes entreprises ainsi que les artisans et commerçants ne sont pas restées insensibles. Mais l'idée suscite des réserves. La CGPME s'inquiète du caractère temporaire de cette initiative. L'Union professionnelle artisanale (UPA) regrette que l'absence de réforme de l'assiette des cotisations sociales et du système de financement de la protection sociale. Les deux organisations semblent craindre également que cette formule ne se substitue aux allégements de charge actuels qui s'appliquent jusqu'à 1,6 fois le smic, soit à la moitié des salariés. S'inspirant d'un rapport de la Cour des comptes, M. de Courson suggère de revoir la politique d'exonérations de charges consenties par l'Etat. Selon lui, ces subventions devraient être réorientées et ne pas dépasser le seuil de 1,3 smic. Sans nier les conséquences financières de la proposition du candidat Bayrou, l'UPA tend aussi à la relativiser dans les secteurs qui, à l'image du bâtiment ou de la restauration, ont du mal à recruter, faute de main d'oeuvre qualifiée. § L'envolée de François Bayrou dans les sondages se traduit sur le terrain, dans le Rhône. § L 'envolée de François Bayrou dans les sondages se traduit sur le terrain, dans le Rhône. La fédération UDF enregistre une vague d'adhésions sans précédent : 200 nouveaux adhérents depuis janvier, 400 depuis septembre 2006. Le nombre de militants centristes, qui sont désormais 1 200 à jour de cotisation, a presque doublé en quelques mois. C'est peu, comparé aux 9 191 militants revendiqués par l'UMP dans le département, mais beaucoup pour l'UDF, qui ne s'est jamais revendiqué un parti de masse. "Je n'ai pas souvenir d'un tel mouvement spontané", commente le patron de l'UDF du Rhône, Michel Mercier, qui est également le trésorier de campagne de M. Bayrou. Selon le sénateur, des "pics" d'adhésions et de propositions de dons seraient même enregistrés après chaque prestation télévisée ou grand meeting du candidat. Mardi 28 février, la fédération rhodanienne, réunie autour de ses parlementaires, avait réservé à ses nouvelles recrues une soirée d'accueil à l'Embarcadère, une salle des bords de Saône, à Lyon. Environ deux cents personnes, beaucoup de jeunes et de quadragénaires, ont répondu à l'invitation, impatients d'expliquer publiquement les raisons de leur ralliement. "IL PASSERA DEVANT LES AUTRES !" Europe, éducation, valeurs, les nouveaux adhérents de l'UDF, qui se présentaient en donnant leur prénom, ont salué la "vision du candidat" et son "réalisme". "Bayrou ne promet pas des cadeaux de têtes de gondole et des bons d'achats gratis comme le font les autres candidats", a expliqué un Lyonnais. "Je cherchais un compromis, parce qu'à chaque fois que la droite ou la gauche entreprennent une réforme les Français descendent dans la rue", a lancé un nouveau militant de Vaulx-en-Velin. "Il est le seul capable de relever les défis majeurs auxquels la France est confrontée, le seul capable de fédérer les Français pour résoudre des problèmes trop sérieux pour être traités de manière partisane", a affirmé Christian. Cet homme d'une quarantaine d'années est venu de la droite, "sans complexe et sans états d'âme". Ces membres devraient désormais être mis en contact avec les délégués cantonaux, 53 dans le Rhône, 4 200 dans toute la France, désignés pour relayer sur le terrain la campagne de M. Bayrou et tenir au moins une réunion publique par canton. Pour les stimuler, M. Mercier leur a livré le dernier sondage IFOP, à paraître dans Paris Match, qui crédite M. Bayrou de 19 % des voix au premier tour. "19 %, c'est une source de jouvence et d'enthousiasme pour aller plus loin. Il faut le transformer en 22 %, 23 %, 24 %, pour être présent au second tour", a-t-il harangué. "A partir du 19 mars, il passera devant les autres !", a assuré un militant lyonnais, qui a confié avoir démarré son action militante sur les forums Internet. En sortant de l'Embarcadère, les recrues semblaient ne pas douter de la qualification de leur nouveau champion. § La candidate socialiste a signé, mardi 27 février, le "contrat social et citoyen" du collectif AC-Le feu, avant que François Hollande tienne meeting à Argenteuil. § I nvestir la banlieue, où le ministre de l'intérieur et président de l'UMP est persona non grata : tel est l'objectif que se sont assignés, mardi 27 février, Ségolène Royal et François Hollande. Pour rendre leur présence plus efficace - et donc l'absence de Nicolas Sarkozy plus visible -, la candidate et le premier secrétaire du PS se sont partagé les lieux (deux villes emblématiques des événements de l'automne 2005), ainsi que les rôles. Accueillie à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) aux cris de "Ségolène présidente !", Mme Royal s'est une nouvelle fois gardée de toute polémique avec son adversaire de l'UMP, qu'elle n'a pas cité une seule fois, privilégiant le dialogue avec les habitants et les associations afin de ne pas brouiller l'image donnée par sa méthode "participative". Après avoir déposé une gerbe de fleurs blanches au pied de la stèle érigée à la mémoire des deux adolescents dont la mort avait déclenché la vague d'émeutes de novembre 2005, la candidate a rencontré des femmes au siège d'une association d'entraide scolaire. Mme Royal s'est ensuite rendue à la Maison de la jeunesse, pour parapher le "contrat social et citoyen" que le collectif AC-Le feu a rédigé sur la base des cahiers de doléances compilés après les violences urbaines. Première des candidats à l'élection présidentielle à signer ce document, Mme Royal a écarté une trentaine des 105 propositions qu'il contient ; façon de traduire la crédibilité de son engagement. Loin du discours martial qu'elle avait tenu dans la ville voisine de Bondy, le 31 mai 2006, où elle avait présenté une série de mesures destinées à "recadrer" les jeunes délinquants et à "remettre au carré" les familles, la candidate socialiste s'est attachée à valoriser son auditoire. Manière de se démarquer implicitement, là encore, de son adversaire de l'UMP. "Rien ne peut se faire sans vous. Vous faites partie intégrante de la nation. On a besoin de vous, on a besoin de vos talents", a lancé la candidate, en assurant que son "grand chantier présidentiel sera la réussite des quartiers populaires". "Vous n'êtes pas un problème, vous êtes au contraire une partie de la solution à nos problèmes", a insisté Mme Royal. Souhaitant que "l'énergie des jeunes des quartiers, l'inventivité, la créativité, l'envie d'avancer, constituent un élément fort de la relance de la croissance économique", la candidate a cité en exemple le "beau tailleur rose" qu'un habitant de Clichy lui avait offert dans la matinée : "C'est formidable de créer comme ça une activité !" Entourée d'une nuée de cameramen et de photographes, Mme Royal est repartie en croisant - sans même le voir - Olivier Besancenot. Un brin agacé, le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire a dû attendre plusieurs minutes que la foule se disperse avant d'aller signer à son tour le contrat d'AC-Le feu. Le président de ce collectif, Mohammed Mechmache, a précisé que José Bové et Marie-George Buffet feraient de même dans les prochains jours. M. Mechmache a ajouté que M. Sarkozy ne serait reçu qu'après avoir "démissionné de son poste de ministre de l'Intérieur". Finalement très présent - tout au moins dans les esprits - en banlieue, M. Sarkozy a servi le discours que M. Hollande a prononcé, le soir même, lors d'un meeting à Argenteuil. "C'est un plaisir de faire campagne ici. Je plains vraiment ceux qui ne peuvent pas venir. Ils ne savent pas ce qu'ils perdent !", a lancé d'emblée le premier secrétaire du PS. Rappelant qu'il était déjà venu en septembre 2006 sur la dalle d'Argenteuil, M. Hollande a promis de revenir "autant que nécessaire". § Interrogé par Le Monde, mercredi 28 février, François Hollande n'a pas souhaité commenter les informations du Canard enchaîné concernant les conditions dans lesquelles le ministre de l'intérieur et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a acquis et aménagé son appartement de Neuilly-sur-Seine. § I nterrogé par Le Monde, mercredi 28 février, François Hollande n'a pas souhaité commenter les informations du Canard enchaîné concernant les conditions dans lesquelles le ministre de l'intérieur et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a acquis et aménagé son appartement de Neuilly-sur-Seine. "C'est à la presse de savoir ce qu'il en est. Je souhaite que la campagne se fasse sur les propositions, sur les idées, afin que les Français sachent bien quel est notre projet pour la France dans les cinq années qui viennent", affirme le premier secrétaire du Parti socialiste. "Nous ne sommes pas dans les opérations, les manoeuvres, les instrumentalisations", ajoute M. Hollande, soucieux de prévenir les accusations que pourrait lancer la droite sur ce terrain. Le premier secrétaire du PS doute, par ailleurs, qu'un bénéfice électoral puisse être engrangé à l'occasion, sauf par l'extrême droite : "Il faut faire attention. Ce type d'affaire ne profite pas au candidat concurrent dans le pacte démocratique", relève-t-il. "Dans une campagne, le pire, c'est toujours le "ni droite ni gauche" et le "tous les mêmes"", insiste M. Hollande, en rejetant par avance "tout ce qui sera de l'embrouillamini". Interrogé sur la prochaine publication, annoncée par le Canard enchaîné, d'informations concernant "les mystères de l'ISF de Ségolène et de François", M. Hollande se borne à rappeler que "Ségolène Royal avait été la première à faire connaître l'état de son patrimoine". § "Le ministre n'a pas envie de révéler dans la presse le montant de la pension alimentaire qu'il verse à sa première épouse ! C'est le seul élément qui n'a pas été publié", affirme au "Monde" Claude Guéant. § L orsqu'en janvier, Ségolène Royal publie son patrimoine et le montant de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qu'elle a acquitté avec son compagnon François Hollande, Nicolas Sarkozy fait savoir qu'il a payé en 2006 1 988 euros d'ISF, soit un patrimoine net imposable de 1 137 000 euros. Ses porte-parole indiquent que M. Sarkozy rendra public son patrimoine "dans quelques jours". Depuis, plus rien. "Le ministre n'a pas envie de révéler dans la presse le montant de la pension alimentaire qu'il verse à sa première épouse ! C'est le seul élément qui n'a pas été publié", affirme au Monde Claude Guéant, son directeur de campagne. Selon L'Express du 24 janvier, M. Sarkozy disposerait par ailleurs d'un tiers des parts du cabinet d'avocats parisien Arnaud Claude-Nicolas Sarkozy, depuis sa création en avril 2002. Toutefois, les parts de sociétés détenues à plus de 25 % et considérées comme outil professionnel n'entrent pas dans la base imposable de l'ISF. Selon L'Express, le cabinet avait réalisé 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires la première année, mais la société n'a pas, depuis, publié ses comptes. Claude Guéant s'insurge contre toute critique sur le manque de transparence. Interrogé sur les revenus de M. Sarkozy dans son cabinet d'avocats, il estime que "cela relève du patrimoine professionnel, et pas personnel". La loi oblige les candidats à la présidentielle à déclarer leur patrimoine sous pli fermé au Conseil constitutionnel, avant la fixation par ce dernier de la liste des candidats. Seul le patrimoine du candidat élu président de la République est finalement publié au Journal officiel. § Le candidat de l'UMP a dû affronter la presse à deux reprises, à Madrid mardi 27 février, pour tenter de faire pièces aux révélations du "Canard enchaîné" sur les conditions d'achat et de travaux de son appartement de Neuilly. § S 'expliquer, même s'il se dit "blessé". Le candidat de l'UMP a dû affronter la presse à deux reprises, à Madrid mardi 27 février, pour tenter de faire pièces aux révélations du Canard enchaîné sur les conditions d'achat et de travaux de son appartement de Neuilly. Ses rencontres avec José Luis Zapatero, le ministre de l'intérieur Alfredo Perez Rubalcaba et son meeting, dans la soirée devant 2 000 expatriés, sont déjà plombées. Mardi, en fin d'après-midi, ses conseillers annonçaient fièrement avoir retrouvé la trace d'un chèque de 72 000 francs pour le paiement d'un escalier reliant les deux surfaces du duplex de l'île de la Jatte, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de -Seine), et tenir le témoignage de deux copropriétaires affirmant avoir payé de leur appartement "10 % moins cher" que le prix auquel le ministre de l'intérieur à acquis le sien. Une nouvelle que le candidat est venu annoncer lui-même aux journalistes à l'issue de sa réunion publique non sans leur expliquer qu'il avait trouvé leur "prestation détestable". "Détestable ?" Qu'on en juge. Il est 16 heures quand M. Sarkozy se présente dans le parc du Retiro pour déposer une gerbe devant le monument aux victimes du 11 mars 2004. Sitôt fait, le ministre organise sa conférence de presse : "Les caméras, c'est bon ?" La première question le cueille : "Avez-vous eu connaissance d'un article du Canard enchaîné, sur les conditions avantageuses dont vous avez bénéficié pour l'achat de votre appartement et le coût des travaux ?" Réponse : "Je n'ai pas eu connaissance de cet article aimable. J'ai acheté cet appartement dans des conditions de régularité totale puisque, à l'époque, j'avais même demandé à la direction des services fiscaux des Hauts-de-Seine Nord de bien vouloir vérifier si le prix d'achat de mon appartement était conforme au prix du marché. Je conteste les allégations d'un article blessant et outrancier que par ailleurs je n'ai pas vu mais qui a pour seul objet de me salir. Voilà donc un appartement que j'ai acheté il y a 10 ans, que j'ai depuis revendu et on s'aperçoit à moins de deux mois de l'élection présidentielle qu'il y aurait un problème. Pourquoi faut-il donc qu'il y ait cette maladie si française de vouloir salir les gens par le seul fait qu'ils sont candidats à l'élection présidentielle ? J'ai exercé les fonctions de ministre des finances, de ministre de l'intérieur et je suis un homme politique un peu connu depuis quelques années. Cela fait dix ans que j'ai procédé à l'achat de cet appartement et voilà que l'on s'aperçoit tout à coup que je ne l'aurais pas acheté au bon prix et que j'aurais fait faire des travaux. C'est simplement pour salir, tout ceci est parfaitement outrancier j'aurai l'occasion de préciser ce qu'il y a à préciser de la façon la plus tranquille et la plus transparente. Mais je ne suis pas persuadé qu'il y ait beaucoup de gens qui, achetant un appartement, prennent la précaution de demander au fisc si le prix auquel ils l'ont acheté nécessite un redressement au titre des droits d'enregistrement. Je l'avais fait. Par ailleurs, je dénonce formellement des travaux somptuaires qui me sont prêtés". Question : "Vous pourriez montrer des factures ?" Réponse : "Bien sûr je le ferai." Question : "Et le prix au mètre carré auquel vous avez acheté votre appartement ?" Réponse : "Je ne suis pas devant un tribunal. Je donnerai les éléments que j'estime devoir donner et qui feront litière d'accusations outrancières, ridicules et opportunes dans le calendrier électoral." Question : "Avez-vous une idée de qui veut vous salir ?" Réponse : "Je n'ai aucune volonté de porter des accusations." Fin de la conférence de presse. En prononçant à trois reprises le verbe "salir", le candidat de l'UMP adopte la posture de "l'outragé", comme l'avait fait Alain Juppé en se disant "droit dans ses bottes" en 1995, et porte le soupçon sur une manoeuvre politique de ses adversaires. Mais c'est en avocat qu'il revient devant les journalistes quelques heures plus tard après s'être assuré que, cette fois, micros et caméras restaient éteints. Pour rendre coup pour coup. "Il n'y pas d'affaire, affirme-t-il. Je vous le prouve, je vous le démontre. Tous les journalistes d'investigation de la place de Paris enquêtent sur moi depuis 10 ans", affirme-t-il en précisant que le coût des travaux, qu'il a réglé au promoteur, s'est élevé "à 600 000 francs". Portera-t-il plainte ? "Non, je ne ferai pas comme Ségolène Royal. Les gens ne sont pas dupes. C'est si simple de dire les choses." Puis le candidat tourne les talons. Un communiqué de démenti part au même instant du QG de campagne. Mais déjà un premier SMS d'un député proche de Mme Royal a atterri sur le portable d'une journaliste : "Vous avez lu le Canard ?" § Après avoir pu consulter le dossier des RG le concernant, l'ex-directeur de Greenpeace France a dénoncé, samedi, des "tentatives de déstabilisation" de la candidate socialiste à la présidentielle. § B runo Rebelle, membre de l'équipe de campagne de la candidate socialiste à la présidentielle et ex-directeur de Greenpeace France, a dénoncé, samedi 3 février, des "tentatives de déstabilisation de l'équipe de Ségolène Royal", après avoir consulté à la Commission national de l'informatique et des libertés (Cnil) le dossier des Renseignements généraux (RG) le concernant. "Dès l'instant où il est connu publiquement que j'ai rejoint l'équipe de Ségolène Royal le 4 janvier, que les investigations se poursuivent, que dans une note du 22 janvier, les services reconnaissent que je ne suis plus en fonction dans l'organisation Greenpeace, que d'autres informations vont être communiquées à la presse le 24 janvier (jour où Le Canard Enchaîné a publié les informations sur M. Rebelle), il y a effectivement abus dans le sens où ces investigations n'auraient jamais dû avoir lieu", a-t-il argumenté. PLAINTE CONTRE X POUR ATTEINTE À L'INTIMITÉ DE LA VIE PRIVÉE "Donc, ce sont effectivement des tentatives de déstabilisation de l'équipe de Ségolène Royal", a-t-il estimé, après une heure et demie de consultation de son dossier avec son avocat Jean-Pierre Mignard et en présence de policiers des RG et de deux magistrats de la Cnil. M. Rebelle a porté plainte contre X, le 26 janvier, pour "collecte et traitement de données à caractère personnel et atteinte à l'intimité de la vie privée". Le dépôt de plainte faisait suite à la publication par Le Canard Enchaîné d'informations selon lesquelles les RG auraient enquêté sur lui à la demande du cabinet du ministre de l'intérieur et candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy. § Le candidat UMP à l'élection présidentielle s'adresse désormais aux électeurs de gauche et invite les enseignants, réputés acquis à la gauche, à relancer le système éducatif français. § N icolas Sarkozy, candidat UMP à l'élection présidentielle, s'est efforcé, vendredi 2 février lors d'une réunion publique à Maisons-Alfort, de séduire les enseignants, électorat traditionnellement acquis à la gauche. Il en a profité pour s'adresser aux électeurs de la gauche, disant que son "devoir" était de leur parler."Il y en a qui sont gênés que je m'adresse à l'électeur de gauche. Mais pour moi, avant d'être de gauche, il est de France", a lancé M. Sarkozy, devant près de 2 000 personnes. "Mon devoir, c'est de lui parler parce que la vraie gauche, la gauche de Jaurès, elle parlait des travailleurs, parce qu'elle respectait le travail. La gauche de Jospin et de Ségolène Royal parle des statuts, elle fait les 35 heures parce qu'elle ne comprend rien au travail", a-t-il ajouté. Il a mis en cause les gouvernements de gauche, en citant Léon Blum : "L'émulation scolaire c'est l'égalité vraie"."Pourquoi les socialistes ont-ils abandonné Léon Blum", a dit Nicolas Sarkozy, dont le discours était de nouveau truffé de références à des figures historiques de la gauche. L'HÉRITAGE DE MAI 68 EN LIGNE DE MIRE Il a invité les enseignant à relancer avec lui "le projet des Lumières". Professeurs et instituteurs "ne sont pas responsables" de la"faillite" du système éducatif français, a-t-il déclaré. "La plupart des enseignants font preuve d'une immense compétence et d'un très grand dévouement dans un système qui décourage toute initiative et tout effort", a-t-il ajouté. "Je n'accepte pas qu'on fasse des enseignants les boucs émissaires d'un désastre dont la politique est seule responsable." Il a imputé la "faillite" de ce système à l'esprit hérité de la révolte étudiante de mai 1968 qui a conduit, a-t-il dit, à confondre "l'élévation de chacun avec le nivellement de tous". Le résultat est un système qui ne sélectionne plus par l'excellence mais par la "capacité des parents à compenser la défaillance de l'école" et qui ne "corrige plus les inégalités mais les aggrave", a ajouté Nicolas Sarkozy. Il a énuméré les mesures qu'il promet de mettre en oeuvre et qu'il avait pour l'essentiel déjà présentées. Il s'est notamment engagé à ce que les programmes scolaires et le projet éducatif soient débattus "devant le Parlement et le pays" et s'est de nouveau déclaré en faveur de l'organisation par les établissements scolaires d'études surveillées après les cours pour les enfants dont les parents travaillent. Il a d'autre part proposé l'instauration d'une allocation familiale "dès le premier enfant", parce que le premier enfant "représente une charge très lourde pour les jeunes couples". Il a en revanche prôné des sanctions pouvant aller jusqu'à la suspension, la mise sous tutelle ou la suppression des allocations familiales pour "les familles qui ne s'occupent pas de leurs enfants mineurs, qui les laissent traner dans la rue, qui les laissent commettre des délits, qui ne respectent pas l'obligation de les scolariser". § Dans un entretien accordé au "Monde", le juge, renvoyé devant le CSM pour son comportement dans l'affaire Clearstream, se défend, met en cause Nicolas Sarkozy et estime "avoir constitué la diversion idéale". § V ous êtes renvoyé devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour votre comportement dans l'affaire Clearstream, après trente ans d'une carrière exemplaire. Comment réagissez-vous ? Cela ne me surprend pas. Je suis l'objet d'une décision politique. Elle a été programmée, orchestrée depuis le début par le pouvoir, pris dans une affaire de règlement de comptes politiciens à laquelle je n'ai jamais rien compris. J'ai constitué la diversion idéale à un moment donné. Le garde des sceaux, d'entrée de jeu, a saisi à la fois l'inspection générale des services judiciaires (IGSJ) et le premier président de la cour d'appel de Paris pour détourner l'attention. Je ne suis pas surpris quand je vois les conditions dans lesquelles le rapport de l'inspection est sorti. Il a à peine été remis que LCI a tout de suite publié des extraits choisis, à charge. J'ai déjà vécu plusieurs fois le fait d'être cloué au pilori par le pouvoir politique. Après l'affaire Boulin (le ministre du travail de Valéry Giscard d'Estaing, impliqué dans une affaire immobilière, qui s'est suicidé en 1979), j'ai été très attaqué. Dans sa lettre, Robert Boulin m'accusait d'être un juge haineux, de collusion avec le ministre de l'époque, Alain Peyrefitte, et avec l'escroc poursuivi dans l'affaire, tout en me traitant de Saint-Just. Cela a déclenché une enquête. J'ai été blanchi. Depuis, j'ai eu d'autres attaques. J'ai été bloqué dans ma carrière par Robert Badinter. Puis attaqué par Henri Emmanuelli. Je me suis toujours retrouvé dans le camp des empêcheurs de tourner en rond. C'est la quatrième attaque. En quoi consiste, selon vous, la manipulation dont vous avez été l'objet dans l'affaire de dénonciation calomnieuse Clearstream? Au départ, on me transmet des comptes qui vont s'avérer falsifiés. Des services de l'Etat sont informés. On ne m'en informe pas. J'ai démontré que les comptes étaient faux. On m'a tendu un piège que j'ai déjoué. Qui manipule qui ? Pourquoi ? Je n'en sais rien. Ce n'est pas mon problème. Mon problème, c'est de résoudre l'affaire des frégates de Taïwan, dans laquelle je cherche la trace de 500 millions de dollars de commissions, et où je me suis systématiquement heurté à des entraves, notamment au secret-défense. Vous avez désigné Nicolas Sarkozy. C'est lui qui m'a agressé à plusieurs reprises. Et c'est lui qui a médiatisé toute cette affaire. A partir de sa constitution de partie civile, en janvier 2006, les choses se sont emballées. Il a eu des propos très insidieux à mon égard, en disant, le 19 octobre 2006, sur TF1, qu'il était "victime de l'alliance entre un corbeau et un juge". Puis il a dit que la justice l'avait innocenté sans préciser que c'est moi qui ai prouvé que les comptes Clearstream étaient faux. Pourquoi fait-il cela ? Il faut lui poser la question. Je ne l'ai rencontré qu'une fois, il y a quelques années. Je ne comprends pas cette vindicte. Dès 2001, dans son livre, il a tenu des propos très déplacés à mon égard. J'ai mené des investigations sur les comptes qui lui étaient faussement attribués comme sur ceux de beaucoup d'autres personnes qui ont trouvé cela tout à fait normal. Quatre hommes politiques étaient cités dans les courriers, trois ont pris contact avec moi. Je voyais régulièrement, à l'époque, Me Thierry Herzog dans le dossier des frégates puisqu'il était l'un des avocats du groupe Thales. Je ne savais pas qu'il était le conseil de M. Sarkozy. Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? Vous contestez les conclusions de l'inspection, pourquoi ? D'abord, je n'ai pas connaissance de ce rapport. C'est extraordinaire : je suis renvoyé devant le CSM et je ne sais pas pourquoi. En lisant la presse, j'ai découvert un décalage entre les charges et la conclusion du rapport, déjà plus nuancée. De plus, le premier président de la cour d'appel, dès le 17 mai 2006, a dit dans son rapport que je n'avais commis aucun manquement à la déontologie en rencontrant un témoin, Jean-Louis Gergorin. Le garde des sceaux s'est bien gardé de diffuser ce rapport, qui n'a été publié qu'en septembre. Ce rapport restitue les rendez-vous avec M. Gergorin dans le cadre de l'article 706-58 du code de procédure pénale sur les témoins dont la vie est menacée. Il précise même que, dans cette enquête, j'ai fait "preuve d'une grande prudence" et d'un "incontestable professionnalisme". Car je me suis contenté de faire une investigation sur les comptes, et non sur les personnes. Je n'ai causé de préjudice à personne. J'ai simplement vérifié si les comptes étaient vrais ou faux, et j'ai établi qu'ils étaient faux. Or l'inspection dit le contraire. C'est n'importe quoi. Le premier président est un magistrat indépendant, un magistrat du siège, ce que n'est pas l'inspecteur général. Celui-ci dirige un service directement rattaché au pouvoir politique, au garde des sceaux. Et il est un ancien procureur général. Il ne présente pas les mêmes garanties d'indépendance qu'un premier président. On sait que quand un ministre part, souvent l'inspecteur général part dans ses valises, ou obtient une belle promotion, nommé par exemple procureur général à la cour d'appel de Paris. Je n'accorde pas le même crédit à ce rapport qu'à celui d'un haut magistrat du siège. S'il y a une réforme à faire, c'est de détacher le service de l'inspection du ministre de la justice, qui est un homme politique appartenant à une majorité, qui est actuellement dirigée par le président de l'UMP. Cela crée une suspicion. J'ai vu les attaques politiques. L'affaire Clearstream est l'arbre qui cache la forêt : des règlements de comptes. Et les deux autres griefs de l'inspection, les relations avec vos collègues et les documents transmis à l'auditeur de Clearstream, Florian Bourges ? En ce qui concerne mes collègues, le premier président dit : j'attends de voir si M. Van Ruymbeke a participé à la manipulation. Or, sur ce point, l'IGSJ dit que je n'ai participé à aucune manuvre. § La vidéo "Le Vrai Sarkozy", publiée par des militants anti-Sarkozy en juillet 2006, continue de battre des records d'audience. La riposte n'a pas tardé : une vidéo intitulée "La Vraie Ségolène" circule sur le Net, recensant les "bourdes" de la candidate socialiste. § L a bataille entre les partisans des candidats à l'élection présidentielle se poursuit sur les sites de partage de vidéos. La vidéo "Le Vrai Sarkozy", publiée par des militants anti-Sarkozy en juillet 2006, continue de battre des records d'audience sur Dailymotion, YouTube et GoogleVideo. Des jeunes de l'UMP ont tenté de répondre, dans un premier temps, par une vidéo vantant les mérites de leur candidat : "Le Vrai Vrai Sarkozy" a été diffusée notamment par les blogs officiels de l'UMP. Mais elle n'a pas connu le succès escompté : un peu plus de 36 000 visites sur Dailymotion, bien peu en comparaison des 1,5 million de visionnages de la vidéo anti-Sarkozy. La riposte n'a pas tardé : une vidéo intitulée "La Vraie Ségolène" circule sur le Net, recensant les "bourdes" de la candidate socialiste. L'internaute ayant posté la vidéo se défend d'appartenir à l'UMP et dénonce l'"insouciance, la légèreté et la méconnaissance des choses fondamentales" de Mme Royal. "Pour le bien de la France, elle ne doit pas être présidente", affirme-t-il, donnant également une liste de liens vers des sites proches de l'UMP qui critiquent la candidate socialiste, comme paslesroyal ou désirdevent, parodie du site de désirsdavenir. La vraie Ségolène § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Selon le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Razzye Hammadi, Ségolène Royal a renoncé à faire figurer dans sa plate-forme présidentielle l'instauration d'un service civique obligatoire pour tous les jeunes, optant pour un service volontaire. § S elon le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Razzye Hammadi, Ségolène Royal a renoncé à faire figurer dans sa plate-forme présidentielle l'instauration d'un service civique obligatoire pour tous les jeunes, optant pour un service volontaire. "Après débat, échange et discussion, (examen de la) faisabilité technique, il a été décidé que ce service civique serait volontaire, de six mois, faisable en plusieurs fois", a affirmé le dirigeant du MJS. La création d'un service civique obligatoire "pour tous les jeunes gens et toutes les jeunes filles" figure dans le projet du PS adopté par un vote des militants en juin 2006, sous le chapitre "Refonder la République". "ON NE VA PAS IMPOSER" Depuis l'adoption du projet, le premier secrétaire François Hollande n'a cessé de se porter garant de son respect par le candidat du PS. A l'université d'été de La Rochelle fin août, il avait rappelé que les candidats pouvaient "préciser" le projet socialiste, mais en aucun cas "le dénaturer ou le dévider, et encore moins l'oublier". Ce revirement des socialistes "est la preuve que les débats participatifs ne sont pas là pour faire joli, ils sont là pour enrichir le projet socialiste", a estimé Razzye Hammadi. Une proposition de loi socialiste avait même été débattue à l'Assemblée nationale dans le cadre d'une "niche" parlementaire, puis repoussée car l'UMP était hostile à un service obligatoire. Selon le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray, les organisations syndicales "ont insisté auprès de nous en disant que le caractère obligatoire pouvait peut-être amener à remettre en cause l'adhésion des jeunes au service civique, parce qu'il devenait une contrainte et que l'acte civique qu'on voulait lui donner perdait son sens". "On ne va pas imposer de manière autoritaire les choses", a-t-il ajouté. § Dans un chat sur Le Monde.fr, le candidat à la présidentielle a détaillé ses propositions sur l'environnement, l'emploi et la défense. Il a défendu sa vision d'une France " laïque, démocratique, féministe, antiraciste et écologiste". § A drien, étudiant à Tours : Ne pensez-vous pas que la multiplication des candidatures de l'extrême gauche va diviser vos électeurs et ainsi les chances de parvenir à emporter les élections ? José Bové : Je crois que ma candidature est une candidature qui veut être utile à la gauche pour battre Sarkozy et Le Pen. C'est une candidature qui s'inscrit dans la dynamique des collectifs unitaires et des 125 propositions qui ont été élaborées par ceux-ci. Vince : Vous considérez-vous comme un candidat écologiste ? José Bové : Je me considère comme un candidat qui ne peut pas séparer la lutte écologique de la lutte contre un modèle économique, modèle économique productiviste et libéral. La crise écologique aujourd'hui est le fruit d'un modèle de développement qui s'est accentué par la logique de la mondialisation libérale. Marcie : Comment allez-vous donner du travail aux Français ? José Bové : Il y a plusieurs pistes. D'abord, il faut que le travail soit revalorisé par rapport au capital. Il y a 150 millions d'euros, dans les dix dernières années, qui sont passés du travail vers le capital, c'est-à-dire vers les actionnaires. Il faut que cet argent permette de revaloriser les bas salaires et les minima sociaux. Un autre type de mesure, par exemple : à cause du problème climatique et de la nécessité de la maîtrise de l'énergie, il est indispensable de réhabiliter tous les logements qui ont été construits avant 1975. Si on réhabilite 400 000 logements par an pendant quarante ans, cela permettrait de créer au moins 100 000 emplois. Banlieue78 : Peux-tu clairement énoncer ta vision concernant le "sort" des quartiers populaires jetés dans l'anathème et la source de tous les maux de la République ? Quelle transformation sociale dans les quartiers populaires ? José Bové : La question des banlieues ou des quartiers populaires est une question centrale, tant au point de vue de l'emploi que du logement et du respect de toutes les personnes qui y vivent dans leurs différences, qu'elles soient culturelles ou sociales. On ne réglera pas la question par une simple réunion interministérielle. Il y a nécessité de faire avec l'ensemble des populations de ces quartiers, des élus, des véritables états généraux des banlieues. Et au niveau du budget de l'Etat, si on veut sortir de la ghettoïsation, il faut que cela soit une priorité. Benjamin : N'avez-vous pas l'impression d'être obscurantiste en arrachant des plants transgéniques destinés à produire des médicaments ? José Bové : Aujourd'hui, la fédération des producteurs d'OGM au niveau international a pris une position très claire en disant qu'il ne fallait pas utiliser des plants en plein air pour produire des médicaments, parce que les risques de transferts de ces gènes à d'autres plantes pouvaient créer des risques pour la population qui n'est pas malade. Deuxième raison : il existe des méthodes beaucoup plus fiables pour produire ces molécules, en utilisant les fermenteurs en milieu confiné. C'est d'ailleurs ce que choisissent les laboratoires. Ganz : Serez-vous le candidat de la "décroissance" ? José Bové : Dans le projet que nous avons avancé, nous avons dit très clairement qu'il fallait remettre en cause le modèle de développement dans lequel nous sommes, tant au niveau de la production que de la consommation et des transports. Cette question touche à la fois l'avenir du travail et la pénibilité du travail, mais aussi l'avenir de la planète et la possibilité pour les générations futures de pouvoir vivre de manière décente. Il est certain que, de toutes les manières, les ressources fossiles seront épuisées d'ici une cinquantaine d'années. Il est nécessaire de mettre en uvre les alternatives dès aujourd'hui plutôt que d'attendre un conflit lié à la pénurie. Enrique : Je travaille dans une centrale nucléaire. Quelle est ta position sur ce thème ? Le rien nucléaire ? José Bové : Dans le cadre des collectifs, les positions sont divergentes entre ceux qui sont favorables à la poursuite de la politique nucléaire de la France et ceux qui prônent la sortie du nucléaire. La position que j'ai adoptée est de dire que ce débat énergétique ne peut pas être simplement réglé par des experts dans des cabinets ministériels, mais doit faire l'objet d'un débat public et d'un référendum. Pour que ce débat puisse se dérouler de manière sereine, il est indispensable d'arrêter le chantier de l'EPR et de décréter un moratoire sur toute nouvelle construction de centrales nucléaires en France. Seb : Quelle est votre opinion sur l'Europe et l'avenir de la Constitution européenne ? José Bové : Je crois qu'il faut être clair. Les Français ont voté "non" en mai 2005. Pour nous, il est clair qu'il faut proposer un nouveau texte fondateur qui tourne radicalement le dos au tout-marché. Nous proposons que, dès la fin du processus électoral, la France s'engage à relancer un processus pour la rédaction d'un nouveau traité qui devrait prendre toute sa dimension au moment de la présidence française de l'UE en 2008. Erick,_etudiant : Quelle est votre position par rapport à l'immigration ? José Bové : Sans aucune ambiguïté, je suis pour la régularisation de tous les sans-papiers. Les immigrés ne sont pas une menace. Ils sont une chance. Oualid : Avez-vous une idée pour régler le problème du logement ? José Bové : Il faut, entre autres, lancer un grand projet de construction. En même temps, on ne peut pas accepter que des logements vides puissent continuer à le rester en toute impunité. Il faut donc rendre effective la réquisition. Flobé : Quels seraient les fondements de la VIe République ? José Bové : Je parlerai plutôt de Ire République. On ne peut pas se contenter d'un replâtrage de la Ve République. Il faut modifier les rapports du pouvoir et des citoyens. Il faut mettre de manière très claire un terme au cumul des mandats, limiter le renouvellement, permettre aux citoyens de pouvoir déposer des projets de loi. Il faut mettre sous contrôle les élus et rendre possible leur révocation en cas de contradiction avec leurs électeurs. § Le slameur Lorent pose sa prose sur les clichés des murs calcinés lors des révoltes de novembre 2005. § § Ll'Association des parents gays et lesbiens (APGL) organise, samedi 3 février, un débat avec les candidats à l'élection présidentielle. § E lles sont allées chercher Pauline au Vietnam ensemble, elles se sont levées toutes les deux la nuit pour les biberons et pour la fièvre, mais aux yeux de la loi, seule l'une d'elles est considérée comme la mère de l'enfant. "Lorsque j'ai demandé un agrément pour l'adoption, je ne leur ai pas dit que j'étais homosexuelle pour éviter un refus, raconte Sophie. Je me suis présentée comme célibataire et ils m'ont délivré l'agrément. Mais, du coup, l'adoption est uniquement à mon nom." Depuis 2005, Sophie et sa compagne, Véronique, élèvent ensemble une petite fille d'origine vietnamienne qui aura bientôt deux ans. "Je m'en occupe autant que Sophie, mes parents se considèrent comme ses grands-parents et elle est invitée à la galette des rois de mon entreprise, comme si elle était ma fille, mais juridiquement, je n'ai aucun lien avec elle, regrette Véronique. C'est un peu insécurisant." Le couple souhaite adopter un deuxième enfant au Vietnam mais cette fois, c'est Véronique qui déposera la demande d'agrément. En se déclarant, comme Sophie, célibataire. "ABSENCE DE RÉFÉRENT PATERNEL" Les couples homosexuels qui souhaitent adopter à l'étranger cachent souvent leur situation pour éviter que l'agrément leur soit refusé. C'est ce qui est arrivé en 1998 à une institutrice du Jura qui avait déclaré qu'elle vivait avec une femme. "Votre projet d'adoption révèle l'absence d'image ou de référent paternels susceptibles de favoriser le développement harmonieux d'un enfant adopté", notait la décision du conseil général. Le dossier sera examiné en mars par la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg. L'homoparentalité - un terme forgé en 1997 par l'Association des parents gays et lesbiens (APGL) qui est entré dans le Robert en 2001 - s'impose peu à peu dans le paysage européen : la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Danemark, la Belgique et l'Espagne ont déjà choisi de s'engager dans cette voie. Depuis une dizaine d'années, la recherche s'intéresse, elle aussi, à ces questions : l'APGL, qui organise, samedi 3 février, un débat avec les candidats à l'élection présidentielle, vient de publier un guide qui recense plus d'un millier d'études sur l'homoparentalité, dont 319 ont été réalisées en France. "En 1997, il en existait seulement 250 dans le monde et aucune en France !", remarque l'APGL. § Le PS a inscrit dans son programme la légalisation du mariage entre deux personnes du même sexe. A droite, l'UDF et l'UMP défendent une "union civile" célébrée en mairie. § I ls portent tous deux des alliances qu'ils ont achetées ensemble il y a plus de vingt ans. " A l'époque, l'on ne s'affichait pas facilement, surtout dans la famille et dans le travail, sourit Jean Longarret. Ces alliances, c'était une façon de dire qu'on espérait vivre longtemps ensemble." Vingt ans plus tard, ils vivent toujours côte à côte et le mariage gay, qui fait partie du programme du PS, semble à portée de main. "Si c'est le cas, nous serons les premiers mariés homosexuels de Choisy-le-Roi !", lancent-ils en riant. Raimundo Ambrosio da Silva, 55 ans, travaille dans un service d'entretien le matin et fabrique des costumes de carnaval l'après-midi. Son compagnon Jean Longarret, qui a 63 ans, est réalisateur de documentaires. S'ils souhaitent se marier, c'est parce qu'à leurs yeux le mariage reste un symbole. "J'ai toujours eu l'impression que le pacs était un sous-produit pour des sous-citoyens", explique Jean Longarret. Passer devant le maire leur permettrait également de résoudre leurs problèmes fiscaux et patrimoniaux : pour que Raimundo puisse hériter de l'appartement de Choisy-le-Roi, il leur a fallu jongler avec les textes. "L'appartement est à mon nom car c'est moi qui aie souscrit l'emprunt, raconte Jean Longarret. Mais, s'il m'arrive un pépin, Raimundo ne pourra pas en hériter car aux yeux de la loi, nous ne sommes rien l'un pour l'autre. J'ai donc fait un testament en sa faveur mais il a également fallu que je souscrive une assurance-vie pour qu'il puisse payer les droits de succession : ils seront très élevés puisque nous ne sommes pas mariés." Jean Longarret et Raimundo Ambrosio da Silva ne sont pas les seuls à se poser ces questions. Depuis que le PS défend l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, beaucoup d'homosexuels songent à passer devant monsieur le maire. "C'est un phénomène nouveau, explique Alain Piriou, le porte-parole de l'Inter-LGBT (lesbienne, gaie, bi et trans), qui organise tous les ans la Marche des fiertés, à Paris. Le fait que ce projet devienne possible amène beaucoup de couples à y réfléchir sérieusement." "ÉGALITÉ DES SYMBOLES" Longtemps réticente, Ségolène Royal vient de clarifier ses positions. Dans un courrier envoyé le 11 décembre 2006 à l'Inter-LGBT, la candidate socialiste, qui se prononce en faveur d'un projet de loi sur le mariage homosexuel, s'engage à conduire cette réforme "avec détermination afin de convaincre une majorité de Français de son bien-fondé". Dans cette lettre, Mme Royal, qui s'était déjà déclarée favorable à l'adoption pour les couples homosexuels, va plus loin encore : elle envisage de modifier les lois de bioéthique afin d'ouvrir l'assistance à la procréation aux couples de femmes. A droite, où la violence des débats sur le pacs a laissé des mauvais souvenirs, les positions ont évolué aussi. A l'automne 2006, François Bayrou s'est dit favorable à une "union civile" célébrée en mairie pour les homosexuels et à l'ouverture de l'adoption simple pour les couples de même sexe. Nicolas Sarkozy, lui, refuse l'adoption mais il défend un "contrat d'union civil" avec les mêmes droits et devoirs que le mariage et qui sera célébré en mairie. "Il y a, chez les homosexuels, une aspiration profonde à l'égalité des droits, mais aussi aux symboles, souligne Stéphane Dassé, conseiller exécutif de l'UMP et président de Gaylib, un mouvement associé à l'UMP. Beaucoup d'entre nous portent les cicatrices des difficultés qu'ils ont vécues en famille ou ailleurs. Ils ont besoin d'entendre que la société les accepte et les reconnaît." En s'engageant dans cette voie, la France s'inscrirait dans un mouvement qui touche de plus en plus de pays européens : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique et l'Espagne ont déjà ouvert le mariage aux couples de même sexe. Quant au pacs, il fait de plus en plus d'émules : la République tchèque a inventé en 2006 un partenariat civil, la Suisse a créé en 2005 un contrat destiné aux couples de même sexe et le gouvernement italien de Romano Prodi a promis un projet de loi pour le mois de février. L'Afrique n'est pas en reste : en 2006, l'Afrique du Sud a été le premier pays du continent noir à autoriser les "unions volontaires" de couples de même sexe. § "Personne n'engagera la révolution écologique à notre place", a lancé, dimanche, la candidate des Verts, alors que les relations avec le Parti socialiste se sont brusquement tendues faute d'avancées dans leurs négociations électorales. § D ominique Voynet a appelé, dimanche 4 février, les Verts à se "mettre vraiment en campagne (pour) la révolution écologique", alors que les relations entre les écologistes et le Parti socialiste se sont brusquement tendues faute d'avancées dans leurs négociations électorales. Dimanche à Paris, lors de la deuxième journée de leur Conseil national inter-régional (Cnir), le "parlement" des Verts, les écologistes s'en sont à nouveau pris au PS, accusé la veille par la secrétaire nationale Cécile Duflot d'avoir "une attitude bornée et fuyante". "Nous n'arrivons pas à avoir des promesses fiables, ni électorales, ni programmatiques", se sont plaints les deux porte-parole des Verts, Yann Wehrling et Anne Souyris, lors d'un point de presse. Ils ont dénoncé le "flou des positions du PS" et exigé "des clarifications". Ils ont renouvelé leurs menaces de rompre les alliances au niveau local dans les exécutifs régionaux. Les Verts ont 1 800 élus municipaux, dont 400 dans de grandes villes. LES VERTS VEULENT 35 CIRCONSCRIPTIONS RÉSERVÉES "Nous sommes arrivés au bout des propositions que nous pouvons faire", a rétorqué Bruno Le Roux, chargé au PS de ces négociations en vue des législatives, renvoyant les Verts dans les cordes. Les Verts veulent obtenir environ 35 circonscriptions réservées pour assurer la création d'un groupe à l'Assemblée nationale (20 députés). Le PS n'en propose que 20, dont 15 gagnables, en cas de victoire de Ségolène Royal à la présidentielle. Une négociation programmatique pour un contrat de mandature a également été engagée. Le patron du PS François Hollande a minimisé ces tensions, renvoyant la question à l'entre deux tours de la présidentielle. "On est là dans une période un peu plus délicate puisque c'est le lancement de la campagne présidentielle, mais au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, on aura les conditions d'un bon accord," a-t-il déclaré dimanche lors d'un déplacement à Créteil. La candidate Verte à l'Elysée Dominique Voynet a prudemment refusé d'aborder cette question lors du Cnir, donnant la priorité à la mobilisation. "Le moment est venu de nous mettre vraiment en campagne. Personne n'engagera la révolution écologique à notre place", a-t-elle lancé. Elle a fustigé ceux qui ont "la bouche pleine d'écologie en gardant la main sur l'épaule des lobbies du BTP, de la chimie ou de la bagnole". Elle a enfin lancé des piques au leader altermondialiste José Bové reprochant à son programme d'avoir "un vrai déficit sur l'écologie". § Une enquête pour l'association "Agir pour la citoyenneté" indique que les habitants des ZUS estiment à une courte majorité que Nicolas Sarkozy est le candidat qui "prend le mieux en compte les problèmes des banlieues", mais ils pensent à 45 % "voter plutôt pour un candidat de gauche". § Q ui a dit que les électeurs des quartiers populaires n'étaient pas concernés par la politique et les échéances électorales ? Plus de 9 électeurs sur 10 des "zones urbaines sensibles" (ZUS) ont l'intention de voter à la présidentielle selon une enquête BVA pour l'association Agir pour la citoyenneté publiée par publié par le Journal du dimanche. 88 % des sondés inscrits sur les listes électorales disent avoir "certainement" l'intention de voter à la présidentielle, et 8% "probablement", contre 3% "probablement pas" et 1% "certainement pas". Les ZUS, fixées à 751 par la loi du 14 novembre 1996, comptaient quelque 4,5 millions d'habitants au recensement de 1999, chiffre cité dans les derniers rapports de l'Observatoire national des ZUS. CHOIX PARADOXAL Parmi les habitants des ZUS (échantillon plus large comprenant des personnes âgées de 15 ans et plus) une courte majorité estime que Nicolas Sarkozy (27 %) est le candidat qui "prend le mieux en compte les problèmes des banlieues", devant Ségolène Royal (23 %), selon le Journal du Dimanche. Et ils pensent à 45 % "voter plutôt pour un candidat de gauche" et à 19 % "plutôt pour un candidat de droite". Selon cette enquête, ce sont les plus jeunes qui accordent leur soutien à Ségolène Royal avec 39,6 %, contre 24,9 % à Sarkozy chez les 15-19 ans, et 29,1 % contre 20,3 % chez les 20-24 ans. Le contre-coup de l'effet " racaille " et "Kärcher" en pleine émeute des banlieues. Arrivent ensuite Olivier Besancenot (6 %), Arlette Laguiller (5 %), Marie-George Buffet (4 %), François Bayrou (3 %), Dominique Voynet, Philippe de Villiers et Jean-Marie Le Pen recueillant 1 % chacun. Les thématiques qui "pèseront le plus lourd" dans le vote des inscrits sont "en premier" le chômage (23 %), la pauvreté et la précarité (17 %), le pouvoir d'achat (12 %) l'école et l'éducation (8 %). L'insécurité sera présente en "premier lieu" pour 7 % et l'immigration pour 3 %. Le sondage a été réalisé par téléphone du 19 au 24 janvier auprès d'un échantillon représentatif de 806 personnes âgées de 15 ans et plus (600 personnes inscrites sur les listes électorales) habitant en ZUS. § Après avoir pu consulter le dossier des RG le concernant, l'ex-directeur de Greenpeace France a souligné, samedi, l'"incohérence d'ensemble" de ce dossier. § B runo Rebelle, membre de l'équipe de campagne de la candidate socialiste à la présidentielle et ex-directeur de Greenpeace France, a dénoncé, samedi 3 février, des "tentatives de déstabilisation de l'équipe de Ségolène Royal", après avoir consulté à la Commission national de l'informatique et des libertés (CNIL) le dossier des Renseignements généraux (RG) le concernant. "Dès l'instant où il est connu publiquement que j'ai rejoint l'équipe de Ségolène Royal le 4 janvier, que les investigations se poursuivent, que dans une note du 22 janvier, les services reconnaissent que je ne suis plus en fonction dans l'organisation Greenpeace, que d'autres informations vont être communiquées à la presse le 24 janvier (jour où Le Canard Enchaîné a publié les informations sur M. Rebelle), il y a effectivement abus dans le sens où ces investigations n'auraient jamais dû avoir lieu", a-t-il argumenté. "Donc, ce sont effectivement des tentatives de déstabilisation de l'équipe de Ségolène Royal", a-t-il estimé, après une heure et demie de consultation de son dossier avec son avocat Jean-Pierre Mignard et en présence de policiers des RG et de deux magistrats de la CNIL. M. Rebelle a également dénoncé l'"incohérence d'ensemble" de son dossier, concernant notamment des "dates" et "la nature des informations". "IL Y A LE SENTIMENT QUE LES RG ONT OUTREPASSÉ LEUR MANDAT" "Aucune des informations concernant l'intimité de ma vie privée, qui ont été communiquées à la presse par des sources qui restent à identifier, ne figure dans le dossier qui m'a été communiqué, ce qui n'est pas une surprise, je ne m'attendais pas à voir ces éléments-là puisque ce sont effectivement les plus plus compromettants", a-t-il souligné. "Il va bien falloir que nous comprenions cela, c'est pour cela qu'il y a une plainte en justice (déposée le 26 janvier), un juge d'instruction sera nommé dans les jours qui viennent et j'attends beaucoup que la justice fasse la lumière intégrale sur cette affaire", a-t-il ajouté. Selon lui, les RG sont "embarrassés par cette affaire aujourd'hui. Il y a le sentiment qu'ils ont outrepassé leur mandat, soit volontairement et sciemment en faisant une investigation sur un membre d'une équipe de campagne politique alors qu'ils n'ont pas à le faire, soit par incompétence, ce que je n'ose pas imaginer", a-t-il indiqué, en référence à son départ de Greenpeace fin 2006, qui aurait dû mettre fin au suivi de ses activités. M. Rebelle a porté plainte contre X, le 26 janvier, pour "collecte et traitement de données à caractère personnel et atteinte à l'intimité de la vie privée". Le dépôt de plainte faisait suite à la publication par Le Canard Enchaîné d'informations selon lesquelles les RG auraient enquêté sur lui à la demande du cabinet du ministre de l'intérieur et candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy, qui a formellement démenti être à l'iniative de cette enquête. § Il a vu les études qui soulignent que les enseignants votaient moins à gauche que par le passé, lu les reportages où ils expriment leurs réticences pour Ségolène Royal. Alors il a décidé de leur parler et de les flatter. § I l a vu les études qui soulignent que les enseignants votaient moins à gauche que par le passé, lu les reportages où ils expriment leurs réticences pour Ségolène Royal. Alors il a décidé de leur parler et de les flatter. Vendredi 2 février, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), Nicolas Sarkozy s'est adressé aux "éducateurs". Il leur a proposé de "reprendre le projet des Lumières", exaltant une "école qui n'était pas qu'un lieu d'apprentissage, mais un instrument d'une politique de civilisation, qui voulait éveiller les consciences, qui respectait les élève, les parents, les maîtres". Cet "âge d'or", selon le candidat de l'UMP, aurait volé en éclats avec Mai 68. De là viendraient tous les maux, dont il prend soin d'innocenter les enseignants en renvoyant la responsabilité de la situation au "système" : baisse du niveau général, irrespect des élèves pour le maître, démission des parents, faillite de l'intégration et relativisme intellectuel. M. Sarkozy décrit un monde éducatif où "le dessin de l'enfant vaut celui de Michel-Ange, où le jugement de l'élève vaut celui du maître." Mais tout en souhaitant remettre l'enseignant au coeur du système éducatif et en lui garantissant la liberté pédagogique, de meilleurs revenus, de meilleures carrières, M. Sarkozy ne s'est engagé sur aucun financement supplémentaire : "Le problème n'est pas technique, il est intellectuel et moral." S'il est élu, a-t-il promis, un grand débat aura lieu au Parlement "sur le programme scolaire et le projet éducatif". "On a laissé l'école aux gestionnaires, la pédagogie, aux experts, les programmes, aux spécialistes. Sur ce sujet grave, c'est le débat qui est utile, pas l'expertise", a-t-il indiqué. Il faut rendre l'école aux enseignants, aux élèves et aux parents. A condition pour les premiers et pour leurs établissements d'être évalués, pour les deuxièmes d'apprendre ("Antigone plutôt qu'Harry Potter"), et pour les derniers (à qui il promet une allocation dès le premier enfant) d'assumer leurs responsabilités sous peine de mise sous tutelle des allocations familiales. § Volontaire ou obligatoire ? L'idée d'instaurer un service civil pour les jeunes semble à nouveau diviser le PS et a provoqué un cafouillage parmi ses responsables. § V olontaire ou obligatoire ? L'idée d'instaurer un service civil pour les jeunes semble à nouveau diviser le PS et a provoqué un cafouillage parmi ses responsables. Ségolène Royal a demandé vendredi 2 février, à Bernard Kouchner - qui, le premier au sein du PS avait défendu l'idée d'un service civique - d'engager une concertation sur ce thème et de lui remettre dans la foulée un rapport sur les "modalités de (sa) mise en oeuvre." Et elle a, cette fois, accolé le qualificatif "obligatoire", comme le stipule le projet du PS adopté par les militants en juin 2006. Un livre contre Mme Royal Engagée, avec deux autres personnes, depuis près de dix ans dans un procès contre Ségolène Royal pour non règlement de salaires, une ancienne collaboratrice de la candidate socialiste publie un pamphlet intitulé Ségolène Royal, ombre et lumière (éditions Michalon). Evelyne Pathouot y décrit une "femme ambitieuse, calculatrice et autoritaire, prête à tout pour atteindre la plus haute charge de l'Etat". L'auteur, qui a travaillé avec Mme Royal, est aujourd'hui membre de l'UMP et attachée parlementaire de deux députés UMP des Vosges, Jean-Jacques Gaultier et Michel Heinrich. "Le service civique obligatoire figurera bien dans mes propositions. Mais sa mise en oeuvre nécessite une large concertation. (...) Une première étape d'expérimentation sur la base du volontariat est nécessaire avant généralisation", précise un communiqué de la candidate. Pourtant, la veille, lors du débat participatif consacré à la jeunesse, à Grenoble, Mme Royal avait évoqué un " service civil volontaire". "Un sujet, avait-elle éludé, qui reste à approfondir, à travailler. L'idée serait de passer par des associations humanitaires, environnementales, sociales". Suivie, vendredi, par l'assurance donnée par le président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Razzye Hammadi - présent à Grenoble - qu'il s'agirait bien d'un service "volontaire". "Après débat, échange et discussion, (examen de la) faisabilité technique, il a été décidé que ce service civique serait volontaire, de six mois, faisable en plusieurs fois", avait-il indiqué. "METTRE LE PROJET EN DÉBAT" "Nous avons toujours dit que le débat participatif nous permettait de mettre en débat le projet socialiste (...) Nous, nous ne sommes pas droits dans nos bottes, nous n'avons pas les certitudes de certains, avait même souligné Julien Dray, porte-parole du PS et conseiller de la candidate. Les organisations syndicales de jeunes ont insisté auprès de nous en disant que le caractère obligatoire pouvait peut-être amener à remettre en cause l'adhésion des jeunes au service civique, parce qu'il devenait une contrainte et que l'acte civique qu'on voulait lui donner perdait son sens. On ne va pas imposer de manière autoritaire les choses" L'idée de créer un service civique obligatoire pour les jeunes de 18 à 25 ans revient régulièrement dans le débat public depuis la suspension du service militaire en 1997. S'ils adhèrent au principe du service civil, plusieurs responsables d'organisations lycéennes et étudiantes ont fait part depuis plusieurs mois de leurs réserves quant à ses modalités d'application, et notamment l'hypothèse de le rendre obligatoire (Le Monde du 11 septembre 2006). Cette idée, prônée par François Bayrou (UDF) depuis 2001, avait gagné du crédit après les émeutes urbaines de l'automne 2005. Jusqu'à être défendue par tous les principaux candidats à l'élection présidentielle. Contre l'avis de Dominique de Villepin, qui s'en tenait au service civil volontaire développé par son gouvernement, Nicolas Sarkozy s'est rallié au principe d'un service obligatoire en septembre 2006. Le président de l'UMP l'a réaffirmé lors de son discours d'investiture du 14 janvier, puis dans un entretien à la Revue des auditeurs de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), où il a précisé qu'il comporterait "un volet militaire" (Le Monde du 27 janvier). Le président du FN, Jean-Marie Le Pen, est favorable à un service civil obligatoire de deux mois. § A Villeneuve, un quartier de Grenoble classé zone urbaine sensible (ZUS), on peut être de gauche et apprécier Sarkozy pour la sécurité. Ou réclamer plus de répression mais s'opposer fermement au candidat de l'UMP. § O ubliez les grilles des sondeurs et les catégories savantes des politologues qui rangent les électeurs dans des cases. Oubliez-les, car dans les galeries, au marché, dans les immeubles de la Villeneuve, un quartier de Grenoble classé zone urbaine sensible (ZUS), on peut être de gauche et apprécier Sarkozy pour la sécurité. Ou réclamer plus de répression mais s'opposer fermement au candidat de l'UMP. On peut être militante socialiste, heureuse de voir une femme porter les couleurs du parti, mais rêver de la candidature d'une personnalité civile comme l'abbé Pierre. On peut aussi s'interroger pour savoir si, après vingt-cinq années d'abstention, une envie de voter Bayrou ne va pas réveiller son désir de participation. Ou se demander qui, de Bové le radical ou de Bayrou le centriste, héritera de sa voix. Caricature ? Les habitants qui emmènent leurs enfants à l'école, qui reviennent du marché, vont travailler ou promènent leur chien sont, pour la plupart, des inclassables sur le plan politique. A gauche pour le social ou l'économique. A droite pour la sécurité ou le logement. Ou l'inverse, ou un peu des deux. Prenez Louisa Benfakir, par exemple, 30 ans, mère de deux enfants de 4 et 6 ans. Sa préoccupation première, c'est l'absence d'égalité dans la société actuelle. "Certains ont suffisamment de revenus pour vivre dix vies ! D'autres ne peuvent pas manger ni se loger. C'est normal ? Et la justice ? Le type qui vole des bonbons va en prison avec des cafards. Le politique, lui, il se retrouve à la Santé avec tout le confort." Son inquiétude est très concrète pour ses enfants. Elle a comparé leurs cahiers d'école avec ceux de ses nièces, scolarisées en dehors du quartier. "Mes enfants travaillent nettement moins que les enfants de l'extérieur. Ça va encore au primaire, mais au collège, qu'est-ce que ça va donner ?" A défaut de pouvoir quitter le quartier, elle envisage de les inscrire dans le privé. Un choix qui se situerait aux antipodes du programme de Besancenot, le candidat pour lequel elle avait pourtant voté en 2002. Depuis cette date, Louisa Benfakir a adhéré au Parti socialiste. Ce qui ne l'empêche pas de penser que Jacques Chirac n'est "pas si mal". Ou de rêver d'une candidature de la société civile qui bouscule la classe politique. De se dire aussi qu'une femme présidente serait "très bien". Mais que, pour l'heure, la candidate socialiste "brasse trop d'air" pour obtenir sa voix. "Faut attendre", résume-t-elle. Togolais récemment naturalisé Français, Benoît Anani, 49 ans, va, lui, voter pour la première fois en avril. Ce postier se définit comme un homme de gauche - parce que, à ses yeux, la droite ne se distingue jamais assez de l'extrême droite. Mais, dans le même temps, il soutient la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, réclamant "plus de policiers, plus de répression". Lui qui n'a jamais été victime d'agression, ce sont les incivilités quotidiennes qui l'insupportent. Le bruit des scooters sans pot d'échappement, par exemple. A l'heure actuelle, il pense voter pour Ségolène Royal. Sa femme hésite avec François Bayrou. Christian Mezin, 53 ans, gardien d'immeuble, est un électeur en colère. Il n'a plus voté depuis 1981 et un bulletin glissé dans l'urne pour François Mitterrand. Trop de rancoeur accumulée contre les politiciens, gauche et droite mélangées, contre lesquels il porte des jugements cinglants : "Douste-Blazy, un médecin devenu ministre des affaires étrangères : il en est encore à prendre des cours d'anglais. Sarkozy, en six mois au pouvoir, il est capable de nous déclencher une guerre avec la Suisse..." Cet ancien du quartier se dit en désaccord avec les idées du ministère de l'intérieur, mais il lui reconnaît des "compétences" et de la "volonté". Contrairement à Ségolène Royal, qu'il juge incapable d'assumer des fonctions présidentielles. Bertrand Delanoë lui plaît bien mais il ne se présente pas. François Bayrou, aussi, le fait hésiter à revenir aux urnes, avec sa volonté de rapprocher droite et gauche. Le kinésithérapeute du quartier aimerait croire en José Bové, un homme qui porte, selon lui, des idées généreuses. Sans illusion toutefois : "Je ne suis pas énarque mais je vois bien que ses idées ne sont pas réalistes", explique Boris Capdevieille, 36 ans, entre deux visites à domicile dans les immeubles où il a grandi. Le pragmatisme le fait hésiter entre Royal et Bayrou, parce qu'il a vu ce dernier débattre avec Nicolas Hulot et Michel Rocard, un signe d'ouverture bienvenu à ses yeux. Seule certitude : alors qu'il n'avait pas voté au premier tour, en 2002, incapable de choisir parmi les 16 candidats, il se dit aujourd'hui certain de ne pas manquer l'échéance d'avril. Au pire, il votera "pour la démocratie" et pas pour un candidat. Dans ce maelström d'opinions, les jeunes sont les plus décidés. La mairie a constaté une hausse des inscriptions des 18-30 ans sur les listes électorales en 2006 sans pouvoir la chiffrer précisément. Un engouement ciblé contre Sarkozy, "ses lois" et ses propos sur les "racailles". "Pas un jeune ne peut voter pour lui", résume Fayçal Louraichia, ouvrier de 21 ans, qui s'est inscrit cette année sur les listes pour faire barrage au ministre de l'intérieur. Voilà qui rassurera peut-être les sondeurs sur le fait que, à moins de trois mois du premier tour, certains électeurs aient, malgré tout, une opinion déjà arrêtée. § Le candidat UMP à l'élection présidentielle s'adresse désormais aux électeurs de gauche et invite les enseignants, réputés acquis à la gauche, à relancer le système éducatif français. § N icolas Sarkozy, candidat UMP à l'élection présidentielle, s'est efforcé, vendredi 2 février lors d'une réunion publique à Maisons-Alfort, de séduire les enseignants, électorat traditionnellement acquis à la gauche. Il en a profité pour s'adresser aux électeurs de la gauche, disant que son "devoir" était de leur parler."Il y en a qui sont gênés que je m'adresse à l'électeur de gauche. Mais pour moi, avant d'être de gauche, il est de France", a lancé M. Sarkozy, devant près de 2 000 personnes. "Mon devoir, c'est de lui parler parce que la vraie gauche, la gauche de Jaurès, elle parlait des travailleurs, parce qu'elle respectait le travail. La gauche de Jospin et de Ségolène Royal parle des statuts, elle fait les 35 heures parce qu'elle ne comprend rien au travail", a-t-il ajouté. Il a mis en cause les gouvernements de gauche, en citant Léon Blum : "L'émulation scolaire c'est l'égalité vraie"."Pourquoi les socialistes ont-ils abandonné Léon Blum", a dit Nicolas Sarkozy, dont le discours était de nouveau truffé de références à des figures historiques de la gauche. L'HÉRITAGE DE MAI 68 EN LIGNE DE MIRE Il a invité les enseignant à relancer avec lui "le projet des Lumières". Professeurs et instituteurs "ne sont pas responsables" de la"faillite" du système éducatif français, a-t-il déclaré. "La plupart des enseignants font preuve d'une immense compétence et d'un très grand dévouement dans un système qui décourage toute initiative et tout effort", a-t-il ajouté. "Je n'accepte pas qu'on fasse des enseignants les boucs émissaires d'un désastre dont la politique est seule responsable." Il a imputé la "faillite" de ce système à l'esprit hérité de la révolte étudiante de mai 1968 qui a conduit, a-t-il dit, à confondre "l'élévation de chacun avec le nivellement de tous". Le résultat est un système qui ne sélectionne plus par l'excellence mais par la "capacité des parents à compenser la défaillance de l'école" et qui ne "corrige plus les inégalités mais les aggrave", a ajouté Nicolas Sarkozy. Il a énuméré les mesures qu'il promet de mettre en oeuvre et qu'il avait pour l'essentiel déjà présentées. Il s'est notamment engagé à ce que les programmes scolaires et le projet éducatif soient débattus "devant le Parlement et le pays" et s'est de nouveau déclaré en faveur de l'organisation par les établissements scolaires d'études surveillées après les cours pour les enfants dont les parents travaillent. Il a d'autre part proposé l'instauration d'une allocation familiale "dès le premier enfant", parce que le premier enfant "représente une charge très lourde pour les jeunes couples". Il a en revanche prôné des sanctions pouvant aller jusqu'à la suspension, la mise sous tutelle ou la suppression des allocations familiales pour "les familles qui ne s'occupent pas de leurs enfants mineurs, qui les laissent traner dans la rue, qui les laissent commettre des délits, qui ne respectent pas l'obligation de les scolariser". § Dans un entretien accordé au "Monde", le juge, renvoyé devant le CSM pour son comportement dans l'affaire Clearstream, se défend, met en cause Nicolas Sarkozy et estime "avoir constitué la diversion idéale". § V ous êtes renvoyé devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour votre comportement dans l'affaire Clearstream, après trente ans d'une carrière exemplaire. Comment réagissez-vous ? Cela ne me surprend pas. Je suis l'objet d'une décision politique. Elle a été programmée, orchestrée depuis le début par le pouvoir, pris dans une affaire de règlement de comptes politiciens à laquelle je n'ai jamais rien compris. J'ai constitué la diversion idéale à un moment donné. Le garde des sceaux, d'entrée de jeu, a saisi à la fois l'inspection générale des services judiciaires (IGSJ) et le premier président de la cour d'appel de Paris pour détourner l'attention. Je ne suis pas surpris quand je vois les conditions dans lesquelles le rapport de l'inspection est sorti. Il a à peine été remis que LCI a tout de suite publié des extraits choisis, à charge. J'ai déjà vécu plusieurs fois le fait d'être cloué au pilori par le pouvoir politique. Après l'affaire Boulin (le ministre du travail de Valéry Giscard d'Estaing, impliqué dans une affaire immobilière, qui s'est suicidé en 1979), j'ai été très attaqué. Dans sa lettre, Robert Boulin m'accusait d'être un juge haineux, de collusion avec le ministre de l'époque, Alain Peyrefitte, et avec l'escroc poursuivi dans l'affaire, tout en me traitant de Saint-Just. Cela a déclenché une enquête. J'ai été blanchi. Depuis, j'ai eu d'autres attaques. J'ai été bloqué dans ma carrière par Robert Badinter. Puis attaqué par Henri Emmanuelli. Je me suis toujours retrouvé dans le camp des empêcheurs de tourner en rond. C'est la quatrième attaque. En quoi consiste, selon vous, la manipulation dont vous avez été l'objet dans l'affaire de dénonciation calomnieuse Clearstream? Au départ, on me transmet des comptes qui vont s'avérer falsifiés. Des services de l'Etat sont informés. On ne m'en informe pas. J'ai démontré que les comptes étaient faux. On m'a tendu un piège que j'ai déjoué. Qui manipule qui ? Pourquoi ? Je n'en sais rien. Ce n'est pas mon problème. Mon problème, c'est de résoudre l'affaire des frégates de Taïwan, dans laquelle je cherche la trace de 500 millions de dollars de commissions, et où je me suis systématiquement heurté à des entraves, notamment au secret-défense. Vous avez désigné Nicolas Sarkozy. C'est lui qui m'a agressé à plusieurs reprises. Et c'est lui qui a médiatisé toute cette affaire. A partir de sa constitution de partie civile, en janvier 2006, les choses se sont emballées. Il a eu des propos très insidieux à mon égard, en disant, le 19 octobre 2006, sur TF1, qu'il était "victime de l'alliance entre un corbeau et un juge". Puis il a dit que la justice l'avait innocenté sans préciser que c'est moi qui ai prouvé que les comptes Clearstream étaient faux. Pourquoi fait-il cela ? Il faut lui poser la question. Je ne l'ai rencontré qu'une fois, il y a quelques années. Je ne comprends pas cette vindicte. Dès 2001, dans son livre, il a tenu des propos très déplacés à mon égard. J'ai mené des investigations sur les comptes qui lui étaient faussement attribués comme sur ceux de beaucoup d'autres personnes qui ont trouvé cela tout à fait normal. Quatre hommes politiques étaient cités dans les courriers, trois ont pris contact avec moi. Je voyais régulièrement, à l'époque, Me Thierry Herzog dans le dossier des frégates puisqu'il était l'un des avocats du groupe Thales. Je ne savais pas qu'il était le conseil de M. Sarkozy. Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? Vous contestez les conclusions de l'inspection, pourquoi ? D'abord, je n'ai pas connaissance de ce rapport. C'est extraordinaire : je suis renvoyé devant le CSM et je ne sais pas pourquoi. En lisant la presse, j'ai découvert un décalage entre les charges et la conclusion du rapport, déjà plus nuancée. De plus, le premier président de la cour d'appel, dès le 17 mai 2006, a dit dans son rapport que je n'avais commis aucun manquement à la déontologie en rencontrant un témoin, Jean-Louis Gergorin. Le garde des sceaux s'est bien gardé de diffuser ce rapport, qui n'a été publié qu'en septembre. Ce rapport restitue les rendez-vous avec M. Gergorin dans le cadre de l'article 706-58 du code de procédure pénale sur les témoins dont la vie est menacée. Il précise même que, dans cette enquête, j'ai fait "preuve d'une grande prudence" et d'un "incontestable professionnalisme". Car je me suis contenté de faire une investigation sur les comptes, et non sur les personnes. Je n'ai causé de préjudice à personne. J'ai simplement vérifié si les comptes étaient vrais ou faux, et j'ai établi qu'ils étaient faux. Or l'inspection dit le contraire. C'est n'importe quoi. Le premier président est un magistrat indépendant, un magistrat du siège, ce que n'est pas l'inspecteur général. Celui-ci dirige un service directement rattaché au pouvoir politique, au garde des sceaux. Et il est un ancien procureur général. Il ne présente pas les mêmes garanties d'indépendance qu'un premier président. On sait que quand un ministre part, souvent l'inspecteur général part dans ses valises, ou obtient une belle promotion, nommé par exemple procureur général à la cour d'appel de Paris. Je n'accorde pas le même crédit à ce rapport qu'à celui d'un haut magistrat du siège. S'il y a une réforme à faire, c'est de détacher le service de l'inspection du ministre de la justice, qui est un homme politique appartenant à une majorité, qui est actuellement dirigée par le président de l'UMP. Cela crée une suspicion. J'ai vu les attaques politiques. L'affaire Clearstream est l'arbre qui cache la forêt : des règlements de comptes. Et les deux autres griefs de l'inspection, les relations avec vos collègues et les documents transmis à l'auditeur de Clearstream, Florian Bourges ? En ce qui concerne mes collègues, le premier président dit : j'attends de voir si M. Van Ruymbeke a participé à la manipulation. Or, sur ce point, l'IGSJ dit que je n'ai participé à aucune manuvre. § La vidéo "Le Vrai Sarkozy", publiée par des militants anti-Sarkozy en juillet 2006, continue de battre des records d'audience. La riposte n'a pas tardé : une vidéo intitulée "La Vraie Ségolène" circule sur le Net, recensant les "bourdes" de la candidate socialiste. § L a bataille entre les partisans des candidats à l'élection présidentielle se poursuit sur les sites de partage de vidéos. La vidéo "Le Vrai Sarkozy", publiée par des militants anti-Sarkozy en juillet 2006, continue de battre des records d'audience sur Dailymotion, YouTube et GoogleVideo. Des jeunes de l'UMP ont tenté de répondre, dans un premier temps, par une vidéo vantant les mérites de leur candidat : "Le Vrai Vrai Sarkozy" a été diffusée notamment par les blogs officiels de l'UMP. Mais elle n'a pas connu le succès escompté : un peu plus de 36 000 visites sur Dailymotion, bien peu en comparaison des 1,5 million de visionnages de la vidéo anti-Sarkozy. La riposte n'a pas tardé : une vidéo intitulée "La Vraie Ségolène" circule sur le Net, recensant les "bourdes" de la candidate socialiste. L'internaute ayant posté la vidéo se défend d'appartenir à l'UMP et dénonce l'"insouciance, la légèreté et la méconnaissance des choses fondamentales" de Mme Royal. "Pour le bien de la France, elle ne doit pas être présidente", affirme-t-il, donnant également une liste de liens vers des sites proches de l'UMP qui critiquent la candidate socialiste, comme paslesroyal ou désirdevent, parodie du site de désirsdavenir. La vraie Ségolène § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Selon le candidat de la LCR, les parrainages sont "plus difficiles" à obtenir cette année. Le candidat de la LCR a par ailleurs affirmé que José Bové, qui a annoncé jeudi sa candidature à la présidentielle, n'est pas son "adversaire". § O livier Besancenot, candidat de la LCR à la présidentielle, a affirmé, lundi 5 février sur Canal+, qu'il disposait de 420 promesses de parrainage. Il s'est dit confiant dans la capacité de son parti à réunir les signatures nécessaires. "C'est jouable" et "on va les avoir", a-t-il déclaré. La collecte de parrainages "s'accélère un peu" au cours des dernières semaines, a-t-il fait valoir. BOVÉ N'EST PAS UN "ADVERSAIRE" Selon lui, les parrainages sont "plus difficiles" à obtenir cette année "car les élections municipales tombent juste après la présidentielle". Et compte tenu de "la publication des noms", les élus "ont peur de se brouiller avec les conseils généraux et régionaux, tenus en majorité par la gauche". Le système "n'est pas franchement démocratique" et "les partis institutionnels peuvent faire pression sur les petits candidats", a-t-il dénoncé. Le candidat de la LCR a par ailleurs affirmé que José Bové, qui a annoncé jeudi sa candidature à la présidentielle, n'est pas son "adversaire". "José risque d'aller derrière les barreaux", "je serai à ses côtés, j'espère que tout le monde le sera", notamment Marie-George Buffet (PCF) et tous ceux qui étaient dans la campagne unitaire, a, en outre, affirmé M. Besancenot. "Ce serait bien que Ségolène Royal prenne position parce qu'on sera tous concernés", a-t-il ajouté. La Cour de cassation doit se prononcer mercredi sur le pourvoi en cassation du leader altermondialiste contre une condamnation à quatre mois de prison ferme pour arrachage d'OGM. § Le débat sur l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) rebondit alors qu'entre en vigueur cette année le "bouclier fiscal" : un contribuable ne peut acquitter des impôts supérieurs à l'équivalent de 60 % de ses revenus (soit 70 % en incluant la CSG et la CRDS sur les revenus du capital). § L e débat sur l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) rebondit alors qu'entre en vigueur cette année le "bouclier fiscal" : un contribuable ne peut acquitter des impôts supérieurs à l'équivalent de 60 % de ses revenus (soit 70 % en incluant la CSG et la CRDS sur les revenus du capital). Il devrait concerner 16 000 contribuables fortunés, auxquels seraient remboursés 350 millions d'euros, et 77 000 contribuables qui ne paient pas l'ISF et percevraient 50 millions car leur impôt sur le revenu et leurs taxes d'habitation et foncière dépassent 60 % de leurs revenus. Mais pour Gilles Etienne, directeur associé du cabinet de conseil en gestion de patrimoine Cyrus Conseil, il s'agit bien d'une discrète réduction de l'ISF : " Selon nos estimations, 911 personnes disposant d'un patrimoine net de plus de 15 millions d'euros vont se partager 176 millions d'euros de remboursements, soit 193 000 euros de gain moyen, et, pour certains, 2 millions, 3 millions ou 4 millions d'euros !" Jusqu'en 1996, un système de "plafonnement" de l'ISF permettait aux grandes fortunes de ne pas être imposées au-delà de 70 % de leurs revenus, CSG et CRDS incluses. Le premier ministre Alain Juppé a ensuite instauré un "plafonnement du plafonnement" : l'ISF effectivement payé ne peut être inférieur à la moitié de son montant avant plafonnement. L'objectif était de rendre moins attrayants les montages patrimoniaux permettant aux grandes fortunes de réduire leurs revenus imposables pour diminuer l'ISF. Certains gros contribuables ont alors pris la poudre d'escampette. L'arrivée du bouclier fiscal devrait rendre à nouveau plus intéressantes les pratiques d'"optimisation fiscale" qu'Alain Juppé avait voulu combattre. Par exemple "utiliser des structures imposées à l'impôt sur les sociétés pour détenir le patrimoine, céder temporairement l'usufruit de certains biens - ce qui permet de transformer leurs revenus en capital, vendre de l'immobilier pour acheter des produits de capitalisation comme l'assurance-vie, procéder à des donations, etc.", énumère M. Etienne. "Cela fait longtemps qu'en toute légalité, les patrimoines substantiels ont monté des holdings familiales, par exemple des EURL entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée optant pour l'impôt sur les sociétés, qui sont gérées comme des tirelires détenant leurs biens", ajoute Eric Ginter, associé du cabinet d'avocats Pelletier, Lefèvre et associés. Pourtant, un doute persiste sur l'efficacité du dispositif : "Le bouclier fiscal actuel, à tout de même 70 % des revenus, n'enrayera pas les départs de grandes fortunes. D'autres éléments comme l'imposition des plus-values des personnes physiques sont nettement plus attractives à l'étranger", estime M. Ginter. Il souligne que le bouclier n'est pas automatique : les contribuables doivent faire une démarche entraînant la possibilité de contestation. Plus optimiste, Hervé Lehérissel, associé d'Ernst & Young Société d'avocats, juge que, "dès lors qu'on laisse 40 %, CSG exclue, ça devrait tout de même infléchir l'attitude des gens fortunés". Les deux spécialistes s'entendent en tout cas pour estimer que la proposition de Nicolas Sarkozy de réduire le bouclier fiscal à 50 % des revenus, CSG et CRDS incluses "pourrait dans un certain nombre de cas régler le problème", dit M. Ginter et rapprocherait le taux d'imposition français de celui des pays nordiques ou des Pays-Bas. Cette mesure éviterait peut-être que les grandes fortunes ne se focalisent sur l'ISF, accusé de prendre l'essentiel de leurs revenus, et considèrent l'ensemble de leur imposition : "En France, on a supprimé en 2006 la taxation des plus-values sur les valeurs mobilières détenues depuis plus de huit ans par les dirigeants de PME qui prennent leur retraite. L'exonération s'étendra en 2013 à tous les titres détenus au moins huit ans. De plus, les droits de succession, déjà assez compétitifs, pourraient être encore allégés, énumère M. Lehérissel. Finalement, nous pourrions être le pays qui prélève le moins sur le patrimoine... tout en continuant à faire fuir les fortunes à cause de l'ISF." § Entretien avec Damien de Blic, chercheur au groupe de sociologie politique et morale de l'EHESS. § L a fiscalité anime la campagne présidentielle. Qu'est-ce qui distingue fondamentalement la droite et la gauche sur ce thème ? La conception de l'impôt reflète toujours des modèles de société et de justice sociale. Derrière les polémiques sur l'impôt sur le revenu et l'ISF, la question de la légitimité de la richesse et du moyen de la faire contribuer au bien commun est posée. A droite, la richesse est regardée a priori comme légitime car méritée et profitant finalement à tous. Il serait donc néfaste pour la prospérité générale de mettre un frein à ce moteur de l'activité sociale. A l'inverse, à gauche, la richesse tend à être suspecte. Soit elle est transmise par héritage et elle contrevient aux principes républicains de méritocratie et d'égalité des chances. Soit elle résulte de l'activité économique de l'individu et elle est soupçonnée de provenir d'une exploitation ou d'une usurpation. Il faut donc réparer ces injustices par l'impôt. cv 2005 Damien de Blic, chercheur au groupe de sociologie politique et morale de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), enseigne la science politique aux universités Paris-I et Paris-VIII. 2003 Il soutient une thèse de doctorat à l'EHESS intitulée "Le scandale financier : naissance et déclin d'une forme politique, de Panama au Crédit lyonnais." Et sur les revenus boursiers ? Les conceptions sont plus consensuelles : la droite et la gauche les considèrent d'un mauvais oeil. En France, on juge depuis longtemps ces profits comme injustes, car ils ne reposent ni sur un effort ni sur une transmission, qu'ils comportent une part de jeu et sont hantés par le spectre de la spéculation. Observez-vous actuellement d'autres rapprochements ? Le paysage politique se recompose sur le thème de la récompense du travail - et de l'effort que suppose le travail -, une idée défendue par Nicolas Sarkozy comme par Ségolène Royal. Autour de cette notion de "valeur travail", des axes communs peuvent se dégager sur la nécessité d'une baisse des cotisations sociales ; voire de certaines tranches de l'impôt sur le revenu. Ce choix de Mme Royal semble électoralement risqué, comme l'indiquent les réticences suscitées par ce thème dans son camp. Il contribue dans tous les cas à creuser l'écart avec toute une partie de la gauche qui se radicalise et qui soupçonne la valorisation du travail de dissimuler une promotion de l'entreprise. François Hollande ne tient d'ailleurs pas le même discours... Sa proposition de revenir sur ce qu'il considère comme des "cadeaux fiscaux" pour les revenus de plus de 4 000 euros ainsi que sa phrase "Je n'aime pas les riches" peuvent être interprétées comme un retour du refoulé. Au milieu des années 1980, on a pu croire que la question de l'argent et de la richesse était devenue moins problématique à gauche. Après l'échec de la politique keynésienne du premier gouvernement Mauroy, le gouvernement socialiste a fortement contribué à revaloriser l'image de l'entrepreneur, dont l'icône a été Bernard Tapie. Dix ans plus tard, on s'aperçoit que cette conversion est loin d'être achevée et on voit resurgir au contraire la dénonciation de la richesse, de la banque, de la finance, de ceux qu'on appelait autrefois "les gros"... Ces questions restent très polémiques car elles engagent un sens moral qui plonge ses racines assez loin dans le temps. Quelles sont les origines de cette morale ? Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, il s'est produit une hybridation de deux pensées : la gauche anticapitaliste a appuyé sa critique du capitalisme, du matérialisme et de l'argent en empruntant un langage et des catégories forgées au sein de la théologie et de la morale chrétienne. La dénonciation du "mammonisme" - l'argent érigé en dieu, l'argent roi - devient alors un thème politique, pouvant appuyer des mobilisations. En puisant aux mêmes sources, une partie de la droite partage ce sens moral. On le retrouve typiquement dans le gaullisme méfiant à l'égard de l'argent et méprisant l'économie, selon la formule du général de Gaulle : "L'intendance suivra." § L'exil fiscal du chanteur Johnny Hallyday à Gstaad a relancé le débat sur la fiscalité dans la campagne présidentielle. § L 'exil fiscal du chanteur Johnny Hallyday à Gstaad a relancé le débat sur la fiscalité dans la campagne présidentielle. L'idée selon laquelle l'impôt décourage, en France, les talents, les fortunes, les entreprises et l'emploi, revient sur le devant de la scène. Selon un sondage de l'IFOP pour le cabinet Fiducial, 29 % des patrons d'entreprise de moins de 20 salariés disent avoir "personnellement songé à quitter un jour la France pour échapper au poids des impôts et des charges sociales", contre 71 % qui n'y ont jamais pensé. Et 68 % des petits patrons (contre 31 %) estiment qu'ils feraient " la même chose" que M. Hallyday "à sa place". Au même moment, pourtant, de nouvelles baisses d'impôts entrent en vigueur. La tranche marginale de l'impôt sur le revenu descend à 40 % (contre 48,09 %) et un "bouclier fiscal" - qui plafonne l'imposition totale à 60 % des revenus - est créé... "Depuis 2002, un gros effort de modernisation compétitive de la fiscalité a été réalisé, dont chaque modalité n'est pas forcément la meilleure, mais qui a, dans l'ensemble, produit ses effets. L'amélioration est plus sensible pour les impôts les plus en vue, l'impôt sur les sociétés et l'impôt sur le revenu", note Hervé Lehérissel, associé d'Ernst & Young Société d'avocats et ancien directeur de la législation fiscale au ministère des finances. Faut-il aller plus loin pour renforcer la compétitivité fiscale, ou bien retrouver des marges de manoeuvre budgétaires en remettant en cause ces baisses ? En fait, au-delà du recul bien réel de certains impôts, la charge des prélèvements obligatoires a augmenté ces dernières années. D'abord en raison de la hausse des prélèvements sociaux - les cotisations sociales s'élèvent aujourd'hui à 21,4 % du PIB, soit 5,5 points de plus qu'en 1978, une hausse équivalente à la somme des produits actuels de l'impôt sur les sociétés et de l'impôt sur le revenu. Mais aussi de celle d'autres taxes sur les entreprises et de la fiscalité locale - taxes d'habitation et foncière - qui s'est alourdie avec la décentralisation. CHOIX DE SOCIÉTÉ Ainsi l'impôt sur le revenu baisse, mais le taux global de prélèvement social et fiscal sur le salaire moyen atteignait, en 2005, 71,3 % du salaire brut en France, un record dans les pays de l'OCDE - les bas salaires bénéficiant toutefois d'allégements de charges. Pour les entreprises, l'impôt sur les bénéfices est aussi, en France, relativement compétitif (33,33 % avec des abattements pour les PME). Mais la taxe professionnelle n'a fait l'objet que d'aménagements limités, certains entrant en vigueur en 2007. Assise sur les machines, les usines ou les terrains, elle pèse près de deux tiers de l'impôt sur les sociétés. S'ajoutent la taxe foncière, la taxe sur les salaires, la taxe générale sur les activités polluantes et une série de taxes de tous ordres comme celle sur le charbon créée l'an dernier... Au total, selon le rapport "La France en transition 1993-2005" du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) présidé par Jacques Delors, "la charge fiscale globale - c'est-à-dire le total des impôts et des cotisations de Sécurité sociale - représentait 44 % du PIB en France en 2005", contre 39,6 % en moyenne dans l'Union européenne à quinze, sans compter les nouveaux pays adhérents. La compétition fiscale se fait donc ressentir avec davantage d'acuité : "La France reste en marge du reflux des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires dans le monde. Or, il faudra bien rejoindre ce mouvement. La Suède, seul pays de l'OCDE à avoir un ratio de dépenses publiques par rapport au PIB plus élevé que nous, les réduit fortement et, à ce rythme, nous passerons en première position dans un an ou deux", note M. Lehérissel. Le niveau de prélèvements obligatoires dépend de la nature du système de solidarité, le financement des retraites relevant, par exemple, aux Etats-Unis de systèmes privés. Serait-ce un choix de société ? Peut-être pas uniquement. Les dépenses de protection sociale atteignent en France 31,2 % du produit intérieur brut, un niveau seulement dépassé par la Suède (32,9 %), mais supérieur à celui du Danemark (30,7 %), de l'Allemagne (29,5 %), des Pays-Bas (28,5 %) ou de la Finlande (26,7 %), selon les dernières données d'Eurostat datant de 2004. " Le poids des prélèvements sociaux et fiscaux dépend aussi de l'efficacité des dispositifs et de leur mise en oeuvre pour atteindre les objectifs sociaux. Trop peu d'études permettent d'évaluer, en France, cette efficacité", note le rapport Delors. "Des pays comme le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas ou l'Allemagne ont des systèmes moins coûteux, et une protection sociale de grande qualité", note M. Lehérissel. § Samedi 3 février, Suzilène Monteiro est revenu en France, avec un visa d'étudiante. Cette Cap-Verdienne de 18 ans avait été expulsée, le 12 octobre 2006. § S amedi 3 février, Suzilène Monteiro est revenu en France, avec un visa d'étudiante. Cette Cap-Verdienne de 18 ans avait été expulsée, le 12 octobre 2006. Comme elle, depuis la rentrée scolaire de septembre 2006, une trentaine de personnes (parents d'enfants scolarisés, jeunes majeurs, ou familles entières), selon le Réseau éducation sans frontières, ont été expulsées dans le cadre de la circulaire Sarkozy. Mais seules deux personnes, dont Suzilène Monteiro, ont pu revenir en France à la faveur d'une intervention directe du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. La mobilisation de ses camarades du lycée professionnel Valmy de Colombes (Hauts-de-Seine) a été déterminante pour Suzilène Monteiro. Multipliant les actions, observant même trois semaines de grève, ils ont obtenu du ministre qu'il s'engage à "prendre le dossier en main". Arrivée en France en 2003, Suzilène Monteiro a été interpellée le 2 octobre 2006 et placée en centre de rétention, alors qu'elle venait d'obtenir un CAP et s'apprêtait à poursuivre sa scolarité pour obtenir un brevet professionnel. Dix jours plus tard, elle était secrètement renvoyée vers le Cap-Vert, son pays d'origine, depuis l'aéroport du Bourget, par un avion spécialement affrété par le ministère de l'intérieur, laissant en France sa mère et son petit frère. La préfecture venait de déjouer la mobilisation de ses camarades qui s'étaient précipités, ce jour-là, à Orly, pour empêcher son expulsion. Les amis de Suzilène Monteiro manifestaient, le 20 octobre 2006, devant le conseil général des Hauts-de-Seine qui, ce jour-là, tenait une séance en présence de M. Sarkozy. Venu les écouter, le ministre finissait par déclarer que "rien ne s'oppose à la délivrance d'un visa long séjour pour poursuivre ses études". A des milliers de kilomètres de là, Suzilène Monteiro a alors commencé à y croire. Revenir en France, elle le souhaitait intensément, ne se voyant aucun avenir au Cap-Vert, où "il n'y a pas de travail et de plus en plus de violence". Pour multiplier ses chances, elle s'était d'ailleurs inscrite à une formation de français. "Je me suis dit que si je ne repartais pas tout de suite, j'allais devenir prof de français", a-t-elle raconté à sa descente de l'avion, samedi 3 février. Ces cours lui ont a donné "le courage" de tenir lorsque, quelques semaines plus tard, elle a appris que l'ambassade de France lui refusait son visa. Il a fallu que le cabinet de M. Sarkozy insiste auprès du ministère des affaires étrangères pour qu'un visa lui soit accordé. DEVANT LES JOURNALISTES Le cabinet du ministre fait du cas de Suzilène Monteiro un exemple. "Il est important de rappeler et de faire respecter les règles dans un sens comme dans l'autre. Suzilène a été reconduite à la frontière car elle était en situation illégale, Mais, depuis, elle a déposé une demande de visa long séjour et pu obtenir un visa étudiant", note un conseiller du ministre. Mais, sans l'intervention du ministre lui-même, elle n'aurait sans doute pas obtenu son visa. Déjà, le 17 mai 2006, à quelques heures d'un voyage au Mali, M. Sarkozy avait donné instruction aux préfets du Loiret et de l'Eure d'organiser le retour de Mariam Sylla, mère de famille malienne, éloignée de manière indue du territoire français le 13 mai, avec ses deux enfants. Le 2 février encore, Yannick Bosey était libéré, à la demande de M. Sarkozy, du centre de rétention de Bobigny où il était retenu depuis la veille. Le hasard a voulu que, là encore, la route de ce jeune majeur scolarisé au lycée Jean-Pierre-Timbaud, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), rencontre celle du ministre de l'intérieur. Tenant ce jour-là une conférence de presse à Bobigny, le ministre a été interpellé, devant les journalistes, par la mère de Yannick, à qui il a promis de résoudre la situation de son fils. § Des panels de Français remplacent les journalistes dans les émissions de débat politique. Une centaine de télespectateurs doivent interviewer Nicolas Sarkozy dans le cadre de l'émission "J'ai une question à vous poser", lundi soir sur TF1. § P lace aux "vraies questions" des "vraies gens" ! Les grandes chaînes de télévision abordent la dernière ligne droite de la campagne présidentielle avec la volonté partagée de donner la parole aux citoyens. Une centaine de téléspectateurs électeurs sont conviés au siège de TF1, lundi 5 février, pour donner corps au titre de l'émission : "J'ai une question à vous poser". Premier invité : le ministre de l'intérieur et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy. "Toutes les questions seront autorisées et nous ne les connaîtrons pas à l'avance", a assuré Etienne Mougeotte, vice-président de TF1. PROGRAMME TF1. "J'ai une question à vous poser" (lundi, 20 h 50) et "Face à la Une" (20 h 50, à partir du 21 mars). FRANCE 2. "A vous de juger" (cinq numéros jusqu'en avril) et "Mots croisés" (bimensuel). FRANCE 3. "Français : votez pour moi !" (20 h 50, jusqu'en mars). FRANCE 5. "Je vote comme je suis" (mardi, 20 h 50), "Ripostes" (dimanche, 18 heures) et "Etats généraux" (mardi, 20 h 40). PUBLIC SÉNAT. "Ma première campagne" (à partir du 22 février, 23 heures) et "Face à face" (lundi, mardi et mercredi, 18 h 45). LCP-AN. "Abstention zéro" (jeudi, une fois par mois, 20 h 30) et "Le Temps de choisir" (mardi, 20 h 30, en partenariat avec Le Monde). LCI. "Elysée 2007, les 3 marches" (jeudi, 18 h 30). Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2, qui souhaite travailler "au maximum avec la participation des Français", en a invité une dizaine sur le plateau d'"A vous de juger". Une quinzaine d'autres citoyen(ne)s sont promus coanimateurs de "Français : votez pour moi !", sur France 3. Pour le directeur général adjoint de la chaîne, chargé de l'information, Paul Nahon, il s'agira de "confronter le discours des candidats à la réalité". France 5 convie "des familles représentatives" pour son émission "Je vote comme je suis". La formule des panels permet aux grands diffuseurs de faire coup double. Primo, elle offre une réponse de forme aux accusations de non-représentativité et/ou de partialité lancées contre les médias. Secundo, elle permet de contourner les exigences des deux principaux candidats, qui veillent scrupuleusement au "casting" des plateaux sur lesquels ils sont invités (Le Monde du 28 décembre 2006). M. Sarkozy avait refusé de débattre avec des responsables du Parti socialiste lors de l'émission "A vous de juger" du 30 novembre 2006, préférant, selon son entourage, "débattre avec des Français". Ségolène Royal, qui sera l'invitée de la nouvelle émission de TF1, le 19 février, est une adepte des panels d'électeurs. C'est cette formule que la candidate socialiste - moins à l'aise dans le grand oral ou le face-à-face - a déjà privilégié, dans la presse écrite et à la radio. Très sollicitées, les équipes de campagne des deux principaux candidats s'organisent pour répondre. La machine, qui est encore en rodage dans l'état-major de Mme Royal, est bien huilée à l'UMP. La dizaine de porte-parole sarkozystes se retrouve quotidiennement autour de François Fillon, conseiller politique du candidat, et, deux fois par semaine, dans le bureau de Brice Hortefeux, place Beauvau, pour harmoniser leurs interventions sur les chaînes thématiques ou à la radio. Chacune de leurs interventions fait l'objet d'un "débriefing". Pendant que certains gèrent une profusion d'invitations, d'autres font face à la pénurie. C'était le cas de François Bayrou (UDF), qui a opéré un contre-pied efficace, le 2 septembre 2006, en dénonçant, sur le plateau du "20 heures" de France 2, "l'orchestration médiatique pour faire croire que le choix est joué d'avance". Le centriste y a gagné des galons de "rebelle". Et - compte tenu aussi de sa progression dans les sondages - une place plus substantielle dans des médias un brin culpabilisés. L'autre postulant à la place de "troisième homme", Jean-Marie Le Pen, partage avec sa fille Marine, directrice stratégique de sa campagne présidentielle, l'essentiel des émissions dans lesquelles sont invités des représentants du Front national. A M. Le Pen les grands débats. A sa fille les autres. "Ce sont les médias qui souhaitent avoir Marine", explique le président du FN, qui déplore "leur refus de recevoir quelqu'un d'autre". Selon un membre du bureau politique, "une chaîne publique" aurait repoussé la suggestion d'inviter Bruno Gollnisch, délégué général du FN, en expliquant ne pas "souhaiter la présence d'une personne promouvant des idées révisionnistes". Tout en déplorant - à l'instar de l'attaché de presse de Marie-George Buffet (PCF), Jean-Marc Bouvet - la "surreprésentation du bipartisme", les candidats de la gauche non socialiste se sont fait une raison. Et cherchent à s'adapter. Arlette Laguiller (LO) privilégie ses déplacements sur le terrain. Olivier Besancenot (LCR) et Dominique Voynet (Verts) idem, en misant sur la couverture des télévisions locales. C'est aussi le parti pris que veut afficher le dernier entré en lice, José Bové. Faussement modeste ? Si le leader paysan dit privilégier la presse quotidienne régionale et les "talk-shows" des radios "pour parler aux gens", il est parvenu à être l'invité du journal télévisé de TF1 et de RTL pour le lancement de sa candidature. L'apparition des web-télés et des blogs politiques n'a pas - encore - entamé le crédit dont disposent les chaînes de télévision en matière d'information politique. Selon un sondage CSA effectué en octobre 2006, en partenariat avec Radio France, la télévision devance largement les autres médias. 83 % des personnes interrogées disent y avoir recours le plus souvent, contre 43 % à la presse écrite, 34 % à la radio, et 15 % à Internet. A charge pour la télévision, comme pour les autres médias, de rendre compte des polémiques diffusées sur la "Toile". § En Auvergene,comme dans toutes les régions, au cours des semaines à venir, la direction de la CFDT est venue discuter de la "sécurisation des parcours professionnels", afin de préparer de futures négociations. § L a signalétique est discrète : "Réunion avec François." Sur la porte de la Maison du peuple, à Clermont-Ferrand, jeudi 1er février, le panneau annonce la rencontre, strictement interne, des responsables CFDT de l'Auvergne avec leur secrétaire général, François Chérèque. Ici, comme dans toutes les régions, au cours des semaines à venir, la direction de la CFDT est venue discuter du contrat de travail et de la "sécurisation des parcours professionnels", afin de préparer de futures négociations. En Auvergne, cette démarche revêt un sens particulier. Au lendemain du conflit contre la réforme des retraites, en 2003, soutenue par la CFDT, au grand dam d'une partie de sa base, plus de la moitié de la région était partie, notamment à la CGT. Ce que M. Chérèque a d'ailleurs rappelé aux quelque 80 responsables auvergnats - la région compte 12 500 adhérents, dont les trois quarts dans le privé et plus de la moitié dans le Puy-de-Dôme. CDI "INTERMITTENTS" En six heures de discussion, tous les thèmes sont abordés : flexibilité du travail, sécurisation de la vie professionnelle, structure de l'emploi, etc. Présidentielle oblige, le rappel des propos des candidats vient pimenter un exposé pédagogique fait à grand renfort de tableaux et graphiques. Les militants regardent, écoutent et interpellent leur secrétaire général. "La qualité du débat politique est déplorable, comment élever le niveau ?", demande Nicolas Clair, de Michelin. Attention à ne pas "jeter le discrédit sur le politique", lui répond M. Chérèque, tout en distribuant bons et mauvais points aux principaux challengers de la présidentielle. "Quand Sarko dit qu'il faut permettre l'investissement dans la petite entreprise, en ne le comptant pas dans l'impôt sur la fortune, c'est un vrai débat", assène-t-il. Avant de préciser : "Je rentre dans le débat sur le capitalisme, si vous êtes choqués, dites-le." Le candidat de l'UMP est critiqué pour son "travailler plus pour gagner plus". Et Ségolène Royal se voit félicitée pour sa position sur les trente-cinq heures. Thierry Delrieu, de Volvic, raconte comment la CFDT a signé un accord sur des CDI "intermittents", à 80 % du temps, pour accompagner une activité plutôt saisonnière. On est dans le vif du sujet. M. Chérèque rappelle qu'il "n'est pas pour le contrat unique, qui ne permettra pas de développer tous les scénarios de travail". La discussion ne fait que débuter et devrait trouver une première conclusion, après débat dans les sections, en avril. § On les appelle les "sièges". Ce sont les fonctionnaires du service de protection des hautes personnalités (SPHP). § O n les appelle les "sièges". Ce sont les fonctionnaires du service de protection des hautes personnalités (SPHP). Les "sièges", car ils prennent souvent place à l'avant de la voiture. De ce lieu privilégié, ils entendent les conversations privées et voient au plus près les humeurs de leur protégé (e). Rien d'étonnant, donc, à ce que Ségolène Royal ait hésité avant de choisir les policiers censés l'accompagner pendant la campagne. Le feuilleton a débuté à l'été 2006. Après avoir été entartée fin juin, la socialiste s'était étonnée de ne pas bénéficier d'une présence policière. Le cabinet de M. Sarkozy lui avait rétorqué que la procédure exigeait d'en faire la demande écrite... Ce que Mme Royal ne fit pas. Elle préféra s'adresser à l'UNSA-police, syndicat de gardiens de la paix (gauche), qui lui a fourni quelques gros bras, rompus au service d'ordre dans les manifestations. "Mes fonctionnaires sont aussi des citoyens, ils font ce qu'ils veulent en dehors de leurs heures de service", dit Joaquin Masanet, secrétaire général du syndicat. Mi-septembre, Mme Royal a finalement accepté le principe d'une protection officielle. Le SPHP a transmis une liste de candidats. A la demande de l'entourage de Mme Royal, l'UNSA-police a opéré la sélection, retenant deux noms en fonction de l'orientation politique connue ou supposée. "Ça ne me choque pas qu'il y ait une part de choix, explique Francis Labrousse, patron du SPHP. Il faut établir un lien de confiance étroit entre le protégé et le protecteur." La garde rapprochée suit le candidat du matin au soir, y compris dans ses rendez-vous personnels. Les muscles et le regard perçant ne sont pas les seules qualités recherchées. "L'officier de protection qui suit à l'étranger un ministre de seconde zone lui sert aussi de secrétaire particulier ou de chef de cabinet, sourit un haut responsable du service. Il assure les liaisons avec l'ambassade, achète la presse ou échange les billets d'avion. Il faut être souple." CONFIANCE ABSOLUE En décembre 2006, à l'approche de la campagne officielle, l'entourage de Mme Royal a demandé le renforcement de sa protection. Un commandant du SPHP a été désigné pour prendre la tête de la nouvelle équipe, composée de 7 personnes. Patrick B. est bien connu au PS : il a compté parmi la poignée de policiers qui assuraient la protection de François Mitterrand lors de ses déplacements privés, ce qui nécessitait une confiance absolue du président. C'est cet "excellent professionnel", dixit M. Labrousse, qui a sélectionné les autres membres de l'équipe. Les quelque 500 policiers du SPHP assurent également la protection des chefs d'Etat ou de gouvernement de passage sur le territoire. Une circulaire du 22 février 1995, signée par Charles Pasqua, a fixé les grandes lignes de leur action. Le président de la République, le premier ministre, les ministres régaliens, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que les anciens titulaires de ces fonctions : ils sont nombreux à bénéficier de cette protection. Certains se flattent de cette présence imposante, qui donne une idée de leur statut ; d'autres la trouvent pesante. A son arrivée à l'Elysée en 1995, M. Chirac a réduit les effectifs du groupe de sécurité de la présidence de la République, chargé d'entourer le chef de l'Etat, en public et en privé, en France et à l'étranger. Au contraire, Nicolas Sarkozy apprécie d'être entouré d'une poignée de policiers d'élite qu'il connaît depuis longtemps, qu'il entoure de sa sollicitude, qu'il décore à l'occasion. La situation des candidats à l'Elysée exige un traitement au cas par cas. Leur exposition médiatique, leur mode de vie, leurs prises de position sont étudiées. Philippe de Villiers est protégé depuis ses déclarations et son livre sur l'islamisme ; François Bayrou également. Jean-Marie Le Pen ne l'a pas été avant le 21 avril 2002, mais l'a été par la suite. Depuis le 29 janvier, il sort à nouveau accompagné. Seule l'extrême gauche, comme à l'accoutumée, refuse toute présence policière. § Lors de leur conseil national qui s'est tenu samedi 3 et dimanche 4 février, les Verts ont décidé à la quasi-unanimité qu'ils ne signeraient pas l'accord électoral que leur propose le Parti socialiste (PS). § L ors de leur conseil national qui s'est tenu samedi 3 et dimanche 4 février, les Verts ont décidé à la quasi-unanimité qu'ils ne signeraient pas l'accord électoral que leur propose le Parti socialiste (PS). Mercredi 31 janvier, au cours d'une ultime négociation entre les deux organisations, la délégation socialiste avait déjà dit non aux prétentions des Verts. François Hollande a minimisé ces tensions : "Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, on aura les conditions d'un bon accord", a-t-il déclaré, dimanche 4 février, à Créteil. Depuis juin 2006, les écologistes qui ont actuellement 3 députés élus en 2002 contre 7 lors de la législature précédente, réclament 25 circonscriptions, dont 20 "gagnables", afin de pouvoir constituer un groupe parlementaire. Le PS leur en offre 20, dont 15 acquises. "Ce que nous leur proposons est le double de ce qu'ils avaient en 1997. Avec nos autres partenaires, on a reconduit l'accord de 1997. On ne peut faire plus pour les Verts", explique Bruno Le Roux, responsable aux élections. Pour les socialistes, les prétentions des amis de Mme Voynet sont "au-delà du raisonnable". Les 2 % d'intentions de vote dont la candidate des Verts est créditée dans les sondages continuent de la handicaper dans sa démonstration de l'utilité de son parti à gauche. "Pour les satisfaire, on peut même imaginer de baisser le seuil de constitution d'un groupe parlementaire de 20 à 15 députés", continue M. Le Roux. Mais pas d'augmenter le cadeau de mariage. En début de législature, le règlement qui fixe le seuil de constitution d'un groupe peut être changé. La direction des Verts semble désormais coincée. Elle a tenté de mettre plus l'accent sur l'accord électoral que sur les désaccords programmatiques - notamment le nucléaire ou la fiscalité écologique. Rien n'y a fait. "La proposition du PS est en deçà de notre poids électoral. 25 députés, ça correspond proportionnellement aux 2 % donnés par les sondages. Nous refusons d'écologiser l'alternative de 2007 à n'importe quel prix !", s'énerve Cécile Duflot, secrétaire nationale. "Si on donne notre accord, on se fait battre par nos adhérents", argumente Michel Bock, membre du collège exécutif des Verts. L'accord doit être soumis à la ratification des adhérents et l'ambiance du conseil national a confirmé l'agacement des troupes. Les Verts ont averti leurs partenaires qu'en cas d'échec "le travail dans les exécutifs locaux ne se ferait pas dans le même climat de coopération", explique Mme Duflot. § Dans cette dernière ligne droite de la campagne présidentielle, Jean-Marie Le Pen mise sur les médias télévisuels et radiophoniques pour promouvoir ses idées. § D ans cette dernière ligne droite de la campagne présidentielle, Jean-Marie Le Pen mise sur les médias télévisuels et radiophoniques pour promouvoir ses idées. Son agenda pour février ne prévoit pas moins de neuf grandes émissions. Sa fille, Marine Le Pen, directrice stratégique de la campagne, le suppléera dans huit autres. Sans compter les prestations ponctuelles de Bruno Gollnisch, le délégué général, ou de Jean-Claude Martinez, vice-président du FN, il est vrai moins prisées par les médias. "Je fais beaucoup de choses. Je suis sur le terrain politique matin et soir, mais j'ai considéré qu'il vaut mieux 11 millions de téléspectateurs sur TF1 plutôt que 1 000 sympathisants à Romorantin (Loir-et-Cher)", explique M. Le Pen. "J'ai la portion congrue dans les radios et télévisions, j'essaie de la faire fructifier", insiste-t-il, en ne cachant pas qu'il espère beaucoup de la "dernière phase de campagne où l'équité et même l'égalité seront en vigueur dans les médias". CINQ MEETINGS Les déplacements de M. Le Pen, qui aura 79 ans en juin, ont été réduits. Ils se résument, en février, à une visite en Picardie et à un déjeuner-débat, à Nantes, consacré à l'écologie. M. Le Pen évoque pour justifier ce choix le peu de disponibilité de ses cadres "pris par la collecte des promesses de parrainages" indispensables pour valider sa candidature à l'Elysée. Dimanche 4 février sur Europe 1, il a déclaré "ramer" mais "approcher de Cythère doucement" avec "un peu plus" de "430-450" signatures. Le principal événement de ce mois sera la convention présidentielle des 24 et 25 février, organisée à Lille. A l'origine, cette convention devait être un faire-valoir de l'Union patriotique voulue par M. Le Pen. Elle devait témoigner de sa capacité à rassembler "au-delà de son camp". Mais le peu de succès de cette main tendue aux "patriotes" a conduit la cellule de campagne à changer son fusil d'épaule et à consacrer ces journées au programme. En effet seuls, jusqu'à présent, Bruno Mégret et son parti le Mouvement National Républicain (MNR), le Parti populiste créé par des dissidents du FN et du MNR et, côté personnalités, l'écrivain Alain Soral y ont adhéré. Un événement autour de cette Union aurait conduit à mettre sur le devant de la scène M. Mégret, le principal responsable de la scission du FN, en 1998, à qui Marine Le Pen a reproché, par le passé, d'être entouré d'"ethnicistes". Un exercice auquel s'oppose Mme Le Pen et Louis Aliot, secrétaire général du FN. Plusieurs déplacements à l'étranger avaient été envisagés. L'idée a finalement été abandonnée. M. Aliot évoque le "peu d'intérêt des Français pour ce genre de déplacements". Un autre membre du bureau politique parle du peu d'enthousiasme des responsables politiques à rencontrer le chef de l'extrême droite française. Cinq meetings ont toutefois été programmés d'ici au 22 avril. Le premier et le dernier auront lieu dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Marseille et Nice), région où M. Le Pen se présente régulièrement et qui procure au Front un de ses meilleurs scores. § "Il y a peut-être des candidats qui sont plus aptes que la gauche à prendre en compte les problèmes, à réagir au désastre", déclare-t-il. Il a cependant nié soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy. § L 'intellectuel Alain Finkielkraut s'est dit mardi "atterré par l'état actuel de la gauche". "Je constate que le Parti socialiste est dans le coma", déclare-t-il. "La gauche a choisi la voie du mitterrandisme, de la posture, du symbole et pas la voie du mendésisme, c'est-à-dire en gros de la connaissance des dossiers", considère M. Finkielkraut. "Il y a d'autres possibilités qui s'offrent aux électeurs" pour la présidentielle, déclare-t-il. "Il y a peut-être des candidats qui sont plus aptes que la gauche à prendre en compte les problèmes, à réagir au désastre", précise-t-il. "Si je suis poussé dans mes retranchements, alors oui je nommerai François Bayrou, je nommerai Nicolas Sarkozy et peut-être également" sous certaines réserves "Dominique Voynet (...). Mais j'aurais préféré une candidature de Nicolas Hulot", confie-t-il. "DÉSASTRE" Il précise que cela ne fait pas de lui pour autant "le porte-parole de Nicolas Sarkozy, ni de qui que ce soit d'autre". L'écrivain dément notamment les informations de certains médias faisant état de son ralliement imminent au candidat de l'UMP. "Je n'ai jamais été en contact avec le Figaro pour faire un article sur l'élection présidentielle contrairement aux affirmations du Canard enchaîné", souligne M. Finkielkraut. De même "il ne m'a jamais été demandé de participer à la réunion du 11 février des comités de soutien à Nicolas Sarkozy comme l'a écrit Le Monde", affirme-t-il. "Si j'interviens dans la campagne, cela ne sera pas sous la forme d'un ralliement. Ce sera par une analyse des problèmes" car "nous vivons une sorte de désastre", explique-t-il. "Je pense que l'école est dans un état désastreux, je pense que la morale civique est dans un état désastreux, je pense que la montée des incivilités a pris des proportions absolument épouvantables", détaille-t-il. "L'écologie exige de nous que nous changions", conclut-il. § L'association œucuménique a présenté mardi 75 propositions "pour une autre politique d'immigration". La Cimade préconise notamment de "rapprocher le droit des étrangers du droit commun". § L a Cimade (Conseil d'entraide oecuménique) a présenté mardi à la presse ses propositions "pour une autre politique d'immigration", présentées comme l'aboutissement d'un vaste chantier de réflexion engagé depuis un an au sein de l'association. Selon Laurent Giovannoni, son secrétaire général, "le statu quo" en matière de politiques migratoires menées depuis une quinzaine d'années en Europe "n'est plus possible car il mine les fondements même de nos sociétés démocratiques". "Si l'on veut éviter que l'Europe ne se transforme en une République grecque, avec ses citoyens, ses esclaves et au loin ses barbares, il est grand temps de construire une alternative à la politique actuelle", ajoute-t-il. "Pour changer de logique" et interpeller les candidats à l'élection présidentielle, la Cimade met en avant 75 propositions rassemblées en huit thématiques : migrations internationales, politique des visas, droit d'asile, vie privée et familiale, travail, statuts en France, politiques d'accueil, d'insertion et de lutte contre les discriminations, rétention et éloignement. DROIT DE VOTE AUX ÉLECTIONS LOCALES Réaffirmant, au préalable, que l'objectif doit être le rétablissement de la liberté de circulation des personnes, la Cimade préconise notamment de "rapprocher le droit des étrangers du droit commun". Ainsi, dans le cas du regroupement familial, elle demande la suppression des critères de logement et de ressources requis pour en bénéficier. Sur le plan professionnel, la Cimade demande l'octroi du droit au travail pour toute personne admise au séjour en France et l'accès à tous les emplois publics ou privés. Pour les droits sociaux, elle préconise la généralisation de l'accès à la couverture maladie universelle et, sur le plan politique, l'octroi du droit de vote aux élections locales. La Cimade, seule association habilitée à intervenir dans les centres de rétention pour étrangers, dresse aussi des "pistes" à plus long terme comme renforcer les sociétés civiles et le codéveloppement, refonder le système des visas, élargir le statut de réfugié et faciliter l'accès à un statut stable pour les migrants. § De leur engagement contre le contrat première embauche il y a un an, les étudiants poitevins ont gardé la volonté de peser dans le débat politique avant la présidentielle. § U ne pile de photos, un tee-shirt marqué d'un "Le CPE, ne passera pas" abandonné sur une chaise... Un an après la première grande "manif", du 7 février 2006, l'ancien "QG" de la contestation poitevine conserve peu de trace du mouvement étudiant. " Même pas une petite "villepinette" en relique", plaisante Julien Vialard, 24 ans, étudiant en master d'histoire médiévale, et ancienne figure du mouvement. "La poitevine attitude", cet esprit potache qui poussait ces étudiants à brûler des voitures en carton, les fameuses "villepinettes", devant la préfecture, à déguiser en clown leur service de sécurité, et à dépasser les clivages syndicaux et politiques se retrouvera-t-elle dans l'urne lors du premier tour de la présidentielle, le 22 avril ? "Déception", c'est le mot qui vient à la bouche de Julien Chartier, 24 ans, en 2e année de musicologie et lui aussi vétéran du contrat première embauche (CPE). Proche de l'extrême gauche avant le mouvement, il a désormais pris ses distances avec cette famille politique. "Avec notre mobilisation et, aujourd'hui, à travers mon engagement dans le "collectif alternatif universitaire", une liste aux élections du Crous qui rassemble des étudiants de tout bord, je me suis aperçu qu'il était possible de débattre et de trouver des compromis sur les principales questions. Alors, quand je vois l'échec des collectifs antilibéraux pour désigner un candidat unitaire, je ne peux m'empêcher de penser "quel gâchis" !" Comme tous les étudiants interrogés, "hors de question de voter Sarko, de Villiers ou Le Pen", et même s'il évoque la possibilité Bayrou, c'est pour mieux affirmer qu'au final son vote "risque d'être pour Ségo, un peu à contrecoeur" et "au moins au second tour". A 21 ans, Stéphane Séjourné, étudiant en 2e année de licence de droit administration économique et sociale (AES), n'a pas ces états d'âme. Dans sa poche, deux cartes de militant, une du Parti socialiste, une autre du Mouvement des jeunes socialistes (MJS). Strausskahnien, il a combattu Ségolène Royal en interne mais aujourd'hui il est derrière elle pour la faire gagner. Même s'il trouve "le projet PS en matière d'éducation un peu creux", et qu'"il aurait fallu avoir plus de courage pour lancer des propositions plus décoiffantes", il se rassure en se disant que la candidate socialiste devrait sortir des propositions intéressantes le 11 février. "J'espère que ce ne sera pas trop tard. Sur les dernières semaines, les débats tournent plus sur les personnes que sur le fond", constate néanmoins l'étudiant. "La démocratie participative ? J'adore quand les gens la font en mangeant une pizza au fond de leur canapé", ironise Julien Vialard. Cheveux longs coiffés en queue de cheval, l'étudiant en histoire n'a pas perdu la gouaille et le charisme qui l'avaient propulsé à la tête de la mobilisation à Poitiers. Avec son copain Stéphane Séjourné, il a assisté au débat participatif organisé dans sa ville mais aussi au meeting de Nicolas Sarkozy, "une vraie machine de guerre qui fait peur". Son seul engagement est pour l'instant associatif. Président de l'association Volumen, qui rassemble des étudiants de sciences humaines, il jongle entre son mémoire sur les templiers et ses multiples centres d'intérêt. Pour lui aussi, ce sera "Ségo". "Force ouvrière, bonjour le sectarisme, le Parti communiste : il devrait se transformer en association culturelle, les communistes font de très bons festivals, les Verts, je les appelle les OGM, les organismes génétiquement mous..." Peu lui importe que la candidate PS ne l'ait pas totalement convaincu, "derrière le président il y a une équipe", le prétendu vide de son programme, "c'est le marronnier de chaque élection". Hugo Roussaffa, 20 ans est le doux rêveur de la bande. Il a vécu le CPE en tant qu'étudiant en histoire, un an après on le retrouve en deuxième année de géographie. Une chose est sûre, sa mobilisation l'a rendue plus conscient des rouages politiques, mais de là à savoir pour qui voter, il en est encore loin. "Peut-être blanc. On a des candidats mais on ne sait rien de leurs équipes. Ça négocie pourtant déjà pour les postes dans les partis." L'expectative, c'est aussi dans cet état d'esprit que se trouve Mathieu Hinckel, étudiant en 3e année de licence de chimie. Plutôt proche des Verts, voter utile ou pas au premier tour, c'est sa grande question du moment. Une chose est sûre : "Pas question de revivre le cauchemar de 2002." Indécis, décidés ou désabusés, les anciens du CPE ont en commun l'envie de voir de nouvelles têtes au sommet de l'Etat et de nouvelles idées pour l'université. A la sélection, ils répondent réel service d'information et d'orientation, à l'augmentation des frais d'inscription, ils préfèrent modulation ou réforme des bourses. "Fini les mesurettes, avertit Julien Vialard. Une réforme de l'enseignement supérieur, il faut l'entreprendre trois mois après les élections, après c'est trop tard." § Deux notes, consultées par "Le Monde", évoquent les menaces du GSPC algérien, même si les policiers ne disposent d'aucune information sur des préparatifs terroristes. § L e facteur "T" peut-il chambouler la campagne électorale française ? Derrière cette lettre, issue du mot "terrorisme", se concentrent les craintes des services de renseignement français. Le souvenir du scénario espagnol - en mars 2004, les attentats de Madrid avaient bouleversé les élections législatives et précipité la chute de José Maria Aznar - est dans tous les esprits. Pour l'heure, les policiers ne disposent d'aucune information sur des préparatifs concrets d'attentat. Toutefois, les récentes synthèses, classées "confidentiel-défense", dont Le Monde a eu connaissance, témoignent de l'attention soutenue portée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), organisation algérienne revendiquant son affiliation à Al-Qaida. Explosion d'une lettre piégée à Londres Une femme a été légèrement blessée à la main, lundi 5 février, par l'explosion d'une lettre piégée dans le centre de Londres. Les faits ont eu lieu dans les bureaux de la société Capita, qui contrôle la mise en oeuvre du système de péage imposé aux automobilistes londoniens. Cette compagnie, qui emploie 26 000 personnes dans le monde, gère aussi la base de données des archives de la police britannique. L'immeuble qu'elle occupe se trouve sur Victoria Street, une rue qui relie la gare de Victoria à l'abbaye de Westminster, et à quelque 200 mètres du quartier général de Scotland Yard. L'attentat n'a pas été revendiqué. La victime, employée de la compagnie, a été hospitalisée avec des blessures mineures. Les lettres piégées sont une technique à laquelle l'Armée républicaine irlandaise (IRA) avait recouru dans les années 1970, et qui n'a jamais provoqué de mort d'homme. La poste britannique est normalement équipée pour détecter ce type d'explosifs. - (Corresp.) Rassemblant des informations des Renseignements généraux (RG), de la direction de la surveillance du territoire (DST) et de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), ces notes ont été signées, le 15 janvier, à l'occasion du comité interministériel du renseignement, réuni autour du premier ministre, Dominique de Villepin. Deux alertes y sont citées. La première, apparue en décembre 2005, concerne des menaces d'attentat liées à "des cadres d'Al-Qaida en zone pakistano-afghane", sans plus de précision ; la seconde est surnommée " menace d'automne". Mise au jour en mai 2006, elle supposerait "la planification, depuis le Moyen-Orient, d'une vague d'attentats-suicides contre un pays européen non identifié, entre septembre 2006 et avril 2007". Cette dernière hypothèse serait "particulièrement représentative des connexions et de la démultiplication des capacités entre le Maghreb, le théâtre irakien et les réseaux implantés en Europe." Selon les services français - qui ont arrêté 140 personnes en 2006, dont 17 ont été écrouées -, la menace ne viendrait pas forcément d'une éventuelle cellule du GSPC installée en Europe. Deux évolutions sont redoutées, compliquant la surveillance policière : la transformation de structures consacrées au soutien logistique en vrais groupes opérationnels ; le passage à l'acte d'individus isolés ou de groupes très hétéroclites, influencés par la propagande du GSPC, notamment via Internet. Tous les services ont constaté un usage de plus en plus assidu des forums islamistes, même si certains ont décidé d'en restreindre l'accès, se privant d'une partie de leurs abonnés. Preuve du succès grandissant : un site francophone a triplé le nombre d'inscrits en six mois. Les policiers ont remarqué une diffusion fréquente de vues satellites, obtenues par le moteur de recherche Google Earth. Ainsi, le groupe islamiste démantelé en Tunisie, en janvier, "disposait de vues des ambassades britannique et américaine à Tunis et des images de l'ambassade de France à Rabat", mises en ligne le 26 décembre 2006. "PACTE DU MAL" Un autre site, connu pour la diffusion de données opérationnelles - aide à la fabrication d'explosifs... -, a même mis à disposition de ses "adeptes" un documentaire sur les égouts de Paris, cible ou moyen de fuite possibles. Enfin, le Global Islamic Media Front, organe proche d'Al-Qaida, a annoncé, sur plusieurs forums, "la sortie imminente du premier logiciel de chiffrement islamique", pour sécuriser les échanges en ligne. Depuis que le GSPC a été officiellement reconnu comme affilié à Al-Qaida, sa volonté d'internationaliser ses actions a été confirmée. Le numéro deux d'Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, a explicitement désigné la France comme une cible dans sa vidéo du 31 décembre 2006. Le 3 janvier, le chef du GSPC, Abdelmalek Droukdal, a dénoncé le "pacte du mal" liant les Etats-Unis et la France. "Nos services estiment surtout que Droukdal, en rappelant la guerre d'indépendance contre la "France croisée" puis en s'attribuant, pour la première fois, l'héritage du GIA, s'approprie une stratégie qui avait conduit à frapper les ressortissants français, aussi bien en Algérie qu'en France", note la synthèse. A en croire la police algérienne, le GSPC accentuerait son déploiement vers l'étranger en raison de la pression, en Algérie, des services de sécurité et de la charte de réconciliation nationale : l'amnistie a officiellement pris fin le 28 août 2006, mais elle se poursuivrait discrètement. Les services français suivent avec attention la rivalité au sein du GSPC entre Droukdal et Mokhtar Belmokhtar, qui dirige sa branche sahélienne. La conduite d'un attentat à l'étranger pourrait donner un avantage décisif à l'un des deux. Selon la synthèse, Belmokhtar aurait été chargé par l'état-major du GSPC "de fabriquer, à partir de 20 litres d'acide nitrique, un explosif qui pourrait être du TATP", à l'usage non précisé. Pour l'heure, le GSPC essaie surtout d'étendre son champ d'action dans le Maghreb. En Tunisie, deux opérations conduites entre le 23 décembre 2006 et le 3 janvier dans la région de Tunis ont causé la mort d'au moins 12 activistes et permis l'arrestation d'une quinzaine d'autres, selon la synthèse française. Ces individus "très déterminés et d'un niveau intellectuel élevé" étaient de nationalités algérienne et mauritanienne. Au Maroc, fin décembre, une cellule islamiste souhaitant viser des cibles étrangères dans le pays et implanter un camp d'entraînement en Algérie a été démantelée. § L'éditorialiste politique le plus célèbre de France entame sa huitième campagne présidentielle. Ses critères d'analyse l'avaient conduit à faire l'impasse sur Ségolène Royal, ce qui lui vaut aujourd'hui toutes les railleries. § S égolène Royal a longtemps attendu avant de lui dire ce qu'elle en pensait. Pendant un an, elle n'a pas soufflé mot à Alain Duhamel de son livre, Les Prétendants. L'affront était pourtant double. Dans la première édition, parue en janvier 2006, elle ne figurait pas parmi ses quinze portraits des plausibles candidats à la présidentielle. Dans la deuxième, parue il y a quelques jours, c'est presque pire encore. Le plus célèbre journaliste politique de France a bien rajouté quelques pages sur Ségolène Royal. Mais elle y est étrillée comme jamais, présentée comme reine du populisme et de la démagogie. PARCOURS 1940 Naissance à Caen. 1962 Diplômé de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris. 1963 Entre comme chroniqueur au "Monde". 1970 Première émission politique télévisée "A armes égales". 1978 Crée avec Jean-Pierre Elkabbach : "Cartes sur table". 2007 Réédition de son dernier livre, "Les Prétendants", éditions Pocket. L'explication a finalement eu lieu, il y a quinze jours. Au téléphone. Alain Duhamel voulait convaincre Mme Royal de la nécessité d'un débat télévisé, face à Nicolas Sarkozy. La candidate du PS n'a pas dit non. Elle n'a pas dit oui non plus. Juste : "Je suis une femme fière et vous m'avez traitée de façon humiliante..." Dans son salon, à deux pas du jardin du Luxembourg, Alain Duhamel n'en paraît pas spécialement troublé. "Si on n'a plus le droit d'écrire ce que l'on pense dans un livre !", sourit-il. Tout de même, oublier Ségolène Royal... "Mais je ne l'avais pas oubliée !, se défend-il. Simplement, elle ne rentrait pas dans mes catégories. J'en avais deux : les chefs de parti et ceux qui avaient la stature. A gauche, c'était le cas de Fabius, Strauss-Kahn, Jospin ou Hollande. Pas de Ségolène." La crise politique, justement, suppose peut-être que l'on change de catégories ? L'éditorialiste balaie vite la remarque. S'il a refusé de distinguer la candidate socialiste, malgré les conseils de tous ceux qui avaient relu son manuscrit, c'est pour une raison plus profonde. "J'ai horreur de cette démocratie d'opinion qui crée un climat d'illusion protestataire." Quant à Ségolène : "Son mélange de Tony Blair et de Virginia Woolf pourrait me plaire. Mais le style me heurte. Elle me fait l'effet de faire du ski en se servant des électeurs comme d'un remonte-pente..." Ces Prétendants sans Ségolène valent aujourd'hui à Alain Duhamel un certain nombre de vacheries de la part de ses confrères. C'est la rançon de la gloire journalistique : chaque fois que l'on commet un faux pas, tout le monde rêve de vous débarquer. Et puis, Duhamel a 66 ans, couvre sa huitième élection présidentielle comme journaliste, et ses détracteurs ont eu vite fait de le placer dans la catégorie désormais menacée des éléphants. Cela ne l'inquiète pas outre mesure. En quarante ans de journalisme politique, il en a vu d'autres. Son frère, Patrice, aujourd'hui directeur général de France 2, se souvient encore des cris de joie, le soir de la victoire de la gauche, le 10 mai 1981 : "Mougeotte, aux chi..., Elkabbach, au placard, Duhamel à la poubelle !" Patrice était chef du service politique sur la première chaîne. Alain, éditorialiste sur la deuxième. Ce dernier s'en sortit tout de même. C'est sa force à lui. Il a du talent. De la culture. Il travaille comme un stakhanoviste. Le nouveau président de la deuxième chaîne, Pierre Desgraupes, lui demanda donc de se faire discret pendant un an. Et lui laissa ensuite créer "L'heure de vérité". Duhamel note surtout en souriant que "trois jours après avoir rejoint l'Elysée, François Mitterrand m'avait tout de même appelé pour proposer que l'on se rencontre... comme avant". C'est une de ses coquetteries : pratiquement aucun responsable politique n'a jamais rompu avec lui. Même Jacques Chirac, lorsque Duhamel passait pour être le chantre des balladuriens. "Il m'appelle de temps en temps après un édito. Mais surtout en période électorale", s'amuse l'éditorialiste. Comme ce matin-là il est d'humeur à tout entendre, on lui énonce la liste des reproches qui lui sont faits : "conformiste et connivent avec le monde politique", "bourgeois", "cumulard des médias", "homme de réseaux". Cumulard, il l'admet pourtant. Pensez, une chronique à RTL, des interviews sur France 2, un éditorial au Point, un autre à Libération, puis des chroniques hebdomadaires aux Dernières Nouvelles d'Alsace, à Nice-Matin, au Courrier de l'Ouest. "Mais je ne fais jamais le même papier", assure-t-il. Six heures de lecture par jour, une écriture déliée - il ignore l'ordinateur -, le sens des formules, une érudition évidente. Et un côté "workaholic" qui terrifie ses proches. Pensez, lors de son triple pontage, il y a quelques années, il a encore dicté ses papiers de son lit d'hôpital et exaspéré son frère médecin, Jean-François, en mettant un point d'honneur à reparaître à la télévision huit jours après l'opération. Bourgeois, c'est une évidence. La famille Duhamel l'a toujours été. "Notre père était médecin, centriste, et notre mère a toujours voté à gauche, explique Patrice Duhamel. Nous étions cinq frères et soeurs, plutôt bien classés au tennis. Et Alain, à 11 ans, lisait déjà sérieusement Le Monde, assis sur le coffre en bois, dans l'entrée de la maison familiale, à l'ouest de Paris." Il joue encore chaque semaine au tennis au Racing mais roule en Solex. C'est son côté bobo... Conformiste et connivent ? Alain Duhamel hausse les épaules. Ce qui est certain, c'est qu'il y avait la plus belle brochette d'anciens premiers ministres et de ministres à sa remise de Légion d'honneur, il y a deux ans. Que sa femme, France, musicienne et grand amour de sa vie, a dirigé le 30 janvier un choeur remarqué d'épouses et d'époux de responsables politiques avec Anne-Marie Raffarin en solo soprano. Qu'on a vu des députés radieux d'avoir été invités à dîner dans l'appartement du couple, comme une consécration suprême. Mais que tout cela peut être à double tranchant : une chronique ironique ou cinglante à 7 h 40 peut vous massacrer durablement l'humeur d'un ministre. Et cela enchantera l'impétrant. Enfin, il y a les réseaux, cette difficulté supplémentaire que l'on vous rappelle dès que vous écrivez sur lui. "Tu n'ignores pas qu'il est l'ami de JMC ?" - entendre Jean-Marie Colombani, patron du Monde. Evidemment, il est aussi l'ami d'Alain Minc, président du conseil de surveillance du journal, celui de Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1), de Franz-Olivier Giesbert (Le Point), de Laurent Joffrin (Libération), de Christine Ockrent (France 3) et d'à peu près tout ce qui compte dans le landerneau médiatique. Quant à ses détracteurs, aucun ne se risque à sortir de l'anonymat, signe indiscutable de puissance. Ses livres se vendent très convenablement. Il n'a jamais montré la moindre envie de dételer. Un jour qu'on lui demandait ce qu'il souhaiterait que Dieu lui dise, s'il le rencontrait après sa mort, il ne parla ni de sa gloire de journaliste, ni de politique, ni de pouvoir. Mais d'un souhait : "Je voudrais qu'il me rassure : "Ne vous inquiétez pas, votre femme vous rejoint dans quelques minutes"." § Les candidats à l'élection présidentielle définissent souvent avec les mêmes termes l'agriculture qu'ils souhaitent. Ce thème n'a pas encore émergé dans la campagne, mais les partis ont déjà travaillé leur sujet. § "E CONOMIQUEMENT VIABLE" et "respectueuse de l'environnement" : les candidats à l'élection présidentielle définissent avec les mêmes termes l'agriculture qu'ils souhaitent. Ce thème n'a pas encore émergé dans la campagne, mais les partis ont déjà travaillé leur sujet. S'ils semblent d'accord sur les grandes lignes, dans le détail se nichent des différences qui montrent que tous ne défendent pas la même agriculture. L'UMP soutient plutôt l'entreprise agricole et la puissance d'un secteur lié à l'agroalimentaire, dans une optique proche de celle de la FNSEA, et met en avant des valeurs communes (travail, liberté d'entreprise, etc.). Le PS défend une agriculture plus diversifiée, avec des positions proches de celles de la Confédération paysanne. COMMERCE MONDIAL. Sur les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), de nouveau d'actualité, les candidats veulent rassurer les paysans. Tous s'accordent à refuser de considérer l'agriculture comme une activité économique classique et se disent prêts à se battre contre cette idée. "L'agriculture ne doit pas être une variable d'ajustement des négociations commerciales", a déclaré Nicolas Sarkozy à l'automne 2006. Le PS tiendrait aussi tête au commissaire européen au commerce, Peter Mandelson : "Nous croyons à la force des politiques publiques et non à la régulation par le marché", dit Germinal Peiro, secrétaire national à l'agriculture. POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE (PAC). Un réexamen de la PAC est prévu en 2008. Tous s'engagent à la maintenir, défendant son importance pour des raisons de sécurité sanitaire, d'indépendance alimentaire et d'occupation des territoires, et aussi à préserver son budget. "Le coût de la PAC n'est ni injustifié ni excessif", a affirmé M. Sarkozy lors de la convention UMP sur l'agriculture. M. Bayrou insiste sur une réforme de fond, plaidant pour une PAC "fondée sur les prix et non sur les aides". Le vrai débat se trouve sur la répartition des aides, le PS et les Verts voulant clairement revenir sur celle décidée par la droite. Ségolène Royal fait ainsi de la réduction des inégalités entre productions, entre régions et entre types d'exploitation, un point clé de son programme. Elle propose de régionaliser les aides, de les réorienter vers des pratiques environnementales, de les plafonner, et est favorable à la publication du nom des bénéficiaires. OGM. C'est à ce sujet que la divergence est la plus nette : l'UMP s'engage à transcrire la directive européenne - le projet de loi attend toujours son passage à l'Assemblée nationale. "Nous arrêterons les OGM en plein champ", promet Mme Royal de son côté, opposée à leur culture comme les Verts et M. Bové. Le PCF et M. de Villiers réclament aussi un moratoire. PRIX. PCF, Verts, PS, UDF et UMP s'accordent sur la nécessité de prix plus rémunérateurs pour les agriculteurs et d'un rapport de force plus équilibré avec la grande distribution. BIOCARBURANTS. La plupart des candidats sont favorables aux carburants verts. M. Sarkozy y voit un moyen pour les producteurs de retrouver de la valeur ajoutée. M. Bayrou veut renforcer la politique de soutien. Le PS, qui plaide pour leur développement, met un bémol car "il ne faudrait pas remplacer un mode de production intensif par un autre". Deux partis sont circonspects. Le FN, pour lequel les biocarburants ne sont qu'"un soin palliatif, mais non une solution à la fin de la vocation exportatrice de l'agriculture française", selon Jean-Claude Martinez, le spécialiste de l'agriculture du parti. Les Verts les considèrent, eux, comme "une fausse bonne idée" en matière d'environnement. AGRICULTURE BIOLOGIQUE. Ce type de production est encouragé par tous les candidats, mais leur définition du concept mériterait d'être précisée. A l'UMP, par exemple, le secrétaire national à l'agriculture, Antoine Herth, propose un "aggiornamento", considérant que "les professionnels français de l'agriculture biologique sont dans la surenchère de contraintes". § Il est encore ministre de l'intérieur, mais il se voit déjà président. Lundi 5 février pour la première de l'émission de TF1, "J'ai une question à vous poser", Nicolas Sarkozy a fait plus qu'un appel du pied à la gauche : un véritable appel d'offres. § I l est encore ministre de l'intérieur, mais il se voit déjà président. Lundi 5 février pour la première de l'émission de TF1, "J'ai une question à vous poser", Nicolas Sarkozy a fait plus qu'un appel du pied à la gauche : un véritable appel d'offres. Répondant aux questions d'une centaine de Français réunis par la Sofres et cornaqués par Patrick Poivre d'Arvor, le président de l'UMP a profité d'une question posée en fin d'émission sur le statut du président de la République pour chercher à endosser les habits du Mitterrand de 1988 : "Je veux être le président de l'ouverture politique (...). Les gens bien ne sont pas dans un seul camp. Je ne ferai pas de compromis avant, je pratiquerai l'ouverture après." Plus de 8 millions de téléspectateurs La première de l'émission "J'ai une question à vous poser", lundi 5 février sur TF1, a réuni, selon le comptage de Médiamétrie cité par la chaîne privée, 8,24 millions de téléspectateurs, soit 33 % de parts de marché. La première mesure, en début d'émission, fait état d'une audience de 7,7 millions de téléspectateurs, le pic étant atteint à 22 h 24 avec 9,7 millions de téléspectateurs. En comparaison, Jacques Chirac, dans une émission similaire avant le référendum sur la Constitution européenne, avait réuni une moyenne de 7,3 millions de téléspectateurs. Cette déclaration préfigure une nouvelle phase de campagne. Son objectif est triple : profiter d'un certain désarroi provoqué dans son camp par Ségolène Royal, qui peine à rassembler tout le Parti socialiste, pour rallier à lui des hésitants ; intégrer une part de la stratégie de François Bayrou, qui connaît le succès en souhaitant rassembler gauche et droite dans un même gouvernement ; et, enfin, apparaître comme un candidat "hors système" quand bien même il serait soutenu désormais par la quasi-totalité de l'UMP et peut-être bientôt par le chef de l'Etat en personne. "Les Français veulent savoir quel président il sera, décrypte Patrick Devedjian, un de ses conseillers politiques. En prônant cette ouverture, il les rassure." Cette émission a également permis à M. Sarkozy de mettre un terme aux incertitudes sur la date de son départ du gouvernement, qu'il quittera au plus tard le 23 mars. Date à laquelle les ministres, à la demande de Dominique de Villepin, ne pourront plus faire de déplacements dans le cadre de leurs fonctions. AGACEMENT "Je partirai, a-t-il dit, je n'organiserai pas les élections. Il ne sera pas dit qu'un seul Français pense que j'ai choisi entre mon boulot et mon ambition", a-t-il avancé. Inconvénient : M. Sarkozy, qui se dit "conscient des risques" encourus, continue d'offrir le flanc à la gauche et à l'UDF, qui instruisent le procès du "mélange des genres". Avantage : ce calendrier lui permettra d'effectuer deux déplacements lointains, donc coûteux, à la Réunion, en février, et aux Antilles, en mars, en partie au titre de ministre de l'aménagement du territoire. Mis à part ses deux "annonces", M. Sarkozy s'est livré à un exercice dont il a fini par maîtriser à peu près tous les pièges. A chaque question, le candidat a apporté sa réponse et tant pis si elle n'était pas toujours celle attendue. Puisant dans le fond de son discours et de ses propositions, il a réaffirmé sa volonté de "faire la réforme des régimes spéciaux" en 2008. Aux retraités comme aux actifs, il a présenté sa "martingale" : "travailler plus pour gagner plus". Proposant le cumul emploi-retraite, la liberté du choix du temps de travail et de l'âge de départ à la retraite, il a renvoyé aux négociations avec les syndicats le choix de régler les modalités de cette réforme. Mais dans le jeu de questions-réponses, parfois vif et contradictoire, passant de la géopolitique à la mise en place des radars, l'essentiel pour le candidat était ailleurs. Soucieux d'étaler sa connaissance des dossiers et son endurance, malgré les deux heures de retransmission, il a inondé l'auditoire de chiffres et de statistiques en négligeant le tabouret à sa disposition. Accusé de "racisme", de "populisme", d'"homophobie" ou encore d'opposer "la France qui travaille" à "une France de glandeurs" par trois intervenants, M. Sarkozy n'a pas cédé à son goût pour la "castagne", malgré un agacement perceptible. "Je me suis fait voler mon deux-roues, a risqué Jérôme. Mais j'ai pu arracher un poil de fesse à mon voleur. Pouvez-vous m'aider à retrouver mon scooter ? (une référence au scooter d'un des fils du ministre retrouvé grâce à des recherches d'ADN)" Décidément maîtrisé, M. Sarkozy a expliqué que "les manifestations à quelques-uns" n'avaient pas contribué à faire baisser le score du Front national, qu'il restait opposé au mariage homosexuel et à la possibilité d'adoption, et que, "en France, on n'est pas polygame, on n'égorge pas des moutons dans sa baignoire". "Je me sens insultée", a réagi une intervenante se disant "d'origine algérienne et musulmane". Sarkozy : "Vous n'êtes pas algérienne et je ne suis pas hongrois." Mais pas de réponse sur le scooter... Même la question de Nicole, à propos du remboursement des lunettes et des prothèses dentaires ne l'aura pas pris au dépourvu : "Vous êtes remboursé quoi ? 30 % ? On ne peut quand même pas se trimballer avec une dent qui manque..." Promesse de candidat ? De président ? § Le chef de l'Etat souhaite que le Parlement se réunisse en Congrès dès le 19 février pour réviser la Constitution. Le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, pourrait le présider. Il conclurait ainsi en beauté ses cinq années au Palais-Bourbon. § L es derniers ajustements de calendrier se révèlent délicats pour Jacques Chirac. Il lui reste à faire adopter une réforme constitutionnelle importante, à nommer le président du Conseil constitutionnel, à annoncer sa décision pour la présidentielle. " On attend sa parole quelles que soient les circonstances, comme lui comme pour les autres. Il dira ce qu'il pense être bon pour la France, compte tenu des enjeux", estime le ministre délégué aux relations avec le Parlement, le très chiraquien Henri Cuq. AGENDA 22 FÉVRIER. Publication du décret de convocation des électeurs, début de la collecte des parrainages, date probable de suspension des travaux parlementaires. 23 FÉVRIER. Date limite pour nommer le président du Conseil Constitutionnel. 16 MARS. Date limite de réception des parrainages d'élus aux candidats par le Conseil constitutionnel. 20 MARS. Publication de la liste des candidats au premier tour de l'élection présidentielle. les réclamations sont examinées jusqu'au 22 mars. 9 AVRIL. Début officiel de la campagne électorale, close le 20 avril. 22 AVRIL. Premier tour de l'élection. 6 MAI. Second tour. A choisir, même si les proches du chef de l'Etat soulignent que la décision ne relève pas que de l'Elysée, M. Chirac préférerait que le Congrès ait lieu le plus tôt possible, c'est-à-dire le 19 février. Ainsi, la session parlementaire étant suspendue le 22 ou le 23 février pour cause de campagne électorale, les députés ne seraient pas obligés de revenir à Versailles pour adopter la révision constitutionnelle sur l'abolition de la peine de mort, le corps électoral en Nouvelle-Calédonie et le statut pénal du chef de l'Etat. "Les députés en ont marre. Maintenant, ils ont envie d'être sur le terrain et de faire campagne", analyse objectivement un chiraquien. L'autre avantage qu'il y aurait à tenir le Congrès le 19 est que le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, pourrait le présider. Il conclurait ainsi en beauté ses cinq années au Palais-Bourbon, au cours d'une séance solennelle, où seraient adoptées des réformes chères au chef de l'Etat. Car, s'il est bien nommé président du Conseil constitutionnel, en remplacement de Pierre Mazeaud, dont le mandat expire le 3 mars, il faut que sa nomination intervienne au plus tard le 23 février. L'ordonnance du 7 novembre 1958 précise en effet dans son article 8 qu'"il est pourvu au remplacement des membres du Conseil huit jours au moins avant l'expiration de leurs fonctions". S'il était nommé le 23 février, il ne pourrait donc évidemment présider un Congrès qui aurait lieu le 26, autre date possible pour la révision constitutionnelle prévue. Le tout est de ne pas prendre de retard : c'est bien ce qu'observent à la loupe les conseillers de M. Chirac. La séance qui doit avoir lieu au Sénat, mercredi 7 février, en décidera. Si, comme prévu, les sénateurs votent conforme le texte déjà adopté par l'Assemblée nationale, sur le statut pénal du chef de l'Etat et sur l'abolition de la peine de mort, le calendrier "tient" : le Congrès aura bien lieu le 19. Mais pas en cas de navette. Tout cela joue sur le calendrier personnel de M. Chirac. Nombre de ses proches n'imaginent pas qu'il puisse annoncer quoi que ce soit le concernant, avant d'avoir nommé le président du Conseil constitutionnel. "Il ne peut pas avoir annoncé qu'il renonce et faire après cette nomination importante. Cela n'aurait pas de sens", estime un chiraquien du premier cercle. La décision concernant M. Debré, si elle se confirme, aura aussi des conséquences sur les députés, puisqu'ils devront élire un nouveau président de l'Assemblée nationale. Et sans doute, pour le coup, revenir tout exprès. La session parlementaire est traditionnellement suspendue deux mois avant le début de la campagne, mais pas close. "Rien n'interdirait de réunir le Parlement en pleine campagne pour une déclaration de politique générale, en cas de grave crise internationale, par exemple", souligne le juriste Didier Maus. Il faut donc un président de l'Assemblée. Et déjà de nouveaux jeux se dessinent : Patrick Ollier, compagnon de Michèle Alliot-Marie, est sur les rangs "pour chauffer la place de MAM au perchoir en cas de victoire", assurent certains. Mais aussi Pierre Méhaignerie, président de la commission des finances, même pour les quelques mois de campagne. Une façon de poser son pied pour l'avenir et d'obtenir un gage pour les centristes de l'UMP. Ou de finir joliment une carrière. Des jeux de pouvoir dont M. Chirac n'ignore rien. Il y a beaucoup de "si" dans son dernier calendrier, mais sans doute compte-t-il bien sortir en majesté. § L'Assemblée nationale a rejeté, mardi 6 février, une proposition de loi PS visant à abroger le contrat nouvelle embauche. Les députés socialistes ont surtout saisi l'occasion de critiquer le contrat unique défendu par Nicolas Sarkozy. § L es députés UMP ont rejeté, mardi 6 février, une proposition de loi socialiste visant à abroger le contrat nouvelle embauche (CNE). Mis en place par ordonnance du 2 août 2005, le CNE est réservé aux entreprises de moins de 20 salariés. Il permet à l'employeur de se séparer d'un salarié sans avoir à justifier le motif, pendant les deux premières années. En présence de Ségolène Royal, les députés socialistes ont saisi cette occasion pour s'en prendre à Nicolas Sarkozy, qui propose la création d'un contrat de travail unique, sur le modèle du CNE. Le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, a ainsi critiqué le candidat de l'UMP capable "d'invoquer Jaurès ou Léon Blum et dans le même temps de dire, devant l'assemblée générale de la CGPME : 'Oui, je vais mettre en place un contrat unique qui s'inspirera du CNE et sera généralisé'". BATAILLE DE CHIFFRES Le ministre des petites entreprises, Renaud Dutreil, a vivement répliqué en rappelant que Mme Royal avait annoncé "que les entreprises qui signeraient des CNE se verraient privées de subventions de la région Poitou-Charentes". "Si vous pensez socialiste, vous avez droit aux subventions de la région Poitou-Charentes, si vous voulez créer des emplois, là vous êtes un mauvais citoyen et on vous coupe les vivres", a-t-il accusé. "En matière de précarité, je vous renvoie à vos uvres", a-t-il dit, en critiquant "les emplois-jeunes". Maxime Gremetz (PCF) a considéré que le CNE était un "ovni dans le code du travail" et "une tromperie : 35 % des CNE ont été signés par des salariés qui étaient déjà dans l'entreprise. 10 % correspondent à des créations d'emplois". Pourcentage contesté par Claude Gaillard (UMP) : "5 à 6 % d'emplois se sont créés rapidement. On a essayé de partager la prise de risque entre salariés et chefs d'entreprise pour construire ensemble la durabilité de l'emploi", a-t-il justifié. Le groupe UDF n'a pas participé au débat. § Le secrétaire général de la CFDT a reproché à Nicolas Sarkozy d'avoir dressé lundi soir "un tableau trop négatif de notre pays" sur la base d'affirmations "fausses". § L e secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a regretté mardi l'absence "de vision pour la France" des candidats à la présidentielle. Il a reproché à Nicolas Sarkozy d'avoir dressé lundi soir "un tableau trop négatif de notre pays" sur la base d'affirmations "fausses". "A vouloir trop parler des problèmes concrets des salariés, on va sur les petites recettes et on ne parle pas assez de la France dans dix ans", a déclaré le secrétaire général de la CFDT sur Europe 1. "Qu'est-ce qu'on va faire pour que l'économie marche mieux dans dix ans ? Pour l'investissement dans la recherche ? Dans l'innovation ? Et quelle sera la place de l'Europe ?", s'est interrogé M. Chérèque, relevant que, lundi soir, sur TF1, le candidat de l'UMP "n'a pas parlé une seule fois de l'Europe". "TABLEAU TROP NÉGATIF" S'agissant des fonctionnaires, qui sont appelés à manifester jeudi, le responsable de la CFDT a souligné que, là aussi, "on a besoin des candidats, qu'ils nous disent quelle est leur vision pour l'Etat de demain". Il "est impossible de ne pas remplacer la moitié des fonctionnaires de l'Etat qui partent à la retraite", comme le propose le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, a affirmé M. Chérèque. Interrogé sur la prestation de M. Sarkozy face aux questions de "cent Français", lundi soir sur TF1, le secrétaire général de la CFDT a estimé qu'il s'en était "plutôt bien sorti" vu la difficulté de l'émission. "Mais à vouloir répondre à tout, je pense que par moments, il a dressé un tableau trop négatif", a ajouté M. Chérèque, en relevant plusieurs affirmations factuelles "fausses". Ainsi, "il nous dit : 'Les retraités sont de plus en plus pauvres', c'est faux ! (...) Les retraités sont la catégorie sociale dont le pouvoir d'achat s'est le plus amélioré depuis vingt ans", a-t-il cité comme exemple. "Il nous a dit 'le smic, c'est la moitié de Français' : c'est pas vrai ! Il y a 17 % des Français au smic", a poursuivi M. Chérèque. § Marie-George Buffet, Dominique Voynet et Olivier Besancenot ont exprimé leur solidarité avec José Bové, mercredi, après la confirmation de sa condamnation à quatre mois de prison ferme. Le Groupement national interprofessionnel des semences et plants a estimé que cette décision était "un bon signe". § L a candidate du Parti communiste, Marie-George Buffet, a qualifié la décision de la Cour de cassation de "signe de très mauvaise santé pour notre démocratie, doublé de l'échec du gouvernement dans la construction d'une confrontation publique, digne et sérieuse". "Alors que la France aurait besoin d'un grand débat citoyen sur la question des OGM et de la sécurité sanitaire, cette condamnation revient à trancher devant un tribunal ce qui relève de la démocratie", a-t-elle ajouté. Pour la candidate des Verts, Dominique Voynet : "Cette mauvaise nouvelle est la déplorable conséquence de la stratégie de pourrissement choisie, depuis cinq ans, par le gouvernement français. Depuis 2002, aucun débat public, y compris dans l'enceinte du Parlement, n'a pu avoir lieu sur cette question." a-t-elle déploré, affirmant qu'elle continuera la "lutte contre les OGM" : "Avec les Verts, avec les faucheurs volontaires, je continuerai d'y prendre toute ma part". Olivier Besancenot, candidat de la LCR, s'est dit "scandalisé par la condamnation infligée à José Bové, alors que les multinationales semencières n'hésitent pas à défier le principe de précaution en menant des cultures OGM en plein champ". "Il faut tout faire maintenant, tous ensemble, pour que José Bové n'aille pas en prison", a-t-il lancé. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, s'est dit surpris de la "sévérité des sanctions" contre José Bové. "Il y a peut être un fossé entre la nature des actes et la nature des sanctions" mais "soyons clairs, en tant que socialiste, je n'approuve pas les méthodes d'action de José Bové", a-t-il déclaré, dans les couloirs de l'Assemblée nationale. La Confédération paysanne, syndicat dont José Bové était le porte-parole, a qualifié la décision de "recul de la démocratie". Olivier Keller, secrétaire national du syndicat agricole, a précisé que la Confédération paysanne avec d'autres organisations mènerait "certainement des actions" si finalement son ancien porte-parole était emprisonné. § Avant son intervention très attendue du 11 février, au Bourget (Seine-Saint-Denis), où Ségolène Royal devrait donner les grandes orientations de son programme présidentiel, assorties de propositions, les chargés de mission de la candidate socialiste remettent leur rapport "d'étape". § A vant son intervention très attendue du 11 février, au Bourget (Seine-Saint-Denis), où Ségolène Royal devrait donner les grandes orientations de son programme présidentiel, assorties de propositions, les chargés de mission de la candidate socialiste remettent leur rapport "d'étape". Le premier, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée, présentait ses conclusions sur la démocratie sociale, mercredi 7 février. Jean-Pierre Bel, président du groupe PS au Sénat, exposera, jeudi, la réforme des institutions. Vendredi, ce sera Dominique Strauss-Kahn sur la fiscalité. Bernard Kouchner, et le service civil pour les jeunes, suivra. Dans un document d'une quinzaine de pages, M. Ayrault, qui a rencontré les organisations syndicales et patronales, mais aussi des "acteurs" comme le consultant Bernard Bruhnes ou Jacques Delors, propose d'organiser une "conférence nationale sur les revenus, l'emploi et la croissance" sitôt l'élection passée et de définir avec les partenaires sociaux, un "agenda social" qui comprendrait plusieurs grands chantiers : la création d'une sécurité sociale professionnelle - qu'il compare avec la création de la Sécurité sociale de 1945 -, et un autre sur la précarité du travail. Sur les salaires, en dehors du Smic, la réunion se fixerait pour objectif la suppression de tous les minima de branches inférieurs au salaire minimum - une vieille revendication toujours restée lettre morte jusqu'ici. Pour éviter la répétition de la conférence qui avait abouti, sous le gouvernement de Lionel Jospin, au claquement de porte de Jean Gandois, alors patron du CNPF, sur les 35 heures, M. Ayrault suggère d'inscrire dans la Constitution le principe du rôle spécifique des partenaires sociaux et l'importance de la négociation. "On a l'expérience des 35 heures, on a tiré l'enseignement de tout ça, il faut laisser de la place à la négociation, au contat et prendre en compte les situations différentes", assure-t-il. Les exonérations de charge des entreprises seraient conditionnées à des contre-parties en terme de salaire, de temps de travail ou d'emplois. Mme Royal ayant abandonné son idée d'un syndicalisme obligatoire au profit d'un "syndicalisme de masse", le rapporteur propose de mettre en place un financement public pour les organisations syndicales, par dotation et crédit d'impôt, et de supprimer les aides indirectes liées à la formation professionnelle. La représentativité serait basée sur l'élection et la règle de l'accord majoritaire appliquée, deux points sur lesquels la candidate s'est déjà exprimée. M. Ayrault prône aussi la présence des représentants des salariés dans les conseils d'administration des entreprises, "comme cela avait été fait dans les entreprises nationalisées et qui n'a pas été remis en cause depuis". Les comités d'entreprise, eux, disposeraient d'un "droit d'alerte" sur la situation de l'entreprise. Un nouvel échelon, territorial, de négociation serait institué qui associerait l'Etat, les partenaires sociaux et les collectivités locales. Enfin, le Conseil économique et social (CES) serait réformé et le principe de la parité inscrite dans sa composition. Le rapport glisse sur les retraites. § Le Front National représenté par son secrétaire général Louis Aliot, organisait, mardi 6 février, une conférence de presse avec Alain Soral, écrivain polémiste, ancien communiste, partisan de Jean-Pierre Chevènement lors de l'élection présidentielle de 2002. § L e Front National représenté par son secrétaire général Louis Aliot, organisait, mardi 6 février, une conférence de presse avec Alain Soral, écrivain polémiste, ancien communiste, partisan de Jean-Pierre Chevènement lors de l'élection présidentielle de 2002, aujourd'hui proche de Dieudonné et soutien de Jean-Marie Le Pen dans le cadre de l'Union patriotique. Un événement créé de toutes pièces par M. Aliot, Marine Le Pen, directrice de campagne du président du FN, et M. Soral, pour faire contrepoids à l'offensive de Bruno Mégret, le président du MNR, accusé d'utiliser l'Union des patriotes pour se remettre en selle. Le rapprochement de M. Soral avec le FN ne date pas d'hier. Il est devenu effectif il y a environ un an, quand l'écrivain a commencé à fréquenter Marine Le Pen, alors à la recherche de personnalités extérieures pour venir alimenter ses réflexions politiques. De même abreuve-t-il de notes le président du Front national, qu'il a rencontré à plusieurs reprises. Ainsi, il se pique d'avoir largment inspiré le discours de ce dernier prononcé à Valmy, sur le thème de la République. M. Soral, qui se dit toujours marxiste, estime que "seul le nationalisme possède les fondamentaux pour incarner une véritable alternative économique et sociale (...) à la déferlante mondialiste et ultralibérale". "Je pense que si Marx était vivant aujourd'hui il appellerait à voter Jean-Marie Le Pen", affirme-t-il en expliquant que le Front national, qui "agrège des ouvriers, des petits patrons, des artisans" est "le parti du peuple" et porte "l'esprit de la Commune". Selon M. Soral, "la gauche et la droite ne se différencient pas sur les conditions économiques et sociales mais par un petit peu plus de féminité". Ségolène Royal, estime le polémiste, s'inscrit "dans une longue épopée des idiotes utiles du féminisme" et sa candidature correspond à "une absence de projet autre que sociétal" de la part du Parti socialiste. Rien à voir avec Marine Le Pen, qui, dit-il, "est un très bon homme politique." "On peut lui reprocher parfois une certaine masculinité, une certaine brutalité d'expression" mais elle "n'est pas tout sourire" et parle des "questions économiques" contrairement à Mme Royal qui, affirme M. Soral, "porte émotion et psychologie". "Jean-Marie Le Pen a eu un fils, il s'appelle Marine", lance-t-il. Reste à savoir ce que pense l'intéressée de ce qui se voulait un compliment. § Contrairement à d'autres pays européens, comme l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne ou l'Italie, qui inscrivent les électeurs de tous âges de manière automatique, la France oblige les citoyens à effectuer une démarche administrative dès lors qu'ils ont plus de 18 ans ou qu'ils ont déménagé. § L 'inscription sur les listes électorales est obligatoire, mais toujours aussi compliquée. Contrairement à d'autres pays européens, comme l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne ou l'Italie, qui inscrivent les électeurs de tous âges de manière automatique, la France oblige les citoyens à effectuer une démarche administrative dès lors qu'ils ont plus de 18 ans ou qu'ils ont déménagé. Des parlementaires ont déposé des propositions de loi élargissant à l'ensemble des citoyens l'inscription d'office instaurée pour les jeunes de 18 ans par une loi de 1997, mais ces textes n'ont pas été votés. Selon les dernières statistiques, 75 % des jeunes ayant eu 18 ans en 2005 ont ainsi été inscrits d'office sur les listes, contre 66 % en 2004. La procédure a été fixée par la loi : l'Insee (Institut national des statistiques et des études économiques) transmet aux maires les données issues des journées d'appel et de préparation à la défense ; les communes sont ensuite chargées de vérifier si les jeunes recensés habitent bien à l'adresse indiquée. Avec les jeunes qui s'inscrivent volontairement, 83,8 % de la génération 2005 de nouveaux majeurs ont ainsi été inscrits (contre 79,9 % en 2004). En dehors du cas particulier des jeunes de 18 ans, la loi prévoit que l'inscription des citoyens s'effectue uniquement "sur leur demande" lorsqu'ils viennent de déménager (y compris à l'intérieur d'une commune), lorsqu'ils viennent d'obtenir la nationalité française ou lorsqu'ils s'inscrivent pour la première fois (après 18 ans). FICHIER DES ÉLECTEURS Une étude de législation comparée sur l'inscription sur les listes électorales dans neuf pays, publiée par le Sénat en mars 2006, montre que la plupart des Etats européens (Allemagne, Danemark, Espagne, Italie, Pays-Bas) prévoient des révisions automatiques "sans que les intéressés aient à effectuer des démarches spécifiques". Les citoyens français disposent d'une latitude limitée pour choisir leur bureau de vote : selon la loi, ils doivent soit avoir leur résidence dans la commune concernée, soit payer, depuis cinq ans au moins, des impôts locaux (pour une résidence secondaire par exemple). Grâce au fichier des électeurs, l'Insee peut vérifier que des électeurs ne sont pas inscrits dans plusieurs communes. La révision des listes est réalisée une fois par an à la date du 1er mars par une commission administrative. A nouveau, le système français se distingue des autres pays : selon l'étude du Sénat, la France est le pays européen qui révise les listes électorales le moins fréquemment. Dans les Etats voisins, les révisions des listes sont immédiates, notamment après un déménagement. § Une enquête menée par "Le Monde" sur les listes électorales montre une hausse spectaculaire des inscriptions en 2006. Jeunes, seniors, urbains, ruraux..., leur nombre pourrait modifier la donne. § L a vague touche l'ensemble du territoire. Urbains et ruraux, jeunes et moins jeunes, habitants des banlieues et des centres-villes lui ont donné une ampleur qui devrait dépasser les espérances de ceux qui avaient lancé, au lendemain des émeutes urbaines de l'automne 2005, des campagnes d'inscription sur les listes électorales. Le ministère de l'intérieur ne rendra publics qu'à la fin du mois de février les chiffres définitifs de ces nouvelles inscriptions. Grâce à son réseau de correspondants en régions, Le Monde dispose toutefois de données provisoires qui montrent l'ampleur du phénomène, et mettent à mal certaines idées reçues. Le critère que nous avons retenu est la comparaison des nombres de nouveaux inscrits fin 2006 et fin 2001, deux années précédant une élection présidentielle. Les chiffres pour 2006 ne tiennent pas compte des radiations (pour décès, déménagement, etc.), qui seront enregistrées avant la fin du mois par les bureaux des élections des mairies. Quel que soit leur nombre, la dynamique observée laisse prévoir un solde radiations/inscriptions très largement positif. Notre enquête porte sur 61 communes (réparties dans 35 départements) : 17 villes de plus de 100 000 habitants ; 20 entre 50 000 et 100 000 ; 22 entre 20 000 et 50 000 ; 2 de moins de 20 000. Dans 33 d'entre elles, le nombre de nouvelles inscriptions enregistrées en 2006 est supérieur de plus de 50 % à l'augmentation constatée en 2001. Dans notre échantillon, Angoulême détient le record : la préfecture de la Charente a comptabilisé 3 756 nouveaux inscrits en 2006, contre 785 en 2001, soit une progression de 378 % ! Les derniers jours de l'année 2006 ont parfois donné lieu à une course contre la montre. A Auxerre, sur les 2 264 nouvelles inscriptions, 819 ont eu lieu dans la dernière semaine de décembre. Il en a été de même à Villejuif (Val-de-Marne), où 1 220 habitants se sont pressés aux portes de la mairie pour pouvoir figurer parmi les 4 574 nouveaux inscrits de l'année. Le souvenir du 21 avril 2002, qui avait vu le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, se qualifier, contre toute attente, pour le second tour de l'élection présidentielle, explique sans doute une bonne part des hausses constatées entre les chiffres de 2001 et ceux de 2006. Les appels à la mobilisation, lancés notamment par des "stars" des cités comme Djamel Debbouze ou Joey Starr, ont eux aussi porté leurs fruits. D'abord dans les banlieues. La progression entre 2001 et 2006 est de 277 % à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), de 193 % à Athis-Mons (Essonne), de 130 % à Villejuif, de 93,10 % à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). La progression est moins spectaculaire mais reste vigoureuse dans la banlieue lyonnaise : + 55,09 % à Vénissieux ; + 35,13 % à Vaulx-en-Velin. L'effet est également notable dans les cités des grandes villes. Nos correspondants dans le Nord-Pas-de-Calais nous indiquent qu'à Lille, "les nouveaux inscrits sont issus notamment des quartiers populaires de Lille-sud et Moulin". Pour la seule période 2005-2006, les zones sensibles d'Amiens-nord et d'Etouvie (Somme) ont connu une augmentation de 76 % du nombre de nouveaux inscrits. Comme le montre l'exemple d'Angoulême, la dynamique a produit des effets bien au-delà des banlieues dites difficiles. "Le mouvement ne touche pas spécialement les quartiers sensibles, mais plutôt la population du centre-ville", nous signale notre correspondant de Charente. Parmi les 11 villes de notre échantillon qui ont connu une progression supérieure à 100 % entre 2001 et 2006, 8 sont des villes moyennes (entre 20 000 et 50 000 habitants) : + 317 % à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) ; + 200 % à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ; + 113 % à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) ainsi qu'à Arras ; + 73,49 % à Vienne (Isère). "C'est la première fois que l'on constate autant de nouvelles inscriptions", assure le bureau des élections de la mairie d'Annemasse (Haute-Savoie). Le phénomène, qui touche aussi des petites villes (+ 63,67 % à Pont-à-Mousson, 15 018 habitants, Meurthe-et-Moselle), est perceptible jusque dans des départements ruraux comme la Corrèze (+ 38,22 % à Tulle) et l'Aveyron (+ 49,49 % à Rodez). La préfecture du Cantal, Aurillac, a gagné 185 inscrits supplémentaires en 2006 alors même qu'elle a perdu 851 habitants entre les recensements de 1999 et de 2005. Cette mobilisation civique ne semble pas dépendre de la couleur politique des mairies, comme on le vérifie dans les trois plus grandes villes de France. Les socialistes Bertrand Delanoë, à Paris, et Gérard Collomb, à Lyon, peuvent s'enorgueillir de résultats plus qu'honorables : en 2006, dans la capitale, 185 589 personnes se sont déplacées jusqu'à leur mairie d'arrondissement pour s'inscrire sur les listes électorales. Elles n'étaient "que" 129 082 en 2001. Soit une progression de 43,78 %. La préfecture de la région Rhône-Alpes a, quant à elle, connu une hausse de 80,53 % : 58 725 Lyonnais se sont nouvellement inscrits en 2006. Ils étaient 32 528 cinq ans plus tôt. Mais le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (UMP), peut lui aussi faire bonne figure : la ville qu'il dirige comptabilise, pour 2006, 52 875 inscrits supplémentaires, contre 29 855 en 2001. L'augmentation atteint donc 77,10 %. Cible explicite des appels à la mobilisation lancés fin 2005, les jeunes constituent probablement une part non négligeable des nouveaux inscrits de 2006. D'autant que ceux qui atteignent leur majorité l'année précédant l'élection bénéficient d'une procédure d'inscription d'office. A Lille, la mairie indique que "40 % des nouveaux inscrits de 2006 sont âgés de 18 à 35 ans". Mais, là encore, les résultats ont dépassé les objectifs initialement affichés. D'autres classes d'âge ont manifestement répondu - en masse - à l'appel. Ainsi à Angoulême, les résultats exceptionnels qui ont été relevés ne semblent pas être uniquement le fait des plus jeunes générations. "Selon les services de la mairie, il s'agit de gens de 40 à 50 ans qui ne votaient plus mais ne veulent pas revivre le 21 avril 2002, et de jeunes, notamment des étudiants", précise encore notre correspondant. Même constat à Clermont-Ferrand. "Beaucoup de 35-50 ans se sont inscrits alors qu'ils ne l'étaient pas auparavant", indique-t-on. Pour l'anecdote, la palme du civisme - à laquelle auraient aussi pu prétendre les 75 sans-abri qui sont allés s'inscrire à la mairie de Dunkerque (Nord) - peut sans doute être décernée à une dame de 94 ans, qui, à peine installée dans sa maison de retraite à Nancy, a eu pour premier geste de venir s'inscrire à la mairie. Une étude, menée par l'association Démocratie 2007 sur les nouvelles inscriptions dans les 100 villes les plus peuplées de France, indique que si l'on met de côté les garçons et les filles ayant bénéficié de l'inscription automatique, pour ne considérer que les inscriptions volontaires, la part de jeunes est faible. "L'essentiel des nouveaux inscrits est constitué par les personnes ayant déménagé au cours de l'année, qui se sont inscrites beaucoup plus massivement qu'à l'habitude", précise cette enquête. Ses auteurs évoquent aussi la mobilisation "de beaucoup de retraités ou de personnes de plus de 40 ans qui ne s'étaient jamais inscrites sur les listes électorales". Malgré son ampleur probable, cette vague d'inscriptions ne suffira pas à ramener aux urnes tous ceux qui restent à l'écart de la participation électorale. Selon l'association Cidem (Civisme et démocratie), chargée par l'Etat d'organiser les campagnes officielles d'incitation au vote, entre 2 millions et 2,5 millions de citoyens ne seraient pas enregistrés sur les listes électorales. Ce chiffre pourrait même atteindre 3 millions (Le Monde du 18 décembre 2006). L'afflux de nouveaux électeurs ajoute toutefois des incertitudes quant à l'issue du scrutin. On pouvait présumer que Nicolas Sarkozy serait la principale cible d'une mobilisation qui se cantonnerait aux jeunes de banlieues. La dynamique constatée sur tout le territoire et dans toutes les couches de la population pourrait modifier la donne. Nul ne sait si les jeunes inscrits d'office se rendront dans les bureaux de vote. Ni quel bulletin mettront dans l'urne ceux qui, plus âgés et n'ayant pas rempli leur devoir civique dans le passé, voteront le 22 avril. § La publication d'une étude réalisée par trois économistes concluant à une baisse de 20 %, de 1981 à 2004, du pouvoir d'achat des professeurs certifiés du secondaire est pour quelque chose dans la mobilisation. § A vant la journée d'action des syndicats de la fonction publique, jeudi 8 février, où une forte participation des enseignants est attendue, la question de leur pouvoir d'achat revient au premier plan. La publication d'une étude réalisée par trois économistes concluant à une baisse de 20 %, de 1981 à 2004, du pouvoir d'achat des professeurs certifiés du secondaire (Le Monde du 20 janvier) y est pour quelque chose. "Je sais combien leur pouvoir d'achat et leurs conditions de travail se sont dégradés (...), je m'engage à revaloriser leur carrière si dévalorisée depuis un quart de siècle", a dit Nicolas Sarkozy, le 2 février. Le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien avait, lui, déclaré : "J'aimerais bien étudier ce fameux rapport de plus près." Daniel Vitry, directeur au ministère de l'éducation de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), conteste, dans un texte communiqué au Monde, à la fois la méthode utilisée et la validité scientifique de l'étude. Ses résultats, en "euros constants", indiquaient les chercheurs, ont été obtenus en reconstituant les grilles indiciaires, mais indépendamment des évolutions individuelles de carrière et sans tenir compte des primes, jugées d'un impact "mineur". Or, selon M. Vitry, en reconstruisant en euros 2004 les grilles indiciaires des fonctionnaires, les auteurs "ne s'intéressent pas à des enseignants tels qu'ils existent" mais à des "êtres virtuels", sans tenir compte de leur déroulement réel de carrière. A ce sujet, il estime que "les oublis sont nombreux". L'étude "ne s'intéresse qu'à la classe normale (le mode normal de passage d'échelon en échelon), oubliant de ce fait que, par exemple, 60 % des certifiés et des agrégés accèdent à une hors-classe qui leur assure, en fin de carrière, une rémunération indiciaire de 20 % de plus au minimum". En outre, souligne M. Vitry, "depuis quinze ans, il existe un dispositif indemnitaire substantiel, avec la création de l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves pour les enseignants du second degré ou de l'indemnité de sujétion spéciale en faveur des enseignants du premier et du second degré exerçant en ZEP, par exemple". Selon lui, avant de conclure à une perte de pouvoir d'achat, "l'étude aurait dû utiliser une tout autre méthode, celle des cohortes, ou au moins prendre en compte les fiches de paye effectives. Ainsi, elle aurait suivi des enseignants réels tout au long de leur carrière et de leur retraite, en les comparant aux autres carrières de la fonction publique". Par ailleurs, selon M. Vitry, il ne s'agit que d'un "article" publié sur le site Internet de l'université Paris-I, et non dans "une revue scientifique à comité de lecture". De leur côté, les syndicats d'enseignants ont réagi diversement à cette publication. Le Snalc (organisation se déclarant apolitique) s'en est emparé pour appuyer sa thèse d'une "paupérisation" des professeurs. Les autres organisations ont remarqué qu'elle ne semblait pas enregistrer la "revalorisation" importante obtenue en 1989. Tout en jugeant "inquiétante" la baisse du pouvoir d'achat, le SNES, organisation majoritaire dans le secondaire, a contesté que les syndicats se soient, selon les termes de l'étude, "montrés historiquement incapables de protéger les droits acquis de leurs mandants en matière salariale". § Le décret allongeant le temps de travail de certains enseignants doit être publié vendredi 9 février, au lendemain d'une journée de mobilisation de la fonction publique. § D evoir se justifier encore, et encore. L'impression persistante d'être mis dans la catégorie des "privilégiés". En ce mois de janvier, au lycée Olympe-de-Gouges, un établissement de 820 élèves situé à Noisy-le-Sec (en Seine-Saint-Denis), ils sont une demi-douzaine à avoir accepté de parler de leur temps de travail. L'atmosphère est un peu crispée, le sujet est sensible. Le décret allongeant le temps de travail de certains enseignants devrait être publié, vendredi 9 février, au lendemain de la mobilisation des fonctionnaires contre la baisse du pouvoir d'achat. Les deux sujets sont liés : la suppression des heures dites de décharge entraînera pour 50 000 enseignants environ soit une hausse de leur temps de travail soit une chute de 1 500 euros de leur salaire annuel net. Françoise Bovet, professeur de lettres, a fait, pour l'occasion, le décompte de ses heures. Enseignante certifiée, elle "doit", en théorie, 18 heures de service. Mais son heure de première chaire et sa pondération due à des cours en BTS lui permettent d'enseigner deux heures de moins. "Les heures devant élèves ne sont qu'une partie de notre travail, dit-elle. Il y a trois autres temps de travail, ceux liés à notre discipline, préparation et évaluation des cours, ceux liés à la présence d'élèves et ceux liés aux problèmes administratifs." Et la calculette de fonctionner. "Cette année, j'ai quatre classes, dont trois d'examen, soit 130 élèves. A raison d'un devoir par mois minimum et de 20 à 30 minutes de correction par copie, voilà déjà 60 heures de plus." Comme pour la plupart de ses collègues, viennent se greffer à son emploi du temps les heures de préparation de cours. "Chaque année, sur les cinq grands thèmes de mon programme, j'en reprends au moins deux, de fond en comble, tout ce travail de préparation correspond à une vingtaine d'heures supplémentaires." Du temps invisible, à domicile et souvent pendant les vacances scolaires. "MOMENTS VOLÉS" "Pour beaucoup de gens, on enseigne, on corrige, et ça s'arrête là", déplore Parina Bé, professeure d'anglais. Mais quid des minutes grignotées par les élèves sur leur temps de pause ? "Les cours durent théoriquement 55 minutes, mais il est rare que l'on sorte de la salle directement. C'est une "Madame !" par-ci entre deux portes, des conseils ou des précisions que l'on donne dans les couloirs. Il faut vraiment le vivre pour se rendre compte des moments volés qui gonflent le compteur des heures", explique-t-elle. Quid du temps consacré à recevoir les parents, à se réunir avec les collègues, à organiser les sorties, auquel s'ajoute un minimum de travail administratif ? Combien d'heures au total ? Au-delà de 35, plus proche de 40, assurent les enseignants, même ceux qui savent que, dans l'opinion publique, ils portent sur leur cartable l'étiquette de profs "peinards" parce qu'en charge de disciplines souvent considérées comme secondaires. Cyrille Cossart, enseignante en éducation physique et sportive, est redevable de 20 heures de service, 17 heures d'enseignement et un forfait de 3 heures prévues pour l'animation d'association sportive, en l'occurrence de la boxe française. "Nos contraintes ne sont pas aussi lourdes car nous n'avons pas tout le travail de correction, reconnaît-elle, mais ce n'est pas pour ça que notre tâche s'arrête à la sortie du stade." Entre les bilans qu'elle doit rédiger à chaque séance, la préparation des quelques cours écrits, l'évaluation des activités sportives, les conseils de classe, les rencontres avec les parents, les réunions avec ses équipes, elle ne se voit pas comme une privilégiée. "Rien qu'en heures de présence dans l'établissement on arrive presque aux 35 heures", soutient Sébastien Durand, professeur d'histoire-géographie certifié. Astreint à 21 heures de service, les 18 réglementaires plus 3 supplémentaires, il arrive chaque matin une bonne demi-heure avant le début de son cours. "C'est devenu un rituel. Un temps d'échauffement que j'utilise par exemple pour lire un livre." L'emploi du temps "en gruyère" de ce jeune professeur le pousse en outre à rester dans l'établissement. Et, si des moyens matériels étaient mis en oeuvre, il se verrait bien rester au lycée pour effectuer les tâches de préparation et de correction. Une solution qui n'enchante pas Françoise Bovet. "J'ai besoin d'être à l'extérieur même si c'est pour me remettre au travail", avoue-t-elle. Loin du bruit et de la tension des élèves, "dans l'illusion d'une certaine autonomie". § "Il vaut mieux des fonctionnaires moins nombreux, mais mieux payés et mieux considérés", a expliqué Nicolas Sarkozy, lundi 5 février, sur TF1. Ségolène Royal a refusé cette logique et proclamé, mardi, lors de son meeting à Paris, "sa compréhension de la mobilisation des fonctionnaires". § J eudi 8 février, les fonctionnaires font grève et manifestent, "pour les salaires et l'emploi", alors que Nicolas Sarkozy fait du non-remplacement d'un départ sur deux à la retraite l'un des axes de sa campagne. "Il vaut mieux des fonctionnaires moins nombreux, mais mieux payés et mieux considérés", a expliqué le candidat de l'UMP, lundi 5 février, sur TF1. Ségolène Royal a refusé cette logique et proclamé, mardi, lors de son meeting à Paris, "sa compréhension de la mobilisation des fonctionnaires". La candidate socialiste a fait applaudir les fonctionnaires par ses partisans : "Est-ce qu'il y a trop d'enseignants dans ce pays ?", s'est interrogée Mme Royal, et la salle de crier "non". "Est-ce qu'il y a trop d'infirmières ?", "trop de policiers ?", ponctuées du "non" énergique des militants. Alors que l'endettement de la France dépasse 60 % du produit intérieur brut, les quelque 80 000 départs annuels à la retraite de fonctionnaires, pour les dix prochaines années, inspirent ceux qui voudraient diminuer l'imposante masse salariale des 5 200 000 agents des trois fonctions publiques (Etat, hospitalière et territoriale). A l'approche de la journée des manifestations de jeudi, à l'appel de la CFDT, la CGT, FO, FSU, Solidaires et l'Unsa - cortège qui, à Paris, se doublera de la manifestation nationale des cheminots -, Mme Royal a pris une posture classique à gauche, en refusant la logique de réduction des effectifs - une mesure "totalement impraticable" selon elle - et en privilégiant "une gestion plus efficace des finances de l'Etat". Cette approche n'est pas propre à la gauche. "Je ne crois pas à l'annonce du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, cela n'a jamais été fait et cela ne se décrète pas à l'avance", explique au Monde François Bayrou. Ne voulant pas toucher à "l'administration de terrain", le candidat de l'UDF veut bien envisager des réductions dans "l'administration de papier". Ancien ministre de l'éducation, M. Bayrou cherche à séduire les enseignants en réaffirmant la priorité de l'école et en en garantissant les moyens. Il se targue, "selon une étude récente du Cevipof, de 30 % du potentiel du vote enseignant". Du côté de l'UMP, le ministre de la fonction publique, Christian Jacob, et son collègue délégué au budget, Jean-François Copé, se gardent de reprendre à leur compte l'équation de M. Sarkozy. "Nous préférons raisonner sur la qualité du service rendu sur le effectifs nécessaires pour la garantir", affirme-t-on chez M. Jacob. M. Copé a fait valoir, le 23 janvier, qu'"on ne fait plus du budget comme avant, au rabot" M. Copé estime que l'intérêt des audits de modernisation (qui permettent une approche des effectifs par ministère) est "de faire sortir le gouvernement d'un état d'esprit assez classique qui consiste à afficher des baisses aveugles et uniformes". A l'approche de la présidentielle, les fonctionnaires restent courtisés. Le gouvernement a annoncé un coup de pouce de 0,3 % des rémunérations, en plus des 0,5 % prévus au 1er février. Le coût de cette revalorisation de dernière minute, jugée "notoirement insuffisante" pour le rattrapage de l'inflation par les syndicats, était estimé à 300 millions d'euros. Marqués par la crainte d'une diminution de leurs effectifs, hostiles à la régionalisation de certains emplois, les fonctionnaires refusent la logique de M. Sarkzoy. "Le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite est une hérésie et une position dogmatique quasiment inapplicable", explique Jean-Marc Canon pour la CGT. "Il faut se mettre autour d'une table pour discuter de quelle fonction publique a-t-on besoin, de quels effectifs ?", propose-t-il. Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a considéré mardi qu'il était "impossible de ne pas remplacer la moitié des fonctionnaires de l'Etat qui partent à la retraite". A l'inverse, la présidente du Medef, Laurence Parisot, voit dans ces nombreux départs à la retraite, "l'opportunité unique de s'alléger" pour l'Etat. Dans son livre Besoin d'air, Mme Parisot mentionne même l'abandon "de la garantie de l'emploi à vie", comme au Canada. Dans ce contexte, Mme Royal peut espérer profiter de l'inquiétude des fonctionnaires et capitaliser leur vote mieux que Lionel Jospin en 2002. Si les enseignants avaient voté Jospin à 35 %, contre 9 % pour Olivier Besancenot (LCR), 12 % pour le candidat Verts Noël Mamère et 3 % pour Arlette Laguillier (LO), les cadres de la fonction publique n'avaient été que 26 % à donner leur voix au candidat socialiste, 9 % pour M. Besancenot, 8 % pour Mme Laguillier, 11 % pour M. Mamère. Un éparpillement que l'actuelle candidate socialiste veut éviter. § La condamnation de José Bové, candidat à la présidentielle, à quatre mois de prison ferme a été rendue définitive, mercredi, par la Cour de cassation qui a rejeté son pourvoi. Son incarcération dépend maintenant d'une prochaine décision d'un juge d'application des peines. § L a condamnation de José Bové, candidat à la présidentielle, à quatre mois de prison ferme a été rendue définitive, mercredi 7 février, par la Cour de cassation qui a rejeté son pourvoi. Son incarcération dépend maintenant d'une prochaine décision d'un juge d'application des peines. L'ancien leader de la Confédération paysanne s'était pourvu en cassation contre sa condamnation infligée par la cour d'appel de Toulouse le 15 novembre 2005, pour l'arrachage de maïs transgénique en juillet 2004 à Menville (Haute-Garonne) avec sept autres militants anti-OGM. La complexité de la procédure, qui va passer par un juge d'application des peines (JAP), magistrat indépendant par son statut, puis par le procureur général de Toulouse, pourrait cependant repousser le règlement de l'affaire après les élections, évitant à José Bové de faire campagne derrière les barreaux. "Si je vais en prison, c'est la tête haute, c'est pour m'être battu pour la démocratie, pour le droit des Français qui refusent les OGM à 80 %", a-t-il déclaré aux journalistes. "Je serai peut-être le premier prisonnier politique qui sera en même temps candidat à l'élection présidentielle. Je ne m'attendais pas à une telle situation. Si je dois y aller, j'assumerai cette responsabilité, je ne me cacherai pas", a-t-il ajouté. PREMIER MEETING À AUBAGNE Compte tenu de la durée requise (moins d'un an), une peine alternative est possible, comme le port du bracelet électronique. Un dispositif que le candidat à la présidentielle a considéré comme "pas acceptable" mercredi matin sur Canal+. "Est-ce que quand on est incarcéré pour des opinions on essaye de négocier sa condamnation ? absolument pas", a-t-il expliqué. José Bové n'est pas privé de ses droits civiques et cette décision ne met pas en cause sa candidature à l'élection présidentielle. Il a assuré qu'il ferait quoi qu'il arrive campagne pour demander un moratoire sur la culture des OGM, même pour les essais scientifiques. Il affirme que le gouvernement prépare "dans le plus grand secret" des décrets autorisant ce type de culture. Le candidat doit animer son premier meeting de campagne mercredi soir à Aubagne. José Bové a déjà connu la prison dans les années 1970, lors des manifestations contre le camp militaire du Larzac, et plus récemment à trois reprises. Il a été emprisonné, en effet, durant trois semaines à l'été 1999 pour le démontage du restaurant McDonald's de Millau, puis du 19 juin au 1er août 2002 pour l'exécution du reliquat de la peine de trois mois de prison ferme prononcée pour ces faits, et enfin du 22 juin au 2 août 2003 pour l'exécution d'une peine de six mois ferme prononcée dans une autre affaire de fauchage de plants d'OGM. § En 2002, exaspérés par le blocage de leurs honoraires, les généralistes avaient fait pression pendant six mois sur la caisse nationale d'assurance-maladie et sur les candidats à l'élection présidentielle pour obtenir le passage de la consultation à 20 euros, observant une grève des gardes et multipliant les journées "santé morte". § A chaque campagne électorale, sa fronde médicale ? En 2002, exaspérés par le blocage de leurs honoraires, les généralistes avaient fait pression pendant six mois sur la caisse nationale d'assurance-maladie et sur les candidats à l'élection présidentielle pour obtenir le passage de la consultation à 20 euros, observant une grève des gardes et multipliant les journées "santé morte". Leur revendication, jugée "légitime" par Jacques Chirac en campagne, avait été satisfaite entre la réélection du président de la République et le premier tour des législatives par une droite pas mécontente de pouvoir, à cette occasion, remettre en selle la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), réputée plus proche d'elle que le syndicat MG-France. Cinq ans plus tard, les mêmes causes produiraient-elles les mêmes effets ? Menaçant de bloquer la télétransmission des feuilles de soins aux caisses primaires, les généralistes exigent désormais l'alignement de leur consultation (21 euros en secteur 1, conventionné) sur celle des spécialistes (23 euros). Ils font valoir que la médecine générale est devenue une spécialité, que les premiers spécialistes de médecine générale sortiront des facultés à l'automne et qu'il faut redonner de l'attractivité au métier - la moitié des généralistes partant à la retraite dans les sept prochaines années -, faute de quoi l'égalité de l'accès aux soins restera un vain mot. Nul ne conteste le bien-fondé de leur revendication : ni le ministre de la santé, Xavier Bertrand, ni l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam), qui rappelle toutefois que 600 millions ont été consacrés depuis la réforme de 2004 et la convention médicale de 2005 à la revalorisation tarifaire. L'Uncam cherche donc à gagner du temps et à repousser le passage aux 23 euros après la présidentielle pour ne pas s'exposer au risque d'un comité d'alerte qui exigerait, en juin, des mesures de redressement face au dérapage des dépenses. Fait rare, les syndicats médicaux maintiennent, eux, une certaine unité. Même si les non-signataires de la convention (MG-France, Espace Généraliste, la FMF-G...) veulent porter le débat sur la scène politique, alors que les signataires (CSMF, SML, Alliance) s'efforcent de préserver la dynamique conventionnelle. Une troisième réunion de négociations était prévue, mercredi 7 février, entre ces trois syndicats et l'assurance-maladie. Mais en l'absence de mandat donné au directeur général de l'Uncam, les chances de débloquer la situation paraissaient des plus minces. § 80 000 fonctionnaires ont manifesté à Paris, jeudi 8 février. Objectif : crier leur "ras-le-bol" croissant en matière d'emplois et de salaires et interpeller les responsables politiques à l'approche de l'élection présidentielle. § § Dans une lettre envoyée à l'association France Terre d'asile, la candidate socialiste détaille ses propositions sur les questions migratoires. Elle se dit opposée à une régularisation globale des sans-papiers, mais favorable à des régularisations "sur critères". § D ans une lettre envoyée à l'association France Terre d'asile, Ségolène Royal prend position pour la première fois sur les questions migratoires. "L'immigration pose dans tous les pays développés des questions difficiles qui doivent être traitées sans démagogie", explique Mme Royal, dans une réponse aux questions envoyées par l'association aux candidats à la présidentielle. "Je ne suis pas favorable à une régularisation globale, mais à une régularisation sur critères", explique la candidate socialiste à propos des sans-papiers. Soulignant que "les contextes espagnol et italien ne sont pas les mêmes", elle estime que les critères de régularisation doivent être les suivants : "la durée de la présence sur le territoire français, les attaches personnelles, la scolarisation ainsi que la possession ou la promesse d'un contrat de travail". Elle s'engage également, si elle est élue, à faire rééxaminer les dossiers des demandeurs d'asile déboutés, "que l'on qualifie communément de 'ni-ni', ni expulsables ni régularisables". Ségolène Royal a également salué "le formidable succès du Réseau éducation sans frontières", estimant que cet "élan de solidarité (...) montre le vrai visage des Français, celui de la tolérance et de la fraternité". MORATOIRE Sur le droit d'asile, la candidate socialiste souligne que c'est "un devoir" pour un Etat, selon les termes de la convention de Genève. Elle souhaite un moratoire sur le concept de pays d'origine sûre et demande "une renégociation à l'échelle européenne". En juin 2005, l'Ofpra avait dressé une liste de douze pays "sûrs", auxquels sont venus s'ajouter cinq nouveaux pays en mai 2006. Cela a abouti à limiter le nombre de ressortissants demandant le droit d'asile en France. "Nous voyons bien que cette liste ne répond pas à l'obligation de respect de l'Etat de droit et de protection des droits humains, qu'il y figure des Etats où la protection des libertés n'est pas pleinement assurée", explique la candidate. Elle va un peu plus loin que le projet du Parti socialiste adopté en juin 2006, qui mentionnait simplement "le respect effectif du droit d'asile". Elle promet également un plus grand engagement de la France pour harmoniser les politiques d'asile et d'immigration au niveau européen. Au niveau international, "la France devrait augmenter sa contribution au budget du Haut Commissariat aux réfugiés, afin de participer à l'effort global pour aider les réfugiés, d'autant plus qu'il nous faudra faire face à la problématique des réfugiés climatiques qui risque de prendre de l'ampleur dans les prochaines années", détaille Ségolène Royal. Enfin, la candidate socialiste donne sa vision de l'immigration, estimant que "fermer la porte aux immigrés serait nous condamner au déclin". Mais elle reste fermement opposée à l'ouverture des frontières : "Nous ne pouvons, pas plus que nos voisins, ouvrir purement et simplement nos frontières sans créer des déséquilibres économiques et sociaux insupportables, notamment une forte pression à la baisse sur les salaires." § Philippe de Villiers, candidat du Mouvement pour la France (MPF) à la présidentielle, a décidé de placer sa campagne sous le signe de "la fierté d'être français". § P hilippe de Villiers, candidat du Mouvement pour la France (MPF) à la présidentielle, a décidé de placer sa campagne sous le signe de "la fierté d'être français". Présentant, jeudi 8 février, son équipe de campagne, il a expliqué avoir choisi le slogan "Retrouver la fierté d'être français" pour exalter une fierté "trop souvent perdue" sous "les coups de boutoir du mondialisme" et du "communautarisme". Il faut "retrouver la fierté de travailler en France, faire vivre sa famille en France, d'investir en France", de "participer à la civilisation française", a déclaré M. de Villiers. Il faut aussi gagner "la fierté d'avoir repris le pouvoir" à l'Europe de Bruxelles, à l'OMC, ou aux "féodalités syndicales", a-t-il ajouté. DES SONDAGES QUI REFLÈTENT SA "VISIBILITÉ" DANS LES MÉDIAS Pour le président du MPF, les sondages qui ne lui accordent que 1 ou 2 % d'intentions de vote ne font que refléter sa "visibilité" actuelle dans les médias. "Si je passais à 5 % de visibilité médiatique, je serais à 5 % dans les sondages", a-t-il assuré. Son directeur de campagne, Guillaume Peltier, s'est montré optimiste sur les 500 parrainages nécessaires pour se présenter. "Au rythme actuel, tout devrait bien se passer", a-t-il estimé. Mais "l'essentiel de l'énergie" du MPF reste consacré à cette collecte de signatures. Outre M. Peltier, son équipe de campagne comprend notamment Jacques Bompard, ex-élu FN rallié à Philippe de Villiers en novembre 2005, Paul-Marie Coûteaux, député européen MPF, ex-soutien de Jean-Pierre Chevènement en 2002, et Jérôme Rivière, député UMP en litige avec son parti. § Dans une vidéo mise en ligne sur son site Internet, le candidat UMP annonce qu'il a chargé l'ancien footballeur d'une "grande mission", sans préciser s'il s'agit d'une mission pour le compte de l'UMP ou du ministère de l'intérieur. § P our Nicolas Sarkozy, la réponse à Lilian Thuram s'appelle... Basile Boli. Dans une vidéo mise en ligne sur son site Internet, le candidat UMP annonce qu'il a chargé l'ancien footballeur d'une "grande mission". "Je souhaite que les élites françaises ressemblent à la diversité de la France, explique le candidat. J'ai voulu confier à Basile une mission pour qu'il incarne cette diversité. C'est un homme (...) qui incarne cette France multiple que je veux représenter." "J'ai besoin de Basile, je lui ait dit, et je suis très fier qu'il soit à mes côtés", s'enthousiasme Nicolas Sarkozy, qui dit "admirer Basile Boli depuis bien longtemps". Cette nomination sonne comme une réaction aux propos de Lilian Thuram, qui avait accusé le candidat de l'UMP d'avoir une "vision raciale des choses", expliquant que le ministre de l'intérieur lui avait déclaré à l'automne 2005 que "c'est les Noirs et les Arabes qui créent des problèmes dans les banlieues." UNE MISSION "POUR LA FRANCE" ? Basile Boli avait été approché par le Parti socialiste au printemps 2006 pour être candidat aux législatives dans l'Yonne. Intéressé, il avait finalement été écarté devant le désaccord des militants locaux. Face au président de l'UMP, Basile Boli a dit sa "fierté d'avoir une mission pour vraiment représenter la France comme elle le doit". "La vraie France a besoin de ses fils, j'en fais partie, je suis fier que M. Sarkozy m'ait confié cette mission", a-t-il dit. L'ancien joueur de l'Olympique de Marseille confie que le projet de Nicolas Sarkozy " (l')intéresse beaucoup". Mais ni Nicolas Sarkozy ni Basile Boli ne précisent si cette mission "pour représenter la France" a lieu pour le compte de l'UMP ou du ministère de l'intérieur. § Les représentants syndicaux s'attendaient à une forte participation des enseignants aux manifestations de la fonction publique, jeudi 8 février. § L es enseignants sont en proie à "l'exaspération", assurent, ces dernières semaines, leurs représentants syndicaux qui, toutes tendances confondues, pressentent une forte participation de leurs mandants, jeudi 8 février, à la journée d'action de toute la fonction publique. Leur mobilisation, qui perdure malgré la période électorale, contribue à dessiner le portrait d'une profession en état d'hypersensibilité. En témoigne l'humeur batailleuse d'un syndicat minoritaire comme le Snalc-CSEN, qui sera présent sous ses propres couleurs dans les cortèges intersyndicaux. Représentant environ 10 % des professeurs dans les collèges et dans les lycées d'enseignement général, cette organisation, habituellement classée à droite, refuse désormais cette étiquette. "Nous sommes apolitiques et nous défendons la qualité de l'enseignement", assure son secrétaire général, Bernard Kuntz, pour qui "en matière d'éducation, la droite et la gauche, c'est bonnet blanc et blanc bonnet". Selon lui, les termes appropriés à la situation sont "exaspération absolue". "Depuis le ministère Allègre, explique-t-il, les collègues se révoltent, à chaque fois, qu'ils entendent parler d'une réforme, car c'est toujours plus de boulot et moins de salaire. Nous arrivons à saturation. Ce qui a tout cristallisé, cette fois, c'est le coup des décharges. Pourtant, nous avions prévenu le ministère. Nous nous sommes heurtés à un refus buté. Le propre de la technocratie, c'est de prendre les gens pour des crétins." Dans le secondaire, la suppression de certaines décharges horaires risque, s'ils ne la compensent pas par des heures supplémentaires, de rogner le pouvoir d'achat d'environ 50 000 professeurs (sur un total de 419 000). Entre ceux qui refusaient toute modification et ceux qui contestent la manière employée, "toujours la calculette en main et toujours dans une optique de réduction", note Luc Bérille, du SE-UNSA (syndicat des enseignants), l'unité syndicale s'est reconstituée, pour la première fois depuis la fronde contre le ministre Claude Allègre. Le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire (45 %) dans le premier degré, est fortement mobilisé, mais en partie pour des raisons diamétralement opposées à celles du Snalc : les réformes de Gilles de Robien sur les méthodes de lecture, sur la grammaire et sur le calcul. "A la limite, dit Gilles Moindrot, secrétaire général, c'est plus la façon dont s'y prend le ministre qui crée le malaise que la nature réelle de ce qu'il fait : simplifier la terminologie grammaticale ou promouvoir le calcul mental, par exemple, nous n'avons rien contre. Ce qui frappe la corde sensible, c'est qu'il parle d'une école qui n'existe pas, où les enseignants ne feraient pas leur travail. Nous avons honte, parfois, d'entendre certaines choses. C'est un courant de fond : au-delà des étiquettes des uns ou des autres, c'est la profession qui se sent mise en cause." Le SNUipp, favorable à "l'évolution du métier", est idéologiquement aux antipodes du Snalc, qui prône le retour aux "fondamentaux" et combat les "dérives pédagogistes". Mais les deux partagent le sentiment d'une atteinte à "l'identité professionnelle" des enseignants : ils récusent "l'empilement des réformes jamais évaluées et des solutions toutes faites correspondant à des affichages politiques", dit M. Moindrot ; ils ont le sentiment, dit Bernard Kuntz, que "tout le monde se fiche de notre mission primordiale de transmission des connaissances et du lent travail, absolument pas spectaculaire, que cela réclame dans la classe". § Une interview avec le président de la République sera diffusée le 11 février, au cours de l'émission de Michel Drucker "Vivement dimanche" consacrée à Bernadette Chirac. § E xceptionnelle, cette émission le sera à plus d'un titre. Dimanche 11 février, sur France 2, Michel Drucker consacre son émission "Vivement dimanche", plus longue qu'à l'ordinaire, trois heures, à Bernadette Chirac et à son président de mari. Au cours d'une interview, enregistrée voilà trois semaines, Jacques Chirac envisage l'après-présidentielle, sans lui. "Je continuerai à servir mon pays comme je l'ai toujours fait", dit-il. Il répond aussi à Michel Drucker : " Il y a une vie après la politique. Il y a une vie jusqu'à la mort." L'animateur s'était fixé pour objectif de réaliser une émission bâtie autour de Bernadette Chirac, prenant prétexte de la réunion des huit femmes de chefs d'Etat ou reines qui se sont réunies autour d'elle à l'Elysée le 17 janvier, pour la cause des enfants disparus ou maltraités. L'occasion de faire un retour sur 45 années de vie politique de la "première dame", avec visite de l'Elysée, déplacement obligatoire chez la conseillère générale de Corrèze et au musée des cadeaux de Jacques Chirac, tour d'horizon des activités caritatives. L'idée est venue ensuite de solliciter le chef de l'Etat, qui a accepté de répondre à quatorze des quinze questions transmises à l'avance par Michel Drucker. La quinzième, qui n'a donc finalement pas été posée, était : " Allez-vous vous représenter ?" M. Chirac et sa fille Claude avaient posé une autre condition expresse pour accorder cette interview, où le président s'exprime comme rarement sur lui-même et sur son épouse - qu'il complimente : que cette dernière ne voit pas la cassette avant l'enregistrement de l'émission. Elle l'a donc découverte, mercredi 7 février, sur le plateau, en compagnie de Michel Drucker, dans les conditions du direct. Et en a été fort émue. Il est vrai, comme elle l'a souvent raconté, que M. Chirac est d'habitude plutôt avare de compliments à son endroit. "La chute est un peu triste", lâche Mme Chirac, qui, elle, cache mal son envie de rester à l'Elysée. "Cette maison me manquera beaucoup, mais je m'adapterai. Il faut bien accepter ce que le destin décide", dit-elle, faussement résignée. La date de diffusion de l'émission n'est pas innocente : c'est le 11 février que Ségolène Royal, la candidate du PS, présente son programme, tandis son rival de l'UMP réunit ses comités de soutien à la Mutualité, à Paris. Michel Drucker se défend de tout parasitage volontaire en expliquant que la date de l'émission avait été fixée "avant les fêtes". Il répond par avance à toute critique en indiquant qu'il a invité deux fois Bernadette Chirac, "comme Ségolène Royal, comme Nicolas Sarkozy, comme Bertrand Delanoë". Il la considère comme une femme politique, ce qui n'est pas faux. Par la même occasion, il rediffuse une interview qu'il avait réalisée de Hillary Clinton voilà quelques années, où la sénatrice démocrate expliquait combien il est difficile pour une femme de faire de la politique. Hillary, le modèle de Bernadette. Michel Drucker interviewe aussi toutes les épouses de chefs d'Etat qui ont participé au raout élyséen du 17 janvier. La campagne ne fait pas irruption dans l'émission autrement que dans la bouche de l'imitateur d'Europe 1, Nicolas Canteloup, qui mime Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, Philippe Douste-Blazy ou Dominique de Villepin. En "vraie" politique, le Sénat a adopté, dans la nuit de mercredi à jeudi, en version conforme à celle de l'Assemblée nationale, les deux révisions constitutionnelles sur l'abolition de la peine de mort et sur le statut pénal du chef de l'Etat. La voie est donc ouverte pour que Jacques Chirac puisse convoquer, comme il le souhaitait, le Congrès le 19 février. Sa mosaïque se met en place. § Depuis le 5 février et jusqu'au 9 mars, tous les jours, à 19 h 50, sur TF1, on peut voir un petit film, d'à peine plus d'une minute, qui reprend une idée du club de réflexion libéral fondé par Claude Bébéar, le président du conseil de surveillance d'Axa. § L 'Institut Montaigne fait campagne. Depuis le 5 février et jusqu'au 9 mars, tous les jours, à 19 h 50, sur TF1, on peut voir un petit film, d'à peine plus d'une minute, qui reprend une idée du club de réflexion libéral fondé par Claude Bébéar, le président du conseil de surveillance d'Axa. Un soir, une proposition donc. Et ce pendant quatre semaines à une heure de grande écoute où on a plus l'habitude de voir des "programmes courts" sur les miracles que peuvent faire les clients de Leroy Merlin dans leur maison. Mercredi 7 février, il s'agissait d'expliquer aux téléspectateurs comment "aider nos PME à grandir". Mardi, la thématique abordée était celle du travail des seniors, et lundi de la simplification de la justice. "Jusqu'à maintenant, on a travaillé sur un mode de communication très étroit", explique Philippe Manière, le directeur général de l'Institut Montaigne. Depuis plusieurs années, le patron du "think tank" rédige lettres et fiches sur tous les sujets possibles de politiques publiques, qu'il envoie aux ministres concernés, à leurs conseillers, aux élus et, plus généralement, à tous ceux qui sont amenés à participer à leur élaboration. Il les rencontre également pour faire avancer ses idées, "non partisanes", assure-t-il. "Aujourd'hui, l'Institut Montaigne a plus de six ans et un vrai fonds de propositions. Il en a assez dans le moteur pour prendre l'opinion à témoin", poursuit M. Manière. Le voilà donc sur TF1, juste avant les infos. Mais l'Institut Montaigne a beau s'approcher de l'âge de raison et être financé par Axa et des entreprises amies, il n'a pas encore les moyens de se payer une campagne de publicité à l'une des heures les plus coûteuses. C'est donc KPMG, l'un de ses partenaires, qui sponsorise son passage sur le petit écran. Le cabinet d'audit et de conseil n'a pas souhaité révéler le coût de l'opération. TF1 lui réclamait au départ 870 000 euros pour quatre semaines. Dans la pratique, sur les programmes courts, la chaîne finit généralement par consentir un abattement de 40 %. Ce qui ramènerait la facture à un peu plus de 520 000 euros. "Pour nous, c'est une manière de renforcer nos images auprès des jeunes que nous voulons recruter", explique-t-on chez KPMG. C'est Camera Subjective Media, le producteur du programme, qui en a eu l'idée. "L'institut Montaigne n'est pas un organe de l'UMP. Il propose des choses de droite, de gauche, ou ni l'un ni l'autre. Comme le CV anonyme. C'est marrant, c'est malin", raconte Alexandre Amiel, dirigeant de cette société. § A Toulon, ville reconquise au Front national par l'UMP, le candidat s'est employé, une nouvelle fois, et, sans complexe, à débaucher les électeurs de Jean-Marie Le Pen. § O pposer, puis rassembler. Cette méthode, Nicolas Sarkozy l'a portée à une quasi-perfection lors de son discours prononcé, mercredi 7 février, à Toulon. Dans cette ville reconquise au Front national par l'UMP, il s'est employé, une nouvelle fois, et, sans complexe, à débaucher les électeurs de Jean-Marie Le Pen. A Ségolène Royal qui, la veille, lui avait reproché d'emprunter ses formules aux dictatures brésiliennes, il ne cède rien, et réplique : "Si tu veux devenir Français, tu dois être fier de la France." "Fier de la France", et de son histoire. Les nombreux rapatriés d'Algérie, qui ont choisi la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) pour s'établir dans les années 1960, peuvent être rassurés : M. Sarkozy n'a pas l'intention de se repentir de l'action de la France en Algérie, quand bien même ce serait une des conditions préalables posées par l'Algérie à la signature du traité d'amitié avec la France, auquel tient Jacques Chirac. Quand bien même encore, il se serait entretenu, en novembre 2006, cinq heures durant, avec le président Bouteflika, à Alger. NOUVEAU REGISTRE "De quel droit jugez-vous ?", interroge le candidat, "la plupart de ceux qui partirent dans le Sud n'étaient ni des monstres ni des exploiteurs." Il ose le mot : "Mais des hommes qui ont pensé de bonne foi servir un idéal de civilisation." De la repentance que la gauche est prête à accepter, il n'en est pas question : "A tous ceux d'entre vous, lance-t-il sous les applaudissements des 7 000 personnes présentes au Zénith, qui sont revenus des colonies en ayant tout abandonné, n'emportant avec eux que leurs souvenirs de jeunesse et cette nostalgie qui ne les quittera jamais, je veux dire que si la France a une dette morale, c'est d'abord envers eux. Aux enfants des harkis, je veux dire que si la France a des excuses et des réparations à faire, c'est à eux qu'elle les doit." Présent, le maire de Nice (Alpes-Maritimes) et ancien frontiste, Jacques Peyrat, qui dit préférer "Le Pen à Royal" a semblé apprécier. Place au deuxième mouvement : le rassemblement. Après avoir assuré sa "jambe droite", celle de la fermeté, M. Sarkozy peut étirer sa "jambe gauche", celle de la générosité, pour proposer la création d'une union méditerranéenne, qui réunirait tous les pays du pourtour méditerranéen, dont la Turquie, sur le modèle de l'Union européenne. Prenant acte de l'échec du dialogue Euroméditerranée, imaginé en 1995, à Barcelone (Espagne), le candidat a fixé pour mission, à cette nouvelle institution, la recherche d'une issue au conflit palestinien, le chantier de dépollution de la Méditerranée, l'organisation de l'immigration, le codéveloppement et la lutte contre la corruption. Ne reste plus ensuite qu'à mêler les deux mouvements : l'antagonisme et le rassemblement. Après avoir assuré ses électeurs les plus à droite, ses soutiens - au premier rang desquels Michèle Alliot-Marie, présente à Toulon - qui lui demandent une vision de la France et du monde, M. Sarkozy peut se lancer dans l'éloge "du métissage des cultures", "du mélange", de la "diversité" et de l'"osmose". Un nouveau registre qui pourrait être utile alors que le candidat prépare son retour en banlieue. § "Si je suis élu, j'instaurerai le service minimum, la liberté syndicale et le vote à bulletin secret pour empêcher les piquets de grève", déclarait, le candidat de l'UMP à la présidentielle, dans un entretien au "Figaro, en janvier. § L es sorties répétées de Nicolas Sarkozy sur le droit de grève et la nécessité de l'encadrer inquiètent les syndicalistes. "Si je suis élu, j'instaurerai le service minimum, la liberté syndicale et le vote à bulletin secret pour empêcher les piquets de grève", déclarait, encore, le candidat de l'UMP à la présidentielle, dans un entretien au Figaro (31 janvier 2007). Il dit ne pas vouloir empêcher ceux qui veulent la grève de la faire, mais "s'il y a 51 % de gens qui refusent la grève, on ne pourra pas les empêcher de travailler". L'objectif de M. Sarkozy est clair. Empêcher les blocages, les grèves longues, que ce soit dans les transports qui sont, avec l'éducation nationale, les plus pénalisantes - en 1995, pour les cheminots et, en 2003, pour les enseignants -, voire, explique-t-on dans le staff du candidat, éviter aussi les blocus d'universités, tels ceux qui ont marqué le mouvement anti-CPE de l'hiver 2006. Les syndicats protestent. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO - confédération qui demandait "la grève générale" contre la réforme des retraites en 2003 - met en garde contre la "limitation du droit de grève". M. Sarkozy "aime les ouvriers bâillonnés", s'insurge, de son côté, Bernard Thibault, dans Le Parisien (5 février). Le secrétaire général de la CGT pense que le candidat de l'UMP "veut s'inspirer de Margaret Thatcher, qui a pris, bille en tête, le droit syndical et le droit de grève, pour avoir les mains plus libres, afin de mener une politique plus libérale, celle préconisée par le Medef". Et M. Thibault de s'étonner de ce que "la première loi annoncée, pour juin 2007, s'attaque au droit de grève". Une telle urgence, pour l'UMP, s'explique : "Dans les trois mois qui suivent son élection, M. Sarkozy proposera une réforme du droit du travail, le contrat unique, la fusion de l'ANPE et de l'Unedic, la réforme des allocations chômage, de la formation professionnelle...", explique l'un de ses conseillers. Sans oublier la question des régimes spéciaux de retraite. Pour mener à bien ces projets, "la condition de la réforme, c'est de modifier le droit du travail, en particulier sur la question de la grève", reconnaît-on à l'UMP. Et éviter ainsi le scénario de l'hiver 1995. Pour "sortir la France de la logique du conflit", ainsi que le souhaitaient le président de la République, Jacques Chirac, et la présidente du Medef, Laurence Parisot, l'encadrement du droit de grève par une nouvelle loi est vécu comme une provocation par les syndicats. Mais, veut-on se rassurer dans l'entourage du candidat, "Sarkozy est un habile négociateur". § "Je suis heureux ce soir. Ou j'étais à Aubagne ou j'étais au bagne, a lancé le leader altermondialiste. Ce combat collectif que nous avons mené dans les luttes et dans la rue, je suis décidé à le porter avec vous dans les urnes." § C 'est aux cris de "Libérez José !" que le candidat a fait son entrée devant plus de 2 000 personnes rassemblées au centre de congrès d'Aubagne, mercredi 7 février. Mais José Bové n'avait pas envie d'être là en "futur incarcéré". "Je suis heureux ce soir. Ou j'étais à Aubagne ou j'étais au bagne, a lancé le leader altermondialiste. Ce combat collectif que nous avons mené dans les luttes et dans la rue, je suis décidé à le porter avec vous dans les urnes." C'est d'ici qu'est partie la pétition lui demandant de se lancer dans la bataille présidentielle. C'est donc sur cette même "terre des luttes sociales" qu'il a décidé de tenir son premier meeting de campagne. Haïkus géants réclamant "audace", "justice" et "amour", troupe de théâtre lançant des slogans fleurant bon Mai 68 - "Les possibles sont à portée de main, il suffit d'y croire" -, et ovations aux interventions des "citoyens en lutte" (sans-papiers, représentants d'associations de banlieue ou un ancien salarié de Nestlé). "Ce melting-pot, je l'attends depuis des années", a soufflé Jacques Lerichome, un organisateur. Etienne Chouard, le blogueur vedette du non à la Constitution européenne, est venu en voisin. Tous veulent croire à "l'insurrection électorale" souhaitée par ce "candidat qui sort de terre", comme l'a présenté le philosophe Michel Onfray, en conférence téléphonique. "Si José fait 4 % aujourd'hui, plus 4 % dans quelques semaines, plus 4 % le 22 avril, alors nous aurons changé la donne à gauche", a assuré Raoul-Marc Jennar, militant altermondialiste. Les partisans de M. Bové voient pour preuve que "ça va marcher" le virage à gauche amorcé par Ségolène Royal : "Elle dénonce les profits rapaces et a même emprunté à José le titre de "voix des sans-voix"", s'est amusé le conseiller d'Etat Yves Salesse. "C'est le peuple qui mène cette campagne en étant sur la scène", a assuré M. Bové. Mais avant de mener "une campagne de voisins" plus efficace que les "grands shows médiatiques", il manque encore les 500 parrainages. "C'est le premier travail militant et c'est pas donné", a-t-il prévenu. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le rapport sur la fiscalité commandé par Ségolène Royal préconise de favoriser les entreprises embauchant en CDI plutôt qu'en CDD, et la création d'une "contribution citoyenne" payée par les Français installés hors de France proportionnelle à leurs revenus. § L e rapport sur la fiscalité commandé par Ségolène Royal à trois parlementaires socialistes préconise une stabilisation des prélèvements oligatoires. Objectif : parvenir à une fiscalité "plus juste, au service du développement économique", a déclaré Dominique Strauss-Kahn. Dans cet avis de quinze pages qu'ils ont remis à la candidate jeudi 9 février, l'ancien ministre de l'économie, le député Didier Migaud et le sénateur François Marc expliquent qu'il faut "revenir sur le bouclier fiscal et sur les baisses prévues en 2007". Le lancement de la campagne présidentielle de Ségolène Royal avait été marqué début janvier par une polémique entre responsables socialistes sur d'éventuelles hausses d'impôts affectant les plus hautes tranches de l'impôt sur le revenu. L'idée avait été avancée par le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, avant d'être recadrée par la candidate, qui avait alors chargé les trois parlementaires d'un rapport global sur la fiscalité.Le rappport reprend l'idée consistant à favoriser fiscalement les entreprises embauchant en contrat à durée indéterminée (CDI) plutôt qu'en CDD, et celles qui investissent plutôt que de distribuer des dividendes. "Peut-être que (...) si les choses se passent bien, au bout de quelques années on pourra entraîner des baisses d'impôt. Mais au démarrage, faire une promesse comme (Nicolas Sarkozy) l'a faite en disant qu'on va baisser de quatre points le taux de prélèvements obligatoires, c'est de la démagogie pure", a estimé Dominique Strauss-Kahn. UN IMPÔT JOHNNY ? En cumulant les baisses d'impôt et les hausses de CSG depuis cinq ans, "on s'aperçoit (...) qu'à peu près 99 % des Français ont payé plus, impôts et CSG réunis, et 1 % (y) ont gagné. Cela n'est pas juste. (...) Ce que nous préconisons, c'est de revenir sur ce dont ce 1 % tout en haut de la hiérarchie (a bénéficié)", a précisé l'ancien ministre. Dans leur rapport, les trois parlementaires veulent que l'on passe des "beaux discours" aux actes en matière de fiscalité écologique, en mettant en place une "taxe carbone". Pour faire baisser la taxe d'habitation, ils souhaitent un "véritable équilibre" entre communes pauvres et communes riches. Quelques semaines après les interrogations suscitées par l'exil fiscal de personnalités, Johnny Hallyday en tête, ils ont imaginé une "contribution citoyenne" payée par les Français installés hors de France en fonction de leurs revenus. Cette contribution vise "ceux qui se disent Français mais finalement (qui) n'ont plus de français que le nom parce qu'ils quittent le pays et qu'ils quittent l'ensemble de la vie collective", a souligné Dominique Strauss-Kahn. Un "impôt Johnny ?" Il ne faut "pas personnaliser comme ça", a relativisé Didier Migaud, mais la mesure peut "viser effectivement les gens qui délocalisent ou se délocalisent". § L'intégralité du rapport remis par Dominique Strauss-Kahn à Ségolène Royal, jeudi 9 février. (PDF) § § Débat en direct avec Isabelle Mandraud, journaliste au "Monde", lundi 12 février 2007 à 11 heures. § § Le parquet de Paris a ouvert deux informations judiciaires distinctes, jeudi 8 février, concernant le travail des Renseignements généraux sur Bruno Rebelle. § L e parquet de Paris a ouvert deux informations judiciaires distinctes, jeudi 8 février, concernant le travail des Renseignements généraux sur Bruno Rebelle. La première, pour "violation du secret professionnel", vise à déterminer l'origine de la fuite qui a provoqué la publication dans la presse d'une note sur M. Rebelle, ancien directeur de Greenpeace France devenu conseiller de Ségolène Royal. Elle fait suite à la transmission d'une enquête administrative de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui a identifié un fonctionnaire, responsable présumé de la fuite. La seconde a été ouverte pour fichage informatique "sans qu'aient été respectées les formalités préalables" à sa mise en oeuvre, et pour la collecte d'informations "par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite". Elle fait suite à la plainte contre X... avec constitution de partie civile déposée par M. Rebelle, le 26 janvier. En revanche, ce dernier a retiré sa plainte pour "atteinte à l'intimité de la vie privée", après avoir pris connaissance des notes des RG à son sujet. Depuis le début de l'affaire, la hiérarchie policière disait se douter, en privé, de l'origine de la fuite. L'IGPN a procédé à l'expertise des ordinateurs et à l'audition des fonctionnaires de la section "contestation et violences". Elle a établi qu'un policier avait copié la note grâce à un "disque amovible", - ce qui est interdit - laissant une trace informatique. Il aurait aussi été vu en compagnie d'un journaliste du Parisien. Le fonctionnaire suspecté, Thierry T., est en congé maladie pour un mois. Entré dans la police en 1986, il a intégré les rangs de la 3e division de police judiciaire à Paris, puis a rejoint ceux de la Division nationale antiterroriste (DNAT) entre 1994 et 2001, date de son arrivée aux RG. Il y était chargé de l'extrême gauche radicale et de Greenpeace. Ancien membre de CFDT-Police, puis cofondateur du syndicat Sud-Intérieur, il a rejoint l'UNSA-Police en octobre 2006. "J'ai 44 000 adhérents, lui vient d'arriver, je ne peux répondre de ce que les gens font individuellement", explique Joaquin Masanet, patron de l'UNSA-Police. Sur le site Internet des Verts, on trouve le compte rendu d'une réunion du bureau de la commission justice, en date du 9 avril 2005, à laquelle il a participé. Thierry T. est apparu dans la presse en novembre 2005, au moment des violences urbaines. Dans le journal Libération, il affirmait, au nom de Sud-Intérieur, que les standardistes du ministère avaient reçu pour ordre de demander aux personnes qui appellent si elles sont favorables à l'action de M. Sarkozy. Au ministère, où l'on nie toute demande de cette nature, on met en cause le fort engagement militant du syndicaliste, qui aurait pris le dessus sur ses obligations professionnelles. Pourtant, certains de ses collègues s'étonnent de la conduite de l'enquête administrative. "Ça fait un contre-feu mais il n'y a rien de précis contre lui, explique un de ses proches. Comment expliquer qu'il n'ait même pas été interrogé ?" Selon la direction générale de la police, il n'était pas possible d'aller plus loin dans le cadre d'une simple enquête administrative, qui n'oblige pas à répondre aux auditions. § Comme Jacques Chirac lors de la campagne électorale de 2002, Nicolas Sarkozy a décidé de soutenir les médecins généralistes. § C omme Jacques Chirac lors de la campagne électorale de 2002, Nicolas Sarkozy a décidé de soutenir les médecins généralistes qui, selon un sondage IFOP publié dans Le Quotidien du médecin du 9 février, se déclarent prêts à voter pour lui à 45 % (contre 20 % à Ségolène Royal). Le candidat UMP se dit partisan d'aligner la consultation des généralistes (21 euros en secteur conventionné) sur celle des spécialistes (23 euros). Surtout, il souhaite que cette revalorisation intervienne "au plus vite", alors que l'assurance-maladie cherche à temporiser, le coût de la mesure étant de 560 millions d'euros par an. Les syndicats médicaux appuient cette revendication, faisant valoir que la médecine générale est désormais une spécialité. Mais la réunion de négociations du 7 février avec l'assurance-maladie a tourné court, la Confédération des syndicats médicaux français a "claqué la porte". Trois syndicats non signataires de la convention médicale (MG-France, Espace Généraliste, FMF-G) appellent les généralistes à appliquer les 23 euros dès à présent. § Au lendemain de l'émission "J'ai une question à vous poser" sur TF1, lundi 5 février, dans laquelle Nicolas Sarkozy avait été interpellé sur le mariage homosexuel, neuf responsables religieux lyonnais ont décidé de publier une déclaration commune contre le mariage homosexuel et l'homoparentalité. § L a date de diffusion de leur déclaration serait fortuite. Au lendemain de l'émission "J'ai une question à vous poser" sur TF1, lundi 5 février, dans laquelle Nicolas Sarkozy avait été interpellé sur le mariage homosexuel, neuf responsables religieux lyonnais ont décidé de publier une déclaration commune contre le mariage homosexuel et l'homoparentalité. Intitulé "Le mariage, c'est l'union d'un homme et une femme", le texte signé par l'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, et les représentants des cultes musulman, juif, protestant, orthodoxe, arménien, explique que l'institution du mariage "ne peut être soumise aux fluctuations des courants de pensée". "Il est capital de ne pas brouiller ce repère fondateur de l'humanité (...), l'expérience montre ce qu'il nous en coûte aujourd'hui d'avoir laissé saccager la nature. N'allons pas maintenant déstructurer l'humanité, qui est au coeur de la création", écrivent les signataires. Concernant la question de l'adoption, les responsables religieux, citant les récits de la création, dénoncent le "mensonge" selon lequel il "est indifférent pour un enfant de grandir ou non avec un père et une mère". Cette déclaration constitue la première prise de position interreligieuse sur cette question. Le texte serait le fruit d'une réunion annuelle entre les communautés lyonnaises, instaurée à l'origine par le cardinal Decourtray, puis, élargie par ses successeurs, baptisée "G9", qui s'est tenue le 17 novembre 2006, dans une salle de prière oecuménique située dans le centre commercial de la Part-Dieu. Au cours de cette rencontre, les participants avaient débattu, à l'initiative du grand rabbin Richard Wertenschlag, de la question du mariage. Selon Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, présent et signataire du texte, la discussion a fait l'objet, au cours des mois suivants, d'une synthèse rédigée par l'archevêché, puis soumise à tous les participants. La déclaration a été signée par le représentant lyonnais de l'Eglise luthérienne, Jean-Frédéric Patrzynski. Mais le président du conseil exécutif de l'Eglise évangélique luthérienne de France, Joël Dautheville, s'est désolidarisé de son représentant, expliquant, dans un communiqué, que sa position "ne pouvait engager que sa personne." Le président de l'Eglise réformée de Lyon, Guillaume de Clermont, a aussi expliqué que cette prise de position contredisait les débats internes de l'Eglise évangélique luthérienne et de l'Eglise réformée de France, engagées dans une réflexion nationale sur la famille qui devrait aboutir, au terme d'un débat synodal, en mai. Pour lui, la question du mariage homosexuel ne doit pas "être prise en otage dans un débat préélectoral". § Les fonctionnaires, cheminots et enseignants ont manifesté, jeudi 8 février, "pour l'emploi et les salaires". Aucun candidat ne semble les avoir encore convaincus. Tous disent leur "ras-le-bol de la bipolarisation" entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. § L es fonctionnaires, cheminots et enseignants ont manifesté, jeudi 8 février, "pour l'emploi et les salaires". Aucun candidat ne semble les avoir encore convaincus. Tous disent leur "ras-le-bol de la bipolarisation" entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Eboueur dans le 15e arrondissement de Paris, Olivier Asdrubal n'a entendu "aucune proposition concrète pour le logement ou les salaires". Hébergé dans un foyer, Olivier, 39 ans, ne croit plus aux promesses : "Ceux qui ont le pognon, ce sont les patrons, pas le gouvernement." "Aucun candidat ne vaut le coup, Sarkozy c'est du vent et Ségolène Royal qui vient d'aller chez moi, en Guadeloupe, n'a rien à dire", dit Olivier, qui pense ne pas aller voter. Forte mobilisation De 89 000 à 187 000 fonctionnaires et cheminots, selon les chiffres respectifs de la police et des syndicats, ont défilé en France, jeudi 8 février. A Paris, ils étaient de 23 000 à 80 000 personnes. De 30 % à 50 % des enseignants ont fait grève, selon les sources et 20,3 % des fonctionnaires selon le ministère. Cheminot à Miramas (Bouches-du-Rhône), Judicael Rodrigues a tenu à se faire prendre en photo avec Olivier Besancenot (LCR), puis Arlette Laguiller (LO), présents sur le parcours de la manifestation parisienne. "Les candidats disent qu'ils nous écoutent, mais ils ne nous prennent pas en compte", explique le cheminot de 29 ans. Le candidat de la LCR lui plaît "parce que son discours est concret". Buffet, Bové, Royal ? "Surtout pas", répond Judicael, qui s'était abstenu lors du second tour en 2002. Assistante d'éducation, autocollant Sud-Education en vue, Laure Varrey, pas même la trentaine, proclame son choix : "abstentionniste !" Dans son collège parisien, dit-elle, "c'est l'enfer : un contrat précaire d'un an à 560 euros par mois pour un travail de 7 h 45 à 17 h 45, avec une pause de vingt minutes, repas inclus, pas le droit de sortir..." Infirmière à Etampes (Essonne), Leila Amiri, 49 ans, l'autocollant de Sud-Santé au blouson, est séduite par Ségolène Royal. "Je l'ai suivie lors de chaque déplacement en Essonne, elle est très à l'écoute", affirme Leila, qui dit avoir été attirée aussi par le discours de Nicolas Dupont-Aignant lors du référendum sur le traité constitutionnel européen. Permanent CFDT, ancien employé d'un établissement psychiatrique de Trappes (Yvelines), Yann Frioux, 48 ans, n'est "pas passionné par la campagne". Pour qui voter ? "C'est difficile, explique Yann. Voynet pour les problèmes de la planète ; Bayrou parce que c'est le seul qui sorte des discours idéologiques de droite comme de gauche ; et Royal pour éviter Le Pen au 2e tour." Infirmière scolaire dans un collège à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), Josianne Gohier, 52 ans, "ne trouve personne". Pour cette syndicaliste de FO "les trotskistes ont une bonne analyse de la situation" et, parmi eux, "plutôt Gérard Schivardi" (le candidat soutenu par le Parti des travailleurs). Mais "pas Sarkozy ou Royal : je ne vois pas tellement de différence". Professeure des écoles dans le 18e arrondissement de Paris, Maud Kostitch votera José Bové si celui-ci peut se présenter. Elle refuse la logique du "moins pire" et en débat âprement avec ses collègues, qui veulent "avant tout, éviter Sarkozy". Professeur de mathématiques à Epinay-sur-Seine (Seint-Saint-Denis), Bertrand Martin, 30 ans, compte aller "droit au vote utile" : Ségolène Royal dès le premier tour, "sans enthousiasme mais sans états d'âme, car une élection présidentielle n'est pas un espace d'opinion mais de choix". § Choisi par Nicolas Sarkozy - au printemps 2006 - pour être l'un des écrivains de ses discours, le conseiller référendaire à la Cour des comptes, en disponibilité depuis le 1er février, est désormais son unique et indispensable parolier. § E ntre Socrate et Sigmund Freud, il y a Henri Guaino. Choisi par Nicolas Sarkozy - au printemps 2006 - pour être l'un des écrivains de ses discours, le conseiller référendaire à la Cour des comptes, en disponibilité depuis le 1er février, est désormais son unique et indispensable parolier. Vendredi 26 janvier, à Poitiers, le candidat devait prononcer un discours écrit par son autre plume, l'énarque libérale Emmanuelle Mignon, qui a rejoint son cabinet en 2002. Il l'a retoqué. Motif : "Trop programmatique". Et sollicité derechef M. Guaino pour lui rédiger un autre texte. Du coup, Mme Mignon s'occupe des argumentaires, des interventions plus techniques laissant au dernier arrivé les envolées lyriques, les concepts et les éloges. Une situation dont elle ne parait pas souffrir : "Guaino obéit d'abord aux commandes de Sarkozy et s'appuie sur les contributions de l'UMP pour rédiger les discours. Son influence est la preuve que le candidat ne souhaite pas s'enfermer dans une seule famille de pensée." Entre les deux hommes, une confiance s'est nouée. La préparation du discours d'investiture du candidat, le 14 janvier, leur a donné l'occasion de longs tête-à-tête, dans le bureau du ministre ou dans ses appartements privés, Place Beauvau. Il a accouché, dit-il, le candidat "de ses envies, de ses idées, de ses intuitions". "Il fallait tirer le maximum de lui-même", raconte-t-il, évoquant "une maïeutique". Il lui a encore demandé les "trucs qui (l')avaient ému" ces dernières années. M. Sarkozy a cité sa visite à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, en 2004, et au monastère de Tibéhirine en Algérie, où sept moines avaient été enlevés pour être ensuite exécutés, en 2006. Deux éléments qui ont immédiatement trouvé leur place dans le discours. Il a fallu aussi traduire en mots le fameux "changement" dont le candidat désigné voulait persuader son auditoire. Là c'est M. Sarkozy qui a entièrement tenu la plume. L'apparition dans le discours de personnages historiques ou actuels a elle aussi été négociée. M. Guaino a proposé Marie Curie. M. Sarkozy a refusé, ne comprenant pas ce qu'elle venait faire là. Il a ensuite essayé Simone Veil : acceptée. Quand il s'est agi de Victor Hugo, le ministre s'est demandé : "Est-ce que c'est encore politique ?" L'écriture se fait également en duo. Guaino écrit, toute la nuit s'il le faut. Fait appel à sa mémoire pour retrouver les citations de figures de la gauche, qui agacent tant le PS et le PCF. Recherche sur le site Internet de l'office universitaire de recherche socialiste celles qu'ils auraient oubliées. Puis il envoie son texte au candidat, chapitre par chapitre, qui le rature, impose le rythme, le phrasé. A "enfant d'immigré" proposé par M. Guaino pour évoquer ses racines, il a préféré "enfant au sang mêlé". M. Sarkozy aime citer cette phrase de Louis-Ferdinand Céline : "Le style c'est final." Mais l'influence peut aller plus loin. Il arrive au scribe de proposer de lui-même certaines mesures. L'allocation pour le premier enfant était déjà présente dans le discours de Nîmes en mai 2006, elle est réapparue dans celui de Maisons-Alfort (Val-de-Marne) la semaine dernière : "J'ai senti que je pouvais réessayer", dit M. Guaino, opiniâtre. Le projet "d'union méditerranéenne" proposé, mercredi 7 février, à Toulon, était en gestation depuis le milieu des années 1990 dans l'esprit de son rédacteur. Il a fait une brève apparition dans le discours du 14 janvier, pour revenir sur cinq feuillets, trois semaines plus tard. Question de timing, de lieu, de circonstance, de tactique. "De toute façon, confesse le scribe, c'est Sarkozy qui décide. Il ne prend que ce qu'il croit pouvoir porter." "IL NE MINIMISE PAS SON RÔLE" Cette influence grandissante a d'abord suscité le trouble. Les plus libéraux de l'entourage du candidat se sont émus de ce virage parfois étatiste. Mais ils se sont finalement tus. Le sénateur Gérard Longuet, qui s'était effarouché des critiques à l'encontre de la Banque centrale européenne, se félicite de leur disparition ; en revanche il ne trouve rien à redire sur le refus de la repentance vis-à-vis de l'Algérie. "Sur le fond, dit-il, c'est la ligne défendue par Emmanuelle Mignon qui est la bonne, celle de la baisse des charges et des prélèvements obligatoires. Mais sur la forme, c'est Guaino qui a raison. Il est bien plus lyrique qu'un énarque ne pourra jamais l'être." Au nom de ce principe de réalité " personne ne critique vraiment, explique un proche de M. Sarkozy, parce que Guaino, ça marche". "Il ne minimise pas son rôle", lâche, ironique, un ministre qui s'agace de sa capacité à tirer la couverture à lui. "C'est un révélateur, souligne le publicitaire Jean-Michel Goudard. Un de ces types qui rendent intelligent. Nicolas aime faire du ping-pong avec lui." Et la partie continue. M. Guaino travaille désormais au discours sur "l'ouverture" que prononcera M. Sarkozy le 11 février. Il livrera bientôt sa commande, conscient qu'en politique, "seuls les mots permettent les transgressions". M. Sarkozy attend le texte pour le reprendre, le patiner, le mettre en bouche. "C'est du travail, confie le candidat. Mais avec de tels discours, j'offre au public quelque chose dont je n'ai pas honte. Aujourd'hui, je cherche moins les applaudissements que les silences." Puis, dimanche, M. Guaino s'installera au premier rang et murmurera, ainsi que l'ont saisi les caméras de France 2, en même temps que M. Sarkozy les prononcent les mots qu'il a écrits. § 282, boulevard Saint-Germain. C'est là que la candidate socialiste et son équipe préparent le grand rendez-vous de dimanche 11 février. § L a "fabrique" se trouve 282, boulevard Saint-Germain, à Paris, à deux pas du Parti socialiste, dans les bureaux de Ségolène Royal ouverts depuis quelques jours au compte-gouttes aux journalistes. C'est là, au troisième étage d'un immeuble cossu, derrière des vitres protégées par des films plastique de couleurs pour échapper aux paparazzi, que la candidate socialiste et son équipe préparent le grand rendez-vous de dimanche 11 février, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), au cours duquel elle doit dévoiler les orientations de son programme présidentiel. Un moment clé qui doit sceller la fin de la "phase d'écoute". Lundi, le romancier et académicien Erik Orsenna s'est rendu dans ce vaste appartement transformé en QG pour rencontrer Mme Royal qui souhaitait le voir s'atteler à son discours. Puis plus rien. "J'ai dit oui, c'est ma famille, explique l'ancien conseiller culturel de François Mitterrand. Mais pour l'instant, elle ne m'a rien demandé. Je suis en réserve." Avant lui, Benjamin Stora avait pris le même chemin. Cet historien, qui ne connaissait pas Mme Royal auparavant, a "volontiers" accepté de travailler sur son discours, prononcé à Paris le 6 février. "Quand je vois les ralliements en face (auprès de Nicolas Sarkozy), je suis sidéré, dit-il. Moi, je suis pour mener la bataille, pas pour pleurer après." Mais officiellement, ces intellectuels, qui connaissent tous deux parfaitement bien la conseillère spéciale de Mme Royal, Sophie Bouchet-Pétersen, n'existent pas. La candidate se "nourrit" d'une foule de notes pour préparer elle-même son intervention. Elle seule est aux commandes, répète à l'envi son entourage. Et ici, on cultive à l'excès le goût du secret. "Il se trouve que Nicolas Sarkozy a une plume affichée, Ségolène Royal ne fonctionne pas comme ça. Elle fonctionne comme fonctionnait François Mitterrand, voilà", assure avec agacement Christophe Chantepy, son directeur de cabinet. Les notes, - "les briques" dit-on aussi dans l'entourage de la candidate -, arrivent de partout, des élus socialistes, des conseillers, des experts. L'une d'entre elles, présentée par Stéphane Pellet, délégué national au PS, s'est tout particulièrement concentrée sur les "médias pluralistes" en dressant une vingtaine de propositions (adoption d'une nouvelle loi anticoncentration, refonte des aides à la presse, nouvelle taxe sur la publicité pour renforcer le service public...). Mais bon nombre d'expéditeurs s'irritent de ne pas connaître le circuit qu'empruntent leurs travaux. "C'est très mal structuré, on ne sait même pas à qui s'adresser", se plaint l'un d'entre eux. Surtout, il faut digérer les kilomètres de verbatim tirés des débats participatifs et qui ont abouti, dit-on, à plus de "2 000 pages" de synthèse. Dirigée par Benoit Thieulin, une équipe d'une cinquantaine de personnes traque sans relâche les mots qui pourraient inspirer Mme Royal, en fonction de leur pertinence et de leur fréquence, et, plus rarement, les propositions. "La manière dont sont exprimées les choses donne du contenu à des questions parfois un peu techno, mais ce n'est pas non plus le concours Lépine ni un sondage", se défend M. Chantepy. La candidate y trouve confirmation, aussi, de ses idées. Au chapitre logement, le service public de la caution apparaîtrait ainsi comme une mesure "absolument plébiscitée". L'ensemble sera rassemblé sous forme de "cahiers d'espérance", destiné à remplacer le livre "interactif" annoncé depuis longtemps. Emploi, logement, environnement, sécurité : tous ces sujets devraient être abordés par Mme Royal, dimanche à Villepinte, de façon "précise" mais sans faire "catalogue", en dégageant bien les "valeurs" et le sens de la campagne qui s'appuiera sur le "diagnostic" des débats participatifs. Dimanche, l'équipe Royal envisage de remettre à la presse un document synthétique annexé au discours sur les propositions. La pression est maximale, mais tout est fait pour éviter de faire du 11 février une date couperet. La formule a fait florès dans les rangs du PS : "L'histoire ne s'arrête pas dimanche à 17 heures". D'ici là, la "fabrique" du "282" tourne nerveusement à plein régime. § Fondateur de l'association Banlieues votez, il vient d'achever une marche solitaire de Paris à Strasbourg pour encourager l'inscription sur les listes électorales. § L e long des interminables routes de campagne, l'homme, bâton à la main, drap blanc autour du cou, ressemblait étrangement à un pèlerin. Faites-le-lui remarquer, il adore ça. Ramenez-le à sa folie douce, son sens démesuré de la mise en scène, il éclate de rire. Ce grand enfant de 29 ans s'est toujours amusé de passer pour un "dingue". Il y a trois semaines, il parvenait même à surprendre ses amis pourtant habitués à ses frasques en leur annonçant son projet. Paris-Strasbourg à pied. Plusieurs centaines de kilomètres sur l'asphalte des petites départementales qui séparent la capitale de l'est de la France. Le froid et l'étrangeté de cette France rurale qu'il n'a jamais vraiment connue. Parcours 1977. Naissance à Bourg-en-Bresse (Ain). 1986. Suit ses parents en Algérie. 1997. Educateur à Nice (quartier de l'Ariane). 2004. Diplômé de Sciences Po Paris. 2006. Cofondateur de l'association Banlieues votez. Du 16 au 31 décembre 2006. Marche Paris-Strasbourg. Début décembre, la jeune association Banlieues votez, qu'il a fondée avec d'autres diplômés de Sciences Po, tente de mobiliser l'opinion à un mois de la clôture officielle des inscriptions sur les listes électorales. Le 1er décembre, sur le marché d'Argenteuil, dans le Val-d'Oise, Momo prend le micro, s'époumone, se lance dans une interminable citation de Bonaparte pour essayer d'entraîner la foule. Il prêche dans le désert. La petite équipe est vite gagnée par le sentiment d'avoir à vider un océan d'indifférence à la petite cuillère. Le salut ne pourra venir que d'un coup d'éclat, d'une action symbolique. L'idée de la marche est venue au fil d'une discussion. "Il s'agissait d'abord de prolonger le message lancé en 1983 lors de la marche de l'égalité (la marche des beurs Marseille-Paris). Mais surtout de remuer les gens : pour s'inscrire, la mairie est à deux enjambées, Strasbourg à un million de pas de Paris ! L'idée était aussi d'aller dans une ville où, malheureusement, des dizaines de voitures brûlent chaque jour de l'an." Mohammed Chirani est un homme de foi. Né à Bourg-en-Bresse de deux parents algériens, il passe son enfance de ville en ville dans la maison-wagon de son père ouvrier, avant de retrouver la terre de ses ancêtres à l'adolescence. Il se plonge alors des heures durant dans l'étude du Coran, dont il a gardé le quart des versets en tête. Lui reste aussi de cette période une conscience aiguë des drames engendrés par la guerre civile. "Je me suis senti très coupable de ne pas avoir pu agir sur le cours des choses. J'étais très jeune à l'époque, mais j'ai beaucoup souffert de ma passivité." A 18 ans, bac algérien en poche, il franchit à nouveau la Méditerranée, atterrit dans le sud de la France. Le jeune garçon timide qui retrouve sa terre natale est un adolescent rêveur, féru d'histoire et habité par le culte des grands hommes. La France est pour lui un gigantesque panthéon. Il rêve de l'ENA, se passionne pour de Gaulle et Bonaparte. Foi dans la grandeur politique, mais encore et toujours foi en Dieu. Momo passera plusieurs années à Nice en tant qu'animateur dans le quartier sensible de l'Ariane. L'occasion de fricoter à nouveau avec les islamistes, comme déjà en Algérie. Et puis le rêve d'une destinée politique reprend le dessus. Direction Paris, et la fac de La Varenne. En 2002, contre toute attente, il réussit l'écrit de Sciences Po. A l'oral, un membre du jury lui demande pourquoi il vise l'ENA et la diplomatie. Long silence. Et comme toujours, c'est le coeur et l'imagination qui parlent : "Je veux éviter le choc des civilisations." Momo séduit ses interlocuteurs, entre "par effraction", dit-il, dans la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume. Il y vivra les plus belles années de sa vie. Les soirées, les filles, les après-midi passées à palabrer et refaire le monde. L'engagement politique. "Je me suis toujours défini politiquement comme gaulliste bonapartiste. C'est ce qui m'a amené à adhérer au RPR puis à l'UNI (syndicat étudiant de droite)." Aujourd'hui, changement de décor. L'effacement de ce qu'il restait du gaullisme social l'a détourné, comme beaucoup d'autres beurs, du chemin tracé par la droite actuelle. Momo conserve une profonde affection pour Jacques Chirac, mais a rendu sa carte de l'UMP depuis longtemps. Plus que tout, il redoute l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle droite en rupture avec l'héritage républicain. Après son échec au concours de l'ENA, il était parti en Grande-Bretagne pour fuir le déclassement. Les émeutes de banlieue et la révolte contre le contrat première embauche (CPE) l'ont ramené à la mère patrie. Momo est revenu à la politique, mais pas question de servir une autre cause que celle des banlieues. Ses amis de Sciences Po, nourris d'universalisme et de République, le somment toutefois d'échapper à la tentation du repli et du lobbying. L'habitué du grand écart entre Paris-centre et la banlieue a d'ailleurs découvert, au cours de sa gigantesque randonnée pédestre, une France qu'il ne connaissait pas. Parti de Montreuil le 16 décembre, il se souvient encore de ses premiers pas dans certains bistrots : "C'était un peu comme dans un western. J'étais le cow-boy venu d'une autre contrée, sur lequel tous les regards se braquent." Il ne lui faudra que quelques minutes pour s'inviter aux discussions qui animent le comptoir. Et découvrir avec stupéfaction des hommes et des femmes pleins de colère. Qui pronostiquent un 21 avril bis, quand ils n'avouent pas tout simplement leur penchant pour Le Pen. De quoi nourrir ses prédictions les plus sombres. Le jeune homme est de ces pessimistes actifs qui n'imaginent que trop bien le pire, et jettent toutes leurs forces pour l'éviter. En Algérie, il se souvient de la douce insouciance qui régnait autour de lui, adolescent, jusqu'au jour où il a vu de ses propres yeux la société se déliter, en proie à la violence et aux pires horreurs. Alors, il a marché sur Strasbourg. Sans avoir peur des grands mots. Il en va "de l'avenir de la République et de la France". Mohammed Chirani déteste cette culture postmoderne du ricanement, de ces gens à qui on ne la fait pas. Il ne manquera pas de vous faire remarquer que c'est à Strasbourg que Rouget de Lisle composa, une nuit d'avril 1792, un hymne à la liberté politique qui deviendra plus tard La Marseillaise. Il l'a lu dans Les Très Riches Heures de l'humanité, de Stefan Zweig. Un de ses livres favoris, qui retrace quelques grands moments de l'histoire du monde. Et auquel il rêve parfois d'ajouter un chapitre.. § Le voeu du président de la République devrait se concrétiser dans un projet de loi portant "diverses dispositions" sur la "cohésion sociale" qui est actuellement soumis au Conseil d'Etat. § J acques Chirac a demandé "au gouvernement d'avancer (...) dans les toutes prochaines semaines" sur la mise en place d'un "droit au logement opposable". Selon une source proche du dossier, ce voeu du président de la République devrait se concrétiser dans un projet de loi portant "diverses dispositions" sur la "cohésion sociale" qui est actuellement soumis au Conseil d'Etat. Ce texte fourre-tout, qui contient des mesures sur le RMI ou sur les immigrés vieillissants, pourrait inclure un ou plusieurs articles créant des voies de recours en faveur des ménages dont la demande de logement est restée infructueuse, après un délai anormalement long. Il aurait vocation à être examiné par le Parlement avant la fin de l'actuelle législature le 22 février, malgré l'encombrement du calendrier des deux Chambres. Compte tenu de la complexité technique de cette réforme et des réticences qu'elle inspire aux collectivités locales, il n'est pas exclu que ce projet de loi ait un caractère purement proclamatoire et qu'un second texte soit nécessaire pour fixer les modalités de mise en oeuvre de ce nouveau régime juridique, observe une autre source proche du dossier. Ces dispositions devraient s'inspirer d'un rapport que le Haut-Comité pour le logement des personnes défavorisées remettra dans les prochains jours. A la mi-juin 2006, le premier ministre, Dominique de Villepin, lui avait demandé de formuler des propositions sur "l'expérimentation locale du droit au logement opposable". Mentionné dans la loi Quilliot de juin 1982 sur les rapports locatifs, reconnu comme un objectif de "valeur constitutionnelle" dans une décision rendue en 1995 par le Conseil constitutionnel, le droit au logement reste une chimère pour des centaines de milliers de ménages. Depuis 2002, le Haut-Comité pour le logement des personnes défavorisées et plusieurs associations, emmenées par ATD Quart Monde, réclament - chacun de son côté - que les collectivités locales soient, à terme, soumises à une obligation de résultat et fassent des propositions concrètes aux candidats à la location qui peinent à trouver un toit. Leur doléance est longtemps restée confinée dans des débats de spécialistes, jusqu'au jour où Nicolas Sarkozy a repris cette idée dans un discours prononcé à Périgueux, le 12 octobre 2006. A droite, il n'est pas le premier à défendre une telle mesure, puisque la députée (UMP) des Yvelines Christine Boutin avait déposé une proposition de loi, en septembre 2005, qui allait dans ce sens - mais qui n'a jamais été examinée. Beaucoup plus prudent, le projet du PS, adopté en juin 2006, se borne à demander un rapport sur le sujet, mais Ségolène Royal s'est déjà déclarée favorable à l'instauration d'un droit au logement opposable. § Valeurs républicaines, progrès économique et social, aide au développement, Europe et environnement : le chef de l'Etat a voulu donner un cadre au débat dans lequel il veut s'"engager pleinement". § P our saluer l'année 2007, "particulièrement importante pour l'avenir de notre pays", Jacques Chirac a présenté aux Français, lors de ses voeux télévisés du dimanche 31 décembre 2006, les cinq "enjeux majeurs" qui doivent, à ses yeux, marquer la campagne présidentielle : les valeurs de la République, le progrès économique et social, l'aide au développement, l'Europe, l'environnement. Il a aussi annoncé une loi sur le "droit au logement opposable". Le ton était très personnel - "j'aime passionnément la France", "je me bats", "j'aurai une double exigence" - et le chef de l'Etat est apparu combatif. Hâlé par son traditionnel séjour au Maroc, sans lunettes contrairement aux voeux précédents, M. Chirac avait choisi de parler sur fond de drapeau tricolore - et non devant une fenêtre laissant apercevoir la verdure, comme c'était le cas depuis la cohabitation de 1997. Une façon de célébrer des noces de douze ans, souvent agitées, avec la France ? Pour cette dernière édition des voeux après un septennat et un quinquennat, le président voulait échapper à l'exercice attendu du bilan et plus encore à l'évocation de son avenir personnel. "En janvier, tu diras aux Français que tu as fait tout ce que tu pouvais pour eux et puis tu annonceras que tu laisses la place", lui avait conseillé un très proche quand il était au creux de la vague, au printemps 2006. MISES EN GARDE S'il s'est gardé de suivre cet avis, M. Chirac n'a pas tout à fait esquivé l'inventaire. "Bien sûr, je voudrais que les choses avancent plus vite et qu'elles avancent mieux", a-t-il regretté. Mais il a aussitôt souligné la baisse du chômage, la réforme des retraites et de la Sécurité sociale, le "doublement du nombre de logements sociaux depuis 2002" et les résultats obtenus par rapport aux trois chantiers prioritaires du 14 juillet 2002, la sécurité routière, le cancer et le handicap. Sans s'appesantir sur ce bilan express. L'important, c'est d'avoir un gouvernement "au travail" jusqu'au bout et une campagne faite de "débats ouverts, démocratiques et responsables" : "Je m'y engagerai pleinement", a-t-il assuré. Cela a donc commencé dimanche soir, avec des recommandations aux Français et la distribution de bons et de mauvais points aux candidats. "N'écoutez pas les apprentis sorciers de l'extrémisme", a-t-il demandé à ses compatriotes, semblant renvoyer dos à dos l'extrême droite et l'extrême gauche, mais visant implicitement surtout le Front national. "Gardez-vous des idéologies, des illusions, du retour aux recettes qui ne marchent pas", a recommandé le président, pointant à la fois la réduction continue du temps de travail et le libéralisme. "Ne cherchons pas à imiter", a-t-il préconisé pour défendre le modèle français. "C'est le travail, c'est la formation, c'est la recherche, qui font la force des économies modernes", a-t-il expliqué, souhaitant voir dans la participation "un véritable projet de société". Dans le domaine social, M. Chirac veut "mettre en place un véritable droit au logement opposable". Le futur candidat de l'UMP et toujours ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, est ainsi mis sous surveillance : son travail gouvernemental ne doit pas pâtir de sa campagne ; le chef de l'Etat note le virage à gauche du président de l'UMP depuis son discours de Périgueux, le 12 octobre 2006, mais lui coupe l'herbe sous le pied en mettant en oeuvre une mesure, le droit au logement, qu'il y avait évoquée. Sur l'immigration, sujet de prédilection de M. Sarkozy pour combattre l'extrême droite en montrant sa fermeté, le président préfère évoquer l'aide au développement, à la fois "exigence morale essentielle", mais aussi moyen "de prévenir l'afflux à nos frontières de tous ceux qui quittent leur pays parce qu'ils n'ont plus d'espoir". M. Chirac s'est montré très bref sur l'Europe, ayant évacué l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne au 1er janvier par un message de bienvenue télévisé, diffusé dans les deux pays concernés. Il est vrai que l'élargissement mal préparé de l'Europe lui avait pour partie coûté l'échec au référendum de 2005. Il a été plus à l'aise sur l'écologie, dont il a fait un thème important de sa présidence. Acquise à M. Sarkozy, l'UMP, très oecuménique, s'est félicitée par diverses voix de l'intervention présidentielle. Pour le porte-parole du PS, Julien Dray, il est "clair" que M. Chirac ne postulera plus à la magistrature suprême. Pour le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, seul président de parti qui ait réagi, il était plus commode de croire que c'était un discours de candidat. § La candidate socialiste a diffusé une vidéo faussement amateur sur Internet, pendant que le président de l'UMP mettait en ligne son allocution sur le site de l'UMP. "Mouvement", "débat de fond", "intelligence collective", les thèmes se font écho. § S égolène Royal a présenté dimanche soir ses voeux aux Français pour 2007 sous la forme d'une vidéo faussement amateur diffusée sur Internet quelques minutes après l'intervention télévisée de Jacques Chirac. Le lendemain matin, Nicolas Sarkozy faisait mettre en ligne sur le site de l'UMP une allocution de deux minutes, dans un style plus classique. ""Je veux construire avec vous (...).Je compte sur vous. J'ai besoin de vous", conclut le président de l'UMP, qui semble vouloir se montrer humble en appelant à la mobilisation de ses troupes, filmé sur fond bleu, avec logo du parti. "Je dois être à la hauteur de cette échéance", répond à distance la candidate du Parti socialiste, qui s'est fait filmer dans un appartement. "Je veux construire le projet présidentiel avec vous", dit encore Mme Royal, qui prend le soin de remercier "tous les internautes" qui ont participé aux débats sur son site Désirs d'avenir. "LA FRANCE MÉRITE MIEUX QUE CE QU'ELLE A" "Je veux une nouvelle République qui soit au service des citoyens, et construite avec les gens, avec la vie telle qu'elle est", scande Ségolène Royal. Elle plaide pour des "débats de fond", comme le président Chirac dimanche soir. "Je ferai tout pour que ce soit les débats de fond qui préoccupent les Français qui soient mis sur la table", assure-t-elle, évoquant "les préoccupations qui nous tenaillent" comme l'éducation, l'environnement, la vie chère, le pouvoir d'achat, le problème des bas salaire, la question du logement, les préoccupations liées au co-développement, les relations internationales ou la culture. Nicolas Sarkozy plaide lui pour une France où "tout est possible". "Si chacun d'entre vous se sent acteur de ce mouvement, si chacun d'entre vous croit dans cet idéal alors n'en doutez pas, dans quatre mois nous l'emporterons", assure-t-il. Segolène Royal insiste aussi sur le "mouvement". Comme Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy se pose en rempart contre les "extrémismes". Je veux ramener à nous des électeurs qui se sont égarés sur les routes du Front national, des électeurs qui ont pensé qu'avec la gauche, il avaient le mouvement", dit-il. "Avec la gauche, aujourd'hui, ils n'ont que la conservation". "La France mérite beaucoup mieux que ce qu'elle a", affirme Ségolène Royal, qui doit présenter formellement ses voeux à la presse jeudi au siège du PS. "La France, c'est pas fini", prêche Nicolas Sarkozy. § Le texte des 12e voeux aux Français du président Jacques Chirac, le dimanche 31 décembre 2006. § V ux aux français : allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République. Mes Chers Compatriotes de métropole, d'outre-mer, de l'étranger, A la veille de l'année 2007, qui sera particulièrement importante pour l'avenir de notre pays, j'adresse, du fond du cur, à chacune et à chacun d'entre vous mes vux les plus chaleureux. Et je pense d'abord à toutes celles et à tous ceux qui sont victimes de la solitude, de la maladie, de la détresse. Je veux aussi saluer avec respect et reconnaissance nos soldats qui défendent, partout dans le monde, la paix et les valeurs de la France. Ensemble, depuis que j'ai l'honneur de vous servir et de vous représenter, nous vivons des changements considérables. Une économie mondiale en pleine expansion. Une concurrence de plus en plus vive mais qui nous ouvre aussi des opportunités nouvelles. La révolution de l'Internet, qui transforme notre façon de communiquer, de travailler, de vivre en société. Un monde où la surexploitation des ressources naturelles dérègle le climat et mettra en danger l'humanité, si nous ne réagissons pas dès maintenant. Un monde qui n'a jamais été aussi riche et aussi pauvre à la fois. Un monde marqué par le 11 Septembre, le terrorisme, la guerre en Irak, la crise au Proche-Orient, la tentation absurde et irresponsable du choc des civilisations et des cultures. Parce que j'aime passionnément la France, je me bats pour qu'elle prenne toute sa place dans ce nouveau monde tout en restant fidèle à elle-même. Je me bats pour que chaque Français, pour que chaque jeune en particulier, ait sa chance, où qu'il vive et quelles que soient ses origines. Bien sûr, je voudrais que les choses avancent plus vite, et qu'elles avancent mieux pour chacun d'entre vous. Mais grâce à votre talent, grâce à votre travail, la France s'affirme. Avec l'action résolue du Premier ministre et de son gouvernement, le chômage baisse fortement : déjà 360 000 chômeurs de moins. La croissance est là et elle est solide. Nos retraites, notre sécurité sociale se réforment et c'est la garantie de leur avenir. Le nombre de logements sociaux nouveaux chaque année a doublé depuis 2002. Nos regards et nos comportements évoluent heureusement vis-à-vis des personnes handicapées, des victimes du cancer, des victimes de la violence routière. Grâce à votre mobilisation, près de 9 000 vies ont été sauvées sur les routes de France. D'ici aux élections, j'aurai une double exigence : que le Gouvernement soit au travail, à votre service, pour la sécurité, pour l'emploi, pour le pouvoir d'achat et que ces mois soient aussi des moments de débats ouverts, démocratiques et responsables et je m'y engagerai pleinement. Je voudrais vous dire ce soir quels en sont, à mes yeux, les enjeux majeurs. Le premier, c'est l'unité et le rassemblement autour des valeurs qui font la France : la liberté, l'humanisme, le respect, et notamment le respect de la diversité et des différences, la laïcité, le combat contre le racisme, l'antisémitisme, le communautarisme. N'écoutez pas les apprentis sorciers de l'extrémisme. La France est forte, la France est belle quand elle sait, tout à la fois, faire respecter ses règles et tendre la main. Le deuxième enjeu, c'est évidemment le progrès économique et social. Je sais les souffrances et les difficultés auxquelles certains d'entre vous sont confrontés. Je connais vos attentes pour ce qui concerne les salaires et le pouvoir d'achat, c'est-à-dire la juste récompense de votre travail. Mais gardez-vous cependant des idéologies, des illusions, du retour aux recettes qui ne marchent pas. C'est le travail, c'est la formation, c'est la recherche qui font la force des économies modernes. En donnant toute sa place au dialogue social, des réformes importantes sont devant nous : pour aller beaucoup plus loin dans la baisse du chômage, pour faire de la participation un véritable projet de société, pour donner plus de puissance à nos entreprises, pour mettre en place un véritable droit au logement opposable, c'est-à-dire faire du droit au logement une réalité. Et je demande au Gouvernement d'avancer sur ce point dans les toutes prochaines semaines. Le troisième enjeu, c'est de bien mesurer que la France a des responsabilités particulières dans le monde. La vocation de la France et son honneur, c'est d'affirmer sa voix avec force et avec indépendance pour la paix et pour la justice. C'est aussi son intérêt. Ainsi, agir comme nous le faisons, pour le développement des pays les plus pauvres, c'est, bien sûr, répondre à une exigence morale essentielle. Mais c'est également prévenir l'afflux à nos frontières de tous ceux qui quittent leur pays parce qu'ils n'ont plus d'espoir. Le quatrième enjeu, c'est l'Europe. Depuis un an et demi, nous avons choisi de faire progresser l'Europe des projets : la recherche, l'énergie, la sécurité, l'immigration. N'oublions jamais que l'Europe, c'est la garantie de la paix et de la démocratie sur notre continent. C'est donc notre avenir. Le 50e anniversaire du Traité de Rome, le 25 mars prochain, nous offre l'occasion de donner un nouveau souffle à la construction européenne : pour une Europe politique, pour une Europe de l'ambition économique et du progrès social, pour une Europe qui nous protège. La France y prendra naturellement toute sa part. Enfin, il y a l'enjeu écologique. C'est un enjeu immédiat. Un enjeu politique. La France est le premier pays au monde à avoir inscrit en 2005 une Charte de l'environnement dans sa Constitution. En février, elle accueillera une conférence internationale pour accélérer la marche vers une Organisation Mondiale de l'Environnement. Mais c'est aussi chez nous que ce combat se gagne, par le changement en profondeur de nos comportements et de nos politiques. C'est une exigence et c'est une chance. Avec la nécessité d'inventer une économie respectueuse de l'environnement, c'est une nouvelle révolution industrielle qui est devant nous, celle du développement durable. Elle sera source de croissance et d'emplois et la France a tous les atouts pour en être le champion. Mes Chers Compatriotes, Oui, nous pouvons être fiers d'être Français ! Poursuivons notre effort de modernisation. Ne cherchons pas à imiter. Soyons nous-mêmes. Au printemps prochain, vous aurez à faire des choix décisifs. Faites vivre intensément vos convictions. Vous êtes le peuple souverain. La France a besoin de chacune et de chacun d'entre vous. Elle compte sur vous. Vive la République ! Vive la France ! § "Cela va dans la bonne direction, mais c'est loin d'être suffisant", a jugé Augustin Legrand, co-fondateur des Enfants de Don Quichotte, après l'annonce dimanche soir par Jacques Chirac de sa volonté d'instaurer un "droit au logement opposable". § "C ela va dans la bonne direction, mais c'est loin d'être suffisant", a estimé Augustin Legrand, co-fondateur des Enfants de Don Quichotte, après l'annonce dimanche soir par Jacques Chirac de sa volonté d'instaurer un "droit au logement opposable". Cette mesure qui permettrait aux personnes qui ne trouvent pas de logement de se tourner vers les tribunaux est réclamée depuis des années par les associations. Si l'association qui a créé l'événement en montant un camp de SDF au canal Saint-Martin de Paris a émis des réserves, c'est surtout parce que le droit au logement n'est "qu'un seul point de la charte" qu'elle a rédigée. Le texte des Enfants de Don Quichotte réclame également l'ouverture des structures d'hébergement "24 heures sur 24 et 365 jours par an" ou la création "immédiate d'une offre de logements temporaires". "Ce soir, nous n'avons pas un président qui a signé la charte", a ajouté M. Legrand. "Il n'a fait que réagir à un tsunami médiatique. Nous veillerons à ce que la charte soit appliquée dans son intégralité." La charte du canal Saint-Martin a été signée par la plupart des leaders politiques, la semaine dernière, suscitant un "double consensus historique, associatif et politique" salué par le porte-parole des Enfants de Don Quichotte. L'association avait appelé dimanche Jacques Chirac a être le "déclic" qui transformerait ces soutiens de principe en un résultat concret. UN IMMEUBLE OCCUPÉ À PARIS Sur le fond, la promesse de Jacques Chirac a suscité de l'enthousiasme. "C'est une grande victoire, s'est réjoui Xavier Emmanuelli, le président du Samu social. "Je n'ai pas besoin de déguiser ma pensée. Je suis très content que le président de la République ait prononcé les mots 'droit au logement opposable'", a ajouté le président du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, qui a été chargé par le gouvernement d'un rapport sur la question. Les militants du droit au logement cherchent surtout à ce que se concrétise la mesure annoncée, sur laquelle le gouvernement doit faire des propositions "dans les prochaines semaines", selon M. Chirac. "On a le temps dans les cinq mois qui restent de faire passer la loi, a estimé Xavier Emmanuelli, qui estime que le droit au logement "véritable" pourrait être une réalité d'ici quelques années. Désormais, c'est irréversible, je ne vois pas comment on peut revenir en arrière : les hommes politiques, les associations, le Conseil économique et social, tout le monde s'est prononcé pour ce droit." Au canal Saint-Martin, les SDF réunis pour le réveillon ont eu des réactions plutôt sceptiques après les voeux du président. "Langue de bois", ont jugé certains parmi la centaine de personnes réunies dimanche soir autour des 200 tentes. "Le droit au logement est dans la Constitution mais il n'est pas appliqué, a souligné Vincent, architecte trentenaire venu passer deux nuits avec les SDF par solidarité. Dimanche soir, trois associations ont fêté la nouvelle année en occupant une succursale de banque vide à Paris : un immeuble de six étages situé 24, rue de la Banque, dans le deuxième arrondissement, vide depuis la fermeture d'une agence du CIC. "Chirac engage son successeur sur la question du droit au logement opposable. Ce n'est pas n'importe quoi, c'est au même niveau d'urgence que le droit à la santé, et les associations, dont Jeudi Noir, seront là pour rappeler qu'il faudra répondre à cette attente", a déclaré Julien, un des animateurs du mouvement, mené par l'association Droit au logement. § Le président a demandé dimanche au gouvernement de prendre des mesures pour instaurer un droit au logement "opposable", tel que revendiqué par les associations et endossé par M. Sarkozy. § D imanche 31 décembre au soir, le président de la République a chargé le gouvernement d'avancer "dans les toutes prochaines semaines" pour "faire du droit au logement une réalité". C'est la seule mesure concrête annoncée lors de ses douzièmes voeux télévisés par Jacques Chirac, qui s'est gardé de dire s'ils seraient ses derniers, ne dévoilant rien sur ses intentions pour la présidentielle. Pour 2007, M. Chirac veut des "débats ouverts" Jacques Chirac a promis dimanche lors de ses voeux qu'il exigerait d'ici aux élections que le gouvernement soit au service des Français, "pour la sécurité, pour l'emploi, pour le pouvoir d'achat", demandant aussi "que ces mois soient aussi des moments de débats ouverts, démocratiques et responsables". "Faites vivre pleinement vos convictions", a-t-il exhorté, semblant se poser plus en arbitre neutre de la campagne qu'en partisan d'une ligne ou candidat potentiel. "N'écoutez pas les apprentis sorciers de l'extrémisme", a-t-il aussi lancé. - (Avec AFP) En demandant au gouvernement de "mettre en place un véritable droit au logement opposable", Jacques Chirac a repris les termes d'une mesure réclamée depuis longtemps par les associations de défense des mal-logés. En France, le droit au logement reste théorique. Avec le droit au logement opposable, une personne qui ne parvient pas à trouver un logement pourrait faire un recours devant les tribunaux. Ce point est une priorité de la charte défendue par les Enfants de Don Quichotte, qui a installé, depuis la mi-décembre, un "campement solidaire" de tentes sur le Canal Saint-Martin, à Paris, pour dénoncer le sort des SDF. Le texte n'en finit pas de susciter des adhésions de politiques de tous bords : Arlette Laguiller et François Bayrou ont rejoint samedi les signataires. UNE MESURE AUSSI PRÔNÉE PAR NICOLAS SARKOZY Avant les voeux du président, l'association avait appelé Jacques Chirac à être le "déclic" qui transformerait ces soutiens en résultats concrets. Ses responsables souhaitent que le Parlement soit convoqué en session extraordinaire pour adopter des mesures d'urgence pour les SDF. L'association, inconnue jusqu'alors, réclame un "plan Marshall" pour les SDF, une mesure à laquelle ont souscrit François Bayrou ou Ségolène Royal. "Les annonces tonitruantes que le gouvernement a improvisées dans l'urgence n'y changent rien. La question de l'hébergement d'urgence se pose, c'est évident", a-t-elle taclé dans le Journal du Dimanche. Dans la majorité, jusqu'ici, c'est surtout Nicolas Sarkozy qui s'était emparé du thème du droit au logement opposable, généralement dénoncé à droite comme une menace pour le droit de propriété. Le président de l'UMP a chargé le 27 décembre l'avocat Arno Klarsfeld d'établir un diagnostic sur la situation des sans-abri et d'étudier les modalités d'application d'un "droit au logement opposable". Jacques Chirac s'est emparé de ce point dimanche. Pour agir, le gouvernement s'appuiera notamment sur le rapport qu'il a commandé au président et fondateur du Samu social, Xavier Emmanuelli. Ce dernier doit le remettre dans les deux semaines qui viennent au Premier ministre, Dominique de Villepin, et au ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo. § François Bayrou et Arlette Laguiller ont signé la charte de l'association qui a monté des camps de SDF. Ségolène Royal prône un "vaste plan contre la précarité". Les Enfant de Don Quichotte veulent un "déclic" du président, à l'heure de ses voeux. § C omme l'appel de Nicolas Hulot avant elle, l'initiative des Enfants de Don Quichotte parvient à créer un consensus rare. A l'exception de Jean-Marie Le Pen, des personnalités de tous bords se pressent pour dire les louanges de l'association qui a créé un électrochoc en montant un camp de 200 tentes de SDF à Paris, sur les bords du canal Saint-Martin, et commence à répliquer l'expérience en province. Samedi, François Bayrou a sauté le pas et signé la charte de propositions pour sortir les sans-toit de la rue. "Il est d'accord avec son esprit global même s'il émet des réserves sur la question de la réquisition des logements vides", a annoncé Marielle de Sarnez, la directrice de campagne du président de l'UDF, en déplacement à la Réunion. Augustin Legrand, porte parole des "Don Quichotte", devrait discuter de cette dernière mesure, traditionnellement refusée à droite en respect du droit de propriété, avec M. Bayrou, favorable selon lui à un "plan Marshall" pour les SDF. Samedi encore, Arlette Laguiller a annoncé qu'elle signait elle aussi la charte des Enfants de Don Quichotte, qui prône des solutions de long terme et dénonce l'insuffisance des renforcements de l'hébergement d'urgence annoncés par le gouvernement. "Ils ont su par leur action faire bouger les choses et obliger le gouvernement à se décider, du moins en paroles, à changer d'attitude", s'est félicitée la candidate de Lutte ouvrière. "IL NE MANQUE QUE LE DÉCLIC CHIRAC" "Il faut un vaste plan pour lutter contre la précarité", a renchéri Ségolène Royal dans le Journal du Dimanche. "La droite a fait de la précarité un principe", a taclé la candidate socialiste. "Par son discours fermé, individualiste, elle ne cesse de prôner le chacun pour soi". Mme Royal n'a finalement pas rencontré les Enfants de Don Quichotte comme annoncé vendredi, mais les a eux trois fois au téléphone. La charte du Canal Saint-Martin propose notamment d'ouvrir les structures d'hébergement à plein temps et d'humaniser les conditions d'accueil, de créer immédiatement une offre de logements temporaires, de créer plus de logements sociaux et de rendre le droit au logement opposable sur tout le territoire. "On a toutes les associations avec nous, la gauche a signé notre charte, Bayrou l'a signée, Christine Boutin, qui est conseillère de Nicolas Sarkozy, l'a signée, a énuméré samedi le porte-parole des Enfants de Don Quichotte. Il ne manque plus qu'un déclic, et ce déclic c'est Chirac, pour qu'on puisse dire 'OK, on y va'". A quelques heures des voeux du président pour la nouvelle année, il a lancé un appel : "On appelle le président de la République à convoquer une session au Parlement pour mettre en oeuvre un plan Marshall pour les SDF, estimer son coût, discuter ses modalités." § La commission des opérations électorales de l'UMP ayant clos les inscriptions dimanche midi, M. Sarkozy est désormais quasiment sûr de représenter le parti de la majorité en 2007. § N icolas Sarkozy est le seul candidat à l'investiture de l'UMP pour la présidentielle de 2007 en France, a annoncé son porte-parole Franck Louvrier, après la clôture des enregistrements, dimanche 31 décembre à midi. "Robert Pandraud, président de la commission de contrôle et d'organisation des opérations électorales de l'UMP, a constaté à la clôture de dépôt des parrainages, ce dimanche 31 décembre 2006 à 12 heures, que seul Nicolas Sarkozy avait recueilli les parrainages de conseillers nationaux requis pour se présenter aux suffrages des adhérents" de l'UMP, a déclaré M. Louvrier qui a précisé qu'il n'y avait pas d'autre personnalité que M. Sarkozy ayant sollicité de parrainages. Une nouvelle qui n'est pas vraiment une surprise depuis que Michèle Alliot-Marie a annoncé, vendredi, qu'elle ne demanderait pas le soutien "financier et logistique" de l'UMP pour la présidentielle et qu'elle réfléchissait à un candidature indépendante. A partir de là, M. Sarkozy était de fait seul à briguer ce soutien, avec la perspective hautement probable d'un plébiscite des adhérents du parti. Et il est désormais presque sûr que M. Sarkozy, qui préside l'UMP et tient la tête de tous les sondages parmi les personnalités de droite pour 2007, sera le rival principal de Ségolène Royal, elle aussi en tête des sondages pour les socialistes, dans la course à l'Elysée. Les quelque 327 000 adhérents voteront désormais par Internet, et le résultat du scrutin sera publié lors du congrès de l'UMP, le 14 janvier Porte de Versailles à Paris. Entre 30 000 et 50 000 personnes y sont attendues. Les éventuels candidats à la candidature avaient jusqu'au 31 décembre pour se déclarer mais devaient en réalité s'y préparer beaucoup plus tôt, puisque les parrainages de 75 conseillers nationaux étaient nécessaires. Cette investiture n'exclut pas, toutefois, qu'en accord avec le règlement interne, d'autres responsables de cette formation politique, voire le président Jacques Chirac, puissent se présenter hors du cadre du parti. § Le chef de l'Etat a confié au "Monde" ses intentions pour son allocution du 31 décembre. S'il compte exercer pleinement son mandat jusqu'au bout, il devrait maintenir le suspense sur ses projets pour 2007. § "J e ne veux pas faire un bilan. Les journalistes s'en chargeront". Jacques Chirac a une idée bien précise des derniers voeux qu'il veut adresser aux Français à la fin de son deuxième mandat présidentiel. Ils commencent, comme d'habitude, par ceux du 31 décembre, à 20 heures, à la télévision. "Dans cette période où un débat national va avoir lieu, je veux dire aux Français quels sont les grands enjeux aptes à créer les conditions du développement et de la prospérité de la France dans les années qui viennent", confiait le président au Monde, à la mi-décembre. Agenda 31 décembre. Voeux aux Français. 3 janvier 2007. Voeux du gouvernement. 4 janvier. Voeux des forces vives. 5 janvier. Voeux du corps diplomatique. 6 janvier. Voeux en Corrèze. 8 janvier. Voeux des armées. 9 janvier. Voeux aux corps constitués. 11 janvier. Voeux de la presse. Certains voeux, sans présence de la presse, ne figurent pas à l'agenda officiel : il s'agit de ceux du Conseil constitutionnel, du Parlement et du Conseil économique et social, des autorités religieuses, de la municipalité de Paris et ceux aux anciens combattants. Question de tempérament et de tactique : M. Chirac veut exercer pleinement son mandat jusqu'à la dernière minute ; il espère peser le plus possible sur la campagne qui vient ; il estime avoir une vision de la France et du monde à livrer. Il sait aussi que l'usure du pouvoir noircit un bilan que les commentateurs jugeront peut-être moins sévèrement dans quelques années. Fort de l'approbation de l'opinion en matière de politique internationale, le président veut "faire comprendre qu'il y a un certain nombre de problèmes dont la solution se trouve en dehors des frontières". Cela suppose, dit-il, "une capacité à les comprendre, à les intégrer et à en tirer les conséquences". "LES PROMOTEURS DU LIBÉRALISME À TOUT CRIN" La paix et la stabilité, les flux migratoires, l'aide au développement, les questions d'environnement, la tolérance et le dialogue des cultures, explique-t-il, conditionnent pour une large part "notre capacité de développement économique et donc de progrès social". La responsabilité du politique consiste à faire en sorte que la mondialisation soit "équitable", juge le chef de l'Etat. "Ce n'est pas forcément la conception des promoteurs du libéralisme à tous crins", glisse M. Chirac. Un péché dont il a bien souvent chargé le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, avant que celui-ci n'amorce, voilà quelques semaines, un virage social. "Le président observe la campagne. Il estime qu'elle ne fait que commencer. Et qu'à ce stade, les dimensions de la mondialisation, de l'interdépendance du national et de l'international ne sont abordées que de façon partielle", soulignent ses collaborateurs. Il en va ainsi de l'environnement, par exemple, à l'heure où la plupart des candidats putatifs ou déclarés se pressent pour signer le pacte écologique de Nicolas Hulot, qui conseilla M. Chirac : "Ce que fait Hulot, c'est très bien, mais nous ne sommes qu'aux prémices du débat", nuancent les proches du chef de l'Etat. "La vraie question c'est de concilier une forte croissance mondiale et la protection des ressources", ajoutent-ils. "UN PEU TÔT POUR MOI POUR DIRE CE QUE J'AI L'INTENTION DE FAIRE" Ceux qui espéraient, à l'occasion des voeux, que M. Chirac annonce son intention de ne pas se représenter ou qu'il adoube M. Sarkozy en seront pour leurs frais. " J'ai toujours dit que je me déterminerai au cours du premier trimestre de l'année 2007. Les voeux se terminant à la mi-janvier, c'est probablement un peu tôt pour moi pour dire ce que j'ai l'intention de faire", a-t-il répondu au Monde. Il n'était guère probable, en effet, que M. Chirac dévoile quoi que ce soit de ses intentions avant le 14 janvier 2007, date à laquelle l'UMP doit apporter son soutien à son président, Nicolas Sarkozy. Le calendrier présidentiel est, par la suite, assez chargé : la conférence internationale sur le Liban, fin janvier, celle sur l'environnement, les 2 et 3 février et à peine dix jours plus tard, un sommet Afrique-France. Le président, qui n'a guère de prise sur le calendrier de la majorité, n'a d'autre choix que de suivre le sien propre et de profiter de la séquence médiatique des voeux. Avec, cette année, deux nouveautés : les voeux en Corrèze, qui ferment habituellement le ban, auront lieu au beau milieu de la période, avec "un thème spécifique et important", tandis que les voeux à la presse marqueront la fin de la session. "Il présentera ses voeux à sa place, en responsabilité, avec une grande liberté et de façon très personnelle", assurent ses proches. Rien à voir avec une feuille de route annuelle. Si ce n'est pas un bilan, cela peut s'appeler un héritage. § En dehors de Jean-Marie Le Pen, les candidats à l'élection présidentielle interrogés par "Le Monde" n'entendent pas modifier la politique suivie ces dernières années en matière de sécurité routière. § E n dehors de Jean-Marie Le Pen, les candidats à l'élection présidentielle interrogés par Le Monde n'entendent pas modifier la politique suivie ces dernières années en matière de sécurité routière. L'installation de radars automatiques et le durcissement des sanctions en cas d'infraction ne sont ainsi pas remis en question par les candidats à la succession de Jacques Chirac. Le Pas-de-Calais veut réclamer une redevance à l'Etat Le conseil général (PS) du Pas-de-Calais a adopté, lundi 8 janvier, le principe d'une redevance annuelle de 10 000 euros, réclamée à l'Etat pour chaque radar installé au bord d'une route départementale. "Alors que chaque radar rapporte 218 000 euros par an à l'Etat, aucune partie de ces recettes n'est affectée aux départements pour l'entretien des anciennes nationales transférées" aux départements, souligne le conseil général, en ajoutant que "le Pas-de-Calais n'a toujours pas vocation à servir de vache à lait pour l'Etat". En 2005, les radars avaient rapporté plus de 200 millions d'euros à l'Etat. Pour 2006, le gouvernement avait prévu 240 millions de recettes, obligatoirement affectées à des dépenses liées à la sécurité routière ou aux routes. Dans un rapport publié en mars 2006, l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr) estimait que les radars pourraient rapporter jusqu'à 340 millions d'euros par an. "La politique actuelle est un succès", reconnaît ainsi Jean-Louis Bianco, codirecteur de campagne de Ségolène Royal, en soulignant la volonté de "continuité" de la part de la candidate socialiste. Rien n'est tranché cependant quant à un éventuel aménagement du permis à points, sujet toujours sensible d'un point de vue électoral. "Nous ne sommes surtout pas partisans de donner un signal laissant penser que nous relâchons l'effort, mais il faut débattre d'aménagements envisageables sur les infractions mineures ou la récupération des points", indique M. Bianco, ministre des transports en 1992, à l'époque de la mise en place, alors vivement contestée, du permis à points. Logiquement, Nicolas Sarkozy se dit décidé à poursuivre la politique de "rupture" engagée en 2002. "L'effort ne doit pas être relâché", explique l'entourage du candidat en soulignant qu'il reste toujours des "délinquants de la route". Des évolutions pourraient aussi être envisagées pour le permis à points : "L'idée est de ne rien changer à ce qui permet de sauver des vies, mais de corriger les éventuels excès d'une réglementation trop tatillonne", souligne son entourage. "TRAQUE DES AUTOMOBILISTES", DIT LE PEN François Bayrou indique que les "radars sont là non seulement pour réprimer, mais aussi pour changer durablement les habitudes de conduite". Le candidat UDF estime que leur nombre actuel est suffisant et qu'en "mettre à tous les coins de rue" pourrait donner aux Français le sentiment qu'on cherche à les piéger. Il préconise également de faire évoluer "à la marge" le permis à points "pour les professionnels de la route" et pour accélérer la récupération des points. Philippe de Villiers se déclare "favorable" à la politique des radars, soulignant que celle-ci "a fait ses preuves". Il préconise toutefois d'affecter les recettes aux collectivités locales et non à l'Etat. Dominique Voynet défend aussi la politique mise en place depuis 2002, en y ajoutant l'idée de brider les moteurs et de réduire les vitesses maximales autorisées. Seul Jean-Marie Le Pen remet en question, dans son principe, la politique des radars, dénonçant des "abus" dans la "traque des automobilistes". "Il y a quelque chose d'insupportable dans les radars avec l'automaticité des sanctions, notamment quand on pénalise les automobilistes qui font du 51 km/h au lieu de 50", explique le leader du Front national. Les candidats présentent des positions plus hétérogènes sur la question de l'amnistie des infractions routières après l'élection. Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Dominique Voynet se déclarent opposés à de telles mesures. Jean-Marie Le Pen, Philippe de Villiers et Marie-George Buffet envisagent des amnisties, limitées aux infractions les moins graves. Ségolène Royal, elle, continue de réfléchir sur le sujet. § Pour ce trotskiste de longue date, la LCR porte "une lourde responsabilité dans l'échec prévisible" du rassemblement antilibéral issu de la campagne du non au référendum du 29 mai. § M ichel Husson, économiste à l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES) a démissionné le 24 décembre 2006 de la Ligue communiste révolutionnaire. Souvent présenté comme "l'économiste officiel" de la LCR, ce spécialiste de l'Etat social a rédigé une lettre à ses camarades (rendue publique sur son site le 6 janvier) où il critique sévèrement l'attitude de son organisation dans les collectifs antilibéraux. Pour ce militant trotskiste de longue date - il a adhéré en 1979 après avoir été au Parti socialiste unifié (PSU) -, la LCR porte "une lourde responsabilité dans l'échec prévisible" du rassemblement antilibéral issu de la campagne du non au référendum du 29 mai. "Surenchères programmatiques", "analyses unilatérales", "sous-estimation du potentiel des collectifs"... les "fautes" sont égrenées sans concession. "La direction de la LCR l'a entraînée sur une voie sectaire qui lui fait tourner le dos au mouvement de masse", conclut-il, en priant son ex-parti de le rayer de toutes ses tablettes. Ainsi mise en cause, la direction de la LCR met ce départ sur le compte "du côté passionnel de la dernière période". " C'est normal qu'il y ait des démissions. Cela faisait longtemps que Michel avait des désaccords", estime Alain Krivine, qui assure que son organisation enregistre de nouvelles adhésions. Le constat n'est pas partagé par les minoritaires. "C'est une perte considérable, juge Christian Picquet. Michel est celui qui a le plus enrichi le programme économique et social de la Ligue". Pour ce membre du bureau politique, ce retrait est symptomatique : "Il y a de nombreux départs dont il est difficile d'apprécier encore l'ampleur. Mais, comme au PCF, l'incompréhension est grande." § Le candidat du Mouvement pour la France entend "incarner la droite patriotique de gouvernement", entre M. Sarkozy et M. Le Pen. § A l'instar de Ségolène Royal, sa voisine socialiste de la région Poitou-Charentes, Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF) veut faire de son implantation locale un argument électoral dans sa campagne présidentielle. Il a ainsi choisi la Vendée, département dont il préside le conseil général, pour présenter, mercredi 10 janvier, ses voeux aux Français. Histoire de vanter les charmes de cette terre, aujourd'hui épargnée par la crise en raison de ses spécificités géographiques, économiques et sociologiques. Deux affiches conçues dans cette veine clament : "Philippe de Villiers, vous l'avez aimé en Vendée, vous allez l'adorer à l'Elysée" et "Avec Villiers votre vie va changer". Une campagne qui a été élaborée à partir de dix études qualitatives réalisées sur l'électorat FN, UMP et UDF entre la mi-octobre et la fin décembre, explique Guillaume Peltier, le secrétaire général du MPF. Celles-ci, selon M. Peltier, montreraient, entre autres, que ces électeurs associent Philippe de Villiers au spectacle du Puy du Fou, dont il est le créateur, et à la lutte contre la pollution marine et demandent d'en savoir plus sur ses actions locales. "PAS SEULEMENT DE PROTESTATION" "J'ai fait de la Vendée une terre de PME (petites et moyennes entreprises), je propose qu'on fasse de la France une pépinière planétaire de PME", déclare M. de Villiers, qui veut "protéger les entreprises de la concurrence extérieure et libérer, à l'intérieur, les énergies en abolissant les 35 heures". Plus largement, Philippe de Villiers entend "incarner la droite patriotique de gouvernement". "La droite, car le retour de la gauche serait une catastrophe pour le pays, et je reproche à Nicolas Sarkozy de mettre ses pas dans les pas de la gauche avec le droit au logement opposable en justice ; patriotique parce que seul le patriotisme populaire permettra au pouvoir d'avoir à nouveau le pouvoir ; de gouvernement, car je veux que mes idées s'incarnent et ne soient pas seulement de protestation", lance-t-il en visant Jean-Marie Le Pen, qui se dit "national populaire et social" et qu'il accuse de ne pas vouloir gouverner. § Le ministre de l'outre-mer ménage Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, dont il attendra la décision pour prendre parti officiellement au sein de l'UMP. § V oterez-vous dimanche 14 janvier au congrès de l'UMP pour l'investiture du candidat par le parti ? Je serai présent dimanche et, en votant, j'accomplirai mon action de militant. Voterez-vous pour Nicolas Sarkozy ? Depuis deux ans, je travaille au sein de l'UMP avec Nicolas Sarkozy en parfaite loyauté. Auparavant, j'ai assuré l'intérim entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy en m'efforçant de favoriser l'union et de rapprocher les points de vue. Ce processus de démocratisation atteindra son objectif dimanche. Au regard de l'histoire de la droite, qui n'a pas une culture de courants, de débats et de synthèses, c'est un grand succès. Donc c'est Sarkozy... Je ne prendrai aucune position publique tant que Jacques Chirac n'aura pas fait connaître son choix. Chacun connaît mon attachement personnel et ma fidélité politique depuis toujours à son égard. Ils ne sont pas négociables. Dans un premier temps, je participerai donc à la campagne dans le cadre de la défense du bilan du président de la République. C'est aussi le rôle de l'UMP de valoriser la politique menée depuis plus d'une décennie sous l'impulsion du chef de l'Etat. D'autant qu'elle sera très critiquée par nos adversaires, de l'extrême gauche à l'extrême droite. C'est un temps indispensable pour bien faire comprendre aux Français pourquoi notre pays, dans un monde incertain et très secoué, a su se moderniser et préserver son pacte républicain. Que ferez-vous lorsque Jacques Chirac aura fait part de sa décision ? Je m'engagerai alors pleinement dans la campagne présidentielle pour faire gagner celui qui portera nos valeurs. D'ici là, le temps va créer aussi les conditions d'un rapprochement plein et entier de la droite. Je ne doute pas un seul instant que le moment venu, cette volonté d'unité et de rassemblement soit partagée par tous. Même par Dominique de Villepin ou Jean-Louis Debré ? Je comprends les positions de chacun sur la forme de leur annonce, leur calendrier et leur engagement. Elles doivent être respectées. N'est-il pas temps pour Dominique de Villepin de sortir de l'ambiguïté au regard des tensions qui se manifestent avec les parlementaires ? Le combat face à Ségolène Royal sera difficile, tout le monde aura besoin de tout le monde. Mais l'histoire a montré qu'une élection ne se gagne pas seulement sur l'addition de personnalités, mais aussi sur la capacité à créer une dynamique autour d'un projet. C'est d'ailleurs ce que souhaite Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin a démontré son courage et sa capacité d'homme d'Etat. Je sais, pour avoir travaillé avec lui notamment pendant la campagne de 1995, qu'il est doté d'une expérience qui sera indispensable. Ménager tout le monde est-ce une manière de vous assurer le poste de ministre de l'intérieur lorsqu'il sera vacant ? On est candidat à une élection, jamais à une nomination. C'est une décision qui appartient au président de la République et au premier ministre, en lien avec Nicolas Sarkozy. § Plaidant pour la "diversité" dans la majorité, le premier ministre a été malmené, mardi 9 janvier, par le groupe de son parti à l'Assemblée, qui exige l'unité derrière M. Sarkozy. § C 'est la dernière salve", reconnaissait Axel Poniatowski, député du Val-d'Oise et fidèle de Jean-Pierre Raffarin, peu après la réunion de rentrée du groupe UMP de l'Assemblée nationale, mardi 9 janvier, qui a vu le premier ministre, Dominique de Villepin, se faire malmener par les élus de sa majorité. Jamais, de mémoire de parlementaire, un chef de gouvernement n'avait eu à affronter une telle bronca de la part de ceux qui sont censés le soutenir. L'UMP veut amender le statut pénal du chef de l'Etat Le projet de loi constitutionnelle modifiant le statut pénal du chef de l'Etat, en discussion à l'Assemblée nationale à partir du 16 janvier, devrait faire l'objet de plusieurs amendements en séance. De nombreuses réserves ont en effet été émises du côté de l'UMP, plusieurs députés, dont l'ancien premier ministre Edouard Balladur, annonçant même leur intention de ne pas le voter. Le président du groupe, Bernard Accoyer, a relayé ces inquiétudes, mardi 9 janvier, lors de ses voeux à la presse. Alors qu'un amendement de la commission des lois proposait déjà de passer la majorité simple requise pour engager la procédure d'empêchement et de destitution du président de la République aux trois-cinquièmes, il a plaidé pour qu'elle soit portée à une majorité qualifiée des deux tiers des membres de la Haute Cour. Le PS est également favorable à cette proposition. Un autre amendement devrait préciser que ce vote sera personnel. Enfin, un amendement devrait être déposé pour que le chef de l'Etat conserve ses fonctions en cas d'engagement de la procédure jusqu'au vote de la Haute Cour. La réunion commence dans un climat tendu. Plusieurs députés, dont Claude Goasguen et Edouard Balladur, s'élèvent contre l'accumulation de textes venant en discussion dans les prochaines semaines. Ils émettent de sévères jugements sur certains d'entre eux, qu'ils jugent "mal faits, inutiles et dangereux", notamment la révision constitutionnelle du statut du chef de l'Etat qu'ils menacent de ne pas voter le texte. Mais, cette fois, c'est un élu du Haut-Rhin, Jean-Luc Reitzer, qui allume la mèche. Déplorant le "mauvais climat qui règle au sein de la majorité", il en appelle au "devoir d'unité". "Nos électeurs sont désorientés et furieux", poursuit-il, approuvé par bon nombre de ses collègues, et il met notamment en cause les déclarations du premier ministre et de Jean-Louis Debré, qui ont annoncé leur intention de ne pas participer à la désignation du candidat soutenu par l'UMP. "Et si Sarkozy trébuche, on fait quoi et avec qui ?", conclut M. Reitzer, vivement applaudi. "VA TE FAIRE ÉLIRE !" M. de Villepin prend immédiatement la parole pour dire son désaccord, jugeant que "l'unité n'est pas suffisante" et qu'"il faut convaincre au-delà de son camp". Mais quand il lance : "Je n'ai pas la même expérience que vous", il est cueilli par une bordée d'apostrophes. "Cela se voit !", "On le sait !", "Va te faire élire !"... Face au brouhaha qui va crescendo, il continue néanmoins, "avec courage", selon ses derniers partisans. Il plaide pour la "diversité". "J'ai le sentiment qu'aujourd'hui le compte n'y est pas et que nous ne gagnerons pas dans ces conditions", assure-t-il, affirmant vouloir "permettre au candidat qui représentera notre camp d'avoir ce supplément nécessaire de capacité de rassemblement". Mais le premier ministre a atteint un tel point d'isolement dans son camp que ses propos sont devenus inaudibles. "Il est arrivé que la majorité parlementaire soit en discordance avec le gouvernement, commente M. Goasguen. La situation présente est inédite : on a un chef du gouvernement en discordance avec sa majorité." Le président du groupe UMP, Bernard Accoyer, tente dans un premier temps de ramener le calme en "suppliant" M. de Villepin et M. Sarkozy "de se parler, de se rapprocher". "Au soir de la dissolution de 1997, j'ai pleuré pour la première fois pour des raisons politiques, confie le député de la Haute-Savoie. Je ne veux pas qu'on pleure en 2007." Alors que le premier ministre, "livide", selon plusieurs présents, est acculé, le président de l'UMP ramasse la mise. "On ne peut pas se quitter comme cela", commence-t-il. Il appelle "ceux qui ne (le) privilégient pas" à "ne pas s'exprimer contre (lui)". Puis, s'adressant à M. de Villepin : "Le rassemblement n'est peut-être pas la condition suffisante, mais c'est la condition nécessaire." Et, considérant que "le 14 janvier sera le premier jour de la conquête ou le premier pas de la défaite", il conclut : "Dominique, j'ai besoin de vous." L'intéressé ne s'attarde pas parmi les élus à l'issue de la réunion mais, rejoignant dans la rue Brice Hortefeux, le bras droit de M. Sarkozy, il explose de fureur : "C'est vous qui avez tout organisé. Si ça continue comme ça, je me présenterai !" Une hypothèse cependant, à laquelle bien peu nombreux sont ceux qui l'envisagent, et encore moins ceux qui l'espèrent. En revanche, les mises en garde se multiplient dans la majorité pour "mettre fin à ce parasitage", comme le qualifie M. Poniatowski. "Il faut faire cesser ce spectacle qui nous nuit", estimait Alain Juppé, mercredi matin, sur Europe 1. Edouard Balladur, sur RTL, ne disait pas autre chose, jugeant "ce spectacle désespérant et ridicule". § "Ces attaques personnelles aux accents xénophobes douteux ne grandissent pas ceux qui les profèrent", a condamné l'UMP, mardi 9 janvier au soir, la veille de la mise en ligne par le Parti socialiste d'un long document soulignant l'atlantisme du président de l'UMP et ministre de l'intérieur. § "C es attaques personnelles aux accents xénophobes douteux ne grandissent pas ceux qui les profèrent", a condamné, mardi 9 janvier au soir, l'UMP. Au banc des accusés : le Parti socialiste, qui a mis en ligne mercredi matin un long document à charge contre Nicolas Sarkozy, qualifié de "néoconservateur américain à passeport français". Dans un comminiqué, les porte-parole du parti au pouvoir, Valérie Pécresse et Luc Chatel, condamnent "fermement" les propos d'Eric Besson, secrétaire national du PS à l'emploi et pilote de l'équipe qui a rédigé le réquisitoire contre le candidat de l'UMP et ministre de l'intérieur. "Notre démocratie et les enjeux de la prochaine élection présidentielle méritent mieux que ces insinuations lamentables sur l'appartenance nationale du président de l'UMP", soulignent Mme Pécresse et M. Chatel. "Est-ce cela la campagne annoncée" par la candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal, "qui devait promouvoir le respect et tirer la France vers le haut ?", ironisent les porte-parole. § Dans ses vœux à la presse, mardi 9 janvier, la candidate des Verts est revenue sur la possible candidature de l'animateur. "Nicolas Hulot ne guérit pas les écrouelles", a affirmé Dominique Voynet, tout en ajoutant qu'elle ne voyait pas en lui un "adversaire". § § Lors de ses vœux à la presse, mardi 9 janvier, le candidat de l'UDF à l'Elysée a reproché aux médias de "dérouler le tapis rouge" pour Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. § § ... les socialistes ont-il raison ou tort ? Exprimez-vous. § § Le document à charge de 92 pages mis en ligne par le Parti socialiste mercredi 10 janvier. § § Lors de la présentation de son bilan en tant que ministre de l'intérieur, le président de l'UMP ne s'est pas privé de répondre aux questions sur son futur politique. § L ors de la présentation de son bilan en tant que ministre de l'intérieur, le président de l'UMP ne s'est pas privé de répondre aux questions sur son futur politique. Interrogé par un journaliste sur la question de savoir comment il ferait pour se conformer "à l'injonction de Jacques Chirac" qui a redemandé, "comme à tous les ministres, de ne pas mener campagne au détriment de leurs fonctions de ministre", M. Sarkozy a répondu : "Il m'a demandé de faire les deux ? J'obéirai !" Il a même affirmé s'inspirer de Jacques Chirac lui-même : "Pour ça j'ai un grand exemple, un exemple qui vient d'en haut." Le ministre, qui doit être intronisé officiellement, dimanche 14 janvier, candidat de l'UMP, n'a toutefois pas précisé jusqu'à quand il pensait occuper la fonction de ministre de l'intérieur. § Le ministre de l'intérieur s'est félicité de son bilan Place Beauvau, estimant que "les résultats sont là". Il a vivement répondu aux critiques de la gauche sur son action. § "L es résultats sont là", "je suis fier des résultats obtenus". En présentant son bilan au ministère de l'intérieur, Nicolas Sarkozy n'a pas mâché ses mots. Détaillant les chiffres de la délinquance, il a affirmé que les crimes et délits ont baissé de 1,3 % en 2006 en France pour la quatrième année consécutive. Ce résultat est nuancé par la persistance des violences aux personnes, en hausse de 5,5 %. Le ministre de l'intérieur a justifié ce chiffre en estimant qu'il s'agissait essentiellement de violences contre des membres de forces de l'ordre. Cette hausse, "je la revendique", a-t-il clamé, affirmant qu'auparavant "les policiers n'allaient pas dans certains quartiers". Depuis 2002, date de son arrivée au ministère de l'intérieur, les crimes et délits ont chuté de 9,8 %, a également souligné Nicolas Sarkozy. Le président de l'UMP a, tout au long de sa présentation, comparé ces chiffres à ceux de son prédécesseur socialiste, Daniel Vaillant. "Il m'amuse, le débat sur mon bilan", a-t-il ironisé, affirmant que la délinquance avait augmenté de 14 % entre 1997 et 2001. "Pourquoi à leur époque on ne publiait pas les chiffres ?", s'est-il interrogé. "NOTRE PAYS N'A PAS VOCATION À ÊTRE UN GUICHET SOCIAL UNIVERSEL" S'appuyant sur l'enquête réalisée par l'Observatoire national de la délinquance, le ministre a estimé que "la population a confiance dans l'action de la police et de la justice". "Tous les engagements pris en 2002 ont été tenus" en termes d'effectifs et d'équipement des forces de police, a-t-il affirmé. "La sécurité a progressé, la peur a reculé", a-t-il asséné. Le ministre a également insisté sur l'autre volet de son bilan : l'immigration. Il s'est félicité de la chute du nombre de demandes d'asile ( 35 % en 2006). 24 000 personnes ont été expulsées de métropole en 2006, une hausse de 140 % par rapport à 2002. Le ministère de l'intérieur a également procédé à 40 vols groupés de clandestins en 2006, contre 17 en 2005. "Notre pays n'a pas vocation à être un guichet social universel", a lancé Nicolas Sarkozy, dénonçant l'immigration d'"assistanat". Se félicitant de ses résultats en matière de politique migratoire, il a promis la création d'un ministère de l'immigration et de l'intégration s'il est élu en 2007, outrepassant quelque peu son statut de ministre de l'intérieur. Nicolas Sarkozy a par ailleurs estimé que "les sans-papiers ne doivent pas avoir accès" au droit au logement opposable, qui doit être réservé aux "seuls étrangers parfaitement intégrés, titulaires d'une carte de résident de dix ans". § Le premier tour de l'élection présidentielle de 2002 a porté pour la première fois Jean-Marie Le Pen au second tour, face à Jacques Chirac. Certains commentateurs, militants ou citoyens, craignent un nouveau choc en 2007 et évoquent un "21 avril bis" ou un "21 avril à l'envers". Une carte pour visualiser les résultats nationaux et par département du 21 avril 2002. § § L'invention du mot "bravitude" par Ségolène Royal, le 6 janvier, lors de son déplacement en Chine, a suscité des pages dans l'encyclopédie interactive. L'une d'elles a été supprimée, le sort d'une seconde est en discussion. § L 'invention du mot "bravitude" par Ségolène Royal, le 6 janvier, lors de son déplacement en Chine, a fait une entrée controversée dans l'encyclopédie interactive Wikipédia. Un internaute ayant tenté d'introduire l'expression comme "un néologisme", un autre s'est aussitôt manifesté pour demander sa suppression, en dénonçant "une exploitation sans intérêt d'un lapsus de Ségolène Royal en campagne électorale, amusant dans un blog, désolant dans une encyclopédie". Selon les règles de Wikipédia, chacun peut à tout moment enrichir l'encyclopédie, tout en étant soumis à la vigilance communautaire des internautes. "Bravitude" faisant débat, le sort du mot devra donc être tranché - le 15 ou le 22 janvier, selon qu'un consensus aura émergé dans un sens ou un autre. Pour l'instant, les partisans de la suppression semblent de loin les plus nombreux. (Le terme, finalement supprimé dans Wikipédia, fait l'objet d'une entrée, elle-même objet de discussions, dans le Wiktionnaire.) "ABRACADABRANTESQUE" ET "NÉGRITUDE" Edouard Balladur, lui, a déjà pris position. Sur RTL, mercredi 10 janvier, l'ancien premier ministre a émis l'hypothèse que le "destin" de la candidate socialiste serait peut-être, un jour, d'entrer à l'Académie française. "Je ne comprends pas qu'on ait tellement critiqué Mme Royal, a déclaré M. Balladur. Je vous rappelle que Léopold Sédar Senghor, qui était, je crois, le premier Africain à devenir agrégé de lettres et qui a été président du Sénégal, avait inventé la négritude. Et tout le monde a trouvé ça très bien." "Abracadabrantesque", popularisé par Jacques Chirac, en septembre 2000, pour qualifier des accusations concernant le financement occulte du RPR, figure déjà sur Wikipédia. Mais il est vrai, aussi, que le mot avait été inventé par... Arthur Rimbaud. En Chine, Mme Royal a vaillamment défendu la "bravitude". "C'est de la poésie, avait-elle justifié. Une densité de la pensée qui se traduit dans un mot au moment où il est prononcé." § Responsable des quelque 150 jeunes UMP de l'Eure, Benjamin Maugy dénombre parmi eux "un ou deux chiraquiens". § R esponsable des quelque 150 jeunes UMP de l'Eure, Benjamin Maugy dénombre parmi eux "un ou deux chiraquiens". Et évoque aussitôt un atavisme familial pour dédouaner ces originaux. Dans une fédération qui, dans sa version RPR, était tenue par les proches du chef de l'Etat - tel l'ancien sénateur René Tomasini -, les perspectives sont maigres. Ici comme ailleurs, chacun a tourné la page, désertant un village gaulois qui s'est réduit à sa plus simple - mais bruyante - expression : celle du président de l'Assemblée nationale et maire d'Evreux, Jean-Louis Debré. Lorsque ce dernier a annoncé qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy lors du congrès d'investiture du 14 janvier, ses propos n'ont suscité qu'une indifférence polie. "C'est un militant comme un autre. Comme dirait Chirac, "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre"", affirme le délégué de la 5e circonscription, Frédéric Duché. "Je ne me relève pas la nuit pour pleurer sur cette phrase", renchérit une militante, Valérie Abram. "Ça n'engage que lui", ajoute Jean-Claude Lannier, responsable UMP d'un canton d'Evreux. "JEAN-LOUIS QUI ?" Épouse du député, adjoint au maire d'Evreux et secrétaire fédéral Jean-Pierre Nicolas, l'ancienne députée Catherine Nicolas intervient pour arrondir les angles. S'efforçant de minimiser la portée politique des propos de M. Debré - "il ne s'agit que du vote d'investiture" - et insistant sur la "grande affection" des militants UMP de l'Eure pour le maire d'Evreux. "Les anciens, même s'ils sont sarkozystes, ne diront jamais de mal de Debré. C'est leur bon Dieu", assure-t-elle. Les ouailles pourraient bien être de plus en plus rares. Pour la quasi-totalité des quelque 700 nouveaux adhérents - un tiers des effectifs de la fédération -, il n'y a même pas eu de page à tourner. "95 % sont venus pour Sarkozy", indique Mme Nicolas. Son mari met la barre plus haut : "95 % de la fédération veut Sarkozy", affirme-t-il. Une telle pression n'a pas manqué de faire réfléchir les principaux cadres de la fédération. Son président, Louis Petiet, un proche de Dominique de Villepin, indique qu'il a voté pour M. Sarkozy "par loyauté envers le parti et son président". "A partir du moment où Sarkozy m'a reconduit dans mes fonctions de secrétaire départemental, en juin 2006, je ne pouvais pas ne pas le soutenir", explique M. Nicolas. "Il faut aller vers celui qui peut nous faire gagner", renchérit son épouse. Le reste est affaire de doigté et de diplomatie. "Je n'ai pas fait de déclaration de soutien fracassante à Sarkozy. Ce n'est pas la peine d'aller chatouiller Debré sur ces choses-là", indique Jean-Pierre Nicolas. "Je ne renie pas le passé", dit-il en pointant le doigt en direction de la photo dédicacée - "avec ma bien cordiale reconnaissance" - de Jacques Chirac qui orne un mur de son bureau. "Ni celui-là", poursuit-il en se tournant vers la fenêtre, obscurcie par une affiche représentant M. Sarkozy. Pour continuer à tenir les bouts de cette chaîne qui se tend, le couple affiche un "pragmatisme" et une "volonté d'union" à toute épreuve. Chirac-Debré-Sarkozy ? "C'est l'osmose de tout ça qui peut faire une victoire", note M. Nicolas, assurant que "l'évidence du bon sens" parviendra à aplanir les différends. Revendiquant haut et fort son statut de "premier parlementaire du département à avoir soutenu publiquement Nicolas Sarkozy", le député Franck Gilard n'a pas ce genre de souci. "Jean-Louis qui ?", répond-il lorsqu'on l'interroge sur les propos de M. Debré, avant de livrer ce verdict : "Ce qui est excessif est insignifiant." Son baromètre reste l'affluence - "2000 personnes" - lors du meeting qu'il avait organisé à l'occasion de la venue de M. Sarkozy dans sa commune des Andelys, en janvier 2006. La suppléante de M. Debré était présente. "Il sait depuis ce jour", indique Françoise Charpentier qui - elle aussi - vient de voter pour M. Sarkozy § Dans un entretien au "Monde", l'ancien premier ministre juge que MM. Chirac et Sarkozy sauront trouver une stratégie commune. § L es voeux de Jacques Chirac n'ont-ils pas mis le feu aux poudres dans la majorité ? Il est utile et légitime que le chef de l'Etat formule des voeux offensifs. Il est dans son rôle et dans son calendrier. Ce qui est bon pour le président est bon pour la majorité. Par définition, le président est seul au-dessus des partis. Donc, personne ne peut utiliser son message au détriment du parti qu'il a fondé. Le trouble dans la majorité serait grave si ceux qui prennent le risque de la division impliquaient le président de la République. C'est une manière de critiquer l'attitude de Dominique de Villepin et de Jean-Louis Debré ? Je comprends que ceux qui tiennent leur légitimité du président attendent sa parole. Je comprends les silences, mais nous ne pouvons nous réjouir ni des querelles, ni des polémiques, ni des petites phrases. La diversité dans notre famille politique est fondatrice, mais jusqu'à une limite : celle où elle finit par servir les intérêts de nos adversaires. La diversité devient alors la division. Il ne faut pas se réjouir de certains sourires qui s'affichent sur les visages des socialistes. Les tensions au sein de la majorité ne compromettent-elles pas le vote des textes - statut du chef de l'Etat, Nouvelle-Calédonie - au Congrès ? Il nous faut retrouver le calme, le rassemblement de dimanche doit être celui du respect, sans sifflets, et de l'unité. Respect pour chacun, unité pour tous. J'y prendrai la parole dans ce sens. Pour que la fin de la législature se passe bien notamment au Congrès, à Versailles (Yvelines), chacun devra respecter le code d'honneur de la Ve République : le gouvernement, et notamment son chef, doit être respecté par sa majorité, mais il ne doit pas être suspect quant à sa volonté d'unité. Jacques Chirac ne devrait-il pas lever l'ambiguïté sur son avenir pour pacifier son camp ? Le président de la République, qui est en charge de l'action, ne souhaite pas que la campagne ralentisse les initiatives du gouvernement. Je comprends et je respecte le temps du président. Le parti qui, lui, est en charge de l'élection doit se mettre rapidement en ordre de bataille. Le moment venu, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, j'en suis convaincu, trouveront une stratégie commune. C'est la clé de la victoire. Je suis heureux d'être sur la même ligne qu'Alain Juppé. Le premier ministre raille les ralliements, qu'il compare à un alignement de "petits pois et de sardines". Vous sentez-vous visé ? Je n'ai pas le gabarit des uns ni des autres... En outre, je fais simplement remarquer que je me suis engagé au côté de Nicolas Sarkozy avec plus de 140 parlementaires. Et sur une plate-forme politique qui est celle de l'humanisme social et européen. C'est ma conception de la diversité dans l'unité. Pourtant certains doutent encore des capacités de rassembleur de Nicolas Sarkozy... Je remarque que personne n'est candidat contre lui, c'est bien la preuve qu'il a su rassembler autour de lui une écrasante majorité d'élus et de militants. Dans ses prises de position, il tient compte de nos avis, tout en préservant légitimement sa part de liberté. Je connais très bien sa nature et sa culture. Il a été mon ministre pendant trois ans, nous nous parlons directement et franchement. Ainsi, ai-je décidé d'écrire un livre qui sortira au mois de mars ; ce sera une lettre à Nicolas Sarkozy sur le métier de président tel que j'ai pu l'observer depuis Matignon. Il a besoin de conseils ? Non. Ce sera une lettre à un ami, fondée sur les leçons de l'expérience et sur mon enracinement dans la "France de toujours". Doit-il quitter au plus vite le gouvernement ? Je lui ai dit ce que j'en pensais en l'engageant à devenir "un piéton dans la société", un candidat libre. Je respecte son calendrier. Quel commentaire vous inspire le voyage de Ségolène Royal en Chine ? Je trouve inquiétant qu'une candidate à la présidence de la République ait attendu les dernières semaines avant l'élection pour se rendre pour la première fois dans ce qui va devenir la première puissance mondiale. A ce rythme-là, je ne la sens pas capable de protéger les Français des désordres du monde et de valoriser leur travail dans la mondialisation. Cette improvisation est préoccupante. § Mercredi 10 janvier, la Cour de cassation examinait le pourvoi formé par huit "faucheurs volontaires", parmi lesquels José Bové, Noël Mamère (député Verts), Gérard Onesta (député Vert au Parlement européen) et Gilles Lemaire (ancien secrétaire général des Verts). § M ercredi 10 janvier, la Cour de cassation examinait le pourvoi formé par huit "faucheurs volontaires", parmi lesquels José Bové, Noël Mamère (député Verts), Gérard Onesta (député Vert au Parlement européen) et Gilles Lemaire (ancien secrétaire général des Verts). Avec 400 autres faucheurs, les prévenus avaient arraché un champ de maïs transgénique, à Menville (Haute-Garonne), le 25 juillet 2004. Le procureur avait choisi de ne poursuivre que huit personnes, plus connues que d'autres. En novembre 2004, le tribunal correctionnel de Toulouse décidait en revanche de juger 220 "comparants volontaires". Le procureur avait fait appel de cette décision. Le 15 novembre 2005, la cour d'appel de Toulouse condamnait M. Bové à quatre mois de prison ferme, et MM. Mamère et Onesta à trois mois de prison avec sursis. C'est cette décision qui fait l'objet du pourvoi. A l'audience devant la Cour de cassation, Me Claire Waquet, pour les condamnés, a invoqué, pour justifier l'action des faucheurs, le principe de précaution inclus dans la Charte de l'environnement, qui a valeur constitutionnelle. Elle a aussi mis en cause le choix du procureur de ne poursuivre que huit contrevenants, en estimant que le juge - en l'occurrence celui de Toulouse - était fondé à refuser cette sélectivité. L'avocat général, Laurent Davenas, a affirmé au contraire que le principe de précaution ne saurait justifier une infraction à la loi pénale. Il a aussi estimé que le code de procédure pénale attribuait de façon claire la seule responsabilité des poursuites au parquet. La Cour de cassation doit rendre sa décision le 7 février. Les faucheurs n'en auront pas fini. D'autres procédures judiciaires les attendent : de nouveaux examens de pourvois par la Cour de cassation ; un arrêt de la cour d'appel de Versailles, le 25 janvier ; des procès en première instance à Orléans, le 26 février, et à Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne), les 26 et 27 mars. Par ailleurs, l'appartement de Gilles Lemaire pourrait être mis en vente par décision judiciaire (Le Monde du 22 septembre 2006), tandis que Noël Mamère a vu son compte ponctionné de 63 000 euros pour réparation des dommages subis par la société semencière Pioneer. § Nicolas Sarkozy devait, jeudi 11 janvier, commenter son bilan Place Beauvau à l'occasion de la publication des chiffres de 2006 sur les crimes et délits. § D es forces de l'ordre mobilisées et plus efficaces, mais un noyau dur de la délinquance toujours plus inquiétant. Tel est le paradoxe abrupt que devait commenter Nicolas Sarkozy, jeudi 11 janvier, à l'occasion de sa dernière présentation des statistiques des crimes et délits. Dans cet exercice, le ministre de l'intérieur, accompagné pour l'occasion d'Alain Bauer, président du conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance (OND), devait insister sur le contraste statistique entre sa période aux responsabilités et celle où la gauche, avant 2002, avait tenté de mettre en place la police de proximité. Des statistiques déléguées à un observatoire indépendant Depuis janvier 2006, les statistiques de la délinquance ne relèvent plus, pour la première fois depuis 1972, de l'unique autorité du ministère de l'intérieur. Elles sont diffusées par l'Observatoire national de la délinquance (OND), qui conduit également de larges enquêtes de victimation afin de mieux cerner les formes de la criminalité, ainsi que le sentiment d'insécurité au sein de la population. L'OND publie également un bulletin mensuel sur l'évolution de la délinquance. Le ministère de l'intérieur continue, lui, à présenter les statistiques concernant l'activité des forces de l'ordre (taux d'élucidation, gardes à vue, personnes en cause, etc.). La création de l'OND, installé en novembre 2003 par Nicolas Sarkozy, avait été préconisée dans un rapport signé, en janvier 2002, par les députés Christophe Caresche (PS) et Robert Pandraud (UMP). Un contraste pas toujours saisissant. Au cours de ce quinquennat, le recul de la délinquance générale enregistrée est effectivement spectaculaire (- 9,44 %), mais les violences contre les personnes ont grimpé dans le même temps de 13,94 % (et non 42,94 %, comme indiqué dans une version antérieure de cet article, selon une méthode de calcul désormais caduque). Autre nouveauté : les violences typiques des zones urbaines ont tendance à se développer dans les zones périurbaines, notamment dans ce qu'on appelle la troisième couronne parisienne. L'activité des services. Le nombre total de crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie s'est élevé à 3 725 588 faits en 2006, soit une baisse de 1,3 %. Au total, depuis 2002, ce nombre a baissé de façon constante. L'activité des services se mesure aussi à l'aide d'autres indicateurs. Le taux d'élucidation des affaires a augmenté de 2,01 % l'an passé, s'établissant à 34,33 %. Dans les cas de violences contre les personnes, la hausse est encore plus forte (+ 6,93 %, soit un taux de résolution de 57,58 %). Le nombre de gardés à vue a une nouvelle fois progressé (+ 6,51 %, soit près de 531 000 personnes). A noter aussi que les éloignements d'étrangers en situation irrégulière (23 831) se situent presque au niveau de l'objectif fixé par M. Sarkozy, avec une hausse de 20,11 % en un an. Les atteintes aux biens. Leur nombre (près de 2,53 millions de faits) a baissé de 3,8 % en 2006 par rapport à 2005. L'ensemble des atteintes aux biens a chuté de 18,14 % depuis 2002. En 2006, pour près de 80 %, il s'agit de vols, en baisse de 3,1 % en un an. La baisse régulière des vols liés aux véhicules se confirme, due notamment à de meilleurs systèmes de sécurité (- 5 %). Après sept années de hausse continue, le nombre de vols simples contre des particuliers est en baisse en 2006 (- 2,2 %) Pour la première fois depuis 1999, le nombre de dégradations et de destructions est inférieur à 500 000, soit une baisse de 16,2 % en quatre ans. Commes pour les autres rubriques, il faut rappeler que ces chiffres ne reflètent que les faits dénoncés à la police. Dans une enquête de victimation publiée le 19 décembre 2006, l'Insee et l'OND soulignaient que près de 9 millions d'atteintes aux biens avaient été signalées par les 25 000 personnes interrogées. Aucune plainte n'est généralement déposée. Les atteintes volontaires à l'intégrité physique. Cela restera le point noir du bilan de Nicolas Sarkozy : ces violences et menaces contre les personnes, qui constituent le noyau dur de la délinquance, ont été une nouvelle fois en hausse l'an passé (+ 5,6 %). "Mais cette hausse est bien moins importante que celle qui avait été enregistrée au cours de la période précédente, avant 2002", explique-t-on au ministère. Reste qu'en 2002, ces violences représentaient 7,38 % des faits constatés, leur part s'élève à 11,65 % en 2006. Les violences physiques dites non crapuleuses (dont l'objet n'est pas un vol) sont en hausse de 9,8 % en 2006, avec près de 207 000 faits. Près de 80 % de ces faits sont des coups et violences volontaires (+ 10,6 % en 2006). A noter que 12 % de ces violences non crapuleuses concernent les dépositaires de l'autorité publique, qu'ils soient policiers, gendarmes ou encore pompiers (+ 6,3 % l'an passé). En dix ans, note l'OND, le nombre de violences physiques non crapuleuses a plus que doublé. Il s'établissait à 96 084 en 1996. La gauche comme la droite ont été incapables de renverser cette tendance, aux explications multiples : durcissement des rapports entre individus au quotidien, passage à l'acte violent plus précoce et radical, violences intrafamiliales mieux révélées, influence de la télévision, etc. En revanche, le nombre de violences sexuelles (22 864) a diminué de 39,53 % depuis 2002, dont les viols (9 784) qui ont baissé de 6,91 % et les harcèlements ou agressions, de 17,58 %. Les violences physiques crapuleuses ont augmenté de 2,1 %. 86 % de ces faits concernent des vols violents sans arme, qui ont été plus nombreux en 2006 qu'en 2002. En revanche, le nombre de vols à main armée et de vols avec arme blanche est resté presque identique. Les homicides et tentatives (1 950) ont diminué de 25,52 % depuis 2002. § L'intégralité du débat avec Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, jeudi 11 janvier 2007. § M at : Son bilan au ministère de l'intérieur peut-il être considéré comme une faiblesse ou une force ? Pascal Perrineau : Dans la manière dont le bilan est perçu par l'opinion, l'action de Nicolas Sarkozy va plutôt du côté positif. Certains grands indicateurs de l'insécurité sont en baisse (à l'exception des atteintes aux personnes), et cela peut contribuer à l'image d'un ministre "efficace" sur le terrain de ce qui avait été la grande préoccupation de l'élection présidentielle de 2002, à savoir l'insécurité. Il faut dire que, sur ce terrain, la droite bénéficie d'un avantage, quel que soit son représentant, la gauche n'ayant pas réussi à capitaliser une crédibilité gouvernementale sur ce terrain. Luce : Dans quelle mesure les Français peuvent-ils faire la séparation entre le bilan des années Chirac, unanimement critiqué, et Nicolas Sarkozy, qui appartient au même camp ? Pascal Perrineau : Nicolas Sarkozy, depuis de nombreuses années, fait sentir sa différence par rapport à la coalition gouvernementale à laquelle il appartient. C'est en cela qu'il est différent de Jacques Chirac en 2002 ou en 1988. En 1988, le premier ministre sortant assumait le bilan du gouvernement, en 2002, le président sortant assumait le bilan de la présidence. Nicolas Sarkozy n'assume qu'une partie du bilan du gouvernement sortant, et on l'a vu à de nombreuses reprises s'opposer particulièrement à son premier ministre. Cela a été le cas notamment lors de la crise du CPE. Christian : L'opposition de J. Chirac et de D. de Villepin est-elle une force ou un handicap pour N. Sarkozy ? Pascal Perrineau : Ces divisions au sein de la droite ne sont pas nouvelles. En 1981, en 1988, en 1995, ces divisions entre l'UDF et le RPR, au sein du RPR, avaient pu prendre l'aspect de combats fratricides. Les divisions actuelles entre Jacques Chirac, ses fidèles et Nicolas Sarkozy renouent avec cette tradition. Elles peuvent avoir, à terme, un effet pervers en contribuant à déstructurer un électorat de l'UMP pour l'instant bien rassemblé derrière le président du parti. Ce risque de fragilisation est d'autant plus sensible que le candidat de l'UMP est soumis à une double concurrence venant du Front national et de l'UDF. Cela n'est pas le cas pour la candidate du Parti socialiste, qui, pour l'instant, n'est soumise à aucune concurrence sérieuse, ni des Verts ni de l'extrême gauche. Lélé : Dans la mesure où le libéralisme est impopulaire en France, son positionnement économique n'est-il pas une faiblesse ? Pascal Perrineau : Si le mot "libéralisme" peut être souvent rejeté par les Français, des éléments de programme libéral reçoivent un soutien certain. Par exemple, une forte majorité de Français considèrent aujourd'hui que l'Etat doit donner plus de liberté aux entreprises. Cette demande "libérale" peut alors favoriser la réception du message de Nicolas Sarkozy. Enfin, il faut noter que dans la précampagne du candidat de l'UMP, le ton libéral du début de la précampagne a peu à peu laissé place à un ton plus interventionniste, et même parfois étatiste. Le discours d'Agen, à cet égard, marque un point d'inflexion. Chnoupi : La stratégie de "chercher les électeurs de Le Pen un par un" n'est-elle pas un échec ? Il gagnerait des points à droite mais en perdrait plus au centre. Pascal Perrineau : La question de l'électorat du Front national est au cur de la vie politique française depuis vingt-cinq ans. Certains ont pu considérer que cet électorat avait atteint suffisamment d'homogénéité pour désespérer toute velléité de reconquête. D'autres, comme Nicolas Sarkozy, considèrent qu'il y a une vraie capacité à reconquérir une partie de cet électorat. Dans une première partie de sa campagne, il s'est souvent adressé à une partie de cet électorat, particulièrement préoccupée par les questions de sécurité, d'immigration et d'inquiétudes économiques et sociales. Plusieurs enquêtes ont montré qu'une partie minoritaire mais non négligeable de l'électorat du Front national prêtait une oreille attentive aux propos du ministre de l'intérieur. Une vraie concurrence existe entre le président du Front national et celui de l'UMP auprès d'électeurs populaires, inquiets, déboussolés. L'issue de ce combat concurrentiel aura lieu lors du premier tour. Stephane93 : Selon vous, Sarkozy est-il vraiment "pro-américain" et "atlantiste" ? Cette image pourrait-elle vraiment le desservir pendant la campagne ? Pascal Perrineau : Les enjeux de politique internationale ne sont pas au cur des préoccupations premières des électeurs, qu'ils soient de droite ou de gauche. L'attention plus prononcée de Nicolas Sarkozy à la solidarité atlantique ne signifie pas un alignement sur les positions de l'exécutif américain actuel, et lorsqu'on écoute attentivement les interventions du président de l'UMP en matière de politique étrangère, la distance sur le fond entre les positions de Jacques Chirac et celles de Nicolas Sarkozy est moindre qu'on veut bien le dire. La différence est plus dans le style que dans le fond. Bateman : Bayrou ne va-t-il pas au final causer plus de tort à Royal qu'à Sarkozy ? Pascal Perrineau : Pour l'instant, le président de l'UDF capte un électorat qui n'a jamais disparu et qui est celui d'un centre européen, libéral et social. Si dans les semaines qui viennent François Bayrou connaissait une dynamique qui le faisait sortir de ce substrat centriste, il pourrait alors entrer en concurrence avec une partie d'un électorat socialiste également social et européen et décontenancé par la personnalité et le mode d'action de la candidate du Parti socialiste. Pour l'instant, ce n'est pas le cas. Dernière remarque : le comportement au second tour de l'élection présidentielle des électeurs de François Bayrou sera de toute première importance pour le destin électoral de Nicolas Sarkozy. Si les "déchets" sont nombreux dans les reports de l'électorat centriste sur Nicolas Sarkozy, la position du candidat de l'UMP sera fortement fragilisée. Julien : Une de ses plus grandes faiblesses n'est-elle pas sa "personnalité" qui peut faire peur à certains Français ? Pascal Perrineau : Sur les dimensions institutionnelle et politique, l'image de Nicolas Sarkozy est plutôt forte. Il dispose d'une image positive sur le terrain régalien. Sensiblement plus de Français lui prêtent aujourd'hui l'"étoffe" d'un président de la République qu'à Ségolène Royal. Deuxièmement, beaucoup de Français lui accordent également une forte volonté de "changer les choses". § Le président de la République a maintenu le suspense, jeudi lors de ses vœux à la presse, sur ses intentions pour la présidentielle de 2007 mais entend s'"engager et fixer clairement les enjeux des élections". § A quatre jours du congrès de l'UMP, qui devrait officiellement investir Nicolas Sarkorzy candidat de l'UMP à laquelle le président s'est déclaré "attaché" et à seulement quelque mois de l'élection présidentielle, le président Jacques Chirac a de nouveau maintenu le suspense sur son éventuelle candidature lors de ses vux à la presse, jeudi 11 janvier. Interrogé sur le sujet, le chef de l'Etat a répondu : "Cela mérite réflexion et donc je vais réfléchir." "Le moment venu, je ferai connaître aux Françaises et aux Français ma décision et avec une seule exigence, croyez-le : l'intérêt national", a-t-il ajouté. Le président de la République a souligné à plusieurs reprises qu'il s'exprimerait sur ce point au premier trimestre. Par contre, comme il l'a fait lors de ses précédents vux en multipliant conseils et recommandations pour les années à venir, M. Chirac a précisé qu'il entendait s'impliquer pleinement dans le débat. Le président compte donc s'"engager et fixer clairement les enjeux des élections", car il faut, selon lui, un "vrai débat ouvert, responsable, démocratique". "LES BILANS, CE N'EST PAS À SOI-MÊME DE LES ÉTABLIR" "Rarement un tel débat n'a été aussi nécessaire. En 2002, le second tour a porté sur les valeurs de la République et il n'y a pas eu réellement de confrontation entre deux projets économiques et sociaux", a-t-il déclaré. "Si nous ne voulons pas laisser le champ libre aux extrémismes et vivre un nouveau 21 avril, notre devoir c'est de montrer les dangers et les opportunités de ce nouveau monde", a-t-il poursuivi, profitant de l'occasion pour rappeler que "les partis politiques doivent jouer leur rôle" en cette période d'élection, en bâtissant "de véritables projets pour l'avenir" En revanche, Jacques Chirac a estimé que ce n'était pas à lui d'établir le bilan de ses douze années à l'Elysée. "Je sais que mes vux ont pu étonner certains d'entre vous qui s'attendaient à un bilan ou à un propos teinté de nostalgie", a-t-il déclaré."Les bilans, ce n'est pas à soi-même de les établir. Et je sais que je peux vous faire entière confiance pour en assumer la charge, en toute objectivité", a-t-il ajouté. § Le président de l'UMP a estimé que Michèle Alliot-Marie jouerait "un rôle important" dans sa campagne pour l'élection présidentielle, et laissé ainsi entendre que la ministre de la défense renonçait à se présenter. § N icolas Sarkozy a déclaré, vendredi 12 janvier, que Michèle Alliot-Marie jouerait "un rôle important" dans sa campagne pour l'élection présidentielle, et laissé ainsi entendre que la ministre de la défense renonçait à se présenter. Le président de l'UMP s'exprimait à l'issue d'un entretien de trois quarts d'heure avec la ministre de la défense au siège de l'UMP, quelques heures avant une intervention de Michèle Alliot-Marie sur France 2. "Ça c'est très bien passé. J'ai été heureux de la recevoir, a-t-il déclaré à des journalistes. Les choses se mettent en place naturellement." La ministre de la défense a quitté le siège de l'UMP sans faire de commentaires. Michèle Alliot-Marie a renoncé à solliciter l'investiture de l'UMP, pratiquement acquise depuis des mois à Nicolas Sarkozy. Elle laissait cependant planer encore un doute sur une éventuelle candidature hors du parti. Elle devrait, selon toute probabilité, dire vendredi soir sur France 2 qu'elle y renonce également. Avant de prendre sa décision, Michèle Alliot-Marie a consulté les membres de son association Le Chêne et des parlementaires qui lui sont proches, dont Jean-Michel Dubernard, François Cornut-Gentille et Marie-Anne Montchamp. La ministre de la défense avait annoncé, lundi, qu'elle participerait au congrès de l'UMP, dimanche à Paris, et prendrait part au vote qui doit désigner Nicolas Sarkozy seul candidat du parti. Elle pourrait aussi y prendre la parole. § Vendredi, la candidate socialiste a assuré que, si elle est élue, "il n'y aura pas de fiscalité nouvelle qui décourage le travail ou l'effort". Des déclarations en contradiction avec les prises de position de M. Hollande. § L ors de la présentation de ses vux au conseil régional de Poitou-Charentes, vendredi 12 janvier, Ségolène Royal a assuré que, si elle est élue,"il n'y aura pas de fiscalité nouvelle qui décourage le travail ou l'effort". "Il faudra rééquilibrer la fiscalité, l'alléger sur le travail et peut-être la renforcer sur le capital si l'on veut résorber les déficits. Mais cela se fera sans augmentation des prélèvements obligatoires", a-t-elle dit. La candidate a rappelé qu'elle avait "mandaté un certain nombre de spécialistes pour mettre à plat (ces questions de déficit et de fiscalité) et voir les pistes envisageables". Ces déclarations semblent en contradiction avec les récentes prises de position de François Hollande. Le premier secrétaire du PS a relancé le débat sur la fiscalité en se prononçant pour des hausses d'impôts pour les contribuables touchant un salaire net de plus de 4 000 euros par mois. "Si nous avons la confiance des Français, nous remettrons en cause les baisses d'impôts sur le revenu et sur les grandes fortunes qui ont été accordées aux plus privilégiés", a-t-il affirmé mercredi soir. Jeudi, dans Le Parisien, il a précisé qu'il visait les "contribuables qui sont dans les deux plus hautes tranches de l'impôt sur le revenu", et qu'il s'agissait "d'une remise en cause des baisses d'impôts sur les plus hauts revenus proposées par la réforme Villepin pour 2007". DES CHIFFRES CONTESTÉS PAR M. COPÉ "Cela ne concerne que les contribuables qui ont un salaire de plus de 4 000 euros net, soit 5 000 euros brut", a-t-il déclaré. Selon lui, "200 000 contribuables sont concernés". Ce chiffre a été contesté aussitôt par le ministre du budget, Jean-François Copé. En réalité ce sont "1,2 million de foyers fiscaux qui seront concernés", a indiqué M. Copé, précisant que c'était le nombre de foyers "dans lesquels un des conjoints gagne au moins 4 000 euros net par mois". Selon le Syndicat national unifié des impôts, le nombre de foyers fiscaux concernés par la proposition Hollande se situerait plutôt entre 300 000 et 450 000. La candidate socialiste n'a pas commenté les déclarations de François Hollande, estimant que "tout le monde a la légitimité de s'exprimer. Tous les responsables politiques ont la légitimité pour faire des propositions, donner leur point de vue". Mais, interrogé sur le rôle du premier secrétaire du Parti socialiste, elle a estimé que François Hollande "a tout son rôle" dans la campagne, mais qu'elle "veut rassembler les compétences au sein du PS et au-delà". Mme Royal a chargé trois parlementaires, dont Dominique Strauss-Kahn, de se pencher sur la question fiscale. § Malgré les appels lancés par Bruno Mégret et Marine Le Pen, le président du Mouvement pour la France a assuré qu'il ne retirerait pas sa candidature au profit de Jean-Marie Le Pen. § P hilippe de Villiers fera cavalier seul. Malgré les appels lancés par Bruno Mégret et Marine Le Pen, le président du Mouvement pour la France (MPF) a assuré qu'il ne retirerait pas sa candidature au profit de Jean-Marie Le Pen. Son porte-parole, Guillaume Peltier, lui-même ancien du Front national de la jeunesse, a exclu, vendredi 11 janvier, tout "accord avec le trio Le Pen-Mégret-Dieudonné qui appartient au passé". "Jean-Marie Le Pen, par ses jeux de mots douteux, son refus systématique de gouverner et ses amitiés malsaines comme Dieudonné, a caricaturé et décrédibilisé les idées patriotes", a déclaré M. Peltier dans un communiqué. Selon le MPF, "le FN est dans une impasse politique", alors que Philippe de Villiers serait "la seule alternative crédible à la gauche dangereuse de Ségolène Royal et la droite frileuse de Nicolas Sarkozy". Marine Le Pen avait appelé le candidat souverainiste à "se ranger derrière la candidature de Jean-Marie Le Pen et (à) faire une grande union patriotique". Elle a précisé que son appel s'adressait également aux "chevènementistes" et aux amis de Nicolas Dupont-Aignan, candidat hors UMP se réclamant de l'héritage gaulliste. "Philippe de Villiers dit exactement la même chose que le FN à peu de choses près", a-t-elle ajouté, "il y a notamment le refus de l'Europe, c'est le camp du 'non' au référendum sur la Constitution européenne de 2005." "Ces gens-là, aujourd'hui, sont orphelins. Le seul grand candidat incarnant leurs idées, c'est Jean-Marie Le Pen", a-t-elle encore lancé. Marine Le Pen a souligné que Philippe de Villiers, candidat du MPF, plafonnait "à 2 % dans les sondages" et que "la seule chance pour lui de voir appliquer ses idées" était de rejoindre l'union patriotique. § Nicolas Sarkozy a présenté, jeudi 11 janvier, son dernier bilan comme ministre de l'intérieur, qui sera aussi celui du quinquennat en matière de sécurité. § § Comment Jacques Chirac, parti de si bas en 1995, a-t-il pu, in extremis, l'emporter sur Edouard Balladur, le favori des sondages ? § C 'est l'obsession du candidat de l'UMP. Comment Jacques Chirac, parti de si bas en 1995, a-t-il pu, in extremis, l'emporter sur Edouard Balladur, le favori des sondages ? Pour Nicolas Sarkozy, premier lieutenant de l'ancien premier ministre, la réponse tient peut-être à la qualité des hommes et à leur organisation. Une équipe mobile, des conseillers peu nombreux mais réactifs, des porte-parole incisifs, et des poids lourds (Philippe Séguin, Alain Madelin, Alain Juppé) couvrant tout le champ de la droite, des libéraux aux gaullistes. Le président de l'UMP est à la recherche de cette martingale gagnante. Lassé, peut-être, de tenter de couvrir à lui seul tout le spectre idéologique de son camp, il a récemment demandé à son conseiller politique, François Fillon : "Tu devrais jouer pour moi le rôle de Séguin vis-à-vis de Chirac." "J'espère que cela se terminera mieux que pour lui", a rétorqué le sénateur de la Sarthe en référence à la disgrâce qui frappa ensuite l'actuel président de la Cour des comptes. QUITTER LES BEAUX QUARTIERS Les preuves de cette obsession abondent. Nicolas Sarkozy s'est ainsi attaché les services de Jean-Michel Goudard, fondateur de l'agence RSCG, aujourd'hui à la retraite. L'ancien publicitaire fut, lui aussi, partie prenante de la victoire chiraquienne de 1995. Nicolas Sarkozy l'a chargé de la stratégie et du rythme de sa campagne. A la recherche d'accents plus sociaux, le président de l'UMP a également fait appel à Henri Guaino, un des inspirateurs du concept de "fracture sociale", cher au Chirac de 1995. Sa mission : gommer les aspects les plus ouvertement libéraux des discours de précampagne du candidat. Le choix d'un siège de campagne dans un quartier populaire - en l'occurrence le 10e arrondissement de Paris - est un emprunt direct au Chirac de 2002. Il y a cinq ans, l'actuel président de la République avait surpris en installant son quartier général rue du Faubourg-Saint-Martin avec l'intention de montrer qu'il n'était pas le candidat "prisonnier du château". Mais il avait attendu le 1er mars pour y mettre officiellement les pieds. § A partir de dimanche 14 janvier, le 18, rue d'Enghien, à Paris, deviendra officiellement le siège de campagne du candidat de l'UMP. Son entourage, ses amis, ses "ralliés" ne pourront pas tous y occuper un bureau. Le ministre de l'intérieur tente de ne fâcher personne. § "T u as un bureau rue d'Enghien ?" C'est la question qui ouvre désormais les conversations entre les collaborateurs, proches, fidèles ou courtisans de Nicolas Sarkozy. Avoir quelques mètres carrés à soi au numéro 18 de cette rue étroite du 10e arrondissement de Paris, où Nicolas Sarkozy installera son siège de campagne le 15 janvier, au lendemain de son élection par les adhérents de l'UMP, ça vous pose un homme. Ou une femme. Mais il y aura peu d'élus dans ce saint des saints, dominé par les figures du directeur de campagne, Claude Guéant, et de l'épouse du candidat, Cécilia. Les anciens locaux du quotidien populaire d'avant-guerre, Le Petit Parisien et du couturier visionnaire, Paco Rabanne, ont beau s'étaler sur 1 000 mètres carrés, les places y sont chères. Question d'espace et de finances. Les permanents seront directement rémunérés par le compte de campagne du candidat, d'autres, en provenance de l'UMP, verront leurs émoluments partagés entre le parti et le compte de campagne. Une bonne raison de limiter l'accès au QG. Conscient des frustrations et des rancoeurs suscitées par cette situation, M. Sarkozy s'efforce de ménager les susceptibilités. A cette fin, François Fillon devrait animer une sorte de comité politique. Une manière de permettre aux élus, notamment ceux qui ont planché sur le programme de l'UMP, de respirer, ne serait-ce qu'une fois par semaine, l'air vivifiant du 10e arrondissement. Le candidat prend également soin d'en rassurer quelques-uns. Déjà flanqué de quatre porte-parole (Rachida Dati et le ministre de la santé, Xavier Bertrand, pour le candidat, Luc Chatel et Valérie Pecresse pour le président de l'UMP), le ministre de l'intérieur a appelé lui-même la députée UMP de Meurthe-et-Moselle Nadine Morano pour la rassurer sur son rôle : "Je veux que tu portes ma parole...", lui a-t-il demandé. L'INDISPENSABLE APPUI DU PARTI "Nicolas ne veut se fâcher avec personne, décrypte Patrick Devedjian. Il est prêt à doubler, voire à tripler tous les postes. Il en faudra pour tout le monde." Le candidat plaide la nécessité de l'ouverture : "Si j'ai pu résister aux épreuves, c'est que je n'ai cessé d'élargir. La réaction normale, quand on est attaqué, c'est de se replier sur le petit carré affectueux de ses fidèles pour se protéger ; moi, j'ai fait le contraire." Les vieux routiers des campagnes feignent, eux, l'indifférence pour ces batailles d'ego. "En 2002, se souvient M. Devedjian, j'avais un bureau au siège de campagne de Chirac. Je n'y ai pas mis les pieds. L'important n'est pas le lieu mais la relation avec Nicolas." Jean-Pierre Raffarin, deux fois vainqueur avec Jacques Chirac, renchérit : "Ce qui compte, c'est d'avoir le portable de Sarkozy." L'UMP sera l'autre grand pôle de cette campagne. Soucieux de prendre ses distances avec son parti pour s'afficher en homme libre, M. Sarkozy ne peut, toutefois, pas passer par pertes et profits son soutien "politique, juridique et financier", le professionnalisme de sa centaine de permanents et l'enthousiasme de ses 330 000 militants. De la campagne de 1995, qu'il a menée au côté d'Edouard Balladur, le ministre de l'intérieur a retenu une leçon : l'appui d'un parti est indispensable. Frédéric Lefebvre, conseiller parlementaire de M. Sarkozy, qui militait pour une forte interaction entre le parti et le QG de campagne, a été invité à s'installer rue La Boétie. Une rétrogradation ? "C'est un technicien qui a l'oreille des politiques, explique le député Dominique Paillé. Construire une campagne sans lui serait une erreur." Reste le ministère de l'intérieur, où M. Sarkozy compte bien passer encore quelques semaines, avec Laurent Solly, son chef de cabinet, qui assurera la liaison avec l'UMP et le QG. Il reste entouré de ses deux ministres délégués, Brice Hortefeux et Christian Estrosi, qui devraient, eux, assurer leur mission jusqu'à son terme. La première difficulté consistera à mettre du liant entre ces différentes structures et à assurer la fluidité des hommes. A chacun sa méthode. Franck Louvrier s'est acheté une moto pour faire les allers et retours entre la place Beauvau et la rue d'Enghien, réputée "ingarable". D'autres consultent les plans de métro. Roger Karoutchi, chargé de l'animation, a fait ses comptes. "Entre l'UMP, métro Miromesnil, et le QG, métro Bonne-Nouvelle, il y a six stations. Et c'est direct par la 9." § En affirmant qu'il ne souhaite pas que "tous les étrangers en situation régulière" puissent disposer du droit au logement opposable, le ministre de l'intérieur a ouvert un débat qui pourrait embarasser Matignon. § L e président de l'UMP a choisi, jeudi 11 janvier, à l'occasion d'une conférence de presse bilan sur son action au ministère de l'intérieur, d'ouvrir un débat sur les droits des étrangers en situation régulière. A l'occasion de la prochaine discussion du projet de loi sur le droit au logement opposable, Nicolas Sarkozy a estimé que s'"il va de soi que les sans-papiers ne doivent pas y avoir accès", il a ajouté : "Je ne souhaite pas non plus que tous les étrangers en situation régulière y aient droit." Une heure plus tard, le député (UMP, Vaucluse) Thierry Mariani indiquait, par communiqué, qu'il déposerait un amendement pour réserver les nouvelles dispositions sur le droit au logement opposable "aux étrangers parfaitement intégrés qui ont obtenu une carte de résident de dix ans". Le député, proche de M. Sarkozy, estime que "c'est une mesure de bon sens". "Quand on n'a pas de papiers, ou quand on a seulement une carte de séjour temporaire d'un an, on n'a pas à bénéficier d'un logement social aux frais du contribuable." La loi sur le droit au logement opposable prévoit, d'ici à 2008, un hébergement pour les 20 000 SDF et, à partir de 2012, une procédure de recours pour les 100 000 mal-logés. Le candidat à l'élection présidentielle a évoqué d'autres pistes de traitement différencié des immigrés en situation régulière. Il a ainsi appelé à ne "pas différer indéfiniment la réforme de l'aide médicale d'Etat" (AME) - laquelle doit être réservée pour lui aux "étrangers vraiment nécessiteux". Plus généralement, le candidat à la présidentielle a estimé : "On ne doit pas immigrer en France pour bénéficier d'aides sociales. Notre pays n'a pas vocation à être un guichet social universel !" Sans faire, comme le Front national avec la "préférence nationale", une distinction entre Français et immigrés, le président de l'UMP introduit un critère de pleine intégration pour les étrangers. Matignon est embarrassé par cette nouvelle initiative de M. Sarkozy. Sans dénier aux députés leur prérogative d'amendement, l'entourage de Dominique de Villepin indique que le Conseil d'Etat, saisi du projet de loi, a admis que seuls les étrangers en situation régulière puissent bénéficier du nouveau droit. Pour les Français, comme pour les étrangers en situation régulière, la seule restriction prévue est "l'obligation de résidence dans la même commune depuis au moins un an". A charge aux textes d'application de préciser cette notion de résidence pour des populations pas ou mal logées. Aller plus loin poserait un problème juridique. Pour le Conseil constitutionnel, la seule distinction qui puisse être faite est celle de la régularité du séjour. En dehors de cela, "il appartient au législateur de respecter les libertés et droits fondamentaux de valeur constitutionnelle reconnus à tous ceux qui résident sur le territoire de la République", comme il l'a précisé dans sa décision du 13 août 1993. "Les étrangers jouissent des droits à la protection sociale, dès lors qu'ils résident de manière stable et régulière sur le territoire français", avait-il ajouté dans cette décision où il posait les grands principes s'imposant au législateur lorsqu'il prend des dispositions à l'égard des étrangers. § Désormais, grâce au député socialiste, René Dosière, on connaît le "vrai budget" de l'Elysée. § R égulièrement, depuis 2002, les lecteurs du Monde auront été informés des avancées du travail entrepris par un député socialiste, René Dosière, pour soulever la chape de mystère protégeant le budget de l'Elysée. En effet, dans ce pays où les "Combien ça coûte ?" sont assurés d'aviver toutes les curiosités, le fonctionnement de sa principale institution politique continuait, jusqu'à un passé récent, à échapper à tout contrôle. Chaque année, au moment où la dotation budgétaire de l'Elysée était votée par le Parlement, la seule loi qui valait était celle du "Circulez, il n'y a rien à voir !". Et c'est presque par effraction que le député de l'Aisne parvint pour la première fois, le 9 octobre 2001, à évoquer la "sous-évaluation systématique" des crédits inscrits en loi de finances au bénéfice de la présidence de la République. Nous sommes encore en période de cohabitation : Jacques Chirac à l'Elysée, Lionel Jospin à Matignon. Pas question d'envenimer des relations déjà assez tendues. Aussi, lorsque M. Dosière avertit les responsables de son groupe de son intention de poser une question écrite au gouvernement, lui est-il sèchement répondu : "Pas d'accord." Il devra donc ruser. En cette rentrée parlementaire de 2001, il obtient dix minutes de temps de parole à l'occasion du débat sur la "loi de règlement". Tout le monde s'attend à ce qu'il les consacre à la fiscalité locale, sa spécialité. Après avoir expédié en quelques phrases les finances des collectivités territoriales, il aborde alors l'"opacité" qui entoure celles de la présidence de la République. "Au fur et à mesure que j'avance dans mon propos, raconte M. Dosière, je vois, face à moi, Florence Parly (secrétaire d'Etat au budget) se tourner, décontenancée, vers ses collaborateurs puis se réfugier dans ses notes. Assis non loin d'elle, le président de la commission des finances et député des Landes, Henri Emmanuelli, paraît occupé à autre chose... Quant au rapporteur général du budget et député socialiste de l'Isère, Didier Migaud, il regarde ses chaussures." "Ce jour-là, j'ai vraiment eu le sentiment de briser un tabou", confesse-t-il. Il n'obtiendra cependant aucune réponse à cette première incursion en terrain miné. Mais là où la quasi-totalité des élus seraient rentrés dans le rang sans demander leur reste, le député de l'Aisne va, au contraire, continuer opiniâtrement à solliciter des éclaircissements sur la réalité du budget élyséen. Un travail de fourmi, qui aura nécessité pas moins de 95 questions écrites, adressées à 13 ministères différents, relayées d'année en année, lors des discussions budgétaires, par des interventions et la défense d'amendements en séance. Désormais, grâce à ce "parlementarisme d'investigation", on connaît le "vrai budget" de l'Elysée. Un budget qui, durant les douze années de présidence de Jacques Chirac, aura crû de 798 %. Encore le rythme d'augmentation annuelle aura-t-il enregistré un net fléchissement à partir de 2004, après que les premières interventions de M. Dosière eurent obtenu un certain écho dans la presse. Surtout, au-delà des chiffres officiels et en dépit de quelques zones d'ombre persistantes, commence-t-on à avoir une idée précise de la réalité des dépenses. Pour parvenir à ce résultat, M. Dosière aura simplement fait son travail de parlementaire, sans être épargné par les opprobres ou les sarcasmes de ses collègues. La mission du Parlement ne consiste-t-elle pas, en sus du travail législatif proprement dit, à exercer son activité de contrôle, en particulier sur l'usage des fonds publics ? Le plus surprenant, au fond, n'est pas qu'il ait usé de ses prérogatives de député, mais qu'il ne se trouve pas plus d'élus pour en faire autant. La ténacité du député socialiste de l'Aisne n'aura pourtant guère été payée de retour, puisque, à ce jour, M. Dosière n'a pas été réinvesti par son parti pour les prochaines élections législatives. De quoi décourager plus d'une volonté. L'ARGENT CACHÉ DE L'ELYSÉE de René Dosière. Seuil, 178 p., 17 . § Lors d'une rencontre organisée par "Le Monde", les secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT ont débattu du sens de la réforme. § L ogement, emploi, jeunes, le président de la République et le premier ministre multiplient les annonces. Que vous inspirent-elles ? Bernard Thibault : Les promesses de la "dernière heure" ne peuvent effacer le bilan des cinq dernières années. Si les plus aisés n'ont vraiment pas à se plaindre, les salariés, eux, ont souffert de la dégradation de l'emploi, de l'explosion de la précarité, de l'érosion des salaires en période d'augmentation vertigineuse des prix, notamment du logement et des transports. Quant aux jeunes, ce serait leur faire injure d'imaginer que des promesses électorales du type des aides à la formation évoquées puissent leur faire oublier que la seule proposition concrète de cette majorité vis-à-vis d'eux a été le contrat première embauche (CPE). François Chérèque : Voilà en effet des annonces qui viennent bien tard sur des sujets qui ne datent pas d'aujourd'hui ! Cela jette forcément le trouble sur la valeur et la sincérité de ces promesses. Le premier ministre a réuni une conférence des revenus il y a moins d'un mois. La CFDT a posé la question du logement, en particulier de l'accès au logement des travailleurs pauvres. Nous n'avons pas reçu de réponses à la hauteur des urgences. Et une action bien médiatisée permet d'arracher ce que les associations et les syndicats demandent depuis des années ! Est-ce cela la méthode du gouvernement pour construire un nouveau contrat social ? Comment jugez-vous la façon dont le débat électoral s'est engagé ? B. T. : On ne craint plus rien, on est rodé. F. C. : Pour le moment, comparé à 2002, on parle plus de social, en bien ou en mal. Je souhaite une confrontation forte sur ce sujet. Par contre, la question de la place de la France dans l'Europe et celle de l'Europe dans le monde échappent complètement au débat, si ce n'est pour redire que nos difficultés viennent de l'Europe. B. T. : Nous n'attendons pas des responsables politiques qu'ils se transforment en super-syndicalistes. Mais qu'ils défendent leurs conceptions sur les rapports qu'ils entretiennent avec le pouvoir économique et sur la place que les salariés devraient occuper. J'aimerais aussi qu'un dixième du temps d'antenne consacré aux problèmes de sécurité soit consacré à la lutte contre l'insécurité sociale. Le patronat a lancé une série de discussions sur plusieurs thèmes parmi lesquels le contrat de travail. Selon vous, M. Thibault, la CFDT se trompe-t-elle en acceptant ce cadre de débat ? B. T. : C'est une divergence avec François Chérèque : nous sommes très sceptiques sur les négociations que nous pourrions avoir avec le patronat pour débloquer cette situation. Nous avons des appréciations différentes. Alors qu'il faut obtenir de vraies négociations, on en est pour l'instant à des groupes de travail qui n'engagent pas à grand-chose. Certes, il est courant que, dans un contexte préélectoral, les organisations patronales s'efforcent de montrer qu'une certaine forme de dialogue social existe, pour convaincre les responsables politiques qu'il faudrait s'en remettre exclusivement à la négociation entre partenaires. Il y a un double langage du patronat. F. C. : On ne peut refuser cette discussion sous prétexte qu'il ne s'agirait pas tout de suite d'une vraie négociation. Si le Medef nous disait "on ouvre une négociation sur le contrat de travail", je ne vois pas beaucoup de syndicats qui iraient négocier la fleur au fusil. A un moment, on doit choisir : on y va ou on n'y va pas. B. T. : Laisser entendre que l'on est disposé à négocier sur les contrats de travail dans les termes choisis par le Medef, c'est prendre des risques. C'est accepter l'hypothèse selon laquelle une partie des causes structurelles du chômage et de la précarité dans l'emploi tiendrait aux rigidités du contrat de travail actuel. Le Medef dit que les salariés doivent accepter de nouvelles flexibilités. Nous n'avons pas le même diagnostic que la CFDT sur ce qui est acceptable à un moment donné. F. C. : Ce n'est pas parce qu'on entre dans une démarche de diagnostic commun que l'on est d'accord pour organiser de nouvelles flexibilités. Au contraire. Il y a des mutations qu'il faut anticiper ou accompagner : le passage de la formation au travail, les changements d'entreprise choisis ou subis, les problèmes de santé et le départ à la retraite. Pour cela, nous acceptons le débat avec le Medef sur la sécurisation des parcours professionnels. La CGT signe peu d'accords au niveau national, à la différence de la CFDT. Pourquoi ? B. T. : Nous tenons à notre autonomie de jugement pour apprécier les résultats d'une négociation. Si l'objectif était systématiquement de signer un accord, l'indépendance de l'organisation serait remise en cause. F. C. : Ne pas aller au bout d'une négociation est un échec. Pas parce qu'on ne s'est pas mis d'accord avec les patrons, mais parce que l'on n'a rien obtenu pour les salariés. Nos militants sont pour les accords majoritaires, parce qu'ils en ont assez qu'on les laisse signer seuls. Ils sont critiqués alors que l'accord profite à tous les salariés. Ce principe obligera à construire des majorités d'engagement. Et il faudra toujours plusieurs syndicats pour conclure un accord. B. T. : Il faut que les différences d'appréciation entre syndicats, qui sont normales, soient arbitrées par des procédures démocratiques. Je ne vois pas pourquoi le syndicalisme devrait avoir peur de cela. Le principe de l'accord majoritaire n'exclut pas le droit des minorités à défendre leur cause. 1 | 2 | suivant (fl-rg.gif) Propos recueillis par Rémi Barroux, Michel Delberghe et Caroline Monnot Article paru dans l'édition du 13.01.07. Offre Elections 2007 : Le Monde à -50% Lisez l'article sur une seule page François Chérèque et Bernard Thibault, secrétaires généraux de la CFDT et de la CGT, appellent le Parlement à légiférer pour réformer la représentativité syndicale, le 4 décembre 2006. | AFP/DAMIEN MEYER Entretien L'utilité des syndicats vue par MM. Thibault et Chérèque EN UNE EN CE MOMENT Les chefs de guerre somaliens acceptent de désarmer Washington accuse le Pakistan d'être l'épicentre du réseau Al-Qaida Selon Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie participera à sa campagne Trésors exotiques dans toute la France ET AUSSI La collecte de l'impôt de solidarité sur la fortune devrait de nouveau progresser de 20 % en 2006. | AFP Panorama Impôt... sture Les chanteurs (de g. à d.) : Raphaël, Alain Bashung, Jean-Louis Aubert, Cali et Richard Kolinka lors de la conférence de presse de présentation de le tournée des Aventuriers d'un autre monde à Paris, le 12 décembre 2006. | AFP/PIERRE VERDY Compte rendu Bashung, Raphaël, Aubert et compagnie ensemble sur la route et sur la scène Une circulaire réformant et renforçant l'enseignement des mathématiques à l'école primaire sortira au mois de mars, a annoncé mardi 9 janvier le ministère de l'éducation nationale. Selon l'avant-projet de circulaire, "la pratique du calcul mental doit être renforcée". | AFP/MYCHELE DANIAU Dossier Ecole : l'inégalité des chances ? PRÉSIDENTIELLE 2007 Selon Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie participera à sa campagne Ségolène Royal minimise les hausses d'impôts promises par François Hollande Philippe de Villiers rejette l'union de la droite extrême proposée par Marine Le Pen Dernier bilan de Nicolas Sarkozy à l'intérieur LES DÉPÊCHES La victime de l'incendie du bus à Marseille se rétablit Reuters 18h42 Le milliardaire russe Prokhorov déféré un juge à Lyon Reuters 18h41 Le Russe Prokhorov déféré devant un juge d'instruction à Lyon Reuters 18h21 Record de visiteurs pour la Tour Eiffel en 2006 Reuters 18h13 § Ségolène Royal vient de rappeler sèchement à l'ordre François Hollande en confiant une mission sur la fiscalité à... Dominique Strauss-Kahn. § L e couple Royal-Hollande traverse une sérieuse crise de leadership. Ségolène Royal vient de rappeler sèchement à l'ordre François Hollande en confiant une mission sur la fiscalité à... Dominique Strauss-Kahn. L'ancien ministre, épaulé par le député fabiusien Didier Migaud et le sénateur François Marc, a reçu pour instruction, jeudi 11 janvier, d'"établir un diagnostic et des propositions sur l'efficacité de la dépense publique" et "sur les réformes du système de prélèvements favorables à l'emploi, au pouvoir d'achat, à la justice sociale, à l'efficacité économique et à l'innovation". Les propositions, précise la lettre de mission, "nourriront le programme présidentiel". Le codicille précisant que cette tâche sera menée dans le "respect" des objectifs du projet socialiste "rappelés par le premier secrétaire, François Hollande", ne trompe personne. L'appel à DSK constitue bien, d'abord, une gifle au chef du parti, accusé par l'entourage de la candidate socialiste à l'élection présidentielle de prendre un peu trop de libertés. Depuis des semaines, M. Hollande multiplie en effet les déclarations sur le programme économique et fiscal que la gauche appliquerait en cas de victoire - au grand dam de sa compagne qui ne s'est pas encore prononcée sur le sujet. Le 19 décembre 2006, dans Le Monde, le premier secrétaire du PS annonçait "clairement" : "Il n'y aura pas de baisse des prélèvements obligatoires." L'entourage de la candidate, dont son directeur de campagne, Jean-Louis Bianco, était alors publiquement monté au créneau pour relativiser ces propos et assurer que l'idée d'une CSG-retraites n'était "pas inscrite" dans le projet. Mais jeudi, M. Hollande est revenu à la charge en évoquant, dans Le Parisien, une hausse des impôts pour les salaires supérieurs à 4 000 euros nets par mois - soit 200 000 contribuables concernés, selon sa propre évaluation, aussitôt contestée par le ministre délégué au budget, Jean-François Copé, qui estime à 1,2 million le nombre de personnes visées. Or, Mme Royal a, cette fois encore, découvert au dernier moment l'entretien. "ATTITUDE SUICIDAIRE" Son irritation a été d'autant plus vive que le 7 janvier, dans le même quotidien, alors qu'elle se trouvait en Chine, M. Hollande avait assuré : "J'engage le Parti socialiste et j'indique la politique qui sera menée par la prochaine majorité parlementaire si la gauche gagne les prochaines élections." Jeudi, il a quelque peu atténué ces propos en indiquant "je parle en tant que premier secrétaire", mais sans apaiser les tensions. "François n'a pas digéré l'investiture de Ségolène, son attitude est suicidaire", dénonce un proche de la candidate. Désireuse de montrer qu'elle est la vraie patronne de la campagne, Mme Royal a pris elle-même la décision de faire appel à DSK, peu suspect de vouloir augmenter les prélèvements obligatoires. Par la même occasion, la candidate ne se contente pas de poser un acte d'autorité par rapport au premier secrétaire ; elle fait enfin un geste de conciliation avec un de ses anciens rivaux à la candidature. Depuis son investiture, Mme Royal n'avait jamais repris contact avec Dominique Strauss-Kahn ou Laurent Fabius, transformant ainsi une partie du PS en spectateur de la campagne. Des études qualitatives internes montrant "un rejet des éléphants", Mme Royal n'était pas pressée de s'afficher avec eux. "Ne me faites pas faire une campagne traditionnelle", n'a-t-elle cessé de répéter à son équipe. Sa stratégie vise désormais en priorité à "isoler" un peu plus le premier secrétaire. § A la veille du Congrès de l'UMP qui doit voir Nicolas Sarkozy investi comme candidat du parti pour la présidentielle, le président du mouvement Debout la République, lui-même candidat à la mandature suprême, claque la porte du parti. § A la veille de la désignation de Nicolas Sarkozy comme candidat de l'UMP pour la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan a décidé de quitter le parti. Lui-même candidat à l'élection présidentielle, le président de Debout la République, mouvement associé à l'UMP, a évoqué, samedi, sur TF1, "un désaccord sur le fond" pour justifier sa décision. Le député de l'Essonne reproche notamment à Nicolas Sarkozy d'avoir muselé le débat au sein du parti. "On ne peut plus s'exprimer", a-t-il encore martelé samedi, rappelant que le patron de l'UMP lui avait refusé l'autorisation de s'exprimer, dimanche, devant les militants UMP, à l'occasion du congrès du parti. Regrettant de n'avoir pas pu dire "aux militants pourquoi il était candidat, pourquoi il pensait qu'il y avait de vraies solutions pour les problèmes des Français et pourquoi il pensait que celles de Nicolas Sarkozy n'étaient pas les bonnes solutions comme d'ailleurs celles de Ségolène Royal", M. Dupont-Aingnan a assuré que "cela ne (l'empêcherait) en aucun cas d'aller jusqu'au bout". Le départ de M. Dupont-Aignan intervient alors que Nicolas Sarkozy continue à enregistrer des ralliements de dernière heure à sa candidature. Vendredi, Michèle Alliot-Marie a mis un terme aux incertitudes concernant son éventuelle candidature en apportant son soutien au ministre de l'intérieur. Avant elle, Alain Juppé,un autre proche du président de la République, avait fait la même démarche, mardi 9 janvier. Très critique à l'égard de Nicolas Sarkozy, Nicolas Cupont-Aignan avait rapidement dénoncé l'organisation des primaires au sein de l'UMP. "Nicolas Sarkozy cherche des figurants pour assister à son sacre. Personne n'est dupe de cette mise en scène", expliquait-il. § Les médias audiovisuels se défendent de l'accusation de "bipolarisation excessive" au profit du duo Sarkozy-Royal. § C 'est un véritable casse-tête", disent-ils en choeur. Avant chaque élection, les responsables des télévisions et des radios, s'arrachent les cheveux pour respecter les règles de temps de parole arrêtées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour les candidats à l'élection présidentielle. "Les règles, on les respecte, mais elles sont complexes", résume, agacée, Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2. En effet, la "recommandation" édictée par l'institution n'est pas des plus simples. Elle prévoit une période dite "préliminaire" qui, pour l'élection présidentielle, court du 1er décembre 2006 jusqu'à la veille de la publication de la liste des candidats établie par le Conseil constitutionnel, le 20 mars. Puis une période, dite "intermédiaire" allant de cette date jusqu'à la veille de l'ouverture de la campagne, le 8 avril. Durant la période préliminaire, le CSA compte comme candidat déclaré "toute personne ayant manifesté publiquement sa volonté de concourir à cette élection", volonté qui s'accompagne "d'actes de campagne significatifs attestant du sérieux de cette candidature". Est considéré comme candidat présumé "toute personne qui concentre autour d'elle des soutiens publics et significatifs à sa candidature". Entre candidats déclarés et candidats présumés, les chaînes doivent donc jongler avec le temps de parole et le temps d'antenne qui leur sont accordés. Le temps de parole comprend toutes les interventions d'un candidat ou de ses soutiens, alors que le temps d'antenne cumule le temps de parole et l'ensemble des éléments éditoriaux (magazines d'information, talk-shows, etc.) consacrés à un candidat et à ses soutiens. Pendant la période préliminaire, télévisions et radios doivent veiller "à une présentation et à un accès équitables à l'antenne des candidats déclarés ou présumés et de ceux qui les soutiennent". Ainsi, l'équité s'applique au temps d'antenne et au temps de parole pendant la période intermédiaire, alors que l'égalité est la règle pendant la période de campagne. Si l'égalité est facile à respecter pendant la période de campagne, il n'en va pas de même avec l'équité. Cette dernière se calcule en référence avec la représentation parlementaire. Un système qui permet au PCF (3,38 % en 2002) d'être mieux traité que le FN (16,91 % en 2002 au premier tour) grâce à ses 22 députés, alors que le FN n'en compte aucun. Ce principe d'équité est dénoncé par plusieurs candidats. François Bayrou, président de l'UDF, Marie-George Buffet, secrétaire générale du PCF, ou Corinne Lepage, présidente de Cap 21, ont réclamé davantage de temps d'antenne. Jeudi 11 janvier, le juge des référés du Conseil d'Etat a toutefois rejeté une requête déposée par la candidate écologiste, qui demandait à cette juridiction de suspendre la recommandation du CSA sur le temps de parole des différents candidats. De son côté, M. Bayrou a aussi dénoncé les "grandes puissances médiatiques", auxquelles il reproche de se focaliser sur Mme Royal et M. Sarkozy. Il accuse les médias, "détenus par de grands groupes industriels", de vouloir "orienter" les Français vers un "choix préfabriqué". Ce sentiment est confirmé par un sondage CSA à paraître dimanche dans Le Parisien selon lequel 82 % des Français estiment que les médias accordent plus de place à Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS) qu'aux autres candidats dans la couverture de la campagne présidentielle. François Bayrou affirme que, s'il est élu, il proposera des lois pour faire "respecter les principes démocratiques dans l'information". En attendant, M. Bayrou, qui s'est accroché à plusieurs reprises avec les dirigeants de TF1 sur ce sujet, diffuse sur son site Internet une vidéo montrant un vif échange entre lui et Claire Chazal lors du "20 heures" du 2 décembre 2006. Le CSA n'a pas été insensible à ces requêtes. Le 4 janvier, il a publié un communiqué soulignant que télévisions et radios couvraient la campagne présidentielle avec une "bipolarisation excessive au profit de deux candidats", à savoir Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Cette remarque, a précisé plus tard le CSA, visait essentiellement France 2 et M6 qui ont affiché, en décembre 2006, les mesures les plus déséquilibrées. TF1 fait office de bon élève, avec 46 %. Claire Chazal réfute d'ailleurs toute accusation de bipolarisation excessive dans les journaux de la Une. "TF1 n'a aucune ligne politique. Les faits s'imposent", argue la journaliste. "C'est quand même Ségolène Royal qui est allée en Chine ! C'est quand même Nicolas Sarkozy qui va être sacré dimanche candidat de l'UMP à l'élection présidentielle", rappelle-t-elle pour justifier la place accordée par sa chaîne à ces deux événements. Au CSA, on indique que la publication de ce communiqué avait pour but de ne pas réitérer les excès constatés en 2002 en faveur de Jacques Chirac et de Lionel Jospin. Par ailleurs, précise-t-on au CSA, télévisions et radios ont jusqu'au 19 mars pour rétablir l'équilibre. Les coups de gueule des petits candidats n'auront cependant pas été vains. La Chaîne parlementaire-Assemblée nationale, qui n'est pas assujettie au CSA, a signé le 2 janvier, une "convention de partenariat" avec le Conseil pour mesurer le temps de parole selon les recommandations de l'instance de régulation. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § A une semaine de la décision de Nicolas Hulot de se présenter ou non à la présidentielle, la tension est montée d'un cran chez les Verts. Mercredi 10 janvier, trois députés européens - Jean-Luc Bennahmias, Marianne Isler-Béguin et Marie-Hélène Aubert - ont lancé un appel sur le site www.citron-vert.info en faveur d'une candidature unique des écologistes incarnée par l'animateur de télévision. Le texte a été repris par Libération le lendemain. La direction des Verts a aussitôt réagi en "condamnant" l'initiative. Dans leur appel, les trois députés estiment que "tout doit être fait pour fédérer les écologistes autour d'une candidature et d'une dynamique communes" et pour que les deux candidates déclarées, Dominique Voynet et Corine Lepage, "ouvrent les discussions" avec M. Hulot. "A l'heure où Nicolas Hulot est crédité de plus de 10 % des intentions de vote et qu'une synergie entre les trois candidatures mettrait l'écologie sans doute au-delà, c'est-à-dire en mesure de peser réellement sur les choix politiques des gouvernements à venir, on laisserait passer cette chance ?", interrogent-ils. Cette prise de position avait été précédée la veille d'une déclaration d'Yves Cochet, député (Verts) de Paris, allant dans le même sens. "Si Nicolas Hulot décidait de se présenter, je vois mal comment les Verts pourraient continuer à faire une campagne isolée autour de 1 à 2 %", expliquait-il au Monde.fr. La candidate des Verts plafonne, en effet, depuis sa désignation par son parti, début décembre 2006, à 2 % dans les sondages. "DISCRÉDITER" Mme Voynet a tenté à plusieurs reprises de dissuader M. Hulot de se lancer dans la course. Lors de la présentation de ses voeux, mardi 9 janvier, la députée de Seine-Saint-Denis a de nouveau alerté l'animateur de télévision sur "le risque" qu'il pourrait y avoir à "contribuer à affaiblir la voix de ceux qui peuvent veiller au respect des engagements dans la durée, avec un groupe parlementaire". Prise de court par l'initiative de ses eurodéputés, la direction des Verts s'est réunie en urgence vendredi. Dans une déclaration, le collège exécutif "condamne celles et ceux qui, par leur expression publique ou par des interventions auprès d'autres candidats potentiels, tentent de discréditer notre candidate". Les dirigeants des Verts ne cachent pas leur agacement devant une "initiative isolée". "Il y en a qui oublient sur quelle étiquette ils ont été élus", assure le porte-parole Yann Wehrling. "C'est un épiphénomène. Nous avons reçu des centaines de messages de soutien des militants et tous les leaders font bloc derrière la seule candidate légitime, Dominique Voynet", renchérit Cécile Duflot, la secrétaire nationale. Mme Voynet continue, sans ciller, à affirmer qu'elle ne se retirera pas. "J'irai jusqu'au bout", insiste-t-elle depuis plusieurs jours. Corine Lepage refuse aussi d'envisager son ralliement. La présidente de Cap 21 a estimé, dans une tribune publiée par Libération, le 11 janvier, qu'elle voyait "mal comment quelqu'un qui n'a à son actif aucun combat, (...) qui a une fondation qui est quand même alimentée par des entreprises contre lesquelles les écologistes se battent quasiment au quotidien, peut représenter les écologistes". Nicolas Hulot laisse dire. Le présentateur a juste précisé, jeudi 11 janvier, qu'il annoncera sa décision le 22 janvier. § En marge de ses voeux dans sa région de Poitou-Charentes, vendredi 12 janvier, la candidate socialiste s'est de nouveau démarquée du premier secrétaire du PS. § L e déjeuner s'achève sur ces mots : "Je suis comme François Mitterrand, je suis respectueuse de la liberté d'opinion..." En marge de ses voeux adressés, vendredi 12 janvier, au personnel de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal a réglé de la sorte son différend sur la question fiscale avec le premier secrétaire du PS, François Hollande. "Tout le monde a le droit de s'exprimer, tous les responsables socialistes peuvent donner leur point de vue, a-t-elle expliqué. L'important, c'est de comprendre que la question fiscale est au service d'un projet national." Pour la candidate socialiste, qui a brossé un bilan positif de son action dans la région "sans augmenter les impôts", l'annonce d'une hausse de la fiscalité, même pour une tranche de revenus, n'est pas à l'ordre du jour. "Il faudra rééquilibrer la fiscalité, l'alléger sur le travail, et peut-être la renforcer sur le capital si l'on veut résorber les déficits, mais cela se fera sans augmentation des prélèvements obligatoires, dans une autre répartition", a-t-elle déclaré, en précisant qu'elle avait "mandaté un certain nombre de spécialistes" sur ces questions, dont Dominique Strauss-Kahn. "La priorité qui est la mienne, c'est la lutte contre les gaspillages, a souligné Mme Royal. Il n'y aura pas de fiscalité nouvelle qui serait interprétée comme un élément qui décourage le travail et l'effort." Fermez le ban. Au PS, le partage des rôles dans le couple Royal-Hollande suscite embarras et agacement. "La candidate a sa liberté, son rythme de campagne, sa stratégie et rien ne l'en fera dévier, assure François Rebsamen, codirecteur de campagne de Mme Royal et numéro deux du parti. Le premier secrétaire, lui, est le gardien vigilant du projet mais il ne faut pas aller plus loin que le projet." Pour certains, M. Hollande aurait commis une faute en citant le seuil de 4 000 euros nets par personne. "Il faudrait être un peu moins maladroit et que le bon sens l'emporte", a jugé Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône. Comme toujours, Jack Lang est intervenu pour jouer les forces d'interposition, en accusant dans un communiqué, "certains commentateurs d'inventer de toutes pièces une histoire à dormir debout". "François Hollande et Ségolène sont, l'un et l'autre, pleinement en harmonie pour affirmer que le taux des prélèvements obligatoires n'augmentera pas", assure-t-il. Vendredi, Mme Royal s'est réconfortée en dînant avec des militants dans une commune de sa circonscription, La Crèche. "Nous avons 100 jours pour convaincre, a-t-elle lancé. Dans une campagne, il y a des hauts et puis des creux. Chaque fois que j'aurai des creux, je reviendrai vers vous et vous me direz : Ségolène reste toi-même." C'est dans son fief de Melle (Deux-Sèvres), que Mme Royal a d'ailleurs prévu de passer la journée de dimanche qui verra Nicolas Sarkozy intronisé candidat de l'UMP. Son agenda précise que ce jour-là, elle rencontrera des pompiers et déjeunera "chez Etienne Gautreau, agriculteur", afin d'"échanger" sur la culture du chanvre pour développer l'éco-habitat. Avec des "vrais gens". § Le candidat de l'UMP sera officiellement désigné lors d'un congrès à Paris, dimanche 14 janvier. § C 'est d'abord l'histoire d'une bataille. Nicolas Sarkozy, qui sera désigné, dimanche 14 janvier, par les militants de l'UMP comme candidat du parti à l'élection présidentielle, est avant tout celui qui a triomphé de tous ses rivaux. Désormais, il n'en reste plus qu'un seul, Jacques Chirac. De la tribune du congrès, au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris, où sont attendus près de 50 000 militants, il pourra contempler les grands blessés de cette bataille venus assister à son triomphe. Et murmurer pour lui même sa phrase fétiche : "Je n'ai aucun mérite à avoir gagné, je n'ai jamais eu peur." "Ni chaouch ni collaborateur". Avril 2002, M. Chirac est en campagne et s'impatiente. M. Sarkozy, replié dans sa mairie de Neuilly (Hauts-de-Seine), fixe les conditions de son entrée en campagne. Il veut un programme. Il veut Matignon : "Je ne serai ni son chaouch ni son collaborateur." Mais c'est Jean-Pierre Raffarin qui est nommé premier ministre. M. Sarkozy, ministre de l'intérieur, change d'objectif. Sachant que les jours d'Alain Juppé à la tête de l'UMP, dont il a contesté la création, sont comptés, il vise sa succession. François Fillon s'agace : "On ne peut demander les clés de la maison après avoir combattu l'UMP." Mais comment résister à l'abattage du ministre de l'intérieur dont la cote grimpe déjà dans les sondages ? Début 2003, Renaud Dutreil entrevoit le danger : "Le président du parti, qui sera élu en 2004, prendra la clé du coffre-fort. Autant dire qu'il a toutes les chances d'être candidat en 2007." "C'est Dark Vador". Les chiraquiens assistent impuissants à la manoeuvre de M. Sarkozy. Pour le contrer, on tente la carte Hervé Gaymard. Trop tendre. On essaye M. Raffarin. D'autres chiraquiens se rebiffent : "Entre l'enfant adopté de Démocratie libérale et l'adolescent qui fait sa crise, je choisis le second", confie François Baroin. Le juppéiste Xavier Darcos ne peut cacher sa secrète admiration : "Sarkozy, c'est Dark Vador, la force est avec lui." Le ministre de l'intérieur se pique au jeu : "Pourquoi devrais-je refuser d'ouvrir une porte uniquement parce qu'on refuse que j'entre ?" Mais il reste prudent, conscient que l'heure de la confrontation avec M. Chirac n'a pas sonné : "Je ne me laisserai pas entraîner dans un combat de rue avec lui. Je monterai sur le ring quand je le déciderai." Michèle Alliot-Marie met en garde : "Les militants ne comprendraient pas qu'un parti aille contre le président." En pure perte. M. Raffarin entrevoit la possibilité d'un tandem avec son ministre de l'intérieur. M. Chirac le dissuade - "Il va te bouffer en trois mois" - et somme M. Sarkozy de choisir entre sa fonction et le parti. Il choisit le parti. En novembre 2004, il est élu. "Le portable sous l'oreiller". A 50 ans, il vient de triompher d'un coup de deux rivaux. M. Juppé, contraint de mettre sa carrière politique entre parenthèses après sa condamnation dans l'affaire des emplois fictifs de l'ancien RPR, et M. Raffarin, bientôt entraîné dans un gouffre d'impopularité. Sans reprendre son souffle, il vise alors M. Chirac : "Le temps des politiques à vie, c'est fini", lâche-t-il à son adresse. Jeune, professionnelle et dévouée, son équipe imprime le rythme de la guérilla qui s'engage avec l'Elysée. "Ils dorment avec le portable sous l'oreiller", s'agace Dominique Bussereau. Jean-François Copé joue les pythies : "Sarkozy va vite trouver ses limites. Il va s'essouffler. Il ne pourra pas vivre éternellement avec sa secte." "Je vis ma vie". La grande bataille est lancée. Eric Raoult, familier du président et du ministre, décrypte : "Sarkozy se grise de ses succès ; Chirac se dope à l'adversité." Le nouveau président de l'UMP se rassure : "Grâce au parti, je ne suis pas asphyxié par l'impopularité de Raffarin. Je ne suis pas responsable de ce qui se passe. Je vis ma vie." L'échec du référendum sur la Constitution européenne, en mai 2005, signe la disgrâce de M. Raffarin. Une nouvelle fois, M. Sarkozy entrevoit la possibilité d'entrer à Matignon. M. Fillon s'en va plaider auprès de M. Chirac : "Impossible, lui dit le président. Même si je lui demandais l'heure, il ne me la donnerait pas." Un autre rival s'avance : Dominique de Villepin. Patrick Ollier craint le pire : "Si Villepin est nommé à Matignon, la guerre commence ; dure et frontale et nous perdons 2007." "Mieux que Lazare". M. Villepin veut s'imposer à son adversaire. Les crises succèdent aux crises. Emeutes dans les banlieues, réforme du contrat première embauche, départ de Cécilia Sarkozy, affaire Clearstream : le soupçon règne entre la place Beauvau et la rue de Varenne. Espérant l'affaiblissement des deux rivaux, les chiraquiens s'accrochent à l'hypothèse d'un nouveau mandat du chef de l'Etat. M. Sarkozy, cinglant : "Chirac est un vieux monsieur qui ne sait pas encore qu'il ne se représentera pas. Mais les Français l'ont compris." En décembre 2005, M. Sarkozy verrouille le parti, imposant un vote des militants pour désigner le candidat de 2007. Jean-Louis Debré multiplie les Scud : "Plus Sarko accélérera, plus je le taperai. Ça ne change rien, mais cela fait du bien." Qu'importe, les ralliements se multiplient et Brice Hortefeux peut tirer l'épilogue de cette aventure : "Les chiraquiens avaient un impératif : empêcher Nicolas de prendre l'UMP. Ils ont été tellement balourds qu'ils n'y sont pas parvenus. Puis ils ont voulu torpiller le scrutin interne. Echec. Enfin, ils ont cru que la crise des banlieues serait son tombeau. Mais il a fait mieux que Lazare. Nicolas ne s'est pas seulement relevé, il a couru." § En présentant ses voeux vendredi lors d'un banquet républicain à La Crèche, la candidate socialiste n'a pas insisté sur le différend qui l'oppose à François Hollande sur la politique fiscale à suivre en cas de victoire en mai 2007. § S égolène Royal, candidate du PS à l'élection présidentielle, a déclaré vendredi soir à La Crèche qu'il lui restait "100 jours pour convaincre" et elle a appelé ses partisans "à se battre pour convaincre tous les Français". "Cent jours nous séparent du premier tour de l'élection présidentielle. Nous avons donc cent jours pour convaincre et moi pour rester moi-même. Et je compte sur vous", a déclaré la députée des Deux-Sèvres à 600 personnes de sa circonscription lors d'un banquet républicain pour présenter ses voeux. "Nous aurons à nous battre ensemble pour convaincre les Français, pour me permettre d'incarner ce changement profond, d'incarner une nouvelle France et lui dire qu'elle peut à nouveau avoir confiance en elle, qu'elle mérite mieux que ce qu'elle a", a ajouté la candidate fortement applaudie. Emue, elle a remercié ses partisans de leur soutien depuis son arrivée en 1998 dans les Deux-Sèvres. "Il y a 18 ans, vous m'avez accueillie. L'âge d'une maturité. C'est à cause de vous et grâce à vous que je me suis lancée dans cette aventure. J'ai tout appris en politique dans cette circonscription", a-t-elle expliqué avant de lancer dans un éclat de rire : "c'est bon de rentrer chez soi après avoir parcouru le vaste monde". Mme Royal est rentrée jeudi d'un voyage de quatre jours en Chine. "Et je compte sur vous pour rester moi-même, telle que vous m'avez faite. Dans une campagne, il y a des hauts et des creux. Quand j'aurai des creux, je reviendrai vers vous, vous me donnerez de l'énergie", a précisé la député. "Je ne veux pas perdre le contact avec vous. Et à travers vous, avec ceux qui ont envie de participer au nouveau destin du pays. Nous avons 100 jours pour y parvenir et nous y parviendrons", a conclu Ségolène Royal avant d'aller de table en table à la rencontre de ses partisans. § Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, affirme que "les jeunes ont plus peur de Sarkozy que de Le Pen". Il estime que le congrès d'intronisation du candidat UMP à la présidentielle "est le dernier volet en date d'une omniprésence médatique qui semble tenir lieu de stratégie au ministre de l'intérieur". § L e président du Front national, Jean-Marie Le Pen, affirme que "dans les cités" où "beaucoup ne supportent pas Sarkozy, on s'apprête massivement à voter pour moi", dans une interview au Parisien, dimanche 14 janvier."Les jeunes ont plus peur de Sarkozy que de Le Pen. Partout, je sens monter la colère", ajoute le président du FN, en comparant celle-ci au tsunami. "Sur les plages, les gens se baignaient et bronzaient. Pourtant au loin, la vague déferlante était déjà en route et allait tout emporter". Il estime que le congrès d'intronisation du candidat UMP à la présidentielle "est le dernier volet en date d'une omniprésence médatique qui semble tenir lieu de stratégie au ministre de l'intérieur". "A moins de soutenir que la publicité n'a aucune valeur, ce matraquage doit avoir, j'imagine, un certain effet", dit-il. M. Le Pen s'est est aussi pris à Jacques Chirac et à M. Sarkozy qui "soudain" ont découvert le "problème du logement" et qui "aussitôt font une loi : article 1 : la pauvreté est abolie. Article 2 : il est interdit d'être pauvre. Et personne n'ose prononcer le mot tabou d'immigration". M. Le Pen, qui croit possible une nouvelle candidature de Jacques Chirac à l'Elysée, "n'exclut pas" que le chef de l'Etat "dispose d'informations confidentielles" lui permettant d'envisager une aggravation de la situation internationale seule à même, selon lui, de justifier qu'il se lance à nouveau dans la compétition. "Ce qui pourrait la justifier, c'est une aggravation de la situation internationale. Quand je vois les Américains annoncer l'envoi de renforts en Irak - la manoeuvre vise l'Iran - je n'exclus pas que Chirac dispose d'informations confidentielles", ajoute Jean-Marie Le Pen. Le dirigeant d'extrême-droite se montre confiant pour l'obtention des 500 signatures d'élus locaux nécessaires à la présentation de sa candidature. "Je pense que j'aurai mes parrainages mais j'y aurai consacré le cinquième de mon budget global de campagne", indique-t-il. Interrogé sur l'enquête préliminaire ouverte à Paris pour établir la nature exacte des propos du négationniste Robert Faurisson à Téhéran, il répond que "dans le domaine de l'histoire et de la politique" il ne voit "aucune raison de limiter la liberté" de pensée et d'expression. § Le texte du discours de Nicolas Sarkozy, tel que diffusé avant son intervention au congrès de l'UMP, dimanche 14 janvier. § § Dimanche 14 janvier, Nicolas Sarkozy, lors de son premier discours de candidat investi par l'UMP, a précisé les orientations de sa campagne. § D imanche 14 janvier, Nicolas Sarkozy, lors de son premier discours de candidat investi par l'UMP, a précisé les orientations de sa campagne. "Valoriser le travail". Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur d'"un bouclier fiscal à 50%". "Je veux que l'Etat soit contraint de laisser à chacun la moitié de ce qu'il a gagné., a déclaré M. Sarkozy, qui a plaidé contre la "dévalorisation de la valeur travail".Il a prôné "l'exonération de charges sociales et d'impôt sur le revenu pour les heures supplémentaires". Il y a "ceux qui détestent le travail" et ceux "qui aiment le travail", a-t-il dit en fustigeant "les RTT qui ne servent à rien si on n'a pas de quoi payer des vacances à ses enfants". Pas de VIème République. "Je suis pour la stabilité de nos institutions", a expliqué le président de l'UMP, estimant que "notre démocratie n'a pas besoin d'une nouvelle révolution constitutionnelle. On change trop notre Constitution. Il faut arrêter de dire qu'elle est bonne et proposer tous les trimestres une nouvelle modification.", a-t-il raillé. Moins de fonctionnaires. "Je veux un Etat où les fonctionnaires seront moins nombreux mais mieux payés", a-t-il expliqué, estimant que "la fonction publique (doit cesser) d'être un refuge pour ceux qui ont peur de prendre des risques." Il a mis en avant une fonction publique "où le mérite individuel sera récompensé, (...) où l'infirmière pourra devenir médecin, où le technicien pourra devenir ingénieur, où l'agent administratif pourra devenir directeur". Une "démocratie irréprochable". Dans une pique adressée au président de la République, le candidat UMP a expliqué qu'il ne veut plus de nominations qui"se décident en fonction des connivences et des amitiés, mais en fonction des compétences.""Je ne transigerai pas", a-t-il clamé, dénonçant "le fait du prince", qui "n'est pas compatible avec la République irréprochable." Ne pas "ressusciter la Constitution européenne". Le président de l'UMP s'est déclaré dimanche partisan de l'adoption par la voie parlementaire d'un traité constitutionnel européen simplifié. Pour le ministre de l'Intérieur, le peuple français "a tranché" en disant "non" lors du référendum du 29 mai 2005. "L'urgence c'est de faire en sorte que l'Europe puisse fonctionner de nouveau en adoptant par la voie parlementaire un traité simplifié. L'urgence est celle d'une Europe qui joue le jeu de la subsidiarité, qui se dote d'un gouvernement économique", a-t-il ajouté. Le président de l'UMP s'est posé en défenseur d'une Europe "dans laquelle personne ne peut obliger un Etat à s'engager dans une politique à laquelle il est opposé, mais dans laquelle aussi personne ne peut empêcher les autres d'agir". Refuser l'entrée de la Turquie dans l'UE. "Tous les pays du monde n'ont pas vocation à intégrer l'Europe, à commencer par la Turquie", a-t-il dit sous les applaudissements de quelque 70 000 militants de l'UMP. "A s'élargir sans limite on prend le risque de détruire l'union politique européenne, je ne l'accepterai pas", a-t-il ajouté. Ne pas transiger sur les "valeurs de la France". "Je veux être le président d'une France qui ne transigera jamais sur son indépendance ni sur ses valeurs. Je veux rendre hommage à Jacques Chirac, qui a fait honneur à la France quand il s'est opposé à la guerre en Irak, qui était une faute", a déclaré le candidat UMP. Souvent accusé d'être pro-américain, M. Sarkozy a estimé que la France devait s'adresser aux Etats-Unis "comme un peuple libre à un autre peuple libre parce que nous nous comprenons et nous nous respectons". § La première partie du congrès de l'UMP a été consacrée à des interventions de personnalités du parti. § L a première partie du congrès de l'UMP a été consacrée à des interventions de personnalités du parti. "Ca y est, le grand jour est enfin arrivé. Comme vous, je bous d'impatience d'entrer dans cette campagne", s'est réjoui le ministre délégué au budget Jean-François Copé, expliquant son soutien à Nicolas Sarkozy dont il a loué l'"énergie" et la "détermination" et "le courage"."Les Français connaissent les qualités de Nicolas Sarkozy, ses compétences, sa capacité à réformer le pays, sa stature internationale, sa proximité, son courage", a aussi avancé Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux. Mais au cours de la matinée, nombreuses ont aussi été les attaques contre l'adversaire socialiste, Ségolène Royal. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, a raillé sa "prétendue démocratie participative", "refuge d'une absence d'action". "Pour gouverner, on ne peut se contenter d'être maître dans l'art de l'esquive", a estimé le chef de la diplomatie française. Le programme économique de la gauche a été la cible de toutes les critiques. Pour Thierry Breton, le ministre de l'économie et des finances, "les socialistes nous ont fait vivre à crédit" et "le programme de madame Royal, c'est 100 milliards d'euros de plus dans la dette garantis". François Fillon, conseiller politique de Nicolas Sarkozy, a accusé les socialistes de "de faire fuir les talents au bénéfice de nos concurrents" et "de vouloir paupériser la France." "Ce que vous donnera la feuille de paie, la feuille d'impôts vous le reprendra : voilà la tour de passe-passe socialiste", a-t-il ajouté. Certains participants ont également souligné la nécessité pour le parti de rester uni en vue de la victoire. "Les petits règlements de compte et les petits scénarios alternatifs doivent s'arrêter maintenant", a prévenu François Fillon, un proche de Nicolas Sarkozy. Edouard Balladur est allé dans le même sens : "De candidat, il ne peut, il ne doit y en avoir qu'un (...) Nous ne devons pas lui économiser notre soutien. Nous sommes heureux parce que, malgré des divergences légitimes (...) nous sommes parvenus à nous rassembler autour de ce candidat." Et l'ancien premier ministre de conclure en demandant à Nicolas Sarkozy de "faire du Sarkozy" : "Rassemblez mais restez vous-même, fixez la ligne mais que ce soit votre ligne, pas celle des autres. Faites du Sarkozy, faites-le sans crainte ; votre personnalité, vos qualités, votre caractère font que vous êtes le seul champion qui puisse nous conduire à la victoire." § Le président de l'UMP, qui était le seul candidat en lice, a recueilli 98,1% des suffrages exprimés dans le cadre du scrutin interne organisé par le parti. § N icolas Sarkozy, qui était le seul candidat en lice, a recueilli 98,1% des suffrages exprimés dans le cadre du scrutin interne organisé par le parti. Selon des chiffres comuniqués par l'entourage du ministre de l'intérieur, 69,06 % des 338 520 militants du parti majoritaire se sont exprimés - soit 233 779 votants sur lesquels 229 303 ont voté pour la candidature de Nicolas Sarkozy. L'annonce du taux de participation a donné lieu à une mise en scène où le décompte des secondes la précédant a été égréné par des militants de tous horizons dont les images étaient projetées sur grand écran dans le hall du parc des expositions de la porte de Versailles. Au moment où son score était annoncé, il montait à la tribune pour prendre la parole. Au début de son allocution, Nicolas Sarkozy a rendu hommage à l'actuel président de la République - "Je veux dire mon respect à Jacques Chirac qui, en 1975, à Nice, m'a offert l'opportunité de mon premier discours." Dans un discours d'investiture très personnel, Nicolas Sarkozy a fait référence aux visites et aux personnages qui ont marque sa vie politique, citant notamment le mémorial de Yad Vashem, les moines de Tibérihine, l'abbé Pierre ou encore Simone Veil. Il s'est voulu rassembleur, dans une envolée nationaliste, vantant les mérites et l'histoire de la France. "C'est la France de Saint-Louis et celle de Carnot, celle des croisades et de Valmy, celle de Pascal et de Voltaire, celle des cathédrales et de l'Encyclopédie (...) Celle des travailleurs (...) qui ne se reconnaissant pas dans la gauche immobile." "Ma France, c'est celle de tous les Français qui ne savent pas très bien au fond s'ils sont de droite, de gauche ou du centre", a ajouté le ministre de l'intérieur. "J'ai changé", a-t-il dit à plusieurs reprises, devant plusieurs dizaines de milliers de personnes rassemblées en Congrès à Paris. M. Sarkozy a déclaré avoir longtemps pensé "que la politique n'avait rien à voir avec (ses) émotions personnelles". "J'ai depuis compris qu'est fort celui qui apparaît dans sa vérité. J'ai compris que l'humanité est une force, pas une faiblesse". "J'ai changé parce qu'à l'instant même où vous m'avez désigné j'ai cessé d'être l'homme d'un seul parti, fût-il le premier de France", a-t-il poursuivi. "J'ai changé parce que l'élection présidentielle est une épreuve de vérité à laquelle nul ne peut se soustraire", a expliqué le candidat. "J'ai changé parce que les épreuves de la vie m'ont changé". "On ne peut pas partager la souffrance de celui qui connaît un échec professionnel ou une déchirure personnelle si on n'a pas souffert soi-même. J'ai connu l'échec, et j'ai dû le surmonter", a lancé M. Sarkozy."On ne peut pas tendre la main à celui qui a perdu tout espoir si l'on n'a jamais douté. Il m'est arrivé de douter. N'est pas courageux celui qui n'a jamais eu peur. Car le courage c'est de surmonter sa peur". § En ouverture du congrès de l'UMP, Nicolas Sarkozy a appelé dimanche les militants à faire preuve de tolérance et à réserver "un triomphe à tous ceux qui viendront ici", en allusion à Dominique de Villepin. § C 'est le grand jour pour Nicolas Sarkozy, celui qui le verra officiellement endosser l'habit du candidat officiel de l'UMP. Après quatre ans de bataille contre ceux qui ont tenté de lutter contre son ascension, c'est devant un parterre de 50 000 militants acquis à sa cause, et devant quantité de ses ennemis d'hier aujourd'hui ralliés à sa cause, que le ministre de l'intérieur entamera, dimanche, sa campagne pour la présidentielle de 2007. Le Congrès a ouvert ses portes à 9 h 30, au Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, là même où Jacques Chirac avait fondé le RPR en 1976 puis lancé sa campagne en 1995. L'UMP a dépensé environ 3,5 millions d'euros pour cet événement, affrétant notamment huit TGV et 520 cars pour amener les participants, venus de toute la France. UN PLÉBISCITE ANNONCÉ En ouverture du congrès, Nicolas Sarkozy a appelé les militants à faire preuve de tolérance et à réserver "un triomphe à tous ceux qui viendront ici" et à préserver le visage d'"une grande famille unie". "On ne gagnera que si je peux m'appuyer sur tout le monde", a encore averti le patron de l'UMP qui s'est ainsi assuré qu'un accueil chaleureux serait réservé au premier minsitre Dominique de Villepin, à son arrivée, quelques instants plus tard. Toute la matinée est consacrée à des interventions de personnalités du mouvement, dont les anciens premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et Edouard Balladur, des membres de l'entourage très proche de Nicolas Sarkozy comme François Fillon et des ralliés de la dernière heure comme Michèle Alliot-Marie. A 14 heures viendra l'annonce du résultat du vote interne du parti pour désigner son candidat à la présidentielle. Seul candidat en lice, Nicolas Sarkozy est assuré de l'emporter, mais c'est certainement un véritable plébiscite qui l'attend. Le vote blanc - seule option laissée aux militants pour marquer leur opposition au ministre de l'intérieur - s'annonce marginal. OUVERTURE DU SITE SARKOZY.FR Viendra alors le moment pour Nicolas Sarkozy de monter à la tribune pour sa consécration. Au même moment, le site sarkozy.fr sera ouvert sur Internet, instrument majeur de la machine de guerre électorale du candidat UMP, avec notamment un bouquet de chaîne entièrement dédié au ministre-candidat et baptisé "NSTV" pour "Nicolas Sarkozy télévision". Dans son "discours aux Français", préparé "avec soin" et "depuis longtemps" selon son entourage, Nicolas Sarkozy devrait exposer son idée de la France et du rôle du chef de l'Etat, et présenter de "nombreuses propositions nouvelles". Passée l'heure du sacre, le ministre de l'intérieur entrera aussitôt en campagne. Trois déplacements par semaine sont prévus, deux en province, un en région parisienne. Première étape : lundi, au Mont-Saint-Michel et à Saint-Malo. § A la veille du Congrès de l'UMP qui doit voir Nicolas Sarkozy investi comme candidat du parti pour la présidentielle, le président du mouvement Debout la République, lui-même candidat à la mandature suprême, claque la porte du parti. § A la veille de la désignation de Nicolas Sarkozy comme candidat de l'UMP pour la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan a décidé de quitter le parti. Lui-même candidat à l'élection présidentielle, le président de Debout la République, mouvement associé à l'UMP, a évoqué, samedi, sur TF1, "un désaccord sur le fond" pour justifier sa décision. Le député de l'Essonne reproche notamment à Nicolas Sarkozy d'avoir muselé le débat au sein du parti. "On ne peut plus s'exprimer", a-t-il encore martelé samedi, rappelant que le patron de l'UMP lui avait refusé l'autorisation de s'exprimer, dimanche, devant les militants UMP, à l'occasion du congrès du parti. Regrettant de n'avoir pas pu dire "aux militants pourquoi il était candidat, pourquoi il pensait qu'il y avait de vraies solutions pour les problèmes des Français et pourquoi il pensait que celles de Nicolas Sarkozy n'étaient pas les bonnes solutions comme d'ailleurs celles de Ségolène Royal", M. Dupont-Aingnan a assuré que "cela ne (l'empêcherait) en aucun cas d'aller jusqu'au bout". Le départ de M. Dupont-Aignan intervient alors que Nicolas Sarkozy continue à enregistrer des ralliements de dernière heure à sa candidature. Vendredi, Michèle Alliot-Marie a mis un terme aux incertitudes concernant son éventuelle candidature en apportant son soutien au ministre de l'intérieur. Avant elle, Alain Juppé,un autre proche du président de la République, avait fait la même démarche, mardi 9 janvier. Très critique à l'égard de Nicolas Sarkozy, Nicolas Cupont-Aignan avait rapidement dénoncé l'organisation des primaires au sein de l'UMP. "Nicolas Sarkozy cherche des figurants pour assister à son sacre. Personne n'est dupe de cette mise en scène", expliquait-il. § Les médias audiovisuels se défendent de l'accusation de "bipolarisation excessive" au profit du duo Sarkozy-Royal. § C 'est un véritable casse-tête", disent-ils en choeur. Avant chaque élection, les responsables des télévisions et des radios, s'arrachent les cheveux pour respecter les règles de temps de parole arrêtées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour les candidats à l'élection présidentielle. "Les règles, on les respecte, mais elles sont complexes", résume, agacée, Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2. En effet, la "recommandation" édictée par l'institution n'est pas des plus simples. Elle prévoit une période dite "préliminaire" qui, pour l'élection présidentielle, court du 1er décembre 2006 jusqu'à la veille de la publication de la liste des candidats établie par le Conseil constitutionnel, le 20 mars. Puis une période, dite "intermédiaire" allant de cette date jusqu'à la veille de l'ouverture de la campagne, le 8 avril. Durant la période préliminaire, le CSA compte comme candidat déclaré "toute personne ayant manifesté publiquement sa volonté de concourir à cette élection", volonté qui s'accompagne "d'actes de campagne significatifs attestant du sérieux de cette candidature". Est considéré comme candidat présumé "toute personne qui concentre autour d'elle des soutiens publics et significatifs à sa candidature". Entre candidats déclarés et candidats présumés, les chaînes doivent donc jongler avec le temps de parole et le temps d'antenne qui leur sont accordés. Le temps de parole comprend toutes les interventions d'un candidat ou de ses soutiens, alors que le temps d'antenne cumule le temps de parole et l'ensemble des éléments éditoriaux (magazines d'information, talk-shows, etc.) consacrés à un candidat et à ses soutiens. Pendant la période préliminaire, télévisions et radios doivent veiller "à une présentation et à un accès équitables à l'antenne des candidats déclarés ou présumés et de ceux qui les soutiennent". Ainsi, l'équité s'applique au temps d'antenne et au temps de parole pendant la période intermédiaire, alors que l'égalité est la règle pendant la période de campagne. Si l'égalité est facile à respecter pendant la période de campagne, il n'en va pas de même avec l'équité. Cette dernière se calcule en référence avec la représentation parlementaire. Un système qui permet au PCF (3,38 % en 2002) d'être mieux traité que le FN (16,91 % en 2002 au premier tour) grâce à ses 22 députés, alors que le FN n'en compte aucun. Ce principe d'équité est dénoncé par plusieurs candidats. François Bayrou, président de l'UDF, Marie-George Buffet, secrétaire générale du PCF, ou Corinne Lepage, présidente de Cap 21, ont réclamé davantage de temps d'antenne. Jeudi 11 janvier, le juge des référés du Conseil d'Etat a toutefois rejeté une requête déposée par la candidate écologiste, qui demandait à cette juridiction de suspendre la recommandation du CSA sur le temps de parole des différents candidats. De son côté, M. Bayrou a aussi dénoncé les "grandes puissances médiatiques", auxquelles il reproche de se focaliser sur Mme Royal et M. Sarkozy. Il accuse les médias, "détenus par de grands groupes industriels", de vouloir "orienter" les Français vers un "choix préfabriqué". Ce sentiment est confirmé par un sondage CSA à paraître dimanche dans Le Parisien selon lequel 82 % des Français estiment que les médias accordent plus de place à Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS) qu'aux autres candidats dans la couverture de la campagne présidentielle. François Bayrou affirme que, s'il est élu, il proposera des lois pour faire "respecter les principes démocratiques dans l'information". En attendant, M. Bayrou, qui s'est accroché à plusieurs reprises avec les dirigeants de TF1 sur ce sujet, diffuse sur son site Internet une vidéo montrant un vif échange entre lui et Claire Chazal lors du "20 heures" du 2 décembre 2006. Le CSA n'a pas été insensible à ces requêtes. Le 4 janvier, il a publié un communiqué soulignant que télévisions et radios couvraient la campagne présidentielle avec une "bipolarisation excessive au profit de deux candidats", à savoir Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Cette remarque, a précisé plus tard le CSA, visait essentiellement France 2 et M6 qui ont affiché, en décembre 2006, les mesures les plus déséquilibrées. TF1 fait office de bon élève, avec 46 %. Claire Chazal réfute d'ailleurs toute accusation de bipolarisation excessive dans les journaux de la Une. "TF1 n'a aucune ligne politique. Les faits s'imposent", argue la journaliste. "C'est quand même Ségolène Royal qui est allée en Chine ! C'est quand même Nicolas Sarkozy qui va être sacré dimanche candidat de l'UMP à l'élection présidentielle", rappelle-t-elle pour justifier la place accordée par sa chaîne à ces deux événements. Au CSA, on indique que la publication de ce communiqué avait pour but de ne pas réitérer les excès constatés en 2002 en faveur de Jacques Chirac et de Lionel Jospin. Par ailleurs, précise-t-on au CSA, télévisions et radios ont jusqu'au 19 mars pour rétablir l'équilibre. Les coups de gueule des petits candidats n'auront cependant pas été vains. La Chaîne parlementaire-Assemblée nationale, qui n'est pas assujettie au CSA, a signé le 2 janvier, une "convention de partenariat" avec le Conseil pour mesurer le temps de parole selon les recommandations de l'instance de régulation. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § A une semaine de la décision de Nicolas Hulot de se présenter ou non à la présidentielle, la tension est montée d'un cran chez les Verts. Mercredi 10 janvier, trois députés européens - Jean-Luc Bennahmias, Marianne Isler-Béguin et Marie-Hélène Aubert - ont lancé un appel sur le site www.citron-vert.info en faveur d'une candidature unique des écologistes incarnée par l'animateur de télévision. Le texte a été repris par Libération le lendemain. La direction des Verts a aussitôt réagi en "condamnant" l'initiative. Dans leur appel, les trois députés estiment que "tout doit être fait pour fédérer les écologistes autour d'une candidature et d'une dynamique communes" et pour que les deux candidates déclarées, Dominique Voynet et Corine Lepage, "ouvrent les discussions" avec M. Hulot. "A l'heure où Nicolas Hulot est crédité de plus de 10 % des intentions de vote et qu'une synergie entre les trois candidatures mettrait l'écologie sans doute au-delà, c'est-à-dire en mesure de peser réellement sur les choix politiques des gouvernements à venir, on laisserait passer cette chance ?", interrogent-ils. Cette prise de position avait été précédée la veille d'une déclaration d'Yves Cochet, député (Verts) de Paris, allant dans le même sens. "Si Nicolas Hulot décidait de se présenter, je vois mal comment les Verts pourraient continuer à faire une campagne isolée autour de 1 à 2 %", expliquait-il au Monde.fr. La candidate des Verts plafonne, en effet, depuis sa désignation par son parti, début décembre 2006, à 2 % dans les sondages. "DISCRÉDITER" Mme Voynet a tenté à plusieurs reprises de dissuader M. Hulot de se lancer dans la course. Lors de la présentation de ses voeux, mardi 9 janvier, la députée de Seine-Saint-Denis a de nouveau alerté l'animateur de télévision sur "le risque" qu'il pourrait y avoir à "contribuer à affaiblir la voix de ceux qui peuvent veiller au respect des engagements dans la durée, avec un groupe parlementaire". Prise de court par l'initiative de ses eurodéputés, la direction des Verts s'est réunie en urgence vendredi. Dans une déclaration, le collège exécutif "condamne celles et ceux qui, par leur expression publique ou par des interventions auprès d'autres candidats potentiels, tentent de discréditer notre candidate". Les dirigeants des Verts ne cachent pas leur agacement devant une "initiative isolée". "Il y en a qui oublient sur quelle étiquette ils ont été élus", assure le porte-parole Yann Wehrling. "C'est un épiphénomène. Nous avons reçu des centaines de messages de soutien des militants et tous les leaders font bloc derrière la seule candidate légitime, Dominique Voynet", renchérit Cécile Duflot, la secrétaire nationale. Mme Voynet continue, sans ciller, à affirmer qu'elle ne se retirera pas. "J'irai jusqu'au bout", insiste-t-elle depuis plusieurs jours. Corine Lepage refuse aussi d'envisager son ralliement. La présidente de Cap 21 a estimé, dans une tribune publiée par Libération, le 11 janvier, qu'elle voyait "mal comment quelqu'un qui n'a à son actif aucun combat, (...) qui a une fondation qui est quand même alimentée par des entreprises contre lesquelles les écologistes se battent quasiment au quotidien, peut représenter les écologistes". Nicolas Hulot laisse dire. Le présentateur a juste précisé, jeudi 11 janvier, qu'il annoncera sa décision le 22 janvier. § Nicolas Sarkozy, désormais candidat officiel de l'UMP à l'élection présidentielle, a commencé sa campagne, lundi, par la visite d'un lieu hautement symbolique, le Mont-Saint-Michel. § N icolas Sarkozy, désormais candidat officiel de l'UMP à l'élection présidentielle, a commencé sa campagne, lundi 15 janvier, par la visite d'un lieu hautement symbolique. "Le Mont-Saint-Michel est un site internationalement connu et absolument extraordinaire qui, pour moi, doit porter l'idée que la France, ce n'est pas fini, que la France est ce pays à nul autre pareil", a déclaré le candidat UMP à l'Elysée, lors d'une visite du chantier de désensablement de la baie. Il a ensuite gravi les ruelles médiévales conduisant à l'abbaye. "Le premier endroit où je voulais aller après avoir été investi, c'était ici parce que c'est très symbolique", a-t-il confié à deux religieux de l'abbaye, Sur Judith et Frère François. "C'est très symbolique de ce que l'homme a fait de mieux, c'est symbolique aussi des uvres de l'homme, c'est symbolique de ce qu'on peut faire pour arranger les choses, c'est symbolique de la rencontre entre une République laïque et en même temps une spiritualité qui a compté dans l'histoire de France", a-t-il ajouté. Dimanche, dans son discours d'investiture, Nicolas Sarkozy avait, dans le même sens, insisté sur l'héritage chrétien de la France. "Nous sommes les héritiers de deux mille ans de chrétienté et d'un patrimoine de valeurs spirituelles que la morale laïque a incorporé. La laïcité à laquelle je crois, ce n'est pas le combat contre la religion. C'est le respect de toutes les religions", avait-il déclaré, citant longuement le témoignage spirituel de Frère Christian, l'un des moines français tués à Tibhirine, en Algérie. LAPSUS "C'est très important d'être ici. Tous les gouvernements successifs depuis 1995 se battent pour sauver ce site", a-t-il souligné, en évoquant "le plus grand chantier de développement durable de France". Il a estimé que "l'un des éléments fantastiques d'une campagne électorale", c'est "d'aller dans les endroits où les gens se battent" pour préserver un lieu. "Je veux rester très humble parce que c'est un long chemin" jusqu'à l'élection, a-t-il confié quelques instants plus tard à des journalistes. "Je sais la campagne que je veux mener, moi je ne critiquerai personne", a-t-il ajouté, en faisant allusion aux attaques contre lui du Parti socialiste. A ce propos, il a fait un lapsus en attribuant à François Mitterrand une phrase prononcée par l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing lors du débat du second tour de la présidentielle de 1974 entre les deux hommes. "Il y a quelques années, François Mitterrand, dans une réplique superbe, avait dit : 'Vous n'avez pas le monopole du cur'. Moi, je laisserai le monopole du sectarisme à tous ceux qui veulent être sectaires. Moi, je ne veux pas l'être", a-t-il déclaré. § L'intégralité du débat avec Philippe Ridet, journaliste au "Monde", lundi 15 janvier 2007. § P résidentYuFungLAM2007 : Selon les sondages, Sarkozy est-il capable de rassembler au-delà de l'UMP ? Philippe Ridet : Je ne sais pas s'il en est capable, mais c'est évidemment son intention. Son premier discours de candidat a été truffé de références aux personnalités de l'histoire de la gauche telles que Jaurès, Léon Blum, Mandel et d'autres. Pour Nicolas Sarkozy, le PS a cessé de parler aux travailleurs, et il a bien l'intention d'occuper ce qui constitue, selon lui, un vide. Si l'on en croit le sondage paru ce matin dans Libération, il est celui qui s'adresse le mieux à l'électorat populaire. Et ce, devant Ségolène Royal. St jacques : Que penser de l'impact sur l'opinion de la référence à Jaurès ? Philippe Ridet : Un impact sur l'opinion ? C'est trop tôt pour le dire. Mais à coup sûr, cela aura un impact sur la droite. Cette référence lui permet de rompre avec son histoire, avec une partie de ses figures encombrantes (telles que le maréchal Pétain). François Hollande dénonce une captation d'héritage. Mais la gauche a elle aussi, à certains moments de son histoire, cherché à récupérer des figures de la droite tel le général de Gaulle qui, dans sa pratique des institutions, a largement inspiré François Mitterrand. Nicolas C. : L'impression de tapage sans possibilité de choix, une droite obligée de se soumettre sans enthousiasme, un président et un premier ministre réticents... ce n'est pas à mon avis une entrée en campagne réussie. Qu'en pensez-vous ? Philippe Ridet : Exactement le contraire. Qui, aujourd'hui lundi, parle encore de l'absence de Jacques Chirac et de son épouse au congrès d'investiture du candidat ? Qui parle encore de la mauvaise humeur de Dominique de Villepin ou de Jean-Louis Debré ? Le congrès de dimanche a balayé ce que Sarkozy lui-même appelle des "états d'âme". La famille UMP a été bel et bien rassemblée, même si ce rassemblement illustre plus un rapport de force en faveur de Nicolas Sarkozy que des convictions sincères. Lafotaki : Quel est selon vous l'impact probable de la qualité d'une entrée en campagne pour la suite ? Philippe Ridet : Ce qu'on connaît, c'est l'impact d'une entrée en campagne ratée. Celle de Nicolas Sarkozy a été, de l'avis de tous, y compris de la presse de gauche (cf. Libération), réussie. Le candidat a tenté de balayer les doutes qui subsistent sur sa personnalité. Il a trouvé les mots pour parler de lui. C'est la première fois qu'un candidat réunit 80 000 personnes pour les prendre à témoin de ses "souffrances, de ses peines et de ses échecs". C'est inédit, et plutôt gonflé. Mais Sarkozy se devait d'exprimer une part de sa vérité. Avant lui, Jacques Chirac et Lionel Jospin, en 1995, avaient fait la même chose. L'entourage de l'actuel président de la République expliquait à l'époque que le président "s'était rejoint", une manière de dire qu'il était enfin lui-même, et non plus cet homme pressé et avide de médias qu'il était apparu. Quant à Lionel Jospin, il avait lui aussi tenté d'exprimer ce travail sur lui-même en expliquant qu'il avait "fendu l'armure". Weinaiko : Nicolas Sarkozy a-t-il donné des indices sur le moment auquel il quittera le gouvernement ? Patrick32 : Selon vous quelle est la meilleure date pour quitter son poste de ministre et se consacrer aux élections ? Philippe Ridet : Sarkozy n'a donné aucune indication, du moins dans son discours, sur la date à laquelle il quittera le gouvernement. Le plus probable, d'après les confidences qu'il a faites ici ou là, est qu'il quittera le gouvernement à la fin du mois de février ou dans les tout premiers jours de mars, une fois que le Parlement aura achevé ses travaux et que le Congrès se sera réuni à Versailles. On peut supposer que le moment choisi dépendra aussi de Jacques Chirac. Nicolas Sarkozy espère que son départ se fera en plein accord avec lui. Selon lui, le meilleur scénario serait de partir une fois que Jacques Chirac aura indiqué qu'il ne sera pas candidat, de manière à ne pas paraître lui forcer la main. Pierre_Messmer : Comment interprétez-vous les 30 % d'adhérents de l'UMP qui n'ont pas participé au vote d'investiture de Nicolas Sarkozy ? S'agit-il des chiraquiens purs et durs qui pourraient donner des idées à Villepin ? Cela fait quand même un tiers du parti... Philippe Ridet : C'est votre analyse. Ce chiffre doit être relativisé par l'absence d'enjeu. Que près de 70 % des militants prennent la peine de voter dans un scrutin au résultat connu d'avance ne me paraît pas si mal. En tout cas, il y a plus d'adhérents de l'UMP qui auront voté Sarkozy que d'adhérents du PS qui auront voté Ségolène Royal. Je rappelle, en outre, que le précédent vote sur le programme de l'UMP n'a motivé quant à lui que 50 % des adhérents du parti. Y a-t-il parmi eux des chiraquiens ? On peut le supposer. Des villepinistes ? On peut l'imaginer. Mais je ne suis pas sûr que l'addition des uns et des autres représente actuellement 30 % des militants de l'UMP. Nouska : Est-ce qu'on peut considérer son discours comme le programme (au moins en partie) du candidat ? Comment analysez-vous le choix de ses thèmes de campagne ? Philippe Ridet : Ce discours ne contient pas loin de là tout le programme du candidat. Nicolas Sarkozy s'est contenté de montrer un chemin, une vision. Il s'articule autour de deux ou trois thèmes : la revalorisation du travail, et ce qu'il appelle la "démocratie irréprochable". A eux deux, ces deux thèmes cadrent bien avec les attentes des électeurs. Par la revalorisation du travail, Sarkozy peut traiter du pouvoir d'achat en expliquant que si les Français travaillent plus ils gagneront plus. Quant à la démocratie irréprochable, elle lui permet de rompre en douceur avec la pratique des institutions mitterrandienne et chiraquienne, soit vingt ans marqués par les affaires politico-financières. § Dans un entretien au "Monde", le président de l'Union sociale pour l'habitat, qui regroupe les organismes HLM, critique le projet de loi présenté, mercredi 17 janvier, en conseil des ministres. § S ous la pression des associations, interpellant l'opinion à propos des sans-abri, un projet de loi créant un droit opposable au logement sera présenté en conseil des ministres, mercredi 17 janvier. Qu'en pensez-vous ? Il est un peu affolant de voir un texte élaboré si précipitamment. Certes, le fait que des gens dorment à la rue est inacceptable, ce qui justifie la mobilisation des Enfants de Don Quichotte comme d'autres associations. Mais cette problématique relève d'abord d'un droit à l'hébergement plus digne. Le droit au logement, lui, soulève des questions un peu différentes et d'une tout autre ampleur. Nous soutenons ce droit, qui nécessite des logements de qualité, à des prix bien plus accessibles et une réelle revalorisation de l'aide personnalisée au logement. Dans l'esprit du premier ministre, le droit au logement opposable signifie fournir un logement HLM. Quel est votre point de vue sur une telle définition ? Il est plus facile de croire que cette réforme pourra uniquement peser sur le monde HLM. Nous sommes prêts à contribuer à sa mise en oeuvre. L'accueil des plus démunis est l'une de nos missions et la part des ménages défavorisés est plus importante dans le parc social que dans le parc privé. Mais le droit au logement opposable doit également concerner les bailleurs privés aidés par la collectivité. Faute de quoi, les obligations vont entièrement rejaillir sur les communes ayant un nombre important de logements sociaux, ce qui va aggraver leurs difficultés. Ce serait une bêtise monumentale, un refus de la mixité et de l'harmonie territoriale et la création de "parkings sociaux". Quelle collectivité acceptera ces logements ? Dès la fin 2008, le droit au logement opposable pourra s'appliquer à plusieurs catégories de personnes en difficulté. Cela vous paraît-il réalisable ? En l'état, c'est un leurre s'il n'y a pas un effort substantiel pour produire, pendant au moins cinq ans de suite, du logement accessible, en location ou en accession sociale à la propriété. Aujourd'hui, l'offre abordable aux plus faibles revenus est insuffisante. Le logement doit donc être élevé au rang de grande cause nationale, avec des moyens budgétaires redéployés en ce sens. Toutes les aides publiques méritent d'être remises à plat et soumises à de vraies contreparties sociales. La collectivité ne doit pas accorder d'avantages fiscaux - comme l'amortissement de Robien ou le Borloo populaire - sans demander en retour un réel effort de solidarité. Le projet de loi ne prévoit aucune mesure spécifique pour l'Ile-de-France, contrairement à ce que recommandait le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées. Cette omission pose-t-elle problème ? Elle prouve que le gouvernement n'a pas su imaginer de bonnes solutions pour ce territoire qui constitue un cas particulier, notamment au regard de l'ampleur des besoins et de la très inégale répartition de logements sociaux. En outre, l'agglomération parisienne n'a pas d'autorité organisatrice sur les questions touchant au logement, contrairement à ce qui prévaut ailleurs, où des structures intercommunales et, dans une moindre mesure, des conseils généraux sont de plus en plus nombreux à s'imposer comme chefs de file des politiques relatives à l'habitat. Si le projet de loi faisait l'impasse sur la singularité francilienne, ce serait une erreur considérable. Il faut inventer un traitement particulier pour cette agglomération, comme c'est le cas pour les transports. L'action des pouvoirs publics doit être mise en cohérence au niveau régional tout en considérant comme spécifique le cas de la Ville de Paris. Que faut-il faire selon vous pour que le droit au logement devienne une réalité ? L'Etat devrait engager une vraie stratégie foncière au profit du logement social. Les terrains publics devraient être mis à disposition des organismes HLM. Autre point important : le respect de la loi, qui impose à plus de 700 communes d'atteindre le quota de 20 % de logements sociaux en vingt ans. A une exception près, l'Etat n'est jamais intervenu en substitution des municipalités qui refusent d'appliquer la loi, alors qu'il peut lancer lui-même des programmes de construction locative sociale. § Quelle place accorder à Bruno Mégret, le président du Mouvement national républicain (MNR), dans la campagne de Jean-Marie Le Pen pour l'élection présidentielle ? La question fait débat au sein du Front national. § Q uelle place accorder à Bruno Mégret, le président du Mouvement national républicain (MNR), dans la campagne de Jean-Marie Le Pen pour l'élection présidentielle ? La question fait débat au sein du Front national. Jusqu'à récemment, la consigne donnée par le président du FN était que "chaque mouvement ou chaque personne" qui se déclare en faveur de sa candidature agisse "dans sa sphère personnelle ou collective". Ce qui permettait de respecter ceux, tels Marine Le Pen, la directrice stratégique de la campagne présidentielle, ou Louis Aliot, le secrétaire général, qui préfèrent garder leur distance vis-à-vis de l'ex-secrétaire général parti en décembre 1998 avec la moitié de l'appareil du FN pour créer le MNR. Ainsi, aucun mégrétiste ou membre du Parti populiste, créé par d'anciens partisans de Bruno Mégret aujourd'hui en froid avec ce dernier, n'avait été invité aux voeux de M. Le Pen, le 8 janvier. Reste que jeudi 11 janvier, Carl Lang, vice-président du FN, partisan de Bruno Gollnisch comme successeur à M. Le Pen, assistait aux voeux de M. Mégret. "Je suis mandaté par Jean-Marie Le Pen", expliquait celui qui a été le principal instigateur de l'arrivée de M. Mégret dans l'Union patriotique, structure de rassemblement autour de la candidature de M. Le Pen. Le lendemain, les modalités de la participation des membres de cette Union à la campagne ont été abordées par Jean-Marie Le Pen lui-même. Il n'a pas caché qu'il ne voyait pas comment ceux-ci ne seraient pas invités à participer à des réunions telle la convention présidentielle de Lille, en février. Un point de vue partagé par M. Lang, M. Gollnisch et Jean-François Touzé, autre membre du bureau politique, qui auraient même vu d'un bon oeil que ces "invités" prennent la parole lors de réunions communes. Ces derniers, au grand dam de Marine Le Pen, militent même pour qu'un accord soit passé avec le MNR pour les élections législatives et que leur soient réservées des circonscriptions. "Jean-Marie Le Pen nous a dit qu'il n'y aurait pas de contrepartie au soutien de Mégret à sa candidature, je veux m'en tenir à cela. J'ai toujours pensé que l'on n'avait pas besoin de M. Mégret. Que représente son mouvement aujourd'hui ? Il nous a promis 140 parrainages, leur nombre se réduit aujourd'hui comme une peau de chagrin. Sans compter que sa présence à nos côtés peut dissuader d'autres personnes de nous rejoindre", déclare Mme Le Pen au Monde. "Il n'est pas question que l'on demande à des militants du Front qui ont subi la scission de se sacrifier en accordant des circonscriptions au MNR. Je ne pense pas non plus qu'il soit souhaitable que Mégret assiste à la convention de Lille. Trop de militants ne supporteraient pas de le voir déambuler dans les couloirs", insiste-t-elle. De même, s'interroge-t-elle sur les "véritables motivations" de M. Lang, qui a décidé de "faire, au minimum", une conférence de presse avec M. Mégret lors du déplacement de celui-ci dans le Nord - Pas-de-Calais, début février. § Plongé dans une querelle de famille au sein du PS à propos de la fiscalité, M. Hollande concentre ses attaques sur le candidat de l'UMP. § L 'adversaire est tout désigné. Pour François Hollande, qui présentait ses voeux à la presse, lundi 15 janvier, Nicolas Sarkozy est "un candidat dangereux par sa méthode, sa politique, et par ses soutiens. Il n'a pas changé, martèle le premier secrétaire du PS. Le "tout est possible" de Nicolas Sarkozy, c'est tout ce qui a été fait depuis 2002". Plongé dans une querelle de famille au sein du PS à propos de la fiscalité, M. Hollande concentre ses attaques sur le candidat de l'UMP, dont il dénonce "la confusion des mots et la multiplication des promesses, panoplie habituelle des conservateurs" : "Pauvre Jaurès ! S'il avait su qu'il serait cité dans un congrès de droite !" En 2007, "année du choix", la gauche a "des atouts", affirme M. Hollande, en mettant en avant un Parti socialiste fort de 280 000 adhérents - un chiffre qu'il compte porter à 300 000 d'ici au premier tour de l'élection. Plus de 1 500 réunions "participatives" ont déjà été tenues, assure-t-il, et 5 000 l'auront été fin février. Tout en appelant à la mobilisation derrière Ségolène Royal, le premier secrétaire entend cependant défendre le projet des socialistes adopté avant l'investiture de la candidate, en insistant sur le "devoir de victoire" mais aussi le "devoir de vérité" : "Nous devons faire la promotion de notre projet, dit-il, promouvoir nos idées, sur le travail, l'éducation, la sécurité et... la justice fiscale." Ce sera la seule allusion, dans son discours. M. Hollande préfère réserver ce sujet, qui divise les socialistes et lui a valu des reproches, aux questions. "A TITRE PERSONNEL" Dimanche, au "Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI", Dominique Strauss-Kahn n'a pas épargné M. Hollande à propos de son idée de revenir sur les baisses d'impôt à partir de 4 000 euros de revenus nets par mois pour une personne. "Il ne s'exprime pas comme le premier secrétaire mais à titre personnel", a affirmé l'ancien ministre, ajoutant avec férocité : "Il fait sans doute partie du débat participatif." Chargé d'établir un diagnostic et des propositions par Mme Royal, "DSK" estime au contraire qu'il y a des "points sur lesquels il faut baisser l'impôt", comme la taxe d'habitation. "En aucun cas, a-t-il précisé, il ne faut augmenter les prélèvements obligatoires." Quant à l'idée de M. Hollande de créer une CSG-retraite, M. Strauss-Kahn l'expédie en une phrase : "Je ne me souviens pas que cela ait été discuté." Candidat malheureux à l'investiture du PS, le député du Val-d'Oise apporte un soutien mesuré à Mme Royal, dont il a rappelé "un certain nombre de changements de ligne" pendant la primaire, ce qui n'était "pas souhaitable". Il a pris soin de marquer ses différences sur plusieurs sujets. "Je ne me serais pas exprimé comme elle l'a fait", a-t-il souligné à propos des déplacements au Proche-Orient et en Chine de la candidate. "Je la soutiens parce que c'est ma famille", a déclaré M. Strauss-Kahn, en comparant l'adversaire Nicolas Sarkozy à "Berlusconi". Service minimum. § Muet et quasiment invisible dimanche, porte de Versailles, Dominique de Villepin fera entendre sa "voix libre" dès mardi, à l'occasion de ses voeux à la presse. § M uet et quasiment invisible dimanche, porte de Versailles, Dominique de Villepin fera entendre sa "voix libre" dès mardi, à l'occasion de ses voeux à la presse. Après le "service minimum" assuré de part et d'autre au congrès de l'UMP - une visite de courtoisie au candidat Sarkozy sans entrer dans la grande salle et pas de sifflets pour le premier ministre -, M. de Villepin estime avoir gagné sa liberté de parole. "On a des choses à dire, des convictions, on ne se taira pas", prévient Matignon. "Je serai unitaire pour tous car c'est mon rôle", se résignait à dire Nicolas Sarkozy, jeudi 11 janvier, en marge de ses voeux. Le premier ministre entend se montrer offensif, mardi, sur la laïcité (qu'il veut garantir au-delà de l'école), les retraites (qu'il faudra encore réformer), l'allocation chômage (qu'il propose d'étendre et de plafonner). "Le premier ministre bénéficie d'une liberté que n'a plus nécessairement le candidat", affirme Matignon. "Sarkozy a besoin de ces voix libres pour faire gagner la droite et élargir son socle électoral", veut croire un conseiller. Pourtant, depuis le sacre de dimanche, une page est tournée pour M. de Villepin. Contesté à la réunion du groupe UMP de l'Assemblée il y a une semaine, isolé par le ralliement des anciens premiers ministres de Jacques Chirac Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin à Nicolas Sarkozy, et abandonné par ses plus proches partisans, comme le ministre de la recherche François Goulard, Dominique de Villepin sait qu'il a perdu. Même ses proches le concèdent : "On ne contrariera plus, promet le député (UMP) Georges Tron. Il n'y a plus aucune raison, maintenant que la campagne est commencée." Même si, refusant d'être traité comme une "prise de guerre", il n'a pas voté dimanche. Le premier ministre campera donc jusqu'au bout sur l'Aventin, convaincu que la campagne électorale n'est pas au niveau des défis que doit affronter la France. A ses proches collaborateurs, il a même confié, lors de ses voeux, que "le risque est grand que le débat soit esquivé pendant la campagne". En résumé, une élection pour rien. § Face à la candidature de Nicolas Sarkozy, la gauche aurait tort de s'en tenir aux apparences et aux facilités. § F ace à la candidature de Nicolas Sarkozy, la gauche aurait tort de s'en tenir aux apparences et aux facilités. Elle peut toujours ironiser sur le score soviétique du président de l'UMP - désigné par 98,1 % des votants, plus de 30 % des 330 000 adhérents n'ayant pas pris part au vote - ou sur le sacre de la porte de Versailles, qui rappelle sur le même mode unanimiste l'investiture de François Mitterrand en janvier 1981 à Créteil. Elle va avoir plus de mal à entonner, comme Julien Dray, la rengaine du retour d'une "droite violente". La question est plutôt de savoir si, en se muant en candidat, le numéro deux du gouvernement n'a pas revêtu de nouveaux habits pour camper un nouveau Sarkozy. Dans un discours de bonne tenue, M. Sarkozy a joué sur plusieurs registres, n'évitant ni la confession presque intime ni les accents de l'émotion - "On ne peut pas partager la souffrance de celui qui connaît un échec professionnel ou une déchirure personnelle si on n'a pas souffert soi-même" - pour faire une double démonstration : celle d'un homme qui a adopté une posture de rassembleur de son camp et qui a " changé". Ayant fait défiler tous les barons de la famille à la tribune, M. Sarkozy a gommé ses critiques de la Constitution. De même, il s'est gardé de tenir le discours de la rupture, fût-elle " tranquille", qui lui tenait lieu de credo il y a peu encore. Mieux, il a exprimé son "respect" pour Jacques Chirac et a fait amende honorable sur la guerre en Irak, reconnaissant que le chef de l'Etat avait "fait honneur à la France" en s'y opposant. Pour autant, M. Sarkozy s'est livré à une critique à peine voilée des nominations de "connivence", jugeant que "le fait du prince n'est pas compatible avec la République irréprochable" dont il entend désormais se faire le chantre. Le 14 janvier, M. Sarkozy a engagé une mutation, en tentant d'écarter les trois principaux reproches qui lui sont adressés jusque dans son camp : ceux d'être trop libéral, trop communautariste et trop atlantiste. On peut s'interroger sur la sincérité d'un homme qui se définit "libre" mais veut rester ministre de l'intérieur - et donc des élections - le plus longtemps possible, ou entend ne pas être "que le candidat de l'UMP" tout en gardant la présidence. Mais, ce faisant, M. Sarkozy vient défier la gauche sur son terrain. Le candidat de l'UMP ne s'est pas contenté de faire référence à la "grande voix" de Jaurès. Il a parlé de la "valeur travail" et des travailleurs comme jamais M. Chirac ne l'avait fait, même en 1995, au temps de la " fracture sociale". Or ce thème est aussi celui de Ségolène Royal, qui veut rompre avec l'assistanat et réhabiliter la valeur travail. Cela peut être un vrai débat pour une élection présidentielle. § Respecté à droite comme à gauche, l'homme passe pour un modèle : "grand" fonctionnaire, "grand" flic, "grand" préfet. § Q uand le conseil des ministres examinera, mercredi 17 janvier, sa demande de "mise en disponibilité pour raison personnelle", Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre de l'intérieur devenu directeur de campagne, sera déjà installé au QG du candidat Sarkozy, 18, rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris. Pendant les vacances de Noël, il a quitté son logement de fonction, pour se mettre en règle. Tout ce qu'il fait est dans les règles. C'est sa nature. Parcours 1945 Naissance à Vimy (Pas-de-Calais). 1969 Entre à l'Ecole normale d'administration (promotion Thomas Moore). 1986-1991 Secrétaire général de la préfecture des Hauts-de-Seine. 1994-1998 Directeur général de la police nationale. 2002-2006 Directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy place Beauvau et à Bercy. 2007 Directeur de campagne du candidat Nicolas Sarkozy. L'opération ne devrait pas poser de problème : "Tout le monde est d'accord", lui a fait savoir l'Elysée. Comment en serait-il autrement ? Ce n'est pas faute d'avoir cherché, mais cet homme n'a pas d'ennemi. "C'est un type exceptionnel avec une puissance de travail remarquable, s'enflamme Charles Pasqua, qui, le premier, le remarqua. Ce n'est pas quelqu'un qui s'engage à moitié. Il est le seul à pouvoir dire "non" à Sarkozy." Jean-Pierre Raffarin : "Il est capable de faire travailler beaucoup de gens ensemble. C'est un manager fiable qui connaît les rouages de l'Etat parfaitement. Plusieurs fois, j'ai pu faire changer d'avis Sarkozy en passant directement par lui." Nicolas Sarkozy enfin : "C'est un homme exceptionnel de calme et de capacité de travail. Il y a une telle harmonie intellectuelle entre nous que sa présence s'imposait à ce poste." Respecté à droite comme à gauche, l'homme passe pour un modèle : "grand" fonctionnaire, "grand" flic, "grand" préfet. Tout juste si certains députés inquiets de sa puissance s'interrogent : "Est-il un vrai politique ?" Modeste et affable, Guéant balaie les éloges. "Je ne suis pas un salaud. J'essaie seulement de bien faire mon boulot." Policé et secret quand son patron peut se montrer tellement démonstratif et brutal, il mettra en oeuvre, dans ses nouvelles fonctions, sa méthode affinée en trois décennies au service de l'Etat : une autorité sans faille et sans outrance. Inquiet, il a toutefois cherché conseil auprès de Patrick Stefanini, qui dirigea la campagne de Jacques Chirac en 1995. "Il faut que l'équipe y croie, qu'elle respire la bonne humeur, qu'elle accompagne le candidat en le préservant de ses états d'âme", lui a recommandé le stratège chiraquien. Claude Guéant n'a pas été surpris, c'est justement ce qu'il souhaite faire. Entré dans son nouveau rôle, il en a saisi les codes : "Il y a plusieurs façons de faire, explique-t-il. Il y a ceux qui font tout tout seuls. Ceux qui donnent des ordres et font faire. J'ai acquis la conviction qu'il fallait associer les gens aux décisions que l'on prend : responsabiliser et contrôler. Dans une campagne, le ressort, c'est le travail d'équipe. C'est plutôt participatif." Cette équipe, il la connaît. Il l'a en partie choisie. Il en comprend les états d'âme, les rivalités secrètes. Depuis 2002, il a réuni plusieurs fois par semaine ces quadras fringants et impatients d'en découdre. Tous au service de Sarkozy. "Nicolas est notre patron, mais Claude est notre référent", explique l'un de ses membres. C'est à lui qu'est revenue la tâche délicate de protéger le ministre de l'admiration parfois jalouse de ses conseillers : "Je traduis l'intérêt qu'il leur porte, je fais passer les messages." Ces dernières semaines, il lui a fallu leur expliquer que tous ne pourraient pas s'installer au QG du candidat, que certains devaient ronger leur frein place Beauvau pour faire tourner le ministère, et que d'autres devaient rester à l'UMP pour garder un oeil sur la machine militante. Et lui ? Ne serait-il pas le premier des sarkozystes ? Lui qui n'avoue que des passions ordinaires pour Mozart et l'Italie ne serait-il pas tombé en pâmoison pour le gourou de la secte ? "C'est un personnage extraordinaire, lance-t-il avec un inhabituel emportement. Il a une extraordinaire subtilité. Je sais que cela peut paraître flagorneur, mais je suis sincère. J'ai connu des ministres agréables, comme Jean-Pierre Chevènement. Des ministres affectueux comme Charles (Pasqua). Mais l'agilité intellectuelle de Nicolas Sarkozy est exceptionnelle. C'est fascinant de le voir sans cesse en mouvement." Une seule fois il s'inquiétera pour lui. Lors de la tempête qui s'abat sur le couple Sarkozy en 2005. "Il a été diminué pendant quelques semaines. Mais il en est sorti avec un réel supplément d'humanité." Cette fascination, il y succombe dès 2002 quand il est appelé par le ministre de l'intérieur à devenir son directeur de cabinet. Le ministre cédant peu à peu la place au candidat, Claude Guéant tient les manettes de la place Beauvau, comme il tiendra celles du ministère des finances quand Nicolas Sarkozy s'y installera, en 2004. Revenu à l'intérieur, il se pose cette fois en véritable doublure de son patron. Sarkozy parcourt la France. Délaisse son ministère. Guéant veille, assurance tous risques d'un ministre en campagne. "Sarkozy peut négliger son ministère, de toute façon, c'est Guéant qui fait tout", s'énerve un jour Jean-Louis Debré dans un hommage involontaire. Un de plus. Enfant de Vimy (Pas-de-Calais), fils aîné d'une institutrice et d'un employé d'une société de transports, élevé dans une atmosphère laïque mais imprégné de valeurs chrétiennes, Claude Guéant semble fait pour le service. Il assume le mot, même s'il confie qu'il peut paraître "un peu cul-cul". "Je suis entré à l'ENA pour le plaisir de rendre service. Pour avoir l'impression d'être utile à mes concitoyens", dit-il. Par goût du pouvoir peut-être ? "Le pouvoir n'est pas ma priorité. Ce qui me plaît, c'est de trouver des solutions pour que cela marche. Je n'ai pas de jouissance à commander." Ceux qui l'ont rencontré, comme Jean-Paul Huchon à la fin des années 1960 dans la prestigieuse école de la rue de l'Université, se souviennent d'un jeune homme qui portait des costumes trois pièces, alors que le jean était en passe de devenir le nouvel uniforme. A l'ENA, il croisera Jean-Louis Bianco - directeur de campagne de Ségolène Royal - pour qui il avoue une réelle "admiration". Mais Bianco, lui, refuse de parler de son compagnon d'études. Par peur d'en dire lui aussi du bien ? Désormais le voici totalement lancé dans le grand bain de la politique. Côté coulisses. Il attendait cette heure. "Ma tâche de haut fonctionnaire est parfois frustrante. On perçoit ce qu'il faut faire, mais on échoue toujours. Avec Nicolas Sarkozy, je peux enfin satisfaire mes ambitions pour mon pays." Dans son bureau de la rue d'Enghien, il gardera un oeil sur le ministère. "S'il y a un problème, j'imagine que Nicolas Sarkozy m'appellera. Je deviendrai alors un collaborateur bénévole du ministère de l'intérieur." Servir, dit-il. § C'est en matière économique et sociale que Nicolas Sarkozy s'est montré le plus précis, détaillant son projet sur la fiscalité et sur la revalorisation du travail et soulignant de facto le flottement des socialistes. § C 'est en matière économique et sociale que Nicolas Sarkozy s'est montré le plus précis, détaillant son projet sur la fiscalité et sur la revalorisation du travail et soulignant de facto le flottement des socialistes. Le candidat UMP, qui s'est défendu d'être "un conservateur", veut "tendre la main" à la France "des travailleurs qui ont cru à la gauche de Jaurès et de Blum". Mais c'est dans le contrat de législature de l'UMP qu'il a trouvé son inspiration plutôt libérale. M. Sarkozy a proposé de porter à 100 % le crédit d'impôt recherche, de baisser l'impôt sur les sociétés pour les entreprises qui investissent et créent des emplois, et de mettre en place un bouclier fiscal à 50 % des revenus. Ce plafond est celui fixé par la Cour constitutionnelle allemande au milieu des années 1990. Sa décision avait conduit à la suppression de l'ISF outre-Rhin. M. Sarkozy semble faire droit à l'aile la plus libérale de l'UMP désireuse d'intégrer la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution de remboursement à la dette sociale (CRDS) dans ce dispositif applicable depuis le 1er janvier mais limitant pour l'instant à 60 % des revenus la somme des impôts (IR, ISF, impôts locaux). Le candidat veut aussi développer une fiscalité écologique et laisse ouverte la possibilité d'une TVA sociale. Préconisant plus de flexibilité - sans employer ce terme - en contrepartie d'une sécurité des parcours professionnels, M. Sarkozy est partisan d'un contrat unique à durée indéterminée remplaçant les contrats précaires. Il propose "que les bas salaires soient garantis en cas de perte d'emploi, en contrepartie de l'obligation de ne pas refuser plus de deux offres d'emplois successives". Il veut exonérer de charges sociales et d'impôt sur le revenu les heures supplémentaires - une façon de poursuivre le détricotage des 35 heures engagé en 2003 - et de donner à chaque Français la possibilité "de transmettre en franchise d'impôt sur les successions le fruit d'une vie de labeur". La gauche y voit le signe d'un capitalisme de rentiers. De la droite républicaine dont il "assume les valeurs d'équité, d'ordre, de mérite, de travail, de responsabilité", M. Sarkozy a repris la critique de "l'assistanat généralisé". "La République réelle (...) C'est la République où les devoirs sont la contrepartie des droits", a-t-il dit, proposant qu'"aucun minimum social ne soit accordé sans la contrepartie d'une activité d'intérêt général". C'est au nom de l'équité et du refus des "archaïsmes" qu'il veut réformer les régimes spéciaux de retraite pour les aligner sur ceux du privé et de la fonction publique et de garantir le service minimum, en cas de grève, par la loi "dès le mois de juin 2007". "Je souhaite (...) qu'une loi impose le vote à bulletins secrets dans les 8 jours du déclenchement d'une grève dans une entreprise, une université, une administration", a-t-il dit. Empruntant au PS sa référence au "droit opposable" au logement, M. Sarkozy a proposé de l'étendre à l'hébergement, à la garde d'enfants et à la scolarisation des enfants handicapés. Dans ces deux derniers domaines, il s'est donné cinq ans. Il a enfin annoncé une allocation de formation de 300 euros par mois pour les jeunes et la possibilité pour eux "d'emprunter à taux zéro avec la garantie de l'Etat" pour financer un projet personnel. Il propose la déductibilité des intérêts d'emprunts du revenu imposable pour faire de la France un pays de propriétaires. § Les militants ont intronisé, dimanche 14 janvier, à Paris, le président de leur parti comme candidat officiel de l'UMP à la présidentielle. § L e voilà seul devant la foule des militants de l'UMP. 70 000 ? 100 000 ? Chiffres difficilement vérifiables. Qu'importe : le congrès de la porte de Versailles du 14 janvier, qui a intronisé Nicolas Sarkozy candidat officiel à la présidentielle, peut désormais prendre rang dans la lignée des grand-messes gaullistes et chiraquiennes. CHIFFRES RÉSULTAT. Nicolas Sarkozy a été désigné candidat de l'UMP à l'élection présidentielle par 98,1 % des 233 779 votants. Le taux de participation au vote a été de 69,06 %. AFFLUENCE. Le congrès a rassemblé, selon les organisateurs, à la mi-journée, plus de 70 000 personnes. NOMINATIONS. Claude Guéant, directeur de cabinet de M. Sarkozy au ministère de l'intérieur, est nommé directeur de campagne. Rachida Dati, conseillère, et Xavier Bertrand, ministre de la santé, deviennent porte-parole. Nicolas Dupont-Aignan a quitté l'UMP Privé de parole au congrès de l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne, candidat "gaulliste et républicain" à l'élection présidentielle, a annoncé, samedi 13 janvier, son départ du parti présidé par Nicolas Sarkozy. "Il apparaît qu'il n'y a pas de liberté d'expression au sein de l'UMP, qu'on est entré dans le star system et que les gaullistes n'y ont pas de place", a-t-il expliqué. M. Dupont-Aignan évoque également des divergences de fond portant sur l'Europe et la politique étrangère de M. Sarkozy. Seul, mais désireux d'être lui-même. Rarement une réunion politique n'aura rassemblé autant de monde pour entendre l'orateur aborder sa campagne présidentielle en parlant de lui et convaincre son auditoire qu'il était un homme nouveau, après vingt-cinq ans de vie politique. Comme si le problème numéro un, c'était d'abord lui, ce personnage atypique, ce "fils d'immigré" comme il se décrit, ce "petit Français au sang mêlé". Cet homme aussi qui, malgré tous ses efforts, inquiète encore 51 % des Français selon un sondage IFOP paru le matin même dans le Journal du dimanche. Résolu à parler "des sentiments gardés longtemps" pour lui, le candidat a choisi de se mettre à nu avant d'apparaître en candidat. "J'ai changé parce qu'à l'instant où vous m'avez élu j'ai cessé d'être le président d'un seul parti (...), j'ai changé parce que l'élection présidentielle est une épreuve de vérité à laquelle personne ne peut se soustraire. Parce que cette vérité je la dois aux Français." Evoquant "les épreuves" politiques, les "souffrances personnelles", ses "échecs", il lance : "Aujourd'hui, j'ai compris que ce sont les épreuves, les faiblesses, les peines, les échecs qui rendent plus fort, qui sont les compagnons de celui qui veut aller loin." "Mon discours est un peu impudique, avait-il confié la veille à un proche, j'ai peur que cela ne passe pas." Le silence de cathédrale au moment de ses aveux a dû le rassurer. Le candidat a voulu également faire de son premier discours de campagne une réponse à ses adversaires. La gauche l'accuse-t-elle d'être le candidat des patrons ? Il lance : " Je veux être le président qui remettra le travailleur au coeur de la société." François Bayrou en fait-il le complice des puissances de l'argent ? Il réplique : "Je veux être le président qui s'efforcera de moraliser le capitalisme." Et pour couper les ponts avec le passé, il affirme : "Je veux être le président qui va remettre la morale au coeur de la politique." Apôtre de "la démocratie irréprochable", sorte de pendant à "l'ordre juste" de son adversaire socialiste, Ségolène Royal, dont il n'a jamais prononcé le nom, M. Sarkozy a saisi la seule occasion de faire la leçon à Jacques Chirac, à qui l'on prête l'intention de vouloir nommer son ami et président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, à la présidence du Conseil constitutionnel, le candidat balance : "La démocratie irréprochable ce n'est pas une démocratie où les nominations se décident en fonction des connivences et des amitiés mais en fonction des compétences. Le fait du prince n'est pas compatible avec la démocratie irréprochable." Après la vague de ralliements qui a précédé sa désignation, le candidat se devait d'offrir quelques signes à ses nouveaux soutiens. A Alain Juppé, qui s'est exprimé avant lui et se rêve en Al Gore de la droite, M. Sarkozy promet de s'occuper aussi du sort de la planète. A Jean-Pierre Raffarin et Michèle Alliot-Marie qui se veulent des gardiens sourcilleux de la Constitution, il promet de ne pas y toucher, mais reste ferme sur sa volonté de s'adresser au Parlement, s'il est élu. Mais l'hommage le plus inattendu sera celui rendu au président de la République "qui a fait honneur à la France quand il s'est opposé à la guerre en Irak, qui était une faute". Une manière de se défaire de son double "Sarkozy l'Américain". Une manière aussi de créer les conditions pour, le jour venu, obtenir un coup de pouce du chef de l'Etat. Mais le candidat s'imagine déjà ailleurs. "Je demande à mes amis qui m'ont accompagné jusqu'ici de me laisser libre, a-t-il conclu son discours d'une heure et quart, libre d'aller vers les autres, vers celui qui n'a jamais été mon ami, qui n'a jamais appartenu à notre camp, qui parfois nous a combattus. Parce que lorsqu'il s'agit de la France, il n'y a plus de camp." Apparemment détaché de son parti même s'il ne souhaite pas en abandonner la présidence, il veut "se tourner vers tous les Français, quels que soient leurs parcours, de gauche ou de droite. Je dois les rassembler, les convaincre qu'ensemble tout devient possible". Sur la grande tribune tricolore s'avance alors un choeur d'enfants pour entonner La Marseillaise. Un instant, le candidat reste seul avec eux, le temps de laisser contempler sa mue. Puis, c'est au tour des élus de le rejoindre. Un peu plus tard, Xavier Bertrand, porte-parole, est dépêché auprès des centaines de journalistes pour les premiers commentaires, une tâche que M. Sarkozy a longtemps assumée lui-même. C'est à ces signes que l'on peut voir que la campagne est lancée. § Autre nouveauté de ce sondage IFOP rendu public mardi, à paraître jeudi dans "Paris-Match" : François Bayrou devancerait Jean-Marie Le Pen au premier tour. § N icolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal avec 52 % des voix contre 48 %, selon le scénario de second tour de la présidentielle choisi par l'IFOP pour un sondage rendu public, mardi 16 janvier, à paraître jeudi dans l'hebdomadaire Paris-Match. Ces chiffres inversent la tendance des récentes enquêtes d'opinion, qui donnaient la candidate socialiste victorieuse. Ce sondage, réalisé au lendemain du congrès de l'UMP intronisant M. Sarkozy, fait apparaître une progression de trois points du candidat de l'UMP et une baisse d'autant pour la candidate du PS. 7 % (+ 1 point) des sondés ne se prononcent pas. Dans le précédent sondage IFOP Paris-Match réalisé les 17 et 18 novembre, Mme Royal était donnée gagnante au 2e tour avec 51 % d'intentions de vote contre 49 % à son rival. Un autre sondage IFOP pour le Journal du dimanche rendu public le 6 janvier donnait également la candidate du PS victorieuse avec 50,5 %. FRANÇOIS BAYROU DÉPASSE JEAN-MARIE LE PEN Au premier tour, M. Sarkozy arrive nettement en tête avec 33 % des intentions de vote, soit 4 points de progression. Mme Royal est à 28 % (- 1 point). François Bayrou gagne un point à 12 % et devance pour la première fois Jean-Marie Le Pen à 10 % (- 1 point). Viennent ensuite Olivier Besancenot à 3,5 %, (- 1,5 point), Marie-George Buffet à 3 %, (- 1 point), Arlette Laguiller à 3 % (inchangé), Philippe de Villiers à 3 %, (+ 1 point), Dominique Voynet à 2 % (inchangé), Corinne Lepage à 1 % (inchangé), Frédéric Nihous (Chasse, pêche, nature et tradition) à 1 % (inchangé) et Gérard Schivardi (Parti des travailleurs) à 0,5 %. 5 % des sondés ne se prononcent pas. JACQUES CHIRAC À 5 % Dans l'hypothèse où Jacques Chirac serait candidat et opposé dans une primaire à droite à M. Sarkozy au 1er tour, il ne recueillerait que 5 % des voix, contre 29 % au candidat de l'UMP. Mme Royal obtiendrait 28 % et François Bayrou 11 %, comme Jean-Marie Le Pen. Sondage réalisé par téléphone le 15 janvier auprès d'un échantillon national de 817 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, inscrites sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. § Candidature ? Retrait ? Le dilemme reste entier pour l'animateur d'Ushuaïa. Le président de son comité de soutien, Gérald Felzer, évoque dans "Le Parisien" une "troisième possibilité" : demander à l'UMP et au PS de "labelliser" chacun dix députés, "avec l'étiquette mouvement écologique". § C andidature ? Retrait ? Ce dilemme, Nicolas Hulot y pense "jour et nuit", a-t-il confié, lundi 15 janvier. L'animateur d'Ushuaïa doit se prononcer le 22 janvier. Mais mardi, le président de son comité de soutien, Gérard Fedlzer, a évoqué dans Le Parisien une "troisième possibilité" : "L'idée serait de demander aux deux grands partis PS et UMP de labelliser chacun dix députés aux prochaines législatives, avec l'étiquette mouvement écologique, pour constituer un groupe autonome à l'Assemblée." Antoine Waechter prêt à se retirer pour une candidature Hulot "Si Nicolas Hulot était candidat, je pense qu'il effacerait tous les autres candidats" écologistes, a déclaré mardi sur Europe 1 le candidat du Mouvement écologiste indépendant. Antoine Waechter serait "tout à fait" prêt à s'effacer lui-même devant l'animateur. Dans un "appel" à la candidature de Nicolas Hulot publié mardi, M. Waechter a souligné que cette démarche pourrait "renouveler le paysage politique de l'écologisme en revenant à ses fondements". Une critique à peine voilée des Verts, dont M. Waechter s'est séparé quand ils ont décidé de s'ancrer à gauche. Le président du MEI a reconnu rencontrer des difficultés à rassembler les 500 parrainages requis. Il a expliqué que beaucoup de maires attendent de voir "ce que Nicolas Hulot va faire". - (Avec AFP) "Ce groupe serait chargé de veiller à la bonne application du pacte" écologique, ce texte de Nicolas Hulot qui a été signé par "un demi-million de Français" et par la plupart des candidats à la présidentielle. "Est-ce jouable ? il faut voir", poursuit M. Feldzer. "RÉVÉLATION POLITIQUE DE L'ANNÉE" "Pour moi, il doit se lancer. Sans quoi, dans cette campagne, on ne parlera plus d'écologie et de conséquences du réchauffement climatique. Le soufflé risque de retomber", continue à penser M. Feldzer. Pour le moment "il hésite", a-t-il indiqué. Nicolas Hulot a rassemblé environ 200 promesses de parrainage et "beaucoup de maires nous ont fait savoir qu'ils nous apporteraient leur soutien si Hulot se présentait", a-t-il précisé, assurant que "tout est prêt" pour une campagne. Actuellement, quatre écologistes sont candidats à l'Elysée : Dominique Voynet (Verts), Corinne Lepage (Cap 21), qui refusent tout ralliement à M. Hulot, Antoine Waechter (MEI), prêt à suivre une candidature de l'animateur, et France Gamerre (Génération écologie). S'il décide de se présenter le 22 janvier, Nicolas Hulot pourra être accusé d'avoir "manqué à sa parole", car il avait dit qu'il se retirerait si les grands candidats reprenaient ses propositions, explique Gérard Feldzer. Mais s'il ne se présente pas, il "décevra" les citoyens qui le soutiennent. Quelle que soit sa décision, il a été désigné mardi "révélation politique de l'année 2006", dans le palmarès annuel du Trombinoscope. § L'intégralité du débat avec Didier Maus, professeur de droit constitutionnel à Paris-I, mardi 16 janvier 2007. § L 'intégralité du débat avec Didier Maus, professeur de droit constitutionnel à Paris-I, mardi 16 janvier 2007. Ours : Quels sont les enjeux de la réforme du statut du chef de l'Etat ? Didier Maus : L'enjeu est double : il y a un enjeu traditionnel et un enjeu nouveau. L'enjeu traditionnel, c'est en réalité inscrire dans la Constitution la jurisprudence de la Cour de cassation de 2001 sur le fait que le président de la République, pendant son mandat, ne peut faire l'objet d'aucune action judiciaire. Lorsqu'il a fini son mandat, il redevient un citoyen ordinaire et les actions judiciaires, ou peuvent reprendre, ou peuvent commencer si elles n'ont pas débuté avant. C'est l'aspect qui ne présente aucune innovation par rapport au droit d'aujourd'hui, compte tenu de ce qu'a dit la Cour de cassation en 2000. Le deuxième aspect est beaucoup plus nouveau : c'est la création dans la Constitution d'une procédure de destitution au cas où le président de la République ne serait plus digne de la fonction. La formule qui figure dans le projet et qui, à ma connaissance ne fait l'objet d'aucun amendement, c'est de dire : le président de la République peut être destitué en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. C'est là la nouveauté. Il y a évidemment derrière cela pas mal d'interprétations possibles. Pour faire simple, je crois que c'est la conséquence de ce qu'est le président de la République sous la Ve République : il est élu au suffrage universel direct et il a la responsabilité d'assurer la continuité de l'Etat. Que se passe-t-il si, à un moment ou à un autre, un président de la République sort véritablement de son rôle ou a un comportement personnel indigne d'un président de la République ? C'est là que la procédure de destitution devient une "arme de dissuasion" ; si le président ne démissionne pas de lui-même, la procédure peut être enclenchée et le cas échéant arriver à sa destitution. Mais dans mon esprit, cette procédure ressemble à la bombe atomique : elle doit éviter en réalité qu'on ait à destituer. Voir l'article de Guy Carcassonne dans Le Monde d'aujourd'hui. Bill : Quels sont les différences entre le projet de destitution à la française et l'"impeachment" américain? Didier Maus : L'"impeachment" américain se situe dans un cadre constitutionnel complètement différent qui est celui d'un régime présidentiel où le président est mis en accusation par la Chambre des représentants et jugé par le Sénat. C'est une procédure qui a un caractère parajuridictionnel, puisque le Sénat, dans ce cas-là, est présidé par le président de la Cour suprême. Il y a certainement une analogie d'idée entre la procédure américaine et le projet français, mais celui-ci, d'abord s'inscrit dans un cadre de deux Assemblées disposant des mêmes pouvoirs, le bicaméralisme est parfaitement respecté ; et c'est une sanction d'un manquement déontologique et non pas d'un manquement pénal. Il faut bien voir que la procédure de destitution sera, si elle est adoptée, totalement déconnectée d'un aspect pénal classique. A mon avis, le projet devrait donc s'appeler "responsabilité constitutionnelle du président de la République". Si je prolonge le raisonnement, tout cela s'inscrit dans un cadre bien connu maintenant, qui est celui de ce que j'appelle l'exception constitutionnelle française. La France est le seul pays de l'Union européenne où le président de la République joue un véritable rôle politique permanent. D'où l'idée qu'il faut qu'il y ait des formes de responsabilité au cas où il manquerait véritablement aux devoirs de sa charge. Dans l'esprit des rédacteurs du projet, ce n'est pas du tout un problème de responsabilité politique au quotidien. Pour cela, la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale fonctionne. C'est vraiment une responsabilité par rapport au rôle constitutionnel du président. L'article 5 de la Constitution dit : le président de la République veille au respect de la Constitution, il assure par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat ... et s'il ne remplit pas ce rôle, il me semble qu'on serait dans le cadre de la destitution. Lilou : Qui décidera si le chef d'Etat n'est plus "digne" de son mandat ? Didier Maus : La procédure qui est proposée est une procédure à étapes successives. Première étape : il faut qu'il y ait une des deux Assemblées qui prenne l'initiative de la procédure et donc considère que le président n'est plus digne. Si cette première Assemblée vote une motion de destitution, il faut que la seconde Assemblée vote la même motion. Ces deux votes intervenant avec des majorités renforcées. Je ne sais pas si en fin de compte ce sera les 3/5e ou les 2/3e. Troisième étape : si les deux premières ont été identiques, c'est le Parlement en tant que tel, députés et sénateurs réunis, qui aurait à voter, là aussi à une majorité renforcée, sur la destitution. Donc en réalité, pour répondre à votre question, l'appréciation finale serait portée par les députés et les sénateurs ensemble. Rou : Quels pourraient être des manquements aux devoirs de la charge de président de la République ? Didier Maus : Que peut-on imaginer comme type de manquement ? C'est difficile sans être désagréable, mais il y a des exemples. Premier exemple : il y a eu sous la IIIe République Jules Grévy, président, qui a été obligé de démissionner parce que son gendre se livrait à un trafic de décorations. Il est évident que nous espérons qu'une telle situation ne se reproduira pas, mais il y a des pays où des présidents de la République ont été destitués pour des raisons de corruption. Imaginons qu'un président de la République, soit commette des crimes de type passionnel, soit couvre par son comportement des pratiques totalement illicites, soit tienne des discours qui seraient des appels au racisme, à la ségrégation ou à la violence, indignes d'un président de la République. Voilà une première série d'hypothèses, ce que j'appelle le comportement personnel. § Marie-George Buffet, candidate communiste à la présidentielle, a implicitement refusé de répondre à l'appel de José Bové, qui réclame une "rencontre" avec le PCF et la LCR sur une nouvelle candidature antilibérale "unitaire". § M arie-George Buffet, candidate communiste à la présidentielle, a implicitement refusé de répondre à l'appel de José Bové, qui réclame une "rencontre" avec le PCF et la LCR sur une nouvelle candidature antilibérale "unitaire". "Aujourd'hui, le temps est au combat contre Sarkozy, le temps est au combat contre Le Pen, le temps est à faire grandir les propositions d'une gauche populaire, antilibérale, le temps n'est plus au débat sur les candidatures", a déclaré Mme Buffet, en marge de ses vux à la presse, mardi 16 janvier. Elle a décrit le candidat de l'UMP comme un "loup qui se déguise en agneau", incohérent selon elle car il se dit favorable aux logements sociaux sans en construire dans sa commune, Neuilly-sur-Seine. "COMPLÈTEMENT OUVERTE" Contre les "shows médiatiques" de M. Sarkozy et Mme Royal "Notre démocratie va-t-elle encore descendre de quelques marches dans le soi-disant débat politique fait de petites phrases, de shows médiatiques, qu'ils soient à la porte de Versailles ou sur la Muraille de Chine, ou va-t-elle trouver une porte nouvelle dans un grand débat populaire citoyen ?", a ironisé Marie-George Buffet mardi. La candidate communiste a ainsi choisi de renvoyer dos à dos Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. "Je me bats (...) pour une nouvelle majorité à gauche. Je regarde le programme que présente Ségolène Royal. Je n'ai pas l'impression que cette politique soit vraiment apte à changer les choses dans notre pays, à faire en sorte que cette fois-ci la gauche réussisse", a-t-elle dit. - (Avec Reuters) La candidate, investie par le PCF après avoir échoué à créer le consensus au sein des collectifs unitaires, a dit souhaiter qu'il y ait "le plus large rassemblement autour de ce qu'(elle veut) porter", c'est-à-dire "tout le travail fait pendant des semaines et des semaines par les collectifs sur des propositions alternatives". S'appuyant sur une pétition en ligne signée par plus 15 000 personnes, José Bové s'est déclaré lundi toujours "disponible" pour être le candidat des antilibéraux à la présidentielle. Le syndicaliste annoncera sa décision pour 2007 fin janvier. Il a laissé entendre qu'il se présenterait si Mme Buffet et M. Besancenot se retiraient, fait improbable. Lundi, il a proposé à ses deux concurrents de mettre au point une campagne "unitaire" avec meetings communs et partage des temps de parole. Renversant cette logique, la candidate communiste, se disant "complètement ouverte", a affirmé que "tous ceux qui veulent prendre la parole le 23 janvier au Zénith seront les bienvenus". Elle présentera ce jour son programme antilibéral. § Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a critiqué le candidat de l'UMP pour sa proposition de réforme du droit de grève, lundi 15 janvier. § § Dominique de Villepin a endossé, mardi 16 janvier, à l'occasion de ses voeux à la presse, son costume de campagne. § L oyal à son camp, mais différent : Dominique de Villepin a endossé, mardi 16 janvier, à l'occasion de ses voeux à la presse, son costume de campagne. Pour apaiser les esprits et rassurer son camp, le premier ministre a promis d'agir "dans un esprit de rassemblement, parce que l'unité est la condition de la victoire". "C'est pour cela que j'ai voulu me rendre dimanche au congrès de l'UMP avec Nicolas Sarkozy", décrypte-t-il. Sur le fond, c'est une autre histoire. Le premier ministre estime d'emblée que "les Français attendent de nous un projet collectif à construire", jugeant sans doute que le programme de l'UMP ne répond pas encore complètement à leurs attentes. "Je le ferai avec mes convictions", mais, promet-t-il, "en défendant les valeurs qui sont celles de ma famille politique". Par touches, le premier ministre commence donc à définir les contours de ce "projet à construire". S'appuyant sur les succès du gouvernement en matière de baisse du chômage, M. de Villepin a suggéré une réforme de l'assurance-chômage. "Plus généreuse pour les jeunes et les salariés précaires", elle permettrait d'ouvrir le droit à l'assurance chômage dès le quatrième mois au lieu du sixième, notamment pour tenir compte des contrats courts. Mais "plus incitative au retour à l'emploi", elle introduirait un nouveau plafonnement des allocations. SE DISTINGUER DE NICOLAS SARKOZY SUR L'EUROPE Outre la mise en place d'un service public de l'emploi unique, rassemblant l'ANPE et l'Unedic, il a également proposé "l'élargissement" du contrat nouvelles embauches (CNE) - un CDI assorti d'une période d'essai de deux ans - réservé pour le moment aux PME de moins de 20 salariés. En écho au débat fiscal chez les socialistes, le premier ministre estime "qu'il n'y aurait rien de plus décourageant pour tous ceux qui travaillent que de revenir sur les baisses de l'impôt sur le revenu". Mais il semble aussi mettre en garde son propre camp contre la tentation de relâcher l'effort sur le déficit et le désendettement. "3 % de croissance, 6 % de chômage, 55 % de dette publique", devait définir comme objectifs M. de Villepin. Le premier ministre propose également d'aller plus loin sur la défense de la laïcité, qui n'est garantie qu'à l'école. Sur la base de la charte de la laïcité en cours d'élaboration par le Haut Conseil à l'Intégration, il propose donc "d'aller plus loin", notamment en imposant la mixité à l'hôpital ou dans les équipements sportifs. Dominique de Villepin s'est distingué de Nicolas Sarkozy en proposant de mettre en chantier "un nouveau projet institutionnel" européen et en réclamant un nouveau référendum, quand le président de l'UMP suggère un mini-traité et une ratification par le Parlement. § Tous, sauf M. de Villiers, ont répondu aux Etats généraux de la condition pénitentiaire. Mais l'idée de faire de la détention le "dernier recours" n'est pas reprise par M. Sarkozy. § L es principaux candidats à l'élection présidentielle s'engagent à mettre en oeuvre une loi de réforme pénitentiaire. Tous, ou presque, ont répondu à un questionnaire des Etats généraux de la condition pénitentiaire, dont les résultats ont été rendus publics, mardi 16 janvier. A l'exception de Jean-Marie Le Pen ou de Philippe de Villiers - qui n'a pas répondu -, la prison est devenue un sujet qui fait presque l'unanimité. "Il y a un consensus général sur les principes fondamentaux, se félicite l'ancien garde des sceaux, Robert Badinter. On ne peut plus continuer à avoir des prisons qui sont une humiliation pour la République et à se faire condamner par la Cour européenne des droits de l'homme." Ce consensus s'est construit en 2000, après la parution du livre de Véronique Vasseur, ancien médecin chef de la prison de la Santé, à Paris, qui a suscité une vive émotion. Deux rapports parlementaires ont brossé un état des lieux alarmant, suivi par un projet de loi du gouvernement Jospin. Mais celui-ci a finalement été enterré, de crainte qu'il n'affaiblisse le candidat socialiste dans la campagne présidentielle de 2002, dominée par le thème de la sécurité. Le pari de l'Observatoire international des prisons (OIP), qui organise ces Etats généraux (avec la Ligue des droits de l'homme, Emmaüs, des représentants de magistrats, d'avocats ou du personnel pénitentiaire), est de faire entendre ses propositions, à quelques semaines des échéances électorales. De François Bayrou à Ségolène Royal, en passant par Olivier Besancenot, Arlette Laguiller, Marie-George Buffet, Dominique Voynet ou Corinne Lepage, les candidats reprennent à leur compte le manifeste des Etats généraux de la condition pénitentiaire, qui demande une loi garantissant les droits des détenus. Nicolas Sarkozy plaide pour une loi pénitentiaire sans reprendre stricto sensu les propositions des Etats généraux. Dans leurs réponses, les candidats sont favorables au respect des droits des détenus et à des conditions de détention dignes ; à l'encellulement individuel ; à la sortie des malades atteints de troubles psychiatriques graves ; à la diminution du recours à la détention provisoire ; à l'instauration d'un contrôle indépendant des prisons ; à favoriser la réinsertion. "CONSENSUS" "Il faut rompre avec la politique du toujours plus d'enfermement qui veut nous faire croire que plus de prison... c'est plus de sécurité, alors que cette politique a manifestement échoué dans la lutte contre la montée des violences", écrit Ségolène Royal. Elle s'engage à "rapidement faire adopter une loi pénitentiaire qui rappellera que la privation de liberté est une sanction grave (...), qui doit donc être prononcée avec mesure". Elle met l'accent sur "l'aménagement systématique de la peine" pour favoriser la réinsertion. Nicolas Sarkozy est nettement plus mesuré. Il rappelle que "ce sont les gouvernements de droite qui ont le plus agi en faveur des prisons", notamment en augmentant le nombre de places. Il considère "la dignité de la condition carcérale" comme "une priorité". Il est favorable à "une séparation stricte", dans des établissements différents, entre les mineurs et les majeurs et entre les prévenus et les condamnés, entre les malades psychiatriques et les autres. Le ministre de l'intérieur ne reprend pas à son compte la première proposition des Etats généraux, selon laquelle la prison doit être un "dernier recours". Il met peu l'accent sur les alternatives à la détention, en dehors du bracelet électronique. Le secrétaire général de l'OIP, Patrick Marest, ne cache pas sa déception et considère que M. Sarkozy "n'est pas dans le consensus". François Bayrou veut "opérer une profonde réforme du système pénitentiaire (...) en lui donnant les moyens de ses missions, pour qu'il soit digne d'un Etat de droit". Il propose un doublement du budget de la justice en dix ans. Il demande que le travail des prisonniers soit rémunéré et "régi par les règles communes". Il met l'accent sur la réinsertion, une des "missions fondamentales" de la prison. Pour lui, "toute peine devrait être exécutée en partie en milieu fermé, en partie en milieu ouvert. La libération conditionnelle doit être la règle". Les autres candidats s'associent à la démarche de l'OIP, à l'exception de Jean-Marie Le Pen, qui prône la construction de nouvelles prisons et l'expulsion des détenus étrangers. Au terme d'un an d'enquêtes et de lobbying, l'OIP a su placer la situation de la prison dans la campagne. La publication en octobre 2006 d'un cahier de doléances donnant la parole à 15 000 détenus, soit un quart de la population carcérale, a fait resurgir le débat sur l'état dégradé des prisons. Le soufflet ne risque-t-il pas de retomber, comme en 2002 ? "Ce n'est pas une mesure politique populaire, explique Robert Badinter, mais le consensus est plus grand sur les prisons que sur l'abolition de la peine de mort en 1981. Les candidats se sont engagés. Une loi peut être mise en place rapidement, dès l'automne." § "La presse est bonne", se sont réjouis les conseillers du président de l'UMP, qui faisait sa première visite en tant que candidat lundi. § A lors, a-t-il changé comme il l'a affirmé la veille lors du congrès d'investiture de l'UMP ? Quand Nicolas Sarkozy arrive, en cette matinée brumeuse du 15 janvier, dans la baie du Mont-Saint-Michel pour sa première sortie de candidat officiel, on guette les signes de sa métamorphose : une berline crème aux vitres non teintées remplace sa voiture blindée de ministre, le service d'ordre est ostensiblement discret. Le dress code du jour : col roulé pour tout le monde. M. Sarkozy a choisi le bleu marine ; bien inspiré, Philippe Douste-Blazy, qui achève son ralliement et l'accompagne, a opté pour le gris. Les frais de déplacement, assure l'entourage, sont pris en charge par le compte de campagne."LA PRESSE EST BONNE" Les propos se font humbles, inspirés par la magie du lieu. Pourquoi le Mont-Saint-Michel ? "Parce que, répond M. Sarkozy, c'est la rencontre de la spiritualité et du travail des hommes." Apparemment détaché des choses du monde, il bavarde avec Frère François et Soeur Judith, de la Fraternité monastique de Jérusalem dans les ruelles étroites de la cité. "On prie pour la France et le monde politique", explique le moine. "On en aura bien besoin", confesse M. Sarkozy, en pénitent. "C'est un long chemin, je veux rester humble. Rien n'est fait. Je veux aller à la rencontre des Français", répète-t-il à la centaine de journalistes présents. Mais ses conseillers ont l'humilité moins discrète. Les échos du congrès d'investiture sont encourageants. "La presse est bonne", dit-on. Un article surtout n'a pas échappé à l'entourage du président de l'UMP. L'éditorial du quotidien Libération du jour, signé du directeur du journal, Laurent Joffrin. "On dira beaucoup de choses, écrit le journaliste, mais on devra en reconnaître une : le candidat de la droite a produit une performance impressionnante." "Tu as lu le Joffrin ?", lance-t-on avec un demi-sourire contenant avec peine une jubilation intense. "Depuis quelques jours, des sondages montrent que Ségolène Royal s'effrite, explique Jean-Michel Goudard, conseiller en stratégie du candidat. Elle ne fait qu'esquiver, elle va le payer." Mais pour le publicitaire, ancien concepteur de la campagne de Jacques Chirac en 1995, "cela arrive peut-être tôt. Cela aurait été mieux fin février". Plongé dans l'admiration de la baie depuis une terrasse de l'abbaye, le candidat ne commente pas : "Je ne suis pas exalté quand tout va bien, confie-t-il. Je ne suis pas désespéré quand tout va mal." ETOURDERIE ? Mais à trop vouloir afficher sa sérénité, il en oublie ses classiques. Alors que François Hollande l'accuse de "captation d'héritage", parce que le président de l'UMP a cité Jaurès dans son discours d'investiture, il rétorque : "Il y a quelques années, François Mitterrand dans une réplique superbe avait dit : 'Vous n'avez pas le monopole du coeur.' Je laisserai le sectarisme à tous ceux qui veulent être sectaires." Pas de chance. Cette phrase a été prononcée par Valéry Giscard d'Estaing lors du débat télévisé de l'entre-deux-tours en 1974. Elle lui avait permis de prendre le meilleur sur son adversaire socialiste. Etourderie ? Excès de confiance ? Flagrant délit d'ignorance ? Il reste à M. Sarkozy un petit peu moins de cent jours pour potasser le bréviaire du socialisme français. § Comme une journaliste l'interroge sur la signification du "nous" dans son discours, François Hollande se lance dans une explication tarabiscotée. § D ans l'ambiance actuelle au PS, le plus petit détail prend son importance, jusque sur l'emploi d'un pronom. Comme une journaliste l'interroge sur la signification du "nous" dans son discours, François Hollande se lance dans une explication tarabiscotée. "Ségolène Royal est socialiste, elle a été investie par les socialistes, mais elle doit convaincre d'autres que les socialistes, commence-t-il. Il est normal que la candidate ait sa part d'autonomie, de liberté, et en même temps, le lien avec le parti est indispensable. Donc, nous sommes effectivement dans le nous." Comprendre : moi, elle, et le parti."NOUS SOMMES ENSEMBLE" Sur la question fiscale, qui divise visiblement le premier secrétaire et la candidate, les choses méritent cependant d'être précisées. M. Hollande poursuit donc : "Nous sommes ensemble, et nous allons apporter ensemble les solutions." Mais il change de nous, pour décrire la construction du projet présidentiel. Cette fois, le pronom se rapporte au premier secrétaire et au parti : "Nous pouvons y apporter notre propre désir, notre propre contribution." Et puis, il y a "elle", la candidate, ou "Ségolène". "Elle a voulu qu'il y ait pendant un mois et demi une discussion avec les Français. Elle apporte ses solutions." Pendant ce temps-là, "nous" - le premier secrétaire en l'occurrence -, "avons à défendre le projet" du PS adopté avant l'investiture de Mme Royal. Mais pour définir ce qu'est un "haut revenu", M. Hollande repasse à la première personne du singulier, alors qu'il avait pris soin, jusqu'ici, d'indiquer qu'il s'exprimait comme chef de file des socialistes. "J'ai évoqué pour ma part et à titre personnel 4 000 euros nets par mois pour un célibataire, 8 000 euros nets pour un couple sans enfants, 12 000 pour un couple avec deux enfants..." "C'EST ÇA, LA CONJUGAISON" Cela étant dit, il reprend son bâton de pèlerin sur un "nous" rassembleur : "Nous voulons une réforme globale des prélèvements obligatoires." Et revient sans cesse au "je" : "Moi, je défends le projet socialiste, je serai vigilant, non pour être gardien du dogme ou du temple, mais parce que je considère que c'est un atout. Je facilite la tâche." A ceux qui y perdraient quand même leur latin, M. Hollande finit par proposer une conclusion conciliante : "Arrivera le moment où la candidate et le parti, nous serons sur la même plate-forme." Aux curieux qui insistent, il fournit cette définition du partage des rôles : "Le parti doit s'adresser essentiellement à ses électeurs, la candidate a une majorité à dégager. Elle a le devoir d'aller plus loin, plus large... sans oublier le premier tour. C'est ça, la conjugaison." Il n'est pas sûr qu'au PS, tous aient le bon lexique. § Les visages fermés témoignaient d'une atmosphère morose, au siège du PS, pour les voeux de François Hollande, lundi 15 janvier. § I l règne comme un sentiment de flottement au Parti socialiste. Toutes les sensibilités étaient représentées, lundi 15 janvier, au siège du PS, pour les voeux de François Hollande. Hormis l'absence remarquée de Julien Dray, les deux directeurs de campagne de Ségolène Royal, François Rebsamen et Jean-Louis Bianco, les amis de Laurent Fabius, de Dominique Strauss-Kahn et de Lionel Jospin, tous étaient là. Mais les visages fermés témoignaient d'une atmosphère morose que le nouveau décor du PS, comme ces centaines de roses rouges suspendues la tête en bas dans la cour d'entrée, ne suffit pas à égayer. François Hollande est apparu affaibli après la polémique sur la fiscalité. "La candidate arbitrera", a déclaré le premier secrétaire qui, de façon inhabituelle chez lui, a parfois trébuché sur les mots et les chiffres. "Nous sommes pour une réforme fiscale globale plus juste et plus efficace", a-t-il souligné en précisant que c'est à "titre personnel" qu'il avait cité le seuil de 4 000 euros net par mois pour un célibataire dans le but de revenir sur les baisses d'impôt. "J'ai passé mon temps à me faire engueuler sur le marché ce week-end à cause de ça", râlait à quelques mètres une élue parisienne. "Il a clarifié les choses", tempérait l'ancien ministre Daniel Vaillant à la sortie. Monté dans son bureau après son discours, M. Hollande est redescendu quelques minutes plus tard pour justifier son point de vue. "Politiquement, nous n'échapperons pas au débat fiscal, a-t-il assuré. Je suis convaincu que le débat se fera sur cette question. Regardez le discours d'investiture de Nicolas Sarkozy. Si vous enlevez les formules, qu'est-ce qui reste ? Les mesures fiscales !" IL MANQUE QUELQUE CHOSE Mais il n'y a pas que cela. Entre le parti et la candidate, il manque quelque chose. Les équipes se regardent en chiens de faïence. Normal, dit-on, il en a toujours été ainsi, avec François Mitterrand comme avec Lionel Jospin. Mais le partage des rôles dans le couple Royal-Hollande n'est toujours pas compris. Le premier secrétaire a beau plaider pour la complémentarité, nombre d'élus en doutent. Surtout lorsque M. Hollande, piqué au vif par une remarque sur sa contradiction avec la ligne de la candidate au plan fiscal, répond : "Quelle ligne ? Elle n'en a pas encore !" Les piques lancées la veille par Dominique Strauss-Kahn, tant sur M. Hollande que les réserves exprimées sur Mme Royal, n'ont pas contribué à détendre l'atmosphère. Alors même que la candidate tardait à montrer des signes d'ouverture vis-à-vis de ses anciens rivaux à l'investiture - réclamés notamment par le premier secrétaire -, la mission confiée à DSK a aussitôt tourné au règlement de compte. Et nourri la rancune des fabiusiens laissés sur le banc de touche. SONDAGES MOINS FAVORABLES Et puis il y a l'air du temps. Si les sondages, dans l'ensemble, restent plutôt favorables, l'enquête LH2 parue lundi 15 janvier dans Libération a donné le bourdon aux socialistes. A la question "lequel des candidats prend le mieux en compte les préoccupations des catégories populaires ?", 19 % des Français et 19 % des ouvriers et employés ont cité en premier le candidat de l'UMP, devant Mme Royal (15 % et 14 % respectivement). Or, le contact de la candidate contre la "vie chère" avec ces catégories populaires était jusqu'ici présenté comme l'un de ses points forts... Et mardi, une enquête Ifop pour Paris-Match donnait désormais Nicolas Sarkozy vainqueur à 52 % au second tour, s'il était opposé à Mme Royal. L'agenda de la candidate du PS s'est récemment alourdi d'une réunion publique à Toulon, le 17 janvier, où un autre sondage, publié dans La Provence, donne M. Sarkozy vainqueur de la présidentielle dans la région PACA. Dans le Var, en particulier, le candidat de l'UMP, annoncé en meeting le 8 février à Toulon, est crédité de 59 % des voix au second tour. Consciente de ces difficultés, Mme Royal cherche à reprendre la main. Elle et son équipe travaillent sur un discours un peu électrochoc, qui marquerait les esprits, comme celui sur la sécurité et la délinquance prononcé à Bondy, le 13 mai. Mme Royal voudrait aborder le thème du travail, "de l'effort" opposé à l'assistanat... Ses dernières propositions remarquées remontent à septembre et octobre 2006 avec la carte scolaire et les jurys citoyens. Le moment idéal reste en débat. Car, entre-temps, elle doit poursuivre ses débats "participatifs", à Roubaix sur le logement le 19 janvier, à Montluçon sur l'environnement le 23, puis, après un déplacement dans les Antilles, le 1er février à Grenoble sur l'éducation. Le 11 février, la phase "d'écoute" devrait s'achever par un grand rassemblement des élus socialistes. Le programme présidentiel devrait alors commencer à être déroulé. La méthode agace mais les langues ne se délient pas en public. "Ça gèle toute dynamique de campagne", proteste un député. "Nous n'avons que des petites phrases, bravitude et autres...", s'agace un autre. "Je crois que la méthode qu'elle a choisie est la bonne. Nous sommes dans une campagne longue, a défendu, lundi, M. Hollande. En 2002, les propositions, à un moment, on ne les voyait plus." Serait-ce pour évoquer l'expérience passée ? Ou le présent ? M. Hollande a demandé à rencontrer Lionel Jospin. La rencontre est prévue début février... § Une étude BVA-Orange compare les potentiels de vote pour différentes personnalités. A la question "lors de l'élection présidentielle, pourriez-vous voter pour Ségolène Royal", 58 % des personnes interrogées ont répondu "oui". En novembre 2006, elles étaient 68 %. § S elon un sondage BVA-Orange rendu public mercredi 17 janvier, Ségolène Royal perd 10 points dans le potentiel de vote pour le premier tour de l'élection présidentielle. A la question "lors de l'élection présidentielle, pourriez-vous voter pour Ségolène Royal ?", 58 % des personnes interrogées ont répondu "oui", alors qu'en novembre 2006, elles étaient 68 %. Fiche technique Sondage réalisé par l'Institut BVA auprès d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. 956 personnes ont été interrogées par téléphone du 15 au 16 janvier 2007. La représentativité de l'échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, profession du chef de famille après stratification par région et catégorie d'agglomération. Il ne s'agit pas d'intentions de vote mais de potentiel de vote : pour chaque personnalité proposée, les personnes sondées ont la possibilité de dire s'ils voteraient "oui, certainement", "oui, probablement", ou "non en aucun cas". "Cette baisse constitue le plus fort mouvement parmi les potentiels de vote des douze personnalités testées", note Jérôme Sainte-Marie, directeur de BVA-Opinion. La synthèse des résultats du sondage note une baisse du potentiel électoral de la candidate chez les électeurs de la gauche non socialiste, chez les Verts (- 25 points) et à l'extrême gauche (- 21 points). Cette chute de popularité se traduit notamment dans le noyau dur des partisans de Mme Royal : 15 % des personnes interrogées estiment qu'elles voteront "certainement" pour Mme Royal (contre 22 % en novembre 2006). Le potentiel de vote pour Nicolas Sarkozy, en légère baisse, passe de 58 % à 56 %. LE PEN ET DE VILLIERS EN PROGRESSION L'essoufflement de la campagne de Ségolène Royal, après les pics de popularité qui ont marqué son investiture, semble se confirmer. Les déclarations contradictoires de la candidate socialiste et de François Hollande sur les questions fiscales ont brouillé l'image de la candidate. Nicolas Sarkozy profite pleinement de son investiture, 39 % des personnes interrogées considèrent qu'il fait la meilleure campagne, contre 26 % pour Ségolène Royal. Le candidat de l'UMP semble surtout réussi à avoir rassemblé son camp, 60 % des sympathisants de droite estimant que sa campagne est bonne. Alors que seuls 38 % des sympathisants de gauche estiment que la campagne socialiste est la meilleure. De même, pour 34 % des sondés, l'UMP est le parti le plus uni derrière son candidat, alors que seuls 28 % des personnes interrogées font le même constat pour le Parti socialiste. Le sondage note également une progression du potentiel de vote de Philippe de Villiers (4 points par rapport à début décembre) et de Jean-Marie Le Pen (+ 2 points par rapport à début décembre). Enfin, 69 % des personnes interrogées estiment que Nicolas Hulot est le mieux placé pour porter les idées écologistes, contre 8 % pour José Bové, 8 % pour Dominique Voynet et 6 % pour Corinne Lepage. Pour 75 % des sympathisants écologistes, l'animateur de télévision, qui doit faire connaître sa décision le 22 janvier, serait le meilleur candidat. § Demandé par Jacques Chirac lors de ses voeux aux Français le 31 décembre 2006, annoncé trois jours après par Dominique de Villepin, le projet de loi instituant un "droit opposable au logement" a été présenté en conseil des ministres, mercredi 17 janvier. § D emandé par Jacques Chirac lors de ses voeux aux Français le 31 décembre 2006, annoncé trois jours après par Dominique de Villepin, le projet de loi instituant un "droit opposable au logement" a été présenté en conseil des ministres, mercredi 17 janvier. Ce texte crée de nouveaux moyens de recours au profit des personnes qui ne parviennent pas à trouver une habitation décente. Son but est de rendre effectif un droit inscrit dans la loi Besson du 31 mai 1990. Elaboré dans l'urgence par les services du ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, le projet de loi a évolué depuis que M. de Villepin en a esquissé les contours, le 3 janvier. Le premier ministre avait indiqué que cette réforme entrerait en vigueur fin 2008 et ne concernerait que quelques catégories de personnes (SDF, travailleurs pauvres...) avant d'être étendue début 2012 aux occupants d'un local "insalubre ou indigne". Depuis lors, la cible des bénéficiaires s'est élargie. Dès le 1er décembre 2008, le droit opposable au logement sera ouvert aux SDF, aux familles menacées d'expulsion sans relogement, aux personnes hébergées temporairement ou habitant dans des locaux insalubres, dangereux ou "impropres à l'habitation" et aux mal-logés élevant des enfants mineurs. A partir du 1er janvier 2012, il s'appliquera à l'ensemble des personnes qui ont droit à une HLM mais dont la demande n'a pas abouti après un "délai anormalement long". L'ETAT RESPONSABLE Les publics concernés pourront se tourner vers une "commission de médiation". Si leur cas est jugé prioritaire, le préfet sera tenu de leur proposer un toit, faute de quoi celui-ci pourra être poursuivi devant le tribunal administratif et sommé de reloger les requérants, sous astreinte financière. Les recours juridictionnels s'exerceront contre l'Etat, sauf s'il délègue sa responsabilité aux collectivités locales qui le souhaitent. Dans ce cas, elles récupéreront le contingent préfectoral de logements sociaux qui sert à loger les plus démunis. Cette réforme suscite des réactions mitigées, voire défavorables, au sein de la majorité parlementaire. "Je ne suis pas sûr que ce soit la solution idéale, compte tenu de la pénurie de logements accessibles, confie le sénateur Dominique Braye (UMP, Yvelines). Le risque est de faire passer les "super-prioritaires" devant les autres demandeurs de logement sociaux." A gauche, les parlementaires s'interrogent sur "la sincérité de la démarche", selon le sénateur Thierry Repentin (PS, Savoie). Le 11 avril 2006, celui-ci avait défendu un amendement au projet de loi "Engagement national pour le logement" qui proposait d'instaurer "l'opposabilité du droit au logement". Son collègue Jack Ralite (PCF, Seine-Saint-Denis) était intervenu dans le même sens quelques jours plus tôt. "Prématuré et irréaliste", avait rétorqué la ministre déléguée à la cohésion sociale, Catherine Vautrin. § Chaque organisation soutenant la candidature du FN fera campagne chacune de son côté, énoncé Jean-Marie Le Pen mecredi. Les "d'exceptions" se décideront "au coup par coup". § P ris dans une polémique au sein de son parti sur la place à accorder à Bruno Mégret, président du Mouvement national républicain (MNR), dans sa campagne pour l'élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen a tranché : " Chaque organisation soutenant ma candidature dans le cadre de l'Union patriotique (la structure de rassemblement créée à cet effet) fera campagne chacune de son côté, parallèlement au Front national", déclare-t-il au Monde."AU COUP PAR COUP" La règle ainsi énoncée pourra souffrir "d'exceptions", mais le président du FN se réserve le droit de les fixer "au coup par coup". Il ne souhaite pas en faire pour la convention présidentielle prévue, fin février, à Lille (Nord) : "Personne ne sera invité, ni à participer, ni à monter sur la tribune", précise-t-il. De même, M. Le Pen ne "voit pas de raison" d'inviter M. Mégret au "banquet patriotique" qu'il doit présider, samedi 27 janvier, à Yvetot (Seine-Maritime). Ce alors que le président du MNR avait fait savoir au Monde qu'il pourrait s'y rendre. Enfin, M. Le Pen "ne trouve pas "convénient"" le projet de Carl Lang, vice-président du FN, d'organiser "a minima" une conférence de presse avec M. Mégret, début février, dans le Pas-de-Calais. Ces décisions devraient satisfaire Marine Le Pen, la directrice stratégique du FN, qui ne souhaitait pas que M. Mégret soit présent à Lille et voit "plus d'inconvénients que d'avantages" à faire campagne commune (Le Monde du 16 janvier). "Ces décisions sont contraires à la stratégie voulue par M. Le Pen en créant l'Union des patriotes, mais j'ai bien compris qu'il y avait au FN un courant mené par Marine Le Pen et Louis Aliot pour torpiller (cette) Union" a déclaré au Monde M. Mégret. § Sortie affaiblie d'un long conflit interne, l'association altermondialiste entend peser sur les élections de 2007. Sans donner de consigne de vote. § S ortie affaiblie d'un long conflit interne, l'association altermondialiste Attac entend peser sur les élections, présidentielle et législatives, de 2007. Sans donner de consigne de vote. Ses deux coprésidents, Jean-Marie Harribey et Aurélie Trouvé, ont présenté, mardi 16 janvier, le Manifeste altermondialiste (Editions Mille et Une Nuits). En 102 propositions, l'ouvrage se fixe comme objectif de replacer au centre de la campagne "la question d'une alternative au néolibéralisme", absente des programmes des principaux candidats, selon Attac. "HUIT MESURES ESSENTIELLES" "Il contient huit mesures essentielles pour enclencher immédiatement une nouvelle dynamique", explique Jean-Marie Harribey. Comme l'arrêt de la libéralisation du marché de l'électricité, la mise en place d'une taxe sur le carbone, l'instauration d'un revenu "décent" ou la création d'un service public du logement pour lutter contre la spéculation foncière et immobilière. "Si des candidats reprennent certaines de nos idées, nous sommes d'accord, explique M. Harribey. Mais l'objectif premier, c'est que les citoyens s'emparent de ces débats." L'association entend retrouver ainsi son rôle d'expertise et d'éducation populaire, quelque peu perdu avec les querelles internes. "Nous prononcerons sur certains points des programmes et sur les grands thèmes de la campagne comme la fiscalité, les retraites, la réduction des inégalités ou l'équilibre écologique", assure Pierre Khalfa, membre fondateur d'Attac. § Olivier Besancenot a été reçu, mardi 16 janvier, au "ministère" de la crise du logement, un immeuble du centre de Paris, occupé par des associations. § § La loi n'oblige pas les candidats à rendre public leur patrimoine, mais la polémique provoquée par la publication des avoirs de Ségolène Royal a poussé les autres candidats à faire de même. § S égolène Royal a rendu publique sa déclaration patrimoniale, mardi 16 janvier, après les rumeurs l'accusant de contourner l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Avec son compagnon, François Hollande, elle possède un appartement de 120 m2 à Boulogne-Billancourt, d'une valeur de 197 800 euros. Elle possède une part de 108 000 euros dans une maison dans les Alpes-Maritimes ainsi qu'une maison dans sa circonscription à Melle d'une valeur d'achat de 168 000 euros moins 111 024 euros d'emprunt sur 15 ans en cours de remboursement, soit 50 000 euros de patrimoine net. Aucune action-obligation, aucun objet de valeur ni d'assurance-vie. Nicolas Sarkozy a affirmé, mercredi, par la voix de ses porte-parole, qu'il payait l'impôt sur la fortune depuis un an et publierait "dans les jours à venir" son patrimoine détaillé. Le candidat UDF François Bayrou rendra publique sa déclaration de patrimoine "dès qu'elle aura été établie", a indiqué son entourage, qui précise que M. Bayrou "ne paie pas" l'impôt de solidarité sur la fortune. Le président du FN, Jean-Marie Le Pen, a déclaré qu'il n'était "pas hostile a priori" à la publication de son patrimoine, si les autres candidats à la présidentielle publient eux aussi ces informations. M. Le Pen est assujetti à l'ISF depuis qu'il a hérité en 1976 d'un patrimoine important légué par Hubert Lambert, fils d'un industriel du ciment. Ce patrimoine comporte notamment une propriété de plus de 4 500 mètres carrés dans le domaine privé de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), valorisée à plusieurs millions d'euros. Le président du Mouvement pour la France, Philippe de Villiers, "ne paye pas et n'a jamais payé" l'impôt de solidarité sur la fortune et évalue son patrimoine à environ 540 000 euros, en valeur actuelle. Selon la conseillère de presse de Philippe de Villiers, Isabelle Muller, celui-ci possède une propriété en Vendée évaluée à 350 000 euros, un studio à Paris évalué à 140 00 euros et des meubles évalués à 47 000 euros. Dominique Voynet, la candidate des Verts a rapidement dévoilé son patrimoine : elle possède une maison à Montreuil achetée à crédit pour 280 000 euros il y a deux ans et une maison en Bretagne. Pour acquérir sa maison en région parisienne, elle a emprunté plus de 200 000 euros. Sa résidence secondaire en Bretagne lui a coûté 800 000 francs en l'an 2000 (121 959 euros). La candidate de Lutte ouvrière, Arlette Laguiller, possède un patrimoine sensiblement identique à celui de 2002. Aucun bien immobilier, Clio achetée en 2000. Elle détient un compte livret A d'environ 3 000 euros, un compte épargne logement de 1 600 euros et touche des revenus mensuels de retraite de 2 300 euros. L'écologiste Corinne Lepage a communiqué son patrimoine à 20minutes.fr. "Mon mari et moi avons un actif imposable de 2,4 millions d'euros, qui comprend notamment une résidence principale à Paris de 960 000 euros, une maison à Cabourg de 420 000 euros, diverses copropriétés familiales (une à 139 000, l'autre à 115 000), des comptes épargne et des assurances-vie." En 2006, elle a payé 12 017 euros d'ISF. La communiste Marie-George Buffet loue, selon son porte-parole, "un appartement au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Elle possède une petite maison en Bretagne dont elle n'a pas fini de rembourser le crédit. Elle n'est pas sous le coup de l'ISF". Le candidat de la LCR, Olivier Besancenot, a fait savoir dans un communiqué qu'il est "copropriétaire depuis 2004 d'un appartement de 55 m2 dans le XVIIIe arrondissement de Paris : la valeur de son patrimoine est de 37 000 euros. Pas de valeurs mobilières. Il a acquis une Peugeot 106 en 2001, il a comme seul revenu son salaire de la Poste d'un montant mensuel de 1 000 euros nets. Il n'est donc pas soumis à l'ISF". § Le leader du MRC estime que Mme Royal, qu'il a ralliée, doit désormais permettre à son camp de surmonter le non au référendum de 2005. § C omment justifiez-vous votre ralliement à Ségolène Royal, partisane de la Constitution européenne, alors que vous en étiez un détracteur ? Mon non à la Constitution européenne était un non républicain, fondé sur des valeurs de responsabilité. Le non républicain rendait cohérents la critique sociale de l'Europe telle qu'elle s'est faite et le principe de redressement de cette construction européenne. Cette position ne se confondait pas avec d'autres non de gauche qui privilégiaient uniquement le versant critique, l'antilibéralisme. L'accord passé entre le MRC et le PS m'a paru pleinement satisfaisant. Il affirme la priorité d'un redressement économique et social de la construction européenne. Et Ségolène Royal a dit que la Constitution était caduque et qu'il fallait "faire l'Europe par la preuve". Comment voyez-vous repartir l'Europe sous présidence allemande ? Je souhaiterais qu'Angela Merkel ne se borne pas à prendre des contacts confidentiels mais qu'elle mette les peuples dans la confidence. La chancelière allemande, qui appartient à la même famille politique que Nicolas Sarkozy, voudrait que la politique monétaire soit située en dehors de la politique et elle pense qu'il suffit de faire un certain nombre de réformes - le marché du travail, contenir la pression salariale, allongement de la durée du travail... - pour mettre les choses en ordre. Cette position ne peut être celle de la France. Le projet de Constitution européenne est inacceptable sur un certain nombre de points et doit être renégocié. Chaque gouvernement doit définir publiquement sa position. Mme Merkel a dit qu'elle n'était pas pour une telle réforme et a fixé ses objectifs : la modification des règles de vote au Conseil et la taille de la Commission. Les positions de la France doivent être une réorientation de la construction européenne, la réforme des statuts de la Banque centrale, la lutte contre l'euro cher. C'est aussi ce que pense Mme Royal. Pour vous le problème n'est pas le niveau des taux d'intérêt fixés par M. Trichet, mais la politique de change ? La politique de change est ce qu'il y a de plus préoccupant. En sept ans, le dollar a été dévalué de 60 % par rapport à l'euro, ce qui aboutit à un ralentissement économique, décourage les investissements, favorise les délocalisations et pénalise les exportations. Nous ne sommes pas isolés, beaucoup de pays européens, comme l'Italie et l'Espagne, sont derrière nous en faveur d'une politique de change raisonnable. L'Allemagne, elle, se croit immunisée contre l'euro cher car elle a depuis la fin du XIXe siècle un quasi-monopole sur les exportations de biens d'équipement. C'est une vision de courte vue, car, à terme, la Chine et l'Inde produiront ces biens. Il faut tabler sur le marché intérieur européen et s'assurer que l'Europe peut rester un lieu de production industrielle. Il est souhaitable et nécessaire d'avoir un compromis car l'entente franco-allemande est une obligation de résultats. Quelles sont les réformes que vous préconisez ? Contrairement à la sinistrose organisée par les partisans du oui, la mécanique communautaire continue à fonctionner, vaille que vaille. Ce qui manque, c'est un interlocuteur politique fort par rapport à la BCE (Banque centrale européenne) et un eurogroupe qui devrait avoir compétence en matière de politique de change et budgétaire. La réforme des statuts de la BCE est une nécessité, en incluant dans ses objectifs la croissance et de l'emploi. Mais aussi la modification du pacte de stabilité pour exclure les dépenses de recherche du calcul des déficits. On doit également rediscuter des règles de fonctionnement de la Commission - non seulement sa taille mais aussi ses rapports avec le Conseil, en confiant un pouvoir d'initiative à ce dernier. Enfin, dans la zone euro, le coeur de l'Europe, on peut trouver des convergences sociales et fiscales afin de provoquer une relance. Que voulez vous changer ? Il faudrait avoir dans la zone euro une harmonisation des impôts sur les sociétés. On pourrait aussi définir des critères de convergence sociale et fiscale au niveau des Vingt-Sept, même s'il est illusoire d'avoir un smic européen. Alors, on pourrait voter à la majorité qualifiée. Je ne suis pas un ennemi des délégations de compétence, exercées en commun, à condition qu'elles soient ciblées. Le nouveau traité devra être soumis à référendum. Il faut assouplir les règles de coopération renforcée, et permettre aux pays qui le veulent de construire des projets précis, comme on le fait en matière de défense ou d'aéronautique. Comment trouver votre place dans l'équipe de campagne, avec des gens aux conceptions aussi différentes que, par exemple, Dominique Strauss-Kahn ? Je ne partage pas avec M. Strauss-Kahn l'illusion qu'on puisse construire une nation européenne. Il faut faire une confédération de nations qui peuvent mettre en commun certaines de leurs compétences. Maintenant, c'est à Mme Royal de faire ses choix et d'utiliser ce qu'elle a en magasin. Et de réaliser ce dépassement du oui et du non sur une base dynamique, en ne méconnaissant pas les aspirations profondes de l'électorat de gauche. La synthèse est possible. § La candidate socialiste à l'élection présidentielle s'est prononcée mercredi à Luxembourg pour un nouveau référendum en France en 2009 "sur un traité qui permette aux institutions européennes de fonctionner". § L a candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, s'est prononcée, mercredi 17 janvier, pour un nouveau référendum en France en 2009 "sur un traité qui permette aux institutions européennes de fonctionner". Lors d'un déplacement à Luxembourg, Mme Royal dévoile ses positions sur l'Europe. "Je suis prête à prendre des risques politiques", a-t-elle déclaré à l'issue d'une rencontre avec le premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. La candidate n'entend pas soumettre le même texte que celui qui avait été rejeté par les Français en mai 2005, mais ne veut pas non plus que "les Français pénalisent les pays européens qui se sont déjà prononcés" en faveur de la Constitution, a précisé celle qui avait fait campagne pour le "oui". "TRAITÉ FONDAMENTAL DE BASE" "Ce que je souhaite, c'est qu'il y ait un volet social et que les droits des travailleurs soient pris en considération en Europe", a déclaré la candidate PS. Sur ce point, le premier ministre luxembourgeois est tombé d'accord avec Mme Royal. M. Juncker a précisé que le nouveau texte institutionnel européen ne devrait pas s'appeller "traité constitutionnel" mais "traité fondamental de base". Un avis partagé par la candidate socialiste, a-t-il précisé. Par ailleurs, Mme Royal a de nouveau demandé que le rôle de la Banque centrale européenne évolue : "Je souhaite un élargissement du statut de la BCE qui intègre très clairement, comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, non seulement la maîtrise de l'inflation mais aussi la croissance économique et le progrès social." "Il ne s'agit pas de remettre en cause son indépendance, mais il s'agit de ne pas la laisser exercer une omnipotence", a-t-elle ajouté. ACCORDS ET DÉSACCORDS AVEC NICOLAS SARKOZY Début décembre à Porto, lors d'un congrès des socialistes européens, Ségolène Royal avait exigé que la Banque centrale soit "soumise à des décisions politiques". Nicolas Sarkozy avait, lui aussi, fait une sortie remarquée contre "le dogme de l'euro fort", le 18 décembre, dans un discours teinté de social prononcé à Charleville-Mézières (Ardennes). A l'époque, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, avait riposté au concert de critiques, repris par d'autres candidats à la présidentielle. Après avoir signalé son intention de poursuivre le cycle de hausse des taux d'intérêt, le président de la BCE a estimé lors d'une audition au Parlement européen qu'il est "extraordinairement injuste et faux" de faire de l'euro un bouc émissaire. Sur la question des institutions, Dominique de Villepin s'est démarqué mardi, lors de ses vux à la presse, de Nicolas Sarkozy, en proposant de mettre en chantier "un nouveau projet institutionnel" européen et en réclamant un nouveau référendum. De son côté, le président de l'UMP suggère un mini-traité et une ratification par le Parlement. § Le sénateur UMP Roger Karoutchi a contesté mardi soir des affirmations du "Canard enchaîné" selon lesquelles seulement 25 000 personnes – et non 100 000 – étaient présentes dimanche à l'investiture de Nicolas Sarkozy. § "" u'on discute entre 75 000 et 100 000, je veux bien, mais là, ça ne tient pas debout", a déclaré, mardi soir 16 janvier, le sénateur UMP Roger Karoutchi. Mercredi, Le Canard enchaîné a publié un document selon lequel 20 949 sièges ont été installés dans le hall 1 du Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, où avait lieu le congrès d'investiture de Nicolas Sarkozy. Selon l'hebdomadaire, l'affluence totale n'était "guère supérieure" à 25 000, en comptant les personnes debout. L'UMP avait confirmé en fin de journée un bilan de "80 à 100 000 spectateurs", selon une estimation fondée sur le nombre de bracelets distribués, malgré les doutes formulés par les journalistes du Monde.fr présents. En fin de matinée, les organisateurs annonçaient déjà avoir atteint 79 000 spectateurs et Alain Juppé avait même évoqué le chiffre de 110 000 personnes. "DU ZÈLE" Selon Le Canard enchaîné, la direction de l'ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris a transmis un bilan de 35 000 personnes, dans une note au préfet. Ces policiers dépendant du ministre de l'intérieur, M. Sarkozy, ont "fait du zèle", ironise l'hebdomadaire. Pour M. Karoutchi, proche de Nicolas Sarkozy, 25 000 sièges avaient été disposés, mais il y avait "deux fois, trois fois plus de monde debout". Selon M. Karoutchi, président du groupe UMP au conseil régional d'Ile-de-France, "plus de 70 000 personnes" s'étaient inscrites à l'avance et avaient retiré un bracelet pour rentrer au congrès de l'UMP, et beaucoup de gens ont décidé de venir sans inscription, s'ajoutant ainsi à l'effectif des inscrits. M. Karoutchi a également contesté qu'une partie du hall 1 (5 hectares au total) ait été "neutralisée" pour resserrer l'espace disponible, comme l'indique le Le Canard enchaîné, citant un responsable du Parc des expositions. § L'UMP a fait savoir mercredi que son candidat était assujetti à l'impôt de solidarité sur la fortune "depuis un an". Ce n'est pas le cas de François Bayrou, a précisé l'entourage du candidat de l'UDF. § "N icolas Sarkozy paie l'ISF depuis un an", a expliqué la porte-parole du candidat de l'UMP, Rachida Dati, lors d'un point-presse mercredi 17 janvier. Le ministre de l'intérieur et président de l'UMP doit dévoiler sa déclaration d'ISF "dans les jours à venir". M. Sarkozy a donc répondu à l'appel à la transparence lancé par l'équipe de Ségolène Royal, qui a publié son patrimoine mardi pour faire taire une rumeur selon laquelle elle et François Hollande utilisaient une société civile immmobilière pour échapper à l'ISF. Dans la foulée, le candidat UDF à la présidentielle, François Bayrou, a fait savoir qu'il rendrait lui aussi publique sa déclaration de patrimoine "dès qu'elle aura été établie". Son entourage a précisé que cette décision avait été prise avant l'initiative de la candidate socialiste Ségolène Royal, mardi, de publier ses avoirs. M. Bayrou "ne paie pas" l'impôt de solidarité sur la fortune, a ajouté une source de son entourage. "LA POLÉMIQUE NE NOUS INTÉRESSE PAS" Au passage, l'UMP a rejeté les accusations des socialistes, pour qui la polémique fiscale entourant le couple Royal-Hollande porte la marque malveillante de la droite. Ségolène Royal a dénoncé une campagne de "racailles", sur RTL, mercredi. "La polémique ne nous intéresse pas et nous ne nous laisserons pas enfermer dans ce sujet-là", a déclaré Xavier Bertrand, l'autre porte-parole du candidat de l'UMP. La rumeur sur le couple Royal-Hollande a été relayée sur Internet, via les courriels et les blogs, notamment UMP, mais aussi dans des cercles de la gauche de la gauche, selon un membre de l'équipe de Ségolène Royal. François Hollande a porté plainte pour diffamation, mardi, contre le député UMP de l'Aveyron, Jacques Godfrain, qui l'a mis en cause dans La Dépêche du Midi. Ce dernier affirme n'avoir fait que "citer" des sites Internet. § Débat en direct avec Stéphane Rozès, directeur du département Opinions de l'institut de sondages CSA, vendredi 19 janvier 2007 à 15 h 00 § § "Quand le moment vient, je rétablis de l'ordre juste. J'ai mis un carton jaune", a déclaré la candidate socialiste, après avoir suspendu de ses fonctions son porte-parole. § A près la sanction, la leçon. Alors que Ségolène Royal vient de suspendre son porte-parole Arnaud Montebourg de ses fonctions, elle a tenté d'expliquer sa décision. "Quand le moment vient, je rétablis de l'ordre juste. J'ai mis un carton jaune", a déclaré la candidate socialiste. Elle a souligné que les "bons mots" ne doivent pas "blesser ou dénigrer". "Il n'est pas toujours facile d'exercer son autorité pour une femme", a-t-elle ajouté, assurant qu'elle entendait le faire "avec une force souriante tranquille", allusion au slogan de François Mitterrand en 1981. Mercredi soir, sur Canal+, Arnaud Montebourg a déclaré "pour rire" que le seul défaut de la candidate était "son compagnon", François Hollande, le numéro un du PS. § Le candidat de l'UMP propose d'injecter quatre milliards d'euros supplémentaires (+ 25 %) à la recherche publique. De son côté, la candidate socialiste propose d'"augmenter de 10 % par an la dépense publique consacrée à la recherche". § L es candidats du Parti socialiste et de l'UMP, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, affichent la même ambition : valoriser la recherche et augmenter les fonds alloués. En déplacement à Saclay, jeudi 18 janvier, le "ministre-candidat" Nicolas Sarkozy a proposé de faire de la recherche la priorité budgétaire de l'Etat et d'y injecter quatre milliards d'euros supplémentaires (+ 25 %). La recherche française en manque de performances La France est un des pays développés où la dépense publique de recherche est la plus élevée ramenée au PIB. Une étude publiée vendredi par Eurostat, comparant la dépense de recherche et développement des 25 pays de l'Union européenne en 2005, confirme ce phénomène. Mais cet effort ne se concrétise pas économiquement, selon un rapport officiel. Les entreprises profitent très insuffisamment des travaux des chercheurs, comparé aux autres pays développés. Car le financement des laboratoires publics français est inefficace, estiment les auteurs de ce rapport. La qualité n'est pas suffisamment prise en compte lors de l'attribution des fonds. Les entreprises ne font pas davantage confiance aux chercheurs et rechignent à en embaucher. "Ce n'est pas une promesse, c'est une nécessité. Sinon, on perdra la bataille de l'intelligence", a-t-il lancé à des centaines de futurs ingénieurs de l'Ecole supérieure d'électricité (Supélec). Il a invité étudiants et chercheurs à monter dans la "locomotive de l'excellence scientifique" pour rattraper le retard pris par la France la part de l'Hexagone dans les dépôts de brevets mondiaux a baissé de 15 % en dix ans. M. Sarkozy s'est posé en défenseur des chercheurs "mal payés, en mal de débouchés, ou recrutés dans des laboratoires sans moyens de travailler". Il a plaidé pour une plus grande autonomie des universités, une meilleure gestion des entrées dans l'enseignement supérieur "pour en finir avec des taux d'échec désespérants", une réforme du système de bourses "qui prenne davantage en compte l'assiduité et le mérite", ainsi que pour la construction de campus universitaires "dignes de ce nom". De son côté, dans une tribune à paraître le 26 janvier dans le magazine La Recherche, Ségolène Royal propose, si elle était élue, d'"augmenter de 10 % par an la dépense publique consacrée à cette priorité stratégique qu'est la recherche". Sous le titre "la recherche au cur de notre désir d'avenir", la candidate socialiste estime que "loin de respecter l'engagement européen de Lisbonne d'y consacrer 3 % de notre PIB, depuis 2002, notre effort de recherche a carrément baissé". Elle déplore notamment que "nombre de jeunes chercheurs ne trouvent qu'à l'étranger les moyens de travailler qu'on leur refuse ici". Mme Royal propose "de mobiliser les régions et l'Europe sur cette priorité stratégique, d'inciter par une fiscalité repensée et correctement évaluée la recherche privée à accompagner cet élan". "Une recherche forte a besoin d'universités fortes, à la hauteur des standards internationaux, coopérant en réseaux et offrant aux doctorants un véritable statut", poursuit la candidate. § En 2004, le numéro deux du Front national avait déclaré "ne pas remettre en cause les déportations" ni "les millions de morts" des camps nazis, mais estimait que le "débat doit avoir lieu (...) quant à savoir la façon dont les gens sont morts". § L e numéro deux du Front national, Bruno Gollnisch, a été condamné, jeudi 18 janvier, à une peine de trois mois de prison avec sursis et une amende de 5 000 euros par le tribunal correctionnel de Lyon. Il devra verser en outre 55 000 euros de dommages et intérêts, à répartir entre les neuf parties civiles. Il était poursuivi pour des propos controversés sur les chambres à gaz tenus en octobre 2004. Lors d'une conférence de presse à Lyon, il avait déclaré "ne pas remettre en cause les déportations" ni "les millions de morts" des camps nazis, avant d'ajouter toutefois : "Quant à savoir la façon dont les gens sont morts, ce débat doit avoir lieu." Interrogé plus spécifiquement sur les chambres à gaz, il avait répondu : "Je ne nie pas les chambres à gaz homicides. Mais je ne suis pas spécialiste de cette question et je pense qu'il faut laisser les historiens en discuter. Et cette discussion devrait être libre." Le tribunal a également exigé que le jugement à l'encontre de M. Gollnisch, récemment nommé président du nouveau groupe d'extrême droite Identité, Tradition, Souveraineté au Parlement européen, soit publié dans les médias des journalistes présents lors de la conférence de presse d'octobre 2004. Bruno Gollnisch a dénoncé "une grave dérive de la police de la pensée" et une "défaite de la liberté d'expression". Son avocat a annoncé qu'il ferait appel de cette condamnation. "Si nous n'obtenons pas satisfaction devant la cour d'appel, devant la Cour de cassation, nous irons voir les juges de Strasbourg (les instances européennes). Bruno Gollnisch ira jusqu'au bout", a déclaré l'avocat de M. Gollnisch, Me Wallerand de Saint-Just. Le procureur de la République avait requis 10 000 euros d'amende à l'encontre du délégué général du FN. Au terme de l'audience, intervenue les 7 et 8 novembre derniers, M. Gollnisch avait notamment reconnu l'existence des chambres à gaz. Me Wallerand de Saint-Just avait plaidé la relaxe. Poursuivi pour "délit de contestation de l'existence de crime contre l'humanité par paroles", M. Gollnisch encourait jusqu'à un an de prison mais aucune peine d'inéligibilité. § Candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal a fait un pas, mercredi 17 janvier, pour apaiser les craintes qu'avait suscitées chez les plus proches partenaires européens de la France, notamment en Allemagne, sa volonté de renégocier en profondeur le traité constitutionnel européen rejeté par les Français en 2005. § C andidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal a fait un pas, mercredi 17 janvier, pour apaiser les craintes qu'avait suscitées chez les plus proches partenaires européens de la France, notamment en Allemagne, sa volonté de renégocier en profondeur le traité constitutionnel européen rejeté par les Français en 2005. Doutes sur la politique étrangère européenne Les interrègnes sont propices aux doutes. La campagne de 1998 outre-Rhin avait mis en cause l'engagement allemand sur l'euro. La période actuelle suscite des interrogations sur la capacité de la France à jouer le jeu d'une politique étrangère européenne. La politique du président Chirac au Liban, son refus de discuter avec Damas, a agacé à Berlin. Sa nouvelle initiative en Iran laisse perplexe à Bruxelles. M. Solana, le représentant de l'UE pour la politique étrangère, qui y recevait le ministre allemand de la défense, a rappelé, mercredi, le devoir "de coordonner les différentes initiatives". Après avoir rencontré à Luxembourg le premier ministre Jean-Claude Junker, dont le pays est l'un des deux, avec l'Espagne, à avoir approuvé la Constitution par un vote populaire, Mme Royal a confirmé que, si elle est élue, elle organiserait un nouveau référendum en France. Elle en a précisé cette fois le terme. "Mon idée est que ce référendum ait lieu en même temps que les prochaines élections au Parlement européen", en juin 2009, a-t-elle indiqué, c'est à dire en conclusion de la présidence de l'Union européenne que la France assumera pendant la deuxième moitié de 2008. Selon la feuille de route que se sont fixée les gouvernements, c'est à ce moment que la négociation, qui est en train de se nouer sous présidence allemande pour relancer le processus constitutionnel, devra aboutir. Ce dont la candidate à la présidence prend acte. "Il faut un traité qui permette aux institutions de fonctionner. Je suis prête à prendre des risques politiques", a déclaré Mme Royal au côté du premier ministre luxembourgeois. "Je ne veux pas que les Français pénalisent les pays européens qui se sont déjà prononcés. Ce que je souhaite, c'est qu'il y ait un volet social et que les droits des travailleurs soient pris en considération en Europe, a-t-elle dit. Je suis une Européenne convaincue, la présidence française au deuxième semestre 2008 va constituer une échéance très importante." Jean-Claude Junker a indiqué qu'il était d'accord sur la nécessité de compléter le traité par une "déclaration sociale plus engageante". "Nous avons discuté des développements possibles en matière de traité constitutionnel, dont nous ne voudrions pas qu'il s'appelle traité constitutionnel mais traité fondamental de base", a-t-il également déclaré. Lors des primaires socialistes, en octobre 2006, Mme Royal avait indiqué qu'avant toute reformulation de la Constitution, il fallait rouvrir la discussion sur ce que les Européens attendent concrètement de l'Europe, en matière sociale, de gouvernance économique, d'environnement notamment. Ce qu'elle a appelé "l'Europe par la preuve". Cette annonce avait suscité des craintes à Berlin, où ni la chancelière, Angela Merkel, ni ses partenaires sociaux-démocrates au sein de la coalition n'estiment possible de revenir sur les grands compromis élaborés par la Convention et la conférence intergouvernementale qui ont négocié le traité actuel. "La position de Mme Royal est irréaliste. A tout prendre, nous préférerions le mini-traité de Nicolas Sarkozy", estimait-on alors de source diplomatique allemande après ses premières propositions. Mme Merkel s'est toujours dite favorable à ajouter au traité une déclaration sur le modèle social européen. Mais les dirigeants allemands font la sourde oreille aux demandes françaises répétées de renforcer la gouvernance économique de l'Europe et de doter celle-ci d'un socle protecteur face à la mondialisation. Le ministre des affaires étrangères, Frank Steinmeier (SPD), a réaffirmé sèchement, en décembre 2006, dans Le Monde, que la protection sociale continuait à relever des Etats nationaux qui "font valoir avec raison leurs différentes traditions sociales". Les Allemands sont d'autant moins prêts à bouger qu'ils ont été furieux de voir les Français remettre sur la table la question du mandat de la Banque centrale européenne - sujet tabou outre-Rhin. La négociation promet quelques moments de vérité entre Allemands et Français. Nicolas Sarkozy a remis lui aussi en avant, dimanche, lors de son discours d'intronisation devant l'UMP, à Paris, les revendications d'"un gouvernement économique" et d'"une préférence communautaire". Mais il a réaffirmé aussi que "l'urgence, c'est de faire en sorte que l'Europe puisse fonctionner de nouveau en adoptant par la voie parlementaire un traité simplifié". Tout en refusant "un traité au rabais", les Allemands voient dans cette proposition une base de discussion plus facile, évitant de nouveaux référendums trop incertains. Devant le Parlement européen à Strasbourg, la chancelière allemande a averti, mercredi, que si l'Union européenne ne sortait pas de l'impasse dans laquelle elle se trouve d'ici aux élections européennes de 2009, ce serait un "échec historique", "ce serait rater le tournant de l'Histoire". Au cours d'une conférence de presse, Mme Merkel a répondu, à un journaliste qui lui demandait comment elle s'y prendrait avec le Royaume-Uni, que "ce pays tient pourtant à ce que de nouveaux venus aient leur chance en Europe". "Maintenant, tout le monde doit se mettre d'accord, car faire l'Europe, c'est s'entendre, c'est faire des compromis", a-t-elle dit. A Daniel Cohn-Bendit, le chef du groupe des Verts, qui a réclamé "une Convention, un débat public, un vote, un référendum", et non une négociation à huis clos, la chancelière a rétorqué qu'elle n'est pas favorable à un référendum le même jour dans toute l'Europe, "parce que c'est à chaque Etat de décider de son mode de ratification". Elle s'est opposée à une nouvelle Convention. § Dans un entretien au "Monde", la candidate des Verts estime que sa campagne "ne patine pas". Nicolas Hulot, selon elle, ne bénéficie que d'un "potentiel de sympathie". § V otre campagne "patine". Comment l'expliquez-vous ? Le seul indice de ce patinage, c'est la façon dont la question revient de la part des journalistes. Car sur le terrain, je ne le sens pas. A force de donner la parole aux deux mêmes candidats, on a le sentiment que seuls ces deux personnes-là ont quelque chose à dire. Je suis assez tranquille : ce ne sont pas des couvertures de magazine qu'on va mettre dans l'urne mais des bulletins de vote. Dans les sondages, vous ne parvenez pas à dépasser les 2 %. Le sens de votre candidature n'est pas perçu ? La campagne ne s'est pas réellement engagée sur les contenus. Les candidats des principales formations politiques peuvent encore dire tout et son contraire. On peut à la fois signer un pacte écologique et annoncer la relance de la croissance. Chaque dossier est tour à tour présenté comme prioritaire. Ségolène Royal a déclaré que son premier projet de loi sera sur les violences faites aux femmes. Quelques semaines plus tard, c'est sur le logement. Avant sans doute les prisons, la santé, le chômage. Quand l'on discutera des projets, je sais pouvoir intéresser. Ce serait donc une question de "timing" ? La campagne présidentielle est toujours difficile pour les écologistes, parti qui a pour ambition de peser sur les choix des candidats qui seront présents au deuxième tour mais qui ne peut prétendre y accéder lui-même. Pourtant Nicolas Hulot parvient, lui, à mobiliser un potentiel électoral. Mais c'est un potentiel de sympathie ! Il y a des connaisseurs éminents des questions environnementales dont je peux parier que s'ils avaient alerté l'opinion en juillet dernier, cela aurait fait "pschitt". Nicolas Hulot a intéressé parce que c'est un animateur connu de télévision. On est face à un mécanisme médiatique, pas politique. Mais il mord considérablement sur votre terrain électoral ! La sympathie dont bénéficie Nicolas Hulot exprime moins une adhésion aux thèses écologiques qu'une envie de vivre mieux et une défiance à l'égard des politiques. Cela révèle des attentes paradoxales chez les Français. D'un côté, une aspiration à la démocratie participative, à retrouver du collectif. Et de l'autre, une sorte de soulagement quand des personnalités qui s'affranchissent du collectif sortent du lot. Moi, j'ai été choisie par mon parti et j'en suis fière. Les Verts sont capables, à partir d'une bonne idée, de dire comment on fait et de le faire. Ce n'est pas la même chose de dire "il faut moins de voitures dans Paris" et d'arriver, après avoir affronté les lobbies, les humeurs des usagers, à inaugurer le tramway, dans les temps. Les Verts servent donc encore à quelque chose ? Sans les militants de terrain, on n'est rien ! Nicolas Hulot s'inspire très largement de notre programme, notamment en matière de politique agricole et de fiscalité écologique. Pour nous, une politique qui permette à la fois de moins gaspiller les ressources naturelles et de mieux répartir les richesses, c'est le b.a.-ba. Ce que je veux, c'est que le candidat de la gauche au second tour intègre les questions écologiques comme des questions centrales. Je note que Ségolène Royal va plus loin que le PS dans les réponses qu'elle a faites à Nicolas Hulot. Mais je sais par expérience que si les écologistes n'ont pas un rapport de forces au soir du premier tour, les promesses d'un jour céderont le pas aux pressions des lobbies et aux habitudes des administrations et des ministères. Les mesures à prendre vont bien au-delà de celles que nous proposions en 1997. On n'est plus dans la transition douce mais dans le changement de cap rapide, radical et soutenu. Quand même, deux de vos proches, Yves Cochet et Jean-Luc Bennahmias, en appellent à votre retrait au profit de Nicolas Hulot. On n'est pas des robots. Cela me fait de la peine quand des amis me semblent perdre leurs nerfs ! Je constate que leur démarche, dictée en partie par des considérations personnelles, a provoqué l'effet inverse chez les Verts. Les gens serrent les coudes, accélèrent leur mobilisation. Notamment sur le chantier des parrainages qui m'inquiétait un peu. Mais quand M. Cochet et M. Bennahmias font valoir que Hulot c'est 10 % dans les sondages et Voynet 2 %, que répondez-vous ? Avec ce genre d'argument, Chirac aurait retiré sa candidature face à Balladur en 1995. Et, en 2002, on aurait dû renoncer face à (Jean-Pierre) Chevènement, c'était lui le troisième homme ! On donnait Noël Mamère à 2 ou 3 %. A l'arrivée, lui et Chevènement ont fait jeu égal à 5 %. Je suis sans complexe, je crois aux idées que je défends, au travail que je fais. C'est collectif une campagne, même si, à un moment donné, il faut dire "je" et qu'il n'y aura qu'une photo sur l'affiche. On est porteur d'espérances de beaucoup gens. Et c'est cela qui doit faire aussi hésiter Nicolas (Hulot) : il reçoit beaucoup d'amour de ces gens qui signent le pacte et lui disent : "Tu es la bonne personne". Chez José Bové, il y a cela aussi : "J'aime qu'on m'aime". Mais au-delà, il y a le projet qu'on porte, ce qu'on veut gagner. Et bien moi, je veux gagner des choses ! Et si, lundi, Nicolas Hulot se lance malgré tout ? Je continue. Ne pas avoir de candidat Vert, c'est mettre en péril l'existence d'un groupe parlementaire à l'Assemblée. Et puis, quelle garantie d'une mobilisation des voix écologistes à gauche pour le second tour ? Les hausses d'impôts pour les contribuables gagnant plus de 4 000 euros net par mois : vous êtes d'accord ? Oui. Cela concerne 3 ou 4 % de la population. On vit dans un pays extraordinairement riche, où les inégalités augmentent et où l'Etat semble renoncer à sa capacité d'interpeller les contribuables le plus aisés. On peut redonner la fierté de contribuer au financement des services publics. Les négociations avec le PS sur les législatives sont au point mort. Elles doivent reprendre vite. Le PS a l'espoir de passer un accord sur une base faible en raison des signaux contradictoires envoyés par certains camarades qui se prononcent en faveur de Nicolas Hulot. Ce n'est pas ma candidature qu'ils affaiblissent mais la campagne législative. A eux de peser ce qu'ils font. § Ségolène Royal, en meeting à Toulon, a récusé, mercredi 17 janvier, tout "trou d'air" dans sa campagne. § § Outre Ségolène Royal (PS), Nicolas Sarkozy (UMP), Jean-Marie Le Pen (FN) et Corinne Lepage (Cap 21) paient l'ISF. Les autres prétendants indiquent ne pas y être assujettis § E n dévoilant leur patrimoine pour couper court à des rumeurs, le couple Royal-Hollande a fait des émules. Contraints par la loi de déclarer leur patrimoine, la plupart des candidats à l'élection présidentielle ont devancé l'appel, ou s'apprêtent à le faire. Les éléments qui suivent ont été fournis par les candidat(e)s ou leurs entourages. 394 000 contribuables déclarent l'ISF en 2006 Environ 394 000 contribuables sur plus de 18 millions de foyers fiscaux sont assujettis à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il faut, pour cela, avoir un patrimoine net taxable supérieur à 750 000 euros (barème 2007). Le taux de l'ISF varie de 0 % à 1,80 % pour la septième et dernière tranche supérieure à 15, 53 millions d'euros. L'ISF est assis sur le patrimoine immobilier et mobilier. Les oeuvres d'art et l'outil de travail ne font pas partie de son assiette. C'est un des principaux impôts d'Etat, à côté de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de l'impôt sur le revenu (IR). En 2006, la TVA a rapporté 166, 1 milliards d'euros, l'IR 58,18 milliards et l'ISF 3,64 milliards. Les recettes tirées de l'ISF ont fortement augmenté de + 13,3 % en 2004, + 16,2 % en 2005 et +6,5 % en 2006. Ce dynamisme s'explique par l'explosion du marché de l'immobilier. En 2007, la progression serait de 5,7 % et le rendement attendu de 3,846 milliards d'euros. DÉCLARATIONS OBLIGATOIRES QUI ? Les personnes soumises à l'obligation de déclarer leur patrimoine sont : les candidats à la présidence de la République, le président et le gouvernement, les parlementaires, les présidents de conseil régional, général et d'assemblée territoriale, d'exécutif d'un TOM et de communautés de communes et les maires des communes de plus de 30 000 habitants, ainsi que les titulaires d'une délégation de signature d'un chef d'exécutif local, les dirigeants d'établissements et d'entreprises publics ou assimilés. QUOI ? Une déclaration de situation - biens propres et en indivision -, doit être déposée au début et en fin de mandat à la commission pour la transparence financière de la vie politique. Pour les candidats à la présidence de la République, elle se fait sous pli scellé au Conseil constitutionnel. Seul le patrimoine du chef de l'Etat est rendu public. NICOLAS SARKOZY (UMP). Le candidat de l'UMP a payé pour la première fois en 2006 un ISF de 1 988 euros, sa base imposable étant d'environ 1 137 000 euros. Il a vendu en 2006 son appartement situé à Neuilly-sur-Seine, dans l'île de la Jatte. SÉGOLÈNE ROYAL (PS). La candidate socialiste est soumise à l'ISF, avec son compagnon François Hollande, "pour la deuxième année consécutive, pour un montant annuel de 862 euros". Patrimoine personnel : une part (197 800 euros) dans l'appartement familial de Boulogne-Billancourt, une part (108 000 euros) dans une maison des Alpes-Maritimes, une maison dans les Deux-Sèvres (168 000 euros, moins 111 024 euros d'emprunt). Une Renault Scénic. JEAN-MARIE LE PEN (FN). Le président du Front national a déclaré qu'il n'était "pas hostile a priori" à la publication de son patrimoine "si tous les candidats s'y plient". L'AFP rappelle qu'assujetti à l'ISF il a hérité en 1976 d'un patrimoine important légué par Hubert Lambert, fils d'un industriel du ciment, dont une propriété de plus de 4 500 mètres carrés dans le domaine privé de Montretout, à Saint-Cloud, valorisée à plusieurs millions d'euros. FRANÇOIS BAYROU (UDF). Le candidat centriste n'est pas soumis à l'ISF. Patrimoine immobilier - une résidence principale à Bordères (Pyrénées-Atlantiques) et un appartement à Paris - estimé à 607 000 euros. Une exploitation agricole d'élevage estimée à environ 120 000 euros. Une Toyota Previa et une Peugeot 307. OLIVIER BESANCENOT (LCR). Le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire est copropriétaire d'un appartement à Paris. Il estime à 37 000 euros la valeur de son patrimoine. Il n'est pas soumis à l'ISF. Une Peugeot 106. MARIE-GEORGE BUFFET (PCF). La candidate communiste loue un appartement au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Elle possède une maison en Bretagne, qu'elle n'a pas fini de rembourser. Elle n'est pas assujettie à l'ISF. ARLETTE LAGUILLER (LO). La candidate de Lutte ouvrière, qui perçoit une retraite mensuelle de 2 276 euros, ne dispose pas de biens immobiliers. 3 000 euros sur un Livret A, 1 650 euros en épargne logement, 405 euros en Codevi, environ 8 000 euros sur compte courant. Une Renault Clio. CORINNE LEPAGE (CAP 21). La candidate écologiste a déclaré, selon Le Parisien, un patrimoine de 2 449 248 euros en 2006 et a payé 12 017 euros au titre de l'ISF. Une villa à Cabourg, deux appartements à Paris (dont l'un hérité) et une part dans un hôtel. 587 461 euros d'assurance-vie, épargne et actions et 38 062euros de liquidités. PHILIPPE DE VILLIERS (MPF). Le président du Mouvement pour la France, qui "ne paie pas et n'a jamais payé" l'ISF, évalue son patrimoine à environ 540 000 euros. Une propriété en Vendée, un studio à Paris, des meubles. Une 607 et une 307 Peugeot. DOMINIQUE VOYNET (VERTS). La candidate écologiste est propriétaire de deux maisons : l'une à Montreuil (Seine-Saint-Denis) achetée à crédit 280 000 euros il y a deux ans. L'autre achetée en Bretagne en 2000, pour 121 959 euros. Une Renault Twingo. § Touchée, mais pas abattue. Après la dispute fiscale et les critiques émises dans son propre camp sur la conduite de sa campagne présidentielle, Ségolène Royal a réagi, mercredi 17 janvier, lors d'un meeting à Toulon, en défendant sa démarche. § T ouchée, mais pas abattue. Après la dispute fiscale et les critiques émises dans son propre camp sur la conduite de sa campagne présidentielle, Ségolène Royal a réagi, mercredi 17 janvier, lors d'un meeting à Toulon, en défendant sa démarche. "Je veux garder le cap, rester moi-même, lance-t-elle à la tribune. La droite a la puissance de l'argent, nous devons mobiliser en profondeur l'intelligence du peuple français. Cette campagne je l'ai voulu participative. En mille lieux, dans les grandes villes, et les petites, nous faisons des choses dont nous n'avions plus l'habitude : nous nous écoutons, nous nous parlons, nous bâtissons." Mme Royal prend la salle à témoin et, au-delà, l'opinion. "Je veux arriver au pouvoir avec vous pour vous le rendre, dit-elle. Les Français en ont assez des discours politiques de mensonge tenus au plus haut niveau. Je suis la candidate de la morale de l'action... Je suis la candidate de la vérité de la parole parce que c'est la vôtre." Les Français, souligne-t-elle, "ne veulent pas d'une République incantatoire mais une République de tous les jours, concrète". Touchée, quand même. Le discours est confus, qui appelle à la rescousse tout à la fois Rimbaud, Mitterrand, la chanteuse Diam's et Gambetta. Les "trois piliers républicains", liberté-égalité-fraternité, côtoient sans transition les mesures phares pour les jeunes, dont l'allocation autonomie réclamée par le Mouvement des jeunes socialistes. La facture de la réunion publique, dans le palais des congrès de Toulon, est des plus classiques. Un texte, un pupitre, une rangée d'élus sur la scène et des jeunes militants en agents d'ambiance. Tout le contraire de ce que préconisait la candidate dans son kit de campagne envoyé dans les fédérations socialistes. "Vous n'avez pas compris. J'ai dit voilà ce qu'il ne faut pas faire quand on annonce un débat participatif", récuse-t-elle à la sortie. Ici, c'est la formule classique. "JE TRACE MA ROUTE" Sans jamais citer Nicolas Sarkozy, Mme Royal s'est appliquée dans son intervention à répondre pied à pied au discours d'investiture du candidat de l'UMP. Elle lui dispute la "valeur travail". "Réhabiliter la valeur travail, ce n'est pas offrir toujours plus d'heures supplémentaires et toujours plus de flexibilité." Elle lui oppose "sa" France et conteste ses références. "Aimer la France et son histoire, ce n'est pas tout confondre. L'Ancien Régime et la Révolution, ce n'est pas pareil, les croisades et Valmy non plus. Il est des combats plus justes que d'autres. La morale de l'histoire, ce n'est pas que tout se vaut." Elle revendique la rupture : "C'est la gauche qui l'incarne" et fustige les "synthèses molles qui permettent tous les renoncements et tous les opportunismes". Parmi les deux mille personnes venues l'écouter, dont une partie a dû se contenter des écrans placés à l'extérieur, beaucoup se disent "enchantés" même si, dans la salle, l'auditoire est resté plutôt sage. En veste blanche, comme toujours, la candidate, elle, est apparue moins à son aise qu'à l'ordinaire, hésitant parfois sur les mots. Un nouveau sondage CSA-Le Parisien (réalisé le 17 janvier par téléphone auprès de 845 personnes âgées de 18 ans et plus selon la méthode des quotas) donne Nicolas Sarkozy vainqueur avec 52 % des voix et une perte, pour elle, de cinq points. Alors, à la sortie, Mme Royal s'attarde un peu. "Je trace ma route, sans changement, argumente-t-elle. Je suis dans la cohérence et j'y resterai." La candidate justifie encore sa ligne de conduite et l'erreur qui consisterait, selon elle, à la modifier. "C'était déjà le grand doute en 2002, le grand capharnaüm. Je suis en train de monter en puissance mais je ne veux pas quitter le champ des valeurs." Elle élude le différend fiscal avec le premier secrétaire, François Hollande. "Ça a un peu gêné (dans la campagne). Ce n'était pas mon objectif prioritaire." Les critiques d'une partie du PS ? Elle laisse échapper sa colère. "Un certain nombre de personnes n'ont pas encore compris l'importance de faire de la politique autrement mais je tiendrai bon" sur les débats participatifs. "Que les éléphants s'y mettent !", tranche Mme Royal avant de tourner les talons. § La réaction n'a pas tardé : dans les minutes qui ont suivi l'annonce de la démission, puis la suspension d'un mois d'Arnaud Montebourg en tant que porte-parole de Ségolène Royal, les blogueurs pro et anti-Royal se sont emparés de l'affaire. § L a réaction n'a pas tardé : dans les minutes qui ont suivi l'annonce de la démission, puis la suspension d'un mois d'Arnaud Montebourg en tant que porte-parole de Ségolène Royal, les blogueurs pro et anti-Royal se sont emparés de l'affaire.La vidéo, reprenant les propos d'Arnaud Montebourg tenus mercredi soir sur le plateau du Grand Journal de Canal+ sur le principal défaut de la candidate socialiste dans la course à l'Elysée, postée dans la soirée sur Dailymotion, a été reprise par de nombreux blogueurs et médias en ligne. Et bien souvent la tonalité est la même : la réaction de Ségolène Royal illustre son rapport traditionnel à l'autorité. "Réaction immédiate de maman, le petit Arnaud est puni. Suspendu pendant un mois, il devra garder le silence. Au coin. Maman ne rigole pas avec l'autorité", estime Artmeus dans ses billets de mauvaise humeur. "Allez hop, au coin, ou à la niche comme tu préfères, exclusion d'un mois, et tu fais signer ton carnet de correspondance par tes parents. Ça t'apprendra à dire des bêtises à propos du proviseur", plaisante le blog de Julizn, adhérent au Parti socialiste. Et sur Désirs d'avenir, plateforme de soutien participative à Ségolène Royal, certains demandent plus d'indulgence pour le député socialiste : "ll arrive bien que votre mari fasse des bourdes : 'je n'aime pas les riches'" , commente RICHY. D'autres s'interrogent sur l'impact de cette décision sur la campagne, dans un moment difficile : "La 'private joke' de M. Montebourg sur Canal+ transforme le trou en fracture totale", s'insurge un autre internaute. "Gardez Arnaud !", clame un autre, "nous aurons besoin de toutes nos forces (et de ses compétences)". "ACTE DE BRAVITUDE" L'histoire fait aussi sourire les internautes : "Montebourg n'avait de toute façon pas sa place au PS, trop frondeur, trop réformateur, trop franc. (...) je salue cet acte de bravoure, heu! de bravitude, pardon...", commente sourire sur Le monde.fr. D'autres interpellent la candidate sur sa conception de la justice : "Alors que Montebourg est privé de parole pendant un mois pour une mauvaise blague, George Frêche n'a toujours pas été sanctionné pour ses propos racistes.... Qu'on m'explique où est la logique", se demande un commentaire sur le blog de Jean-Marc Morandini. Mais Arnaud Montebourg n'est pas lui non plus épargné : "Toi qui disais ne plus jamais mettre les pieds dans les émissions de divertissement, car elles étaient décadentes", souligne Julizn. § Le conseil d'analyse économique (CAE) a présenté, jeudi 18 janvier, à Jean-François Copé, ministre du budget, 19 propositions pour réorganiser l'Etat, donner plus de liberté de gestion aux managers publics et aller vers une règle d'or budgétaire consistant à "réserver l'emprunt aux seules opérations d'investissement". § L e conseil d'analyse économique (CAE) a présenté, jeudi 18 janvier, à Jean-François Copé, ministre du budget, 19 propositions pour réorganiser l'Etat, donner plus de liberté de gestion aux managers publics et aller vers une règle d'or budgétaire consistant à "réserver l'emprunt aux seules opérations d'investissement". Ces différentes mesures figurent dans un rapport rédigé par le président du CAE, Christian de Boissieu, par l'économiste Jean-Hervé Lorenzi et par deux membres du cabinet du ministre délégué au budget, Edward Arkwright et Julien Samson, pour qui la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) n'a pas de secret. Le rapport, Economie politique de la LOLF (www.cae.gouv.fr), est un plaidoyer pour la réforme de la sphère publique. Il invite implicitement les politiques à s'appuyer davantage sur la réforme budgétaire de 2001 pour rénover la gestion publique. Désireux d'obliger l'Etat à expliciter ses choix, le CAE préconise de systématiser l'évaluation a priori des décisions publiques, de réorganiser l'administration en généralisant les agences. Partisan de "confier les structures publiques à de véritables patrons" en élargissant au privé le recrutements des responsables de programmes budgétaires, il veut doter chaque administration d'un conseil de surveillance, à la culture pas exclusivement publique, et chargé de "contribuer à l'amélioration de la conception et de la mise en oeuvre des politiques publiques". Comme les "pères" de la LOLF, Alain Lambert, sénateur UMP de l'Orne, et Didier Migaud, député PS d'Isère, qui ont remis le 31 octobre 2006 un rapport au premier ministre, le CAE déplore la persistance de vieux réflexes gestionnaires (Le Monde du 3 novembre 2006). Il propose de remettre en cause l'annualité budgétaire. Il faut, dit-il, mettre en place des outils budgétaires pour permettre à l'action publique de "s'inscrire dans la durée". Le CAE prône, au nom du rétablissement des finances publiques (comme l'UMP), " un réexamen significatif, exhaustif et sans tabou des dépenses publiques dès le premier euro". Il souhaite que la norme de dépenses s'applique à l'ensemble des catégories de dépenses de l'Etat (prélèvements sur recettes, dépenses fiscales...). Cette mesure, également défendue par le sénateur (UMP, Oise) Philippe Marini, rendrait quasi impossibles les tours de passe-passe pour minorer les dépenses. Le CAE souhaite étendre l'esprit de la LOLF - notamment la culture de la performance - à toute la sphère publique, Sécurité sociale comprise. § L'intégralité du débat avec Stéphane Rozès, directeur du département Opinions de l'institut de sondages CSA, vendredi 19 janvier 2007. § H orelien-Helas : Y a-t-il vraiment une perte de vitesse dans la campagne de Royal ? Stéphane Rozès : Il y a effectivement un trou d'air. Si nous prenons le sondage CSA-Le Parisien publié hier, pour la première fois depuis janvier 2006, pour une douzième vague d'intentions de vote, au second tour, Nicolas Sarkozy l'emporterait à 52 % contre 48 % si l'élection avait lieu aujourd'hui, alors que le rapport de force était inversé il y a une semaine. Au premier tour, Ségolène Royal recule de cinq points. Ségolène Royal recule dans les catégories qui ont un rapport plus distendu à la politique traditionnelle, comme les jeunes et les catégories que vient de conquérir la gauche dans sa dynamique de campagne. Sans doute parce qu'elle perd momentanément ce qui avait fait jusque-là sa force. Ségolène Royal est apparue tout au long de la dernière période comme étant l'expression d'un électorat de gauche et, au-delà de la gauche même, de catégories de Français qui ont vu en elle une femme politique établissant un lien direct avec les Français, les incarnant et portant leurs valeurs. Or, dans la dernière séquence, son débat avec le premier secrétaire sur la fiscalité et le fait qu'elle entre elle-même dans une polémique sur la question de son patrimoine ont banalisé son image en la rendant dépendante d'un débat interne au Parti socialiste et la ramenant à une querelle politique subalterne sur la question de son patrimoine. Non pas que la question de son patrimoine ne soit pas importante pour les Français, mais la façon dont elle est montée elle-même en défense de sa situation l'a fragilisée. En un mot, jusque-là, elle était au-dessus de la mêlée dans un lien direct et vertical avec le pays. Elle aura semblé adopter le registre plus traditionnel du personnel politique. Erix : N'est-ce pas l'intronisation récente de M. Sarkozy qui laisse penser à une perte de vitesse de la candidate socialiste ? Stéphane Rozès : Non, l'inversion de tendance provient plus d'un affaiblissement de Ségolène Royal que d'une progression de Nicolas Sarkozy. Au premier tour de notre dernière intention de vote, celui-ci recule de deux points en passant de 32 à 30 % au profit de François Bayrou, qui progresse de 6 % à 9 %. Au total, le rassemblement du week-end dernier aura porté une tension. Son discours visait à établir un lien personnel, charnel avec le pays, alors que l'organisation scénique de la manifestation et son caractère de grand-messe laissaient apparaître à la fois une forme de solitude et le fait qu'entre lui et le pays il y aurait un appareil qui s'appelle l'UMP. Nous sommes dans le cadre d'une campagne présidentielle. Ni législative, ni régionale, ni européenne, et pour ce moment crucial qu'est le rendez-vous présidentiel, les Français doivent avoir le sentiment que le contrat noué entre le futur président et le pays ne soit pas médié par un appareil. Plus l'appareil et la formation politique semblent imposantes, plus l'écran entre le candidat et le pays est un handicap. Erwann_gaucher : L'affaire Montebourg va-t-elle la fragiliser, ou, au contraire, lui redonner un surcroît d'autorité face à son électorat ? Stéphane Rozès : Cet épisode n'aura pas en soi un impact, si ce n'est une illustration d'une difficulté de réglage dans sa campagne. Il aura illustré la tension entre la légitimité partisane d'une candidate soutenue par le Parti socialiste et ce qui a fait dans le pays la dynamique de Ségolène Royal (et y compris à la base du PS sa victoire), c'est-à-dire un discours propre. De ce point de vue-là, nos intentions de vote de premier et second tours sont tout à fait éclairantes. Jusqu'à la dernière intention de vote, la possibilité de Ségolène Royal de vaincre Nicolas Sarkozy au second tour n'était pas liée à un rapport de force gauche-droite de premier tour, puisque la gauche totalisait seulement 45 % des voix au premier tour. Deux dimensions se superposent pour cette présidentielle : une dimension politique sur le contenu des orientations, ce que j'appelle la dimension temporelle de cette présidentielle qui, au premier tour, est en faveur de la droite et de l'extrême droite, et une dimension spirituelle que mesure le second tour, qui dépend non pas du contenu des politiques, mais de l'incarnation présidentielle et des valeurs qui sont portées. C'est sur cette dimension spirituelle que Ségolène Royal arrivait jusqu'à maintenant au second tour à l'emporter sur Nicolas Sarkozy. C'est cette dimension spirituelle qui aura été fragilisée dans la dernière semaine. Vicky : Si le décrochage de madame Royal est confirmé, qui en serait le principal bénéficiaire : Bayrou, Sarkozy ou les autres candidats ? Stéphane Rozès : Pour l'heure, très certainement au second tour Nicolas Sarkozy. La progression de premier tour de François Bayrou passant de 6 à 9 % ne lui permet pas d'être le troisième homme, puisque Jean-Marie Le Pen reste stable avec 15 % d'intentions de vote. Mais si le ralentissement de la turbine Royal devait se confirmer, et si Nicolas Sarkozy ne voyait pas sa capacité de rassemblement progresser, la progression de François Bayrou peut représenter pour une partie de l'électorat de centre gauche et centre droit un recours électoral à terme. Cyclus : Est-ce que le fait que Royal paye l'ISF va dissuader les plus modestes de voter pour elle ? Stéphane Rozès : Je ne le pense pas à partir du moment où le couple Royal-Hollande à la fois affiche son patrimoine et fait la démonstration qu'il n'y a pas eu de sa part dissimulation ou contournement de la loi. Les citoyens jugent sur le fond des projets des candidats. Gege67 : La raison de la perte de vitesse n'est-elle pas due à une erreur stratégique. En voulant écouter les Français, ne montre-t-elle pas la pauvreté de son programme ? Sa phase d'écoute est-elle trop longue ? § François Bayrou devant Jean-Marie Le Pen ? Le président de l'UDF a lui-même appelé à prendre "avec réserve" le sondage IFOP-Paris-Match qui le crédite de 12 % d'intentions de vote alors que le président du FN en obtiendrait 10 %. § F rançois Bayrou devant Jean-Marie Le Pen ? Le président de l'UDF a lui-même appelé à prendre "avec réserve" le sondage IFOP-Paris-Match qui le crédite de 12 % d'intentions de vote alors que le président du FN en obtiendrait 10 %. D'autant plus que cette étude d'opinion reste la seule, à cette heure, à le placer à ce niveau. Selon les instituts, les dernières enquêtes situent M. Bayrou aux alentours de 9-10 % au premier tour de l'élection présidentielle. Elles traduisent cependant toutes une même tendance à la progression depuis l'automne 2006. "La route est encore longue", répète le candidat à ses proches, les pressant de ne pas s'emballer. Il ne peut cependant s'empêcher d'y voir la confirmation que "quelque chose est en train de bouger", que "le système est en train de se fissurer". Alors il continue d'enfoncer le coin, ne manque pas une occasion de renvoyer dos à dos "les deux favoris des grandes puissances médiatiques". "Nous ne céderons pas à votre matraquage", lançait crânement M. Bayrou à l'occasion de ses voeux à la presse, le 9 janvier. N'hésitant pas, même, à convoquer le programme du Conseil national de la résistance à la rescousse des droits du citoyen et du pluralisme. "Au nom des citoyens." La formule revient fréquemment dans la bouche du député béarnais, qui, peu à peu, parvient à installer son positionnement. Le Bayrou 2007 a été construit sur un triptyque : la "résistance aux puissants", "un homme simple, comme tout le monde", et "celui qui veut sortir du clivage binaire droite-gauche" en proposant une autre voie. POPULAIRE À DROITE ET À GAUCHE Le dernier baromètre TNS-Sofres-Figaro Magazine de janvier fournit une autre indication sur la popularité dont bénéficie M. Bayrou. Avec 38 % des personnes interrogées souhaitant lui voir jouer un rôle important, il est, de toutes les personnalités politiques citées, celui qui enregistre la plus forte progression. Encore plus révélatrice en est la répartition : là où M. Sarkozy est apprécié par 78 % des électeurs de droite et 27 % des personnes se situant à gauche, Mme Royal par 83 % des électeurs de gauche contre 33 % à droite, M. Bayrou recueille une égale approbation à gauche (40 %) et à droite (41 %). Ainsi la tentative de M. Bayrou de s'extraire du camp de la droite sans être rejeté dans celui de l'adversaire semble-t-elle être corroborée par les études d'opinion. Le phénomène peut-il être durable ? Il y a cinq ans, à la même époque, un autre candidat, souhaitant rassembler les "républicains de deux rives", était crédité de 10 % d'intentions de vote. Jean-Pierre Chevènement obtiendra finalement 5,3 % au premier tour. Pour Jacqueline Gourault, la sénatrice UDF du Loir-et-Cher qui préside la fédération des élus, les deux situations ne sont pas comparables : "Bayrou, lui, s'appuie sur une vraie famille politique, qui a des racines profondes." Le président de l'UDF ne cesse de le marteler à son équipe de campagne : "Il faut descendre encore plus profond dans le vote populaire." Une manière de reconnaître qu'il souffre encore d'un déficit dans ces catégories. Ainsi, au cours de ses déplacements en province, multiplie-t-il les rencontres avec les professionnels et les associations de terrain, prenant soigneusement note des propositions et des réalités qui lui sont exposées. Au fil des réunions publiques et de ses interventions, se dégagent les thématiques fortes qui nourriront le livre-programme de M. Bayrou, dont la publication est prévue fin février. La priorité, affirme-t-il, est la réduction de la dette publique, qu'il juge "insupportable". Il souhaite sur ce point tenir "un discours de vérité" et condamne sans appel l'"irresponsabilité politique" des précédents gouvernements. "Je veux un Etat sobre, économe, respectueux de l'argent public", affirme M. Bayrou. En matière d'emploi et de développement, le candidat met l'accent sur une mesure immédiate : la création de "deux emplois nouveaux sans charges" (en réalité limitées à 10 % du salaire net pour les charges de retraite), quelle que soit la taille de l'entreprise, pendant cinq ans. Il défend également l'idée d'un "small business act à la française" permettant d'alléger les contraintes auxquelles sont soumises les petites entreprises et de réserver à celles-ci une part des marchés publics. Enfin, le projet de M. Bayrou met en avant trois thèmes centraux : le soutien à la recherche, la lutte contre l'exclusion et un plan de préservation de l'environnement. § Pour le sociologue Louis Chauvel, il faut mesurer le patrimoine et les revenus pour juger la position sociale d'un ménage. La hausse immobilière a accentué les inégalités. § A partir de quel niveau de revenu ou de patrimoine peut-on être qualifié de "riche" en France ? Les débats, nés avec la proposition de François Hollande d'accroître l'impôt sur les revenus pour les contribuables gagnant plus de 4 000 euros net et la révélation que trois des principaux candidats à l'élection présidentielle payaient l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), ont mis en évidence la difficulté à définir quel est le seuil de la richesse en France. Alors qu'il existe une estimation officielle du "seuil de pauvreté", qui correspond aujourd'hui à la moitié du revenu médian en France, soit un peu plus de 650 euros de revenus mensuels pour une personne seule, il n'existe aucun équivalent pour la richesse dans les statistiques publiques. Comme le relève l'économiste Thomas Piketty, ce ne sont pas les paliers fiscaux votés par le Parlement (un patrimoine taxable supérieur à 760 000 euros pour être imposé à l'ISF ou un revenu imposable supérieur à 66 679 euros pour un personne seule en 2007 pour se voir appliquer le taux maximal de 40 % de l'impôt sur le revenu, par exemple) qui apportent beaucoup plus d'indications pour l'opinion publique. "On souffre dans ce débat de l'absence de lisibilité : à cause du système des barèmes et des nombreuses exonérations et déductions, ni l'ISF ni l'impôt sur le revenu ne permettent de montrer publiquement ce que gagnent les hauts revenus et à quelle hauteur ils contribuent", explique M. Piketty, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. "Dans un contexte où les inégalités liées au patrimoine, notamment l'immobilier, sont croissantes, cette situation est préjudiciable parce qu'elle ne permet pas de mettre les choses sur la table et de décider, en toute connaissance de cause, quelle politique fiscale on veut mener", souligne le chercheur en dénonçant le caractère obscur du système français. "En France, personne n'aime être désigné comme riche", explique Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités. Pour rendre cette catégorie sociale plus visible, il préconise d'instaurer, arbitrairement, un "seuil de richesse". "Par convention, le seuil de pauvreté correspond à la moitié du revenu médian dans la société française. On pourrait envisager, par symétrie, que le seuil de richesse corresponde au double du revenu médian", explique M. Maurin. Dans cette logique, avec un revenu médian qui s'élève aujourd'hui à 1 300 euros par mois pour une personne seule (après paiement des impôts et versement des prestations sociales), le seuil de richesse serait de 2 600 euros pour une personne seule et de 6 000 euros environ pour un couple avec deux enfants. Le sociologue Louis Chauvel juge insuffisante l'approche par les seuls revenus. "Un revenu à peu près nul peut aller avec un patrimoine impressionnant, et pour vivre sur un grand pied, il suffit alors de déstocker son épargne", explique le chercheur, qui juge nécessaire de mesurer les flux (revenus) et les stocks (patrimoine) pour comprendre la position sociale d'un ménage. "En ne visant que le revenu salarial, Hollande a raté la cible : la France, par son système fiscal, est un des pays où il est à peu près impossible de constituer un patrimoine par le revenu de son seul travail salarié. La cible ne doit pas être le revenu du travail, mais la rente", souligne le professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. Selon l'Insee, les 10 % des ménages les plus riches possédaient, en 2004, 46 % de l'ensemble du patrimoine, avec des avoirs supérieurs à 382 000 euros, alors que le patrimoine moyen est de 165 000 euros. La forte hausse de l'immobilier (85 % d'augmentation depuis 2000) a encore accentué les inégalités de patrimoine. "Pour les seniors urbains qui ont acheté lorsqu'ils étaient jeunes, la plus-value sur leur bien est tantôt une divine surprise qui leur permet d'aborder plus sereinement le quatrième âge, tantôt un souci, car l'ISF vient les importuner", note M. Chauvel. De fait, avec la hausse de l'immobilier, le nombre de ménages redevables de l'ISF a augmenté - comme le montrent les exemples de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, devenus imposables respectivement en 2005 et 2006. "Pour les jeunes, au contraire, la situation est moins plaisante : qu'il s'agisse d'acheter ou de louer, ils se trouvent pris au dépourvu si leurs parents ne viennent à leur secours", note Louis Chauvel. Selon que les parents peuvent prêter un logement ou non, selon le patrimoine transmis en héritage, un même revenu de 3 500 euros pour un couple avec enfants peut signifier un réel confort ou au contraire de vraies difficultés, relève le sociologue. L'impact des inégalités de patrimoine se traduit ainsi de manière très concrète pour la génération arrivant sur le marché de l'emploi : "Les jeunes des années 2000 dépendent ainsi plus étroitement de la fortune de leurs parents que de leur propre travail." On est d'abord riches de ses parents. § La plupart des pays européens se sont dotés de législations pour assurer la transparence des revenus de leurs dirigeants et tenter ainsi, avec plus ou moins de bonheur, d'éviter les conflits d'intérêt. § L a plupart des pays européens se sont dotés de législations pour assurer la transparence des revenus de leurs dirigeants et tenter ainsi, avec plus ou moins de bonheur, d'éviter les conflits d'intérêt. En Italie, où Silvio Berlusconi, deux fois chef du gouvernement et aujourd'hui leader de l'opposition, n'a jamais cessé de défrayer la chronique avec son empire médiatique, ministres et parlementaires sont tenus de rendre publiques leurs déclarations d'impôts. La presse peut ainsi éplucher les revenus, les participations, les propriétés ou les voitures possédées. Mais le système n'empêche pas une certaine opacité. Une bonne partie des participations de M. Berlusconi ont été longuement placées dans des sociétés-écran appelées Holding Italiana et suivies par un chiffre. Sa déclaration énumère ainsi trois box auto, cinq appartements à Milan, ainsi que trois yachts. Mais pas de traces de ses villas en Sardaigne qui formellement appartiennent à ses sociétés. En Grande-Bretagne aussi, la législation en vigueur n'a pas empêché, ces dernières années, plusieurs scandales retentissants. Eminence grise et ami personnel du premier ministre, Peter Mandelson, aujourd'hui commissaire européen, avait dû quitter son poste de ministre du commerce et de l'industrie en 1998, après la révélation d'un gros emprunt personnel contracté auprès d'un autre ministre, le richissime Geoffrey Robinson, non déclaré au comité d'éthique. En 2005, David Blunkett, ministre du travail et des retraites, avait été contraint à la démission pour avoir caché ses liens noués avec trois compagnies privées. Institué en 1995, à la suite d'une série de scandale financiers visant des députés et ministres conservateurs, le Registre des intérêts des membres est publié après chaque élection sous les auspices d'un comité spécial de la Chambre des communes, le Committee on Standards and Privileges. Ce document est remis à jour chaque année. La Chambre des lords possède l'équivalent ainsi que les assistants de recherche et les journalistes accrédités à Westminster. La liste peut-être consultée sur Internet. Parmi les avoirs devant être déclarés, figurent les actifs immobiliers et mobiliers, les strapontins de directeur non exécutifs de compagnies, les invitations payées à l'étranger, les dons de particuliers comme d'institutions, les emplois rémunérés. S'ajoute le code de conduite édicté par Tony Blair dès son arrivée au pouvoir, en 1997, en vertu duquel "les ministres ne peuvent accepter un cadeau, un service ou une hospitalité qui le place dans une quelconque obligation de réciprocité". En Suède, le ministre des affaires étrangères du nouveau gouvernement de droite, Carl Bildt, est actuellement sous les feux de l'actualité en raison de ses liens avec Vostok Nafta, une compagnie d'investissement au conseil d'administration de laquelle il a siégé et dont 90 % du portefeuille est composé d'actions Gazprom, le géant russe du gaz. L'ancien premier ministre, qui passe pour avoir amassé une des plus grosses fortunes du pays, a dû vendre en décembre les stocks-options qu'il y détenait, empochant au passage 520 000 euros. Beaucoup se demandent si le ministre sera vraiment indépendant lorsqu'il devra se prononcer sur le gazoduc russo-allemand, qui traversera les eaux suédoises, alors que le principal actionnaire du projet n'est autre que Gazprom. Depuis dix ans, la loi prévoit que les ministres, leurs épouses et leurs enfants doivent déclarer au directeur juridique du gouvernement la liste de leurs avoirs en actions, droits à la retraite et autres avantages qu'ils pourraient continuer à toucher d'emplois précédents. A peine nommées, deux ministres du gouvernement de Fredrik Reinfeldt ont dû démissionner en octobre 2006 pour avoir employé une jeune fille au pair au noir et avoir "oublié" de payer leur redevance télé. § Les relations entre M. Hollande et M. Montebourg, qui avait jadis affublé le premier secrétaire du sobriquet "Flamby", n'ont jamais été au beau fixe. § U n "carton jaune". C'est ainsi que Ségolène Royal a présenté, jeudi 18 janvier, sa décision de suspendre pendant "un mois" Arnaud Montebourg, l'un de ses porte-parole de campagne, en lui interdisant de parler en son nom. Invité mercredi soir du "Grand Journal" de Canal+ à décrire un "défaut" de la candidate, le député de Saône-et-Loire avait lancé : "Le seul défaut de Ségolène Royal, c'est son compagnon", François Hollande. Avant d'ajouter, devant la mine interloquée de Michel Denisot : "Je pensais que j'allais vous faire rire". Très vite, Ségolène Royal qui se trouvait alors en meeting à Toulon est informée. "Une vanne", tente de minimiser son directeur de campagne, Jean-Louis Bianco, qui a passé une partie de la soirée l'oreille collée à son téléphone portable. Mais le mal est fait. La formule envenime un climat déjà tendu au PS après le différend fiscal et les critiques sur la conduite de la campagne. Immédiatement, M. Montebourg présente ses excuses à Mme Royal, et laisse un message au premier secrétaire qui ne lui répond pas. Jeudi, il remet sa démission à la candidate qui prend la mesure des dégâts. Elle décide de le suspendre de sa fonction de porte-parole. "Je lui ai dit que ses propos étaient déplacés. Je veux que mon porte-parole traite du fond", déclare-t-elle. "J'ai remis de l'ordre juste", dira-t-elle plus tard. De son côté, Thomas Hollande, fils aîné du couple Royal-Hollande, qui présentait au siège du PS son association de campagne, Ségosphère, réagit : "Je pense qu'avoir le premier secrétaire du Parti socialiste avec soi dans cette campagne pour rassembler le parti et le mettre en ordre de marche est un avantage exceptionnel, sûrement pas un inconvénient", dit-il. Les relations entre M. Hollande et M. Montebourg, qui avait jadis affublé le premier secrétaire du sobriquet "Flamby", n'ont jamais été au beau fixe. Mais le ralliement du député, partisan du non à la Constitution européenne, avait été l'un des points forts de la candidate pendant la primaire socialiste. Aujourd'hui, sa gaffe brouille un peu plus l'image du rassemblement et contribue à alimenter le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond au PS. "On connaît Arnaud et ses excès mais cette fois, il a surtout exprimé l'inconscient du parti", juge un parlementaire socialiste. Jeudi soir, sur France 3, Mme Royal, a reconnu "des tensions". Tensions qui inquiètent les militants dont les messages ont submergé son site Web Désirs d'avenir, et celui du PS. Vendredi matin, un dénommé Paul s'inquiétait que les déboires de la campagne au PS ne donnent "du pain aux sarkozystes". "Que vient faire Thomas Hollande dans cette campagne pour défendre son père ? Je suis perdu, avoue-t-il. Non seulement le porte-parole parle de faiblesse, voilà que le fils apparaît. Les gars, attention. Nous allons au mur comme avec Jospin. Changez de style." § Instruits par le passé, les responsables des instituts de sondage invitent eux-mêmes à la prudence lorsqu'on les interroge sur le résultat de leurs enquêtes sur les intentions de vote pour l'élection présidentielle. § I nstruits par le passé, les responsables des instituts de sondage invitent eux-mêmes à la prudence lorsqu'on les interroge sur le résultat de leurs enquêtes sur les intentions de vote pour l'élection présidentielle. Rappelant en substance que leurs données "reflètent un état de l'opinion à l'instant de sa réalisation et non pas une prédiction", ils évitent notamment de s'appesantir sur des projections de second tour pour le moins incertaines. A trois mois du premier tour, rien n'est décisif. Mais certains éléments sont significatifs. Le principal enseignement des sondages reste l'ampleur de l'avance dont disposent Ségolène Royal (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP) sur leurs poursuivants. L'addition de leurs scores de premier tour continue d'avoisiner ou de dépasser, selon les instituts, les 60 % d'intentions de vote. "Il s'agit de niveaux tout à fait exceptionnels", souligne Pierre Giacometti (Ipsos). "Du jamais vu depuis 1981", renchérit Frédéric Dabi (IFOP). La lassitude présumée - ou escomptée - de l'opinion face au duel "annoncé" Royal-Sarkozy n'a suscité, à ce stade, aucun retournement de tendance. Autre fait assez marqué et constant pour être significatif : la faiblesse des intentions de vote en faveur des candidats de la gauche non socialiste, dont aucun ne parvient à franchir la barre des 5 % d'intentions de vote. Pourraient s'ensuivre deux effets contradictoires pour Mme Royal, qui enregistrerait un impact positif du vote utile au premier tour, mais disposerait de moindres réserves de voix pour le second. Les autres mouvements enregistrés semblent plus fragiles. Dans ce registre, chacun souligne la progression des intentions de vote en faveur du candidat de l'UDF, François Bayrou, qui dispute la place de "troisième homme" au président du Front national, Jean-Marie Le Pen. Ce dernier reste à un niveau élevé, mais relativement stable. Dans un sondage IFOP pour Paris Match réalisé le 15 janvier - au lendemain du congrès d'investiture de l'UMP -, auprès de 817 personnes, M. Bayrou était crédité de 12 % d'intentions de vote, dépassant pour la première fois M. Le Pen. Pour M. Giacometti, le candidat centriste est "celui qui a connu la progression la plus significative au cours des deux ou trois derniers mois". UNE IMAGE BROUILLÉE Brice Teinturier (Sofres) relève un "petit quelque chose" en faveur du député centriste dont la "posture", dit-il, a pu "capter de la sympathie". M. Bayrou aurait enregistré un regain d'intérêt après sa dénonciation de la couverture médiatique des deux principaux candidats. C'est ce duel qui retient toutefois l'attention, les oscillations conjoncturelles des deux protagonistes étant scrutées à la loupe. Sans préjuger de la suite, il apparaît que la première quinzaine de janvier a été "favorable à M. Sarkozy et défavorable à Mme Royal", comme le constate M. Giacometti. Le président de l'UMP chute bien de 7 points, en termes d'intentions de vote de premier tour, dans le baromètre Sofres pour Le Figaro Magazine et France 5, rendu public samedi 20 janvier. Mais cette enquête a été réalisée du 10 au 12 janvier, soit avant le congrès de l'UMP, et avant le "trou d'air" dans la campagne socialiste. Selon un sondage CSA réalisé le 17 janvier auprès de 845 personnes, et publié dans Le Parisien du 18 janvier, Mme Royal recule de 5 points au premier tour, passant de 34 % à 29 % d'intentions de vote, contre 30 % (- 2 points) à M. Sarkozy. Le débat fiscal l'opposant à son compagnon et premier secrétaire du PS, François Hollande, ainsi que la polémique sur l'impôt de solidarité sur la fortune dont ils sont redevables, ne sont probablement pas étrangers à ces turbulences. Pour Stéphane Rozès (CSA), c'est moins le contenu de ces polémiques qui a porté atteinte à la candidate, que le fait qu'elles aient brouillé son image : "Ségolène Royal a jeté un voile entre elle et le pays, dont elle cherchait à être l'émanation, en donnant l'impression de discuter avec le premier secrétaire du PS, et en descendant elle-même dans l'arène au sujet de son patrimoine." Deux sujets survenus, en outre, à contre-temps : la candidate socialiste est "dans une phase d'écoute, de débat participatif, qui ne suscite pas de dynamique", dit M. Teinturier. Manière de signifier que tout reste ouvert. § A 51 ans, l'animateur de télévision Nicolas Hulot a fait irruption dans la campagne présidentielle française. Sa popularité et la démarche de son pacte écologique l'ont propulsé sur le devant de la scène, éclipsant les autres porte-voix de l'écologie politique. § § Sans attendre les traditionnelles cérémonies de début d'année, Ségolène Royal, le 31 décembre 2006 et Nicolas Sarkozy, le 1er janvier ont adressé leurs voeux par l'intermédiaire d'une vidéo de deux minutes diffusée sur Internet. § S ans attendre les traditionnelles cérémonies de début d'année, Ségolène Royal, le 31 décembre 2006 et Nicolas Sarkozy, le 1er janvier ont adressé leurs vux par l'intermédiaire d'une vidéo de deux minutes diffusée sur Internet. Sur son site Desirsdavenir.org, la candidate du Parti socialiste, filmée dans un appartement aux murs blancs éclairé de lampes de couleurs, a plaidé pour "une nouvelle République qui soit au service des citoyens et construite avec les gens et avec la vie telle qu'elle est (...) la France mérite beaucoup mieux que ce qu'elle a", a-t-elle indiqué. Elle a précisé qu'elle fera "tout pour que ce soit les débats de fonds qui préoccupent les Français qui soient mis sur la table". Vêtue d'un pull rose et d'une veste sombre à col de fourrure, Mme Royal, qui présentera ses voeux à la presse jeudi 4 janvier, a remercié les internautes qui, "par leur intelligence", contribuent à l'élaboration de son programme. "Je veux construire le projet présidentiel avec vous. Moi aussi j'ai plein d'énergie et nous allons ensemble construire demain", a-t-elle affirmé. "TRADITION HYPOCRITE" Dans un décor plus austère, avec en arrière plan le logo de l'UMP, Nicolas Sarkozy, en costume sombre, s'est adressé aux militants de son parti qui "ont construit la première formation du pays". D'ici à l'élection présidentielle, le président de l'UMP espère bien "ramener à nous les électeurs qui se sont égarés sur les routes du Front national", comme "les électeurs qui ont pensé qu'avec la gauche, ils avaient le mouvement. Avec la gauche, ils n'ont que la conservation". M. Sarkozy a lancé un appel aux Français dans des termes proches de ceux employés par Mme Royal : "Je veux construire avec vous. Je veux donner à la France l'énergie dont je me sens porteur. J'ai besoin de vous. Ensemble, on va faire en sorte que tout soit possible", a-t-il dit. C'est aussi sur la Toile que Philippe de Villiers a choisi de s'exprimer, relevant que le record des 50 000 connections avait été battu pour le site du Mouvement pour la France. Pour sa part, Dominique Voynet, candidate désignée des Verts, a elle aussi adressé ses voeux dans une vidéo diffusée sur son blog. Mais c'est pour faire savoir qu'elle a décidé de ne pas envoyer de cartes de voeux, "une tradition hypocrite" en considérant que "ces centaines de cartons le plus souvent anonymes n'avaient pas grand sens". § La bande dessinée consacrée au candidat unique de l'UMP à l'élection présidentielle, "La Face karchée de Sarkozy", trône parmi les BD les plus vendues en France. § E lle se situe très loin derrière les chiffres de Titeuf ou de Lucky Luke, dont les deux derniers albums ont été respectivement imprimés à 1,8 million et 700 000 exemplaires - mais la bande dessinée consacrée au candidat unique de l'UMP à l'élection présidentielle, La Face karchée de Sarkozy, trône parmi les BD les plus vendues en France. Au point que Vents d'Ouest (filiale des éditions Jacques Glénat) indique avoir imprimé 40 000 exemplaires supplémentaires, après un premier tirage de 100 000, en novembre 2006. A lire La Face karchée de Sarkozy, de Philippe Cohen, Richard Malka et Riss, Vents d'Ouest/Fayard, 148 p., 15 euros. Dol, de Philippe Squarzoni, éd. Les Requins marteaux, 288 p., 30 euros. Un autre monde est possible, de Pierre Cattan et François Olislaeger, éd. Hachette Littératures, 96 p., 14 euros. Le P'tit Chirac, de Jim, Gaston et Alteau, éd. Jungle, 48 p., 8, 95 euros. La success story du président, collectif, Hoëbeke, 94 p., 19,90 euros. Ségolène !, de René Pétillon, éd. Albin Michel, 72 p., 13,90 euros. C'est la faute à la société..., de Wolinski, Albin Michel, 72 p., 13,90 euros. Lui, eux et... les autres, de Willem, éd. du Layeur, 120 p., 22,50 euros. 2006, une année de dessins, Rotative, 64 p., 6 euros. Vive la politique !, collectif, Dargaud, 79 p., 13,50 euros. Le succès de La Face karchée traduit la volonté des éditeurs de tirer parti de l'engouement pour la BD en lançant plusieurs albums ou recueils de dessins de presse ayant pour sujet la vie politique française et ses acteurs, peu avant le scrutin présidentiel. Le succès de La Face karchée a aussi été mûrement préparé par Vents d'Ouest et son associé dans ce projet, Fayard. Les éditeurs ont gardé secrets les "visuels" de l'ouvrage jusqu'à sa parution en librairie mais en insistant auprès des médias sur le fait que l'un des trois signataires, Philippe Cohen, était l'un des auteurs, en 2003, d'un livre-pamphlet, La Face cachée du Monde - titre auquel la BD fait écho -, via Mille et une nuits, filiale de Fayard. Auteur de l'enquête nourrissant cet album sur Nicolas Sarkozy, Philippe Cohen a été épaulé par l'avocat Richard Malka, qui le défendit dans son procès contre Le Monde. Scénariste de BD (L'Ordre de Ciceron, Glénat éd.), Me Malka est aussi l'avocat de Charlie Hebdo, hebdomadaire satirique auquel collabore Riss, le dessinateur du livre. Les auteurs de bande dessinée et de dessins de presse préfèrent visiblement croquer les travers des politiques de droite que ceux de gauche. Jacques Chirac, les fastes, les pompes et les scandales de son règne s'exposent dans La Success Story du président (Hoëbeke). Ce recueil propose caricatures et dessins dus à Cabu, Gébé, Honoré, Jul, Willem ou Riss. Un autre album sur le président de la République, intitulé Le P'tit Chirac, publié par Jungle (filiale de Casterman), devrait précéder Le P'tit Sarkozy, annoncé pour février, avant une P'tite Ségo. La candidate socialiste, que la BD n'a encore que peu prise en compte - un projet d'album avec le collectif Bonobo vient d'être ajourné par Albin Michel -, s'est toutefois vu adjuger le titre d'un album, dans lequel elle apparaît peu, par cette même maison d'édition : Ségolène ?, de René Pétillon. D'autres livres tiennent à distance les vedettes de la future élection présidentielle, comme Dol, de Philippe Squarzoni, à la fois reportage, enquête et essai politique autant que BD. Paroles d'experts, dessins en noir et blanc et photos tramées d'images de guerre ou de sociétés à la dérive dressent le bilan des années pendant lesquelles la droite a exercé le pouvoir en France, de 2002 à 2007, des dégâts causés par le libéralisme de Jean-Pierre Raffarin aux dangers de l'arsenal médiatico-sécuritaire du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, - sans ménager les médias. ENQUÊTE SUR LES STARS D'ATTAC L'éditeur de Dol, Les Requins marteaux, l'a imprimé à 5 000 exemplaires. Mais la maison d'édition albigeoise table sur le succès à long terme de cette BD différente : deux précédents ouvrages de Philippe Squarzoni, Garduno en temps de paix et Zapata en temps de guerre, ont été primés plusieurs fois et ont bénéficié de tirages supplémentaires. Dans la même veine que Dol, mais avec un humour plus affiché, Un autre monde est possible s'intéresse aux altermondialistes, à l'occasion du sommet de Caracas, en 2005. Les stars d'Attac séjournent au Hilton, Olivier Besancenot circule en 4 × 4 (mais pratique le covoiturage !), le folklore vénézuélien, les discours-fleuves du président Hugo Chavez et les bidonvilles font fantasmer les participants au sommet mais aussi les deux auteurs, Pierre Cattan et François Olislaeger. Le premier tirage (4 000 exemplaires) est quasiment épuisé. George Wolinski aligne avec régularité les recueils de dessins d'actualité. Dans son dernier ouvrage, le très réussi C'est la faute à la société..., imprimé à un peu moins de 20 000 albums, il traque déclinologues et psychothérapeutes épiant le chevet de la France et des Français, de ceux qui pensent avec sagesse et mélancolie que "c'était mieux avant, parce qu'on croyait que ce serait mieux aujourd'hui". Avec la maîtrise du trait et le sens de l'ellipse qui le caractérisent, le dessinateur de Libération Willem livre sa vision noircissime du petit théâtre du pouvoir dans Lui, eux et... les autres, sur la couverture duquel Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy occupent une place de choix. L'artiste néerlandais est également présent dans le hors-série que vient de publier Charlie Hebdo, 2006 Une année de dessins - avec Nicolas Sarkozy en couverture - où se pressent les "unes" de l'hebdomadaire et les croquis de ses dessinateurs. Et le collectif étant très à la mode, on retrouve dans Vive la politique ! une quinzaine d'auteurs de bande dessinée - de Claire Bretécher à Martin Veyron, en passant par Binet, Diego Aranega ou Florence Cestac -, et leur vision de la vie politique à la française. § C'est le dernier arrivant dans la galerie des personnages de Nicolas Sarkozy : "fraiseur, trente-six ans de boîte, et 1 200 euros net à la fin du mois". § C 'est le dernier arrivant dans la galerie des personnages de Nicolas Sarkozy : "fraiseur, trente-six ans de boîte, et 1 200 euros net à la fin du mois". Le ministre de l'intérieur l'a rencontré à l'occasion de sa visite dans une forge des Ardennes, le 18 décembre 2006. Aussitôt, il s'est retrouvé dans le discours du candidat à l'élection présidentielle prononcé le soir même à Charleville-Mézières pour illustrer, à lui seul ou presque, les difficultés de "la France qui souffre". Au-delà du poids des mots, M. Sarkozy aime à faire jouer le choc des images. Un exemple, une tranche de vie, une parabole font parfois plus, aux yeux du président de l'UMP, qu'une idée, fût-elle exprimée avec vigueur. Pascale, "une mère divorcée élevant trois enfants", a elle aussi fait son entrée dans le petit monde de Nicolas Sarkozy. Cette jeune femme, il l'a rencontrée sur le plateau de France 2 au soir de l'annonce de sa candidature (Le Monde du 2 décembre 2006). Depuis, elle vient illustrer les discours du candidat, plus spécifiquement préposée à la défense du droit opposable au logement. Plus loin de nous, en 2005, le président de l'UMP a eu souvent recours à "la femme de Strasbourg" lors de ses discours en faveur du oui au référendum constitutionnel. "Dans cette histoire, avait expliqué à l'époque M. Sarkozy, dont les propos avaient été rapportés par Le Figaro, tout repose sur le rythme, les silences. Au départ, il n'y a rien. Juste une femme qui m'aborde dans la rue et qui me cueille à froid en me disant qu'elle va voter non et que ça l'ennuie parce qu'elle m'aime bien. Je marque le coup, et puis je lui dis : "Votre mari, vous l'aimez bien ?" Elle répond oui. Et je lui dis : "Et parfois il vous énerve ? - Oh là là oui", qu'elle me répond. "Est-ce que vous divorcez pour autant ?" Elle me dit : "Evidemment non." Alors je lui dis : "C'est comme avec l'Europe. Parfois on se dispute, on s'énerve, mais on ne divorce pas, parce que l'Europe, c'est la famille."" M. Sarkozy avait expliqué qu'il avait raconté cette histoire à sa femme, Cécilia, puis à l'essayiste (et président du conseil de surveillance du Monde) Alain Minc, qui l'avait convaincu de l'intégrer à ses discours. A cette époque, le président de l'UMP faisait appel à la figure aimée de son grand-père, Benedict Mallah. Il racontait à longueur de meetings comment cet homme qui "l'avait élevé", qui "avait fait la guerre de 14-18", parlait des "boches" au lieu de dire "les Allemands". Il concluait alors invariablement par : "Vous voyez, l'Europe, c'est la paix." § Piller la rhétorique du camp adverse, valoriser le "parler simple"..., lors d'une campagne, la langue devient une arme pour dominer l'adversaire. Des linguistes décryptent cette bataille avec humour. § "R upture tranquille" d'un côté, "ordre juste" de l'autre : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont fourbi leurs armes. Car la bataille présidentielle est d'abord une affaire de mots. C'est sur eux que se construit l'"image" d'un(e) candidat(e). Doit-on démontrer sa volonté et/ou sa capacité à rassembler ? On inventera un oxymoron (ou oxymore), cette figure de rhétorique qui consiste à allier deux mots de sens contraire. Non pas tant "pour leur donner plus de force expressive", selon le sens littéraire que livre Le Petit Robert, que pour chercher à séduire le plus grand nombre : les adeptes de la "rupture" et ceux que ce terme effarouche ; les partisans de l'ordre comme les amateurs de justice. Sans oublier ceux qui ne se retrouvent que dans l'union des contraires, et qui y trouveront - dans l'un et l'autre cas - parfaitement leur compte. Dans son pavillon de Plaisir (Yvelines), où il coule une retraite paisible, Maurice Tournier observe avec une gourmandise intacte ce double exercice de "synthèse langagière" croisée : "Sarkozy prend la tranquillité dans le domaine mitterrandien, et Ségolène Royal l'ordre dans le vocabulaire de droite", chacun ajustant à sa façon ces emprunts. L'ancien fondateur du premier laboratoire de lexicométrie, créé en 1967 à l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, n'ira pas au-delà dans l'interprétation de ce cas d'espèce. "Je me méfie de moi", dit-il, refusant de s'aventurer hors de toute étude statistique. Force de l'habitude : cela fait quarante ans que cet agrégé de lettres a trouvé refuge dans les chiffres. Avec le concours de mathématiciens, il avait mis au point des outils d'analyse statistique, permettant "un inventaire systématique de vocabulaire", qui se sont développés par la suite. Des banques de données existent aujourd'hui à Lyon - où ont été transférées les ENS de Saint-Cloud et de Fontenay -, Amiens, Nice, ou encore Créteil. Il a fallu plus de cinq ans de travail avant la première publication, qui portait sur les tracts de Mai 68. Ont suivi des ouvrages sur le discours syndical, communiste, puis des études portant sur le langage des principaux candidats en 1988 et 1995. DÉCALAGE STATISTIQUE Grâce au concours de mathématiciens, le principe de base consistant à mesurer la fréquence de certains mots dans les discours s'est enrichi d'un mode de calcul de probabilités permettant de distinguer les "mots spécifiques", ceux dont la fréquence constatée est supérieure à la fréquence probable. Ainsi, raconte M. Tournier, lors du face-à-face télévisé de 1988 entre Jacques Chirac et François Mitterrand, "deux événements statistiquement absolument improbables sont survenus en même temps". Interrogés sur le même sujet, Jacques Chirac prononce à dix-sept reprises le mot "immigration" et une seule fois le terme "immigrés", alors que François Mitterrand, à l'inverse, emploie à quinze reprises ce dernier mot, n'évoquant qu'une seule fois l'"immigration". Il n'y a là bien sûr aucun hasard : le candidat de droite préfère user d'"un terme généralisant, qui traduit par son suffixe "-ation" la dynamique d'un flux abstrait arrivant en France", alors que son adversaire socialiste ne veut évoquer, par le mot "immigrés", que "des gens qui sont déjà là", l'emploi d'un participe passé "supprimant toute idée de mouvement" et évacuant donc la question du flux. A partir de cet exemple de très fort décalage statistique entre fréquence probable et fréquence constatée, le linguiste confirme ce que chacun pressent : dans le langage politique, a fortiori lors d'une campagne présidentielle, "les mots sont archisurveillés". "Le politique, poursuit M. Tournier, cherche à s'approprier la parole en occupant les médias, mais aussi la langue et le langage, en devenant le référent du sens des mots. Il essaie de s'emparer d'un système de stéréotypes et de détruire celui de son adversaire." Ainsi Jacques Chirac s'est-il emparé en 1995 d'une thématique de gauche, la "fracture sociale", au détriment de Lionel Jospin. Ainsi dépossédé de son discours, le candidat socialiste a cherché à se démarquer. Lors de leur face-à-face télévisé, M. Jospin a employé à vingt-deux reprises les termes "différent" ou "différence", qui ne sont apparus que quatre fois dans les réponses de M. Chirac. Familier de ces parties d'échecs où les pions sont des mots, le président du RPR a vu la manoeuvre et y a répliqué en insistant sur des points d'accord. On comprend pourquoi Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n'ont eu de cesse de s'épier - et de se piller - lors d'une précampagne qui a donné lieu à plusieurs chassés-croisés. Le président de l'UMP a fustigé les "patrons voyous", et s'est montré au chevet de la "France qui souffre", tandis que Mme Royal faisait des incursions répétées sur le terrain de l'"ordre" et de la "sécurité". Les deux principaux candidats qui veulent incarner le "renouvellement" ne réutilisent là que de vieilles recettes. Il en va de même de la vogue du "parler simple", qui, rappelle le linguiste Louis-Jean Calvet, "a commencé avec Poujade dans les années 1950". Lors d'un déjeuner, le 22 novembre 2006, avec près de 600 maires socialistes, Mme Royal leur avait vivement conseillé quelques traductions : "vie chère" au lieu de "pouvoir d'achat", "petites retraites" plutôt que "pensions modestes"... "Royal est dans la fuite des expressions technocratiques", relève le professeur d'informatique Jean Véronis. Poursuivant ce même objectif d'une étude statistique du langage politique, ces deux enseignants à l'université de Provence ont publié en octobre 2006 un livre, Combat pour l'Elysée, paroles de prétendants (éditions du Seuil, 15 euros), qui doit son titre à la crise du contrat première embauche, pendant laquelle il a été rédigé. Dans cet ouvrage, les auteurs décortiquent - non sans humour - les paroles des principaux acteurs de la vie politique française. Objectif revendiqué par M. Calvet : "Apprendre aux gens à décrypter les discours, pour qu'ils comprennent comment on peut les baratiner." En prélude à quelques portraits parfois au vitriol, on y trouvera notamment d'indispensables rudiments sur l'euphémisme et la langue de bois, ainsi que le rappel de quelques célèbres lapsus. Ces moments, comme le dit joliment M. Calvet, où "l'inconscient remonte à fleur de mots". Preuve que, même en territoire surveillé, la parole sait s'offrir des moments de liberté. § Fondateur de l'association Banlieues votez, il vient d'achever une marche solitaire de Paris à Strasbourg pour encourager l'inscription sur les listes électorales. § L e long des interminables routes de campagne, l'homme, bâton à la main, drap blanc autour du cou, ressemblait étrangement à un pèlerin. Faites-le-lui remarquer, il adore ça. Ramenez-le à sa folie douce, son sens démesuré de la mise en scène, il éclate de rire. Ce grand enfant de 29 ans s'est toujours amusé de passer pour un "dingue". Il y a trois semaines, il parvenait même à surprendre ses amis pourtant habitués à ses frasques en leur annonçant son projet. Paris-Strasbourg à pied. Plusieurs centaines de kilomètres sur l'asphalte des petites départementales qui séparent la capitale de l'est de la France. Le froid et l'étrangeté de cette France rurale qu'il n'a jamais vraiment connue. Parcours 1977. Naissance à Bourg-en-Bresse (Ain). 1986. Suit ses parents en Algérie. 1997. Educateur à Nice (quartier de l'Ariane). 2004. Diplômé de Sciences Po Paris. 2006. Cofondateur de l'association Banlieues votez. Du 16 au 31 décembre 2006. Marche Paris-Strasbourg. Début décembre, la jeune association Banlieues votez, qu'il a fondée avec d'autres diplômés de Sciences Po, tente de mobiliser l'opinion à un mois de la clôture officielle des inscriptions sur les listes électorales. Le 1er décembre, sur le marché d'Argenteuil, dans le Val-d'Oise, Momo prend le micro, s'époumone, se lance dans une interminable citation de Bonaparte pour essayer d'entraîner la foule. Il prêche dans le désert. La petite équipe est vite gagnée par le sentiment d'avoir à vider un océan d'indifférence à la petite cuillère. Le salut ne pourra venir que d'un coup d'éclat, d'une action symbolique. L'idée de la marche est venue au fil d'une discussion. "Il s'agissait d'abord de prolonger le message lancé en 1983 lors de la marche de l'égalité (la marche des beurs Marseille-Paris). Mais surtout de remuer les gens : pour s'inscrire, la mairie est à deux enjambées, Strasbourg à un million de pas de Paris ! L'idée était aussi d'aller dans une ville où, malheureusement, des dizaines de voitures brûlent chaque jour de l'an." Mohammed Chirani est un homme de foi. Né à Bourg-en-Bresse de deux parents algériens, il passe son enfance de ville en ville dans la maison-wagon de son père ouvrier, avant de retrouver la terre de ses ancêtres à l'adolescence. Il se plonge alors des heures durant dans l'étude du Coran, dont il a gardé le quart des versets en tête. Lui reste aussi de cette période une conscience aiguë des drames engendrés par la guerre civile. "Je me suis senti très coupable de ne pas avoir pu agir sur le cours des choses. J'étais très jeune à l'époque, mais j'ai beaucoup souffert de ma passivité." A 18 ans, bac algérien en poche, il franchit à nouveau la Méditerranée, atterrit dans le sud de la France. Le jeune garçon timide qui retrouve sa terre natale est un adolescent rêveur, féru d'histoire et habité par le culte des grands hommes. La France est pour lui un gigantesque panthéon. Il rêve de l'ENA, se passionne pour de Gaulle et Bonaparte. Foi dans la grandeur politique, mais encore et toujours foi en Dieu. Momo passera plusieurs années à Nice en tant qu'animateur dans le quartier sensible de l'Ariane. L'occasion de fricoter à nouveau avec les islamistes, comme déjà en Algérie. Et puis le rêve d'une destinée politique reprend le dessus. Direction Paris, et la fac de La Varenne. En 2002, contre toute attente, il réussit l'écrit de Sciences Po. A l'oral, un membre du jury lui demande pourquoi il vise l'ENA et la diplomatie. Long silence. Et comme toujours, c'est le coeur et l'imagination qui parlent : "Je veux éviter le choc des civilisations." Momo séduit ses interlocuteurs, entre "par effraction", dit-il, dans la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume. Il y vivra les plus belles années de sa vie. Les soirées, les filles, les après-midi passées à palabrer et refaire le monde. L'engagement politique. "Je me suis toujours défini politiquement comme gaulliste bonapartiste. C'est ce qui m'a amené à adhérer au RPR puis à l'UNI (syndicat étudiant de droite)." Aujourd'hui, changement de décor. L'effacement de ce qu'il restait du gaullisme social l'a détourné, comme beaucoup d'autres beurs, du chemin tracé par la droite actuelle. Momo conserve une profonde affection pour Jacques Chirac, mais a rendu sa carte de l'UMP depuis longtemps. Plus que tout, il redoute l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle droite en rupture avec l'héritage républicain. Après son échec au concours de l'ENA, il était parti en Grande-Bretagne pour fuir le déclassement. Les émeutes de banlieue et la révolte contre le contrat première embauche (CPE) l'ont ramené à la mère patrie. Momo est revenu à la politique, mais pas question de servir une autre cause que celle des banlieues. Ses amis de Sciences Po, nourris d'universalisme et de République, le somment toutefois d'échapper à la tentation du repli et du lobbying. L'habitué du grand écart entre Paris-centre et la banlieue a d'ailleurs découvert, au cours de sa gigantesque randonnée pédestre, une France qu'il ne connaissait pas. Parti de Montreuil le 16 décembre, il se souvient encore de ses premiers pas dans certains bistrots : "C'était un peu comme dans un western. J'étais le cow-boy venu d'une autre contrée, sur lequel tous les regards se braquent." Il ne lui faudra que quelques minutes pour s'inviter aux discussions qui animent le comptoir. Et découvrir avec stupéfaction des hommes et des femmes pleins de colère. Qui pronostiquent un 21 avril bis, quand ils n'avouent pas tout simplement leur penchant pour Le Pen. De quoi nourrir ses prédictions les plus sombres. Le jeune homme est de ces pessimistes actifs qui n'imaginent que trop bien le pire, et jettent toutes leurs forces pour l'éviter. En Algérie, il se souvient de la douce insouciance qui régnait autour de lui, adolescent, jusqu'au jour où il a vu de ses propres yeux la société se déliter, en proie à la violence et aux pires horreurs. Alors, il a marché sur Strasbourg. Sans avoir peur des grands mots. Il en va "de l'avenir de la République et de la France". Mohammed Chirani déteste cette culture postmoderne du ricanement, de ces gens à qui on ne la fait pas. Il ne manquera pas de vous faire remarquer que c'est à Strasbourg que Rouget de Lisle composa, une nuit d'avril 1792, un hymne à la liberté politique qui deviendra plus tard La Marseillaise. Il l'a lu dans Les Très Riches Heures de l'humanité, de Stefan Zweig. Un de ses livres favoris, qui retrace quelques grands moments de l'histoire du monde. Et auquel il rêve parfois d'ajouter un chapitre.. § Le voeu du président de la République devrait se concrétiser dans un projet de loi portant "diverses dispositions" sur la "cohésion sociale" qui est actuellement soumis au Conseil d'Etat. § J acques Chirac a demandé "au gouvernement d'avancer (...) dans les toutes prochaines semaines" sur la mise en place d'un "droit au logement opposable". Selon une source proche du dossier, ce voeu du président de la République devrait se concrétiser dans un projet de loi portant "diverses dispositions" sur la "cohésion sociale" qui est actuellement soumis au Conseil d'Etat. Le rapport 2002 du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées Droit au logement : construire la responsabilité, sur le site de la Documentation française. Ce texte fourre-tout, qui contient des mesures sur le RMI ou sur les immigrés vieillissants, pourrait inclure un ou plusieurs articles créant des voies de recours en faveur des ménages dont la demande de logement est restée infructueuse, après un délai anormalement long. Il aurait vocation à être examiné par le Parlement avant la fin de l'actuelle législature le 22 février, malgré l'encombrement du calendrier des deux Chambres. Compte tenu de la complexité technique de cette réforme et des réticences qu'elle inspire aux collectivités locales, il n'est pas exclu que ce projet de loi ait un caractère purement proclamatoire et qu'un second texte soit nécessaire pour fixer les modalités de mise en oeuvre de ce nouveau régime juridique, observe une autre source proche du dossier. Ces dispositions devraient s'inspirer d'un rapport que le Haut-Comité pour le logement des personnes défavorisées remettra dans les prochains jours. A la mi-juin 2006, le premier ministre, Dominique de Villepin, lui avait demandé de formuler des propositions sur "l'expérimentation locale du droit au logement opposable". Mentionné dans la loi Quilliot de juin 1982 sur les rapports locatifs, reconnu comme un objectif de "valeur constitutionnelle" dans une décision rendue en 1995 par le Conseil constitutionnel, le droit au logement reste une chimère pour des centaines de milliers de ménages. Depuis 2002, le Haut-Comité pour le logement des personnes défavorisées et plusieurs associations, emmenées par ATD Quart Monde, réclament - chacun de son côté - que les collectivités locales soient, à terme, soumises à une obligation de résultat et fassent des propositions concrètes aux candidats à la location qui peinent à trouver un toit. Leur doléance est longtemps restée confinée dans des débats de spécialistes, jusqu'au jour où Nicolas Sarkozy a repris cette idée dans un discours prononcé à Périgueux, le 12 octobre 2006. A droite, il n'est pas le premier à défendre une telle mesure, puisque la députée (UMP) des Yvelines Christine Boutin avait déposé une proposition de loi, en septembre 2005, qui allait dans ce sens - mais qui n'a jamais été examinée. Beaucoup plus prudent, le projet du PS, adopté en juin 2006, se borne à demander un rapport sur le sujet, mais Ségolène Royal s'est déjà déclarée favorable à l'instauration d'un droit au logement opposable. § Valeurs républicaines, progrès économique et social, aide au développement, Europe et environnement : le chef de l'Etat a voulu donner un cadre au débat dans lequel il veut s'"engager pleinement". § P our saluer l'année 2007, "particulièrement importante pour l'avenir de notre pays", Jacques Chirac a présenté aux Français, lors de ses vux télévisés du dimanche 31 décembre 2006, les cinq "enjeux majeurs" qui doivent, à ses yeux, marquer la campagne présidentielle : les valeurs de la République, le progrès économique et social, l'aide au développement, l'Europe, l'environnement. Il a aussi annoncé une loi sur le "droit au logement opposable". Le ton était très personnel - "j'aime passionnément la France", "je me bats", "j'aurai une double exigence" - et le chef de l'Etat est apparu combatif. Hâlé par son traditionnel séjour au Maroc, sans lunettes contrairement aux voeux précédents, M. Chirac avait choisi de parler sur fond de drapeau tricolore - et non devant une fenêtre laissant apercevoir la verdure, comme c'était le cas depuis la cohabitation de 1997. Une façon de célébrer des noces de douze ans, souvent agitées, avec la France ? Pour cette dernière édition des voeux après un septennat et un quinquennat, le président voulait échapper à l'exercice attendu du bilan et plus encore à l'évocation de son avenir personnel. "En janvier, tu diras aux Français que tu as fait tout ce que tu pouvais pour eux et puis tu annonceras que tu laisses la place", lui avait conseillé un très proche quand il était au creux de la vague, au printemps 2006. MISES EN GARDE S'il s'est gardé de suivre cet avis, M. Chirac n'a pas tout à fait esquivé l'inventaire. "Bien sûr, je voudrais que les choses avancent plus vite et qu'elles avancent mieux", a-t-il regretté. Mais il a aussitôt souligné la baisse du chômage, la réforme des retraites et de la Sécurité sociale, le "doublement du nombre de logements sociaux depuis 2002" et les résultats obtenus par rapport aux trois chantiers prioritaires du 14 juillet 2002, la sécurité routière, le cancer et le handicap. Sans s'appesantir sur ce bilan express. L'important, c'est d'avoir un gouvernement "au travail" jusqu'au bout et une campagne faite de "débats ouverts, démocratiques et responsables" : "Je m'y engagerai pleinement", a-t-il assuré. Cela a donc commencé dimanche soir, avec des recommandations aux Français et la distribution de bons et de mauvais points aux candidats. "N'écoutez pas les apprentis sorciers de l'extrémisme", a-t-il demandé à ses compatriotes, semblant renvoyer dos à dos l'extrême droite et l'extrême gauche, mais visant implicitement surtout le Front national. "Gardez-vous des idéologies, des illusions, du retour aux recettes qui ne marchent pas", a recommandé le président, pointant à la fois la réduction continue du temps de travail et le libéralisme. "Ne cherchons pas à imiter", a-t-il préconisé pour défendre le modèle français. "C'est le travail, c'est la formation, c'est la recherche, qui font la force des économies modernes", a-t-il expliqué, souhaitant voir dans la participation "un véritable projet de société". Dans le domaine social, M. Chirac veut "mettre en place un véritable droit au logement opposable". Le futur candidat de l'UMP et toujours ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, est ainsi mis sous surveillance : son travail gouvernemental ne doit pas pâtir de sa campagne ; le chef de l'Etat note le virage à gauche du président de l'UMP depuis son discours de Périgueux, le 12 octobre 2006, mais lui coupe l'herbe sous le pied en mettant en oeuvre une mesure, le droit au logement, qu'il y avait évoquée. Sur l'immigration, sujet de prédilection de M. Sarkozy pour combattre l'extrême droite en montrant sa fermeté, le président préfère évoquer l'aide au développement, à la fois "exigence morale essentielle", mais aussi moyen "de prévenir l'afflux à nos frontières de tous ceux qui quittent leur pays parce qu'ils n'ont plus d'espoir". M. Chirac s'est montré très bref sur l'Europe, ayant évacué l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne au 1er janvier par un message de bienvenue télévisé, diffusé dans les deux pays concernés. Il est vrai que l'élargissement mal préparé de l'Europe lui avait pour partie coûté l'échec au référendum de 2005. Il a été plus à l'aise sur l'écologie, dont il a fait un thème important de sa présidence. Acquise à M. Sarkozy, l'UMP, très oecuménique, s'est félicitée par diverses voix de l'intervention présidentielle. Pour le porte-parole du PS, Julien Dray, il est "clair" que M. Chirac ne postulera plus à la magistrature suprême. Pour le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, seul président de parti qui ait réagi, il était plus commode de croire que c'était un discours de candidat. § La candidate socialiste a diffusé une vidéo faussement amateur sur Internet, pendant que le président de l'UMP mettait en ligne son allocution sur le site de l'UMP. "Mouvement", "débat de fond", "intelligence collective", les thèmes se font écho. § S égolène Royal a présenté dimanche soir ses vux aux Français pour 2007 sous la forme d'une vidéo faussement amateur diffusée sur Internet quelques minutes après l'intervention télévisée de Jacques Chirac. Le lendemain matin, Nicolas Sarkozy faisait mettre en ligne sur le site de l'UMP une allocution de deux minutes, dans un style plus classique. ""Je veux construire avec vous (...).Je compte sur vous. J'ai besoin de vous", conclut le président de l'UMP, qui semble vouloir se montrer humble en appelant à la mobilisation de ses troupes, filmé sur fond bleu, avec logo du parti. "Je dois être à la hauteur de cette échéance", répond à distance la candidate du Parti socialiste, qui s'est fait filmer dans un appartement. "Je veux construire le projet présidentiel avec vous", dit encore Mme Royal, qui prend le soin de remercier "tous les internautes" qui ont participé aux débats sur son site Désirs d'avenir. "LA FRANCE MÉRITE MIEUX QUE CE QU'ELLE A" "Je veux une nouvelle République qui soit au service des citoyens, et construite avec les gens, avec la vie telle qu'elle est", scande Ségolène Royal. Elle plaide pour des "débats de fond", comme le président Chirac dimanche soir. "Je ferai tout pour que ce soit les débats de fond qui préoccupent les Français qui soient mis sur la table", assure-t-elle, évoquant "les préoccupations qui nous tenaillent" comme l'éducation, l'environnement, la vie chère, le pouvoir d'achat, le problème des bas salaire, la question du logement, les préoccupations liées au co-développement, les relations internationales ou la culture. Nicolas Sarkozy plaide lui pour une France où "tout est possible". "Si chacun d'entre vous se sent acteur de ce mouvement, si chacun d'entre vous croit dans cet idéal alors n'en doutez pas, dans quatre mois nous l'emporterons", assure-t-il. Segolène Royal insiste aussi sur le "mouvement". Comme Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy se pose en rempart contre les "extrémismes". Je veux ramener à nous des électeurs qui se sont égarés sur les routes du Front national, des électeurs qui ont pensé qu'avec la gauche, il avaient le mouvement", dit-il. "Avec la gauche, aujourd'hui, ils n'ont que la conservation". "La France mérite beaucoup mieux que ce qu'elle a", affirme Ségolène Royal, qui doit présenter formellement ses vux à la presse jeudi au siège du PS. "La France, c'est pas fini", prêche Nicolas Sarkozy. § Le texte des 12e vœux aux Français du président Jacques Chirac, le dimanche 31 décembre 2006. § V ux aux français : allocution de Jacques Chirac, président de la République. Mes Chers Compatriotes de métropole, d'outre-mer, de l'étranger, A la veille de l'année 2007, qui sera particulièrement importante pour l'avenir de notre pays, j'adresse, du fond du cur, à chacune et à chacun d'entre vous mes vux les plus chaleureux. Et je pense d'abord à toutes celles et à tous ceux qui sont victimes de la solitude, de la maladie, de la détresse. Je veux aussi saluer avec respect et reconnaissance nos soldats qui défendent, partout dans le monde, la paix et les valeurs de la France. Ensemble, depuis que j'ai l'honneur de vous servir et de vous représenter, nous vivons des changements considérables. Une économie mondiale en pleine expansion. Une concurrence de plus en plus vive mais qui nous ouvre aussi des opportunités nouvelles. La révolution de l'Internet, qui transforme notre façon de communiquer, de travailler, de vivre en société. Un monde où la surexploitation des ressources naturelles dérègle le climat et mettra en danger l'humanité, si nous ne réagissons pas dès maintenant. Un monde qui n'a jamais été aussi riche et aussi pauvre à la fois. Un monde marqué par le 11-Septembre, le terrorisme, la guerre en Irak, la crise au Proche-Orient, la tentation absurde et irresponsable du choc des civilisations et des cultures. Parce que j'aime passionnément la France, je me bats pour qu'elle prenne toute sa place dans ce nouveau monde tout en restant fidèle à elle-même. Je me bats pour que chaque Français, pour que chaque jeune en particulier, ait sa chance, où qu'il vive et quelles que soient ses origines. Bien sûr, je voudrais que les choses avancent plus vite, et qu'elles avancent mieux pour chacun d'entre vous. Mais grâce à votre talent, grâce à votre travail, la France s'affirme. Avec l'action résolue du Premier ministre et de son gouvernement, le chômage baisse fortement : déjà 360 000 chômeurs de moins. La croissance est là et elle est solide. Nos retraites, notre sécurité sociale se réforment et c'est la garantie de leur avenir. Le nombre de logements sociaux nouveaux chaque année a doublé depuis 2002. Nos regards et nos comportements évoluent heureusement vis-à-vis des personnes handicapées, des victimes du cancer, des victimes de la violence routière. Grâce à votre mobilisation, près de 9 000 vies ont été sauvées sur les routes de France. D'ici aux élections, j'aurai une double exigence : que le Gouvernement soit au travail, à votre service, pour la sécurité, pour l'emploi, pour le pouvoir d'achat et que ces mois soient aussi des moments de débats ouverts, démocratiques et responsables et je m'y engagerai pleinement. Je voudrais vous dire ce soir quels en sont, à mes yeux, les enjeux majeurs. Le premier, c'est l'unité et le rassemblement autour des valeurs qui font la France : la liberté, l'humanisme, le respect, et notamment le respect de la diversité et des différences, la laïcité, le combat contre le racisme, l'antisémitisme, le communautarisme. N'écoutez pas les apprentis sorciers de l'extrémisme. La France est forte, la France est belle quand elle sait, tout à la fois, faire respecter ses règles et tendre la main. Le deuxième enjeu, c'est évidemment le progrès économique et social. Je sais les souffrances et les difficultés auxquelles certains d'entre vous sont confrontés. Je connais vos attentes pour ce qui concerne les salaires et le pouvoir d'achat, c'est-à-dire la juste récompense de votre travail. Mais gardez-vous cependant des idéologies, des illusions, du retour aux recettes qui ne marchent pas. C'est le travail, c'est la formation, c'est la recherche qui font la force des économies modernes. En donnant toute sa place au dialogue social, des réformes importantes sont devant nous : pour aller beaucoup plus loin dans la baisse du chômage, pour faire de la participation un véritable projet de société, pour donner plus de puissance à nos entreprises, pour mettre en place un véritable droit au logement opposable, c'est-à-dire faire du droit au logement une réalité. Et je demande au Gouvernement d'avancer sur ce point dans les toutes prochaines semaines. Le troisième enjeu, c'est de bien mesurer que la France a des responsabilités particulières dans le monde. La vocation de la France et son honneur, c'est d'affirmer sa voix avec force et avec indépendance pour la paix et pour la justice. C'est aussi son intérêt. Ainsi, agir comme nous le faisons, pour le développement des pays les plus pauvres, c'est, bien sûr, répondre à une exigence morale essentielle. Mais c'est également prévenir l'afflux à nos frontières de tous ceux qui quittent leur pays parce qu'ils n'ont plus d'espoir. Le quatrième enjeu, c'est l'Europe. Depuis un an et demi, nous avons choisi de faire progresser l'Europe des projets : la recherche, l'énergie, la sécurité, l'immigration. N'oublions jamais que l'Europe, c'est la garantie de la paix et de la démocratie sur notre continent. C'est donc notre avenir. Le 50e anniversaire du Traité de Rome, le 25 mars prochain, nous offre l'occasion de donner un nouveau souffle à la construction européenne : pour une Europe politique, pour une Europe de l'ambition économique et du progrès social, pour une Europe qui nous protège. La France y prendra naturellement toute sa part. Enfin, il y a l'enjeu écologique. C'est un enjeu immédiat. Un enjeu politique. La France est le premier pays au monde à avoir inscrit en 2005 une Charte de l'environnement dans sa Constitution. En février, elle accueillera une conférence internationale pour accélérer la marche vers une Organisation Mondiale de l'Environnement. Mais c'est aussi chez nous que ce combat se gagne, par le changement en profondeur de nos comportements et de nos politiques. C'est une exigence et c'est une chance. Avec la nécessité d'inventer une économie respectueuse de l'environnement, c'est une nouvelle révolution industrielle qui est devant nous, celle du développement durable. Elle sera source de croissance et d'emplois et la France a tous les atouts pour en être le champion. Mes Chers Compatriotes, Oui, nous pouvons être fiers d'être Français ! Poursuivons notre effort de modernisation. Ne cherchons pas à imiter. Soyons nous-mêmes. Au printemps prochain, vous aurez à faire des choix décisifs. Faites vivre intensément vos convictions. Vous êtes le peuple souverain. La France a besoin de chacune et de chacun d'entre vous. Elle compte sur vous. Vive la République ! Vive la France ! § "Cela va dans la bonne direction, mais c'est loin d'être suffisant", a jugé Augustin Legrand, co-fondateur des Enfants de Don Quichotte, après l'annonce dimanche soir par Jacques Chirac de sa volonté d'instaurer un "droit au logement opposable". § "C ela va dans la bonne direction, mais c'est loin d'être suffisant", a estimé Augustin Legrand, co-fondateur des Enfants de Don Quichotte, après l'annonce dimanche soir par Jacques Chirac de sa volonté d'instaurer un "droit au logement opposable". Cette mesure qui permettrait aux personnes qui ne trouvent pas de logement de se tourner vers les tribunaux est réclamée depuis des années par les associations. Si l'association qui a créé l'événement en montant un camp de SDF au canal Saint-Martin de Paris a émis des réserves, c'est surtout parce que le droit au logement n'est "qu'un seul point de la charte" qu'elle a rédigée. Le texte des Enfants de Don Quichotte réclame également l'ouverture des structures d'hébergement "24 heures sur 24 et 365 jours par an" ou la création "immédiate d'une offre de logements temporaires". "Ce soir, nous n'avons pas un président qui a signé la charte", a ajouté M. Legrand. "Il n'a fait que réagir à un tsunami médiatique. Nous veillerons à ce que la charte soit appliquée dans son intégralité." La charte du canal Saint-Martin a été signée par la plupart des leaders politiques, la semaine dernière, suscitant un "double consensus historique, associatif et politique" salué par le porte-parole des Enfants de Don Quichotte. L'association avait appelé dimanche Jacques Chirac a être le "déclic" qui transformerait ces soutiens de principe en un résultat concret. UN IMMEUBLE OCCUPÉ À PARIS Sur le fond, la promesse de Jacques Chirac a suscité de l'enthousiasme. "C'est une grande victoire, s'est réjoui Xavier Emmanuelli, le président du Samu social. "Je n'ai pas besoin de déguiser ma pensée. Je suis très content que le président de la République ait prononcé les mots 'droit au logement opposable'", a ajouté le président du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, qui a été chargé par le gouvernement d'un rapport sur la question. Les militants du droit au logement cherchent surtout à ce que se concrétise la mesure annoncée, sur laquelle le gouvernement doit faire des propositions "dans les prochaines semaines", selon M. Chirac. "On a le temps dans les cinq mois qui restent de faire passer la loi, a estimé Xavier Emmanuelli, qui estime que le droit au logement "véritable" pourrait être une réalité d'ici quelques années. Désormais, c'est irréversible, je ne vois pas comment on peut revenir en arrière : les hommes politiques, les associations, le Conseil économique et social, tout le monde s'est prononcé pour ce droit." Au canal Saint-Martin, les SDF réunis pour le réveillon ont eu des réactions plutôt sceptiques après les voeux du président. "Langue de bois", ont jugé certains parmi la centaine de personnes réunies dimanche soir autour des 200 tentes. "Le droit au logement est dans la Constitution mais il n'est pas appliqué, a souligné Vincent, architecte trentenaire venu passer deux nuits avec les SDF par solidarité. Dimanche soir, trois associations ont fêté la nouvelle année en occupant une succursale de banque vide à Paris : un immeuble de six étages situé 24, rue de la Banque, dans le deuxième arrondissement, vide depuis la fermeture d'une agence du CIC. "Chirac engage son successeur sur la question du droit au logement opposable. Ce n'est pas n'importe quoi, c'est au même niveau d'urgence que le droit à la santé, et les associations, dont Jeudi Noir, seront là pour rappeler qu'il faudra répondre à cette attente", a déclaré Julien, un des animateurs du mouvement, mené par l'association Droit au logement. § M. Sarkozy confirme qu'il veut doubler la fiscalité écologique, Mme Royal propose d'interdire les OGM en plein champ. L'animateur doit se prononcer lundi sur sa propre candidature. § C 'est, à première vue, un succès pour Nicolas Hulot, qui doit annoncer, lundi 22 janvier, s'il se présente ou non à l'élection présidentielle. La plupart des candidats ont signé son Pacte écologique, sauf l'extrême gauche et l'extrême droite. Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers n'expliquent pas leur refus. Mais Olivier Besancenot et Arlette Laguiller jugent que Nicolas Hulot ne s'attaque pas à la racine du mal, "la course au profit qui est responsable des désastres écologiques", selon M. Besancenot. En dehors de ces quatre candidats, Nicolas Hulot a gagné en influence. L'écologie est désormais un sujet incontournable de la campagne, à la satisfaction du milieu associatif. Mieux, le débat s'organise autour des thèmes du pacte (institutions, taxation des énergies fossiles, réorientation des aides à l'agriculture, etc). Enfin, en réclamant un commentaire approfondi de ses objectifs aux signataires, Nicolas Hulot les a contraints à détailler leur vision. A la lecture des réponses circonstanciées, les limites de l'exercice apparaissent pourtant. Car les candidats ont curieusement tendance à renier les politiques menées pourtant par leurs familles politiques respectives. Ainsi, Nicolas Sarkozy propose d'augmenter la part des aides agricoles conditionnée au respect de critères environnementaux, alors que l'UMP s'y est, jusqu'à présent, opposée avec constance. Ségolène Royal propose une nouvelle loi sur l'eau, alors que la gauche plurielle s'est, lorsqu'elle était au pouvoir entre 1997 et 2002, cassé les dents sur ce sujet, etc. Surtout, ces réponses sont assorties de multiples bémols. Les candidates écologistes, Dominique Voynet (Verts) et Corinne Lepage (Cap 21) renvoient à leur propre programme, plus ambitieux que le pacte. Pour elles, Nicolas Hulot est trop prudent. Pour les autres candidats, il semble au contraire aller trop loin. Aucun ne reprend réellement à son compte l'idée centrale de l'écologiste, qui veut placer l'environnement à la source de toutes les politiques, et souhaite "une évolution en profondeur vers d'autres façons de produire, de travailler, de consommer, de se nourrir, de se loger, de se déplacer, de se chauffer..." afin de juguler le réchauffement climatique et la perte de biodiversité. La reprise des constats de Nicolas Hulot et les généralités sur les bienfaits du recyclage ou des transports en commun abondent. Elles peuvent être émaillées de propositions audacieuses, mais pas toujours réalistes. La candidate communiste Marie-George Buffet propose ainsi l'interdiction totale des pesticides. La réponse de François Bayrou est appliquée. Quelques propositions pratiques émergent, comme l'abaissement de la vitesse autorisée sur les routes de 10 km/h afin de limiter la consommation de carburant. Nicolas Sarkozy ne rentre pas, pour l'instant, dans le détail des mesures. Son propos reste général. Le candidat UMP propose ainsi une "agriculture raisonnée renforcée", ou une protection de la biodiversité "rationnelle, plus rapide et plus souple". Deux mesures concrètes : "le développement massif de l'agriculture biologique et raisonnée en approvisionnant la restauration collective", et le doublement de la fiscalité écologique (en réduisant d'autant la fiscalité pesant sur le travail). Aucun détail n'est fourni, pour le moment, sur les moyens d'y arriver (augmentation de la taxe intérieure sur les produits pétroliers, des redevances sur l'eau et les déchets, ou par la création de nouvelles taxes). Le candidat veut "étudier toutes les hypothèses". Arrivée la dernière, la réponse de Ségolène Royal est la plus complète. La candidate socialiste a fait de l'environnement un de ses principaux thèmes de campagne et s'est appuyée sur Bruno Rebelle, ancien directeur de Greenpeace. Pour chaque thème, des propositions sont formulées : passer à 20 % d'énergie renouvelable d'ici à 2020, et ramener la part du nucléaire à 50 % d'ici à 2017 ; instaurer une taxe à la tonne transportée par route ; transférer aux régions les aides aux agriculteurs ; interdire les OGM en plein champ ; introduire une clause de performance environnementale dans les marchés publics... La candidate n'est qu'en partie favorable à la taxe carbone proposée par le pacte, "qui risque de favoriser la consommation d'électricité (au détriment par exemple du gaz) et donne un avantage indu à la production électronucléaire". "Son caractère indifférencié la rend socialement injuste", ajoute Ségolène Royal, qui insiste sur la nécessité de compenser toute nouvelle taxe pour "ne pas entamer le pouvoir d'achat". § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § L e Nord a redonné des couleurs à la campagne de Ségolène Royal, et pas seulement en repeignant en rose les affiches de ses slogans pour un "ordre juste" et des "sécurités durables". Pierre Mauroy a apporté tout son soutien à la candidate socialiste, critiquée dans son propre camp pour sa méthode, qu'il a accueillie vendredi 19 janvier à Lille. "Je ne vois que des avantages, a assuré l'ancien premier ministre. Elle est droite sur la méthode, droite sur ses valeurs, elle est à l'écoute. Elle change les rites, les habitudes, et c'est très bien comme ça." Moyennant tout de même "quelques petits ajustements" et un rappel à la tradition avec la promesse que la campagne se finirait, comme d'habitude, par "un grand meeting à Lille", M. Mauroy réfute toute contestation interne. "Il y a ceux qui ont du mal à s'y mettre, mais laissez-les respirer, ils vont le faire, a-t-il lancé avec bonhomie. Les miasmes ici et là, les petites phrases, c'est peu de chose par rapport à la volonté de rassemblement. Elle se fera, vous pouvez l'écrire." De fait, dans la troisième fédération du Parti socialiste, tout le monde s'y est mis. Détendue et souriante, Martine Aubry a accueilli Mme Royal dans sa mairie avant de l'accompagner visiter des familles dans des logements populaires puis à Roubaix au "débat participatif", bien décidée à rester "cool". "Elle a choisi un style extrêmement particulier. C'est comme ça qu'elle sent son rapport aux Français, il faut le respecter et s'y inscrire, a souligné l'ancienne ministre, pour qui le plus important sera la "sortie" de la phase d'écoute, au moment de l'élaboration de la plate-forme présidentielle. Les sujets qui fâchent, comme les 35 heures, ont été mis de côté, même quand Mme Royal dit "ne rien s'interdire dans ce domaine". UN LIVRE D'AMOUR INDIEN Dans un entretien à La Voix du Nord paru le matin même, la candidate y déclarait : "Les 35 heures constituent un progrès social important et ont créé des emplois, mais elles ont aussi créé un certain nombre de problèmes." Aucune réaction visible de Mme Aubry. La maire de Lille s'est contentée de lui remettre, en même temps qu'un livre d'amour indien et un autre sur la démocratie participative préfacé par ses soins, un dossier contenant des propositions sur l'emploi, le social, et les 35 heures. Prenant la parole à Roubaix, lors du débat participatif, le député (PS, Nord) Michel Delebarre a choisi la politique-fiction. "Nous sommes en 2009, tu es présidente. Une grande conférence sur le logement a eu lieu après l'élection..." Et pour la première fois, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, était aussi de la partie au côté de celle "qui porte les valeurs et les actes du futur renouveau de la gauche". Même la formule du débat participatif a acquis vendredi soir une autre dimension avec le témoignage poignant d'une femme qui s'est présentée sous le prénom de Marylin. "Je te suis partout, a-t-elle commencé, avant d'expliquer en tremblant sa situation de femme battue qui cohabite avec un mari violent "du Front national". "Qu'est-ce que tu comptes faire pour les femmes qui se barrent en pleine nuit avec leurs gamins dans l'abribus sous la pluie, qui reviennent toujours avec leur mari parce qu'elles n'ont pas de travail, pas de logement ? La Chine, le Liban, c'est bien, mais je voudrais que tu t'occupes aussi de nous", a dit Marylin en se disant "plus socialiste que moi, tu meurs". Mme Royal a alors confirmé que sa première loi concernerait les violences faites aux femmes. § La candidate socialiste est très critique sur le projet de loi sur le droit opposable au logement. Une telle réforme "n'est pas applicable", a-t-elle affirmé, parlant de "tromperie". § R upture. Ségolène Royal a employé ce vocable cher à Nicolas Sarkozy pour présenter les grandes lignes de son programme en matière de logement, vendredi 19 janvier, à Roubaix (Nord), en clôture d'un "débat participatif" consacré à ce thème. "Il faudra une rupture avec les politiques de droite", a affirmé la candidate socialiste en défendant l'intervention de l'Etat face à "la loi du marché (qui) ne peut plus résoudre la question du logement". Un domaine élevé au rang de "grande cause nationale", selon la formule martelée depuis trois ans par Michel Delebarre, président du mouvement HLM et député PS du Nord, présent lui aussi dans la salle. Les mesures défendues par Mme Royal reprennent largement celles qu'elle avait exposées en début d'année à l'occasion de ses voeux (Le Monde du 6 janvier) : construction de 120 000 logements sociaux par an, création d'un service public de la caution avec un Etat qui se "substituera aux impayés quand ils correspondent à des accidents de la vie", possibilité pour l'Etat encore de procéder à des acquisitions-réquisitions, soutien à l'accession à la propriété via des "crédits bon marché" pour ceux, enfin, qui ont fait "l'effort de payer leur loyer sans accroc au bout de quinze ans". Une proposition nouvelle a toutefois émergé vendredi à Roubaix : les terrains et les bâtiments appartenant à l'Etat "seront mis en vente pour les collectivités locales qui veulent faire du logement social à moitié prix par rapport au marché". "Il est quand même très choquant de voir le gouvernement actuel spéculer sur des terrains dont il est propriétaire au nom des Français", a fustigé Mme Royal. Pour elle, toute construction neuve devra contenir "une part de logement social". A défaut, si les permis de construire ne respectent pas cette règle, "une partie du logement sera décrétée logement social et louée au prix du logement social". Pour la deuxième fois depuis le début de l'année, la candidate a donc indiqué que les préfets devraient plus souvent réquisitionner des terrains et construire des HLM dans les communes qui refusent d'atteindre le quota de 20 % de logements sociaux prévu dans la loi "solidarité et renouvellement urbains" (SRU). De telles procédures n'ont jamais été utilisées depuis l'entrée en vigueur de la loi, exception faite du cas de Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne (Le Monde du 14 juin 2006). "UNE FORME DE TROMPERIE" Mme Royal s'est par ailleurs montrée très critique sur le projet de loi instituant "le droit opposable au logement" qui doit être soumis en première lecture au Sénat, les 30 et 31 janvier. Même si elle approuve le principe de ce droit, elle estime, compte tenu de la pénurie d'habitations à loyers accessibles, que la réforme du gouvernement "n'est pas applicable". "C'est une forme de tromperie", a-t-elle condamné. Militant pour un "socialisme du réel" et "non pas soucieux de défendre des dogmes", Mme Royal a annoncé qu'elle envisageait de modifier le seuil de 120 000 nouveaux logements sociaux par an prévu dans le projet du PS. "Je ne pars pas de ce débat comme je suis arrivée, a-t-elle lancé. Je pense que nous ne sommes pas à la hauteur du problème et que nous allons devoir y retravailler." Parmi les intervenants, le président de l'association Droit au logement (DAL) du Pas-de-Calais l'a conviée à se rendre au "ministère du logement", un immeuble de six étages réquisitionné à Paris, place de la Bourse, par les associations. L'invitation lancée, Mme Royal devait s'y rendre dès le lendemain samedi. § La campagne de la candidate PS vacille? Mme Taubira veut l'amplifier. § D éléguée à l'expression républicaine" : tel est le titre que Christiane Taubira voudrait se voir décerner par Ségolène Royal, mardi 23 janvier, lorsque sera officialisée son entrée dans l'équipe de campagne. Si elle a dû renoncer - en vertu de l'accord conclu en octobre 2006 entre le Parti radical de gauche et le PS - à être de nouveau candidate à l'élection présidentielle, la députée (app. PS) de Guyane n'entend pas perdre son honneur dans l'opération. Nul ralliement, donc, mais l'"entrée en campagne" d'une personnalité certes désireuse "que la gauche l'emporte", mais également soucieuse de préserver son autonomie. A l'entendre, sa place dans le dispositif de campagne aurait fait l'objet, depuis plusieurs semaines, de nombreuses discussions avec la candidate socialiste. "Elle pensait que le poste de porte-parole, qui est le plus exposé, me permettrait d'intervenir davantage. Mais j'ai refusé", indique au Monde Mme Taubira. "Je ne viens pas pour expliquer ce qu'elle dit - je ne saurais pas le faire -, mais pour amplifier sa campagne en y ajoutant mes combats", ajoute-t-elle. L'ex-candidate à l'élection présidentielle de 2002, qui avait alors obtenu 2,3 % des voix, refuse par avance tout "enclavement". "Mon thème central sera l'offre de lien civique et de lien social : il faut subordonner toutes les politiques publiques - éducation, justice, logement, santé publique - à cet objectif", confie-t-elle. Un programme de candidate ? "On ne se refait pas !", sourit Mme Taubira. Persistant à penser que le PS a fait "une erreur" en cherchant à restreindre l'offre électorale de la gauche au premier tour, elle précise, pour ce qui la concerne, qu'elle n'a "pas envie d'être une force supplétive". "DÉFAUTS DANS LA CUIRASSE" La députée a déjà prévu tous les cas de figure. "Les désaccords devront être assumés en tant que tels. S'il y a une divergence de fond, je le dirai. Et j'en assumerai toutes les conséquences", prévient-elle. Le "trou d'air" de la candidate socialiste ? "Je préfère rejoindre son équipe quand elle est en vulnérabilité", indique Mme Taubira, qui estime que cela valorisera son arrivée. Tout en précisant être "la moins bien placée" pour évaluer le dispositif mis en place autour de la candidate socialiste, il ne lui a pas échappé que sa campagne "bat de l'aile". "Quand on voit les loupés, on se rend bien compte qu'il y a des défauts dans la cuirasse", estime Mme Taubira, jugeant qu'il faudra "très vite évaluer cette campagne décoiffante". "Il faut un peu plus de cohésion", ajoute-t-elle. Assurant qu'elle entend bien prendre sa part dans la poursuite de cet objectif : "Je n'ai pas le droit de regarder les choses se défaire", souligne-t-elle. § En meeting vendredi soir près de Clermont-Ferrand, François Bayrou s'est posé en défenseur de la France des "sans-pouvoir", qui ne retrouve pas dans les élites. § "I l y a un tiers-Etat contemporain, il y a deux France", a déclaré vendredi soir le candidat de l'UDF à la présidentielle devant un millier de personnes réunies à la Grande Halle d'Auvergne. "La France des puissants ne parle pas la même langue que la France des sans pouvoirs et la France des sans-pouvoir a l'impression que personne ne la représente dans le monde des puissants", a-t-il déclaré devant un milllier de personnes réunies à la Grande halle d'Auvergne."Il faut faire une campagne au nom et en compagnie de ceux qui n'ont pas le pouvoir", a insisté l'élu béarnais. A ses yeux, le pays est partagé en deux camps. L'un, fort de quelque 100 000 personnes, est composé de "familiers du pouvoir politique, économique ou médiatique (...) qui ont des réseaux, des amitiés, des appuis et se reconnnaissent dans ce qu'ils voient dans les écrans de télévision". Quant aux 63,4 millions d'autres, ils ne se "retrouvent pas dans la manière dont fonctionne la France officielle". Le président de l'UDF s'exprimait au terme d'une journée de campagne à Clermont-Ferrand, où il a visité le siège de l'organisation Pharmaciens sans frontières, un accueil de jour de sans-abri et une maison de retraite. François Bayrou a prononcé son discours à fort caractère social et largement improvisé devant une tenture marquée de son slogan de campagne : "La France de toutes nos forces. Il était entouré d'élus locaux, dont Michel Fanget, conseiller municipal UDF et prétendant à la mairie de Clermont-Ferrand". François Bayrou a promis de ne pas faire trop de promesses de campagne, jugeant coteuses et irréalistes ceux de ses adversaires dans la course à l'Elysée. "J'écoute les discours de mes camarades et rivaux. Pas un jour sans qu'ils dépensent des centaines de millions d'euros par les promesses électorales qu'ils font", a-t-il déploré."C'est dangereux et ce n'est pas dire au pays la vérité", a ajouté le député des Pyrénées-Atlantiques, qui veut donner priorité à la gestion de l'"écrasante" dette publique française. "LA DETTE VA NOUS EMPOISONNER LA VIE" Cette dette "va nous empoisonner la vie pendant des années si on n'a pas le courage de l'alléger ou en tout cas de la rééquilibrer", a-t-il prévenu avant de dénoncer les 35 heures, "l'une des décisions politiques les plus incompréhensibles"."On nous avait dit vous aurez les 35 heures payées 39. Et bien mes amis, vous avez les 35 heures payées 35", a-t-il lancé sous les applaudissements. L'ancien ministre de l'éducation nationale a demandé que l'enseignement soit "la priorité des priorités des priorités de la Nation". Ses autres propositions incluent le droit pour toutes les entreprises de créer deux emplois nouveaux sans charge et la fourniture d'un emploi d'intérêt général aux personnes touchant les minima sociaux. S'il est élu, François Bayrou a promis de former un gouvernement rassemblant "des compétences venus des deux bords", chargé de mener "une politique de rassemblement au service du redressement national". § Lors d'un débat participatif vendredi, la candidate socialiste à la présidentielle a justifié sa méthode et suscité de fermes soutiens de la part de Martine Aubry et de Bertrand Delanoë. § A Roubaix, la candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a revendiqué vendredi le droit à la "rupture" en matière de politique du logement, s'engageant à mettre en place la "sécurité-logement tout au long de la vie" si elle accède à l'Elysée en mai. Lors d'un "débat participatif", elle a dressé la liste des priorités de son futur éventuel quinquennat sur un thème qui s'est imposé dans la campagne après l'opération médiatique des "Enfants de Don Quichotte".120 000 LOGEMENTS SOCIAUX PAR AN Elle a notamment proposé de diviser par deux le prix à la vente des terrains et btiments appartenant à l'Etat pour les communes qui veulent y installer des logements sociaux."Il est quand même très choquant que ce soit le gouvernement lui-même qui spécule sur les terrains dont il ne fait rien, dont il est propriétaire au nom des Français et qui remette ces terrains sur le marché au prix de la spéculation immobilière. Il faudra que cela cesse. "Dans ce domaine-là, il y aura aussi la rupture", a-t-elle déclaré dans son discours de clôture d'une réunion de plus de deux heures."La crise actuelle n'est pas le fruit du hasard. Elle est la conséquence des politiques de droite qui ont été menées depuis cinq ans", a estimé la présidente de Poitou-Charentes."L'objectif que nous devons nous fixer, c'est la réalisation de la sécurité-logement toute au long de la vie (...) Je vous le dis l'Etat et la puissance publique reprendront tous leurs droits dans ce domaine pour imposer un certain nombre de décisions", a-t-elle affirmé face à 1 500 personnes réunies dans la salle Jean Watremez. Si elle est élue, l'engagement de construire 120 000 logements sociaux par an "sera tenu" et l'Etat se substituera aux communes qui ne remplissent pas leur "devoir de solidarité" en refusant de construire 20% de logements sociaux - deux objectifs qui figurent dans le projet présidentiel du PS pour 2007. Elle a également défendu le "bouclier logement", l'une des mesures phares proposées par le PS, "un objectif très ambitieux", pour veiller que les familles ne ne dépensent "pas plus de 25% de son revenu pour se loger". "NE PAS DIRE QUE JE NE TIENDRAI PAS" Comme elle l'avait déjà annoncé lors de ses voeux, elle a annoncé son intention de confier aux régions la construction de logements pour les étudiants et les jeunes travailleurs, de créer un "service public de la caution" et de "transférer aux collectivités locales (...) le droit de réquisitions-préemptions au bout de deux années de vacance". De même, "l'Etat se substituera aux impayés provisoires de loyer lorsqu'ils correspondent à un accident de l'emploi", a-t-elle assuré. Pour toute ces politiques, votre mobilisation sera nécessaire."C'est dans ces conditions aussi que cette fameuse loi du droit au logement opposable sera crédible car comment croire une loi qui établit qui proclame le droit au logement alors qu'il y a une telle pénurie de construction de logements sociaux depuis cinq ans", s'est-elle interrogée. "La politique n'a pas le droit de faire voter des lois dont on sait par avance qu'elles sont inapplicables (...) Cette politique là c'est un mensonge", a-t-elle insisté au terme d'un discours d'une vingtaine de minutes pendant laquelle elle n'a cité aucun homme politique de droite, Nicolas Sarkozy compris."Moi je ne peux pas dire des choses que je ne tiendrai pas", a-t-elle poursuivi, défendant à nouveau sa méthode de campagne, décentralisée et participative, décriée de plus en plus ouvertement par certains "éléphants" du PS."C'est parce que vous aurez pris la parole dans ce débat que cette parole lorsque je l'inscrirai dans mon projet présidentiel elle m'obligera et avec moi tous les élus sur le terrain qui seront en position de mettre en pratique cette politique de la gauche", a-t-elle insisté. § Une enquête réalisée par l'IFOP, le 15 janvier, sur les pronostics de l'élection présidentielle, confirme une nette domination de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. § § Nicolas Sarkozy s'est placé dans le registre de la détente et du lyrisme, vendredi lors d'un déplacement dans l'Aveyron, vantant les réussites de la France et refusant de critiquer ses adversaires socialistes. § N icolas Sarkozy s'est placé dans le registre de la détente et du lyrisme, vendredi 19 janvier, lors d'un déplacement dans l'Aveyron. "Je suis venu pour me faire plaisir", a déclaré le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, sur le viaduc qui surplombe la ville de Millau, "Me faire plaisir comme je l'avais fait au mont Saint-Michel, et je le ferai encore. Tout au long de cette campagne, je veux que les gens sentent de la sincérité, du bonheur, de la joie." Il a parlé de la "réussite" que constituait le viaduc de Millau, à ses yeux le "symbole du respect de l'environnement et des défis techniques réussis. C'est ça aussi la France, la France éternelle qui s'appuie sur ses racines et va vers l'avenir". S'adressant ensuite à des ouvrières de la ganterie Causse à Millau, le président de l'UMP, qui se déplaçait en tant que ministre de l'intérieur, a lancé : "Je veux faire une véritable révolution économique. Aujourd'hui, tout est fait pour décourager le travail." "Le travail, ce n'est pas l'ennemi. L'ennemi, c'est le manque de travail", a-t-il dit. "Les RTT, quand on n'a pas de quoi emmener ses enfants en vacances, ce n'est pas de cela dont on a besoin, c'est du pouvoir d'achat." "LA FRANCE QUI SE LÈVE TÔT" Le candidat UMP a également plaidé pour un "capitalisme familial", rempart à une économie dominée par les fonds de pension. "Croyez-moi, c'est mieux de travailler pour un propriétaire que l'on connaît." "Je ne suis pas contre les investissements étrangers, mais je ne suis pas là pour enrichir la Belgique, l'Angleterre ou d'autres. C'est une grave erreur de décourager l'investissement et le capitalisme familial", a-t-il encore déclaré. "La France que j'aime, c'est aussi la vôtre, c'est la France qui travaille, qui ne compte pas ses heures ni ses efforts. C'est la France qui se lève tôt", a par la suite lancé le candidat UMP devant près de deux cents représentants des "forces vives" de l'Aveyron regroupés dans une salle municipale voisine. "Notre France, ce n'est pas celle qui brûle les voitures pour se faire entendre. Parce qu'elle sait que tout se mérite", leur a encore dit le ministre. Enfin, Nicolas Sarkozy a profité de ce déplacement pour évoquer les difficultés des socialistes et de leur candidate, sur le mode du fair-play : "Dans une campagne, il y a toujours des moments difficiles. Cela ne sert à rien d'accabler, de critiquer. Je ne veux pas le faire." Avant d'ironiser : "Regardez le déluge de critiques sur moi. Vous croyez que ça a aidé les socialistes ? Non." § Le conseil d'analyse économique (CAE) a présenté, jeudi 18 janvier, à Jean-François Copé, ministre du budget, 19 propositions pour réorganiser l'Etat, donner plus de liberté de gestion aux managers publics et aller vers une règle d'or budgétaire consistant à "réserver l'emprunt aux seules opérations d'investissement". § L e conseil d'analyse économique (CAE) a présenté, jeudi 18 janvier, à Jean-François Copé, ministre du budget, 19 propositions pour réorganiser l'Etat, donner plus de liberté de gestion aux managers publics et aller vers une règle d'or budgétaire consistant à "réserver l'emprunt aux seules opérations d'investissement". Ces différentes mesures figurent dans un rapport rédigé par le président du CAE, Christian de Boissieu, par l'économiste Jean-Hervé Lorenzi et par deux membres du cabinet du ministre délégué au budget, Edward Arkwright et Julien Samson, pour qui la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) n'a pas de secret. Le rapport, Economie politique de la LOLF (www.cae.gouv.fr), est un plaidoyer pour la réforme de la sphère publique. Il invite implicitement les politiques à s'appuyer davantage sur la réforme budgétaire de 2001 pour rénover la gestion publique. Désireux d'obliger l'Etat à expliciter ses choix, le CAE préconise de systématiser l'évaluation a priori des décisions publiques, de réorganiser l'administration en généralisant les agences. Partisan de "confier les structures publiques à de véritables patrons" en élargissant au privé le recrutements des responsables de programmes budgétaires, il veut doter chaque administration d'un conseil de surveillance, à la culture pas exclusivement publique, et chargé de "contribuer à l'amélioration de la conception et de la mise en oeuvre des politiques publiques". Comme les "pères" de la LOLF, Alain Lambert, sénateur UMP de l'Orne, et Didier Migaud, député PS d'Isère, qui ont remis le 31 octobre 2006 un rapport au premier ministre, le CAE déplore la persistance de vieux réflexes gestionnaires (Le Monde du 3 novembre 2006). Il propose de remettre en cause l'annualité budgétaire. Il faut, dit-il, mettre en place des outils budgétaires pour permettre à l'action publique de "s'inscrire dans la durée". Le CAE prône, au nom du rétablissement des finances publiques (comme l'UMP), " un réexamen significatif, exhaustif et sans tabou des dépenses publiques dès le premier euro". Il souhaite que la norme de dépenses s'applique à l'ensemble des catégories de dépenses de l'Etat (prélèvements sur recettes, dépenses fiscales...). Cette mesure, également défendue par le sénateur (UMP, Oise) Philippe Marini, rendrait quasi impossibles les tours de passe-passe pour minorer les dépenses. Le CAE souhaite étendre l'esprit de la LOLF - notamment la culture de la performance - à toute la sphère publique, Sécurité sociale comprise. § L'intégralité du débat avec Stéphane Rozès, directeur du département Opinions de l'institut de sondages CSA, vendredi 19 janvier 2007. § H orelien-Helas : Y a-t-il vraiment une perte de vitesse dans la campagne de Royal ? Stéphane Rozès : Il y a effectivement un trou d'air. Si nous prenons le sondage CSA-Le Parisien publié hier, pour la première fois depuis janvier 2006, pour une douzième vague d'intentions de vote, au second tour, Nicolas Sarkozy l'emporterait à 52 % contre 48 % si l'élection avait lieu aujourd'hui, alors que le rapport de force était inversé il y a une semaine. Au premier tour, Ségolène Royal recule de cinq points. Ségolène Royal recule dans les catégories qui ont un rapport plus distendu à la politique traditionnelle, comme les jeunes et les catégories que vient de conquérir la gauche dans sa dynamique de campagne. Sans doute parce qu'elle perd momentanément ce qui avait fait jusque-là sa force. Ségolène Royal est apparue tout au long de la dernière période comme étant l'expression d'un électorat de gauche et, au-delà de la gauche même, de catégories de Français qui ont vu en elle une femme politique établissant un lien direct avec les Français, les incarnant et portant leurs valeurs. Or, dans la dernière séquence, son débat avec le premier secrétaire sur la fiscalité et le fait qu'elle entre elle-même dans une polémique sur la question de son patrimoine ont banalisé son image en la rendant dépendante d'un débat interne au Parti socialiste et la ramenant à une querelle politique subalterne sur la question de son patrimoine. Non pas que la question de son patrimoine ne soit pas importante pour les Français, mais la façon dont elle est montée elle-même en défense de sa situation l'a fragilisée. En un mot, jusque-là, elle était au-dessus de la mêlée dans un lien direct et vertical avec le pays. Elle aura semblé adopter le registre plus traditionnel du personnel politique. Erix : N'est-ce pas l'intronisation récente de M. Sarkozy qui laisse penser à une perte de vitesse de la candidate socialiste ? Stéphane Rozès : Non, l'inversion de tendance provient plus d'un affaiblissement de Ségolène Royal que d'une progression de Nicolas Sarkozy. Au premier tour de notre dernière intention de vote, celui-ci recule de deux points en passant de 32 à 30 % au profit de François Bayrou, qui progresse de 6 % à 9 %. Au total, le rassemblement du week-end dernier aura porté une tension. Son discours visait à établir un lien personnel, charnel avec le pays, alors que l'organisation scénique de la manifestation et son caractère de grand-messe laissaient apparaître à la fois une forme de solitude et le fait qu'entre lui et le pays il y aurait un appareil qui s'appelle l'UMP. Nous sommes dans le cadre d'une campagne présidentielle. Ni législative, ni régionale, ni européenne, et pour ce moment crucial qu'est le rendez-vous présidentiel, les Français doivent avoir le sentiment que le contrat noué entre le futur président et le pays ne soit pas médié par un appareil. Plus l'appareil et la formation politique semblent imposantes, plus l'écran entre le candidat et le pays est un handicap. Erwann_gaucher : L'affaire Montebourg va-t-elle la fragiliser, ou, au contraire, lui redonner un surcroît d'autorité face à son électorat ? Stéphane Rozès : Cet épisode n'aura pas en soi un impact, si ce n'est une illustration d'une difficulté de réglage dans sa campagne. Il aura illustré la tension entre la légitimité partisane d'une candidate soutenue par le Parti socialiste et ce qui a fait dans le pays la dynamique de Ségolène Royal (et y compris à la base du PS sa victoire), c'est-à-dire un discours propre. De ce point de vue-là, nos intentions de vote de premier et second tours sont tout à fait éclairantes. Jusqu'à la dernière intention de vote, la possibilité de Ségolène Royal de vaincre Nicolas Sarkozy au second tour n'était pas liée à un rapport de force gauche-droite de premier tour, puisque la gauche totalisait seulement 45 % des voix au premier tour. Deux dimensions se superposent pour cette présidentielle : une dimension politique sur le contenu des orientations, ce que j'appelle la dimension temporelle de cette présidentielle qui, au premier tour, est en faveur de la droite et de l'extrême droite, et une dimension spirituelle que mesure le second tour, qui dépend non pas du contenu des politiques, mais de l'incarnation présidentielle et des valeurs qui sont portées. C'est sur cette dimension spirituelle que Ségolène Royal arrivait jusqu'à maintenant au second tour à l'emporter sur Nicolas Sarkozy. C'est cette dimension spirituelle qui aura été fragilisée dans la dernière semaine. Vicky : Si le décrochage de madame Royal est confirmé, qui en serait le principal bénéficiaire : Bayrou, Sarkozy ou les autres candidats ? Stéphane Rozès : Pour l'heure, très certainement au second tour Nicolas Sarkozy. La progression de premier tour de François Bayrou passant de 6 à 9 % ne lui permet pas d'être le troisième homme, puisque Jean-Marie Le Pen reste stable avec 15 % d'intentions de vote. Mais si le ralentissement de la turbine Royal devait se confirmer, et si Nicolas Sarkozy ne voyait pas sa capacité de rassemblement progresser, la progression de François Bayrou peut représenter pour une partie de l'électorat de centre gauche et centre droit un recours électoral à terme. Cyclus : Est-ce que le fait que Royal paye l'ISF va dissuader les plus modestes de voter pour elle ? Stéphane Rozès : Je ne le pense pas à partir du moment où le couple Royal-Hollande à la fois affiche son patrimoine et fait la démonstration qu'il n'y a pas eu de sa part dissimulation ou contournement de la loi. Les citoyens jugent sur le fond des projets des candidats. Gege67 : La raison de la perte de vitesse n'est-elle pas due à une erreur stratégique. En voulant écouter les Français, ne montre-t-elle pas la pauvreté de son programme ? Sa phase d'écoute est-elle trop longue ? § Le leader altermondialiste a demandé aux 600 militants antilibéraux réunis dimanche à Montreuil de lancer la chasse aux parrainages. Tout en laissant entendre qu'il pourrait renoncer si la "dynamique" en sa faveur retombait. § "J 'annoncerai ma candidature le 1er février", a déclaré José Bové devant plus de 600 membres des collectifs unitaires antilibéraux réunis dimanche 21 janvier à Montreuil, près de Paris. C'était la première fois que le militant altermondialiste dit aussi clairement qu'il sera très probablement candidat. Reste que s'il a invité les responsables présents à recueillir les 500 parrainages nécessaires, il a laissé entendre qu'il pourrait renoncer si la "dynamique" apparue ces dernières semaines retombait. "Les choses se mettent en route, tranquillement, on verra le 1er février", a-t-il indiqué. L'ex-porte-parole de la Confédération paysanne, qui devait initialement se rendre au 7e Forum social mondial (FSM) à Nairobi au Kenya, a pris dès samedi la route de Montreuil pour y jauger sa popularité auprès des militants."J'ai un petit picotement dans le ventre qui me dit que si vous avez envie d'y aller, moi aussi j'ai envie d'y aller", a-t-il déclaré à son arrivée. Et d'expliquer dimanche : "Aujourd'hui, on est dans une dynamique pour créer un élan collectif, pour que les gens se mobilisent, que les collectifs soient en marche, que de plus en plus de personnes s'engagent avec la pétition" lui demandant d'être "le candidat de l'alternative à gauche", qui a recueilli plus 23 000 signatures. "DIVISION ET CONFUSION", SELON LE PCF "On est déjà en train de construire cette campagne", a dit encore M. Bové, demandant que les militants aillent d'ores et déjà à la recherche des parrainages, "qui seront le signe que notre campagne est portée sur tout le territoire" et "qui vont matérialiser de façon concrète qu'on ira jusqu'au bout". Citant le personnage de Sisyphe, "qui roule son rocher toujours en haut de la montagne, et quand il arrive en haut, le rocher redescend", il a rappelé que, malgré tout, le héros grec continue à monter : "comme nous, il a le sourire aux lèvres, parce qu'on sait qu'au bout du compte, on arrivera à franchir le sommet". "Le pari qu'on fait, c'est qu'on peut amener la résistance au pouvoir", a-t-il ajouté. Une première réunion de travail est prévue samedi, avant des bilan de campagne"toutes les semaines, pour savoir si on continue ou si on continue pas". Les participants à la réunion ont décidé de se revoir début mars pour "faire le point" de l'action engagée et "vérifier qu'elle suscite une dynamique populaire". Les proches de la candidate communiste Marie-George Buffet ont aussitôt regretté une "candidature supplémentaire qui ne ferait qu'ajouter de la division et de la confusion"."Après l'impossibilité pour les organisations politiques de se mettre d'accord au niveau national sur une candidature unitaire (...), une minorité de collectifs s'est rassemblée ce week-end pour soutenir la proposition de candidature de José Bové", a estimé Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Mme et le porte-parole de la LCR Olivier Besancenot, tous deux officiellement candidats, ont indiqué qu'ils ne se désisteraient pas en faveur du militant altermondialiste. § La candidate du PS à la présidentielle a pour la première fois, samedi soir, attaqué Nicolas Sarkozy, "qui pense avoir raison tout seul et qui promet tout et qui donc demain ne tiendra rien". Elle a souhaité dimanche que George Frêche soit exclu du parti. § S égolène Royal s'est fait offensive contre Nicolas Sarkozy, samedi 20 janvier sur TF1, doutant que la France ait besoin d'un "homme providentiel" qui "promet tout" et "ne tiendra rien". Elle s'efforcera de l'emporter sur le candidat de l'UMP dans une bataille "projet contre projet". La candidate socialiste a confirmé qu'elle donnerait les grandes lignes de son projet présidentiel le 11 février prochain, ce qui lui laissera deux mois "pour mener la bataille des idées". Les relations Royal-Hollande se sont pas claires pour 47 % des Français, selon un sondage Les relations politiques entre Ségolène Royal et François Hollande ne sont pas claires pour 47 % des Français, selon un sondage CSA pour Le Parisien Dimanche. En revanche, pour 46 % des personnes interrogées, les relations entre la candidate socialiste et le premier secrétaire du PS sont complémentaires, 39 % les trouvant novatrices et 27 % tout intenables. Cette enquête a été effectuée les 17 et 18 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 1 003 personnes âgées de 18 ans et plus."Le Parti socialiste est un parti rassemblé et j'ai la chance, grâce à François Hollande qui a maintenu l'unité de ce parti, de m'appuyer sur une organisation politique qui est en ordre de marche", a déclaré Mme Royal imanche sur Canal +. - (Avec AFP.) Mme Royal souhaite que Georges Frêche soit exclu du PS Ségolène Royal a souhaité dimanche l'exclusion du Parti socialiste du président de la région Languedoc-Roussillon Georges Frêche, et "désapprouvé" qu'il n'ait pas été suspendu plus tôt, tout en rappelant que "la procédure suit son cours". Elle a jugé les propos de l'élu sur le nombre de joueurs noirs dans l'équipe de France de football "inacceptables et humiliants pour ceux qui les ont subis". George Frêche avait annoncé la semaine dernière sa décision de se mettre en congé du PS jusqu'à l'élection présidentielle, affirmant ne pas vouloir gêner la campagne de Ségolène Royal. - (Avec Reuters). Interrogée sur l'investiture dimanche dernier de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal a répondu : "Je pense surtout que nous n'avons pas la même idée de l'exercise du pouvoir"."Je ne crois pas que dans la France telle qu'elle est aujourd'hui, un homme providentiel qui pense avoir raison tout seul et qui promet tout et qui donc demain ne tiendra rien, je ne crois pas que cela corresponde à ce dont la France a besoin". Ségolène Royal, dont la méthode "participative" est contestée au Parti socialiste, a connu une semaine marquée par des turbulences avant de prendre un bol d'air d'unité vendredi à Lille pour une journée consacrée au logement. Défendant sa démarche, Ségolène Royal a expliqué que cette phase "cruciale", marquée par plus de 5 000 débats à travers le pays, lui permettait "de parler juste à travers la réalité de la vie quotidienne" et de remettre les Français "au coeur du projet socialiste". Elle a ajouté que cette énergie se transformerait le moment venu en projet présidentiel. "Je porterai cette énergie des Français qui m'aidera dans l'énergie de la bataille du projet contre projet", a-t-elle dit. "Ce qui apparaît, c'est vraiment une attente désespérée de quelque chose qui ne vient pas, c'est à dire la mise en exergue de tous les dégâts du libéralisme", a ajouté Ségolène Royal. § M. Sarkozy confirme qu'il veut doubler la fiscalité écologique, Mme Royal propose d'interdire les OGM en plein champ. L'animateur doit se prononcer lundi sur sa propre candidature. § C 'est, à première vue, un succès pour Nicolas Hulot, qui doit annoncer, lundi 22 janvier, s'il se présente ou non à l'élection présidentielle. La plupart des candidats ont signé son Pacte écologique, sauf l'extrême gauche et l'extrême droite. Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers n'expliquent pas leur refus. Mais Olivier Besancenot et Arlette Laguiller jugent que Nicolas Hulot ne s'attaque pas à la racine du mal, "la course au profit qui est responsable des désastres écologiques", selon M. Besancenot. En dehors de ces quatre candidats, Nicolas Hulot a gagné en influence. L'écologie est désormais un sujet incontournable de la campagne, à la satisfaction du milieu associatif. Mieux, le débat s'organise autour des thèmes du pacte (institutions, taxation des énergies fossiles, réorientation des aides à l'agriculture, etc). Enfin, en réclamant un commentaire approfondi de ses objectifs aux signataires, Nicolas Hulot les a contraints à détailler leur vision. A la lecture des réponses circonstanciées, les limites de l'exercice apparaissent pourtant. Car les candidats ont curieusement tendance à renier les politiques menées pourtant par leurs familles politiques respectives. Ainsi, Nicolas Sarkozy propose d'augmenter la part des aides agricoles conditionnée au respect de critères environnementaux, alors que l'UMP s'y est, jusqu'à présent, opposée avec constance. Ségolène Royal propose une nouvelle loi sur l'eau, alors que la gauche plurielle s'est, lorsqu'elle était au pouvoir entre 1997 et 2002, cassé les dents sur ce sujet, etc. Surtout, ces réponses sont assorties de multiples bémols. Les candidates écologistes, Dominique Voynet (Verts) et Corinne Lepage (Cap 21) renvoient à leur propre programme, plus ambitieux que le pacte. Pour elles, Nicolas Hulot est trop prudent. Pour les autres candidats, il semble au contraire aller trop loin. Aucun ne reprend réellement à son compte l'idée centrale de l'écologiste, qui veut placer l'environnement à la source de toutes les politiques, et souhaite "une évolution en profondeur vers d'autres façons de produire, de travailler, de consommer, de se nourrir, de se loger, de se déplacer, de se chauffer..." afin de juguler le réchauffement climatique et la perte de biodiversité. La reprise des constats de Nicolas Hulot et les généralités sur les bienfaits du recyclage ou des transports en commun abondent. Elles peuvent être émaillées de propositions audacieuses, mais pas toujours réalistes. La candidate communiste Marie-George Buffet propose ainsi l'interdiction totale des pesticides. La réponse de François Bayrou est appliquée. Quelques propositions pratiques émergent, comme l'abaissement de la vitesse autorisée sur les routes de 10 km/h afin de limiter la consommation de carburant. Nicolas Sarkozy ne rentre pas, pour l'instant, dans le détail des mesures. Son propos reste général. Le candidat UMP propose ainsi une "agriculture raisonnée renforcée", ou une protection de la biodiversité "rationnelle, plus rapide et plus souple". Deux mesures concrètes : "le développement massif de l'agriculture biologique et raisonnée en approvisionnant la restauration collective", et le doublement de la fiscalité écologique (en réduisant d'autant la fiscalité pesant sur le travail). Aucun détail n'est fourni, pour le moment, sur les moyens d'y arriver (augmentation de la taxe intérieure sur les produits pétroliers, des redevances sur l'eau et les déchets, ou par la création de nouvelles taxes). Le candidat veut "étudier toutes les hypothèses". Arrivée la dernière, la réponse de Ségolène Royal est la plus complète. La candidate socialiste a fait de l'environnement un de ses principaux thèmes de campagne et s'est appuyée sur Bruno Rebelle, ancien directeur de Greenpeace. Pour chaque thème, des propositions sont formulées : passer à 20 % d'énergie renouvelable d'ici à 2020, et ramener la part du nucléaire à 50 % d'ici à 2017 ; instaurer une taxe à la tonne transportée par route ; transférer aux régions les aides aux agriculteurs ; interdire les OGM en plein champ ; introduire une clause de performance environnementale dans les marchés publics... La candidate n'est qu'en partie favorable à la taxe carbone proposée par le pacte, "qui risque de favoriser la consommation d'électricité (au détriment par exemple du gaz) et donne un avantage indu à la production électronucléaire". "Son caractère indifférencié la rend socialement injuste", ajoute Ségolène Royal, qui insiste sur la nécessité de compenser toute nouvelle taxe pour "ne pas entamer le pouvoir d'achat". § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § L e Nord a redonné des couleurs à la campagne de Ségolène Royal, et pas seulement en repeignant en rose les affiches de ses slogans pour un "ordre juste" et des "sécurités durables". Pierre Mauroy a apporté tout son soutien à la candidate socialiste, critiquée dans son propre camp pour sa méthode, qu'il a accueillie vendredi 19 janvier à Lille. "Je ne vois que des avantages, a assuré l'ancien premier ministre. Elle est droite sur la méthode, droite sur ses valeurs, elle est à l'écoute. Elle change les rites, les habitudes, et c'est très bien comme ça." Moyennant tout de même "quelques petits ajustements" et un rappel à la tradition avec la promesse que la campagne se finirait, comme d'habitude, par "un grand meeting à Lille", M. Mauroy réfute toute contestation interne. "Il y a ceux qui ont du mal à s'y mettre, mais laissez-les respirer, ils vont le faire, a-t-il lancé avec bonhomie. Les miasmes ici et là, les petites phrases, c'est peu de chose par rapport à la volonté de rassemblement. Elle se fera, vous pouvez l'écrire." De fait, dans la troisième fédération du Parti socialiste, tout le monde s'y est mis. Détendue et souriante, Martine Aubry a accueilli Mme Royal dans sa mairie avant de l'accompagner visiter des familles dans des logements populaires puis à Roubaix au "débat participatif", bien décidée à rester "cool". "Elle a choisi un style extrêmement particulier. C'est comme ça qu'elle sent son rapport aux Français, il faut le respecter et s'y inscrire, a souligné l'ancienne ministre, pour qui le plus important sera la "sortie" de la phase d'écoute, au moment de l'élaboration de la plate-forme présidentielle. Les sujets qui fâchent, comme les 35 heures, ont été mis de côté, même quand Mme Royal dit "ne rien s'interdire dans ce domaine". UN LIVRE D'AMOUR INDIEN Dans un entretien à La Voix du Nord paru le matin même, la candidate y déclarait : "Les 35 heures constituent un progrès social important et ont créé des emplois, mais elles ont aussi créé un certain nombre de problèmes." Aucune réaction visible de Mme Aubry. La maire de Lille s'est contentée de lui remettre, en même temps qu'un livre d'amour indien et un autre sur la démocratie participative préfacé par ses soins, un dossier contenant des propositions sur l'emploi, le social, et les 35 heures. Prenant la parole à Roubaix, lors du débat participatif, le député (PS, Nord) Michel Delebarre a choisi la politique-fiction. "Nous sommes en 2009, tu es présidente. Une grande conférence sur le logement a eu lieu après l'élection..." Et pour la première fois, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, était aussi de la partie au côté de celle "qui porte les valeurs et les actes du futur renouveau de la gauche". Même la formule du débat participatif a acquis vendredi soir une autre dimension avec le témoignage poignant d'une femme qui s'est présentée sous le prénom de Marylin. "Je te suis partout, a-t-elle commencé, avant d'expliquer en tremblant sa situation de femme battue qui cohabite avec un mari violent "du Front national". "Qu'est-ce que tu comptes faire pour les femmes qui se barrent en pleine nuit avec leurs gamins dans l'abribus sous la pluie, qui reviennent toujours avec leur mari parce qu'elles n'ont pas de travail, pas de logement ? La Chine, le Liban, c'est bien, mais je voudrais que tu t'occupes aussi de nous", a dit Marylin en se disant "plus socialiste que moi, tu meurs". Mme Royal a alors confirmé que sa première loi concernerait les violences faites aux femmes. § La candidate socialiste est très critique sur le projet de loi sur le droit opposable au logement. Une telle réforme "n'est pas applicable", a-t-elle affirmé, parlant de "tromperie". § R upture. Ségolène Royal a employé ce vocable cher à Nicolas Sarkozy pour présenter les grandes lignes de son programme en matière de logement, vendredi 19 janvier, à Roubaix (Nord), en clôture d'un "débat participatif" consacré à ce thème. "Il faudra une rupture avec les politiques de droite", a affirmé la candidate socialiste en défendant l'intervention de l'Etat face à "la loi du marché (qui) ne peut plus résoudre la question du logement". Un domaine élevé au rang de "grande cause nationale", selon la formule martelée depuis trois ans par Michel Delebarre, président du mouvement HLM et député PS du Nord, présent lui aussi dans la salle. Les mesures défendues par Mme Royal reprennent largement celles qu'elle avait exposées en début d'année à l'occasion de ses voeux (Le Monde du 6 janvier) : construction de 120 000 logements sociaux par an, création d'un service public de la caution avec un Etat qui se "substituera aux impayés quand ils correspondent à des accidents de la vie", possibilité pour l'Etat encore de procéder à des acquisitions-réquisitions, soutien à l'accession à la propriété via des "crédits bon marché" pour ceux, enfin, qui ont fait "l'effort de payer leur loyer sans accroc au bout de quinze ans". Une proposition nouvelle a toutefois émergé vendredi à Roubaix : les terrains et les bâtiments appartenant à l'Etat "seront mis en vente pour les collectivités locales qui veulent faire du logement social à moitié prix par rapport au marché". "Il est quand même très choquant de voir le gouvernement actuel spéculer sur des terrains dont il est propriétaire au nom des Français", a fustigé Mme Royal. Pour elle, toute construction neuve devra contenir "une part de logement social". A défaut, si les permis de construire ne respectent pas cette règle, "une partie du logement sera décrétée logement social et louée au prix du logement social". Pour la deuxième fois depuis le début de l'année, la candidate a donc indiqué que les préfets devraient plus souvent réquisitionner des terrains et construire des HLM dans les communes qui refusent d'atteindre le quota de 20 % de logements sociaux prévu dans la loi "solidarité et renouvellement urbains" (SRU). De telles procédures n'ont jamais été utilisées depuis l'entrée en vigueur de la loi, exception faite du cas de Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne (Le Monde du 14 juin 2006). "UNE FORME DE TROMPERIE" Mme Royal s'est par ailleurs montrée très critique sur le projet de loi instituant "le droit opposable au logement" qui doit être soumis en première lecture au Sénat, les 30 et 31 janvier. Même si elle approuve le principe de ce droit, elle estime, compte tenu de la pénurie d'habitations à loyers accessibles, que la réforme du gouvernement "n'est pas applicable". "C'est une forme de tromperie", a-t-elle condamné. Militant pour un "socialisme du réel" et "non pas soucieux de défendre des dogmes", Mme Royal a annoncé qu'elle envisageait de modifier le seuil de 120 000 nouveaux logements sociaux par an prévu dans le projet du PS. "Je ne pars pas de ce débat comme je suis arrivée, a-t-elle lancé. Je pense que nous ne sommes pas à la hauteur du problème et que nous allons devoir y retravailler." Parmi les intervenants, le président de l'association Droit au logement (DAL) du Pas-de-Calais l'a conviée à se rendre au "ministère du logement", un immeuble de six étages réquisitionné à Paris, place de la Bourse, par les associations. L'invitation lancée, Mme Royal devait s'y rendre dès le lendemain samedi. § La campagne de la candidate PS vacille? Mme Taubira veut l'amplifier. § D éléguée à l'expression républicaine" : tel est le titre que Christiane Taubira voudrait se voir décerner par Ségolène Royal, mardi 23 janvier, lorsque sera officialisée son entrée dans l'équipe de campagne. Si elle a dû renoncer - en vertu de l'accord conclu en octobre 2006 entre le Parti radical de gauche et le PS - à être de nouveau candidate à l'élection présidentielle, la députée (app. PS) de Guyane n'entend pas perdre son honneur dans l'opération. Nul ralliement, donc, mais l'"entrée en campagne" d'une personnalité certes désireuse "que la gauche l'emporte", mais également soucieuse de préserver son autonomie. A l'entendre, sa place dans le dispositif de campagne aurait fait l'objet, depuis plusieurs semaines, de nombreuses discussions avec la candidate socialiste. "Elle pensait que le poste de porte-parole, qui est le plus exposé, me permettrait d'intervenir davantage. Mais j'ai refusé", indique au Monde Mme Taubira. "Je ne viens pas pour expliquer ce qu'elle dit - je ne saurais pas le faire -, mais pour amplifier sa campagne en y ajoutant mes combats", ajoute-t-elle. L'ex-candidate à l'élection présidentielle de 2002, qui avait alors obtenu 2,3 % des voix, refuse par avance tout "enclavement". "Mon thème central sera l'offre de lien civique et de lien social : il faut subordonner toutes les politiques publiques - éducation, justice, logement, santé publique - à cet objectif", confie-t-elle. Un programme de candidate ? "On ne se refait pas !", sourit Mme Taubira. Persistant à penser que le PS a fait "une erreur" en cherchant à restreindre l'offre électorale de la gauche au premier tour, elle précise, pour ce qui la concerne, qu'elle n'a "pas envie d'être une force supplétive". "DÉFAUTS DANS LA CUIRASSE" La députée a déjà prévu tous les cas de figure. "Les désaccords devront être assumés en tant que tels. S'il y a une divergence de fond, je le dirai. Et j'en assumerai toutes les conséquences", prévient-elle. Le "trou d'air" de la candidate socialiste ? "Je préfère rejoindre son équipe quand elle est en vulnérabilité", indique Mme Taubira, qui estime que cela valorisera son arrivée. Tout en précisant être "la moins bien placée" pour évaluer le dispositif mis en place autour de la candidate socialiste, il ne lui a pas échappé que sa campagne "bat de l'aile". "Quand on voit les loupés, on se rend bien compte qu'il y a des défauts dans la cuirasse", estime Mme Taubira, jugeant qu'il faudra "très vite évaluer cette campagne décoiffante". "Il faut un peu plus de cohésion", ajoute-t-elle. Assurant qu'elle entend bien prendre sa part dans la poursuite de cet objectif : "Je n'ai pas le droit de regarder les choses se défaire", souligne-t-elle. § En meeting vendredi soir près de Clermont-Ferrand, François Bayrou s'est posé en défenseur de la France des "sans-pouvoir", qui ne retrouve pas dans les élites. § "I l y a un tiers-Etat contemporain, il y a deux France", a déclaré vendredi soir le candidat de l'UDF à la présidentielle devant un millier de personnes réunies à la Grande Halle d'Auvergne. "La France des puissants ne parle pas la même langue que la France des sans pouvoirs et la France des sans-pouvoir a l'impression que personne ne la représente dans le monde des puissants", a-t-il déclaré devant un milllier de personnes réunies à la Grande halle d'Auvergne."Il faut faire une campagne au nom et en compagnie de ceux qui n'ont pas le pouvoir", a insisté l'élu béarnais. A ses yeux, le pays est partagé en deux camps. L'un, fort de quelque 100 000 personnes, est composé de "familiers du pouvoir politique, économique ou médiatique (...) qui ont des réseaux, des amitiés, des appuis et se reconnnaissent dans ce qu'ils voient dans les écrans de télévision". Quant aux 63,4 millions d'autres, ils ne se "retrouvent pas dans la manière dont fonctionne la France officielle". Le président de l'UDF s'exprimait au terme d'une journée de campagne à Clermont-Ferrand, où il a visité le siège de l'organisation Pharmaciens sans frontières, un accueil de jour de sans-abri et une maison de retraite. François Bayrou a prononcé son discours à fort caractère social et largement improvisé devant une tenture marquée de son slogan de campagne : "La France de toutes nos forces. Il était entouré d'élus locaux, dont Michel Fanget, conseiller municipal UDF et prétendant à la mairie de Clermont-Ferrand". François Bayrou a promis de ne pas faire trop de promesses de campagne, jugeant coteuses et irréalistes ceux de ses adversaires dans la course à l'Elysée. "J'écoute les discours de mes camarades et rivaux. Pas un jour sans qu'ils dépensent des centaines de millions d'euros par les promesses électorales qu'ils font", a-t-il déploré."C'est dangereux et ce n'est pas dire au pays la vérité", a ajouté le député des Pyrénées-Atlantiques, qui veut donner priorité à la gestion de l'"écrasante" dette publique française. "LA DETTE VA NOUS EMPOISONNER LA VIE" Cette dette "va nous empoisonner la vie pendant des années si on n'a pas le courage de l'alléger ou en tout cas de la rééquilibrer", a-t-il prévenu avant de dénoncer les 35 heures, "l'une des décisions politiques les plus incompréhensibles"."On nous avait dit vous aurez les 35 heures payées 39. Et bien mes amis, vous avez les 35 heures payées 35", a-t-il lancé sous les applaudissements. L'ancien ministre de l'éducation nationale a demandé que l'enseignement soit "la priorité des priorités des priorités de la Nation". Ses autres propositions incluent le droit pour toutes les entreprises de créer deux emplois nouveaux sans charge et la fourniture d'un emploi d'intérêt général aux personnes touchant les minima sociaux. S'il est élu, François Bayrou a promis de former un gouvernement rassemblant "des compétences venus des deux bords", chargé de mener "une politique de rassemblement au service du redressement national". § Lors d'un débat participatif vendredi, la candidate socialiste à la présidentielle a justifié sa méthode et suscité de fermes soutiens de la part de Martine Aubry et de Bertrand Delanoë. § A Roubaix, la candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a revendiqué vendredi le droit à la "rupture" en matière de politique du logement, s'engageant à mettre en place la "sécurité-logement tout au long de la vie" si elle accède à l'Elysée en mai. Lors d'un "débat participatif", elle a dressé la liste des priorités de son futur éventuel quinquennat sur un thème qui s'est imposé dans la campagne après l'opération médiatique des "Enfants de Don Quichotte".120 000 LOGEMENTS SOCIAUX PAR AN Elle a notamment proposé de diviser par deux le prix à la vente des terrains et btiments appartenant à l'Etat pour les communes qui veulent y installer des logements sociaux."Il est quand même très choquant que ce soit le gouvernement lui-même qui spécule sur les terrains dont il ne fait rien, dont il est propriétaire au nom des Français et qui remette ces terrains sur le marché au prix de la spéculation immobilière. Il faudra que cela cesse. "Dans ce domaine-là, il y aura aussi la rupture", a-t-elle déclaré dans son discours de clôture d'une réunion de plus de deux heures."La crise actuelle n'est pas le fruit du hasard. Elle est la conséquence des politiques de droite qui ont été menées depuis cinq ans", a estimé la présidente de Poitou-Charentes."L'objectif que nous devons nous fixer, c'est la réalisation de la sécurité-logement toute au long de la vie (...) Je vous le dis l'Etat et la puissance publique reprendront tous leurs droits dans ce domaine pour imposer un certain nombre de décisions", a-t-elle affirmé face à 1 500 personnes réunies dans la salle Jean Watremez. Si elle est élue, l'engagement de construire 120 000 logements sociaux par an "sera tenu" et l'Etat se substituera aux communes qui ne remplissent pas leur "devoir de solidarité" en refusant de construire 20% de logements sociaux - deux objectifs qui figurent dans le projet présidentiel du PS pour 2007. Elle a également défendu le "bouclier logement", l'une des mesures phares proposées par le PS, "un objectif très ambitieux", pour veiller que les familles ne ne dépensent "pas plus de 25% de son revenu pour se loger". "NE PAS DIRE QUE JE NE TIENDRAI PAS" Comme elle l'avait déjà annoncé lors de ses voeux, elle a annoncé son intention de confier aux régions la construction de logements pour les étudiants et les jeunes travailleurs, de créer un "service public de la caution" et de "transférer aux collectivités locales (...) le droit de réquisitions-préemptions au bout de deux années de vacance". De même, "l'Etat se substituera aux impayés provisoires de loyer lorsqu'ils correspondent à un accident de l'emploi", a-t-elle assuré. Pour toute ces politiques, votre mobilisation sera nécessaire."C'est dans ces conditions aussi que cette fameuse loi du droit au logement opposable sera crédible car comment croire une loi qui établit qui proclame le droit au logement alors qu'il y a une telle pénurie de construction de logements sociaux depuis cinq ans", s'est-elle interrogée. "La politique n'a pas le droit de faire voter des lois dont on sait par avance qu'elles sont inapplicables (...) Cette politique là c'est un mensonge", a-t-elle insisté au terme d'un discours d'une vingtaine de minutes pendant laquelle elle n'a cité aucun homme politique de droite, Nicolas Sarkozy compris."Moi je ne peux pas dire des choses que je ne tiendrai pas", a-t-elle poursuivi, défendant à nouveau sa méthode de campagne, décentralisée et participative, décriée de plus en plus ouvertement par certains "éléphants" du PS."C'est parce que vous aurez pris la parole dans ce débat que cette parole lorsque je l'inscrirai dans mon projet présidentiel elle m'obligera et avec moi tous les élus sur le terrain qui seront en position de mettre en pratique cette politique de la gauche", a-t-elle insisté. § Une enquête réalisée par l'IFOP, le 15 janvier, sur les pronostics de l'élection présidentielle, confirme une nette domination de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. § § Nicolas Sarkozy s'est placé dans le registre de la détente et du lyrisme, vendredi lors d'un déplacement dans l'Aveyron, vantant les réussites de la France et refusant de critiquer ses adversaires socialistes. § N icolas Sarkozy s'est placé dans le registre de la détente et du lyrisme, vendredi 19 janvier, lors d'un déplacement dans l'Aveyron. "Je suis venu pour me faire plaisir", a déclaré le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, sur le viaduc qui surplombe la ville de Millau, "Me faire plaisir comme je l'avais fait au mont Saint-Michel, et je le ferai encore. Tout au long de cette campagne, je veux que les gens sentent de la sincérité, du bonheur, de la joie." Il a parlé de la "réussite" que constituait le viaduc de Millau, à ses yeux le "symbole du respect de l'environnement et des défis techniques réussis. C'est ça aussi la France, la France éternelle qui s'appuie sur ses racines et va vers l'avenir". S'adressant ensuite à des ouvrières de la ganterie Causse à Millau, le président de l'UMP, qui se déplaçait en tant que ministre de l'intérieur, a lancé : "Je veux faire une véritable révolution économique. Aujourd'hui, tout est fait pour décourager le travail." "Le travail, ce n'est pas l'ennemi. L'ennemi, c'est le manque de travail", a-t-il dit. "Les RTT, quand on n'a pas de quoi emmener ses enfants en vacances, ce n'est pas de cela dont on a besoin, c'est du pouvoir d'achat." "LA FRANCE QUI SE LÈVE TÔT" Le candidat UMP a également plaidé pour un "capitalisme familial", rempart à une économie dominée par les fonds de pension. "Croyez-moi, c'est mieux de travailler pour un propriétaire que l'on connaît." "Je ne suis pas contre les investissements étrangers, mais je ne suis pas là pour enrichir la Belgique, l'Angleterre ou d'autres. C'est une grave erreur de décourager l'investissement et le capitalisme familial", a-t-il encore déclaré. "La France que j'aime, c'est aussi la vôtre, c'est la France qui travaille, qui ne compte pas ses heures ni ses efforts. C'est la France qui se lève tôt", a par la suite lancé le candidat UMP devant près de deux cents représentants des "forces vives" de l'Aveyron regroupés dans une salle municipale voisine. "Notre France, ce n'est pas celle qui brûle les voitures pour se faire entendre. Parce qu'elle sait que tout se mérite", leur a encore dit le ministre. Enfin, Nicolas Sarkozy a profité de ce déplacement pour évoquer les difficultés des socialistes et de leur candidate, sur le mode du fair-play : "Dans une campagne, il y a toujours des moments difficiles. Cela ne sert à rien d'accabler, de critiquer. Je ne veux pas le faire." Avant d'ironiser : "Regardez le déluge de critiques sur moi. Vous croyez que ça a aidé les socialistes ? Non." § L'intégralité du débat avec Nicolas Hulot § G uigui22 : Avez-vous subi une certaine pression de la part de certains partis vous incitant à ne pas vous présenter à la présidentielle ? Nicolas Hulot : Oui, plus ou moins directement. Mais ce que je considère être une pression légitime de certains qui essayaient de me démontrer que je n'avais rien à gagner dans une candidature. Il y a eu des choses dites parfois d'une manière très courtoises, et d'autres suggérées en me rappelant qu'une campagne, c'est fortement rude. Mais l'honnêteté m'oblige à dire qu'au niveau des candidats, le dialogue s'est toujours fait dans un respect absolu. Alors que je suis bien placé pour dire que je leur ai mis une pression assez inhabituelle pour eux. Leur faisant parfois refaire plusieurs fois leur copie. Malgré cela, le dialogue ne s'est jamais interrompu. Beaucoup de candidats, en tête-à-tête, même s'ils esayaient de me dissuader d'être candidat, ont eu la sincérité de reconnaître que ma candidature aurait pu être légitime. Ploplo : De qui avez-vous reçu des pressions ? Nicolas Hulot : C'est vrai que j'ai dialogué un peu plus longtemps, de manière plus nourrie, avec Nicolas Sarkozy, son entourage, Ségolène Royal, son entourage, mais il y a eu aussi dialogues avec Bayrou, Voynet, Buffet, et également avec Olivier Besancenot, entre autres. Matthieu Beaugrard : Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle de 2002, il y a eu culpabilisation de ceux qui auraient "éparpillés" des voix destinées à d'autres. Cette pression a-t-elle joué dans votre décision ? Nicolas Hulot : Elle a pesé dans mes hésitations au début. Elle n'a plus compté par la suite pour deux raisons : la première, c'est qu'à ce compte-là, Le Pen a gagné. La deuxième, c'est qu'il n'était pas totalement exclu que ma candidature puisse s'intercaler et avoir l'effet inverse de celui attendu. En conclusion, c'est un argument qui n'a pas pesé dans ma décision finale. Charles : Lequel des candidats des formations politiques majoritaires vous paraît le mieux pour reprendre votre flambeau : Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy ou un autre candidat ? Nicolas Hulot : Le premier élément de réponse, c'est qu'ayant décidé de rester dans mon rôle d'ONG, je n'ai pas d'appréciation globale à faire. Je peux déplorer, chez l'un ou l'autre, que telle ou telle proposition n'ait pas été reprise. Par exemple je regrette de ne pas avoir réussi à convaincre jusqu'à présent Nicolas Sarkozy du poste de vice-premier ministre. Mais j'ai obtenu un ministre d'Etat, avec probablement des attributions identiques. Mais je peux regretter également de ne pas avoir totalement convaincu Ségolène Royal sur la taxe carbone. Je ne veux pas faire de jugements globaux qui reviendraient à me substituer aux consciences des gens qui ont, sur le site de la Fondation, tous les éléments d'appréciation. Ils peuvent donc se faire leur propre opinion. Mantoman : Accepteriez-vous de devenir ministre de l'environnement après les élections ? Nicolas Hulot : D'abord, j'espère qu'il y aura un ministre de l'écologie et un vice-premier ministre du développement durable, puisque c'est à peu près les engagements de la plupart des candidats. Ce qui importe, c'est que le numéro 2 du gouvernement soit bien responsable de cette mission, qu'il ait des attributions fortes et des outils de prospective. Et si je laissais planer le doute que ce poste pouvait en quoi que ce soit m'intéresser, je rendrais suspecte mon obstination à la création de celui-ci. Au passage, j'ai toujours dit qu'à ce poste-là, compte tenu de sa complexité et de sa nouveauté, il faudra quelqu'un qui, me semble-t-il, ait une solide expérience institutionnelle. Ce qui n'est pas mon cas. Dès lors que j'ai choisi de continuer ce rôle de passeur entre la société civile et la société politique, je n'ai pas pour l'instant l'intention d'en sortir. Si j'avais dû le faire, c'était ce matin, en me déclarant candidat. Melody : Qui aujourd'hui aurait cette expérience ? Nicolas Hulot : Très sincèrement, je pense qu'à gauche comme à droite, il n'y aura pas l'embarras de candidats, mais il y aura quand même quelques hommes et femmes qui pourront pourvoir ces postes. Je vais forcément en oublier, mais des gens comme Jean-Louis Bianco, Dominique Voynet, ont des compétences à gauche. A droite, des gens comme Nathalie Kosciusko-Morizet. Mais il y en a d'autres à qui je ne voudrais pas faire injure. Tina : Pensez-vous avoir des moyens d'action efficaces pour faire appliquer votre plan écologique en restant en retrait de l'action politique ? Nicolas Hulot : Il faut bien comprendre que pour opérer une mutation aussi lourde à laquelle nous serons confrontés, il faut qu'il y ait des gens - dont je pense faire partie - qui puissent valider auprès de l'opinion, des Français, la pertinence de ces changements. En les explicitant. Et c'est plus efficace quand notre indépendance n'est pas suspecte. On peut également aider à l'action politique en étant cet intermédiaire entre la société civile et le pouvoir politique. Les deux sont essentiels. Frank : Pensez-vous à une pression particulière pour les législative au cas où les promesses seraient oubliées ? Nicolas Hulot : Je l'ai bien dit ce matin : si les engagements devaient s'étioler, je pense que ce serait un discrédit supplémentaire pour la classe politique, qui n'en a pas besoin... Et je pense alors qu'une reprise de parole ou un nouveau positionnement seraient nécessaires de ma part. Mais je ne veux pas y croire, car je pense quand même que le pacte écologique a créé un avant et un après, et qu'il y aura toujours plusieurs centaines de milliers de personnes attentives, exigeantes et vigilantes avec nous. Benhammou : Avez-vous reçu en contrepartie de votre retrait des garanties sur le plan politique voire même sur le plan personnel ? Nicolas Hulot : J'ai toujours, dans tous les dialogues que j'ai eus avec l'ensemble des candidats, fait en sorte qu'il n'y ait aucune ambiguïté sur le fait qu'à titre personnel je n'étais demandeur de rien. § Les 35 millions de ménages français, classés selon leurs revenus, après impôts et prestations sociales. § § Faut-il renoncer aux 35 heures et travailler plus et plus longtemps pour restaurer la compétitivité de l'économie française ? En 2006, le temps de travail hebdomadaire des salariés à temps plein était de 41 heures en France. § F aut-il renoncer aux 35 heures et travailler plus et plus longtemps pour restaurer la compétitivité de l'économie française ? En France, on travaille certes moins que dans d'autres pays : en 2006, selon Eurostat, le temps de travail hebdomadaire des salariés à temps plein - incluant les heures supplémentaires rémunérées ou non - était de 41 heures en France mais de 41,7 heures en Allemagne, de 41,9 heures dans l'Union européenne (UE) en moyenne et de 43,1 heures au Royaume-Uni. De plus, seulement 63,1 % de la population de 15 à 64 ans occupait un emploi contre 63,8 % dans l'UE, 65,4 % en Allemagne, 71,7 % au Royaume-Uni et 71,5 % aux Etats-Unis. " Des pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni ont un taux d'emploi et une durée du travail plus importants que la France. Plus de personnes travaillent, mais avec un salaire minimum moins élevé et les prestations de chômage sont plus courtes et peu élevées. Cela se fait au détriment de la productivité moyenne par salarié, puisque les moins qualifiés ont plus facilement un emploi. De plus, ce choix génère un nombre important de travailleurs pauvres, explique Mathieu Kaiser, économiste de BNP Paribas. En France, un choix inverse a été implicitement fait, les prestations chômage ou de préretraite sont relativement élevées. Mais l'augmentation du nombre de travailleurs pauvres en France témoigne d'une évolution progressive vers un autre modèle. Les propositions visant au retour rapide à l'emploi ou à la prolongation de l'activité semblent valider ce qui est déjà en partie une réalité." Mais augmenter le temps de travail n'améliorerait pas en soi la compétitivité des entreprises : "Si vous augmentez le temps de travail, vous faites baisser la productivité... Or ce n'est pas ce dont on a besoin en France", explique Sylvain Broyer, économiste de Natixis. "La bonne réponse est d'augmenter la productivité", ajoute Xavier Timbeau, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). "Ce n'est pas le plus simple et, si on est pressé, on peut être tenté d'agir non pas sur la productivité mais sur le coût de l'heure de travail. C'est d'ailleurs la stratégie allemande, économie compétitive mais avec des gains de productivité très faibles. Pour réduire le coût d'une heure de travail, on peut soit baisser le salaire, soit réduire les charges. Augmenter la durée du travail sans augmenter le salaire mensuel est aussi possible, bien qu'au détriment du salarié - c'est par exemple ce qu'a fait Bosch en Allemagne", ajoute M. Timbeau. "UN JEU DE DUPE" Des expériences comme celle de Bosch ont fait couler beaucoup d'encre. Mais si le temps de travail a progressé de 0,7 % en 2006 outre-Rhin, c'est surtout en raison des heures supplémentaires et des activités de complément qui concernent 2,09 millions de salariés, selon l'Agence pour l'emploi. En France, le candidat UMP Nicolas Sarkozy propose d'exonérer complètement les heures supplémentaires. Ce serait "un jeu de dupe" car les charges sont aussi un salaire différé, notamment en vue de la retraite, explique M. Timbeau : "Si on exonère les heures supplémentaires, on ne donne pas non plus les droits correspondants ensuite", ce qui serait "impossible à tenir dans un système par répartition". En définitive, "la perte de compétitivité de l'économie française vis-à-vis de l'Allemagne a moins à voir avec la loi sur les 35 heures qu'avec les restrictions salariales en Allemagne", analyse M. Broyer. Selon Eurostat, le coût horaire moyen de la main-d'oeuvre était, en 2005, de 29,29 euros en France contre 26,43 euros en Allemagne et 21,18 euros dans l'UE. Plus productif que le reste de l'économie, "le secteur manufacturier français n'est pas beaucoup moins compétitif en termes de coût que son concurrent allemand", nuance cependant M. Kaiser, qui attribue davantage la faiblesse des exportations françaises à "des effets de gamme, une valeur ajoutée plus faible qu'en Allemagne, liée au manque de formation et d'innovation, plutôt qu'au coût du travail". § Si Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy annoncent la même ambition de revaloriser la valeur travail, les mesures qu'ils préconisent sont, dans l'ensemble, différentes. Seule l'une d'elles relève de la même logique : aider au retour à l'emploi des bénéficiaires de minima sociaux. § S i Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy annoncent la même ambition de revaloriser la valeur travail, les mesures qu'ils préconisent sont, dans l'ensemble, différentes. Seule l'une d'elles relève de la même logique : aider au retour à l'emploi des bénéficiaires de minima sociaux, qui, en général, y perdent financièrement quand ils retravaillent, notamment à temps partiel, car ils ne bénéficient plus, dès lors, de certains avantages sociaux (complémentaire couverture maladie universelle (CMU) par exemple) tandis qu'ils supportent de nouvelles dépenses (garde d'enfant, etc.). La réponse du candidat de l'UMP, qui vaut aussi pour les travailleurs pauvres, passe notamment par une réforme de la prime pour l'emploi, "qu'il faut augmenter et concentrer sur les personnes qui en ont le plus besoin", explique Emmanuelle Mignon, responsable du projet de l'UMP. Pour en savoir plus La compétitivité française en 2006, document de travail no 1, publié en décembre 2006 par Coe-Rexecode (téléchargeable sur www.coe-rexecode.fr). Eloge de la mobilité : essai sur le capital temps libre et la valeur travail, de Jean Viard (2006, Ed. de l'Aube, 205 p., 18 ). "Travail, je t'aime, je te hais !", revue Sciences humaines (mensuel, février 2007, 5,50 , en kiosque et sur abonnement). Le PS avance pour sa part le "revenu de solidarité active" (RSA) : celui qui reprend un emploi recevrait, en plus de son salaire, "une incitation financière qui décroît avec le temps, et dont le montant de départ est égal à 50 % ou 60 % du différentiel entre ses ressources précédentes et son salaire", précise Christophe Chantepy, directeur de cabinet de la candidate du Parti socialiste. Une autre idée réunit, en apparence, les deux leaders. "En contrepartie de toute ressource, il doit y avoir un travail ou une formation", a estimé Mme Royal, le 19 mai 2006. Tandis que M. Sarkozy a indiqué, le 14 janvier, qu'"aucun minimum social (ne doit être) accordé sans la contrepartie d'une activité d'intérêt général". L'idée de l'un comme de l'autre étant qu'il n'est pas juste qu'un travailleur ayant un petit salaire touche moins qu'un bénéficiaire d'un revenu d'assistance. Pour Mme Royal, ce constat n'appelle pas d'autre réponse que "la croissance". "Il n'y a rien de nouveau, déclare M. Chantepy. Dans RMI, il y a le I d'insertion, qui existe depuis toujours. Ségolène Royal ne pointe pas du doigt les bénéficiaires de ces minima sociaux, comme le fait M. Sarkozy." Celui-ci estime que "la majorité souhaite s'en sortir, mais que certains sont des fainéants", rectifie Mme Mignon. Le candidat de l'UMP prévoit d'"exiger (des bénéficiaires des minima sociaux) qu'ils exercent une activité d'intérêt général débouchant sur une réinsertion, reprend-elle. Cela ne veut pas dire qu'ils vont tous nettoyer les jardins publics. Un travail pourra être proposé à certains ; pour d'autres, ce pourra être la participation à un groupe de travail, afin de les remotiver, de les obliger à respecter des horaires, etc." Les RMistes seront "contraints de signer un contrat d'insertion, assorti de rendez-vous réguliers avec un travailleur social. Si la personne ne s'y présente pas, elle n'aura plus son RMI". De même, pour les allocations-chômage : si un demandeur d'emploi refuse des postes, elles seront d'abord diminuées, puis supprimées, le dispositif devant être " soumis à la concertation". "150 EUROS PAR MOIS" Les deux candidats constatent également que les salaires sont trop faibles. Pour M. Sarkozy, les heures supplémentaires sont la réponse appropriée. "Ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus" doivent pouvoir le faire, martèle-t-il. Estimant que le coût des heures supplémentaires dissuade les employeurs d'en proposer, le candidat de l'UMP prévoit de les exonérer d'impôt et de charges sociales (patronales et salariales). Pour le travailleur, cela se traduirait par un surcroît de salaire de "150 euros par mois", affirme Mme Mignon. Pour l'employeur, l'heure supplémentaire et l'heure normale auront le même coût. Cela ne revient-il pas à faire sauter la durée légale des 35 heures ? "Non, estime-t-elle. Pour travailler au-delà des 35 heures, il sera obligatoire de négocier au niveau de l'entreprise le contingent annuel d'heures supplémentaires, les repos compensateurs, etc." actuellement définis dans le code du travail et dans des accords de branche. Mme Royal, quant à elle, compte remédier à ce problème par la revalorisation du smic, à 1 500 euros brut d'ici à la fin de la législature, en faisant "plus et plus vite si cela est possible", indique M. Chantepy, et ouvrir "une conférence salariale" pour les autres rémunérations, notamment les plus basses. Le 19 mai 2006, elle a toutefois déclaré, à propos des assouplissements accordés aux 35 heures : "Peut-être faut-il aller au-delà, pour que ceux qui veulent travailler plus puissent le faire." "Elle ne dit pas qu'il faut d'accorder plus d'heures supplémentaires aux travailleurs pauvres, mais que chacun doit pouvoir vivre dignement de son salaire, traduit M. Chantepy. Cela étant, si en plus, certains veulent travailler plus, c'est à discuter... On n'est pas du tout dans la même logique." Mais pour la candidate du PS, c'est, en premier lieu, la "précarisation" de l'emploi qui porte atteinte à la valeur travail. C'est pourquoi elle veut que le contrat à durée indéterminée "redevienne la norme" et pour y parvenir, envisage "des incitations : moduler les aides aux entreprises - allégement de charges sur les bas salaires, par exemple - en fonction de la qualité des contrats de travail". Ces aides "ne seraient plus accordées ou à un taux moindre en cas de recours abusif" à des contrats précaires. "La définition du recours abusif devra faire l'objet d'une concertation avec les partenaires sociaux", indique son directeur de cabinet. Un point que n'aborde pas M. Sarkozy. § Les deux favoris à l'élection présidentielle s'appuient sur le sentiment de dévalorisation du travail. Dimanche 14 janvier, Nicolas Sarkozy, le candidat officiel de l'UMP, appelait à entreprendre, à créer de la richesse, bref à "aimer le travail". Quelques mois plus tôt, en août 2006, et à plusieurs reprises depuis, Ségolène Royal a expliqué vouloir "défendre la valeur travail". § C e sera donc l'un des thèmes forts de la campagne électorale : la valeur travail. Dimanche 14 janvier, Nicolas Sarkozy, le candidat officiel de l'UMP, appelait à entreprendre, à créer de la richesse, bref à "aimer le travail". Quelques mois plus tôt, en août 2006, et à plusieurs reprises depuis, Ségolène Royal a expliqué vouloir "défendre la valeur travail". On comprend bien pourquoi le sujet perce à nouveau. Pour le leader de la droite, il s'agit d'aller dans le sens de beaucoup de ses partisans toujours sous le choc des 35 heures, qui, selon eux, a conduit une France "paresseuse" au déclin. Un juste retour du balancier, donc, selon M. Sarkozy, pour qui "la gauche a dévalorisé le travail et démoralisé la France qui travaille". Du côté du Parti socialiste (PS), le spectre du premier tour de l'élection présidentielle (qui avait vu l'élimination de Lionel Jospin au profit de Jean-Marie Le Pen) hante toujours les esprits. Le vote des employés et des ouvriers, pour qui la réduction du temps de travail (RTT) n'avait pas été forcément bénéfique (modération salariale, flexibilité accrue...), avait fait cruellement défaut au PS. Pas question donc de laisser subsister le moindre doute sur la volonté de la candidate de gauche de défendre les intérêts de ceux qui peuvent perdre leur vie à la gagner. MOBILISATION Le thème répond aussi aux relents populistes de ceux qui voient, à droite comme à gauche, des chômeurs et des RMistes - au choix - soit fraudeurs soit ravis de se complaire dans l'inactivité, généralisant une réalité qui ne concerne qu'une minorité. Le 17 octobre 2006, le quotidien Les Echos, citant une note interne de l'Unedic, annonçait ainsi en "une" que "10 000 personnes viv(ai)ent à Paris de la fraude" aux allocations-chômage. Information démentie par l'institution. Il flotte aussi dans l'air une mobilisation - mais qui vise cette fois l'autre extrémité de la chaîne - contre l'argent facile des patrons ou des financiers, qui bénéficient de parachutes dorés. En clair, il s'agit bien de remettre au goût du jour la juste rétribution de l'effort. Mais le débat mérite mieux que ces opportunismes conjoncturels. Outre les querelles sans fin entre économistes concernant les conséquences macroéconomiques d'une baisse du temps de travail, d'une hausse des salaires, du coût du travail, etc., sur la compétitivité de la France, il touche à l'identité même de millions de personnes. Le travail, dans la civilisation judéo-chrétienne, permet à l'opposé de la paresse (un péché capital) de mettre davantage de chances de son côté pour gagner "son" paradis. De même, alors que jusqu'au XVIIIe siècle l'oisiveté était le signe d'un statut social élevé, le siècle des Lumières appelle chacun à prendre son destin en main et à se réaliser. "Le travail est donc perçu à la fois comme une contrainte, explique Yves Lichtenberger, professeur de sociologie à l'université de Marne-la-Vallée, mais aussi comme un lieu de sociabilisation. Le salarié construit un système identitaire d'échanges avec ses collègues, son entreprise et ses clients." Encore faut-il que les "termes" de l'échange paraissent équitables. En 1945 et pendant les "trente glorieuses", rappelle Jacques Robin, l'un des fondateurs de la revue Transversales Sciences/Culture et auteur en 1989 de Changer d'ère (Seuil), "un compromis a été bâti : on échangeait le travail contre une protection (sociale) ; jusqu'aux années 1970 l'Etat providence avait réussi à encastrer le social dans l'économie, au nom de la solidarité collective". Un consensus cassé par la crise du premier choc pétrolier. L'installation d'un chômage de masse - n'épargnant plus les cadres dès le début des années 1990 - va développer non plus une conception identitaire du travail, mais une conception "sécuritaire" : il faut rester à tout prix un "insider" pour ne pas passer de l'autre côté du miroir, où le pire pourrait se produire. Selon un sondage réalisé le 6 décembre 2006 par l'association Emmaüs, 48 % des Français pensent ainsi qu'il est possible "qu'ils deviennent un jour SDF". A cette peur de l'exclusion s'ajoute la réalité d'une vie au travail vécue comme de plus en plus pénible : montée du stress, souffrances, intensification des tâches, développement du nombre de travailleurs pauvres lié à la progression de la précarité... Non seulement le travail n'est plus "la santé", puisque le nombre de salariés touchés par une maladie professionnelle augmente, mais il n'est plus aussi synonyme de qualité de vie. "Il ne suffira donc pas d'interroger simplement les politiques de l'emploi qui ont été menées depuis vingt-cinq ans, insiste Philippe Askenazy, docteur en économie, chargé de recherches au CNRS-Cepremap. Les candidats à l'élection présidentielle devraient également se préoccuper de la relation de l'individu au travail comment s'établit l'échange au sein de l'entreprise ?" Pour le chercheur, la qualité d'un tel débat va au-delà "des petites phrases prononcées en période électorale. Le travail est un rapport de forces, et l'Etat doit veiller - par exemple en s'assurant que le code du travail est appliqué -, ce qui n'est pas le cas dans 15 % environ des entreprises", à ce que les principes républicains soient respectés. Principes dont Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy se disent garants. § Extrait d'une vidéo du dimanche 21 janvier : le syndicaliste paysan a choisi des mots qui laissent peu de doute sur son intention de se présenter à la présidentielle. § L e syndicaliste paysan a choisi dimanche 21 janvier des mots qui laissent peu de doute sur son intention de se présenter à la présidentielle. Il a demandé aux 600 militants antilibéraux réunis à Montreuil de lancer la chasse aux parrainages. José Bové candidat le 1er Fevrier ? envoyé par rmc § Menacée d'être contredite, voire débordée, au sein du Parti socialiste, Ségolène Royal a opéré un virage à 180 degrés sur le "cas Frêche". § M enacée d'être contredite, voire débordée, au sein du Parti socialiste, Ségolène Royal a opéré un virage à 180 degrés sur le "cas Frêche". Comme on lui demandait, dimanche 21 janvier, sur Canal+, si elle souhaitait l'exclusion du président de la région Languedoc-Roussillon, mis en cause pour avoir déploré la proportion de joueurs noirs sur l'équipe de France de football, la candidate à l'élection présidentielle a répondu : "Oui, parce que je pense que ses propos sont inacceptables et humiliants pour ceux qui les ont subis." "Je désapprouve que Georges Frêche n'ait pas été suspendu plus tôt, mais la procédure suit son cours", avait-elle indiqué auparavant. Cette soudaine fermeté tranche avec les propos plus conciliants que Mme Royal avait tenus sur RTL, le 17 janvier. Au lendemain de l'annonce par M. Frêche de sa mise "en congé" du PS "jusqu'après l'élection présidentielle", la candidate s'était montrée soucieuse de tourner rapidement la page. "Ce qu'il a fait est bien, on peut en rester là", avait déclaré Mme Royal. Une simple mise en congé - non prévue par les statuts du PS - de trois mois, que M. Frêche avait assortie de nouvelles critiques contre le premier secrétaire, François Hollande, pouvait-elle éteindre la procédure engagée par la commission des conflits du PS (Le Monde du 17 janvier) ? De source proche de cette commission, qui doit se réunir le 27 janvier, on indiquait, vendredi, que seul le bureau national du PS, en retirant sa plainte, pouvait décider de refermer le dossier. Mme Royal, qui n'a pas voulu prendre le risque d'un tel débat, laisse la balle dans le camp de la commission des conflits. § Le chef du FN trouve "délirant" de favoriser la natalité des plus pauvres. § P our le président du Front national (FN), il y a deux catégories d'enfants qui naissent sur le territoire français, ceux des familles françaises "de souche" et les autres. Quand "les spécialistes de l'INED (Institut national d'études démographiques) se félicitent que le nombre d'enfants par femme soit passé à deux en 2006", Jean-Marie Le Pen répond qu'"il s'agit là de la fécondité de la totalité des femmes résidant en France et non des femmes d'origine française", ce qu'il déplore en parlant de "substitution de population". "Le vrai bilan démographique, c'est l'effondrement des naissances françaises", a-t-il expliqué au millier de sympathisants et militants frontistes réunis dimanche 21 janvier, à la Plaine-Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, lors d'un "banquet patriotique". "Il y a environ 700 000 naissances d'enfants français de souche, sur un total de 830 000 naissances. Le nombre d'enfants par femme française est donc plus proche de 1,66 que de 2", a-t-il affirmé avant de brandir la menace d'une "submersion". Pour remédier à ce qu'il appelle une "spirale démographique funeste", le candidat à l'élection présidentielle propose une politique familiale aux antipodes de celles suivies par la gauche et la droite dont il dénonce la "dérive sociale" et "antinationale". Il estime "délirant et surréaliste" le fait d'accorder des prestations familiales à des familles étrangères ou de vouloir favoriser les familles les plus pauvres en plafonnant certaines de ces prestations. Il propose d'encourager la naissance de petits "Français de souche" en leur réservant les allocations familiales qu'il promet de "revaloriser et d'indexer sur le coût de la vie". Il désire créer "un revenu parental" pour "les mères ou les pères de famille" qui désirent élever leurs enfants à la maison. Celui-ci serait assorti d'un "statut juridique" englobant protection sociale, droit à la formation professionnelle et droit à la retraite. Le président du FN instaurerait également un "prêt familial" permettant aux "familles françaises d'accéder à la propriété" et il favoriserait "l'adoption prénatale". Enfin, le candidat Le Pen s'engage à demander, par référendum, à la fin du mandat présidentiel, l'inscription dans la Constitution du "caractère sacré de la vie". Un moyen de revenir sur la loi permettant l'interruption volontaire de grossesse. Une loi honnie par la branche catholique du parti, dont plusieurs des représentants (Michel Hubault, Régis de la Croix Vabois, Michel de Rostolan, Miguel de Peyrecave, Michel Bayvet, Christian Baeckeroot et Thibaut de la Tocnaye) participaient, dimanche 21 janvier dans l'après-midi, à "la marche pour la vie" organisée à Paris par le collectif "trente ans ça suffit" pour demander l'abrogation de la loi sur l'avortement. § La visite au "ministère de la crise du logement", samedi 20 janvier, dans l'immeuble occupé près de la place de la Bourse à Paris par des associations pour des familles en difficulté, n'a pas duré plus de quelques minutes. § L a visite au "ministère de la crise du logement", samedi 20 janvier, dans l'immeuble occupé près de la place de la Bourse à Paris par des associations pour des familles en difficulté, n'a pas duré plus de quelques minutes. Le temps, pour Ségolène Royal, de dérouler ses propositions sur le logement présentées la veille à Roubaix (Nord) : construction de 120 000 logements sociaux par an, intervention de l'Etat pour réquisitionner des terrains en cas de non-respect par les communes de leurs obligations, vente à moitié prix de ses terrains... Mais la candidate socialiste, - quatrième personnalité de la gauche à s'être rendue sur place après Dominique Voynet (Verts), Marie-George Buffet (PCF), Olivier Besancenot (LCR) et avant Arlette Laguiller (LO) annoncée mardi -, promet de revenir d'ici "quinze jours, pour un vrai débat". En raccompagnant Mme Royal vers la sortie, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement (DAL) lui chuchote quelques mots à l'oreille. Puis, en lui serrant la main sur le trottoir, il lui glisse : "Puisque l'Etat ne réquisitionne pas, en nous rendant visite, je suppose que vous n'êtes pas hostile à ce que nous le fassions..." A la grande satisfaction de son interlocuteur, Mme Royal répond sans se démonter : "Je vous soutiens. Allons-y, c'est pour la bonne cause. L'Etat, bientôt, le fera." La candidate socialiste, il est vrai, venait de déclarer à l'intérieur du bâtiment, "il faut être aujourd'hui beaucoup plus radical"... La candidate multiplie en ce moment les apparitions pour expliquer le sens de sa campagne. "Les socialistes ne regretteront pas de m'avoir choisie, a-t-elle affirmé dimanche sur Canal+. S'ils font ce que je leur dis, je les amènerai à la victoire." Les sondages continuent à accuser une petite baisse de performance pour elle. Selon le baromètre Sofres pour Le Figaro-RTL-LCI, rendu public lundi 22 janvier, Nicolas Sarkozy la devancerait au premier tour de l'élection avec 35 % des voix (contre 31 %), alors qu'ils étaient à égalité le mois précédent, avant de remporter le second tour (52 % contre 48 %). Pour 85 % des personnes interrogées, le fait que ces deux candidats soient assujettis à l'ISF ne change rien à leur choix. § François Bayrou (UDF), Marie-George Buffet (PCF), Claude Malhuret (UMP), Ségolène Royal (PS) et Dominique Voynet (Verts) se sont rendus, samedi 20 janvier, au congrès de la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA). § F rançois Bayrou (UDF), Marie-George Buffet (PCF), Claude Malhuret (UMP), Ségolène Royal (PS) et Dominique Voynet (Verts) se sont rendus, samedi 20 janvier, au congrès de la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA), à Paris. La CPCA représente la moitié des associations, avec plus de 500 000 organisations. Les candidats à l'élection présidentielle ont plaidé pour une plus forte implication des associations dans l'élaboration des politiques publiques via une plus forte représentation dans les institutions. Mme Buffet a demandé l'élaboration d'une loi-cadre "pour préciser les rapports entre les espaces associatifs et les décisions publiques". M. Malhuret indique que l'UMP envisage de créer un "livret d'épargne civique" qui permettrait de valider le bénévolat pour les droits à la retraite, réflexion que propose aussi M. Bayrou. Mme Royal propose de "remplacer les subventions par des contrats d'intérêt général qui devront faire l'objet d'une évaluation par les citoyens". La CPCA demande de généraliser les conventions pluriannuelles avec les pouvoirs publics, point approuvé par les partis représentés. Elle souhaite en outre que la Constitution reconnaisse les associations comme le troisième pilier de la démocratie, avec les syndicats et les partis. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Participant pour la première fois aux débats liés à une campagne présidentielle, les représentants des musulmans de France regroupés au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM) sont inquiets. § P articipant pour la première fois aux débats liés à une campagne présidentielle, les représentants des musulmans de France regroupés au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM) sont inquiets. Ils souhaitent rencontrer les candidats à l'élection présidentielle pour leur faire part de leurs craintes sur "la tournure et l'utilisation politicienne et électoraliste que prennent les débats autour de l'islam de France". Ces déclarations interviennent après la publication par le PS d'un document intitulé L'inquiétante "rupture tranquille" de M. Sarkozy, dans lequel le CFCM, installé par le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, en 2003, est mis en cause. Le Conseil y est qualifié de "coordination fantoche" au "fonctionnement chaotique", aux mains des "intégristes de l'UOIF". "Il est aujourd'hui de bon ton de parler de l'islam de manière négative et de prétendre que le CFCM a été mis en place pour encourager le communautarisme", déplore Kamel Kabtane, membre du bureau du CFCM et recteur de la mosquée de Lyon. "Le problème n'est pas que le CFCM agisse bien ou mal, nuance Eric Besson, secrétaire national du PS, qui a supervisé l'ouvrage incriminé. Notre critique porte sur le fait que Sarkozy ait favorisé l'islam intégriste de l'UOIF au détriment d'un islam modéré." Cette analyse, rendue publique dans le cadre de la campagne électorale, inquiète également Dalil Boubakeur, président du CFCM et recteur de la Mosquée de Paris. "On constate une convergence pour faire apparaître l'islam de France comme inféodé aux fondamentalistes. Cela a commencé avec les écrits de Philippe de Villiers (notamment son ouvrage intitulé Les Mosquées de Roissy). Et cela se passe au moment même où nos jeunes s'inscrivent massivement sur les listes électorales, traduisant un désir d'affirmer qu'ils sont français à part entière." AGACEMENT Aussi, même si la réalité d'un vote musulman reste à prouver, une brouille avec ses représentants n'a guère paru opportune aux socialistes. A la demande des élus socialistes du Nord, M. Besson a accepté de retirer du document un passage critique à l'encontre du lycée Averroès de Lille, le seul établissement scolaire musulman de France. Son proviseur, membre de l'UOIF, Omar Lasfar, qui s'apprêtait à porter plainte pour diffamation contre M. Besson, reconnaît que "l'affaire est en train de se régler". Ce lycée est toujours qualifié de "fondamentaliste" et ses enseignants d'"intégristes" dans les écrits socialistes. Mais le risque de s'aliéner la communauté n'existe pas, selon M. Besson, qui estime que "beaucoup de musulmans partagent notre avis sur l'UOIF". Les critiques à l'égard de leur instance ne sont pas les seuls sujets d'agacement pour les représentants du CFCM. Ils déplorent aussi la présence annoncée du premier secrétaire du PS, François Hollande, et du candidat de l'UDF à l'élection présidentielle, François Bayrou, comme témoins de la défense dans le procès qui opposera les 7 et 8 février Charlie Hebdo à la Grande Mosquée de Paris et à l'UOIF. L'hebdomadaire avait publié, en février 2006, les caricatures de Mahomet parues dans la presse danoise. Les organisations musulmanes françaises ont porté plainte pour "injure publique à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur religion". "La présence d'hommes politiques à ce procès fait entrer dans la campagne électorale un thème qui n'a pas lieu d'y être", estime M. Boubaker. § Lors d'un débat à Roubaix, vendredi 19 janvier, Ségolène Royal a redit que les violences contre les femmes constitueraient une priorité de son gouvernement. § C e sera, dit-elle, sa première loi. Lors d'un débat à Roubaix, vendredi 19 janvier, Ségolène Royal a redit que les violences contre les femmes constitueraient une priorité de son gouvernement. "La première loi que je ferai voter sera consacrée à ces violences, a-t-elle déclaré après avoir écouté une militante frappée par son compagnon. Le coeur du dispositif sera le droit, pour les femmes battues, de rester au domicile familial avec les enfants." La porte-parole de l'UMP, Valérie Pecresse, a aussitôt dénoncé l'"ignorance injustifiable et inexcusable" de la socialiste. "Elle ne sait pas que ce dispositif d'éloignement a été mis dans la loi par les gouvernements Raffarin et Villepin", a-t-elle remarqué en faisant référence à deux textes : la réforme du divorce de 2004 et la loi du 4 avril 2006 "renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple". Depuis 2004, le juge aux affaires familiales peut éloigner le mari violent dès les premières agressions, avant même le déclenchement de la procédure de divorce, mais ce dispositif civil ne concerne que les femmes mariées. En 2005, le législateur y a ajouté un volet pénal en prévoyant l'éviction des conjoints ou des concubins des victimes. Ce système a été étendu en 2006 aux pacsés et aux "ex", qu'ils aient été mariés, pacsés ou concubins. Mme Royal sait que la loi prévoit déjà l'éloignement des hommes violents, mais elle souhaite, si elle est élue, accomplir un geste symbolique en reprenant dans une grande loi les textes actuels sur les violences et en les enrichissant. Elle suivrait ainsi l'exemple du gouvernement Zapatero en Espagne, qui a fait adopter à l'unanimité, à peine arrivé au pouvoir, en 2004, une loi de "protection intégrale contre la violence de genre". BESOINS IMMENSES Pour la candidate, qui souhaite que les violences contre les femmes deviennent une "affaire d'Etat", le fait que l'éviction du conjoint violent soit inscrit dans les textes ne suffit pas. "Les lois sont des barrages de papiers, a-t-elle déclaré, lundi 22 janvier, en marge de l'inauguration de son QG de campagne. Il faut obliger les départements à construire des structures d'accueil pour les femmes et les enfants en attendant qu'ils puissent regagner leur domicile." Les besoins sont immenses. En 2000, l'enquête nationale sur les violences envers les femmes en France avait montré que 9 % des femmes avaient subi des violences conjugales - verbales, psychologiques, physiques ou sexuelles - au cours des douze mois précédant l'étude. Certaines de ces situations se finissent tragiquement : durant les neuf premiers mois de l'année 2006, la police et la gendarmerie ont recensé 113 homicides au sein du couple, dont 83 % concernaient des femmes. "Une femme décède tous les trois jours sous les coups de son compagnon", concluait l'étude. Selon une recherche menée en 2004 par le Cresge, un laboratoire de recherche de Lille, les violences conjugales coûteraient un milliard d'euros par an. Les lieux d'accueil permettent d'héberger les victimes, mais elles servent aussi à les accompagner. "Ces femmes qui ont été enfermées dans un long processus d'aliénation mettent souvent du temps à se désengager, précise Christine Prosper, éducatrice à la maison des femmes Dominique-Malvy d'Albi, qui héberge plus d'une centaine de femmes par an. Il faut parfois plusieurs tentatives pour qu'elles parviennent à quitter leurs conjoints, surtout s'ils sont les pères de leurs enfants." Le Collectif national pour les droits des femmes, qui regroupe des associations féministes, des syndicats et des partis politiques, vient de rédiger une proposition de loi-cadre sur les violences faites aux femmes. Ce texte de 150 pages, publié par les éditions Syllepse, prévoit de créer des centres d'accueil dans tous les départements et des tribunaux spécialisés chargés à la fois des décisions pénales - la sanction des violences - et civiles - la garde des enfants, comme en Espagne. Cette proposition a été transmise à Mme Royal et le Collectif vient d'être reçu par la vice-présidente (PS) de la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale, Danielle Bousquet. § La candidate, qui aurait pris position en faveur de la "souveraineté" de la province, assure ne pas avoir évoqué les réformes institutionnelles. Elle "inquiète les Français", lance l'UMP. § C ette fois, la polémique arrive d'Outre-Atlantique. Lundi 22 janvier, le premier ministre conservateur canadien, Stephen Harper, a réagi après des propos attribués à la candidate socialiste sur la souveraineté du Québec. "L'expérience enseigne qu'il est tout à fait inapproprié pour un leader étranger de se mêler des affaires démocratiques d'un autre pays", a-t-il sèchement commenté dans un communiqué, en se référant à des "articles de presse". Ségolène Royal sur les traces du général de Gaulle ? Selon la presse canadienne qui en a fait ses gros titres, la socialiste française se serait déclarée favorable à la souveraineté du Québec lors d'une rencontre, lundi à Paris, avec André Boisclair, chef du Parti québécois (PQ), une formation indépendantiste qui prévoit d'organiser un nouveau référendum sur l'indépendance de la province francophone s'il revient au pouvoir. Selon Radio Canada, Mme Royal aurait déclaré que sa position "reflétait des valeurs communes, soit la liberté et la souveraineté du Québec". Cette phrase a fait bondir M. Harper. "Nous nous réjouissons à la perspective de célébrer le 400e anniversaire (en 2008) de la fondation du Canada à Québec en compagnie du prochain président de la France. En retour, nous nous attendons à ce que le prochain président comprenne l'histoire que nous partageons et le respect qu'un tel partenariat important exige à l'égard du Canada et de la population canadienne", a-t-il expliqué. ACCÉLÉRER LE RYTHME Interrogée mardi matin sur Europe 1, Mme Royal a affirmé n'avoir "à aucun moment évoqué les réformes institutionnelles" au cours de sa rencontre avec M. Boisclair. "Comme dans toute démocratie, le peuple qui vote est souverain et libre et donc les Québécois décideront librement de leur destin, a-t-elle souligné. Ce n'est pas à la France de dicter, ni aux Québécois ni aux Canadiens, ce qu'ils doivent faire, mais en revanche les principes de souveraineté et de liberté ne me paraissent absolument pas contestables." Estimant n'avoir "fait preuve ni d'ingérence ni d'indifférence", Mme Royal a qualifié la célèbre exclamation "Vive le Québec libre !" du général de Gaulle de "belle phrase", même si, a-t-elle conclu, elle ne le dirait "pas de cette façon là". Dans le camp de Nicolas Sarkozy, on se frotte les mains. "Ségolène Royal inquiète les Français", a lancé lundi Luc Chatel, porte-parole de l'UMP, inversant ainsi une critique que M. Sarkozy avait lui-même subi. L'UMP s'en est pris en particulier à la loi sur les violences faites aux femmes de Mme Royal en ironisant sur le fait qu'elle "existe déjà". En inaugurant, lundi, le siège du PS transformé en QG de campagne ouvert au public, Mme Royal a, une nouvelle fois, défendu sa méthode. "Ça marche", a-t-elle assuré, en citant des "citoyens qui se rassemblent et discutent sur tout le territoire". La candidate a cependant décidé d'accélérer un peu le rythme en annonçant qu'elle présenterait le bilan des débats participatifs le 3 février avant d'en tirer les conclusions pour élaborer son programme présidentiel les 10 et 11 février. Son équipe cherche une salle en province capable de contenir "8 000 à 10 000 personnes". Un groupe d'animateurs, essentiellement des parlementaires, va également être constitué dans le but de parer aux attaques de l'UMP. Lorsque la plate-forme présidentielle sera prête, tout l'organigramme de la campagne devrait être revu. Enfin, un système de brouillage des téléphones portables a été installé dans la salle de réunion - une décision prise après le compte rendu, dans Le Monde du 18 janvier, du bureau national grâce à un téléphone portable laissé exprès ouvert. § Après avoir renoncé à sa candidature à la présidentielle, Nicolas Hulot retournera-t-il à TF1 ? Selon nos informations, des négociations seraient engagées entre la direction de la chaîne de télé et l'avocate de l'animateur de "Ushuaïa nature" pour une séparation "à l'amiable". § A près avoir renoncé à sa candidature à la présidentielle, Nicolas Hulot retournera-t-il à TF1 ? Selon nos informations, des négociations seraient engagées entre la direction de la chaîne de télé et l'avocate de l'animateur de "Ushuaïa nature" pour une séparation "à l'amiable". Une information que l'entourage de Nicolas Hulot ne souhaite "ni infirmer ni confirmer". En revanche, Etienne Mougeotte, vice-PDG de TF1, dément un éventuel départ de M. Hulot de la chaîne. Il a déclaré au Monde que l'animateur "allait revenir à l'antenne" après son escapade politique et qu'il retrouvera son magazine. " La preuve, avance-t-il, Nicolas a choisi de venir lundi soir au 20 heures de Patrick Poivre d'Arvor pour expliquer pourquoi il renonçait à sa candidature." Pourtant, depuis l'annonce, au cours de l'été 2006, de son intention de se lancer dans la campagne électorale, les relations se sont dégradées entre M. Hulot et la direction de TF1. Juste avant la présentation de son Pacte écologique le 7 novembre 2006, l'animateur a eu une vive discussion téléphonique avec Patrick Le Lay, PDG de TF1, à ce sujet. "Totalement furibard", selon un proche de M. Hulot, M. Le Lay lui aurait reproché son éventuelle candidature et aurait menacé de "le virer". Habitué aux "coups de gueule" du PDG de TF1, Nicolas Hulot n'y avait pas attaché d'importance. Cependant, le soir du 7 novembre 2006, TF1 avait marqué le coup en ne l'invitant pas sur son plateau du 20 heures. Du coup, l'animateur s'est exprimé sur France 2. Les jours suivants, Martin Bouygues, PDG du groupe du même nom et principal actionnaire de TF1, a tenté de "calmer les esprits" en assurant M. Hulot de son soutien. M. Le Lay a rappelé M. Hulot pour lui proposer, début décembre, de réaliser une émission en première partie de soirée consacrée à l'écologie. Le projet n'a pas été finalisé. Depuis, les contacts entre TF1 et M. Hulot ont été quasi inexistants. Fin décembre, la direction de la chaîne a fait savoir à l'animateur qu'elle avait décidé de le "mettre en disponibilité" à partir du 1er janvier, avec suspension de salaire. Une décision que l'animateur "n'a pas appréciée", selon ses proches, qui soupçonnent TF1 d'avoir voulu "taper à la caisse" pour le faire renoncer à sa candidature. "Pas du tout, rétorque M. Mougeotte. Cette décision a été prise car l'éventualité de sa candidature se précisait de plus en plus. Désormais, les choses sont plus claires et nous avons très envie qu'il reste sur la chaîne." Lundi, "à l'invitation" de PPDA, M. Hulot est venu au 20 heures de TF1 pour expliquer son renoncement. Personne de la direction de TF1 n'est venu l'accueillir. § Le retrait de Nicolas Hulot de la course à la présidentielle est, à la fois, une sorte d'hommage implicite à l'action politique et un pari sur les hommes, et les femmes, qui l'incarnent. § L e retrait de Nicolas Hulot de la course à la présidentielle est, à la fois, une sorte d'hommage implicite à l'action politique et un pari sur les hommes, et les femmes, qui l'incarnent. En annonçant, lundi 22 janvier, qu'il renonçait à être candidat, l'animateur et producteur d'émissions télévisées a reconnu que l'élection présidentielle était une chose sérieuse et que les candidats devaient être porteurs d'un projet politique global. Il entre aussi une part de calcul dans cette décision : M. Hulot évite ainsi de courir le risque que les urnes ne démentent les sondages et il ménage ses relations avec les représentants de l'écologie politique. Mais, surtout, l'ex-futur candidat admet que le rendez-vous suprême de la Ve République doit être autre chose qu'une tribune pour des candidatures de "témoignage". La non-candidature de M. Hulot est aussi un pari : celui de la confiance accordée aux futurs gouvernants. Exception faite de ceux d'extrême droite et d'extrême gauche, les candidats ont accepté de signer son Pacte écologique. En théorie au moins, ce texte engage le futur élu à faire de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité. M. Hulot a donc obtenu ce qu'il souhaitait : sa popularité de candidat putatif puis les quelque 10 % d'intentions de vote dont le créditaient les sondages lui ont permis de convaincre, voire d'affoler, les états-majors politiques. La balle est maintenant dans le camp des "vrais" candidats. Il leur revient d'honorer cette confiance. Pour la première fois, en grande partie grâce à M. Hulot, les questions environnementales ont été l'un des thèmes centraux de ce début de campagne. Vont-elles le rester, maintenant que le trublion a cessé son " ingérence politique" ? Le pire serait que, une fois président, celui ou celle qui sera élu oublie ses promesses et considère le Pacte qui porte désormais sa signature comme un simple chiffon de papier. Ce serait grave, d'une part parce que les enjeux sont réels, et lourds. Dans un pays où la défense de l'environnement se heurte à de nombreux lobbies et a longtemps été ramenée à une simple affaire d'écologistes qui n'intéressait guère les économistes et les politiques "sérieux", les dérèglements climatiques actuels ont fini par accélérer la prise de conscience collective qu'il n'est plus temps de sourire, voire de ricaner. D'autre part, alors que tout ce qui constitue la sphère politique se heurte aujourd'hui à une défiance généralisée de l'opinion, il serait désastreux que, une nouvelle fois, celle-ci se sente trahie ou oubliée par ses dirigeants. Et il ne faudrait pas s'étonner qu'alors, à la prochaine échéance électorale importante - par exemple les européennes de 2009 -, des dissidents, du type de M. Hulot, viennent bousculer plus rudement les forces politiques traditionnelles. § Après l'annonce du retrait de sa candidature par Nicolas Hulot, lundi 22 janvier, la plupart des candidats à la présidentielle ont salué son action avec ferveur. § T ous "hulotistes" ou presque. Après l'annonce du retrait de sa candidature par Nicolas Hulot, lundi 22 janvier, la plupart des candidats à la présidentielle ont salué son action avec ferveur. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont réaffirmé leurs engagements sur le pacte écologique, François Bayrou a conseillé à l'animateur de rester "vigilant" et Dominique Voynet a expliqué que sa décision "forçait le respect". Seuls Antoine Waechter (Mouvement écologiste indépendant) et France Gamerre (Génération écologie) ont fait part de leur déception. L'espoir de récupérer les 11 % d'intentions de vote dont les sondages créditaient M. Hulot n'est certainement pas étranger à ce subit engouement. Nicolas Hulot n'en est pas dupe. S'il a assuré lors d'un "chat" du Monde. fr lundi, qu'il "assumait sans regret sa décision", il a soigneusement évité de dire quel candidat avait sa préférence. "Dès lors que j'ai décidé de conserver la neutralité que les ONG doivent s'appliquer, aucune alliance avec qui que ce soit n'est envisageable", a-t-il indiqué. Vers quel candidat va désormais pencher l'électorat potentiel de l'animateur de TF1 ? La question n'est pas simple, tant l'espace politique occupé par M. Hulot semblait atypique. Les instituts de sondage restent prudents. A première vue, selon une étude réalisée les 4 et 5 janvier par l'institut IFOP, le créateur d'Ushuaïa avait mordu à proportion égale sur les électorats de M. Sarkozy et celui de Mme Royal : Nicolas Hulot leur faisait perdre à chacun 5 points. Sa candidature potentielle limitait aussi l'espace politique des deux autres candidats écolos - Dominique Voynet et Corinne Lepage -, mais n'avait pas d'incidence sur celui de François Bayrou. Avec le retrait de l'animateur, "il est probable que la dynamique du vote utile va reprendre ses droits à droite comme à gauche", explique Jérome Fourquet, directeur de l'IFOP. Les indices de popularité de TNS-Sofres semblent indiquer la même tendance, selon son directeur Brice Teinturier. Pour les sondeurs, si Dominique Voynet perd un concurrent, elle ne doit pas attendre de miracle : les votes Hulot n'iront pas automatiquement sur son nom. "Cela lève une hypothèque électorale mais ne lui assure rien. Elle doit parvenir à définir sa candidature au-delà du simple adjuvant écolo du PS", remarque Stéphane Rozès de l'institut CSA-Opinions. "TOUT COMMENCE AUJOURD'HUI" De son côté, la candidate des Verts jugeait "plus simple d'être la seule candidate de l'écologie politique", ajoutant, comme dans la chanson de Johnny Halliday Pour moi la vie va commencer, "pour moi, tout commence aujourd'hui". L'ancienne ministre de l'environnement veut ouvrir "une nouvelle phase" de campagne, avec un nouveau site Internet, quatre meetings, dont le premier à Nantes le 26 janvier, et une "tournée" dans les régions pour appuyer les projets des Verts sur le terrain. "On veut donner de la crédibilité à nos propositions", explique Michel Bock, responsable aux élections. Mme Voynet a également décidé de faire le ménage dans ses rangs. Elle demande des sanctions contre les responsables Verts qui se sont prononcés pour une autre candidature que la sienne. Sont visés : la vice-présidente de la région Ile-de-France, Francine Bavay, pro-Bové, et David Cormand, élu municipal en Haute-Normandie, pro-Hulot. Tous deux devraient être "suspendus" par le collège exécutif mardi soir. Et leur fédération régionale est appelée à les exclure. § Les propos de la candidate socialiste sur la "liberté" et la "souveraineté" de la province canadienne ont soulevé un tollé au Canada. § S égolène Royal persiste et signe. La candidate socialiste a répété, mardi 23 janvier, lors d'un entretien sur Europe 1, les propos qu'elle a tenus la veille sur le statut du Québec. Lors d'une rencontre avec André Boisclair, le chef du Parti québécois (PQ), la candidate socialiste s'est déclarée favorable à la souveraineté du Québec. Radio Canada a ainsi diffusé un extrait dans lequel la candidate socialiste explique que sa position "reflétait des valeurs communes, soit la liberté et la souveraineté du Québec". Ségolène Royal et le Québec envoyé par Cosmauxpolis Cette rencontre entre un dirigeant indépendantiste québécois et la candidate socialiste a provoqué de vives réactions au Canada. Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a estimé "tout à fait inapproprié pour un leader étranger de se mêler des affaires démocratiques d'un autre pays". Les propos de Mme Royal ont aussi été dénoncés par le nouveau chef du Parti libéral fédéral, Stéphane Dion, ardent défenseur du fédéralisme canadien. "On ne s'ingère pas dans les affaires d'un pays ami, on ne souhaite pas le démantèlement d'un pays ami", a-t-il dit. TOLLÉ AU CANADA Quant au premier ministre du Québec, Jean Charest, il a dit ne pas avoir pris connaissance des propos de Mme Royal, relevant que ce sont les Québécois qui décideront eux-mêmes de leur avenir. Il a également noté qu'à sa connaissance, Mme Royal n'était jamais venue au Québec. "Comme dans toute démocratie, le peuple qui vote est souverain et libre, et donc les Québécois décideront librement de leur destin le moment venu, s'ils en sont saisis", précise ce matin Mme Royal. Interrogée sur cette polémique, Mme Royal a ajouté que "ce n'est pas à la France de dicter ni aux Québécois ni aux Canadiens ce qu'ils doivent faire". "Mais en revanche les principes de souveraineté et de liberté ne me paraissent absolument pas contestables", a ajouté la candidate à la présidentielle. Assurant n'avoir "fait preuve ni d'ingérence ni d'indifférence", Mme Royal a estimé que l'exclamation "Vive le Québec libre !", employée par le général de Gaulle, était "une belle phrase". Elle a toutefois assuré qu'elle ne le dirait "pas de cette façon-là". Le PQ prévoit d'organiser un nouveau référendum sur l'indépendance de la province francophone s'il revient au pouvoir lors d'élections prévues d'ici à 2008. Le Québec a tenu deux référendums sur sa souveraineté en 1980 et 1995, ne rejetant que d'un cheveu la séparation d'avec le Canada la seconde fois. § Nathalie Kosciusko-Morizet, la "Mme Ecologie" de l'UMP, estime que M. Sarkozy est en phase avec "la sobriété et la mesure" auxquelles Nicolas Hulot a appelé les candidats, lundi 22 janvier. § N athalie Kosciusko-Morizet, députée de l'Essonne, est la "Mme Ecologie" de l'UMP. Nicolas Sarkozy endosse-t-il pleinement le pacte de Nicolas Hulot ? Il redira le 31 janvier, devant Nicolas Hulot, ses engagements : il est totalement d'accord avec trois des cinq propositions de son pacte ("réorienter les subventions agricoles vers une agriculture de qualité", "systématiser les procédures de démocratie participative" et "mettre en place une grande politique d'éducation et de sensibilisation"). Il a exprimé deux nuances : il préfère la création d'un "grand ministère du développement durable", incluant les transports et l'énergie (plutôt qu'un "vice-premier ministre"), et souhaite que la création d'une fiscalité environnementale se fasse "à fiscalité constante", par "un transfert d'une partie de la fiscalité qui pèse sur le travail". L'UMP a chiffré ce dernier point : la fiscalité environnementale (TIPP taxe intérieure sur les produits pétroliers et TGAP taxe générale sur les activités polluantes) pèse 2,3 % du PIB. Nous voulons qu'elle passe à 5 %. Nicolas Sarkozy n'apparaît-il pas en retard par rapport à Ségolène Royal, entre autres, sur le thème de l'écologie ? Non. Au contraire, je pense qu'il est plutôt en avance, quand je regarde le programme du PS. Le programme environnemental de Nicolas Sarkozy vient d'assez loin : en octobre 2005, lors de la convention UMP sur l'écologie. Pour la première fois, à cette occasion, l'écologie à droite est sortie de sa dimension technique, pour devenir politique. La droite a toujours été à l'origine des grandes lois sur l'environnement mais ne l'a jamais revendiqué. Aujourd'hui, un signe de changement est qu'il y a dans le programme de l'UMP une section sur l'écologie mais que celle-ci est présente dans d'autres problématiques, de façon transversale. Pouvez-vous donner un exemple d'écologie politique dans le programme de l'UMP ? Quand on dit qu'on veut une "réforme de la fiscalité sous le signe de l'environnement". Cela signifie un transfert d'une partie de la fiscalité qui pèse sur le travail vers celle qui pèse sur les activités polluantes. C'est logique, car on veut plus de travail et moins de pollution. Et c'est montrer une forme de philosophie. Nicolas Hulot a appelé lundi à uvrer pour "la sobriété, la mesure", une référence à la décroissance. Que peut proposer Nicolas Sarkozy dans ce domaine ? Il l'a dit dimanche, au congrès d'investiture : Nicolas Sarkozy veut "une société de modération", contre "la société du gaspillage". On peut et on doit conjuguer économie et écologie. Il est faux intellectuellement de les opposer. Les thèses de la décroissance sont des impasses (une partie des militants de gauche et des écologistes prônent un recul de la croissance du PIB, au profit des liens sociaux, comme seule solution pour sauver la planète, NDLR). Toutes les sociétés développées intègrent, à un moment ou à un autre, l'environnement dans leurs objectifs de recherche et d'innovation. Les bénéfices d'une croissance plus propre ne sont-ils pas annulés si l'on continue à produire plus ? La croissance durable n'est-elle pas un paradoxe ? Regardez les fameuses "courbes en cloche" produites par l'OCDE. Elles montrent le volume de pollution créé par chaque point supplémentaire de PIB. Elles grimpent toutes jusqu'à un point culminant, à partir duquel la pollution marginale par point de PIB commence à baisser. Sauf pour les déchets et le CO(2). Au point culminant, la courbe baisse mais le volume de pollution global continue de croître. Mais il y a un deuxième point, qui correspond à la dérivée seconde de la courbe, à partir duquel la pollution totale décroît, bien que le PIB continue d'augmenter. Avez-vous des exemples de pollution pour lesquels on ait atteint ce deuxième point ? Le soufre est un exemple de pollution sur laquelle nous sommes arrivés à maturité. Le soufre était responsable d'un problème majeur des années 80 : les pluies acides, qui détruisaient les forêts, notamment en Allemagne. Aujourd'hui, nous avons dépassé ce problème. La position de l'UMP est de pousser pour que nous arrivions le plus vite possible au deuxième point des "courbes en cloche". Sinon, nous entrerions dans une société de frustration. Nous serions aussi en retard sur le reste du monde, qui continuerait à produire, pendant que nous chercherions à rester dans le début de la courbe, en freinant notre PIB. Nous voulons être le pays de l'excellence environnementale et vendre nos technologies à l'étranger. C'est la société de modération. Dans combien d'années croyez-vous qu'on pourrait atteindre le second point de la courbe en cloche ? Pour les déchets, nous en sommes au premier point : nous avons stabilisé le volume de déchets par nouveau point de PIB. Nous ne savons pas quel horizon de temps nous sépare du second point. Pour le CO(2), responsable de gaz à effet de serre, nous n'avons pas encore atteint le premier point. C'est pour cela que le changement climatique est "le" sujet écologique urgent. Nous avons beaucoup discuté de ces courbes en cloche avec Nicolas Hulot. Il a très soigneusement choisi ses mots quand il a parlé de sobriété. § Les candidats de l'UMP, du PS et de l'UDF promettent de tenir les engagements du pacte écologique. Dominique Voynet estime que sa campagne devient "plus simple". Génération écologie et le Mouvement écologiste indépendant se sentent "trahis". § N icolas Sarkozy a assuré, lundi 22 janvier, à Rennes qu'il tiendrait "scrupuleusement" les engagements qu'il a pris auprès de Nicolas Hulot, jugeant "extrêmement respectable" sa décision de ne pas s'engager dans la course à l'Elysée. "Il peut être satisfait d'avoir fait avancer sur la question de l'environnement", a ajouté le ministre candidat. "Je veux dire à Nicolas Hulot que j'honorerai ma signature et ma promesse", a-t-il dit. "Je considère que j'ai une responsabilité particulière, justement parce qu'il n'est pas candidat, de faire de l'environnement une des grandes causes de cette élection et, une fois l'élection passée, une des priorités de l'action du gouvernement", a ajouté M. Sarkozy. Ségolène Royal a salué l'action de Nicolas Hulot, dont le combat "doit se poursuivre", et a assuré qu'elle intégrerait le pacte écologique de l'animateur à son projet. Elle a appelé "les citoyens à continuer la signature du pacte écologique de Nicolas Hulot, car son combat doit se poursuivre". La France, écrit-elle, "doit devenir le pays de l'excellence environnementale". "Je salue l'action militante de Nicolas Hulot. Grâce à lui, l'urgence écologique s'est imposée dans la campagne présidentielle", déclare la candidate socialiste. Le candidat UDF, François Bayrou, promet de travailler à l'avenir avec Nicolas Hulot "autant qu'il le souhaitera", a déclaré sa directrice de campagne, Marielle de Sarnez. "Il ne faut pas que tout cela s'arrête", a déclaré Mme de Sarnez. "Ce n'est pas simplement parce que la plupart des candidats ont repris ses propositions que la question est réglée", a-t-elle déclaré. Mme de Sarnez a estimé que Nicolas Hulot devait rester "vigilant" sur l'application de son pacte, et a salué le rôle "vraiment utile" qu'il jouait sur les enjeux du climat et de préservation de la biodiversité. § François Hollande a exprimé "l'inquiétude et la consternation" des socialistes après la nomination de Michel Boyon à la tête du CSA, tandis que François Sauvadet, porte-parole de l'UDF, s'est ému de la "crédibilité" de l'institution. § A peine annoncée, la nomination à la tête du Conseil supérieur de l'audiovisuel de Michel Boyon, ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, a été très critiquée par les socialistes et l'UDF, mercredi 24 janvier. "Cet organisme va être exclusivement composé d'hommes et de femmes nommés par la droite. Qui pourra croire que le pluralisme est respecté ? Je veux ici dire combien nous sommes inquiets, consternés par cette nomination", a déclaré François Hollande dans les couloirs de l'Assemblée nationale. "Aujourd'hui, il n'y a pas de pluralisme au sein du CSA, qui est précisément chargé du respect du pluralisme dans les médias", et "il est extrêmement grave que la campagne présidentielle puisse s'ouvrir (ainsi)", a ajouté le premier secrétaire du PS. "J'avais moi-même alerté le président de la République, j'avais demandé qu'il y ait précisément pour le CSA et bientôt pour le Conseil constitutionnel une règle de respect du pluralisme", a-t-il encore rappelé. Anne Hidalgo, secrétaire nationale du PS chargée de la culture, a protesté contre "la prise en main totale, un contrôle absolu du fonctionnement des médias" par la "droite au pouvoir". Elle a estimé que le journaliste Rachid Arhab avait été nommé au CSA "pour donner des gages à la gauche". RÉFORME DES NOMINATIONS Le porte-parole de l'UDF, François Sauvadet, s'est lui aussi montré très critique. "Il ne s'agit pas d'une question de personnes mais d'une question de fonctionnement d'une institution en charge de veiller à l'indépendance dans l'audiovisuel", a-t-il dit. Pour lui, "l'UMP, le chef de l'Etat et la majorité ont nommé des proches" au CSA, ce qui "nuit à sa crédibilité", alors qu'il "y a nécessité d'avoir des conditions de nomination dans de telles institutions de personnalités effectivement indépendantes". François Hollande et François Sauvadet ont chacun rappelé qu'en cas de victoire de leur parti à la présidentielle, les modes de désignation au CSA seraient réformés. § Bruno Rebelle est le conseiller pour l'environnement de Ségolène Royal. Il a fait l'objet d'une enquête des renseignements généraux selon "Le Canard enchaîné". Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, dément s'être renseigné sur cet ancien directeur des campagnes de Greenpeace International. § B runo Rebelle est le conseiller pour l'environnement de Ségolène Royal. Le Canard enchaîné rapporte qu'il aurait fait l'objet d'une enquête des renseignements généraux. Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a démenti s'être renseigné sur cet ancien directeur des campagnes de Greenpeace International. Confirmez-vous que les renseignements généraux ont enquêté sur vous ? Quelle est votre réaction ? J'ai découvert cela en lisant le Canard enchaîné, mercredi en fin de matinée... C'est scandaleux, c'est dégueulasse. C'est infâmant de voir ce genre de méthodes. Cela en dit long sur l'éthique politique de l'équipe de Nicolas Sarkozy. Effectivement, on se dit qu'avec eux "tout devient possible"... Ce genre d'enquête n'est-il pas chose courante, pour quelqu'un qui a été dirigeant d'une ONG écologiste et activiste ? Au cours des neuf années que j'ai passées à Greenpeace, j'ai bien sûr été en relation avec les RG. Ils appelaient pour savoir ce que nous pensions, ce que nous projetions, ce que je trouve conforme à leur mission. Mais je n'ai jamais eu connaissance d'un investigation plus poussée, qui touche comme ici à ma vie privée. Aller fouiller dans mon passé, ressortir mon jugement de divorce pour savoir si je n'ai pas battu ma femme, si j'ai été l'auteur de violences conjugales, si j'ai abandonné mes enfants ou que sais-je, c'est insultant. L'équipe de Ségolène Royal a-t-elle donc le moral en berne ? Non, on sait qu'on est engagé dans une campagne électorale, pas dans une promenade de santé. Mais ce qui domine dans l'équipe, c'est un sentiment de dégoût. On aimerait que ces pratiques cessent. Propos recueillis par Alexandre Piquard § Le site debat2007.fr, mis en place par l'Institut de l'entreprise, estime que les dernières propositions du président de l'UMP coûteraient 6,85 milliards d'euros. § L e site debat2007.fr, mis en place par l'Institut de l'entreprise, continue de chiffrer les propositions des candidats. Selon l'analyse des experts de ce cercle de réflexion patronal, les dernières propositions du président de l'UMP coûteraient 6,85 milliards d'euros. Debat2007.fr fait état de 16,6 milliards d'euros de dépenses supplémentaires et de 9,75 milliards d'économies. Pour arriver à cette évaluation, les experts du site ont pris en compte les propositions formulées par le candidat de l'UMP lors de son discours d'investiture le 14 janvier, puis dans un entretien au Monde daté de mardi 23 janvier. La cellule de chiffrage évalue notamment à 5 milliards l'exonération de 95 % des Français des droits de succession. L'abaissement du bouclier fiscal à 50 % des revenus et la déduction de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) des investissements dans les PME jusqu'à 50 000 euros, est chiffré à 4 milliards d'euros. La création d'une allocation formation de 300 euros par mois pour les jeunes est évaluée à 3 milliards d'euros. ÉCONOMIES SUR LES FONCTIONNAIRES D'autres mesures n'ont pas pu être chiffrées, comme la création d'une garantie étatique pour les emprunts immobiliers. Débat2007.fr juge que "le coût pourrait être élevé si le champ d'application de la mesure n'est pas fortement restreint". Au chapitre des économies, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite permettrait de réduire les dépenses de l'Etat de 5 milliards d'euros. L'alignement des régimes spéciaux sur le régime général des retraites représenterait une économie de 3 milliards. Un contrôle plus accru du versement des minima sociaux devrait économiser 500 millions d'euros. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Jérôme Rivière, partisan du "non" à la Constitution européenne, avait perdu en octobre l'investiture de l'UMP dans sa circonscription des Alpes-Maritimes. § L e député UMP des Alpes-Maritimes Jérôme Rivière, dont l'UMP n'a pas renouvelé l'investiture pour les prochaines législatives, va présider le comité de soutien à Philippe de Villiers, le candidat du Mouvement pour la France à la présidentielle. L'annonce devrait être faite officiellement jeudi à Paris, lors d'une conférence de presse conjointe de MM. Rivière et de Villiers. Agé de 42 ans, élu député pour la première fois en 2002, M. Rivière est également membre du CNI (Centre national des indépendants et paysans), une formation associée à l'UMP.PARTISAN DU "NON" Jérôme Rivière a défendu au sein de l'UMP des positions souvent proches de celles de M. de Villiers. Il avait ainsi appelé à voter "non" au référendum sur la Constitution européenne, critiqué le recul de la majorité sur le contrat première embauche au printemps, ou dénoncé l'immigration et la place de l'islam en France. En décembre, il avait déjà pris fait et cause pour M. de Villiers en soutenant sa proposition d'interdire le voile dans les lieux publics. M. Rivière avait perdu en octobre son investiture UMP au profit d'Eric Ciotti, un collaborateur du ministre sarkozyste Christian Estrosi, après un vote des militants de la circonscription. Il a contesté ce vote en justice, mais a été débouté en première instance. § Selon le "Canard enchaîné", le ministère de l'intérieur aurait demandé aux renseignements généraux une enquête sur un conseiller de Mme Royal, information "formellement" démentie par le cabinet de M. Sarkozy. § L e cabinet de Nicolas Sarkozy a démenti "formellement", mercredi 24 janvier, l'information du Canard enchaîné selon laquelle le ministère de l'intérieur aurait demandé aux renseignements généraux (RG) une enquête sur un conseiller de Ségolène Royal. Peu auparavant, François Hollande a demandé "qu'il y ait immédiatement des vérifications" sur l'information révélée mercredi par l'hebdomadaire.Selon Le Canard enchaîné, le conseiller pour l'environnement de Ségolène Royal, Bruno Rebelle, a été la cible d'une enquête des (RG au profit du candidat UMP. M. Rebelle a démissionné à la fin de l'année du poste de numéro deux de Greenpeace International, après avoir été président du bureau français de l'ONG écologiste. L'hebdomadaire raconte que trois membres des RG auraient enquêté sur la vie privée de M. Rebelle et rédigé une "notice" de trois pages à destination de l'équipe de campagne de M. Sarkozy. "CONFUSION TOTALE DES GENRES" "Ces pratiques dignes des pires campagnes électorales sont inacceptables", estime Julien Dray, porte-parole du PS, qui ajoute que "ces informations révélées confirment la confusion totale des genres entre fonction ministérielle et candidature à l'élection présidentielle." Le PS demande à Jacques Chirac de "rappeler les règles élémentaires et de donner toutes les garanties du respect des principes démocratiques". § Un asile électoral : c'est ce que l'UMP vient d'offrir au député des Hauts-de-Seine Pierre-Christophe Baguet, transfuge de l'UDF qui a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy. § U n asile électoral : c'est ce que l'UMP vient d'offrir au député des Hauts-de-Seine Pierre-Christophe Baguet, transfuge de l'UDF qui a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy. Cet élu, qui siège dans les rangs des non-inscrits depuis octobre 2006, était sous la menace de représailles du parti centriste. A la demande de Patrick Devedjian, il a obtenu, mardi 23 janvier, l'investiture officielle de l'UMP aux législatives de juin. "Il a pris des risques en nous rejoignant, il était normal de le soutenir", explique le maire d'Antony (Hauts-de-Seine). Cette investiture se veut un "signe" à tous les parlementaires ou élus de l'UDF qui souhaiteraient rejoindre Nicolas Sarkozy plutôt que de suivre François Bayrou. L'UMP se montre aux petits soins pour eux. M. Baguet était présent au premier rang du congrès d'investiture de M. Sarkozy le 14 janvier, en compagnie de la sénatrice de la Loire-Atlantique Gisèle Gautier, qui, depuis décembre 2006, a succombé aux sirènes sarkozystes. Comme deux appeaux, ils semblaient dire à leurs anciens collègues : "rejoignez-nous". "CHIMÈRES" Le soutien de l'UMP pourrait bientôt concerner le député (apparenté UDF) des Yvelines Christian Blanc. Ce dernier n'a pas lâché d'une semelle le candidat de l'UMP lors de sa visite du pôle universitaire de Saclay, le 18 janvier. Le même jour, Gilles de Robien, seul ministre UDF du gouvernement et responsable du club de réflexion "anti-Bayrou", Société en mouvement, opposait "la sincérité" de M. Sarkozy aux "chimères" du candidat de l'UDF. L'UMP s'intéresse de près au cas d'un autre élu centriste : le député et maire d'Issy-les-Moulineaux, André Santini. Celui-ci entretient des relations compliquées avec M. Bayrou et idylliques avec M. Sarkozy, qui a assisté à ses voeux de début d'année. M. Santini s'apprête à fonder avec M. Baguet et d'autres élus des Hauts-de-Seine un club afin de "savoir quel candidat porte le mieux nos valeurs humanistes". Une manière de reconnaître que M. Bayrou ne les a toujours pas convaincus. Toutefois, les conseillers de M. Sarkozy mettent en garde contre une "stratégie agressive" vis-à-vis de M. Bayrou, dont la popularité s'accroît dans l'adversité. "S'il ne s'agit que de rallier des élus du 92, cela n'apportera pas une voix, fait valoir l'un d'eux. Et tant que Bayrou sera à 10 %, il tiendra ses troupes". Ancien élu centriste, Dominique Paillé préconise la négociation "le moment venu" avec l'UDF : "Le programme de l'UMP nous offre des marges de manoeuvre, dit-il, notamment sur la question de la proportionnelle". M. Sarkozy n'a toujours pas dérogé à sa règle d'or de ne jamais parler de l'UDF, du moins en public, et de n'insulter ni son président ni ses électeurs. Preuve de ces bonnes dispositions : 28 des 30 députés centristes sont pour l'instant assurés de ne pas avoir à affronter de candidat UMP au premier tour des législatives de juin. Réciprocité ou prudence ? M. Bayrou n'a toujours pas annoncé les noms des candidats UDF qu'il compte présenter "dans toutes les circonscriptions". § Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et François Bayrou se sont rendus, mardi 23 janvier, à ce rendez-vous annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France. § S égolène Royal est arrivée en compagnie de François Hollande puis est repartie seule quelques minutes plus tard. La présence au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), mardi 23 janvier, de la candidate socialiste à l'élection présidentielle, n'était pas prévue, Mme Royal ayant laissé entendre qu'elle laissait "aux chefs de parti" le soin de participer à cet événement annuel. Roger Cukierman compare le président iranien à Hitler Dans sa dernière allocution en tant que président du CRIF, Roger Cukierman a insisté sur la menace que représente l'Iran pour Israël et la communauté internationale. "L'analogie entre Hitler et Ahmadinejad le président iraniens'impose d'évidence", a-t-il déclaré devant le premier ministre, Dominique de Villepin. Ce dernier a rappelé qu'il condamnait "sans réserve les propos inacceptables du président iranien". Lors de sa brève apparition, la candidate socialiste, Ségolène Royal, a répété son opposition à ce que l'Iran ait accès au "nucléaire civil et militaire". "D'amicales pressions", venues tant des représentants de la communauté juive que du Parti socialiste l'ont convaincue qu'en période électorale une absence à cette soirée, traditionnellement prisée par le monde politique, serait mal perçue. "Elle est venue car le dîner du CRIF se déroule dans un cadre républicain et non communautaire", a indiqué David Assouline, sénateur socialiste de Paris, avant d'ajouter qu'il était important pour les socialistes de "lever le trouble" d'une partie de la communauté juive face à "l'incompréhension" dont a fait preuve la gauche lors de la flambée d'actes antisémites survenus ces dernières années. "La prise de conscience est aujourd'hui réelle ; il fallait envoyer ce message." PAS LÀ POUR UN "VOTE JUIF" Un "message" volontiers diffusé par l'ensemble de la classe politique : une quinzaine de ministres, en plus du premier ministre, accueilli en invité d'honneur, une quarantaine de parlementaires étaient présents à la soirée retransmise sur la chhaîne Public Sénat. Les candidats de l'UMP et de l'UDF à l'élection présidentielle ont également fait une brève apparition. "Nicolas Sarkozy vient par attachement à la lutte contre l'antisémitisme", a assuré Pierre Lellouche, député UMP de Paris, et "non pas parce qu'il existerait un vote juif". La même analyse vaut à l'UDF, où M. Bayrou dément entretenir "une culture communautaire". "Les juifs de France sont des citoyens comme les autres et votent en fonction de candidats et de programmes développés sur le long terme", insiste Rudy Salles, député UDF, président du groupe d'amitié France-Israël de l'Assemblée nationale. "Et, même s'ils sont attentifs aux positions des uns et des autres sur l'antisémitisme et vis-à-vis d'Israël, le vote juif n'existe pas." "Les candidats iront voir toutes les communautés pour tenter d'y gagner des voix", relève pourtant Patrick Gaubert, député européen (UMP) et président de la Licra. De l'avis général, les résultats de cette approche communautariste demeurent pourtant difficilement mesurables. "Dans ces périodes, tous les partis parlent à la communauté juive, reconnaît aussi Benjamin Abtan, président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), mais ils ne craignent pas de se contredire dès qu'ils s'adressent à une autre communauté". MME ROYAL VEUT RASSURER Accusé jusqu'à récemment par des responsables du CRIF d'assurer "tout juste le service minimum" à l'égard de la communauté, le PS pâtit depuis le début des années 2000 d'une image écornée chez une partie des juifs de France. L'inaction reprochée au gouvernement de Lionel Jospin dans la lutte contre l'antisémitisme et, plus récemment, la rencontre de Mme Royal avec des représentants du Hezbollah au Liban ont alimenté une certaine défiance. Le refus de Mme Royal de voir l'Iran accéder au nucléaire devrait rassurer une communauté crispée sur cette nouvelle menace. Parallèlement, la fermeté de M. Sarkozy face aux actes antisémites, son attention portée aux victimes lui ont assuré sa popularité, à tel point que Christian Estrosi, proche du ministre, a pu déclarer récemment au quotidien israélien Haaretz que le président de l'UMP était "le candidat naturel des juifs de France". "C'est Sarkozy qui incarne le mieux l'illusion de la protection auprès d'une partie de la communauté", reconnaît M. Abtan. Son "amitié" revendiquée pour Israël, sa proximité avec les Etats-Unis ont contribué à forger son image positive. § Le soulagement des responsables du Parti communiste français était visible, mardi 23 janvier, pour le premier meeting national à Paris. § L a salle du Zénith de Paris est pleine et l'objectif rempli. Le soulagement des responsables du Parti communiste français était visible, mardi 23 janvier, pour le premier meeting national à Paris. Plus de 5 000 personnes sont venues, depuis les sections de la région parisienne mais aussi depuis 70 autres départements. Des autocars avaient été affrétés au départ de Lille, Valenciennes, Douai, Orléans ou encore Gien. On aperçoit même des délégations de Lyon ou Marseille, brandissant une banderole "Droit au but avec Marie-George Buffet". La base militante est là mais les références au parti se font discrètes. Le meeting est celui de la candidate de la "gauche populaire et antilibérale". Sur un fond orange, la scène ne porte aucun sigle du PCF. Les seuls rares drapeaux rouges sont ceux brandis par une vingtaine de militants des Jeunesses communistes. La salle est tout aussi neutre : pas de sifflets, ni de corne de brume. On aperçoit sur le côté une banderole du site Web bellaciao. fr. Un panneau d'un collectif de Montargis (Loiret) rappelle l'aventure du rassemblement antilibéral et de la candidature unitaire. Mais ce sera la seule référence."BASTILLES DE L'ARGENT" C'est désormais du passé pour la direction du parti qui n'a qu'un seul message : l'ex-secrétaire nationale, aujourd'hui en congé, est en campagne et ses troupes sont derrière elle, quoiqu'en disent les mauvais coucheurs. "C'est parti", s'écrie, soulagé, Olivier Dartigolles, porte-parole. Pourtant, sur la scène, il y a des absents remarqués. Les députés et cadres refondateurs ont disparu de la photo. La candidate est en revanche entourée des figures du courant "orthodoxe" : Alain Bocquet, député du Nord, André Gerin, député du Rhône, ou encore André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme. Seules personnalités connues, Mouloud Aounit, secrétaire national du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, et futur président du comité de campagne, et Jean-Paul Israël, secrétaire général de la CGT des marins de Marseille, expliquent que "Marie-George" est vraiment une candidate "d'ouverture et de rassemblement". Dans la salle, Jacques Nikonoff, ancien président d'Attac, s'est posté juste derrière le carré des invités. Après les traditionnelles interventions des salariés en lutte - Marie-Hélène Boulard, une salariée d'une entreprise de textile du Nord, ou Fatia Damiche, présidente d'une association de femmes de quartier -, la candidate a dessiné sa candidature. Celle d'une gauche "qui veut battre la droite" et Nicolas Sarkozy, "héritier de ceux qui ont dénoncé les "salopards en casquette" lors du Front populaire". Une gauche "qui s'attaque à la tyrannie des actionnaires, des marchés et des banques", aux "Bastilles de l'argent" et à "la toute puissance des riches". Le discours est empreint des accents radicaux d'Arlette Laguiller, sa concurrente de Lutte ouvrière. Les propositions semblent aussi empruntées au programme de l'extrême gauche : triplement de l'impôt sur les grandes fortunes, abrogation de "toutes les lois Sarkozy et Perben", smic à 1 500 euros "tout de suite"... Malgré l'échec de la candidature commune et la "tristesse" qu'elle "partage" avec les militants des collectifs antilibéraux, la numéro un du PCF assure désormais qu'elle est "sincère" et qu'elle veut rassembler. La salle pourtant réagit peu. A l'exception des - rares - passages où Mme Buffet candidate s'attaque à Ségolène Royal, "candidate du oui" et la "gauche du renoncement". "La campagne va être dure avec les médias qui ne parlent que des deux grands candidats. c'est à nous de nous battre", admet Simon Francoramos, jeune salarié d'EDF. "C'est juste un outil pour permettre aux travailleurs de se battre. Franchement les 3 % (donnés par les sondages) c'est pas mon problème", lance Jacques Marchand, cheminot à la retraite. "C'est parti !", répète encore Olivier Dartigolles. § Sur Europe 1, mercredi 24 janvier, François Bayrou a estimé que "le dernier homme de janvier à l'élection de 1995 – il s'appelait Jacques Chirac –, il a été élu". § M algré les sondages, malgré l'omniprésence des Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, François Bayrou veut y croire. "A chaque élection présidentielle, sa surprise", a-t-il estimé, sur Europe 1, mercredi 24 janvier, confiant dans sa capacité à décoller dans l'opinion publique. Fort d'un sondage IFOP paru le jour même qui le place troisème au premier tour avec 12,5 %, son plus haut score dans les enquêtes jusque là , le candidat de l'UDF a rappelé que "le dernier homme de janvier à l'élection de 1995 il s'appelait Jacques Chirac , il a été élu". François Bayrou a monté le ton contre Nicolas Sarkozy et ses propos sur la fiscalité. Il a accusé le candidat de l'UMP de "raconter des histoires" aux Français en promettant de baisser de quatre points les prélèvements obligatoires."Des candidats annoncent des dizaines de milliards d'euros de dépenses supplémentaires et en même temps 68 milliards de baisse des recettes. Ce n'est pas réalisable", a affirmé François Bayrou. "DOMAINE DE L'ILLUSION" Le président de l'UDF a estimé "très important de ne pas se laisser entraîner dans cette campagne avec des candidats qui annoncent des choses qui sont du domaine de l'illusion". "Il faut que chacune des propositions ou promesses soit financée et équilibrée", a-t-il ajouté. M. Bayrou s'est engagé, s'il était élu, à "inscrire dans la Constitution de la France l'interdiction pour tout gouvernement présent et futur de présenter un budget en déficit de fonctionnement". § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § A la suite d'un accident cardiaque, Gilberte, 84 ans, est devenue dépendante de sa fille. Cette dernière lui consacre tout son temps. § § La Confédération paysanne, dont José Bové est un ancien porte-parole, a affirmé jeudi qu'elle "ne soutiendra aucune candidature" à la présidentielle, "qu'elle soit ou non issue de ses rangs". § L a Confédération paysanne a affirmé, jeudi 25 janvier, qu'elle "ne soutiendra aucune candidature" à la présidentielle, "qu'elle soit ou non issue de ses rangs". Une allusion à José Bové, qui est son ancien porte-parole et compte "annoncer sa candidature" à l'Elysée le 1er février. La Confédération paysanne souligne que "dès sa création, elle a marqué son indépendance vis-à-vis des partis politiques, en stipulant dans ses statuts qu'il y avait incompatibilité entre mandat de responsabilité syndicale et mandat de responsabilité politique". "À TITRE INDIVIDUEL" Elle prévient que "les militants qui s'engageraient dans ces échéances le feront à titre individuel, sans pouvoir se prévaloir de leur appartenance à la Confédération paysanne". José Bové peut compter sur 200 promesses de parrainage d'élus en vue de sa candidature, sur les 500 requises, a-t-on appris jeudi auprès des Alternatifs, une des composantes du mouvement antilibéral. Il a prévu de réunir un comité de campagne le 27 janvier à Nîmes. L'ancien porte-parole de la Confédération paysanne a préféré "laisser passer les élections aux chambres d'agriculture" avant d'annoncer son choix. § Jean Chrétien, ex-premier ministre canadien, revient sur les propos de Ségolène Royal, en faveur de la "souveraineté" québécoise. § V ous avez été premier ministre du Canada de 1993 à 2003. Que pensez-vous des propos de Mme Royal sur "la liberté et la souveraineté du Québec" ? Quand il est question d'unité canadienne, je ne peux pas rester silencieux. Ce domaine me tient trop à coeur. Je suis très déçu par les propos de Mme Royal sur un sujet aussi délicat et foncièrement canadien, très déçu qu'elle ait soulevé ce tabou. C'est une erreur impardonnable, probablement liée à l'inexpérience. Comme premier ministre du Canada, j'ai eu de très bonnes relations avec François Mitterrand comme avec Jacques Chirac. Le Canada est un pays ami de la France. Nous avons peu de contentieux et, depuis longtemps, les meilleures collaborations possibles dans plusieurs grands dossiers. Craignez-vous que le principe de "non-ingérence, non-indifférence" de la France dans les affaires canado-québécoises soit remis en cause ? J'espère surtout que l'erreur ne se répétera pas. Je suis tout à fait en accord avec les réactions exprimées par le premier ministre canadien actuel, Stephen Harper, et le chef du Parti libéral du Canada, Stéphane Dion. Ceux qui n'ont pas le droit de vote au Canada n'ont pas à s'ingérer dans les affaires canadiennes. Et en cas de retour du Parti québécois au pouvoir à Québec, avec la perspective d'un nouveau référendum sur la "souveraineté" ? Je ne crois pas du tout qu'il y ait un grand désir des Québécois pour un nouveau débat référendaire. Cette période-là est passée. Il y a 25 ans, le débat était très émotif. Aujourd'hui, les jeunes sont plus préoccupés par l'environnement ou la mondialisation. Il faut toujours se rappeler l'importance qu'a eu un pays comme le Canada pour les francophones. Ici, on a survécu, contrairement à la Louisiane par exemple. A propos de référendum, je suis très fier d'être le père d'une loi fédérale sur "la clarté" qui a exigé qu'une future question référendaire sur la souveraineté posée aux Québécois soit très claire et non ambiguë. Je me battrais toujours pour l'unité canadienne même si j'ai pris ma retraite de la vie politique. § A Domérat, petite commune rurale proche de Montluçon (Allier), la candidate socialiste a ouvert, mercredi 24 janvier, le troisième volet de ses débats participatifs consacré à l'environnement, l'agriculture et la santé. § E lle est un peu retard ? "J'étais au téléphone avec le premier ministre du Québec. Vous avez le bonjour du premier ministre du Québec !", lance Ségolène Royal à un parterre ravi d'un millier de personnes. A Domérat, petite commune rurale proche de Montluçon (Allier), la candidate socialiste a ouvert, mercredi 24 janvier, le troisième volet de ses débats participatifs consacré à l'environnement, l'agriculture et la santé. Venue accompagnée de l'ancien ministre Bernard Kouchner et du professeur Dominique Belpomme, spécialiste du cancer, Mme Royal a affirmé "tenir fermement le flambeau" de Nicolas Hulot, et vouloir "passer à l'action". "Nous n'avons pas le choix, a-t-elle déclaré. C'est la condition de notre survie. Les principaux foyers des conflits et des guerres de demain seront liés à l'environnement." Et pour la candidate, une chose est sûre : "La protection de l'environnement est incompatible avec le libéralisme, la loi du marché, qui calcule à court terme et est un prédateur des biens collectifs comme l'eau, l'air, le sol." NOUVELLES PROPOSITIONS De nouvelles propositions ont émergé. Dans le domaine agricole, Mme Royal souhaite l'organisation d'"états généraux de l'agriculture", juste après l'élection présidentielle, qui déboucheraient sur une nouvelle loi d'orientation. Peu avant, lors d'une brève rencontre avec des agriculteurs, elle avait indiqué son intention de s'attaquer à "un sujet chaud" : la répartition inégalitaire des primes au profit de l'agriculture la plus intensive, et la régionalisation partielle des aides. A Domérat, tout en confirmant son intention de réformer la fiscalité au profit de l'écologie et de lancer un moratoire sur les OGM en plein champ, Mme Royal a annoncé qu'elle réviserait la loi sur l'eau votée en décembre 2006 "vidée de son contenu", selon la candidate, qui veut "appliquer progressivement le principe pollueur-payeur" aux entreprises. Un programme national de réduction de l'usage des pesticides serait également lancé. Enfin, Mme Royal souhaite engager une négociation à l'échelon européen pour créer une "écoredevance" sur le transport de marchandises par camions. Bien décidée à promouvoir les énergies renouvelables, elle veut diminuer la part du nucléaire en France, au risque de se brouiller avec son allié Jean-Pierre Chevènement. "Il faut avoir le courage de programmer une action progressive d'extinction des centrales nucléaires anciennes et les plus dangereuses, a-t-elle lancé. Je ne veux pas que la France ferme les yeux, qu'elle garde des tabous (...), je ne veux pas d'une France qui se laisse intimider sous le poids des lobbies." Déjà, elle a apporté son soutien aux partisans de la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin). COMITÉS D'ENTREPRISE Sur le plan institutionnel, Mme Royal a promis une "reconnaissance du rôle joué par les associations de protection de l'environnement", en tant qu'"auxiliaires de service public" avec la création d'un statut de bénévoles. Des associations, a-t-elle précisé, qui feraient leur entrée dans les comités d'entreprise "pour représenter les préoccupations des riverains, des consommateurs et de l'environnement dans les négociations". Une idée qui risque de mettre en émoi les entreprises mais bien compatible, dans l'esprit de Mme Royal, avec la promesse de créer un poste de vice-premier ministre chargé du développement durable. § Au lendemain de la proposition de Nicolas Sarkozy de s'inspirer du contrat nouvelles embauches pour créer un contrat de travail unique, la candidate du PS reproche à son rival de l'UMP de vouloir "démanteler le code du travail". § "L e CNE sera abrogé et le CDI deviendra la référence du contrat de travail", a déclaré Ségolène Royal, jeudi 25 janvier, sur RMC. La veille, Nicolas Sarkozy avait annoncé à un parterre de patrons de PME qu'il comptait s'inspirer du contrat nouvelles embauches (CNE) pour créer un contrat de travail unique. Le CNE, pour le moment réservé aux entreprises de moins de 20 salariés, prévoit une période d'essai de deux ans et est présenté comme un succès par le gouvernement. Et Laurence Parisot, la présidente du Medef, en a fait un exemple de la nécessité de sortir le droit du travail du "carcan" actuel. La proposition du candidat de l'UMP est "grave", a plaidé Ségolène Royal : Nicolas Sarkozy"s'apprête à démanteler le code du travail et à faire en sorte que désormais tous les Français puissent être licenciés pendant deux ans sans justification et sans motif". Pour la candidate socialiste, "le modèle de précarité que la droite propose va tirer la France vers le bas". "REMISE À PLAT" DES 35 HEURES Interrogée sur les 35 heures, la candidate du Parti socialiste a confirmé sa volonté de réformer la loi, sans toutefois remettre en cause la durée légale du travail. "J'ai dit que l'application de la loi sur les 35 heures avait dans certains cas compliqué l'organisation des entreprises. (...) Il faudra remettre à plat un certain nombre de questions, mais il ne s'agit pas de (la) remettre en cause globalement", a-t-elle déclaré, précisant que les aménagements pourraient concerner les entreprises confrontées à la concurrence internationale. Ségolène Royal a expliqué que ce remaniement devrait "se faire dans le cadre de discussions entre les employeurs, les organisations syndicales, l'Etat étant le garant du bon déroulement de ces discussions". § Une fois encore, Nicolas Sarkozy prend les routes du Nord. jeudi 25 janvier, le candiddat UMP se rend à Saint-Quentin (Aisne), pour une visite d'entreprise. § U ne fois encore, Nicolas Sarkozy prend les routes du Nord. Prochaine halte : jeudi 25 janvier, à Saint-Quentin (Aisne), avec une visite d'entreprise. Depuis son élection à la présidence de l'UMP, il n'a cessé de visiter ces terres ouvrières, réputées de gauche - mais où le Front national réalise ses plus gros scores -, frappées par le chômage et fragilisées par la mondialisation. A chaque fois, il s'est attaché à visiter une usine dont il ressort les yeux émerveillés : "J'aime les ouvriers. C'est beau une usine, non ?" Cette empathie revendiquée avec le monde ouvrier associé à une série de discours dans lesquels il fustige le "patron voyou" et exalte "ceux qui se lèvent tôt" est-il en passe de porter ses fruits ? L'enquête Ipsos (réalisé les 19 et 20 janvier pour Le Point), le crédite de 24,5 % du vote ouvrier contre 18,8 % à sa rivale. Celle de BVA-Orange (22-23 janvier) le place aussi en tête chez les ouvriers (32 % contre 24,7 % à Ségolène Royal). L'événement de ces sondages est plus sociologique que politique. Alors qu'en décembre 2006 Mme Royal recueillait pour BVA 62 % des suffrages des ouvriers au second tour, elle se contente cette fois de faire jeu égal avec M. Sarkozy qui capte 51 % de leurs intentions de vote ; elle recule également pour Ipsos. Depuis plusieurs mois, les conseillers de M. Sarkozy scrutent cet électorat à la loupe. Plusieurs enquêtes qualitatives ont été commandées par l'UMP dont il ressort que "l'énergie et le volontarisme" de M. Sarkozy sont appréciés par l'électorat populaire. "LIBÉRAL AUTORITAIRE" Autre enseignement de ces études, selon Laurent Solly, chef de cabinet du ministre de l'intérieur : "Ce segment de l'opinion amplifie la demande des Français concernant le respect, la réhabilitation du travail et les valeurs." "L'électorat populaire est un objectif stratégique, explique l'économiste (et plume du candidat) Henri Guaino. C'est un monde étranger à Ségolène Royal. Cette population se sent peut-être trahie par la politique, mais elle n'a pas d'autre recours que la politique." Directeur de BVA-Opinions, Jérôme Sainte-Marie, analyse la performance de M. Sarkozy dans cet électorat : "Les ouvriers se positionnent sur deux axes : la question morale et la question sociale. Comme la gauche ne propose actuellement rien en matière sociale, ils font le choix de l'ordre, donc du ministre de l'intérieur." Stéphane Rozès, directeur de CSA-opinion, ajoute : "L'électorat ouvrier exprime une demande de sécurisation. Le travail effectué par Sarkozy pour distinguer le travailleur de l'assisté, l'immigré subi de l'immigré choisi lui apparaît comme une créance plus sûre que les promesses de la gauche." Toutefois, précise-t-il, "au second tour, les ouvriers se retrouvent davantage dans un imaginaire collectif et solidaire incarné par la gauche". M. Sarkozy, candidat des classes populaires ? Cette hypothèse s'articule également autour de l'idée de "prolétarisation de la droite" défendue par le journaliste politique Eric Dupin dans son livre (A droite toute, Fayard). Un mouvement déjà observé dans le vote républicain aux Etats-Unis et conservateur en Grande-Bretagne. "La droite, écrit-il, parvient de mieux en mieux à réaliser une audacieuse alliance de classes entre les privilégiés et les démunis. Pour attirer ses derniers, elle mobilise avec succès la thématique des valeurs et réussit à faire passer au second plan les intérêts sociaux." Mais M. Sarkozy qui, dans Le Monde du 23 janvier, présentait une réforme fiscale favorable aux plus riches reste le candidat préféré des patrons. Il assume la contradiction, persuadé que sa posture de "libéral autoritaire" lui permettra de se concilier deux électorats. Son éloge du capitalisme familial et du "patron certes un peu bougon mais que ses ouvriers connaissent" est aussi une tentative pour réunir deux mondes que la gauche, l'histoire et les tensions sociales opposent. § Vingt-sept salariées de l'entreprise de maillots de bain de Libourne (Gironde), dont la fermeture est prévue fin mars, ont rencontré, mercredi 24 janvier, Ségolène Royal. § P as de larmes. Juste un peu d'espoir. Vingt-sept ouvrières d'Arena attendaient beaucoup de leur rencontre avec Ségolène Royal, mercredi 24 janvier. La candidate à l'élection présidentielle les a accueillies pendant plus d'une heure, au siège du Parti socialiste (PS), à Paris. Les ouvrières, spécialisées dans la fabrique de maillots de bain, ont ainsi pu parler de leur usine, située à Libourne (Gironde) et qui va être délocalisée en Chine. Epaulées par leur maire (PS), Gilbert Mitterrand, fils du défunt président, elles ont évoqué la situation des 169 employés qui vont se retrouver, à la fin du mois de mars, au chômage (Le Monde du 21 novembre 2006). "Ce sont des "licenciements de confort"", déclare Mme Royal. "Arena fait des bénéfices. L'entreprise a une bonne image grâce à son égérie, Laure Manaudou", souligne une employée. "On peut demander quelque chose à Laure Manaudou ?", demande l'élue. Les ouvrières, âgées en moyenne d'une quarantaine d'années, racontent leurs vies sacrifiées pour Arena. Dix, vingt, trente ans, voire plus, à son service pour un smic. Avec, comme indemnités de licenciement, quelques mois de salaire. "Alors que certains patrons partent avec quatre ou cinq ans de salaire", riposte Mme Royal. Elle enchaîne : "C'est un fonds de pension derrière Arena ?" Affirmatif. Autre question. "Vous avez des commandes ?" Les carnets sont pleins, répondent les ouvrières. "Bon, il faut prendre une initiative, lance Mme Royal. Il faut que l'entreprise reste à Libourne et qu'elle ouvre une unité de production en Chine." "Mais ça ne marche pas comme ça, rétorque une ouvrière. L'entreprise veut plus de profits et sa décision est irrévocable." "MAIS ARENA, C'EST PAS FRANÇAIS" "Qui est le patron ? Je peux l'appeler ?", demande la députée des Deux-Sèvres. "Il ne viendra pas", assure une employée. "J'ai convoqué le patron suisse d'Aubade et il est venu. Je peux lui demander un moratoire d'un an ?, propose Mme Royal. Pendant ce temps, on tentera de mettre en place avec la région (Aquitaine) "la sécurité sociale professionnelle"." Les ouvrières lui demandent de préciser. C'est un système de mobilisation des fonds de la formation professionnelle, des Assedic et de la contribution de l'entreprise. Les salariées gardent pendant un an leur salaire et leur statut, tout en bénéficiant d'un accompagnement individualisé afin de trouver un nouvel emploi. "C'est bien, ça", lancent en choeur les ouvrières. "Il faut empêcher les vols de marques françaises", ajoute Mme Royal. "Mais Arena, c'est pas français", balance une employée. "La qualité de votre travail fait la qualité de la marque", répond la candidate. "Pourquoi l'Etat ne récupère-t-il pas les subventions des entreprises qui délocalisent ?", interroge une autre. "Il faudrait", convient la candidate. Puis elle propose qu'une partie de la vente de l'usine revienne aux salariés. Là aussi, satisfecit général. Une dernière chose. "On a peur que les CRS nous délogent, car nous occupons l'usine." Mme Royal : "J'appellerai le préfet pour qu'il ne le fasse pas." Une dame : "Merci ! On se sent déjà plus rassurées." Au même moment, le comité d'entreprise de l'usine a assigné la société en justice "pour demander la nullité de la procédure d'élaboration du plan social". Les ouvrières se sont ensuite dirigées du côté de l'Assemblée nationale pour une manifestation. Près de 300 salariés de Dim, Arena et Well ont protesté contre les délocalisations dans la lingerie. "On voudrait rencontrer Nicolas Sarkozy pour voir les différences avec Mme Royal", souhaite désormais Michèle Palubetto, 53 ans, dont trente et un passés à Arena. § C'est un patronat décomplexé que Laurence Parisot a invité à "aller à la rencontre des Français" lors de l'assemblée générale du Medef, jeudi. § "S ORTONS, allons dehors, montrons-nous (...) racontez vos succès et expliquez comment vous y êtes arrivés. Ouvrez le chemin." C'est un patronat décomplexé que Laurence Parisot a invité à "aller à la rencontre des Français" lors de l'assemblée générale du Medef. Devant 7 000 chefs d'entreprise, réunis jeudi 25 janvier au Palais omnisports de Paris Bercy, la présidente de l'organisation patronale ne s'est pas contentée de fournir les idées de base d'un discours programme à l'intention des candidats à l'élection présidentielle. En référence à "la France dont nous rêvons", elle a invoqué les valeurs qui, selon elle, doivent inspirer les patrons et les inciter à peser dans la campagne. PRIORITÉ AUX ACCORDS SUR LE DROIT DU TRAVAIL A Arc-et-Senans (Doubs), en janvier 2006, quelques mois après son élection à la tête du Medef, Mme Parisot dénonçait déjà les dangers d'une "France illisible". Elle amplifie ce diagnostic en stigmatisant de nouveau les "carcans", - "les excès de la fiscalité, du code du travail, l'hyper-réglementation" - qui empêchent, affirme-t-elle, les entreprises de "respirer". Le pays, résume Mme Parisot, a donc "besoin d'air". Une aspiration martelée comme un slogan qui est devenu le titre d'un livre inspiré de la démarche participative (151 pages, 15 euros, Ed. du Seuil) qu'elle a écrit après avoir consulté les contributions de 50 000 chefs d'entreprise. Tout en relevant dans cet ouvrage que "la France est aujourd'hui blessée et déchirée" autant "qu'en voie d'appauvrissement", la présidente du Medef refuse pourtant d'être rangée du côté des "déclinologues" et pis encore des "démagogues". Convaincue que "rien n'est foutu", elle revendique essentiellement "un peu plus de liberté, un peu plus d'air et tout ira mieux", assure-t-elle. En fait, la vision du pays dont rêve Mme Parisot est "une France où la liberté d'entreprendre, celle d'agir et de grandir, celle de rayonner ne sont pas un vain mot". Et derrière cet appel renouvelé à la liberté s'affiche en premier lieu l'inscription d'un nouveau droit constitutionnel qui reconnaîtrait la priorité des accords entre patronat et syndicats sur la durée du travail notamment, "sans qu'il soit nécessaire qu'une loi la fixe une fois pour toutes." "L'IMAGE DE L'ENTREPRISE ENCORE BROUILLÉE" Alors que l'action de la présidente du Medef semblait investir les nouveaux territoires de la diversité, de l'ouverture aux jeunes générations et du développement durable, le catalogue de ses propositions emprunte au registre classique du répertoire patronal. En premier lieu, Mme Parisot dénonce "les dangers du protectionnisme" autant que "les effets pervers" d'une augmentation du SMIC ou de l'abrogation de la loi sur les retraites de 2003. Signe d'une liberté retrouvée, Mme Parisot revendique le succès du Contrat nouvelle embauche qui, affirme-t-elle, a permis de recruter 440 000 personnes, dont 45 000 "créations pures". Dans la même logique, elle revient sur les conditions de licenciement et suggère "la séparabilité à l'amiable aux conditions honorables pour les deux parties" selon les règles du divorce par consentement mutuel. A l'intention des responsables politiques, elle insiste sur les risques de réduire, voire de supprimer les allégements de charges qui "doivent devenir purement et simplement des abattements (et) sont la juste compensation de l'invraisemblable coût infligé aux entreprises par les 35 heures". C'est aussi pour réduire le coût du travail que Mme Parisot propose "une réduction pérenne des taux de cotisations et un transfert progressif vers la solidarité nationale du financement de la branche famille de la Sécurité sociale". Si tant est que ces propositions soient retenues, et que le "rêve" patronal devienne réalité, l'objectif de réduire le taux de chômage à 5 % en cinq ans serait-il atteint. Mme Parisot en est convaincue. Elle confirme cette promesse dans un entretien au Figaro du 25 janvier en réaffirmant que la baisse du chômage reste "la priorité des priorités". Tel qu'il a été esquissé lors de l'assemblée générale comme dans l'ouvrage tiré à 20 000 exemplaires, le programme du Medef est-il un programme politique ? "Je ne me sens pas dans un discours de droite ou de gauche", précise Mme Parisot qui se refuse à déclarer ses préférences. Même si, dans les faits, les propositions énoncées se rapprochent plus du programme de Nicolas Sarkozy, notamment sur la fiscalité, que celui du Parti socialiste. "Je regrette beaucoup que l'image de l'entreprise soit encore brouillée", déplore Mme Parisot. Pour difficile qu'il soit auprès des Français, cet exercice de réhabilitation devrait au moins réussir à mobiliser les patrons. § Officiellement, il n'y a plus de police politique en France. Les Renseignements généraux (RG) n'enquêtent donc plus sur les partis politiques. Pourtant, à chaque élection présidentielle, on voit resurgir les RG. § O fficiellement, il n'y a plus de police politique en France. Les Renseignements généraux (RG) n'enquêtent donc plus sur les partis politiques. Pourtant, à chaque élection présidentielle, on voit resurgir les RG. Dans son numéro du 24 janvier, Le Canard enchaîné a ainsi révélé que les RG avaient mené une enquête, sur "ordre en provenance du cabinet" du ministre de l'intérieur, sur Bruno Rebelle, ex-directeur de Greenpeace France devenu le conseiller environnement de Ségolène Royal. Nicolas Sarkozy a qualifié ces accusations de "ridicules". Mais l'affaire fait grand bruit. Et Mme Royal a demandé, jeudi 25 janvier, à Jacques Chirac d'"assurer le bon fonctionnement" de la campagne. M. Sarkozy ne pourra pas en rester là et se contenter de répondre par une pirouette. La question est simple : les RG, qui mènent des investigations sur toutes les organisations qui, de l'extrême droite à l'extrême gauche - et, depuis longtemps, sur Greenpeace -, sont soupçonnées de "contestation" ou de "violence", ont-ils diligenté une enquête sur l'entourage de Mme Royal ? Si oui, l'enquête est-elle due à un effet de zèle d'un fonctionnaire ou à une instruction du ministre ? En clair, y a-t-il eu "rupture" avec les pratiques antérieures ou les RG - qui explorent préventivement les lieux où se déplace le ministre de l'intérieur - agissent-ils toujours comme une police politique ? En juin 2005, de retour au ministère de l'intérieur, M. Sarkozy, faisant alors allusion à l'affaire Clearstream, avait expliqué qu'il entendait bien, depuis la place Beauvau, déjouer les "manoeuvres" qu'il redoutait de voir lancées contre lui. "Je serai mieux protégé par l'intérieur, c'est plus efficace que les 150 permanents de l'UMP", avait confié le numéro deux du gouvernement. Il accréditait ainsi l'idée que des services du ministère de l'intérieur - la DST était mise en cause dans l'affaire Clearstream - pourraient violer les libertés publiques et l'Etat de droit à des fins politiques. Cette affaire repose clairement la question du maintien de M. Sarkozy au ministère de l'intérieur. On pouvait déjà juger qu'il n'est pas sain que le ministre, chargé de l'organisation et du bon déroulement des élections, soit en même temps candidat. On peut ajouter qu'il est encore moins souhaitable, au regard des règles de la démocratie, qu'il soit aussi le ministre de la police. François Hollande a saisi l'occasion qui s'offrait de mettre en accusation le ministre et de dénoncer une "confusion des genres (qui) entraîne toutes les suspicions, laisse penser à toutes les manipulations". Pour devenir aussi "irréprochable" que la démocratie qu'il prétend incarner et ne pas donner prise à des soupçons sans fin, M. Sarkozy devrait, dans son intérêt même, quitter rapidement son ministère. § La candidate socialiste, qui a vécu dans l'île au début des années 60, s'est entretenue vendredi avec le poète Aimé Césaire, ancien maire de Fort-de-France et défenseur des racines africaines. § S égolène Royal a rencontré, vendredi 26 janvier, Aimé Césaire, figure tutélaire de la Martinique et ancien maire de Fort-de-France. La candidate socialiste, qui a vécu dans l'île au début des années 60, s'est entretenue avec le poète, défenseur des racines africaines, dans son bureau de l'ancien hôtel de ville transformé en théâtre. Mme Royal s'en est pris à "l'exécrable loi votée par la droite sur les soi-disant bienfaits de la colonisation". "Cette lecture révisionniste de l'Histoire était inacceptable. Le colonialisme, c'est un système de domination, de spoliation et d'humiliation", a-t-elle dit. Sur le perron, Aimé Césaire a salué "la petite Martiniquaise" de retour au pays, qu'il a remerciée "d'avoir bien voulu entendre le peuple martiniquais". "La Martinique a changé, la Martinique est inquiète. Nous sommes dans un monde nouveau et nous pensons qu'il faut une politique nouvelle", a-t-il souligné, aux côtés de Ségolène Royal et du maire de Fort-de-France, Serge Letchimy. "LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ... IDENTITÉ" Au triptyque "liberté, égalité, fraternité", le chantre de la négritude a ajouté "l'identité, car il y a une identité martiniquaise". "Nous vous faisons confiance pour nous apporter la confiance, et, permettez-moi de le dire, l'espérance", a conclu le vieil homme aux lunettes cerclées d'or. "Je suis venue ici pour écouter, pas pour faire à votre place", a déclaré Ségolène Royal à l'orée d'une journée marathon à travers l'île. Elle a évoqué un "jour de bonheur et d'émotion", et salué les Antillais en tant que "militants de la dignité". La candidate du PS a raconté qu'elle avait demandé une entrevue avec Aimé Césaire alors qu'elle était revenue en Martinique pour un stage de fin d'études de l'Ecole nationale d'administration. Elle lui avait été refusée par la préfecture pour laquelle elle travaillait. "J'ai bien fait d'attendre vingt-neuf ans", a-t-elle plaisanté vendredi. Lors de sa visite en mars 2006, Nicolas Sarkozy avait discuté près d'une heure avec Aimé Césaire, qui avait refusé dans un premier temps de le recevoir. Quelques mois après la polémique entourant la loi de février 2005 sur le "rôle positif" de la colonisation, l'ancien député socialiste avait alors offert au ministre de l'intérieur un exemplaire du Discours sur le colonialisme. Il avait évoqué la "force" et la "volonté" du candidat de l'UMP, symbole à ses yeux de la "génération nouvelle". § Interrogée sur sa position au 2e tour de l'élection présidentielle, la candidate de CAP 21 a déclaré : "Si M. Bayrou était présent au second tour, je n'aurais pas d'hésitation. En dehors de cela, je n'ai pas de position arrêtée." § L a candidate de CAP 21 à la présidentielle, Corinne Lepage, a affirmé, vendredi 25 janvier à Marseille, qu'elle avait recueilli "au-delà de 400 promesses" de parrainages. "J'en ai eu d'ailleurs très peu en PACA, sans doute en raison de certains de mes engagements", a précisé à la presse la candidate écologiste, qui était venue à Marseille signer une pétition contre l'incinérateur de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). "Mes équipes travaillent beaucoup, et je ne désespère pas de convaincre un certain nombre de maires de me parrainer", a ajouté l'ancienne ministre de l'environnement. Interrogée sur sa position au 2e tour de l'élection présidentielle, Mme Lepage a déclaré : "Si M. Bayrou était présent au second tour, je n'aurais pas d'hésitation. En dehors de cela, je n'ai pas de position arrêtée." Mme Lepage prône, comme le candidat de l'UDF, une union nationale alliant droite et gauche. Son équipe réunit des personnes de tous bords, souligne-t-elle fréquemment. § S'il est élu président de la République, Nicolas Sarkozy fera en sorte que l'effort de défense "soit au minimum maintenu à son niveau actuel et que le rythme des réformes visant à le faire gagner en performance s'accélère". § S 'il est élu président de la République, Nicolas Sarkozy fera en sorte que l'effort de défense "soit au minimum maintenu à son niveau actuel et que le rythme des réformes visant à le faire gagner en performance s'accélère". La première de ces affirmations, contenue dans un entretien que le président de l'UMP a accordé à la Revue des auditeurs de l'Institut des hautes études de défense nationale (Ihedn), rassurera les militaires, inquiets des choix budgétaires du prochain chef de l'Etat. Le reste des propos de M. Sarkozy, qui témoignent d'une volonté de continuité mais aussi d'un souci de faire évoluer nettement l'outil militaire, va davantage les intriguer. Ainsi pour la dissuasion nucléaire, dont "l'indépendance et la crédibilité, tant politiques que techniques", doivent être préservées, ce qui n'empêche pas "une réflexion sur la doctrine d'emploi et les moyens, voire les coopérations avec nos alliés européens". M. Sarkozy rend hommage à Jacques Chirac, à qui revient "principalement" le "mérite" d'avoir maintenu les objectifs de la loi de programmation militaire, mais il ne fait pas de doute que sa remise en question du "domaine réservé" du chef de l'Etat en matière de défense sera peu appréciée à l'Elysée. A ce sujet, il prône une "implication plus forte" du Parlement dans les orientations de la politique de défense et préconise la création de deux nouvelles institutions : un "conseil de sécurité nationale", et un "secrétariat général ou une agence de la défense civile". Dans cet entretien, le candidat présidentiel se prononce en faveur de l'instauration d'un "service civique obligatoire comportant un volet militaire" et décoche quelques flèches : il ne laissera pas les soldats français "s'enliser" en Côte d'Ivoire ; il "regrette" la décision de retirer les forces spéciales d'Afghanistan, et il souligne que l'armée française "n'est pas un corps expéditionnaire destiné à jouer les pompiers ou les gendarmes aux quatre coins du monde". § Le débat "participatif" est de mise sur les télés et les radios, où les électeurs interpellent directement les candidats. § L a démocratie sera-t-elle demain participative ? La campagne, elle, n'a en tout cas pas attendu les résultats de la prochaine présidentielle pour faire sienne cette grande idée. A la télévision comme à la radio - RTL avec "Les candidats face aux auditeurs", Europe 1 avec son nouveau forum "Le Club Europe 1 France 2007" et "A l'air libre", France Inter avec "Service public" et "Le téléphone sonne"...-, mais aussi sur les sites Internet des grands médias, la parole est aux citoyens. A France Télévisions, ils sont à l'honneur sur toutes les chaînes du groupe. "Nous allons faire participer un maximum les Français à la campagne, martèle ainsi Arlette Chabot, directrice de l'information de France 2. La chaîne prévoit notamment plusieurs débats "participatifs". Cinq numéros d'"A vous de juger" sont programmés d'ici au 20 mars, date de la publication de la liste officielle des candidats. Le premier, jeudi 25 janvier, a opposé François Fillon, représentant le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy, à François Hollande, premier secrétaire du PS. Face à eux, une dizaine de "témoins" venus les interpeller. Grâce à un partenariat avec Google, France 2 proposera en outre aux internautes, pendant la campagne, de mettre à disposition de la communauté leurs propres images et réactions. De la même manière, France 3 veut, à travers une série de trois émissions spéciales intitulées "Français, votez pour moi !", "confronter le discours des candidats à la réalité" selon le directeur de l'information, Paul Nahon. La première de ces trois soirées, diffusée en direct le 29 janvier à 20 h 50, s'interrogera sur "les valeurs qui animent la France". Quatre partis, représentés par leur candidat ou un porte-parole, présents en plateau, seront confrontés à un panel de treize invités. Pour la première confrontation, France 3 a sélectionné notamment le proviseur d'un collège de Montpellier et une magistrate auprès des mineurs. Ils parleront de la famille, de l'éducation, de l'égalité des chances, de la justice... Les deux autres émissions, bâties sur le même modèle, s'intéresseront aux nouvelles solidarités et à l'avenir économique de la France. Selon Hervé Brusini, directeur délégué à l'information, le but est d'"organiser une rencontre entre des citoyens français, avec le vécu qui est le leur et la force de sincérité qui est la leur", et des hommes politiques, pour obliger ces derniers à "faire de vraies réponses politiques". De son côté France 5, avec la série documentaire "Je vote comme je suis", diffusée à partir du 6 février, innove en suivant la campagne à travers le quotidien de six familles de différentes régions et de catégories socioprofessionnelles diverses. Pendant cinq mois, de décembre 2006 jusqu'au 6 mai, date du second tour de l'élection, le réalisateur Bertrand Delais s'est engagé à les suivre dans leur vie familiale et professionnelle. "J'ai voulu donner la parole à mes compatriotes, écouter ce qu'ils avaient à dire, comprendre leurs attentes", raconte le réalisateur. "En étant sur le terrain, loin des projecteurs, nous espérons offrir un autre décryptage de la campagne", ajoute le producteur, Jérôme Caza. Sur TF1, cette participation de citoyens "ordinaires" au débat est qualifiée d'"échange direct". Un panel de cent électeurs, choisis par la Sofres, posera leurs questions aux invités des quatre émissions politiques programmées chaque lundi à 20 h 50 en février (Nicolas Sarkozy inaugurera ce rendez-vous le 5). Sur le câble, le satellite et la TNT, on joue aussi la carte de la participation. Public Sénat a ainsi prévu une série documentaire intitulée "Ma première campagne", qui suit un groupe de jeunes du Val-de-Marne avant et après l'élection, tandis que "Décentrez-vous !" promet de couvrir la campagne "au coeur des régions, au plus près des électeurs". "Lors du référendum de 2005, le peuple s'est exprimé contre "l'establishment" et contre les médias. Cet épisode a marqué un tournant, estime le producteur Jérôme Caza, qui avait suivi la précédente campagne de l'intérieur du QG de Lionel Jospin. Depuis, les Français manifestent le besoin de se faire entendre, et il est logique que les médias leur donnent davantage la parole." § "Je galère !", lance Jean-Marie Le Pen lorsqu'on lui demande où il en est dans le recueil des promesses de parrainage pour sa candidature à l'élection présidentielle. " § "J e galère !", lance Jean-Marie Le Pen lorsqu'on lui demande où il en est dans le recueil des promesses de parrainage pour sa candidature à l'élection présidentielle. "J'ai beaucoup de mal à les réunir mais tout le monde a beaucoup de mal", précise-t-il, en ajoutant qu'il reste toutefois optimiste sur le résultat final. Lundi 22 janvier, Louis Aliot, le secrétaire général du Front national (FN), a mis en place une cellule de crise "recherche de parrainages" près de son bureau. Elle comprend une demi-douzaine de personnes qui centralisent les promesses et coordonnent les actions sur le terrain. Jeudi 25 janvier dans l'après midi, deux assistantes assuraient une permanence téléphonique. Leur rôle ? Relancer les secrétaires départementaux et faire la liaison avec les "collecteurs" envoyés en renfort sur le terrain. Le président du FN affirme avoir, à ce jour, "plus de 400 promesses". Son objectif est d'atteindre 600 promesses. En fait, seules 500 sont requises pour valider une candidature mais l'expérience de 2002 pousse celui-ci à la prudence. S'APPUYER SUR L'APPAREIL Il y a cinq ans, en effet, plus de 200 élus étaient revenus sur leur promesse lorsqu'il avait fallu les transformer en parrainages définitifs. Ce n'est qu'au prix d'une mobilisation générale de l'appareil, y compris de Jean-Marie Le Pen et de son épouse, que le président du FN avait pu se présenter à l'élection présidentielle. Contrairement à 2002, le choix de 2007 a été de s'appuyer uniquement sur l'appareil et non sur des "démarcheurs sympathisants", jugés moins fiables. "Pour le moment, les déclarations de (M.) Sarkozy au Monde (Le Monde du 23 janvier) selon lesquelles il serait "souhaitable" que Le Pen puisse se présenter à la présidentielle n'ont pas beaucoup d'effet, mais peut-être est-ce trop tôt", ironise M. Aliot qui menace : "Si M. Le Pen était empêché, il est bien évident que les électeurs du FN s'en prendraient aux élus de droite. Après la présidentielle, il y aura les législatives puis les cantonales." "Ce sera difficile de croire que des consignes n'ont pas été données si dans certains départements nous ne parvenons pas à obtenir des parrainages", insiste-t-il. § Avec les 7 % d'intentions de vote dans le dernier sondage de l'institut de BVA pour Orange (réalisé les 22 et 23 janvier), Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) est crédité d'un score qui surprend, y compris dans les rangs de sa propre organisation. § A vec les 7 % d'intentions de vote dans le dernier sondage de l'institut de BVA pour Orange (réalisé les 22 et 23 janvier), Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) est crédité d'un score qui surprend, y compris dans les rangs de sa propre organisation. En l'absence de candidature de José Bové, il gagnerait ainsi 3 points. De quoi doper une formation qui peine à sortir de l'incertitude. Le porte-parole de la LCR semble le premier bénéficiaire à gauche de la baisse de Ségolène Royal, enregistrée dans la même enquête. Selon Jérôme Sainte-Marie, directeur de BVA, M. Besancenot engrangerait la volonté de lancer un avertissement à la candidate socialiste, coupable de ne pas contrer Nicolas Sarkozy sur le terrain social : "Ce sont des électeurs PS qui utilisent le sondage pour envoyer un message d'impatience", explique-t-il en notant que cette intention de vote ne s'est "pas encore fixée en électorat". La poussée est plus modérée pour les autres sondeurs. Jusqu'alors crédité par les différents instituts d'un score entre 3 % et 4 %, M. Besancenot gagnerait 0,5 % pour l'IFOP (étude réalisée du 18 au 20 janvier) comme pour Ipsos (les 19 et 20 janvier). Le décrochage de l'électorat PS ne s'étant pas encore opéré, le porte-parole de la LCR pâtit encore du vote utile, expliquent ces sondeurs. Mme Royal continue à "vampiriser" les candidats sur sa gauche, selon Vincent Tiberj, chercheur au Cevipof. Gagner ces électeurs déçus, reste l'enjeu de la campagne de la LCR, qui a opté pour une ligne de défense des revendications d'une "vraie gauche anticapitaliste". Le candidat multiplie ainsi les visites de soutien aux "salariés en lutte" : usine de Quebecor à Lille, Nestlé à Quimperlé, Arena à Libourne. "Il y a plus de monde que jamais dans nos meetings", assure M. Besancenot. La direction de la LCR est convaincue que son candidat offre la "meilleure alternative à Ségolène Royal". Mais en mettant l'accent sur son programme plutôt que de taper sur sa concurrente socialiste : "Je m'étends plus sur nos propositions que sur la critique de Royal", admet M. Besancenot. Il lui faudra d'abord obtenir les 500 parrainages d'élus. La direction trotskiste annonce 403 promesses de signature et essaie de redoubler d'efforts pour y parvenir. "L'inquiétude est grande", note Pierre-François Grond, membre de la direction, qui reconnaît que "la mobilisation est inégale et suit la géographie politique interne de la LCR". Les débats internes autour de la candidature unitaire et l'annonce du lancement probable de José Bové dans la course présidentielle continuent de semer le trouble. Et produit un militantisme à deux vitesses dans la campagne de terrain. "On sent un certain désarroi depuis que la candidature d'Olivier a été lancée", note Christian Picquet de la minorité de la LCR. Les signataires de la pétition en faveur de la candidature Bové sont nombreux dans les rangs de la LCR. "J'irai au bout", a prévenu le candidat. § L'entourage de M. Sarkozy redoute que la note des RG ne laisse l'image d'un homme qui veut tout contrôler. § L a promesse d'une campagne "sereine" ne sera pas tenue. Pourtant, l'image de Nicolas Sarkozy, accompagné de Michel Barnier, Xavier Bertrand et Christine Boutin, embarquant dans le train Corail de 12 h 37 à destination de Saint-Quentin, s'en voulait l'illustration. Un candidat et ses conseillers devisant aimablement avant une visite de terrain. Quoi de plus paisible. Mais voilà, ce jeudi 25 janvier, tout a volé en éclats. "Il veut rester zen, mais ça l'énerve", glisse un conseiller du candidat. Ce qui l'énerve ? La polémique suscitée par la révélation par Le Canard enchaîné du 24 janvier d'une enquête des Renseignements généraux (RG) visant Bruno Rebelle, ancien président de Greenpeace France et conseiller de Ségolène Royal. Une révélation confirmée par les RG. Croyant tenir l'occasion d'affaiblir le président de l'UMP, le Parti socialiste dénonce "le mélange des genres" entre le candidat et le ministre de l'intérieur. "Ça va ressusciter le fantasme d'un homme qui contrôlerait tout", redoute-t-on dans l'entourage de M. Sarkozy. Alors, le président de l'UMP se lâche, et le paisible déplacement de campagne se transforme en conférence de presse improvisée. Le ton est donné : les adversaires se rendront coup pour coup. Les accusations du PS ? "Parfaitement ridicules, balaye le candidat. Je comprends très bien que M. Hollande veuille reprendre la main sur la campagne en lieu et place de Mme Royal. C'est une tempête dans un verre d'eau pour tenter de faire oublier les sondages." Comme s'il avait déjà passé sa rivale socialiste par pertes et profits ou qu'il voulait l'épargner, c'est son compagnon qu'il vise, l'accusant implicitement d'être le vrai candidat du PS : "M. Hollande devrait laisser Mme Royal faire campagne. C'est un machiste. Cela traduit une grande nervosité. D'ailleurs, je le comprends, il y a de quoi être nerveux." Doit-il quitter le gouvernement, comme le premier secrétaire du PS le lui demande ? "M. Hollande, poursuit-il, était premier secrétaire du PS quand M. Jospin était candidat (en 2002). Il allait toutes les semaines à Matignon pour le conseiller. Pourquoi ne lui a-t-il pas demandé alors ce qu'il me demande aujourd'hui ?" Mais les pressions pour réclamer son départ du gouvernement ne vont pas retomber. Dans l'entourage de M. Sarkozy, quatre dates sont jugées "possibles" pour permettre au ministre de quitter la Place Beauvau sans avoir l'air d'obéir à ses détracteurs. Il s'agit pour lui de tenir au moins jusqu'à la fin de la session parlementaire et la réunion du Parlement en Congrès, le 19 ou le 26 février. C'est le scénario le plus probable. Autres occasions de départ : le dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel le 16 mars et leur validation le 20 ; la déclaration du chef de l'Etat sur sa décision de se représenter ou pas à une date non précisée, ou encore le début de la campagne officielle le 9 avril. "Nicolas est troublé, admet un proche. Ce ne sont pas seulement ses amis qui lui conseillent de partir, mais aussi ses ennemis. Du coup, il ne sait s'il doit faire plaisir aux uns ou résister à l'injonction des autres." APPEL DU PIED AUX TRAVAILLEURS C'est avec la même vigueur que le combat Sarkozy-Hollande reprend le soir même lors d'un meeting au Palais des sports de Saint-Quentin. Alors que M. Hollande accuse le ministre de "captation d'héritage" sur les figures totémiques de la gauche, il le provoque, se déclarant carrément "l'héritier de Jaurès" et de "l'enfant de 36" qui découvre la mer grâce aux congés payés. Il invective : "L'histoire de France n'appartient à personne, en tout cas, elle n'a pas commencé avec le Parti socialiste." Il ironise : "Je n'ai jamais vu M. Hollande défendre avec autant d'énergie la propriété et l'absence de droits de succession." Il accuse : "Cette gauche-là pratique le communautarisme historique." Il insinue : "Je sais qu'il y a des gens pour lesquels le patriotisme de parti sera toujours plus grand que l'amour de la patrie." Accusant implicitement la gauche d'avoir "cultivé la haine de la France" par le "dénigrement de la nation", il lui oppose sa volonté de "rassemblement" et propose de "dépasser les clivages, parce que les défis que nous avons aujourd'hui à relever sont bien au-delà de la droite et de la gauche". Une ambition qu'il illustre immédiatement par un appel du pied aux "travailleurs trop longtemps oubliés par la droite et qui ont été trahis par la gauche" qui "ne reconnaît plus le travail, qui ne comprend plus les travailleurs, qui n'écoute plus le peuple dans son aspiration à la sécurité, à l'identité, à la protection". Persuadé, comme Jacques Chirac en 1995, que l'élection se gagnera au peuple, il poursuit : "Il y a une culture ouvrière, une façon d'être des ouvriers, un rapport particulier des ouvriers à la vie et au travail. Je ne veux pas que cette culture ouvrière se perde." Et le candidat, frôlant l'ouvriérisme, de conclure "à leur manière, les travailleurs sont des résistants". Mais il n'oublie pas dans le même mouvement de préciser qu'il croit " à la puissance créatrice du capitalisme" qui ne "peut pas survivre dans une éthique et un certain nombre de valeurs spirituelles". "Sarkozy président !", lance alors un spectateur. Le candidat interrompt un instant sa logorrhée et réplique : "J'y pense tous les jours." § En débarquant, jeudi 25 janvier, en Martinique, Ségolène Royal a retrouvé une terre familière. Elle y a vécu quatre ans au début des années 1960. § E n débarquant, jeudi 25 janvier, en Martinique, Ségolène Royal a retrouvé une terre familière. Elle y a vécu quatre ans au début des années 1960. Elle était attendue avec émotion par ses anciennes condisciples du couvent Saint-Joseph-de-Cluny, à Fort-de-France, où elle a été élève jusqu'en sixième et auquel elle devait consacrer, vendredi, quelques minutes à l'école de son enfance lors de sa visite de candidate à l'Elysée. Odile Albukerque et Marie-Claude Grangenois, qui étaient dans sa classe de 9e (actuel CE2), se souviennent bien d'elle. On n'oublie pas trois soeurs scolarisées ensemble, se prénommant Marie-Ségolène, Marie-Nicole et Marie-Odette. On ne plaisantait pas, dans cet établissement catholique de haute réputation, tenu par des soeurs qui parlaient de "coiffure débridée" pour une mèche au vent ou de "tenue débraillée" pour un bout de chemise sorti de la jupe. L'uniforme était de mise : jupe écossaise plissée avec bretelles sur chemisier blanc. "C'était une bonne élève", résument les deux Martiniquaises, la première devenue conseillère principale d'éducation et la seconde professeure d'anglais. Elle était "sage", raconte Odile, "mais avec du caractère", précise Marie-Claude. Elle était "coquette", ajoute-t-elle, "mais sans extravagance", répond sa collègue. Du matin au soir, outre les matières classiques, les petites filles apprenaient la "morale" et la "politesse". Une prière ouvrait la journée et l'on disait le "bénédicité" avant de déjeuner. En cas de mauvaise conduite, c'était les retenues le jeudi et la punition de remise du "bulletin rose" de la honte. Cela ne devait pas arriver souvent à celle qui pose, pour la photo de classe, bras croisés et socquettes blanches au premier rang parmi quarante camarades. Rentrée en métropole, Mlle Royal n'a pas maintenu de lien avec les Martiniquaises de son âge. Mme Grangenois lui a écrit quand elle a été élue députée. L'Antillaise a conservé la carte de réponse, à en-tête de l'Assemblée nationale, où sa correspondante lui donne du "Chère Madame", ajoutant : "Peut-être aurons-nous un jour l'occasion de nous rencontrer." Ses camarades du couvent sont en tout cas impressionnées par son parcours. Certes, une ancienne de ses enseignantes, aujourd'hui octogénaire, aimerait bien la tancer de "ne pas avoir suivi (ses) principes" en vivant en couple et en ayant des enfants "sans être mariée". Mais, dans l'île, la tonalité est plus qu'indulgente. "Je suis très fière en tant que femme qu'elle ait eu ce courage", confesse Mme Albukerque. Mêmes paroles d'encouragement de Mme Grangenois : "Elle est elle-même avant tout, avant d'être socialiste. Elle n'a pas renié ses valeurs." § Le conseiller de Ségolène Royal, qui a fait l'objet d'investigations des Renseignements généraux, est un militant aguerri de l'environnement. Ses mots-clés : efficacité, crédibilité. § S i vous cherchez un écolo baba, gentil, et gardien de chèvres, passez votre chemin. Bruno Rebelle n'est pas votre homme. Il est dur - quand il faut l'être, nuance-t-il -, à l'occasion cassant, et on l'imaginerait bien patron d'une entreprise de quelques milliards d'euros. Et, pourtant, il est écolo, aime bien les chèvres - et tous les animaux, d'ailleurs, depuis l'époque des grenouilles qu'il observait dans la mare du jardin paternel - et ne s'intéresse ni aux entreprises ni aux salaires démesurés que s'octroient les dirigeants de multinationales. PARCOURS 1958 Naissance à Annecy (Haute-Savoie). 1981 Diplôme de l'Ecole nationale vétérinaire. 1983 Fonde Vétérinaires sans frontières. 1997 Directeur de Greenpeace France. 2003 Numéro deux de Greenpeace International. DÉCEMBRE 2006 Conseiller environnement de Ségolène Royal. "C'est un bosseur acharné", résume Alexandre Faro, l'avocat de Greenpeace France, qui l'a vu débouler en 1999 dans ce qui n'était alors qu'une petite association remuante. On ne sait pas si Bruno Rebelle a trouvé plus travailleur que lui dans l'équipe de Ségolène Royal, dont il est conseiller pour l'environnement, mais il en est devenu une figure, avec la malheureuse enquête des Renseignements généraux sur sa vie privée. Pourtant, les RG devraient le connaître : directeur de Greenpeace France de 1997 à 2003, il a eu à assumer assez d'actions de protestation contre le nucléaire pour que les services de renseignement l'aient ciblé : "Ils étaient en permanence sur notre dos, dit-il. Mais je le comprends et l'accepte, quand il s'agit d'informations relatives à la sûreté de l'Etat. A plusieurs reprises, nous avions eu des relations transparentes et courtoises." Fiche de police : né le 1er décembre 1958 à Annecy, dans une famille de neuf enfants dont il est le huitième, parents catholiques, père dans l'import-export de bois tropical, mère secrétaire de direction. Jeunesse calme. Passions : les animaux - les observer, pas les tuer. Déclare vouloir être vétérinaire à 7 ans. Plus surprenant : ne varie pas dans son choix, deviendra vétérinaire. Autre passion : la montagne. Marcher, grimper, respirer - de .préférence entre amis, l'homme n'est pas rousseauiste, pas le genre "rêveur solitaire". "Vous vous amusiez ? - Ah oui, on s'amusait énormément, on faisait des bonnes bringues, tous les week-ends, on se retrouvait entre amis à la montagne. - Avec des filles ? - Oui, c'était très mixte." A l'école vétérinaire, il découvre que ses condisciples veulent devenir des notables prospères - soigner le chihuahua de la pharmacienne et le lévrier du maire. Comprend que ça l'ennuie. On est en 1980, à l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon - où il est entré du premier coup. Heureusement, des amis lui ouvrent les yeux sur d'autres façons d'exercer le métier, en s'intéressant réellement aux paysans, aux éleveurs. Il s'installe dans un village du Vercors, avec sa jeune femme - ils auront trois enfants, divorceront en 2005. Le jeune rebelle, après un long voyage dans les montagnes du Pérou, où il découvre une autre paysannerie, se met en tête de créer une association, Vétérinaires sans frontières (VSF). Il mène une vie de fou. Le jour, président bénévole de l'association, qui veut aider les éleveurs au Niger, au Cambodge, au Guatemala. Le soir, au boulot, pour gagner de l'argent. Il soigne les chiens, les chats - découvre aussi la misère affective des gens, comme cette table mise pour trois personnes, le couple et le chien. "L'animal, souvent, c'est la gestion de la détresse." Il ne peut pas s'empêcher d'être efficace : VSF devient une grosse machine, 25 salariés en 1997. Une révolution de palais l'en expulse. VSF doit-elle être plus protestataire face à la libéralisation qui lamine les paysanneries du Sud - sa position - ou rester plus technique ? Il perd, part. Un cabinet de chasseur de têtes le déniche, il devient directeur de Greenpeace France. L'organisation est à la dérive : elle perd 1 million de francs sur 8 millions de budget annuel, son image est floue, ses objectifs peu clairs. Il arrive, analyse, apprend, comprend, puis taille et décide. "Il a dû trancher dans le vif, en n'hésitant pas à faire du harcèlement moral pour se débarrasser de certains, raconte Laurence Mermet, qui travaille aujourd'hui avec le réseau écologiste Cohérence, en Bretagne. Mais, objectivement, il a réussi à remonter Greenpeace." En 2003, le budget est équilibré, les membres sont 65 000 (20 000 six ans auparavant), et l'association a remporté de belles victoires sur les organismes génétiquement modifiés et sur le nucléaire. Chez Areva, on l'estime, mais sans chaleur : "J'ai le souvenir d'une posture de sa part très manichéenne, fixée sur des dogmes", dit Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole de l'entreprise nucléaire. Posture rigide qui ne l'empêche pas de se créer un réseau politique : "J'ai voulu construire des argumentaires sérieux. Et les politiques ont commencé à prendre Greenpeace pour un interlocuteur valable." Il déjeune avec les uns et les autres, comme une certaine députée des Deux-Sèvres, Ségolène Royal, au printemps 2003. Il réussit si bien que Greenpeace International l'embauche comme directeur des programmes : ce n'est pas rien, numéro deux de l'organisation écologiste la plus connue du monde, comptant 27 bureaux et 1 400 salariés. Il travaille à sortir Greenpeace de sa culture " occidentale", à l'ouvrir sur la Chine, l'Inde, le Brésil, à promouvoir une "écologie équitable". Il démissionne en 2006, au terme de son contrat. "Le patron voulait me garder encore trois ans, mais j'avais besoin d'une pause - neuf ans de Greenpeace, ça allait." En fait de pause, il se retrouve dans l'équipe de Ségolène Royal - il jure que rien n'était prémédité. Un homme dur dans une campagne qui ne sera pas molle. "C'est un macho, un mâle dans toute sa splendeur, dit Michèle Rivasi, qui lui a succédé quelque temps à la tête de Greenpeace France, mais pas un clampin." "Il n'est pas chaleureux, pas très intéressant sur le plan personnel, dit Laurence Mermet. Mais on reconnaît sa griffe dans les propositions de Royal sur l'environnement, et dans le milieu écologiste on se dit qu'il peut faire avancer les choses." Avec lui, l'écologie est dans le camp de Royal. Sans douceur, mais avec efficacité. Et les RG ne le démonteront pas. § Le directeur adjoint de la campagne de Ségolène Royal a estimé, samedi, que le canular réussi par l'humoriste aux dépens de la candidate PS est une opération organisée par l'UMP. § L e canular téléphonique de Gérald Dahan aux dépens de Ségolène Royal fait grincer des dents au PS. Samedi 27 janvier, le directeur adjoint de campagne de la candidate socialiste, Patrick Mennucci, a accusé l'UMP d'avoir monté l'opération. "On sent bien que tout ça c'est un montage de l'UMP. Monsieur Dahan manifestement est affilié à l'UMP. Il a animé plusieurs meetings de cette organisation", a-t-il déclaré aux journalistes, en marge de la visite de Ségolène Royal en Martinique. "Il ne faudrait pas que cette campagne électorale soit une campagne que de boules puantes qui sont d'ailleurs toujours jetées dans le même sens. Quand elle sera présidente de la République, elle ne sera pas face à M. Dahan mais face aux Français et à leurs problèmes", a-t-il ajouté. La diffusion, vendredi sur RTL, d'un passage de l'interview piégée de l'humoriste, qui s'est fait passer pour le premier ministre québécois, Jean Charest, a mis le feu aux poudres. Au cours de la conversation téléphonique, le faux premier ministre évoque la polémique avec le Canada après les propos de Mme Royal sur la "souveraineté" du Québec et lui dit : "C'est comme si nous, on disait 'il faut que la Corse soit indépendante'." Ce à quoi réplique Mme Royal : "Les Français ne seraient pas contre d'ailleurs." Et d'ajouter dans un nouvel éclat de rire : "Ne répétez pas cela. Cela va encore faire un incident, ce coup-là en France. C'est secret". "On est dans une conversation qui dure onze minutes, on vous tend un piège, on est dans un moment de détente. Il faut être sérieux, tout le monde connaît ces situations-là et je crois que nos compatriotes ne sont pas dupes sur ce qui est en train de se passer", a fait valoir Patrick Mennucci samedi. Ségolène Royal s'est elle refusée à tout commentaire, jugeant l'histoire "secondaire et dérisoire". En visite à Vivonne, dans la Vienne, Nicolas Sarkozy s'est dit "consterné" et a très longuement commenté l'épisode vendredi. "Si c'est une plaisanterie, elle est de mauvais goût. Pour moi, la Corse ce n'est pas un sujet de plaisanterie, spécialement quand je parle avec le premier ministre d'un autre pays", a-t-il souligné. L'UMP n'a pas répondu aux accusations de montage mais s'est prononcé sur le fond du dossier corse. "Sur la Corse, les critiques des soutiens de Ségolène Royal qui essaient laborieusement de justifier son faux pas, révèlent autant la mauvaise foi et l'ignorance que la division des socialistes", écrivent Rachada Dati et Xavier Bertrand, porte-parole de Nicolas Sarkozy. L'entourage de Gérald Dahan, qui s'est produit dans plusieurs réunions internes de l'UMP, notamment en décembre lors de l'accueil de nouveaux adhérents, a fait savoir que l'humoriste nie être un militant UMP. § Déçus par le PS ou inquiets face à Nicolas Sarkozy, beaucoup sont lassés du clivage droite-gauche. Aujourd'hui, ils basculent dans le vote pour le candidat UDF. Témoignages. § C e sont souvent des bobos, vivant avec des revenus confortables mais tenant un discours généreux sur la justice sociale. Il y a quelques années, voter UDF les aurait fait rire. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy leur fait peur, Ségolène Royal les désoriente et, au fond, ils ne se voient plus choisir entre la droite et la gauche. "IL A LE CHARISME D'UNE TABLE BASSE, MAIS..." Vrej Minassian, 41 ans, consultant dans le secteur multimédia "J'ai toujours voté socialiste depuis mes 18 ans, même lorsque tout le monde déchantait sur Mitterrand. Mais, franchement, je ne supporte pas la faiblesse du face-à-face Sarkozy-Royal et ce marketing politique constant. Royal est à pleurer. Sa diction est nulle, elle est pleine de bons sentiments, dit qu'elle réserve sa réponse sur l'entrée de la Turquie en Europe et reste haut fonctionnaire. J'aurais pu voter pour Strauss-Kahn ou même pour Jospin, bien que j'aie trouvé lâche son retrait, le 21 avril 2002. Je ne voterai jamais Sarkozy. Bayrou est donc un choix par défaut. Evidemment, il a le charisme d'une table basse, mais c'est un européen convaincu. J'ai vu le député UDF Christophe Lagarde à la télé, et je l'ai trouvé formidable. Totalement en phase avec la réalité. Lorsque je dis à mes copains que je vais voter Bayrou, ils sont effondrés, mais même les plus socialistes d'entre eux sont désabusés." "LE SEUL QUI SOULIGNE L'ÉNORME PROBLÈME DE LA DETTE" Yoann Bermond, 21 ans, étudiant en école de commerce "Dans mon école, 95 % des étudiants votent Sarkozy, les socialistes se comptent sur les doigts de la main et personne ne choisit Bayrou. Moi, je regarde Sarkozy : il propose 68 milliards de baisses d'impôts, sans expliquer comment on les finance. Royal, elle, ne dit que des bêtises dès qu'elle parle de politique étrangère. Je suis choqué de l'entendre taper sur les entreprises françaises lorsqu'elle est en Chine, comme je suis choqué d'entendre Sarkozy dire, aux Etats-Unis, qu'il n'est pas fier d'être français. Bayrou est venu, il y a quelques mois, à un débat organisé par les étudiants. J'ai apprécié son humanisme. Il est le seul qui souligne l'énorme problème de la dette en France, et, au moins, il ne met pas sur le dos de l'Europe toutes les difficultés." "BAYROU, POUR MOI, C'EST UN PALIER" Juliette Novak, 42 ans, conceptrice dans la publicité "En 2002, j'ai voté Jospin au premier tour, blanc au second ; lors du référendum sur l'Europe, j'ai voté oui, et je me sens devenir très minoritaire dans ma génération, où tous ceux que je connais s'éparpillent sur l'extrême gauche, votent non et sont finalement les vrais déçus du socialisme. Pour l'instant, le discours de Ségolène Royal m'effraie, je ne comprends pas sa démarche. Elle dit : "J'écoute, j'écoute", puis : "Je déciderai seule." Elle veut passer au-dessus du PS, mais elle s'en sert. Et puis, lorsque je constate la pauvreté du programme socialiste, je me dis que la France n'a pas les moyens d'avoir encore ces gens-là aux affaires économiques. François Bayrou n'a pas de charisme, mais je trouve les députés UDF en province très bien. J'en ai ras le bol, aussi, de cette pseudo guerre civile entre la droite et la gauche. En fait, je pense qu'au second tour, je pourrais voter Sarkozy s'il est face à Royal. Il ne me fait pas peur, son discours est convaincant et je suis persuadée qu'il est républicain. Bayrou, pour moi, c'est un palier : je reconnais que j'ai basculé." "SARKOZY A MIS DE L'HUILE SUR LE FEU DANS LES BANLIEUES" Simon Subtil, 46 ans, responsable marketing dans une PME de 400 personnes "Ségolène Royal ne m'aurait pas déplu. Elle paraît réaliste sur la révision nécessaire des trente-cinq heures, dont je vois bien qu'elles sont une catastrophe. Mais je crains la démagogie du Parti socialiste, qui ne cesse de taper dans les finances publiques. Nicolas Sarkozy a un discours intéressant, mais sa façon de draguer l'extrême droite m'a fait fuir en courant. Et je considère qu'il a mis de l'huile sur le feu dans les banlieues. Surtout, ces deux-là ignorent totalement ce qui est à mes yeux un problème majeur : l'endettement de la France. Bayrou est le seul à en parler. Je trouve son discours plus réaliste et plus à la hauteur des enjeux. A dire vrai, je me sens assez proche de Christian Blanc (l'ancien PDG d'Air France, proche de Michel Rocard, s'est fait élire député apparenté UDF et vient de rejoindre l'UMP) et je regrette qu'il ait rallié Nicolas Sarkozy." "ON POURRAIT ESSAYER AU MOINS UNE FOIS LE CENTRE" Eric Trastour, 38 ans, patron d'une agence de publicité "Je vote souvent pour le troisième homme, c'est-à-dire pour le loser ! J'ai voté Barre en 1988, Chevènement en 2002, vous voyez un peu... Il y a deux ou trois ans, mon père est revenu enthousiaste d'un meeting de Bayrou et je me moquais de lui. Des copains me disaient : "C'est un démago." Mais j'ai du mal avec les deux autres. Je suis sensible à la beauté de Ségolène, mais heurté par son langage techno. Sarkozy a trop d'ambition personnelle. Et j'en ai assez de ce clivage droite-gauche. Alors, je me dis qu'après tout on pourrait essayer au moins une fois le centre." "IL Y A QUELQUE CHOSE DE DÉMODÉ DANS LE DISCOURS DE GAUCHE" Christiane Collange, 76 ans, journaliste, écrivain "J'ai toujours voté socialiste, j'ai même fait parti du comité de soutien à Lionel Jospin. Mais je suis aujourd'hui préoccupée, car je ne suis pas certaine que la candidate de gauche soit faite pour être présidente. Et puis, il y a quelque chose de démodé dans le discours de gauche. Je ne suis pourtant pas disposée à voter Sarkozy.Il me reste donc Bayrou... En même temps, je suis terrifiée à l'idée que la gauche éparpille ses voix et envoie une nouvelle fois Le Pen au second tour. Imaginez mon dilemme !" § Tournée générale des élus, marché de Fort-de-France au pas de charge, rencontre avec des agriculteurs au Vauclin, sept discours successifs. C'est un marathon qu'a effectué, vendredi, Ségolène Royal en Martinique. § T ournée générale des élus, marché de Fort-de-France au pas de charge, rencontre avec des agriculteurs au Vauclin, sept discours successifs, dont un forum participatif au Lamentin et un meeting à La Trinité... C'est un marathon qu'a effectué, vendredi 26 janvier, Ségolène Royal en Martinique. L'épuisement gagnant, la candidate a failli créer un incident en renonçant à une interview sur RFO, avant de changer d'avis. A part cela, rien n'a été négligé pour conquérir les voix qui avaient fait défaut à Lionel Jospin : en 2002, moins de 40 % des électeurs antillais avaient pris part au vote. "Mes frères et mes soeurs martiniquais... Moin content wé zot (je suis contente de vous voir)", a lancé la candidate socialiste, le soir, au meeting. "Ma France à moi, a-t-elle poursuivi, en reprenant le mot de Nicolas Sarkozy, c'est un pays où l'on recherche l'efficacité maximum et où les crédits de l'outre-mer cessent de diminuer." S'agissant de la continuité territoriale entre la métropole et les collectivités d'outre-mer, - "un problème lourd" -, Mme Royal a mis en cause le "coût prohibitif des transports" et promis, pour la plus grande joie du public, d'"imposer aux compagnies aériennes des obligations renforcées de service public" et de "négocier des prix plafonds". La candidate socialiste a ensuite défendu la "République de la reconnaissance", celle qui "reconnaît l'identité du peuple antillais." A Fort-de-France, elle avait dit quelques heures auparavant : "Je serai la présidente de la République de la France métissée." En retour, Mme Royal, baptisée "potomitan" - "femme-pilier" en créole -, a bénéficié d'un franc soutien de la part des élus de gauche du département. Figure de la Martinique, le poète Aimé Césaire, avec lequel elle s'est présentée devant la presse, a accepté de devenir le président d'honneur de son comité de soutien. "Ici, c'est une voix qui pèse", a assuré le maire Serge Letchimy, président du parti progressiste martiniquais. § La candidate des Verts a présenté son "contrat écologique", vendredi à Nantes. § E lle ne veut plus "commenter les sondages", illustration de "la politique politicienne". Ni parler de Nicolas Hulot ou de José Bové. Dominique Voynet, candidate des Verts à l'élection présidentielle, explique avoir "choisi la révolution écologique" pour relancer sa campagne. Une "révolution" contenue dans son "contrat écologique" en 15 orientations et 50 propositions qu'elle a présenté, vendredi 26 janvier à Nantes (Loire-Atlantique). Là même où M. Hulot tenait sa dernière conférence publique pour présenter son pacte écologique. Devant plus de 900 personnes, Mme Voynet a dessiné le profil de sa campagne. Avec l'appui, par vidéo interposée, de ses prédécesseurs, Noël Mamère pour la présidentielle de 2002 et Daniel Cohn-Bendit pour les européennes de 1999. Manière de dire que la place des Verts n'est pas à 2 % comme l'indiquent les sondages. " C'est ce soir que tout commence pour toi", lui a lancé le député de la Gironde. "Je veux que nous soyons la surprise du 22 avril (premier tour de la présidentielle)", a dit l'ancienne ministre de l'environnement qui s'en est prise au bilan de Nicolas Sarkozy. "Pour lui, le bonheur, est dans la vidéosurveillance des résidences privées barricadées, dans le 4 × 4 qui vous met à l'abri du vulgum pecus, la maison de standing, les assurances-vie et les placements du CAC 40", s'est-elle écriée. Mme Voynet a donc choisi la gauche, car il est "impossible de faire de l'écologie avec les partis de droite". Lançant un appel au PS, alors que les négociations sont au point mort, elle a affirmé qu'elle voulait "que se forme en avril, mai et juin, une coalition de la gauche et des écologistes". Il faudra pour cela que les socialistes "gouvernent pour changer vraiment" et qu'il y ait "dans le bouquet de la gauche, beaucoup d'écologie". Critiquant Ségolène Royal pour sa "propension inquiétante à surfer sur ce qu'on croit être la volonté de l'opinion", elle l'appelle à "dire ce qu'elle veut faire" et non "ce que chacun veut entendre". Et à reprendre son "contrat écologique" pour un "cap nouveau à gauche". Moteurs bridés, kérosène aérien taxé, TVA majorée de 33 % sur les produits toxiques pour l'environnement, budget militaire réduit, création sur cinq ans d'un million de logements sociaux de haute qualité environnementale, abandon de tous les projets d'autoroute nouvelle... les propositions se veulent radicales, mais "simples et chiffrées" : avec un retour au taux d'impôt sur le revenu de 2000, une "pénalisation des mauvais comportements sociaux et environnementaux des entreprises" et un point d'augmentation de la CSG, "il y a de quoi prendre des décisions", a insisté Mme Voynet. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § I l n'a pas attendu une minute avant de réagir. Attendu par les journalistes vendredi 26 janvier sur le parking de l'entreprise "Rapid préfa" à Vivonne, dans la Vienne, Nicolas Sarkozy, accompagné de Jean-Pierre Raffarin et Philippe Douste-Blazy a dégainé immédiatement. A quelques kilomètres de Melle, la circonscription de sa rivale socialiste, il attend tranquillement la première question. Elle arrive : "Quel effet cela vous fait-il d'être sur les terres de Mme Royal ?". Réponse du candidat : "Parce que ce sont ses terres ? Ici, c'est la République". Mais le sujet qui intéresse, c'est la polémique du jour. Après l'enquête des Renseignements généraux sur un proche de la candidate du PS qui a mis à mal M. Sarkozy, celui-ci croit tenir sa revanche. Le matin même RTL a diffusé un extrait du faux entretien entre une vraie Ségolène Royal et un faux premier ministre québécois. Carnassier, le candidat de l'UMP attend la question. Il l'écoute à peine, sa réponse est de toute façon déjà prête. "Je suis consterné. Une gaffe ? C'est une méconnaissance ou une incompétence. Pour moi, la Corse n'est pas un sujet de plaisanterie spécialement quand je parle avec le premier ministre d'un autre pays. La Corse, c'est la France, et je suis très attaché à ce que la Corse reste en France. Je ne porte aucun jugement, mais si une candidate veut plaisanter peut-être peut-elle choisir un sujet moins grave." Lors du meeting organisé le soir au Futuroscope, M. Sarkozy laisse le soin à MM. Raffarin et Douste-Blazy continuer sur ce registre. Et adopte la posture de la vertu. "Je sais que rien ne me sera épargné par des adversaires qui ne veulent pas débattre du fond et qui trouvent plus facile de discréditer que d'argumenter.(...) Si certains veulent tirer la campagne dans le caniveau, je ne les suivrai pas. S'il le faut je serai digne pour deux, pour trois, pour quatre", termine-t-il dans un demi-sourire. Accueillie à son arrivée en Martinique par des femmes au cri de "Ségolène, présidente, Ségolène, femme debout !", Ségolène Royal a saisi vendredi la balle au bond. "Je suis une femme debout !", s'est exclamée la candidate socialiste sur l'estrade installée dans le marché couvert de Fort-de-France. Puis, comme elle venait de raconter comment, vingt-neuf ans auparavant, alors qu'elle faisait son stage de l'ENA sur place, le préfet lui avait "interdit" de rencontrer le maire Aimé Césaire, elle ajoute, grinçante : "Cette demande a dû être enregistrée sur ma fiche des renseignements généraux". "Je suis une femme debout !" a-t-elle répété le soir lors d'un meeting en plein air à la Trinité. Face à la foule, elle y a ajouté : "Comme on me dit, aujourd'hui : "Ségolène, pour la droite, tu es la femme à abattre"." Et Mme Royal a réglé ses comptes à ce moment-là, en appelant à un vote sanction. "Depuis plusieurs mois, en cette fin de règne interminable, a-t-elle lancé, ceux qui devraient avoir le sens de l'Etat le détournent, ceux qui devraient assurer la vérité la transforment, ceux qui devraient garantir la transparence et le bon fonctionnement des institutions manquent à tous leurs devoirs. Cela doit être sanctionné par un vote populaire." Entourée des élus de gauche martiniquais, la candidate a à son tour pris la posture vertueuse : "Le combat est rude, vous l'avez observé, mais je ne le crains pas (...) La droite est peu regardante sur les méthodes, mais ce n'est pas une surprise. Malgré les mauvais coups, nous devons tenir le niveau et la qualité du débat et des valeurs que nous défendons. Ne soyons pas complices d'une dégradation du débat public." D'entrée de jeu, son périple antillais avait été placé sous la pression du canular de Gérald Dahan et du début de polémique lancé par l'UMP. Alertés par Paris, les conseillers de Mme Royal scrutaient dans le hall de l'hôtel, dès 4 heures du matin vendredi, les scripts des media en métropole. A 6 heures, François Hollande appelait François Rebsamen, codirecteur de campagne, puis de nouveau à 11 h 30. Mme Royal, elle, serrait les dents. "Tout ça paraît monté", glissait-elle un peu plus tard, tandis que sur les portables des membres de son équipe, les messages s'accumulaient : "Dahan était au meeting de Sarko, salle Gaveau, en septembre". Au même moment, à Paris, son ex-rival Laurent Fabius montait pour la première fois au créneau, en lui apportant, dans un communiqué, "tout son soutien sans ambiguïté". § Le canular téléphonique de Gérald Dahan fait entrer la question insulaire dans le débat électoral. § P ar accident, entre deux rires, la Corse vient de s'inviter dans la campagne présidentielle. C'est la diffusion, vendredi 26 janvier, sur RTL, de l'interview piégée de l'humoriste Gérald Dahan, qui a mis le feu aux poudres. Au cours d'une conversation téléphonique, l'imitateur, se faisant passer pour le premier ministre québécois, Jean Charest, reproche à la candidate PS ses déclarations sur la "souveraineté" en lui expliquant : "C'est comme si nous, on disait : il faut que la Corse soit indépendante." "Tous les Français ne seraient pas contre, d'ailleurs, répond alors sur le ton de la plaisanterie Ségolène Royal avant d'ajouter : ne répétez pas cela. Ça va encore faire un incident, ce coup-là en France. C'est secret." Les Corses plus goguenards que choqués La consternation et quelques sourires : c'est la double attitude qui a partagé les Corses sitôt la "plaisanterie" de Ségolène Royal connue dans l'île. Habitués aux gaffes et aux déclarations souvent intempestives des responsables politiques nationaux sur la question corse, la population n'a pas accordé d'attention particulière aux déclarations de Mme Royal, hormis les habituelles plaisanteries de comptoir et quelques souvenirs de formules passées, comme le fameux "S'ils veulent l'indépendance, qu'ils la prennent" prononcé par Raymond Barre en 1996. Même les nationalistes, pourtant prompts à monter au créneau, ont adopté un profil de circonstance, mi-amusé mi-goguenard. "Ça peut commencer à devenir intéressant pour nous" a ironisé Jean-Guy Talamoni, chef de file de Corsica Nazione Indipendente, avant de préciser à toutes fins utiles que "la question corse, et particulièrement celle de l'indépendance, est une chose sérieuse." Pour Camille de Rocca-Serra, président (UMP) de l'Assemblée de Corse et proche de Nicolas Sarkozy, la "gaffe" de Ségolène Royal "prouve encore une fois sa méconnaissance de la Corse et démontre ses limites à diriger une grand pays comme la France". Vendredi, à mesure que tombaient les communiqués d'indignation des responsables politiques locaux, la population, habituée à recevoir de plus mauvaises nouvelles qu'un gag radiophonique, restait essentiellement préoccupée par la chute - toute relative - de la température, avant les congés de fin de semaine. Mais le "secret" s'est retrouvé diffusé sur toutes les ondes. Profitant de l'occasion de rendre coup pour coup après la révélation d'une enquête des renseignements généraux sur Bruno Rebelle, conseiller pour l'environnement de Mme Royal, Nicolas Sarkozy n'a pas laissé échapper une si belle occasion de critiquer sa rivale. "Pour moi, la Corse n'est pas un sujet de plaisanterie. (...) C'est très sérieux, c'est la République", a martelé le candidat UMP à la présidentielle, en déplacement dans la Vienne. Après deux semaines difficiles pour Mme Royal, l'affaire tombe on ne peut plus mal. S'agissant de la Corse, Ségolène Royal a depuis longtemps un viatique : éviter le plus possible de se mêler d'un dossier qui a empoisonné tous les gouvernements successifs depuis trente ans. Elle est plutôt tenante d'une ligne "républicaine" et partisane du statu quo quand Nicolas Sarkozy avant son changement de pied provoqué par la victoire du non au référendum institutionnel du 6 juillet 2003 envisageait une discussion autour d'une table avec les nationalistes "à l'irlandaise". En 1999, alors que Lionel Jospin lance son "processus de Matignon", la ministre déléguée à l'enseignement scolaire ne brille pas par son assiduité aux réunions interministérielles, masquant ainsi son malaise - partagé par de nombreux socialistes, dont Laurent Fabius - face à un renforcement des pouvoirs législatifs de l'Assemblée de Corse. Deux ans plus tard, le 22 mai 2001, sa présence au gouvernement la dispense de participer au vote de la loi sur les nouvelles compétences de la collectivité territoriale, adoptée en bonne discipline par le groupe socialiste et promulguée le 22 janvier 2002. C'est donc sans trop de mal que la candidate socialiste a pu satisfaire les exigences d'Emile Zuccarelli, député et maire de Bastia - et surtout président d'honneur du Parti radical de gauche (PRG) -, pour peser dans le désistement d'un éventuel candidat radical à l'élection présidentielle. Le 15 juillet 2006, à l'occasion d'une visite éclair dans l'île, le pacte entre l'élu corse et celle qui n'est encore que candidate à l'investiture PS est conclu en moins de vingt-quatre heures : contre la promesse de Mme Royal de refuser toute évolution institutionnelle en Corse - cheval de bataille de M. Zuccarelli -, aucun candidat PRG ne divisera les voix de la gauche en 2007. En Corse, tout le monde comprend le message, clairement exprimé dans les colonnes du mensuel Corsica : "Je pense qu'à un moment donné il faut de la stabilité institutionnelle" Depuis, Ségolène Royal espérait avoir clos un dossier qui est loin de constituer une priorité de sa campagne, même si la candidate est tenue au courant des discrets contacts entre Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande, et les autonomistes modérés du PNC (Partitu di a nazione corsa - Parti de la nation corse), opposés à la lutte armée. Absente du débat électoral, l'actualité corse s'illustre une nouvelle fois par sa capacité à y faire irruption, comme Nicolas Sarkozy en a récemment fait l'amère expérience. Lors de sa dernière visite dans l'île, le 5 janvier, le ministre de l'intérieur avait espéré insister sur le dossier du développement économique local. Las ! L'avant-veille de sa venue, sur fond de recrudescence des attentats (+ 38% en 2006), un militant clandestin se tuait dans l'explosion prématurée de sa propre bombe à Solaro (Haute-Corse), rappelant le ministre-candidat aux douloureuses réalités corses. § Les abonnés du Monde.fr ont été nombreux à réagir à l'affaire de l'enquête des Renseignements généraux sur l'entourage de la candidate socialiste, Ségolène Royal. § V oici une sélection des réactions des abonnés du Monde.fr à l'affaire de l'enquête des Renseignements généraux sur l'entourage de la candidate socialiste Ségolène Royal. 25.01.07 | 14 h 23 De une, il est logique et légitime que les RG enquêtent sur les groupes ayant une influence sur la société. De deux, il serait aberrant que M. Sarkozy ait donné un ordre d'espionnage sur un concurrent politique : ce serait du suicide. Il est possible que les RG aient suivi leur action sans que M. Sarkozy soit au courant. Il est également possible qu'un membre du ministère "bien intentionné" ait donné l'ordre pour aider M. Sarkozy sans lui en référer de prime abord. Sébastien T. 25.01.07 | 14 h 20 Cette info du Monde est une tentative d'enterrer l'affaire en confondant deux choses qui n'ont rien à voir entre elles. Le Canard enchaîné nous informe qu'un ordre issu des services du ministre demandait aux RG une enquête exclusive, l'article du Monde nous dit que les RG ont pour mission d'enquêter sur un certain nombre de personnes, dont M. Rebelle. L'un n'empêche pas l'autre, le Parisien arrive aux mêmes conclusions que le Canard, il y aurait bel et bien eu un ordre. Jebr69 26.01.07 | 14 h 25 Pas seulement Le Monde, mais aussi France Info (interview aujourd'hui de l'auteur du livre sur les RG, pourtant critique des RG dans le passé), TF1 (voir journal télévisé d'aujourd'hui), et d'autres journaux prennent du recul pour analyser cette accusation infondée contre Sarkozy. TF1 signale que ceux qui sont suivis par les RG se comptent par dizaines de milliers et leurs fichiers sont actualisés périodiquement. Une tempête dans un verre d'eau pour camoufler la baisse de Ségolène Royal dans les sondages. Fabio F. 26.01.07 | 11 h 21 Les affaires de famille de Mme Royal (frère accusé d'escroquerie, un autre évoqué dans l'affaire du Rainbow-Warrior, gaffes à répétition...) ne m'intéressent pas. Tout cela fait un écran de fumée largement entretenu par les médias parisiens qui partagent les mêmes salons que nos ténors politiques. Plus facile que de débattre sur un vrai programme qui tente de répondre aux grands problèmes qui font notre quotidien. Au fond Bayrou me paraît de plus en plus intéressant... Paul G. 25.01.07 | 15 h 13 Dommage, le débat d'idées commençait à peine qu'on a bifurqué dans le glauque. Cette information ne pourra que faire pschit dans quelques jours et pendant ce temps on sera passé à côté du primordial. La France est-elle incorrigible, qu'on nous refasse le coup des diamants de Bokassa pour la énième fois ? Passons aux choses sérieuses. Vlad 26.01.07 | 10 h 09 Petit rappel : en 2002, il me semble que Lionel Jospin était candidat à l'élection et premier ministre, comme Jacques Chirac en 1988. A l'époque cela ne choquait personne. Pourquoi cette fixation sur Sarkozy ? Guillaume A. 24.01.07 | 17 h 18 On ne saura jamais, comme d'habitude, si cette information est vraie ou fausse. Mais cela confirme l'urgence pour le ministre de l'intérieur-candidat de quitter le gouvernement car un tel cumul de rôles ne peut que nourrir le soupçon. En tout cas, pour ce qui me concerne, je considère qu'en restant à ce poste, il est présumé coupable. Morvan58 24.01.07 | 16 h 57 Plutôt que de "démentir formellement" (ça ne mange pas de pain), si tout cela n'est que viles menteries, pourquoi donc Nicolas Sarkozy ne porte-t-il pas plainte envers le Canard enchaîné ? Quand on a la conscience aussi tranquille que cela, le meilleur moyen est d'en appeler à la justice. C'est ce qu'a fait le couple Royal envers l'UMP Godfrain à propos des accusations de fraude à l'ISF. J'attends donc que notre candidat de la rupture, drapé dans sa vertu, porte plainte. J'ai l'impression que je vais attendre longtemps... Ingrid Boulaouane 26.01.07 | 13 h 22 Raisonnons, il s'agit d'un secret de Polichinelle le fait de savoir que les RG ont des fiches sur des anciens militants de Greenpeace : rappelez-vous l'affaire du Rainbow-Warrior... Mais là n'est pas la question ! Un candidat à l'élection présidentielle ne devrait pas savoir tout sur ses adversaires ! Ce qui fait l'incompatibilité du poste de ministre de l'intérieur et celui de candidat en ce qui concerne monsieur Sarkozy. Vurca 26.01.07 | 9 h 40 Les Hergé (RG) qui enquêtent sur Royal... nous voilà dans Tintin au pays des Soviets ! NicolasD § La candidate socialiste, qui a vécu dans l'île au début des années 60, s'est entretenue vendredi avec le poète Aimé Césaire, ancien maire de Fort-de-France et défenseur des racines africaines. § S égolène Royal a rencontré, vendredi 26 janvier, Aimé Césaire, figure tutélaire de la Martinique et ancien maire de Fort-de-France. La candidate socialiste, qui a vécu dans l'île au début des années 60, s'est entretenue avec le poète, défenseur des racines africaines, dans son bureau de l'ancien hôtel de ville transformé en théâtre. Mme Royal s'en est pris à "l'exécrable loi votée par la droite sur les soi-disant bienfaits de la colonisation". "Cette lecture révisionniste de l'Histoire était inacceptable. Le colonialisme, c'est un système de domination, de spoliation et d'humiliation", a-t-elle dit. Sur le perron, Aimé Césaire a salué "la petite Martiniquaise" de retour au pays, qu'il a remerciée "d'avoir bien voulu entendre le peuple martiniquais". "La Martinique a changé, la Martinique est inquiète. Nous sommes dans un monde nouveau et nous pensons qu'il faut une politique nouvelle", a-t-il souligné, aux côtés de Ségolène Royal et du maire de Fort-de-France, Serge Letchimy. "LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ... IDENTITÉ" Au triptyque "liberté, égalité, fraternité", le chantre de la négritude a ajouté "l'identité, car il y a une identité martiniquaise". "Nous vous faisons confiance pour nous apporter la confiance, et, permettez-moi de le dire, l'espérance", a conclu le vieil homme aux lunettes cerclées d'or. "Je suis venue ici pour écouter, pas pour faire à votre place", a déclaré Ségolène Royal à l'orée d'une journée marathon à travers l'île. Elle a évoqué un "jour de bonheur et d'émotion", et salué les Antillais en tant que "militants de la dignité". La candidate du PS a raconté qu'elle avait demandé une entrevue avec Aimé Césaire alors qu'elle était revenue en Martinique pour un stage de fin d'études de l'Ecole nationale d'administration. Elle lui avait été refusée par la préfecture pour laquelle elle travaillait. "J'ai bien fait d'attendre vingt-neuf ans", a-t-elle plaisanté vendredi. Lors de sa visite en mars 2006, Nicolas Sarkozy avait discuté près d'une heure avec Aimé Césaire, qui avait refusé dans un premier temps de le recevoir. Quelques mois après la polémique entourant la loi de février 2005 sur le "rôle positif" de la colonisation, l'ancien député socialiste avait alors offert au ministre de l'intérieur un exemplaire du Discours sur le colonialisme. Il avait évoqué la "force" et la "volonté" du candidat de l'UMP, symbole à ses yeux de la "génération nouvelle". § Interrogée sur sa position au 2e tour de l'élection présidentielle, la candidate de CAP 21 a déclaré : "Si M. Bayrou était présent au second tour, je n'aurais pas d'hésitation. En dehors de cela, je n'ai pas de position arrêtée." § L a candidate de CAP 21 à la présidentielle, Corinne Lepage, a affirmé, vendredi 25 janvier à Marseille, qu'elle avait recueilli "au-delà de 400 promesses" de parrainages. "J'en ai eu d'ailleurs très peu en PACA, sans doute en raison de certains de mes engagements", a précisé à la presse la candidate écologiste, qui était venue à Marseille signer une pétition contre l'incinérateur de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). "Mes équipes travaillent beaucoup, et je ne désespère pas de convaincre un certain nombre de maires de me parrainer", a ajouté l'ancienne ministre de l'environnement. Interrogée sur sa position au 2e tour de l'élection présidentielle, Mme Lepage a déclaré : "Si M. Bayrou était présent au second tour, je n'aurais pas d'hésitation. En dehors de cela, je n'ai pas de position arrêtée." Mme Lepage prône, comme le candidat de l'UDF, une union nationale alliant droite et gauche. Son équipe réunit des personnes de tous bords, souligne-t-elle fréquemment. § Huit vidéos du PCF occupent les huit premières places des vidéos les plus vues sur Dailymotion, pour le mot-clef "présidentielles". § Q uand un internaute tape le mot-clef "présidentielles" dans Dailymotion, pour découvrir les vidéos "les plus vues", que trouve-t-il ? Aux huit premières places, huit vidéos du Parti communiste français. En tête du palmarès, sur ce site français leader du partage de vidéos, jeudi 25 janvier : une interview de Marie-George Buffet sur le droit opposable au logement, vue 561 820 fois. Puis un entretien de la candidate du PCF, vue 559 631 fois. Et ainsi de suite. Soit plusieurs millions de visionnages. Difficile pour autant de conclure à un engouement soudain des internautes pour les vidéos de Mme Buffet. Il semble impossible qu'elles aient atteint de telles audiences. PEU DE COMMENTAIRES Ces scores semblent exagérés par rapport à ceux obtenus par deux des vidéos les plus célèbres de la campagne : l'extrait dans lequel Ségolène Royal souhaitait imposer les 35 heures au collège a été vu 647 136 fois en deux mois. "Le Vrai Sarkozy", un vidéo-montage offensif, 1 418 019 fois en sept mois. Il faut, il est vrai, ajouter à cela les audiences, inférieures, des doublons de ces vidéos. Mais, sur les huit vidéos communistes en tête du palmarès, la plus ancienne a été mise en ligne il y a deux mois, la plus récente il y a deux semaines. Et le nombre de commentaires laissés par les internautes paraît très faible au regard des audiences annoncées. Pour gonfler des statistiques d'audience sur Dailymotion, des internautes coordonnés peuvent cliquer sur des vidéos pour simuler une audience fictive. Pour atteindre des centaines de milliers de pages vues, ils peuvent avoir recours à des robots logiciels. Les vidéos en question ont été mises en ligne par le Parti communiste français, si l'on en croit les informations contenues sur la page de ce membre de Dailymotion. Mais ces renseignements sont déclaratifs et "CN-PCF", le propriétaire du compte, pourrait être un simple internaute. Dans une campagne qui sent fort les "boules puantes", il se pourrait même, pourquoi pas, que des adversaires de Mme Buffet aient organisé un trafic d'audience pour faire accuser ses militants. Prévenu jeudi après-midi, Dailymotion est en train de se renseigner. § Le directeur adjoint de la campagne de Ségolène Royal a estimé, samedi, que le canular réussi par l'humoriste aux dépens de la candidate PS est une opération organisée par l'UMP. § L e canular téléphonique de Gérald Dahan aux dépens de Ségolène Royal fait grincer des dents au PS. Samedi 27 janvier, le directeur adjoint de campagne de la candidate socialiste, Patrick Mennucci, a accusé l'UMP d'avoir monté l'opération. "On sent bien que tout ça c'est un montage de l'UMP. Monsieur Dahan manifestement est affilié à l'UMP. Il a animé plusieurs meetings de cette organisation", a-t-il déclaré aux journalistes, en marge de la visite de Ségolène Royal en Martinique. "Il ne faudrait pas que cette campagne électorale soit une campagne que de boules puantes qui sont d'ailleurs toujours jetées dans le même sens. Quand elle sera présidente de la République, elle ne sera pas face à M. Dahan mais face aux Français et à leurs problèmes", a-t-il ajouté. La diffusion, vendredi sur RTL, d'un passage de l'interview piégée de l'humoriste, qui s'est fait passer pour le premier ministre québécois, Jean Charest, a mis le feu aux poudres. Au cours de la conversation téléphonique, le faux premier ministre évoque la polémique avec le Canada après les propos de Mme Royal sur la "souveraineté" du Québec et lui dit : "C'est comme si nous, on disait 'il faut que la Corse soit indépendante'." Ce à quoi réplique Mme Royal : "Les Français ne seraient pas contre d'ailleurs." Et d'ajouter dans un nouvel éclat de rire : "Ne répétez pas cela. Cela va encore faire un incident, ce coup-là en France. C'est secret". "On est dans une conversation qui dure onze minutes, on vous tend un piège, on est dans un moment de détente. Il faut être sérieux, tout le monde connaît ces situations-là et je crois que nos compatriotes ne sont pas dupes sur ce qui est en train de se passer", a fait valoir Patrick Mennucci samedi. Ségolène Royal s'est elle refusée à tout commentaire, jugeant l'histoire "secondaire et dérisoire". En visite à Vivonne, dans la Vienne, Nicolas Sarkozy s'est dit "consterné" et a très longuement commenté l'épisode vendredi. "Si c'est une plaisanterie, elle est de mauvais goût. Pour moi, la Corse ce n'est pas un sujet de plaisanterie, spécialement quand je parle avec le premier ministre d'un autre pays", a-t-il souligné. L'UMP n'a pas répondu aux accusations de montage mais s'est prononcé sur le fond du dossier corse. "Sur la Corse, les critiques des soutiens de Ségolène Royal qui essaient laborieusement de justifier son faux pas, révèlent autant la mauvaise foi et l'ignorance que la division des socialistes", écrivent Rachada Dati et Xavier Bertrand, porte-parole de Nicolas Sarkozy. L'entourage de Gérald Dahan, qui s'est produit dans plusieurs réunions internes de l'UMP, notamment en décembre lors de l'accueil de nouveaux adhérents, a fait savoir que l'humoriste nie être un militant UMP. § Déçus par le PS ou inquiets face à Nicolas Sarkozy, beaucoup sont lassés du clivage droite-gauche. Aujourd'hui, ils basculent dans le vote pour le candidat UDF. Témoignages. § C e sont souvent des bobos, vivant avec des revenus confortables mais tenant un discours généreux sur la justice sociale. Il y a quelques années, voter UDF les aurait fait rire. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy leur fait peur, Ségolène Royal les désoriente et, au fond, ils ne se voient plus choisir entre la droite et la gauche. "IL A LE CHARISME D'UNE TABLE BASSE, MAIS..." Vrej Minassian, 41 ans, consultant dans le secteur multimédia "J'ai toujours voté socialiste depuis mes 18 ans, même lorsque tout le monde déchantait sur Mitterrand. Mais, franchement, je ne supporte pas la faiblesse du face-à-face Sarkozy-Royal et ce marketing politique constant. Royal est à pleurer. Sa diction est nulle, elle est pleine de bons sentiments, dit qu'elle réserve sa réponse sur l'entrée de la Turquie en Europe et reste haut fonctionnaire. J'aurais pu voter pour Strauss-Kahn ou même pour Jospin, bien que j'aie trouvé lâche son retrait, le 21 avril 2002. Je ne voterai jamais Sarkozy. Bayrou est donc un choix par défaut. Evidemment, il a le charisme d'une table basse, mais c'est un européen convaincu. J'ai vu le député UDF Christophe Lagarde à la télé, et je l'ai trouvé formidable. Totalement en phase avec la réalité. Lorsque je dis à mes copains que je vais voter Bayrou, ils sont effondrés, mais même les plus socialistes d'entre eux sont désabusés." "LE SEUL QUI SOULIGNE L'ÉNORME PROBLÈME DE LA DETTE" Yoann Bermond, 21 ans, étudiant en école de commerce "Dans mon école, 95 % des étudiants votent Sarkozy, les socialistes se comptent sur les doigts de la main et personne ne choisit Bayrou. Moi, je regarde Sarkozy : il propose 68 milliards de baisses d'impôts, sans expliquer comment on les finance. Royal, elle, ne dit que des bêtises dès qu'elle parle de politique étrangère. Je suis choqué de l'entendre taper sur les entreprises françaises lorsqu'elle est en Chine, comme je suis choqué d'entendre Sarkozy dire, aux Etats-Unis, qu'il n'est pas fier d'être français. Bayrou est venu, il y a quelques mois, à un débat organisé par les étudiants. J'ai apprécié son humanisme. Il est le seul qui souligne l'énorme problème de la dette en France, et, au moins, il ne met pas sur le dos de l'Europe toutes les difficultés." "BAYROU, POUR MOI, C'EST UN PALIER" Juliette Novak, 42 ans, conceptrice dans la publicité "En 2002, j'ai voté Jospin au premier tour, blanc au second ; lors du référendum sur l'Europe, j'ai voté oui, et je me sens devenir très minoritaire dans ma génération, où tous ceux que je connais s'éparpillent sur l'extrême gauche, votent non et sont finalement les vrais déçus du socialisme. Pour l'instant, le discours de Ségolène Royal m'effraie, je ne comprends pas sa démarche. Elle dit : "J'écoute, j'écoute", puis : "Je déciderai seule." Elle veut passer au-dessus du PS, mais elle s'en sert. Et puis, lorsque je constate la pauvreté du programme socialiste, je me dis que la France n'a pas les moyens d'avoir encore ces gens-là aux affaires économiques. François Bayrou n'a pas de charisme, mais je trouve les députés UDF en province très bien. J'en ai ras le bol, aussi, de cette pseudo guerre civile entre la droite et la gauche. En fait, je pense qu'au second tour, je pourrais voter Sarkozy s'il est face à Royal. Il ne me fait pas peur, son discours est convaincant et je suis persuadée qu'il est républicain. Bayrou, pour moi, c'est un palier : je reconnais que j'ai basculé." "SARKOZY A MIS DE L'HUILE SUR LE FEU DANS LES BANLIEUES" Simon Subtil, 46 ans, responsable marketing dans une PME de 400 personnes "Ségolène Royal ne m'aurait pas déplu. Elle paraît réaliste sur la révision nécessaire des trente-cinq heures, dont je vois bien qu'elles sont une catastrophe. Mais je crains la démagogie du Parti socialiste, qui ne cesse de taper dans les finances publiques. Nicolas Sarkozy a un discours intéressant, mais sa façon de draguer l'extrême droite m'a fait fuir en courant. Et je considère qu'il a mis de l'huile sur le feu dans les banlieues. Surtout, ces deux-là ignorent totalement ce qui est à mes yeux un problème majeur : l'endettement de la France. Bayrou est le seul à en parler. Je trouve son discours plus réaliste et plus à la hauteur des enjeux. A dire vrai, je me sens assez proche de Christian Blanc (l'ancien PDG d'Air France, proche de Michel Rocard, s'est fait élire député apparenté UDF et vient de rejoindre l'UMP) et je regrette qu'il ait rallié Nicolas Sarkozy." "ON POURRAIT ESSAYER AU MOINS UNE FOIS LE CENTRE" Eric Trastour, 38 ans, patron d'une agence de publicité "Je vote souvent pour le troisième homme, c'est-à-dire pour le loser ! J'ai voté Barre en 1988, Chevènement en 2002, vous voyez un peu... Il y a deux ou trois ans, mon père est revenu enthousiaste d'un meeting de Bayrou et je me moquais de lui. Des copains me disaient : "C'est un démago." Mais j'ai du mal avec les deux autres. Je suis sensible à la beauté de Ségolène, mais heurté par son langage techno. Sarkozy a trop d'ambition personnelle. Et j'en ai assez de ce clivage droite-gauche. Alors, je me dis qu'après tout on pourrait essayer au moins une fois le centre." "IL Y A QUELQUE CHOSE DE DÉMODÉ DANS LE DISCOURS DE GAUCHE" Christiane Collange, 76 ans, journaliste, écrivain "J'ai toujours voté socialiste, j'ai même fait parti du comité de soutien à Lionel Jospin. Mais je suis aujourd'hui préoccupée, car je ne suis pas certaine que la candidate de gauche soit faite pour être présidente. Et puis, il y a quelque chose de démodé dans le discours de gauche. Je ne suis pourtant pas disposée à voter Sarkozy.Il me reste donc Bayrou... En même temps, je suis terrifiée à l'idée que la gauche éparpille ses voix et envoie une nouvelle fois Le Pen au second tour. Imaginez mon dilemme !" § Tournée générale des élus, marché de Fort-de-France au pas de charge, rencontre avec des agriculteurs au Vauclin, sept discours successifs. C'est un marathon qu'a effectué, vendredi, Ségolène Royal en Martinique. § T ournée générale des élus, marché de Fort-de-France au pas de charge, rencontre avec des agriculteurs au Vauclin, sept discours successifs, dont un forum participatif au Lamentin et un meeting à La Trinité... C'est un marathon qu'a effectué, vendredi 26 janvier, Ségolène Royal en Martinique. L'épuisement gagnant, la candidate a failli créer un incident en renonçant à une interview sur RFO, avant de changer d'avis. A part cela, rien n'a été négligé pour conquérir les voix qui avaient fait défaut à Lionel Jospin : en 2002, moins de 40 % des électeurs antillais avaient pris part au vote. "Mes frères et mes soeurs martiniquais... Moin content wé zot (je suis contente de vous voir)", a lancé la candidate socialiste, le soir, au meeting. "Ma France à moi, a-t-elle poursuivi, en reprenant le mot de Nicolas Sarkozy, c'est un pays où l'on recherche l'efficacité maximum et où les crédits de l'outre-mer cessent de diminuer." S'agissant de la continuité territoriale entre la métropole et les collectivités d'outre-mer, - "un problème lourd" -, Mme Royal a mis en cause le "coût prohibitif des transports" et promis, pour la plus grande joie du public, d'"imposer aux compagnies aériennes des obligations renforcées de service public" et de "négocier des prix plafonds". La candidate socialiste a ensuite défendu la "République de la reconnaissance", celle qui "reconnaît l'identité du peuple antillais." A Fort-de-France, elle avait dit quelques heures auparavant : "Je serai la présidente de la République de la France métissée." En retour, Mme Royal, baptisée "potomitan" - "femme-pilier" en créole -, a bénéficié d'un franc soutien de la part des élus de gauche du département. Figure de la Martinique, le poète Aimé Césaire, avec lequel elle s'est présentée devant la presse, a accepté de devenir le président d'honneur de son comité de soutien. "Ici, c'est une voix qui pèse", a assuré le maire Serge Letchimy, président du parti progressiste martiniquais. § La candidate des Verts a présenté son "contrat écologique", vendredi à Nantes. § E lle ne veut plus "commenter les sondages", illustration de "la politique politicienne". Ni parler de Nicolas Hulot ou de José Bové. Dominique Voynet, candidate des Verts à l'élection présidentielle, explique avoir "choisi la révolution écologique" pour relancer sa campagne. Une "révolution" contenue dans son "contrat écologique" en 15 orientations et 50 propositions qu'elle a présenté, vendredi 26 janvier à Nantes (Loire-Atlantique). Là même où M. Hulot tenait sa dernière conférence publique pour présenter son pacte écologique. Devant plus de 900 personnes, Mme Voynet a dessiné le profil de sa campagne. Avec l'appui, par vidéo interposée, de ses prédécesseurs, Noël Mamère pour la présidentielle de 2002 et Daniel Cohn-Bendit pour les européennes de 1999. Manière de dire que la place des Verts n'est pas à 2 % comme l'indiquent les sondages. " C'est ce soir que tout commence pour toi", lui a lancé le député de la Gironde. "Je veux que nous soyons la surprise du 22 avril (premier tour de la présidentielle)", a dit l'ancienne ministre de l'environnement qui s'en est prise au bilan de Nicolas Sarkozy. "Pour lui, le bonheur, est dans la vidéosurveillance des résidences privées barricadées, dans le 4 × 4 qui vous met à l'abri du vulgum pecus, la maison de standing, les assurances-vie et les placements du CAC 40", s'est-elle écriée. Mme Voynet a donc choisi la gauche, car il est "impossible de faire de l'écologie avec les partis de droite". Lançant un appel au PS, alors que les négociations sont au point mort, elle a affirmé qu'elle voulait "que se forme en avril, mai et juin, une coalition de la gauche et des écologistes". Il faudra pour cela que les socialistes "gouvernent pour changer vraiment" et qu'il y ait "dans le bouquet de la gauche, beaucoup d'écologie". Critiquant Ségolène Royal pour sa "propension inquiétante à surfer sur ce qu'on croit être la volonté de l'opinion", elle l'appelle à "dire ce qu'elle veut faire" et non "ce que chacun veut entendre". Et à reprendre son "contrat écologique" pour un "cap nouveau à gauche". Moteurs bridés, kérosène aérien taxé, TVA majorée de 33 % sur les produits toxiques pour l'environnement, budget militaire réduit, création sur cinq ans d'un million de logements sociaux de haute qualité environnementale, abandon de tous les projets d'autoroute nouvelle... les propositions se veulent radicales, mais "simples et chiffrées" : avec un retour au taux d'impôt sur le revenu de 2000, une "pénalisation des mauvais comportements sociaux et environnementaux des entreprises" et un point d'augmentation de la CSG, "il y a de quoi prendre des décisions", a insisté Mme Voynet. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § I l n'a pas attendu une minute avant de réagir. Attendu par les journalistes vendredi 26 janvier sur le parking de l'entreprise "Rapid préfa" à Vivonne, dans la Vienne, Nicolas Sarkozy, accompagné de Jean-Pierre Raffarin et Philippe Douste-Blazy a dégainé immédiatement. A quelques kilomètres de Melle, la circonscription de sa rivale socialiste, il attend tranquillement la première question. Elle arrive : "Quel effet cela vous fait-il d'être sur les terres de Mme Royal ?". Réponse du candidat : "Parce que ce sont ses terres ? Ici, c'est la République". Mais le sujet qui intéresse, c'est la polémique du jour. Après l'enquête des Renseignements généraux sur un proche de la candidate du PS qui a mis à mal M. Sarkozy, celui-ci croit tenir sa revanche. Le matin même RTL a diffusé un extrait du faux entretien entre une vraie Ségolène Royal et un faux premier ministre québécois. Carnassier, le candidat de l'UMP attend la question. Il l'écoute à peine, sa réponse est de toute façon déjà prête. "Je suis consterné. Une gaffe ? C'est une méconnaissance ou une incompétence. Pour moi, la Corse n'est pas un sujet de plaisanterie spécialement quand je parle avec le premier ministre d'un autre pays. La Corse, c'est la France, et je suis très attaché à ce que la Corse reste en France. Je ne porte aucun jugement, mais si une candidate veut plaisanter peut-être peut-elle choisir un sujet moins grave." Lors du meeting organisé le soir au Futuroscope, M. Sarkozy laisse le soin à MM. Raffarin et Douste-Blazy continuer sur ce registre. Et adopte la posture de la vertu. "Je sais que rien ne me sera épargné par des adversaires qui ne veulent pas débattre du fond et qui trouvent plus facile de discréditer que d'argumenter.(...) Si certains veulent tirer la campagne dans le caniveau, je ne les suivrai pas. S'il le faut je serai digne pour deux, pour trois, pour quatre", termine-t-il dans un demi-sourire. Accueillie à son arrivée en Martinique par des femmes au cri de "Ségolène, présidente, Ségolène, femme debout !", Ségolène Royal a saisi vendredi la balle au bond. "Je suis une femme debout !", s'est exclamée la candidate socialiste sur l'estrade installée dans le marché couvert de Fort-de-France. Puis, comme elle venait de raconter comment, vingt-neuf ans auparavant, alors qu'elle faisait son stage de l'ENA sur place, le préfet lui avait "interdit" de rencontrer le maire Aimé Césaire, elle ajoute, grinçante : "Cette demande a dû être enregistrée sur ma fiche des renseignements généraux". "Je suis une femme debout !" a-t-elle répété le soir lors d'un meeting en plein air à la Trinité. Face à la foule, elle y a ajouté : "Comme on me dit, aujourd'hui : "Ségolène, pour la droite, tu es la femme à abattre"." Et Mme Royal a réglé ses comptes à ce moment-là, en appelant à un vote sanction. "Depuis plusieurs mois, en cette fin de règne interminable, a-t-elle lancé, ceux qui devraient avoir le sens de l'Etat le détournent, ceux qui devraient assurer la vérité la transforment, ceux qui devraient garantir la transparence et le bon fonctionnement des institutions manquent à tous leurs devoirs. Cela doit être sanctionné par un vote populaire." Entourée des élus de gauche martiniquais, la candidate a à son tour pris la posture vertueuse : "Le combat est rude, vous l'avez observé, mais je ne le crains pas (...) La droite est peu regardante sur les méthodes, mais ce n'est pas une surprise. Malgré les mauvais coups, nous devons tenir le niveau et la qualité du débat et des valeurs que nous défendons. Ne soyons pas complices d'une dégradation du débat public." D'entrée de jeu, son périple antillais avait été placé sous la pression du canular de Gérald Dahan et du début de polémique lancé par l'UMP. Alertés par Paris, les conseillers de Mme Royal scrutaient dans le hall de l'hôtel, dès 4 heures du matin vendredi, les scripts des media en métropole. A 6 heures, François Hollande appelait François Rebsamen, codirecteur de campagne, puis de nouveau à 11 h 30. Mme Royal, elle, serrait les dents. "Tout ça paraît monté", glissait-elle un peu plus tard, tandis que sur les portables des membres de son équipe, les messages s'accumulaient : "Dahan était au meeting de Sarko, salle Gaveau, en septembre". Au même moment, à Paris, son ex-rival Laurent Fabius montait pour la première fois au créneau, en lui apportant, dans un communiqué, "tout son soutien sans ambiguïté". § Le canular téléphonique de Gérald Dahan fait entrer la question insulaire dans le débat électoral. § P ar accident, entre deux rires, la Corse vient de s'inviter dans la campagne présidentielle. C'est la diffusion, vendredi 26 janvier, sur RTL, de l'interview piégée de l'humoriste Gérald Dahan, qui a mis le feu aux poudres. Au cours d'une conversation téléphonique, l'imitateur, se faisant passer pour le premier ministre québécois, Jean Charest, reproche à la candidate PS ses déclarations sur la "souveraineté" en lui expliquant : "C'est comme si nous, on disait : il faut que la Corse soit indépendante." "Tous les Français ne seraient pas contre, d'ailleurs, répond alors sur le ton de la plaisanterie Ségolène Royal avant d'ajouter : ne répétez pas cela. Ça va encore faire un incident, ce coup-là en France. C'est secret." Les Corses plus goguenards que choqués La consternation et quelques sourires : c'est la double attitude qui a partagé les Corses sitôt la "plaisanterie" de Ségolène Royal connue dans l'île. Habitués aux gaffes et aux déclarations souvent intempestives des responsables politiques nationaux sur la question corse, la population n'a pas accordé d'attention particulière aux déclarations de Mme Royal, hormis les habituelles plaisanteries de comptoir et quelques souvenirs de formules passées, comme le fameux "S'ils veulent l'indépendance, qu'ils la prennent" prononcé par Raymond Barre en 1996. Même les nationalistes, pourtant prompts à monter au créneau, ont adopté un profil de circonstance, mi-amusé mi-goguenard. "Ça peut commencer à devenir intéressant pour nous" a ironisé Jean-Guy Talamoni, chef de file de Corsica Nazione Indipendente, avant de préciser à toutes fins utiles que "la question corse, et particulièrement celle de l'indépendance, est une chose sérieuse." Pour Camille de Rocca-Serra, président (UMP) de l'Assemblée de Corse et proche de Nicolas Sarkozy, la "gaffe" de Ségolène Royal "prouve encore une fois sa méconnaissance de la Corse et démontre ses limites à diriger une grand pays comme la France". Vendredi, à mesure que tombaient les communiqués d'indignation des responsables politiques locaux, la population, habituée à recevoir de plus mauvaises nouvelles qu'un gag radiophonique, restait essentiellement préoccupée par la chute - toute relative - de la température, avant les congés de fin de semaine. Mais le "secret" s'est retrouvé diffusé sur toutes les ondes. Profitant de l'occasion de rendre coup pour coup après la révélation d'une enquête des renseignements généraux sur Bruno Rebelle, conseiller pour l'environnement de Mme Royal, Nicolas Sarkozy n'a pas laissé échapper une si belle occasion de critiquer sa rivale. "Pour moi, la Corse n'est pas un sujet de plaisanterie. (...) C'est très sérieux, c'est la République", a martelé le candidat UMP à la présidentielle, en déplacement dans la Vienne. Après deux semaines difficiles pour Mme Royal, l'affaire tombe on ne peut plus mal. S'agissant de la Corse, Ségolène Royal a depuis longtemps un viatique : éviter le plus possible de se mêler d'un dossier qui a empoisonné tous les gouvernements successifs depuis trente ans. Elle est plutôt tenante d'une ligne "républicaine" et partisane du statu quo quand Nicolas Sarkozy avant son changement de pied provoqué par la victoire du non au référendum institutionnel du 6 juillet 2003 envisageait une discussion autour d'une table avec les nationalistes "à l'irlandaise". En 1999, alors que Lionel Jospin lance son "processus de Matignon", la ministre déléguée à l'enseignement scolaire ne brille pas par son assiduité aux réunions interministérielles, masquant ainsi son malaise - partagé par de nombreux socialistes, dont Laurent Fabius - face à un renforcement des pouvoirs législatifs de l'Assemblée de Corse. Deux ans plus tard, le 22 mai 2001, sa présence au gouvernement la dispense de participer au vote de la loi sur les nouvelles compétences de la collectivité territoriale, adoptée en bonne discipline par le groupe socialiste et promulguée le 22 janvier 2002. C'est donc sans trop de mal que la candidate socialiste a pu satisfaire les exigences d'Emile Zuccarelli, député et maire de Bastia - et surtout président d'honneur du Parti radical de gauche (PRG) -, pour peser dans le désistement d'un éventuel candidat radical à l'élection présidentielle. Le 15 juillet 2006, à l'occasion d'une visite éclair dans l'île, le pacte entre l'élu corse et celle qui n'est encore que candidate à l'investiture PS est conclu en moins de vingt-quatre heures : contre la promesse de Mme Royal de refuser toute évolution institutionnelle en Corse - cheval de bataille de M. Zuccarelli -, aucun candidat PRG ne divisera les voix de la gauche en 2007. En Corse, tout le monde comprend le message, clairement exprimé dans les colonnes du mensuel Corsica : "Je pense qu'à un moment donné il faut de la stabilité institutionnelle" Depuis, Ségolène Royal espérait avoir clos un dossier qui est loin de constituer une priorité de sa campagne, même si la candidate est tenue au courant des discrets contacts entre Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande, et les autonomistes modérés du PNC (Partitu di a nazione corsa - Parti de la nation corse), opposés à la lutte armée. Absente du débat électoral, l'actualité corse s'illustre une nouvelle fois par sa capacité à y faire irruption, comme Nicolas Sarkozy en a récemment fait l'amère expérience. Lors de sa dernière visite dans l'île, le 5 janvier, le ministre de l'intérieur avait espéré insister sur le dossier du développement économique local. Las ! L'avant-veille de sa venue, sur fond de recrudescence des attentats (+ 38% en 2006), un militant clandestin se tuait dans l'explosion prématurée de sa propre bombe à Solaro (Haute-Corse), rappelant le ministre-candidat aux douloureuses réalités corses. § Les abonnés du Monde.fr ont été nombreux à réagir à l'affaire de l'enquête des Renseignements généraux sur l'entourage de la candidate socialiste, Ségolène Royal. § V oici une sélection des réactions des abonnés du Monde.fr à l'affaire de l'enquête des Renseignements généraux sur l'entourage de la candidate socialiste Ségolène Royal. 25.01.07 | 14 h 23 De une, il est logique et légitime que les RG enquêtent sur les groupes ayant une influence sur la société. De deux, il serait aberrant que M. Sarkozy ait donné un ordre d'espionnage sur un concurrent politique : ce serait du suicide. Il est possible que les RG aient suivi leur action sans que M. Sarkozy soit au courant. Il est également possible qu'un membre du ministère "bien intentionné" ait donné l'ordre pour aider M. Sarkozy sans lui en référer de prime abord. Sébastien T. 25.01.07 | 14 h 20 Cette info du Monde est une tentative d'enterrer l'affaire en confondant deux choses qui n'ont rien à voir entre elles. Le Canard enchaîné nous informe qu'un ordre issu des services du ministre demandait aux RG une enquête exclusive, l'article du Monde nous dit que les RG ont pour mission d'enquêter sur un certain nombre de personnes, dont M. Rebelle. L'un n'empêche pas l'autre, le Parisien arrive aux mêmes conclusions que le Canard, il y aurait bel et bien eu un ordre. Jebr69 26.01.07 | 14 h 25 Pas seulement Le Monde, mais aussi France Info (interview aujourd'hui de l'auteur du livre sur les RG, pourtant critique des RG dans le passé), TF1 (voir journal télévisé d'aujourd'hui), et d'autres journaux prennent du recul pour analyser cette accusation infondée contre Sarkozy. TF1 signale que ceux qui sont suivis par les RG se comptent par dizaines de milliers et leurs fichiers sont actualisés périodiquement. Une tempête dans un verre d'eau pour camoufler la baisse de Ségolène Royal dans les sondages. Fabio F. 26.01.07 | 11 h 21 Les affaires de famille de Mme Royal (frère accusé d'escroquerie, un autre évoqué dans l'affaire du Rainbow-Warrior, gaffes à répétition...) ne m'intéressent pas. Tout cela fait un écran de fumée largement entretenu par les médias parisiens qui partagent les mêmes salons que nos ténors politiques. Plus facile que de débattre sur un vrai programme qui tente de répondre aux grands problèmes qui font notre quotidien. Au fond Bayrou me paraît de plus en plus intéressant... Paul G. 25.01.07 | 15 h 13 Dommage, le débat d'idées commençait à peine qu'on a bifurqué dans le glauque. Cette information ne pourra que faire pschit dans quelques jours et pendant ce temps on sera passé à côté du primordial. La France est-elle incorrigible, qu'on nous refasse le coup des diamants de Bokassa pour la énième fois ? Passons aux choses sérieuses. Vlad 26.01.07 | 10 h 09 Petit rappel : en 2002, il me semble que Lionel Jospin était candidat à l'élection et premier ministre, comme Jacques Chirac en 1988. A l'époque cela ne choquait personne. Pourquoi cette fixation sur Sarkozy ? Guillaume A. 24.01.07 | 17 h 18 On ne saura jamais, comme d'habitude, si cette information est vraie ou fausse. Mais cela confirme l'urgence pour le ministre de l'intérieur-candidat de quitter le gouvernement car un tel cumul de rôles ne peut que nourrir le soupçon. En tout cas, pour ce qui me concerne, je considère qu'en restant à ce poste, il est présumé coupable. Morvan58 24.01.07 | 16 h 57 Plutôt que de "démentir formellement" (ça ne mange pas de pain), si tout cela n'est que viles menteries, pourquoi donc Nicolas Sarkozy ne porte-t-il pas plainte envers le Canard enchaîné ? Quand on a la conscience aussi tranquille que cela, le meilleur moyen est d'en appeler à la justice. C'est ce qu'a fait le couple Royal envers l'UMP Godfrain à propos des accusations de fraude à l'ISF. J'attends donc que notre candidat de la rupture, drapé dans sa vertu, porte plainte. J'ai l'impression que je vais attendre longtemps... Ingrid Boulaouane 26.01.07 | 13 h 22 Raisonnons, il s'agit d'un secret de Polichinelle le fait de savoir que les RG ont des fiches sur des anciens militants de Greenpeace : rappelez-vous l'affaire du Rainbow-Warrior... Mais là n'est pas la question ! Un candidat à l'élection présidentielle ne devrait pas savoir tout sur ses adversaires ! Ce qui fait l'incompatibilité du poste de ministre de l'intérieur et celui de candidat en ce qui concerne monsieur Sarkozy. Vurca 26.01.07 | 9 h 40 Les Hergé (RG) qui enquêtent sur Royal... nous voilà dans Tintin au pays des Soviets ! NicolasD § La candidate socialiste, qui a vécu dans l'île au début des années 60, s'est entretenue vendredi avec le poète Aimé Césaire, ancien maire de Fort-de-France et défenseur des racines africaines. § S égolène Royal a rencontré, vendredi 26 janvier, Aimé Césaire, figure tutélaire de la Martinique et ancien maire de Fort-de-France. La candidate socialiste, qui a vécu dans l'île au début des années 60, s'est entretenue avec le poète, défenseur des racines africaines, dans son bureau de l'ancien hôtel de ville transformé en théâtre. Mme Royal s'en est pris à "l'exécrable loi votée par la droite sur les soi-disant bienfaits de la colonisation". "Cette lecture révisionniste de l'Histoire était inacceptable. Le colonialisme, c'est un système de domination, de spoliation et d'humiliation", a-t-elle dit. Sur le perron, Aimé Césaire a salué "la petite Martiniquaise" de retour au pays, qu'il a remerciée "d'avoir bien voulu entendre le peuple martiniquais". "La Martinique a changé, la Martinique est inquiète. Nous sommes dans un monde nouveau et nous pensons qu'il faut une politique nouvelle", a-t-il souligné, aux côtés de Ségolène Royal et du maire de Fort-de-France, Serge Letchimy. "LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ... IDENTITÉ" Au triptyque "liberté, égalité, fraternité", le chantre de la négritude a ajouté "l'identité, car il y a une identité martiniquaise". "Nous vous faisons confiance pour nous apporter la confiance, et, permettez-moi de le dire, l'espérance", a conclu le vieil homme aux lunettes cerclées d'or. "Je suis venue ici pour écouter, pas pour faire à votre place", a déclaré Ségolène Royal à l'orée d'une journée marathon à travers l'île. Elle a évoqué un "jour de bonheur et d'émotion", et salué les Antillais en tant que "militants de la dignité". La candidate du PS a raconté qu'elle avait demandé une entrevue avec Aimé Césaire alors qu'elle était revenue en Martinique pour un stage de fin d'études de l'Ecole nationale d'administration. Elle lui avait été refusée par la préfecture pour laquelle elle travaillait. "J'ai bien fait d'attendre vingt-neuf ans", a-t-elle plaisanté vendredi. Lors de sa visite en mars 2006, Nicolas Sarkozy avait discuté près d'une heure avec Aimé Césaire, qui avait refusé dans un premier temps de le recevoir. Quelques mois après la polémique entourant la loi de février 2005 sur le "rôle positif" de la colonisation, l'ancien député socialiste avait alors offert au ministre de l'intérieur un exemplaire du Discours sur le colonialisme. Il avait évoqué la "force" et la "volonté" du candidat de l'UMP, symbole à ses yeux de la "génération nouvelle". § Promoteur du contrat de travail unique, Nicolas Sarkozy comptait "s'inspirer" du contrat nouvelles embauches (CNE) pour le bâtir. Mais ces propos ont été corrigés par Xavier Bertrand, porte-parole du candidat de l'UMP, dans un entretien à La Tribune, lundi 29 janvier. § P romoteur du contrat de travail unique, Nicolas Sarkozy comptait "s'inspirer" du contrat nouvelles embauches (CNE) pour le bâtir. C'est ce qu'il a affirmé devant les patrons des petites et moyennes entreprises, réunis par la CGPME le 24 janvier : "Le CNE est un progrès, il ne faut pas y toucher", disait-il alors, précisant qu'il élaborait un "contrat unique qui s'inspire du CNE". Ces propos ont été corrigés par Xavier Bertrand, porte-parole du candidat de l'UMP, dans un entretien à La Tribune, lundi 29 janvier. "Notre intention n'est pas de le généraliser", explique M. Bertrand, qui pointe certains "défauts, comme l'absence de la motivation de la rupture du contrat de travail et une période d'essai bien trop longue". Emmanuelle Mignon, rédactrice du projet de l'UMP, clarifie : "La période d'essai n'excédera pas trois à six mois, la motivation du licenciement sera nécessaire", a-t-elle expliqué au Monde. L'enjeu, pour l'UMP, porte plus sur "l'assouplissement du droit du licenciement, le plafonnement du montant des indemnités et la réduction de la durée de la période durant laquelle le salarié pourra contester son licenciement", précise Mme Mignon. Une orientation qui devrait satisfaire la présidente du Medef, Laurence Parisot, qui, tout en saluant le "succès" du CNE et en demandant son extension aux entreprises de plus de 20 salariés, souhaite assouplir les conditions du licenciement avec "la séparabilité à l'amiable". Les patrons restent toutefois réservés sur la mise en place d'un contrat unique, à l'instar des syndicats, très méfiants. De son côté, la candidate du PS, Ségolène Royal, a annoncé, le 25 janvier sur RMC, que "le CNE sera abrogé et le CDI deviendra la référence du contrat de travail", accusant M. Sarkozy de "vouloir démanteler le code du travail". § Aux Antilles, la candidate socialiste est revenue au canon de la campagne classique en avançant promesses électorales et discours de combat contre la droite. § D u clivage. Du combat droite-gauche. Le message des socialistes qui s'inquiétaient que la méthode "participative" laisse trop de champ à l'adversaire et qui demandaient "plus de politique" a été entendu. Ségolène Royal ajuste sa campagne. "Elle va le faire progressivement", assure son directeur de campagne, François Rebsamen. Des forums "thématiques" Après le dernier débat participatif sur l'éducation, prévu, jeudi 1er février, à Grenoble, Ségolène Royal passera aux forums "thématiques", plus classiques, sans le jeu des questions-réponses. Le premier, consacré au sport, devrait avoir lieu le 14 février, avec Lilian Thuram. Le deuxième, prévu au Cirque d'Hiver, à Paris, sur la culture, a été confié à Dominique Besnehard, acteur et agent des stars. Une façon pour Mme Royal de contourner les traditionnels comités de soutien qui ne font plus recette dans l'électorat. Enfin, l'un de ces forums pourrait se tenir en Seine-Maritime, à l'invitation de la fédération-fief de... Laurent Fabius. La candidate du PS a commencé, samedi 27 janvier, en Guadeloupe. Lors d'un meeting dans la commune des Abymes, elle a pris l'histoire comme terrain de prédilection - "en phase", selon M. Rebsamen, avec la population qui entretient un rapport toujours sensible à son passé colonial. L'exclusion du PS de Georges Frêche, détesté ici, ayant été votée le jour même, il n'y avait plus d'obstacle. Après avoir cité de nombreuses figures de la Caraïbe, des "révoltés de 1793" à la "mulâtresse Solitude", Mme Royal est passée à la période contemporaine. "C'est la gauche qui a voulu la loi Taubira, en 2001, qui reconnaît l'esclavage comme un crime contre l'humanité", a-t-elle déclaré en l'opposant à "la loi, profondément choquante, pour ne pas dire scélérate, de 2005" qui faisait mention, avant d'être retirée, du "caractère positif" de la colonisation. "C'est la gauche, en 1981, qui a réalisé l'égalité des droits sociaux dans les départements d'outre-mer", a-t-elle poursuivi, en soulignant le "désengagement" actuel de l'Etat. "Si je suis élue, je m'engage à rétablir les crédits supprimés, 500 euros, et à ne plus utiliser les crédits du logement pour ficeler des exercices budgétaires bâclés." La référence à Gerty Archimède, première femme députée guadeloupéenne, a été utilisée sur la forme. Cette "ardente combattante disait : "Mon pire ennemi, c'est la médiocrité", aujourd'hui, aidez-moi à me soustraire à la médiocrité de la politique". Puis l'annonce de rendre "obligatoire", à l'école, la lecture d'un texte sur le colonialisme d'Aimé Césaire a servi de transition pour annoncer une série de promesses adaptées à la région comme celle de demander aux employeurs "de favoriser le recrutement local". "J'étudierai la façon de régionaliser les concours administratifs, a assuré Mme Royal, reprenant une promesse faite à La Réunion à l'automne 2006. Nous ferons une partie de préférence régionale ; ça me semble moral et tout à fait acceptable." La fin de la phase "participative" et "d'écoute" étant annoncée pour le 11 février, avec l'élaboration de son programme présidentiel, Mme Royal revient au canon classique de la politique. "Nou ké cassé ça" (on va changer les choses), a-t-elle lancé en guise de conclusion. Décidée à combattre l'abstention qui atteint ici des niveaux records, elle a sollicité le soutien de tous les élus de gauche ou sympathisants. Elle a même rendu visite, "par politesse républicaine", au président indépendantiste de la région Alfred Marie-Jeanne, bien qu'il ait déjà annoncé son intention de ne soutenir personne. Une visite dont a été soigneusement tenue à l'écart la presse métropolitaine. § La volonté de Ségolène Royal de favoriser l'emploi local dans les collectivités d'outre-mer correspond à une vieille revendication des populations qui y vivent. Le projet de la commission outre-mer du PS prévoit d'agir en ce sens, en particulier en faveur des jeunes. § L a volonté de Ségolène Royal de favoriser l'emploi local dans les collectivités d'outre-mer correspond à une vieille revendication des populations qui y vivent. Le projet de la commission outre-mer du PS, présidée par le député de la Guadeloupe Victorin Lurel, prévoit d'agir en ce sens, en particulier en faveur des jeunes. "La fonction publique offre d'importantes possibilités d'emploi dans l'outre-mer, constate ce document. Dans les dix prochaines années, un grand nombre de fonctionnaires partira à la retraite. Il s'agit, dès à présent, de préparer les jeunes ultramarins à la relève, afin de leur permettre de gérer, dans le public et le privé, le développement de leur région." Mais le projet socialiste ne prévoit pas une telle réforme institutionnelle et préconise d'intervenir dans le domaine de l'éducation. "Le gouvernement de gauche de 2007 proposera des accords de partenariat avec des établissements d'enseignement supérieur, notamment les IEP (Science po) , afin de réunir les meilleures conditions d'accès des jeunes ultramarins aux carrières administratives. La création d'IEP permettra également à ces régions de former des cadres sur l'ensemble d'une zone géographique, y compris des Etats voisins." "PAS RÉPUBLICAIN" La proposition faite par Mme Royal de "régionaliser les concours administratifs" risque de se heurter à des obstacles de nature institutionnelle. Cette préférence locale était un des enjeux de l'accord de Nouméa signé en 1998. Il a fallu, pour pouvoir l'appliquer, introduire une disposition dans la loi organique du 19 mars 1999 sur la Nouvelle-Calédonie, fondée sur la notion de "citoyenneté calédonienne", un concept inexistant dans les départements d'outre-mer (DOM). L'article 24 prévoit ainsi que "dans le but de soutenir ou de promouvoir l'emploi local, la Nouvelle-Calédonie prend au bénéfice des citoyens de la Nouvelle-Calédonie et des personnes qui justifient d'une durée suffisante de résidence, des mesures tendant à favoriser l'exercice d'un emploi salarié, sous réserve qu'elle ne porte pas atteinte aux avantages individuels et collectifs". La constitution a été modifiée, et dans l'un de ses articles consacrés à la Nouvelle-Calédonie, elle prévoit que la loi organique détermine "les règles relatives à la citoyenneté, au régime électoral, à l'emploi et au statut civil coutumier". Une loi de pays sur l'emploi public territorial a été adoptée à une large majorité, le 7 janvier 2006. Elle doit encore être votée par le congrès de Nouvelle-Calédonie. Le Conseil d'Etat a préconisé la création de deux concours parallèles, l'un pour les Calédoniens, l'autre pour les métropolitains. Pour sa part, le député (UMP) Eric Raoult dénonce "une position électoraliste", mais n'est pas hostile au volontarisme : "Si la priorité à l'emploi local est une mesure d'ordre juridique systématique, cela ne serait pas républicain. On peut en revanche envisager des adaptations." § Les vingt-six élus socialistes et radicaux de gauche du conseil régional Languedoc-Roussillon ont voté à l'unanimité une motion affirmant leur "soutien sans faille" à leur président. § D écidée, samedi 27 janvier, par la commission nationale des conflits du PS, en raison de ses propos sur la proportion de joueurs noirs dans l'équipe de France de football, l'exclusion de Georges Frêche a été très sobrement accueillie par Ségolène Royal. "Je ne fais pas de réaction, je prends acte, c'est tout", a indiqué la candidate socialiste à l'élection présidentielle, qui était interrogée à ce sujet lors de son déplacement en Guadeloupe. Cette prudence de Mme Royal, qui s'était tardivement résolue à souhaiter l'exclusion de M. Frêche (Le Monde du 23 janvier), s'explique par le pouvoir de nuisance dont continue de disposer le président de la région Languedoc-Roussillon. La commission des conflits, qui a pris sa décision à l'unanimité, n'a pourtant pas tergiversé. Dans un communiqué publié samedi, le PS a souligné que les propos incriminés de M. Frêche "ne sont pas compatibles avec les valeurs d'égalité et de respect des droits humains qui fondent depuis toujours l'engagement du PS et sont contenues dans sa déclaration de principe mais aussi (...) dans les principes constitutionnels de notre République". Le 14 novembre, M. Frêche avait regretté que l'équipe de France de football compte "neuf Blacks sur onze" alors que, selon lui, "la normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre". Le tollé suscité par ce nouveau "dérapage" de M. Frêche - récemment condamné par la justice pour ses propos sur les harkis - a accentué la pression sur les instances nationales du PS. Mais il n'a pas ému outre mesure les appuis locaux du "baron de Septimanie". Ce dernier s'est montré sûr de son fait : "Je continuerai à gérer la région et l'agglomération. Vous ne pensez pas que j'ai besoin de la carte du PS pour exister !", a indiqué M. Frêche, dès vendredi. Le même jour, les vingt-six élus socialistes et radicaux de gauche du conseil régional ont voté à l'unanimité une motion affirmant leur "soutien sans faille" à leur président. " Il est hors de question que nous nous passions de lui", a martelé, le lendemain, Robert Navarro, le premier secrétaire de la fédération de l'Hérault. En excluant, samedi, par mesure de rétorsion, le fabiusien René Revol - comme le révèle sur son blog, lundi, le journaliste de Politis Michel Soudais -, cette fédération a voulu montrer qu'elle pouvait également faire le ménage dans ses rangs. A bon entendeur... § Le prochain ministre de l'éducation, quel qu'il soit, devra compter avec elle : fer de lance d'un syndicalisme enseignant de "résistance" à la "déréglementation libérale", la Fédération syndicale unitaire (FSU) tient son cinquième congrès, du lundi 29 janvier au vendredi 2 février, à Marseille. § L e prochain ministre de l'éducation, quel qu'il soit, devra compter avec elle : fer de lance d'un syndicalisme enseignant de "résistance" à la "déréglementation libérale", la Fédération syndicale unitaire (FSU) tient son cinquième congrès, du lundi 29 janvier au vendredi 2 février, à Marseille. 750 délégués doivent y participer. A quelques mois de l'élection présidentielle, la FSU veut "envoyer un message fort" et "interpeller les candidats" sur leurs choix éducatifs. "Nous voulons peser dans le débat", affirme son secrétaire général, Gérard Aschieri, seul candidat à sa succession et qui devrait être réélu, sans difficulté, pour un troisième mandat de trois ans. Première organisation syndicale de la fonction publique d'Etat, la FSU compte 166 000 adhérents, dont 88 % d'enseignants, répartis entre six syndicats nationaux. Les plus puissants sont le SNES (52 % aux élections professionnelles chez les professeurs de collège et des lycées d'enseignement général) et le SNUipp (45 % des enseignants du primaire). Ce congrès se tient en pleine mobilisation syndicale, entre la manifestation nationale organisée, à Paris, le 20 janvier, par la FSU et la journée d'action intersyndicale des fonctionnaires prévue le 8 février. La FSU veut être la "caisse de résonance" des enseignants qui, au-delà des seuls syndicalistes, accumulent, ces derniers mois, des motifs de mécontentement, au premier rang desquels figurent les réductions de postes annoncées pour la rentrée 2007 dans le secondaire, la suppression d'une partie des décharges horaires accordées à certains professeurs et la volonté du ministre de l'éducation, Gilles de Robien, de développer la bivalence (enseignement de deux matières par un professeur). "PASSAGE EN FORCE" Agacés par les propos de Ségolène Royal sur les "35 heures" dans les collèges, ils se sentent montrés du doigt et se méfient des décisions à venir sur l'éducation. Et la FSU compte bien être l'un des principaux vecteurs d'opposition. "Que cela plaise ou non, nous sommes représentatifs, confiait M. Aschieri, en mettant en garde contre la tentation du "passage en force" qui "a toujours échoué". "Lorsque nous affirmons une chose, il y a de fortes chances que cela corresponde à l'avis majoritaire de la profession. Il serait bon d'en prendre la mesure." Bien qu'elle se veuille "force de proposition", en premier lieu dans la lutte contre l'échec scolaire, la FSU se sait perçue par une majorité des gestionnaires du système éducatif comme un facteur de blocage, n'approuvant que l'attribution de moyens supplémentaires - "d'investissements", corrige M. Aschieri. Les projets, à droite, de suppression de la carte scolaire et de "libre choix" des établissements par les familles la hérissent. Mais certaines idées qui font leur chemin à gauche, comme celle d'une plus grande autonomie des établissements, ne lui conviennent guère mieux. En particulier, l'éventualité d'une nouvelle étape de décentralisation, permettant aux collectivités locales de s'engager plus avant dans l'éducation, ne sied pas du tout à la FSU, qui y voit un nouveau facteur d'inégalités. "C'est non, très fortement", prévient M. Aschieri sur ce point. § Une balade photographique de 200 km qui débute à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. § § Fin 2006, les avocats ont fait grève pendant deux mois pour obtenir une meilleure rémunération de ce dispositif destiné aux plus pauvres. Des assises ont lieu le 30 janvier. § C e sont les avocats de l'autre côté du périphérique. Les avocats des pauvres qui vivent en "artisans du droit", "à mille lieues de l'image publique de la profession", explique le bâtonnier de Créteil, Me Eric Allain. Fin 2006, les avocats du Val-de-Marne ont vécu deux mois de grève, comme dans plusieurs villes de France, pour obtenir une meilleure rémunération dans le cadre de l'aide juridictionnelle (AJ), qui cristallise les tensions entre avocats et chancellerie depuis plusieurs années. Des assises sur la réforme de l'AJ sont organisées au ministère de la justice, mardi 30 janvier, un mois et demi après une manifestation qui a réuni 5 000 avocats à Paris. LEXIQUE AIDE JURIDICTIONNELLE. Elle permet aux personnes à faibles revenus d'avoir recours à un avocat, qui peut être commis d'office. Elle peut être totale (revenus mensuels inférieurs à 859 euros) ou partielle (revenus inférieurs à 1 288 euros). Le justiciable doit en faire la demande. RÉMUNÉRATIONS. Dans le cadre de l'aide juridictionnelle, les avocats sont rémunérés par l'Etat, en fonction d'une grille, attribuant des unités de valeurs, à différents actes. Ils demandent une revalorisation de ces UV et la prise en charge de toutes leurs missions effectuées dans le cadre de l'AJ. Le gouvernement a accordé une revalorisation de 8 % de l'UV. CHIFFRES. 47 % des avocats réalisent des missions d'aide juridictionnelle. Plus de la moitié d'entre eux font moins de 20 missions par an et 2 % en font plus de 200 par an. L'aide juridictionnelle a représenté en 2005 un budget de 300 millions d'euros pour 886 533 dossiers. A Créteil, l'AJ, c'est la réalité quotidienne. Plus de 70 % de la population du Val-de-Marne peut bénéficier de l'aide juridictionnelle, faute de ressources suffisantes. 200 avocats sur 470 tirent une bonne partie ou l'essentiel de leurs revenus de ce secteur assisté. Me Carine Broca, spécialisée dans les violences conjugales, réalise 60 % de son chiffre d'affaires avec l'AJ. "Il y a des divorces pour fautes qui peuvent durer plusieurs années. Ce sont des dossiers hauts comme une table, assure-t-elle. Les maris ont souvent les moyens de payer un avocat qui peut provoquer plusieurs incidents de procédures. Au final, je touche, un an après le jugement, environ 800 euros, alors que j'aurais facturé plus de 1 500 euros à un client payant." "J'ai choisi de faire ce métier, je suis volontaire pour ces missions car tout le monde a droit à une défense de qualité, explique cette jeune avocate installée à Vincennes, qui a prêté serment en 1999. Mais parfois j'ai l'impression de faire du bénévolat." PLUS DE 10 000 DOSSIERS ANNUELS "Un débat contradictoire devant le juge des libertés et de la détention vers 22 heures est payé 45 euros, une journée au tribunal correctionnel rapporte 175 euros. Cela peut concerner des affaires de drogue ou des braquages, avec des clients qu'on va voir en prison, sans être payé. Au niveau du taux horaire, ce n'est pas sûr que cela vaille la peine de faire de longues études", explique Me Michel Pichard, pénaliste à Thiais, qui réalise un tiers de son activité avec l'AJ. Me Aude Ribardière gère l'aide juridictionnelle pour le barreau du Val-de-Marne. C'est plus de 10 000 dossiers annuels à répartir entre avocats, en fonction de leurs spécialités respectives, dans le cadre d'une charte qualité, mise en place par le barreau. Mais dans son activité professionnelle, Me Ribardière a limité l'activité d'aide juridictionnelle de son cabinet, composé de quatre avocats et d'une secrétaire. Trop de charges : "Nous avons été alertés par notre expert comptable qui ne comprenait pas que plus on travaillait, moins on gagnait." Lauréate du concours d'éloquence, Me Laura Nakic est souvent avocat commis d'office dans des procès d'assises. "Cela fait partie de notre mission de contribuer à la défense des plus démunis." Le secteur assisté représente la moitié de son chiffre d'affaires. "On lutte contre une mauvaise image. On la voit dans le regard du client. On se sent dévalorisé, explique l'avocate. Une fois, un jeune majeur qui devait payer une partie des frais car il était au-dessus du plafond de revenus, m'a dit : "C'est du vol !" On accepte un avocat commis d'office si on ne court pas de risques, sinon on préfère payer un avocat." Et de préférence, un collègue parisien. "Les avocats sont pris entre le marteau de l'AJ et l'enclume de Paris", résume Me Eric Allain. Le mot d'un jeune s'adressant à son défenseur a fait le tour du barreau : "Vous êtes commis d'office ou vous êtes un vrai avocat ?" Me Michel Pichard se souvient d'une cliente, qui voulait à tout prix aller aux assises contre son mari. Il essaie de la dissuader, en vain. Elle préfère changer d'avocat. Quelque temps plus tard, elle lui écrit en lui envoyant un chèque. "J'ai appris que vous n'aviez pas été payé." Il a renvoyé le chèque. "Le geste qu'elle a fait suffisait largement à me payer." § Traditionnellement, la question de la fin de vie partage le champ politique de façon assez clivée : si, comme le PS, les Verts, la LCR et Corinne Lepage sont favorables à une dépénalisation de l'euthanasie, la question fait toujours débat au sein du PCF. § E n 2002, la proposition avait été écartée par le candidat socialiste à l'élection présidentielle, Lionel Jospin, au grand dam de sa mère, Mireille, militante historique de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) et qui s'est donné la mort le 6 décembre 2002. Elle apparaît cette fois sans ambiguïté dans le programme présidentiel du parti : "Nous saisirons le Parlement d'un projet de loi Vincent Humbert sur l'assistance médicalisée pour mourir dans la dignité ; cette loi aura pour objet de permettre aux médecins, dans des conditions strictes du respect de la volonté de leur patient, d'apporter une aide active aux personnes en phase terminale de maladie incurable ou placée dans un état de dépendance qu'elles estiment incompatible avec leur dignité." Si Ségolène Royal ne s'est jamais publiquement exprimée sur la question, elle n'a jamais démenti, bien au contraire, l'idée d'une nouvelle législation. Le 24 août 2006, répondant à un courrier d'un délégué de l'ADMD, elle affirmait "être en plein accord avec le projet" de son parti. "L'accompagnement des personnes en fin de vie est un sujet qui me tient à coeur et qu'il est important d'encadrer, en respectant strictement la volonté du malade, écrivait la future candidate. Je suis particulièrement attentive à ce que la dignité de la personne, malade ou non, soit assurée en toutes circonstances." Traditionnellement, la question de la fin de vie partage le champ politique de façon assez clivée : si, comme le PS, les Verts, la LCR et Corinne Lepage sont favorables à une dépénalisation de l'euthanasie, la question fait toujours débat au sein du PCF. LA LOI EST SUFFISANTE POUR L'UDF A droite, en dehors du MPF et du FN, farouchement hostiles à toute remise en cause du caractère sacré de la vie, l'UDF et l'UMP s'en tiennent à la loi Léonetti sur la fin de vie, du 22 avril 2005, qui instaure un droit au "laisser mourir". "Cette législation nous paraît suffisante pour mourir dans la dignité, explique Jean-Luc Préhel, responsable des questions de santé à l'UDF. Quand les soins palliatifs sont bien menés, il n'y a pas nécessité de recourir à l'euthanasie." Cette position n'est pas partagée par Henriette Martinez, députée UMP des Hautes-Alpes, adhérente de l'ADMD et auteure d'une proposition de loi "relative à l'aide à la délivrance volontaire en fin de vie". Mme Martinez considère la loi Léonetti comme une première étape, encore insuffisante. "J'ai mesuré le caractère inhumain de la loi en perdant mon père quand, après l'arrêt des traitements, il a mis plus d'une semaine à mourir, explique-t-elle avec émotion. Pourquoi ne pas alors avoir le courage de faire un geste actif, puisque le résultat est attendu ? Il faudra bien que la législation évolue sur cette question éthique fondamentale." § L'Association pour le droit de mourir dans la dignité profite de l'élection présidentielle pour réclamer une nouvelle loi. § C ette femme n'envisage pas qu'on puisse la déposséder de son destin. Grande et élégante, toujours belle à 81 ans, Marguerite M. vit avec cette conviction "ancrée au plus profond" d'elle-même : elle refuse de subir la déchéance physique que lui promet sa maladie et veut pouvoir décider, librement, du moment de sa mort. Une pratique relativement répandue en Europe Entre un quart et la moitié des décès survenant en Europe feraient l'objet d'une décision médicale susceptible d'abréger la vie des patients, selon l'enquête "European End-of-Life Decisions" rendue publique, lundi 29 janvier, par l'Institut national d'études démographiques (INED). Menée en Belgique, au Danemark, en Italie, aux Pays-Bas, en Suède et en Suisse en 2001 et 2002, cette étude montre que ces décès, qui concernent des patients très âgés, sont principalement dus à la mise en oeuvre de traitements de la douleur susceptibles d'abréger la vie (19 % de l'ensemble des décès en Italie, 26 % au Danemark). Les décisions médicales avec intention explicite de hâter la mort (arrêt des traitements ou administration de substances létales) concernent entre 2 % (Italie) et 21 % (Suisse) des décès. Les patients et leur famille sont majoritairement associés à ces décisions, dans 68 % des cas en Italie, 95 % aux Pays-Bas. Si elle souhaite garder l'anonymat, c'est pour ne pas compromettre les démarches qu'elle a entreprises auprès de l'association suisse Dignitas, qui propose sous conditions strictes le suicide assisté. "Je ne peux pas supporter l'idée de ne plus être maîtresse de ma vie, après avoir toujours été indépendante, explique-t-elle avec un sourire désarmant. Jamais je n'accepterai d'être diminuée." Sa décision est tout sauf une toquade. D'un petit secrétaire, elle exhume d'antiques fiches cartonnées, ses premières cartes d'adhérente à l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), aux débuts des années 1980. Elle a alors 57 ans, et commence un parcours médical qui lui fera subir, en vingt ans, trois interventions pour des tumeurs cancéreuses. "Il y a quelques mois, j'ai fait un accident cardio-vasculaire, qui m'a définitivement confortée dans ma décision de partir avant qu'il ne soit trop tard", indique-t-elle. Marguerite M. vit "dans la terreur" de connaître une fin semblable à celle de son mari, mort il y a trois ans. Contrairement à son épouse, lui n'a jamais souhaité qu'on hâte sa mort et est parti "doucement", après plusieurs semaines de soins palliatifs. "A la fin, il ne restait plus rien de lui, si ce n'est ses grands yeux... Pour moi, ça a été l'horreur, j'ai été profondément traumatisée par cette expérience." Restée seule, elle ne "comprend pas qu'on (lui) dénie le droit", en France, de mourir en toute liberté. "Je n'attends qu'une chose : que mon dossier soit accepté en Suisse. Alors, peut-être, je pourrais retrouver le goût de vivre un petit moment..." Bien qu'elle proscrive toujours toute possibilité d'aide active à mourir, la France a toutefois progressé sur la question de la fin de vie. Dans la foulée de l'émotion soulevée par l'affaire Vincent Humbert, ce jeune tétraplégique que sa mère a aidé à mourir, en 2003, le Parlement a adopté, le 22 avril 2005, une nouvelle législation. Ce texte consacre l'interdiction de l'obstination déraisonnable dans les traitements et autorise le soulagement de la douleur au risque d'abréger la vie. La loi offre ainsi aux médecins une protection juridique et renforce le droit des malades à refuser tout traitement. Ce faisant, elle instaure un droit au "laisser mourir" mais ne permet, en aucun cas, de choisir le moment de sa mort. Pour nombre de malades, cette loi ne répond pas à l'angoisse de ne pouvoir maîtriser sa vie jusqu'au bout. Dominique Decker réclame ainsi "qu'on respecte le moment où (elle aura) envie de partir". A 47 ans, après une récidive d'une tumeur au sein particulièrement maligne, elle envisage sérieusement les conditions de sa mort. "Bouleversée" par l'affaire Humbert, elle s'est inscrite à l'ADMD il y a un an, autant pour ses proches que pour elle. "Je voudrais mettre les miens à l'aise avec l'idée de mon décès, que ce poids ne repose pas que sur mon compagnon et mon fils", explique-t-elle. Depuis, elle milite pour que la loi reconnaisse une aide active à mourir : "L'idée d'être soumise au bon vouloir du corps médical m'est complètement insupportable, s'indigne-t-elle. J'ai envie de pouvoir décider de ma vie comme je le souhaite. Aujourd'hui, on a quasiment toutes les libertés et on n'aurait pas celle de pouvoir décider de sa mort ?" Disposer de soi-même jusqu'à la fin, en toute lucidité, c'est le mot d'ordre d'une nouvelle génération de militants que l'ADMD, qui compte aujourd'hui plus de 40 000 adhérents, découvre avec l'arrivée des baby-boomers à la retraite. A 57 ans, Claude Hury, secrétaire générale de l'association, en est une représentante typique. "J'appartiens à la première génération de femmes qui a milité pour l'avortement et maîtrisé sa fécondité. On a dépassé le tabou du sexe et on ne veut pas subir le tabou de la mort", affirme-t-elle. D'autant qu'avec le vieillissement de la population, la question de la mort hante souvent ces jeunes retraités, confrontés aux fins de vie, souvent douloureuses, de leurs parents très âgés. Pour ancrer cette question dans la campagne électorale, l'ADMD doit envoyer, dans les jours prochains, un livre blanc aux candidats et aux élus, intitulé "Fin de vie, une nouvelle loi est indispensable". Recensant une trentaine de cas dramatiques de familles décrivant des situations d'acharnement thérapeutique sur leurs proches très âgés, ou de personnes, lourdement handicapées, réclamant le droit à mourir, ce document cherche à démontrer que la loi Léonetti sur la fin de vie doit être remplacée. L'ADMD souhaite ainsi rouvrir la discussion sur la dépénalisation de l'euthanasie, et projette d'inviter les différents candidats à l'élection présidentielle, début mars, lors d'une grande soirée débat. § A moins de trois mois du premier tour de la présidentielle, Ségolène Royal a cherché à réactiver le clivage gauche-droite, lors de sa tournée aux Antilles, réservoir potentiel de 600 000 voix. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § L'animateur de l'émission Ushuaïa, diffusée sur TF1, a indiqué qu'il se présenterait à l'Elysée si les candidats déclarés ne s'engageaient pas de façon satisfaisante sur les propositions de son "pacte écologique", qui vise à placer l'écologie au cœur de la campagne. § N icolas Hulot aurait déjà récolté 130 promesses de parrainage sur les 500 nécessaires pour une candidature à l'Elysée, d'après Gérard Feldzer, directeur officieux d'une éventuelle campagne de l'animateur de télévision et militant écologiste. "Il faut se préparer parce qu'après ce sera trop tard. Nous allons chercher les signatures", a déclaré Gérard Feldzer, interrogé par Europe 1. "Pour un candidat non déclaré, avoir 130 signatures en quinze jours, c'est pas mal", a-t-il estimé en se déclarant "assez optimiste" pour la suite, "au cas où". L'animateur de l'émission Ushuaïa, diffusée sur TF1, a indiqué qu'il se présenterait à l'Elysée si les candidats déclarés ne s'engageaient pas de façon satisfaisante sur les propositions de son "pacte écologique" qui vise à placer l'écologie au cur de la campagne. Le pacte, lancé le 7 novembre, avait recueilli mercredi plus de 430 000 signatures de soutien, selon le site Internet de la fondation Nicolas-Hulot. Celui-ci avait indiqué à plusieurs reprises fin 2006 qu'il déciderait au plus tard début janvier s'il se présentait à l'élection présidentielle. § A l'image du chef de l'Etat, certains candidats à l'élection présidentielle ont décidé d'exprimer leurs vœux en vidéo pour l'année 2007. § § Le 22 décembre, la secrétaire nationale du Parti communiste avait officialisé sa candidature à l'Elysée et annoncé qu'elle quitterait ses fonctions à la tête du PCF pour mener une campagne de "rassemblement". Sa démission devrait être validée jeudi, lors d'un conseil national du PCF à huis clos. § L a secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, fera sa "déclaration de candidature" à l'élection présidentielle vendredi, d'après un communiqué du PCF. Sa déclaration aura lieu à 17 h 30 à l'école Jules-Ferry, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Le 22 décembre, Mme Buffet avait officialisé sa candidature à l'Elysée et annoncé qu'elle quitterait ses fonctions à la tête du PCF pour mener une campagne de "rassemblement". Sa démission devrait être validée jeudi, lors d'un conseil national du PCF à huis clos. Les 9 et 10 décembre, une majorité des collectifs locaux avaient marqué leur préférence pour Marie-George Buffet, mais le processus prévu par les divers courants prévoyait un "double consensus" incluant les partis et organisations. Or la majorité des membres du collectif national avaient estimé que le statut de chef de parti de la dirigeante communiste l'empêchait d'incarner un rassemblement. Les antilibéraux lui dénient toujours le droit de faire campagne en leur nom, affirmant que Mme Buffet devrait "porter les seules couleurs de son parti". § Le président a profité, mercredi, de son traditionnel message de vœux au gouvernement pour demander aux ministres "une mobilisation totale", les mettant en garde contre le risque de délaisser leur activité gouvernementale. § L e président Jacques Chirac a profité, mercredi 3 janvier, de son traditionnel message de vux au gouvernement pour demander aux ministres "une mobilisation totale", les mettant en garde contre le risque de délaisser leur activité gouvernementale au profit de leur engagement dans la campagne électorale. Cette déclaration semblait viser en particulier Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP à l'élection présidentielle et actuel ministre de l'intérieur. "Vous aurez certainement à cur de prendre part au débat national qui s'annonce. Il est légitime que vous puissiez le faire, et nos concitoyens seront attentifs à l'expression de votre engagement et de vos convictions, a dit M. Chirac en réponse aux vux du gouvernement. Mais il vous faudra le faire dans le cadre d'un principe clair : cet engagement dans le débat électoral ne saurait en aucun cas s'exercer au détriment de votre mission gouvernementale." "LA TENTATION DE LA TABLE RASE" Le chef de l'Etat a aussi dénoncé "la tentation de la table rase", semblant à nouveau s'en prendre implicitement au candidat Sarkozy, chantre de la "rupture tranquille". "Dans un temps où, par la force des choses, la caricature pourrait gagner sur la raison et la tentation de la table rase sur le respect du travail accompli, sachez revendiquer et porter haut votre action", a-t-il dit après avoir défendu son bilan économique et social. Il a salué l'action du gouvernement dirigé par Dominique de Villepin en disant aux ministres qu'ils avaient "toutes les raisons d'être fiers de l'action (qu'ils mènent) sous l'autorité du premier ministre". Il a demandé à nouveau au gouvernement une "mobilisation totale" pour la sécurité, contre le chômage et "pour aider les plus démunis", les incitant en particulier à avancer "rapidement dans (leur) travail sur le droit au logement opposable". Le président de la République a par ailleurs fixé "trois priorités". D'abord, côté législatif, le vote au Parlement des textes sur la prévention de la délinquance, la réforme de la justice, la parité en politique, la modernisation du dialogue social et la protection de l'enfance. Il a également souhaité que la Constitution soit révisée pour adopter la réforme du statut pénal du chef de l'Etat, le texte sur la Nouvelle-Calédonie et celui sur l'abolition de la peine de mort. "Deuxième priorité" fixée par M. Chirac : "l'essentiel des décrets d'application des lois votées depuis 2002 doit être pris". Il a annoncé qu'un conseil des ministres sera consacré au mois de mars "à faire le bilan du respect" par tous les ministres de cette "exigence". Le président de la République demande enfin aux ministres "un engagement personnel" pour préparer les trois grandes conférences internationales prévues : la conférence sur la reconstruction du Liban fin janvier, celle sur l'environnement début février et le sommet Afrique-France, fin février. Jacques Chirac a prévenu qu'il comptait s'exprimer avant l'élection présidentielle pour "fixer les enjeux et éclairer le choix des Français" . "Je le ferai en responsabilité, guidé par une seule ambition : l'intérêt des Français", a déclaré le président, qui n'a pas encore annoncé s'il envisageait un troisième mandat. § L'annonce par Jacques Chirac du droit opposable lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre, a été reprise par l'UMP. La gauche, pour sa part, crie aux promesses non tenues. § § Sans attendre les traditionnelles cérémonies de début d'année, Ségolène Royal, le 31 décembre 2006 et Nicolas Sarkozy, le 1er janvier ont adressé leurs voeux par l'intermédiaire d'une vidéo de deux minutes diffusée sur Internet. § S ans attendre les traditionnelles cérémonies de début d'année, Ségolène Royal, le 31 décembre 2006 et Nicolas Sarkozy, le 1er janvier ont adressé leurs vux par l'intermédiaire d'une vidéo de deux minutes diffusée sur Internet. Sur son site Desirsdavenir.org, la candidate du Parti socialiste, filmée dans un appartement aux murs blancs éclairé de lampes de couleurs, a plaidé pour "une nouvelle République qui soit au service des citoyens et construite avec les gens et avec la vie telle qu'elle est (...) la France mérite beaucoup mieux que ce qu'elle a", a-t-elle indiqué. Elle a précisé qu'elle fera "tout pour que ce soit les débats de fonds qui préoccupent les Français qui soient mis sur la table". Vêtue d'un pull rose et d'une veste sombre à col de fourrure, Mme Royal, qui présentera ses voeux à la presse jeudi 4 janvier, a remercié les internautes qui, "par leur intelligence", contribuent à l'élaboration de son programme. "Je veux construire le projet présidentiel avec vous. Moi aussi j'ai plein d'énergie et nous allons ensemble construire demain", a-t-elle affirmé. "TRADITION HYPOCRITE" Dans un décor plus austère, avec en arrière plan le logo de l'UMP, Nicolas Sarkozy, en costume sombre, s'est adressé aux militants de son parti qui "ont construit la première formation du pays". D'ici à l'élection présidentielle, le président de l'UMP espère bien "ramener à nous les électeurs qui se sont égarés sur les routes du Front national", comme "les électeurs qui ont pensé qu'avec la gauche, ils avaient le mouvement. Avec la gauche, ils n'ont que la conservation". M. Sarkozy a lancé un appel aux Français dans des termes proches de ceux employés par Mme Royal : "Je veux construire avec vous. Je veux donner à la France l'énergie dont je me sens porteur. J'ai besoin de vous. Ensemble, on va faire en sorte que tout soit possible", a-t-il dit. C'est aussi sur la Toile que Philippe de Villiers a choisi de s'exprimer, relevant que le record des 50 000 connections avait été battu pour le site du Mouvement pour la France. Pour sa part, Dominique Voynet, candidate désignée des Verts, a elle aussi adressé ses voeux dans une vidéo diffusée sur son blog. Mais c'est pour faire savoir qu'elle a décidé de ne pas envoyer de cartes de voeux, "une tradition hypocrite" en considérant que "ces centaines de cartons le plus souvent anonymes n'avaient pas grand sens". § La bande dessinée consacrée au candidat unique de l'UMP à l'élection présidentielle, "La Face karchée de Sarkozy", trône parmi les BD les plus vendues en France. § E lle se situe très loin derrière les chiffres de Titeuf ou de Lucky Luke, dont les deux derniers albums ont été respectivement imprimés à 1,8 million et 700 000 exemplaires - mais la bande dessinée consacrée au candidat unique de l'UMP à l'élection présidentielle, La Face karchée de Sarkozy, trône parmi les BD les plus vendues en France. Au point que Vents d'Ouest (filiale des éditions Jacques Glénat) indique avoir imprimé 40 000 exemplaires supplémentaires, après un premier tirage de 100 000, en novembre 2006. A lire La Face karchée de Sarkozy, de Philippe Cohen, Richard Malka et Riss, Vents d'Ouest/Fayard, 148 p., 15 euros. Dol, de Philippe Squarzoni, éd. Les Requins marteaux, 288 p., 30 euros. Un autre monde est possible, de Pierre Cattan et François Olislaeger, éd. Hachette Littératures, 96 p., 14 euros. Le P'tit Chirac, de Jim, Gaston et Alteau, éd. Jungle, 48 p., 8, 95 euros. La success story du président, collectif, Hoëbeke, 94 p., 19,90 euros. Ségolène !, de René Pétillon, éd. Albin Michel, 72 p., 13,90 euros. C'est la faute à la société..., de Wolinski, Albin Michel, 72 p., 13,90 euros. Lui, eux et... les autres, de Willem, éd. du Layeur, 120 p., 22,50 euros. 2006, une année de dessins, Rotative, 64 p., 6 euros. Vive la politique !, collectif, Dargaud, 79 p., 13,50 euros. Le succès de La Face karchée traduit la volonté des éditeurs de tirer parti de l'engouement pour la BD en lançant plusieurs albums ou recueils de dessins de presse ayant pour sujet la vie politique française et ses acteurs, peu avant le scrutin présidentiel. Le succès de La Face karchée a aussi été mûrement préparé par Vents d'Ouest et son associé dans ce projet, Fayard. Les éditeurs ont gardé secrets les "visuels" de l'ouvrage jusqu'à sa parution en librairie mais en insistant auprès des médias sur le fait que l'un des trois signataires, Philippe Cohen, était l'un des auteurs, en 2003, d'un livre-pamphlet, La Face cachée du Monde - titre auquel la BD fait écho -, via Mille et une nuits, filiale de Fayard. Auteur de l'enquête nourrissant cet album sur Nicolas Sarkozy, Philippe Cohen a été épaulé par l'avocat Richard Malka, qui le défendit dans son procès contre Le Monde. Scénariste de BD (L'Ordre de Ciceron, Glénat éd.), Me Malka est aussi l'avocat de Charlie Hebdo, hebdomadaire satirique auquel collabore Riss, le dessinateur du livre. Les auteurs de bande dessinée et de dessins de presse préfèrent visiblement croquer les travers des politiques de droite que ceux de gauche. Jacques Chirac, les fastes, les pompes et les scandales de son règne s'exposent dans La Success Story du président (Hoëbeke). Ce recueil propose caricatures et dessins dus à Cabu, Gébé, Honoré, Jul, Willem ou Riss. Un autre album sur le président de la République, intitulé Le P'tit Chirac, publié par Jungle (filiale de Casterman), devrait précéder Le P'tit Sarkozy, annoncé pour février, avant une P'tite Ségo. La candidate socialiste, que la BD n'a encore que peu prise en compte - un projet d'album avec le collectif Bonobo vient d'être ajourné par Albin Michel -, s'est toutefois vu adjuger le titre d'un album, dans lequel elle apparaît peu, par cette même maison d'édition : Ségolène ?, de René Pétillon. D'autres livres tiennent à distance les vedettes de la future élection présidentielle, comme Dol, de Philippe Squarzoni, à la fois reportage, enquête et essai politique autant que BD. Paroles d'experts, dessins en noir et blanc et photos tramées d'images de guerre ou de sociétés à la dérive dressent le bilan des années pendant lesquelles la droite a exercé le pouvoir en France, de 2002 à 2007, des dégâts causés par le libéralisme de Jean-Pierre Raffarin aux dangers de l'arsenal médiatico-sécuritaire du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, - sans ménager les médias. ENQUÊTE SUR LES STARS D'ATTAC L'éditeur de Dol, Les Requins marteaux, l'a imprimé à 5 000 exemplaires. Mais la maison d'édition albigeoise table sur le succès à long terme de cette BD différente : deux précédents ouvrages de Philippe Squarzoni, Garduno en temps de paix et Zapata en temps de guerre, ont été primés plusieurs fois et ont bénéficié de tirages supplémentaires. Dans la même veine que Dol, mais avec un humour plus affiché, Un autre monde est possible s'intéresse aux altermondialistes, à l'occasion du sommet de Caracas, en 2005. Les stars d'Attac séjournent au Hilton, Olivier Besancenot circule en 4 × 4 (mais pratique le covoiturage !), le folklore vénézuélien, les discours-fleuves du président Hugo Chavez et les bidonvilles font fantasmer les participants au sommet mais aussi les deux auteurs, Pierre Cattan et François Olislaeger. Le premier tirage (4 000 exemplaires) est quasiment épuisé. George Wolinski aligne avec régularité les recueils de dessins d'actualité. Dans son dernier ouvrage, le très réussi C'est la faute à la société..., imprimé à un peu moins de 20 000 albums, il traque déclinologues et psychothérapeutes épiant le chevet de la France et des Français, de ceux qui pensent avec sagesse et mélancolie que "c'était mieux avant, parce qu'on croyait que ce serait mieux aujourd'hui". Avec la maîtrise du trait et le sens de l'ellipse qui le caractérisent, le dessinateur de Libération Willem livre sa vision noircissime du petit théâtre du pouvoir dans Lui, eux et... les autres, sur la couverture duquel Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy occupent une place de choix. L'artiste néerlandais est également présent dans le hors-série que vient de publier Charlie Hebdo, 2006 Une année de dessins - avec Nicolas Sarkozy en couverture - où se pressent les "unes" de l'hebdomadaire et les croquis de ses dessinateurs. Et le collectif étant très à la mode, on retrouve dans Vive la politique ! une quinzaine d'auteurs de bande dessinée - de Claire Bretécher à Martin Veyron, en passant par Binet, Diego Aranega ou Florence Cestac -, et leur vision de la vie politique à la française. § C'est le dernier arrivant dans la galerie des personnages de Nicolas Sarkozy : "fraiseur, trente-six ans de boîte, et 1 200 euros net à la fin du mois". § C 'est le dernier arrivant dans la galerie des personnages de Nicolas Sarkozy : "fraiseur, trente-six ans de boîte, et 1 200 euros net à la fin du mois". Le ministre de l'intérieur l'a rencontré à l'occasion de sa visite dans une forge des Ardennes, le 18 décembre 2006. Aussitôt, il s'est retrouvé dans le discours du candidat à l'élection présidentielle prononcé le soir même à Charleville-Mézières pour illustrer, à lui seul ou presque, les difficultés de "la France qui souffre". Au-delà du poids des mots, M. Sarkozy aime à faire jouer le choc des images. Un exemple, une tranche de vie, une parabole font parfois plus, aux yeux du président de l'UMP, qu'une idée, fût-elle exprimée avec vigueur. Pascale, "une mère divorcée élevant trois enfants", a elle aussi fait son entrée dans le petit monde de Nicolas Sarkozy. Cette jeune femme, il l'a rencontrée sur le plateau de France 2 au soir de l'annonce de sa candidature (Le Monde du 2 décembre 2006). Depuis, elle vient illustrer les discours du candidat, plus spécifiquement préposée à la défense du droit opposable au logement. Plus loin de nous, en 2005, le président de l'UMP a eu souvent recours à "la femme de Strasbourg" lors de ses discours en faveur du oui au référendum constitutionnel. "Dans cette histoire, avait expliqué à l'époque M. Sarkozy, dont les propos avaient été rapportés par Le Figaro, tout repose sur le rythme, les silences. Au départ, il n'y a rien. Juste une femme qui m'aborde dans la rue et qui me cueille à froid en me disant qu'elle va voter non et que ça l'ennuie parce qu'elle m'aime bien. Je marque le coup, et puis je lui dis : "Votre mari, vous l'aimez bien ?" Elle répond oui. Et je lui dis : "Et parfois il vous énerve ? - Oh là là oui", qu'elle me répond. "Est-ce que vous divorcez pour autant ?" Elle me dit : "Evidemment non." Alors je lui dis : "C'est comme avec l'Europe. Parfois on se dispute, on s'énerve, mais on ne divorce pas, parce que l'Europe, c'est la famille."" M. Sarkozy avait expliqué qu'il avait raconté cette histoire à sa femme, Cécilia, puis à l'essayiste (et président du conseil de surveillance du Monde) Alain Minc, qui l'avait convaincu de l'intégrer à ses discours. A cette époque, le président de l'UMP faisait appel à la figure aimée de son grand-père, Benedict Mallah. Il racontait à longueur de meetings comment cet homme qui "l'avait élevé", qui "avait fait la guerre de 14-18", parlait des "boches" au lieu de dire "les Allemands". Il concluait alors invariablement par : "Vous voyez, l'Europe, c'est la paix." § Piller la rhétorique du camp adverse, valoriser le "parler simple"..., lors d'une campagne, la langue devient une arme pour dominer l'adversaire. Des linguistes décryptent cette bataille avec humour. § "R upture tranquille" d'un côté, "ordre juste" de l'autre : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont fourbi leurs armes. Car la bataille présidentielle est d'abord une affaire de mots. C'est sur eux que se construit l'"image" d'un(e) candidat(e). Doit-on démontrer sa volonté et/ou sa capacité à rassembler ? On inventera un oxymoron (ou oxymore), cette figure de rhétorique qui consiste à allier deux mots de sens contraire. Non pas tant "pour leur donner plus de force expressive", selon le sens littéraire que livre Le Petit Robert, que pour chercher à séduire le plus grand nombre : les adeptes de la "rupture" et ceux que ce terme effarouche ; les partisans de l'ordre comme les amateurs de justice. Sans oublier ceux qui ne se retrouvent que dans l'union des contraires, et qui y trouveront - dans l'un et l'autre cas - parfaitement leur compte. Dans son pavillon de Plaisir (Yvelines), où il coule une retraite paisible, Maurice Tournier observe avec une gourmandise intacte ce double exercice de "synthèse langagière" croisée : "Sarkozy prend la tranquillité dans le domaine mitterrandien, et Ségolène Royal l'ordre dans le vocabulaire de droite", chacun ajustant à sa façon ces emprunts. L'ancien fondateur du premier laboratoire de lexicométrie, créé en 1967 à l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, n'ira pas au-delà dans l'interprétation de ce cas d'espèce. "Je me méfie de moi", dit-il, refusant de s'aventurer hors de toute étude statistique. Force de l'habitude : cela fait quarante ans que cet agrégé de lettres a trouvé refuge dans les chiffres. Avec le concours de mathématiciens, il avait mis au point des outils d'analyse statistique, permettant "un inventaire systématique de vocabulaire", qui se sont développés par la suite. Des banques de données existent aujourd'hui à Lyon - où ont été transférées les ENS de Saint-Cloud et de Fontenay -, Amiens, Nice, ou encore Créteil. Il a fallu plus de cinq ans de travail avant la première publication, qui portait sur les tracts de Mai 68. Ont suivi des ouvrages sur le discours syndical, communiste, puis des études portant sur le langage des principaux candidats en 1988 et 1995. DÉCALAGE STATISTIQUE Grâce au concours de mathématiciens, le principe de base consistant à mesurer la fréquence de certains mots dans les discours s'est enrichi d'un mode de calcul de probabilités permettant de distinguer les "mots spécifiques", ceux dont la fréquence constatée est supérieure à la fréquence probable. Ainsi, raconte M. Tournier, lors du face-à-face télévisé de 1988 entre Jacques Chirac et François Mitterrand, "deux événements statistiquement absolument improbables sont survenus en même temps". Interrogés sur le même sujet, Jacques Chirac prononce à dix-sept reprises le mot "immigration" et une seule fois le terme "immigrés", alors que François Mitterrand, à l'inverse, emploie à quinze reprises ce dernier mot, n'évoquant qu'une seule fois l'"immigration". Il n'y a là bien sûr aucun hasard : le candidat de droite préfère user d'"un terme généralisant, qui traduit par son suffixe "-ation" la dynamique d'un flux abstrait arrivant en France", alors que son adversaire socialiste ne veut évoquer, par le mot "immigrés", que "des gens qui sont déjà là", l'emploi d'un participe passé "supprimant toute idée de mouvement" et évacuant donc la question du flux. A partir de cet exemple de très fort décalage statistique entre fréquence probable et fréquence constatée, le linguiste confirme ce que chacun pressent : dans le langage politique, a fortiori lors d'une campagne présidentielle, "les mots sont archisurveillés". "Le politique, poursuit M. Tournier, cherche à s'approprier la parole en occupant les médias, mais aussi la langue et le langage, en devenant le référent du sens des mots. Il essaie de s'emparer d'un système de stéréotypes et de détruire celui de son adversaire." Ainsi Jacques Chirac s'est-il emparé en 1995 d'une thématique de gauche, la "fracture sociale", au détriment de Lionel Jospin. Ainsi dépossédé de son discours, le candidat socialiste a cherché à se démarquer. Lors de leur face-à-face télévisé, M. Jospin a employé à vingt-deux reprises les termes "différent" ou "différence", qui ne sont apparus que quatre fois dans les réponses de M. Chirac. Familier de ces parties d'échecs où les pions sont des mots, le président du RPR a vu la manoeuvre et y a répliqué en insistant sur des points d'accord. On comprend pourquoi Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n'ont eu de cesse de s'épier - et de se piller - lors d'une précampagne qui a donné lieu à plusieurs chassés-croisés. Le président de l'UMP a fustigé les "patrons voyous", et s'est montré au chevet de la "France qui souffre", tandis que Mme Royal faisait des incursions répétées sur le terrain de l'"ordre" et de la "sécurité". Les deux principaux candidats qui veulent incarner le "renouvellement" ne réutilisent là que de vieilles recettes. Il en va de même de la vogue du "parler simple", qui, rappelle le linguiste Louis-Jean Calvet, "a commencé avec Poujade dans les années 1950". Lors d'un déjeuner, le 22 novembre 2006, avec près de 600 maires socialistes, Mme Royal leur avait vivement conseillé quelques traductions : "vie chère" au lieu de "pouvoir d'achat", "petites retraites" plutôt que "pensions modestes"... "Royal est dans la fuite des expressions technocratiques", relève le professeur d'informatique Jean Véronis. Poursuivant ce même objectif d'une étude statistique du langage politique, ces deux enseignants à l'université de Provence ont publié en octobre 2006 un livre, Combat pour l'Elysée, paroles de prétendants (éditions du Seuil, 15 euros), qui doit son titre à la crise du contrat première embauche, pendant laquelle il a été rédigé. Dans cet ouvrage, les auteurs décortiquent - non sans humour - les paroles des principaux acteurs de la vie politique française. Objectif revendiqué par M. Calvet : "Apprendre aux gens à décrypter les discours, pour qu'ils comprennent comment on peut les baratiner." En prélude à quelques portraits parfois au vitriol, on y trouvera notamment d'indispensables rudiments sur l'euphémisme et la langue de bois, ainsi que le rappel de quelques célèbres lapsus. Ces moments, comme le dit joliment M. Calvet, où "l'inconscient remonte à fleur de mots". Preuve que, même en territoire surveillé, la parole sait s'offrir des moments de liberté. § Philippe Sabater, syndicaliste du SNU-FSU à l'ANPE, membre du collectif "Les autres chiffres du chômage", raconte comment le gouvernement a pris des mesures qui conduisent, selon lui, certains chômeurs à "s'autoradier" et à disparaître ainsi des statistiques officielles. § § "Les socialistes européens peuvent être fiers de ce qu'a fait l'un des nôtres", a lancé M. Sarkozy, avant de corriger promptement son lapsus : "l'un des leurs". Il déjeunait à Londres avec le premier ministre britannique. § "L es socialistes européens peuvent être fiers de ce qu'a fait l'un des nôtres", a lancé M. Sarkozy, avant de corriger promptement son lapsus : "l'un des leurs". Le candidat de l'UMP et ministre de l'Intérieur a cité en modèle le premier ministre britannique, lors d'un déjeuner à Londres, mardi 30 janvier. Le leader des travaillistes reste une référence controversée au sein de la gauche française et du Parti socialiste. "Je veux construire le meilleur pour la France, je veux aller rencontrer partout dans le monde ceux qui ont bien servi leur pays, qui ont été utiles à leur pays", a justifié M. Sarkozy en sortant du 10 Downing street, raccompagné par M. Blair après une rencontre d'une heure. "On a évidemment des désaccords, par exemple l'affaire de l'Irak", a tempéré le candidat de l'UMP, soucieux de montrer son opposition aux choix fait par Tony Blair de s'engager avec les Américains dans cette guerre. "LE PLEIN-EMPLOI EST POSSIBLE" "Il ne s'agit pas de plaquer un modèle" sur le cas français "mais Tony Blair a fait preuve de pragmatisme et a été utile à son pays et moi je veux une France très ouverte sur le monde. Un de nos problèmes, c'est qu'on est trop centrés sur nous-mêmes", a poursuivi M. Sarkozy. Parmi les succès de la politique de M. Blair, M. Sarkozy a cité "la résolution du problème irlandais, le plein-emploi, la modernisation du pays". "Le plein-emploi est possible en France. C'est un engagement que je prends", a-t-il ajouté après une visite dans un centre de recherche d'emploi à Londres. Le ministre-candidat a rappelé qu'il réfléchit à l'instauration, s'il est élu, d'un contrat de travail unique, qui serait inspiré du contrat nouvelles embauches (CNE), actuellement réservé aux entreprises de moins de 25 salariés. A ses yeux, cette solution premettrait de "sortir du dilemne contrat à durée déterminée-contrat à durée indéterminée", dans la mesure où "les droits des salariés se renforcent au fur et à mesure de l'ancienneté dans le contrat". Lundi, Xavier Bertrand, ministre de la santé et porte-parole du candidat UMP, avait expliqué que "le CNE n'a pas vocation à devenir le contrat de travail unique car il faut non seulement un contrat souple, mais aussi plus sécurisant pour l'employé". § François Bayrou a refusé mardi de dire qui il soutiendrait au second tour de l'élection présidentielle, précisant que c'était "le piège auquel il voulait échapper". § I nterrogé mardi sur la consigne de vote qu'il donnerait au second tour de l'élection présidentielle, en cas de duel entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, François Bayrou n'a pas répondu. "Je refuse cette question, elle est en elle-même le piège auquel je veux échapper", a précisé François Bayrou. "Si j'accepte cette question, cela veut dire que ma démarche de renouvellement de la politique n'est pas sincère, qu'en réalité, je roulerais pour un camp ou pour un autre", a-t-il expliqué sur RTL. Il a réaffirmé sa volonté de changer "cette idée de camp contre camp".François Bayrou s'est engagé, s'il était élu, à former "une majorité dans laquelle on retrouvera des élus et des personnalités venus de bords différents". "Je prendrai dans mon gouvernement des personnalités compétentes qui accepteront le programme que les Français auront signé", a-t-il dit, refusant de raisonner par "étiquettes" politiques. Affaire du scooter du fils de M. Sarkozy : "deux poid, deux mesures", selon M. Bayrou "Nous vivons dans la France des deux poids, deux mesures (...). Il y a tous les jours, en France, des événements de cet ordre qui ne donnent pas lieu à des déploiements policiers de cette ampleur", a dénoncé le candidat de l'UDF mardi sur RTL. Trois jeunes gens soupçonnés d'avoir volé à Neuilly-sur-Seine le scooter d'un fils de Nicolas Sarkozy ont été arrêtés et mis en examen en Seine-Saint-Denis, notamment grâce à des recherches ADN. - (avec AFP) IL N'A "QUE DES IDÉES DE DROITE", SELON M. COPÉ "C'est un homme qui se dit au centre, mais (qui) n'a que des idées de droite et est élu plutôt par des électeurs UDF ou UMP", a répondu à distance l'UMP Jean-François Copé, sur Canal+, mardi. Le porte-parole du gouvernement a toutefois estimé qu'il y avait "peut-être une corrélation entre le fait que les sondages de Ségolène Royal baissent un peu" et que ceux du candidat UDF soient en hausse. Pour les législatives, il n'y a pas d'accord électoral entre l'UDF et l'UMP, mais 28 des 30 députés centristes sont pour l'instant assurés de ne pas avoir à affronter de candidat UMP au premier tour en juin. M. Bayrou n'a toujours pas annoncé les noms des candidats UDF qu'il compte présenter "dans toutes les circonscriptions". § Les socialistes estiment que le candidat-ministre ne peut pas rester au gouvernement. Dominique de Villepin juge ce statut "tenable". § L e Parti socialiste poursuit son offensive contre Nicolas Sarkozy et sa "double casquette" de ministre de l'intérieur et de candidat UMP à l'élection présidentielle. Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale, a annoncé, mardi, son intention de saisir, avec le président du groupe PS du Sénat, le Conseil constitutionnel sur la compatibilité de ce "statut" de ministre-candidat. Bruno Rebelle saisit la CNIL Les avocats de Bruno Rebelle, membre de l'équipe de campagne de Ségolène Royal, ont déposé auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), mardi 30 janvier, une demande d'accès à son dossier des Renseignements généraux (RG). "Nous demandons l'accès à la vraie fiche, celle concernant une enquête faite très récemment, en janvier 2007, sur M. Rebelle", a indiqué Me Jean-Pierre Mignard, l'un des avocats de M. Rebelle. La CNIL a confirmé avoir reçu, mardi, la requête des avocats de Bruno Rebelle, et a indiqué que l''accès au dossier pourrait prendre un an. Selon le président de la CNIL, Alex Türk : "Pour un citoyen lambda, c'est un an de délai minimum de réponse (et) je ne sais même pas si on peut faire accélérer la procédure". Me Mignard a par ailleurs fait savoir que la requête adressée à la CNIL avait aussi été transmise au doyen des juges d'instruction. - (avec AFP). A travers cette démarche, les socialistes, qui estiment que M. Sarkozy ne peut pas rester au gouvernement, entendent aussi que l'institution "rappelle les règles", et "les fasse appliquer", en ce qui concerne l'"interdiction d'utiliser l'argent public pour les campagnes électorales". Un peu plus tôt dans la journée, Dominique de Villepin avait qualifié de "tenable" le statut de ministre-candidat de M. Sarkozy. Il a estimé que "rien ne justifie les polémiques" sur le maintien au gouvernement du candidat UMP à la présidentielle, tout en reconnaissant que le cumul des fonctions pouvait "impliquer des tâtonnements". M. Sarkozy n'est pas le premier candidat à l'élection présidentielle à occuper des fonctions-clés au sein de l'exécutif. En 2002, Lionel Jospin a par exemple occupé son poste de premier ministre jusqu'aux élections. Cette polémique sur le "mélange des genres" qui vise M. Sarkozy a toutefois pris de l'ampleur avec la publication, la semaine passée, par Le Canard enchaîné, d'informations selon lesquelles le cabinet du ministre de l'intérieur aurait demandé aux Renseignements généraux (RG) d'enquêter sur Bruno Rebelle, ex-directeur de Greenpeace France et conseiller de la candidate socialiste Ségolène Royal. M. Ayrault demande également la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur le rôle de ministre de l'intérieur dans l'enquête des RG et "sur la manière dont sont utilisés les services d'information du gouvernement". § Il est intervenu en vedette du meeting de Marie-George Buffet, le 23 janvier, au Zénith de Paris. Il figure en tête du dernier tract de la candidate du PCF, comme un des responsables de son comité de campagne. § I l est intervenu en vedette du meeting de Marie-George Buffet, le 23 janvier, au Zénith de Paris. Il figure en tête du dernier tract de la candidate du PCF, comme un des responsables de son comité de campagne. Mouloud Aounit, président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), n'a pas mégoté son engagement dans la campagne présidentielle. Après son élection en 2004 comme conseiller régional d'Ile-de-France sur la liste conduite par Mme Buffet, c'est décidément trop pour certaines figures de l'association : samedi 27 janvier, lors d'une assemblée générale, onze des trente-trois membres du conseil d'administration ont demandé la démission de leur président. "Mouloud Aounit a beau affirmer que son implication dans la campagne de Marie-George Buffet relève d'une démarche individuelle, il engage le MRAP", soutient avec virulence Gérard Kerforn, président de la fédération des Landes. Le maintien de M. Aounit à la présidence du mouvement lui apparaît d'autant plus incompatible avec son engagement politique que le MRAP a décidé d'interpeller "l'ensemble des candidat(e)s républicain(e)s" à l'élection présidentielle. "Comment avoir les coudées franches pour interpeller les candidats si notre président est juge et partie ?", renchérit Nadia Kurys, vice-présidente du MRAP et présidente de la fédération de l'Ardèche. Les opposants soupçonnent de plus leur président de lorgner sur une possible investiture aux élections législatives en Seine-Saint-Denis. Et de vouloir ainsi "instrumentaliser le MRAP au service du PCF", selon Emmanuelle Le Chevallier, de la fédération de Paris. M. Aounit se défend en expliquant qu'il s'est mis en congé de son poste de porte-parole et que cette décision, approuvée par les contestataires, a été adoptée à l'unanimité. "Moi, je n'ai aucune carte de parti. Parmi ceux qui me contestent, certains sont élus locaux du PS ou de la LCR. Le MRAP a toujours respecté le droit de chacun de s'engager à titre personnel dans les campagnes électorales." Pour lui, pas question de démissionner : le président "en congé" assure qu'il dispose d'une majorité de 70 % derrière lui. "La minorité doit être entendue, mais la majorité ne peut être bafouée", insiste-t-il. Les mises en cause de M. Aounit ne sont pas nouvelles. Ceux qui demandent aujourd'hui sa démission sont les mêmes qui depuis quelque temps dénoncent une certaine "dérive communautaire" du mouvement (Le Monde du 7 juin 2006). Ils espèrent, cette fois, qu'à la faveur de la fronde ils pourront enfin voir partir un président "en place depuis dix-huit ans". § Malgré les apparences, tout n'est pas calé dans les propositions de Nicolas Sarkozy : après les hésitations concernant le contrat de travail unique, des incertitudes demeurent à propos de la franchise médicale, le forfait de base à partir duquel l'assurance-maladie commencerait à rembourser les dépenses de santé, sans prise en charge des mutuelles ou des assurances complémentaires. § M algré les apparences, tout n'est pas calé dans les propositions de Nicolas Sarkozy : après les hésitations concernant le contrat de travail unique, des incertitudes demeurent à propos de la franchise médicale, le forfait de base à partir duquel l'assurance-maladie commencerait à rembourser les dépenses de santé, sans prise en charge des mutuelles ou des assurances complémentaires. Devant les patrons de la CGPME, mercredi 24 janvier, le candidat de l'UMP en évaluait le montant à 10 euros par famille et par an pour les consultations médicales, les médicaments, les actes biologiques et les frais hospitaliers, soit au total une somme de 40 euros. Dans La Tribune du 29 janvier, Xavier Bertrand, porte-parole de Nicolas Sarkozy et ministre de la santé, s'est montré beaucoup plus prudent. Se gardant de toute évaluation chiffrée, il estimait seulement nécessaire "de redonner de la lisibilité au système actuel", qui, depuis la réforme de 2004, cumule le ticket modérateur, le supplément de 1 euro par consultation et les 18 euros pour les soins hospitaliers les plus lourds. "INJUSTE ET INEFFICACE" Les experts du programme de l'UMP renvoient, eux, à d'éventuelles négociations en citant un montant maximum de 100 euros, incluant diverses exonérations. Le PS s'est engouffré dans cette brèche en évoquant une proposition "injuste et inefficace" qui "va culpabiliser les malades, une fois de plus considérés comme la variable d'ajustement". Parmi les mesures de la réforme de l'assurance-maladie de 2004, la création d'une franchise médicale, dont le montant reste difficile à évaluer, avait in fine été écartée parce qu'elle pénalise essentiellement les faibles consommateurs de soins. Ce forfait est un des pivots de la réforme adoptée en Allemagne où un montant de 10 euros par trimestre est institué pour les consultations médicales. La proposition du candidat de l'UMP en faveur d'une nouvelle contribution des patients survient alors qu'une polémique a éclaté à propos du revenu des médecins. A l'origine d'une étude sur les rémunérations des praticiens libéraux - 60 473 euros annuels en moyenne pour un généraliste en 2004 et 104 116 pour les spécialistes -, le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie a été contraint de compléter ses travaux pour "intégrer les contraintes du métier, la durée du travail, des profils de carrière et de retraite". Ces éléments devraient être pris en compte dans les négociations conventionnelles engagées pour revaloriser le montant des consultations de généralistes de 21 euros à 23 euros, tarif de base des spécialistes. Une augmentation d'ores et déjà promise par Xavier Bertrand qui va à reconnaître la médecine de générale au titre des spécialités. Le président de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie, Michel Régereau (CFDT) a néanmoins adressé une mise en garde sur le coût estimé à 500 millions d'euros, alors que d'autres professions de santé, comme les infirmières, devraient elles aussi bénéficier de substantielles remises à niveau. § Par un décret publié au Journal officiel samedi 27 janvier, les formations politiques ayant rempli, aux élections législatives de 2002, les conditions nécessaires au financement public ont pris connaissance du dernier versement annuel des aides dont elles bénéficient pour 2007. § P ar un décret publié au Journal officiel samedi 27 janvier, les formations politiques ayant rempli, aux élections législatives de 2002, les conditions nécessaires au financement public ont pris connaissance du dernier versement annuel des aides dont elles bénéficient pour 2007. En fonction des résultats obtenus aux élections législatives du mois de juin, les dotations seront réévaluées, offrant aux vainqueurs un bol d'air financier, contraignant les autres à réduire leur train de vie. L'UMP aura ainsi, pendant cette législature, tiré profit des résultats exceptionnels de 2002. Avec 8 829 353 voix recueillies au premier tour des élections législatives, elle perçoit ainsi 9 788 050 euros au titre de la première fraction de l'aide publique de 2007, bien que pénalisée pour n'avoir pas respecté la parité des candidatures (486 hommes et 114 femmes). En revanche, avec 505 parlementaires rattachés (352 députés et 153 sénateurs), le montant de la deuxième fraction versée en 2007 s'élève à 22 418 985 euros. Soit un total de 32 307 035 euros. Loin devant l'association du PS et des radicaux de gauche, qui, avec 6 577 025 voix et 247 parlementaires, perçoit un total de 20 023 879 euros. L'UDF (1 361 275 voix et 69 parlementaires) touche 4 612 928 euros et le PCF (1 232 044 voix et 42 parlementaires) 3 746 705 euros. Pour le FN, qui a obtenu 2 859 856 voix mais n'a aucun élu, la subvention totale s'élève à 4 579 545 euros. Les Verts perçoivent quant à eux 2 194 485 euros. § Michel Sardou a fait publier, lundi 29 janvier, sur la totalité de la dernière page du "Parisien", le texte d'"Allons danser", qui reprend des thèmes chers à M. Sarkozy. § P our lui, ce n'est "qu'une chanson", mais la sortir aujourd'hui, en pleine campagne électorale, "n'est pas tout à fait fortuit". Michel Sardou a fait publier, lundi 29 janvier, sur la totalité de la dernière page du Parisien, le texte d'une de ses dernières mélodies, intitulée "Allons danser". Le texte manuscrit reprend quelques thèmes chers à Nicolas Sarkozy. "Dire aux hommes qui se sont échoués, qu'on peut refaire sa vie plusieurs fois (...) se prendre en charge et pas charger l'Etat", résonne comme un écho des discours de campagne du candidat de l'UMP vantant l'initiative personnelle et l'allégement des charges de l'Etat. "Dire aux enfants qu'on va changer l'éducation qu'ils ont, pas celle qu'ils n'ont pas. Ajouter qu'il faut travailler", continue le texte, reprenant les leitmotivs du ministre de l'intérieur mettant l'accent sur la "réhabilitation du travail" et de l'"effort". Le couplet suivant est tout aussi fidèle aux thèses sarkoziennes de réduire les droits acquis au nom de "l'équité" : "Parlons enfin des droits acquis (...) il faudra qu'on en oublie sous peine de ne plus jamais avoir de droits", poursuit la rengaine. "SARDOU A TOUJOURS ÉTÉ À DROITE" Pourtant, l'artiste jure que ce n'est pas une chanson de soutien. "Je l'ai écrite il y a un an et demi sans Sarkozy pour me tenir la plume. C'est vrai que c'est une rencontre avec son projet", explique Michel Sardou. "Nicolas est un homme qui fait ce qu'il dit. Il dit des choses raisonnables et faisables", citant la réforme du code du travail ou le recul de l'âge de départ à la retraite. Et l'interprète de La Maladie d'amour de s'échauffer : "On vit dans un état d'assistanat complet, il y en a qui abusent ! On a perdu le goût de l'effort et les enfants se foutent de l'école. Ils veulent devenir riches et célèbres. Mais il faut bosser !" Chez Universal, sa maison de disques, on s'étonne des questions sur le statut de cette publication : "Sardou a toujours été à droite. Il n'a jamais caché qu'il était un ami de Sarkozy", assure Alexandre Hermann, responsable de sa promotion. Ce n'est qu'une "publicité", réplique la direction du Parisien. Le texte n'était pourtant surmonté d'aucun avertissement au lecteur. § Des insinuations racistes et antisémites sont propagées par email, depuis plusieurs semaines, visant le candidat de l'UMP. § D epuis plusieurs semaines, une lettre intitulée "Pan sur Sarko" circule sur Internet, invitant les internautes à consulter un site, toutsaufsarkozy.com, consacré au candidat de l'UMP à la présidentielle. La page d'accueil du site donne le ton. On y voit un photomontage montrant Nicolas Sarkozy prononçant un discours devant les drapeaux américain et israélien, légendé : "Que représente-t-il ? l'axe de la haine" et en dessous : "Bienvenue sur le site de la lutte nationale contre la candidature de Nagy Bocsa, alias Sarkozy." Le créateur du site, Michel Schneider, est un homme au parcours politique sinueux puisqu'il a commencé à militer à l'extrême droite au sein d'Occident puis au Mouvement jeune révolution, avant de passer au RPR - il a travaillé pour différents députés et participé à la création du Club 89 de Michel Aurillac et Alain Juppé. En 1983, cet agitateur, spécialiste des questions de défense, est revenu dans le giron de l'extrême droite, via le Front national et Jean-Marie Le Pen avec qui il entretien des rapports tumultueux. "Je n'ai pas repris ma carte en 2007", précise M. Schneider qui trouve que M. Le Pen "épargne un peu trop Nicolas Sarkozy dans ses discours." Un coup d'oeil aux articles publiés sur toutsaufsarkozy confirme l'impression initiale : loin d'autres sites satiriques et polémiques, ce site joue sur la haine, mais aussi sur le racisme et l'antisémitisme. Le ministre de l'intérieur est ainsi attaqué sur ses origines hongroises. Qualifié de "Rastignac hongrois", d'"arriviste" il est jugé indigne d'être président. Autant du fait de ses origines que de sa politique de rapprochement vis-à-vis des Etats-Unis que l'Israël : "Ses accointances avec des hommes politiques israéliens de premier plan et sa proximité évidente avec les patrons et professionnels juifs de France (UPJF), (...) ne sont plus à démontrer, ce qui ne peut que soulever des questions sur les conflits d'intérêts à venir dans la gestion globale de la France", lit-on dans un des articles mis en ligne. PERSIFLAGES Les vieux procédés de l'extrême droite y sont abondamment utilisés comme les insinuations : "Nicolas Sarkozy, pourquoi ton père a fui la Hongrie ? Mais surtout, que faisaient ton grand-père et ton père durant la période 1941-1944 ?", peut-on ainsi lire ; on y manie aussi les persiflages sur l'aspect physique de la personne et en l'occurrence sur la petite taille du président de l'UMP appelé "le nain" ou "le petit immigré hongrois". Sans compter les photomontages ou un croquis montrant M. Sarkozy de profil avec un nez proéminent. D'autres articles propagent des thèses révisionnistes voire négationnistes sur la Shoah tout en prenant soin de mentionner que l'auteur de l'article n'est en rien raciste ou antisémite et n'adhère pas forcément aux idées développées. Publicité a également été donnée à la conférence "sur l'Holocauste" organisée en Iran en décembre 2006 et où s'est notamment rendu le négationniste Robert Faurisson. Parmi les auteurs d'articles publiés sur le site, figure Jacques Marlaud, maître de conférences en sciences de l'information à l'université Lyon-III, idéologue du Grece, club de pensée de la Nouvelle droite. Celui-ci avait pris la défense de Bernard Notin maître de conférences à Lyon-III accusé de révisionnisme. § L'instauration d'un nouveau type de contrat de travail doit faire l'objet d'une "large concertation", a estimé mardi le premier ministre, interrogé sur le "contrat unique, inspiré du CNE", proposé par Nicolas Sarkozy. § "O n n'improvise pas tout à coup un contrat de travail unique", a affirmé, mardi 30 janvier, Dominique de Villepin, interrogé sur le "contrat unique, inspiré du CNE", proposé par Nicolas Sarkozy. "Je ne crois pas que de but en blanc, on puisse bâtir un contrat type commme on bâtit une maison type." Le CNE va être "amélioré" Le contrat nouvelle embauche (CNE) va être "amélioré" dans les prochaines semaines avec l'ouverture du "droit à un reclassement personnalisé en cas de rupture du contrat", a annoncé mardi Dominique de Villepin, se félicitant que "près de 800 000 CNE" aient été signés. Vouloir supprimer ce contrat, "comme le propose le Parti socialiste, c'est faire une nouvelle fois le choix du chômage de masse et de la précarité", s'est défendu le premier ministre. (Avec AFP.) "Dans notre pays, la réflexion sur un contrat de travail passe d'abord par une très large concertation, un très large dialogue avec l'ensemble des partenaires sociaux", a précisé Dominique de Villepin, citant son expérience, probablement une référence au fiasco du contrat première embauche (CPE). "La pire des choses serait que ce débat s'organise sur un mode idéologique ou corporatiste", a-t-il ajouté, déplorant que la France soit un pays "prompt à la fronde". LE CNE, UNE "RÉFÉRENCE" Nicolas Sarkozy avait déclaré, mercredi, vouloir "s'inspirer" du contrat nouvelle embauche pour lancer un "contrat unique" de travail en France. Il a ensuite corrigé le tir lundi via son porte-parole, Xavier Bertrand, qui a précisé que le candidat de l'UMP n'avait pas l'intention de généraliser ce contrat. "Le CNE est aujourd'hui une référence", a toutefois estimé mardi Dominique de Villepin. "Est-ce qu'il peut contribuer à la réflexion : pourquoi pas ?", a-t-il demandé, soulignant qu'il ne revendiquait pas de "droit d'auteur" sur ce contrat créé à l'été 2005. Le premier ministre a insisté sur la nécessité de "simplifier" le droit du travail, reprenant l'argument avancé par M. Sarkozy en faveur d'un contrat unique. Le CNE est réservé aux entreprises de moins de vingt salariés. Pendant les deux premières années, l'employeur peut se séparer d'un salarié en CNE sans avoir à donner de motif. § Me Jean-Pierre Mignard, conseil du couple Hollande-Royal, demande "solennellement" au président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés de faire la lumière sur le rôle des RG dans la campagne. § L 'avocat du couple Hollande-Royal a interpellé mercredi 31 janvier "solennellement" le président de la CNIL, Alex Türk : "Il vous revient d'exiger de monsieur le directeur des Renseignements généraux la production de tous les fichiers réalisés, de toutes les notes confectionnées par ses services ces derniers mois, relatifs aux candidats et aux membres de leur équipe de campagne", a demandé Me Jean-Pierre Mignard. Selon Le Canard enchaîné de mercredi, une enquête des Renseignements généraux "aurait été diligentée afin de connaître la nature du patrimoine immobilier de monsieur François Hollande et madame Ségolène Royal", rappelle Me Mignard dans une lettre qu'il a rendue publique. L'information est démentie par les RG. Selon Le Canard enchaîné, la fiche aurait servi de base aux rumeurs selon lesquelles le couple socialiste évitait l'impôt sur la fortune. "Il apparaît, si ces faits se vérifiaient, que nous nous trouverions alors devant une entreprise pensée, rationalisée, et systématique de fichage de candidats ou de membres de leurs équipes de campagne électorale", s'indigne Me Mignard. "VIE PRIVÉE" "Je rappelle que l'objet de votre commission est de veiller à ce que les traitements de données à caractère personnel soient mis en uvre sans porter atteinte ni à l'identité humaine, ni aux droits de l'homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques conformément à l'article 1er de la loi du 6 janvier 1978 modifiée qui fonde sa mission". Me Mignard est également le conseil de Bruno Rebelle, le membre de l'équipe de campagne de Mme Royal qui a interpellé la CNIL et porté plainte contre X après la révélation de son fichage par les RG. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Quatre militants de Seine-Saint-Denis défendent leur champion, François Bayrou, lors d'une rencontre à la permanence parlementaire UDF de Bobigny. § § Volonté de création de nouveaux "droits" pour les jeunes à gauche, soutien financier sous condition de "mérite" et d'"effort" à droite : la campagne électorale se traduit par des clivages assez classiques sur la question des aides apportées aux 18-25 ans. § V olonté de création de nouveaux "droits" pour les jeunes à gauche, soutien financier sous condition de "mérite" et d'"effort" à droite : la campagne électorale se traduit par des clivages assez classiques sur la question des aides apportées aux 18-25 ans. Ségolène Royal veut rendre effectif un "droit au premier emploi", en proposant "systématiquement" une solution aux jeunes au chômage depuis plus de six mois : soit une formation qualifiante, soit du coaching en recherche d'emploi, soit un stage ou un emploi aidé (rémunérés). La candidate socialiste, qui doit assister à un débat participatif sur la jeunesse, jeudi 1er février à Grenoble, propose aussi d'accorder un "prêt à taux zéro" pour les plus de 18 ans qui veulent financer un projet. La candidate du PCF, Marie-George Buffet, liste une série de "droits" (à l'emploi, au logement, à la culture, etc.). Elle s'engage à créer trois allocations pour la formation, l'accès au premier emploi et le retour à la formation avec l'ambition de "sortir les jeunes de la précarité". Le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, insiste sur l'aide apportée aux jeunes en contrepartie de leur "effort" et de leur "assiduité". Il souhaite créer un prêt à taux zéro pour les moins de 25 ans désirant financer un projet. Il préconise aussi la création d'une allocation de 300 euros, attribuée selon les revenus. Candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen refuse toute logique d'"assistanat" et insiste sur le soutien financier aux jeunes créateurs d'entreprise et la baisse des charges pour les entreprises embauchant des jeunes. François Bayrou veut améliorer la formation professionnelle de tous ceux qui sortent de l'école. Le candidat de l'UDF défend une refonte du système des bourses pour les rendre "plus justes". Il souhaite améliorer la situation des jeunes sans qualification en favorisant leur embauche. En dehors de Mme Buffet, les quatre autres principaux candidats s'accordent pour proposer l'instauration d'un "service civique" de deux mois (M. Le Pen) ou de six mois (MM. Sarkozy, Bayrou et Mme Royal). § Comme en banlieue, les 18-25 ans issus du monde rural éprouvent des difficultés d'insertion. L'usage croissant de drogues et d'alcool alarme les élus. § L e cadre de vie des jeunes de la Thiérache (Aisne) n'a pas la tristesse des cités- "ghettos" des banlieues sensibles. Mais dans ces villages tranquilles, les difficultés d'insertion sont les mêmes : une fois sortis de l'école, entre 16 et 25 ans, les jeunes de la mission locale vivent des situations de précarité et d'angoisse qui ressemblent étonnamment à celles décrites par les "jeunes des cités". "On parle jamais de nous. Mais, ici, on vit les mêmes galères", résume Nathalie Delvas, 24 ans, titulaire d'une maîtrise de biologie, revenue vivre chez ses parents faute d'avoir trouvé un emploi. Comme dans les zones urbaines sensibles, les jeunes de la région se heurtent à un marché du travail impitoyable pour ceux qui n'ont pas de diplôme ou qui ont fait des erreurs d'orientation. Nathalie Delvas dit ainsi avoir envoyé 200 CV depuis qu'elle a quitté l'université en juin 2006. Le bilan est désastreux : très peu de réponses et aucune proposition d'entretien. La faute, pense-t-elle, à un diplôme "trop général" qui n'intéresse pas les entreprises. Pour tenter de rebondir, elle s'est adressée à la mission locale et a trouvé un stage d'anglais. Sur le plan financier, elle se contente de vivoter avec des missions d'intérim au supermarché du village et au centre de loisirs de la commune. "J'aurais dû faire un CAP, j'aurais un vrai boulot", se désole-t-elle. Son retour au domicile familial sonne comme une rétrogradation, un signe de l'impossibilité de devenir autonome et adulte à part entière : "J'ai 24 ans et je vis chez mes parents. Je ne peux pas m'installer, acheter une maison ou choisir d'avoir des enfants." A l'autre extrémité de la hiérarchie scolaire, Vincent Haingue, 16 ans, se trouve dans la nasse comme tous ceux qui n'ont aucune qualification. Lui a arrêté l'école très jeune pour commencer une formation par alternance, mais n'a jamais réussi à trouver de patron prêt à l'accueillir. Avec sa mère, qui le conduisait de village en village, il a parcouru des centaines de kilomètres dans la région pour rencontrer des chefs d'entreprise. Sans succès. "Ils seraient prêts à me prendre en stage. Ou même au noir. Mais pour bosser, être payé comme apprenti, j'ai rien", regrette le jeune homme, en essayant de relativiser : "Je suis pas malheureux, j'ai à manger. Mais c'est énervant de vouloir travailler et de ne pas trouver de patron." Le taux de chômage des jeunes demeure, en Thiérache, nettement supérieur à la moyenne nationale. Ici, contrairement aux banlieues, personne n'évoque de discriminations liées à la couleur de la peau ou à la réputation d'un quartier. Mais les jeunes pâtissent de problèmes innombrables dus aux difficultés de transport. Le réseau de bus est presque inexistant et il faut se débrouiller, tant bien que mal, pour ceux qui n'ont pas les moyens de passer le permis de conduire. Eté comme hiver, la mobylette reste donc le moyen de transport le plus courant. "On voit des jeunes faire des dizaines de kilomètres tous les jours", se désole la directrice de la mission locale, Marie-Danielle Saintes. Officiellement, la plupart de ces jeunes sortis de l'école, mais sans emploi, se trouvent "en formation". Davina Houd, par exemple, 21 ans, en recherche d'emploi, a suivi une multitude de programmes aux titres ronflants ("dynamique de choix professionnel", "mobilisation pour l'insertion", etc.), mais aux débouchés incertains. "Je vois pas trop où je vais", reconnaît-elle. Personne, surtout pas les jeunes concernés, n'ignore que ces formations servent avant tout à faire baisser les chiffres du chômage. Mais nul n'a intérêt à les refuser, car elles sont souvent accompagnées d'une aide financière. Les conseillers de la mission locale ne comprennent pas pourquoi l'attention se focalise uniquement sur les banlieues alors que leurs jeunes subissent des difficultés comparables. Y compris sur le plan de l'ambition personnelle : "Le premier problème, ici, c'est l'autocensure. Nos jeunes ne sont pas poussés par leurs parents et ne sont pas incités à viser haut", explique Fabienne Ndao, 37 ans, conseillère à la mission locale. Au moment de s'orienter, beaucoup choisissent la formation la plus proche et pas la plus ambitieuse. L'exemple des grandes écoles qui viennent recruter en banlieue a marqué les esprits : on rêve, ici aussi, de disposer d'une expérience équivalente pour "booster" les jeunes de la région. "La désertification des campagnes produit les mêmes phénomènes d'angoisse, voire de désespoir, que ce qu'on voit dans les banlieues", relève Jean-Pierre Balligand, député maire (PS) de Vervins. Certaines jeunes femmes choisissent d'avoir des enfants sans cacher à leurs proches qu'elles cherchent avant tout à obtenir des allocations et un statut social. Cette souffrance se traduit aussi par l'usage alarmant de drogues et d'alcool. Au point que, début janvier, le maire a dû prendre un arrêté interdisant la consommation d'alcool sur la voie publique. Plus gênant encore : six incendies de voitures ont été comptabilisés, début janvier, en Thiérache, amenant L'Union de Reims, le journal régional, à s'interroger sur l'apparition, dans la région, du phénomène des... "violences urbaines". § François Bayrou, président de l'UDF, a adressé une sévère mise en garde au gouvernement, mardi 30 janvier, contre l'attribution aux opérateurs privés historiques d'une "chaîne bonus", dans le cadre du projet de loi sur la télévision du futur. § F rançois Bayrou, président de l'UDF, a adressé une sévère mise en garde au gouvernement, mardi 30 janvier, contre l'attribution aux opérateurs privés historiques d'une "chaîne bonus", dans le cadre du projet de loi sur la télévision du futur. Le texte prévoit l'attribution d'un canal supplémentaire à TF1, M6 et Canal+ pour le passage de l'analogique au numérique. Il était minuit passé lorsque le député des Pyrénées-Atlantiques est monté à la tribune de l'Assemblée nationale. "Il ne s'agit pas de compensations, mais de cadeaux", s'est élevé M. Bayrou, pour qui "il y a désormais des opérateurs puissants qui ont des influences auxquelles le gouvernement n'est pas capable de résister". "Nous voudrions que le gouvernement n'ait pas manqué à son devoir d'impartialité et de pluralisme, et qu'il y ait une majorité capable de s'opposer à de tels manquements", a conclu le candidat à l'élection présidentielle, laissant clairement entendre que son groupe - qui ne dispose pas des effectifs suffisants - s'associerait à un éventuel recours de l'opposition au Conseil constitutionnel. M. Bayrou s'est référé à l'avis rendu, le 11 juillet 2006, par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), émettant des doutes sur la "proportionnalité des avantages prévus en faveur des chaînes nationales analogiques" et sur le "respect des principes constitutionnels de pluralisme et d'égalité". Dans son avis, le CSA estimait que "le renforcement de la position des acteurs historiques de l'analogique pourrait fragiliser la situation économique des nouveaux entrants et provoquer des effets induits de concentration sur le marché de la télévision gratuite". Christian Paul (PS, Nièvre) avait opposé les mêmes objections au projet de loi, qualifiant l'octroi de chaînes bonus de "prime exorbitante aux opérateurs commerciaux historiques". Il a jugé que cette décision était "entachée du soupçon de complaisance". "Au moment où il est beaucoup question de "République irréprochable", il faudrait que le gouvernement commence par se montrer équitable et impartial", a ajouté M. Paul, faisant référence au discours d'investiture de Nicolas Sarkozy. Réfutant cette accusation, Christian Kert (UMP, Bouches-du-Rhône), a estimé que le PS donnait "l'impression de regarder la télé non sur un téléviseur mais dans le rétroviseur". § D'après "Le Nouvel Observateur", les Renseignements généraux ont interrogé les habitants du quartier où se trouve le QG de campagne du candidat UMP. Le syndicat policier SNOP parle d'"enquête administrative réglementaire". § U ne cellule des RG interroge et fiche certains riverains de la rue d'Enghien, à Paris, où se trouve le QG de campagne du candidat UMP à la présidentielle et ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, affirme mercredi 31 janvier sur son site Le Nouvel Observateur.L'article, à paraître dans l'hebdomadaire jeudi, raconte qu'après l'installation des locaux de campagne de Nicolas Sarkozy dans le 10e arrondissement, les habitants des trois immeubles qui les jouxtent auraient reçu une lettre leur demandant de répondre au plus vite à un recensement de sécurité par téléphone. Une "enquête administrative réglementaire", selon le syndicat policier SNOP "S'agissant d'un membre du gouvernement, une enquête administrative et réglementaire est demandée par le préfet de police (de Paris) aux RG qui se font un devoir de la mener à bien", a déclaré Christophe Dumont, responsable en Ile-de-France du Syndicat national des officiers de police, majoritaire. Des riverains (syndics ou gardiens d'immeuble) "sont approchés" par les RG qui disposent d'une liste de questions "d'ordre général" à leur poser, poursuit l'officier. Une procédure qui ressemble à celle mise en avant par le site du Nouvel Observateur mercredi. "C'est classique et a dû être fait" lorsque le premier ministre Lionel Jospin était candidat à l'élection présidentielle de 2002 avec son QG à Paris, a ajouté M. Dumont, reprenant en substance un argument de M. Sarkozy, qui se défend d'avoir abusé de son pouvoir de ministre de l'intérieur. - (avec AFP) Quand ils appellent au numéro indiqué, leur interlocuteur ne leur précise pas qu'il travaille pour les RG, mais il les soumet à un interrogatoire qui leur fait comprendre qu'ils font désormais partie d'un périmètre de haute sécurité. D'après Le Nouvel Observateur, c'est un agent du service enquête des Renseignements généraux de la préfecture de police de Paris qui mène la conversation téléphonique. Les riverains sont interrogés sur leur vie privée, sont priés de ne pas recevoir de paparazzi et sont mis en garde contre des "dangers terroristes", selon l'hebdomadaire. Il précise encore que Jean-Pierre Mignard, l'avocat du couple Hollande-Royal, a décidé de saisir la CNIL dans cette affaire "pour qu'il demande à la direction centrale des RG de lui transmettre tous les documents qui ont trait à toutes ces affaires". Certains riverains s'étaient déjà inquiétés de la présence policière dans le quartier après l'installation des locaux de campagne de l'UMP en créant un comité anti-Sarkozy. L'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy a refusé de commenter ces informations. Interrogé par l'AFP, l'entourage du candidat s'est contenté de renvoyer aux autorités préfectorales : "Voyez avec la préfecture de police de Paris, nous, on ne s'occupe pas de ça", a indiqué l'entourage du candidat, refusant de dire si la démarche policière lui paraissait justifiée ou excessive. "Voyez avec la préfecture de police quelles sont les mesures mises en uvre quand il y a un autre candidat dans un autre quartier", a-t-on indiqué. § Les socialistes font le gros dos. Un nouveau sondage Ipsos pour Le Point, place, une nouvelle fois, Nicolas Sarkozy en tête de la compétition dès le premier tour, avec 35 % des voix contre 26 %. § T out devient sujet à inquiétude, comme une interview ratée sur la culture. L'entretien organisé par Télérama avec Ségolène Royal, juste avant son départ pour les Antilles, s'est très mal déroulé. La candidate socialiste n'étant pas prête à répondre à toutes les questions, la rencontre a tourné court. Un nouveau rendez-vous a dû être repris avec l'hebdomadaire. Pour certains, cette anecdote est révélatrice du trouble de sa campagne. Les socialistes font le gros dos. Un nouveau sondage Ipsos pour Le Point, réalisé les 26 et 27 janvier auprès de 959 personnes, place, une nouvelle fois, Nicolas Sarkozy en tête de la compétition dès le premier tour, avec 35 % des voix (+3 points) contre 26 % pour Mme Royal qui recule, elle, de 3 points. Ces résultats, éventés avant même leur parution constituent, pour la candidate, le plus mauvais score enregistré par Ipsos depuis un an. "Jusqu'à 25 %, il n'y a pas de souci", tempère François Rebsamen, son codirecteur de campagne. Au sein du PS, cependant, les appels à se ressaisir se multiplient. C'était déjà le ton de la réunion des députés, mardi 30 janvier. Cela l'a été, en plus feutré, le soir, au bureau national. Chacun y est allé de son conseil. François Hollande : "Il faut qu'on passe à une phase de conviction, et pas seulement d'écoute." Jean Glavany : "Il ne faut pas retomber dans les erreurs de 2002, avec des discours thématiques et le recours aux experts. Nous, on veut un chef d'Etat, pas un premier ministre. Or, quand tu vas parler du logement à Roubaix, tu es ministre du logement, quand tu parles de la jeunesse à Grenoble, tu es ministre de l'enseignement..." Jean-Pierre Chevènement : "Il ne faut pas seulement s'adresser aux fonctionnaires mais à tous les Français, les petits commerçants, les artisans..." Laurent Fabius a hésité, mais s'est tu. Il rentre pourtant dans la campagne. Mardi, l'ancien premier ministre "solidaire" devait, sur son blog, insister sur l'importance de la "question sociale". "A ce stade, rien n'est joué, estime-t-il. Plutôt que de dilapider notre énergie l'oeil rivé sur l'oscillation des sondages, défendons nos valeurs, nos couleurs, et parlons à nos électeurs." Beaucoup ont choisi le silence, d'autant mieux qu'une discrète "réunion de coordination" autour de M. Hollande précède désormais le bureau national. § Angèle, Vanessa, Valérie sont issues de l'immigration et leur jugement est sans appel : la société multiculturelle britannique accepte davantage les différences que le modèle républicain français. Le racisme est moins perceptible. § "" uoi de neuf, Angèle ?", lance, un peu comme une grande soeur, la conseillère emploi du centre Charles-Péguy, Angéline Xabrame. "C'est nickel pour moi", réplique, la mine gourmande, Angèle Jabely, 22 ans. Arrivée à Londres au début de l'année, cette étudiante en communication a obtenu un poste administratif dans une société de restauration grâce à ce centre d'aide à l'insertion des nouveaux migrants français, âgés entre 18 et 30 ans. La visiteuse est à la recherche d'un deuxième job à mi-temps pour améliorer l'ordinaire. La responsable enfile les offres d'emplois comme des perles : hôtellerie, restauration, vente, garde d'enfants, enseignement du français... Ces postes à pourvoir sans délai sont payées au Smic (5,35 livres l'heure soit 8,1 euros), voire un peu au-delà. Le déclassement ne gêne pas Angèle Jabely, en raison de l'expérience de vivre ailleurs et du bénéfice linguistique potentiel. CHIFFRES 109 000 Français étaient inscrits au consulat en janvier 2007 contre 70 000 en 2000 et 44 000 en 1993. ENTRE 200 000 ET 300 000 est le nombre de Français estimé, vivant outre-Manche, ce qui ferait de Londres la septième ville française à égalité avec les communes de Rouen, Lille ou Perpignan. 52 000 D'ENTRE EUX, inscrits sur les listes électorales, peuvent voter à l'élection présidentielle ASSISTANCE. Il existe deux services d'assistance : le consulat et le Centre Charles-Péguy. Ce dernier aide les jeunes à trouver un emploi, un logement, des cours d'anglais et leur donne des conseils pratiques d'adaptation. La moitié des adhérents est constitué de diplômés de l'enseignement supérieur, l'autre moitié de jeunes peu ou pas qualifiés. (www.cei-frenchcentre.com) Avec trois mots d'anglais, Vanessa Boucharaba, 20 ans, a débarqué le 28 janvier dans cette ville qui lui est totalement étrangère, grâce à l'aide de la mission locale Rhône-Alpes. Détentrice d'un bac professionnel, elle espère devenir réceptionniste dans un grand hôtel. "Je resterai à Londres si je me stabilise ici, avec une bonne place". A ses côtés, Valérie Bienaimée, 30 ans, d'Aix en Provence, descendue de l'Eurostar munie d'un aller simple, est venue "pour changer de vie". Cette diplômée de l'enseignement supérieur a entendu dire que la marge de manoeuvre pour ceux qui veulent entreprendre est moins étroite au Royaume-Uni qu'en France. Dès qu'elle maîtrisera suffisamment l'anglais, Valérie compte se lancer dans les eaux tumultueuses du business en ouvrant une boutique de mode à Londres. Heureuse comme une jeune Française installée en Angleterre comme tant d'autres, pour échapper, les uns, aux lourdeurs de l'emploi, les autres au chômage ? La précarité, en tout cas, le trio en fait son affaire. Lucides, elles sont conscientes de l'insécurité de l'emploi (vite embauchés, vite licenciés), du coût de la vie, en particulier le logement et les transports, des carences du système de santé ou des différences culturelles fortes pour les non-anglophones. Qu'importe, ces expatriées sont jeunes, en bonne santé, enthousiastes et, surtout déterminées à "bosser" dur. RACISME MOINS PERCEPTIBLE Angèle, Vanessa, Valérie sont issues de l'immigration, respectivement indienne, maghrébine, africaine. Leur jugement est sans appel : la société multiculturelle britannique accepte davantage les différences que le modèle républicain français. Le racisme est moins perceptible. "Les employeurs locaux donnent à chacun sa chance sans s'attacher à la couleur de la peau ou de la consonance du nom. Je place sans problème des Noirs ou des Maghrébins dans les plus grands restaurants de Londres pour y occuper des postes à haute visibilité, ce qui serait impensable en France", insiste, expérience à l'appui, la conseillère du centre Charles-Péguy. A quelques stations de métro de Lambeth, l'Old Billingsgate Market, dans la City. C'est un autre visage de l'immigration française qui assiste à la réunion publique de Nicolas Sarkozy. Cadres, Elise Duvergé et Guillaume Touchard applaudissent le modèle social anglo-saxon. La première, Bac + 5, est attachée de presse dans le tourisme : "Je ne trouvais pas de travail en France. J'ai commencé par le bas de l'échelle. On m'a donné ma chance." Le second, consultant dans les télécoms, entonne le même refrain : "Si j'étais resté en France, je n'aurais droit qu'à un CDD. A Londres, j'ai trouvé un emploi avant même d'obtenir ma maîtrise de la London School of Economics. L'employeur m'a tout de suite fait confiance. Aujourd'hui, j'ai des responsabilités que je n'aurais jamais pu si vite obtenir en France." Nicolas Sarkozy a placé au premier rang des invités Olivier Cadic, président de la section britannique de l'Union des Français de l'étranger. "La France a besoin d'une meilleure reconnaissance de la réussite", confie celui qui, arguant des charges françaises, avait délocalisé en 1996 sa PME d'électronique dans la bienveillante Albion. Traître pour les uns, héros pour les autres, le fondateur de l'association La France libre d'entreprendre se sent aujourd'hui vengé en écoutant nos deux interlocuteurs. § "Ccomme tous les ministres des finances et du budget, c'est le fisc qui me fait ma déclaration d'impôt", a expliqué au "Monde" Nicolas Sarkozy. Aucun des ministres des finances ou du budget qui ont été interrogés par "Le Monde" n'a eu à connaître de telles pratiques. § "J 'ai été ministre du budget la première fois de ma vie en 1993. Et depuis 1993, comme tous les ministres des finances et du budget, c'est le fisc qui me fait ma déclaration d'impôt", a affirmé, vendredi 19 janvier au Monde, le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, en marge de l'entretien qu'il nous a accordé sur ses principales propositions économiques et fiscales (Le Monde du 23 janvier). Evoquant, au cours des deux heures qu'a duré cet entretien, le fait qu'il payait l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et sa déclaration d'impôt, M. Sarkozy avait précisé, en réponse à une question, que "même après son départ de Bercy", c'était toujours "le fisc" qui faisait sa déclaration d'impôt. Depuis, le candidat de l'UMP a réitéré ses propos, jeudi 25 janvier, en présence de journalistes, lors d'un déplacement à Saint-Quentin (Aisne). Aucun des ministres des finances ou du budget qui ont précédé M. Sarkozy à Bercy et qui ont été interrogés par Le Monde n'a eu à connaître de telles pratiques. "J'ai toujours rédigé moi-même ma déclaration d'impôt", s'est étonné, mercredi 31 janvier, Jean Arthuis, président (UDF) de la commission des finances du Sénat et ancien ministre de l'économie. SOUS COUVERT D'ANONYMAT Si le socialiste Laurent Fabius s'est borné, mardi 30 janvier, à déclarer qu'il n'avait "pas de commentaire" à faire sur ce sujet, d'autres anciens ministres ont accepté - sous couvert d'anonymat - d'apporter leurs témoignages. Tous vont dans le sens de celui de M. Arthuis : "Je ne connais pas de règle particulière qui s'applique en matière de déclaration d'impôt des ministres du budget ou des finances vis-à-vis du fisc. Nous sommes soumis aux mêmes règles que tout autre, et il est généralement recommandé en pareille circonstance de faire faire sa déclaration par un professionnel, c'est-à-dire par un conseiller fiscal ou par un expert comptable, précisément pour qu'il y ait un représentant qui soit supposé pouvoir répondre des modalités qu'il a choisies pour l'élaboration de la déclaration." "En revanche, il est d'usage, dans les trois jours qui suivent l'installation à Bercy d'un nouveau ministre du budget, que l'administration lui présente tous les dossiers fiscaux des membres du gouvernement", poursuit cet "ancien" qui se souvient d'avoir été "fraîchement accueilli" par tel ou tel de ses anciens collègues auquel il soulignait le problème posé par la sous-évaluation de tel ou tel de ses biens. Le cabinet de l'actuel ministre délégué au budget, Jean-François Copé, ne tient pas plus à commenter les propos du candidat UMP sur sa déclaration d'impôt qu'à évaluer le coût ou l'ampleur des propositions fiscales de M. Sarkozy. Il n'exclut pas la possibilité qu'un ministre en poste au ministère de l'économie et des finances puisse trouver un conseil auprès de sa propre administration, s'il le juge nécessaire. § La candidate socialiste a prononcé, jeudi, depuis le siège du parti, des vœux en forme de programme. § L es vux aux Français de Ségolène Royal, jeudi 4 janvier, ont pris la forme d'un véritable discours-programme autour de quatre combats, au premier rang desquels figure celui pour la famille. Avec, en préambule, la promesse de ne se livrer à "aucune attaque personnelle" et de "tout faire pour que la campagne électorale soit de qualité", "pour élever le débat et pour que (le) choix soit éclairé". La candidate socialiste à la présidentielle a annoncé que si elle est élue, son "premier combat sera pour les familles", notamment pour améliorer les conditions de logement, thème qui occupe à ce jour le premier plan de la campagne présidentielle. Elle a promis la construction des 120 000 logements sociaux nécessaires, "pour que le droit au logement oppposable ne soit pas qu'une promesse électorale", et envisagé que l'Etat puisse se substituer aux communes pour lancer lui-même des programmes de logement afin de faire face à la pénurie. Autres propositions : encourager la mise en location de logements vacants par la surtaxation des logements inoccupés depuis plus de deux ans ; acquisitions-réquisitions de logements par l'Etat ; développement et extension des prêts gratuits pour l'acquisition ; création d'un service public de la caution ; et lancement, avec les régions, de programmes de logements massifs pour les étudiants et les jeunes travailleurs. Deuxième combat, l'éducation : "Tout enfant de moins de moins de 3 ans doit pouvoir être accueilli pour (que les parents puissent) concilier vie familiale et vie professionnelle", ceux de plus de 3 ans pouvoir aller à la maternelle, et l'accompagnement scolaire doit être gratuit. Ségolène Royal s'est aussi engagée à ce que les jeunes ne restent pas plus de six mois au chômage sans formation ou proposition. Dans l'ensemble des régions, les bourses et emplois-tremplins doivent être généralisées. ATOUTS "GASPILLÉS" PAR LES GOUVERNANTS Le troisième combat de la candidate socialiste vise à "réconcilier les Français avec l'entreprise" : la candidate prône un développement à la fois économique, social et environnemental. Dénonçant les contrastes salariaux, les injustices mais aussi les rigidités des pratiques de l'Etat, elle a estimé qu'il n'y a pas de fatalité aux désordres, et prôné l'émergence d'un syndicalisme de masse. Elle a aussi défendu des salaires de solidarité active "pour que nul ne travaille à perte", la lutte contre la vie chère et la précarité. Elle a insisté sur son objectif d'"excellence environnementale", projet propice aux innovations et au développement. Son quatrième combat sera celui d'une "Europe qui marche", et"qui protège et prépare l'avenir", qui avance tout en respectant le "non" à la Constitution européenne. "Si la France va mal, ce n'est pas par ce qu'elle manque d'atouts, c'est parce que ses gouvernants les gaspillent", a-t-elle assuré, plaidant pour sa part pour "un exercice du pouvoir, simple, direct et authentique". § Pur produit de l'appareil communiste, la secrétaire nationale du PCF s'est révélée la championne de l'ouverture à l'occasion de la campagne du référendum sur l'Europe. Mais elle n'a pas su convaincre ses partenaires de la désigner candidate de toute la gauche antilibérale : elle sera la porte-voix du seul Parti communiste. § § Lors de ses vœux aux forces vives de la nation, il a également préconisé une fusion entre l'ANPE et l'Unedic et défendu la fusion GDF-Suez. § L e président Jacques Chirac a profité jeudi de ses vux aux forces vives de la nation (syndicats, patronat, associations) pour dresser des perspectives larges dans le domaine économique et social pour le quinquennat à venir, montrant ainsi son intention de peser sur le débat électoral. Baisse de 13 points de l'impôt sur les sociétés. "Pour conserver nos entreprises et en attirer d'autres, c'est sur le taux de l'impôt sur les sociétés qu'il faudra agir", a déclaré le chef de l'Etat. "Il s'élève en France à 33 %, près de huit points de plus que la moyenne européenne. L'objectif doit être de le ramener à 20 % en cinq ans", a-t-il dit. Encourager la participation. Le chef de l'Etat a également lancé l'idée d'un coup de pouce fiscal pour les entreprises traitant sur un pied d'égalité salariés et actionnaires. "Les entreprises qui distribuent autant à leurs salariés sous forme de participation ou d'augmentations de salaires qu'à leurs actionnaires devraient bénéficier d'un taux d'impôt sur les sociétés réduit, de l'ordre de 10 %", a-t-il proposé. Jacques Chirac a émis le souhait que "tous les salariés, et non un sur deux comme aujourd'hui, aient droit à la participation". "La participation n'est pas un substitut aux salaires, mais une source supplémentaire de revenu", a-t-il souligné. Soutien du projet de fusion Suez-GDF. Le président Jacques Chirac a jugé le projet de fusion entre Gaz de France et Suez stratégique pour la France et l'Europe, rejetant les "calculs à courte vue" et les "contingences politiques". "La question de l'énergie est stratégique. Pour conserver et renforcer notre place sur ce marché mondial, il nous faut disposer de groupes puissants", a-t-il déclaré. "Nous avons Total, EDF, Areva dans le pétrole, l'électricité et le nucléaire. Il nous faut un acteur majeur dans le gaz", a-t-il dit. Le projet de fusion entre Suez et GDF, annoncé par le premier ministre, Dominique de Villepin, en février 2006, a subi un coup d'arrêt depuis la décision du Conseil constitutionnel, fin novembre, de valider la privatisation de GDF tout en ordonnant qu'elle ne soit pas effective avant le 1er juillet 2007. Cette situation favorise les spéculations. L'homme d'affaires François Pinault, proche de Jacques Chirac, a admis notamment s'intéresser au dossier, indiquant qu'il gardait toutes les options "ouvertes". Fusion de l'ANPE avec l'Unedic. Le chef de l'Etat a plaidé de nouveau pour la création d'une "sécurité sociale professionnelle", car, a-t-il expliqué, "face au chômage, il ne suffit pas d'être indemnisé, il faut disposer de compétences actualisées en permanence". A cet effet, M. Chirac a jugé qu'il fallait "bâtir un nouvel instrument contre le chômage et pour l'emploi, à partir, disons-le clairement, de la fusion de l'ANPE et de l'Unedic". Cette sécurité sociale professionnelle aura, selon lui, quatre missions : versement des allocations chômage, accompagnement personnalisé pour la recherche d'emploi, aide à la mobilité professionnelle et formation. Hausse de 30 % du budget de l'enseignement supérieur. "Nous avons créé les conditions pour hisser l'université française aux meilleurs standards internationaux. Nous devrons en faire une priorité budgétaire des cinq prochaines années, pour consacrer à nos étudiants autant que le font les autres grandes nations, soit 30 % de plus qu'actuellement", a indiqué le chef de l'Etat. M. Chirac a préconisé également de "rendre plus puissantes les universités, en facilitant notamment leur rapprochement et leur collaboration sur des projets de taille mondiale". Une politique de changes européenne. "Il est temps" pour l'Union européenne de fixer "une politique de changes" et d'adopter une "politique commerciale offensive" à l'instar des autres puissances, a déclaré M. Chirac. "L'Union européenne ne peut plus être le seul ensemble continental qui n'utilise aucun des instruments de politique économique, industrielle, commerciale ou monétaire", a-t-il dit. Il a souligné que "l'Europe doit reprendre en main son destin économique, en redonnant tout son sens à la préférence communautaire sur laquelle elle s'est d'ailleurs construite". Renforcement de la filière nucléaire. "Avec le réchauffement climatique, nous serons peut-être obligés de renoncer au pétrole avant même qu'il ne soit épuisé", a averti le chef de l'Etat pour qui "il est capital de développer les énergies sans gaz à effet de serre, les biocarburants qui ouvrent des perspectives immenses à notre agriculture et à notre forêt". "Nous devons conforter notre filière nucléaire", a poursuivi M. Chirac, indiquant qu'"EDF devra lancer à l'horizon 2015 le renouvellement de son parc, avec l'EPR" et que le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) "lancera dès cette année le développement d'un réacteur de quatrième génération". § Le président du FN, qui tente de "normaliser" son image depuis quelques années, affirme notamment être proche du général de Gaulle. § U n "homme de centre droit". C'est ainsi que Jean-Marie Le Pen se qualifie dans un entretien à Paris Match paru jeudi. "On dit que Jean-Marie Le Pen est un extrémiste, que c'est l'extrême droite pour disqualifier mon message. C'est faux, je suis un homme de centre droit", déclare le président du Front national. Rappelant qu'il appartenait en 1958 au Centre national des indépendants et paysans (CNIP) d'Antoine Pinay, il explique : "J'étais du centre droit. Je défendais les mêmes idées que maintenant." "Ce n'est pas moi qui me suis déporté vers l'extrême droite, c'est le corps politique français qui s'est déplacé vers la gauche", poursuit M. Le Pen, qui s'efforce depuis plusieurs années de "normaliser" son image. "JE SUIS ASSEZ GAULLISTE" Le président du FN affirme, en outre, être proche du général de Gaulle, malgré deux points de divergence. "Il aurait dû faire la réconciliation des Français après la guerre : Pétain était le bouclier, lui, l'épée. Et puis, nous avons été en désaccord sur la question de l'Algérie française, plus d'ailleurs sur la méthode que sur le fond". "Mais sur le reste, sur une certaine idée de la France, de sa spécificité, je ne suis pas en désaccord avec lui. Dans ses réflexes patriotiques, je suis assez gaulliste. Le dernier peut-être", assure-t-il. A la question "Pourriez-vous gouverner ?" Jean-Marie Le Pen répond : "Pourquoi pas !" "Il y a un certain nombre de hauts fonctionnaires et de personnalités qui, sur mon conseil, se tiennent dans une relative obscurité, qui sont prêts à gouverner avec moi", explique le candidat frontiste, présent en 2002 au deuxième tour de la présidentielle. Elu, le dirigeant du FN commencerait "par demander un audit général de la situation française parce qu'il me semble que la plupart des données fondamentales ne sont pas connues" et préparerait l'avènement d'une "république référendaire" afin "d'associer étroitement" le peuple français aux décisions. En revanche, il affirme qu'il ne prendrait "aucune" mesure discriminatoire s'il accédait à l'Elysée. A quatre mois de la présidentielle, Jean-Marie Le Pen "n'écarte pas l'hypothèse" d'une nouvelle candidature de Jacques Chirac. Entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, il explique "tout à trac" qu'il choisirait le second en cas de deuxième tour où il ne figurerait pas. En revanche, il refuse de se prononcer entre le candidat de l'UMP et Ségolène Royal. "Cela dépendra des circonstances et des engagements qu'ils prendront sur un certain nombre de questions", explique-t-il, jugeant les deux candidats "outrageusement médiatisés". § Le maintien au premier tour des deux principaux candidats au-dessus du seuil des 30 % dans les enquêtes d'opinion est le signe que le réflexe du "vote utile", cinq ans après le choc du 21 avril 2002, pourrait être fort. § S elon un sondage CSA pour I-Télé, Le Parisien et Aujourd'hui en France, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy continuent de dominer largement le premier tour de l'élection présidentielle. La candidate socialiste arrive en tête avec 34 % des intentions de vote (+ 3 par rapport à un précédent sondage du même institut réalisé les 12 et 13 décembre), devançant son rival de l'UMP, qui en recueille 32 % (+ 2). Leur maintien au-dessus du seuil de 30 % dans les enquêtes d'opinion est le signe que le réflexe du "vote utile", cinq ans après le choc du 21 avril 2002, pourrait être fort. La méthode du sondage Ce sondage a été réalisé par téléphone le 3 janvier auprès d'un échantillon national représentatif de 891 personnes âgées de 18 ans et plus inscrites sur les listes électorales (méthode des quotas). La notice détaillée du sondage est disponible auprès de la commission des sondages. Le troisième homme est toujours Jean-Marie Le Pen, qui reste à un niveau élevé avec 15 % des voix (- 1). François Bayrou, avec 6 % (- 2), n'arrive pas à décoller, l'effet de son annonce de candidature, début décembre, semblant être retombé. Après l'échec des collectifs antilibéraux dans leur quête d'un candidat unique, l'extrême gauche stagne. Marie-George Buffet atteint 5 % des voix (+ 2), Arlette Laguiller, 3 % (=), et Olivier Besancenot, 2 % (- 2). Enfin Philippe de Villiers, avec seulement 2 % des intentions de vote (- 1), ne trouve visiblement toujours pas d'espace politique entre Jean-Marie Le Pen et Nicolas Sarkozy. Quant à la candidate des Verts, Dominique Voynet, elle ne recueille que 1 % des voix (- 1), incapable de profiter de la prise de conscience écologique de l'opinion publique et du succès du médiatique Nicolas Hulot et de sa charte environnementale. Malgré un rapport de force favorable à la droite à l'issue du 1er tour (droite-extrême droite totalisant 55 % des voix contre 45 % pour la gauche-extrême gauche), Ségolène Royal l'emporterait sur Nicolas Sarkozy avec 52 % des voix contre 48 % au second tour. Par rapport à un précédent sondage du même institut réalisé les 21 et 22 novembre, Mme Royal est en recul d'un point et M. Sarkozy en gagne un. Ce résultat montre la difficulté que le candidat de l'UMP rencontre encore pour trouver un "positionnement de rassemblement", selon Stéphane Rozès, directeur de CSA-Opinion, interrogé par Le Parisien. Avec 28 % des sondés ayant l'intention de s'abstenir ou de voter blanc ou nul, l'abstention reste à un niveau nettement plus faible que celle mesurée lors de la précédente élection présidentielle (dix points de moins). § L'animateur de l'émission Ushuaïa, diffusée sur TF1, a indiqué qu'il se présenterait à l'Elysée si les candidats déclarés ne s'engageaient pas de façon satisfaisante sur les propositions de son "pacte écologique", qui vise à placer l'écologie au cœur de la campagne. § N icolas Hulot aurait déjà récolté 130 promesses de parrainage sur les 500 nécessaires pour une candidature à l'Elysée, d'après Gérard Feldzer, directeur officieux d'une éventuelle campagne de l'animateur de télévision et militant écologiste. "Il faut se préparer parce qu'après ce sera trop tard. Nous allons chercher les signatures", a déclaré Gérard Feldzer, interrogé par Europe 1. "Pour un candidat non déclaré, avoir 130 signatures en quinze jours, c'est pas mal", a-t-il estimé en se déclarant "assez optimiste" pour la suite, "au cas où". L'animateur de l'émission Ushuaïa, diffusée sur TF1, a indiqué qu'il se présenterait à l'Elysée si les candidats déclarés ne s'engageaient pas de façon satisfaisante sur les propositions de son "pacte écologique" qui vise à placer l'écologie au cur de la campagne. Le pacte, lancé le 7 novembre, avait recueilli mercredi plus de 430 000 signatures de soutien, selon le site Internet de la fondation Nicolas-Hulot. Celui-ci avait indiqué à plusieurs reprises fin 2006 qu'il déciderait au plus tard début janvier s'il se présentait à l'élection présidentielle. § A l'image du chef de l'Etat, certains candidats à l'élection présidentielle ont décidé d'exprimer leurs vœux en vidéo pour l'année 2007. § § Le 22 décembre, la secrétaire nationale du Parti communiste avait officialisé sa candidature à l'Elysée et annoncé qu'elle quitterait ses fonctions à la tête du PCF pour mener une campagne de "rassemblement". Sa démission devrait être validée jeudi, lors d'un conseil national du PCF à huis clos. § L a secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, fera sa "déclaration de candidature" à l'élection présidentielle vendredi, d'après un communiqué du PCF. Sa déclaration aura lieu à 17 h 30 à l'école Jules-Ferry, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Le 22 décembre, Mme Buffet avait officialisé sa candidature à l'Elysée et annoncé qu'elle quitterait ses fonctions à la tête du PCF pour mener une campagne de "rassemblement". Sa démission devrait être validée jeudi, lors d'un conseil national du PCF à huis clos. Les 9 et 10 décembre, une majorité des collectifs locaux avaient marqué leur préférence pour Marie-George Buffet, mais le processus prévu par les divers courants prévoyait un "double consensus" incluant les partis et organisations. Or la majorité des membres du collectif national avaient estimé que le statut de chef de parti de la dirigeante communiste l'empêchait d'incarner un rassemblement. Les antilibéraux lui dénient toujours le droit de faire campagne en leur nom, affirmant que Mme Buffet devrait "porter les seules couleurs de son parti". § Lors de son traditionnel message de vœux au gouvernement, mercredi, le président a demandé aux ministres "une mobilisation totale", les mettant en garde contre le risque de délaisser leur activité gouvernementale. § L e président Jacques Chirac a profité, mercredi 3 janvier, de son traditionnel message de vux au gouvernement pour demander aux ministres "une mobilisation totale", les mettant en garde contre le risque de délaisser leur activité gouvernementale au profit de leur engagement dans la campagne électorale. Cette déclaration semblait viser en particulier Nicolas Sarkozy, candidat de l'UMP à l'élection présidentielle et actuel ministre de l'intérieur. "Vous aurez certainement à cur de prendre part au débat national qui s'annonce. Il est légitime que vous puissiez le faire, et nos concitoyens seront attentifs à l'expression de votre engagement et de vos convictions, a dit M. Chirac en réponse aux vux du gouvernement. Mais il vous faudra le faire dans le cadre d'un principe clair : cet engagement dans le débat électoral ne saurait en aucun cas s'exercer au détriment de votre mission gouvernementale." "LA TENTATION DE LA TABLE RASE" Le chef de l'Etat a aussi dénoncé "la tentation de la table rase", semblant à nouveau s'en prendre implicitement au candidat Sarkozy, chantre de la "rupture tranquille". "Dans un temps où, par la force des choses, la caricature pourrait gagner sur la raison et la tentation de la table rase sur le respect du travail accompli, sachez revendiquer et porter haut votre action", a-t-il dit après avoir défendu son bilan économique et social. Il a salué l'action du gouvernement dirigé par Dominique de Villepin en disant aux ministres qu'ils avaient "toutes les raisons d'être fiers de l'action (qu'ils mènent) sous l'autorité du premier ministre". Jacques Chirac a prévenu qu'il comptait s'exprimer avant l'élection présidentielle pour "fixer les enjeux et éclairer le choix des Français" . "Je le ferai en responsabilité, guidé par une seule ambition : l'intérêt des Français", a déclaré le président, qui n'a pas encore annoncé s'il envisageait un troisième mandat. § Entretien avec la présidente de CAP 21, candidate à l'élection présidentielle. "Je n'ai aucun contact avec Nicolas Sarkozy" et "j'attends de voir" ce que Ségolène Royal va faire, dit-elle.Propos recueillis par Alexandre Piquard. § § Entretien avec la candidate de CAP 21, qui a lancé sa campagne vendredi 5 janvier.Propos recueillis par Alexandre Piquard. § § Lors de ses voeux, la candidate socialiste a prôné des acquisitions-réquisitions d'habitations vides. § A dressés à ses "chers compatriotes" depuis le siège du Parti socialiste, jeudi 4 janvier, les voeux pour 2007 de Ségolène Royal ont tôt fait de se transformer en "combats" pour la campagne présidentielle. Au premier rang de ces "combats", la candidate socialiste place les familles et, dans la foulée, le logement puisque c'est "la condition première d'une vie de famille sécurisée". Agacée par les critiques sur son inertie dans le débat sur le sort des sans-abri provoqué par l'installation des tentes de l'association Les Enfants de Don Quichotte, Mme Royal a répondu par "l'obligation, dans chaque ville, de créer une place d'hébergement d'urgence pour 1 000 habitants" - une disposition qui figure déjà dans une loi de 1994, jamais appliquée. Mais très clairement, sa priorité vise une autre catégorie que celle des SDF : les travailleurs pauvres. "L'urgence médiatique, a-t-elle souligné, ne doit pas faire oublier le problème de fond de la crise du logement qui frappe celles et ceux qui travaillent, et qui font des efforts pour payer leur loyer." Cette mise au point faite, Mme Royal a lancé quatre propositions "concrètes", comme la construction de 120 000 logements sociaux par an, un principe inscrit dans la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) de 2000, mais, là encore, mal appliqué. "L'Etat se substituera à la carence de ceux qui s'enferment dans l'égoïsme territorial, en y lançant lui-même les programmes de logement", a promis la candidate en reprenant une idée défendue par Laurent Fabius. "C'est à la puissance publique de jouer son rôle, a-t-elle insisté, pour que le droit opposable au logement ne soit pas une promesse électorale." Ce fut la seule allusion à la création de ce droit opposable annoncé le 31 décembre 2006 et promis sous forme de loi par Jacques Chirac, et défendu jusqu'ici, en vain, par des élus socialistes. "J'exigerai que ceux qui sont au pouvoir soient jugés sur la réalité de leur bilan et sur leurs actes, et non pas sur des promesses trop tardives et trop précipitées pour être honnêtes", a assené Mme Royal. Autre piste, la création d'un service publique de la caution qui "permettra d'assurer les impayés de loyer et d'éviter les expulsions". Cette solution avait été avancée par François Hollande dans un entretien au Monde, le 19 décembre 2006. Mais Mme Royal est allée plus loin en annonçant une surtaxe pour "les logements inoccupés depuis plus de deux ans et la possibilité pour les communes de procéder à des acquisitions-réquisitions". Ce dernier point a suffi à faire réagir la droite. L'UMP a qualifié de "réponses administratives et autoritaires d'un autre temps" les propositions de Mme Royal, qui "veut porter atteinte à la propriété privée en réquisitionnant des logements vacants". Le parti de Nicolas Sarkozy a également dénoncé la volonté d'imposer des "taxes nouvelles sur les propriétés foncières", en ironisant sur "le toujours plus d'impôts décidément très en vogue au Parti socialiste". La candidate socialiste a ajouté à son programme l'extension des prêts gratuits pour favoriser l'accession à la propriété, notamment pour ceux qui "ont fait l'effort, dans le logement social, de payer leur loyer pendant quinze ans". Dans le discours de Mme Royal, la création d'un nouveau droit doit être associée à la notion de "l'effort". S'agissant des jeunes, la présidente de Poitou-Charentes, a également annoncé l'ouverture d'un nouveau droit : "Chaque jeune, à sa majorité, disposera d'un prêt gratuit de 10 000 euros, garanti par l'Etat, pour lui permettre de construire son premier projet de vie." Pour le reste, elle a repris plusieurs propositions qu'elle avait déjà formulées, comme la création d'un revenu de solidarité active, pour encourager le retour à l'emploi des bénéficiaires de minima sociaux, selon une idée lancée par Martin Hirsch, président d'Emmaüs. Ou bien la création d'un service public de la petite enfance, inscrite dans le projet socialiste. Après les familles, l'éducation, "la réconciliation des Français avec les entreprises", Mme Royal a conclu par l'Europe, et la préparation de la présidence française de l'UE en 2008 : "Je veux réussir la réforme des institutions européennes." C'est son quatrième "combat". § La candidate socialiste propose sa politique du logement. § E n 2007, comme lors de l'année écoulée, Ségolène Royal veut être sur tous les fronts. Jeudi 4 janvier, la candidate socialiste a adressé à ses "chers compatriotes" des voeux largement consacrés au logement. Avant de détailler ses propres mesures "concrètes" - surtaxe sur les logements vacants depuis plus de deux ans et possibilité, pour les communes, de procéder à des "acquisitions-réquisitions" -, Mme Royal a fustigé les "promesses trop tardives et trop précipitées pour être honnêtes" faites par le gouvernement. Dans la foulée, elle a rencontré, "à l'initiative du gouvernement allemand", les vingt-sept ambassadeurs de l'Union européenne. "Je vais leur dire comment la France peut revenir à la table de l'Europe", a-t-elle affirmé. Vendredi, Mme Royal s'envolait pour la Chine, puisqu'"il s'y passe beaucoup de choses" et que "c'est la place de la France que d'y être". A son retour, le 10 janvier, elle reprendra ses meetings "participatifs" à Tourcoing, Montluçon et Grenoble pour aborder les dossiers de la présidentielle. Pendant ce temps, sa conseillère spéciale, Sophie Bouchet-Petersen, travaille à la rédaction du livre-programme "interactif" promis de longue date. En Chine, où elle sera accompagnée par trois présidents de région, Jacques Auxiette (Pays de la Loire), Jean-Yves Le Drian (Bretagne) et Jean-Jack Queyranne (Rhône), Mme Royal compte travailler sa crédibilité internationale et parler de mondialisation, d'environnement et des droits de l'homme. Sur ce terrain sensible, Mme Royal, qui a rencontré avant son départ des dissidents chinois, devrait évoquer le sort d'avocats, dont celui de Gao Zhisheng, défenseur des droits de l'homme, des chrétiens clandestins et des cyberdissidents, et condamné le 22 décembre à 3 ans d'emprisonnement. L'avocat Jean-Pierre Mignard est du voyage. Ce déplacement - alors que Nicolas Sarkozy projette de son côté de se rendre en Inde -, sera sans doute l'un des derniers au long cours, mais peut-être pas "le dernier" s'est amusée Mme Royal à la veille de son départ. Fin janvier, la candidate a également prévu de se déplacer aux Antilles, où elle tiendra des meetings en Martinique et en Guadeloupe. Jeudi, toujours soutenue par des sondages favorables, elle a usé d'un ton très volontariste en commençant ses phrases par "je veux". "Une campagne présidentielle est un moment unique et précieux pour modifier l'image d'un pays et lui redonner de l'énergie", s'est-elle réjouie. Malgré sa veste rouge, elle a de nouveau imposé la couleur bleue au Parti socialiste, ainsi que son slogan "Le progrès pour tous, le respect pour chacun" étrenné au lendemain du vote d'investiture des militants, le 17 novembre, à Melle (Deux-Sèvres). Son équipe s'est étoffée avec l'arrivée comme conseiller sur l'environnement de Bruno Rebel, jusqu'ici directeur international des programmes de Greenpeace. Mais malgré la présence à ses côtés de François Hollande, de Jean-Pierre Chevènement et de Bernard Castagnède pour les radicaux de gauche, ni Laurent Fabius, ni Dominique Strauss-Kahn n'avaient été conviés à inaugurer 2007. § Le président de l'Assemblée nationale a estimé que Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, "aurait dû quitter le gouvernement" depuis longtemps, en raison d'un "mélange des genres". § L e très chiraquien Jean-Louis Debré ne votera pas Nicolas Sarkozy lors du scrutin interne de l'UMP qui doit permettre de désigner le candidat du parti à la présidentielle. Et il le fait savoir. "Dans ma fédération UMP de l'Eure, je m'abstiendrai", a indiqué le président de l'Assemblée nationale sur RTL. "Dans cette période préélectorale, mon abstention n'hypothèque pas mon choix final", a-t-il toutefois précisé. "Je veux savoir avant de me prononcer définitivement qui seront les candidats représentant la droite et le centre", a expliqué M. Debré. "Actuellement nous avons Nicolas Sarkozy qui est favori, mais j'entends dire que (Michèle) Alliot-Marie, pour laquelle j'ai beaucoup de sympathie, pourrait être candidate", a-t-il ajouté. Il n'a pas manqué de citer également les noms de Dominique de Villepin et Jean-Louis Borloo, en n'excluant pas une candidature de Jacques Chirac, "s'il veut se représenter". Comme on lui demandait si Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, devrait quitter le gouvernement une fois candidat, il a déclaré : "Moi, je pense que depuis longtemps, puisqu'il y a un peu un mélange des genres, il aurait dû quitter le gouvernement." "Il ne faut pas qu'on puisse le suspecter d'utiliser les moyens de l'Etat pour sa campagne électorale", a-t-il souligné. § Le ministre de l'intérieur a promis, vendredi à Ajaccio, une aide de 1,02 milliard d'euros sur sept ans, au cours d'une visite sur l'île de Beauté où il était surtout attendu sur la dernière vague d'attentats. § "J 'ai obtenu il y a quinze jours du premier ministre qu'un mandat de négociation soit donné au préfet de Corse pour une nouvelle convention-cadre de sept années pour un montant de travaux qui va s'élever à 1,02 milliard d'euros", a déclaré, vendredi 5 janvier, Nicolas Sarkozy à l'occasion d'une visite en Corse, son dix-huitième et vraisemblablement dernier voyage dans l'île en qualité de ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire. Ces fonds seront débloqués dans le cadre du programme exceptionnel d'investissement (PEI) pour la Corse, qui est prévu jusqu'en 2017. M. Sarkozy s'est défendu de toute manuvre électoraliste : "Je suis là en tant que ministre de l'aménagement du territoire, je fais mon travail jusqu'au bout parce que la Corse, vous savez, elle ne peut pas attendre que les élections passent." Les dénégations du ministre n'ont pas convaincu quatre parlementaires PRG (Emile Zuccarelli, Paul Giacobbi, Nicolas Alfonsi et François Vendasi), ainsi que le président du groupe "La Corse dans la République" à l'Assemblée de Corse, François Dominici, qui ont boycotté la rencontre avec des élus et socioprofessionnels de Corse au cours de laquelle M. Sarkoy a fait son annonce. Pour eux, il y a "un excessif mélange des genres entre des fonctions gouvernementales et la campagne d'un candidat à l'élection présidentielle". La visite du ministre de l'intérieur et candidat à l'élection présidentielle intervient dans un climat tendu, alors que six attentats (dont un mortel pour le poseur de bombe) ont frappé l'île jeudi à l'aube. Dans une interview à Corse-Matin, M. Sarkozy a exprimé sa "tristesse" et sa "consternation" face à cette série d'attentats. "Je reste ouvert à la discussion avec tous ceux qui veulent un autre avenir pour la Corse, mais je continuerai de combattre sans relâche cette violence inutile et dévastatrice", déclare-t-il. CONSULTATION DES JEUNES CORSES Les mouvements nationalistes clandestins ont annoncé leur volonté de se faire entendre dans la campagne présidentielle. L'un d'eux, le FLNC-UC, a appelé l'ensemble des formations nationalistes à la résistance et annoncé une radicalisation de la lutte armée. En 2006, la préfecture de Corse a d'ailleurs dénombré 232 attentats, dont 59 tentatives avortées, soit une augmentation sensible par rapport à 2005. Revenant sur le bilan de son action au ministère de l'intérieur, Nicolas Sarkozy a estimé que la réaction de l'Etat dans la durée a "radicalement changé depuis 2002". Les procédures judiciaires "sont maintenant privilégiées pour permettre l'interpellation des auteurs" et "les résultats sont là, avec 151 interpellations en 2005 et 181 en 2006". Prié de dire si la Corse pourrait encore évoluer sur le plan institutionnel après l'échec du référendum de 2003, le président de l'UMP a répondu qu'un tel changement "ne pourrait venir que de la volonté des Corses eux-mêmes". Il a indiqué que son objectif est de faire en sorte que "les jeunes Corses qui le veulent puissent vivre et travailler en Corse avec de vraies perspectives". En conséquence, le ministre de l'intérieur a proposé d'"organiser avec les élus de Corse une consultation des jeunes, précisément pour mieux connaître leur attente". § Les réformes que doit examiner le Congrès convoqué jeudi par le président avant les élections ne font pas consensus dans la majorité. "C'est la réaction d'un homme qui sent que les choses lui échappent", juge le sarkozyste Patrick Devedjian dans un entretien aux "Echos". § J usqu'au bout de son mandat, Jacques Chirac va tenter de peser dans la campagne présidentielle, candidat ou pas. Quelques jours après avoir demandé une loi sur le droit au logement opposable, il a convoqué jeudi comme prévu le Congrès avant la fin de la session parlementaire, fin février. Le président montre ainsi qu'il n'a pas renoncé à trois des promesses de son deuxième quinquennat : la réforme du statut pénal du chef de l'Etat, la Nouvelle-Calédonie et l'inscription de l'abolition de la peine de mort dans la Constitution. Imposer ces réformes à quelques semaines de l'élection présidentielle n'avait rien d'une priorité pour beaucoup dans la majorité. "Il y a mieux à faire dans cette période que de réunir le Parlement en Congrès sur ce genre de texte", disait encore début octobre Bernard Accoyer, le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale. Le député chiraquien entendait par là que la majorité ne peut en tirer que peu de bénéfices, à l'inverse du chef de l'Etat. "LE FN VA EN FAIRE SON MIEL" C'est parce qu'elle ne fait pas consensus que Nicolas Sarkozy s'est opposé à la loi restreignant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Le 5 décembre, la question avait fait l'objet d'un très vif échange avec Dominique de Villepin, en petit déjeuner ministériel. "Le Front national va en faire son miel ", avait dit le président et presque candidat de l'UMP. "Comment expliquer qu'on va empêcher les Français installés outre-mer depuis des années de voter alors qu'il est question, ici, d'accorder le droit de vote aux étrangers ?", demandaient en privé des élus UMP, dénonçant une "idiotie" électorale. Quant à la réforme qui renforce l'immunité du chef de l'Etat, c'est un texte "dangereux", a estimé le sarkozyste Claude Goasguen, député UMP. Le projet venait d'être adopté en commission des lois, le 20 décembre. Changer l'équilibre des institutions à la veille d'une présidentielle surprend parmi les députés et suscite aussi des réticences à gauche, parmi les socialistes. COUPER L'HERBE SOUS LE PIED La constitutionnalisation de l'abolition de la peine de mort semble, elle, plus consensuelle, seul le FN s'y opposant violemment. Nicolas Sarkozy a pris sa plume pour défendre l'abolition, après l'exécution de Saddam Hussein, dans Le Monde du 3 janvier. "C'est pour moi une question de principe", a dit le futur candidat de l'UMP. Pourtant, Jacques Chirac compte bien lier son nom à cette réforme constitutionnelle, un geste symbolique de fin de mandat. Une façon de couper l'herbe sous le pied de M. Sarkozy, comme il l'a fait avec le droit au logement opposable, que le président de l'UMP a tenu à inscrire dans son programme pour 2007. "En politique, on a le choix entre contester les idées des autres ou s'y rallier. Jacques Chirac a fait le choix de se rallier aux idées de Nicolas Sarkozy, certes en essayant de capitaliser sur elles, mais en vain, tant les Français attendent un changement", a jugé Patrick Devedjian, proche de M. Sarkozy, dans une interview à paraître vendredi dans Les Echos. "C'est la réaction d'un homme qui sent que les choses lui échappent", a renchéri l'ancien ministre de l'industrie. § La présidente de CAP 21 va dévoiler le 5 janvier qu'elle est le candidat-mystère qui avait entretenu le suspense à l'automne en publiant deux livres sous pseudonyme. L'écologiste tente de se placer hors-clivages, un positionnement difficile. § C atherine Médicis est Corinne Lepage, et inversement. CAP 21 a confirmé jeudi 4 janvier que l'ancienne ministre de l'environnement se cachait derrière la "candidate masquée" qui avait voulu créer le suspense en publiant à l'automne sous un pseudonyme deux livres-programmes : J'arrive et On efface tout et on recommence. Le parti écologiste confirme l'information révélée la veille par Le Canard enchaîné. C'est comme prévu le vendredi 5 janvier que Corinne Lepage va se dévoiler officiellement. Le site 5janvier2007.com a été créé à cet effet par la candidate déjà déclarée de CAP 21, qui avait recueilli 1,88 % des voix en 2002. "Français, encore un effort pour sortir de la monarchie bananière et rentrer dans une république durable", enjoint-elle dans une tribune publiée lundi sur le blog politique Nuesblog, associé au "coming-out" avec le site de l'hebdomadaire Marianne. Curieusement, l'avocate, écologiste reconnue, n'y mentionne aucun thème lié à l'environnement. Elle propose surtout trois mesures pour sortir la France de la "monarchie", c'est-à-dire permettre aux citoyens de réellement participer : "Le référendum d'initiative populaire et législatif", "la possibilité de saisine par les citoyens du Conseil constitutionnel" et la création d'un "conseil de la société civile", élu par les catégories socioprofessionnelles et par les organisations non gouvernementales, qui remplacerait le Conseil économique et social. DIFFICILE "TROISIÈME VOIE" "Elle n'abandonne pas l'écologie", justifie cependant le porte-parole de CAP 21, Eric Delhaye, qui souligne que Mme Lepage a dirigé le New Deal écologique, un ouvrage collectif rédigé avec des acteurs de l'entreprise, sorti en décembre. "A chaque fois qu'on s'attaque aux OGM, aux nanotechnologies ou au nucléaire, on se trouve confronté au problème du fonctionnement des institutions : le secret industriel, le secret-défense, la représentativité des élus, le manque de crédibilité des expertises, etc.", explique-t-il encore. En prenant il y a quelques mois le pseudonyme Catherine Médicis, Corinne Lepage s'attendait-elle à une campagne si bouchée pour les petits candidats ? "L'effet vote utile est très fort", reconnaît le porte-parole de CAP 21, qui revendique 400 parrainages. Se lancer dans la présidentielle n'est-il pas, dès lors, un moyen pour l'ancienne ministre d'Alain Juppé de rabattre des voix écologistes vers Nicolas Sarkozy, en échange éventuellement d'un poste ? "Corinne Lepage n'a négocié avec personne. Elle ne sait pas si elle appellera ses électeurs à se rallier au second tour, ni pour qui. Il y a à CAP 21 des sensibilités de centre droit comme de centre gauche." Après l'échec relatif de la "plate-forme commune" envisagée à l'automne entre écologistes, Mme Lepage aimerait faire émerger une hypothétique "troisième voie", à l'instar de Christine Boutin, désormais ralliée à Nicolas Sarkozy ou de François Bayrou, qui a perdu du terrain dans les sondages pendant les fêtes. "C'est une vision à long terme", conclut Eric Delhaye. § La candidate socialiste a prononcé, jeudi, depuis le siège du parti, des vœux en forme de programme. § L es vux aux Français de Ségolène Royal, jeudi 4 janvier, ont pris la forme d'un véritable discours-programme autour de quatre combats, au premier rang desquels figure celui pour la famille. Avec, en préambule, la promesse de ne se livrer à "aucune attaque personnelle" et de "tout faire pour que la campagne électorale soit de qualité", "pour élever le débat et pour que (le) choix soit éclairé". La candidate socialiste à la présidentielle a annoncé que si elle est élue, son "premier combat sera pour les familles", notamment pour améliorer les conditions de logement, thème qui occupe à ce jour le premier plan de la campagne présidentielle. Elle a promis la construction des 120 000 logements sociaux nécessaires, "pour que le droit au logement oppposable ne soit pas qu'une promesse électorale", et envisagé que l'Etat puisse se substituer aux communes pour lancer lui-même des programmes de logement afin de faire face à la pénurie. Autres propositions : encourager la mise en location de logements vacants par la surtaxation des logements inoccupés depuis plus de deux ans ; acquisitions-réquisitions de logements par l'Etat ; développement et extension des prêts gratuits pour l'acquisition ; création d'un service public de la caution ; et lancement, avec les régions, de programmes de logements massifs pour les étudiants et les jeunes travailleurs. Deuxième combat, l'éducation : "Tout enfant de moins de moins de 3 ans doit pouvoir être accueilli pour (que les parents puissent) concilier vie familiale et vie professionnelle", ceux de plus de 3 ans pouvoir aller à la maternelle, et l'accompagnement scolaire doit être gratuit. Ségolène Royal s'est aussi engagée à ce que les jeunes ne restent pas plus de six mois au chômage sans formation ou proposition. Dans l'ensemble des régions, les bourses et emplois-tremplins doivent être généralisées. ATOUTS "GASPILLÉS" PAR LES GOUVERNANTS Le troisième combat de la candidate socialiste vise à "réconcilier les Français avec l'entreprise" : la candidate prône un développement à la fois économique, social et environnemental. Dénonçant les contrastes salariaux, les injustices mais aussi les rigidités des pratiques de l'Etat, elle a estimé qu'il n'y a pas de fatalité aux désordres, et prôné l'émergence d'un syndicalisme de masse. Elle a aussi défendu des salaires de solidarité active "pour que nul ne travaille à perte", la lutte contre la vie chère et la précarité. Elle a insisté sur son objectif d'"excellence environnementale", projet propice aux innovations et au développement. Son quatrième combat sera celui d'une "Europe qui marche", et"qui protège et prépare l'avenir", qui avance tout en respectant le "non" à la Constitution européenne. "Si la France va mal, ce n'est pas par ce qu'elle manque d'atouts, c'est parce que ses gouvernants les gaspillent", a-t-elle assuré, plaidant pour sa part pour "un exercice du pouvoir, simple, direct et authentique". § Pur produit de l'appareil communiste, la secrétaire nationale du PCF s'est révélée la championne de l'ouverture à l'occasion de la campagne du référendum sur l'Europe. Mais elle n'a pas su convaincre ses partenaires de la désigner candidate de toute la gauche antilibérale : elle sera la porte-voix du seul Parti communiste. § § Lors des traditionnelles cérémonies de vœux, le président de la République s'est déclaré en faveur d'un certain nombre de réformes pour les années à venir, d'une loi sur le logement opposable au renforcement du rôle de l'Europe au Proche-Orient. § V oter les lois et publier les décrets. Lors de ses vux au gouvernement le 3 janvier, gouvernement qu'il veut "au travail" jusqu'au bout, Jacques Chirac a fixé trois priorités. En premier lieu, le président souhaite que les textes sur la prévention de la délinquance, la réforme de la justice, la parité en politique, la modernisation du dialogue social et la protection de l'enfance soient votés au Parlement avant la fin de la législature. Il a également averti que "l'essentiel des décrets d'application des lois votées depuis 2002 doit être pris", en annonçant qu'un conseil des ministres sera consacré, au mois de mars, "à faire le bilan du respect" par tous les ministres de cette "exigence". Réunion des Assemblées en Congrès. M. Chirac a également annoncé, le 4 janvier, la tenue d'un Congrès à Versailles avant la fin des travaux des parlementaires, qui devraient s'achever au plus tôt le 22 février, afin d'adopter trois textes impliquant une modification de la Constitution. "Je souhaite que vous débattiez de la réforme du statut pénal du chef de l'Etat, du texte sur la Nouvelle-Calédonie ainsi que celui prévoyant l'abolition de la peine de mort par notre Constitution", a déclaré le chef de l'Etat lors de ses vux aux Assemblées. (fl-rg.gif) suivant : Social Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. | AP/MICHEL EULER AP/MICHEL EULER Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. Voir Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. | AP/MICHEL EULER Vidéo Générosité et vux politiques Télézapping, une revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. Le président de la République, Jacques Chirac, lors de ses vux télévisés adressés aux Français, dimanche 31 décembre. | REUTERS/POOL Vidéo Vux 2007 en vidéo pour les candidats à la présidentielle A l'image du chef de l'Etat, certains candidats à l'élection présidentielle ont décidé d'exprimer leurs vux en vidéo pour l'année 2007. Jacques Chirac et son épouse Bernadette, élue locale, lors des vux aux Corréziens, le 6 janvier à Tulle. | AFP/PATRICK KOVARIK Les faits A Tulle, Jacques Chirac plaide pour le maintien des services publics en région Reportage "On a mangé notre pain blanc", se résigne la Corrèze Parmi les articles précédents Compte rendu Jacques Chirac demande une relance des efforts européens au Proche-Orient 05.01.07 Compte rendu Logement : Ségolène Royal veut renforcer le rôle de l'Etat 05.01.07 Décryptage Ségolène Royal récuse les promesses "tardives" de la droite 05.01.07 Compte rendu Le chef de l'Etat définit les contours sociaux du prochain quinquennat 04.01.07 Décryptage La mise en garde de Chirac : ni "illusions" ni "tout-libéral" 04.01.07 EN UNE EN CE MOMENT Mobilisation internationale pour la Somalie A Tulle, Jacques Chirac plaide pour le maintien des services publics en région Nouvelle épreuve de force entre le Fatah et le Hamas sur la sécurité Nouvel attentat meurtrier contre un autocar au Sri Lanka ET AUSSI Capture d'écran extraite du journal télévisé de la mi-journée de la chaîne d'information i-Télé, vendredi 5 janvier. | itélé Panorama La saison des faits divers Un panneau indicateur à l'entrée de Vauvert, petite ville du Gard en septembre 2005. | AFP/DOMINIQUE FAGET Reportage Les peurs françaises vues de Vauvert A gauche, Natascha Kampusch en "une" du magazine "News" de Vienne, en septembre 2006. Au centre, retransmission de son entretien télévisé. A droite, en décembre 2006, au studio Aperto 1 en Italie. | H.P. Bader/Reuters; TF1/AFP; Aldo Liverani/Andia Reportage Natascha Kampusch, captive des médias PRÉSIDENTIELLE 2007 Lors des vux, Jacques Chirac fait des promesses tous azimuts A Tulle, Jacques Chirac plaide pour le maintien des services publics en région Gérard Feldzer, esprit farfelu et militant "hulotien" Nicolas Hulot, un plan de campagne au cas où... LES DÉPÊCHES Au Canada le temps doux perturbe les activités d'hiver et la vie animale AFP 18h01 Mort de la journaliste et productrice de télévision Daisy de Galard AFP 17h45 Le film indien "Kabul express" interdit en Afghanistan AFP 17h15 Haditha: un rapport révèle la confusion et la rage des Marines (presse) AFP 17h06 (presidentielle2007_index_articles_interactifs&) § Dans ses vœux aux Corréziens samedi, le chef de l'Etat a également souhaité "une agriculture forte et écologiquement responsable". § "L a France est aujourd'hui confrontée à un monde qui change de manière accélérée. Pour s'imposer, notre pays doit faire résolument le choix de l'innovation, de la recherche et du développement industriel. Dans ce nouveau monde, nos territoires sont un atout considérable", a jugé Jacques Chirac, samedi 6 janvier, lors de ses vux en Corrèze. 81 % des Français ne souhaitent pas que Jacques Chirac se représente Plus de quatre Français sur cinq (81%) souhaitent que le président Jacques Chirac ne soit pas candidat à la prochaine élection présidentielle, selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans le Journal du dimanche. La proportion est quasiment la même à gauche (79 %) qu'à droite (82 %), selon ce baromètre. 19% des Français veulent à l'inverse que le chef de l'Etat soit candidat à un troisième mandat. Le sondage a été réalisé par téléphone, les 4 et 5 janvier, auprès d'un échantillon de 939 personnes âgées de plus de 18 ans (méthode des quotas). (avec AFP.) Soulignant que "les campagnes commencent à se repeupler" et que "quatre citadins sur dix estiment qu'ils aimeraient pouvoir vivre à la campagne", M. Chirac a souhaité que l'Etat favorise "le développement de cette nouvelle ruralité". Dans ce contexte, il a plaidé pour le "maintien et le développement des services publics sur tout le territoire", réitérant son opposition à toute "mise en cause du service postal". "Et je le dis solennellement : la France s'opposera à toute initiative qui conduirait à mettre en cause la qualité du service public postal", a-t-il souligné. Une allusion à la proposition de la Commission européenne d'une libéralisation, d'ici à 2009, de la distribution des lettres de moins de 50 grammes, qui mettrait fin au monopole de la Poste. "10 % DE CARBURANTS VÉGÉTAUX DANS LES CARBURANTS EN 2015" Réitérant son attachement au "principe fondamental de l'égalité devant les services publics et cela où que l'on vive", le président a également plaidé pour "l'accès aux soins partout". "C'est là un vrai problème qui doit être résolu", a-t-il reconnu. Autre sujet mis en avant, celui de l'environnement. Le chef de l'Etat a souhaité "une agriculture forte et écologiquement responsable". La France dispose, avec son agriculture, d'une réponse aux "défis planétaires" que constituent la malnutrition, l'augmentation de la population mondiale, le changement climatique et la raréfaction du pétrole, a-t-il jugé, soulignant que "la France est le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et elle est le premier pour les produits agricoles transformés". Le président a ainsi mis en exergue "le développement de la chimie végétale qui offre des perspectives extrêmement prometteuses" et l'encouragement des biocarburants avec l'objectif "de l'incorporation de 10 % de carburants végétaux dans les carburants en 2015". Le chef de l'Etat a également cité le tourisme comme un atout des régions. "Avec la mondialisation, avec l'émergence de nouvelles puissances économiques, la Chine, l'Inde, le développement du tourisme n'en est probablement qu'à ses débuts", a-t-il estimé. Le président a enfin proposé la création d'une Agence nationale chargée de favoriser l'industrialisation des territoires ruraux. "Il faut regrouper l'ensemble des moyens de l'Etat dans une Agence nationale de l'industrialisation des territoires, dotée des moyens financiers nécessaires, et agissant de concert, naturellement, avec les collectivités régionales et locales", a-t-il déclaré. § Le président du Musée de l'air et de l'espace au Bourget (Seine-Saint-Denis) s'est lancé dans le Pacte écologique de Nicolas Hulot § S on( )()visage fait penser aux acteurs Pierre Richard et Roberto Benigni. Même front dégarni, mêmes cheveux en bataille, même esprit déjanté. Gérard Feldzer vit sur une péniche, mais il est passionné d'aviation. Trente ans pilote chez Air France, dix ans président de l'Aéro-Club de France, il est aujourd'hui, à 63 ans, président du Musée de l'air et de l'espace au Bourget (Seine-Saint-Denis). Son premier fait d'armes avec Nicolas Hulot est une tentative de traversée de l'Atlantique en dirigeable à pédales. "Un truc qui aurait pu marcher, mais on était mal préparés", explique-t-il. C'était en 1994, avant que l'animateur de TF1 ne s'engage pleinement dans le militantisme écologiste. Au bout de 2 500 km, l'expédition s'est terminée dans l'océan, avec six mois d'hôpital pour M. Feldzer. Fils d'immigrés russes, pupille de la nation, M. Feldzer a aussi la fibre associative. Parmi les divers projets dans lesquels il s'est investi ces dernières années, il y a Zebunet. Cette association, créée en 2001, propose aux heureux habitants de l'Hexagone d'investir dans un zébu, un cochon ou un dromadaire. L'animal est ensuite confié, via un microcrédit, à un paysan pauvre dans un pays du tiers-monde. "Un projet en plein essor", jure-t-il. Pas vraiment engagé politiquement, pas vraiment écolo militant non plus, M. Feldzer dit s'enthousiasmer d'abord pour "les projets qui ont du sens". En 1981, il a participé à la pseudo-campagne électorale de Coluche. Un quart de siècle plus tard, il se lance dans le Pacte écologique "pour les mêmes raisons". Depuis la mésaventure du dirigeable à pédales, il a gardé le contact avec l'animateur de TF1. La création de l'Association pour la candidature Nicolas Hulot s'est donc faite "naturellement". Cette mission lui correspond d'autant mieux qu'il sait improviser sur tout, bricoler avec un rien. En vingt ans, M. Feldzer a, tout à la fois, écrit des programmes télévisés sur l'aviation, coanimé l'émission "Charlie-Foxtrot", sur France Inter, en 1997, et rédigé un livre, Demain je serai pilote (Gallimard, 1997). Son seul gros échec : le concours pour devenir cosmonaute, en 1985. § Dans le décor insolite d'une péniche parisienne, une petite équipe indépendante prépare activement la candidature de Nicolas Hulot, dans l'hypothèse où l'animateur de TF1 déciderait de se présenter § I ls ont tout résumé sur une grande feuille blanche collée au mur : les objectifs, les moyens d'action, les échéances. Le schéma a des airs de plan de combat : des cases, des flèches, des cercles dans tous les sens. Leurs réflexions ont toutes le même objet : la candidature de Nicolas Hulot à l'élection présidentielle. Mais à la différence du microcosme politico-médiatique qui attend, s'impatiente de la décision de l'animateur, eux n'ont qu'une mission : "faire comme si". Comme si Nicolas Hulot allait se présenter. Avec un impératif : mettre en oeuvre les conditions pratiques de cette candidature. Au cas où. Au total, ils sont une petite dizaine à réfléchir à la question : deux avocats, une étudiante en communication politique et quelques autres anonymes. Tous réunis au sein d'une Association pour la candidature de Nicolas Hulot. Le président et principal initiateur du projet est Gérard Feldzer, directeur du Musée de l'air et de l'espace, au Bourget (Seine-Saint-Denis). Ce vieil ami de Nicolas Hulot, la soixantaine joyeuse, les cheveux blonds hirsutes, a de lui-même proposé ses services à l'animateur de TF1. "Quand j'ai vu qu'il lançait son Pacte écologique, raconte-t-il, j'ai eu envie de participer au projet. J'ai donc proposé de prévoir la suite, si les réponses des candidats n'étaient pas à la hauteur." A force de "si", Gérald Feldzer et sa petite équipe travaillent désormais d'arrache-pied depuis novembre 2006. Ils ont pris l'habitude de se retrouver au domicile insolite de M. Feldzer. Une péniche parisienne bercée par le clapot de la Seine. Au reporter qui s'invite, il est demandé d'être discret et de taire le nom de l'endroit. Tout juste est-il autorisé d'indiquer que, des hublots, on aperçoit la tour Eiffel. "Je ne veux pas que ça devienne le Rainbow-Warrior", explique le maître des lieux. A l'intérieur, le décorum est aussi inédit que la mission dont l'association s'est investie. Vieille corne de brume indienne, juke-box des années 1950, fauteuils en carrosserie d'avion... Une ambiance "libératrice d'idées" dans laquelle, tous les jeudis soir, à 18 heures, autour d'un ordre du jour, le groupe se réunit pour concevoir ce que pourrait être la campagne de M. Hulot, "même si elle ne devait pas se faire". "C'est le jeu", dit M. Feldzer. Ils travaillent en toute indépendance, mais l'ensemble de leurs réflexions remontent à l'entourage proche de l'animateur, par le biais de contacts quotidiens. Avec le temps, la péniche est devenue, en plus, un endroit de concertation convivial, informel, où l'animateur de TF1, son éminence grise Jean-Paul Besset, ex-rédacteur en chef au Monde, et des membres de la Fondation Nicolas-Hulot viennent de temps à autre échanger des idées. Le doigt sur sa grande feuille blanche, M. Feldzer explique les scénarios à l'étude. Trois au moins existent. Le premier, celui dans lequel l'animateur de TF1 déciderait de ne pas se présenter et donc de retourner à sa forme de militantisme habituelle, est du ressort de la fondation. "Ce n'est pas mon hypothèse préférée, on risque de retomber dans le scoutisme", commente-t-il. En revanche, les deux autres scénarios, dans lesquels l'animateur se déclarerait candidat, lui reviennent. Ancien pilote instructeur, M. Feldzer détaille les réflexions du groupe. Dans le premier cas, Nicolas Hulot pourrait tenter de faire campagne "jusqu'au 16 mars", date limite du dépôt des 500 signatures, explique-t-il, et, "en fonction des nouvelles négociations avec les différents candidats et du nombre de parrainages obtenus, Nicolas Hulot pourrait décider ou non de se retirer". Dans le second cas, s'il n'est toujours pas satisfait, l'animateur pourrait choisir de poursuivre en cavalier seul "jusqu'au premier tour", tout en continuant les négociations politiques. A titre personnel, M. Feldzer estime que M. Hulot aura du mal à s'en sortir sans une alliance avec les Verts. Le propriétaire de la péniche et ses amis étudient déjà tous les aspects matériels d'une campagne, en fonction de sa durée éventuelle : l'impression des bulletins de vote, la commande du papier... et le coût. Après avoir consulté un peu partout, il s'oriente aujourd'hui vers une campagne "a minima" : environ 800 000 euros. Il s'agit, en fait, du montant forfaitaire remboursable par l'Etat, pour tout candidat se présentant au premier tour de l'élection présidentielle. Petits moyens obligent, la campagne de M. Hulot devrait alors se jouer essentiellement à Paris, "afin de limiter les frais de déplacement en province", explique M. Feldzer. Avec son équipe, il a déjà repéré quelques salles de meeting. Par souci d'économie, toujours, il n'envisage ni tracts ni affiches. Le plus important, selon lui : assurer le relais médiatique. "La presse a toujours été extrêmement réceptive aux moindres faits et gestes de Nicolas, il n'y a pas de raison pour que ça ne dure pas", justifie-t-il. Mais, pour réunir ces 800 000 euros, l'association doit obtenir des emprunts. "Or sans parrainages, on a du mal à convaincre les banques", reconnaît M. Feldzer. La consigne donnée aux élus PS et UMP de garder leur parrainage pour le candidat de leur formation respective reste aussi l'un de ses gros obstacles. A force de mails, de fax et de relances téléphoniques, il s'enorgueillit cependant d'avoir récolté quelque 130 promesses de signature. Parmi elles, celle du maire de Bourges et ancien ministre de l'environnement, Serge Lepeltier (Parti radical). "Si Nicolas Hulot doit se déclarer grâce aux élus sans étiquette, toutes les signatures tomberont d'un coup", estime-t-il. Aujourd'hui, ce farfelu militant "hulotien", au carnet d'adresses bien rempli, mobilise tout son réseau. Des hommes politiques de tous horizons sont conviés régulièrement à bord, de Christian Blanc (app. UDF) à Bernard Kouchner (PS), en passant par le vice-président de la région Ile-de-France, Marc Lipinski (Verts). M. Feldzer assure qu'il n'a aucun plan d'"alliance politique", car cela reste du ressort de l'entourage très proche de l'animateur de TF1, mais ces rencontres sont une façon bien à lui de se nourrir de l'expérience des autres, de prendre conseil et de "mesurer la température extérieure". § Lors de son dernier voyage de ministre en Corse, il a défendu son bilan et dénoncé "la violence'" § U n dernier voyage de ministre pour défendre son bilan. Arrivé en Corse le surlendemain d'une série d'attentats dont l'un d'eux a coûté la vie à un poseur de bombe, le ministre de l'intérieur a appelé, vendredi 5 janvier, les élus à dénoncer "la violence". Lors d'une réunion à Ajaccio, boycottée par les quatre parlementaires du Parti radical de gauche, qui ont dénoncé un "excessif mélange des genres entre des fonctions gouvernementales et la campagne d'un candidat", Nicolas Sarkozy a lancé : "Réveillez-vous ! Et condamnez cet immense gâchis, ridicule et tragique." S'en prenant comme au premier temps de son ministère aux "encagoulés", il n'a pas ménagé son auditoire, estimant que "la Corse n'a pas les moyens de refuser la main qui se tend". Dénonçant "la culture de la désolation et du malheur", le ministre de l'intérieur est arrivé avec la promesse de poursuivre, jusqu'en 2017, le plan exceptionnel d'investissement (PEI) prévu par les accords de Matignon en 2002 et doté de 1,2 milliard d'euros. La confirmation de ces crédits servira à la réalisation de grands chantiers d'infrastructures, représentant la moitié de l'enveloppe allouée. A Sainte-Lucie-de-Tallano, un petit bourg de l'intérieur, il a annoncé que l'Etat allait abonder d'un million d'euros la mise en place d'un pôle d'excellence rural pour la Corse-du-Sud. L'occasion pour le ministre de fanfaronner : "Tous mes engagements, je les ai tenus. Le bilan est là, à la disposition de tous ceux qui le souhaitent." § Dans l'avion qui l'emmenait en Corse vendredi, le président de l'UMP expliquait que les attaques contre lui avaient mobilisé les militants. § I l a trouvé son agent électoral : Jacques Chirac. Vendredi 5 janvier, à 18 heures, 100 300 des 320 000 adhérents de l'UMP avaient déjà voté pour désigner le candidat qui sera soutenu, le 14 janvier, par le parti. Pour Nicolas Sarkozy, une seule explication à cette participation à un vote sans enjeu : "Ce que la presse appelle des attaques contre moi a mobilisé les militants. Ils sont hystériques." Dans l'avion qui l'emmenait avec sa délégation, vendredi, en Corse, pour ce qui sera peut-être son dernier voyage de ministre de l'intérieur sur l'île, le président de l'UMP ne peut s'empêcher de jeter un regard rétrospectif sur son parcours et conclure tranquillement : "Désormais, je suis sans concurrent dans ma famille. Ce n'était pas écrit." Il précise : "En 2002, tous avaient leurs chances, les Borloo, les Raffarin, les Juppé, les Fillon, les Alliot-Marie. Mais ils pensaient que pour parvenir à leurs fins, il fallait flatter Chirac, moi j'ai pris le risque de lui déplaire." Pour le futur candidat, les rappels à l'ordre du chef de l'Etat (contre le "tout libéral", la tentation de "la table rase" ou encore la défense des institutions) qui ont rythmé la séquence des voeux présidentiels ont suscité un nouveau réflexe d'adhésion à sa personne. Alors, que peuvent bien peser, selon lui, les dernières attaques du chef de l'Etat ? "Que pouvait-il dire d'autre ?, feint-il de s'interroger. On dit qu'il est contre moi, mais je représente une bonne part de son bilan quand même." "Comment peut-il expliquer que je ne suis pas l'homme de la situation, s'il reprend mes idées." Une manière de dire que, désormais, il est hors d'atteinte. Devenu candidat unique de l'UMP, estimant avoir triomphé de toutes les embûches qui lui ont été tendues, il règle ses comptes, sans haine, mais avec le sentiment d'avoir dominé tous ses rivaux, comme un vainqueur de Roland-Garros après son dernier match. "Borloo avait une belle carte à jouer... Villepin ? Plus personne aujourd'hui n'y croit. Quant à Chirac... Même les forums de l'UMP m'ont renforcé. MAM, elle, en est sortie très affaiblie. Mais pour moi, cela a créé une forme de légitimité", confie-t-il en ajoutant avoir participé à ces forums "à 20 % de (s) es possibilités". Le passage en revue se prolonge : "Bayrou ? Plus personne n'en parle comme du troisième homme. Le Pen ? On parlait d'une progression fulgurante, mais elle n'est mesurée nulle part." Désormais, seul l'intéresse son duel avec la candidate du Parti socialiste, Ségolène Royal : "Les Français veulent le match", explique-t-il une fois de plus. Persuadé qu'il sera un meilleur rassembleur de son camp qu'elle du sien, il souhaite mettre à profit les "silences" de son adversaire pour expliquer comment ses idées "peuvent s'appliquer". Il commencera cette pédagogie dès le 12 janvier, au lendemain de la clôture de la séquence des voeux chiraquiens, lors d'une conférence de presse, Place Beauvau. Il la poursuivra le 14, pour le congrès de l'UMP au Parc des expositions de la porte de Versailles, devant 50 000 militants, avec l'objectif de parvenir à une synthèse de tous ses grands discours prononcés depuis le printemps 2006. "Ce jour-là, tout sera balayé", estime un de ses proches. Même la question de son maintien au gouvernement ne paraît pas l'atteindre, alors que son entourage se divise encore entre partisans et adversaires d'un départ immédiat de la Place Beauvau. Il pourrait en annoncer la date dès le 14 janvier. Mais, candidat ou ministre, il a déjà choisi. Ce sera les deux. Le plus longtemps possible : "Si je partais au soir du congrès, ce serait la seule nouvelle qui resterait. Et puis cela fait quatre ans que je suis ministre et candidat, qu'est-ce que cela changerait si je l'étais un mois de plus." "Et puis, ajoute-t-il, Chirac veut que je reste." Un dernier plaisir à son meilleur ennemi ? § Alors que la plupart des candidats à la présidentielle ont signé son pacte, l'animateur de TF1 et militant écologiste se prononcera sur sa candidature "après le 15 janvier". Selon un de ses proches, il a déjà recueilli 130 des 500 parrainages nécessaires. § "L a plupart des candidats à la présidence de la République ont désormais signé le Pacte écologique et précisé leurs engagements. Par conséquent, Nicolas Hulot se prononcera sur sa candidature après le 15 janvier", a indiqué, vendredi 5 janvier, un communiqué de la Fondation Hulot, soulignant qu'"il ne s'exprimera pas sur ce point d'ici là". A 51 ans, l'animateur d'"Ushuaïa" a annoncé qu'il se présenterait à l'Elysée en 2007 si les candidats ne s'engageaient pas de façon satisfaisante sur les propositions de son pacte, qui vise à placer l'écologie au cur de la campagne. Depuis, une quinzaine de candidats ont accepté de le signer. Dernière en date, la socialiste Ségolène Royal, qui a répondu vendredi aux "dix objectifs" et "cinq propositions concrètes" qu'il contient. Nicolas Sarkozy (UMP), Marie-George Buffet (PCF), Dominique Voynet (Verts) ou encore François Bayrou (UDF) avaient fait de même auparavant. Parmi les réfractaires : Olivier Besancenot (LCR), Arlette Laguiller (LO) ou Jean-Marie Le Pen (FN). 130 PROMESSES DE PARRAINAGES, SELON UN PROCHE Soulignant que M. Hulot avait rempli son objectif, Yann Wehrling, porte-parole des Verts, a estimé vendredi que ce dernier n'avait "plus de raison" de se présenter à l'élection présidentielle et invité l'animateur de télévision à en "tirer les conséquences". Mais pour le militant écologiste, il ne suffit pas de signer : il avait prévenu le mois dernier qu'il attendait "du concret clairement énoncé" de la part des candidats. Pour le moment, en dépit des signatures, "les cases restent vides" et "on est dans un désert absolu", avait-il affirmé. Pour se préparer à l'éventualité d'une candidature, le militant écologiste, dont la cote de popularité est toujours au plus haut, a déjà récolté 130 promesses de parrainage sur les 500 exigées, a indiqué, mercredi, Gérard Feldzer, patron du Musée de l'air et directeur pressenti d'une éventuelle campagne. Le Pacte écologique défendu par Nicolas Hulot demande la nomination d'un vice-premier ministre chargé du développement durable et l'imposition d'une taxe carbone sur les énergies fossiles, principalement le pétrole, pour limiter les émissions polluantes responsables du changement climatique. "NE PAS AFFAIBLIR" SES "PARTENAIRES" Ex-conseiller de Jacques Chirac, M. Hulot a été recruté par ce dernier pour préparer une conférence internationale sur l'environnement qui se tiendra les 2 et 3 février à Paris. Mais l'animateur de TF1 a souligné par le passé que son action ne se situe "ni à droite, ni à gauche, ni même au centre". Selon les estimations des sondeurs, sa candidature enlèverait pourtant plutôt des voix à la gauche, où elle suscite beaucoup de réserves. Mardi, Daniel Cohn-Bendit (Verts européens) faisait valoir que la politique était autre chose que le militantisme écologique. "A partir du moment où vous êtes candidat, vous devez dire au deuxième tour ce que vous allez faire. Et vous allez dire 'moi je suis pour celui qui signe mon pacte', et si les deux (candidats présents au deuxième tour) signent le pacte, 'je suis pour les deux' ? Ça ne peut pas marcher, à un moment il faudra choisir", a estimé le député européen. Dominique Voynet, la candidate des Verts, espère pour sa part que Nicolas Hulot ne se présentera pas afin de "ne pas affaiblir" ses "partenaires" qui devraient aider à mettre en uvre ses propositions. Quant au premier secrétaire du PS, François Hollande, il veut considérer que le péril s'est éloigné et que l'écologiste ne se présentera pas, puisque "tous les candidats ont signé son Pacte écologique". § La candidate socialiste à la présidentielle rencontrera le vice-président chinois et les ministres du commerce extérieur et de l'environnement, mais pas le chef de l'Etat, Hu Jintao. § A u premier jour de sa visite en Chine à l'invitation du Parti communiste, samedi 6 janvier, Ségolène Royal a fait savoir qu'elle rencontrera lundi le vice-président Zeng Qinghong. La candidate socialiste à l'élection présidentielle, qui a notamment prévu d'aborder les thèmes de la mondialisation, de l'environnement et des droits de l'homme, s'entretiendra également avec le ministre du commerce extérieur, Bo Xilai, et le ministre de l'environnement. Mais elle ne verra pas le président chinois, Hu Jintao. Mme Royal n'avait jusqu'ici annoncé qu'un seul rendez-vous politique : une rencontre avec le chef du "département international" du Parti communiste chinois, dimanche. Pour son deuxième déplacement à l'étranger depuis son investiture par le PS, après le Proche-Orient, la candidate est accompagnée de trois présidents de région ayant des partenariats en Chine : Jacques Auxiette (Pays de la Loire), Jean-Yves Le Drian (Bretagne) et Jean-Jack Queyranne (Rhône). Elle s'est rendu brièvement samedi matin sur la muraille de Chine, avant de visiter le site des prochains Jeux olympiques. Et prévoit de rencontrer une association de femmes migrantes de la Cité interdite, de s'entretenir avec des étudiants chinois et visiter le centre de recherche et développement de France Télécom en Chine. NE PAS PAS SE POSER "EN DONNEUSE DE LEÇONS" Pour la candidate, l'enjeu de cette visite est de conforter sa crédibilité sur les questions internationales. Elle a assuré, jeudi 4 janvier, aborder ce déplacement avec "une vision positive du développement de la Chine", estimant qu'il ne faut pas "avoir peur d'une Chine qui se développe, si les problèmes sont reconnus et maîtrisés". Sur la question de l'environnement, la candidate a rappelé que "la Chine sera bientôt le premier pays émetteur de gaz à effet de serre, ajoutant qu'il "doit avancer rapidement" pour atteindre les objectifs du protocole de Kyoto. Enfin, en ce qui concerne les droits de l'homme, Mme Royal entend ne pas se poser en "donneuse de leçons", assurant "faire le pari de l'évolution positive, en (s')appuyant sur les signes tangibles qui sont donnés". Avant son départ, elle a néanmoins rencontré des dissidents chinois afin d'évoquer le sort de plusieurs avocats, notamment Gao Zhisheng un défenseur des droits de l'homme, des chrétiens clandestins et des cyberdissidents , condamné le 22 décembre à trois ans de prison. § Entretien avec la présidente de CAP 21, candidate à l'élection présidentielle. "Je n'ai aucun contact avec Nicolas Sarkozy" et "j'attends de voir" ce que Ségolène Royal va faire, dit-elle.Propos recueillis par Alexandre Piquard. § § Entretien avec la candidate de CAP 21, qui a lancé sa campagne vendredi 5 janvier.Propos recueillis par Alexandre Piquard. § § Le premier ministre a annoncé, dimanche sur Canal+, qu'il attendait que le président de la République se prononce sur une éventuelle candidature. En conséquence, il assistera au congrès de son parti le 14 janvier mais ne votera pas. § D ominique de Villepin a annoncé, dimanche 7 janvier sur Canal+, qu'il ne participerait pas au vote interne à l'UMP pour le congrès du 14 janvier qui devrait introniser Nicolas Sarkozy comme candidat officiel, le président Jacques Chirac n'ayant pas encore annoncé s'il se représenterait ou pas. "Je serai présent pour le déjeuner" au congrès UMP au palais des Sports à Paris, car "c'est un moment de rassemblement pour notre famille politique", a-t-il déclaré. "Mais je ne participerai pas au vote car il ne vous a pas échappé que le président de la République ne s'étant pas prononcé, comme chef du gouvernement, je ne suis pas en mesure de participer à ce vote", a-t-il indiqué, en souhaitant "plein de bonnes choses" au chef de l'Etat et "d'abord la santé". M. Chirac a indiqué qu'il se prononcerait sur une éventuelle candidature au cours du "premier trimestre". Interrogé une nouvelle fois sur ses propres intentions quant à la présidentielle, M. de Villepin n'a pas directement répondu, répétant qu'il était "à (sa) place et à (sa) tâche de premier ministre". "Je veux y être fidèle", a-t-il souligné, en estimant qu'il avait "beaucoup de travail au service des Français". "COALITION DES VOLONTÉS" Le premier ministre a également demandé que l'UMP réalise en vue de la présidentielle une "coalition des volontés" associant toutes les personnalités du parti. "Si on veut aligner une famille politique réunie derrière un candidat sous forme de petits pois ou de sardines dans une boîte, vous ne gagnez pas comme ça", a-t-il estimé, sans nommer Nicolas Sarkozy. "Une élection", a-t-il poursuivi, "ce n'est pas de la simple arithmétique. Aujourd'hui, il n'y a pas de candidat en France qui puisse, sur son nom, l'emporter (...) Personne ne passe pour l'instant" la barre des 50 % des voix. Les quelque 300 000 militants de l'UMP sont invités depuis mardi à choisir leur candidat. Le ministre de l'intérieur et président du parti Nicolas Sarkozy est seul en lice et la seule inconnue réside désormais dans le taux de participation et le nombre de bulletins blancs. § Lors de son voyage en Chine, la candidate socialiste à la présidentielle a évoqué la "bravitude" de ceux qui gravissent la Grande muraille. Une faute de français que n'ont pas raté ses adversaires. § T oute vêtue de blanc, la candidate socialiste à l'élection présentielle a marché, samedi 6 janvier, sur les pas de François Mitterrand en se rendant sur le site de la Grande muraille de Chine, lors d'un voyage entamé vendredi à l'invitation du Parti communiste chinois (PCC). Accompagnée d'un responsable du département international du PCC, qui l'avait accueillie à sa descente d'avion, elle n'est restée qu'une dizaine de minutes sur le site, ensoleillé mais balayé par un vent violent et glacial, mais ne s'est pas moins rangée parmi les "braves". "Comme le disent les Chinois, qui n'est pas venu sur la Grande muraille n'est pas un brave. Qui va sur la Grande muraille conquiert la bravitude" (sic), s'est-elle exclamé, utilisant ce néologisme de son cru au lieu du mot "bravoure". Une faute de français que n'ont pas manqué de souligner ses adversaires, le député UMP Dominique Paillé en tête. "On savait que Mme Royal avait des lacunes très grandes en matière de diplomatie mais on n'imaginait pas qu'elle ait de telles carences sur la connaissance de la langue française", a ironisé ce partisan de Nicolas Sarkozy. "C'est, pour quelqu'un qui prétend devenir le premier magistrat de ce pays, des plus inquiétants. Espérons simplement que Mme Royal fera les efforts nécessaires pour combler ses nouvelles lacunes et ainsi permettre à la campagne électorale de se dérouler avec l'usage d'une langue française pure et irréprochable", a-t-il ajouté. § Lors des traditionnelles cérémonies de vœux, le président de la République s'est déclaré en faveur d'un certain nombre de réformes pour les années à venir, d'une loi sur le logement opposable au renforcement du rôle de l'Europe au Proche-Orient. § V oter les lois et publier les décrets. Lors de ses vux au gouvernement le 3 janvier, gouvernement qu'il veut "au travail" jusqu'au bout, Jacques Chirac a fixé trois priorités. En premier lieu, le président souhaite que les textes sur la prévention de la délinquance, la réforme de la justice, la parité en politique, la modernisation du dialogue social et la protection de l'enfance soient votés au Parlement avant la fin de la législature. Il a également averti que "l'essentiel des décrets d'application des lois votées depuis 2002 doit être pris", en annonçant qu'un conseil des ministres sera consacré, au mois de mars, "à faire le bilan du respect" par tous les ministres de cette "exigence". Réunion des Assemblées en Congrès. M. Chirac a également annoncé, le 4 janvier, la tenue d'un Congrès à Versailles avant la fin des travaux des parlementaires, qui devraient s'achever au plus tôt le 22 février, afin d'adopter trois textes impliquant une modification de la Constitution. "Je souhaite que vous débattiez de la réforme du statut pénal du chef de l'Etat, du texte sur la Nouvelle-Calédonie ainsi que celui prévoyant l'abolition de la peine de mort par notre Constitution", a déclaré le chef de l'Etat lors de ses vux aux Assemblées. (fl-rg.gif) suivant : Social Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. | AP/MICHEL EULER AP/MICHEL EULER Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. Voir Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. | AP/MICHEL EULER Vidéo Générosité et vux politiques Télézapping, une revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. Le président de la République, Jacques Chirac, lors de ses vux télévisés adressés aux Français, dimanche 31 décembre. | REUTERS/POOL Vidéo Vux 2007 en vidéo pour les candidats à la présidentielle A l'image du chef de l'Etat, certains candidats à l'élection présidentielle ont décidé d'exprimer leurs vux en vidéo pour l'année 2007. Jacques Chirac et son épouse Bernadette, élue locale, lors des vux aux Corréziens, le 6 janvier à Tulle. | AFP/PATRICK KOVARIK Les faits A Tulle, Jacques Chirac plaide pour le maintien des services publics en région Reportage "On a mangé notre pain blanc", se résigne la Corrèze Parmi les articles précédents Compte rendu Jacques Chirac demande une relance des efforts européens au Proche-Orient 05.01.07 Compte rendu Logement : Ségolène Royal veut renforcer le rôle de l'Etat 05.01.07 Décryptage Ségolène Royal récuse les promesses "tardives" de la droite 05.01.07 Compte rendu Le chef de l'Etat définit les contours sociaux du prochain quinquennat 04.01.07 Décryptage La mise en garde de Chirac : ni "illusions" ni "tout-libéral" 04.01.07 EN UNE EN CE MOMENT La stratégie irakienne de George W. Bush se précise, le scepticisme demeure Le gouvernement promet "une solution pour chacun" des SDF sous les tentes Le nouvel archevêque de Varsovie, au passé critiqué, a finalement démissionné L'OCDE demande à Tony Blair de s'expliquer sur une affaire de corruption ET AUSSI Capture d'écran extraite du journal télévisé de la mi-journée de la chaîne d'information i-Télé, vendredi 5 janvier. | itélé Panorama La saison des faits divers Un camion pour le dépistage du cancer du sein sillonnant le département de l'Orne en mai 2001. | AFP/MYCHELE DANIAU Compte rendu L'efficacité de l'Herceptine dans le traitement de certains cancers du sein est confirmée A gauche, Natascha Kampusch en "une" du magazine "News" de Vienne, en septembre 2006. Au centre, retransmission de son entretien télévisé. A droite, en décembre 2006, au studio Aperto 1 en Italie. | H.P. Bader/Reuters; TF1/AFP; Aldo Liverani/Andia Reportage Natascha Kampusch, captive des médias PRÉSIDENTIELLE 2007 En Chine, Ségolène Royal avance prudemment sur la question des "droits humains" Dominique de Villepin ne participera pas au vote interne lors du congrès de l'UMP La "bravitude" de Ségolène Royal en Chine Lors des vux, Jacques Chirac fait des promesses tous azimuts LES DÉPÊCHES Freestyle- Bosses: pas d'évolution significative pour Laoura, qui a le moral AFP 18h29 Brésil: au moins 34 morts dont 27 à Rio et des milliers de sinistrés à cause de pluies intenses AFP 18h06 Cyclo-cross - Championnat de Belgique: Wellens sacré AFP 18h03 Lepage va saisir le Conseil d'Etat sur les règles de temps de parole AFP 17h35 (presidentielle2007_index_articles_interactifs&) § Lors de ses vœux aux Corréziens samedi, le chef de l'Etat a également souhaité "une agriculture forte et écologiquement responsable". § "L a France est aujourd'hui confrontée à un monde qui change de manière accélérée. Pour s'imposer, notre pays doit faire résolument le choix de l'innovation, de la recherche et du développement industriel. Dans ce nouveau monde, nos territoires sont un atout considérable", a jugé Jacques Chirac, samedi 6 janvier, lors de ses vux en Corrèze. 81 % des Français ne souhaitent pas que Jacques Chirac se représente Plus de quatre Français sur cinq (81%) souhaitent que le président Jacques Chirac ne soit pas candidat à la prochaine élection présidentielle, selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans le Journal du dimanche. La proportion est quasiment la même à gauche (79 %) qu'à droite (82 %), selon ce baromètre. 19% des Français veulent à l'inverse que le chef de l'Etat soit candidat à un troisième mandat. Le sondage a été réalisé par téléphone, les 4 et 5 janvier, auprès d'un échantillon de 939 personnes âgées de plus de 18 ans (méthode des quotas). (avec AFP.) Soulignant que "les campagnes commencent à se repeupler" et que "quatre citadins sur dix estiment qu'ils aimeraient pouvoir vivre à la campagne", M. Chirac a souhaité que l'Etat favorise "le développement de cette nouvelle ruralité". Dans ce contexte, il a plaidé pour le "maintien et le développement des services publics sur tout le territoire", réitérant son opposition à toute "mise en cause du service postal". "Et je le dis solennellement : la France s'opposera à toute initiative qui conduirait à mettre en cause la qualité du service public postal", a-t-il souligné. Une allusion à la proposition de la Commission européenne d'une libéralisation, d'ici à 2009, de la distribution des lettres de moins de 50 grammes, qui mettrait fin au monopole de la Poste. "10 % DE CARBURANTS VÉGÉTAUX DANS LES CARBURANTS EN 2015" Réitérant son attachement au "principe fondamental de l'égalité devant les services publics et cela où que l'on vive", le président a également plaidé pour "l'accès aux soins partout". "C'est là un vrai problème qui doit être résolu", a-t-il reconnu. Autre sujet mis en avant, celui de l'environnement. Le chef de l'Etat a souhaité "une agriculture forte et écologiquement responsable". La France dispose, avec son agriculture, d'une réponse aux "défis planétaires" que constituent la malnutrition, l'augmentation de la population mondiale, le changement climatique et la raréfaction du pétrole, a-t-il jugé, soulignant que "la France est le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et elle est le premier pour les produits agricoles transformés". Le président a ainsi mis en exergue "le développement de la chimie végétale qui offre des perspectives extrêmement prometteuses" et l'encouragement des biocarburants avec l'objectif "de l'incorporation de 10 % de carburants végétaux dans les carburants en 2015". Le chef de l'Etat a également cité le tourisme comme un atout des régions. "Avec la mondialisation, avec l'émergence de nouvelles puissances économiques, la Chine, l'Inde, le développement du tourisme n'en est probablement qu'à ses débuts", a-t-il estimé. Le président a enfin proposé la création d'une Agence nationale chargée de favoriser l'industrialisation des territoires ruraux. "Il faut regrouper l'ensemble des moyens de l'Etat dans une Agence nationale de l'industrialisation des territoires, dotée des moyens financiers nécessaires, et agissant de concert, naturellement, avec les collectivités régionales et locales", a-t-il déclaré. § Le président du Musée de l'air et de l'espace au Bourget (Seine-Saint-Denis) s'est lancé dans le Pacte écologique de Nicolas Hulot § S on( )()visage fait penser aux acteurs Pierre Richard et Roberto Benigni. Même front dégarni, mêmes cheveux en bataille, même esprit déjanté. Gérard Feldzer vit sur une péniche, mais il est passionné d'aviation. Trente ans pilote chez Air France, dix ans président de l'Aéro-Club de France, il est aujourd'hui, à 63 ans, président du Musée de l'air et de l'espace au Bourget (Seine-Saint-Denis). Son premier fait d'armes avec Nicolas Hulot est une tentative de traversée de l'Atlantique en dirigeable à pédales. "Un truc qui aurait pu marcher, mais on était mal préparés", explique-t-il. C'était en 1994, avant que l'animateur de TF1 ne s'engage pleinement dans le militantisme écologiste. Au bout de 2 500 km, l'expédition s'est terminée dans l'océan, avec six mois d'hôpital pour M. Feldzer. Fils d'immigrés russes, pupille de la nation, M. Feldzer a aussi la fibre associative. Parmi les divers projets dans lesquels il s'est investi ces dernières années, il y a Zebunet. Cette association, créée en 2001, propose aux heureux habitants de l'Hexagone d'investir dans un zébu, un cochon ou un dromadaire. L'animal est ensuite confié, via un microcrédit, à un paysan pauvre dans un pays du tiers-monde. "Un projet en plein essor", jure-t-il. Pas vraiment engagé politiquement, pas vraiment écolo militant non plus, M. Feldzer dit s'enthousiasmer d'abord pour "les projets qui ont du sens". En 1981, il a participé à la pseudo-campagne électorale de Coluche. Un quart de siècle plus tard, il se lance dans le Pacte écologique "pour les mêmes raisons". Depuis la mésaventure du dirigeable à pédales, il a gardé le contact avec l'animateur de TF1. La création de l'Association pour la candidature Nicolas Hulot s'est donc faite "naturellement". Cette mission lui correspond d'autant mieux qu'il sait improviser sur tout, bricoler avec un rien. En vingt ans, M. Feldzer a, tout à la fois, écrit des programmes télévisés sur l'aviation, coanimé l'émission "Charlie-Foxtrot", sur France Inter, en 1997, et rédigé un livre, Demain je serai pilote (Gallimard, 1997). Son seul gros échec : le concours pour devenir cosmonaute, en 1985. § Dans le décor insolite d'une péniche parisienne, une petite équipe indépendante prépare activement la candidature de Nicolas Hulot, dans l'hypothèse où l'animateur de TF1 déciderait de se présenter § I ls ont tout résumé sur une grande feuille blanche collée au mur : les objectifs, les moyens d'action, les échéances. Le schéma a des airs de plan de combat : des cases, des flèches, des cercles dans tous les sens. Leurs réflexions ont toutes le même objet : la candidature de Nicolas Hulot à l'élection présidentielle. Mais à la différence du microcosme politico-médiatique qui attend, s'impatiente de la décision de l'animateur, eux n'ont qu'une mission : "faire comme si". Comme si Nicolas Hulot allait se présenter. Avec un impératif : mettre en oeuvre les conditions pratiques de cette candidature. Au cas où. Au total, ils sont une petite dizaine à réfléchir à la question : deux avocats, une étudiante en communication politique et quelques autres anonymes. Tous réunis au sein d'une Association pour la candidature de Nicolas Hulot. Le président et principal initiateur du projet est Gérard Feldzer, directeur du Musée de l'air et de l'espace, au Bourget (Seine-Saint-Denis). Ce vieil ami de Nicolas Hulot, la soixantaine joyeuse, les cheveux blonds hirsutes, a de lui-même proposé ses services à l'animateur de TF1. "Quand j'ai vu qu'il lançait son Pacte écologique, raconte-t-il, j'ai eu envie de participer au projet. J'ai donc proposé de prévoir la suite, si les réponses des candidats n'étaient pas à la hauteur." A force de "si", Gérald Feldzer et sa petite équipe travaillent désormais d'arrache-pied depuis novembre 2006. Ils ont pris l'habitude de se retrouver au domicile insolite de M. Feldzer. Une péniche parisienne bercée par le clapot de la Seine. Au reporter qui s'invite, il est demandé d'être discret et de taire le nom de l'endroit. Tout juste est-il autorisé d'indiquer que, des hublots, on aperçoit la tour Eiffel. "Je ne veux pas que ça devienne le Rainbow-Warrior", explique le maître des lieux. A l'intérieur, le décorum est aussi inédit que la mission dont l'association s'est investie. Vieille corne de brume indienne, juke-box des années 1950, fauteuils en carrosserie d'avion... Une ambiance "libératrice d'idées" dans laquelle, tous les jeudis soir, à 18 heures, autour d'un ordre du jour, le groupe se réunit pour concevoir ce que pourrait être la campagne de M. Hulot, "même si elle ne devait pas se faire". "C'est le jeu", dit M. Feldzer. Ils travaillent en toute indépendance, mais l'ensemble de leurs réflexions remontent à l'entourage proche de l'animateur, par le biais de contacts quotidiens. Avec le temps, la péniche est devenue, en plus, un endroit de concertation convivial, informel, où l'animateur de TF1, son éminence grise Jean-Paul Besset, ex-rédacteur en chef au Monde, et des membres de la Fondation Nicolas-Hulot viennent de temps à autre échanger des idées. Le doigt sur sa grande feuille blanche, M. Feldzer explique les scénarios à l'étude. Trois au moins existent. Le premier, celui dans lequel l'animateur de TF1 déciderait de ne pas se présenter et donc de retourner à sa forme de militantisme habituelle, est du ressort de la fondation. "Ce n'est pas mon hypothèse préférée, on risque de retomber dans le scoutisme", commente-t-il. En revanche, les deux autres scénarios, dans lesquels l'animateur se déclarerait candidat, lui reviennent. Ancien pilote instructeur, M. Feldzer détaille les réflexions du groupe. Dans le premier cas, Nicolas Hulot pourrait tenter de faire campagne "jusqu'au 16 mars", date limite du dépôt des 500 signatures, explique-t-il, et, "en fonction des nouvelles négociations avec les différents candidats et du nombre de parrainages obtenus, Nicolas Hulot pourrait décider ou non de se retirer". Dans le second cas, s'il n'est toujours pas satisfait, l'animateur pourrait choisir de poursuivre en cavalier seul "jusqu'au premier tour", tout en continuant les négociations politiques. A titre personnel, M. Feldzer estime que M. Hulot aura du mal à s'en sortir sans une alliance avec les Verts. Le propriétaire de la péniche et ses amis étudient déjà tous les aspects matériels d'une campagne, en fonction de sa durée éventuelle : l'impression des bulletins de vote, la commande du papier... et le coût. Après avoir consulté un peu partout, il s'oriente aujourd'hui vers une campagne "a minima" : environ 800 000 euros. Il s'agit, en fait, du montant forfaitaire remboursable par l'Etat, pour tout candidat se présentant au premier tour de l'élection présidentielle. Petits moyens obligent, la campagne de M. Hulot devrait alors se jouer essentiellement à Paris, "afin de limiter les frais de déplacement en province", explique M. Feldzer. Avec son équipe, il a déjà repéré quelques salles de meeting. Par souci d'économie, toujours, il n'envisage ni tracts ni affiches. Le plus important, selon lui : assurer le relais médiatique. "La presse a toujours été extrêmement réceptive aux moindres faits et gestes de Nicolas, il n'y a pas de raison pour que ça ne dure pas", justifie-t-il. Mais, pour réunir ces 800 000 euros, l'association doit obtenir des emprunts. "Or sans parrainages, on a du mal à convaincre les banques", reconnaît M. Feldzer. La consigne donnée aux élus PS et UMP de garder leur parrainage pour le candidat de leur formation respective reste aussi l'un de ses gros obstacles. A force de mails, de fax et de relances téléphoniques, il s'enorgueillit cependant d'avoir récolté quelque 130 promesses de signature. Parmi elles, celle du maire de Bourges et ancien ministre de l'environnement, Serge Lepeltier (Parti radical). "Si Nicolas Hulot doit se déclarer grâce aux élus sans étiquette, toutes les signatures tomberont d'un coup", estime-t-il. Aujourd'hui, ce farfelu militant "hulotien", au carnet d'adresses bien rempli, mobilise tout son réseau. Des hommes politiques de tous horizons sont conviés régulièrement à bord, de Christian Blanc (app. UDF) à Bernard Kouchner (PS), en passant par le vice-président de la région Ile-de-France, Marc Lipinski (Verts). M. Feldzer assure qu'il n'a aucun plan d'"alliance politique", car cela reste du ressort de l'entourage très proche de l'animateur de TF1, mais ces rencontres sont une façon bien à lui de se nourrir de l'expérience des autres, de prendre conseil et de "mesurer la température extérieure". § Lors de son dernier voyage de ministre en Corse, il a défendu son bilan et dénoncé "la violence'" § U n dernier voyage de ministre pour défendre son bilan. Arrivé en Corse le surlendemain d'une série d'attentats dont l'un d'eux a coûté la vie à un poseur de bombe, le ministre de l'intérieur a appelé, vendredi 5 janvier, les élus à dénoncer "la violence". Lors d'une réunion à Ajaccio, boycottée par les quatre parlementaires du Parti radical de gauche, qui ont dénoncé un "excessif mélange des genres entre des fonctions gouvernementales et la campagne d'un candidat", Nicolas Sarkozy a lancé : "Réveillez-vous ! Et condamnez cet immense gâchis, ridicule et tragique." S'en prenant comme au premier temps de son ministère aux "encagoulés", il n'a pas ménagé son auditoire, estimant que "la Corse n'a pas les moyens de refuser la main qui se tend". Dénonçant "la culture de la désolation et du malheur", le ministre de l'intérieur est arrivé avec la promesse de poursuivre, jusqu'en 2017, le plan exceptionnel d'investissement (PEI) prévu par les accords de Matignon en 2002 et doté de 1,2 milliard d'euros. La confirmation de ces crédits servira à la réalisation de grands chantiers d'infrastructures, représentant la moitié de l'enveloppe allouée. A Sainte-Lucie-de-Tallano, un petit bourg de l'intérieur, il a annoncé que l'Etat allait abonder d'un million d'euros la mise en place d'un pôle d'excellence rural pour la Corse-du-Sud. L'occasion pour le ministre de fanfaronner : "Tous mes engagements, je les ai tenus. Le bilan est là, à la disposition de tous ceux qui le souhaitent." § Dans l'avion qui l'emmenait en Corse vendredi, le président de l'UMP expliquait que les attaques contre lui avaient mobilisé les militants. § I l a trouvé son agent électoral : Jacques Chirac. Vendredi 5 janvier, à 18 heures, 100 300 des 320 000 adhérents de l'UMP avaient déjà voté pour désigner le candidat qui sera soutenu, le 14 janvier, par le parti. Pour Nicolas Sarkozy, une seule explication à cette participation à un vote sans enjeu : "Ce que la presse appelle des attaques contre moi a mobilisé les militants. Ils sont hystériques." Dans l'avion qui l'emmenait avec sa délégation, vendredi, en Corse, pour ce qui sera peut-être son dernier voyage de ministre de l'intérieur sur l'île, le président de l'UMP ne peut s'empêcher de jeter un regard rétrospectif sur son parcours et conclure tranquillement : "Désormais, je suis sans concurrent dans ma famille. Ce n'était pas écrit." Il précise : "En 2002, tous avaient leurs chances, les Borloo, les Raffarin, les Juppé, les Fillon, les Alliot-Marie. Mais ils pensaient que pour parvenir à leurs fins, il fallait flatter Chirac, moi j'ai pris le risque de lui déplaire." Pour le futur candidat, les rappels à l'ordre du chef de l'Etat (contre le "tout libéral", la tentation de "la table rase" ou encore la défense des institutions) qui ont rythmé la séquence des voeux présidentiels ont suscité un nouveau réflexe d'adhésion à sa personne. Alors, que peuvent bien peser, selon lui, les dernières attaques du chef de l'Etat ? "Que pouvait-il dire d'autre ?, feint-il de s'interroger. On dit qu'il est contre moi, mais je représente une bonne part de son bilan quand même." "Comment peut-il expliquer que je ne suis pas l'homme de la situation, s'il reprend mes idées." Une manière de dire que, désormais, il est hors d'atteinte. Devenu candidat unique de l'UMP, estimant avoir triomphé de toutes les embûches qui lui ont été tendues, il règle ses comptes, sans haine, mais avec le sentiment d'avoir dominé tous ses rivaux, comme un vainqueur de Roland-Garros après son dernier match. "Borloo avait une belle carte à jouer... Villepin ? Plus personne aujourd'hui n'y croit. Quant à Chirac... Même les forums de l'UMP m'ont renforcé. MAM, elle, en est sortie très affaiblie. Mais pour moi, cela a créé une forme de légitimité", confie-t-il en ajoutant avoir participé à ces forums "à 20 % de (s) es possibilités". Le passage en revue se prolonge : "Bayrou ? Plus personne n'en parle comme du troisième homme. Le Pen ? On parlait d'une progression fulgurante, mais elle n'est mesurée nulle part." Désormais, seul l'intéresse son duel avec la candidate du Parti socialiste, Ségolène Royal : "Les Français veulent le match", explique-t-il une fois de plus. Persuadé qu'il sera un meilleur rassembleur de son camp qu'elle du sien, il souhaite mettre à profit les "silences" de son adversaire pour expliquer comment ses idées "peuvent s'appliquer". Il commencera cette pédagogie dès le 12 janvier, au lendemain de la clôture de la séquence des voeux chiraquiens, lors d'une conférence de presse, Place Beauvau. Il la poursuivra le 14, pour le congrès de l'UMP au Parc des expositions de la porte de Versailles, devant 50 000 militants, avec l'objectif de parvenir à une synthèse de tous ses grands discours prononcés depuis le printemps 2006. "Ce jour-là, tout sera balayé", estime un de ses proches. Même la question de son maintien au gouvernement ne paraît pas l'atteindre, alors que son entourage se divise encore entre partisans et adversaires d'un départ immédiat de la Place Beauvau. Il pourrait en annoncer la date dès le 14 janvier. Mais, candidat ou ministre, il a déjà choisi. Ce sera les deux. Le plus longtemps possible : "Si je partais au soir du congrès, ce serait la seule nouvelle qui resterait. Et puis cela fait quatre ans que je suis ministre et candidat, qu'est-ce que cela changerait si je l'étais un mois de plus." "Et puis, ajoute-t-il, Chirac veut que je reste." Un dernier plaisir à son meilleur ennemi ? § Alors que la plupart des candidats à la présidentielle ont signé son pacte, l'animateur de TF1 et militant écologiste se prononcera sur sa candidature "après le 15 janvier". Selon un de ses proches, il a déjà recueilli 130 des 500 parrainages nécessaires. § "L a plupart des candidats à la présidence de la République ont désormais signé le Pacte écologique et précisé leurs engagements. Par conséquent, Nicolas Hulot se prononcera sur sa candidature après le 15 janvier", a indiqué, vendredi 5 janvier, un communiqué de la Fondation Hulot, soulignant qu'"il ne s'exprimera pas sur ce point d'ici là". A 51 ans, l'animateur d'"Ushuaïa" a annoncé qu'il se présenterait à l'Elysée en 2007 si les candidats ne s'engageaient pas de façon satisfaisante sur les propositions de son pacte, qui vise à placer l'écologie au cur de la campagne. Depuis, une quinzaine de candidats ont accepté de le signer. Dernière en date, la socialiste Ségolène Royal, qui a répondu vendredi aux "dix objectifs" et "cinq propositions concrètes" qu'il contient. Nicolas Sarkozy (UMP), Marie-George Buffet (PCF), Dominique Voynet (Verts) ou encore François Bayrou (UDF) avaient fait de même auparavant. Parmi les réfractaires : Olivier Besancenot (LCR), Arlette Laguiller (LO) ou Jean-Marie Le Pen (FN). 130 PROMESSES DE PARRAINAGES, SELON UN PROCHE Soulignant que M. Hulot avait rempli son objectif, Yann Wehrling, porte-parole des Verts, a estimé vendredi que ce dernier n'avait "plus de raison" de se présenter à l'élection présidentielle et invité l'animateur de télévision à en "tirer les conséquences". Mais pour le militant écologiste, il ne suffit pas de signer : il avait prévenu le mois dernier qu'il attendait "du concret clairement énoncé" de la part des candidats. Pour le moment, en dépit des signatures, "les cases restent vides" et "on est dans un désert absolu", avait-il affirmé. Pour se préparer à l'éventualité d'une candidature, le militant écologiste, dont la cote de popularité est toujours au plus haut, a déjà récolté 130 promesses de parrainage sur les 500 exigées, a indiqué, mercredi, Gérard Feldzer, patron du Musée de l'air et directeur pressenti d'une éventuelle campagne. Le Pacte écologique défendu par Nicolas Hulot demande la nomination d'un vice-premier ministre chargé du développement durable et l'imposition d'une taxe carbone sur les énergies fossiles, principalement le pétrole, pour limiter les émissions polluantes responsables du changement climatique. "NE PAS AFFAIBLIR" SES "PARTENAIRES" Ex-conseiller de Jacques Chirac, M. Hulot a été recruté par ce dernier pour préparer une conférence internationale sur l'environnement qui se tiendra les 2 et 3 février à Paris. Mais l'animateur de TF1 a souligné par le passé que son action ne se situe "ni à droite, ni à gauche, ni même au centre". Selon les estimations des sondeurs, sa candidature enlèverait pourtant plutôt des voix à la gauche, où elle suscite beaucoup de réserves. Mardi, Daniel Cohn-Bendit (Verts européens) faisait valoir que la politique était autre chose que le militantisme écologique. "A partir du moment où vous êtes candidat, vous devez dire au deuxième tour ce que vous allez faire. Et vous allez dire 'moi je suis pour celui qui signe mon pacte', et si les deux (candidats présents au deuxième tour) signent le pacte, 'je suis pour les deux' ? Ça ne peut pas marcher, à un moment il faudra choisir", a estimé le député européen. Dominique Voynet, la candidate des Verts, espère pour sa part que Nicolas Hulot ne se présentera pas afin de "ne pas affaiblir" ses "partenaires" qui devraient aider à mettre en uvre ses propositions. Quant au premier secrétaire du PS, François Hollande, il veut considérer que le péril s'est éloigné et que l'écologiste ne se présentera pas, puisque "tous les candidats ont signé son Pacte écologique". § Alors que Jacques Chirac était en Corrèze, Dominique de Villepin a indiqué, dimanche, qu'il ne voterait pas l'investiture du ministre de l'intérieur. § D ominique de Villepin aurait-il subtilement enterré une nouvelle candidature de Jacques Chirac ? Dimanche 7 janvier, sur Canal+, il lui a souhaité ses meilleurs voeux "et d'abord la santé" et répondu, quand la journaliste Laurence Ferrari lui a fait observer qu'il n'avait jamais trahi le chef de l'Etat : "Oui, enfin, il y a un homme que je n'ai jamais trahi, c'est d'abord moi-même et puis mes idéaux". Le président défend le budget de l'armée Dans un monde "dangereux, la France ne saurait baisser sa garde ou s'en remettre à d'autres pour assurer sa défense. C'est un enjeu politique majeur. Il devra être au coeur du débat des mois qui viennent", devait avertir Jacques Chirac, en adressant ses voeux aux armées, lundi 8 janvier. Après avoir rappelé son bilan : professionnalisation des armées, maintien d'un outil de défense crédible et vote d'une loi de programmation, le président a souhaité que la prochaine loi "confirme cette orientation." C'est, devait-il déclarer, "un travail de longue haleine (...) fruit d'une réflexion permanente et régulièrement ajustée", qui passe "par un effort budgétaire constant". Comme Jean-Louis Debré, le président de l'Assemblée nationale, vendredi, le premier ministre a annoncé qu'il serait présent au congrès de l'UMP, dimanche 14 janvier, mais qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy, "le président de la République ne s'étant pas prononcé" sur sa propre candidature. Mais M. de Villepin ne peut ignorer que cette cinquième candidature est des plus aléatoires. Les Français la rejettent à 81 %, selon un sondage publié par le Journal du dimanche. M. de Villepin roule donc pour lui-même. Il ne s'est pas privé de tacler son rival de droite. Tout en prenant quelques précautions oratoires, il l'a presque poussé vers la sortie du ministère de l'intérieur, en indiquant qu'il avait déjà en tête le nom de son successeur. Ceux des ministres chiraquiens Henri Cuq (Parlement), François Baroin (Outre-Mer) ou de Christian Jacob (fonction publique) circulent le plus souvent. Mais il est évident que M. Chirac aura une voix prépondérante dans cette nomination très politique. "Si on veut aligner une famille politique réunie derrière un candidat sous forme de petits pois ou de sardines dans une boîte, vous ne gagnez pas comme ça", a aussi lancé le premier ministre à l'adresse du candidat de la droite. Il a appelé à réaliser, comme l'avait fait Jacques Chirac en 1995, "une coalition des volontés", associant toutes les personnalités du parti. EN COUPLE En couple, les Chirac n'ont pas non plus désarmé. Il en fallait de la "bravitude" pour oser demander à Bernadette Chirac, samedi 6 janvier à Tulle, pourquoi elle ne sera pas le 14 janvier à la porte de Versailles. "Une petite réaction ? Une petite question ? D'une petite dame dans un petit endroit, peut-être", ironisait-elle, après avoir croisé un premier groupe de journalistes, dans le gymnase des pompiers de Tulle, où se pressait une foule plus nombreuse qu'à l'ordinaire, pour les derniers voeux corréziens du quinquennat. "Ils se sont trompés d'adresse", a conclu l'épouse de Jacques Chirac, qui arbore le même tailleur rose depuis plusieurs semaines, à Pékin, à Colombey-les-deux-Eglises ou à Tulle. "Le 14 janvier je suis à New York, où j'accompagne Claude Pompidou dans ses propres responsabilités caritatives. Ça vous satisfait ? Je ne serai pas en France", a-t-elle fini par répondre. Et si elle avait été là ? "Ah, c'est ça que vous voulez savoir...", a éludé, pas dupe, Mme Chirac. Elle qui connaît à chaque fois un triomphe aux grands messes de la droite et a régulièrement prodigué ses encouragements au ministre de l'intérieur. Elle a retrouvé son sourire pour annoncer à un Corrézien qu'elle fera "deux heures de télévision", geste à l'appui, le 11 février, sur France 2, en participant à "Vivement dimanche". Elle a expliqué que le 17 janvier, elle recevrait à l'Elysée, pour la bonne cause des enfants maltraités, deux reines, celle de Suède et celle des Belges, les épouses des présidents américain, russe, égyptien, notamment. "Je les connais très bien et j'ai déjà travaillé avec elles", précisait-elle. Bref, Bernadette Chirac est en campagne. "Mais oui ! Je suis bien là, et pas transparente", avait-elle lancé à un autre Corrézien qui venait de lui souhaiter "Une bonne année et pour quelque temps encore". Jacques Chirac, pour sa part, a donné à Tulle une leçon d'aménagement du territoire au très sarkozyste ministre en charge du dossier, Brice Hortefeux. Le président a analysé le double phénomène de la fin de l'exode rural et de la progression des nouvelles technologies et lancé : "La France s'opposera à toute initiative qui conduirait à remettre en cause la qualité du service public postal". Il a fustigé - "quelle erreur ! quel aveuglement !" -, ceux qui jugent le secteur agricole dépassé. Et a annoncé la création d'une Agence nationale de l'industrialisation des territoires. Il y avait peu d'émotion dans son discours, malgré les mots bien agencés. Elle est venue dans le bain de foule, où les compliments des Corréziens pour "la hauteur qu'il a su prendre" se mêlaient aux regrets de la fin d'une époque : "Maintenant, il est temps qu'il s'en aille, toutes les bonnes choses ont une fin", a lâché un chef d'entreprise. "C'était triste. A l'écouter on se dit "ah oui, il ferait un bon président", mais il parle de tout ce qu'il n'a pas fait depuis douze ans", a ironisé le maire de Tulle, le premier secrétaire du PS François Hollande. § Des militants des collectifs antilibéraux ont publié sur le Net, samedi 6 janvier, un appel en faveur de José Bové, comme candidat unitaire de la gauche antilibérale. § D es militants des collectifs antilibéraux ont publié sur le Net, samedi 6 janvier, un appel en faveur de José Bové, comme candidat unitaire de la gauche antilibérale (www.unisavecbove.org). Au lendemain du lancement de la campagne de Marie-George Buffet au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), ils refusent de se résigner au "chacun pour soi" que symboliseraient les candidatures de l'ex-secrétaire nationale du PCF et celle d'Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR. Et entendent le faire savoir pour tenter de "relancer la dynamique unitaire". L'appel, à l'initiative de militants de la minorité de la LCR des Bouches-du-Rhône, explique que seule la candidature du leader paysan peut être le "trait d'union" entre les courants politiques, associatifs, syndicalistes ou altermondialistes rassemblés pendant la campagne référendaire du 29 mai 2005, puis dans les collectifs antilibéraux. Début décembre 2006, ces derniers avaient échoué à trouver un candidat consensuel. Le PCF avait, de son côté, poussé Mme Buffet et réussi à l'imposer. "Nous voulons mener la bataille pour tenter d'obtenir le retrait de Buffet et Besancenot", explique Rémi Jean, l'un des auteurs de l'appel. L'essai risque de ne pas être transformé. Si la pétition semble trouver un écho certain dans les collectifs de base, les principales figures du collectif national ou responsables de sensibilités politiques ne l'ont pas signé, estimant qu'il "ajoute à la confusion". Claude Debons, l'un des porte-parole du collectif national, a appelé, le 5 janvier, les collectifs qui doivent se réunir, les 20 et 21 janvier, à réfléchir à la constitution d'"un nouvel espace politique" pour les futures échéances électorales. Mais après la présidentielle. § Renonçant au vocable "droit de l'homme", la socialiste privilégie une approche large : "Chaque fois que l'environnement progresse, les droits sociaux et individuels aussi" § P our les mots, Ségolène Royal dispose dans son sac à main d'un petit livre bleu, un dictionnaire des locutions et proverbes chinois dont elle ne se sépare pas depuis son arrivée à Pékin, samedi 6 janvier. A l'occasion, elle complète une citation - "Qui n'est pas venu sur la Grande muraille n'est pas un brave", par une invention de son cru : "... et n'acquiert pas la bravitude". Le tout déclamé en coup de vent sur la dite Grande Muraille de Badaling. "Un coup d'oeil vaut mieux que des centaines de commentaires", récite-t-elle, le dimanche, en visitant la Cité interdite. Lundi, ce fut : "Tout ce qui se fait de grand, se fait avec passion." Pour la méthode, la socialiste, qui effectue en Chine son deuxième déplacement à l'étranger après le Proche Orient depuis son investiture, tente de concilier compromis et discours original sur les "droits humains". Ainsi Mme Royal ne veut-elle pas se contenter de l'usage diplomatique en cours chez les occidentaux, qui consiste à remettre aux autorités chinoises la liste des personnalités emprisonnées ou en résidence surveillée. La candidate partage le quotidien d'une famille chinoise Ségolène Royal voulait rencontrer une famille chinoise. Les autorités locales ont bien fait les choses. Au troisième étage d'un immeuble moderne du centre de Pékin, la candidate socialiste a été conviée à boire le thé par un couple d'employés des chemins de fer et leur fille qui travaille à la poste. "Une famille chinoise tout à fait typique et très harmonieuse", a cru bon de préciser le guide. Désireuse d'attirer l'attention sur deux professions, elle a transmis, mardi, aux associations nationales des avocats et des journalistes, avec copie au gouvernement chinois, les noms des avocats, Gao Zhisheng, Chen Guanchong, et des journalistes, Zhao Yan, Ching Cheong et Yang Zili, accompagnés de "deux documents juridiques" fondés sur les conventions internationales que la Chine a, sinon ratifiés, du moins signés - comme le pacte relatif aux droits civils et politiques de 1966. "On veille beaucoup à la forme", assure l'avocat français Jean-Pierre Mignard, qui fut le défenseur d'étudiants de Tiananmen, mais, ajoute-t-il, "nous ne partirons pas sans que les choses soient dites". Critiquée à Paris par François Bayrou, qui a dénoncé une "attitude soumise", Mme Royal a choisi d'utiliser le vocable "droit humain", terme anglo-saxon, sans connotation de genre, plus large que le terme droit de l'homme, mais moins axé sur les libertés individuelles. Elle a d'ailleurs choisi de lier mondialisation, progrès sociaux et sauvegarde de l'environnement dans un pays devenu l'atelier du monde et soumis à de graves problèmes de pollution. Dimanche, la candidate socialiste a rencontré deux des trois représentants d'ONG qu'elle escomptait voir, dont celui de Greenpeace. Le troisième, Canfa Wang, professeur de droit et fondateur d'une association pour les victimes de la pollution, a été "convoqué" pour une autre réunion, a-t-elle expliqué... Au cours de ces entretiens, Mme Royal a insisté sur le principe pollueur-payeur pour les entreprises et repris l'idée de Jacques Chirac de créer une agence mondiale de l'environnement mais dotée de "vrais pouvoirs". Puis, la socialiste française est partie écouter des témoignages dans une association d'aide aux femmes migrantes, phénomène qui touche des millions de personnes venues des campagnes vers les villes, et soutenue par l'Unesco. "Par ma présence, je veux encourager cette démarche", a-t-elle commenté à la sortie. Mais Mme Royal a su ménager aussi les autorités chinoises en vantant la "chance" que représente le développement économique de la Chine pour les PME françaises et la "prise de conscience" du pays sur les problèmes liés à l'environnement. "Nous partageons avec la Chine la même vision du monde, a-t-elle déclaré. Nous ne voulons pas de la domination d'une seule hyper-puissance, qui a fait beaucoup de dégâts récemment. C'est dans un monde multipolaire (...) que nous pouvons construire une harmonie à l'échelle de la planète." Pour "maîtriser les effets négatifs de la mondialisation" et éviter "une concurrence destructrice des emplois en France", l'environnement constitue la meilleure "entrée" : "Chaque fois que l'environnement progresse, les droits sociaux et individuels aussi." Les Chinois ont bien traité leur hôte - dont ils avaient pris soin de mesurer la popularité en se faisant communiquer... les sondages depuis la France. Limousine noire, cortège officiel, rues barrées à la circulation ont été de mise. Mme Royal ne rencontrera pas le président et premier secrétaire du PC chinois, Hu Jintao, mais le vice-président Zeng Qinghong. "Il faut quand même garder un échelon pour la suite", a fanfaronné la candidate. Invitée par le Parti communiste chinois, Mme Royal a remercié, mardi, au Palais du Peuple Zeng Qinghong, "des facilités que vous nous avez accordées" lors des rencontres avec les associations, "dans des domaines qui me tiennent à coeur" § Les organes officiels de presse chinois diffusent tout de même quelques dépêches, factuelles, saluant le "renforcement" des relations franco-chinoises. La polémique sur les "droits humains" est surtout relayée dans la presse anglaise. § L a visite de Ségolène Royal suscite moins de réactions en Chine qu'en France. Dans la presse, on trouve peu d'articles sur la visite que la candidate socialiste a commencée samedi. Les organes officiels de presse chinois diffusent tout de même quelques dépêches, factuelles, saluant le "renforcement" des relations franco-chinoises. "La Chine souhaite que le Parti socialiste français puisse contribuer continuellement au partenariat stratégique entier entre les deux pays", indique ainsi le conseiller d'Etat chinois Tang Jiaxuan, qui a rencontré dimanche Mme Royal, dans une dépêche en français parue lundi sur le site de l'agence Xin Hua, Chine nouvelle. Ces informations officielles sont reprises en anglais et en chinois. La presse chinoise, sur le plan international, suit davantage l'actualité américaine que l''européenne, déplore Sze Pang Cheung, un des responsables du bureau chinois de Greenpeace, qui a rencontré Ségolène Royal dimanche. Cet écologiste a apprécié que la candidate socialiste ait choisi la Chine pour ce rare voyage de campagne à l'étranger. Et il a bien noté qu'elle avait demandé le nom de sociétés françaises accusées de pollution en Chine par une des ONG conviées dimanche à une petite réunion dans Pékin, à l'initiative de Bruno Rebelle, nouveau conseiller en environnement de Mme Royal, un ancien numérodeux de Greenpeace International.LA PRESSE ANGLAISE RAILLEUSE La polémique sur le respect des "droits humains", prudemment évoqué par Ségolène Royal face aux dirigeants chinois, a été relayée par un journal de Hongkong, Sing Tao (The Standard dans sa version anglaise). Dans la presse internationale, lundi, ce sont de loin les journaux britanniques qui se sont le plus intéressés à Mme Royal. Le Times se moque ainsi de l'"amateurisme" diplomatique de la candidate socialiste et rapporte les piques de l'UMP, selon lesquelles elle n'a rencontré aucun haut responsable chinois, à la différence de M. Sarkozy en 2004. Le Sunday Telegraph, lui, se gausse de ce livret distribué par le ministère du tourisme français, qui conseille, en vertu du respect de l'"étiquette", de ne surtout pas parler de politique, ni de Tiananmen, ni du Tibet, ni de Taïwan. Alors que le ministre de la justice, Pascal Clément, revendique la signature d'un traité d'extradition avec la Chine, la BBC relève, pour sa part, que Ségolène Royal a critiqué l'internement de journalistes et d'avocats, et réclamé que les défenseurs des droits humains soient protégés. § Ségolène Royal a commencé, vendredi 5 janvier, une visite de quatre jours en Chine. § § La candidate du PS a fait savoir lundi qu'elle comptait évoquer avec les autorités chinoises le cas d'avocats et de journalistes emprisonnés. François Bayrou avait dénoncé son "attitude soumise" face à Pékin. § S égolène Royal va évoquer le cas de deux avocats et de trois journalistes emprisonnés, dans le cadre de son voyage en Chine commencé samedi. C'est ce qu'a fait savoir lundi une source au sein de sa délégation, sans préciser le nom des dissidents en question. Cette liste, accompagnée d'un argumentaire rappelant à la Chine sa signature de textes internationaux garantissant les droits de l'homme, sera remise à la fois au vice-ministre des affaires étrangères, Dai Bingguo, qui accompagne la candidate socialiste, et aux organisations professionnelles d'avocats et de journalistes, selon la même source. D'après Reporters sans frontières, au moins 32 journalistes sont emprisonnés en Chine ainsi qu'une cinquantaine d'internautes. "ATTITUDE SOUMISE", RAILLE BAYROU "Sur la base de ces textes, nous allons demander des informations sur les raisons de leur détention", a affirmé Jean-Pierre Mignard, avocat et membre de la délégation de Mme Royal. "Il ne s'agit pas d'être offensant ni agressif à l'égard des autorités chinoises", a-t-il cependant ajouté. Ces précisions, la candidate les a formulées après avoir été critiquée pour son manque de fermeté sur la question des droits de l'homme en Chine. François Bayrou a déploré, dimanche, l'"attitude soumise" de Ségolène Royal face aux dirigeants du Parti communiste chinois, qui ont "organisé" son voyage. Il s'exprimait lors du "Grand Rendez-Vous Europe 1/TV5 monde/Le Parisien-Aujourd'hui en France". "J'aurais aimé qu'elle évoque sur place la question des droits de l'homme, a critiqué le président de l'UDF. Mais elle l'a fait avec tant de périphrases et de délicatesses que c'était fait pour que nul ne s'en trouve troublé." Dimanche, Ségolène Royal a appelé la Chine à promouvoir les "droits humains", un terme regroupant les libertés individuelles, les droits sociaux et la défense de l'environnement, indissociables selon elle. ELLE "PARLERA" DU TIBET, DIT JACK LANG Ce voyage "si discret et si peu politique" est "plutôt une humiliation pour la France", a taclé dimanche Patrick Devedjian, sur Radio-J. Le conseiller de Nicolas Sarkozy estime que Mme Royal est en Chine en "vacances", car il n'est pas prévu qu'elle rencontre le président chinois, Hu Jintao, qui avait reçu le président de l'UMP en 2004. Jack Lang, "conseiller spécial" de Ségolène Royal, a défendu dimanche "la vision originale et forte du respect des droits humains" qu'a la candidate. Interrogé au "Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro", il a affirmé qu'elle parlera de la situation du Tibet, sous oppression chinoise, avec ses interlocuteurs. Mme Royal a prévu de rencontrer lundi des responsables politiques et sera reçue par le vice-président, Zeng Qinghong. § Le premier ministre a annoncé, dimanche sur Canal+, qu'il attendait que le président de la République se prononce sur une éventuelle candidature. En conséquence, il assistera au congrès de son parti le 14 janvier mais ne votera pas. § D ominique de Villepin a annoncé, dimanche 7 janvier sur Canal+, qu'il ne participerait pas au vote interne à l'UMP pour le congrès du 14 janvier qui devrait introniser Nicolas Sarkozy comme candidat officiel, le président Jacques Chirac n'ayant pas encore annoncé s'il se représenterait ou pas. "Je serai présent pour le déjeuner" au congrès UMP au palais des Sports à Paris, car "c'est un moment de rassemblement pour notre famille politique", a-t-il déclaré. "Mais je ne participerai pas au vote car il ne vous a pas échappé que le président de la République ne s'étant pas prononcé, comme chef du gouvernement, je ne suis pas en mesure de participer à ce vote", a-t-il indiqué, en souhaitant "plein de bonnes choses" au chef de l'Etat et "d'abord la santé". M. Chirac a indiqué qu'il se prononcerait sur une éventuelle candidature au cours du "premier trimestre". Interrogé une nouvelle fois sur ses propres intentions quant à la présidentielle, M. de Villepin n'a pas directement répondu, répétant qu'il était "à (sa) place et à (sa) tâche de premier ministre". "Je veux y être fidèle", a-t-il souligné, en estimant qu'il avait "beaucoup de travail au service des Français". "COALITION DES VOLONTÉS" Le premier ministre a également demandé que l'UMP réalise en vue de la présidentielle une "coalition des volontés" associant toutes les personnalités du parti. "Si on veut aligner une famille politique réunie derrière un candidat sous forme de petits pois ou de sardines dans une boîte, vous ne gagnez pas comme ça", a-t-il estimé, sans nommer Nicolas Sarkozy. "Une élection", a-t-il poursuivi, "ce n'est pas de la simple arithmétique. Aujourd'hui, il n'y a pas de candidat en France qui puisse, sur son nom, l'emporter (...) Personne ne passe pour l'instant" la barre des 50 % des voix. Les quelque 300 000 militants de l'UMP sont invités depuis mardi à choisir leur candidat. Le ministre de l'intérieur et président du parti Nicolas Sarkozy est seul en lice et la seule inconnue réside désormais dans le taux de participation et le nombre de bulletins blancs. § Lors de son voyage en Chine, la candidate socialiste à la présidentielle a évoqué la "bravitude" de ceux qui gravissent la Grande muraille. Une faute de français que n'ont pas raté ses adversaires. § T oute vêtue de blanc, la candidate socialiste à l'élection présentielle a marché, samedi 6 janvier, sur les pas de François Mitterrand en se rendant sur le site de la Grande muraille de Chine, lors d'un voyage entamé vendredi à l'invitation du Parti communiste chinois (PCC). Accompagnée d'un responsable du département international du PCC, qui l'avait accueillie à sa descente d'avion, elle n'est restée qu'une dizaine de minutes sur le site, ensoleillé mais balayé par un vent violent et glacial, mais ne s'est pas moins rangée parmi les "braves". "Comme le disent les Chinois, qui n'est pas venu sur la Grande muraille n'est pas un brave. Qui va sur la Grande muraille conquiert la bravitude" (sic), s'est-elle exclamé, utilisant ce néologisme de son cru au lieu du mot "bravoure". Une faute de français que n'ont pas manqué de souligner ses adversaires, le député UMP Dominique Paillé en tête. "On savait que Mme Royal avait des lacunes très grandes en matière de diplomatie mais on n'imaginait pas qu'elle ait de telles carences sur la connaissance de la langue française", a ironisé ce partisan de Nicolas Sarkozy. "C'est, pour quelqu'un qui prétend devenir le premier magistrat de ce pays, des plus inquiétants. Espérons simplement que Mme Royal fera les efforts nécessaires pour combler ses nouvelles lacunes et ainsi permettre à la campagne électorale de se dérouler avec l'usage d'une langue française pure et irréprochable", a-t-il ajouté. § Lors des traditionnelles cérémonies de vœux, le président de la République s'est déclaré en faveur d'un certain nombre de réformes pour les années à venir, d'une loi sur le logement opposable au renforcement du rôle de l'Europe au Proche-Orient. § V oter les lois et publier les décrets. Lors de ses vux au gouvernement le 3 janvier, gouvernement qu'il veut "au travail" jusqu'au bout, Jacques Chirac a fixé trois priorités. En premier lieu, le président souhaite que les textes sur la prévention de la délinquance, la réforme de la justice, la parité en politique, la modernisation du dialogue social et la protection de l'enfance soient votés au Parlement avant la fin de la législature. Il a également averti que "l'essentiel des décrets d'application des lois votées depuis 2002 doit être pris", en annonçant qu'un conseil des ministres sera consacré, au mois de mars, "à faire le bilan du respect" par tous les ministres de cette "exigence". Réunion des Assemblées en Congrès. M. Chirac a également annoncé, le 4 janvier, la tenue d'un Congrès à Versailles avant la fin des travaux des parlementaires, qui devraient s'achever au plus tôt le 22 février, afin d'adopter trois textes impliquant une modification de la Constitution. "Je souhaite que vous débattiez de la réforme du statut pénal du chef de l'Etat, du texte sur la Nouvelle-Calédonie ainsi que celui prévoyant l'abolition de la peine de mort par notre Constitution", a déclaré le chef de l'Etat lors de ses vux aux Assemblées. (fl-rg.gif) suivant : Social Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. | AP/MICHEL EULER AP/MICHEL EULER Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. Voir Le gouvernement s'est rendu à l'Elysée présenter ses vux au chef de l'Etat, mercredi 3 janvier. | AP/MICHEL EULER Vidéo Générosité et vux politiques Télézapping, une revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. Le président de la République, Jacques Chirac, lors de ses vux télévisés adressés aux Français, dimanche 31 décembre. | REUTERS/POOL Vidéo Vux 2007 en vidéo pour les candidats à la présidentielle A l'image du chef de l'Etat, certains candidats à l'élection présidentielle ont décidé d'exprimer leurs vux en vidéo pour l'année 2007. Jacques Chirac et son épouse Bernadette, élue locale, lors des vux aux Corréziens, le 6 janvier à Tulle. | AFP/PATRICK KOVARIK Les faits A Tulle, Jacques Chirac plaide pour le maintien des services publics en région Reportage "On a mangé notre pain blanc", se résigne la Corrèze Parmi les articles précédents Compte rendu Jacques Chirac demande une relance des efforts européens au Proche-Orient 05.01.07 Compte rendu Logement : Ségolène Royal veut renforcer le rôle de l'Etat 05.01.07 Décryptage Ségolène Royal récuse les promesses "tardives" de la droite 05.01.07 Compte rendu Le chef de l'Etat définit les contours sociaux du prochain quinquennat 04.01.07 Décryptage La mise en garde de Chirac : ni "illusions" ni "tout-libéral" 04.01.07 EN UNE EN CE MOMENT SDF : le gouvernement annonce des mesures, les Don Quichotte lèvent le camp L'Allemagne et la Pologne privées du pétrole russe Plusieurs centaines de milliers de salariés exposés à des produits cancérogènes L'Autriche se dote enfin d'un gouvernement de coalition ET AUSSI Ségolène Royal sur la Grande Muraille de Chine, le 6 janvier 2007. | AFP/BERTRAND GUAY Panorama Paris - Pékin La richesse et la beauté des coraux menacés de l'archipel d'Okinawa. | TOMO YUN/WWW.YUNPHOTO.NET Reportage Le Japon met en place des nurseries de coraux pour protéger les atolls Des enfants s'installent, le 29 août 2006, à l'école Malfilâtre d'Hérouville-Saint-Clair. | AFP/MYCHELE DANIAU Dossier Ecole : l'inégalité des chances ? PRÉSIDENTIELLE 2007 Les chiraquiens se mettent en réserve avant l'intronisation de M. Sarkozy par l'UMP Des militants lancent un appel en faveur de José Bové comme candidat unitaire A Pékin, Mme Royal cherche à concilier mondialisation et "droits humains" Les journaux chinois guère intéressés par la visite de Mme Royal LES DÉPÊCHES Les valeurs suivies à la clôture de la Bourse de Paris Reuters 18h27 Meetic rachète DatingDirect, site de rencontre britannique Reuters 18h22 La Bourse de Paris efface ses gains dans le sillage de NY Reuters 18h08 Siemens vend une partie de sa division auto VDO à Mahle Reuters 18h06 (presidentielle2007_index_articles_interactifs&) § L'intégralité du débat avec Béatrice Gurrey, journaliste au "Monde", mardi 9 janvier 2007. § O la : Jacques Chirac va-t-il se représenter ? Béatrice Gurrey : Personne n'est dans la tête du président, comme l'a dit Bernadette Chirac hier soir sur TF1. Mais raisonnablement, l'hypothèse d'une cinquième candidature, et a fortiori d'un troisième mandat, n'est pas très plausible. megue : Pensez-vous que le Président de la République prendra seul sa décision de se présenter ou qu'il consultera une ou plusieurs personnes de son entourage ? Béatrice Gurrey : Comme d'habitude, je pense qu'il consulte ses amis, ses conseillers, mais que cette décision lui appartient en propre. Il me semble qu'il se sent désormais plus libre, quelle que soit sa décision, y compris celle de renoncer. Fab69008 : Pourquoi monsieur Chirac met-il si longtemps à affirmer sa position ? Béatrice Gurrey : Il était impossible qu'il annonce quoi que ce soit avant l'investiture officielle de Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, plus il attend avant de faire connaître ses intentions, plus il pèse et garde la maîtrise de la situation. Cela dit, la quasi-totalité de la droite s'est rangée derrière son candidat, Sarkozy. Dominique de Villepin, qui apparaît comme le seul capable de se présenter contre le ministre de l'intérieur, a toutefois de nombreux handicaps. Eric Zürich : Pensez-vous que M. Chirac essaye actuellement de garder un peu de crédibilité au niveau international ou a-t-il une stratégie délibérée de nuire à M. Sarkozy ? Ou les deux ? Béatrice Gurrey : Jacques Chirac a incontestablement une crédibilité en matière de politique internationale. Non seulement par rapport à ses pairs, mais dans l'opinion française. Le programme très chargé qui l'attend sur le plan international, avec la conférence sur le Liban, le sommet de l'environnement et le sommet France-Afrique, est très maîtrisé. Je crois qu'il veut terminer son mandat avec ces dossiers sur lesquels il a beaucoup travaillé, et qu'il considère que ses éventuels successeurs manquent encore de connaissances et de maturité dans ce domaine. Il n'a guère apprécié le déplacement de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis il y a quelques mois, lorsque le ministre de l'intérieur a ouvertement critiqué l'attitude de la France envers l'Amérique. Prospero : Pourquoi Jacques Chirac est-il aussi dur avec Nicolas Sarkozy ? Un désir de vengeance suite à 1995 ? Béatrice Gurrey : On peut aussi considérer que Nicolas Sarkozy n'a guère fait de cadeaux au chef de l'Etat depuis que celui-ci l'a fait revenir au gouvernement en 2002. Il s'est très tôt posé en candidat à l'élection présidentielle alors que Chirac venait à peine d'entamer son second mandat. Puis, ces derniers mois, a axé sa campagne sur le thème de la rupture. Il est compréhensible que le président ne soit pas enthousiasmé par le thème de la rupture, fût-elle tranquille. La "trahison" de Nicolas Sarkozy en 1995, lorsqu'il avait fait campagne pour Edouard Balladur, est une vieille histoire. Elle ne joue désormais qu'à la marge. Ce n'est plus le problème de Chirac. kachtan : Pensez-vous que M. Chirac savonnera la planche de M. Sarkozy comme il l'avait fait avec VGE ? Béatrice Gurrey : Avant tout, Jacques Chirac souhaite que son bilan ne soit pas critiqué dans son propre camp. De là à faire perdre Nicolas Sarkozy, il y a un pas que je ne le crois pas prêt à franchir. Le bilan d'un président sortant est davantage terni lorsque son camp perd. Toute la droite attend que le président adoube le candidat de l'UMP. Je ne sais pas s'il ira jusque là. Pour l'instant, il s'en tient à une stratégie qui éprouve le ministre de l'intérieur : une caresse, un coup de griffe. Par exemple ce matin, lors des voeux à la fonction publique, Claude Chirac, la fille du président, a eu un très long aparté avec Nicolas Sarkozy, ce que tout le monde a interprété comme un signe de bienveillance. Peut-être est-il destiné à compenser l'absence de Bernadette Chirac au Congrès de l'UMP le 14 janvier, elle qui ne manque habituellement aucune des grands-messes de la droite. remus511 : Y-a-t-il un clivage marqué au sein de l'UMP entre les "sarkozystes" et les "chiraquiens", sur quoi repose ce clivage et les deux camps sont ils réconciliables ? Béatrice Gurrey : Lorsque Jacques Chirac reproche à Nicolas Sarkozy d'être "libéral, atlantiste, communautariste", ce sont de vrais reproches de fond de nature idéologique. Les points de vue paraissent irréconciliables, mais Nicolas Sarkozy a trop d'intelligence politique pour se tenir à des positions que l'opinion rejette fondamentalement. Jacques Chirac a la conviction que le libéralisme ne fait plus recette en France, que sa position vis-à-vis des Etats-Unis était la bonne, et que les valeurs qu'il a portées, telle la laïcité, ont encore un avenir. toucan973 : Jacques Chirac n'a-t-il pas intérêt à passer un accord avec Nicolas Sarkozy qui, s'il est élu, pourra faire traîner ses "casseroles" judiciaires ? Béatrice Gurrey : Je ne sais pas quel accord peut tenir entre ces deux hommes. Pour ce qui est du dossier judiciaire du chef de l'Etat, il me semble aujourd'hui assez mince. Alain Juppé a été le principal accusé dans les affaires de financement du RPR. jean-pierre fernandez : Jacques Chirac ne va-t-il pas faire voter, en sous main, pour François Bayrou, afin de conserver une droite raisonnable pour la France, car politiquement ce serait une bonne porte de sortie pour valider sa politique ? Béatrice Gurrey : Encore faudrait-il qu'il ait ce pouvoir. Je crois surtout qu'il n'en a pas du tout envie. Il a des rapports exécrables avec François Bayrou et a constitué l'UMP contre le président de l'UDF. Il voulait tout simplement l'avaler, et Bayrou s'est défendu, portant parfois des critiques contre le gouvernement plus virulentes que celles de la gauche. § Des sources au ministère de l'intérieur ont fait savoir, mardi, que Nicolas Sarkozy devrait rester à son poste jusqu'à l'issue de la session parlementaire, pour le vote de son texte sur la prévention de la délinquance. § D es sources au ministère de l'intérieur ont fait savoir, mardi 9 janvier, que Nicolas Sarkozy devrait rester à son poste jusqu'à l'issue de la session parlementaire, pour le vote de son texte sur la prévention de la délinquance. La date du 22 février a été évoquée pour cette fin de session, mais rien n'interdit au Parlement de siéger au-delà si l'ordre du jour n'est pas épuisé. Le futur candidat de l'UMP, qui devrait être désigné dimanche prochain par son parti, resterait donc au ministère de l'intérieur au minimum jusqu'à la date qui sera finalement retenue pour l'examen final de son texte. En revanche, selon les mêmes informations, son directeur de cabinet, le préfet Claude Guéant, quittera ses fonctions Place Beauvau aussitôt après le congrès de l'UMP pour assurer la direction de la campagne du candidat Sarkozy. A l'inverse, plusieurs des collaborateurs actuels du ministre de l'intérieur y resteraient, notamment son conseiller pour la presse et la communication, Franck Louvrier, qui cumulerait cette même fonction tant pour l'intérieur que pour la campagne. Autre "poids lourd" de l'équipe sarkozyste à Beauvau, le chef de cabinet, Laurent Solly, resterait lui aussi à l'intérieur. § Entretien avec Yves Cochet, député Verts.Propos recueillis par Constance Baudry § § La candidate socialiste, qui achevait, mardi 9 janvier, son déplacement à Pékin, a estimé que la Chine était "en quelque sorte notre nouvelle frontière". § S on périple en Chine s'achevant, Ségolène Royal a estimé, mardi 9 janvier, être parvenue à boucler le carnet des charges qu'elle s'était fixé. "Je considère que c'est une visite très réussie", s'est-elle réjouie en comptabilisant "une bonne dizaine d'heures d'entretien au plus haut niveau" avec les autorités chinoises, parmi lesquelles le vice-président, Zeng Quinghong, le conseiller diplomatique de Hu Jintao, Dai Bingguo, et le ministre du commerce, Bo Xilai, figure influente du parti et fils du secrétaire particulier de Mao. La candidate du PS épinglée par le directeur du cours Florent Le fondateur et directeur général du cours Florent, François Florent, a épinglé, lundi 8 janvier, Ségolène Royal en affirmant qu'elle avait renoncé à inscrire son fils dans l'école de théâtre car l'enseignement se déroulait avenue Jean-Jaurès, dans le 19e arrondissement de Paris, et non dans le centre de la capitale comme elle le pensait. C'est lors de la cérémonie de célébration du 40e anniversaire de l'école que M. Florent a raconté une anecdote concernant la candidate socialiste. "Un samedi après-midi, une voiture avec chauffeur s'arrête devant nos locaux (...). Une maman accompagnée de son enfant en descend, demande à l'inscrire en cycle préparatoire à notre secrétaire : "Vos premières années du cycle préparatoire sont bien quai d'Anjou ? - Non, Madame, nous n'avons plus le quai d'Anjou. Les cours sont ici... - Alors, je ne peux pas inscrire mon fils." L'enfant et la maman s'engouffrent dans la berline, direction le soleil couchant. La maman est candidate à la présidence de la République le 22 avril", a raconté le directeur. Garantissant l'authenticité de son récit, François Florent a déclaré "qu'il avait été choqué par cette réaction". - (AFP.) Piquée au vif par les critiques en France sur son voyage, la candidate socialiste s'en est pris nommément à François Bayrou. "Je m'étonne qu'un candidat qui prétend incarner la suppression des différences entre la droite et la gauche se permette des critiques politiciennes d'un aussi bas niveau, s'est-elle indignée. Je demande à ce candidat de s'appliquer à lui-même ses propres principes, ou alors les mots qu'il avance ne sont que des mots creux." Cette mise au point effectuée, Mme Royal a assuré que si elle était élue, la Chine serait "l'un des premiers pays" où elle reviendrait. "La Chine est en quelque sorte notre nouvelle frontière. C'est avec la Chine qu'il faut tracer des voies futures, en raison de son poids démographique, économique et de son statut politique de membre permanent de l'ONU." Pour Mme Royal, la mondialisation peut être "une chance". "La meilleure riposte aux délocalisations, ce sont les exportations et les financements croisés, a-t-elle souligné, sans ménager ses critiques : "Il faut sortir de cette logique française qui consiste à refuser radicalement le transfert de technologies. Il n'est pas sûr que le rôle des pouvoirs publics et des ambassades soit bien en phase avec ce qu'attendent les entreprises." Des critiques qu'elle a ensuite étendues aux chefs d'entreprise eux-mêmes. Interrogée sur les échecs d'Areva et de la Société générale, éliminées de contrats importants aux profits de sociétés américaines, elle a fustigé "la posture bien franco-française" qui consiste, selon elle, "à penser que, quand on perd un marché, c'est toujours la faute des autres". "J'attends des entreprises françaises qu'elles fassent leur propre évaluation." Invitée la veille au soir à dîner par la Chambre de commerce et d'industrie française, Mme Royal avait exhorté les PME à "mieux s'organiser" et à "anticiper" dans les secteurs des énergies renouvelables ou du traitement des déchets. "S'il y avait un état d'esprit européen pour des partenariats et être plus forts collectivement, on n'aurait peut-être pas perdu un certain nombre de marchés", a-t-elle ajouté. En marge de ses rencontres officielles, Mme Royal a pu imposer un programme moins corseté que celui auquel doivent souvent se plier chefs d'Etat et membres des gouvernements. Cet agenda lui a permis de mettre l'accent sur les "droits humains", les normes sociales et environnementales, tout en abordant la situation du Tibet dans ses conversations et en transmettant aux autorités chinoises une lettre au sujet de cinq journalistes et avocats emprisonnés. S'agissant de la convention d'extradition que le gouvernement français négocie en ce moment même avec la Chine, Mme Royal a posé des conditions : la non-application de la peine de mort et l'exclusion des personnes poursuivies pour leurs opinions politiques. "A partir du moment où la convention prévoit explicitement l'application de ces deux points, je ne vois pas d'objection", a affirmé la candidate. "Cela dit, je souhaite simultanément que cela soit lié avec la ratification par la Chine du Pacte international relatif aux droits civiques et politiques de 1966, a-t-elle ajouté, faisant remarquer que cette ratification est l'une des conditions d'entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC). On aurait ainsi une cohésion." A Pékin, Mme Royal a pratiqué l'art du compromis chinois. § "L'inquiétante rupture tranquille de Monsieur Sarkozy" se présente comme la première "Net-enquête" sur les fondements théoriques de la pensée Sarkozy. § L e document, de plus de 100 pages, aurait initialement dû être publié sous forme de livre. Mercredi 10 janvier, à 11 heures, il sera mis en ligne sur le site Internet du Parti socialiste, afin de susciter des réactions immédiates et d'organiser des forums de discussion. "L'inquiétante rupture tranquille de Monsieur Sarkozy" se présente comme la première "Net-enquête" sur les fondements théoriques de la pensée Sarkozy. Une pensée "dont le lait nourricier est le néoconservatisme américain", estime le coordonnateur de ce travail, Eric Besson, secrétaire national du PS, qui a travaillé avec plusieurs experts et hauts fonctionnaires, dont certains en provenance des ministères dont M. Sarkozy a eu la charge. "La France est-elle prête à voter en 2007 pour un néoconservateur américain à passeport français ?", interroge M. Besson. Nul doute, en effet, pour lui, que "les éléments épars de la panoplie de Sarkozy forment une cohérence". Celle-ci a été "parfaitement résumée", estime-t-il, par Jacques Chirac, qui avait lui-même identifié le président de l'UMP comme "libéral, atlantiste et communautariste". C'est ce "triptyque évident" que "L'Inquiétante rupture..." s'efforce de mettre à plat, en disséquant les discours et les actes du ministre-candidat. Libéral. "A George W. Bush, Nicolas Sarkozy ne s'est pas contenté d'emprunter les slogans ou la mise en scène. Il lui a pris la méthode, écrit M. Besson. (...) A "W", le très libéral Nicolas Sarkozy a aussi emprunté l'obsession de la fin de l'impôt progressif, (...) une réduction de l'impôt qui n'aura pleinement profité qu'aux 10 % des Français les plus aisés" et le "dynamitage des droits de succession". Atlantiste. Pour M. Besson, le "fil rouge" de cette attitude se dévide à travers l'attitude de M. Sarkozy sur l'Irak. Du silence qu'il s'est imposé lorsque MM. Chirac et Villepin parlaient "fort et clair" jusqu'à l'"extravagant voyage du ministre de l'intérieur en septembre 2006, le spectacle d'un candidat à la présidentielle supposé issu de la famille gaulliste quémandant un rendez-vous dans un bureau attenant à celui du président des Etats-Unis" pour y critiquer l'"arrogance de son pays". Communautariste. Pour M. Besson, "c'est une évidence, Nicolas Sarkozy ne croit pas au modèle républicain d'intégration". L'enquête étudie le "pacte" passé avec l'UOIF, la "bienveillance" à l'égard des sectes, jusqu'à la réception en grande pompe de l'acteur Tom Cruise, célèbre messager de la Scientologie. "Sarkozy ne se contente pas de se livrer à un cynique marketing confessionnel à visée électorale, écrit M. Besson. Comme George Bush, son action est théorisée : il compte sur les religions, toutes les religions, y compris fondamentalistes et souvent intégristes, pour réguler la vie en société, encadrer les jeunes et ramener l'ordre dans les quartiers." Au terme de cette enquête, ses auteurs veulent s'écarter des "caricatures réductrices" : "Sarko-facho est un slogan à la fois stupide et contre-productif", juge M. Besson. Mais "il est un danger pour une certaine conception de la République française", car "la vraie Bible de Nicolas Sarkozy réside dans la pensée néoconservatrice américaine". § "Pourquoi je ménage Nicolas Sarkozy ? Parce que j'aurai besoin de ses voix au deuxième tour !", lance Jean-Marie Le Pen d'un ton guilleret et à peine ironique quand Le Monde s'étonne de la faiblesse de ses attaques contre son adversaire de l'UMP. § "P ourquoi je ménage Nicolas Sarkozy ? Parce que j'aurai besoin de ses voix au deuxième tour !", lance Jean-Marie Le Pen d'un ton guilleret et à peine ironique quand Le Monde s'étonne de la faiblesse de ses attaques contre son adversaire de l'UMP. Le président du Front national (FN) semble en effet croire en ses chances d'accéder à l'Elysée : "Comme en 2002, (...) je vais probablement être au deuxième tour de l'élection présidentielle. Mais à la différence de 2002, je peux, en 2007, gagner l'élection car je serai probablement opposé à la candidate de gauche", a-t-il expliqué lors de ses voeux à la presse, lundi 8 janvier, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Le scénario, idéal pour lui, mettrait la droite en obligation de choisir entre sa candidature, "néonationaliste", et celle de la représentante de la gauche. Selon les prévisions de M. Le Pen, il faut en effet "s'attendre à une candidature rivale" à celle de Nicolas Sarkozy. La qualification pour le second tour se jouerait alors "aux alentours de 20 %", un objectif "largement à notre portée", affirme-t-il. Les cadres du FN partagent largement son optimisme. "Politologues et journalistes savent aujourd'hui que nous pouvons être en finale", s'exclame Bruno Gollnisch, le délégué général. En témoignent, selon lui, les questions de journalistes qui, anticipant quelque peu sur les élections, présidentielle et législatives, voudraient déjà connaître la composition d'un gouvernement frontiste. "Les résultats à la présidentielle n'étonneront que ceux qui n'auront pas vu la vague de demande de changement qui traverse le pays", renchérit Marine Le Pen, vice-présidente du parti, qui considère que Nicolas Sarkozy a aidé à "dédiaboliser" M. Le Pen. Seule Jany Le Pen témoigne d'un enthousiasme modéré à l'évocation d'une victoire de son époux. Si celui-ci devait aller à l'Elysée, elle ressentirait, a-t-elle expliqué sur le ton de la confidence à l'agence AP "un immense plaisir pour lui, mais pas pour" elle. "J'essaierais de tenir (ma place), d'en être digne", mais, a-t-elle tenu à préciser, "ce n'est pas mon bonheur personnel." § "Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy", la preuve : Alain Juppé officialise son ralliement à Nicolas Sarkozy. § "T out devient possible avec Nicolas Sarkozy", la preuve : Alain Juppé officialise son ralliement à Nicolas Sarkozy. Au lendemain de la révélation par l'AFP du slogan de campagne du futur candidat UMP, qui sera présenté lors du congrès du 14 janvier à Paris, l'ex-premier ministre de Jacques Chirac a diffusé, mardi 9 janvier, sur son blog, une tribune intitulée : "Pourquoi je soutiens Nicolas Sarkozy". "Je connais bien Nicolas Sarkozy, depuis longtemps, écrit-il. Je connais ses forces et ses faiblesses, comme il connaît les miennes. J'apprécie sa capacité d'agir." M. Juppé se dit en accord avec la vision de M. Sarkozy sur l'immigration, la fiscalité et la relance de l'Union européenne, mais il attend des précisions sur les institutions et la politique étrangère. M. Juppé estime que "seul Jacques Chirac ne saurait être tenu par des procédures de parti. S'il choisissait d'être candidat". Cette prise de position sans ambiguïté du premier des chiraquiens est aussi une réponse à Jean-Louis Debré et de Dominique de Villepin qui ne participeront pas au vote des militants, en attendant la décision du chef de l'Etat. Mardi, en marge de la cérémonie des voeux à la fonction publique de Jacques Chirac, le premier ministre a critiqué l'opportunité de ce ralliement : "Tous alignés, tous additionnés et croire que l'on gagne comme ça, c'est absurde." Mais pour M. Juppé, ce soutien à M. Sarkozy est aussi une forme de sacrifice personnel et d'exemple à suivre. "Les circonstances ne me permettront pas d'entrer dans la course, écrit-il. Ecarté, par ma faute, des premiers rôles de la scène politique nationale (...), je ne me sens pas en situation de me lancer dans la compétition (...). A quoi servirait une campagne de témoignage, sinon à jeter le trouble dans ma propre famille politique ?" § Le premier ministre et le candidat à l'investiture UMP se sont brièvement affrontés mardi, à la fin de la réunion hebdomadaire du groupe à l'Assemblée nationale. Selon un participant, ce fut "la réunion politique de l'UMP la plus véhémente de la législature". § L a tension est montée d'un cran, mardi 9 janvier, entre le premier ministre, Dominique de Villepin, et le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Les deux hommes se sont brièvement affrontés, à la fin de la réunion hebdomadaire du groupe UMP de l'Assemblée, a-t-on appris dans l'entourage des deux rivaux. "Cette réunion politique était sans doute la plus véhémente que nous ayons connue sous cette législature, assure un participant. Le débat était très, très animé." La tension, au cours de cette réunion, a commencé à grimper quand le député du Haut-Rhin, Jean-Luc Reitzer, a interpellé l'assistance sur "le mauvais climat régnant au sein de l'UMP" à quatre jours du congrès d'investiture du parti, dimanche, porte de Versailles à Paris. Dominique de Villepin est intervenu pour défendre sa conception de la campagne électorale et expliquer sa décision de ne pas voter dimanche pour la désignation de Nicolas Sarkozy comme candidat de l'UMP. "Dominique de Villepin dit qu'il faut rassembler au-delà du parti, mais les députés pensent qu'il faut d'abord se rassembler au sein de sa propre famille politique, remarque un participant. Les députés reprochent à M. de Villepin de mettre en marche la machine à perdre. Sur le terrain, les électeurs les interpellent sur le sujet. Ils ne comprennent pas ces divisions !" UN "DIALOGUE EXTRÊMEMENT BRUTAL" Yves Bur, député du Bas-Rhin, évoque un "premier ministre isolé qui a essayé de s'expliquer mais sa position est incompréhensible. Il s'est fait tacler". Selon lui, "le dialogue a été extrêmement brutal et tendu". Les interventions des deux rivaux ont été ponctuées par les applaudissements de leurs supporteurs et par le brouhaha de leurs adversaires, ont raconté plusieurs participants. Selon eux, les partisans du président de l'UMP étant les plus nombreux, l'intervention du chef du gouvernement a été la plus critiquée. Cette tension au sein du groupe UMP tiendrait surtout aux rapports tendus qu'entretiennent Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, estime un participant. L'attitude de Jacques Chirac ne serait pas au centre des débats. "Tout le monde respecte la position de M. Chirac, qui, en tant que chef de l'Etat, attend avant de se prononcer, assure ce participant. Certains de ses fidèles, comme Jean-Pierre Raffarin ou Alain Juppé, ont apporté leur soutien à Nicolas Sarkozy. Ce qui divise, ce sont les petites phrases comme celles prononcées par Dominique de Villepin. Une question se pose : est-ce-que tout le monde veut notre victoire en 2007 ?" § M. Bayrou est rejoint par Mmes Buffet et Lepage. Le CSA évoque une "bipolarisation excessive". § F rançois Bayrou a été le premier, le 2 septembre 2006, à dénoncer le rôle de TF1 dans la survalorisation médiatique supposée du duel entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Il n'est plus seul. Depuis que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a constaté, vendredi 5 janvier, que "certaines chaînes" de télévision traitaient la campagne présidentielle avec une "bipolarisation excessive au profit de deux candidats" - sans préciser ni le nom des chaînes ni même celui des candidats -, et surtout depuis que le directeur de l'information de TF1, Robert Namias, a expliqué au Journal du dimanche du 7 janvier la politique de sa chaîne pour la présidentielle et jugé les critiques de M. Bayrou "démagogiques", c'est un déchaînement de critiques. Contre TF1, contre le CSA et finalement contre un système de comptabilisation des temps de paroles qui ne satisfait aucun des "autres candidats". Une critique "non fondée" selon TF1 Le directeur de l'information de TF1, Robert Namias, a affirmé mardi ne pas avoir "l'intention de donner suite" à la polémique soulevée par les critiques de François Bayrou, candidat UDF à la présidentielle qui accuse la chaîne d'être "engagée"."Ce sont les chiffres qui donnent la réalité des choses", a déclaré M. Namias à propos du reproche de "bipolarisation" au profit de deux candidats sur "certaines chaînes" constaté vendredi par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui ne les a pas citées nommément. "La critique est absolument non fondée pour TF1 car les chiffres montrent absolument le contraire. Le décompte souhaité par le CSA commence le 1er décembre, il court en terme d'équité (basée sur la représentativité du candidat) et non pas d'égalité jusqu'au dépôt des candidatures officielles le 20 mars", a rappelé M. Namias. Depuis le 1er décembre, François Bayrou a eu "le temps de parole le plus important" soit 11 minutes 02, devant Nicolas Sarkozy 9 mn 20, Ségolène Royal 8 mn 56, Marie-George Buffet 4 mn 06, a-t-il indiqué. "Les deux candidats accusés de bipolariser l'attention ne sont pas ceux qui ont été le plus présents sur l'antenne", a souligné M. Namias. "Quant au temps d'antenne (temps accordé à chaque candidat au delà de son temps de parole, à travers des reportages, etc.) Ségolène Royal a bénéficié depuis le 1er décembre de 32 minutes de temps d'antenne, Nicolas Sarkozy de 23 mn, François Bayrou de 19 mn", a-t-il précisé. La candidate communiste Marie-George Buffet a ainsi envoyé, lundi 8 janvier, une lettre à la direction de TF1 pour protester contre le "traitement inégal des candidats à la présidentielle" qu'elle juge "insupportable". Le même jour, François Bayrou a redit sur RMC-Info tout le mal qu'il pense de TF1, dénonçant le fait qu'elle aura "une prolongation de cinq ou peut-être même dix ans de droit à émettre, sans appel d'offres ni contrepartie". Et conteste l'attribution aux chaînes du groupe d'un canal TNT gratuit. Corinne Lepage, candidate écologiste, a de son côté annoncé son intention de saisir le Conseil d'Etat afin d'obtenir du CSA de nouvelles règles sur les temps de parole. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ne nient pas qu'ils bénéficient d'un avantage. Jack Lang, conseiller spécial de la candidate socialiste, reconnaît ainsi qu'"effectivement, les deux grands candidats ont un meilleur temps de parole". Mais, souligne Franck Louvrier, responsable de la communication du président de l'UMP, "ce ne sont pas eux qui imposent le rythme des invitations aux chaînes". TF1, première visée, se défend sans tout à fait renier ses choix. Robert Namias, directeur de l'information de TF1, explique ainsi : "Nous respectons scrupuleusement les règles du CSA qui prévoient en cette période préélectorale une règle d'équité et non d'égalité." La chaîne, qui affirme employer deux personnes à temps plein pour contrôler quotidiennement le temps de parole et d'antenne des candidats déclarés, assume les choix de la chaîne : "Nous donnons un espace politique à chacun mais tous les critères d'équité ne s'appliquent pas à tous." TF1 a ainsi prévu trois soirées, animées par Patrick Poivre d'Arvor. Nicolas Sarkozy, le 5 février, tour à tour François Bayrou et Jean-Marie Le Pen, le 12 février, et enfin, le 19 février, Ségolène Royal s'exprimeront face à un panel de 100 Français. C'est-à-dire les quatre candidats en tête des sondages. En fait, la plupart des chaînes distinguent à peu près le même quarté. Et se plaignent unanimement de la complexité des règles édictées par le CSA. Depuis le 1er décembre 2006, le conseil emploie une vingtaine de personnes au contrôle des temps de parole. Ses règles prévoient qu'à compter de cette date et jusqu'au 20 mars, veille de la publication de la liste des candidats par le Conseil constitutionnel, les chaînes doivent veiller à "l'équité" entre les candidats déclarés et les candidats "présumés". Du 20 mars jusqu'à l'ouverture de la campagne le 9 avril, le CSA réclame l'équité pour toute personne dont la candidature aura été publiée au Journal officiel. Pour autant, le CSA n'ignore pas la difficulté. Francis Beck, président du groupe de travail "pluralisme et déontologie de l'information, campagnes électorales", reconnaît que "le relevé du mois de décembre n'est pas significatif, car il existe encore une grande confusion pour les déclarations de candidatures. Certains candidats déclarés ont été comptabilisés mais se sont ensuite désistés, comme Jean-Pierre Chevènement". Mais la présidence du CSA ne cache pas qu'en rappelant les règles, elle souhaite avant tout éviter que "se répète la bipolarisation de 2002 entre Chirac et Jospin". Ce n'est qu'à partir du 9 avril, pendant la période de campagne proprement dite, que le CSA réclame l'application du principe d'égalité à tous les candidats et à ceux qui les soutiennent. Autant dire, dans les quinze derniers jours précédant le premier tour. Du coup, M. Sarkozy et Mme Royal ont déjà prévu leurs principales grandes prestations télévisées avant l'ouverture de la campagne officielle. Espérant qu'à cette date, les jeux seront quasiment faits. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Selon Mariette Sineau, membre de l'Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes, "la surdomination des hommes à l'Assemblée nationale", qui sera issue du scrutin des 10 et 17 juin, est prévisible. § L uc : Connaît-on une "mini-révolution" en ayant pour la première fois en France un gouvernement composé d'autant d'hommes que de femmes ? Mariette Sineau : Oui, d'une certaine façon, et c'est paradoxal que ce soit la droite qui ait fait la parité gouvernementale. En effet, le plus souvent, c'est la gauche qui a été pionnière en la matière, si l'on excepte les gouvernements formés sous la présidence de Giscard d'Estaing, premier président français à avoir voulu féminiser le gouvernement. Ensuite, tous les autres présidents, et en particulier François Mitterrand, feront de même et en accentuant la féminisation et en plaçant des femmes à des postes politiquement importants. C'est une révolution car maintenant, ce sera la référence, et il sera très difficile de revenir en arrière. Andrée : Peut-on parler de parité ou de poudre aux yeux ? Sur 15 ministres, il y a 8 femmes, qui ont hérité de "petits ministères". Quant aux secrétaires d'Etat, ils sont presque exclusivement masculins. Mariette Sineau : Oui, si l'on calcule strictement, on n'atteint pas la parité. Cependant, on doit considérer d'abord les portefeuilles ministériels les plus importants. Et si l'on considère les ministères pleins, la parité est atteinte à une unité près, et c'est ce qui important, notamment de la part de la droite qui, en 1995, lors du premier gouvernement Juppé, avait certes mis douze femmes au gouvernement, mais pour la plupart à des postes hiérarchiquement secondaires, c'est-à-dire secrétaires d'Etat et non ministres à part entière. En outre, ajoutons que deux femmes obtiennent des ministères qu'on appelle régaliens, la justice et l'intérieur. Paul : Savez-vous quel pourcentage des candidats aux législatives sont des candidates et quel pourcentage de ces candidates ont des chances d'être élues ? Mariette Sineau : Pour répondre au premier volet de la question, le ministère de l'intérieur ainsi que l'Observatoire de la parité ont diffusé des chiffres : le pourcentage global de candidates atteint cette année 41,6 %, un taux encore un peu plus élevé qu'en 2002 (38,9 %). Par conséquent, ces chiffres globaux sont importants. Néanmoins, il faut, pour en parler avec plus de justesse, citer le nombre de candidates par parti, selon les formations politiques. Et faire deux remarques : 1) ce sont les petits partis (sans exception) qui n'ont aucun espoir d'obtenir d'élus, qui respectent la parité, alors que les grands partis, les partis parlementaires (ceux qui ont une représentation au Parlement), ne respectent pas la parité. 2) Parmi les grands partis, il faut opposer ceux de gauche à savoir le PC, les Verts et le PS ainsi que ses alliés, le MRG et le PRG et ceux de droite. Les Verts respectent la parité. Le PC et le PS s'en approchent d'assez près, avec des pourcentages, pour l'un et l'autre, voisins de 46 %. Et je rappelle qu'aux termes de la loi, une tolérance de 2 points de pourcentage est prévue par les partis. En d'autres termes, un parti qui représente 48 % de candidates ne sera pas pénalisé financièrement. Donc les deux partis de gauche, PC et PS, auront de faibles pénalités financières à payer. En revanche, à droite, les partis politiques sont très loin de la parité. Et le plus mauvais élève est l'UMP, qui présente à peine un quart de femmes parmi ses candidats. L'UDF-UMP est à près de 28 %. Enfin, l'UDF-MoDem, créé par François Bayrou, dépasse le tiers (près de 37 %). Le plus dommageable est évidemment que le parti politique qui a le plus de députés sortants ne présente qu'un peu plus d'un quart de femmes. C'est dire si, à l'arrivée, il est fort probable que, évidemment, les sortants, qui sont en majorités des hommes, soient réélus. La probabilité d'avoir une forte féminisation de l'Assemblée nationale est faible. On peut prévoir en 2007 ce qui s'est passé en 2002 : la "vague bleue", qui est prévisible, va accentuer la défaite des femmes, puisque le parti vainqueur, l'UMP, est aussi le parti qui présente le moins de femmes. En 2002, seulement 12 % de femmes siégeaient à l'Assemblée nationale, et on peut prévoir qu'il n'y aura guère plus de 20 % de femmes qui siégeront à l'issue des législatives de 2007. La seule hypothèse qui serait favorable aux femmes serait une victoire véritablement très, très large de la droite à l'Assemblée, dans la mesure où, dans cette hypothèse, les femmes placées dans des circonscriptions difficilement gagnables ou à la marge pourraient être élues à l'occasion d'un véritable "tsunami". Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT "La vague bleue aux législatives va accentuer la défaite des femmes" L'armée libanaise accentue la pression sur les militants du Fatah Al-Islam Gouvernement : l'an I de la réforme de l'Etat Aide au développement : "le problème c'est l'exclusion de la mondialisation" ET AUSSI L'Airbus A380, le plus gros avion civil au monde, a atterri à 12H32 pour la première fois à Roissy où il a été "baptisé" par les pompiers, qui ont actionné deux lances à incendie sur son passage. | AFP/MARTIN BUREAU Télézapping L'A380 à Roissy François Fillon | AFP/PHILIPPE HUGUEN Chat Florence Haegel : "Les conditions vont être réunies pour que Nicolas Sarkozy soit jugé sur son action" François Bayrou au Zénith à Paris, jeudi 24 mai 2007. | AP/MICHEL EULER Chat "L'objectif de François Bayrou est désormais la présidentielle de 2012" LÉGISLATIVES 2007 Mariette Sineau : "la 'vague bleue' aux législatives va accentuer la défaite des femmes" Autonomie et moyens financiers, clés de la réforme des universités Les cinq grands ministères du gouvernement Fillon Le couple Royal-Hollande attaque les auteures de "La Femme fatale" LES DÉPÊCHES Reprise des combats dans le camp de Nahr al Bared Reuters 18h28 Le gendre du président kazakh Nazarbaïev arrêté en Autriche Reuters 18h17 François Fillon veut briser le statu quo dans les universités Reuters 18h01 Football: Laurent Roussey entraîneur des Verts Reuters 17h54 (legislatives2007_index_articles&) § Jeudi, Mme Pecresse a donné la méthodologie et le calendrier de la concertation qui doit permettre de rédiger le projet de loi sur l'autonomie des universités. § S oucieux de marquer son intérêt pour une réforme qu'il avait qualifiée le 23 mai de "peut être la plus importante de la législature", François Fillon a reçu, vendredi 1er juin dans la matinée, le bureau de la Conférence des présidents d'université (CPU). Dans l'après-midi, au côté de la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pecresse, il devait visiter un laboratoire de l'université d'Orsay. Chiffres Le nombre total d'étudiants en France s'élevait à 2 275 000 en 2005-2006. En majorité (1,4 million), ils sont inscrits dans l'une des 85 universités françaises. Les autres se partagent entre les grandes écoles, les écoles d'ingénieurs et de techniciens et autres formations... Deux lois régissent actuellement la gouvernance des universités : la "loi Faure" de 1968 et la "loi Savary" de 1984. Les ressources propres des universités sont très faibles : seulement 10 % de leurs ressources totales. Jeudi, Mme Pecresse a donné la méthodologie et le calendrier de la concertation qui doit permettre de rédiger le projet de loi sur l'autonomie des universités. Le texte devrait être examiné en juillet au Parlement. Trois groupes de travail, où siégeront des représentants du ministère, des syndicats d'enseignants et d'étudiants, et de la CPU, se réuniront jusqu'au 22 juin. Ces groupes devront "plancher" en trois semaines sur la " gouvernance" des universités (compétences du président, composition et rôle des conseils d'administration...), sur le "périmètre de l'autonomie" (liberté de recruter les chercheurs par exemple) et enfin sur "l'accompagnement et le suivi de la mise en place de la réforme".UNE LOI CONFORME AU CAHIER DES CHARGES ? Au cours de sa campagne, Nicolas Sarkozy avait dressé assez précisément les contours de la loi. Il s'était prononcé notamment, dans une lettre adressée le 15 février au bureau de la CPU, en faveur d'un conseil d'administration resserré (vingt membres au maximum plus le président), et plus largement ouvert sur le monde extérieur, avec notamment un quart de personnalités extérieures cooptées dans le monde scientifique et économique. Il avait aussi plaidé pour que le mandat du président soit de quatre ans renouvelable et que ses pouvoirs soient renforcés. M. Sarkozy s'était aussi engagé à accorder aux "universités volontaires" la liberté "de recruter leurs enseignants et chercheurs, de moduler leurs rémunérations et les charges d'enseignement (...), de disposer de leur patrimoine immobilier, de diversifier leurs financements (...), de se doter d'une liberté de recherche, de se rapprocher d'autres universités ou organismes d'enseignement supérieur". La nouvelle loi sera-t-elle conforme à ce cahier des charges ? Jeudi, Mme Pecresse a pris soin de préciser, "à titre personnel", qu'elle était favorable à ce que la loi s'applique à l'ensemble des universités mais selon un calendrier s'étalant sur plusieurs années. Estimant que le président avait proposé le volontariat dans le but de "rassurer les universités", elle a réaffirmé que "tout est ouvert, qu'il faudra obtenir un accord". La CPU comme les organisations étudiantes prônent depuis le début une réforme qui s'appliquerait à toutes les universités. Le gouvernement prend toutes les précautions pour ne pas froisser ses interlocuteurs syndicaux et les présidents d'université. Très vite, il a déminé le terrain en annonçant que la loi n'ouvrirait pas la boîte de Pandore de la sélection et de l'augmentation des droits d'inscription. A peine les organisations étudiantes émettaient-elles une crainte sur la disparition du caractère national des diplômes que la ministre les rassurait en déclarant que "le caractère national des diplômes ne sera pas remis en cause" et qu'il "n'y aurait ni regroupements imposés d'établissements, ni fermetures". En dépit des réserves sur le calendrier qu'elles jugent trop serré, les organisations syndicales n'ont pour l'instant pas beaucoup de motifs de monter au créneau. GAGES Reste que le gouvernement devra très vite donner des gages sur plusieurs dossiers. Celui de l'effort financier d'abord. Les cinq milliards d'euros promis sur cinq ans devront arriver vite. Jeudi, Mme Pécresse s'est dite "garante" des engagements budgétaires de M. Sarkozy. "Cela devrait représenter un milliard d'euros supplémentaires en 2008", a-t-elle précisé, après avoir cependant prévenu : "D'abord on travaille, ensuite les moyens suivront." Les organisations d'étudiants réclament aussi que la réforme de l'université ne soit pas cantonnée à une loi sur l'autonomie, qui les concerne de loin. "Il ne faudra pas que la loi sur l'autonomie soit votée en juillet, quand il n'y a aucun étudiant dans les universités, et qu'à la rentrée nous n'ayons plus rien sur les autres chantiers", a prévenu Bruno Julliard, président de l'UNEF. Parallèlement à la loi, la ministre avait annoncé qu'elle ouvrait cinq chantiers (conditions de vie étudiante, carrières des personnels, conditions matérielles, situation des enseignants chercheurs et lutte contre l'échec). § Les prérogatives de Jean-Louis Borloo, d'Eric Woerth, de Xavier Bertrand, de Brice Hortefeux, et d'Alain Juppé. § § Les ténors socialistes demandent 150 000 euros de dommages et intérêts aux journalistes du "Monde" Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, et à leur éditeur, pour atteinte à l'intimité de la vie privée et diffamation. § S égolène Royal et François Hollande demandent 150 000 euros de dommages et intérêts aux auteures de La Femme fatale, les journalistes du Monde Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, et à leur éditeur, Albin Michel, pour atteinte à l'intimité de la vie privée et diffamation. Dans une assignation reçue, jeudi 31 mai, l'avocat du couple, Jean-Pierre Mignard, leur reproche d'avoir fait état de "difficultés perturbant la vie intime" des deux responsables politiques, d'avoir "insinué que M. Hollande avait une liaison avec une journaliste" et d'avoir fait état d'une intervention de chirurgie esthétique de la candidate à la présidentielle. Les journalistes sont attaquées pour diffamation pour avoir repris des propos attribués à Julien Dray : ""Ségolène tient une grenade dégoupillée à la main", assure-t-il. 'Elle lui a dit : si tu vas chercher Jospin pour me faire barrage, tu ne reverras jamais tes enfants.'" Le livre est un récit politique de la campagne de Mme Royal, où conflits politiques et privés se mêlent parfois. L'ouvrage, en tête des meilleures ventes, a été tiré à plus de 300 000 exemplaires. M. Hollande et Mme Royal avaient annoncé le 9 mai qu'ils attaqueraient le livre après la publication d'extraits dans Le Nouvel Observateur. Ils n'ont pas agi en référé. L'avocat d'Albin Michel, Christophe Bigot, se dit "choqué par les montants sollicités" qui sont, selon lui, "hors normes pour un homme ou une femme politique". § Depuis que Paris a montré une relative résistance à la vague sarkozyste le 6 mai, son maire peut faire valoir, au sein du PS, ses galons. § U ne étape après l'autre : c'est la méthode de Bertrand Delanoë. Elle est dans son tempérament. Elle est aussi dans son intérêt. Depuis que Paris a montré une relative résistance à la vague sarkozyste en accordant au candidat de l'UMP un score inférieur à sa moyenne nationale lors de l'élection présidentielle, son maire peut faire valoir, au sein du Parti socialiste, ses galons de valeureux combattant contre la droite triomphante. Du coup, il fait de moins en moins mystère - à travers ses apparitions dans les médias - de son ambition de mener, en 2012, la contre-offensive, en conduisant, le cas échéant, les opérations, directement de la rue de Solférino. Encore lui faut-il remporter la bataille des législatives et rester maire de Paris au moins jusqu'au lendemain des municipales de mars 2008. Ce qui l'oblige à une stratégie des fronts successifs. "JE SUIS TRÈS, TRÈS ENGAGÉ" Jeudi 31 mai, M. Delanoë a réuni le bataillon presque complet des dix-huit candidats PS (plus une issue du PRG) aux législatives à Paris dans un restaurant du 12e arrondissement. "Je suis très, très engagé" auprès de chacun, a-t-il insisté avant de lancer un appel à la mobilisation des électeurs parisiens. "Votez ! Il en va de notre culture démocratique, de l'intérêt de la France qui a besoin d'un équilibre, de l'intérêt de Paris aussi", a-t-il ajouté pour mieux justifier son engagement d'élu local. "Depuis cinq ans, tous les députés UMP de Paris (9, contre 12 élus de gauche) m'ont mis des bâtons dans les roues sur le logement social, les crèches, le tramway. Je les ai toujours eus contre moi. Ceux qui sont candidats UMP sont candidats contre moi", a-t-il prévenu. La lecture du score des législatives déterminera les rapports de force droite-gauche pour les municipales. Dont dépendra le sort de M. Delanoë. Aussi relativise-t-il par avance leurs résultats. Le 17 juin, il ne faudra pas seulement compter les gains ou les pertes de sièges, "mais comparer les résultats avec ceux du reste du pays", a indiqué M. Delanoë. Le maire de Paris a personnalisé l'enjeu des législatives. Mais il a pris soin, une fois de plus, de ne pas faire sa promotion personnelle. Justifiant son pas de côté pour ne pas apparaître au centre de la photo des dix-neuf candidats, il a glissé : "Je ne suis pas candidat !" Allusion au message qu'il diffuse depuis le 6 mai : "Je ne demande rien pour moi. Je m'inscris dans une réflexion constructive et non individualiste." Prêt à s'investir dans la rénovation "du logiciel du PS", M. Delanoë a fustigé les "attitudes orgueilleuses", critiquant implicitement Ségolène Royal. Ajoutant : "Nous, la gauche, on ne peut pas faire du bonapartisme. Chaque fois qu'on a gagné, le leader était dépassé par le projet collectif." § L'ex-candidate a estimé que M. Bayrou avait "manqué d'audace". Il "aurait dû fusionner" entre les deux tours : "Il aurait eu Matignon", a-t-elle confié, jeudi 31 mai. § P as à pas, Ségolène Royal regrimpe la montagne. L'ex-candidate socialiste fait son "devoir" en s'impliquant dans la campagne législative, mais elle prépare aussi sa stratégie pour s'imposer à la tête du Parti socialiste. "La politique, c'est un cheminement", dit-elle. En trois étapes, jeudi 31 mai, Mme Royal est d'abord allée soutenir ses candidats : Najat Vallaud-Belkacem et Pierre-Alain Muet, à Lyon, dans le Rhône, respectivement sa porte-parole et son conseiller durant la campagne présidentielle ; Pascal Terrasse à Privas, en Ardèche, là où commença sa conquête de l'investiture du PS ; et enfin Jean-Louis Bianco, son codirecteur de campagne, à Digne-les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Des fidèles indispensables, demain, pour représenter ses idées à l'Assemblée, et la soutenir dans le parti, en complément de "plein" de cadres locaux qu'elle dit avoir repéré dans les fédérations. "J'ai besoin d'être en appui sur des parlementaires nombreux pour continuer le travail", explique-t-elle sous le préau d'une école élémentaire de Privas, devant quelques centaines de personnes. Privas, là "où tout est parti", le 8 mars 2006, a-t-elle rappelé, et "où tout recommence"... UN PS "SANS FRONTIÈRE" A l'ensemble des candidats, Mme Royal assigne des "missions", se comportant en leader de l'opposition. "En tout cas, c'est comme ça que les militants me voient", confie-t-elle, confortée sur ce point par les sondages. "Voilà quatre missions que je donne à l'opposition", expose-t-elle à Digne : "Etre vigilant, surveiller, proposer, protéger. Pour chaque proposition de la droite, il appartiendra à la gauche d'opposer un contre-projet pour que les Français ouvrent les yeux et qu'ils comprennent qu'il y a une alternative." Aux électeurs et sympathisants, elle donne pour consigne de "continuer à venir sur Désirs d'avenir", son site Internet, et d'"adhérer au PS". "Le risque, commente Mme Royal en aparté, c'est que les nouveaux adhérents s'en aillent et que le parti se replie sur lui-même." Elle imagine une suite : "Créer un parti de masse, sinon ce sera toujours une machine à désigner les candidats." Un parti fondé sur de "nouvelles convergences", qui s'appuierait notamment sur les électeurs des cités qui ont voté massivement pour elle : "Il faut que la citoyenneté née pendant la campagne puisse conforter le Parti socialiste. Une époque nouvelle s'ouvre, des stratégies nouvelles sont à inventer." BAYROU "AURAIT EU MATIGNON" Ah ! si François Bayrou avait répondu à ses appels entre les deux tours de la présidentielle... "Il aurait dû fusionner, il aurait eu Matignon, affirme Mme Royal en petit comité. Je ne sais pas comment le PS aurait réagi mais l'opinion aurait suivi, les Français auraient adhéré, c'est la rénovation qu'ils voulaient... A un moment, l'histoire passe, il faut la capter. Il a manqué d'audace." Depuis le 6 mai, l'ancien candidat centriste n'a plus donné signe de vie. Mais, à l'avenir, rien n'est exclu puisque Mme Royal revendique un PS ouvert, "sans frontière". "Localement", avec le MoDem, "il va se passer des choses pour les municipales", pronostique l'ex-candidate. Cette ouverture-là fera partie du travail de rénovation auquel devront s'atteler les socialistes après les législatives avec, chez Mme Royal, le dessein de recourir de nouveau à la méthode des débats participatifs. Dans ce cadre, elle compte réfléchir sur le succès du slogan de Nicolas Sarkozy "travailler plus pour gagner plus" comparé à la recette "traditionnelle" de l'augmentation du smic à 1 500 euros. Pour affronter le président élu, "qui veut incarner à lui seul la droite et la gauche (...), le patronat et le syndicat - tout le monde est caressé", elle dresse la liste des "batailles" à mener : contre le bouclier fiscal qui bénéficiera "seulement à 15 000 contribuables" et contre la réduction des droits de succession aux "20 000 plus gros patrimoines" alors que les franchises médicales, "ça, c'est pour tout le monde" ; contre l'augmentation des heures supplémentaires qu'elle compare à "la légalisation du travail au noir" et qui, "en l'absence de cotisations, ne seront pas prises en compte pour la retraite". A la "vague bleue annoncée avec le relais du pouvoir médiatico-financier et le pouvoir sondagier", Mme Royal oppose "une vague blanche", comme sa couleur fétiche de campagne, "sans référence historique bien entendu", et même "une vague de toutes les couleurs". § La feuille de route sociale est tracée et a été transmise par Nicolas Sarkozy à son premier ministre, mercredi 30 mai. § D eux réformes tout de suite, trois conférences à la rentrée et quelques négociations à ouvrir dans les prochaines semaines. La feuille de route sociale est tracée et a été transmise par Nicolas Sarkozy à son premier ministre, mercredi 30 mai. Le lendemain, François Fillon a écrit aux partenaires sociaux pour les en informer. Dans l'immédiat, la modification du "régime fiscal et social des heures supplémentaires" et "l'organisation d'un service garanti dans les transports en commun" sont soumises à la concertation. Le premier dossier sera géré par le ministre de l'économie, Jean-Louis Borloo. Les partenaires sociaux vont recevoir un document leur présentant le scénario retenu par le gouvernement. Jeudi soir, lors d'un meeting à Wasquehal (Nord), M. Fillon a confirmé que l'exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires bénéficierait "aussi à ceux qui travaillent à temps partiel" et que les cadres au forfait jour étaient "également concernés".NE PAS "PERDRE LA FACE" Sur le deuxième sujet, la mise en place d'un service minimum dans les transports, c'est le ministre du travail, Xavier Bertrand, qui pilotera la concertation. Dans sa lettre, M. Fillon précise les contours de la loi-cadre qui devra être votée en juillet. Elle fixera "le rôle des autorités organisatrices des transports, les principes permettant de prévenir les conflits sociaux et de faciliter leur règlement". Cette loi posera "les lignes directrices d'organisation du service public en cas d'échec des procédures de prévention". Ceci pourrait amener à une définition générale du service minimum, en terme de pourcentage de trafic à assurer, par exemple. "Les syndicats veulent que ce problème soit réglé sans perdre la face", commente-t-on à l'Elysée. La Poste et l'éducation nationale sont écartées du projet, "pour l'instant" précise-t-on à l'Elysée mais M. Bertrand compte s'y atteler rapidement. La réforme structurelle, pour Nicolas Sarkozy, reste celle du marché du travail via l'assouplissement du CDI dans un nouveau contrat unique. Sur ce sujet du contrat de travail, comme sur la sécurisation des parcours professionnels, la réforme du régime d'assurance-chômage (avec la volonté gouvernementale de fusionner ANPE et Unedic), ou encore "la démocratie sociale" qui intègre la délicate question de la représentativité syndicale, la main est laissée aux partenaires sociaux. Des documents d'orientation leur seront envoyés dans les prochains jours par le premier ministre qui "attend un résultat pour la fin de l'année". Enfin, trois conférences seront organisées en septembre : égalité professionnelle et salariale entre les femmes et les hommes, amélioration des conditions de travail - cette conférence pourrait intégrer la négociation bloquée entre patronat et syndicats sur la pénibilité -, et une dernière sur l'emploi et le pouvoir d'achat. Un groupe de travail, "ouvert aux partenaires sociaux", va être mis en place sur la TVA sociale. Il présentera ses conclusions lors de cette conférence sur le pouvoir d'achat. § Recevant, jeudi, Nicolas Sarkozy, José Luis Zapatero s'est rallié à l'idée d'un traité européen simplifié pour remplacer la Constitution que les Espagnols avaient adoptée. § A près l'Allemagne et l'Italie, c'est au tour de l'Espagne de soutenir le projet français de traité simplifié pour l'Europe. Nicolas Sarkozy, en visite à Madrid, et José Luis Rodriguez Zapatero ont affirmé, jeudi 31 mai, leur volonté commune de "ne plus perdre de temps" pour sortir l'Union européenne de la crise après les non français et néerlandais au traité constitutionnel. Lors d'un point de presse, le chef de l'Etat français et le président du gouvernement espagnol ont employé le même vocabulaire. M. Zapatero : "Nous devons aboutir avant la fin de la présidence allemande (fin juin)." M. Sarkozy : "Un pays qui a voté oui et un pays qui a voté non partagent aujourd'hui la même analyse. Il faut aller vite. Travailler main dans la main sous la présidence allemande pour débloquer la situation." Selon l'Elysée, les propositions du chef de l'Etat concernant la négociation des réformes institutionnelles dont a besoin l'Union élargie n'auraient fait l'objet d'aucune remarque particulière de la part de M. Zapatero dans les entretiens. Ces propositions sont présentées côté français comme "une idée de stratégie" pour permettre de sortir l'Europe de la crise lors du sommet des 21 et 22 juin à Bruxelles. Entérinant l'abandon de la Constitution, les Espagnols évoquent "un traité de base". "RELATION ENCORE MEILLEURE" Autre sujet de satisfaction pour M. Sarkozy : Madrid, qui soutient le processus de Barcelone, se dit prêt à chercher des convergences avec son projet d'Union de la Méditerranée. "Cela fait une différence avec l'ambiance de janvier, lorsque l'Espagne avait accueilli les dix-huit pays qui avaient ratifié le traité, se félicitait, jeudi, un membre de la délégation française. Le non français a tout bloqué jusqu'à la fin de la présidence Chirac. L'Europe a poussé un "ouf" de soulagement en voyant que c'est celui qui ne proposait pas de nouveau référendum qui a été élu. Avec Royal ou Bayrou, on en prenait pour dix ans." Les deux chefs de l'exécutif ont aussi affiché leur union en ce qui concerne le terrorisme basque. M. Zapatero a renouvelé ses remerciements pour la "collaboration exemplaire de la France". M. Sarkozy a répété la position traditionnelle de Paris, pour qui le mouvement séparatiste basque est "un problème espagnol". La seule demande de la France, a-t-il ajouté, est d'être "informée de la totalité du dossier", c'est-à-dire, comme l'a expliqué le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, de "l'état des négociations". M. Sarkozy a rendu un signalé service politique à son interlocuteur en insistant sur le fait qu'à ses yeux, "face au terrorisme, il n'y a qu'une politique : être unis". "Je ne veux pas que les terroristes puissent dire que les démocrates, de droite ou de gauche, sont divisés" face à eux, a expliqué le président français. Cet argument, M. Zapatero l'oppose quotidiennement à son opposition conservatrice et à son chef, Mariano Rajoy - que le président de la République a également rencontré -, qui l'accuse de céder devant l'ETA. Désormais, il se fera sans nul doute un plaisir de l'assortir de la caution du président français. De quoi faire rosir de plaisir le premier ministre espagnol : "Notre relation sera encore meilleure qu'auparavant", a-t-il dit. § Les services de ce portefeuille créé ex-nihilo relevaient jusque-là de quatre ministères : l'intérieur, la justice, le travail et les affaires étrangères. § C réé ex-nihilo pour répondre à une annonce de Nicolas Sarkozy pendant la campagne, le ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement a vocation à couvrir l'ensemble des services qui s'occupent d'immigration - de la délivrance des visas à la reconduite à la frontière en passant par l'octroi des titres de séjour -, d'intégration, d'acquisition de la nationalité française, d'asile et de codéveloppement. Ces services relevaient jusque-là de quatre ministères : l'intérieur, la justice, le travail et les affaires étrangères. La nouvelle entité ne disposera pas toutefois, du moins pour le moment, d'une administration propre. Seul le comité interministériel de contrôle de l'immigration (CICI), jusqu'alors rattaché au ministère de l'intérieur, lui sera transféré. Le secrétaire national du CICI, Patrick Stefanini, doit remettre, d'ici au 15 juin, un rapport préfigurant l'organisation de l'administration du nouveau ministère. En attendant des décisions que Brice Hortefeux espère pour l'automne, le ministre devra partager l'autorité sur ces services, avec ses homologues des ministères concernés. Chargé de "préparer et de mettre en oeuvre les règles relatives aux conditions d'entrée, de séjour et d'exercice d'une activité professionnelle en France des ressortissants étrangers", le ministre de l'immigration partagera la responsabilité de l'attribution des visas avec le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner. De même, il aura une autorité conjointe, avec Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur, sur la direction des libertés publiques, dont dépendent les services chargés de la délivrance des titres de séjour. L'ENJEU DU DROIT D'ASILE En outre, bien que dans l'entourage de Brice Hortefeux on assure que "le ministre aura, pour tout ce qui relève de la police de l'immigration, une autorité totale sur la police aux frontières", celle-ci reste au ministère de l'intérieur comme partie intégrante de la police nationale : chargé de piloter la lutte contre l'immigration illégale, le ministre de l'immigration pourra disposer, "en tant que de besoin", des services de la direction générale de la police nationale, stipule son décret d'attributions. Compétent en matière d'accueil des étrangers, d'intégration et de "promotion de l'identité nationale" et chargé des naturalisations, le nouveau ministère partage aussi, avec le ministère du travail, l'autorité sur la direction des populations et des migrations. Enfin, chargé de la politique du codéveloppement, il "participe à la définition et à la mise en oeuvre des autres politiques de coopération et d'aide au développement qui concourent au contrôle des migrations". Mais M. Hortefeux n'a pas réussi à déposséder Bernard Kouchner de la direction générale de la coopération internationale et du développement, qui reste dans l'escarcelle du ministère des affaires étrangères. Le ministre de l'immigration pourra simplement en "disposer", c'est-à-dire faire appel à ses services, notamment pour avoir un oeil sur l'Agence française du développement. Seul, en fait, l'ambassadeur au codéveloppement passe pleinement sous son autorité. Brice Hortefeux a cependant récupéré l'initiative politique en matière d'asile. Cette opération est loin d'être neutre. Lorsqu'il était ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy avait déjà tenté de récupérer la tutelle de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Sans succès. Le président de la République a toutefois toujours considéré qu'une gestion fine de l'asile permettrait de contenir l'immigration illégale, au grand dam des associations de défense des droits des étrangers qui récusent tout amalgame entre la question de l'asile et celle des flux migratoires. "Désormais, toute nouvelle législation sur l'asile dépendra du ministre de l'immigration. Mais, précise-t-on, prudemment dans l'entourage de Brice Hortefeux, on ne modifie pas le statut de l'Ofpra." Pour l'instant du moins. Il faudra en effet une loi pour faire passer l'Ofpra, établissement public indépendant rattaché depuis 1952 au Quai d'Orsay, sous la tutelle administrative du nouveau ministère. § Pour mesurer l'étendue des compétences du ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, il suffit de se reporter au décret d'attribution paru le 30 mai. § P our mesurer l'étendue des compétences du ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables - baptisé Medad par son titulaire Alain Juppé -, il suffit de se reporter au décret d'attribution paru le 30 mai. Sept pages sont nécessaires pour énumérer les compétences et les directions passant sous sa tutelle. Ce nouveau découpage donne, en théorie, toute latitude à M. Juppé pour insuffler l'objectif du développement durable dans les politiques des transports, de l'énergie, de l'urbanisme, de l'aménagement du territoire. Il lui donne aussi un poids politique considérable. Alors que plusieurs de ses collègues voient leurs territoires rognés et leurs administrations dépecées, Alain Juppé récupère les anciennes compétences de l'écologie (eau, nature et paysages, prévention des risques industriels, etc.) et celles du ministère de l'équipement et des transports (équipements routiers, planification urbaine, transports maritimes, etc.). Seule la politique touristique, qui relevait auparavant de l'équipement, lui échappe. Le nouveau ministre gagne en outre la tutelle sur la politique énergétique et des matières premières, que lui disputait Jean-Louis Borloo. Il devra "élaborer et mettre en oeuvre (cette politique), afin d'assurer notamment la sécurité d'approvisionnement, la lutte contre le réchauffement climatique et la compétitivité de l'économie". Ce dernier point devra être discuté avec le ministère de l'économie, des finances et de l'emploi. AUTORITÉ CONJOINTE Toujours dans le domaine partagé avec Jean-Louis Borloo, M. Juppé exercera une autorité conjointe sur la direction générale des entreprises, au titre de la sécurité industrielle. En revanche, l'Agence des participations de l'Etat, qui assure la tutelle des entreprises publiques, notamment celles du secteur énergétique, reste sous la tutelle de l'économie. "Nous élaborerons la stratégie énergétique, dit-on au cabinet de M. Juppé. Tout ce qui concerne le rôle de l'Etat actionnaire reste sous l'autorité de Bercy." Le Medad participera à l'élaboration de la politique fiscale en matière d'environnement, d'énergie, d'urbanisme et d'aménagement. Enfin, la politique d'aménagement du territoire sera également pilotée par M. Juppé. Il aura donc la main sur les fonds distribués par le biais des contrats de projets entre l'Etat et les régions, les pôles de compétitivité et les pôles d'excellence rurale. L'objectif de ce très grand ministère est de faire cesser la "guérilla" qui opposait l'écologie, les transports et l'énergie et de "mettre en cohérence l'action de l'Etat", selon le cabinet de M. Juppé. "Si on regarde les secteurs émetteurs de gaz à effet de serre en France, la composition du ministère prend tout son sens, explique-t-on. Ceux qui émettent le plus sont les transports et le secteur résidentiel et tertiaire, qui relève de l'urbanisme." Il s'agit aussi de jouer un rôle de laboratoire pour la réforme de l'Etat. "Le facteur 4 (objectif de division par 4 des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050) existe aussi pour les cabinets ministériels", fait-on observer chez M. Juppé. § Revue de web vidéo § A vant même la clôture du scrutin, des internautes ont déjà mis en ligne une série de vidéos relatives au premier tour des élections législatives. Entre samedi soir et dimanche matin, les dernières images de la campagne ont été diffusées sur les sites de partage de vidéos. Ici, tractage et collage d'affiches à Quimper. Jju envoyé par advil Les dernières vidéos de soutien ont été postées sur Dailymotion et Youtube. Cyrille Garcia - candidat dans la 3e circonscription de Toulouse : Avant de se rendre aux urnes, c'est l'heure du choix pour les électeurs : Cet internaute a décidé de filmer son trajet jusqu'à son bureau de vote, à Saint-Denis : 2007-06-10-trajetbureaudevote envoyé par onizucool Etape suivante, le vote, avec ici, Najat Belkacem (PS), candidate dans le 4e circonscription du Rhône, à Lyon. 20070610nvbvotelegislatives envoyé par volk_fr Enfin, cet internaute a réalisé un journal de campagne, dans un "flash spécial", il s'inquiète du taux d'abstention et explique les points importants qui ont aiguillé son vote. Flash legislatives 2007 1er tour envoyé par juliendirect § La participation à 17 heures est légèrement inférieure à celle du premier tour des législatives en 2002 (50,23 %) et très largement en dessous des 73,63 % du premier tour de la présidentielle le 22 avril. § L e taux de participation au premier tour des élections législatives s'élevait, à 17 heures, à 49,28 % en métropole, soit un chiffre légèrement inférieur à celui du premier tour du scrutin législatif en 2002 (50,23 %), et très en dessous du premier tour de l'élection présidentielle de 2007 (73,63 %). Ces chiffres ont été annoncés par la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie. A midi, les départements les plus "civiques" avaient été le Maine-et-Loire, la Haute-Loire (31,15 %), la Haute-Corse (30,56 %), l'Aude (30,20 %) et l'Ardèche (30,07 %). Dans une grande majorité des départements, la participation s'inscrivait en hausse par rapport à il y a cinq ans, parfois dans des proportions importantes. Ainsi, dans le Sud-Est, elle progressait de sept points dans les Alpes de Haute-Provence, la Haute-Corse, ou l'Hérault, de près de cinq points dans les Bouches-du-Rhône ou les Alpes-Maritimes. Dans l'Ouest, même tendance avec des hausses spectaculaires en Maine-et-Loire où 31,40 % des électeurs avaient voté (+14 %), en Indre-et-Loire (+9 %), dans le Finistère, dans l'Orne, et dans la Sarthe. Dans une vingtaine de départements, la participation était toutefois moindre qu'en 2002, une baisse dépassant rarement les deux points, si ce n'est dans les Deux-Sèvres, le département de Ségolène Royal, où elle était de 3,5 points (23,01 % de participation). La région parisienne et la capitale, où les bureaux ferment à 20 heures, avaient très peu voté à midi, et dans tous les départements d'Ile-de-France, hormis les Hauts-de-Seine, moins qu'en 2002. Le taux de participation n'était que de 12,5 % dans le Val-de-Marne, 13,29 % dans le Val-d'Oise, 14,76 % en Seine-Saint-Denis, 15,04 % en Seine-et-Marne, 15,06 % dans l'Essonne, 15,71 % dans les Hauts-de-Seine et 16,22 % à Paris. L'ABSTENTION AUTOUR DE 60 % DANS LES DOM-TOM Samedi, en Guadeloupe, l'abstention s'élevait à près de 66 %, en Martinique 65 %, et en Guyane 60 %. Les Français des DOM-TOM ont voté un jour avant ceux de la métropole mais à Paris comme dans les DOM-TOM, les résultats ne seront connus qu'à partir de dimanche soir 20 heures. Depuis 1988, le taux de participation aux législatives a toujours été inférieur à 70 %. A la mi-journée, il avait été de 19,7 % en 2002, de 22,65 % en 1997, de 21,41 % en 1993 et de 22,25 % en 1988. Traditionnellement plus élevée aux législatives que lors de la présidentielle, l'abstention devrait, encore une fois, être nettement supérieure aux 16 % enregistrés lors du scrutin présidentiel. Il pourrait même atteindre un niveau record pour un premier tour des élections législatives sous la Ve République : une estimation CSA-CISCO publiée dimanche en fin de journée tablait en effet sur une abstention à 37 %. Cet indicateur donnera la mesure d'une possible démobilisation des électeurs. Mais elle servira également, selon Brice Teinturier, directeur de l'institut de sondage TNS-Sofres, à "affiner le diagnostic sur le rapport des Français à la politique". Une forte mobilisation de l'électorat transformerait l'essai réalisé à la présidentielle. Une situation inverse tendrait à montrer que le regain d'intérêt pour la politique manifesté par les Français pendant la campagne présidentielle était surtout conjoncturel. § La soirée des législatives, minute par minute, sur Le Monde.fr § 1 8 h 45 : Le président Nicolas Sarkozy a voté en fin d'après-midi dans sa ville de Neuilly-sur-Seine, à l'école maternelle Edith Gorce Franklin, sur l'Ile de la Jatte, avec son épouse Cécilia et une des filles de celle-ci, Jeanne-Marie. 18 h 30 : Le taux d'abstention final au premier tour des législatives s'établirait dimanche à 39 % selon Ipsos et 40 % selon la Sofres, ce qui constituerait le plus fort niveau pour ce scrutin au premier tour sous la Vème République. 18 h 20 : Le taux de participation pour le premier tour des élections législatives à Paris était de 42,2 % dimanche à 17 heures, en retrait par rapport au premier tour de 2002 à la même heure (46,2 %), a annoncé la préfecture de Paris. 17 h 45 : Le taux d'abstention pourrait atteindre son niveau le plus élevé pour un premier tour de législatives sous la Ve République, avec une estimation CSA-CISCO à 37 %. En 2002, le taux d'abstention avait été, au premier tour, de 35,58%, ce qui constituait jusqu'à ce dimanche le record depuis 1958. Cette estimation a été réalisée pour France3, France Inter, France Info, France Bleu et Le Parisien-Aujourd'hui en France. 17 heures : Le taux de participation au premier tour est de 49,28 % à 17 heures, contre 50,23 % à la même heure lors du premier tour des législatives de 2002 et 73,63 % au premier tour de la présidentielle le 22 avril, selon les chiffres du ministère de l'intérieur. A Paris, ce même taux était de 42,2 %, en retrait par rapport au premier tour de 2002 à la même heure (46,2 %). 13 heures : Jean-Louis Borloo, ministre de l'économie, des finances et de l'emploi et candidat aux législatives, vote à Valenciennes. Electeur dans une école du centre-ville, M. Borloo a déposé son bulletin, puis a brièvement discuté avec des habitants. L'ancien maire de Valenciennes est candidat UMP à la députation dans la 21e circonscription du Nord, où il a déjà été élu en 1993, 1997 et 2002. Alain Juppé vote de son côté à l'école Albert-Barraud, dans la 2e circonscription de la Gironde, où il est candidat. M. Juppé est arrivé à vélo, avec sa femme et sa fille qui étaient également à bicyclette."On attend avec confiance", a-t-il simplement déclaré, refusant de faire tout autre commentaire. 12 h 30 : Ségolène Royal vote dans son fief de Melle, dans la 2e circonscription des Deux-Sèvres, en compagnie de la candidate PS de sa circonscription, Delphine Batho. Députée de cette circonscription (Saint-Maixent) depuis 1988, Mme Royal, qui est présidente de la région Poitou-Charentes, a décidé de ne pas se représenter pour "respecter la règle socialiste du non-cumul des mandats". Delphine Batho, secrétaire nationale du PS chargée de la sécurité, a été désignée candidate par le bureau national, à l'initiative de Mme Royal. Elle avait elle-même voté, une heure plus tôt, dans l'école maternelle Jacques-Prévert. 12 h 15 : A la mi-journée, le taux de participation est de 22,56 %, en légère hausse par rapport au premier tour des législatives en 2002 (19,61 %), mais inférieur à celui enregistré le 22 avril (31,2 %). A Paris, à la même heure, il est de 16,22 % en retrait par rapport au premier tour des législatives en 2002 (16,50 %). Le premier ministre François Fillon vote, pour sa part, dans la 4e circonscription de la Sarthe, où il n'exclut pas d'être mis en ballottage."Il y a beaucoup de candidats dans cette circonscription qui a donné presque toujours une majorité à la gauche à l'élection présidentielle", a-t-il déclaré. M. Fillon a également répété qu'un ministre échouant à l'élection législative devrait démissionner. "C'est une évidence, je ne vois pas comment on peut diriger le gouvernement de la France en n'ayant pas la confiance de ses électeurs", a-t-il dit, soulignant que c'était valable "pour tout ministre". Onze membres du gouvernement sont en lice dans cette élection, avec, pour la plupart, de bonnes chances d'être élus. 12 heures : Marie-George Buffet, candidate du Parti communiste pour la 4e circonscription de Seine-Saint-Denis, vote à la mairie du Blanc-Mesnil. La secrétaire nationale du PCF est arrivée souriante, accompagnée par le maire de la ville, Daniel Feurtet (PCF). Marie-George Buffet a uniquement pris son bulletin de vote avant de se diriger vers l'isoloir. Elle s'est dite "confiante" pour ce premier tour des législatives et pense que la participation sera "dans les mêmes eaux que 2002" mais "plus faible" que pour l'élection présidentielle. 11 h 45 : Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, vote dans sa ville de Tulle. Souriant et plutôt détendu, il a salué comme à son habitude les électeurs qui faisaient la queue devant l'urne, embrassant les dames et serrant la main aux hommes. "Ma préoccupation, c'est que les Corréziens et les Français viennent voter", a-t-il indiqué aux journalistes. "Moi, ma crainte c'est toujours la démobilisation après la présidentielle, que les électeurs se disent 'on va attendre 2012'" a-t-il ajouté. Jean-Marie Le Pen, vote à Saint-Cloud, dans la 7e circonscription des Hauts-de-Seine, celle du président sortant de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier. La candidate du FN, Jeanine Naert, affronte à droite, outre M. Ollier, un candidat du MNR de Bruno Mégret, une candidate du MPF de Philippe de Villiers, et un candidat de Debout la République, le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan. 11 h 30 : Laurent Fabius vote dans son fief de Grand Quevilly, près de Rouen, en Seine-Maritime. M. Fabius, élu depuis 1978 et premier adjoint au maire de Grand Quevilly, a estimé que "ça allait aller ici", n'envisageant cependant pas une élection au premier tour, ce qu'il avait manquée de peu en 2002 avec 49,25 % des suffrages. Il a déclaré avoir "l'impression qu'il y a des arguments qui ont commencé à passer", notamment sur "le danger d'une constitution d'un pouvoir unique", mais a redouté un recul de la participation. 11 heures : Noël Mamère, député-maire Verts de Bègles, vote à Bègles. M. Mamère a embrassé certains des assesseurs qu'il connaît et s'est inquiété du taux de participation, en baisse dans ce bureau de vote par rapport au premier tour de l'élection présidentielle. Au deuxième tour de l'élection présidentielle, les électeurs ont voté à plus de 61% pour la candidate socialiste Ségolène Royal dans cette circonscription de Gironde où M. Mamère, qui fait partie des trois député Verts sortants, n'a pas d'adversaire socialiste face à lui. 8 heures 15 : François Bayrou vote à Pau. Affichant une certaine gravité, il estime que "beaucoup de Français ont le sentiment que l'élection est jouée", alors que son résultat "appartient aux électeurs". Le député béarnais sortant rappelle ses critiques sur un "mode électoral totalement injuste, avec une incroyable prime en faveur du parti au pouvoir". 8 heures : Ouverture des bureaux de vote en France métropolitaine, où 43,8 millions de Français inscrits sur les listes électorales sont attendus. Cinq semaines après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, il s'agit de choisir parmi 7 639 candidats, dont 41,6 % de femmes, les 577 députés qui siègeront pour cinq ans à l'Assemblée nationale. Samedi, les 700 000 électeurs de la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, et Saint-Pierre-et-Miquelon ont voté. La Guadeloupe enregistre une abstention record de 65,87 %, après un record de participation à la présidentielle. La situation est similaire en Martinique (près de 65 % d'abstention) et en Guyane (60 %). § Pour ne pas risquer une invalidation de leur élection, ils ont refermé leurs carnets de campagne. § Q ue les femmes et les hommes politiques se le tiennent désormais pour dit : bloguer durant la campagne peut coûter cher. Très cher même. Cela peut directement conduire à voir invalider ses comptes ou, pis, carrément son éventuelle élection. C'est en tout cas ce qu'a tenu à rappeler la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) à Najat Vallaud-Belkacem - qui se présente dans le Rhône pour le PS -, à Marielle de Sarnez (MoDem) et à Arno Klarsfeld (UMP), qui briguent tous les deux un siège à Paris. Les trois candidats tenaient depuis quelques jours leurs carnets sur le site de L'Express. Mardi 5 juin, la commission leur a simplement rappelé la loi. L'article 52-8 du code électoral stipule en effet que "les personnes morales, à l'exception des partis ou groupements politiques, ne peuvent participer au financement de la campagne électorale d'un candidat, ni en lui consentant des dons sous quelque forme que ce soit, ni en lui fournissant des biens, services ou autres avantages directs ou indirects à des prix inférieurs à ceux qui sont habituellement pratiqués". Pas une histoire de prix, donc : les blogs sont au demeurant gratuits aussi bien pour les candidats que pour tous les internautes. Simplement une affaire de dons interdits et d'équité, tous les partis devant dans ce cas se voir proposer la même tribune. SURTOUT PAS DE LA CENSURE "Ce n'est surtout pas de la censure, explique-t-on avenue de Wagram au siège de la commission. Il s'agissait simplement d'attirer l'attention des candidats sur ce risque." Des candidats qui avaient toutes les raisons de ne pas être forcément au courant des dangers encourus. C'est, en effet, la première fois que la CNCCFP est amenée à se pencher sur ce cas précis du carnet de campagne. A défaut de législation spécifique et de jurisprudence, "on applique à l'Internet les mêmes lois qu'aux autres supports", souligne encore la commission. Pour que les trois candidats en question continuent de bloguer en toute conformité avec le code électoral, il aurait ainsi fallu que L'Express facture les prestations. Le site a préféré refermer les pages des trois carnets, regrettant de devoir respecter une loi qui lui paraît "peu adaptée aux nouveaux médias". Informée de la recommandation, Libération s'est trouvé confronté au même problème. Son site avait lancé en début de semaine "Aux marches du Palais", un blog où Arnaud Danjean, candidat UMP en Saône-et-Loire, et Frédéric Cuvilier (PS), qui se présente dans le Pas-de-Calais, livraient leurs confidences de campagne. Fermés eux aussi, aussitôt. _ www.lexpress.fr www.liberation.fr www.cnccfp.fr § À peine nommée, la moitié du gouvernement est partie en campagne. § A peine nommée, la moitié du gouvernement est partie en campagne. Onze ministres, dont le premier d'entre eux, sur les 21 membres que compte le gouvernement, sont candidats au scrutin des 10 et 17 juin. Premier paradoxe, aucun n'aspire à siéger à l'Assemblée nationale : la Constitution les oblige à choisir entre la fonction de député et celle de ministre, et c'est bien évidemment cette dernière qu'ils ont tous d'ores et déjà choisie. Second paradoxe, en allant devant les électeurs, ils prennent le risque de tout perdre : François Fillon a déclaré que tout ministre battu aux élections législatives serait contraint, y compris lui-même, de quitter le gouvernement. Pour le premier ministre, ce scrutin semble avoir trois vertus. Celle d'effacer l'affront des régionales de 2004, où il avait été déchu de son mandat de président de région. Celle de se démarquer de son prédécesseur, Dominique de Villepin, qui n'était pas élu. Celle enfin de gagner sa propre légitimité par rapport au poids politique de celui qui l'a nommé à Matignon, Nicolas Sarkozy. "Ma légitimité dépend d'abord du président qui m'a nommé, mais elle dépend aussi du suffrage universel", confie-t-il. M. Fillon prend néanmoins un risque limité. Elu député sans discontinuer dans son fief de la Sarthe depuis 1981, et devenu sénateur en 2004, il part grand favori. Certes, sa circonscription, à cheval sur le Maine rural et les cantons de l'ouest du Mans, glisse peu à peu à gauche. Au second tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy n'y a obtenu que 50,34 % des voix. Mais en 2002, M. Fillon avait été élu au premier tour. Fort de sa légitimité de premier ministre, son objectif est de rééditer l'exploit, face au candidat socialiste Stéphane Le Foll, directeur de cabinet du premier secrétaire du Parti socialiste. Parmi les dix autres ministres engagés dans la bataille, Alain Juppé est le seul à se présenter dans une circonscription qui, le 6 mai, a préféré, et largement, Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy. Mais à l'automne 2006, la liste conduite par Alain Juppé pour la mairie de Bordeaux l'avait emportée largement. Pour tous les ministres candidats, cet exercice démocratique aura le mérite de leur conférer une plus grande légitimité. "C'est une chose d'être nommé, c'en est une autre de recevoir l'onction démocratique", confie l'un d'eux. § 7 639 CANDIDATS brigueront, dimanche 10 juin, les suffrages des électeurs aux élections législatives. § 7 639 CANDIDATS brigueront, dimanche 10 juin, les suffrages des électeurs aux élections législatives. En 2002, ils étaient 8 456. Cela représente malgré tout un peu plus de 13 candidats, en moyenne, par circonscription. Les règles de financement des partis politiques, qui sont déterminées en grande partie par le résultat au premier tour des élections législatives, constituent en effet une puissante incitation à la multiplication des candidats. Ce scrutin risque toutefois de réserver quelques surprises aux "chasseurs de prime" - il en existe - qui compteraient empocher des subsides publics à peu de frais. Les dispositions concernant l'aide aux partis politiques ont en effet été modifiées à l'occasion de la loi du 12 avril 2003 relative à l'élection des conseillers régionaux et des représentants au Parlement européen. Un simple article, mais qui change considérablement les données. Le financement des partis politiques a été établi par la loi du 11 mars 1988. L'enveloppe de l'aide publique versée chaque année aux partis politiques pendant la durée de la législature est divisée en deux fractions. La première est attribuée au prorata du nombre de voix obtenues au premier tour des élections législatives. La seconde est répartie en fonction du nombre de parlementaires rattachés à chacun des partis politiques. Pour accéder à la première fraction, il suffisait, aux termes de la loi du 11 mars 1988, de présenter au moins cinquante candidats dans plus de trente départements de métropole (des règles particulières s'appliquent aux départements et territoires d'outre-mer). Une manne relativement facile d'accès : trente et une formations ont ainsi pu bénéficier de ce financement annuel sur la base des élections de 2002. L'UMP, avec 8 629 353 voix obtenues, a perçu à ce titre 9 788 050 euros en 2007 ; le GIP-Démocratie active, avec 3 627 voix, a touché 4 286 euros. Le montant de cette dotation est modulé en fonction du respect du principe de parité. La loi de 2003 a durci les règles. Cette première fraction ne sera désormais attribuée qu'aux partis ou groupements politiques dont les candidats auront obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions. A l'arrivée, le nombre de bénéficiaires du financement politique risque de sévèrement diminuer. Il n'est pas sûr que toutes les formations ayant présenté plus de cinquante candidats à ce scrutin aient anticipé la mise en application de ces nouvelles dispositions. § Après deux ans de purgatoire, Hervé Gaymard, 46 ans, pourrait retrouver son siège de député de la Savoie dès dimanche 10 juin. § A près deux ans de purgatoire, Hervé Gaymard, 46 ans, pourrait retrouver son siège de député de la Savoie dès dimanche 10 juin. A 46 ans, l'ancien jeune homme pressé, le "bébé Chirac", dont la carrière avait été subitement interrompue le 25 février 2005, à la suite des révélations du Canard enchaîné sur le train de vie de sa famille aux frais de la République, veut renouer avec la vie publique. En compagnie de son suppléant, Vincent Rolland, à qui il avait laissé pensé, dans un premier temps, qu'il ne se représenterait pas, Hervé Gaymard balise depuis plusieurs semaines méthodiquement la 2e circonscription de Savoie. "Cent dix réunions publiques. Nous sommes passés dans chaque commune et chaque quartier d'Alberville ou de Chambéry pour aller convaincre les 85 000 électeurs", explique le candidat UMP. Hervé Gaymard aborde le scrutin avec sérénité : dans son fief, où il avait été élu dès le premier tour en 2002, Nicolas Sarkozy a recueilli le 6 mai 60 % des suffrages. Sur le terrain, assure-t-il, les Savoyards lui parlent santé, agriculture, routes, jamais du "passé". Lui aussi affirme avoir "tourné la page" et payé sa dette : 54 894 euros, correspondant aux travaux et frais effectués dans l'appartement de fonction, un luxueux 600 mètres carrés qu'il envisageait d'occuper avec ses huit enfants. "Rien ne sert de s'abîmer dans le passé. Je préfère me projeter dans l'avenir." Pour reconstruire son avenir, le ministre démissionnaire s'était, sitôt après avoir quitté les lustres de Bercy, rapproché de sa terre natale et de son fief politique. Il avait été élu à la présidence du syndicat mixte Tarentaise Savoie et avait retrouvé le conseil général de Savoie en tant que vice-président. Mais, surtout, ni l'Elysée ni Matignon n'avaient complètement lâché leur protégé : dès la fin 2005, Dominique de Villepin lui avait confié une mission sur la France et les pays émergents, et en parallèle, son mentor Jacques Chirac lui avait confié à la fin 2006 la préparation du sommet africain de Cannes. Lucide, le quadragénaire, qui a toujours été un virulent opposant de Nicolas Sarkozy, sait que sa carrière désormais ne sera plus placée sous la protection de l'Elysée. "Avec Nicolas Sarkozy, il y a encore beaucoup de distance." § "J'ai besoin d'une majorité large pour réformer en profondeur", explique Nicolas Sarkozy pour demander aux électeurs d'envoyer le plus grand nombre de députés de l'UMP à l'Assemblée nationale. § "J 'ai besoin d'une majorité large pour réformer en profondeur", explique Nicolas Sarkozy pour demander aux électeurs d'envoyer le plus grand nombre de députés de l'UMP à l'Assemblée nationale. Mais l'UMP avait déjà 365 députés - sur 577 - dans la précédente Assemblée : près des deux tiers des sièges. Est-ce à dire que cette majorité n'était pas suffisante ? Où commence, alors, "une majorité large" ? Ou bien faut-il comprendre, au vu du bilan de la précédente législature, qu'une large majorité au Parlement ne vaut pas nécessairement adhésion des citoyens aux réformes votées ? Dans ce cas, même en détenant simultanément les leviers des pouvoirs exécutif et législatif, même en ayant la mainmise sur les autorités de contrôle, il arrive que les réformes bloquent. L'exemple le plus éclairant en a été fourni par le contrat première embauche (CPE) voulu par Dominique de Villepin, début 2006 : un contrat, étendu à tous les jeunes de moins de 25 ans, qui dispensait l'entreprise de tout motif de rupture pendant une durée de deux ans. Ce dispositif était un des piliers de la loi pour l'égalité des chances présentée dans l'urgence par le premier ministre après les émeutes dans les quartiers de l'automne 2005. Plus largement, il s'agissait pour le chef du gouvernement d'engager sans attendre une "rupture" avec le code du travail en vigueur en nourrissant l'espoir de prendre de vitesse Nicolas Sarkozy, qui avait fait de cet objectif un de ses thèmes de campagne. Si, entre les partisans du premier ministre et ceux de son ministre d'Etat, chacun soupçonnait l'autre d'arrière-pensées, les élus de l'UMP étaient exhortés à faire bloc. "Pas question de laisser s'ouvrir des brèches dont profiterait la gauche", prévenait le président de l'UMP, devant le bureau du groupe des députés, à l'orée du débat à l'Assemblée. Et le groupe majoritaire s'exécuta. S'abstenant vaillamment de répondre aux assauts de l'opposition, il respecta à la lettre les consignes : tours de présence continue dans l'Hémicycle pour éviter d'être mis en minorité sur un vote, silence dans les rangs afin de ne pas prolonger les débats et d'éviter les risques de dérapage. De débat, en réalité, sur cette disposition dont chacun mesurait cependant l'importance, il n'y eut point. Rien qu'un monologue de l'opposition, à laquelle le rapporteur du projet de loi et le gouvernement se contentaient d'émettre un avis défavorable. Ainsi, pas une voix de l'UMP ne manqua pour adopter le dispositif du gouvernement, au lendemain de manifestations ayant réuni plusieurs centaines de milliers de personnes. Mais, pour la majorité, l'essentiel était fait. Dès le lendemain, le premier ministre mettait un terme à la discussion en recourant au "49-3" : "Notre pays s'impatiente, il veut des décisions", justifiait-il à la tribune du Palais-Bourbon. Le texte était transmis sans tarder au Sénat, où, de nouveau, pas une voix de l'UMP ne faisait défaut. La preuve était faite, comme s'en félicitaient Bernard Accoyer et Josselin de Rohan, présidents des deux groupes parlementaires, que "ce n'est pas la rue qui fait la loi". Le Conseil constitutionnel, saisi par l'opposition, validait le texte. Et pourtant... Ne voilà-t-il pas que la crise se prolonge, contraignant le président de la République, Jacques Chirac, à intervenir pour demander au gouvernement de ne pas appliquer la loi qui allait être promulguée et d'en préparer une autre. Dix jours plus tard, les mêmes députés de l'UMP qui avaient voté sans réserves le CPE adoptaient tout aussi unanimement le texte de substitution. § Tétanisée par la mondialisation, impuissante à repenser l'avenir, la gauche est enfermée dans une spirale de l'échec. Au-delà du modèle social-démocrate dépassé, elle doit désormais trouver la synthèse entre son aspiration à l'égalité et la réalité du monde contemporain. § V ous dressez un bilan très sévère de l'impasse idéologique où s'est enfermée la gauche française. Est-ce à vos yeux la cause principale de son échec ? Zaki Laïdi. En un demi-siècle de Ve République, la gauche ne sera parvenue à porter qu'un seul des siens à la tête de l'Etat. Elle souffre donc d'un handicap structurel pour rassembler durablement les Français autour d'un projet. On peut toujours invoquer l'obstacle des institutions et du statut singulier de l'élection présidentielle. Mais le problème est plus profond : la gauche ne survit qu'en se pensant comme une sorte d'anti-droite et son message majeur est devenu un message de pessimisme social. L'utopie demeure, mais négative. Loin d'annoncer le monde à venir, elle renvoie à un monde qui ne peut plus être. Qu'entendez-vous par pessimisme social ? Gérard Grunberg. Une représentation très négative du monde, qui se fonde sur une diabolisation de la mondialisation. Celle-ci est uniquement perçue comme une source de désordre économique, d'insécurité et d'inégalité sociales. Le noeud de ce pessimisme réside dans le sentiment d'impuissance - ou de résistance impuissante - face au marché et à la mondialisation. Pourtant, pendant sa campagne, Ségolène Royal a tenté d'éveiller un "désir d'avenir"... G. G. Et Nicolas Sarkozy a pris comme slogan "Ensemble tout devient possible" ! Autrement dit, les deux candidats ont bien perçu qu'il fallait sortir les Français de cette espèce de "dépression" où ils s'enfoncent depuis des années. Mais force est de constater, quoi qu'on pense par ailleurs du programme du candidat de l'UMP, que son "Tout devient possible" a résonné comme une espérance chez ceux qui se réclament de la droite et au-delà. A l'inverse, Ségolène Royal a bien essayé d'ouvrir sur l'avenir en appelant à la responsabilité individuelle, en demandant même aux jeunes des quartiers de Lyon "d'arrêter de se plaindre", ce qu'aucun responsable de gauche n'aurait osé dire. Mais elle s'est arrêtée en chemin. La gauche a perdu sur le terrain des idées et des valeurs. Comment expliquez-vous cette impuissance à renouveler son projet ? G. G. La première explication est à rechercher dans l'histoire du PS. Celui-ci a toujours voulu compenser son ancrage social relativement faible par une suridéologisation de son discours. Là encore, Ségolène Royal a cherché à sortir du piège. Mais, comme souvent, sans aller jusqu'au bout de sa démarche, à la fois par impréparation intellectuelle et par manque de soutien de son propre camp. Tout au long de cette campagne, elle n'est pas parvenue à donner à ses intuitions une cohérence politique forte. Le second problème tient au fait que, depuis 2002, les différentes composantes de la gauche n'ont pas travaillé. Cette paralysie relève moins d'une paresse intellectuelle que d'un blocage idéologique : si les socialistes commençaient à débattre au fond des différents problèmes, ils constateraient l'ampleur de leurs désaccords internes et pourraient rapidement mettre en péril leur unité. Ils décident donc périodiquement de refermer le couvercle du chaudron idéologique après l'avoir timidement soulevé, en inventant des formules vides ou insuffisamment explicitées comme le "réformisme de gauche", ou le "oui à l'économie de marché, non à la société de marché". Or face à cette spirale programmée de l'échec, on n'a jamais entendu un responsable de gauche poser cette question élémentaire : à supposer que le néolibéralisme soit le noeud du problème, pourquoi n'y a-t-il aucune force politique en Europe capable de remporter une élection sur la base d'un programme antilibéral ? Ce déficit réformiste de la gauche renvoie-t-il à la faiblesse de la pensée réformiste en France ? Z. L. Oui, c'est indiscutable. La pensée politique française a trop souffert de l'influence démesurée de la culture marxiste, y compris dans ses versions pauvres ou abâtardies. Celle-ci a réussi avec beaucoup de plasticité à allier les traits anticapitalistes du marxisme avec une culture française très attachée à l'Etat et à la survalorisation du fait national. Le thème de la "mondialisation néolibérale" a, de ce point de vue-là, permis un recyclage presque parfait d'un marxisme orphelin. C'est ce qui explique pourquoi, en définitive, la chute du mur de Berlin n'a pas bouleversé le paysage intellectuel, comme on aurait pu le penser. De nombreuses voix pressent désormais le PS d'opérer enfin sa mue social-démocrate. Cela a-t-il encore un sens ? Z. L. L'appel à la modernisation social-démocrate a quelque chose de sympathique car il montre, sans contestation possible, que le cycle d'Epinay ouvert en 1971 est définitivement refermé. Mais cette orientation est décalée, voire dépassée. Pourquoi ? Z.L. D'une part, le modèle social-démocrate lui-même est entré en crise pour des raisons économiques et culturelles. La social-démocratie, c'est le compromis social entre le travail et le capital sur une base nationale. Or, aujourd'hui, en raison notamment de la mondialisation, le rapport de forces entre le capital et le travail n'est plus contraint par le cadre national. Du fait de l'arrivée sur le marché du travail mondial de plus d'un milliard de nouveaux entrants, c'est au niveau planétaire que ce compromis doit être repensé et rétabli - si c'est possible. D'autre part, la social-démocratie raisonnait à partir de groupes sociaux relativement homogènes. Or, sous l'effet du changement technologique, de l'éclatement du monde industriel, du gonflement des services et de l'approfondissement des processus d'individualisation des préférences et des choix, il devient de plus en plus difficile de préconiser des solutions globales. La plupart des pays sociaux-démocrates sont d'ailleurs sortis de leurs vieux schémas en repensant de manière assez radicale la notion de droits sociaux. Il ne s'agit plus de droits inaliénables et intangibles, mais de garanties solides pour se construire un parcours individualisé, y compris à travers l'activation des mécanismes de marché. Cela étant, si ce modèle n'est plus d'actualité, les principes de dialogue, de concertation, d'anticipation, de décentralisation et de responsabilisation qui le fondent sont toujours pertinents. § Les électeurs devraient entériner les choix de la présidentielle et donner une majorité à M. Sarkozy. § L a présidentialisation du régime - souhaitée par les deux nouveaux chefs de l'exécutif - est déjà entrée dans les esprits. On peut en voir une preuve dans la relative indifférence avec laquelle les Français s'apprêtent majoritairement à accorder tous les moyens de gouverner au président de la République qu'ils ont élu le 6 mai. Le premier tour en chiffres DÉROULEMENT DU VOTE. La majorité des 65 000 bureaux de vote fermera à 18 heures, hormis à Paris et dans les grandes villes, où ils fermeront à 20 heures. Dans 77 communes de plus de 3 500 habitants, les mêmes qu'au second tour de l'élection présidentielle, ils seront équipés de machines à voter. MODE DE SCRUTIN. Les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Le vote a lieu par circonscription. Pour être élu au premier tour, un candidat doit recueillir plus de 50 % des suffrages exprimés à condition qu'ils représentent au minimum le quart des électeurs inscrits. Peuvent se maintenir au second tour les candidats ayant obtenu les suffrages de plus de 12,5 % des inscrits. La majorité relative suffit pour être élu au second tour. En cas d'égalité entre deux candidats, le plus âgé est élu. CANDIDATS. 7 639 candidats se disputent les 577 sièges à pourvoir. Leur âge moyen est de 50 ans, la benjamine en a 23 et le doyen 86. Plus de 80 partis ou formations sont représentés : Lutte ouvrière présente 563 candidats, le Front national 557, l'UMP 546, le MoDem 535, les Verts 531, le PS 521, le PCF 512 et la LCR 500. Onze membres du gouvernement se présentent à ces élections législatives. 98 députés sortants ne se représentent pas. Contrairement à l'élection présidentielle, les 821 000 électeurs inscrits à l'étranger ne sont pas appelés à voter aux législatives. PRÉCÉDENT SCRUTIN. Le premier tour des élections législatives de 2002 avait été marqué par un taux record d'abstention (35,6 %) et 2,1 % de bulletins blancs ou nuls. 58 députés, dont 3 femmes, avaient été élus dès le premier tour. Alors que la campagne présidentielle avait suscité un vif intérêt dans l'opinion - comme en ont alors témoigné les salles combles lors des meetings et les audiences records enregistrées à l'occasion des débats télévisés -, les législatives des 10 et 17 juin sont perçues comme une simple élection "de confirmation". Les dernières projections réalisées par les instituts de sondage ne ménagent guère de suspense sur l'issue du scrutin : BVA crédite l'UMP et ses alliés de 366 à 419 députés, Ipsos de 382 à 430, CSA de 390 à 420, TNS-Sofres de 390 à 430, l'IFOP de 420 à 460. Soit entre les deux tiers et les trois quarts des 577 sièges que compte l'Assemblée nationale. Plusieurs dizaines d'entre eux pourraient être pourvus dès le premier tour, dimanche 10 juin. A gauche, le Parti socialiste, qui a renvoyé à l'après-législatives le débat interne sur sa rénovation, s'est résigné à mener campagne aux seules fins de limiter la casse. Au demeurant, le mode de scrutin majoritaire devrait au moins permettre au PS de conforter sa place de premier parti d'opposition. Les autres formations politiques courent en effet de grands risques d'être fort dépourvues en élus - sinon en voix - au soir du second tour. Le Parti communiste français, désormais en proie à de graves difficultés financières, les Verts, ainsi que le MoDem de François Bayrou - lâché par ses amis et une partie de ses électeurs du 22 avril - s'apprêtent à se partager une poignée de sièges. Ni le Front national ni l'extrême gauche ne devraient être représentés à l'Assemblée nationale durant la prochaine législature. Dans ces conditions, l'enjeu des législatives peut a priori paraître mince. L'état de grâce dont bénéficie M. Sarkozy depuis son élection a interdit, de fait, toute campagne électorale digne de ce nom. Il paraît naturel que celui qui a obtenu, voici à peine cinq semaines, les suffrages de près de 19 millions d'électeurs, puisse disposer des moyens de mettre en oeuvre ses promesses de campagne. L'inversion du calendrier électoral, qui avait déjà permis à l'UMP d'obtenir une écrasante majorité en juin 2002, dans la foulée de la réélection de Jacques Chirac, va de nouveau produire tous ses effets. La droite ayant déjà détenu la quasi-totalité des pouvoirs pendant l'actuelle législature, le rapport des forces qui devrait apparaître au lendemain des législatives aura les apparences de la continuité. Pourtant, la réalité institutionnelle pourrait être plus proche de la "rupture" chère à l'ex-candidat Sarkozy. Sans avoir touché au texte de la Constitution, le nouveau président s'est clairement engagé dans une lecture et une pratique très présidentialistes des institutions. Avant même d'être élue, la majorité dont il disposera à l'Assemblée est appelée à n'être qu'un instrument au service d'un "président qui gouverne". Omniprésent depuis son élection, n'hésitant pas plus à participer à la campagne des législatives qu'à désavouer publiquement l'un de ses ministres, M. Sarkozy n'entend probablement pas se faire dicter leur loi par ceux qui seront chargés de la voter. A titre symbolique, le nouveau président entend d'ailleurs proposer une réforme de la Constitution visant à lui permettre de venir s'expliquer en personne devant le Parlement, ce qui lui est pour l'instant interdit en vertu du principe de la séparation des pouvoirs. Soucieux de déminer toute critique sur l'excès de (son) pouvoir, le chef de l'Etat a apporté quelques correctifs susceptibles de faire diversion : l'entrée au gouvernement de quelques personnalités de gauche, ainsi que la promesse de réserver à l'opposition la présidence de la commission des finances de la future Assemblée, sont les plus spectaculaires. Mais, de même que le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, ne devrait avoir aucune influence sur la politique économique et sociale du gouvernement, le prochain président de la commission des finances ne disposera d'autre pouvoir que celui de la parole. Il peut paraître aujourd'hui incongru de rappeler que, selon les termes de l'article 20 de la Constitution, c'est le gouvernement (et non le président) qui "détermine et conduit la politique de la nation" et qui (à la différence du chef de l'Etat) est "responsable devant le Parlement". Ce texte donne théoriquement toute sa valeur aux élections législatives, d'où provient la légitimité de tout gouvernement. On en est loin aujourd'hui. Qu'en sera-t-il lorsque la popularité de M. Sarkozy fléchira ? L'expérience a montré que les majorités pléthoriques n'étaient pas forcément les plus faciles à gérer lorsque surviennent des difficultés. Au moins, jusqu'à présent, le premier ministre pouvait-il, dans ces circonstances, servir de fusible. Il n'est pas sûr qu'un "super directeur de cabinet" - selon l'expression employée par François Fillon - puisse jouer ce rôle avec autant d'efficacité. Disposant d'une incontestable légitimité mais irresponsable politiquement, selon le texte de la Constitution, M. Sarkozy a décidé de s'exposer seul en première ligne. Ce qui paraît aller de soi en plein "état de grâce" pourrait bien trouver ses limites en situation de tension ou de crise. Et jeter alors une lumière plus crue sur l'exception institutionnelle française. _ § Les extrêmes ont beaucoup souffert de la dynamique sarkozyste au premier tour des élections législatives, note Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof). § § Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof), constate que les plus de 18 % de voix qui s'étaient portées sur François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle se sont largement reportées vers l'UMP et ses alliés, et dans une moindre mesure vers des candidats PS. § § Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof), souligne que la stratégie d'ouverture du président Sarkozy semble avoir séduit certains électeurs de la candidate socialiste du premier tour de l'élection présidentielle. § § Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, s'est dit satisfait, lundi, de la décision de Nicolas Sarkozy d'abroger les décrets Robien sur le temps de travail des enseignants. § § La dynamique sarkozyste de la présidentielle se poursuit, selon Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof). L'UMP bénéficie ainsi aux législatives de nombreuses voix qui, au premier tour de la présidentielle, s'étaient portées sur Jean-Marie Le Pen ou François Bayrou. § § Patrick Roger, journaliste du "Monde", estime lors d'un débat en direct que "cette défaite aux législatives est d'une certaine manière le prix de l'indépendance" de François Bayrou et du MoDem. § B illythekid : Combien le MoDem peut-il espérer avoir de sièges ? Patrick Roger : Le plus probable, c'est deux sièges : celui de François Bayrou et celui de Jean Lassalle, pour lequel cela va être un peu plus difficile, puisqu'il arrive en deuxième position. Il y a un troisième siège qui a toutes les chances d'être conquis, c'est celui de Jean-Christophe Lagarde en Seine-Saint-Denis. Mais il y a une inconnue sur ce qu'il fera après. Il mène une stratégie très autonome. Da Crom : Peut-on croire à des désistements mutuels entre le MoDem et le PS en cas de triangulaire face à l'UMP ? Patrick Roger : Non. L'équipe de François Bayrou s'est réunie ce matin, et celui-ci ne donnera aucune consigne de vote. Il n'y aura donc pas de désistement réciproque. La position de François Bayrou, c'est qu'il n'a aucunement envie de se poser en arbitre. Ce sont les électeurs qui arbitreront. Maintenant, dans certains endroits, je pense notamment à Lyon ou à Paris, il n'est pas exclu qu'il y ait des discussions directement entre les candidats concernés. Dans la 11e circonscription de Paris, par exemple, c'est le cas. Marielle de Sarnez a lancé un appel à assurer le pluralisme, qui constitue de fait un appui au Vert, Yves Cochet. Anna : C'est Ségolène Royal qui a eu l'initiative de "prendre contact" ce matin ; comment va réagir François Bayrou ? Patrick Roger : Il y aura probablement une déclaration dans la journée ou demain matin. François Bayrou a effectivement reçu un message de Ségolène Royal. Il n'a pas l'intention pour autant d'engager des discussions avec elle, estimant qu'il n'est pas habilité à le faire. Pour le moment, pas de déclaration officielle. Mistertap : Ne pensez-vous pas que l'avenir du MoDem est lié à celui du PS ? Patrick Roger : Tout dépend de ce qui se passe au PS. Mais je crois qu'un parti quel qu'il soit, un mouvement en devenir, comme le MoDem, ne peut pas baser sa seule stratégie sur l'échec des autres. C'est à lui d'abord de se constituer un bagage autonome. La prochaine échéance importante pour le MoDem, ce sont les assises pour la démocratie fin août, qui doivent servir justement à nourrir son bagage. C'est sa seule chance de croître : avoir son propre programme, sa propre dynamique sans avoir à compter sur les échecs des autres. Pour l'instant, François Bayrou n'est pas dans une stratégie de recomposition à gauche, il est dans une problématique d'affirmation d'un courant autonome. Cyril : La création d'un groupe MoDem-Verts-PRG à l'Assemblée comme l'a plaidé Yann Werhling est-elle envisageable ? Si oui, quelle marge de manuvre pour le MoDem au sein du groupe ? Patrick Roger : Non. Je crois que les deux ou trois candidats députés du MoDem resteront chez les non-inscrits. Cela veut dire que leurs moyens d'intervention seront de fait très limités au sein de l'Assemblée. nass : Pensez-vous que François Bayrou prendra le risque de donner les voix du MoDem dans les quelques circonscriptions où le PCF est au second tour face à l'UMP ? Patrick Roger : De toute façon, la règle est simple : il n'y aura aucune consigne de vote. Les électeurs arbitreront. Mais ensuite, dans certaines circonscriptions, il peut y avoir des discussions. Parcdesprinces : On parle de Jean Lassalle, François Bayrou ou Jean-Marie Cavada, aux positionnements clairs , mais qu'en est-il des candidats qui ont pris une certaine distance avec le MoDem sans rallier ni le Nouveau Centre, ni l'UMP : comme Philippe Folliot , Jean-Christophe Lagarde , ou Lionel Tardy . Un des objectifs du MoDem pour ce deuxième tour n'est-il pas de clarifier sa position vis-à-vis de ces candidats et de les rallier au MoDem ? Patrick Roger : Il peut effectivement y avoir cette idée-là : en s'abstenant de toute consigne de vote, de toute déclaration d'animosité vis-à-vis du Nouveau Centre ou de l'UMP, François Bayrou pourrait convaincre un certain nombre de députés qui ont fait savoir publiquement qu'ils trouvaient que les têtes de file du Nouveau Centre étaient allés beaucoup trop loin dans la rupture avec François Bayrou, et ils s'étaient démarqués de l'appel lancé par Leroy et Morin à soutenir les candidats de l'UMP contre les candidats du MoDem. Ils avaient donc publiquement pris des distances avec cet appel. § Le quart Sud-Ouest a voté davantage que les régions du Nord et de l'Est. § § La vice-présidente du Mouvement démocrate, éliminée dans la 11e criconscription de Paris, refuse de donner une consigne de vote à ses électeurs, mais exprime à demi-mots sa préférence. § M arielle de Sarnez, candidate du Mouvement démocrate (MoDem) aux législatives, éliminée dans la 11e circonscription de Paris, ne donnera "pas de consigne de vote" pour le second tour, a-t-elle précisé, lundi 11 juin, dans un communiqué. "Les électeurs qui ont choisi les candidats du Mouvement démocrate l'ont fait parce que nous étions indépendants et responsables. Je les considère, eux aussi, comme responsables et indépendants", a annoncé Mme de Sarnez, qui a recueilli 18,37 % des voix au premier tour des législatives. Dans cette circonscription, le député sortant, Yves Cochet (Verts), a recueilli 35,79 % des voix, juste devant l'ancienne ministre UMP Nicole Guedj, avec 34,03 %. Le duel du second tour dépendra donc en partie du report des voix de la candidate du MoDem. Sans se prononcer, elle a cependant donné les "deux critères qui (lui) paraissent les plus juste"s pour choisir un député : "la personnalité des candidats et la défense du pluralisme". Mme de Sarnez a jugé que "dans la 11e circonscription, comme dans l'ensemble de la capitale, les résultats du Mouvement démocrate sont très encourageants". Remerciant les 7 148 électeurs qui lui ont apporté leur suffrage, Mme de Sarnez, qui sera probablement candidate à la Mairie de Paris en 2008, ajoute qu'elle sera "présente et active tout au long des années qui viennent pour le service de notre ville et de nos quartiers". § Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof), dresse le profil des absentionnistes du premier tour des élections législatives, le 10 juin, et estime qu'il reste des réserves électorales pour la droite comme pour la gauche, toutes deux ayant pâti d'une moindre mobilisation de leurs électeurs du 6 mai. § § Au lendemain du premier tour des législatives, plusieurs dirigeants socialistes se sont exprimés sur l'opportunité d'une alliance avec le MoDem pour le second tour. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Débat en direct avec Arnaud Leparmentier, chef du service France au "Monde", vendredi 15 juin à 14 h 30 § § L'intégralité du débat avec Sylvia Zappi, journaliste au "Monde", pour qui "entre 13 et 15 députés communistes peuvent sauver leur siège". § A ndre : Le PCF a-t-il une chance de conserver son groupe parlementaire ? Les projections évaluent à combien le nombre de sièges sauvés ? Sylvia Zappi : Les projections, selon les instituts de sondage, varient de 6 à 17 députés. C'est dire s'il est difficile de prévoir. Cela dit, au regard des résultats et de l'implantation des députés sortants, on peut penser qu'entre 13 et 15 peuvent sauver leur siège. Le Parti communiste, lui, continue à clamer qu'il peut garder son groupe, c'est-à-dire les 21 sièges de la mandature précédente. On aura la réponse dimanche prochain. Lucia : Avec qui le PCF peut-il envisager des alliances au Palais Bourbon afin de former un groupe ? Sylvia Zappi : S'il n'a pas les 20 députés requis pour former un groupe, le PCF peut tenter d'en former un, technique, comme il l'a déjà fait par le passé, avec les radicaux de gauche, et cette fois-ci les Verts. Des discussions ont déjà eu lieu entre les représentants du PC et des Verts. Katia : La direction du PCF parle, à propos du score de dimanche, de "belle résistance". Qu'en pensez-vous ? Sylvia Zappi : C'est en tout cas un score qu'il n'osait pas espérer. Parler de résistance est sûrement exagéré. Etre aujourd'hui à un peu plus de 4 % n'est pas signe d'une grande santé politique. Marc C. : Quelles seraient les conséquences à court terme, pour le PCF, dans le cas où il n'obtiendrait pas de groupe parlementaire à l'Assemblée ? Sylvia Zappi : C'est à la fois des conséquences financières et politiques. Avoir un groupe à l'Assemblée vous donne des moyens financiers et humains supplémentaires pour fonctionner. Cela donne surtout une tribune plus efficace et une possibilité d'intervenir sur tous les sujets. Par ailleurs, avoir un groupe parlementaire asseoit une force politique de manière plus efficace. Léonard Daniëls : Vu que le PCF chute - quasi - constamment depuis 1967 (tant aux législatives qu'aux présidentielles) peut-on imaginer qu'à court ou moyen terme le parti disparaisse tout simplement ? Une fusion avec un parti d'extrême gauche est-elle envisageable ? Sylvia Zappi : Ce sont deux questions différentes. Pour la première, c'est vrai que c'est un déclin continu, à la fois en termes de présence militante, de représentation nationale et d'influence sur la société française. La disparition du PC est annoncée régulièrement, elle n'est pas pour demain. C'est un parti qui compte encore 135 000 adhérents revendiqués, et cette force militante existe. Mais c'est vrai que sans renouvellement de son logiciel politique et d'alliances durables avec le reste de la gauche antilibérale, il risque de continuer à péricliter. Pour ce qui est de la fusion, elle n'est pas à l'ordre du jour pour le moment, notamment à cause de l'échec de la candidature unitaire antilibérale à la présidentielle. Au sortir de ces élections, la LCR d'ailleurs ne souhaite pas relancer les discussions avec le PCF, mais préfère se construire comme force autonome. Au PCF, il y en a certains qui réfléchissent à son élargissement et à la construction d'une force politique nouvelle avec d'autres. Roseline : Compte tenu des scores de dimanche, y a-t-il un goût de revanche au sein du PCF vis-à-vis des partis d'extrême gauche, notamment de la LCR de M. Besancenot ? Sylvia Zappi : De la revanche, non. De l'incompréhension et de l'agacement face à une ligne d'affirmation de cette organisation comme seule force à gauche du PS, oui. Delphine : Les municipales en 2008 ne seront-elles pas le véritable moment clé pour l'avenir du PCF ? Quelles villes risquent d'être perdues ? gagnées ? Sylvia Zappi : Ce sera à l'évidence un moment de vérité sur l'implantation locale des élus et la capacité des forces militantes à porter un projet. Il est difficile un an à l'avance de prévoir dans quelle situation politique et sociale se dérouleront ces élections. Philippe Le Coeur et Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page Sylvia Zappi. | D.R. D.R. Sylvia Zappi. EN UNE EN CE MOMENT Levée de boucliers à gauche et au centre contre le projet de TVA sociale Le Fatah menace de quitter le gouvernement d'union nationale Khartoum accepte le déploiement d'une "force hybride" au Darfour Malte, l'île des immigrants perdus ET AUSSI Des employés municipaux installent, le 21 mai 2007 à Caen, les panneaux destinés à recevoir les affiches des candidats pour les élections législatives. | AFP/MYCHELE DANIAU Télézapping Mobilisations d'entre-deux-tours ABN Amro a reçu une nouvelle offre de rachat. | AFP/RICK NEDERSTIGT Thématique La consolidation bancaire européenne Hôtel de ville de Paris. | AFP/STEPHANE DE SAKUTIN Chat A Paris, le rapport de forces est favorable aux socialistes et aux Verts LÉGISLATIVES 2007 Mobilisations d'entre-deux-tours Un second tour sans enjeu ? Sylvia Zappi : "Le PCF n'est pas mort, il bouge encore" "Se radicaliser ? Continuer sur une ligne de dédiabolisation ? C'est le débat pour le FN" LES DÉPÊCHES Imbroglio autour d'une possible convocation de Jacques Chirac Reuters 18h14 Clearstream: l'entourage de Chirac dément toute convocation Reuters 18h10 Le gouvernement lance la réflexion sur la "TVA sociale" Reuters 18h09 Cyclisme: Christophe Moreau voulait tester ses adversaires Reuters 18h00 (legislatives2007_index_articles&) § Christiane Chombeau, de la rédaction du "Monde", indique que "deux stratégies se dessinent" au Front national : l'une pour demander que le parti reste ce qu'il a été depuis l'origine, un mouvement rassemblant des gens de sensibilités très différentes ; l'autre prônant un Front national plus homogène. § F rédéric : Comment expliquer cette baisse du score du FN ? Jacques : Est-ce que les scores du FN à la fois à la présidentielle et aux législatives peuvent être interprétés comme une prise de distance des électeurs avec la stratégie de M. Le Pen ? Christiane Chombeau : Les législatives, en général, suivent le même mouvement que la présidentielle. La présidentielle donne le ton, les législatives confirment ce qui s'est passé à l'élection antérieure. A la présidentielle, on a vu que les électeurs du FN avaient été très sensibles au discours de Sarkozy sur l'identité, la sécurité, l'immigration, et plutôt que de voter Le Pen, un homme dont ils étaient persuadés qu'il n'accéderait pas au pouvoir (ils le sont depuis la mobilisation de l'entre-deux-tours de la présidentielle de 2002), ils ont voté utile en votant Sarkozy. Pour les législatives, les électeurs ont confirmé leur vote, leur préférence pour des représentants de l'UMP, et d'autres ont préféré s'abstenir car de toutes les façons ils savaient que leur candidat frontiste avait très peu de chance d'être député. Sur la 2e question, je pense surtout que c'est un manque de foi dans leurs représentants frontistes. Ils ont préféré voter utile en votant Sarkozy. Cela dit, si l'on parle de personnes militantes, il y en a certainement qui n'ont pas voté Le Pen à la présidentielle pour condamner sa stratégie. Aux législatives, les ressorts sont quand même un peu différents. La campagne des législatives, en ce qui concerne le FN, était beaucoup plus classique. Savonarole : Le FN doit faire face à deux questions difficiles : celle de sa direction et celle de son positionnement idéologique. Selon vous, pour M. Le Pen, lequel de ces deux problèmes est prioritaire, et les deux sont-ils liés dans son esprit ? Christiane Chombeau : Jean-Marie Le Pen a répété dimanche dernier qu'il serait candidat à sa propre succession. Cela dit, après ses deux revers successifs, ses deux défaites successives, le FN ne peut éviter de se poser la question de la succession à plus ou moins court terme et de sa stratégie. Les deux sont liées. D'ailleurs, plusieurs membres du bureau politique ont commencé à soulever le problème tout de suite après la présidentielle. Paradoxalement, après le premier tour des législatives, ceux qui étaient les plus incisifs se sont adoucis, car tous ont essuyé personnellement de sérieux échecs aux législatives. Et aujourd'hui, d'une certaine façon, ils temporisent en disant : d'accord, Jean-Marie Le Pen sera candidat à sa propre succession, plus question, apparemment, d'envisager un autre candidat concurrent. En revanche, ils veulent faire confiance à Jean-Marie Le Pen pour préparer dans les trois ans à venir sa succession. Ils attendent également de lui qu'il réorganise le parti, qui finalement, depuis la scission de décembre 1998, n'a pas réussi à se recomposer. Il est évident qu'avec la succession s'ouvrira un débat sur le positionnement. Laurent : Le FN va-t-il rester sur une stratégie ni doite ni gauche, ou peut-on imaginer qu'il adopte une stratégie de rapprochement avec la droite comme on a pu le voir dans d'autres pays ? Christiane Chombeau : Aujourd'hui, électoralement, le FN n'est plus que l'ombre de lui-même. Il n'a plus le pouvoir de nuisance qu'il avait, et on ne voit pas quel serait l'intérêt de la droite et de Nicolas Sarkozy à faire des alliances avec lui. On ne voit pas non plus quel serait l'intérêt du Front national qui, de toutes les façons, serait dans une position d'infériorité pour négocier quoi que ce soit. Donc a priori, le FN va d'abord chercher à se reconstituer et à retrouver une crédibilité électorale. Va-t-il, comme certains le lui demandent, se radicaliser ? Va-t-il continuer sur une ligne de dédiabolisation ? C'est tout le débat des mois prochains, voire des deux années qui viennent. falzaron : J'aimerais avoir le pronostic d'une spécialiste sur la guerre qui a débuté depuis longtemps mais qui s'accélère entre les "historiques" (Gollnisch, etc.) et les "modernistes" (Marine Le Pen,...). Une scission est-elle envisageable après le retrait de J-M. Le Pen ? Christiane Chombeau : Tout dépendra de si Jean-Marie Le Pen accepte ou non d'organiser sa succession et, s'il l'organise, de la façon dont il le fera. Autour de lui a déjà commencé une guerre d'influences entre, justement, ceux que l'on appelle les historiques et les partisans de Marine le Pen qui défendent un Front dédiabolisé. Jean : La position de Marine Le Pen est-elle menacée ou confortée au sein du FN ? Christiane Chombeau : Il est certain qu'après ces législatives, qui ont vu Marine Le Pen rester seule en lice pour le deuxième tour, cette dernière se retrouve confortée. Tant et si bien qu'au bureau politique du lundi 11 juin, plus personne n'a osé la critiquer, un de ses plus farouches adversaires lui a même rendu hommage pour la victoire qu'elle a obtenue dans la 14e circonscription du Pas-de-Calais. Quand on regarde les résultats, on constate par exemple que Bruno Gollnisch, adversaire de Marine Le Pen, obtient 6,95 % des voix. Il avait fait 10 % en 2002. Jean-Marie Le Pen, au premier tour de la présidentielle, a fait 11,90 %. Carl Lang a obtenu 11,60 %. Aux législatives 2002, le candidat du FN avait fait 24,26 %. Et Jean-Marie Le Pen, à la présidentielle de 2007, a fait 18,35 %. Christian Baeckeroot, qui, lors de tous les bureaux politiques, sonne la charge contre Jean-Marie Le Pen et sa fille, dépasse à peine les 8 %, soit 4,5 points de moins que Jean-Marie Le Pen à la présidentielle. Et on peut accumuler des exemples analogues. § Les socialistes Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn ont dénoncé, mardi, une mesure injuste, qui va peser sur l'ensemble des ménages, et surtout les plus pauvres. § L 'idée gouvernementale d'instaurer une "TVA sociale" a provoqué de vives réactions mardi 12 juin. Au cur de la polémique, le mécanisme même de ce dispositif qui consiste à basculer une partie du financement de la Sécurité sociale des entreprises vers les ménages, via une baisse des cotisations patronales et une hausse simultanée de la taxe sur la valeur ajoutée. "Nous sommes extrêmement opposés à cette TVA antisociale, a déclaré, mardi, le socialiste Laurent Fabius. (Cela) signifie qu'on va financer des avantages fiscaux réservés à quelques-uns par une ponction sur l'ensemble de la population puisque tout le monde paie la TVA et d'autre part qu'il risque d'y avoir une augmentation des prix qui viendra ponctionner le pouvoir d'achat." M. Fabius a fustigé la proposition du président de la commission des finances du Sénat, Jean Arthuis (UDF) mardi dans Les Echos, d'augmenter la TVA de cinq points. Ce serait "faire passer la TVA en moyenne de 19,6 à 24,6 points ce qui est énorme et injuste", a-t-il déploré. "CHARGES ACCRUES ET BAISSE DU NIVEAU DE VIE" De son côté, Dominique Strauss-Kahn a estimé qu'avec une telle réforme, "on va faire payer les personnes âgées qui jusqu'à maintenant ne payaient pas" de cotisations pour la Sécurité sociale. Pour le député socialiste, "l'énorme masse d'argent prélevée sur la consommation des Français" que représente la TVA, doit "orienter l'économie" et être "utilisée pour la réindustrialisation et la lutte contre les délocalisations". Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG), s'est également déclaré "tout à fait hostile" car c'est une mesure "injuste". Le leader du MoDem, François Bayrou, s'est également montré sceptique. "La TVA sociale, cela veut dire que tous les Français, spécialement les plus pauvres, ceux qui ont le plus de difficultés, vont avoir des charges accrues et une baisse de leur niveau de vie. (...) Cette baisse de niveau de vie des Français les plus défavorisés va évidemment s'imputer sur leur capacité à boucler les fins de mois." "CE CHANTIER N'EST PAS DE DROITE OU DE GAUCHE" En réponse aux critiques de la gauche et du centre, le porte-parole de l'UMP Luc Chatel a rappelé que ce projet ne signifiait "pas une augmentation de la TVA", contrairement aux accusations de la gauche. "Il s'agit d'une réflexion sur la façon de faire porter les cotisations sociales dans notre pays", a-t-il déclaré. "Tout cela ne repose sur rien de solide, a riposté Xavier Bertrand, ministre du travail. Les socialistes devraient comprendre qu'au lieu de slogans, ils devraient apporter des arguments". Selon lui, les socialistes tirent à boulets rouges sur le projet de TVA sociale car ils "ont peur du verdict des Français (dans les urnes) et cherchent à faire peur". Enfin, pour Jean-François Copé, l'ancien ministre du budget,"ce chantier n'est pas de droite ou de gauche". Il a fait valoir que la TVA sociale allait permettre de "lutter contre les délocalisations" et "d'encourager l'embauche" tout en admettant que pour que le dispositif fonctionne, il fallait que "les entreprises jouent le jeu" et "baissent leurs prix". § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § L e mécanisme dit de TVA sociale consiste à basculer une partie du financement de la Sécurité sociale des entreprises vers les ménages, via une baisse des cotisations patronales et une hausse simultanée de la taxe sur la valeur ajoutée. Pour ses promoteurs, au rang desquels se trouve le président Nicolas Sarkozy et, dans une moindre mesure, le premier ministre François Fillon, ce transfert de charges permettra d'alléger le coût du travail en France, de taxer davantage les produits importés, notamment ceux en provenance des pays à bas coûts, tout en favorisant les exportations. Aux yeux de ses détracteurs, à gauche notamment, ce système entraînera surtout une augmentation des prix qui pénalisera les consommateurs, en particulier les plus modestes. Dans son livre-programme Ensemble, M. Sarkozy estimait "venu" le temps de l'expérimentation, voyant dans la TVA sociale "un moyen pour lutter contre les délocalisations, pour créer de l'emploi, pour faire augmenter le pouvoir d'achat". "L'assiette de la TVA étant plus large que celle des cotisations sociales, écrivait-il, environ un tiers de la baisse des cotisations pourrait être réalloué à l'augmentation du pouvoir d'achat". Il ajoutait que le "report de charges sur la TVA devra s'effectuer progressivement, par le biais de franchises de charges sur tous les salaires" et proposait que les clauses d'indexation des salaires sur les prix, dont il veut abroger l'interdiction, "puissent être négociées dans chaque branche, dans chaque entreprise, en fonction de la situation économique". La taxe sur la valeur ajoutée est actuellement de 19,6 % en France même si, comme dans plusieurs autres pays, certains secteurs bénéficient de taux réduits, à 5,5 % (produits agricoles, produits culturels ou travaux de rénovation des logements) ou 2,1 % (médicaments remboursés par la Sécurité sociale). En 2006, cet impôt a rapporté environ 126 milliards d'euros en 2006 à l'Etat, soit presque la moitié des recettes fiscales. § Tous ceux qui demandaient des comptes à Marine Le Pen pour la façon dont elle avait dirigé la campagne de son père à la présidentielle ont remis, provisoirement, leurs couteaux dans leur fourreau. § L a claque reçue par le Front national au premier tour des élections législatives de dimanche 10 juin - il n'a recueilli que 4,29 % des voix contre 11,11 % en 2002 -, après la défaite de Jean-Marie Le Pen à l'élection présidentielle, aura eu pour effet de calmer les esprits vindicatifs. Tous ceux qui demandaient des comptes à Marine Le Pen pour la façon dont elle avait dirigé la campagne de son père à la présidentielle ont remis, provisoirement, leurs couteaux dans leur fourreau. Comment attaquer l'unique rescapée de la razzia opérée par Nicolas Sarkozy sur une partie de l'électorat frontiste et du découragement d'une autre partie qui a préféré s'abstenir ? Le bureau politique (BP) de lundi 11 juin s'est voulu consensuel et optimiste. Pour ses membres, l'avenir appartient au FN : les électeurs qui ont cru en M. Sarkozy quand il a fait siens les thèmes frontistes sur l'identité, la nation, la sécurité, seront inévitablement déçus et reviendront dans le giron du parti. Ils expliquent que le parti a déjà connu un tel revers en 1988. Cette année-là, M. Le Pen avait recueilli 15 % des voix, mais le parti avait fait 10 % aux législatives et 5,5 % aux cantonales de septembre. Dix-huit mois plus tard, Marie-France Stirbois se faisait élire députée dans une partielle à Dreux. Reste toutefois que le contexte diffère. L'appareil ne s'est toujours pas remis de la scission de 1998 et l'image de M. Le Pen, qui va avoir 79 ans, a été écornée. Lundi, chacun voulait faire confiance au fondateur du parti pour organiser l'appareil et sa succession dans les trois années à venir. M. Le Pen a en effet déclaré à plusieurs reprises qu'il serait candidat à sa succession au congrès de novembre et qu'il resterait à la tête du FN au moins jusqu'aux élections européennes de 2009. Pour le parti, l'urgence est financière. Le score de dimanche 10 juin réduira de plus de la moitié l'aide de l'Etat. Le coup est dur même si certains rappellent que le FN a vécu avant la loi de 1993 sur le financement des partis. Le BP de lundi s'est aussi penché sur le problème des 361 candidats qui, n'ayant pas atteint la barre des 5 %, ne peuvent prétendre au remboursement de leur campagne officielle. § Pour Sauveur Gandolfi-Scheit, candidat UMP dans la première circonscription de Haute-Corse, le premier tour des élections législatives signe rien moins que "le début de la fin" ; celle d'Emile Zuccarelli, dont l'histoire se confond avec celle de la "capitale économique" de la Corse. § "L es Bastiais attendaient ça depuis longtemps." Pour Sauveur Gandolfi-Scheit, candidat UMP dans la première circonscription de Haute-Corse, le premier tour des élections législatives signe rien moins que "le début de la fin" ; celle d'Emile Zuccarelli, député et maire (PRG) de Bastia, ancien ministre et héritier d'une dynastie politique dont l'histoire se confond avec celle de la "capitale économique" de la Corse. Dimanche soir, avec 33,49 % des suffrages en sa faveur, M. Zuccarelli s'est retrouvé en ballottage défavorable, accusant un retard de onze points sur son concurrent de droite. Depuis, les responsables de l'UMP de Haute-Corse égrènent avec gourmandise les chiffres : 3 200 voix d'avance sur la circonscription, 36 cantons ruraux sur 47 acquis à l'UMP et surtout, 300 voix d'écart seulement en faveur d'Emile Zuccarelli dans son fief bastiais. Ebranlé, ce dernier a appelé ses électeurs à se mobiliser. "Beaucoup se sont réfugiés dans l'abstention. Ils doivent sortir de leur réserve", a déclaré le député sortant. "Le réservoir d'abstentions est clairement à gauche, analyse Daniel Guérin, principal conseiller du député sortant ; pour le reste, nous renvoyons aux résultats des législatives en 1993." A l'époque, M. Zuccarelli avait retrouvé de justesse son siège de député après avoir refait un retard de 1900 voix au premier tour. "Mais la famille libérale était divisée, explique Jean-Louis Milani, suppléant de Sauveur Gandolfi-Scheit. Cette fois, nous sommes unis et nous ne laisserons rien passer." Ne rien laisser passer, et surtout pas les 22 000 abstentionnistes, parmi lesquels des électeurs nationalistes peu mobilisés pour les législatives "françaises." Sans trop le faire savoir, l'UMP espère beaucoup de ces voix. Au premier tour, le candidat "natio" a recueilli 6,29 % des suffrages mais le courant, bien implanté à Bastia, peut rassembler au-delà, pour "sortir" Emile Zucarelli - sa bête noire - et l'affaiblir avant les municipales de 2008. "Sans parler des nationalistes, les gens voteront contre Zuccarelli, surtout dans le rural où il ne met jamais les pieds, estime M. Gandolfi-Scheit... Et puis ils se rendent compte qu'il tient un double langage. Après avoir installé une déchetterie sur la dernière plage de Bastia et un site d'enfouissement de déchets amiantifères en pleine nature, il signe le pacte écologique de Nicolas Hulot !" Dans la première circonscription de Haute-Corse, la bataille a pris une tournure symbolique. "Ramener un siège de plus à l'UMP, c'est bien mais ce n'est pas "l'affaire" résume Jean-Louis Milani. "L'affaire" ce sera si Zuccarelli est battu. Là, ce sera vraiment la fin d'une époque." § Eliminé au premier tour dans la 4e circonscription de Charente, au profit d'une candidate socialiste dissidente, Malek Boutih règle ses comptes avec la direction du PS. § E liminé au premier tour dans la 4e circonscription de Charente, au profit d'une candidate socialiste dissidente, Malek Boutih règle ses comptes avec la direction du PS. "La première raison, a-t-il déclaré, lundi 11 juin à propos de son parachutage manqué, c'est la faible participation de l'électorat socialiste, la deuxième, c'est la responsabilité personnelle de François Hollande, qui était venu me chercher quand j'étais président de SOS Racisme, qui m'avait donné sa parole qu'il renouvellerait le PS, et qui m'a envoyé au casse-pipe." Interrogé lundi soir, le premier secrétaire du PS estime, lui, qu'il n'était pas "possible de faire beaucoup mieux" pour M. Boutih : "C'est l'une des circonscriptions les plus à gauche, et on a retiré une candidate qui avait été désignée par les militants pour lui." Voyant le rejet dont était l'objet, localement, M. Boutih face à sa concurrente Martine Pinville, M. Hollande indique qu'il a mis plusieurs fois en garde ce proche de Julien Dray, en vain : "C'est cette circoncription qu'il voulait". Ségolène Royal était venue le soutenir à Angoulême. Lundi, elle a apporté son soutien à la candidate dissidente socialiste restée en lice, son "amie" Martine Pinville. § C'est un réflexe pavlovien au Parti socialiste : au lendemain d'une défaite, la zizanie interne repart de plus belle. Il en résulte un spectacle désolant d'une scène socialiste en désordre, en quête de doctrine, de stratégie et de leadersphip. § C 'est un réflexe pavlovien au Parti socialiste : au lendemain d'une défaite, la zizanie interne repart de plus belle. Le 6 mai, à peine la défaite de Ségolène Royal était-elle annoncée que Dominique Strauss-Kahn dressait un réquisitoire implacable sur la responsabilité de François Hollande. Rebelote le 10 juin. Au soir d'une vague bleue qui a sonné le PS - même s'il s'en sort mieux en voix qu'en 1993 et en 2002 -, les divergences au sommet du parti, illustrées par deux discours fort différents de M. Hollande et de Mme Royal, resurgissaient. Manuel Valls, maire d'Evry et député de l'Essonne, qui brûle de mettre ses talents au service de la rénovation du PS, exprimait aussitôt son ras-le-bol de voir son parti tourner "autour de la vie d'un couple". Lundi 11 juin, ledit couple Hollande-Royal a interprété des scènes de vaudeville. En début de matinée, l'ex-candidate à l'élection présidentielle a annoncé qu'elle allait laisser un message sur le portable de François Bayrou : "Nous devons joindre nos forces, il faut travailler au cas par cas." Alors que seule une poignée de candidats du MoDem restent en lice au second tour, et que dans une trentaine de circonscriptions l'électorat centriste est en position d'arbitre entre la droite et la gauche, Mme Royal a récidivé dans sa stratégie de rapprochement avec M. Bayrou, déjà tentée sans grand résultat après le 22 avril. Son offre a depuis fait l'objet d'une fin de non-recevoir de M. Bayrou. Le mauvais Feydau s'est poursuivi le 11 juin. Devant la presse, M. Hollande a manié une ironie mordante pour prendre ses distances avec la stratégie de Mme Royal - "Chacun peut appeler qui il veut, nous sommes dans une démocratie téléphonique" - tout en invitant les électeurs socialistes, en absence d'un candidat de gauche au second tour, à "favoriser le pluralisme", et donc à voter éventuellement pour le candidat du MoDem. Sur France 2, lundi soir, Mme Royal semblait faire un peu marche arrière. Il y a bien au sommet du PS deux stratégies discordantes pour le second tour : Mme Royal, qui pense à l'étape suivante de la rénovation, joue la carte de l'alliance avec le centre. M. Hollande, qui veut d'abord limiter les dégâts électoraux le 17 juin, privilégie les appels aux abstentionnistes, notamment à ceux qui avaient voté socialiste le 6 mai. Ces deux stratégies illustrent cette dyarchie de fait qui s'est installée à la tête du PS, avec un premier secrétaire à la légitimité affaiblie par l'annonce de son départ et une candidate virtuelle à la direction du parti à la légitimité réelle aux yeux des militants, mais contestée par les éléphants. Il en résulte un spectacle désolant d'une scène socialiste en désordre, en quête de doctrine, de stratégie et de leadersphip. Le PS ne peut pas attendre son congrès de novembre 2008 pour engager son indispensable reconstruction. § Jean-François Pernin, qui a obtenu 12,31 % des voix au premier tour des législatives dans la 8e circonscription de Paris, reproche au candidat UMP d'invoquer la mémoire de son père Paul Pernin, longtemps maire du 12e, pour obtenir son soutien en vue du second tour. § J ean-François Pernin (MoDem), troisième au 1er tour des législatives dans la 8e circonscription de Paris, a accusé, mercredi 13 juin, Arno Klarsfeld (UMP), arrivé en tête, d'avoir une attitude "particulièrement immonde" en invoquant la mémoire de son père, Paul Pernin, maire du 12e arrondissement de 1983 à 1995, décédé en 2006. "J'en appelle à sa sagesse, pour lui et pour la mémoire de son père", avait déclaré M. Klarsfeld mardi, dans le quotidien gratuit 20 Minutes, pour demander à M. Pernin d'appeler à voter pour lui au second tour, qui l'opposera à la socialiste Sandrine Mazetier. "Il m'a appelé sur mon portable hier soir pour s'excuser, et ce matin, sur Europe 1, il reprend les mêmes termes, il y a vraiment un problème quelque part", a déclaré M. Pernin à l'AFP. Sur Europe 1, mercredi, Arno Klarsfeld a déclaré : "MM. Pernin père et fils ont été maires (du 12e) l'un et l'autre pendant plus de 20 ans, et pendant ces 20 ans où ils ont fait tant pour cet arrondissement, eh bien les socialistes n'ont eu de cesse de dénigrer leur travail, alors je ne vois pas comment, à la fois pour lui et pour la mémoire de son père, il pourrait s'allier avec les socialistes". Jean-François Pernin, qui a succédé à son père à la mairie du 12e de 1995 à 2001, a refusé mardi de donner une consigne de vote aux 12,31 % d'électeurs qui lui avaient apporté leur voix le 10 juin, les jugeant "responsables et indépendants". Leur choix sera déterminant pour la succession du député UMP Jean de Gaulle, parti à la Cour des comptes : Arno Klarsfled a obtenu 35,76 % des voix, Sandrine Mazetier 33,54 %. § Sur les 467 circonscriptions qui n'ont pas encore de députés après le premier tour, certaines vont faire l'objet de duels particulièrement médiatiques au second. § § Jean-François Pernin, candidat du MoDem, arrivé troisième à l'issue du 1er tour des législatives dans la 8e circonscription de Paris, a accusé Arno Klarsfeld, candidat de l'UMP, d'avoir une attitude "particulièrement immonde" en invoquant la mémoire de son père, Paul Pernin, maire du 12e arrondissement de 1983 à 1995. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Dans la 6e circonscription de Saône-et-Loire, où le député sortant socialiste a été devancé par le candidat UMP, le centriste Eric Michoux, qui avait recueilli 4,58 % des suffrages le 10 juin, a annoncé mercredi qu'il ne donnera pas de consigne de vote. § "J e ne donnerai pas de consigne de vote à mes électeurs", a annoncé Eric Michoux, le candidat de l'UDF-MoDem éliminé au premier tour dans la 6e circonscription de Saône-et-Loire, mercredi 13 juin. Il n'avait recueilli que 4,58 % des suffrages le 10 juin, mais leur report pourrait être décisif dans le duel serré qui opposera dimanche le député sortant socialiste, Arnaud Montebourg, au candidat de l'UMP Arnaud Danjean. Ségolène Royal est venue soutenir Arnaud Montebourg Lors d'une réunion publique à Saint-Rémy, en présence de tous les candidats PS et PRG de Saône-et-Loire, Ségolène Royal a appelé les électeurs à "élever tous ensemble des digues, non pas contre une vague, mais contre un tsunami qui est une injure à la démocratie". Elle a rendu un hommage appuyé à son ancien porte-parole, "un député de talent qui n'a pas sa parole dans sa poche", dénonçant les attaques de la droite à son encontre. "Il a été l'un des points forts de cette campagne ; en le ciblant, c'est moi que la droite cherche", a-t-elle estimé. "Si vous l'avez vu un peu moins souvent, c'est parce qu'il était très souvent en première ligne de la défense de mon pacte présidentiel", a-t-elle assuré au millier de personnes réunies dans une salle communale. - (Avec Reuters) M. Michoux a expliqué, lors d'une conférence de presse à Louhans, qu'il se situe dans la "lignée exacte de François Bayrou". Les électeurs, qu'il invite à "voter massivement", ont la "liberté de choisir en leur âme et conscience", a-t-il poursuivi avant de décrire son "candidat idéal" : "celui qui a l'esprit de François Bayrou, quelqu'un de rassembleur, qui fait preuve d'honnêteté intellectuelle et qui a une vraie mission pour la Bresse", a-t-il expliqué, sans révéler quel serait son propre choix dimanche. Arnaud Montebourg, député de Louhans depuis 1997, porte-parole de Ségolène Royal durant la campagne présidentielle, a obtenu au premier tour 41,37 % des voix, ce qui le place derrière Arnaud Danjean, qui a recueilli 43,95 % des suffrages. Les réserves de voix à gauche sont faibles : au maximum 4,91 % en additionnant les suffrages recueillis par les candidats Verts, PC, LCR et LO. A l'extrême droite, les candidats MPF, FN et MNR ont totalisé 4,38 % des suffrages. § Dans la 2e circonscription du Rhône, Jean-Loup Fleuret, éliminé au 1er tour des législatives, va "soutenir activement" le député sortant UMP Emmanuel Hamelin, tandis que son suppléant Sébastien Perros votera pour le PS. § L es 9,79 % d'électeurs de la 2e circonscription du Rhône qui ont voté, le 10 juin, en faveur du candidat UDF-MoDem, Jean-Loup Fleuret, auront peut-être du mal à trancher, dimanche, entre les deux candidats encore en lice, Emmanuel Hamelin (UMP) et Pierre-Alain Muet (PS). D'un côté, M. Fleuret, éliminé au premier tour, a"rencontré" mardi le candidat UMP et "va lui apporter un soutien actif", et "participera vendredi soir à une réunion publique animée par Rachida Dati", indique l'entourage du député sortant UMP. "A vrai dire, il n'a pas besoin de moi. Mais je veux lui montrer ma sympathie pour sa démarche. Emmanuel (Hamelin) est un candidat moderne, d'ouverture et de rassemblement", explique le candidat du MoDem dans le quotidien régional Le Progrès du mercredi 13 juin. De l'autre côté, le suppléant de M. Fleuret, Sébastien Perros, a fait savoir qu'il voterait dimanche pour le candidat socialiste, Pierre-Alain Muet, "au nom du pluralisme démocratique nécessaire à l'Assemblée nationale". Ce choix de vote est dicté "non par un jugement sur les compétences et la qualité de ces deux hommes", mais par "une situation politique nationale" qu'il trouve "extrêmement préoccupante", selon un communiqué publié sur son blog. Au premier tour, Emmanuel Hamelin est arrivé en tête avec 41,66 % des voix, contre 28,64 % pour l'adjoint au maire socialiste de Lyon et ancien conseiller économique de Lionel Jospin. § En visite à Nice, mardi, le président a alterné rencontres avec les enseignants et bains de foule. § L e président prend son temps. Trente-cinq minutes de retard sur l'horaire officiel le matin pour visiter, en compagnie du ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos, le lycée de la Montagne, à Valdeblore (Alpes-Maritimes). Quarante-cinq minutes en début d'après-midi pour tenir une table ronde avec les enseignants du collège Lympia à Nice. A Nice, Christian Estrosi n'a pas lâché le président Elu des Alpes-Maritimes dès le premier tour avec 60,8 %, Christian Estrosi n'a pas lâché d'une semelle Nicolas Sarkozy durant sa visite à Nice et dans les environs. L'ancien ministre délégué à l'aménagement du territoire et fidèle du président depuis 1988 a jeté son dévolu sur la présidence du groupe UMP, un poste pour lequel Jean-François Copé est également candidat. Tous deux se recommandent du soutien du chef de l'Etat. Interrogé sur ses intentions concernant son ami, le président est resté laconique : "Il aura un poste à mes côtés", a-t-il dit. Une manière de signifier que l'avenir de M. Estrosi ne passe plus forcément par la présidence du groupe. Nicolas Sarkozy, qui souhaite effectuer un déplacement par semaine en province, entend ainsi garder le rythme, le ton et la liberté de sa campagne victorieuse. Une manière peut-être de se préserver d'une forme d'accoutumance au pouvoir. Deux jours après le premier tour des législatives, il s'est également offert, dans ce département qui lui a donné ses plus beaux scores à la présidentielle, le plaisir de tester sa popularité intacte. Un premier bain de foule bon enfant dans l'air vif de Valdeblore, un second plus fervent dans l'étuve niçoise. Gavé de "Nicolas ! Nicolas !", de sourires d'enfants et de flonflons de fanfare, le chef de l'Etat a pu marteler, gonflé à bloc, son message du jour à destination des enseignants. Après avoir reçu leurs syndicats à l'Elysée et les avoir en partie rassurés sur ses intentions en abrogeant les "décrets Robien", il a tenu à leur faire part de son admiration. "Merci, a-t-il lancé à une professeure de Nice, on a envie de suivre vos cours." Un compliment rare de la part de celui qui avait confié auparavant ne pas avoir gardé "un bon souvenir" de sa scolarité. Qualifiant d'"authentique scandale" le fait "que l'on frappe et qu'on insulte" un enseignant, il a plaidé - entre idées générales et poncifs - pour la "liberté" des professeurs et l'"autonomie des établissements". Il a également défendu le sport à l'école et la pratique des activités culturelles. Au passage, il livre sa vision du rapport maître-élève : "Confiance mais nécessité d'une distance. L'éducation, c'est que chacun soit à sa place. Pour se respecter, il faut accepter cette distance." "Je vais m'engager fortement aux côtés de Xavier Darcos pour faire bouger les choses", a-t-il promis. "LA GAUCHE N'A RIEN COMPRIS" Au micro des journalistes, le président s'est livré à un autre exercice. Alors que la gauche l'accuse de vouloir "accaparer tous les pouvoirs", il a répliqué. "Quand il y a eu des élections régionales en 2004 et que la gauche a obtenu 20 régions sur 22, personne ne disait que la démocratie était alors en cause. Quand ils ont gagné les cantonales, qu'ils ont pris la présidence des départements parce qu'ils avaient plus de départements, personne n'a dit que la démocratie était en cause. Je respecte toutes les opinions et je n'ai pas à m'engager dans une bataille partisane mais, franchement, il faut respecter le vote des Français." Hors micro, le président se fait plus acide. "La gauche n'a rien compris", lâche-t-il. Interrogé sur la prestation de Ségolène Royal, qui lundi 11 juin au cours du journal de France 2 s'en est vivement pris à David Pujadas à propos de deux reportages de la chaîne sur les législatives, le chef de l'Etat a haussé les épaules : "Quelle agressivité. Quel sectarisme. Elle se prépare des jours difficiles à tel point que ça m'inquiète." Puis le président a quitté le collège sous les cris des enfants turbulents ravis d'avoir séché un après-midi de cours. "Travailler plus ?" Ce sera pour une autre fois. § Ses deux plus proches concurrents, éliminés au premier tour, l'ancien député sortant UMP Richard Cazenave et le centriste Philippe de Longevialle, appellent leurs électeurs à faire barrage à l'ancien maire de Grenoble. § L a candidature d'Alain Carignon dans la 1re circonscription de l'Isère continue de diviser la droite grenobloise. Ses deux plus proches concurrents, éliminés au premier tour, l'ancien député sortant UMP Richard Cazenave et le centriste Philippe de Longevialle, appellent leurs électeurs à faire barrage à l'ancien maire de Grenoble, condamné en 1996 à quatre ans de prison ferme pour corruption. Tout en précisant ne donner aucune consigne de vote, le premier estime qu'Alain Carignon a préféré "faire passer sa personne avant l'intérêt collectif en obtenant l'investiture dans des conditions douteuses" et souligne que le candidat est donné perdant dans les derniers sondages d'opinions. Le second est encore plus clair et demande aux Isérois au nom de l'éthique et de l'honnêteté de "faire battre tout candidat condamné par la justice". Le MPF, qui partout ailleurs en France a décidé de soutenir les candidats de l'UMP, a également choisi de voter blanc dans le cas Carignon. LA GAUCHE SE RÉJOUIT Isolé, privé de ces soutiens, devancé par la candidate socialiste Geneviève Fioraso, Alain Carignon n'en continue pas moins d'affirmer que sa victoire est "possible" et "logique". L'ancien ministre pourfend Richard Cazenave qu'il accuse d'adopter une "attitude suicidaire". "Tous ceux qui auront manqué à la solidarité de leur famille politique porteront une lourde responsabilité pour l'avenir", menace-t-il. Si la gauche se réjouit de ce scénario qui pourrait assurer la victoire de l'adjointe à l'économie du maire socialiste Michel Destot, dans une circonscription détenue depuis dix-huit ans par la droite, chacun déplore le retour à un climat délétère rythmé par les rumeurs et les coups tordus. Juste avant le premier tour de scrutin, Michel Destot avait porté plainte contre X... après la diffusion auprès du personnel municipal d'un tract diffamatoire intitulé "quand la gauche dérape dans les magouilles" le mettant en cause, ainsi que Mme Fioraso. Sans que l'auteur soit identifié, la mairie soupçonne le camp d'Alain Carignon. "Sa technique c'est de faire croire aux Grenoblois que toute la classe politique est corrompue, mais qu'il est le seul à avoir payé", déplore l'entourage de Michel Destot, qui craint désormais que cet encombrant adversaire ne se réinstalle durablement dans le paysage politique, même en cas de défaite. § De nombreux dirigeants, en campagne, étaient absents mardi soir quand l'instance s'est prononcée à l'unanimité pour le maintien des candidats socialistes dans les trinagulaires. § E n l'absence de nombreux dirigeants, en campagne pour le second tour des élections législatives à l'image de Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius ou Julien Dray, le bureau national du Parti socialiste a confirmé, mardi 12 juin, qu'il n'y aurait pas d'accord avec le MoDem de François Bayrou. "Sept à huit interventions, toutes unanimes", selon le porte-parole Benoît Hamon, ont approuvé cette position rappelée en introduction par François Hollande, partisan du maintien des candidats socialistes, comme il l'a répété, dans les circonscriptions concernées par des triangulaires. S'il est battu, M. Chevènement ne se représentera pas à Belfort Jean-Pierre Chevènement a indiqué, mardi 12 juin, qu'il ne serait pas candidat à sa succession aux municipales de 2008 à Belfort en cas de défaite, dimanche, lors du second tour des législatives. Maire de la ville depuis 1983, M. Chevènement tente de reprendre son siège dans la 2e circonscription du Territoire de Belfort. Mais il est en ballottage défavorable face au député sortant UMP Michel Zumkeller. Seuls les candidats éliminés au premier tour seront "libres" d'appeler au "respect du pluralisme" contre l'UMP, mais ces cas de figure sont très limités. Tout en soulignant combien il avait apprécié la campagne présidentielle, Pierre Mauroy, en particulier, a estimé que "la stratégie des alliances relève du seul premier secrétaire". D'autres, comme Harlem Désir ou Michèle Sabban, responsable de la fédération du Val-de-Marne et proche de "DSK", ont abondé dans ce sens. Il n'y a pas eu de vote à l'issue de la discussion. Lundi, Mme Royal avait contacté M. Bayrou pour discuter des désistements entre le PS et le parti centriste au second tour des législatives, dimanche 17 juin. Le président du MoDem n'a pas directement répondu au message laissé par l'ex-candidate à la présidentielle sur son répondeur, mais il a déclaré, mardi, qu'il ne donnerait pas "de consigne de vote". Dans ce contexte, les pressions pour que M. Hollande anticipe son départ à la tête du parti se multiplient. Interrogé sur RTL mercredi matin, Manuel Valls a jugé qu'il n'était "pas concevable" que le premier secrétaire reste à sa place jusqu'au congrès du PS prévu à l'automne 2008. Le député sortant de l'Essonne, candidat à sa succession, souhaite qu'après les élections législatives se mette "en place une direction collégiale". Quant au rôle futur de Mme Royal, M. Valls, auteur d'une diatribe remarquée sur le couple Royal-Hollande, au soir du premier tour, estime qu'"aujourd'hui, il n'y a pas un leader qui s'impose". "On ne s'autoproclame pas leader. Un leadership, cela se construit. Un parti, cela se respecte", a-t-il affirmé. La veille, le député sortant de Paris, Jean-Marie Le Guen, également candidat, a appelé à "un profond renouvellement aussi humain, au niveau du Parti socialiste". Selon ce proche de "DSK" qui s'exprimait sur la chaîne LCP-Assemblée nationale, "François Hollande est quelqu'un de jeune encore, mais cela fait dix ans qu'il est là. Je pense que la page doit être tournée". § Le porte-parole du parti, Benoît Hamon, a indiqué mercredi que ce "seul et unique mot d'ordre" serait relayé jeudi par les candidats socialistes. § C 'est le "seul et unique mot d'ordre" du Parti socialiste pour le second tour des élections législatives : "Le 17 juin, votez socialiste contre la TVA à 24,6 % !", a déclaré le porte-parole du parti, Benoît Hamon, mercredi 13 juin. Dans tous les départements, jeudi, les candidats socialistes organiseront une conférence de presse pour annoncer ce "mot d'ordre", a-t-il précisé lors d'un point presse. Mardi soir sur France 2, le premier ministre, François Fillon, n'a pas écarté une hausse de TVA, à compter de 2009, pour financer la protection sociale. Il a ajouté que "l'ordre de grandeur" d'augmentation de cette taxe, actuellement fixée à 19 %, pourrait être de 5 points. "Le gouvernement a décidé de financer les déficits sociaux qu'il a lui-même contribués à creuser par une augmentation de la TVA, qui se répercutera sur le pouvoir d'achat des ménages. Ce sont aujourd'hui l'ensemble des Français qui auront à payer plus et à perdre leur pouvoir d'achat pour financer les cadeaux fiscaux", a dénoncé M. Hamon. Selon lui,"cette fameuse phrase qui était l'emblème de la campagne de Nicolas Sarkozy 'travailler plus pour gagner plus' deviendrait 'travailler plus pour ne rien gagner du tout, voire gagner moins'. "On n'a pas simplement besoin d'un contre-pouvoir démocratique le 17 juin, mais d'un maximum de députés de gauche pour s'opposer à des mesures qui sont inefficaces économiquement et injustes socialement", a-t-il ajouté. UN PROJET "ANTICONSOMMATION" "Après plusieurs jours de confusion, de contradictions, François Fillon a fini par avouer ce que l'on savait, ce qu'on l'on pressentait déjà. Il y aura bien une augmentation de la TVA de près de 5 points, non pas en 2008, convenons-en, mais en 2009", a déclaré plus tôt François Hollande, dénonçant un projet "anticonsommation", "injuste et dangereux". Ségolène Royal a de son côté accusé le premier ministre de vouloir financer ses mesures fiscales en créant "un nouvel impôt, c'est-à-dire l'augmentation de la taxe sur la consommation". "Cela va conduire à l'augmentation des prix", a-t-elle estimé, plaidant à l'inverse pour une politique de "relance de l'emploi". Selon elle, "si l'on remet un million de personnes au travail, on résout le problème de l'équilibre des comptes sociaux", problème à l'origine du projet de TVA sociale. § La députée guyanaise, candidate à sa propre succession, a même précisé avoir été contactée "avant la fin de la présidentielle", mais "avoir alors décliné l'offre". § C hristiane Taubira, l'ancienne candidate (PRG) à la présidentielle de 2002, a confirmé aujourd'hui sur Radio Guyane (RFO), "avoir été approchée" par l'entourage de Nicolas Sarkozy en vue d'entrer au gouvernement de François Fillon. La députée guyanaise, candidate à sa propre succession, a même précisé avoir été contactée "avant la fin de la présidentielle", mais "avoir alors décliné l'offre". Christiane Taubira a tenu ces propos lors d'une émission de débat en direct l'opposant à Rémy-Louis Budoc, conseiller régional UMP, son adversaire au second tour des législatives. M. Budoc a, de son côté, vigoureusement démenti que "l'entourage du président de la République ait pu contacter Mme Taubira". Plus tôt dans la journée, Rémy-Louis Budoc avait déclaré à l'AFP : "En ma qualité de secrétaire départemental de l'UMP, je démens cette information. Mme Taubira est trop sectaire et elle a critiqué de manière trop injuste Nicolas Sarkozy pour mériter de rentrer dans ce gouvernement d'ouverture. Cette rumeur est d'ailleurs retombée dans les médias nationaux", a ajouté M. Budoc. Christiane Taubira, élue députée de la 1re circonscription de Guyane sans discontinuer depuis 1993, a déjà affronté et battu Rémy-Louis Budoc au second tour des législatives de 2002. Au premier tour, samedi 9 juin, Christiane Taubira est arrivée en tête devant M. Budoc avec 36,67 % des suffrages contre 23,68 % pour le candidat de l'UMP. § L'ancien ministre socialiste de l'économie Dominique Strauss-Kahn et son ancien premier ministre Lionel Jospin ont dit, jeudi, leur opposition au projet de "TVA sociale" pour financer la Sécurité sociale. § D ominique Strauss-Kahn, ancien ministre socialiste de l'économie, a réitéré, jeudi 14 juin, son opposition au projet de TVA sociale du gouvernement Fillon. "Ce n'est pas une TVA sociale, ça remplace les cotisations des employeurs, donc c'est une TVA patronale", a déclaré M. Strauss-Kahn sur LCI. "C'est vrai que notre économie est sous-compétitive aujourd'hui, mais ce n'est pas en bricolant la TVA qu'on rend une économie compétitive, c'est en faisant en sorte qu'elle soit capable de faire de l'innovation, de la recherche, que l'université soit relancée", a-t-il souligné. M. Strauss-Kahn a renouvelé sa demande d'un débat avec le premier ministre sur ce dossier. "Je demande ce débat, je suis contre cette mesure, je crois qu'elle est inefficace. Elle fera cinq points d'augmentation de TVA, ça veut dire cinq points de pouvoir d'achat en moins pour tous les Français", a-t-il affirmé. L'ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin a lui aussi dénoncé, mercredi, la politique du gouvernement, qui est faite, a-t-il dit, de "cadeaux à une minorité et (d')impôts pour une majorité". LA "TVA SOCIALE" N'EST PAS UN "ÉPOUVANTAIL" La TVA sociale n'est pas "l'épouvantail" décrit par les socialistes et sa "mise en uvre potentielle" n'interviendra pas avant 2009, a déclaré jeudi Eric Besson, secrétaire d'Etat à la prospective et à l'évaluation des politiques publiques. "Il existe des façons d'augmenter la TVA sans toucher les personnes les plus modestes, a-t-il expliqué sur RTL. "Si l'on augmente la TVA, vous pouvez aussi trouver des mécanismes compensatoires pour les personnes qui seraient touchées, les retraités ou les titulaires de minimas sociaux", a-t-il assuré sans plus de détails. Xavier Bertrand a, pour sa part, dénoncé la démagogie des responsables socialistes sur la TVA sociale, des critiques à visée électoraliste, selon le ministre du travail. Mardi soir, M. Fillon n'a pas écarté une hausse du taux de TVA à compter de 2009 pour financer la protection sociale, ajoutant que "l'ordre de grandeur" pourrait être de 5 points. Le mécanisme de la "TVA sociale" consiste à basculer une partie du financement de la sécurité sociale des entreprises vers les ménages, via une baisse des cotisations patronales et une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée. § A Bordeaux, juchée sur un banc public aux côtés de Michèle Delaunay, candidate PS opposée à Alain Juppé, Mme Royal "lance un appel aux électeurs centristes. Au-delà des clivages politiques traditionnels, il peut y avoir des convergences." § A u côté d'Arnaud Montebourg, dans une salle bondée de Saint-Rémy, tout près de Chalon-sur-Saône, Ségolène Royal décrit des"Français condamnés à une triple peine" : l'augmentation de la TVA, le recul des services publics et le dérapage de la dette publique. "Ce thème-là, souligne-t-elle, était important pour les électeurs du centre, il a totalement disparu." A Bordeaux, juchée sur un banc public aux côtés de Michèle Delaunay, candidate PS opposée à Alain Juppé, Mme Royal "lance un appel aux électeurs centristes. Au-delà des clivages politiques traditionnels, il peut y avoir des convergences." A Châteauroux, aux côtés de son ami Michel Sapin, elle utilise pour la troisième fois de la journée, l'image du "tsunami bleu" qui, "comme tous les tsunamis, fera forcément beaucoup de dégât". En campagne pour les législatives, mercredi 13 juin, Mme Royal a feint d'ignorer les disputes au PS déclenchées par son message à François Bayrou. "Evidemment, ceux qui ont des circonscriptions de gauche en béton s'en fichent. Mais les autres à qui il manque parfois un demi-point... c'est pour eux que je l'ai fait, glisse-t-elle à bord du petit avion affrété qui lui a permis de sauter d'étape en étape. Si on ne peut même plus se téléphoner, on est vraiment dans un pays sclérosé !" La querelle, argumente l'ex-candidate à la présidentielle, a un coût : "Suite à ça, la candidate du MoDem face à Christophe Masse (candidat à Marseille) a décidé de ne pas lancer d'appel." A terre, elle élude les problèmes : "Le PS, ses réactions ce n'est pas ça qui compte. Toutes ces zizanies sont très négatives, je ne veux pas y participer." A Chalon, Mme Royal justifie les difficultés d'Arnaud Montebourg par son rôle joué à ses côtés. "En le ciblant, c'est moi que la droite cherche". Plus tard, devant le public berrichon, elle promet des lendemains meilleurs en évoquant des "moments exceptionnels que nous reconnaîtrons, je vous le promets". Puis elle attaque : Nicolas Sarkozy "avait du mal à parler comme on l'a vu sur une certaine vidéo qui n'a pas été diffusée sur les 20 heures, ça risque pas. Mais si je faisais la même chose devant vous, ça passerait". § Député sortant, le responsable socialiste a été devancé de 90 voix au soir du premier tour par Sylvie Noachovitch, ex-avocate vedette d'une émission de TF1 § S 'il "faut être franc", Dominique Strauss-Kahn le jure : il n'est "pas vexé". Du moins, plus maintenant, confie-t-il, dans sa permanence de Sarcelles (Val-d'Oise), mercredi 13 juin. Il l'a seulement été à "20 h 05, dimanche, en découvrant les résultats". Quand il a appris, contre toute attente, que Sylvie Noachovitch (UMP) le devançait de 90 voix, avec 37,37 % des suffrages, dans la 8e circonscription du Val-d'Oise (Sarcelles-Nord-Est). Mais tout de suite, il a "fait ses calculs". Et une heure plus tard, bien que "l'arithmétique (ne soit) pas toujours aussi simple", il a observé qu'il n'avait pas perdu de voix par rapport à 2002. Il admet, certes, que "son rôle national", l'a peut-être un peu tenu à l'écart de sa circonscription. Mais s'il y a une chose, une seule, qui a vraiment fait basculer ces législatives, selon lui, c'est que, pour la première fois, "une candidate a rassemblé toutes les voix de droite". Une candidate, grande, mince, brune, yeux bleus, sourire éclatant, coeur en pendentif, qui, jusqu'au mois de mars, était l'avocate vedette de l'émission Sans aucun doute, présentée par Julien Courbet sur TF1. Cette mère de famille de 43 ans, investie à l'automne par l'UMP, avait été candidate UDF dans la 7e circonscription du Val-d'Oise (Sarcelles-Sud-Ouest), en 2002 (7,24 % au premier tour). "HIP, HIP, HIP !" Les méthodes de campagne de Sylvie Noachovitch, plus que son programme, bouleversent les codes habituels de l'exercice. Quand elle est sur le terrain, c'est rarement sans "hip, hip, hip !" à tue-tête dans les rues de Sarcelles. Mercredi 13 juin, la candidate UMP était notamment accompagnée de Patrick Ollier. Sous le regard ébahi du président de l'Assemblée nationale, elle a ainsi, tout en niant des propos controversés, qui lui sont attribués par Le Canard enchaîné, plusieurs fois levé le poing, et lancé à qui voulait bien l'entendre : "Les gens me portent, Dieu m'aidera !", "Je vous aime !" Les nombreuses personnes qui s'approchaient lui renvoyaient alors : "Je vous ai vue à la télévision, vous êtes magnifique !" Loin, très loin, du ton adopté par Dominique Strauss-Kahn. Le socialiste fait campagne "sans médias". Il cale également judicieusement son agenda en fonction de celui de sa rivale : elle va au marché, il n'ira pas, elle a un point presse à 16 heures, lui aussi. Il a enfin abandonné l'idée d'aller soutenir des candidats du PS en ballottage, pour se consacrer à plein temps à "chercher un à un les abstentionnistes", qui ont approché les 50 %. Les reports de voix sont a priori plutôt favorables à Dominique Strauss-Kahn au deuxième tour. La gauche non socialiste a réuni 11,65 % des suffrages et le candidat du MoDem (3,32 %), en accord avec François Bayrou, a fait valoir sa préférence pour le socialiste. Reste que si le Front national et le MPF ne pèsent que 5,28 %, Sylvie Noachovitch jouit d'une vraie notoriété dans les classes populaires. Mais ça, pour Dominique Strauss-Kahn, c'est comme la vie sans mandat : "Hypothétique." Donc pas question d'y répondre. § Le député (app. PCF) concourra seul, dimanche 17 juin, pour le siège de la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis. Il a éliminé la droite et obtenu le retrait de Mouna Viprey, la candidate socialiste, mettant ainsi un terme au rêve du PS d'enlever ce "bastion" communiste, dans le département. § J ean-Pierre Brard a gagné sur presque toute la ligne. Le député (app. PCF) concourra seul, dimanche 17 juin, pour le siège de la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis. Il a éliminé la droite et obtenu le retrait de Mouna Viprey, la candidate socialiste, mettant ainsi un terme au rêve du PS d'enlever ce "bastion" communiste, dans le département. "Ça pourrait aller pire", chantonne hilare le maire de Montreuil. Mercredi 13 juin, en pantalon beige et chemise blanche, il biche dans un dernier "arpentage" de rue. L'homme est indéniablement connu, à défaut d'être populaire. " Son principal atout c'est son expérience. Son handicap, sa durée", remarque Roselyne Cordier, militante catholique. Avec 28,5 % des voix au bout de son cinquième mandat, le député voit son assise s'éroder. La jeune candidate socialiste lui a ainsi pris quatre points depuis 2002. Mais elle n'est pas parvenue à passer en tête. Si ses réseaux se fatiguent et perdent en influence dans les cités, il tient encore sa ville. "On m'avait enterré et pronostiqué que je serais écrasé sur les bureaux du Bas-Montreuil, le "boboland". Mais les voix de Ségolène Royal étaient des voix de gauche, pas seulement PS", insiste-t-il. M. Brard sera seul, dimanche. Mouna Viprey n'a pas eu le choix, pressée par les instances nationales du PS et son mentor Claude Bartolone. Le leader fabiusien, comme son secrétaire fédéral Pascal Popelin, ont fait le siège de la jeune sociologue pour la convaincre de respecter l'accord de désistement. "C'est un accord absurde ! Nous avions toutes les chances de gagner", lâche, amère, Mme Viprey. C'était le prix à payer pour obtenir le retrait, dimanche, des communistes à Montluçon et à Dieppe. La guerre PCF-PS dans le département reprendra juste après. La bataille menée par les fabiusiens pour "prendre le leadership au PCF", selon les mots de M. Popelin, devrait commencer en 2008 avec les cantonales et le basculement attendu du conseil général. Quant aux municipales, les jeux sont encore ouverts. Le maire de Montreuil répète ces derniers jours qu'il se présenterait "une dernière fois". Histoire de tenter de s'offrir encore une victoire. Il retrouvera Mouna Viprey, décidée à "débarrasser" Montreuil de M. Brard. § Des économistes de droite comme de gauche comparent les avantages de la TVA sociale et de la CSG. § I njuste, car elle frappe les plus modestes, "les chômeurs, les retraités, les RMIstes", dit Dominique Strauss-Kahn. Négative pour l'économie, ajoute Didier Migaud. Les socialistes, jusque-là empêtrés dans leurs querelles internes, ont multiplié leurs attaques, mercredi 13 juin, contre le gouvernement Fillon et retrouvé, à la veille du second tour des législatives, un certain mordant. Ils ont accusé le premier ministre, selon le mot de M. Strauss-Kahn, de vouloir mettre en place une TVA non pas sociale mais "patronale" en transférant une partie du financement de la protection sociale des entreprises vers les ménages, via une baisse de cotisations des employeurs et une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée, qui intéressent au plus haut point le Medef. Expérimenté depuis dix ans au Danemark et depuis le 1er janvier en Allemagne, ce système fait pourtant l'objet de jugements nuancés dans les rangs des économistes, proches de la gauche ou de la droite. Ils y voient un des moyens, avec la CSG mise en place par le gouvernement Rocard en 1991, pour faire face à des dépenses de protection sociale croissantes dans une société qui vieillit. Les deux dispositifs reposent sur une assiette large : la consommation pour la TVA et l'ensemble des revenus (activité, remplacement, patrimoine, jeux) pour la CSG. Un point de TVA rapporte de 7 à 9 milliards d'euros par an, un point de CSG près de 10 milliards. Recourir à l'une ou à l'autre n'implique aucun coût de gestion supplémentaire et ne suppose pas de bâtir une usine à gaz, comme c'était le cas avec le projet de contribution sur la valeur ajoutée (CVA) relancé par Jacques Chirac. "AVANTAGES D'UNE DÉVALUATION" La TVA sociale peut désigner des mesures différentes : une simple hausse de l'impôt sur la consommation affectée au financement de la protection sociale ou une hausse compensant la baisse des cotisations sociales, salariales et/ou patronales. Selon la définition retenue, les effets de la mesure diffèrent, prévient Gilbert Cette, membre du Conseil d'analyse économique (CAE), qui pointe la possible hausse du salaire net dans un cas, l'allégement du coût du travail dans l'autre. Entendue comme un moyen de compenser la baisse des cotisations patronales, la hausse de la TVA présente, selon Xavier Timbeau, "tous les avantages d'une dévaluation". "Elle renforce la compétitivité des entreprises, relance l'activité et contribue ainsi à apporter à l'Etat un surcroît de recettes fiscales", ajoute le chercheur de l'OFCE, suivi dans cette analyse par Michel Didier (Rexecode). Mais, renchérissant le prix des produits importés, elle entame le pouvoir d'achat des ménages. "A l'échelle de l'Europe, le gain de compétitivité pour les entreprises ne compense pas la perte de pouvoir d'achat des ménages", prévient M. Timbeau tandis que M. Didier avance, outre une possible hausse des prix, un certain nombre de problèmes techniques qui rendent le maniement de la TVA compliqué. En raison de sa large base fiscale, la CSG est la mesure "la plus juste, la plus équitable et la plus souhaitable en termes d'effets économiques induits, même si une fraction des revenus de l'épargne lui échappe", analyse M. Timbeau. Toutefois, "si on l'augmente pour compenser une diminution de cotisations patronales, encore faut-il s'assurer que les employeurs répercutent cette baisse sur le salaire net". Sauf à la combiner avec une baisse du coût du travail, pointe M. Didier, la hausse de la CSG n'a pas d'effets sur la compétitivité des entreprises. Les deux prélèvements sont jugés d'une grande neutralité. "Le rapport du CAE de 1999 sur l'architecture des prélèvements en France a permis de relativiser grandement les critiques sur le caractère anti-redistributif de la TVA", note M. Cette. Pour financer des dépenses de santé (144 milliards d'euros) croissant spontanément plus vite que le produit intérieur brut, "il faudra sûrement jouer et sur la TVA et sur la CSG", conclut le directeur de Rexecode, un des trois membres du comité d'alerte sur l'Assurance-maladie. § "Ce n'est pas parce qu'on lui accole l'adjectif social que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) le devient", analyse Didier Migaud, ancien rapporteur (PS) du budget et père fondateur de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) avec l'UMP Alain Lambert. § "C e n'est pas parce qu'on lui accole l'adjectif social que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) le devient. En augmenter le taux de 5 points, comme l'a envisagé le premier ministre pour alléger le coût du travail et financer la protection sociale, ne fera qu'aggraver les déséquilibres et les injustices de notre système fiscal, dans lequel la part de la fiscalité progressive, supportée par les plus aisés, ne cesse de diminuer et celle de la fiscalité proportionnelle, payée par tous, d'augmenter", analyse Didier Migaud, ancien rapporteur (PS) du budget et père fondateur de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) avec l'UMP Alain Lambert. Selon M. Migaud, en ballottage favorable dans la 4e circonscription de l'Isère, "de nombreux travaux conduits ces dernières années pour évaluer l'impact macroéconomique d'une telle mesure ont montré que ses effets négatifs sur l'économie - frein à la croissance et hausse des prix - l'emportent sur ses effets positifs - l'allégement du coût du travail. Le 4 mai 2004 au Sénat, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'économie et des finances, avait déclaré que "les études économiques dont il disposait montraient que l'impact le plus récessif d'une hausse de la fiscalité des ménages provenait de la TVA", "que l'Etat ne contrôlait pas le niveau des prix et qu'il était donc à craindre qu'une hausse de la TVA malgré la diminution des charges ne fut intégrée dans la marge et donc intégralement répercutée sur le prix de vente"". "Compte tenu du poids des produits importés dans la consommation des ménages, alourdir la TVA de 25 % en la faisant passer de 19,6 % à 24,6 % provoquerait une hausse générale des prix de près de 4 %", précise le socialiste. M. Migaud fait remarquer que "les comptes de la Sécurité sociale étaient équilibrés à la fin 2001" et que "la droite n'a pas su les gérer faute d'une politique économique et budgétaire adéquate". "Avec les baisses d'impôt prévues dans son paquet fiscal aux effets économiques incertains, le gouvernement Fillon se prive délibérément de 15 à 18 milliards d'euros de recettes. Il refait les mêmes erreurs que Jean-Pierre Raffarin en 2002 et Edouard Balladur en 1993. Alain Juppé en 1995 avait d'ailleurs parlé d'une gestion calamiteuse", ajoute-t-il. Enfin, il rappelle que "l'élargissement de l'assiette des cotisations sociales patronales à la valeur ajoutée pour ne pas les faire porter sur les seuls salaires n'a strictement rien à voir" avec une augmentation de la TVA payée par les consommateurs, à laquelle le PS s'est toujours fortement opposé. D'ailleurs "les socialistes ont baissé la TVA qui avait, déjà, été augmentée par Alain Juppé". § Dimanche 17 juin, un duel très serré va opposer, dans la 8e circonscription du Nord (Roubaix), Salem Kacet (UMP) à Dominique Baert (PS). § D imanche 17 juin, un duel très serré va opposer, dans la 8e circonscription du Nord (Roubaix), Salem Kacet (UMP) à Dominique Baert (PS). Ce dernier, qui tente de reconquérir son siège perdu en 2002, ne devance son adversaire que de 1,4 % des voix. Avec un taux d'abstention de 51,19 %. D'abord pressenti par l'UMP pour la 7e circonscription, qui mord aussi sur Roubaix, M. Kacet a dû laisser la place à l'UDF Francis Vercamer, qui s'est rallié à la majorité présidentielle. Dans la 8e, le député sortant Gérard Vignoble (UDF-MoDem) ne s'est pas représenté. Motif : M. Kacet n'est autre que son cardiologue. Depuis qu'il l'a soigné après un grave accident vasculaire, il y a huit ans, les deux hommes sont amis. "Mélodrame", juge-t-on au PS. L'enjeu pour l'UMP, en tout cas, n'est pas mince. En venant lui apporter son soutien, mercredi 13 juin, le ministre Jean-Louis Borloo, élu à Valenciennes dès le premier tour, n'a pas hésité à parler de "rendez-vous historique". "Même si j'étais engagé très à gauche, a dit le ministre, je voterais pour lui." Salem Kacet, né en 1951 en grande Kabylie, se présente comme un exemple d'intégration réussie, produit de l'école de la République. "J'ai été le premier professeur en cardiologie issu de l'immigration, le premier vice-président d'université, maghrébin, nommé par mes pairs", dit-il. Son parcours politique a commencé en 1986 lorsque le premier ministre, Jacques Chirac, l'a invité à participer aux travaux sur le code de la nationalité. En 1989, il est élu à la ville de Roubaix sur la liste du centriste André Diligent. Aujourd'hui, souligne-t-il, il est "un candidat comme un autre". "La preuve, au premier tour, j'ai réalisé mes meilleurs scores à Croix et à Wasquehal", les villes les plus cossues. Son concurrent PS est plus fort dans les quartiers populaires. Tout va se jouer sur la mobilisation et sur le report des voix. La candidate du MoDem, Louisa Mokhtari (5,96 % au premier tour), ne soutient pas M. Kacet. Et, avec 8,5 % des voix, le FN rassemble à peu près autant de voix que les candidats de gauche et d'extrême gauche. Si Salem Kacet se défend de chasser sur les terres du FN, il refuse de considérer les électeurs du front national comme des "parias". Autre enjeu, si M. Kacet l'emporte, la mairie de Roubaix. Avec un risque pour la majorité PS de la communauté urbaine de Lille. § Lors du second tour des législatives à Sarcelles, le député socialiste sortant, Dominique Strauss-Kahn, affrontera Sylvie Noachovitch, sa rivale UMP. § § Si, parmi les sortants, la différence est nulle, chez les nouveaux candidats, l'écart de score peut atteindre six points en moyenne. § L 'ouverture était timide : le PS présentait au premier tour vingt "candidats de la diversité" issus de l'immigration ou de l'outre-mer et l'UMP sept. Et, loi sur la parité aidant, les partis ont accordé leur investiture à une proportion de femmes plus importante que par le passé. Pour déterminer si ce volontarisme a été payant électoralement, Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion publique de l'IFOP, a mesuré les différences de scores entre ces candidats et leurs homologues aux profils plus classiques. Manifestement, note-t-il, "le score obtenu par leurs sortants est identique qu'ils soient hommes ou femmes". Le score moyen d'un sortant UMP est en effet de 46,9 %, celui d'une sortante du même parti de 47,1 %. Pour le PS, le score moyen d'un sortant est de 38,5 %, pour une sortante de 38,1 %. La colère d'une candidate socialiste issue de la diversité "Si le 18 juin, Nicolas Sarkozy félicite pour son élection ne serait-ce qu'un seul député UMP issu de la diversité, il écrira une page de l'histoire (...). Il sera celui qui a accepté une diversité émancipée, en voyant en elle des citoyens égaux et également admissibles à toutes les places sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents", écrit à François Hollande Chafia Mentalecheta, dissidente PS malheureuse dans le Puy-de-Dôme. Elle reproche au premier secrétaire d'avoir "ménagé la chèvre et le chou : désignation par les militants pour les uns, cooptation et parachutage pour les autres". En revanche, l'écart entre hommes et femmes est manifeste pour les candidats se présentant pour la première fois. A l'UMP, un candidat non sortant obtient en moyenne six points de plus qu'une candidate du même parti (37,3 % et 31,3 %)... L'écart existe également en faveur des candidats hommes au PS et au PCF, même s'il est moindre, de l'ordre de deux points. Peut-être ce moindre écart est-il lié aussi à un investissements militant plus long des femmes à gauche avant d'être candidates, alors que les primo-candidates UMP sont souvent moins chevronnées que leurs homologues masculins. Pour le MoDem et le FN, il n'y a quasiment pas d'écart entre le résultat moyen enregistré par les candidates et celui des candidats, l'étiquette politique primant sur la personnalité ou le sexe. Les femmes se plaignent souvent de se voir attribuer des circonscriptions plus difficiles que celles des hommes. Mais si l'on compare les scores des candidats de chacun des deux sexes en 2007 à ceux obtenus par le parti lors des législatives de 2002, "il ne semble pas, dans le cas de l'UMP, remarque-t-il, que les circonscriptions "réservées" aux femmes aient été intrinsèquement moins favorables à ce parti puisqu'en moyenne le résultat de 2002 était identique dans les deux types de circonscriptions. C'est un peu plus vrai en revanche pour le PS qui faisait, en 2002, en moyenne deux points de plus dans les circonscriptions où des hommes ont été présentés que dans celles où ce sont des femmes qui ont porté ses couleurs en 2007". "Ce décalage de deux points correspond à celui observé précédemment entre le score moyen des candidats et celui des candidates PS en 2007. Tout se passe donc comme si cet écart hommes-femmes en 2007 provenait pour le PS d'abord de "la nature du terrain" des circonscriptions." En ce qui concerne les candidats dits de la diversité, leur nombre réduit a compliqué la comparaison. "Les vingt candidats (du PS) issus des minorités, tous non sortants, ont obtenu un score moyen de 17,9 % au premier tour, à comparer avec les 24,2 % des 391 candidats socialistes non sortants non issus des minorités, écrit M. Fourquet. On pourrait penser de prime abord que cet écart important de plus de six points s'expliquerait par le fait qu'un certain nombre de candidats de la diversité aient dû affronter des dissidents dans leur circonscription. Cela s'est produit dans quatre cas sur vingt, ce qui n'est pas négligeable et ce qui montre que ces candidatures ont parfois été mal acceptées." Dans trois de ces quatre circonscriptions, le dissident est arrivé devant le candidat officiel issu de la diversité. Mais, même lorsque l'on isole les seize circonscriptions où se présentaient des candidats issus de la diversité sans dissident, leur score moyen s'établit à 18,4 %, soit toujours un différentiel de près de six points avec les autres candidats socialistes non sortants et non issus de l'immigration. Ces candidats se voient-ils donc attribuer des circonscriptions plus difficiles ? Même comparaison avec 2002 et constat frappant : le score du PS en 2002 atteignait seulement 11,2 % en moyenne dans les vingt circonscriptions où ont été investis pour 2007 des candidats de la diversité contre 16,2 % (soit cinq points de plus) dans les 391 autres circonscriptions où les candidats socialistes étaient cette année non sortants et non représentants de la diversité. "Aux prises parfois à des dissidents bien implantés, conclut l'IFOP, les candidats socialistes issus de la diversité ont donc dû de plus faire face à un terrain électoral moins favorable." § Marine Le Pen sera, dimanche 17 juin, l'unique candidate du Front national à participer au second tour des élections législatives, dans l'ex-bassin minier du Pas-de-Calais. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le porte-parole de campagne du PS, Benoît Hamon, s'est indigné vendredi du fait que François Fillon et Alain Juppé n'aient "rien trouvé de mieux que de prendre un Falcon pour inaugurer le TGV", le 9 juin. § L e Canard enchaîné révélait, dans son édition du mercredi 13 juin, l'information selon laquelle François Fillon et Alain Juppé avaient pris un avion ministériel pour effectuer une partie du trajet lors de l'inauguration de la ligne TGV-Est, le 9 juin. Le Parti socialiste a saisi l'occasion pour attaquer le gouvernement, vendredi. "Nous avons un premier ministre et un numéro deux du gouvernement qui nous ont fait un grand numéro sur le fait que le train polluait beaucoup moins que l'avion et qui n'ont rien trouvé de mieux que de prendre un avion car c'est tellement long de passer deux heures dans un TGV entre Paris et Nancy", a ironisé le porte-parole de campagne du Parti socialiste, Benoît Hamon. "C'est le gouvernement de la dissimulation, le gouvernement du mensonge", a reproché M. Hamon lors du point de presse quotidien du PS, raillant les ministres qui n'ont "rien trouvé de mieux que de prendre un Falcon pour inaugurer le TGV". Pendant ce temps-là, a-t-il affirmé, le service de presse de M. Fillon "s'échinait à dire qu'il était dans un wagon de tête à travailler, pour faire patienter les journalistes". Selon Le Canard enchaîné, le train a dû s'arrêter à Nancy-Metz pour permettre au premier ministre de monter dans la rame, afin qu'il soit présent à l'arrivée à Strasbourg. Ce serait Anne-Marie Idrac, la présidente de la SNCF, qui aurait vendu la mèche à des journalistes, "vexée" parce que M. Fillon a dans son discours "égratigné la SNCF pour la médiocrité de ses performances pour le fret et l'inconfort des trajets domicile-travail", selon l'hebdomadaire. § L'intégralité du débat avec Arnaud Leparmentier, chef du service France au "Monde", qui décrypte les enjeux des législatives : vague bleue, difficultés du PS, disparition du groupe parlementaire communiste... § B aba : D'où peut venir la surprise ? Arnaud Leparmentier : D'un score meilleur que prévu du PS, car une mobilisation de l'électorat aiderait à éviter la vague bleue, ou du moins la limiter. Alex_72 : Peut-on s'attendre à une remobilisation spontanée de la gauche ce week-end ? Arnaud Leparmentier : Les électeurs de gauche ne se sont pas déplacés, sans doute parce qu'ils pensaient que la partie était perdue d'avance, ce qui se passe classiquement après une présidentielle. Peut-être ont-ils voulu sanctionner un PS qui s'est divisé dès le soir de la présidentielle. L'ampleur de la victoire annoncée de l'UMP peut faire peur à certains électeurs, qui vont dire : il ne faut pas donner tous les pouvoirs à Sarkozy. D'autre part, la question de la TVA sociale : les socialistes ont expliqué que la TVA risque de monter à 24 %, et ce sujet peut mobiliser une partie de l'électorat de gauche. Christophe : Comment la gauche peut-elle mobiliser ses électeurs ? Arnaud Leparmentier : En ayant un projet. Or pour le moment, elle n'en a pas. Elle dit seulement qu'il faut une opposition forte. Car personne ne doute que l'UMP aura la majorité au Parlement dimanche soir. Personne ne demande une cohabitation. Donc pour cela, il faut arriver à mobiliser la gauche, et surtout les électeurs qui ont voté pour le parti de Bayrou. Mais là, le PS est divisé, Ségolène veut se rapprocher de Bayrou, et le reste du PS ne le veut pas. Simon : Quel est le meilleur scénario pour le PS : une lourde défaite ou un échec minimisé ? Arnaud Leparmentier : Le PS sortira de ses difficultés quand il aura à la fois un projet et un leader. Les deux, à mon avis, surviendront au même moment. S'il commence à faire tout de suite une guerre de leaders, il n'arrivera pas à faire émerger un projet. Dans le même temps, pour porter un projet, il faut avoir un leader. Donc c'est un peu le serpent qui se mord la queue. Mais de toute manière, la défaite est déjà lourde : le PS a perdu la présidentielle et les législatives. Baba : Pourquoi les socialistes sont-ils en train de se diviser sur la date du prochain congrès ? Arnaud Leparmentier : Parce que la question est de savoir à quel moment il faut ouvrir la guerre de succession de Hollande : tout de suite ? et laisser la direction à Ségolène Royal. Ou réfléchir et remettre à plus tard cette question ? Pour le moment, Ségolène Royal est assez forte, et on est dans une série de trois élections. Faut-il retarder l'"explication de texte" pour sauver la mise aux municipales ? Cela peut être envisagé. Melina : Les remous autour de la TVA sociale, et les frais engagés par la présidence pour rénover le pied-à-terre de Versailles peuvent-ils être exploités par la gauche de manière significative avant dimanche ? Arnaud Leparmentier : Cela dépend de ce que vous appelez "significative". Je ne pense pas que l'affaire de Versailles ait un impact énorme. Mais la TVA sociale peut faire baisser la droite ou monter la gauche de quelques points, faire basculer quelques circonscriptions. Je ne suis pas sûr que Borloo avait prévu d'en parler à ce moment-là. La ligne de conduite a été de dire : on applique tout ce qu'a promis Sarkozy et on le met en oeuvre tout de suite. Sur la TVA sociale, en effet, on avait l'impression que c'était un chantier un peu plus lointain. L'affaire s'est emballée, et il a fallu une espèce de rappel à l'ordre de l'Elysée hier pour calmer le jeu sur la question. C'est un des premiers faux pas du gouvernement. Beso : La victoire de Sarkozy explique-t-elle à elle seule la vague bleue ? Va-t-on retrouver les corps des 47 % de Français qui s'y seront noyés ? Arnaud Leparmentier : Les Français ne veulent plus, visiblement, de cohabitation. Le scrutin législatif, avec le quinquennat et l'inversion du calendrier qui fait que la présidentielle a lieu avant les législatives, fait de la présidentielle le scrutin-roi. La victoire de Sarkozy a été nette à la présidentielle, et le vote des législatives apparaît comme un vote de confirmation. Pour les gens qui se sont noyés dans la vague bleue, deux choses : il y a toujours des gens qui sont dans le camp de l'opposition et d'autres dans la majorité. Sarkozy va se retrouver avec des pouvoirs énormes. Tout l'enjeu est de savoir comment il les utilisera. Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT Le président Abbas nomme l'ex-ministre des finances premier ministre Scrutins majoritaire ou proportionnel, "la victoire de l'UMP serait écrasante" MM. Sarkozy et Fillon tentent de déminer le terrain sur la TVA sociale Le président turc demande un référendum sur l'élection au suffrage universel ET AUSSI Le député de Paris, Yves Cochet, à l'Assemblée nationale, le 25 juin 2002. | AFP/ERIC FEFERBERG Télézapping Pluralisme et tsunami LÉGISLATIVES 2007 Marine Le Pen en ballottage défavorable face au Parti socialiste Ségolène Royal s'affiche au côté de Dominique Strauss-Kahn Pluralisme et tsunami MM. Fillon et Juppé ont pris l'avion pour inaugurer le TGV-Est, dénonce le PS LES DÉPÊCHES Tennis: Jo-Wilfried Tsonga invité à Wimbledon Reuters 18h27 Pour Varsovie, une lueur est apparue sur le traité européen Reuters 18h22 La panne informatique de l'ISS n'est toujours pas résolue Reuters 18h18 La rivale UMP de Dominique Strauss-Kahn dit avoir été agressée Reuters 17h56 (legislatives2007_index_articles&) § Dominique Strauss-Kahn n'a pas toujours eu, sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les préventions d'aujourd'hui. § D ominique Strauss-Kahn n'a pas toujours eu, sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les préventions d'aujourd'hui. Fin août 2005, en pleine précampagne pour l'investiture de son parti à l'élection présidentielle, il avait ému ses camarades socialistes en évoquant, à l'université d'été du PS à la Rochelle, la possibilité d'augmenter l'impôt sur la consommation sur certains produits importés. "Les ressources, il faut les prendre là où elles se créent", s'était exclamé l'ancien ministre de l'économie et des finances, défenseur d'une ligne social-démocrate renouvelée. Lâchés sans crier gare, les propos de ce professeur des universités dont les cours d'analyse économique font salle comble à Sciences Po, avaient suscité un certain raffut médiatique et l'indignation attendue de son rival Laurent Fabius. L'ancien locataire de Bercy, en effet, n'avait pas mégoté sur les baisses d'impôts dans les dernières années du gouvernement Jospin. La sortie de M. Strauss-Kahn n'avait rien, pourtant, d'accidentel. Au premier secrétaire du PS, qui lui avait répondu dans Les Echos qu'"il ne faut pas faire jouer à la fiscalité un rôle de droit de douane", DSK avait répliqué, peu après, dans La Croix : "Sur la TVA, François Hollande est à côté de la plaque. (...) Nous ne pouvons plus continuer à raisonner comme on le faisait il y a quinze ans". S'il a plaidé, dans Le Monde, pour que les socialistes soient "capables d'utiliser tous les instruments fiscaux sans tabou, y compris les impôts sur la consommation", M. Strauss-Kahn n'est pas favorable à une augmentation globale de la TVA. A cet impôt, il assigne d'abord le rôle de "protéger l'industrie" et propose, dans ce domaine, de négocier avec Bruxelles "taux par taux, produit par produit". § Le maire de Belfort, Jean-Pierre Chevènement, a fait voter à l'unanimité un arrêté d'interdiction des déplacements des mineurs de moins de 16 ans, entre 22 heures et 6 heures vendredi 15 juin et prend fin mardi 19. § L 'accumulation sans précédent d'actes criminels commis depuis fin avril aux Glacis-du-Château à Belfort, un quartier dit "sensible", vient de décider le maire et candidat aux législatives, Jean-Pierre Chevènement, à prendre un arrêté d'interdiction des déplacements des mineurs de moins de 16 ans, entre 22 heures et 6 heures. Voté à l'unanimité, l'arrêté entre en vigueur vendredi 15 juin et prend fin mardi 19. Le premier fait grave remonte au 23 avril avec le braquage du bureau de poste. Le 5 mai, une antenne du service jeunesse de la Ville est incendiée ; le 6 mai, un cocktail Molotov est lancé contre un gymnase ; le 7 mai, un bus est brûlé ; le 19 mai, le bureau de poste est une nouvelle fois braqué ; le 21 mai, un box du parking souterrain du centre commercial est ravagé par les flammes ; le 29 mai, c'est au tour de la régie de quartier ; le 30 mai, la station-service Total fait l'objet d'un braquage ; le 3 juin, la permanence de la Ville est incendiée. Enfin, le 10 juin, un centre des Restos du coeur et un accueil parents-enfants sont détruits par un engin incendiaire. Depuis début mai, la police a procédé à une vingtaine d'interpellations de jeunes gens âgés de 14 à 22 ans. Trois mineurs et deux majeurs ont été mis en examen pour incendie volontaire, puis placés sous contrôle judiciaire. Mais tous les auteurs n'ont pas encore été identifiés. § Jeudi 14 juin au matin, place du Capitole, dans un café qui fait face à la mairie de Toulouse, Christophe Léguevaques, un avocat toulousain de 39 ans, a annoncé sa candidature à l'investiture du Parti socialiste aux élections municipales. § C 'est le candidat que personne n'attendait. Jeudi 14 juin au matin, place du Capitole, dans un café qui fait face à la mairie de Toulouse, Christophe Léguevaques, un avocat toulousain de 39 ans, a annoncé sa candidature à l'investiture du Parti socialiste aux élections municipales. Se présentant comme simple militant, M. Léguevaques, sans mandat électoral, emprunte à Ségolène Royal sa formule du "débat participatif" en publiant un livre, fruit de ses réflexions publiées sur son blog (montoulouse.blogs.com) depuis décembre 2004. Déclarant vouloir susciter un "désir d'avenir" pour Toulouse, le jeune avocat présente son ouvrage comme "un projet interactif". Sans revendiquer l'étiquette de candidat des "royalistes", il est sorti du bois quelques heures seulement avant une visite-éclair de l'ex-candidate socialiste à la présidentielle. Peu connu des militants en dehors de sa section du centre-ville, M. Léguevaques avait animé en 2005 un comité pour le oui lors de la campagne pour le traité européen. Encarté au PS depuis 1988, il venait de faire son retour à Toulouse, après avoir travaillé dix ans dans un cabinet parisien. Il y avait côtoyé Hubert Védrine et Jean-Pierre Jouyet, souligne sa biographie. En sa qualité d'avocat, il a multiplié les actions contre la municipalité, s'opposant à l'ouverture d'un casino en face du quartier populaire d'Empalot, dans lequel il est né, et à la concession du parking du Capitole à Vinci ou en demandant la réouverture du dossier de la concession de l'eau. Il a également suscité la création d'une association des "irradiés" de l'hôpital Purpan, victimes d'un accident de radiothérapie. Son annonce a pris de court les vieux routiers du PS local, qui attendaient le résultat des législatives. Tous espèrent une défaite du maire UMP, Jean-Luc Moudenc, en ballottage dans la 1re circonscription. L'entourage de sa rivale PS, Catherine Lemorton, supportrice de Mme Royal, la presse déjà de se porter candidate au Capitole en cas de victoire. Donné favori dans les sondages, Martin Malvy, président fabiusien du conseil régional de Midi-Pyrénées, fait durer le suspense. Son homologue du conseil général de Haute-Garonne, Pierre Izard, presse le parti de désigner son candidat. La date du 30 juin a été fixée, officiellement pour les cantonales. Mais les vocations pourraient se multiplier dès dimanche. Pierre Cohen, député et maire de Ramonville, était jusqu'à présent le seul candidat déclaré. § Pour l'ancien conseiller de François Mitterrand, le petit nombre d'énarques au gouvernement traduit "un affaiblissement de l'Etat". § Q ue traduit selon vous, qui avez été conseiller de M. Mitterrand à l'Elysée, le petit nombre d'énarques au gouvernement ? L'affaiblissement de l'Etat, pas celui des énarques ! L'ENA continue d'offrir l'un des meilleurs systèmes de recrutement des élites. La nouveauté, c'est que ses anciens élèves n'ont absolument pas envie de faire de la politique. Ce n'est pas la politique qui les rejette, ce sont eux qui rejettent la politique. Pourquoi ? Un : c'est mal payé. Deux : c'est beaucoup moins intéressant que par le passé. Avec l'euro, il n'y a plus de politique économique. Avec les privatisations, il n'y a plus de politique industrielle. Avec la décentralisation, il n'y a plus de politique d'équipement. Avec la fin de l'Union soviétique, il n'y a pratiquement plus de politique militaire et stratégique. Et avec la globalisation, il n'y a plus de politique de rien. Le président de la République a infiniment moins de pouvoir qu'il y a vingt ans, les ministres n'en ont quasiment plus. Les énarques l'ont compris. Ils vont là où il y a de la lumière : dans les entreprises, dans les banques, dans les régions... Entrer en politique pour ne prendre que des coups ou servir d'assistante sociale est devenu un sacerdoce. Les énarques qui continuent à en faire me font penser à ces personnages de Tex Avery qui continuent à courir dans le vide après avoir franchi la falaise. Les cabinets ministériels sont pourtant toujours peuplés d'énarques... Leur compétence y est bien sûr appréciée. Mais il y en aura de moins en moins parce qu'un énarque ayant fait du cabinet est confronté à de telles interdictions professionnelles, d'ordre moral et éthique, que ses débouchés ultérieurs sont compromis. Cela n'existait pas en 1981, si bien que les généraux sont partis chez Dassault dans la semaine où ils ont été virés. C'était honteux ! J'ai mis six ans à obtenir les décrets d'application d'une loi de 1945 fixant les obligations des fonctionnaires. Mais, aujourd'hui, c'est excessif : aucun énarque n'a intérêt à faire du cabinet s'il ne veut pas être pénalisé pour la suite immédiate de sa carrière, sauf à être jeune et désireux de se constituer un carnet d'adresses. Beaucoup considèrent d'ailleurs l'ENA comme une super-HEC et entendent filer au plus vite vers le privé, conscients que les entreprises admettent de moins en moins les parachutés et que, pour devenir patron d'une grosse boîte, il faut y avoir passé au moins dix ans. M. Sarkozy a su attirer à l'Elysée plusieurs représentants des grands corps. Pas étonnant. S'il y a du pouvoir quelque part dans l'Etat, un petit reste de lumière vacillante, c'est à l'Elysée... L'Elysée de M. Mitterrand comprenait-il davantage d'énarques ? Je me souviens qu'un mercredi matin où il avait réuni dans son bureau le secrétaire général du gouvernement, le secrétaire général de l'Elysée, le premier ministre et le conseiller spécial, François Mitterrand s'est lancé dans une terrible diatribe contre l'ENA, et plus particulièrement contre le Conseil d'Etat. Je l'ai interrompu : "Monsieur le président, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais vous avez devant vous quatre conseillers d'Etat !" Il a souri : "C'est bien parce que j'avais oublié que vous l'étiez que je vous ai choisis." Je pense qu'on ne verra plus cette configuration. § Seuls deux ministres sur les quinze du gouvernement Fillon sortent de l'Ecole nationale d'administration. Changement conjoncturel ou signe d'une mutation plus profonde ? § D eux ! Deux énarques sur quinze ministres dans le premier gouvernement Fillon : Alain Juppé bien sûr, glorieux spécimen de l'énarchie grande époque ; et Valérie Pécresse, énarque new look, passée par HEC, autant dire dispersée. Poussons le nombre à quatre, si l'on compte le secrétaire d'Etat Jean-Pierre Jouyet et le haut-commissaire aux solidarités Martin Hirsch. Quatre sur vingt, donc. Un nombre infime si on le compare à ceux atteints par les gouvernements Villepin ou Jospin, où les énarques avaient de plus la fierté d'inclure parmi eux le président de la République et son premier ministre, l'école pouvant se prévaloir d'avoir formé, en trente ans, deux présidents de la République (Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac) et sept premiers ministres (Laurent Fabius, Michel Rocard, M. Chirac, Edouard Balladur, Alain Juppé, Dominique de Villepin). Changement purement conjoncturel qui pourrait être infléchi après les législatives, ou signe d'une mutation profonde des profils de gouvernants ? L'Ecole nationale d'administration qu'intègrent bon an mal an une centaine d'élèves (1 595 inscrits au concours 2006 pour 90 postes, 1 747 en 1986 pour 129 postes) a tant été accusée de s'être transformée en machine tentaculaire visant à coloniser tous les lieux de pouvoir que son éclipse du gouvernement suscite moult interrogations. Il y a d'abord ceux qui nient le phénomène ou refusent d'y lire une signification politique. "Soyons sérieux !, s'écrie Jean-François Copé, ancien ministre délégué au budget et à la réforme de l'Etat. Je n'ai pas été mis hors du gouvernement parce que j'étais énarque ! Et ce n'est pas parce que je suis énarque que Nicolas Sarkozy m'a proposé la présidence du groupe UPM ! Ce critère serait ridicule !" Le président avait bien d'autres éléments à prendre en compte, dit-il : parité, équilibre, ouverture... "La quasi-absence d'énarques est un pur hasard. Personne ne peut nier que cette formation est formidablement utile au gouvernement. Et elle n'empêche pas de se confronter au terrain !" N'a-t-il pas été élu à 31 ans député et maire de Meaux, une expérience racontée dans un livre justement intitulé Ce que je n'ai pas appris à l'ENA ? "Ne nous emballons pas !, intime M. Rocard. Que le cercle des politiques s'élargisse à d'autres cultures est une bonne chose. Mais ce gouvernement reflète davantage le jeu des amitiés de Sarkozy qu'un ressentiment présidentiel envers une école injustement critiquée." Que d'erreurs véhiculées à son propos ! "Et quel bouc émissaire facile ! Sans doute est-il arrivé à des énarques imbéciles de croire avec arrogance qu'ils pouvaient résoudre les grands problèmes mondiaux parce qu'ils avaient appris les techniques de gestion administrative. Mais soyons justes ! Cette école - ni un moule ni une culture - forme d'excellents techniciens de l'administration qui doivent être aux politiques ce que les officiers mécaniciens sont au commandant d'un paquebot. Qu'on la supprime, et l'Etat marchera moins bien !" Le président des anciens élèves de l'ENA, Arnaud Teyssier, est sur la même ligne, tout comme un ancien directeur de cabinet de Bercy. "La vie politique est affaire de rencontre entre des hommes. Leur formation initiale ne pèse pas ! Qui peut dire que le cabinet de Ségolène Royal, elle-même énarque, en aurait comporté davantage ?" Une jeune élève se dit stupéfaite qu'on commente ainsi un "non-événement". "1 % seulement des élèves se lancent dans la politique, 5 % l'année exceptionnelle de la promotion Voltaire (Ségolène Royal, François Hollande, M. de Villepin, Michel Sapin...). Arrêtez de fantasmer !" Il en est, en revanche, pour qui l'affichage du premier gouvernement Fillon est plus qu'un symbole. Etudiant à Sciences Po, et militant UMP, Hugo Bruguière y voit le signe d'un changement radical de la politique. "Finie, l'élite technicienne coupée du peuple ! A l'image de Sarkozy, les gouvernants devront être des communicants, proches de leurs électeurs, et capables, grâce à leur connaissance du terrain, de parler aux syndicats, aux associations, et à tous les lobbies. Faire l'ENA ? Non, merci !" L'ancien ministre socialiste Hubert Védrine, énarque, n'est pas étonné. Le métier d'avocat de M. Sarkozy, son mode de vie et ses réseaux sont, dit-il, à l'opposé du style "fonction publique". "Je suis pour la circulation des élites, j'aime les nominations au tour extérieur pour ouvrir les institutions aux profils moins classiques et je trouve souhaitable la diversité des itinéraires dans un gouvernement. Mais attendons de voir si la tendance se confirme." Un banquier, issu de l'ENA, n'a, lui, aucun doute : "Ce changement est une vraie bonne nouvelle ! D'ici peu, on jugera la surreprésentation de la haute fonction publique dans nos précédents gouvernements comme extravagante. Sarkozy a compris que l'énarchie avait pesé dans le ralentissement de la réforme, que la consanguinité des supposés réformistes était contre-productive, et que, pour réformer les administrations, il ne faut pas s'adresser aux énarques qui les peuplent." Il en est enfin qui jugent le débat déplacé tant l'absence des énarques du gouvernement est compensée par leur omniprésence dans les cabinets : quarante-quatre au moins auprès des ministres et du président. "Scrutez les cabinets de l'Elysée et de Matignon et vous constaterez que l'influence de l'inspection des finances et du Conseil d'Etat est intacte !, suggère un énarque du ministère de la défense. La vérité, c'est que Sarkozy a choisi des ministres juniors et effacés pour mieux gouverner depuis le Château, aidé par un état-major d'énarques dont plusieurs ont quitté le privé pour rejoindre l'Elysée. Autant dire que ce n'est pas pour jouer les utilités !" Karim Bitar, qui dirige la rédaction de la revue L'ENA hors les murs, a le sentiment qu'au fond, les énarques reviennent à la source de leur métier. "C'est dans les périodes de dérégulation que l'on a le plus besoin de cette haute fonction publique solide, compétente, permanente, impartiale. Même Mme Thatcher en était convaincue !" Place, dit-il, à l'une des devises références de l'école : "Servir l'Etat sans s'asservir au pouvoir". § Les dirigeants socialistes ont multiplié les appels aux absentionnistes mais leurs divisions n'ont pas facilité la remobilisation contre une droite en état de grâce. § J ouant sur la dénonciation du projet de TVA sociale, le Parti socialiste espère contenir, dimanche 17 juin, la vague bleue enregistrée au premier tour des élections législatives. L'éventuel ressac ne concerne plus que 35,2 millions d'électeurs, dans 467 circonscriptions (sur 577). L'UMP détient 99 des 110 sièges qui ont été pourvus dès le 10 juin, 8 autres revenant à ses alliés du PSLE, 2 au MPF de Philippe de Villiers et un seul au PS. Les projections réalisées depuis le premier tour par les instituts de sondage ne laissent présager aucun reflux susceptible de modifier vraiment la donne. Créditée de 394 à 463 sièges, la droite paraît assurée d'emporter une victoire historique. L'ampleur des fourchettes de l'ordre de trente ou quarante sièges selon les instituts ne représente qu'à peine 10% de ses élus potentiels. L'enjeu est autrement plus important pour le PS : crédité, selon ces mêmes sondages, de 95 à 156 sièges, le premier parti d'opposition est dans l'incertitude au sujet de plus d'un tiers de ses députés virtuels, parmi lesquels plusieurs de ses figures nationales, comme Dominique Strauss-Kahn ou Arnaud Montebourg, menacés respectivement dans le Val-d'Oise et la Saône-et-Loire. Dans le meilleur des cas, le PS peut espérer préserver, voire accroître légèrement ses effectifs actuels (141 députés et 8 apparentés). Mais il peut aussi redescendre à un étiage qui ne serait pas très éloigné de celui qu'il avait connu après la déroute des législatives de 1993, dont il était ressorti avec seulement 57 élus. Pour éloigner ce spectre, les responsables socialistes misent sur un sursaut d'une partie des 39,56% d'abstentionnistes du 10 juin. Dans une ultime tentative en ce sens, Ségolène Royal s'est rendue à Argenteuil (Val-d'Oise), vendredi, pour mobiliser cet électorat des quartiers sensibles qui s'était pour partie évaporé entre l'élection présidentielle et le premier tour des législatives. Au balcon d'une brasserie, sur la célèbre "dalle", Mme Royal a harangué une foule très chaleureuse mais largement composée d'adolescents : "Je vous demande de revenir dimanche aussi nombreux que lorsque vous êtes venus pour voter pour moi", a déclaré l'ancienne candidate socialiste. Dans cette circonscription, le candidat PS, Faouzi Lamdaoui, accuse un retard de plus de 14 points par rapport au député UMP sortant et maire d'Argenteuil, Georges Mothron. SIGNAUX CONTRADICTOIRES Les sympathisants de gauche qui ont boudé les urnes le 10 juin ont reçu des signaux contradictoires pendant l'entre-deux tours. La poursuite des querelles internes au sein du PS, ainsi que les flottements sur l'attitude à adopter vis-à-vis des centristes, n'ont probablement pas contribué à les remobiliser. Signe de l'atonie de la gauche, c'est le gouvernement qui est venu bien malgré lui à son secours en esquissant les contours d'un projet de TVA sociale fort peu populaire. Le PS s'en est rapidement saisi pour en faire son principal argument de campagne. En dépit du correctif apporté à ce sujet, jeudi, par un communiqué du président de la République, la droite redoute d'avoir perdu quelques plumes dans cette affaire. Vendredi, le président de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier (UMP) ? estimait à "vingt ou trente" le nombre de sièges que la gauche pouvait conquérir, dimanche, du seul fait de cette controverse. Outre la participation, l'autre inconnue du second tour est le report des voix qui se sont portées, le 10 juin, sur les candidats du MoDem. Anticipant et alimentant le comportement hétérogène de son électorat, François Bayrou a refusé de livrer une consigne de vote. Il est probable, dans ces conditions, que bon nombre d'électeurs centristes se prononceront, dimanche, au regard de situations locales. S'il est (jusqu'à dimanche) très courtisé, notamment à Paris, le MoDem est d'ores et déjà assuré d'essuyer une cinglante défaite pour sa première participation à une élection. Parmi les petites formations qui sortiront toutes laminées du scrutin, seul le PCF pourrait sauver la face en conservant une douzaine de sièges. § Plusieurs leaders de droite, de gauche et du centre vont jouer, dimanche, lors du second tour des législatives, une part de leur avenir politique. § G ironde (2e) : le maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, est en ballottage incertain avec 43,73 % des voix, face à la conseillère générale socialiste Michèle Delaunay (31,36 %). Sa circonscription avait placé Ségolène Royal largement en tête le 6 mai. Le 10 juin, le total des voix de gauche n'a atteint que 43,69 % mais les réserves du ministre d'Etat sont minces. Le report des voix du MoDem et l'attitude des abstentionnistes seront déterminants. L'ancien premier ministre joue sa place au gouvernement : il devra démissionner en cas d'échec. En savoir plus Paris (8e) : dans la circonscription la plus disputée de la capitale, déterminante pour les municipales de 2008, le médiatique avocat Arno Klarsfeld, ami de Nicolas Sarkozy, a devancé de cinq points la socialiste très implantée Sandrine Mazetier. Les électeurs du MoDem (12,3 %) trancheront. Leur candidat s'en est pris à Arno Klarsfeld dans l'entre-deux-tours. En savoir plus. Isère (1re) : Alain Carignon, l'ancien député-maire de Grenoble, est en danger. Avec 21,45 %, le candidat UMP est largement derrière la socialiste Geneviève Fioraso (32,02 %). De plus, ses deux plus proches concurrents, l'ancien député sortant UMP Richard Cazenave et le centriste Philippe de Longevialle, éliminés au premier tour, appellent leurs électeurs à faire barrage à M. Carignon, condamné en 1996 à quatre ans de prison ferme pour corruption. En savoir plus. Haute-Garonne (1re) : dans la circonscription du maire de Toulouse, où Philippe Douste-Blazy a renoncé à se présenter, son successeur au Capitole, Jean-Luc Moudenc, est en péril face à la socialiste Catherine Lemorton. Le candidat UMP a recueilli 37,44 % des voix contre 31,53 % à sa rivale, soutien de Ségolène Royal. En savoir plus. § Marine Le Pen sera, dimanche 17 juin, l'unique candidate du Front national à participer au second tour des élections législatives, dans l'ex-bassin minier du Pas-de-Calais. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le porte-parole de campagne du PS, Benoît Hamon, s'est indigné vendredi du fait que François Fillon et Alain Juppé n'aient "rien trouvé de mieux que de prendre un Falcon pour inaugurer le TGV", le 9 juin. § L e Canard enchaîné révélait, dans son édition du mercredi 13 juin, l'information selon laquelle François Fillon et Alain Juppé avaient pris un avion ministériel pour effectuer une partie du trajet lors de l'inauguration de la ligne TGV-Est, le 9 juin. Le Parti socialiste a saisi l'occasion pour attaquer le gouvernement, vendredi. "Nous avons un premier ministre et un numéro deux du gouvernement qui nous ont fait un grand numéro sur le fait que le train polluait beaucoup moins que l'avion et qui n'ont rien trouvé de mieux que de prendre un avion car c'est tellement long de passer deux heures dans un TGV entre Paris et Nancy", a ironisé le porte-parole de campagne du Parti socialiste, Benoît Hamon. "C'est le gouvernement de la dissimulation, le gouvernement du mensonge", a reproché M. Hamon lors du point de presse quotidien du PS, raillant les ministres qui n'ont "rien trouvé de mieux que de prendre un Falcon pour inaugurer le TGV". Pendant ce temps-là, a-t-il affirmé, le service de presse de M. Fillon "s'échinait à dire qu'il était dans un wagon de tête à travailler, pour faire patienter les journalistes". Selon Le Canard enchaîné, le train a dû s'arrêter à Nancy-Metz pour permettre au premier ministre de monter dans la rame, afin qu'il soit présent à l'arrivée à Strasbourg. Ce serait Anne-Marie Idrac, la présidente de la SNCF, qui aurait vendu la mèche à des journalistes, "vexée" parce que M. Fillon a dans son discours "égratigné la SNCF pour la médiocrité de ses performances pour le fret et l'inconfort des trajets domicile-travail", selon l'hebdomadaire. § L'intégralité du débat avec Arnaud Leparmentier, chef du service France au "Monde", qui décrypte les enjeux des législatives : vague bleue, difficultés du PS, disparition du groupe parlementaire communiste... § B aba : D'où peut venir la surprise ? Arnaud Leparmentier : D'un score meilleur que prévu du PS, car une mobilisation de l'électorat aiderait à éviter la vague bleue, ou du moins la limiter. Alex_72 : Peut-on s'attendre à une remobilisation spontanée de la gauche ce week-end ? Arnaud Leparmentier : Les électeurs de gauche ne se sont pas déplacés, sans doute parce qu'ils pensaient que la partie était perdue d'avance, ce qui se passe classiquement après une présidentielle. Peut-être ont-ils voulu sanctionner un PS qui s'est divisé dès le soir de la présidentielle. L'ampleur de la victoire annoncée de l'UMP peut faire peur à certains électeurs, qui vont dire : il ne faut pas donner tous les pouvoirs à Sarkozy. D'autre part, la question de la TVA sociale : les socialistes ont expliqué que la TVA risque de monter à 24 %, et ce sujet peut mobiliser une partie de l'électorat de gauche. Christophe : Comment la gauche peut-elle mobiliser ses électeurs ? Arnaud Leparmentier : En ayant un projet. Or pour le moment, elle n'en a pas. Elle dit seulement qu'il faut une opposition forte. Car personne ne doute que l'UMP aura la majorité au Parlement dimanche soir. Personne ne demande une cohabitation. Donc pour cela, il faut arriver à mobiliser la gauche, et surtout les électeurs qui ont voté pour le parti de Bayrou. Mais là, le PS est divisé, Ségolène veut se rapprocher de Bayrou, et le reste du PS ne le veut pas. Simon : Quel est le meilleur scénario pour le PS : une lourde défaite ou un échec minimisé ? Arnaud Leparmentier : Le PS sortira de ses difficultés quand il aura à la fois un projet et un leader. Les deux, à mon avis, surviendront au même moment. S'il commence à faire tout de suite une guerre de leaders, il n'arrivera pas à faire émerger un projet. Dans le même temps, pour porter un projet, il faut avoir un leader. Donc c'est un peu le serpent qui se mord la queue. Mais de toute manière, la défaite est déjà lourde : le PS a perdu la présidentielle et les législatives. Baba : Pourquoi les socialistes sont-ils en train de se diviser sur la date du prochain congrès ? Arnaud Leparmentier : Parce que la question est de savoir à quel moment il faut ouvrir la guerre de succession de Hollande : tout de suite ? et laisser la direction à Ségolène Royal. Ou réfléchir et remettre à plus tard cette question ? Pour le moment, Ségolène Royal est assez forte, et on est dans une série de trois élections. Faut-il retarder l'"explication de texte" pour sauver la mise aux municipales ? Cela peut être envisagé. Melina : Les remous autour de la TVA sociale, et les frais engagés par la présidence pour rénover le pied-à-terre de Versailles peuvent-ils être exploités par la gauche de manière significative avant dimanche ? Arnaud Leparmentier : Cela dépend de ce que vous appelez "significative". Je ne pense pas que l'affaire de Versailles ait un impact énorme. Mais la TVA sociale peut faire baisser la droite ou monter la gauche de quelques points, faire basculer quelques circonscriptions. Je ne suis pas sûr que Borloo avait prévu d'en parler à ce moment-là. La ligne de conduite a été de dire : on applique tout ce qu'a promis Sarkozy et on le met en oeuvre tout de suite. Sur la TVA sociale, en effet, on avait l'impression que c'était un chantier un peu plus lointain. L'affaire s'est emballée, et il a fallu une espèce de rappel à l'ordre de l'Elysée hier pour calmer le jeu sur la question. C'est un des premiers faux pas du gouvernement. Beso : La victoire de Sarkozy explique-t-elle à elle seule la vague bleue ? Va-t-on retrouver les corps des 47 % de Français qui s'y seront noyés ? Arnaud Leparmentier : Les Français ne veulent plus, visiblement, de cohabitation. Le scrutin législatif, avec le quinquennat et l'inversion du calendrier qui fait que la présidentielle a lieu avant les législatives, fait de la présidentielle le scrutin-roi. La victoire de Sarkozy a été nette à la présidentielle, et le vote des législatives apparaît comme un vote de confirmation. Pour les gens qui se sont noyés dans la vague bleue, deux choses : il y a toujours des gens qui sont dans le camp de l'opposition et d'autres dans la majorité. Sarkozy va se retrouver avec des pouvoirs énormes. Tout l'enjeu est de savoir comment il les utilisera. Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT Hillary Clinton au premier rang des démocrates pour la présidentielle de 2008 L'ONU craint une crise humanitaire si les frontières de Gaza ne sont pas rouvertes La gauche s'est efforcée de motiver ses électeurs La France installe un pont aérien dans l'est du Tchad ET AUSSI Le député de Paris, Yves Cochet, à l'Assemblée nationale, le 25 juin 2002. | AFP/ERIC FEFERBERG Télézapping La revue des JT de la semaine Les résultats du premier tour des élections législatives par circonscription. | Ministère de l'intérieur Carte Les résultats par circonscription Une manifestation anti-G8 à Gênes, le 23 juillet 2001. | AFP/DANIEL DAL ZENNARO Les faits Un policier raconte la "boucherie" de l'école Diaz lors du G8 de Gênes LÉGISLATIVES 2007 La gauche s'est efforcée de motiver ses électeurs Législatives : dix-huit circonscriptions à surveiller Marine Le Pen en ballottage défavorable face au Parti socialiste Ségolène Royal s'affiche au côté de Dominique Strauss-Kahn LES DÉPÊCHES Nouveaux attentats suicide en Afghanistan, au moins 4 tués Reuters 18h22 Robert Gates demande des efforts soutenus aux leaders irakiens Reuters 18h01 Rugby: l'Afrique du Sud surmonte la défense australienne Reuters 17h52 Cyclisme: Christophe Moreau prend la tête du Dauphiné Reuters 17h31 (legislatives2007_index_articles&) § Dominique Strauss-Kahn n'a pas toujours eu, sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les préventions d'aujourd'hui. § D ominique Strauss-Kahn n'a pas toujours eu, sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les préventions d'aujourd'hui. Fin août 2005, en pleine précampagne pour l'investiture de son parti à l'élection présidentielle, il avait ému ses camarades socialistes en évoquant, à l'université d'été du PS à la Rochelle, la possibilité d'augmenter l'impôt sur la consommation sur certains produits importés. "Les ressources, il faut les prendre là où elles se créent", s'était exclamé l'ancien ministre de l'économie et des finances, défenseur d'une ligne social-démocrate renouvelée. Lâchés sans crier gare, les propos de ce professeur des universités dont les cours d'analyse économique font salle comble à Sciences Po, avaient suscité un certain raffut médiatique et l'indignation attendue de son rival Laurent Fabius. L'ancien locataire de Bercy, en effet, n'avait pas mégoté sur les baisses d'impôts dans les dernières années du gouvernement Jospin. La sortie de M. Strauss-Kahn n'avait rien, pourtant, d'accidentel. Au premier secrétaire du PS, qui lui avait répondu dans Les Echos qu'"il ne faut pas faire jouer à la fiscalité un rôle de droit de douane", DSK avait répliqué, peu après, dans La Croix : "Sur la TVA, François Hollande est à côté de la plaque. (...) Nous ne pouvons plus continuer à raisonner comme on le faisait il y a quinze ans". S'il a plaidé, dans Le Monde, pour que les socialistes soient "capables d'utiliser tous les instruments fiscaux sans tabou, y compris les impôts sur la consommation", M. Strauss-Kahn n'est pas favorable à une augmentation globale de la TVA. A cet impôt, il assigne d'abord le rôle de "protéger l'industrie" et propose, dans ce domaine, de négocier avec Bruxelles "taux par taux, produit par produit". § Le maire de Belfort, Jean-Pierre Chevènement, a fait voter à l'unanimité un arrêté d'interdiction des déplacements des mineurs de moins de 16 ans, entre 22 heures et 6 heures vendredi 15 juin et prend fin mardi 19. § L 'accumulation sans précédent d'actes criminels commis depuis fin avril aux Glacis-du-Château à Belfort, un quartier dit "sensible", vient de décider le maire et candidat aux législatives, Jean-Pierre Chevènement, à prendre un arrêté d'interdiction des déplacements des mineurs de moins de 16 ans, entre 22 heures et 6 heures. Voté à l'unanimité, l'arrêté entre en vigueur vendredi 15 juin et prend fin mardi 19. Le premier fait grave remonte au 23 avril avec le braquage du bureau de poste. Le 5 mai, une antenne du service jeunesse de la Ville est incendiée ; le 6 mai, un cocktail Molotov est lancé contre un gymnase ; le 7 mai, un bus est brûlé ; le 19 mai, le bureau de poste est une nouvelle fois braqué ; le 21 mai, un box du parking souterrain du centre commercial est ravagé par les flammes ; le 29 mai, c'est au tour de la régie de quartier ; le 30 mai, la station-service Total fait l'objet d'un braquage ; le 3 juin, la permanence de la Ville est incendiée. Enfin, le 10 juin, un centre des Restos du coeur et un accueil parents-enfants sont détruits par un engin incendiaire. Depuis début mai, la police a procédé à une vingtaine d'interpellations de jeunes gens âgés de 14 à 22 ans. Trois mineurs et deux majeurs ont été mis en examen pour incendie volontaire, puis placés sous contrôle judiciaire. Mais tous les auteurs n'ont pas encore été identifiés. § Jeudi 14 juin au matin, place du Capitole, dans un café qui fait face à la mairie de Toulouse, Christophe Léguevaques, un avocat toulousain de 39 ans, a annoncé sa candidature à l'investiture du Parti socialiste aux élections municipales. § C 'est le candidat que personne n'attendait. Jeudi 14 juin au matin, place du Capitole, dans un café qui fait face à la mairie de Toulouse, Christophe Léguevaques, un avocat toulousain de 39 ans, a annoncé sa candidature à l'investiture du Parti socialiste aux élections municipales. Se présentant comme simple militant, M. Léguevaques, sans mandat électoral, emprunte à Ségolène Royal sa formule du "débat participatif" en publiant un livre, fruit de ses réflexions publiées sur son blog (montoulouse.blogs.com) depuis décembre 2004. Déclarant vouloir susciter un "désir d'avenir" pour Toulouse, le jeune avocat présente son ouvrage comme "un projet interactif". Sans revendiquer l'étiquette de candidat des "royalistes", il est sorti du bois quelques heures seulement avant une visite-éclair de l'ex-candidate socialiste à la présidentielle. Peu connu des militants en dehors de sa section du centre-ville, M. Léguevaques avait animé en 2005 un comité pour le oui lors de la campagne pour le traité européen. Encarté au PS depuis 1988, il venait de faire son retour à Toulouse, après avoir travaillé dix ans dans un cabinet parisien. Il y avait côtoyé Hubert Védrine et Jean-Pierre Jouyet, souligne sa biographie. En sa qualité d'avocat, il a multiplié les actions contre la municipalité, s'opposant à l'ouverture d'un casino en face du quartier populaire d'Empalot, dans lequel il est né, et à la concession du parking du Capitole à Vinci ou en demandant la réouverture du dossier de la concession de l'eau. Il a également suscité la création d'une association des "irradiés" de l'hôpital Purpan, victimes d'un accident de radiothérapie. Son annonce a pris de court les vieux routiers du PS local, qui attendaient le résultat des législatives. Tous espèrent une défaite du maire UMP, Jean-Luc Moudenc, en ballottage dans la 1re circonscription. L'entourage de sa rivale PS, Catherine Lemorton, supportrice de Mme Royal, la presse déjà de se porter candidate au Capitole en cas de victoire. Donné favori dans les sondages, Martin Malvy, président fabiusien du conseil régional de Midi-Pyrénées, fait durer le suspense. Son homologue du conseil général de Haute-Garonne, Pierre Izard, presse le parti de désigner son candidat. La date du 30 juin a été fixée, officiellement pour les cantonales. Mais les vocations pourraient se multiplier dès dimanche. Pierre Cohen, député et maire de Ramonville, était jusqu'à présent le seul candidat déclaré. § Alors qu'il votait dans sa circonscription de Pau, dimanche 17 juin, François Bayrou a fustigé "cette loi électorale" qui aboutit à une "représentation déséquilibrée" à l'Assemblée nationale. § § Le maire de Bordeaux a voté, dimanche 17 juin dans sa circonscription de Bordeaux où il est candidat. Il s'est dit "confiant mais prudent" sur le résultat du second tour des législatives. § § Chefs de partis et candidats en ballottage ont fait peu ou pas de déclarations en se rendant aux urnes, dimanche 17 juin. § § Enjeux nationaux et locaux se confondent, dans la 8e circonscription de Paris, où s'affrontent l'avocat Arno Klarsfeld (UMP) et l'adjointe PS au maire de Paris Sandrine Mazetier. Les électeurs ont voté plus nombreux au second tour qu'au premier. § § 49,58 % des électeurs avaient voté dimanche à 17 heures au second tour des législatives, contre 49,28 % au premier tour. Mais la hausse est plus sensible par rapport au second tour du même scrutin en 2002 (46,74 %). § L a participation au second tour des élections législatives s'élevait, dimanche 17 juin à 17 heures, à 49,58 %, a indiqué le ministère de l'intérieur. Un taux en légère hausse par rapport à celui constaté à la même heure lors du premier tour, le 10 juin (49,28 %), et nettement au-dessus des 46,74 % enregistrés au second tour des législatives de 2002, qui s'était conclu sur un record d'abstention (39,69 %). A la mi-journée, le taux était de 22,90 %, en très légère hausse par rapport à celle du premier tour à la même heure (22,56 %), indique le ministère de l'intérieur. La situation variait d'un département à l'autre, mais ceux de la région parisienne avaient davantage voté que la semaine précédente : 17,27 % contre 15,06 % en Essonne, 15 % contre 12,5 % dans le Val-de-Marne, 17,2 % contre 15,4 % en Seine-et-Marne, 16,2 % contre 15,71 % dans les Hauts-de-Seine. Seules exceptions, les Yvelines, avec 16,83 % contre 17,3 %, et la Seine-Saint-Denis, avec 14,22 % contre 14,76 %. A Paris, la participation était presque identique qu'au premier tour 16,24 % contre 16,22 % , mais en retrait par rapport à celle de 2002 à la même heure (18,1 %). Certaines régions, dont la Corse, enregistraient une hausse quasi générale de la participation à midi. En Picardie et en Haute-Normandie, elle progressait dans tous les départements de 2 à 3 points. En Aquitaine, les électeurs s'étaient davantage déplacés (jusqu'à 2,5 points de plus), sauf dans les Pyrénées-Atlantiques. Même situation en Midi-Pyrénées, où seul la Haute-Garonne connaissait un recul (d'un point), en Limousin où seule la Haute-Vienne fait exception et en Auvergne, où la Haute-Loire enregistrait une baisse. FORTE BAISSE EN ALSACE ET EN LORRAINE Dans les départements d'outre-mer, où le vote avait lieu samedi, la participation finale a été plus forte que celle de dimanche dernier. Elle a progressé de près de 11 points en Guadeloupe, de 9 points en Martinique et de près de 5 en Guyane. C'est à Saint-Pierre-et-Miquelon qu'on a le plus voté, avec 76 % de participation sur l'ensemble de la journée, ainsi qu'à Wallis-et-Futuna (72,5 % de votants). Dans d'autres régions, les électeurs s'étaient déplacés moins nombreux à la mi-journée qu'au premier tour. En Alsace et en Lorraine, la participation était presque partout en baisse, perdant jusqu'à 4 points dans la Meuse et en Moselle. Seules les Vosges enregistraient un regain de participation. En Rhône-Alpes, baisse quasi générale également, à l'exception de la Drôme (+ 3 points), des Hautes-Alpes et de la Savoie. Baisse aussi en Franche-Comté, hormis dans le Territoire de Belfort, et dans la région Champagne-Ardenne où seuls les habitants des Ardennes ont plus voté que dimanche dernier. Les cinq départements des Pays de la Loire avaient moins voté que la semaine dernière. En Poitou-Charentes, seule la Charente avait un peu plus voté. En Bretagne, deux départements les Côtes d'Armor et l'Ille-et-Vilaine s'étaient davantage mobilisés, tandis que les deux autres le Finistère et le Morbihan enregistraient une baisse de la participation. Dans la région Nord-Pas-de-Calais, on avait moins voté dans le Nord et plus dans le Pas-de-Calais. En région Centre, le nombre de votants était quasi stable d'un dimanche à l'autre. Dans le Sud-Est, on avait plus voté dans les Bouches-du-Rhône (+ 2), les Alpes-de-Haute-Provence, mais moins dans les Alpes-Maritimes, le Var ou le Vaucluse. En Languedoc-Roussillon, trois départements étaient à la baisse Hérault, Pyrénées-Orientales et Lozère et deux à la hausse, le Gard et l'Aude. § Le film du second tour des élections législatives, dimanche 17 juin. § 1 7 h 40 : selon une estimation de l'institut CSA, le taux d'abstention pour ce second tour des élections législatives devrait s'établir à 39,2%, contre 39,56 % un record lors du premier tour le 10 juin. Aux législatives de 2002, le taux d'abstentionnistes avait été de 39,24%. 17 heures : Le taux de participation en métropole s'élève à 49,58 %, contre 49,28 % à la même heure lors du premier tour le 10 juin, et 46,74 % au second tour des législatives de 2002, indique le ministère de l'intérieur. 12 h 35 : Accompagné de sa femme et de sa fille, Alain Juppé gagne à pied son bureau de vote bordelais, en jean et polo et sous un grand parapluie bleu. Le ministre de l'écologie et maire de Bordeaux, candidat UMP dans la 2e circonscription de Gironde, se refuse à commenter ces élections, souhaitant "respecter la règle républicaine", se disant "simplement confiant mais prudent". A l'issue du premier tour, il était en ballottage favorable face à la socialiste Michèle Delaunay. Une défaite pourrait lui coûter son portefeuille ministériel. 12 h 30 : Dominique Strauss-Kahn, député sortant (PS) de la 8e circonscription du Val-d'Oise, vote à Sarcelles-Village, accompagné du maire de la ville, le socialiste François Pupponi. L'ancien ministre ne souhaite pas faire de commentaires sur la fin de la campagne des législatives, marquée par l'agression vendredi de sa rivale UMP Sylvie Noachovitch, qui l'a devancé au premier tour de 90 voix. Il se déclare cependant "serein" sur l'issue de l'élection. A la sortie du bureau de vote, un électeur vient lui dire : "Je n'ai pas voté au premier tour parce que j'étais déçu. Mais là, j'ai voté pour vous, vous allez gagner." 12 h 05 : Ségolène Royal, député sortante de la 2e circonscription des Deux-Sèvres et ex-candidate PS à l'élection présidentielle, arrive à pied et sous la pluie au bureau de vote, avec la candidate PS de la circonscription, Delphine Batho. Souriante, en tailleur beige, Mme Royal salue les personnes présentes dans le bureau de vote. Midi : Le taux de participation au second tour des élections législatives en métropole s'élève à 22,90 %, quatre heures après l'ouverture des bureaux de vote, contre 22,56 % à la même heure lors du premier tour le 10 juin, et 20,79 % au second tour des législatives de 2002, indique le ministère de l'intérieur. A Paris où les bureaux ferment à 20 heures , la participation est de 16,24 % à midi, selon la préfecture de Paris. Une hausse infime par rapport à celle constatée à la même heure le 10 juin (16,22 %). 11 h 50 : Jacques Remiller, député sortant UMP de la 8e circonscription de l'Isère candidat à sa réélection, annonce dans un communiqué que sa permanence électorale du député UMP de l'Isère, a été saccagée dans la nuit de samedi à dimanche, en centre-ville de Roussillon."Le ou les auteurs qui n'ont pas réussi à casser entièrement une large baie vitrée ont pu forcer la porte en verre et ont pénétré dans le local où tout a été jeté par terre et saccagé", précise-t-il à l'AFP, et "les affiches et tracts de campagne ont été rassemblés et mis à feu". Un "voisin a donné l'alerte vers 3 heures, au début de l'incendie qui ne s'est pas développé", ajoute-t-il, dénonçant "une atteinte à la démocratie". 11 h 30 : le député sortant de la 6e circonscription de Saône-et-Loire et candidat du PS Arnaud Montebourg, en ballottage légèrement défavorable à l'issue du premier tour, arrive détendu à la mairie de Montret, accompagné de son épouse Hortense et entouré de nombreux journalistes."Nous sentons une remobilisation des électeurs dans les villes, pas seulement dans cette circonscription mais dans toute la France. Les messages qui ont été adressés semblent avoir été entendus", déclare-t-il. "Nous sommes donc résolument confiants", a-t-il ajouté. 10 h 25 : François Hollande, député sortant de la 1re circonscription de la Corrèze, vote à Tulle, la ville dont il est le maire. Interrogé par des journalistes, le premier secrétaire du Parti socialiste souligne que la participation est "la clé du scrutin". "Dans 80 circonscriptions, le résultat se joue à quelques centaines de voix. Alors, une participation plus forte d'un côté ou de l'autre peut faire la différence. On a besoin que la France marche sur ses deux jambes", ajoute-t-il. 8 h 50 : Le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray, en ballottage défavorable dans sa circonscription de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), glisse rapidement son bulletin dans l'urne avant de quitter les lieux sans faire de déclaration. 8 h 07 : François Bayrou vote à Pau. Le mode de scrutin, qui "fait des élections législatives le prolongement de la présidentielle, pose le problème de l'indépendance entre le président et l'Assemblée", estime le député sortant béarnais, chef de file du MoDem. M. Bayrou, dont le pouce gauche est bandé, explique aux journalistes qu'il s'est fracturé le pouce "en jouant avec un chien". 8 heures : Ouverture des bureaux de vote en France métropolitaine, où 35,2 millions d'électeurs doivent départager les 933 candidats encore en lice. 467 circonscriptions sont à pourvoir. Samedi, les électeurs ont voté en Guadeloupe, Martinique, Guyane, à Saint-Pierre et Miquelon, et en Polynésie française. Les résultats seront diffusés en même temps qu'en France métropolitaine, soit dimanche à 20 heures, heure de Paris. § Dominique Strauss-Kahn (PS) joue une partie difficile dimanche face à la candidate (UMP) Sylvie Noachovitch, qui l'a devancé de 90 voix au premier tour dans son fief. Une fin de campagne tendue. § L 'adversaire de Dominique Strauss-Kahn aux élections législatives dans la 8e circonscription du Val-d'Oise (Sarcelles Nord-Est), l'avocate Sylvie Noachovitch (UMP), a déposé plainte contre X pour "tentative d'homicide", avec constitution de partie civile, vendredi 15 juin, après avoir été agressée, le matin, sur le marché de Sarcelles. L'incident a perturbé une fin de campagne tendue avant un second tour difficile pour le dirigeant socialiste qui, contre toute attente, avec 37,37 % des suffrages, avait été devancé de 90 voix au premier tour par sa rivale. Celle-ci jouissait ces derniers temps, dans les classes populaires, d'une vraie notoriété (Le Monde du 15 juin). Un homme cagoulé, les "mains pleines de graisse pour ne pas qu'on puisse reconnaître son ADN", arrivant dans son dos, aurait tenté d'étrangler la candidate UMP, selon sa déposition. Sylvie Noachovitch, ancienne avocate vedette de l'émission "Sans aucun doute" présentée par Julien Courbet sur TF1, serait tombée par terre, et c'est son suppléant, Victor Curiel, qui serait intervenu pour la dégager de l'individu. Elle s'en est sortie avec une minerve et plusieurs hématomes. L'agression se serait produite à l'entrée du marché alors que la candidate de la majorité présidentielle était prise à partie par un groupe d'une dizaine de personnes au sujet de propos racistes que lui a attribués Le Canard enchaîné. Dans son édition du 13 juin, le journal satirique rapporte, que lors d'un délibéré du jury littéraire du prix Comte de Monte-Cristo, dont elle fait partie, Mme Noachovitch se serait laissée aller à dire au sujet de son mari : "Il peut dormir tranquille, dans ma circonscription, il n'y a que des Noirs et des Arabes. L'idée de coucher avec l'un d'entre eux me répugne." Ces propos ont été confirmés par le journaliste Nicolas Poincaré, présent ce jour-là, mais niés par le président du jury, Gérard Lheritier, qui soutient la candidate UMP. Mme Noachovitch indique qu'elle a déposé plainte contre X... pour diffamation, via une lettre recommandée, vendredi 15 juin, auprès du doyen des juges d'instruction. "M. Strauss-Kahn joue les apprentis sorciers parce qu'il se sent menacé", a commenté Sylvie Noachovitch à sa sortie de l'hôpital. Pour la candidate UMP, qui se dit "extrêmement choquée", le socialiste est en partie responsable de son agression. Selon elle et son entourage, ces derniers jours, les militants de M. Strauss-Kahn distribuaient et collaient des photocopies de l'article du Canard enchaîné dans toute la ville. Chose qui aurait, selon elle, attisé l'ambiance à Sarcelles, où résident de nombreuses communautés immigrées. "C'est une politique de la terre brûlée extrêmement dangereuse", estime-t-elle. L'entourage de M. Strauss-Kahn dément cependant toute velléité de récupération de l'article du Canard enchaîné. "On lance même un appel au calme", explique-t-on. Selon le secrétaire général de la fédération du PS du Val-d'Oise, Guy Melin, aucun tract ni affiche n'a jamais été imprimé sur ce sujet. § Seule région de France à n'être représentée par aucun député de gauche, la Basse-Normandie pourrait, en pleine vague bleue, en élire deux dans le Calvados, et un troisième dans le département voisin de la Manche. § S eule région de France à n'être représentée par aucun député de gauche, la Basse-Normandie pourrait, en pleine vague bleue, en élire deux dans le Calvados, et un troisième dans le département voisin de la Manche. Dans la circonscription de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, maire PS de cette ville et premier vice-président du conseil régional de Basse-Normandie, nourrit de "vifs espoirs" de reconquérir, dimanche 17 juin, le siège qu'il avait perdu en 2002. Dans le Calvados, il n'est pas non plus exclu que les deux circonscriptions de Caen (Caen-Ouest et Caen-Est) passent de droite à gauche. A Caen-Ouest, le résultat s'annonce serré entre Brigitte Le Brethon, députée UMP et maire de Caen, et Philippe Duron, président PS du conseil régional de Basse-Normandie. Fait rare pour un sortant de droite, Mme Le Brethon a perdu, le 10 juin, plus de 600 voix par rapport au scrutin de 2002. Elle avait alors battu de 116 voix seulement M. Duron, qui était député de la circonscription depuis 1997. La candidate soutenue par le MoDem, Martine Frémont (4,9 % des suffrages au premier tour), a indiqué qu'"elle ne voterait pas Brigitte Le Brethon". Membre de la majorité municipale de Caen, Mme Frémont avait déploré publiquement, en 2004, le "caractère autoritaire et (les) méthodes personnelles" de Mme Le Brethon. Dans la circonscription de Caen-Est, le député UDF Rodolphe Thomas a devancé de 99 voix la candidate socialiste, Laurence Dumont, qui fut députée de la circonscription voisine - celle de Bayeux - de 1997 à 2002. Mme Dumont semble disposer de réserves de voix plus importantes que son adversaire. § A quatre jours du scrutin, la benjamine du président du FN ne ménage pas ses efforts pour glaner des voix. § 1 4 heures, jeudi 14 juin : c'est la relève à l'usine Faurecia, équipementier d'automobiles d'Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. Une quinzaine de militants et sympathisants du Front national entourant Marine Le Pen distribuent des tracts aux ouvriers et employés qui sortent par petits paquets. La voie est large mais nul ne songe à les éviter. Les mains se tendent pour prendre le texte qui parle de "désindustrialisation" et de "délocalisation" dont l'Europe est rendue responsable. Des mots trop concrets dans la région qui a vu la fermeture de Metaleurop et de Samsonite. Rares sont les personnes qui refusent les tracts ou les jettent. Beaucoup sourient, lancent un bonjour. Certains vont serrer la main de la vice-présidente du FN, qui affrontera dimanche 17 juin, dans la circonscription, le député socialiste sortant Albert Facon. Parfois un bref échange s'installe : "Courage pour dimanche !", lance une femme, "Faut pas que Facon passe !", s'exclame un jeune homme. "Il n'y a plus que nous pour défendre les ouvriers face au mondialisme !", réplique la candidate du FN en saluant deux salariés de Faurecia qui passent en klaxonnant dans la rue. Tout à l'heure, un gardien est venu la saluer. Il lui a pris un petit paquet de tracts et en a donné un à un camionneur. Steeve Briois, le suppléant de Mme Le Pen, qui depuis 1995 laboure cette circonscription, ne s'étonne pas d'un tel accueil : "Ici nous sommes en terrain conquis. Deux cents emplois devraient être supprimés." "ARITHMÉTIQUEMENT J'AI PERDU" A quatre jours du scrutin, la benjamine du président du FN ne ménage pas ses efforts pour glaner des voix. Jeudi matin, elle se trouvait sur le marché de Noyelles-Godault, serrant les mains, posant pour des photos, écoutant les doléances d'une mère de famille qui cherche un logement, d'un jeune au chômage ou encore d'un couple en proie à des difficultés administratives. L'occasion pour elle de lancer avec un soupir de compassion "Ah Facon ! Il fait beaucoup de promesses mais ne les tient pas" ou bien "Ici c'est le copinage, moi je serai l'élue de tout le monde", en prenant les coordonnées de ses interlocuteurs ou en les invitant à "passer à la permanence du Front". Succès, au moins de sympathie, garanti. Marine Le Pen n'ignore pas que les chiffres la donnent perdante. Son adversaire, qui a recueilli 28,24 % des suffrages alors qu'elle n'en a eu que 24,47 %, atteint les 45 % quand on additionne les voix de l'extrême gauche, du Parti communiste et des Verts aux siennes. Il peut en outre compter sur une partie des électeurs du candidat du Modem, Jean Urbaniak (13,24 %), qui a appelé à voter pour lui, ainsi que sur ceux du candidat UMP, Nesredine Ramdani (12,95 %), qui a fait savoir qu'il voterait Facon. "Arithmétiquement, j'ai perdu, mais les consignes de vote ne sont pas toujours suivies. Tout est possible", avance Mme Le Pen qui a le soutien du souverainiste Paul-Marie Coûteaux. Si elle veut croire aux miracles, elle se donne pour but de faire plus que M. Briois au second tour de 2002, soit 32,08 %. Depuis lundi, une centaine de militants ou sympathisants lui prêtent main-forte. En premier lieu, des membres de sa famille : Marie-Caroline, la soeur aînée partie avec Bruno Mégret lors de la scission du FN en 1998, toujours en froid avec Jean-Marie Le Pen ; le mari de celle-ci, Philippe Olivier, avec son frère jumeau Jacques Olivier, anciens cadres du FN qui ne réapparaissent "que pour aider Marine", et Yann Le Pen, la cadette, qui organise les grandes manifestations du FN. Figurent aussi dans le groupe des admirateurs de l'essayiste Alain Soral qui répètent à l'instar de leur maître que "Marx aurait pu adhérer au FN". "Jean-Marie Le Pen a cassé sa tirelire pour sa fille. Je ne sais pas s'il récupérera la mise", ironise Albert Facon qui n'a jamais vu autant de monde coller et tracter pour le FN et s'est laissé prendre au dépourvu. "J'ai été obligé de doubler le nombre de mes affiches et je dois retirer des tracts", explique-t-il. Sur ses tracts, il dénonce Marine Le Pen, qui "a bénéficié d'une couverture médiatique hors normes. (...) La fille du chef a bien été aidée...", écrit-il. Il n'a pas de doute sur sa réélection : "Lundi matin, je prendrai le premier train et j'irai prendre mon cartable à l'Assemblée nationale", dit-il, mais il voudrait faire au moins aussi bien qu'en 2002, soit 67,92 %. Pour cela il faudra que les électeurs de M. Urbaniak oublient ses critiques sur le manque de travail du député socialiste à l'Assemblée nationale. M. Ramdani parle, lui, de "socialiste embourgeoisé". § Les bureaux de vote de métropole ont ouvert dimanche à 8 heures. Devant la perspective d'une vague bleue, la gauche a appelé les abstentionnistes à se mobiliser. § J ouant sur la dénonciation du projet de TVA sociale, le Parti socialiste espère contenir, dimanche 17 juin, la vague bleue enregistrée au premier tour des élections législatives. L'éventuel ressac ne concerne plus que 35,2 millions d'électeurs, dans 467 circonscriptions (sur 577). L'UMP détient 99 des 110 sièges qui ont été pourvus dès le 10 juin, 8 autres revenant à ses alliés du PSLE, 2 au MPF de Philippe de Villiers et un seul au PS. Les projections réalisées depuis le premier tour par les instituts de sondage ne laissent présager aucun reflux susceptible de modifier vraiment la donne. Créditée de 394 à 463 sièges, la droite paraît assurée d'emporter une victoire historique. L'ampleur des fourchettes de l'ordre de trente ou quarante sièges selon les instituts ne représente qu'à peine 10% de ses élus potentiels. L'enjeu est autrement plus important pour le PS : crédité, selon ces mêmes sondages, de 95 à 156 sièges, le premier parti d'opposition est dans l'incertitude au sujet de plus d'un tiers de ses députés virtuels, parmi lesquels plusieurs de ses figures nationales, comme Dominique Strauss-Kahn ou Arnaud Montebourg, menacés respectivement dans le Val-d'Oise et la Saône-et-Loire. Dans le meilleur des cas, le PS peut espérer préserver, voire accroître légèrement ses effectifs actuels (141 députés et 8 apparentés). Mais il peut aussi redescendre à un étiage qui ne serait pas très éloigné de celui qu'il avait connu après la déroute des législatives de 1993, dont il était ressorti avec seulement 57 élus. Pour éloigner ce spectre, les responsables socialistes misent sur un sursaut d'une partie des 39,56 % d'abstentionnistes du 10 juin. Dans une ultime tentative en ce sens, Ségolène Royal s'est rendue à Argenteuil (Val-d'Oise), vendredi, pour mobiliser cet électorat des quartiers sensibles qui s'était pour partie évaporé entre l'élection présidentielle et le premier tour des législatives. Au balcon d'une brasserie, sur la célèbre "dalle", Mme Royal a harangué une foule très chaleureuse mais largement composée d'adolescents : "Je vous demande de revenir dimanche aussi nombreux que lorsque vous êtes venus pour voter pour moi", a déclaré l'ancienne candidate socialiste. Dans cette circonscription, le candidat PS, Faouzi Lamdaoui, accuse un retard de plus de 14 points par rapport au député UMP sortant et maire d'Argenteuil, Georges Mothron. SIGNAUX CONTRADICTOIRES Les sympathisants de gauche qui ont boudé les urnes le 10 juin ont reçu des signaux contradictoires pendant l'entre-deux-tours. La poursuite des querelles internes au sein du PS, ainsi que les flottements sur l'attitude à adopter vis-à-vis des centristes, n'ont probablement pas contribué à les remobiliser. Signe de l'atonie de la gauche, c'est le gouvernement qui est venu bien malgré lui à son secours en esquissant les contours d'un projet de TVA sociale fort peu populaire. Le PS s'en est rapidement saisi pour en faire son principal argument de campagne. En dépit du correctif apporté à ce sujet, jeudi, par un communiqué du président de la République, la droite redoute d'avoir perdu quelques plumes dans cette affaire. Vendredi, le président de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier (UMP) estimait à "vingt ou trente" le nombre de sièges que la gauche pouvait conquérir, dimanche, du seul fait de cette controverse. Outre la participation, l'autre inconnue du second tour est le report des voix qui se sont portées, le 10 juin, sur les candidats du MoDem. Anticipant et alimentant le comportement hétérogène de son électorat, François Bayrou a refusé de livrer une consigne de vote. Il est probable, dans ces conditions, que bon nombre d'électeurs centristes se prononceront, dimanche, au regard de situations locales. S'il est (jusqu'à dimanche) très courtisé, notamment à Paris, le MoDem est d'ores et déjà assuré d'essuyer une cinglante défaite pour sa première participation à une élection. Parmi les petites formations qui sortiront toutes laminées du scrutin, seul le PCF pourrait sauver la face en conservant une douzaine de sièges. § Après sa défaite aux élections législatives, M. Chevènement a annoncé, lundi, sa démission de la mairie de Belfort, qu'il dirigeait depuis 1983. § J ean-Pierre Chevènement a remis au préfet, lundi 18 juin, sa démission de la mairie de Belfort qu'il dirigeait depuis 1983, au lendemain de sa défaite aux législatives dans son fief historique de Belfort. "La confiance des électeurs de la deuxième circonscription du Territoire de Belfort m'ayant fait défaut, j'ai remis ce soir ma démission à M. le préfet", a déclaré l'ex-ministre dans un communiqué. Il a toutefois ajouté qu'il resterait "présent" dans cette région dont il est natif, sans donner davantage de précisions. Au second tour des législatives dimanche, M. Chevènement avait recueilli 45,52 % des suffrages, contre 54,48 % pour son rival UMP Michel Zumkeller, qui lui avait ravi son siège en 2002. M. Chevènement avait déjà annoncé qu'il ne briguerait pas sa propre succession aux élections municipales de 2008, en cas de défaite aux législatives, mais avait laissé planer le doute quant à son futur immédiat, assurant "ne pas se mettre aux abonnés absents et vouloir participer à la rénovation de la gauche". § Le Nouveau Centre compte 21 députés ralliés à Nicolas Sarkozy. En mesure de constituer un groupe parlementaire, ils se retrouveront mardi pour élire leur président. § L es députés du Nouveau Centre, ralliés à Nicolas Sarkozy, aussi inscrits sous le nom de PSLE (Parti social libéral européen), se retrouveront dans la matinée du mardi 19 juin pour élire leur nouveau président, a déclaré lundi, François Sauvadet, ex-porte-parole du groupe UDF. "Constituer un groupe était un enjeu important pour nous. Le pari est réussi", a déclaré M. Sauvadet qui sera candidat à la présidence du groupe qui compte 21 élus, soit un de plus que le nombre minimum requis. M. Sauvadet a expliqué qu'avec ses collègues, il voulait définir et "organiser les conditions de travail avec l'UMP (...). Nous souhaitons travailler très en amont sur les textes avec l'UMP pour un travail constructif. Nous voulons être au rendez-vous de l'action et des préoccupations des Français", a-t-il dit. Il s'agira "pour nous d'apporter à la majorité présidentielle notre spécificité, nos engagements et nos convictions avec le souci de faire gagner la France", a-t-il poursuivi."Nous serons une force de propositions constructives, loyales et engagées", a insisté M. Sauvadet. Concernant la présidence de l'Assemblée nationale qui donne lieu à une bataille au sein de l'UMP entre Patrick Ollier, président sortant, et Bernard Accoyer, président sortant du groupe, M. Sauvadet a dit qu'à titre "personnel" l'idée de M. Ollier de "vouloir une candidature issue des rangs de la majorité présidentielle (c'est-à-dire UMP et NC) était a priori une bonne idée. Nous allons en discuter mardi", a-t-il dit. § Quel que soit le cas de figure, du scrutin majoritaire à deux tours au scrutin proportionnel à un tour simple, en passant par des scrutins à proportionnalité variée, l'UMP aurait gardé une majorité absolue (de 313 à 421 sièges). § § Le chef de file sortant des députés communistes critique la bipolarisation du Parlement et appelle le gouvernement à "respecter l'opposition". Il n'a pas répondu à la proposition d'alliance de Noël Mamère, député Vert. § L e chef de file sortant des députés communistes, Alain Bocquet, candidat à sa propre succession, a estimé lundi 18 juin, que le nombre de membres d'un groupe parlementaire pourrait être fixé à 15 au lieu de 20, s'il y a réellement de la part de la majorité une volonté "de respecter l'opposition". "On veut faire reconnaître un groupe à 15", a insisté M. Bocquet, en ajoutant : "Si le président de la République est un démocrate, qu'il le prouve". "Au lendemain du second tour de l'élection législative et contrairement à toutes les prédictions, les conditions de constitution d'un groupe communiste à l'Assemblée nationale sont réunies, et sa reconnaissance n'est qu'une formalité réglementaire", a déclaré M. Bocquet qui a été réélu dans la 20e circonscription du Nord (à Saint-Amand-les-Eaux). UN VOTE MODIFIANT LE RÈGLEMENT DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE SUFFIT Quinze députés communistes ont été élus ou réélus dimanche soir, sans compter Maxime Gremetz (dissident PCF) et Jean-Pierre Brard (apparenté PCF). Or, actuellement, il faut 20 membres pour constituer un groupe. Le député écologiste Noël Mamère a proposé dimanche que les quatre députés Verts rejoignent les communistes. Lundi, M. Bocquet, a fait valoir que "le groupe était ouvert à tout le monde", mais sans signifier vouloir l'apport des Verts pour pouvoir constituer un groupe de 20. Le chef de file sortant des députés communistes a souligné que "la seule existence de deux groupes, la droite et le PS, installerait une bipolarisation durable qui menacerait d'une grave régression, l'expression de la démocratie parlementaire". "Il est donc indispensable que notre courant de pensée et d'action soit équitablement reconnu en disposant tout simplement des mêmes droits que les autres", a-t-il poursuivi. Un groupe parlementaire dispose de facilités matérielles, mais aussi de temps de parole dans les discussions générales. Il est également représenté dans les différentes commissions permanentes. § Télézapping : la revue des JT de la semaine § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Agés de moins de 40 ans, ils deviennent députés pour la première fois. Ils représentent une nouvelle génération d'élus. § § Dans un débat en direct au Monde.fr, Michel Noblecourt, éditorialiste au "Monde", estime "nécessaire la rénovation du PS et de la gauche". Il considère que celle-ci "ne peut être fondée que sur une alliance des modernes", dont Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn. Il évoque, si le PS se "social-démocratise", un risque de scission. § A nne : Les résultats d'hier, pas si catastrophiques pour le PS, sont-ils le signe que la rénovation n'est pas si nécessaire ? Michel Noblecourt : Non, je crois que la rénovation du PS et de l'ensemble de la gauche reste absolument nécessaire, et même indispensable. Ce serait une grave erreur de la part des dirigeants socialistes de croire que l'absence de "vague bleue" et la bonne résistance de leur parti enregistrée au 2e tour des élections législatives, pourraient les conduire à se dispenser de faire un tel aggiornamento. Mais c'est vrai que si l'on regarde les élections précédentes, on s'aperçoit que lorsque la défaite a été très lourde, comme en 1993, il y a eu de véritables tentatives de rénovation. DamienEtudiant : La question n'est-elle pas moins celle du besoin d'une rénovation que celle de sa nature ? Tendance social-démocrate ? Emergence de deux grands partis de gauche, l'un "gauche gauche" et l'autre plus moderne ? Michel Noblecourt : Je crois que le Parti socialiste doit revoir complètement son logiciel, ce qu'il a évité de faire en 2002, et effectivement, se réinterroger sur ses fondamentaux. Il est dans une situation de domination au sein de la gauche, avec un effritement - voire dans certains cas une quasi-disparition - de ses partenaires de gauche. Donc il doit choisir une orientation, ne pas rester dans l'entre-deux entre le social libéralisme d'une part et la radicalité politique d'autre part. Le PS est, depuis plus de quinze ans, depuis 1990 et son congrès de Rennes, un parti qui se dit réformiste et non plus révolutionnaire. Il doit s'interroger sur la signification de son réformisme. Donc, logiquement, cela devrait le conduire à affirmer une orientation proche de celle qui domine dans les pays de l'Union européenne, ce qu'on appelle l'orientation social-démocrate. En sachant que la social-démocratie aussi est en crise, la plupart des partis sociaux-démocrates européens ont subi des revers aux élections. Donc se dire social-démocrate aujourd'hui ne signifie pas grand-chose si on ne réexamine pas les questions comme l'économie de marché, le rôle de l'Etat, le niveau de la protection sociale, l'organisation de ce qu'on appelle la "démocratie sociale". Et bien sûr, la question de l'Europe. Il faut que le PS fasse un véritable devoir d'inventaire, qu'il réexamine ses orientations dans tous les domaines, comme l'avait fait justement Lionel Jospin après la Berezina législative des socialistes en 1993. Anne : Hier sur les plateaux , beaucoup de pontes socialistes ont mis en avant la nécessité de s'interroger sur le fond. Est-ce là le signe qu'une nouvelle génération doit prendre les commandes de la Rue de Solférino ? Michel Noblecourt : Je pense qu'il est indispensable qu'il y ait une véritable relève générationnelle au PS. La difficulté est que peu de responsables ayant entre 35 et 50 ans ont véritablement émergé dans la dernière période. Et il faudra voir si le meilleur résultat électoral obtenu le 17 juin permet de déceler de nouveaux talents parmi les nouveaux élus socialistes. Pour l'instant, on peut en discerner quelques-uns, mais il est encore trop tôt pour voir s'il y a une vraie relève générationnelle. Mais je crois qu'effectivement, le temps de ceux qu'on appelait les éléphants est révolu. Il faut tourner la page des éléphants, de la même manière qu'il faut tourner la page de ce que l'on appelle le cycle d'Epinay, en référence à la précédente refondation du PS en 1971 au congrès d'Epinay, refondation basée sur une alliance de toute la gauche, avec le PC. Pignouf : La rénovation du PS ne doit-elle pas passer par une alliance "Royal-DSK" : l'une bénéficie d'une large popularité et du soutien populaire, l'autre est un expert du parti, qui apporterait une crédibilité forte ? Michel Noblecourt : Ce qui est certain, c'est que lors de la primaire pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle, il y avait deux candidats qui se réclamaient d'une certaine modernité et qui parlaient déjà de rénovation : Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn. La première n'a pas formulé de nouveaux concepts, ou elle n'est pas allée jusqu'au bout de ses concepts. Mais elle a exprimé un certain nombre d'intuitions sur plusieurs fondamentaux, plusieurs dogmes du PS. Mais elle s'est arrêtée en cours de route. Le second, DSK, a, lui, articulé son projet de rénovation autour d'une orientation clairement social-démocrate du PS. Mais là aussi, il s'est arrêté en chemin et n'a pas fait le travail consistant à revisiter la social-démocratie telle qu'elle existe aujourd'hui. Cette social-démocratie qui, elle aussi, est en crise. Je crois que la rénovation du PS ne peut être fondée que sur une alliance des modernes, et donc effectivement passe par une alliance entre Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn. Mais il y a aussi d'autres sensibilités qui peuvent jouer un rôle dans ce sens, et de ce point de vue-là, il ne faut pas oublier l'apport que pourraient faire François Hollande et ses proches (ils sont une cinquantaine parmi les élus du 17 juin) à ce travail de rénovation. Anne : François Hollande a redit hier soir sa volonté d'aller vers les municipales et ensuite vers la rénovation. Pensez-vous qu'il craigne cette phase ou qu'il ne la veuille pas ? Michel Noblecourt : Ce qui est clair, c'est que François Hollande, qui va être bientôt depuis dix ans premier secrétaire du PS, n'a pas été lui non plus jusqu'au bout de la rénovation idéologique qu'il avait annoncée lors de son élection au moment du congrès de Brest, en novembre 1997. § Plusieurs députés de la majorité n'ont pas hésité, lundi, à mettre en cause le premier ministre, et à lier le débat sur la TVA sociale aux résultats du second tour des élections législatives, jugés décevants. § P lusieurs députés UMP ont lié les résultats du second tour des élections législatives, jugés décevants, au débat sur la TVA sociale, lors de leur arrivée au Palais-Bourbon, lundi 18 juin, pour effectuer les formalités administratives d'inscription. "Une élection n'est terminée qu'au second tour. La déception est relative, on a une majorité et on peut gouverner (...). Pour la Loire, on a perdu les deux circonscriptions de Saint-Etienne (...), c'est sans doute l'effet de la TVA sociale", a déclaré Pascal Clément, ancien garde des sceaux, élu dans la 6e circonscription de la Loire. Jean-Claude Mignon va un peu plus loin en déclarant que"l'annonce sur la TVA a été un faux pas. (...) Il va falloir éviter à l'avenir une erreur aussi inimaginable. C'est un avertissement aux ministres qui doivent jouer collectif." Pierre Cardo a directement mis en cause François Fillon : "La TVA sociale a probablement été un des éléments dans le vote au second tour. Le premier ministre aurait pu expliquer plus clairement. On aurait pu éviter de mettre la charrue avant les bufs dans ce dossier". PATRICK DEVEDJIAN TENTE DE CALMER LE JEU Le secrétaire général délégué de l'UMP a déclaré lundi que le gouvernement prendra le mois prochain des mesures pour le pouvoir d'achat à même de dissiper le malaise créé par le projet de création d'une TVA sociale. Prenant la gauche pour cible, Patrick Devedjian a dénoncé "les faux semblants" et "les procès d'intention" sur la TVA sociale "qui a laissé croire à une partie de l'électorat qu'il pourrait y avoir une atteinte au pouvoir d'achat ou une brutale augmentation des impôts". "Le gouvernement va prendre tout de suite des mesures indispensables pour précisément accroître le pouvoir d'achat des Français les plus faibles et les plus démunis", a-t-il déclaré lors du point de presse hebdomadaire au siège de son parti. Entre les deux tours des élections législatives, le débat "a été habilement exploité par nos adversaires et déformé. Ils ont cherché à faire peur avec ça, bien sûr", a-t-il ajouté. "C'est pour ça que les mesures concrètes du gouvernement du mois de juillet videront cette propagande de son poison." § Parmis les douze nouveaux secrétaires d'Etat du nouveau gouvernement de François Fillon, beaucoup arrivent à leur premier poste à responsabilités au plan national. § A l'image de Laurent Wauquiez, nouveau secrétaire d'Etat auprès du premier ministre et porte-parole du gouvernement, l'ambiance au sein des nouveaux entrants oscillait, mardi 19 juin, entre joie et gravité. "Il y a un peu d'émotion parce qu'à 32 ans, c'est un énorme défi", a reconnu M. Wauquiez. Il a pourtant souligné qu'il s'agissait, avant tout, d'"un gage de confiance (...) parce qu'ils ont nommé beaucoup de secrétaires d'Etat jeunes". "En terme de renouvellement aussi, il y a un challenge pour une génération", a-t-il ajouté. Nommé secrétaire d'Etat à la consommation et au tourisme, Luc Chatel, ancien porte-parole de l'UMP, s'est réjoui d'appartenir à "un gouvernement qui ressemble à la France, c'est-à-dire avec toute sa diversité, avec ses sensibilités, avec des femmes, avec des gens de la société civile". Le député de la Haute-Marne a souligné que ce remaniement ne changerait en rien le rythme des réformes, qui "est moins que jamais brisé". Bernard Laporte, nommé à la jeunesse et aux sports, ne prendra ses fonctions d'ici quatre mois, en raison de la Coupe du monde de rugby. L'actuel sélectionneur du XV tricolore a toutefois fait part de son "envie, (sa) détermination et (sa) joie". "Je suis très, très ému", a-t-il déclaré sur les ondes de France Inter. "Je suis passionné par le sport, bien sûr par le rugby, mais surtout par tous les sports et je serai au service de tous les sports français et pas spécialement du rugby", a-t-il ajouté. "IL Y A UNE VRAIE VOLONTÉ DE RÉFORME, UNE VRAIE VOLONTÉ D'OUVERTURE" Au cur d'une nouvelle querelle avec le PS, le sénateur socialiste Jean-Marie Bockel, nommé au secrétariat d'Etat à la coopération et à la francophonie, a regretté de ne pas avoir réussi "la modernisation" de son parti. "Il y a un moment où l'on se dit : 'est-ce qu'on va continuer comme ça très longtemps ?'", a-t-il poursuivi, estimant que "il y a une vraie volonté de réforme, une vraie volonté d'ouverture" au sein de ce gouvernement. "Je me suis heurté à trop de murs, à trop d'incompréhension et à trop de mépris", a regretté sur France Bleu Alsace celui dont la motion "Pour un socialisme libéral" avait recueilli 0,65 % des voix lors du congrès du Mans en 2005. Fadela Amara, qui obtient le portefeuille de la politique de la ville, a expliqué avoir accepté ce poste après avoir acquis la certitude que le président de la République respectait ses convictions. "Je crois que Nicolas Sarkozy respecte cela. D'ailleurs, nous avons toujours eu, quand il était ministre de l'intérieur, un rapport extrêmement honnête, extrêmement franc", a déclaré la fondatrice de "Ni putes ni soumises". Elle a par ailleurs rejeté l'idée selon laquelle une entrée au gouvernement limiterait sa liberté et sa "marge de manuvre". "A partir du moment où on apporte des réponses concrètes, vous allez voir que cela va changer très vite", a-t-elle prédit. Seul nouveau ministre à entrer dans le gouvernement Fillon II, Michel Barnier, qui hérite de l'agriculture, s'est dit déterminé à défendre les agriculteurs français lors des négociations internationales à venir, notamment "au niveau de l'Organisation mondiale du commerce et de la politique agricole commune". Citant la phrase de Jean Monnet : "Je ne suis pas optimiste ni pessimiste, je suis déterminé", l'ancien pensionnaire du Quai d'Orsay a affirmé que l'agriculture "n'est pas seulement la question des agriculteurs, c'est aussi une question de société qui touche les territoires, des hommes et des femmes". § Dans une contribution écrite, vingt personnalités proches de l'ancien président du parti appellent à "la fondation d'un autre parti politique". § C 'est une première depuis longtemps dans le Parti communiste. Les amis de Robert Hue publient un long texte et organisent une conférence de presse, mardi 19 juin, dans un café parisien. En sortant du bois avant le conseil national du 22 et 23 juin, ils entendent ouvrir les discussions internes au plus vite sans laisser la main à la secrétaire nationale. Marie-George Buffet devait en effet, lors du conseil, donner sa vision du congrès extraordinaire de la fin de l'année et demander que le parti ouvre "un grand débat citoyen et populaire pour discuter du projet du PCF". Dans une contribution d'une quinzaine de pages, vingt personnalités proches de l'ancien président du parti et sénateur du Val-d'Oise appellent à "la fondation d'un autre parti politique" et demandent la mise en place d'"une direction pluraliste" chargée de la préparation d'un congrès en 2008. On trouve parmi les signataires, plusieurs membres du comité exécutif, des secrétaires de fédération, des fidèles de M. Hue comme Pierre Blotin ou Michel Maso, ainsi que des anciens de la direction nationale du temps où le sénateur était à la direction du PCF."WATERLOO ÉLECTORAL" Revenant sur le "Waterloo électoral" de la présidentielle, ils exigent que la direction actuelle "ose regarder l'échec en face". Le score calamiteux de 1,93 % obtenu par Mme Buffet serait le produit, à leurs yeux, d'une ligne fondée sur "une légende d'un non antilibéral toujours majoritaire à gauche" et de l'objectif de sa campagne d'"inverser le rapport des forces à gauche" en s'opposant à "la gauche du renoncement" incarnée par le PS. Pour sortir le PCF de sa marginalité, il est nécessaire, écrivent les auteurs, de fonder un "nouveau parti de transformation sociale", qui doit être "avant tout l'oeuvre des communistes", membres actuels ou passés, mais aussi de tous ceux qui constituent le "mouvement social". Même si la référence au communisme demeure "indispensable", "le PCF ne peut être ce parti", assurent-ils. Ils appellent donc leurs camarades à "un vaste débat qui ne peut aboutir" d'ici le congrès extraordinaire de décembre. Ce dernier devrait se contenter de procéder à un "relevé des différentes analyses" exprimées et mettre en route la préparation d'un autre congrès fin 2008. Les hostilités internes sont désormais ouvertes. § Le PCF demande un abaissement du seuil de constitution d'un groupe. Le débat risque de rebondir, mercredi, lors de la première réunion des députés communistes. § M arie-George Buffet a dû faire marche arrière. Le groupe parlementaire que les députés élus, dimanche 17 juin, devront constituer restera communiste. L'appel aux quatre députés Verts à constituer un groupe "ouvert", lancé dimanche soir par la secrétaire nationale, a été depuis démenti. Dès lundi 18 juin au matin sur France Inter, la numéro un du PCF a expliqué qu'elle n'avait "pas proposé de faire groupe commun avec les Verts" mais juste soumis l'idée que "si d'autres députés le souhaitent, ils pouvaient se joindre au groupe communiste". "C'est une décision individuelle", a-t-elle ajouté. Pour l'heure, Mme Buffet souhaite que le seuil de constitution d'un groupe parlementaire soit abaissé de 20 à 15. Exit donc la proposition de constituer un groupe "communiste, républicain et écologiste" à laquelle le député de Gironde Noël Mamère s'était empressé de répondre. Des discussions avaient été entamées sur le sujet entre les deux tours avec M. Mamère, Patrick Braouezec (PCF, Seine-Saint-Denis) et des députés divers gauche comme Gérard Charasse (Allier). La direction du Parti communiste avait semblé s'y rallier dimanche, espérant ainsi élargir son assise à l'Assemblée, mais aussi mettre sur la touche certains trublions comme le communiste dissident Maxime Gremetz. DEMANDE D'ABAISSER LE SEUIL Le président du groupe sortant, Alain Bocquet, a mis le holà. Pour lui, pas question de faire alliance avec les écologistes alors que se profile le débat sur le "Grenelle de l'environnement" et les propositions de loi qui en découleront. Le député du Nord estime que "les conditions de constitution d'un groupe communiste et républicain à l'Assemblée sont réunies et sa reconnaissance n'est qu'une formalité réglementaire". "Au nom de la démocratie" et de "l'héritage communiste", M. Bocquet devait entreprendre les démarches auprès de la Conférence des présidents afin de demander une modification du règlement intérieur et d'abaisser le seuil de constitution d'un groupe. "C'est dommage", regrette André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme, qui n'était pas opposé à un groupe plus large, "à condition de fixer des règles précises de fonctionnement". Au siège du PCF, on martèle aujourd'hui qu'il est normal, avec autant de députés communistes, qu'il y ait un groupe. Reste qu'il est loin d'être constitué. Alors que le groupe PCF sortant comptait 21 élus (19 communistes et deux apparentés), ils n'étaient que 18, dimanche soir. Et sur ce total, deux sont apparentés - Jean-Pierre Brard en Seine-Saint-Denis et Jacques Desallangre dans l'Aisne. Le dernier, Maxime Gremetz, est en guerre contre le national depuis son éviction de la fédération de la Somme. Pour siéger dans le groupe, il a posé ses conditions : "Etre réintégré, comme tous les communistes de la Somme exclus, dans ses droits de communiste." Une manière de demander à Mme Buffet de déjuger sa direction fédérale. Il faut donc trouver au moins deux élus supplémentaires. Le débat risque de rebondir, mercredi 20 juin, lors de la première réunion des députés communistes, Patrick Braouezec, comme François Asensi, députés refondateurs, étant bien décidés à rouvrir le débat sur la possibilité d'"un groupe large avec d'autres courants sur un socle politique commun". "Je ne suis pas prêt à siéger dans un groupe sous la houlette de Bocquet", prévient M. Braouezec. § L'entrée de ces deux personnalités de gauche a été, mardi, vivement critiquée au sein du Parti socialiste, notamment par François Hollande, son premier secrétaire. § L se réactions au sein du Parti socialiste n'ont pas tardé à tomber après la nomination, mardi 19 juin, du sénateur-maire PS de Mulhouse, Jean-Marie Bockel, comme secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, auprès d'un autre ex-socialiste Bernard Kouchner. Selon le premier secrétaire du PS, François Hollande, qui a précisé que M. Bockel l'avait appelé pour le prévenir de sa décision, le sénateur-maire de Mulhouse "s'est mis de fait hors du PS, il n'y a pas de procédure d'exclusion, c'est comme pour Bernard Kouchner", devenu ministre des affaires étrangères. "Il était à la droite du Parti socialiste, et il est à la droite tout court. C'est sa liberté personnelle. Il était apôtre du blairisme. (...) Il a saisi l'opportunité qui s'offrait à lui", a-t-il ajouté. "RALLIEMENTS PUREMENT INDIVIDUELS" Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS sortant de l'Assemblée nationale, s'est indigné du choix de M. Bockel, comme de celui de Fadela Amara, la fondatrice de "Ni putes ni soumises", une personnalité considérée à gauche qui fait son entrée au gouvernement comme secrétaire d'Etat à la politique de la ville. "Ces ralliements sont des ralliements purement individuels", a-t-il réagi. Moins sévère, André Vallini, député PS d'Isère : "Je ne juge pas les hommes ou les femmes, je juge les comportements. Si Fadela Amara ou Jean-Marie Bockel estiment qu'ils peuvent être utiles à leur pays et pouvoir servir les convictions qui sont les leurs, on pourra juger sur pièces. En attendant, il est inutile de jeter l'anathème sur tel ou telle." Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS), lui, a vivement réagi à ces nominations. Il a fustigé la "trahison de l'engagement pris devant les citoyens pour Jean-Marie Bockel, élu avec des voix socialistes" et la "trahison de Fadela Amara vis-à-vis de son engagement de toujours puisqu'elle sera sous la responsabilité gouvernementale de la très féministe et progressiste Christine Boutin". "TRAHISON" POUR L'ALSACE "Le parcours de Fadela Amara doit interpeller les socialistes. Voilà des années que des dirigeants du PS instrumentalisent un certain nombre de responsables associatifs à des fins claniques. L'incohérence entre la morale et les actes est un des ressorts de cette trahison", ajoute le MJS. Quant à Jean-Marie Bockel, "le MJS soutiendra et participera à la constitution d'une liste de gauche face au maire sortant lors des prochaines municipales à Mulhouse". Même à droite, l'entrée au gouvernement de M. Bockel est restée en travers de la gorge de certaines : la députée mulhousienne UMP Arlette Grosskost a qualifié de "trahison" pour l'Alsace cette nomination. Pour protester, elle a annoncé son retrait du groupe UMP à l'Assemblée nationale : "Je resterai dans le groupe des apparentés UMP tant que M. Bockel sera dans le gouvernement", a-t-elle ajouté. § En quatre week-ends succédant à des mois de campagne, les 2 800 nouveaux adhérents socialistes des Bouches-du-Rhône auront eu leur content d'émotions fortes. § "A ssommés", "choqués", "soulagés", "rassurés"... En quatre week-ends succédant à des mois de campagne, les 2 800 nouveaux adhérents socialistes des Bouches-du-Rhône auront eu leur content d'émotions fortes. Et voilà que la dernière soirée électorale a résonné d'une annonce incongrue, celle de la rupture entre Ségolène Royal et François Hollande. "J'espère qu'on va éviter que la discussion de fond soit une discussion de couple", lâche le jeune Arnaud Malauzat. Strauss-kahnien de coeur, il se rassure comme il peut : "Finalement, il vaut peut-être mieux que l'abcès soit crevé, qu'on passe aux idées, au fond." Car le parti doit en effet être "refondé, et au plus vite". L'idéal serait que les discussions "sur le social et sur ce qu'est la social-démocratie aujourd'hui aient lieu à l'automne, au même moment que le Grenelle social prévu par le gouvernement".COLLER AU RÉEL Ce souci de coller au réel est probablement la chose la mieux partagée par les nouveaux, rétifs aux "débats personnalisés qui éclatent à tout moment". Vartan Arzoumanian, 27 ans, qui, après trois ans de parti, se voit "comme un nouvel adhérent", remarque que "ceux qui ont des années de parti finissent par tout rapporter à des positionnements internes. Les nouveaux essaient toujours de penser par rapport aux problèmes de la société." Ce souci pourra devenir la loi au PS quand "les nouvelles générations, d'âge et d'adhésion, auront pris les responsabilités". Dernier exemple en date des mauvaises façons de faire : "L'annonce de Ségolène Royal, de sa séparation et de sa volonté d'aller à la direction du parti, dimanche soir : le jour où, pour une fois depuis longtemps, il y avait une dynamique, on n'avait pas besoin de ça", dit-il, amer. Julie, jeune enseignante qui a adhéré en 2007 avec son mari, n'apprécie pas plus ces querelles publiques : "On savait que les chefs du PS avaient l'habitude de se déchirer, mais c'est dur de les voir faire. Parfois, c'est même un peu pitoyable", dit-elle, espérant voir surgir "de nouvelles têtes, celles qui sont dans l'ombre". Bien sûr, Ségolène Royal, "qui a fait un score honorable alors qu'elle n'était pas soutenue par les autres dirigeants", doit jouer un rôle dans la nouvelle direction, selon elle. Mais la fin de campagne a laissé des traces : "Mon mari et moi sommes un peu désabusés. On va peut-être me rembourser les intérêts de mes prêts, mais le 4 juillet, les expulsions de sans-papiers vont reprendre dans mon école. Que va-t-on faire ?" David Calmet, lui, n'est pas remis de la défaite sur le fil de son candidat, Patrick Mennucci. Ce qui le peine encore plus, c'est que "l'UMP a plus rajeuni ses candidats et ses cadres que le PS, avec Rachida Dati par exemple". C'est un lourd handicap, selon lui : "Parler des éléphants, c'est désigner une vieille génération, celles des Fabius ou des DSK, dont on voyait les cheveux blancs sur tous les écrans dimanche soir." Admirateur de la campagne de Ségolène Royal, qu'il voit jouer un rôle important dans le futur, il a pourtant du mal à avaler l'annonce de sa séparation d'avec François Hollande, dimanche soir... "Elle aurait pu attendre mardi ou mercredi quand même." § Malgré un plus grand nombre de députées, l'Assemblée élue en 2007 reste très masculine. L'âge moyen baisse de plus de 3 ans par rapport à 2002. § § Les électeurs de gauche, qui s'étaient démobilisés lors du premier tour des législatives, se sont déplacés là où les combats étaient perçus comme les plus difficiles le 17 juin. A l'inverse, la droite a vu une partie de ses supporters croire en une victoire jouée d'avance et ne pas se déplacer. § C omment, en une semaine, sommes-nous passés d'une large victoire prévue pour la droite à un reflux marquant un coup d'arrêt aux succès électoraux de Nicolas Sarkozy et de l'UMP aux trois précédents scrutins ? Le tout avec un niveau d'abstention de second tour équivalent à celui du premier. La première explication tient au bon report des électeurs du MoDem sur les candidats de gauche. Le MoDem, vidé de sa substance par le ralliement des ex-UDF à la majorité présidentielle, s'est retrouvé déporté électoralement vers la gauche. Ses électeurs se seraient reportés à 55 % sur les candidats de gauche au second tour, contre 28 % sur ceux de droite, d'après le sondage post-électoral de CSA. Dans de nombreuses circonscriptions emblématiques, ces électeurs ont permis l'élection de députés de gauche ou défait certaines figures de droite. Ces transferts de voix n'expliquent cependant pas tout. L'émergence du thème de la TVA sociale dans la campagne de l'entre-deux-tours et son exploitation par la gauche, est mise en avant dans les discours des analystes et des hommes politiques pour tenter d'expliquer ce vote surprise. Mais, au niveau national, nul sursaut de participation n'est venu répondre à l'appel des ténors socialistes. C'est donc vers une analyse électorale plus détaillée de l'abstention, au niveau des circonscriptions, qu'il convient de se tourner. La première hypothèse consiste à penser que les 467 circonscriptions ayant voté au second tour (celles qui n'avaient pas élu leur député au premier) étaient plus abstentionnistes le 10 juin. La stabilité globale cacherait alors une augmentation en trompe-l'il dans les circonscriptions en ballottage. Après vérification, l'hypothèse ne tient pas. La participation dans les seules circonscriptions ayant voté au second tour s'élevait à 39,3 % lors du premier, soit un niveau parfaitement comparable au score national (39,6 %). REMOBILISATION DE LA GAUCHE La seconde hypothèse, plus probante, consiste à vérifier la mobilisation différentielle entre les circonscriptions où la gauche l'a emporté au soir du second tour par rapport à celles où la droite a gagné. Dans les 220 circonscriptions où la gauche (PS, Verts, divers gauche et PC) a gagné en duel (hormis deux circonscriptions où un candidat restait seul en lice), la participation s'est élevée en moyenne à 61,5 %. Celle-ci n'était que de 58,9 % dans les 245 circonscriptions enlevées par la droite au second tour. Un écart de 2,6 points non négligeable, lorsque certains duels se sont joués à quelques centaines de voix. Au total, ce sont plus de 75 000 votants supplémentaires qui se sont déplacés au second tour par rapport au premier dans les circonscriptions gagnées par la gauche, contre 240 000 voix perdues dans celles de droite. C'est ce mécanisme de légère remobilisation qui a profité par exemple à Arnaud Montebourg en Haute-Saône, à Jérôme Cahuz dans le Lot-et-Garonne, à Michel Vuilqué dans les Ardennes, à Jean-Louis Bianco dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Michel Delebarre dans le Nord ou à Marylise Le Branchu dans le Finistère. Ces territoires enregistrent un sursaut de participation de 2 de 5 points. Dans ce sursaut différentiel réside donc une première partie du mystère de l'abstention. La gauche s'est remobilisée entre les deux tours ; la droite s'est démobilisée. Parmi les votants supplémentaires dans les circonscriptions de gauche, on ne trouve sans doute pas uniquement des électeurs de l'opposition. De même, dans celles de droite, les abstentionnistes "partis à la pêche" ne sont pas tous des électeurs de la majorité, mais la corrélation est certainement élevée. TVA sociale ou pas, la mobilisation de la gauche est une réalité. Type de circonscriptions Participation au 2nd tour Gagnées en duel par la gauche au second tour. 61,5% Gagnées en duel par la droite au second tour. 59,9% Gagnées par la gauche avec moins de 5 points d'écart 63,2% Gagnées par la gauche avec plus de 10 points d'écart 60,2% Gagnées par la droite avec moins de 5 points d'écart 60,3% Gagnées par la droite avec plus de 10 points d'écart 57,4% A cela s'ajoute une autre explication qui illustre en partie la théorie de l'électeur "stratège" , formulée par les politologues Philippe Habert et Alain Lancelot. La gauche s'est d'autant plus mobilisée que le duel s'annonçait incertain. C'est dans les circonscriptions où l'opposition l'a emporté avec moins de cinq points d'écart que les électeurs se sont les plus mobilisés : 63,2 % de participation dans les 46 circonscriptions gagnées par la gauche avec moins de 5 points d'avance sur la droite contre 60,2 % dans les circonscriptions gagnées avec 10 points d'avance ou plus. C'est ce mécanisme qui a participé à la victoire de Michel Sapin dans l'Indre ou de Pierre Moscovici dans le Doubs. Le phénomène est inversement accentué de l'autre côté de l'échiquier : 57 % de participation seulement dans les 119 circonscriptions où la droite l'a emporté avec plus de 10 points d'avance. Et pas de mobilisation dans les duels serré. C'est en particulier ce qui a laissé Alain Juppé défait. L'annonce d'une chambre bleu horizon a conforté des électeurs de droite dans l'abstention. La démobilisation de la droite a été d'autant plus forte que la victoire annoncée était large. Ainsi, pour ces élections atypiques, la gauche a bien remobilisé ses électeurs. Ses supporters se sont déplacés là où les combats étaient perçus comme les plus difficiles. A l'inverse, la droite a vu une partie de ses électeurs croire en une victoire jouée d'avance et ne pas se déplacer. Au final, les deux camps se sont tous trouvés surpris. Pas dans le même sens. § A Matignon et à l'Elysée, cet assistant personnel est interdit. "Un problème de sécurisation des données", selon Alain Juillet, responsable de l'intelligence économique auprès du gouvernement. § U ne complainte récurrente monte, depuis la présidentielle, au sein des cabinets ministériels, à Matignon et à l'Elysée : l'interdiction d'utiliser le Blackberry, un assistant personnel permettant de téléphoner et de recevoir des courriers électroniques (Le Monde du 9 juin). Débauchés dans des banques d'affaires, des cabinets d'avocats et des entreprises, ils n'en reviennent toujours pas. "On a le sentiment de perdre un temps fou, il faut réapprendre à travailler à l'ancienne, en fait de rupture, on vit plutôt une fracture technologique", s'exclame ce directeur de cabinet d'un grand ministère. Près de 7 millions de personnes, des cadres et des dirigeants du monde entier, ne peuvent plus vivre sans ce bijou de technologie, leader en France et aux Etats-Unis. La première circulaire du secrétariat général de la défense nationale (SGDN) remonte à dix-huit mois, mais elle a dû être renotifiée. Il est hors de question, dit-on au SGDN, de laisser circuler des informations gouvernementales entre des mains étrangères.PROBLÈME DE SÉCURISATION DES DONNÉES Le Blackberry pose, selon Alain Juillet, haut responsable de l'intelligence économique auprès du gouvernement français, "un problème de sécurisation des données". Cet outil de communication est fabriqué par la société canadienne Research in Motion (RIM), et l'ensemble des données transite par deux serveurs situés aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. En clair, la France, qui a été le premier pays à s'inquiéter d'éventuels détournements, craint que le réseau d'interceptions de communications de la National Security Agency (NSA) américaine ne puisse espionner l'action du gouvernement. "Ils ont essayé de nous proposer autre chose pour remplacer nos Blackberry, mais cela ne fonctionne pas et certaines personnes utilisent en cachette leur Blackberry", constate un membre du cabinet du premier ministre. La direction centrale des systèmes de sécurité et d'information, attachée au SGDN, planche sur des outils alternatifs, mais la tâche est rude. "Non seulement, l'administration est un puits de paperasse sans fond, mais en plus nous ne fonctionnons pas dans le même espace-temps que nos interlocuteurs", s'impatiente un directeur adjoint de cabinet. "Les risques d'interceptions sont pourtant réels, c'est la guerre économique", plaide M. Juillet. Pour preuve des risques encourus, dit-il, "avant toute grande négociation entre des banques d'affaires américaines et des entreprises, chacun sort son Blackberry et en extrait la pile pour montrer que tout se déroule dans un climat serein". Dans le passé, M. Juillet a été PDG de Marks & Spencer avant de prendre la tête de la direction du renseignement de la DGSE, notamment chargée des relations avec les entreprises françaises. § Après la contre-performance de la droite lors du second tour des législatives, la majorité tente de relancer la dynamique présidentielle pour appliquer rapidement son programme. § O n ne change rien : la contre-performance enregistrée par les candidats de l'UMP, dimanche 17 juin, à l'occasion du second tour des législatives ne remet pas en cause le nombre et le rythme des réformes décidées par Nicolas Sarkozy et François Fillon. Après un premier tour où les Français semblaient avoir plébiscité le "style Sarkozy", les électeurs semblent avoir émis de sérieuses réserves, une semaine plus tard, sur son programme. Recevant lundi 18 juin, en fin d'après-midi, les principales figures de l'UMP pour une réunion consacrée "au bilan et à la morale" du scrutin de la veille, le chef de l'Etat a voulu relancer la dynamique née de son élection en appelant à "réformer vite et fort". "On ne ralentit rien, expliquait, lundi, un conseiller du chef de l'Etat. Il faut limiter la portée de cette élection. Les législatives n'ont pas la portée de la présidentielle." Secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian rappelle lui aussi que le scrutin de dimanche "ne porte pas atteinte à l'esprit de réforme". "Réformer sera plus difficile, admet toutefois un ministre. Tout va dépendre de la réaction du corps social. Mais il faut rester dans l'offensive, cela désarçonne la gauche. Et puis il y a un avantage à avoir une majorité qui doive faire un peu de dialectique." LE CAMP DES "RAPIDES" M. Sarkozy peut-il envisager une pause alors même que l'Assemblée nationale n'a pas encore été convoquée en session extraordinaire ? La vitesse est sa marque de fabrique. Au cours de sa campagne, il a multiplié les références aux reculs des gouvernements Raffarin et Villepin pour se poser en contre-exemple. Dès le premier conseil des ministres, vendredi 18 mai, il avait donné au gouvernement une feuille de route explicite : "Nous ferons toutes les réformes en même temps, et non pas l'une derrière l'autre." Et le 29 mai, au Havre, il avait déclaré : "Pour bousculer les contraintes, pour en trancher les noeuds, il faut frapper fort, il faut agir sur tous les fronts à la fois, il faut créer un effet d'entraînement." En 2002, alors que le débat sur le rythme des réformes agitait le gouvernement, M. Sarkozy s'était placé délibérément dans le camp des "rapides". Ne disait-il pas après la réforme des retraites conduite par François Fillon : "C'est très bien, mais on aurait pu parvenir au même résultat en un mois." Seul Jean-Pierre Raffarin, dimanche soir, plaidait pour une plus grande prudence en expliquant qu'il "fallait écouter le message nuancé des Français" qui, selon lui, "avaient émis tout à la fois une envie d'équilibre, d'action et d'écoute". Comme prévu donc, le conseil des ministres du 20 juin adoptera le texte majeur sur le pouvoir d'achat (heures supplémentaires, droits de succession, déduction des intérêts d'emprunt sur la résidence principale, assouplissement du cumul emploi-retraite). La semaine suivante, ce sera au tour des projets de loi sur l'autonomie des universités, la justice (peine plancher pour les multirécidivistes et abaissement de la majorité pénale à 16 ans), et la loi-cadre sur le service minimum. Le premier ministre ajoutera au menu de la session extraordinaire de l'été le texte sur l'immigration qui devrait être présenté au conseil des ministres du 4 juillet. INCERTITUDE AUTOUR DE LA TVA SOCIALE En revanche, le sort de la TVA sociale - qui pour de nombreux députés a conduit au succès en demi-teinte de la droite - semble plus incertain. Lundi, devant ses hôtes, M. Sarkozy a préféré mettre le résultat de dimanche sur le compte de l'effet négatif de l'annonce d'une vague bleue plutôt que sur le débat cafouilleux sur la TVA de l'entre-deux-tours. Président du groupe UMP du Sénat, Josselin de Rohan a plaidé "l'erreur collective". Devant ses proches, le chef de l'Etat a reconnu "une mauvaise explication" de ce dispositif. Autant de précautions pour disculper M. Borloo de toute faute à l'heure de son transfert de Bercy au ministère de l'écologie. Pourtant le dispositif de la TVA sociale, rebaptisé in extremis "TVA antidélocalisation" par M. Fillon, continue de susciter des craintes dans la majorité. "Cette hypothèse n'a pas été retenue, faute d'accord, dans le programme de l'UMP", souligne M. Devedjian rappelant qu'on "ne touchera pas au pouvoir d'achat des Français". A l'Elysée, Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République, s'étrangle à la pensée qu'on puisse renoncer à cette idée qu'il a portée : "Que le débat ait lieu est une bonne chose, mais le clore est précipité. S'il fallait arrêter tout cela maintenant, autant garder Chirac !" De son côté, Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la prospective, poursuit sa mission, comme si de rien n'était. Il doit se rendre au Danemark et en Allemagne, où la TVA sociale a été introduite, et a prévu de réunir chaque semaine les experts du conseil d'analyse économique. § Pour une femme partie aux Etats-Unis depuis vingt ans, qui n'avait plus que des relations un peu lointaines avec son pays, cette carrière est rapide et brillante. § L es podiums ont trois marches. Après deux postes ministériels, au commerce extérieur et à l'agriculture, Christine Lagarde accède, mardi 19 juin, à un des plus beaux ministères français : Bercy. Pour une femme partie aux Etats-Unis depuis vingt ans, qui n'avait plus que des relations un peu lointaines avec son pays, sa politique et ses gouvernements, cette carrière "back home" est rapide, deux ans, et brillante. La tâche est loin d'être simple. Son prédécesseur, Jean-Louis Borloo, est tombé sur la bourde de la TVA sociale, mal préparée, pas expliquée, politiquement explosive en pleine campagne électorale. Le poste est exposé, il est risqué, mais il est décisif pour la "rupture", pour redresser l'économie française en mal de croissance et de compétitivité, bousculée par la Chine, les Etats-Unis, l'Allemagne et qui doit retrouver un bon positionnement dans la nouvelle division internationale du travail. Ministre du commerce extérieur, Christine Lagarde avait souffert de voir le déficit commercial se creuser au-delà de 130 milliards d'euros sans avoir la main ministérielle sur la production française, sur ce que les économistes nomment "l'offre". La voilà maintenant à pied d'oeuvre. SYNTHÈSE SARKOZIENNE C'est Jean-Pierre Raffarin qui a repéré à Chicago "cette Française qui a réussi aux Etats-Unis". Elle a pris la tête, en 1999, du cabinet Baker & MacKenzie, 9 000 salariés, 3 000 avocats, 61 bureaux dans 35 pays. Aboutissement d'une carrière de vingt ans outre-Atlantique où elle est allée rapidement après un diplôme de sciences politiques à Aix-en-Provence, un DESS de droit social et un passage à la Holton Arms School de Bethesda (Maryland). Quand le premier ministre de l'époque remanie son gouvernement, il cherche une femme qui connaît le monde international, les grandes négociations. Mme Lagarde n'hésite pas : si elle s'est éloignée de son pays au point de le trouver franchouillard, entrer au gouvernement est l'occasion irrécusable de le servir en ouvrant fenêtres et portes. Elle en sera l'avocate à l'étranger et ne comptera pas ses nuits d'avion, ses déplacements de "représentation". Elle sera en France l'avocate de l'économie, de la compétition, de la mondialisation. Sans toujours trouver d'écho et de compréhension auprès de ses collègues du gouvernement. Lorsque M. Raffarin laisse sa place à Dominique de Villepin, elle ne trouvera plus matière à dialogue international qu'avec Jacques Chirac lui-même et avec Nicolas Sarkozy, qui comprend vite qu'il tient en elle l'une des femmes de son futur gouvernement. Après le 6 mai, Christine Lagarde s'impose sans discussion parmi les femmes qui seront ministres. Mais ce n'est pas sans habileté que le nouveau président la nomme... à l'agriculture. Sans doute a-t-elle des origines normandes (elle est née au Havre), mais tout le monde sourit à imaginer la grande et chic dame en haute couture faire les comices agricoles. Le choix vise à trouver un juste milieu entre la politique agricole commune (PAC) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC), à inventer l'étroit passage entre la défense des intérêts français (l'agriculture est un secteur exportateur) et l'ouverture nécessaire des marchés. L'Américaine Lagarde, la libérale et l'avocate, a pour travail de concrétiser la synthèse sarkozienne, entre défense du tiers-monde et sécurité alimentaire, entre libéralisme et protectionnisme. C'est ce compromis qu'elle devra trouver à Bercy, cette fois-ci en grand, pour toute l'économie française. Une politique industrielle française innovante, adaptée à la mondialisation, pour le XXIe siècle, voilà l'objectif. L'inventer et l'imposer à ceux qui, à l'Elysée et ailleurs dans la majorité, rêvent encore d'un interventionnisme. § Ultime ligne droite pour l'élaboration du projet de loi sur la défiscalisation et l'exonération de charges sociales des heures supplémentaires § U ltime ligne droite pour l'élaboration du projet de loi sur la défiscalisation et l'exonération de charges sociales des heures supplémentaires. Les derniers arbitrages devaient être rendus ce week-end afin que les consultations avec les partenaires sociaux puissent se dérouler en début de semaine. "On devrait les avoir tous vus d'ici à mercredi soir", annonçait-on, vendredi 1er juin, au cabinet du ministre de l'économie, Jean-Louis Borloo. Le texte, qui peut être modifié pour tenir compte des observations des délégations syndicales et patronales, sera alors transmis au Conseil d'Etat et aux organismes de Sécurité sociale qui sont concernés par les exonérations de charges. Il pourrait n'arriver sur la table du conseil des ministres qu'à la fin du mois de juin. L'objectif reste néanmoins que cette loi soit adoptée dès le mois de juillet et que le dispositif soit opérationnel pour une mise en application à partir du 1er octobre. Première délégation à avoir été reçue vendredi, à Bercy, par Jean-Louis Carenco, numéro deux du cabinet de M. Borloo, l'Union professionnelle des artisans (UPA) a confirmé ce calendrier. A l'issue d'un entretien d'une heure, Pierre Burban, le secrétaire général de l'UPA, a souligné l'état provisoire des informations communiquées par le ministère. "Nous n'avions aucun texte écrit, a-t-il expliqué, et les arbitrages ne sont pas encore rendus." La première règle à respecter impérativement par le gouvernement consiste à ne pas toucher à la durée légale du travail et à ne pas modifier le droit du travail, qui obligerait, dans le respect de la loi du 31 janvier 2007 sur le dialogue social, à ouvrir des négociations avec les partenaires sociaux, repoussant d'autant l'application de la mesure. Pour le reste, tout est question de chiffrage, d'ampleur et donc de coût de la mesure. Selon Bercy, dans l'état actuel du scénario envisagé, la défiscalisation et l'exonération de charges pourraient coûter de 4 à 5 milliards d'euros. L'Elysée semble pousser à ce qu'il y ait le moins de limites et de plafonds possibles. Les premiers textes proposés par Bercy auraient été trop timides. Les "heures complémentaires" pour les salariés à temps partiel seront exonérées et défiscalisées, à raison d'un nombre d'heures supplémentaires calculées en pourcentage de celles effectuées dans le cadre du temps partiel. NE PAS JOUER "PETIT BRAS" Les fonctionnaires, qui étaient exclus dans un premier temps, bénéficieraient de la mesure. Les forfaits jour, avec un système de rachat, et les salariés dont le temps de travail est annualisé seraient aussi bénéficiaires de ces mesures. Dans l'entourage du chef de l'Etat, on estime que la mesure, pour être efficace, doit être la plus ample possible. "Si on joue petit bras, on ne passera pas l'étape du Conseil d'Etat et du Conseil constitutionnel, et ça passera si on dit qu'il s'agit d'un motif d'intérêt général", explique-t-on dans les couloirs de l'Elysée. "A 1 100 milliards de dette publique, on ne va pas mégoter sur 1 ou 2 milliards", confie un proche du dossier. Reste la maîtrise des dépenses publiques qui est à la charge du ministre de l'économie. Restent aussi quelques points d'interrogation concernant la contribution sociale généralisée (CSG) et les cotisations qui sont versés aux organismes paritaires comme l'assurance-chômage et les retraites complémentaires. Bercy assure qu'elles ne rentrent pas en ligne de compte quand l'Elysée réfléchit à les intégrer dans la mesure. Elles pourraient être acquittées par l'employeur aux organismes concernés, mais défalquées du reste des cotisations sociales. L'Etat compenserait le manque à gagner pour la Sécurité sociale. Le projet d'une TVA sociale, qui doit être discuté prochainement dans un groupe de travail, pourrait servir à terme notamment à financer cette compensation. § Patrick Mennucci, que la campagne de Ségolène Royal a rendu célèbre, féraille dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône contre le sortant, Jean Roatta. S'il gagne, il deviendra un outsider sérieux dans la course socialiste à la mairie. § A cheval sur trois arrondissements, disparate, la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, que traversait Ségolène Royal, vendredi 1er juin, voit s'affronter des candidats très représentatifs des mondes politiques locaux. A droite, le député sortant, Jean Roatta. Né en 1941, parlementaire discret depuis 1986 et maire du secteur, il est un des plus dévoués compagnons de Jean-Claude Gaudin (UMP), qu'il compare volontiers à "une mère poule". Cet orphelin de père, longtemps carrossier, professe qu'il ne faut jamais quitter le terrain qui vous a été assigné : "La première fois que je me suis présenté, on a fait 720 voix. Et Jean-Claude Gaudin me dit : "Il faut que tu restes dans la circonscription"." Ce qu'il a fait, prenant racine, veillant à tout et rêvant du Sénat. Fort des 50,43 % de Nicolas Sarkozy, "de son côté Monsieur Courage et de sa modernité", Jean Roatta laboure son terrain et se dit confiant, d'autant que "plus personne ne (lui) parle du Front national". Contre lui ferraille Patrick Mennucci, que la campagne de Ségolène Royal a rendu célèbre. Tombé dans la passion socialiste à l'adolescence, il a conquis sa première légitimité en s'attaquant aux quartiers ouvriers communistes du nord, longtemps délaissés par le PS. Mais celui qui est le président du groupe socialiste de la municipalité n'a jamais pu se faire élire sur son nom. Et, en 2004, il a quitté son ancien bastion des quartiers nord pour le centre-ville. OUTSIDER SÉRIEUX Pari risqué, mais, selon lui, "pari gagnable car Sarkozy n'a eu que 318 voix de plus que Ségolène". S'il gagne, il deviendra un outsider sérieux dans la course socialiste à la mairie. Il mène donc une double campagne. De député dans la partie populaire de la circonscription, les 1er et 2e arrondissements ségolénistes. Et de conseiller municipal dans le 7e, sarkozyste : il espère que la bataille contre l'implantation d'horodateurs en mai 2005 aura laissé quelques traces défavorables au tenant de la majorité municipale. Les poids légers de la circonscription racontent eux aussi des pans importants de l'histoire locale. Jean-Paul Israël, flanqué d'une suppléante du PRS (Pour la République sociale, mouvement du socialiste Jean-Luc Mélenchon), est le "candidat de la gauche populaire, républicaine et anti-libérale". Membre du PCF, il est surtout le charismatique leader des marins CGT, rendu illustre par la longue grève contre la privatisation SNCM en octobre 1995. Il mène une campagne très active et très à gauche, obtenant la venue de son vieil ami Jean-Claude Gayssot, un 8 mai, et le soutien de Clémentine Autain quelques jours plus tard. Le représentant du MoDem, Miloud Boualem, vétéran de l'UDF, est un des premiers représentants musulmans à s'être lancé en politique. Quant à Jackie Blanc, il est un des derniers fidèles de Jean-Marie Le Pen dans un Front national qui n'a plus d'existence militante dans le département. M. Blanc avoue volontiers que son parti a pris un "sacré coup sur la tête" lors de la récente présidentielle. Il se contente de coller des affiches en faisant semblant de croire qu'une triangulaire redonnera de l'importance à son parti. § Après le score calamiteux de sa candidate à l'élection présidentielle, le Parti communiste cherche des solutions pour remplir des caisses vides § C e directeur d'un grand musée d'art moderne n'en revient toujours pas. Voici quelques semaines, il a reçu la visite d'une délégation de la direction du Parti communiste lui demandant une évaluation de la grande fresque de Fernand Léger qui orne le mur du 5e étage du siège de la place du Colonel-Fabien. "Ils voulaient savoir si elle pouvait intéresser les musées. J'ai compris qu'ils étaient en train de vendre leurs derniers avoirs", explique ce fin connaisseur parisien. Un portrait de Picasso au fusain d'Edouard Pignon aurait aussi été jaugé. Ce sont, avec le tableau de Duchamp LHOOQ, appelé "La Joconde à la moustache" - mise en dépôt pour quatre-vingt-dix-neuf ans au Centre Georges Pompidou - les derniers trésors du PCF. Confronté à une baisse importante de son influence, le parti est en train de revoir ses moyens d'existence. "C'est vrai qu'on racle les fonds de tiroirs pour ne pas toucher aux bijoux de famille", confie un cadre du parti pour résumer la situation financière au lendemain du score calamiteux de Marie-George Buffet à l'élection présidentielle. Le signal d'alarme avait été tiré dès le conseil national qui a précédé le 22 avril. Le trésorier, Jean-Louis Frostin, avait prévenu ses camarades : "Notre trésorerie est tendue. Quels que soient les résultats des législatives, nous aurons d'ici à fin juin à décider collectivement des mesures appropriées pour un équilibre de gestion durable", a-t-il expliqué, ajoutant que "des économies de gestion et de structure" seraient nécessaires. En clair, c'est un nouveau plan d'économies qui se prépare, avec des suppressions d'emploi probables sur les 55 postes de permanents du siège. Le parti avait pourtant anticipé sur le non-remboursement des frais de la campagne présidentielle évalués à près de 5,5 millions d'euros. "Nous avons tiré les leçons de 2002 et fait des provisions depuis 2004", assure M. Frostin. Economies de matériel, réduction du nombre d'initiatives politiques, sobriété des meetings... et une souscription pour boucler le budget. VENTE DU SIÈGE ? Mais les résultats attendus aux législatives (les sondages donnent entre 3 % et 3,5 % d'intentions de vote) et la probable perte du groupe - les plus lucides parlent de 8 à 12 élus - risquent de renforcer l'urgence financière. Du coup, des rumeurs sur la vente de l'immeuble du Colonel-Fabien circulent. Aussitôt démenties par les proches de Mme Buffet... "A aucun moment cela n'a été envisagé", jure Olivier Dartigolles, le porte-parole. Il semble pourtant que l'hypothèse a bien été étudiée. Mais la portée symbolique d'une telle vente a été jugée trop risquée : sans Fabien, le PCF ne serait plus rien. "Ce n'est pas à l'ordre du jour. Quelle que soit la prochaine direction, c'est la dernière chose du patrimoine qu'ils vendront", estime l'ancien secrétaire général Robert Hue, qui avait placé, avant de partir, ses proches aux postes stratégiques des finances du parti. Le refondateur Roger Martelli ne croit pas non plus à une telle cession : "C'est le dernier élément de crédibilité auprès des banques. Si on vend, c'est fini !", assure l'historien. Reste à gérer l'étape suivante. Avec la probable division par deux du nombre de députés et la perte du groupe, ce sont 1,6 million d'euros d'aide publique, de moyens de fonctionnement et de reversements des élus en moins dans les caisses. Sans compter les 1,66 euros par voix manquante aux élections législatives. "On a un gros souci financier qui nous attend", admet Hervé Brahmi, président du conseil général de Seine-Saint-Denis. § Presque tous les candidats socialistes aux législatives dans les Bouches-du-Rhône ont rejoint Ségolène Royal, vendredi, à Marseille, venue soutenir en priorité Patrick Mennucci, l'un de ses fidèles lors de la campagne présidentielle. § A tour de rôle, chacun pose pour la photo à côté d'elle. Presque tous les candidats socialistes aux législatives dans les Bouches-du-Rhône ont rejoint Ségolène Royal, vendredi 1er juin, à Marseille, venue soutenir en priorité Patrick Mennucci, l'un de ses plus fidèles soutiens dans la campagne présidentielle. Même si ce dernier est l'un des rares, sur la France entière, à avoir apposé sur son affiche de campagne le slogan "Le candidat de Ségolène Royal", même si dans ce département la gauche est restée impuissante face à la vague Sarkozy, personne ne boude le rendez-vous. L'ancienne candidate à la présidentielle reste le meilleur agent électoral du PS pour les législatives. "Ce qu'on remarque, en tout cas, c'est que, depuis qu'elle est revenue dans le paysage, on existe à nouveau", se réjouit Eugène Caselli, responsable de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. "Leader de l'opposition, je ne sais pas, mais leader d'opinion, c'est certain", dit-il en observant la foule qui se presse autour d'elle dans les rues populaires du centre de Marseille. A l'heure du déjeuner, dans un restaurant de la ville prisé pour sa bouillabaisse, un convive supplémentaire s'est invité à la table de Mme Royal. Aquilino Morelle, ancienne plume de Lionel Jospin, rallié à Laurent Fabius, a fait le déplacement depuis la Seine-Maritime, où il est candidat, pour venir chercher un mot de soutien. "Dans ma circonscription, justifie-t-il, j'ai un candidat PRG (radical de gauche) qui fait campagne en se présentant comme l'ami de Ségolène Royal." Sur la page blanche préparée par l'ancien conseiller de Matignon, elle écrit : "Je soutiens mon ami Aquilino Morelle..." L'affaire est réglée. "JE NE SUIS PLUS LE MÊME" A Marseille, Mme Royal aurait pu croiser Bertrand Delanoë venu soutenir, lui, Christophe Masse, l'un des deux députés PS sortants, aujourd'hui en difficulté. Le maire de Paris, qui a participé à "une réunion ciblée sur la communauté arménienne", précise M. Caselli, est cependant reparti discrètement en fin de matinée. Dominique Strauss-Kahn n'est pas en reste. L'ancien ministre enchaîne les déplacements et viendra, le 5 juin, encourager à Marseille la candidate de la 1re circonscription, Marie-Arlette Carlotti. Mais, parmi les leaders du PS, bien peu rivalisent avec Mme Royal pour remplir les salles et entretenir des relais. "Je ne suis plus exactement le même depuis la campagne présidentielle, s'est exclamé M. Mennucci. Je serai à tes côtés quoi que tu décides" pour la suite. Jeudi soir, devant près de 2 000 personnes, au parc des expositions de Digne-les-Bains, elle n'a pas ménagé sa peine pour rendre hommage à Jean-Louis Bianco, codirecteur de sa campagne présidentielle, un homme "solide, fidèle, calme, rassembleur (...) connu des chefs d'Etat étrangers". L'ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand, élu député en 1997 de la 1re circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, réélu en 2002, président du conseil général depuis 1998, est pourtant lui aussi menacé. Même si le département a offert à Mme Royal le meilleur résultat de toute la région à la présidentielle, avec 47,5 % des suffrages, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête partout, à l'exception de Digne, où l'ancienne candidate a gagné par seulement treize voix d'avance... Opposé à 16 candidats, dont Eliane Barreille, une nouvelle figure féminine sous l'étiquette UMP, conseillère régionale et maire de la commune de Malijai, M. Bianco sillonne sans relâche son territoire, promettant de visiter, une par une, les 103 mairies, à raison de 10 réunions par jour. Les yeux rougis par la fatigue, il dit mener une campagne très locale, sans être gêné par la défaite de la présidentielle et le rôle qu'il y a joué. "Ça a renforcé cette image : "Il a un poids national, il peut parler aux ministres"", assure-t-il. Samedi, Mme Royal devait continuer son périple en Ile-de-France en allant successivement soutenir des candidats en Seine-Saint-Denis, à Paris, dans les Yvelines et en Essonne. § Avocats et juges sont unanimes : ils estiment que la loi sur les peines minimales présentée par la ministre de la justice pour conséquence une forte augmentation des effectifs des prisons. § A vocats et juges sont unanimes : ils estiment que la loi sur les peines minimales présentée par la ministre de la justice, Rachida Dati, vendredi 1er juin, aura pour conséquence une forte augmentation des effectifs des prisons. "L'impact de ce texte, qui fait pression sur les juges, sera très lourd. Les conséquences en termes de surpopulation carcérale vont être considérables, estime Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire). "Car si, formellement, on laisse une marge d'appréciation au juge pour prononcer une peine de prison ferme ou non, dans les faits, on la lui enlève." Ségolène Royal dénonce le "tout-carcéral" Ségolène Royal s'en est pris, vendredi 1er juin à Marseille, aux projets de loi sur les peines planchers et la lutte contre la récidive préparés par la garde des sceaux Rachida Dati, en reprochant au gouvernement d'"agiter aujourd'hui une nouvelle loi sur la pseudo prévention de la délinquance, une nouvelle loi répressive par ceux-là mêmes qui ont eu cinq ans pour régler ce problème". "Ce qui est plus urgent pour empêcher la délinquance, c'est de donner du travail aux jeunes et la réussite scolaire", a déclaré Mme Royal lors d'une conférence de presse, où elle était venue soutenir les candidats socialistes aux législatives dans les Bouches-du-Rhône. L'abaissement de la majorité pénale, a-t-elle ajouté, "c'est le tout-carcéral. Ça veut dire qu'à 16 ans la solution ce sera la prison et non plus la prévention ou l'éducation (...) Comment ne pas voir qu'une école qui ouvre c'est une prison qui ferme !" - (AFP.) Même analyse au Syndicat de la magistrature (SM, gauche) : "Même si la possibilité de prononcer des peines alternatives à la prison n'est pas remise en question, l'effet conjugué de ce texte avec la loi de décembre 2005 limitant les possibilités de sursis aura pour effet de faire déborder les prisons déjà surpeuplées et de mettre en place un système pénal rompant définitivement avec toute conception humaniste de la sanction." Pour Paul-Albert Iweins, président du Conseil national des barreaux, "ce qui est préoccupant, c'est que les circonstances de faits et de personnalité disparaissent avec la deuxième récidive. On restreint la capacité des juges et des jurés". Le projet de loi "tendant à renforcer la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs" est au Conseil d'Etat. Il vise un champ très large : il ne concerne pas seulement les crimes, mais s'applique aux délits les plus courants, à partir de trois ans d'emprisonnement encourus, soit les vols simples. Les peines minimales s'appliquent aux mineurs récidivistes de 16 à 18 ans. Pour eux, de surcroît, l'excuse de minorité disparaît au troisième acte délinquant : ils seront dès lors passibles des mêmes sanctions que les adultes. Le texte ne comporte que quatre articles : les deux premiers fixent les peines minimales que les juges, sauf conditions exceptionnelles, devront prononcer. Ces planchers sont de l'ordre du tiers de la peine maximale prévue : un an si le délit est puni de trois ans de prison, deux ans s'il encourt cinq ans, etc. Le projet modifie une nouvelle fois l'ordonnance de 1945 sur l'enfance délinquante, dont la dernière retouche date de mars. "Les carences de la justice des mineurs, qui met un temps infini à prononcer les condamnations, différeront l'effet de cette loi, mais d'ici quelques années, elle fera passer le nombre de mineurs détenus de quelque 700 actuellement à 3 000 ou 4 000", estime un procureur qui requiert l'anonymat. La loi prévoit, enfin, une disposition qui devrait conduire plusieurs milliers de condamnés à passer un temps plus long en détention : le juge d'application des peines pourra constater lui-même que les faits ayant conduit la personne en prison relèvent d'une récidive, même si cela n'a pas été relevé par la juridiction de jugement. En clair, seront ainsi revues les libérations conditionnelles, les réductions de peine accordées pour bonne conduite (sept jours par mois, cinq mois en situation de récidive) ou les remises supplémentaires accordées au titre de la réinsertion (trois mois par an, deux mois en cas de récidive). "Cette disposition visant à "rattraper" le défaut de vigilance des juges aura un impact énorme sur les durées d'incarcération", pense David de Pas, juge d'application des peines, membre du SM. "Cela remet en question l'autorité de la chose jugée et va à l'encontre des lois précédentes qui ont demandé aux juges d'aménager les peines pour limiter la récidive", critique Mickaël Janas, président de l'Association des juges d'application des peines. Pour les majeurs comme les mineurs, le message est la fermeté : à la deuxième récidive, c'est bien le maintien en liberté, et non l'incarcération, qui doit être spécialement motivé par le juge. "On inverse la logique judiciaire", dénonce M. de Pas. Dans la pratique quotidienne de la justice pénale, notamment celle des comparutions immédiates, le résultat ne fait aucun doute. § Les partis ont promis de s'ouvrir aux femmes, aux jeunes, aux minorités "visibles" et à la société civile. Mais la réalité n'est pas à la hauteur des promesses. § L e renouveau du personnel politique, voilà un thème que les partis ont mis en avant cette année. Tous ont promis de s'ouvrir aux femmes, aux jeunes, aux minorités "visibles" et à la société civile. (Voir les portraits de Clara Mariette, candidate PCF et de Six Emmanuel Njoh, candidat UMP). Deux semaines après le dépôt des candidatures pour les législatives, l'ampleur du changement reste difficile à évaluer. Quand on leur demande combien de leurs candidats se présentent pour la première fois, l'UMP répond qu'elle n'a pas de chiffre précis. Le Parti socialiste produit une liste de 55 candidats étiquetés "renouvellement". Le Mouvement démocrate aligne lui 501"nouveaux" candidats et le Parti communiste 280 (sur 520). La question est devenue un enjeu électoral. "Nous sommes la seule formation politique à avoir atteint ou presque ses objectifs de parité. Nous sommes les seuls à avoir voulu donner à la diversité non seulement une chance mais une présence", a affirmé le premier secrétaire du PS, François Hollande, lors d'une conférence de presse, le 29 mai, en présence de huit candidats de la "diversité", sur la vingtaine qu'il présente. DES CIRCONSCRIPTIONS DIFFICILEMENT GAGNABLES "Le renouveau mis en avant par les partis, c'est de la poudre aux yeux", tranche le politologue Dominique Reynié, professeur des universités à l'Institut d'études politiques de Paris, pour qui l'avancée dans le domaine de la diversité est "homéopathique". Parmi les 7 639 candidats, on compte 3 177 femmes, soit 41,6 %, un taux en augmentation de 2,7 points par rapport à 2002. Insuffisant, selon Dominique Reynié : "Sur la féminisation des candidats, le PS a fait un plus gros effort que l'UMP, qui présente environ 33 % de femmes, mais l'Assemblée nationale ne compte pas plus de femmes qu'en 1946-1947 !" En cause : le fait que les candidats du renouveau sont présentés dans des circonscriptions difficilement gagnables, voire perdues d'avance. "Les partis restent des organisations conservatrices et ne peuvent s'empêcher de préserver les intérêts des sortants", estime Dominique Reynié. Pratiquer une forme de discrimination positive dans les investitures n'est pas sans poser problème. Et provoque des dissidences, comme dans la 4e circonscription de Charente, où Malek Boutih, secrétaire national et ancien président de SOS-Racisme, parachuté au nom de la diversité, doit affronter Martine Pinville, adjointe au maire d'une commune du département, qui avait été choisie par les militants socialistes. Dans la 11e des Yvelines, Djamal Yalaoui, exclu du PS, se présente avec une étiquette MoDem non-officielle, face à Safia Otokoré, parachutée d'Auxerre. Le problème se pose même au MoDem, où certains se sont par exemple émus de la non-investiture de Quitterie Delmas. Cette mère de 29 ans, porte-parole des jeunes UDF, a été écarté dans la 10e circonscription de Paris, où elle s'est beaucoup investie. Le parti lui a préféré une candidate venue des Verts, Danièle Auffray, adjointe au maire de Paris. "Une leçon de realpolitik", ironise le blogueur Mehdi Ouraoui. Les exemples comme celui de Rachida Dati, une femme d'origine marocaine devenue ministre de la justice à 41 ans, restent symboliques. L'âge moyen des candidats aux législatives est de 50,2 ans. Les députés sortants du groupe UMP ont plus de 58 ans en moyenne, comme les socialistes, les UDF ayant 53 ans, les "communistes et républicains" 63 ans. "Le problème, c'est qu'être élu est un métier à risque, ce qui favorise les candidatures de retraités et de fonctionnaires, déplore Dominique Reynié. C'est aussi pour cela que l'ouverture des partis à la société civile, hors fonctionnaires, reste très limitée." POUR UN "STATUT DE L'ÉLU" Pour faire avancer les choses, plus que sur la bonne volonté relative des partis, il faudrait compter sur des réformes institutionnelles, souligne le politologue. Il plaide pour "un statut de l'élu", qui offrirait par exemple une assurance sociale et un système de reconversion aux élus limités à deux mandats. Les assemblées élues à la proportionnelle (élections régionales ou européennes), sont de loin les plus féminisées, souligne aussi M. Reynié. Outre le non-cumul des mandats, appliqué de façon très inégale par les politiques, il défend enfin l'importance de la "rotation des charges électives", qui limite le nombre de mandats dans le temps. "On a calculé qu'en bornant les mandats de députés à 15 ans, ce qui n'est déjà pas mal, on renouvellerait l'Assemblée nationale de 40 %", s'amuse-t-il. "La société évolue, ce qui ne fait que rendre plus visible le décalage avec le personnel politique", regrette Dominique Reynié, pour qui les grands débats sur les institutions ne sont pas nouveaux et "s'affaissent toujours". "La théorie démocratique ne dit pas que les élus doivent représenter exactement la population mais quand on voit une assemblée d'hommes blancs âgés et fonctionnaires, cela pose un gros problème." § Débat en direct avec Dominique Reynié, professeur des universités à l'Institut d'études politiques de Paris, vendredi 8 juin à 16 heures § § Débat en direct avec Philippe Alliène, journaliste au "Monde", jeudi 7 juin 2007 à 11 heures § § Débat en direct avec Béatrice Jérôme, journaliste au "Monde", mercredi 06 juin 2007 à 15 h 00 § § Débat en direct avec Claudia Courtois, journaliste au "Monde", jeudi 7 juin à 15 heures § § L'UMP disposant de la majorité absolue, le député de Haute-Savoie est assuré d'être élu. De son côté, Jean-François Copé lui succède à la tête du groupe UMP. § P résident du groupe UMP lors de la dernière législature, Bernard Accoyer devrait être le prochain président de l'Assemblée nationale. Le député de Haute-Savoie a en effet été élu, mercredi 20 juin, candidat au "perchoir" par les députés UMP face à Patrick Ollier, président de l'Assemblée depuis le départ de Jean-Louis Debré vers le Conseil constitutionnel le 7 mars. Cette victoire assure à M. Accoyer d'être élu à la présidence de l'Assemblée nationale mardi prochain en séance publique, le groupe UMP disposant de la majorité absolue. Son successeur à la tête du groupe UMP sera Jean-François Copé. L'ancien ministre a été logiquement désigné mercredi par les élus de la majorité, après la nomination au gouvernement mardi de Christian Estrosi, son principal concurrent. Le député de Seine-et-Marne a récolté 256 voix, contre 44 à Alain Joyandet, député de la Haute-Saône. § A l'initiative de René Dosière et de Jean-Michel Baylet, des contacts sont en cours pour constituer un groupe qui réunirait des élus divers gauche, radicaux, Verts et de l'outre-mer. § Q uelle sera exactement la géographie de l'Assemblée nationale le jour de la rentrée, mardi 26 juin ? C'est ce jour-là que sera remise à la présidence la déclaration politique de chacun des groupes parlementaires, accompagnée de leur composition et du nom de leur président. D'ici là, les frontières sont encore mouvantes. A droite, Jean-François Copé devait être élu sans difficultés à la présidence du groupe UMP, mercredi 20 juin. En revanche, pour les autres postes clés, à commencer par la désignation à la présidence de l'Assemblée (Le Monde du 20 juin), la concurrence est rude. Bernard Accoyer et Patrick Ollier se disputent le "perchoir" ; Philippe Houillon et Claude Goasguen briguent la présidence de la commission des lois ; Hervé de Charette et Pierre Lellouche celle des affaires étrangères ; pour la commission des affaires sociales et celle des affaires économiques, la situation est encore obscure, d'autant plus que la présidence de la commission des finances est désormais réservée à l'opposition. De quoi faire, déjà, des légions de mécontents... A droite, toujours, le Nouveau Centre et ses vingt-deux députés se sont dotés d'une présidence à deux têtes : François Sauvadet, l'ancien porte-parole du groupe UDF, a été élu à la tête du groupe par 13 voix contre 8 (et un bulletin blanc) pour Charles de Courson, qui sera son vice-président. "Nous sommes le second pôle de la majorité. Nous voulons être au rendez-vous de l'action", a déclaré le nouveau président. A gauche, la situation est encore confuse. Le PS avait invité, mardi 19 juin, tous ses élus "dissidents" à participer à sa réunion de rentrée. Il leur propose d'intégrer les effectifs du groupe. Jean-Marc Ayrault, qui souhaite être reconduit à sa présidence, chiffre son effectif actuel à 187 membres. "Avec les radicaux de gauche et divers gauche, nous pourrions dépasser les deux cents", a-t-il indiqué. A l'initiative de René Dosière, réélu dans l'Aisne bien que n'ayant pas été investi par le PS, et de Jean-Michel Baylet, le président du PRG, des contacts sont en cours pour constituer un groupe qui réunirait des élus divers gauche, radicaux, Verts et de l'outre-mer. Le PCF, quant à lui, n'est plus en mesure de constituer un groupe si le seuil nécessaire devait rester à 20 membres. Aussi pourrait-il être tenté de rejoindre cette démarche. § Tout le monde, au PS, n'a pas la même conception du temps. Il y a les impatients, et ceux qui jouent l'expérience, les "lions" et les "sages". § T out le monde, au PS, n'a pas la même conception du temps. Il y a les impatients, et ceux qui jouent l'expérience, les "lions" et les "sages". "Dix ans de frustration, je libère ma parole...", proclamait, mardi 19 juin, Gaëtan Gorce dans les couloirs de l'Assemblée. En fin de journée, au bureau national du parti, le député de la Nièvre passait à l'acte en réclamant la "démission collective" de la direction du PS. Non loin, Henri Emmanuelli affichait la force tranquille. "Rénovation, refondation... on est dans le travail d'épithète. Il faut prendre son temps. Notre travail consiste d'abord à nous mettre en harmonie avec les aspirations de notre électorat". Et comme Arnaud Montebourg avait, au soir du second tour des législatives, estimé le temps des "éléphants révolu" au profit de celui des "jeunes lions", le député des Landes ajoutait : "Chacun sait qu'un éléphant ne craint pas le lion". "L'OMBRE C'EST TERMINÉ !" Première épreuve de ce faca-à-face entre les partisans de Ségolène Royal et les autres, l'élection d'ici au 25 juin, du président du groupe socialiste de l'Assemblée. Jean-Marc Ayrault, actuel détenteur du poste voudrait bien rempiler mais cumule deux handicaps : sa longévité à ce poste, dix ans, et son engagement aux côtés de Mme Royal lors de la présidentielle. "Je ne suis le candidat de personne, ni d'aucune sensibilité au PS", se défend M. Ayrault en excipant de son "expérience". La concurrence ne manque pas, de Jean Glavany à Laurent Fabius. Arnaud Montebourg "consulte, réfléchit". "Je ne veux pas être candidat contre Ayrault, comme vous le savez, nous sommes assez proches", dit-il. Proches, car partisans de Mme Royal. Marylise Lebranchu, députée du Finistère a aussi "envie" de postuler à l'un des trois postes du groupe, président, président de la Commission des finances, ou questeur : "Moi, s'exclame-t-elle, l'ombre c'est terminé !" Aucun courant n'étant majoritaire, des alliances sont nécessaires. Les royalistes pourraient en faire les frais. Au bureau national, un front assez large s'est manifesté pour contrecarrer les partisans de l'ex-candidate à la présidentielle, désireux de prendre le pouvoir. Dans le camp de Mme Royal, Manuel Valls a insisté, après Gaëtan Gorce, sur la nécessité d'une "direction collégiale". Mme Royal s'étant résignée à patienter jusqu'en 2008 pour obtenir un congrès, ses amis veulent un vote des militants sur le texte que proposera François Hollande au conseil national du 23 juin. En face, les autres, dont Bertrand Delanoë se sont retrouvés sur la même ligne, le besoin d'un "processus long" pour réussir la refondation. "Nous avons une culture de délibération, et non de vote sur les personnes", a plaidé le fabiusien Henri Weber. Avec un calendrier, M. Hollande devrait proposer une méthode qui n'exclut pas un remaniement de la direction et la promotion de "jeunes talents" à travers la présidence de groupes de travail. Au milieu de cela, Malek Boutih, candidat malheureux aux législatives, a pris la défense de son amie Fadela Amara, entrée dans le gouvernement Fillon. "Si elle me demande un coup de main, je le ferai", a déclaré l'ex président de SOS-Racisme en dénonçant le bilan "très négatif" du PS sur la diversité. § Actuel entraîneur de l'équipe de France de rugby, Bernard Laporte, 42 ans, doit être nommé secrétaire d'Etat chargé de la jeunesse et des sports auprès de Roselyne Bachelot, à l'issue de la Coupe du monde. § A ctuel entraîneur de l'équipe de France de rugby, Bernard Laporte, 42 ans, doit être nommé secrétaire d'Etat chargé de la jeunesse et des sports auprès de Roselyne Bachelot, à l'issue de la Coupe du monde, qui doit se tenir en France du 7 septembre au 20 octobre. Cette nomination tient d'abord aux relations d'amitié de Bernard Laporte avec Nicolas Sarkozy, qu'il a rencontré à Arcachon (Gironde) il y a plusieurs années et où ils se croisent régulièrement. Les événements se sont accélérés il y a près d'un an lorsque ce dernier a laissé entendre que l'entraîneur du XV de France pourrait "faire un ministre très présentable". Originaire de Gaillac (Tarn), dont il a gardé l'accent, et élevé dans une famille modeste aux idées socialistes, le sélectionneur des Bleus a été un joueur de rugby de bon niveau mais c'est plutôt dans le rôle d'entraîneur qu'il s'est fait remarquer, avec un franc-parler parfois brutal. Il a d'abord joué à Bègles-Bordeaux, avant d'entraîner le Stade bordelais. En 1995, il monte à Paris pour y entraîner le Stade français. Il devient champion de France en 1998 puis entraîneur de l'équipe de France fin 1999. M. Laporte est l'un des rares personnages médiatiques du rugby français, et un touche-à-tout qui a toujours cherché à conjuguer sa trajectoire sportive avec une vie d'homme d'affaires. Il a des intérêts dans l'immobilier, dans des campings, dans la restauration et dans des casinos. Répondant à la question de savoir si son statut d'actionnaire dans des établissements de jeu pouvait poser des problèmes éthiques, Bernard Laporte a répondu, mardi 19 juin : "Que l'on m'explique quel problème éthique cela peut soulever. En France, le plus gros actionnaire de casinos est le groupe Accor, qui est en Bourse, et je ne crois pas que ce soit un groupe nauséabond. Les casinos sont une entreprise comme une autre." Tout en ajoutant : "J'ai le droit d'entreprendre et d'être dans les affaires." Mardi, Henri Sérandour, président du Comité olympique français, s'interrogeait sur la période intermédiaire de plus de quatre mois pendant laquelle M. Laporte assurera encore ses fonctions d'entraîneur du XV de France, alors que les discussions budgétaires seront déjà lancées et que la préparation des Jeux olympiques de Pékin 2008 aura besoin d'une impulsion gouvernementale. § Nicolas Sarkozy voulait sa Condi Rice. Une femme jeune (et belle), qui incarne la parité et le renouvellement des générations. Rama Yade était taillée sur mesure pour devenir, à 30 ans, la benjamine du gouvernement. § N icolas Sarkozy voulait sa Condi Rice. Une femme issue des "minorités visibles", comme on dit aujourd'hui, qui représente la France. Une femme jeune (et belle), qui incarne la parité et le renouvellement des générations. Rama Yade était taillée sur mesure pour devenir, à 30 ans, la benjamine du gouvernement, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme. Le nouveau quatuor du Quai d'Orsay, avec les socialistes Bernard Kouchner, Jean-Pierre Jouyet et Jean-Marie Bockel, a tout pour plaire à "l'ouverture". Les affaires étrangères, Rama Yade en rêvait. Redoutait qu'on l'enferme dans les questions d'intégration en lui confiant la francophonie. Elle l'avait dit au président, qu'elle continue obstinément à vouvoyer quand lui la tutoie depuis le début. En lui confiant la mission, il lui a intimé l'ordre de ne pas répondre aux médias pendant les premières semaines. D'autres lui ont rappelé la consigne. Un peu inquiets, peut-être, de la liberté de ton de cette jeune femme, qui n'hésitait pas à faire part de ses désaccords à Nicolas Sarkozy pendant la campagne et qui reçoit ses amis en boubou dans son petit appartement sous les toits. Le très feutré Quai d'Orsay devra s'y faire. Mais Rama Yade apprend vite. Elle a déjà eu plusieurs vies. Une enfance facile au Sénégal, élevée par une mère professeur et un père diplomate, secrétaire particulier du président socialiste Léopold Sédar Senghor. Une deuxième vie dans un quartier résidentiel de Colombes, en banlieue parisienne, son père étant en mission en France. Une troisième dans une cité de Colombes, où sa mère s'est retrouvée brutalement seule à élever ses enfants, se sacrifiant pour leur offrir l'école privée et catholique, sans renoncer à la religion musulmane. Dans une vie récente, Rama Yade était administratrice au Sénat, est devenue secrétaire nationale de l'UMP "pour Sarkozy" et s'est mariée... avec un socialiste. La jeune secrétaire d'Etat ne sait pas encore en quoi consistera sa mission sur les "droits de l'homme". Elle a été accueillie par Bernard Kouchner dans son futur bureau, a découvert les voitures à vitres fumées, les officiers de sécurité, l'ordre du jour de son premier conseil des ministres. Et les premières attaques : sur son arrogance, son rôle de "vitrine". § C'était au début du quinquennat de Jacques Chirac et personne ne connaissait cette jeune polytechnicienne. L'évidence s'était néanmoins imposée : il faudrait compter avec cette jeune femme, incollable sur l'écologie et le développement durable. § L a question était précise, aussi technique que politique. Posée d'un ton glacial, elle exigeait une réponse convenable. Nathalie Kosciusko-Morizet, depuis les bancs de l'Assemblée nationale, interrogeait la ministre de l'écologie, Roselyne Bachelot. On eût dit un picador dans l'arène, sûr de son fait et de l'issue du duel. C'était au début du quinquennat de Jacques Chirac et personne ne connaissait cette jeune polytechnicienne, arrivée dans l'hémicycle grâce à la nomination au gouvernement de Pierre-André Wiltzer, dont elle était la suppléante dans l'Essonne. L'évidence s'était néanmoins imposée : il faudrait compter avec cette jeune femme, incollable sur l'écologie et le développement durable et dotée à l'évidence d'une ambition de fer. De la génération des "bébés Chirac" - elle est née le 14 mai 1973 à Paris - elle était une protégée de l'Elysée, comme le président d'alors les aimait. Brillante, passionnée d'environnement, avec un vrai "physique". En somme, un vrai potentiel médiatique. C'est ce que le grand public avait découvert lorsqu'elle était montée à la tribune du Congrès, à Versailles, enceinte de plusieurs mois, pour défendre la Charte de l'environnement. Elle était la rapporteure de ce texte très chiraquien, assez critiqué dans la majorité et qu'il fallait "adosser" à la Constitution. Elle s'en était bien tirée, peu impressionnée par le milieu politique qu'elle connaît parfaitement. Son arrière grand-père fut sénateur SFIO, son grand-père, un résistant gaulliste, fut ambassadeur à Washington, son père, ingénieur des Ponts est conseiller général des Hauts-de-Seine et maire UMP de Sèvres. Elle-même ne s'est pas contentée de l'X : elle est diplômée de l'Ecole nationale du génie rural et des eaux et forêts. "NKM", comme elle aime à se faire appeler, au point d'en avoir fait le nom de son site Web, a aussi gagné ses galons électoraux en se faisant élire le 17 juin avec 56,09 % des voix dans la 4e circonscription de l'Essonne. Elle a enfin joué les intermédiaires entre Nicolas Hulot et Nicolas Sarkozy. C'est donc une secrétaire d'Etat aux compétences reconnues qui vient appuyer Jean-Louis Borloo dans le ministère de l'environnement taillé sur mesure pour Alain Juppé. L'essentiel de sa carrière a été consacré à ces questions, que ce soit à Bercy, de 1997 à 2000 ou au cabinet de Jean-Pierre Raffarin, pendant quelques mois en 2002. Mme Kosciusko-Morizet a également fait un détour par le privé, chez Alstom. On ne lui connaît qu'un faux-pas : des photos un peu ridicules de madone sur lit de feuilles mortes avec harpe, dans Paris-Match, en 2006. § Convaincu que l'état de grâce ne durera pas, l'exécutif veut lancer rapidement les grandes réformes du quinquennat § S ur fond d'ouverture à gauche et aux minorités visibles de son gouvernement, de renouvellement et de rajeunissement, François Fillon a choisi, mardi 19 juin, de rappeler que, sur le fond, il ne céderait sur rien. Convaincu que l'état de grâce et la légitimité issue de la présidentielle ne dureront pas, le couple exécutif veut ouvrir plusieurs fronts en même temps. "On va aller encore plus vite, encore plus loin, et tout de suite", a confié le président de la République au Parisien du 20 juin. Alors que les conseils des ministres des 20 et 27 juin vont entériner les quatre grandes réformes du début du quinquennat, le premier ministre a lancé, lors d'une visite d'une usine textile de Tourcoing (Nord), "l'An II de la réforme". Sur le plan économique par exemple, MM. Sarkozy et Fillon savent que le paquet fiscal et social présenté mercredi 20 juin en conseil des ministres "n'est pas un projet économique mais d'abord un projet de société", décrypte l'Elysée. " Nous aurons à l'automne une politique de musculation de l'offre", confirme un proche de Sarkozy. LE GOUVERNEMENT FILLON 2 FRANÇOIS FILLON : premier ministre. ROGER KAROUTCHI : relations avec le Parlement. LAURENT WAUQUIEZ : porte-parole du gouvernement. ERIC BESSON : prospective et évaluation des politiques publiques. MARTIN HIRSCH : haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté. JEAN-LOUIS BORLOO : ministre d'Etat, écologie, développement et aménagement durables. DOMINIQUE BUSSEREAU : transports. NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET : écologie. MICHÈLE ALLIOT-MARIE : intérieur, outre-mer et collectivités locales. CHRISTIAN ESTROSI : outre-mer. BERNARD KOUCHNER : affaires étrangères et européennes. JEAN-PIERRE JOUYET : affaires européennes. JEAN-MARIE BOCKEL : coopération et francophonie. RAMA YADE : affaires étrangères et droits de l'homme. CHRISTINE LAGARDE : économie, finances et emploi. HERVÉ NOVELLI : entreprises et commerce extérieur. LUC CHATEL : consommation et tourisme. BRICE HORTEFEUX : immigration, intégration, identité nationale et codéveloppement. RACHIDA DATI : garde des sceaux, justice. MICHEL BARNIER : agriculture et pêche. XAVIER BERTRAND : travail, relations sociales et solidarité. VALÉRIE LÉTARD : solidarité. XAVIER DARCOS : éducation nationale. VALÉRIE PÉCRESSE : enseignement supérieur et recherche. HERVÉ MORIN : défense. ALAIN MARLEIX : anciens combattants. ROSELYNE BACHELOT-NARQUIN : santé, jeunesse et sports. BERNARD LAPORTE : jeunesse et sports (fin octobre). CHRISTINE BOUTIN : logement et ville. FADELA AMARA : politique de la ville. CHRISTINE ALBANEL : culture et communication. ERIC WOERTH : budget, comptes publics et fonction publique. ANDRÉ SANTINI : fonction publique. "On va continuer, en agissant notamment sur la compétitivité des entreprises", a confirmé M. Fillon, mardi, lors d'un débat avec des chefs d'entreprise qui lui demandaient de "poursuivre la réflexion sur la TVA anti-délocalisation" et de "leur donner les arguments pour expliquer aux salariés le pourquoi des choses". Si certains avaient pu croire que le changement de portefeuille de Jean-Louis Borloo, rendu responsable du cafouillage sur la TVA sociale, signifiait l'enterrement de ce dossier, le premier ministre les en a dissuadés. Il a profité de son premier déplacement avec la nouvelle ministre de l'économie, Christine Lagarde, pour la charger d'en poursuivre l'étude : "Je ne veux pas qu'on ferme un dossier sous prétexte qu'il est mal expliqué." "Tout le monde reconnaît qu'on ne peut pas financer la protection sociale uniquement sur le travail. Plus on met des charges sur le travail, plus les emplois s'en vont", a-t-il poursuivi. Concluant : "Il faut trouver de nouvelles assiettes, mais les nouvelles assiettes, il n'y en a qu'une, c'est la consommation, c'est la valeur ajoutée plutôt." "Je vais m'y atteler dès ce soir", lui a répondu Mme Lagarde. Alors qu'un journaliste lui demandait si elle était le "bouche-trou" de M. Borloo, la ministre a lancé : "On me verra à l'oeuvre, on verra si je suis un bouche-trou." En matière de réformes de société, le couple exécutif veut aussi accélérer les choses, quitte à marier les contraires. D'un côté l'ouverture aux minorités, aux personnalités de gauche : "Il y aura deux femmes noires sur la scène internationale : Condi Rice et Rama Yade (nommée secrétaire d'Etat chargée des affaires étrangères)", affirme même M. Sarkozy au Parisien. De l'autre un projet de loi sur l'immigration, préparé par Brice Hortefeux, qui prévoit notamment de nouvelles restrictions au regroupement familial, et que M. Fillon voudrait voir examiner par le Parlement dès cet été. D'une part, encore, l'entrée de Fadela Amara, fondatrice de Ni putes ni soumises, aux côtés de sa ministre plus conservatrice Christine Boutin. De l'autre, le choix, pour le premier ministre, de s'afficher, mardi à Tourcoing, avec le député Christian Vanneste, condamné par la justice pour propos homophobes. § Le nouveau ministre de l'agriculture Michel Barnier s'inscrit dans la continuité. § M ichel Barnier s'inscrit dans la continuité. "Je vais poursuivre le projet d'Etats généraux de l'agriculture, une bonne idée de Christine Lagarde pour préparer le bilan de la PAC de 2008", a affirmé au Monde le nouveau ministre de l'agriculture, après la passation de pouvoir mardi soir 19 juin. Si le départ pour Bercy de Mme Lagarde, sur laquelle le monde agricole fondait beaucoup d'espoir, a décontenancé, le nom de M. Barnier rassure : le ministère conserve une "grosse pointure", les agriculteurs plaidaient pour. La nomination de Mme Lagarde avait été applaudie pour sa maîtrise du dossier OMC, la sienne l'est pour son expérience bruxelloise. Commissaire européen chargé de la politique régionale et de la réforme des institutions de 1999 à 2004, il avait quitté Bruxelles pour prendre la direction du ministère des affaires étrangères dans le dernier gouvernement Raffarin. En juin 2005, Michel Barnier, amer, n'était pas reconduit dans ses fonctions par Dominique de Villepin après la victoire du non au référendum sur la Constitution européenne. Il a été souvent en contact avec les dossiers agricoles, comme commissaire européen, mais aussi, auparavant, comme ministre délégué aux affaires européennes (1995-1997) et ministre de l'environnement (1993-1995), une expérience qu'il rappelle souvent et l'a conduit à soutenir l'action de Nicolas Hulot. Son premier coup de téléphone a été pour Mariann Fischer Boel, la commissaire chargée de l'agriculture, qui se trouvait à Postdam, en Allemagne, où a lieu jusqu'au 23 juin une rencontre Union européenne, Etats-Unis, Inde et Brésil, pour tenter de débloquer les négociations commerciales internationales dans le cadre du cycle de Doha. M. Barnier a affirmé vouloir y défendre les agricultures française et européenne "avec détermination". Un temps M. Barnier avait cru obtenir la défense dans le premier gouvernement Fillon. Il envisageait aussi un retour en 2009 à Bruxelles. Sa nomination est la confirmation de la volonté de l'Elysée de continuer à faire de l'agriculture un secteur stratégique. Le calendrier compte pour beaucoup, car la France exercera en 2008 la présidence de l'Union européenne au moment où l'Union doit réfléchir à la structure du budget européen, dans lequel la PAC est encore le deuxième poste. Le "bilan de santé" de la politique agricole commune sera alors au programme . "Je pense que cette politique, la plus ancienne, nous devons en faire une politique d'avenir pour l'Union européenne", a déclaré M. Barnier mardi. En mars, alors qu'il intervenait au nom de l'UMP au congrès de la FNSEA à Marseille, il avait encouragé les agriculteurs à ne pas s'attacher à "la PAC d'avant-hier mais à celle de demain". En tant que commissaire européen, il avait déjà participé à la réunion annuelle du syndicat. Sa connaissance des responsables agricoles, son expérience d'un département rural - il a été président du conseil général de Savoie - diffèrent du profil de Mme Lagarde. "Pour nous, le fait qu'il soit sollicité et qu'il accepte est intéressant", a réagi Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA. § TVA sociale, fiscalité, franchise médicale... Devant les parlementaires de l'UMP, le président de la République a énoncé, mercredi, les grands chantiers de son quinquennat. § D evant les parlementaires UMP réunis à l'Elysée, mercredi 20 juin, le président de la République Nicolas Sarkozy a fixé les grands objectifs de son mandat, estimant que "les Français nous ont confié pour cinq ans la responsabilité d'écrire l'Histoire de France". "Tout ce que j'ai promis de changer, je le changerai, tout ce j'ai promis de réformer, je le réformerai", a-t-il lancé. Smic. Une "commission de sages" se penchera "dès la rentrée" sur la question de la revalorisation du salaire minimum, a annoncé M. Sarkozy, estimant qu'il fallait introduire "un peu de rationalité économique" dans les décisions concernant le salaire minimum. En attendant cette échéance, "il n'y aura pas de coup de pouce au smic parce qu'il aurait un effet négatif sur l'emploi des moins qualifiés", a expliqué le chef de l'Etat. Moralisation de la vie économique. "Très vite", une "loi de moralisation de la vie économique" sera adoptée, a affirmé le chef de l'Etat, estimant que "la situation actuelle n'est pas tenable". "Aucun système économique ne peut fonctionner sans un minimum de morale", a poursuivi le président, évoquant "les pratiques de parachutes dorés et de stock-options". Equilibre budgétaire. Le président de la République s'est fixé "pour objectif sur cinq ans d'atteindre l'équilibre budgétaire et de ramener le poids de la dette à 60 % du produit intérieur brut", précisant toutefois qu'il n'entendait pas "mettre pas en uvre une politique qui puisse avoir pour effet de ralentir la croissance ou de rendre impossibles les grandes réformes structurelles qui s'imposent". Par ailleurs, le ministre des comptes présentera devant le Parlement "le budget de tous les ministères", a-t-il annoncé. TVA sociale. "Si la TVA sociale contribue à freiner les délocalisations, si elle est bonne pour l'emploi, si elle est bonne pour la croissance, si elle ne pénalise pas le pouvoir d'achat, alors nous ferons la TVA sociale (...). S'abstenir sur la TVA sociale et regarder passer le train des délocalisations serait non seulement une faute économique, mais une faute morale et une faute politique", a-t-il déclaré. La TVA sociale sera "expérimentée" et si elle est "réussie", elle sera généralisée. Fiscalité. M. Sarkozy a affirmé aux élus que "toute la fiscalité française serait revue pour encourager le travail, la production et l'investissement". Pour cela, le président a appelé à "une remise à plat de tous les grands prélèvements, cotisations sociales, taxe professionnelle, taxe sur les salaires, TVA, impôt sur le revenu et CSG" et promis le "nettoyage des niches fiscales". Le chef de l'Etat a également "souhaité que la TVA sur les produits écologiques soit systématiquement abaissée au taux réduit" (5,5 %). Réforme de l'Etat. "Nous la ferons en profondeur et nous la ferons jusqu'au bout", a affirmé Nicolas Sarkozy, précisant que le premier ministre et lui-même "piloteront directement" cette réforme. "Ce n'est pas simplement de la rigueur, c'est quelque chose de beaucoup plus ambitieux, (...) faire en sorte que l'Etat devienne un acteur du changement", a-t-il expliqué. Préretraite. M. Sarkozy a souhaité la disparition "au plus vite" des préretraites en France. Franchise médicale. "Pour financer les dépenses de santé dont on a besoin, un effort supplémentaire sera nécessaire", a expliqué le chef de l'Etat. "Je mettrai sur la table ce dont j'ai parlé pendant la campagne présidentielle : la question de la franchise" médicale restant en tête des pistes évoquées. "Grands chantiers". Il a déclaré qu'il ferait de la lutte contre le cancer, de la lutte contre la maladie d'Alzheimer ainsi que des soins palliatifs "(ses) grands chantiers présidentiels". Pouvoir d'achat. Le président de la République a estimé qu'il y avait en France "un problème de pouvoir d'achat". "Les prix sont trop hauts et les salaires sont trop bas". C'est un "tabou" qu'il souhaite lever. Développement durable. Ce thème est au cur des priorités. Le développement durable ne doit"pas être seulement une politique de protection et de précaution" mais "une politique de production (...) qui va stimuler la croissance", a-t-il souligné. § La présidente de Ni putes ni soumises a été nommée secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville auprès de la ministre du logement et de la ville, Christine Boutin. Elle assure qu'elle ne sera ni un alibi ni la "minorité visible de service" § L 'une arbore une petite croix en or sur son tailleur bleu marine, l'autre porte une veste militaire kaki sur un pantalon noir, mais toutes deux se tiennent par le bras en faisant le tour du jardin de l'hôtel de Castries, où siège le ministère de la ville. Christine Boutin et Fadela Amara admettent en souriant qu'elles forment un couple improbable. "Un couple paradoxal, un couple extraordinaire, plaisante la présidente de Ni putes ni soumises. Mais c'est un beau mariage, même s'il y aura sans doute, comme dans tous les mariages, de petites disputes." Parcours 1964 Naissance à Clermont-Ferrand. 1986 Engagement à SOS-Racisme. 2002 Etats généraux des femmes des quartiers. 2003 Création du mouvement Ni putes ni soumises. 2006 Parution de "La Racaille de la République" (Le Seuil) 2007 Secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville auprès de Christine Boutin Qui eût imaginé tandem plus déconcertant pour ce ministère chargé d'améliorer la vie dans les quartiers ? Christine Boutin, la pasionaria qui brandissait la Bible dans l'Hémicycle pendant les débats sur le pacs, la fondatrice de l'Alliance pour les droits de la vie pour qui l'avortement est un geste "eugéniste et inhumain", la "consulteur" du Conseil pontifical de la famille, un organisme de la Curie romaine fondée par Jean Paul II, travaillera désormais au côté de Fadela Amara, une féministe qui revendiquait en 2005 "la liberté durement acquise des femmes à disposer de leur corps" et la "lutte contre toutes les formes d'intégrisme et d'obscurantisme". Jusqu'ici, elles ne s'étaient croisées que sur des plateaux de télévision. "Pour s'écharper", précise Christine Boutin dans un sourire. "Mais nous avions alors chacune un rôle à jouer, ajoute aussitôt la ministre du logement et de la ville du gouvernement de François Fillon. Maintenant, il s'agit d'autre chose : notre objectif est de faire en sorte qu'il n'y ait plus de quartiers sensibles. La nomination de Fadela Amara traduit la volonté de Nicolas Sarkozy de rassembler la France dans toutes ses différences. Fadela et moi, nous avons désormais un objectif commun : que chaque homme, chaque femme, chaque enfant, soit respecté sur notre territoire." La présidente de Ni putes ni soumises avait été contactée une première fois par l'Elysée au lendemain de l'élection présidentielle, lors de la constitution du premier gouvernement Fillon. Elle avait alors décliné l'offre en affirmant qu'elle serait plus utile à la tête de son association. Mais lorsque son nom a une nouvelle fois circulé, au lendemain des élections législatives, elle a fini par sauter le pas. " J'ai un peu hésité car je suis une femme de gauche et que je l'assume. Mais j'ai dit oui parce que mon combat dépasse les clivages politiques et parce qu'il y a urgence. Je veux avoir des manettes pour transformer la vie dans les quartiers." Fadela Amara, qui a rencontré Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises lorsqu'il était ministre de l'intérieur, assure qu'elle ne sera ni un alibi, ni la "minorité visible de service". "Quand on connaît mon caractère de cochon, c'est difficile à imaginer !, sourit-elle. J'ai accepté de rejoindre le gouvernement parce qu'on m'a assuré que ma liberté de parole serait respectée. Quand on s'occupe de personnes discriminées, humiliées, oppressées, comme moi, on n'a pas le droit d'avoir des états d'âme. Je veux mettre mes mains dans le cambouis pour bâtir une vraie politique de la ville." Fadela Amara connaît bien les cités pour y être née, il y a quarante-trois ans. Son père, un Kabyle algérien qui travaillait dans le bâtiment, est arrivé à Clermont-Ferrand en 1955, avant de repartir au pays épouser la fille de son cousin germain, de vingt-deux ans sa cadette. "Ils se sont installés dans une cité supposée être de transit à l'époque, le quartier d'Erbet, à Clermont-Ferrand, raconte-t-elle dans La Racaille de la République. Dans ce quartier, il n'y avait pas de mélange. Quand je suis née, 99 % de la population était d'origine algérienne ou du nord du Maghreb. J'ai vécu dans un village arabe, algérien." Ses parents, qui ont dix enfants, sont tous deux analphabètes. "Mon père a appris à signer, et il sait signer son nom, rien d'autre", poursuit-elle dans son livre. Fadela, qui connaît une scolarité chaotique, s'engage dans le militantisme dès l'adolescence en montant une marche civique pour encourager les jeunes de Clermont-Ferrand à s'inscrire sur les listes électorales, puis en créant une Association des femmes pour l'échange intercommunautaire. En 1983, elle participe à la Marche des beurs avant d'adhérer, en 1986, à SOS-Racisme, dont elle deviendra l'une des permanentes. En 2003, après les états généraux des femmes des quartiers et la mort de Sohane, une jeune fille brûlée vive par son ex-petit ami, elle fonde Ni putes ni soumises. Sa culture politique s'est forgée au sein de SOS-Racisme, association née dans le sillage du Parti socialiste. "Fadela venait du fond du fond, elle était en province, elle n'avait pas fait d'études mais elle avait un truc : c'était une révoltée, se souvient l'un des anciens présidents de SOS-Racisme, Malek Boutih. C'était une vraie sauvageonne des quartiers, avec les cheveux en pétard et une grande gueule, mais plus il y avait d'injustice, plus sa combativité augmentait. Les élites politiques, même au Parti socialiste, ont du mal à faire une place à ces jeunes issus des quartiers car ils les bousculent. La nomination de Fadela Amara est donc un geste symbolique important." Les mouvements féministes, qui ont parfois eu des relations difficiles avec Ni putes ni soumises, notamment pendant la controverse sur le port du voile à l'école - elle était favorable à la loi -, se disent en revanche déçues par sa décision. "Je suis pour le moins étonnée, pour ne pas dire peinée et interloquée, de voir Fadela Amara, qui se réclame du féminisme, travailler au côté de Christine Boutin, qui milite depuis de longues années contre les droits des femmes et contre l'avortement, note l'une des porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes, Suzy Rojtman. Je la croyais dans le camp de la gauche." Mardi 19 juin, à l'issue de leur rencontre dans les jardins du ministère, Christine Boutin a donné rendez-vous à Fadela Amara pour le lendemain matin. "Il faudra lui trouver un bureau", a glissé la ministre à ses collaborateurs. La présidente de Ni putes ni soumises, qui devrait quitter ses fonctions dans les jours qui viennent, s'apprêtait à regagner en métro la Maison de la mixité, dans le 20e arrondissement, quand on lui a signalé qu'une voiture était désormais à sa disposition. "Alors, le métro, c'est fini ?", a plaisanté Fadela Amara. La nouvelle secrétaire d'Etat a finalement quitté l'hôtel de Castries, édifié au XVIIe siècle par le seigneur de Nogent, dans une Citroën bleu marine du ministère. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Devant les élus de la majorité d'abord puis sur TF1 le soir même, le président de la République a tenu un discours très volontariste et exclu tout "renoncement". § N icolas Sarkozy a un remords : n'avoir pas fait campagne entre les deux tours des législatives pour obtenir "la large majorité" qu'il n'a finalement pas eu. Et un projet : intervenir une fois par an devant le Parlement pour pouvoir présenter ses grands objectifs, ce que la Constitution lui interdit encore. Mercredi 20 juin, le chef de l'Etat a tenté d'oublier le premier et d'anticiper l'autre. Discours de campagne ou de politique générale ? Les parlementaires UMP et Nouveau Centre, conviés en fin de matinée à l'Elysée, se posaient encore la question à leur sortie. Les journalistes aussi, qui ont peu branché leurs micros et filmé ce quasi-meeting de bout en bout. Pendant près d'une heure d'un discours rythmé par ce leitmotiv : "Je prendrai mes responsabilités", le chef de l'Etat a tenté de renouer avec la dynamique de sa victoire du 6 mai. Assurant ses hôtes qu'il ne céderait pas, lui, à "la culture de gouvernement", il exclut tout "reniement" : "Tout ce que j'ai promis de changer, je le changerai. Tout ce que j'ai promis de réformer, je le réformerai." Sur TF1 le soir même, il a justifié devant 11,6 millions de téléspectateurs cette hyper-activité : "Je ne veux pas être un président glacé qui finit par être glaçant. Je veux mettre de la vie au plus haut niveau de l'Etat." Le premier de ces chantiers, "immense", concède-t-il, porte un nom : le travail, thème central de sa campagne. M. Sarkozy s'est engagé à apprécier chacune de ses réformes à cet aune. "Ma politique, lance-t-il, c'est le travail, c'est la libéralisation du travail, la récompense du travail, l'amélioration des conditions de travail, la productivité du travail. Tout ce qui récompense le travail sera choisi, tout ce qui le dévalorise sera écarté." Appelant les élus a le suivre et à faire le choix de "l'audace" et de la "vérité", dramatisant l'enjeu ("C'est maintenant ou jamais"), il a tracé quelques pistes de réformes à venir. Alors que le conseil des ministres du gouvernement Fillon 2 avait adopté une heure plus tôt le projet de loi permettant, notamment, la défiscalisation et la détaxation des heures supplémentaires, M. Sarkozy veut lever "le tabou" du pouvoir d'achat. "Les prix sont trop hauts et les salaires sont trop bas", lance-t-il en s'en prenant à nouveau mais en tant que président de la République à "la concurrence des pays à bas salaires, au dumping social, économique et monétaire, à la monnaie chinoise trop faible, à l'euro trop fort". "S'IL Y A UN RESPONSABLE, C'EST MOI" Et les pistes ne manquent pas. A commencer par celle de la "TVA sociale" à laquelle M. Sarkozy n'entend pas renoncer parce que, dit-il, "regarder les trains de la délocalisation serait non seulement une faute économique mais une faute morale et politique". "Si elle est efficace contre les délocalisations, si elle est bonne pour l'emploi, si elle bonne pour la croissance, si elle ne pénalise pas le pouvoir d'achat, je la ferai", explique le chef de l'Etat qui n'en veut, assure-t-il, à personne de l'annonce cafouilleuse de cette réforme entre les deux tours : "S'il y a un responsable, c'est moi." Mais l'Elysée a bien d'autres projets dans ses cartons pour "réconcilier les Français avec les valeurs de la réussite, du travail, du mérite, du risque". Hostile à la hausse annuelle systématique du smic, le chef de l'Etat veut mettre en place "une commission de sages, indépendants" chargés de rendre un avis public sur la revalorisation du salaire minimum garanti. Une demande du Medef, formulée il y a un an. Il souhaite également en "finir au plus vite" avec les préretraites, "remettre à plat le dispositif des minima sociaux" avec un contrat unique d'insertion, créer "une véritable sécurité sociale professionnelle" grâce aux enseignements tirés du contrat de transition professionnelle, mis en place par Jean-Louis Borloo. Les syndicats, qui seront consultés, ont au passage eu droit à cette mise en garde : "Le dialogue social c'est pas de gagner du temps et se regarder dans le blanc des yeux, c'est l'efficacité." Multipliant, les "je veux" et les "je souhaite", passant du rôle de président toujours en campagne à celui de premier ministre, M. Sarkozy a promis aussi "une réforme globale de la fiscalité" et prévenu qu'un "effort supplémentaire sera nécessaire" pour financer la Sécurité sociale. Le soir devant les téléspectateurs de TF1, le chef de l'Etat a aussi proposé "un statut" pour l'opposition, comme on lance une bouée de sauvetage à un naufragé. Jugeant en privé le PS "trop faible pour gagner et trop fort pour se réformer", il s'est dit sans risque "tenté" par l'introduction "d'une dose de proportionnelle" à l'Assemblée ou au Sénat. Décidément boulimique et omniprésent, M. Sarkozy s'est en outre réservé trois chantiers présidentiels : le cancer, comme Jacques Chirac, la maladie d'Alzheimer et les soins palliatifs. Trop pour un seul homme? "J'ai été élu pour faire quelque chose sur tout". § La loi-cadre de cet été permettra d'"ouvrir des discussions dans les entreprises", puis "le gouvernement imposera un service minimum de manière autoritaire", a déclaré le président du syndicat des PME, François Roubaud, après avoir rencontré jeudi le ministre du travail. § R eçus au ministère du travail tout au long de la journée, jeudi 21 juin, les partenaires sociaux devaient découvrir le détail des propositions du gouvernement en matière de service minimum dans les transports publics. Le calendrier de cette réforme sensible s'est accéléré avec l'intervention du président de la République, mercredi soir, sur TF1. Nicolas Sarkozy s'est montré déterminé à agir vite. "Voilà vingt ans qu'on en parle et vingt ans qu'on ne le fait pas", a lancé M. Sarkozy, concluant : "Eh bien, dès demain matin, les organisations syndicales recevront le projet du gouvernement." La marge de manuvre du ministre du travail, Xavier Bertrand, devrait être assez mince, Nicolas Sarkozy ayant exposé dans la foulée les grandes lignes du projet qu'il entendait soumettre aux syndicats. Le texte s'articule autour de cinq grands principes, le projet ne prévoirait pas de réquisition d'agents en cas de grève : les entreprises de transports seront obligées de prévoir un plan de transport minimum les jours de grève ; un salarié devra déclarer deux jours à l'avance son intention de faire grève ; les salariés non grévistes qui travaillent sur une autre ligne pourront aller travailler sur une ligne en grève "si on a besoin d'eux" ; les jours de grève ne seront pas payés ; au bout de huit jours de grève, un scrutin à bulletin secret déterminera si une majorité des salariés est en faveur du conflit ou non, pour éviter qu'un "piquet de grève" bloque à lui seul une entreprise. MISE EN GARDE DE LA CGT "Il y a un grand espace de dialogue" Premier sorti du bureau de Xavier Bertrand, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-François Roubaud, a indiqué que le service minimum dans les transports entrerait en vigueur au 1er janvier 2008. La loi-cadre de cet été permettra "d'ouvrir des discussions dans les entreprises", après quoi "le gouvernement imposera un service minimum de manière autoritaire", a-t-il expliqué. Selon M. Roubaud, le texte donne les "règles du jeu" avec comme base les cinq points annoncés par Nicolas Sarkozy mercredi soir. "Il y a un grand espace de dialogue", selon lui, et "chaque entreprise verra en interne comment régler ce service minimum en fonction des besoins des usagers et des possibilités de l'entreprise". - (Avec AFP) M. Hollande dénonce le manque de concertation "On a plutôt la loi avant la concertation", a dénoncé François Hollande, commentant jeudi sur France-Inter l'intervention télévisée de Nicolas sarkozy au sujet du service minimum. Rappelant les promesses de dialogue du candidat de l'UMP, le premier secrétaire du PS a souligné que le projet du gouvernement était "extrêmement précis, comme si c'était à la loi, décidée par Nicolas Sarkozy, de définir dans le détail l'exercice du droit de grève". (Avec AFP.) Gouvernement et partenaires sociaux devaient discuter du détail de ces propositions jeudi, au cours de sept rendez-vous (CGPME, CFE-CGC, CFDT, Medef, CFTC, FO et CGT). "Si la concertation aboutit à un bon système, pas besoin d'avoir une loi-cadre", a affirmé Nicolas Sarkozy. Mais si elle "n'est pas suffisante, il y aura une loi-cadre". Celle-ci avait été annoncée pour juillet. Selon la Fédération des usagers des transports et des services publics (FUT-SP) reçue dès mercredi soir au ministère, le projet du gouvernement sera présenté en conseil des ministres le 4 juillet. Les syndicats ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils jugeaient le calendrier "très serré", et le président de la CFE-CGC, Bernard Van Craeynest, a mis en garde contre toute "mascarade de concertation". La CGT-Cheminots, elle, va plus loin : les annonces de M. Sarkozy ont "du mal à cacher la volonté de contraindre un peu plus le droit de grève et de l'interdire à terme", a mis en garde jeudi Didier Le Reste, secrétaire général du syndicat. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § Pour la première fois depuis 1993, les deux circonscriptions du territoire organiseront un second tour. Les candidats autonomistes du Tahoera'a Huiraatira, affilié à l'UMP, arrivent légèrement en tête. § L a Polynésie, qui a ouvert les législatives samedi 2 juin, avec huit jours d'avance sur la métropole, connaîtra un second tour pour la première fois depuis 1993 à ce type de scrutin, avec un duel autonomiste-indépendantiste dans les deux circonscriptions du territoire. En 2002, les candidats autonomistes du parti de Gaston Flosse, le Tahoeraa Huiraatira, qui se présentent cette année en ordre dispersé, avaient été élus facilement dès le premier tour. Près de la moitié des Français souhaitent de la proportionnelle pour l'élection des députés 49 % des Français souhaitent l'introduction partielle ou totale de la proportionnelle pour l'élection des députés, contre 38% qui préfèrent que l'on ne réforme pas l'actuel scrutin majoritaire, selon un sondage CSA-CISCO pour France 3 et France Info, publié dimanche 3 juin. Selon cette étude, réalisée les 30 et 31 mai, 29 % souhaitent une "dose" de proportionnelle et 20% un mode de scrutin complètement proportionnel. Par ailleurs, la dernière projection en sièges réalisée par CSA donne à l'UMP et à ses alliés de 402 à 425 sièges, et au PS et à ses alliés de 111 à 151 sièges. Le PC est crédité de 4 à 12 sièges, le Modem de 1 à 6, le MPF de 2 à 3 et les Verts de 1 à 3 . Le FN n'aurait aucun siège. - (avec AFP) A l'issue du premier tour, l'ancien président indépendantiste Oscar Temaru est en ballottage (40,16 %) face au député UMP sortant Michel Buillard (41,50 %) dans la première circonscription, dite "Ouest", qui regroupe les principales villes de Tahiti, l'île de Moorea, les îles-sous-le-vent et l'archipel des Australes. Dans la deuxième circonscription, dite "Est" la presqu'île de Tahiti et les archipels des Marquises et des Gambier , le second tour opposera le candidat autonomiste Bruno Sandras (36,98 %) à l'indépendantiste Pierre Frébault (29,71 %). Dans cette circonscription, Béatrice Vernaudon, députée autonomiste sortante, se présentait en candidate dissidente. Le sort des deux candidats du Tahoeraa Huiraatira dépendra dans deux semaines de la capacité du camp autonomiste à faire taire ses rivalités internes pour ne pas laisser la voie libre aux indépendantistes, estime la presse locale. FAIBLE TAUX DE PARTICIPATION Les deux circonscriptions verront donc un duel autonomiste-indépendantiste au second tour, le 16 juin. Michel Buillard et Bruno Sandras font tous deux partie du Tahoera'a Huiraatira, le puissant parti autonomiste de Gaston Flosse, affilié à l'UMP. Ces résultats diffusés samedi soir à Papeete sont quasi définitifs, seuls les chiffres concernant trois bureaux de vote isolés n'ayant pu être communiqués. La participation a été inférieure à 55 %, soit 5 points de moins que lors des précédentes élections législatives, en 2002, et 30 points en dessous du taux de participation enregistré lors de l'élection présidentielle. Le deuxième tour aura lieu en Polynésie en même temps qu'en métropole, le 17 juin un intervalle de deux semaines nécessaire pour acheminer à temps tout le matériel électoral dans les 118 îles éparpillées sur une surface vaste comme l'Europe. § Six Emmanuel Njoh, le seul candidat d'origine africaine de l'UMP en métropole, tentera de conquérir, les 10 et 17 juin, le siège de député de la 9e circonsription du Val-de-Marne face à René Rouquet, le député-maire socialiste d'Alfortville.Reportage : Karim El Hadj, Alexandre Piquard § § Ultime ligne droite pour l'élaboration du projet de loi sur la défiscalisation et l'exonération de charges sociales des heures supplémentaires § U ltime ligne droite pour l'élaboration du projet de loi sur la défiscalisation et l'exonération de charges sociales des heures supplémentaires. Les derniers arbitrages devaient être rendus ce week-end afin que les consultations avec les partenaires sociaux puissent se dérouler en début de semaine. "On devrait les avoir tous vus d'ici à mercredi soir", annonçait-on, vendredi 1er juin, au cabinet du ministre de l'économie, Jean-Louis Borloo. Le texte, qui peut être modifié pour tenir compte des observations des délégations syndicales et patronales, sera alors transmis au Conseil d'Etat et aux organismes de Sécurité sociale qui sont concernés par les exonérations de charges. Il pourrait n'arriver sur la table du conseil des ministres qu'à la fin du mois de juin. L'objectif reste néanmoins que cette loi soit adoptée dès le mois de juillet et que le dispositif soit opérationnel pour une mise en application à partir du 1er octobre. Première délégation à avoir été reçue vendredi, à Bercy, par Jean-Louis Carenco, numéro deux du cabinet de M. Borloo, l'Union professionnelle des artisans (UPA) a confirmé ce calendrier. A l'issue d'un entretien d'une heure, Pierre Burban, le secrétaire général de l'UPA, a souligné l'état provisoire des informations communiquées par le ministère. "Nous n'avions aucun texte écrit, a-t-il expliqué, et les arbitrages ne sont pas encore rendus." La première règle à respecter impérativement par le gouvernement consiste à ne pas toucher à la durée légale du travail et à ne pas modifier le droit du travail, qui obligerait, dans le respect de la loi du 31 janvier 2007 sur le dialogue social, à ouvrir des négociations avec les partenaires sociaux, repoussant d'autant l'application de la mesure. Pour le reste, tout est question de chiffrage, d'ampleur et donc de coût de la mesure. Selon Bercy, dans l'état actuel du scénario envisagé, la défiscalisation et l'exonération de charges pourraient coûter de 4 à 5 milliards d'euros. L'Elysée semble pousser à ce qu'il y ait le moins de limites et de plafonds possibles. Les premiers textes proposés par Bercy auraient été trop timides. Les "heures complémentaires" pour les salariés à temps partiel seront exonérées et défiscalisées, à raison d'un nombre d'heures supplémentaires calculées en pourcentage de celles effectuées dans le cadre du temps partiel. NE PAS JOUER "PETIT BRAS" Les fonctionnaires, qui étaient exclus dans un premier temps, bénéficieraient de la mesure. Les forfaits jour, avec un système de rachat, et les salariés dont le temps de travail est annualisé seraient aussi bénéficiaires de ces mesures. Dans l'entourage du chef de l'Etat, on estime que la mesure, pour être efficace, doit être la plus ample possible. "Si on joue petit bras, on ne passera pas l'étape du Conseil d'Etat et du Conseil constitutionnel, et ça passera si on dit qu'il s'agit d'un motif d'intérêt général", explique-t-on dans les couloirs de l'Elysée. "A 1 100 milliards de dette publique, on ne va pas mégoter sur 1 ou 2 milliards", confie un proche du dossier. Reste la maîtrise des dépenses publiques qui est à la charge du ministre de l'économie. Restent aussi quelques points d'interrogation concernant la contribution sociale généralisée (CSG) et les cotisations qui sont versés aux organismes paritaires comme l'assurance-chômage et les retraites complémentaires. Bercy assure qu'elles ne rentrent pas en ligne de compte quand l'Elysée réfléchit à les intégrer dans la mesure. Elles pourraient être acquittées par l'employeur aux organismes concernés, mais défalquées du reste des cotisations sociales. L'Etat compenserait le manque à gagner pour la Sécurité sociale. Le projet d'une TVA sociale, qui doit être discuté prochainement dans un groupe de travail, pourrait servir à terme notamment à financer cette compensation. § Patrick Mennucci, que la campagne de Ségolène Royal a rendu célèbre, féraille dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône contre le sortant, Jean Roatta. S'il gagne, il deviendra un outsider sérieux dans la course socialiste à la mairie. § A cheval sur trois arrondissements, disparate, la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, que traversait Ségolène Royal, vendredi 1er juin, voit s'affronter des candidats très représentatifs des mondes politiques locaux. A droite, le député sortant, Jean Roatta. Né en 1941, parlementaire discret depuis 1986 et maire du secteur, il est un des plus dévoués compagnons de Jean-Claude Gaudin (UMP), qu'il compare volontiers à "une mère poule". Cet orphelin de père, longtemps carrossier, professe qu'il ne faut jamais quitter le terrain qui vous a été assigné : "La première fois que je me suis présenté, on a fait 720 voix. Et Jean-Claude Gaudin me dit : "Il faut que tu restes dans la circonscription"." Ce qu'il a fait, prenant racine, veillant à tout et rêvant du Sénat. Fort des 50,43 % de Nicolas Sarkozy, "de son côté Monsieur Courage et de sa modernité", Jean Roatta laboure son terrain et se dit confiant, d'autant que "plus personne ne (lui) parle du Front national". Contre lui ferraille Patrick Mennucci, que la campagne de Ségolène Royal a rendu célèbre. Tombé dans la passion socialiste à l'adolescence, il a conquis sa première légitimité en s'attaquant aux quartiers ouvriers communistes du nord, longtemps délaissés par le PS. Mais celui qui est le président du groupe socialiste de la municipalité n'a jamais pu se faire élire sur son nom. Et, en 2004, il a quitté son ancien bastion des quartiers nord pour le centre-ville. OUTSIDER SÉRIEUX Pari risqué, mais, selon lui, "pari gagnable car Sarkozy n'a eu que 318 voix de plus que Ségolène". S'il gagne, il deviendra un outsider sérieux dans la course socialiste à la mairie. Il mène donc une double campagne. De député dans la partie populaire de la circonscription, les 1er et 2e arrondissements ségolénistes. Et de conseiller municipal dans le 7e, sarkozyste : il espère que la bataille contre l'implantation d'horodateurs en mai 2005 aura laissé quelques traces défavorables au tenant de la majorité municipale. Les poids légers de la circonscription racontent eux aussi des pans importants de l'histoire locale. Jean-Paul Israël, flanqué d'une suppléante du PRS (Pour la République sociale, mouvement du socialiste Jean-Luc Mélenchon), est le "candidat de la gauche populaire, républicaine et anti-libérale". Membre du PCF, il est surtout le charismatique leader des marins CGT, rendu illustre par la longue grève contre la privatisation SNCM en octobre 1995. Il mène une campagne très active et très à gauche, obtenant la venue de son vieil ami Jean-Claude Gayssot, un 8 mai, et le soutien de Clémentine Autain quelques jours plus tard. Le représentant du MoDem, Miloud Boualem, vétéran de l'UDF, est un des premiers représentants musulmans à s'être lancé en politique. Quant à Jackie Blanc, il est un des derniers fidèles de Jean-Marie Le Pen dans un Front national qui n'a plus d'existence militante dans le département. M. Blanc avoue volontiers que son parti a pris un "sacré coup sur la tête" lors de la récente présidentielle. Il se contente de coller des affiches en faisant semblant de croire qu'une triangulaire redonnera de l'importance à son parti. § Après le score calamiteux de sa candidate à l'élection présidentielle, le Parti communiste cherche des solutions pour remplir des caisses vides § C e directeur d'un grand musée d'art moderne n'en revient toujours pas. Voici quelques semaines, il a reçu la visite d'une délégation de la direction du Parti communiste lui demandant une évaluation de la grande fresque de Fernand Léger qui orne le mur du 5e étage du siège de la place du Colonel-Fabien. "Ils voulaient savoir si elle pouvait intéresser les musées. J'ai compris qu'ils étaient en train de vendre leurs derniers avoirs", explique ce fin connaisseur parisien. Un portrait de Picasso au fusain d'Edouard Pignon aurait aussi été jaugé. Ce sont, avec le tableau de Duchamp LHOOQ, appelé "La Joconde à la moustache" - mise en dépôt pour quatre-vingt-dix-neuf ans au Centre Georges Pompidou - les derniers trésors du PCF. Confronté à une baisse importante de son influence, le parti est en train de revoir ses moyens d'existence. "C'est vrai qu'on racle les fonds de tiroirs pour ne pas toucher aux bijoux de famille", confie un cadre du parti pour résumer la situation financière au lendemain du score calamiteux de Marie-George Buffet à l'élection présidentielle. Le signal d'alarme avait été tiré dès le conseil national qui a précédé le 22 avril. Le trésorier, Jean-Louis Frostin, avait prévenu ses camarades : "Notre trésorerie est tendue. Quels que soient les résultats des législatives, nous aurons d'ici à fin juin à décider collectivement des mesures appropriées pour un équilibre de gestion durable", a-t-il expliqué, ajoutant que "des économies de gestion et de structure" seraient nécessaires. En clair, c'est un nouveau plan d'économies qui se prépare, avec des suppressions d'emploi probables sur les 55 postes de permanents du siège. Le parti avait pourtant anticipé sur le non-remboursement des frais de la campagne présidentielle évalués à près de 5,5 millions d'euros. "Nous avons tiré les leçons de 2002 et fait des provisions depuis 2004", assure M. Frostin. Economies de matériel, réduction du nombre d'initiatives politiques, sobriété des meetings... et une souscription pour boucler le budget. VENTE DU SIÈGE ? Mais les résultats attendus aux législatives (les sondages donnent entre 3 % et 3,5 % d'intentions de vote) et la probable perte du groupe - les plus lucides parlent de 8 à 12 élus - risquent de renforcer l'urgence financière. Du coup, des rumeurs sur la vente de l'immeuble du Colonel-Fabien circulent. Aussitôt démenties par les proches de Mme Buffet... "A aucun moment cela n'a été envisagé", jure Olivier Dartigolles, le porte-parole. Il semble pourtant que l'hypothèse a bien été étudiée. Mais la portée symbolique d'une telle vente a été jugée trop risquée : sans Fabien, le PCF ne serait plus rien. "Ce n'est pas à l'ordre du jour. Quelle que soit la prochaine direction, c'est la dernière chose du patrimoine qu'ils vendront", estime l'ancien secrétaire général Robert Hue, qui avait placé, avant de partir, ses proches aux postes stratégiques des finances du parti. Le refondateur Roger Martelli ne croit pas non plus à une telle cession : "C'est le dernier élément de crédibilité auprès des banques. Si on vend, c'est fini !", assure l'historien. Reste à gérer l'étape suivante. Avec la probable division par deux du nombre de députés et la perte du groupe, ce sont 1,6 million d'euros d'aide publique, de moyens de fonctionnement et de reversements des élus en moins dans les caisses. Sans compter les 1,66 euros par voix manquante aux élections législatives. "On a un gros souci financier qui nous attend", admet Hervé Brahmi, président du conseil général de Seine-Saint-Denis. § Presque tous les candidats socialistes aux législatives dans les Bouches-du-Rhône ont rejoint Ségolène Royal, vendredi, à Marseille, venue soutenir en priorité Patrick Mennucci, l'un de ses fidèles lors de la campagne présidentielle. § A tour de rôle, chacun pose pour la photo à côté d'elle. Presque tous les candidats socialistes aux législatives dans les Bouches-du-Rhône ont rejoint Ségolène Royal, vendredi 1er juin, à Marseille, venue soutenir en priorité Patrick Mennucci, l'un de ses plus fidèles soutiens dans la campagne présidentielle. Même si ce dernier est l'un des rares, sur la France entière, à avoir apposé sur son affiche de campagne le slogan "Le candidat de Ségolène Royal", même si dans ce département la gauche est restée impuissante face à la vague Sarkozy, personne ne boude le rendez-vous. L'ancienne candidate à la présidentielle reste le meilleur agent électoral du PS pour les législatives. "Ce qu'on remarque, en tout cas, c'est que, depuis qu'elle est revenue dans le paysage, on existe à nouveau", se réjouit Eugène Caselli, responsable de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. "Leader de l'opposition, je ne sais pas, mais leader d'opinion, c'est certain", dit-il en observant la foule qui se presse autour d'elle dans les rues populaires du centre de Marseille. A l'heure du déjeuner, dans un restaurant de la ville prisé pour sa bouillabaisse, un convive supplémentaire s'est invité à la table de Mme Royal. Aquilino Morelle, ancienne plume de Lionel Jospin, rallié à Laurent Fabius, a fait le déplacement depuis la Seine-Maritime, où il est candidat, pour venir chercher un mot de soutien. "Dans ma circonscription, justifie-t-il, j'ai un candidat PRG (radical de gauche) qui fait campagne en se présentant comme l'ami de Ségolène Royal." Sur la page blanche préparée par l'ancien conseiller de Matignon, elle écrit : "Je soutiens mon ami Aquilino Morelle..." L'affaire est réglée. "JE NE SUIS PLUS LE MÊME" A Marseille, Mme Royal aurait pu croiser Bertrand Delanoë venu soutenir, lui, Christophe Masse, l'un des deux députés PS sortants, aujourd'hui en difficulté. Le maire de Paris, qui a participé à "une réunion ciblée sur la communauté arménienne", précise M. Caselli, est cependant reparti discrètement en fin de matinée. Dominique Strauss-Kahn n'est pas en reste. L'ancien ministre enchaîne les déplacements et viendra, le 5 juin, encourager à Marseille la candidate de la 1re circonscription, Marie-Arlette Carlotti. Mais, parmi les leaders du PS, bien peu rivalisent avec Mme Royal pour remplir les salles et entretenir des relais. "Je ne suis plus exactement le même depuis la campagne présidentielle, s'est exclamé M. Mennucci. Je serai à tes côtés quoi que tu décides" pour la suite. Jeudi soir, devant près de 2 000 personnes, au parc des expositions de Digne-les-Bains, elle n'a pas ménagé sa peine pour rendre hommage à Jean-Louis Bianco, codirecteur de sa campagne présidentielle, un homme "solide, fidèle, calme, rassembleur (...) connu des chefs d'Etat étrangers". L'ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand, élu député en 1997 de la 1re circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, réélu en 2002, président du conseil général depuis 1998, est pourtant lui aussi menacé. Même si le département a offert à Mme Royal le meilleur résultat de toute la région à la présidentielle, avec 47,5 % des suffrages, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête partout, à l'exception de Digne, où l'ancienne candidate a gagné par seulement treize voix d'avance... Opposé à 16 candidats, dont Eliane Barreille, une nouvelle figure féminine sous l'étiquette UMP, conseillère régionale et maire de la commune de Malijai, M. Bianco sillonne sans relâche son territoire, promettant de visiter, une par une, les 103 mairies, à raison de 10 réunions par jour. Les yeux rougis par la fatigue, il dit mener une campagne très locale, sans être gêné par la défaite de la présidentielle et le rôle qu'il y a joué. "Ça a renforcé cette image : "Il a un poids national, il peut parler aux ministres"", assure-t-il. Samedi, Mme Royal devait continuer son périple en Ile-de-France en allant successivement soutenir des candidats en Seine-Saint-Denis, à Paris, dans les Yvelines et en Essonne. § Avocats et juges sont unanimes : ils estiment que la loi sur les peines minimales présentée par la ministre de la justice pour conséquence une forte augmentation des effectifs des prisons. § A vocats et juges sont unanimes : ils estiment que la loi sur les peines minimales présentée par la ministre de la justice, Rachida Dati, vendredi 1er juin, aura pour conséquence une forte augmentation des effectifs des prisons. "L'impact de ce texte, qui fait pression sur les juges, sera très lourd. Les conséquences en termes de surpopulation carcérale vont être considérables, estime Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire). "Car si, formellement, on laisse une marge d'appréciation au juge pour prononcer une peine de prison ferme ou non, dans les faits, on la lui enlève." Ségolène Royal dénonce le "tout-carcéral" Ségolène Royal s'en est pris, vendredi 1er juin à Marseille, aux projets de loi sur les peines planchers et la lutte contre la récidive préparés par la garde des sceaux Rachida Dati, en reprochant au gouvernement d'"agiter aujourd'hui une nouvelle loi sur la pseudo prévention de la délinquance, une nouvelle loi répressive par ceux-là mêmes qui ont eu cinq ans pour régler ce problème". "Ce qui est plus urgent pour empêcher la délinquance, c'est de donner du travail aux jeunes et la réussite scolaire", a déclaré Mme Royal lors d'une conférence de presse, où elle était venue soutenir les candidats socialistes aux législatives dans les Bouches-du-Rhône. L'abaissement de la majorité pénale, a-t-elle ajouté, "c'est le tout-carcéral. Ça veut dire qu'à 16 ans la solution ce sera la prison et non plus la prévention ou l'éducation (...) Comment ne pas voir qu'une école qui ouvre c'est une prison qui ferme !" - (AFP.) Même analyse au Syndicat de la magistrature (SM, gauche) : "Même si la possibilité de prononcer des peines alternatives à la prison n'est pas remise en question, l'effet conjugué de ce texte avec la loi de décembre 2005 limitant les possibilités de sursis aura pour effet de faire déborder les prisons déjà surpeuplées et de mettre en place un système pénal rompant définitivement avec toute conception humaniste de la sanction." Pour Paul-Albert Iweins, président du Conseil national des barreaux, "ce qui est préoccupant, c'est que les circonstances de faits et de personnalité disparaissent avec la deuxième récidive. On restreint la capacité des juges et des jurés". Le projet de loi "tendant à renforcer la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs" est au Conseil d'Etat. Il vise un champ très large : il ne concerne pas seulement les crimes, mais s'applique aux délits les plus courants, à partir de trois ans d'emprisonnement encourus, soit les vols simples. Les peines minimales s'appliquent aux mineurs récidivistes de 16 à 18 ans. Pour eux, de surcroît, l'excuse de minorité disparaît au troisième acte délinquant : ils seront dès lors passibles des mêmes sanctions que les adultes. Le texte ne comporte que quatre articles : les deux premiers fixent les peines minimales que les juges, sauf conditions exceptionnelles, devront prononcer. Ces planchers sont de l'ordre du tiers de la peine maximale prévue : un an si le délit est puni de trois ans de prison, deux ans s'il encourt cinq ans, etc. Le projet modifie une nouvelle fois l'ordonnance de 1945 sur l'enfance délinquante, dont la dernière retouche date de mars. "Les carences de la justice des mineurs, qui met un temps infini à prononcer les condamnations, différeront l'effet de cette loi, mais d'ici quelques années, elle fera passer le nombre de mineurs détenus de quelque 700 actuellement à 3 000 ou 4 000", estime un procureur qui requiert l'anonymat. La loi prévoit, enfin, une disposition qui devrait conduire plusieurs milliers de condamnés à passer un temps plus long en détention : le juge d'application des peines pourra constater lui-même que les faits ayant conduit la personne en prison relèvent d'une récidive, même si cela n'a pas été relevé par la juridiction de jugement. En clair, seront ainsi revues les libérations conditionnelles, les réductions de peine accordées pour bonne conduite (sept jours par mois, cinq mois en situation de récidive) ou les remises supplémentaires accordées au titre de la réinsertion (trois mois par an, deux mois en cas de récidive). "Cette disposition visant à "rattraper" le défaut de vigilance des juges aura un impact énorme sur les durées d'incarcération", pense David de Pas, juge d'application des peines, membre du SM. "Cela remet en question l'autorité de la chose jugée et va à l'encontre des lois précédentes qui ont demandé aux juges d'aménager les peines pour limiter la récidive", critique Mickaël Janas, président de l'Association des juges d'application des peines. Pour les majeurs comme les mineurs, le message est la fermeté : à la deuxième récidive, c'est bien le maintien en liberté, et non l'incarcération, qui doit être spécialement motivé par le juge. "On inverse la logique judiciaire", dénonce M. de Pas. Dans la pratique quotidienne de la justice pénale, notamment celle des comparutions immédiates, le résultat ne fait aucun doute. § Les partis ont promis de s'ouvrir aux femmes, aux jeunes, aux minorités "visibles" et à la société civile. Mais la réalité n'est pas à la hauteur des promesses. § L e renouveau du personnel politique, voilà un thème que les partis ont mis en avant cette année. Tous ont promis de s'ouvrir aux femmes, aux jeunes, aux minorités "visibles" et à la société civile. (Voir les portraits de Clara Mariette, candidate PCF et de Six Emmanuel Njoh, candidat UMP). Deux semaines après le dépôt des candidatures pour les législatives, l'ampleur du changement reste difficile à évaluer. Quand on leur demande combien de leurs candidats se présentent pour la première fois, l'UMP répond qu'elle n'a pas de chiffre précis. Le Parti socialiste produit une liste de 55 candidats étiquetés "renouvellement". Le Mouvement démocrate aligne lui 501"nouveaux" candidats et le Parti communiste 280 (sur 520). La question est devenue un enjeu électoral. "Nous sommes la seule formation politique à avoir atteint ou presque ses objectifs de parité. Nous sommes les seuls à avoir voulu donner à la diversité non seulement une chance mais une présence", a affirmé le premier secrétaire du PS, François Hollande, lors d'une conférence de presse, le 29 mai, en présence de huit candidats de la "diversité", sur la vingtaine qu'il présente. DES CIRCONSCRIPTIONS DIFFICILEMENT GAGNABLES "Le renouveau mis en avant par les partis, c'est de la poudre aux yeux", tranche le politologue Dominique Reynié, professeur des universités à l'Institut d'études politiques de Paris, pour qui l'avancée dans le domaine de la diversité est "homéopathique". Parmi les 7 639 candidats, on compte 3 177 femmes, soit 41,6 %, un taux en augmentation de 2,7 points par rapport à 2002. Insuffisant, selon Dominique Reynié : "Sur la féminisation des candidats, le PS a fait un plus gros effort que l'UMP, qui présente environ 33 % de femmes, mais l'Assemblée nationale ne compte pas plus de femmes qu'en 1946-1947 !" En cause : le fait que les candidats du renouveau sont présentés dans des circonscriptions difficilement gagnables, voire perdues d'avance. "Les partis restent des organisations conservatrices et ne peuvent s'empêcher de préserver les intérêts des sortants", estime Dominique Reynié. Pratiquer une forme de discrimination positive dans les investitures n'est pas sans poser problème. Et provoque des dissidences, comme dans la 4e circonscription de Charente, où Malek Boutih, secrétaire national et ancien président de SOS-Racisme, parachuté au nom de la diversité, doit affronter Martine Pinville, adjointe au maire d'une commune du département, qui avait été choisie par les militants socialistes. Dans la 11e des Yvelines, Djamal Yalaoui, exclu du PS, se présente avec une étiquette MoDem non-officielle, face à Safia Otokoré, parachutée d'Auxerre. Le problème se pose même au MoDem, où certains se sont par exemple émus de la non-investiture de Quitterie Delmas. Cette mère de 29 ans, porte-parole des jeunes UDF, a été écarté dans la 10e circonscription de Paris, où elle s'est beaucoup investie. Le parti lui a préféré une candidate venue des Verts, Danièle Auffray, adjointe au maire de Paris. "Une leçon de realpolitik", ironise le blogueur Mehdi Ouraoui. Les exemples comme celui de Rachida Dati, une femme d'origine marocaine devenue ministre de la justice à 41 ans, restent symboliques. L'âge moyen des candidats aux législatives est de 50,2 ans. Les députés sortants du groupe UMP ont plus de 58 ans en moyenne, comme les socialistes, les UDF ayant 53 ans, les "communistes et républicains" 63 ans. "Le problème, c'est qu'être élu est un métier à risque, ce qui favorise les candidatures de retraités et de fonctionnaires, déplore Dominique Reynié. C'est aussi pour cela que l'ouverture des partis à la société civile, hors fonctionnaires, reste très limitée." POUR UN "STATUT DE L'ÉLU" Pour faire avancer les choses, plus que sur la bonne volonté relative des partis, il faudrait compter sur des réformes institutionnelles, souligne le politologue. Il plaide pour "un statut de l'élu", qui offrirait par exemple une assurance sociale et un système de reconversion aux élus limités à deux mandats. Les assemblées élues à la proportionnelle (élections régionales ou européennes), sont de loin les plus féminisées, souligne aussi M. Reynié. Outre le non-cumul des mandats, appliqué de façon très inégale par les politiques, il défend enfin l'importance de la "rotation des charges électives", qui limite le nombre de mandats dans le temps. "On a calculé qu'en bornant les mandats de députés à 15 ans, ce qui n'est déjà pas mal, on renouvellerait l'Assemblée nationale de 40 %", s'amuse-t-il. "La société évolue, ce qui ne fait que rendre plus visible le décalage avec le personnel politique", regrette Dominique Reynié, pour qui les grands débats sur les institutions ne sont pas nouveaux et "s'affaissent toujours". "La théorie démocratique ne dit pas que les élus doivent représenter exactement la population mais quand on voit une assemblée d'hommes blancs âgés et fonctionnaires, cela pose un gros problème." § Débat en direct avec Dominique Reynié, professeur des universités à l'Institut d'études politiques de Paris, vendredi 8 juin à 16 heures § § Débat en direct avec Philippe Alliène, journaliste au "Monde", jeudi 7 juin 2007 à 11 heures § § Avant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants", du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. § A vant même le second tour des élections législatives, plusieurs "éléphants" du PS, Dominique Strauss-Kahn en tête, se sont interrogés sur l'effet de la défaite annoncée sur la volonté de rénovation. Un sursaut électoral du PS ne risquait-il pas d'étouffer toute velléité ? L'histoire de la gauche montre que c'est seulement lorsqu'elle a subi une vraie Berezina qu'elle s'est remise en cause. En 1968, pour mettre fin à la "chienlit" de Mai 1968, le général de Gaulle décide de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 donnent à la droite une chambre bleu horizon. Les gaullistes et les républicains indépendants se retrouvent avec 354 sièges. La gauche est exsangue, avec seulement 61 élus pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, constituée autour de la SFIO, et 34 communistes. La SFIO se saborde, en mai 1969, au profit du nouveau parti socialiste, dirigé par Alain Savary. Les lendemains de la défaite entraînent une véritable reconstruction de la gauche qui aboutit, en juin 1971 à Epinay, à l'OPA de François Mitterrand sur le PS puis, en 1972, à la signature d'un programme commun de gouvernement entre socialistes, communistes et radicaux de gauche. En 1993, aux législatives, la gauche subit une nouvelle déroute. Le PS ne compte que 57 députés et le PCF 23. Elle ressemble à un "champ de ruines", selon la formule de Michel Rocard, qui prend la tête du PS et lance un "big bang". Mais il faudra attendre 1995, et le retour de Lionel Jospin comme premier secrétaire, pour que les socialistes amorcent une rénovation idéologique. Au PCF, Robert Hue, élu secrétaire national en 1994, entreprend une "mutation". Et les Verts, sous la houlette de Dominique Voynet, rompent avec la stratégie du "ni droite ni gauche". La voie est ouverte pour la constitution de la "gauche plurielle", qui l'emportera en 1997. En 2002, le choc de l'élimination de Lionel Jospin au premier tour est énorme. Toutefois, la remobilisation de l'électorat de gauche permet de contenir la vague bleue lors des législatives qui suivent la réélection de Jacques Chirac avec 82 % des suffrages. Le PS sauve 149 sièges et, du coup, malgré les bonnes intentions affichées de son premier secrétaire François Hollande, croit pouvoir se dispenser de rénovation. Bis repetita en 2007 ? § François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès, doit présenter, lors du conseil national samedi, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. § I ls sont vingt-neuf, parmi les nouveaux députés socialistes élus le 17 juin, à avoir entre 29 et 50 ans. Emblématiques de cette "défaite enchantée" qui a surpris jusqu'à l'état-major socialiste, résigné à une vague bleue qui n'aurait laissé derrière elle qu'un groupe impuissant de témoins, seront-ils, tel Arnaud Montebourg, les "jeunes lions" de la rénovation attendue ? Ou se heurteront-ils aux digues soigneusement entretenues par les éléphants ? François Hollande, qui entend rester premier secrétaire jusqu'au prochain congrès de novembre 2008, doit présenter, lors du conseil national de demain, le calendrier de la rénovation. Inéluctable aux yeux de la grande majorité du PS, elle passe par cinq ruptures. Une rupture de gouvernance. Pour diriger un parti qui flirte avec les 300 000 membres, un nouveau mode de gouvernement, plus présidentiel, fait son chemin. Quand Ségolène Royal se porte candidate à la direction du PS, dès qu'elle sera vacante, elle songe moins au poste de premier secrétaire qu'à une nouvelle fonction, celle de président. Vrai patron du PS, élu au suffrage direct des militants, le président, ou la présidente, imprimerait la ligne politique, déléguant l'intendance à un secrétaire général en charge de l'appareil. Un(e) président(e) qui aurait vocation à être le candidat naturel du PS choisi en 2010 ? à l'élection présidentielle de 2012. Une rupture avec les courants. Depuis le congrès d'Epinay de 1971, les courants, même s'ils ont illustré la bataille entre première et "deuxième gauche", entre François Mitterrand et Michel Rocard, se sont mués en écuries présidentielles. La géographie actuelle jospinistes, hollandais, ségolénistes, fabiusiens, strauss-kahniens, rocardiens, emmanuellistes, etc. ne reflète plus les clivages idéologiques. Déjà, en 2003, François Hollande avait l'ambition de dépasser ces courants. Mais les querelles internes ont repris le dessus. C'est autour de la modernisation du PS que pourront naître de nouvelles frontières. Une rupture de doctrine. Pour se rénover, voire se refonder, le PS dont le nom même de "socialiste" n'est plus tabou pour certains "jeunes lions" comme Manuel Valls devra revisiter sa déclaration de principes. L'actuelle a été adoptée, à l'unanimité, à l'ouverture du congrès de Rennes (mars 1990), avant qu'il ne soit le théâtre de tous les déchirements. Cette charte proclame que le PS est "un parti de transformation sociale", qui "met le réformisme au service des espérances révolutionnaires" et est favorable, "sans méconnaître les règles du marché", à une société d'économie mixte. Sur la crise de l'Etat-providence, le rôle régulateur de la puissance publique, la protection sociale, le travail, les relations avec les syndicats et la démocratie sociale, la laïcité et les institutions, l'Europe et la mondialisation, Dominique Strauss-Kahn a pris, dans ses propositions, quelques longueurs d'avance. Mais la remise à jour du logiciel socialiste ne pourra pas se résumer à un ravalement de façade. Une rupture de stratégie. Au soir du 17 juin, rassuré de retrouver plus de 200 députés, le PS a opéré une première conversion. Il a tourné la page del'"opposition frontale" défendue par Laurent Fabius depuis 2003. Il a opté pour une opposition constructive et alternative, consistant à ne pas se borner à critiquer des mesures gouvernementales mais à avancer, sur chaque sujet, des propositions crédibles. Pour venir à bout du déficit de crédibilité du PS, des proches de Ségolène Royal songent à un "contre-gouvernement" analogue au shadow cabinet en Grande-Bretagne , sur le modèle de celui mis en place par François Mitterrand en 1966 et où chaque ministre du gouvernement Fillon aurait son "alter ego" de gauche. Une rupture d'alliances. L'ex-gauche plurielle de Lionel Jospin a volé en éclats. Le PS est allié avec des leurres. Le PCF a réussi à survivre au niveau parlementaire, mais son avenir reste très incertain. Les Verts sont marginaux et divisés. Les radicaux de gauche regardent du côté de ceux de droite. Le PS est donc obligé de revoir ses alliances. François Hollande envisage des "assises de la gauche", du centre gauche à l'extrême gauche. Ségolène Royal rêve d'une coalition "arc-en-ciel" à l'italienne. Cela pose la question d'un rapprochement avec le centre, mais quel centre ? Pour l'heure, le Mouvement démocrate de François Bayrou peine à émerger. S'il va jusqu'au bout de ces ruptures, le PS se mettra au diapason de la famille social-démocrate européenne. La démarche n'est pas sans risques, avec une aile gauche qui pourrait alors être tentée par la scission. § "70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici l'année prochaine, (...) donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué, jeudi, Eric Woerth, ministre du budget. § L e ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, a déclaré, jeudi 21 juin sur la radio BFM, qu'entre 30 000 et 40 000 fonctionnaires ne seront pas remplacés dans le budget 2008, soulignant que "chaque ministère" contribuerait "à l'effort". "Globalement 70 000 fonctionnaires partiront en retraite d'ici à l'année prochaine (...), donc c'est un sur deux, à peu près la moitié, qui ne seront pas remplacés", a expliqué M. Woerth, estimant ce nombre à "30, 35, 40 000". Il a précisé que "c'est l'intérêt" des cinq millions de fonctionnaires d'accepter ce processus, car il ne s'agit ni d'"une vision de calculette" ni d'"une vision comptable". L'enjeu est, selon lui, de "moderniser la fonction publique", qui recevra "la moitié des économies réalisées", en lui offrant plus de pouvoir d'achat. "Il faut qu'elle s'épanouisse plus dans son travail", a-t-il encore affirmé.UNE PROMESSE ÉLECTORALE DE M. SARKOZY Le ministre du budget a également abordé d'autres enjeux "très, très importants" qui attendent la fonction publique, notamment "les conditions de travail, le dialogue social" et les "heures supplémentaires", tout en ajoutant qu'André Santini, nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, sera en mesure de "donner un sacré coup de main là-dessus". Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'était engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, pour réduire la dette, et à retrouver le niveau de la fonction publique de 1992. La loi de finances 2007 prévoit la suppression de 15 000 postes. D'après le solde budgétaire 2006, les effectifs des fonctionnaires ont déjà été amputés de quelque 9 500 emplois, alors qu'il n'y avait que 5 430 suppressions initialement programmées. § L'ex-candidate veut saisir les militants "le plus vite possible". § S égolène Royal est décidée à rénover le Parti socialiste. Et à aller vite. Interrogée, mercredi 20 juin, sur "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a affirmé sa détermination à en appeler aux militants pour "trancher sur les choix et la ligne politique". "Il faut redonner la parole aux militants, a plaidé Mme Royal, et plus les militants auront la parole, plus la clarification sera possible. Je suis favorable à ce qu'ils soient saisis le plus vite possible. Sinon, il y a un risque d'inertie. Maintenant, le conseil national va trancher sur un calendrier. Je ne vais pas faire un conflit, mais je pense qu'il aurait été meilleur d'aller plus vite." Hors micro, la présidente de la région Poitou-Charentes a confirmé son intention de réactiver les comités Désirs d'avenir pour engager ce travail de "rénovation idéologique". Selon Mme Royal, la gauche et le PS "ont pris du retard". Elle dit avoir "souffert pendant la campagne présidentielle du déficit de clarification politique". "Il faut remettre en cause un certain nombre de dogmes du passé, a-t-elle estimé, et remettre à plat les idées que les socialistes ont avancées, celles qui ont été crédibles, celles qui ne l'ont pas été, les idées neuves que j'ai pu avancer pendant la campagne présidentielle, celles qui n'ont pas eu le temps d'être transformées en propositions concrètes." "J'AVAIS UN DOUTE" Ainsi s'est-elle clairement démarquée du projet adopté par le PS et censé servir de "socle" au programme du candidat. "Il faut en particulier remettre en cause certaines choses comme le smic à 1 500 euros, qui était une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, a-t-elle affirmé. Ce sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans le pacte présidentiel, et qui n'ont pas du tout été crédibles. Moi-même j'avais un doute là-dessus. Je pense qu'il faut sortir de la confrontation traditionnelle et dépassée entre les salariés d'un côté et les employeurs de l'autre. Voilà ce que je crois fondamental pour la rénovation du Parti socialiste, pour un projet économique et social moderne." Prenant garde, cette fois, de ne pas citer le nom de François Bayrou, Mme Royal n'en a pas moins réitéré sa volonté d'ouverture. "J'ai une vision des alliances politiques, et en particulier du travail qu'il faut faire avec le centre-gauche, ce n'est pas forcément le choix de tous les socialistes", a-t-elle reconnu. L'ancienne candidate a porté un jugement très sévère sur les premières annonces de Nicolas Sarkozy. "On a là un exemple de ce qu'il ne faut pas faire en politique, a-t-elle constaté à propos du "paquet fiscal". Il n'ose pas dire ce qu'il fait vraiment et il fait le contraire de ce qu'il dit. Qu'il dise qu'il va faire payer les privilèges fiscaux accordés à quelques-uns grâce à l'impôt sur la consommation. La vérité est là, tout le reste est de l'emballage." § A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. § C hristian Philip, ancien député (UMP) du Rhône, n'a pas décroché le secrétariat d'Etat à la francophonie promis avant le premier tour des législatives par François Fillon, dont il fut le chef de cabinet au ministère de l'enseignement supérieur de 1993 à 1995. Le portefeuille a été confié au sénateur et maire (PS) de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. Le premier ministre lui avait fait miroiter ce poste, pour le convaincre de ne pas solliciter un nouveau mandat dans la 4e circonscription et laisser la voie libre à Dominique Perben, en quête d'un mandat de député à Lyon pour mieux partir à la conquête de la mairie en 2008. Le parlementaire, qui avait jusque-là décliné plusieurs propositions de reclassement, dont la présidence de Réseau ferré de France, avait fini par céder. En attente du remaniement, M. Fillon lui avait même confié une mission temporaire sur la francophonie. Christian Philip a bien rendu son rapport, vendredi 16 juin. A défaut, Claude Guéant lui a proposé un poste à l'Elysée : il a été nommé représentant du chef de l'Etat à la francophonie. Sa mission sera de préparer le sommet biannuel de la francophonie. "J'ai accepté car j'ai envie de servir. Mais je n'ai pas beaucoup apprécié qu'on me déloge par un coup de force de ma circonscription et qu'on ne tienne pas les engagements pris pour me faire partir. Moi, je n'avais rien demandé et j'ai rempli mon contrat. Je n'aurais pas fait de caprice si l'on m'avait proposé un autre secrétariat d'Etat que la francophonie !", commente amer, M. Philip. Mercredi 20 juin, il a appelé M. Perben pour lui dire ce qu'il pensait de "ces méthodes" : "Tout cela n'est pas très sain." § TVA sociale, second tour des législatives et nomination de M. Bockel : la première réunion du groupe était morose. § I ls forment le groupe majoritaire de l'Assemblée nationale - largement, puisqu'ils détiennent plus de 320 sièges sur 577 - et, pourtant, pour cette réunion de rentrée du groupe des députés UMP, mercredi 20 juin, le moral n'était pas au beau fixe. Ils étaient plusieurs, ayant croisé dans les couloirs leurs anciens collègues venus récupérer leurs affaires après leur défaite, à se considérer comme des "rescapés". "Il n'aurait pas fallu que la campagne dure une semaine de plus", soupire Jean-Paul Anciaux, s'estimant cependant "assez bien réélu" avec 51,49 %. La plupart d'entre eux croyaient, à l'issue du premier tour, disposer d'une belle marge, qu'ils ont vu fondre à une vitesse insoupçonnée. "On a eu chaud aux fesses", avoue sans fard Jérôme Bignon, réélu de justesse dans la Somme, tout comme Alain Gest, alors que leur voisin Joël Hart subissait le sort inverse. "DOUBLE TRAHISON" Première accusée, la TVA sociale. Mais également l'"ouverture". "Qu'est-ce que ça nous rapporte ? Ce n'est pas pour cela que les électeurs de gauche vont voter pour nous", lâche un de ces "rescapés", ajoutant avec un dépit non dissimulé : "Mais enfin, il ne faut rien dire, paraît-il. Le président est irréprochable." "Ça couine de partout", reconnaît Richard Mallié, assortissant aussitôt sa remarque d'un prompt rétablissement : "Mais c'est le président qui décide..." Certains, toutefois, disent haut et fort ce qu'ils en pensent. A l'image des élus de l'Est, pour qui la nomination de Jean-Marie Bockel, le sénateur et maire (PS) de Mulhouse, est dure à avaler. Arlette Grosskost a décidé de se mettre "entre parenthèses du groupe tant qu'il sera au gouvernement". Pour la députée du Haut-Rhin, cette nomination constitue "une double trahison" : "Trahison des gens de gauche et trahison évidente des Alsaciens qui avaient soutenu massivement Nicolas Sarkozy. Ma boîte mail a explosé avec les messages horrifiés que je reçois. A nouveau, les Alsaciens, nous sommes les "malgré-nous". Nous avons compris que les députés de base n'ont pas leur mot à dire." A voir le nombre de députés de l'UMP qui viennent lui apporter leurs encouragements, Mme Grosskost n'est pas la seule dans cet état d'esprit. Son collègue du Bas-Rhin Yves Bur parle, quant à lui, d'un "camouflet" : "On se bat pour Nicolas Sarkozy et c'est un élu socialiste qui a fait campagne contre nous qui est récompensé !" Les Bretons n'ont pas été moins surpris d'apprendre par la presse régionale que Jean-Yves Le Drian, le président (PS) de la région Bretagne, avait été approché à plusieurs reprises après le second tour pour se voir proposer le ministère de la défense, attribué à Hervé Morin dans le gouvernement Fillon 1. M. Sarkozy est allé jusqu'à décrocher lui-même son téléphone, après plusieurs refus successifs, pour lui en formuler l'offre. Jacques Le Guen, député du Finistère, ne décolère pas. "Déjà qu'en Bretagne on est en vrac, comment voulez-vous qu'on arrive à reconquérir la région si le président de la République fait lui-même des avances au président de région ? Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle l'ouverture mais, en tout cas, c'est une sacrée rupture..." Elu mercredi après-midi à la présidence du groupe UMP, Jean-François Copé a tenté de rassurer ses pairs. Tout en se disant partisan d'une conception "moderne" de la politique, il a dit comprendre, dans son premier discours, que certains puissent avoir "des bleus à l'âme". L'ancien président du groupe, Bernard Accoyer, a ensuite largement devancé Patrick Ollier - par 195 voix contre 99 - pour la candidature à la présidence de l'Assemblée nationale. § "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. § L ors de la formation du gouvernement Fillon 2, dans lequel André Santini a obtenu le poste de secrétaire d'Etat à la fonction publique malgré une mise en examen pour "détournement de fonds publics, faux et prise illégale d'intérêt", le chef de l'Etat vient d'enterrer une règle non écrite. Improprement appelée "jurisprudence Balladur", celle-ci voulait qu'un mis en examen ne puisse pas exercer de responsabilité ministérielle. C'est en fait Pierre Bérégovoy qui, le premier, avait imposé cette règle, contraignant son ministre de la ville, Bernard Tapie, à démissionner en mai 1992. En 1994, trois ministres du gouvernement Balladur - Alain Carignon, Gérard Longuet et Michel Roussin - ont dû s'y plier, de même que Dominique Strauss-Kahn (PS) en octobre 1998, Renaud Donnedieu de Vabres (UMP) en 2002 ou Pierre Bédier (UMP), en janvier 2004. Trois de ces démissionnaires ont été blanchis par la justice : MM. Tapie et Roussin ont obtenu un non-lieu, M. Strauss-Kahn une relaxe, alimentant des plaidoyers contre la "jurisprudence Balladur", présentée comme contraire à la présomption d'innocence. "Toute personne est présumée innocente", a-t-on souligné à l'Elysée, mercredi 20 juin, pour justifier l'entrée au gouvernement de M. Santini. Etrangement, puisque ce principe pourrait être invoqué dans ce cas de figure, l'entourage de M. Sarkozy précisait que "si un ministre devait être envoyé en correctionnelle, il quitterait le gouvernement". "S'il était relaxé, il reviendrait", ajoutait-on de même source. Un autre argumentaire avait été développé, mardi, à Matignon, où l'on considère que l'élection d'un ministrable l'emporte sur son statut judiciaire. "La règle édictée par le premier ministre est celle du suffrage universel", indiquait une source gouvernementale. Alain Juppé - qui a dû démissionner en raison de sa défaite aux élections législatives - a fait les frais de cette troisième jurisprudence. § L'élection, prévue le 25 juin, opposera le député de Saône-et-Loire et Jean-Marc-Ayrault, candidat à sa propre succession. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany sont également cités comme possibles postulants. § A rnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire et ancien porte-parole de Ségolène Royal, s'est officiellement porté candidat, jeudi 21 juin, à la présidence du groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Dans sa déclaration de candidature, M. Montebourg fait valoir que "la victoire de la droite malgré cinq années de pouvoir et un bilan affligeant (...) doit conduire le PS à de sérieuses remises en question". "La difficulté chronique de la gauche à convaincre la société française de ses choix, ainsi que ses divisions entretenues à l'excès (...) m'ont conduit à proposer ma candidature à la présidence du groupe des députés socialistes", ajoute-t-il. M. AYRAULT CANDIDAT À SA RÉÉLECTION Le député précise avoir "informé" le premier secrétaire du parti, François Hollande, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, et le président sortant du groupe, Jean-Marc Ayrault, qui a lui-même fait acte de candidature à sa réélection lundi. En 2002, Arnaud Montebourg avait déjà été candidat contre le député-maire de Nantes. Il avait obtenu 35 voix contre 85 pour le président du groupe sortant. Les noms de Laurent Fabius et Jean Glavany ont également été cités dans la presse comme possibles postulants. L'élection du président du groupe socialiste est prévue lundi 25 juin. § L'ancien premier ministre a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat, estimant que les parlementaires de la majorité pourraient s'opposer au projet. § R eçu jeudi 21 juin sur Canal+, Jean-Pierre Raffarin a fait "le pronostic" que la TVA sociale portera atteinte au pouvoir d'achat. L'ancien premier ministre a affirmé qu'il ne voyait pas comment on pourrait "avoir un pouvoir d'achat protégé avec une TVA qui augmenterait". Les parlementaires UMP pourraient donc ne pas soutenir cette réforme fiscale, estime M. Raffarin. "Il n'y aura pas suffisamment de députés et de sénateurs" en faveur du projet, a-t-il averti, avant d'ajouter : "Aujourd'hui, la majorité n'est pas acquise." "EXPÉRIMENTATION" Selon l'ancien premier ministre, tout dépendra de "l'expérimentation" promise par le président Nicolas Sarkozy. Interrogé sur les modalités d'un tel test, Jean-Pierre Raffarin a estimé qu'il devrait porter sur "un type de produits" pour lequel il y a des importations, citant le textile ou l'automobile. Selon les défenseurs de la TVA sociale, celle-ci doit renchérir les produits importés de pays à faible coût de main-d'uvre et éviter des délocalisations. Le sénateur de la Vienne a ajouté qu'il n'avait "aucune information" sur le montant de l'augmentation du taux de TVA. Mercredi devant les parlementaires de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait que la TVA sociale serait expérimentée. "Si cette expérimentation est réussie, nous ferons une généralisation", a affirmé le chef de l'Etat. § Nicoals sarkozy est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. § C 'est un président qui dit "je" comme il respire, au risque d'étouffer son gouvernement. Un président qui communique tout le temps, surtout après une victoire moins belle qu'espéré aux élections législatives et avant un rendez-vous capital pour sa crédibilité internationale à Bruxelles. Un hyperprésident ? En plaçant sa séquence de communication sous les ors de l'Elysée, M. Sarkozy a voulu montrer que tout se passe ici : dans la salle des fêtes bruissante des murmures des parlementaires UMP conquis ou dans son bureau où ont été convoqués les caméras de TF1. Problème : comment évoquer ses ministres et notamment le premier d'entre eux dans un discours dont la version écrite ne fait quasiment aucune mention ? Facile quand il s'agit de remplacer un "je veux" par un "nous voulons". Mécanique quand il faut saupoudrer de quelques "François Fillon" des phrases dans lesquelles son nom avait été oublié par la "plume" habituelle du président de la République, Henri Guaino. Mais parfois périlleux, au moins pour la syntaxe. En témoigne cette phrase baroque à propos de la réforme de l'Etat : "C'est un chantier prioritaire et je le piloterai directement avec le premier ministre", était-il écrit dans le texte remis à la presse, "et moi-même" a ajouté le président pour faire bon poids... Devant les élus, il n'a même pas cherché à réprimer un sourire lorsqu'il a assuré M. Fillon "de sa fierté pour la manière dont il a conduit la composition de ses deux gouvernements". Insouciant de la contradiction flagrante, M. Sarkozy continue : "Un président de la République ça ne constitue pas un gouvernement en fonction de ses amitiés, de l'ancienneté, des équilibres territoriaux de telle ou telle famille politique. On ne fait pas de grandes réformes avec une petite équipe." D'ailleurs, si certains veulent se plaindre, qu'ils s'adressent à lui : "Moi j'assume les ambitions déçues " de ses amis. Devant les caméras de TF1, il s'est efforcé d'être un peu plus partageur, citant ses ministres (notamment Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde), mais une fois de plus le "je" l'emporte. L'ouverture ? "Je ne voulais pas que ce soit un coup, un truc sans lendemain. J'ai l'ambition d'être le président de tous les Français." Son absence médiatique entre les deux tours des législatives ? : "J'ai réfléchi. Mais je ne suis pas le sauveur suprême". On a failli l'oublier. § La procédure a été simplifiée : il n'est plus nécessaire de fournir une preuve de l'impossibilité de se rendre au scrutin. Une pièce d'identité et une déclaration sur l'honneur déposées au tribunal d'instance, au commissariat de police, ou à la brigade de gendarmerie de sa commune, jusqu'à la veille du scrutin, suffisent. § § Les intervenants de la Cimade dans le centre de rétention administratif du Mesnil-Amelot ont remis une lettre ouverte au premier ministre dans laquelle ils dénoncent la politique migratoire actuelle. § L e premier ministre François Fillon, accompagné de Brice Hortefeux, ministre de l'immigration et de l'identité nationale, s'est rendu, lundi, au centre de rétention administratif du Mesnil-Amelot puis au service des douanes de l'aéroport de Roissy. A cette occasion, il a rappelé l'objectif du gouvernement de "maîtriser les flux migratoires dans l'intérêt des migrants et de la population française". "La France est un pays d'immigration et il continuera de l'être mais il ne veut accueillir que des étrangers capables de s'intégrer", a-t-il plaidé, affirmant que "notre pays ne peut pas supporter une augmentation considérable du nombre d'étrangers qui viendraient s'installer sur notre territoire et qui n'auraient pas les moyens de s'y intégrer", a-t-il ajouté. "Si on veut que notre pays continue de se développer, que les droits soient respectés (...) il faut réguler les flux migratoires", a insisté le chef du gouvernement, qui a rendu hommage à la mission "noble" des gendarmes chargés du CRA du Mesnil-Amelot. "En nous aidant à réguler les flux migratoires, vous assurez la protection de notre cohésion nationale", a dit François Fillon aux gendarmes. LETTRE OUVERTE Les intervenants de la Cimade dans le centre de rétention ont remis une lettre ouverte au premier ministre dans laquelle ils dénoncent la politique migratoire actuelle. L'association estime que les centres sont devenus "de véritables camps" et que "les actes de désespoir s'y multiplient". Mais, alors que le ministre de l'immigration et de l'identité nationale Brice Hortefeux, présent aux côtés de François Fillon, a fixé pour objectif la reconduite aux frontières de 25 000 clandestins en 2007, la Cimade dénonce "les effets dévastateurs de la politique du chiffre". Dans la lettre, l'association dresse la liste de ces conséquences : "convocations pièges en préfecture, arrestations d'enfants dans les écoles, recrudescence des cas de violence policière, (...), examen superficiel des situations individuelles". Et rappelle que "la double peine est toujours en vigueur et appliquée, le placement en détention de personnes particulièrement vulnérables s'amplifie : enfants, familles, malades". "Nous vous demandons de rompre avec cette logique", demandent encore au premier ministre les intervenants de la Cimade en centres de rétention. § Une infographie pour comprendre comment l'Assemblée nationale a évolué au fil des législatures depuis 1981. § § La gauche risque de perdre des sièges dans le département du Rhône. § § Seize acteurs de la société civile s'attaquent à la politique du président de la République. § L 'élection présidentielle terminée, le film réquisitoire contre Nicolas Sarkozy, Réfutations, reste "d'actualité" selon son auteur, le réalisateur Thomas Lacoste. Lancé en janvier dernier, le site "L'autre campagne" a déjà été visité par plus d'un million de personnes. Créé par des bénévoles, il se définit comme "un espace de rencontres pour les différentes forces sociales, militantes et intellectuelles". Après un livre, le collectif poursuit son engagement pour "valoriser, diffuser, confronter" ses idées avec la mise en ligne gratuite du film sur son site. Thomas Lacoste raconte la genèse de ce réquisitoire. "Dans la nuit de lundi à mardi qui a suivi le premier tour de la présidentielle, j'ai eu l'idée de faire un film pour inciter les gens à ne pas voter pour le candidat de l'UMP", dit-il. "Le lendemain, j'ai appelé seize intervenants, tous issus de la société civile, que je voulais faire parler. Dès le jeudi, on a tourné en une seule journée, chez moi." Dans ce petit film au budget zéro, chaque intervenant évoque son domaine de prédilection au cours de séquences de trois ou quatre minutes. Face à la caméra, on retrouve la comédienne Jeanne Balibar, qui dénonce "l'idéologie mercantile de la chose culturelle", ou le biologiste Alain Trautmann, qui s'insurge contre l'UMP s'opposant "aux chercheurs dont elle ne supporte pas l'indépendance". 500 000 TÉLÉCHARGEMENTS Il y a aussi Bruno Julliard, président de l'UNEF, ou Monique Chemillier-Gendreau, professeur de droit public et de sciences politiques à Paris-VII, regrettant que les sujets de l'éducation et de la politique internationale n'aient pas été davantage abordés lors de la campagne. De son côté, la chercheuse Anne Debrégeas dénonce la volonté de M. Sarkozy de "ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux" et Christian Lehmann, médecin, s'indigne contre la mort annoncée de la CMU. Une méticuleuse entreprise de démolition du projet sarkozyste. Le film a été mixé le week-end suivant le premier tour et mis en ligne lundi 30 avril. Depuis, un demi-million de spectateurs internautes ont téléchargé ce document, qui se targue d'être "une déconstruction implacable de la rhétorique sarkozyste". Mais, une fois Nicolas Sarkozy élu, le film reste-t-il encore d'actualité ? "Plus que jamais", assure Thomas Coste. "Maintenant qu'il est élu, on peut travailler et s'opposer concrètement à son projet. Les seize regards sur le monde que nous prépare le nouveau président sont bien sûr subjectifs. Nous assumons ce parti pris", poursuit-il. L'avenir dira si les remarques et dénonciations des seize intervenants sont vraiment visionnaires ou très simplificatrices. www.lautrecampagne.org § Sur les affiches de François de Rugy, candidat des Verts et des socialistes aux législatives dans la première circonscription de Nantes, la rose du PS fait jeu égal avec le tournesol des écologistes. § S ur les affiches de François de Rugy, candidat des Verts et des socialistes aux législatives dans la première circonscription de Nantes, la rose du PS fait jeu égal avec le tournesol des écologistes. La photo de son suppléant, Pascal Bolo, conseiller général socialiste de 45 ans et proche collaborateur du député et maire Jean-Marc Ayrault, partage équitablement l'espace. "Nous, au moins, on annonce la couleur", souligne François de Rugy, 33 ans, élu Verts, maire adjoint de Nantes, en charge des transports. Les gages de bonne entente se déclinent à l'envi : au mur du QG de campagne, l'affiche de Ségolène Royal côtoie ostensiblement celle de Dominique Voynet. Le PS l'emporte même aux points avec un dessin d'enfant représentant Mme Royal : l'oeuvre du fils aîné (8 ans) d'Emmanuelle Bouchaud, conseillère régionale Verts, compagne de François de Rugy. Sur le terrain, les électeurs "perdent un peu la boussole". Le 6 mai, la circonscription a donné 52,62 % de voix à Mme Royal et l'on ne cache pas un certain désarroi à ne pas voir un candidat du PS prendre la tête de la bataille des législatives. Pascal Bolo dit "comprendre naturellement cette réaction patriotique" mais se dit "fier" de participer à ce qu'il qualifie volontiers de "laboratoire", martelant : "Il n'y a jamais eu de victoire de la gauche dans la division. On est heureux de prouver qu'ici, la gauche est plus intelligente qu'au niveau national." Selon de nombreux militants de gauche, le socialiste Pascal Bolo "mourait d'envie de mener le combat en première ligne", ce que réfute l'intéressé. Force est de constater qu'il mouille la chemise au côté de François de Rugy. De fait, le ticket Verts-PS, rareté dans le paysage politique français, ne pouvait souffrir discussion. Il a été imposé par Jean-Marc Ayrault. Un souci cependant : l'accord, en préparation depuis un an, n'a été officialisé que le 14 mai, ce qui a nourri une certaine confusion au PS comme chez les Verts. La clé du scrutin, dans cette circonscription disparate de 72 000 électeurs mêlant quartiers résidentiels, cités HLM et zones pavillonnaires cossues, c'est "la mobilisation des citoyens". François de Rugy espère profiter du "score canon" (67 %) qu'a réalisé son coéquipier aux dernières cantonales dans les quartiers nord de Nantes. En face, le député sortant UMP Jean-Pierre Le Ridant, comptable de formation, est accusé "d'avancer masqué" : "Il essaie de tout dépolitiser, fustige M. de Rugy. Il ne crée pas de polémique mais il a voté tous les projets de l'UMP, CPE compris." M. Le Ridant, conseiller général depuis 1982, affirme "bien sentir cette élection". Un sentiment partagé par Annick, son épouse, crêpière, qui est à n'en pas douter son "meilleur agent de communication". De l'avis même de la gauche, M. Le Ridant, 59 ans, a marqué un point en s'adjugeant les services de Joseph Parpaillon comme suppléant. Le maire centriste d'Orvault est en effet un "homme de terroir bien implanté" et véhicule "une image rassurante". Même si sa réputation de tolérance a été écornée après qu'il a poliment exigé d'un membre de son équipe municipale qu'il renonce à suppléer la candidate du MoDem. Cette dernière, Valérie Lorin, 44 ans, professeur à l'université, rêve de jouer les trouble-fête et d'asseoir la percée de François Bayrou sur la circonscription (22 %). § Venu soutenir la candidate PS dans le 12e arrondissement de Paris, l'ancien ministre a de nouveau plaidé, samedi, pour "une refondation" du Parti socialiste. § D evant l'étal du boucher, samedi 2 juin, sur le marché du cours de Vincennes dans le 12e arrondissement de Paris, les militants se toisent. Côté UMP, ils entourent le "candidat de Nicolas Sarkozy", l'avocat Arno Klarsfeld. Côté PS, ils attendent Dominique Strauss-Kahn venu soutenir Sandrine Mazetier. C'est à qui criera le plus fort "Arno !", "Sandrine !" en se jetant des tracts. N'y tenant plus, une militante du Parti des travailleurs, témoin de la scène, se met à houspiller les socialistes : "Osez chanter L'Internationale, mais osez !" Arrivé sur ces entrefaites, "DSK" s'engouffre dans une autre rue commerçante. Il ne participera pas au meeting de Nantes, lundi 4 juin, avec les autres responsables du PS, François Hollande, Ségolène Royal, Laurent Fabius, pas plus qu'il ne se rendra à Lille le 7 juin. L'ancien ministre s'échappe du peloton, peu enclin à partager d'autres estrades communes après celle du Zénith, le 29 mai, et les quelques sifflets qu'il y avait essuyés. "Sur 30 jours, j'en ai passé 18 à soutenir les autres, justifie-t-il. Il faut quand même que je m'occupe de ma circonscription", dans le Val-d'Oise. Aux photos de groupe, il préfère une démarche solitaire. "Je suis ici par amitié pour Sandrine, parce que l'amitié en politique ça compte, bien qu'on nous présente toujours à nous planter des couteaux dans le dos", rectifie M. Strauss-Kahn. Ses critiques sur la défaite de la gauche à la présidentielle lui ont valu des reproches. Il assume. "Je ne le regrette pas, parce que c'est l'intérêt de la gauche. Si on ne pousse pas à cette mise en cause, je crains qu'elle n'ait pas lieu", se défend "DSK". Au PS, rendez-vous est pris après les législatives pour commencer la "refondation" du parti qu'il appelle de ses voeux. "Plus le score de députés socialistes élus sera élevé, plus il entraînera le débat, juge-t-il. S'il est faible, cela conduira à la catatonie et à nous réchauffer entre nous." Il raye d'un trait le soupçon de défaitisme qui pesait sur lui : "Je ne crois pas au choc salutaire, je ne suis pas pour la politique du pire." "RÉPONSES DÉCALÉES" Square Courteline, après avoir achevé une tournée des commerçants, c'est à partir d'un kiosque à musique qu'il s'adresse à quelques dizaines de militants et sympathisants rassemblés. "Vous avez sans doute remarqué que nous avons perdu l'élection présidentielle, commence-t-il. Si nous ne voulons pas qu'on la perde une quatrième fois - ça peut arriver, vous savez, nos amis britanniques ont connu la droite pendant dix-huit ans -, il faut que la gauche réfléchisse sur les erreurs, collectives, qu'elle a commises." L'ancien ministre a son "interprétation" qu'il livre sur-le-champ : "Nous avons été beaucoup trop loin des préoccupations des Français. Ce que nous disions, nous le disions cinq ans auparavant sur ce qui avait été dit cinq ans encore avant." "Nous avons apporté des réponses décalées", insiste M. Strauss-Kahn en prenant pour exemple le smic à 1 500 euros et le témoignage d'un salarié rencontré dans la Marne, qui redoutait, explique-t-il, les effets d'une telle mesure sur l'emploi dans son entreprise. "Il me disait : j'ai toujours voté à gauche mais je voyais dans ses yeux que cette fois, il allait voter pour Nicolas Sarkozy." Ce discours n'est pas toujours très bien entendu par les militants, il n'est pas le plus populaire. Et aujourd'hui, l'ancien rival de Mme Royal à l'investiture du PS pour la présidentielle voit émerger de plus en plus dans le paysage le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Mais "DSK" n'en démord pas. Sa stratégie est la bonne. "Quand on passe son temps à reporter les questions, ce qui a été largement le cas depuis 2002, soupire-t-il, il ne faut pas s'étonner." En attendant, il fait campagne. "Avec moins de 100 députés socialistes et 500 de droite, la pression physique sera tellement forte qu'il sera difficile de se faire entendre", insiste-t-il. Le réconfort, il le trouve auprès d'une passante qui lui met sous le nez une feuille d'astrologie : "Je voulais vous dire, vous avez une année formidable devant vous. Si, si, regardez ! Il faut surtout tout entreprendre..." § Agée de 78 ans, sénatrice UMP, Mme Michaux-Chevry se morfond dans un modeste bureau de la communauté de communes de Basse-Terre. Bien que première adjointe de la capitale administrative du département, elle a perdu sa délégation et son bureau à la mairie. § "E lle a voulu me tuer, mais c'est moi qui vais la tuer !", peste l'une. "On m'a envoyé un corbillard, et il est reparti sans moi pour aller chercher quelqu'un d'autre", grince l'autre. En Guadeloupe, la mort n'est pas un sujet tabou. Elle fait partie de la vie. Lorsqu'on veut écarter un adversaire politique, on dit qu'on veut le "tuer". Et c'est bien un duel à mort qui s'est engagé entre les deux "dames" de la vie politique locale, Lucette Michaux-Chevry et Gabrielle Louis-Carabin. Agée de 78 ans, sénatrice UMP, Mme Michaux-Chevry se morfond dans un modeste bureau de la communauté de communes de Basse-Terre. Bien que première adjointe de la capitale administrative du département, elle a perdu sa délégation et son bureau à la mairie. Le maire qu'elle a contribué à faire élire, Guy Georges, la tient à distance. Tous les poulains qu'elle a fait entrer en politique s'éloignent d'elle. Le coup de grâce est venu de Gabrielle Louis-Carabin, députée sortante et maire (UMP) du Moule. En octobre 2006, elle a créé une fédération locale de l'UMP. Jusqu'à présent, ce parti n'existait pas dans ce département d'outre-mer. C'était Objectif Guadeloupe, formation politique fondée par Mme Michaux-Chevry, qui encadrait la droite locale. Elégante et toujours alerte - "Je touche mes pieds du bout des doigts", fait-elle remarquer -, celle-ci s'apprête à livrer son dernier combat. "Je vais retourner sur la scène politique, annonce-t-elle. On m'a forcée à revenir..." Son objectif est de reconquérir la mairie de Basse-Terre, en 2008. D'ici là, elle fait tout ce qu'elle peut pour gêner Gabrielle Louis-Carabin. C'est ainsi qu'elle a désigné Blaise Aldo, maire de Sainte-Anne, comme candidat d'Objectif Guadeloupe contre la députée sortante dans la 2e circonscription. Une stratégie qui pourrait favoriser la gauche, représentée par le maire de Saint-François, Ernest Moutoussamy (Parti progressiste démocratique guadeloupéen). En Guadeloupe, la droite est devenue un champ de bataille. "FIDÈLE À JACQUES CHIRAC" Dans cette vendetta sous les tropiques, Mme Louis-Carabin bénéficie d'un atout de poids : son soutien de la première heure à Nicolas Sarkozy. "Je suis peut-être le premier élu guadeloupéen à l'avoir soutenu. Lors de son investiture, le 15 janvier, Mme Michaux-Chevry n'était même pas présente." De son côté, la sénatrice ne cache pas sa tiédeur à l'égard du nouveau président de la République. "Je suis fidèle à Jacques Chirac. Je ne pouvais pas soutenir Nicolas Sarkozy tant que le président sortant n'avait pas annoncé officiellement qu'il n'était pas candidat." Le lent déclin de Lucette Michaux-Chevry a commencé en 2003, lorsqu'elle a perdu le référendum sur la réforme des institutions locales. L'année suivante, le conseil régional lui échappait. Aujourd'hui, elle ne reconnaît qu'un seul adversaire à sa mesure : Victorin Lurel, le socialiste qui lui a ravi la région. "C'est un guerrier !", déclare-t-elle avec une pointe d'admiration dans la voix. Elle attendait la même pugnacité de Laurent Bernier, conseiller régional, dont elle avait fait son dauphin en lui confiant la présidence d'Objectif Guadeloupe. "Il ne travaille pas, se lamente-t-elle. En politique, les places se prennent, elles ne se reçoivent pas." Furieux de ne pas obtenir l'investiture de son propre parti pour les législatives, Laurent Bernier en a démissionné et a rejoint Gabrielle Louis-Carabin comme suppléant. "Mme Michaux-Chevry a fait mon apprentissage, admet-il. Mais j'en avais assez de recevoir sans cesse des critiques. Aujourd'hui, Lucette est finie." § Pour le directeur de cabinet de François Hollande, Stéphane Le Foll, "le PS a donné assez de signes d'ouverture clairs" à M. Bayrou. § D es alliances PS-MoDem sont-elles possibles ? "C'est à François Bayrou de le dire", répond Stéphane Le Foll, le directeur de cabinet de François Hollande, quand on lui demande s'il y aura des alliances, au soir du premier tour des législatives, entre les candidats socialistes et ceux du Mouvement démocrate. L'idée d'accords de désistement entre les partis centriste et socialiste n'est pas totalement neuve. Les candidats parvenus au second tour le 10 juin se retireraient au profit de leur homologue mieux placé, pour éviter d'être battu par l'UMP. Le cas peut se présenter par exemple pour les MoDem Anne-Marie Comparini, Gilles Artigues ou François Bayrou, ou pour les socialistes Jean-Louis Bianco, Arnaud Montebourg ou Vincent Peillon. Depuis le 6 mai, les deux partis tournent autour du pot mais François Bayrou et Ségolène Royal viennent de réaffirmer qu'ils n'excluaient rien. "Au soir du premier tour, nous verrons quels moyens nous avons de défendre le pluralisme", a répondu le président du MoDem mardi au Parisien, qui lui demandait s'il envisageait des accords avec la gauche. L'ex-candidate du PS à la présidentielle a, elle, affirmé lundi soir qu'elle souhaitait "agréger tous les concours, tous les démocrates" pour bâtir "une démocratie équilibrée". "LE PS A DONNÉ ASSEZ DE SIGNES D'OUVERTURE" Stéphane Le Foll, lui-même candidat face au premier ministre, François Fillon, dans la Sarthe, précise que l'appel de Ségolène Royal s'"adresse à tous ceux qui se battent aujourd'hui contre la politique qui est en train de se dessiner, la concentration de tous les pouvoirs, les cadeaux fiscaux aux plus aisés et une forme d'injustice sociale". Les candidats du MoDem de François Bayrou font-ils partie de ce front ? "Nous ne pouvons pas encore le dire clairement, estime le député européen socialiste Stéphane Le Foll. Dans quelle logique François Bayrou est-il face à la logique dure, d'affrontement, mise en place par le gouvernement, qui appelle une logique de résistance, d'opposition ? Il y répond sans y répondre. Il cherche à continuer sa campagne du premier tour de la présidentielle mais aujourd'hui, la droite au pouvoir est déterminée à écraser la gauche et balayer Bayrou." Le socialiste affirme aussi que l'on ne peut pas être sûr que M. Bayrou ne cherchera pas, après les législatives, à faire "revenir au bercail" certains ex-UDF ralliés à la majorité présidentielle, contre lesquels le MoDem n'a pas investi de candidat aux législatives. Le MoDem et le PS prêchent tous deux la nécessité de "contre-pouvoirs" face à la majorité UMP. Ne sont-ils pas également irresponsables de ne pas s'allier ? "Le PS a donné assez de signes d'ouverture clairs, notamment la main tendue de Ségolène Royal à François Bayrou entre les deux tours", répond Stéphane Le Foll, qui refuse de dire qu'il n'y aura aucune alliance mais affirme qu'il n'y a actuellement "pas de discussions" entre le PS et le MoDem. § Le député sortant Arnaud Montebourg (PS), candidat dans la 6e circonscription de Saône-et-Loire aux élections législatives, est donné vainqueur avec 51 % des suffrages au second tour, selon un sondage IFOP-Fiducial publié mardi 5 juin. § L e député sortant Arnaud Montebourg (PS), candidat dans la 6e circonscription de Saône-et-Loire aux élections législatives, est donné vainqueur avec 51 % des suffrages au second tour, selon un sondage IFOP-Fiducial publié mardi 5 juin. D'après cette enquête, M. Montebourg arriverait en tête au premier tour avec 42 % des voix, juste devant le candidat de l'UMP, Arnaud Danjean, qui totaliserait 39 % des suffrages. La candidate du FN, Monique Faure-Lafont, arriverait en troisième position avec 8 % des intentions de vote. Au second tour, selon les personnes interrogées, le candidat PS serait élu "d'une courte tête" avec 51 % des suffrages devant son rival de l'UMP. M. Montebourg affronte l'ancien de la DGSE Arnaud Danjean, qui espère profiter du bon score de Nicolas Sarkozy dans la circonscription le 6 mai. Le candidat UMP avait devancé Ségolène Royal en recueillant 53,87 % des voix. Fiche technique Sondage réalisé les 2, 3 et 4 juin, par téléphone, auprès de 605 personnes représentatives de la population de la 6e circonscription de Saône-et-Loire, âgée de 18 ans et plus et inscrites sur les listes électorales (méthode des quotas). § Nicolas Sarkozy "se distingue très nettement du pas de danse du président Bush", a affirmé Yannick Jadot de l'Alliance pour la planète, une des ONG reçues mardi à l'Elysée. § L es ONG reçues à l'Elysée, mardi 5 juin, se sont dites rassurées sur l'intention affichée par le président de la République de plaider au prochain sommet du G8 pour un accord contre le réchauffement climatique qui respecte la logique du protocole de Kyoto. "Nicolas Sarkozy nous a dit : 'plutôt pas d'accord qu'un mauvais accord'", a affirmé Yannick Jadot, responsable d'Alliance pour la planète et responsable de Greenpeace, précisant que M. Sarkozy voulait des "engagements chiffrés sur les émissions de CO". Le président avait invité une trentaine d'ONG spécialisées dans le développement, la santé et l'environnement "pour prendre leur avis" avant le sommet de Heiligendamm, en Allemagne. Nicolas Sarkozy "se distingue très nettement du pas de danse du président Bush et revient bien sur la position classique de l'Europe, qui est de montrer l'exemple en matière de lutte contre les changements climatiques pour faire venir à elle les pays émergents", a expliqué Yannick Jadot, soulignant le "soutien explicite" du président français à la position d'Angela Merkel. La chancelière allemande s'est opposée au président américain George W. Bush, qui a récemment affirmé vouloir lancer une initiative de lutte contre le réchauffement climatique parallèle à celle menée dans le cadre des Nations unies. Mme Merkel lui a fait savoir que le rôle de l'ONU ne saurait en aucun cas être contourné. Amélie Canonne, du Centre de recherche et d'information pour le développement et Sandrine Mathy, responsable du Réseau action climat, ont confirmé cette analyse, à l'issue du rendez-vous à l'Elysée. LES ENGAGEMENTS PASSÉS DE LA FRANCE Selon Henri Rouillé d'Orfeuil, président de Coordination Sud, M. Sarkozy a confirmé des engagements précédents de la France sur un certain nombre d'autres sujets : maintien de l'objectif de 0,7 % du PIB consacré à l'aide au développement, doublement de l'aide à l'Afrique, maintien pour 2010 de l'objectif d'accès universel au traitement contre le sida... M. Sarkozy est également "très favorable au projet de taxation internationale sur les billets d'avion", lancé par Jacques Chirac, a-t-il ajouté. En 2006, l'aide au développement fournie par la France est resté stable à 0,47 % de son produit intérieur brut (PIB), notamment grâce aux importantes remises de dette consenties à l'Irak, au Cameroun et au Nigeria, selon les chiffres de l'OCDE. Paris s'est engagé à la porter à 0,56 % du PIB en 2010 (objectif européen), puis à 0,7 % en 2012. Mardi, Nicolas Sarkozy a également indiqué qu'il ferait une réunion du conseil des ministres sur le comportement environnemental des ministères, à travers les achats publics, a rapporté le président de Coordination Sud. Concernant l'engagement sur l'accès aux soins de tous les malades du sida, "M. Sarkozy s'est engagé à proposer à ses homologues durant le sommet du G8 de lancer des négociations sur qui va payer et combien", a affirmé Khalil Elouardighi, d'Act Up. "On va voir si le président de la République a pu faire cette proposition et si elle a été retenue par ses homologues", a-t-il ajouté. § En déplacement à Nantes, lundi 4 juin, où elle tenait meeting, Ségolène Royal a de nouveau dessiné l'avenir de la gauche et de son parti en vantant le "renouveau" qu'elle avait insufflé. § E n déplacement à Nantes, lundi 4 juin, où elle tenait meeting, Ségolène Royal a de nouveau dessiné l'avenir de la gauche et de son parti en vantant le "renouveau" qu'elle avait insufflé. Venue soutenir les candidats socialistes de ce Grand Ouest qui lui a donné une majorité des voix lors de la présidentielle, elle ne s'est pas privée de parler - à mi-voix - de ses ambitions au PS. Dans le train qui l'amène chez son "ami" Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes, elle a placé en évidence sur sa tablette le dernier Pétillon, J'y suis (Dargaud). Elle confirme un "séminaire" début juillet. Et rode son slogan du soir "Vous avez voté pour moi, votez pour eux". Elle veut que se perpétue "la vague populaire et enthousiaste" qui l'a portée. Cette "volonté de 17 millions de Français" qui ont voté pour elle, "il faut qu'elle s'exprime à nouveau". Elle semble persuadée qu'elle sauvera les socialistes et rouvrira le chemin vers la victoire. "Nous devons continuer le travail d'imagination, d'invention de la gauche du XXIe siècle et du socialisme de demain", répète-t-elle. M. Ayrault renchérit : "Un mauvais résultat, une faible participation donneraient raison à ceux qui veulent revenir en arrière, conserver les vieux schémas de pensée et d'appareils. Nous perdrions des années..." Pourtant, même à Nantes, la "vague" n'est pas au rendez-vous. Les 2 000 sympathisants venus écouter leur championne n'arrivent plus à simuler l'engouement d'avril. Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande, le reconnaît : "C'est difficile d'embrayer : les militants ont eu parfois du mal à choisir entre rester chez eux pour faire la campagne localement ou venir écouter Ségolène." Laurent Fabius, prévu à la tribune, avait préféré dans l'après-midi ses "obligations", en allant soutenir la candidate PS à Dieppe, Sandrine Hurel. "SÉCHEZ VOS LARMES" Qu'importe ! Les dirigeants socialistes étaient là pour s'en prendre au gouvernement. Jean-Marc Ayrault a répliqué à François Fillon qui dénonçait le même soir à Lyon "l'imposture morale" de la gauche "qui joue à colin-maillard avec l'histoire" et "n'ose plus aimer la France" : "Nous n'acceptons pas le révisionnisme de l'histoire de cette droite qui se croit maintenant tout permis parce qu'elle croit qu'elle va tout gagner. L'amour de la France ne se mesure pas à la violence des déclarations. Nous l'avons autant qu'eux." Puis ce fut l'ex-candidate qui tenta - avec peine - de retrouver ses envolées de campagne : "Ne vous laissez pas faire par le matraquage médiatique et sondagier ! Non, M. Sarkozy n'est pas le sauveur suprême qui va transformer le plomb en or. Lui et ses amis gouvernent depuis cinq ans. Ce sont eux qui ont entraîné le pays dans l'impasse." Et d'exhorter les Français à voter pour éviter une "assemblée bleu nuit, une assemblée du grand sommeil, une chambre d'enregistrement où plus rien ne se passera". Et pour conjurer une abstention de l'électorat de gauche, elle a lancé : "Séchez vos larmes ! Remettez-vous debout. Ayons la tête haute, j'ai encore besoin de vous." Les applaudissements restent sages. La salle semble se réveiller avec François Hollande. "Il est possible d'agir avant 2012 (la prochaine présidentielle), assure-t-il. Le PS, il faudra le rénover, le changer mais ce sera toujours le PS avec ses valeurs et ses convictions." Le public socialiste s'enflamme soudain. M. Hollande insiste : le Parlement doit garder un équilibre droite-gauche pour "conjurer le risque" d'une droite trop sûre d'elle-même. " Il faudra équilibrer, corriger ce gouvernement et même protéger (la majorité présidentielle) contre elle-même ! Si nous n'étions pas là, vous imaginez ce qu'ils feraient ?", a-t-il demandé à l'assistance en prescrivant un dernier effort. "Après" seulement, il sera alors temps de "rénover tout ce qui doit l'être". § Autonomistes du Parti de la nation corse (PNC) et d'A Chjama Naziunale, indépendantistes de Corsica Nazione Indipendente et écologistes d'I Verdi Corsi défendront ensemble la bannière d'Unione per una suluzione pulitica aux élections législatives des 10 et 17 juin. § L es nationalistes corses présentent des candidats uniques dans les quatre circonscriptions de l'île. Autonomistes du Parti de la nation corse (PNC) et d'A Chjama Naziunale, indépendantistes de Corsica Nazione Indipendente et écologistes d'I Verdi Corsi défendront ensemble la bannière d'Unione per una suluzione pulitica aux élections législatives des 10 et 17 juin. C'est une première. En 2002, les indépendantistes de Corsica Nazione avaient fait l'impasse sur un scrutin "français" dont ils considéraient jusque-là qu'il ne les concernait pas. Cette fois, Jean-Marie Poli et Jean-Christophe Angelini en Corse-du-Sud, Jean Graziani et Gilles Simeoni en Haute-Corse espèrent approcher les 17,5 % de suffrages obtenus par la liste d'Unione Nazionale, lors du deuxième tour des élections territoriales de mars 2004. "Nous voulons prouver que les nationalistes constituent une force politique incontournable sur l'île, capable de peser vis-à-vis de l'Etat et du système clanique", explique François Sargentini de Corsica Nazione Indipendente, porte parole de la coalition. Pour les nationalistes, l'heure est venue d'ouvrir le dialogue. "La question corse n'a pas été abordée pendant la campagne de la présidentielle, pourtant cette question reste en suspens depuis plus de trois décennies", relève M. Sargentini qui se dit prêt "à discuter de tout", notamment de "la violence et de la clandestinité". Depuis l'échec du référendum sur les institutions en juillet 2003, initié par le ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, le dialogue est rompu entre l'Etat et les nationalistes. Pendant la campagne présidentielle, lors d'un déplacement à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), M. Sarkozy avait tenu des propos très fermes contre "les poseurs de bombes" et ceux qui les soutiennent. Cela n'empêche pas les nationalistes, qui n'excluent pas de "dépasser les clivages traditionnels", d'en appeler "au nouveau pouvoir en France". "Il faut que l'Etat change de politique en Corse", martèlent-ils. Pour le deuxième tour des législatives, l'Unione ne soutiendra personne, sauf ses propres candidats, s'ils se qualifient. § Alain Carignon, 58 ans, n'a que faire de la critique. Soucieux de laver la "tache" de son passé, l'ancien maire de Grenoble, condamné en 1996 à quatre ans de prison ferme pour corruption, espère retrouver une légitimité dans les urnes. § L a gauche redoutait qu'il ne lâche prise mais il a tenu bon. Richard Cazenave a décidé d'aller jusqu'au bout pour défendre son siège de député de la 1re circonscription de l'Isère, convoité par son ancien compagnon de route, Alain Carignon, investi par l'UMP. Le chemin est rude : le 15 mai, le président délégué de l'UMP, Jean-Claude Gaudin, lui a signifié par courrier son exclusion. Richard Cazenave n'a pas déposé de recours. "Ce sont aux électeurs de trancher", explique-t-il un peu las. 1re circonscription de l'Isère Député sortant : Richard Cazenave (UMP/UDF) Candidats : Danielle Mattrel (LO) Cécile Allibe (LCR) Marie-France Monery (PCF) Geneviève Fioraso (PS) Eléonore Perrier (MRC) Marie-Odile Novelli (Verts) Anne Lise Kirchner (MEI) Colette Montredon (DVE) Christophe Cloitre (SE) Chantal Reverdy (SE) Gérard Dubois (DIV) Philippe de Longevialle (MD) Alain Carignon (UMP) Richard Cazenave (UMP-diss) Bruno Paliard (MPF) Hugues Petit (FN). Le 4 juin, l'UMP lui a fait une dernière "saloperie", accuse-t-il en déposant contre lui un référé pour "usage fallacieux du sigle UMP et trouble destiné à fausser la sincérité du scrutin". Blog rageur, phrases assassines, rumeurs, le climat de la campagne est délétère à Grenoble et le duel entre les deux anciens amis du RPR a déjà laissé des traces. Le 6 mai, Nicolas Sarkozy n'a recueilli que 50,68 % des voix dans ce fief de la droite qui couvre Grenoble et le Grésivaudan, refuge d'une population aisée. "Ces résultats traduisent le rejet de Carignon qui avait pris en otage la campagne présidentielle à son profit", accuse le député sortant. Alain Carignon, 58 ans, n'a que faire de la critique. Soucieux de laver la "tache" de son passé, l'ancien maire de Grenoble, condamné en 1996 à quatre ans de prison ferme pour corruption, espère retrouver une légitimité dans les urnes. Depuis quatre ans, l'ancien homme fort de l'Isère, qui vit entre Marrakech et Grenoble, a méthodiquement organisé son retour. En 2002, recouvant ses droits civiques, et jurant n'avoir "aucune ambition électorale", il avait réussi, malgré l'opposition d'Alain Juppé, à réintégrer sa famille politique à la faveur de la constitution de l'UMP. Un an plus tard, le "candidat à rien" s'était fait élire à la tête de la fédération de l'Isère. Puis, en novembre 2006, alors que la commission nationale de l'UMP avait désigné le député sortant Richard Cazenave, M. Carignon avait réussi à décrocher l'investiture aux législatives en organisant un vote des militants de la 1re circonscription. "Une pseudo-consultation", selon M. Cazenave qui accuse son adversaire d'avoir inscrit en masse de faux militants. "RIDICULE" Le 9 mai, bouclant la boucle, Alain Carignon a annoncé, dans Le Dauphiné libéré, sa candidature en 2008 à la mairie de Grenoble. Isolé - la quasi-totalité des élus de la circonscription ont apporté leur soutien à Richard Cazenave -, Alain Carignon tente désormais d'organiser ses soutiens de Paris. Son blog affiche des lettres de Bernard-Henri Lévy, de Marek Halter et de François Fillon. Un troisième larron, Philippe de Longevialle, 46 ans, le président de l'UDF de l'Isère, espère arbitrer le duel. "Les élus condamnés par la justice dans l'exercice de leur fonction doivent se retirer et faire place à de nouvelles générations, sans lesquelles Grenoble et l'agglomération s'enfonceront un peu plus dans le ridicule", tempête cet expert immobilier, qui fut lui même le chef de cabinet... d'Alain Carignon. Face à ce spectacle, la gauche espère faire élire sa candidate, Geneviève Fioraso, adjointe du maire de Grenoble, et tourner définitivement "la page Carignon". Vendredi 1er juin, des acteurs du monde universitaire et culturel, anciens résistants, regroupés dans une association baptisée Barnave, devaient lancer à Grenoble un appel "pour un débat public digne". "Nous ne laisserons pas Grenoble être l'otage de méthodes politiques qui lui ont déjà causé un tort considérable", affirment les signataires. § Ils sont une poignée, de l'UMP ou de l'UDF, à avoir incarné dans la précédente législature une certaine orthodoxie budgétaire. Les voilà pris à contre-pied par le "choc économique et fiscal" voulu par le chef de l'Etat. § I ls sont une poignée, de l'UMP ou de l'UDF, à avoir incarné dans la précédente législature une certaine orthodoxie budgétaire : le président de la commission des finances de l'Assemblée, Pierre Méhaignerie, le rapporteur du budget au Palais-Bourbon, Gilles Carrez, et son homologue du Sénat, Philippe Marini, le centriste Charles-Amédée de Courson, qui, avant de rejoindre la majorité présidentielle, pointait la sous-évaluation systématique de la dépense publique depuis 2002. A chaque débat budgétaire, ils ont dénoncé le laxisme de la gauche, M. Carrez accusant le gouvernement Jospin d'avoir dépensé entre 1997 et 2002, "près de moitié plus" que la droite entre 2002 et 2007. Les voilà pris à contre-pied par le "choc économique et fiscal" voulu par le chef de l'Etat, qui représente plus de 15 milliards d'euros de dépenses, et sa demande d'être jugé en 2012 sur l'endettement et les déficits. Partisan d'assainir davantage les finances publiques, en faisant progresser les dépenses de l'Etat moins vite que l'inflation - ce que prévoit la loi de finances initiale pour 2007 - et en continuant à réduire les déficits et la dette, M. Carrez s'en tient désormais à la formule suivante : "La pause dans les déficits peut-être, une nouvelle dégradation surtout pas." M. Méhaignerie, qui partage cette analyse, pense que le débat sur la politique économique est "encore ouvert". A ses yeux, le "paquet fiscal" peut être justifié à deux conditions : "S'il crée une dynamique de confiance et d'offre et est perçu comme équitable." Il a donc défendu auprès du premier ministre la création, à côté du bouclier fiscal, d'un impôt minimum alternatif et préconisé un effort sur la prime pour l'emploi en faveur des salariés non imposables. Le sénateur UMP de l'Oise, M. Marini, qui a pris le train du sarkozysme dès 2006, a repoussé à 2011 le rétablissement des finances du pays. "On nous annonce une loi fiscale et pas un collectif. On travaille donc toujours dans le cadre de la loi de finances 2007 en termes de solde de fin d'année", un déficit public à 2,6 % du PIB, veut-il croire en se disant "sans inquiétudes" sur les finances de l'Etat. "Attendons le discours de politique générale du premier ministre. Après toute victoire électorale, il y a ceux qui veulent la rigueur tout de suite et renvoient les cadeaux à plus tard, et ceux qui proposent l'inverse. En général, on fait un mix des deux", relève M. de Courson, qui dit toujours vouloir donner la priorité à la réduction des déficits. § Le président affiche sa détermination à mettre en oeuvre son programme, mais doit composer, notamment avec les syndicats. § U n mois après son installation à l'Elysée, et avant que la nouvelle Assemblée nationale puisse commencer à examiner les projets de loi, que sont devenues les promesses de Nicolas Sarkozy ? Récit d'un mois d'ajustements. Travailler plus, gagner plus. Désireux de "revaloriser le travail" en donnant à ceux qui le souhaitent "la possibilité de travailler plus pour gagner plus", Nicolas Sarkozy candidat s'est maintes fois engagé à "exonérer les heures supplémentaires de charges sociales et d'impôt sur le revenu". Le chef de l'Etat reçoit les correspondants étrangers à Paris A la veille de ses deux premiers grands rendez-vous internationaux, le sommet du G8 d'Heiligendamm et le Conseil européen des 21 et 22 juin, Nicolas Sarkozy a reçu les correspondants à Paris de sept grands journaux étrangers, pour leur exposer ses intentions sur la scène européenne et internationale. Le Financial Times (FT) en a principalement retenu son appel au futur premier ministre britannique Gordon Brown, qui doit succéder fin juin à Tony Blair, à s'engager sur le terrain européen. "Gordon Brown a pendant dix ans fait progresser et modernisé l'économie britannique. J'espère qu'en s'installant au 10 Downing Street il comprendra que l'Europe n'est pas passée de mode", a-t-il dit, selon le FT. Alors que tout le monde s'interroge sur les intentions de M. Brown à l'égard du futur traité institutionnel européen, M. Sarkozy estime qu'aucun pays "ne prendra le risque de bloquer l'Europe". De son côté, le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine titre sur la volonté du nouveau président français de "parler avec la Russie", notamment sur le bouclier antimissile américain ou le futur statut du Kosovo, et d'avoir avec elle "un partenariat stratégique". Le volet détaxation des heures supplémentaires est en passe d'être bouclé. Les arbitrages rendus ces derniers jours devraient conduire à une mesure la plus large possible qui touchera toutes les heures supplémentaires, les heures complémentaires (c'est-à-dire les salariés à temps partiel) et les forfaits jours concernant essentiellement les cadres. Cette mesure, qui coûtera 5 milliards d'euros et sera présentée aux partenaires sociaux à partir du 5 juin, sera intégrée dans un "paquet fiscal" dont la présentation au conseil des ministres est prévue pour le 20 ou 27 juin. Intérêts d'emprunts. Pendant la campagne, M. Sarkozy s'est déclaré partisan de faire de la France "un pays de propriétaires", notamment en permettant la déduction de l'impôt sur le revenu des intérêts d'emprunts contractés pour l'achat d'une résidence principale. Il a précisé, le 29 mai au Havre, que cette mesure concernerait tous les emprunts en cours, et pas seulement ceux contractés à partir du 6 mai comme le ministre des comptes publics, Eric Woerth, l'avait indiqué aux Echos du 24 mai et comme la ministre du logement, Christine Boutin, l'avait répété. La forme que prendra cette mesure (déduction du revenu imposable, crédit d'impôt ou réduction d'impôt) n'est pas encore arrêtée, ni son ampleur exacte dans la mesure où la proportion d'intérêts concernés - le chiffre de 100 % avait été cité par M. Sarkozy dans son entretien du 23 janvier au Monde et celui de 20 % par M. Woerth - n'est pas fixée. Henri Guaino, conseiller du président, a précisé, le 30 mai, dans l'émission "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info" qu'"il y aura forcément un plafond". Droits de succession, bouclier fiscal. M. Sarkozy avait parlé d'"exonérer 95 % des Français de droits de succession", de mettre en place "un bouclier fiscal à 50 % intégrant la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS)" et avait exprimé publiquement ses "réserves" sur les parachutes dorés des patrons (Le Monde du 23 janvier). Si rien n'a filtré du contenu précis de l'exonération de droits de succession, le bouclier fiscal à 50 % qui s'appliquera en 2008 sur les revenus 2007 sera inscrit dans "le paquet fiscal". En revanche, la question de la prise en compte de la CSG et de la CRDS dans ce bouclier n'est pas tranchée. Lundi 4 juin, à Lyon, M. Fillon a annoncé que les parachutes dorés seraient encadrés "dès cet été". Service minimum. Plus de loi contraignante mais un "texte cadre" qui devrait inciter les entreprises de transport à négocier des systèmes d'alerte, de prévention des conflits. Cette loi-cadre, qui devrait être votée en juillet, préciserait aussi le cadre du service minimum et la continuité du transport en cas de conflit. Ainsi que le réclamaient les syndicats, les négociations auront lieu par entreprise ou par branche. Et l'éducation nationale, un temps citée pour la mise en place d'un service minimum, ne fait plus partie des objectifs. Réforme de l'université. M. Sarkozy avait promis aux universités qu'il les libérerait "du carcan administratif, centralisé et inefficace qui pèse sur elles". Mais le candidat avait précisé qu'"aucune ne serait obligée de retenir (ce statut)". Un mois après son élection, une loi est sur les rails. Elle devrait être examinée en juillet au Parlement. Reste que le cahier des charges n'a pas été rempli totalement. Le caractère facultatif du choix de l'autonomie semble aujourd'hui abandonné. Tout comme toute mention d'orientation sélective ou d'augmentation des droits d'inscription. Le 15 février 2006, M. Sarkozy estimait que l'orientation sélective ne devait plus "être une question taboue" et que la modulation des droits d'inscription ne lui paraissait pas "illégitime par principe". Immigration. Outre la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, confié à Brice Hortefeux, le candidat avait promis un nouveau projet de loi visant notamment à durcir les conditions du regroupement familial : "Pour faire venir sa famille, il faudra un logement et un travail mais il faudra aussi apprendre le français avant de venir", a-t-il prévenu. Jeudi 31 mai, François Fillon a affirmé que le gouvernement était au travail pour que cette nouvelle loi sur l'immigration soit votée avant la fin de l'été. M. Hortefeux a aussi rappelé l'objectif annuel de 25 000 éloignements de sans-papiers. Assurance-maladie. Alors que le gouvernement et les dirigeants de l'assurance-maladie doivent élaborer, en urgence d'ici à la fin juin, un plan d'économies d'au moins 900 millions d'euros pour faire face au dérapage des dépenses de santé, la mise en place de franchises sur les remboursements devrait attendre 2008. Pendant la campagne, le candidat avait proposé de "responsabiliser les patients" en "instaurant une franchise modeste par famille sur les premiers euros de dépenses annuelles en consultations médicales ou en examens biologiques" (entretien du 23 janvier). Avec beaucoup de prudence, la ministre Roselyne Bachelot s'en tient pour l'heure à la proposition de franchises "par famille" de 10 euros sur chaque catégorie de soins. Justice. Peines planchers et suppression de l'excuse de minorité pour les multirécidivistes : ces mesures ont été martelées pendant la campagne par le candidat Nicolas Sarkozy, qui avait essayé, en vain, de les faire passer au Parlement lorsqu'il était ministre. Le dispositif prévu par la garde des sceaux, Rachida Dati, est finalement plus souple. Afin d'éviter une censure du Conseil constitutionnel, le projet laisse une marge d'appréciation aux juges, à condition qu'ils motivent leur jugement. En revanche, malgré Outreau et les déclarations de l'ancien ministre de l'intérieur sur les juges laxistes, les promesses sur le changement du régime de responsabilité des magistrats et la réforme du Conseil supérieur de la magistrature ne font pas partie des priorités de la chancellerie. § Le climat délétère qui règne dans l'opposition n'est pas une fatalité. Il faut se rassembler contre le libéralisme. § F oin de la langue de bois et des arguments de circonstance : M. Sarkozy fait preuve d'une redoutable habileté. En quelques semaines, il aura non seulement emporté la présidentielle, mais plongé la gauche dans un trouble profond. Rien n'est pourtant a priori joué, dès lors que près d'un électeur sur deux s'est opposé, le 6 mai, au nouveau héraut de la droite. Malgré certains appels formels à la mobilisation électorale, des dirigeants socialistes semblent anticiper la défaite. Entre atonie, règlements de comptes, palinodies de l'ex-candidate pour asseoir son leadership sur le parti, et succession de reniements de nature à discréditer la politique, un climat délétère s'est installé à gauche. Pareil désarroi, s'ajoutant à la défaite, n'a pas de précédent depuis 1958. Son ampleur même signe à la fois un effondrement politique, une désintégration idéologique, un affaissement moral. En se revendiquant d'une "modernité" inspirée de l'exemple de Tony Blair et en abdiquant devant le modèle libéral, Ségolène Royal et la direction du PS auront permis à M. Sarkozy de s'approprier les thèmes de la rupture et du volontarisme et d'en tirer bénéfice auprès d'une fraction des classes populaires. En se précipitant dans le piège tendu par les diatribes sécuritaires et identitaires du candidat de l'UMP, ils lui auront rendu les armes sur le terrain des idées, lui permettant ainsi de surfer sur les angoisses d'une société déboussolée par l'insécurité sociale. Au final, leur social-libéralisme affiché aura facilité le ralliement à l'ultracapitalisme du camp adverse d'ambitieux en quête de maroquins. Quel bilan de faillite ! Au passage, on mesure chaque jour davantage à quel point l'incapacité de la gauche de transformation, de la gauche antilibérale, à se rassembler à l'occasion de cette séquence électorale aura contribué au désastre. Faute de pouvoir peser sur le champ politique et dessiner une offre alternative à celle qu'incarnaient le PS et sa candidate, elle aura favorisé un vote utile à son détriment, affaibli la dynamique d'ensemble à gauche et, surtout, n'aura pu empêcher le débat public de dériver à droite. Nous en sommes là... Il faudra tout faire, les 10 et 17 juin, pour battre les candidats sarkozystes et réunir le maximum de suffrages sur les candidats défendant des propositions de gauche. Au-delà, c'est toutefois une refondation qui s'impose. Non pour approfondir la logique de l'adaptation à l'ordre dominant, comme nous y exhortent tant de voix du côté de la Rue de Solférino : cela a mené à toutes les catastrophes de ces vingt-cinq dernières années et à un troisième échec à la présidentielle ! Ni pour s'ouvrir au centre : en Italie, l'alliance avec Romano Prodi n'a produit que le désarroi du peuple de gauche, rendant plus arrogante la droite de Silvio Berlusconi. Mais pour retrouver enfin le chemin des catégories populaires, rouvrir la voie d'un changement radical, offrir un débouché aux mobilisations sociales. Nous en sommes convaincus, une gauche d'accompagnement du libéralisme ne permettra pas de battre la droite et sa politique, de répondre aux attentes populaires. Nicolas Sarkozy n'est pas l'incarnation d'un nouveau fascisme. Il n'est toutefois pas Jacques Chirac en pire. Il se veut porteur d'une authentique contre-révolution conservatrice à la française. Avec lui, le monde des affaires et de la finance entend liquider ce qu'il demeure des grandes conquêtes sociales arrachées depuis la Libération, briser les résistances de tous ordres qui ont empêché que le pays se convertisse aux normes de la mondialisation capitaliste. Ils veulent remodeler de fond en comble notre société. Combattre ce dessein, c'est d'abord et avant tout être au clair avec notre projet et nos valeurs. PRÉCARISATION DU CORPS SOCIAL Entre priorité aux besoins du plus grand nombre et culte de l'argent-roi ; entre redistribution volontariste des richesses et précarisation du corps social ; entre extension courageuse des droits et aggravation des discriminations ; entre défense d'un nouveau mode de développement et marchandisation débridée, synonyme de dévastations écologiques ; entre développement audacieux de la souveraineté populaire et présidentialisation galopante de notre Ve République : les choix à opérer dessinent une gauche enfin à gauche. Les forces existent pour porter un tel projet. Le pays ne s'est pas converti en bloc au projet de société du Medef. Les mouvements sociaux des dernières années, autant que le rejet populaire du projet de Constitution libérale pour l'Europe, en attestent. Autour des courants qui ont mené ensemble la campagne du non de gauche, dans les collectifs unitaires antilibéraux, mais aussi dans les partis, les forces syndicales et associatives, dans le monde intellectuel et culturel, parmi les citoyennes et les citoyens nombreux sont celles et ceux qui affichent toujours leur volonté d'entrer en résistance. Ils et elles aspirent à une perspective antilibérale ambitieuse, de justice, d'égalité, de solidarité. Rassemblons ces énergies, construisons des convergences par-delà des histoires et des traditions différentes, imaginons de nouveaux espaces pluralistes de débat et d'action. Engageons un processus qui pourrait déboucher sur un temps fort du type états généraux. Et l'espoir renaîtra du champ de ruines que nous lègue la défaite de ce printemps. Eric Coquerel, président du Mouvement pour une alternative républicaine et sociale - Gauche républicaine ; Claude Debons, syndicaliste, coanimateur de la campagne du non de gauche au traité européen ; Christian Picquet, LCR unitaire. § Selon les sondages, ce ne sera pas une vague bleue, mais un raz de marée, un tsunami. § S elon les sondages, ce ne sera pas une vague bleue, mais un raz de marée, un tsunami. Les heureux députés de la majorité présidentielle commandent déjà leur garde-robe. Le costume bleu nuit s'impose, bien sûr, avec une chemise azur. On fait aussi de très jolies chaussures marine. Attention ! Le chef de l'Etat, grand cordon bleu de la cuisine électorale, ne veut pas d'une majorité "godillot". Chacun doit pouvoir exprimer sa différence, avec audace et imagination. Une pochette turquoise, par exemple, serait du meilleur effet. Une cravate bleu de Prusse témoignerait d'une ouverture internationale. Pour les bretelles et les caleçons, ne pas hésiter à explorer tout l'arc-en-ciel : bleu outremer, bleu lavande, bleu pervenche, bleu pétrole, bleu roi... Mais vous n'avez pas, Messieurs, le monopole de la couleur, comme dirait Valéry Giscard d'Estaing. Regardez François Bayrou : couvert de bleus, il repart vaillamment au combat. Et si le PCF a une peur bleue de disparaître, c'est une rose un peu fanée qui donne aux socialistes des bleus à l'âme. § L'UNSA estime que les employeurs "auront tout intérêt à ne pas embaucher". Au PS, Dominique Strauss-Kahn estime que cette mesure coûtera "beaucoup plus cher" que les 2,5 à 3 milliards d'euros annoncés par François Fillon. § L e secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a prédit qu'il y aurait "de la déception chez les salariés" avec l'instauration de la détaxation et défiscalisation des heures supplémentaires, après un entretien avec le ministre du travail Xavier Bertrand, mercredi 6 juin. L'octroi de ces heures "restera à la discrétion de l'employeur", a déclaré M. Thibault à la presse. "Pas beaucoup d'effet sur l'emploi", selon DSK Dominique Strauss-Kahn a estimé, mercredi 6 juin, que le dispositif des heures supplémentaires défiscalisées coûterait "beaucoup plus cher" que les 2,5 à 3 milliards d'euros annoncés par François Fillon. "La réalité, c'est que cette mesure va coûter extrêmement cher alors que nous avons des problèmes de déficit budgétaire et que Bruxelles nous fait des remontrances sur notre situation budgétaire", a-t-il expliqué. Pour l'ancien ministre de l'économie, cette mesure "n'aura pas beaucoup d'effet sur l'emploi" car "lorsqu'une entreprise se développera, l'employeur privilégiera les heures supplémentaires". "Cela veut dire qu'il y aura moins d'embauches" a-t-il affirmé. Il a qualifié la politique du gouvernement Fillon de "politique dans laquelle quand on s'en sort, ça va et quand on ne s'en sort pas, cela va s'aggraver". - (avec AFP) "Entre l'énoncé d'un engagement" par Nicolas Sarkozy, le travailler plus pour gagner plus "sur la base du volontariat" et "sa mise en oeuvre concrète, il y a une marge", a-t-il déploré. M. Thibault a critiqué l'avant projet de loi gouvernemental sur le sujet qui "va se solder par plusieurs milliards d'euros d'exonérations de charges sociales supplémentaires pour les entreprises", rappelant que la Cour des comptes avait pointé la quantité d'exonérations existantes. L'UNSA reproche au projet du gouvernement sur les heures supplémentaires de ne concerner "que les salariés ayant un emploi puisque les employeurs auront tout intérêt à ne pas embaucher". Ce dispositif, "s'il n'est pas financé par l'impôt direct, poussera à l'augmentation de la TVA (ou assimilé) ce qui serait un facteur supplémentaire d'inégalité", souligne l'Union syndicale. Elle estime en outre que le dispositif ne va procurer "qu'un avantage immédiat pour ces bénéficiaires au détriment du financement des régimes de retraites et de l'assurance chômage". § Le délégué national du PS à l'Europe, appuyé par l'ancien juge Eric Halphen, dénonce des "mensonges" sur la réforme des retraites, les chiffres du chômage et la promesse du plein emploi à plein temps dans cinq ans. § "F aut-il sanctionner les publicités mensongère de Carrefour et Sofinco mais laisser toujours impunis les mensonges des dirigeants politiques ?" C'est fort de cette interrogation qu'une plainte a été déposée, mardi 5 juin, contre le premier ministre, François Fillon, par Pierre Larrouturou, délégué national du PS à l'Europe et président de l'association Urgence sociale. Par cette démarche originale, l'auteur souhaite surtout dénoncer les "mensonges concernant autant le bilan de l'UMP au pouvoir depuis cinq ans que le contenu du projet que François Fillon et ses proches proposent aux Français". La plainte a été relayée par une tribune dans Libération du 6 juin, cosignée avec l'ancien juge Eric Halphen, également engagé à gauche et président du comité de parrainage d'Anticor, une association de lutte contre la corruption. La plainte attaque François Fillon sur trois points. D'abord, l'homme qui dit avoir "mené à bien" la réforme des retraites de 2003 se voit reprocher le fait que les Français cessent désormais de travailler plus tôt qu'avant, chiffres de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse à l'appui. "Une évolution diamétralement opposée à l'objectif de la réforme", ironise Pierre Larrouturou, fervent défenseur de la semaine de quatre jours. "DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES" Le socialiste soulève également la polémique sur les chiffres du chômage. "Affirmer sans rire que le chômage est revenu à son niveau de 1983, il faut oser", indique M. Larrouturou, qui reproche au premier ministre de ne mettre à son bilan que les "chômeurs cherchant un CDI à plein temps". M. Larrouturou conteste enfin la promesse du "plein emploi à plein temps dans cinq ans", formulée par Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. "Aux Etats-Unis, le modèle de 'plein-emploi' de Nicolas Sarkozy, il y a tellement de petits boulots que la durée moyenne du travail, sans compter les chômeurs, est tombée à 33,7 heures", dénonce-t-il, citant une de ses statistiques favorites issues du ministère du travail américain. Et de prédire une poursuite de la "précarisation". Médiatiquement, la démarche est claire. Juridiquement, M. Larrouturou argumente ainsi : "Il me semble que ces faits entrent dans le cadre des infractions punies et réprimées par l'article L 97 du code électoral qui punit d'emprisonnement et d'amende ceux qui, 'à l'aide de fausses nouvelles ou autres manuvres frauduleuses () auront surpris ou détourné des suffrages.'" § La ministre de l'intérieur veut organiser une "conférence de cohésion" avec la police, les élus locaux et les associations de Seine-Saint-Denis. § § François Bayrou encourage les candidats aux législatives de son parti politique, le Mouvement démocrate. § § François Bayrou a défendu, mardi 5 juin, le "droit des citoyens" au débat à l'Assemblée nationale, lors d'une réunion publique de soutien aux candidats du MoDem à Paris. § § Le délégué national du PS à l'Europe accuse le premier ministre de ne pas dire la vérité, sur plusieurs réformes, dans une plainte du 5 juin 2007. § § Le député-type en 2007 est un homme de 58 ans, cadre ou profession libérale, qui gagne près de 5 200 euros nets mensuels grâce à sa fonction et cumule probablement un autre mandat électoral. § § Pour lui-même, M. Le Foll se fixe un premier objectif : parvenir à mettre en ballottage son principal adversaire de l'UMP, élu député sans discontinuer depuis 1981, toujours au premier tour à une exception près, en 1997. § O n le dit seul pour affronter le sommet de la vague bleue, ce qui a le don de l'exaspérer. "C'est à moi d'assumer ça", tranche Stéphane Le Foll, 47 ans, candidat socialiste opposé, dans la 4e circonscription de la Sarthe, au premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon. Ses chances de l'emporter paraissant minces, le directeur de cabinet de François Hollande ne se voit pas demander, comme d'autres socialistes, le renfort de personnalités du PS pour soutenir sa campagne. Encore moins "exposer" le premier secrétaire du PS qu'il accompagne depuis dix ans. Pour lui-même, M. Le Foll se fixe un premier objectif : parvenir à mettre en ballottage son principal adversaire de l'UMP, élu député sans discontinuer depuis 1981, toujours au premier tour à une exception près, en 1997. Candidat pour la première fois en 2002, le socialiste, natif du Mans, n'avait pas dépassé 25 % des voix, contre 55,21 % pour M. Fillon, soit, peu ou prou, le score que lui prédisent actuellement les sondages. RIEN D'IMPRENABLE La Sarthe n'a pourtant rien d'imprenable. Nicolas Sarkozy y a devancé de peu Ségolène Royal à l'élection présidentielle, en obtenant 50,42 % des suffrages contre 49,58 %. Et même dans le fief de M. Fillon, à Sablé-sur-Sarthe, l'écart n'est pas insurmontable (57,16 % pour M. Sarkozy, 42,84 % pour Mme Royal). Surtout, l'actuel premier ministre a connu l'échec en 2004, quand les électeurs des Pays de la Loire ont porté à la tête du conseil régional un socialiste, Jacques Auxiette. Mais, concède M. Le Foll, l'influence de la gauche est faible dans les cantons ruraux et auprès des personnes âgées. "Avec les mesures annoncées par le gouvernement, sur les franchises médicales notamment, ce sont pourtant eux, les retraités, qui vont morfler les premiers, lance-t-il. Je n'arrête pas de leur dire." A gauche, cependant, la concurrence fait rage. Sur les onze autres candidats de la circonscription, figurent un communiste, bien décidé à défendre l'une des dernières implantations locales du PCF, un Vert, un représentant de Lutte ouvrière, un autre de José Bové. A droite, le MoDem de François Bayrou présente pour la première fois un candidat, et le FN une collaboratrice de Jean-Marie Le Pen. Le MPF, en revanche, s'est retiré. La faible notoriété de M. Le Foll est pour lui un handicap supplémentaire. Alors qu'il seconde depuis une décennie M. Hollande, il est toujours resté dans l'ombre du premier secrétaire, "par fidélité, dit-il, et parce que je suis du camp qui ne change pas de camp". Conseiller municipal à Longnes, dans le canton de Loué, douze ans durant, il a adhéré au PS en 1992. Spécialiste de l'agriculture, il devient très vite un permanent du parti, avant d'être repéré par les jospiniens et de participer à la campagne présidentielle de 1995, notamment pour les accords de la gauche plurielle. Deux ans plus tard, alors qu'il venait à peine d'intégrer le cabinet de Louis Le Pensec, ministre de l'agriculture et de la pêche, il avait choisi de rejoindre M. Hollande. En 2004, son élection comme député européen ne change rien : il reste plongé dans la gestion interne du parti. A la différence des militants socialistes, les Français ne le connaissent toujours pas. La campagne présidentielle de Ségolène Royal ne l'a pas mis plus en lumière : chargé de superviser les questionnaires, un rôle subalterne, il n'a mis que deux fois les pieds au QG de l'ex-candidate. § Ni Dominique de Villepin, alors premier ministre, ni Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, n'ont tenu compte des conclusions de ce groupe de travail rendues en 2005. § L es circonscriptions dans lesquelles les 577 députés s'apprêtent à être élus ne correspondent plus aux réalités démographiques de la France et auraient dû être remodelées avant les scrutins des 10 et 17 juin. Telles sont les conclusions d'un rapport que ni Dominique de Villepin ni Nicolas Sarkozy n'ont souhaité rendre public avant les échéances électorales, mais dont Le Monde s'est procuré une copie. CHIFFRES 35 DÉPARTEMENTS CONCERNÉS PAR LE REMODELAGE : 17 DOIVENT GAGNER DES DÉPUTÉS + 2 sièges : Haute-Garonne, Seine-et-Marne et Réunion ; + 1 siège : Ain, Gard, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Isère, Loiret, Savoie, Haute-Savoie, Var, Vaucluse, Val-d'Oise, Mayotte, Polynésie. 18 DOIVENT EN PERDRE - 2 sièges : Nord et Paris ; - 1 siège : Allier, Charente, Indre, Marne, Moselle, Nièvre, Pas-de-Calais, Hautes-Pyrénées, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Seine-Maritime, Deux-Sèvres, Somme, Tarn, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne. Le 4 mars 2005, M. de Villepin, alors ministre de l'intérieur, constitue un groupe de travail et lui assigne la mission de " préciser la portée juridique de l'obligation de procéder au remodelage (des circonscriptions législatives et des cantons), puis de définir une méthode afin que, s'il était décidé, ce remodelage soit mené dans le respect d'une triple exigence de neutralité, de transparence et d'équité". Présidé par le conseiller d'Etat Pierre Bordry, le groupe de travail remet son rapport le 1er juin 2005 à Dominique de Villepin - devenu premier ministre - et au nouveau locataire de la Place Beauvau, Nicolas Sarkozy. Depuis, le rapport est resté dans un placard, malgré la recommandation du groupe de travail de le rendre public et de " consulter sur cette base les principales organisations politiques avant de déposer le projet de loi d'habilitation". Et pour cause, c'est un sujet sensible. Pour tenir compte de l'évolution démographique depuis la dernière loi électorale de 1986, le rapport préconise en effet que 18 départements "surreprésentés" à l'Assemblée nationale - dont Paris et le Nord - perdent un à deux sièges et qu'au contraire, 17 départements "sous-représentés" - dont la Seine-et-Marne et la Gironde - en gagnent un à deux. A titre d'exemple, le député de la circonscription la plus peuplée du Val-d'Oise représente 188 000 électeurs quand celui de la circonscription la moins peuplée de Lozère n'en représente que 34 000. "PEU COMPATIBLES" Ni Dominique de Villepin ni Nicolas Sarkozy n'ont voulu prendre le risque d'ouvrir le chantier du remodelage des circonscriptions avant les législatives (Le Monde du 17 février 2005). L'ancien président du Conseil constitutionnel, Pierre Mazeaud, avait pourtant menacé d'invalider les résultats des circonscriptions qui lui seraient déférées. Après les législatives de 2002, le Conseil avait déjà souligné que depuis 1986, " deux recensements généraux intervenus en 1990 et 1999 (avaient) mis en lumière des disparités de représentation peu compatibles" avec le principe constitutionnel selon lequel " l'Assemblée nationale (...) doit être élue sur des bases essentiellement démographiques". La loi électorale de 1986 précise que les écarts de population entre circonscriptions ne doivent en aucun cas aboutir à ce qu'une circonscription dépasse de plus de 20 % la population moyenne des circonscriptions du département. Or le rapport relève que, sur la base du recensement de 1999, 25 circonscriptions ont un écart à la moyenne départementale supérieur à + 20 %. Ainsi de la 2e circonscription du Val-d'Oise (+ 53 ,2%) ou de la 6e circonscription de la Haute-Garonne (+ 32,6%). A l'inverse, 11 circonscriptions ont des écarts négatifs supérieurs à 20 % : 2e circonscription du Var (- 42,4 %) ou 8e circonscription de la Haute-Garonne (- 29,3 %). Au total, 41 départements et collectivités d'outre-mer sont concernés par des " déséquilibres majeurs" entre circonscriptions, soit 40 %. " La combinaison de ces écarts entre circonscriptions avec les disparités de représentation entre départements rend de moins en moins théorique le risque de voir un parti ou une coalition minoritaire en voix recueillir une majorité de sièges à l'Assemblée nationale", souligne le rapport. Pour remodeler les circonscriptions, le rapport propose de maintenir le nombre de sièges à 577, mais de retenir comme valeur cible un écart maximal de 10 % par rapport à la moyenne départementale. Selon la méthode de répartition par tranches de population, un siège de député serait attribué par tranche de 116 200 habitants et non plus de 108 000, comme c'est le cas depuis 1986. En revanche, le rapport ne remet pas en cause la règle selon laquelle un département ne peut avoir moins de deux députés. Au total, ce sont donc 35 départements qui doivent perdre ou gagner des sièges. Un chiffre qui sera encore supérieur si le gouvernement ouvre enfin le chantier du remodelage, car il devra s'appuyer sur le recensement de 2008. § Les divisions de la campagne présidentielle, qui ont vu s'opposer deux options - l'une, majoritaire, favorable à une candidature affirmée d'Olivier Besancenot, l'autre, minoritaire, partisane d'une candidature unitaire - ont laissé des traces. Et des rancoeurs difficilement surmontables. § C 'est une première pour la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Pour les élections législatives, l'organisation d'Olivier Besancenot aura deux candidats dans la première circonscription de Clermont-Ferrand. Les divisions de la campagne présidentielle, qui ont vu s'opposer deux options - l'une, majoritaire, favorable à une candidature affirmée d'Olivier Besancenot, l'autre, minoritaire, partisane d'une candidature unitaire - ont laissé des traces. Et des rancoeurs difficilement surmontables. Ce mardi 5 juin, ce sont deux meetings qui se tiennent dans la ville sous le sigle de la LCR. Le premier, dans les quartiers nord de la ville, accueille Alain Laffont, personnalité de la "Ligue" locale, qui se présente pour la sixième fois. Militant de la Ligue depuis le 11 septembre 1973 - "le jour où Pinochet a fait son coup d'Etat au Chili" -, celui qu'on appelle "le médecin des pauvres" a été de tous les combats clermontois. Elu conseiller municipal en 1995, puis de nouveau en 2001 avec 8,6 % des voix, il est devenu la figure de l'opposition de gauche au conseil municipal : contre Roger Quillot (PS), il fut l'"emmerdeur" qui n'a jamais voté un budget ; contre les démolitions de barres d'immeubles, il s'affronte au maire PS actuel, Serge Godard. Mais c'est surtout "Monsieur anti-incinérateur", celui qui empêche depuis dix ans la réalisation d'un gros projet qui empoisonne la gauche clermontoise. Derrière lui, la très grosse majorité de la fédération LCR du Puy-de-Dôme, mais aussi ce qui reste du collectif unitaire antilibéral et du comité Bové. "La LCR a toujours milité pour un parti anticapitaliste large. C'est ce qu'on tente ici", dit calmement ce sexagénaire. En face, à la Maison du peuple, Julia Gilger, une enseignante de la région parisienne, parachutée par la direction nationale. La jeune femme a du mal à faire sa campagne avec une poignée de militants de la fédération locale fidèles à Paris. La LCR a dû même demander un coup de main à Lutte ouvrière pour couvrir les panneaux électoraux. "Je suis là pour soutenir les copains qui ont fait la campagne Besancenot et affirmer la cohérence de la LCR", explique Mme Gilger. EXCLUSION La jeune femme, qui travaille dans un lycée professionnel de Saint-Denis, doit se contenter de quelques heures sur place, "en déplaçant des cours et le week-end". "Il n'était pas question de laisser le sigle à des militants qui ont fait la campagne de Bové", explique Alain Krivine, porte-parole de la LCR. "C'est vrai que Laffont est une figure, mais on verra dans quelque temps..." La menace n'est pas faite en l'air. La direction nationale a donné son feu vert à une procédure de dissolution de la fédération rebelle. Quarante-sept militants sont concernés par une exclusion discutée fin juin. "On reconstruira derrière", lâche Krivine. Dans la section, c'est la consternation. Khalid Habballah, jeune patron d'un "café-chicha", enrage : "A Clermont, quand on adhère à la LCR, c'est sur une ligne ouverte et unitaire. On ne s'arrêtera pas." "Cette concurrence est une première dans l'histoire de la Ligue. Ils ont traité une crise politique par des mesures administratives qui ridiculisent toute l'organisation", constate Christian Picquet, dont la tendance "tient" la fédération. Pour Claude Debons, ancien porte-parole des Collectifs unitaires, venu soutenir M. Laffont, le schisme est plus profond : "ici, c'est la Ligue historique, unitaire, qui a réussi. Mais elle ne correspond plus à la nouvelle LCR de Besancenot." § L'intégralité du débat avec Béatrice Jérôme, journaliste au "Monde", qui analyse les enjeux des élections législtaives en Ile-de-France. § U ranno : Sur le plan électoral l'Ile-de-France est-elle représentative de l'ensemble du pays ? La vague bleue va-t-elle y déferler ? Béatrice Jérôme : Il n'y a pas de raison que l'Ile-de-France échappe à ce pronostic. Elle est aujourd'hui en effet à l'image du reste de la France, puisque sur 99 circonscriptions, 65 sont aux mains de la droite, UMP et UDF. C'est une situation qui devrait être confirmée dans les scrutins des 10 et 17 juin. Sachant que sur les 8 départements de l'Ile-de-France, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête à la présidentielle dans la plupart d'entre eux, à l'exception de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. A partir de là, il pourrait y avoir quand même des surprises, notamment à Paris, où la gauche peut espérer maintenir une majorité de députés, puisque, à l'inverse de l'ensemble de l'Ile-de-France, Paris détient aujourd'hui 12 députés pour la gauche et 9 pour la droite. Ce rapport de force favorable aux socialistes et aux Verts à Paris pourrait être maintenu. Dans 11 arrondissements et 13 circonscriptions, la candidate socialiste est en tête. Le score de la droite en Ile-de-France sera très important pour la suite de l'aventure de Nicolas Sarkozy au niveau national, dans la mesure où le président de la République est issu des Hauts-de-Seine et que la région Ile-de-France est aux mains du PS. On peut donc imaginer que pour la droite et la majorité présidentielle, il y aura une volonté d'autant plus affirmée de reconquérir la région, peut-être à partir des Hauts-de-Seine et Paris, que la droite réalisera le grand chelem dans la région. hibou : Quelles sont les chances des députés Verts à Paris ? Vont-ils se maintenir ? Peuvent-ils gagner d'autres sièges ? Béatrice Jérôme : Les députés Verts à Paris sont aujourd'hui au nombre de deux, dans la 1re circonscription de Paris qui regroupe les quatre premiers arrondissements, et dans le 14e arrondissement, qui correspond à la 11e circonscription. Ces deux députés Verts sont soutenus par le PS, qui ne présente pas de candidat face à eux et qui a en revanche deux suppléants nommés, l'un pour Martine Billard dans la 1re et l'autre pour Yves Cochet dans la 11e. Ils sont a priori assurés d'être réélus dans la mesure où la gauche est unie, mais le danger vient dans la 1re circonscription du candidat UMP, Jean-François Legaret, et dans la 11e, en revanche, c'est une femme, Marielle de Sarnez, chef de file des candidats du MoDem à Paris, qui relève le défi dans un arrondissement où François Bayrou a réalisé l'un de ses meilleurs scores à Paris, autour de 20 %. Pour résumer, une situation tangente puisqu'il y a deux candidats qui pourraient renverser les Verts. Ceux-ci sont d'autant plus fragilisés qu'ils ont réalisé un mauvais score à la présidentielle. A peine supérieur à leurs résultats nationaux, soit autour de 1,70 %. Cela dit, les Verts devraient s'en tirer mieux qu'à la présidentielle, dans la mesure où le réflexe du vote utile ne vas pas jouer à leur détriment aux législatives. Les électeurs Verts qui voulaient battre Sarkozy se sont reportés sur la candidate socialiste. Là, il n'y a pas nécessité de faire barrage à Sarkozy, donc les électeurs Verts pourraient revenir au bercail. Sachant aussi que les législatives sont un scrutin national, mais avec des enjeux locaux, et que les Verts sont dans la majorité municipale parisienne. ssdfs : Le PCF peut-il se maintenir en région parisienne ? Buffet et Braouzec sont-ils menacés ? Béatrice Jérôme : C'est effectivement l'enjeu de ces législatives en Ile-de-France que de savoir si la banlieue rouge - ou ce qu'il en reste - est condamnée à disparaître. Marie-George Buffet et Patrick Braouezec en Seine-Saint-Denis risquent de payer le tribut du mauvais score du PC nationalement et localement. Braouezec a face à lui un poids lourd, puisque Jamel Bourras se présente dans sa circonscription et peut bénéficier de sa notoriété de champion face à lui. Quant à Marie-George Buffet, elle est effectivement très menacée dans son fief. bill : En Ile-de France comment s'opèrent les alliances : le PS avec le PCF ? Le MoDem plutôt avec la gauche ou la droite ? Béatrice Jérôme : La gauche part en ordre dispersé aux législatives. Le PS et le PC présentent des candidats quasiment partout. L'alliance PS-PC devrait fonctionner traditionnellement, c'est-à-dire que les candidats PS qui arriveront en 3e position se désisteront en faveur des candidats PC, et vice versa. Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT Ségolène Royal présentera sa propre motion au prochain congrès du PS En Aquitaine, la présence du Mouvement démocrate pourrait contenir la vague bleue Accord au G8 pour envisager une réduction des émissions de gaz à effet de serre Roland-Garros : Ivanovic crée la surprise en éliminant Sharapova ET AUSSI Azouz Begag, en octobre 2006. | AP/FRANCOIS MORI Télézapping Batailles navale et électorale Le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, candidat à sa réélection dans la 20e circonscription de Paris. | AFP/JEAN AYISSI Chat "La rénovation de la gauche a toujours été reportée pour des impératifs électoraux" Le réalisateur français Tony Gatlif lors de la présentation de son film "Transylvania" hors compétition au 59e Festival de Cannes, le 28 mai 2006. | AFP/VALÉRY HACHE Reportage Spectacle : "Vertiges" musicaux de Tony Gatlif LÉGISLATIVES 2007 A Paris, le rapport de forces est favorable aux socialistes et aux Verts A Paris, Arno Klarsfeld et Sandrine Mazetier à égalité au second tour, selon un sondage Le Front national prêt à des désistements réciproques avec l'UMP entre les deux tours En Aquitaine, la présence du Mouvement démocrate pourrait contenir la vague bleue LES DÉPÊCHES Série d'attentats suicide en Irak, une journaliste abattue Reuters 18h24 Royal présentera sa propre motion au prochain congrès du PS Reuters 18h16 Roland-Garros: Justine Henin et Ana Ivanovic, en toute logique Reuters 18h11 Roland-Garros: Justine Henin et Ana Ivanovic, en toute logique Reuters 18h11 (legislatives2007_index_articles&) § Selon un sondage IFOP pour Fiducial rendu public jeudi 7 juin, les électeurs de la 8e circonscription de Paris (12e arrondissement) se partageraient à 50-50 entre Sandrine Mazetier, la candidate socialiste, et Arno Klarsfeld, présenté par l'UMP. § S elon un sondage IFOP pour Fiducial (une entreprise de services) rendu public jeudi 7 juin, les électeurs de la 8e circonscription de Paris (12e arrondissement) se partageraient à 50-50 entre Sandrine Mazetier, la candidate socialiste, et Arno Klarsfeld, présenté par l'UMP. Fiche technique Sondage réalisé auprès de 605 personnes interrogées par téléphone les 4 et 5 juin, constituant un échantillon représentatif de la population de la 8e circonscription de Paris (méthode des quotas). Au premier tour, l'égalité serait également parfaite entre les deux candidats, qui recueillent chacun 34 % des intentions de vote, loin devant le candidat MoDem, Jean-François Pernin (13 %), et le candidat du Front national, Philippe Coulnecheff (4 %). Au second tour, les électeurs de M. Pernin voteraient à 50 % pour Arno Klarsfeld et à 50 % pour Sandrine Mazetier. Le centriste, ancien maire du 12e, pourrait se retrouver ainsi dans la position d'arbitre du scrutin, s'il donnait une consigne de vote pour le second tour. Jean-Luc Roméro, qui se présente sous l'étiquette de son mouvement Aujourd'hui-Autrement (divers droite), recueillerait 2 % des suffrages. Cette circonscription est actuellement celle du député UMP Jean de Gaulle, qui ne se représente pas. Surtout, c'est elle qui a fait basculer Paris à gauche lors des municipales de 2001. A l'élection présidentielle, Ségolène Royal y est arrivée en tête avec 925 voix d'avance. § L'intégralité du débat avec Claudia Courtois, journaliste au "Monde", qui analyse les enjeux des législatives en Aquitaine où se présentent notamment François Bayrou, Alain Juppé, Henri Emmanuelli. § B oulaouane : La vague bleue va-t-elle déferler en Aquitaine, où trois ministres se présentent ? Claudia Courtois : En ce qui concerne la Gironde, on ne peut pas véritablement parler de vague bleue. Aujourd'hui, il y a six députés à droite sur onze. C'est une situation assez équilibrée qui, depuis 2002, est assez nouvelle. Aux échéances législatives précédentes, on a avait vu une orientation assez légitimiste : une majorité de députés avait la couleur politique du président de la République. C'était le cas en 1997, évidemment ; en 2002 c'était une situation atypique avec un équilibre gauche-droite ; en 1988, les députés de gauche étaient majoritaires. Pour entrer dans le détail de la situation girondine, il existe plusieurs circonscriptions à droite qui, au contraire de ce qu'on pourrait croire quand on parle d'un risque de vague bleue, pourraient basculer à gauche pour cause de candidats MoDem se maintenant au deuxième tour. Donc non, certainement pas de vague bleue, contrairement aux espérances de l'UMP. Dans les Landes, il y a deux circonscriptions historiquement à gauche. Dans un département détenu par un éléphant du PS, Henri Emmanuelli. Il y a peu de chances là aussi qu'on ait des surprises, des basculements. Pierre : Alain Juppé peut-il perdre ? Quel est l'enjeu pour lui ? Souffrirait-il d'une courte victoire ? Claudia Courtois : Sur la première question : il y a quand même peu de chances qu'il perde : c'est un ministre d'Etat et ancien premier ministre, c'est-à-dire une personne avec une envergure nationale importante, qui, à chaque échéance électorale à Bordeaux, a fait la différence sur un plan électoral. Au-delà des qualités personnelles du candidat. Avant, c'était Chaban-Delmas qui a été maire pendant près de cinquante ans, qui était une personnalité politique nationale, et cela reste un point important dans le choix du vote des Bordelais. Il y a quand même des bémols à cet état de fait : Il est possible que sa victoire soit courte, car l'évolution sociologique de la ville a entraîné une évolution de l'électorat, qui, comme ailleurs, est plus versatile, mais surtout, plutôt sensible aux thèmes de la gauche. Il y a beaucoup plus de jeunes couples qui sont venus s'installer à Bordeaux, de jeunes chefs d'entreprise aussi, des gens de milieux culturels, associatifs, sachant que Bordeaux est à trois heures de Paris en TGV. Paradoxalement c'est sa politique (urbanisation, rénovation de la ville) qui a fait que près de 20 000 nouveaux habitants se sont installés dans la commune depuis dix ans. Je me réfère à ce qui s'est passé notamment aux dernières élections présidentielles à Bordeaux. Que ce soit au premier tour ou au second tour de la présidentielle, Ségolène Royal est arrivée à chaque fois en tête. Et notamment au second tour, à Bordeaux, elle a rassemblé près de 52,5 % des voix. Et elle a fait près de 55 % sur la seconde circonscription dans laquelle se présente Alain Juppé. Un tel résultat pour un candidat socialiste au second tour d'une présidentielle, ça ne s'est jamais vu à Bordeaux. Autre raison qui expliquerait une victoire courte d'Alain Juppé et qui reste une inconnue, c'est le vote des électeurs qui se sont portés sur François Bayrou au premier tour de la présidentielle, qui très majoritairement, au second tour, ont voté Ségolène Royal. La candidate socialiste aux législatives, qui s'appelle Michèle Delaunay, rêve de voir ces voix se reporter sur sa candidature comme cela a été le cas pour Ségolène Royal au second tour de la présidentielle. Les changements de position d'Alain Juppé sur certains sujets, notamment sur le cumul des mandats à propos duquel, avant les législatives, il était pour un non-cumul total, alors qu'aujourd'hui, ça ne lui fait pas peur de se présenter aux législatives tout en étant maire et ministre d'Etat, sont assez contradictoires. Ce sont de petits éléments, mais le facteur personnel va jouer beaucoup. Ce qui va jouer aussi beaucoup, c'est qu'Alain Juppé dramatise, comme l'a fait le premier ministre François Fillon, l'enjeu de ces élections. Ils ont tous deux affirmé que s'ils n'étaient pas élus députés et cela est valable pour tous les ministres qui se présentent aux législatives , ils perdraient leur fonction ministérielle. Alain Juppé parle de légitimité démocratique. Je trouve que c'est une conception du XXe siècle de la politique. David : Combien le MoDem peut-il espérer de sièges ? En Aquitaine, historiquement, l'UDF est plus proche de la droite ou de la gauche ? Claudia Courtois : En Gironde, il risque d'y avoir des triangulaires qui se feraient au bénéfice du PS du fait des bons résultats possibles des candidats MoDem. Seule la 9e circonscription, qui se trouve dans le Langonnais (Gironde sud), pourrait voir un candidat MoDem être élu : Philippe Meynard, le seul député UDF à ne pas avoir voté au second tour de l'élection présidentielle pour Nicolas Sarkozy. Mais cela suppose que la candidate socialiste, très bien ancrée sur ce territoire, accepte de voter pour lui. Et il y a des chances que ce soit elle qui arrive en tête. Le MoDem reste plus proche de la droite : que ce soit à Bordeaux, en Gironde, à quelques exceptions près, les élus UDF ont toujours été dans les majorités RPR ou UMP. Aujourd'hui encore, beaucoup d'UDF ont voté Sarkozy et sont restés proches de l'UMP, notamment pour sauver leur place. 1 | 2 | suivant (fl-rg.gif) Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT Ségolène Royal présentera sa propre motion au prochain congrès du PS En Aquitaine, la présence du Mouvement démocrate pourrait contenir la vague bleue Accord au G8 pour envisager une réduction des émissions de gaz à effet de serre Roland-Garros : Ivanovic crée la surprise en éliminant Sharapova ET AUSSI Azouz Begag, en octobre 2006. | AP/FRANCOIS MORI Télézapping Batailles navale et électorale Le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, candidat à sa réélection dans la 20e circonscription de Paris. | AFP/JEAN AYISSI Chat "La rénovation de la gauche a toujours été reportée pour des impératifs électoraux" Le réalisateur français Tony Gatlif lors de la présentation de son film "Transylvania" hors compétition au 59e Festival de Cannes, le 28 mai 2006. | AFP/VALÉRY HACHE Reportage Spectacle : "Vertiges" musicaux de Tony Gatlif LÉGISLATIVES 2007 A Paris, le rapport de forces est favorable aux socialistes et aux Verts A Paris, Arno Klarsfeld et Sandrine Mazetier à égalité au second tour, selon un sondage Le Front national prêt à des désistements réciproques avec l'UMP entre les deux tours En Aquitaine, la présence du Mouvement démocrate pourrait contenir la vague bleue LES DÉPÊCHES Série d'attentats suicide en Irak, une journaliste abattue Reuters 18h24 Royal présentera sa propre motion au prochain congrès du PS Reuters 18h16 Roland-Garros: Justine Henin et Ana Ivanovic, en toute logique Reuters 18h11 Roland-Garros: Justine Henin et Ana Ivanovic, en toute logique Reuters 18h11 (legislatives2007_index_articles&) § Mme Royal a annoncé à des journalistes, jeudi, qu'elle serait candidate au poste de premier secrétaire au prochain congrès. § "J e présenterai ma propre motion au congrès", a lâché Ségolène Royal, jeudi 7 juin, dans une conversation informelle avec des journalistes en démarrant une journée de soutien aux candidats PS aux législatives, dans le Pas-de-Calais. Elle a également précisé qu'elle acceptait la décision de François Hollande de rester premier secrétaire jusqu'à ce congrès, qui doit normalement avoir lieu à l'automne 2008. "S'il avait démissionné, j'aurais été candidate" au poste de premier secrétaire, a-t-elle précisé. "A priori, on peut envisager un congrès avant l'été 2008", après les municipales, mais "il faut donner du temps au temps", a-t-elle ajouté. Jusqu'à présent, Mme Royal n'a jamais soumis au vote des militants sa propre motion, se tenant largement à l'écart des batailles de courants. Au congrès du Mans, elle s'est associée à la motion présentée par la direction du parti, soutenue par François Hollande et Dominique Strauss-Kahn. Depuis sa défaite à la présidentielle, elle a multiplié les signaux sur sa volonté de conquérir le parti. Après le second tour de la présidentielle, elle avait proposé que le candidat ou la candidate socialiste pour 2012 soit désigné très vite après les législatives. Une proposition critiquée par les courants strauss-kahniens et jospiniens du PS. § Le ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, a effectué, mercredi 6 juin, au Luxembourg, un discret retour sur la scène européenne. § A lain Juppé, le ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, a effectué, mercredi 6 juin, au Luxembourg, un discret retour sur la scène européenne. L'ancien premier ministre était invité à plancher avec ses homologues sur le "paquet énergie" adopté en mars, en présence de Jacques Chirac. S'il est d'accord avec les objectifs de cette politique embryonnaire au niveau communautaire - lutte contre le réchauffement climatique ou sécurité des approvisionnements -, M. Juppé s'est opposé à certains projets de la Commission européenne. Pour le nouveau gouvernement, comme pour l'ancien, pas question d'accepter la séparation des activités de transport et de production d'électricité et de gaz, qui fragiliserait les grands groupes européens : "Il va falloir avoir un débat sur une certaine vision de la concurrence comme l'alpha et l'oméga de la politique européenne", a-t-il précisé. FISCALITÉ VERTE S'il donne la priorité à l'organisation du "Grenelle de l'environnement" en France, M. Juppé considère que son agenda européen sera "chargé" dans la perspective de la présidence française de l'Union, au second semestre 2008. Le gouvernement, a-t-il dit, essaiera de défendre au niveau européen ses projets en matière de fiscalité verte, comme la taxe carbone appliquée sur les produits en provenance de pays non engagés dans la lutte contre les gaz à effet de serre. Il entend aussi préserver la compétitivité des entreprises : "Faire de l'Europe le seul espace dans lequel l'exemplarité environnementale est de mise serait lui faire courir de grands risques", a-t-il analysé. L'Union se doit, selon lui, de convaincre les Etats-Unis et la Chine de l'urgence du combat contre le réchauffement climatique. Loin de ces considérations planétaires, M. Juppé espère surtout poursuivre sa carrière ministérielle, en assurant son élection dans une circonscription bordelaise où Ségolène Royal est arrivée en tête au second tour de l'élection présidentielle. La réunion à peine achevée, le ministre-candidat a filé vers Bordeaux pour mener campagne. "Si j'en crois ceux qui me veulent du mal, cela se présente mal. Ceux qui me veulent du bien sont plus encourageants", dit-il. " Cela devrait marcher", assure-t-il : le Parti socialiste subit "le choc de la défaite", selon lui, alors que "le président de la République a donné un élan". Et le "coefficient personnel" devrait jouer en sa faveur, espère le maire de Bordeaux. "Je ferai campagne jusqu'au dernier moment", assure-t-il, en espérant être en mesure de rencontrer, fin juin, ses collègues européens en charge de l'environnement. § Les prochains secrétaires d'Etat qui seront nommés, "en petit nombre", devraient, promet-il, tenir compte des "origines territoriales et politiques" des postulants. "Ils devront être représentatifs de la France multiple", précise-t-il encore. § O n le croit à Heiligendamm (Allemagne) où se déroule le G8, tout occupé des affaires du monde, on le retrouve jeudi 7 juin, dans les colonnes du Figaro où il donne sa première interview à un média français depuis son élection. Pour Nicolas Sarkozy, les agendas international et politique se télescopent. Pas de problème : il peut assumer les deux... C'est du moins ce qu'il a voulu montrer. Cécilia Sarkozy écourte sa première sortie internationale L'épouse du président de République, Cécilia Sarkozy, est arrivée avec son époux, mercredi 6 juin à Heiligendamm en Allemagne, pour participer au premier dîner des chefs d'Etat les plus puissants de la planète après une entrevue avec Cherie Blair et Laura Bush. Elle devait en repartir dès le lendemain. En effet, l'épouse du chef de l'Etat a allégé son programme en séchant le déjeuner des femmes des conjoints offert par l'époux d'Angela Merkel et la conférence-débat sur la démographie dans l'après-midi. Ces deux rendez-vous étaient pourtant inscrits à son agenda officiel. Raison invoquée par le porte-parole de l'Elysée pour justifier ce faux bond : Cécilia Sarkozy devait revenir d'urgence à Paris pour organiser l'anniversaire des 20 ans d'une de ses filles, vendredi. A deux jours du premier tour des législatives, il saisit l'occasion d'appeler à la mobilisation, comme il l'avait déjà fait, en participant à un meeting républicain au Havre, le 29 mai. "Rien n'est joué, dit-il. J'engage tous les responsables de la majorité à se battre jusqu'au bout, comme je l'ai fait moi-même." Le risque pourtant n'est pas très grand de voir la gauche l'emporter, mais une faible participation serait dénoncée par ses adversaires comme le premier signe d'essoufflement d'un effet Sarkozy. La perspective d'une majorité trop large ne l'embarrasse pas, en tout cas pas plus, explique-t-il, qu'elle "ne gênait la gauche" quand elle en profitait. Elle l'aidera, pense-t-il, à mener ses réformes. Refusant par avance l'idée "d'une pause" en matière de maîtrise des déficits publics, il maintient ses projets : non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite en 2008, réforme des régimes spéciaux à la même date, nouvelles économies pour l'assurance-maladie, réforme de la carte judiciaire et loi contre les parachutes dorés. M. Sarkozy précise son intention "de lier l'existence de primes de départ à la performance du dirigeant remercié". Mais cet entretien se veut aussi un rappel à l'ordre. Alors que certains dans la majorité regimbent à l'idée de voir l'opposition dotée d'un "statut", de la présidence de la commission des finances de l'Assemblée, ou de postes de secrétaire d'Etat. Il ne lâche rien. "Je veux dire mon engagement en faveur d'une République irréprochable et d'une démocratie exemplaire. Mon devoir de président, c'est de rassembler une majorité, le devoir de la majorité c'est de s'ouvrir." Après le 17 juin, il entend donc poursuivre sur la voie de l'ouverture : "Je proposerai à d'autres personnalités de la droite et du centre de nous rejoindre", explique-t-il en réfutant l'idée qu'il ait voulu "faire un coup". Les prochains secrétaires d'Etat qui seront nommés, "en petit nombre", devraient, promet-il, tenir compte des "origines territoriales et politiques" des postulants. "Ils devront être représentatifs de la France multiple", précise-t-il encore. Autre réforme annoncée : celle du 14-Juillet. Désireux de "rompre" aussi sur les symboles, M. Sarkozy annonce la fin de la traditionnelle intervention du chef de l'Etat le 14 juillet. A la place, une conférence de presse "un peu avant" la Garden Party sera consacrée "aux victimes et à ceux qui ont traversé des épreuves". Un concert au Champ-de-Mars, en l'honneur de la France et de l'Europe, clôturera ces premières festivités de l'ère Sarkozy. § Après onze ans de mandat, le départ du premier secrétaire du Parti socialiste est acquis. Sitôt après les législatives si le score du PS est catastrophique, au congrès de 2008 s'il ne l'est pas. Retour sur un destin contrarié. § L 'offre de Ségolène Royal à François Hollande est restée secrète. En janvier, un mois et demi après sa désignation par les militants comme candidate à l'élection présidentielle, elle lui a proposé d'être son directeur de campagne. Le premier secrétaire du PS confirme l'offre, et son refus. "Je voyais les critiques sur le duopole, dit-il, le procès en privatisation" par le couple le plus célèbre à gauche. Curieux, cette répétition : à deux reprises, François Hollande aura été aux avant-postes d'une élection présidentielle sans jamais devenir le candidat, ni même le directeur de campagne du candidat... En 2002, Lionel Jospin avait choisi son ami Jean Glavany ; en 2007, Ségolène Royal finira par nommer un tandem, Jean-Louis Bianco, et, sur recommandation de "François", le numéro deux du parti, François Rebsamen. A chaque fois, le premier secrétaire gère les troupes arrière. Mais, à force de prendre ses distances, il a fini par être écarté de la campagne au point de passer des après-midi entières dans son bureau parisien, rue de Solférino, à attendre que quelqu'un, à deux encablures de là, au QG de la candidate, 282, boulevard Saint-Germain, veuille bien le tenir au courant de la suite des opérations... Il en a pourtant fourni, lui aussi, des notes passées inaperçues, des ébauches de discours. C'est le premier secrétaire qui a convaincu Ségolène Royal de mettre fin, en février, à la phase "démocratie participative" de sa campagne prévue pour durer un mois de plus - au grand dam des socialistes, paralysés face à la machine UMP. Et c'est encore François Hollande qui sera l'initiateur des "Ségo-tours", ces déplacements programmés plusieurs jours de suite dans une région et accompagnés d'une cohorte de journalistes. "C'était dur pour vous, hein ? pouffe-t-il. Mais j'étais sûr que ces réunions publiques lui conviendraient bien..." Aujourd'hui, la défaite est là, la deuxième encaissée sous le règne le plus long d'un dirigeant à la tête du Parti socialiste : dix ans, bientôt onze. Même François Mitterrand, premier secrétaire de 1971 à 1981, n'a pas dépassé la décennie. Et "François", bien plus que "Ségolène", protégée par un bouclier de 17 millions de voix, a essuyé un concert de critiques. Le premier, Dominique Strauss-Kahn a lancé l'offensive, désignant le premier secrétaire comme "principal responsable" de la situation. "Au Monde, au moins, ils savent couper les têtes, c'est pas comme ici", ironisait l'ancien ministre le 29 mai. "Feu sur le quartier général !", avait lancé après le 21 avril 2002 Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essonne. Cinq ans après, c'est toujours "feu sur Solférino !". Le départ de François Hollande de la direction du PS est acquis. Il l'a redit : "Je ne serai pas candidat à ma succession." Mais à quand la fin du bail ? Au congrès 2008, après les élections municipales ? Ou au lendemain des législatives ? Si le groupe socialiste de l'Assemblée nationale, 141 députés et 8 apparentés, résiste à la "vague bleue", ça pourra peut-être attendre. Dans le cas contraire, François Hollande pourrait très vite démissionner sous la pression de ceux qui, y compris parmi son ancienne garde, veulent tourner la page. Même s'il s'en défend, le premier secrétaire a tenté d'apaiser la colère de ses pairs en agitant la perspective de son départ. "Je ne voulais pas que l'on puisse dire que j'utilise les législatives à d'autres fins, proteste-t-il, je ne suis pas là pour durer, durer, durer..." Ce n'est évidemment pas le scénario qu'il avait caressé. En cas de victoire de Ségolène Royal, assure-t-il, "le congrès serait intervenu beaucoup plus tôt, à l'automne 2007, et tout le monde aurait communié". Lui-même serait sans doute, malgré ses dénégations, entré au gouvernement. Curieux, là aussi, comme son sort reste une énigme. On s'interrogeait sur son avenir si la gauche l'emportait. On s'interroge toujours, après la défaite. "Aujourd'hui, je suis le moins libre des socialistes, confie-t-il. Demain, je reprendrai ma fonction parlementaire, j'aurai plus de réflexion personnelle, je pourrai dire davantage ce que je pense. Pas pour devenir un trublion mais pour être identifié dans l'opinion autrement. J'ai été porte-parole, secrétaire national, premier secrétaire. Finalement, pour les gens, je suis le PS." Or, Ségolène Royal l'avait bien compris, le parti n'a plus la cote. "On n'aime pas les partis en France, se désole Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande, son plus fidèle allié. Nicolas Sarkozy a eu un net avantage : comme ministre, il pouvait s'afficher dans l'action, sans apparaître comme chef de parti. Mais comment organiser une démocratie sans parti ? C'est schizophrénique." Il n'y a pas que cela. Après cinq ans de divisions à peine interrompues par le succès aux élections régionales, cantonales et européennes en 2004, le PS exaspère. Et son premier secrétaire, dont l'image tout en rondeurs est trompeuse, connaît à 53 ans un réel déficit dans l'opinion. Des spécialistes en communication appelés à la rescousse ont tenté de lui faire entendre que "parler à sa famille (politique), ce n'est pas tout à fait la même chose que parler aux Français". En vain, François Hollande a toujours privilégié son lien avec les militants, qui lui vouent en retour une véritable affection. "Il a un rapport très honnête avec eux, il tient toujours ses engagements, il n'annule aucun déplacement, explique Stéphane Le Foll. Son problème a été sa capacité à s'affirmer dans les soubresauts des écuries. Il était prêt à céder beaucoup par gestion du collectif." François Hollande ne boude aucune fête de la Rose, aucun banquet républicain, aucune invitation de ces fédérations qu'il parcourt sans cesse dans son Espace équipée d'un petit traversin pour dormir. Aucun autre, à part lui, ne songe, au lendemain de la défaite présidentielle, à "remercier" le parti pour son engagement - "ce grand parti que j'aime", lançait-il le 29 mai au Zénith avec un accent impudique qu'on ne lui connaissait guère. Mais le résultat est là : dans les meetings, il est le seul, aujourd'hui encore, à concurrencer "Ségolène" à l'applaudimètre. § Bien que certains, au FN, aient fait porter à la stratégie de "banalisation" la responsabilité de cet échec, les causes résident principalement dans le changement d'attitude de la droite vis-à-vis du Front. § S elon les cumuls d'enquêtes de l'IFOP, 38 % des électeurs lepénistes de 2002 ont voté Nicolas Sarkozy, contre 53 % pour Jean-Marie Le Pen lors du premier tour de l'élection présidentielle, le 22 avril. Alors que le FN était enraciné depuis plus de vingt ans, comment expliquer cet effondrement ? Bien que certains, au FN, aient fait porter à la stratégie de "banalisation" la responsabilité de cet échec, les causes résident principalement dans le changement d'attitude de la droite vis-à-vis du Front. Après avoir essayé un temps, à la fin des années 1980, de séduire cet électorat, ses leaders, M. Chirac en tête, avaient renoncé à le reconquérir. On a assisté à un vrai changement de pied avec M. Sarkozy, qui, dès après 2002, a décidé de s'adresser à la "droite décomplexée" et d'aller chercher les voix du FN. La stratégie retenue a visé à réinvestir certaines thématiques tout en affrontant le personnage directement ou indirectement, en se façonnant une image à l'opposé de la sienne. Lors de l'émission "100 minutes pour convaincre" en novembre 2003, M. Sarkozy a bousculé M. Le Pen et s'est ingénié à le cantonner dans la posture d'un vieux leader, tenant certes des diatribes radicales, mais sans prise sur la réalité, alors que lui agissait énergiquement et au quotidien en tant que ministre de l'intérieur. Cette stratégie a joué sur le fort niveau d'exaspération de l'électorat frontiste, sur sa soif d'action et de rupture tout comme sur les doutes existants, depuis le second tour de 2002, quant à la capacité de M. Le Pen d'accéder au pouvoir et d'appliquer son programme. Et, alors que le FN critiquait le "bilan en trompe-l'oeil" du ministre, les électeurs lepénistes ont déclaré très tôt dans les enquêtes qualitatives : "Au moins, il essaie d'apporter des réponses et s'il ne peut pas aller au bout, c'est parce que Villepin et Chirac l'en empêchent." C'est alors très logiquement que, lors de la campagne, M. Sarkozy est apparu à 48 % des lepénistes de 2002 comme le candidat le plus à même de garantir la sécurité, M. Le Pen ne recueillant que 33 %. En 2002, il devançait, sur ce thème, tous les candidats dans son électorat, mais aussi parmi l'ensemble des Français... Cette spoliation de la thématique sécuritaire a été assurément ce qui a le plus nui à M. Le Pen. Certes, la fermeté affichée par M. Sarkozy sur la question turque et sur l'immigration lui a permis de susciter l'intérêt de cet électorat. Mais ce sont les événements de la gare du Nord qui ont fait nettement progresser les intentions de vote en faveur de M. Sarkozy parmi les lepénistes de 2002. Au contraire, la promesse d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale lui a fait perdre du terrain, comme si, sur ce thème, les électeurs FN "préféraient l'original à la copie". Au soir du premier tour, M. Le Pen n'a conservé que son électorat idéologiquement le plus dur, le plus attaché à la préférence nationale. Les autres ont opté pour M. Sarkozy. Cette fracture est sociologique et géographique : M. Le Pen a mieux résisté dans les milieux populaires et dans la France ouvrière du Nord-Est, qui s'est néanmoins ralliée massivement à M. Sarkozy au second tour. A l'issue de ce désastre, une réaction s'imposait. Après avoir adopté une attitude sereine face à l'offensive sarkozyenne et mené une campagne présidentielle assez peu active, M. Le Pen passe dans toutes les régions avant les législatives dans le but de remobiliser son électorat. Il est peut-être déjà trop tard. 30 % des électeurs lepénistes du premier tour s'apprêtent à voter pour un candidat UMP, tandis que dans le baromètre IFOP/JDD la cote de popularité du nouveau président atteint 88 % parmi les sympathisants FN. Un record historique. § Les chercheurs du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) reviennent pour "Le Monde" sur le résultat de l'élection des 22 avril et 6 mai. Sur la base du "baromètre présidentiel", ils analysent les ressorts de la dynamique qui a porté Nicolas Sarkozy à l'Elysée, et les faiblesses de la campagne de Ségolène Royal. § N icolas Sarkozy a été choisi par 18 983 138 électeurs (53,06 % des suffrages exprimés, 42,68 % des électeurs inscrits) au second tour de l'élection présidentielle, le 6 mai, avec 2 192 698 voix d'avance sur sa rivale socialiste (soit une avance de 6,12 % des suffrages exprimés et de 4,93 % des inscrits). Cette victoire nette a entraîné une dynamique politique sensible à la fois dans l'ouverture politique du gouvernement Fillon, la popularité de la nouvelle équipe au pouvoir et des mesures qu'elle avance et, enfin, la forte majorité législative que laissent présager les sondages à l'issue de la consultation des 10 et 17 juin. Les principaux éléments explicatifs de cette étonnante dynamique sont à chercher dans l'analyse du moment fondateur qu'a été la victoire électorale du 6 mai. Celle-ci a été d'une ampleur peu commune, elle s'est fondée sur une capacité à unifier au fond des urnes toutes les droites, à en dépasser ensuite les limites pour renouer, au-delà des décennies, avec la dimension syncrétique du gaullisme. Une forte victoire. L'ampleur de la victoire est évidente au regard des affrontements passés entre gauche et droite au second tour de l'élection présidentielle sous la Ve République. Le niveau atteint par Nicolas Sarkozy est le deuxième meilleur niveau atteint par un candidat de droite face à un candidat de gauche : seul Charles de Gaulle, avec 55,20 % des suffrages, avait fait mieux en 1965. Cette large victoire, qui peut donner l'impression que le sarkozysme électoral renoue avec certaines des caractéristiques du gaullisme électoral, a été construite par une étonnante dynamique sensible dès le premier tour de l'élection présidentielle et qui s'est amplifiée au second. L'unification des droites. Au premier tour, avec 31,18 % des suffrages, le candidat de l'UMP reprend pied au coeur du dispositif électoral des droites, alors que, depuis 1974, le candidat du gaullisme ou de son héritage oscillait entre 15,11 % (Jacques Chaban-Delmas en 1974) et 20,84 % (Jacques Chirac en 1995). Cette émancipation par rapport à une droite néo-gaulliste condamnée à n'attirer jamais plus que le cinquième des électeurs du premier tour a constitué la base de la dynamique sarkozyste. Ce passage d'un cinquième à presque un tiers de l'électorat s'est fait grâce à une captation d'une partie non négligeable des électeurs de l'UDF et à une conquête massive d'électeurs du Front national. Dès le premier tour, Nicolas Sarkozy est au centre d'une coalition des droites allant du centre droit à la droite extrême en passant par la droite néo-gaulliste. Il parachèvera cette coalition au second tour en s'attaquant à ce qui reste du lepénisme électoral et aux nouveaux adeptes du centrisme autonome de François Bayrou. Comment Nicolas Sarkozy est-il passé de 11 448 663 voix au premier tour à 18 983 138 au second, soit une progression de 7 534 475 voix ? Au second tour, Nicolas Sarkozy continue son recyclage des électeurs lepénistes en attirant une forte majorité - environ 75 % - des électeurs restés fidèles lors du premier tour au président du FN : les trois départements où sa dynamique est la plus forte sont le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et le Vaucluse, trois bastions du lepénisme. Il ajoute à cela la reconquête d'électeurs villieristes (la Vendée est un des cinq départements où la hausse de Nicolas Sarkozy est la plus forte) et de vieilles terres de l'UDF (comme l'Alsace, les deux Savoies et la Haute-Loire). Au fond, la dynamique électorale personnelle de Nicolas Sarkozy s'enracine dans la capacité après laquelle couraient tous les candidats de droite depuis un quart de siècle : celle d'être le "patron" électoral de toutes les droites prises dans leur ensemble. L'ouverture électorale au-delà des droites. Mais cela ne suffisait pas. Aucune victoire de Nicolas Sarkozy n'était possible sur le seul socle des droites traditionnelles, qu'elles relèvent de la tradition légitimiste-organiciste du type villieriste et lepéniste ou de la tradition bonapartiste mâtinée de libéralisme du type de l'UMP sarkozyste. En effet, cet ensemble de droites traditionnelles ne rassemblait que 43,85 % des suffrages au premier tour : il manquait 6,16 % pour dépasser la barre des 50 % et 9,21 % pour atteindre le niveau de 53,06 %. L'apport décisif est venu essentiellement de l'électorat du centre autonome de François Bayrou. La carte de la dynamique électorale de Nicolas Sarkozy par rapport aux droites de premier tour (Le Pen, de Villiers, Sarkozy) est tout à fait éclairante. Les terres de la dynamique décisive pour la victoire sont les terres du "bayrouisme électoral" triomphant (Alsace, Yvelines, grand Ouest, le Pays basque et le Béarn, le sud du Massif central et Rhône-Alpes). Le tropisme électoral de ces terres est allé de manière préférentielle vers Nicolas Sarkozy, lui faisant franchir la barrière électorale décisive pour la victoire et ratifiant ainsi presque trente ans de compagnonnage électoral avec le RPR puis l'UMP. Le département où Nicolas Sarkozy progresse le plus par rapport à la droite du premier tour est la terre d'élection de François Bayrou : les Pyrénées-Atlantiques (+ 15,17 % pour une progression nationale de + 9,34 %). Nicolas Sarkozy réussit donc à entamer fortement le socle électoral naissant d'un centrisme aux velléités d'autonomie mais qui n'a pas totalement oublié son histoire d'apparentement avec la droite depuis le ralliement de Jean Lecanuet à celle-ci en 1974. A ce dépassement électoral des limites de la droite pour y agréger nombre d'électeurs centristes, Nicolas Sarkozy a ajouté, de manière plus marginale mais significative, des électeurs de gauche dissidents. L'enquête post-électorale réalisée par l'IFOP du 9 au 23 mai pour le compte du Cevipof et du ministère de l'intérieur montre que sur l'ensemble des électeurs de Nicolas Sarkozy au second tour, plus de 8 % ont une proximité partisane avec des partis de gauche. Chez plusieurs sympathisants de petites formations de la gauche, l'écho du "gaucho-sarkozysme" est loin d'être négligeable : 33 % des sympathisants de Lutte ouvrière, 51 % de ceux du Mouvement républicain et citoyen, 16 % de ceux des Radicaux de gauche et 20 % de ceux des Verts ont choisi Nicolas Sarkozy. Ce syncrétisme électoral rappelle, à certains égards, les structures électorales du gaullisme et montre comment le sarkozysme est en rupture avec le chiraquisme. Une rémanence électorale du gaullisme ? Du 7 mai 1995 au 6 mai 2007, le candidat de droite a gagné 0,42 % de suffrages exprimés mais 3,25 % d'électeurs inscrits. L'évolution de la performance de Nicolas Sarkozy par rapport à celle de Jacques Chirac est très contrastée territorialement. Sur toute la façade atlantique et dans les terres du "chiraquisme personnalisé" (Limousin et sa périphérie, Paris et sa région), Nicolas Sarkozy perd ou stagne par rapport à Jacques Chirac. Ce n'est qu'à l'est d'une ligne Cherbourg - Clermont-Ferrand que la dynamique sarkozyste est forte et même parfois très forte. Ces terres sont certes celles d'un lepénisme électoral que Jacques Chirac n'avait jamais réussi à reconquérir mais, sur la longue période, elles sont aussi celles du gaullisme électoral de 1958 qui s'enracinait dans la tradition d'un nationalisme républicain dont Maurice Barrès disait que les soutiens français réservaient "pour le principe républicain ces puissances de sentiment que d'autres nations accordent au principe d'hérédité". On peut ajouter à cela le fait que Nicolas Sarkozy renoue avec un interclassisme que la droite ne connaissait plus depuis plus de quarante ans : il pénètre aussi bien les milieux d'"en haut" (54 % chez les cadres supérieurs et professions intellectuelles) que les milieux d'"en bas" (55 % chez les employés, 52 % chez les ouvriers). Ce sont ces bases électorales larges et profondes qui constituent le fondement du sarkozysme électoral et éclairent sa capacité dynamique dans la période préparatoire des élections législatives. Cette nouvelle force électorale solidement installée au coeur des diverses traditions de la droite peut prétendre à une position hégémonique servie par le jeu des institutions de la Ve République et l'état de grâce qui suit les victoires amples et claires. § Les secrétaires du Parti socialiste chargés de l'économie et des entreprises prennent pour exemple les heures supplémentaires, la fiscalité, le logement et les parachutes dorés, dans un communiqué publié vendredi § "C haque jour qui passe laisse apparaître un gouffre croissant entre les propos de campagne du candidat à l'élection présidentielle et la réalité de la politique qu'entend conduire la droite", dénoncent les secrétaires nationaux du Parti socialiste, Michel Sapin (économie et fiscalité) et Alain Vidalies (entreprises), dans un communiqué commun publié vendredi 8 juin. Sur les heures supplémentaires, "Nicolas Sarkozy avait annoncé une mesure destinée à lutter contre le chômage et à revaloriser le pouvoir d'achat de tous les travailleurs", mais "dès lors qu'un salarié sur trois seulement fait des heures supplémentaires et que les salariés soumis à l'annualisation du temps de travail seraient exclus du dispositif, la détaxation des heures supplémentaires ne concernerait pas la grande majorité des salariés de notre pays", expliquent-ils. "Nicolas Sarkozy avait annoncé la mise en uvre du droit au logement opposable comprenant notamment la suppression de la caution et du dépôt de garantie". Or le texte soumis par le gouvernement au Conseil d'Etat "se limite à une déduction des intérêts d'emprunt qui ne profitera qu'aux plus aisés". Concernant les parachutes dorées, Nicolas Sarkozy avait annoncé leur interdiction et "un strict encadrement des rémunérations excessives de certains patrons", rappellent-ils, mais "le projet de loi en préparation se borne à renvoyer aux conseils d'administration des grandes entreprises le soin de lutter contre les abus, ce qui revient à ne strictement rien changer aux pratiques actuelles". Enfin, alors que "Nicolas Sarkozy avait exclu toute augmentation de la fiscalité, les cadeaux fiscaux d'ores et déjà programmés pour les plus fortunés ne pourraient être financés sans augmentation de 2 à 3 points de TVA, dont pâtiraient d'abord les catégories populaires et moyennes", concluent-ils. § Au lendemain de l'annonce de Ségolène Royal, qui a dit son intention de déposer une motion au prochain congrès du parti, prévu en 2008, le maire de Paris ne veut pas se laisser dépasser. § "S i je dois être en responsabilité, postuler à des responsabilités, je le ferai, mais je ne le ferai que si c'est utile." Bertrand Delanoë a annoncé, vendredi 8 juin, qu'il comptait bien jouer un rôle de premier plan au sein du Parti socialiste. Au lendemain de l'annonce de Ségolène Royal, qui a dit son intention de déposer une motion au prochain congrès du parti, prévu en 2008, le maire de Paris ne veut pas se laisse dépasser.Interrogé sur i-Télé, il a rappelé qu'il souhaitait avant tout une démarche collective : "Je participerai au débat d'idées (...). Je suis pour l'élaboration collective et on verra comment nos idées doivent être portées." M. Delanoë a indiqué qu'il s'assumait "comme un réformiste, comme un progressiste, comme un gestionnaire". Le maire de la capitale a assuré ne pas avoir de "préoccupation personnelle de pouvoir". S'il s'est bien gardé de critiquer directement le bilan de François Hollande à la tête du PS, il a déploré que "le PS n'ait pas assez tranché" : "il faut définir des priorités en fonction d'une vision, d'une future gestion", a-t-il estimé. § Le maire communiste, Pierre Gosnat, aura fort à faire devant le conseiller régional et maire du Kremlin-Bicêtre, Jean-Luc Laurent, candidat MRC-PS-PRG. § L e PCF qui fut, il n'y a pas si longtemps, omniprésent dans le Val-de-Marne, va-t-il perdre la 10e circonscription, celle qui couvre les villes de Gentilly, d'Ivry-sur-Seine, du Kremlin-Bicêtre et la partie nord de Vitry-sur-Seine et la dernière qui lui reste dans le département ? Le maire communiste d'Ivry, Pierre Gosnat, fils de Georges, l'ancien trésorier du parti, aura fort à faire devant le conseiller régional et maire du Kremlin-Bicêtre, Jean-Luc Laurent, du Mouvement républicain et citoyen (MRC) de Jean-Pierre Chevènement, qui se présente en tant que candidat d'une coalition de gauche (MRC, PS, Parti radical gauche). Tous deux briguent la succession de Jean-Claude Lefort (PCF) qui, après 19 ans de mandat, ne se représente pas. A 62 ans, ce dernier entend s'appliquer à lui-même ce qu'il demande pour les autres : la retraite à 60 ans. "C'est une question d'éthique. Il faut savoir s'arrêter." Si l'on s'en tient aux seuls résultats de la présidentielle, la circonscription est perdue pour le PCF. En effet, au 1er tour, Marie-George Buffet n'y a obtenu que 3 315 voix (6,61 %) alors que Ségolène Royal en a rassemblé 17 922 (35,73 %). Si la 10e circonscription du Val-de-Marne basculait, le scrutin du 10 juin entrerait dans l'histoire politique. En effet, la ville d'Ivry depuis la création du Parti communiste en 1925, n'a eu que quatre députés : Maurice Thorez, Georges Gosnat puis Paul Mercieca et Jean-Claude Lefort. S'attaquer à un tel symbole, "c'est un acte d'agression contre notre parti" ne craint pas d'affirmer M. Lefort. Aussi Jean-Luc Laurent prend-il quelques précautions pour expliquer sa candidature. "Il n'y a pas de député sortant. Nous sommes donc dans une situation où tous les candidats sont sur un pied d'égalité." Vu du PCF, la coalition de gauche emmenée par Jean-Luc Laurent est perçue comme une machine de guerre destinée à le combattre. Pierre Gosnat estime que la 10e circonscription du Val-de-Marne fait partie du prix que le PS fait payer aux communistes pour la candidature de Marie-George Buffet. "La situation n'est que le résultat de la présidentielle où mon parti (le MRC) a soutenu Ségolène Royal et où le PC a fait un autre choix. Les accords des législatives en sont le prolongement", convient M. Laurent. Les militants du PCF, eux, essaient d'y croire "La dernière fois, Robert Hue n'avait pas fait un score énorme et j'avais été élu", rappelle M. Lefort. Mais il se représentait et la gauche avançait en ordre dispersé. Cette fois-ci, la menace est d'une tout autre importance. § Après un score calamiteux à la présidentielle - 1,93 % - et presque dix années dans les sphères dirigeantes d'un parti en déclin, la numéro un souhaitait passer la main. Mais la relève n'est pas jugée prête. § S on départ était souhaité, prévu et annoncé. Il sera pourtant retardé. Marie-George Buffet ne se retirera pas de son poste de secrétaire nationale du Parti communiste lors du congrès extraordinaire annoncé pour la fin de l'année. La relève n'est pas prête et la situation en interne trop mouvante. Après un score calamiteux à l'élection présidentielle - 1,93 % - et presque dix années dans les sphères dirigeantes d'un parti en déclin, la numéro un souhaitait passer la main. Le calendrier était prêt : un congrès extraordinaire d'introspection était programmé "à l'automne" pour discuter de la "visée du Parti au XXIe siècle", selon les mots de Mme Buffet lors du conseil national du 24 avril. Le rendez-vous est maintenu mais le départ de "Marie-George" est repoussé au congrès national qui serait avancé à l'automne 2008. La date initiale de mars 2009 était trop éloignée pour Mme Buffet et aurait pu gêner les choix nécessaires pour 2012. La relève pour remplacer la secrétaire nationale n'a pas été jugée prête. Plusieurs noms circulaient Place du Colonel-Fabien : Olivier Dartigolles, porte-parole, Jean-Marc Coppola, patron de la Fédération des Bouches-du-Rhône, ou encore Patrice Bessac, à la tête de la Fédération de Paris. "Certains ont rêvé en grand ! Personne ne s'impose aujourd'hui, à part Marie-George", constate un proche de la secrétaire nationale. La peur d'un déchirement sur des noms et l'impréparation du débat dans les rangs communistes ont fait craindre à son entourage "une direction trop faible". Mme Buffet restera donc encore un peu mais avec une direction "renouvelée et rajeunie", qui verrait partir certains anciens comme Jean-François Gau, voire le retrait de l'exécutif d'autres dirigeants comme Patrice Cohen-Seat. Mais auparavant, il reste à gérer un congrès délicat. Les positions internes après l'expérience avortée d'une candidature unitaire antilibérale ont bougé. Si le courant "orthodoxe" n'a guère changé d'orientation - le parti doit se recentrer sur ses fondamentaux et ainsi se reconstruire -, les "huistes" se divisent. L'ancien ministre Jean-Claude Gayssot veut ainsi "dépasser la référence au strict PCF" en prônant la construction d'une "nouvelle formation politique de transformation sociale ouverte aux socialistes". L'idée est combattue par Pierre Blotin, ancien bras droit de Robert Hue, qui maintient l'option d'une "fondation d'un autre parti communiste" prêt à la participation gouvernementale avec le PS. L'ancienne majorité est tout aussi éclatée. Les proches de Mme Buffet tâtonnent dans des directions opposées. Certains comme Francis Parny, conseiller régional d'Ile-de-France, lorgnant sur l'expérience du Linkspartei en Allemagne, souhaiteraient la création d'une confédération avec le courant du sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon. D'autres comme MM. Cohen-Seat et Dartigolles veulent maintenir l'objectif d'un "rassemblement antilibéral large" de sensibilités, sans s'enfermer dans ce qui reste de l'expérience des collectifs de 2006 ni alliance privilégiée avec M. Mélenchon. Francis Wurtz, député européen, souhaite, à l'inverse, ne pas tirer un trait sur l'expérience des collectifs antilibéraux et "ouvrir un dialogue prospectif avec tous les interlocuteurs pour une force bien ancrée à gauche". Enfin, Patrice Bessac, prône lui "un parti fort dans la clarté" au sein d'une "coalition" avec d'autres courants. Restent les refondateurs très remontés contre l'idée d'"un congrès à la va-vite". Ils préparent leur propre texte prônant "la relance d'un processus unitaire" en vue d'une "nouvelle organisation politique" avec en son sein un "courant communiste". Pour l'heure, Mme Buffet se tait. Elle devrait donner son avis lors du conseil national des 22 et 23 juin. § L'ex-candidate à la présidentielle, qui brigue la succession de M. Hollande sans "ouvrir de conflit", présentra sa motion au prochain congrès § L a place n'est pas libre ? Ségolène Royal attend. "Je m'adapte, de façon consentante", dit-elle à bord du train qui l'amène soutenir, jeudi 7 juin, les derniers candidats aux législatives dans le Pas-de-Calais et le Nord avant le premier tour de l'élection. "Pas la peine d'ouvrir des conflits", ajoute l'ex-candidate à la présidentielle qui brigue ouvertement la place de premier secrétaire du PS. Mais François Hollande entend finir son mandat et l'a fait savoir. "Il aurait démissionné, j'aurais été candidate, observe Mme Royal. C'est son choix". 84 % des Français veulent que le PS modifie sa doctrine 47 % des Français aimeraient que le PS "modifie une partie de son programme et de ses références", selon un sondage CSA pour Le Parisien auprès d'un échantillon de 955 personnes. 37 % sont favorables à une révision "de fond en comble" de cette doctrine et 8 % sont partisans du statu quo. Chez les électeurs de Mme Royal, ils sont respectivement 63 %, 22 % et 11 %. Interrogés sur la date la plus appropriée pour désigner le candidat socialiste à la présidentielle de 2012, 46 % estiment qu'elle doit intervenir peu avant l'échéance, contre 32 % qui préfèrent l'option "deux ans avant l'élection" et 11 % "avant la fin de l'année 2007". Chez les électeurs de Mme Royal, ils sont 37 %, 46 % et 12 %. Il lui faudra peut-être attendre le congrès, prévu en novembre 2008, sans doute avancé au mois de juin, dès que les élections municipales seront passées. "Je présenterai une motion", confirme Mme Royal, qui dit ne pas craindre la concurrence - "j'ai été désignée (candidate à la présidentielle) par 60 % des militants quand même...". Sauf à devenir clairement un concurrent, en présentant un texte d'orientation différente, M. Hollande n'aura d'autre choix que de la signer. L'argument est valable pour d'autres. "Elle part pas pour faire un petit machin mais pour être dans une logique majoritaire", souligne l'un des proches de Mme Royal, David Assouline, sénateur de Paris, déçu que les choses n'aillent pas plus vite : "On pourrait considérer que les élections municipales se passeraient mieux si elle était déjà chef de parti. Les gens votent socialistes parce qu'il y a Ségolène." Quel que soit le calendrier, de toute façon, l'ex-candidate présidentielle s'est déjà installée à moitié dans le fauteuil du chef de parti. Physiquement d'abord, puisqu'elle y possède depuis peu un bureau. Psychologiquement, ensuite. Invitée de France-Inter, vendredi matin, Mme Royal a reconnu qu'elle n'était "pas contre le fait d'aller assez vite". D'ailleurs, a-t-elle précisé, "s'il y a accord (pour un congrès extraordinaire anticipé), j'y serai assez favorable". Et tant mieux si ça déménage au PS. "Il faut que le débat soit vif", a déclaré Mme Royal. Elle a ensuite rendu les honneurs au premier secrétaire : "Le bilan de François Hollande est excellent car sans lui, le PS n'existerait plus après les épreuves qu'il a dû affronter (...). On lui doit le maintien de cette grande force politique." RENOUVELER LE VOCABULAIRE Elle a aussi commencé à imaginer les contours d'une "organisation qui doit être disciplinée", dépoussiérée sur la base d'un "choix clair" et d'un "renouvellement du vocabulaire". Motion, par exemple, ça fait vieux parti et pourrait très bien être remplacé par "projet socialiste"... "Il y a beaucoup de choses à repenser, à restructurer, a indiqué Mme Royal. Les socialistes ont beaucoup souffert du manque de clarification et des petites phrases", a-t-elle ajouté en prenant pour illustration le thème de sa campagne sur "l'ordre juste" détourné par ses opposants en "juste l'ordre". Jeudi, dans le Nord - Pas-de-Calais traversé à vive allure, la présidente de Poitou-Charentes a de nouveau reçu le soutien de Pierre Mauroy. "Ségolène Royal a un rôle de tout premier plan à jouer", a affirmé l'ancien premier ministre en vantant "l'élan" de la campagne et "les perspectives d'avenir" tracées aussitôt malgré la défaite. "On a gardé un tel souvenir de 2002...", soupire-t-il. Au Zénith de Lille, le soir, l'ambiance est un peu forcée, les militants moins nombreux que les 2 500 places réservées. Martine Aubry dénonce le "marché de dupes" de la droite sur les heures supplémentaires et Mme Royal "une droite parfaitement décomplexée". "Ils veulent le pouvoir absolu, nous voulons une démocratie équilibrée, c'est la première chose qui nous distingue", tonne Laurent Fabius après avoir écarté d'une pichenette "les divisions subalternes qui n'intéressent strictement personne". Manque François Hollande. § En restant invisible ou presque depuis la victoire de son mari, Cécilia Sarkozy demeure une page blanche sur laquelle s'écrivent les légendes. § P our le magazine Elle, c'est une nouvelle Jackie Kennedy. Le Point la verrait bien en Lady Diana, moins le destin tragique. En restant invisible ou presque depuis la victoire de son mari, Cécilia Sarkozy demeure une page blanche sur laquelle s'écrivent les légendes. Greta Garbo de l'Elysée, dont les rares apparitions épaississent le mystère. "Elle se protège", disent des proches. "Elle cherche une cause à défendre, assurent les autres. Quand elle l'aura trouvée, elle parlera." Il y a le choix. Des pièces jaunes, façon Bernadette Chirac, au soutien au sous-commandant Marcos, façon Danielle Mitterrand, toutes les épouses des présidents ont dû inventer un rôle qu'aucun texte ne codifie. Disposant d'un bureau à l'Elysée, Cécilia Sarkozy a commencé à composer son équipe, une attachée de presse, Carina Alfonso-Martin, venue d'Euro Disney, et un diplomate, Nicolas de La Granville, recruté à Bruxelles. Missions humanitaires, engagement social, action culturelle, elle ne s'interdit rien, même si, dit-on, "elle veut prendre le temps de s'occuper d'abord de sa famille". En attendant, elle a déjà découvert les charmes et les commodités du pouvoir : le pavillon de la Lanterne dans le parc de Versailles, où elle a passé deux week-ends, le fort de Brégançon, dans le Var, où elle s'est rendue en famille à deux reprises avec des amis, dont Mathilde Agostinelli, la responsable des relations presse de la maison Prada. Images d'une tribu jet-set remontant de la plage, décontractée, assumant son standing, à Malte comme à Saint-Tropez. Les Grimaldi à l'Elysée ? Le 16 mai, pour la cérémonie de passation de pouvoirs, son arrivée a suspendu les murmures. En robe ivoire, sa nichée d'enfants autour d'elle comme une armée familière et décolorée, elle a fixé son époux lisant son premier discours. En Prada, élégantissime. En une apparition, elle a remis les pendules de la tradition à l'heure, après les avoir fait trembler. Mercredi 6 juin, elle était bien présente au dîner des chefs d'Etat du G8 en Allemagne, mais elle s'est échappée le lendemain, en séchant le déjeuner des conjoints organisé par l'époux d'Angela Merkel et une conférence-débat. Officiellement pour "raisons familiales", afin d'organiser l'anniversaire de l'une de ses filles. La "première dame" alterne ainsi les phases secrètes et les entrées glamour. "Etre première dame de France, ça me rase, avait-elle prévenu en 2005. Je veux pouvoir me promener en jean et en santiags." Presque immédiatement est intervenue la longue rupture entre les époux, et les déchirements du couple ont rythmé la vie politique. Même pendant la campagne, elle était à Paris, mais invisible. Au QG de campagne, on se contentait pour décourager la curiosité des journalistes d'un : "Cécilia ? Mais elle est passée hier !" Et puis, le 6 mai au soir, elle est revenue. Très tard. La fête du Fouquet's, où le vainqueur recevait ses amis, avait déjà commencé depuis longtemps lorsqu'elle est apparue. Cette fête, c'est pourtant elle qui l'avait voulue, comme elle avait organisé le meeting du 29 avril à Bercy, où elle n'a pas non plus daigné se montrer pour, déjà, "raisons familiales" : l'anniversaire des 10 ans de Louis, son fils. Quelques jours plus tard, on apprenait qu'elle n'avait même pas voté pour le second tour et qu'aux 18 983 408 voix de son mari il manquerait toujours la sienne. Rares sont ceux qui acceptent de parler de cette absence, et ils n'en disent pas grand-chose. Un ami de Cécilia : "Ce jour-là, je crois qu'elle a eu un petit embarras gastrique." Mais il ajoute aussitôt devant l'incongruité de l'excuse : "En fait, je n'en sais rien." Un conseiller tente : "Elle savait que c'était sa journée à lui, son combat et qu'il devait le vivre pour lui-même, c'est pourquoi elle a préféré rester discrète." Un ministre : "Il y a des choses que je suis heureux de ne pas savoir." Celui-ci est peut-être le plus sincère. § Le nouveau président craint par dessus tout la "malédiction de l'Elysée" : s'assoupir dans cet "îlot monarchique". § I l y est. Exactement là où il voulait être. Dans cet Elysée dont il a toujours rêvé. Mais déjà, il en a compris le danger. Installé dans les ors du palais depuis le 16 mai, Nicolas Sarkozy n'a pas été long à calculer le risque qui le guette et qu'ont dû affronter tous ses prédécesseurs. Pendant sa campagne, il a répété qu'il ne voulait pas "durer" mais "faire", comme si lui ne devait pas connaître la "malédiction de l'Elysée". Bien sûr, jusque-là tout va bien. La sarkomania bat son plein, les sondages sont au zénith. Mais il redoute déjà ce moment où le désir d'agir cédera le pas à la volonté de survivre. "Je veux réussir là où ils ont échoué", dit-il en parlant de ceux qui l'ont précédé dans ces murs. Tous les conseillers le constatent : s'habituer à cette maison, bienveillante pour ses hôtes mais tellement lente, n'est pas des plus aisé. "Ce petit îlot monarchique", comme l'appelle déjà l'un des nouveaux arrivants, possède ses règles, son histoire, son rythme. La vitesse, maître mot de la campagne, s'émousse dans l'atmosphère un rien cotonneuse et soporifique du vieux palais. Sarkozy à l'Elysée ? "La rencontre d'une formule 1 et d'un édredon", s'amuse un membre de l'équipe. Un simple coup de téléphone au service de la "régulation" suffit à obtenir une voiture et un chauffeur, de jour comme de nuit, mais pour s'équiper d'un Blackberry, ces téléphones portables qui sont également de véritables ordinateurs permettant de recevoir mails et dépêches des agences de presse, il a fallu plusieurs notes pour convaincre les services soupçonneux. Et si les courriels allaient être interceptés ? s'inquiétait-on. Les membres de la nouvelle équipe avaient pourtant été avertis par leurs homologues de l'équipe sortante. Avec un plaisir un peu sadique, ils leur ont décrit un univers de lenteur délétère. "Sarkozy veut rajeunir tout cela, raccourcir les circuits de décision, mais le poids de la machine est là. On le sent", s'alarme un membre de l'entourage. Rajeunir la machine et la protéger malgré tout. C'est tout le problème de Nicolas Sarkozy : incarner la rupture sans mettre à bas la tradition à laquelle il sait les Français attachés malgré tout. Le candidat avait saturé l'espace médiatique, séduit par sa capacité à traiter de tous les sujets en même temps. Le président continue sur cette lancée. Les moments de répit sont rares. "L'agenda se remplit vite", constate un membre de l'équipe. S'échapper à la manière d'un Mitterrand arpentant les quais de Seine à la recherche d'une édition rare ? Il y pense parfois. A sa manière. "Quand je vois Tony Blair, je l'emmène chez Thiou", dit-il comme si cette escapade dans un restaurant asiatique réputé du 7e arrondissement - alors qu'il n'était pas encore officiellement président - valait une évasion. Lundi 4 juin, il a déjeuné dans un restaurant du 8e avec le premier ministre canadien. Une autre échappée belle ? Il entend bien lui aussi "sortir" du palais et se tenir éloigné de cette tentation tellement humaine de se reconnaître dans les éloges des courtisans. Il veut rompre avec les usages, refuser la traditionnelle intervention du 14-Juillet, renouer avec la tradition gaullienne des grandes conférences de presse. Le petit studio d'enregistrement dans lequel Jacques Chirac enregistrait ses rares interventions pourrait être aménagé en salle de presse. Le président veut encore réduire la garden-party de l'Elysée à des proportions plus modestes. Le mot d'ordre a été passé à tous les conseillers : prière de diviser par deux le nombre des invités. Il a aussi indiqué aux services de l'Elysée qu'il refusait les projections privées, préférant aller au cinéma et au théâtre, "voir les gens". Mais comment faire quand le moindre de ses déplacements provoque un déploiement inouï de forces de l'ordre ? Cet été, il veut assister à un opéra aux Chorégies d'Orange, dans le Vaucluse. Un rêve probablement. Le président a prévenu ses conseillers : prière de le réveiller s'il venait à s'assoupir au cours des cinq années qui viennent. "Tout ce qu'on a dit, on doit le faire. C'est à toi de m'aider", a-t-il lancé à Henri Guaino en le nommant. Depuis, le parolier du candidat s'imagine en "gardien de ses promesses de campagne", veillant jalousement sur le programme du candidat, n'hésitant pas à reprendre un ministre fautif au cours d'une interview. "Nous sommes là pour ne pas le laisser s'enfermer dans le mausolée", dit un autre des proches du président. Pour se tenir en alerte, l'Elysée s'est constitué en grands pôles de compétence, chapeautant chacun un domaine de l'action gouvernemental. C'est de là que partiront, après les législatives, les lettres de mission aux ministres. Une autre manière pour le chef de l'Etat de contrôler et d'impulser le travail de François Fillon. De surveiller, éventuellement de punir. "Dynamisation", c'est le maître mot : on redoute comme la peste que la machine prenne le pas sur la volonté politique. Parfois, le chef de l'Etat semble redouter l'ampleur de la tâche : "Président de la République, l'a-t-on entendu dire, c'est lourd. Plus lourd que ministre de l'intérieur." Puis, songeant aux longues années où Jacques Chirac est resté enfermé dans son palais : "Je ne suis pas lui." Déjà chef de l'Etat, souvent premier ministre, Nicolas Sarkozy s'imagine encore président de parti. Une fois par semaine, il anime la réunion de la nouvelle direction collégiale de l'UMP. "A partir du moment où il y a une réunion, il faut qu'il la conduise", s'amuse un participant. Les consignes : empêcher François Bayrou de capitaliser sur son score à la présidentielle, surveiller le Parti socialiste où il suit la stratégie de Ségolène Royal en connaisseur : "Quand tout va bien, elle irradie, quand elle est en difficulté, elle pioche. Elle se durcit." Il fixe la ligne : "Royal et Bayrou auront du mal à reprendre de l'air. J'ai un projet et je veux occuper l'espace. C'est la règle." Il n'a pas de petits sujets. On évoque aussi la prochaine bataille pour le "perchoir" de l'Assemblée nationale ou la rivalité de Patrick Devedjian et Jean-Pierre Raffarin pour le contrôle du parti. Ou l'"ouverture", même si le mot lasse déjà ceux qui voient s'éloigner leurs chances d'entrer au gouvernement. Promis : il n'y aura pas, comme pour François Mitterrand et Jacques Chirac, des "visiteurs du soir" secrètement consultés... "Pourquoi faire le soir et en secret ce qu'on peut faire en plein jour ?", se demande, faussement naïf, un conseiller. Quand on interroge le chef de l'Etat sur cette boulimie, il feint l'incompréhension : "Qu'est-ce que c'est que cette histoire de style ? Je fais exactement la même chose qu'avant !" § Elle est la première transsexuelle candidate aux élections législatives. Sous l'étiquette PCF, elle affronte dans les Hauts-de-Seine l'actuel président UMP de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier § L orsqu'elle évoque son enfance et son adolescence, Camille Barré parle toujours au féminin. "J'étais souvent silencieuse, raconte-t-elle. Un peu explosive, aussi." Pourtant, à l'époque, Camille Barré s'appelait Gilles et était l'un des deux garçons d'une famille de cinq enfants. "J'étais un petit gars pas du tout efféminé, toujours prêt à en découdre avec ses camarades dans la cour de récréation. Mais, très rapidement, je me suis sentie différente, j'avais l'impression d'être une fille. Cela a évidemment créé une grande confusion dans mon esprit : je vivais cela comme une anomalie, une singularité, un dérèglement." PARCOURS 1959 : Naissance à Paris dans le 16e arrondissement. 1972 : Déménage pour une cité HLM de Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne). 1983 : Rencontre avec sa future épouse. 1998 : Opération chirurgicale. 1999 : Changement de sexe à l'état civil. 2007 : Candidate aux élections législatives sous l'étiquette du PCF. Camille Barré, qui a changé de sexe en 1999, est la candidate du Parti communiste dans la 7e circonscription des Hauts-de-Seine, qui regroupe les communes résidentielles de Garches, Rueil-Malmaison et Saint-Cloud. A 48 ans, elle est la première transsexuelle à se présenter aux élections législatives. "C'est une femme courageuse, qui a choisi d'assumer son identité, note la secrétaire départementale du PCF du département, Brigitte Gonthier-Maurin. Quelqu'un de très dynamique, de très original, qui a beaucoup galéré. Son engagement politique est le prolongement de son combat personnel en faveur de l'émancipation et de l'égalité." Dans cette circonscription où le candidat communiste a recueilli 1,47 % des voix en 2002, Camille Barré affrontera le nouveau président (UMP) de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier. Les deux candidats se connaissent bien pour avoir bataillé, par justice interposée, au cours de l'année 2005 : Camille Barré souhaitait alors se marier avec sa compagne, Monica Leon, un transsexuel argentin qui était resté un homme pour l'état civil. En tant que maire de Rueil-Malmaison, Patrick Ollier s'était alors fermement opposé à cette union "militante". Camille Barré a grandi à Paris, dans la loge de l'école Notre-Dame-de-Grâce de Passy, dont sa mère était concierge. Son père, qui parcourt le monde dans la marine marchande, quitte très vite le domicile conjugal. " Ses absences lui permettaient d'échapper à ses responsabilités d'époux et de père." Après son départ, Mme Barré élève seule ses cinq enfants. "Elle travaillait dur et elle nous dressait plus qu'elle ne nous élevait. Le sentiment que j'ai aujourd'hui, c'est qu'elle nous aimait mais qu'elle n'arrivait pas à l'exprimer." Vêtue des blazers bleu marine que les familles de l'école donnent à sa mère, Camille Barré grandit dans le petit monde feutré du Passy des années 1960. Dans la loge, la table de la salle à manger est recouverte d'une montagne de linge à repasser et l'on sonne la soupe en tapant sur les tuyaux de chauffage. Le soir, les enfants jouent dans la cour de l'école, à côté d'une statue de la Vierge Marie, et se déguisent avec les costumes destinés aux spectacles de fin d'année. "Mon frère faisait le prince, moi la princesse. J'essayais déjà de m'approprier les codes vestimentaires féminins." A 13 ans, Camille Barré change brusquement d'univers : la famille quitte les rues tranquilles du 16e arrondissement pour une cité HLM de Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne) dont Mme Barré devient la gardienne. "Je me suis retrouvée au milieu de jeunes de banlieue qui roulaient des mécaniques, des petits mâles en puissance qui disaient des gros mots et qui se bousculaient dans la cour. Il fallait que je me défende : j'ai fini par endosser un habit qui n'était pas le mien." L'adolescent fréquente des loubards et finit par être suivi par un éducateur à la suite d'un vol de vêtements dans un magasin. "J'ai vite réalisé le danger de cette dérive." Pour Camille Barré, qui se sent de plus en plus mal dans son corps de garçon, l'adolescence est une véritable épreuve : sa voix mue, son corps se transforme, son statut social change. Pour échapper à ce corps d'homme, l'adolescent ruse avec les codes vestimentaires et adopte un look androgyne à la David Bowie qui le fait passer pour un excentrique. "C'est très difficile de vivre avec un secret aussi terrible. On a l'impression d'être dans un mensonge permanent, on a tout le temps peur d'être démasqué, on a envie de se supprimer : je serrais les dents pour éviter de pleurer ou de hurler." Camille Barré, qui se travestit en femme à son domicile, devient commis dans une boulangerie, préparateur de commandes pour un grossiste, livreur de linge pour des hôtels, puis agent technique au conservatoire de Rueil-Malmaison. En 1989, le jeune homme se marie. "On s'aimait mais on était dans le mensonge : mon épouse voyait ma fragilité et elle connaissait bien mes problèmes de sexualité. Pendant ces années, j'ai réfléchi à ces problèmes d'identité et, un jour, j'ai trouvé au Virgin Megastore un bouquin sérieux de sociologie sur la transsexualité. Je me suis dit : voilà le point d'ancrage de tous mes problèmes." En 1993, Camille Barré décide de divorcer et distribue à ses proches un document sur la transsexualité photocopié à la bibliothèque de Beaubourg. "Je n'étais ni surpris ni choqué, raconte un de ses amis d'enfance, Jean Damiens. Je me suis juste dit : tiens, c'était donc ça. J'avais toujours senti un malaise, mais je n'avais jamais mis les mots de transsexualité dessus." Commence alors un long parcours médical : Camille Barré se rend en 1996 à la consultation d'andrologie de l'hôpital Cochin, passe des tests hormonaux et chromosomiques, est suivi pendant plus d'un an par un psychiatre. Son corps se transforme peu à peu grâce à un traitement hormonal et, en 1998, Camille Barré se fait opérer. "Ma vie de femme a vraiment commencé là. Je suis rentrée chez moi, je pleurais de joie, j'habitais enfin ma maison corporelle. Je ne l'ai jamais regretté : accepter son corps, c'est tellement apaisant." La justice française, qui accepte les changements de sexe depuis un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme de 1992, modifie en 1999 son état civil : Gilles choisit de s'appeler Camille, Joséphine, les seconds prénoms de son épouse et de sa mère, les deux femmes qui ont compté dans sa vie. "Elle s'est enfin trouvée, résume Jean Damiens. Elle est en harmonie avec elle-même." Sa mère, aujourd'hui décédée, a toujours eu du mal à lui parler au féminin, mais ses soeurs, et surtout son frère, ont accepté sa transformation. Au conservatoire de Rueil-Malmaison, certains parents d'élèves l'ont accueillie avec des fleurs, d'autres ont continué à l'appeler Gilles. Après avoir milité dans les associations "trans", Camille Barré a rejoint l'Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi, trans), qui organise tous les ans la Marche des fiertés, à Paris. Aujourd'hui, elle milite au Parti communiste, un mouvement qui porte, dit-elle, de belles idées. "Ce long parcours m'a donné une force immense, conclut-elle. Aujourd'hui, pour m'arrêter, il faut m'abattre !" § Selon des pronostics assez stables, les candidats UMP et Nouveau Centre recueilleraient entre 41 et 43 % des intentions de vote au premier tour des élections législatives, soit 382 à 430 sièges. § T rois sondages parus, vendredi 8 juin, à deux jours du premier tour des élections législatives prévoient toujours une "vague bleue", avec une très large majorité pour l'UMP et son allié du Nouveau Centre. Les candidats UMP et Nouveau Centre recueilleraient 41,5 % des voix au premier tour (- 0,5 par rapport au 29 mai), selon un sondage TNS-Sofres/Unilog pour RTL, LCI et Le Figaro réalisé les 5 et 6 juin, ce qui lui permettrait ensuite de remporter 390 à 430 sièges, sur la base des 555 sièges pour la France métropolitaine à l'Assemblée nationale (la fourchette de cet institut s'établissait la semaine dernière entre 410 et 430). Fiches techniques Enquête TNS Sofres - Unilog réalisée les 5 et 6 juin auprès d'un échantillon national de 1000 personnes représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, interrogées par téléphone selon la méthode des quotas et stratification par région et catégorie d'agglomération. Sondage CSA effectué par téléphone les 6 et 7 juin auprès d'un échantillon représentatif de 822 personnes âgées de 18 ans et plus inscrites sur les listes électorales en utilisant la méthode des quotas. Sondage Ipsos-Dell réalisé auprès de 1 207 personnes interrogées par téléphone les 6 et 7 juin, constituant un échantillon national représentatif de la population inscrite sur les listes électorales (méthode des quotas). Des notices détaillées sont disponibles à la commission des sondages. Un sondage CSA-Cisco pour Le Parisien/Aujourd'hui en France et I-télé crédite lui le parti du président et son allié de 41 % (-1) d'intentions de vote et de 390 à 420 sièges, tandis que le baromètre quotidien Ipsos/Dell pour SFR et Le Point leur accorde 43 % d'intentions de vote (+1,5), avec 382 à 430 sièges, dont 21 à 24 sièges pour le Nouveau centre. UMP et DL avaient obtenu 38,1 % des voix lors du premier tour des législatives de 2002 et 362 sièges. L'UDF, qui s'est récemment scindée entre le MoDem et le Nouveau Centre, avait obtenu 4,85 % des voix et dispose dans l'Assemblée sortante de 29 sièges, apparentés compris. Le Parti socialiste et ses alliés PRG et MRC remporteraient 29,5 % (+2,5) des suffrages et 115 à 155 sièges, estime la Sofres. L'étude CSA leur prédit elle 28 % (+2), tout comme Ipsos-Dell (-1). La première évoque 110 à 154 sièges, la seconde 115 à 158. L'ensemble PS/PRG/Pôle républicain et DVG avait obtenu 27,9 % des voix en 2002, et le groupe PS et apparentés compte 149 élus. Les candidats du MoDem sont crédités de 10 % d'intentions de vote (stable), et de 2 à 6 sièges par la Sofres, de 9 % (inchangé) par Ipsos Dell, se traduisant par 1 à 6 sièges, et de 7 % par CSA, qui table aussi sur 1 à 6 sièges. Le Front national recueillerait 4 % des intentions de vote selon la Sofres (stable), 6 % selon CSA (+1), 5 % (-0,5) selon Ipsos/Dell. Aucun des instituts ne pense que le parti d'extrême droite obtiendra un élu à l'Assemblée. Ipsos-Dell évoque même un "reflux spectaculaire" du FN, qui avait obtenu 11,3 % des voix au premier tour des législatives de 2002, mais aucun élu, ce qui devrait perdurer. La Sofres crédite le PCF et les Verts de 3 %, avec respectivement 4 à 10 sièges et 1 à 3 sièges, le CSA leur accorde à chacun 4 % (stable et -1), avec respectivement 4 à 12 et 1 à 3 sièges. Selon Ipsos-Dell, les Verts recueilleraient 3 % ( 0 à 2 sièges) et le PCF 4 % (5 à 10), des chiffres identiques à ceux de la semaine dernière. Les communistes avaient obtenu 4, 8 % des voix et 21 députés en 2002, les Verts 4,5 % et 3 élus. Le MPF obtiendrait 1 % des intentions de vote et 2 ou 3 sièges, selon la Sofres et le CSA. Ipsos-Dell pronostique pour sa part 1,5 % (-0,5). Le MPF et le RPF avaient obtenu à eux deux 1,2 % des voix en 2002 et deux députés. L'extrême gauche (LCR et LO) est créditée de 4 % par le CSA (inchangé, LO gagnant un point, perdu par la LCR), 3,5 % (-0,5) par la Sofres, 3 % (inchangé) par Ipsos-Dell, et d'aucun siège, comme actuellement. Elle avait obtenu 2,8 % des voix en 2002. 13 % des personnes certaines d'aller voter n'ont pas exprimé d'intention de vote, indique Ipsos-Dell. Au second tour, en cas de duel gauche-droite, 57 % (+1) des personnes interrogées choisiraient le candidat de l'UMP ou de la majorité présidentielle et 43 % (-1) celui de la gauche (PS-PCF-Verts). § Pour ne pas risquer une invalidation de leur élection, ils ont refermé leurs carnets de campagne. § Q ue les femmes et les hommes politiques se le tiennent désormais pour dit : bloguer durant la campagne peut coûter cher. Très cher même. Cela peut directement conduire à voir invalider ses comptes ou, pis, carrément son éventuelle élection. C'est en tout cas ce qu'a tenu à rappeler la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) à Najat Vallaud-Belkacem - qui se présente dans le Rhône pour le PS -, à Marielle de Sarnez (MoDem) et à Arno Klarsfeld (UMP), qui briguent tous les deux un siège à Paris. Les trois candidats tenaient depuis quelques jours leurs carnets sur le site de L'Express. Mardi 5 juin, la commission leur a simplement rappelé la loi. L'article 52-8 du code électoral stipule en effet que "les personnes morales, à l'exception des partis ou groupements politiques, ne peuvent participer au financement de la campagne électorale d'un candidat, ni en lui consentant des dons sous quelque forme que ce soit, ni en lui fournissant des biens, services ou autres avantages directs ou indirects à des prix inférieurs à ceux qui sont habituellement pratiqués". Pas une histoire de prix, donc : les blogs sont au demeurant gratuits aussi bien pour les candidats que pour tous les internautes. Simplement une affaire de dons interdits et d'équité, tous les partis devant dans ce cas se voir proposer la même tribune. SURTOUT PAS DE LA CENSURE "Ce n'est surtout pas de la censure, explique-t-on avenue de Wagram au siège de la commission. Il s'agissait simplement d'attirer l'attention des candidats sur ce risque." Des candidats qui avaient toutes les raisons de ne pas être forcément au courant des dangers encourus. C'est, en effet, la première fois que la CNCCFP est amenée à se pencher sur ce cas précis du carnet de campagne. A défaut de législation spécifique et de jurisprudence, "on applique à l'Internet les mêmes lois qu'aux autres supports", souligne encore la commission. Pour que les trois candidats en question continuent de bloguer en toute conformité avec le code électoral, il aurait ainsi fallu que L'Express facture les prestations. Le site a préféré refermer les pages des trois carnets, regrettant de devoir respecter une loi qui lui paraît "peu adaptée aux nouveaux médias". Informée de la recommandation, Libération s'est trouvé confronté au même problème. Son site avait lancé en début de semaine "Aux marches du Palais", un blog où Arnaud Danjean, candidat UMP en Saône-et-Loire, et Frédéric Cuvilier (PS), qui se présente dans le Pas-de-Calais, livraient leurs confidences de campagne. Fermés eux aussi, aussitôt. _ www.lexpress.fr www.liberation.fr www.cnccfp.fr § À peine nommée, la moitié du gouvernement est partie en campagne. § A peine nommée, la moitié du gouvernement est partie en campagne. Onze ministres, dont le premier d'entre eux, sur les 21 membres que compte le gouvernement, sont candidats au scrutin des 10 et 17 juin. Premier paradoxe, aucun n'aspire à siéger à l'Assemblée nationale : la Constitution les oblige à choisir entre la fonction de député et celle de ministre, et c'est bien évidemment cette dernière qu'ils ont tous d'ores et déjà choisie. Second paradoxe, en allant devant les électeurs, ils prennent le risque de tout perdre : François Fillon a déclaré que tout ministre battu aux élections législatives serait contraint, y compris lui-même, de quitter le gouvernement. Pour le premier ministre, ce scrutin semble avoir trois vertus. Celle d'effacer l'affront des régionales de 2004, où il avait été déchu de son mandat de président de région. Celle de se démarquer de son prédécesseur, Dominique de Villepin, qui n'était pas élu. Celle enfin de gagner sa propre légitimité par rapport au poids politique de celui qui l'a nommé à Matignon, Nicolas Sarkozy. "Ma légitimité dépend d'abord du président qui m'a nommé, mais elle dépend aussi du suffrage universel", confie-t-il. M. Fillon prend néanmoins un risque limité. Elu député sans discontinuer dans son fief de la Sarthe depuis 1981, et devenu sénateur en 2004, il part grand favori. Certes, sa circonscription, à cheval sur le Maine rural et les cantons de l'ouest du Mans, glisse peu à peu à gauche. Au second tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy n'y a obtenu que 50,34 % des voix. Mais en 2002, M. Fillon avait été élu au premier tour. Fort de sa légitimité de premier ministre, son objectif est de rééditer l'exploit, face au candidat socialiste Stéphane Le Foll, directeur de cabinet du premier secrétaire du Parti socialiste. Parmi les dix autres ministres engagés dans la bataille, Alain Juppé est le seul à se présenter dans une circonscription qui, le 6 mai, a préféré, et largement, Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy. Mais à l'automne 2006, la liste conduite par Alain Juppé pour la mairie de Bordeaux l'avait emportée largement. Pour tous les ministres candidats, cet exercice démocratique aura le mérite de leur conférer une plus grande légitimité. "C'est une chose d'être nommé, c'en est une autre de recevoir l'onction démocratique", confie l'un d'eux. § 7 639 CANDIDATS brigueront, dimanche 10 juin, les suffrages des électeurs aux élections législatives. § 7 639 CANDIDATS brigueront, dimanche 10 juin, les suffrages des électeurs aux élections législatives. En 2002, ils étaient 8 456. Cela représente malgré tout un peu plus de 13 candidats, en moyenne, par circonscription. Les règles de financement des partis politiques, qui sont déterminées en grande partie par le résultat au premier tour des élections législatives, constituent en effet une puissante incitation à la multiplication des candidats. Ce scrutin risque toutefois de réserver quelques surprises aux "chasseurs de prime" - il en existe - qui compteraient empocher des subsides publics à peu de frais. Les dispositions concernant l'aide aux partis politiques ont en effet été modifiées à l'occasion de la loi du 12 avril 2003 relative à l'élection des conseillers régionaux et des représentants au Parlement européen. Un simple article, mais qui change considérablement les données. Le financement des partis politiques a été établi par la loi du 11 mars 1988. L'enveloppe de l'aide publique versée chaque année aux partis politiques pendant la durée de la législature est divisée en deux fractions. La première est attribuée au prorata du nombre de voix obtenues au premier tour des élections législatives. La seconde est répartie en fonction du nombre de parlementaires rattachés à chacun des partis politiques. Pour accéder à la première fraction, il suffisait, aux termes de la loi du 11 mars 1988, de présenter au moins cinquante candidats dans plus de trente départements de métropole (des règles particulières s'appliquent aux départements et territoires d'outre-mer). Une manne relativement facile d'accès : trente et une formations ont ainsi pu bénéficier de ce financement annuel sur la base des élections de 2002. L'UMP, avec 8 629 353 voix obtenues, a perçu à ce titre 9 788 050 euros en 2007 ; le GIP-Démocratie active, avec 3 627 voix, a touché 4 286 euros. Le montant de cette dotation est modulé en fonction du respect du principe de parité. La loi de 2003 a durci les règles. Cette première fraction ne sera désormais attribuée qu'aux partis ou groupements politiques dont les candidats auront obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions. A l'arrivée, le nombre de bénéficiaires du financement politique risque de sévèrement diminuer. Il n'est pas sûr que toutes les formations ayant présenté plus de cinquante candidats à ce scrutin aient anticipé la mise en application de ces nouvelles dispositions. § Après deux ans de purgatoire, Hervé Gaymard, 46 ans, pourrait retrouver son siège de député de la Savoie dès dimanche 10 juin. § A près deux ans de purgatoire, Hervé Gaymard, 46 ans, pourrait retrouver son siège de député de la Savoie dès dimanche 10 juin. A 46 ans, l'ancien jeune homme pressé, le "bébé Chirac", dont la carrière avait été subitement interrompue le 25 février 2005, à la suite des révélations du Canard enchaîné sur le train de vie de sa famille aux frais de la République, veut renouer avec la vie publique. En compagnie de son suppléant, Vincent Rolland, à qui il avait laissé pensé, dans un premier temps, qu'il ne se représenterait pas, Hervé Gaymard balise depuis plusieurs semaines méthodiquement la 2e circonscription de Savoie. "Cent dix réunions publiques. Nous sommes passés dans chaque commune et chaque quartier d'Alberville ou de Chambéry pour aller convaincre les 85 000 électeurs", explique le candidat UMP. Hervé Gaymard aborde le scrutin avec sérénité : dans son fief, où il avait été élu dès le premier tour en 2002, Nicolas Sarkozy a recueilli le 6 mai 60 % des suffrages. Sur le terrain, assure-t-il, les Savoyards lui parlent santé, agriculture, routes, jamais du "passé". Lui aussi affirme avoir "tourné la page" et payé sa dette : 54 894 euros, correspondant aux travaux et frais effectués dans l'appartement de fonction, un luxueux 600 mètres carrés qu'il envisageait d'occuper avec ses huit enfants. "Rien ne sert de s'abîmer dans le passé. Je préfère me projeter dans l'avenir." Pour reconstruire son avenir, le ministre démissionnaire s'était, sitôt après avoir quitté les lustres de Bercy, rapproché de sa terre natale et de son fief politique. Il avait été élu à la présidence du syndicat mixte Tarentaise Savoie et avait retrouvé le conseil général de Savoie en tant que vice-président. Mais, surtout, ni l'Elysée ni Matignon n'avaient complètement lâché leur protégé : dès la fin 2005, Dominique de Villepin lui avait confié une mission sur la France et les pays émergents, et en parallèle, son mentor Jacques Chirac lui avait confié à la fin 2006 la préparation du sommet africain de Cannes. Lucide, le quadragénaire, qui a toujours été un virulent opposant de Nicolas Sarkozy, sait que sa carrière désormais ne sera plus placée sous la protection de l'Elysée. "Avec Nicolas Sarkozy, il y a encore beaucoup de distance." § "J'ai besoin d'une majorité large pour réformer en profondeur", explique Nicolas Sarkozy pour demander aux électeurs d'envoyer le plus grand nombre de députés de l'UMP à l'Assemblée nationale. § "J 'ai besoin d'une majorité large pour réformer en profondeur", explique Nicolas Sarkozy pour demander aux électeurs d'envoyer le plus grand nombre de députés de l'UMP à l'Assemblée nationale. Mais l'UMP avait déjà 365 députés - sur 577 - dans la précédente Assemblée : près des deux tiers des sièges. Est-ce à dire que cette majorité n'était pas suffisante ? Où commence, alors, "une majorité large" ? Ou bien faut-il comprendre, au vu du bilan de la précédente législature, qu'une large majorité au Parlement ne vaut pas nécessairement adhésion des citoyens aux réformes votées ? Dans ce cas, même en détenant simultanément les leviers des pouvoirs exécutif et législatif, même en ayant la mainmise sur les autorités de contrôle, il arrive que les réformes bloquent. L'exemple le plus éclairant en a été fourni par le contrat première embauche (CPE) voulu par Dominique de Villepin, début 2006 : un contrat, étendu à tous les jeunes de moins de 25 ans, qui dispensait l'entreprise de tout motif de rupture pendant une durée de deux ans. Ce dispositif était un des piliers de la loi pour l'égalité des chances présentée dans l'urgence par le premier ministre après les émeutes dans les quartiers de l'automne 2005. Plus largement, il s'agissait pour le chef du gouvernement d'engager sans attendre une "rupture" avec le code du travail en vigueur en nourrissant l'espoir de prendre de vitesse Nicolas Sarkozy, qui avait fait de cet objectif un de ses thèmes de campagne. Si, entre les partisans du premier ministre et ceux de son ministre d'Etat, chacun soupçonnait l'autre d'arrière-pensées, les élus de l'UMP étaient exhortés à faire bloc. "Pas question de laisser s'ouvrir des brèches dont profiterait la gauche", prévenait le président de l'UMP, devant le bureau du groupe des députés, à l'orée du débat à l'Assemblée. Et le groupe majoritaire s'exécuta. S'abstenant vaillamment de répondre aux assauts de l'opposition, il respecta à la lettre les consignes : tours de présence continue dans l'Hémicycle pour éviter d'être mis en minorité sur un vote, silence dans les rangs afin de ne pas prolonger les débats et d'éviter les risques de dérapage. De débat, en réalité, sur cette disposition dont chacun mesurait cependant l'importance, il n'y eut point. Rien qu'un monologue de l'opposition, à laquelle le rapporteur du projet de loi et le gouvernement se contentaient d'émettre un avis défavorable. Ainsi, pas une voix de l'UMP ne manqua pour adopter le dispositif du gouvernement, au lendemain de manifestations ayant réuni plusieurs centaines de milliers de personnes. Mais, pour la majorité, l'essentiel était fait. Dès le lendemain, le premier ministre mettait un terme à la discussion en recourant au "49-3" : "Notre pays s'impatiente, il veut des décisions", justifiait-il à la tribune du Palais-Bourbon. Le texte était transmis sans tarder au Sénat, où, de nouveau, pas une voix de l'UMP ne faisait défaut. La preuve était faite, comme s'en félicitaient Bernard Accoyer et Josselin de Rohan, présidents des deux groupes parlementaires, que "ce n'est pas la rue qui fait la loi". Le Conseil constitutionnel, saisi par l'opposition, validait le texte. Et pourtant... Ne voilà-t-il pas que la crise se prolonge, contraignant le président de la République, Jacques Chirac, à intervenir pour demander au gouvernement de ne pas appliquer la loi qui allait être promulguée et d'en préparer une autre. Dix jours plus tard, les mêmes députés de l'UMP qui avaient voté sans réserves le CPE adoptaient tout aussi unanimement le texte de substitution. § Tétanisée par la mondialisation, impuissante à repenser l'avenir, la gauche est enfermée dans une spirale de l'échec. Au-delà du modèle social-démocrate dépassé, elle doit désormais trouver la synthèse entre son aspiration à l'égalité et la réalité du monde contemporain. § V ous dressez un bilan très sévère de l'impasse idéologique où s'est enfermée la gauche française. Est-ce à vos yeux la cause principale de son échec ? Zaki Laïdi. En un demi-siècle de Ve République, la gauche ne sera parvenue à porter qu'un seul des siens à la tête de l'Etat. Elle souffre donc d'un handicap structurel pour rassembler durablement les Français autour d'un projet. On peut toujours invoquer l'obstacle des institutions et du statut singulier de l'élection présidentielle. Mais le problème est plus profond : la gauche ne survit qu'en se pensant comme une sorte d'anti-droite et son message majeur est devenu un message de pessimisme social. L'utopie demeure, mais négative. Loin d'annoncer le monde à venir, elle renvoie à un monde qui ne peut plus être. Qu'entendez-vous par pessimisme social ? Gérard Grunberg. Une représentation très négative du monde, qui se fonde sur une diabolisation de la mondialisation. Celle-ci est uniquement perçue comme une source de désordre économique, d'insécurité et d'inégalité sociales. Le noeud de ce pessimisme réside dans le sentiment d'impuissance - ou de résistance impuissante - face au marché et à la mondialisation. Pourtant, pendant sa campagne, Ségolène Royal a tenté d'éveiller un "désir d'avenir"... G. G. Et Nicolas Sarkozy a pris comme slogan "Ensemble tout devient possible" ! Autrement dit, les deux candidats ont bien perçu qu'il fallait sortir les Français de cette espèce de "dépression" où ils s'enfoncent depuis des années. Mais force est de constater, quoi qu'on pense par ailleurs du programme du candidat de l'UMP, que son "Tout devient possible" a résonné comme une espérance chez ceux qui se réclament de la droite et au-delà. A l'inverse, Ségolène Royal a bien essayé d'ouvrir sur l'avenir en appelant à la responsabilité individuelle, en demandant même aux jeunes des quartiers de Lyon "d'arrêter de se plaindre", ce qu'aucun responsable de gauche n'aurait osé dire. Mais elle s'est arrêtée en chemin. La gauche a perdu sur le terrain des idées et des valeurs. Comment expliquez-vous cette impuissance à renouveler son projet ? G. G. La première explication est à rechercher dans l'histoire du PS. Celui-ci a toujours voulu compenser son ancrage social relativement faible par une suridéologisation de son discours. Là encore, Ségolène Royal a cherché à sortir du piège. Mais, comme souvent, sans aller jusqu'au bout de sa démarche, à la fois par impréparation intellectuelle et par manque de soutien de son propre camp. Tout au long de cette campagne, elle n'est pas parvenue à donner à ses intuitions une cohérence politique forte. Le second problème tient au fait que, depuis 2002, les différentes composantes de la gauche n'ont pas travaillé. Cette paralysie relève moins d'une paresse intellectuelle que d'un blocage idéologique : si les socialistes commençaient à débattre au fond des différents problèmes, ils constateraient l'ampleur de leurs désaccords internes et pourraient rapidement mettre en péril leur unité. Ils décident donc périodiquement de refermer le couvercle du chaudron idéologique après l'avoir timidement soulevé, en inventant des formules vides ou insuffisamment explicitées comme le "réformisme de gauche", ou le "oui à l'économie de marché, non à la société de marché". Or face à cette spirale programmée de l'échec, on n'a jamais entendu un responsable de gauche poser cette question élémentaire : à supposer que le néolibéralisme soit le noeud du problème, pourquoi n'y a-t-il aucune force politique en Europe capable de remporter une élection sur la base d'un programme antilibéral ? Ce déficit réformiste de la gauche renvoie-t-il à la faiblesse de la pensée réformiste en France ? Z. L. Oui, c'est indiscutable. La pensée politique française a trop souffert de l'influence démesurée de la culture marxiste, y compris dans ses versions pauvres ou abâtardies. Celle-ci a réussi avec beaucoup de plasticité à allier les traits anticapitalistes du marxisme avec une culture française très attachée à l'Etat et à la survalorisation du fait national. Le thème de la "mondialisation néolibérale" a, de ce point de vue-là, permis un recyclage presque parfait d'un marxisme orphelin. C'est ce qui explique pourquoi, en définitive, la chute du mur de Berlin n'a pas bouleversé le paysage intellectuel, comme on aurait pu le penser. De nombreuses voix pressent désormais le PS d'opérer enfin sa mue social-démocrate. Cela a-t-il encore un sens ? Z. L. L'appel à la modernisation social-démocrate a quelque chose de sympathique car il montre, sans contestation possible, que le cycle d'Epinay ouvert en 1971 est définitivement refermé. Mais cette orientation est décalée, voire dépassée. Pourquoi ? Z.L. D'une part, le modèle social-démocrate lui-même est entré en crise pour des raisons économiques et culturelles. La social-démocratie, c'est le compromis social entre le travail et le capital sur une base nationale. Or, aujourd'hui, en raison notamment de la mondialisation, le rapport de forces entre le capital et le travail n'est plus contraint par le cadre national. Du fait de l'arrivée sur le marché du travail mondial de plus d'un milliard de nouveaux entrants, c'est au niveau planétaire que ce compromis doit être repensé et rétabli - si c'est possible. D'autre part, la social-démocratie raisonnait à partir de groupes sociaux relativement homogènes. Or, sous l'effet du changement technologique, de l'éclatement du monde industriel, du gonflement des services et de l'approfondissement des processus d'individualisation des préférences et des choix, il devient de plus en plus difficile de préconiser des solutions globales. La plupart des pays sociaux-démocrates sont d'ailleurs sortis de leurs vieux schémas en repensant de manière assez radicale la notion de droits sociaux. Il ne s'agit plus de droits inaliénables et intangibles, mais de garanties solides pour se construire un parcours individualisé, y compris à travers l'activation des mécanismes de marché. Cela étant, si ce modèle n'est plus d'actualité, les principes de dialogue, de concertation, d'anticipation, de décentralisation et de responsabilisation qui le fondent sont toujours pertinents. § Les électeurs devraient entériner les choix de la présidentielle et donner une majorité à M. Sarkozy. § L a présidentialisation du régime - souhaitée par les deux nouveaux chefs de l'exécutif - est déjà entrée dans les esprits. On peut en voir une preuve dans la relative indifférence avec laquelle les Français s'apprêtent majoritairement à accorder tous les moyens de gouverner au président de la République qu'ils ont élu le 6 mai. Le premier tour en chiffres DÉROULEMENT DU VOTE. La majorité des 65 000 bureaux de vote fermera à 18 heures, hormis à Paris et dans les grandes villes, où ils fermeront à 20 heures. Dans 77 communes de plus de 3 500 habitants, les mêmes qu'au second tour de l'élection présidentielle, ils seront équipés de machines à voter. MODE DE SCRUTIN. Les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Le vote a lieu par circonscription. Pour être élu au premier tour, un candidat doit recueillir plus de 50 % des suffrages exprimés à condition qu'ils représentent au minimum le quart des électeurs inscrits. Peuvent se maintenir au second tour les candidats ayant obtenu les suffrages de plus de 12,5 % des inscrits. La majorité relative suffit pour être élu au second tour. En cas d'égalité entre deux candidats, le plus âgé est élu. CANDIDATS. 7 639 candidats se disputent les 577 sièges à pourvoir. Leur âge moyen est de 50 ans, la benjamine en a 23 et le doyen 86. Plus de 80 partis ou formations sont représentés : Lutte ouvrière présente 563 candidats, le Front national 557, l'UMP 546, le MoDem 535, les Verts 531, le PS 521, le PCF 512 et la LCR 500. Onze membres du gouvernement se présentent à ces élections législatives. 98 députés sortants ne se représentent pas. Contrairement à l'élection présidentielle, les 821 000 électeurs inscrits à l'étranger ne sont pas appelés à voter aux législatives. PRÉCÉDENT SCRUTIN. Le premier tour des élections législatives de 2002 avait été marqué par un taux record d'abstention (35,6 %) et 2,1 % de bulletins blancs ou nuls. 58 députés, dont 3 femmes, avaient été élus dès le premier tour. Alors que la campagne présidentielle avait suscité un vif intérêt dans l'opinion - comme en ont alors témoigné les salles combles lors des meetings et les audiences records enregistrées à l'occasion des débats télévisés -, les législatives des 10 et 17 juin sont perçues comme une simple élection "de confirmation". Les dernières projections réalisées par les instituts de sondage ne ménagent guère de suspense sur l'issue du scrutin : BVA crédite l'UMP et ses alliés de 366 à 419 députés, Ipsos de 382 à 430, CSA de 390 à 420, TNS-Sofres de 390 à 430, l'IFOP de 420 à 460. Soit entre les deux tiers et les trois quarts des 577 sièges que compte l'Assemblée nationale. Plusieurs dizaines d'entre eux pourraient être pourvus dès le premier tour, dimanche 10 juin. A gauche, le Parti socialiste, qui a renvoyé à l'après-législatives le débat interne sur sa rénovation, s'est résigné à mener campagne aux seules fins de limiter la casse. Au demeurant, le mode de scrutin majoritaire devrait au moins permettre au PS de conforter sa place de premier parti d'opposition. Les autres formations politiques courent en effet de grands risques d'être fort dépourvues en élus - sinon en voix - au soir du second tour. Le Parti communiste français, désormais en proie à de graves difficultés financières, les Verts, ainsi que le MoDem de François Bayrou - lâché par ses amis et une partie de ses électeurs du 22 avril - s'apprêtent à se partager une poignée de sièges. Ni le Front national ni l'extrême gauche ne devraient être représentés à l'Assemblée nationale durant la prochaine législature. Dans ces conditions, l'enjeu des législatives peut a priori paraître mince. L'état de grâce dont bénéficie M. Sarkozy depuis son élection a interdit, de fait, toute campagne électorale digne de ce nom. Il paraît naturel que celui qui a obtenu, voici à peine cinq semaines, les suffrages de près de 19 millions d'électeurs, puisse disposer des moyens de mettre en oeuvre ses promesses de campagne. L'inversion du calendrier électoral, qui avait déjà permis à l'UMP d'obtenir une écrasante majorité en juin 2002, dans la foulée de la réélection de Jacques Chirac, va de nouveau produire tous ses effets. La droite ayant déjà détenu la quasi-totalité des pouvoirs pendant l'actuelle législature, le rapport des forces qui devrait apparaître au lendemain des législatives aura les apparences de la continuité. Pourtant, la réalité institutionnelle pourrait être plus proche de la "rupture" chère à l'ex-candidat Sarkozy. Sans avoir touché au texte de la Constitution, le nouveau président s'est clairement engagé dans une lecture et une pratique très présidentialistes des institutions. Avant même d'être élue, la majorité dont il disposera à l'Assemblée est appelée à n'être qu'un instrument au service d'un "président qui gouverne". Omniprésent depuis son élection, n'hésitant pas plus à participer à la campagne des législatives qu'à désavouer publiquement l'un de ses ministres, M. Sarkozy n'entend probablement pas se faire dicter leur loi par ceux qui seront chargés de la voter. A titre symbolique, le nouveau président entend d'ailleurs proposer une réforme de la Constitution visant à lui permettre de venir s'expliquer en personne devant le Parlement, ce qui lui est pour l'instant interdit en vertu du principe de la séparation des pouvoirs. Soucieux de déminer toute critique sur l'excès de (son) pouvoir, le chef de l'Etat a apporté quelques correctifs susceptibles de faire diversion : l'entrée au gouvernement de quelques personnalités de gauche, ainsi que la promesse de réserver à l'opposition la présidence de la commission des finances de la future Assemblée, sont les plus spectaculaires. Mais, de même que le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, ne devrait avoir aucune influence sur la politique économique et sociale du gouvernement, le prochain président de la commission des finances ne disposera d'autre pouvoir que celui de la parole. Il peut paraître aujourd'hui incongru de rappeler que, selon les termes de l'article 20 de la Constitution, c'est le gouvernement (et non le président) qui "détermine et conduit la politique de la nation" et qui (à la différence du chef de l'Etat) est "responsable devant le Parlement". Ce texte donne théoriquement toute sa valeur aux élections législatives, d'où provient la légitimité de tout gouvernement. On en est loin aujourd'hui. Qu'en sera-t-il lorsque la popularité de M. Sarkozy fléchira ? L'expérience a montré que les majorités pléthoriques n'étaient pas forcément les plus faciles à gérer lorsque surviennent des difficultés. Au moins, jusqu'à présent, le premier ministre pouvait-il, dans ces circonstances, servir de fusible. Il n'est pas sûr qu'un "super directeur de cabinet" - selon l'expression employée par François Fillon - puisse jouer ce rôle avec autant d'efficacité. Disposant d'une incontestable légitimité mais irresponsable politiquement, selon le texte de la Constitution, M. Sarkozy a décidé de s'exposer seul en première ligne. Ce qui paraît aller de soi en plein "état de grâce" pourrait bien trouver ses limites en situation de tension ou de crise. Et jeter alors une lumière plus crue sur l'exception institutionnelle française. _ Premier tour Les électeurs devraient entériner le choix de la présidentielle et donner une majorité à M. Sarkozy Les législatives confirment la présidentialisation du régime § Alors que les Français des DOM-TOM se rendent aux urnes dès samedi pour le premier tour des législatives, les sondages prédisent une Assemblée aux couleurs de l'UMP. Mais le PS pourrait résister dans les régions où Ségolène Royal a obtenu de bons scores le 6 mai. § E ntre 382 et 430 sièges sur les 577 que compte l'Assemblée nationale. Les projections des instituts de sondages ne se contredisent pas vraiment : l'UMP pourrait emporter les législatives avec une large majorité. Compte tenu du mode de scrutin et de la victoire de Nicolas Sarkozy le 6 mai, le gouvernement de François Fillon compte sur une assise confortable pour faire voter au plus vite ses réforme, notamment en terme de fiscalité (heures supplémentaires, droits de succession) et de justice (peines planchers, abaissement de la majorité pénale). Parmi les onze ministres candidats aux législatives, seul Alain Juppé est théoriquement menacé dans sa circonscription bordelaise, dans laquelle Ségolène Royal est arrivée en tête à la présidentielle. Mais, bien implanté localement, le maire de Bordeaux ne risque pas grand chose et devrait retrouver son siège. Certains ministres, à commencer par François Fillon, pourraient même être élus dès le premier tour. Quelques circonscriptions font aussi rêver l'UMP : celle d'Arnaud Montebourg, en Saône-et-Loire, dans laquelle Nicolas Sarkozy est arrivé en tête le 6 mai ou la 8ème circonscription de Paris, dans laquelle se présente le médiatique Arno Klarsfeld, jugée stratégique pour la bataille municipale. A l'UMP, assurée de sa majorité, la bataille concerne déjà l'après-législatives. La présidence du groupe UMP ou le perchoir de l'Assemblée font déjà rêver ceux qui n'ont pas eu de place au gouvernement. Et le premier remaniement de l'ère Sarkozy, attendu après le deuxième tour, suscite déjà les convoitises. § Yves Garnier et Marie-Christine Dalloz s'affronteront tout en ayant tous deux l'étiquette UMP, le parti n'ayant pas eu le temps d'investir l'un plutôt que l'autre après le désistement tardif du député sortant, Jean Charropin. § P rise par le temps, l'UMP laisse aux électeurs de la 2e circonscription du Jura le soin de départager aux législatives Yves Garnier et Marie-Christine Dalloz, qui se présentent tous les deux avec l'étiquette du parti majoritaire. Un "cas limite", selon le secrétaire national aux élections de l'UMP, Alain Marleix, qui s'en est expliqué à l'AFP. En avril 2006, Marie-Christine Dalloz, vice-présidente du conseil général du Jura, avait fait acte de candidature auprès de la commission d'investiture de l'UMP, qui était alors, selon elle, favorable à ce que le parti soit représenté par une femme. Jean Charropin, député depuis 1988 et qui avait renoncé à se représenter, avait alors annoncé son intention de briguer un nouveau mandat (avec Yves Garnier comme suppléant) pour contrer la candidature de Mme Dalloz. C'est finalement lui qui a été investi par l'UMP.RISQUE D'ÉMIETTEMENT Mais "au dernier moment", le député-maire de Champagnole a renoncé à se représenter, pour des raisons de santé, indique M. Marleix. L'UMP "n'a pas eu le temps" d'organiser une réunion de commission d'investiture pour faire un choix entre Marie-Christine Dalloz et Yves Garnier, de nouveau sur les rangs. Les deux candidats sont autant fondés l'un que l'autre à se réclamer de l'UMP, ajoute M. Marleix. C'est ainsi qu'ils figurent sur la liste officielle des candidats. Dans cette circonscription où Nicolas Sarkozy a recueilli 57,76 % des voix le 6 mai, un candidat qui aurait reçu l'investiture de l'UMP serait parti avec une bonne longueur d'avance. La "primaire" lors du premier tour, dimanche 10 juin, comporte donc un risque d'émiettement dont pourraient profiter François Godin (Divers droite) et Jean-Louis Millet (MPF). § A l'occasion des campagnes électorales de 2007, des chercheurs ont développé des outils qui permettent de mesurer l'audience des vidéos politiques sur Internet. § E n quelques mois, la vidéo diffusée sur Internet a connu un fantastique essor. A l'occasion des campagnes électorales de 2007, des chercheurs ont développé des outils qui permettent de mesurer l'audience des vidéos politiques sur la Toile. Pendant la campagne présidentielle, des chercheurs de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) ont mis au point le vidéomètre d'eCampagne, qui recensait, au jour le jour, les vingt-cinq vidéos politiques les plus vues sur Dailymotion et YouTube. Pour les législatives, ces mêmes chercheurs ont réitéré l'expérience en adaptant leur outil. Il ne s'agit plus seulement d'étudier l'audience, mais de localiser sur une carte de France les vidéos qui concernent l'un des 7 600 candidats aux législatives. Le but de cette vidéocarte est d'établir, à terme, "une carte exhaustive de l'offre disponible en fonction des préfectures", explique Rémi Douine, doctorant à l'Ecole supérieure des télécoms de Paris, qui collabore au projet. Elle permet aussi de "proposer un accès rapide aux contenus" enfouis dans les méandres des sites de vidéos communautaires. Et ainsi peut-être, d'augmenter leur audience qui est aujourd'hui confidentielle. L'OFFRE DE VIDÉOS RESTE EXTRÊMEMENT FAIBLE Pour obtenir ce classement, "des dictionnaires de mots-clés" listent les principaux candidats, partis politiques et circonscriptions. Puis ils sont soumis aux moteurs de recherche des sites de vidéos. Les résultats sont "vérifiés un à un" par les chercheurs puis intégrés à la carte de France en fonction du département du candidat qu'ils concernent. La vidéocarte est régulièrement mise à jour et devrait être aboutie avant le deuxième tour des élections législatives. Pour le moment, "un millier" de vidéos concernant les législatives sont déjà en ligne. La vidéocarte en recense environ 40 %. Rapportée aux 7 600 candidats à la députation, l'offre de vidéos reste donc extrêmement faible. Seuls les candidats des principaux partis ou ceux "qui ont un très fort ancrage local" ont utilisé la vidéo pour leur campagne. Dans ces conditions, la vidéocarte a beau être un outil novateur, elle perd en pertinence. Lors de l'élection présidentielle, l'impact du Réseau est resté marginal par rapport à celui des médias traditionnels. A l'avenir, leur influence devrait s'accroître et les mesures d'audience deviendront primordiales. Pour Rémi Douine, quelque soit la forme que prendront ces mesures, "elles compteront, au même titre que l'audimat". § Après le cambriolage, mardi, de l'appartement de Sophie Bouchet-Petersen, conseillère de la candidate socialiste, l'avocat de Ségolène Royal a annoncé qu'il allait saisir le procureur général de Paris. § E voquant une série "d'épisodes étranges" survenus "depuis quelques semaines", le Parti socialiste s'est interrogé, jeudi 1er mars, sur le fait de savoir s'il s'agissait "d'opérations concertées". Le PS parle de "cambriolages" et d'"espionnage" touchant des membres de l'équipe de campagne de Ségolène Royal. Jean-Pierre Mignard, l'avocat de la candidate socialiste, a demandé une enquête sur les cambriolages ou tentatives de vol avec effraction qui ont visé depuis août 2006 Mme Royal et des membres de son équipe de campagne. "Il apparaît que ces faits, dont la répétition est inquiétante, doivent faire l'objet d'une seule et même procédure, enquête préliminaire ou information judiciaire, dans l'intérêt de leur élucidation et d'une bonne administration de la justice", écrit Me Jean-Pierre Mignard dans un communiqué. UNE PREMIÈRE ENQUÊTE NON ABOUTIE L'avocat annonce qu'il va saisir le procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, ancien conseiller de Jacques Chirac à l'Elysée, "de façon imminente d'une demande d'audience aux fins de lui voir exposée cette requête". En août 2006, le domicile de Ségolène Royal et de son compagnon François Hollande à Boulogne-Billancourt avait été visité par des cambrioleurs qui n'avaient rien volé de significatif. Le parquet de Nanterre avait alors estimé qu'il n'était pas certain que le couple de dirigeants socialistes ait été visé en tant que tel. L'enquête n'a pas abouti. Dans la nuit de lundi à mardi, l'appartement parisien de Sophie Bouchet-Petersen, conseillère politique de Ségolène Royal, a été cambriolé et un ordinateur portable a été volé. Son appartement abrite par ailleurs l'association de soutien Ségolène Royal Désirs d'avenir. Selon le cabinet de Me Mignard, des opérations similaires ont visé plusieurs autres membres de l'équipe Royal. § L'intégralité du débat avec Vincent Geisser, chercheur au CNRS. Il explique qu'il n'existe pas un "vote musulman" en tant que tel. Il assure aussi que les "représentations imaginaires", construites par les hommes et les femmes politiques, ont conduit à islamiser l'électorat beur malgré lui. § I sabell : Les candidats ont-ils une stratégie particulière en direction de l'"électorat musulman" ? Vincent Geisser : Les candidats n'osent pas le dire, parce que, règle républicaine oblige, ils préfèrent éviter de parler de vote religieux ou ethnique. Mais, implicitement, ils développent bien une stratégie pour capter un électorat qu'ils percevaient depuis longtemps comme un électorat "beur", et que de plus en plus ils perçoivent comme musulman. Un peu comme si, finalement, les Français héritiers de l'immigration maghrébine et africaine s'étaient islamisés en l'espace de quelques années. Il s'agit bien sûr d'une représentation, et non de la réalité. Katia : La notion d'"électorat musulman" a-t-elle un sens ? Vincent Geisser : Sur le plan statistique, toutes les études sérieuses ont montré qu'il n'existait pas d'électorat ou de vote musulman, mais celui-ci est néanmoins présent dans la tête de certains candidats et dans les stratégies des états-majors politiques. lamalif : Après Rachida Dati, porte-parole de M. Sarkozy, on a vu l'apparition de Najat Belkacem comme porte-parole de Mme Royal. Pensez-vous que c'est une manière de séduire l'électorat musulman ? Vincent Geisser : On ne peut pas dire que c'est strictement au sens religieux, mais derrière ce mot "musulman", les hommes et les femmes politiques ont tendance à amalgamer toutes sortes d'électeurs, en gros tout ce qui n'est pas catholique, juif, ou tout ce qui leur semble différent de ce qu'ils se représentent comme la majorité électorale. Mais il s'agit bien d'un amalgame, et non d'une réalité sociologique, statistique démontrée par les enquêtes. Véronique : Nicolas Sarkozy peut-il avoir les faveurs des musulmans du seul fait qu'il a contribué à créer le CFCM ? Vincent Geisser : D'abord, une vérité, si je puis dire : ce n'est pas tant Nicolas Sarkozy qui a créé le CFCM que Jean-Pierre Chevènement. Ce sont les conseillers de celui-ci qui avaient créé le CFCM bien avant que M. Sarkozy ne devienne ministre de l'intérieur. Il est vrai qu'au départ M. Sarkozy a pensé que le CFCM pouvait lui servir comme tremplin électoral, mais il s'est très vite aperçu que cette communauté musulmane était à la fois diverse et critique à l'égard de son action. Et on pourrait dire qu'aujourd'hui il a accompli un virage à 180 degrés : d'une stratégie de "drague" à l'égard des musulmans, il est passé à une stratégie beaucoup plus ambivalente qui consiste à la fois à utiliser l'islam comme repoussoir tout en cherchant malgré tout à se ménager un électorat musulman. Il joue sur les deux tableaux. Oscar : Pensez-vous que le fait que Nicolas Sarkozy ait caricaturé les musulmans sur TF1, en parlant de moutons égorgés dans des baignoires, peut générer un vote-sanction des musulmans ? Vincent Geisser : Il est clair que c'est le type de paroles, de discours qui est susceptible d'éloigner un certain nombre de Français de culture ou de religion musulmanes du vote Sarkozy. Mais si c'était des gens qui avaient l'intention de voter à droite, on peut penser que le principal bénéficiaire ne sera pas Ségolène Royal, mais plutôt un candidat comme François Bayrou. On se rend compte aussi que, comme il n'y a pas véritablement de condamnation claire et ferme de ce type de propos par les concurrents de M. Sarkozy, les effets médiatiques sur le vote ne sont pas faciles à mesurer. Et on peut penser donc que, finalement, le mouton, si je puis dire, ne sera pas aussi préjudiciable à M. Sarkozy qu'on peut le croire. kirk78 : Pensez-vous qu'il y a un électorat musulman pouvant voter Le Pen ? Vincent Geisser : Les différentes enquêtes menées depuis une quinzaine d'années montrent qu'il y a environ 5 % des Français se déclarant musulmans votant pour l'extrême droite. Ce qui équivaut à peu près aux Français se déclarant de confession juive. Et globalement, on peut dire que les électeurs français de culture ou de religion musulmanes rejettent massivement le vote FN ou pour Philippe de Villiers. C'est une sorte de tabou ou de frontière électorale. Omar : A-t-on des données précises sur le vote dit "musulman" (nombre d'électeurs, taux de participation, tendance politique...) ? Vincent Geisser : Il y a eu une enquête pertinente à l'échelle nationale qui a été faite par le Cevipof, de Sylvain Brouard et de Vincent Tiberj, qui ont enquêté sur les électeurs français issus de l'immigration maghrébine, africaine et turque, qui démontre qu'il n'existe pas en tant que tel de vote musulman. Les variables religieuses comptent beaucoup moins dans la détermination du vote que les variables sociales classiques. On peut signaler aussi les enquêtes des instituts de sondage sur l'orientation politique des musulmans français, notamment de l'IFOP en 2006, enquêtes consultables sur le site de celui-ci. Nab : Vous parliez de M. Bayrou... Va-t-il être le "candidat du moins pire" pour les musulmans ? Vincent Geisser : Je ne suis pas prophète... mais il est clair que si Nicolas Sarkozy persiste dans cette rhétorique sécuritaire à l'égard des musulmans, cela pourrait entraîner en effet une sorte d'éloignement de ceux qui initialement voulaient voter pour lui. Donc que logiquement, cet électorat de droite de culture ou de religion musulmanes pourrait être tenté de se rabattre sur François Bayrou. Dans le même temps, il convient de ne pas négliger la force d'attraction suscitée par la candidate socialiste, dans la mesure où, traditionnellement, cet électorat français de culture ou de religion musulmanes vote massivement pour la gauche réformiste. giono : Y a-t-il aussi un vote chrétien, juif ou bouddhiste en France ? § Jean Lecanuet, Alain Krivine, Marie-France Garaud... Le journaliste Frédéric-Joël Guilledoux raconte des rebondissements, dans son livre "Tous candidats !". § "L a gauche plurielle, c'est bien, sauf quand elle est trop plurielle." C'est un François Hollande bien morose qui, le soir du 21 avril 2002, sonnait la charge sur un plateau de télévision. En cause, ces petits candidats ou perçus comme tels qui s'invitent à la présidentielle et qui, par leur simple présence, peuvent faire basculer une élection. Ces rebondissements, le journaliste Frédéric-Joël Guilledoux les raconte dans son livre Tous candidats ! (Fayard). L'histoire commence sur un paradoxe. En 1965, la première élection présidentielle au suffrage universel, censée être, selon l'axiome gaulliste, "la rencontre d'un homme et d'un pays", ouvre la porte aux aventures personnelles, aux vagabondages plus ou moins fantaisistes telle la candidature de Marcel Barbu. Elle n'évite pas non plus les surprises. Jean Lecanuet contribue ainsi à mettre de Gaulle en ballottage face à François Mitterrand. "1965 témoigne de l'influence des petits candidats sur un mode de scrutin qui visait fortement à les décourager", commente M. Guilledoux."JE COMPRENDRAI PLUS TARD" Le récit des "petits candidats" peut être aussi celui de leur manipulation par les grands partis. Il en va ainsi d'Alain Krivine, le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, en 1974. A l'époque, Krivine est recherché par la police après la dissolution de la Ligue communiste. Mitterrand propose de l'héberger au siège du PS, le leader de la LCR lui répond qu'il a décidé de se rendre. S'ensuit une scène cocasse, que Krivine raconte. "Nous sortons, il me prend par le bras et, avec de grands gestes, il me fait un long historique de cette petite rue de Paris. (...) Je comprendrai plus tard le véritable sens de cette mise en scène en voyant dans les journaux les photos d'une complicité muette entre deux hommes, l'un semblant refaire le monde sous le regard ébahi de l'autre..." Si les grands dissuadent parfois les petits de se présenter, ils savent aussi les encourager quand cela s'avère utile. Comme en 1981. Frédéric-Joël Guilledoux raconte comment Marie-France Garaud, proche conseillère de Chirac, s'est présentée contre son mentor, grâce à une entourloupe du PS. "Sa candidature gênait la droite. (...) Des gens de sensibilité de gauche sont allés la voir pour l'inciter à se présenter", reconnaît Michel Charasse, un des artisans de la campagne de Mitterrand. Même phénomène à droite : "Considérant que Brice Lalonde pouvait piquer des voix à la gauche, (la droite) a su l'aider à l'heure de trouver ses 500 signatures", analyse M. Guilledoux. Autant de récits qui trouvent un écho particulier aujourd'hui, alors qu'Olivier Besancenot, Dominique Voynet, José Bové ou Philippe de Villiers, Jean-Marie Le Pen, entre autres, n'ont pas rassemblé leurs 500 parrainages. § Ségolène Royal et François Bayrou insistent sur les alternatives à la détention. Nicolas Sarkozy évoque la réinsertion des prisonniers. Mais la réalité est qu'en France "80 % des détenus n'ont pas bénéficié d'aménagement de peines". § S égolène Royal et François Bayrou insistent sur les alternatives à la détention. Nicolas Sarkozy évoque la réinsertion des prisonniers. Mais la réalité, comme le rappelle le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), Joël Thoraval, est qu'en France "80 % des détenus n'ont pas bénéficié d'aménagement de peines". La CNCDH a adopté un rapport consacré aux alternatives à la détention, à paraître à La Documentation française, qui fait un bilan critique des obstacles qui entravent le développement de ces mesures. En 2005, les libérations conditionnelles représentaient moins de 5 % des sorties de prison. Les placements en semi-liberté, qui permettent à un détenu de travailler à l'extérieur, pendant la dernière année de sa détention, ont baissé de 14,5 %. Mais le placement sous surveillance électronique est en hausse constante : 1 857 détenus au mois de février contre 1 052 un an plus tôt. Dans son rapport de politique pénale, la direction des affaires criminelles et des grâces note que "le placement sous surveillance électronique est privilégié dans certaines juridictions, au détriment de la semi-liberté". Au total, environ 6 % des personnes placées sous écrous bénéficient d'aménagements de peine. Dans l'inconscient collectif, un condamné qui ne fait pas de prison - ou qui n'y reste pas - n'est pas complètement puni. "Alors qu'elles sont souvent perçues comme des faveurs accordées aux auteurs d'infraction, les alternatives à la détention que sont le contrôle judiciaire, le sursis avec mise à l'épreuve, le travail d'intérêt général ou encore la libération conditionnelle sont des mesures véritablement contraignantes", rappelle la CNCDH. Qui plus est : "Elles obtiennent de meilleurs résultats que la prison en terme de lutte contre la récidive et représentent un moindre coût pour la collectivité." L'auteure du rapport, Sarah Dindo, note par exemple que "le coût de construction d'une nouvelle place de prison (évalué à 106 400 euros) permet de calculer que le renoncement à une seule nouvelle place en maison d'arrêt permettrait de financer 5 911 jours de placement extérieur". La CNCDH appelle à un changement dans l'approche de ces dossiers par ses trois principaux acteurs : le gouvernement, les juges, le secteur socio-éducatif. Elle dénonce "le discours ambivalent des autorités françaises, encourageant, dans des périodes très rapprochées, tantôt le recours à l'incarcération comme réponse pénale unique, tantôt le développement des mesures alternatives". "DÉSINTÉRÊT" Ainsi, les lois Perben, si elles ont laissé une image répressive, comportent un important développement des mesures alternatives à la prison. Pascal Clément a signé lui-même une directive, le 24 avril 2006, demandant aux procureurs de prendre "des réquisitions tendant au prononcé de peines alternatives aux peines d'emprisonnement, de mesures d'aménagement de peines", y compris, souligne le ministre, lors des procédures rapides de comparution immédiate, dénoncées par la CNCDH, comme "pourvoyeuse d'incarcérations". La commission appelle aussi à "un changement de culture au sein de la magistrature", qui a longtemps affiché "un désintérêt à l'égard du contenu des mesures alternatives". "L'étude montre que les praticiens n'exploitent pas les dispositifs existants comme ils le devraient", reconnaît Jean-Yves Monfort, président du tribunal de grande instance de Versailles. Enfin, le rapport demande un renforcement du rôle et des moyens des acteurs du milieu ouvert, notamment des services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP), qui ne représentent que 10 % des effectifs de la pénitentiaire. "Les SPIP pâtissent d'un sous-effectif chronique, en dépit d'importants recrutements ces dernières années", note la Commission. Fin 2007, leur nombre devrait atteindre 3 000, et 3 500 en 2008. "On devrait s'approcher d'un conseiller pour 70 personnes au lieu d'un pour 90 actuellement", explique Philippe Pottier, à la direction de l'administration pénitentiaire. La CNCDH préconise, elle, d'arriver à un conseiller pour 50 personnes. § Un "bon espoir" mais aussi "une grosse inquiétude" : tels sont les sentiments affichés par Olivier Besancenot à quinze jours de la date butoir fixée pour la récolte des parrainages. § U n "bon espoir" mais aussi "une grosse inquiétude" : tels sont les sentiments affichés par Olivier Besancenot à quinze jours de la date butoir fixée pour la récolte des parrainages. Le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a revendiqué, mercredi 28 février, 452 signatures d'élus. Il ne lui en manquerait donc que 48 pour participer au premier tour de l'élection présidentielle. La LCR voudrait en obtenir 10 à 15 supplémentaires pour parer à d'éventuelles invalidations. "PAS ENTRER DANS UNE GUÉGUERRE" Si l'objectif paraît proche, le contexte reste très tendu. Aux "pressions" du Parti socialiste, que la LCR dénonce de longue date, se sont ajoutées - selon les termes d'Olivier Martin, responsable des parrainages à la LCR - des "coups de canifs" et autres "méthodes inélégantes" en provenance du camp de José Bové, qui cherche à récupérer au profit du leader paysan des signatures d'élus qui s'étaient préalablement engagés auprès de M. Besancenot (Le Monde du 28 février). Selon la LCR, "une vingtaine de maires" seraient "hésitants". Les manoeuvres pour les ramener "à bon port" sont délicates, puisqu'il convient de ne pas froisser davantage les (vives) susceptibilités qui subsistent au sein du camp antilibéral. "On ne veut pas entrer dans une gué-guerre. On n'a pas d'ennemis de ce côté-là", a souligné M. Martin. Dans un courrier adressé "aux élus qui hésitent entre Olivier et Bové", la LCR se contente de les "alerter sur le risque" qu'aucun de ces deux candidats ne puisse se présenter. Jugeant "extrêmement improbable que José Bové parvienne avec les moyens militants qui sont les siens et dans le temps imparti à franchir (l')obstacle" des signatures, cette lettre invite ces élus à "réserver (leur) signature" jusqu'au 11 mars, date à laquelle, soutient la LCR, "José Bové doit prendre une décision de retrait ou de maintien de sa candidature". § "L'urgence est de débloquer le fonctionnement des institutions", a réaffirmé Nicolas Sarkozy, mercredi 28 février. § "L 'urgence est de débloquer le fonctionnement des institutions", a réaffirmé Nicolas Sarkozy, mercredi 28 février, en évoquant ses priorités pour la relance de l'Union européenne (UE) après le non français au traité constitutionnel. Le président de l'UMP, qui vient de rencontrer la chancelière Angela Merkel et le président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero, veut presser les Européens, s'il était élu, de parvenir à un accord sur un "traité simplifié" qui reprendrait les dispositions de la Constitution sur la gouvernance européenne. Il a évoqué "la présidence stable du Conseil européen", le ministre des affaires étrangères, l'extension de la majorité qualifiée, le mécanisme d'alerte précoce pour les Parlements nationaux en cas d'empiétement de l'Union sur leurs prérogatives, le droit d'initiative citoyenne.DIFFICILE COMPROMIS "La négociation peut être rapide", a affirmé M. Sarkozy. Il n'a pas réitéré, comme il l'avait fait le 21 février, à Strasbourg, que ce traité simplifié "sera soumis, dès l'été 2007, pour ratification au Parlement" français. Mais indique-t-on, c'est le fond de sa pensée. Pour cela, il faudrait un accord, dès juin, ou au début de la présidence portugaise de l'UE, qui débute en juillet. Pour ceux qui suivent la négociation, cette perspective est peu probable. Un compromis ne sera pas facile avec ceux qui ont déjà ratifié le traité et ceux qui, comme les Britanniques, se contenteraient des traités existants. "Le texte de référence d'une conférence intergouvernementale ne sera pas le mini-traité Sarkozy mais la Constitution", a réaffirmé, mercredi, le secrétaire d'Etat espagnol, Alberto Navarro Gonzales, soutenu par le ministre luxembourgeois Nicolas Schmit, devant la commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen. L'intérêt de l'Allemagne est aussi d'aller vite. "Il faut se dépêcher", a souligné, mercredi, la chancelière, lors d'un colloque pour les cinquante ans du traité de Rome, à Berlin. Mais elle veut aussi garder une part de la substance de la Constitution. Le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, a souligné, à Berlin, que le traité doit permettra à l'Europe de revendiquer "nos valeurs communes" et "les nécessaires réformes institutionnelles". § Quel rôle peut jouer le premier ministre dans la campagne ? Après le discours de M. Sarkozy la veille, il a revendiqué jeudi l'héritage chiraquien en matière de politique étrangère. § D ominique de Villepin s'ennuie. Même pendant les conseils des ministres. Ostensiblement penché sur les épreuves d'un livre qu'il envisage de publier - sur sa vision du monde -, M. de Villepin relit, biffe, rature, indifférent à la séance en cours. La semaine passée, Jacques Chirac lui a même fait passer un message lui demandant s'il souhaitait intervenir. Sans lever les yeux, M. de Villepin a fait "non" de la tête. Quelle place le premier ministre peut-il jouer dans la campagne, au sein d'une droite tout entière ralliée à Nicolas Sarkozy ? Jeudi 1er mars, lors de sa 19e conférence de presse mensuelle, il a, une nouvelle fois, martelé sa mission : "Je resterai jusqu'au dernier jour le premier ministre de la bataille pour l'emploi." Rappelant l'objectif d'un taux de chômage à 8 % avant la fin 2007, il a annoncé la tenue, mardi 6, d'une nouvelle "conférence de la croissance". ABSENT DES LÉGISLATIVES Mais il a aussi tenu à prendre date pour l'après-2007. Après le discours de M. Sarkozy la veille, il a revendiqué l'héritage chiraquien en matière de politique étrangère. "Depuis bientôt douze ans, la France a su faire entendre avec force une voix différente dans le monde, qui a porté l'espoir et la justice pour les peuples", a-t-il affirmé, incluant implicitement sa propre contribution, notamment le discours contre la guerre en Irak à l'ONU en 2003. "Cette voix, ne la laissons pas s'affaiblir", a-t-il ajouté. Selon plusieurs ministres, M. de Villepin refuse de s'engager dans le combat des législatives de juin. "Le suffrage universel, ce n'est pas honteux tout de même !", lui a répondu un ministre. "Ce ne sera pas pour ce coup-là", a-t-il répliqué en substance. "Villepin ne veut pas se banaliser, rentrer dans le rang d'un groupe parlementaire, il veut pouvoir revendiquer son indépendance et sa liberté de parole", décrypte un proche. § Le candidat de l'UMP salue la "lucidité" du président, tout en marquant ses distances. § C herchant à se camper en homme d'Etat, Nicolas Sarkozy a exposé, mercredi 28 février, dans un long discours, sa vision de la politique étrangère de la France. Il a rendu un hommage appuyé à l'action menée par Jacques Chirac depuis douze ans, précisant que sa volonté de "diagnostic" n'est pas "le prélude à une table rase". Cette nuance lui a permis, au long de sa conférence de presse, de tracer au scalpel la ligne de ses différences avec le président de la République. Et de tenter de faire la preuve de sa crédibilité sur le sujet, alors que l'UMP n'a cessé de souligner "l'amateurisme" de Ségolène Royal sur les questions internationales. M. Sarkozy a d'abord salué la "fermeté" de M. Chirac, dont il escompte le soutien dans la campagne électorale, au sujet de la Bosnie et du Kosovo, la "lucidité" qui lui a permis de ne pas entraîner la France dans "l'entreprise incertaine d'une guerre en Irak qui était une erreur historique" et son "action décisive" sur la question du changement climatique. Il s'est également rapproché du point de vue du chef de l'Etat à propos des Etats-Unis, refusant toute "soumission" à un pays dont la France est l'allié "indéfectible". "Je demande à nos amis américains de nous laisser libres, libres d'être leurs amis", a-t-il dit. SE DÉFAIRE DE SA RÉPUTATION D'ATLANTISTE Se saisissant d'une question d'une journaliste étrangère, il a voulu se débarrasser une fois de plus de sa réputation d'atlantiste, la mettant au défi de "trouver un texte ou une émission où (il ait) soutenu George Bush en Irak". Même l'axe franco-allemand, dont M. Chirac - après François Mitterrand - a fait le coeur de sa politique européenne, n'a pas été dénigré. M. Sarkozy, qui jusqu'alors préconisait un "moteur à six" (Grande-Bretagne, Allemagne, France, Pologne, Espagne, Italie) pour relancer la construction européenne, n'y a pas fait allusion. Il s'est borné à souhaiter "un axe aussi fort, mais moins exclusif". Ces précautions prises, le candidat de l'UMP a souhaité fonder sa politique étrangère sur une "doctrine", une manière de suggérer que celle de M. Chirac n'était, au choix, que la poursuite d'une tradition, ou une accumulation de penchants parfois très personnels. Cette "doctrine" s'oppose "au relativisme culturel qui voudrait que certains peuples ne soient pas faits pour la démocratie". Une pierre dans le jardin du chef de l'Etat, soupçonné d'être peu regardant sur la nature des régimes dont il soutient les dirigeants. L'évolution de la Russie est " préoccupante", estime M. Sarkozy, et le "silence n'est pas acceptable" face aux "200 000 morts et 400 000 déplacés des guerres de Tchétchénie". Ce silence, M. Sarkozy l'avait pourtant lui-même observé en 2002, lorsque, ministre de l'intérieur, il avait lancé une coopération avec les services secrets russes, dans le cadre de la lutte contre les "filières tchétchènes". Mais le candidat veut placer désormais les droits de l'homme au coeur de l'action de la France, sans soumettre les "intérêts économiques" à une quelconque "complaisance à l'égard des oppresseurs". La Chine est cependant à ses yeux avant tout digne d'une "grande admiration" pour sa "réussite économique et monétaire exceptionnelle", même si elle doit aussi "se poser la question des libertés publiques", a-t-il déclaré en réponse à la question d'une journaliste de la télévision d'Etat chinoise. "LES RÉSEAUX D'UN AUTRE TEMPS" Concernant l'Afrique, M. Sarkozy s'est interrogé sur la présence de bases militaires françaises, "mal comprises par la jeunesse". Il a souhaité, tout en fustigeant "les réseaux d'un autre temps", que l'armée française reste au service de la sécurité en Afrique, mais que cette présence militaire soit "limitée au strict minimum lorsque l'Union africaine se sera dotée d'une capacité" suffisante. S'agissant du Darfour, où "il y a urgence à agir", M. Sarkozy va plus loin que M. Chirac, qui prône le dialogue avec les autorités de Khartoum. Si le régime soudanais refuse le déploiement d'une force internationale, il devra être "mis au ban" des nations, estime le candidat. Sur la question de l'Iran et de la prolifération nucléaire, M. Sarkozy a prôné la fermeté, appelant à un renforcement du régime de sanctions à l'ONU, car "elles peuvent être efficaces", alors que M. Chirac entretient des doutes à ce sujet. Le candidat de l'UMP a vivement critiqué la prise de position de Ségolène Royal sur l'Iran, qualifiant d'"irresponsable" l'idée que ce pays devrait être interdit d'accès au nucléaire civil. Il a établi un parallèle entre la crise du nucléaire iranien et celle des missiles de Cuba en 1962, invoquant la solidarité dont avait fait preuve à l'époque le général de Gaulle à l'égard des Etats-Unis. Il s'en est ainsi pris, sans la mentionner explicitement, à l'initiative de M. Chirac qui voulait dépêcher à Téhéran, en janvier, un émissaire de haut rang : "La situation est trop grave pour jouer en solitaire", a-t-il dit. L'expression "monde multipolaire", qu'affectionne M. Chirac sur un mode parfois incantatoire, n'a pas figuré une seule fois dans le discours du candidat. Ni quoi que ce soit qui rappellerait l'idée, exprimée en janvier par le chef de l'Etat, d'une "fin de la domination séculaire et sans partage de l'Occident sur le reste du monde". Nicolas Sarkozy, moins lyrique sur la diversité des cultures, se contente de rappeler l'importance du "multilatéralisme" et de l'ONU, "seule légitime pour traiter certains problèmes", reprenant en cela des socles de la politique de M. Chirac. Rien n'indique non plus que M. Sarkozy changerait d'approche sur la question du Liban et de la Syrie, sujet qui tient particulièrement à coeur au président de la République, qui s'est érigé en grand défenseur, sur la scène internationale, du gouvernement Siniora. Le Liban, "un des derniers pays où des gens de confessions différentes sont capables de vivre ensemble", a estimé M. Sarkozy est un "miracle" qu'il "ne faut pas laisser mourir". Sur ce point, il se positionnait en héritier fidèle. § Le président du Front national a annoncé qu'il déposerait plainte contre MM. de Villiers et Jacques Bompard (Mouvement pour la France) pour "manoeuvres frauduleuses". § J ean-Marie Le Pen se dit victime "de manoeuvres déloyales et d'une grande offensive généralisée pour l'empêcher d'obtenir les parrainages" d'élus indispensables pour valider sa candidature à l'élection présidentielle. Le président du Front national évalue à "une centaine" le nombre de signatures qui lui manquent toujours à quinze jours de la date limite fixée pour déposer les parrainages au Conseil constitutionnel, le vendredi 16 mars. Il a déjà fait enregistrer une vingtaine de plaintes pour "manoeuvre frauduleuse visant à altérer la sincérité du scrutin" et a annoncé lors d'une conférence de presse, jeudi 1er mars, qu'il en déposerait deux autres contre Philippe de Villiers, le président du Mouvement pour la France, et contre Jacques Bompard, le maire (MPF) d'Orange (Vaucluse). Les plaintes déjà déposées concernent des cas de maires de communes se trouvant principalement en Picardie, Franche-Comté ou Bourgogne ayant reçu des appels téléphoniques de personnes "qui se sont présentées comme journalistes de quotidiens régionaux et ont essayé de les dissuader de parrainer Jean-Marie Le Pen", explique Wallerand de Saint-Just, l'avocat du président du FN. Pour M. Le Pen, il fait peu de doute que ces personnes "se sont procuré les noms des maires qui avaient signé des promesses de parrainage" en sa faveur ; aussi a-t-il demandé une enquête interne à ses services pour vérifier les ordinateurs du parti. "NUMÉRO DE VICTIMISATION" M. Le Pen reproche à Philippe de Villiers d'avoir affirmé qu'il avait déjà ses signatures et faisait "un numéro de victimisation". "Il s'agit là de mensonge et diffamation dont le but est de décourager les maires de m'accorder leur signature", dit-il. Quant à Jacques Bompard, ancien cadre et élu du Front national passé en 2005 chez M. de Villiers, M. Le Pen affirme qu'il aurait "envoyé à un maire du sud de la France une lettre à en tête de sa mairie pour lui dire de ne pas me parrainer". Lors de sa conférence de presse de jeudi, le président du FN en a "appelé aux maires" pour qu'ils "fassent un effort de courage civique" et lui accordent les paraphes qui lui manquent. Il a également annoncé la mobilisation son parti pour cette quête. Par ailleurs, Le Parisien du 1er mars publie le témoignage de Roger Lechevalier, maire sans étiquette de Saint-Pierre-d'Arthéglise (Manche), qui assure avoir reçu un chèque de 1 000 euros en échange de son parrainage de la part de Fernand Le Rachinel, responsable de la cellule "signature" du FN. Ce dernier, contacté par le quotidien, admet le don mais nie tout lien avec les parrainages. § Olivier Besancenot (LCR), José Bové, Corinne Lepage (Cap 21) et Dominique Voynet (Verts) ont tenu ensemble une conférence de presse, jeudi matin, pour dénoncer l'éventuelle autorisation de l'EPR, à Flamanville, dans la Manche. § U ne cause réunit quatre candidats à l'élection présidentielle : l'opposition au nouveau réacteur nucléaire EPR. Olivier Besancenot (LCR), José Bové, Corinne Lepage (Cap 21) et Dominique Voynet (Verts) ont tenu ensemble une conférence de presse, jeudi matin, pour dénoncer l'éventuelle autorisation de l'EPR, à Flamanville, dans la Manche. Réunis par le Réseau Sortir du nucléaire, plusieurs associations environnementales et Attac, ils devaient protester contre l'absence de débat public sur le lancement de cette nouvelle génération de centrales atomiques et appeler à manifester contre l'EPR le 17 mars. L'EPR a une histoire mouvementée. Recalé sous Lionel Jospin, son lancement a été préparé par les gouvernements Raffarin et Villepin, au prix de quelques accommodements avec les procédures : son lancement a été décidé lors du débat parlementaire sur l'énergie de 2004 - mais le gouvernement avait veillé à ce que les députés ignorent l'analyse technique critique de la direction de la sûreté des installations nucléaires - tandis que sa construction a été annoncée avant la conclusion du débat public à son propos, en 2005."UNE MISE À PLAT" Deux enquêtes d'utilité publique menées à l'été 2006 ont abouti à un permis de travaux préliminaires le 1er août. Juridiquement, l'EPR pourrait voir son décret d'autorisation de création signé avant la présidentielle. C'est ce que craignent les candidats réunis à Paris. Ils dénoncent l'absence de débat sur la politique énergétique française et affirment que le renouvellement du parc nucléaire se fait sans que les données économiques soient précisément connues. Ils viennent appuyer Ségolène Royal, qui a plaidé, le 22 février, pour "une mise à plat" du dossier. La socialiste se demande si les sommes consacrées à l'EPR ne pourraient pas être investies plus judicieusement dans un réacteur de quatrième génération ou dans les énergies renouvelables, où la France accuse du retard. L'EPR devient la première source de conflit écologique de la campagne. M. Sarkozy soutient sa construction, tandis que François Bayrou a regretté "les conditions non satisfaisantes du débat public", sans prendre position sur le fond. § Le candidat centriste atteint pour la première fois le même niveau que Ségolène Royal en terme d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle avec 23 %, selon un sondage IFOP-Fiducial pour "Le Journal du Dimanche". § F rançois Bayrou est pour la première fois à égalité avec Ségolène Royal en terme d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle avec 23 %, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Le Journal du Dimanche à paraître le 11 mars et réalisé les 8 et 9 mars. Les candidats centriste et socialiste sont toutefois précédés par Nicolas Sarkozy qui reste en tête des intentions de vote à 28 %. Le dirigeant centriste, dont la progression est constante dans les enquêtes d'opinion depuis plusieurs semaines, gagne quatre points par rapport au sondage IFOP, pour Paris Match, daté du 26 février et 6 points par rapport à la précédente enquête IFOP pour le JDD des 22-23 février. Ségolène Royal suit une pente inverse, perdant respectivement 2,5 points et 5 points par rapport à ces précédentes enquêtes. Nicolas Sarkozy perd pour sa part un point par rapport au sondage IFOP Paris-Match et reste au même niveau que dans la précédente enquête IFOP-JDD. Jean-Marie Le Pen arrive en quatrième position avec 13% des intentions de vote, gagnant respectivement 1 et 1,5 points par rapport aux précédents sondages. Viennent ensuite Olivier Besancenot à 3,5 % (-0,5), Arlette Laguiller (=) et Marie-George Buffet (-0,5) sont à 2 %, José Bové à 1,5 % (-0,5). Trois candidats sont à 1% - Dominique Voynet (+0,5), Frédéric Nihous (+0,5) et Philippe de Villiers (-1) - et deux à 0,5% : Gérard Schivardi (+0,5) et Corinne Lepage (=). Nicolas Dupont-Aignan n'atteint pas ce seuil. En cas d'absence de Jean-Marie Le Pen au premier tour, hypothèse envisagée si le président du Front national n'obtenait pas les 500 parrainages d'élus requis pour briguer l'Elysée, Nicolas Sarkozy semble le candidat qui en bénéficierait le plus. Il obtient 34,5 % d'intentions de vote devant, cette fois, François Bayrou (25 %) et Ségolène Royal (24 %). Philippe de Villiers, candidat souverainiste du Mouvement pour la France, pointe dans ce cas-là à 3,5 %, contre 1% si Jean-Marie Le Pen était candidat. Le sondage a été réalisé auprès d'un échantillon de 881 personnes, représentatif de la population française gée de 18 ans et plus, inscrite sur les listes électorales, extrait d'un échantillon national de 959 personnes. § En quelques semaines, la presse s'est entichée du candidat UDF. Comment gérer cette notoriété nouvelle ? § A quoi voit-on la différence entre un candidat à 6 % et le même à 24 % quelques semaines plus tard ? Au nombre de caméras et d'appareils photo qui l'entourent et de micros qui lui sont tendus. Le suivi de François Bayrou, candidat de l'UDF, par les médias a ainsi épousé une courbe quasi parallèle à celle que dessinent les intentions de vote en sa faveur, depuis l'annonce officielle de sa candidature, le 2 décembre 2006. Ce jour-là, le Ciel avait semblé, déjà, lui ménager ses faveurs. Pour se déclarer candidat à la présidence de la République, le président de l'UDF avait choisi non seulement de le faire depuis le village de Serres-Castet (Pyrénées-Atlantiques), dans son Béarn natal, mais, qui plus est, en plein air, sur la place de la mairie. Faire "descendre" de Paris, un samedi, une escouade de journalistes et d'opérateurs, au risque de devoir les diriger vers un endroit couvert en cas de mauvais temps, le pari était osé. Résultat : cette image qui est restée, sur fond de chaîne pyrénéenne, où le candidat déclaré, entouré de sa famille politique et de ses amis, assume fièrement ses racines rurales. Il serait faux d'imaginer que les premiers pas du candidat centriste en campagne se sont faits dans l'indifférence générale. Mais il est vrai qu'on ne s'y bousculait pas. Pour son premier déplacement en tant que candidat déclaré, les 13 et 14 décembre dans l'agglomération lilloise, deux monospaces suffisent, sur place, à transférer les envoyés spéciaux de la presse nationale. A Toulouse, le 5 mars, un car et un minibus avaient été réquisitionnés. Boycotté par les médias, François Bayrou ? Non. Mais, incontestablement, l'ensemble du système médiatique s'était installé dans une configuration de duel Royal-Sarkozy. Le Monde n'y a pas échappé. Quand le conseil national de l'UDF approuve son avant-projet législatif, mi-novembre, pas une ligne dans le quotidien du lendemain, qui a consacré en revanche un long papier aux propositions que l'UMP doit adopter trois jours plus tard, avant d'y revenir le lendemain sous la forme d'une page "Document". Un traitement à double vitesse qui a suffi à installer l'idée que le candidat centriste n'avait rien à proposer. Aujourd'hui, avec la montée en puissance de sa campagne et l'écho qu'elle rencontre, changement de pied : il faut analyser le "réalisme" de ses propositions. Il avait donc des propositions ! Cette nouvelle notoriété est aussi, pour l'équipe du candidat, un élément à gérer. Non seulement parce qu'il lui faut faire en sorte que chacun des professionnels de la presse écrite ou audiovisuelle, régionale, nationale et internationale, puisse travailler dans des conditions correctes, mais parce qu'il lui faut aussi veiller à ce que le candidat ne soit pas submergé. Un des épisodes les plus délicats à cet égard fut la visite dans la cité du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le 9 février. Pour ce déplacement, des dizaines de journalistes, preneurs de son et d'images avaient pris place dans le RER. A l'étage supérieur de la voiture où est monté le candidat, photographes et cameramen se bousculent pour faire des images. Dans le sas inférieur, Marielle de Sarnez, la directrice de campagne, pressent les difficultés. Avec Philippe Lapousterle, un ancien journaliste devenu le sparring partner de François Bayrou, elle s'inquiète de la manière d'organiser un roulement, sur place, pour que cela ne tourne pas à l'émeute. Et tout se passera sans le moindre incident. Sans service d'ordre, sans dispositif policier autour du candidat. A l'arrivée en gare de Mantes-la-Jolie, c'est François Bayrou lui-même qui met bon ordre à la bousculade. "Essayez de vous comporter de manière civilisée, lance-t-il à la nuée de reporters qui se presse autour de lui. Ce n'est pas la peine de bousculer tout le monde..." Depuis le début de sa campagne, le candidat centriste a pris grand soin de consacrer tout le temps nécessaire à la presse régionale. Même avec l'afflux récent de journalistes de la presse nationale ou internationale, il ne modifie en rien cette disponibilité. Tout au long d'une visite d'une demi-journée sur le terrain, ce sont des dizaines d'arrêts informels pour répondre aux journalistes. Auxquels s'ajoute, invariablement, un point presse pour faire un premier bilan avant le meeting du soir. Là, c'est lui encore, la plupart du temps, qui en organise le déroulement : "On commence par la presse écrite. On fera après les radios et les télévisions..." François Bayrou avait réalisé un coup d'éclat, à la fin de l'été, en s'en prenant à la proximité, et même "l'intimité", le mélange des intérêts entre quelques grandes puissances industrielles dépendant des marchés de l'Etat et les empires de presse, en appelant à la séparation des pouvoirs politique, économique et médiatique. Cette charge violente, doublée d'une fameuse passe d'armes avec Claire Chazal lors d'un journal de 20 heures au sein même de la citadelle TF1, aurait pu suffire à ranger le candidat de l'UDF dans la catégorie des "grognards" dont les médias se méfient. Il se distingue, au contraire, avec les professionnels qui le suivent dans sa campagne, par une disponibilité de tous les instants. C'est peut-être tout ce qui fait la différence entre le candidat Bayrou et Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal. Là où les autres imposent une stricte organisation, soucieux d'offrir d'eux-mêmes l'image la plus avantageuse, lui s'en remet à la responsabilité des journalistes, laissant à chacun le maximum de liberté dès l'instant qu'on lui laisse la sienne, n'hésitant pas à remettre en place quand la façon dont se passent les choses ne lui paraît "pas convenable", le tout dans un esprit un peu boy-scout, bazar organisé, mais qui finalement se déroule sans heurts et satisfait tout à la fois les professionnels de la presse et les citoyens à la rencontre desquels François Bayrou prend un évident plaisir et le temps d'aller. Les seuls qui fulminent sont les membres de son équipe, qui voient les retards sur les horaires prévus s'accumuler et sont obligés, en permanence, d'adapter l'organisation de ses déplacements. § La "bravitude", mot employé par Ségolène Royal lors d'un voyage en Chine en janvier, a fait les belles heures du concours d'éloquence organisé par la conférence du stage du barreau de Paris, mardi 6 mars. § L a "bravitude", mot employé par Ségolène Royal lors d'un voyage en Chine en janvier, a fait les belles heures du concours d'éloquence organisé par la conférence du stage du barreau de Paris, mardi 6 mars. Face à l'hôte du jour, Dominique Strauss-Kahn, et devant une salle comble, une poignée de jeunes avocats s'est affrontée sur les deux thèmes imposés : "L'avocat doit-il faire preuve de "bravitude" ?" et "doit-on regarder à droite pour tomber à gauche ?" "Vous auriez pu être le meilleur d'entre nous !", a lancé le bâtonnier Yves Repiquet, en accueillant le député dont il a rappelé l'appartenance au barreau. Fidèle à la tradition selon laquelle l'invité, après avoir écouté les concourants, se livre lui-même à un exercice oratoire, M. Strauss-Kahn n'a pas boudé son plaisir. "Je voudrais d'abord exprimer l'admiration que j'éprouve pour la méthode qui est la vôtre et qui consiste à organiser une compétition pour départager les candidats. Vous avez des règles. Pour vous, la compétence et la qualité du discours ont de l'importance", a-t-il observé, avant d'ajouter : "J'ai moi-même participé récemment à un concours de ce genre... - rires dans la salle -, mais la méthode n'était pas la même et d'ailleurs, je ne sais toujours pas quelles en étaient les règles. On aurait pu me donner cinquante mètres de corde à noeuds, peu importe, mais j'aurais aimé avoir des règles. Vous ne mesurez pas votre chance !", a souligné le candidat malheureux à la primaire socialiste du 16 novembre 2006. "LA VOULITUDE" Sur sa lancée, il a poursuivi : "Aujourd'hui le fond n'a plus d'importance. Ce qui compte, ce n'est pas ce qu'on dit, mais la façon dont on le dit. Une des caractéristiques de cette élection présidentielle est ce changement-là : nos compatriotes ont envie d'être représentés par des gens comme eux." En écho aux traits d'éloquence des jeunes avocats que la "bravitude" avait inspirés - "opposé de la lâchitude, synonyme de couragisme", avait proposé l'un d'eux -, Dominique Strauss-Kahn s'est félicité de ce "peuple français fier de sa langue et capable de faire tout un plat autour d'un mot. Après la chienlit, est venu abracadabrantesque, puis karchérisation. L'auteur de ce dernier mot a d'ailleurs proposé récemment de baisser les droits sur l'héritation", a-t-il ironisé. A l'heure de la péroraison, M. Strauss-Kahn a retrouvé sa robe d'avocat - distancé - de Ségolène Royal. "Ma candidate préférée", a-t-il dit, avant d'appeler son jeune public à s'engager dans la vie politique, seule condition, a-t-il souligné, "pour éviter que le débat présidentiel ne se transforme en une Star Académy généralisée". Le plus joli mot de la soirée est revenu à l'un des prétendants au concours d'éloquence. Rappelant l'exégèse à laquelle s'était livré Jack Lang pour voler au secours de Ségolène Royal - "la bravitude, c'est la plénitude de la bravoure", avait expliqué l'ancien ministre de la culture -, le jeune avocat a décerné à Dominique Strauss-Kahn, "la voulitude". Définition : "La plénitude du sentiment d'avoir voulu." § L'ancien de la culture du gouvernement Raffarin, Jean-Jacques Aillagon (UMP), a choisi de s'en remettre au hasard, vendredi 9 mars, à Metz, pour désigner le candidat à la présidentielle auquel il apportera sa signature. § L 'ancien de la culture du gouvernement Raffarin, Jean-Jacques Aillagon (UMP), a choisi de s'en remettre au hasard, vendredi 9 mars, à Metz, pour désigner le candidat à la présidentielle auquel il apportera sa signature. "J'entends dire que certains peinent à recueillir les parrainages nécessaires pour se présenter alors qu'ils représentent de vrais courants d'idées (...). Je ne partage pas leurs options, je ne voterai pour aucun d'eux mais leur absence du scrutin constituerait une anomalie. C'est pourquoi j'ai décidé de parrainer l'un de ces candidats en difficulté (...). Ce n'est pas un choix politique, c'est un acte civique", a justifié l'actuel directeur du Palazzo Grassi de Venise, la fondation d'art moderne de François Pinault. Et le gagnant de ce tirage au sort, parmi une liste de huit candidats, est... Olivier Besancenot, de la LCR ! "Ce candidat exprime des orientations avec lesquelles je suis très souvent en désaccord. Mais son absence du paysage serait une mauvaise chose", a expliqué M. Aillagon, visiblement soulagé que le bulletin de Jean-Marie Le Pen ne soit pas sorti de l'urne. "Parmi ces petits candidats, il y en a, c'est vrai, que je préfère à d'autres", a souri l'élu lorrain, pas mécontent du succès médiatique de ce happening électoral. "Mon but n'est pas de tourner la démocratie en dérision. C'est tout à fait sérieux !", a protesté l'ancien ministre du gouvernement Raffarin, l'un des rares à ne pas s'être encore rallié à Nicolas Sarkozy. "Je me prononcerai dans les prochains jours, il ne faut pas tout mélanger", a-t-il conclu. Cependant, il n'est pas certain que le Conseil constitutionnel valide le parrainage - qui doit constituer un "acte personnel et volontaire" - par tirage au sort de M. Aillagon. De Bayonne, où il tenait meeting, vendredi, le candidat de la LCR a ironisé : "Aujourd'hui j'ai gagné au Loto". § Jean-Marie Le Pen a décidé d'assurer un service minimum pour la présentation, dimanche 11 mars à Lyon, des personnalités et responsables de mouvements qui soutiennent sa candidature dans le cadre de l'Union patriotique. § C eux qui s'attendaient à une grande cérémonie en sont pour leurs frais. Jean-Marie Le Pen a décidé d'assurer un service minimum pour la présentation, dimanche 11 mars à Lyon, des personnalités et responsables de mouvements qui soutiennent sa candidature dans le cadre de l'Union patriotique. Si ceux-ci ont été invités à s'asseoir à la tribune pendant le discours du président du FN, ils ne pourront en revanche pas prendre la parole. Cette décision permet de ménager les susceptibilités de militants et de cadres, parmi eux Marine Le Pen, la directrice stratégique de la campagne, ou Louis Aliot, le secrétaire général du parti, qui ne souhaitent pas dérouler le tapis rouge sous les pieds de certains. Surtout de Bruno Mégret, le président du Mouvement national républicain. Beaucoup lui en veulent encore d'être parti en décembre 1998 avec près de la moitié de l'appareil du FN. Cette "Union" prend l'allure d'une reconstitution de ligue dissoute. Si celle-ci comprend l'essayiste Alain Soral et le président du Mouvement pour la liberté de la protection sociale, Claude Reichman, elle rassemble surtout d'anciens frontistes. On y trouve, outre M. Mégret, Pierre Vial, le président du mouvement ethniciste Terre et peuple, ex-FN et ex-MNR, revenu dans la sphère du FN en 2002 ; Christian Pérez, président du Parti populiste, créé avec Frank Timmermans, un des principaux acteurs de la scission de 1998, en froid avec M. Mégret ; ainsi que Bernard Antony, président de Chrétienté solidarité, qui, en désaccord avec Marine Le Pen, notamment sur l'avortement, est parti du FN en 2005. Tous, sauf M. Antony, qui ne concevait pas de "faire 1 000 kilomètres pour ne pas prendre la parole", seront présents dimanche. Dans ce Palais des congrès où, le 12 décembre 1998, MM. Mégret, Timmermans et Vial étaient venus défier dans son fief Bruno Gollnisch, alors secrétaire général du FN. La soirée avait été houleuse et les injures pleuvaient. Les scissionnistes étaient parvenus à emporter avec eux une majorité de cadres et élus de la région. Le 11 mars, M. Gollnisch, chargé de recevoir tout ce petit monde, tiendra sa revanche. § La proposition du candidat de l'UMP de créer "un ministère de l'immigration et de l'identité nationale" est perçue comme un signe envoyé à l'électorat FN. § O ù va Nicolas Sarkozy ? Dans la même semaine, le candidat de l'UMP a successivement déclaré vouloir "se battre" pour permettre au Front national de figurer au premier tour de la présidentielle, puis reçu le soutien de Simone Veil, figure centriste et consensuelle du combat contre l'extrême droite, et enfin annoncé sa volonté de créer un ministère de " l'immigration et de l'identité nationale". M. Borloo veut négocier avant de soutenir M. Sarkozy Ségolène Royal n'est pas seule à connaître des problèmes avec les humeurs de ses poids lourds. Vendredi 9 mars, l'équipe de Nicolas Sarkozy a provoqué l'agacement de Jean-Louis Borloo en annonçant son "soutien sans faille au candidat de l'UMP et sa présence dans ses meetings de campagne dans les dix jours à venir". Démenti cinglant quelques heures plus tard du ministre des affaires sociales : "Aucun accord n'est intervenu à ce jour." M. Borloo, ancien proche de François Bayrou, veut conclure "un pacte" avec le candidat de l'UMP avant d'officialiser son ralliement. Cette dernière proposition, formulée le 8 mars sur France 2 et développée le lendemain, a valu au candidat de l'UMP un satisfecit de la part de Jean-Marie Le Pen. Le deuxième de la semaine. Et les critiques du PS et de l'UDF. Pour François Hollande, il s'agit "d'un flirt poussé avec le Front national". Pour François Bayrou "une frontière a été franchie". Et le candidat centriste d'interpeller Mme Veil en lui demandant "si elle est prête à apporter son soutien et sa caution à un ministère de "l'immigration et de l'identité nationale"". "Les masques tombent : Nicolas Sarkozy est dangereux pour la démocratie et pour les valeurs de la République", a estimé pour sa part la candidate communiste Marie-George Buffet, Vendredi 9 mars, lors d'une visite en Normandie, M. Sarkozy s'est contenté de donner du contenu à l'idée d'identité nationale sans toutefois répéter la proposition faite la veille. Au pied de la croix de Lorraine qui domine la plage de Courseulles, là où le 14 juin 1944, le général de Gaulle débarqua en France en provenance de Londres, le candidat a expliqué que "l'identité française était un ensemble de valeurs non négociables". Au titre de celles-ci, il place la laïcité, la République, la démocratie et l'égalité hommes-femmes. "Comment peut-on intégrer des gens, si nous ne disons pas qui nous sommes ?", s'est-il interrogé devant la presse. Plus tard lors d'un meeting à Caen, le président de l'UMP, s'est fait plus précis : "Chacun peut apporter à la France ce qu'il est, mais il est des valeurs avec lesquelles nous ne transigerons jamais (...). Celui qui ne veut pas respecter notre conception de l'homme, celui qui récuse l'humanisme (...), qui veut abolir l'héritage des Lumières et de la Révolution, celui qui ne veut pas reconnaître que la femme est l'égale de l'homme, celui qui veut cloîtrer sa femme, obliger sa fille à porter le voile, à se faire exciser ou à se marier de force, celui-là n'a rien à faire en France." Le candidat de l'UMP poursuit le virage à droite amorcé, le 23 février à Perpignan, lors d'un discours sur l'autorité et l'ordre. Ce faisant, il semble anticiper une éventuelle non qualification de M. Le Pen à la présidentielle, espérant, dans cette hypothèse, que ses appels du pied répétés à ses électeurs lui vaudront leur soutien. Désormais talonné dans les sondages par Ségolène Royal et François Bayrou, il fait du premier tour "le" combat prioritaire de cette campagne. Cette stratégie tient également compte des prochaines vagues de sondages confirmant le resserrement des intentions de vote entre la candidate socialiste, le président de l'UDF et lui-même. Parallèlement à ses accents droitiers, M. Sarkozy cherche a réactiver le débat droite-gauche qu'il avait voulu sublimer dans son discours de désignation, le 14 janvier. Il a retrouvé à Caen ses attaques contre les socialistes ("le socialisme est déjà une idée morte", lance-t-il, provocateur), et l'usage du mot "rupture". De cette manière, M. Sarkozy espère réduire l'espace de M. Bayrou. Déjà, l'association des termes "immigration" et "identité nationale" a suscité un tollé parmi les associations. Pour la Ligue des droits de l'homme, comme pour SOS-Racisme, elle "suggère, comme le martèle M. Le Pen depuis quinze ans, que les immigrés menacent l'identité nationale". M. Sarkozy "menace ainsi, gravement la cohésion nationale et fait un choix de société, celui de rejet de l'autre, dans une logique de division incendiaire", renchérit le MRAP. Ce nouveau ministère proposé par M. Sarkozy a également jeté le trouble dans les rangs de ses soutiens. "Il est dangereux d'associer des termes aussi lourds de sens. Sarkozy a peut-être les idées très claires, mais l'interprétation et la récupération qui peuvent en être faites sont très dangereuses", s'inquiète Yazid Sabeg, PDG et coauteur des Oubliés de l'égalité des chances (Institut Montaigne). § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § L e dernier sommet européen de Jacques Chirac, dont l'expérience de ce type de réunion remonte à l'époque Pompidou, lorsqu'il était ministre de l'agriculture, n'a donné lieu à aucune cérémonie particulière, ni effusion nostalgique, vendredi 9 mars, à Bruxelles. Il est vrai que le président de la République doit encore retrouver ses vingt-six partenaires chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne dans deux semaines à Berlin, à l'occasion du 50e anniversaire du traité de Rome. Si M. Chirac a qualifié le sommet de Bruxelles de "grand moment de l'histoire de l'Europe", c'est parce qu'il y était question d'un sujet sur lequel la France a "pour une grande part" pris l'initiative : la lutte contre le changement climatique. Interrogé par la presse sur le bilan qu'il dresse de son parcours européen, M. Chirac a énuméré "trois éléments qui justifiaient (son) engagement" ces douze dernières années : le lancement de l'euro, l'Europe de la défense, et l'écologie. A propos de l'échec du référendum français sur la Constitution européenne en mai 2005, M. Chirac s'est dit "désolé de n'avoir peut-être pas fait tout ce qu'il fallait" pour convaincre l'opinion. Il a aussi fustigé la "démagogie" des partisans du non, qui "ont trompé les Français en leur disant il y a un plan B au fond de la poche, qu'on allait sortir avec des papillotes". Lors de ce dernier sommet, M. Chirac a voulu continuer de peser sur la façon dont les Européens appréhendent les crises du Proche-Orient. Il a, au passage, infléchit son approche du dossier syrien. Car en exprimant un soutien "sans réserve" au voyage que doit effectuer à Damas, la semaine prochaine, le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, le président français a rompu avec la politique d'isolement dans lequel il s'efforçait de maintenir le régime de Bachar Al-Assad depuis plus de deux ans. Le voyage de Javier Solana a été annoncé vendredi 9 mars. DIFFÉRENCE DE SENSIBILITÉ Depuis la guerre de l'été 2006 entre le Hezbollah libanais et Israël, l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie avaient dépêché des ministres à Damas, au grand dam de M. Chirac qui jugeait ces voyages contre-productifs. Le président français a expliqué vendredi qu'il fallait désormais que l'Europe "parle d'une seule voix" et non plus "en ordre dispersé". Il a eu plusieurs entretiens à ce sujet avec M. Solana, qui fera étape au Liban et en Arabie saoudite avant de se rendre en Syrie. Sur la question palestinienne, le président français avait souhaité que le Conseil européen exprime un soutien à l'accord conclu le 8 février à La Mecque entre le Hamas et le Fatah. Cela a été fait. Mais les conclusions du sommet ne reprennent pas l'appréciation formulée par M. Chirac selon lequel cet accord constitue un "premier pas" vers l'application des conditions fixées par le Quartet. Dans son bilan des réalisations de l'Europe, M. Chirac n'a pas évoqué spontanément, vendredi, l'élargissement en 2004 à dix pays de l'ancien bloc communiste. La différence de sensibilité était frappante avec la chancelière Angela Merkel, qui venait la veille encore de qualifier cet élargissement de "victoire de la démocratie sur la dictature". En réponse à une question de journaliste, le président français a dit qu'il s'était exprimé de "façon peut-être excessive" lorsqu'il avait conseillé en 2003 à des pays d'Europe centrale de "se taire" plutôt que de soutenir la politique américaine en Irak. Enfin, M. Chirac a critiqué le projet américain de bouclier anti-missile en Europe, qui irrite Moscou. M. Chirac a mis en garde contre "la création d'une nouvelle ligne de division en Europe" et le retour à "un cadre dépassé", choisissant par là même des expressions dont la diplomatie russe est coutumière. § La candidate socialiste à l'élection présidentielle a appelé, samedi matin au Salon de l'agriculture, à dépasser les déclarations de principe sur les négociations agricoles à l'Organisation mondiale du commerce et à mettre en place assez rapidement une réforme de la Politique agricole commune. § L a candidate socialiste à l'élection présidentielle a appelé, samedi matin 10 mars au Salon de l'agriculture, à dépasser les déclarations de principe sur les négociations agricoles à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et à mettre en place assez rapidement une réforme de la Politique agricole commune (PAC). Interrogée sur le bilan du président Jacques Chirac en matière agricole, Ségolène Royal a déclaré, lors d'un bref point de presse, après avoir partagé un petit-déjeuner avec des éleveurs de viande bovine : "Il faut reconnaître qu'il a quand même un bon contact avec les agriculteurs (...) mais en même temps tous les chantiers sont devant nous. Rien n'est réglé". S'agissant des négociations à l'OMC, elle y a vu "un problème extrêmement chaud, extrêmement urgent". "Aujourd'hui, il y a des déclarations de principe mais il va falloir obtenir des résultats", a estimé la présidente de la région Poitou-Charentes, qui a dit vouloir "faire en sorte que la France obtienne impérativement de ne plus faire de concessions pour protéger son agriculture". A propos de la PAC, la candidate socialiste à l'Elysée a jugé qu'elle serait "difficile". "Il va falloir la mettre en place assez rapidement pour que les agriculteurs puissent anticiper", a-t-elle dit. "Je sens que les agriculteurs sont inquiets, ils ont peur du changement des règles. C'est dès maintenant que nous devons préparer avec eux cette réforme de la PAC". § Jacques Chirac devrait annoncer aux Français, dimanche, à 20 heures, sa décision de ne pas solliciter un troisième mandat. § C omment est-il ? "Serein." Dimanche 11 mars, presque quarante ans, jour pour jour, après sa première élection comme député de la Corrèze, le 12 mars 1967, Jacques Chirac prononcera une allocution télévisée à 20 heures pour annoncer aux Français ses intentions quant à l'élection présidentielle. A 74 ans, après avoir été ministre ou premier ministre de ses quatre prédécesseurs, de De Gaulle à Mitterrand, le chef de l'Etat ne briguera pas un troisième mandat. Il est le premier des présidents de la Ve République qui peut avoir laissé planer un doute, même mince, sur une nouvelle candidature après douze années de pouvoir. De Gaulle avait annoncé qu'il partirait s'il perdait le référendum de 1969. Georges Pompidou était mort avant la fin de son septennat. Valéry Giscard d'Estaing s'était représenté à l'issue du sien, mais n'avait pas été réélu. Quant à François Mitterrand, malade depuis longtemps, il était évident pour chacun qu'il ne se soumettrait plus, en 1995, au suffrage des Français. M. Chirac est aussi le premier chef d'Etat qui a inauguré le quinquennat. L'hypothèse d'une cinquième candidature, constamment agitée, était peu plausible depuis l'échec au référendum en mai 2005. D'autant que ce désaveu avait été suivi de l'accident cérébral du président, du mouvement des banlieues, puis de celui du contrat première embauche (CPE) quelques mois plus tard. Depuis plusieurs semaines, les instituts de sondage ne testaient plus les chances présidentielles de M. Chirac. Du moins officiellement. C'est en tout cas une longue histoire avec la France et les Français à laquelle M. Chirac peut se référer, en s'adressant à eux, juste avant le film du dimanche soir. Il a, insistent ses conseillers, travaillé lui-même sur cette intervention très personnelle. Que faire d'autre que de parler de la France ? ou de la place du pays, dans un monde bousculé par la mondialisation ? Une autre manière de donner un sens à ses deux mandats, dont le premier fut amputé par cinq ans de cohabitation. M. Chirac, qui s'était arrangé pour faire savoir que, jusque-là, il ne trouvait pas la campagne d'un bon niveau, a eu quelques mots plus amènes sur le débat européen dans la présidentielle française, lors de son dernier conseil à 27, à Bruxelles. "Il se bat depuis longtemps sur des thèmes qui sont ceux du XXIe siècle", font aussi observer ses proches : le monde multipolaire, l'évitement du choc des civilisations, l'urgence écologique, le partage Nord-Sud, l'avance technologique... Nul doute que le président a été tenté de les porter encore une fois, lui-même, dans la campagne. Il a aussi observé avec beaucoup d'attention la campagne de Nicolas Sarkozy et parlé régulièrement avec le candidat de l'UMP, avec qui il a entretenu, pendant ces cinq années, des relations tourmentées. En matière de politique étrangère, domaine de prédilection du président, "tout était très orthodoxe", relève un conseiller. "Sur la Russie, la Turquie, ou l'Afrique, Nicolas Sarkozy continue d'exprimer ses différences, mais pour le reste, il est devenu très chiraquien", ajoute-t-il. Son intervention sur l'identité nationale et la création d'un ministère de l'immigration, en revanche, n'ont logiquement pu que déplaire à un chef d'Etat qui s'est battu pendant cinq ans sur les valeurs de la République. Il est aussi exclu que M. Chirac mélange les genres, dimanche soir, en se prononçant d'une manière ou d'une autre pour le candidat de la droite. "Chirac est beaucoup plus un problème pour Sarkozy que Sarkozy n'est un problème pour Chirac !", tranche un conseiller du président. Alors que l'on observe avec beaucoup d'attention, et même une certaine délectation, à l'Elysée, la percée de François Bayrou, le président de l'UDF a tenu, vendredi, à rendre hommage à M. Chirac pour son action internationale. "Il n'a pas craint, lorsqu'il le fallait, au moment de la guerre en Irak, de mettre la France au premier rang de la défense de nos principes", a-t-il déclaré lors d'un meeting à Perpignan. "Je l'ai soutenu envers et contre tout le monde (en 2003)", a ajouté M. Bayrou. L'ancien premier ministre socialiste Laurent Fabius a jugé, lui, que ces douze ans auront été "une présidence du temps perdu." § L'intégralité du débat en direct avec Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos, lundi 12 mars, sur la place qu'occupe le président sortant dans l'opinion. § P ierre Giacometti est directeur général d'Ipsos. sedona : Ne pensez-vous pas que Jacques Chirac est passé à côté de ses mandats ? Pierre Giacometti : Les mandats présidentiels depuis 1986 ont connu beaucoup de perturbations avec les périodes de cohabitation qu'on connues F. Mitterrand deux fois sur de courtes durées et J. Chirac une fois sur une longue durée. Il est clair que ces cohabitations ont perturbé leur capacité à agir en phase avec leurs projets initiaux. Pour autant, elles n'ont pas limité leur capacité d'intervention à l'international. Donc la conclusion qui laisserait penser que J. Chirac est passé à côté de ses mandats est probablement excessive. La faille essentielle des douze ans de J. Chirac, c'est bien la dissolution, car il y a quelques bonnes raisons de penser qu'en 1998, date théorique des législatives, la victoire était possible pour la droite. Lucas : Se souviendra-t-on de Jacques Chirac pour sa politique internationale ou pour sa politique intérieure ? Pierre Giacometti : Les bilans prennent plus de densité et de recul au fil du temps qui passe. Pour autant, il est clair que le message qui a fait gagner Jacques Chirac, celui de la fracture sociale, donne un sentiment d'inachevé qui nuit au bilan intérieur. De ce point de vue, la contestation que l'on fait de l'état de la France à la fin de la période Chirac ressemble à celle qu'on faisait au lendemain de l'ère Mitterrand. typus : Comment doit-on considérer ces 12 années de M. Chirac : comme le dernier règne du dernier des gaullistes, ou comme les premiers rounds d'un parti répubicain à la française ? Dans le cas de la solution n°2, la concurence Ségolène Royal-François Bayrou ne peut-elle être lue comme une course pour fonder le parti démocrate des années à venir ? Pierre Giacometti : Dans l'intervention de dimanche soir, il y a deux mots clés qui signent la volonté de Chirac d'inscrire cette intervention dans la pure tradition gaulliste : la "France" et son "rang". Il y a donc une réelle volonté du chef de l'Etat de montrer qu'une fois de plus, le gaullisme va au-delà de la gauche et de la droite. Ni parti républicain ni parti démocrate, donc. Remy : On dit souvent que M. Chirac aura été un grand président dans le domaine de la politique étrangère et qu'il suscite un profond respect hors de nos frontières mais est-ce vraiment exact ? Depuis la poursuite des essais nucléaires - et le tollé qu'elle provoqua -, au début de son premier mandat, jusqu'au sommet France-Afrique il y a peu, on a pu sentir dans la presse africaine un certain soulagement de voir partir, avec Chirac, un système de clientélisme un peu dépassé. On pourrait se demander si M. Chirac est vraiment le super VRP de la France qu'on nous a souvent vendu. Qu'en est-il ? Pierre Giacometti : Je pense que l'image de la France avec Chirac reste une image controversée. Chirac a probablement une bien meilleure image parmi les régions à économie émergente : l'Amérique latine, l'Afrique malgré tout, le Moyen-Orient, notamment grâce à sa position de résistance à l'égard de l'Amérique de George W. Bush. Le contraste est probablement important avec l'image de Chirac dans les pays anglo-saxons. Ses positions lors du référendum de 2005 à propos des pays de l'Est n'ont pas forcément laissé un bon souvenir. Mais au fond, l'atout numéro 1 de Chirac à l'international, c'est probablement d'avoir été le chef d'Etat qui a montré une volonté de dire non aux Etats-Unis et à leur président, et c'est un point essentiel aujourd'hui dans son bilan. Vincent : Du point de vue des relations franco-américaines, la présidence de M. Chirac n'aura-t-elle été que celle d'un pays "poil à gratter" ? Pierre Giacometti : C'est sous-estimer le fait que les Etats-Unis auraient largement préféré un bloc consensuel autour d'eux sur cet enjeu. Et même si cela n'a pas empêché l'Amérique de Bush d'intervenir, le duo Chirac-Villepin pendant cette période a été un élément clé du soutien des Français à l'égard de Jacques Chirac sur le plan international. mayce : Quels ont été les réalisations et les accomplissements de Jacques Chirac dans la résolution du conflit israélo-palestinien ? Pierre Giacometti : Dans la mémoire collective française, le coup de gueule de Jacques Chirac en visite officielle à Jérusalem à l'égard des forces de sécurité israéliennes est marquant. Sa volonté de voir la France toujours prête à favoriser à la paix est reconnue par la gauche comme par la droite. Au final, Jacques Chirac a donné le sentiment de vouloir toujours prendre ses distances à l'égard d'un suivisme quelconque en faveur du couple israélo-américain. Au-delà, l'opinion française a toujours regardé cette région avec distance et sans considérer que c'était un élément décisif de jugement à l'égard de la politique du président. matt-hélion : Quels ont été selon vous les points communs entre Chirac et Mitterrand ? chat modéré par Alexandre Piquard et Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page Pierre Giacometti, le directeur général de l'institut de sondage Ipsos-France. | AFP/STEPHANE DE SAKUTIN AFP/STEPHANE DE SAKUTIN Pierre Giacometti, le directeur général de l'institut de sondage Ipsos-France. EN UNE EN CE MOMENT Dopage : la justice espagnole classe l'affaire Puerto Le fichier ELOI sur les sans-papiers annulé par le Conseil d'Etat François Bayrou : une synthèse économique et politique périlleuse Bruxelles s'en prend au couplage exclusif entre iTunes et l'iPod ET AUSSI Intervention de Jacques Chirac, le 11 mars 2007. | i-Télé Télézapping Une page est tournée Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, et le premier ministre, Charles konan Banny, le 5 décembre, à Abidjan. | AFP/KAMBOU SIA Chronologie Le conflit ivoirien depuis septembre 2002 La violence de la police britannique lors du "Bloody Sunday" a été largement mise en cause. | BOYES KELVIN/FSP Chronologie Irlande : une longue route vers la paix PRÉSIDENTIELLE 2007 Pierre Giacometti : "Jacques Chirac est à l'image des contradictions des Français eux-mêmes" Présidentielle : Jacques Chirac fera part de son choix après le 19 mars De Jean Peyrelevade à Christian Saint-Etienne, le réseau éclectique de François Bayrou Pascal Perrineau: "Aucun projet ne peut plus se déclarer ouvertement libéral" LES DÉPÊCHES Le débat sur l'euthanasie entre aux assises de Périgueux Reuters 18h29 George Bush au Guatemala pour parler libre-échange et sécurité Reuters 18h05 Icahn demande aux actionnaires de Motorola de l'élire au conseil Reuters 18h01 Second tour nécessaire pour la présidentielle en Mauritanie Reuters 17h56 § L'entourage du chef de l'Etat a indiqué, lundi, que Jacques Chirac exprimera "rapidement" ses "choix personnels" pour l'élection présidentielle, après l'annonce par le Conseil constitutionnel de la liste officielle des candidats. § L 'entourage du chef de l'Etat a indiqué lundi 12 mars que Jacques Chirac exprimera "rapidement" ses "choix personnels" pour l'élection présidentielle, après l'annonce par le Conseil constitutionnel de la liste officielle des candidats, le lundi 19 mars. Son soutien au candidat de l'UMP fait peu de doute, ne serait-ce que pour ne pas encourir à nouveau l'accusation de trahir son camp. Le très chiraquien ministre délégué aux Relations avec le Parlement, Henri Cuq, a ainsi affirmé que M. Chirac appuiera Nicolas Sarkozy "avec beaucoup de force". Pour autant, le soutien de M. Chirac s'il se concrétise n'équivaudra pas à un blanc-seing. Dimanche, le président de la République a adressé plusieurs "messages" aux Français, les exhortant en premier lieu à rejeter le "poison" de "l'extrémisme", en quoi les concurrents socialistes et UDF de M. Sarkozy ont voulu voir un avertissement au ministre candidat, accusé d'appels du pied au FN. Le premier ministre Dominique de Villepin, qui était l'un des derniers à ne pas avoir encore rallié le candidat de l'UMP, a annoncé lundi matin qu'il serait au côté de M. Sarkozy "dans la bataille" présidentielle. A son instar, lundi matin sur Europe 1, les derniers députés villepinistes ont annoncé dans un communiqué leur ralliement au ministre de l'Intérieur et président de l'UMP. "Le président de la République ayant décidé de ne pas briguer un nouveau mandat, le moment est désormais venu de nous engager publiquement, tout naturellement, avec le candidat de notre famille politique", ont déclaré, dans un communiqué, les députés Jean-Pierre Grand, Hervé Mariton et Georges Tron. § Le candidat de l'UDF trace son sillon parmi hauts fonctionnaires et patrons de PME. § A grégé de lettres, François Bayrou confiait au quotidien La Tribune le jeudi 8 mars : "ma pensée économique, je me la suis formée tout seul". Philippe Chalmin, professeur à l'université Paris-Dauphine, proche conseiller du candidat UDF lors de l'élection présidentielle de 2002, confirme que "personne ne peut vraiment dire qu'il l'influence". POUR EN SAVOIR PLUS LE PROJET ESPOIR, de François Bayrou (2007, Plon, coll. Actualité, 194 p., 17 ). MONDIALISATION, LA FRANCE À CONTRE-EMPLOI, de Jean Arthuis (2007, Calmann-Lévy, 252 p., 16 ). L'ETAT EFFICACE, de Christian Saint-Etienne (2007, Librairie académique Perrin, 280 p., 17 ). Centre et centrisme en Europe aux XIXe et XXe siècles, sous la direction de Sylvie Guillaume et Jean Garrigues (2006, PIE-Peter Lang, coll. "Cité européenne", 288 p., 33,75 , www.peterland.net). SITES : www.bayrou.fr ; www.udf.org En revanche, et ceux qui l'entourent sont unanimes à le reconnaître, il "sait écouter", et quand il a une question à poser, un SMS ou un coup de fil suffit, "généralement très bref car il comprend extrêmement vite", témoigne Jean Peyrelevade, aujourd'hui associé-gérant de la banque d'affaires Toulouse & Associés. Proche de Dominique Strauss-Kahn, longtemps sympathisant du courant "Gauche moderne" fondé par le sénateur socialiste et maire de Mulhouse Jean-Marie Bockel, l'ancien directeur-adjoint du cabinet de Pierre Mauroy fait désormais partie du premier cercle des conseillers économiques de M. Bayrou. A ses côtés : Jean Arthuis, sénateur UDF de la Mayenne, président de la commission des finances du Sénat ; Charles-Amédée de Courson, député UDF de la Marne, secrétaire de la commission des finances de l'Assemblée nationale ; Christian Saint-Etienne, économiste libéral, professeur aux universités de Tours et Paris-Dauphine. Drôle d'attelage ? "Il a fallu faire vite", reconnaît M. Arthuis, réfutant néanmoins le terme de "bricolage". Si une rencontre plénière a lieu, en principe, une fois par semaine, beaucoup de contacts se font en bilatéral. Chacun des quatre conseillers a "sa" spécialité. Jean Arthuis est plutôt le "M. Mondialisation", dont il souligne depuis plus de dix ans les dangers et les dérapages, expliquant "que seule une économie sociale de marché peut servir d'antidote aux excès de la financiarisation". M. de Courson est, lui, l'expert en questions budgétaires. M. Saint-Etienne, qui travaille avec François Bayrou depuis 2001, après avoir été "un soutien de Raymond Barre", décode les concepts, les articule et trace les pistes. Ancien président du Crédit lyonnais, membre de "l'establishment", M. Peyrelevade précise ne pas être là "pour amener au bercail les patrons du CAC 40". "D'ailleurs, poursuit-il, ils sont tenus à un devoir de réserve, mais, en privé, un certain nombre nous encouragent "bravo, continuez".". Il est en contact avec le mystérieux réseau Spartacus, qui rassemble des hauts fonctionnaires du ministère de l'économie, "corrigeant deux ou trois virgules avant que leur texte dans la presse ne paraisse". "PAS DE KEYNÉSIENS PRIMAIRES PARMI NOUS" S'ils parviennent à se fédérer, c'est essentiellement autour de trois éléments : primo, le retour à l'équilibre des finances publiques clamé haut et fort par le candidat UDF : "nous sommes en harmonie totale sur ce sujet, confirme M. Peyrelevade. Pas de keynésiens primaires parmi nous. Un Etat surendetté est un Etat impuissant". Deuxième point qui les réunit : la méthode de travail : "François Bayrou ne raconte pas de salades", résume M. Arthuis. "Il ne prétend pas détenir la vérité. Nous sommes loin d'un Valéry Giscard d'Estaing, un technocrate libéral qui avait déjà toutes les solutions en tête", ajoute M. Saint-Etienne. Troisième élément : la priorité donnée aux PME. "Il faut relancer l'offre en faisant confiance aux chefs d'entreprise", insiste M. Saint-Etienne, auteur avec Jean-Paul Betbèze d'un rapport au Conseil d'analyse économique (CAE) publié en juillet 2006, intitulé "Une stratégie PME pour la France", dont Renaud Dutreuil, ministre de Dominique de Villepin, s'est inspiré pour favoriser les "gazelles", ces entreprises à forte croissance. Mais ces PME justement, comment les rassembler ? En 2002, François Bayrou "n'avait pas vraiment de réseaux de terrain", reconnaît Michel de Fabiani, président du Cercle économique Sully, créé le 6 avril 2005, qui regroupe, comme il l'explique lui-même, "des patrons d'entreprises de toutes tailles, dont les idées sont démocrates, sociales, libérales et européennes". "Loin des cercles parisiens habituels réservés aux grands patrons", ajoute-t-il. Ancien PDG de BP Europe, président de la chambre de commerce franco-britannique, ancré dans une sérieuse culture de l'entreprise à l'anglo-saxonne, l'homme siège néanmoins dans plusieurs conseils d'administration. Il est d'ailleurs président du comité de rémunération de Rhodia. Jean Arthuis a lui aussi aidé à un meilleur ancrage du côté des PME en lançant en 2006 avec Didier Benchimol, président de Cartesis, éditeur de logiciels, le "Cercle des entreprises offensives" (CEO), groupe de réflexion autour de structures "françaises de naissance, européennes par nature, internationales par vocation". Qu'il s'agisse du Cercle économique Sully ou du CEO, les deux organisations entendent défendre l'entreprise en rationalisant le cadre administratif et fiscal, rappelant l'importance du dialogue social, mais "décentralisé" au niveau de la branche professionnelle ou à celui de l'entreprise. Des pistes qui ne devraient pas déplaire à Alain Madelin. Le député libéral UMP, qui n'a pas souhaité faire de commentaires, n'est pas dans le premier cercle. Mais il est en contact avec François Bayrou à l'écoute. § Pour Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, le programme de François Bayrou est, comme ceux de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, "dans la continuité du ni-nisme inauguré par Mitterrand". § L e succès de François Bayrou dans les sondages tient-il à son positionnement de "juste milieu" entre la droite libérale de Nicolas Sarkozy et la social-démocratie de Ségolène Royal ? Ce créneau est en réalité assez encombré : lorsqu'on regarde dans le détail les programmes des candidats de l'UMP et du PS, on s'aperçoit que ceux-ci, à l'instar de François Bayrou, sont dans la continuité du "ni-nisme" inauguré par Mitterrand : ni libéralisme ni socialisme étatique. Le second a échoué face à la réalité économique entre 1981 et 1983 ; le premier est devenu un épouvantail pour l'opinion, presque une injure ! Les trois principaux candidats sont engagés dans une course à la différenciation qui les contraint à se poser en s'opposant. Et faute d'ennemi, dont manque aujourd'hui cruellement la politique française, le libéralisme est devenu l'ennemi idéal. Aujourd'hui, même s'il irrigue en réalité une partie de sa culture politique, aucun candidat ne peut prendre, en France, le risque de défendre un projet libéral. Partout ailleurs en Europe, le libéralisme a une existence politique, une visibilité. De grandes formations l'incarnent, comme le Parti conservateur outre-Manche jusqu'au Labour, qui en revendique certains aspects. En Allemagne, le Parti libéral est à la charnière entre les sociaux- démocrates et les démocrates-chrétiens. Aux Pays-Bas, au Danemark, en Italie, les formations libérales participent aux coalitions gouvernementales, généralement de droite, et y apportent leurs thématiques. CV 2007 Professeur des universités, Pascal Perrineau dirige le Centre de recherches politiques de Sciences Po. Ses travaux portent principalement sur la sociologie électorale et l'analyse de l'extrême droite en France et en Europe. 2003 Il signe avec Colette Ysmal Vote de tous les refus. Les élections présidentielle et législatives de 2002 (Presses de Sciences Po). N'y a-t-il pas eu également, en France, des tentatives d'offrir un projet libéral aux électeurs ? Il n'y a eu que des courants intellectuels, avec Benjamin Constant, Alexis de Tocqueville, Frédéric Bastiat, sans débouchés politiques. Même sous Louis-Philippe, lorsque Guizot est au pouvoir, on croit plus dans les vertus de l'Etat que dans celles des individus pour mettre en oeuvre une économie libérale. Cette conception prédomine sous les IVe et Ve Républiques, même avec Valéry Giscard d'Estaing et Raymond Barre, qui ont des références libérales rompant avec l'étatisme gaulliste, mais mènent une politique économique dirigiste. La seule véritable tentative est celle d'Alain Madelin, qui crée Démocratie libérale en 1997, et se présente en 2002 : il ne recueillera que 3,9 % des voix, un million d'électeurs ! Son score est les plus élevé parmi les commerçants, artisans, indépendants, cadres supérieurs. Mais il est négligeable dans les classes moyennes et populaires. Cet échec a montré que nul ne peut brandir l'étendard du libéralisme sans susciter l'opprobre, et condamne ce dernier à être le "passager clandestin" des projets politiques. Pourquoi le libéralisme n'a-t-il jamais pu occuper de façon durable et crédible un espace politique en France ? Il y a, bien sûr, un attachement historique des Français, de gauche et de droite, au pouvoir de l'Etat, depuis Colbert à de Gaulle en passant par Napoléon, ce qui n'existe pas en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie, pour des raisons historiques variées. Il y a aussi une question culturelle : la droite s'est développée autour des valeurs catholiques, et la gauche autour des concepts marxistes. Les unes et les autres sont hostiles à l'argent, à l'entreprise. Il y a enfin une approche politique et juridique très française selon laquelle la puissance publique incarne l'intérêt général ; les intérêts particuliers, qui menacent l'intérêt général, sont donc illégitimes. Alors que, pour nos voisins, l'intérêt général découle de l'addition et de la coordination d'intérêts particuliers librement développés. § De la mésentente franco-allemande au non au référendum de 2005, la construction européenne a marqué un coup d'arrêt § L 'aventure européenne de Jacques Chirac s'est achevée sur une claque magistrale, le 29 mai 2005, avec le non massif des Français à la Constitution européenne, à une majorité de 54,68 %. Ce non n'était pas seulement le rejet d'un traité aux avancées techniques faibles. Mais il sanctionnait une politique d'élargissement incomprise aux pays de l'Est et à la Turquie. Il sanctionnait une Europe jugée distante et libérale, incapable de tirer la croissance française et d'aider le pays à lutter contre le chômage et les délocalisations. En 1995, lorsqu'il accède à la présidence de la République, Jacques Chirac est devenu européen de raison. Trois ans plus tôt, le chef de file gaulliste, rompant avec une partie du RPR, a voté oui au référendum de Maastricht. Afin de qualifier la France pour l'euro, Jacques Chirac pense qu'il faut un nouveau tour de vis budgétaire en 1997. C'est, selon lui, impensable sans nouvelle légitimation populaire. Cette raison sera invoquée pour justifier la dissolution de l'Assemblée nationale en 1997, qui permettra l'arrivée de Lionel Jospin à Matignon. En 1998, isolé à l'Elysée par la cohabitation, il lance l'Europe de la défense avec le premier ministre britannique, Tony Blair, au sommet de Saint-Malo. Mais, très vite, le processus se bloque, en raison notamment de la mésentente franco-allemande. L'ombre de François Mitterrand plane sur sa relation avec le chancelier allemand, Helmut Kohl, qui a mal pris de ne pas avoir été prévenu de la première grande décision de M. Chirac à son arrivée au pouvoir : la reprise des essais nucléaires en Polynésie. Les affrontements se multiplient : sur le pacte de stabilité monétaire, que les Français trouvent trop rigide, sur la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) : le président fait le forcing en mai 1998, sans y arriver, pour imposer le Français Jean-Claude Trichet face au Néerlandais Wim Duisenberg. Les relations se dégradent encore avec le social-démocrate Gerhard Schröder, arrivé au pouvoir en octobre 1998. Au sommet de Berlin en 1999, Jacques Chirac défend jusqu'à l'aube la prime à la vache allaitante, sans comprendre que l'Allemagne réunifiée a réellement besoin d'être soulagée financièrement. Fin 2000, le sommet de Nice sur les institutions européennes est un nouvel échec : l'intégration européenne ne progresse pas et les institutions européennes ne sont toujours pas en état de fonctionner. Notamment parce que Jacques Chirac, en pleine cohabitation, a refusé la moindre voix supplémentaire à l'Allemagne pour prendre en compte le poids de sa population. Jacques Chirac et Gerhard Schröder finissent par s'apercevoir que leurs deux pays sont les premières victimes d'une Europe qui ne fonctionne pas. Ils se rabibochent spectaculairement à l'automne 2002 en enterrant leur conflit sur le budget de la politique agricole commune (PAC). Mais il est trop tard. L'Europe a pris le train de l'élargissement. La crise irakienne sonne le glas de la "vieille Europe", selon l'expression du secrétaire à la défense américain Donald Rumsfeld. La France et l'Allemagne se retrouvent minoritaires dans l'Europe élargie, emmenée par le Britannique Tony Blair et l'Espagnol José Maria Aznar. Français et Allemands, qui prétendent depuis des années vouloir plus d'intégration européenne, donnent le sentiment de ne croire qu'en leur puissance. MM. Schröder et Chirac font voler en éclats les règles du pacte de stabilité sur l'euro dès décembre 2003. Ils s'enferment dans un tête-à-tête avec le président russe Vladimir Poutine qui indispose les pays de l'Europe centrale et orientale. Comment prétendre, dans ces conditions, vouloir plus d'Europe lors des débats de la Convention européenne chargée d'établir le texte de la Constitution européenne ? Le traité constitutionnel concocté sous l'égide de Valéry Giscard d'Estaing souffre de son ambiguïté. Tony Blair, en vertu des lignes rouges qu'il s'est imposées, éliminera toutes les avancées résiduelles lors de la négociation finale entre gouvernements. Le premier ministre britannique a de toute façon hypothéqué l'avenir du texte en promettant de le soumettre chez lui à un référendum. Mais, poussé par les socialistes, Jacques Chirac, qui a cédé à l'Allemagne en matière institutionnelle ce qu'il avait refusé à Nice, convoque en premier la consultation populaire. Chacun a eu beau jeu de lui faire porter la responsabilité de l'échec européen. § Le refus français de la guerre en Irak, en 2003, a été le sommet d'un dialogue difficile entre Paris et Washington § L a présidence de Jacques Chirac a traversé de multiples crises internationales : de la Bosnie en 1995 au Liban en 2006 - deux pays à propos desquels le président s'engagea très fortement -, en passant par le 11-Septembre puis le refus français de la guerre d'Irak en 2003. Sans oublier le Kosovo, la Côte d'Ivoire... Ces crises ont presque toutes eu pour particularité de mettre en jeu la complexité de la relation avec les Etats-Unis, la superpuissance face à laquelle M. Chirac - en cela héritier du gaullisme - a eu à coeur de marquer une volonté française de tenir son rang et de défendre "une certaine vision du monde et une certaine idée de la morale". M. Chirac a eu affaire, lors de son second mandat, à une administration Bush perçue comme un interlocuteur difficile, si ce n'est comme la prisonnière de conceptions néoconservatrices jugées erronées et dogmatiques. Avec Bill Clinton, le courant passait mieux, mais il a fallu aussi que M. Chirac bataille pour inciter le président américain à s'impliquer de façon décisive dans les affaires balkaniques en 1995. Le sort réservé aux soldats français, otages des forces serbes en Bosnie, puis la tuerie de Srebrenica, avaient outré M. Chirac, qui estima nécessaire une intervention internationale pour mettre fin au conflit. En 1999, même si le Conseil de sécurité de l'ONU, en raison de l'opposition de la Russie, ne pouvait avaliser les bombardements de la Serbie par l'OTAN, la coopération de M. Chirac avec Washington était étroite pour mettre fin aux exactions serbes au Kosovo. L'affaire de l'Irak, début 2003, sera en revanche l'occasion d'une rupture profonde. Le président français et son ministre des affaires étrangères, Dominique de Villepin, optent alors pour la confrontation ouverte avec les Etats-Unis, à l'ONU. La diplomatie française tente en vain d'empêcher le conflit armé. M. Chirac menace d'utiliser un veto français à l'ONU pour bloquer une résolution voulue par les Etats-Unis, qui autoriserait l'usage de la force. Il faut sans doute remonter à 1966, et à la décision du général de Gaulle de sortir la France du commandement intégré de l'OTAN, pour trouver l'écho d'une brouille aussi lourde de conséquences entre Paris et Washington. En cet hiver 2002-2003, les malentendus et les désaccords se sont accumulés, alors que Paris avait laissé entendre qu'une participation française à des opérations militaires n'était pas exclue, à la condition que les inspecteurs de l'ONU concluent formellement à une violation par Bagdad de ses obligations en matière d'armes de destruction massive. En cherchant à rallier des soutiens contre Washington au sein du Conseil de sécurité, et en laissant M. de Villepin prononcer, le 14 février 2003 à l'ONU, un discours emphatique, M. Chirac s'attirait les foudres des médias américains. Entre M. Chirac et George Bush, les contacts personnels ont été complexes dès le début, et l'hostilité du président français à l'idée que le Moyen-Orient pouvait être remodelé par une politique dite "de promotion de la démocratie" n'a fait que s'intensifier. Après leur première rencontre, M. Bush avait confié à Tony Blair qu'il avait trouvé M. Chirac "raide et pompeux". En 2001, pourtant, au lendemain des attentats du 11 septembre contre le World Trade Center et le Pentagone, M. Chirac avait été le premier chef d'Etat à visiter les ruines de Ground Zero à New York, pour exprimer sa solidarité. Et dans l'après-11-Septembre, la coopération entre Paris et Washington en matière de lutte antiterroriste, dans sa composante policière, ne se démentira jamais, allant jusqu'à un silence notable du président français sur la question des prisons et des vols secrets de la CIA en Europe. Après la dispute sur l'Irak, il faudra attendre février 2005, et la nouvelle impulsion donnée à la diplomatie américaine par la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, pour que les relations entre MM. Chirac et Bush en reviennent à une certaine cordialité. A l'occasion d'un dîner à Bruxelles, le président américain qualifie alors son homologue français de "bon conseil". Entre-temps, une coopération étroite s'est nouée sur la question de la souveraineté du Liban, dont M. Chirac a choisi de faire une des priorités de sa politique étrangère. Fruit d'un travail en commun entre Français et Américains, la résolution 1 559 de l'ONU, en septembre 2004, forcera la Syrie à retirer ses troupes du Liban. Mais, là encore, les approches divergeaient : alors que M. Chirac avait le Liban à l'esprit, M. Bush cherchait plutôt à démêler l'écheveau irakien, pensant que des pressions sur Damas l'y aideraient. Lorsque la guerre éclate, le 12 juillet 2006, entre le Hezbollah libanais et Israël, M. Chirac se range d'abord à une lecture plutôt américaine de la crise, qui consiste à donner du temps à Tsahal pour neutraliser la milice chiite. C'est en voyant la dévastation infligée au Liban par les bombardements israéliens, que sa diplomatie opère un virage et se met à exiger avec force un cessez-le-feu et le déploiement d'une force internationale. A partir de septembre 2006, alors qu'un millier de soldats français se déploient au sud du Liban dans le cadre de la Force intérimaire de l'ONU pour le Liban (Finul), l'inquiétude de M. Chirac sur la tournure de la crise entre l'Iran et les Occidentaux, à propos du programme nucléaire de Téhéran, l'incite à accroître les appels au dialogue. Se méfiant des intentions de l'administration Bush, qui, enlisée en Irak, s'est mise à déployer une politique d'endiguement de l'Iran, M. Chirac envisage une initiative française en solo, avec l'idée d'envoyer en janvier 2007 un émissaire à Téhéran. Le projet, qui suscite l'hostilité de l'Egypte, de l'Arabie saoudite et d'une partie des rouages diplomatiques français, est finalement abandonné. Auparavant, au sommet de l'OTAN à Riga en novembre 2006, Jacques Chirac avait marqué son rejet de l'idée américaine d'accroître les troupes de l'OTAN en Afghanistan, tandis que se confirmait le retrait des forces spéciales françaises de ce pays, où elles combattaient Al-Qaida depuis 2002 aux côtés des soldats américains. § Le candidat centriste dit vouloir "un climat, si j'ose dire, amical à l'égard de l'entreprise, un pays qui se mette à l'aimer et à y voir une promesse pour tous". § P our François Bayrou, c'est l'entreprise qui est créatrice de richesses. Dans son livre Projet d'espoir (Plon), il plaide pour sa "réhabilitation" : "Je veux un climat, si j'ose dire, amical à l'égard de l'entreprise, un pays qui se mette à l'aimer et à y voir une promesse pour tous", écrit le candidat de l'UDF. La "social-économie" qu'il défend se fixe donc pour objectif d'offrir un environnement favorable à l'entreprise. Si cette dernière doit être mise à contribution pour promouvoir une politique sociale, elle doit, selon lui, y trouver son avantage ou, à tous le moins, ne pas être pénalisée. Tout en considérant que "le coût de l'emploi additionné au coût des charges est trop lourd", il critique la concentration des allégements de charges sur les bas salaires : "Plus les aides sont fortes sur les bas salaires, plus grande est l'incitation à maintenir les salariés au bas de l'échelle." Ainsi propose-t-il d'offrir à toute entreprise, quels que soient sa taille et son secteur d'activité, la possibilité de créer deux emplois sans charges (excepté 10 % pour le financement des retraites) pendant une durée de cinq ans. Récemment, pour répondre aux critiques sur les "effets d'aubaine" que le dispositif pourrait entraîner, M. Bayrou a indiqué que cette mesure pourrait être plafonnée à " 5 000 euros de salaire net". Dans la même logique de ne pas renchérir le coût du travail, le candidat de l'UDF propose de permettre au salarié qui veut faire une heure supplémentaire de bénéficier d'une prime de 35 %, "sans que cela coûte plus cher à l'entreprise". Celle-ci bénéficierait d'une déduction des charges sociales équivalant au montant du supplément versé au salarié. "PROTÉGER LES JEUNES POUSSES" De la même manière propose-t-il "une mesure incitative forte pour que les entreprises soient amenées à partager leurs bénéfices à la fin de l'année avec leurs salariés" : "Il faut que cet intéressement puisse être liquide et que l'entreprise y trouve un avantage", précise-t-il. Un deuxième sujet de réflexion de M. Bayrou concerne le tissu industriel. "Le drame de la France vient de ce que 95 % des 2,65 millions d'entreprises comptent moins de dix salariés", répète-t-il couramment, ajoutant : "Si on veut de grands arbres, il faut protéger les jeunes pousses." Favoriser, donc, la croissance des petites entreprises. C'est, en particulier, le projet d'un "small business act" à la française, une loi de protection et de soutien à la petite entreprise. Principale disposition de ce projet : les PME se verraient réserver la totalité des marchés publics de moins de 50 000 euros et, au-delà, une part de 20 % leur en serait garantie. Protection, dans ce cas, rime avec protectionnisme. " L'opinion publique européenne sera, dans cette affaire, notre alliée", affirme M. Bayrou. La social-économie de M. Bayrou, c'est aussi "tendre la main à ceux qui restent au bord du chemin". Avec l'idée que, "pour retrouver l'estime de soi, chacun doit pouvoir être utile à la société". "L'activité universelle, n'hésite-t-il pas à proclamer, c'est une idée de révolution civique." Tout bénéficiaire de minima sociaux se verra ainsi offrir " une activité indemnisée au service de la société, dans une collectivité locale ou une association". Aux yeux du candidat à l'élection présidentielle, cette activité constitue la première étape de la reconnaissance sociale et de la reconstruction de la personne. Parallèlement, il se dit favorable à une politique de retour à l'emploi. Il se prononce notamment pour une unification des aides sociales en une allocation unique, cumulable, de manière dégressive avec la reprise d'un emploi. "La force d'une économie, c'est la force de son lien social", plaide M. Bayrou. § Entre l'Etat et le marché, le candidat UDF veut s'appuyer sur les corps intermédiaires et la solidarité familiale. § E ntre la défense des règles du marché, au coeur de l'idéologie de la droite libérale, et le recours à l'Etat pour assurer la protection des travailleurs, qui caractérise la doctrine de la gauche social-démocrate, le centre, famille politique de François Bayrou, est à la recherche d'une troisième voie. Celle-ci existe, au moins en théorie : c'est celle de l'"économie sociale de marché", portée par la démocratie chrétienne dans la seconde moitié du XXe siècle. Ce n'est pas un hasard si l'Union européenne (UE), dont la naissance doit beaucoup à l'action des démocrates-chrétiens, comme Robert Schuman en France, Konrad Adenauer en Allemagne ou Alcide De Gasperi en Italie, se réclame de cette orientation. Elle apparaît, en effet, comme la seule qui permette de surmonter la division entre la droite et la gauche. L'économie sociale de marché, qui se présente comme une synthèse entre le libéralisme économique et la solidarité sociale, a été développée en Allemagne de l'Ouest au lendemain de la seconde guerre mondiale. C'est Ludwig Erhard, comme ministre de l'économie de 1949 à 1963, puis comme chancelier de 1963 à 1966, qui l'a incarnée. Il s'inspire alors de l'"ordolibéralisme", une doctrine développée par l'école de Fribourg, cercle d'économistes allemands réunis dans les années 1930 autour de Walter Eucken. FILET DE SAUVEGARDE Si l'ordolibéralisme prône la liberté économique, l'un de ses promoteurs, Wilhelm Röpke, précise néanmoins que "l'économie de marché est une condition nécessaire mais non suffisante d'une société libre, juste et ordonnée". M. Erhard accommode ainsi son ordolibéralisme d'une bonne dose de politique sociale, souvent inspirée du christianisme. Le compromis qui en est résulté, mélange de laisser-faire économique et d'organisation sociale, est devenu le signe distinctif de la démocratie chrétienne allemande. Mais il a aussi caractérisé, sous des formes diverses, les partis démocrates chrétiens en Italie, en Belgique ou en France. A l'exception du parti français, le Mouvement républicain populaire qui, lors de sa création à la Libération, se situe clairement à gauche avant de glisser peu à peu vers le centre-droit, ces formations sont alors ancrées à droite, comme le souligne le politologue Paul Magnette, directeur de l'Institut d'études européennes de l'Université libre de Bruxelles (ULB). C'est le cas en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie ou en Allemagne. Mais elles ont en commun de refuser le libéralisme, par méfiance à l'égard du capitalisme, dans le droit-fil du personnalisme chrétien. Aussi vont-elles contribuer, une fois au pouvoir, à la mise en place des grands systèmes de protection sociale. "Cette famille politique a été un acteur de la construction de l'Etat-providence", explique Pascal Delwit, directeur du Centre d'études de la vie politique (Cevipol) à l'Université libre de Bruxelles. Les démocrates-chrétiens, indique-t-il, acceptent l'économie de marché, mais, à la différence de la droite classique, ils portent "une attention soutenue à la question sociale". Il est vrai que leur conception de l'Etat-providence est singulière. Il y a trois façons de concevoir l'Etat-providence, précise Paul Magnette : à la britannique, dans la tradition libérale de Lord Beveridge, le père du Welfare State ; à la nordique, dans une perspective redistributrice ; ou à la manière des démocrates-chrétiens, qui se situe, selon Paul Magnette, entre les deux, puisqu'elle va plus loin que le "filet de sauvegarde" mais insiste davantage sur le rôle de la famille que sur celui de l'Etat. La démocratie chrétienne est en faveur d'un Etat-providence, affirme le politologue, à condition que l'action de la puissance publique n'ait pas pour effet de "saper la solidarité familiale", qui apparaît comme la principale protection de l'individu. A la famille s'ajoutent d'autres cercles, locaux ou professionnels. "Ce qui distingue la vision démocrate-chrétienne de l'Etat-providence, c'est le principe de subsidiarité", note Pascal Delwit. Autrement dit, la solidarité repose en priorité sur des corps intermédiaires à l'instar des syndicats, des mutualités, voire des Eglises. "L'Etat agit là où personne d'autre n'agit", précise-t-il. La pensée démocrate-chrétienne est "décentralisatrice", ajoute-t-il, se méfiant de l'interventionnisme de l'Etat. Telle est, selon M. Delwit, la principale différence entre les démocrates-chrétiens et les sociaux-démocrates. Les premiers s'inspirent du rôle joué par les Eglises dans l'action sociale et s'appuient sur le réseau des organisations de la société civile, les seconds font d'abord confiance à la puissance publique. Face à une droite conquise par les idées libérales, les forces démocrates- chrétiennes en sont venues à occuper une position plus proche du centre, même si, selon les circonstances, le degré de leur engagement social peut varier. Ainsi la chancelière allemande, Angela Merkel, qui avait défendu en 2005 une ligne plutôt libérale, a choisi ensuite de mettre l'accent sur la dimension sociale. Comme le note M. Magnette, les démocrates-chrétiens ont aujourd'hui pour rôle de "modérer" les politiques, de droite ou de gauche, auxquelles ils sont associés. "Le parti restera partisan de l'économie sociale de marché", a déclaré ainsi Mme Merkel il y a quelques mois. § En pleine polémique sur les chiffres, les associations annoncent un forum "pour un statut de vie sociale et professionnelle, une garantie de revenus et la continuité des droits", samedi 17 mars, à Paris. § L es chômeurs veulent faire entendre leur voix. Lors d'une conférence de presse, lundi 12 mars, leurs associations (AC!, APEIS, MNCP, à l'exception de la CGT chômeurs) devaient présenter le forum "pour un statut de vie sociale et professionnelle, une garantie de revenus et la continuité des droits" qu'elles organisent, samedi 17 mars, à Paris, aux côtés d'autres organisations et syndicats comme Solidaires, la Confédération paysanne, Act-Up ou le Collectif national pour les droits des femmes. En pleine polémique sur la fiabilité des statistiques (Le Monde du 10 mars), au moment où l'Insee annonce ne plus pouvoir compter le chômage, ces associations veulent rappeler que "derrière les chiffres, il y a la réalité du chômage et de la précarité", ainsi que le déclarait récemment Marc Moreau (AC!). Elles dénoncent aussi les pressions exercées, selon elles, par l'ANPE et l'Unedic, caractérisées notamment, par une politique de suivi et de contrôle renforcé. Ce "harcèlement" pousserait le demandeur d'emploi à ne pas se réinscrire, contribuant ainsi à une baisse statistique du chômage. En plein contexte électoral et alors que les partenaires sociaux discutent, sous l'égide du Medef, de l'avenir de l'assurance-chômage, les premiers concernés, les chômeurs, ne veulent pas rester à l'écart. Leurs associations "considèrent avec intérêt les propositions des syndicats en matière de nouveau statut du travailleur salarié et de la sécurité sociale professionnelle" et revendiquent un système de protection universel contre la "balkanisation actuelle" des filières d'indemnisation. § Eugène Caselli, la soixantaine élégante, premier secrétaire de la solide fédération des Bouches-du-Rhône, a joué un rôle discret mais d'importance dans l'ascension de Ségolène Royal au sein du PS. § E ugène Caselli, la soixantaine élégante, est un discret. Et c'est bien un rôle discret mais d'importance que le premier secrétaire de la solide fédération des Bouches-du-Rhône, a joué dans l'ascension de Ségolène Royal au sein du PS. Il a été de ceux qui, à l'automne 2006, ont rallié suffisamment de secrétaires fédéraux pour qu'elle puisse entamer sa conquête interne. Depuis, l'ancien dirigeant de la caisse d'Epargne, qui a "commencé au guichet avant de gravir tous les échelons jusqu'au directoire" est passé "du premier cercle des conseillers, au deuxième cercle" comme il le dit sans amertume. Mais il reste parmi les membres du comité national de campagne et du bureau national du PS, l'un de ceux dont l'avis compte. Et ses sms à la candidate ne restent jamais sans réponse. Ce fidèle de Jean-Noël Guérini, sénateur et patron incontesté de la fédération, se souvient du moment où, lui l'ancien jospiniste, a été convaincu par Ségolène Royal. C'était en mars 2006 : "On dînait à quelques-uns avec elle, à Marseille, et elle a dit, en nous regardant droit dans les yeux : "Je suis certaine que je peux battre Sarkozy et j'ai envie de me retrouver au deuxième tour face à lui". Je me suis dit qu'elle avait peur de rien et qu'il fallait y aller". Après quelques mois de travail presque invisible, Eugène Caselli intègre au mois de septembre 2006, le comité politique de la candidate pour entreprendre au grand jour la bataille interne au PS. Son premier fait d'armes sera la publication de la signature des 35 premiers secrétaires fédéraux qui soutiennent Ségolène. "Je téléphonais, je parlais, et c'est venu assez facilement" explique M. Caselli, encore étonné d'être si vite reconnu par des gens qu'il ne croise finalement qu'au moment des comités nationaux où il aime prendre la parole "sur le fond". "Après ce coup, plus personne n'a dit qu'elle était seule alors que c'était l'argument majeur de tous ses adversaires fabiusiens ou strausskahniens" se souvient-il encore. AMENER "DE L'AIR FRAIS" La réorganisation de la campagne a placé M. Caselli "en deuxième rideau". Mais tous les mardis, il "monte à Paris" pour participer aux comités divers qui coordonnent la campagne socialiste. Le matin, il rencontre les deux directeurs de campagne Jean Louis Bianco et François Rebsamen et leur dit ce qu'il sent sur le terrain avant d'avancer ses propositions. En ce moment il bataille, par exemple, pour que la candidate tienne "un grand discours sur les institutions, en insistant sur le mandat unique et la réforme du Sénat ". Il est persuadé qu'elle sera plus convaincante sur le sujet que tous ses adversaires et que ce sera entendu dans les milieux populaires qui demandent "de l'air frais dans la vie politique". L'après midi, le consciencieux homme d'appareil qu'il est devenu après sa préretraite, s'occupe des relations humaines au PS, qui emploie 120 salariés. Avant de participer aux réunions de campagne du soir. Et de revenir dare-dare le lendemain dans sa ville natale, Marseille, pour sentir le vent de la campagne et en indiquer un peu l'odeur à la candidate. § L'enquête du Cevipof montre que seuls 40 % des Français ont déjà une position claire dans leur vote. 61 % des électeurs ne font confiance ni à la droite ni à la gauche. § § L'ex-candidat à la présidentielle du petit parti Alternative libérale a annoncé mardi qu'il déclarait forfait faute d'un nombre de parrainages suffisant et apportait son soutien au candidat UDF, François Bayrou. § "L es libéraux entendent continuer la campagne et soutenir François Bayrou, car c'est le candidat qui propose de changer le système et une autre façon de faire de la politique", a déclaré Edouard Fillias, mardi 13 mars. Le candidat à la présidentielle du petit parti Alternative libérale a confirmé qu'il déclarait forfait faute d'un nombre de parrainages suffisant. M. Fillias a notamment salué les propositions de M. Bayrou en faveur de la proportionnelle aux législatives ou du mandat unique, car "on ne fera aucune réforme tant qu'on n'aura pas changé les institutions", a-t-il expliqué. Le scrutin proportionnel "sera un vrai bol d'air frais" pour un Parlement qui ne représente plus "que lui-même", et est donc dans l'incapacité de lancer les réformes nécessaires "sur les retraites, la santé ou la fonction publique", a expliqué M. Fillias.Le président d'Alternative libérale avait déjà annoncé à demi-mot son ralliement à François Bayrou dans un chat sur , mardi 6 mars, estimant que "François Bayrou propose un changement intéressant de règles du jeu". "LES VRAIES RÉVOLUTIONS SONT FAITES PAR LES MODÉRÉS" "Bayrou nous séduit parce qu'il propose une forme de révolution légale" avec ses réformes institutionnelles, a ajouté M. Fillias. "Les vraies révolutions sont faites par les modérés", a-t-il estimé, se félicitant que se reconstitue ainsi "l'alliance historique" entre libéraux et centristes. M. Fillias a indiqué que son parti espérait présenter "une centaine" de candidats aux élections législatives. Né en mai 2006, Alternative libérale milite pour une ligne libérale pure, pas uniquement dans le domaine économique. Il milite contre "l'Etat nounou" et propose la suppression de l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune) et la baisse de l'impôt sur les sociétés, la liberté de choix de l'assurance santé ou retraite, mais aussi l'expérimentation de la vente libre du cannabis ou la restriction des contrôles d'identité. § Déçus qu'une candidature unitaire antilibérale ait échoué, méfiants à l'égard d'un candidat jugé peu sûr et tiraillés par leur fidélité au parti, ils avaient préféré jusqu'alors se mettre en retrait. Et attendaient de voir qui, de Besancenot ou de Bové, aurait le plus de chances de récolter les 500 signatures d'élus. § U ne quinzaine d'élus communistes ont apporté, mardi 13 mars, leur parrainage à José Bové. Si certains s'étaient lancés un premier temps dans la campagne du leader altermondialiste, beaucoup étaient restés sur leur réserve. Déçus qu'une candidature unitaire antilibérale ait échoué, méfiants à l'égard d'un candidat jugé peu sûr et tiraillés par leur fidélité au parti, ils avaient préféré jusqu'alors se mettre en retrait. Et attendaient de voir qui, de Besancenot ou de Bové, aurait le plus de chances de récolter les 500 signatures d'élus. L'approche de la date de dépôt des parrainages officiels et le risque de voir le candidat paysan ne pas pouvoir se présenter ont suscité l'inquiétude. Les députés de Seine-Saint-Denis Patrick Braouezec et François Asensi, le sénateur Robert Bret, le conseiller régional Jean Brafman ainsi que plusieurs élus locaux des Bouches-du-Rhône se sont décidés les premiers à le parrainer. D'autres ont suivi, comme les conseillers généraux de Seine-Saint-Denis Pierre Laporte, Roland Kerrest et Florence Haye ou Patrice Leclerc, conseiller général des Hauts-de-Seine en congé de parti. Un appel lancé le 9 mars aux élus afin qu'ils donnent leur parrainage à Olivier Besancenot ou José Bové a semble-t-il levé les dernières hésitations. La députée Jacqueline Fraysse et le maire de Nanterre, Patrick Jarry, ont annoncé mardi leur parrainage. Même chose pour la conseillère de Paris Catherine Gégout et la sénatrice de la Loire Josiane Mathon. "Ce n'est pas encore gagné, mais on sent qu'on peut y arriver", souffle Jacques Perreux, directeur de campagne de Bové. § Depuis que l'ancien directeur des renseignements généraux de Corrèze a rencontré Jacques Chirac, en novembre 1972, il ne lui a jamais manqué. A la Mairie de Paris, au RPR, à l'Assemblée nationale. § C 'est beau comme la République, bleu, blanc, rouge et tiré au cordeau. Plein d'ordonnances, de lois organiques, de circulaires. Cela s'appelle 2002-2007, Des engagements tenus. Henri Cuq, ministre délégué aux relations avec le Parlement, est un homme d'engagement : "Comme personne ne s'excitait pour faire le bilan, il fallait bien que quelqu'un le fasse." L'accent roule comme la Garonne. Sécurité, plan de rénovation urbaine, retraites, santé, sécurité routière, recherche, contrats d'insertion, impôts, statut pénal, et tout le reste. Il n'a, évidemment, rien oublié. Ce bilan, les députés sont " très contents de l'avoir". Et ceux qui ne l'ont pas eu " n'ont qu'à le demander". C'est sa manière à lui de célébrer son grand homme. Dimanche 11 mars, lorsque Jacques Chirac a annoncé qu'il ne se représenterait pas, " une grande émotion", un pan de sa vie s'est refermé. Celui de la poudre, de la conquête, de la marche excitante vers la victoire. Qui sait ce qu'il serait advenu si des inconditionnels comme lui n'avaient pas été là, dans l'ombre, autour du candidat ? Depuis que l'ancien directeur des renseignements généraux de Corrèze a rencontré Jacques Chirac, en novembre 1972, il ne lui a jamais manqué. A la Mairie de Paris, au RPR, à l'Assemblée nationale. C'est lui qui organise la résistance aux balladuriens, en 1994 et qui sera pendant près de dix ans, un bien habile questeur. Dimanche, il a trouvé le président, " égal à lui-même, fidèle aux combats de toute sa vie". S'il devait définir sa propre carrière il dirait : " Calée sur une fidélité totale à Chirac. Fondée sur la confiance en l'homme, qui porte les valeurs dans lesquelles je me retrouve." Clair et net. "Se présenter, c'est une décision difficile à prendre. Ne pas se représenter, c'est encore plus difficile", dit-il. Mais il n'imagine pas son héros rester inactif et il sera "heureux de continuer avec lui", pour ce qu'il voudra. Loyal à la famille, il fera un ou deux meetings de campagne, "par-ci, par-là". § Devant plus de 2 000 personnes réunies dans la halle des expositions d'Evreux, François Bayrou a rendu, lundi 12 mars, un hommage appuyé à Pierre Mendès France, qui fut député de l'Eure, président du conseil général et maire de Louviers. § D evant plus de 2 000 personnes réunies dans la halle des expositions d'Evreux, François Bayrou a rendu, lundi 12 mars, un hommage appuyé à Pierre Mendès France, qui fut député de l'Eure, président du conseil général et maire de Louviers. Pour M. Bayrou, qui interroge : "Qu'avons-nous fait de notre démocratie ?" ou s'alarme du "gouffre" qui s'est installé entre le peuple et les élites, M. Mendès France est celui qui, "cinquante ans après, reste une référence. Dans l'Eure, c'est normal que ce soit devant vous que je vienne le dire", a-t-il confié en associant l'ancien président du Conseil et Charles de Gaulle. Au lendemain de l'intervention de Jacques Chirac, le candidat de l'UDF a donc "deux références, des grandes figures non pas pour nous comparer à eux mais parce que, quand on a des grandes références, il y a des chances que l'on fasse de grandes choses". Mais surtout "ils n'étaient pas des hommes d'intérêts partisans. Ils n'ont pas hésité à traverser le désert, souvent contre tous, de renoncer à des carrières. Ces hommes méritent qu'on leur tire un coup de chapeau et qu'on s'inspire de leur exemple". Au courage et au désintérêt de M. Mendès France et de De Gaulle, M. Bayrou ajoute la pensée commune "que l'intérêt de la France exige qu'on dépasse les frontières habituelles", comme ils l'ont fait à la Libération et en 1958, ou pour Mendès France avec "les majorités d'idées" (en fait, l'expression est d'Edgar Faure) : "Il y a un moment où il faut tourner la page, on a besoin de toutes les forces pour qu'on reconstruise la France." Transposant les faits en 2007, M. Bayrou est convaincu qu'il pourra à son tour rassembler "des compétences de camps différents" pour "construire le pays dans une démarche de rassemblement". S'il l'emporte, les Français choisiront "une majorité nouvelle" avec des candidats "de la grande formation qui est en train de naître". Mais, ajoute-t-il aussitôt, "je suis déterminé à ouvrir le gouvernement, avec des personnalités nouvelles, diverses par leur expérience". § Les économistes Christian Saint-Etienne et Philippe Aghion débattent du programme économique du candidat de l'UDF. Pour M. Saint-Etienne, "il a le mérite de la cohérence" mais pour M. Aghion, François Bayrou ne propose que "des modifications à la marge." § C hristian Saint-Etienne : "Le candidat de l'UDF est le seul à partir d'un diagnostic clair". Professeur d'économie aux universités de Paris-Dauphine et deTours, membre du Conseil d'analyse économique Pour être moins coûteux que ceux des candidats de l'UMP et du PS, le programme de François Bayrou n'en est pas creux pour autant. Le candidat de l'UDF est le seul à partir d'un diagnostic clair, à savoir que l'économie française souffre d'une insuffisance d'offre. Ce problème ne provient pas des grandes entreprises, mais du fait que les PME n'y sont ni assez nombreuses ni de taille suffisante. En ciblant les exonérations de charges sur elles, M. Bayrou est le seul responsable politique qui se propose de porter de 25 000 à 40 000 le nombre d'entreprises de 50 à 250 salariés. Et nous savons bien que c'est en multipliant les entreprises de taille moyenne que nous réussirons à créer les groupes de 1 000 à 2 000 personnes qui nous font défaut. De même, dans notre conception du "Small Business Act", il n'y a pas seulement l'idée de réserver une partie des marchés publics aux PME, mais aussi de rediriger vers elles une partie très significative de la recherche publique, confisquée à plus de 80 % par 18 grands groupes. Il s'agit aussi de réduire rapidement les délais de paiement à 45 jours, contre 60 voire 80 jours aujourd'hui. Le candidat de l'UDF propose, enfin, de développer les fonds propres des PME et de mettre en place un impôt sur les sociétés progressif, comme il en existe aux Etats-Unis. Candidat "pro-entreprise", M. Bayrou ne veut ni dépenser des centaines de milliards d'euros ni relancer la demande, mais jouer sur l'offre. Il a le mérite de la cohérence. Philippe Aghion : " Il propose des mesurettes sur l'emploi" Théoricien de la croissance, professeur d'économie à Harvard et professeur "visiteur" à l'Ecole d'économie de Paris François Bayrou est le candidat de la continuité. Il ne propose ni rupture ni réforme structurelle, mais des modifications à la marge. Or pour augmenter la croissance potentielle de la France, il faut agir en même temps sur plusieurs fronts : accroître le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche d'au moins un demi-point de PIB. Le président de l'UDF suggère de l'augmenter mais pas suffisamment. Il faut aussi rendre plus dynamiques les marchés des produits, du crédit et du travail. M. Bayrou ne dit rien de s effets pervers de la loi Galland sur le commerce, qui a entravé la concurrence et contribué à maintenir des prix excessifs pour le consommateur. De même, il ne s'intéresse ni à l'absence de concurrence dans le secteur bancaire français, ni aux faiblesses du capital-risque ni au nombre insuffisant des "Business angels". Il propose des mesurettes sur l'emploi mais rien qui permette de s'attaquer à l'insuffisante mobilité du marché du travail et au déficit de confiance entre employeurs et salariés. Réformateur de droite, Nicolas Sarkozy défend une approche thatchérienne, en se concentrant exclusivement sur le marché du travail et en s'attaquant frontalement au service minimum, aux régimes spéciaux de retraite, aux fonctionnaires. M. Bayrou, lui, est conservateur et conformiste, mais pas plus convaincant. Il veut réduire la dette publique. Mais cette diminution ne doit pas faire obstacle aux investissements indispensables à la croissance. Car cette dernière est la meilleure garantie d'une diminution durable de l'endettement. § Jean-Louis Borloo est prêt à s'engager au côté de Nicolas Sarkozy... pour peu que ce dernier reprenne le programme de l'actuel ministre de l'emploi et de la cohésion sociale. "Si ce programme n'est pas repris, martèle M. Borloo, je peux ne soutenir personne." § S on choix, tardif, est fait : Jean-Louis Borloo est prêt à s'engager au côté de Nicolas Sarkozy... pour peu que ce dernier reprenne le programme de l'actuel ministre de l'emploi et de la cohésion sociale. "Si ce programme n'est pas repris, martèle M. Borloo, je peux ne soutenir personne." Le candidat de l'UMP, lui, va donc recevoir le livre L'Architecte et l'horloger (Editions du Moment). Il découvrira la "tour EFEL" borloosienne, "les quatre piliers sur lesquels on construit une société, les quatre priorités du prochain gouvernement" : emploi, formation, équité et logement. En 55 pages (suivies d'un entretien avec le journaliste Gérard Leclerc) qu'il a présentées, mardi 13 mars, à la presse, M. Borloo fait de son action à la tête du ministère de la cohésion sociale, de son expérience aussi de maire de Valenciennes, l'alpha et l'oméga de la future action gouvernementale. "Architecte", il veut reconstruire les piliers de ses quatre causes nationales. "Horloger", il veut régler les rouages - "pour ne pas prendre de retard" -, qui régissent la nouvelle "mosaïque de cultures, de métiers et de pouvoirs". Atteindre les 100 % de qualifiés, réduire le temps partiel subi, créer un "office national pour l'habitat", autant de propositions sur des thématiques bien connues. Mais, insiste-t-il, ces objectifs ne valent que par la méthode qu'il propose pour les atteindre. "Il faut savoir mettre tout le monde autour de la table, syndicats, patronat, collectivités territoriales, associations, etc.", explique M. Borloo. Les objectifs sont donc clairs, même si les moyens politiques pour mettre en oeuvre ce programme restent encore flous. C'est non pour Bayrou : "S'il est élu face à Sarkozy, il sera le champion de la gauche et si c'est face à Royal, il sera celui de la droite." Non plus encore pour Royal : "J'ai mis mes idées au clair, je ne change pas de famille politique." M. Borloo attend donc un signe de Nicolas Sarkozy. Mais celui qui "aurait pu être candidat" refuse d'"être une caution". Quand on lui fait remarquer que certaines orientations du candidat de l'UMP semblent peu conciliables avec sa vérité (ministère de l'identité nationale, dialogue social...), M. Borloo relativise : "Nicolas Sarkozy et moi, on n'est pas fait pareil mais ce n'est pas pour autant qu'on n'est pas capable de faire équipe." "Le président de la République fait la politique étrangère et sert de corde de rappel, de rassembleur, mais il ne décide pas la politique au jour le jour", ajoute-t-il, soulignant l'importance que prend alors le choix du premier ministre. S'il n'est pas appelé à ce poste, serait-il prêt à entrer dans le gouvernement d'un François Fillon ? "Je n'ai pas une envie ministérielle telle que je ferai les choses à contre-coeur." Et la mairie de Paris ? Pour l'ancien maire de Valenciennes, il n'en est pas (encore) question. Même si, certains, dans l'entourage de M. Sarkozy, expliquent que la voie pourrait être dégagée, pour peu qu'un ministère (parité oblige) soit proposé à la candidate UMP, Françoise de Panafieu. § Des artistes et intellectuels étaient réunis pour soutenir Ségolène Royal, lundi 12 mars, gymnase Japy dans le 11e arrondissement de Paris. Propos recueillis. § D es artistes et intellectuels étaient réunis pour soutenir Ségolène Royal, lundi 12 mars, gymnase Japy dans le 11e arrondissement de Paris. Propos recueillis. Bernard Murat, directeur du Théâtre Edouard-VI à Paris. "Il faut interpréter avec prudence les sondages. Pour moi, le test, c'est l'assistance aux meetings. Les réunions publiques de Ségolène Royal sont remplies à 120-130 %. C'est la même chose pour l'audience de ses émissions télévisées : elle fait deux fois plus que François Bayrou. Il faut se calmer et se battre." Jean-Pierre Azema, historien. "On a tendance à oublier que l'UDF représente un courant toujours présent dans le paysage politique. Lecanuet a mis De Gaulle en ballottage en 1965. Tout cela n'a rien d'extraordinaire. Il faut garder la tête froide et maintenir le cap. Pour l'instant, les électeurs se font plaisir. Ils sont sensibles au slogan "Ni droite, ni gauche". Nous sommes dans une phase de défoulement. Au dernier moment, une partie de ceux qui sont tentés par Bayrou rallieront Royal." Charles Berling, acteur. "Je suis surpris de la versatilité du public. Est-ce que les sondages sont fiables ? Les gens changent d'opinion en trois jours, après avoir entendu un discours. Je suis un citoyen et un acteur qui soutient Ségolène Royal depuis un an et demi. Je suis très mauvais comme analyste politique. Quand je fais une pièce ou un film, je vais spontanément vers ce qui m'apparaît le plus juste et le plus fort." Françoise Champion, sociologue. "J'entends autour de moi des personnes qui sont tentées de voter Bayrou par stratégie, pour éliminer Sarkozy. Moi, je préfère les votes de conviction. Je ne soutiens pas Ségolène Royal avec un grand enthousiasme. Mais elle a le mérite d'être une femme qui casse un certain jeu politique classique. Sa faiblesse, c'est de ne pas avoir compris le monde enseignant. Elle donne l'impression d'avoir été influencée par Claude Allègre, le ministre qui a fait le plus de mal à l'éducation nationale." Sivane Seniak, avocate au barreau de Créteil. "C'est flippant quand on entend des jeunes socialistes qui sont tentés de voter Bayrou. Comment peut-il gouverner ? Il ne donne aucune réponse. On a reproché à Ségolène Royal son absence de programme. On est moins sévère avec Bayrou. Je comprends qu'il puisse susciter une certaine sympathie. Mais ce n'est pas suffisant. Penser, comme certains sympathisants socialistes, qu'il représente un renouvellement, c'est aberrant ! Il a été ministre sous Balladur." Françoise Benhamou, économiste. "Je suis inquiète, et c'est pour cela que je suis à Japy ce soir. C'est mon premier meeting. Ségolène Royal avait un peu de retard sur le terrain des intellectuels, avec un discours dualiste, opposant le haut et le bas de la société. Elle est en train de passer outre, et c'est tant mieux. On voit la logique derrière le succès de Bayrou, mais pas les perspectives. L'hypothèse d'une gauche qui ne serait pas présente au second tour, est très inquiétante. Dans le monde universitaire, je vois des lignes de fuite. Des collègues qui sont proches de la gauche de la gauche, d'autres qui sont intéressés par Bayrou. Il est grand temps de soutenir Ségolène Royal." § Lundi 12 mars, gymnase Japy à Paris, la candidate du PS a choisi d'attaquer M. Sarkozy sur le terrain de "l'identité nationale". Et propose une "République rénovée". § L a dernière tentative du comité de soutien "people" classique a disparu avec le référendum sur la Constitution européenne et sa liste d'artistes engagés pour le oui. "Le côté "Ils savent mieux que nous" a été contre-productif dans les classes populaires", juge Christophe Girard, adjoint à la culture du maire de Paris, Bertrand Delanoë. "Jospin avait le plus beau comité de soutien mais, aujourd'hui, tout le monde s'en méfie un peu, les politiques comme les artistes", acquiesce Anne Hidalgo, secrétaire nationale à la culture du PS. A proscrire, donc les listes de signatures de célébrités. Aujourd'hui, le profil du comité de soutien VIP évolue. "Un peu moins show-biz, reconnaît l'incontournable Pierre Bergé, et plus intellectuel. L'époque a changé." Encore que, soupire le PDG d'Yves Saint Laurent, "quand on voit les intellos qui passent chez Sarko, faut pas exagérer leur poids". Sur invitation, artistes et intellectuels avaient été conviés, lundi 12 mars, au gymnase Japy dans le 11e arrondissement de Paris, à venir "participer" et à écouter Ségolène Royal. Une soirée "société civile", selon l'expression privilégiée par les organisateurs, où les réseaux de Jack Lang se sont mêlés à ceux de l'avocat Jean-Pierre Mignard. Les vedettes de cinéma ont donc frayé avec des chercheurs, des magistrats et des intellectuels, tous "éclaireurs d'avenir", selon Mme Royal. Après l'actrice Dominique Blanc, engagée pour la première fois - "En 2002, je ne le sentais pas", confie-t-elle -, c'est l'océanographe Catherine Jeandel, l'une des animatrices du collectif "Sauvons la recherche", qui a pris la parole et, après Jeanne Moreau, est venu le tour du mathématicien Michel Broué. Dans la salle, Emmanuelle Béart, Ariane Mnouchkine, Charles Berling, Sapho côtoient l'anthropologue Françoise Héritier, l'historien Jean-Pierre Azéma et le journaliste Edwy Plenel. Il y a quelques jours, Ségolène Royal a discrètement pris position sur le dossier des intermittents du spectacle, en dénonçant le "mauvais accord de juin 2003" et en promettant une nouvelle négociation sur le sujet. La candidate s'est engagée à revenir à la règle des 507 heures en 12 mois, pour les artistes comme pour les techniciens. Mais elle réserve son discours sur la culture pour son meeting de Nantes le 26 mars. Ce soir, "à un moment où un candidat de droite veut faire peur", elle préfère évoquer une "République rénovée". C'est ici qu'elle choisit d'attaquer Nicolas Sarkozy sur le terrain de "l'identité nationale" dont "il ne faut pas laisser le monopole à quelques-uns". "Nous, républicains, lance-t-elle, nous sommes amoureux de la France, mais nous ne confondons pas le patriotisme, qui est l'amour des siens, avec le nationalisme, qui est la haine des autres." Certes, poursuit la candidate, "les catégories populaires sont très attachées à l'idée d'identité nationale et de nation, et elles ont raison. C'est la nation qui permet de construire, de tenir bon, en n'ayant pas peur des autres". Mais la nation, ajoute-t-elle, "n'est pas une addition de communautés", elle "ne distingue ni Blancs, ni Noirs, ni Jaunes, ni catholiques, ni musulmans, nous sommes tous des citoyens de la République française à égalité de droits et de devoirs". "Avec moi, l'identité nationale ne disparaîtra pas dans la mondialisation", assure Mme Royal qui met en avant la laïcité. Et l'accès à la culture. § Nicolas Sarkozy a affirmé, jeudi 8 mars, sur France 2 que "5 % des délinquants font 50 % des délits". Une affirmation contestée, car elle n'est pas confirmée par les statistiques sur la délinquance. § N icolas Sarkozy a affirmé, jeudi 8 mars, sur France 2 que "5 % des délinquants font 50 % des délits". Une affirmation contestée, car elle n'est pas confirmée par les statistiques sur la délinquance. Le ministre s'appuie sur une étude sociologique menée, en 2001, par Sebastian Roché sur la délinquance autodéclarée par les jeunes, première recherche de ce genre en France. Ses résultats avaient été popularisés par la commission d'enquête sur la délinquance des mineurs du Sénat, en 2002. Ils ont, depuis lors, nourri la thèse de l'existence d'un "noyau dur" de la délinquance. M. Roché avait questionné 2 300 jeunes de 13 à 19 ans des agglomérations de Saint-Etienne et de Grenoble. Auditionné au Sénat, en mars 2002, le sociologue avait livré sa conclusion : "On trouve une très forte concentration de la délinquance sur un petit ensemble de personnes." M. Roché faisait alors référence à "la théorie des 5 %". Il précisait : "D'après les jeunes auteurs de délits eux-mêmes, il y a bien 5 % qui pèsent 60 % à 85 % du total des actes." Le rapport sénatorial avait généralisé ce résultat, devenu une sous-tête de chapitre intitulée : "Une délinquance concentrée : la théorie des 5 %." Au cours de leurs auditions, les sénateurs avaient pourtant entendu un point de vue divergent. Le procureur de la République d'Annecy avait, pour sa part, indiqué : "Il convient de moduler l'idée selon laquelle ce sont toujours les mêmes mineurs délinquants qui sont interpellés." Le magistrat s'appuyait sur des chiffres : "En 2001, le commissariat d'Annecy a interpellé 314 mineurs ; 286 l'ont été une seule fois, et 28 à plusieurs reprises." "NOYAUX "SURACTIFS"" Le candidat de l'UMP extrapole les résultats de M. Roché à l'ensemble des délinquants, à l'appui de sa proposition-phare en matière de justice pénale pour l'élection présidentielle : l'instauration de peines-planchers automatiques pour punir plus durement les récidivistes. Selon l'entourage du ministre, "l'existence de jeunes suractifs dans la délinquance est une évidence, constatée par les policiers comme les magistrats". Mais la France ne dispose pas des outils statistiques qui permettraient de conforter l'estimation de M. Sarkozy. Pour M. Roché, le ministre commet une "erreur de présentation" : "J'ai parlé de 5 % d'une classe d'âge et non de 5 % des délinquants qui ont déjà commis un délit", précise-t-il. "Si on prend ces derniers, 5 % des auteurs sont responsables de 30 % des délits (...). M. Sarkozy a le mérite de mettre le doigt sur un vrai problème, mais ses conseillers sont allés un peu vite." Le sociologue ajoute que la notion de "noyau dur" de la délinquance est trompeuse : "Ce n'est pas parce qu'on détruirait ce noyau qu'on serait débarrassé du problème. Il s'agit plutôt de noyaux "suractifs", dans lesquels des jeunes entrent tandis que d'autres en sortent." Le problème tient à la mesure de la délinquance. En 2006, "la police n'a identifié les auteurs que de 34 infractions sur 100, elle ne sait donc pas qui a commis 66 % des infractions", explique le juge Serge Portelli, qui a décortiqué le bilan de M. Sarkozy au ministère de l'intérieur, chiffres à l'appui, dans un livre à paraître. "Il est donc impossible d'affirmer que 50 infractions sur 100 sont commises par des récidivistes, que donc 1 862 794 crimes et délits sont de leur seul fait", ajoute M. Portelli. L'enquête de victimation menée par l'Insee, en 2006, montre que la délinquance dont les personnes se déclarent victimes est trois fois supérieure aux chiffres officiels. Quant à la récidive, "telle qu'elle est définie par la loi, elle ne représente que 5 % des condamnations prononcées par les tribunaux, et elle n'augmente pas", indique le magistrat, appelant sur ce sujet à "mobiliser l'intelligence plutôt que la peur". § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Débat en direct avec Jérôme Jaffré, directeur du Cecop, chercheur associé au Cevipof, vendredi 16 mars 2007 à 16h00 § § Valérie Pecresse, député UMP des Yvelines, évoque le programme de Nicolas Sarkozy sur le thème de la famille, un thème important de la campagne auquel Lemonde.fr a consacré un dossier. § § Au lendemain de son ralliement à Nicolas Sarkozy, le premier ministre prend une nouvelle fois le large. Mercredi 14 mars, il s'envole vers les Etats-Unis. § A six semaines de son départ de Matignon, c'est sa jeunesse qui lui revient en mémoire. "J'avais 20 ans, j'attendais, avec angoisse, mes résultats à Sciences Po. Mon père m'a dit : "Arrête de tourner en rond, de ressasser les mêmes questions. Va prendre l'air !" Il m'a payé un billet d'avion pour l'Asie, en pleine déroute de l'armée américaine. Je suis parti à Hongkong, au Laos, en Birmanie...", confie Dominique de Villepin au Monde. La présidentielle "dans un gobelet à dés" "La présidentielle est compliquée, les législatives seront compliquées", pronostique le premier ministre. A Matignon, on estime que "tout va se jouer entre quatre candidats Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen qui feront entre 17 % et 20% des voix chacun... et personne ne sait qui sortira du gobelet à dés". "La droite a une longueur d'avance dans cette élection, mais la montée de Bayrou illustre ce qu'on a toujours dit : aucune personne à droite ne peut couvrir tout le champ de la droite républicaine", analyse un conseiller du premier ministre. "En 1995, Chirac a gagné grâce à Balladur", illustre-t-il. Jean-Louis Borloo peut-il jouer ce rôle ? "Pour apporter quelque chose, il faut être candidat. Borloo, il n'apporte rien", tranche ce conseiller. Au lendemain de son ralliement à Nicolas Sarkozy, le premier ministre prend une nouvelle fois le large. Mercredi 14 mars, il s'envole vers les Etats-Unis. A New York, pour discuter avec le secrétaire général de l'ONU des affaires du monde. A Boston, pour discuter avec les étudiants d'Harvard de la nécessité d'une réconciliation entre une Amérique arrogante et hégémonique et une Europe lâche et politiquement indigente. Bref, le premier ministre donne le change : "Il faut aller de l'avant, avancer !" Ces dernières semaines, certains proches le décrivaient comme déprimé. "Je ne me retrouve pas dans ces portraits établis à partir de moments difficiles." En fait, raconte un député proche de lui, "jusqu'au discours d'investiture de Nicolas Sarkozy, le 14 janvier, Dominique croyait qu'avec le départ de Chirac, il y avait une place pour lui dans la course présidentielle". "Mais le recentrage de Nicolas Sarkozy, son discours sur la France, son hommage à la politique étrangère de Jacques Chirac ont rendu sa candidature inutile et vouée à l'échec", ajoute-t-il. Le premier ministre a alors traversé une phase de déprime. Ses collègues du gouvernement l'ont observé au cours de plusieurs conseils des ministres : ostensiblement penché sur les épreuves d'un livre qu'il envisage de publier - sur sa vision du monde -, M. de Villepin relisait, biffait, raturait, indifférent à la séance en cours. "Une fois, Jacques Chirac lui a même fait passer un message lui demandant s'il souhaitait intervenir. Sans lever les yeux, M. de Villepin a fait "non" de la tête", raconte un ministre. Ses intimes s'en sont inquiétés. "On a essayé de le remonter, on ne l'a pas lâché, parce qu'on avait vu que, physiquement, il n'allait pas très bien", décrypte le député de l'Hérault Jean-Pierre Grand. "VENDRE DES NOUGATS" Ce n'est qu'il y a trois semaines que le premier ministre a semblé reprendre le dessus. "Il a tourné la page", affirme un proche. "Et il est capable d'arrêter la politique pour de bon", s'alarme le député de la Drôme Hervé Mariton. Le ministre du budget, Jean-François Copé, n'est pas loin de penser la même chose : "Ce n'est pas sûr qu'il refasse de la politique." Du coup, certains députés villepinistes se sentent abandonnés. "Un peu, oui, confie le député de l'Essonne Georges Tron. On s'était retrouvé dans ses convictions." "Sa voix ne peut pas s'éteindre... Il ne peut pas nous abandonner. On n'en a pas beaucoup des comme ça...", renchérit M. Grand. Un poste dans une fondation, une grande entreprise, une association ? "Je ne le vois pas en train de vendre des avions ou des nougats", essaie de se convaincre M. Grand. Pour le moment, M. de Villepin garde le secret. "Une mission, un combat ! J'aime ce qui est nouveau, inconnu. La culture ? l'art ? La paix ? La justice ? Le développement...", énumère le premier ministre. M. Tron lui a demandé de mettre les points sur les i : "On lui a dit : "ou tu vois encore les choses à long terme et, alors, ça se prépare. Ou c'est la fin, et tu nous le dis aussi !"" Mais, regrette-t-il, "il ne nous a jamais répondu !". M. de Villepin s'étonne de ces propos rapportés : "J'aime me battre", prévient-il. "J'ai été ministre des affaires étrangères, ministre de l'intérieur, premier ministre, et j'irai vers ce qui sera le plus fort encore pour servir mon pays...", lâche-t-il. Et il poursuit dans son élan : "J'entends les gens qui me disent qu'il faut se préparer, qu'il y a des étapes à franchir, qu'il faut être député... ce n'est pas ça qui m'intéresse", tranche-t-il. "Le suffrage universel, quand même, ce n'est pas honteux !", lui a répondu le ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, l'un des ministres qui l'ont entouré. "A 42 ans, après avoir été directeur de cabinet d'Alain Juppé, j'étais séduit et tenté par le mandat de député. Mais, Jacques Chirac, en m'appelant à ses côtés à l'Elysée, en a décidé autrement", confie M. de Villepin. Aujourd'hui, résume-t-il, "je n'ai pas vocation à m'arrêter d'avoir un parcours singulier"... Le premier ministre marque une pause, réfléchit, pour admettre : "Ce n'est pas facile en politique d'arriver à choisir rapidement la bonne direction, la bonne façon de parvenir à ses objectifs..." Alors où sera Dominique de Villepin en juin 2007 ? "Villepin est instinctif. C'est son instinct qui lui dira quelle carte jouer en fonction des résultats de la présidentielle", affirme un proche. § La candidate PS souffre d'une image très médiocre chez ces enseignants. Pour autant, François Bayrou ne convainc pas, et voter UMP est, pour eux, impossible. § S i l'élection présidentielle est une histoire de désir et de choix personnels entre des électeurs et un élu, alors Ségolène Royal a perdu leur vote. Si c'est une affaire de choix rationnel entre une politique de gauche ou de droite, alors la candidate socialiste peut encore espérer. Dans les collèges de Villepinte et de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), les professeurs balancent entre un jugement très sévère sur la personnalité et les méthodes de "Ségolène" et la volonté, profondément ancrée, d'en finir avec la droite au pouvoir. Car Ségolène Royal pose un problème de confiance à ces enseignants, souvent très jeunes. Une blessure ouverte en novembre 2006 : "On a tous en tête ses déclarations sur les 35 heures des profs", témoigne Emilie Respingue, professeure de lettres de 27 ans, en référence à la vidéo pirate diffusée sur Internet dans laquelle elle proposait que les enseignants assurent 35 heures de présence. Avec cette proposition, Ségolène Royal a instillé le doute. Pour beaucoup, elle a rejoint, par démagogie, le chur de ceux qui dénigrent les enseignants "absentéistes" ou "privilégiés". Alors que, eux, attendent du futur président une réponse sur leur angoisse de dévalorisation de leur profession, aussi bien sur le plan matériel que symbolique. "Je crois que personne ne s'est remis de cette déclaration. C'était une phrase choc pour plaire au grand public en laissant entendre que les profs ne font rien et qu'on est toujours en vacances", poursuit Emilie Respingue, en poste à Pierrefitte. A cause de ce passif, la candidate socialiste souffre d'une image très médiocre. Dans les "salles des profs" ne s'exprime pas d'adhésion forte, pas de sentiment de proximité avec la candidate. Et le fait d'être une femme politique n'y change rien, y compris dans des collèges où le corps enseignant est traditionnellement très féminisé. Mais ces critiques sont loin d'entraîner un basculement à droite. Voter pour l'UMP reste impossible pour ces enseignants : les conflits de ces dernières années, marqués par des "défaites" importantes (retraites, loi Fillon sur l'école, suppression de postes), ont accentué le ressentiment vis-à-vis des gouvernements sortants. De ce point de vue, les manoeuvres de séduction de Nicolas Sarkozy ne changent rien : dans ces collèges des quartiers populaires, le ministre de l'intérieur apparaît comme celui qui soutient les réductions budgétaires et qui défend une approche "managériale" de l'éducation nationale. "Il fait des beaux discours sur les enseignants, mais personne ne peut le croire", estime Marie Le Padellec, 26 ans, professeure d'anglais à Pierrefitte. François Bayrou, alors ? Le principe de précaution politique conduit à se méfier d'un ancien ministre de droite. Dans les établissements, on imagine mal qu'il ait pu changer de camp, sauf pour le temps d'une campagne. "Une fois au pouvoir, on est sûr qu'il mènera une politique libérale", affirme ainsi Marylène Molari, 29 ans, enseignante de lettres à Pierrefitte. Depuis que le candidat UDF est monté dans les sondages, il a suscité plus d'intérêt. Mais de raz de marée, non : "Il se présente comme un candidat antisystème. Mais on n'est pas des crétins ! On voit bien que c'est un produit médiatique", glisse Régine Charles, 36 ans, enseignante d'histoire et de géographie à Pierrefitte. Ceux qui avaient marqué un intérêt par rapport à sa candidature sont allés chercher son programme pour l'éducation. Et n'ont rien trouvé ou presque : "Son discours peut être séduisant, mais on voit vite qu'il cherche surtout à ratisser le plus large possible", affirme Souad Tayebi, 29 ans, enseignante en sciences de la vie et de la Terre à Pierrefitte, qui tranchera au dernier moment. "Bayrou n'a pas de position, il évite de trop se mouiller, relève Emilie Respingue. Royal, on ne l'apprécie pas, mais c'est quand même la moins pire sur le fond." Après beaucoup d'hésitations, beaucoup retournent ainsi à la case départ. Voter Royal, non, mais voter socialiste, oui. "C'est pas pour elle, c'est pour le Parti socialiste, pour la gauche. Même si on n'est pas satisfait avec Royal, on sait, en tant qu'enseignants, qu'on pourra discuter avec un gouvernement qui nous écoutera", explique Stéphane Schermann, 37 ans, professeur de lettres à Villepinte. "Il reste des réflexes culturels forts", sourit Régine Charles. § Les programmes des principaux candidats à l'élection présidentielle manqueraient-ils "d'ambition" ? Emanant de Laurence Parisot, la présidente du Medef, la critique peut paraître surprenante. § L es programmes des principaux candidats à l'élection présidentielle manqueraient-ils "d'ambition" ? Emanant de Laurence Parisot, la présidente du Medef, la critique peut paraître surprenante. "Jamais, on ne voit la cohérence des politiques économiques se dessiner pour atteindre des objectifs ambitieux de croissance. Et quand je vois Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se fixer des seuils de 2 % ou de 2,5 %, je dis : "quel manque d'ambition"", a-t-elle déploré mardi 13 mars lors d'une conférence de presse. La dirigeante de l'organisation patronale invite les candidats à s'inspirer de l'Allemagne en citant en exemple sa renaissance industrielle, ses taux records d'exportations et de créations d'emplois. Une manière pour Mme Parisot de tirer "le signal d'alarme" sur les "faiblesses structurelles" et le "manque de compétitivité des entreprises françaises". Pour parer toute critique, elle s'est empressée de préciser que "les profits records des entreprises du CAC 40, c'est l'arbre qui cache la forêt". Faute d'avoir été entendu après la publication de son projet de société dans l'ouvrage Besoin d'air (Le Monde du 26 janvier), le Medef envisage de réinterpeller les candidats avec une nouvelle série de propositions. Au passage, Mme Parisot continue de décerner ses bons et ses mauvais points. Elle s'inquiète des intentions de ceux qui voudraient "redéfinir la politique de l'euro" et s'interroge aussi sur la "politique sélective d'aides aux entreprises" de la candidate socialiste. § Confrontée à la progression de François Bayrou, qui la talonne désormais dans les sondages, Ségolène Royal a décidé de multiplier les interventions dans les médias. § C onfrontée à la progression de François Bayrou, qui la talonne désormais dans les sondages, Ségolène Royal a décidé de multiplier les interventions dans les médias. En évoquant la nécessité d'une "confrontation très claire de la droite contre la gauche" et en renvoyant le candidat UDF à une incompétence économique présumée, la candidate socialiste a lancé une première salve, mardi 13 mars, au journal de 20 heures de TF1. Prochaines fenêtre de tir : jeudi, sur France 2 et son émission "A vous de juger" ; puis samedi, à "France Europe Express", sur France 3. La contre-offensive est orchestrée par un éléphant du PS et spécialiste des médias, Jack Lang. L'ancien ministre prépare, organise et joue les "go-between" pour la candidate. Problème : le stock de munitions se raréfie. A partir du 20 mars, télévisions et radios seront tenues de respecter une stricte égalité de temps d'antenne entre les candidats officiels. D'ici là, c'est un principe d'équité qui prévaut. Dans un relevé qui doit être publié prochainement, le CSA a noté que sur les cinq chaînes hertziennes (TF1, France 2, France 3, Canal+ et M6) représentant 80 % de l'audience, l'équité entre candidats déclarés a été respectée (Le Monde du 10 mars). En dépit de ce satisfecit, c'est le non-respect de ce principe d'équité qui a valu à Ségolène Royal d'essuyer une première déconvenue. La candidate socialiste devait être l'invitée, dimanche 18 décembre, du Grand Jury RTL-Le Figaro - LCI. Mais elle a dû y renoncer, RTL ayant enregistré un trop grand déséquilibre, avec une surreprésentation des socialistes. Mme Royal paie en fait l'addition... d'une soustraction à droite. RTL estimait que le temps d'antenne accordé à Jean-Louis Borloo, devait être imputé au quota sarkozyste. Le ministre de l'emploi et de la cohésion sociale tardant à afficher son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy, son temps d'antenne a finalement dû être décompté. Au vu de ces comptes d'apothicaires et de ses mécomptes de campagne, Ségolène Royal, déjà pressée par les plus inquiets de ses amis, a retenu une leçon : il lui faut faire vite. Eludant les questions de PPDA sur les déclarations de Claude Allègre, la candidate a tenu à exposer en dix minutes ses principes sur l'éducation, ainsi que l'apport des débats participatifs qui ont nourri son projet. § Après avoir soutenu le Vert Noël Mamère, l'acteur a fait campagne en faveur du oui au référendum sur la Constitution européenne. Aujourd'hui, il s'engage avec passion au côté de Ségolène Royal. § P ersonne n'est venu le tirer par la manche. Le jour de l'inauguration du siège de campagne du Parti socialiste, Philippe Torreton s'est présenté et a glissé à Jack Lang qu'il avait envie de s'engager. Ségolène Royal a saisi la balle au bond et lui a proposé d'intervenir dans un meeting. Chiche ! C'est ainsi que, le 6 février, mort de trac face à des milliers de personnes réunies à la Halle Carpentier dans le 13e arrondissement, entre Bertrand Delanoë et Ségo superstar, Philippe Torreton s'est lancé, bravement. "Si je suis là, ce soir, c'est parce que j'ai l'espoir d'une autre politique qui rejette les dogmes et les mirages de la personne providentielle, une politique en mouvement et à l'écoute qui avance à visage découvert, qui n'insulte pas, qui ne joue pas cyniquement avec le feu..." PARCOURS 1965 Naissance à Rouen. 1977 Joue dans "Les Fourberies de Scapin" au collège du Grand-Quevilly. 1987 Admis au Conservatoire national supérieur d'art dramatique. 1997 Joue Scapin et Tartuffe ; César du meilleur acteur pour "Capitaine Conan" 1999 Interprète Henri V à Avignon 2005 Incarne Richard III au Théâtre des Amandiers de Nanterre. Chacun oublia vite que l'acteur, métamorphosé en tribun vibrant, lisait son discours, écrit en toute liberté. On retrouvait un peu de la flamme du jeune Jaurès qu'il incarna, en 2005, dans un téléfilm réalisé par Jean-Daniel Verhaeghe. Ce cinéaste, qui a depuis offert à Torreton le rôle d'un instituteur dans Le Grand Meaulnes, n'est pas étonné par les talents d'orateur d'un "comédien totalement investi", dont il souligne "l'énergie, la générosité, le goût de l'explication des textes, le sens du discours et de la formule". L'ancien sociétaire de la Comédie-Française était si impliqué dans la campagne qu'il a presque du mal à se concentrer durant les répétitions de la pièce d'Alexandre Griboïedov, Du malheur d'avoir de l'esprit, donnée en création française depuis le 9 mars au Théâtre national de Chaillot dans la mise en scène de Jean-Louis Benoît. Un rôle de pure composition, puisque son personnage, Tchatski, est "une sorte de misanthrope pimenté de folie russe". Ce dédoublement du comédien et de l'homme-citoyen, Torreton ne l'avait ressenti qu'une fois, lors de la naissance de son fils, Louis, voilà neuf ans, à laquelle il avait pu assister. "Je jouais alors Tartuffe à la Comédie-Française et j'étais tellement ailleurs et bouleversé que je n'ai pas vu passer la représentation." Son engagement actuel, il a eu le temps de l'approfondir dans la grande solitude des steppes du Kazakhstan où, à l'automne 2006, il a tourné Ulzhan, sous la direction de Volker Schloendorff. "Durant deux mois et demi, nous sommes restés coupés du monde comme des navigateurs en pleine mer. Une expérience extraordinaire, face à soi-même." L'acteur militant n'est pas tout à fait un novice. Avant le référendum sur la Constitution européenne, en 2005, il était déjà monté sur une tribune, aux côtés de Lionel Jospin et François Hollande. En 2002, il avait soutenu la candidature de Noël Mamère. Cette fois, l'écolo qu'il est resté a été convaincu par l'engagement de Ségolène Royal de "faire de la France un pays d'excellence en matière d'environnement". Et il ne s'agit pas d'un ralliement par défaut ; bien avant les primaires du PS, il avait choisi Ségolène Royal. "C'était déjà la plus pertinente parce qu'elle osait aborder des sujets tabous. Je ne suis pas choqué par son idée de structures encadrées par des militaires pour éviter la prison aux jeunes délinquants. Il faut bien trouver des solutions pour éviter que des petits groupes violents pourrissent la vie des plus défavorisés." Philippe Torreton qui connaît bien le monde des médias - il a été pendant quatre ans le compagnon de Claire Chazal- se dit "indigné par les coups bas portés par le conglomérat de la finance et des médias sous pression qui font preuve d'un parti pris éhonté et unique dans l'histoire de la République...". Il reproche à Nicolas Sarkozy sa duplicité : "Qu'il ait le courage de dire : je ferai une politique à la Margaret Thatcher, au lieu d'avoir l'impudence de citer Blum ou Jaurès !" L'interprète de Shakespeare, de Vinaver et de Sartre, à qui l'on reproche parfois son sérieux, sait retrouver l'insolence de Scapin pour se moquer du troisième homme. "Bayrou me fait penser à une aire de repos d'autoroute où l'on sait qu'on trouvera des tables pour pique-niquer et des toboggans pour les enfants. Son ni-ni ne peut tromper personne, il incarne la droite." Torreton, lui, s'est toujours senti de gauche. "J'ai des oncles et des tantes qui ont commencé à travailler à 13 ans et ma grand-mère bien plus tôt encore. Dans cette famille, il y a eu des engagements, des combats, des résistances." Il a grandi dans une cité populaire, rue Neil-Armstrong, au Grand-Quevilly, en Seine-Maritime, le fief de Laurent Fabius. Comme il le raconte avec une tendresse mêlée d'humour dans son récit Comme si c'était moi (Seuil, 2004), c'est un professeur de français, joliment nommé Gérald Désir (d'avenir ?) qui a fait basculer sa vie. "Comme j'étais un collégien très timide, se complaisant dans sa petite médiocrité, ma mère, institutrice et militante syndicale, m'a inscrit à son stage d'initiation au théâtre, les mercredis après-midi. Semaine après semaine, dans la salle polyvalente du collège Edouard-Branly, je me suis senti pousser des ailes." Il a regardé son prof autrement, pu rencontrer des filles, aller boire des Monaco en fumant des Peter mentholées, découvrir des grands textes, participer à la naissance d'une petite troupe, L'Astragale, et, surtout, éprouver cette "peur au ventre", terrible et divine, qui ne l'a plus quitté. La suite relève du rêve. Son admission au Conservatoire - dont il avait préparé le concours parallèlement à celui... d'inspecteur de police -, sa montée à Paris qu'il connaît à peine et où un copain l'héberge dans sa chambre de Montrouge, ses rencontres surtout. Quand il joue Britannicus avec le souci du concret, en jetant rageusement sa couronne de laurier, certains sourires de "considération amusée" font sentir au jeune homme débarqué de Normandie qu'il fait partie "du clan des bruts de décoffrage, des moulés à la louche, des non-filtrés". Mais les petits marquis ricaneront jaune lorsque Antoine Vitez l'appellera à la Comédie-Française - où il s'ébrouera avec délice dans le meilleur du répertoire avant d'en claquer la porte huit ans plus tard - ou quand Bertrand Tavernier l'engagera pour incarner un Capitaine Conan, décoré d'un César, puis un instit' passionné dans Ça commence aujourd'hui. Tout un programme... Au meeting de Villepinte, Torreton était au premier rang, avec sa fille Marie, 14 ans, qui lui a soufflé à propos de Mme Royal : "C'est incroyable comme elle pense aux gens !" Depuis, le fougueux petit soldat a bien envie de remonter en première ligne. Son prochain discours est déjà prêt. § Le pouvoir d'achat des enseignants a reçu un coup de pouce, mardi 13 mars, avec l'annonce par le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien, d'une série de mesures... à quarante jours du premier tour de l'élection présidentielle. § L e pouvoir d'achat des enseignants a reçu un coup de pouce, mardi 13 mars, avec l'annonce par le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien, d'une série de mesures... à quarante jours du premier tour de l'élection présidentielle. A partir du 1er septembre, 11 700 enseignants du second degré seront promus en catégorie " hors classe" et donc mieux payés. Le coût annuel de cette mesure est estimé par le ministère à 22,4 millions d'euros par année scolaire. Le ministre a aussi voulu satisfaire les directeurs d'école en leur accordant le doublement de leurs indemnités de sujétion spéciale. Cette revalorisation, qui coûtera 10,1 millions d'euros par an, permettra aux 53 000 directeurs d'école de percevoir une prime de 1 285 euros net par an portée à 1 554 euros en zone d'éducation prioritaire (ZEP). Enfin, M. de Robien a décidé de consacrer 5,15 millions d'euros supplémentaires par an au soutien scolaire gratuit dans les futurs 40 lycées "ambition réussite". Ces annonces sont intervenues au moment où Xavier Darcos, secrétaire national à l'UMP, remettait à Nicolas Sarkozy son rapport sur "la situation morale et matérielle des professeurs en France". Le 2 février, M. Sarkozy avait chargé l'ancien ministre délégué à l'enseignement scolaire de formuler des propositions pour améliorer la rémunération et les conditions de travail des enseignants. Dans ce document que Le Monde s'est procuré, M. Darcos liste une quinzaine de pistes pour le quinquennat. "Dès la prise de fonction du président de la République et l'ouverture de la nouvelle législature, une négociation globale sur la fonction enseignante au XXIe siècle peut être engagée", estime M. Darcos pour qui "les efforts devront porter plus sur les personnes que sur les structures". Avant toute discussion sur les obligations statutaires des enseignants, qu'il juge indispensable de mettre à plat, M. Darcos pose comme préalable "un moratoire ou une suspension du décret de Robien du 14 février 2007 sur les décharges horaires", qui, selon lui, "cristallise toutes les oppositions". Pour redéfinir le métier d'enseignant, l'ex-ministre propose d'améliorer les débuts et les fins de carrière, de simplifier l'accès aux différents corps ou d'ouvrir la question de l'annualisation des temps de service. Sur les rémunérations, M. Darcos recommande qu'un certain nombre de tâches (remplacements, soutien scolaire, tutorat) soient gratifiées sous forme d'heures supplémentaires. Partisan d'un affichage public des résultats des établissements, il est favorable à une évaluation par les chefs d'établissement de leurs personnels. Prudent sur le financement de ses propositions, M. Darcos estime que le système est réformable, car il existe, selon lui, " un consensus sur le changement" et quelques marges de manoeuvre budgétaires. "Encore 20 000 équivalents temps plein de décharges et de mises à disposition sont récupérables, écrit M. Darcos. De même, des marges de manoeuvre existent sur les grilles horaires, en particulier en lycée." § Ça tient à peu de chose une belle journée de campagne : un soleil radieux, des militants mobilisés, des enfants disciplinés d'une école de musique de Vesoul prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes au candidat. § C a tient à peu de chose une belle journée de campagne : un soleil radieux, des militants mobilisés, des enfants disciplinés d'une école de musique de Vesoul prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes au candidat. A Vesoul et à Besançon, mardi 13 mars, Nicolas Sarkozy a connu tout ça. Et même une aubade, dans la cour de l'école de musique de Vesoul, interprétant, pour l'accueillir, un vieux standard d'Elvis Presley (Always on My Mind) dans une version pour trompettes, tubas et trombone. Plus tard, des enfants lui ont joué du Bartok, d'autres quelques mesures de jazz. M. Sarkozy n'a pas boudé son plaisir, se laissant même aller à exprimer le regret de ne pas savoir jouer de la guitare : "J'en ai acheté une, mais j'ai compris que ce qui était un avantage pour les autres était un handicap pour moi." Quel handicap ? La réponse avait été donnée quelques minutes plus tôt lorsque le président de l'UMP s'adressant à un jeune apprenti guitariste lui lance : "Tu penses que la guitare ça t'aide pour les filles ?" Délaissant les usines et les bleus de travail qu'il affectionne depuis son entrée en campagne, M. Sarkozy s'est adressé à des parents d'élèves et à des enseignants lors d'une table ronde dans l'école toute proche. L'occasion d'une salve anti-Bayrou : "Ceux qui vous promettent autant de postes et des augmentations de salaires, vous mentent." Mais au cours de cette visite, il n'a surtout rien voulu lâcher sur "l'identité nationale" : "On a le droit d'être fier d'être français sans être nationaliste, de parler d'immigration sans être raciste et de nation sans être protectionniste", s'est-il enflammé. Dénonçant "un faux procès", mené par "une petite intelligentsia", il a expliqué : "S'il n'y avait pas eu Le Pen en 2002, je pourrais dire "bon, ils ne savent pas". Mais il y a eu Le Pen, l'intégration est en panne, la moitié des Français ne votent pas. Il y a une crise dans notre pays. Comment pouvez-vous vous intégrer sans parler de ce que signifie être français ?" Le soir à Besançon, devant 10 000 personnes (selon l'UMP), il consacrera l'essentiel de son discours à cette question, affirmant ne pas vouloir laisser "le monopole de la nation française au Front national qui l'incarne si mal. Parce que je n'accepte pas l'image qu'en donne Jean-Marie Le Pen". Sûr d'avoir trouvé un thème porteur, il feint de s'étonner de la polémique qu'il suscite : "Je me mets au niveau de la campagne présidentielle, a-t-il encore confié aux journalistes. Si je parle du remboursement des lunettes et des prothèses, vous dites que je ne suis pas au niveau. Si je parle de l'identité nationale, on dit que j'en fais trop. Je vais moins écouter vos commentaires et m'adresser aux Français." § La candidate des Verts, Dominique Voynet, a déposé, jeudi 15 mars au siège du Conseil constitutionnel, bien plus de parrainages que nécessaire pour valider sa candidature. § § Dans un "chat" sur Le Monde.fr, Claudine Lassen, médecin anesthésiste, revient sur les défaillances de la loi Leonetti. Cette signataire du Manifeste des 2 000 soignants en faveur de l'euthanasie ouvre des pistes pour un projet permettant une fin de vie plus digne. § R ick : Pouvez-vous nous expliquer ce qu'a changé la loi Leonetti ? Nous éclairer sur la situation légale actuelle ? Claudine Lassen : La loi Kouchner de 2002 avait mis en place tout ce qui concernait l'obligation d'information du patient et le choix de celui-ci à poursuivre ou non les soins. La loi Leonetti introduit deux éléments supplémentaires, très importants, qui sont: d'abord, la non-poursuite obstinée et déraisonnable de soins. Dans ce cas, le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualitlé de sa vie en dispensant des soins palliatifs. Le deuxième élément vise en fait à aider les médecins-réanimateurs, qui peuvent par exemple interrompre des ventilations assistées ou des soins très spécifiques qui maintiennent en vie un patient. Il ne doit en aucun cas apporter une aide active à mourir, mais il peut utiliser ce qu'on a appelé le double effet des drogues, i.e. augmenter les doses de morphinomimétique et de benzodiazépine qui peuvent avoir comme effet secondaire d'abréger la vie, mais sans intention de donner la mort. rl : Ne faut-il pas, déjà, appliquer la loi Leonetti, d'avril 2005, sur la fin de vie ? Claudine Lassen : Bien sûr. C'est même le problème essentiel. L'application de la loi n'a pas été contrôlée. M. Leonetti souhaite mettre en place un comité de surveillance, mais pour l'instant, rien n'est entrepris. Cependant, le laisser-mourir est tout de même l'élément fondateur de cette loi, qui refuse l'aide active à mourir. yvanne : Ne pensez-vous pas, comme le suggère d'ailleurs le Collectif pour une médecine de vie, que le développement des soins palliatifs est préférable à la légalisation de l'euthanasie ? Claudine Lassen : : Il n'y a aucune incompatibilité entre les soins palliatifs et une éventuelle aide active à mourir. Le problème en France est le peu de lits consacrés à ces soins palliatifs, mais surtout, à mon sens, le manque de formation des médecins à ce type de thérapies, si bien que tout cela semble des voeux pieux sans réelle incidence sur les fins de vie. MiB. : En quoi légaliser l'euthanasie est-il si indispensable, ne faut-il pas laisser les juges faire preuve de clémence, comme ils ont su le faire dans l'affaire Humbert, plutôt que d'avoir une loi qui risque d'entraîner des dérives dans son contournement ? Claudine Lassen : Pour l'instant, la loi régit les fins de vie qui sont en rapport avec une euthanasie, c'est-à-dire que vous risquez les assises, comme on peut le voir en ce moment au procès de Périgueux, et la réclusion criminelle. Il est inimaginable de laisser judiciariser un débat qui est un débat de société et qui doit être résolu par un texte législatif modifiant le code de la santé publique et le code de déontologie. dudule : Pouvez -vous revenir sur les définitions d'euthanasie passive et active ? Claudine Lassen : Aide active à mourir veut dire que l'on injecte une drogue létale. Ce qui est accepté par la loi Leonetti, c'est l'injection de drogue entraînant une sédation profonde dont l'augmentation des doses peut aboutir à la mort. Mais le terme d'euthanasie doit être employé avec prudence en raison de sa connotation historique. On confond volontiers ce terme avec eugénisme. Mély : Est-ce qu'en légalisant l'euthanasie on ne risque pas de privilégier la solution finale au détriment du développement des soins palliatifs plus coûteux ? Sauf à y voir aussi une résolution au probléme de l'accroissement des dépenses de santé et du déficit de la Sécurité sociale ? Claudine Lassen : Je reste bouche bée devant ce type de remarque. Je vous rappelle que des lois ont été édictées aux Pays-Bas et en Belgique en 2001 et 2002 concernant l'accompagnement en fin de vie, dont, dans cet accompagnement, l'euthanasie possible avec des conditions extrêmement draconiennes. Je n'ai jamais pu lire dans aucune publication que les Etats cités soient des Etats criminels. D'ailleurs, la Belgique est beaucoup mieux lotie que nous en matière de soins palliatifs, et la mise en application de la loi sur l'euthanasie en 2002 a montré que la demande exprimée par le patient capable et conscient qui était confirmée par écrit, signée, datée, est restée absolument stable : 4 euthanasies pour 1 000 décès. pilote : Dans un contexte de paupérisation des populations, est-ce que l'on ne risque pas, avec la légalisation de l'euthanasie, de pousser les plus démunis à réclamer la mort pour ne pas endetter leurs proches ? Claudine Lassen : La loi sur l'euthanasie, qui est réclamée par une grande partie de la population, est bien sûr très contraignante quant à son application. Encore une fois, cette demande doit être exprimée par un patient conscient, signée, datée, réitérée, porteur d'une maladie grave, incurable, dont le décès doit avoir lieu à brève échéance. Vous posez une question concernant la paupérisation de la population française, je ne suis pas à même de vous répondre. Néanmoins, nous avons un système social de protection qui jusqu'à présent a permis à tous d'être soignés. corinne : Lorsque vous travailliez dans le milieu hospitalier, avez-vous eu souvent connaissance de cas où les médecins euthanasiaient les patients ? Claudine Lassen : Oui, bien sûr, c'est le cas de beaucoup de soignants. D'ailleurs vous n'avez qu'à consulter la liste des médecins qui ont signé la pétition du Dr Bayle publiée par le "Nouvel Observateur" la semaine dernière, ou bien vous reporter à un travail qui a été fait en janvier 2007 sur la fin de vie en Europe : la fréquence des décisions médicales susceptibles d'abréger la vie, qui a été mesurée dans six pays européens mais pas en France, pour les années 2001 et 2002 montre qu'un tiers des décès enregistrés résulte d'une décision médicale susceptible d'abréger la vie. carine : Comment pouvons nous définir les limites de l'euthanasie? Que proposez vous comme cadre pour légaliser l'euthanasie? Faut il copier les modèles déjà existant? Les abus ne vous font-ils pas peur ? § Depuis deux ans, Nicolas Sarkozy, président du conseil général, a mis en place ce qu'il préconise à l'échelle nationale, dans son programme présidentiel. Ségolène Royal, elle, propose que les professeurs assurent un soutien scolaire gratuit individualisé. § "D émocratie, oligarchie, tyrannie, les Phocéens..." Dos courbés sur leurs copies, ils ont l'attitude de tous les collégiens face à une dictée. Seul leur nombre étonne : quatre élèves perdus dans cette salle du collège André-Malraux à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Deux filles, deux garçons, tous redoublants de sixième, qui bénéficient d'un soutien scolaire personnalisé. Doté de moyens supplémentaires grâce à son label "ambition réussite" (lancé dans la foulée de la crise des banlieues), cet établissement bénéficie, en plus, à l'instar de la plupart des collèges des Hauts-de-Seine, de mesures d'accompagnement scolaire financées par le département. Depuis deux ans, Nicolas Sarkozy, président du conseil général, a mis en place ce qu'il préconise à l'échelle nationale, dans son programme présidentiel. Ségolène Royal, elle, propose que les professeurs assurent un soutien scolaire gratuit individualisé. Au collège André-Malraux, on fait du sur-mesure ou presque, concocté par Jocelyne Voitel et ses deux assistantes pédagogiques. Professeure des écoles, cette enseignante chevronnée a quitté une école élémentaire des beaux quartiers d'Asnières pour tenter l'aventure de l'éducation prioritaire. Depuis la rentrée 2006, professeure dite "référente" dans le seul collège "ambition réussite" du département, elle essaie de remettre sur les rails des élèves en grande difficulté scolaire. "Donner du sens, mettre en confiance, redonner le goût du travail" : pas de miracles, mais des petits pas pour combler les lacunes. A la place de leurs cours d'histoire-géographie, ces élèves viennent en soutien travailler leur français. "Rajouter des heures dans leur emploi du temps ne servirait à rien, explique Mme Voitel. Mieux vaut leur faire faire du français mais d'une autre façon, via l'histoire par exemple." Ce travail personnalisé est l'un des nombreux dispositifs de soutien scolaire de ce collège de 830 élèves, dont la majorité sont issus de milieux défavorisés des cités du nord d'Asnières. Le collège André-Malraux propose une palette d'heures de soutien ou d'études surveillées du soir. "Le cumul des dispositifs n'est pas un gage de résultats, considère le principal du collège, Nicolas Renard. Vous pouvez dégoûter encore plus un collégien en échec scolaire en lui proposant une aide mal adaptée." Aïcha Allaoua, principale adjointe, suit plus particulièrement les programmes financés par le conseil général. Deux soirs par semaine, le collège propose aux volontaires des études encadrées par un enseignant, pendant lesquelles, de 17 h 45 à 19 heures, les élèves font leurs devoirs. REGAIN DE CONFIANCE "La première année, les parents étaient très demandeurs, nous avions beaucoup d'élèves et peu d'enseignants pour les encadrer. Les groupes étaient trop grands ; certains collégiens, peu motivés, perturbaient les études, témoigne la principale adjointe. Nous avons donc beaucoup insisté, cette année, sur l'implication de l'élève. Les candidats se sont réduits comme peau de chagrin, quatre élèves volontaires en moyenne par classe. Après une réunion avec les parents, nous avons réussi à stabiliser les effectifs." Au total, 150 élèves environ fréquentent soit les études encadrées, soit les "études objectif lycée", proposées aux élèves de troisième qui ont besoin d'un coup de pouce pour entrer au lycée. Rémunérés en heures supplémentaires (environ 27 euros brut par heure), les enseignants ne se sont pas vraiment rués pour participer à ces dispositifs du conseil général. Une quinzaine d'enseignants ont répondu à l'appel. Les équipes restent modestes. "Nous ne nous attendons pas à voir notre taux de réussite au brevet augmenter significativement, reconnaît M. Renard. Le nombre d'élèves qui suivent le programme objectif lycée est trop faible pour avoir des conséquences visibles. Mais individuellement, il peut se produire des déclics, un regain de confiance." § Une centaine d'universitaires ont rédigé un appel, ne pouvant accepter " qu'une campagne présidentielle se joue sur de prétendues oppositions entre immigration et identité nationale". § U ne centaine d'universitaires ont rédigé un appel, ne pouvant accepter " qu'une campagne présidentielle se joue sur de prétendues oppositions entre immigration et identité nationale". "En tant que spécialistes, nous nous devons de nous exprimer pour mettre un frein à la dérive que prend le débat. Il s'agit d'affirmer une "éthique de responsabilité" comme le dit Jean-Pierre Chrétien", explique Claude Liauzu, l'un des instigateurs de l'appel intitulé "Un "ministère de l'immigration et de l'identité nationale" ? Appel d'universitaires". Le texte réfute la "notion d'identité posée comme monolithique et immuable". "Plus que toute autre société, la société française s'est construite à travers les immigrations, comme un creuset intégrant la pluralité s'enrichissant d'elle", fait-il valoir. Et de mettre en garde : "L'affaire Dreyfus, Vichy montrent que, chaque fois que l'on a prétendu poser les problèmes sociaux en fonction de l'obsession de la pureté des origines, cela a abouti à de graves crises, à un recul de la démocratie." Parmi les premiers signataires, figurent les politologues Olivier Duhamel et Evelyne Pisier, les sociologues Françoise Gaspard et Hervé Lebras, les historiens Esther Benbassa, Michelle Perrot et Henry Rousso ou l'anthropologue Emmanuel Terray. § Le "Che" écrit les discours de la candidate, calibre ses arguments, influence sa politique de défense et la convainc de parler France et "identité nationale". § I l est là, au premier rang, ce lundi 12 mars, au gymnase Japy à Paris, où Ségolène Royal recevait "mille" personnalités artistiques et intellectuelles. Et il goûte les paroles qu'il entend. "Nous, républicains, nous sommes amoureux de la France... La nation n'est pas une addition de communautés... Avec moi, l'identité nationale ne disparaîtra pas dans la mondialisation" (Le Monde du 14 mars). C'est, bien sûr, la voix de la candidate socialiste ; mais, derrière le timbre un peu las, c'est du Chevènement. Pas bégueule ni trop regardante dans cette campagne sans repères, la salle applaudit à tout rompre l'ode républicaine. C'est l'ex-député de Belfort, en effet, qui a écrit une bonne partie du discours. L'avocat Jean-Pierre Mignard a sauvé quelques passages, mais le "jus" est chevénementiste. Déjà, lors du discours à Villepinte, le 11 février, il avait inspiré des morceaux sur la France et sa "grande Histoire", et les avait envoyés à Max Gallo, désormais passé sur l'autre rive politique - l'historien ne cache pas son admiration pour Nicolas Sarkozy. Chevènement n'avait pas aimé l'interpellation de Gallo dans Le Parisien du 21 janvier : "Elle nous parle des 'territoires' : qu'elle nous parle de la nation !" Après ses 5,33 % à l'élection présidentielle de 2002, on le croyait fini. A tort. Chevènement est de retour. Avec ses amis, de hauts fonctionnaires qui sont autant de bonnes plumes, il met sa patte et son miel dans les discours de Ségolène Royal. Sans jamais s'en vanter : "Je m'efforce de l'aider. Mais elle prononce les discours qu'elle veut", répond-il, avant de convenir : "Mais c'est vrai que j'ai un réseau de gens compétents : sur l'Europe, en politique étrangère, ce sont mes amis et moi-même qui travaillons souvent." Il intervient à chaque comité stratégique de campagne, met à disposition moult argumentaires. Pourquoi, sur Airbus, Ségolène Royal se priverait-elle de ce spécialiste des dossiers industriels qui, de surcroît, connaît si bien Louis Gallois, le nouveau patron d'EADS, un ancien de Socialisme et République, soutien du candidat Chevènement en 2002 ? "PHAGOCYTER LE PRINCE" La task force est en place depuis janvier. Le maire de Belfort réunit les experts qui, depuis toujours, travaillent pour lui. "On attend les propositions de la candidate. Il faut donner du fond à la campagne", leur explique-t-il. Puis, durant la dernière semaine du mois, il réunit dans ses bureaux rue de Bourgogne cinq hauts fonctionnaires qui forment l'ossature - et, à vrai dire, presque l'ensemble des troupes - du Mouvement républicain et citoyen (MRC). "Vous savez écrire des discours. Il faut aider Ségolène." Aussitôt dit, aussitôt fait. On ne plaisante pas avec les ordres du chef. Dans le plus grand secret, l'équipe est immédiatement mise à contribution : Patrick Quinqueton, ancien membre du cabinet de Chevènement place Beauvau, Marie-Françoise Bechtel, autre conseiller d'Etat, le député européen Sami Naïr, et Jean-Yves Autexier, conseiller de Paris. C'est lui qui réunira les contributions pour en faire le discours qui, à Villepinte, fonde le fameux "pacte présidentiel". "Depuis qu'il est entré en politique, toute la stratégie de Jean-Pierre a toujours été de tenter de phagocyter le prince", résume un ancien compagnon de route. Prendre son envol électoral, comme il y a cinq ans, ne lui a jamais réussi. Il préfère peser sur les idées, imposer son logiciel républicain, que ce soit à l'intérieur du PS, comme au Ceres, ou au sein de la gauche plurielle, en 1997. "Jean-Pierre Chevènement a commencé en politique en rédigeant les argumentaires de François Mitterrand pour la présidentielle de 1965", rappelle un "historique". Après l'échec de la gauche au premier tour en 2002, tout cela semblait fini. Le "Che" était devenu la bête noire de Lionel Jospin, qui n'a jamais cessé de tenir son ami pour responsable de la défaite. Chevènement ? Un "démissionnaire professionnel et un traître occasionnel", a lâché Sylviane Agacinski, le 31 janvier, sur France Culture. "Sylviane est une excellente épouse", a immédiatement rétorqué le "Che" sur son blog. Bref, la brouille est consommée. Au PS, ses amis se font rares. "Alors, Jean-Pierre, qu'est-ce que tu fais en ce moment ?", lui demande Laurent Fabius, en janvier 2003 lors d'un déjeuner d'approche. Silence de dix secondes. "Eh bien, vois-tu, Laurent, je tente de survivre." C'était vrai. Rue de Solférino, François Hollande négocie avec patience les 1 500 000 voix chevénementistes de 2002 contre 10 circonscriptions, dont la seule qui compte : la deuxième de Belfort. Georges Sarre, l'indéboulonnable député du XIe arrondissement, est exilé dans la Creuse. Pour faire monter les enchères, Jean-Pierre Chevènement tente, comme d'habitude, de faire croire à sa vraie-fausse candidature. "RÉCONCILIATION" DU OUI ET DU NON Mais voilà que, à l'été 2006, il comprend que c'est Ségolène Royal qui risque d'être investie. Un jour d'août où il nage au large d'une plage de Belle-Ile, il lâche entre deux brasses à l'ami qui l'accompagne : "Avec Ségolène, qui est si mal organisée, est-ce que tu ne crois pas que c'est l'endroit où on pourrait le mieux peser ?" Ses militants tractent encore pour leur candidat à la présidentielle, ce 10 décembre 2006 où, au congrès de son parti, il accueille en majesté Ségolène Royal, scelle l'alliance avec elle et s'efface pour de bon. Croit-on. "C'est la réconciliation entre la gauche du oui et la gauche du non, mais pas une réconciliation artificielle", assure alors la candidate socialiste, qui consulte aussi Jacques Delors et Hubert Védrine sur l'Europe, mais a besoin de toutes les voix de gauche. Un référendum les sépare, mais aucun drame : Ségolène Royal n'est pas la plus européenne des socialistes. Quelques jours plus tôt, au Portugal, elle a d'ailleurs trouvé les accents chers aux "nonistes" ou au candidat de l'UMP pour critiquer la Banque centrale européenne et l'euro fort. § L'ancien procureur de Paris, proche de Nicolas Sarkozy, est accusé d'être un magistrat politique. Il se verrait bien au poste de procureur général de la nation, dont il propose la création. § I l est l'ami de Nicolas Sarkozy et le revendique. Une posture qui tranche dans un univers, la magistrature, confit dans son conformisme et son corporatisme. A 59 ans, Yves Bot, l'ancien procureur général de Paris, n'est plus à un esclandre près. Un iconoclaste, rigolard et profond, sincère et matois. Un natif de la haute bourgeoisie judiciaire - son père fut procureur général -, magistrat jusqu'au bout de la cravate, aussi prompt à cavaler au chevet de ses six enfants, dont cinq filles, qu'à dégainer son code de procédure pénale. Parcours 1947 Naissance à Château-Thierry (Aisne). 1974 Premier poste comme substitut au parquet du Mans. 1991 Nommé procureur au Mans, où il gère l'affaire Urba impliquant le PS. 1995 Procureur à Nanterre, contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature. 2002 Procureur à Paris, il devient procureur général deux ans plus tard. 2007 Parution de "Majustice" (Bourin éditeur). Cet homme s'assume, y compris jusque dans ses amitiés politiques. "Ce n'est pas une proximité que j'ai avec Nicolas Sarkozy, mais une réelle amitié, assure-t-il tranquillement. On se ressemble : il est ouvert aux autres, veut faire bien. Il est dynamique, ce qui peut aussi être pris pour de la brutalité." Il sait que cette liaison dangereuse avec le candidat de l'UMP l'expose aux critiques. Au pôle financier parisien, les juges d'instruction pestent encore contre sa propension, lorsqu'il fut procureur de Paris, à conserver les enquêtes sous le contrôle du parquet. "C'est un magistrat politique", tranche Dominique Barella, ancien président de l'Union syndicale des magistrats, aujourd'hui conseiller de Ségolène Royal. On le suspecta, dans l'enquête contre le nationaliste corse Charles Pieri, de faire le jeu de Nicolas Sarkozy, qui voulait à tout prix une victoire judiciaire en Corse. En s'arrangeant pour confier l'enquête au juge Philippe Courroye, futur procureur de Nanterre, réputé lui aussi proche du candidat UMP, Yves Bot aggravait son cas. Bilan : Charles Pieri a été condamné en appel à huit ans de prison. Aujourd'hui, avocat général à la Cour de justice des communautés européennes au Luxembourg, Yves Bot balaie les accusations qui l'ont poursuivi, en particulier durant sa carrière parisienne. "Tout l'intérêt de cette amitié, dit-il, c'est que Nicolas Sarkozy n'a jamais tenté d'influer sur les procédures que j'ai eu à gérer, comme Clearstream à ses débuts, ou l'affaire Dominique Ambiel." Il pourrait également rappeler son parcours judiciaire, où les faits parlent pour lui. Procureur au Mans, il soutient Thierry Jean-Pierre quand le jeune juge ferraille avec le pouvoir socialiste. "J'avais beaucoup d'estime pour lui, se souvient Yves Bot, il était courageux et loyal." Même attitude à Nanterre, quelques années plus tard, lorsque le juge d'instruction Patrick Desmure enquête sur le RPR et son ancien président, Jacques Chirac. "Il n'a jamais cherché à entraver mon enquête sur le financement du RPR, se rappelle M. Desmure, il n'essayait pas de biaiser et s'en tenait à l'application du droit. Quand je lui réclamais des réquisitions, il prenait ses responsabilités." Au cabinet de Pierre Méhaignerie, alors garde des sceaux, il avait réclamé l'ouverture d'une enquête préliminaire, quand Le Canard enchaîné avait révélé l'existence d'une caisse noire au CDS, le parti centriste, dirigé par son ministre. "A l'époque, il nous a dit qu'il valait mieux être net, assure M. Méhaignerie, il ne prend pas de parapluie, je ne l'ai jamais vu arrêter une procédure, de l'affaire Alain Carignon à l'affaire Michel Noir." Brillant. Brutal. Affectif. Clanique. Les mêmes adjectifs reviennent à son propos. Jean-Claude Mari, actuel procureur de Paris, avec lequel il fut en concurrence à plusieurs reprises : "C'est un grand parquetier qui a une capacité d'analyse très acérée, avec une haute idée du parquet et de son autonomie d'action... Mais c'est vrai qu'il peut être brutal, et il le revendique." Les syndicats de magistrats n'ont jamais eu autant de travail que lorsqu'il gérait le parquet de Paris. "J'étais procureur adjoint, avec quarante substituts sous mes ordres, je me suis retrouvé affecté à la circulation, avec un seul subordonné, du jour au lendemain", témoigne Jean-Claude Dauvel, proche de la gauche. Autre magistrat renvoyé sans façon, Michel Debacq, accusé d'avoir trahi la confiance de son supérieur. "Ce n'est pas de la brutalité, j'exerce mon autorité, se défend Yves Bot. Seulement, il n'y a pas trente-six façons de dire : "Vous m'avez déçu." Si la confiance n'existe plus... Evidemment, cela ne se pratique pas beaucoup dans la magistrature, dont le grand drame est le corporatisme. J'assume mes responsabilités, en dehors de tout clivage. D'ailleurs, j'ai même des anciens de la LCR avec moi..." Il se fit encore moins d'amis lors du procès en appel d'Outreau, quand il exprima ses "regrets" devant les caméras, dans la salle d'audience. "Il s'est donné le beau rôle, dit M. Barella, c'était d'une infinie démagogie." Cette fois, les critiques l'ont atteint. "Outreau m'a blessé dans ma justice. Mais je ne regrette pas mes propos, juste que cela n'ait pas été compris. Je voulais réexpliquer aux citoyens ce que j'avais dit à l'audience, où est le problème ? J'ai innové, certes, car je crois à la communication. Tant pis si j'ai brisé des tabous." Il y a ceux qui l'ont toujours défendu. Frédéric Péchenard, le patron de la police judiciaire parisienne : "Lorsque l'auteur de la tuerie de Nanterre, Richard Durn, s'est suicidé dans les locaux de la brigade criminelle de Paris, il m'a tendu la main et m'a apporté un soutien total, alors qu'il n'y avait que des coups à prendre. Yves Bot a du panache, du courage, une attitude de chef." Laurent Lemesle, son successeur à la tête du parquet général parisien : "Il tranche dans la magistrature, il est extrêmement intelligent, rapide, direct, il prend ses décisions et les assume." Au Luxembourg, on a le temps d'écrire. Il sort un livre, Ma justice (Bourin éditeur, 204 p., 18 ), dans lequel il réclame la création d'un poste de procureur général de la nation - indépendant du pouvoir politique -, qui lui irait très bien, si Nicolas Sarkozy était élu. Il ne feint pas son intérêt. "Il faudra bien créer ce poste un jour. Mais je suis nommé pour six ans au Luxembourg, j'aurai 65 ans au terme de ma mission, l'âge de la retraite. Il faut savoir passer la main et travailler pour l'avenir sans penser à soi-même." L'avenir ? Sûrement pas un destin politique. "C'est un métier, je ne sais pas passer la main dans le dos." Plus probablement le Luxembourg, entre deux parties de chasse et l'élevage de ses chevaux. Il trouvera aussi le temps de veiller sur ses protégés, ces magistrats fascinés par le personnage, surnommés les "Bot people". Il les a réunis, chez lui, dans sa résidence sarthoise, lors de son départ de Paris. Et leur a donné un seul conseil : "S'il faut avoir un idéal, c'est celui de faire quelque chose de ses responsabilités." § Portrait de trois militants du PCF dans le Val d'Oise. § D ans la salle Louis-Aragon de Bezons (Val-d'Oise), Michel Coignet est dans son élément. Il virevolte pour serrer les mains, tutoie chacun et ne se trompe jamais de prénom. Veste à carreaux et noeud de cravate impeccablement noué, Michel parle des "copains" plutôt que des "camarades". Ancien électricien-décorateur - la Place du Colonel-Fabien fit autrefois appel à ses compétences -, il s'est reconverti dans l'animation musicale. Désormais, avec sa sono et son matériel, il assure l'ambiance dans les mariages ou les baptêmes. Parfois aussi dans les fêtes organisées par les sections du Parti. Entre une noce et un banquet, Michel Coignet organise les opérations de collage d'affiches du côté de chez lui, à Franconville dans le Val-d'Oise, mais il va aussi au contact direct des électeurs. "Les gens sont devenus bien plus difficiles à convaincre. Même au sein du Parti, il y en qui traînent les pieds. Quand je pense que certains responsables soutiennent José Bové et continuent de siéger dans les instances dirigeantes, je trouve ça franchement inadmissible", s'indigne Michel qui, du coup, en perdrait presque sa bonne humeur. Heureusement, Marie-George Buffet - "qui a fait ses preuves au gouvernement lorsqu'elle était ministre de la jeunesse et des sports et inspire le respect aux autres candidats" tient le bon cap. Lorsqu'il s'occupait des câblages électriques du comité central, il a eu l'occasion de la croiser. "Une femme bien, sympa. Vraiment, pas de souci." Anne-Catherine Legendre, fille et petite-fille de militants du PCF, est entrée dans la carrière le lendemain du 21 avril 2002. Ce jour-là, elle a pris sa carte aux Jeunesses communistes (JC). Depuis, le parcours de cette étudiante en allemand, qui se destine à devenir traductrice, est rectiligne. Adhésion au Parti lors de la Fête de l'Humanité de 2005 et, aujourd'hui, responsabilités départementales. A 24 ans, elle occupe la fonction de secrétaire fédérale des JC du Val-d'Oise. Pour autant, cette apparatchik bien dans la ligne ne pratique qu'assez modérément la langue de bois. "Sur le terrain, notre candidate suscite la sympathie. Le problème, c'est qu'elle ne décolle pas dans les sondages. Tout çà risque, de devenir très, très compliqué", lâche Anne-Catherine, sans chercher à masquer une certaine appréhension. L'échec des collectifs anti-libéraux lui laisse comme une part de douleur. "Le Parti a son lot de responsabilités mais les torts sont largement partagés", souffle-t-elle. Le 6 mars, Anne-Catherine s'est rendue au meeting de Nicolas Sarkozy à Cormeilles-en-Parisis (Val-d'Oise). "Pour voir." Mais surtout "pour discuter avec les jeunes d'Argenteuil", ville toute proche devenue le symbole de l'hostilité des "quartiers" à l'égard du ministre-candidat. "Beaucoup étaient venus manifester contre Sarkozy. Je leur ai dit qu'il leur fallait s'engager durablement. Chez nous, de préférence, ou alors dans une autre organisation de gauche. En fait, l'important, c'est qu'ils se réconcilient avec la politique." "Dans cette campagne, nous mettons de la foi mais pas assez de punch. Il faudrait être comme ces boxeurs qui savent qu'ils vont perdre mais montent sur le ring pour donner le meilleur d'eux-mêmes." Jacques Richard, 78 ans, qui se souvient qu'à 7 ans, en 1936, il défilait entre la République et la Nation, à Paris, sur les épaules de son père, regrette qu'en politique, "les choses soient moins claires qu'autrefois". Ancien ouvrier dans le textile, ce sympathisant du PCF habite "dans une HLM où tout se passe bien", à Bezons (Val-d'Oise), commune dont la mairie est communiste depuis toujours - c'est-à-dire depuis 1920 - et où Marie-George Buffet tient meeting, ce lundi soir. En langage sportif, elle joue à domicile. Militante depuis vingt ans, Christiane Richard continue de faire du porte-à-porte. Elle raconte les aléas d'une campagne "très difficile". " Les gens nous disent "Le Parti communiste, mais ça n'existe plus !" . J'espère au moins que Marie-George fera un meilleur score que le Parti en 2002. Elle mériterait d'aller au-delà des 5 %, ne serait-ce que pour récupérer les dépenses de campagne." Son mari vient à la rescousse. Que pèsent les péripéties au regard du balancier de l'Histoire ? "Un jour, les communistes reviendront sur le devant de la scène ; ceux qui perdent espoir ont tort, assure Jacques. Si ce n'est pas pour cette année, ce sera pour la prochaine fois. Le PC a fait des erreurs mais les autres en feront aussi. Vous verrez." § Générations (88,2 FM) a décidé, voilà six mois, d'intéresser ses auditeurs - majoritairement issus de banlieue parisienne - au débat présidentiel. § "C arte d'identité, carte de séjour, bonjour !" Le slogan de la matinale de Générations (88,2 FM) est lancé et le ton donné. La radio a décidé, voilà six mois, d'intéresser ses auditeurs - majoritairement issus de banlieue parisienne - au débat présidentiel. "Un an après les émeutes en banlieue, on veut faire entendre la voix des habitants des cités", explique Thomas Barbazan. " Qui mieux qu'eux peut parler de ce qu'ils vivent ?", insiste Yassine Belattar. Animée par ce duo de jeunes animateurs, l'émission est délibérément insolente et très anti-Sarkozy. Démarrant sur une destination de voyage - " il reste trente-neuf jours de liberté avant que Sarko soit élu et interdise tout" -, ils enchaînent avec une question du jour, piochée dans les journaux du matin. "LE ROI DU LEURRE" "Aujourd'hui (mercredi 14 mars), on va parler de Magic Bayrou. Il paraît qu'il fait un tabac en banlieue. Alors, Bayrou candidat des cités ?", interroge M. Belattar, au lendemain de la visite du candidat UDF à Saint-Denis . Nabil, responsable logistique "d'une petite boîte", se lance : "Je trouve qu'il a le cul entre deux chaises. Il grappille des voix ici ou là mais il peut pas séduire. Qu'est-ce qu'il va faire pendant la législature ?", demande-t-il. Rachid, chauffeur de poids lourd de Colombes (Hauts-de-Seine), n'est pas d'accord : "Sincèrement, je ne me retrouve pas dans la gauche ou la droite. Y a que Bayrou qui va dans les quartiers", tranche-t-il. "Moi, je l'aime bien avec sa tête sympa et ses oreilles en feuille de chou. Mais comme il va pas gagner, il sera obligé de faire alliance avec Sarkozy", déplore Alexandre, de Villiers-sur-Marne. "Il fait son chiffre d'affaires sur les défaillances des autres alors ?", relance M. Belattar. "C'est un usurpateur. Il n'a aucune proposition", tranche Michael, "qui fait un peu dans les affaires". Beaucoup reviennent sur le "contrat social et citoyen" du collectif AC-Le feu que M. Bayrou n'a pas signé. "Pour moi, il fait son show avec la presse. Depuis trois ans, il a voté les lois Sarko. Moi, je veux éviter la casse et voter pour Ségolène", assure ce jeune cuisinier. Arnaud, chauffeur-livreur, est sur la même longueur d'onde : "C'est le roi du leurre, il prend à droite et à gauche. C'est pas du tout mon pote, Bayrou, loin de là !" "Au moins, c'est un candidat qui fait réagir", constatent les deux animateurs rigolards, avant de rendre l'antenne, qui retrouve alors ses rythmes de R'n'B. § Confrontés sur les marchés, dans leur permanence, au "tsunami" Bayrou, des militants PS du 14e arrondissement ont, mardi, dans une réunion, exprimé leurs doutes sur l'efficacité de la campagne de Mme Royal. § L a soirée était censée être à huis clos. Mardi 13 mars, rue Cabanis, à Paris (14e arrondissement), 250 adhérents et sympathisants socialistes parisiens et franciliens se sont retrouvés pour une réunion interne, organisée par le PS et les comités de soutien "Désirs d'avenir" de Ségolène Royal. Initialement, il s'agissait de mobiliser les troupes. Mais, confrontés sur les marchés, dans leur permanence, au "tsunami" Bayrou, les militants ont, du coup, laissé librement s'exprimer leurs doutes sur l'efficacité de la campagne de la candidate socialiste. Ouverture au centre version Dominique Strauss-Kahn qui compte de nombreux partisans à Paris ou cap à gauche, modèle Laurent Fabius ? Le débat tactique préoccupe nettement moins, à les entendre, les militants de base que l'état-major du PS. En revanche, ils s'interrogent plus franchement sur "la façon de répondre au déficit de crédibilité de Ségolène Royal". "Il faut diffuser son programme qui n'est pas encore assez connu", ont répondu les organisateurs de la soirée qui, comme les participants, ont souhaité conserver l'anonymat. Aux yeux des militants, cela n'est pas suffisant. " Pour que les gens s'approprient le projet il faut que Ségolène Royal dégage une idée force", a fait valoir un habitant d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). "Il faut travailler sur une synthèse qui frappe davantage les Français, qui donne une cohérence et une perspective", a poursuivi un autre. ""L'ordre juste" qu'elle propose, les gens ont du mal à comprendre ce que cela veut dire", a illustré Jean-François, militant dans le 10e. Aux simples regrets sur la clarté insuffisante du projet, se sont ajoutées des critiques plus sévères vis-à-vis des dirigeants du parti. "Le manque de crédibilité de Ségolène Royal vient du fait qu'elle n'est pas suffisamment perçue comme le leader au PS. Il manque le message du parti qui dise : "Le patron, c'est elle"", s'est exclamé un militant du 16e. PARTI "FRILEUX" Pour Sepideh, étudiante d'origine iranienne, "Ségolène est victime d'un PS frileux qui refuse de la suivre sur ses propositions audacieuses". Plusieurs intervenants ont souhaité que "sa personnalité soit davantage mise en valeur", par les dirigeants PS. "Si on veut l'emporter, Ségolène doit être pleinement elle-même, reprendre l'identité qui est la sienne, a conclu, Jean-Marie Le Guen, député (PS) de Paris, chargé des "argumentaires" dans la campagne. Si elle reprend le chemin de l'innovation, les autres candidats seront entraînés derrière elle", a-t-il estimé, fidèle à la stratégie préconisée par Dominique Strauss-Kahn. Tous les participants à la soirée sont repartis avec une feuille recto verso sur "les qualités, le parcours et les valeurs" de Mme Royal. Rassérénés, la plupart se disaient clairement "regonflés" pour jouer les "ambassadeurs de Ségolène". Mais quelques-uns s'avouaient aussi "pessimistes" qu'à leur arrivée. "Je vais voter pour elle. Evidemment, avouait un ancien cadre bancaire. Mais je ne la trouve pas très bonne". "Si, le 20 avril, je vois que Ségo et Bayrou sont à touche-touche dans les sondages, je voterai Bayrou. Il serait le seul à pouvoir battre Sarko", avançait un autre militant parisien. Venue parce qu'elle habite le 14e, Danièle Jourdain-Menninger, candidate (PS) aux législatives dans la Manche constatait : "Ségolène Royal passe moins bien dans le microcosme parisien que sur le marché rural de Coutainville, dans ma circonscription." "Quand je tracte aux Halles, les gens, dont beaucoup de banlieusards, sont très réceptifs. Rue Montorgueil, les bobos parisiens se demandent souvent ce qu'on leur veut", déplorait un militant du 3e arrondissement. § Dans un "chat" sur Le Monde.fr, Jérôme Jaffré, directeur du Cecop et chercheur associé au Cevipof, revient sur le fait que "les électeurs n'habitent plus chez eux". Le clivage gauche-droite s'en trouve modifié. § Z iggy : Les gens réfléchissent-ils encore en fonction de l'opposition droite-gauche ? Jérôme Jaffré : Il serait absurde de considérer que l'opposition gauche-droite ne fonctionne plus. Mais elle ne suffit pas à rendre compte à elle seule du choix électoral. C'est particulièrement vrai dans une élection présidentielle, où la relation idéologique gauche-droite ou partisane ne fonctionne pas à plein, puisque interviennent d'autres éléments, comme en particulier l'image des candidats, leur aptitude à exercer la fonction présidentielle, les souhaits d'alliances et ou de recompositions que les électeurs veulent porter, sans compter par ailleurs leur appréciation sur les politiques suivies au cours des dernières années et leur volonté d'utiliser le vote pour faire passer des messages particuliers. PhilouBas : Y a-t-il des études qui permettent de connaître les infidèles ? Jérôme Jaffré : Oui, un certain nombre d'études existent. En fait, ce type de données est disponible sur le site des instituts de sondage où l'on trouve beaucoup plus d'informations que ce que la presse, faute de place, peut donner. Il apparaît qu'il y a effectivement une partie importante d'électeurs qui ne votent pas, ou plus exactement n'ont pas l'intention de voter en fonction de leur préférence partisane. On compte par exemple 20 % de sympathisants socialistes qui envisagent de voter Bayrou ; 25 % d'électeurs communistes ou d'extrême gauche qui envisagent de voter Royal ; 25 % d'électeurs du Front national qui envisagent de voter Sarkozy. A certains égards, on peut dire que les électeurs n'habitent plus chez eux. Filias Fog : Le sentiment légitimiste, "je vote pour le candidat de mon parti même si je ne suis pas tout à fait sur la même ligne que lui" n'est-il pas plus fort à droite qu'à gauche ? Si oui pourquoi ? Jérôme Jaffré : Deux questions dans la question : le sentiment légitimiste que je préférerais appeler dans ce cas précis la loyauté partisane. C'est-à-dire que même si je ne suis pas tout à fait d'accord, par exemple, avec le choix de candidat qu'a fait mon parti, je suis fidèle à ce vote. Une partie non négligeable d'électeurs Royal sont aujourd'hui un peu critiques sur la candidate, mais désireux de rester fidèles à leur vote de gauche. Votre autre question porte sur le différentiel droite-gauche sur ce point. En fait, dans cette élection-là, la loyauté partisane est plus forte à droite qu'à gauche. Pour une raison finalement assez simple, c'est qu'il y a une très bonne adéquation - c'est bien le moins qu'ils pouvaient faire - entre Sarkozy et l'UMP, et l'UDF est un petit parti à la dévotion de Bayrou. Pour la gauche, les choses sont plus compliquées : la primaire interne du Parti socialiste a laissé des traces et il n'est pas exagéré de dire que le PS connaît de très forts clivages internes, idéologiques ou politiques, sur son projet ou l'évolution de ses alliances. Enfin, en ce qui concerne l'extrême gauche et le PC, l'appel au vote utile des socialistes, ou plus exactement la mémoire du 21 avril 2002 et de l'élimination de Lionel Jospin, exerce une très forte pression en faveur du vote Ségolène Royal pour que la gauche accède au moins au second tour de scrutin cette fois-ci. PhilouBas : Le Front national a-t-il un électorat particulièrement fidèle ? Jérôme Jaffré : Oui et non. Oui dans les mesures des sondages, mais cela s'explique en partie par le fait que les instituts ont du mal à identifier le vote Le Pen - beaucoup d'électeurs ne voulant pas déclarer leur intention -, ceux qui déclarent se sentir proches du FN votent massivement Le Pen. En revanche, si l'on regarde les résultats du FN d'une élection à l'autre, on constate qu'il peut connaître de très fortes variations entre 10 et 18 % des suffrages exprimés selon les types de scrutin dans des périodes très resserrées, ce qui signifie qu'une partie importante de ses électeurs fluctuent d'un vote à l'autre. Mais ce qui est important à savoir, c'est que c'est toujours à la présidentielle qu'il fait ses plus hauts scores, ayant obtenu depuis 1988 systématiquement entre 15 et 17 % des voix. Ce qu'on voit en sciences politiques de plus en plus, c'est qu'une fraction très importante de l'électorat, 20 % environ, se décide dans les derniers jours, en fonction de la campagne, de l'humeur, de l'anticipation de ce qu'ils pensent être les résultats possibles, où ils ont tendance à ajuster leur vote pour "corriger" les sondages (ce qui, entre parenthèses, rend la tâche des sondeurs particulièrement difficile.) Et on constate que les électeurs Le Pen sont très souvent des électeurs tardifs qui au dernier moment décident de voter pour lui, moins pour le voir élu président de la République, mais pour faire pression sur les partis du "système". Jack Nyousse : les électeurs votent-ils encore pour le candidat UMP, le candidat socialiste, le candidat communiste ou bien ne se décident-ils que sur le nom du candidat ? Jérôme Jaffré : Ce qui est vrai, c'est que sur le bulletin de vote ne figurent que le prénom et le nom du candidat, et pas le parti auquel il appartient. Alors que pour les autres scrutins, on a les deux informations. Cela naturellement accentue la personnalisation du scrutin, et c'est voulu dans la réforme du général de Gaulle qui a institué l'élection du président au suffrage universel. Dans l'esprit du général de Gaulle, il s'agissait bien d'une relation entre un homme (à l'époque il n'y avait pas de femme candidate) et le peuple. C'est un élément fondamental du dispositif institutionnel et politique, car il permet au candidat élu de dire qu'il a reçu personnellement un mandat du peuple. Et on sait que chaque président élu ne se sent plus l'homme d'un parti, tout au moins en principe. § La "culture du résultat" voulue par le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, y a été interprétée de façon radicale, la hiérarchie fixant des quotas d'interpellations et de contraventions. § L a crise couvait depuis plus d'un an au commissariat de Tours. La "culture du résultat" voulue par le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a été interprétée de façon radicale dans cette circonscription : la hiérarchie y a fixé des quotas d'interpellations et de contraventions. Résultat : une tension permanente. La pression statistique est impulsée en haut lieu. Dans un message aux personnels daté du 19 février, le directeur départemental, Marc Emig, se félicitait de la baisse de 3,83 % de la délinquance générale en 2006. Il fixait aussi des objectifs précis pour 2007 : 1 441 faits constatés par mois, dont 675 faits de voie publique et 150 pour les violences aux personnes. " A Tours, le discernement qu'on attend des policiers vient bien après les cases à remplir, explique un policier aguerri. L'informatique a pris le pas sur la qualité de la lutte contre la délinquance." Sollicité par Le Monde, le directeur central de la sécurité publique (DCSP), Philippe Laureau, a qualifié cette démarche d'"erreur, ne s'inscrivant ni dans l'esprit ni dans le fonctionnement" demandés par la DCSP. Ces objectifs auraient été fixés par le préfet, selon le directeur central. "Il n'y a jamais eu d'instructions de notre part pour établir des quotas, ce serait ridicule, dit-il. Notre seul objectif est l'efficacité des services." A Tours, les comptes rendus des réunions du service de sécurité de proximité sont édifiants. Arrivé en septembre 2004, le commissaire Yves Gallot, chef d'un service qui compte près de 230 policiers, est un amateur de statistiques. Il calcule tout : le taux de présence sur la voie publique (surtout, ne pas descendre sous les 50 %), le temps de pause journalier et de traitement des dossiers, la vitesse de délivrance d'une contravention, etc. Sous son autorité, les interpellations font l'objet de quotas. Cette année, la brigade anticriminalité de jour devra arrêter entre 20 et 22 personnes par mois. En outre, chaque commissariat de secteur devra réaliser deux contrôles alcoolémie par mois. La hiérarchie intermédiaire est priée de suivre. " Un cadre doit être capable de créer une dynamique d'impulsion, de mettre en adéquation la ressource par rapport aux objectifs fixés", a résumé M. Gallot, tel un chef d'entreprise, lors d'une réunion le 10 janvier 2006. Le chef du service de proximité n'aime ni les récalcitrants ni les interventions extérieures. Il a ainsi estimé que la visite d'une psychologue pour une séance de débriefing collectif était "inadmissible" car il n'avait pas été consulté auparavant. Le 6 février, lors d'une réunion des chefs d'unité, l'efficacité des contrôles routiers a été discutée. Il y a été demandé de "privilégier, par exemple, le secteur des gares SNCF les dimanches en fin d'après-midi, les sorties d'entreprise les vendredis, en début d'après-midi, les routiers et les VRP", précise la synthèse de la réunion. Objectif : 8 à 10 amendes par heure. Ce culte de la performance statistique s'est traduit par une détérioration de l'état d'esprit des fonctionnaires. "L'ambiance est misérable, explique Thierry Pain, délégué régional du syndicat UNSA-Police. Les policiers se trouvent sous une pression impossible. En vingt ans, je n'ai jamais vu ça." "PRESSION", "MAL-ÊTRE" Le 8 février, un comité technique paritaire orageux a eu lieu à la préfecture d'Indre-et-Loire. Soutenu par le préfet, le directeur départemental de la sécurité publique a vivement critiqué Thierry Pain. Constatant fin 2005 la fréquence des doléances des policiers, le syndicaliste a lancé un sondage pour recueillir leurs états d'âme. Au total, 147 ont répondu à dix questions, formulées, selon la DDSP, de façon "perfide". Leur caractère objectif paraît effectivement contestable. Exemple : "Ne pensez-vous pas que les difficultés liées à notre profession soient suffisantes pour ne pas avoir à subir une pression constante de la part de la hiérarchie ?" Difficile, pourtant, d'écarter un chiffre : 87 % disent ressentir "un véritable mal-être au travail". Les commentaires libres, rédigés par 26 policiers, méritent aussi lecture. Les mots "pression" et "stress" reviennent en boucle ; la hiérarchie est accusée de "mépris" et de "harcèlement". Un fonctionnaire de 29 ans écrit qu'"il est inadmissible de demander du rendement à la police nationale comme une entreprise privée doit en fournir." Un second dénonce un "management à la McDo". Un autre, âgé de 30 ans : "On ne nous demande plus d'avoir un comportement de policier mais un comportement de commerciaux (établissement d'objectifs en début d'année), à savoir que l'on nous demande d'interpeller tout et n'importe quoi." § Alors que la date limite de dépôt des parrainages a expiré, vendredi, onze candidats affirment avoir déposé le nombre suffisant de signatures. La candidature de José Bové reste incertaine. § L 'aventure des parrainages touche à sa fin. Onze candidats affirment avoir déposé plus de 500 signatures d'élus pour officialiser leur candidature. Dernier en date : Frédéric Nihous, de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT). Devant l'edifice du Conseil, il a assuré avoir réuni 655 parrainages. Il a également annoncé avoir saisi le Conseil supérieur de l'audivisuel pour demander "de quelle façon" allait pouvoir être comblé son retard de temps de parole dans les médias. C'est la deuxième fois qu'un candidat se présente au nom de CPNT, parti qui se veut le défenseur de la ruralité, après Jean Saint-Josse en 2002 (4,23 % au premier tour). A l'époque, M. Nihous était le directeur de campagne de Jean Saint-Josse. Cette année, c'est l'inverse. INCERTITUDE POUR JOSÉ BOVÉ Le cas de José Bové semble plus compliqué. Le paysan altermondialiste s'est rendu au Conseil constitutionnel en fin d'après-midi, affirmant apporter 106 parrainages supplémentaires. Mais, selon lui, le Conseil n'a pas été en mesure de donner le nombre de signatures reçues par le candidat antilibéral. Il faudra donc attendre lundi pour connaître son sort. Toute la journée de vendredi, il s'est dit "inquiet". Mais, à sa sortie du Conseil, il s'est montré plus confiant. "Nous avons au moins 500 signatures. Ça va se jouer à quelques unités. Je suis confiant", a déclaré le candidat altermondialiste, en précisant qu'il attendait encore des signatures des départements d'outre-mer. "Notre compte à nous est bon, on pense qu'il est bon. Mais c'est le Conseil constitutionnel qui le dira lundi soir", a-t-il dit. "Depuis plusieurs jours, des élus ont envoyé des parrainages sans que nous en soyons informés", a-t-il ajouté. Par contre, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, n'a pas pu réunir les 500 parrainages requis pour participer à l'élection présidentielle. Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne et maire d'Yerres, 46 ans, qui a quitté l'UMP en janvier, a regretté qu'il n'y ait "pas, pour la première fois, de candidat gaulliste" dans cette élection présidentielle. Pour François Bayrou, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Marie-George Buffet, appuyés par des partis disposant de nombreux élus, la recherche n'était qu'une formalité. Ainsi, Mme Buffet a annoncé vendredi matin avoir 900 signatures. Depuis une semaine, sept autres prétendants ont tour à tour rempli les conditions : Olivier Besancenot (LCR), Arlette Laguiller (LO), Jean-Marie Le Pen (FN), Frédéric Nihous (CPNT), Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des travailleurs, Philippe de Villiers (MPF) et Dominique Voynet (Verts). Le Conseil se donne jusqu'à lundi pour procéder à des vérifications sur les parrainages. Ce jour-là, à 17 h 30, son président Jean-Louis Debré, proclamera la liste officielle... à moins d'un litige pour un candidat qui pourrait bloquer la publication pour tous. § Le hall du Théâtre national de la Colline, dans le 20e arrondissement de Paris, avait un petit air de bureau de vote, jeudi 15 mars, vers 17 heures. § L e hall du Théâtre national de la Colline, dans le 20e arrondissement de Paris, avait un petit air de bureau de vote, jeudi 15 mars, vers 17 heures. Tels des bulletins, s'alignaient sur une table, les professions de foi de cinq candidats à l'élection présidentielle, sur le thème de l'éducation artistique : par ordre alphabétique, François Bayrou (UDF), Marie-George Buffet (gauche antilibérale), Ségolène Royal (PS), Nicolas Sarkozy (UMP) et Dominique Voynet (Verts), ont accepté de répondre, par écrit, aux questions posées par le Forum permanent pour l'éducation artistique, qui regroupe plus de 70 associations, structures artistiques, syndicats, fédérations de parents d'élèves... Dans la grande salle du théâtre, quasiment pleine, on décortique les propositions des uns et des autres. Seule Dominique Voynet est venue en personne. Les autres prétendants à l'Elysée sont représentés par les spécialistes du dossier. A deux reprises, l'UMP se fait siffler. Dans sa contribution, Ségolène Royal rappelle que la droite, en 2002, a remis en cause le plan lancé par les socialistes en 2000. Celui-ci prévoyait de généraliser des expérimentations menées depuis les années 1970, avec interventions d'artistes dans les classes, réalisations de projets, etc. Quelque 25 000 classes à projet artistique et culturel (classes à PAC) ont ainsi vu le jour, à partir de 2001. Malgré une relance de la politique, en janvier 2005, tout est à reconstruire. La candidate du PS se donne "cinq ans" pour généraliser l'éducation artistique et culturelle, avec "un temps hebdomadaire spécifique" intégré dans le programme, et en réconciliant "les tenants de l'éducation artistique en partenariat et des enseignements artistiques de spécialité". Elle veut, aussi, "y mettre des moyens". Combien ? Aucun des candidats ne fait de promesses chiffrées. François Bayrou, comme Marie-George Buffet, mise sur une "loi de programmation pluriannuelle" pour en finir avec les coups d'arrêt budgétaires liés aux alternances. Nicolas Sarkozy veut créer un enseignement "dédié à l'histoire de l'art". Sa représentante, la députée UMP Muriel Marland-Militello, plaide pour un "enseignement artistique obligatoire, noté", qui soit "un critère de sélection". Sur la méthode, Dominique Voynet donne la priorité, "dès 2007", à l'éducation artistique à l'école primaire et au collège, et propose que des "conférences régionales de la culture" soient le lieu de débat incontournable. La candidate des Verts s'énerve : "Vous ne pouvez pas juger un candidat sur sa réponse à un sujet précis, mais sur la cohérence de son projet !", s'exclame-t-elle, avant d'interpeller l'assistance. "Qu'est-ce que vous pouvez faire pour nous ? Sans les artistes, est-ce qu'on peut s'en sortir ? Pas sûr..." Les organisateurs du débat sont plutôt satisfaits. Certes, reconnaissent-ils, les réponses des candidats sont partielles et parfois imprécises, "mais nous sommes frappés par le contenu des déclarations d'intention, souligne Eric Favey, secrétaire national délégué à l'éducation, la culture, la communication, de la Ligue de l'enseignement. Je ne l'ai jamais vu écrit comme ça depuis quinze ans. C'est plutôt une bonne nouvelle". Surtout, insiste-t-il, "les enseignants sont beaucoup plus prêts qu'on ne le dit à collaborer entre eux, à travailler avec les artistes et avec les institutions culturelles". Après trente ans de hauts et (surtout) de bas, le temps d'une politique durable est-il venu ? § Trois affaires - si l'on écarte l'enquête sur les vols gratuits concédés par Euralair, qui semble concerner plus précisément Bernadette Chirac - pourraient, aujourd'hui, impliquer Jacques Chirac sur le plan pénal, en tant qu'ancien maire de Paris (1977-1995) et de président du RPR (1976-1994). § T rois affaires - si l'on écarte l'enquête sur les vols gratuits concédés par Euralair, qui semble concerner plus précisément Bernadette Chirac - pourraient, aujourd'hui, impliquer Jacques Chirac sur le plan pénal, en tant qu'ancien maire de Paris (1977-1995) et de président du RPR (1976-1994). Les emplois contestés du RPR. L'enquête sur la prise en charge de permanents du RPR par des entreprises privées ou la Mairie de Paris, entre 1988 et 1995, a débouché sur le procès qui a abouti à la condamnation d'Alain Juppé. C'est au cours de cette procédure, ouverte en 1996 au cabinet du juge Patrick Desmure, à Nanterre, que fut saisie une lettre, signée de la main de M. Chirac, attestant la connaissance, par l'ex-maire de Paris, d'un système de prise en charge par la municipalité de permanents du RPR. Dans ce courrier, daté du 16 mars 1993, il demandait la promotion d'une secrétaire au sein des services municipaux, en soulignant le "dévouement exemplaire" dont elle avait fait preuve dans les "fonctions délicates" qu'elle exerçait... au RPR. Dans un rapport daté du 25 mars 1999, la direction centrale de la police judiciaire dénonçait l'existence d'un "système délictueux opéré avec l'aval de ses instances dirigeantes". Dans une ordonnance du 15 avril 1999, M. Desmure a estimé avoir réuni "à l'encontre" du chef de l'Etat "des indices, au sens de l'article 105 du code de procédure pénale, d'avoir participé aux faits de prise illégale d'intérêts et de recel d'abus de biens sociaux". Seule l'immunité dont bénéficie le président de la République a épargné à M. Chirac une mise en examen. Sur la base de ce constat, le juge Alain Philibeaux, successeur de M. Desmure, a ouvert, le 12 décembre 2002, un dossier, provisoirement "gelé", visant expressément le chef de l'Etat. Un mois après le départ de l'ex-président du RPR de l'Elysée, le juge Philibeaux pourra reprendre le cours de son instruction. M. Chirac pourrait alors être mis en examen pour "prise illégale d'intérêts". Les chargés de mission du maire de Paris. La juge Xavière Siméoni enquête sur les "chargés de mission" employés au cabinet du maire de Paris, entre 1983 et 1998. La cour d'appel de Paris a validé, le 16 février, contre l'avis du parquet, les mises en examen pour "détournements de fonds publics" engagées contre les directeurs de cabinet successifs de l'ancien maire de Paris entre 1983 et 1995, Robert Pandraud, Daniel Naftalski et Michel Roussin. Au total, une vingtaine de personnes sont poursuivies dans cette affaire, dont l'ancien secrétaire d'Etat, Raymond-Max Aubert. En janvier 2006, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles avait considéré que le dossier des chargés de mission de la Ville de Paris ne pouvait être dissocié de celui du financement du RPR qui avait entraîné la condamnation d'Alain Juppé. "Les deux procédures portent sur des financements illicites au profit d'une même famille politique", indiquaient les magistrats. La juge Siméoni peut donc reprendre le cours de son instruction, au cours de laquelle M. Chirac pourrait être amené à s'expliquer devant la justice. La Sempap. L'enquête sur la gestion de la Société d'économie mixte parisienne de prestations (Sempap) porte sur les malversations qui auraient été commises au sein de cette société chargée de l'impression de documents municipaux. Le dossier a été repris par Jean-Marie d'Huy, qui enquête sur l'affaire Clearstream. Début 2002, plusieurs mis en examen ont évoqué des remises d'espèces au cabinet de M. Chirac à la Mairie de Paris. Plusieurs mois avant ces témoignages, un militant écologiste, partie civile dans cette affaire, avait réclamé - en vain - la convocation de M. Chirac. Cette démarche avait conduit la Cour de cassation à se prononcer, le 10 octobre 2001, sur le statut pénal du chef de l'Etat. L'ancien maire de Paris, Jean Tiberi (RPR), l'ex-secrétaire général de la Ville de Paris, Bernard Bled, et l'ancien directeur du cabinet de Jacques Chirac à l'Hôtel de Ville, Michel Roussin, avaient été interrogés en décembre 2003, puis en janvier et février 2004. Ces auditions faisaient suite à un rapport de la brigade financière estimant entre 99 et 110 millions de francs le préjudice causé à la Ville de Paris. Multipliant les auditions, les enquêteurs de la brigade financière étaient parvenus à ce constat : "Il apparaît donc que l'activité de la Sempap était sous le contrôle du cabinet du maire de Paris." § Jean-Louis Bruguière revient de Corée du Sud ; il compte aussi se rendre bientôt en Asie centrale ; entre-temps, vendredi 16 mars, le juge antiterroriste devait donner le coup d'envoi, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), de sa campagne pour les élections législatives dans la circonscription, sous étiquette UMP. § J ean-Louis Bruguière revient de Corée du Sud ; il compte aussi se rendre bientôt en Asie centrale ; entre-temps, vendredi 16 mars, le juge antiterroriste devait donner le coup d'envoi, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), de sa campagne pour les élections législatives dans la circonscription, sous étiquette UMP. Suivant le scénario échafaudé depuis des mois (Le Monde du 6 décembre 2006), le député sortant, Alain Merly (UMP), a accepté de se retirer de la course. "Rugbyman de formation, je veux que mon équipe gagne, explique ce dernier. Pour faire venir Jean-Louis Bruguière, il fallait deux challenges, député et maire de la ville." Dans les deux scrutins, le magistrat aura pour adversaire le maire de Villeneuve, le socialiste Jérôme Cahuzac. "Ce qui intéresse Bruguière, c'est les législatives, dit le maire. Il est obligé de faire croire que la municipalité l'intéresse pour avoir le soutien des responsables locaux de la droite, qui rêvent de revenir aux affaires." M. Bruguière ne cache pas ses ambitions nationales : un poste - encore à créer - de président d'une commission parlementaire du renseignement le ravirait. Pour l'heure, le magistrat n'a pas adressé au ministère de la justice une demande de mise en disponibilité, mais ne s'en soucie guère. "Selon les statuts de la magistrature, il n'y a pas d'incompatibilité entre le fait d'être candidat et ma fonction", dit-il. M. Bruguière sait que sa renommée est une arme à double tranchant. "La pire erreur serait la suffisance", concède-t-il. Il connaît le préjugé défavorable aux candidats parachutés. "S'il y en a un qui ne l'est pas, c'est moi ! s'offusque M. Bruguière. Je suis là depuis trois cents ans. J'ai un attachement ancestral à cette terre." Le juge annonce qu'à compter d'avril, il passera "80 %" de son temps dans la circonscription. Il a déjà trouvé un thème de campagne : le sentiment d'insécurité. Il se dit "stupéfait" par son ampleur à Villeneuve-sur-Lot et dans la campagne avoisinante. "Pour les habitants, Villeneuve, c'est Chicago, dit-il. A cause d'une petite bande de voyous, les gens ne sortent plus le soir." Un angle d'attaque qui amuse le maire, Jérôme Cahuzac. "Le thème choisi par Bruguière est mauvais car la délinquance est en forte baisse, comme le montrent les statistiques de son ami Nicolas Sarkozy", explique-t-il. § Le bulletin "Marie-George Buffet" ne sera pas automatiquement glissé dans l'urne par les cheminots cégétistes, surtout préoccupés par la manière de faire barrage au candidat de l'UMP. § C ela a un petit côté immuable. A l'entrée du congrès des cheminots CGT, les vendeurs de L'Humanité proposent le quotidien communiste aux délégués. Comme chez eux. Ou presque, car le temps semble loin où la grande majorité des cheminots cégétistes avaient la carte du parti en poche, et où, élection présidentielle oblige, le bulletin de vote pour le candidat du PCF comme horizon politique. Ici, au Palais des congrès du Futuroscope, les quelque 400 délégués, jeunes pour beaucoup (47 % ont moins de 35 ans), n'ont plus la culture communiste chevillée au corps. Bien sûr, le secrétaire général de la puissante fédération des cheminots, Didier Le Reste, n'a jamais caché son engagement politique, ni au PCF, ni contre le traité constitutionnel européen, ce qui lui valut un affrontement sérieux avec son secrétaire général, Bernard Thibault, ancien cheminot et ancien dirigeant de cette fédération. Ce mercredi 14 mars justement, "Bernard", est en visite. L'occasion pour lui de rappeler qu'"aucune élection quelle qu'elle soit n'a mis un terme aux revendications". Et des revendications, les cheminots en ont. Ils se sentent même dans le collimateur, avec les discours de certains candidats, Nicolas Sarkozy en tête. Fin des régimes spéciaux de retraite, "droit de grève remis en cause par le service minimum", autant de sujets qui attisent inquiétude et colère dans le syndicat le mieux implanté de la SNCF. Et Didier Le Reste de rappeler, à l'occasion de ce congrès, que le droit de grève, "ce n'est pas négociable". Tout comme l'adossement des régimes de retraite sur le régime général sera "casus belli". Mais ce discours qui passe bien, ne répond pas complètement aux interrogations des militants. Pour qui voter ? Et qui dirigera le pays et organisera la mutation des services publics, du fret ferroviaire dont le marché sera totalement ouvert le 1er juin 2007, et de l'entreprise SNCF ? Maïté Lasalle, secrétaire confédérale, ressent bien cette "profession qui se vit particulièrement dans la ligne de mire". Elle explique que "dans les suites au non au traité européen, ça ne s'est pas déroulé comme certains l'auraient pensé, souhaité, à la gauche de la gauche". Présent dans la salle, Georges Séguy, ancien secrétaire général de la CGT et ancien cheminot lui aussi, a quelques regrets. Il dit ne pas goûter l'élection présidentielle, "c'est le contraire de la démocratie et la prime à l'idolâtrie, au vedettariat", mais il a fait son choix, "personnel". "Je voterai logiquement pour Marie-George Buffet, c'est la candidate qui correspond le mieux à mes idées et à mes ambitions", confie-t-il. "Le capitalisme, on est pour ou on est contre", assène le vieux dirigeant. Alain Lemercier, 62 ans et depuis 1965 à la CGT, secrétaire des retraités cheminots bretons, veut "voter utile". Et pour lui, cela pourrait être Buffet. "Je suis un vieux coco et, même si c'est la claque, on apprend toujours", s'amuse-t-il. Mais, Alain va réfléchir. C'est en tout cas non à Sarkozy. Ségolène Royal ? Il la trouve "gentille" mais "elle n'a pas la stature de chef d'état". Alors peut-être Bayrou ? "A la limite, ce sera la bouée de sauvetage." Réunis pour l'apéro, la vingtaine de délégués bretons discutent du congrès et de l'élection. Parmi eux, beaucoup de jeunes. Marion Brencourt a 27 ans et deux mois de syndicat. Employée du comité d'entreprise, elle va aussi "voter utile". Ce sera Ségolène Royal pour celle qui en 2002 avait voté pour Olivier Besancenot. Comme elle, Marie-Ange Le Rolland, 25 ans, contrôleuse à Rennes, avait voté Besancenot avant de glisser un bulletin Chirac au 2e tour. En 2007, elle apprécie toujours le jeune candidat trotskiste : "Il est toujours postier, il a toujours le même discours, mais je voterai pour Royal sans doute". Marie-Ange dit qu'"il n'y a pas que Le Pen qui lui fait peur, il y a surtout Sarkozy". La jeune femme reconnaît à ce dernier un mérite. "Avec lui, il y a débat, on sait ce qu'il veut, ce n'est pas comme en 2002 entre Chirac et Jospin", explique-t-elle. Et d'espérer qu'avec Ségolène Royal, "il y aura moins d'inégalités, et que l'on pourra conserver ce pourquoi les anciens se sont battus". Breton encore, Florent Anger, 33 ans, est chef de quai. En 2002, il a voté Taubira. "J'avais 27 ans, et la présence de Le Pen au 2s tour, ça a été une sacrée beigne". Il va voter pour Ségolène Royal, et il "en attend beaucoup". Florent voudrait qu'elle s'engage plus, "qu'elle n'ait peur de rien". Pour Patrick Bouchet, responsable régional des cheminots bretons, 49 ans, conducteur avant d'être permanent, ce sera Buffet. Patrick se rappelle avec émotion ce samedi 16 décembre 1975, où il est monté pour la première fois dans une locomotive. Le conducteur l'a accueilli en lui disant : "Toi, mon gars, jamais tu ne verras la retraite à 50 ans". "Je pars en décembre de cette année, regrette aujourd'hui Patrick. Et je sais bien que je pourrais encore plus dire cela à un jeune aujourd'hui." § Chauffer la salle, galvaniser les troupes lorsque la candidate ou le candidat entre en scène et donner du rythme à la soirée. § C hauffer la salle, galvaniser les troupes lorsque la candidate ou le candidat entre en scène et donner du rythme à la soirée. Dans cette campagne présidentielle, la mise en musique des réunions publiques s'organise avec le plus grand soin, en préférant souvent les compositions originales aux reprises de classique. A contre-courant, José Bové renoue avec les hymnes de campagne - que l'on croyait voués à une ringardisation - mais sur un mode décentralisé. A Aubagne, lors du premier meeting, c'est Jo Corbeau, barde local, qui a poussé la chansonnette. L'humoriste Gustave Parking a composé un reggae assez drolatique intitulé "Ah, si j'osais Bové", repris lors des réunions publiques. Olivier Besancenot s'appuie sur la musique du Taktik Collectif de Toulouse, mais diffuse aussi une version reggae - style décidément très en cour - de L'Internationale interprétée par le rappeur Monsieur R. Marie-George Buffet refuse d'organiser "une entrée à l'américaine" et se contente d'une quarantaine de secondes de musique électro au début du meeting qui prendra fin avec les incontournables Marseillaise et Internationale. A cheval sur les traditions, Arlette Laguiller s'en tient aux chants révolutionnaires et une Internationale a capella avant de se séparer. S'il s'efforce de changer de ton, Jean-Marie Le Pen n'a rien modifié à ses habitudes musicales. Comme en 2002, le Front national diffuse la bande originale du film Christophe Colomb à la conquête du paradis, de Vangelis, et parfois le "Choeur des esclaves" de Nabucco de Verdi avant de terminer sur une version "jazzy" de la Marseillaise de Claude Bolling. François Bayrou retrouve lui aussi la bande-son de l'élection précédente. Son entrée dans l'arène s'effectue avec Revelation, un morceau de Cerrone - le roi du disco - remixé par Bob Sinclar. "C'est entraînant, dynamique et ça permet de monter en puissance", fait valoir son entourage. Ici comme ailleurs, le volume est à fond. Comme leurs concurrents, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal s'efforcent d'abord de préparer le terrain (la candidate socialiste recourt aux services d'une escouade de DJ's) avant de fendre la foule au son d'une mélodie composée à leur intention. Outre qu'elle doit contribuer à mieux identifier le candidat, une musique originale permet d'éviter les couacs. Les exemples ne manquent pas. Du groupe de hard-rock suédois Europe, furieux de voir son morceau The Final Countdown diffusé par Edouard Balladur en 1995, aux récentes protestations de Cali contre l'utilisation d'une de ses chansons par Laurent Fabius lors de la précampagne socialiste. Nicolas Sarkozy utilise un thème musical signé Nathaniel Mechaly, spécialiste des génériques télévisés. Déjà utilisé lors de son intronisation à la tête de l'UMP à Villepinte en 2004, ce thème a été réorchestré mais reste plutôt pompeux. Pour Ségolène Royal, une composition "techno-rock, avec beaucoup de guitares et qui donne envie de taper des mains" a été retenue. En fin de meeting socialiste, contrairement à l'UMP, point de Marseillaise. Pas d'Internationale non plus. "Dans un rassemblement collectif, plus encore que les images, c'est la musique qui constitue l'élément émotionnellement le plus riche ; aussi, la bidouille et le manque de professionnalisme ont de moins en moins leur place", insiste Michaël Boumendil, président de Sixième Son et spécialiste en identité sonore. "Il faudra observer comment les prétendants à l'Elysée mettront en musique leurs clips de campagne" prévient-il. Selon lui, deux pièges guettent les candidats : "Les poncifs emphatiques avec envolées de cordes et le mélange artificiel de styles, c'est-à-dire la démagogie musicale." § L'intégralité du débat en direct avec la présidente de Cap 21, ralliée à François Bayrou, sur les rapports entre écologie et croissance. § M LS26 : Faut-il concilier écologie et croissance comme nous le suggère le sujet de ce tchat ? Corinne Lepage : Je pense qu'il faut concilier écologie et développement. Car la croissance implique des ressources infinies que nous n'avons évidemment pas. Djibi : Depuis plusieurs décennies, le PIB est retenu par les hommes politiques et un certain nombre d'économistes comme une mesure-phare du niveau de développement économique d'un pays. La croissance forte du PIB, quand elle n'est pas considérée comme un fin en soi, est invariablement présentée comme le signe d'une économie performante (et inversement). Or une croissance du PIB peut masquer un appauvrissement de la population. Inversement, un PIB faible peut signifier un pays qui investit pour l'avenir. Comment proposer aujourd'hui une mesure de la "croissance" plus pertinente que la variation du PIB ? Quels nouveaux indicateurs faut-il utiliser (ou définir) pour que l'étalon auquel on mesure nos progrès économiques prenne en compte une réalité plus complexe que la seule production industrielle ? Corinne Lepage : La question est excellente, car effectivement, le PIB mélange des avantages et des inconvénients pour la société. En effet, la canicule, la consommation énergétique ou les problèmes de santé publique font monter le PIB. C'est la raison pour laquelle il faut élaborer d'abord à côté du PIB, et j'espère un jour à sa place, l'indicateur de bien-être économique ou le PGI, qui sont des indicateurs qui ajoutent et retranchent au PIB ce qui constitue des améliorations ou des déteriorations de la richesse nationale. Par exemple la destruction des ressources naturelles, la consommation énergétique, la croissance des inégalités, l'augmentation de la délinquance réduisent la richesse nationale et le bien-être collectif. Au contraire, la recherche, l'investissement dans l'éducation, la réduction des inégalités et de la pauvreté constituent des améliorations. La première démarche à entreprendre est donc celle de nous doter des moyens, de disposer des données nécessaires au calcul de l'indice de bien-être économique, ce qui n'existe pas chez nous, alors que ça existe en Angleterre ou dans les pays du nord de l'Europe. Par exemple, en Angleterre, le PIB a crû de 30 % en vingt ans, et l'indice de bien-être économiquye a diminué de 3 %. Aux Etats-unis, le PIB a cru de 30 %, l'indice de bien-être économique a augmenté de 3 %. Et en Norvège, le PIB a crû de 20 % et l'indice de bien-être économique de 12 %. Cela montre que dans les pays de l'Europe du Nord, où les questions environnementales, sociales, sont traitées avec beaucoup d'intérêt. L'indice de bien-être économique croît, ce qui montre l'intérêt d'utiliser ce type de critère. augustin : On attend beaucoup des nouvelles technologies (notamment hydrogène et nanotechnologies) pour concilier croissance et écologie. Jusqu'à quel point pensez-vous que les solutions aux problèmes écologiques sont techniques et non pas sociales ? Corinne Lepage : Les nouvelles technologies environnementales, à commencer par celles qui existent déjà, permettent de créer de la richesse et des emplois dans des secteurs qui s'inscrivent dans le développement durable. Ce qui est évidemment beaucoup plus intéressant, à la fois en termes environnementaux et industriels, que le développement des technologies polluantes utilisant les ressources fossiles et très consommatrices, d'eau ou de matières premières. Cependant, la transformation des modes de production et de consommation, qui est indispensable, ne suffira évidemment pas sans une évolution de nos comportements, et bien évidemment sans une intégration permanente du volet social aux côtés des volets environnemental et économique. jeunétudiantencommerce : Alors que l'écologie était considérée comme un frein à l'économie il y a quelques années, la voilà mise en avant (et notamment au sommet de Davos) comme un secteur créateur de richesse. Toutefois la production d'énergie propre n'est pas encore à l'ordre du jour. Combien de temps devrons nous attendre avant une prise de décision politique forte et concrète en faveur de l'écologie ? Trois ou plutôt vingt ans ? Corinne Lepage : Nous avons beaucoup prêché dans le désert, mais le coût financier du risque climatique commence enfin à être pris en compte. Je souhaiterais que le risque sanitaire lié aux pollutions chimiques le soit également. Il va de soi que l'urgence est extrême, et que les investissements vers les énergies renouvelables, et en particulier le solaire, n'ont pas encore suffisamment basculé, du fait du poids du lobby des fossiles et, dans notre pays, du nucléaire. chat modéré par Alexandre Piquard Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT L'hiver 2006-2007 a été le plus chaud jamais enregistré Au moins onze candidats au premier tour de l'élection présidentielle Valerie Plame dénonce une "politisation rampante" du renseignement américain Les dirigeants de Greenpeace France mis en examen pour "incitation" à la destruction d'OGM ET AUSSI La possible convocation par la justice du chef de l'Etat, qui redeviendra un simple citoyen un mois après la fin de son mandat, le 17 juin, était évoquée depuis longtemps. ... | Dessins du jour Samedi 17 mars 2007 Maquette du projet de Jean Nouvel pour le musée d'"art classique" de 24 000 m2 piloté par Le Louvre à Abou Dhabi. | AFP/- Thématique Le "Louvre" à Abou Dhabi, un projet controversé Femme voilée en République islamique d'Iran | Reuters - Raheb Homavandi Repère L'Iran PRÉSIDENTIELLE 2007 Jérôme Jaffré : "20 % des électeurs se décident dans les derniers jours" A Tours, le "stress" de policiers soumis à la "culture du résultat" Au moins onze candidats au premier tour de l'élection présidentielle L'éducation artistique dans le débat électoral LES DÉPÊCHES Onze ou douze candidats devraient être présents au premier tour Reuters 18h28 Veil critique le projet de ministère de l'Immigration de Sarkozy Reuters 18h21 José Bové fait durer le suspense sur ses parrainages Reuters 18h16 Le décès du soldat Matty Hull en Irak est un "acte criminel" Reuters 17h57 § "Je ne désespère pas que François Bayrou fasse des propositions au moins équivalentes à celles de Ségolène Royal dans le domaine de l'écologie", a estimé l'ex-candidate de Cap 21 ralliée au candidat de l'UDF, dans un chat sur Le Monde.fr, vendredi. § L 'ex-candidate de Cap 21 a évoqué des points de son programme qui ont été repris par le candidat de l'UDF, et ceux qu'elle espère encore négocier, dans un chat sur , vendredi 16 mars. arcana : Bonjour, et félicitation pour votre combat. Quels sont les éléments de votre programme (notamment celles issues de votre rapport EcoResp 2) que François Bayrou est d'ores et déjà prêt à reprendre dans son propre programme ? Corinne Lepage : D'ores et déjà sont acquis le moratoire sur les OGM, le plan d'adaptation au changement climatique (conséquences sur le plan agricole, sanitaire, d'aménagement du territoire, et économique en général), mais aussi le plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre avec un objectif de 15 %. Ce dernier engagement implique une politique extrêmement ambitieuse en matière d'énergies renouvelables, d'efficacité énergétique, un plan de réduction de 20 % des déchets en cinq ans, ce qui conduit à revoir complètement le financement et les orientations de la politique des déchets. François Bayrou est aussi favorable à un rééquilibrage des crédits de la recherche publique dans le domaine énergétique du nucléaire vers les énergies renouvelables. Nous finalisons actuellement d'autres mesures du programme que j'avais présentées et qui pourraient être reprises dans les jours qui viennent. ArnaudD : François Bayrou est un des candidats les moins écologistes. Après votre ralliement, quid du nucléaire dans son programme ? Et des autres points que vous défendez ? Corinne Lepage : OGM, c'est acquis. Pour le nucléaire, il s'est exprimé sur la nécessité de la transparence, sur le rééquilibrage des crédits en faveur du renouvelable (j'avais pour ma part proposé 50/50, le taux actuel étant à 5 %), sur la nécessité d'un débat sur le choix de l'EPR (le réacteur de nouvelle génération). Nous continuons notre discussion sur ce sujet. Sur les incinérateurs, j'ai lancé avec Dany Dietmann un appel pour un avenir sans incinérateurs. Je reste sur cette position et suis en discussion avec François Bayrou. Catherine_Médicis : Pourquoi ne pas avoir choisi Royal plutôt que Bayrou : pour les OGM, elle promet la fin des tests en plein champ au moins et, pour le nucléaire, elle est plus avancée que Bayrou, non ? Corinne Lepage : Pour les OGM, la position est la même. Pour le reste, je ne désespère pas que François Bayrou fasse des propositions au moins équivalentes à celles de Ségolène Royal dans le domaine de l'écologie, et il a déjà fait des avancées importantes. Mon combat n'est pas seulement écologique, il est également pour un changement de République et d'institutions, pour un pouvoir judiciaire, une presse indépendante, une capacité de faire travailler des personnalités de droite et de gauche ensemble. Seul François Bayrou m'a paru répondre à ces objectifs. vert : Si Bayrou ne passe pas le premier tour, est-ce que vous prononcerez en faveur d'un autre candidat pour le second tour ? Quels seront alors vos critères ? Corinne Lepage : Je suis convaincue qu'il passera le premier tour. § Des organisations de défense de l'environnement ont appelé à manifester, samedi 17 mars, pour interpeller les postulants à l'Elysée sur ce projet qu'elles jugent "inutile et dangereux". § N icolas Sarkozy. Le candidat de l'UMP s'est toujours montré favorable au nucléaire. A l'UMP, on souhaite "le maintien de l'option nucléaire pour des raisons de compétitivité et écologiques". Jean-Marie Le Pen. Le programmedu Front national prévoit de continuer l'effort réalisé, précisant que "les filières de 3ème et 4ème génération seront programmées". Marie-George Buffet. Si la candidate communiste prône "le développement des énergies renouvelables", elle est "favorable à la poursuite de l'effort sur l'énergie nucléaire". Frédéric Nihous. Le candidat de Chasse, pêche, nature, traditions (CPNT) est, "à l'heure ou l'on parle réchauffement climatique, pour le maintien de cette énergie propre" qui "nous garantit l'indépendance énergétique". § En pleine campagne électorale, les opposants au nucléaire veulent se faire entendre des candidats à l'élection présidentielle. A Toulouse, Dominique Voynet, candidate des Verts à la présidentielle, a pris la tête du défilé. § "S top EPR". C'est sous cette même banderolle qu'on défilé des milliers de personnes, samedi 17 mars, dans cinq grandes villes de France pour dénoncer les réacteurs de troisième génération de type EPR et demander la fermeture des centrales nucléaires, à commencer par les plus anciennes. A Toulouse, Dominique Voynet, candidate des Verts à la présidentielle, a pris la tête du défilé, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes. A Strasbourg, la manifestation a rassemblé 2 000 personnes, selon la police et les manifestants, parmi lesquelles le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire, Alain Krivine et le porte-parole des Verts, Yann Wehrling. "Ni civil, ni nucléaire, sortons, sortons du nucléaire" scandaient les militants, tandis qu'une banderole du collectif Alsace-Suisse-Pays de Bade proclamait "30 ans de rejet de déchets radioactifs et de risque d'accident, ça suffit - Population en danger". LES CANDIDATS INTERPELLÉS En début d'après-midi, des milliers de personnes se sont aussi rassemblées à Rennes, où se trouvait l'un des porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme. "On est surpris par l'ampleur du défilé. C'est une très grosse réussite", a-t-il déclaré à Reuters. Selon lui, "huit Français sur dix, même les gens qui s'accommodent des réacteurs actuels, sont contre la construction de nouveaux réacteurs". A Lille, plus de 2 000 personnes ont défilé, rassemblées derrière une banderole "pour des alternatives au nucléaire, stop au réacteur EPR". Les manifestants ont parcouru les 100 premiers mètres à reculons, un symbole pour dénoncer le "caractère rétrograde" de ce projet. Le réseau Sortir du nucléaire, qui fédère 760 associations, demande la fermeture en priorité de quatre centrales anciennes qu'il juge dangereuses : Fessenheim (Haut-Rhin), Tricastin (Drôme), Le Blayet (Gironde) et Bugey (Ain). Les manifestants interpellent les candidats à l'élection présidentielle et réclament "un plan de sortie du nucléaire avant un drame comme Tchernobyl", a dit Stéphane Lhomme. Le réacteur pressurisé européen (EPR, de l'anglais European Pressurized Reactor) a été conçu et développé par Areva NP. Ses objectifs affichés sont d'améliorer la sûreté et la rentabilité économique par rapport à celles des précédents réacteurs à eau pressurisée.Pour ses détracteurs, l'EPR est dangereux, coûteux et aggrave le problème des déchets radioactifs. § Dans son intervention devant les étudiants de Harvard, le premier ministre français a montré que la page était tournée. Il a dit le bien qu'il pense du "modèle" américain. § A son ami Stanley Hoffmann, qui l'avait invité, vendredi 16 mars, à l'université Harvard, Dominique de Villepin est apparu apaisé. "Beaucoup plus détendu, dit le professeur : il a l'air tourné vers l'avenir." Il y a quatre ans, presque jour pour jour, Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, mettait en garde l'administration Bush, à la tribune de l'ONU, sur les risques d'une intervention militaire en Irak. Son retour sur les lieux du divorce avait l'air d'une manière de narguer les Américains. Dans son intervention devant les étudiants de Harvard, le premier ministre français a montré que la page était tournée. Il a dit le bien qu'il pense du "modèle" américain. "La vraie force des Etats-Unis, ce n'est pas leur armée. C'est leur capacité à incarner le progrès et la modernité, la maîtrise des technologies de pointe, l'attractivité de leur territoire et de leur culture aux yeux du reste du monde", a-t-il dit. Pour ses adieux de premier ministre français aux Etats-Unis, M. de Villepin a fait le tour de ses amis et des gens qu'il apprécie : Stanley Hoffmann, Joseph Nye, l'inventeur du concept de "soft power", Charlie Rose, le présentateur le plus francophile de la télévision américaine. Et Bill Clinton, ce qui a suscité des interrogations sur les projets du futur ex-premier ministre. A-t-il l'intention de s'expatrier ?, lui a-t-on demandé. "I am too french", a-t-il répondu. A Harvard, M. de Villepin a pu mesurer qu'il reste apprécié par l'élite américaine. Les trois étages du Forum étaient combles. "Comme pour l'Iranien Khatami", a évalué un étudiant. Plus que sur l'Irak, il a été interrogé sur la "discrimination" qui frappe les jeunes des banlieues françaises, et la sélection par les grandes écoles. Il a été vivement applaudi lorsqu'il a incité les étudiants à avoir l'esprit d'aventure. "Je dis à mon fils : "Engage-toi dans la Légion étrangère, fais du parachutisme..." Ma génération est allée au Népal, en Inde, avec quelques sous en poche." Son fils Arthur, qui l'accompagnait aux Etats-Unis, était plutôt occupé à essayer de se mettre à la place de son "héros" de père. A l'ONU, il a pu s'asseoir dans la salle du Conseil de sécurité, là où son père avait prononcé son discours du 14 février 2003 : "N'oublions pas qu'après avoir gagné la guerre il faut bâtir la paix." M. de Villepin a refusé de s'engager trop avant dans une conversation sur les élections françaises. "Et si (François) Bayrou gagne, que se passe-t-il pour l'Assemblée nationale, a demandé un étudiant. "Et s'il ne gagne pas, qui va gagner ?", a-t-il poursuivi. Le premier ministre a indiqué qu'il n'entendait pas commenter la situation intérieure française, étant à l'étranger, tout en citant le mot du dramaturge Harold Pinter : "Beaucoup, en Irak, meurent dans un pays étranger." Interrogé après son discours sur les "responsabilités" qu'il souhaite voir prendre à l'Europe dans la crise irakienne, M. de Villepin a une nouvelle fois posé comme préalable le retrait des forces américaines en 2008. Il a également plaidé pour qu'un véritable rôle soit reconnu à l'Iran au Moyen-Orient. Il a souhaité aussi que l'aide de l'Europe aux Palestiniens soit "rétablie pleinement". § En s'appropriant la proposition de la Cour des comptes de limiter les allégements de charges aux bas salaires et aux PME, François Bayrou risque fort de faire renaître dans le patronat une crainte ancienne : celle que les entreprises aient à payer deux fois les 35 heures. § E n s'appropriant la proposition de la Cour des comptes de limiter les allégements de charges aux bas salaires et aux PME, François Bayrou risque fort de faire renaître dans le patronat une crainte ancienne : celle que les entreprises aient à payer deux fois les 35 heures. Une première fois lors de leur instauration en 1998, une seconde avec la possible remise en cause, fût-elle partielle, d'exonérations accordées pour compenser les hausses du salaire minimum liées aux lois Aubry. Les inquiétudes patronales ont été ravivées par la publication en juillet 2006 du bilan critique que les magistrats financiers ont dressé d'exonérations coûteuses - 25 milliards d'euros -, et à l'efficacité pas toujours démontrée. Dans un pays qui cherche à réduire son déficit public, elles se nourrissent aussi de la volonté exprimée à plusieurs reprises par les candidats du PS et de l'UMP de conditionner davantage les aides aux entreprises et les exonérations de cotisations, aux créations d'emplois ou à l'augmentation des salaires, pour Nicolas Sarkozy, au fait d'exporter, pour Ségolène Royal. "Ne passons pas d'un Etat providence à une illusion d'entreprise providence. Toute augmentation de charges aujourd'hui n'est pas supportable pour nos entreprises", avait pourtant, prévenu, dès le 12 décembre 2005, la présidente du Medef, Laurence Parisot. "Qu'est-ce que 20 milliards d'allégements face aux 283 milliards d'euros de prélèvements obligatoires que les entreprises françaises ont sur les épaules ?", s'exclamait-elle, le 19 décembre 2006. Le 25 janvier, devant quelque 6 000 entrepreneurs réunis à Paris, Mme Parisot se faisait plus incisive : "Les allégements doivent devenir purement et simplement des abattements. Et cela pour la bonne raison qu'ils ne sont que la juste compensation de l'invraisemblable coût infligé aux entreprises par les 35 heures." L'affirmation était un peu rapide. Les 20 milliards d'allégements sont loin de s'expliquer uniquement par les 35 heures. Selon la Cour des comptes, en septembre 2001, 12,9 millions d'emplois salariés en bénéficiaient, dont 6,2 millions au titre de la ristourne Juppé sur les salaires inférieurs à 1,3 smic, et autant au titre des 35 heures. Depuis, l'allégement Fillon a fusionné les deux dispositifs et on ne sait plus ce qui relève de l'un ou de l'autre. En revanche, il est vrai que les entreprises françaises apparaissent handicapées par l'importance de leur "coin fiscal", le rapport entre le salaire net et l'emploi "chargé". Et ce handicap s'aggravera avec toute hausse du coût du travail qu'entraînerait la suppression des exonérations. Actuellement, selon l'institut de conjoncture COE-Rexecode, le taux de cotisations sociales patronales totales (Sécurité sociale, retraites complémentaires, Assedic, etc.) va de 18 % au niveau du smic à 44 % pour 1, 6 smic et au-delà selon le niveau de salaire. § Certes, les "affaires" dans lesquelles se sont empêtrées tour à tour la gauche et la droite empêchent les politiques d'aborder les questions judiciaires avec la sérénité nécessaire. Cela n'exonère pas les candidats de leurs responsabilités, tant il est évident que l'attente des citoyens n'a pas faibli et que les juges perdent de vue leur mission. § I l suffit de se souvenir de l'émotion qui a entouré l'affaire d'Outreau et les intenses débats qui ont suivi pour mesurer l'indigence de la réflexion sur la justice pénale dans la campagne présidentielle. Dangereusement décrédibilisée et démoralisée, la justice mériterait pourtant qu'on se penche davantage et mieux sur son sort. Les propositions des candidats sont en effet limitées. Nicolas Sarkozy a concentré son discours sur les peines automatiques pour les récidivistes et la responsabilité des juges, omettant de dire qu'il faudrait réviser la Constitution. Ségolène Royal promet le doublement du budget et le développement des alternatives à la prison, sans préciser comment y parvenir. François Bayrou avance une proposition-phare : celle d'un ministre de la justice responsable devant le Parlement, qui, elle non plus, n'entre pas dans le cadre institutionnel actuel. Peu, ou pas, de questionnement sur la pénalisation de la société, le sens et l'efficacité de la sanction, l'égalité des citoyens devant la loi, ou encore la punition des fous, qui déstabilise les prisons au lieu de remplir les hôpitaux. Sans parler des justices civile ou prud'homale, qui, elles aussi, ont sérieusement besoin d'une réforme. Il y a un an, lors de l'épilogue de la catastrophe d'Outreau, l'objectif semblait à portée de la main, même s'il était apparu raisonnable à tous de ne pas remettre à plat le système à quelques mois d'une échéance électorale majeure. La commission d'enquête parlementaire avait produit une oeuvre de pédagogie inestimable. Mais tout cela a fait "pschitt". Ceux qui réclamaient une pause dans l'inflation législative de ces dernières années ont écopé d'une énième loi de procédure, inapplicable dans l'organisation actuelle. Quant à ceux qui plaidaient pour une réforme ambitieuse, ils ont récolté un texte croupion, encore affaibli par le Conseil constitutionnel. Dans un tel contexte, l'absence générale d'ambition est d'autant plus désolante que, depuis dix ans, les réformes avortées se succèdent. En 1996, Jacques Chirac exprimait son souhait de rendre le parquet indépendant du garde des sceaux. En janvier 1997, la justice était présentée comme l'un des cinq "grands chantiers du septennat". Mais le statut des procureurs vis-à-vis du pouvoir politique, sujet-clé de toute réforme de fond, ne sera jamais remis en cause. Et, en 2000, la réforme du Conseil supérieur de la magistrature sera elle aussi lancée puis abandonnée. Certes, les "affaires" dans lesquelles se sont empêtrées tour à tour la gauche et la droite empêchent les politiques d'aborder les questions judiciaires avec la sérénité nécessaire. Cela n'exonère pas les candidats de leurs responsabilités, tant il est évident que l'attente des citoyens n'a pas faibli et que les juges perdent de vue leur mission. Devant de tels enjeux, il serait coupable et dangereux de continuer à pratiquer la politique de l'autruche. § Les principaux candidats ont tous d'importants projets pour moderniser la justice. Mais la pression née de l'affaire dite d'Outreau est retombée. § U n an après les travaux de la commission Outreau, les débats sur la justice sont absents de la campagne électorale. Ce n'est plus un sujet porteur. Aucun des candidats ne s'est rendu à l'invitation de la conférence des bâtonniers, vendredi 16 mars, mais Patrick Devedjian (UMP), André Vallini (PS) et Hervé Morin (UDF) ont planché devant un parterre d'avocats pour plaider la cause de leur candidat. Tous sont favorables à une réforme de la justice, à un moindre recours à la détention provisoire, à modifier le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour le rendre plus indépendant... et à critiquer la nouvelle loi Clément sur la responsabilité des magistrats, en vigueur depuis mars. La position "attristée" du président de la commission Outreau, André Vallini, tout comme les doutes de l'UDF, sont connus, mais M. Devedjian a battu sa coulpe : "Les circonstances politiques n'étaient pas réunies pour une grande réforme. Ce n'est jamais une bonne pratique de légiférer sous le coup de l'émotion en période préélectorale." La loi Clément a été adoptée peu après la loi sur la prévention de la délinquance de Nicolas Sarkozy. En cinq ans, plus de dix lois ont réformé le code de procédure pénale. Dans une lettre adressée à ses anciens confrères avocats, M. Sarkozy plaide pour limiter la détention provisoire "aux seuls cas de violences sur personne" et de "confier son prononcé à une vraie formation collégiale statuant en audience publique". Au passage, M. Devedjian note que cela mettrait fin au secret de l'instruction, qualifié de "secret de Polichinelle". Il a défendu les deux mesures les plus critiquées de M. Sarkozy : l'instauration des peines planchers et l'abaissement de l'âge de responsabilité pénale à 16 ans pour les mineurs multirécidivistes. Le député socialiste de l'Isère, M. Vallini, s'est déclaré "agréablement surpris" que Ségolène Royal ait proposé de doubler le budget de la justice en cinq ans. La candidate socialiste veut limiter "la détention provisoire à sa plus simple expression", en imposant un délai butoir pour éviter de trop longues durées d'emprisonnement, et en préconisant des alternatives : arrêts domiciliaires, bracelet électronique, contrôle judiciaire. Elle propose la présence d'un avocat au long de la garde à vue. Elle veut décréter un "plan d'urgence" pour la justice des mineurs, pour recruter des juges des enfants, des greffiers, des éducateurs, car "la place des mineurs n'est pas en prison", sans renoncer à un encadrement éducatif renforcé, "avec, si besoin, un encadrement militaire". Le PS veut en finir avec les nominations différentes des magistrats du parquet, nommés directement par l'exécutif. La mesure phare de l'UDF est la mise en place d'un super-garde des sceaux, nommé par le président mais confirmé, à une majorité qualifiée, par le Parlement, auquel il rendrait compte de sa politique pénale tous les ans. L'UDF veut instaurer un pouvoir judiciaire qui se substituerait à l'autorité judiciaire de la Ve République. "Nous ne voulons plus que les procureurs généraux soient nommés en conseil des ministres comme des super-préfets", a expliqué Hervé Morin, vice-président de l'UDF, qui veut doubler le budget de la justice en dix ans. M. Morin s'est taillé un franc succès auprès des représentants des 180 barreaux de province, en étant le seul à ne pas se prononcer en faveur d'une refonte de la carte judiciaire. L'implantation des tribunaux n'a pas changé depuis Napoléon. M. Sarkozy propose de garder une cour d'appel par région et un tribunal de grande instance par département. La candidate socialiste propose une refonte moins radicale et la création de nouveaux tribunaux d'instance. Le représentant de l'UDF a défendu l'idée que "l'Etat doit être présent partout et non pas s'éloigner de partout". Il a été le plus applaudi. § Pendant des mois, les militants UMP ont diffusé auprès des internautes des sites caricaturant Ségolène Royal. Et puis, devant la percée de François Bayrou, les sourires ont viré au jaune. Les militants ont été priés d'arrêter leur propagande. § P endant des mois, les militants UMP ont diffusé auprès des internautes des sites caricaturant Ségolène Royal. Et puis, devant la percée de François Bayrou, les sourires ont viré au jaune. Les militants ont été priés d'arrêter leur propagande. L'anecdote racontée par un cadre de l'UMP du Rhône résume la fébrilité du camp sarkozyste. Face au danger Bayrou, l'UMP se serre les coudes sur le terrain. François Bayrou ? "Tout le monde en parle mais je ne rencontre pas un Lyonnais proche de nos idées, tenté par le candidat", affirme Cyril Honneger, le bras droit de Dominique Perben, le candidat UMP à la mairie de Lyon. "Même les chiraquiens purs et durs font bloc autour de Sarkozy, parce qu'ils savent que si Bayrou l'emportait il y aurait une chasse au tout-UMP. Je ne constate même pas chez les anciens radicaux ou UDF qui ont rallié l'UMP des hésitations pour repasser de l'autre côté", note un cadre régional. Le danger est peut-être en train de s'insinuer dans un cercle que les élus UMP n'avaient pas soupçonné : les amis de Charles Millon, premier groupe d'opposition au conseil municipal de Lyon. Son chef, Christian Barthélémy, ne cache plus sa sympathie pour M. Bayrou. "Il y a dix mois je me serais prononcé en faveur de Nicolas Sarkozy, parce qu'il incarnait la rupture, un espoir de changement. Mais son discours n'a pas tenu. Il aurait dû démissionner du gouvernement. Aujourd'hui, le candidat qui incarne cette rupture, cette critique du système, c'est François Bayrou." Cet ancien cadre RPR n'hésite pas à comparer la démarche de M. Bayrou à celle de De Gaulle en 1958. "Ces solutions à la crise tiennent dans une modification des institutions et dans de nouvelles méthodes de gouvernance." Sa position, même si elle n'est pas partagée par son groupe, en partie rallié à Nicolas Sarkozy, pourrait compter à Lyon où M. Millon, dispose encore de fidèles. D'autant que ce dernier, en exil à Rome où il a été nommé ambassadeur auprès de la FAO, pourrait sortir de sa réserve. "Charles Millon et François Bayrou sont en contact", affirme Eric Roux de Bézieu, un élu milloniste rallié à M. Sarkozy. Le président de l'UDF du Rhône, Michel Mercier, trésorier de la campagne de M. Bayrou et qui fut l'adversaire de Charles Millon aux dernières municipales de Lyon, ne commente pas ce renfort quelque peu encombrant. "François Bayrou séduit désormais trois catégories de gens à droite : les gaullistes, qui retrouvent le mythe du rassemblement et de l'union prônés par le général de Gaulle, ceux qui sont rebutés par les positions de Sarkozy sur l'immigration et la nation, et les réfractaires à l'ultra-libéralisme. Pour tous ceux-là, François est le rebelle, qui peut permettre de sortir de l'impasse de six alternances gauche-droite." Parmi les désabusés du sarkozysme, Jean-Baptiste Préciozo, 19 ans. Etudiant en classe préparatoire au lycée du Parc à Lyon, ce fils de fonctionnaires, avait rejoint l'UMP en 2005 pour M. Sarkozy. En janvier, il l'a quittée pour les mêmes raisons. "Le personnage qui représentait pour moi la droite décomplexée, l'anticonformisme m'a profondément déplu", assure-t-il. Et de déplorer les propos de M. Sarkozy sur la discrimination positive, ses positions sur le statut d'EDF-GDF et l'aéronautique, le fonctionnement du parti, le culte du chef. En janvier l'étudiant a poussé la porte de l'UDF. "Bayrou, finalement, est davantage porteur du vrai message du gaullisme, avec une éthique politique. Il ne promet pas mais respecte les électeurs. Il apporte un message de paix politique." § M. Sarkozy va, ce week-end, à la rencontre des jeunes, sur les ondes et au Zénith de Paris. "Projet d'espoir", le livre de M. Bayrou, connaît un succès d'édition § N icolas Sarkozy parle aux jeunes. Après avoir célébré, vendredi 16 mars, en tant que ministre de l'aménagement du territoire, "la France éternelle, laboratoire de la ruralité", à l'occasion d'un déplacement dans les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes, le candidat (UMP) à l'élection présidentielle, qui n'est pas encore retourné en banlieue depuis le début de sa campagne, s'est entretenu en direct, samedi 17 mars, avec l'animateur Difool sur les ondes de Skyrock, première radio chez les 13-24 ans. "Si vous êtes réveillé, n'ayez pas peur. Nicolas Sarkozy est sur Skyrock, ce n'est pas un rêve...", a prévenu l'animateur, avant de lui demander : "Regrettez-vous le mot racaille ? - Non. Je suis ministre depuis cinq ans, si vraiment on n'a que ça à me reprocher, c'est pas grand-chose...". François Bayrou suivra, lundi, et Ségolène Royal, mardi. Dimanche, Nicolas Sarkozy devait prononcer un "discours à la jeunesse", au Zénith de Paris. Aux dires de Fabien de Sans Nicolas, le président des jeunes UMP, la rencontre annoncée suscite d'ores et déjà " un vrai engouement" et "12 000 jeunes" sont annoncés dans une salle qui compte... 8 000 places. Le temps de la justice n'est pas celui de la campagne présidentielle. Au palais de justice de Paris, à la fin du second mandat de Jacques Chirac, on solde les dernières affaires qui mettent en cause... François Mitterrand : le dossier des emplois fictifs d'Elf, qui concerne plusieurs proches de l'ancien président de la République et celui des écoutes téléphoniques de l'Elysée. Jeudi 15 mars, ce sont les affaires liées à Jacques Chirac qui ont fait une courte apparition dans la campagne, par le biais d'une dépêche AFP, qui évoquait l'hypothèse de sa convocation prochaine en qualité de témoin par les juges de Nanterre dans le dossier des emplois fictifs de la Ville de Paris. Il y a cinq ans, alors que le président de la République venait d'annoncer sa candidature à un deuxième mandat, les affaires s'invitaient au coeur de la campagne et le juge Eric Halphen, qui avait claqué la porte de la magistrature après avoir été dessaisi de son enquête sur les HLM de Paris et échoué à convoquer le président de la République comme témoin, publiait son livre Sept ans de solitude. Rentré au bercail depuis janvier 2007, l'ancien juge d'instruction se languit désormais ses journées dans une petite chambre du palais de justice de Paris, en qualité de juge assesseur, à étudier les dossiers de dommages et intérêts pour les victimes d'accidents de la circulation. Sondages littéraires. Projet d'espoir, le livre de François Bayrou sorti en librairie, jeudi 8 mars, ferait un tabac d'édition. Tiré à 100 000 exemplaires, il figure en tête des ventes des essais dans les trois panels Ipsos, GfK et Tite-Live - il a d'ores et déjà grillé la politesse aux confidences de Jacques Chirac recueillies par Pierre Péan - et son éditeur, Plon, a procédé à plusieurs réassorts. Les ventes s'élèvent en moyenne à 3 200 exemplaires par jour. Le record à battre reste le livre de Nicolas Sarkozy, Témoignages, et ses 300 000 exemplaires annoncés. Faut-il y voir un signe supplémentaire du soudain intérêt que suscite le candidat centriste ? Ce sera à vérifier dans quelques semaines. Pour mémoire, Le temps de répondre, le livre d'entretien de Lionel Jospin avec Alain Duhamel paru en mars 2002, qui avait donné lieu à un lancement "de type Goncourt" avec 150 000 exemplaires tirés, avait "formidablement marché la première semaine", selon le directeur des éditions Stock Jean-Marc Roberts, avant de connaître un brutal et définitif désintérêt. La leçon semble avoir été retenue chez Hachette littératures qui édite le livre de Ségolène Royal, Maintenant, à paraître le 27 mars et dont le tirage devrait avoisiner les 70 000 à 80 000 exemplaires. Nul doute qu'il y aura concurrence de candidats dans les allées du salon du livre, qui se tient du 23 au 27 mars, porte de Versailles, à Paris. "Ailleurs et autrement", telle est la nouvelle devise de Dominique de Villepin, faute de pouvoir agir ici et maintenant. Il était, vendredi 16 mars, à New York l'invité de l'émission The Charlie Rose Show. " Vous ne pouvez pas me regarder dans les yeux et me dire que vous ne vouliez pas être président ?", lui a demandé le présentateur. "Si", a affirmé M. de Villepin. Aux journalistes qui l'interrogeaient sur son avenir à l'occasion de sa visite à l'ONU, le premier ministre a confié qu'il envisageait de retrouver sa formation initiale, la "gestion de crise". De l'usage du 21 avril 2002. Lionel Jospin a prévu de tenir une réunion publique, salle Jean Nohain à Lens (Pas-de-Calais), samedi 17 mars. Dans l'équipe de Ségolène Royal, on compte sur lui, moins pour soutenir la candidate, que pour rappeler les dégâts que peut engendrer la dispersion des voix de gauche au premier tour. Lionel Jospin y a gagné un surnom : "le remords vivant". § Pas facile d'accompagner une candidate qui a décidé de reprendre "toute sa liberté" comme elle l'a annoncé, la veille, sur France 2. Pour son premier déplacement commun de campagne, M. Strauss-Kahn, vendredi 16 mars, en a fait l'expérience dans la patrie du poète Rimbaud, auteur d'Une saison en enfer. § "S égolène !" Pas de réponse. Sur la scène du Parc des expositions de Charleville-Mézières, Dominique Strauss-Kahn est un peu embarrassé."Allez viens...", enjoint l'ancien ministre, ne sachant plus vers quel côté se tourner. Finalement, Ségolène Royal arrive par la droite de la tribune. Un petit serrement de main furtif à l'angle de l'estrade et elle a déjà glissé vers le micro que "DSK" a abandonné. Pas facile d'accompagner une candidate qui a décidé de reprendre "toute sa liberté" comme elle l'a annoncé, la veille, sur France 2. Pour son premier déplacement commun de campagne, M. Strauss-Kahn, vendredi 16 mars, en a fait l'expérience dans la patrie du poète Rimbaud, auteur d'Une saison en enfer. Ils s'étaient donné rendez-vous quelques instants plus tôt devant l'usine Porcher, menacée par des licenciements. Accueillie par des salariés, Mme Royal parle d'"ordre économique juste", d'"obligation, pour les entreprises, de rendre des comptes". A ses côtés, "DSK" affiche un sourire distrait et expédie, en dix-sept secondes, un commentaire sur "ceux qui soutiennent la campagne, comme moi, autant que je le peux". Il affiche la même attitude modeste un peu plus tard sur le minuscule podium installé sur une place de la commune. "Dominique n'est pas un éléphant, cela ne fait pas longtemps qu'il est reconnu comme un dirigeant du PS, assurait son ami Christophe Borgel, candidat aux législatives en Seine-Saint-Denis. Il apporte sa pierre à la victoire." "SOLDATS" Le soir, à Charleville-Mézières, devant un bon millier de personnes, M. Strauss-Kahn a fait le travail, critiquant François Bayrou - "Ségolène, elle fait campagne avec 100 propositions, François Bayrou fait campagne sans proposition" - et Nicolas Sarkozy : "Sur aucun sujet, il n'essaye d'élever la France. Sur l'Europe, il propose un mini-traité, une petite chose ; sur la France, il est en repli". Mais il doit lui-même dissiper la drôle d'impression qui règne dans son tandem avec Mme Royal. "Hier, à la télévision, elle nous disait qu'il faut qu'elle se sente libre, elle a raison, c'est sa force !, s'est-il exclamé. On n'a pas besoin de commentaires dans cette campagne mais de soldats, et les soldats n'ont pas d'états d'âme mais des états de service." Le "soldat" Strauss-Kahn a assisté, muet, à l'échange entre la candidate et les journalistes au cours duquel elle a expliqué que la présence de son ancien rival représentait "comme Laurent Fabius, un appui très important" mais qu'il s'agissait d'une "contribution prévue de longue date", faisant suite au travail qu'il a fait sur la fiscalité "avec deux collègues". Il "faut avoir, à un moment, la force de se situer au-dessus des partis politiques, tout en s'appuyant sur eux", dit la candidate. " Je suis la seule à proposer ce contrat direct avec les Français." Vendredi, Mme Royal a multiplié les rencontres avec les salariés, les parents d'élèves et la population. De plus en plus, elle privilégie les discours en plein air sur les places publiques, comme à Saint-Brice-Courcelles, où les notes d'une petite fanfare se mêlaient avec un air de Diam's. "J'avance droit devant, le drapeau à la main", commentait en aparté Mme Royal. Samedi, ce devait être au tour du "soldat" Jospin de battre la campagne, dans le Pas-de-Calais, mais sans la candidate. § Les salariés ont accepté la visite de la candidate PS : "Cela fera parler de nous". Par curiosité aussi pour celle qui, restée quinze minutes, a été bloquée par les caméras. § L e parking est vide. Devant l'usine Porcher, à Revin (Ardennes), seuls restent quelques ouvriers, Ségolène Royal et sa troupe sont repartis. Il est 17 heures, la candidate n'est restée que quinze minutes. Mais elle a écouté avec attention Marie-Claude Moriau (FO), la secrétaire du comité d'entreprise (CE): "Que comptez-vous faire pour enrayer l'hémorragie des emplois dans l'industrie, liée à ces capitaux et fonds de pension américains ?" Le matin de ce vendredi 16 mars, les élus se sont retrouvés en comité d'entreprise. Pour évoquer encore le sort des salariés de l'atelier fonderie. Le 1er février, ils apprenaient la volonté de la direction de cesser l'activité, 63 salariés sur 239 probablement licenciés auxquels il faut rajouter 35 intérimaires. Porcher, qui appartient à American Standard et à des fonds de pension américains, fabrique des éviers, des baignoires "les plus belles du monde". Les représentants syndicaux, dans une belle unité, ont rédigé une lettre pour Mme Royal. Ils n'avaient appris que mercredi sa venue par un coup de fil du député socialiste de la circonscription, Philippe Vuilque. C'est lui qui a proposé une rencontre devant l'usine. "Il m'a dit qu'il fallait qu'il y ait du monde devant les grilles, qu'il fallait battre le rappel", raconte Mme Moriau. Pourquoi pas ?, se sont-ils tous dit, "cela fera parler de nous". A 10 h 30, jour de la visite, dans le petit local du CE. "On parle beaucoup d'Airbus, mais 63 salariés licenciés cela compte autant, surtout dans le département sinistré des Ardennes", dit Marie-Claude Moriau. "C'est l'autocar de journalistes qui l'accompagnent qui nous intéresse", avance Frank Boulva (CFTC). Quand même, argumente Christian Deschamps (CGT), "c'est rare la tête du PS qui se déplace, les gens n'en reviennent pas trop qu'elle vienne". "On n'est pas dupe non plus", rétorque M. Boulva. Et si c'était un autre candidat ? "Les idées politiques, on les a, on les garde, ce qui compte c'est l'emploi", assène la secrétaire du CE. Et Le Pen ? "Aucune importance, je dirais oui, s'il a les caméras avec lui", risque M. Boulva "Moi, je n'irai pas", réagit Mme Moriau. Ici, le Front national dépasse les 20 %. 13 heures : il faut rappeler le député qui s'inquiète de savoir si tout est prêt. 15 h 30, Mme Moriau se demande s'il y aura du monde. "Certains de l'équipe du matin m'ont dit qu'ils reviendraient. S'il y a une quarantaine de personnes, c'est bon." James Thiery (CFDT) pousse la porte : "Bon, si je veux embrasser Mme Royal, il faut que j'aille me raser." Coïncidence, une autre visite a lieu ce vendredi. D'éventuels repreneurs pour l'atelier fonderie sont dans l'usine, conduits par Boris Ravignon, probable candidat local UMP aux législatives et conseiller technique du ministre de l'intérieur... Nicolas Sarkozy. "La visite de Mme Royal, aucun problème, plus de politiques s'intéressent à la situation, meilleur c'est", commente-t-il. 16h05 : les militants décorent la grille avec les drapeaux aux couleurs de leurs syndicats. 16 h 45 : Mme Royal, accompagnée de son staff, de Dominique Strauss-Kahn et de plusieurs dizaines de journalistes, s'avance à la rencontre des salariés. "On n'avait jamais vu autant de journalistes", s'amusent les salariés, amers de ne pouvoir s'approcher, bloqués par les cameramen et les photographes. Mme Moriau est soulagée, une cinquantaine de salariés sont présents. Après quinze minutes de dialogue attentif, Mme Royal repart. Elle a expliqué comment elle comptait limiter les pouvoirs des fonds de pension américains. "Je vous félicite de vous battre, de ne pas subir la loi du silence", leur a-t-elle lancé. Trop courte la rencontre ? Sur le parking, Claude Bartolone, responsable de la communication de Mme Royal, explique : "Cela permet de faire vivre la préoccupation de l'emploi dans la campagne, et de montrer l'accueil qu'elle reçoit dans le monde du travail." 17 h 05, les syndicalistes échangent leurs impressions dans le local. Les hommes l'ont trouvée "belle". "Elle est très simple, attentive", commente Mme Moriau. "Normal, c'est son métier, mais je reste perplexe", maugrée M. Boulva. "Je pense qu'elle tiendra ses promesses, pas spécialement pour l'usine mais pour le monde ouvrier", conclut le cégétiste Christian. Le lendemain, samedi, ils doivent tous se retrouver à six heures du matin. Six autocars emmènent les salariés et leurs enfants... à Euro Disney. § Dimanche, lors d'un meeting avec plusieurs milliers de jeunes au Zénith à Paris, le candidat UMP a promis un "Plan Marshall de la formation". Il était accompagné du chanteur Faudel. § T ee-shirts blancs, oranges, rouges ou verts, brandissant des pancartes "les jeunes avec Sarko" ou des autocollants "j'kiffe Sarko", rien n'a été oublié pour le grand rendez-vous "jeune" de la campagne de Nicolas Sarkozy. Et pour cause : pour ses sorties remarquées au ministère de l'intérieur, le candidat UMP souffre d'un déficit d'image auprès des jeunes dans la plupart des enquêtes d'opinion. Dimanche 18 mars, lors d'un meeting avec plusieurs milliers de jeunes au Zénith à Paris, le candidat UMP a décliné ses propositions pour la jeunesse : "si je suis élu, je mettrai en oeuvre un grand plan Marshall de la formation pour tous les jeunes de nos quartiers, pour qu'aucun ne soit laissé de côté, pour que chacun puisse tenter sa chance, pour que chacun ait un emploi". "Il n'appartient qu'à vous de ne plus être trompés et je vous propose d'en finir avec les mensonges qui, depuis 40 ans, préparent la jeunesse à un avenir désespérant", a-t-il ajouté. "Je ne veux pas vous aider à rester jeune, je veux vous aider à devenir des adultes qui accomplissent leurs rêves de jeunesse." Sur un ton presque paternaliste, il a également parlé amour à son auditoire - "J'ai suffisamment d'expérience de la vie (...) pour vous le dire avec certitude : aimer, c'est la seule chose au fond qui compte vraiment." "SARKOZY, LE GRAND HUMANISTE" Le ministre de l'intérieur n'a pas répété sa propostion, qui avait créé la polémique, de créer un "ministère de l'immigration et de l'identité nationale" . Mais il est revenu sur ce thème, fustigeant la "mode exécrable de la repentance" et estimant que "depuis des décennies, nous laissons dénigrer la Nation et la République, nous nous excusons même d'incarner une identité nationale, républicaine, française". Les jeunes venus écouter leur champion ont été accueillis par Laurent Wauquiez, le benjamin des députés, qui a durement critiqué Ségolène Royal au micro. "Elle peut s'agiter sur une tribune en scandant 'jeunesse, jeunesse, jeunesse', mais cela ne signifie rien chez elle", a lancé le secrétaire général adjoint de l'UMP, couvert par une marée de sifflets lancés à l'adresse de la candidate PS. Lynda Asmani, candidate aux législatives à Paris, a vanté "Sarkozy, le grand humaniste". A la fin de son discours, Nicolas Sarkozy a reçu le soutien du chanteur Faudel, qui est monté à la tribune pour lui dire : "Tu as donné envie aux jeunes d'écouter les politiques (...) Tu n'as pas eu peur d'exposer les vraies vérités. On connaît ton franc-parler. J'espère qu'avec ton énergie, tu pourras redonner aux jeunes l'envie de poursuivre leurs rêves." Puis le candidat de l'UMP et le chanteur ont cédé la place au DJ Martin Solveig qui a fait danser pendant près de deux heures les jeunes participants sur une musique techno. § Devant 4 000 élus réunis porte de Versailles, la candidate PS a promis "une république nouvelle", grâce à "un référendum refondateur de la République". § S égolène Royal a présenté, dimanche 18 mars, à Paris la réforme des institutions prévues dans son pacte présidentiel comme la naissance d'une VIe République, un terme qu'elle utilisait pour la première fois de façon aussi explicite. Dans un discours prononcé devant quelque 4 000 élus socialistes réunis porte de Versailles, la candidate PS a promis "une république nouvelle, dont vous (les élus) êtes les acteurs à l'avant-garde", grâce à "un referendum refondateur de la république, ancrée sur ses traditions et en même temps tournée vers le futur". "Ce sera notre VIe République, c'est celle-là (...) que nous construirons ensemble. Cette VIe République est prête, elle s'appuie sur le travail" des présidents des groupes parlementaires Jean-Marc Ayrault et Jean-Pierre Bel, a ajouté Ségolène Royal. PREMIÈRE "MARSEILLAISE" DE LA CAMPAGNE SOCIALISTE Cette République nouvelle reposera, selon elle, sur "quatre piliers : une démocratie parlementaire revivifiée qui va mettre fin au cumul des mandats, une démocratie sociale qui va faire faire à la France un bond vers le futur en modernisant le dialogue social", la garantie des "solidarités de base" avec "le maintien des services publics sur tout le territoire", enfin "la democratie territoriale". C'est la première fois que Ségolène Royal utilise aussi explicitement le terme de "VIe République" pour décrire ces changements institutionnels, déjà présents dans son Pacte présidentiel. "Tournons-nous vers (les Français). Donnons-leur confiance. Méritons-les. Mettons la vérité en bataille pour faire gagner la France. Vive la République! Vive la France!", a lancé la candidate socialiste, un macaron tricolore à la boutonnière. Autre première dans la campagne de Mme Royal : la Marseillaise a retenti à la fin du meeting de la candidate socialiste. Plusieurs personnalités du PS, François Hollande, Dominique Srauss-Kahn, Jean-Marc Ayrault et d'autres sont montés sur scène à ses côtés pour entendre l'hymne national. § Deux sondages enregistrent un rebond de Ségolène Royal dans les sondages, Nicolas Sarkozy restant en tête. François Bayrou recule, Jean-Marie Le Pen progresse. § N icolas Sarkozy l'emporterait au second tour de l'élection présidentielle avec 52 % des voix (-1) face à Ségolène Royal, créditée de 48 % (+1) des intentions de vote, selon la 16è vague du baromètre électoral quotidien d'Ipsos/Dell pour SFR et Le Point, publié dimanche 18 mars. 17 % (=) des personnes certaines d'aller voter n'ont pas exprimé d'intention de vote. Au premier tour, M. Sarkozy arrive en tête avec 29,5 % (=) des intentions de vote. Ségolène Royal avec 25 % (+1) se situe devant François Bayrou 21 % (-1). A la quatrième place arrive Jean-Marie Le Pen, crédité de 12,5 % (=) des intentions de vote. Jean-Marie Le Pen qui a lancé, hier, sa campagne officielle à La-Trinité-sur-Mer, s'est déclaré persuadé d'être présent au second tour, malgré la montée du candidat de l'UDF François Bayrou dans les sondages, qui relève selon lui d'une "connivence sondagio-médiatique". D'autre part, selon un sondage IFOP publié dans le Journal du Dimanche, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % des voix contre 48,5 %, si le second tour de la présidentielle avait lieu dimanche. Le premier tour a été testé sur les 11 candidats ayant affirmé avoir rassemblé les parrainages nécessaires pour concourir, ainsi que sur José Bové, qui demeure incertain. Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages (-2), la candidate socialiste 24 % (+1), François Bayrou (UDF) 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen (FN) 14 % (+1). A un second tour organisé dimanche prochain, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % (-0,5) contre 48,5 % (+0,5). 5 % des personnes interrogées ne se sont pas prononcées. Dans ces deux sondages, les autres candidats arrivent loin derrière, avec des intentions de vote au 1er tour comprises entre 3,5 % et 0,5 % : Olivier Besancenot, Arlette Laguiller, Marie-George Buffet, Philippe de Villiers, Dominique Voynet, Frédéric Nihous et Gérard Schivardi. Par ailleurs, selon un sondage Ipsos Océan indien - Journal de l'île de la Réunion publié samedi, Ségolène Royal l'emporterait à la Réunion par 57 % contre 43 % à Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle. L'écart est important mais moindre qu'en décembre où la candidate socialiste devançait le candidat de l'UMP de 40 points (70 % contre 30 %). 42 % des sondés à la Réunion indiquent qu'ils peuvent encore changer d'avis. § Les comptes de la Sécurité sociale sont restés dans le rouge en 2006 mais se sont nettement améliorés, avec un déficit du régime général réduit à 8,7 milliards d'euros. § L es comptes de la Sécurité sociale sont restés dans le rouge en 2006 mais se sont nettement améliorés par rapport à l'année précédente, avec un déficit du régime général réduit à 8,7 milliards d'euros contre - 11,6 milliards en 2005, grâce notamment à l'essor des médicaments génériques. Les chiffres définitifs devaient être annoncées de manière officielle en début de semaine mais le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qui est également le porte-parole Nicolas Sarkozy, en a dévoilé l'essentiel, dans une interview à paraître dans le Journal du Dimanche (JDD). L'assurance maladie est à - 5,9 milliards contre 6,1 milliards prévus. "En deux ans, nous avons divisé son déficit par deux", explique le ministre de la santé. Selon lui, la branche vieillesse est à - 1,9 milliard d'euros (contre - 2,4 milliards anticipés) et les caisses d'allocation familiales affichent - 0,9 milliards d'euros de déficit, au lieu des 9,8 milliards initialement prévus. Le ministre salue "les efforts des Français", qui "ont porté leurs fruits, avec au titre des bonnes nouvelles une accélération de la diffusion des génériques à partir de la mi-2006". La consommation de ces médicaments, qui sont des copies de produits de marque dont le brevet est tombé dans le domaine public, et sont vendus environ 30% moins cher, a généré 263 millions d'euros d'économies au premier semestre. "Depuis 2004, le trou a été réduit de 25 %", dit-il. Xavier Bertrand salue par ailleurs l'accord trouvé entre les Caisses d'assurance maladie et les syndicats de médecins libéraux sur une revalorisation du tarif de la consultation des généralistes. L'accord prévoit un relèvement des tarifs en deux étapes : un euro supplémentaire au 1er juillet prochain puis un euro au 1er juin 2008. Au final, la consultation sera portée à 23 euros. "Le passage à 22 euros représente 130 millions d'euros. C'est un accord important qui ne demandera pas d'efforts aux assurés sociaux. L'enjeu est clairement de montrer aux jeunes que la médecine générale reste attractive", dit Xavier Bertrand. Le ministre de la santé, défend l'idée du candidat de l'UMP à l'élection présidentielle de mettre en place une franchise sur les actes médicaux afin de "responsabiliser les patients". "Le montant de la franchise n'est pas encore déterminé et nous tiendrons compte de la situation des plus démunis, des enfants et des personnes gravement malades", explique-t-il. § L'ancien premier ministre socialiste a surtout concentré ses critiques sur Nicolas Sarkozy, "un danger pour le fonctionnement normal de la République", et sur François Bayrou, estimant "incohérent de se prévaloir du ni-droite ni-gauche et de proposer d'avoir ensemble et la droite et la gauche". § L 'ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin est entré en campagne, samedi 17 mars, à Lens, où il a prôné "le vote Ségolène Royal"...mais il a surtout concentré ses critiques sur "le danger" représenté par Nicolas Sarkozy. Devant environ 400 personnes, Lionel Jospin a longuement attaqué le candidat de l'UMP et mis en garde contre les conséquences d'un vote en faveur du président de l'UDF François Bayrou. "M. Sarkozy représente un vrai danger pour le fonctionnement normal de la République", a affirmé Lionel Jospin, qui s'exprimait dans le cadre d'une réunion de soutien aux candidats socialistes pour les prochaines élections législatives. "LA SOLUTION, C'EST LE VOTE SOCIALISTE" "Il est stupide et suspect de créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale car aucun ministère ne saurait être propriétaire de notre identité", a-t-il fait valoir. "Il est un Chirac plus jeune, aussi cynique, aussi porté aux bonnes paroles mais moins mesuré, plus fébrile et de ce fait plus inquiétant", a analysé l'an premier ministre, qui était accompagné de son ancien ministre Daniel Vaillant et entouré d'une nuée de journalistes. Egalement sévère avec le président de l'UDF, Lionel Jospin a affirmé que "ce que propose M. Bayrou provoquerait une vraie crise politique dans notre pays". "Il est incohérent de se prévaloir du ni-droite ni-gauche et de proposer d'avoir ensemble et la droite et la gauche", a-t-il ironisé, ajoutant que François Bayrou serait dans l'impossibilité de gouverner la France sans majorité à l'Assemblée Nationale. "La solution, c'est le vote socialiste, le vote Ségolène Royal" a lancé Lionel Jospin, qui devrait participer mercredi prochain à un meeting de soutien à la candidate socialiste dans le XVIIIe arrondissement de Paris. § Des organisations de défense de l'environnement ont appelé à manifester, samedi 17 mars, pour interpeller les postulants à l'Elysée sur ce projet qu'elles jugent "inutile et dangereux". § N icolas Sarkozy. Le candidat de l'UMP s'est toujours montré favorable au nucléaire. A l'UMP, on souhaite "le maintien de l'option nucléaire pour des raisons de compétitivité et écologiques". Jean-Marie Le Pen. Le programmedu Front national prévoit de continuer l'effort réalisé, précisant que "les filières de 3ème et 4ème génération seront programmées". Marie-George Buffet. Si la candidate communiste prône "le développement des énergies renouvelables", elle est "favorable à la poursuite de l'effort sur l'énergie nucléaire". Frédéric Nihous. Le candidat de Chasse, pêche, nature, traditions (CPNT) est, "à l'heure ou l'on parle réchauffement climatique, pour le maintien de cette énergie propre" qui "nous garantit l'indépendance énergétique". § En pleine campagne électorale, les opposants au nucléaire veulent se faire entendre des candidats à l'élection présidentielle. A Toulouse, Dominique Voynet, candidate des Verts à la présidentielle, a pris la tête du défilé. § "S top EPR". C'est sous cette même banderolle qu'on défilé des milliers de personnes, samedi 17 mars, dans cinq grandes villes de France pour dénoncer les réacteurs de troisième génération de type EPR et demander la fermeture des centrales nucléaires, à commencer par les plus anciennes. A Toulouse, Dominique Voynet, candidate des Verts à la présidentielle, a pris la tête du défilé, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes. A Strasbourg, la manifestation a rassemblé 2 000 personnes, selon la police et les manifestants, parmi lesquelles le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire, Alain Krivine et le porte-parole des Verts, Yann Wehrling. "Ni civil, ni militaire, sortons, sortons du nucléaire" scandaient les militants, tandis qu'une banderole du collectif Alsace-Suisse-Pays de Bade proclamait "30 ans de rejet de déchets radioactifs et de risque d'accident, ça suffit - Population en danger". LES CANDIDATS INTERPELLÉS En début d'après-midi, des milliers de personnes se sont aussi rassemblées à Rennes, où se trouvait l'un des porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme. "On est surpris par l'ampleur du défilé. C'est une très grosse réussite", a-t-il déclaré à Reuters. Selon lui, "huit Français sur dix, même les gens qui s'accommodent des réacteurs actuels, sont contre la construction de nouveaux réacteurs". A Lille, plus de 2 000 personnes ont défilé, rassemblées derrière une banderole "pour des alternatives au nucléaire, stop au réacteur EPR". Les manifestants ont parcouru les 100 premiers mètres à reculons, un symbole pour dénoncer le "caractère rétrograde" de ce projet. Le réseau Sortir du nucléaire, qui fédère 760 associations, demande la fermeture en priorité de quatre centrales anciennes qu'il juge dangereuses : Fessenheim (Haut-Rhin), Tricastin (Drôme), Le Blayet (Gironde) et Bugey (Ain). Les manifestants interpellent les candidats à l'élection présidentielle et réclament "un plan de sortie du nucléaire avant un drame comme Tchernobyl", a dit Stéphane Lhomme. Le réacteur pressurisé européen (EPR, de l'anglais European Pressurized Reactor) a été conçu et développé par Areva NP. Ses objectifs affichés sont d'améliorer la sûreté et la rentabilité économique par rapport à celles des précédents réacteurs à eau pressurisée.Pour ses détracteurs, l'EPR est dangereux, coûteux et aggrave le problème des déchets radioactifs. § Dans son intervention devant les étudiants de Harvard, le premier ministre français a montré que la page était tournée. Il a dit le bien qu'il pense du "modèle" américain. § A son ami Stanley Hoffmann, qui l'avait invité, vendredi 16 mars, à l'université Harvard, Dominique de Villepin est apparu apaisé. "Beaucoup plus détendu, dit le professeur : il a l'air tourné vers l'avenir." Il y a quatre ans, presque jour pour jour, Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, mettait en garde l'administration Bush, à la tribune de l'ONU, sur les risques d'une intervention militaire en Irak. Son retour sur les lieux du divorce avait l'air d'une manière de narguer les Américains. Dans son intervention devant les étudiants de Harvard, le premier ministre français a montré que la page était tournée. Il a dit le bien qu'il pense du "modèle" américain. "La vraie force des Etats-Unis, ce n'est pas leur armée. C'est leur capacité à incarner le progrès et la modernité, la maîtrise des technologies de pointe, l'attractivité de leur territoire et de leur culture aux yeux du reste du monde", a-t-il dit. Pour ses adieux de premier ministre français aux Etats-Unis, M. de Villepin a fait le tour de ses amis et des gens qu'il apprécie : Stanley Hoffmann, Joseph Nye, l'inventeur du concept de "soft power", Charlie Rose, le présentateur le plus francophile de la télévision américaine. Et Bill Clinton, ce qui a suscité des interrogations sur les projets du futur ex-premier ministre. A-t-il l'intention de s'expatrier ?, lui a-t-on demandé. "I am too french", a-t-il répondu. A Harvard, M. de Villepin a pu mesurer qu'il reste apprécié par l'élite américaine. Les trois étages du Forum étaient combles. "Comme pour l'Iranien Khatami", a évalué un étudiant. Plus que sur l'Irak, il a été interrogé sur la "discrimination" qui frappe les jeunes des banlieues françaises, et la sélection par les grandes écoles. Il a été vivement applaudi lorsqu'il a incité les étudiants à avoir l'esprit d'aventure. "Je dis à mon fils : "Engage-toi dans la Légion étrangère, fais du parachutisme..." Ma génération est allée au Népal, en Inde, avec quelques sous en poche." Son fils Arthur, qui l'accompagnait aux Etats-Unis, était plutôt occupé à essayer de se mettre à la place de son "héros" de père. A l'ONU, il a pu s'asseoir dans la salle du Conseil de sécurité, là où son père avait prononcé son discours du 14 février 2003 : "N'oublions pas qu'après avoir gagné la guerre il faut bâtir la paix." M. de Villepin a refusé de s'engager trop avant dans une conversation sur les élections françaises. "Et si (François) Bayrou gagne, que se passe-t-il pour l'Assemblée nationale, a demandé un étudiant. "Et s'il ne gagne pas, qui va gagner ?", a-t-il poursuivi. Le premier ministre a indiqué qu'il n'entendait pas commenter la situation intérieure française, étant à l'étranger, tout en citant le mot du dramaturge Harold Pinter : "Beaucoup, en Irak, meurent dans un pays étranger." Interrogé après son discours sur les "responsabilités" qu'il souhaite voir prendre à l'Europe dans la crise irakienne, M. de Villepin a une nouvelle fois posé comme préalable le retrait des forces américaines en 2008. Il a également plaidé pour qu'un véritable rôle soit reconnu à l'Iran au Moyen-Orient. Il a souhaité aussi que l'aide de l'Europe aux Palestiniens soit "rétablie pleinement". § En s'appropriant la proposition de la Cour des comptes de limiter les allégements de charges aux bas salaires et aux PME, François Bayrou risque fort de faire renaître dans le patronat une crainte ancienne : celle que les entreprises aient à payer deux fois les 35 heures. § E n s'appropriant la proposition de la Cour des comptes de limiter les allégements de charges aux bas salaires et aux PME, François Bayrou risque fort de faire renaître dans le patronat une crainte ancienne : celle que les entreprises aient à payer deux fois les 35 heures. Une première fois lors de leur instauration en 1998, une seconde avec la possible remise en cause, fût-elle partielle, d'exonérations accordées pour compenser les hausses du salaire minimum liées aux lois Aubry. Les inquiétudes patronales ont été ravivées par la publication en juillet 2006 du bilan critique que les magistrats financiers ont dressé d'exonérations coûteuses - 25 milliards d'euros -, et à l'efficacité pas toujours démontrée. Dans un pays qui cherche à réduire son déficit public, elles se nourrissent aussi de la volonté exprimée à plusieurs reprises par les candidats du PS et de l'UMP de conditionner davantage les aides aux entreprises et les exonérations de cotisations, aux créations d'emplois ou à l'augmentation des salaires, pour Nicolas Sarkozy, au fait d'exporter, pour Ségolène Royal. "Ne passons pas d'un Etat providence à une illusion d'entreprise providence. Toute augmentation de charges aujourd'hui n'est pas supportable pour nos entreprises", avait pourtant, prévenu, dès le 12 décembre 2005, la présidente du Medef, Laurence Parisot. "Qu'est-ce que 20 milliards d'allégements face aux 283 milliards d'euros de prélèvements obligatoires que les entreprises françaises ont sur les épaules ?", s'exclamait-elle, le 19 décembre 2006. Le 25 janvier, devant quelque 6 000 entrepreneurs réunis à Paris, Mme Parisot se faisait plus incisive : "Les allégements doivent devenir purement et simplement des abattements. Et cela pour la bonne raison qu'ils ne sont que la juste compensation de l'invraisemblable coût infligé aux entreprises par les 35 heures." L'affirmation était un peu rapide. Les 20 milliards d'allégements sont loin de s'expliquer uniquement par les 35 heures. Selon la Cour des comptes, en septembre 2001, 12,9 millions d'emplois salariés en bénéficiaient, dont 6,2 millions au titre de la ristourne Juppé sur les salaires inférieurs à 1,3 smic, et autant au titre des 35 heures. Depuis, l'allégement Fillon a fusionné les deux dispositifs et on ne sait plus ce qui relève de l'un ou de l'autre. En revanche, il est vrai que les entreprises françaises apparaissent handicapées par l'importance de leur "coin fiscal", le rapport entre le salaire net et l'emploi "chargé". Et ce handicap s'aggravera avec toute hausse du coût du travail qu'entraînerait la suppression des exonérations. Actuellement, selon l'institut de conjoncture COE-Rexecode, le taux de cotisations sociales patronales totales (Sécurité sociale, retraites complémentaires, Assedic, etc.) va de 18 % au niveau du smic à 44 % pour 1, 6 smic et au-delà selon le niveau de salaire. § Certes, les "affaires" dans lesquelles se sont empêtrées tour à tour la gauche et la droite empêchent les politiques d'aborder les questions judiciaires avec la sérénité nécessaire. Cela n'exonère pas les candidats de leurs responsabilités, tant il est évident que l'attente des citoyens n'a pas faibli et que les juges perdent de vue leur mission. § I l suffit de se souvenir de l'émotion qui a entouré l'affaire d'Outreau et les intenses débats qui ont suivi pour mesurer l'indigence de la réflexion sur la justice pénale dans la campagne présidentielle. Dangereusement décrédibilisée et démoralisée, la justice mériterait pourtant qu'on se penche davantage et mieux sur son sort. Les propositions des candidats sont en effet limitées. Nicolas Sarkozy a concentré son discours sur les peines automatiques pour les récidivistes et la responsabilité des juges, omettant de dire qu'il faudrait réviser la Constitution. Ségolène Royal promet le doublement du budget et le développement des alternatives à la prison, sans préciser comment y parvenir. François Bayrou avance une proposition-phare : celle d'un ministre de la justice responsable devant le Parlement, qui, elle non plus, n'entre pas dans le cadre institutionnel actuel. Peu, ou pas, de questionnement sur la pénalisation de la société, le sens et l'efficacité de la sanction, l'égalité des citoyens devant la loi, ou encore la punition des fous, qui déstabilise les prisons au lieu de remplir les hôpitaux. Sans parler des justices civile ou prud'homale, qui, elles aussi, ont sérieusement besoin d'une réforme. Il y a un an, lors de l'épilogue de la catastrophe d'Outreau, l'objectif semblait à portée de la main, même s'il était apparu raisonnable à tous de ne pas remettre à plat le système à quelques mois d'une échéance électorale majeure. La commission d'enquête parlementaire avait produit une oeuvre de pédagogie inestimable. Mais tout cela a fait "pschitt". Ceux qui réclamaient une pause dans l'inflation législative de ces dernières années ont écopé d'une énième loi de procédure, inapplicable dans l'organisation actuelle. Quant à ceux qui plaidaient pour une réforme ambitieuse, ils ont récolté un texte croupion, encore affaibli par le Conseil constitutionnel. Dans un tel contexte, l'absence générale d'ambition est d'autant plus désolante que, depuis dix ans, les réformes avortées se succèdent. En 1996, Jacques Chirac exprimait son souhait de rendre le parquet indépendant du garde des sceaux. En janvier 1997, la justice était présentée comme l'un des cinq "grands chantiers du septennat". Mais le statut des procureurs vis-à-vis du pouvoir politique, sujet-clé de toute réforme de fond, ne sera jamais remis en cause. Et, en 2000, la réforme du Conseil supérieur de la magistrature sera elle aussi lancée puis abandonnée. Certes, les "affaires" dans lesquelles se sont empêtrées tour à tour la gauche et la droite empêchent les politiques d'aborder les questions judiciaires avec la sérénité nécessaire. Cela n'exonère pas les candidats de leurs responsabilités, tant il est évident que l'attente des citoyens n'a pas faibli et que les juges perdent de vue leur mission. Devant de tels enjeux, il serait coupable et dangereux de continuer à pratiquer la politique de l'autruche. § Une sélection d'affiches de la campagne présidentielle, candidat par candidat. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le candidat du Mouvement pour la France : portrait, programme, vidéos, équipe, liens. § § Le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire : portrait, programme, vidéos, équipe, liens, soutiens. § § Le Conseil supérieur de l'audiovisuel recommande aux chaînes publiques un certain nombre de pratiques en ce qui concerne le traitement de l'actualité par les services de radio et de télévision. § § La candidate communiste : portrait, programme, vidéos, équipe, liens, soutiens. § § La candidate des Verts : portrait, programme, vidéos, équipe, liens, soutiens. § § François Bayrou, Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet, Arlette Laguiller, Jean-Marie Le Pen, Frédéric Nihous, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Gérard Schivardi, Philippe de Villiers et Dominique Voynet sont officiellement candidats. § D ouze candidats, dont José Bové dont la participation était resté incertaine jusqu'au bout, seront en lice pour l'élection présidentielle 2007, a annoncé lundi 19 mars le Conseil constitutionnel. La liste officielle a été proclamée par Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel, entouré des huits autres sages, à l'issue d'une séance plénière au Palais-Royal destinée à valider les parrainages reçus. Il a cité les noms dans l'ordre résultant d'un tirage au sort effectué par le Conseil constitutionnel, qui détermine notamment le numéro des panneaux d'affichage officiels. Cette liste débute ainsi par Olivier Besancenot (Ligue Communiste Révolutionnaire), se poursuit avec Marie-George Buffet (PCF), Gérard Schivardi ("candidat des maires", soutenu par le Parti des Travailleurs), François Bayrou (UDF), José Bové (altermondialiste), Dominique Voynet (Verts), Philippe de Villiers (Mouvement pour la France), Ségolène Royal (PS), Frédéric Nihous (Chasse, pêche nature et traditions), Jean-Marie Le Pen (Front national), Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière), et se termine avec Nicolas Sarkozy (UMP) 16 615 PARRAINAGES VALIDÉS Jean-Louis Debré a précisé que 16 900 formulaires avaient été reçus - contre17 815 en 2002 - et que 16 615 avaient été validés. Chaque candidat devait obtenir au moins 500 parrainages valides afin de pouvoir de présenter. José Bové en ayant déposé à peine plus de 500, il n'étiat pas certain que tous soient validés. Au total, au moins trente personnes ont obtenu au moins un parrainage valide, a indiqué Jean-Louis Debré. Les candidats sont moins nombreux qu'en 2002, scrutin pour lequel un nombre record de 16 candidats avaient concourru. Quatre femmes se présentent, proportion jamais encore atteinte. Une nouvelle phase de la campagne commence ainsi : l'égalité des temps de parole est désormais de rigueur pour tous les candidats sur les médias audiovisuels. § La candidate de Lutte ouvrière : portrait, programme, vidéos, équipe, liens, soutiens. § § Le candidat de Chasse, pêche, nature, traditions (CPNT) : portrait, programme, vidéos, équipe, liens, soutiens. § § Quelle carte doit jouer l'agriculture française sur le marché mondial ? La question fait débat, au moment où s'ouvre le Salon international de l'agriculture, samedi 3 mars, à Paris. § Q uelle carte doit jouer l'agriculture française sur le marché mondial ? La question fait débat, au moment où va s'ouvrir le Salon international de l'agriculture, samedi 3 mars, à Paris. La concurrence des pays émergents est de plus en plus vive et grignote à la France des parts de marché, depuis la fin des années 1990. Les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les échanges agricoles et les futurs pourparlers en Europe sur l'évolution de la politique agricole commune (PAC) obligent, en outre, à s'interroger sur l'avenir de la puissance agricole française. Notamment sur sa vocation exportatrice. La France est troisième exportateur mondial, marché européen compris, et huitième, hors exportations européennes. Dans le cadre des négociations de libre-échange que l'OMC tente de relancer, l'organisation souhaite voir réduire les droits de douane européens et supprimer les subventions à l'exportation. Ces mesures risquent de fragiliser les agriculteurs français, notamment sur le marché européen. L'évolution de la PAC, dont la nouvelle version, entrée en vigueur en 2006, est censée rester en place jusqu'en 2013, pourrait tout autant les affaiblir au niveau international. Les Français redoutent une révision à la baisse du budget de la PAC, jugé par certains pays colossal (autour de 50 milliards d'euros, soit plus de 40 % du budget européen). Lors du bilan de santé de la PAC, prévu en 2008, la question ne manquera pas d'être posée, comme celle d'une réorientation des aides vers les pratiques environnementales et le développement rural. Déjà, dans les colloques, les points de vue d'experts émergent, tentant de convaincre les agriculteurs à l'évidence : il faudra réformer. "L'opinion publique n'est pas prête à payer pour que nos producteurs nourrissent les Chinois, mais l'est pour que sa propre sécurité alimentaire soit assurée", explique Lucien Bourgeois, économiste à l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture. Pour lui, comme pour d'autres, l'avenir passe essentiellement par le marché européen, et non par l'éparpillement des forces sur les pays lointains (ou plus humblement le bassin méditerranéen, marché traditionnel des exportations françaises). L'Union européenne (UE) représente en effet le principal marché de l'agriculture française (72,5 % de ses exportations en 2006). Ce "repli" européen, en outre, pourrait être favorisé par le développement sur le marché intérieur de la production de biocarburants, un nouveau débouché pour le blé, le maïs ou encore la betterave. MISER SUR L'INNOVATION La réforme de l'organisation du régime sucrier européen, en 2006, va dans ce sens. D'ici 2013, l'UE devra privilégier ses importations par une diminution conséquente de la production (et donc la fermeture de sites), une ouverture des frontières et la fin des subventions à l'exportation. Les professionnels n'imaginent pas, toutefois, tirer un trait sur le marché mondial : "Si les prix mondiaux restent élevés, nous pourrons demain exporter sans subventions. Mais, pour cela, il faut pouvoir conserver notre potentiel de production", s'alarme Alain Jeanroy, le directeur de la Confédération générale des betteraviers. Les agriculteurs craignent par-dessus tout l'arrivée en masse, en Europe, des produits des pays émergents. "Nous avons besoin de tous les débouchés, des biocarburants comme des exportations vers les pays lointains", estime François Gâtel, directeur de France Export Céréales, un organisme de promotion des produits français. "Quand on voit la demande agricole mondiale à venir, alimentaire et énergétique, on a des raisons d'être optimistes sur la place de l'agriculture française", relève Xavier Beulin, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) chargé des questions internationales. "Mais il y a un bémol, poursuit-il, car, au moment où s'exprime cette demande, l'Europe lâche progressivement son agriculture." L'ensemble de la profession met en avant ce "paradoxe". "Avec 9 milliards d'humains, il va falloir doubler la production mondiale pour nourrir la planète, affirme Christian Pèes, président de la coopérative Euralis et auteur de L'Arme alimentaire. Les clés de l'indépendance (Le Cherche-Midi, 231 pages, 15 euros). Le Brésil ne pourra pas tout faire et la France reste bien placée." L'agriculture française a effectivement de beaux arguments : surfaces disponibles importantes, bons rendements, compétence technique, sols et climat avantageux qui permettent une production régulière. Et, aussi, de bonnes performances dans les produits transformés : principalement grâce à ces derniers, le solde de la balance commerciale agroalimentaire française affiche pour 2006 un excédent de 8,7 milliards d'euros, en hausse de plus de 1 milliard par rapport à 2005. D'où un deuxième débat, qui agite le secteur : l'avenir passe-t-il par les produits bruts ou par les produits industriels, à meilleure valeur ajoutée, qui ont représenté les trois quarts des exportations en 2006 ? "Dans un pays industrialisé, aux coûts de main-d'oeuvre élevés, la vraie compétitivité réside dans les produits sophistiqués, résume M. Bourgeois. Il faut bannir de notre vocabulaire les mots "matière première"." Mais les pays émergents se sont déjà emparés du créneau. "La meunerie d'exportation a dû se restructurer parce que les pays clients se sont équipés de moulins pour fabriquer eux-mêmes la farine et ne veulent plus que du blé", raconte M. Gâtel. Le Brésil, lui, s'est taillé une spécialité dans le poulet en morceaux. La France conserve une longueur d'avance sur les produits très transformés (yaourts, chocolats, biscuits), qu'elle va devoir préserver en misant sur l'innovation. Elle a aussi une carte à jouer avec les produits du terroir comme le fromage, le foie gras et surtout les vins et spiritueux, principal excédent commercial agroalimentaire, deux fois supérieur à celui des céréales. D'ailleurs, parmi les dix principaux clients de la France, les trois non européens sont des pays riches, Etats-Unis, Suisse et Japon. § La candidate des Verts a demandé jeudi qu'on lui "laisse du temps", pour mobiliser l'électorat écologiste parce qu'elle n'a "pas de relais médiatique" et que le doute s'est installé dans ses troupes. § M oins de deux mois de campagne et Dominique Voynet veut qu'on lui "laisse du temps". Du temps pour mobiliser l'électorat écologiste parce qu'elle n'a "pas de relais médiatique" et que le doute s'est installé dans ses troupes. Jeudi 1er mars, à Montpellier, la candidate des Verts s'est efforcée de conjurer les mauvais sondages. "Je connais les électeurs écologistes ; je connais aussi des militants de mon parti, qui font un petit tour ici, un petit tour là, dans leurs intentions de vote, a-t-elle reconnu. Je leur dis, écoutez, comparez et regardez." Elle avait invité Pascal Frissaint (Confédération paysanne) et Martin Hirsch (Emmaüs France), persuadé, "sans prendre parti", que les Verts sont les seuls à porter la revendication de "revenu de solidarité active" pour sortir de la pauvreté. Mme Voynet a même énuméré ses "rencontres avec les acteurs de terrain" - l'UFC-Que choisir, Aides, AC-Le Feu ou la CFDT - pour souligner qu'elle n'était pas isolée.M. MAMÈRE ENTRE APPELS AU RASSEMBLEMENT ET AMERTUME Mais les yeux rivés à son discours, elle a eu beau développer tous les thèmes de sa campagne, elle avait du mal à soulever la salle. Les quelque 750 personnes venues au meeting l'ont écoutée, même applaudie à plusieurs reprises. Mais c'est à Noël Mamère qu'ils ont fait un triomphe. Celui qui, en 2002, avait donné aux Verts un score honorable, avec 5,2 %, a presque volé la vedette à Mme Voynet. Celui qui fut un temps candidat de la primaire interne a tenu un discours de quasi-candidat - vingt minutes sans notes. C'est lui aussi qui a annoncé que "sa" candidate avait réussi à réunir plus de 500 promesses de parrainage "sans avoir besoin de demander au grand frère". L'ancien opposant à "Dominique" a appelé au rassemblement des siens : "Notre parti doit être uni autour de Dominique Voynet. Ce n'est pas dans les moments difficiles que l'on regarde ailleurs et qu'on est séduit un jour par Nicolas Hulot, un jour par José Bové", a-t-il lancé, avant d'avertir : "Le score que réalisera Dominique sera celui des Verts et nous en serons tous comptables." En coulisse, il soupirait amer : "C'est une 'cata', ces meetings. Elle a le nez collé à son papier. Elle va se prendre une gifle monumentale et ensuite ce sera la débandade." § La centrale entre en campagne mais ne donnera pas de consigne de vote. § L a CGT entre dans la campagne électorale mais s'abstiendra de toute consigne de vote. Dans une déclaration adoptée, jeudi 1er mars, le "parlement" de la centrale dirigée par Bernard Thibault invite "les salariés à intervenir dans les débats", car souligne le texte, "malgré parfois le scepticisme et les déceptions, il ne faut pas laisser au monde des affaires le soin de s'occuper des affaires du monde". Mise en minorité en mars 2005 parce qu'elle avait refusé de s'engager dans la campagne du référendum sur la Constitution européenne, la direction confédérale a obtenu "l'unanimité" sur sa position. En premier lieu, la confédération concentre ses attaques contre l'extrême droite "dont les thèses (...) contraires aux intérêts des salariés et des valeurs du syndicalisme se sont banalisées dans certains discours politiques", note le texte qui "alerte sur la volonté du Medef de parvenir à l'instauration d'un gouvernement totalement acquis à sa vision ultralibérale de la société et de l'économie".UN SMIC À 1500 EUROS "TOUT DE SUITE" Sans les citer mais visant notamment Nicolas Sarkozy, la CGT s'en prend aux candidats qui ont "déclaré leur intention de s'attaquer au droit constitutionnel de grève dans les entreprises, les administrations et les universités, ainsi qu'à la représentation syndicale". Pour Bernard Thibault, cette remise en question "provoquerait un recul des libertés fondamentales", a-t-il déclaré jeudi à l'AFP. Parmi ses propositions, la CGT rappelle ses exigences en faveur d'un smic à 1 500 euros "tout de suite", un nouveau statut du travail salarié avec la Sécurité sociale professionnelle "véritable alternative aux licenciements", ainsi que l'adoption de nouvelles règles de représentativité syndicale. Dans un document diffusé à 1,5 million d'exemplaires, la confédération envisage donc d'interpeller les candidats pour que "la campagne soit l'occasion d'une clarification des projets politiques dans les domaines économiques et sociaux". Elle ne les sollicitera pas mais se réserve la possibilité de les rencontrer, à leur demande. Un premier rendez-vous a été fixé le 9 mars avec Ségolène Royal. § "Non seulement l'Etat peut, mais il doit faire", a déclaré la candidate à propos d'Airbus, En meeting à Mont-de-Marsan, affichant ainsi ses distances avec le gouvernement et avec les déclarations de Lionel Jospin en 1999 sur Michelin § V êtue de rouge et de noir, couleurs familières dans une région proche de l'Espagne, Ségolène Royal a concentré son discours, jeudi 1er mars, à Mont-de-Marsan, sur le "séisme (qui) menace notre pays et plus largement l'Europe" : Airbus, qui a annoncé la suppression de 10 000 emplois et la fermeture de deux usines en France. "L'actuel gouvernement est responsable de ce désastre", a attaqué la candidate socialiste en dénonçant, devant plusieurs milliers de personnes, son rôle d'actionnaire inopérant "à réagir". Le développement de l'A380 cargo suspendu Airbus a décidé de suspendre le programme de la version cargo de l'avion géant A380, en raison des annulations de commandes des derniers mois. "Nous n'arrêtons pas le programme, nous suspendons le développement, mais poursuivons la prospection commerciale", a déclaré, le 2 mars, une porte-parole. L'avionneur comptait jusqu'en novembre 2006 trois clients pour sa version cargo, il ne lui en reste plus qu'un. En raison des retards de livraison de deux ans annoncés par le constructeur aéronautique européen, le spécialiste de messagerie américain FedEx a annulé en novembre 2006 une commande de dix A380F (F pour fret). Son principal concurrent, UPS, a annoncé le 23 février qu'il pourrait annuler celle de dix appareils dans le courant 2007. Le loueur d'avions américain ILFC a de son côté transformé ses cinq A380 cargos en cinq appareils version passagers. - (AFP) "Ce gouvernement de droite a scandaleusement déstabilisé cette entreprise par des nominations politiques à sa tête", a-t-elle poursuivi en citant "un certain M. Forgeard, ancien conseiller du pouvoir, remercié ensuite avec 2 millions d'euros sans compter les actions et les stock-options". Puis est venu le tour de l'actionnaire privé, "le groupe Lagardère, si proche du pouvoir, qui s'est opportunément désengagé quelques semaines avant l'annonce des retards sur l'A320" (en fait, l'A380). Là aussi, aux yeux de Mme Royal, la puissance publique a failli : "Il faut, a-t-elle souligné, que le gouvernement remette cet actionnaire devant ses responsabilités sur les territoires où l'entreprise s'est installée. Non seulement l'Etat peut faire mais doit faire." L'Etat peut... C'est le message que Mme Royal a martelé jeudi soir, autant pour montrer la "cacophonie" du gouvernement et souligner les déclarations du "candidat de l'UMP qui affirme, mais cela évolue paraît-il, que l'Etat ne peut rien faire" que pour gommer la déclaration d'impuissance d'un Lionel Jospin, lequel avait lâché, en 1999, à propos de Michelin : "L'Etat ne peut pas tout"... Il y a, dans chaque campagne, des dossiers plus symboliques que d'autres, et Airbus, fleuron de l'industrie européenne, en est un. "L'enjeu de cette élection présidentielle, a appuyé Mme Royal, repose sur un choix clair : un Etat impotent, impuissant ou au contraire, un Etat fort qui assume ses responsabilités." "Avec moi, a-t-elle ajouté crânement, l'Etat sera fort." Il fera le tri, a-t-elle précisé, "entre ceux que nous aiderons et ceux que nous n'aiderons plus". "FRANCE NEUVE" Et pour mieux souligner sa différence, la candidate a insisté sur le volontarisme politique en prenant pour modèle l'Europe du Nord. "Le moment est venu d'accomplir une révolution dans la gouvernance des entreprises et que les salariés siègent aux conseils d'administration pour tirer la sonnette d'alarme et forcer les dirigeants à anticiper", a-t-elle souligné, en vantant les mérites d'un "syndicalisme de masse". Tout en s'engageant à "faire prévaloir la stratégie industrielle sur la stratégie financière", Mme Royal a promis de "remettre à plat ce dossier avec les Allemands et les Espagnols", partenaires d'Airbus. Le sujet sera au centre de sa rencontre la chancelière allemande, Angela Merkel, à Berlin le 6 mars. "Les Etats européens doivent recapitaliser de façon stable cette entreprise pour éviter la fermeture des usines", a-t-elle insisté. Mais la candidate connaît aussi l'histoire. Et là où M. Jospin, dans un autre dossier sensible, celui de l'entreprise LU, en mars 2002, n'avait pas su trouver les mots devant les caméras de télévision, face aux employés du groupe, elle a pris soin, jeudi soir, de "rendre hommage aux salariés, aux ingénieurs de talent, aux chercheurs qui se sentent humiliés, déconsidérés" chez Airbus. C'est "une France neuve" que Mme Royal promeut, qui lui permet de fustiger le bilan du "candidat sortant", Nicolas Sarkozy, et de celui "qui gouverne avec la droite dans toutes les assemblées locales", François Bayrou. "Il y en a qui cherche à brouiller les cartes, a-t-elle accusé. Mais on ne peut pas conter fleurette à la gauche et rentrer chez soi en courant. (...) Le juste milieu conduit à l'inaction, aux compromis mous...". Le meeting, qui s'est tenu en présence de nombreux élus, dont Henri Emmanuelli, président du conseil général des Landes, n'aurait pas été complet sans un petit couplet sur les médias "qui disent tous les jours : à quoi sert la politique ?" Un succès de salle facile et assuré. § L'ancien premier ministre a matéralisé à Bordeaux son rapprochement avec le candidat. § D e tous les "éléphants" de l'UMP rassemblés, jeudi 1er mars, à Bordeaux, pour le meeting de Nicolas Sarkozy, c'est Alain Juppé qui a décroché la place la plus précise dans le dispositif sarkozyste. Peut-être même dans l'équipe gouvernementale de l'après-présidentielle, au poste de ministre des affaires étrangères qu'il convoite. Le candidat de l'UMP vise une nouvelle fois la loi Evin Nicolas Sarkozy s'est rallié à l'argument des viticulteurs bordelais qu'il a rencontrés, jeudi 1er mars. Tout comme il l'avait déjà fait quelques jours auparavant, dans le Cher, auprès des producteurs de Sancerre, il a estimé que "la prohibition de la publicité sur le vin, c'est une question dont on doit reparler". Les viticulteurs d'Artigues-de-Lussac (Gironde) se plaignaient d'être empêchés par la loi Evin de faire la promotion de leurs produits. Il les a approuvés : "La cigarette ou la drogue, ça fait mal dès la première prise, alors que le vin, à dose raisonnable, c'est bon pour la santé." Il a précisé qu'il ne "lèverait pas le pied sur les contrôles" de vitesse et d'alcoolémie au volant. Pour soutenir la filière viticole, il a promis "de changer de politique de soutien à l'export". Avant de lancer : "Si ce n'est pas nous qui l'emportons, vous croyez que ce sont ceux qui ont fait la loi Evin qui vont vous aider ?" Dès le début de l'après-midi, l'entente entre les deux hommes s'affiche : c'est ensemble qu'ils arrivent devant la maison du secrétaire honoraire perpétuel de l'Académie française Maurice Druon. Les autres poids lourds de l'UMP, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin et la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, entre autres, sont relégués plus loin dans le cortège. "C'EST MA DESCENDANCE" Pour le candidat à la présidentielle, cette visite est importante. Elle est censée signifier le rassemblement de la famille gaulliste autour de lui. Il est comblé : sur le seuil de sa demeure, Maurice Druon désigne Nicolas Sarkozy en s'écriant : "C'est ma descendance." De la part de ce compagnon du général de Gaulle, qui avait dénié au RPR, au moment de sa formation, le droit de se revendiquer "gaulliste", ce n'est pas le moindre des compliments ! Quant au réchauffement entre le président de l'UMP et M. Juppé, son prédécesseur, il se matérialise, plus tard, à la tribune. Chez lui, dans sa ville, Alain Juppé choisit de faire les premiers pas. Il salue les prises de position diplomatiques que M. Sarkozy a détaillées, la veille. M. Juppé n'y voit que motifs à satisfaction : "Je suis heureux que Nicolas Sarkozy ait dit que les Etats-Unis sont nos amis mais que nous voulons être libres vis-à-vis des Etats-Unis" ; "Je suis heureux qu'il ait rendu un hommage appuyé à la politique étrangère de Jacques Chirac." Surtout, M. Juppé déclare "adhérer à l'idée d'un traité simplifié" défendue par Nicolas Sarkozy pour remplacer la Constitution européenne, rejetée par les Français en mai 2005. Message reçu : M. Sarkozy amende aussitôt la version écrite de son discours, pour y ajouter : "Cela fait longtemps que l'on travaille ensemble avec Alain Juppé. Il y a quelque chose qui me dit qu'on n'a pas fini." Cela tombe bien : M. Juppé se dit prêt à "répondre au besoin de France qui s'exprime dans le monde". "La France a aussi la responsabilité historique de remettre l'Europe en marche. C'est l'une des tâches les plus dures qui nous attend", ajoutera l'ancien premier ministre. § Avant le premier tour de la présidentielle, des journalistes de l'audiovisuel public ont lancé un appel qui a déjà recueilli plus de 10 000 signatures. § U ne délégation de journalistes à l'initiative de l'"Appel des journalistes de l'audiovisuel public pour des débats contradictoires" a été reçue, jeudi 1er mars, par Paul Nahon, directeur de l'information de France 3. Trois grands reporters de France Télévisions - André Garcia, membre du conseil d'administration de France 3, Alain Vernon, de France 2, et Jean-François Téaldi, de France 3 - lui ont remis les 10 000 premières signatures collectées au sein des rédactions de France Télévisions ainsi que sur les sites bellaciao.org et infoimpartiale.com. Ils ont exposé les revendications exprimées dans l'Appel lancé le 7 février en réaction aux émissions programmées depuis le début de la campagne. Les journalistes demandent l'organisation de débats contradictoires entre les candidats avant le premier tour de la présidentielle et l'égalité des temps de parole pour les candidats représentant un courant politique. Ils recommandent en outre de ne pas choisir les commentateurs uniquement parmi les "experts de pensée néolibérale". En réponse, M. Nahon leur a remis le tableau des relevés des temps de parole accordés à chaque candidat depuis le 1er décembre pour les journaux télévisés et les magazines diffusés sur France 3. Il y apparaît que toutes les personnalités déclarées se sont exprimées de manière équitable : Ségolène Royal recueille 19,3 % de temps de parole, Nicolas Sarkozy 18,8 %, François Bayrou 15,7 %, Marie-George Buffet 7,6 %, Dominique Voynet 7,3 %, Philippe de Villiers 7,2 %, Jean-Marie Le Pen 5,2 %, Olivier Besancenot 3,1 %, Arlette Laguiller 2,3 %. Quant à la demande de débats contradictoires, M. Nahon a déclaré qu'il "adorerait en organiser", mais que tous les candidats, à l'exception de Marie-George Buffet, ont répondu par la négative ou n'ont pas répondu du tout à l'invitation. "La confrontation d'idées serait plus intéressante, plus démocratique", reconnaît M. Nahon, qui regrette également "le manque de diversité des intervenants invités". M. Nahon a été, pour le moment, le seul responsable de l'information à répondre à l'interpellation des journalistes. Ces derniers espèrent rencontrer les directeurs de l'information de France 2, RFO, Radio France, RFI ainsi que Michel Boyon, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Pour l'heure, ils n'ont reçu aucune réponse. Parmi les candidats sollicités, seule Mme Buffet leur a fixé un rendez-vous. "RÉPONDRE AUX ATTENTES" "Nous ne voulons pas que le fossé se creuse encore un peu plus entre nous et les citoyens qui nous financent au travers de la redevance, écrivent les journalistes dans leur appel. Nos émissions et reportages doivent répondre à leurs attentes, à leurs préoccupations, quelles que soient leurs appartenances politiques. Les radios et télévisions du service public sont les leurs. Nous ne pouvons cautionner la dérive populiste qui consisterait seulement à donner la parole à des panels de citoyens interpellant directement les candidats, les journalistes étant cantonnés dans le rôle de M. Loyal porteurs de micros et ne pouvant exercer leur droit de suite sur les propos tenus par les différents candidats." En 2005, lors de la campagne sur le référendum constitutionnel sur l'Europe, un appel avait déjà été lancé par des journalistes de l'audiovisuel public qui réclamaient que les partisans du "non" soient traités à égalité avec ceux du "oui". En quelques jours, cet appel avait récolté plus de 18 000 signatures. § L'hebdomadaire La Vie dresse, dans son numéro du jeudi 1er mars, une cartographie départementale des croyances dans l'Hexagone. Sans surprise, le catholicisme demeure la seule religion à caractère national : 64 % des Français se déclarent catholiques. § L 'hebdomadaire La Vie dresse, dans son numéro du jeudi 1er mars, une cartographie départementale des croyances dans l'Hexagone. Sans surprise, le catholicisme demeure la seule religion à caractère national : 64 % des Français se déclarent catholiques. Avec seulement 47 % de catholiques, le Val-de-Marne est le département le plus déchristianisé, tandis que la Moselle (81 %) reste le plus marqué par la religion dominante. Selon les sondages étudiés par l'Ifop, les "sans religion" se répartissent aussi sur tout le territoire, avec une exception notable dans les départements de l'Est, notamment en Alsace-Lorraine, ainsi que dans le Tarn-et-Garonne et les Alpes de Haute-Provence. En moyenne 27,6 % des Français se déclarent sans religion mais, dans seize départements, ce chiffre dépasse 34 %, notamment dans les Côtes-d'Armor ou dans le Loir-et-Cher, département le plus "athée", où 43,7 % des habitants se déclarent sans religion. Loin derrière, l'islam constitue la deuxième religion de France avec 3 % des Français se déclarant proches de la confession musulmane. Si sa présence est forte en région parisienne, dans la région lyonnaise et les Bouches-du-Rhône, l'islam affiche aussi une présence "moyenne" de 3 % dans de nombreux départements, confirmant une implantation dans des petites villes, à l'exception de l'ouest de la France. Une carte des 2 147 lieux de culte musulman montre par ailleurs une couverture convenable du territoire, à l'exception de l'Eure-et-Loir. Avec 14,3 % d'habitants proches de l'islam, le Val-d'Oise est le premier département musulman de France. La carte du protestantisme, religion revendiquée par 2,1 % des Français, confirme la présence historique des Eglises réformées dans l'Est, la Drôme, le Lot, le Gard ou l'Ariège. Mais La Vie souligne l'émergence des Eglises locales évangéliques en Bretagne ou dans le Nord. Enfin, représentant 0,6 % de la population, les juifs demeurent principalement présents à Paris (3,7 % de la population), dans les Hauts-de-Seine, le Val-d'Oise et les Bouches-du-Rhône. § A Bordeaux, entouré de plusieurs "poids lourds" de son parti, le candidat de l'UMP a dénoncé les excès de l'écologie. "Je refuse que l'on somme l'homme de choisir entre la croissance et le respect de l'environnement", a-t-il affirmé. § A Bordeaux, jeudi 1er mars, Nicolas Sarkozy a consacré la plus grande partie de son discours à la "politique de la vie" qu'il promet de mener s'il est élu le 6 mai, en particulier dans le domaine de l'environnement. Signataire du Pacte écologique de Nicolas Hulot, il a pris le contre-pied de ses positions récentes sur l'écologie. "On ne sauvera pas l'humanité en faisant de l'écologie une idéologie totalitaire, qui se donnerait pour objectif de libérer l'homme de la civilisation pour le renvoyer à l'état sauvage", a-t-il affirmé. "L'HOMME N'OSE PLUS BOUGER" Les "éléphants" de l'UMP aux côtés de Sarkozy A Bordeaux, la ville d'Alain Juppé, Nicolas Sarkozy était entouré de nombreux caciques du parti, comme une réponse au retour de Lionel Jospin et d'autres "éléphants" socialistes dans l'équipe de campagne de Mme Royal. Deux anciens premiers ministres (Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin), cinq ministres (Michèle Alliot-Marie, Jean-François Copé, Dominique Perben, Dominique Bussereau, Brice Hortefeux), et deux anciens ministres (Eric Woerth et Xavier Darcos) étaient du voyage. Une présence qui n'était pas du goût de certains proches du ministre-candidat. "On aurait préféré que Michèle Alliot-Marie et Jean-Pierre Raffarin ne soient pas là", ont ainsi confié à des journalistes deux proches du candidat. "Ce n'est pas bien d'afficher le passé quand on veut incarner le futur", a ajouté l'un d'entre eux. Dans l'après-midi, M. Juppé avait affirmé être là en tant que "voisin", avant de se rattraper et d'ajouter : "et d'ami". A la tribune, quand M. Sarkozy a lancé à son endroit : "Cela fait longtemps qu'on travaille ensemble, quelque chose me dit que ce n'est pas fini", le maire de Bordeaux, assis au premier rang, n'a pas cillé. - (avec AFP) "Je refuse que l'on somme l'homme de choisir entre la croissance et le respect de l'environnement", a-t-il poursuivi. "Je veux le progrès économique dans le respect de la planète, et c'est possible ! Je veux l'emploi pour tous par le développement durable." Nicolas Sarkozy a cependant lancé une mise en garde contre la tentation de passer d'un excès à l'autre. "Hier, l'homme avançait sans réfléchir (...) causant des dégâts à jamais irréparables. Aujourd'hui, le même homme n'ose plus bouger, lesté par les remords, la culpabilité et le principe de précaution", a-t-il déclaré. "Hier, on faisait trop. Aujourd'hui, on a la tentation de ne plus rien faire." Il a énuméré ses propositions en matière de protection de l'environnement et de promotion d'un développement durable, dont l'instauration d'une responsabilité "illimitée" des entreprises pour les dégâts causés à l'environnement par leurs filiales. Il a également répété qu'il proposerait la création d'une "organisation mondiale de l'environnement", déjà défendue par Jacques Chirac. § La candidate du PS a dénoncé, jeudi soir, à Mont-de-Marsan, l'"Etat impotent" incarné selon elle par la droite dans la gestion d'Airbus. Elle a réservé des piques à Nicolas Sarkozy et François Bayrou. § S égolène Royal a été accueillie, jeudi 1er mars au soir, à Mont-de-Marsan, par une salle comble et un homme fort de l'aile gauche du PS, le député des Landes Henri Emmanuelli. Elle est rapidement revenue sur le dossier Airbus : le 6 mai, les Français auront à choisir entre "un Etat impotent" incarné selon elle par la droite et "un Etat fort qui assume ses responsabilités", a-t-elle plaidé. Des piques pour Nicolas Sarkozy et François Bayrou Accueillie sur des airs de corrida, la candidate socialiste a réservé jeudi quelques banderilles à ses adversaires : "Nul candidat sortant ne peut être élu sur un tel bilan", a-t-elle lancé, à l'adresse de Nicolas Sarkozy, après avoir rappelé le montant de la dette, les déficits des compte sociaux et du commerce extérieur. Elle a qualifié le ministre-candidat de "contre-exemple civique" car "il prétend rompre avec une équipe disqualifiée alors qu'il s'accroche jusqu'au bout au gouvernement". "Sarkozy, démission!", a alors scandé la salle. La candidate socialiste n'a pas non plus épargné François Bayrou, le troisième homme, l'accusant une nouvelle fois de "brouiller les cartes" alors que l'UDF "gouverne avec la droite dans les assemblées locales". "On ne peut pas tous les cinq ans, le temps d'une campagne électorale, conter fleurette à la gauche puis rentrer chez soi dès la proclamation des résultats", a-t-elle dit. - (Avec AFP) La candidate socialiste a critiqué "un premier ministre qui affiche officiellement une posture volontariste et un ministre-candidat qui affirmait en début de semaine mais, paraît-il, ça évolue que tout cela n'est pas de la responsabilité d'un homme politique et que l'Etat ne peut rien faire". Elle visait, sans citer leur nom, respectivement Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. "Non seulement l'Etat peut faire, mais il doit faire", s'est écriée Ségolène Royal sous les applaudissements de 5 000 personnes massées dans l'Espace François-Mitterrand, et de quelques milliers d'autres à l'extérieur. "Avec moi, l'Etat sera fort, l'Etat sera juste, l'Etat sera à sa place", a-t-elle promis. "NOMINATIONS POLITIQUES" Toujours à propos d'Airbus et de sa maison-mère EADS, Mme Royal a accusé "ce gouvernement de droite" d'avoir "scandaleusement déstabilisé l'entreprise par des nominations politiques", critiquant nommément l'ex-coprésident d'EADS Noël Forgeard. Le gouvernement "n'a pas permis à l'Etat d'exercer la vigilance indispensable (et) a tardé à réagir aux problèmes de fabrication" de l'A380, a-t-elle poursuivi. Mme Royal a aussi critiqué, sans le nommer, Arnaud Lagardère, cet "actionnaire qui a commencé à se désengager" d'EADS et que le gouvernement doit "remettre devant ses responsabilités à l'égard des territoires où il est installé". Elle a à nouveau demandé que "les Etats recapitalisent de façon stable" l'entreprise, et que l'on fasse "prévaloir la stratégie industrielle sur la logique financière", notamment par "le maintien du potentiel recherche-développement en Europe". § Dans un entretien au "Monde", le candidat UDF à la présidentielle estime que le "redressement" de la France "passe par un électrochoc" et réaffirme qu'"il faut une union nationale". § I maginons que vous êtes élu le 6 mai. Comment formez-vous votre premier gouvernement ? Depuis des années, j'ai observé la dégradation de la vie politique française et les signes multiples de l'affaiblissement de notre pays. J'en suis arrivé à la conclusion que son redressement passe par un électrochoc : il faut une union nationale pour donner à tous les Français la certitude qu'on va poser les vraies questions et y apporter des réponses non-partisanes. C'est pourquoi, élu président de la République, investi d'un mandat clair par les Français, je formerai un gouvernement composé de femmes et d'hommes compétents, d'accord sur les grands choix, et représentatifs des grandes sensibilités démocratiques du pays. Mais le PS et l'UMP ne sont pas prêts à s'engager dans cette démarche. Mesurez ce que sera la force et l'écho de la décision des Français, dans notre pays et à l'extérieur, s'ils élisent un président porteur de cette idée Si les appareils refusaient d'entendre ce message, ils seraient rejetés aux élections législatives. En Allemagne, il y a quelques mois, la CDU et le SPD disaient qu'ils n'accepteraient jamais de gouverner ensemble. Il se trouve que le peuple allemand leur a donné mandat, avec le vote aux législatives, de travailler ensemble. Et ils l'ont fait. Vous pariez sur un éclatement du PS et de l'UMP ? Non. Ils prendront leurs responsabilités. La nouveauté de la proposition politique qui est la mienne est qu'elle invite à voir ce qui rassemble et non ce qui sépare artificiellement. Donc on va aux élections, au scrutin majoritaire, avec des candidats "majorité présidentielle" Elu président de la République, investi de la confiance des Français et porteur de ce mandat du peuple, je nomme un gouvernement de rassemblement. Ce gouvernement accordera un label dans chaque circonscription aux candidats qui le soutiendront. La nouvelle majorité présidentielle sera présente dans chaque circonscription du pays. Et les Français la choisiront. Cela vous amènera-t-il à créer un nouveau parti ? Oui, je crois que ce sera une nécessité. Pour porter ce nouvel espoir et cette grande responsabilité, l'UDF dans sa forme actuelle ne suffira pas. Il faudra un grand parti démocrate pour la France. En 1988, après l'élection de François Mitterrand, les candidats de la majorité présidentielle avaient perdu plus d'un million de voix par rapport à ce qu'il avait obtenu au premier tour. La vague n'est pas automatique. Vous verrez le contraire. La vague dépassera de beaucoup l'élection présidentielle. Les Français ont entre les mains une arme à plusieurs coups : un nouveau président, un nouveau gouvernement, une nouvelle majorité. En 1988, Mitterrand a manqué à son engagement : il se fait élire sur "la France unie" et, aussitôt après, il referme cet engagement en se contentant de quelques débauchages. Les Français n'ont pas aimé cette attitude, et je les comprends. Je suis contre les manuvres, je suis pour les rassemblements assumés devant le pays. Et vous changez le mode de scrutin ? Parmi les premiers grands chapitres du redressement, il y a les institutions. Le président de la République assume ses responsabilités, mais le gouvernement ne pratique plus le passage en force. Le 49-3, les ordonnances, n'entrent plus dans le cadre des rapports entre le gouvernement et le Parlement. On met en place une loi électorale juste : 50 % des sièges au scrutin majoritaire de circonscription, 50 % à la proportionnelle, avec une barre à 5 % des suffrages. On garde ainsi une dynamique majoritaire tout en répondant à l'impératif d'une représentation équilibrée des territoires et des opinions. Donc le Front national rentre au Parlement ? Oui, il rentre au Parlement si les électeurs le veulent. Ainsi les confrontations auront lieu à visage découvert. Et l'extrême gauche rentre au Parlement, si les électeurs en décident ainsi. On a besoin d'un Parlement qui représente la France dans sa diversité. Parmi les chantiers prioritaires, vous mettez l'éducation nationale. Vous voulez discuter avec les syndicats. Mais aurez-vous le courage de réformer ? Réformer, le mot n'est pas suffisant. Ce qu'il faut, c'est refonder. Je ne partage pas la vision de ceux qui présentent le travail à conduire avec l'éducation nationale comme une mise au pas, avec des coupes claires ou sombres à tous les étages ! Je veux que l'on revienne à l'égalité scolaire, c'est-à-dire à de bonnes conditions d'étude et à l'excellence partout. Y compris dans le collège de banlieue ou dans le monde rural profond. Je connais les personnels de l'éducation nationale, et il se trouve que je les estime. Je passerai un contrat avec eux. Je garantis les moyens, j'arrête la chasse perpétuelle aux postes, d'ailleurs infructueuse. Avec ces moyens garantis, on va augmenter l'exigence de résultats. On va s'obséder de cette idée qu'il n'y aura plus de collèges de seconde zone, plus de collèges ghettos. Je me fixe l'objectif que l'école publique soit réhabilitée et que la discipline revienne dans les établissements. Cela veut dire : être capable d'identifier les quinze ou vingt enfants déstabilisés qui déstabilisent la vie scolaire et de leur donner une pédagogie adaptée, avec des éducateurs, avec des psychologues, pour leur permettre de retrouver des repères. En les sortant de l'établissement, mais sous sa responsabilité. Quand j'ai défini ce concept, en 1995, j'avais appelé cela le collège hors les murs. Malheureusement, l'idée a été abandonnée par mes successeurs. Où réalisez-vous des économies et comment engagez-vous la réforme de l'Etat ? Je me fixe l'objectif que, en trois ans, la dette soit stabilisée en valeur absolue. Avec une croissance annuelle de 2 %, les rentrées fiscales, à prélèvements égaux, augmentent d'environ 14 milliards d'euros par an. Je propose d'en affecter automatiquement la moitié, 7 milliards, à la baisse du déficit. Cela fait 21 milliards en trois ans. C'est le montant nécessaire pour stopper la croissance de la dette. § La candidate socialiste a dit craindre "un très gros risque de dispersion des voix". Et estime que José Bové et Dominique Voynet auraient pu la soutenir dès le premier tour. § S égolène Royal craint "un très gros risque de dispersion des voix" le 22 avril, ce qui lui donne"l'obligation de redoubler d'efforts pour mobiliser sur (son) nom dès le premier tour, pour être sûre d'être au deuxième". Et la candidate socialiste de résumer, lors d'une rencontre avec la presse quotidienne régionale à Paris : "Le 22 avril ne doit pas être comme le 21 avril" 2002, quand Jean-Marie Le Pen avait, contre toute attente, éliminé Lionel Jospin du second tour. Alors qu'elle est confrontée à onze autres candidats, dont six classés à gauche, Mme Royal a surtout évoqué les candidats écologistes : ils "peuvent se retrouver sur mon programme" ; "on ne peut pas avoir de doutes sur mon engagement écologiste", a-t-elle estimé, "et ce n'aurait pas été indigne de me soutenir dès le premier tour". Elle a indiqué avoir"approché José Bové et Dominique Voynet", mais "comprend qu'ils aient eu envie de se compter". L'ENFOUISSEMENT DES DÉCHETS NUCLÉAIRES, "UN VRAI SCANDALE" La candidate socialiste a estimé que Nicolas Hulot "a raison de tirer à nouveau la sonnette d'alarme", et qu'elle serait représentée par son conseiller Bruno Rebelle au rassemblement que l'écologiste organise le 1er avril à Paris. Répétant que l'écologie est "un axe majeur du développement" de la région qu'elle préside, Poitou-Charentes, elle a rappelé que si elle était élue, il y aurait un débat "très rapidement" sur l'avenir énergétique de la France, visant à "'augmenter la part des énergies renouvelables". Elle s'est dite "farouchement opposée à l'enfouissement" des déchets nucléaires, "un vrai scandale par rapport aux générations futures". Le président du groupe socialiste de l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, avait lui aussi battu le rappel, un peu plus tôt. "Pour gagner cette élection présidentielle, pour la candidate du changement, celle du pacte présidentiel, Ségolène Royal, il faut la mettre le plus haut possible dès le premier tour", a-t-il déclaré lors de son point de presse hebdomadaire. "Je ne crois pas que les Français veulent revivre 2002. Les Français veulent faire un vrai choix politique", a-t-il dit. § La presse camerounaise critique la rencontre entre l'épouse de Jean-Marie Le Pen et celle du président Paul Biya. § L a presse camerounaise indépendante ne semble pas goûter particulièrement la visite de l'épouse de Jean-Marie Le Pen, révélée par Libération vendredi, et sa rencontre avec la femme du président Paul Biya. "Madame Le Pen au palais d'Etoudi", titre Le Messager, pour qui "l'extrême droite française est en campagne au Cameroun". Dans un communiqué lu à la radio-télévision camerounaise, le ministre de la communication, Ebenezer Njoh Mouellè, a tenu à rappeler que "la visite de Jany Le Pen à Chantal Biya jeudi dernier n'a rien de politique". Sans convaincre le quotidien d'opposition qui relève qu'au "moment où tous les candidats à la succession de Jacques Chirac en France font des yeux doux à l'Afrique, le gouvernement veut éviter de montrer aux yeux de l'opinion que Chantal Biya mange dans la main de l'extrême droite française", d'autant que "Jean-Marie Le Pen a une dent dure contre les immigrés". Le quotidien privé Mutations, relayant une information diffusée sur RFI, va plus loin : Chantal Biya "a reçu l'épouse du président du Front national et aurait exprimé son soutien à ce parti raciste". Pourtant, officiellement, la visite de Mme Le Pen, rapporte Le Messager, était à caractère "humanitaire" et "touristique". Intitulé "La première dame reçoit de grands amis de la cause sociale", un communiqué de la présidence camerounaise précise même que "Jany Le Pen était à la tête d'une délégation de la Fraternité française (qui) s'est déjà illustrée par des appuis multiples à la Fondation Chantal Biya". Accompagnée de Dieudonné Mbala Mbala, "un comique d'origine camerounaise bien connu en France", la délégation a offert un minibus à une école, posé la première pierre d'un pont offert par le conseiller régional frontiste de Rhône-Alpes, visité un campement pygmée et "promis de faire voyager en avril prochain une dizaine de Pygmées" en France. § Les candidats du PS et de l'UDF ont donné mardi des gages aux enseignants, mobilisés contre la politique éducative du gouvernement. Celui de l'UMP fera des propositions la semaine prochaine. § F rançois Bayrou et Ségolène Royal ont donné, mardi 20 mars, des gages aux enseignants en grève contre la politique éducative du gouvernement : les candidats de l'UDF et du PS se sont tous deux prononcés pour l'abrogation du "décret Robien", du nom du seul ministre UDF du gouvernement. Un syndicat de proviseurs et principaux interpelle les candidats Indépendance et Direction (ID), syndicat représentant 20 % des personnels de direction de l'éducation nationale, a interpellé mardi les candidats à la présidentielle. Il souhaite que "les pouvoirs publics reconnaissent l'aggravation de (leurs) conditions de travail", s'appuyant sur une enquête "menée en 2006 sur un échantillon de 1 435 personnes adhérentes et non adhérentes". Selon cette étude, les chefs d'établissement sont "écartelés entre leur mission pédagogique, qui est leur mission principale, mais qu'ils ne peuvent plus assumer correctement, et leur travail administratif", et près de 60 % d'entre eux souhaitent la création d'une fonction d'adjoint, chargé des tâches administratives. Le syndicat entend "sonder la position de chaque présidentiable" sur l'état actuel de l'éducation et notamment sur "la place des collèges et des lycées publics dans le système éducatif", "la lutte contre l'échec scolaire", "la lutte contre la violence à l'école", "la place des personnels de direction", etc. - (Avec AFP) "Je ne conserverai pas le décret Robien sur le temps de travail des enseignants. C'est un décret qui a été pris sans discussion avec les personnels. Il faut avoir une attitude et une approche différentes", a déclaré M. Bayrou devant la presse. Se déclarant favorable à une "abrogation", l'ancien ministre de l'éducation nationale a jugé qu'il fallait "remettre cette question sur le métier". Ce décret prévoit un allongement de la durée du travail des enseignants du secondaire par le biais d'une suppression des décharges horaires, entraînant la suppression de 5 000 postes. Il instaure leur possible bivalence (enseignement de deux matières) et favorise les nominations dans deux ou trois établissements. "REDONNER LES MOYENS À L'ÉCOLE" "Ce décret sera retiré. (...) Les enseignants en ont assez d'être accablés par une succession de réformes auxquelles les ministres veulent attacher leur nom", a déclaré de son côté la candidate socialiste sur M6. "L'école a besoin qu'on lui redonne les moyens qui ont été retirés par l'UMP et l'UDF", a ajouté Ségolène Royal, s'engageant à le faire dès la rentrée de septembre 2007, notamment en annulant la suppression de 5 000 postes. Elle a aussi promis de ne plus faire de "réformes inutiles qui déstabilisent" l'école."C'est la parole d'un chef de l'Etat qui affirme la reconnaissance du métier d'enseignant et qui donne aux établissements scolaires de la souplesse", a-t-elle dit. Lors d'un point de presse, Jack Lang, conseiller spécial de la candidate, a déclaré que les socialistes étaient "solidaires du mouvement des professeurs qui se battent pour leur dignité". Cet ancien ministre de l'éducation nationale a accusé le gouvernement d'avoir provoqué "une hémorragie budgétaire" dans l'éducation depuis cinq ans et supprimé "120 000 postes et emplois". Il a rappelé que Ségolène Royal envisageait "une loi de programmation" pour prévoir "dans les cinq ans, la création d'emplois" dans le secteur de l'éducation. M. Lang s'est étonné par ailleurs des critiques venues du camp UMP sur le décret du ministre de l'éducation nationale, ajoutant que la campagne de la droite "manquait de sérieux, d'honnêteté et de rigueur intellectuelle". Côté UMP justement, le porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, a indiqué que le candidat ferait "la semaine prochaine" des propositions sur l'école et les enseignants. Il a pris soin de distinguer "la gestion des semaines qui viennent", qui relève de l'actuel ministre Gilles de Robien, et "la vision des années qui viennent". En ce qui concerne les enseignants, a-t-il dit, plusieurs dossiers seront sur la table "dès juin", si Nicolas Sarkozy est élu, notamment "le pouvoir d'achat" et "le déroulement de carrière". "On a besoin qu'ils soient profondément motivés", a-t-il fait valoir. § Laurence Parisot a appelé, mardi, des candidats "craintifs" à faire le choix "d'une véritable politique de l'offre", pour doubler la croissance durant le prochain quinquennat. § L es candidats à la présidentielle doivent être "moins craintifs" et "nettement plus ambitieux" en matière de croissance économique : le Medef l'a de nouveau affirmé, mardi 20 mars, mais a entrepris cette fois de montrer la voie. Alors que les principaux candidats semblent se "contenter d'une croissance à 2 ou 2,5 %", "nous estimons que nous pouvons tendre vers 4 % de croissance et nous proposons que ce soit un objectif pour la fin du quinquennat", a lancé la présidente de l'organisation patronale, Laurence Parisot, lors d'une conférence de presse. "Il faut changer de point de vue", en passant d'une politique "qui fait de la demande le seul levier de l'action économique" - en incitant les ménages à consommer -, à une approche "qui met la priorité sur l'offre" , en encourageant les entreprises à produire."Si la France faisait le choix d'une véritable politique de l'offre ce serait une révolution copernicienne", a martelé Laurence Parisot, jugeant que pour l'instant "aucun" candidat n'est dans cette "démarche". AUGMENTER INVESTISSEMENTS ET DÉPENSES EN R&D Le Medef propose "cinq leviers" à "activer simultanément" pour garantir leur efficacité. Il s'agirait de doubler le rythme de l'investissement (il augmenterait de 30 milliards d'euros en cinq ans), d'augmenter dans le même temps de 50 % les dépenses de recherche et développement de l'industrie (cela représente 10 milliards supplémentaires), d'aider les PME à grandir pour augmenter de 80 000 à 90 000 celles comptant 20 à 250 salariés. L'organisation patronale veut aussi améliorer le taux d'emploi, faire passer de 611 à 670 le nombre d'heures travaillées par habitant et accroître les exportations de 80 milliards d'euros par an. Si le Medef lance de nouveaux ses objectifs, il propose toujours les mêmes moyens pour y parvenir : décloisonner recherches publique et privée, réformer les universités, supprimer la durée légale du travail et la taxe professionnelle, créer un licenciement "par consentement mutuel", transférer "progressivement" les cotisations patronales famille ou maladie vers les contribuables. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Ce sont les "méthodes de redressement" des résultats bruts de deux sondages publiés en mars et non "l'intégrité" de l'institut CSA que la commission a mis en cause. § M ardi 20 mars, on lit dans le quotidien Le Parisien une note inhabituelle : "Lors de ses séances des 16 et 19 mars 2007, la commission des sondages a examiné deux sondages relatifs à l'élection présidentielle, réalisés par l'institut CSA, et publiés dans les éditions du Parisien-Aujourd'hui en France des 8 et 15 mars derniers. Eu égard à certaines modalités de redressement appliquées aux résultats bruts de ces enquêtes, la commission, sans pour autant mettre en cause l'intégrité professionnelle de l'institut, exprime des réserves sur le caractère significatif des intentions de vote publiées dans ces deux sondages." En clair, il y a une "erreur manifeste" dans ces deux enquêtes, reconnaît Matthias Guyomar, le secrétaire général de l'autorité qui contrôle tous les sondages et demande, en l'occurrence, que ces deux enquêtes dépourvues de valeur "ne soient pas interprétées". La commission a utilisé son pouvoir de publier une "mise au point" dans le média qui a commandité le sondage incriminé. Une procédure rarissime : c'est la première fois qu'elle se produit dans la présidentielle 2007. Les derniers précédents remontent à la campagne sur le référendum européen de 2005 et aux dernières municipales. Mis en cause, CSA reste pourtant droit dans ses bottes : "L'institut CSA, en toute indépendance, maintient intégralement ses évaluations", a fait savoir sa direction dans Le Parisien publié mardi. Quel est l'enjeu ? Le premier des deux sondages incriminés est celui dans lequel François Bayrou "talonnait" pour la première fois Ségolène Royal : le candidat de l'UDF était crédité de 24 % des intentions de vote au premier tour, en progression de 7 points, derrière la socialiste, donnée à 25 %, et M. Sarkozy à 26 %, dans cette enquête publiée le 8 mars. Le second, publié le 15 mars, exprimait au contraire un recul de M. Bayrou, à 21 %. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal remontaient tous deux d'un point, respectivement à 27 % et 26 % d'intentions de vote par rapport au précédent sondage CSA. "NOUS SOMMES UNE TOMBE" La commission des sondages refuse de dire si "l'erreur" concerne les intentions de vote de M. Bayrou, ou si elle concerne un ou plusieurs candidats. Elle se borne à reconnaître que ce sont les méthodes de redressement qui sont en cause. "Celles-ci peuvent être socio-démographiques, précise Matthias Guyomar. Un exemple théorique : un institut peut 'booster' les réponses des 3 % d'ouvriers présents dans un échantillon si ceux-ci représentent en fait 6 % de la population française. Le redressement peut aussi se fonder sur des critères politiques, comme les précédents scrutins." Mais il refuse d'entrer plus dans le détail, de peur de "révéler une méthode exclusive d'un institut". A chaque fois que sont mis en cause les instituts de sondages, se pose la question du secret, cruciale dans un secteur si concurrentiel. La commission des sondages, qui est la seule instance à connaître les "secrets de cuisine" des mesures d'opinion, en est partie prenante. "Le deal, c'est que nous sommes une tombe, car sinon on risque de tarir la source d'informations et de mettre en péril la qualité du contrôle", justifie M. Guyomar. Sachant bien qu'il y a "un climat de suspicion autour des sondeurs", le "gendarme" prend d'ailleurs le soin de souligner que "l'intégrité de CSA n'est pas en cause, et qu'il s'agit d'une erreur objective, pas d'une manipulation". Cette "mise au point" n'aura-t-elle donc aucune conséquence ? "Le fait que CSA maintienne ses évaluations fait partie du jeu permanent entre contrôleur et contrôlé", sourit Matthias Guyomar, qui précise que la plupart des différends se règlent d'habitude par la "discussion" avec les instituts, hors de la place publique. Si CSA ne corrigeait pas ses méthodes de redressement, la commission des sondages, qui relève la qualité de ses relations avec les instituts, n'aurait d'autre moyen de pression que de publier une nouvelle mise au point. "Nous avons bon espoir qu'il prenne en compte notre recommandation, affirme le secrétaire général de la commission des sondages. Le plus important en période électorale, c'est la crédibilité. Je ne suis pas sûr qu'un institut prendrait le risque de mettre la sienne en cause." § Mardi 20 mars, le syndicat de magistrats classé à gauche a interpellé les candidats sur la justice, "profondément malmenée et destabilisée depuis 2002 par l'intrusion constante du pouvoir politique dans son champ, sur un registre essentiellement démagogique". § § Débat en direct avec François Colcombet, président de la Convention pour une 6ème République (C6R), mercredi 21 mars 2007 à 11 h. § § 73 % des personnes interrogées sont de cet avis, selon un sondage IFOP pour l'Association des paralysés de France (APF). Les sondés "grand public" jugent que Ségolène Royal est la plus capable d'améliorer les choses. § L 'Association des paralysés de France (APF) publie, mardi 20 mars, deux sondages commandés à l'IFOP, indiquant que 73 % des Français et 82 % des personnes en situation de handicap pensent que le thème du handicap est le grand absent de la campagne électorale. 58 % des sondés "grand public" et 64 % de ceux en situation de handicap déclarent ne pas avoir confiance dans la classe politique pour que les difficultés des personnes en situation de handicap soient mieux prises en compte dans la société. L'ACCESSIBILITÉ, PRIORITÉ DES HANDICAPÉS Si les deux catégories de sondés sont plutôt d'accord sur les deux premières questions, elles divergent quant aux mesures prioritaires pour améliorer les conditions de vie des personnes en situation de handicap : le grand public cite, dans l'ordre, une politique visant à faciliter l'accès à l'emploi (35 %), une meilleure intégration scolaire des plus jeunes (24 %) et le développement de l'accessibilité des bâtiments et transports (12 %). Mais cette question de l'accessibilité arrive en première position parmi les personnes en situation de handicap (29 %), suivie de l'attribution d'un revenu d'existence égal au smic (22 %) puis l'accès à l'emploi (13 %). Enfin, 38 % des sondés "grand public" estiment que c'est Ségolène Royal qui serait la plus capable d'améliorer les conditions de vie des personnes en situation de handicap, loin devant François Bayrou et Nicolas Sarkozy (respectivement 19 % et 18 %), très loin devant Olivier Besancenot (6 %), Jean-Marie Le Pen, Marie-George Buffet, Arlette Laguiller, Philippe de Villiers (3 % chacun) et Dominique Voynet (2 %). 5 % ne se prononcent pas. L'association demande sur son blog Reflexe-handicap.org "un engagement public de la part des candidats sur les questions liées au handicap, notamment sur l'accessibilité, les ressources des personnes et l'emploi". Et indique que l'invitation faite aux candidats de rencontrer des personnes en situation de handicap moteur sur le terrain "est restée sans réponses à ce jour". § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § S ÉGOLÈNE ROYAL (PS). Dans son "pacte présidentiel", elle propose de remplacer le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) par une "haute autorité du pluralisme" dont les membres seront désignés par le Parlement "à une majorité des trois cinquièmes". Cet organisme aurait des pouvoirs élargis : garantir la liberté de la presse et des médias, "mais aussi élever le niveau d'exigence culturelle des médias audiovisuels". La candidate du PS est favorable à un renforcement des mesures anticoncentration et propose de taxer les recettes publicitaires des chaînes privées en faveur de l'audiovisuel public. "Jamais je n'accepterai que la culture et l'information soient abandonnées aux seules forces du marché et à la marchandisation galopante, induite par la mondialisation libérale", a-t-elle déclaré dans Les Inrockuptibles du 13 mars. Après les élections, elle entend proposer un débat national sur la télévision, le sous-financement de l'audiovisuel public et ses missions. NICOLAS SARKOZY (UMP). " Il n'y a jamais eu autant de chaînes publiques et jamais aussi peu d'émissions culturelles à la télévision. (...) Le sujet, c'est de renforcer la programmation culturelle sur les chaînes généralistes, aux heures de grande écoute, avec des programmes de qualité", a déclaré Nicolas Sarkozy lors de la convention de l'UMP sur la culture, le 24 janvier. Le candidat souhaite que le Parlement soit associé aux nominations au CSA. S'agissant d'Internet, Nicolas Sarkozy estime que son accès doit être reconnu comme "une obligation de service public" sur tout le territoire et souhaite "favoriser son usage" dans l'éducation. FRANÇOIS BAYROU (UDF). Il est pour un élargissement des compétences du CSA à l'ensemble des médias, pour limiter les concentrations et les pressions de l'Etat. Il propose qu'une loi garantisse la séparation effective des pouvoirs politique, économique et médiatique. S'agissant de la télévision publique, il demande que ses missions soient "repensées" afin qu'elle ne soit pas "une pâle imitation des chaînes privées". JEAN-MARIE LE PEN (FN). "Il faudra s'attacher à restaurer l'indépendance de la presse écrite et audiovisuelle", indique le programme du FN. Le fait que les grands groupes de médias appartiennent à des sociétés en étroite relation avec l'Etat "pose un vrai problème de crédibilité". La neutralité politique de l'audiovisuel public "devra être réaffirmée". La liberté d'expression sur Internet "doit être garantie et renforcée". Le leader du FN demande également un accès Internet rapide pour tous les Français. § Ségolène Royal a confié à l'ancien premier ministre une mission sur les enjeux du numérique, a annoncé mercredi l'équipe de la candidate socialiste à l'élection présidentielle. § S égolène Royal a confié à Michel Rocard une mission sur les enjeux du numérique, a annoncé, mercredi 21 mars, l'équipe de la candidate socialiste à l'élection présidentielle. L'ancien premier ministre de François Mitterrand planchera sur la relance de l'innovation dans le numérique et le logiciel et la contribution des nouvelles technologies à l'éducation, la réforme de l'Etat et la politique culturelle. Il devra également étudier comment "préserver l'ouverture, l'innovation, la concurrence, l'interopérabilité dans la société de la connaissance", peut-on lire dans le communiqué. Michel Rocard, qui ne figure pas dans l'équipe du "pacte présidentiel" nommée mi-février par Ségolène Royal, se voit confier cette mission alors que le candidat de l'UDF, François Bayrou, multiplie les appels du pied à l'aile sociale-démocrate du PS. § Le directeur du département d'opinion évoque l'originalité des méthodes de l'institut CSA, notamment dans l'évaluation du vote du Front national. § S téphane Rozès, directeur du département opinion de CSA, a commenté, mercredi 21 mars, les "réserves" émises la veille par la commission des sondages sur deux enquêtes réalisées par son institut, en expliquant que cette "mise au point" concerne les modalités d'évaluation des intentions de vote pour M. Le Pen, et donc, indirectement, celles d'autres candidats. Les "réserves" de la commission Le secrétaire général de la commission des sondages, Matthias Guyomar, précise mercredi que les deux enquêtes de CSA pour lesquelles elle a publié une "mise au point" ne contiennent pas d'"erreur manifeste", comme il l'avait évoqué la veille sur lemonde.fr. "Nous n'intervenons pas que dans le cas d'erreurs manifestes, explique-t-il. En l'occurrence, nous avons exprimé des 'réserves sur le caractère significatif des intentions de vote publiées dans ces deux sondages'. Les deux termes n'ont pas la même gravité." "Le désaccord, précise-t-il, concerne le fait de savoir si les instituts de sondage doivent rester, dans leurs évaluations, à l'intérieur des fourchettes permettant à la commission de suivre le travail des instituts ou si, et c'est la position de CSA, les professionnels des sondages, à partir de leurs propres outils, peuvent sortir des fourchettes classiques de redressement." Fait rare, l'autorité de contrôle des sondages avait publié une "mise au point" concernant "certaines modalités de redressement appliquées aux résultats bruts" de deux sondages sur des intentions de vote publiés dans les éditions du Parisien-Aujourd'hui en France des 8 et 15 mars, "sans pour autant mettre en cause l'intégrité professionnelle de l'institut". "CSA se distingue de ses confrères, dans l'évaluation des votes, sur deux points, explique Stéphane Rozès. Premièrement, nous mesurons l'abstention. Deuxièmement, nous avons, pour évaluer le vote du Front national, un indicateur synthétique constitué à partir des intentions de vote habituelles, des méthodes de redressement habituelles, et de deux questions supplémentaires. Il s'agit, pour CSA, d'aller débusquer dans l'abstention et dans le vote pour d'autres candidats, des électeurs Le Pen cachés, qui n'oseraient pas avouer leur vote." "Les électeurs Le Pen qui sont ainsi débusqués seront retirés aux indicateurs des autres candidats", précise M. Rozès, qui estime que cette méthode "permet selon CSA une meilleure évaluation du vote FN et une meilleure élasticité du vote FN aux événements de la campagne." "Bien évidemment, la commission a en main l'ensemble de ces données et les suit, ajoute M. Rozès. En précisant que 'l'intégrité professionnelle' de CSA n'était pas en cause, elle veut dire que nous avons toujours été dans la même cohérence." "EN TOUTE INDÉPENDANCE" Pourquoi la commission a-t-elle donc adressé sa "mise au point" à l'occasion de ces deux études ? "Notre indicateur FN nous amène la plupart du temps à sortir par le haut des fourchettes classiques", répond M. Rozès, ajoutant que le score brut de Jean-Marie Le Pen est alors revu à la hausse. "Il arrive que sur certaines vagues, cet indicateur nous amène à sortir, par le bas, des fourchettes classiques d'évaluation des autres candidats, poursuit M. Rozès. Ce n'est qu'à certains moments que notre indicateur FN nous amène ainsi à sortir des fourchettes pour d'autres candidats." Cela s'est déjà produit avant les deux enquêtes en question, explique toutefois M. Rozès. Alors pourquoi la commission des sondages a-t-elle choisi ces deux sondages pour sortir de son silence ? "Je n'ai pas de réponse", assure-t-il. Mardi, en réponse à l'intervention de la commission des sondages, la direction de CSA avait déjà précisé qu'elle "maintenait l'intégralité de ses évaluations". Matthias Guyomar, le secrétaire général de la commission des sondages, avait estimé que cet échange "fait partie du jeu permanent entre contrôleur et contrôlé", précisant que la plupart des différends se règlent d'habitude par la "discussion" avec les instituts, avec lesquelles "les relations sont bonnes". "Pour CSA, c'est une question d'éthique, estime Stéphane Rozès. L'institut doit donner la photographie la plus précise possible, à un instant T, en toute indépendance. La loi demande à la commission de s'assurer de la continuité, de la cohérence et de l'honnêteté du travail des instituts, mais CSA considère que l'évaluation du vote est du seul ressort de l'institut, qui l'établit à partir de son expérience sondagière et politologique." "C'est le premier avis de la commission dont CSA fait l'objet, hormis celui exprimé au moment où notre institut a été le premier à donner le 'non' supérieur au 'oui', pendant la campagne pour le référendum sur le traité constitutionnel européen, précise enfin Stéphane Rozès. La commission avait adressé une mise en garde sur les marges d'incertitude, tout en reconnaissant le professionnalisme de CSA." § Une exposition à Paris permet de dresser un vaste panorama de l'affiche électorale pour l'élection présidentielle au suffrage universel. § § Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a prononcé mercredi un vibrant plaidoyer en faveur de la monnaie unique et de ses bienfaits pour l'emploi, face aux critiques récurrentes contre l'euro émises en France dans la campagne présidentielle. § "L 'euro est positif, c'est clair", a lancé le président de la Banque centrale européenne (BCE) lors de son audition, mercredi 21 mars, devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen à Bruxelles. "0n a créé plus de douze millions d'emplois dans la zone euro pendant les huit ans d'existence de l'euro et on en avait créé moins de 3 millions au cours des huit années précédentes", a-t-il affirmé. "Les critiques contre l'euro feraient bien de méditer ces chiffres", a-t-il conseillé, alors que des responsables politiques français reprochent régulièrement à la BCE de trop insister sur la stabilité des prix, sa mission première, et pas assez sur l'emploi et la croissance. Les principaux candidats à l'élection présidentielle française, la socialiste Ségolène Royal comme le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, sont montés au créneau contre la politique suivie par la BCE et son autonomie. Les hausses de taux à répétition sept en l'espace de quinze mois contribuent à la force de l'euro face au dollar, et gêne à leurs yeux les exportations françaises, actuellement mal en point. "Qu'on arrête de kidnapper l'euro", avait notamment lancé M. Sarkozy. ATTACHEMENT À L'INDÉPENDANCE Un point qui semble irriter le président de la BCE. "Nous sommes dans un système de changes flottants", et non pas fixes, a-t-il expliqué. "Il n'y a qu'en France que la question se pose régulièrement. Partout ailleurs en Europe, on sait comment cela fonctionne." Le président de la BCE a également redit mercredi son attachement "inflexible" à la crédibilité de la banque et par conséquent à son indépendance. "La BCE est indépendante par la volonté des peuples européens", a-t-il fait valoir. "En France, cette volonté a été exprimée de façon solennelle, par référendum." "Toutes les enquêtes d'opinion confirment qu'il y a un très fort soutien populaire" aussi bien à l'indépendance de la BCE qu'à sa mission au service de la stabilité des prix, y compris en France, a-t-il martelé. Les critiques contre la BCE sont restées jusqu'à présent confinées dans les frontières de l'Hexagone. La chancelière allemande, Angela Merkel, présidente en exercice de l'Union européenne, avait fermement défendu la banque centrale. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Choisissez, thème par thème, entre les propositions formulées par les différents candidats à l'élection présidentielle et découvrez le tiercé des candidats dont vous êtes le plus proche. § § Nicolas Sarkozy s'est dit "très touché", mercredi, par la déclaration du président Jacques Chirac lui apportant son soutien pour l'élection présidentielle. § N icolas Sarkozy s'est dit "très touché", mercredi 21 mars, par la déclaration du président Jacques Chirac lui apportant son soutien pour l'élection présidentielle. Dans un communiqué, il assure que cette décision "est importante pour (lui) sur un plan politique et aussi sur un plan personnel. Venant d'un homme qui a été président de la République pendant douze ans et qui sait mieux que personne les exigences de la fonction, la déclaration de Jacques Chirac a une signification politique de première importance". Le maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, a estimé que cette annonce intervenait "au bon moment". "Le président de la République a toujours expliqué que sa fidélité à sa famille politique, l'UMP, le conduisait naturellement vers ce choix", a-t-il ajouté, lui-même ayant apporté son soutien au candidat de l'UMP le 9 janvier. En déplacement à Riga (Lettonie), le nouveau président de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier (UMP), a jugé qu'avec son départ du gouvernement "maintenant, Nicolas Sarkozy était devenu un homme totalement libre". Il a ajouté qu'il allait "devenir un candidat plus efficace pour défendre (les) valeurs communes" de l'UMP. Bernard Accoyer, président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, a estimé qu'il s'agissait d'"un moment important pour la vie politique et pour notre famille rassemblée, unie et mobilisée derrière notre candidat". "Ce soutien de Jacques Chirac est une marque de confiance pour l'avenir et de reconnaissance pour le travail accompli par Nicolas Sarkozy au service de la France et de nos compatriotes", a-t-il ajouté dans un communiqué. § A un mois du premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, pour la première fois dans un discours, s'en est durement pris à ses deux adversaires, mardi soir à Villebon-sur-Yvette. § F aire d'une pierre deux coups. Attaquer Ségolène Royal pour atteindre François Bayrou. A un mois du premier tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, pour la première fois dans un discours, s'en est durement pris à ses deux adversaires. A Villebon-sur-Yvette (Essonne), mardi 20 mars, le candidat de l'UMP a dénoncé "leur VIe République" qui n'est pour lui qu'un retour à la IVe. "C'est le retour au régime de l'impuissance, c'est le retour au régime des partis, c'est le retour à l'instabilité", a-t-il déclaré. Il a défendu les institutions de la Ve République qui ont "permis à la France d'être gouvernée en toutes circonstances". Mettant ses concurrents dans le même sac, il a assuré : "Ils ne veulent pas voir que le problème n'est pas institutionnel mais qu'il est intellectuel et moral. Qui peut croire que c'est en revenant aux errements du passé qu'on résoudra les problèmes d'aujourd'hui ? Qui peut croire que l'on arrivera mieux à restaurer l'autorité de l'Etat, à parvenir au plein emploi, à augmenter le pouvoir d'achat, à freiner les délocalisations avec une République affaiblie et instable dominée par les manoeuvres d'appareils ?" "DÉMAGOGIE" Autre cible, "leur" démocratie participative. "Ce n'est pas une nouvelle manière d'associer le peuple aux décisions qui le concernent, c'est juste la forme ultime de la démagogie." Mais c'est bien le candidat de l'UDF seul qui est attaqué lorsque, abandonnant le texte de son discours, il ironise : "S'il se retrouve face à une femme de gauche (au deuxième tour), boum ! Il est à gauche. S'il est face à un homme de droite, boum ! Il est à droite. L'essentiel c'est de bien viser. Vous le croyez à droite, il est parti à gauche. Vous le croyez à gauche, il est parti à droite ! Ce n'est pas comme ça qu'on dirige la cinquième puissance du monde." Jacques Chirac, dont Nicolas Sarkozy a reçu le soutien le lendemain mercredi 21 mars, n'a pas non plus été épargné. Reprenant le concept de "rupture", le candidat de l'UMP, dont la campagne s'annonce plus dure que prévue, a préconisé la fin des "nominations de connivence". Les militants lui ont réservé un triomphe. § La France doit changer de logique économique et engager "sa révolution copernicienne", a expliqué mardi Laurence Parisot à l'attention des candidats à la présidentielle. § L a France a "besoin d'air", proclamait Laurence Parisot, en janvier, lors de l'assemblée générale du Medef. La France doit changer de logique économique et engager "sa révolution copernicienne", a-t-elle renchéri, mardi 20 mars, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle elle a détaillé les contours d'une nouvelle politique centrée sur l'offre et non plus sur la demande ou la redistribution. Le Medef n'est pas en campagne. Mais sa présidente qui, en septembre 2006, voulait "chasser la démagogie" dans les programmes des candidats à l'élection présidentielle, a pris le parti de leur donner la leçon. "Je veux (leur) suggérer d'être moins craintifs et plus ambitieux. Pourquoi se contenter d'une croissance à 2 % ou 2,5 % alors que la France a le potentiel pour atteindre 3 %, voire 4 %", a déclaré Mme Parisot. En assurant que par là même, toutes les difficultés seraient résolues : la réduction du chômage, la hausse des revenus et du pouvoir d'achat, la relance de la production, et un coup d'arrêt aux fermetures d'usine comme aux délocalisations. Les recettes des patrons du Medef sont simples en apparence. Il suffirait de stimuler l'investissement pour 30 milliards d'euros, la recherche et l'innovation pour 10 milliards, la croissance des PME en doublant leur nombre ou de retrouver les 80 milliards d'euros d'exportation, tout en augmentant de 10 % le seuil du nombre d'heures travaillées par habitant. L'organisation patronale est d'autant plus convaincue de l'efficacité de son programme que, assurent ses dirigeants, la plupart des mesures n'ont aucune incidence financière. Ainsi de la politique en faveur de la recherche qui prévoit des passerelles pour les docteurs vers les entreprises ou du changement de gouvernance avec l'autonomie des universités. ABROGER LA DURÉE LÉGALE DU TRAVAIL Pour restaurer l'objectif des 4 %, il faut, assure le Medef, "simplifier et changer les règles du jeu". Sur ce point, le credo des patrons n'a pas changé, qui préconisent de "libérer le marché du travail et promouvoir la flexibilité et l'adaptabilité". Et parmi les mesures avancées, il est question de relever les seuils sociaux (comité d'entreprise, etc.) de 50 à 250 salariés, d'abroger la durée légale du travail, de prévoir la "séparabilité", le licenciement par "consentement mutuel", voire de supprimer l'assurance-chômage au-delà de refus de propositions d'emploi. De l'Etat, les patrons attendent une meilleure "lisibilité juridique", une fiscalité qui ne soit pas "confiscatoire" ou encore l'inscription du principe d'équilibre budgétaire dans la Constitution. Ils espèrent surtout des réductions ou exonérations massives de charges ou d'impôts, comme la suppression de la taxe professionnelle et le transfert progressif des cotisations patronales de la famille puis de la maladie vers la solidarité nationale, TVA ou CSG au choix. Soit un ensemble de mesures que peu de candidats ont pris le risque de reprendre à leur compte. § L'institut Novatris-Harris Interactive a réalisé un sondage pour le site RTL 2007 et "Le Point", uniquement à partir de questions élaborées par les candidats. Chacun d'entre eux a pu en formuler cinq. § L 'institut Novatris-Harris Interactive a réalisé un sondage pour RTL 2007.fr, le site de RTL pour la présidentielle, et Le Point, rendu public jeudi 22 mars, à partir de questions élaborées par les candidats. Chacun d'entre eux a posé cinq questions à un échantillon représentatif de 1 000 Français. François Bayrou, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont reçu le plébiscite qu'ils attendaient sur quelques points essentiels de leurs programmes. Ainsi 74,6 % des sondés sont favorables à l'idée d'un gouvernement d'union nationale proposée par le candidat centriste François Bayrou. Mme Royal est soutenue à 89,8 % sur sa proposition d'interdire le cumul des mandats aux parlementaires. Enfin 85,8 % des personnes interrogées rejoignent Nicolas Sarkozy sur la suppression des droits de succession et 73,3 % sur celle des régimes spéciaux de retraite. Sur certains sujets, un consensus semble s'établir dans la population française. Sur la nécessité de réformer les institutions, d'abord. A la question de José Bové : "Etes-vous favorable à l'instauration de la proportionnelle intégrale pour l'élection des Assemblées nationales et locales ?", 81 % ont répondu "oui". Sur les bas salaires, ensuite. 63,3 % des sondés sont favorables à la proposition de Marie-Georges Buffet d'augmenter le smic à 1500 euros bruts tout de suite, et 77,6 % à une loi limitant la part des salariés précaires au sein des entreprises. Les Français s'inquiètent aussi de ce qu'ils ont dans leur assiette : 68,3 % des sondés sont favorables à l'interdiction des essais et cultures d'OGM dans les champs ainsi qu' à leur importation, avec Dominique Voynet et José Bové. Les Français semblent en revanche très divisés sur l'Europe. Le candidat frontiste jette un pavé dans la mare en interrogeant, à deux reprises, les sondés sur son avenir. A Jean-Marie Le Pen, qui fait de la sortie de l'Union un de ses chevaux de bataille, 42 % des sondés répondent qu'ils se sentent autant citoyen européen que citoyen français. Ils sont, néanmoins, favorables à 52 % à la remise en question des traités liant la France à l'Union, et à 52 % contre l'entrée de la Turquie dans l'Union. Autre pomme de discorde : le nucléaire. En contradiction avec l'écologiste Dominique Voynet, 56 % des sondés ne considèrent pas que la réduction de l'utilisation du nucléaire soit une priorité, pourtant, ils sont 52 % à se déclarer favorables à un moratoire sur la construction de nouveaux réacteurs proposé par José Bové. Insolite : 52,3 % des sondés se déclarent favorables au retour à l'austérité vestimentaire le port obligatoire de l'uniforme à l'école que propose le candidat du Mouvement pour la France. A la question de la candidate socialiste : "Pouvez-vous être heureux lorsque beaucoup de gens autour de vous ne le sont pas ?" 68,3 % des personnes interrogées ont répondu négativement. § La question sera tranchée le 31 mars lors d'une assemblée générale de sa formation politique Debout la République. § U n gaulliste souverainiste, qui fit campagne pour le "non" à la Constitution européene, soutenant un centriste adepte du "oui" et de l'UE en général ? Nicolas Dupont-Aignan, qui n'a pas pu se présenter faute de parrainages suffisants, ne l'a pas exclu, jeudi 22 mars, dans un entretien à l'AFP, tout en indiquant que la question sera tranchée le 31 mars, lors d'une assemblée générale de son mouvement, Debout la République. "La question posée" est de savoir"si nous, les gaullistes, nous devons choisir au premier tour entre un libéral (Nicolas Sarkozy), un centriste (François Bayrou), la droite extrême (Philippe de Villiers), ou ne pas choisir", a expliqué le député, qui a quitté l'UMP. Or, "François Bayrou a l'avantage énorme de demander un référendum" pour la ratification d'un nouveau traité institutionnel européen, alors que le candidat UMP ne prévoit qu'un vote du Parlement, une perspective "rédhibitoire" pour les souverainistes, a-t-il expliqué."C'est un élément clef" à considérer, a ajouté le député ex-UMP, tout en précisant bien qu'il "n'est pas exclu" que finalement Debout La République "ne choisisse personne au premier tour". La perspective d'un soutien à un ardent défenseur de la construction européenne n'est pas comprise par une partie des partisans de M. Dupont-Aignan, anti-européens convaincus. "Je ne lui conseillerais pas" une telle position, car "la plupart de ceux qui l'ont soutenu ne le comprendraient pas", expliquait récemment un responsable souverainiste, sous couvert de l'anonymat. Ségolène Royal proposant elle aussi un référendum sur un traité européen, "pourquoi appeler à voter pour Bayrou plus que pour elle ?", demandait-il. § La candidate des Verts a marqué sa différence, jeudi, deux jours après que le candidat altermondialiste a mis l'accent sur l'écologie. § "J e ne me sens pas du tout en concurrence avec José Bové. Je considère être la seule à porter la globalité, la cohérence du projet d'écologie politique", a déclaré Dominique Voynet, jeudi 22 mars, lors d'un point de presse à Bègles, près de Bordeaux. Deux jours après que le leader altermondialiste a lancé sa campagne à quelques kilomètres de là, en mettant l'accent sur l'écologie, la candidate des Verts à l'élection présidentielle a souligné que "tous les candidats ont sacrifié au rituel discours sur l'écologie" et que "José Bové n'a pas signé le pacte écologiste" de Nicolas Hulot. Pour des débats avec les autres candidats, "petits ou gros" La candidate des Verts a réitéré son souhait de débattre avec les autres candidats, "petits ou gros", en tirant au sort les participants, précisant que "l'idée qu'il pourrait y avoir des débats de premier ordre et des débats de seconde zone" ne lui paraît "pas juste". - (Avec AFP) Si elle garde"une énorme sympathie pour le syndicaliste, une grande complicité avec l'opposant aux OGM" , l'ancienne ministre de l'environnement estime qu'il a choisi d'être "le candidat d'une autre famille politique", se réclamant "d'abord des collectifs antilibéraux" et qu'il est présenté comme un candidat issu du "vote non au traité constitutionnel européen" en mai 2005. Dominique Voynet rendait visite à Noël Mamère, député-maire de Bègles, candidat des Verts à la présidentielle en 2002 où il avait franchi la barre des 5 % des suffrages. Elle s'est rendue sur les chantiers de renouvellement urbain de cette banlieue de Bordeaux puis à la piscine "Les Bains", deux réalisations ayant intégré les démarches du développement durable. En fin de journée, elle devait participer à un forum public sur le thème "cultures, droits culturels et démocratie". § Le candidat du Front national à la présidentielle, Jean-Marie Le Pen, répond à trois questions de la rédaction du Monde.fr, le 22 mars. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § "Je ne lancerai sans doute d'appel pour aucun des candidats qui représentaient le système au premier tour", a affirmé le candidat du Front national, interrogé sur son éventuelle absence au second tour, dans un chat sur Le Monde.fr, jeudi. § N aaba : Nicolas Sarkozy a fait très clairement des appels du pied à votre électorat. Seriez-vous prêt à faire une alliance avec lui en cas d'absence (de lui ou de vous) au second tour ? Jean-Marie Le Pen : Le second tour est la propriété des électeurs. Je ne crois pas beaucoup à l'efficacité des appels concurrentiels. Chacun d'entre nous pense au second tour et à la nécessité de réunir à ce moment-là une majorité. Par conséquent, il souhaite évidemment avoir le moins d'adversité possible, sans renier son programme. Maun-antifa! : Si par bonheur vous n'êtes pas au second tour, pour qui pensez-vous que votre électorat votera, et pour qui appellerez-vous à voter ? De quel autre candidat vous sentez-vous le plus proche ? Bayrou, car il joue la carte anti-système ? Villiers, car il vous copie ? Ou enfin, Sarkozy qui reprend certains de vos thèmes principaux ? Jean-Marie Le Pen : Je suis à peu près sûr en tout cas de ne pas appeler à voter pour le candidat que vous souhaitez. Je ne lancerai sans doute d'appel pour aucun des candidats qui représentaient le système au premier tour. "LIBÉRER LES ENTREPRISES" Lacouze : Votre programme mêle des propositions sociales à la Jaurès sur la protection des "petites gens", sur les ouvriers mais également des sorties très libérales suppression de l'impôt sur le revenu, des charges sociales... Sachant que la protection des populations aux revenus les plus bas entraîne des dépenses très importantes, comment espérez-vous tenir cette promesse de campagne en limitant très fortement les recettes publiques (baisse des impôts) ? Jean-Marie Le Pen : Le problème de notre pays, c'est son asthénie économique. Or on ne peut partager que les gâteaux que l'on a cuits, et on ne peut pas faire de grandes parts dans les petits gâteaux. Pour pouvoir alléger les difficultés des plus pauvres, il est donc nécessaire de permettre la création de richesses. Ce que ne permet pas notre système fiscal. Il faut donc libérer les entreprises pour qu'elles puissent créer de la richesse et de l'emploi. Compte tenu de la situation très difficile d'un grand nombre de travailleurs pauvres, nous proposons, pour les salaires jusqu'à 1,4 smic, que l'Etat prenne en charge les cotisations salariales, ce qui aurait pour résultat de faire du salaire brut le salaire net de cette catégorie. Cela concerne 8 millions, je crois, de salariés. Citoyen95 : Les consommateurs accepteront-ils de payer plus cher des produits d'importation (textile...) en vertu de la hausse des droits de douane que vous préconisez ? Jean-Marie Le Pen : Nous sommes sur un marché libre, ils achèteront les produits qui correspondent à leurs moyens financiers. Mais il ne saurait y avoir de défense des intérêts des consommateurs si nous laissons asphyxier notre outil de production par le dépôt de bilan ou la délocalisation, ce qui est la conséquence pour l'instant du fait que nous n'avons pas de frontières. dangerous mind : Le protectionnisme dans le cadre strictement français est-il pour vous le seul protectionnisme envisageable, ou seriez-vous prêt à transiger vers le "protectionnisme raisonnable" d'un Emmanuel Todd, c'est à dire le protectionnisme communautaire Européen ? Jean-Marie Le Pen : Je suis parlementaire européen depuis 22 ans, et j'ai pu constater que l'Union européenne s'est en fait toujours alignée sur les exigences de l'OMC. Nous avons abandonné nos frontières intérieures contre la promesse qu'il y aurait une frontière extérieure de l'Europe. Mais les taux de douane sont tombés de 18 % à 4 %, et nous ne sommes donc pas protégés. C'est pourquoi, à défaut d'une protection européenne, pour nous sauver, je crois qu'il est nécessaire de rétablir le contrôle de nos frontières nationales. Kévin : Comment allez-vous financer le congé parental (un smic pendant trois ans) ? Est-il réservé aux femmes ? Serait-il proportionnel au nombre d'enfants ? Jean-Marie Le Pen : D'abord, il est financé par les économies que nous faisons dans le budget. Nous présentons un budget en équilibre, par un certain nombre d'économies que nous faisons, en particulier sur la politique d'immigration, que nous évaluons à environ 50 milliards d'euros par an. Comme nous supprimons l'égalité de traitement social et que nous réservons les crédits correspondants aux Français (application de la préférence nationale), nous faisons sur ce budget l'économie, je crois, de 12 milliards d'euros, soit le quart. Le salaire parental pourra être versé aussi bien à un père qu'à une mère. Oui, il serait proportionnel. "L'ÉVIDENTE SUPÉRIORITÉ DES NOIRS DANS LA COURSE À PIED" Facto : Toutes les études à travers le monde (Etats-Unis, Espagne, Angleterre ou Union européenne) montrent de manière détaillée que l'immigration favorise la croissance et crée plus d'emplois que le nombre d'immigrés en question. Certains secteurs comme le bâtiment manquent terriblement de main-d'uvre, ce qui provoque une perte d'activité pour les sociétés d'une part, et une raréfaction du logement d'autre part. Cela se traduit par la part chaque jour accrue du coût du logement pour les Français. La crise des retraites qui s'annonce est avant tout une crise de la natalité et de la croissance. Dans la mesure ou un immigré qualifié travaillant dans le bâtiment créerait des emplois pour les Français de souche, ne faut-il pas faire passer aujourd'hui le bien-être des Français avant les questions de préférence nationale que vous avancez et réfléchir à comment assurer une immigration favorable à la France ? Jean-Marie Le Pen : L'immigration choisie dont vous semblez partisan, ainsi que M. Sarkozy, consiste à écrémer dans les pays pauvres leurs élites pour les mettre au service de notre économie. Cela me paraît à la fois injuste et peu efficace. Dans un pays qui compte 5 millions de chômeurs et 500 000 offres d'emplois non satisfaites, il me semble qu'il faut remettre en cause les mécanismes d'adaptation de la formation professionnelle aux nécessités de l'économie. 1 | 2 | 3 | 4 | suivant (fl-rg.gif) Chat modéré par Philippe Lecur, Alexandre Piquard et Christiane Chombeau Lisez l'article sur une seule page Jean-Marie Le Pen, le candidat du Front national. | AFP/MARTIN BUREAU AFP/MARTIN BUREAU Jean-Marie Le Pen, le candidat du Front national. Jean-Marie Le Pen devant la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, le 21 mars 2007. | AFP/MARTIN BUREAU Les faits Haro sur les 35 heures et la retraite à 60 ans "Le Messager" a fait sa "une" sur la visite de Jany Le Pen au Cameroun. | Le Messager Eclairage Jany Le Pen provoque une polémique au Cameroun Eclairage Jany Le Pen provoque une polémique au Cameroun Document Programme de Jean-Marie Le Pen (PDF) Compte rendu Jean-Marie Le Pen : "Je n'ai pas changé dans mes convictions" Parmi les articles précédents Les faits M. Le Pen repousse encore l'horizon de sa succession 19.03.07 Compte rendu Pour Jean-Marie Le Pen, "la montée de M. Bayrou est une bulle" 15.03.07 EUR Zoom L'extrême droite craint un vote utile en faveur du candidat de l'UDF 14.03.07 EUR Sites utiles La liste des parrains de l'élection présidentielle de 2002 Le site du Réseau Voltaire met à disposition les noms des élus ayant parrainé les seize candidats à la dernière présidentielle, également disponibles dans la base de documents du Conseil contitutionnel. (1024_voir.gif) | LEMONDE.FR/Laurent Lathieyre Portfolio "Faire péter le verrou...", ou le vote FN de Français issus de l'immigration Le Front national compte depuis longtemps des militants et des sympathisants issus de l'immigration. Aujourd'hui, le vote Le Pen attire de nouveaux électeurs potentiels. Témoignages. Le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, a apporté ses parrainages pour la présidentielle au Conseil constitutionnel, mercredi 14 mars. | AFP/JACQUES DEMARTHON Vidéo M. Le Pen dépose ses parrainages au Conseil constitutionnel Le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, a déposé au Conseil constitutionnel, mercredi 14 mars, ses 535 parrainages lui permettant de participer à l'élection présidentielle d'avril 2007. Jean-Marie Le Pen | AFP/MARTIN BUREAU Fiche candidat Jean-Marie Le Pen Le candidat du Front national : portrait, programme, vidéos, équipe, liens, soutiens. Jean-Marie Le Pen, lundi 5 mars, est l'invité de Pas de quartier. | LEMONDE.FR/KARIM EL HADJ Portfolio sonore "Pas de quartier !", Le Pen invité d'une émission sur les banlieues L'émission "Pas de quartier !" proposée par Omar Ouahmane et Fahim Benchouk, est coanimée par des journalistes de Radio France et du Bondy Blog. Lundi 5 mars, ils recevaient le candidat du Front national. Jean-Marie Le Pen s'est rendu au salon de l'agriculture, à Paris, mardi 6 mars. | AFP/MARTIN BUREAU Vidéo Visite de Jean-Marie Le Pen au Salon de l'agriculture Le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, s'est rendu au Salon de l'agriculture, mardi 6 mars. Moments choisis. Jean-Marie Le Pen, le dimanche 25 février 2007 à la clôture de sa convention présidentielle, à Lille. | AFP/PHILIPPE HUGUEN Son L'économiste Nicolas Bouzou pointe l'absence de cohérence dans le programme du FN Nicolas Bouzou souligne un mélange de "mesures destinées à faire reculer la place de l'Etat" et de mesures visant "à accroître sa place". Le candidat du Front national à l'élection présidentielle, lors d'une conférence de presse, à Saint-Cloud, lundi 19 février. | REUTERS/JOHN SCHULTS Vidéo Le Pen lance un appel aux signatures Le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, a appelé les élus à lui donner les parrainages qui lui manquent pour se présenter à l'élection présidentielle. Claude Guiton, élu Front national en Basse-Normandie, participe à la convention du parti d'extrême droite, au Bourget, le 12 novembre 2006. | Nourdine Oumeddour/ Portfolio Paroles de frontistes : Le Pen élu "meilleur psychiatre" Du 10 au 12 novembre se tenait au Bourget la "convention présidentielle" du Front national, où plusieurs milliers de militants et sympathisants ont assisté, dimanche, au discours de Jean-Marie Le Pen. Jean-Marie Le Pen | AFP/GERARD JULIEN Portfolio Jean-Marie Le Pen, l'ultime campagne d'un vétéran de la politique A 78 ans, Jean-Marie Le Pen se présente à une élection présidentielle, sans doute pour la dernière fois de sa carrière. Retour sur cinquante ans de vie politique. (1024_deb.gif) Jean-Marie Le Pen, le candidat du Front national. | AFP/MARTIN BUREAU Chat Jean-Marie Le Pen : "Je n'ai pas changé dans mes convictions" "Je ne lancerai sans doute d'appel pour aucun des candidats qui représentaient le système au premier tour", a-t-il affirmé en cas d'absence au second tour, lors d'un chat sur , jeudi. Pascal Perrineau, directeur du Cevipof. | D. R. Chat Pascal Perrineau : "M. Le Pen n'est pas dédiabolisé dans l'électorat" L'intégralité du débat avec le directeur du Cevipof, sur le poids du vote Le Pen, mercredi 28 février 2007 à 15 h. Forum Politique française : avant l'élection présidentielle Donnez votre avis sur les candidatures annoncées à l'élection présidentielle de 2007, la campagne électorale et les programmes. EN UNE EN CE MOMENT L'avocat de la Grande Mosquée : "La liberté d'expression n'a jamais été menacée" D'anciens membres de cabinets socialistes prônent une alliance avec François Bayrou Jean-Marie Le Pen : "Je n'ai pas changé dans mes convictions" La planète menacée par une pénurie d'eau ET AUSSI François Bayrou en meeting au Zénith de Paris, mercredi soir 21 mars. | AFP/MEHDI FEDOUACH Panorama Bayrou, thème de campagne Le président de l'UDF, François Bayrou, tenait un meeting au Zénith de Paris, mercredi 21 mars. | DR Vidéo Le meeting de François Bayrou au Zénith filmé par des blogueurs et des militants Le Xe congrès de la francophonie s'est tenu à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso | AFP - Souf Sanogo Repère La Francophonie PRÉSIDENTIELLE 2007 Les candidats à l'élection présidentielle sondent les Français Nicolas Dupont-Aignan n'exclut pas de rallier François Bayrou Dominique Voynet ne se sent "pas du tout" en concurrence avec José Bové Trois questions à Jean-Marie Le Pen LES DÉPÊCHES News Corp et NBC vont lancer un site concurrent de YouTube Reuters 18h03 Polémique sur la présence policière dans les banlieues Reuters 17h38 Dominique Voynet ne se sent pas en concurrence avec José Bové Reuters 17h13 Violents combats à Mogadiscio, Al Qaïda accusé Reuters 17h03 § Découverte tardivement, une rencontre de l'épouse du président du Front national et celle du président du Cameroun fait des remous. § D écouverte tardivement, une rencontre de l'épouse du président du Front national, Jany Le Pen, avec celle du président du Cameroun, Chantal Biya, mercredi 14 mars, à Yaoundé, fait des remous. C'est dimanche 18 mars, en écoutant RFI, que les Camerounais en ont appris l'existence, et c'est avec stupéfaction qu'ils ont entendu Jany Le Pen expliquer au journaliste, David Servenay, que Mme Biya lui avait dit qu'"elle avait beaucoup apprécié le talent oratoire de (Jean-Marie Le Pen) dans les joutes". "Elle m'a dit : "Vous le féliciterez car il s'exprime magnifiquement et nous adhérons à ce qu'il dit. Il a raison."", a ajouté Mme Le Pen en commentant : les Camerounais "n'ont pas envie de voir leurs élites partir de leur pays". Ce déplacement, du 10 au 14 mars, de Jany Le Pen, présidente d'honneur de l'association Fraternité française, de Mireille d'Ornano, sa présidente, et de Jean-Michel Dubois, membre du bureau politique du Front national, avait été annoncée au dernier moment en France. Le programme officiel comportait deux volets, l'un entrant dans "le cadre de l'élection présidentielle" et l'autre "caritatif" - avec la livraison d'un minibus à l'"école des Bambins" de Foubam, la pose d'une première pierre d'un pont à Bafoussan, "offert par Jean-Pierre Barbier, conseiller à la région Rhône-Alpes et chef d'entreprise à Douala" et visite chez les Pygmées de la région de Kriby. N'étaient mentionnées ni la visite à Mme Biya ni une rencontre avec l'humoriste franco-camerounais Dieudonné qui a eu lieu au pays des Pygmées. Cette dernière rencontre devrait avoir de suite, Mme Le Pen ayant fait savoir par communiqué le 21 mars, qu'elle se rendrait vendredi 23 à une conférence de presse de Dieudonné sur le problème des Pygmés. ACTION HUMANITAIRE Sur son site Internet officiel, la présidence camerounaise explique que Mme Le Pen a rencontré Mme Biya dans le cadre de son action humanitaire et souligne que Fraternité française a déjà aidé la Fondation Chantal-Biya, oeuvrant pour les enfants. "A aucun moment, lors de cet entretien, (...) les sujets d'ordre politique n'ont été évoqués", a expliqué le ministre de la communication, Ebenezeer Njoh Mouellè : "Il est évident que ni Mme Biya ni son époux ne sauraient commenter, encore moins prendre position dans les affaires intérieures d'un pays ami." Des déclarations qui n'ont pas calmé la presse. " De toute évidence cette visite était politique en ce moment où tous les candidats (...) en France font les yeux doux à l'Afrique", lit-on dans La Nouvelle Expression de lundi. "Quel attaché à la présidence de la République peut-il courir le risque (contre une rémunération conséquente ?) de faire perdre le peu de crédit qu'il reste au Cameroun sur la scène internationale, en légitimant la stratégie de banalisation du Front national qui va au-delà du recrutement des membres des communautés noires et maghrébines de France pour tâter le terrain africain ?", s'interroge ainsi le quotidien Mutations. § Invité mercredi par la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), le candidat du Front national s'en est pris à la "culture de l'assistanat". § C hantre de la petite entreprise contre "les multinationales" et "le grand capital", le candidat à l'Elysée Jean-Marie Le Pen passait son examen devant les représentants de la Confédération générale de petites et moyennes entreprises (CGPME). Une assistance d'une centaine de personnes, soit moitié moins que pour François Bayrou et un huitième de celle venue écouter Nicolas Sarkozy en janvier, selon les organisateurs. D'emblée, le président de cette confédération, Jean-François Roubaud, avait cadré le débat : "Nous ne souhaitons pas engager un débat sur l'ensemble des questions qui se posent à la France. Notre objectif est ici de nouer un dialogue pour mieux comprendre - et préciser - le programme économique et social que vous envisagez." De même, a-t-il tenu à souligner des points de divergence avec son invité. Sur la mondialisation, dont la CGPME n'a "pas peur, à condition qu'on retire un certain nombre de boulets sociaux et fiscaux". Sur l'Europe, que les petits patrons accueillent, selon M. Roubaud, comme "une chance", car elle représente un "formidable vecteur de développement". "La France n'est pas une île et le retour au franc (...) serait une catastrophe économique", a-t-il soutenu. De même a-t-il prévenu : "L'Homme, qu'il soit blanc, noir ou jaune" est "la première richesse de nos entreprises." "Toute forme de discrimination, y compris la discrimination "positive" est inacceptable. Seuls comptent le mérite, les efforts et les compétences de chacun !", a-t-il continué tant à l'adresse du président du Front national qu'à Nicolas Sarkozy, promoteur de la discrimination positive. Loin de se laisser démonter, M. Le Pen, qui a fait de la préférence nationale son fond de commerce, a insisté : "Si nous nous laissons aller à la facilité de l'immigration, nous allons vers des déconvenues terrifiantes. Nous serons submergés." A un patron fabriquant des tuyaux d'arrosage, qui s'inquiétait de ne pas trouver en France son personnel, il a répliqué : "Vous n'avez qu'à aller chercher en banlieue." Avant de brocarder la culture d'"assistanat" créée par la gauche, l'"esprit d'entreprise cliniquement mort", "la jeunesse qui aspire à la fonction publique plutôt qu'à l'héroïsme de l'entreprise". "Peut-être pouvez-vous augmenter vos salaires ?", a-t-il fini par lancer en citant le métier d'éboueur occupé "par des Sénégalais" et que des "ostréiculteurs bretons" accepteraient s'il "était mieux payé". De même sur l'Europe, Jean-Marie Le Pen n'en démord pas. Celle-ci serait cause de toutes les difficultés économiques de la France. Elle serait à la fois cause et alibi à l'impossibilité de changement en France. Afin de protéger les entreprises de la concurrence étrangère, il faut, selon lui, instaurer un "protectionnisme ciblé et limité", avec notamment des quotas à l'importation. "ATTACHANT, SYMPATHIQUE" Défenseur d'un "capitalisme familial et national", M. Le Pen a cherché à caresser dans le sens du poil ces petits entrepreneurs en fustigeant l'"Etat jacobin" qui "se mêle de tout", "prélève tout ce qu'il peut" et "s'immisce dans les domaines où il n'a rien à faire". Adversaire des 35 heures, de la retraite à 60 ans, il évoque ceux qui, dans des pays comme la Chine, "travaillent la nuit et le week-end" et clame qu'"il faut inciter nos compatriotes à s'enrichir, valoriser le travail, l'effort, le risque". En guerre contre les syndicats dont il conteste la légitimité et qu'il qualifie de "destructeurs", il réclame un "service minimum". Applaudi timidement à son entrée, Jean-Marie Le Pen a fini par réchauffer l'atmosphère. A la fin de la réunion, les réactions étaient mitigées : "L'homme est attachant, sympathique. Il finit par faire oublier la xénophobie qu'on lui reproche. Reste qu'il sera incapable de réunir suffisamment de monde sur son nom au deuxième tour", a commenté le patron d'une entreprise de génie climatique tandis qu'un dirigeant du secteur de l'innovation a estimé qu'il avait "montré une bonne connaissance de l'école, de l'entreprise et de l'état de la société". "Il est bon dans ses analyses même si je suis réservé sur ses propositions. En fait, mon seul désaccord avec lui porte sur l'Europe", a-t-il continué. "Certaines de ses réflexions sont justes et fondées. Il y a des domaines dans lesquels il a eu raison comme sur le sang contaminé", a précisé le directeur d'une société de matériel médical. "Méfiez-vous des gens qui font l'unanimité contre eux. Méfiez-vous encore plus de ceux qui ont tout le monde pour eux", avait lancé, en citant Pierre Desproges, M. Roubaud dans son discours d'accueil. Une façon à lui de souligner qu'il y a de tout à la CGPME. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § L es sondages électoraux suscitent un étonnant mélange de fascination et de suspicion. Candidats, médias, citoyens, sondeurs eux-mêmes, chacun se prétend à l'abri de l'illusion prédictive des sondages. Mais chacun finit, peu ou prou, par y céder. C'est particulièrement vrai en période électorale, où les enquêtes d'intention de vote deviennent une drogue dure. Qui plus est en vente libre. Personne n'échappe à cette schizophrénie. Les candidats sont les premiers à se dire vaccinés, voire à clouer les sondeurs au pilori s'ils n'ont pas su lire dans le marc de café. Ils sont pourtant les premiers à attendre, avec anxiété ou euphorie, le moindre signe avant-coureur d'un mouvement de l'opinion. Les citoyens fredonnent volontiers l'air du soupçon et de la manipulation, mais ils suivent la campagne, à travers les enquêtes d'opinion, comme une course de chevaux d'autant plus passionnante qu'elle est indécise. Quant aux médias, même les plus jansénistes, ils savent bien que les sondages sont devenus un ressort essentiel des campagnes présidentielles. Et pour cause. Ils pèsent évidemment, très en amont, sur la sélection des candidats, comme on l'a constaté en 2006 pour Ségolène Royal. De même, ils sont devenus des instruments indispensables aux candidats pour ajuster leur stratégie, leurs initiatives et leur image. Enfin, ils ont un effet déterminant sur la dramaturgie de la campagne. Surtout quand la volatilité ou l'indécision des électeurs sont aussi grandes que cette année et quand le moment de leur choix est reporté aux derniers jours, voire aux dernières heures de la campagne. Il est donc commode de se moquer ou de se lamenter de ce pouvoir d'influence croissant. Mais le fait est là, qu'il serait bien angélique de ne pas traiter avec sérieux. A condition d'avoir à l'esprit quelques évidences. Il faut redire que, si les sondages ne relèvent pas de la prophétie, ils ne sont pas davantage une science exacte et s'abritent trop souvent derrière la magie du chiffre pour gommer les marges d'erreur inévitables que leur impose leur méthode statistique. Il faut également souligner que, travaillant sur un matériau aussi complexe, mouvant et réactif que les opinions publiques, les sondeurs ne sont pas à l'abri des erreurs d'appréciation. La photographie qu'ils donnent de l'opinion à un moment donné, selon l'expression consacrée, dépend de son cadrage, de ses "redressements", bref de son interprétation. Enfin, il faut rappeler aux sondeurs - et aux médias qui les commentent - que leur rôle est devenu trop déterminant dans le jeu démocratique pour qu'ils n'acceptent pas un débat public, transparent et précis, sur leurs méthodes et leur alchimie. § Deux anciens employés des mines de la région de Douai disent leurs craintes. § "N ous sommes une classe d'âge charnière qui aura aidé ses parents, qui aide aujourd'hui ses enfants, voire ses petits-enfants", constate Edouard Dapvril, 62 ans. Ce syndicaliste FO se considère comme "un privilégié avec un grand P". Il était "Etam", comme employé, technicien, agent de maîtrise, une catégorie intermédiaire entre les ouvriers et les ingénieurs. Il aide encore régulièrement son fils, qui gagne le smic comme agent de sécurité malgré son bac et une année d'université. "Aujourd'hui, la société incite les jeunes à consommer, mais ne leur en donne plus les moyens. Cela crée des frustrations." Ancien du Mouvement des jeunesses socialistes et des cercles Léo-Lagrange, versé dans le militantisme syndical par hérédité, Edouard Dapvril constate la dépolitisation ambiante. "De vrais socialistes, il n'y en a plus", estime-t-il. Il ne cache pas son vote, pense qu'"une femme mettrait un peu d'ordre". Les grands candidats ont promis, sous une forme différente, une revalorisation des retraites. Edouard Dapvril s'en félicite, mais lève un sourcil soupçonneux : "Ils ne disent pas où ils vont trouver l'argent." Il s'inquiète surtout pour l'avenir, s'interroge sur les remises en cause d'un système solidaire. "L'orientation actuelle, c'est les fonds de pension. C'est dangereux. Les parents condamnent leurs enfants en vivant de leur exploitation pour soutirer les dividendes qui paieront leur retraite." La guerre des générations, cet homme qui a vécu des solidarités de la mine n'en veut surtout pas. § Débat en direct avec Bertrand Mathieu, professeur à l'université Paris-I, et président de l'Association française de droit constitutionnel, lundi 26 mars à 18 heures. § § A Aix-en-Provence, vendredi, la candidate socialiste à l'élection présidentielle a réservé ses flèches au seul candidat de l'UMP, nommément cité. § S égolène Royal a continué, vendredi 23 mars, à creuser le clivage gauche-droite et opposé son projet d'une "France neuve" à la société "repliée sur elle-même" dont Nicolas Sarkozy serait le héraut. A Aix-en-Provence, contrairement à Marseille la veille, la candidate socialiste à l'élection présidentielle a réservé ses flèches au seul candidat de l'UMP, nommément cité. Dès que le candidat du PS aux élections législatives, Alexandre Medvedowsky, a appelé au "combat" contre Nicolas Sarkozy, le public s'est mis à siffler."Non, pas de ouh !", a-t-il plaidé avant de se tourner vers une Ségolène Royal tout sourire. "Ah si, alors, un petit peu de ouh, dehors !", a-t-il ajouté, déclenchant l'hilarité des militants. A un mois du premier tour, la candidate socialiste s'est présentée comme une "femme libre, ancrée dans (ses) convictions de gauche mais ouverte sur le socialisme du réel". Mais à l'heure où le candidat centriste séduit une frange social-libérale du PS, Ségolène Royal a insisté sur son intention "de rassembler bien au-delà des partis politiques". "CONSTRUIRE UNE FRANCE FIÈRE D'ELLE-MÊME" Les Français, "on les divise, on les dresse les uns contre les autres. (...) Je ne veux plus d'une France repliée sur elle-même qui a peur des autres et qui s'enfonce dans le communautarisme, l'individualisme, et les discriminations", a insisté Ségolène Royal devant plusieurs centaines de personnes. "Je vous propose de construire une France fière d'elle-même, qui se relève, une France neuve, bien au clair sur ses valeurs, (...) appuyée sur des solidarités solides." Dans la matinée, la candidate du PS a visité le camp des Milles, près d'Aix-en-Provence, où transitèrent 10 000 personnes sous Vichy, dont 2 500 furent déportées vers Drancy et Auschwitz. Devant l'ancienne usine de briques, "étape d'ombre" de l'histoire de France, elle a de nouveau fait allusion à l'identité nationale, dont elle n'entend pas laisser le monopole à son adversaire de droite. Entourée des représentants de tous les cultes et du président du CRIF régional, elle a souligné l'importance des lieux de mémoire, indispensables pour "comprendre comment des Français ont pu déporter des Français mais aussi beaucoup d'étrangers (...) qui quittaient le fascisme de leur pays". "Je crois que cela fait réfléchir sur l'identité française. (...) C'est en ayant le courage de regarder notre histoire en face que nous pouvons continuer à forger notre identité nationale", a-t-elle déclaré dans la cour du grand bâtiment rose. § Alors que le traité de Rome fête ses 50 ans, le candidat frontiste à la présidentielle a accusé, vendredi, l'Europe de "s'être emballée" et d'être "devenue folle". Il a proposé un référendum sur la "sortie de l'Europe bureaucratique". § J ean-Marie Le Pen a suggéré, vendredi 23 mars, la négociation d'un "nouveau traité de Rome", pour remplacer la "méduse molle" qu'est devenue selon lui l'Union européenne (UE). "Pourquoi ne pas (en) envisager un nouveau, avec Le Pen à l'Elysée (...) respectueux des souverainetés nationales", et qui "redonnerait aux peuples et aux nations d'Europe le pouvoir confisqué par les oligarchies européistes ?", a lancé le candidat du Front national (FN) à la présidentielle lors d'une conférence de presse sur les 50 ans du traité de Rome. "Renégocier les traités européens, c'est possible", a-t-il déclaré, accusant l'UE d'être "tout à fait incapable de défendre les frontières extérieures alors qu'elle nous a demandé à nous de supprimer nos frontières intérieures". Selon lui, le nouveau traité devra notamment prévoir "le maintien de l'unanimité sur les questions d'immigration, la suppression de la convention de Schengen, la liberté de la TVA sur les secteurs à forte intensité de main-d'uvre, la protection commerciale contre les importations à prix de dumping (...) et la non-adhésion de la Turquie". S'il n'était pas possible de renégocier les traités européens, le leader d'extrême droite propose un référendum posant la question de la "sortie de l'Europe bureaucratique". "L'EUROPE S'EST EMBALLÉE" Jean-Marie Le Pen a cependant estimé que le traité de Rome de 1957, contre lequel il avait voté à l'Assemblée nationale à l'époque, n'était pas en soi "effrayant" et créait somme toute "une Europe protectrice" avec la préférence communautaire, et "dynamique" avec la suppression des barrières douanières internes. C'est surtout, selon lui, depuis le traité de Maastricht en 1992, que "l'Europe s'est emballée, est devenue folle, sans pilote, sans freins, sans direction, sans frontières (...). Elle a laissé sur le carreau des millions de travailleurs, victimes de dumping social et monétaire ainsi que de concurrence déloyale", a-t-il déclaré. Il a par ailleurs critiqué le choix de Berlin pour les festivités officielles de l'anniversaire du traité de Rome. "Les mauvais esprits pourraient y voir une réminiscence de l'axe Rome-Berlin (alliance de Hitler et Mussolini pendant la seconde guerre mondiale), ce qui ne serait pas faux sur le plan politico-institutionnel", a-t-il ajouté. Le nouveau groupe d'extrême droite "Identité, Tradition, Souveraineté" du Parlement européen, présidé par le numéro 2 du FN, Bruno Gollnisch, ne participera pas à ces festivités, a ajouté le leader du FN. § Valérie Boukobza, qui a été libérée après une décision du parquet, avait été arrêtée pour s'être opposée à l'interpellation d'un parent sans-papiers à la sortie des cours. § V alérie Boukobza, la directrice d'école maternelle interpellée et placée en garde à vue, dans la matinée du vendredi 23 mars, pour "outrage et dégradation de biens publics en réunion", a été libérée cette après-midi d'après un parent d'élève de l'école élémentaire Lasalle. Le parquet de Paris avait préalablement ordonné sa remise en liberté. L'école maternelle Rampal, dans le quartier de Belleville, est proche du lieu où s'étaient produits, mardi, de violents incidents entre parents d'élèves et policiers lors de l'arrestation d'un parent sans-papiers à la sortie des cours.M. SARKOZY NE PEUT PAS "ÊTRE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR ET COUVRIR CE TYPE DE CHOSES" L'interpellation de l'enseignante avait provoqué de vives réactions de la part de plusieurs organisations. Selon la FSU, la directrice aurait été "convoquée vendredi matin au commissariat où elle se serait rendue accompagnée de représentants syndicaux, qui ont été priés de quitter les lieux juste avant son placement en garde à vue". Son secrétaire général, Gérard Aschieri, s'est déclaré "réellement choqué". Nicolas Sarkozy "ne peut pas être candidat et dire qu'on respecte les enseignants , (...) être ministre de l'intérieur et couvrir ce type de choses", a ajouté le responsable de la principale fédération de l'éducation. Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, a estimé "complètement inadmissible qu'une enseignante qui s'est préoccupée de ses enfants soit en garde à vue". "On demande que cessent ces poursuites", a-t-il ajouté. Il a expliqué que son syndicat a interpellé le ministre de l'éducation à propos de l'affaire. Le Parti socialiste a demandé, par le biais d'un communiqué, à ce que "toute la lumière soit faite sur l'arrestation". "Nous dénonçons", poursuit le PS, "ces méthodes d'un autre âge pour traquer les sans-papiers : guet-apens aux abords des Restos du cur ou à la sortie des écoles, devant les enfants". Dans une lettre adressée directement à Nicolas Sarkozy, le député Jack Lang se déclare "totalement solidaire de ces enfants" qu'il se dit prêt à accueillir et à protéger, ainsi que de la directrice d'école "qui mérite notre plein respect". LA GAUCHE FUSTIGE "UNE DÉRIVE PRÉOCCUPANTE" Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a évoqué une "dérive préoccupante" dans une lettre adressée au premier ministre, Dominique de Villepin. "J'en appelle aujourd'hui à votre sens de la responsabilité afin que cessent de telles provocations. Rien, pas même la période électorale en cours, ne saurait justifier de tels agissements", a-t-il écrit avant la remise en liberté de l'enseignante. Le candidat altermondialiste José Bové a appelé pour sa part à un "rassemblement immédiat" devant le commissariat du 19e arrondissement, où la directrice était détenue dans la matinée. Marie-George Buffet a condamné une arrestation "révoltante" et des pratiques qui "rappellent les heures les plus sombres de notre histoire et elles doivent cesser". Arlette Laguiller, candidate de Lutte ouvrière, a qualifié l'interpellation de "rafle" dénonçant une "police qui n'hésite pas à utiliser les écoles comme une véritable souricière pour faire la traque aux enfants et à leur famille". Enfin, Olivier Besancenot a accusé le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, d'utiliser "une politique répressive et policière derrière son discours électoraliste sur le respect des enseignants". Plusieurs parents d'élèves qui avaient voulu porter plainte, à la suite de l'altercation de mardi, ont appelé à un rassemblement, lundi matin, devant l'inspection générale des services du 12e arrondissement de Paris. § Charles Piaget, figure de la lutte des "Lip", a applaudi jeudi soir à "l'insurrection électorale" appelée par son ami paysan. § E ngoncé dans sa parka rouge, dans le grand Kursaal de Besançon, il s'est fait discret sur sa chaise au milieu du public venu écouter José Bové, jeudi 22 mars. Charles Piaget, figure de la lutte des "Lip", applaudit à "l'insurrection électorale" appelée par son ami paysan. Sur fond musical du chant de la Commune de Paris, La Butte rouge, Charles Piaget explique que l'histoire de cette occupation d'usine de montres au printemps 1973 "appartient à tout le monde" : "On est entré ensemble dans la bagarre cette année-là : nous à 900 dans l'usine de Palente avec notre slogan "on fabrique, on vend, on se paye", eux sur le plateau du Larzac à 103 paysans contre l'occupation militaire." Timidement, il ajoute : "Avec José, on est en phase : il défend le social et l'écologie." Se souvenant aussi qu'en juin 1973 quand, militant du PSU, il a été poussé par ses camarades à se présenter à l'élection présidentielle, la majorité de l'organisation emmenée par Michel Rocard s'y est opposée "pour ne pas gêner François Mitterrand". Comme un parallèle aux déclarations de François Hollande dénonçant la candidature "de division" de M. Bové. En écho, le candidat altermondialiste raconte à la tribune : "J'avais 20 ans et cette lutte d'ouvriers qui décidaient de se réapproprier leur outil de travail et de produire seuls, c'était une nouvelle façon d'être digne." Il évoque encore cette "histoire singulière d'ouvriers et de paysans" qui se sont retrouvés quand les grévistes de Lip sont venus les aider à creuser une tranchée pour amener l'eau à la première bergerie "libre" face au camp militaire. Un parfum "revival" qui parle dans cette salle, où pour les vieux comme les plus jeunes, le nom de Lip est encore une fierté ouvrière. La veille, le film de Christian Rouaud, Les Lip, l'imagination au pouvoir, avait fait salle comble. "GRANDS FRÈRES" José Bové en profite pour évoquer un autre de ses "grands frères", Bernard Lambert, leader des Travailleurs paysans. "En 1973, encore, il avait dit : "Plus jamais les paysans ne seront des Versaillais en s'opposant à ceux qui veulent changer le monde." C'est cet engagement que j'essaie d'honorer", prétend-il. Charles Piaget sourit, presque tristement : "José Bové est un des plus près de ce que je voudrais. Mais ça me navre que le camp antilibéral n'ait pas réussi à se fédérer. José va créer une dynamique mais un candidat unique, ça aurait été autre chose ! Ma famille, c'est autant la LCR, les Verts que les Alternatifs." Alors, il avoue que son bulletin de vote n'a pas encore de nom. "Je vais réfléchir", souffle-t-il en s'éclipsant. § Le Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD) a transmis aux candidats un rapport proposant une nouvelle approche dans l'attribution des aides, subventions et autres dispositifs d'allègement des charges. § C 'était une demande de Ségolène Royal. Mais les responsables du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD) qui avaient rencontré la candidate socialiste, le 22 février, pour lui présenter leurs propositions, se gardent bien de tout parti pris. Le rapport qu'ils lui ont remis, mercredi 21 mars, concernant le redéploiement des aides publiques aux entreprises, est une forme de pavé dans la mare. Transmis également à Nicolas Sarkozy et à François Bayrou, il propose une nouvelle approche dans l'attribution des aides, subventions et autres dispositifs d'allégements de charges. Un sujet qui oppose les candidats et suscite la polémique avec les organisations patronales et en particulier le Medef. "La tentation nous est venue de proposer de les supprimer toutes, tant elles sont sources de complexité et d'effet pervers", précise d'emblée Thomas Chaudron, président du CJD. Le constat qu'il dresse est assez alarmant. Selon lui, le montant des aides publiques pour l'essentiel versées par l'Etat, représente 65 milliards d'euros - 4 % du PIB -, soit 2 800 euros par salarié sous forme de 730 dispositifs. Principale cible des politiques publiques, les PME ne toucheraient que 9 % de cette somme et seulement 3 %, soit moins de 2 milliards d'euros, seraient consacrés aux investissements de recherche et développement. Après les critiques de la Cour des comptes, le CJD constate que "pour plus de la moitié, les aides sont destinées à la baisse du coût du travail et à des allégements fiscaux, c'est-à-dire pour soutenir l'emploi, là où il paraît menacé dans la compétition mondiale". Les "jeunes" patrons évitent d'entrer dans la controverse sur le coût et la compensation des 35 heures. Ils relèvent seulement qu'une bonne partie des 23 milliards d'euros d'allégements de charge représente "l'exacte compensation du niveau du smic réévalué et permet essentiellement de maintenir le pouvoir d'achat des salariés sans trop mettre en péril la compétitivité des entreprises." Comme tels, ces dispositifs "relèvent plus d'une problématique sociale qu'économique", précise M. Chaudron qui dénonce aussi la politique de "pompier gribouille" de responsables qui "se sont beaucoup servi des aides publiques pour manifester leur compassion à l'égard de salariés en difficulté et leur souci de les protéger contre les méfaits de la mondialisation". "SANS VISION STRATÉGIQUE" Au final, le CJD considère que "la France n'a plus de politique économique" et que "ses dirigeants n'ont fait que répondre aux urgences, sans vision stratégique". En contrepoint, les jeunes patrons proposent une réorientation "offensive" des mesures d'aides. Il s'agirait en premier lieu de définir "une vision stratégique économique et industrielle avec des perspectives et des priorités". Dans la forme, le CJD propose de "contractualiser" les aides avec les entreprises favorisant l'élaboration de projets susceptibles ensuite d'être mieux évalués. A l'intention des candidats, les jeunes dirigeants suggèrent deux pistes de rédéploiement radical en faveur de toutes les initiatives liées au développement durable ainsi qu'à la création et au développement des petites, voire des très petites entreprises. En regroupant les dispositifs existants, le CJD considère que 100 milliards d'euros pourraient être mobilisés sur cinq ans. Avec l'espoir, pour l'Etat, d'un "meilleur retour sur investissement" en faveur de la croissance et de l'emploi. § Un chef d'entreprise, une retraitée et un technicien racontent pourquoi ils militent aux côtés du candidat MPF. § "L 'heure est grave. Je sais que, quand je dis ça, cela fait sourire ma femme mais, franchement, ce n'est pas une formule en l'air. Je suis vraiment inquiet pour mes deux enfants de 9 et 5 ans." La parole brève mais posée, Patrick Lepers, chef d'entreprise basé à Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), spécialisé dans le commerce avec l'Afrique, évoque ce qui lui paraît être le plus grand des périls pour la France : "l'islamisation". "Sous la pression, certaines communes ont été contraintes de retirer de la rue les sapins de Noël qu'elles avaient installés", s'indigne-t-il. Ancien électeur de l'UMP réfugié dans l'abstentionnisme pour cause de "dégoût à l'égard d'une classe politique dénuée de courage, incapable de parler des vrais problèmes", ce quadragénaire est passé sans transition au militantisme actif en faveur du Mouvement pour la France (MPF). Depuis décembre 2006, il a mis son activité professionnelle entre parenthèses pour participer à la collecte des parrainages en faveur de Philippe de Villiers et organiser la campagne du candidat à l'élection présidentielle dans sa région. Patrick Lepers, qui se définit comme "un amoureux de l'Afrique", refuse d'être taxé "d'antimusulman". La seule solution, selon M. Lepers, doit consister à aider le continent africain à valoriser lui-même ses ressources par le biais du codéveloppement."L'immigration choisie que propose Nicolas Sarkozy, dit-il, je suis contre. Trouvez-vous normal que l'on dénombre plus de médecins béninois à Paris que dans l'ensemble du Bénin ?" Danielle Ramage passe une fois par semaine au siège du candidat Philippe de Villiers, installé dans une discrète impasse du quartier Montparnasse, à Paris. Saisie des chèques, mise sous pli du courrier, cette ancienne directrice des ressources humaines âgée de 60 ans sait se rendre utile. Pourtant, dans quelques semaines, comme chaque année depuis deux ans, elle prendra ses quartiers de printemps dans sa maison de Saint-Hilaire-de-Riez, sur la côte vendéenne. La Vendée, elle en parle comme le ferait un dépliant touristique. "J'aime ce département. Sa douceur de vivre, la gentillesse des gens." On lui demande, sur le ton de la boutade, s'il faut porter tout cela au crédit de Philippe de Villiers. "Oui, il y est pour quelque chose, s'entend-on répondre. En Vendée, il a fait énormément de choses. Là-bas, on aide les gens qui perdent leur emploi, on leur donne une formation." Danielle est une inconditionnelle de "P2V", comme il est inscrit sur les tee-shirts et les briquets vendus dans les meetings du MPF. "J'adore la façon dont il parle ; cet homme a de la prestance, de la classe, des valeurs et il propose des solutions. Sarkozy est un arriviste et Le Pen ne sait faire que critiquer", insiste cette femme qui revendique "un côté vieille France". En 2002, au premier tour, elle a voté en faveur du candidat du Front national, mais dit "s'être dégonflée au second tour". Que fera-t-elle, cette fois ? Mystère. "J'espère que notre candidat ne donnera pas de consigne de vote", se contente de répondre Mme Ramage. Son pronostic : un duel Sarkozy-Le Pen. Andy Loubry, 30 ans, est technicien dans une entreprise de sous-traitance automobile installée de Seine-Saint-Denis. "Je travaille au coeur de l'islamisation de la France, lâche-t-il. Quand je sors de l'usine, il m'arrive de croiser des femmes en burqa. Ça me gêne." Il milite depuis le référendum européen de 2005. "Je me suis complètement retrouvé dans le discours du MPF, qu'il s'agisse de s'opposer à l'entrée de la Turquie dans l'Europe et à l'élargissement de l'Union ou de restaurer les valeurs d'autorité qui se sont complètement perdues, surtout à l'école", insiste-t-il. Issu du monde ouvrier, Andy Loubry refuse "l'assistanat", comme la discrimination positive. "Cela pousse les gens à ne pas travailler et à réclamer." Il n'a pas pardonné au gouvernement d'avoir "pris de l'argent dans nos poches pour le distribuer à des associations de jeunes de banlieue" après les émeutes de fin 2005. Alors que son entreprise accumule les plans sociaux, le technicien prototypiste s'est syndiqué depuis quelques mois. A la CGT, la seule organisation qui lui paraisse digne de confiance. "Les choses sont claires, tient-il à préciser ; je me bats pour la défense des salariés de la boîte, pas pour la ligne confédérale avec laquelle je suis en complet désaccord. J'étais favorable au contrat première embauche et ne m'en suis pas caché." Andy reconnaît sans plus de difficulté ses convergences avec "les membres du Front national, qui ne sont pas des adversaires". Son collègue le plus proche au sein de la CGT est adhérent au FN. § L'intégralité du quatrième grand débat organisé par Sciences Po dans le cadre de la présidentielle, sur le thème "Une économie armée pour des défits inédits ?", jeudi 22 mars 2007. § A l'approche de l'élection présidentielle, Sciences-Po organise six grands débats sur des sujets de préoccupation majeurs des Français. Les politiques sont invités à confronter leurs positions à différentes paroles : celle de l'expert, celle du scientifique et celle de l'opinion publique. L'INTÉGRALITÉ DU GRAND DÉBAT ORGANISÉ PAR SCIENCES-PO, LE 22 MARS 2007 Une économie armée pour des défis inédits ? envoyé par lemondefr Débat avec Patrick Devedjian, député UMP des Hauts-de-Seine, Pierre Moscovici, secrétaire national du PS, Bernard Spitz, maître des requêtes au Conseil d'Etat, Ali Badou, journaliste à France Culture, et modéré par Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes. En partenariat avec Sciences-Po, France-Culture et Public Sénat. § Nicolas Sarkozy, en polo et en jean, a assuré l'animation du Paris - Pointe-à-Pitre. Les passagers semblaient ravis, même en classe économique, malgré deux heures de retard. § O n ne s'ennuie pas sur les long-courriers d'Air France. Le mois dernier, l'animateur Jean-Luc Delarue enflammait un vol Paris-Johannesbourg avec tant d'ardeur qu'il avait fallu l'attacher à son siège. Jeudi, c'est Nicolas Sarkozy, en polo et en jean, qui a assuré l'animation du Paris - Pointe-à-Pitre. Les passagers semblaient ravis, même en classe économique, malgré deux heures de retard. Ségolène Royal est beaucoup plus réservée à 10 000 mètres d'altitude : plutôt du genre à s'isoler, le regard dans le hublot ou dans un livre, à l'avant de l'appareil. Pas de séance de dédicaces dans les couloirs, pas de conférence de presse improvisée devant les toilettes. La candidate socialiste se montre, en revanche, de plus en plus à l'aise sur la terre ferme, particulièrement sur les estrades. Si les discours qu'elle lit ont un effet soporifique, ses interventions sans notes sont excellentes. Elle a confirmé de réels talents d'animatrice jeudi à Marseille en faisant entonner La Marseillaise à 8 000 fans déchaînés. En bon chef de choeur, elle ne chantait pas elle-même. Elle dirigeait, à la baguette. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le livre de la candidate socialiste n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. § C ent quatre-vingt-dix mots ont été classés, triés sous forme d'un abécédaire. Le livre de la candidate socialiste - le seul de sa campagne à l'élection présidentielle - n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. Maintenant, c'est son titre, renvoie à l'ouvrage Ici et maintenant que François Mitterrand publia avant son arrivée au pouvoir en 1981, mais la comparaison s'arrête là. Plus simple, plus neutre, celui de Mme Royal est aussi un peu déroutant, comme son sujet. Classées par thèmes et par ordre alphabétique, ses réponses, tout au long de l'entretien qu'elle a accordé à Marie-Françoise Colombani, éditorialiste à Elle, jouent à saute-mouton. "Anorexie" précède "ANPE", "Couple" emboîte le pas, sans transition, à "Corruption". Ainsi invitée à se prononcer sur toute une liste de sujets, Ségolène Royal prend soin de garder ses distances. Certes, on découvre que son film préféré est La Leçon de piano, de Jane Campion. Que son pire "souvenir" reste "les châtiments corporels et la boule à zéro infligés à (ses) frères pour des broutilles" par un père très autoritaire et sa "détresse de ne pas pouvoir l'empêcher". Ou bien encore que ses quatre enfants ont suivi une éducation religieuse, en marge de l'école publique, mais n'ont été baptisés qu'à l'âge de 10 ou 12 ans. "J'ai attendu qu'ils aient l'âge de choisir et de comprendre", expose Ségolène Royal. Mais la politique reprend vite le dessus. "Vous saviez que les filles de Jean Jaurès avaient fait leur communion ?", glisse la candidate avant de confier que ses "modèles" en politique ont pour nom Mitterrand, Mendès France, Delors, mais aussi Jeanne d'Arc. Le passage sur le couple est sans doute le plus intime. Elle reconnaît pour la première fois qu'elle avait réellement envisagé de se marier en Polynésie avec François Hollande, en pleine primaire socialiste. Et pour la première fois aussi, Ségolène Royal semble régler des comptes en affirmant que c'est l'"entourage" du premier secrétaire du PS qui a "dissuadé" son compagnon... Sans s'attarder, la candidate confirme ainsi les tensions qui ont régné dans ce couple si particulier, aux avant-postes de la scène politique. Cela mis à part, Maintenant est d'abord et avant tout le bréviaire d'une candidate qui reprend, un à un, tous ses sujets fétiches, du "citoyen expert" à l'"ordre juste", en passant par les "jurys citoyens" ou les "internats" pour les mineurs en difficulté. Parfois, les pages deviennent fiches et argumentaires de campagne, parfois elles servent à clore une polémique. François Hollande ayant déclaré un jour qu'il n'aimait pas les "riches", ce qui a nourri les commentaires sur ses propositions en matière fiscale, Ségolène Royal s'emploie à rectifier le tir. "On peut être privilégié et vouloir l'abolition des privilèges", dit-elle en rappelant la nuit du 4 août 1789, "où les nobles ont joint leurs voix à celles du tiers état". Publié onze ans après le dernier livre de Ségolène Royal, La Vérité d'une femme (Stock, 1996), ce livre de campagne est le produit d'un minutieux compromis. Il sort une semaine après le pamphlet Connaissez-vous Mme Royal ? (Grasset) de l'ancien secrétaire national chargé des questions économiques du PS, Eric Besson. Et moins d'un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle. § Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. § T ordons d'emblée le cou à une légende : Le Monde n'a pas toujours refusé la photographie. Il y est venu tard et à tout petits pas. La première photo a été publiée le 3 mars 1949 et annonçait le Salon des arts ménagers, la deuxième, sept mois plus tard, le Salon de l'automobile. Pendant un quart de siècle, l'image, vue comme un accessoire coûteux et un peu futile, resta cantonnée aux loisirs, à la mode, à la télévision. Elle ne gagna, timidement, l'actualité que le 22 septembre 1974 sous le titre : "La photo de la semaine" (en l'occurrence une manifestation antijaponaise à Séoul), et ne conquit la "une" que le 27 décembre 1983, pour la mort de Joan Miro. Le vrai tournant n'a été pris que fort récemment, en novembre 2005, avec la nouvelle formule conçue par Eric Fottorino. La photo, devenue une information à part entière, mérite désormais sa place à la "une" comme dans les pages d'actualité. Bousculant une culture bien ancrée, cette révolution de palais ne s'est pas faite sans grognements. Au sein de la rédaction comme parmi les lecteurs, les nostalgiques de l'ancien Monde ont beaucoup regretté la "place perdue" par la nouvelle maquette, ses gros titres et ses images. Mais le pari semble aujourd'hui gagné. Le journal reçoit encore, de-ci de-là, quelques lettres déplorant "l'utilisation aussi excessive qu'inutile que (Le Monde) fait de la photographie" (M. Le Gendre, Milan, Italie), ou regrettant, comme Anne Guérin (courriel), que "des articles parfois passionnants (soient) réduits à la portion congrue, le reste étant mangé par une énorme photographie". Mais elles se font rares. Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. Preuve, s'il en faut, qu'elles intéressent et même passionnent en ces temps de fièvre électorale. "Une des photos, choisie pour illustrer un article consacré à Ségolène Royal, m'amuse, écrit par exemple Philippe Delaite (Liège, Belgique). Elle me fait immanquablement penser à une malheureuse religieuse Sur Marie-Ségolène de l'Immaculée Conception égarée, seule, loin de son couvent." Rassurons notre lecteur belge : il n'y avait dans cette image aucune malice. Prise, en exclusivité pour Le Monde, quelques minutes avant une interview parue le 6 mars, elle ne témoignait que d'une chose : le trac intense de la candidate. Les stars de la politique verrouillent de plus en plus leur image. "Ségolène Royal a interdit qu'on la saisisse en train de manger et Nicolas Sarkozy a imposé un cordon de sécurité autour de lui pour éviter "l'effet grand angle" des photos prises de très près, explique Frédérique Deschamps, responsable de la photo, mais, à l'exception de François Bayrou, qui entretient un rapport de charme avec les photographes, ils sont souvent très mal à l'aise seuls, face à face avec un professionnel." Un malaise aggravé par le temps, trop bref, qu'ils accordent à la prise de vue. "Ségolène Royal, ce jour-là, n'avait donné que huit minutes à la photographe, celle-ci a fait de son mieux pour la détendre, mais elle était pétrifiée, hyper stressée. Ça se voit. Nous ne cherchons pas à fabriquer une image, c'est elle qui a choisi sa coiffure, ses vêtements, sa pose, un peu raide, ajoute Frédérique Deschamps. L'étonnant, c'est que, à l'inverse, dans les meetings, elle est comme transcendée. Elle rayonne." Mme Royal n'est pas la seule à se pétrifier devant l'objectif. Deux photos en pied d'Angela Merkel, accompagnant son interview, le 15 janvier, illustrent ce phénomène. L'une "excellente, pleine de vie et de symboles", remarque Claude Gintz (Ivry-sur-Seine), a été prise à la volée, devant son bureau, alors qu'elle ne s'y attendait pas. L'autre, où la chancelière allemande apparaît raide, grincheuse et "un peu lourdaude", a été posée. CQFD. C'est pour rompre avec l'image, devenue banale, d'une Mme Royal "transcendée" par la foule, qu'a été choisie, le 18 janvier, une photo qui a fait réagir. Ce portrait, capturé lors de son voyage en Chine par un photographe local, montrait la candidate un peu lasse, fragile mais superbe. "Ségolène en madone gitane", ironise Christian Jeanbrau (Courriel). L'image était d'autant plus frappante, dit-il, qu'elle succédait à celle, peu flatteuse, publiée la veille en première page, de "François Hollande, illuminé, façon imbécile heureux, bref ridicule". "Qui a choisi ces photos?, poursuit M. Jeanbrau. Le Monde est-il sous le charme et, se le reprochant, se venge-t-il sur le compagnon?" Rien de tel puisque les photos des pages intérieures sont sélectionnées par le service photo et celles destinées à la "une", vitrine du journal, choisies par la rédaction en chef. "Nous n'essayons pas de faire dire à des photos, prises hors contexte, ce qu'elles ne disent pas", explique la responsable des photos. Les lecteurs le comprennent encore mal. D'où beaucoup de malentendus. Exemple : une photo de Nicolas Sarkozy parlant, le doigt levé, mise à la "une" le 1er mars. Dans "cette immense et avantageuse photo, publiée en première page pour dénoncer certaines irrégularités dans l'achat de son appartement", Maguy Sauvagnac (Paris), voit la preuve du "glissement (du journal) en faveur du candidat". Or, en optant pour une photo d'actualité, prise la veille, lors d'une conférence à Madrid, le quotidien voulait précisément éviter l'"effet de sens" ce qui aurait été le cas s'il avait exhumé des archives un portrait du même Nicolas Sarkozy accablé ou maussade pour illustrer l'affaire révélée par Le Canard enchaîné. Un autre portrait du candidat UMP, fait pour Le Monde à l'occasion de son interview, le 23 janvier, a été interprété à l'envers. "Grande photo à la Ceausescu, la soupe est bien servie", s'indigne Annie Briand (Courriel). Pas du tout : "Sarkozy était très mécontent de cette photo, prise de près, au grand angle, raconte Frédérique Deschamps. Il a trouvé qu'elle le rapetissait et lui faisait un gros nez." De fait, c'est peut-être cette image qui, par la suite, a conduit à la mise en place du cordon sanitaire pour échapper à l'effet "grand angle" et "grand nez" _______________________________________________________________ Cette chronique reprendra le 14 avril § Pour doper l'audience des émissions politiques, télévisions et radios essaient d'innover. Des initiatives controversées. § M ardi 20 mars, les auditeurs de France Inter ont entendu de drôles de sons pendant le journal de 8 heures présenté par Eric Delvaux. Olivier Besancenot, candidat de la LCR à la présidentielle et invité de l'édition du jour, disposait en effet d'un "buzzer", comme dans les jeux télévisés, pour intervenir au gré des sujets développés, en coupant la parole au journaliste. Un système digne de "Questions pour un champion" ou "La nouvelle star", selon un communiqué publié le jour même par les syndicats CGT, SJA-FO, SNJ et SUD de la station, qui estiment que la nouvelle formule du "8 heures" "fait basculer France Inter dans une zone dangereuse : celle où la frontière entre l'information et le show n'existe plus, celle où la frontière entre journalisme et politique devient floue". Dès le lendemain, face au tollé syndical, France Inter fait marche arrière et remise son "buzzer" au placard. "L'idée n'était pas de faire parler de nous, mais d'inventer un espace nouveau pour les politiques, explique Patrice Bertin, directeur de la rédaction. On entend souvent dire qu'une campagne, c'est la routine. L'idée était donc d'être la première radio à accepter qu'un homme politique coupe la parole à ses journalistes pour dire son désaccord sur le fond ou tout autre commentaire. Presque tout le monde à la rédaction est d'accord avec moi. C'est l'utilisation d'un buzzer qui a plus marqué les esprits ; c'est donc plus un problème de fantasme qu'un problème éditorial." Un avis partagé par Eric Delvaux, également rédacteur en chef de la matinale d'Inter, qui estime que "rédactionnellement et déontologiquement, c'était simplement une autre approche". Et d'ajouter : "D'ailleurs, je n'avais jamais entendu Besancenot s'exprimer sur l'Irak, ce qu'il a eu l'occasion de faire en réagissant aux titres du journal." Avant cet épisode et surtout avant les nouvelles règles du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) concernant le temps de parole des candidats, télévisions et radios ont ouvert certaines de leurs émissions, non politiques, aux prétendants à l'Elysée. C'est notamment le cas du "Grand journal" de Canal+, émission de divertissement présentée chaque soir de la semaine par Michel Denisot. François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont ainsi succédé sur le plateau, gratifiés du titre de "rédacteur en chef" de l'émission. Installés dans le fauteuil d'ordinaire occupé par Michel Denisot, ils ont pu choisir leurs invités : des responsables d'associations uvrant pour l'entraide et le lien social pour François Bayrou ; Paul Le Guen, entraîneur du PSG, et Bernard Laporte, sélectionneur de l'équipe de France de rugby, pour Nicolas Sarkozy ; l'actrice Jeanne Moreau et le chanteur Cali pour Ségolène Royal. Pour ces trois émissions spéciales, il n'y avait pas de journaliste politique sur le plateau : Jean-Michel Aphatie, le chroniqueur spécialisé du "Grand journal", contraint de regarder l'émission en coulisses, n'a eu droit qu'à un rapide billet en toute fin de programme. Son intervention a même été réduite au strict minimum lors du passage de Nicolas Sarkozy, qui avait occupé tout le temps d'antenne à détailler ses goûts cinématographiques ou littéraires. Cette formule "carte blanche" a visiblement séduit les téléspectateurs, "Le Grand journal" a enregistré à chaque fois des audiences record. "Cela marche car le public a envie de découvrir la personnalité des candidats analyse Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+. Il y a une vraie curiosité envers eux. Nous avons ainsi découvert ce qui fait rire Ségolène Royal, ce qui émeut François Bayrou et les films qu'aime Nicolas Sarkozy. Pour moi, cela serait de la politique-spectacle s'il s'agissait de notre seul dispositif politique. Nous ne l'aurions alors pas fait." A partir du 26 mars, les 12 candidats se succéderont dans "En aparté", l'émission de la mi-journée où Pascale Clark interroge, en voix off, des personnalités isolées dans un salon et filmées par des caméras commandées à distance. La chaîne annonce avoir prévu "de nouveaux petits rituels et quelques surprises pour pimenter l'émission et révéler de nouvelles facettes de leur personnalité". Cette curiosité du public pour les prétendants à l'Elysée, qui se vérifie par les audiences des émissions politiques et l'affluence dans les meetings, a aussi conduit les radios à inventer de nouveaux rendez-vous, loin de l'interview politique classique. France Inter a bouleversé ses matinales pour accueillir notamment Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen ou Marie-George Buffet dans un programme intitulé "L'invité se met en quatre". Ce sont notamment eux ou leurs conseillers (Jack Lang avait planché pour Ségolène Royal) qui ont préparé la traditionnelle revue de presse et qui l'ont lue à l'antenne. La surprise est venue du candidat du Front national qui, en invitée surprise, a fait venir en studio l'une de ses conseillères spécialiste... des animaux domestiques. L'auditeur a pu entendre les silences et la gêne des journalistes. Depuis trois ans, RMC invite également régulièrement les hommes et les femmes politiques à occuper seuls l'antenne pendant une heure. A eux de dialoguer avec les auditeurs, de lancer la publicité ou la météo. "C'est une sorte de réunion publique à la radio, estime Franck Lanoux directeur général de RMC. Ce genre d'émission génère beaucoup d'échanges entre la personnalité politique et les auditeurs. Mais ce type de programme interactif n'a pas vocation à remplacer d'autres programmes politiques, plus classiques." Hélène Risser, journaliste à Public Sénat et auteur de Faiseurs de rois ou quand les médias font l'élection (Ed. Privé, 230 p., 17 ), estime que "les chaînes ont retenu la leçon de 2002" : "Le problème est que, dans la course effrénée à l'audience, les médias dans leur ensemble se raccrochent au candidat le mieux placé." Elle ajoute : "Cette fois-ci, il n'y a pas de thématique qui émerge comme celle de la sécurité en 2002. Mais, selon moi, les chaînes exercent une influence subliminale sur le téléspectateur dans le traitement des informations qu'elles choisissent de mettre à l'antenne. TF1 met ainsi un soin particulier dans la juxtaposition des sujets diffusés au cours de ses journaux en proposant surtout du témoignage et des reportages jouant sur l'émotion." Le débat sur la place des hommes et des femmes politiques à la radio et à la télévision n'est pas nouveau. Après le séisme du 21 avril 2002, Michel Drucker, qui avait reçu bon nombre de postulants dans son émission de divertissement "Vivement dimanche", sur France 2, se posait la question. "A la vue des résultats du premier tour, je me demande ce qu'il reste de leur passage dans mon émission... On ne peut que s'interroger sur le rôle de la télé lorsqu'elle confond information et Audimat. Quant à moi, je m'interroge sérieusement pour savoir si, à la rentrée, je continuerai à inviter des politiques", confiait-il dans "Le Monde Radio & TV" du 4 mai 2002. Leçon retenue. Cette année, à part Bernadette Chirac, aucune personnalité politique ne s'est assise sur la banquette rouge entre l'animateur et sa chienne Olga. C'est toutefois au cours de cette émission que Jacques Chirac a annoncé à demi-mots qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en déclarant à Michel Drucker : "Il y a une vie après la politique. Il y a une vie jusqu'à la mort." Jusqu'à la fin de la campagne 2007, France 2 affirme qu'aucun politique ne viendra dans ses émissions de divertissement. § La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février. § L a rue est baignée d'une lumière bleue de fin d'après-midi, un peu froide. Tendu au milieu de la façade impeccable d'un immeuble cossu que l'on devine parisien, un immense calicot couleur azur frappé du logo de l'UMP porte, en grosses lettres blanches, l'une des phrases-clés du parti de Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle : "Imaginons la France d'après"... Alignés juste en dessous, comme une illustration au slogan, une escouade de CRS veille. La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février, lors de la manifestation des salariés parisiens de l'entreprise devant le siège d'Alcatel-Lucent (et non pas lors de la manifestation européenne qui a eu lieu un mois après, le 15 mars). Le groupe venait d'annoncer la suppression de quelque 4 500 emplois. Coïncidence : le bâtiment parisien du leader mondial des télécommunications se trouve juste en face de celui de la fédération de Paris de l'UMP. Voisinage oblige, le dispositif policier mis en place "déborde" naturellement du cadre. Pendant près d'un mois, l'image a sommeillé. La manifestation européenne des salariés d'Alcatel lui a redonné vie. L'intense activité des blogueurs militants à ce moment a accéléré sa diffusion. Elle investit le Web, en changeant de nom et de taille. Allégée pour une diffusion plus rapide, les uns l'appellent "Imaginons la France d'après", d'autres seulement "Imaginons", d'autres enfin "Sarkotoulouse". De mail en mail, elle surgit dans de très nombreuses boîtes aux lettres électroniques. Des internautes l'accaparent et l'introduisent dans leurs blogs, où elle suscite toutes sortes de commentaires majoritairement grinçants et parfois amusés. CHOUX GRAS "La belle France d'après...", ironise Gilles sur le blog de l'association écologiste Citron Vert. L'image fait les choux gras du Collectif Unitaire du Val d'Yerres, du Mammouth Manchois Enervé et de tant d'autres. Elle est en bonne place sur celui de la gauche antilibérale et, de manière un peu plus inattendue, sur le blog de la section Midi-Pyrénées de CAP21, le mouvement de Corine Lepage, ancienne candidate à l'élection qui a rejoint, il y a peu, François Bayrou, le candidat UDF. Du côté du parti de Nicolas Sarkozy, rien. On affirme ne l'avoir jamais vue ni même en avoir entendu parler. Alors que les soutiens du ministre de l'intérieur sont nombreux à investir les blogs pour contrer les attaques dont l'UMP peut faire l'objet, aucun d'eux n'a jugé opportun de neutraliser l'image, ne serait-ce qu'au travers de l'humour. L'UMP, qui vient de lancer sa plate-forme de blogs pour la France d'après, a été capable, dans un passé récent, de détourner au pied levé une pub cinéma du fabricant suédois de mobilier IKEA - qui reprenait d'ailleurs le même slogan - au profit de la campagne de son candidat. "Super photo ! Qui est le photographe ? Peut-on utiliser cette photo ?", s'interroge à juste titre Geneviève sur le site Bellaciao. Le cadrage maladroit, ou réalisé dans la précipitation - encore que rien ne laisse penser qu'il règne la moindre tension au moment où la photo a été prise -, la qualité médiocre de son grain : elle a tout de la photo d'amateur. Aurait-elle pu être prise par un photographe professionnel ? "Ce n'est pas un professionnel qui l'a réalisée, affirme Mathieu Polak, membre du pôle image au journal Le Monde. Pour une simple raison : un professionnel l'aurait diffusée commercialement, c'est sûr." La copie du cliché publiée ci-dessus provient d'un lecteur qui l'a transmise par mail à une journaliste du service France. Mais aucune trace de l'auteur dans les banques d'images des principales agences parisiennes. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § P ourquoi le niveau de réflexion économique dans cette campagne est-il si médiocre ? Alors que le diagnostic sur la profondeur de la crise française est maintenant bien établi et partagé par les trois camps principaux, UMP, UDF et PS, pourquoi les candidats ne proposent-ils que peu de mesures pour stopper la dégradation de la compétitivité nationale et relancer la croissance et pourquoi ces lapins sortis du chapeau comme les heures supplémentaires chez Sarkozy, les deux emplois sans taxes chez Bayrou, ou le "rétablissement de la confiance" d'un coup de baguette magique, ploup !, chez Royal ? Pourquoi, en somme, les candidats ne sont-ils toujours pas à la hauteur de l'enjeu énorme : la guerre mondiale économique, la Chine, l'Inde, les Etats-Unis, l'accélération technologique, le vieillissement, etc. ? Le fautif s'appelle Tony Blair. Il y a dix ans, les socialistes français ont qualifié, a priori et sans examen, le blairisme de politique "de droite" et ils n'ont toujours pas corrigé leur erreur depuis. Le déport gauche-gauche opéré alors dans l'ambiance post-1995 bourdieusienne et trotskiste a provoqué une perturbation magnétique du paysage politique français qui dure encore, malgré la tentative de Ségolène Royal. La gauche déportée sur sa gauche a profité en 2002 à Jacques Chirac, qui préfère les girouettes aux boussoles, mais elle a surtout évité à la droite de devoir construire une réponse au blairisme, c'est-à-dire une réelle politique économique libérale française de droite. Blair nié, pas de confrontation intellectuelle, pas besoin d'idées. Voilà pourquoi, dix ans après l'arrivée de Tony Blair au pouvoir outre-Manche, ni la gauche ni la droite française n'ont de doctrine étudiée, confrontée, validée, forte, face aux défis de la mondialisation. Voilà pourquoi la campagne est médiocre et pourquoi les trois candidats sont si imprécis, si ambivalents, si peu fiables, en un mot. Et voilà pourquoi les électeurs hésitent. On les comprend. Revenons au point de départ, à ce PS français au QI de pétoncle. Il a sous ses yeux, de l'autre côté du Channel, à deux heures trente de train, une politique de gauche qui réussit, et il s'obstine à affirmer que c'est une politique de droite qui échoue. L'erreur est devenue cette fois-ci grosse comme le nez au milieu de la figure, et on peut espérer que même le PS peut en voir l'effet : si François Bayrou occupe 18-22 % des voix dans les sondages, c'est que le PS a déserté le centre, laissant le champ libre à une renaissance de l'oubliée UDF. Toute la remagnétisation correcte du paysage droite-gauche et le débat d'idées qui s'ensuivra attendent la reconnaissance de leur erreur par les socialistes : le blairisme est non seulement de gauche, mais c'est la réponse intelligente de gauche à la mondialisation. Insistons : ce n'est pas seulement le sort du Parti socialiste qui est en jeu, mais bien l'atterrissage, si retardé, de toute la France dans la réalité. Remplissons donc un devoir "citoyen", pour employer un mot tarte à la crème qui fait vibrer de plaisir les militants : voici un manuel de démonstration du caractère de gauche de la politique conduite par Tony Blair et Gordon Brown, son ministre des finances, depuis leur arrivée au pouvoir, en mai 1997 : - Le taux de chômage a été réduit à 5,5 % (baisse de 3 points en dix ans). - 75 % de la population entre 15 et 64 ans a un emploi, contre 63 % en France. - Le gouvernement a créé un smic en 1999. - Les inégalités, qui ont crû jusqu'en 2000, ont depuis tendance à se réduire. - La moitié des créations d'emplois depuis 2000 l'a été dans les services publics, soit 600 000 emplois. - Le gouvernement a réalisé des efforts d'investissements historiques dans la santé, les transports et l'éducation. L'examen budgétaire constitue la preuve par neuf : les dépenses publiques britanniques ont crû de 8 points de PIB depuis 2000 (elles avaient baissé, il est vrai, pendant le premier mandat), pour atteindre 45,6 % de ce même PIB, selon l'OCDE, soit un niveau proche de l'Allemagne ! A cette vitesse-là, camarades, Blair n'est pas seulement de gauche : il est communiste ! Cette hausse des dépenses n'est pas seulement un rattrapage par rapport aux coupes claires du thatchérisme. Elle constitue un pilier de la doctrine stratégique de la troisième voie blairiste : une économie complètement ouverte à la mondialisation, mais accompagnée par un Etat très actif. Actif dans les services publics, actif dans la défense des plus faibles, actif dans l'innovation, actif dans le discret mais déterminé positionnement dans les services à valeur ajoutée. Demandez à Gordon Brown comment il défend la City ! Tout n'est pas parfait au pays de la rose : la productivité reste faible, la croissance dépend de l'endettement immobilier, les divergences régionales se sont accentuées. Mais "nous n'avons jamais été aussi bien", titrait récemment le magazine The Economist. La richesse par habitant en Grande-Bretagne est passée du septième rang au sein du G7 en 1997 au deuxième derrière les Etats-Unis aujourd'hui. La clé première de cette politique de gauche qui réussit, Antony Giddens, père intellectuel du blairisme, la donnait récemment (www.telos-eu.com) : "Accorder la primauté à l'économie et à la croissance." Are you listening, madame Royal ? § Les éléphants socialistes scrutent les ventes du livre d'Eric Besson, les hauts-fonctionnaires de gauche lorgnent vers le centre et Dominique de Villepin regarde ailleurs. § I ls ont tous pris ou s'apprêtent à prendre la direction des îles. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou se préparent à l'étape suivante, qui sera meurtrière. Récit de quelques jours de brouillard, brouillons et brouillages. Le service minimum de Jacques Chirac. C'était attendu, il l'a fait. Mercredi 21 mars, Jacques Chirac a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy. "Rien sur la stature d'homme d'Etat, ni sur les qualités particulières du candidat", remarque-t-on à Matignon. Une heure plus tard, le président de la République, venu assister à l'hommage rendu à la résistante Lucie Aubrac dans la cour des Invalides, se tient ostensiblement à l'écart, tant de son premier ministre, Dominique de Villepin, que de son futur ex-ministre de l'intérieur. Aux nombreux photographes, il n'accorde pas la faveur d'un quelconque geste à l'égard de Nicolas Sarkozy, qui aurait pu corriger les mots de soutien convenus du matin. Agacé de faire de la figuration au deuxième rang derrière le premier ministre, le candidat de l'UMP écourte sa présence à la cérémonie. L'oisiveté des éléphants du PS. La campagne en solitaire de leur candidate leur laisse du temps libre. "Si on se tait, on est des mauvais garçons, et si on parle trop, on est des gêneurs", souffle le député européen Bernard Poignant. Alors, ils s'enquièrent du score des ventes du livre d'Eric Besson et préfèrent se consacrer aux élections législatives en allant soutenir leurs troupes et en relayant les "doutes" des militants qu'ils recueillent sur le terrain. Il y a urgence, témoignent-ils, à les convaincre que le clivage droite-gauche existe bel et bien. L'actualité ne les y aide pas. Les élites de gauche regardent vers le centre. Dans Le Point du jeudi 22 mars, plusieurs hauts-fonctionnaires, anciens collaborateurs de François Mitterrand et des premiers ministres de gauche successifs, lancent un appel en faveur d'une " alliance avec François Bayrou". Leur pseudonyme, les Gracques - du nom d'un groupe de réformateurs de l'époque romaine - ne résiste pas longtemps. L'après-midi même, Le Monde donne leur identité. Parmi eux figure Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint de Lionel Jospin à Matignon, qui fut membre du Club Témoins aux côtés de l'un de ses meilleurs amis... François Hollande. "Ça va faire du mal à François, ça !", feint de s'apitoyer un élu socialiste. Le centre ne veut pas d'un candidat centriste. Après Simone Veil qui soutient Nicolas Sarkozy, et dont on ne compte plus les déclarations cinglantes à l'endroit de François Bayrou, c'est au tour de son mari, Antoine Veil, de sonner la charge contre le président de l'UDF. Le président du club Vauban, qui depuis les années 1970, rassemble centristes de gauche et de droite, explique tout à trac dans les colonnes du Monde que "François Bayrou, ce n'est pas le changement, c'est l'impasse". Chez le candidat centriste, on fait le gros dos en attendant le Salon du livre où, confie son entourage, il devrait s'afficher avec quelques intellectuels de gauche un temps tentés par Nicolas Sarkozy. Et Dominique de Villepin vote Beckett. En inaugurant le Salon du livre, jeudi, le premier ministre est d'humeur badine. Il s'attarde au milieu des livres d'enfants, en attrape un - Le loup est revenu - et le brandit devant les photographes : "C'est vrai, je vous le confirme !" Un livre de Samuel Beckett retient un peu plus loin son attention. A voix haute, il lit la quatrième de couverture : "Essayer encore. Rater encore. Rater mieux." On ne saura pas à qui il pense. § Parmi les habitants des quartiers Nord de Marseille qui devaient participer au Parlement des banlieues, à Villeurbanne (Rhône), samedi, résonne une forte demande d'ordre, de valeurs et de reconnaissance. § C es électeurs voteront à gauche, pour Ségolène Royal le plus souvent, sans passion ni illusion. Mais à une condition : ne pas entendre de discours angélique sur les banlieues, l'immigration, l'insécurité ou l'emploi. Parmi les habitants des quartiers Nord de Marseille qui devaient participer au Parlement des banlieues, à Villeurbanne (Rhône), samedi 24 mars, résonne une forte demande d'ordre, de valeurs et de reconnaissance. Pas d'"assistanat" mais l'attente de règles de vie plus claires, plus fermes, pour remettre la société "à l'endroit". Les mères de famille ne sont pas les dernières à revendiquer un retour au "bons sens". Pour sortir d'une société de "l'enfant-roi", comme le dit Chadia Tachouaft, 32 ans, mère de deux enfants. La jeune femme, assistante d'éducation dans un lycée professionnel, parle volontiers du besoin d'autorité. "Le problème, ce n'est pas l'insécurité, c'est l'abandon des enfants par certains parents et par la société. On a tout mélangé : aujourd'hui, l'enfant a toujours raison, devant ses parents ou devant ses professeurs." DEMANDE DE VALEURS Chadia Tachouaft évoque "l'effet 119", en référence au numéro de téléphone mis en place pour permettre aux enfants de signaler tout problème de violence. "Plus personne ne peut reprendre un gamin. On a dit à l'éducation nationale de ne plus donner de sanctions. Et là où un voisin pouvait mettre une fessée parce qu'il nous voyait faire une bêtise, il ne dit plus rien." De ce point de vue, le slogan de Mme Royal sur "l'ordre juste" lui est apparu comme une amorce d'évolution positive. Comme sa volonté d'aider les mères de famille isolées, qui doivent assurer, seules, sans les pères, l'éducation de leurs enfants, ou sa proposition de créer des "emplois-parents" pour leur redonner leur légitimité sociale. Cette demande de valeurs explique que, contrairement aux idées reçues sur l'électorat des banlieues, une partie du discours de Nicolas Sarkozy passe aussi très bien dans les quartiers populaires. Fatma Zerioul, 43 ans, aide à domicile, mère d'un garçon de 11 ans, ne votera pas pour le candidat UMP à cause de ses excès de langage, mais partage ses positions sur l'insécurité ou l'immigration. "Faut arrêter de dire qu'on peut accueillir toujours plus de monde." Zohra Choucha, 38 ans, mère de deux enfants, agent de sécurité au chômage, sait qu'elle votera à gauche parce que "la droite ne défend pas les petites gens". Mais elle soutient sans réserve les positions de Sarkozy sur le "Kärcher" ou la régularisation des sans-papiers. Personne n'imagine que le Front national puisse perdre de l'audience dans des quartiers où il a récupéré une grande partie du vote ouvrier. La défiance vis-à-vis de la gauche reste en effet très élevée, justifiée par son incapacité à répondre à la crise sociale. Et par sa difficulté à rendre les habitants issus de l'immigration aussi français que les autres. "La droite a plus joué le jeu que la gauche pour prendre des hommes politiques parmi nous", remarque, avec regret, Chadia Tachouaft en soulignant la faible représentation des minorités au sein du PS. "Mon grand-père est arrivé en France en 1926... Je suis de la troisième génération, mais je suis toujours "issue de l'immigration"", s'insurge Sakina Taleb, 47 ans, qui travaille dans un centre social et préside une association de femmes. Cette mère de famille votera pour Ségolène Royal "par fidélité" pour les idées socialistes. Avec l'espoir, aussi, que la gauche tiendra "enfin" sa promesse de les transformer en simples "Français" des quartiers. § Les quartiers populaires sont devenus un enjeu électoral majeur. Samedi 24 mars, Ségolène Royal devait participer à une rencontre à Villeurbanne. § L es banlieues, nouvelles vitrines électorales. Après François Bayrou en déplacement en Seine-Saint-Denis, la semaine dernière, c'est Ségolène Royal qui occupe l'espace médiatique sur les quartiers sensibles. Quelques jours près une visite à Pantin (Seine-Saint-Denis), elle devait participer, samedi 24, à Villeurbanne (Rhône), à une rencontre organisée par le Parlement des quartiers populaires, une instance autoproclamée de représentation des habitants des cités. L'occasion, pour la candidate socialiste, d'insister sur le fait que les banlieues "ne sont pas un problème" mais "une partie de la solution" aux difficultés de la France. Une manière, aussi, de rappeler que Nicolas Sarkozy n'a toujours pas effectué de déplacement significatif dans un quartier sensible - même si son entourage assure que les préparatifs sont en cours. Avec le traumatisme des émeutes de novembre 2005, puis la vague d'inscriptions sur les listes électorales de décembre 2006, les quartiers sont devenus un enjeu majeur. Mais, sur le fond, au-delà de discours très volontaristes sur l'"égalité des chances" ou l'"Etat républicain", les trois favoris pour l'Elysée défendent des programmes assez classiques. Nicolas Sarkozy emprunte ainsi ses propositions aux analyses habituelles de la droite : le candidat UMP insiste sur la logique de "responsabilité", d'aide directe aux individus et le refus de tout "assistanat". François Bayrou et Ségolène Royal se situent, eux, dans une approche comparable en insistant très fortement sur le rôle de l'Etat et des collectivités locales dans la résolution des difficultés des banlieues : le candidat UDF privilégie une réorganisation de l'administration alors que la candidate socialiste parie sur la solution traditionnelle, à gauche, des emplois aidés. Réorganiser les services publics. Les candidats ont fait le constat que l'Etat assurait souvent moins bien son rôle dans les quartiers sensibles. Au cours de son déplacement à Pantin, mardi 20 mars, Ségolène Royal a ainsi rappelé sa volonté de donner des moyens suffisants à l'école et de rétablir une police de proximité. "Je veux un Etat qui assure la présence des services publics en milieu urbain comme en milieu rural", a souligné la candidate. François Bayrou estime que "l'Etat se montre là où ça va bien mais a totalement disparu là où ça va mal". Le candidat UDF préconise donc de réaffecter les services publics et de mieux les coordonner. Dans ce but, il propose de créer des postes de sous-préfets chargés d'organiser localement l'action de l'Etat : à la différence des postes actuels, leurs titulaires seraient directement recrutés dans les quartiers. Nicolas Sarkozy reste plus discret sur le sujet, sauf pour défendre l'organisation actuelle des forces de l'ordre et son refus d'une police de proximité. Favoriser la mixité sociale. Les candidats entendent jouer, de manière différente, sur deux leviers pour mettre fin à l'existence de "ghettos" en périphérie ou à l'intérieur de certaines villes. Le premier outil utilisé est celui de la carte scolaire. Ségolène Royal propose d'assouplir l'obligation d'inscription dans l'établissement scolaire de son secteur : les familles auraient le choix entre deux ou trois collèges, par exemple. Conformément à une revendication ancienne de la droite, Nicolas Sarkozy suggère d'assouplir la sectorisation avant de la supprimer. François Bayrou, de son côté, n'envisage pas de changement, pariant sur la modification progressive, à long terme, de la composition sociale des quartiers. La deuxième piste envisagée concerne le logement. Nicolas Sarkozy s'oppose à ses deux adversaires qui défendent avec force la loi SRU obligeant les maires à viser un minimum de 20 % de logements sociaux dans leur commune. Critique vis-à-vis de ce texte de loi, le candidat UMP entend plutôt développer le logement social au sein du parc locatif privé. François Bayrou veut imposer la réalisation de logements sociaux dans tous les programmes immobiliers "y compris ceux de prestige". Ségolène Royal insiste, elle, sur le durcissement des sanctions à l'encontre des communes n'appliquant pas la loi SRU. Elle évoque aussi le recours à des réquisitions de logements par les préfets. Concentrer les moyens budgétaires. Intégrant les évaluations critiques sur la dispersion des moyens, les candidats évoquent des actions ciblées, concentrées sur les territoires ou les catégories les plus sensibles. François Bayrou considère que la réorganisation de l'administration s'accompagnera nécessairement d'une réaffectation des moyens budgétaires sur les zones les plus en difficulté. De son côté, Nicolas Sarkozy, sévère sur le bilan des ZEP, propose de "diviser par deux les effectifs des établissements les plus dégradés". Il reprend également la formule ancienne du "plan Marshall", déjà utilisée par le candidat Chirac en 1995, en promettant d'offrir des formations à tous les jeunes sans qualification. Ségolène Royal compte aussi mieux cibler l'effort budgétaire, en particulier dans l'éducation : reprenant des revendications syndicales récurrentes, elle prévoit de limiter à 17 le nombre d'élèves par classe en CP et CE1. La candidate promet aussi de recourir, en masse, aux emplois aidés : une partie importante des 500 000 emplois tremplins serait destinée aux jeunes des quartiers, tandis que seraient créés des "emplois-parents", destinés à aider les pères et mères à retrouver une fonction sociale. § Ce système garantit un large accès aux études au plus grand nombre et leur permet, jusqu'à l'âge de 50 ans, de reprendre des études. § L es Suédois ont une relation ambiguë à leur système d'aide aux études, l'organisme public CSN, qui, depuis près d'un demi-siècle, a permis à des générations de Suédois de financer leurs études supérieures grâce aux prêts et aux bourses versés. D'un côté, ils "traînent" souvent durant des décennies ces emprunts à rembourser. De l'autre, ce système garantit un large accès aux études au plus grand nombre et leur permet, jusqu'à l'âge de 50 ans, de reprendre des études dont l'accès est d'autant plus aisé que les frais d'inscriptions à l'université sont de 50 euros pour les nouveaux étudiants. Dans ce pays de 9 millions d'habitants, 1,4 million de Suédois sont ainsi endettés à hauteur de près de 19 milliards d'euros auprès de CSN. Dans ce système, les étudiants peuvent toucher jusqu'à environ 200 euros par semaine, dont un tiers en bourse et deux tiers en prêt remboursable un an après la fin des études et sur une durée fixée récemment à vingt-cinq ans au plus. Des conditions de remboursement devenues plus drastiques et qui incitent les étudiants à emprunter de moins en moins à CSN. Etudiante en droit à l'université de Stockholm, Anna Norlen, 27 ans, touche environ 7 300 couronnes par mois (un peu moins de 800 euros), dont un tiers en bourse. De plus en plus d'étudiants choisissent cependant de ne toucher que la bourse. Ils sont un quart à pouvoir dire non aux prêts de CSN, un chiffre qui augmente régulièrement depuis quelques années. "Je travaille environ 25 heures par mois, explique Johan Grenefalk, 22 ans, étudiant en droit. Je touche la bourse, environ 2 500 couronnes (270 euros) par mois, mais pas l'emprunt de CSN. Je n'en ai pas besoin pour l'instant." Johan touche la somme maximale pour des études à plein temps. La bourse diminue de moitié pour des études à mi-temps. S'il avait gagné trop, il aurait aussi pu ne rien toucher, comme son ami Oscar Jonsson, 20 ans, qui travaille en parallèle de ses études. "Comme je touche plus de 55 000 couronnes (6 000 euros) par semestre, ce qui est la limite, je n'ai pas le droit de toucher la bourse", explique-t-il. Selon SFS, la corporation des étudiants de Suède, la moitié des étudiants doivent, comme Oscar Jonsson, travailler à côté de leurs études pour subvenir à leurs besoins. Régulièrement, la presse rapporte des arnaques aux bourses. Celles les plus fréquentes concernent de supposées études à l'étranger où, faux certificats d'institutions universitaires à l'appui, des gens touchent l'argent de la bourse pour ces études à l'étranger alors qu'ils demeurent en fait dans le pays. § Le réalisateur anglais, palme d'or à Cannes en 2006 pour "Le Vent se lève", souhaite le "succès" du candidat de la LCR, dans une vidéo datée du 23 mars et mise en ligne sur Daily Motion par "Eugène Varlin", un internaute soutien de M. Besancenot. Ce dernier est capable d'"éviter les pires excès du système" capitaliste, estime M. Loach. Réagissant à ce soutien, dévoilé par "Le Parisien" dimanche, Olivier Besancenot a expliqué, sur Canal +, qu'il avait rencontré Ken Loach lors du forum social de Londres. § § La polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves, près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées par le parquet de Paris. § L a polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées samedi 24 mars par le parquet de Paris : "En l'état actuel de l'enquête, rien n'indique que la police se soit rendue dans un débit de boissons parce qu'elle pensait y trouver des personnes en situation irrégulière qui attendait la sortie d'enfants d'une école", a expliqué le procureur adjoint. Un Chinois, venu chercher ses petits-enfants, a été arrêté mardi dans un café voisin de l'école puis relâché mercredi matin. Valérie Boukobza, la directrice de l'école de la rue Rampal, dans le 19e arrondissement, de Paris, a été gardée à vue sept heures vendredi pour "outrages et dégradation de biens publics en réunion". Des faits qu'elle conteste. Mardi, elle s'est opposée, avec des parents d'élèves, à l'interpellation très mouvementée, au cours de laquelle des gaz lacrymogènes ont été utilisés. Une voiture de police a été endommagée et un policier s'est vu prescrire une interruption temporaire de travail à la suite des incidents."CONFORME À LA LOI" Le placement en garde à vue de la directrice de l'école était "conforme à la loi", "nécessaire à son audition et des confrontations" et "lui permettait de bénéficier de droits", comme le fait de contacter son avocat, a ajouté le parquet. Nicolas Sarkozy, encore ministre de l'intérieur jusqu'à lundi, a défendu la police, samedi, estimant qu'il n'y avait dans l'affaire pas matière à "polémique". Alliance, le deuxième syndicat de gardiens de la paix, s'est déclaré "scandalisé et choqué", demandant au ministère de "déposer plainte contre les auteurs des accusations diffamatoires" contre les forces de l'ordre. Le cabinet du ministère de l'intérieur a rappelé vendredi soir qu'il avait demandé aux préfets de ne pas procéder à des interpellations "dans l'enceinte ou à proximité immédiate d'un établissement scolaire". Interrogé samedi, Philippe Maitre, le procureur adjoint, a expliqué à l'AFP que le parquet de Paris n'avait pas connaissance de cette instruction. La veille des incidents, la directrice de l'école de la rue Rampal avait empêché, en intervenant auprès des policiers, l'interpellation d'une jeune Chinoise venue chercher sa nièce à la sortie de l'école, rappelle Le Journal du Dimanche. POLÉMIQUE AVEC LE RECTORAT A gauche, les réactions ont été cinglantes. Ségolène Royal, Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, Dominique Voynet et Gérard Schivardi ont dénoncé les méthodes de Nicolas Sarkozy. Les candidats ont été rejoints plusieurs associations. Dans le milieu enseignant, l'émotion reste vive. Samedi, une vingtaine de directeurs d'école maternelle sont sortis de leur "réserve" pour demander au recteur d'académie de s'exprimer sur ces "violences inacceptables". "Le procédé de rafle est en lui-même odieux et aujourd'hui doublement insupportable quand il y mêle l'institution que nous représentons", écrivent les directeurs, issus de la circonscrition parisienne de la Goutte d'Or. "L'école n'a rien à faire dans cette polémique, a répondu dimanche le chef de cabinet du recteur de Paris, Nicolas Boudot, cité par Le Parisien. La directrice de l'école n'a pas agi dans le cadre de ses fonctions, mais comme une simple citoyenne militante, soupçonnée d'un délit. C'est pourquoi le rectorat ne peut lui offrir la protection qu'elle a demandée." Lundi, tous les syndicats enseignants parisiens (SFU, SGEN, SUD, CGT), ainsi que la FCPE, la principale fédération de parents d'élèves et RESF, le Réseau éducation sans frontières, appellent à un rassemblement à 18 h 30 devant le rectorat de Paris. § Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages, la candidate socialiste 24 %, François Bayrou 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen 14 % (+1), selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans le JDD. § N icolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % des voix contre 48,5 %, si le second tour de la présidentielle avait lieu dimanche, selon un sondage Ifop à paraître dans le JDD. Le premier tour a été testé sur les onze candidats ayant affirmé avoir rassemblé les parrainages nécessaires pour concourir, ainsi que sur José Bové, qui demeurait alors incertain. Fiche technique Sondage Ifop réalisé par téléphone du 16 au 17 mars (enquête de terrain réalisée à l'issue du dépôt de parrainages vendredi à 18 heures) auprès d'un échantillon national représentatif de 911 personnes (méthode des quotas). Notice détaillée consultable auprès de la commission des sondages. Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages (-2), la candidate socialiste 24 % (+1), François Bayrou (UDF) 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen (FN) 14 % (+1). Tous les autres candidats sont crédités de scores faibles : 3 % pour Arlette Laguiller de LO (+1), 3 % pour Olivier Besancenot de la LCR (-0,5), 2 % (=) pour Marie-George Buffet (PCF), 2 % pour José Bové (+0,5), 1,5 % pour Dominique Voynet des Verts (+0,5), 0,5 % pour Frédéric Nihoux de CPNT (-0,5) 1,5 % pour Philippe de Villiers du MPF (+0,5). Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des Travailleurs, n'atteint pas 0,5 %. A un second tour organisé dimanche prochain, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % (-0,5) contre 48,5 % (+0,5). 5 % des personnes interrogées ne se sont pas prononcées. Sondage IFOP réalisé par téléphone du 16 au 17 mars (enquête de terrain réalisée à l'issue du dépôt de parrainages vendredi à 18H00) auprès d'un échantillon national représentatif de 911 personnes (méthode des quotas). § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le livre de la candidate socialiste n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. § C ent quatre-vingt-dix mots ont été classés, triés sous forme d'un abécédaire. Le livre de la candidate socialiste - le seul de sa campagne à l'élection présidentielle - n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. Maintenant, c'est son titre, renvoie à l'ouvrage Ici et maintenant que François Mitterrand publia avant son arrivée au pouvoir en 1981, mais la comparaison s'arrête là. Plus simple, plus neutre, celui de Mme Royal est aussi un peu déroutant, comme son sujet. Classées par thèmes et par ordre alphabétique, ses réponses, tout au long de l'entretien qu'elle a accordé à Marie-Françoise Colombani, éditorialiste à Elle, jouent à saute-mouton. "Anorexie" précède "ANPE", "Couple" emboîte le pas, sans transition, à "Corruption". Ainsi invitée à se prononcer sur toute une liste de sujets, Ségolène Royal prend soin de garder ses distances. Certes, on découvre que son film préféré est La Leçon de piano, de Jane Campion. Que son pire "souvenir" reste "les châtiments corporels et la boule à zéro infligés à (ses) frères pour des broutilles" par un père très autoritaire et sa "détresse de ne pas pouvoir l'empêcher". Ou bien encore que ses quatre enfants ont suivi une éducation religieuse, en marge de l'école publique, mais n'ont été baptisés qu'à l'âge de 10 ou 12 ans. "J'ai attendu qu'ils aient l'âge de choisir et de comprendre", expose Ségolène Royal. Mais la politique reprend vite le dessus. "Vous saviez que les filles de Jean Jaurès avaient fait leur communion ?", glisse la candidate avant de confier que ses "modèles" en politique ont pour nom Mitterrand, Mendès France, Delors, mais aussi Jeanne d'Arc. Le passage sur le couple est sans doute le plus intime. Elle reconnaît pour la première fois qu'elle avait réellement envisagé de se marier en Polynésie avec François Hollande, en pleine primaire socialiste. Et pour la première fois aussi, Ségolène Royal semble régler des comptes en affirmant que c'est l'"entourage" du premier secrétaire du PS qui a "dissuadé" son compagnon... Sans s'attarder, la candidate confirme ainsi les tensions qui ont régné dans ce couple si particulier, aux avant-postes de la scène politique. Cela mis à part, Maintenant est d'abord et avant tout le bréviaire d'une candidate qui reprend, un à un, tous ses sujets fétiches, du "citoyen expert" à l'"ordre juste", en passant par les "jurys citoyens" ou les "internats" pour les mineurs en difficulté. Parfois, les pages deviennent fiches et argumentaires de campagne, parfois elles servent à clore une polémique. François Hollande ayant déclaré un jour qu'il n'aimait pas les "riches", ce qui a nourri les commentaires sur ses propositions en matière fiscale, Ségolène Royal s'emploie à rectifier le tir. "On peut être privilégié et vouloir l'abolition des privilèges", dit-elle en rappelant la nuit du 4 août 1789, "où les nobles ont joint leurs voix à celles du tiers état". Publié onze ans après le dernier livre de Ségolène Royal, La Vérité d'une femme (Stock, 1996), ce livre de campagne est le produit d'un minutieux compromis. Il sort une semaine après le pamphlet Connaissez-vous Mme Royal ? (Grasset) de l'ancien secrétaire national chargé des questions économiques du PS, Eric Besson. Et moins d'un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle. § Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. § T ordons d'emblée le cou à une légende : Le Monde n'a pas toujours refusé la photographie. Il y est venu tard et à tout petits pas. La première photo a été publiée le 3 mars 1949 et annonçait le Salon des arts ménagers, la deuxième, sept mois plus tard, le Salon de l'automobile. Pendant un quart de siècle, l'image, vue comme un accessoire coûteux et un peu futile, resta cantonnée aux loisirs, à la mode, à la télévision. Elle ne gagna, timidement, l'actualité que le 22 septembre 1974 sous le titre : "La photo de la semaine" (en l'occurrence une manifestation antijaponaise à Séoul), et ne conquit la "une" que le 27 décembre 1983, pour la mort de Joan Miro. Le vrai tournant n'a été pris que fort récemment, en novembre 2005, avec la nouvelle formule conçue par Eric Fottorino. La photo, devenue une information à part entière, mérite désormais sa place à la "une" comme dans les pages d'actualité. Bousculant une culture bien ancrée, cette révolution de palais ne s'est pas faite sans grognements. Au sein de la rédaction comme parmi les lecteurs, les nostalgiques de l'ancien Monde ont beaucoup regretté la "place perdue" par la nouvelle maquette, ses gros titres et ses images. Mais le pari semble aujourd'hui gagné. Le journal reçoit encore, de-ci de-là, quelques lettres déplorant "l'utilisation aussi excessive qu'inutile que (Le Monde) fait de la photographie" (M. Le Gendre, Milan, Italie), ou regrettant, comme Anne Guérin (courriel), que "des articles parfois passionnants (soient) réduits à la portion congrue, le reste étant mangé par une énorme photographie". Mais elles se font rares. Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. Preuve, s'il en faut, qu'elles intéressent et même passionnent en ces temps de fièvre électorale. "Une des photos, choisie pour illustrer un article consacré à Ségolène Royal, m'amuse, écrit par exemple Philippe Delaite (Liège, Belgique). Elle me fait immanquablement penser à une malheureuse religieuse Sur Marie-Ségolène de l'Immaculée Conception égarée, seule, loin de son couvent." Rassurons notre lecteur belge : il n'y avait dans cette image aucune malice. Prise, en exclusivité pour Le Monde, quelques minutes avant une interview parue le 6 mars, elle ne témoignait que d'une chose : le trac intense de la candidate. Les stars de la politique verrouillent de plus en plus leur image. "Ségolène Royal a interdit qu'on la saisisse en train de manger et Nicolas Sarkozy a imposé un cordon de sécurité autour de lui pour éviter "l'effet grand angle" des photos prises de très près, explique Frédérique Deschamps, responsable de la photo, mais, à l'exception de François Bayrou, qui entretient un rapport de charme avec les photographes, ils sont souvent très mal à l'aise seuls, face à face avec un professionnel." Un malaise aggravé par le temps, trop bref, qu'ils accordent à la prise de vue. "Ségolène Royal, ce jour-là, n'avait donné que huit minutes à la photographe, celle-ci a fait de son mieux pour la détendre, mais elle était pétrifiée, hyper stressée. Ça se voit. Nous ne cherchons pas à fabriquer une image, c'est elle qui a choisi sa coiffure, ses vêtements, sa pose, un peu raide, ajoute Frédérique Deschamps. L'étonnant, c'est que, à l'inverse, dans les meetings, elle est comme transcendée. Elle rayonne." Mme Royal n'est pas la seule à se pétrifier devant l'objectif. Deux photos en pied d'Angela Merkel, accompagnant son interview, le 15 janvier, illustrent ce phénomène. L'une "excellente, pleine de vie et de symboles", remarque Claude Gintz (Ivry-sur-Seine), a été prise à la volée, devant son bureau, alors qu'elle ne s'y attendait pas. L'autre, où la chancelière allemande apparaît raide, grincheuse et "un peu lourdaude", a été posée. CQFD. C'est pour rompre avec l'image, devenue banale, d'une Mme Royal "transcendée" par la foule, qu'a été choisie, le 18 janvier, une photo qui a fait réagir. Ce portrait, capturé lors de son voyage en Chine par un photographe local, montrait la candidate un peu lasse, fragile mais superbe. "Ségolène en madone gitane", ironise Christian Jeanbrau (Courriel). L'image était d'autant plus frappante, dit-il, qu'elle succédait à celle, peu flatteuse, publiée la veille en première page, de "François Hollande, illuminé, façon imbécile heureux, bref ridicule". "Qui a choisi ces photos?, poursuit M. Jeanbrau. Le Monde est-il sous le charme et, se le reprochant, se venge-t-il sur le compagnon?" Rien de tel puisque les photos des pages intérieures sont sélectionnées par le service photo et celles destinées à la "une", vitrine du journal, choisies par la rédaction en chef. "Nous n'essayons pas de faire dire à des photos, prises hors contexte, ce qu'elles ne disent pas", explique la responsable des photos. Les lecteurs le comprennent encore mal. D'où beaucoup de malentendus. Exemple : une photo de Nicolas Sarkozy parlant, le doigt levé, mise à la "une" le 1er mars. Dans "cette immense et avantageuse photo, publiée en première page pour dénoncer certaines irrégularités dans l'achat de son appartement", Maguy Sauvagnac (Paris), voit la preuve du "glissement (du journal) en faveur du candidat". Or, en optant pour une photo d'actualité, prise la veille, lors d'une conférence à Madrid, le quotidien voulait précisément éviter l'"effet de sens" ce qui aurait été le cas s'il avait exhumé des archives un portrait du même Nicolas Sarkozy accablé ou maussade pour illustrer l'affaire révélée par Le Canard enchaîné. Un autre portrait du candidat UMP, fait pour Le Monde à l'occasion de son interview, le 23 janvier, a été interprété à l'envers. "Grande photo à la Ceausescu, la soupe est bien servie", s'indigne Annie Briand (Courriel). Pas du tout : "Sarkozy était très mécontent de cette photo, prise de près, au grand angle, raconte Frédérique Deschamps. Il a trouvé qu'elle le rapetissait et lui faisait un gros nez." De fait, c'est peut-être cette image qui, par la suite, a conduit à la mise en place du cordon sanitaire pour échapper à l'effet "grand angle" et "grand nez" _______________________________________________________________ Cette chronique reprendra le 14 avril § Pour doper l'audience des émissions politiques, télévisions et radios essaient d'innover. Des initiatives controversées. § M ardi 20 mars, les auditeurs de France Inter ont entendu de drôles de sons pendant le journal de 8 heures présenté par Eric Delvaux. Olivier Besancenot, candidat de la LCR à la présidentielle et invité de l'édition du jour, disposait en effet d'un "buzzer", comme dans les jeux télévisés, pour intervenir au gré des sujets développés, en coupant la parole au journaliste. Un système digne de "Questions pour un champion" ou "La nouvelle star", selon un communiqué publié le jour même par les syndicats CGT, SJA-FO, SNJ et SUD de la station, qui estiment que la nouvelle formule du "8 heures" "fait basculer France Inter dans une zone dangereuse : celle où la frontière entre l'information et le show n'existe plus, celle où la frontière entre journalisme et politique devient floue". Dès le lendemain, face au tollé syndical, France Inter fait marche arrière et remise son "buzzer" au placard. "L'idée n'était pas de faire parler de nous, mais d'inventer un espace nouveau pour les politiques, explique Patrice Bertin, directeur de la rédaction. On entend souvent dire qu'une campagne, c'est la routine. L'idée était donc d'être la première radio à accepter qu'un homme politique coupe la parole à ses journalistes pour dire son désaccord sur le fond ou tout autre commentaire. Presque tout le monde à la rédaction est d'accord avec moi. C'est l'utilisation d'un buzzer qui a plus marqué les esprits ; c'est donc plus un problème de fantasme qu'un problème éditorial." Un avis partagé par Eric Delvaux, également rédacteur en chef de la matinale d'Inter, qui estime que "rédactionnellement et déontologiquement, c'était simplement une autre approche". Et d'ajouter : "D'ailleurs, je n'avais jamais entendu Besancenot s'exprimer sur l'Irak, ce qu'il a eu l'occasion de faire en réagissant aux titres du journal." Avant cet épisode et surtout avant les nouvelles règles du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) concernant le temps de parole des candidats, télévisions et radios ont ouvert certaines de leurs émissions, non politiques, aux prétendants à l'Elysée. C'est notamment le cas du "Grand journal" de Canal+, émission de divertissement présentée chaque soir de la semaine par Michel Denisot. François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont ainsi succédé sur le plateau, gratifiés du titre de "rédacteur en chef" de l'émission. Installés dans le fauteuil d'ordinaire occupé par Michel Denisot, ils ont pu choisir leurs invités : des responsables d'associations uvrant pour l'entraide et le lien social pour François Bayrou ; Paul Le Guen, entraîneur du PSG, et Bernard Laporte, sélectionneur de l'équipe de France de rugby, pour Nicolas Sarkozy ; l'actrice Jeanne Moreau et le chanteur Cali pour Ségolène Royal. Pour ces trois émissions spéciales, il n'y avait pas de journaliste politique sur le plateau : Jean-Michel Aphatie, le chroniqueur spécialisé du "Grand journal", contraint de regarder l'émission en coulisses, n'a eu droit qu'à un rapide billet en toute fin de programme. Son intervention a même été réduite au strict minimum lors du passage de Nicolas Sarkozy, qui avait occupé tout le temps d'antenne à détailler ses goûts cinématographiques ou littéraires. Cette formule "carte blanche" a visiblement séduit les téléspectateurs, "Le Grand journal" a enregistré à chaque fois des audiences record. "Cela marche car le public a envie de découvrir la personnalité des candidats analyse Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+. Il y a une vraie curiosité envers eux. Nous avons ainsi découvert ce qui fait rire Ségolène Royal, ce qui émeut François Bayrou et les films qu'aime Nicolas Sarkozy. Pour moi, cela serait de la politique-spectacle s'il s'agissait de notre seul dispositif politique. Nous ne l'aurions alors pas fait." A partir du 26 mars, les 12 candidats se succéderont dans "En aparté", l'émission de la mi-journée où Pascale Clark interroge, en voix off, des personnalités isolées dans un salon et filmées par des caméras commandées à distance. La chaîne annonce avoir prévu "de nouveaux petits rituels et quelques surprises pour pimenter l'émission et révéler de nouvelles facettes de leur personnalité". Cette curiosité du public pour les prétendants à l'Elysée, qui se vérifie par les audiences des émissions politiques et l'affluence dans les meetings, a aussi conduit les radios à inventer de nouveaux rendez-vous, loin de l'interview politique classique. France Inter a bouleversé ses matinales pour accueillir notamment Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen ou Marie-George Buffet dans un programme intitulé "L'invité se met en quatre". Ce sont notamment eux ou leurs conseillers (Jack Lang avait planché pour Ségolène Royal) qui ont préparé la traditionnelle revue de presse et qui l'ont lue à l'antenne. La surprise est venue du candidat du Front national qui, en invitée surprise, a fait venir en studio l'une de ses conseillères spécialiste... des animaux domestiques. L'auditeur a pu entendre les silences et la gêne des journalistes. Depuis trois ans, RMC invite également régulièrement les hommes et les femmes politiques à occuper seuls l'antenne pendant une heure. A eux de dialoguer avec les auditeurs, de lancer la publicité ou la météo. "C'est une sorte de réunion publique à la radio, estime Franck Lanoux directeur général de RMC. Ce genre d'émission génère beaucoup d'échanges entre la personnalité politique et les auditeurs. Mais ce type de programme interactif n'a pas vocation à remplacer d'autres programmes politiques, plus classiques." Hélène Risser, journaliste à Public Sénat et auteur de Faiseurs de rois ou quand les médias font l'élection (Ed. Privé, 230 p., 17 ), estime que "les chaînes ont retenu la leçon de 2002" : "Le problème est que, dans la course effrénée à l'audience, les médias dans leur ensemble se raccrochent au candidat le mieux placé." Elle ajoute : "Cette fois-ci, il n'y a pas de thématique qui émerge comme celle de la sécurité en 2002. Mais, selon moi, les chaînes exercent une influence subliminale sur le téléspectateur dans le traitement des informations qu'elles choisissent de mettre à l'antenne. TF1 met ainsi un soin particulier dans la juxtaposition des sujets diffusés au cours de ses journaux en proposant surtout du témoignage et des reportages jouant sur l'émotion." Le débat sur la place des hommes et des femmes politiques à la radio et à la télévision n'est pas nouveau. Après le séisme du 21 avril 2002, Michel Drucker, qui avait reçu bon nombre de postulants dans son émission de divertissement "Vivement dimanche", sur France 2, se posait la question. "A la vue des résultats du premier tour, je me demande ce qu'il reste de leur passage dans mon émission... On ne peut que s'interroger sur le rôle de la télé lorsqu'elle confond information et Audimat. Quant à moi, je m'interroge sérieusement pour savoir si, à la rentrée, je continuerai à inviter des politiques", confiait-il dans "Le Monde Radio & TV" du 4 mai 2002. Leçon retenue. Cette année, à part Bernadette Chirac, aucune personnalité politique ne s'est assise sur la banquette rouge entre l'animateur et sa chienne Olga. C'est toutefois au cours de cette émission que Jacques Chirac a annoncé à demi-mots qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en déclarant à Michel Drucker : "Il y a une vie après la politique. Il y a une vie jusqu'à la mort." Jusqu'à la fin de la campagne 2007, France 2 affirme qu'aucun politique ne viendra dans ses émissions de divertissement. § La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février. § L a rue est baignée d'une lumière bleue de fin d'après-midi, un peu froide. Tendu au milieu de la façade impeccable d'un immeuble cossu que l'on devine parisien, un immense calicot couleur azur frappé du logo de l'UMP porte, en grosses lettres blanches, l'une des phrases-clés du parti de Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle : "Imaginons la France d'après"... Alignés juste en dessous, comme une illustration au slogan, une escouade de CRS veille. La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février, lors de la manifestation des salariés parisiens de l'entreprise devant le siège d'Alcatel-Lucent (et non pas lors de la manifestation européenne qui a eu lieu un mois après, le 15 mars). Le groupe venait d'annoncer la suppression de quelque 4 500 emplois. Coïncidence : le bâtiment parisien du leader mondial des télécommunications se trouve juste en face de celui de la fédération de Paris de l'UMP. Voisinage oblige, le dispositif policier mis en place "déborde" naturellement du cadre. Pendant près d'un mois, l'image a sommeillé. La manifestation européenne des salariés d'Alcatel lui a redonné vie. L'intense activité des blogueurs militants à ce moment a accéléré sa diffusion. Elle investit le Web, en changeant de nom et de taille. Allégée pour une diffusion plus rapide, les uns l'appellent "Imaginons la France d'après", d'autres seulement "Imaginons", d'autres enfin "Sarkotoulouse". De mail en mail, elle surgit dans de très nombreuses boîtes aux lettres électroniques. Des internautes l'accaparent et l'introduisent dans leurs blogs, où elle suscite toutes sortes de commentaires majoritairement grinçants et parfois amusés. CHOUX GRAS "La belle France d'après...", ironise Gilles sur le blog de l'association écologiste Citron Vert. L'image fait les choux gras du Collectif Unitaire du Val d'Yerres, du Mammouth Manchois Enervé et de tant d'autres. Elle est en bonne place sur celui de la gauche antilibérale et, de manière un peu plus inattendue, sur le blog de la section Midi-Pyrénées de CAP21, le mouvement de Corine Lepage, ancienne candidate à l'élection qui a rejoint, il y a peu, François Bayrou, le candidat UDF. Du côté du parti de Nicolas Sarkozy, rien. On affirme ne l'avoir jamais vue ni même en avoir entendu parler. Alors que les soutiens du ministre de l'intérieur sont nombreux à investir les blogs pour contrer les attaques dont l'UMP peut faire l'objet, aucun d'eux n'a jugé opportun de neutraliser l'image, ne serait-ce qu'au travers de l'humour. L'UMP, qui vient de lancer sa plate-forme de blogs pour la France d'après, a été capable, dans un passé récent, de détourner au pied levé une pub cinéma du fabricant suédois de mobilier IKEA - qui reprenait d'ailleurs le même slogan - au profit de la campagne de son candidat. "Super photo ! Qui est le photographe ? Peut-on utiliser cette photo ?", s'interroge à juste titre Geneviève sur le site Bellaciao. Le cadrage maladroit, ou réalisé dans la précipitation - encore que rien ne laisse penser qu'il règne la moindre tension au moment où la photo a été prise -, la qualité médiocre de son grain : elle a tout de la photo d'amateur. Aurait-elle pu être prise par un photographe professionnel ? "Ce n'est pas un professionnel qui l'a réalisée, affirme Mathieu Polak, membre du pôle image au journal Le Monde. Pour une simple raison : un professionnel l'aurait diffusée commercialement, c'est sûr." La copie du cliché publiée ci-dessus provient d'un lecteur qui l'a transmise par mail à une journaliste du service France. Mais aucune trace de l'auteur dans les banques d'images des principales agences parisiennes. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § P ourquoi le niveau de réflexion économique dans cette campagne est-il si médiocre ? Alors que le diagnostic sur la profondeur de la crise française est maintenant bien établi et partagé par les trois camps principaux, UMP, UDF et PS, pourquoi les candidats ne proposent-ils que peu de mesures pour stopper la dégradation de la compétitivité nationale et relancer la croissance et pourquoi ces lapins sortis du chapeau comme les heures supplémentaires chez Sarkozy, les deux emplois sans taxes chez Bayrou, ou le "rétablissement de la confiance" d'un coup de baguette magique, ploup !, chez Royal ? Pourquoi, en somme, les candidats ne sont-ils toujours pas à la hauteur de l'enjeu énorme : la guerre mondiale économique, la Chine, l'Inde, les Etats-Unis, l'accélération technologique, le vieillissement, etc. ? Le fautif s'appelle Tony Blair. Il y a dix ans, les socialistes français ont qualifié, a priori et sans examen, le blairisme de politique "de droite" et ils n'ont toujours pas corrigé leur erreur depuis. Le déport gauche-gauche opéré alors dans l'ambiance post-1995 bourdieusienne et trotskiste a provoqué une perturbation magnétique du paysage politique français qui dure encore, malgré la tentative de Ségolène Royal. La gauche déportée sur sa gauche a profité en 2002 à Jacques Chirac, qui préfère les girouettes aux boussoles, mais elle a surtout évité à la droite de devoir construire une réponse au blairisme, c'est-à-dire une réelle politique économique libérale française de droite. Blair nié, pas de confrontation intellectuelle, pas besoin d'idées. Voilà pourquoi, dix ans après l'arrivée de Tony Blair au pouvoir outre-Manche, ni la gauche ni la droite française n'ont de doctrine étudiée, confrontée, validée, forte, face aux défis de la mondialisation. Voilà pourquoi la campagne est médiocre et pourquoi les trois candidats sont si imprécis, si ambivalents, si peu fiables, en un mot. Et voilà pourquoi les électeurs hésitent. On les comprend. Revenons au point de départ, à ce PS français au QI de pétoncle. Il a sous ses yeux, de l'autre côté du Channel, à deux heures trente de train, une politique de gauche qui réussit, et il s'obstine à affirmer que c'est une politique de droite qui échoue. L'erreur est devenue cette fois-ci grosse comme le nez au milieu de la figure, et on peut espérer que même le PS peut en voir l'effet : si François Bayrou occupe 18-22 % des voix dans les sondages, c'est que le PS a déserté le centre, laissant le champ libre à une renaissance de l'oubliée UDF. Toute la remagnétisation correcte du paysage droite-gauche et le débat d'idées qui s'ensuivra attendent la reconnaissance de leur erreur par les socialistes : le blairisme est non seulement de gauche, mais c'est la réponse intelligente de gauche à la mondialisation. Insistons : ce n'est pas seulement le sort du Parti socialiste qui est en jeu, mais bien l'atterrissage, si retardé, de toute la France dans la réalité. Remplissons donc un devoir "citoyen", pour employer un mot tarte à la crème qui fait vibrer de plaisir les militants : voici un manuel de démonstration du caractère de gauche de la politique conduite par Tony Blair et Gordon Brown, son ministre des finances, depuis leur arrivée au pouvoir, en mai 1997 : - Le taux de chômage a été réduit à 5,5 % (baisse de 3 points en dix ans). - 75 % de la population entre 15 et 64 ans a un emploi, contre 63 % en France. - Le gouvernement a créé un smic en 1999. - Les inégalités, qui ont crû jusqu'en 2000, ont depuis tendance à se réduire. - La moitié des créations d'emplois depuis 2000 l'a été dans les services publics, soit 600 000 emplois. - Le gouvernement a réalisé des efforts d'investissements historiques dans la santé, les transports et l'éducation. L'examen budgétaire constitue la preuve par neuf : les dépenses publiques britanniques ont crû de 8 points de PIB depuis 2000 (elles avaient baissé, il est vrai, pendant le premier mandat), pour atteindre 45,6 % de ce même PIB, selon l'OCDE, soit un niveau proche de l'Allemagne ! A cette vitesse-là, camarades, Blair n'est pas seulement de gauche : il est communiste ! Cette hausse des dépenses n'est pas seulement un rattrapage par rapport aux coupes claires du thatchérisme. Elle constitue un pilier de la doctrine stratégique de la troisième voie blairiste : une économie complètement ouverte à la mondialisation, mais accompagnée par un Etat très actif. Actif dans les services publics, actif dans la défense des plus faibles, actif dans l'innovation, actif dans le discret mais déterminé positionnement dans les services à valeur ajoutée. Demandez à Gordon Brown comment il défend la City ! Tout n'est pas parfait au pays de la rose : la productivité reste faible, la croissance dépend de l'endettement immobilier, les divergences régionales se sont accentuées. Mais "nous n'avons jamais été aussi bien", titrait récemment le magazine The Economist. La richesse par habitant en Grande-Bretagne est passée du septième rang au sein du G7 en 1997 au deuxième derrière les Etats-Unis aujourd'hui. La clé première de cette politique de gauche qui réussit, Antony Giddens, père intellectuel du blairisme, la donnait récemment (www.telos-eu.com) : "Accorder la primauté à l'économie et à la croissance." Are you listening, madame Royal ? § Les éléphants socialistes scrutent les ventes du livre d'Eric Besson, les hauts-fonctionnaires de gauche lorgnent vers le centre et Dominique de Villepin regarde ailleurs. § I ls ont tous pris ou s'apprêtent à prendre la direction des îles. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou se préparent à l'étape suivante, qui sera meurtrière. Récit de quelques jours de brouillard, brouillons et brouillages. Le service minimum de Jacques Chirac. C'était attendu, il l'a fait. Mercredi 21 mars, Jacques Chirac a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy. "Rien sur la stature d'homme d'Etat, ni sur les qualités particulières du candidat", remarque-t-on à Matignon. Une heure plus tard, le président de la République, venu assister à l'hommage rendu à la résistante Lucie Aubrac dans la cour des Invalides, se tient ostensiblement à l'écart, tant de son premier ministre, Dominique de Villepin, que de son futur ex-ministre de l'intérieur. Aux nombreux photographes, il n'accorde pas la faveur d'un quelconque geste à l'égard de Nicolas Sarkozy, qui aurait pu corriger les mots de soutien convenus du matin. Agacé de faire de la figuration au deuxième rang derrière le premier ministre, le candidat de l'UMP écourte sa présence à la cérémonie. L'oisiveté des éléphants du PS. La campagne en solitaire de leur candidate leur laisse du temps libre. "Si on se tait, on est des mauvais garçons, et si on parle trop, on est des gêneurs", souffle le député européen Bernard Poignant. Alors, ils s'enquièrent du score des ventes du livre d'Eric Besson et préfèrent se consacrer aux élections législatives en allant soutenir leurs troupes et en relayant les "doutes" des militants qu'ils recueillent sur le terrain. Il y a urgence, témoignent-ils, à les convaincre que le clivage droite-gauche existe bel et bien. L'actualité ne les y aide pas. Les élites de gauche regardent vers le centre. Dans Le Point du jeudi 22 mars, plusieurs hauts-fonctionnaires, anciens collaborateurs de François Mitterrand et des premiers ministres de gauche successifs, lancent un appel en faveur d'une " alliance avec François Bayrou". Leur pseudonyme, les Gracques - du nom d'un groupe de réformateurs de l'époque romaine - ne résiste pas longtemps. L'après-midi même, Le Monde donne leur identité. Parmi eux figure Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint de Lionel Jospin à Matignon, qui fut membre du Club Témoins aux côtés de l'un de ses meilleurs amis... François Hollande. "Ça va faire du mal à François, ça !", feint de s'apitoyer un élu socialiste. Le centre ne veut pas d'un candidat centriste. Après Simone Veil qui soutient Nicolas Sarkozy, et dont on ne compte plus les déclarations cinglantes à l'endroit de François Bayrou, c'est au tour de son mari, Antoine Veil, de sonner la charge contre le président de l'UDF. Le président du club Vauban, qui depuis les années 1970, rassemble centristes de gauche et de droite, explique tout à trac dans les colonnes du Monde que "François Bayrou, ce n'est pas le changement, c'est l'impasse". Chez le candidat centriste, on fait le gros dos en attendant le Salon du livre où, confie son entourage, il devrait s'afficher avec quelques intellectuels de gauche un temps tentés par Nicolas Sarkozy. Et Dominique de Villepin vote Beckett. En inaugurant le Salon du livre, jeudi, le premier ministre est d'humeur badine. Il s'attarde au milieu des livres d'enfants, en attrape un - Le loup est revenu - et le brandit devant les photographes : "C'est vrai, je vous le confirme !" Un livre de Samuel Beckett retient un peu plus loin son attention. A voix haute, il lit la quatrième de couverture : "Essayer encore. Rater encore. Rater mieux." On ne saura pas à qui il pense. § Ce sont essentiellement les candidats de droite et d'extrême-droite qui ont réagi, dimanche, à la déclaration de Berlin qui prévoit l'entrée en vigueur d'un nouveau traité européen avant 2009. § A lors que l'Union européenne a célébré, dimanche 25 mars, son cinquantième anniversaire dans une atmosphère d'optimisme renouvelé qui lui a permis d'afficher sa détermination à se doter d'institutions rénovées d'ici à 2009, ce sont essentiellement les candidats de droite et d'extrême-droite à l'Elysée qui se sont emparés, dimanche, du sujet. François Bayrou a pour sa part implicitement critiqué la déclaration de Berlin, en soulignant "que les déclarations adoptées à l'unanimité, généralement ce sont des déclarations pour ne pas dire grand chose". Pour le candidat centriste, "l'Europe sera relancée quand les Français seront réconciliés avec l'Europe". Il a fait valoir "que de l'élection présidentielle qui vient (allait) dépendre une très grande partie, non pas seulement du destin de la France, mais aussi du destin de l'Europe". Interrogé sur la date d'organisation d'un référendum sur l'Europe s'il était élu président, M. Bayrou a répondu : "Quand on aura un texte crédible, et à mes yeux un texte crédible est un texte simple, court, compréhensible par tout le monde et qui traite de la seule question qui compte : comment élabore-t-on une décision et quelle est la place des citoyens dans l'information et la décision que l'Europe prendra ?" "RELANCER LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE" Le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a estimé, de son côté, qu'il fallait donner à l'Europe "un nouvel élan et de nouveaux projets" pour "la remettre dans le cur de ses citoyens". Commentant l'engagement pris à Berlin par les 27 membres de l'UE de "remédier à l'urgence institutionnelle avant les élections européennes de 2009", M. Sarkozy a affirmé : "C'est un engagement très fort qu'il faudra tenir." "Cette Europe, qui a su grandir dans le respect des identités nationales, est notre horizon et notre destin. C'est ensemble que nous pourrons relever les grands défis du XXIe siècle", a-t-il estimé dans un communiqué. S'il est élu, M. Sarkozy soumettra cet été au Parlement un "traité simplifié" sur l'Europe. Jean-Marie Le Pen s'est, lui, livré à un réquisitoire en règle contre l'UE, plaidant pour son remplacement par "une Europe des nations, de Brest à Vladivostok". L'Europe "est un marché de dupes, dans lequel nous avons reçu en échange de nos sacrifices, des coups de massue sur la figure", a-t-il déclaré le candidat FN à Toulouse. M. Le Pen a réclamé l'instauration "d'une autre Europe, celle de l'association libre, celle de la coopération des peuples souverains". Du côté de la gauche, c'est essentiellement la polémique sur l'identité nationale qui a dominé les débats dimanche. Cependant, Marie-George Buffet, la candidate communiste, a appelé à "relancer la construction européenne" mais sur la base d'un nouveau traité. "Nous avons deux années stratégiques devant nous, avec la présidence française au second semestre 2008 et les élections européennes de 2009. A nous de travailler sur un nouveau traité, qui respecte la volonté des Français et des Hollandais", a-t-elle indiqué. § François Bayrou a dénoncé, dimanche, "la course-poursuite" de ses adversaires tandis qu'Olivier Besancenot a appelé "l'ensemble de la gauche à retrouver la raison". § A quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la polémique sur l'identité nationale a continué de rythmer la campagne ce week-end. Mais dimanche, c'est plus précisément Ségolène Royal qui a concentré les critiques. S'emparant du thème de l'identité nationale, avancé d'abord par Nicolas Sarkozy, la candidate socialiste a en effet appelé vendredi les Français à avoir chez eux un drapeau tricolore et à l'exposer à leurs fenêtres le jour de la fête nationale. Elle s'est aussi révélée fervente partisane de "La Marseillaise" et a annoncé parallèlement son slogan de campagne : "La France présidente". Suite à ces déclarations, elle a affirmé, dimanche, qu'elle "ne confondait pas la nation avec le nationalisme". "Je ne fais aucune confusion entre la nation, dont on doit être fier et dont un chef d'Etat doit conduire chaque Français à être fier, et le nationalisme", a déclaré la candidate socialiste à l'élection présidentielle au" Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI". "Je m'apercois que je suis dépassé dans tous les sens", a ironisé, dimanche, Nicolas Sarkozy. "Là, il faut des drapeaux français partout, l'identité nationale, tout le monde en veut. Je me réjouis. J'ai juste un petit effort à demander aux socialistes. S'ils veulent bien me rejoindre sur l'identité nationale, et je m'en réjouis, je leur demande de bien vouloir arrêter avec la repentance qui va de pair avec l'identité de la nation", a ajouté le candidat de l'UMP. "COURSE-POURSUITE" François Bayrou a pour sa part accusé ses deux principaux rivaux de se lancer "dans une course-poursuite" sur la question de l'identité nationale. Mais pour le candidat centriste,"ce n'est pas la nation qui est un problème, la nation a des problèmes : chômage, éducation, environnement, exclusion, économie". "Que ce soit la candidate du Parti socialiste qui en vienne là, (...) c'est quelque chose qui peut poser quelques points d'interrogation", a-t-il conclu. A gauche du PS, les réactions ont été vives. Pour la candidate communiste Marie-George Buffet, "La Marseillaise" et le drapeau tricolore sont "des symboles qui appartiennent au peuple", et il ne faut pas "se les disputer comme des bouts de chiffon". Plus virulent, Olivier Besancenot, candidat de la LCR, a affirmé : "Cela me choque et ça me fait flipper." "On a Nicolas Sarkozy qui court après Le Pen, si la gauche court après Nicolas Sarkozy, je vous laisse deviner qui va tirer les marrons du feu ? Ce sera Jean-Marie Le Pen", a indiqué le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, appelant "l'ensemble de la gauche (...) à retrouver la raison". "RÉHABILITER LE PATRIOTISME DU CUR" Un constat partagé par le candidat du FN, Jean-Marie Le Pen, qui a estimé dimanche qu'il n'aurait aucun mal à récupérer le 22 avril la surenchère patriotique de ses concurrents. "En volant mes idées, en fait, mes concurrents les valident. Les électeurs vont donc me rejoindre plus nombreux encore puisque j'avais donc raison depuis longtemps", a-t-il indiqué à Toulouse. Au PS, quelques voix se sont élevées pour soutenir la candidate. Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés, a expliqué que Mme Royal entendait "réhabiliter le patriotisme du cur", alors que Nicolas Sarkozy "véhicule un patriotisme de la peur". Le secrétaire national PS à l'égalité, Faouzi Lamdaoui, a jugé qu'il était "du devoir de la gauche de restituer au peuple les symboles de nation", tandis que Julien Dray, porte-parole de la candidate, a fait valoir qu'il s'agissait "de ne pas laisser les attributs de la République à d'autres". "Nicolas Sarkozy a tort de faire de l'ironie et devrait se méfier de paraître un peu suffisant", a estimé M. Peillon dans un communiqué. Il a expliqué que "le Parti socialiste n'était aucunement dans la repentance lorsqu'il affirme son attachement aux valeurs et aux symboles de la République et lorsqu'il ne confond pas identité nationale et immigration". § Le réalisateur anglais, palme d'or à Cannes en 2006 pour "Le Vent se lève", souhaite le "succès" du candidat de la LCR, dans une vidéo datée du 23 mars et mise en ligne sur Daily Motion par "Eugène Varlin", un internaute soutien de M. Besancenot. Ce dernier est capable d'"éviter les pires excès du système" capitaliste, estime M. Loach. Réagissant à ce soutien, dévoilé par "Le Parisien" dimanche, Olivier Besancenot a expliqué, sur Canal +, qu'il avait rencontré Ken Loach lors du forum social de Londres. § § La polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves, près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées par le parquet de Paris. § L a polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées samedi 24 mars par le parquet de Paris : "En l'état actuel de l'enquête, rien n'indique que la police se soit rendue dans un débit de boissons parce qu'elle pensait y trouver des personnes en situation irrégulière qui attendait la sortie d'enfants d'une école", a expliqué le procureur adjoint. Un Chinois, venu chercher ses petits-enfants, a été arrêté mardi dans un café voisin de l'école puis relâché mercredi matin. Valérie Boukobza, la directrice de l'école de la rue Rampal, dans le 19e arrondissement, de Paris, a été gardée à vue sept heures vendredi pour "outrages et dégradation de biens publics en réunion". Des faits qu'elle conteste. Mardi, elle s'est opposée, avec des parents d'élèves, à l'interpellation très mouvementée, au cours de laquelle des gaz lacrymogènes ont été utilisés. Une voiture de police a été endommagée et un policier s'est vu prescrire une interruption temporaire de travail à la suite des incidents."CONFORME À LA LOI" Le placement en garde à vue de la directrice de l'école était "conforme à la loi", "nécessaire à son audition et des confrontations" et "lui permettait de bénéficier de droits", comme le fait de contacter son avocat, a ajouté le parquet. Nicolas Sarkozy, encore ministre de l'intérieur jusqu'à lundi, a défendu la police, samedi, estimant qu'il n'y avait dans l'affaire pas matière à "polémique". Alliance, le deuxième syndicat de gardiens de la paix, s'est déclaré "scandalisé et choqué", demandant au ministère de "déposer plainte contre les auteurs des accusations diffamatoires" contre les forces de l'ordre. Le cabinet du ministère de l'intérieur a rappelé vendredi soir qu'il avait demandé aux préfets de ne pas procéder à des interpellations "dans l'enceinte ou à proximité immédiate d'un établissement scolaire". Interrogé samedi, Philippe Maitre, le procureur adjoint, a expliqué à l'AFP que le parquet de Paris n'avait pas connaissance de cette instruction. La veille des incidents, la directrice de l'école de la rue Rampal avait empêché, en intervenant auprès des policiers, l'interpellation d'une jeune Chinoise venue chercher sa nièce à la sortie de l'école, rappelle Le Journal du Dimanche. POLÉMIQUE AVEC LE RECTORAT A gauche, les réactions ont été cinglantes. Ségolène Royal, Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, Dominique Voynet et Gérard Schivardi ont dénoncé les méthodes de Nicolas Sarkozy. Les candidats ont été rejoints plusieurs associations. Dans le milieu enseignant, l'émotion reste vive. Samedi, une vingtaine de directeurs d'école maternelle sont sortis de leur "réserve" pour demander au recteur d'académie de s'exprimer sur ces "violences inacceptables". "Le procédé de rafle est en lui-même odieux et aujourd'hui doublement insupportable quand il y mêle l'institution que nous représentons", écrivent les directeurs, issus de la circonscrition parisienne de la Goutte d'Or. "L'école n'a rien à faire dans cette polémique, a répondu dimanche le chef de cabinet du recteur de Paris, Nicolas Boudot, cité par Le Parisien. La directrice de l'école n'a pas agi dans le cadre de ses fonctions, mais comme une simple citoyenne militante, soupçonnée d'un délit. C'est pourquoi le rectorat ne peut lui offrir la protection qu'elle a demandée." Lundi, tous les syndicats enseignants parisiens (SFU, SGEN-CFDT, SUD, UNSA-Edusation, CGT), ainsi que la FCPE, la principale fédération de parents d'élèves et RESF, le Réseau éducation sans frontières, appellent à un rassemblement à 18 h 30 devant le rectorat de Paris. § Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages, la candidate socialiste 24 %, François Bayrou 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen 14 % (+1), selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans le JDD. § N icolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % des voix contre 48,5 %, si le second tour de la présidentielle avait lieu dimanche, selon un sondage IFOP à paraître dans le JDD. Le premier tour a été testé sur les onze candidats ayant affirmé avoir rassemblé les parrainages nécessaires pour concourir, ainsi que sur José Bové, qui demeurait alors incertain. Fiche technique Sondage IFOP réalisé par téléphone du 16 au 17 mars (enquête de terrain réalisée à l'issue du dépôt de parrainages vendredi à 18 heures) auprès d'un échantillon national représentatif de 911 personnes (méthode des quotas). Notice détaillée consultable auprès de la commission des sondages. Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages (-2), la candidate socialiste 24 % (+1), François Bayrou (UDF) 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen (FN) 14 % (+1). Tous les autres candidats sont crédités de scores faibles : 3 % pour Arlette Laguiller de LO (+1), 3 % pour Olivier Besancenot de la LCR (-0,5), 2 % (=) pour Marie-George Buffet (PCF), 2 % pour José Bové (+0,5), 1,5 % pour Dominique Voynet des Verts (+0,5), 0,5 % pour Frédéric Nihoux de CPNT (-0,5) 1,5 % pour Philippe de Villiers du MPF (+0,5). Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des Travailleurs, n'atteint pas 0,5 %. A un second tour organisé dimanche prochain, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % (-0,5) contre 48,5 % (+0,5). 5 % des personnes interrogées ne se sont pas prononcées. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le livre de la candidate socialiste n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. § C ent quatre-vingt-dix mots ont été classés, triés sous forme d'un abécédaire. Le livre de la candidate socialiste - le seul de sa campagne à l'élection présidentielle - n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. Maintenant, c'est son titre, renvoie à l'ouvrage Ici et maintenant que François Mitterrand publia avant son arrivée au pouvoir en 1981, mais la comparaison s'arrête là. Plus simple, plus neutre, celui de Mme Royal est aussi un peu déroutant, comme son sujet. Classées par thèmes et par ordre alphabétique, ses réponses, tout au long de l'entretien qu'elle a accordé à Marie-Françoise Colombani, éditorialiste à Elle, jouent à saute-mouton. "Anorexie" précède "ANPE", "Couple" emboîte le pas, sans transition, à "Corruption". Ainsi invitée à se prononcer sur toute une liste de sujets, Ségolène Royal prend soin de garder ses distances. Certes, on découvre que son film préféré est La Leçon de piano, de Jane Campion. Que son pire "souvenir" reste "les châtiments corporels et la boule à zéro infligés à (ses) frères pour des broutilles" par un père très autoritaire et sa "détresse de ne pas pouvoir l'empêcher". Ou bien encore que ses quatre enfants ont suivi une éducation religieuse, en marge de l'école publique, mais n'ont été baptisés qu'à l'âge de 10 ou 12 ans. "J'ai attendu qu'ils aient l'âge de choisir et de comprendre", expose Ségolène Royal. Mais la politique reprend vite le dessus. "Vous saviez que les filles de Jean Jaurès avaient fait leur communion ?", glisse la candidate avant de confier que ses "modèles" en politique ont pour nom Mitterrand, Mendès France, Delors, mais aussi Jeanne d'Arc. Le passage sur le couple est sans doute le plus intime. Elle reconnaît pour la première fois qu'elle avait réellement envisagé de se marier en Polynésie avec François Hollande, en pleine primaire socialiste. Et pour la première fois aussi, Ségolène Royal semble régler des comptes en affirmant que c'est l'"entourage" du premier secrétaire du PS qui a "dissuadé" son compagnon... Sans s'attarder, la candidate confirme ainsi les tensions qui ont régné dans ce couple si particulier, aux avant-postes de la scène politique. Cela mis à part, Maintenant est d'abord et avant tout le bréviaire d'une candidate qui reprend, un à un, tous ses sujets fétiches, du "citoyen expert" à l'"ordre juste", en passant par les "jurys citoyens" ou les "internats" pour les mineurs en difficulté. Parfois, les pages deviennent fiches et argumentaires de campagne, parfois elles servent à clore une polémique. François Hollande ayant déclaré un jour qu'il n'aimait pas les "riches", ce qui a nourri les commentaires sur ses propositions en matière fiscale, Ségolène Royal s'emploie à rectifier le tir. "On peut être privilégié et vouloir l'abolition des privilèges", dit-elle en rappelant la nuit du 4 août 1789, "où les nobles ont joint leurs voix à celles du tiers état". Publié onze ans après le dernier livre de Ségolène Royal, La Vérité d'une femme (Stock, 1996), ce livre de campagne est le produit d'un minutieux compromis. Il sort une semaine après le pamphlet Connaissez-vous Mme Royal ? (Grasset) de l'ancien secrétaire national chargé des questions économiques du PS, Eric Besson. Et moins d'un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle. § Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. § T ordons d'emblée le cou à une légende : Le Monde n'a pas toujours refusé la photographie. Il y est venu tard et à tout petits pas. La première photo a été publiée le 3 mars 1949 et annonçait le Salon des arts ménagers, la deuxième, sept mois plus tard, le Salon de l'automobile. Pendant un quart de siècle, l'image, vue comme un accessoire coûteux et un peu futile, resta cantonnée aux loisirs, à la mode, à la télévision. Elle ne gagna, timidement, l'actualité que le 22 septembre 1974 sous le titre : "La photo de la semaine" (en l'occurrence une manifestation antijaponaise à Séoul), et ne conquit la "une" que le 27 décembre 1983, pour la mort de Joan Miro. Le vrai tournant n'a été pris que fort récemment, en novembre 2005, avec la nouvelle formule conçue par Eric Fottorino. La photo, devenue une information à part entière, mérite désormais sa place à la "une" comme dans les pages d'actualité. Bousculant une culture bien ancrée, cette révolution de palais ne s'est pas faite sans grognements. Au sein de la rédaction comme parmi les lecteurs, les nostalgiques de l'ancien Monde ont beaucoup regretté la "place perdue" par la nouvelle maquette, ses gros titres et ses images. Mais le pari semble aujourd'hui gagné. Le journal reçoit encore, de-ci de-là, quelques lettres déplorant "l'utilisation aussi excessive qu'inutile que (Le Monde) fait de la photographie" (M. Le Gendre, Milan, Italie), ou regrettant, comme Anne Guérin (courriel), que "des articles parfois passionnants (soient) réduits à la portion congrue, le reste étant mangé par une énorme photographie". Mais elles se font rares. Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. Preuve, s'il en faut, qu'elles intéressent et même passionnent en ces temps de fièvre électorale. "Une des photos, choisie pour illustrer un article consacré à Ségolène Royal, m'amuse, écrit par exemple Philippe Delaite (Liège, Belgique). Elle me fait immanquablement penser à une malheureuse religieuse Sur Marie-Ségolène de l'Immaculée Conception égarée, seule, loin de son couvent." Rassurons notre lecteur belge : il n'y avait dans cette image aucune malice. Prise, en exclusivité pour Le Monde, quelques minutes avant une interview parue le 6 mars, elle ne témoignait que d'une chose : le trac intense de la candidate. Les stars de la politique verrouillent de plus en plus leur image. "Ségolène Royal a interdit qu'on la saisisse en train de manger et Nicolas Sarkozy a imposé un cordon de sécurité autour de lui pour éviter "l'effet grand angle" des photos prises de très près, explique Frédérique Deschamps, responsable de la photo, mais, à l'exception de François Bayrou, qui entretient un rapport de charme avec les photographes, ils sont souvent très mal à l'aise seuls, face à face avec un professionnel." Un malaise aggravé par le temps, trop bref, qu'ils accordent à la prise de vue. "Ségolène Royal, ce jour-là, n'avait donné que huit minutes à la photographe, celle-ci a fait de son mieux pour la détendre, mais elle était pétrifiée, hyper stressée. Ça se voit. Nous ne cherchons pas à fabriquer une image, c'est elle qui a choisi sa coiffure, ses vêtements, sa pose, un peu raide, ajoute Frédérique Deschamps. L'étonnant, c'est que, à l'inverse, dans les meetings, elle est comme transcendée. Elle rayonne." Mme Royal n'est pas la seule à se pétrifier devant l'objectif. Deux photos en pied d'Angela Merkel, accompagnant son interview, le 15 janvier, illustrent ce phénomène. L'une "excellente, pleine de vie et de symboles", remarque Claude Gintz (Ivry-sur-Seine), a été prise à la volée, devant son bureau, alors qu'elle ne s'y attendait pas. L'autre, où la chancelière allemande apparaît raide, grincheuse et "un peu lourdaude", a été posée. CQFD. C'est pour rompre avec l'image, devenue banale, d'une Mme Royal "transcendée" par la foule, qu'a été choisie, le 18 janvier, une photo qui a fait réagir. Ce portrait, capturé lors de son voyage en Chine par un photographe local, montrait la candidate un peu lasse, fragile mais superbe. "Ségolène en madone gitane", ironise Christian Jeanbrau (Courriel). L'image était d'autant plus frappante, dit-il, qu'elle succédait à celle, peu flatteuse, publiée la veille en première page, de "François Hollande, illuminé, façon imbécile heureux, bref ridicule". "Qui a choisi ces photos?, poursuit M. Jeanbrau. Le Monde est-il sous le charme et, se le reprochant, se venge-t-il sur le compagnon?" Rien de tel puisque les photos des pages intérieures sont sélectionnées par le service photo et celles destinées à la "une", vitrine du journal, choisies par la rédaction en chef. "Nous n'essayons pas de faire dire à des photos, prises hors contexte, ce qu'elles ne disent pas", explique la responsable des photos. Les lecteurs le comprennent encore mal. D'où beaucoup de malentendus. Exemple : une photo de Nicolas Sarkozy parlant, le doigt levé, mise à la "une" le 1er mars. Dans "cette immense et avantageuse photo, publiée en première page pour dénoncer certaines irrégularités dans l'achat de son appartement", Maguy Sauvagnac (Paris), voit la preuve du "glissement (du journal) en faveur du candidat". Or, en optant pour une photo d'actualité, prise la veille, lors d'une conférence à Madrid, le quotidien voulait précisément éviter l'"effet de sens" ce qui aurait été le cas s'il avait exhumé des archives un portrait du même Nicolas Sarkozy accablé ou maussade pour illustrer l'affaire révélée par Le Canard enchaîné. Un autre portrait du candidat UMP, fait pour Le Monde à l'occasion de son interview, le 23 janvier, a été interprété à l'envers. "Grande photo à la Ceausescu, la soupe est bien servie", s'indigne Annie Briand (Courriel). Pas du tout : "Sarkozy était très mécontent de cette photo, prise de près, au grand angle, raconte Frédérique Deschamps. Il a trouvé qu'elle le rapetissait et lui faisait un gros nez." De fait, c'est peut-être cette image qui, par la suite, a conduit à la mise en place du cordon sanitaire pour échapper à l'effet "grand angle" et "grand nez" _______________________________________________________________ Cette chronique reprendra le 14 avril § Pour doper l'audience des émissions politiques, télévisions et radios essaient d'innover. Des initiatives controversées. § M ardi 20 mars, les auditeurs de France Inter ont entendu de drôles de sons pendant le journal de 8 heures présenté par Eric Delvaux. Olivier Besancenot, candidat de la LCR à la présidentielle et invité de l'édition du jour, disposait en effet d'un "buzzer", comme dans les jeux télévisés, pour intervenir au gré des sujets développés, en coupant la parole au journaliste. Un système digne de "Questions pour un champion" ou "La nouvelle star", selon un communiqué publié le jour même par les syndicats CGT, SJA-FO, SNJ et SUD de la station, qui estiment que la nouvelle formule du "8 heures" "fait basculer France Inter dans une zone dangereuse : celle où la frontière entre l'information et le show n'existe plus, celle où la frontière entre journalisme et politique devient floue". Dès le lendemain, face au tollé syndical, France Inter fait marche arrière et remise son "buzzer" au placard. "L'idée n'était pas de faire parler de nous, mais d'inventer un espace nouveau pour les politiques, explique Patrice Bertin, directeur de la rédaction. On entend souvent dire qu'une campagne, c'est la routine. L'idée était donc d'être la première radio à accepter qu'un homme politique coupe la parole à ses journalistes pour dire son désaccord sur le fond ou tout autre commentaire. Presque tout le monde à la rédaction est d'accord avec moi. C'est l'utilisation d'un buzzer qui a plus marqué les esprits ; c'est donc plus un problème de fantasme qu'un problème éditorial." Un avis partagé par Eric Delvaux, également rédacteur en chef de la matinale d'Inter, qui estime que "rédactionnellement et déontologiquement, c'était simplement une autre approche". Et d'ajouter : "D'ailleurs, je n'avais jamais entendu Besancenot s'exprimer sur l'Irak, ce qu'il a eu l'occasion de faire en réagissant aux titres du journal." Avant cet épisode et surtout avant les nouvelles règles du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) concernant le temps de parole des candidats, télévisions et radios ont ouvert certaines de leurs émissions, non politiques, aux prétendants à l'Elysée. C'est notamment le cas du "Grand journal" de Canal+, émission de divertissement présentée chaque soir de la semaine par Michel Denisot. François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont ainsi succédé sur le plateau, gratifiés du titre de "rédacteur en chef" de l'émission. Installés dans le fauteuil d'ordinaire occupé par Michel Denisot, ils ont pu choisir leurs invités : des responsables d'associations uvrant pour l'entraide et le lien social pour François Bayrou ; Paul Le Guen, entraîneur du PSG, et Bernard Laporte, sélectionneur de l'équipe de France de rugby, pour Nicolas Sarkozy ; l'actrice Jeanne Moreau et le chanteur Cali pour Ségolène Royal. Pour ces trois émissions spéciales, il n'y avait pas de journaliste politique sur le plateau : Jean-Michel Aphatie, le chroniqueur spécialisé du "Grand journal", contraint de regarder l'émission en coulisses, n'a eu droit qu'à un rapide billet en toute fin de programme. Son intervention a même été réduite au strict minimum lors du passage de Nicolas Sarkozy, qui avait occupé tout le temps d'antenne à détailler ses goûts cinématographiques ou littéraires. Cette formule "carte blanche" a visiblement séduit les téléspectateurs, "Le Grand journal" a enregistré à chaque fois des audiences record. "Cela marche car le public a envie de découvrir la personnalité des candidats analyse Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+. Il y a une vraie curiosité envers eux. Nous avons ainsi découvert ce qui fait rire Ségolène Royal, ce qui émeut François Bayrou et les films qu'aime Nicolas Sarkozy. Pour moi, cela serait de la politique-spectacle s'il s'agissait de notre seul dispositif politique. Nous ne l'aurions alors pas fait." A partir du 26 mars, les 12 candidats se succéderont dans "En aparté", l'émission de la mi-journée où Pascale Clark interroge, en voix off, des personnalités isolées dans un salon et filmées par des caméras commandées à distance. La chaîne annonce avoir prévu "de nouveaux petits rituels et quelques surprises pour pimenter l'émission et révéler de nouvelles facettes de leur personnalité". Cette curiosité du public pour les prétendants à l'Elysée, qui se vérifie par les audiences des émissions politiques et l'affluence dans les meetings, a aussi conduit les radios à inventer de nouveaux rendez-vous, loin de l'interview politique classique. France Inter a bouleversé ses matinales pour accueillir notamment Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen ou Marie-George Buffet dans un programme intitulé "L'invité se met en quatre". Ce sont notamment eux ou leurs conseillers (Jack Lang avait planché pour Ségolène Royal) qui ont préparé la traditionnelle revue de presse et qui l'ont lue à l'antenne. La surprise est venue du candidat du Front national qui, en invitée surprise, a fait venir en studio l'une de ses conseillères spécialiste... des animaux domestiques. L'auditeur a pu entendre les silences et la gêne des journalistes. Depuis trois ans, RMC invite également régulièrement les hommes et les femmes politiques à occuper seuls l'antenne pendant une heure. A eux de dialoguer avec les auditeurs, de lancer la publicité ou la météo. "C'est une sorte de réunion publique à la radio, estime Franck Lanoux directeur général de RMC. Ce genre d'émission génère beaucoup d'échanges entre la personnalité politique et les auditeurs. Mais ce type de programme interactif n'a pas vocation à remplacer d'autres programmes politiques, plus classiques." Hélène Risser, journaliste à Public Sénat et auteur de Faiseurs de rois ou quand les médias font l'élection (Ed. Privé, 230 p., 17 ), estime que "les chaînes ont retenu la leçon de 2002" : "Le problème est que, dans la course effrénée à l'audience, les médias dans leur ensemble se raccrochent au candidat le mieux placé." Elle ajoute : "Cette fois-ci, il n'y a pas de thématique qui émerge comme celle de la sécurité en 2002. Mais, selon moi, les chaînes exercent une influence subliminale sur le téléspectateur dans le traitement des informations qu'elles choisissent de mettre à l'antenne. TF1 met ainsi un soin particulier dans la juxtaposition des sujets diffusés au cours de ses journaux en proposant surtout du témoignage et des reportages jouant sur l'émotion." Le débat sur la place des hommes et des femmes politiques à la radio et à la télévision n'est pas nouveau. Après le séisme du 21 avril 2002, Michel Drucker, qui avait reçu bon nombre de postulants dans son émission de divertissement "Vivement dimanche", sur France 2, se posait la question. "A la vue des résultats du premier tour, je me demande ce qu'il reste de leur passage dans mon émission... On ne peut que s'interroger sur le rôle de la télé lorsqu'elle confond information et Audimat. Quant à moi, je m'interroge sérieusement pour savoir si, à la rentrée, je continuerai à inviter des politiques", confiait-il dans "Le Monde Radio & TV" du 4 mai 2002. Leçon retenue. Cette année, à part Bernadette Chirac, aucune personnalité politique ne s'est assise sur la banquette rouge entre l'animateur et sa chienne Olga. C'est toutefois au cours de cette émission que Jacques Chirac a annoncé à demi-mots qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en déclarant à Michel Drucker : "Il y a une vie après la politique. Il y a une vie jusqu'à la mort." Jusqu'à la fin de la campagne 2007, France 2 affirme qu'aucun politique ne viendra dans ses émissions de divertissement. § La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février. § L a rue est baignée d'une lumière bleue de fin d'après-midi, un peu froide. Tendu au milieu de la façade impeccable d'un immeuble cossu que l'on devine parisien, un immense calicot couleur azur frappé du logo de l'UMP porte, en grosses lettres blanches, l'une des phrases-clés du parti de Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle : "Imaginons la France d'après"... Alignés juste en dessous, comme une illustration au slogan, une escouade de CRS veille. La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février, lors de la manifestation des salariés parisiens de l'entreprise devant le siège d'Alcatel-Lucent (et non pas lors de la manifestation européenne qui a eu lieu un mois après, le 15 mars). Le groupe venait d'annoncer la suppression de quelque 4 500 emplois. Coïncidence : le bâtiment parisien du leader mondial des télécommunications se trouve juste en face de celui de la fédération de Paris de l'UMP. Voisinage oblige, le dispositif policier mis en place "déborde" naturellement du cadre. Pendant près d'un mois, l'image a sommeillé. La manifestation européenne des salariés d'Alcatel lui a redonné vie. L'intense activité des blogueurs militants à ce moment a accéléré sa diffusion. Elle investit le Web, en changeant de nom et de taille. Allégée pour une diffusion plus rapide, les uns l'appellent "Imaginons la France d'après", d'autres seulement "Imaginons", d'autres enfin "Sarkotoulouse". De mail en mail, elle surgit dans de très nombreuses boîtes aux lettres électroniques. Des internautes l'accaparent et l'introduisent dans leurs blogs, où elle suscite toutes sortes de commentaires majoritairement grinçants et parfois amusés. CHOUX GRAS "La belle France d'après...", ironise Gilles sur le blog de l'association écologiste Citron Vert. L'image fait les choux gras du Collectif Unitaire du Val d'Yerres, du Mammouth Manchois Enervé et de tant d'autres. Elle est en bonne place sur celui de la gauche antilibérale et, de manière un peu plus inattendue, sur le blog de la section Midi-Pyrénées de CAP21, le mouvement de Corine Lepage, ancienne candidate à l'élection qui a rejoint, il y a peu, François Bayrou, le candidat UDF. Du côté du parti de Nicolas Sarkozy, rien. On affirme ne l'avoir jamais vue ni même en avoir entendu parler. Alors que les soutiens du ministre de l'intérieur sont nombreux à investir les blogs pour contrer les attaques dont l'UMP peut faire l'objet, aucun d'eux n'a jugé opportun de neutraliser l'image, ne serait-ce qu'au travers de l'humour. L'UMP, qui vient de lancer sa plate-forme de blogs pour la France d'après, a été capable, dans un passé récent, de détourner au pied levé une pub cinéma du fabricant suédois de mobilier IKEA - qui reprenait d'ailleurs le même slogan - au profit de la campagne de son candidat. "Super photo ! Qui est le photographe ? Peut-on utiliser cette photo ?", s'interroge à juste titre Geneviève sur le site Bellaciao. Le cadrage maladroit, ou réalisé dans la précipitation - encore que rien ne laisse penser qu'il règne la moindre tension au moment où la photo a été prise -, la qualité médiocre de son grain : elle a tout de la photo d'amateur. Aurait-elle pu être prise par un photographe professionnel ? "Ce n'est pas un professionnel qui l'a réalisée, affirme Mathieu Polak, membre du pôle image au journal Le Monde. Pour une simple raison : un professionnel l'aurait diffusée commercialement, c'est sûr." La copie du cliché publiée ci-dessus provient d'un lecteur qui l'a transmise par mail à une journaliste du service France. Mais aucune trace de l'auteur dans les banques d'images des principales agences parisiennes. § Ce sont essentiellement les candidats de droite et d'extrême-droite qui ont réagi, dimanche, à la déclaration de Berlin qui prévoit l'entrée en vigueur d'un nouveau traité européen avant 2009. § A lors que l'Union européenne a célébré, dimanche 25 mars, son cinquantième anniversaire dans une atmosphère d'optimisme renouvelé qui lui a permis d'afficher sa détermination à se doter d'institutions rénovées d'ici à 2009, ce sont essentiellement les candidats de droite et d'extrême-droite à l'Elysée qui se sont emparés, dimanche, du sujet. François Bayrou a pour sa part implicitement critiqué la déclaration de Berlin, en soulignant "que les déclarations adoptées à l'unanimité, généralement ce sont des déclarations pour ne pas dire grand chose". Pour le candidat centriste, "l'Europe sera relancée quand les Français seront réconciliés avec l'Europe". Il a fait valoir "que de l'élection présidentielle qui vient (allait) dépendre une très grande partie, non pas seulement du destin de la France, mais aussi du destin de l'Europe". Interrogé sur la date d'organisation d'un référendum sur l'Europe s'il était élu président, M. Bayrou a répondu : "Quand on aura un texte crédible, et à mes yeux un texte crédible est un texte simple, court, compréhensible par tout le monde et qui traite de la seule question qui compte : comment élabore-t-on une décision et quelle est la place des citoyens dans l'information et la décision que l'Europe prendra ?" "RELANCER LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE" Le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a estimé, de son côté, qu'il fallait donner à l'Europe "un nouvel élan et de nouveaux projets" pour "la remettre dans le cur de ses citoyens". Commentant l'engagement pris à Berlin par les 27 membres de l'UE de "remédier à l'urgence institutionnelle avant les élections européennes de 2009", M. Sarkozy a affirmé : "C'est un engagement très fort qu'il faudra tenir." "Cette Europe, qui a su grandir dans le respect des identités nationales, est notre horizon et notre destin. C'est ensemble que nous pourrons relever les grands défis du XXIe siècle", a-t-il estimé dans un communiqué. S'il est élu, M. Sarkozy soumettra cet été au Parlement un "traité simplifié" sur l'Europe. Jean-Marie Le Pen s'est, lui, livré à un réquisitoire en règle contre l'UE, plaidant pour son remplacement par "une Europe des nations, de Brest à Vladivostok". L'Europe "est un marché de dupes, dans lequel nous avons reçu en échange de nos sacrifices, des coups de massue sur la figure", a-t-il déclaré le candidat FN à Toulouse. M. Le Pen a réclamé l'instauration "d'une autre Europe, celle de l'association libre, celle de la coopération des peuples souverains". Du côté de la gauche, c'est essentiellement la polémique sur l'identité nationale qui a dominé les débats dimanche. Cependant, Marie-George Buffet, la candidate communiste, a appelé à "relancer la construction européenne" mais sur la base d'un nouveau traité. "Nous avons deux années stratégiques devant nous, avec la présidence française au second semestre 2008 et les élections européennes de 2009. A nous de travailler sur un nouveau traité, qui respecte la volonté des Français et des Hollandais", a-t-elle indiqué. § François Bayrou a dénoncé, dimanche, "la course-poursuite" de ses adversaires tandis qu'Olivier Besancenot a appelé "l'ensemble de la gauche à retrouver la raison". § A quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la polémique sur l'identité nationale a continué de rythmer la campagne ce week-end. Mais dimanche, c'est plus précisément Ségolène Royal qui a concentré les critiques. S'emparant du thème de l'identité nationale, avancé d'abord par Nicolas Sarkozy, la candidate socialiste a en effet appelé vendredi les Français à avoir chez eux un drapeau tricolore et à l'exposer à leurs fenêtres le jour de la fête nationale. Elle s'est aussi révélée fervente partisane de "La Marseillaise" et a annoncé parallèlement son slogan de campagne : "La France présidente". Suite à ces déclarations, elle a affirmé, dimanche, qu'elle "ne confondait pas la nation avec le nationalisme". "Je ne fais aucune confusion entre la nation, dont on doit être fier et dont un chef d'Etat doit conduire chaque Français à être fier, et le nationalisme", a déclaré la candidate socialiste à l'élection présidentielle au" Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI". "Je m'apercois que je suis dépassé dans tous les sens", a ironisé, dimanche, Nicolas Sarkozy. "Là, il faut des drapeaux français partout, l'identité nationale, tout le monde en veut. Je me réjouis. J'ai juste un petit effort à demander aux socialistes. S'ils veulent bien me rejoindre sur l'identité nationale, et je m'en réjouis, je leur demande de bien vouloir arrêter avec la repentance qui va de pair avec l'identité de la nation", a ajouté le candidat de l'UMP. "COURSE-POURSUITE" François Bayrou a pour sa part accusé ses deux principaux rivaux de se lancer "dans une course-poursuite" sur la question de l'identité nationale. Mais pour le candidat centriste,"ce n'est pas la nation qui est un problème, la nation a des problèmes : chômage, éducation, environnement, exclusion, économie". "Que ce soit la candidate du Parti socialiste qui en vienne là, (...) c'est quelque chose qui peut poser quelques points d'interrogation", a-t-il conclu. A gauche du PS, les réactions ont été vives. Pour la candidate communiste Marie-George Buffet, "La Marseillaise" et le drapeau tricolore sont "des symboles qui appartiennent au peuple", et il ne faut pas "se les disputer comme des bouts de chiffon". Plus virulent, Olivier Besancenot, candidat de la LCR, a affirmé : "Cela me choque et ça me fait flipper." "On a Nicolas Sarkozy qui court après Le Pen, si la gauche court après Nicolas Sarkozy, je vous laisse deviner qui va tirer les marrons du feu ? Ce sera Jean-Marie Le Pen", a indiqué le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, appelant "l'ensemble de la gauche (...) à retrouver la raison". "RÉHABILITER LE PATRIOTISME DU CUR" Un constat partagé par le candidat du FN, Jean-Marie Le Pen, qui a estimé dimanche qu'il n'aurait aucun mal à récupérer le 22 avril la surenchère patriotique de ses concurrents. "En volant mes idées, en fait, mes concurrents les valident. Les électeurs vont donc me rejoindre plus nombreux encore puisque j'avais donc raison depuis longtemps", a-t-il indiqué à Toulouse. Au PS, quelques voix se sont élevées pour soutenir la candidate. Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés, a expliqué que Mme Royal entendait "réhabiliter le patriotisme du cur", alors que Nicolas Sarkozy "véhicule un patriotisme de la peur". Le secrétaire national PS à l'égalité, Faouzi Lamdaoui, a jugé qu'il était "du devoir de la gauche de restituer au peuple les symboles de nation", tandis que Julien Dray, porte-parole de la candidate, a fait valoir qu'il s'agissait "de ne pas laisser les attributs de la République à d'autres". "Nicolas Sarkozy a tort de faire de l'ironie et devrait se méfier de paraître un peu suffisant", a estimé M. Peillon dans un communiqué. Il a expliqué que "le Parti socialiste n'était aucunement dans la repentance lorsqu'il affirme son attachement aux valeurs et aux symboles de la République et lorsqu'il ne confond pas identité nationale et immigration". § Le réalisateur anglais, palme d'or à Cannes en 2006 pour "Le Vent se lève", souhaite le "succès" du candidat de la LCR, dans une vidéo datée du 23 mars et mise en ligne sur Daily Motion par "Eugène Varlin", un internaute soutien de M. Besancenot. Ce dernier est capable d'"éviter les pires excès du système" capitaliste, estime M. Loach. Réagissant à ce soutien, dévoilé par "Le Parisien" dimanche, Olivier Besancenot a expliqué, sur Canal +, qu'il avait rencontré Ken Loach lors du forum social de Londres. § § La polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves, près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées par le parquet de Paris. § L a polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées samedi 24 mars par le parquet de Paris : "En l'état actuel de l'enquête, rien n'indique que la police se soit rendue dans un débit de boissons parce qu'elle pensait y trouver des personnes en situation irrégulière qui attendait la sortie d'enfants d'une école", a expliqué le procureur adjoint. Un Chinois, venu chercher ses petits-enfants, a été arrêté mardi dans un café voisin de l'école puis relâché mercredi matin. Valérie Boukobza, la directrice de l'école de la rue Rampal, dans le 19e arrondissement, de Paris, a été gardée à vue sept heures vendredi pour "outrages et dégradation de biens publics en réunion". Des faits qu'elle conteste. Mardi, elle s'est opposée, avec des parents d'élèves, à l'interpellation très mouvementée, au cours de laquelle des gaz lacrymogènes ont été utilisés. Une voiture de police a été endommagée et un policier s'est vu prescrire une interruption temporaire de travail à la suite des incidents."CONFORME À LA LOI" Le placement en garde à vue de la directrice de l'école était "conforme à la loi", "nécessaire à son audition et des confrontations" et "lui permettait de bénéficier de droits", comme le fait de contacter son avocat, a ajouté le parquet. Nicolas Sarkozy, encore ministre de l'intérieur jusqu'à lundi, a défendu la police, samedi, estimant qu'il n'y avait dans l'affaire pas matière à "polémique". Alliance, le deuxième syndicat de gardiens de la paix, s'est déclaré "scandalisé et choqué", demandant au ministère de "déposer plainte contre les auteurs des accusations diffamatoires" contre les forces de l'ordre. Le cabinet du ministère de l'intérieur a rappelé vendredi soir qu'il avait demandé aux préfets de ne pas procéder à des interpellations "dans l'enceinte ou à proximité immédiate d'un établissement scolaire". Interrogé samedi, Philippe Maitre, le procureur adjoint, a expliqué à l'AFP que le parquet de Paris n'avait pas connaissance de cette instruction. La veille des incidents, la directrice de l'école de la rue Rampal avait empêché, en intervenant auprès des policiers, l'interpellation d'une jeune Chinoise venue chercher sa nièce à la sortie de l'école, rappelle Le Journal du Dimanche. POLÉMIQUE AVEC LE RECTORAT A gauche, les réactions ont été cinglantes. Ségolène Royal, Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, Dominique Voynet et Gérard Schivardi ont dénoncé les méthodes de Nicolas Sarkozy. Les candidats ont été rejoints plusieurs associations. Dans le milieu enseignant, l'émotion reste vive. Samedi, une vingtaine de directeurs d'école maternelle sont sortis de leur "réserve" pour demander au recteur d'académie de s'exprimer sur ces "violences inacceptables". "Le procédé de rafle est en lui-même odieux et aujourd'hui doublement insupportable quand il y mêle l'institution que nous représentons", écrivent les directeurs, issus de la circonscrition parisienne de la Goutte d'Or. "L'école n'a rien à faire dans cette polémique, a répondu dimanche le chef de cabinet du recteur de Paris, Nicolas Boudot, cité par Le Parisien. La directrice de l'école n'a pas agi dans le cadre de ses fonctions, mais comme une simple citoyenne militante, soupçonnée d'un délit. C'est pourquoi le rectorat ne peut lui offrir la protection qu'elle a demandée." Lundi, tous les syndicats enseignants parisiens (SFU, SGEN-CFDT, SUD, UNSA-Edusation, CGT), ainsi que la FCPE, la principale fédération de parents d'élèves et RESF, le Réseau éducation sans frontières, appellent à un rassemblement à 18 h 30 devant le rectorat de Paris. § Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages, la candidate socialiste 24 %, François Bayrou 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen 14 % (+1), selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans le JDD. § N icolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % des voix contre 48,5 %, si le second tour de la présidentielle avait lieu dimanche, selon un sondage IFOP à paraître dans le JDD. Le premier tour a été testé sur les onze candidats ayant affirmé avoir rassemblé les parrainages nécessaires pour concourir, ainsi que sur José Bové, qui demeurait alors incertain. Fiche technique Sondage IFOP réalisé par téléphone du 16 au 17 mars (enquête de terrain réalisée à l'issue du dépôt de parrainages vendredi à 18 heures) auprès d'un échantillon national représentatif de 911 personnes (méthode des quotas). Notice détaillée consultable auprès de la commission des sondages. Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages (-2), la candidate socialiste 24 % (+1), François Bayrou (UDF) 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen (FN) 14 % (+1). Tous les autres candidats sont crédités de scores faibles : 3 % pour Arlette Laguiller de LO (+1), 3 % pour Olivier Besancenot de la LCR (-0,5), 2 % (=) pour Marie-George Buffet (PCF), 2 % pour José Bové (+0,5), 1,5 % pour Dominique Voynet des Verts (+0,5), 0,5 % pour Frédéric Nihoux de CPNT (-0,5) 1,5 % pour Philippe de Villiers du MPF (+0,5). Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des Travailleurs, n'atteint pas 0,5 %. A un second tour organisé dimanche prochain, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % (-0,5) contre 48,5 % (+0,5). 5 % des personnes interrogées ne se sont pas prononcées. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le livre de la candidate socialiste n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. § C ent quatre-vingt-dix mots ont été classés, triés sous forme d'un abécédaire. Le livre de la candidate socialiste - le seul de sa campagne à l'élection présidentielle - n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. Maintenant, c'est son titre, renvoie à l'ouvrage Ici et maintenant que François Mitterrand publia avant son arrivée au pouvoir en 1981, mais la comparaison s'arrête là. Plus simple, plus neutre, celui de Mme Royal est aussi un peu déroutant, comme son sujet. Classées par thèmes et par ordre alphabétique, ses réponses, tout au long de l'entretien qu'elle a accordé à Marie-Françoise Colombani, éditorialiste à Elle, jouent à saute-mouton. "Anorexie" précède "ANPE", "Couple" emboîte le pas, sans transition, à "Corruption". Ainsi invitée à se prononcer sur toute une liste de sujets, Ségolène Royal prend soin de garder ses distances. Certes, on découvre que son film préféré est La Leçon de piano, de Jane Campion. Que son pire "souvenir" reste "les châtiments corporels et la boule à zéro infligés à (ses) frères pour des broutilles" par un père très autoritaire et sa "détresse de ne pas pouvoir l'empêcher". Ou bien encore que ses quatre enfants ont suivi une éducation religieuse, en marge de l'école publique, mais n'ont été baptisés qu'à l'âge de 10 ou 12 ans. "J'ai attendu qu'ils aient l'âge de choisir et de comprendre", expose Ségolène Royal. Mais la politique reprend vite le dessus. "Vous saviez que les filles de Jean Jaurès avaient fait leur communion ?", glisse la candidate avant de confier que ses "modèles" en politique ont pour nom Mitterrand, Mendès France, Delors, mais aussi Jeanne d'Arc. Le passage sur le couple est sans doute le plus intime. Elle reconnaît pour la première fois qu'elle avait réellement envisagé de se marier en Polynésie avec François Hollande, en pleine primaire socialiste. Et pour la première fois aussi, Ségolène Royal semble régler des comptes en affirmant que c'est l'"entourage" du premier secrétaire du PS qui a "dissuadé" son compagnon... Sans s'attarder, la candidate confirme ainsi les tensions qui ont régné dans ce couple si particulier, aux avant-postes de la scène politique. Cela mis à part, Maintenant est d'abord et avant tout le bréviaire d'une candidate qui reprend, un à un, tous ses sujets fétiches, du "citoyen expert" à l'"ordre juste", en passant par les "jurys citoyens" ou les "internats" pour les mineurs en difficulté. Parfois, les pages deviennent fiches et argumentaires de campagne, parfois elles servent à clore une polémique. François Hollande ayant déclaré un jour qu'il n'aimait pas les "riches", ce qui a nourri les commentaires sur ses propositions en matière fiscale, Ségolène Royal s'emploie à rectifier le tir. "On peut être privilégié et vouloir l'abolition des privilèges", dit-elle en rappelant la nuit du 4 août 1789, "où les nobles ont joint leurs voix à celles du tiers état". Publié onze ans après le dernier livre de Ségolène Royal, La Vérité d'une femme (Stock, 1996), ce livre de campagne est le produit d'un minutieux compromis. Il sort une semaine après le pamphlet Connaissez-vous Mme Royal ? (Grasset) de l'ancien secrétaire national chargé des questions économiques du PS, Eric Besson. Et moins d'un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle. § Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. § T ordons d'emblée le cou à une légende : Le Monde n'a pas toujours refusé la photographie. Il y est venu tard et à tout petits pas. La première photo a été publiée le 3 mars 1949 et annonçait le Salon des arts ménagers, la deuxième, sept mois plus tard, le Salon de l'automobile. Pendant un quart de siècle, l'image, vue comme un accessoire coûteux et un peu futile, resta cantonnée aux loisirs, à la mode, à la télévision. Elle ne gagna, timidement, l'actualité que le 22 septembre 1974 sous le titre : "La photo de la semaine" (en l'occurrence une manifestation antijaponaise à Séoul), et ne conquit la "une" que le 27 décembre 1983, pour la mort de Joan Miro. Le vrai tournant n'a été pris que fort récemment, en novembre 2005, avec la nouvelle formule conçue par Eric Fottorino. La photo, devenue une information à part entière, mérite désormais sa place à la "une" comme dans les pages d'actualité. Bousculant une culture bien ancrée, cette révolution de palais ne s'est pas faite sans grognements. Au sein de la rédaction comme parmi les lecteurs, les nostalgiques de l'ancien Monde ont beaucoup regretté la "place perdue" par la nouvelle maquette, ses gros titres et ses images. Mais le pari semble aujourd'hui gagné. Le journal reçoit encore, de-ci de-là, quelques lettres déplorant "l'utilisation aussi excessive qu'inutile que (Le Monde) fait de la photographie" (M. Le Gendre, Milan, Italie), ou regrettant, comme Anne Guérin (courriel), que "des articles parfois passionnants (soient) réduits à la portion congrue, le reste étant mangé par une énorme photographie". Mais elles se font rares. Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. Preuve, s'il en faut, qu'elles intéressent et même passionnent en ces temps de fièvre électorale. "Une des photos, choisie pour illustrer un article consacré à Ségolène Royal, m'amuse, écrit par exemple Philippe Delaite (Liège, Belgique). Elle me fait immanquablement penser à une malheureuse religieuse Sur Marie-Ségolène de l'Immaculée Conception égarée, seule, loin de son couvent." Rassurons notre lecteur belge : il n'y avait dans cette image aucune malice. Prise, en exclusivité pour Le Monde, quelques minutes avant une interview parue le 6 mars, elle ne témoignait que d'une chose : le trac intense de la candidate. Les stars de la politique verrouillent de plus en plus leur image. "Ségolène Royal a interdit qu'on la saisisse en train de manger et Nicolas Sarkozy a imposé un cordon de sécurité autour de lui pour éviter "l'effet grand angle" des photos prises de très près, explique Frédérique Deschamps, responsable de la photo, mais, à l'exception de François Bayrou, qui entretient un rapport de charme avec les photographes, ils sont souvent très mal à l'aise seuls, face à face avec un professionnel." Un malaise aggravé par le temps, trop bref, qu'ils accordent à la prise de vue. "Ségolène Royal, ce jour-là, n'avait donné que huit minutes à la photographe, celle-ci a fait de son mieux pour la détendre, mais elle était pétrifiée, hyper stressée. Ça se voit. Nous ne cherchons pas à fabriquer une image, c'est elle qui a choisi sa coiffure, ses vêtements, sa pose, un peu raide, ajoute Frédérique Deschamps. L'étonnant, c'est que, à l'inverse, dans les meetings, elle est comme transcendée. Elle rayonne." Mme Royal n'est pas la seule à se pétrifier devant l'objectif. Deux photos en pied d'Angela Merkel, accompagnant son interview, le 15 janvier, illustrent ce phénomène. L'une "excellente, pleine de vie et de symboles", remarque Claude Gintz (Ivry-sur-Seine), a été prise à la volée, devant son bureau, alors qu'elle ne s'y attendait pas. L'autre, où la chancelière allemande apparaît raide, grincheuse et "un peu lourdaude", a été posée. CQFD. C'est pour rompre avec l'image, devenue banale, d'une Mme Royal "transcendée" par la foule, qu'a été choisie, le 18 janvier, une photo qui a fait réagir. Ce portrait, capturé lors de son voyage en Chine par un photographe local, montrait la candidate un peu lasse, fragile mais superbe. "Ségolène en madone gitane", ironise Christian Jeanbrau (Courriel). L'image était d'autant plus frappante, dit-il, qu'elle succédait à celle, peu flatteuse, publiée la veille en première page, de "François Hollande, illuminé, façon imbécile heureux, bref ridicule". "Qui a choisi ces photos?, poursuit M. Jeanbrau. Le Monde est-il sous le charme et, se le reprochant, se venge-t-il sur le compagnon?" Rien de tel puisque les photos des pages intérieures sont sélectionnées par le service photo et celles destinées à la "une", vitrine du journal, choisies par la rédaction en chef. "Nous n'essayons pas de faire dire à des photos, prises hors contexte, ce qu'elles ne disent pas", explique la responsable des photos. Les lecteurs le comprennent encore mal. D'où beaucoup de malentendus. Exemple : une photo de Nicolas Sarkozy parlant, le doigt levé, mise à la "une" le 1er mars. Dans "cette immense et avantageuse photo, publiée en première page pour dénoncer certaines irrégularités dans l'achat de son appartement", Maguy Sauvagnac (Paris), voit la preuve du "glissement (du journal) en faveur du candidat". Or, en optant pour une photo d'actualité, prise la veille, lors d'une conférence à Madrid, le quotidien voulait précisément éviter l'"effet de sens" ce qui aurait été le cas s'il avait exhumé des archives un portrait du même Nicolas Sarkozy accablé ou maussade pour illustrer l'affaire révélée par Le Canard enchaîné. Un autre portrait du candidat UMP, fait pour Le Monde à l'occasion de son interview, le 23 janvier, a été interprété à l'envers. "Grande photo à la Ceausescu, la soupe est bien servie", s'indigne Annie Briand (Courriel). Pas du tout : "Sarkozy était très mécontent de cette photo, prise de près, au grand angle, raconte Frédérique Deschamps. Il a trouvé qu'elle le rapetissait et lui faisait un gros nez." De fait, c'est peut-être cette image qui, par la suite, a conduit à la mise en place du cordon sanitaire pour échapper à l'effet "grand angle" et "grand nez" _______________________________________________________________ Cette chronique reprendra le 14 avril § Pour doper l'audience des émissions politiques, télévisions et radios essaient d'innover. Des initiatives controversées. § M ardi 20 mars, les auditeurs de France Inter ont entendu de drôles de sons pendant le journal de 8 heures présenté par Eric Delvaux. Olivier Besancenot, candidat de la LCR à la présidentielle et invité de l'édition du jour, disposait en effet d'un "buzzer", comme dans les jeux télévisés, pour intervenir au gré des sujets développés, en coupant la parole au journaliste. Un système digne de "Questions pour un champion" ou "La nouvelle star", selon un communiqué publié le jour même par les syndicats CGT, SJA-FO, SNJ et SUD de la station, qui estiment que la nouvelle formule du "8 heures" "fait basculer France Inter dans une zone dangereuse : celle où la frontière entre l'information et le show n'existe plus, celle où la frontière entre journalisme et politique devient floue". Dès le lendemain, face au tollé syndical, France Inter fait marche arrière et remise son "buzzer" au placard. "L'idée n'était pas de faire parler de nous, mais d'inventer un espace nouveau pour les politiques, explique Patrice Bertin, directeur de la rédaction. On entend souvent dire qu'une campagne, c'est la routine. L'idée était donc d'être la première radio à accepter qu'un homme politique coupe la parole à ses journalistes pour dire son désaccord sur le fond ou tout autre commentaire. Presque tout le monde à la rédaction est d'accord avec moi. C'est l'utilisation d'un buzzer qui a plus marqué les esprits ; c'est donc plus un problème de fantasme qu'un problème éditorial." Un avis partagé par Eric Delvaux, également rédacteur en chef de la matinale d'Inter, qui estime que "rédactionnellement et déontologiquement, c'était simplement une autre approche". Et d'ajouter : "D'ailleurs, je n'avais jamais entendu Besancenot s'exprimer sur l'Irak, ce qu'il a eu l'occasion de faire en réagissant aux titres du journal." Avant cet épisode et surtout avant les nouvelles règles du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) concernant le temps de parole des candidats, télévisions et radios ont ouvert certaines de leurs émissions, non politiques, aux prétendants à l'Elysée. C'est notamment le cas du "Grand journal" de Canal+, émission de divertissement présentée chaque soir de la semaine par Michel Denisot. François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont ainsi succédé sur le plateau, gratifiés du titre de "rédacteur en chef" de l'émission. Installés dans le fauteuil d'ordinaire occupé par Michel Denisot, ils ont pu choisir leurs invités : des responsables d'associations uvrant pour l'entraide et le lien social pour François Bayrou ; Paul Le Guen, entraîneur du PSG, et Bernard Laporte, sélectionneur de l'équipe de France de rugby, pour Nicolas Sarkozy ; l'actrice Jeanne Moreau et le chanteur Cali pour Ségolène Royal. Pour ces trois émissions spéciales, il n'y avait pas de journaliste politique sur le plateau : Jean-Michel Aphatie, le chroniqueur spécialisé du "Grand journal", contraint de regarder l'émission en coulisses, n'a eu droit qu'à un rapide billet en toute fin de programme. Son intervention a même été réduite au strict minimum lors du passage de Nicolas Sarkozy, qui avait occupé tout le temps d'antenne à détailler ses goûts cinématographiques ou littéraires. Cette formule "carte blanche" a visiblement séduit les téléspectateurs, "Le Grand journal" a enregistré à chaque fois des audiences record. "Cela marche car le public a envie de découvrir la personnalité des candidats analyse Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+. Il y a une vraie curiosité envers eux. Nous avons ainsi découvert ce qui fait rire Ségolène Royal, ce qui émeut François Bayrou et les films qu'aime Nicolas Sarkozy. Pour moi, cela serait de la politique-spectacle s'il s'agissait de notre seul dispositif politique. Nous ne l'aurions alors pas fait." A partir du 26 mars, les 12 candidats se succéderont dans "En aparté", l'émission de la mi-journée où Pascale Clark interroge, en voix off, des personnalités isolées dans un salon et filmées par des caméras commandées à distance. La chaîne annonce avoir prévu "de nouveaux petits rituels et quelques surprises pour pimenter l'émission et révéler de nouvelles facettes de leur personnalité". Cette curiosité du public pour les prétendants à l'Elysée, qui se vérifie par les audiences des émissions politiques et l'affluence dans les meetings, a aussi conduit les radios à inventer de nouveaux rendez-vous, loin de l'interview politique classique. France Inter a bouleversé ses matinales pour accueillir notamment Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen ou Marie-George Buffet dans un programme intitulé "L'invité se met en quatre". Ce sont notamment eux ou leurs conseillers (Jack Lang avait planché pour Ségolène Royal) qui ont préparé la traditionnelle revue de presse et qui l'ont lue à l'antenne. La surprise est venue du candidat du Front national qui, en invitée surprise, a fait venir en studio l'une de ses conseillères spécialiste... des animaux domestiques. L'auditeur a pu entendre les silences et la gêne des journalistes. Depuis trois ans, RMC invite également régulièrement les hommes et les femmes politiques à occuper seuls l'antenne pendant une heure. A eux de dialoguer avec les auditeurs, de lancer la publicité ou la météo. "C'est une sorte de réunion publique à la radio, estime Franck Lanoux directeur général de RMC. Ce genre d'émission génère beaucoup d'échanges entre la personnalité politique et les auditeurs. Mais ce type de programme interactif n'a pas vocation à remplacer d'autres programmes politiques, plus classiques." Hélène Risser, journaliste à Public Sénat et auteur de Faiseurs de rois ou quand les médias font l'élection (Ed. Privé, 230 p., 17 ), estime que "les chaînes ont retenu la leçon de 2002" : "Le problème est que, dans la course effrénée à l'audience, les médias dans leur ensemble se raccrochent au candidat le mieux placé." Elle ajoute : "Cette fois-ci, il n'y a pas de thématique qui émerge comme celle de la sécurité en 2002. Mais, selon moi, les chaînes exercent une influence subliminale sur le téléspectateur dans le traitement des informations qu'elles choisissent de mettre à l'antenne. TF1 met ainsi un soin particulier dans la juxtaposition des sujets diffusés au cours de ses journaux en proposant surtout du témoignage et des reportages jouant sur l'émotion." Le débat sur la place des hommes et des femmes politiques à la radio et à la télévision n'est pas nouveau. Après le séisme du 21 avril 2002, Michel Drucker, qui avait reçu bon nombre de postulants dans son émission de divertissement "Vivement dimanche", sur France 2, se posait la question. "A la vue des résultats du premier tour, je me demande ce qu'il reste de leur passage dans mon émission... On ne peut que s'interroger sur le rôle de la télé lorsqu'elle confond information et Audimat. Quant à moi, je m'interroge sérieusement pour savoir si, à la rentrée, je continuerai à inviter des politiques", confiait-il dans "Le Monde Radio & TV" du 4 mai 2002. Leçon retenue. Cette année, à part Bernadette Chirac, aucune personnalité politique ne s'est assise sur la banquette rouge entre l'animateur et sa chienne Olga. C'est toutefois au cours de cette émission que Jacques Chirac a annoncé à demi-mots qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en déclarant à Michel Drucker : "Il y a une vie après la politique. Il y a une vie jusqu'à la mort." Jusqu'à la fin de la campagne 2007, France 2 affirme qu'aucun politique ne viendra dans ses émissions de divertissement. § La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février. § L a rue est baignée d'une lumière bleue de fin d'après-midi, un peu froide. Tendu au milieu de la façade impeccable d'un immeuble cossu que l'on devine parisien, un immense calicot couleur azur frappé du logo de l'UMP porte, en grosses lettres blanches, l'une des phrases-clés du parti de Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle : "Imaginons la France d'après"... Alignés juste en dessous, comme une illustration au slogan, une escouade de CRS veille. La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février, lors de la manifestation des salariés parisiens de l'entreprise devant le siège d'Alcatel-Lucent (et non pas lors de la manifestation européenne qui a eu lieu un mois après, le 15 mars). Le groupe venait d'annoncer la suppression de quelque 4 500 emplois. Coïncidence : le bâtiment parisien du leader mondial des télécommunications se trouve juste en face de celui de la fédération de Paris de l'UMP. Voisinage oblige, le dispositif policier mis en place "déborde" naturellement du cadre. Pendant près d'un mois, l'image a sommeillé. La manifestation européenne des salariés d'Alcatel lui a redonné vie. L'intense activité des blogueurs militants à ce moment a accéléré sa diffusion. Elle investit le Web, en changeant de nom et de taille. Allégée pour une diffusion plus rapide, les uns l'appellent "Imaginons la France d'après", d'autres seulement "Imaginons", d'autres enfin "Sarkotoulouse". De mail en mail, elle surgit dans de très nombreuses boîtes aux lettres électroniques. Des internautes l'accaparent et l'introduisent dans leurs blogs, où elle suscite toutes sortes de commentaires majoritairement grinçants et parfois amusés. CHOUX GRAS "La belle France d'après...", ironise Gilles sur le blog de l'association écologiste Citron Vert. L'image fait les choux gras du Collectif Unitaire du Val d'Yerres, du Mammouth Manchois Enervé et de tant d'autres. Elle est en bonne place sur celui de la gauche antilibérale et, de manière un peu plus inattendue, sur le blog de la section Midi-Pyrénées de CAP21, le mouvement de Corine Lepage, ancienne candidate à l'élection qui a rejoint, il y a peu, François Bayrou, le candidat UDF. Du côté du parti de Nicolas Sarkozy, rien. On affirme ne l'avoir jamais vue ni même en avoir entendu parler. Alors que les soutiens du ministre de l'intérieur sont nombreux à investir les blogs pour contrer les attaques dont l'UMP peut faire l'objet, aucun d'eux n'a jugé opportun de neutraliser l'image, ne serait-ce qu'au travers de l'humour. L'UMP, qui vient de lancer sa plate-forme de blogs pour la France d'après, a été capable, dans un passé récent, de détourner au pied levé une pub cinéma du fabricant suédois de mobilier IKEA - qui reprenait d'ailleurs le même slogan - au profit de la campagne de son candidat. "Super photo ! Qui est le photographe ? Peut-on utiliser cette photo ?", s'interroge à juste titre Geneviève sur le site Bellaciao. Le cadrage maladroit, ou réalisé dans la précipitation - encore que rien ne laisse penser qu'il règne la moindre tension au moment où la photo a été prise -, la qualité médiocre de son grain : elle a tout de la photo d'amateur. Aurait-elle pu être prise par un photographe professionnel ? "Ce n'est pas un professionnel qui l'a réalisée, affirme Mathieu Polak, membre du pôle image au journal Le Monde. Pour une simple raison : un professionnel l'aurait diffusée commercialement, c'est sûr." La copie du cliché publiée ci-dessus provient d'un lecteur qui l'a transmise par mail à une journaliste du service France. Mais aucune trace de l'auteur dans les banques d'images des principales agences parisiennes. § Ce sont essentiellement les candidats de droite et d'extrême-droite qui ont réagi, dimanche, à la déclaration de Berlin qui prévoit l'entrée en vigueur d'un nouveau traité européen avant 2009. § A lors que l'Union européenne a célébré, dimanche 25 mars, son cinquantième anniversaire dans une atmosphère d'optimisme renouvelé qui lui a permis d'afficher sa détermination à se doter d'institutions rénovées d'ici à 2009, ce sont essentiellement les candidats de droite et d'extrême-droite à l'Elysée qui se sont emparés, dimanche, du sujet. François Bayrou a pour sa part implicitement critiqué la déclaration de Berlin, en soulignant "que les déclarations adoptées à l'unanimité, généralement ce sont des déclarations pour ne pas dire grand chose". Pour le candidat centriste, "l'Europe sera relancée quand les Français seront réconciliés avec l'Europe". Il a fait valoir "que de l'élection présidentielle qui vient (allait) dépendre une très grande partie, non pas seulement du destin de la France, mais aussi du destin de l'Europe". Interrogé sur la date d'organisation d'un référendum sur l'Europe s'il était élu président, M. Bayrou a répondu : "Quand on aura un texte crédible, et à mes yeux un texte crédible est un texte simple, court, compréhensible par tout le monde et qui traite de la seule question qui compte : comment élabore-t-on une décision et quelle est la place des citoyens dans l'information et la décision que l'Europe prendra ?" "RELANCER LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE" Le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a estimé, de son côté, qu'il fallait donner à l'Europe "un nouvel élan et de nouveaux projets" pour "la remettre dans le cur de ses citoyens". Commentant l'engagement pris à Berlin par les 27 membres de l'UE de "remédier à l'urgence institutionnelle avant les élections européennes de 2009", M. Sarkozy a affirmé : "C'est un engagement très fort qu'il faudra tenir." "Cette Europe, qui a su grandir dans le respect des identités nationales, est notre horizon et notre destin. C'est ensemble que nous pourrons relever les grands défis du XXIe siècle", a-t-il estimé dans un communiqué. S'il est élu, M. Sarkozy soumettra cet été au Parlement un "traité simplifié" sur l'Europe. Jean-Marie Le Pen s'est, lui, livré à un réquisitoire en règle contre l'UE, plaidant pour son remplacement par "une Europe des nations, de Brest à Vladivostok". L'Europe "est un marché de dupes, dans lequel nous avons reçu en échange de nos sacrifices, des coups de massue sur la figure", a-t-il déclaré le candidat FN à Toulouse. M. Le Pen a réclamé l'instauration "d'une autre Europe, celle de l'association libre, celle de la coopération des peuples souverains". Du côté de la gauche, c'est essentiellement la polémique sur l'identité nationale qui a dominé les débats dimanche. Cependant, Marie-George Buffet, la candidate communiste, a appelé à "relancer la construction européenne" mais sur la base d'un nouveau traité. "Nous avons deux années stratégiques devant nous, avec la présidence française au second semestre 2008 et les élections européennes de 2009. A nous de travailler sur un nouveau traité, qui respecte la volonté des Français et des Hollandais", a-t-elle indiqué. § François Bayrou a dénoncé, dimanche, "la course-poursuite" de ses adversaires tandis qu'Olivier Besancenot a appelé "l'ensemble de la gauche à retrouver la raison". § A quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la polémique sur l'identité nationale a continué de rythmer la campagne ce week-end. Mais dimanche, c'est plus précisément Ségolène Royal qui a concentré les critiques. S'emparant du thème de l'identité nationale, avancé d'abord par Nicolas Sarkozy, la candidate socialiste a en effet appelé vendredi les Français à avoir chez eux un drapeau tricolore et à l'exposer à leurs fenêtres le jour de la fête nationale. Elle s'est aussi révélée fervente partisane de "La Marseillaise" et a annoncé parallèlement son slogan de campagne : "La France présidente". Suite à ces déclarations, elle a affirmé, dimanche, qu'elle "ne confondait pas la nation avec le nationalisme". "Je ne fais aucune confusion entre la nation, dont on doit être fier et dont un chef d'Etat doit conduire chaque Français à être fier, et le nationalisme", a déclaré la candidate socialiste à l'élection présidentielle au" Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI". "Je m'apercois que je suis dépassé dans tous les sens", a ironisé, dimanche, Nicolas Sarkozy. "Là, il faut des drapeaux français partout, l'identité nationale, tout le monde en veut. Je me réjouis. J'ai juste un petit effort à demander aux socialistes. S'ils veulent bien me rejoindre sur l'identité nationale, et je m'en réjouis, je leur demande de bien vouloir arrêter avec la repentance qui va de pair avec l'identité de la nation", a ajouté le candidat de l'UMP. "COURSE-POURSUITE" François Bayrou a pour sa part accusé ses deux principaux rivaux de se lancer "dans une course-poursuite" sur la question de l'identité nationale. Mais pour le candidat centriste,"ce n'est pas la nation qui est un problème, la nation a des problèmes : chômage, éducation, environnement, exclusion, économie". "Que ce soit la candidate du Parti socialiste qui en vienne là, (...) c'est quelque chose qui peut poser quelques points d'interrogation", a-t-il conclu. A gauche du PS, les réactions ont été vives. Pour la candidate communiste Marie-George Buffet, "La Marseillaise" et le drapeau tricolore sont "des symboles qui appartiennent au peuple", et il ne faut pas "se les disputer comme des bouts de chiffon". Plus virulent, Olivier Besancenot, candidat de la LCR, a affirmé : "Cela me choque et ça me fait flipper." "On a Nicolas Sarkozy qui court après Le Pen, si la gauche court après Nicolas Sarkozy, je vous laisse deviner qui va tirer les marrons du feu ? Ce sera Jean-Marie Le Pen", a indiqué le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, appelant "l'ensemble de la gauche (...) à retrouver la raison". "RÉHABILITER LE PATRIOTISME DU CUR" Un constat partagé par le candidat du FN, Jean-Marie Le Pen, qui a estimé dimanche qu'il n'aurait aucun mal à récupérer le 22 avril la surenchère patriotique de ses concurrents. "En volant mes idées, en fait, mes concurrents les valident. Les électeurs vont donc me rejoindre plus nombreux encore puisque j'avais donc raison depuis longtemps", a-t-il indiqué à Toulouse. Au PS, quelques voix se sont élevées pour soutenir la candidate. Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés, a expliqué que Mme Royal entendait "réhabiliter le patriotisme du cur", alors que Nicolas Sarkozy "véhicule un patriotisme de la peur". Le secrétaire national PS à l'égalité, Faouzi Lamdaoui, a jugé qu'il était "du devoir de la gauche de restituer au peuple les symboles de nation", tandis que Julien Dray, porte-parole de la candidate, a fait valoir qu'il s'agissait "de ne pas laisser les attributs de la République à d'autres". "Nicolas Sarkozy a tort de faire de l'ironie et devrait se méfier de paraître un peu suffisant", a estimé M. Peillon dans un communiqué. Il a expliqué que "le Parti socialiste n'était aucunement dans la repentance lorsqu'il affirme son attachement aux valeurs et aux symboles de la République et lorsqu'il ne confond pas identité nationale et immigration". § Le réalisateur anglais, palme d'or à Cannes en 2006 pour "Le Vent se lève", souhaite le "succès" du candidat de la LCR, dans une vidéo datée du 23 mars et mise en ligne sur Daily Motion par "Eugène Varlin", un internaute soutien de M. Besancenot. Ce dernier est capable d'"éviter les pires excès du système" capitaliste, estime M. Loach. Réagissant à ce soutien, dévoilé par "Le Parisien" dimanche, Olivier Besancenot a expliqué, sur Canal +, qu'il avait rencontré Ken Loach lors du forum social de Londres. § § La polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves, près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées par le parquet de Paris. § L a polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées samedi 24 mars par le parquet de Paris : "En l'état actuel de l'enquête, rien n'indique que la police se soit rendue dans un débit de boissons parce qu'elle pensait y trouver des personnes en situation irrégulière qui attendait la sortie d'enfants d'une école", a expliqué le procureur adjoint. Un Chinois, venu chercher ses petits-enfants, a été arrêté mardi dans un café voisin de l'école puis relâché mercredi matin. Valérie Boukobza, la directrice de l'école de la rue Rampal, dans le 19e arrondissement, de Paris, a été gardée à vue sept heures vendredi pour "outrages et dégradation de biens publics en réunion". Des faits qu'elle conteste. Mardi, elle s'est opposée, avec des parents d'élèves, à l'interpellation très mouvementée, au cours de laquelle des gaz lacrymogènes ont été utilisés. Une voiture de police a été endommagée et un policier s'est vu prescrire une interruption temporaire de travail à la suite des incidents."CONFORME À LA LOI" Le placement en garde à vue de la directrice de l'école était "conforme à la loi", "nécessaire à son audition et des confrontations" et "lui permettait de bénéficier de droits", comme le fait de contacter son avocat, a ajouté le parquet. Nicolas Sarkozy, encore ministre de l'intérieur jusqu'à lundi, a défendu la police, samedi, estimant qu'il n'y avait dans l'affaire pas matière à "polémique". Alliance, le deuxième syndicat de gardiens de la paix, s'est déclaré "scandalisé et choqué", demandant au ministère de "déposer plainte contre les auteurs des accusations diffamatoires" contre les forces de l'ordre. Le cabinet du ministère de l'intérieur a rappelé vendredi soir qu'il avait demandé aux préfets de ne pas procéder à des interpellations "dans l'enceinte ou à proximité immédiate d'un établissement scolaire". Interrogé samedi, Philippe Maitre, le procureur adjoint, a expliqué à l'AFP que le parquet de Paris n'avait pas connaissance de cette instruction. La veille des incidents, la directrice de l'école de la rue Rampal avait empêché, en intervenant auprès des policiers, l'interpellation d'une jeune Chinoise venue chercher sa nièce à la sortie de l'école, rappelle Le Journal du Dimanche. POLÉMIQUE AVEC LE RECTORAT A gauche, les réactions ont été cinglantes. Ségolène Royal, Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, Dominique Voynet et Gérard Schivardi ont dénoncé les méthodes de Nicolas Sarkozy. Les candidats ont été rejoints plusieurs associations. Dans le milieu enseignant, l'émotion reste vive. Samedi, une vingtaine de directeurs d'école maternelle sont sortis de leur "réserve" pour demander au recteur d'académie de s'exprimer sur ces "violences inacceptables". "Le procédé de rafle est en lui-même odieux et aujourd'hui doublement insupportable quand il y mêle l'institution que nous représentons", écrivent les directeurs, issus de la circonscrition parisienne de la Goutte d'Or. "L'école n'a rien à faire dans cette polémique, a répondu dimanche le chef de cabinet du recteur de Paris, Nicolas Boudot, cité par Le Parisien. La directrice de l'école n'a pas agi dans le cadre de ses fonctions, mais comme une simple citoyenne militante, soupçonnée d'un délit. C'est pourquoi le rectorat ne peut lui offrir la protection qu'elle a demandée." Lundi, tous les syndicats enseignants parisiens (SFU, SGEN-CFDT, SUD, UNSA-Edusation, CGT), ainsi que la FCPE, la principale fédération de parents d'élèves et RESF, le Réseau éducation sans frontières, appellent à un rassemblement à 18 h 30 devant le rectorat de Paris. § Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages, la candidate socialiste 24 %, François Bayrou 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen 14 % (+1), selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans le JDD. § N icolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % des voix contre 48,5 %, si le second tour de la présidentielle avait lieu dimanche, selon un sondage IFOP à paraître dans le JDD. Le premier tour a été testé sur les onze candidats ayant affirmé avoir rassemblé les parrainages nécessaires pour concourir, ainsi que sur José Bové, qui demeurait alors incertain. Fiche technique Sondage IFOP réalisé par téléphone du 16 au 17 mars (enquête de terrain réalisée à l'issue du dépôt de parrainages vendredi à 18 heures) auprès d'un échantillon national représentatif de 911 personnes (méthode des quotas). Notice détaillée consultable auprès de la commission des sondages. Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages (-2), la candidate socialiste 24 % (+1), François Bayrou (UDF) 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen (FN) 14 % (+1). Tous les autres candidats sont crédités de scores faibles : 3 % pour Arlette Laguiller de LO (+1), 3 % pour Olivier Besancenot de la LCR (-0,5), 2 % (=) pour Marie-George Buffet (PCF), 2 % pour José Bové (+0,5), 1,5 % pour Dominique Voynet des Verts (+0,5), 0,5 % pour Frédéric Nihoux de CPNT (-0,5) 1,5 % pour Philippe de Villiers du MPF (+0,5). Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des Travailleurs, n'atteint pas 0,5 %. A un second tour organisé dimanche prochain, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % (-0,5) contre 48,5 % (+0,5). 5 % des personnes interrogées ne se sont pas prononcées. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le livre de la candidate socialiste n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. § C ent quatre-vingt-dix mots ont été classés, triés sous forme d'un abécédaire. Le livre de la candidate socialiste - le seul de sa campagne à l'élection présidentielle - n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. Maintenant, c'est son titre, renvoie à l'ouvrage Ici et maintenant que François Mitterrand publia avant son arrivée au pouvoir en 1981, mais la comparaison s'arrête là. Plus simple, plus neutre, celui de Mme Royal est aussi un peu déroutant, comme son sujet. Classées par thèmes et par ordre alphabétique, ses réponses, tout au long de l'entretien qu'elle a accordé à Marie-Françoise Colombani, éditorialiste à Elle, jouent à saute-mouton. "Anorexie" précède "ANPE", "Couple" emboîte le pas, sans transition, à "Corruption". Ainsi invitée à se prononcer sur toute une liste de sujets, Ségolène Royal prend soin de garder ses distances. Certes, on découvre que son film préféré est La Leçon de piano, de Jane Campion. Que son pire "souvenir" reste "les châtiments corporels et la boule à zéro infligés à (ses) frères pour des broutilles" par un père très autoritaire et sa "détresse de ne pas pouvoir l'empêcher". Ou bien encore que ses quatre enfants ont suivi une éducation religieuse, en marge de l'école publique, mais n'ont été baptisés qu'à l'âge de 10 ou 12 ans. "J'ai attendu qu'ils aient l'âge de choisir et de comprendre", expose Ségolène Royal. Mais la politique reprend vite le dessus. "Vous saviez que les filles de Jean Jaurès avaient fait leur communion ?", glisse la candidate avant de confier que ses "modèles" en politique ont pour nom Mitterrand, Mendès France, Delors, mais aussi Jeanne d'Arc. Le passage sur le couple est sans doute le plus intime. Elle reconnaît pour la première fois qu'elle avait réellement envisagé de se marier en Polynésie avec François Hollande, en pleine primaire socialiste. Et pour la première fois aussi, Ségolène Royal semble régler des comptes en affirmant que c'est l'"entourage" du premier secrétaire du PS qui a "dissuadé" son compagnon... Sans s'attarder, la candidate confirme ainsi les tensions qui ont régné dans ce couple si particulier, aux avant-postes de la scène politique. Cela mis à part, Maintenant est d'abord et avant tout le bréviaire d'une candidate qui reprend, un à un, tous ses sujets fétiches, du "citoyen expert" à l'"ordre juste", en passant par les "jurys citoyens" ou les "internats" pour les mineurs en difficulté. Parfois, les pages deviennent fiches et argumentaires de campagne, parfois elles servent à clore une polémique. François Hollande ayant déclaré un jour qu'il n'aimait pas les "riches", ce qui a nourri les commentaires sur ses propositions en matière fiscale, Ségolène Royal s'emploie à rectifier le tir. "On peut être privilégié et vouloir l'abolition des privilèges", dit-elle en rappelant la nuit du 4 août 1789, "où les nobles ont joint leurs voix à celles du tiers état". Publié onze ans après le dernier livre de Ségolène Royal, La Vérité d'une femme (Stock, 1996), ce livre de campagne est le produit d'un minutieux compromis. Il sort une semaine après le pamphlet Connaissez-vous Mme Royal ? (Grasset) de l'ancien secrétaire national chargé des questions économiques du PS, Eric Besson. Et moins d'un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle. § Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. § T ordons d'emblée le cou à une légende : Le Monde n'a pas toujours refusé la photographie. Il y est venu tard et à tout petits pas. La première photo a été publiée le 3 mars 1949 et annonçait le Salon des arts ménagers, la deuxième, sept mois plus tard, le Salon de l'automobile. Pendant un quart de siècle, l'image, vue comme un accessoire coûteux et un peu futile, resta cantonnée aux loisirs, à la mode, à la télévision. Elle ne gagna, timidement, l'actualité que le 22 septembre 1974 sous le titre : "La photo de la semaine" (en l'occurrence une manifestation antijaponaise à Séoul), et ne conquit la "une" que le 27 décembre 1983, pour la mort de Joan Miro. Le vrai tournant n'a été pris que fort récemment, en novembre 2005, avec la nouvelle formule conçue par Eric Fottorino. La photo, devenue une information à part entière, mérite désormais sa place à la "une" comme dans les pages d'actualité. Bousculant une culture bien ancrée, cette révolution de palais ne s'est pas faite sans grognements. Au sein de la rédaction comme parmi les lecteurs, les nostalgiques de l'ancien Monde ont beaucoup regretté la "place perdue" par la nouvelle maquette, ses gros titres et ses images. Mais le pari semble aujourd'hui gagné. Le journal reçoit encore, de-ci de-là, quelques lettres déplorant "l'utilisation aussi excessive qu'inutile que (Le Monde) fait de la photographie" (M. Le Gendre, Milan, Italie), ou regrettant, comme Anne Guérin (courriel), que "des articles parfois passionnants (soient) réduits à la portion congrue, le reste étant mangé par une énorme photographie". Mais elles se font rares. Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. Preuve, s'il en faut, qu'elles intéressent et même passionnent en ces temps de fièvre électorale. "Une des photos, choisie pour illustrer un article consacré à Ségolène Royal, m'amuse, écrit par exemple Philippe Delaite (Liège, Belgique). Elle me fait immanquablement penser à une malheureuse religieuse Sur Marie-Ségolène de l'Immaculée Conception égarée, seule, loin de son couvent." Rassurons notre lecteur belge : il n'y avait dans cette image aucune malice. Prise, en exclusivité pour Le Monde, quelques minutes avant une interview parue le 6 mars, elle ne témoignait que d'une chose : le trac intense de la candidate. Les stars de la politique verrouillent de plus en plus leur image. "Ségolène Royal a interdit qu'on la saisisse en train de manger et Nicolas Sarkozy a imposé un cordon de sécurité autour de lui pour éviter "l'effet grand angle" des photos prises de très près, explique Frédérique Deschamps, responsable de la photo, mais, à l'exception de François Bayrou, qui entretient un rapport de charme avec les photographes, ils sont souvent très mal à l'aise seuls, face à face avec un professionnel." Un malaise aggravé par le temps, trop bref, qu'ils accordent à la prise de vue. "Ségolène Royal, ce jour-là, n'avait donné que huit minutes à la photographe, celle-ci a fait de son mieux pour la détendre, mais elle était pétrifiée, hyper stressée. Ça se voit. Nous ne cherchons pas à fabriquer une image, c'est elle qui a choisi sa coiffure, ses vêtements, sa pose, un peu raide, ajoute Frédérique Deschamps. L'étonnant, c'est que, à l'inverse, dans les meetings, elle est comme transcendée. Elle rayonne." Mme Royal n'est pas la seule à se pétrifier devant l'objectif. Deux photos en pied d'Angela Merkel, accompagnant son interview, le 15 janvier, illustrent ce phénomène. L'une "excellente, pleine de vie et de symboles", remarque Claude Gintz (Ivry-sur-Seine), a été prise à la volée, devant son bureau, alors qu'elle ne s'y attendait pas. L'autre, où la chancelière allemande apparaît raide, grincheuse et "un peu lourdaude", a été posée. CQFD. C'est pour rompre avec l'image, devenue banale, d'une Mme Royal "transcendée" par la foule, qu'a été choisie, le 18 janvier, une photo qui a fait réagir. Ce portrait, capturé lors de son voyage en Chine par un photographe local, montrait la candidate un peu lasse, fragile mais superbe. "Ségolène en madone gitane", ironise Christian Jeanbrau (Courriel). L'image était d'autant plus frappante, dit-il, qu'elle succédait à celle, peu flatteuse, publiée la veille en première page, de "François Hollande, illuminé, façon imbécile heureux, bref ridicule". "Qui a choisi ces photos?, poursuit M. Jeanbrau. Le Monde est-il sous le charme et, se le reprochant, se venge-t-il sur le compagnon?" Rien de tel puisque les photos des pages intérieures sont sélectionnées par le service photo et celles destinées à la "une", vitrine du journal, choisies par la rédaction en chef. "Nous n'essayons pas de faire dire à des photos, prises hors contexte, ce qu'elles ne disent pas", explique la responsable des photos. Les lecteurs le comprennent encore mal. D'où beaucoup de malentendus. Exemple : une photo de Nicolas Sarkozy parlant, le doigt levé, mise à la "une" le 1er mars. Dans "cette immense et avantageuse photo, publiée en première page pour dénoncer certaines irrégularités dans l'achat de son appartement", Maguy Sauvagnac (Paris), voit la preuve du "glissement (du journal) en faveur du candidat". Or, en optant pour une photo d'actualité, prise la veille, lors d'une conférence à Madrid, le quotidien voulait précisément éviter l'"effet de sens" ce qui aurait été le cas s'il avait exhumé des archives un portrait du même Nicolas Sarkozy accablé ou maussade pour illustrer l'affaire révélée par Le Canard enchaîné. Un autre portrait du candidat UMP, fait pour Le Monde à l'occasion de son interview, le 23 janvier, a été interprété à l'envers. "Grande photo à la Ceausescu, la soupe est bien servie", s'indigne Annie Briand (Courriel). Pas du tout : "Sarkozy était très mécontent de cette photo, prise de près, au grand angle, raconte Frédérique Deschamps. Il a trouvé qu'elle le rapetissait et lui faisait un gros nez." De fait, c'est peut-être cette image qui, par la suite, a conduit à la mise en place du cordon sanitaire pour échapper à l'effet "grand angle" et "grand nez" _______________________________________________________________ Cette chronique reprendra le 14 avril § Pour doper l'audience des émissions politiques, télévisions et radios essaient d'innover. Des initiatives controversées. § M ardi 20 mars, les auditeurs de France Inter ont entendu de drôles de sons pendant le journal de 8 heures présenté par Eric Delvaux. Olivier Besancenot, candidat de la LCR à la présidentielle et invité de l'édition du jour, disposait en effet d'un "buzzer", comme dans les jeux télévisés, pour intervenir au gré des sujets développés, en coupant la parole au journaliste. Un système digne de "Questions pour un champion" ou "La nouvelle star", selon un communiqué publié le jour même par les syndicats CGT, SJA-FO, SNJ et SUD de la station, qui estiment que la nouvelle formule du "8 heures" "fait basculer France Inter dans une zone dangereuse : celle où la frontière entre l'information et le show n'existe plus, celle où la frontière entre journalisme et politique devient floue". Dès le lendemain, face au tollé syndical, France Inter fait marche arrière et remise son "buzzer" au placard. "L'idée n'était pas de faire parler de nous, mais d'inventer un espace nouveau pour les politiques, explique Patrice Bertin, directeur de la rédaction. On entend souvent dire qu'une campagne, c'est la routine. L'idée était donc d'être la première radio à accepter qu'un homme politique coupe la parole à ses journalistes pour dire son désaccord sur le fond ou tout autre commentaire. Presque tout le monde à la rédaction est d'accord avec moi. C'est l'utilisation d'un buzzer qui a plus marqué les esprits ; c'est donc plus un problème de fantasme qu'un problème éditorial." Un avis partagé par Eric Delvaux, également rédacteur en chef de la matinale d'Inter, qui estime que "rédactionnellement et déontologiquement, c'était simplement une autre approche". Et d'ajouter : "D'ailleurs, je n'avais jamais entendu Besancenot s'exprimer sur l'Irak, ce qu'il a eu l'occasion de faire en réagissant aux titres du journal." Avant cet épisode et surtout avant les nouvelles règles du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) concernant le temps de parole des candidats, télévisions et radios ont ouvert certaines de leurs émissions, non politiques, aux prétendants à l'Elysée. C'est notamment le cas du "Grand journal" de Canal+, émission de divertissement présentée chaque soir de la semaine par Michel Denisot. François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont ainsi succédé sur le plateau, gratifiés du titre de "rédacteur en chef" de l'émission. Installés dans le fauteuil d'ordinaire occupé par Michel Denisot, ils ont pu choisir leurs invités : des responsables d'associations uvrant pour l'entraide et le lien social pour François Bayrou ; Paul Le Guen, entraîneur du PSG, et Bernard Laporte, sélectionneur de l'équipe de France de rugby, pour Nicolas Sarkozy ; l'actrice Jeanne Moreau et le chanteur Cali pour Ségolène Royal. Pour ces trois émissions spéciales, il n'y avait pas de journaliste politique sur le plateau : Jean-Michel Aphatie, le chroniqueur spécialisé du "Grand journal", contraint de regarder l'émission en coulisses, n'a eu droit qu'à un rapide billet en toute fin de programme. Son intervention a même été réduite au strict minimum lors du passage de Nicolas Sarkozy, qui avait occupé tout le temps d'antenne à détailler ses goûts cinématographiques ou littéraires. Cette formule "carte blanche" a visiblement séduit les téléspectateurs, "Le Grand journal" a enregistré à chaque fois des audiences record. "Cela marche car le public a envie de découvrir la personnalité des candidats analyse Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+. Il y a une vraie curiosité envers eux. Nous avons ainsi découvert ce qui fait rire Ségolène Royal, ce qui émeut François Bayrou et les films qu'aime Nicolas Sarkozy. Pour moi, cela serait de la politique-spectacle s'il s'agissait de notre seul dispositif politique. Nous ne l'aurions alors pas fait." A partir du 26 mars, les 12 candidats se succéderont dans "En aparté", l'émission de la mi-journée où Pascale Clark interroge, en voix off, des personnalités isolées dans un salon et filmées par des caméras commandées à distance. La chaîne annonce avoir prévu "de nouveaux petits rituels et quelques surprises pour pimenter l'émission et révéler de nouvelles facettes de leur personnalité". Cette curiosité du public pour les prétendants à l'Elysée, qui se vérifie par les audiences des émissions politiques et l'affluence dans les meetings, a aussi conduit les radios à inventer de nouveaux rendez-vous, loin de l'interview politique classique. France Inter a bouleversé ses matinales pour accueillir notamment Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen ou Marie-George Buffet dans un programme intitulé "L'invité se met en quatre". Ce sont notamment eux ou leurs conseillers (Jack Lang avait planché pour Ségolène Royal) qui ont préparé la traditionnelle revue de presse et qui l'ont lue à l'antenne. La surprise est venue du candidat du Front national qui, en invitée surprise, a fait venir en studio l'une de ses conseillères spécialiste... des animaux domestiques. L'auditeur a pu entendre les silences et la gêne des journalistes. Depuis trois ans, RMC invite également régulièrement les hommes et les femmes politiques à occuper seuls l'antenne pendant une heure. A eux de dialoguer avec les auditeurs, de lancer la publicité ou la météo. "C'est une sorte de réunion publique à la radio, estime Franck Lanoux directeur général de RMC. Ce genre d'émission génère beaucoup d'échanges entre la personnalité politique et les auditeurs. Mais ce type de programme interactif n'a pas vocation à remplacer d'autres programmes politiques, plus classiques." Hélène Risser, journaliste à Public Sénat et auteur de Faiseurs de rois ou quand les médias font l'élection (Ed. Privé, 230 p., 17 ), estime que "les chaînes ont retenu la leçon de 2002" : "Le problème est que, dans la course effrénée à l'audience, les médias dans leur ensemble se raccrochent au candidat le mieux placé." Elle ajoute : "Cette fois-ci, il n'y a pas de thématique qui émerge comme celle de la sécurité en 2002. Mais, selon moi, les chaînes exercent une influence subliminale sur le téléspectateur dans le traitement des informations qu'elles choisissent de mettre à l'antenne. TF1 met ainsi un soin particulier dans la juxtaposition des sujets diffusés au cours de ses journaux en proposant surtout du témoignage et des reportages jouant sur l'émotion." Le débat sur la place des hommes et des femmes politiques à la radio et à la télévision n'est pas nouveau. Après le séisme du 21 avril 2002, Michel Drucker, qui avait reçu bon nombre de postulants dans son émission de divertissement "Vivement dimanche", sur France 2, se posait la question. "A la vue des résultats du premier tour, je me demande ce qu'il reste de leur passage dans mon émission... On ne peut que s'interroger sur le rôle de la télé lorsqu'elle confond information et Audimat. Quant à moi, je m'interroge sérieusement pour savoir si, à la rentrée, je continuerai à inviter des politiques", confiait-il dans "Le Monde Radio & TV" du 4 mai 2002. Leçon retenue. Cette année, à part Bernadette Chirac, aucune personnalité politique ne s'est assise sur la banquette rouge entre l'animateur et sa chienne Olga. C'est toutefois au cours de cette émission que Jacques Chirac a annoncé à demi-mots qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en déclarant à Michel Drucker : "Il y a une vie après la politique. Il y a une vie jusqu'à la mort." Jusqu'à la fin de la campagne 2007, France 2 affirme qu'aucun politique ne viendra dans ses émissions de divertissement. § La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février. § L a rue est baignée d'une lumière bleue de fin d'après-midi, un peu froide. Tendu au milieu de la façade impeccable d'un immeuble cossu que l'on devine parisien, un immense calicot couleur azur frappé du logo de l'UMP porte, en grosses lettres blanches, l'une des phrases-clés du parti de Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle : "Imaginons la France d'après"... Alignés juste en dessous, comme une illustration au slogan, une escouade de CRS veille. La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février, lors de la manifestation des salariés parisiens de l'entreprise devant le siège d'Alcatel-Lucent (et non pas lors de la manifestation européenne qui a eu lieu un mois après, le 15 mars). Le groupe venait d'annoncer la suppression de quelque 4 500 emplois. Coïncidence : le bâtiment parisien du leader mondial des télécommunications se trouve juste en face de celui de la fédération de Paris de l'UMP. Voisinage oblige, le dispositif policier mis en place "déborde" naturellement du cadre. Pendant près d'un mois, l'image a sommeillé. La manifestation européenne des salariés d'Alcatel lui a redonné vie. L'intense activité des blogueurs militants à ce moment a accéléré sa diffusion. Elle investit le Web, en changeant de nom et de taille. Allégée pour une diffusion plus rapide, les uns l'appellent "Imaginons la France d'après", d'autres seulement "Imaginons", d'autres enfin "Sarkotoulouse". De mail en mail, elle surgit dans de très nombreuses boîtes aux lettres électroniques. Des internautes l'accaparent et l'introduisent dans leurs blogs, où elle suscite toutes sortes de commentaires majoritairement grinçants et parfois amusés. CHOUX GRAS "La belle France d'après...", ironise Gilles sur le blog de l'association écologiste Citron Vert. L'image fait les choux gras du Collectif Unitaire du Val d'Yerres, du Mammouth Manchois Enervé et de tant d'autres. Elle est en bonne place sur celui de la gauche antilibérale et, de manière un peu plus inattendue, sur le blog de la section Midi-Pyrénées de CAP21, le mouvement de Corine Lepage, ancienne candidate à l'élection qui a rejoint, il y a peu, François Bayrou, le candidat UDF. Du côté du parti de Nicolas Sarkozy, rien. On affirme ne l'avoir jamais vue ni même en avoir entendu parler. Alors que les soutiens du ministre de l'intérieur sont nombreux à investir les blogs pour contrer les attaques dont l'UMP peut faire l'objet, aucun d'eux n'a jugé opportun de neutraliser l'image, ne serait-ce qu'au travers de l'humour. L'UMP, qui vient de lancer sa plate-forme de blogs pour la France d'après, a été capable, dans un passé récent, de détourner au pied levé une pub cinéma du fabricant suédois de mobilier IKEA - qui reprenait d'ailleurs le même slogan - au profit de la campagne de son candidat. "Super photo ! Qui est le photographe ? Peut-on utiliser cette photo ?", s'interroge à juste titre Geneviève sur le site Bellaciao. Le cadrage maladroit, ou réalisé dans la précipitation - encore que rien ne laisse penser qu'il règne la moindre tension au moment où la photo a été prise -, la qualité médiocre de son grain : elle a tout de la photo d'amateur. Aurait-elle pu être prise par un photographe professionnel ? "Ce n'est pas un professionnel qui l'a réalisée, affirme Mathieu Polak, membre du pôle image au journal Le Monde. Pour une simple raison : un professionnel l'aurait diffusée commercialement, c'est sûr." La copie du cliché publiée ci-dessus provient d'un lecteur qui l'a transmise par mail à une journaliste du service France. Mais aucune trace de l'auteur dans les banques d'images des principales agences parisiennes. § Ce sont essentiellement les candidats de droite et d'extrême-droite qui ont réagi, dimanche, à la déclaration de Berlin qui prévoit l'entrée en vigueur d'un nouveau traité européen avant 2009. § A lors que l'Union européenne a célébré, dimanche 25 mars, son cinquantième anniversaire dans une atmosphère d'optimisme renouvelé qui lui a permis d'afficher sa détermination à se doter d'institutions rénovées d'ici à 2009, ce sont essentiellement les candidats de droite et d'extrême-droite à l'Elysée qui se sont emparés, dimanche, du sujet. François Bayrou a pour sa part implicitement critiqué la déclaration de Berlin, en soulignant "que les déclarations adoptées à l'unanimité, généralement ce sont des déclarations pour ne pas dire grand chose". Pour le candidat centriste, "l'Europe sera relancée quand les Français seront réconciliés avec l'Europe". Il a fait valoir "que de l'élection présidentielle qui vient (allait) dépendre une très grande partie, non pas seulement du destin de la France, mais aussi du destin de l'Europe". Interrogé sur la date d'organisation d'un référendum sur l'Europe s'il était élu président, M. Bayrou a répondu : "Quand on aura un texte crédible, et à mes yeux un texte crédible est un texte simple, court, compréhensible par tout le monde et qui traite de la seule question qui compte : comment élabore-t-on une décision et quelle est la place des citoyens dans l'information et la décision que l'Europe prendra ?" "RELANCER LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE" Le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a estimé, de son côté, qu'il fallait donner à l'Europe "un nouvel élan et de nouveaux projets" pour "la remettre dans le cur de ses citoyens". Commentant l'engagement pris à Berlin par les 27 membres de l'UE de "remédier à l'urgence institutionnelle avant les élections européennes de 2009", M. Sarkozy a affirmé : "C'est un engagement très fort qu'il faudra tenir." "Cette Europe, qui a su grandir dans le respect des identités nationales, est notre horizon et notre destin. C'est ensemble que nous pourrons relever les grands défis du XXIe siècle", a-t-il estimé dans un communiqué. S'il est élu, M. Sarkozy soumettra cet été au Parlement un "traité simplifié" sur l'Europe. Jean-Marie Le Pen s'est, lui, livré à un réquisitoire en règle contre l'UE, plaidant pour son remplacement par "une Europe des nations, de Brest à Vladivostok". L'Europe "est un marché de dupes, dans lequel nous avons reçu en échange de nos sacrifices, des coups de massue sur la figure", a-t-il déclaré le candidat FN à Toulouse. M. Le Pen a réclamé l'instauration "d'une autre Europe, celle de l'association libre, celle de la coopération des peuples souverains". Du côté de la gauche, c'est essentiellement la polémique sur l'identité nationale qui a dominé les débats dimanche. Cependant, Marie-George Buffet, la candidate communiste, a appelé à "relancer la construction européenne" mais sur la base d'un nouveau traité. "Nous avons deux années stratégiques devant nous, avec la présidence française au second semestre 2008 et les élections européennes de 2009. A nous de travailler sur un nouveau traité, qui respecte la volonté des Français et des Hollandais", a-t-elle indiqué. § François Bayrou a dénoncé, dimanche, "la course-poursuite" de ses adversaires tandis qu'Olivier Besancenot a appelé "l'ensemble de la gauche à retrouver la raison". § A quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la polémique sur l'identité nationale a continué de rythmer la campagne ce week-end. Mais dimanche, c'est plus précisément Ségolène Royal qui a concentré les critiques. S'emparant du thème de l'identité nationale, avancé d'abord par Nicolas Sarkozy, la candidate socialiste a en effet appelé vendredi les Français à avoir chez eux un drapeau tricolore et à l'exposer à leurs fenêtres le jour de la fête nationale. Elle s'est aussi révélée fervente partisane de "La Marseillaise" et a annoncé parallèlement son slogan de campagne : "La France présidente". Suite à ces déclarations, elle a affirmé, dimanche, qu'elle "ne confondait pas la nation avec le nationalisme". "Je ne fais aucune confusion entre la nation, dont on doit être fier et dont un chef d'Etat doit conduire chaque Français à être fier, et le nationalisme", a déclaré la candidate socialiste à l'élection présidentielle au" Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI". "Je m'apercois que je suis dépassé dans tous les sens", a ironisé, dimanche, Nicolas Sarkozy. "Là, il faut des drapeaux français partout, l'identité nationale, tout le monde en veut. Je me réjouis. J'ai juste un petit effort à demander aux socialistes. S'ils veulent bien me rejoindre sur l'identité nationale, et je m'en réjouis, je leur demande de bien vouloir arrêter avec la repentance qui va de pair avec l'identité de la nation", a ajouté le candidat de l'UMP. "COURSE-POURSUITE" François Bayrou a pour sa part accusé ses deux principaux rivaux de se lancer "dans une course-poursuite" sur la question de l'identité nationale. Mais pour le candidat centriste,"ce n'est pas la nation qui est un problème, la nation a des problèmes : chômage, éducation, environnement, exclusion, économie". "Que ce soit la candidate du Parti socialiste qui en vienne là, (...) c'est quelque chose qui peut poser quelques points d'interrogation", a-t-il conclu. A gauche du PS, les réactions ont été vives. Pour la candidate communiste Marie-George Buffet, "La Marseillaise" et le drapeau tricolore sont "des symboles qui appartiennent au peuple", et il ne faut pas "se les disputer comme des bouts de chiffon". Plus virulent, Olivier Besancenot, candidat de la LCR, a affirmé : "Cela me choque et ça me fait flipper." "On a Nicolas Sarkozy qui court après Le Pen, si la gauche court après Nicolas Sarkozy, je vous laisse deviner qui va tirer les marrons du feu ? Ce sera Jean-Marie Le Pen", a indiqué le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, appelant "l'ensemble de la gauche (...) à retrouver la raison". "RÉHABILITER LE PATRIOTISME DU CUR" Un constat partagé par le candidat du FN, Jean-Marie Le Pen, qui a estimé dimanche qu'il n'aurait aucun mal à récupérer le 22 avril la surenchère patriotique de ses concurrents. "En volant mes idées, en fait, mes concurrents les valident. Les électeurs vont donc me rejoindre plus nombreux encore puisque j'avais donc raison depuis longtemps", a-t-il indiqué à Toulouse. Au PS, quelques voix se sont élevées pour soutenir la candidate. Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés, a expliqué que Mme Royal entendait "réhabiliter le patriotisme du cur", alors que Nicolas Sarkozy "véhicule un patriotisme de la peur". Le secrétaire national PS à l'égalité, Faouzi Lamdaoui, a jugé qu'il était "du devoir de la gauche de restituer au peuple les symboles de nation", tandis que Julien Dray, porte-parole de la candidate, a fait valoir qu'il s'agissait "de ne pas laisser les attributs de la République à d'autres". "Nicolas Sarkozy a tort de faire de l'ironie et devrait se méfier de paraître un peu suffisant", a estimé M. Peillon dans un communiqué. Il a expliqué que "le Parti socialiste n'était aucunement dans la repentance lorsqu'il affirme son attachement aux valeurs et aux symboles de la République et lorsqu'il ne confond pas identité nationale et immigration". § Le réalisateur anglais, palme d'or à Cannes en 2006 pour "Le Vent se lève", souhaite le "succès" du candidat de la LCR, dans une vidéo datée du 23 mars et mise en ligne sur Daily Motion par "Eugène Varlin", un internaute soutien de M. Besancenot. Ce dernier est capable d'"éviter les pires excès du système" capitaliste, estime M. Loach. Réagissant à ce soutien, dévoilé par "Le Parisien" dimanche, Olivier Besancenot a expliqué, sur Canal +, qu'il avait rencontré Ken Loach lors du forum social de Londres. § § La polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves, près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées par le parquet de Paris. § L a polémique sur l'interpellation d'un sans-papiers parent d'élèves près d'une maternelle parisienne ne faiblit pas, malgré les explications apportées samedi 24 mars par le parquet de Paris : "En l'état actuel de l'enquête, rien n'indique que la police se soit rendue dans un débit de boissons parce qu'elle pensait y trouver des personnes en situation irrégulière qui attendait la sortie d'enfants d'une école", a expliqué le procureur adjoint. Un Chinois, venu chercher ses petits-enfants, a été arrêté mardi dans un café voisin de l'école puis relâché mercredi matin. Valérie Boukobza, la directrice de l'école de la rue Rampal, dans le 19e arrondissement, de Paris, a été gardée à vue sept heures vendredi pour "outrages et dégradation de biens publics en réunion". Des faits qu'elle conteste. Mardi, elle s'est opposée, avec des parents d'élèves, à l'interpellation très mouvementée, au cours de laquelle des gaz lacrymogènes ont été utilisés. Une voiture de police a été endommagée et un policier s'est vu prescrire une interruption temporaire de travail à la suite des incidents."CONFORME À LA LOI" Le placement en garde à vue de la directrice de l'école était "conforme à la loi", "nécessaire à son audition et des confrontations" et "lui permettait de bénéficier de droits", comme le fait de contacter son avocat, a ajouté le parquet. Nicolas Sarkozy, encore ministre de l'intérieur jusqu'à lundi, a défendu la police, samedi, estimant qu'il n'y avait dans l'affaire pas matière à "polémique". Alliance, le deuxième syndicat de gardiens de la paix, s'est déclaré "scandalisé et choqué", demandant au ministère de "déposer plainte contre les auteurs des accusations diffamatoires" contre les forces de l'ordre. Le cabinet du ministère de l'intérieur a rappelé vendredi soir qu'il avait demandé aux préfets de ne pas procéder à des interpellations "dans l'enceinte ou à proximité immédiate d'un établissement scolaire". Interrogé samedi, Philippe Maitre, le procureur adjoint, a expliqué à l'AFP que le parquet de Paris n'avait pas connaissance de cette instruction. La veille des incidents, la directrice de l'école de la rue Rampal avait empêché, en intervenant auprès des policiers, l'interpellation d'une jeune Chinoise venue chercher sa nièce à la sortie de l'école, rappelle Le Journal du Dimanche. POLÉMIQUE AVEC LE RECTORAT A gauche, les réactions ont été cinglantes. Ségolène Royal, Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, Dominique Voynet et Gérard Schivardi ont dénoncé les méthodes de Nicolas Sarkozy. Les candidats ont été rejoints plusieurs associations. Dans le milieu enseignant, l'émotion reste vive. Samedi, une vingtaine de directeurs d'école maternelle sont sortis de leur "réserve" pour demander au recteur d'académie de s'exprimer sur ces "violences inacceptables". "Le procédé de rafle est en lui-même odieux et aujourd'hui doublement insupportable quand il y mêle l'institution que nous représentons", écrivent les directeurs, issus de la circonscrition parisienne de la Goutte d'Or. "L'école n'a rien à faire dans cette polémique, a répondu dimanche le chef de cabinet du recteur de Paris, Nicolas Boudot, cité par Le Parisien. La directrice de l'école n'a pas agi dans le cadre de ses fonctions, mais comme une simple citoyenne militante, soupçonnée d'un délit. C'est pourquoi le rectorat ne peut lui offrir la protection qu'elle a demandée." Lundi, tous les syndicats enseignants parisiens (SFU, SGEN-CFDT, SUD, UNSA-Edusation, CGT), ainsi que la FCPE, la principale fédération de parents d'élèves et RESF, le Réseau éducation sans frontières, appellent à un rassemblement à 18 h 30 devant le rectorat de Paris. § Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages, la candidate socialiste 24 %, François Bayrou 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen 14 % (+1), selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans le JDD. § N icolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % des voix contre 48,5 %, si le second tour de la présidentielle avait lieu dimanche, selon un sondage IFOP à paraître dans le JDD. Le premier tour a été testé sur les onze candidats ayant affirmé avoir rassemblé les parrainages nécessaires pour concourir, ainsi que sur José Bové, qui demeurait alors incertain. Fiche technique Sondage IFOP réalisé par téléphone du 16 au 17 mars (enquête de terrain réalisée à l'issue du dépôt de parrainages vendredi à 18 heures) auprès d'un échantillon national représentatif de 911 personnes (méthode des quotas). Notice détaillée consultable auprès de la commission des sondages. Le candidat de l'UMP recueillerait 26 % des suffrages (-2), la candidate socialiste 24 % (+1), François Bayrou (UDF) 22,5 % (-0,5) et Jean-Marie Le Pen (FN) 14 % (+1). Tous les autres candidats sont crédités de scores faibles : 3 % pour Arlette Laguiller de LO (+1), 3 % pour Olivier Besancenot de la LCR (-0,5), 2 % (=) pour Marie-George Buffet (PCF), 2 % pour José Bové (+0,5), 1,5 % pour Dominique Voynet des Verts (+0,5), 0,5 % pour Frédéric Nihoux de CPNT (-0,5) 1,5 % pour Philippe de Villiers du MPF (+0,5). Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des Travailleurs, n'atteint pas 0,5 %. A un second tour organisé dimanche prochain, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal par 51,5 % (-0,5) contre 48,5 % (+0,5). 5 % des personnes interrogées ne se sont pas prononcées. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le livre de la candidate socialiste n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. § C ent quatre-vingt-dix mots ont été classés, triés sous forme d'un abécédaire. Le livre de la candidate socialiste - le seul de sa campagne à l'élection présidentielle - n'est ni une biographie ni une confession ou un programme, mais un peu de tout cela à la fois. Maintenant, c'est son titre, renvoie à l'ouvrage Ici et maintenant que François Mitterrand publia avant son arrivée au pouvoir en 1981, mais la comparaison s'arrête là. Plus simple, plus neutre, celui de Mme Royal est aussi un peu déroutant, comme son sujet. Classées par thèmes et par ordre alphabétique, ses réponses, tout au long de l'entretien qu'elle a accordé à Marie-Françoise Colombani, éditorialiste à Elle, jouent à saute-mouton. "Anorexie" précède "ANPE", "Couple" emboîte le pas, sans transition, à "Corruption". Ainsi invitée à se prononcer sur toute une liste de sujets, Ségolène Royal prend soin de garder ses distances. Certes, on découvre que son film préféré est La Leçon de piano, de Jane Campion. Que son pire "souvenir" reste "les châtiments corporels et la boule à zéro infligés à (ses) frères pour des broutilles" par un père très autoritaire et sa "détresse de ne pas pouvoir l'empêcher". Ou bien encore que ses quatre enfants ont suivi une éducation religieuse, en marge de l'école publique, mais n'ont été baptisés qu'à l'âge de 10 ou 12 ans. "J'ai attendu qu'ils aient l'âge de choisir et de comprendre", expose Ségolène Royal. Mais la politique reprend vite le dessus. "Vous saviez que les filles de Jean Jaurès avaient fait leur communion ?", glisse la candidate avant de confier que ses "modèles" en politique ont pour nom Mitterrand, Mendès France, Delors, mais aussi Jeanne d'Arc. Le passage sur le couple est sans doute le plus intime. Elle reconnaît pour la première fois qu'elle avait réellement envisagé de se marier en Polynésie avec François Hollande, en pleine primaire socialiste. Et pour la première fois aussi, Ségolène Royal semble régler des comptes en affirmant que c'est l'"entourage" du premier secrétaire du PS qui a "dissuadé" son compagnon... Sans s'attarder, la candidate confirme ainsi les tensions qui ont régné dans ce couple si particulier, aux avant-postes de la scène politique. Cela mis à part, Maintenant est d'abord et avant tout le bréviaire d'une candidate qui reprend, un à un, tous ses sujets fétiches, du "citoyen expert" à l'"ordre juste", en passant par les "jurys citoyens" ou les "internats" pour les mineurs en difficulté. Parfois, les pages deviennent fiches et argumentaires de campagne, parfois elles servent à clore une polémique. François Hollande ayant déclaré un jour qu'il n'aimait pas les "riches", ce qui a nourri les commentaires sur ses propositions en matière fiscale, Ségolène Royal s'emploie à rectifier le tir. "On peut être privilégié et vouloir l'abolition des privilèges", dit-elle en rappelant la nuit du 4 août 1789, "où les nobles ont joint leurs voix à celles du tiers état". Publié onze ans après le dernier livre de Ségolène Royal, La Vérité d'une femme (Stock, 1996), ce livre de campagne est le produit d'un minutieux compromis. Il sort une semaine après le pamphlet Connaissez-vous Mme Royal ? (Grasset) de l'ancien secrétaire national chargé des questions économiques du PS, Eric Besson. Et moins d'un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle. § Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. § T ordons d'emblée le cou à une légende : Le Monde n'a pas toujours refusé la photographie. Il y est venu tard et à tout petits pas. La première photo a été publiée le 3 mars 1949 et annonçait le Salon des arts ménagers, la deuxième, sept mois plus tard, le Salon de l'automobile. Pendant un quart de siècle, l'image, vue comme un accessoire coûteux et un peu futile, resta cantonnée aux loisirs, à la mode, à la télévision. Elle ne gagna, timidement, l'actualité que le 22 septembre 1974 sous le titre : "La photo de la semaine" (en l'occurrence une manifestation antijaponaise à Séoul), et ne conquit la "une" que le 27 décembre 1983, pour la mort de Joan Miro. Le vrai tournant n'a été pris que fort récemment, en novembre 2005, avec la nouvelle formule conçue par Eric Fottorino. La photo, devenue une information à part entière, mérite désormais sa place à la "une" comme dans les pages d'actualité. Bousculant une culture bien ancrée, cette révolution de palais ne s'est pas faite sans grognements. Au sein de la rédaction comme parmi les lecteurs, les nostalgiques de l'ancien Monde ont beaucoup regretté la "place perdue" par la nouvelle maquette, ses gros titres et ses images. Mais le pari semble aujourd'hui gagné. Le journal reçoit encore, de-ci de-là, quelques lettres déplorant "l'utilisation aussi excessive qu'inutile que (Le Monde) fait de la photographie" (M. Le Gendre, Milan, Italie), ou regrettant, comme Anne Guérin (courriel), que "des articles parfois passionnants (soient) réduits à la portion congrue, le reste étant mangé par une énorme photographie". Mais elles se font rares. Semaine après semaine, les regrets cèdent la place aux critiques, de plus en plus affûtées. Les images sont désormais scrutées comme les articles et, comme eux, surinterprétées. Preuve, s'il en faut, qu'elles intéressent et même passionnent en ces temps de fièvre électorale. "Une des photos, choisie pour illustrer un article consacré à Ségolène Royal, m'amuse, écrit par exemple Philippe Delaite (Liège, Belgique). Elle me fait immanquablement penser à une malheureuse religieuse Sur Marie-Ségolène de l'Immaculée Conception égarée, seule, loin de son couvent." Rassurons notre lecteur belge : il n'y avait dans cette image aucune malice. Prise, en exclusivité pour Le Monde, quelques minutes avant une interview parue le 6 mars, elle ne témoignait que d'une chose : le trac intense de la candidate. Les stars de la politique verrouillent de plus en plus leur image. "Ségolène Royal a interdit qu'on la saisisse en train de manger et Nicolas Sarkozy a imposé un cordon de sécurité autour de lui pour éviter "l'effet grand angle" des photos prises de très près, explique Frédérique Deschamps, responsable de la photo, mais, à l'exception de François Bayrou, qui entretient un rapport de charme avec les photographes, ils sont souvent très mal à l'aise seuls, face à face avec un professionnel." Un malaise aggravé par le temps, trop bref, qu'ils accordent à la prise de vue. "Ségolène Royal, ce jour-là, n'avait donné que huit minutes à la photographe, celle-ci a fait de son mieux pour la détendre, mais elle était pétrifiée, hyper stressée. Ça se voit. Nous ne cherchons pas à fabriquer une image, c'est elle qui a choisi sa coiffure, ses vêtements, sa pose, un peu raide, ajoute Frédérique Deschamps. L'étonnant, c'est que, à l'inverse, dans les meetings, elle est comme transcendée. Elle rayonne." Mme Royal n'est pas la seule à se pétrifier devant l'objectif. Deux photos en pied d'Angela Merkel, accompagnant son interview, le 15 janvier, illustrent ce phénomène. L'une "excellente, pleine de vie et de symboles", remarque Claude Gintz (Ivry-sur-Seine), a été prise à la volée, devant son bureau, alors qu'elle ne s'y attendait pas. L'autre, où la chancelière allemande apparaît raide, grincheuse et "un peu lourdaude", a été posée. CQFD. C'est pour rompre avec l'image, devenue banale, d'une Mme Royal "transcendée" par la foule, qu'a été choisie, le 18 janvier, une photo qui a fait réagir. Ce portrait, capturé lors de son voyage en Chine par un photographe local, montrait la candidate un peu lasse, fragile mais superbe. "Ségolène en madone gitane", ironise Christian Jeanbrau (Courriel). L'image était d'autant plus frappante, dit-il, qu'elle succédait à celle, peu flatteuse, publiée la veille en première page, de "François Hollande, illuminé, façon imbécile heureux, bref ridicule". "Qui a choisi ces photos?, poursuit M. Jeanbrau. Le Monde est-il sous le charme et, se le reprochant, se venge-t-il sur le compagnon?" Rien de tel puisque les photos des pages intérieures sont sélectionnées par le service photo et celles destinées à la "une", vitrine du journal, choisies par la rédaction en chef. "Nous n'essayons pas de faire dire à des photos, prises hors contexte, ce qu'elles ne disent pas", explique la responsable des photos. Les lecteurs le comprennent encore mal. D'où beaucoup de malentendus. Exemple : une photo de Nicolas Sarkozy parlant, le doigt levé, mise à la "une" le 1er mars. Dans "cette immense et avantageuse photo, publiée en première page pour dénoncer certaines irrégularités dans l'achat de son appartement", Maguy Sauvagnac (Paris), voit la preuve du "glissement (du journal) en faveur du candidat". Or, en optant pour une photo d'actualité, prise la veille, lors d'une conférence à Madrid, le quotidien voulait précisément éviter l'"effet de sens" ce qui aurait été le cas s'il avait exhumé des archives un portrait du même Nicolas Sarkozy accablé ou maussade pour illustrer l'affaire révélée par Le Canard enchaîné. Un autre portrait du candidat UMP, fait pour Le Monde à l'occasion de son interview, le 23 janvier, a été interprété à l'envers. "Grande photo à la Ceausescu, la soupe est bien servie", s'indigne Annie Briand (Courriel). Pas du tout : "Sarkozy était très mécontent de cette photo, prise de près, au grand angle, raconte Frédérique Deschamps. Il a trouvé qu'elle le rapetissait et lui faisait un gros nez." De fait, c'est peut-être cette image qui, par la suite, a conduit à la mise en place du cordon sanitaire pour échapper à l'effet "grand angle" et "grand nez" _______________________________________________________________ Cette chronique reprendra le 14 avril § Pour doper l'audience des émissions politiques, télévisions et radios essaient d'innover. Des initiatives controversées. § M ardi 20 mars, les auditeurs de France Inter ont entendu de drôles de sons pendant le journal de 8 heures présenté par Eric Delvaux. Olivier Besancenot, candidat de la LCR à la présidentielle et invité de l'édition du jour, disposait en effet d'un "buzzer", comme dans les jeux télévisés, pour intervenir au gré des sujets développés, en coupant la parole au journaliste. Un système digne de "Questions pour un champion" ou "La nouvelle star", selon un communiqué publié le jour même par les syndicats CGT, SJA-FO, SNJ et SUD de la station, qui estiment que la nouvelle formule du "8 heures" "fait basculer France Inter dans une zone dangereuse : celle où la frontière entre l'information et le show n'existe plus, celle où la frontière entre journalisme et politique devient floue". Dès le lendemain, face au tollé syndical, France Inter fait marche arrière et remise son "buzzer" au placard. "L'idée n'était pas de faire parler de nous, mais d'inventer un espace nouveau pour les politiques, explique Patrice Bertin, directeur de la rédaction. On entend souvent dire qu'une campagne, c'est la routine. L'idée était donc d'être la première radio à accepter qu'un homme politique coupe la parole à ses journalistes pour dire son désaccord sur le fond ou tout autre commentaire. Presque tout le monde à la rédaction est d'accord avec moi. C'est l'utilisation d'un buzzer qui a plus marqué les esprits ; c'est donc plus un problème de fantasme qu'un problème éditorial." Un avis partagé par Eric Delvaux, également rédacteur en chef de la matinale d'Inter, qui estime que "rédactionnellement et déontologiquement, c'était simplement une autre approche". Et d'ajouter : "D'ailleurs, je n'avais jamais entendu Besancenot s'exprimer sur l'Irak, ce qu'il a eu l'occasion de faire en réagissant aux titres du journal." Avant cet épisode et surtout avant les nouvelles règles du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) concernant le temps de parole des candidats, télévisions et radios ont ouvert certaines de leurs émissions, non politiques, aux prétendants à l'Elysée. C'est notamment le cas du "Grand journal" de Canal+, émission de divertissement présentée chaque soir de la semaine par Michel Denisot. François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont ainsi succédé sur le plateau, gratifiés du titre de "rédacteur en chef" de l'émission. Installés dans le fauteuil d'ordinaire occupé par Michel Denisot, ils ont pu choisir leurs invités : des responsables d'associations uvrant pour l'entraide et le lien social pour François Bayrou ; Paul Le Guen, entraîneur du PSG, et Bernard Laporte, sélectionneur de l'équipe de France de rugby, pour Nicolas Sarkozy ; l'actrice Jeanne Moreau et le chanteur Cali pour Ségolène Royal. Pour ces trois émissions spéciales, il n'y avait pas de journaliste politique sur le plateau : Jean-Michel Aphatie, le chroniqueur spécialisé du "Grand journal", contraint de regarder l'émission en coulisses, n'a eu droit qu'à un rapide billet en toute fin de programme. Son intervention a même été réduite au strict minimum lors du passage de Nicolas Sarkozy, qui avait occupé tout le temps d'antenne à détailler ses goûts cinématographiques ou littéraires. Cette formule "carte blanche" a visiblement séduit les téléspectateurs, "Le Grand journal" a enregistré à chaque fois des audiences record. "Cela marche car le public a envie de découvrir la personnalité des candidats analyse Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+. Il y a une vraie curiosité envers eux. Nous avons ainsi découvert ce qui fait rire Ségolène Royal, ce qui émeut François Bayrou et les films qu'aime Nicolas Sarkozy. Pour moi, cela serait de la politique-spectacle s'il s'agissait de notre seul dispositif politique. Nous ne l'aurions alors pas fait." A partir du 26 mars, les 12 candidats se succéderont dans "En aparté", l'émission de la mi-journée où Pascale Clark interroge, en voix off, des personnalités isolées dans un salon et filmées par des caméras commandées à distance. La chaîne annonce avoir prévu "de nouveaux petits rituels et quelques surprises pour pimenter l'émission et révéler de nouvelles facettes de leur personnalité". Cette curiosité du public pour les prétendants à l'Elysée, qui se vérifie par les audiences des émissions politiques et l'affluence dans les meetings, a aussi conduit les radios à inventer de nouveaux rendez-vous, loin de l'interview politique classique. France Inter a bouleversé ses matinales pour accueillir notamment Ségolène Royal, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen ou Marie-George Buffet dans un programme intitulé "L'invité se met en quatre". Ce sont notamment eux ou leurs conseillers (Jack Lang avait planché pour Ségolène Royal) qui ont préparé la traditionnelle revue de presse et qui l'ont lue à l'antenne. La surprise est venue du candidat du Front national qui, en invitée surprise, a fait venir en studio l'une de ses conseillères spécialiste... des animaux domestiques. L'auditeur a pu entendre les silences et la gêne des journalistes. Depuis trois ans, RMC invite également régulièrement les hommes et les femmes politiques à occuper seuls l'antenne pendant une heure. A eux de dialoguer avec les auditeurs, de lancer la publicité ou la météo. "C'est une sorte de réunion publique à la radio, estime Franck Lanoux directeur général de RMC. Ce genre d'émission génère beaucoup d'échanges entre la personnalité politique et les auditeurs. Mais ce type de programme interactif n'a pas vocation à remplacer d'autres programmes politiques, plus classiques." Hélène Risser, journaliste à Public Sénat et auteur de Faiseurs de rois ou quand les médias font l'élection (Ed. Privé, 230 p., 17 ), estime que "les chaînes ont retenu la leçon de 2002" : "Le problème est que, dans la course effrénée à l'audience, les médias dans leur ensemble se raccrochent au candidat le mieux placé." Elle ajoute : "Cette fois-ci, il n'y a pas de thématique qui émerge comme celle de la sécurité en 2002. Mais, selon moi, les chaînes exercent une influence subliminale sur le téléspectateur dans le traitement des informations qu'elles choisissent de mettre à l'antenne. TF1 met ainsi un soin particulier dans la juxtaposition des sujets diffusés au cours de ses journaux en proposant surtout du témoignage et des reportages jouant sur l'émotion." Le débat sur la place des hommes et des femmes politiques à la radio et à la télévision n'est pas nouveau. Après le séisme du 21 avril 2002, Michel Drucker, qui avait reçu bon nombre de postulants dans son émission de divertissement "Vivement dimanche", sur France 2, se posait la question. "A la vue des résultats du premier tour, je me demande ce qu'il reste de leur passage dans mon émission... On ne peut que s'interroger sur le rôle de la télé lorsqu'elle confond information et Audimat. Quant à moi, je m'interroge sérieusement pour savoir si, à la rentrée, je continuerai à inviter des politiques", confiait-il dans "Le Monde Radio & TV" du 4 mai 2002. Leçon retenue. Cette année, à part Bernadette Chirac, aucune personnalité politique ne s'est assise sur la banquette rouge entre l'animateur et sa chienne Olga. C'est toutefois au cours de cette émission que Jacques Chirac a annoncé à demi-mots qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat en déclarant à Michel Drucker : "Il y a une vie après la politique. Il y a une vie jusqu'à la mort." Jusqu'à la fin de la campagne 2007, France 2 affirme qu'aucun politique ne viendra dans ses émissions de divertissement. § La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février. § L a rue est baignée d'une lumière bleue de fin d'après-midi, un peu froide. Tendu au milieu de la façade impeccable d'un immeuble cossu que l'on devine parisien, un immense calicot couleur azur frappé du logo de l'UMP porte, en grosses lettres blanches, l'une des phrases-clés du parti de Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle : "Imaginons la France d'après"... Alignés juste en dessous, comme une illustration au slogan, une escouade de CRS veille. La photographie fait partie d'une série diffusée par le site de la CFDT de l'entreprise Alcatel. Elle a été prise rue de La Boétie à Paris, dans le 8e arrondissement, le 15 février, lors de la manifestation des salariés parisiens de l'entreprise devant le siège d'Alcatel-Lucent (et non pas lors de la manifestation européenne qui a eu lieu un mois après, le 15 mars). Le groupe venait d'annoncer la suppression de quelque 4 500 emplois. Coïncidence : le bâtiment parisien du leader mondial des télécommunications se trouve juste en face de celui de la fédération de Paris de l'UMP. Voisinage oblige, le dispositif policier mis en place "déborde" naturellement du cadre. Pendant près d'un mois, l'image a sommeillé. La manifestation européenne des salariés d'Alcatel lui a redonné vie. L'intense activité des blogueurs militants à ce moment a accéléré sa diffusion. Elle investit le Web, en changeant de nom et de taille. Allégée pour une diffusion plus rapide, les uns l'appellent "Imaginons la France d'après", d'autres seulement "Imaginons", d'autres enfin "Sarkotoulouse". De mail en mail, elle surgit dans de très nombreuses boîtes aux lettres électroniques. Des internautes l'accaparent et l'introduisent dans leurs blogs, où elle suscite toutes sortes de commentaires majoritairement grinçants et parfois amusés. CHOUX GRAS "La belle France d'après...", ironise Gilles sur le blog de l'association écologiste Citron Vert. L'image fait les choux gras du Collectif Unitaire du Val d'Yerres, du Mammouth Manchois Enervé et de tant d'autres. Elle est en bonne place sur celui de la gauche antilibérale et, de manière un peu plus inattendue, sur le blog de la section Midi-Pyrénées de CAP21, le mouvement de Corine Lepage, ancienne candidate à l'élection qui a rejoint, il y a peu, François Bayrou, le candidat UDF. Du côté du parti de Nicolas Sarkozy, rien. On affirme ne l'avoir jamais vue ni même en avoir entendu parler. Alors que les soutiens du ministre de l'intérieur sont nombreux à investir les blogs pour contrer les attaques dont l'UMP peut faire l'objet, aucun d'eux n'a jugé opportun de neutraliser l'image, ne serait-ce qu'au travers de l'humour. L'UMP, qui vient de lancer sa plate-forme de blogs pour la France d'après, a été capable, dans un passé récent, de détourner au pied levé une pub cinéma du fabricant suédois de mobilier IKEA - qui reprenait d'ailleurs le même slogan - au profit de la campagne de son candidat. "Super photo ! Qui est le photographe ? Peut-on utiliser cette photo ?", s'interroge à juste titre Geneviève sur le site Bellaciao. Le cadrage maladroit, ou réalisé dans la précipitation - encore que rien ne laisse penser qu'il règne la moindre tension au moment où la photo a été prise -, la qualité médiocre de son grain : elle a tout de la photo d'amateur. Aurait-elle pu être prise par un photographe professionnel ? "Ce n'est pas un professionnel qui l'a réalisée, affirme Mathieu Polak, membre du pôle image au journal Le Monde. Pour une simple raison : un professionnel l'aurait diffusée commercialement, c'est sûr." La copie du cliché publiée ci-dessus provient d'un lecteur qui l'a transmise par mail à une journaliste du service France. Mais aucune trace de l'auteur dans les banques d'images des principales agences parisiennes. § Une quinzaine de "juifs de gauche", intellectuels, militants politiques ou associatifs, responsables religieux, viennent de lancer une pétition pour "réaffirmer haut et fort (leurs) convictions". § L as de voir accréditée l'idée que "80 % de la communauté juive de France votent à droite", une quinzaine de "juifs de gauche", intellectuels, militants politiques ou associatifs, responsables religieux, viennent de lancer une pétition pour "réaffirmer haut et fort (leurs) convictions". Ecrit à l'initiative de l'avocat Patrick Klugman, ancien président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et ancien vice-président de SOS-Racisme, ce texte dénonce " la prise d'otage de (la) communauté (juive) aux termes d'une propagande habile qui voudrait que les juifs de France aient choisi unanimement un candidat à l'élection présidentielle", en l'occurrence Nicolas Sarkozy. M. Klugman ne nie pas l'attraction qu'exerce sur une partie de la communauté juive le candidat de l'UMP, considéré comme un "ami d'Israël" et loué pour sa fermeté dans sa condamnation des actes antisémites. Mais, avec les pétitionnaires, il dénonce l'approche communautariste que développe, selon eux, l'actuel ministre de l'intérieur, qui "préfère s'adresser successivement et avec des égards particuliers aux juifs, aux musulmans, aux chrétiens, plutôt que simultanément à des citoyens égaux en droits et en devoirs". "CONTRE LE COMMUNAUTARISME" "Ce discours de Sarkozy fait des dégâts, constate M. Klugman. En flattant les particularismes, il crée une concurrence entre les minorités et exacerbe le racisme entre les communautés. Ce qu'on peut gagner avec Sarkozy en tant que juif, on le perd en tant que Français." Persuadés que l'enjeu de l'élection présidentielle est celui "du rétablissement ou du délaissement de la République et de ses principes", notamment la laïcité, les pétitionnaires rappellent que leur histoire est marquée par l'émancipation des juifs de France, qui fut "un appel clair contre le communautarisme". Ils espèrent collecter un millier de signatures dans les prochaines semaines et projettent l'organisation d'une réunion publique, le 26 mars, pour prendre position contre le communautarisme et pour la laïcité. § Le Salon de l'agriculture, inauguré par Jacques Chirac, a ouvert ses portes samedi. La plupart des postulants à la présidentielle s'apprêtent à le visiter. § L es agriculteurs s'impatientent. Au Salon de l'agriculture, qui a ouvert ses portes samedi 3 mars, ils attendent des candidats à l'élection présidentielle qui y défileront, qu'ils exposent enfin clairement leurs positions sur leurs préoccupations et leur actualité : les discussions à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et la politique agricole commune. "Nous avons besoin d'un certain nombre d'orientations, j'ose même dire d'ambitions", expliquait récemment Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, revigoré par ses 55 % obtenus aux élections professionnelles de janvier. Questions sur l'avenir du ministère de l'agriculture Inquiets de leur perte d'influence, les agriculteurs verraient d'un mauvais oeil la disparition de leur ministère. Depuis quelques semaines, la question d'un éventuel rattachement en cas de gouvernement resserré agite le milieu. Interrogé fin janvier par le journal Agrapresse, Nicolas Sarkozy a répondu que la "logique (en cas de regroupement) voudrait que ce soit avec (le ministère) de l'économie", tout en précisant que ce n'était pas une priorité à ce stade. Le PS s'est engouffré dans la brèche, l'accusant de vouloir supprimer le ministère. Interrogée elle aussi par l'hebdomadaire, Ségolène Royal a éludé la question en répondant sur l'importance de celui de l'environnement. Vendredi 2 mars, une autre option a émergé, émanant des chasseurs. Ils plaident auprès des candidats pour un grand ministère de la ruralité, dans lequel ils incluraient l'agriculture. Certes, dans les programmes, chaque parti consacre un paragraphe au secteur, mais les candidats ont à peine pris la parole sur le sujet ou "n'ont abordé l'agriculture que par le prisme de l'écologie et des attentes de la société", selon Philippe Mangin, président de Coop de France, qui rassemble les coopératives. Pourtant, si les candidats n'ont pas l'expérience d'un Jacques Chirac auprès de l'électorat agricole (ni sa popularité), ils ne sont pas novices sur le sujet. Ce n'est pas rien : deux d'entre eux, José Bové et François Bayrou, ont une expérience du métier. Le premier, ancien porte-parole de la Confédération paysanne, suscite néanmoins l'animosité chez bon nombre d'agriculteurs, qui ne lui pardonnent pas son combat contre la "malbouffe", qui, estiment-ils, les a desservis. Le deuxième, en outre adhérent à la FNSEA, bénéficie d'un capital sympathie - c'est le seul auquel on reconnaît la fameuse "fibre agricole". Son entourage s'affaire à le distinguer d'un Nicolas Sarkozy libéral auprès d'agriculteurs attachés à la régulation. D'autres candidats ne disposent pas d'une telle proximité, mais se sont déjà confrontés au milieu. Ainsi Dominique Voynet, dont le passage au ministère de l'environnement laisse un mauvais souvenir. Elle aussi ancienne titulaire de ce portefeuille, Ségolène Royal s'est également positionnée sur une vision de l'agriculture proche de la Confédération paysanne, notamment dans sa région Poitou-Charente, où elle a mis en avant l'agriculture biologique et les appellations d'origine contrôlée (AOC). La récente chute de 7 points, à 19 %, de la Confédération aux élections professionnelles et le redressement de la FNSEA lui feront-ils adapter son discours, comme l'escomptent certains agriculteurs ? Son entourage affirme que non, insistant sur la volonté du PS de privilégier la diversité des exploitations et pas seulement les grosses structures. Nicolas Sarkozy est bien le seul a n'avoir ni racines rurales, ni expérience du sujet. Il a trouvé son créneau en insistant sur des valeurs communes : "Le travail, la liberté d'entreprise, la culture du résultat." Il a de plus donné des gages en multipliant les déplacements, comme le 26 février à Sancerre (Cher), où celui qui ne boit pas d'alcool s'est déclaré "favorable à l'ouverture à la publicité sur la consommation de vin" et a accepté d'en goûter. Opération rééditée jeudi 1er mars dans le Bordelais, où le candidat de l'UMP a par ailleurs dénoncé ce qui apparaît à ses yeux comme les excès de l'écologie. M. Sarkozy possède un avantage certain, l'ancrage à droite des agriculteurs. Ceux-ci votaient cependant plus pour l'actuel chef de l'Etat que pour le RPR. "Orphelins de Jacques Chirac, les agriculteurs n'offrent plus à l'UMP une situation de monopole", affirme le sociologue du Cevipof François Purseigle. A la lecture des propositions des candidats, ce dernier estime qu'il n'y a "pas d'offre électorale susceptible d'accompagner une population fragilisée par des années de baisse de revenu et déclassée". Alors que le vote affectif pour Jacques Chirac avait jusque-là permis de faire barrage au Front national, les agriculteurs ont, pour la première fois en 2002, voté à 22 % pour Jean-Marie Le Pen, soit plus que la moyenne nationale. § La candidate du PS s'oppose aux suppressions d'emplois et préconise une solution alternative. § S égolène Royal s'est dessiné un rôle de premier plan dans le dossier Airbus : chef de la "riposte". Prenant la tête de la contestation dans ce dossier très sensible qui installe la bataille de l'emploi dans la campagne présidentielle, la candidate socialiste en profite pour exposer ses propositions : intervention d'un "Etat fort" opposé au "modèle libéral", rénovation d'un dialogue social "archaïque", introduction des salariés dans les conseils d'administration. Mme Royal a été la première à rencontrer l'intersyndicale du constructeur aéronautique, qui a fait le déplacement depuis Toulouse pour s'entretenir avec elle, vendredi 2 mars, à l'issue de son meeting, salle de la Pelote, à Pau. Nicolas Sarkozy (UMP) et François Bayrou (UDF) rencontreront à leur tour, lundi 5 mars, les représentants des salariés. M. Sarkozy devrait faire part de ses propositions lundi soir sur France 3. A cinq reprises au moins, dans la conversation qu'elle a engagée avec l'intersyndicale, Mme Royal a développé cette idée : "organiser la riposte" pour s'opposer aux 10 000 suppressions d'emplois annoncées dans le groupe, dont 4 300 en France. "Il faut déboucher sur quelque chose", a-t-elle insisté. Après une heure et demie d'entretien avec onze représentants des organisations syndicales FO, CFDT, CGT, CFTC, CGC et d'un "sous-traitant majeur", la mission est accomplie. Mme Royal a persuadé ses interlocuteurs de créer, en partenariat avec huit régions dirigées par la gauche - dont la sienne, Poitou-Charentes -, un "groupe stratégique" baptisé "Sauvons l'aéronautique" pour étudier les "solutions alternatives" au plan de restructuration qui frappe l'entreprise. L'initiative n'est pas sans rappeler le collectif Sauvons la recherche, créé par des chercheurs pour protester contre la diminution de leurs crédits décidée par l'actuel gouvernement. Mardi 6 mars, alors qu'une importante manifestation se prépare à Toulouse, la candidate socialiste sera à Berlin, premier partenaire avec la France du groupe aéronautique européen, pour rencontrer la chancelière Angela Merkel. Prévue depuis plusieurs semaines, cette rencontre tombe à pic. "Je vais porter le témoignage de ce que nous venons de décider avec les syndicats, a-t-elle annoncé. La France et l'Allemagne doivent se battre ensemble et ne pas entrer en compétition l'une contre l'autre." Peu avant sa rencontre avec les syndicats, Mme Royal avait estimé que la présidence bicéphale du groupe était une "source d'inefficacité".Autour de la table, vendredi soir, les syndicats n'ont pas seulement dénoncé les problèmes de concurrence dans le couple franco-allemand, mais aussi la question du change par rapport au dollar "sous-évalué" et mis en avant la carence du gouvernement français dans ce dossier. "Il n'y a pas de fatalité", leur a répondu Mme Royal, qui a fustigé les "annonces traumatisantes et incompréhensibles" alors que les carnets de commande d'Airbus "sont pleins pour les cinq ans à venir" et proposé d'étudier toutes les pistes pour "organiser le travail, augmenter la productivité, et renforcer la formation du personnel". "C'est comme pallier l'absence d'un ministère de l'industrie...", a ironisé Henri Emmanuelli, présent à la réunion, aux côtés des présidents PS de Midi-Pyrénées et d'Aquitaine, Martin Malvy et Alain Rousset. "C'est un peu ça", a souri Mme Royal. A plusieurs reprises, la candidate a insisté sur la nécessité d'instaurer "un rapport de force politique". Et compte bien, dans cet esprit, se servir des régions comme d'un levier pour mieux souligner "l'inertie du gouvernement". Huit d'entre elles (Midi-Pyrénées, Aquitaine, Ile-de-France, Poitou-Charentes, Pays de la Loire, Picardie, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Centre) étant concernées par une activité d'EADS ou d'un de ses sous-traitants, Mme Royal, et avec elle tout le PS mobilisé, suggèrent de les faire entrer dans le capital du groupe, à la manière des Länder allemands. "CONTRE-POUVOIR" Selon M. Rousset, les régions françaises pourraient apporter 150 à 200 millions d'euros "sur plusieurs années". La nécessité d'un décret du Conseil d'Etat pour entrer dans le capital du groupe est balayé. "Pour la première fois, les régions ont décidé de servir de contre-pouvoir" afin de "limiter les dégâts", a fait valoir Mme Royal à l'issue de sa rencontre avec les syndicats. Pas question pour autant de se substituer au groupe Lagardère, qui pourrait se désengager. "Les actionnaires privés sont suffisamment proches du pouvoir pour que le gouvernement actuel ait quand même les moyens, surtout en cette période sensible, de leur demander de rester stables dans le capital et respecter un peu les territoires", a affirmé la candidate. Favorable à une recapitalisation par les Etats du groupe européen, Mme Royal précise qu'il s'agit d'un "plus", et non d'une possibilité de substitution. A la sortie, les syndicalistes se disaient tous "satisfaits". "Airbus n'est pas malade, il (n')a (que) la grippe", soulignait Bernard Gaillanou, délégué CFDT. § Ce sondage Ipsos/Dell pour SFR et Le Point, publié samedi, fait état, par rapport à la veille, d'une légère progression de Nicolas Sarkozy au second tour (54 %, + 0,5%) mais pas au premier (31%, - 0,5%), tandis que Ségolène Royal recule (à 46 %, soit - 0,5 % au second tour, et 25 %, soit - 1 %, au premier). François Bayrou est lui crédité de 19 % des voix (+1 %). § N icolas Sarkozy l'emporterait au second tour de l'élection présidentielle avec 54 % des voix face à Ségolène Royal, créditée de 46 % des intentions de vote, selon la troisième vague du baromètre électoral quotidien Ipsos/Dell pour SFR et Le Point, rendue publique samedi 3 mars. Le candidat UMP est en hausse de 0,5 % et la candidate socialiste recule de 0,5 % par rapport à la deuxième vague, publiée la veille. 13 % des personnes certaines d'aller voter n'ont pas exprimé d'intention de vote pour ce second tour. Fiche technique Sondage réalisé par téléphone les 28 février, 1er et 2 mars auprès d'un échantillon national de 1 128 personnes, représentatif de la population inscrite sur les listes électorales (méthode des quotas). La marge d'incertitude est de plus ou moins 3 à 4 points pour les principaux candidats, plus ou moins 1 à 2 points pour les autres. Au premier tour, M. Sarkozy arriverait en tête, crédité de 31 % des intentions de vote (- 0,5 point). Mme Royal en recueille 25 % (- 1 point), tandis que François Bayrou conforte sa troisième position à 19 % (+ 1%). Jean-Marie Le Pen recule légèrement, à 12 % (- 0,5 %). Loin derrière viennent Olivier Besancenot à 3 % (=), Marie-George Buffet à 2,5 % (+ 0,5 %), Arlette Laguiller à 2 % (=), José Bové à 1,5 % (=), Dominique Voynet à 1 % (=), de même que Frédéric Nihous (+ 0,5 %). Quatre autres candidats restent stables à 0,5 % : Philippe de Villiers, Gérard Schivardi, Corinne Lepage et Nicolas Dupont-Aignan. 10 % des personnes certaines d'aller voter n'ont pas exprimé d'intention de vote. Ce sondage sera actualisé chaque jour, par tiers ou moitié, (excepté les dimanches), jusqu'au 4 mai, avant-veille du second tour de l'élection présidentielle. § Ségolène Royal lance une réflexion avec l'intersyndicale d'Airbus pour trouver des alternatives au plan de restructuration. Lundi, Dominique de Villepin recevra des parlementaires sur ce sujet, et Nicolas Sarkozy rencontrera les syndicats. § C andidats à la présidentielle et gouvernement multiplient les initiatives sur le dossier Airbus, après que l'avionneur a annoncé son plan de suppression de 10 000 emplois. Ségolène Royal a passé plus d'une heure, vendredi soir 2 mars, avec l'intersyndicale du constructeur, après une réunion publique à Pau, exprimant son "soutien" à la journée d'action programmée mardi. Dénonçant "l'inertie gouvernementale" , la candidate socialiste a annoncé la création, par les huit régions concernées par l'aéronautique - toutes PS -, "avec l'intersyndicale" d'Airbus, d'"un groupe stratégique" chargé d'examiner "des alternatives industrielles" au plan de restructuration "Power8". Selon la présidente du Poitou-Charentes, les régions pourraient, "comme l'ont fait les Länder allemands", aller "jusqu'à une entrée dans le capital d'Airbus si cela peut se révéler utile à la stabilisation du capital" de l'entreprise. Elle compte aborder le dossier Airbus lors de sa rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, mardi à Berlin, en évoquant la gouvernance bicéphale, qu'elle juge "source d'inefficacité". Pour François Bayrou, l'initiative de Ségolène Royal "n'est pas une mauvaise idée". "Simplement, il ne faut pas se faire d'illusions : les régions françaises n'ont pas la possibilité d'intervenir financièrement avec l'argent du contribuable pour entrer dans Airbus comme les régions allemandes", a estimé le candidat centriste, vendredi à Epinal. Et de souligner qu'en Allemagne, "les régions sont dix ou quinze fois plus puissantes que les régions françaises". "L'ÉTAT PEUT PARFAITEMENT INTERVENIR" Matignon avait indiqué dans la journée que Dominique de Villepin recevra lundi 5 mars à Matignon les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat pour évoquer avec eux la situation d'Airbus. Les présidents des commissions des affaires économiques des deux Chambres participeront également à cette rencontre programmée à 15 h 30. Le premier ministre s'était d'abord montré des plus réservé, jeudi, sur l'opportunité d'une réunion d'urgence du Parlement sur la politique industrielle de la France et l'avenir d'Airbus, demandée par les socialistes. Lundi en début d'après-midi, Nicolas Sarkozy rencontrera les organisations syndicales d'Airbus. "Il ne faut pas laisser tomber Airbus", a déclaré jeudi le ministre de l'intérieur lors d'un déplacement en Gironde, au lendemain de l'annonce du plan de restructuration de l'avionneur européen. "L'Etat peut parfaitement intervenir", car "il est actionnaire", a souligné le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle. § M. Le Pen a déclaré, le 20 février, devant la Fédération nationale des chasseurs : "Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février." La CGT Paris a condamné ces propos, vendredi 2 mars. § L a CGT Paris a "condamné", vendredi 2 mars, une déclaration faite le 20 février par Jean-Marie Le Pen devant un parterre de chasseurs, dans laquelle le candidat Front national à la présidentielle aurait comparé "implicitement les homosexuels à du gibier". Ce jour-là, M. Le Pen a déclaré : "Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février", rappelle l'union départementale CGT Paris. gays ou chapons : pareil selon Le Pen envoyé par INFOCOM-Net Ces propos du président du Front national ont été tenus à la Maison de la chimie, à Paris, à l'occasion d'un "grand oral" des candidats à la présidentielle à l'initiative de la Fédération nationale des chasseurs, auquel Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et Dominique Voynet ont aussi participé. "M. LE PEN NE FAIT QU'ATTISER LA HAINE" "En comparant implicitement la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transsexuelle à du gibier, M. Le Pen ne fait qu'attiser la haine", déclare la CGT Paris, "condamnant fermement des propos qui constituent un appel à la violence". Les déclarations de M. Le Pen ont aussi suscité l'émoi dans les associations d'homosexuels. De nombreuses réactions indignées ont été postées sur des forums Internet, où circulent les images du discours du candidat du Front national. § La candidate des Verts a demandé jeudi qu'on lui "laisse du temps", pour mobiliser l'électorat écologiste parce qu'elle n'a "pas de relais médiatique" et que le doute s'est installé dans ses troupes. § M oins de deux mois de campagne et Dominique Voynet veut qu'on lui "laisse du temps". Du temps pour mobiliser l'électorat écologiste parce qu'elle n'a "pas de relais médiatique" et que le doute s'est installé dans ses troupes. Jeudi 1er mars, à Montpellier, la candidate des Verts s'est efforcée de conjurer les mauvais sondages. "Je connais les électeurs écologistes ; je connais aussi des militants de mon parti, qui font un petit tour ici, un petit tour là, dans leurs intentions de vote, a-t-elle reconnu. Je leur dis, écoutez, comparez et regardez." Elle avait invité Pascal Frissaint (Confédération paysanne) et Martin Hirsch (Emmaüs France), persuadé, "sans prendre parti", que les Verts sont les seuls à porter la revendication de "revenu de solidarité active" pour sortir de la pauvreté. Mme Voynet a même énuméré ses "rencontres avec les acteurs de terrain" - l'UFC-Que choisir, Aides, AC-Le Feu ou la CFDT - pour souligner qu'elle n'était pas isolée.M. MAMÈRE ENTRE APPELS AU RASSEMBLEMENT ET AMERTUME Mais les yeux rivés à son discours, elle a eu beau développer tous les thèmes de sa campagne, elle avait du mal à soulever la salle. Les quelque 750 personnes venues au meeting l'ont écoutée, même applaudie à plusieurs reprises. Mais c'est à Noël Mamère qu'ils ont fait un triomphe. Celui qui, en 2002, avait donné aux Verts un score honorable, avec 5,2 %, a presque volé la vedette à Mme Voynet. Celui qui fut un temps candidat de la primaire interne a tenu un discours de quasi-candidat - vingt minutes sans notes. C'est lui aussi qui a annoncé que "sa" candidate avait réussi à réunir plus de 500 promesses de parrainage "sans avoir besoin de demander au grand frère". L'ancien opposant à "Dominique" a appelé au rassemblement des siens : "Notre parti doit être uni autour de Dominique Voynet. Ce n'est pas dans les moments difficiles que l'on regarde ailleurs et qu'on est séduit un jour par Nicolas Hulot, un jour par José Bové", a-t-il lancé, avant d'avertir : "Le score que réalisera Dominique sera celui des Verts et nous en serons tous comptables." En coulisse, il soupirait amer : "C'est une 'cata', ces meetings. Elle a le nez collé à son papier. Elle va se prendre une gifle monumentale et ensuite ce sera la débandade." § La centrale entre en campagne mais ne donnera pas de consigne de vote. § L a CGT entre dans la campagne électorale mais s'abstiendra de toute consigne de vote. Dans une déclaration adoptée, jeudi 1er mars, le "parlement" de la centrale dirigée par Bernard Thibault invite "les salariés à intervenir dans les débats", car souligne le texte, "malgré parfois le scepticisme et les déceptions, il ne faut pas laisser au monde des affaires le soin de s'occuper des affaires du monde". Mise en minorité en mars 2005 parce qu'elle avait refusé de s'engager dans la campagne du référendum sur la Constitution européenne, la direction confédérale a obtenu "l'unanimité" sur sa position. En premier lieu, la confédération concentre ses attaques contre l'extrême droite "dont les thèses (...) contraires aux intérêts des salariés et des valeurs du syndicalisme se sont banalisées dans certains discours politiques", note le texte qui "alerte sur la volonté du Medef de parvenir à l'instauration d'un gouvernement totalement acquis à sa vision ultralibérale de la société et de l'économie".UN SMIC À 1500 EUROS "TOUT DE SUITE" Sans les citer mais visant notamment Nicolas Sarkozy, la CGT s'en prend aux candidats qui ont "déclaré leur intention de s'attaquer au droit constitutionnel de grève dans les entreprises, les administrations et les universités, ainsi qu'à la représentation syndicale". Pour Bernard Thibault, cette remise en question "provoquerait un recul des libertés fondamentales", a-t-il déclaré jeudi à l'AFP. Parmi ses propositions, la CGT rappelle ses exigences en faveur d'un smic à 1 500 euros "tout de suite", un nouveau statut du travail salarié avec la Sécurité sociale professionnelle "véritable alternative aux licenciements", ainsi que l'adoption de nouvelles règles de représentativité syndicale. Dans un document diffusé à 1,5 million d'exemplaires, la confédération envisage donc d'interpeller les candidats pour que "la campagne soit l'occasion d'une clarification des projets politiques dans les domaines économiques et sociaux". Elle ne les sollicitera pas mais se réserve la possibilité de les rencontrer, à leur demande. Un premier rendez-vous a été fixé le 9 mars avec Ségolène Royal. § "Non seulement l'Etat peut, mais il doit faire", a déclaré la candidate à propos d'Airbus, En meeting à Mont-de-Marsan, affichant ainsi ses distances avec le gouvernement et avec les déclarations de Lionel Jospin en 1999 sur Michelin § V êtue de rouge et de noir, couleurs familières dans une région proche de l'Espagne, Ségolène Royal a concentré son discours, jeudi 1er mars, à Mont-de-Marsan, sur le "séisme (qui) menace notre pays et plus largement l'Europe" : Airbus, qui a annoncé la suppression de 10 000 emplois et la fermeture de deux usines en France. "L'actuel gouvernement est responsable de ce désastre", a attaqué la candidate socialiste en dénonçant, devant plusieurs milliers de personnes, son rôle d'actionnaire inopérant "à réagir". Le développement de l'A380 cargo suspendu Airbus a décidé de suspendre le programme de la version cargo de l'avion géant A380, en raison des annulations de commandes des derniers mois. "Nous n'arrêtons pas le programme, nous suspendons le développement, mais poursuivons la prospection commerciale", a déclaré, le 2 mars, une porte-parole. L'avionneur comptait jusqu'en novembre 2006 trois clients pour sa version cargo, il ne lui en reste plus qu'un. En raison des retards de livraison de deux ans annoncés par le constructeur aéronautique européen, le spécialiste de messagerie américain FedEx a annulé en novembre 2006 une commande de dix A380F (F pour fret). Son principal concurrent, UPS, a annoncé le 23 février qu'il pourrait annuler celle de dix appareils dans le courant 2007. Le loueur d'avions américain ILFC a de son côté transformé ses cinq A380 cargos en cinq appareils version passagers. - (AFP) "Ce gouvernement de droite a scandaleusement déstabilisé cette entreprise par des nominations politiques à sa tête", a-t-elle poursuivi en citant "un certain M. Forgeard, ancien conseiller du pouvoir, remercié ensuite avec 2 millions d'euros sans compter les actions et les stock-options". Puis est venu le tour de l'actionnaire privé, "le groupe Lagardère, si proche du pouvoir, qui s'est opportunément désengagé quelques semaines avant l'annonce des retards sur l'A320" (en fait, l'A380). Là aussi, aux yeux de Mme Royal, la puissance publique a failli : "Il faut, a-t-elle souligné, que le gouvernement remette cet actionnaire devant ses responsabilités sur les territoires où l'entreprise s'est installée. Non seulement l'Etat peut faire mais doit faire." L'Etat peut... C'est le message que Mme Royal a martelé jeudi soir, autant pour montrer la "cacophonie" du gouvernement et souligner les déclarations du "candidat de l'UMP qui affirme, mais cela évolue paraît-il, que l'Etat ne peut rien faire" que pour gommer la déclaration d'impuissance d'un Lionel Jospin, lequel avait lâché, en 1999, à propos de Michelin : "L'Etat ne peut pas tout"... Il y a, dans chaque campagne, des dossiers plus symboliques que d'autres, et Airbus, fleuron de l'industrie européenne, en est un. "L'enjeu de cette élection présidentielle, a appuyé Mme Royal, repose sur un choix clair : un Etat impotent, impuissant ou au contraire, un Etat fort qui assume ses responsabilités." "Avec moi, a-t-elle ajouté crânement, l'Etat sera fort." Il fera le tri, a-t-elle précisé, "entre ceux que nous aiderons et ceux que nous n'aiderons plus". "FRANCE NEUVE" Et pour mieux souligner sa différence, la candidate a insisté sur le volontarisme politique en prenant pour modèle l'Europe du Nord. "Le moment est venu d'accomplir une révolution dans la gouvernance des entreprises et que les salariés siègent aux conseils d'administration pour tirer la sonnette d'alarme et forcer les dirigeants à anticiper", a-t-elle souligné, en vantant les mérites d'un "syndicalisme de masse". Tout en s'engageant à "faire prévaloir la stratégie industrielle sur la stratégie financière", Mme Royal a promis de "remettre à plat ce dossier avec les Allemands et les Espagnols", partenaires d'Airbus. Le sujet sera au centre de sa rencontre la chancelière allemande, Angela Merkel, à Berlin le 6 mars. "Les Etats européens doivent recapitaliser de façon stable cette entreprise pour éviter la fermeture des usines", a-t-elle insisté. Mais la candidate connaît aussi l'histoire. Et là où M. Jospin, dans un autre dossier sensible, celui de l'entreprise LU, en mars 2002, n'avait pas su trouver les mots devant les caméras de télévision, face aux employés du groupe, elle a pris soin, jeudi soir, de "rendre hommage aux salariés, aux ingénieurs de talent, aux chercheurs qui se sentent humiliés, déconsidérés" chez Airbus. C'est "une France neuve" que Mme Royal promeut, qui lui permet de fustiger le bilan du "candidat sortant", Nicolas Sarkozy, et de celui "qui gouverne avec la droite dans toutes les assemblées locales", François Bayrou. "Il y en a qui cherche à brouiller les cartes, a-t-elle accusé. Mais on ne peut pas conter fleurette à la gauche et rentrer chez soi en courant. (...) Le juste milieu conduit à l'inaction, aux compromis mous...". Le meeting, qui s'est tenu en présence de nombreux élus, dont Henri Emmanuelli, président du conseil général des Landes, n'aurait pas été complet sans un petit couplet sur les médias "qui disent tous les jours : à quoi sert la politique ?" Un succès de salle facile et assuré. § L'ancien premier ministre a matéralisé à Bordeaux son rapprochement avec le candidat. § D e tous les "éléphants" de l'UMP rassemblés, jeudi 1er mars, à Bordeaux, pour le meeting de Nicolas Sarkozy, c'est Alain Juppé qui a décroché la place la plus précise dans le dispositif sarkozyste. Peut-être même dans l'équipe gouvernementale de l'après-présidentielle, au poste de ministre des affaires étrangères qu'il convoite. Le candidat de l'UMP vise une nouvelle fois la loi Evin Nicolas Sarkozy s'est rallié à l'argument des viticulteurs bordelais qu'il a rencontrés, jeudi 1er mars. Tout comme il l'avait déjà fait quelques jours auparavant, dans le Cher, auprès des producteurs de Sancerre, il a estimé que "la prohibition de la publicité sur le vin, c'est une question dont on doit reparler". Les viticulteurs d'Artigues-de-Lussac (Gironde) se plaignaient d'être empêchés par la loi Evin de faire la promotion de leurs produits. Il les a approuvés : "La cigarette ou la drogue, ça fait mal dès la première prise, alors que le vin, à dose raisonnable, c'est bon pour la santé." Il a précisé qu'il ne "lèverait pas le pied sur les contrôles" de vitesse et d'alcoolémie au volant. Pour soutenir la filière viticole, il a promis "de changer de politique de soutien à l'export". Avant de lancer : "Si ce n'est pas nous qui l'emportons, vous croyez que ce sont ceux qui ont fait la loi Evin qui vont vous aider ?" Dès le début de l'après-midi, l'entente entre les deux hommes s'affiche : c'est ensemble qu'ils arrivent devant la maison du secrétaire honoraire perpétuel de l'Académie française Maurice Druon. Les autres poids lourds de l'UMP, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin et la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, entre autres, sont relégués plus loin dans le cortège. "C'EST MA DESCENDANCE" Pour le candidat à la présidentielle, cette visite est importante. Elle est censée signifier le rassemblement de la famille gaulliste autour de lui. Il est comblé : sur le seuil de sa demeure, Maurice Druon désigne Nicolas Sarkozy en s'écriant : "C'est ma descendance." De la part de ce compagnon du général de Gaulle, qui avait dénié au RPR, au moment de sa formation, le droit de se revendiquer "gaulliste", ce n'est pas le moindre des compliments ! Quant au réchauffement entre le président de l'UMP et M. Juppé, son prédécesseur, il se matérialise, plus tard, à la tribune. Chez lui, dans sa ville, Alain Juppé choisit de faire les premiers pas. Il salue les prises de position diplomatiques que M. Sarkozy a détaillées, la veille. M. Juppé n'y voit que motifs à satisfaction : "Je suis heureux que Nicolas Sarkozy ait dit que les Etats-Unis sont nos amis mais que nous voulons être libres vis-à-vis des Etats-Unis" ; "Je suis heureux qu'il ait rendu un hommage appuyé à la politique étrangère de Jacques Chirac." Surtout, M. Juppé déclare "adhérer à l'idée d'un traité simplifié" défendue par Nicolas Sarkozy pour remplacer la Constitution européenne, rejetée par les Français en mai 2005. Message reçu : M. Sarkozy amende aussitôt la version écrite de son discours, pour y ajouter : "Cela fait longtemps que l'on travaille ensemble avec Alain Juppé. Il y a quelque chose qui me dit qu'on n'a pas fini." Cela tombe bien : M. Juppé se dit prêt à "répondre au besoin de France qui s'exprime dans le monde". "La France a aussi la responsabilité historique de remettre l'Europe en marche. C'est l'une des tâches les plus dures qui nous attend", ajoutera l'ancien premier ministre. § L'afficheur a remporté la mise de l'affichage officiel de la présidentielle. § L 'afficheur Clear Channel a remporté la mise de l'affichage officiel de la présidentielle. Avec les deux dernières signatures attendues vendredi 30 mars, celles de Dominique Voynet et de Nicolas Sarkozy, il fait carton plein. Les douze candidats ont décidé de lui sous-traiter le collage des affiches. Clear Channel profite d'un changement des règles du jeu. Pour la première fois à l'occasion d'une élection présidentielle, le candidat doit signer une "subrogation" et donner ainsi à une société le pouvoir d'afficher sa campagne sur tout le territoire. A charge pour le prestataire d'envoyer ensuite les factures aux préfectures qui les paieront selon un barème identique pour tous : 2 euros pour une grande affiche et 1 euro pour une petite. Clear Channel espère encaisser ainsi près de 3 millions d'euros. Cette opération nécessite une logistique bien rodée. Les imprimeurs devraient livrer les affiches à partir du 1er avril. Le collage commencera le 8 avril à minuit et devrait s'étaler sur une huitaine de jours. Près de 80 000 dispositifs de douze panneaux, répartis sur tout le territoire français, que ce soit devant les écoles ou les mairies, attendent d'être recouverts par les visages et les professions de foi des candidats. Même bien huilée, l'opération peut connaître des aléas. Chez Clear Channel tout d'abord, des voix syndicales se sont fait entendre pour dénoncer l'affichage de la campagne du Front national. L'afficheur s'est retranché derrière l'autorisation donnée par le Conseil constitutionnel aux douze candidats de concourir et sur son rôle limité à celui de prestataire technique. § La Commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle a invalidé, jeudi, les affiches et la profession de foi du candidat soutenu par le Parti des travailleurs (PT, trotskiste lambertiste). § I l n'aura pas le droit de se présenter comme "candidat des maires". Ou tout le moins de l'afficher. La Commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle (CNCCP) a invalidé, jeudi 29 mars, les affiches et la profession de foi du candidat soutenu par le Parti des travailleurs (PT, trotskiste lambertiste). La commission, chargée de veiller au principe d'égalité de traitement des candidats et au bon déroulement de la campagne publique, a jugé que l'étiquette de M. Schivardi, se proclamant "candidat des maires", "relevait d'une appropriation d'un soutien non avéré de la généralité des maires, explique son rapporteur général Gilles Bachelier. Nous avons estimé que cette appellation était de nature à induire les électeurs en erreur". L'instance composée de membres de la Cour de cassation et de la Cour des comptes (notamment Bruno Cotte et Philippe Séguin) a refusé son homologation aux affiches et profession de foi du candidat. Le matériel ne pourra donc pas être diffusé par les commissions locales en direction des électeurs. NOUVELLE PROFESSION DE FOI La commission de contrôle a donné raison à l'Association des maires de France (AMF) qui avait porté plainte, mardi, contre le candidat du PT, maire de Mailhac (Aude). Le président de l'AMF, Jacques Pélissard, avait estimé que "les maires de France n'avaient pas à être embarqués sous la bannière du parti des travailleurs". Le conseiller général de l'Aude avait riposté en expliquant qu'il était "le candidat des 554 maires qui ont parrainé (sa) candidature : "Je n'ai jamais prétendu être le candidat de l'AMF." (Le Monde du 28 mars). Le candidat, crédité de 0,5 % d'intentions de vote, doit désormais réimprimer l'ensemble de son matériel de campagne. "C'est une mesure totalement antidémocratique", a protesté M. Gluckstein qui annonce "d'ores et déjà" le dépôt d'un recours devant la Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel. Il assure cependant qu'une nouvelle profession de foi et affiche seront proposées à la CNCCEP qui doit se réunir dans la foulée pour réexaminer leur validation. Le retirage de ces 25 millions de documents électoraux est estimé à 300 000 euros par le parti des travailleurs. "C'est un coup terrible porté contre notre candidat mais nous avons bien l'intention de nous adresser aux électeurs quels que soient les obstacles", assure M. Gluckstein. Selon un communiqué soigneusement préparé au siège du parti des travailleurs, M. Schivardi assurait vendredi que la décision de la CNCCEP était "un premier coup porté contre les libertés", "porte ouverte vers d'autres coups portés demain contre toutes les libertés démocratiques". "La preuve est faite que l'Union européenne (contre laquelle le candidat mène campagne) est une supercherie qui ne vise qu'à remettre en cause la démocratie", y assène-t-il. § Le premier secrétaire du PS a joué les chauffeurs de salle, le 29 mars, à Limoges, avant de céder la place à sa compagne. Un partage des rôles bien orchestré. § L 'image, rare, était attendue. Pour la première fois depuis le début de la campagne, la route de Ségolène Royal a croisé celle de François Hollande. La candidate socialiste et son compagnon, premier secrétaire du PS, ont tenu un meeting commun, jeudi 29 mars, devant plus de 6 000 personnes réunies au Zénith de Limoges, inauguré à peine deux semaines auparavant par Polnareff. Le passage de relais du couple à la tribune s'est fait après un rapide baiser sur la joue et selon un partage des rôles bien orchestré. La candidate socialiste veut décentraliser l'ANPE Poursuivant sa tournée dans le centre de la France, Ségolène Royal a mis l'accent tout particulièrement sur les services publics, jeudi 29 mars, promettant dans la petite commune de Coulonges (Vienne) de "remettre de la présence postale" en milieu rural, puis, à Limoges (Haute-Vienne), de lancer "la bataille du service public". "La VIe République sera la République des services publics garantis", a-t-elle souligné, en meeting. Alors que des agents de l'ANPE sont en grève dans le département, la candidate socialiste a ajouté : "Nous confierons aux régions la gestion du service public de l'emploi." Mme Royal, qui avait déjà annoncé le transfert aux régions de la gestion des aides publiques aux entreprises, en plus de la formation professionnelle qu'elles possèdent déjà, a donc franchi un nouveau pas dans la décentralisation. "Je ne dirais pas aux fonctionnaires qu'ils seront immobiles mais qu'ils resteront dans le service public, et que nous défendrons les valeurs du service public, a-t-elle commenté à la sortie de son meeting. C'est un peu le système danois, même s'il n'est pas tout à fait transposable." Très en verve, François Hollande a joué les chauffeurs de salle en commençant par appeler au meilleur score "dès le premier tour" en faveur de Mme Royal : "Le 22 avril, c'est le lendemain du 21 avril, c'est facile à se rappeler." Puis, il s'est attaqué avec un humour féroce à François Bayrou décrit comme un "voyageur sans bagage, sans programme, sans parti, sans allié, sans mémoire". Mais c'est à Nicolas Sarkozy que François Hollande réserve ses flèches les plus dures : "Quand il dit qu'il est candidat des honnêtes gens, ceux qui ne voteront pas pour Nicolas Sarkozy sont aussi d'honnêtes gens." A sa suite, tandis que son compagnon l'observe depuis les coulisses, Mme Royal peut développer son "pacte présidentiel" et vanter, dans la capitale limousine, "l'esprit de résistance". BAINS DE FOULE, VISITES D'ENTREPRISE, "RENCONTRES POPULAIRES" A la sortie du meeting - introduit par le Chant des partisans, et conclu par une Marseillaise en fanfare -, Mme Royal et M. Hollande viennent, l'un après l'autre, à la rencontre de la presse. "Elle a trouvé son style de campagne, c'est très important, glisse le premier secrétaire du PS. Qu'est-ce qui pourrait lui arriver maintenant ?" Appelé sur son téléphone portable par sa compagne, il s'éclipse en jetant une boutade : "Venez dans les réunions où je suis seul !" M. Hollande fuit tout ce qui pourrait mettre en avant son couple. Il a sèchement refusé de poser pour des photos avec la candidate pour Paris Match, il dit qu'il n'a pas lu son livre... Limoges n'est qu'une étape dans le tour de France solitaire du premier secrétaire qui prépare aussi les élections législatives. Comme elle en a pris l'habitude, Ségolène Royal se déplace trois jours de suite dans une région, suivie par le bus des journalistes du "Ségo-tour". Le programme est serré - comme en témoigne la note de 20 pages remise à la presse - avec 7 départements traversés, du Centre à l'Auvergne, et des arrêts multiples qui alternent bains de foule, visites d'entreprise, "rencontres populaires" sur des places publiques ou dans des salles municipales, et meetings. Jeudi, Mme Royal a commencé par arpenter, au milieu des éleveurs, la foire des Hérolles, avant de se rendre dans la petite commune de Coulonges (Vienne) pour un discours consacré au monde rural. Seule, une poignée de militants est au rendez-vous mais, même là, l'équipe de la candidate, ravie, montre discrètement du doigt un "people", Régine Deforges. Oui, l'écrivain, qui possède une maison non loin de là, soutient Mme Royal, non, elle ne fait pas partie de son comité de soutien local. "Jospin est un ami personnel, je ne peux pas lui faire ça", dit-elle, avant de se rattraper : "Je serai à Limoges ce soir, c'est dans ces moments-là que je manifeste mon soutien. Ségolène Royal, c'est quelqu'un qui a fait des progrès." PROPOSITIONS POUR L'EMPLOI Poursuivant sa tournée, la candidate déjeune sur une base de loisirs gérée par une association d'éducation populaire, puis visite l'usine textile France-conception, là où François Hollande... commande ses costumes. Mais la direction est priée de se faire discrète sur ce fidèle client. Pour Mme Royal, qui pose avec les ouvrières, l'entreprise constitue une "parfaite illustration des PME qui seront, demain, aidées beaucoup plus efficacement". En liquidation il y a dix ans, le site, qui emploie aujourd'hui 85 salariés, a redémarré avec un ancien délégué CFDT et 33 personnes qui ont réinvesti leurs indemnités de licenciements. Mme Royal y développe sa théorie du "gagnant-gagnant" : les aides seront réservées à ces PME "qui investissent, s'agrandissent et embauchent". Partout, sur son passage, la candidate précise ses propositions pour l'emploi, "la République du respect et de la confiance" et teste sa nouvelle devise "la France présidente, c'est nous, c'est vous", en incitant ses partisans à convaincre "dix personnes" autour d'elles. Vendredi, le parcours comprend une autre visite d'entreprise, d'autres "rencontres populaires" et un nouveau meeting au B. Box de Clermont-Ferrand, une boîte de nuit de 4 000 m2. Elle ne devrait pas recroiser François Hollande sur sa route de campagne avant le 19 avril, lors du dernier meeting prévu avant le premier tour de l'élection, à Lille, comme le veut la tradition socialiste. § Par souci de discrétion, les "bleus" ont été remplacés par une multitude de policiers en civil repérables à leurs oreillettes. § "A vant, il fallait passer le Kärcher tous les deux jours, maintenant, ça reste propre, les gens ne viennent plus pisser contre les murs." Sous sa casquette rouge, Boubakar, chargé de l'entretien du passage couvert de la cour des Petites-Ecuries qui jouxte le QG de campagne de Nicolas Sarkozy, 18, rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris, sourit. Il est l'un des rares riverains heureux de la cohabitation, même s'il reconnaît que "depuis janvier, la rue est morte ; les gens ont peur d'être contrôlés". Aux coins de la rue, des cordons de policiers filtrent le trafic. Les livreurs doivent parlementer. "Au début, les résidents ne pouvaient même pas passer à pied, on les accompagnait jusqu'à leur porte, confie un réparateur de vélos, mais ça a tellement râlé qu'ils ont levé le pied." Pourtant, un matin, son collègue, d'origine marocaine, a été bloqué alors qu'il tenait à la main deux bicyclettes. Ici, chacun se demande pourquoi le président de l'UMP - qui s'oppose à l'entrée de la Turquie dans l'Europe - a choisi d'implanter son QG au cur de la "petite Turquie", où les commerçants de la communauté kurde (dont 130 000 membres vivent en région parisienne) ont pris la relève des ateliers de textile. Le quartier est populaire mais l'ancien siège de Paco Rabanne, aussi vaste que luxueux, n'a rien d'emblématique. A la mi-mars, le dispositif est allégé. Nicolas Sarkozy est à Nantes. Dans les boutiques, restaurants Uludag ou Kilcih, Ercan Music, boucherie de la Corne d'or, etc., le sourire ne masque pas une méfiance certaine. Au café Antik, la dérision est de mise. "La tension monte quand le boss est annoncé. Pourtant, on ne le voit jamais ; les limousines aux vitres opaques escortées de motards passent à toute allure", ricane un habitué qui salue ses copains d'un "Bonjour M'sieur Sarkozy !". Par souci de discrétion, les "bleus" ont été remplacés par une multitude de policiers en civil repérables à leurs oreillettes. Dans une Xantia, l'un d'eux est plongé dans un roman de Claude Michelet. A l'arrière d'une fourgonnette, d'autres fonctionnaires finissent leur repas en barquettes. "Allez les branleurs, faut vous remuer !", leur lance un gradé. La grogne est perceptible chez certains. "STARSKY ET HUTCH" Au salon de thé L'Etoile qui fait face au QG et où des dizaines d'hommes jouent au rami, Nadia, la serveuse, exhibe la photo prise sur son mobile où le candidat souriant la tient par l'épaule. De quoi oublier le traumatisme de la fouille avec des "chiens flairant dans tous les recoins" et les interpellations des policiers qui "se la jouent Starsky et Hutch". Au Centre culturel kurde, mitoyen du QG, personne n'a pardonné la descente du 5 février où, lors d'une perquisition, 16 personnes ont été arrêtées avant d'être remises en liberté sous contrôle judiciaire. Dans ce centre où les Kurdes viennent regarder la télé du pays ou jouer au billard, on ne cache pas ses sympathies idéologiques - des photos d'Abdullah Öcalan et d'autres chefs du PKK sont encadrées -, mais on se défend d'activisme. Sauf pour des petites manifestations qui, presque chaque samedi, donnent lieu à d'impressionnants déploiements de CRS. Plus folkloriques, des happenings réunissent régulièrement au bout de la rue d'Enghien des "anti-Sarko" affublés de masques et brandissant des banderoles : "Ensemble tout devient pénible !" § Confortée par la décision de la Commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle, qui a refusé d'homologuer l'affiche du candidat, l'Association des maires de France demande 1 500 euros par infraction. § L 'Association des maires de France (AMF) a poursuivi, vendredi 30 mars, devant un juge des référés du TGI de Paris, Gérard Schivardi, candidat à la présidentielle soutenu par le Parti des travailleurs (PT), afin qu'il cesse de se présenter comme "le candidat des maires". Saisi en urgence, le juge des référés rendra sa décision lundi après-midi. " M. Schivardi (...) a reçu des signatures d'un certain nombre de maires, comme les autres candidats, mais cela ne lui donne pas le droit de se présenter comme candidat des maires", a plaidé l'avocat de l'AMF, Gilles August. L'AMF est une association d'utilité publique qui "représente la quasi totalité des maires, plus de 34 000 sur 36 000" et il est donc "essentiel qu'elle soit apolitique", a précisé Me August. L'association a demandé que soient interdites, sous astreinte financière (1 500 euros par infraction constatée), toute mention et toute déclaration présentant M. Schivardi comme "le candidat des maires". L'AMF s'appuie, en outre, sur la décision jeudi de la commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle (CNCCEP) de ne pas homologuer l'affiche et la profession de foi de ce candidat. Selon Gérard Schivardi, la décision de la CNCCEP va l'obliger à jeter 25 millions de professions de foi et 180 000 affiches déjà imprimées pour un coût de 300 000 euros "environ". Me Ader, l'avocat de Gérad Schivardi, a mis en parallèle le référé intenté par l'AMF et la décision de la CNCCEP en s'interrogeant : "peut-être que la candidature de M. Schivardi inquiète certains grands candidats ?". Son client a déposé un recours devant le Conseil d'Etat et devant le Conseil constitutionnel contre la décision de la CNCCEP. § Le 27 mars, le candidat de l'UDF était à Rennes, en Ille-et-Vilaine. Etudiants, retraités, actifs, ils estiment qu'"il est temps de changer". § V enus de Ploudalmézeau, à la pointe du Finistère, Simone et Pierre Mallégol ont parcouru 250 kilomètres pour écouter François Bayrou. "On avait envie de voir le bonhomme. Il a des choses à dire, et puis, je crois qu'il est temps de changer", explique Simone, 65 ans, ancienne infirmière. "Les difficultés que traverse le pays ne peuvent pas se résoudre dans une confrontation droite-gauche. Les choses sont bien plus complexes. Bayrou l'a compris, et il a eu le courage de couper les ponts avec la droite", renchérit Pierre, 66 ans, qui fut professeur des écoles. Casquette orange - la couleur affichée de manière omniprésente par l'UDF, qui distribue des mandarines dans ses meetings - vissée sur la tête, les deux retraités croient à la victoire finale de leur favori. Et ils imaginent déjà la suite. "En France, le centre est le supplétif de la droite. Demain, il pourrait devenir l'axe majeur de la politique, en gouvernant selon le cas avec la droite ou la gauche", envisage Pierre. "Avec l'élection de François Bayrou, tout le monde pourrait vraiment se mettre au travail pour sortir le pays de l'impasse. Dans cette société où l'on court après le fric, il faudrait que l'être devienne plus important que l'avoir", ajoute Mme Mallégol. Et si leur candidat était éliminé du second tour ? Le couple a déjà fait son choix. "A défaut, on votera à gauche, répondent-ils en choeur. Pas question de soutenir Sarkozy, il est trop autoritaire." "L'ALTERNANCE GAUCHE-DROITE A FINI PAR LASSER" Il y a cinq ans, se souvient Gérard Legrand, 64 ans, l'UDF était un champ de ruines. "J'ai assisté à la grande débandade de nos élus vers l'UMP et je m'en suis senti blessé, frustré. François Bayrou est venu nous voir en Bretagne, et son message était clair ; il fallait repartir de zéro, tout était à reconstruire." Aujourd'hui, se réjouit-il, en désignant la file qui se déploie à l'entrée du Parc des expositions de Rennes où le candidat tient une réunion publique, le vent a tourné. "L'alternance gauche-droite a fini par lasser beaucoup de monde. C'est même devenu une banalité de le dire", assure cet ancien professeur d'éducation physique, qui fut aussi kinésithérapeute et précise qu'il n'a "jamais été tenté par la gauche". "Dans ma vie professionnelle, poursuit-il, j'ai travaillé avec des fonctionnaires, mais aussi avec des gens du secteur libéral ; ces deux mondes qui ont longtemps voulu s'ignorer cherchent, on le sent bien, à se rejoindre. Il faut que les politiques comprennent que ces temps sont révolus." Ce 27 mars, Gérard Legrand est arrivé au meeting de François Bayrou avec un grand drapeau européen. "Pourquoi faire une obsession du drapeau français ?", s'agace ce conseiller municipal de Dinard (Ille-et-Vilaine). "Plus on ira vers l'Europe et plus on aura besoin de puiser dans ses racines régionales", conclut-il avant de prendre congé en lançant un sonore "kenavo" ("salut !", en breton). M. BAUROU, "UN HOMME RESPONSABLE AVEC UN PROGRAMME RESPONSABLE" L'un vient de la droite, l'autre est issue de la gauche. Ils se retrouveront à la tribune, aux côtés de François Bayrou, parmi le "groupe de jeunes supporteurs" qui entourera le candidat. Sébastien Châble, 19 ans, étudiant en première année à Sciences Po Rennes, dit avoir "enfin trouvé le centre" comme d'autres diraient avoir découvert leur vocation. "Au début, j'ai été impressionné par le dynamisme de Nicolas Sarkozy, mais je n'aime pas son côté thatchérien, cette façon d'opposer ceux qui ont du travail à ceux qui n'en ont pas, de ne s'en remettre qu'à la responsabilité individuelle." Il y a autre chose qui déplaît à ce sage jeune homme : "Le manque de cohérence de l'UMP, qui rassemble sous le même toit proeuropéens et souverainistes." Au contraire, il voit M. Bayrou "comme un homme responsable avec un programme responsable". Sophie Le Corronc, 30 ans, qui a "voté à gauche" en 2002, n'a été " séduite ni par les propositions ni par la personnalité de la candidate socialiste". Elle dit cela presque à regret. Etudiante en comptabilité, Sophie a été marquée par son passage dans plusieurs PME. "François Bayrou a bien raison de réserver les exonérations de charges à ces entreprises plutôt qu'aux grands groupes", martèle la jeune femme, qui admet "s'être posé des questions à propos du personnage". Sur Internet, Sophie a longuement passé en revue les interventions du candidat. "Maintenant, assure-t-elle, je crois en lui. C'est intuitif." § Moratoire sur les OGM, réforme de la fiscalité verte, réduction des déchets, respect de la vie animale, "contrat écolo", opposition au productivisme : revue de propositions. § L a candidate souhaite faire passer la part des énergies renouvelables à 20 % de la consommation en 2020. Un programme d'isolation de l'habitat ancien et un soutien aux économies d'énergies via des incitations fiscales sont envisagés, ainsi qu'une éco-redevance sur les camions pour encourager le transfert du fret de la route vers le rail. Le développement des transports collectifs serait financé par des prélèvements exceptionnels sur les sociétés pétrolières. Réorienter les aides de la PAC. Deuxième pilier : la réorientation de l'agriculture, qui devra "protéger l'environnement". La candidate souhaite un moratoire sur les cultures OGM. Elle veut réorienter les aides de la politique agricole commune (PAC) en faveur de l'environnement. Une partie serait gérée par les régions. Une réforme des modalités d'application de la loi sur l'eau et un programme de réduction de l'usage des pesticides sont proposés. Pour préserver la biodiversité, la candidate souhaite créer un "réseau écologique national". § Le livre "Cette chanson qui emmerde le Front national" retrace l'histoire de toutes ces chansons qui ces vingt-cinq dernières années ont fait de la résistance contre le parti d'extrême-droite. § I ls n'aiment pas les idées que véhiculent Jean-Marie Le Pen et le Front national et le disent en chantant. Dès que le FN a commencé à se faire entendre sur la scène politique, de nombreux artistes ont utilisé leur art pour manifester leur colère et promouvoir une société de tolérance. Avec sa chanson Marine puis Ma France à moi la rappeuse Diam's est aujourd'hui pour beaucoup de jeunes le symbole de cette lutte. Mais qui se souvient que déjà en 1983, révoltés par les flambées de racisme en France, racisme alimenté par des slogans frontistes tels que "Trois millions de chômeurs, ce sont trois millions d'immigrés en trop ! La France et les Français d'abord", Francis Cabrel et Renaud écrivent le premier Saïd et Mohamed et le second Deuxième Génération. Des chansons qui s'inquiètent du sort des immigrés et s'opposent sans le nommer au Front national. Jean-Baptiste Vignol, auteur de plusieurs livres sur la chanson vient de publier un petit ouvrage, Cette chanson qui emmerde le Front national (Tournon, 128 p., 10 ), préfacé par Renaud. Ce livre retrace l'histoire de toutes ces chansons qui ces vingt-cinq dernières années ont fait de la résistance. M. Vignol fait défiler le temps, années par années, rappelle le contexte politique, la montée en puissance du Front national et fait ou refait découvrir tous ces textes qui sont autant de témoignages de l'état de la France au moment où ils ont été rédigés. "ATTENTION, DANGER !" On regrettera des erreurs ou inexactitudes historiques, dans ce qui se veut un témoignage de la chanson à un fait politique. Un témoignage pas forcément optimiste car le cri de ces artistes n'a pas empêché Jean-Marie Le Pen d'être au second tour de l'élection présidentielle de 2002. Reste ces textes. Parfois violents, parfois tendres. Différents les uns des autres et en même temps semblables. "Ce gros menhir aux cheveux blonds comme les blés/Est entouré par des légions de crânes rasés/Je ne veux pas de nation barbelée/Souvenirs... Attention... danger !/ Le Pen, les hommes sont égaux pour moi/Le Pen, ils ont un même coeur qui bat..." chantait en novembre 1984 Thierry Le Luron dans Le Pen... Attention... Danger. L'année suivante, Jean Ferrat lui faisait écho avec, notamment, Vipère lubrique. Chanson dans laquelle il fustige le président du Front national et ses plaisanteries à caractère sexuel, voire scatologiques. De Louis Chedid à IAM en passant par Noir Désir, Pierre Perret, NTM, Zebda ou Katerine, belle est la moisson. Certains se défouleront en relisant Porcherie de Bérurier Noir et en reprenant le fameux refrain, incontournable dans les manifestations anti-FN : La jeunesse emmerde le Front national !. Un slogan que Diam's s'est fait un plaisir de reprendre dans sa chanson Marine : "Je ne suis pas de ceux qui prônent la haine mais plutôt de ceux qui/Votent et qui espèrent que ça s'arrête/.../Donc J'emmerde... J'emmerde... j'emmerde... Qui ?/ le Front national." § Interrogé dans le quotidien lyonnais "Le Progrès" publié jeudi 29 mars, à propos de ce que signifie pour lui la devise française, le président du Front national a estimé que c'est "honneur et patrie", "valeurs et discipline", "tiens voilà du boudin", etc." § P rompt à relever les contradictions dans les discours de ses adversaires, Jean-Marie Le Pen manie lui-même l'art de dire tout et son contraire avec dextérité. Interrogé dans le quotidien lyonnais Le Progrès publié jeudi 29 mars, à propos de ce que signifie pour lui la devise "liberté, égalité, fraternité", le président du Front national ironise : "Elle dit un certain nombre d'objectifs et de vertus qu'elle propose d'observer. Il y a la liberté, puis, presque son contraire, l'égalité, et pour arranger les choses, on a ajouté la fraternité. C'est une devise qui en vaut une autre. C'est "honneur et patrie" ; "valeurs et discipline", "tiens voilà du boudin", etc." Des mots qui contrastent avec son lyrisme lorsqu'il parlait de la République et de sa devise dans son discours de Valmy, le 20 septembre 2006. Ce jour-là, il s'était plaint de cette "vision terrible (...) de notre pauvre France où la liberté, l'égalité, la fraternité désertent chaque jour un peu plus notre sol et nos vies". M. Le Pen est coutumier de ce genre de brouillage. On l'avait entendu en Corse, le 7 octobre 2006, fustiger la "notion de citoyen", coupable à ses yeux de "définir les collectivités humaines comme des communautés de destin plutôt que de culture" tandis que le 20 septembre à Metz, il la portait aux nues en la liant à la "patrie". AMBIGUÏTÉS Quel est le vrai Le Pen ? Celui du Progrès et de Corse ou celui de Metz et Valmy ? Un coup d'il à son programme lève les ambiguïtés que les discours de Metz et Valmy, inspirés par Marine Le Pen, cheville ouvrière de la dédiabolisation du FN, distillent. La liberté, Jean-Marie Le Pen l'entend surtout au profit de l'entreprise, dont il souhaite alléger les impôts : taxe professionnelle comme impôt sur les bénéfices et sur les successions. De même, il veut refondre le code du travail pour donner plus de souplesse aux entreprises. Les travailleurs auront, lit-on dans le programme, la "liberté de travailler plus pour gagner plus" : remise en cause des 35 heures, de la retraite à 60 ans et incitation au cumul des emplois. Côté famille, il n'aborde pas la question des crèches, qui donnent aux femmes la possibilité de travailler, mais il développe longuement la création d'un revenu parental pour l'éducation des enfants à la maison. M. Le Pen substitue la préférence nationale à l'égalité. Pour lui, il y a d'un côté les Français, de l'autre les étrangers. Aux premiers, la priorité pour les emplois, les logements et en exclusivité les prestations familiales. Aux autres, une augmentation de 35 % des cotisations par rapport à celles des Français pour bénéficier de l'assurance-maladie et l'assurance-chômage. La société dessinée dans le programme frontiste favorise l'individualisme, la concurrence, la sélection. L'enseignement est réduit à un produit de consommation avec la création d'un chèque scolaire. Celui-ci, donné aux parents, servirait à financer l'établissement scolaire de leur choix, privé ou public, dans un contexte d'abandon de carte scolaire. Tout cela pour permettre une "émulation" dont l'aboutissement sera la fermeture d'établissements et la remise en cause de l'école républicaine, laïque et égale pour tous. De même, l'autonomie des universités préconisée par les frontistes fait voler en éclats les diplômes d'Etat. Côté fraternité, M. Le Pen refuse dans son programme le regroupement familial pour les travailleurs étrangers. Lui qui se veut le porte-parole des "petits, des sans-grade" démantèle le système de redistribution des richesses, revient notamment sur les prestations familiales évaluées en fonction du revenu, réduit l'impôt sur la fortune et surtout milite pour la disparition de l'impôt sur le revenu pour s'appuyer sur la TVA, un impôt sur la consommation qui touche les produits de première nécessité. § Condamnés à de longues peines, quatre détenus de la centrale de Poissy, qui peuvent ou non voter, racontent comment ils vivent la campagne électorale. § M . travaille à la bibliothèque où La République de Platon figure en bonne place sur l'une des étagères : "En 1981, l'élection présidentielle avait donné beaucoup d'espoir. Aujourd'hui, on a surtout peur de qui va être élu. Il y a une grande peur de Nicolas Sarkozy. On en parle beaucoup entre nous. Ce sont des débats spontanés à la bibliothèque. Est-ce que ça va être encore plus dur, plus fermé, plus répressif ? On a le temps de regarder la télévision, de lire la presse. On se souvient des autres élections, on revient dessus. J'aurais bien aimé voter, mais je suis privé de mes droits civiques. J'incite mes proches à le faire. Quand j'ai appris que des membres de ma famille avaient voté Chirac en 2002, je n'étais pas content. On ressent fortement la politique de la droite, avec les lois Perben 1 et 2, qui sont de plus en plus répressives. On a été condamné. On est en train de payer. C'est normal, mais la société n'a pas à se venger." (fl-rg.gif) suivant : G., condamné à trente ans M., condamné à trente ans | Reportage La présidentielle vue de prison Témoignage F., condamné à vingt-cinq ans Parmi les articles précédents Reportage La présidentielle vue de mon terril 23.03.07 EUR Témoignages "Qui va payer nos retraites ?" 23.03.07 Reportage La présidentielle vue de ma paroisse 16.03.07 EUR Reportage La présidentielle vue par les profs 02.03.07 EUR EN UNE EN CE MOMENT Gare du Nord : le récit du Congolais contrôlé Bernard Hourcade : "L'Iran n'a plus les moyens de réagir de manière sérieuse" L'environnement, l'étoile filante de la campagne Hedi Slimane quitte Dior ET AUSSI Sur Marie-Simon-Pierre qui, selon une enquête de l'Eglise, serait miraculée, donne une conférence de presse, à Aix-en-Provence, le 30 mars. | AP/CLAUDE PARIS Télézapping Le miracle de Jean Paul II Robert Fisk. | LeMonde.fr Chat Robert Fisk : "Les insurgés veulent une solution négociée en Irak" Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, et le premier ministre, Charles konan Banny, le 5 décembre, à Abidjan. | AFP/KAMBOU SIA Chronologie Le conflit ivoirien depuis septembre 2002 PRÉSIDENTIELLE 2007 Clear Channel collera les affiches officielles des douze candidats Le matériel de campagne de Gérard Schivardi invalidé Le "Ségo-tour" visite sept départements en trois jours et croise M. Hollande Devant le QG de M. Sarkozy, dans la "petite Turquie", "les gens ont peur d'être contrôlés" LES DÉPÊCHES Combats intenses à Mogadiscio, un hélicoptère abattu Reuters 18h27 Les Européens unis sur le Kosovo malgré les doutes Reuters 18h19 François Bayrou serait vainqueur s'il est au 2e tour, selon Ifop Reuters 18h03 Les maoïstes vont entrer au gouvernement du Népal Reuters 17h53 (presidentielle2007_index_articles_interactifs&) § Le "conseil des ministres de la blogosphère" rassemble plusieurs dizaines de blogueurs politiques au sein d'un vrai-faux gouvernement. Parmi eux, de nombreux militants, qui utilisent leur blog pour débattre, mais aussi pour raconter "de l'intérieur" la campagne. Samedi 31 mars, ils se retrouvaient au Sénat pour débattre d'une épineuse question : le blogueur est-il un animal politique ? Le militant, en tout cas, semble enclin à devenir un animal blogosphérique. § 2 1 avril 2002 : lorsque Christophe Grébert découvre que Jean-Marie Le Pen se trouve en face de Jacques Chirac au deuxième tour de l'élection présidentielle, c'est un choc. Il décide de créer un blog de politique locale : Monputeaux.com, qui a accédé depuis à la célébrité nationale, notamment à cause des démêlés judiciaires qui ont opposé le blogueur et la mairie de Puteaux. Simultanément, Christophe Grébert décide de s'engager au Parti socialiste. "C'est dans les partis politiques que les choses se font", explique-t-il. "Si on n'est pas d'accord avec eux, il faut essayer de les changer de l'intérieur." Assise sur le siège d'à côté, Quitterie Delmas hoche vigoureusement la tête : cette blogueuse UDF argumente en faveur d'une meilleure écoute des jeunes à l'intérieur de son parti. C'est un point qui rassemble plusieurs blogueurs politiques : leur engagement et leur blog sont indissociables. Dominique a d'abord eu envie de créer un blog "en soutien à (son) candidat. J'ai voulu voir comment ça marchait, et puis j'ai continué. Aujourd'hui, j'ai quatre blogs, dont deux blogs politiques un peu en sommeil. Les deux autres ne sont pas des blogs politiques, enfin, ma dernière note était sur la question du drapeau..." LE REGARD DES AUTRES MILITANTS Pour elle comme pour d'autre, c'est la présence de "trolls", de commentateurs envahissant, qui la dissuade de se consacrer davantage à la politique en ligne. "Depuis un mois, je n'ai plus envie d'écrire", raconte Jean-Paul Chapon, lui aussi militant socialiste. "Quand j'ai ouvert mon blog, j'avais décidé que, sauf cas gravissimes, il resterait un endroit de libre expression. Mais avec ces invasions dans les commentaires, l'outil s'autodétruit. Résultat, je milite de plus en plus dans ma fédération. La vie politique se fait aussi dans la réalité..." Pour les blogeurs qui affichent leur engagement sur le web, le regard des autres militants n'est pas toujours tendre : "Un jour, on m'a fait des remarques, dans ma fédération, à propos d'un commentaire que j'avais laissé chez Fraise des bois", s'amuse Dominique. Philippe Thomas, militant PS et auteur de ce blog qui ne se prive pas de critiquer les choix de son parti, sourit. Alors qu'il écrivait sous pseudonyme, il a été invité en 2005 dans l'émission France Europe express, sur le même plateau que François Hollande. Un "outing" en forme de coup d'éclat : "Cela m'a enfin permis d'interpeller directement notre premier secrétaire, pour lui dire "Tu sais, camarade, il y a des choses qui ne vont pas bien dans le parti..."" § Le ministre de l'éducation nationale rallie le candidat de l'UMP, dans un entretien à paraître dans "Le Journal du Dimanche". § G illes de Robien, seul ministre UDF du gouvernement Villepin, a annoncé qu'il apportait son soutien à Nicolas Sarkozy pour la présidentielle, dans un entretien au Journal du Dimanche, rendu public samedi et à paraître dimanche 1er avril. Le ministre de l'éducation nationale s'était longtemps démarqué de la stratégie de François Bayrou à la tête de l'UDF pendant la législature. Après André Santini et Christian Blanc, c'est donc au tour de Gilles de Robien de soutenir le candidat de l'UMP contre le leader des centristes. Ce qui est un coup dur pour François Bayrou, qui connaît un certain tassement dans les derniers sondages. Le suspense n'a pas duré longtemps même si vendredi, Gilles de Robien avait envoyé une lettre aux douze candidats pour leur vanter son bilan et "enrichir" leur réflexion. "J'ai souhaité vous transmettre le bilan de la politique menée au service de l'Ecole pendant les sept cents jours au cours desquels j'ai eu l'honneur de travailler à la réussite des jeunes Français et à la mobilisation d'un million et demi de fonctionnaires dont j'ai pu mesurer l'engagement", leur a-t-il écrit. § Il leur a déclaré samedi à son QG à Paris que la France devait "reconnaître sa responsabilité dans le sort douloureux qui a été le leur". § N icolas Sarkozy a promis samedi aux anciens supplétifs musulmans de l'armée française en Algérie, les Harkis, et à leurs familles de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans le sort douloureux qui a été le leur. Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, qui n'a de cesse de fustiger la "repentance systématique" qui "nourrit la honte d'être français", a fait exception devant une centaine de représentants de Harkis reçus à son QG de campagne."RÉBELLION INDÉPENDANTISTE" "Je veux rendre hommage aux soldats que vous fûtes. Des soldats qui ont combattu dans l'armée française contre la rébellion indépendantiste de 1954 à 1962", a-t-il dit. "La nation a un devoir moral envers vous." "Si je suis élu président de la République, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre de Harkis", a-t-il ajouté, répondant ainsi à une des principales revendications de cette communauté. Selon lui, 60 000 musulmans français avait été massacrés entre les accords d'Evian de mars 1962, qui mirent fin à la guerre proprement dite, et l'indépendance algérienne, en juillet 1962. Seulement 10 % du million de Harkis qui s'étaient placés sous la protection de l'armée française avaient pu s'établir en France entre 1962 et 1968, toujours selon lui. La France compte près d'un million de Harkis. "Je le dis : la France, en quittant le sol algérien, n'a pas su empêcher les massacres (...) Les Harkis ne sauraient demeurer les oubliés d'une histoire enfouie. Ils doivent désormais prendre toute leur place dans notre mémoire", a-t-il ajouté. Nicolas Sarkozy s'est engagé à créer, s'il est élu, une "fondation pour la mémoire sur la guerre d'Algérie", qui serait dirigée par des rapatriés et participerait au financement d'événements, d'ouvrages et de films et à la promotion des harkis et de leurs enfants. ACCUEIL "INDIGNE" EN FRANCE Le candidat de l'UMP, qui s'exprimait en présence du ministre délégué aux anciens combattants, Hamlaoui Mekachéra, a d'autre part estimé que l'accueil des Harkis rapatriés en France après la guerre d'Algérie avait été "indigne". Il s'est engagé à faire profiter ces Français musulmans et leurs descendants de la "discrimination positive" qu'il promet d'instaurer en faveur des secteurs de la population les plus défavorisés, notamment en matière de formation, d'accès à l'emploi, au logement et aux fonctions et postes politiques. "La France ne serait pas la France sans ces dizaines de milliers de travailleurs harkis qui ont participé à notre croissance. Ces travailleur sont aujourd'hui devenus des modèles de courage et d'intégration", a souligné Nicolas Sarkozy. Il a d'autre part dit "rêver" de "relations apaisées entre les deux rives de la Méditerranée". "Respectons toutes les victimes de la guerre d'Algérie", a déclaré Nicolas Sarkozy, qui a promis de continuer à travailler à l'amélioration de la circulation des personnes entre la France et l'Algérie, autre revendication des Harkis. "Si je suis élu, je m'attacherai à ce qu'aucune discrimination ne soit possible entre citoyens français sur ces questions de circulation", a-t-il dit. Nicolas Sarkozy a enfin condamné l'"islamophobie", qui "ne s'explique pas" mais "se combat". "Quand en France on menace un musulman (...) c'est la République qu'on menace", a-t-il dit. "Il n'y a rien de plus semblable qu'un antisémite et qu'un islamophobe. Tous deux ont le même visage, celui de la bêtise." § La réforme prend effet le 1er avril. Les candidats à l'élection présidentielle se disent prêts à revoir ce dispositif complexe qui est loin de faire l'unanimité. § R ien de tel qu'une campagne présidentielle pour fragiliser une réforme impopulaire et à peine entrée en vigueur... Si la réforme de l'assurance-chômage des intermittents du spectacle doit s'appliquer le 1er avril, va-t-elle être remise en cause après l'élection ? La question se pose à la lecture des promesses - un peu rapides ? - des principaux candidats à l'élection présidentielle. Ségolène Royal (PS) a ouvert le bal en s'engageant, dans un communiqué, début mars, à amener les partenaires sociaux à négocier un nouvel accord. De son côté, François Bayrou (UDF), Marie-George Buffet (gauche antilibérale), ou Dominique Voynet (Verts) se disent prêts à faire voter la proposition de loi alternative au protocole, soutenue par des élus de tous bords. Tous cherchent à répondre à la revendication majeure de la CGT-spectacle, le syndicat le plus représentatif du secteur, et de la Coordination des intermittents : 507 heures de travail sur douze mois, ouvrant droit à une indemnisation sur douze mois, avec un examen à date fixe du dossier, par les Assedic. Plusieurs rapports d'experts et de parlementaires plaidaient aussi dans ce sens, à quelques nuances près. Le texte, signé le 21 décembre 2006 par la CFDT, la CFE-CGC, la CGC, et rejeté par la CGT et FO, n'a pas suivi cette voie : malgré quelques modifications, il reconduit l'esprit du protocole de juin 2003, à l'origine de la "crise des intermittents". Et l'on peut parier que la "crise" n'est pas terminée. Est-ce pour cette raison que même Nicolas Sarkozy promet de rouvrir les négociations, comme on peut le lire dans sa réponse écrite à la Société des réalisateurs de films ? La situation ne manque pas de sel ! Expert du dossier et proche de M. Sarkozy, le député Dominique Paillé décrypte : "Nous allons voir les effets que produit la réforme dans les six mois qui viennent. Si ce n'est pas concluant en termes d'équilibre financier, de justice sociale et de sécurité des artistes, il faudra le revoir", confirme-t-il. Las, François Chérèque (secrétaire général de la CFDT) a déjà opposé une fin de non-recevoir aux candidats. Et à Mme Royal en particulier, avec laquelle il s'est entretenu sur le sujet. "Nous lui avons dit que si le gouvernement remet en cause de lui-même l'accord, il ouvrira un conflit majeur avec la CFDT", a déclaré M. Chérèque au Monde. Et de brandir la menace que les annexes 8 (techniciens) et 10 (artistes) de l'Unedic ne soient plus financées par les cotisations des salariés du privé. La "solidarité interprofessionnelle" volerait en éclats. "FONDS PERMANENT" En attendant, le ministre de la culture et de la communication, Renaud Donnedieu de Vabres, tente d'assurer le service après-vente de la réforme. La plaquette d'information officielle affirme, en caractères gras et en couleur : "Le seuil d'affiliation de 507 heures sur douze mois est maintenu" en 2007. Les 507 heures en douze mois ? Pas tout à fait. En fait, au-delà des prestations prévues par l'accord des partenaires sociaux, des intermittents en difficulté pourront, sous certaines conditions, bénéficier d'une allocation financée par l'Etat, via le "fonds permanent de solidarité et de professionnalisation" - lequel a vocation aussi à fournir une assistance, notamment en cas d'accident de carrière. Ce "fonds permanent" prolonge, avec quelques bémols, le fonds transitoire créé à l'été 2004 qui aura permis, au total, d'indemniser 43 805 intermittents (chiffre du 23 mars) exclus, pour un coût évalué fin février à 242 millions d'euros. Autant dire que les intermittents y sont très attachés. Le nouveau dispositif sera-t-il aussi protecteur ? Grâce à ce "fonds permanent", affirme-t-on Rue de Valois, une garantie de revenus sur douze mois pourra être assurée, si l'on met bout à bout les prestations d'assurance-chômage, l'allocation financée par l'Etat et les congés payés. Les intermittents crient au "mensonge" et à la "trahison". Suite du feuilleton après l'élection. § Lisez l'intégralité de l'article pour plus d'information. § L es Français, ces anciens révolutionnaires seraient-ils devenus conservateurs ? A l'heure où dans le miroir de la campagne présidentielle, se révèlent les crispations de la société, c'est la question que l'Institut Montaigne, présidé par Claude Bébéar, avait choisi de poser à plusieurs personnalités lors d'un séminaire au Conseil économique et social, jeudi 29 mars. La réponse s'est voulue - partiellement - optimiste. "Les Français sont dans un processus de profonds changements", a expliqué Dominique Reynié, professeur à l'Institut d'Etudes politiques de Paris. "Ils ont une disponibilité au changement à condition que celui-ci soit éclairé, expliqué", a-t-il observé. Les résistances viendraient davantage des dirigeants politiques qui, "depuis vingt ans, représentent la catégorie socio-professionnelle qui a le moins évolué. Ceux que l'on qualifie de nouveaux aujourd'hui, font de la politique depuis trente ans !". Le propos ne pouvait que convenir à Jean-François Kahn, qui ne cesse de dénoncer la rupture entre le pays et ses élites. Partisan du centre politique, le directeur fondateur de l'hebdomadaire Marianne, a évoqué le succès de François Bayrou dans cette campagne : "Ce peuple que l'on dit conservateur, il a envie de secouer le cocotier ! Et que lui répondent les élites ? Ah non ! ça ne va pas du tout, il y a une gauche et une droite, on ne bouge pas comme ça. Il faut voir leur affolement à l'idée que le système dans lequel ils sont installés pourrait changer !". Pour l'essayiste et président de PlaNet Finance, Jacques Attali, la société française est "individuellement révolutionnaire et collectivement conservatrice". "Dès que le changement apporte une nouvelle liberté, il n'y a pas de conservatisme", a-t-il observé en évoquant les évolutions technologiques, économiques et sociétales adoptées, par le pays, depuis vingt ans. Dans la profusion d'essais sur le déclin de la France, l'ancien conseiller de François Mitterrand voit "un très bon signe". "Il n'y a jamais eu autant de production sur ce thème qu'au milieu du XIXe siècle qui a été une période d'immense mutation", a-t-il rappelé. Tout aussi salutaire, juge-t-il, le débat sur l'identité nationale : "Cela va nous amener à un projet collectif qui nous forcera à réformer nos institutions, du fonctionnement de l'Etat aux collectivités locales." "Il ne peut y avoir de capacité à vivre le changement si l'on n'a pas conscience d'être mortel", a conclu M. Attali. Examen de conscience les 22 avril et 6 mai. § Ils situent leur choix entre deux pôles, l'un conservateur, l'autre social-démocrate, ce dernier allant des Verts à l'UDF. § B eaucoup d'entre eux furent des compagnons du socialisme au pouvoir. Souvent énarques, rarement élus, mais peuplant les cabinets ministériels de la gauche chaque fois qu'elle fut au pouvoir, ces vingt-cinq dernières années. En une semaine, leur petit club informel, qui réunit une vingtaine de personnes, a signé deux textes dans Le Point sous le pseudonyme antique des Gracques appelant à une alliance entre le PS et l'UDF au nom du réalisme électoral et de la social-démocratie. Le premier intitulé "Merci François", publié le 22 mars, rêvait d'une gauche plus réaliste, plus libérale et plus européenne. Le second, paru le 29 mars, intitulé "Chère Ségolène" appelle à une recomposition politique entre deux pôles, l'un conservateur, l'autre social-démocrate, ce dernier allant des Verts à l'UDF. Autant dire qu'à quatre semaines du premier tour de la présidentielle, la chose n'est pas passée inaperçue. L'initiative a été d'autant plus remarquée que, parmi les signataires, se trouve Jean-Pierre Jouyet, 53 ans, ancien directeur adjoint de Lionel Jospin à Matignon, ancien directeur du Trésor, patron de l'inspection des finances et surtout grand ami - autrefois - de François Hollande et de Ségolène Royal, qu'il connaît depuis l'ENA. Jouyet, qui fut l'un des piliers, avec Hollande, du club deloriste Témoins, ne cachait plus sa rupture avec Mme Royal, ni le fait qu'il aurait préféré une candidature du premier secrétaire du PS. Maintenu à l'écart de la campagne de Mme Royal, il s'est vite aperçu qu'il n'était pas le seul à ne plus s'accorder avec le discours de la candidate ou à se sentir meurtri de ne pas être sollicité. Dans ce petit cercle où chacun se connaît et se fréquente, une demi-douzaine de personnes, habituées du Blackberry et des échanges en réseaux, ont donc commencé à se "mailer" leurs réflexions et leurs inquiétudes. Au côté de Jean-Pierre Jouyet, se trouve la fine fleur de ce qui fut la technocratie socialiste des vingt dernières années, très souvent passée dans le privé : Denis Olivennes, 46 ans, ancien fabiusien, aujourd'hui patron de la Fnac ; Roger Godino, 67 ans, rocardien et pilier des clubs La gauche en Europe ; Mathieu Pigasse, 38 ans, ancien membre des cabinets Strauss-Kahn puis Fabius au ministère de l'économie sous l'ère Jospin, aujourd'hui vice-président de la banque d'affaire Lazard ; Ariane Obolensky, 57 ans, membre du cabinet Rocard à Matignon en 1988, passée dans la banque ; Bernard Spitz, 48 ans, ex des cabinets Rocard et Stoleru en 1988, en disponibilité du Conseil d'Etat pour exercer ses activités de conseil dans le privé ; Guillaume Hannezo, 46 ans, ancien des cabinets Bérégovoy, brûlé dans le scandale Vivendi et la chute de Jean-Marie Messier, aujourd'hui associé de Rothschild & Cie et vice-président du conseil de surveillance de Libération ; François Villeroy de Galhau, 48 ans, ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy, aujourd'hui à la BNP ; Gilles de Margerie, 51 ans, ancien conseiller de Michel Rocard, devenu banquier. Ce qui les a déterminés ? La montée de François Bayrou dans les sondages et une certitude que résume Roger Godino : "Nous voyons bien, dans le pays, la logique du "Tout sauf Sarkozy". Si Ségolène Royal arrive au second tour face au candidat UMP, elle devra faire appel aux électeurs de Bayrou pour le battre. Si c'est Bayrou, il devra s'ouvrir aux socialistes." Tous n'en étaient pas, cependant, au même degré de conversion. Certains sont déjà fort éloignés de la gauche et voteront François Bayrou. Mais d'autres s'y refusent. Les strauss-kahniens, notamment, se sont sentis confortés dans leur démarche par l'entretien de leur champion dans Le Monde du 10 mars. Ces derniers veulent encore croire que Mme Royal devra, si elle gagne, appeler "DSK" au gouvernement et, calculent que, si elle perd, une partie du PS se recomposera autour de leur ami. "Je suis socialiste et je voterai Ségolène Royal, affirme ainsi Mathieu Pigasse. Mais le temps est venu que le PS fasse sa mue idéologique et accepte l'économie de marché. Ségolène a d'ailleurs gagné la bataille interne sur une tonalité blairiste. Pourquoi l'a-t-elle oublié ?" Ils ont cependant tous été sèchement renvoyés dans les cordes. Ségolène Royal a balayé leur initiative d'un revers de main : "Ils sont extrêmement libéraux", a-t-elle tranché en décommandant le rendez-vous qu'elle leur avait accordé le 24 mars. François Bayrou, lui, les a longuement reçus, enchanté de l'aubaine. Mais lorsque les Gracques lui ont affirmé que l'alliance électorale PS-UDF qu'ils prônent devait aussi fonctionner s'il n'arrive pas au second tour, il a répliqué : "Je n'envisage pas cette hypothèse." Michel Rocard, qui prédit depuis le référendum du 29 mai 2005, le déchirement du PS en deux pôles, a reçu plusieurs des signataires. François Hollande, en habitué de la synthèse, maintient les relations avec notamment Jouyet, même s'il juge les Gracques trop indulgents envers François Bayrou. DSK, qui y retrouve une partie de son cercle idéologique, se montre prudent. "C'est une chose que de penser qu'il faut un bon report des voix Bayrou et une autre de prôner l'alliance électorale", explique ainsi son conseiller Gilles Finchelstein. Quant à Laurent Fabius, qui songe déjà à l'après et compte reprendre le pôle gauche du PS si celui-ci se scindait, les choses sont claires. "Les Gracques ? Ce sont plutôt les Gracques 40, cingle Guillaume Bachelay, "plume" de l'ancien héraut du non à la constitution européenne, les enfants du tournant de la rigueur et de Maastricht. Ils cherchent d'abord la validation de leur acceptation de la contrainte économique." Les Gracques - du nom de ces citoyens romains renommés pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain- sont décidés à attendre maintenant l'entre-deux-tours. Espérant que la configuration politique issue du 22 avril leur donne raison. § Le soulagement à l'UMP et au PS est à la hauteur de l'inquiétude qu'a suscitée la percée dans les sondages du candidat UDF. § L eur soulagement affiché est à la hauteur de l'inquiétude qu'il a suscitée. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal suivent de très près le tassement des intentions de vote en faveur de François Bayrou dont témoignent les dernières enquêtes. Selon un sondage TNS-Sofres-Unilog, publié samedi 31 mars dans le Figaro, le candidat centriste recueillerait désormais 18 % des voix au premier tour (contre 21,5 % la semaine précédente). Le même mouvement à la baisse est enregistré dans le dernier sondage IFOP, qui place le candidat UMP à 28 % des intentions de vote au premier tour, contre 23 et 21 % pour Ségolène Royal et François Bayrou. Le président de l'UDF connaît en revanche une progression d'un point dans le baromètre électoral quotidien IPSOS-Dell-Le Point publié vendredi mais avec 18,5 % des intentions de vote, continue de se situer derrière ses deux principaux concurrents. A l'UMP, ces sondages sont brandis comme des trophées. Aujourd'hui, les proches de Nicolas Sarkozy sont persuadés que "le moment Bayrou" est terminé. Les événements de la gare du Nord, en réactivant le clivage droite-gauche sur le thème de la sécurité, l'ont rendu "inaudible et c'est bien fait", assure un membre de sa garde rapprochée. "Il recule, se félicite en écho Brice Hortefeux, car nous sommes passés du temps des postures aux temps des programmes. En continuant à flinguer ses adversaires il a affaibli sa posture de rassembleur". Au Parti socialiste aussi, on respire, en se persuadant que le risque du vote utile en faveur de François Bayrou au premier tour s'éloigne. D'autant que, comme le reconnaît François Hollande, il n'avait "pas été bien mesuré au départ". Ainsi regarde-t-on avec plus de sérénité l'initiative des Gracques, ces compagnons de route du PS qui ont appelé à une alliance avec le centre. Si leur appel avait été publié en pleine ascension de François Bayrou, la situation " aurait été beaucoup plus embêtante, mais là, le danger est passé", affirme-t-on dans l'entourage du premier secrétaire. Des deux côtés, on reste toutefois en alerte face à la tentation centriste qui continue à s'exprimer dans l'électorat. En marge de son meeting commun avec Ségolène Royal, mercredi 29 mars à Limoges, François Hollande évaluait à 3 % le pourcentage de voix que Ségolène Royal doit reprendre à François Bayrou au premier tour. Et de l'autre côté ? " Au PCF, il ne reste plus que l'os", affirmait-il. L'annonce du soutien de Jacques Delors à la candidate socialiste, l'installation de Bernard Kouchner et de Dominique Strauss-Kahn au premier rang de son public lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, dimanche 25 mars, sont autant de signes adressés à cet électorat. De même est-on convaincu chez Nicolas Sarkozy que le ralliement de Jean-Louis Borloo en début de semaine, après celui de Simone Veil, participe de l'affaiblissement de M. Bayrou. "Ils sont visibles et ils pèsent", explique M. Hortefeux. Surtout, ce sont autant de soutiens dont l'UDF est privée. L'UMP attend désormais celui de du ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien. Ancien directeur de campagne de... François Bayrou en 2002, il a rencontré le 28 mars Jean-Pierre Raffarin pour négocier ses conditions - la survie de son club "Société en mouvement" et des investitures pour ses candidats aux législatives. Officiellement, Gilles de Robien attendait d'être réélu maire d'Amiens - mission accomplie jeudi 29 mars - pour officialiser son soutien à Nicolas Sarkozy. Le soulagement commun du "compère et de la commère", comme il les surnomme désormais, a donné à François Bayrou une nouvelle occasion de dénoncer leur "connivence". Son irruption dans le trio de tête " a chamboulé tous les plans", persiste-t-il à penser et "on" le lui ferait payer. Du coup, ces mêmes sondages si appréciés lorsqu'ils scandaient avec la précision d'un métronome son ascension dans l'opinion, sont-ils pris aujourd'hui avec distance, en ce qu'ils ne refléteraient qu'une opinion " fabriquée" face à une opinion " réelle". "Absolument confiant dans le choix des Français", François Bayrou reste convaincu que ses deux concurrents sont surestimés dans les sondages. " La gauche ne se retrouve pas dans sa candidate. Quant à Sarkozy et Le Pen, ce sont des vases communicants. Si le vote Le Pen est sous-estimé, alors le vote Sarkozy est surestimé", confie-t-il. " Les principaux dirigeants du PS ne cessent de me faire passer des messages affirmant que, si je suis au second tour, ils sont à mes côtés", ajoute-t-il. Dans son entourage, on prépare donc avec confiance la suite. Tandis que le candidat UDF s'est envolé pour la Guyane, son équipe de campagne met ce week-end la dernière main à un programme de vingt pages, thématique, qui sera tiré à 10 millions d'exemplaires et présenté en début de début de semaine prochaine. " On voulait répondre à Royal et à Sarkozy qui disaient que l'on n'avait pas de programme", indique Maurice Leroy, député UDF du Loir-et-Cher. Le quatre pages, jusqu'alors distribué avec une clémentine " pour donner des vitamines à la campagne", a été jugé un peu léger. Le 5 avril, M. Bayrou publiera en outre son troisième livre de campagne, Confidences, qui reprend l'entretien de plusieurs heures accordé à PoliTIC'Show et qui était déjà disponible sur son site. Il a confié au photographe Jean-Marie Perrier, le soin de son portrait officiel. Dans la dernière ligne droite, l'essentiel, pense François Bayrou, est de retrouver la proximité qui avait permis l'identification d'une partie de l'électorat à sa personnalité. Lors d'un meeting de soutien où il l'accompagnait, Vincent Lindon lui a fourni le slogan : "On a tous en nous quelque chose de Bayrou". § A Saint-Sébastien, la kermesse permet de payer les manuels d'anglais, les facteurs livrent les médicaments aux personnes âgées et les manifestants bloquent la voie ferrée pour éviter que le guichet de la gare soit fermé. § A Saint-Sébastien, la kermesse permet de payer les manuels d'anglais, les facteurs livrent les médicaments aux personnes âgées et les manifestants bloquent la voie ferrée pour éviter que le guichet de la gare soit fermé. Des arrangements au quotidien, pour protéger ce qui, pour les 720 habitants, s'écrit avec un grand S et un grand P : le service public. Et ce alors que le 31 mars, à Firmi Decazeville, dans l'Aveyron, s'organise pour la deuxième fois la "Fête nationale des services publics". Les journées se mènent tranquillement à Saint-Sébastien. Il y a des vaches limousines qui broutent paisiblement. Des prairies et des petites rivières pour prendre l'air. Mais les commerces sont souvent en sursis et Internet ainsi que le réseau téléphonique mobile ne sont pas toujours accessibles, même à la mairie. Alors les services publics, c'est d'abord une bataille pour maintenir l'équilibre. Voire, pour certains, empêcher le village de mourir. Une petit combat quotidien, notamment à l'école, qui accueille 76 enfants. Maïté Roux, 34 ans, est responsable de l'association des "amis de l'école". Il y a trois ans, elle a troqué sa vie de graphiste à Paris contre celle de femme au foyer en province. Un projet mené avec son mari, Pierre Roux, 47 ans, dessinateur en télétravail. Ils ont des enfants de deux et six ans, deux chevaux et une maison à retaper. L'ambition de Maïté, avec l'association, est de réussir à fournir à l'école les ressources qui lui font défaut pour financer les "extras" : le carnaval, les sorties scolaires au zoo mais aussi les fournitures ou les manuels. Et ce dans un contexte où les professeurs changent tous les ans, car rares sont ceux qui souhaitent s'installer au village. "Mon principal souci, en ce moment, c'est de savoir si je vais réussir à réunir assez de sous pour organiser la kermesse", explique Maïté Roux. Elle collecte patiemment de l'argent toute l'année, en organisant des lotos, des ventes de calendriers ou de fleurs ou un marché de Noël. COMBAT ACHARNÉ La Poste n'est pas encore officiellement menacée, à Saint-Sébastien. Mais, ces dernières années, l'heure de la levée a été avancée, le personnel diminué et les facteurs ont changés de ville de rattachement. "La Poste, c'était le premier employeur du village !", dénonce le maire, Jean-Claude Carpentier (PS), 66 ans, un ingénieur parisien, militant CFTC, qui a débarqué un jour pour le mariage d'un cousin et qui n'est jamais reparti. Aujourd'hui, La Poste est encore un endroit où l'on peut payer plus tard quand on manque de monnaie, mais aussi, bien que se soit interdit, un relais pour se faire apporter par le facteur courses et médicaments quand on est âgé. Depuis quelques jours, tout le village est mobilisé autour d'une pétition - "Touche pas à mon facteur" - qui défend un postier qui avait donné un coup de main à des personnes âgées et qui s'est fait suspendre. "C'est vraiment dommage, regrette Maryse Cabenet, 51 ans, dont plus de trente derrière le comptoir du bar-tabac. C'est vraiment un relais de solidarité qui s'en va." Certains habitants mènent également un combat acharné pour empêcher la fermeture de la gare de Saint-Sébastien. Un bout de bâtisse avec une passerelle et deux bancs décatis. Une toute petite gare, régulièrement menacée par la réorganisation des réseaux de la SNCF, mais qui a l'immense avantage, pour ceux qui le savent, d'être postée sur la ligne directe pour Paris. Cette facilité met les verts fourrés du village à trois heures de la capitale et contribue à attirer des travailleurs "pendulaires" comme Maïté Roux et son époux. Un comité de soutien s'est créé, on milite, on manifeste, on alimente les chroniques de la presse au village. Même si le train, à Saint-Sébastien, c'est juste "une minute d'arrêt". § Mme Royal estime que le dispositif pour les non-qualifiés coûtera 1 milliard d'euros par an. Mais il pourrait être plus cher : sur la base d'un smic à 1252,28 euros brut, la mesure coûterait 2,85 milliards si elle s'appliquait aux 190 000 jeunes laissés pour compte chaque année. § L e contenu du droit au premier emploi des jeunes, prévu dans le pacte présidentiel de Ségolène Royal, se précise. Et pourrait constituer une véritable aubaine pour les entreprises. La candidate avait proposé en début d'année que l'Etat et les régions prennent en charge, pendant six mois, la totalité des salaires et des charges d'un jeune diplômé recruté dans une PME - les emplois tremplins. Vendredi, à Guéret, elle a fait la même proposition, mais pendant un an, pour les jeunes sans qualification embauchés dans de très petites entreprises (TPE). Le dispositif serait limité à une embauche par entreprise. Le gouvernement Jospin avait créé en 1998 le programme Trace, qui a permis en cinq ans d'accompagner 320 000 d'entre eux vers l'emploi. Sous le gouvernement Raffarin - qui avait supprimé les emplois jeunes -, François Fillon avait lancé un contrat jeunes en entreprise, assorti d'une aide forfaitaire de l'Etat de 400 euros par mois la première année et de 200 euros la second. Malgré ces efforts, la situation des sans diplôme reste très difficile. Le 17 novembre 2006, le socialiste Jacques Delors s'était dit "personnellement indigné" par le sort réservé aux 190 00 jeunes qui sortent chaque année sans rien du système scolaire et universitaire. En présentant le dernier rapport du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) qu'il préside, il avait réclamé "l'ouverture sans délai" d'un "grand chantier national". La candidate du PS répond à son souhait mais elle le fait en proposant que les pouvoirs publics se substituent à l'employeur pour le versement du salaire, ce qui n'est pas dans les habitudes d'une gauche prompte à fustiger les cadeaux de la droite aux entreprises. Mme Royal estime que le dispositif pour les non-qualifiés coûtera 1 milliard d'euros par an. Mais il pourrait être plus cher : sur la base d'un smic à 1252,28 euros brut, la mesure coûterait 2,85 milliards si elle s'appliquait aux 190 000 jeunes laissés pour compte chaque année. La candidate veut la financer en redéployant les fonds de la formation professionnelle, une manne de 23 milliards sur laquelle patronat et syndicats veillent jalousement. Le dispositif s'appliquerait aux seules entreprises artisanales et commerciales de moins de dix salariés - elle sont 789 000 selon l'Insee - et dont beaucoup peinent à recruter. Fidèle à sa logique "gagnant-gagnant", Mme Royal se propose de les aider en donnant une chance d'insertion durable aux non-qualifiés. Ce pari n'est pas dénué de risques, car il faudra éviter les effets d'aubaine qu'une telle mesure recèle, mais il peut faire baisser le chômage des jeunes. En le lançant, la candidate occupe aussi un terrain, celui des PME et des TPE, "labouré" par son rival de l'UDF, François Bayrou. § La candidate cherchait depuis des semaines une idée "frappante et lisible" sur le thème de l'emploi pour faire pièce à la proposition de François Bayrou d'exonérer de charges les deux premiers emplois. § I l y a Ségolène Royal des villes et Ségolène Royal des champs. La candidate des "citoyens" contre les "puissants". Pour la dernière étape de son déplacement dans le centre de la France, Mme Royal, qui se trouvait dans la Creuse et le Puy-de-Dôme vendredi 30 mars, a dévoilé ses annonces, en faveur des jeunes et des services publics, uniquement en milieu rural, dans des petites salles municipales pleines à craquer. C'est à Guéret (Creuse) qu'elle lance l'idée d'un "contrat première chance" pour les jeunes en situation d'échec scolaire ; à Montaigut-en-Combrailles (Puy-de-Dôme) qu'elle fait le "serment" que plus "aucun service public ne fermera sans l'accord des élus". Samedi, trois autres candidats de gauche, Marie-George Buffet (PCF), José Bové, et Gérard Schivardi (soutenu par le Parti des travailleurs) devaient à leur tour faire le voyage jusqu'à à Firmi, dans l'Aveyron, pour la "Fête nationale des services publics" organisée par des collectifs de défense. "IL FALLAIT Y PENSER" A Guéret, Mme Royal, citant le chiffre de 500 000 offres d'emploi non pourvus dans les très petites entreprises, et celui de 190 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification, a proposé que l'Etat prenne en charge pendant un an le salaire et les charges d'un jeune embauché dans le secteur du commerce et de l'artisanat. "C'est un vaste chantier que je souhaite lancer, a-t-elle souligné. Si ce jeune fait ses preuves, s'il reprend goût à la vie, alors je demanderai aux artisans et aux commerçants de le recruter sur un contrat stable et durable". Pour la candidate, le coût de ce programme avoisinerait 1 milliard d'euros, financé par redéploiement des aides publiques et des fonds de la formation professionnelle, et serait réservé à des jeunes en difficulté "repérés par les enseignants dès le collège". "Je vois ce que coûte le chômage et la désespérance", a-t-elle justifié. Mais fidèle à sa méthode, Mme Royal ne s'engage pas dans les détails, préférant confier à Dominique Meda, inspectrice générale des affaires sociales, le soin de lui remettre un rapport sur le sujet d'ici à deux semaines. Cette mesure est complémentaire de sa proposition de créer 500 000 emplois tremplins, réservée cette fois aux jeunes qualifiés. Dans les deux cas, a insisté la candidate, "les régions seront en première ligne" pour piloter le dispositif. Ce sont ses "contacts de terrain", a-t-elle avancé en prenant l'exemple d'une discussion avec un "quincallier", qui l'ont conduite, vendredi, "à accélérer". En réalité, la candidate cherchait depuis des semaines une idée "frappante et lisible" sur le thème de l'emploi pour faire pièce à la proposition de François Bayrou d'exonérer de charges les deux premiers emplois. "Rapprocher les 500 000 emplois non pourvus et les 190 000 jeunes en situation d'échec, c'est simple mais il fallait y penser", se félicite Jean-Louis Bianco, co-directeur de campagne de Mme Royal. Ce faisant, la candidate socialiste ouvre à son tour le thème du coût du travail des jeunes. "Au bout d'un an, assure M. Bianco, il y aura des contrats avec un engagement d'embauche à la clé, sauf s'il y a des problèmes. C'est le contraire du CNE et du CPE où il n'y avait pas motivation". A Montaigut, la candidate a dénoncé la "litanie de la fermeture" des services publics en milieu rural et promis de les "reconquérir". "Je sais ce que c'est, a-t-elle déclaré. Il n'y a rien de comparable entre le coût économique et le coup psychologique qui s'abat sur ces petites communes lorsque les services publics ferment". Une position chaleureusement approuvée par les habitants réunis dans la salle des fêtes qui ont tout autant apprécié cette conclusion de Mme Royal : "La France puise son identité, son authenticité en milieu rural dans les territoires . C'est ça qui irrigue les villes." § Le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle propose la création d'une "agence de la défense civile" pour animer et renforcer "l'esprit de défense" dans la société française, dans une interview au mensuel "Défense et sécurité internationales" de mars. § L e candidat de l'UMP à l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy propose la création d'une "agence de la défense civile" pour animer et renforcer "l'esprit de défense" dans la société française. "Afin de prévenir et, le cas échéant, de surmonter la réalisation sur notre territoire de la menace terroriste ou la survenance d'une catastrophe naturelle ou technologique, nous devons accorder une attention accrue à la défense civile et à la cohésion de la nation autour des enjeux de sa politique de défense", déclare-t-il dans une interview publiée par le mensuel Défense et sécurité internationales dans son édition de mars. "Je propose donc la création d'une agence de la défense civile pour animer l'esprit de défense et coordonner la mobilisation des différentes composantes de notre société", ajoute-t-il. LE SERVICE CIVIQUE OBLIGATOIRE, 'UNE RÉSERVE OPÉRATIONNELLE" Nicolas Sarkozy estime également que le service civique obligatoire qu'il propose d'instauter pour les jeunes "pourrait utilement contribuer" au renforcement des "capacités de réaction" de la France. Par le biais d'un volet militaire et de sécurité, il permettrait à la France d'avoir "une réserve opérationnelle plus consistante, à même de soulager (les) armées déjà fortement sollicitées sur les théâtres extérieurs". "Je veillerai à ce que soient élargis les pouvoirs du Parlement dans la définition des orientations de notre politique de défense, dans les modalités de leur mise en uvre et dans l'évaluation des objectifs atteints", indique-t-il. Après la candidate socialiste Ségolène Royal samedi, Nicolas Sarkozy présentera mercredi, lors d'une convention de l'UMP, ses propositions en matière de défense qu'il a déjà largement exposées dans des interviews et lors de sa conférence de presse sur la politique étrangère mercredi dernier. § La candidate socialiste a indiqué samedi qu'elle compte "maintenir et adapter" l'effort budgétaire actuel, et développer les coopérations européennes. Pour "renouveler la confiance entre les citoyens et la défense", elle propose de renforcer le contrôle par le Parlement et de créer un service civique. § L a défense "est l'affaire de tous", a déclaré Ségolène Royal en présentant, samedi 3 mars, ses orientations sur un sujet qu'elle n'avait encore que peu évoqué. Devant un parterre composé surtout de spécialistes, réuni par Jean-Pierre Chevènement à la Maison de la chimie, la candidate socialiste à la présidentielle a affirmé qu'elle "veillerait" à ce que la dissuasion nucléaire "indispensable à notre indépendance (...) garde en permanence sa crédibilité et dispose des moyens de sa modernisation". Mais "je n'ambitionne pas de rivaliser avec les 7 000 têtes américaines ou russes" a-t-elle affirmé, défendant le "principe de la stricte suffisance". L'UMP dénonce un discours "improvisé" et"convenu" "Coincée entre la conférence de presse de Nicolas Sarkozy sur les questions internationales (jeudi) et la journée défense du 7 mars au cours de laquelle le candidat UMP exposera sa politique de défense, Mme Royal a improvisé un discours convenu sur la politique militaire de la France, après avoir beaucoup hésité et refusé toutes les interviews sur le sujet", a déclaré à l'AFP le député Pierre Lellouche, délégué général UMP à la défense. Il a jugé que la candidate socialiste s'était "bornée à égrener des généralités sur l'Europe de la défense", estimant qu'elle avait, en réaffirmant qu'un deuxième porte-avions devrait se faire en coopération avec la Grande-Bretagne, "renoncé au deuxième porte-avions et donc à l'autonomie française en matière de permanence à la mer". Il a aussi dénoncé le bilan du gouvernement Jospin, auquel participait Ségolène Royal, "qui entre 1997 et 2002 avait amputé les crédits de défense d'une annuité entière d'équipements". Quelques jours avant son rival Nicolas Sarkozy, qui doit s'exprimer mercredi sur ce thème, Ségolène Royal a souhaité maintenir le budget de la défense au niveau actuel, soit 2 % du produit intérieur brut (PIB), tout en l'adaptant :"l'effort sera hiérarchisé" et "toutes les coopérations européennes seront recherchées", a-t-elle indiqué. Le programme de simulations nucléaires sera poursuivi, tout comme le renouvellement des "vecteurs sous-marins et aériens" et la livraison du sous-marin lanceur d'engins de nouvelle génération. Revenant sur la construction d'un deuxième porte-avion, elle a rappelé que celle-ci"peut se réaliser en coopération avec les Britanniques", mais qu'"un gouvernement de fin de mandat ne saurait, en démocratie, vouloir rendre 'irréversible', comme je l'entends dire (...), un programme qui incombera entièrement à son successeur et dont la nécessité de surcroît n'apparaît pas clairement établie". FAIRE PASSER LA DÉFENSE DU DOMAINE RÉSERVÉ AU DOMAINE PUBLIC La candidate a soutenu une vision "globale" de la défense, où "tout se tient, du renseignement à la protection de l'eau potable", tournée vers l'Europe, car elle n'entend "pas mettre (ses) pas dans ceux de l'administration américaine". "Devant le désordre du monde, nous devons faire émerger en Europe un acteur stratégique" et "veiller à ce que l'OTAN ne dérive pas vers un rôle de gendarme du monde, se substituant à l'ONU", a-t-elle estimé. "La défense européenne depuis cinq ans est en panne", a-t-elle regretté, proposant de la faire avancer sur le plan institututionnel et des collaborations concrètes. Sur le nucléaire iranien, elle a réitéré ses appels à une "fermeté sans faille" pour que Téhéran "se soumette aux contrôles de l'AIEA". En fille et soeur de militaires, Ségolène Royal a particulièrement insisté sur la nécessité de "renouveler la confiance entre les citoyens et la défense". Elle a souhaité que"le Parlement dispose de moyens sérieux de contrôle", sur les activités de renseignement, les opérations extérieures et les exportations d'armes, "et qu'il les exerce efficacement afin de soustraire la défense au domaine réservé (du président) pour la réintégrer dans le domaine public". Elle a rappelé sa proposition d'un service civique qui "pourra avoir une dimension de formation de base aux missions de protection civile et de défense du territoire" et "déboucher sur des volontariats de services longs de 18 à 24 mois". Pour renforcer "l'attractivité de la condition militaire", elle a proposé la levée des "restrictions en tous genres" pesant sur eux, afin qu'ils accèdent "à la pleine citoyenneté" et soient mieux représentés. § Le candidat du Front national a durci le ton de sa campagne sur le thème de l'immigration, samedi à Marseille, en promettant une "chasse aux faux touristes" et le "rétablissement de la préférence nationale" dans tous les domaines. § J ean-Marie Le Pen a durci le ton de sa campagne sur le thème de l'immigration, samedi 3 mars, en promettant une "chasse aux faux touristes" et le "rétablissement de la préférence nationale" dans tous les domaines. A Marseille, sur une terre d'élection particulièrement fertile pour le Front national, il a fait la part belle de son discours à l'immigration, un "sujet tabou", selon lui, de la campagne. Devant 2 000 personnes, le président du FN est passé à l'offensive contre Nicolas Sarkozy qu'il soupçonne de venir chasser les voix sur le terrain de l'extrême droite. "Certains de nos compatriotes ont l'air de croire que le ministre de l'intérieur a pris le taureau par les cornes. A la vérité, les seules cornes prises sont celles de l'UMP", a-t-il lancé. Il a multiplié les banderilles à l'encontre du "promoteur de la discrimination positive" et de "l'immigration positive", de celui qui a "institutionnalisé l'islam de France" et aidé à la "construction des mosquées" en France. "JE SUIS AU DESSUS DES 20 %" Dressant l'historique de "trente ans d'erreurs", il a livré ses propres calculs qui font état de "dix millions d'immigrés" accueillis dans ce laps de temps en France, sans oublier un "million de clandestins" et "70 % d'augmentation de mariages blancs" enregistrés lors de ces cinq dernières années. "On me dit, M. Le Pen, si vous renvoyez les clandestins chez eux, avez-vous pensé à leurs enfants ? Bien sûr que j'y pense, ils ne doivent pas être séparés de leurs parents, c'est pour cela qu'ils partiront avec eux", a-t-il promis à une assistance qui a bruyamment salué l'expulsion musclée d'une manifestante hors de la salle. A Marseille, ville dont le taux de chômage reste supérieur au taux national, le leader du FN a dépeint une France qui "s'appauvrit et se paupérise". "Bien sûr, le chiffre officiel parle de deux millions de chômeurs, mais le chiffre réel est de cinq millions", a-t-il affirmé. "Ce sont les fruits vénéneux de la folle politique d'ouverture généralisée des frontières humaines, commerciales, sanitaires et internationales". Dans une dramaturgie soigneusement étudiée, il a exhorté ses troupes à ne pas se laisser abuser par les sondages."Ne vous laissez pas intoxiquer par les sondages. Je suis au dessus des 20 %. Je ne sais pas qui sera l'autre au second tour. Peu importe, ce sera le candidat du système", a-t-il ajouté. § Une quinzaine de "juifs de gauche", intellectuels, militants politiques ou associatifs, responsables religieux, viennent de lancer une pétition pour "réaffirmer haut et fort (leurs) convictions". § L as de voir accréditée l'idée que "80 % de la communauté juive de France votent à droite", une quinzaine de "juifs de gauche", intellectuels, militants politiques ou associatifs, responsables religieux, viennent de lancer une pétition pour "réaffirmer haut et fort (leurs) convictions". Ecrit à l'initiative de l'avocat Patrick Klugman, ancien président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et ancien vice-président de SOS-Racisme, ce texte dénonce " la prise d'otage de (la) communauté (juive) aux termes d'une propagande habile qui voudrait que les juifs de France aient choisi unanimement un candidat à l'élection présidentielle", en l'occurrence Nicolas Sarkozy. M. Klugman ne nie pas l'attraction qu'exerce sur une partie de la communauté juive le candidat de l'UMP, considéré comme un "ami d'Israël" et loué pour sa fermeté dans sa condamnation des actes antisémites. Mais, avec les pétitionnaires, il dénonce l'approche communautariste que développe, selon eux, l'actuel ministre de l'intérieur, qui "préfère s'adresser successivement et avec des égards particuliers aux juifs, aux musulmans, aux chrétiens, plutôt que simultanément à des citoyens égaux en droits et en devoirs". "CONTRE LE COMMUNAUTARISME" "Ce discours de Sarkozy fait des dégâts, constate M. Klugman. En flattant les particularismes, il crée une concurrence entre les minorités et exacerbe le racisme entre les communautés. Ce qu'on peut gagner avec Sarkozy en tant que juif, on le perd en tant que Français." Persuadés que l'enjeu de l'élection présidentielle est celui "du rétablissement ou du délaissement de la République et de ses principes", notamment la laïcité, les pétitionnaires rappellent que leur histoire est marquée par l'émancipation des juifs de France, qui fut "un appel clair contre le communautarisme". Ils espèrent collecter un millier de signatures dans les prochaines semaines et projettent l'organisation d'une réunion publique, le 26 mars, pour prendre position contre le communautarisme et pour la laïcité. § Alors que le Salon de l'agriculture s'est ouvert samedi, un sondage Ifop-Fiducial, à paraître dans "Le Journal du dimanche", révèle que les agriculteurs se sentent plus proches du candidat UMP (32 %), devant celui de l'UDF (26 %). § L es agriculteurs s'impatientent. Au Salon de l'agriculture, qui a ouvert ses portes samedi 3 mars, ils attendent des candidats à l'élection présidentielle qui y défileront, qu'ils exposent enfin clairement leurs positions sur leurs préoccupations et leur actualité : les discussions à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et la politique agricole commune. "Nous avons besoin d'un certain nombre d'orientations, j'ose même dire d'ambitions", expliquait récemment Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, revigoré par ses 55 % obtenus aux élections professionnelles de janvier. Nicolas Sarkozy, candidat préféré des agriculteurs Nicolas Sarkozy (UMP) est le candidat dont les agriculteurs se sentent le plus proche (32 %), devant l'UDF François Bayrou (26 %), selon un sondage Ifop-Fiducial à paraître, dimanche 4 mars, dans le Journal du Dimanche. Les personnes interrogés citent ensuite le président du Front national Jean-Marie Le Pen (13 %), la candidate socialiste Ségolène Royal (10 %) et l'altermondialiste José Bové (6 %), à égalité avec Philippe de Villiers (MPF) (6 %). En cas de second tour Sarkozy-Royal, 73 % des agriculteurs se sentent plus proches du candidat de l'UMP (73 %) que de la prétendante socialiste (27 %). Pour 87 % des personnes interrogées, la thématique agricole n'est pas assez prise en compte dans la campagne, 13 % étant d'un avis contraire. Ce sondage a été effectué auprès d'un échantillon de 503 personnes représentatif des agriculteurs français. (avec Reuters.) Questions sur l'avenir du ministère de l'agriculture Inquiets de leur perte d'influence, les agriculteurs verraient d'un mauvais oeil la disparition de leur ministère. Depuis quelques semaines, la question d'un éventuel rattachement en cas de gouvernement resserré agite le milieu. Interrogé fin janvier par le journal Agrapresse, Nicolas Sarkozy a répondu que la "logique (en cas de regroupement) voudrait que ce soit avec (le ministère) de l'économie", tout en précisant que ce n'était pas une priorité à ce stade. Le PS s'est engouffré dans la brèche, l'accusant de vouloir supprimer le ministère. Interrogée elle aussi par l'hebdomadaire, Ségolène Royal a éludé la question en répondant sur l'importance de celui de l'environnement. Vendredi 2 mars, une autre option a émergé, émanant des chasseurs. Ils plaident auprès des candidats pour un grand ministère de la ruralité, dans lequel ils incluraient l'agriculture. Certes, dans les programmes, chaque parti consacre un paragraphe au secteur, mais les candidats ont à peine pris la parole sur le sujet ou "n'ont abordé l'agriculture que par le prisme de l'écologie et des attentes de la société", selon Philippe Mangin, président de Coop de France, qui rassemble les coopératives. Pourtant, si les candidats n'ont pas l'expérience d'un Jacques Chirac auprès de l'électorat agricole (ni sa popularité), ils ne sont pas novices sur le sujet. Ce n'est pas rien : deux d'entre eux, José Bové et François Bayrou, ont une expérience du métier. Le premier, ancien porte-parole de la Confédération paysanne, suscite néanmoins l'animosité chez bon nombre d'agriculteurs, qui ne lui pardonnent pas son combat contre la "malbouffe", qui, estiment-ils, les a desservis. Le deuxième, en outre adhérent à la FNSEA, bénéficie d'un capital sympathie - c'est le seul auquel on reconnaît la fameuse "fibre agricole". Son entourage s'affaire à le distinguer d'un Nicolas Sarkozy libéral auprès d'agriculteurs attachés à la régulation. D'autres candidats ne disposent pas d'une telle proximité, mais se sont déjà confrontés au milieu. Ainsi Dominique Voynet, dont le passage au ministère de l'environnement laisse un mauvais souvenir. Elle aussi ancienne titulaire de ce portefeuille, Ségolène Royal s'est également positionnée sur une vision de l'agriculture proche de la Confédération paysanne, notamment dans sa région Poitou-Charente, où elle a mis en avant l'agriculture biologique et les appellations d'origine contrôlée (AOC). La récente chute de 7 points, à 19 %, de la Confédération aux élections professionnelles et le redressement de la FNSEA lui feront-ils adapter son discours, comme l'escomptent certains agriculteurs ? Son entourage affirme que non, insistant sur la volonté du PS de privilégier la diversité des exploitations et pas seulement les grosses structures. Nicolas Sarkozy est bien le seul a n'avoir ni racines rurales, ni expérience du sujet. Il a trouvé son créneau en insistant sur des valeurs communes : "Le travail, la liberté d'entreprise, la culture du résultat." Il a de plus donné des gages en multipliant les déplacements, comme le 26 février à Sancerre (Cher), où celui qui ne boit pas d'alcool s'est déclaré "favorable à l'ouverture à la publicité sur la consommation de vin" et a accepté d'en goûter. Opération rééditée jeudi 1er mars dans le Bordelais, où le candidat de l'UMP a par ailleurs dénoncé ce qui apparaît à ses yeux comme les excès de l'écologie. M. Sarkozy possède un avantage certain, l'ancrage à droite des agriculteurs. Ceux-ci votaient cependant plus pour l'actuel chef de l'Etat que pour le RPR. "Orphelins de Jacques Chirac, les agriculteurs n'offrent plus à l'UMP une situation de monopole", affirme le sociologue du Cevipof François Purseigle. A la lecture des propositions des candidats, ce dernier estime qu'il n'y a "pas d'offre électorale susceptible d'accompagner une population fragilisée par des années de baisse de revenu et déclassée". Alors que le vote affectif pour Jacques Chirac avait jusque-là permis de faire barrage au Front national, les agriculteurs ont, pour la première fois en 2002, voté à 22 % pour Jean-Marie Le Pen, soit plus que la moyenne nationale. § La candidate du PS s'oppose aux suppressions d'emplois et préconise une solution alternative. § S égolène Royal s'est dessiné un rôle de premier plan dans le dossier Airbus : chef de la "riposte". Prenant la tête de la contestation dans ce dossier très sensible qui installe la bataille de l'emploi dans la campagne présidentielle, la candidate socialiste en profite pour exposer ses propositions : intervention d'un "Etat fort" opposé au "modèle libéral", rénovation d'un dialogue social "archaïque", introduction des salariés dans les conseils d'administration. Mme Royal a été la première à rencontrer l'intersyndicale du constructeur aéronautique, qui a fait le déplacement depuis Toulouse pour s'entretenir avec elle, vendredi 2 mars, à l'issue de son meeting, salle de la Pelote, à Pau. Nicolas Sarkozy (UMP) et François Bayrou (UDF) rencontreront à leur tour, lundi 5 mars, les représentants des salariés. M. Sarkozy devrait faire part de ses propositions lundi soir sur France 3. A cinq reprises au moins, dans la conversation qu'elle a engagée avec l'intersyndicale, Mme Royal a développé cette idée : "organiser la riposte" pour s'opposer aux 10 000 suppressions d'emplois annoncées dans le groupe, dont 4 300 en France. "Il faut déboucher sur quelque chose", a-t-elle insisté. Après une heure et demie d'entretien avec onze représentants des organisations syndicales FO, CFDT, CGT, CFTC, CGC et d'un "sous-traitant majeur", la mission est accomplie. Mme Royal a persuadé ses interlocuteurs de créer, en partenariat avec huit régions dirigées par la gauche - dont la sienne, Poitou-Charentes -, un "groupe stratégique" baptisé "Sauvons l'aéronautique" pour étudier les "solutions alternatives" au plan de restructuration qui frappe l'entreprise. L'initiative n'est pas sans rappeler le collectif Sauvons la recherche, créé par des chercheurs pour protester contre la diminution de leurs crédits décidée par l'actuel gouvernement. Mardi 6 mars, alors qu'une importante manifestation se prépare à Toulouse, la candidate socialiste sera à Berlin, premier partenaire avec la France du groupe aéronautique européen, pour rencontrer la chancelière Angela Merkel. Prévue depuis plusieurs semaines, cette rencontre tombe à pic. "Je vais porter le témoignage de ce que nous venons de décider avec les syndicats, a-t-elle annoncé. La France et l'Allemagne doivent se battre ensemble et ne pas entrer en compétition l'une contre l'autre." Peu avant sa rencontre avec les syndicats, Mme Royal avait estimé que la présidence bicéphale du groupe était une "source d'inefficacité".Autour de la table, vendredi soir, les syndicats n'ont pas seulement dénoncé les problèmes de concurrence dans le couple franco-allemand, mais aussi la question du change par rapport au dollar "sous-évalué" et mis en avant la carence du gouvernement français dans ce dossier. "Il n'y a pas de fatalité", leur a répondu Mme Royal, qui a fustigé les "annonces traumatisantes et incompréhensibles" alors que les carnets de commande d'Airbus "sont pleins pour les cinq ans à venir" et proposé d'étudier toutes les pistes pour "organiser le travail, augmenter la productivité, et renforcer la formation du personnel". "C'est comme pallier l'absence d'un ministère de l'industrie...", a ironisé Henri Emmanuelli, présent à la réunion, aux côtés des présidents PS de Midi-Pyrénées et d'Aquitaine, Martin Malvy et Alain Rousset. "C'est un peu ça", a souri Mme Royal. A plusieurs reprises, la candidate a insisté sur la nécessité d'instaurer "un rapport de force politique". Et compte bien, dans cet esprit, se servir des régions comme d'un levier pour mieux souligner "l'inertie du gouvernement". Huit d'entre elles (Midi-Pyrénées, Aquitaine, Ile-de-France, Poitou-Charentes, Pays de la Loire, Picardie, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Centre) étant concernées par une activité d'EADS ou d'un de ses sous-traitants, Mme Royal, et avec elle tout le PS mobilisé, suggèrent de les faire entrer dans le capital du groupe, à la manière des Länder allemands. "CONTRE-POUVOIR" Selon M. Rousset, les régions françaises pourraient apporter 150 à 200 millions d'euros "sur plusieurs années". La nécessité d'un décret du Conseil d'Etat pour entrer dans le capital du groupe est balayé. "Pour la première fois, les régions ont décidé de servir de contre-pouvoir" afin de "limiter les dégâts", a fait valoir Mme Royal à l'issue de sa rencontre avec les syndicats. Pas question pour autant de se substituer au groupe Lagardère, qui pourrait se désengager. "Les actionnaires privés sont suffisamment proches du pouvoir pour que le gouvernement actuel ait quand même les moyens, surtout en cette période sensible, de leur demander de rester stables dans le capital et respecter un peu les territoires", a affirmé la candidate. Favorable à une recapitalisation par les Etats du groupe européen, Mme Royal précise qu'il s'agit d'un "plus", et non d'une possibilité de substitution. A la sortie, les syndicalistes se disaient tous "satisfaits". "Airbus n'est pas malade, il (n')a (que) la grippe", soulignait Bernard Gaillanou, délégué CFDT. § Ce sondage Ipsos/Dell pour SFR et Le Point, publié samedi, fait état, par rapport à la veille, d'une légère progression de Nicolas Sarkozy au second tour (54 %, + 0,5%) mais pas au premier (31%, - 0,5%), tandis que Ségolène Royal recule (à 46 %, soit - 0,5 % au second tour, et 25 %, soit - 1 %, au premier). François Bayrou est lui crédité de 19 % des voix (+1 %). § N icolas Sarkozy l'emporterait au second tour de l'élection présidentielle avec 54 % des voix face à Ségolène Royal, créditée de 46 % des intentions de vote, selon la troisième vague du baromètre électoral quotidien Ipsos/Dell pour SFR et Le Point, rendue publique samedi 3 mars. Le candidat UMP est en hausse de 0,5 % et la candidate socialiste recule de 0,5 % par rapport à la deuxième vague, publiée la veille. 13 % des personnes certaines d'aller voter n'ont pas exprimé d'intention de vote pour ce second tour. Fiche technique Sondage réalisé par téléphone les 28 février, 1er et 2 mars auprès d'un échantillon national de 1 128 personnes, représentatif de la population inscrite sur les listes électorales (méthode des quotas). La marge d'incertitude est de plus ou moins 3 à 4 points pour les principaux candidats, plus ou moins 1 à 2 points pour les autres. Au premier tour, M. Sarkozy arriverait en tête, crédité de 31 % des intentions de vote (- 0,5 point). Mme Royal en recueille 25 % (- 1 point), tandis que François Bayrou conforte sa troisième position à 19 % (+ 1%). Jean-Marie Le Pen recule légèrement, à 12 % (- 0,5 %). Loin derrière viennent Olivier Besancenot à 3 % (=), Marie-George Buffet à 2,5 % (+ 0,5 %), Arlette Laguiller à 2 % (=), José Bové à 1,5 % (=), Dominique Voynet à 1 % (=), de même que Frédéric Nihous (+ 0,5 %). Quatre autres candidats restent stables à 0,5 % : Philippe de Villiers, Gérard Schivardi, Corinne Lepage et Nicolas Dupont-Aignan. 10 % des personnes certaines d'aller voter n'ont pas exprimé d'intention de vote. Ce sondage sera actualisé chaque jour, par tiers ou moitié, (excepté les dimanches), jusqu'au 4 mai, avant-veille du second tour de l'élection présidentielle. § Ségolène Royal lance une réflexion avec l'intersyndicale d'Airbus pour trouver des alternatives au plan de restructuration. Lundi, Dominique de Villepin recevra des parlementaires sur ce sujet, et Nicolas Sarkozy rencontrera les syndicats. § C andidats à la présidentielle et gouvernement multiplient les initiatives sur le dossier Airbus, après que l'avionneur a annoncé son plan de suppression de 10 000 emplois. Ségolène Royal a passé plus d'une heure, vendredi soir 2 mars, avec l'intersyndicale du constructeur, après une réunion publique à Pau, exprimant son "soutien" à la journée d'action programmée mardi. Dénonçant "l'inertie gouvernementale" , la candidate socialiste a annoncé la création, par les huit régions concernées par l'aéronautique - toutes PS -, "avec l'intersyndicale" d'Airbus, d'"un groupe stratégique" chargé d'examiner "des alternatives industrielles" au plan de restructuration "Power8". Selon la présidente du Poitou-Charentes, les régions pourraient, "comme l'ont fait les Länder allemands", aller "jusqu'à une entrée dans le capital d'Airbus si cela peut se révéler utile à la stabilisation du capital" de l'entreprise. Elle compte aborder le dossier Airbus lors de sa rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, mardi à Berlin, en évoquant la gouvernance bicéphale, qu'elle juge "source d'inefficacité". Pour François Bayrou, l'initiative de Ségolène Royal "n'est pas une mauvaise idée". "Simplement, il ne faut pas se faire d'illusions : les régions françaises n'ont pas la possibilité d'intervenir financièrement avec l'argent du contribuable pour entrer dans Airbus comme les régions allemandes", a estimé le candidat centriste, vendredi à Epinal. Et de souligner qu'en Allemagne, "les régions sont dix ou quinze fois plus puissantes que les régions françaises". "L'ÉTAT PEUT PARFAITEMENT INTERVENIR" Matignon avait indiqué dans la journée que Dominique de Villepin recevra lundi 5 mars à Matignon les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat pour évoquer avec eux la situation d'Airbus. Les présidents des commissions des affaires économiques des deux Chambres participeront également à cette rencontre programmée à 15 h 30. Le premier ministre s'était d'abord montré des plus réservé, jeudi, sur l'opportunité d'une réunion d'urgence du Parlement sur la politique industrielle de la France et l'avenir d'Airbus, demandée par les socialistes. Lundi en début d'après-midi, Nicolas Sarkozy rencontrera les organisations syndicales d'Airbus. "Il ne faut pas laisser tomber Airbus", a déclaré jeudi le ministre de l'intérieur lors d'un déplacement en Gironde, au lendemain de l'annonce du plan de restructuration de l'avionneur européen. "L'Etat peut parfaitement intervenir", car "il est actionnaire", a souligné le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle. § M. Le Pen a déclaré, le 20 février, devant la Fédération nationale des chasseurs : "Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février." La CGT Paris a condamné ces propos, vendredi 2 mars. § L a CGT Paris a "condamné", vendredi 2 mars, une déclaration faite le 20 février par Jean-Marie Le Pen devant un parterre de chasseurs, dans laquelle le candidat Front national à la présidentielle aurait comparé "implicitement les homosexuels à du gibier". Ce jour-là, M. Le Pen a déclaré : "Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d'ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février", rappelle l'union départementale CGT Paris. gays ou chapons : pareil selon Le Pen envoyé par INFOCOM-Net Ces propos du président du Front national ont été tenus à la Maison de la chimie, à Paris, à l'occasion d'un "grand oral" des candidats à la présidentielle à l'initiative de la Fédération nationale des chasseurs, auquel Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et Dominique Voynet ont aussi participé. "M. LE PEN NE FAIT QU'ATTISER LA HAINE" "En comparant implicitement la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transsexuelle à du gibier, M. Le Pen ne fait qu'attiser la haine", déclare la CGT Paris, "condamnant fermement des propos qui constituent un appel à la violence". Les déclarations de M. Le Pen ont aussi suscité l'émoi dans les associations d'homosexuels. De nombreuses réactions indignées ont été postées sur des forums Internet, où circulent les images du discours du candidat du Front national. § La candidate des Verts a demandé jeudi qu'on lui "laisse du temps", pour mobiliser l'électorat écologiste parce qu'elle n'a "pas de relais médiatique" et que le doute s'est installé dans ses troupes. § M oins de deux mois de campagne et Dominique Voynet veut qu'on lui "laisse du temps". Du temps pour mobiliser l'électorat écologiste parce qu'elle n'a "pas de relais médiatique" et que le doute s'est installé dans ses troupes. Jeudi 1er mars, à Montpellier, la candidate des Verts s'est efforcée de conjurer les mauvais sondages. "Je connais les électeurs écologistes ; je connais aussi des militants de mon parti, qui font un petit tour ici, un petit tour là, dans leurs intentions de vote, a-t-elle reconnu. Je leur dis, écoutez, comparez et regardez." Elle avait invité Pascal Frissaint (Confédération paysanne) et Martin Hirsch (Emmaüs France), persuadé, "sans prendre parti", que les Verts sont les seuls à porter la revendication de "revenu de solidarité active" pour sortir de la pauvreté. Mme Voynet a même énuméré ses "rencontres avec les acteurs de terrain" - l'UFC-Que choisir, Aides, AC-Le Feu ou la CFDT - pour souligner qu'elle n'était pas isolée.M. MAMÈRE ENTRE APPELS AU RASSEMBLEMENT ET AMERTUME Mais les yeux rivés à son discours, elle a eu beau développer tous les thèmes de sa campagne, elle avait du mal à soulever la salle. Les quelque 750 personnes venues au meeting l'ont écoutée, même applaudie à plusieurs reprises. Mais c'est à Noël Mamère qu'ils ont fait un triomphe. Celui qui, en 2002, avait donné aux Verts un score honorable, avec 5,2 %, a presque volé la vedette à Mme Voynet. Celui qui fut un temps candidat de la primaire interne a tenu un discours de quasi-candidat - vingt minutes sans notes. C'est lui aussi qui a annoncé que "sa" candidate avait réussi à réunir plus de 500 promesses de parrainage "sans avoir besoin de demander au grand frère". L'ancien opposant à "Dominique" a appelé au rassemblement des siens : "Notre parti doit être uni autour de Dominique Voynet. Ce n'est pas dans les moments difficiles que l'on regarde ailleurs et qu'on est séduit un jour par Nicolas Hulot, un jour par José Bové", a-t-il lancé, avant d'avertir : "Le score que réalisera Dominique sera celui des Verts et nous en serons tous comptables." En coulisse, il soupirait amer : "C'est une 'cata', ces meetings. Elle a le nez collé à son papier. Elle va se prendre une gifle monumentale et ensuite ce sera la débandade." § Le premier ministre a annoncé, lundi, que "l'Etat est prêt à participer à une augmentation du capital d'EADS, maison mère d'Airbus, "avec les autres actionnaires". Les candidats à l'élection présidentielle, d'accords pour un nouveau pacte d'actionnaires, se divisent sur le rôle que l'Etat doit jouer. § L 'Etat est prêt à participer à une augmentation du capital d'EADS, maison mère d'Airbus, "avec les autres actionnaires", a déclaré lundi 5 mars à Paris, le premier ministre, Dominique de Villepin. Le chef du gouvernement s'exprimait après avoir reçu les présidents des groupes parlementaires et des commissions des affaires économiques de l'Assemblée nationale et du Sénat. Le ministre de l'économie, Thierry Breton, a précisé que l'Etat souscrirait à une éventuelle augmentation de capital si l'entreprise le proposait. Il a rappelé que deux co-présidents et deux co-directeurs généraux se partageaient la direction d'EADS et a estimé qu'il serait important de"discuter sereinement de la possibilité, à terme, de n'en avoir plus qu'un". Le premier ministre a, en outre, estimé "qu'il ne devrait pas y avoir de distribution de dividendes cette année, afin de conforter la capacité d'investissement. La logique industrielle doit l'emporter sur la logique financière". Rappelant son engagement pris, la semaine dernière, de débloquer 100 millions d'euros pour la filière des matériaux composites, Dominique de Villepin a indiqué que les premiers projets pourraient être validés "dans un mois"."Ces financements, a-t-il précisé, profiteront notamment aux sites de Saint-Nazaire et de Méaulte", tous deux touchés par le plan de restructuration "Power 8". LES PRÉSIDENTIABLES S'EMPARENT DU DOSSIER Il a annoncé qu'il rencontrerait "rapidement" les présidents de région et s'est "félicité de la mobilisation de ces grandes collectivités locales". "Mais n'oublions pas, a-t-il poursuivi, que c'est à l'entreprise elle-même qu'il revient d'apporter des réponses" à sa crise, répondant à Ségolène Royal qui a demandé que l'Etat permette à des régions françaises d'investir directement dans Airbus. Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, s'est, quant à lui, déclaré favorable à un nouveau pacte d'actionnaires pour Airbus où l'Etat serait mieux représenté, lors d'une rencontre, lundi à Toulouse, avec des représentaux syndicaux de l'avionneur."Je ferai pour Airbus ce que j'ai fait pour Alstom quand j'étais ministre du budget (...). Je n'ai pas hésité à acheter 20 % d'Alstom. L'idée de l'augmentation de capital n'a de sens qu'au service d'un projet. Je ne dis pas cela pour renationaliser Airbus", a-t-il précisé. Egalement à Toulouse lundi, François Bayrou s'est lui aussi prononcé pour un nouveau pacte d'actionnaires d'EADS. Il a, néanmoins, insisté sur la nécessité pour les actionnaires privés de la maison mère d'Airbus d'assumer leurs responsabilités aux côtés de l'Etat. Soulignant les "besoins de financement, d'investissement et de trésorerie" d'Airbus et les "fautes de management" qui ont été faites, il a jugé qu'"il ne serait pas juste que ce soit l'Etat tout seul qui en porte la responsabilité". Une journée de grève et de manifestations contre le plan de restructuration "Power 8" est prévue mardi 6 mars. § Une participation des régions à l'actionnariat d'Airbus, un soutien au niveau européen ou un désengagement progressif de l'Etat : tous les candidats se sont emparés du plan de restructuration d'Airbus. § L e plan de restructuration d'Airbus, présenté mercredi 28 février par Louis Gallois a pour objectif affiché de sortir le groupe du marasme dans lequel l'ont plongé les retards liés à la fabrication de l'A380 et la faiblesse du dollar. Dès l'annonce de ce plan "Power 8", les candidats à l'élection présidentielle se sont emparés du sujet, le transformant en véritable enjeu de la campagne. Ce plan prévoit la suppression de 10 000 emplois sur quatre ans (dont 4 300 en France). Les suppressions d'emplois toucheront pour moitié des salariés d'Airbus et pour l'autre des sous-traitants et des intérimaires. Par ailleurs, les actionnaires de la maison mère EADS ont demandé à la direction de réfléchir à toute solution de financement, y compris une augmentation de capital. La répartition pourrait faire l'objet de nouvelles tensions entre la France et l'Allemagne, qui codirigent EADS. L'Etat français possède 15 % du capital d'EADS, l'allemand DaimlerChrysler 15 %, le français Lagardère 15 % (bientôt plus que 7,5 %), un groupe allemand d'investisseurs privés et publics 7,5 %. § Jean-Pierre Elkabbach, PDG de la station, a envoyé un long droit de réponse au site du "Nouvel Observateur", dont un des articles était titré : "Quand une journaliste d'Europe 1 pousse la chansonnette pour Sarkozy". § "E urope 1 est aujourd'hui en colère. Tous les coups ne sont pas permis et ni la direction ni la rédaction ne se laisseront intimider." En début d'après-midi, vendredi 2 mars, Jean-Pierre Elkabbach, PDG de la station, a envoyé un long droit de réponse au site du Nouvel Observateur, dont un des articles était titré : "Quand une journaliste d'Europe 1 pousse la chansonnette pour Sarkozy" - devenu, depuis, "Quand plusieurs journalistes chantent devant Nicolas Sarkozy et Maurice Druon". La veille, en déplacement en Gironde, Nicolas Sarkozy, suivi de journalistes dont la chef du service politique d'Europe 1, Hélène Fontanaud, s'était rendu chez M. Druon, ancien compagnon de la Libération, qui a adapté en français, avec Joseph Kessel, Le Chant des partisans. A la sortie des deux hommes, certains journalistes fredonnent ce chant. "Recommencez, s'il vous plaît", leur demande Nicolas Sarkozy. Ce qu'ils font, au premier rang desquels la journaliste d'Europe 1. "Ah ça, vous lui faites plaisir !", commente Nicolas Sarkozy. "PROCÉDÉS SCANDALEUX" Un reporter de France 3 montre quelques secondes de cette séquence pour le "Soir 3", jeudi 1er mars. Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) capture ces images et les fait précéder d'un commentaire indiquant notamment que "Jean-Pierre Elkabbach est un ami de longue date de Nicolas Sarkozy". L'Obs reprend tel quel le clip politique du MJS sur son site, en y adjoignant un article sur cette "étrange vidéo". Le droit de réponse demandé par la direction d'Europe 1 évoque des "procédés scandaleux" et rappelle que "contrairement aux insinuations ressassées en boucle", Mme Fontanaud, chef du service politique depuis un an, "n'a pas été "choisie" par Nicolas Sarkozy". A ce droit de réponse s'est ajouté, vendredi 2 mars, un communiqué de la société des rédacteurs d'Europe 1, qui, "scandalisée" par la mise en cause de sa collègue, invite les détracteurs d'Europe 1 "à écouter les reportages diffusés à l'antenne pour juger de l'honnêteté et de l'impartialité des journalistes de la station". Dans le blog politique de la radio, Hélène Fontanaud est elle-même revenue, vendredi, sur les circonstances de cet épisode. Elle y dénonce notamment " la mode chez les "boeuf-carottes" de la profession de casser Jean-Pierre Elkabbach, désigné comme le zélateur zélé de Nicolas Sarkozy, et par là même de dénigrer tout Europe 1". § Pour la première fois, le candidat de l'UDF est crédité de 20 % des voix au premier tour, dans une enquête LH2 pour RMC-BFM TV-"20 Minutes". M. Sarkozy perd deux points, à 28 %. Mme Royal, elle, se maintient et le talonne à 27 %. § F rançois Bayrou poursuit son ascension et franchit un palier symbolique : pour la première fois, il est crédité de 20 % d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle, selon un sondage LH2 pour RMC-BFM TV-20 Minutes réalisé les 2 et 3 mars. Le candidat de l'UDF gagne trois points, par rapport aux 23 et 24 février. M. Sarkozy accroît son avance sur Mme Royal au second tour Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal au second tour par 52 % contre 48 %, selon l'enquête LH2 publiée lundi. Il gagne deux points par rapport à l'enquête des 23 et 24 février, qui donnait les deux rivaux à 50-50, un cas unique, tous les autres sondages le donnant vainqueur depuis sept semaines. Pour le second tour, 63 % des sondés indiquent "avoir fait définitivement leur choix", score inchangé, 20 % (- 3) ont '"une préférence marquée mais pouvoir encore changer d'avis" et 17 % (+ 3) disent "hésiter encore à fixer leur choix". Sondage réalisé les 2 et 3 mars par téléphone auprès d'un échantillon de 1 004 personnes représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Qui est le perdant de la progression de M. Bayrou ? Nicolas Sarkozy, arrive toujours en tête au premier tour, à 28 %, mais il perd deux points. Ségolène Royal se maintient à 27 %. Elle talonne de nouveau le candidat de l'UMP, considéré comme favori. Tous les instituts enregistrent depuis janvier une progression du leader centriste, passé de 6 % à 17 % minimum dans tous les sondages publiés depuis une semaine. Son précédent record était de 19 % dans une étude IFOP publiée mardi dernier. (Voir ici l'évolution des sondages, institut par institut, sur ) JEAN-MARIE LE PEN GAGNE UN POINT Selon l'enquête LH2, le score de Jean-Marie Le Pen ne semble pas souffrir de la montée de François Bayrou : il gagne 1 point à 14 %. Parmi les autres candidats, aucun ne dépasse les 2,5 % d'intentions de vote : Marie-George Buffet (PCF) se maintient à 2,5 %, Arlette Laguiller (LO) à 2 %. José Bové est le seul à progresser de 0,5 point, à 2 %. Olivier Besancenot (LCR) recule de deux points à 1,5 %, Philippe de Villiers (MPF) est stable à 1 %, comme Dominique Voynet (Verts). Frédéric Nihous (CPNT) perd 0,5 point à 0,5 %. Nicolas Dupont-Aignan (DLR, ex-UMP) se maintient à 0,5 %. Corinne Lepage (Cap21) et Gérard Schivardi sont en dessous de cette barre. 15 % des sondés se disant certains d'aller voter n'ont pas exprimé d'intention de vote pour le premier tour. Parmi les autres, 42 % (- 2) disent "avoir fait définitivement leur choix", 31 % (- 2) disant "avoir une préférence marquée pour (un) candidat mais pouvoir encore changer d'avis". Le nombre de personnes affirmant "hésiter encore entre ce candidat et d'autres candidats" augmente de 4 points : 27 %. § Le ministre de l'intérieur a souhaité, lundi, à Marseille, que tout postulant au regroupement familial en France soit soumis, avant le départ de son pays d'origine, à un "test d'intégration" sur sa connaissance de la langue française. § "J e souhaite que nous prenions exemple sur les Pays-Bas, qui ont mis en place un 'test d'intégration' des candidats au regroupement familial, passé dans le pays d'origine", a déclaré Nicolas Sarkozy, en clôturant lundi 5 mars la troisième "rencontre préfectorale et consulaire sur l'immigration", notamment consacrée aux moyens de contrôle maritime. Le ministre de l'intérieur a souhaité à Marseille que tout postulant au regroupement familial en France réponde, avant le départ de son pays d'origine, dans les consulats de France, "à un 'test' démontrant leur connaissance sommaire de la langue française". "L'intégration, pour être réussie, doit être préparée en amont", a justifié le candidat de l'UMP. Selon lui, les candidats au regroupement familial "doivent prouver leur volonté et leur capacité d'intégration, en apprenant notre langue et en parvenant à un niveau leur permettant de lire le français et de communiquer lors des actes de la vie courante". UN "THÈME D'ACTION", PAS UN "CHEVAL DE BATAILLE" En cas de succès à ce "test", les membres des familles "bénéficieront, comme les autres étrangers titulaires d'une carte de séjour, du 'contrat d'accueil et d'intégration" que nous avons créé, pour parfaire leur apprentissage de la langue française et leurs connaissances de nos institutions et de nos valeurs", a poursuivi M. Sarkozy. Selon le ministre de l'intérieur, "l'Allemagne et le Danemark envisagent d'adopter un test similaire (à celui mis en place par les Pays-Bas), ce qui marque une réelle convergence européenne". Lundi, Nicolas Sarkozy a tenu à préciser qu'il n'avait pas la même approche que le candidat du Front national. "Le Pen a fait de l'immigration un cheval de bataille et moi, j'ai essayé de faire de l'immigration un thème d'action, c'est différent. (...) J'ajoute qu'il est pour l'immigration zéro et moi je suis pour l'immigration choisie", a déclaré à la presse le candidat UMP, deux jours après un meeting à Marseille de M. Le Pen. "Quant aux chiffres qu'il a cités, eh bien, c'est du Le Pen", a poursuivi M. Sarkozy, qui était interrogé sur le propos du candidat du FN, selon lesquel la France a accueilli dix millions d'immigrés en trente ans. § L'indice général des loyers et le prix des logements anciens sont en forte hausse, ce qui se répercute sur la part du logement dans les revenus des ménages les plus pauvres. § § Le présentateur producteur propose son documentaire "Ségo et Sarko sont dans un bateau" en vidéo à la demande sur Neuf.fr. § K arl Zéro ne fait décidément pas comme tout le monde. Le trublion du paysage audiovisuel français, célèbre pour ses interviewes atypiques dans "Le Vrai Journal" sur Canal+, investit le réseau des réseaux. A sa façon. Ecarté de l'antenne de Canal+, le présentateur producteur, a créé fin 2006 une web TV dans la pure tradition de ses impertinences : "LeWeb2Zero.tv", rapidement sponsorisé par AOL, qui héberge également ses interviewes dans le "club du Net", propose depuis bientôt six mois ses billets d'humeur et entretiens en vidéo, mais aussi la possibilité de poster et de voter pour des extraits vidéo, à la manière d'un YouTube ou d'un Dailymotion. La Chronologie des médias en débat Une autre petite révolution silencieuse est en train de s'opérer grâce à Karl Zéro : le bouleversement de la chronologie des médias. En effet, à l'heure actuelle, pour un film classiquement distribué et diffusé en salles, il faut attendre un minimum de 24 semaines (après sa première diffusion en salles) pour le retrouver en vente ou en location sous forme de DVD, et 33 semaines pour une diffusion par Internet en VOD. Karl Zéro a donc décidé d'opter pour une autre forme de distribution, avant de demander le visa d'exploitation pour une sortie en salles. Une réforme de la toute nouvelle loi sur la télévision du futur s'impose, les textes n'ayant pas réellement pris en compte ces nouveaux moyens de diffusion émergents et bientôt incontournables. Preuve de l'intêret que suscitent les productions du présentateur, le nom de domaine du site, clin d'il à la nouvelle marotte du Net le web 2.0 , a sa propre histoire : à peine le .tv déposé par Karl Zéro début septembre 2006, la dizaine de domaines relatifs (.com, .net, .org, .fr, etc.) se sont fait "cybersquatter" et se sont retrouvés quelques jours plus tard en vente sur eBay au profit d'une organisation caritative. Karl Zéro les a depuis récupérés. NEUF + ZERO = CINQ (EUROS) Fort de cette expérience, mais également de la diffusion de longs extraits de son dernier documentaire "Dans la peau de Jacques Chirac" sur un site dédié, Karl Zéro a décidé de passer à la vitesse supérieure : son prochain pamphlet en vidéo concerne les deux principaux candidats à l'élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Un partenariat avec le fournisseur d'accès à Internet Neuf permet depuis le lundi 5 mars, et un mois avant sa sortie prévue au cinéma, de visionner en vidéo à la demande (VOD) son dernier long-métrage "Ségo et Sarko sont dans un bateau" sur le catalogue VOD de Neuf TV, au prix de 4,99 euros. Notamment constitué d'archives de l'INA dénichées par le co-réalisateur Michel Royer qualifié de"prince des archives" dans le synopsis du film, mais également d'archives personnelles et de "off" des interviewes réalisées par Karl Zéro, ce long-métrage se veut une lettre ouverte anti-"langue de bois et politiquement correct" directement adressée par l'animateur aux deux candidats. Et pour animer la promotion de son film, tout autant que le débat politique, Karl Zéro s'invite dans la campagne à partir du 12 mars avec un journal télévisé quotidien de sept minutes, le "Jt2Zero" diffusé sur le portail d'AOL, en partenariat avec VSD et ... Coca-Cola. § Service public de la caution, accession à la propriété, loi SRU, réquisitions, préférence nationale... les clivages sur le logement dans les programmes de Ségolène Royal, François Bayrou, Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Le Pen et Marie-George Buffet. § L a candidate du PS s'est engagée à créer un "service public de la caution" pour faciliter l'accès et le maintien dans le logement. Ce dispositif participera au financement du dépôt de garantie et couvrira, le cas échéant, les impayés de loyer. Les dépenses consacrées au logement ne devront pas excéder 25 % du budget familial. Mme Royal souhaite, par ailleurs, favoriser l'accession à la propriété des personnes qui ont occupé une HLM durant quinze ans. Elle insiste sur la nécessité de produire un nombre élevé de logements locatifs sociaux (120 000 par an). Elle propose de vendre à moitié prix (par rapport au marché) des terrains et des bâtiments de l'Etat aux collectivités locales qui veulent bâtir des logements sociaux. Quotas de HLM. Les sanctions contre les communes qui ne respectent pas leurs objectifs de construction locative sociale seront durcies ; le préfet se substituera aux maires récalcitrants et lancera des programmes HLM sur le territoire de leurs communes, conformément à une disposition de la loi "solidarité et renouvellement urbains" (SRU) qui n'a pratiquement jamais été appliquée. Loyers plafonnés. Toute construction nouvelle devra contenir un certain pourcentage de logements sociaux. A défaut, une partie des habitations sera d'office assimilée à des HLM et louée à des loyers plafonnés. Les services de l'Etat pourront procéder à des réquisitions-réhabilitations. § Le soutien à Nicolas Sarkozy devrait venir plus tard. § L a clarification de Jacques Chirac sur ses intentions ne tardera plus : le président devrait annoncer dans la semaine du 12 mars, en s'adressant solennellement aux Français à la télévision, qu'il ne briguera pas un troisième mandat. M. Chirac ne veut pas faire cette annonce avant le Conseil européen de Bruxelles, qui a lieu les 8 et 9 mars, mais ne peut la faire après la date limite de dépôt des 500 signatures au Conseil constitutionnel, le 16 mars. "Il dira ce qu'il pense être bon pour la France", avance un chiraquien, mais n'apportera pas son soutien dans le même mouvement à Nicolas Sarkozy. Certains proches du président, qui ont soigneusement examiné la façon dont François Mitterrand avait épaulé Lionel Jospin en 1995 - à savoir sans grand enthousiasme - assurent que ce soutien viendra, mais plus tard. Pour l'instant, M. Chirac prépare ses dernières prises de parole pendant la campagne, dans laquelle il compte activement peser. Et reste concentré sur ses dossiers et ses obligations. Lundi 5 mars au matin, il a présidé à l'Elysée la prestation de serment des trois nouveaux membres du Conseil constitutionnel, au premier rang desquels son nouveau président, Jean-Louis Debré. "Il s'occupe du dossier Airbus depuis plusieurs semaines", confie aussi son entourage, ayant "évidemment eu des contacts", avec le président d'Airbus, Louis Gallois, avec les syndicats, avec les Allemands et avec "le premier ministre qui a pris en charge ce dossier". Samedi, pour son dernier Salon de l'agriculture, M. Chirac s'est montré offensif sur le dossier des négociations à l'OMC, prenant pour cible le commissaire européen au commerce, Peter Mandelson. Il s'est dit " profondément choqué" que celui-ci "ne cesse de vouloir donner davantage, alors qu'en contrepartie les Américains n'ont manifesté aucune intention de faire les moindres concessions sur le plan agricole (...) ni les pays émergents sur l'industrie et les services". Le ministre de l'agriculture, Dominique Bussereau, souhaitait, en sortant du Salon, que "celui qui lui succédera, je ne dis pas celle, notez bien, ait la même fermeté de roc et la même conviction. La France joue sa peau à l'OMC. L'agriculture, c'est plus d'emplois qu'Airbus". § Les mal-logés se sont invités dans la campagne. Les candidats promettent tous de faciliter l'accès au logement, de sécuriser les locataires et de relancer la construction. § I l y a cinq ans, les candidats à l'Elysée ne se souciaient guère du logement. Excepté le moment où Lionel Jospin avait lancé son slogan "zéro SDF en 2007", cette question avait été assez peu abordée durant la campagne électorale. Depuis, les choses ont changé. La pénurie de logements à des prix abordables, qui frappait déjà les familles démunies ou à faibles ressources, s'est aggravée : flambée des loyers et des cours de l'immobilier résidentiel, incendies meurtriers d'immeubles suroccupés, allongement des files d'attente à l'entrée du parc HLM, multiplication des squats... Tout en gagnant la plupart des grandes agglomérations, la crise s'est étendue à de nouvelles catégories socioprofessionnelles : employés, ouvriers, fonctionnaires, etc. Cette fois-ci, tous les prétendants en lice ont placé cette thématique en tête de leur programme quasiment à égalité avec l'emploi ou l'avenir des retraites. La question centrale, répétée à satiété depuis des mois, est simple, au moins dans son énoncé : comment garantir un toit à tous ? Quelles politiques faut-il mettre en oeuvre pour que le droit au logement, inscrit dans la "loi Besson" de mai 1990, devienne réalité ? Le sujet a monopolisé l'attention lorsque des campements de sans-logis ont été installés à la mi-décembre 2006, à Paris et dans plusieurs villes, à l'initiative de l'association Les Enfants de Don Quichotte. Sous la pression et à la demande de Jacques Chirac, le gouvernement a présenté, le 17 janvier, un projet de loi instituant le "droit opposable au logement" - un principe approuvé par les candidats du PCF, du PS, de l'UDF et de l'UMP. Le texte a été adopté par le Parlement, le 22 février.CROULER SOUS LES DEMANDES Cette réforme reste au coeur des débats car sa mise en application va imposer des obligations très contraignantes aux services de l'Etat et aux collectivités locales. Dès le 1er décembre 2008, certains publics prioritaires pourront s'adresser au préfet pour trouver un logement ou un lieu d'hébergement. A partir de janvier 2012, cette possibilité sera étendue aux ménages dont la demande en HLM n'a pas été satisfaite après un "délai anormalement long". La population potentiellement concernée par cette réforme est importante, si l'on en croit le dernier rapport de la Fondation Abbé-Pierre. Près de 975 000 personnes seraient "privées de domicile personnel" et condamnées à des formes de logement plus ou moins précaires (chambre d'hôtel, meublé, abri de fortune, centre d'hébergement, etc.). Les pouvoirs publics risquent de crouler sous les demandes à partir de la fin de 2008, d'autant que le déficit de logements - entre 800 000 et 1 million d'habitations, selon la Fédération française du bâtiment - demeure substantiel. PARC HLM, "PARKING SOCIAL" Dans ce contexte, en voulant "faire de la France un pays de propriétaires", Nicolas Sarkozy ne donne pas la priorité à la résolution des situations les plus urgentes : pour des centaines de milliers de ménages, l'essentiel est d'avoir un toit, non d'acquérir sa résidence principale. Le président de l'UMP estime néanmoins que le statut de propriétaire constitue le meilleur rempart "contre la précarité". L'une de ses ambitions est de mettre en vente un nombre élevé de HLM (40 000 par an). Dans son esprit, le logement locatif social doit être réservé aux personnes qui en ont le plus besoin ou qui ne sont pas encore en mesure d'acheter leur logement. Tout en étant favorable au développement de l'accession à la propriété, la gauche récuse la vision de M. Sarkozy, qui cantonne le parc HLM dans une fonction de sas et de "parking social". Elle s'oppose aussi à la volonté du président de l'UMP d'inclure les opérations d'accession sociale à la propriété dans le quota de 20 % de logements sociaux, imposé aux communes par la loi "solidarité et renouvellement urbains". En 2006, des députés de la majorité avaient déjà essayé d'introduire ce changement avant d'y renoncer, sous la pression des associations. Pour le reste, les programmes des candidats du PCF, du PS, de l'UDF et de l'UMP proposent des mesures assez similaires. L'instauration d'un quota de logements sociaux dans tous les programmes immobiliers neufs fait consensus. Ce n'est pas une idée nouvelle et plusieurs municipalités l'appliquent déjà. Les candidats de gauche comme de droite semblent vouloir lui donner un caractère obligatoire. Les principaux prétendants à l'Elysée considèrent aussi qu'il faut revaloriser les aides personnelles au logement en fonction de la progression des loyers - ce qui n'a pas été le cas depuis plusieurs années. Mais leur voeu vient d'être exaucé puisque cette disposition a été votée dans la loi sur le droit au logement opposable... Autre point de convergence : la création d'un mécanisme couvrant les impayés de loyer et finançant le dépôt de garantie. Là encore, le gouvernement a anticipé sur cette proposition, en créant la garantie des risques locatifs. Ségolène Royal propose d'aller plus loin avec son "service public de la caution" qui concernerait l'ensemble des locataires. § L'enquête réalisée par l'Ifop pour le Syntec, le syndicat des professionnels des études, publiée le 6 mars 2007. § § La candidate socialiste, Ségolène Royal, et la chancelière allemande, Angela Merkel, se sont rencontrées pour la première fois, mardi à Berlin. Elles ont notamment évoqué le dossier Airbus et l'avenir de l'Europe. § L a candidate socialiste, Ségolène Royal, et la chancelière Angela Merkel se sont rencontrées pour la première fois, mardi 6 mars à Berlin. Au menu de leur rencontre, notamment : la crise d'Airbus qui a annoncé la suppression d'environ 10 000 emplois (dont 4 300 en France et 3 700 en Allemagne). "Nous partageons totalement l'objectif que l'Europe doit défendre sa filière aéronautique" et en particulier "ses capacités de recherche", a déclaré Mme Royal. L'Allemagne et la France doivent "définir en commun des politiques industrielles", a-t-elle dit. Mme Merkel "n'a pas pris d'engagements sur une recapitalisation (d'EADS, la maison mère d'Airbus) par l'Etat sans toutefois fermer cette porte", a-t-elle précisé. Selon la candidate socialiste, la chancelière chrétienne-démocrate partage aussi sa conviction de faire réussir l'Europe "par la preuve", avant toute nouvelle consultation des opinions publiques sur un traité constitutionnel. "Nos vues ont convergé sur la façon dont l'Europe pouvait faire ses preuves c'est-à-dire lutter contre le chômage, lancer des programmes communs de recherche liés à l'environnement, à la santé, les transports publics et tout ce qui permettra de prouver aux opinions publiques que l'Europe est utile et efficace", a-t-elle ajouté. "COMPLICITÉ" Par ailleurs, Ségolène Royal a déclaré qu'Angela Merkel avait pris bonne note de ses propositions pour modifier les statuts de la Banque centrale européenne et "faire en sorte que la BCE s'occupe aussi de la croissance et de l'emploi". "Je lui ai garanti que cela ne se faisait pas contre la stabilité monétaire ,sur laquelle elle est très soucieuse", a souligné Ségolène Royal. Elle a déclaré que sa rencontre avec Angela Merkel "s'était déroulée dans un climat très chaleureux avec même une certaine complicité". Après l'entretien, la candidate a ajouté qu'elle "ne voyait pas de divergences" avec la chancelière, qui est également présidente de l'Union chrétienne-démocrate (le parti de la droite allemande). "Le courant est très bien passé, j'apprécie chez elle son côté courageux, c'est une femme très pragmatique", a-t-elle commenté. § Débat en direct avec Edouard Fillias, candidat à l'élection présidentielle et président d'Alternative libérale, mercredi 07 mars 2007 à 15 h 00 § § Trois candidats à l'élection présidentielle, MM. Bayrou, Le Pen et de Villiers, ont sillonné les allées du parc des expositions à la porte de Versailles, mardi 6 mars. § T rois candidats à l'élection présidentielle, MM. Bayrou, Le Pen et de Villiers, se sont rendus au Salon de l'agriculture, mardi 6 mars. Tous les trois ont défendu les agriculteurs, qui représentent trois millions d'électeurs potentiels. François Bayrou a affirmé sa volonté de défendre "la vocation agricole" de la France, insistant sur la nécessité d'une politique agricole commune européenne favorable aux petites exploitations. Fils d'agriculteur du Béarn et lui même éleveur de chevaux, le candidat centriste a qualifié l'agriculture de "secteur d'avenir" indispensable à "la sauvegarde de la souveraineté alimentaire" de la France. Le président de l'UDF a également expliqué qu'il "partage" l'opinion du président de la République quant à l'attitude du commissaire européen au commerce, Peter Mandelson, accusé par Jacques Chirac de "vouloir à tout prix trouver une solution dans la négociation" à l'OMC, quitte à "céder" du lest dans le domaine agricole. "MATIN DES PAYSANS" Enfin, sur le dossier sensible des organismes génétiquement modifiés, M. Bayrou a affirmé qu'"il faut un moratoire sur les cultures OGM" en France. Insistant sur la nécessité de "sortir de la zone d'incertitude dans laquelle on se trouve aujourd'hui", le candidat centriste a expliqué qu'il demanderait "un débat national sur les OGM, nourri par un rapport présenté par les scientifiques de notre pays". Jean-Marie Le Pen a annoncé, pour sa part, un nouveau "matin des paysans", un nouvel âge d'or pour les agriculteurs porté par la hausse de la population mondiale. L'Europe "liquide son agriculture exportatrice" au moment où des pays comme l'Inde et la Chine "vont être demandeurs de produits agricoles", a dénoncé M. Le Pen. M. Le Pen a réclamé notamment l'institution de droits de douane "modulables, négociables, récupérables" pour protéger l'agriculture européenne. Le candidat d'extrême droite s'est également prononcé pour des mesures nationales pour la ruralité ("un fonds d'intervention pour les campagnes" et une "dotation rurale d'équité sociale"). Enfin, Philippe de Villiers a fustigé "l'Europe qui est en train de démanteler" l'agriculture française, en citant "le blé ukrainien, les pruneaux chiliens, la viande argentine, le vin australien", qui arrivent sur le marché européen. "Dans tous les produits où la France excelle, l'Europe installe une concurrence parce qu'elle préfère traiter avec l'OMC pour vendre des Airbus hypothétiques à la Chine plutôt que défendre nos terroirs", a regretté le candidat du MPF. M. de Villiers s'est prononcé pour une agriculture "d'entrepreneurs", rémunérés par des "prix de marché" dans un espace européen protégé par la "préférence communautaire". Il a estimé qu'il fallait de toute façon "sortir les produits agricoles de l'OMC", en créant une organisation internationale spéciale pour les gérer. "Les produits agricoles sont attachés à des territoires (...) ils sont comparables à des produits culturels" et doivent donc avoir un statut spécifique, a-t-il dit. Enfin interrogé sur la politique à tenir en matière d'OGM, M. de Villiers a estimé que "ce n'est pas à Bruxelles de nous imposer les OGM", et que c'était "au peuple français de décider". "Il faut traiter" la question "avec le principe de précaution", et "ne pas jouer aux apprentis sorciers", ce qui veut dire appliquer dans l'immédiat "un moratoire", a-t-il dit. § À quelques semaines de son départ de Matignon, Dominique de Villepin s'est livré, mardi 6 mars, à un exercice délicat : avancer un certain nombre de propositions concrètes pour remettre durablement l'économie française sur le chemin d'une croissance de 3 %. § A quelques semaines de son départ de Matignon, Dominique de Villepin s'est livré, mardi 6 mars, à un exercice délicat : avancer un certain nombre de propositions concrètes pour remettre durablement l'économie française sur le chemin d'une croissance de 3 %, alors que la hausse du produit intérieur brut (PIB) a été de 1,2 % en 2005, de 2 % en 2006, et devrait rester du même ordre en 2007. Le premier ministre a réuni dans la matinée une conférence nationale sur la croissance au ministère de l'économie et des finances, en présence de plusieurs ministres, du patronat et des syndicats, de chefs d'entreprise et des membres de la Commission économique de la nation. Ce rendez-vous, moins attendu que les deux précédents, sur l'emploi et le pouvoir d'achat et sur les finances publiques, est censé, selon Matignon, "aider à fixer collectivement un cap en matière de croissance" "Si nous voulons franchir de nouvelles étapes, nous avons besoin de choix poursuivis sur le long terme, pendant dix ans, pendant quinze ans. Une croissance de 3 %, un taux de chômage de 6 % et une dette publique ramenée à 55 % du PIB à l'horizon 2012, ce sont des objectifs qui doivent être aujourd'hui partagés par tous", a assuré M. de Villepin, comme s'il laissait une feuille de route à son successeur. Le chef du gouvernement a exprimé sa conviction que la France peut passer de 2 % à 3 % de croissance sans remettre en cause son modèle social ni se sentir obligée de ressembler aux Anglo-saxons. Pour développer le volume d'emplois, notoirement insuffisant, et soutenir l'innovation, M. de Villepin a avancé plusieurs mesures d'une facture classique, comme la fusion de l'ANPE et l'Unedic (également défendue par Nicolas Sarkozy), une meilleure indemnisation des jeunes au chômage, un système de formation plus adapté aux personnes peu ou pas qualifiées. Plus novatrice, en revanche, est la demande qu'il a formulée à l'Insee de "mettre à la disposition de tous les Français 2 ou 3 indicateurs qui ne soient pas seulement des indicateurs de croissance mais également des indicateurs de progrès durable" tenant compte des composantes sociales de l'activité économique. L'idée d'un "Small Business Act" à la française, réservant une part des marchés publics aux PME, fait aussi son chemin. A charge pour le prochain gouvernement de la défendre au niveau européen et à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Lundi, Matignon insistait sur la convergence de vues entre le premier ministre et le prix Nobel d'économie américain Edmund Phelps. Ce dernier a ouvert la conférence sur la croissance, en compagnie de l'économiste en chef de l'OCDE, Jean-Philippe Cotis. Et en faisant valoir que la faiblesse de la croissance française n'est pas due à notre modèle social, mais à la place insuffisante faite, dans notre pays, aux nouveaux entrants : les jeunes et les entreprises innovantes. § D'origine sénégalaise, la jeune femme se dit déçue par une gauche dont elle attendait beaucoup. Secrétaire nationale chargée de la francophonie à l'UMP, elle fait partie de ces minorités visibles que Nicolas Sarkozy veut promouvoir. § E lle a cette manière très chic d'empoigner les grandes causes en lâchant soudain un rire de gamine. Cette manière de froncer les sourcils pour étayer ses convictions tout en vous recevant pieds nus, sous un poster du boxeur Mohammed Ali, dans son studio parisien à la Mimi Pinson. Rama Yade a tout juste 30 ans. Elle est haut fonctionnaire. Elle est belle. Elle est brillante. Elle est noire. Une émanation des "minorités visibles" dont Nicolas Sarkozy a décidé de faire d'emblée une des plus gradées de l'appareil UMP : secrétaire nationale chargée de la francophonie. PARCOURS 1976 Naissance à Dakar (Sénégal). 1987 Arrivée en France. 2002 Intègre la haute fonction publique. 2006 Vice-présidente du club XXIe siècle et membre du club Averroès. 2006 Nommée secrétaire nationale de l'UMP, chargée de la francophonie. 2007 Parution de "Noirs de France" (éd. Calmann-Lévy). Il la tutoie, elle l'appelle "Monsieur le ministre". Inutile d'aller chercher sur les murs une photo de Nicolas Sarkozy, Rama n'est pas du genre à entrer en dévotion. "Je ne suis pas inquiet, dit joliment son mari, Joseph Zimet, qui est fils d'un chanteur yiddish et est inscrit... au Parti socialiste. Elle n'est pas impressionnée, elle garde son indépendance et sa liberté de ton. Elle est de droite, mais révolutionnaire." Le 3 janvier, elle entrait dans le bureau du ministre de l'intérieur avec, comme elle dit, "un dossier de râlerie". La veille avait eu lieu une rencontre entre Nicolas Sarkozy et un groupe de Français d'origine afro-antillaise. Comme toujours, elle n'a pas pris de pincettes. "Quand vous leur avez dit : "Ayant toujours été minoritaire, je vous comprends", vous avez trouvé les mots justes. Mais quand vous avez évoqué le port de l'habit traditionnel comme "un signe de rejet des valeurs de la France", là, c'est une erreur d'interprétation. Plus généralement, quand vous distinguez "la France qui se lève tôt et celle qui se lève tard", c'est trop rapide." En bras de chemise, Nicolas Sarkozy fait les cent pas en tirant sur son cigare. "Un côté parrain sympathique", s'amuse-t-elle. Sur l'habit traditionnel, il reconnaît ses torts. Et demande à Rama de venir parler le 14 janvier au congrès où il sera investi candidat officiel à la présidentielle. "Je voudrais montrer qu'il y a des jeunes pousses à l'UMP, lui dit-il. Et que notre formation politique ressemble à la France. Dis ce que tu veux." La franchise de Rama, "Sarko adore", note un conseiller. A l'applaudimètre des militants, le discours de Rama fait un tabac. Elle réussit pourtant à glisser, sur le chapitre de l'immigration, un conseil à valeur de pique. Nicolas Sarkozy devrait, selon elle, "toujours accompagner son action d'humanisme. Toujours y associer le coeur. Car il est toujours plus efficace de mettre les formes, notamment à l'égard de populations issues de civilisations de l'oral, pour qui les mots sont importants". Allusion à quelques formules favorites du ministre : "passer(la cité au Kärcher" ou "la France, on l'aime ou on la quitte". Pourquoi Rama Yade n'est-elle pas au Parti socialiste ? Un cadre du PS issu de l'immigration n'est pas seul à s'en désoler. "Son discours au congrès de l'UMP, dit-il, j'en ai tremblé. Rama fait l'unanimité à gauche. Le paradoxe, c'est qu'elle n'existerait pas au Parti socialiste. Les gens de talent et d'expérience appartenant aux minorités sont nombreux au PS, mais ils ne sont pas mis en avant. Sous prétexte de ne pas vouloir la discrimination positive, on ne sait pas représenter la diversité du pays. La droite, si." Rama Yade est entrée en politique sur une indignation : l'incendie, en août 2005, de l'immeuble du 13e arrondissement de Paris occupé par des familles africaines. Ulcérée que les occupants soient présentés comme des "sans-papiers" et des "Africains" alors qu'ils étaient en situation régulière, voire français, elle écrit sa colère sous le pseudonyme d'Aminata Fall, dans Le Monde. Pour que la nation cesse "de regarder ses enfants comme des gens d'ailleurs et les reconnaisse enfin comme les siens". Suivra un livre, Noirs de France (Calmann-Lévy, 254 p., 16 ). Son histoire personnelle aurait dû la porter vers la gauche. Née au Sénégal, elle y mène une enfance heureuse, incitée à la réussite scolaire par une mère professeur et un père secrétaire particulier du président socialiste Léopold Sédar Senghor. Musulmans, les parents préfèrent pour leurs enfants la discipline de l'école catholique. Quand le père devenu diplomate fait émigrer la famille en France, ils s'installent dans un quartier résidentiel de Colombes (Hauts-de-Seine). Puis le père s'en va. La mère et les quatre enfants restent. Rama a 14 ans. Déménagement de l'autre côté de la ligne de démarcation, dans une cité de Colombes. La mère rogne sur la nourriture pour maintenir ses enfants à l'école catholique. Grâce aux "vieilles dames actives" du Secours populaire, émanation du Parti communiste, Rama part en vacances, visite la France profonde. Elle en garde un grand respect envers "ce communisme de proximité, non idéologique mais humaniste". Et emmène désormais les enfants à la mer, pour le Secours populaire. "Quand on est née ailleurs et que l'on émigre dans une nation constituée, dit-elle, on se sent instinctivement attirée par les idées de gauche. Les notions d'égalité, de tolérance, de justice sociale, ça parle. La droite incarne un modèle national figé qui ne favorise pas les nouveaux arrivants." Diplômée de Sciences Po Paris, entrée dans une administration d'Etat dont elle doit taire le nom, Rama commence à fréquenter des clubs de réflexion politique (XXIe siècle, Averroès) pour élites issues de l'immigration. Elle n'est pas encartée, vote souvent blanc, déçue par une gauche dont elle attendait tant. Rama, pur produit du modèle républicain, est paradoxalement séduite par le thème sarkozien de la discrimination positive. "Parce que je suis noire, on s'étonne que je ne sois pas de gauche. Mais Sarkozy fait bouger les lignes. Le conservatisme est passé à gauche et les valeurs d'intégration à droite", affirme-t-elle. L'UMP voulait en faire une candidate pour les prochaines législatives. Rama a décliné la proposition, estimant qu'elle devait faire ses preuves localement au lieu d'être parachutée. Pareil tempérament ne sera jamais acquis à un parti, et Nicolas Sarkozy devra veiller à ne pas le décevoir. "Notre rôle à nous, les minorités visibles de l'UMP, dit-elle, est de tirer notre candidat vers le centre." Elle vient d'obtenir quelques victoires comme la nomination d'un préfet noir (délégué dans les Bouches-du-Rhône), Pierre Ngahane, sur sa proposition. "Sarkozy m'écoute, constate-t-elle. Après, il suit ou il ne suit pas. Si un jour je ne suis vraiment pas d'accord, je m'en irai." § Si ces militants UMP rencontrés à Lille, lundi 5 mars, souhaitent aussi ardemment que le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, puisse figurer au premier tour de l'élection présidentielle - "pas au second !", tient à préciser l'un d'entre eux -, c'est d'abord dans l'intérêt bien compris de leur candidat. § D errière l'invocation unanime de la "démocratie" perce leur inquiétude. Si ces militants UMP rencontrés à Lille, lundi 5 mars, souhaitent aussi ardemment que le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, puisse figurer au premier tour de l'élection présidentielle - "pas au second !", tient à préciser l'un d'entre eux -, c'est d'abord dans l'intérêt bien compris de leur candidat. "Les reports de voix sur Nicolas Sarkozy seront meilleurs si Le Pen est présent", souligne l'ancien militaire de carrière Louis Caron (79 ans). "Soit on interdit le Front national, soit on lui permet d'être présent. Un premier tour sans Le Pen, ça me fait peur", renchérit également Loïc Cathelain (25 ans), responsable départemental des jeunes UMP. "C'est la droite qui serait sanctionnée", estime également Abdel Hafidi (18 ans), élève en terminale littéraire. D'autres partagent ce pronostic, mais sont moins inquiets. Tout en convenant que l'absence de M. Le Pen "pourrait être un risque", Alain Jasor (30 ans) relève que "cela fait des années que (le président du FN) nous fait le coup" du chantage aux signatures. Au demeurant, les uns et les autres ont identifié une autre menace qui, au vu des sondages, leur paraît être plus dangereuse. Ou, en tout cas, davantage d'actualité. La percée du candidat de l'UDF, François Bayrou, est ici davantage commentée que la chasse aux signatures de M. Le Pen. A défaut d'avoir trouvé une recette infaillible pour contrecarrer le phénomène, les uns et les autres sont intarissables sur "l'illusion" centriste, selon le mot d'Hervé-Marie Morelle (22 ans). Cet étudiant en histoire, qui milite à l'UMP depuis six mois, rappelle que l'UDF "fait partie d'une majorité de droite". LÉGÈRE INQUIÉTUDE Garance Bouquillon (24 ans) pointe la "responsabilité des médias", qui se seraient focalisés sur M. Bayrou pour distraire du duel entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. "C'est comme lorsqu'on écrit une rédaction. Il y a la thèse (Sarkozy-Royal), l'antithèse (Bayrou), puis la synthèse", précise-t-elle, en notant qu'"il reste suffisamment de temps pour que les gens aient une overdose de Bayrou". Chacun s'efforce de minimiser l'impact de la campagne du président de l'UDF. "Un effet de mode", souligne Alain Jasor. "Bayrou ne touche que les classes supérieures, par son côté neutre, "ours en peluche"", relève Marie-Hélène Quatreboeufs (31 ans), qui a fermé son agence immobilière pour s'occuper, à Lille, de l'organisation de la fédération et de la campagne présidentielle. Les explications politiques rationnelles sont évoquées, pour être aussitôt balayées. "Jamais le centre ne gouvernera. Additionner des gens de droite et de gauche, c'est l'instabilité et l'immobilisme assurés !", s'exclame Louis Caron. "Droite et gauche ne sont d'accord ni sur l'emploi, ni sur l'immigration, ni sur l'éducation, ni sur la politique étrangère, ni sur la défense... Le discours charmeur et démago de Bayrou ne pourra pas tenir", veut croire Jacqueline Gabant (59 ans), qui a commencé à militer au RPR "il y a trente ans". Reste l'irrationnel, très présent dans une campagne qui est avant tout "une confrontation de personnalités", comme le rappelle Abdel Hafidi. "Les gens sont comme les enfants, souligne Garance Bouquillon. Ils ont besoin d'une maman - c'est Ségolène Royal -, d'un tonton sympathique - François Bayrou -, et ils ont peur du papa qui tape du poing sur la table en disant : "Ça suffit !"." Cette remarque est l'une des rares laissant transparaître une légère inquiétude de ces militants au sujet de leur candidat. Elle porte sur l'image que peut donner, ou qui est livrée, de Nicolas Sarkozy. Mesurant le poids qu'a exercé la fonction de ministre de l'intérieur, chacun s'évertue donc à le décrire comme quelqu'un de "très sympa" et "très drôle". En revanche, ni la polémique sur les conditions dans lesquelles M. Sarkozy a acheté et aménagé son appartement, ni le dossier Airbus, ne semblent inquiéter ces militants : tout au plus ces deux sujets renforceront-ils "l'abstention et les extrêmes", estime Loïc Cathelain. Une relative confiance reste de mise. Le responsable des jeunes UMP du Nord l'évalue, pour ce qui le concerne, à "six sur une échelle d'un à dix". Tout en concédant que "l'histoire des élections présidentielles sous la Ve République peut faire peur". § MM. Bayrou, Sarkozy et Mme Royal proposent d'investir de l'argent public dans le capital de l'avionneur. Seul M. Le Pen juge que ce "n'est pas de la compétence des politiques". § E n une semaine, le dossier Airbus a fait bouger les lignes politiques de la campagne électorale. Alors que les salariés de l'avionneur européen manifestaient, mardi 6 mars, contre le plan de restructuration Power 8, les principaux candidats à l'élection présidentielle, à l'exception de Jean-Marie Le Pen, sont parvenus à un quasi-consensus : l'Etat français est prêt à remettre de l'argent frais dans le capital du groupe aéronautique. Le précédent de l'entrée de l'Etat dans le capital d'Alstom Ministre de l'économie et des finances en 2004, Nicolas Sarkozy avait plaidé auprès de la Commission européenne, pour l'entrée de l'Etat, à hauteur de 20 %, dans le capital du groupe Alstom pour le sauver de la faillite. Il avait notamment obtenu du commissaire européen Mario Monti, qui y voyait d'abord une façon détournée de verser de nouvelles aides publiques, qu'il renonce à imposer le démantèlement du groupe de services d'énergie, d'équipements ferroviaires et de construction maritime. L'entrée de l'Etat au capital, qui avait alors coûté plusieurs centaines de millions d'euros au budget de l'Etat, s'est révélée payante. Trois ans plus tard, l'entreprise redressée, le gouvernement a dégagé une plus-value de 1,26 milliard d'euros en revendant sa participation. Ce "fait d'armes", à mettre aussi au crédit de son prédécesseur Francis Mer, a également permis à Nicolas Sarkozy de se forger l'image d'un "pragmatique" en économie. A commencer par Nicolas Sarkozy, le président de l'UMP, qui a estimé, lundi à Toulouse, que "le rôle de l'Etat est essentiel". "Je ne vois pas comment l'Etat peut se désintéresser d'une entreprise dont il est l'actionnaire", a-t-il martelé. Une position qui n'a plus rien à voir avec celle qu'il avait adoptée le 28 février, à Paris : " (Airbus) n'est pas un problème franco-allemand, mais un problème d'actionnariat (...) Je ne considère pas que les Etats soient les partenaires les plus avisés." Entretemps, le dossier a pris une dimension politique. Les 10 000 suppressions d'emplois programmées, dont 4 300 en France, ont ravivé les inquiétudes des salariés sur les délocalisations et la perte de compétitivité française. Les candidats, instruits par l'effet désastreux de "l'Etat ne peut pas tout" de Lionel Jospin aux salariés de Michelin en 1999, ont choisi de jouer la carte de l'Etat actionnaire. Ségolène Royal avait, dès le 1er mars, pris le contre-pied de l'ancien premier ministre socialiste : "non seulement l'Etat peut faire mais doit faire", avait-elle dit à Mont-de-Marsan. Elle avait aussi récupéré à son profit l'initiative de huit régions socialistes de proposer de rentrer dans le capital d'EADS, la maison mère d'Airbus. A Berlin, lundi soir, Mme Royal s'est réjouie que "tout le monde s'aligne" sur sa position, à savoir que l'Etat actionnaire "prenne ses responsabilités". "J'ai vu la proposition de Mme Royal (sur l'entrée des régions dans le capital). Cela amène, si j'ai bien compris, à 0,6 % du capital pour lutter contre Boeing", a ironisé, lundi, M. Sarkozy à Marseille. Pour justifier son revirement sur le rôle de l'Etat, le ministre de l'intérieur revendique son pragmatisme, mis à l'épreuve, avec succès, sur le dossier Alstom en 2004. Le candidat UDF François Bayrou a lui aussi estimé, lundi, qu'il est "indispensable que l'Etat français prenne ses responsabilités", après avoir affirmé, la semaine dernière, que la crise d'Airbus illustre "le mélange perpétuel des enjeux politiques et industriels dans cette entreprise, qui a conduit à ce que les décisions soient constamment prises sous l'interférence du politique". Seul Jean-Marie Le Pen n'a pas varié : "Je pense que toutes les affaires ne sont pas de la compétence des politiques et, dans un certain nombre de cas, ils feraient mieux de s'abstenir." De son côté, le premier ministre Dominique de Villepin a pris acte du consensus politique qui se dégage en déclarant, à Matignon lundi 5 mars, que "l'Etat est prêt à participer à toute augmentation de capital qui sera jugée nécessaire par l'entreprise". Airbus "souffre d'une gouvernance trop complexe, qui doit être simplifiée", a ajouté Dominique de Villepin qui sait la volonté des deux principaux actionnaires privés, Lagardère et DaimlerBenz, de se désengager à terme d'Airbus. Et donc la nécessité de trouver d'autres actionnaires privés. Sur l'implication des régions, le premier ministre a salué l'initiative socialiste, se félicitant de "la mobilisation des grandes collectivités locales". L'occasion était trop belle pour Mme Royal d'appuyer sur la rivalité du ministre de l'intérieur et du premier ministre : M. de Villepin "a su se placer au-dessus des clivages politiques, c'est également mon cas", a-t-elle déclaré lundi soir à Berlin. § Quand les premiers représentants de l'intersyndicale d'Airbus sont arrivés sur le parking de l'hôtel où ils avaient rendez-vous avec François Bayrou, lundi 5 mars en fin de matinée, ils sont restés un temps médusés par le nombre de caméras, d'appareils photos et de micros qui les attendaient. § Q uand les premiers représentants de l'intersyndicale d'Airbus sont arrivés sur le parking de l'hôtel où ils avaient rendez-vous avec François Bayrou, lundi 5 mars en fin de matinée, ils sont restés un temps médusés par le nombre de caméras, d'appareils photos et de micros qui les attendaient. "Je préfère ne pas penser qu'on vient à Toulouse comme on va au Salon de l'agriculture", a simplement remarqué Xavier Petracchi (CGT), songeant que, quelques heures plus tard, les délégués syndicaux allaient également rencontrer Nicolas Sarkozy, comme ils s'étaient déjà entretenus, vendredi, avec Ségolène Royal. La rencontre avec la candidate du PS s'était déroulée hors la présence de la presse. Elle ne fut pas davantage admise durant la rencontre entre les 14 représentants de l'intersyndicale (CFDT, CGC, CFTC, CGT, FO) d'Airbus et M. Bayrou, suivie d'un compte rendu commun. Jean-François Knepper (FO) a insisté sur la nécessité d'"une gouvernance rénovée pour pérenniser l'avenir de nos sites". M. Bayrou a réaffirmé la nécessité de clarifier les rôles de chacun. Selon lui, "le rôle de l'Etat n'est pas d'être aux commandes directement". Avant d'estimer que "bloquer toutes les décisions industrielles parce qu'il y a une échéance électorale n'est pas responsable", tout en plaidant pour la renégociation du plan annoncé par la direction d'Airbus. "Je pense légitime que la France et les salariés, qui sont les victimes et non les responsables, fassent valoir leur point de vue et qu'ils rééquilibrent les décisions annoncées", a affirmé M. Bayrou, laissant clairement entendre que les pressions allemandes avaient été suffisamment fortes pour infléchir le plan initial, quand l'Etat français avait fait preuve d'une insuffisante détermination. Quelques heures plus tard, c'est en présence de la presse que M. Sarkozy s'est adressé aux représentants syndicaux. Evacuant les luttes intestines qui ont ravagé le groupe - " je ne les ai pas suivies de près" -, le ministre de l'intérieur et candidat de l'UMP a dressé le constat suivant : "Une entreprise parmi les plus brillantes d'Europe qui a besoin d'argent et des actionnaires qui ne veulent pas en mettre." "PARTICIPATION DE L'ETAT" "Si je suis président de la République, a-t-il indiqué, la priorité des priorités (sera) de repenser l'actionnariat d'EADS. Il faudra trouver des partenaires financiers prêts à se mettre autour de la table et un industriel de référence." "Si j'étais président de la République, a-t-il poursuivi, et si Airbus avait besoin d'une augmentation de capital, je serais prêt à y souscrire, moi le libéral, l'homme de droite. Mais (...) cette participation de l'Etat viendrait en conclusion d'un nouveau pacte d'actionnaires." M. Sarkozy s'est également prononcé pour des changements dans les négociations à l'OMC afin qu'elles soient "conduites par (un) président de l'Union européenne (qui serait) élu pour deux ans et demi : on n'a pas fait l'Europe pour être représenté dans les négociations commerciales par Peter Mandelson", le commissaire européen au commerce. Il a indiqué vouloir reposer la question de la parité euro-dollar, rendre illégaux les "golden parachutes" et faire en sorte "que les plans de stock-options soient pour tout le monde ou pour personne". Devant l'étonnement de ses interlocuteurs syndicaux, M. Sarkozy devait préciser : "Je suis au gouvernement, bien sûr. Mais si je veux passer au niveau du dessus, c'est justement parce que je pense qu'on peut faire plus et même mieux. Le problème n'est pas que l'Etat parle trop, c'est qu'il ne parle pas assez." Pour conclure : "Si on en est arrivé là à Airbus, c'est justement que l'on n'a pas suffisamment entendu l'Etat actionnaire. Mais je serai sur ce point d'une discrétion de violette..." § Cette nouvelle tentative sera-t-elle la bonne ? Jamais l'UMP n'a été plus explicite pour encourager les élus à accorder leur suffrage au candidat du Front national. § C ette nouvelle tentative sera-t-elle la bonne ? Jamais l'UMP n'a été plus explicite pour encourager les élus à accorder leur suffrage au candidat du Front national. "L'idée que je me fais de la démocratie, c'est que les candidats puissent exprimer leurs idées, a expliqué, lundi 5 mars sur France 3, Nicolas Sarkozy. Moi, je combats les idées de M. Le Pen. Mais je me battrai pour que M. Besancenot comme M. Le Pen puissent les défendre. La démocratie ne doit pas être confisquée par un petit nombre de gens." CONDITIONS PARRAINAGES. Le candidat doit présenter au moins 500 signatures d'élus de trente départements pour se présenter. Un élu ne peut valider qu'un seul candidat. DATE LIMITE. Le Conseil constitutionnel doit recevoir les parrainages avant le 16 mars et publiera la liste des qualifiés le 20. PUBLICATION. Le 10 avril, le Conseil publiera pour chaque candidat une liste de 500 parrainages tirés au sort. Un peu plus tôt dans la matinée, les porte-parole de l'UMP Luc Chatel et Valérie Pecresse s'étaient adressés aux élus sans étiquette afin qu'ils consentent à passer outre leurs préventions. "Deux tiers des élus ne sont pas membres de formations politiques, a rappelé M. Chatel lors d'un point-presse du parti. C'est à eux que nous adressons ce message : nous sommes dans un rendez-vous démocratique et nous pensons que les principaux courants de pensée qui existent dans notre pays doivent être présents à l'élection présidentielle." Mme Pecresse a ajouté : "Nous pensons plus particulièrement à Jean-Marie Le Pen. Comme ses idées ne sont pas les nôtres, la meilleure façon de les contredire c'est de les contredire avec le candidat en face de nous." Jusqu'alors la consigne était de taire le nom de M. Le Pen pour ne pas prêter le flan à l'accusation de favoriser le FN. Même si, en 1995 comme en 2002, le président du FN a déjà joué de l'effet de nuisance que pouvait entraîner son absence au scrutin présidentiel, cette hypothèse est cette fois prise au sérieux et affole les sarkozystes qui ne savent à quel scénario se vouer. "Les sondeurs ne sont pas d'accord entre eux, explique Brice Hortefeux, bras droit du candidat de l'UMP et ministre délégué aux collectivités locales. Selon les uns, l'absence de Le Pen priverait Sarkozy d'une réserve de voix pour le second tour. Pour les autres, elle permettrait, dès le 22 avril, une dynamique irréversible. On n'y comprend rien." Entre ces deux options, l'UMP semble avoir fait le choix de la première tout en l'habillant des oripeaux d'une "nécessité démocratique". Mais le bilan est mince et les efforts des sarkozystes n'ont rencontré qu'un succès mitigé. Seul ou presque, André Danet, conseiller général UMP de la troisième circonscription de Seine-Maritime, a rendu publique, lundi, sa décision de signer la lettre de présentation en faveur du président du FN. Son argument : "L'absence de M. Le Pen serait un poids certain en défaveur de l'UMP à la présidentielle et aux législatives." Tout en soulignant que la démarche de l'UMP est une réfutation de la "violence du cadenassage du PS par Hollande", M. Hortefeux en convient, ces prises de position "ne font pas beaucoup avancer les choses". Mais elles sont bien vues par le FN. Lundi, M. Le Pen, s'est fendu d'un communiqué pour remercier M. Danet et saluer "la démarche de l'UMP". "Je ne suis cependant pas naïf, a-t-il précisé au Monde ; si Nicolas Sarkozy fait cela aujourd'hui, c'est parce qu'il réalise que le fait de ne pas avoir modifié la loi sur les parrainages risque de lui revenir comme un boomerang." Selon le président du FN, "les élus font la grève des signatures". "Mais il ne s'agit pas d'une grève contre les candidats, soutient-il, c'est une grève contre l'Etat, parce que les maires en ont marre de toutes ces responsabilités qui tombent sur leurs épaules." M. Le Pen espère que l'appel de M. Sarkozy amènera "une détente". Marine, sa fille et sa directrice stratégique, s'est montrée plus circonspecte : "Je ne pense rien tant que je ne vois pas les résultats !", a-t-elle ironisé. Le FN n'a pas l'intention de se démobiliser. Cadres et permanents s'acharnent pour arracher une promesse aux élus. Selon Louis Aliot, secrétaire général du FN, il manque 80 parrainages à M. Le Pen. Lundi leur a apporté quelques surprises. Outre M. Danet, deux maires de petites communes du Tarn-et-Garonne et du Maine-et-Loire, se disant de l'UMP, ont contacté directement le FN pour offrir leur signature. § Le premier secrétaire du PS a sévèrement critiqué la politique menée pendant la dernière législature, lors d'une conférence de presse, mercredi 7 mars. § L e premier secrétaire du PS François Hollande a dénoncé le bilan de la législature 2002-2007, citant tour à tour "les déficits de croissance, l'une des plus faibles de la zone euro, en moyenne 1,7 %", le "déficit du budget de l'Etat (2,6 %), l'accumulation de la dette sociale, qui aura dépassé 84 milliards d'euros depuis 2002". M. Hollande a également souligné "le déficit commercial, qui dépasse 30 milliards d'euros fin 2006, un record historique", et "le déficit social qui se mesure à travers la précarité et les chiffres du chômage" qu'il évalue "autour de 9,5 %". En résumé, a martelé le patron du PS, "la majorité sortante est celle des déficits" et "celle des reculs" avec la création du contrat nouvelles embauches (CNE), et la loi Fillon sur les retraites qui a correspondu pour beaucoup "à une perte du pouvoir d'achat". Il a également évoqué le "recul en matière d'assurance maladie, dans les domaines des lois et des libertés". "IL Y A BIEN UNE MAJORITÉ SORTANTE" Le député de Corrèze a également fustigé "la majorité de la partialité" avec "une somme de nominations au Conseil constitutionnel, au CSA, dans toutes les administrations ou les entreprises publiques où des amis du pouvoir ont été placés méticuleusement, soigneusement, systématiquement". Il a dénoncé aussi "la majorité des insécurités" qui "ont toutes progressé que ce soit l'insécurité physique, l'insécurité sociale". La charge contre le gouvernement vise naturellement le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy. "Cinq ans après, il y a bien une majorité sortante, on finirait par en douter tant ceux qui la représentent cherchent à effacer leur responsabilité, à occulter leur rôle, et parfois même à cacher leur présence tout en s'obstinant à rester au gouvernement jusqu'au bout", a ironisé M. Hollande. L'UDF n'est pas épargnée. Le parti de François Bayrou "a pris toute sa place" dans la majorité sortante, a affirmé François Hollande, car "rares ont été les lois, ou les lois de finances, qui ont été repoussées par l'UDF". "Il y a bien un bloc de responsabilités même s'il y a des nuances qui ont conduit parfois l'UDF à se différencier". "Sur l'essentiel, le groupe socialiste a été, avec le groupe communiste, seul dans son opposition", a-t-il affirmé. § Dans un "chat" sur Le Monde.fr, Edouard Fillias, candidat d'Alternative libérale à l'élection présidentielle, estime que "la France est un pays de tradition libérale". Selon lui, François Bayrou est le candidat le plus proche des idées libérales. § M eredenis : Pouvez-vous donner une définition du libéralisme ? Edouard Fillias : Ma définition du libéralisme, c'est la liberté pour l'individu de faire le plus de choix possibles dans sa vie en fonction des circonstances, même des circonstances difficiles. Le libéralisme, ce n'est pas seulement un projet politique, c'est également une éthique de la responsabilité individuelle, une façon d'être par rapport à l'autre. C'est la confiance par défaut. Filou : Selon vous, la France est-elle antilibérale ? Edouard Fillias : La France est un pays de tradition libérale, puisque le libéralisme a été inventé en France au XVIIIe siècle, avec les philosophes des Lumières. Le libéralisme, c'est avant tout la résistance à l'autorité arbitraire (l'Etat, l'entreprise, la religion) au nom de la liberté de l'individu. Ce combat-là, c'est une passion française. Daniel : Ne pensez-vous pas que le libéralisme est surexposé dans la campagne et devient le responsable de tous les maux actuels, le bouc émissaire de toutes nos difficultés ? Edouard Fillias : Il y a effectivement quatre candidats déclarés sous le label "antilibéral" dans cette campagne. Le libéralisme est un épouvantail parce qu'il pose les bonnes questions. Et plutôt que de désigner l'épouvantail, on ferait mieux de s'intéresser aux questions que pose le libéralisme à la société française. Et la première d'entre elles, c'est le fonctionnement de notre modèle social. Etat_faible : Personne ne soutient dans la campagne la privatisation des services publics comme la SNCF, par exemple. Y êtes-vous favorable ? Edouard Fillias : En France, on a maintenu un haut niveau de prélèvements obligatoires en échange d'un système de protection sociale présenté comme de qualité (services publics, assurances retraite et santé). Malheureusement, les prélèvements obligatoires sont restés élevés, alors que le modèle social se délite. C'est pourquoi je pense qu'il faut effectivement remettre la SNCF sur le gril de la concurrence au nom du pouvoir d'achat des Français. Valjean : Ne pensez-vous pas que le libéralisme favorise d'abord les privilégiés, au détriment des classes moyennes et inférieures ? Edouard Fillias : La France a aujourd'hui un modèle supposé égalitaire, mais qui en réalité avantage ceux qui ont de l'argent, car ils peuvent se payer les services publics défaillants pour le reste de la population. Exemple : quand on a les moyens, on peut s'offrir une bonne mutuelle impossible quand on est au smic. Ainsi, la France a déjà des catégories de privilégiés, et l'égalité n'est plus réelle. Kiyomi : La France est-elle actuellement moins réceptive au discours libéral que les autres pays européens? et si oui, pourquoi ? Edouard Fillias : La première raison pour laquelle la France n'est pas réceptive au discours libéral est la même que celle pour laquelle il n'y a pas un Arabe maire d'une des 36 000 communes du pays, qu'il n'y a que 12 % de femmes élues députées, et que la moyenne d'âge à l'Assemblée est de 60 ans. Cette raison est l'absence de renouvellement de la classe politique et l'absence d'apport d'idées nouvelles. J'ai 27 ans et j'espère bien changer tout ça. Presid : Pourquoi tous les candidats sont-ils pour l'intervention de l'Etat dans l'économie ? Edouard Fillias : Eh bien parce que leur vision de la politique est fondée sur l'idée que tout s'organise autour de l'Etat et de la nation. Pour ma part, je considère que l'Etat est un acteur parmi d'autres dans la vie de la société et qu'il n'a pas vocation à régler tous les problèmes. Il faut dire aussi que dans une société qui a peur de l'immigration, peur de l'entreprise, peur de la mondialisation, plaider pour l'intervention de l'Etat comme grand protecteur, c'est de la démagogie, qui fonctionne. Proudhon : Ne pensez-vous pas que, si Nicolas Sarkozy est élu, il sera le premier président français a être véritablement libéral ? Edouard Fillias : Pour le libéral que je suis, Nicolas Sarkozy est une déception complète. En effet, il a choisi de flatter la mauvaise tendance des Français à croire que l'Etat peut tout régler au lieu d'oser des propositions de réformes. Son attitude sur le dossier Airbus montre que sa politique est faite d'opportunisme et qu'il n'a pas en réalité de ligne directrice claire, si ce n'est de gagner la prochaine élection. Il me rappelle Jacques Chirac. Raymond : La libéralisation du rail en Grande-Bretagne, celle de l'électricité aux Etats-Unis, du gaz en Bolivie ont été de lourds échecs : est-ce qu'il y a des domaines où la libre concurrence ne peut pas vraiment être appliquée, les réseaux par exemple ? Edouard Fillias : La concurrence n'est pas une potion magique, surtout quand on passe d'un monopole public de longue date à une situation de concurrence. Par exemple, en Grande-Bretagne, l'Etat, dans les années 1970, a libéralisé le rail sans aucune précaution et sans aucun contrôle, entraînant catastrophe sur catastrophe. La concurrence doit être organisée, réglementée pour être utile. Mais elle reste toujours préférable au monopole qui, à terme, augmente les prix et réduit la qualité. L'Etat doit fixer un cahier des charges précis quand il déréglemente afin de protéger le consommateur et de compenser la hausse des prix immédiate qui suit une mise en concurrence. A terme, les prix baissent de toute façon. Le meilleur exemple : France Télécom. Aujourd'hui, le téléphone est quasiment gratuit, avec la télé en plus. Ramifr : Considérez-vous le Royaume-Uni comme un modèle libéral? Edouard Fillias : Il n'y a pas de modèle libéral, puisque, par définition, les libéraux sont favorables à des réformes négociées, adaptées aux cultures et aux populations. C'est pourquoi je suis d'abord favorable en France à une réforme des institutions pour permettre une égale représentation des Français et une meilleure adhésion, donc, aux réformes. Si le CPE a été un échec, alors qu'il était plutôt d'inspiration libérale, c'est qu'il n'a pas été négocié et qu'il est passé en force. Mon libéralisme est de velours. Je suis plutôt pour négocier les réformes. Je pense qu'on ne fait pas pousser du gazon en tirant dessus. Et Mme Thatcher a payé un prix très élevé pour les réformes qu'elle a faites, le prix du sang même, puisqu'il y a eu des émeutes très dures lors de son arrivée au pouvoir. Je suis d'accord avec les objectifs qu'elle poursuivait, la méthode ne me semble pas adaptée. Chat modéré par Anne-Gaëlle Rico et Nabil Wakim Lisez l'article sur une seule page Edouard Fillias | ROSSI XAVIER /GAMMA ROSSI XAVIER /GAMMA Edouard Fillias EN UNE EN CE MOMENT Parrainages : le Conseil constitutionnel définit un protocole anti-fraude Des membres des Enfants de Don Quichotte molestés par la police L'offensive de l'OTAN dans le sud de l'Afghanistan a fait ses premiers morts Un manifeste pour la dépénalisation de l'euthanasie ET AUSSI | BFMTV Télézapping Deux bien-logés dans l'embarras Un sac Dolce & Gabbana lors de la présentation de la collection automne-hiver le 22 février 2007 à Milan. | REUTERS/ALESSANDRO BIANCHI Pratique Les sacs prennent la taille cabas Des employés d'Airbus manifestent contre le plan "Power 8", près de l'aéroport de Toulouse, le 28 février. | AP/REMY GABALDA Chronologie Le plan "Power 8", poudrière européenne PRÉSIDENTIELLE 2007 François Hollande fustige le bilan de l'UMP et de l'UDF Edouard Fillias: "Le libéralisme est un épouvantail dans la campagne" Parrainages : le Conseil constitutionnel définit un protocole anti-fraude M. Le Pen ne provoque plus de huées au Salon de l'agriculture LES DÉPÊCHES Garde à vue prolongée pour Nicolas Miguet, candidat à l'Elysée Reuters 18h19 Attaque à la roquette près de l'aéroport de Mogadiscio Reuters 18h18 277 morts en février sur les routes, contrôles renforcés Reuters 18h18 La France étend les "permis de polluer" à d'autres secteurs Reuters 18h16 § "Des maires subiraient des pressions pour remettre leur formulaire de présentation vierge à des tiers, voire pour obtenir un deuxième formulaire s'ils ont déjà adressé le leur au Conseil constitutionnel", indiquent les Sages dans un communiqué. § § Fini les courses-poursuites entre les DPS (département-protection-sécurité, le service d'ordre du parti) et des manifestants venus, comme en 1995, jeter des oeufs et conspuer le président du Front national (FN). § J ean-Marie Le Pen en campagne électorale au Salon de l'agriculture est devenu un candidat comme les autres. Fini les courses-poursuites entre les DPS (département-protection-sécurité, le service d'ordre du parti) et des manifestants venus, comme en 1995, jeter des oeufs et conspuer le président du Front national (FN). Aujourd'hui, les bousculades ne concernent plus que la nuée de journalistes qui suivent le candidat et le service d'ordre débordé. C'est à peine si des sifflets fusent lorsque des partisans de M. Le Pen se mettent à scander "Le Pen président !". Plusieurs visiteurs s'enfuient lorsqu'ils découvrent qui est la personnalité tant entourée. "Oh ! mon dieu, c'est Le Pen !", s'exclame ainsi une dame qui fait demi tour. "Cela pue ici !", lance un jeune homme. Mais nombreux sont ceux qui veulent apercevoir le représentant de l'extrême droite, le photographier, le saluer. Imperturbable, celui-ci prend la pose au côté de la vache Titine, vedette du Salon. Arrivé en "tenue gentleman farmer", comme le souligne Alain Vizier, son responsable de la communication - blouson en daim, casquette et chemise ouverte -, il repart au bout d'une heure et demie en manches de chemise, couvert d'un chapeau de cow-boy noir et blanc. Non sans avoir au préalable salué les responsables de stands et signé des livres d'or. "A la boucherie française qui lutte pour sa qualité supérieure. Demain se lèvera le matin des paysans", écrit-il ainsi. Quelques minutes auparavant, il avait lu un petit discours rédigé par un de ses conseillers, le député européen Jean-Claude Martinez, annonçant ce "matin des paysans". Selon Jean-Marie Le Pen "d'ici 2050, la terre aura près de 9 milliards d'habitants" et il faudra les nourrir. "Paysan va redevenir le grand métier d'avenir", a-t-il affirmé avant d'avancer plusieurs propositions susceptibles à ses yeux de "permettre à nos paysans de passer le cap de la nuit agricole européenne". Parmi elles, "la création d'un fonds d'intervention pour les campagnes comme il existe un fonds d'intervention pour la ville" ou l'institution de droits de douane "modulables, remboursables, négociables et bonifiables". § Devant les difficultés de la candidate à convaincre de l'utilité de sa candidature, des critiques commencent à se faire entendre au sein du parti. Et les partisans de Robert Hue s'organisent. § M arie-George Buffet le sent bien, sa campagne est "difficile". Parce que la gauche demeure minoritaire, à 40 % dans les intentions de vote, et que Ségolène Royal "ne tient pas un discours de gauche". Mais aussi parce qu'elle-même a du mal à convaincre de l'utilité de sa candidature. "Les hommes et les femmes de gauche que je rencontre adhèrent à mon programme mais se demandent s'ils ne devraient pas se rassembler derrière Ségolène Royal. J'en vois même qui hésitent entre moi et Bayrou !", reconnaît-elle les traits tirés. Ce mardi 6 mars, quelques heures avant un meeting tenu devant quelque 600 personnes à Brest, la candidate du PCF semble presque lasse. "Allez, un meeting de plus...", lâche-t-elle. Ici, comme ailleurs, le parti tente de se mobiliser mais la conviction manque parfois. "La campagne se fait mollement", assure Michel Maso, membre du conseil national et proche de Robert Hue. Le constat est sévère mais a été assez partagé par les cadres du parti, lors du dernier conseil national, le 26 février. Alors Mme Buffet se démène et tente de "coller" au plus près de l'actualité sociale. "FLOTTEMENT" Mardi matin, la secrétaire nationale avait chamboulé son emploi du temps pour assister à la manifestation des salariés d'Airbus, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Mercredi, elle se rend sur une exploitation agricole puis auprès de salariés d'Alcatel-Lucent, avant de filer sur Lorient et Saint-Brieuc. Deux jours passés en Bretagne pour remobiliser ses troupes sur des terres tenues par des opposants, les partisans de Robert Hue. Dans ce Grand Ouest, les critiques se taisent encore publiquement mais il n'en faut pas beaucoup pour les entendre. "Marie-George a des difficultés à élargir la campagne. Les militants la font par discipline mais ne comprennent pas le flottement dans la stratégie du parti", constate Michel Rica, secrétaire fédéral de Loire-Atlantique. "On paye le flou entretenu depuis des mois", renchérit Christian Saulnier, président du groupe communiste de Saint-Nazaire. "Le discours sur le contenu de ce que devrait être une politique de gauche n'est pas à la hauteur", juge Wilfried Lunel, secrétaire fédéral d'Ille-et-Vilaine. La tentative, mise en échec, de rassembler les antilibéraux derrière une candidature communiste, serait ainsi la cause d'une campagne qui patine. Une critique que Mme Buffet ne veut pas entendre : "Y a pas de souffle ? Mais une candidature communiste (comme le proposaient les opposants), ça aurait été pareil ! C'est les 3,37 % de 2002 qui ont porté atteinte à la crédibilité du parti", s'emporte-t-elle. En clair, la responsabilité en incombe à M. Hue, candidat en 2002, pas à elle. Il n'empêche : à mots couverts, le débat sur l'"après" est lancé. Longtemps silencieux, les "huistes", qui tiennent une dizaine de fédérations et ont la responsabilité de la trésorerie du parti, s'organisent. Leur objectif : obtenir un bilan de la ligne de la direction accusée d'avoir mis le parti "hors jeu". Ils auront sur ce point l'appui des autres opposants, "orthodoxes", qui attendent eux aussi le 22 avril au soir. § A l'image du scepticisme suscité par Ségolène Royal auprès du SPD en matière de relance européenne, le PS et le SPD peinent à achever une "déclaration commune sur l'avenir de l'Europe". § A l'image du scepticisme suscité par Ségolène Royal auprès du SPD en matière de relance européenne, le PS et le SPD peinent à achever une "déclaration commune sur l'avenir de l'Europe". Depuis plus d'un an, un groupe de travail SPD/PS planche sur un texte qui devait être présenté à l'origine fin 2006 ou début 2007. Mais ce texte n'a toujours pas été approuvé par les présidents des deux partis et risque donc ne pas pouvoir être publié d'ici le 25 mars, date du 50e anniversaire du traité fondateur de l'Union européenne, qui sera célébré en grande pompe à Berlin, et pour lequel il était initialement prévu. "Il aurait été souhaitable de présenter cette déclaration avant le 50e anniversaire du traité de Rome pour lancer un signe fort", a regretté la députée SPD Angelica Schwall-Düren qui copréside le groupe de travail chargé de la rédaction avec l'ancien ministre des affaires européennes Pierre Moscovici. Après cette date, "il risque de passer inaperçu", a ajouté la députée de Münster, en Rhénanie du Nord-Westphalie, chargée au SPD des relations avec le parti socialiste. La question de la Constitution européenne a été l'un des sujets de controverse entre les deux partis. Dans sa dernière version, qui n'a pas encore reçu l'imprimatur officielle, le texte de la déclaration commune ne retient qu'une vague référence au traité constitutionnel. Un paragraphe situé en fin de texte et intitulé "réforme institutionnelle de l'Union européenne" évoque la nécessité de "dégager une perspective pour l'Europe de demain, qui doit dorénavant privilégier la dimension sociale, tout en promouvant la nécessaire réforme des institutions" afin de garantir "la capacité d'agir de l'UE". DIFFICULTÉS Selon Mme Schwall-Düren, les socialistes n'ont pas souhaité que soit mentionnée la nécessité d'un traité constitutionnel. Les sociaux démocrates auraient aimé inscrire au début du texte une description du traité constitutionnel, de son échec en France et de la tentative de la présidence allemande pour trouver une solution. "Le SPD a un sérieux problème avec le PS sur ces questions", souligne un expert des relations franco-allemandes. Preuve de ces difficultés, la tribune de Mme Schwall-Düren parue dans Le Monde du 6 février et intitulé : "Français, votre europessimisme nous désespère" et qui s'adresse aux grands partis politiques français, y compris le PS. Dans leur déclaration commune, les deux partis ont souligné la nécessité d'une dimension sociale, en passant notamment par une harmonisation fiscale et la création de standards sociaux communs. Le texte évoque également une politique de sécurité qui ne soit pas seulement réduite à un aspect militaire et la protection du climat. Le thème de l'énergie nucléaire n'a pas été abordé. Sur la question de l'intervention des pouvoirs publics dans la politique économique et sociale, "les conflits ont pu être évités parce que nous ne sommes pas entrés dans les détails", a expliqué Mme Schwall-Düren à l'AFP. Ainsi, le texte condamne "le dumping social et salarial" mais reste flou sur les moyens de le combattre. "L'adoption de critères sociaux de convergence, de minima sociaux et de salaires minimums rapportés au PIB de chaque Etat membre doit être envisagée", dit-il. § A 29 ans, Najat Vallaud-Belkacem, la nouvelle porte-parole de Ségolène Royal aux côtés d'Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, témoigne d'une ascension fulgurante. § S es détracteurs évoquent son "ambition acharnée". La jeune femme avoue un certain sens de "l'opportunisme". A 29 ans, Najat Vallaud-Belkacem, la nouvelle porte-parole de Ségolène Royal aux côtés d'Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, témoigne d'une ascension fulgurante. Cette jolie diplômée de Sciences po, d'origine marocaine, juriste pendant trois ans dans un cabinet d'avocats, avait été remarquée en 2003 par le maire de Lyon Gérard Collomb, ou plutôt par la jeune épouse du maire de Lyon, Caroline Collomb, une de ses camarades d'étude. Sans expérience autre qu'une année passée comme attachée parlementaire de la député socialiste de l'Oise, Béatrice Marre, la jeune femme, originaire d'Amiens, inconnue à Lyon, avait intégré le cabinet de Gérard Collomb comme conseillère en charge de la démocratie de proximité. Un an après, en 2004, le maire de Lyon, a imposé son égérie sur la liste aux régionales conduite par Jean-Jack Queyranne. Elue conseillère, elle a alors décroché la présidence de la commission culture. Puis, un an plus tard, elle a été nommé déléguée nationale du PS après le congrès du Mans. En quatre ans, cette jeune femme s'est imposée dans les rangs du PS lyonnais, au point d'être investie dans la 4e circonscription du Rhône pour affronter Dominique Perben, le candidat de l'UMP. Née dans le nord du Maroc, dans un milieu modeste, la porte parole de Mme Royal met volontiers en avant ses racines : ell est arrivée en France à l'âge de quatre ans, avec sa mère et sa soeur aînée pour rejoindre dans le cadre du regroupement familial un père, ouvrier dans le bâtiment. Mais rien ne l'irrite plus que d'être présentée comme la beurette de Mme Royal, le pendant de Rachida Dati, la porte parole de Nicolas Sarkozy. "J'ai parfaitement conscience d'avoir un profil recherché par les politiques, un profil qui a servi d'accélérateur à ma carrière : femme-jeune-issue de l'immigration, mais je refuse d'être cantonnée à cela, proteste-t-elle. J'ai fait mes preuves, j'ai des compétences et une expérience notamment dans la lutte contre l'exclusion et les discriminations." tempête Najat Belkacem. Est-ce encore son fameux sens de l'opportunisme ? La jeune femme reconnaît qu'elle "n'a pas fait partie de ces militants socialistes qui furent convaincus dés le début par la candidature de Ségolène Royal." Les deux femmes se sont rencontrées brièvement pour la première fois il y a huit mois à Villeurbanne, lorsque la candidature de Mme Royal était devenue incontournable. Puis elles se sont recroisées à Porto et sur le salon Pollutech. "Najat s'est arrangée pour être dans sa voiture et lui faire son numéro de charme. En partant, Ségolène nous a confié qu'elle trouvait cette petite jeune très attachante" persifle un membre du cabinet de Gérard Collomb. "Je lui ai fait part à chaque fois que je l'ai vu de mon désir de lui être utile" explique simplement Mme Belkacem. Vendredi 8 mars, la porte parole a prévu d'accompagner Ségolène Royal à Vaulx-en-Velin, pour lui faire rencontrer des femmes de la banlieue. Elle sera enfin visible aux côtés de la candidate. § La candidate cherche à jouer la carte du dialogue entre les femmes au pouvoir. Mais Mme Merkel et Royal divergent sur la BCE, la restructuration d'Airbus et la Constitution européenne. § D es divergences ? "Je n'en vois pas", a assuré Ségolène Royal en sortant de son entretien, mardi 6 mars, avec la chancelière allemande Angela Merkel, à Berlin. "Je crois que le courant est très bien passé, même si nous ne faisons pas partie du même courant politique", a glissé la candidate socialiste à l'issue d'une heure d'entretien, dans un climat qu'elle a décrit "très chaleureux, j'allais même dire de complicité". Poignée de main, sourire et photo : Mme Merkel a, de son côté, scrupuleusement respecté une règle d'équité avec Nicolas Sarkozy, accueilli le premier à Berlin, le 12 février. Sans commentaire, dans un cas comme dans l'autre, à la sortie. Le PS veut élargir la critique au "déclin industriel" français Devant le bureau national du PS, réuni mardi 6 mars, François Hollande a estimé qu'en réagissant la première sur le dossier Airbus, Ségolène Royal avait "marqué un point". Le premier secrétaire du PS, insistant sur le "déclin industriel" de la France, a exhorté les dirigeants socialistes à creuser le sujet et à "rallié" le mouvement de protestation des syndicats contre la restructuration annoncée cette fois chez Alcatel. "Il faut globaliser notre critique", a appuyé Jean-Pierre Chevènement en dénonçant le rôle de l'actionnariat privé. "C'est notre dossier", a renchéri Henri Emmanuelli. Pour Mme Royal, dont ce devrait être le dernier déplacement à l'étranger avant l'élection présidentielle, ce rendez-vous revêtait une importance particulière en plein débat sur la restructuration d'Airbus, mais aussi pour nouer des liens indispensables avec le partenaire allemand avant la présidence française de l'Union européenne en 2008. "Ça se prépare au moins un an à l'avance", soulignait en aparté l'ancienne ministre des affaires européennes, Elisabeth Guigou, présente dans la délégation française. Ces liens, Mme Royal s'est donc employée à les mettre en évidence en évoquant d'emblée son soutien à la proposition allemande de porter à 20 % le niveau des énergies renouvelables dans la consommation en Europe d'ici à 2020 - un objectif que Mme Royal a elle-même inscrit dans son pacte présidentiel. "Je sais qu'aujourd'hui ce n'est pas la position du gouvernement français, mais c'est le bon objectif", a-t-elle souligné. Sur un tout autre plan, la candidate socialiste a cherché la complicité en jouant la carte des femmes au pouvoir : "Nous avons échangé sur les reproches qu'elle a entendus lors de sa propre campagne et qu'elle entend encore aujourd'hui. Elle a surmonté tout ça, elle a fait preuve d'une grande compétence et d'une grande crédibilité, y compris sur la scène internationale. Elle a le souci de déboucher concrètement sur les dossiers qu'elle empoigne et qu'elle tient fermement dans ses mains." LIMITES Mais sur le coeur des dossiers, justement, l'entente cordiale a ses limites. Le projet d'un nouveau référendum en France sur la question européenne, prôné par Mme Royal, inquiète Mme Merkel, qui a fait de la relance du processus constitutionnel l'une des priorités de sa présidence européenne. Une nouvelle consultation, aux yeux de la chancelière allemande, risque de ralentir ce processus. De plus, la dimension sociale demandée par la candidate socialiste va trop loin pour Berlin, où l'on a tendance à considérer M. Sarkozy, partisan d'un traité simplifié adopté par voie parlementaire, comme un allié plus fiable. "Nous partageons le même point de vue (avec Mme Merkel) : avant de parler d'un nouveau traité, il faut que l'Europe fasse ses preuves", a néanmoins affirmé Mme Royal. Mêmes limites sur le dossier Airbus. "Nous partageons totalement l'idée selon laquelle l'Europe doit tout faire pour protéger son industrie aéronautique", a plaidé Mme Royal. Mais la chancelière, qui a officiellement adoubé le plan de restructuration présenté par le constructeur, n'entend pas renégocier ce compromis. Partisane d'une recapitalisation par les Etats d'Airbus, la socialiste n'a pas trouvé de répondant chez son interlocutrice. "Elle n'a rien écarté mais elle n'a pas pris d'engagements sur une recapitalisation ferme de l'Etat", a-t-elle reconnu. "Cela joue un rôle en France en raison de la campagne électorale, mais pour nous le sujet est bouclé", tranche le député CDU Andreas Schockenhoff. Autre sujet de tension, la Banque centrale européenne (BCE) n'a semble-t-il pas été évoqué. Alors que Mme Royal souhaite une réforme de ses statuts, Mme Merkel a régulièrement rappelé son attachement à l'indépendance de la BCE, défendant il y a peu encore ce point de vue au congrès de la Fondation Konrad-Adenauer. "Mme Royal en veste rouge à côté de Mme Merkel en noir, l'effet était très médiatique, commente M. Schockenhoff. Mais le plus important pour la chancelière est de trouver une solution sur le traité constitutionnel et, pour cela, nous avons besoin de la France comme partenaire." § "Epouvanté" par le niveau de la campagne électorale, l'écrivain Alexandre Jardin a créé un site Internet pour obliger les candidats à préciser leurs projets et à ne pas en rester au stade des promesses générales. § "E pouvanté" par le niveau de la campagne électorale, l'écrivain Alexandre Jardin a créé un site Internet (www.commentonfait.fr) pour obliger les candidats à préciser leurs projets et à ne pas en rester au stade des promesses générales. Avec un minimum de 30 000 connexions par jour et d'innombrables contributions écrites, le romancier a trouvé un public d'internautes extrêmement motivé par la démarche et soucieux de soumettre des propositions concrètes. Son site est né d'une "colère" : le constat que les candidats se contentent généralement de vendre leur programme sans expliquer comment ils entendent le mettre en oeuvre. D'où, selon lui, des désillusions et des votes extrémistes : "Ma conviction est que l'état d'impréparation des équipes de campagne est abyssal." Plutôt que de "gémir devant sa télévision", Alexandre Jardin, 41 ans, auteur de nombreux succès d'édition, comme Le Zèbre (prix Fémina, 1988), a décidé de créer une sorte de "banc d'essai" interactif des promesses. Il s'est lancé dans l'aventure avec son carnet de chèques personnel (4 800 euros investis) et son seul bagout. Son ambition est d'interpeller individuellement chacun des principaux candidats. "Nicolas Sarkozy nous dit qu'il va baisser le niveau des prélèvements obligatoires. Pourquoi pas mais qu'il nous dise comment ! Ségolène Royal dit qu'il n'y aura plus de jeunes au chômage plus de six mois grâce à des emplois-tremplins. Mais comment on fait pour que ce soit de vrais tremplins pour eux ?" A l'issue de ce travail, il entend remettre un "cahier numérique" au futur chef de l'Etat. L'écrivain revient ainsi sur le terrain des initiatives citoyennes : en 2002, il avait créé une Agence des bonnes pratiques, pour repérer les expériences réussies sur le territoire, mais avait rapidement abandonné le projet, déplorant que l'Etat l'oblige à créer une "usine à gaz" pour toucher une subvention promise par le gouvernement Raffarin. Il est aussi à l'origine de l'opération Lire et faire lire, pour laquelle 11 000 retraités interviennent dans 4 000 écoles en racontant des histoires aux enfants afin de leur faire découvrir le plaisir de lire. § Le maire de Noron-la-Poterie, dans le Calvados, a mis aux enchères la signature dont il dispose pour parrainer un candidat à l'élection présidentielle. § L assé d'être sollicité par les candidats à la présidentielle en quête de parrainages, le maire d'un village normand de 300 habitants a décidé de donner sa signature au plus offrant. André Garrec, édile divers droite de Noron-la-Poterie dans le Calvados, s'est dit prêt à accepter "le chèque de n'importe quel candidat" pour faire fonctionner "trois associations et l'école" du village. "Un parrainage ne signifie pas un engagement politique", se justifie-t-il. Les candidats interressés ont jusqu'au "14 mars" pour faire leur offre, soit deux jours avant la date limite de dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel. Dans un entretien au site Internet du Figaro, M. Garrec s'est déclaré "effaré par le gâchis d'argent dans la campagne", des sommes que les candidats pourraient mettre au profit des "petites communes". Selon lui, ses administrés voient cette opération d'un bon il. Que dit la loi ? La notice de présentation des candidats envoyée par le Conseil constitutionnel explique que les élus sont "les seuls juges" de leur décision. Pour l'instant, l'initiative de M. Garrec n'a pas suscité de commentaire officiel. Cependant, les services du Conseil constitutionnel ont rappellé qu'il existait un délit de corruption passive. Il est puni de dix ans de prison et de 150 000 euros d'amendes. § Au nom de l'égalité, Ségolène Royal a longuement dénoncé, mercredi 7 mars, à Dijon, les "contradictions tenaces et les écarts persistants" qui séparent les hommes et les femmes dans le monde du travail. § A u nom de l'égalité, Ségolène Royal a longuement dénoncé, mercredi 7 mars, à Dijon, les "contradictions tenaces et les écarts persistants" qui séparent les hommes et les femmes dans le monde du travail. "Certes, il y a davantage de femmes instruites et de femmes salariées, mais il y a aussi de plus en plus de chômeuses et de travailleuses précaires, a-t-elle souligné. Certes, il y a davantage de lois sur l'égalité professionnelle, mais le plafond de verre est toujours là, comme les disparités de carrière et de salaire. (...) Les femmes sont les toutes premières victimes des mutations contemporaines du monde salarié." Depuis les années 1960, malgré la crise, les femmes ont massivement investi le marché du travail : aujourd'hui, plus de 80 % de la population féminine âgée de 25 à 49 ans ont une activité professionnelle. "Dans la France des années 2000, le modèle dominant n'est pas celui du choix (travail ou famille), il n'est plus celui de l'alternance (travailler, s'arrêter, retravailler) mais celui du cumul, note la sociologue Margaret Maruani dans Travail et emploi des femmes (La Découverte, 2005). Pour une mère de famille, il est désormais "normal" de travailler alors qu'il y a seulement quarante ans, il était tout aussi "normal" de s'arrêter dès la naissance du premier enfant." Cette petite révolution est loin d'avoir aboli les inégalités entre les hommes et les femmes. Si, pour beaucoup de femmes, le travail est désormais la norme, le temps plein ne l'est toujours pas : en 2002, 87 % des salariés à temps partiel étaient des femmes. "En Europe, la France se distingue dans le caractère subi du temps partiel, précisent Cédric Afsa Essafi et Sophie Buffeteau dans le numéro de mars d'Economie et Statistiques, la revue de l'Insee. En France, un emploi à temps partiel sur trois est déclaré involontaire contre un sur six pour l'ensemble de l'Union européenne." Bien que les filles aient rattrapé, puis dépassé le niveau d'éducation des garçons - depuis 1971, les bachelières sont plus nombreuses que les bacheliers et, depuis 1975, les étudiantes plus nombreuses que les étudiants -, les écarts de salaires, qui s'étaient réduits jusqu'aux années 1990, stagnent : dans Economie et statistiques, Dominique Meurs et Sophie Ponthieux estiment qu'ils s'établissaient à 25,3 % en 2002, soit à peine un point de moins qu'en 1990. Enfin, l'investissement professionnel des femmes est freiné, selon le mot de Mme Royal, par l'"invraisemblable monopole féminin" sur le travail domestique et parental, qui repose sur leurs épaules à 80 %. Ces freins à l'activité ont été renforcés par la création, en 1985, des congés parentaux, qui ont incité nombre de femmes, surtout dans les milieux populaires, à se retirer du marché du travail. "A la naissance d'un enfant, le fossé qui sépare la faible implication masculine du travail d'ajustement des femmes est considérable, soulignaient en 2006 Ariane Pailhé et Anne Solaz dans une note de l'Institut national d'études démographiques (INED). Après une naissance, 54 % des femmes - contre 7 % des hommes - quittent leur emploi et 22 % des femmes - contre 6 % des hommes - réduisent leur temps de travail." Pour la sociologue Dominique Méda, qui est intervenue à Dijon, la situation des femmes est toujours "plombée par le poids des représentations traditionnelles". "Ces difficultés commencent à l'école, où l'on pousse moins les filles que les garçons, et elles se poursuivent dans l'entreprise, où l'on considère encore toute femme comme une mère en puissance, a-t-elle résumé. Pourtant, le sous-emploi des femmes est à la fois une injustice sociale et une aberration économique : leur travail est nécessaire à la protection sociale, il évite un immense gâchis scolaire et il constitue un rempart efficace contre la pauvreté." § Dans un "chat", sur Le Monde.fr, Christophe Soullez, chef du département de l'Observatoire national de la délinquance à l'INHES, explique l'évolution de la délinquance depuis quelques années. § J JBienvenu : Votre observatoire a-t-il observé une variation de la délinquance "quotidienne" depuis 2002 ? La délinquance a-t-elle changé avec les lois Sarkozy ? Christophe Soullez : Oui, depuis 2002 on a constaté une baisse de la délinquance générale, dont une très forte baisse des atteintes aux biens, et notamment des cambriolages et des vols de véhicules. On a également observé une baisse des vols avec violence. En revanche, les violences aux personnes, qui augmentent régulièrement depuis 1996, ont poursuivi leur progression. Les escroqueries et les infractions économiques et financières ont également diminué. On a également constaté une reprise de l'activité des forces de police et des unités de gendarmerie, notamment en matière de stupéfiants et dans le domaine de la police des étrangers. On assiste, depuis maintenant une dizaine d'années, à une mutation de la délinquance. On s'attaque plus aux personnes qu'aux biens et parallèlement, pour certains faits, on va plus déposer plainte aujourd'hui qu'il y a cinq ou six ans, notamment en matière de violences conjugales. Hugues : Les chiffres de la délinquance, annoncés comme en baisse, sont-ils responsables de cette absence de la sécurité dans la campagne ? Christophe Soullez : Oui, en partie. Il est vrai que toutes les enquêtes d'opinion montrent que la sécurité est moins une préoccupation aujourd'hui qu'il y a cinq ans. Cela est confirmé également par la baisse du sentiment d'insécurité. Il est vrai que la baisse réelle de certains faits de délinquance contribue à une moindre inquiétude de la population et au fait que la sécurité, si elle demeure un thème de campagne, est moins importante qu'en 2002. RaymondB : Quelle stratégie de sécurité pensez-vous la plus adaptée après les émeutes de 2005 ? Christophe Soullez : Depuis 2002, la police nationale et la gendarmerie ont bénéficié de nombreuses réformes et de moyens financiers et humains importants. Or ce ne sont que des acteurs de la chaîne pénale. Ils interviennent au début de la procédure judiciaire constatant une infraction. Il faudrait donc que les autres acteurs de la chaîne pénale justice, administration pénitentiaire soient également réformés afin que tout le monde aille dans le même sens au même rythme. Police et gendarmerie remplissent une baignoire, mais ce ne sont pas elles qui la vident. Il est donc primordial que l'ensemble des acteurs de la sécurité bénéficient d'une réforme d'ampleur visant à aboutir, après l'interpellation des délinquants par les policiers, à des poursuites devant la justice et à la prise en charge par l'administration pénitentiaire. Parallèlement, il faut mieux contrôler et évaluer les politiques publiques de prévention, afin de mettre l'argent là où il y en a le plus besoin. L'éducation nationale a un rôle également très important à jouer, d'autant plus qu'on assiste de plus en plus à une diminution de l'autorité familiale. christo654 : Que pensez-vous des peines qu'on pourrait infliger aux mineurs du fait de l'abaissement de l'âge de la délinquance ? Christophe Soullez : Ce qui est important en matière de sanction pénale, c'est moins la durée de la peine que la certitude de la sanction. Il est donc indispensable que toute personne, notamment les mineurs, qui a commis une infraction fasse l'objet d'une réponse de la part de l'autorité judiciaire. Par ailleurs, il est vrai que les mineurs d'aujourd'hui n'ont pas la même personnalité, pas les mêmes comportements que ceux d'après guerre. Il faut donc adapter notre législation pénale afin de réhabiliter la valeur de la sanction qui, ne l'oublions pas, a un caractère éducatif important. C'est comme dans une famille avec des enfants : si vous avez un enfant qui commet une bêtise, vous le grondez ; s'il recommet une bêtise, la sanction sera un peu plus forte afin de lui faire comprendre, d'une part, que l'acte commis n'est pas bien, et que, d'autre part, il n'a pas intérêt à recommencer. Le même schéma doit s'appliquer en matière de délinquance des mineurs. batman : Que pensez-vous de la suppression par Nicolas Sarkozy de la police de proximité ? Christophe Soullez : Il faut savoir que la police de proximité est un concept qui date de 1995, lors du vote de la loi sur la sécurité dite "loi Pasqua". Nicolas Sarkozy n'a pas supprimé la police de proximité, elle était déjà morte avant son arrivée du fait d'une réforme qui a été généralisée de façon beaucoup trop rapide à l'ensemble des départements, et surtout du fait également qu'on avait prélevé des effectifs sur d'autres services de police (police judiciaire, services d'intervention, renseignements généraux), ce qui avait largement amoindri l'efficacité de la réponse policière. § Nicolas Sarkozy a annoncé, jeudi 8 mars, au côté de l'ancienne ministre UDF Simone Veil, que celle-ci "soutenait" sa candidature et "prendrait toute sa part" à sa campagne. Selon elle, M. Bayrou "ne représente que lui-même". § N icolas Sarkozy a annoncé officiellement, jeudi 8 mars, au côté de l'ancienne ministre UDF Simone Veil, que celle-ci "soutenait" sa candidature et "prendrait toute sa part" à sa campagne. Auparavant, le ministre de l'intérieur et Simone Veil ont déjeuné ensemble en tête-à-tête au QG du candidat. Le juge antiterroriste Bruguière soutient Nicolas Sarkozy Le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière annoncera son ralliement à Nicolas Sarkozy en fin de semaine prochaine, ainsi que sa candidature pour l'UMP aux élections législatives à Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne, a-t-on appris jeudi 8 mars dans son entourage. Lors de son annonce de ralliement à M. Sarkozy, il devrait préciser les conditions de son départ de la magistrature, conséquence logique de son engagement en politique. Le magistrat de 63 ans travaille au sein du groupe de juges antiterroristes de Paris depuis sa création en 1986, et le dirige depuis une douzaine d'années. A peine rangée derrière le candidat UMP, Simone Veil, qui vient de retrouver sa liberté de parole en quittant le Conseil constitutionnel, s'est livrée à une attaque en règle contre François Bayrou : "il ne représente pas du tout le centre, il ne représente que lui-même", a-t-elle estimé. A l'inverse, elle a évoqué l'"admiration" et "l'amitié" qu'elle éprouvait pour "Nicolas". "MANUVRE" Dans un premier temps, l'équipe de campagne de M. Sarkozy envisageait de nommer Simone Veil à la présidence de son comité de soutien. Mais le candidat UMP a écarté pour l'instant la création d'un tel comité : "ce que nous voulons, c'est parler au peuple français dans son ensemble, sans intermédiaire", a-t-il dit. Depuis Bruxelles, François Bayrou a qualifié ce ralliement de "manuvre". "Tout le monde sait depuis longtemps que ce groupe balladurien des années 1990 est en effet engagé dans cette campagne, il n'y a selon moi aucune surprise", a déclaré le candidat centriste à la presse, dopé par des sondages qui le placent désormais à plus de 20 % des intention de vote. "C'est un peu attristant étant donné la personnalité de Simone Veil", a-t-il ajouté. Le porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, s'est défendu de vouloir instrumentaliser Mme Veil. "On ne peut pas résumer Simone Veil, son action et ce qu'elle représente à cette idée de scud" anti-Bayrou, a-t-il assuré sur BFM. § François Bayrou a développé, jeudi 8 mars, en Belgique, ses propositions pour la relance de l'Union européenne. § P orté par des sondages qui le placent à plus de 20 % des intentions de vote, François Bayrou a développé, jeudi 8 mars, à Bruxelles, ses propositions pour la relance de l'Union européenne. Devant le cercle fédéraliste "les amis de l'Europe", le candidat centriste s'est présenté comme un européen convaincu. "Il est temps que nous passions de la génération des héritiers à la génération des fondateurs", a-t-il déclaré, affirmant n'avoir qu'"une seule photo" sur son bureau, celle de Robert Schuman. Selon lui, le "non" français, le 29 mai 2005, ne s'explique pas par des raisons de politique intérieure, mais bien par le texte de la Constitution "absolument illisible pour tout citoyen normalement constitué". Il propose donc un traité simplifié. Une proposition identique, sur le fond, à celle de Nicolas Sarkozy. Il s'agit de reprendre la partie institutionnelle de la Constitution, qui n'a pas fait débat en France et qui prévoit par exemple la généralisation du vote à la majorité qualifiée et la création d'un poste de président stable du Conseil européen. La partie sur les politiques européennes n'a "pas (sa) place" dans ce texte fondamental et doit rester là où elle se trouve actuellement, dans les traités, a-t-il ajouté. PAYS "PIONNIERS" Au contraire du président de l'UMP, François Bayrou est favorable à un référendum pour l'adoption de ce traité simplifié. "Le nouveau président de la République française ne pourra agir que par référendum", a-t-il souligné. "Seul le peuple peut refaire ce que le peuple a défait. Ce n'est pas une exigence juridique, c'est une exigence d'ordre politique et moral." Mais, pour le candidat de l'UDF, la sortie de la crise institutionnelle ne suffira pas à relancer l'UE. Il propose donc d'aller plus loin sur l'harmonisation des politiques économiques, y compris celle des politiques fiscales, ainsi qu'en matière d'environnement, énergie, recherche, aide aux pays du tiers monde et politique étrangère commune. Pour y parvenir, il défend l'idée d'un groupe de pays "pionniers". Ce groupe serait constitué autour des pays membres de l'euro mais serait ouvert "à tout le monde" sans qu'il s'agisse "d'une Europe à géométrie variable ni d'une Europe à la carte". Il s'est là aussi démarqué de Nicolas Sarkozy, en refusant l'idée d'une alliance des "grands" pays d'Europe. "Il n'y a pas de grands et de petits pays en Europe, j'ai toujours combattu l'idée qu'il fallait que les grands pays s'arrangent entre eux", a-t-il glissé à la presse, à l'issue de sa prestation. § Le parquet de Paris a ouvert, jeudi 8 mars, une information judiciaire visant Nicolas Miguet, président du Rassemblement des contribuables français et candidat à l'élection présidentielle, suspecté de détournement de parrainages. Il sera présenté à un juge d'instruction jeudi après-midi et devrait être mis en examen. § L e parquet de Paris a ouvert, jeudi 8 mars, une information judiciaire visant Nicolas Miguet, le président du Rassemblement des contribuables français (RCF) et candidat à l'élection présidentielle, pour suspicion de détournement de parrainages, a annoncé une source judiciaire. M. Miguet, qui était en garde à vue depuis mardi dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, a été transféré jeudi matin au palais de justice de Paris où il doit être présenté dans l'après-midi à un juge d'instruction. Selon les chefs de poursuite retenus par le parquet, il devrait être mis en examen pour "fabrication de document de nature à induire le public en erreur et tentative de détournement d'informations destinées à des autorités publiques". Ces faits sont passibles d'une peine de sept ans d'emprisonnement et de 100 000 euros d'amende. Le parquet a requis le placement du président du RCF sous contrôle judiciaire et le versement d'une caution, ce qui ne lui interdit pas de se présenter à l'élection présidentielle s'il obtient les 500 parrainages d'élus requis. Durant son transfert, M. Miguet a dénoncé par téléphone "une procédure contre un candidat qui dispose de preuves de corruption contre certains des 'grands' candidats". Il a également annoncé la tenue d'une manifestation de soutien samedi à 14 heures à Paris. "SUSPICION DE DÉTOURNEMENT DE PARRAINAGES" Ces infractions sont liées à une "suspicion de détournement de parrainages" dans le cadre de la campagne présidentielle. Le 24 février, le Conseil constitutionnel a mis en garde les élus contre une opération massive d'envoi de formulaires par Nicolas Miguet. Plusieurs élus ont reçu des documents se présentant comme des "guides officiels à destination des élus - Parrainages des candidats", les invitant notamment à renvoyer leurs parrainages à une adresse du 8e arrondissement de Paris, a précisé le secrétaire général du Conseil constitutionnel, Jean-Eric Schoettl. L'adresse indiquée portait la mention "RF République française - Opération parrainage, 63, rue de Courcelles 75008 Paris". § "D'abord, tu martèles que tu es là pour aider. Ensuite tu dis que tu ne partiras pas !" "Moi, j'ai été trois fois parachuté, alors...". A sa manière, Jean-François Copé rappelle les règles au novice Bruno Le Maire, 38 ans, le directeur du cabinet de Dominique de Villepin. § A vant le saut dans l'arène électorale, Jean-François Copé rappelle les règles au novice Bruno Le Maire, 38 ans, le directeur du cabinet de Dominique de Villepin : "D'abord, tu martèles que tu es là pour aider. Ensuite tu dis que tu ne partiras pas !" "Moi, j'ai été trois fois parachuté, alors...", glisse-t-il. Investi par la commission nationale de l'UMP, mardi 6 mars, Bruno Le Maire participe, dès le lendemain soir, en spectateur muet à son premier meeting dans sa future circonscription, la première de l'Eure, celle délaissée par Jean-Louis Debré, nommé président du Conseil constitutionnel. Devant 600 personnes, l'énarque normalien n'est pas encore très à l'aise sur les planches, ni devant les affiches "Sarkozy président". Mais, chiraco-villepiniste, il a appris à sourire et à serrer les mains. Le successeur de Jean-Louis Debré à la mairie d'Evreux, Jean-Pierre Nicolas, introduit le bleu : "J'ai oublié tout à l'heure de vous présenter Bruno Le Maire qui vient d'être investi par notre parti." Un "ouhhhh !", s'élève dans la salle. A la tribune, Louis Petiet, conseiller général et président de la section départementale de l'UMP, serre les dents : "Nous garderons jusqu'à la fin un certain nombre de choix possibles, notamment une alternative locale", glisse-t-il, en pensant à lui-même. M. Copé prend la parole : "Quand j'ai été investi à Meaux, il y a douze ans, ce n'est pas une personne qui avait sifflé, c'était toute la salle. Et c'est Jean-Louis Debré qui était venu me soutenir à mon premier meeting", explique-t-il. "T'es qui ?, m'a-t-on demandé. Je suis rien, je suis là pour vous aider. Alors aujourd'hui, quand il y a une nouvelle génération qui s'engage, il faut lui tendre la main." § Avec 455 parrainages engrangés, mercredi 7 mars, il s'avoue "franchement inquiet". Et les déclarations de Nicolas Sarkozy souhaitant qu'il puisse se présenter ne le rassurent pas. § O livier Besancenot a la "patate". Non pas au vu de la campagne qui s'annonce incertaine pour le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Avec 455 parrainages engrangés, mercredi 7 mars, il s'avoue "franchement inquiet". Et les déclarations de Nicolas Sarkozy souhaitant qu'il puisse se présenter ne le rassurent pas. "C'est juste une caution de gauche pour justifier de donner des signatures à Le Pen", assure-t-il. Mais il arrive de l'usine Citroën d'Aulnay (Seine-Saint-Denis) où il s'est rendu avec Arlette Laguiller (LO) pour soutenir les salariés en grève. "Ça m'a regonflé les pneus", dit-il. Et puis, même s'il baisse dans les derniers sondages (LH2 et TNS-Sofres) avec un score oscillant entre 1,5 % et 3 %, une autre étude le conforte dans son projet de porter, seul au nom de la LCR, le drapeau de la contestation : selon l'institut BVA pour L'Express du 8 mars, il est le "meilleur candidat de la gauche antilibérale" pour 23 % des personnes interrogées, contre 15 % pour Marie-George Buffet et 14 % pour Arlette Laguiller et José Bové. "J'espère que ça va crédibiliser l'idée de renouveau et d'indépendance que je porte", lâche le candidat, persuadé qu'il "parle" à une nouvelle génération politique : "Un nouveau salariat plus formé, plus féminisé, plus coloré et bourré d'envie de ne pas voir Sarkozy, mais pas la gauche plurielle non plus", affirme-t-il. Dans le cinéma de Brest où se pressent, mercredi soir, quelque 600 personnes, le public est jeune, entre 20 et 30 ans. "J'ai entendu Buffet hier, mais lui a plus de hargne", explique Gilles Gasnier, étudiant infirmier. "C'est celui qui est le plus en accord avec mes idées d'ouvrier", assure Christophe Cloarec, chauffagiste, 24 ans. M. Besancenot joue sur les sujets qui touchent son assistance, comme l'allocation d'autonomie de 700 euros "pour tous les jeunes" ou la "réquisition des logements vacants". Il fustige le candidat de l'UMP qui a "mis en place une politique de boucs émissaires où les responsables de tous les maux sont les jeunes des quartiers et les immigrés". Il moque le programme "a minima" de Mme Royal qui propose une augmentation du smic "inférieure à ce qu'a fait le gouvernement de droite depuis cinq ans". Au balcon, un groupe brandit une banderole : "A Carhaix, on travaille, on se lève tôt et on vote Besancenot." L'intéressé sourit : "Si j'arrive à être candidat..." § La défense, c'est un "sujet où l'essentiel est en jeu", a souligné Nicolas Sarkozy, mercredi 7 mars, lors de la journée que l'UMP a consacré à ce thème. § L a défense, c'est un "sujet où l'essentiel est en jeu", a souligné Nicolas Sarkozy, mercredi 7 mars, lors de la journée que l'UMP a consacré à ce thème. C'est aussi "un sujet passionnant qui doit faire débat", avait-il indiqué. Ces deux remarques ont été rapidement validées. Il y a eu en effet deux discours du candidat de l'UMP. Le premier, très critique pour les socialistes et Ségolène Royal, a été distribué à la presse et mis en ligne sur le site officiel de l'UMP. Ainsi placé dans le domaine public, il était à la disposition de la presse et des internautes (vers 22 heures, il a été remplacé par une vidéo). Le second a été prononcé à la tribune par M. Sarkozy, qui a nettement édulcoré ses propos par rapport au texte écrit. La question est de savoir pourquoi. L'"essentiel" auquel pense M. Sarkozy est l'élection présidentielle. Or la montée de François Bayrou dans les sondages inquiète l'UMP. L'hypothèse d'un duel Sarkozy-Bayrou au second tour est un scénario catastrophe pour son président, qui n'est alors pas du tout sûr de battre un candidat centriste bénéficiant d'une partie des voix de l'électorat socialiste. Il est donc très stratégique de ménager Mme Royal, afin qu'elle ne s'effondre pas dans les intentions de vote. A la tribune, M. Sarkozy a donc critiqué mezza voce l'opposition de la candidate socialiste à la construction d'un second porte-avions : "Il est quand même curieux de dire aux Français : choisissez soit l'éducation, soit la sécurité !" Dans la version écrite de son discours, le ton est plus cursif. M. Sarkozy dénonce "l'incurie des gouvernements socialistes" et qualifie d'"absurde" l'opposition entre défense et éducation. Il ajoute : "C'est faire preuve de beaucoup de naïveté, de cynisme et à coup sûr de légèreté que de reconnaître le besoin effectif d'un second porte-avions, et de répondre par une pirouette en invoquant l'Europe comme solution au problème. C'est abuser les Français à la fois sur leur sécurité et sur l'Europe." Ce n'est pas le seul sujet sur lequel M. Sarkozy a estimé prudent de tempérer ses propos : évoquant dans son texte la divergence entre le ministère de la défense et le ministère de l'intérieur sur le statut de la gendarmerie, il indique que celle-ci doit conserver son statut militaire, même si, ajoute-t-il, "je crois à la nécessité d'un rattachement encore plus direct et plus clair au ministre de l'intérieur". C'était là, en effet, prendre le risque de déclencher une belle polémique avec le ministère de la défense. A la tribune, le candidat UMP a souligné que, "dans une démocratie moderne, il ne saurait y avoir de domaines réservés, à plus forte raison quand les domaines réservés touchent à l'essentiel". Et son conseiller politique François Fillon d'ajouter : "La France est le seul pays démocratique où le chef de l'Etat décide seul des choix stratégiques et des opérations militaires..." § Le candidat de l'UMP n'a produit qu'une facture pour les travaux effectués à son ex-domicile de Neuilly. Pour l'heure, la justice et le PS sont restés muets. § L es nouvelles révélations du Canard enchaîné. Dans son édition du 7 mars, l'hebdomadaire publie de nouveaux documents sur la foi desquels le journal conclut, une nouvelle fois, que Nicolas Sarkozy a acquis son duplex sur l'île de la Jatte, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), en septembre 1997, à un tarif préférentiel, avec un rabais "d'au moins 750 000 francs", et a bénéficié de travaux gratuits. Leur montant s'est élevé à plus de 1,8 million de francs (274 500 euros environ), selon un document du 9 octobre 1997 récapitulant les ordres de service au nom de la SCI Victoria XXI. Selon Le Canard, M. Sarkozy n'aurait réglé que 400 000 francs sur cette somme, laissant le reste à la charge du promoteur, la société Lasserre, par ailleurs client régulier à l'époque de la ville. La réponse de M. Sarkozy. Depuis la première publication du Canard, le 28 janvier, sur son appartement, dont il avait été informé quelques jours plus tôt, le candidat n'a produit qu'une seule facture concernant les travaux réalisés après l'achat : celle d'un escalier, intégralement réglé selon le candidat, pour 72 360 francs. Mais sur cette somme, affirme le Canard, le promoteur lui a accordé "une remise d'environ 30 000 francs." Claude Guéant, directeur de campagne de M. Sarkozy, avait expliqué au Monde, dans son édition du 1er mars, qu'une partie des factures personnelles du couple se trouvait sans doute "au garde-meuble" où il a entreposé ses affaires, après la vente de l'appartement, le 6 novembre 2006, pour 1,94 million d'euros. Interrogé à nouveau à ce sujet, mercredi 7 mars, M. Guéant a précisé qu'il n'avait pas retrouvé d'autres factures. L'indifférence de la justice. Le parquet possède "l'opportunité des poursuites" et peut ouvrir une enquête préliminaire ou une information judiciaire. " Le Canard enchaîné écrit des choses extrêmement précises dont la lecture laisse supposer que des infractions ont été commises, cela mériterait au moins une enquête pour vérifier ces éléments", indique Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la magistrature (SM, gauche). La chancellerie se refuse à tout commentaire. Pour l'heure, le parquet de Nanterre, compétent, ne compte guère agir. Le contexte électoral et l'attente de la nomination d'un nouveau procureur dans cette juridiction ne s'y prêtent pas. En outre, traditionnellement, le parquet répugne à enclencher la machine judiciaire sur la base d'articles de presse. Ce fut pourtant le cas en 1995, quand Le Canard enchaîné révéla une affaire de caisse noire impliquant le CDS. Le garde des sceaux, Pierre Méhaignerie, responsable du CDS, ordonna au parquet de Paris l'ouverture d'une enquête préliminaire. Une enquête pourrait néanmoins être ouverte si une plainte avec constitution de partie civile était déposée par un individu ou un organisme s'estimant victime de l'éventuel traitement de faveur dont aurait bénéficié M. Sarkozy. Selon les magistrats et universitaires interrogés par Le Monde, plusieurs infractions pourraient être visées. Il pourrait être reproché à Denise Lasserre, si elle a consenti des avantages à M. Sarkozy, un "abus de bien social" dont son client serait le receleur. La remise évoquée par Le Canard dépasserait en effet les traditionnelles ristournes (10 %) tolérées. Une éventuelle décision municipale, prise sous la houlette du maire de Neuilly en faveur du promoteur (par exemple une dérogation au cahier des charges de la ZAC sur laquelle a été construit l'immeuble) pourrait par ailleurs recouvrer une "prise illégale d'intérêt". Un hypothétique avantage obtenu du promoteur lors de l'achat de l'appartement pourrait correspondre à une "corruption passive" ou à un "trafic d'influence". Toutefois, la qualification des faits s'avère difficile. Surtout, des problèmes sérieux de prescription se posent, le délai courant à partir du dernier acte du maire. Il faudrait établir qu'il y a eu dissimulation pour que le délai de trois ans ne débute pas au moment de la signature des contrats de vente et de travaux. Or de telles transactions sont publiques. Le silence de la gauche. L'opposition a fait preuve de retenue dans l'affaire. La publication dans Le Monde et Le Canard enchaîné d'articles mettant en cause la sous-évaluation des biens immobiliers par le couple Hollande-Royal pourrait expliquer la réserve de l'entourage de la candidate. En privé, certains soulignent pourtant la gravité inégale des deux affaires et souhaiteraient une attaque plus franche contre M. Sarkozy. § En signant un manifeste appelant à la dépénalisation "sous conditions" de l'euthanasie, des infirmières et des médecins tentent de porter ce débat dans la campagne § L a question de l'euthanasie s'invite peu à peu dans la campagne électorale. Alors que doit s'ouvrir, le 12 mars à Périgueux, le procès en assises d'une infirmière et d'une médecin, poursuivies pour avoir donné volontairement la mort à une patiente en phase terminale d'un cancer, 2 000 soignants signent un manifeste appelant à la dépénalisation "sous conditions" des pratiques d'euthanasie. "Parce que, de façon certaine, la maladie l'emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence", peut-on lire dans Le Nouvel observateur et Sud-Ouest, datés du 8 mars. Les signataires, pour la plupart médecins et infirmiers, estiment "insuffisantes" les dispositions de la loi du 22 avril 2005 sur la fin de vie, qui permet l'arrêt des traitements et le "laisser mourir" du patient tout en proscrivant tout geste actif dans l'aide à la mort. Estimant la législation "injuste car en décalage avec la réalité médicale", ils demandent "une révision de la loi" en s'inspirant de la Suisse, de la Belgique et des Pays-Bas, qui autorisent l'aide active à mourir. Sous l'impulsion d'une opinion de plus en plus sensibilisée à la fin de vie, du fait du vieillissement de la population, les candidats à l'élection présidentielle ont été appelés à avancer sur ces questions. A gauche, outre les Verts et la LCR, favorables à une dépénalisation de l'euthanasie, Ségolène Royal a affirmé, le 19 février sur TF1, qu'il fallait avoir "le courage" de "mettre en place une législation qui permette d'apaiser les souffrances les plus intolérables". Jusqu'ici favorable au maintien du statu quo, François Bayrou a déclaré, le 15 février sur France 2, qu'il était "pour que l'on ne laisse pas souffrir les gens et que l'on ne prolonge pas inutilement leur vie". Quelques jours auparavant, Nicolas Sarkozy avait créé la surprise, le 11 février à la Mutualité, en déclarant qu'"on ne peut pas rester les bras ballants devant la souffrance d'un de nos compatriotes qui appelle à ce que ça se termine, tout simplement parce qu'il n'en peut plus". Cette déclaration a semé le trouble dans sa famille politique : "Il est impératif que Nicolas Sarkozy clarifie sa position, a déclaré au Monde Christine Boutin. Mon soutien est loyal et total, mais une avancée sur l'euthanasie, je ne l'accepterai pas." Face aux réactions indignées de la partie la plus conservatrice de son électorat, l'entourage du candidat UMP s'emploie aujourd'hui à atténuer ses propos : "Nicolas Sarkozy a posé la question de la souffrance des patients et des familles, en aucun cas il n'a voulu faire une ouverture vers l'euthanasie et la possibilité de faire une injection létale", affirme Philippe Juvin, chargé des questions de santé dans l'équipe du candidat. "Une nouvelle législation n'est pas à exclure, il faut saisir l'opportunité offerte par le candidat", estime le député UMP, Jean Leonetti, auteur de la loi sur la fin de la vie. " La loi est aujourd'hui peu appliquée et beaucoup de nos concitoyens meurent dans de mauvaises conditions. Acceptons de regarder nos pratiques et tirons-en les conclusions, sans rien s'interdire." § Débat en direct avec Claudine Lassen, médecin anesthésiste, signataire du manifeste des 2000 soignants en faveur de l'euthanasie, et membre de l'ADMD, jeudi 15 mars 2007 à 15h00 § § En comparant les sondages Ipsos de janvier à mars 2002 et de janvier à mars 2007, le président du Front national est crédité de 2 à 3 points d'intentions de vote supplémentaires. § § Débat en direct avec Antoine Waechter, candidat du Mouvement écologiste indépendant à la présidentielle, mardi 13 mars 2007 à 11 h 30 § § Il reste une semaine aux candidats pour réunir les 500 signatures d'élus qui leur permettront de se présenter à l'élection présidentielle. § P lus qu'une semaine. Les candidats ont jusqu'au 16 mars pour réunir les cinq cents signatures d'élus qui leur permettront de se présenter à l'élection présidentielle. Pas de problème pour François Bayrou, Marie-George Buffet, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, qui disposent de larges réseaux d'élus. Pour les autres candidats, c'est une autre affaire. Parrainages : état des lieux Le candidat de la LCR, Olivier Besancenot, aurait recueilli 461 parrainnages. José Bové revendique 425 parrainages d'élus. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, a reçu 455 promesses de signature. Vendredi, il en avait reçu effectivement les deux tiers. Arlette Laguiller, la candidate de LO, a dépassé les 450 signatures fermes et reçu 512 promesses. Corinne Lepage, candidate de CAP21, aurait reçu 530 promesses (dont 200 seraient validées). Jeudi, il manquait à Jean-Marie Le Pen entre 63 et 77 signatures, selon les déclarations de Marine Le Pen et de l'un des responsables de la collecte des signatures. D'après ses déclarations, il manquerait à Frédéric Nihous, le candidat de CPNT, une soixantaine de signatures. Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des travailleurs est sur le point d'annoncer qu'il a obtenu ses 500 parrainages. Philippe de Villiers disposait jeudi de 453 formulaires définitifs de parrainages d'élus d'après le porte-parole de sa campagne, Guillaume Peltier. Dominique Voynet dispose de 424 formulaires validés de parrainages. La candidate des Verts a reçu au total 558 promesses. Et à l'approche de la date limite du dépôt des signatures, la course aux parrainages paraît s'emballer. Le Conseil constitutionnel a mis en garde les élus contre les tentatives de fraudes. Nicolas Miguet, candidat du Rassemblement des contribuables français, a été mis en examen pour avoir utilisé des prospectus aux allures de documents publics pour obtenir des signatures d'élus. Les Sages ont également rappelé qu'un parrainage ne pouvait pas s'acheter, alors qu'un maire avait annoncé qu'il offrirait le sien "au plus offrant". Enfin, Jean-Marie Le Pen, qui entretient à chaque élection le suspense sur le nombre de ses parrainages, a porté plainte pour piratage informatique de l'ordinateur contenant la liste des élus susceptibles de lui apporter son soutien. Face aux difficultés que rencontrent les uns et les autres, le système des parrainages est vivement critiqué. Accusé d'empêcher des candidats de se présenter indépendamment même de leurs scores aux précédentes élections, il priverait des millions d'électeurs de toute représentation. Dans cette perspective ou pour des "arrière-pensées" électoralistes, selon ses adversaires , Nicolas Sarkozy a déclaré, le 5 mars, qu'il se "battra" pour que les candidats des extrêmes aient leurs signatures. Et pour manifester son désaccord, Jean-Jacques Aillagon, a choisi de tirer au sort le candidat qu'il parrainera. L'heureux élu : Olivier Besancenot, le candidat de la LCR. "Je ne partage pas la vision qu'Olivier Besancenot a de la société. Mais j'assume ce choix. Il y a des hasards qui m'auraient moins plu que d'autres", a conclu l'ancien ministre de la culture. § Débat en direct avec Bruno Palier, chercheur du CNRS au Centre de Recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), et auteur de "La réforme des systèmes de santé", lundi 12 mars 2007 à 17h30. § § En comptant les intentions de vote pour l'élection présidentielle, les instituts de sondage commencent à évoquer le spectre de 1969, qui avait vu, cette année-là, deux candidats de droite s'opposer au second tour. § Q uel scénario pour la gauche ? En comptant et recomptant les intentions de vote pour l'élection présidentielle, les instituts de sondage commencent à évoquer le spectre de 1969, qui avait vu, cette année-là, deux candidats de droite s'opposer au second tour : Georges Pompidou contre le centriste Alain Poher. La gauche, divisée, avait été éliminée en ne dépassant pas 31 % des suffrages. Aujourd'hui, soulignent les sondeurs, la gauche oscille entre 32 % et 36 % des pronostics. Un plancher jamais atteint depuis 1969, justement. Mais la comparaison s'arrête là. En 1969, un an après le mouvement de mai 1968, le candidat de la SFIO, Gaston Defferre, avait péniblement atteint 5 % des suffrages, tandis que le PCF caracolait à 21,3 %. Une situation inédite et totalement distincte d'aujourd'hui. A gauche, la candidate socialiste, Ségolène Royal, domine largement ses concurrents communiste, écologiste ou d'extrême gauche. Mieux : avec 24 % à 27 % des intentions de vote, elle est à un niveau comparable à celui de François Mitterrand en 1981, qui vit la gauche accéder pour la première fois au pouvoir depuis 1958. D'où la complexité réelle à évaluer le rapport de forces électoral. Il y a encore six semaines de campagne, et un élément important d'incertitude pèse aujourd'hui sur toutes les études d'opinion : un Français sur deux avoue ne pas encore avoir fait son choix. De plus, sous la Ve République, la gauche a toujours été minoritaire au premier tour. Il reste que la progression étonnante de François Bayrou dans les sondages perturbe les états-majors et pose une question majeure au PS : comment rassembler la gauche, capter les voix attirées par le centre, et se constituer ainsi une réserve suffisante pour espérer pouvoir l'emporter au second tour ? Le PS a beau avoir éliminé le "danger" Chevènement et Taubira, écartant ainsi des candidatures concurrentes du MRC et du PRG, il est handicapé par le faible niveau des autres formations de gauche. Malgré la victoire du non au référendum sur la Constitution européenne, la gauche de la gauche n'a pas su transformer ce vote protestataire en adhésion pour elle-même. Marie-George Buffet (PCF) n'est pas créditée de plus de 3 % des voix quand ses prédécesseurs Georges Marchais, André Lajoinie ou même Robert Hue, avant 2002, dépassaient 7 %. Le fort déclin du PCF, qui passe du statut de deuxième force de la gauche à un rôle de partenaire marginalisé et concurrencé par l'extrême gauche, pèse sur l'ensemble de la gauche. Les écologistes qui avaient obtenu un score honorable de 5,2 % voici cinq ans, n'arrivent pas à dépasser les 2 %. Et l'extrême gauche qui avait atteint un record de 10,4 %, a retrouvé un niveau habituel de 4 % à 5 %. Cet ensemble de réserve de voix ne dépasse pas les 10 % pour les plus optimistes et ne permet pas à la gauche de l'emporter au deuxième tour. Avec l'échec de la candidature unique, la gauche antilibérale paye son émiettement. "José Bové, Olivier Besancenot, Marie-George Buffet et Arlette Laguiller sont tous sur le même segment électoral. Dans cette cacophonie, les électeurs ont du mal à distinguer les différences", constate Vincent Tiberj du Cevipof. Les Verts n'en finissent pas de payer leurs dissensions et l'absence de ligne politique claire. Dominique Voynet ne convainc pas. Ségolène Royal qui fait seule la course en tête éprouve elle-même des difficultés à créer une dynamique. " La situation de la gauche est la plus susceptible d'évoluer. Son extrême faiblesse ne correspond pas à grand-chose par rapport à ce qu'on mesure dans les projections sur les législatives", relativise Jérôme Sainte-Marie, de BVA. Un point de vue repris tant au PS que dans le reste de la gauche où l'on est persuadé que, l'échéance se rapprochant, le clivage gauche-droite reprendra ses droits et que le rejet de M. Sarkozy balaiera les hésitations. Les socialistes se félicitent que Mme Royal ait pris la main sur Airbus. "Quand elle bouge les lignes, eux (Sarkozy et Bayrou) bougent leurs positions", prétend François Rebsamen, son codirecteur de campagne. Mais le retour en force du centre avec François Bayrou perturbe le jeu du "vote utile" que voulait mettre en avant le PS. Selon des instituts de sondage, le candidat centriste prendrait autant de voix à gauche qu'à droite. "Les premiers éléments qui désertent à gauche sont les couches supérieures et intellos", constate M. Tiberj. Mme Royal sait qu'elle doit préciser son pacte présidentiel pour convaincre les hésitants. "Il faudrait que les sondeurs aient l'obligation de publier les chiffres des indécis, confiait-elle jeudi 8 mars, car refuser de donner son avis, c'est aussi donner une opinion politique". § Nouvelle loi d'orientation, augmentation de la prévention, dépôt de plaintes via Internet... zoom sur les propositions de certains candidats à l'élection présidentielle. § & nbsp;: Ce n'est guère une surprise, Nicolas Sarkozy veut poursuivre l'action entreprise au ministère de l'intérieur. Il souhaite l'adoption par le Parlement, dès 2007, d'une nouvelle loi d'orientation, après celle d'août 2002. L'un des objectifs serait de réaliser un nouvel effort pour l'équipement des policiers en sécurité publique. Le candidat de l'UMP veut encourager le développement des armes "à létalité réduite", comme le pistolet à impulsion électrique ou le flashball. Il souhaite que les patrouilles soient équipées, à bord des voitures, d'une caméra vidéo destinée à filmer leurs interventions, afin de prévenir toute polémique sur ces dernières. Les 16-18 ans jugés comme des majeurs. Pour les multirécidivistes, M. Sarkozy réclame des peines plancher ; pour les mineurs récidivistes, une révision de l'ordonnance de 1945 qui permettrait de juger les 16-18 ans comme des majeurs. Des jurys populaires seraient mis en place dans les tribunaux correctionnels. La vraie nouveauté pourrait venir de l'organisation de la sécurité. M. Sarkozy veut réaliser deux projets qu'il envisage depuis plusieurs années : un rapprochement plus étroit entre la police et la gendarmerie, cette dernière conservant le statut militaire, et la fusion entre les Renseignements généraux (RG) et la Direction de la surveillance du territoire (DST) au sein d'une grande direction antiterroriste. Piotr Smolar (fl-rg.gif) suivant : Ségolène Royal : dépôt de plaintes via Internet Débattre Christophe Soullez, chef du département de l'Observatoire national de la délinquance à l'Institut national des hautes études de sécurité (INHES). | Chat Christophe Soullez : "Il faut réhabiliter la valeur de la sanction" Débat en direct avec Christophe Soullez, chef du département de l'Observatoire national de la délinquance à l'INHES, et co-auteur du livre "Les stratégies de la sécurité", jeudi 8 mars 2007 à 15 heures En 2002, la campagne pour l'élection présidentielle s'était essentiellement résumée au thème de la sécurité. | GAMMA/ÉTIENNE DE MALGLAIVE Enquête Sécurité et délinquance : les leçons de 2002 Parmi les articles précédents Les faits Un policier condamné pour violences et injures racistes 08.03.07 Les faits La Commission de déontologie de la sécurité voit son travail menacé 08.03.07 Zoom La sécurité s'invite dans la campagne électorale allemande 10.08.05 EUR Les faits Sécurité : la France atténue son projet de "Label bleu" 17.08.05 EUR Entretien Christian Schmidt : "Désormais, la sécurité se gère au niveau mondial" 05.05.06 Compte rendu Sécurité : la colère du préfet de Seine-Saint-Denis 19.09.06 EUR EN UNE EN CE MOMENT L'Europe se fixe comme objectif 20 % d'énergies renouvelables en 2020 Inquiétude au PS sur les réserves de voix à gauche au second tour Trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de deux inspecteurs du travail Jacques Chirac "désolé" de ne pas avoir pu éviter le non au référendum ET AUSSI | France 2 Télézapping Vacheries de campagne Oussama Ben Laden, le 8 novembre 2001 | AFP Repère Le réseau Al-Qaida L'architecte américain Frank Gehry lors d'une conférence de presse à Jérusalem, le 2 mai 2004. | GAMMA/UPI/DEBBIE HILL Critique Exposition : les maquettes de Frank Gehry pour la Fondation Louis-Vuitton PRÉSIDENTIELLE 2007 Le prochain président de la République légalisera-t-il l'euthanasie ? Les intentions de vote pour Jean-Marie Le Pen en 2007 sont plus élevées qu'en 2002 Tous les candidats à la présidentielle sont-ils écologistes ? A une semaine de la date limite, la course aux parrainages s'emballe LES DÉPÊCHES L'accord de l'UE sur le climat pourrait enclencher une dynamique Reuters 18h27 Le PS veut voir Borloo et le directeur de l'Insee sur le chômage Reuters 18h24 Le Medef juge démagogiques les attaques contre l'euro et la BCE Reuters 18h16 Six Nations: Laporte prêt à faire ses adieux à Twickenham Reuters 18h07 (presidentielle2007_index_articles_interactifs&) § La campagne de 2007 n'est pas, comme la précédente, centrée sur l'insécurité. Mais les candidats ne négligent pas le sujet. Mme Royal relance l'idée de la police de proximité et promet de la "fermeté", M. Sarkozy entend poursuivre son action. § I l y a cinq ans, la campagne pour l'élection présidentielle s'était essentiellement résumée au thème de la sécurité. Le 3 mars 2002 sur TF1, Lionel Jospin avait fait aveu de "naïveté" dans son traitement de la criminalité. Le 21 avril, il ne s'était pas qualifié pour le second tour. Le 8 mai, Nicolas Sarkozy était nommé ministre de l'intérieur. Son objectif : mobiliser policiers et gendarmes pour obtenir un renversement de la courbe statistique de la criminalité, grâce à une réorientation plus répressive de leur action. La police de proximité, symbole, pour M. Sarkozy, de "l'angélisme" des socialistes, était aussi abandonnée. Sonnée par sa défaite, incapable de trouver un angle d'attaque efficace contre le ministre de l'intérieur, la gauche a longtemps été inaudible sur les questions de sécurité et de délinquance. Pendant ce temps, de nouvelles incriminations étaient votées par le Parlement au gré de plusieurs projets de loi et les pouvoirs policiers étaient étendus. La gauche, pour sa part, payait le prix d'une mise en place trop abrupte et bureaucratique de la police de proximité entre 1997 et 2002. "Le manque de conviction dans les dispositifs mis en oeuvre, la méconnaissance des attentes des professionnels et le dogmatisme antisécuritaire avaient trop souvent conduit à une politique erratique et sans ambition qui fut, logiquement, sanctionnée par la population", expliquent Christophe Soullez, de l'Observatoire national de la délinquance, et Luc Rudolph, ancien conseiller de M. Sarkozy, dans un ouvrage pro domo paru récemment... et préfacé par le ministre de l'intérieur (Les Stratégies de la sécurité, PUF, 22 euros, février 2007). Le vent a commencé à tourner au moment du cycle de violences urbaines de novembre 2005. Même si, dans les sondages, la crédibilité du ministre de l'intérieur sur la sécurité est restée intacte après cette épreuve gérée sans dérapage majeur, les images des voitures brûlées par centaines et celles des forces de l'ordre défiées par les jeunes dans les banlieues urbaines ont marqué les esprits. Face à l'ampleur des problèmes, la politique volontariste de M. Sarkozy et ses discours offensifs semblaient avoir atteint leurs limites. En septembre 2006, la publication par Le Monde d'un courrier alarmant du préfet de Seine-Saint-Denis sur la montée des violences, adressé à la direction générale de la police nationale, avait rencontré un fort écho. M. Sarkozy avait alors choisi de centrer le débat sur le laxisme supposé des magistrats du tribunal pour enfants de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Police contre justice : un affrontement vieux comme la politique. En 2007, la campagne pour l'élection présidentielle n'est pas, comme en 2002, centrée sur le thème de l'insécurité. Aucun candidat n'a, toutefois, négligé ce thème, toujours présent parmi les préoccupations des Français, même si le chômage et le pouvoir d'achat figurent aux premiers rangs. Le bilan contrasté de M. Sarkozy au ministère de l'intérieur - dont le point noir reste la montée permanente des violences contre les personnes (+13,9 % depuis 2002) - pousse, à présent, la gauche à relancer l'idée de la police de proximité. Mais elle accorde, cette fois, une attention particulière au choix des mots. Pour éviter d'être soupçonné de laxisme ou de "naïveté", le PS parle dorénavant de "police de quartier". Les socialistes assurent qu'ils ont tiré les leçons de la rigidité excessive qui avait compromis la mise en place de la police de proximité. Cette fois, ils promettent de répartir les effectifs en fonction des besoins, en les concentrant sur les zones urbaines sensibles mais avec souplesse et pragmatisme. Nicolas Sarkozy, de son côté, défend son bilan et promet une poursuite de son action, en mettant davantage l'accent sur le "qualitatif", plutôt que le "quantitatif". "La meilleure prévention, c'est la certitude de la sanction", a-t-il répété le 11 janvier, à l'occasion de la présentation des statistiques pour l'année précédente. Le ministre de l'intérieur met en avant la baisse générale des crimes et délits constatée par la police et la gendarmerie (- 9,4 % depuis 2002) et il souligne l'amélioration constante du taux d'élucidation des affaires (de 26,3 % en 2002 à 34,3 % en 2006). Autre indice de l'activité soutenue des services : le nombre de personnes mises en cause dans les affaires a augmenté de 21,3 % en cinq ans, celui des gardés à vue, de près de 40 %. Mais le prix de ces résultats a été une pression hiérarchique puissante sur les fonctionnaires, parfois amenés à faire vite plutôt que mieux ; un phénomène dénoncé, sur le tard, par certaines organisations syndicales. Lorsqu'il est questionné sur la montée des violences aux personnes, en revanche, M. Sarkozy souligne que la police ne peut pas tout et pointe les carences de la chaîne pénale. "Si l'on excuse la violence, il faut, hélas, s'attendre à la barbarie", a-t-il lancé, le 11 janvier. Aujourd'hui, plus personne ne doute de l'importance de la sécurité ; le débat porte sur l'organisation optimale des forces de l'ordre et l'amélioration de leurs relations avec les citoyens. § Sept militants du Collectif des déboulonneurs, poursuivis devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir "barbouillé" des panneaux publicitaires devant la gare d'Austerlitz, à Paris, ont été condamnés à un euro d'amende. § L e verdict est tombé vendredi 9 mars. Les sept militants du Collectif des déboulonneurs, poursuivis devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir "barbouillé" des panneaux publicitaires devant la gare d'Austerlitz, à Paris, ont été condamnés à un euro d'amende. Les faits ont été requalifiés en dégradation légère. Le procureur avait requis 500 euros d'amende avec sursis. Un verdict tombe et un autre procès s'ouvre. Vendredi, deux militants vont comparaître devant la justice pour des faits similaires, à Alès cette fois. Ces barbouillages d'affiches, à coup de slogans antipublicitaires, réalisés au grand jour, et les procédures judiciaires qui en découlent, sont un mode d'action revendiqué par ce collectif, créé en 2005. L'objectif : s'expliquer devant la justice pour se faire entendre du public et des médias. Dans le même esprit, ce collectif a décidé de publier en février une lettre ouverte envoyée aux principaux candidats à la présidentielle. Ce document demande aux politiques de prendre position sur la situation actuelle de l'affichage en France, sur la loi de 1979 et son application et sur la revendication phare des "antipub" : la réduction des formats d'affichage avec une taille de 50 × 70 cm. La plupart des candidats ont répondu, à l'exception de l'UDF qui, pour l'instant, n'a pas pris position. Les secrétaires nationaux de l'environnement du PS et de l'UMP ont reçu des représentants de ce groupe militant. " La députée de l'UMP a reconnu que ce sujet n'avait pas fait l'objet de discussions au sein du parti. Elle a jugé que la loi en vigueur était trop complexe et inadaptée, ce qui expliquerait qu'elle ne soit pas appliquée. Elle préconise une refonte des lois sur le paysage. Enfin, elle s'est déclarée favorable à un débat national sur la place de la publicité", raconte Alexandre Hervé. Du côté du PS, le principe du débat est également retenu. Dans un courrier, Bruno Rebelle, conseiller de Ségolène Royal, suggère selon le Collectif "d'en confier l'organisation à la commission nationale du débat public". Il met en avant quelques propositions, telle la limitation par la loi de la surface publicitaire en fonction du nombre d'habitants et la réduction des dispositifs consommateurs d'énergie. Le collectif, qui a le soutien des Verts et de la LCR, a aussi reçu un courrier de Corinne Lepage. Si elle ne cautionne pas les barbouillages, elle souligne que " la non-application du droit en ce domaine est liée notamment aux liens étroits entre afficheurs, publicitaires et politiques". § Entre la "rupture" et le soutien de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a choisi : il prend le second. Jeudi, lors de l'émission "A vous de juger", le candidat de l'UMP n'a pas caché qu'il avait besoin de l'adoubement du chef de l'Etat. § E ntre la "rupture" et le soutien de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a choisi : il prend le second. Jeudi 8 mars, lors de l'émission "A vous de juger" sur France 2, le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle n'a pas caché qu'il avait besoin de l'adoubement du chef de l'Etat contre lequel il a bâti une partie de sa stratégie et de son identité politique. Libéral mais favorable à une politique industrielle "Moi je crois à une politique industrielle", a affirmé Nicolas Sarkozy sur France 2. "Moi je suis libéral mais ça ne veut pas dire pour autant que l'Etat doit regarder passer les trains", a-t-il poursuivi. Le candidat UMP a ainsi estimé que "dans un certain nombre de secteurs économiques, le marché ne dit pas tout. Le marché voit à court terme (...)". Il a plaidé pour que l'Etat puisse jouer un rôle d'accompagnement dans des industries stratégiques comme l'industrie pharmaceutique, le groupe Areva (nucléaire civil), EDF ou GDF. "Garder une industrie pharmaceutique, c'est nécessaire (...)", a affirmé le candidat. Il a envisagé une alliance de GDF, en cours de fusion avec Suez, avec un producteur de gaz, sans préciser ses intentions. M. Sarkozy a expliqué que l'Etat devait agir en tant qu'actionnaire et s'est montré soucieux de défendre l'emploi en France. "Je crois à l'axe franco-allemand mais je ne suis pas décidé, sous prétexte de froisser les Allemands, à mettre par terre une entreprise comme Alstom ou demain une entreprise comme Airbus." Assurant "savoir ce que le chef de l'Etat va dire", dimanche 11 mars, mais sans vouloir le révéler, M. Sarkozy a laissé entrevoir le plaisir qu'il prenait déjà à cette perspective : "Quelqu'un qui aura été douze ans président de la République, deux fois premier ministre... Si jamais, par extraordinaire, il disait que, sur l'ensemble des candidats à cette élection, il lui semblait que je serais capable d'assumer cette fonction, ça (aurait) un certain poids pour les Français qui s'interrogent, a-t-il estimé. Nous avons eu des désaccords, je ne les ai jamais masqués ni cachés. Nous avons eu des affrontements, mais au fond, quand je regarde toute cette vie, peut-être qu'il y a des points communs." A l'heure où les intentions de vote pour le candidat de l'UMP s'effritent dans les sondages, tout soutien est bon à prendre pour contrer la montée en puissance de François Bayrou. Ayant reçu, dans la matinée, le renfort de Simone Veil, M. Sarkozy n'a pas laissé passer l'occasion d'égratigner son rival de l'UDF. BAYROU, "MON AMI" En l'appelant "mon ami", pour rappeler aux oublieux qu'ils ont travaillé ensemble dans le gouvernement Balladur entre 1993 et 1995. En raillant sa stratégie consistant "à mettre tous le monde dans le même sac". "C'est la stratégie de l'immobilisme", a-t-il lancé parce que "celui qui dit non est toujours plus fort que celui qui dit oui". "Si ce gouvernement (...) rate, que reste-t-il comme solution pour les Français ? Jean-Marie Le Pen ou Arlette Laguiller ?", s'est-il interrogé, estimant que, "dans une démocratie, il faut une majorité et une opposition. A l'arrivée, les Français veulent de la clarté, un choix." Au passage, il décoche cette flèche : "Quand il était ministre de l'éducation nationale, il m'expliquait qu'il cogérait avec les syndicats. C'est pourquoi il n'a fait aucune réforme." Il restait au candidat de l'UMP à passer aux propositions. A la recherche depuis plusieurs jours de l'occasion de démontrer la cohérence de son projet, il a trouvé avec l'émission de France 2 un partenaire idéal. Au point qu'on aurait pu la croire faite sur mesure : n'ayant dû affronter aucune question sur les conditions d'achat et d'aménagement de son ancien appartement de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), il a pu, sans être dérangé, dérouler son programme et le calendrier de ses réformes : gouvernement resserré, présidence efficace et active ("sur le compassionnel, je peux être battu", a-t-il glissé dans une allusion à Ségolène Royal), hausse du pouvoir d'achat par la détaxation et la défiscalisation des heures supplémentaires, autorité avec les délinquants multirécidivistes, contrôle de l'immigration par un renforcement des obstacles au regroupement familial, etc. Il a également proposé la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Autre promesse neuve : l'augmentation des pensions de réversion qui passeraient de 54 % à 60 % de la retraite du conjoint mort. M. Sarkozy a essayé de restaurer sa propre cohérence, mise à mal par ses déclarations contradictoires à propos d'EADS. Reconnaissant que la recapitalisation de l'avionneur n'empêchera pas les licenciements, il a plaidé pour l'entrée de nouveaux actionnaires. Son nouveau credo : "L'Etat doit constituer un nouvel actionnariat, pour ne plus avoir à s'en occuper ensuite." Une manière de résoudre sa contradiction entre son profil libéral et une pratique volontariste en politique industrielle. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Témoignages d'électeurs de Jean-Marie Le Pen, le 1er mai, à Paris. § § Marie-Estelle Préjean, conseillère régionale d'Ile-de-France, élue de Seine-Saint Denis, à Bondy. § § Nabil Wakim, journaliste au Monde.fr, a suivi le cortège parisien du 1er Mai entre la place de la République et la place de la Nation. § § Plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les principales villes de province, mardi. Aucun cortège n'a réuni l'ensemble des syndicats. Les slogans syndicaux traditionnels – salaires, emploi et retraites – ont été préférés sur les banderoles aux allusions au second tour de l'élection présidentielle. § P lusieurs milliers de manifestants ont défilé dans les principales villes de province, mardi matin 1er mai. Aucun cortège n'a réuni l'ensemble des syndicats. Les slogans syndicaux traditionnels salaires, emploi et retraites ont été préférés sur les banderoles aux allusions au second tour de l'élection présidentielle. A Toulouse, quelque 5 000 personnes selon les organisateurs, 3 500 selon la police, ont défilé sous la pluie, à l'appel des syndicats CGT, UNSA, FSU, CFDT, Solidaires et de la LCR. La CGT était largement représentée, notamment par des salariés d'Airbus touchés par le plan de restructuration Power8 qui prévoit 2 300 suppressions d'emplois sur les sites toulousains de l'avionneur. Les traditionnels défilés du 1er mai ont réuni 3 100 personnes à Lyon et 3 000 à Grenoble, selon des estimations policières, dans des cortèges où les revendications sociales l'ont emporté sur les slogans politiques. A Lyon, 3 100 personnes sont parties de la Place Bellecour jusqu'à la Bourse du travail, soit un chiffre sensiblement comparable à celui de l'année précédente. FO et la CNT ont fait cortège à part, réunissant quelques dizaines de personnes. Des milliers de personnes, 2 000 selon la police 5 000 selon les syndicats, ont participé à Rennes à une manifestation unitaire à l'appel des syndicats CGT, CFDT, CFTC, FSU, UNSA et UNEF. Des salariés d'Alcatel chantaient "Mon emploi est parti en Chine, ça me déprime, j'ai perdu mon emploi, c'est la faute à Russo (la directrice générale d'Alcatel Patricia Russo)". Une importante délégation de salariés et de sympathisants de salariés maliens sans papiers, qui travaillaient pour un abattoir de la région et sont aujourd'hui menacés d'expulsion, ont également participé au défilé. Une manifestation à l'appel de tous les syndicats sauf FO qui tenait un meeting au même moment a rassemblé à Caen entre 2 000 personnes, selon la police, et 2 500 personnes selon les syndicats. Au milieu du cortège, le Comité anti-Sarkozy portait en silence une banderole proclamant : "Stop Sarko, les jeunes contre Sarkozy". Plusieurs milliers de personnes ont défilé à Marseille pour la "liberté, l'égalité, la fraternité, la paix et la justice sociale". Les manifestants, rassemblés à l'appel de la CGT, la CFDT, la FSU, l'UNSA, Solidaires, l'UNEF et l'UNL, étaient au nombre de 20 000 selon les organisateurs et de 3 300, selon la police. La FSU a plus clairement fait appel à faire barrage le 6 mai "au candidat de la régression sociale" tandis que le cri "Sarkozy on n'en veut pas" a brièvement fusé d'un groupe de jeunes gens en fin de manifestation. A Lille, environ 1 400 personnes selon les organisateurs, 1 000 selon la police, ont défilé à l'appel de la CGT, de la CFDT, de la FSU, d'UNSA et de Solidaires. Les manifestants ont défilé derrière une banderole proclamant "Ensemble le 1er mai : Agir, lutter, revendiquer". Des militants du PCF, de la LCR, de Lutte ouvrière, des Verts ou encore des MJS ont également défilé en queue de cortège. "Au-delà des menaces qui peuvent peser sur le droit de grève et les services publics, le message est qu'il faudra toujours compter sur les syndicats" après la présidentielle, a déclaré le secrétaire général de la CGT-Nord Philippe Détrez. § Les syndicats ont battu le pavé en ordre dispersé mais avec la volonté commune d'inscrire le social au cœur du second tour de la présidentielle et de prendre date pour l'après-élection. § L es syndicats ont battu le pavé, mardi 1er mai, jour de la fête du travail, en ordre dispersé mais avec la volonté commune d'inscrire le social au cur du second tour de la présidentielle et de prendre date pour l'après-élection. Plusieurs milliers de personnes ont défilé à Paris, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Lyon et Grenoble, plus d'un millier à Tours, Clermont-Ferrand, Dijon, Strasbourg, Mulhouse, Nancy, Lille, Rouen, Le Havre, Montpellier, Nice et Pau. Selon la CGT, les 250 manifestations organisées dans toute la France ont rassemblé plus de 200 000 personnes, dont 60 000 à Paris, soit près du double des cortèges de 2005 et 2006. Selon la préfecture de police, la manifestation parisienne a réuni quelque 25 000 personnes (contre 15 000 en 2005). Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a espéré que ces manifestations donneraient "davantage de poids" aux syndicats avant "les premières rencontres avec les nouvelles équipes gouvernementales" sorties des urnes. Les rendez-vous sociaux seront nombreux dès juin : augmentation du smic, sommets gouvernement-partenaires sociaux, discussions sur les "emplois-tremplins" pour les jeunes en cas de victoire de Ségolène Royal, instauration d'un service minimum dans les transports si Nicolas Sarkozy l'emporte. Les manifestants s'en sont le plus souvent tenus à des slogans syndicaux salaires, emploi et retraites sans se prononcer directement sur l'affrontement Sarkozy-Royal. Toutefois, à Paris, des mouvements de gauche et d'extrême gauche, arborant banderoles ou auto-collants "Stop Sarko" ont participé à la principale manifestation, de République à Nation, organisée par cinq organisations : CGT, FSU (enseignants), Unsa (autonomes), Solidaires (syndicats Sud) et Unef (étudiants). PAS DE RASSEMBLEMENTS UNITAIRES Comme les années passées, les leaders syndicaux n'ont pas défilé côte à côte : M. Thibault a manifesté à Paris, François Chérèque (CFDT) à Metz dans une manifestation CDFT-CGT-FSU-Sud et Jean-Claude Mailly (FO) à Lille. FO avait organisé une manifestation séparée à Paris qui a réuni un millier de militants. Les confédérations divergent sur l'attitude à adopter avant l'élection, la CGT alertant contre le programme "ultra-libéral" d'un candidat Nicolas Sarkozy , alors que la CFDT, comme FO, écartait "toute démarche partisane". Ce qui n'a pas empêché leurs dirigeants d'avertir M. Sarkozy, au cas où il serait élu : M. Chérèque a affirmé que la CFDT défendrait "bec et ongles" la reconnaissance des syndicats dans les entreprises un acquis de Mai 68 et M. Mailly prévenu d'un "effet boomerang" en cas de réformes sociales prises "à l'arraché" par le nouveau pouvoir dès juillet. § Le président du Front national a appelé mardi ses électeurs à "s'abstenir massivement" au second tour de la présidentielle. § § Alexandre Piquard, journaliste au Monde.fr, assistait au traditionnel rassemblement du 1er Mai du Front National, auquel ont participé quelques milliers de personnes. § § En 2002, les Français avaient été privés du traditionnel débat télévisé d'entre-deux tours, Jacques Chirac ayant alors refusé un débat avec le candidat d'extrême-droite, Jean-Marie Le Pen. C'est donc pour la première fois depuis douze ans, que, mercredi 2 mai, les téléspecteurs pourront assister à la confrontation entre les deux finalistes de la présidentielle. § § Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont demandé le remboursement de la prime de départ de 8,5 millions d'euros touchée par Noël Forgeard, ex-PDG d'EADS. Le dossier est symbolique pour les deux finalistes à la présidentielle, qui disent vouloir interdire les parachutes dorés. § A Toulouse et Saint-Nazaire, des salariés d'Airbus ont débrayé la semaine dernière pour protester contre la réduction de leurs primes de participation à un montant compris entre 2 et 10 euros, alors que l'ancien coprésident d'EADS, Noël Forgeard, a touché 8,5 millions d'euros lors de son départ de la maison mère. Airbus prévoyant, de plus, 10 000 suppressions d'emplois - dont 4 300 en France -, les golden parachutes des grands patrons ont atterri dans la campagne présidentielle. Les deux finalistes ont appelé M. Forgeard à rembourser. Ségolène Royal veut "encadrer par la loi le montant et les conditions de versement des rémunérations des dirigeants" et Nicolas Sarkozy faire voter "dès l'été 2007 une loi qui interdira la pratique détestable des golden parachutes". Le conflit Airbus rappelle la grève chez Peugeot en 1989, quand Le Canard enchaîné avait révélé la rémunération du PDG, Jacques Calvet : 2,2 millions de francs. En 2006, le salaire moyen - bonus et avantages en nature inclus - des dirigeants du CAC 40 était de 2,2 millions d'euros selon un classement du quotidien Les Echos (mardi 24 avril). De plus, les stock-options, les actions gratuites et les parachutes dorés se sont développés de façon exponentielle. 240 FOIS LE SMIC Pour justifier cette envolée, les dirigeants invoquent les prix du marché. "Le marché des hauts dirigeants serait-il si étroit ? Oui, si on le définit exclusivement par les rémunérations, ce qui est aberrant : il y a effectivement peu de gens déjà payés 3 millions d'euros et qu'on peut débaucher en leur proposant au moins 5 millions. Mais faut-il se limiter à ces personnes ?...", interroge Pierre-Henri Leroy, président du cabinet de conseil Proxinvest, qui suggère de réhabiliter la promotion interne. "Aucun dirigeant ayant quitté ses fonctions en bénéficiant d'un parachute doré, ces dernières années, n'a retrouvé des responsabilités comparables ailleurs. C'est bien la preuve que ce marché des dirigeants n'existe pas", ajoute M. Leroy. Il recommande que la rémunération totale d'un patron du CAC 40 "ne puisse pas être supérieure à 240 fois le smic, soit 100 fois la rémunération moyenne dans les entreprises du CAC 40, ce qui semble déjà énorme. Mais actuellement, trois patrons concernés sur quatre sont au-dessus. La question a pourtant une valeur sociale et d'exemplarité". Différentes lois, depuis celle sur les "nouvelles régulations économiques" (NRE) de 2001 jusqu'à la loi "pour la confiance et la modernisation de l'économie" de 2005, ont obligé les sociétés à détailler les rémunérations des dirigeants : "Tout ou presque est connu, et la transparence est réalisée à 99 %", constate Gérard Rameix, secrétaire général de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Cependant, poursuit-il, "un autre sujet est la justification des montants, qui semblent avoir atteint un sommet. Le présupposé est que le jeu des organes sociaux, la pression des actionnaires, celle de l'opinion publique, doivent conduire à une politique rationnelle de rémunération des dirigeants. C'est loin d'être acquis, pourtant, je crois beaucoup à l'obligation pour les sociétés de gestion de voter en assemblée générale pour présenter des motions, refuser des systèmes de stock-options trop généreux...". Pourrait-on imposer par la loi une norme de rémunération ? Pour M. Rameix, celle-ci "ne pourrait venir que du marché et du marché mondial, sous forme d'un meilleur comportement du gouvernement d'entreprise international. Toute autre solution aboutirait à se tirer une balle dans le pied car il est tellement facile pour les multinationales de délocaliser qu'aucune législation dans ce domaine ne peut être efficace au niveau national". Aucun pays n'a pris, ainsi, de mesure spécifique interdisant ou limitant les parachutes dorés. "Une loi sur les parachutes dorés serait possible mais poserait un certain nombre de problèmes, outre le risque de contournement", prévient Annie Médina, avocate au barreau de Paris. "Les interdire purement et simplement pourrait s'avérer injuste : si un dirigeant prend une décision qu'il estime dans l'intérêt de l'entreprise mais qui n'est pas dans celui de l'actionnaire majoritaire, il court le risque d'être révoqué sans indemnités. Réserver ces parachutes aux dirigeants révoqués sans motif entraînerait la multiplication des contentieux. Enfin, plafonner leur montant risquerait de transformer ce maximum en norme..." Favoriser la nomination d'administrateurs indépendants ou permettre plus facilement d'engager leur responsabilité semble plus à même de limiter les abus. "Aujourd'hui, certains membres de comités de rémunération sont nommés par le PDG, et ne peuvent donc débattre librement ou indépendamment de sa rémunération", constate Marc Lamy, PDG du cabinet de recrutement Boyden. En Grande-Bretagne, parmi d'autres pays, l'Assemblée générale des actionnaires est consultée sur la totalité de la rémunération des dirigeants. Ce vote, bien que non contraignant, fragilise souvent les PDG riches mais peu performants. § Pour la première fois depuis l'élection présidentielle, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sont apparus ensemble en public. § § Débat en direct avec Yves Jégo, député de Seine-et-Marne et secrétaire national de l'UMP, lundi 14 mai 2007 à 11 heures § § La comparaison du vote dans les 577 circonscriptions françaises entre les dernières législatives et le second tour de l'élection présidentielle montre des évolutions dans près d'un cas sur cinq. § § Proche de Laurent Fabius, Henri Weber, député européen socialiste, explique que si le PS doit "tendre la main aux électeurs chrétiens-démocrates, ou modérés", il n'est pas question d'opérer "un renversement d'alliance". Il plaide pour "un grand parti réformiste" rassemblant "toute la gauche". § X avier : Pensez-vous que l'échec à la présidentielle soit dû à Mme Royal elle-même, au mauvais positionnement du PS par rapport à l'électorat français ou à l'absence d'un programme suffisamment précis et détaillé ? Personnellement, j'opte pour la troisième solution. J'ai trouvé que Mme Royal aurait pu faire une superbe présidente mais, contrairement à M. Sarkozy ou M. Bayrou, j'ai trouvé que son programme n'était pas assez travaillé. Henri Weber : Nous examinerons en profondeur les raisons de cette défaite qui sont évidemment multiples. Nous le ferons après les législatives. Ce qui ressort des enquêtes d'opinion, fournies par tous les instituts de sondage, c'est que, dans les dernières semaines, Mme Royal était moins convaincante que son adversaire sur les questions essentielles qui préoccupent les Français : le pouvoir d'achat, les retraites, le chômage, la lutte contre l'insécurité, la dette publique, l'immigration... Elle n'était jugée plus convaincante que lui que sur les questions de l'environnement, de l'école et de l'éducation, et de la santé/sécurité sociale. Quant au positionnement du PS, il lui a permis de gagner haut la main les élections régionales en 2004, les cantonales, les européennes, de bénéficier d'une bonne image positive dans l'opinion publique et de scores pour sa candidate, quand elle a été désignée, de 32 % au premier tour et de 52 % au second. Sur le troisième point, je ne pense pas que le programme du PS était moins cohérent que celui de l'UMP. Et surtout que celui de son candidat qui proposait tout à la fois de baisser les prélèvements obligatoires de 4 points, d'augmenter le pouvoir d'achat, et toutes sortes de dépenses publiques, tout en réduisant dans le même temps la dette. Le programme du PS était fondé sur l'idée du nouveau pacte social. Car notre conviction c'est que pour redresser et moderniser l'économie de la France, il faut certes mobiliser les entrepreneurs, mais aussi et surtout les salariés. Ce qui exclut la politique de précarisation de la condition salariale et de baisse des revenus, de baisse des coûts du travail que préconise la droite. Ours : Comment la gauche peut-elle reconquérir les voix des milieux populaires qui ont voté pour Nicolas Sarkozy ? Henri Weber : Elle a commencé à le faire. Sa candidate fait des bons scores dans les cités et aussi dans la plupart des villes au-dessus de 30 000 habitants. Mais beaucoup reste à faire. Et il nous faut convaincre les couches les plus modestes du salariat que nous nous préoccupons autant de leur sort que de celui des exclus et des classes moyennes salariées. La question de la lutte pour la sécurité publique, pour la construction du logement social et pour l'augmentation des salaires des catégories qui se trouvent au-dessus du smic, les réponses à ces trois questions doivent être précisées. Nerik : Ne pensez-vous pas que la scission du PS en un parti de gauche antilibérale et en un grand parti de centre gauche aurait le mérite de clarifier idéologiquement le paysage politique français ? Henri Weber : Je crois que le PS, contrairement à ce qui se dit, est dans toutes ses composantes un parti réformiste. Il est attaché à ce que François Mitterrand appelait l'économie mixte. C'est-à-dire une "économie sociale de marché", régulée par la puissance publique et par la négociation collective entre partenaires sociaux. Humanisée aussi par l'action de services publics divers et de qualité. Les divergences internes portent sur le degré que doit atteindre cette régulation. Sur la place respective de l'économie de marché et de l'intervention de l'Etat dans une économie largement ouverte. Ce sont des divergences entre réformistes. Et ce parti, paradoxalement, sur le fond idéologique, est plus uni qu'il y a trente ans lorsque les rocardiens s'opposaient au Ceres de M. Chevènement. Et les deux au courant de François Mitterrand. Tout le monde, au PS, a pris acte de la faillite des économies administrées. Et plus personne ne reprend le mot d'ordre qui était le sien dans les années 1970 : "planification, nationalisation, autogestion". En tout état de cause, je pense que cela serait un désastre pour la gauche française, qui n'est déjà que trop morcelée. bak92 : Etant donné le retour d'une majorité des députés UDF vers l'UMP, ce que je déplore au passage, qu'est-ce qu'une ouverture au centre pourrait amener au PS ? Etes-vous pour une main tendue du PS vers le centre ? Henri Weber : Le PS doit s'ouvrir aux électeurs démocrates-chrétiens. Mais l'UDF n'est pas un parti centriste. C'est le second parti de la droite, le parti fondé par Valéry Giscard d'Estaing. Et je ne suis pas surpris que la grande majorité de ses élus et de ses notables s'apprête à constituer une UDF "maintenue", membre de la majorité présidentielle et représentée au gouvernement. Le Mouvement démocrate, créé par François Bayrou, va se heurter à la logique des institutions de la Ve République, en particulier au scrutin majoritaire à deux tours qui pousse à la bipolarisation gauche-droite. Nous verrons le 17 juin quel est le poids de ce nouveau parti. Je pense qu'il sera très loin des 19 % qui se sont portés sur François Bayrou à l'élection présidentielle. Parmi ceux-là, le PS va récupérer les siens. L'UDF "maintenue" également. Il ne restera qu'un petit parti du centre. Force d'appoint des deux grandes coalitions, de gauche et de droite, sur la scène politique. Raison de plus puisque le projet de M. Bayrou est par construction chimérique pour tendre la main aux électeurs chrétiens-démocrates, ou modérés, ou progressistes modérés, pour qu'ils viennent conforter la coalition de gauche. Ils y ont toute leur place, car ils sont hostiles à la société du chacun pour soi, de la concurrence de tous contre tous, et partagent notre idéal d'une société solidaire, humaniste, pacifiée et démocratique. § Pour le sociologue Michel Wieviorka, "les Français ont eu la conviction qu'ils tournaient une page de leur histoire politique". "La campagne a d'abord été people, puis démagogique et enfin sérieuse", souligne-t-il. § L e soir de son élection, Nicolas Sarkozy a affirmé que la démocratie était "de retour", avec un taux de participation très élevé à l'élection présidentielle. Les Français ont-ils renoué avec la politique ? La France est démocratique depuis longtemps ! On peut par contre parler d'un retour du politique. Les partisans de Ségolène Royal ont mis en avant l'idée de l'avènement de la démocratie participative : dans cette campagne électorale, les Français ont lu, écouté, participé à des meetings et parfois échangé ou débattu. Mais l'horizon était bien une élection, et la conclusion de tout ce processus démocratique est bien que c'est la démocratie représentative qui l'a emporté. Même si les Français ont marqué leur désir d'un autre style, d'autres façons de faire de la politique. Ce regain d'intérêt est-il passager ou est-on entré dans une nouvelle phase ? Les Français ont eu la conviction qu'ils tournaient une page de leur histoire politique. Ils étaient fatigués d'un certain personnel politique, las de la chiraquie et de la mitterrandie. La campagne a d'abord été people, puis démagogique et populiste, et enfin sérieuse. Des questions ont été posées, les Français voulaient savoir ce qu'on leur proposait, ils voulaient comparer. Cette campagne a été cathartique. Elle a entériné la destruction du passé. Les Français ont donné des signaux clairs de ce dont ils ne voulaient plus. Fini la politique des années 90. Ce retour du politique n'est pas éphémère. Les gens vont se mobiliser pour les législatives. Il y aura ensuite les municipales, avec leurs enjeux spécifiques. Les Français attendent des signaux clairs. Des mesures vont être prises très rapidement par Nicolas Sarkozy, les unes à portée symbolique, les autres plus concrètes, et tout ne se fera pas en cent jours. La crise de la représentativité politique est donc enterrée ? On ne règle pas tous les problèmes en quelques semaines. La méfiance à l'égard des partis et des hommes politiques n'a pas disparu comme par enchantement. Disons qu'on était au fond de la piscine et que l'on a donné un grand coup de pied pour refaire surface. Ce qui manque aujourd'hui et ce qu'attendent les Français, c'est que le clivage gauche/droite soit réellement reformulé. La droite a réussi le pari : elle est relativement soudée, l'UMP a absorbé une partie de la périphérie, les chiraquiens se sont ralliés, ainsi que les élus UDF. L'échec de Ségolène Royal est à imputer autant à elle qu'à son parti, en crise. Elle a été au départ la candidate de la presse people et des sondages. Les adhérents au Parti socialiste ont voté pour une image et non pas pour un projet. Le PS n'a toujours pas de projet clair, de positionnement fort. Une bonne partie des électeurs de gauche ont surtout voté contre Sarkozy, d'autres par fidélité à leur camp, sans ardeur, d'autres sont tombés sous le charme : la ténacité de Ségolène Royal, son indépendance par rapport au parti, son côté populiste (tout ce qui vient du peuple est bon, tout ce qui vient d'en haut est douteux...). On a aussi assisté à une baisse du score du Front national... Lorsqu'elle reprend à son compte le discours sur l'identité nationale, Ségolène Royal perturbe certains de ses électeurs. Elle n'a pas su élaborer un concept de gauche de cette notion de nation qui relève d'ailleurs plutôt, aujourd'hui, du pré carré de la droite. Nicolas Sarkozy, lui, a réussi l'opération : il a conquis dès le premier tour un certain nombre d'électeurs du Front national ; et contrairement au souhait de Jean-Marie Le Pen, le report de ses voix sur Nicolas Sarkozy au second tour a été très bon. Ce dernier a-t-il proposé l'image d'une nation ouverte, au plus loin de toute xénophobie, de tout racisme ? Beaucoup en doutent, lui reprochent de ne pas avoir été assez loin dans la redéfinition de la nation et de s'être quelque peu lepénisé. Internet a-t-il permis aux Français de se réapproprier le débat politique ? Internet est un outil formidable, des millions de personnes se sont informées, ont débattu. Mais les blogs, les forums sont dans l'espace public, or dans cet espace tout ne devrait pas pouvoir être dit. Des personnes peuvent calomnier, mentir sans qu'il soit possible de les sanctionner. Internet ne remplace pas mais complète les outils classiques d'information ; il manque peut-être des formes de régulation permettant d'éviter les perversions et dérapages. § Télézapping, la revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée § § Depuis la campagne présidentielle, vous vous êtes découvert une passion pour la politique ; les élections ont nourri vos discussions au café, en famille ou sur votre lieu de travail ; peut-être vous êtes-vous inscrit dans un parti politique. Racontez-nous pourquoi vous avez renoué avec la politique ; une sélection de vos témoignages sera publiée sur Le Monde.fr. § D epuis la campagne présidentielle, vous vous êtes découvert une passion pour la politique ; les élections ont nourri vos discussions au café, en famille ou sur votre lieu de travail ; peut-être vous êtes-vous inscrit dans un parti politique. Racontez-nous pourquoi vous avez renoué avec la politique ; une sélection de vos témoignages sera publiée sur . Envoyez-nous votre témoignage par e-mail à , en précisant vos nom et prénom. Si vous le souhaitez, vous pouvez également nous envoyer des vidéos (sur le groupe Dailymotion du Monde.fr, via le formulaire ci-dessous). AUTORISATIONS Les déposants autorisent l'utilisation de leurs photographies, vidéos et écrits par Le Monde interactif pour une publication sur Le Monde.fr et dans le groupe Dailymotion du Monde.fr. Les témoignages seront toujours utilisés avec mention du nom de l'auteur. L'utilisation de ces éléments ne pourra donner lieu à un versement de droits d'auteur ou à une rétribution sous quelque forme que ce soit. Le Monde interactif s'engage à prendre le plus grand soin des uvres confiées dans le cadre de ce service, mais ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable des pertes ou dommages occasionnés aux uvres. IFRAME: http://www.dailymotion.com/widget/upload/group/28100?web=1&skin=def ault § Les étudiants ont voté, jeudi 10 mai, la levée du blocage du site de Tolbiac (Paris-I). Les cours devraient reprendre vendredi matin, mais les étudiants à l'origine du mouvement souhaitent rester mobilisés. § L e site de Tolbiac de l'université Paris-I, occupé depuis mercredi 9 mai par des étudiants qui tentaient d'organiser la contestation après l'élection du nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, a été débloqué jeudi. La faculté, située dans le 13e arrondissement de la capitale, occupée par plusieurs centaines d'étudiants protestataires, a fermé ses grilles, jeudi matin, sur décision de son président. Vers midi, environ 800 étudiants réunis en assemblée générale ont voté le déblocage du site et la reprise des cours, "à une forte majorité", selon Ian Le Denemat, étudiant en deuxième année d'AES (administration, économie et social), qui se satisfait de cette décision. L'action, critiquée par l'UNEF, le principal syndicat étudiant, visait à dénoncer la réforme de l'université envisagée par le nouveau président, qui ne prendra ses fonctions que le 16 mai. Selon Ian Le Denemat, les partisans de la fin du mouvement ont invoqué "un blocage inutile car aucun changement n'a été mis en place pour le moment". Ils ont évoqué "une action contre-productive avec un risque de se mettre à dos des étudiants qui pourraient se mobiliser, plus tard, si le programme de Nicolas Sarkozy était mis en place". Autre raison plus pragmatique pour le déblocage : l'échéance des partiels, qui commenceront dans une semaine.VERS UNE AUTRE FORME DE MOBILISATION Les cours devraient donc reprendre vendredi matin. Néanmoins, une nouvelle assemblée générale est prévue en fin de matinée. Plus question de blocage cette fois, mais de manifestations futures avec les étudiants à l'origine de ce mouvement de contestation et des membres de trois syndicats étudiants (SUD, FSE et CNT). "Nous sommes environ 400 à vouloir organiser la résistance", explique un étudiant en troisième année d'histoire, militant de SUD. Pour lui, le mouvement dépasse le cadre de la réforme de l'université. Il craint notamment "un durcissement des lois concernant l'immigration" et "une atteinte aux droits de l'homme et au droit du travail". "Nous prévoyons déjà des manifestations la veille ou le jour de l'investiture de Nicolas Sarkozy. Et surtout, nous souhaitons rester mobilisés en juin et en juillet, quand les premières lois seront votées", souligne-t-il. § L'ancien président de la République analyse la situation politique actuelle et commente le résultat de l'élection § "L e résultat de ce soir m'oblige à prolonger mon séjour parmi vous, qui m'avez honoré de votre confiance, ici et maintenant." On le croyait revenu d'outre-tombe à titre provisoire seulement, pour commenter une campagne présidentielle qui ne pouvait que l'aiguillonner. Mais François Mitterrand (mort le 8 janvier 1996) y a visiblement pris goût, et l'ancien président l'a annoncé dès le 6 mai au soir : il n'a pas l'intention, pour le moment du moins, de fermer son blog. "Je mesure votre tristesse ce soir à raison de la dimension de vos espoirs. Gardez la foi dans la cause que vous servez. Grâce à vous, quelque chose vient de commencer qui ne s'arrêtera pas de sitôt. Une formidable coalition du pouvoir en place et des forces de l'argent a contenu le mouvement populaire. Sa victoire sera provisoire", écrit encore, de son refuge six pieds sous terre, François Mitterrand le soir du scrutin. Depuis le 22 mars, l'ancien président publie ainsi tous les jours ou presque les sentiments et les analyses que lui inspirent les élections et les événement politiques. Son blog est intitulé "François Mitterrand 2007". Il est sobre, constitué de textes exclusivement, et provoque un très grand nombre de commentaires. En exergue, cette simple sentence sur fond gris : "Je crois aux forces de l'esprit, je ne vous quitte pas..." MOTS CHOISIS Dans sa première note, il écrit : "Je me suis toujours considéré comme libre. Libre à l'égard des forces d'argent, libre à l'égard des "gaullistes", libre à l'égard de la presse, (...) et même des... socialistes. Aujourd'hui comme hier, je dis ce que je veux, je fais ce que je veux, comme je le veux, au moment où je le veux. Croyez-moi, être en accord avec soi-même, je ne connais pas de meilleur bulletin de santé, et si je me livre à cette petite précision, ce jour, c'est que je redoute que certains, à gauche, ne se méprennent sur le sens de mon retour. Ils seront, comme toujours, surpris." La suite est de la même veine, plus vraie que nature. Qui se cache derrière ce Mitterrand d'outre-tombe ? Impossible de le savoir. L'illusion est en tout cas parfaite, la réflexion pertinente, et les mots choisis. On jurerait qu'il s'agit bel et bien de l'ancien président, contrairement à un autre blog "post mortem" (mitterrand.2007.over-blog.com) qui veut lui faire écho mais se montre complaisant envers Nicolas Sarkozy. François Mitterrand 2007 a promis, dès le 7 mai, de "parler sans détour, au risque de heurter ici et là les consciences" : "L'élection de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat français m'oblige à ne plus rien dissimuler de ce que je sais des uns et des autres. Plus que jamais, c'est le moment de tenir le langage de la vérité, et je compte bien me tenir à cette ligne de conduite." Vite ! francoismitterrand2007.hautetfort.com § Il était "d'une humeur de dogue", disaient les amis d'Alain Juppé, après les très bons résultats de Ségolène Royal à Bordeaux, aux deux tours de l'élection présidentielle. § I l était "d'une humeur de dogue", disaient les amis d'Alain Juppé, après les très bons résultats de Ségolène Royal à Bordeaux, aux deux tours de l'élection présidentielle. "Je saurai m'en souvenir" : Nicolas Sarkozy s'était arrangé pour que sa petite phrase revienne aux oreilles du maire. M. Juppé, bientôt 62 ans, s'interroge sur son avenir, oscillant entre ambition et renoncement. La présidence de l'Assemblée ? Le futur chef de l'Etat y est hostile. "Il veut quelqu'un de docile à qui il passe un coup de fil", note un sarkozyste. M. Juppé lui-même ne souhaite pas mener la bataille du perchoir contre un autre candidat putatif, Bernard Accoyer, qui a des chances d'être élu. Il veut aussi éviter un remake de la guerre Balladur-Debré pour le perchoir en 2002. Un grand ministère ? Probable. Mais pas le Quai d'Orsay, trop proche du domaine réservé du président. "Juppé va finir par être ministre de l'air pur", prédit un cadre UMP. L'ancien premier ministre aurait demandé à être ministre d'Etat, le seul du gouvernement, et pourrait obtenir gain de cause. Avec l'environnement, les transports et l'aménagement du territoire. Un poste qui lui permettrait d'avoir la main sur quelques collègues ministres, au bénéfice du chef de l'Etat qui pourra diviser pour régner. L'ambition présidentielle ? Elle se meurt. L'Elysée soupire: "Sarkozy, il y en a pour dix ans..." M. Juppé sait que l'effet générationnel a joué à plein dans cette campagne. Qu'il aura 67 ans en 2012, 72 ans la fois d'après. Quant à imaginer une primaire à l'UMP contre le président sortant dans cinq ans, cela relève d'une gageure. Retrouver un siège de député ? Les résultats de la présidentielle à Bordeaux, en Gironde, et même dans tout le Sud-Ouest, augurent mal de la suite. Hugues Martin, le suppléant logique du maire de Bordeaux, n'est guère rassuré. Pour la mairie de Bordeaux, une page s'est tournée. M. Juppé, qui achève son second mandat, est devenu, de plus, le nouveau chantre du non-cumul des mandats. "J'assumerai mes fonctions de maire jusqu'aux prochaines municipales (en 2008). Après on verra", dit-il aujourd'hui. On verra. § Débat en direct avec Julien Fretel, enseignant à Sciences-Po Lille et spécialiste de l'UDF, mercredi 16 mai 2007 à 11 heures. § § Lors d'une rencontre avec la presse, vendredi, à l'hôtel de Matignon, le premier ministre a indiqué qu'il démissionnerait le 16 mai. § D ominique de Villepin a laissé entendre, lors d'une rencontre avec la presse à l'hôtel de Matignon, vendredi 11 mai, qu'il remettrait sa démission à Jacques Chirac, le 16 mai, quelques heures avant la passation des pouvoirs entre ce dernier et le nouveau président, Nicolas Sarkozy. Etre premier ministre "n'était évidemment pas une tâche facile, mais cela a été un immense honneur. J'ai eu un parcours totalement satisfaisant, conforme à ce que je pouvais rêver de mieux. (...) Je suis un privilégié. Tous les autres premiers ministres sont partis dans une situation difficile ou subie", a-t-il confié, après avoir défendu le bilan de son action à la tête du gouvernement pendant près de deux ans. Il a regretté de ne pas avoir été "plus loin sur le chômage des jeunes". S'il a reconnu être allé "trop vite" sur le CPE (contrat première embauche), il s'agit selon lui d'un "chantier essentiel qui ne doit pas être sans cesse remis à plus tard". Le premier ministre s'est également exprimé sur ses intentions après la fin de son exercice. Il a notamment indiqué avoir "de nombreuses envies", mais pas encore "d'idée précise" quant à l'après-Matignon."Il faut prendre le temps de partir, il faut réussir à terminer ce qu'on a fait. Dans la vie il faut être cohérent", a-t-il déclaré. Ce diplomate de formation a néanmoins indiqué qu'il continuerait à voyager et à "s'intéresser aux grands problèmes du monde". Il a souligné qu'il souhaitait aussi se consacrer à l'écriture. Après un premier livre publié en 2001 sur Napoléon Ier, Les Cent Jours ou l'esprit de sacrifice, il travaille notamment sur trois nouveaux volumes consacrés à l'empereur, dont le premier sortira début septembre. § Le président élu possède un patrimoine de plus de 2 millions d'euros, constitué principalement de contrats d'assurance-vie, selon sa déclaration publiée vendredi au "Journal officiel". § D 'après la déclaration de patrimoine du candidat Sarkozy, publiée vendredi 11 mai au Journal officiel, le président de la République élu dispose d'un patrimoine de plus de deux millions d'euros, constitué pour l'essentiel de contrats d'assurance-vie.Selon cette déclaration, remise sous pli scellé au Conseil constitutionnel le 17 mars et publiée telle quelle, les contrats d'assurance-vie de Nicolas Sarkozy, essentiellement à la Société générale, représentent un total de 2,04 millions d'euros. La déclaration de patrimoine de M. Sarkozy mentionne également un compte-courant à la Société générale de 10 082,53 euros, des plans épargne logement (PEL) à son nom et à ceux de sa femme Cécilia et de ses trois fils pour un total de 75 255 euros, et deux Codevi à son nom et à celui de Cécilia, pour un total d'environ 10 600 euros. Elle mentionne également des parts, à hauteur de 34 %, dans la société d'avocats "SELAS Arnaud Claude Nicolas Sarkozy" et, au passif, une "caution pour 34 % à titre personnel d'un prêt de 7 millions de francs contracté par la SELAS pour le rachat de la clientèle". Au passif également, figurent deux emprunts "pour un montant total" de 50 000 euros pour "travaux de décoration de mon appartement", arrivant à échéance respectivement en septembre 2007 et septembre 2009. La déclaration cite également une Austin mini, année 2006, d'environ 15 000 euros. Le président élu déclare ne posséder aucun immeuble bâti et non bâti, aucune valeur mobilière, aucune collection ou objet d'art, aucun bien immobilier ou compte détenu à l'étranger. ISF PAYÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 2006 En janvier, Ségolène Royal avait publié son patrimoine pour faire taire la polémique sur la société immobilière qu'elle détient avec François Hollande. Invité à "faire de même" par la candidate socialiste, Nicolas Sarkozy avait promis de communiquer la valeur de ses biens "dans les prochains jours". Le candidat de l'UMP avait fait savoir qu'il avait payé en 2006 l'ISF pour la première fois, à hauteur de 1 988 euros, et que son patrimoine imposable s'élevait à 1 137 000 euros. Le 5 mars, alors que Le Canard enchaîné accusait M. Sarkozy d'avoir bénéficié d'un rabais sur son appartement de Neuilly, l'UMP avait publié une lettre du directeur général des impôts, Bruno Parent, indiquant que ses déclarations d'ISF pour 2005 et 2006 ne faisaient pas "apparaître d'anomalie". § Pour le directeur du "Dictionnaire de la droite", le président rompt avec le gaullisme, s'inspire du néoconservatisme américain et brise "le mur de verre entre droite et extrême droite", mais propose une synthèse qui l'amènera à "modérer son propos réformateur". § X avier Jardin est chargé de conférence en sciences politiques à Sciences Po Paris et directeur du "Dictionnaire de la droite" (Editions Larousse). jarjarvinz : Les noms les plus fréquemment cités pour former le gouvernement sont ceux de ministres de gouvernement Villepin. Où est la rupture ? Xavier Jardin : Tout simplement, il y a autant de rupture que de continuité et de continuité dans la rupture. Effectivement, les noms qui circulent : François Fillon, Jean-Louis Borloo, Gilles de Robien, sont des anciens ministres du gouvernement Villepin, ce qui semble montrer qu'il y a une réelle continuité. Quant à la rupture, on peut supposer qu'elle viendra de Nicolas Sarkozy lui-même et de son style très décomplexé à droite. Ensuite, il faudra attendre la mise en place de ce gouvernement pour juger de sa réelle continuité ou de sa réelle rupture. tom : On entend souvent parler de Nicolas Sarkozy comme le représentant d'une droite dure, suscitant le rejet, alors qu'il a été le ministre d'un homme n'ayant pas provoqué autant de virulence. Peut-on parler de droite dure pour quelqu'un qui s'ouvre pour l'instant aussi largement au centre et à gauche et qui a connu des ralliements de personnalités historiques de la gauche ? Xavier Jardin : Il me semble que Nicolas Sarkozy incarne une droite très décomplexée. Assez dure sous certains aspects, elle est décomplexée pour au moins deux raisons. La première, c'est qu'elle s'attaque ouvertement à des valeurs ou des symboles de gauche. On peut citer l'esprit de Mai 1968, l'assistanat, le soi-disant nivellement par le bas, et le principe d'égalité. La deuxième, c'est qu'elle assume totalement ses propres valeurs : l'identité nationale, la réussite sociale, avec une certaine forme de culte de la réussite, l'ordre, l'autorité et l'effort individuel. Au total, on a effectivement une droite assez franche sur ses valeurs, et qui rassemble peut-être au-delà de son propre camp, mais à cause d'une logique de bipolarisation certaine du fait du mode de scrutin présidentiel qui est le nôtre. De ce point de vue, Nicolas Sarkozy semble être l'unificateur de toutes les droites françaises. ALRY : Si comme René Raymond on considère qu'il reste trois droites en France (légitimiste, bonapartiste et orléaniste), à laquelle rattachez-vous Nicolas Sarkozy ? Ne serait-ce pas à l'orléaniste - car son message reprend la formule de Guizot : "Enrichissez vous" - ou à la bonapartiste, pour son côté autoritaire ? Xavier Jardin : Je dirais qu'il fait une synthèse des trois. Il est conservateur, car le mot légitimiste n'a plus de sens aujourd'hui. Il est conservateur au plan des valeurs morales : la place de la famille est essentielle à ses yeux. Il est secondairement orléaniste parce qu'il est libéral. Puis il est bonapartiste, non pas parce qu'il est gaulliste, mais parce qu'il est autoritaire. Il revendique, sur la sécurité, sur l'ordre, sur la place des étrangers dans la société, une très sûre fermeté, qui le positionne d'emblée du côté d'un étatisme autoritaire assumé. Fred : La droite française n'a quasiment plus de composante libérale (au sens économique : Alain Madelin a disparu corps et biens) et Nicolas Sarkozy est clairement pour un Etat fort et interventionniste (cf. le sauvetage d'Alstom). Y a-t-il un danger "de perte d'identité" de la droite, au moment où la gauche va tendre vers le centre ? Cette nouvelle droite ne ressemble-t-elle pas au blairisme, qui est lui-même l'avenir de la social- démocratie française ? Finalement, est-ce que l'avenir pourrait être une sorte de monopartisme, dont les contrastes ne se trouveront que dans les personnalités des leaders politiques ? Xavier Jardin : Je crois que c'est quelque chose que nous vivons depuis longtemps, en réalité. C'est ce que certains appellent la pensée unique. Finalement, il y aurait un libéralisme partagé par tous, de la gauche à la droite. En ce qui concerne la droite, il me semble qu'elle assume quand même une part de libéralisme : on le sent dans le débat sur le service minimum, sur la libéralisation des 35 heures, sur les retraites. Mais dans le même temps, la droite française n'a jamais su ou jamais pu assumer totalement son libéralisme. Nicolas Sarkozy risque de ne pas échapper à cette loi. Parce que nous sommes dans un pays où les citoyens sont assez réfractaires au libéralisme. Il va devoir être excessivement prudent dans le cadre des réformes annoncées. Il ne peut faire l'économie, par exemple, de la négociation avec les partenaires sociaux, au risque de voir se lever une forte contestation populaire. Effectivement, en conséquence, on peut imaginer qu'on va avoir au pouvoir une sorte de réformisme modéré, veillant tout à la fois à assurer des réformes libérales, sans oublier la nécessité de penser le protectionnisme, en particulier social. On peut appeler cela du blairisme ou de l'économie mixte, peu importe le nom. C'est quelque chose qui aujourd'hui est largement répandu en Europe, que ce soit en Allemagne, en Italie ou au Royaume-Uni. 1 | 2 | 3 | 4 | suivant (fl-rg.gif) chat modéré par Alexandre Piquard Lisez l'article sur une seule page Nicolas Sarkozy, le 12 avril 2007. | REUTERS/PHILIPPE WOJAZER REUTERS/PHILIPPE WOJAZER Nicolas Sarkozy, le 12 avril 2007. EN UNE EN CE MOMENT Afghanistan : l'otage français a été libéré Le patrimoine de Nicolas Sarkozy s'élève à plus de 2 millions d'euros "La question de la place de Ségolène Royal au sein du Parti socialiste est posée" Les modérés serbes se sont mis d'accord pour former un gouvernement de coalition ET AUSSI A Jinan, dans le centre ouest du pays, des écoliers apprennent à laver des vêtements en vue de la Fête des mères. | REUTERS/STRINGER SHANGHAI Portfolio Les images du jour du 11 mai Deux acteurs réalisent une fausse opération chirurgicale pour protester contre le trafic d'organes depuis la Chine, à Prague, le 1er mai 2007. | REUTERS/DAVID W. CERNY Entretien Luc Noël : "Le commerce des organes va être bouleversé" Ségolène Royal après la défaite, dimanche 6 mai. | AFP/ERIC FEFERBERG Chat Raphaëlle Bacqué : "Ségolène Royal doit réfléchir à ses erreurs" PRÉSIDENTIELLE 2007 Quel avenir pour le centre ? Dominique de Villepin défend son bilan et évoque ses projets Le patrimoine de Nicolas Sarkozy s'élève à plus de 2 millions d'euros Xavier Jardin : "Chez Nicolas Sarkozy, il y a autant de continuité que de rupture" LES DÉPÊCHES Nicolas Sarkozy déclare plus de deux millions d'euros d'actifs Reuters 18h26 Cyclisme: Honchar suspendu 30 jours par T-Mobile pour dopage Reuters 18h18 Eric Damfreville libéré par les taliban en Afghanistan Reuters 18h06 Eric Damfreville libéré par les taliban en Afghanistan Reuters 18h06 § Le texte de la déclaration déposée par le président élu au Conseil constitutionnel et publiée vendredi 11 mai au "Journal officiel". § § L'officier des renseignements généraux est poursuivi pour "violation du secret professionnel". § U n officier des renseignements généraux a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, vendredi 11 mai, par la juge d'instruction chargée d'enquêter sur la fuite dans la presse d'une note sur Bruno Rebelle, ex-directeur de Greenpeace France (1997-2003) devenu membre de l'équipe de campagne de Ségolène Royal, a-t-on appris de sources proches du dossier. L'officier, un capitaine de police des RG affecté à une section chargée de l'extrême gauche, est poursuivi pour "violation du secret professionnel", selon ces mêmes sources. Les enquêteurs de l'IGPN, la "police des polices", ont perquisitionné mercredi son domicile et son bureau. Bruno Rebelle avait déposé le 26 janvier une plainte contre X avec constitution de partie civile, après avoir découvert dans Le Canard enchaîné l'existence d'une fiche des renseignements généraux le concernant, "réactualisée" après son entrée dans l'équipe de la candidate socialiste à la présidentielle. Cette fiche d'une page et demie dont Le Monde avait alors pris connaissance donnait des informations de base sur le parcours de M. Rebelle : sa formation de vétérinaire, la fondation de Vétérinaires sans frontières en 1983, ses voyages en Amérique du Sud dans les années 1980. Les RG revenaient par ailleurs longuement et en des termes élogieux sur l'action de M. Rebelle au sein de Greenpeace France, le qualifiant d'"excellent gestionnaire" et d'"homme de dossiers bien ficelés". § Pour Frédérique Matonti, professeure de science politique à l'université Paris-I, "la campagne a été marquée par des attaques sur compétence de Mme Royal qui relèvent du sexisme le plus ordinaire." § L a présence de Ségolène Royal au second tour de l'élection présidentielle est-elle le signe qu'en politique, le temps des femmes est venu ? En apparence, la candidature de Ségolène Royal montre que le fameux "plafond de verre" qui empêche les femmes d'accéder aux responsabilités dans le monde politique est brisé. En effet, si son parcours a été possible, c'est entre autres grâce au discours qui a entouré la loi sur la parité, votée en 2000 à l'initiative du gouvernement de Lionel Jospin. A l'époque, ses défenseurs affirmaient que les femmes, par leurs qualités supposées "naturelles", étaient plus concrètes que les hommes, plus proches des électeurs, plus soucieuses des problèmes quotidiens, moins préoccupées par l'ambition et la compétition. Pour réenchanter la politique, renouveler le visage des élus et lutter contre la supposée crise de la représentation, il fallait donc que les femmes arrivent au pouvoir. La féminisation des conseils régionaux et des conseils municipaux dans les villes de plus de 3 500 habitants a fait bouger nos représentations - ces lieux ne paraissent plus "naturellement" réservés aux hommes. Pourtant, le monde politique reste très en retard sur les évolutions de la société : les femmes ont, encore aujourd'hui, beaucoup de mal à accéder aux positions politiques prestigieuses comme la députation ou les présidences de groupes et elles sont peu nombreuses dans les instances décisionnelles des partis. Il suffit de regarder les investitures aux législatives pour voir que les hommes politiques continuent à résister à la parité, ne serait-ce que parce que pour faire entrer une femme, il faut faire sortir un homme qui était en place avant la loi. Estimez-vous que Ségolène Royal a été victime d'attaques sexistes ? Dès le début des primaires socialistes, à droite comme à gauche et ensuite pendant la campagne, elle a été visée par des attaques ouvertement machistes : le "Qui va garder les enfants ?" de Laurent Fabius, les déclarations sur ses "mensurations" de Martine Aubry ou les propos sur ses "jupes" de Michèle Alliot-Marie. Dans la presse, il n'y a pas eu, au début de la campagne, de sexisme à proprement parler mais Ségolène Royal a souvent été mise en scène d'une manière particulière. Au moment des municipales de 2001, j'avais fait avec une autre chercheuse, Delphine Dulong, des comptages très stricts qui montraient que les femmes sont plus souvent appelées par leur prénom que les hommes, que l'on parle systématiquement de leurs vêtements ou de leur coiffure et que la presse fait plus souvent référence à leur père, leur compagnon ou leurs enfants. On les enferme donc dans les rôles traditionnellement "féminins". Cela a évidemment été le cas pour Ségolène Royal, même si cette image a été en partie construite par la candidate elle-même. La campagne a ensuite été marquée par des attaques sur sa compétence qui relèvent, elles, du sexisme le plus ordinaire. Les questions sur les sous-marins nucléaires ou les prétendues "gaffes" pendant ses voyages à l'étranger ont été méthodiquement relevées alors que les déclarations de Nicolas Sarkozy sur le passé de l'Allemagne ou ses promesses confuses sur la baisse des prélèvements obligatoires ne l'étaient pas. Sans doute parce que, dans nos imaginaires travaillés par des siècles de domination masculine, une femme ne peut pas être vraiment "compétente" dans les domaines régaliens que sont les finances, la politique étrangère ou l'armée. Les femmes restent associées à la "main gauche" de l'Etat, la main dépensière de l'éducation, du social et de la famille. Y a-t-il une singularité française dans cette résistance à la parité politique ? Il y a une réelle singularité française : avant la loi sur la parité, la France comptait parmi les lanternes rouges de l'Europe du point de vue de la représentation des femmes dans la vie politique. La chercheuse Catherine Achin a ainsi montré qu'en Allemagne, l'ordre social est nettement plus conservateur - les femmes travaillent beaucoup moins, par exemple - mais que les assemblées politiques y sont plus féminisées. En France, la société est plus ouverte aux femmes, mais l'ordre politique demeure fermé aux mouvements de la société. C'est un univers qui reste très peu renouvelé par les voies associatives et de moins en moins par les voies syndicales. Dans les années 1970, les féministes françaises avaient choisi de militer dans des associations, au coeur même de la société, plutôt que d'investir la sphère politique, comme le faisaient les féministes canadiennes ou allemandes, par exemple. § Le parcours du futur candidat aux législatives, reconnaissable à la pastille rouge apposée sur son badge, commence au pied de l'escalier de droite. § A u sous-sol de la Mutualité, à Paris, alors que s'ouvrait, jeudi 10 mai, le conseil national de l'UDF appelé à se prononcer sur la création du Mouvement démocrate, on pouvait voir deux longues files d'attente. Le parcours du futur candidat aux législatives, reconnaissable à la pastille rouge apposée sur son badge, commence au pied de l'escalier de droite. Djamila Bouguerra et Samia Merkani prennent leur tour pour retirer leur "kit" du candidat. L'une et l'autre défendront pour la première fois les couleurs du mouvement centriste aux élections législatives. Les deux "copines" n'ont pas l'air le moins du monde intimidées. Elles vont pourtant s'attaquer à des "gros morceaux". La première se présente dans la 7e circonscription du Rhône, dont le député sortant est Jean-Jack Queyranne, président (PS) de la région Rhône-Alpes. La seconde est investie, dans la 14e, à Vénissieux, face au député sortant, André Gerin, maire (PCF) de la ville. Djamila Bouguerra, militante associative à Vaulx-en-Velin, est adhérente de l'UDF depuis 2002. Elle a déjà été candidate aux élections cantonales en 2004. Dès l'automne 2006, alors que François Bayrou entrait en campagne pour la présidentielle, elle était pressentie pour être investie aux législatives. Pour Samia Merkani, en revanche, c'est une première. Elle n'avait encore jamais participé à une réunion nationale de l'UDF. Cette ancienne militante du PS, après avoir soutenu José Bové, a décidé de s'engager dans la bataille avec François Bayrou. "Le coeur c'est Bové, la tête c'est Bayrou. Je suis de gauche, je ne renie en rien mon parcours", affirme-t-elle. Première étape : remise du "Guide du candidat". Celui-ci porte encore le logo de l'UDF. Mais le CD-ROM qui l'accompagne précise bien que, à la ligne "étiquette choisie" du formulaire de déclaration de candidature, il faudra inscrire "UDF Mouvement démocrate". Sur le CD-ROM sont également fournis les "17 engagements nationaux" qui constitueront le socle de la candidature, ainsi qu'un dossier comprenant des exemples de profession de foi, d'affiche, de journal et des éléments graphiques. Une fiche explicative "pour élaborer votre propre site Internet" est également fournie. "Ces exemples vous permettront de construire vos propres documents, rapidement, avec une identité visuelle", précise la note de l'équipe de campagne. Seconde étape : passage par le studio photo aménagé au pied de l'escalier de gauche. Nouvelle file d'attente. Certains espéraient pouvoir se faire tirer le portrait avec M. Bayrou. Ils devront se contenter de poser seuls devant un fond vert, un montage permettant ensuite de montrer le candidat et son mentor côte à côte. Munies de leur viatique, voilà Djamila Bouguerra et Samia Merkani parées pour la campagne. § Lyon va-t-elle devenir un laboratoire de la recomposition politique ? Socialistes et centristes se sont discrètement rencontrés, ces derniers jours, pour évoquer les prochaines échéances législatives. § L yon va-t-elle devenir un laboratoire de la recomposition politique ? Socialistes et centristes se sont discrètement rencontrés, ces derniers jours, pour évoquer les prochaines échéances législatives. Dans un entretien au Figaro, jeudi 10 mai, le maire socialiste de Lyon, a réitéré publiquement "sa main tendue" aux centristes, avec qui ils collaborent déjà tacitement depuis six ans. Gérard Collomb y explique qu'il est prêt à accueillir dans son exécutif des centristes, si "François Bayrou s'engage clairement dans une nouvelle voie". Il juge la nouvelle génération d'électeurs de M. Bayrou "plus proche d'un PS rénové que de l'UMP" et se dit prêt à des discussions avec les centristes pour les élections législatives. L'appel tombe à pic : l'UMP a annoncé, le même jour, que son secrétaire fédéral avait été investi dans la 1re circonscription du Rhône pour tenter de ravir le siège de la députée UDF sortante Anne-Marie Comparini, qui figure parmi les quatre députés restés fidèles à M. Bayrou. "Anne-Marie Comparini a choisi de ne pas s'inscrire dans la majorité présidentielle. Il était de notre devoir de présenter un candidat qui porte les orientations de Nicolas Sarkozy", tranche Dominique Perben, le chef de file de l'UMP à Lyon. "Ne pas présenter de candidat aurait été un déni de démocratie", ajoute le secrétaire départemental de l'UMP, Michel Havard. "ON NÉGOCIE EN COULISSES !" L'UDF sait désormais que le seul siège qu'elle détient à Lyon dépendra d'un éventuel accord de désistement avec les socialistes. Ces derniers espèrent, de leur côté, sauver, avec le concours des centristes, des circonscriptions menacées, comme Villeurbanne. Mais, officiellement, le patron de l'UDF lyonnais, Michel Mercier, continue de défendre la stratégie d'indépendance énoncée par M. Bayrou. "Nous ne voulons pas nous inscrire dans un système d'accord mais dans un système de responsabilité. Nous voulons construire un parti libre et indépendant, ce n'est pas pour nous inféoder au PS. Ce sont aux électeurs de décider", explique le trésorier de M. Bayrou, qui reconnaît toutefois que, pour lui, la circonscription de Mme Comparini a valeur "symbolique". Les socialistes et les centristes se sont entendus pour se revoir au soir du premier tour. Face à ces nouvelles avancées, M. Perben dénonce "les combinaisons de partis". "Votez bonnes gens, on négocie en coulisses !", s'insurge le ministre des transports. L'enjeu des élections à Lyon dépasse le cadre des législatives. M. Perben en a fait "la première étape de sa reconquête de Lyon". Lui-même a décidé d'être candidat. En quête de légitimité auprès des Lyonnais, qu'il ne parvient toujours pas à convaincre quatre ans après son parachutage, le ministre des transports a effectué un véritable putsch dans la 4e circonscription. Passant outre la volonté du député UMP sortant, Christian Philip, de solliciter un nouveau mandat, M. Perben, en l'absence de tout vote des militants, a jeté son dévolu sur sa circonscription, taillée sur mesure pour la droite, où Nicolas Sarkozy a réalisé, au second tour de la présidentielle, près de 60 % des voix. Après avoir promis quelques belles nominations à Christian Philip en échange de son retrait, l'UMP n'a trouvé qu'une parade : exclure le député sortant qui refuse de se soumettre. Au nom de la stratégie présidentielle. § C'est sous sa nouvelle étiquette que la formation centriste présentera des candidats aux élections législatives. Ainsi en a-t-elle décidé, jeudi 10 mai, lors d'un conseil national, à la Mutualité § F rançois Bayrou s'est remis en selle. Après avoir été désarçonné par le refus de ses députés face à l'obstacle de l'indépendance, il enfourche à présent son dada de la "résistance". Pour cela, rien de tel qu'un conseil national réuni à Paris, jeudi 10 mai, dans la grande salle de la Mutualité, devant près de 3 000 personnes qui ont plébiscité "la constitution d'une force politique nouvelle, indépendante, ouverte, le Mouvement démocrate". La délibération soumise au vote des conseillers nationaux de l'UDF a été adoptée - à mains levées - à l'unanimité moins 4 contre et 4 abstentions. C'est sous cette étiquette que la formation centriste présentera des candidats aux élections législatives dans toutes les circonscriptions, à l'exception, peut-être, des circonscriptions dont le député UDF sortant a soutenu M. Bayrou jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle : "Nous n'avons pas l'intention de mettre des candidats contre eux, sauf si deux ou trois étaient vraiment désagréables à notre endroit. Cela dépendra de leur attitude", a précisé Bernard Lehideux, responsable des investitures. Gilles de Robien dénonce "un combat d'arrière-garde" Pour Gilles de Robien, le Mouvement démocrate créé par François Bayrou "n'a pas d'espace politique". Dans Le Figaro du 11 mai, le ministre de l'éducation estime que l'appel à la "résistance" lancé par l'ancien candidat à l'élection présidentielle est "un combat d'arrière-garde" : "François Bayrou a raté l'occasion qui s'offrait à lui au soir du premier tour d'annoncer un choix clair", en refusant d'apporter son soutien à Nicolas Sarkozy au second tour. "L'UDF (...) a toujours fait le choix d'une appartenance à la majorité avec la droite républicaine", souligne M. de Robien, qui entend, à présent, constituer "un pôle centriste, adhérant à la plate-forme présidentielle". Ce futur "parti centriste" devrait présenter au moins cinquante candidats aux élections législatives afin de bénéficier des fonds publics. M. de Robien, accompagné de deux anciens députés de l'UDF, Hervé Morin et André Santini, a rencontré M. Sarkozy, jeudi 10 mai. "Il a été prévu qu'à un moment ou un autre nous puissions discuter avec les responsables de l'UMP des circonscriptions qui seront laissées à des candidats du pôle centriste", a déclaré M. Morin à l'issue de cette rencontre. Un avertissement sans fioritures à l'encontre des 22 députés sortants de l'UDF sur 29, désormais rangés sous la bannière de la majorité présidentielle, que M. Bayrou, dans son discours introductif, n'a pas ménagés, tout en se défendant d'avoir "un mot de condamnation ou d'accusation contre ceux qui ont fait l'autre choix" que le sien. "MONTRER DE QUEL BOIS ON EST FAIT" Ainsi a-t-il énuméré les quatre conditions que les candidats souhaitant être considérés comme appartenant à la majorité présidentielle devaient s'engager à respecter : vote de la confiance au gouvernement, ne jamais voter la censure, voter les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale de la législature. "La démocratie française n'a pas besoin de parlementaires robotisés qui votent systématiquement dans le même sens", a jugé l'ancien candidat à l'élection présidentielle. "Je sais que c'est difficile", avait-il au préalable reconnu, admettant que les "pressions" exercées sur les députés sortants avaient dû peser sur leur décision. "Mais je veux leur dire ceci : dans la vie, quand c'est l'essentiel qui est en jeu et que l'on subit des pressions, vous n'avez le choix qu'entre deux attitudes : céder ou résister. C'est plus facile de céder, mais c'est sans avenir. Il est plus juste de résister et de montrer de quel bois on est fait." Donc, lui a choisi de résister. Il est persuadé que "l'UMP va naturellement avoir la majorité à l'Assemblée nationale et au Sénat". "Dans une situation comme celle-là, rien n'est plus important que de bâtir un contre-pouvoir libre", a défendu le président de l'UDF, avant de présenter le choix de constituer le Mouvement démocrate. Seul Jean-Louis Bourlanges est venu porter la contradiction, ne cachant pas son émotion de dire "au revoir" à ses "amis centristes", sans s'éviter quelques huées que M. Bayrou s'est rapidement évertué à faire taire. Mais, a regretté le député européen, "on ne gagne pas en scrutin majoritaire quand on est le troisième et qu'on n'a pas d'alliés". "L'objectif était de créer une nouvelle majorité, a-t-il poursuivi. En refusant cela, vous vous enfermez dans la plus sympathique mais la plus tragique des impasses stratégiques." Pour le nouveau Mouvement démocrate, dont M. Bayrou a estimé, jeudi soir, qu'il devrait rapidement être identifié comme le "Modem", se présente dès à présent le test des législatives. Combien peut-il espérer conserver des 6,8 millions d'électeurs qui se sont portés sur M. Bayrou au premier tour de la présidentielle ? C'est la première question. Quant à ses chances de conserver un groupe de députés à l'Assemblée, la réponse est quasiment acquise par avance. Le président de l'UDF s'est défendu de tout "accord secret" avec le PS pour les législatives. "Je n'ai pas quitté l'allégeance d'un côté pour aller m'enfermer dans l'allégeance de l'autre", a-t-il affirmé. Ce qui ne ferme pas la porte, cependant, à tout accord de désistement entre les deux tours. "Nous examinerons, au soir du premier tour des législatives, les situations dans chaque circonscription, a ainsi déclaré Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS de l'Assemblée, jeudi, sur LCP. Peut-être, avec un certain nombre de candidats, y compris du Mouvement démocrate, il y aura des convergences pour ne pas donner tous les pouvoirs à un seul parti." D'ici là, il faudra bien établir des connexions avec le Modem. § Isabelle Mandraud, journaliste au "Monde", revient sur les déclarations de Mme Royal qui a souhaité que le candidat pour 2012 soit désigné dès la fin des élections législatives. § § Face au verrouillage des communicants, John-Paul Lepers et Serge Moati ont filmé la campagne électorale à leur manière. § I l est loin le temps où Raymond Depardon pouvait filmer en solitaire, et dans les coulisses, la campagne de Valéry Giscard d'Estaing, futur président de la République. Avec son reportage en forme de documentaire, 1974, une partie de campagne (qui a toutefois attendu vingt-huit ans avant d'être diffusé à la télévision, car Giscard le trouvait "trop irrévérencieux"), le cinéaste inaugurait, en France, une nouvelle manière de filmer la politique. Aujourd'hui, avec la concurrence que se livrent les chaînes, la politique est devenue une marchandise comme les autres, qui se vend en exclusivité "au plus offrant audiovisuel", comme le football. Et les politiques l'ont bien compris : tout ce qui est rare est cher et leurs "communicants" et autres "conseillers en images" vérifient et cadenassent jusqu'au moindre détail l'image de leur poulain. Auteur du documentaire La Prise de l'Elysée, diffusé sur France 3 le 7 mai, au lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy, le cinéaste Serge Moati reconnaît que cette présidentielle a été particulièrement difficile à filmer. "Après des dizaines de coups de téléphone et de demandes écrites restées sans réponses, j'ai décidé de me passer de leur aide, dit le réalisateur. J'ai choisi de regarder ailleurs et de proposer des séquences que l'on ne voit pas dans les journaux télévisés. Le rêve de tous les candidats et de leurs conseillers est que les caméras soient mises à leur disposition, et c'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait, notamment à l'UMP, en filmant eux-mêmes leurs images pour les mettre ensuite à la disposition des rédactions." Un pas supplémentaire dans le verrouillage de l'information. En 2002, l'équipe de Lionel Jospin avait donné l'exclusivité de tournage de sa campagne à la société de production 2P2L, qui avait réalisé le documentaire Comme un coup de tonnerre. Du cinéma direct inventé en 1960 aux Etats-Unis par Arthur D. Pennebaker et Richard Leacock, réalisateurs du film Primary, qui montrait l'intimité de la campagne présidentielle de John F. Kennedy. En 1996, avec War Room, Pennebaker avait renouvelé l'expérience en installant sa caméra dans le QG de Bill Clinton. RÉSULTAT FRUSTRANT Choisissant l'angle du "carnet de campagne", le journaliste John-Paul Lepers (ex-grand reporter au "Vrai Journal" de Canal+ et fondateur sur le Web de "latelelibre. fr") et son équipe ont suivi, durant un an et demi et jusqu'au 6 mai au soir, les candidats déclarés ou seulement putatifs à l'époque. Ils ont embarqué leurs caméras dans les avions emportant Ségolène Royal au Chili et au Sénégal, alors qu'elle n'était pas encore désignée par les militants du PS, dans celui de Nicolas Sarkozy coiffant in extremis sa rivale sur le fil à Dakar. John-Paul Lepers a assisté aux conférences de presse, aux meetings, il s'est invité dans les QG de campagne, s'est immiscé dans les déplacements en province et en banlieue. Au total, cela représente plus de deux cents heures d'enregistrement. Dimanche 13 mai à 20 h 50, Canal+ devait en diffuser un concentré de quatre-vingt-dix minutes dans "Lundi investigation" sous le titre Le Jour de gloire (rediffusion lundi 14, à 22 h 30). Un film coréalisé avec Jean-Sébastien Desbordes, centré sur l'histoire des deux finalistes. "L'accès aux candidats est de plus en plus verrouillé, témoigne John-Paul Lepers. Cela ne s'est pas ouvert du côté de Sarkozy, qui ne m'a pas accordé d'entretien individuel, contrairement aux autres. Et cela s'est refermé peu à peu du côté de Royal." Plus que jamais, le journaliste a donc dû mettre "le pied dans la porte" pour obtenir des images exclusives. Le résultat est parfois frustrant. Lors d'une visite commune, à Valenciennes (Nord), de Nicolas Sarkozy et de Jean-Louis Borloo, ministre des affaires sociales, les deux hommes se retrouvent "coincés" avec John-Paul Lepers et sa caméra. Gênés, ils éludent les questions. "Ils maîtrisent de plus en plus, donc on en a de moins en moins", regrette le journaliste. Lorsque Nicolas Sarkozy décide d'aller en banlieue, c'est un mail "anonyme" mais "en provenance de l'UMP" qui prévient John-Paul Lepers. Sur place, à Meaux (Seine-et-Marne), la venue du président de l'UMP est dans un premier temps annulée, puis, finalement, le futur président arrive. La rencontre est particulièrement tendue avec les gens de la cité, mais Nicolas Sarkozy s'en sort plutôt bien, montrant qu'il est capable de dialoguer. Ces images inédites, dont on ne sait si elles relèvent de l'information ou de la communication, sont l'un des moments forts du Jour de gloire. § Un peu avant 22 heures, dimanche 6 mai, dans la cité des "3000" à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la police intervient sans ménagement. § U n peu avant 22 heures, dimanche 6 mai, dans la cité des "3000" à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la police intervient sans ménagement. Alors que la situation est parfaitement calme, une douzaine de policiers, casqués, se précipitent sur un groupe d'habitants et plaquent au sol, violemment, deux jeunes gens. Dans une grande confusion, les forces de l'ordre donnent des coups de matraque, touchant plusieurs personnes. A plusieurs reprises, ils font usage de leurs flash-balls - des armes qui projettent des balles en caoutchouc pouvant assommer un adulte - en direction des habitants. L'attitude de la police provoque une réaction immédiate de la trentaine de jeunes qui se mettent à jeter des pierres et des bouteilles sur les forces de l'ordre. Des CRS arrivent rapidement en renfort et dispersent la foule. Ils repoussent durement les adultes, dont des animateurs, qui tentent d'apaiser les esprits. Le conseiller général PS du secteur, Gérard Ségura, qui avait fait le tour de la cité pour alerter les jeunes sur les risques de "provocations" des forces de l'ordre, voit un policier pointer son flash-ball à "20 cm" de son menton. La scène a été racontée dans Le Monde du 8 mai. Au moment où ils interviennent dans la cité dite Rose-des-Vents, les policiers ne savent pas qu'un journaliste du Monde et un photographe, Freddy Muller, sont sur place depuis la fin de l'après-midi. Notre reportage visait alors deux objectifs : recueillir les réactions des habitants après la victoire de Nicolas Sarkozy et raconter, le cas échéant, d'éventuelles violences urbaines. Les "3000" n'avaient pas été choisis par hasard : au premier tour, Ségolène Royal a obtenu 66 % des suffrages dans le bureau de vote central, signe d'un fort rejet de Nicolas Sarkozy ; et des rumeurs d'"émeutes" avaient circulé dans ce quartier, réputé parmi les plus durs d'Ile-de-France. Mais Aulnay présentait un autre intérêt : le fait de bien connaître la cité et ses habitants permettait de faire venir un photographe en toute sécurité - démarche de plus en plus délicate dans les quartiers sensibles - et de pouvoir rester sur place pendant la nuit. Ce reportage s'inscrit en effet dans un investissement de long terme dans ce quartier "ghetto" de 18 000 habitants. Depuis novembre 2005, c'est la 20e fois que nous venons rencontrer les habitants. La confiance établie avec eux rendait possible le fait d'être témoin direct du cycle de violences et de vengeances entre jeunes et policiers qui perturbent régulièrement la vie de cette cité. Ainsi, le soir du 6 mai, c'est la police qui paraît brutale, illustrant les nombreux témoignages de "bavures" recueillis depuis dix-huit mois dans le quartier. Les jeunes, comme les adultes, dénoncent notamment les contrôles d'identité à répétition et les interpellations rugueuses. D'autres font état d'insultes régulières, en particulier de la part des CRS. Quelques mois plus tôt, c'était la police qui était victime de violences "gratuites" : pendant les émeutes de 2005, l'antenne de police du quartier avait été incendiée ; le 19 octobre 2006, un équipage était violemment agressé ; une semaine plus tard, un groupe de mineurs brûlait des voitures. Une illustration, sur le long terme, de la "double radicalisation" dont parlent les sociologues à propos des rapports entre jeunes et policiers dans les quartiers. § La vice-présidente du Front national lance sa campagne pour les législatives dans le Pas-de-Calais. § M arine Le Pen a lancé, vendredi 11 mai, à Courcelles-les-Lens, sa campagne pour les élections législatives et a annoncé qu'elle se présenterait en 2008 sur la liste que mènera Steeve Briois, le secrétaire départemental du Front national, pour les élections municipales à Hénin-Beaumont. La vice-présidente du FN affirme "ne pas vouloir faire du tourisme" mais désirer "s'implanter durablement" sur cette terre meurtrie par les fermetures d'usines et les délocalisations : Metaleurop, Glencore, Energy Plast... Cette circonscription semble en effet taillée sur mesure pour l'ex-directrice stratégique de la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen qui a défendu la ligne de séduction de l'électorat issu de la gauche. Une stratégie qui a au moins permis au président du FN de mieux résister le 22 avril à l'opération de charme opérée par Nicolas Sarkozy. Il y a recueilli 19 % des voix, soit près de 9 points de plus que la moyenne nationale. En fait, Marine Le Pen n'est pas une inconnue à Hénin-Beaumont. Elle a été conseillère de la région Nord - Pas-de-Calais de 1998 à 2004, et en 2002 elle s'est présentée aux législatives dans la circonscription voisine, celle de Lens. Tout en faisant sa campagne, elle était venue à Hénin-Beaumont soutenir Steeve Briois, aujourd'hui son suppléant. Tous deux s'étaient qualifiés pour le second tour. Le 10 juin, elle affrontera le député socialiste sortant Albert Facon dans un contexte où le Parti communiste, qui sera représenté par le conseiller général Dominique Watrin, ne cesse de régresser. La droite sera représentée côté UMP par un inconnu choisi parmi les Français issus de l'immigration, Nesrine Ramdani, et côté centre, par Jean Urbaniac, qui attend l'investiture du Mouvement démocrate. Actuellement sous le feu de critiques émanant, dit-elle, d'"une ou deux personnes qui (la) poursuivent depuis cinq ans", elle espère obtenir "un bon score" en juin pour "les faire taire" et conforter sa place dans le parti avant le congrès de la fin de l'année. "Se radicaliser comme ils le souhaitent serait faire du Philippe de Villiers, soit 2,23 % à la présidentielle. C'est ce que voudrait Nicolas Sarkozy !", insiste-t-elle. Vendredi, Mme Le Pen a donné le ton de sa campagne en demandant aux électeurs d'élire des députés FN pour "faire contrepoids à la chambre bleue horizon qu'obtiendra M. Sarkozy et obliger ce dernier à tenir ses promesses" : "Pour éviter, lance-t-elle, les dérives d'une politique ultralibérale que le PS a renoncé à combattre, comme l'a montré le programme de Mme Royal (...), pour faire cesser une immigration qui tire les salaires vers le bas et transforme le smic en salaire maximum." Albert Facon, qui inaugurait vendredi de nouveaux locaux pour les petites entreprises dans la zone artisanale de Courrières, ironisait sur la venue de Mme Le Pen : "Au moins, on parle de nous dans la presse !" S'avouant "incapable d'expliquer" les bons scores du FN dans l'électorat populaire, il se rassure en constatant l'évolution démographique de la circonscription avec "les gens qui viennent de Lille pour vivre ici". "On redevient, et heureusement pour nous, (...) une circonscription moyenne de France", dit-il. Affectant de ne pas craindre la candidate du FN : "Elle repartira à Paris au soir du premier tour", M. Facon n'en envisage pas moins "d'appeler dès à présent à un Front républicain contre l'extrême droite". § Les douze, puis quatorze circonscriptions que François Hollande a offert de leur réserver, vendredi, ne leur suffisent pas. § V oilà trois jours que les dirigeants des Verts refusent les propositions formulées par le Parti socialiste pour un accord électoral aux élections législatives. Les douze, puis quatorze circonscriptions - dont celles des trois députés Verts sortants (Noël Mamère en Gironde, Martine Billard et Yves Cochet à Paris) - que François Hollande a offert de leur réserver, vendredi 11 mai, ne leur suffisent pas. Les dirigeants socialistes ont pourtant tenté de sceller un accord auquel ils tiennent, pour afficher un " rassemblement de la gauche" avant leur conseil national, samedi 12 mai. Les discussions ont été engagées il y a plusieurs mois pour trouver un terrain d'entente. En raison des blocages, les deux partis étaient convenus de se revoir au lendemain de l'élection présidentielle. Mais la victoire de Nicolas Sarkozy et le risque d'une "vague bleue" lors des législatives ont compliqué la donne. Devant le refus des écologistes du "paquet" proposé de douze circonscriptions dont cinq "gagnables", Bruno Le Roux, responsable des élections au PS, a modifié l'accord électoral proposé. Ce sont désormais quatorze circonscriptions, dont six ou sept gagnables, qu'il a soumises aux Verts. Mais, entre-temps, la répartition a été modifiée : des dirigeants comme Yann Wehrling, porte-parole, Jean-Michel Bérégovoy en Seine-Maritime, Slimane Tyr, vice-président (Verts) de la communauté urbaine Lille-Métropole, à Roubaix, ou Jean-Vincent Placé, président du groupe Verts au conseil régional d'Ile-de-France, en ont été exclus. La direction des Verts est particulièrement mécontente du sort des deux dernières circonscriptions, les deux candidats appartenant à la même sensibilité de gauche que la secrétaire nationale, Cécile Duflot. De plus, un socialiste, Gilles Savary, porte-parole de la campagne de Ségolène Royal, s'est déclaré contre Noël Mamère. "PAS DES BIQUETTES" "Je suis très sensible à la nécessité du rassemblement de la gauche face à Sarkozy, mais il faut que les Verts soient respectés", assure Mme Duflot. Le score très modeste de Dominique Voynet - 1,57 % -, sur lequel s'appuie le PS pour réduire les prétentions des Verts, serait "non représentatif", car imputable au vote utile. Et le sondage BVA, qui donne les Verts à 6 %, les conforte dans leur fermeté. "Il ne faut pas que les socialistes nous prennent pour des biquettes", insiste Mme Duflot. "Nous avons fait de vrais efforts. La balle est désormais dans leur camp", répond François Hollande. Les Verts doivent trancher lors d'un conseil national, dimanche 13 mai, à Paris. "En l'état, l'accord ne passera pas", pronostique Michel Bock, le négociateur des Verts. "Je souhaite qu'on ait un accord, mais il faut que le PS soit plus conséquent", renchérit M. Mamère. Pour l'heure, Dominique Voynet suit ses troupes. "D'ici dimanche, nous avons la vie devant nous", explique encore la direction des Verts. Une manière d'envoyer un ultime message à François Hollande pour qu'il améliore encore son offre. § Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, revient sur la préparation des élections législatives. § E tes-vous favorable à des accords de désistement aux élections législatives avec le centre de François Bayrou ? Un accord avant le premier tour avec le centre signifierait un accord programmatique. Aujourd'hui, ses fondements n'existent pas. D'ailleurs, François Bayrou lui-même l'a exclu. Notre objectif est d'empêcher que tous les pouvoirs soient concentrés dans les mêmes mains. Nous examinerons, au soir du premier tour des législatives, la situation au cas par cas, notamment pour les candidats démocrates qui partagent nos conceptions d'un Etat impartial, d'une République plus équilibrée politiquement et socialement. Votre position est loin de faire l'unanimité au PS... Je ne veux pas que la défaite du 6 mai soit le prétexte à un retour en arrière. Les 17 millions de voix qui se sont portés sur Ségolène Royal, ce n'est pas la fin de l'histoire, ce doit être le levier de la rénovation du PS et de la gauche. Avez-vous des contacts avec François Bayrou ? Aucun. Le Parti socialiste a commencé un combat pour la rénovation de la République et il faut le poursuivre. Nous voulons une représentation à l'Assemblée nationale qui soit à l'image du pays. On ne peut pas commencer ce nouveau cycle politique avec le même pouvoir monolithique de l'UMP. La rénovation de la République, c'est l'existence de contrepoids politiques. On ne peut pas rayer du Parlement la diversité du pays. Dans combien de circonscriptions le PS pourrait-il examiner au "cas par cas" d'éventuels désistements avec le centre ? Dix ou quinze tout au plus. Cela pourrait concerner François Bayrou lui-même ? Encore faudrait-il qu'il sorte des ni-ni. Ni droite ni gauche. La rénovation du PS ne passe plus par son "élargissement" ? Cela fera partie de notre réflexion. La rénovation du PS commence d'abord par la mise à jour de son logiciel, par l'analyse sans concession des décisions que nous n'avons pas prises, collectivement, depuis cinq ans. A force de synthèses sans contenu, on n'a pas avancé. Il faudra tout passer au scanner, y compris notre campagne présidentielle, mais ce temps viendra après les législatives. Ségolène Royal ne sollicitera pas un nouveau mandat de députée, se privant ainsi de la possibilité de devenir le chef de l'opposition à l'Assemblée. Vous l'approuvez ? Je respecte son choix. Elle peut trouver d'autres façons de s'exprimer puisqu'elle a déjà changé de statut. Elle a acquis un niveau de popularité très important. Elle a attiré des catégories populaires que nous ne touchions plus. Elle a bousculé nos scléroses. Ce serait une folie de ne pas le comprendre. Pendant la campagne présidentielle, il s'est passé quelque chose qui transcende les courants du Parti socialiste. Je souhaite d'ailleurs que notre plate-forme législative n'oublie pas tout ce que son pacte présidentiel a apporté : l'ordre juste, le donnant-donnant, le contrat social, la société des droits et des devoirs... Ceux qui pensent qu'il doit y avoir une différence entre le pacte présidentiel et le projet pour les législatives se trompent. § Le Journal officiel a publié, vendredi 11 mai, la "déclaration de situation patrimoniale" transmise au Conseil constitutionnel par Nicolas Sarkozy. § L e Journal officiel a publié, vendredi 11 mai, la "déclaration de situation patrimoniale" transmise au Conseil constitutionnel par Nicolas Sarkozy, nouveau président de la République. Cette déclaration doit être rendue publique lors de sa prise de fonctions et au terme de son mandat par chaque président. M. Sarkozy affiche au total un patrimoine de 2,5 millions d'euros. Il dispose de trois contrats d'assurance-vie à la Société Générale pour un montant de 1 906 487 euros, d'un autre chez Neuflize Vie pour 135 679 euros et de plans d'épargne logement à son nom et à ceux de sa famille pour près de 75 000 euros. Il rappelle la propriété de 34 % des parts de la société d'avocats Arnaud Claude-Nicolas Sarkozy. Selon nos informations, en 2006, cette société était valorisée 350 000 euros. A son passif, M. Sarkozy mentionne deux emprunts d'un montant total de 50 000 euros pour les "travaux de décoration de (son) appartement" arrivant à échéance en 2007 et en 2009. Il s'agirait du duplex situé sur l'île de la Jatte, à Neuilly (Hauts-de-Seine), acheté 6 millions de francs en 1997 et revendu en 2006 pour 1,9 million d'euros (près de 13 millions de francs). Au cours de la campagne, l'estimation de son patrimoine a été mise en cause notamment à cause de cet appartement. Entre 2005 et 2006, l'évaluation de ses biens imposables était passée de 750 000 à 1,2 million d'euros sans qu'un événement majeur soit venu bouleverser son patrimoine. Au 1er janvier 2005, M. Sarkozy n'était pas imposable au titre de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). En 2006, il payait 1 988 euros. Pour répondre aux soupçons de sous-estimation de son patrimoine, il avait avancé la hausse de la valeur des parts de son cabinet d'avocats et des prix de l'immobilier. Le 5 mars, Bruno Parent, directeur des impôts, sollicité par le candidat de l'UMP, avait indiqué que "les déclarations d'ISF de M. Sarkozy ne font pas apparaître d'anomalies", sans se prononcer sur le prix d'achat du duplex de Neuilly. Le Canard enchaîné avait affirmé que M. Sarkozy avait bénéficié d'un rabais de 20 % à 35 %, sous forme d'abandon de factures de travaux et de minoration du prix. Celui-ci avait nié tout traitement de faveur et s'etait engagé à fournir les factures démentant que le promoteur ait pris à sa charge plus de 1,5 million de francs de travaux. S'il n'a pu, à ce jour, tenir sa promesse - l'essentiel des traces comptables "se trouve toujours dans son garde-meuble", selon son ancien directeur de campagne, Claude Guéant -, on sait qu'il a au moins emprunté 50 000 euros pour son aménagement. § L'entretien a porté sur la renégociation du traité constitutionnel européen rejeté par les Français lors du référendum de 2005. § L e nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, s'est longuement entretenu, vendredi 11 mai, à Paris, avec le premier ministre britannique, Tony Blair, avant de dîner avec lui dans un restaurant parisien. M. Blair était accompagné de son conseiller pour les affaires européennes, M. Sarkozy de François Fillon et de son conseiller diplomatique, David Martinon. L'entretien, qualifié de "très chaleureux", a eu lieu dans l'annexe de Matignon qu'occupe provisoirement M. Sarkozy, rue Saint-Dominique. Il a porté sur la renégociation du traité constitutionnel européen rejeté par les Français lors du référendum de 2005. "Ils ont esquissé les contours d'une méthode pour sortir de l'impasse", indique-t-on côté français. L'adhésion de la Turquie, sur laquelle les deux dirigeants ont des vues radicalement opposées, a été brièvement évoquée. Lors du sommet européen prévu les 21 et 22 juin, à Bruxelles, sous présidence allemande, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union doivent s'entendre sur les modalités de cette renégociation. Londres, qui n'a jamais caché son souhait d'un traité a minima, qui puisse éviter un référendum, souhaitait entendre le nouveau chef de l'Etat français préciser lui-même son idée de "traité simplifié". Ce dernier se rendra à Berlin pour des entretiens avec la chancelière Angela Merkel le soir même de sa passation de pouvoirs, le 16 mai. Tony Blair s'est également rendu à son arrivée à Paris à l'Elysée rencontrer Jacques Chirac. Le président sortant l'a remercié "pour cette visite, qu'il a qualifiée de geste d'amitié auquel il était particulièrement sensible", a rapporté son porte-parole, Jérôme Bonnafont. Il "a exprimé l'espoir et la conviction que les relations entre la France et le Royaume-Uni demeureraient proches et amicales au service de l'Europe, de la paix et du développement". § Avec un gouvernement resserré, l'agriculture pourrait bien être rétrogradée au rang de secrétariat d'Etat ou voir ses attributions actuelles redistribuées entre plusieurs ministères. § L Ecalcul est vite fait : avec un gouvernement resserré, l'agriculture pourrait bien être rétrogradée au rang de secrétariat d'Etat ou voir ses attributions actuelles redistribuées entre plusieurs ministères. Conscients du risque, les agriculteurs n'ont pas manqué de plaider leur cause durant la campagne présidentielle, et ont persisté ces derniers jours. Cette stratégie paiera-t-elle ? "J'ai moins de craintes", reconnaissait Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, vendredi 11 mai, se félicitant de sa vigilance. Il confirmait avoir reçu des propos rassurants depuis lundi 7 mai, mais refusait cependant de s'exprimer sur l'éventuel titulaire du portefeuille, alors que des noms de membres de l'UDF circulent. Au lendemain du premier tour, son syndicat a publié un communiqué au titre clair : "De la nécessité de garder un ministère". Réclamant l'engagement du maintien du portefeuille, le texte explique que "compte tenu des défis à relever pour notre pays, le ministère de l'agriculture a vocation à s'élargir et non à se rétrécir". Même chose après le second tour, dans un message de félicitations à Nicolas Sarkozy - les agriculteurs, selon deux sondages Ipsos de sortie des urnes, ont voté pour lui à 67 % le 6 mai (35 % le 22 avril). La FNSEA réclame alors de voir confortées et élargies les missions de l'agriculture "à travers un grand ministère". La Coordination rurale y est aussi allée de son communiqué. LA QUESTION DE L'INTITULÉ Au cas où le message n'aurait pas atteint sa cible, la FNSEA a rendu publique, jeudi 10 mai, une lettre de remerciements adressée à Jacques Chirac. "Qu'aurions-nous fait sans votre soutien sur le budget de la PAC ? Que serions-nous devenus dans le cadre de l'OMC sans votre habilité et votre ténacité ?", y demande-t-elle. Si, en France, l'agriculture n'est plus un sujet de préoccupation majeur, il en est tout autrement au niveau européen, où elle représente jusqu'à présent le premier poste budgétaire. "Pour se battre à Bruxelles, le représentant de la France doit avoir un statut de ministre", estime M. Lemétayer, qui rappelle que la France prendra la présidence de l'Union européenne en juillet 2008. L'année où, justement, doit être réalisé un état des lieux financier de la politique agricole commune (PAC). La FNSEA n'est pas défavorable à des regroupements... à condition qu'il s'agisse d'étoffer l'actuel ministère et que "l'intitulé commence par agriculture", précise son président. Le futur ministre chargé de l'agriculture, à plein temps ou non, aura vite l'occasion de se frotter au sujet : la FNSEA a d'ores et déjà annoncé une manifestation nationale le 25 mai pour protester contre les contrôles sur l'"écoconditionnalité" (le respect des normes environnementales) dans les exploitations. § Des redistributions ou des regroupements de compétences seraient prévus dans le futur gouvernement. § I l n'est pas encore président de la République. En attendant, il assure les fonctions de premier ministre. "C'est Sarkozy qui fait lui-même le gouvernement", résume, lucide et sans état d'âme, un proche collaborateur de François Fillon, le futur premier ministre du futur président. Acte manqué ? Nicolas Sarkozy doit passer le week-end dans la résidence des premiers ministres, le pavillon de la Lanterne dans le parc du château de Versailles. "Il m'a demandé si c'était possible. J'ai accepté. Aucun problème", confie Dominique de Villepin. "Cela lui a été proposé par le premier ministre et il va accepter", corrige un proche collaborateur du nouveau chef de l'Etat. Depuis son retour de sa croisière au large de l'île de Malte, le président élu s'est installé rue Saint-Dominique, dans un bâtiment de la République, annexe de Matignon, pour consulter et réfléchir à la constitution de son gouvernement. Car, pour son premier acte de président, Nicolas Sarkozy a choisi de frapper fort. En redécoupant les ministères, il veut en profiter pour réformer l'Etat, éliminer les doublons, réduire le nombre de fonctionnaires. "Depuis 48 heures, les grandes directions des ministères ont réalisé qu'elles vont se faire bouffer, on croule sous les contre-propositions", rigole un des artisans du "grand redécoupage". A titre d'exemple, une partie des douanes devrait rejoindre le ministère de l'intérieur (environ 10 000 agents sur 20 000), la direction du travail, qui s'occupe des relations sociales et du droit du travail, va être rattachée à Bercy et au futur ministre de la croissance et de l'emploi. "Ça va permettre à des dizaines de milliers de fonctionnaires de mieux appréhender la réalité économique", glisse un conseiller. Mais aussi de découvrir quelquefois "leur double dans le ministère d'en face", ajoute-t-il. Car la forteresse Bercy a souvent doublonné l'organisation des ministères dépensiers : "D'un côté un fonctionnaire qui dépense, de l'autre un fonctionnaire qui empêche de dépenser", résume un connaisseur des arcanes de l'Etat. Une autre partie de Bercy - le Trésor, la dette et la macroéconomie - serait fusionnée avec les directions s'occupant de la Sécurité sociale, notamment de l'élaboration de la loi de financement de la Sécurité sociale, le reste du ministère de la santé fusionnant avec les sports. Ce nouveau ministère des "comptes" pourrait être confié à un UDF, en gage d'ouverture. Des ministères importants pourraient disparaître, comme l'agriculture et la culture. Cette dernière serait rattachée à l'éducation nationale pour promouvoir l'enseignement artistique à l'école. L'immense ministère du développement durable, en cours de constitution, serait le prétexte à la réforme des grands corps d'ingénieurs de l'Etat. Regroupant l'écologie, les transports, l'énergie et l'équipement, il suscite déjà l'opposition des corps des Mines, des Ponts, des Eaux et forêts, et des Télécoms, qui se réservent les grandes directions et qui rechignent à perdre leur singularité. Jean-Pierre Raffarin qui a suggéré une solution alternative - regrouper l'Europe et le développement durable - n'a pas été suivi. "Il y aura beaucoup de surprises sur le périmètre des ministères, leur intitulé et le nom des titulaires...", met en garde un proche de François Fillon. Sur le nom des ministères, les collaborateurs de Nicolas Sarkozy ont été invités à un large "brainstorming" tout au long du week-end pour que les intitulés retenus soient parlants et indiquent une stratégie tout autant qu'un redécoupage. Quant aux noms des titulaires de ces futurs portefeuilles, dont la moitié seront des femmes, les "fuites", organisées ou pas, vont se multiplier jusqu'à l'annonce de la composition du gouvernement, entre le 18 et le 21 mai. Une chose est sûre : "Il nous faut des patrons très puissants politiquement pour imposer des restructurations qui vont faire grincer des dents", estime-t-on dans l'entourage du futur exécutif. Selon un ministre sortant qui espère faire partie de la future équipe, "avec cette restructuration de l'Etat, on sera en mesure de ne pas remplacer les départs à la retraite d'un fonctionnaire sur deux dès 2007." Au moment de laisser les clés de Matignon à la future équipe, M. de Villepin, qui a été plusieurs fois en contact avec M. Sarkozy depuis son élection, confie avoir été "frappé par sa détermination, sa volonté d'ouverture et de renouvellement". "Mais attendons pour connaître quel président il sera... l'exercice du pouvoir n'est pas la conquête du pouvoir, ajoute-t-il. M. Sarkozy a tranché : ce sera l'option difficile. § Réunis dimanche lors d'un conseil national à Paris, les Verts ont décidé de présenter des candidats dans les 577 circonscriptions. § M algré le score très modeste de Dominique Voynet à l'élection présidentielle 1,57 % , le conseil national des Verts a rejeté, dimanche 13 mai, les propositions faites par le PS pour les législatives, soit 14 circonscriptions réservées, dont celles de leurs trois sortants. Réunis à Paris, les conseillers nationaux écologistes plus de 70 présents sur un total de 120 se sont prononcés par un vote à deux tours. Au premier tour, le texte refusant l'accord a réuni 58 % des votes, frôlant la majorité requise de 60 % qu'il a atteinte aisément au second tour. En conséquence, les Verts présenteront des candidats dans les 577 circonscriptions. Dans trois d'entre elles, celles des trois sortants Martine Billard et Yves Cochet (Paris), Noël Mamère (Bègles) le PS s'est de toute façon engagé à ne pas présenter de candidat, indépendamment de l'accord national en discussion. Par ailleurs, en application d'accords départementaux, il n'y aura pas non plus de socialiste dans deux autres circonscriptions : la 1ère de Nantes, gagnable par la gauche et la 9e des Alpes-maritimes, hors d'atteinte pour elle. § Nicolas Sarkozy devrait démissionner, lundi, de la présidence du parti lors d'un conseil national et jugerait "problématique" qu'un président élu lui succède. § L 'équipe dirigeante de l'UMP devait retrouver, dimanche 12 mai en début de soirée, Nicolas Sarkozy dans ses bureaux provisoires de la rue Saint-Dominique pour préparer le conseil national de l'UMP qui se tiendra lundi à Paris. En effet, huit jours après sa victoire à l'élection présidentielle du 6 mai, M. Sarkozy quittera lundi la présidence de l'UMP à l'occasion d'un conseil national de son parti, qui pourrait se doter d'une direction collégiale. M; Sarkozy a été élu le 28 novembre 2004 à la présidence de l'UMP, fruit d'une fusion en 2002 du RPR, de Démocratie libérale et d'une partie de l'UDF à l'initiative de fidèles du président Jacques Chirac. Le nouveau président de la République avait annoncé pendant la campagne présidentielle qu'il démissionnerait de la présidence de l'UMP s'il était élu. Les statuts actuels de l'UMP prévoient que l'intérim soit assuré par le président délégué du parti, Jean-Claude Gaudin, jusqu'à l'élection d'un nouveau président lors d'un congrès initialement prévu en novembre prochain. "RELANCER DES DISCUSSIONS INTERNES N'EST PAS LA PRIORITÉ" Toutefois, selon des membres de la direction du parti cités vendredi par Le Figaro, Nicolas Sarkozy jugerait "problématique" qu'un président élu par les militants lui succède. Il est en effet bien placé pour savoir que la légitimité donnée par le vote des militants peut faire du président d'un parti majoritaire une sorte de concurrent du premier ministre et du chef de l'Etat. Lui-même en a joué pour imposer sa candidature en transformant l'UMP en une machine de guerre pour la conquête de l'Elysée. A l'instar du député Eric Woerth, trésorier de l'UMP, des dirigeants du parti ont égalament fait valoir la nécessité de ne rien faire qui risque de nuire à la cohésion du parti majoritaire à l'aube d'une nouvelle législature. "Elire un nouveau président, ça va refractionner l'UMP alors qu'il faut maintenir son unité, compte tenu de l'ampleur du travail à abattre", a ainsi expliqué, dimanche, M. Woerth. "Relancer des discussions internes n'est pas la priorité." JEAN-PIERRE RAFFARIN SE VERRAIT BIEN À LA TÊTE DE L'UMP L'idée serait donc, si elle est retenue par Nicolas Sarkozy, de modifier les statuts de l'UMP lors de son prochain congrès pour lui donner une direction collégiale, "où les différentes sensibilités seraient représentées", explique Eric Woerth. Cette direction collégiale pourrait éventuellement être élue par les militants et un secrétaire général serait chargé de "faire marcher la boutique". Ce dispositif serait d'autant moins enclin à prendre son autonomie par rapport à l'exécutif que le poste de secrétaire général pourrait être confié à un proche de Nicolas Sarkozy. Selon Eric Woerth, Brice Hortefeux, actuel ministre délégué aux collectivités territoriales, aurait le "bon profil". Ce serait, pour ce fidèle du nouveau président, un lot de consolation s'il n'est pas dans le prochain gouvernement. Mais l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui a également déclaré être opposé à l'élection d'un nouveau président, ne cache pas qu'il se verrait bien à cette place. "Je ne l'exclus pas, je peux même dire que je souhaite être associé à cette nouvelle gouvernance de l'UMP", a déclaré le sénateur, qui a été reçu samedi par Nicolas Sarkozy. § Un article du JDD, expliquant que Cécilia Sarkozy n'aurait pas voté lors du second tour de la présidentielle, aurait été censuré par l'actionnaire de référence de l'hebdomadaire, le groupe Lagardère, selon une information parue sur le site Internet Rue89. § U n article du Journal du Dimanche expliquant que Cécilia Sarkozy n'aurait pas voté lors du second tour de la présidentielle aurait été censuré par l'actionnaire de référence de l'hebdomadaire, le groupe Lagardère, selon une information parue sur le site Internet Rue89. Une source proche de la rédaction du JDD a confirmé au Monde.fr que cet article avait bien été prévu mais avait été retiré au dernier moment sans être cependant en mesure de préciser pour quelles raisons. "Selon nos informations, le Journal du Dimanche a renoncé à publier un article racontant comment Nicolas et Cécilia Sarkozy avaient passé leur dernier dimanche, le 6 mai, jour du second tour", indique un article paru sur ce site fondé par d'anciens journalistes de Libération. Selon eux, leurs confrères du JDD auraient "découvert", en consultant le registre du bureau de vote où était inscrite Cécilia Sarkozy que l'épouse du candidat de l'UMP "n'avait pas voté". "L'article, illustré d'une photo de la liste d'émargement, mentionnait également de vifs échanges, dans la soirée (du 6 mai), au sein du couple", précise Rue89. PLUSIEURS PROCHES DE "NICOLAS SARKOZY SERAIENT INTERVENUS" Le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire dominical, Jacques Espérandieu, aurait alors demandé à ses journalistes samedi, veille de la parution du journal, d'appeler Cécilia Sarkozy avant de publier l'information, indiquent les rédacteurs de Rue89. Cécilia Sarkozy n'a pas voulu faire de commentaire, ajoute le site Internet. "A la suite de quoi, plusieurs membres de la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy seraient intervenus", affirme Rue89 qui cite notamment Claude Guéant, le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy et Franck Louvrier, son responsable de la communication. "Finalement, Arnaud Largardère, patron du groupe Lagardère, a exigé que l'article soit remis dans un tiroir", continue Rue89. Le directeur de la rédaction du Journal du Dimanche, contacté par Reuters, n'était pas joignable par téléphone dimanche en milieu d'après-midi. Le groupe Lagardère n'a pas non plus pu être joint. § L'ancien ministre de l'éducation du gouvernement de Lionel Jospin a affirmé, dans un entretien au "Parisien", qu'il étail "prêt à aider Nicolas Sarkozy" en acceptant "une mission limitée pour aider l'université française et la recherche". § D ans un entretien à paraître dans Le Parisien-Aujourd'hui en France datée du dimanche 13 mai, l'ancien ministre de l'éducation de Lionel Jospin, Claude Allègre, se dit "prêt à aider Nicolas Sarkozy". M. Allègre, qui a été reçu à plusieurs reprises par le nouveau président de la République, précise qu'il est "prêt à accepter une mission limitée dans le temps pour aider l'université française à s'adapter au XXIe siècle et pour faire en sorte que la recherche redevienne une des priorités nationales". L'ancien ministre y met toutefois une condition : que "des moyens financiers importants" soient débloqués pour réformer l'université et la recherche, comme, selon lui, Nicolas Sarkozy le lui a "laissé entendre". "J'APPROUVE TOTALEMENT LA POLITIQUE D'OUVERTURE" DE NICOLAS SARKOZY Tout en rejetant un poste de ministre - "il est temps qu'une nouvelle génération soit aux commandes", a-t-il estimé - Claude Allègre a indiqué que le président élu "l'impressionne", qu'il "a du charisme et, en plus, il est très sympathique". Il en a également profité pour réitérer ses attaques contre le programme de Ségolène Royal, qui "n'était pas socialiste, mais de centre-droit avec quelques adjuvants archaïques". "En revanche", ajoute-t-il, "chacun restant ce qu'il est, j'approuve totalement la politique d'ouverture du président de la République car, de toute ma vie, jamais je n'ai considéré la politique comme une guerre civile". Interrogé, samedi, François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, a estimé, samedi, qu'il fallait être "cohérent" et que la politique avait "besoin de clarté, pas de confusion". Quant au maintien au PS de ceux qui travailleraient pour Nicolas Sarkozy, M. Hollande a répondu : "Comment voulez-vous que des membres d'un parti qui a contesté tous les choix de Nicolas Sarkozy depuis 2002 et dans cette campagne présidentielle, qui serviraient celui qui a été leur adversaire, puissent rester membres du Parti socialiste ?" § L'ancien ministre des affaires étrangères socialiste et la PDG d'Areva, deux anciens proches de François Mitterrand, ont été approchés par Nicolas Sarkozy pour entrer dans le futur gouvernement. § H ubert Védrine et Anne Lauvergeon, deux anciens proches du président François Mitterrand (1981-1995) auxquels Nicolas Sarkozy a proposé d'entrer au gouvernement, réservent leur réponse, a affirmé, samedi 12 mai, Claude Guéant, ex-directeur de campagne du président élu. "Nous sommes en contact avec Mme Lauvergeon. Je l'ai encore eue au téléphone ce matin", a-t-il assuré en précisant que la PDG du groupe nucléaire français Areva "ne dit pas non à tout". Le collaborateur de M. Sarkozy n'a toutefois pas précisé quels étaient les postes qui avaient été proposés à Mme Lauvergeon, qui fut à l'Elysée l'un des "sherpas" de François Mitterrand pour les grands rendez-vous internationaux. Selon Le Figaro de samedi, Anne Lauvergeon aurait cependant opposé à M. Sarkozy "une fin de non-recevoir". RESTER "COHÉRENT" Quant à Hubert Védrine, ex-secrétaire général de l'Elysée, ancien ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, à qui aurait été proposé le ministère des affaires étrangères, il réserve lui aussi sa réponse, selon M. Guéant. Toutefois, "on pourrait réfléchir à un autre poste pour lui", a-t-il ajouté, assurant que le ministère de la justice avait également été évoqué pour cet ancien collaborateur de François Mitterrand. Interrogé sur le cas de M. Védrine mais aussi sur celui de Claude Allègre qui a été vu ce samedi à la Lanterne, résidence du premier ministre à Versailles où se trouve ce week-end M. Sarkozy, François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, a estimé qu'il fallait être "cohérent" et que la politique avait "besoin de clarté, pas de confusion". Quant au maintien au PS de ceux qui travailleraient pour Nicolas Sarkozy, M. Hollande a répondu : "Comment voulez-vous que des membres d'un parti qui a contesté tous les choix de Nicolas Sarkozy depuis 2002 et dans cette campagne présidentielle, qui serviraient celui qui a été leur adversaire, puissent rester membres du Parti socialiste ?" § Isabelle Mandraud, journaliste au "Monde", revient sur les déclarations de Mme Royal qui a souhaité que le candidat pour 2012 soit désigné dès la fin des élections législatives. § § Face au verrouillage des communicants, John-Paul Lepers et Serge Moati ont filmé la campagne électorale à leur manière. § I l est loin le temps où Raymond Depardon pouvait filmer en solitaire, et dans les coulisses, la campagne de Valéry Giscard d'Estaing, futur président de la République. Avec son reportage en forme de documentaire, 1974, une partie de campagne (qui a toutefois attendu vingt-huit ans avant d'être diffusé à la télévision, car Giscard le trouvait "trop irrévérencieux"), le cinéaste inaugurait, en France, une nouvelle manière de filmer la politique. Aujourd'hui, avec la concurrence que se livrent les chaînes, la politique est devenue une marchandise comme les autres, qui se vend en exclusivité "au plus offrant audiovisuel", comme le football. Et les politiques l'ont bien compris : tout ce qui est rare est cher et leurs "communicants" et autres "conseillers en images" vérifient et cadenassent jusqu'au moindre détail l'image de leur poulain. Auteur du documentaire La Prise de l'Elysée, diffusé sur France 3 le 7 mai, au lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy, le cinéaste Serge Moati reconnaît que cette présidentielle a été particulièrement difficile à filmer. "Après des dizaines de coups de téléphone et de demandes écrites restées sans réponses, j'ai décidé de me passer de leur aide, dit le réalisateur. J'ai choisi de regarder ailleurs et de proposer des séquences que l'on ne voit pas dans les journaux télévisés. Le rêve de tous les candidats et de leurs conseillers est que les caméras soient mises à leur disposition, et c'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait, notamment à l'UMP, en filmant eux-mêmes leurs images pour les mettre ensuite à la disposition des rédactions." Un pas supplémentaire dans le verrouillage de l'information. En 2002, l'équipe de Lionel Jospin avait donné l'exclusivité de tournage de sa campagne à la société de production 2P2L, qui avait réalisé le documentaire Comme un coup de tonnerre. Du cinéma direct inventé en 1960 aux Etats-Unis par Arthur D. Pennebaker et Richard Leacock, réalisateurs du film Primary, qui montrait l'intimité de la campagne présidentielle de John F. Kennedy. En 1996, avec War Room, Pennebaker avait renouvelé l'expérience en installant sa caméra dans le QG de Bill Clinton. RÉSULTAT FRUSTRANT Choisissant l'angle du "carnet de campagne", le journaliste John-Paul Lepers (ex-grand reporter au "Vrai Journal" de Canal+ et fondateur sur le Web de "latelelibre. fr") et son équipe ont suivi, durant un an et demi et jusqu'au 6 mai au soir, les candidats déclarés ou seulement putatifs à l'époque. Ils ont embarqué leurs caméras dans les avions emportant Ségolène Royal au Chili et au Sénégal, alors qu'elle n'était pas encore désignée par les militants du PS, dans celui de Nicolas Sarkozy coiffant in extremis sa rivale sur le fil à Dakar. John-Paul Lepers a assisté aux conférences de presse, aux meetings, il s'est invité dans les QG de campagne, s'est immiscé dans les déplacements en province et en banlieue. Au total, cela représente plus de deux cents heures d'enregistrement. Dimanche 13 mai à 20 h 50, Canal+ devait en diffuser un concentré de quatre-vingt-dix minutes dans "Lundi investigation" sous le titre Le Jour de gloire (rediffusion lundi 14, à 22 h 30). Un film coréalisé avec Jean-Sébastien Desbordes, centré sur l'histoire des deux finalistes. "L'accès aux candidats est de plus en plus verrouillé, témoigne John-Paul Lepers. Cela ne s'est pas ouvert du côté de Sarkozy, qui ne m'a pas accordé d'entretien individuel, contrairement aux autres. Et cela s'est refermé peu à peu du côté de Royal." Plus que jamais, le journaliste a donc dû mettre "le pied dans la porte" pour obtenir des images exclusives. Le résultat est parfois frustrant. Lors d'une visite commune, à Valenciennes (Nord), de Nicolas Sarkozy et de Jean-Louis Borloo, ministre des affaires sociales, les deux hommes se retrouvent "coincés" avec John-Paul Lepers et sa caméra. Gênés, ils éludent les questions. "Ils maîtrisent de plus en plus, donc on en a de moins en moins", regrette le journaliste. Lorsque Nicolas Sarkozy décide d'aller en banlieue, c'est un mail "anonyme" mais "en provenance de l'UMP" qui prévient John-Paul Lepers. Sur place, à Meaux (Seine-et-Marne), la venue du président de l'UMP est dans un premier temps annulée, puis, finalement, le futur président arrive. La rencontre est particulièrement tendue avec les gens de la cité, mais Nicolas Sarkozy s'en sort plutôt bien, montrant qu'il est capable de dialoguer. Ces images inédites, dont on ne sait si elles relèvent de l'information ou de la communication, sont l'un des moments forts du Jour de gloire. § Un peu avant 22 heures, dimanche 6 mai, dans la cité des "3000" à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la police intervient sans ménagement. § U n peu avant 22 heures, dimanche 6 mai, dans la cité des "3000" à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la police intervient sans ménagement. Alors que la situation est parfaitement calme, une douzaine de policiers, casqués, se précipitent sur un groupe d'habitants et plaquent au sol, violemment, deux jeunes gens. Dans une grande confusion, les forces de l'ordre donnent des coups de matraque, touchant plusieurs personnes. A plusieurs reprises, ils font usage de leurs flash-balls - des armes qui projettent des balles en caoutchouc pouvant assommer un adulte - en direction des habitants. L'attitude de la police provoque une réaction immédiate de la trentaine de jeunes qui se mettent à jeter des pierres et des bouteilles sur les forces de l'ordre. Des CRS arrivent rapidement en renfort et dispersent la foule. Ils repoussent durement les adultes, dont des animateurs, qui tentent d'apaiser les esprits. Le conseiller général PS du secteur, Gérard Ségura, qui avait fait le tour de la cité pour alerter les jeunes sur les risques de "provocations" des forces de l'ordre, voit un policier pointer son flash-ball à "20 cm" de son menton. La scène a été racontée dans Le Monde du 8 mai. Au moment où ils interviennent dans la cité dite Rose-des-Vents, les policiers ne savent pas qu'un journaliste du Monde et un photographe, Freddy Muller, sont sur place depuis la fin de l'après-midi. Notre reportage visait alors deux objectifs : recueillir les réactions des habitants après la victoire de Nicolas Sarkozy et raconter, le cas échéant, d'éventuelles violences urbaines. Les "3000" n'avaient pas été choisis par hasard : au premier tour, Ségolène Royal a obtenu 66 % des suffrages dans le bureau de vote central, signe d'un fort rejet de Nicolas Sarkozy ; et des rumeurs d'"émeutes" avaient circulé dans ce quartier, réputé parmi les plus durs d'Ile-de-France. Mais Aulnay présentait un autre intérêt : le fait de bien connaître la cité et ses habitants permettait de faire venir un photographe en toute sécurité - démarche de plus en plus délicate dans les quartiers sensibles - et de pouvoir rester sur place pendant la nuit. Ce reportage s'inscrit en effet dans un investissement de long terme dans ce quartier "ghetto" de 18 000 habitants. Depuis novembre 2005, c'est la 20e fois que nous venons rencontrer les habitants. La confiance établie avec eux rendait possible le fait d'être témoin direct du cycle de violences et de vengeances entre jeunes et policiers qui perturbent régulièrement la vie de cette cité. Ainsi, le soir du 6 mai, c'est la police qui paraît brutale, illustrant les nombreux témoignages de "bavures" recueillis depuis dix-huit mois dans le quartier. Les jeunes, comme les adultes, dénoncent notamment les contrôles d'identité à répétition et les interpellations rugueuses. D'autres font état d'insultes régulières, en particulier de la part des CRS. Quelques mois plus tôt, c'était la police qui était victime de violences "gratuites" : pendant les émeutes de 2005, l'antenne de police du quartier avait été incendiée ; le 19 octobre 2006, un équipage était violemment agressé ; une semaine plus tard, un groupe de mineurs brûlait des voitures. Une illustration, sur le long terme, de la "double radicalisation" dont parlent les sociologues à propos des rapports entre jeunes et policiers dans les quartiers. § La vice-présidente du Front national lance sa campagne pour les législatives dans le Pas-de-Calais. § M arine Le Pen a lancé, vendredi 11 mai, à Courcelles-les-Lens, sa campagne pour les élections législatives et a annoncé qu'elle se présenterait en 2008 sur la liste que mènera Steeve Briois, le secrétaire départemental du Front national, pour les élections municipales à Hénin-Beaumont. La vice-présidente du FN affirme "ne pas vouloir faire du tourisme" mais désirer "s'implanter durablement" sur cette terre meurtrie par les fermetures d'usines et les délocalisations : Metaleurop, Glencore, Energy Plast... Cette circonscription semble en effet taillée sur mesure pour l'ex-directrice stratégique de la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen qui a défendu la ligne de séduction de l'électorat issu de la gauche. Une stratégie qui a au moins permis au président du FN de mieux résister le 22 avril à l'opération de charme opérée par Nicolas Sarkozy. Il y a recueilli 19 % des voix, soit près de 9 points de plus que la moyenne nationale. En fait, Marine Le Pen n'est pas une inconnue à Hénin-Beaumont. Elle a été conseillère de la région Nord - Pas-de-Calais de 1998 à 2004, et en 2002 elle s'est présentée aux législatives dans la circonscription voisine, celle de Lens. Tout en faisant sa campagne, elle était venue à Hénin-Beaumont soutenir Steeve Briois, aujourd'hui son suppléant. Tous deux s'étaient qualifiés pour le second tour. Le 10 juin, elle affrontera le député socialiste sortant Albert Facon dans un contexte où le Parti communiste, qui sera représenté par le conseiller général Dominique Watrin, ne cesse de régresser. La droite sera représentée côté UMP par un inconnu choisi parmi les Français issus de l'immigration, Nesrine Ramdani, et côté centre, par Jean Urbaniac, qui attend l'investiture du Mouvement démocrate. Actuellement sous le feu de critiques émanant, dit-elle, d'"une ou deux personnes qui (la) poursuivent depuis cinq ans", elle espère obtenir "un bon score" en juin pour "les faire taire" et conforter sa place dans le parti avant le congrès de la fin de l'année. "Se radicaliser comme ils le souhaitent serait faire du Philippe de Villiers, soit 2,23 % à la présidentielle. C'est ce que voudrait Nicolas Sarkozy !", insiste-t-elle. Vendredi, Mme Le Pen a donné le ton de sa campagne en demandant aux électeurs d'élire des députés FN pour "faire contrepoids à la chambre bleue horizon qu'obtiendra M. Sarkozy et obliger ce dernier à tenir ses promesses" : "Pour éviter, lance-t-elle, les dérives d'une politique ultralibérale que le PS a renoncé à combattre, comme l'a montré le programme de Mme Royal (...), pour faire cesser une immigration qui tire les salaires vers le bas et transforme le smic en salaire maximum." Albert Facon, qui inaugurait vendredi de nouveaux locaux pour les petites entreprises dans la zone artisanale de Courrières, ironisait sur la venue de Mme Le Pen : "Au moins, on parle de nous dans la presse !" S'avouant "incapable d'expliquer" les bons scores du FN dans l'électorat populaire, il se rassure en constatant l'évolution démographique de la circonscription avec "les gens qui viennent de Lille pour vivre ici". "On redevient, et heureusement pour nous, (...) une circonscription moyenne de France", dit-il. Affectant de ne pas craindre la candidate du FN : "Elle repartira à Paris au soir du premier tour", M. Facon n'en envisage pas moins "d'appeler dès à présent à un Front républicain contre l'extrême droite". § Les douze, puis quatorze circonscriptions que François Hollande a offert de leur réserver, vendredi, ne leur suffisent pas. § V oilà trois jours que les dirigeants des Verts refusent les propositions formulées par le Parti socialiste pour un accord électoral aux élections législatives. Les douze, puis quatorze circonscriptions - dont celles des trois députés Verts sortants (Noël Mamère en Gironde, Martine Billard et Yves Cochet à Paris) - que François Hollande a offert de leur réserver, vendredi 11 mai, ne leur suffisent pas. Les dirigeants socialistes ont pourtant tenté de sceller un accord auquel ils tiennent, pour afficher un " rassemblement de la gauche" avant leur conseil national, samedi 12 mai. Les discussions ont été engagées il y a plusieurs mois pour trouver un terrain d'entente. En raison des blocages, les deux partis étaient convenus de se revoir au lendemain de l'élection présidentielle. Mais la victoire de Nicolas Sarkozy et le risque d'une "vague bleue" lors des législatives ont compliqué la donne. Devant le refus des écologistes du "paquet" proposé de douze circonscriptions dont cinq "gagnables", Bruno Le Roux, responsable des élections au PS, a modifié l'accord électoral proposé. Ce sont désormais quatorze circonscriptions, dont six ou sept gagnables, qu'il a soumises aux Verts. Mais, entre-temps, la répartition a été modifiée : des dirigeants comme Yann Wehrling, porte-parole, Jean-Michel Bérégovoy en Seine-Maritime, Slimane Tyr, vice-président (Verts) de la communauté urbaine Lille-Métropole, à Roubaix, ou Jean-Vincent Placé, président du groupe Verts au conseil régional d'Ile-de-France, en ont été exclus. La direction des Verts est particulièrement mécontente du sort des deux dernières circonscriptions, les deux candidats appartenant à la même sensibilité de gauche que la secrétaire nationale, Cécile Duflot. De plus, un socialiste, Gilles Savary, porte-parole de la campagne de Ségolène Royal, s'est déclaré contre Noël Mamère. "PAS DES BIQUETTES" "Je suis très sensible à la nécessité du rassemblement de la gauche face à Sarkozy, mais il faut que les Verts soient respectés", assure Mme Duflot. Le score très modeste de Dominique Voynet - 1,57 % -, sur lequel s'appuie le PS pour réduire les prétentions des Verts, serait "non représentatif", car imputable au vote utile. Et le sondage BVA, qui donne les Verts à 6 %, les conforte dans leur fermeté. "Il ne faut pas que les socialistes nous prennent pour des biquettes", insiste Mme Duflot. "Nous avons fait de vrais efforts. La balle est désormais dans leur camp", répond François Hollande. Les Verts doivent trancher lors d'un conseil national, dimanche 13 mai, à Paris. "En l'état, l'accord ne passera pas", pronostique Michel Bock, le négociateur des Verts. "Je souhaite qu'on ait un accord, mais il faut que le PS soit plus conséquent", renchérit M. Mamère. Pour l'heure, Dominique Voynet suit ses troupes. "D'ici dimanche, nous avons la vie devant nous", explique encore la direction des Verts. Une manière d'envoyer un ultime message à François Hollande pour qu'il améliore encore son offre. § "C'est au tour du 'Journal du dimanche' de se voir censurer par la direction du groupe Lagardère pour plaire au nouveau président élu, à moins que ce ne soit sur son ordre", estiment les journalistes du SNJ-CGT et l'USJ-CFDT dans un communiqué publié lundi. § "L es journalistes d'Hachette-Lagardère sont une nouvelle fois témoins révoltés et victimes d'une atteinte à la liberté d'expression. Après Paris Match, qui a été supervisé par les services du candidat de l'UMP pendant toute la campagne présidentielle, (...) c'est au tour du Journal du dimanche de se voir censurer par la direction du groupe Lagardère pour plaire au nouveau président élu, à moins que ce ne soit sur son ordre", ont dénoncé, lundi 14 mai, les journalistes du SNJ-CGT et de l'USJ-CFDT du groupe Hachette-Lagardère. Le site d'information Rue89.com, fondé par des anciens de Libération, a affirmé dimanche que le Journal du dimanche (JDD), qui appartient au groupe Lagardère, n'avait pas publié, à la demande d'Arnaud Lagardère, un article révélant que Cécilia Sarkozy n'avait pas voté le 6 mai. Il s'appuyait sur les listes d'émargement du bureau de vote de Neuilly où Mme Sarkozy est inscrite sous son nom de jeune fille, montrant qu'elle n'avait pas voté le 6 mai. Des photos du registre ont été publiées lundi par Rue89. "LE VOTE EST UN ACTE CIVIQUE ET NON PRIVÉ" "Les listes d'émargement étant publiques, le vote est un acte civique et non privé, le sujet n'est donc ni d'ordre privé ni une affaire d'Etat", ajoute le communiqué des syndicats, dénonçant "une censure en totale contradiction avec l'engagement pris par le nouveau patron des rédactions de Hachette Filipacchi Associés, Christian de Villeneuve, auprès des sociétés de journalistes à son arrivée, en décembre 2006". Le directeur de la rédaction du JDD, Jacques Espérandieu, avait déclaré dimanche avoir pris seul, "en son âme et conscience", la décision de ne pas publier cette information, jugeant qu'il s'agissait de la "sphère privée" et que "le vote est une affaire personnelle". Reporters sans frontières a également exprimé dans un communiqué, lundi, sa "préoccupation". "Le respect de la vie privée est une notion essentielle, mais celle-ci ne doit, en aucun cas, être utilisée pour dissimuler des informations qui, à n'en pas douter, relèvent de l'intérêt général", estime l'association. § Aucun des candidats n'a saisi le Conseil Constitutionnel à l'occasion des présidentielles. Mais le problème pourrait bien se poser lors des prochaine législatives, où le résultat se joue parfois à quelques centaines ou milliers de voix près. § P roblèmes de confidentialité (plusieurs personnes dans l'isoloir), d'accessibilité (personnes âgées ou handicapés), de décalage entre le nombre de votants et celui des suffrages (281 voix d'écart à Reims, 140 au Mans)... le site Ordinateurs-de-vote.org a recensé un certain nombre d'observations, problèmes techniques ou de procédure, rapportés sur les procès verbaux des bureaux de vote et de nature à semer le doute sur le processus électoral. "Le problème est plus psychologique que technique" Dans son bilan technique du second tour, le Conseil Constitutionnel reconnaît l'existence d'un "malaise" : "l'intrusion des machines à voter dépossède les citoyens de la liturgie républicaine. Elle rend opaque ce qui était visible (et) prive le corps électoral de la surveillance collective des opérations dans lesquelles s'incarne le suffrage universel". "N'est-ce pas cela, au fond d'eux-mêmes, que reprochent leurs détracteurs aux machines à voter ?" se demandent les Sages, pour qui "si tel est le cas, les apaisements techniques sont vains", d'autant que, souligne Jean-Louis Debré, "le problème posé par les machines à voter est plus psychologique que technique". L'équipe d'Ordinateurs-de-vote.org, se félicite de cette "main tendue de Jean-Louis Debré", et "s'engage à oeuvrer avec la présidence du Conseil Constitutionnel, qu'elle souhaite rencontrer, afin de continuer à faire progresser dans la sérénité et l'objectivité ce difficile dossier". Des recours en contentieux électoral ont ainsi été recensés dans une dizaine des 77 municipalités qui avaient fait le choix du vote électronique lors du second tour des présidentielles (cinq villes avaient décidé de ne pas renouveler l'expérience après le premier tour). Mais pour le Conseil Constitutionnel, qui n'a été saisi que par quelques particuliers (sur 1,2 M de votants), mais par aucun des candidats, "au premier comme au deuxième tour, aucune fraude n' a été constatée". Le problème se reposera néanmoins très certainement lors des prochaines législatives : le résultat se joue parfois à quelques centaines ou milliers de voix près, et pourrait inciter certains élus mécontents à opter pour la voie du contentieux. L'équipe d'informaticiens d'Ordinateurs-de-vote.org a d'ailleurs décidé de lancer un service d'assistance, "MAV (pour machines à voter) Assurance", destiné à faire profiter les candidats de leur expertise informatique et juridique en la matière. Interrogée par Lemonde.fr sur leur impartialité - alors que leur pétition pour le maintien du vote papier a été signée par plus de 85 000 citoyens -, Chantal Enguehard, docteur en informatique au CNRS, rappelle qu'ils ne sont pas contre le vote électronique en soi, mais pour un moratoire, au vu des incidents recensés. LA TRANSPARENCE DU VOTE, UN "SECRET INDUSTRIEL" Au-delà des problèmes pratiques rencontrés par ceux qui vont voter, les questions soulevées par les machines à voter concernent, au premier chef, la confiance que l'on est en droit de leur accorder. Ainsi, comme le rappelle le Conseil Constitutionnel, "les machines doivent être conformes en tout point aux 114 exigences contenues dans le règlement technique" du ministère de l'Intérieur. C'est pourquoi "les agréments sont délivrés au terme d'une procédure rigoureuse de contrôle de conformité exercée par un organisme de certification indépendant du ministère (Bureau Véritas ou CETEN-Apave)". Interrogé sur leurs marges de manoeuvre et l'indépendance de leurs prestations (facturées aux fabricants des machines), un employé de l'une de ces deux sociétés reconnaît, en "off", que "le référentiel à partir duquel sont agréées les machines dépend du ministère, on se contente de vérifier les machines par rapport à ce référentiel, on n'est pas libre, on ne peut pas dire énormément de choses, on fait ces investigations pour le compte du ministère, on a des devoirs vis à vis du client". Alors que les machines iVotronic avaient été discrètement remplacées, à 7 jours du premier tour, parce que leur nouveau modèle avait fait l'objet d'un "refus d'agrément" de la part du ministère de l'intérieur, la machine Nedap - la plus utilisée, en France - avait elle été agréée, deux jours plus tôt, alors même qu'elle ne respecte pas plusieurs des points du règlement technique (voir le document). Dans les deux cas, impossible de savoir pourquoi elles ont été autorisées, ou non : leurs rapports d'agrément sont classés "secret industriel". § Rémi Barroux, journaliste au "Monde", a interrogé les partenaires sociaux qui ont été reçus lundi par Nicolas Sarkozy, dans ses bureaux provisoires de la rue Saint-Dominique, à Paris. "Tous étaient satisfaits de cette rencontre aussi rapide après l'élection du président", souligne-t-il. § § La présidence par intérim sera assurée par Jean-Claude Gaudin, Pierre Méhaignerie et Brice Hortefeux, en attendant le prochain congrès du parti, à l'automne. § C omme prévu, Nicolas Sarkozy a annoncé sa démission de la présidence de l'UMP, lundi 14 mai, lors d'un conseil national de son parti à Paris. "Au moment où je viens d'être élu président de la République et à la veille de prendre mes fonctions, chacun comprendra que je ne puis demeurer à votre tête", a déclaré M. Sarkozy devant quelque 2 000 conseillers nationaux réunis dans un hôtel parisien. L'ouverture "jusqu'aux sarkozystes" ? Patrick Devedjian, fidèle parmi les fidèles de Nicolas Sarkozy, a ironisé, à la tribune du conseil national de l'UMP, sur l'ouverture du prochain gouvernement. "Je suis pour aller très loin dans l'ouverture (...), très loin, y compris jusqu'aux 'sarkozystes', c'est dire !" a lancé l'ancien ministre de l'industrie. "Parce que je pense que la fidélité n'est pas nécessairement le contraire de la compétence", a expliqué ce conseiller politique de Nicolas Sarkozy. "Parce que je pense aussi que la fidélité fait partie des valeurs qui sont fondamentalement celles de la droite". Il faisait allusion à des propos de Nicolas Sarkozy, qui a averti jeudi dernier les parlementaires de l'UMP, lors d'une rencontre à l'Assemblée nationale, qu'il entendait privilégier l'efficacité, plutôt que la fidélité, pour former son premier gouvernement. (AFP) "La haute idée que je me fais de la fonction présidentielle (...), la nécessité pour le président de la République d'incarner l'autorité de l'Etat, de parler pour tous les Français, de faire en sorte que chaque Français puisse se reconnaître dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait, la nécessité qu'aucun d'entre eux ne puisse douter de son impartialité, me font l'obligation morale de cesser d'exercer les fonctions de président de l'UMP", a-t-il ajouté. "UNE GOUVERNANCE NOUVELLE ET MODERNE" M. Sarkozy, qui prendra officiellement ses fonctions de président de la République mercredi, a appelé l'UMP à être "une force de rassemblement et non une force d'exclusion". Jean-Claude Gaudin a ensuite annoncé qu'il assurerait l'intérim de la présidence de l'UMP, "conformément aux statuts de l'UMP, en (ma) qualité de vice-président, avec le secrétaire général Pierre Méhaignerie et le secrétaire général adjoint Brice Hortefeux". Le maire de Marseille est donc entouré d'un centriste, Pierre Méhaignerie, ancien de l'UDF et d'un très proche de Nicolas Sarkozy, le ministre des collectivités territoriales Brice Hortefeux. Un trio qui répond à la volonté du président de la République de respecter les différentes sensibilités du parti. Conformément au souhait de Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin est chargé d'une mission "pour une gouvernance nouvelle et moderne de l'UMP". L'ancien premier ministre, qui pourrait se présenter pour succéder à M. Sarkozy à la tête de l'UMP, devrait rendre son rapport rapidement. La nouvelle direction devrait être plus collégiale, pour ne pas faire de l'ombre au nouveau président de la République. Elle sera élue, à l'automne, lors du prochain congrès du parti. § Un reportage révélant que Cécilia Sarkozy n'est pas allée voter le 6 mai a été bloqué par la direction du "JDD", propriété du groupe Lagardère, qui aurait fait pression. § C ensure ou autocensure ? Dimanche 13 mai, le site Rue89, lancé récemment par d'anciens journalistes de Libération, a révélé que la direction du Journal du dimanche (JDD, propriété du groupe Lagardère) avait renoncé à publier dans son édition dominicale un article révélant que Cécilia Sarkozy n'avait pas voté le 6 mai au second tour de l'élection présidentielle. Rue89 affirmait, en outre, que le retrait de cet article avait été demandé par Arnaud Lagardère, PDG du groupe. L'article qui, selon nos informations, avait été annoncé en milieu de semaine dernière en conférence de rédaction sans que cela pose de problème, révélait qu'après consultation du registre du bureau de vote (accessible au public) de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) aucune signature devant le nom de Cécilia Sarkozy ne figurait sur la liste d'émargement, prouvant ainsi qu'elle n'avait pas voté. Les journalistes du JDD avaient pris une photo de la liste d'émargement. Juridiquement, selon un avocat spécialisé, "rien ne s'oppose" à la publication dans un journal de ce genre d'information. L'article avait été rédigé de manière très factuelle et sans commentaire. Mais samedi 12 mai, lors de la conférence de rédaction, Jacques Espérandieu, directeur de la rédaction du JDD, a décidé de ne pas le publier. Dans un entretien à l'Agence France Presse (AFP), dimanche soir, M. Espérandieu a affirmé avoir pris lui-même "la décision de ne pas passer le papier", jugeant que le vote relevait de "la sphère privée". "J'assume totalement en mon âme et conscience, a-t-il ajouté. Samedi matin à la conférence de rédaction, on m'a annoncé un papier sur l'absence de vote de Cécilia Sarkozy. J'ai demandé de façon expresse que cet article soit accompagné d'un coup de téléphone à la principale intéressée." N'obtenant pas de réaction de Cécilia Sarkozy ni de son entourage, M. Espérandieu indique avoir "beaucoup réfléchi". "J'ai donc décidé de ne pas passer ce papier et j'en ai averti l'auteur de l'article", a-t-il assuré, ajoutant, toutefois, avoir "eu un certain nombre de coups de téléphone de gens insistant sur le côté très privé et très personnel de l'information". "RAS-LE-BOL" De qui venaient ces coups de téléphone ? Contacté par Le Monde, Franck Louvrier, chargé de communication auprès de Nicolas Sarkozy, a démenti toute intervention auprès de la direction du JDD et n'a pas souhaité faire de commentaire sur le fait que Cécilia Sarkozy ne soit pas allée voter. Pas de commentaires non plus dans l'entourage d'Arnaud Lagardère, où l'on exprimait toutefois "un ras-le-bol face à toutes ces histoires". Une "histoire" qui était au coeur des discussions dimanche soir à Deauville, où sont réunis pour un séminaire les cadres du groupe Lagardère. Selon nos informations, Arnaud Lagardère serait bien intervenu auprès de M. Espérandieu. Au JDD, de nombreux journalistes expriment leur malaise et se disent "inquiets" pour l'image "peu reluisante" donnée par le journal. Certains dénoncent de " nombreuses pressions" qui auraient eu lieu au cours de la campagne électorale. La Société des journalistes de l'hebdomadaire devait se réunir lundi 14 mai et demander des explications à M. Espérandieu. § La victoire de Nicolas Sarkozy pose des questions dans de nombreuses rédactions. En cause, les amitiés entretenues par le nouveau président de la République avec des hommes d'affaires présents dans les médias. § L a victoire de Nicolas Sarkozy pose des questions dans de nombreuses rédactions. En cause, les amitiés entretenues par le nouveau président de la République avec des hommes d'affaires présents dans les médias comme Arnaud Lagardère, dirigeant du groupe du même nom (Elle, Paris Match, Journal du dimanche, Europe 1...), Serge Dassault, propriétaire du Figaro, Alain Minc, président du conseil de surveillance du Monde, Martin Bouygues, propriétaire de TF1, Vincent Bolloré (Matin plus, Direct 8), ou Bernard Arnault, propriétaire de La Tribune... Avant même l'épisode du retrait de l'article sur le vote de Cécilia Sarkozy, des journalistes du JDD avaient fait part de leur inquiétude. "Ce serait bien de rappeler les principes d'indépendance et de non interventionnisme", déclarait ainsi au Monde un journaliste interrogé avant que cette affaire soit révélée. "Des pressions il y a en a, les coups de téléphone du samedi matin, du samedi soir, venant souvent de la direction du groupe", confirme un salarié. Les inquiétudes sont vives également chez Lagardère Active, Arnaud Lagardère (actionnaire du Monde) présentant Nicolas Sarkozy comme son "frère". La société des journalistes de Paris-Match a rappelé, le 4 mai, que "la responsabilité vis-à-vis des lecteurs est (notre) seul guide". " Cet impératif prime sur tous les autres, en particulier, sur d'éventuelles tentatives de l'actionnaire majoritaire, des politiques, des annonceurs ou des pouvoirs publics de faire pression sur le contenu". Cette prise de position intervient après qu'une partie de la rédaction eut manifesté son désaccord en découvrant le projet de couverture du numéro du 25 avril, après le premier tour de l'élection, montrant Nicolas Sarkozy enlaçant son fils Louis. Une délégation de journalistes avait alors rencontré Olivier Royant, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire, et Christian de Villeneuve, directeur général des rédactions du pôle magazines du groupe Lagardère, pour leur faire part de leur désapprobation, mettant en avant que Paris Match n'a quasiment jamais fait sa Une sur un candidat entre les deux tours de la présidentielle, à l'exception de 2002. C'est finalement le comédien Jean-Pierre Cassel, qui venait de mourir, qui a eu droit à la couverture, Nicolas Sarkozy exigeant que la photo de son fils soit floutée. Il y a un an, Alain Genestar, directeur général de la rédaction, avait été licencié pour avoir publié en une, le 25 août 2005, une photo de Cécilia Sarkozy au côté du publicitaire Richard Attias. L'ambiance est tendue également à Europe 1, plusieurs journalistes reprochant une "trop grande proximité" du PDG Jean-Pierre Elkabbach avec le pouvoir. A ces inquiétudes, une porte-parole de Lagardère Active répond : "les maîtres mots dans les rédactions sont l'indépendance éditoriale, l'équilibre et le professionnalisme". "Tous les journalistes sont attentifs souligne François Malye, président du Forum permanent des sociétés de journalistes, qui regroupe les sociétés de 25 rédactions. Nicolas Sarkozy a montré qu'il aimait contrôler les choses. Actuellement, les journalistes ont tendance à se montrer moins résistants, et les journaux ne sont globalement pas en très bonne santé économique. L'inquiétude de fond est que les perquisitions, les instructions, les interrogatoires... deviennent la routine". M. Malye fait référence à la tentative de perquisition au Canard Enchaîné, vendredi 11 mai. Le Forum "condamne ce type d'action dont le seul but est d'identifier les informateurs des journalistes, alors que le secret des sources est l'un des principes fondamentaux de l'exercice du métier de journaliste". Dans son dernier livre Une campagne off (Albin Michel, 18 euros), Daniel Carton rapporte une conversation de Nicolas Sarkozy avec la direction du Figaro Magazine, lors d'un déjeuner. "Je sais déjà ce que je ferai sitôt à l'Elysée : je m'occuperai personnellement de Jean-François Kahn (président de Marianne)", aurait, selon l'auteur, déclaré Nicolas Sarkozy. Pendant la campagne, l'hebdomadaire a publié un numéro spécial diffusé à 500 000 exemplaires et titré : "Le vrai Sarkozy, ce que les grands médias ne veulent pas où n'osent pas dévoiler".. La direction de Marianne réagit sereinement. "Nous n'avons aucune crainte particulière, nous ne faisons pas de procès d'intention, explique Maurice Szafran, directeur du journal. En revanche, le traitement de l'élection par le groupe Hachette m'a frappé car ce n'est pas sa tradition. La campagne de Sarkozy vue par Match relève de la presse soviétique des années 1950, dans les légendes, les façons de titrer". Du côté de France Télévisions, la société des journalistes se souvient de la colère de Nicolas Sarkozy sur le plateau de France 3, le 28 mars, qualifiant de "malhonnête" un reportage sur la fabrication des passeports biométriques. Le retour à l'antenne de Béatrice Schönberg, la présentatrice des JT du week-end de France 2, pose aussi des questions au sein de la rédaction. Prévu le 18 mai, ce retour coïncide avec l'annonce du nouveau gouvernement dans lequel devrait figurer en bonne place son mari Jean-Louis Borloo. § Alors que le nom du prochain occupant de la Place Beauvau reste inconnu, certains axes de la nouvelle politique de sécurité s'esquissent déjà. § L e ministère de l'intérieur s'apprête à traverser une période agitée. Alors que le nom du prochain occupant de la Place Beauvau reste inconnu, certains axes de la nouvelle politique de sécurité s'esquissent déjà. L'heure est à la poursuite du développement technologique, à la mutualisation des moyens et à la redéfinition des champs de compétence. Une nouvelle loi d'orientation. Votée par le Parlement à l'été 2002, la loi d'orientation pour la sécurité intérieure (Lopsi) avait fixé pour cinq ans les moyens matériels et humains. Entièrement réalisée selon le ministère, elle devrait avoir une héritière cet été. Il n'est pas question d'augmenter à nouveau les effectifs (6 500 postes de policiers ont été créés) mais de définir de nouveaux métiers techniques. La déflation du corps des commissaires et des officiers, après la réforme des corps et carrières, est presque achevée. Cette fois, il s'agirait de formaliser l'apparition de postes qui ne nécessitent pas l'appartenance à la police : par exemple ceux d'informaticiens, d'analystes dans le renseignement, etc. L'effort en matière d'équipement sera poursuivi. Cela concerne les caméras en garde à vue et en patrouille pour filmer les interventions ; les moyens aériens pour détecter, par exemple, la présence d'éventuels projectiles entreposés sur les toits des cités ; la cybercriminalité. "Le renouvellement des équipements, des moyens radio, des armements, la formidable montée en puissance de la police technique et scientifique ont renvoyé au musée la police de papa", avait résumé Nicolas Sarkozy à Elancourt (Yvelines), le 27 novembre 2006. Alors ministre de l'intérieur, il avait exprimé le souhait de combler le retard en matière de cryptologie, de biométrie et de protection des logiciels. Une architecture en question. Le découpage en directions centrales, sous l'autorité de la direction générale de la police nationale (DGPN), n'est pas forcément destiné à rester en l'état. Certains, au ministère, suggèrent la création d'un secrétariat général à la sécurité intérieure, regroupant police et gendarmerie, voire la sécurité civile. Les gendarmes devraient être placés sous une autorité unique. Le statut militaire serait toutefois préservé et la gestion des carrières continuerait de relever du ministère de la défense. En revanche, la gestion budgétaire et les nominations seraient transférées à l'intérieur. Ce rapprochement pourrait permettre de supprimer des doublons en matière de police scientifique, de compagnies d'intervention ou de forces mobiles. Le sort de la police aux frontières (PAF) reste à arbitrer. Cette direction centrale pourrait être séparée du reste de la police et intégrer le nouveau ministère de l'immigration et de l'identité nationale. A la DGPN, certains s'opposent à cette idée, arguant du fait que la lutte contre l'immigration clandestine ne peut reposer sur les seules reconduites à la frontière, mais d'abord sur la lutte contre les réseaux, qui est le coeur du travail policier. Dernière nouveauté envisagée, la création d'un grand institut de la sécurité nationale, soit une véritable agence de prospection qui regrouperait l'Institut national des hautes études de la sécurité (INHES) et l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN). Un service unique de renseignement. Fin mai, la direction de la surveillance du territoire (DST) et la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) vont s'installer dans le même bâtiment, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ce rapprochement historique devrait préfigurer la création d'un service unique de renseignement - non militaire -, dont Bernard Squarcini pourrait prendre la tête. Préfet délégué pour la sécurité à Marseille et ancien no 2 à la DCRG, il est l'un des hauts responsables policiers les plus proches de M. Sarkozy. La création de ce nouveau service de renseignement pose plusieurs problèmes. Le premier est celui du contrôle de ses activités. Proposée par le député (UMP) Alain Marsaud, une commission parlementaire devrait voir le jour. Autre arbitrage à rendre : le maintien de la mission de police judiciaire, dont bénéficie la DST. Pour ne pas bouleverser l'équilibre du système antiterroriste préventif, une sous-direction dédiée à l'investigation judiciaire devrait être mise en place. Enfin, faut-il, comme le prévoyait le plan initial, que la sous-direction antiterroriste (SDAT), qui dépend de la direction centrale de la police judiciaire, s'installe également dans les locaux de Levallois ? Ce transfert de la SDAT avait pour objectif de distendre le lien privilégié établi depuis 2001 entre la DST et les juges antiterroristes. Certains hauts responsables policiers se trouvent sur une autre ligne : celle d'un grand service associant RG et DST, autour de missions modernes (terrorisme islamiste, intelligence économique, contre-espionnage, détection des menaces). Dans cette hypothèse, la SDAT, qui relève de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), se concentrerait sur le terrorisme corse, basque et d'extrême gauche. § L'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin et l'ancien ministre et conseiller de l'UMP Michel Barnier auraient engagé des discussions avec l'Ecole supérieure de commerce de Paris pour s'occuper de la formation au sein du parti. § L 'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin et l'ancien ministre et conseiller de l'UMP Michel Barnier auraient engagé des discussions avec l'Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP-EAP), grande école dont ils ont été tous deux élèves, pour s'occuper de la formation au sein de l'UMP. Interrogé, Pascal Morand, directeur général de l'ESCP-EAP, se montre embarrassé par les intentions de M. Raffarin, qu'il ne veut ni désavouer ni corroborer. "Nous avons zéro contact avec l'UMP", affirme-t-il. Il reconnaît toutefois l'existence de "réflexions partagées", aussi bien avec l'ancien premier ministre qui, depuis la rentrée 2006 et en tant que professeur, anime dans cette école un séminaire consacré aux rapports entre morale et politique, qu'avec M. Barnier. Ce dernier fréquente également l'établissement, où se sont tenues des conférences de son club Nouvelle République. Mais ces réflexions, précise M. Morand, portent sur la thématique générale du renouvellement des élites et se situent "dans un cadre académique". Un parti politique peut-il, dans le cadre de sa politique de ressources humaines, s'engager dans la création d'un diplôme universitaire de master, en partenariat avec un établissement d'enseignement supérieur ? C'est du moins l'idée qu'avait introduite M. Raffarin dans un entretien accordé au Monde du 10 mai. S'exprimant sur le rôle de l'UMP pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, l'ancien premier ministre y indique que "le parti (...) doit travailler sur des projets de loi, révéler des équipes, préparer les grandes échéances" et qu'il devra donc "mettre en oeuvre une politique de ressources humaines pour faire émerger une nouvelle génération, conforme à la diversité de la France". "Pourquoi pas, avait-il enchaîné, en créant un master de gestion politique, en partenariat avec une grande institution éducative." M. Raffarin rejette néanmoins l'idée d'une éventuelle "école du parti" et indique qu'il s'agirait d'une "formation pour une autre élite que celle issue de la haute administration". Pour Jean-Pierre Finance, premier vice-président de la conférence des présidents d'université (CPU), l'idée d'un partenariat tel qu'évoqué par M. Raffarin serait "hors-champ" par rapport aux règles actuelles. "Il n'est pas imaginable qu'un diplôme national soit commandité par un parti politique. Cela contreviendrait aux règles d'habilitation et de reconnaissance des diplômes, dont l'Etat garde le monopole." Selon lui, "la notion de diplôme national, même à visée professionnelle, implique l'accès à un spectre de métiers et d'employeurs divers, sinon il ne peut s'agir que d'une formation non diplômante." Un parti politique pourrait cependant, comme le font certaines entreprises, passer commande à un établissement d'enseignement supérieur d'un module de formation, mais celui-ci ne pourrait en aucun cas aboutir à la délivrance d'un master. Par ailleurs, le principe d'indépendance de l'enseignement supérieur n'empêche pas la multiplication en France, ces dernières années, de chaires universitaires financées par des entreprises, mais celles-ci sont consacrées à la recherche et, relève M. Finance, ne prennent en charge qu'"une thématique au sein d'une filière". M. Finance convient que les filières de formation des dirigeants sont "actuellement trop normées" et qu'il faut "diversifier les parcours". Président de la conférence des grandes écoles, Christian Margaria met pour sa part les propos de M. Raffarin au compte de ce souci de diversification et ne retient pas au pied de la lettre l'idée d'un "partenariat" entre un établissement et un parti politique. "Il n'y a pas de place dans l'enseignement supérieur, souligne-t-il, pour une école d'un parti, quel qu'il soit." Sollicité pour apporter des précisions sur son projet, M. Raffarin a fait savoir qu'il continuait d'y travailler. § Le FN devait présenter le 14 mai ses listes d'investitures aux législatives. C'est dans les territoires traditionnellement de gauche que le parti d'extrême droite s'est le mieux maintenu § L es élections législatives seront cruciales pour le Front national. De leurs résultats globaux dépendra le montant de la dotation de l'Etat qui permet aux partis politiques de vivre. Elles représentent également un moment de remobilisation de l'appareil. Exercice particulièrement difficile cette année après le revers essuyé par Jean-Marie Le Pen à l'élection présidentielle de mai. Celui-ci a en effet enregistré un recul de plus de 6 points (0,44 % des suffrages exprimés en 2007 contre 16,86 % en 2002) soit une perte de près d'un million de voix. Si cette hémorragie, qui a d'abord profité à Nicolas Sarkozy, se voit sur la quasi-totalité du territoire français, elle est particulièrement évidente sur le pourtour de la Méditerranée, dans le Rhône et en Alsace. Restent toutefois des poches de résistance, comme dans le Pas-de-Calais, l'Aisne, une partie des Ardennes, en Haute-Marne ou en Lorraine, des terres ouvrières, qui peuvent réserver des surprises avec des candidats frontistes qualifiés pour le second tour dans des duels ou des triangulaires. Comme le souligne Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département d'opinion publique de l'IFOP, Jean-Marie Le Pen a, dans ces territoires, souvent à forte tradition de gauche, parfois obtenu des résultats confortables : 22,5 % à Stiring-Wendel, 23 % à Freyming-Merlebach en Moselle, 23,2 % à Brouvelieures dans les Vosges, 21 % à Harnes et 20 % à Sallaumines dans le Pas-de-Calais. L'étude de l'électorat montre que ce sont les ouvriers et les employés qui restent les plus fidèles à M. Le Pen et comme ceux-ci, soumis à la pression sur les prix fonciers, s'éloignent de plus en plus des grandes villes, la carte électorale met en évidence un vote frontiste qui glisse vers les zones rurales. Ce mouvement avait déjà été enregistré en 2002. Il s'est accentué en 2007. Le score maximum de M. Le Pen est désormais enregistré dans un rayon de 35 à 45 km (contre 25 km en 2002) et, note M. Fourquet, "tient relativement bien ensuite dans le rural profond, puisqu'il faut attendre 90 km (contre 65 km en 2002) pour que son score passe en dessous de sa moyenne nationale". Selon M. Fourquet, pour ces fidèles, le nom de Jean-Marie Le Pen est "intimement associé aux thèmes de la préférence nationale, de l'immigration et, dans une moindre mesure, de l'insécurité". Ils perçoivent le président du FN "comme une réelle alternative" aux différents gouvernements de droite comme de gauche. § Deux figures historiques de la classe politique outre-mer vont se présenter aux élections législatives : Paul Vergès à La Réunion et Oscar Temaru en Polynésie française. § D eux figures historiques de la classe politique outre-mer vont se présenter aux élections législatives : Paul Vergès à La Réunion et Oscar Temaru en Polynésie française. Le fondateur du Parti communiste réunionnais (PCR) devrait annoncer, mardi 15 mai, lors d'une réunion organisée avec des jeunes au Tampon, dans le sud de l'île, qu'il sera candidat dans la troisième circonscription (Saint-Louis et Le Tampon). Le député sortant est l'UMP André Thien Ah Koon, qui avait démissionné de son mandat en 2006 après une condamnation pour abus de biens sociaux. Officiellement, Paul Vergès a été sollicité par un collectif proche du PCR, l'Alliance des jeunes pour le développement du Sud. Officieusement, le président du conseil régional, âgé de 82 ans, se verrait bien présider l'Assemblée nationale en tant que doyen lors de l'élection de son président au début de la législature. Son élection pourrait être facilitée par les divisions de la droite dans la circonscription, représentée par deux candidats : Didier Robert, maire (UMP) du Tampon, et Michel Dennemont, représentant du courant "takiste" (proche de M. Thien Ah Koon, surnommé TAK). M. Vergès était en métropole, le 10 mai, pour participer aux commémorations de l'abolition de l'esclavage. En Polynésie, le leader indépendantiste Oscar Temaru se présentera dans la première circonscription (l'ouest de Tahiti, de Papeete à Paea, plus Moorea, les Iles-sous-le-Vent et les Australes). Il avait déjà été candidat en 1993 et en 1997 et battu cette année-là par le député (UMP) sortant, Michel Buillard. En 2002, il n'avait pas participé au scrutin. Pour le chef du parti Tavini, aujourd'hui, "le contexte est différent". Il espère profiter du score de Ségolène Royal dans cette circonscription, où la candidate du PS a recueilli une courte majorité (50,06 % des suffrages). Mais il compte aussi sur l'effet "Metua" (la figure paternelle du chef en tahitien). En Polynésie, souligne le politologue Semir Al Wardi, "l'électorat a toujours pour ses grandes personnalités une certaine attirance, une certaine affection". De plus, face à lui, la majorité autonomiste part en campagne divisée avec pas moins de cinq candidats, dont le maire de Papeete, Michel Buillard, candidat du Tahoeraa Huiraatira (autonomiste). En 2002, faute de candidat indépendantiste, M. Buillard avait été élu dès le premier tour avec 62 % des voix. En présentant sa candidature, Oscar Temaru a voulu aussi éviter les divisions dans son propre camp. Plusieurs responsables de sa coalition de l'Union pour la démocratie (UPLD) se voyaient bien partir en campagne, notamment l'avocat Stanley Cross. Ils ont fait machine arrière à l'annonce de sa candidature. Pourtant, sans trop d'illusion, certains proches iront jusqu'au bout, notamment son ancien directeur de cabinet, Patrick Leboucher. L'objectif d'Oscar Temaru est d'être élu pour "faire entendre la voix du peuple maohi (tahitien) à l'Assemblée nationale". Mais cette élection doit surtout être un test au niveau local dans le bras de fer qui oppose le leader indépendantiste au fondateur du Tahoeraa, Gaston Flosse. Dans la deuxième circonscription (l'est de Tahiti et les Marquises), l'UPLD présente un ancien syndicaliste, Pierre Frebaut, espérant avec ces ouvertures élargir son électorat. La droite sera divisée entre la députée sortante, Béatrice Vernaudon, qui n'a pas obtenu l'investiture UMP, et Bruno Sandras (Tahoeraa, UMP), qui a l'appui de Gaston Flosse. § Philippe Ridet, journaliste politique au "Monde", revient sur les rumeurs qui précédent toujours la formation d'un gouvernement. Et estime que la composition de l'équipe par Nicolas Sarkozy est sûrement plus avancée que ce que l'on en sait. § § L'ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances a annoncé mardi qu'il se présente aux législatives à Lyon, sous les couleurs du nouveau parti de François Bayrou, face au député UMP sortant Jean-Michel Dubernard et au socialiste Jean-Louis Touraine. § A zouz Begag a annoncé mardi 15 mai à Lyon qu'il se présentait comme candidat dans la 3e circonscription du Rhône sous l'étiquette du Mouvement démocrate (Modem) de François Bayrou. L'ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances a précisé lors d'une conférence de presse qu'il venait de prendre sa carte du Modem, alors qu'il n'a jamais adhéré à aucun parti. Il était entré en tant que "membre de la société civile" dans le gouvernement Villepin, et avait quitté celui-ci en avril après avoir publié un livre très hostile à Nicolas Sarkozy. "JOUER UN RÔLE AUX MUNICIPALES" M. Begag a déclaré qu'il n'avait pas encore le nom de son suppléant, mais qu'il s'agirait d'une femme."Je pouvais difficilement me présenter à titre individuel. Pour avoir une chance de gagner, il me fallait une famille politique (...). Le choix de Bayrou s'est fait naturellement, il convient à l'esprit non-clivé qui est le mien depuis toujours", a-t-il indiqué. Il sera notamment opposé dans cette circonscription au député UMP sortant Jean-Michel Dubernard et au socialiste Jean-Louis Touraine. Interrogé sur son attitude s'il devait ne pas être au second tour des législatives, il a répondu qu'il se "rangerait à la stratégie d'ensemble de (sa) nouvelle famille politique". Enfin, M. Begag a ajouté qu'il "aimerait bien jouer un rôle aux municipales". Et de saluer la région lyonnaise comme"le bastion de la résistance démocratique, grâce notamment à l'esprit centriste". § Le chef de l'Etat, qui a plusieurs fois suscité l'intérêt des juges au cours de ses deux mandats, ne sera plus protégé par l'immunité présidentielle à partir du 16 juin. Il pourrait notamment être mis en examen dans l'affaire des emplois fictifs. § S a présidence aura permis de préciser un concept : l'immunité présidentielle. Jacques Chirac, tout au long de ses douze années à l'Elysée, a suscité l'intérêt des juges, principalement en tant qu'ancien maire de Paris (1977-1995) et de président du RPR (1976-1994). Mais aussi comme président de la République, puisque l'affaire Clearstream a failli, en 2006, atteindre le sommet de l'Etat : le général Philippe Rondot avait relaté, dans ses notes, que Dominique de Villepin prétendait agir sur "instruction" de M. Chirac. Depuis 1995, l'ombre de Jacques Chirac a donc hanté bien des salles d'audience. Les marchés truqués de la ville de Paris, en septembre 2000. Puis le financement occulte du RPR, en septembre 2003, et les marchés publics d'Ile-de-France, en mars 2005. Enfin, le procès de l'affaire dite des HLM de Paris et celui des faux électeurs du 3e arrondissement, en 2006. Cinq procès de la Chiraquie, avec un dénominateur commun : l'absence de M. Chirac, pour cause d'immunité pénale reconnue par le Conseil constitutionnel en 1999 et confirmée en 2001 par un arrêt de la Cour de cassation. Seule victime reconnue, au final : Alain Juppé, condamné en appel en 2004 à quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité. Pour autant, et même si les investigations sur la Sempap, une société d'économie mixte chargée jusqu'en 1996 des travaux d'impression de la mairie, et sur les chargés de mission de la Ville de Paris pourraient l'atteindre, Jacques Chirac a principalement à redouter d'une enquête mise en sommeil au tribunal de Nanterre. Cette affaire, la prise en charge de permanents du RPR par des entreprises privées ou la Mairie de Paris, entre 1988 et 1995, a débouché sur le procès qui a abouti à la condamnation d'Alain Juppé. "SYSTÈME DÉLICTUEUX" C'est au cours de cette procédure, ouverte en 1996 au cabinet du juge Patrick Desmure, à Nanterre, que fut saisie une lettre, signée de la main de M. Chirac, attestant la parfaite connaissance, par l'ex-maire de Paris, d'un système de prise en charge par la municipalité de permanents du RPR. Dans ce courrier, daté du 16 mars 1993, il demandait la promotion d'une secrétaire au sein des services municipaux, en soulignant le "dévouement exemplaire" dont elle avait fait preuve dans les "fonctions délicates" qu'elle exerçait... au RPR. Dans un rapport daté du 25 mars 1999, la direction centrale de la police judiciaire dénonçait l'existence d'"un système délictueux opéré avec l'aval de ses instances dirigeantes". Dans une ordonnance du 15 avril 1999, M. Desmure a estimé avoir réuni "à l'encontre" du chef de l'Etat "des indices, au sens de l'article 105 du code de procédure pénale, d'avoir participé aux faits de prise illégale d'intérêts et de recel d'abus de biens sociaux". Seule l'immunité dont bénéficie le président de la République a épargné à M. Chirac une mise en examen. L'article 67 de la Constitution prévoit que l'immunité du président prend fin un mois après son départ de l'Elysée, soit le 16 juin. Le juge Alain Philibeaux, qui a succédé à M. Desmure, pourra reprendre le cours de son instruction. M. Chirac pourrait alors être mis en examen pour "prise illégale d'intérêts". Par ailleurs, les demandes d'annulation de la procédure déposées en février par trois des quatre personnes mises en examen dans l'enquête sur les listings falsifiés de la société Clearstream ayant été rejetées mardi 15 mai par la chambre de l'instruction de Paris, les divers protagonistes de l'affaire restent menacés. Une audition comme témoin de Jacques Chirac reste donc techniquement possible. § René Dosière, député PS de l'Aisne, a estimé, mardi, que le patrimoine déclaré par M. Chirac est "légèrement inférieur à celui déclaré à son entrée à l'Elysée alors que le président sortant a touché près de 2 500 000 euros d'argent de poche". § "L a déclaration de patrimoine de Jacques Chirac est tout à fait étonnante entre son entrée à l'Elysée et sa sortie", a indiqué, mardi 15 mai, René Dosière. Selon le député PS de l'Aisne, M. Chirac "a un patrimoine légèrement inférieur à celui déclaré en 1995, or il a touché près de 2 500 000 euros d'argent de poche puisque tous ses frais et déplacements sont pris en charge", a-t-il ajouté. "On se demande où est passée cette somme", s'est étonné M. Dosière en rappelant que "si le chef de l'Etat est obligé de déclarer son patrimoine, personne n'est chargé de le vérifier". "D'autant qu'il n'a pas eu le temps, ni les moyens de s'acheter un appartement", a-t-il ironisé, faisant allusion au futur logement du couple Chirac, un appartement prêté, quai Voltaire, par un membre de la famille libanaise Hariri. "OPACITÉ" Selon les chiffres publiés par le Journal officiel fin avril, le patrimoine de M. Chirac comprend le château de Bity à Sarran en Corrèze (500 000 euros), une maison à Sainte-Féréole, également en Corrèze (60 000 euros) ainsi que 580 000 euros de valeurs mobilières et 74 000 euros sur des comptes bancaires courants ou d'épargne. Le couple Chirac a déclaré, en outre, 200 000 euros en meubles et objets d'art. Vice-président de l'Assemblée nationale, le député de l'Aisne a enquêté depuis cinq ans sur le budget de l'Elysée, dont il a dénoncé à plusieurs reprises "l'opacité". "S'agissant du budget de l'Elysée, chacun sait que le président fait absolument ce qu'il veut sans fournir aucun justificatif, qu'il n'y a pas de transparence", a-t-il ajouté. Selon lui, le budget réel de l'Elysée est presque trois fois supérieur aux chiffres officiels (31 764 452 euros en 2005). § Le Front national présentera des candidats dans presque toutes les circonscriptions et fera campagne sur la préférence nationale, le rétablissement de la double peine (l'expulsion des étrangers condamnés) ou la suppression du regroupement familial. § L e Front national présentera des candidats dans presque toutes les circonscriptions et fera campagne sur la préférence nationale, le rétablissement de la double peine (l'expulsion des étrangers condamnés) ou la suppression du regroupement familial. "Des thèmes que nous sommes assurés de ne pas voir repris par Nicolas Sarkozy", a ironisé Bruno Gollnisch, le délégué général du FN qui présentait, lundi 14 mai, avec Jean-Marie Le Pen, la campagne législative du parti. Contrairement à ce que souhaitait Bruno Mégret qui demandait 60 circonscriptions pour ses candidats sous l'étiquette Union patriotique, le FN n'a pas passé d'accord pour le premier tour avec le MNR. "Ce que nous proposons c'est un désistement réciproque pour le second tour", a expliqué M. Le Pen qui a confirmé sa volonté de présenter son homme de confiance, Gérald Gérin, en face de M. Mégret dans les Bouches-du-Rhône. En réponse, M. Mégret a désigné un candidat dans le Pas-de-Calais, en face de Marine Le Pen qu'il tient pour responsable de la situation. Le président du MNR a toutefois décidé d'épargner 13 membres du bureau politique du FN. Un geste de raison, car le parti est financièrement exsangue et prendrait le risque de ne pas voir la campagne de ses candidats remboursés, ceux-ci ayant peu de chance de dépasser les 5 % requis. Un geste politique car M. Mégret mise sur une future retraite du président du FN et souhaite l'organisation d'un "Epinay de droite" avec notamment, dit-il, "le FN, le MPF de Philippe de Villiers, Alsace d'Abord et pourquoi pas Nicolas Dupont-Aignan" le député de l'Essonne qui a quitté l'UMP pour son parti Debout la République. Parallèlement, le MNR et le MPF se sont mis d'accord pour ne pas se concurrencer dans 70 circonscriptions. Le MPF présentera environ 500 candidats sous l'étique majorité de droite. En revanche, en Vendée, les députés sortant Joël Sarlot, Véronique Besse mais aussi Alain Leboeuf, auront l'étiquette majorité présidentielle. Une récompense à l'appel de Philippe de Villiers à voter Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle. § La répartition des portefeuilles continuait de changer au fil de la journée de mardi. Revue de détail, même si l'avalanche de noms invite à la prudence. § P remier ministre : François Fillon. Jean-Pierre Raffarin a affirmé mardi matin que "le pronostic devenait de plus en plus sûr". Deux ministres délégués auprès du premier ministre : "Un chargé de la fonction publique, et un autre, chargé des affaires européennes, peut-être Alain Lamassoure", indique Le Figaro. Les postes-clés de l'Elysée Claude Guéant, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, devrait sans surprise devenir secrétaire général de l'Elysée. Son adjoint serait François Pérol, ex-directeur de cabinet adjoint de Nicolas Sarkozy à Bercy, selon Le Figaro. Emmanuelle Mignon, chargée du projet de l'UMP, serait directrice de cabinet (20 Minutes et Le Figaro), et c'est finalement un proche de Claude Guéant, Cédric Goubet, qui serait chef de cabinet du président. Franck Louvrier dirigera la communication, comme lors de la campagne. David Martinon, actuel conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, serait nommé porte-parole de l'Elysée, Henri Guaino, "plume" du candidat, serait conseiller spécial du président, et Jérôme Peyrat, actuel secrétaire général de l'UMP, conseiller chargé des relations entre l'Elysée et le Parlement, indique Le Figaro. Environnement, énergie et transports : Alain Juppé serait le seul ministre d'Etat (Le Figaro, Le Parisien). Intérieur, immigration et identité nationale : Rachida Dati, ex-porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy, est pressentie, selon des sources proches de l'UMP et du gouvernement citées mardi après-midi par l'AFP. Sécurité : Michèle Alliot-Marie, même si "rien n'est fixé", indiquait mardi après-midi l'AFP. La ministre de la défense sortante était jusqu'ici pressentie à l'intérieur, selon Le Figaro et l'AFP. Défense : Hervé Morin, ex-patron du groupe UDF à l'Assemblée nationale, mais Philippe Douste-Blazy, chef de la diplomatie sortant, est aussi évoqué, toujours selon Le Figaro. Ministère des affaires étrangères : "Le socialiste Bernard Kouchner a déjà dit oui", selon Le Figaro, Libération est moins péremptoire. Mais Le Parisien n'écarte pas l'hypothèse Hubert Védrine, qui fut chef de la diplomatie du gouvernement Jospin. Stratégie économique et emploi : Ce serait Jean-Louis Borloo, selon Le Figaro, qui précise que selon plusieurs sources, il voudrait Bercy dans sa totalité. Mais il pourrait finalement prendre la tête d'EDF plutôt que d'un ministère, selon 20 Minutes. Comptes publics : Xavier Bertrand (Le Figaro). Education et/ou culture et communication : Xavier Darcos reprendrait le seul ministère de l'éducation, indique Le Figaro, et Christine Albanel, présidente de l'établissement de Versailles, prendrait la culture et la communication. Mais selon Le Parisien, elle aurait accepté un ministère de l'éducation et de la culture. Justice : Christine Lagarde, ministre sortante du commerce extérieur (Le Figaro), ou éventuellement Hubert Védrine (Le Parisien). Santé et affaires sociales : Frédéric Salat-Barroux, secrétaire général de l'Eysée, est pressenti selon Le Figaro. Jean-Claude Gaudin, président par intérim de l'UMP, estimait mardi matin qu'il serait "un excellent choix" pour un ministère, sans préciser lequel. ou Santé et sport : Roselyne Bachelot (Le Parisien). Cohésion sociale : Christine Boutin (AFP). Réforme de l'Etat : le nom de Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP, est évoqué (AFP). Agriculture : Maurice Leroy, député UDF rallié à Nicolas Sarkozy après le premier tour de l'élection présidentielle (Le Figaro). Les autres pressentis : Nicole Notat, ancienne dirigeante de la CFDT, prendrait la tête d'un "grand ministère" (20 Minutes) ; Brice Hortefeux, pressenti jusqu'ici pour le portefeuille de l'immigration, identité nationale et codéveloppement, serait assuré d'être au gouvernement, mais finalement à la tête d'un "ministère technique", dont la teneur n'a pas été précisée (Le Parisien, AFP). Fabienne Keller, maire de Strasbourg, aurait été sollicitée (Le Figaro). Le président d'Emmaüs, Martin Hirsch, "serait en lice" pour un poste de secrétaire d'Etat (Le Figaro et 20 Minutes), l'autre secrétariat d'Etat au sein du ministère des affaires étrangères devant revenir à Jean-Pierre Jouyet, haut fonctionnaire issu de la gauche (20 Minutes). Eric Besson, qui avait quitté avec fracas l'équipe de campagne de Ségolène Royal pour rallier Nicolas Sarkozy, obtiendrait lui aussi un secrétariat d'Etat (Le Parisien), tout comme l'UDF Christian Blanc (Le Figaro). Ceux qui ne devraient finalement pas en être : Gilles de Robien, unique ministre UDF du gouvernement Villepin, rallié à Nicolas Sarkozy (Le Figaro). Le ministre de l'économie sortant, Thierry Breton, qui "va aller donner un cycle de conférence à Harvard pendant six mois", indique Le Figaro ; Jean-François Copé, porte-parole des gouvernements Raffarin et Villepin ; Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture sortant et François Baroin, ministre de l'intérieur, qui "ont eu droit, au conseil national, à une très fraîche poignée de main du président", selon Le Parisien. Anne Lauvergeon, patronne d'Areva et ancienne proche collaboratrice de François Mitterrand à l'Elysée, sollicitée pour le ministère de l'industrie, a décliné la proposition, a indiqué mardi une source proche du gouvernement. Patrick Devedjian, qui visait la justice, pourrait plutôt succéder à Nicolas Sarkozy à la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine. Quant au socialiste Hubert Védrine, Le Figaro l'estime hors course, car il a été "trop gourmand", "réclamant à la fois les affaires européennes et le commerce extérieur". § Béatrice Gurrey a suivi Jacques Chirac depuis 2002 pour "Le Monde". Elle revient sur les différentes facettes du président. § § L'UMP obtiendrait la majorité absolue au Parlement avec 336 à 390 sièges selon un sondage IFOP-"Paris Match" réalisé les 10 et 11 mai. § L 'UMP obtiendrait la majorité absolue dans la prochaine Assemblée nationale, avec 336 à 390 sièges, contre 149 à 190 au Parti socialiste, selon une projection réalisée dans le cadre d'un sondage IFOP-Paris Match rendu public lundi 15 mai. Le Parti communiste obtiendrait entre 9 et 13 sièges, le Mouvement démocrate de François Bayrou entre 0 et 8, les Verts entre 0 et 4, le Mouvement pour le France de Philippe de Villiers de 0 à 2 et pas de siège pour le Front national, selon cette projection sur les 555 sièges de métropole (577 sièges au total). La majorité absolue, par rapport à 577, est de 289 sièges. En intentions de vote au premier tour des législatives, l'UMP recueillerait 37 % (+ 3 par rapport à une enquête réalisée le 3 et 4 mai, avant le second tour de la présidentielle), le PS 28 % (- 1), le Mouvement démocrate 14 % (+ 2), le FN 7 % (=), le PCF 4 % (=) tout comme les Verts (- 1), l'extrême gauche 3 % (- 1), les "autres" candidats 1 % (- 2). 64 % des sondés se disent "sûrs" de leur choix, contre 36 % qui peuvent "encore changer d'avis". Sondage réalisé par téléphone les 10 et 11 mai auprès de 885 personnes inscrites sur les listes électorales (extrait d'un échantillon de 965 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus, méthode des quotas). § La date n'est pas retenue, mais l'échéance paraît inéluctable. A peine nommé, le ministre des "comptes sociaux" devra s'atteler à un plan de redressement des dépenses de l'assurance-maladie. § L a date n'est pas retenue, mais l'échéance paraît inéluctable. A peine nommé, le ministre des "comptes sociaux" devra s'atteler à un plan de redressement des dépenses de l'assurance-maladie. Avant la fin du mois de mai, comme l'y obligerait la loi, ou après les élections législatives, le comité d'alerte sur l'évolution des dépenses de santé devrait en effet contraindre les responsables de l'assurance-maladie ainsi que le gouvernement à présenter une série de mesures pour réduire un déficit largement supérieur aux 3,9 milliards d'euros prévus initialement. En incluant le passif de 2006, ce dépassement reste trop important au regard de l'objectif de 2,5 % d'augmentation des dépenses fixé dans la loi de financement de la sécurité sociale. En avril, les membres de ce comité d'alerte - François Monnier, secrétaire de la commission des comptes de la Sécurité sociale, Jean-Michel Charpin, directeur général de l'Insee, et Michel Didier, directeur de l'institut COE-Rexecode - avaient déjà tiré la sonnette d'alarme en relevant un dérapage des dépenses plus important que prévu de 1,2 milliard d'euros en 2006. Même si elle n'est pas confirmée, l'augmentation des dépenses des soins de ville depuis le 1er janvier - 4,8 % au lieu d'un objectif annuel de 1,1 % - ne laisse qu'une faible marge de manoeuvre. Dans ces conditions, les syndicats de médecins signataires de la convention ont exercé une très forte pression pour obtenir la publication, au Journal officiel du 3 mai, de l'engagement d'une hausse des tarifs de consultation des généralistes de 21 euros à 22 euros à partir du 1er août, assortie d'une revalorisation en 2008. Cette augmentation devrait représenter un coût supplémentaire de 130 millions d'euros en 2007 qui s'ajoutent à la revalorisation des actes de soins des infirmiers. Malgré une réduction réelle du déficit, l'évolution des dépenses reste supérieure de 1 % à 1,5 % à celle de la croissance du produit intérieur brut. Et rien ne laisse supposer que ce rythme soit infléchi durablement. A moins de laisser dériver le déficit, - une position incompatible avec la réduction de la dette -, le nouveau gouvernement devra engager de nouvelles économies. L'échéance de la renégociation des retraites en 2008 devrait l'inciter à adopter un traitement de choc au lieu de demi-mesures. Inscrite dans le programme de M. Sarkozy, l'instauration d'une franchise sur les actes de soins pourrait ainsi intervenir rapidement. Fixée à 100 euros, elle rapporterait 2,8 milliards d'euros. Mais son impact dans l'opinion serait défavorable en concentrant l'essentiel de la charge sur les familles, tout en excluant les plus pauvres et les plus importants consommateurs notamment parmi les personnes âgées. D'un montant de 25 euros par acte de soins (consultations, médicament, biologie et hôpital), elle produirait une recette de 1,8 milliard d'euros. FRANCHISE ET TVA SOCIALE Pour l'heure, aucune indication n'a été avancée ni sur le montant éventuel de cette franchise ni sur sa prise en charge par les mutuelles et assurances complémentaires. D'autres mesures pourraient également être adoptées, par le biais soit d'une baisse de remboursement de certains médicaments, soit d'un prélèvement sur chaque boîte. Pour les responsables de l'assurance-maladie, ces décisions imposent le maintien des efforts de maîtrise des dépenses. Parmi les recettes, le prélèvement anticipé des cotisations sociales (CSG et CRDS) sur les contrats d'assurance vie pourrait être retenu, malgré l'opposition des gestionnaires de ces fonds. Le nouveau gouvernement devrait aussi choisir d'expérimenter la TVA sociale, par une augmentation des taux actuels. Cette recette est gagée par la promesse d'allégement de charges des entreprises pour diminuer le coût du travail. De fait, c'est à l'ensemble du système de financement de la protection sociale que devrait s'atteler le nouveau gouvernement plus tôt que prévu. § Béatrice Gurrey, chargée du suivi de l'Elysée depuis 2002 pour "Le Monde", analyse les relations entre Jacques Chirac et son successeur, Nicolas Sarkozy, "des amis de trente-deux ans". § § Le nouveau président, tout juste investi, doit évoquer avec la chancellière allemande le projet de traité simplifié pour relancer l'Union européenne, ainsi que les préparatifs du Conseil européen du 21 juin. § N icolas Sarkozy est arrivé à Berlin, mercredi 16 mai en fin d'après-midi, pour un entretien avec la chancelière allemande Angela Merkel. Il s'agit du premier déplacement à l'étranger du nouveau chef de l'Etat français, quelques heures à peine après son investiture. M. Sarkozy, qui avait salué, lors d'un discours en hommage aux résistants français, "l'amitié qui lie désormais le peuple français au peuple allemand", entend marquer avec ce premier voyage officiel la pérennité et la solidité du lien franco-allemand. Il devrait être reçu avec les honneurs militaires à la chancellerie allemande aux alentours de 18 h 15. Il s'adressera ensuite à la presse en compagnie de la chancelière allemande, avant de se retirer avec elle pour un entretien et un dîner de travail. Les deux responsables politiques devraient notamment évoquer le projet de traité simplifié pour relancer l'Europe, défendu par M. Sarkozy lors de sa campagne, ainsi que les préparatifs du sommet des huit pays les plus industrialisés (5-8 juin) et du Conseil européen, les 21 et 22 juin. L'avenir du groupe aéronautique européen EADS devrait également être évoqué. § Le parti présidé par François Bayrou prévient les 22 députés centristes sortants ralliés à Nicolas Sarkozy qu'utiliser son appellation les exposerait à une "suspension immédiate du mouvement" et à une "action en référé d'heure en heure". § L es 22 députés centristes sortants ralliés à Nicolas Sarkozy ont été prévenus, mercredi 16 mai : "Au regard des articles 14 et 20 des statuts de l'Union pour la démocratie française UDF, tout candidat qui n'a pas reçu l'investiture de l'UDF ne peut se prévaloir de son soutien, ni utiliser son signe ou son appellation, sous peine de suspension immédiate du mouvement et d'une action en référé d'heure en heure", a annoncé un communiqué signé de Philippe Arnaud, président de la CNAC (Commission nationale d'arbitrage et de contrôle) de l'UDF. M. Bayrou a lancé jeudi dernier lors d'un conseil national le Mouvement démocrate (Modem), qui présentera ses candidats aux législatives sous l'appellation "UDF Mouvement démocrate". La création du Mouvement démocrate, dont l'UDF est "une force constitutive", sera formalisée lors d'un congrès "à l'automne". De son côté, Nicolas Sarkozy souhaite la création dans sa majorité d'un "pôle centriste", dont les députés pourraient revendiquer l'appellation UDF. § Sauf surprise, François Fillon devrait succéder à Dominique de Villepin. La composition du gouvernement devrait être annoncée vendredi matin. Claude Guéant a été nommé mercredi soir secrétaire général de l'Elysée. § I l s'agit des premières nominations effectuées par Nicolas Sarkozy, investi mardi 16 mai président de la République : Claude Guéant, ex-directeur de campagne du candidat UMP, devient secrétaire général de l'Elysée et Jean-David Lévitte, jusqu'ici ambassadeur de France aux Etats-Unis, est nommé conseiller diplomatique et "sherpa", a annoncé l'Elysée en fin de journée.L'agenda se précise aussi concernant le futur gouvernement, selon des "sources concordantes" à l'UMP et à l'Elysée, citées par l'AFP : la cérémonie de passation des pouvoirs entre le premier ministre démissionnaire Dominique de Villepin et son successeur aurait lieu jeudi, à 11 heures. Le nouveau gouvernement français sera pour sa part annoncé vendredi matin. Sauf surprise, il apparaît certain que ce sera François Fillon, 53 ans, sénateur de la Sarthe et conseiller politique de Nicolas Sarkozy qui sera nommé à Matignon. M. de Villepin, 53 ans, nommé premier ministre le 31 mai 2005, a remis la démission de son gouvernement mardi après-midi à M. Chirac, qui l'a acceptée. Il est chargé d'expédier les affaires courantes jusqu'à la passation de pouvoirs. KOUCHNER AU QUAI D'ORSAY Suivant la tradition, la garde républicaine sera déployée de part et d'autre du tapis rouge déroulé dans la cour jusqu'à l'escalier d'honneur. Le personnel sera présent dans la cour, applaudissant le premier ministre entrant à son arrivée et le sortant à son départ. M. de Villepin recevra son successeur dans son bureau pour un entretien. Les principaux fonctionnaires de Matignon, tels que le secrétaire général du gouvernement ou le commandant militaire de la place, seront présentés au nouveau premier ministre, qui raccompagnera son prédécesseur. Concernant le futur gouvernement, Nicolas Sarkozy a déclaré à plusieurs reprises qu'il serait constitué de 15 membres, dont 7 femmes, dans un souci de parité. Sa composition fait l'objet de nombreuses rumeurs. Selon les deux sources citées par l'AFP, à l'UMP et à l'Elysée, la seule certitude est que le socialiste Bernard Kouchner sera aux affaires étrangères. § Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, a salué la "première décision" du président Nicolas Sarkozy de faire lire à tous les lycéens de France, en début d'année scolaire, la lettre adressée par le jeune résistant communiste Guy Môquet à ses parents. § L e Parti socialiste ne croit à aucune des exigences affichées par Nicolas Sarkozy parce qu'elles "sonnent faux", selon le député européen Benoît Hamon. Le chef de l'Etat semble poser "sa présidence sur un champ de ruines, tant il insiste sur cette exigence de résultats comme si hier, le ministre de l'intérieur n'avait pu obtenir aucun résultat", a estimé le député européen au nom de son parti. "On voit mal en quoi cette nouvelle présidence pourra être marquée sous le sceau des sacrifices équitablement répartis" et donc de l'exigence de justice sociale, a jugé le responsable socialiste, estimant que le discours d'investiture est "en décalage avec ce qu'est le projet véritable de Nicolas Sarkozy, peut-être relativement habilement emballé aujourd'hui, mais qui reste un projet très marqué à droite" au service des "plus puissants de ce pays". Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, a salué la "première décision" du président Nicolas Sarkozy de faire lire à tous les lycéens de France, en début d'année scolaire, la lettre adressé par le jeune résistant communiste Guy Môquet à ses parents. "Cette dernière lettre, comme son engagement, prend racine dans ce double combat, indissociable, de résistance et d'émancipation humaine", a affirmé Mme Buffet, soulignant que ce combat "est pleinement d'actualité". Les fédérations de fonctionnaires de la CGT ont profité de l'investiture de Nicolas Sarkozy pour détailler leurs "exigences" pour la fonction publique, qui comprennent notamment une hausse du salaire minimum à 1 500 euros. Estimant que son "programme est porteur de lourdes menaces pour le monde du travail", les fédérations ont affirmé leur "volonté d'obtenir des avancées significatives", se donnant "comme objectif d'obtenir rapidement l'ouverture de véritables négociations pour la satisfaction de ces revendications". Dans une lettre adressé à Nicolas Sarkozy, le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a déclaré que son organisation, qui sera reçue à l'Elysée jeudi, compte "sur votre fermeté et vos propositions pour que la mondialisation, spécifiquement en agriculture, ne signifie pas destruction ou réduction mais développement et équité". Le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, a félicité le nouveau président français, affirmant qu'ils travailleraient ensemble "avec succès" sur de nombreux thèmes et espérant "un premier échange de vue" dans les prochaines semaines. M. Prodi a également indiqué "partager fortement" l'appel du nouveau chef de l'Etat français "à tous les peuples de la Méditerranée" et s'est montré heureux de la phrase "la France est de retour en Europe", prononcée par Nicolas Sarkozy. La Conférence des présidents d'université (CPU) a prévenu que la réforme de l'enseignement supérieur, prévue par Nicolas Sarkozy, "requiert une phase d'élaboration et de concertation avec l'ensemble des acteurs impliqués". Dans cette optique, la CPU a annoncé l'organisation d'assises de l'enseignement supérieur, sans en préciser la date ni les participants. § L'intégralité du débat avec Patrick Rotman, réalisateur du documentaire intitulé "Chirac", pour qui : "Chirac a un temps, comme Sarkozy aujourd'hui, suscité crainte et rejet par son côté très autoritaire, ses positions très dures". § J acquot : Comment définiriez-vous Chirac en une phrase ? en cinq adjectifs ? Patrick Rotman : Un grand fauve de la politique avec une longévité de carrière exceptionnelle. Energique, affectif, changeant, charismatique, intelligent. lolette : Qu'a-t-il de tellement différent par rapport à ses prédécesseurs ? Patrick Rotman : La différence avec ses prédécesseurs, c'est qu'il n'a jamais vraiment eu ou les moyens ou les loisirs ou la volonté de mettre en oeuvre un grand dessein politique. Son septennant suivi de son quinquennat ont été marqués par une série de catastrophes politiques de son point de vue : l'échec de Juppé avec les grandes grèves de fin 1995, la dissolution suivie de cinq ans de cohabitation, la réélection de 2002 miraculeuse suivie de pas grand-chose, et enfin un affrontement voilé mais réel avec son successeur Nicolas Sarkozy. Tout cela a fait que tout au long de ces douze ans hachés par ces épreuves, il n'a jamais développé un grand projet clair, lisible et continu, tout au moins sur le plan de la politique intérieure. Il n'est certainement pas idéologue. Je pense qu'il a des convictions assez fortes, une certaine idée de la République et de la défense de ses valeurs, par rapport à l'Histoire de France et à sa mémoire. Je pense au discours du Vel d'Hiv, à l'importance accordée au dialogue des civilisations, au rapport Nord-Sud. Sur le plan de politique française, on a du mal à discerner une ligne politique cohérente au long des douze années. En avait-il une au départ ? Il a fait sa campagne de 1995 sur le thème de la fracture sociale, il est clair que cette fracture est aujourd'hui toujours béante. La course de haies qu'ont été ses douze années à l'Elysée, avec les embûches permanentes qu'il a rencontrées ou provoquées ne lui ont pas permis de tracer ce grand dessein politique que doit avoir un grand président de la Ve République et de s'y tenir. Il restera des intuitions, quelques grands discours, des attitudes. Et puis au fond, la réforme du service militaire, un bout de réforme des retraites, et une action dans son quinquennat par rapport à la sécurité routière, au cancer, ou aux handicapés. Mais tout cela est hétéroclite et ne forme pas une ligne cohérente d'action telle que pouvaient l'avoir ses prédécesseurs. chirac : Qu'est-ce que Chirac retiendra de ses deux mandatures ? Patrick Rotman : Si l'on passe au domaine extérieur et à la politique internationale, il y a plus de points positifs que l'histoire retiendra. Il y a évidemment sa position sur la guerre en Irak et son opposition à George W. Bush. Je crois qu'à ce moment-là il a rencontré un consensus français très fort et qu'il a su exprimer avec beaucoup de fermeté une opposition à cette guerre qui, je crois, n'était pas un point de vue de pacifiste mais venait d'une analyse géostratégique sur les conséquences dramatiques qu'aurait une telle guerre dans cette région du monde. Il est je crois assez évident que les années qui se sont écoulées depuis la guerre en Irak lui ont largement donné raison. J'ai suffisamment critiqué Chirac sur bien des aspects pour lui donner crédit sur celui-là. Je pense que cela renvoie chez lui à cette connaissance qu'il a des sociétés, des civilisations extra-européennes. A sa très grande connaissance des dossiers internationaux, surtout dans cette région, des hommes qui font cette histoire, aussi, qu'il connaît souvent personnellement, et d'une conviction très ancrée chez lui, très ancienne et très profonde, de la nécessité de ce qu'on appelle le dialogue des cultures, des civilisations. J'ajoute le refus qui en découle de tout "impérialisme", pour employer un mot ancien. Boris : Après la fin de son mandat, Jacques Chirac continuera-t-il à exercer une influence politique notable à travers la fondation "Jacques-Chirac" ? Patrick Rotman : Une influence politique, non. Une action bénéfique sur ces thèmes qui lui sont chers de l'écologie, de la sauvegarde de la planète ou du développement, certainement. On a l'impression que ces thèmes qui marquent la fin de son mandat, que ce sont des thèmes et des convictions qui sont venus avec le temps, la réflexion, le travail, aussi. Je dirais que cela renvoie sans doute chez lui à des sentiments profonds qu'il a depuis sa jeunesse et même son extrême jeunesse, du temps où il trouvait Michel Rocard trop à droite pour lui, convictions ou sentiments qui ont été altérés ou dissimulés pendant plusieurs décennies. Je dirais que le vieux Chirac a fini par retrouver le jeune Chirac par-delà le temps. Sa curiosité, et même son érudition, pour les civilisations par exemple japonaise, chinoise, viennent de très loin. Et les deux sont liés : quelqu'un qui s'intéresse à des cultures aussi lointaines, aussi étrangères à notre européo-centrisme, ne peut qu'essayer de le traduire sur le plan politique. C'est le bon côté de Jacques Chirac. 1 | 2 | 3 | 4 | suivant (fl-rg.gif) Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT Nicolas Sarkozy rencontre Angela Merkel à Berlin, pour son premier déplacement officiel à l'étranger A Cannes, l'argent français est présent dans 12 des 22 films en compétition La passation de pouvoirs à Matignon devrait avoir lieu jeudi matin Un attentat à la bombe fait un mort en Algérie, à la veille des élections législatives ET AUSSI Capture écran de la sortie de Jacques Chirac de l'Elysée lors de la passation de pouvoirs avec Nicolas Sarkozy, mercredi 16 mai, sur TF1. | TF1 Panorama Joie et tristesse devant l'Elysée Yves Jego, député-maire UMP de Montereau (Seine-et-Marne), en 2004. | AFP/JEAN-LOUP GAUTREAU Chat "Il n'y aura ni faiblesse dans les réformes, ni passage en force" Le résultat de l'élection présidentielle s'affiche sur TF1, le soir du second tour, le 6 mai. | AFP/- Panorama Les déclarations de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal PRÉSIDENTIELLE 2007 Nicolas Sarkozy rencontre Angela Merkel à Berlin, pour son premier déplacement officiel à l'étranger Les centristes ralliés à Sarkozy menacés d'action en justice s'ils se réclament de l'UDF La passation de pouvoirs à Matignon devrait avoir lieu jeudi matin Le PS estime que Nicolas Sarkozy construit "sa présidence sur un champ de ruines" LES DÉPÊCHES Royal préférée des sympathisants PS aux législatives, dit Ipsos Reuters 18h23 Ipsos met l'UMP à 40% au 1er tour des législatives, le PS à 28% Reuters 18h14 Hausse des ventes en ligne aux Etats-Unis Reuters 18h10 Nouvelles charges contre Imad Lahoud dans l'affaire Clearstream Reuters 18h04 § Un sondage Ipos pour "Le Point", réalisé les 10 et 11 mai, crédite les candidats de l'UMP ou de la majorité présidentielle de 56 % des intentions de vote en cas de second tour face à des candidats de gauche. Ils recueillent 51 % des intentions de vote en cas de triangulaire impliquant un candidat du Mouvement démocrate et un candidat de gauche. § A un peu moins de quatre semaines du premier tour des élections législatives, les Français semblent décidés à donner au nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, une majorité. Selon un sondage Ipsos, réalisé pour Le Point, 42 % déclarent avoir l'intention de voter pour un candidat de l'UMP, de l'UDF soutenu par l'UMP, ou du Mouvement pour la France (MPF), contre 35,5 % pour un candidat du PS, du PRG, du MRC, des Verts ou du PCF. Le nouveau Mouvement démocrate (Modem) de François Bayrou récolte 10 % des intentions de vote, et le Front national 8 %. Pour le second tour, dans le cas d'oppositon entre un candidat de l'UMP ou de la majorité présidentielle (UDF soutenu par l'UMP, MPF), et un candidat de gauche (PS, PC, Verts), les Français seraient 56 % à opter pour le premier, contre 44 % pour le second. Confrontés au cas d'une triangulaire au second tour, avec présence d'un candidat du Modem, 11 % des Français indiquent qu'ils voteraient pour celui-ci. Le candidat de l'UMP serait toujours le favori avec 51 % des intentions de vote, contre 38 % pour le candidat de gauche (PS, PC, Verts). LES SYMPATHISANTS SOCIALISTES RÉCLAMENT MME ROYAL Interrogés sur leur "personnalité préférée pour conduire la campagne du Parti socialiste pour les élections législatives", les Français répondent d'abord Dominique Strauss-Kahn (33 %), avant de citer Ségolène Royal (32 %). Inversement, les sympathisants socialistes placent de très loin la candidate à l'élection présidentielle au premier rang (53 %) devant M. Strauss-Kahn (27%). François Hollande n'est cité que par 5 % des Français et 7 % des sympathisants du PS. Ce sondage a été réalisé par téléphone les 11 et 12 mai 2007 auprès d'un échantillon de 948 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et inscrite sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. § François Hollande a demandé à son homologue "un engagement dans la clarté", pour maintenir l'accord électoral pour les législatives. § L a rencontre de mercredi 16 mai entre le chef du PS, François Hollande, et celui du Parti radical de gauche (PRG), Jean-Michel Baylet, était "prévue depuis longtemps", selon la direction du PS. Mais elle a pris un tour particulier au lendemain de l'appel lancé par M. Baylet, après une rencontre avec Nicolas Sarkozy, en faveur d'un rapprochement entre radicaux de droite et de gauche, pour créer "une grande force centrale". Le premier secrétaire du PS a ainsi réclamé "un engagement dans la clarté" pour le rassemblement de la gauche, condition du maintien de l'accord électoral avec le PRG pour les législatives, a indiqué Stéphane Le Foll, le directeur de cabinet de M. Hollande. "Il ne peut y avoir de députés boorloïstes soutenus par le PS", a-t-il insisté, alors que Jean-Louis Borloo, vice-président du PR, associé à l'UMP, a répondu favorablement à l'appel du président du PRG. L'accord conclu avec le PS réserve 32 circonscriptions au PRG. Selon M. Le Foll, "Jean-Michel Baylet a dit qu'il ne remettait pas en cause cet accord", lors de l'entretien, qui a duré plus d'une heure. Stéphane Le Foll a par ailleurs dénoncé "la méthode du débauchage" pratiquée, selon lui, par Nicolas Sarkozy. ENGAGEMENT À GAUCHE "INDISCUTABLE" Six des neuf députés radicaux de gauche (Gérard Charasse, Joël Giraud, François Huwart, Chantal Robin-Rodrigo, Roger-Gérard Schwartzenberg et Emile Zuccarelli) ont annoncé mercredi dans un communiqué, qu'ils "désapprouvent" les déclarations du chef du parti. Rappelant que le PRG a "activement participé dès le premier tour à la campagne de Ségolène Royal" pour le scrutin présidentiel, ils "entendent évidemment demeurer fidèles" à "l'engagement à gauche des élus et des militants" du PRG. Christiane Taubira, députée de la Guyane, n'a pu être jointe, a précisé l'un des signataires. Par ailleurs, une quinzaine de responsables du parti ont réclamé la tenue avant le week-end d'un comité directeur exceptionnel, estimant que "l'aventure individuelle" de Jean-Michel Baylet menace gravement l'unité du parti. "Aucun flou ne saurait perdurer quant aux intentions des radicaux de gauche", déclarent les signataires, parmi lesquels Thierry Braillard, vice-président du PRG et maire adjoint de Lyon, Eric Montes, secrétaire général adjoint, et neuf présidents de fédération. § Pour sa première décision en tant que président de la République, Nicolas Sarkozy a souhaité, mercredi 16 mai, que cette lettre d'adieu soit lue au début de chaque année scolaire dans tous les lycées de France. § P our sa première décision en tant que président de la République, Nicolas Sarkozy a souhaité, le 16 mai, que cette lettre d'adieu soit lue au début de chaque année scolaire dans tous les lycées de France. Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, Un héros de la Résistance française Lorsque son père, député communiste, est déporté dans un bagne en Algérie en 1939, Guy Môquet, alors âgé de 16 ans, décide d'entrer dans les Jeunesses communistes. Arrêté un an plus tard lors d'une distribution de tracts clandestine à Paris, il est transféré, malgré son acquittement, au camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique). Le jeune homme est fusillé le 22 octobre 1941, avec 26 autres prisonniers du camp, en représailles au meurtre d'un officier allemand. Avant de mourir, il écrit une lettre à ses parents dans laquelle il espère que sa "mort serve à quelque chose". Une station du métro parisien et de nombreuses rues portent aujourd'hui son nom. Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme. 17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cur d'enfant. Courage ! Votre Guy qui vous aime. Guy Dernières pensées : vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir ! § M. Sarkozy s'est rendu à l'arc de Triomphe afin de raviver la flamme, avant de déposer des gerbes aux pieds des statues de Clemenceau et de De Gaulle. Il a ensuite rendu hommage à des jeunes résistants fusillés, indiquant que sa première décision sera de faire lire, tous les ans, la lettre du jeune résistant Guy Môquet devant les lycéens. § T out juste investi sixième président de la Ve République, mecredi 16 mai, Nicolas Sarkozy a remonté les Champs-Elysées, afin de déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu et saluer les associations d'anciens combattants. Nicolas Sarkozy a quitté l'Elysée peu après 14 heures à bord d'une voiture décapotable pour se rendre à l'Arc de Triomphe dans le cadre des cérémonies d'investiture. Comme ses prédécesseurs, il a ravivé la flamme sous l'Arc de Triomphe et a assisté au salut aux morts, avant de déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu. Après le dépôt de gerbe, Nicolas Sarkozy a pris son premier bain de foule en tant que président, allant vers le public de part et d'autre de la place de l'Etoile. Cette scène était cependant inédite en France, M. Sarkozy étant le premier président français à n'avoir connu aucun des grands conflits auquel a participé la France. LA LETTRE DE GUY MÔQUET LUE AU DÉBUT DE CHAQUE ANNÉE SCOLAIRE Par la suite, il a redescendu la grande avenue pour déposer une gerbe au pied de la statue de George Clémenceau, située rond-point des Champs-Elysées, en présence de descendants de l'ancien dirigeant. M. Sarkozy s'est ensuite rendu à pied près de celle de Charles de Gaulle, toute proche, pour y déposer là aussi des fleurs. Seule nouveauté dans ce parcours d'investiture, la visite de M. Sarkozy à la cascade du bois de Boulogne, où il a rendu hommage à trente-cinq jeunes résistants fusillés en août 1994 par les Allemands. En présence de l'ancien premier ministre Pierre Messmer et de l'ex-ministre Simone Veil, la lettre adressée par le jeune résistant Guy Môquet à ses parents a été lue. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy a affirmé que sa première décision, en tant que président de la République, sera "de demander au futur ministre de l'éducation nationale que cette lettre soit lue en début d'année à tous les lycéens de France". "Il est essentiel d'expliquer à nos enfants ce qu'est un jeune Français, à travers le sacrifice de quelques-uns, l'anonyme grandeur d'un homme qui se donne à cause plus grande que lui", a-t-il ajouté. M. Sarkozy a salué l'esprit de résistance français, estimant qu'il explique en grande partie "pourquoi la réconciliation franco-allemande fut une sorte de miracle et pourquoi jamais rien ne doit conduire à sacrifier l'amitié qui lie désormais le peuple français au peuple allemand". Il a ensuite pris le chemin de l'aéroport en direction de Berlin, pour une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel. § Commandé par Nicolas Sarkozy en tant que ministre de l'intérieur, il a été achevé fin mars mais non rendu public. Une nouvelle loi d'orientation devrait être votée cet été. § "V ers une plus grande efficacité du service public de sécurité au quotidien" : ainsi s'intitule un rapport commandé par Nicolas Sarkozy en tant que ministre de l'intérieur, achevé fin mars mais non rendu public pendant la campagne. Le groupe de travail réuni autour de Michel Gaudin, directeur général de la police nationale, nommé par M. Sarkozy en 2002, et d'Alain Bauer, président du conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance (OND), s'est évertué à remplir deux objectifs : revisiter l'expérience de la police de proximité ; tracer les pistes de réforme, dans la perspective d'une nouvelle loi d'orientation, qui devrait être votée cet été. Un bilan sévère. Les auteurs dressent un constat sévère de la période 1997-2002, sous le gouvernement Jospin. Ce ne sont pas les "objectifs de départ, sincèrement ambitieux", qui ont nuit à l'exécution de cette politique de proximité, mais "les conditions de sa conceptualisation centralisée et de son extension à marche forcée". Après une expérimentation prometteuse, la généralisation de ces nouvelles pratiques, en moins de deux ans, a été trop brutale, selon le rapport. D'autant plus que des départs à la retraite massifs étaient enregistrés, provoquant un amoindrissement de l'encadrement. La "polyvalence universelle" qui a été réclamée à tous les fonctionnaires s'est avérée illusoire et "la dimension judiciaire" a été "très insuffisamment potentialisée". M. Sarkozy n'a pas fait disparaître la police de proximité à son arrivée, selon le rapport. Il a rééquilibré les missions des policiers. Vers une nouvelle organisation. L'organisation géographique doit être "rationalisée", avec l'émergence de circonscriptions d'agglomération. Les gendarmes devront de façon plus claire se concentrer sur les zones rurales, et les policiers sur les zones fortement urbanisées. Au sujet des "charges indues" que dénoncent les policiers, en particulier l'assistance pénitentiaire et pénale, le rapport suggère de créer des "unités dédiées organisées en plates-formes régionales ou d'agglomération". De même, l'éloignement des étrangers clandestins devrait être confié "à des services spécialisés". Le groupe de travail propose de mettre en place deux nouveaux indicateurs d'activité, outre les statistiques classiques : un objectif moyen mensuel d'occupation de la voie publique et son taux de réalisation ; un délai moyen d'intervention après un appel d'urgence. Un meilleur contrôle des sociétés de sécurité privée et des relations plus étroites avec les polices municipales sont aussi recommandés. La gestion moderne des effectifs, elle, réclame que certaines tâches administratives et techniques soient clairement dévolues à des personnels spécialisés, non policiers. Cela concerne aussi bien les analystes de renseignement, les juristes, les interprètes, que les informaticiens. Dans le cadre d'un "plan de simplification procédurale", les auteurs proposent la création de "secrétariats aux procédures", avec le recrutement de juristes, pour faire face à "l'extrême technicité de la législation". Technologie et proximité. La modernisation technologique doit être une priorité. "L'extension des systèmes de géolocalisation des véhicules, de cartographie opérationnelle et la modernisation des terminaux embarqués dans les véhicules sont des axes stratégiques majeurs", selon le rapport. Il préconise le développement des dispositifs de lecture automatisée des plaques d'immatriculation. Le rapport insiste sur l'amélioration des contacts entre la population et la police. Il propose ainsi de créer un site Internet national de prise de rendez-vous et de pré-dépôt de plainte, à l'instar d'autres pays. Les auteurs souhaitent aussi développer le service volontaire citoyen - pour des opérations de médiation sociale - et désigner des fonctionnaires "référents de quartier", chargés des contacts entre la population, les partenaires locaux et la police. § Le gouvernement Fillon, qui doit être annoncé vendredi matin, devrait refléter les promesses de campagne : parité, nombre restreint de ministres, équilibres entre les différentes sensibilités. § L e gouvernement Fillon, qui doit être annoncé vendredi 18 mai au matin, devrait refléter les promesses de campagne de Nicolas Sarkozy. Les arbitrages auront été difficiles : le respect de la parité, le nombre restreint de ministres et les équilibres entre les différentes sensibilités ont nécessité des ajustements jusqu'à la dernière minute. Des périmètres redéfinis. La première marque du gouvernement de François Fillon sera dans les intitulés des ministères. Le ministère de la stratégie économique (ou de la prospective économique) devrait englober l'emploi, le commerce extérieur, l'économie. Il devrait ainsi comprendre la direction du travail, qui s'occupe des relations sociales et du droit du travail. Mais il pourrait ne pas hériter de l'industrie, qui ferait partie du ministère d'Etat du développement durable, de l'énergie et des transports, probablement dévolu à Alain Juppé. Plusieurs secrétariats d'Etat pourraient être attachés à ce grand ministère, notamment un secrétariat d'Etat à l'environnement. Le nouveau ministère de l'immigration et de l'identité nationale pourrait voir ses compétences s'étendre à la coopération, au codéveloppement, à la gestion et au contrôle des flux migratoires. La culture qui aurait pu, dans un premier temps, faire partie de l'éducation, devrait finalement conserver son ministère. Des signes d'ouverture. La principale surprise de ce gouvernement devrait s'appeler Bernard Kouchner. Socialiste atypique, il a fait partie de l'équipe du Pacte présidentiel de Ségolène Royal et, même s'il s'est peu affiché avec la candidate socialiste, il n'a pas ménagé ses critiques contre Nicolas Sarkozy. Difficile de savoir quelle sera sa marge de manuvre au Quai d'Orsay, Nicolas Sarkozy ayant annoncé qu'il serait lui-même très investi sur la question des relations internationales. Jean-Pierre Jouyet, patron de l'inspection générale des finances et, surtout, proche du couple Hollande-Royal, pourrait être son secrétaire d'Etat aux affaires européennes. L'ancien secrétaire national à l'économie du Parti socialiste, Eric Besson, pourrait également devenir secrétaire d'Etat, rattaché au ministère de Jean-Louis Borloo. Enfin, Hervé Morin, président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, devrait être le seul centriste au gouvernement, avec le portefeuille de la défense. Peu de fidèles au gouvernement. Equilibre des sensibilités politiques oblige, le gouvernement Fillon devrait compter assez peu de sarkozystes de la première heure. Rachida Dati, magistrate et porte-parole du candidat, pourrait devenir ministre de la justice et Brice Hortefeux, fidèle parmi les fidèles, inaugurerait le ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Patrick Devedjian devra se contenter de la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine. Et Christian Estrosi devra batailler avec Jean-François Copé pour la présidence du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Les anciens ministres écartés. Beaucoup de "poids lourds" du gouvernement Villepin ne devraient pas retrouver de ministère. En mauvaise posture, Dominique Perben a annoncé vouloir se consacrer à la préparation des municipales à Lyon. Philippe Douste-Blazy, Thierry Breton, Pascal Clément, Gilles de Robien, Renaud Dutreil, Gérard Larcher ou encore Renaud Donnedieu de Vabres semblent devoir quitter l'exécutif. Christine Lagarde, ministre du commerce extérieur, devrait conserver un portefeuille, probablement celui de l'agriculture, étendu aux compétences de négociations au sein de l'OMC. Tout comme le porte-parole du candidat Sarkozy et actuel ministre de la santé, l'ex-chiraquien Xavier Bertrand, pressenti aux affaires sociales. § Débat en direct avec Philippe Ridet, journaliste au "Monde", vendredi 18 mai à 16 heures. § § La composition du gouvernement se précise. Il devrait être annoncé vendredi matin et serait composé de quinze ministres et plusieurs secrétaires d'Etat. Mais des ultimes arbitrages devraient intervenir jeudi soir, notamment pour parvenir à la parité promise par Nicolas Sarkozy. § A lors que François Fillon a été nommé premier ministre, jeudi 17 mai, la composition du gouvernement se précise. Il devrait être annoncé vendredi matin et serait composé de quinze ministres et plusieurs secrétaires d'Etat. Mais des ultimes arbitrages devraient intervenir jeudi soir, notamment pour parvenir à la parité promise par Nicolas Sarkozy. Premier ministre : François Fillon. Ministre d'Etat, chargé de l'environnement, de l'énergie et des transports : Alain Juppé (il pourrait également hériter de l'industrie). Affaires étrangères : Bernard Kouchner. Intérieur : Michèle Alliot-Marie. Justice : Rachida Dati. Immigration et identité nationale : Brice Hortefeux. Défense : Hervé Morin. Stratégie économique et emploi : Jean-Louis Borloo. Budget (ou comptes) : Eric Wrth. Affaires sociales : Xavier Bertrand. Education : Xavier Darcos. Recherche et enseignement supérieur : Valérie Pécresse. Santé et sport : Roselyne Bachelot. Agriculture : Christine Lagarde. Culture : Christine Albanel. Secrétaire d'Etat aux affaires européennes : Jean-Pierre Jouyet. D'autres secrétaires d'Etat pourraient faire partie du gouvernement, dont l'ex-socialiste Eric Besson. § Voilà M. Sarkozy contredit. Cet élu ne "sera pas réinvesti aux législatives", avait-il assuré dans un entretien au "Figaro". § L e député (UMP) du Nord Christian Vanneste sera candidat aux législatives sous l'étiquette CNI-UMP. Le 25 janvier, cet élu avait été condamné pour "injures homophobes" par la cour d'appel de Douai. En janvier 2005, quelques semaines après la promulgation de la loi réprimant les propos injurieux ou diffamatoires "en raison de l'orientation sexuelle", il avait déclaré à La Voix du Nord que l'homosexualité était une "menace pour la survie de l'humanité". "Je n'ai pas dit qu'elle était dangereuse, j'ai dit qu'elle était inférieure à l'hétérosexualité. Si on la poussait à l'universel, ce serait dangereux pour l'humanité", justifiait-il. Dix jours plus tard, cet ancien professeur de philosophie qui s'était fait connaître en rédigeant un amendement contesté sur le rôle "positif" de la colonisation précisait dans Nord Eclair : "Je critique les comportements, je dis qu'ils sont inférieurs moralement." La cour d'appel avait condamné M. Vanneste à 3 000 euros d'amende et 6 000 euros de dommages-intérêts en soulignant que l'élu avait "manifesté de manière outrageante son intolérance". "Il s'agit d'une présentation tendancieuse de l'homosexualité qui était de nature à susciter chez les lecteurs des réactions de rejet", soulignaient les juges. Quelques jours plus tard, Nicolas Sarkozy, alors président de l'UMP, avait pris ses distances avec Christian Vanneste. Cet élu ne "sera pas réinvesti aux législatives", avait-il assuré dans un entretien au Figaro. Voilà donc M. Sarkozy contredit. Christian Vanneste se représentera bien dans la 10e circonscription du Nord, où il est bien implanté. Le député européen (UMP) Jacques Toubon devrait d'ailleurs venir le soutenir lors d'un meeting, le 21 mai. Face à lui, Christian Vanneste trouvera Najat Azmy, une "parachutée" du Parti socialiste. Interrogé par Le Monde, Thierry Lazaro, secrétaire de l'UMP-Nord, justifie ce choix. "De facto, nous soutenons Christian Vanneste, investi par le CNI, car il a le soutien des militants locaux de l'UMP, du secrétaire départemental, etc., précise-t-il. Mon boulot, c'est l'équité, elle n'a pas toujours été respectée lors de son procès. Christian Vanneste est un homme de terrain, que nous jugeons sur son efficacité dans cette circonscription." § Pour la première fois de l'histoire de France, le gouvernement devrait compter - quasiment - autant de femmes que d'hommes : au nom de la logique paritaire, le premier ministre, François Fillon, devrait appeler auprès de lui huit hommes et sept femmes. § P our la première fois de l'histoire de France, le gouvernement devrait compter - quasiment - autant de femmes que d'hommes : au nom de la logique paritaire, le premier ministre, François Fillon, devrait appeler auprès de lui huit hommes et sept femmes. Cette annonce, qui aurait été impensable il y a encore vingt ans, est le fruit du débat sur la parité commencé dans les années 1990 : lancée par un livre de Françoise Gaspard, Claude Servan-Schreiber et Anne Le Gall, cette idée s'est imposée en 1999 avec l'adoption d'une loi constitutionnelle sur "l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives". Pourtant, la participation des femmes aux responsabilités politiques est une idée - relativement - neuve. En France, les femmes ont acquis le droit de vote tardivement : pour se rendre aux urnes, il leur a fallu attendre une ordonnance signée à Alger, en 1944, par le général de Gaulle, alors que les Allemandes votaient depuis 1918 et les femmes britanniques depuis 1928. Le premier gouvernement à accueillir des femmes fut celui du Front populaire, en 1936, mais l'égalité n'était pas encore au rendez-vous : Irène Joliot-Curie, Suzanne Lacore et Cécile Brunschvicg n'avaient pas le titre de ministre mais de sous-secrétaire d'Etat et elles n'étaient ni électrices ni éligibles... Il a fallu attendre 1947 pour qu'une femme, Germaine Poinso-Chapuis, devienne ministre à part entière et 1974 pour qu'un gouvernement se féminise, ne serait-ce qu'un peu. "Valéry Giscard d'Estaing crée un secrétariat d'Etat à la condition féminine, nomme Simone Veil au ministère de la santé et a, au total, quatre femmes dans une équipe de 38 personnes, soit 10 %, un record par rapport aux périodes précédentes", précise Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherches au CNRS-Cevipof, dans La Politique en France et en Europe . Depuis lors, la part des femmes dans les gouvernements n'a cessé de progresser, surtout lorsque la gauche fut au pouvoir. En 1981, la première équipe de Pierre Mauroy comptait ainsi 14 % de femmes, mais ce pourcentage est tombé à 10 % dans le gouvernement de Jacques Chirac, en 1986. La situation s'est améliorée avec le gouvernement de Michel Rocard en 1988 (13 %), d'Edith Cresson en 1991 (15 %) et de Pierre Bérégovoy en 1992 (17 %), mais l'épisode des "jupettes", en 1995, a montré que la parité ne relevait pas toujours d'une véritable conviction : en mai, Alain Juppé a composé le gouvernement le plus féminisé de la Ve République (28 %) avant de révoquer six mois plus tard huit des douze élues... Le gouvernement le plus égalitaire de la Ve a été celui de Lionel Jospin : en 1997, après avoir imposé au PS 30 % de femmes parmi les candidats aux législatives, le premier ministre a recruté près de 30 % de femmes et leur a confié de nombreux ministères de plein exercice : Martine Aubry à l'emploi et la solidarité, Elisabeth Guigou à la justice, Catherine Trautmann à la culture, Marie-George Buffet à la jeunesse et aux sports et Dominique Voynet à l'environnement. La droite a en partie maintenu cette innovation avec un gouvernement féminisé à 26 % pour Jean-Pierre Raffarin et à 19 % pour Dominique de Villepin. Pourtant, la parité politique est loin d'être acquise : si les assemblées élues au scrutin de liste, comme les conseils régionaux et les conseils municipaux des villes de plus de 3 500 habitants, sont désormais féminisées à plus de 45 %, l'Assemblée nationale reste un bastion masculin (12,3 % de femmes). "Dans les cénacles masculins que sont les partis, les femmes ne sont pas toujours accueillies à bras ouverts", constate Mme Mossuz-Lavau. § Dans le monde enseignant, cette décision, malgré son aspect prescriptif, ne devrait guère être contestée. § N icolas Sarkozy veut qu'il soit rendu hommage dans les lycées à un résistant communiste de 17 ans, Guy Môquet, assassiné en 1941 par les Allemands, avec 26 autres otages désignés par Pierre Pucheu, ministre de l'intérieur du gouvernement de Vichy. Le président a fait cette annonce, mercredi 16 mai, au bois de Boulogne, lors d'une cérémonie en l'honneur de 35 résistants fusillés par la Gestapo en 1944, au cours de laquelle a été lue la lettre d'adieu de Guy Môquet. "Ma première décision de président de la République, a-t-il déclaré, sera de demander au futur ministre de l'éducation nationale que cette lettre soit lue en début d'année à tous les lycéens de France." Candidat, M. Sarkozy avait déjà évoqué la mémoire de Guy Môquet en septembre 2006 à Marseille et lors de son investiture par l'UMP à la porte de Versailles, le 14 janvier. "La France, elle a 17 ans, le visage de Guy Môquet quand il est fusillé", avait-il lancé. Le Parti communiste s'était indigné que le candidat "s'approprie" un de ses héros. En réplique, la célèbre lettre avait été lue à la tribune du meeting de Marie-George Buffet, le 1er avril, à Bercy. Mais les déclarations d'un président pèsent d'un autre poids que les propos d'un candidat : Mme Buffet a salué, mercredi, la décision de M. Sarkozy en jugeant "important que ce message soit délivré aux futures générations". Dans le monde enseignant, cette décision, malgré son aspect prescriptif, ne devrait guère être contestée. "Ce n'est pas condamnable, même si cela ne fait pas une politique éducative, a réagi Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU. C'est un beau texte, un classique. Evidemment, cela implique un travail pédagogique. Les valeurs, ce n'est pas seulement de la proclamation", a-t-il ajouté. Philippe Meirieu, figure des mouvements pédagogiques, très critique après les propos de M. Sarkozy sur Mai-68, a lui aussi réagi positivement. "On ne peut, a-t-il dit, que saluer le geste symbolique", même s'il ne doit pas "nous exonérer d'une réflexion de fond et d'une vigilance quotidienne." § La feuille de route du futur ministre de l'éducation nationale obligera celui-ci à conjuguer rapidement des objectifs ambitieux avec une logique de limitation des dépenses. § L a feuille de route du futur ministre de l'éducation nationale obligera celui-ci à conjuguer rapidement des objectifs ambitieux avec une logique de limitation des dépenses. Des précisions ont été apportées depuis le 6 mai par l'entourage de Nicolas Sarkozy. Ainsi, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite "n'est pas notre objectif prioritaire" dans l'enseignement, confie Emmanuelle Mignon, proche conseillère du président. L'évolution des postes devrait donc dépendre de la démographie scolaire. Comme promis, le décret du 12 février de Gilles de Robien, réformant les décharges horaires dans le secondaire, sera "suspendu", au profit d'une grande concertation, "avant les vacances", sur la revalorisation de la condition des enseignants. Toutefois, l'équipe présidentielle envisage de regagner "des effectifs cachés", correspondant aux "enseignants qui ne sont pas devant les élèves". Selon Mme Mignon, cela représenterait "l'équivalent d'une académie". Un rapport rendu mi-mars à M. Sarkozy par Xavier Darcos - cité comme possible ministre - estimait que "20 000 équivalents temps plein de décharges et de mises à disposition sont récupérables". Mais en application du principe "travailler plus pour gagner plus", les enseignants seraient rémunérés pour leur participation aux études dirigées qui doivent être généralisées dès la rentrée, ainsi qu'à différentes tâches pédagogiques. Mme Mignon évoque une prime "selon les résultats des élèves, mais qui peut très bien être attribuée collectivement", ainsi qu'une "vraie surprime" pour les enseignants de l'éducation prioritaire, qu'il s'agit désormais de "refonder". La réduction de 50 % des effectifs d'élèves des établissements les plus difficiles ne concernerait qu'"une cinquantaine d'établissements la première année". La suppression progressive de la carte scolaire, allant de pair avec l'autonomie des établissements, serait d'abord expérimentée dans une dizaine de départements, qui bénéficieraient d'incitations financières. L'objectif de mixité sociale deviendrait une obligation dans les établissements concernés. Enfin, l'abandon du collège unique, traditionnelle attente de la droite enseignante, ne semble pas à l'ordre du jour : M. Sarkozy entend abroger l'apprentissage à 14 ans, et, selon Mme Mignon, il n'est "pas question de sortir du principe selon lequel tous les enfants jusqu'à 16 ans ont une formation générale". Mais l'individualisation des parcours est souhaitée, ainsi que la découverte précoce des métiers. § Sur les neuf députés sortants du parti à l'Assemblée, six, dont Emile Zuccarelli, le maire de Bastia, et les anciens ministres Roger-Gérard Schwartzenberg et François Huwart, ont "désapprouvé", mercredi 16 mai, M. Baylet. § S on portable a vite été saturé. "J'ai eu tous nos députés au téléphone", reconnaît Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG). Sur les neuf députés sortants du parti à l'Assemblée, six, dont Emile Zuccarelli, le maire de Bastia, et les anciens ministres Roger-Gérard Schwartzenberg et François Huwart, ont "désapprouvé", mercredi 16 mai, M. Baylet. Ce dernier, à l'issue de son entrevue, la veille, avec Nicolas Sarkozy, s'était déclaré favorable à un rapprochement de sa formation avec les radicaux de droite, associés à l'UMP, via la création d'une "grande force centrale". En Guyane, Christiane Taubira, n'avait pas, mercredi soir, réagi, mais elle a démenti "formellement" toute proposition ministérielle la concernant. "Je ne comprends pas ce tumulte, se défend M. Baylet, patron de La Dépêche du Midi et sénateur du Tarn-et-Garonne. Le président élu a décidé de recevoir les partis de l'opposition, il a commencé par les radicaux. Pour une fois..." Le président du PRG justifie sa propre démarche "d'ouverture" vis-à-vis de la droite, décrite mercredi dans une tribune publiée par Le Figaro, par la nouvelle donne créée par la présidentielle : "Nous n'avons pas l'intention de laisser le centre à Bayrou, dit-il au Monde. Ségolène Royal a bien proposé un premier ministre et des ministres UDF. Qu'on ne nous dise pas que les lignes n'ont pas bougé !" Le PS ayant menacé de dénoncer son accord avec le PRG pour les législatives, lequel comprend 32 circonscriptions réservées PRG, M. Baylet jure que son parti "reste dans l'opposition". " Ce n'est pas chez nous qu'on débauche, dit-il avec humeur. Et ce n'est pas une bonne méthode de dire qu'on va faire sauter les accords, c'est barbare." Le sénateur concède un "peu d'émoi" dans son parti. Une quinzaine d'élus et responsables régionaux, parmi lesquels Thierry Braillard, vice-président du PRG et maire adjoint de Lyon, ou Eric Montes, secrétaire général adjoint du PRG, ont condamné l'initiative de leur président et réclamé un "comité directeur" avant la fin de la semaine. "Baylet a commis une faute politique de débutant, juge Gilles Alayrac, candidat suppléant de la socialiste Anne Hidalgo, dans le 15e arrondissement de Paris. Il s'est laissé piéger par ses contacts avec Bernard Tapie." M. Baylet balaie cet argument : "Moi, dit-il, je ne consulte pas Tapie, il ne fait plus partie du PRG." Vendredi, date de limite de dépôt des candidatures pour les législatives, les candidats PRG devaient être au rendez-vous. Mais comme au PS, la crise, provoquée par "l'ouverture" de M. Sarkozy, est ouverte chez les radicaux de gauche. § Les principaux extraits du discours d'entrée en fonctions de Nicolas Sarkozy, mercredi 16 mai. § V oici les principaux extraits du discours d'entrée en fonctions de Nicolas Sarkozy, mercredi 16 mai. Mesdames et Messieurs, En ce jour où je prends officiellement mes fonctions de président de la République française, je pense à la France, ce vieux pays qui a traversé tant d'épreuves et qui s'est toujours relevé, qui a toujours parlé pour tous les hommes et que j'ai désormais la lourde tâche de représenter aux yeux du monde. Je pense à tous les présidents de la Ve République qui m'ont précédé. Je pense au général de Gaulle qui sauva deux fois la République, qui rendit à la France sa souveraineté et à l'Etat sa dignité et son autorité. Je pense à Georges Pompidou et à Valéry Giscard d'Estaing qui, chacun à leur manière, firent tant pour que la France entrât de plain-pied dans la modernité. Je pense à François Mitterrand, qui sut préserver les institutions et incarner l'alternance politique à un moment où elle devenait nécessaire pour que la République soit à tous les Français. Je pense à Jacques Chirac, qui pendant douze ans a oeuvré pour la paix et fait rayonner dans le monde les valeurs universelles de la France. Je pense au rôle qui a été le sien pour faire prendre conscience à tous les hommes de l'imminence du désastre écologique et de la responsabilité de chacun d'entre eux envers les générations à venir(...) Je pense avec gravité au mandat que le peuple français m'a confié et à cette exigence si forte qu'il porte en lui et que je n'ai pas le droit de décevoir. Exigence de rassembler les Français parce que la France n'est forte que lorsqu'elle est unie(...) Exigence de respecter la parole donnée et de tenir les engagements parce que jamais la confiance n'a été aussi fragile. Exigence morale parce que jamais la crise des valeurs n'a été aussi profonde(...) Exigence de réhabiliter les valeurs du travail, de l'effort, du mérite, du respect, parce que ces valeurs sont le fondement de la dignité de la personne humaine et la condition du progrès social. Exigence de tolérance et d'ouverture parce que jamais l'intolérance et le sectarisme n'ont été aussi destructeurs, parce que jamais il n'a été aussi nécessaire que toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté mettent en commun leurs talents, leurs intelligences, leurs idées pour imaginer l'avenir. Exigence de changement parce que jamais l'immobilisme n'a été aussi dangereux pour la France que dans ce monde en pleine mutation(...) où tout retard peut être fatal et devient vite irrattrapable. Exigence de sécurité et de protection parce qu'il n'a jamais été aussi nécessaire de lutter contre la peur de l'avenir et contre ce sentiment de vulnérabilité qui découragent l'initiative et la prise de risque. Exigence d'ordre et d'autorité parce nous avons trop cédé au désordre et à la violence, qui sont d'abord préjudiciables aux plus vulnérables(...) Exigence de résultat parce que les Français en ont assez que dans leur vie quotidienne rien ne s'améliore jamais, que leur vie soit toujours plus dure, parce que les Français en ont assez des sacrifices qu'on leur impose sans aucun résultat. Exigence de justice parce que depuis bien longtemps autant de Français n'ont pas éprouvé un sentiment aussi fort d'injustice (...) Exigence de rompre avec les comportements du passé, les habitudes de pensée et le conformisme intellectuel parce que jamais les problèmes à résoudre n'ont été aussi inédits. Le peuple m'a confié un mandat. Je le remplirai (...) Je défendrai l'indépendance et l'identité de la France. Je veillerai au respect de l'autorité de l'Etat et à son impartialité. Je m'efforcerai de construire une République fondée sur des droits réels et une démocratie irréprochable. Je me battrai pour une Europe qui protège, pour l'union de la Méditerranée et pour le développement de l'Afrique. Je ferai de la défense des droits de l'homme et de la lutte contre le réchauffement climatique les priorités de l'action diplomatique de la France dans le monde(...) Je veux dire ma conviction qu'au service de la France il n'y a pas de camp. Il n'y a que les bonnes volontés de ceux qui aiment leur pays(...) A tous ceux qui veulent servir leur pays, je dis que je suis prêt à travailler avec eux et que je ne leur demanderai pas de renier leurs convictions, de trahir leurs amitiés et d'oublier leur histoire. A eux de décider, en leur âme et conscience d'hommes libres, comment ils veulent servir la France. Le 6 mai il n'y a eu qu'une seule victoire, celle de la France qui ne veut pas mourir, qui veut l'ordre mais qui veut aussi le mouvement, qui veut le progrès mais qui veut la fraternité, qui veut l'efficacité mais qui veut la justice, qui veut l'identité mais qui veut l'ouverture. Le 6 mai il n'y a eu qu'un seul vainqueur, le peuple français qui ne veut pas renoncer, qui ne veut pas se laisser enfermer dans l'immobilisme et dans le conservatisme, qui ne veut plus que l'on décide à sa place, que l'on pense à sa place. Eh bien, à cette France qui veut continuer à vivre, à ce peuple qui ne veut pas renoncer, qui méritent notre amour et notre respect, je veux dire ma détermination à ne pas les décevoir. Vive la République ! Vive la France ! § La présidence de Nicolas Sarkozy démarre dans un contexte plus favorable que prévu sur le front de l'emploi. Près de 100 000 emplois salariés nets ont été créés au cours du premier trimestre 2007,selon les données publiées par l'Insee et la Dares. § L a présidence de Nicolas Sarkozy démarre dans un contexte plus favorable que prévu sur le front de l'emploi. Près de 100 000 emplois salariés nets ont été créés au cours du premier trimestre 2007, un excellent chiffre, selon les données publiées par l'Insee et la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, ministère de l'emploi) mercredi 16 mai. La France compterait, à fin mars 2007, 15 779 300 salariés sur l'ensemble des entreprises hors secteur agricole, administration, éducation, santé et action sociale. Et la performance est d'autant plus satisfaisante que la croissance, avec un chiffre de 0,5 % pour le premier trimestre, s'est révélée en-deçà de ce que prévoyaient la plupart des économistes. Ce chiffre de création de postes salariés, 93 600 exactement, est une excellente nouvelle car l'institut de statistiques national avait, dans sa Note de conjoncture de mars 2007, évalué à 85 000 le nombre de créations de postes salariés pour l'ensemble du premier semestre. La prévision est dépassée et sur trois mois seulement. Cette progression, 0,6 % sur le premier trimestre et 1,4 % sur un an, est en grande partie au secteur tertiaire et, en particulier, à la bonne santé de l'intérim. Dans ce seul secteur d'activité, 91 700 postes ont été créés au cours des trois premiers mois 2007, dont 53 900 dans l'intérim, soit près de 60 %. Il faut rappeler que tous les emplois intérimaires, quel que soit le secteur, bâtiment ou industrie, sont rattachés au tertiaire. L'intérim est analysé par la plupart des conjoncturistes comme un indicateur avancé de l'emploi. "RÉÉQUILIBRAGE" "L'augmentation de l'intérim est un processus normal en période de reprise de l'emploi, explique Nicolas Bouzou, économiste au cabinet Asterès. Les chefs d'entreprise font d'abord appel aux heures supplémentaires, ensuite à l'intérim, aux CDD, et au final au CDI." Rapportée à la dernière étude de la Dares analysant l'emploi intérimaire au quatrième trimestre 2006, le nombre de salariés intérimaires serait à fin mars 2007 de 670 700. En attendant la confirmation de ces chiffres provisoires et le détail des créations de postes, on peut souligner l'importance des "services aux entreprises" dans la création de postes intérimaires en particulier. Au total, le tertiaire emploie 10 654 300 personnes et l'évolution sur un an est de + 2,2 %. Comme les trimestres précédents, l'industrie continue de détruire de l'emploi mais à un rythme moins soutenu. La perte est de 9 400 postes et - 0,3 % sur trois mois, alors qu'au cours des trimestres précédents, elle fluctuait entre 15 et 20 000. L'Insee estimait, dans sa note de conjoncture, que "la baisse de l'emploi salarié industriel se stabiliserait", avançant le chiffre de - 30 000 sur le premier semestre 2007. Traditionnelle locomotive de l'emploi, le secteur de la construction fléchit lui aussi. Les créations y sont moins nombreuses, +0,8 % sur trois mois, mais ce secteur boosté par les lois sur le logement a créé plus de 40 000 emplois sur un an. Ce fléchissement des créations d'emploi dans la construction serait à rapprocher de l'essoufflement du secteur. Au total, estime M. Bouzou, "la composition sectorielle du chiffre de créations d'emplois est plutôt rassurante et traduit un rééquilibrage assez sain". § Une projection BVA rendue publique vendredi indique que l'UMP obtiendrait 317 à 381 députés des 555 députés métropolitains, le PS 151 à 200 députés et le Mouvement démocrate, malgré un bon score de premier tour, 0 à 4 sièges. § A l'issue des législatives, l'UMP disposerait d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale, avec un nombre de députés allant de 317 à 381, le PS aurait 151 à 200 députés et le Mouvement démocrate, malgré un bon score au premier tour, ne compterait que 0 à 4 sièges, selon une projection BVA rendue publique vendredi 18 mai. Fiche technique BVA précise que la matrice de transfert des voix du premier tour vers le second tour tient compte à la fois des configurations de 2002 tout en intégrant les rapports de force UMP/UDF du 22 avril 2007 dans les circonscriptions où l'UDF n'était pas présente en 2002 ainsi que les cas particuliers où un député UDF a rejoint l'UMP. Sondage réalisé par téléphone les 14 et 15 mai auprès d'un échantillon de 840 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Notice détaillée disponible auprès de la commission des sondages. D'après cette étude réalisée pour Orange et la presse quotidienne régionale, le PCF conserverait entre 14 et 21 sièges, contre 21 aujourd'hui, les députés écologistes seraient 1 ou 2 (3 aujourd'hui) et les divers droite entre 4 et 11 (projection faite sur la France métropolitaine, soit 555 sièges). Le Front national n'aurait pas d'élu. La projection précédente de BVA, établie le 7 mai, était la suivante : 288 à 344 députés UMP, 158 à 200 PS, 8 à 13 bayrouistes, 14 à 18 PCF, 4 à 7 divers droite, 0 à 6 écologistes, 0 député FN. 36 % D'INTENTIONS DE VOTE POUR L'UMP AU PREMIER TOUR Le nombre de députés UMP est aujourd'hui de 350 (+ 9 apparentés), le nombre de députés PS de 141 (+ 8 apparentés) et la formation de François Bayrou, dont la quasi-totalité des députés a rallié Nicolas Sarkozy, est forte de 26 membres (+ 3 apparentés). Au premier tour le 10 juin, l'UMP recueillerait 36 % (+ 1) et le PS (avec le Parti des radicaux de gauche et le Mouvement républicain et citoyen), 30 % (inchangé). Profitant selon BVA de la forte exposition médiatique liée à l'annonce de son lancement par François Bayrou, le Mouvement démocrate gagnerait trois points, à 12 %. Mais cela ne se traduirait pas en sièges, ce parti pâtissant du fait que l'UMP maintiendra ses candidats contre les siens au second tour. Les deux tiers des sympathisants de l'UDF choisiraient un candidat issu de ce nouveau parti, qui jouera un rôle important dans la vie politique, selon 65 % des Français. Le Front national est stable, à 8 %. Les Verts reculent de 2 points, à 4 %, comme l'extrême gauche, qui recule à 3 %. Le PCF est crédité de 3 % et les autres candidats de droite de 4 %, des scores stables. 8 % (+ 1) des personnes interrogées n'ont pas exprimé d'intention de vote. § Jean-Pierre Mariné, vice-président du principal syndicat agricole de 1996 à 2000, s'est présenté vendredi comme un candidat de la société civile. § L 'UMP, qui avait prévenu qu'elle présenterait des candidats face aux députés sortants UDF refusant de rallier la majorité présidentielle, a désigné, vendredi 18 mai, Jean-Pierre Mariné, ancien vice-président de la FNSEA, pour affronter le patron de l'UDF-Modem François Bayrou, dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Jean-Pierre Mariné a dirigé la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA), avant de devenir vice-président de la FNSEA, fédération nationale du principal syndicat agricole, de 1996 à 2000. Agé de 60 ans, il préside désormais l'association Béarn-Adour-Pyrénées (BAP), qui fait notamment du lobbying en faveur du développement de nouvelles infrastructures routières et autoroutières dans les Pyrénées-Atlantiques. Il préside également le Viniflhor, un office public interprofessionnel pour le vin, les fruits et légumes et l'horticulture. Il s'est présenté vendredi comme un candidat de la "société civile", tout en disant détenir "depuis un certain temps" une carte d'adhérent à l'UMP. Tout en évoquant ses relations de longue date avec François Bayrou, M. Mariné s'en est pris à sa "formation nouvelle qui se contentera de dire ce qui est bien et ce qui est mal". Il a dit refuser pour sa part de "regarder passer les trains". François Bayrou est député de la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, constituée en grande partie de l'agglomération urbaine de Pau, depuis 1986. Lors des législatives de 2002, alors soutenu par l'UMP, il avait obtenu 55,58 % des voix au second tour. § L'intégralité du débat du 18 mai avec Philippe Ridet, journaliste au "Monde", qui estime que le nouveau gouvernement relève les défis de la parité et de l'ouverture. Un bon coup en termes d'image et de stratégie politique. § A fif : Croyez-vous le gouvernement Fillon "durable" ? Quel sera son rôle dans la campagne qui s'ouvre ? Voyez-vous Fillon comme un fusible ? Philippe Ridet : Le gouvernement Fillon sera probablement modifié après les élections législatives, puisqu'il est prévu qu'une dizaine ou une quinzaine de secrétaires d'Etats et de chargés de mission viennent s'ajouter à la liste qui a été communiquée ce matin. Donc ce gouvernement a un premier rendez-vous au lendemain du deuxième tour des législatives. Cela pour la durée du gouvernement Fillon. Cela dit, il ne devrait pas changer sauf une maladresse d'un des ministres nommés, mais on ne peut pas parier là-dessus. D'après les sondages dont on dispose, l'UMP devrait obtenir une majorité assez confortable aux législatives, et je ne vois pas un revers de la majorité à ces élections qui remettrait Fillon en cause. alainsl : Que penser du nouveau gouvernement en terme de parité et d'ouverture ? Philippe Ridet : Je pense que les deux paris de la parité et de l'ouverture sont tenus. On peut objecter que les femmes sont moins nombreuses que les hommes, surtout avec les secrétaires d'Etat, mais le chef d'Etat s'était engagé sur la parité, ce pari est tenu. Concernant l'ouverture, le pari est aussi tenu, puisqu'il y a quatre personnalités de gauche qui intègrent le gouvernement, en comptant Martin Hirsch. La présence de Kouchner, Besson et Jouyet sont l'illustration de la volonté d'ouverture à gauche. A eux trois, ils représentent un cinquième du gouvernement. Il y a aussi le cas d'Hervé Morin, centriste rallié entre les deux tours. Les centristes peuvent certes s'estimer moins bien lotis que les socialistes, mais je pense que lors de la nomination des secrétaires d'Etat, leur tour viendra d'être récompensés. En ne nommant pas immédiatement de nombreux centristes au gouvernement, M. Sarkozy met la pression sur ces derniers et les engage à se montrer solidaires durant leur campagne. arno : Quel intérêt Nicolas Sarkozy a à une ouverture à gauche ? Est-ce le premier gouvernement de "cohabitation voulue" dans la Ve République ? Philippe Ridet : Ce n'est pas tout à fait la première fois. En 1988, Mitterrand avait tenté l'expérience de l'ouverture. Cela dit, l'intérêt de Sarkozy est double : en termes d'image, d'une part, puisqu'il était réputé "claniste" et "sectaire" chez ses adversaires. Il montre à cette occasion qu'il sait s'ouvrir aux autres. Enfin, il y a un intérêt politique manifeste, puisque l'ouverture prive le PS d'un argument de campagne et produit l'effet d'une bombe à fragmentation sur le PS. gages : Quel est l'intérêt de Bernard Kouchner ? Quelle marge de manoeuvre aura-t-il ? Pensez-vous, au vu sa personnalité, qu'il "tiendra" ? Philippe Ridet : Son intérêt est manifeste. Kouchner avait depuis longtemps envie de revenir aux responsabilités. Ce poste de ministre des affaires étrangères, il le convoitait depuis de longues années, il avait l'expérience pour y prétendre. La gauche, quand elle était au pouvoir, ne lui a pas fait ce cadeau. D'autre part, il était assez mal à l'aise dans son parti, et dans ces conditions, il est tout à fait explicable qu'il ait fini par accepter la proposition de Sarkozy. Ses marges de manoeuvre sont tout aussi limitées pour lui qu'elles l'ont été pour les précédents ministres des affaires étrangères. Même si Sarkozy affirme vouloir mettre fin à la notion de "domaine réservé", il est évident qu'il aura à coeur de conduire, comme ses précédesseurs, la politique étrangère de la France. D'autre part, il sera sous surveillance à l'Elysée de Jean-Daniel Levitte, ancien ambassadeur de France à Washington et sherpa de Chirac pendant de longues années. Dans ces conditions, ses marges de manoeuvre seront effectivement difficiles à trouver. On a vu par le passé à de nombreuses reprises des ministres mettre fin très rapidement à leur mandat, ou des présidents de la République le faire à leur place. Il suffit de remonter à Léon Schwatzenberger, Alain Madelin, Françoise Giroud, qui n'ont pas supporté de devoir composer avec les nécessités de la solidarité gouvernementale. Il est évident que lorsque Kouchner, sur un plateau ou dans une émission sera interrogé sur les peines planchers ou l'abaissement de la majorité pénale ou l'identité nationale, il ne sera pas très à l'aise pour justifier des mesures qui sont spécifiquement de droite. Mais c'est à lui de savoir de quel prix il doit payer l'honneur qui lui est fait d'être ministre. charly : Quelle signification politique revêt la participation d'Alain Juppé (inquiété par la justice et impopulaire) dans ce gouvernement ? Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT "La mise en uvre des promesses du candidat Sarkozy a été confiée à des fidèles" A Samara, la Russie et l'Union européenne étalent leurs différends Algérie : "les résultats des législatives reflètent l'agonie du système" Les maires du monde décidés à agir contre le réchauffement ET AUSSI Journalistes et politiques sans frontières | Dessins du jour Samedi 19 mai 2007 Tom Glocer, le futur patron du groupe Thomson-Reuters. Cette alliance inquiète les régulateurs et les marchés financiers. | AP Zoom Inquiétudes des régulateurs et des marchés financiers La consolidation bancaire en Europe continue. Qui de la britannique Barclays ou du consortium mené par la Royal Bank of Scotland obtiendra le rachat de la banque néerlandaise ABN Amro ? | AFP/RICK NEDERSTIGT Thématique La consolidation bancaire européenne PRÉSIDENTIELLE 2007 L'UMP créditée d'une majorité absolue aux législatives, le Modem de 4 sièges L'UMP présente un ex-responsable de la FNSEA contre François Bayrou Philippe Ridet : "La mise en oeuvre des promesses a été confiée à des fidèles : Dati, Bertrand et Hortefeux" Que pensez-vous de la nomination de Bernard Kouchner au gouvernement ? LES DÉPÊCHES Tennis: Roger Federer en demi-finale à Hambourg Reuters 18h21 Rallye: Sébastien Loeb reprend la main en Sardaigne Reuters 18h15 Nouveaux raids israéliens à Gaza, combats entre factions Reuters 18h11 Nouveaux raids israéliens à Gaza, combats entre factions Reuters 18h11 § Nicolas Sarkozy a choisi de nommer Bernard Kouchner au poste de ministre des affaires étrangères. S'agit-il selon vous d'une démarche d'ouverture sincère ou d'un choix tactique et politique ? Par fidélité politique, Bernard Kouchner aurait-il dû refuser ? § N icolas Sarkozy a choisi de nommer Bernard Kouchner au poste de ministre des affaires étrangères. S'agit-il selon vous d'une démarche d'ouverture sincère ou d'un choix tactique et politique ? Par fidélité politique, Bernard Kouchner aurait-il dû refuser ? Une sélection de vos témoignages sera publiée sur . Envoyez-nous votre témoignage par courriel à , en précisant vos nom et prénom. Si vous le souhaitez, vous pouvez également nous envoyer des vidéos (sur le groupe Dailymotion du Monde.fr, via le formulaire ci-dessous). AUTORISATIONS Les déposants autorisent l'utilisation de leurs photographies, vidéos et écrits par Le Monde interactif pour une publication sur et dans le groupe Dailymotion du Monde.fr. Les témoignages seront toujours utilisés avec mention du nom de l'auteur. L'utilisation de ces éléments ne pourra donner lieu à un versement de droits d'auteur ou à une rétribution sous quelque forme que ce soit. Le Monde interactif s'engage à prendre le plus grand soin des uvres confiées dans le cadre de ce service, mais ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable des pertes ou dommages occasionnés aux uvres. IFRAME: http://www.dailymotion.com/widget/upload/group/28100?web=1&skin=def ault § Du score des candidats de la droite et de la gauche le 17 juin, à Paris, dépendront étroitement les chances des deux camps de conquérir ou de conserver la Mairie de Paris en 2008. § U n an sépare les élections législatives du prochain scrutin municipal de 2008. Du score des candidats de la droite et de la gauche le 17 juin, à Paris, dépendront donc étroitement les chances des deux camps de conquérir ou de conserver la Mairie de Paris. Pour l'UMP, la reconquête de Paris passe par le 12e arrondissement. Conserver la 8e circonscription, qui couvre la quasi-totalité de cet arrondissement, est, pour la droite, le préalable indispensable à la reconquête. En gagnant le 12e, en 2008, l'UMP récupérerait six conseillers de Paris. Cela lui permettrait d'obtenir la majorité au conseil de Paris. A condition, toutefois, de garder les huit mairies d'arrondissement qu'elle dirige aujourd'hui et d'en conquérir une nouvelle - celle du 4e ou du 2e - en plus de celle du 12e. L'issue des prochaines municipales dépendra aussi du renouvellement des candidatures, à droite comme à gauche. Si l'UMP a profondément renouvelé ses investitures aux législatives de juin, le PS réfléchit quant à lui à la possibilité de faire émerger de nouvelles têtes en 2008. "NÉCESSAIRE RENOUVELLEMENT" C'est en tout cas le souhait de certains proches de Bertrand Delanoë. "On ne conservera pas la Mairie de Paris sans prendre en compte la nouvelle sociologie de l'électorat parisien", affirme Christophe Caresche, député (PS) sortant, candidat aux législatives dans la 18e circonscription. Adjoint au maire de Paris chargé de la sécurité, le député ne se représentera pas aux municipales pour laisser sa place à une personnalité susceptible de briguer la mairie du 18e actuellement détenue par le socialiste Daniel Vaillant. Ce dernier, candidat à un nouveau mandat de député, n'a toutefois pas indiqué son intention de ne pas se présenter aux prochaines municipales. Serge Blisko, député socialiste sortant et maire du 13e arrondissement, se réserve également le droit de se représenter en 2008. En revanche, Tony Dreyfus, de nouveau candidat (PS) aux législatives dans la 5e circonscription, ne briguera pas un troisième mandat de maire du 10e arrondissement, " au nom, dit-il, du refus du cumul des mandats". "Je ne suis pas un dictateur, mais je souhaite que chacun soit cohérent avec nos principes", a déclaré M. Delanoë, lundi 14 mai. Partisan du non-cumul entre une fonction exécutive et un mandat parlementaire, il avait démissionné de son mandat de sénateur de Paris, à la suite de son élection à la Mairie en 2001. Le "nécessaire renouvellement des candidatures" ira-t-il, pour les socialistes parisiens, jusqu'à l'ouverture des listes municipales à des personnalités du nouveau MoDem de François Bayrou ? Pour le moment, M. Delanoë élude la question. Il sait que ses alliés Verts et communistes y sont farouchement opposés. § Deux Paris en un. A l'Ouest, les Parisiens ont voté massivement pour Nicolas Sarkozy. A l'Est et au Sud, largement pour Ségolène Royal. § D eux Paris en un. Nicolas Sarkozy l'a emporté d'une courte tête dans la capitale, avec 50,19 % des suffrages et 3 838 voix d'avance. A l'Ouest, les Parisiens ont voté massivement pour lui. A l'Est et au Sud, largement pour Ségolène Royal. Compte tenu de ce score serré, les scrutins des 10 et 17 juin pourraient se solder par un statu quo. La gauche pourrait conserver ses 12 sièges, la droite garder ses 9 députés. Plusieurs inconnues pourraient toutefois remettre en question cette apparente stabilité. Si les candidats de l'UMP comptent sur la "dynamique de la victoire présidentielle", dans l'entourage de Bertrand Delanoë, maire (PS) de la capitale, on explique qu'"on peut espérer que les Parisiens voudront faire de la capitale un contrepoids à la vague bleue qui se prépare au niveau national". Tous les partis sont confrontés à la volatilité de l'électorat parisien. L'inconnue principale est le vote des électeurs de François Bayrou qui a obtenu 20,73 % des voix, au premier tour de l'élection présidentielle. Le nouveau Mouvement démocrate (MoDem) présente des candidats dans toutes les circonscriptions. Parmi eux, on compte 10 élus, dont deux députées européennes et trois conseillers de Paris Verts, Violette Baranda (20e circ.), Olivier Pagès (6e circ.) et Danièle Auffray (10e circ.), adjointe au maire de Paris chargée de la recherche et des nouvelles technologies. Six candidats viennent de l'UDF, le nouveau parti de François Bayrou ayant joué la carte de l'ouverture vers la société civile : 11 candidats en sont issus. Dans cette élection, un grand nombre de candidats sont sur l'affiche pour la première fois. La distribution est très féminine : 12 au MoDem, 11 chez les Verts et au PCF, 9 au PS et à l'UMP. Dans son effort de renouvellement, l'UMP, qui présente neuf nouveaux candidats, met en avant trois "représentants de la diversité", issus des "minorités visibles". Sans grande chance de l'emporter, Jean-Claude Beaujour, avocat d'origine antillaise, est, par exemple, candidat dans la 6e circonscription, face à la députée (PS) sortante, Danièle Hoffman-Rispal. Sur les neuf candidates de l'UMP, deux sont sortantes - Martine Aurillac (3e circ.) et Françoise de Panafieu (16e circ.) -, et trois étaient déjà candidates en 2002 - Claude-Annick Tissot (7e circ.), Roxane Decorte (19e circ.) et Lynda Asmani (5e circ.). Cette dernière, d'origine berbère, ancienne chargée de mission au ministère des finances, a peu de chances de l'emporter contre Tony Dreyfus, député PS sortant. Même chose pour Jeannette Bougrab, 33 ans, fille de harkis, universitaire, qui se présente contre Christophe Caresche, adjoint au maire de Paris et député sortant (PS) dans la 18e circonscription. "Ce n'est pas une rénovation, c'est une révolution", estime Philippe Goujon, président de la fédération UMP de Paris. Avec ce nouveau casting, l'UMP espère surmonter un handicap : le rejet relatif de Nicolas Sarkozy dans la capitale qui explique sa courte victoire. "Paris n'est pas franchement sarkozyste, reconnaît Vincent Roger, porte-parole de Mme de Panafieu. Mais nous avons plusieurs candidats qui reflètent sa nouvelle sociologie." Le plus représentatif est sans doute Arno Klarsfeld, investi dans la 8e circonscription. Le choix de l'avocat chargé de plusieurs missions par M. Sarkozy depuis 2005, qui affirme qu'il "aura l'oreille du président", illustre cette volonté de coller à l'électorat en jouant l'ouverture à la société civile. L'UMP a aussi rajeuni ses candidats. Edouard Balladur, 77 ans, ne se représente pas et le maire du 15e, René Galy-Dejean, 75 ans, député sortant de la 13e circonscription, s'est vu refuser l'investiture au profit de l'ancien ministre des sports, Jean-François Lamour. M. Galy-Dejean devrait néanmoins être candidat. Malgré cette dissidence, la droite devrait conserver ce siège dans le sud du 15e arrondissement, "terre de mission" pour la gauche, reconnaît Anne Hidalgo, première adjointe de Bertrand Delanoë, et candidate socialiste. Parmi les neuf candidates PS, deux sont sortantes : Annick Lepetit (17e circ.) et Danièle Hoffmann-Rispal (6e circ.). Hormis Anne Hidalgo et Lyne Cohen- Solal (2e circ.), les autres se présentant pour la première fois. Dans la 21e circonscription, "réservée femme" par le PS, Michel Charzat, maire du 20e et député sortant, se présente en dissident face à George Pau-Langevin, avocate d'origine antillaise, investie par le parti. "Delanoë a imposé cette candidate" dénonce M. Charzat qui parle d'un "coup de force" dans une circonscription où Ségolène Royal a réalisé l'un de ses meilleurs scores (61,98 %). Les Verts et les communistes présentent des candidats partout. Le PS soutient dès le premier tour les deux députés Verts sortants : Martine Billard (1ere circ.) et Yves Cochet (11e circ.) face auquel Marielle de Sarnez, futur chef de file du MoDem aux municipales de 2008 à Paris, a décidé de se présenter. Le PS compte mener une campagne "parisienne" sur des thèmes concernant la ville, les transports, le logement, préfigurant la campagne municipale à venir. "Nos élus, promet M. Delanoë, se battront contre les ventes à la découpe." Pour la droite, qui n'a pas l'intention, dans cette campagne, de s'opposer frontalement au maire de Paris, les thèmes seront avant tout nationaux : "Notre message aux électeurs est qu'ils doivent donner une forte majorité à Nicolas Sarkozy", résume Philippe Goujon. § Sociologue au Centre d'études des mouvements sociaux (Ehesse), Jean-Marie Charron rappelle que dans l'histoire française, les carrières politiques et journalistiques se sont déjà croisées. § S ociologue au Centre d'études des mouvements sociaux (Ehesse), Jean-Marie Charron fait la remarque suivante : "Depuis la Révolution française, beaucoup de carrières politiques se sont croisées avec des carrières de journaliste et de romancier." Il rappelle que, en 1861, Georges Clemenceau a participé à la création de plusieurs revues et écrit de nombreux articles avant d'entamer une carrière politique qui ne l'empêcha pas de garder une activité de journaliste. De son côté, Jean Jaurès a fondé le quotidien L'Humanité en 1904, alors qu'il était déjà député du Tarn et avait derrière lui une grande carrière politique. Il y a aussi le cas de Jean Dupuy, propriétaire du Petit Parisien, qui fut plusieurs fois ministre. "Ces va-et-vient étaient permanents et un politique pouvait revenir à son métier d'origine sans problème", poursuit Jean-Marie Charron. Mais, selon lui, ces exemples historiques "sont à relativiser parce que le journalisme, comme profession en soi à cette époque, ne se posait pas dans les mêmes termes. Il ne constituait pas un champ structuré, comme il l'est depuis la loi de 1935, qui a défini le statut et les devoirs des journalistes et institué la carte de presse". "CROISEMENTS D'ITINÉRAIRES" Il y a à peine une trentaine d'années, Jean-Marie Charron rappelle que tout l'état-major du groupe de presse Hersant, qu'il s'agisse de Robert Hersant lui-même ou de Bertrand Cousin, un des administrateurs du groupe, était élu à l'Assemblée nationale. Tout comme Alain Peyrefitte, ministre dans plusieurs gouvernements de droite avant d'être éditorialiste au Figaro. "Par la suite, ces entrecroisements sont devenus plus rares et surtout de plus en plus incompréhensibles, estime le sociologue. D'abord de la part des journalistes politiques eux-mêmes, auprès de qui j'ai mené une enquête. Ils jugent désormais d'un mauvais oeil, surtout les plus jeunes, qu'un journaliste manifeste un engagement politique. Mais l'opinion elle-même attend d'eux qu'ils soient moins des citoyens que des professionnels distancés et neutres. D'autant qu'elle les considère insuffisamment pugnaces et insolents et ne comprend plus ces croisements d'itinéraires d'un autre temps, qui alimentent les mises en cause de la presse. Mais peut-être les journalistes, aujourd'hui, estiment-ils avoir fait le tour de leur carrière et veulent jouer un autre rôle public." Il ajoute : "Reste qu'avec l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, on voit bien que ses amitiés entretenues avec les grands patrons de médias comme Martin Bouygues (TF1), Arnaud Lagardère (journaux et radios), Nicolas Beytout (Le Figaro), Bernard Arnault (La Tribune) posent question." § Sur sa veste blanche, Marie-Laure de Villepin a demandé à son couturier fétiche, Franck Sorbier, d'imprimer des messages d'au revoir dans une dizaine de langues. § A dios, Bye-Bye, Salut, Ciao..." : sur sa veste blanche, Marie-Laure de Villepin a demandé à son couturier fétiche, Franck Sorbier, d'imprimer des messages d'au revoir dans une dizaine de langues. Pour accompagner le départ de son premier ministre de mari, jeudi 17 mai, elle a choisi l'humour et, sans doute, voulu crier son soulagement. Direction l'Andalousie - Séville, Cordoue, Grenade - et la musique de la langue espagnole que son mari aime tant. La veille, tout Matignon a regardé, à la télévision, les Sarkozy s'installer à l'Elysée, le petit Louis bousculer le protocole, Nicolas réclamer des baisers à Cecilia : "On a pris un coup de vieux ! C'est sans doute une autre manière de faire de la politique. Chapeau l'artiste, c'est un showman ! Et tout ça sans le moindre scrupule", confie un collaborateur. Sur le perron de Matignon, jeudi, à 11 h 30, les Villepin s'en vont donc, raccompagnés par les époux Fillon. Le nouveau premier ministre fait le minimum syndical. Certes, il témoigne à son prédécesseur "la gratitude de la nation". Mais il se contente d'évoquer "un style, une passion et un engagement qui ont marqué les Français". Sans commentaire. Et s'il concède que "la France aujourd'hui est plus solide qu'elle ne l'était il y a cinq ans", c'est pour englober dans ce bilan l'équipe Raffarin dont il a lui-même été membre. Mais, assène-t-il, "les élections présidentielles ont amené nos concitoyens à choisir une politique nouvelle"... Pour François Fillon, cette politique nouvelle, c'est d'abord celle de l'identité nationale. Il s'engage à "servir la France (...) en rassemblant la nation", promet de "prolonger son héritage" et de "défendre son identité". "Dans un monde de six milliards d'êtres humains, a-t-il poursuivi, les soixante millions de Français doivent rester unis. C'est l'esprit de l'ouverture voulue par le président de la République." La page de la France qui parle pour le monde est tournée et M. de Villepin peut tourner les talons, sous les traditionnels applaudissements des employés de Matignon. Les proches collaborateurs se sont déjà, pour la plupart, éparpillés entre leurs corps d'origine, des recasages dans l'administration, des départs dans le privé ou vers une autre vie. Les enfants de plusieurs d'entre eux, conviés pour ce jour de départ, l'ont compris : ils s'accrochent aux jambes de leur père qu'ils vont sans doute voir davantage. Le fils de l'ancien premier ministre, Arthur, est lui, malgré ses 18 ans, un peu perdu. Ses parents viennent de partir en voiture sans lui... Un collaborateur s'approche : "Tu restes ?" "Euh, non, non je vais partir." Tout comme François Fillon qui, un peu plus tard, part en short à l'Elysée pour aller faire un footing avec le patron. § Il est à la fois un fidèle de Nicolas Sarkozy, un ami de son épouse, Cecilia, et un proche de François Fillon. § D evenu sénateur des Hauts-de-Seine en 1999 en succédant à Charles Pasqua, secrétaire national de l'UMP aux fédérations, Roger Karoutchi, 56 ans, a le rare privilège d'être à la fois un fidèle de Nicolas Sarkozy - dont il a accompagné l'ascension -, un ami de son épouse, Cecilia, avec qui il a partagé son bureau - les rares fois où elle y est apparue - au QG du candidat, rue, d'Enghien à Paris, et un proche de François Fillon. Né à Casablanca, diplômé de Sciences-Po Paris, ancien professeur d'histoire, coauteur d'une biographie du ministre de l'instruction du Front populaire, Jean Zay et chef de l'opposition UMP au conseil régional d'Ile-de-France, il rêvait secrètement de devenir un jour ministre de l'éducation nationale. Séguiniste, il partage avec son ancien mentor une forme de détachement et de dépréciation de soi qui masque une réelle ambition. Article paru dans l'édition du 19.05.07. Elections 2007 : Le Monde chez vous pour 16/mois Roger Karoutchi, | AFP/STEPHANE DE SAKUTIN AFP/STEPHANE DE SAKUTIN Roger Karoutchi, Juppé | AFP/JEAN-PIERRE MULLER Les faits Ministre d'Etat, M. Juppé doit s'atteler au défi du réchauffement climatique Roger Karoutchi, le 17 décembre 2006. | AFP/STEPHANE DE SAKUTIN Zoom Roger Karoutchi, l'homme qui fait le lien Zoom Roger Karoutchi, l'homme qui fait le lien Les faits Christine Lagarde, une avocate internationale pour l'agriculture Les faits M. Bertrand hérite d'un "super Grenelle", MM. Borloo et Woerth se partagent Bercy Les faits Eric Woerth, le grand argentier de l'UMP, aux comptes publics Les faits Jean-Pierre Jouyet, un social-libéral aux affaires européennes Les faits Roselyne Bachelot, ou l'audace verbale à la santé et aux sports Les faits Christine Boutin, maître d'oeuvre du droit opposable au logement Les faits Brice Hortefeux à la tête d'un grand ministère de l'immigration incluant l'identité nationale Les faits Rachida Dati, une proche de M. Sarkozy réputée pour son franc-parler, au ministère de la justice EN UNE EN CE MOMENT "La mise en uvre des promesses du candidat Sarkozy a été confiée à des fidèles" A Samara, la Russie et l'Union européenne étalent leurs différends Algérie : "les résultats des législatives reflètent l'agonie du système" Les maires du monde décidés à agir contre le réchauffement ET AUSSI Journalistes et politiques sans frontières | Dessins du jour Samedi 19 mai 2007 Tom Glocer, le futur patron du groupe Thomson-Reuters. Cette alliance inquiète les régulateurs et les marchés financiers. | AP Zoom Inquiétudes des régulateurs et des marchés financiers La consolidation bancaire en Europe continue. Qui de la britannique Barclays ou du consortium mené par la Royal Bank of Scotland obtiendra le rachat de la banque néerlandaise ABN Amro ? | AFP/RICK NEDERSTIGT Thématique La consolidation bancaire européenne PRÉSIDENTIELLE 2007 L'UMP créditée d'une majorité absolue aux législatives, le Modem de 4 sièges L'UMP présente un ex-responsable de la FNSEA contre François Bayrou Philippe Ridet : "La mise en oeuvre des promesses a été confiée à des fidèles : Dati, Bertrand et Hortefeux" Que pensez-vous de la nomination de Bernard Kouchner au gouvernement ? LES DÉPÊCHES Tennis: Roger Federer en demi-finale à Hambourg Reuters 18h21 Rallye: Sébastien Loeb reprend la main en Sardaigne Reuters 18h15 Nouveaux raids israéliens à Gaza, combats entre factions Reuters 18h11 Nouveaux raids israéliens à Gaza, combats entre factions Reuters 18h11 § Nommé secrétaire d'Etat chargé de la prospective et de l'évaluation des politiques publiques auprès du premier ministre, il faisait partie il y a peu encore des ministrables potentiels... du PS. § N ommé secrétaire d'Etat chargé de la prospective et de l'évaluation des politiques publiques auprès du premier ministre, Eric Besson, 49 ans, faisait partie il y a peu encore des ministrables potentiels... du PS. Elu député dans la Drôme en 1997, dans la vague rose qui mena Lionel Jospin à Matignon, il devint membre de la direction du Parti socialiste au congrès de Grenoble en 2000. Secrétaire national chargé des questions économiques, partisan de M. Jospin dans la primaire socialiste, il avait rédigé un argumentaire de campagne particulièrement virulent contre Nicolas Sarkozy avant de claquer la porte du PS le 21 février. "Qui connaît M. Besson ?" avait lancé Ségolène Royal après son départ. M. Besson lui avait répondu par un livre assassin "Qui connaît Mme Royal ?" Il a rejoint officiellement M. Sarkozy le 23 avril. Article paru dans l'édition du 19.05.07. Elections 2007 : Le Monde chez vous pour 16/mois Eric Besson, le 21 février 2007. | REUTERS/BENOIT TESSIER REUTERS/BENOIT TESSIER Eric Besson, le 21 février 2007. Juppé | AFP/JEAN-PIERRE MULLER Les faits Ministre d'Etat, M. Juppé doit s'atteler au défi du réchauffement climatique Roger Karoutchi, le 17 décembre 2006. | AFP/STEPHANE DE SAKUTIN Zoom Roger Karoutchi, l'homme qui fait le lien Zoom Roger Karoutchi, l'homme qui fait le lien Les faits Christine Lagarde, une avocate internationale pour l'agriculture Les faits M. Bertrand hérite d'un "super Grenelle", MM. Borloo et Woerth se partagent Bercy Les faits Eric Woerth, le grand argentier de l'UMP, aux comptes publics Les faits Jean-Pierre Jouyet, un social-libéral aux affaires européennes Les faits Roselyne Bachelot, ou l'audace verbale à la santé et aux sports Les faits Christine Boutin, maître d'oeuvre du droit opposable au logement Les faits Brice Hortefeux à la tête d'un grand ministère de l'immigration incluant l'identité nationale Les faits Rachida Dati, une proche de M. Sarkozy réputée pour son franc-parler, au ministère de la justice EN UNE EN CE MOMENT "La mise en uvre des promesses du candidat Sarkozy a été confiée à des fidèles" A Samara, la Russie et l'Union européenne étalent leurs différends Algérie : "les résultats des législatives reflètent l'agonie du système" Les maires du monde décidés à agir contre le réchauffement ET AUSSI Journalistes et politiques sans frontières | Dessins du jour Samedi 19 mai 2007 Tom Glocer, le futur patron du groupe Thomson-Reuters. Cette alliance inquiète les régulateurs et les marchés financiers. | AP Zoom Inquiétudes des régulateurs et des marchés financiers La consolidation bancaire en Europe continue. Qui de la britannique Barclays ou du consortium mené par la Royal Bank of Scotland obtiendra le rachat de la banque néerlandaise ABN Amro ? | AFP/RICK NEDERSTIGT Thématique La consolidation bancaire européenne PRÉSIDENTIELLE 2007 L'UMP créditée d'une majorité absolue aux législatives, le Modem de 4 sièges L'UMP présente un ex-responsable de la FNSEA contre François Bayrou Philippe Ridet : "La mise en oeuvre des promesses a été confiée à des fidèles : Dati, Bertrand et Hortefeux" Que pensez-vous de la nomination de Bernard Kouchner au gouvernement ? LES DÉPÊCHES Tennis: Roger Federer en demi-finale à Hambourg Reuters 18h21 Rallye: Sébastien Loeb reprend la main en Sardaigne Reuters 18h15 Nouveaux raids israéliens à Gaza, combats entre factions Reuters 18h11 Nouveaux raids israéliens à Gaza, combats entre factions Reuters 18h11 § Le nouveau ministre de l'éducation va-t-il continuer d'y livrer ses réflexions à chaud ? § X avier Darcos va-t-il continuer son blog, commencé en avril 2005 ? On imagine mal un ministre de l'éducation livrer à chaud des réflexions comme celles consignées dans son agenda le 10 janvier 2007, après avoir rencontré l'ambassadeur de France au Canada : "Daniel Jouanneau nous montre comment le Canada a réussi sa réforme budgétaire et réformé sa fonction publique (- 20 % de fonctionnaires) ; il y a donc des pays où c'est possible..." Le 17 octobre 2006, il rencontre Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale, aujourd'hui démissionnaire : "Pondéré, généreux, simple, plein d'humour, passionné par la question du développement du Sud ; bref, tout le contraire de ce qu'en disent les agités de l'altermondialisme et de l'antiaméricanisme primaire." M. Darcos peut aussi être caustique, comme lorsqu'il s'apitoie (23 mars 2007) sur Marie-George Buffet, qui "rame dans la sciure de langue de bois" ou qu'il se demande (19 mars 2007) "comment arrêter un tracteur à quatre Bayrou motrices ?". Il moque, chez le candidat centriste (27 février 2007), "les acrobaties politiques rêvant de marier la carpe et le lapin". "Je ne vois pas l'intérêt (...) d'avoir B. Kouchner ou J. Delors comme chef d'un gouvernement où chaque ministre serait en cohabitation avec tous les autres", écrit-t-il (1er mars 2007), s'interrogeant sur "cette énergie qu'il faudrait dépenser pour faire collaborer entre eux des acteurs disparates et incompatibles". Le même jour, il brocarde ainsi la candidate socialiste : "Il faut la voir, devant deux ou trois ahuris de banlieue, tatoués et encapuchonnés, genre Nique Ta Mère, leur annoncer d'un ton sirupeux et angélique : "Vous n'êtes pas un problème, vous êtes une partie de la solution"." Le 11 mai 2006 il assurait que "les mêmes "sauvageons", qui jouent les casseurs de banlieue et qui lapident la police ou l'école, sont prêts à manifester, le coeur sur la main, contre le racisme ou en faveur de n'importe quel pacifisme" et voyait l'école "engluée" dans "un prêchi-prêcha "droits-de-l'hommiste" global et uniforme qui interdit les hiérarchies, les différences et les choix." Le blog de M. Darcos ne contient pas, bien sûr, que des phrases à faire blêmir le syndicaliste enseignant en attente d'une négociation. Il y développe des points de vue, expose des projets, donne matière à réflexion... Sans perdre sa compétence d'expert de l'éducation, il y dévoile les ressorts de sa sensibilité d'homme de droite, impatient qu'"un Churchill" vienne enfin "imposer le sursaut vital et les réformes radicales dont la France a besoin". Mais, comme il le constate à regret (14 mars 2007), les journalistes "attendent un bon mot, un éclat, une rodomontade, une gaffe, une petite phrase qui va tourner en boucle sur France Info. Bref, n'importe quoi, sauf du sens..." § A peine nommés, les principaux membres du gouvernement Fillon ont veillé à se rendre sur le terrain § V ingt-quatre heures chrono. Nommés vendredi 18 mai à 9 h 40, les vingt membres du premier gouvernement de Nicolas Sarkozy ont pris possession des meubles dans la même journée. François Fillon, briseur de rêves. Nommé la veille, le nouveau premier ministre a pris de l'avance. Il en profite pour marquer symboliquement, vendredi, sa mandature. Dans un foyer d'accueil protestant de femmes en grande difficulté du 17e arrondissement de Paris, il promet "qu'à côté de l'efficacité économique qui est notre priorité, une solidarité réelle, effective sera mise en oeuvre". Il va "vraiment faire quelque chose" sur "les enfants, les femmes, les gardes et le logement". Il rétorque à l'une des responsables du centre qui, faute de moyens, est baptisée "briseuse de rêves" : "Mais vous seriez une parfaite première ministre !" ANATOMIE DU GOUVERNEMENT ENA. Seuls deux ministres en titre - Alain Juppé, en charge de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables et Valérie Pecresse chargée de l'enseignement supérieur et de la recherche sont passés par l'ENA dans la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par François Fillon. Ni le président de la République Nicolas Sarkozy ni le premier ministre n'en sont issus, contrairement au tandem exécutif sortant formé par MM. Chirac et de Villepin. MAROC. Deux secrétaires d'Etat sont nés au Maroc, Eric Besson, chargé de la prospective, et Roger Karoutchi, chargé des relations avec le Parlement. TOURNIQUET. Cinq ministres de l'équipe Villepin font partie du gouvernement Fillon. Trois titulaires de portefeuille dans le dernier gouvernement Raffarin qui n'avaient pas été repris par M. de Villepin - François Fillon, Xavier Darcos et Eric Woerth - retrouvent des fonctions gouvernementales. Le président de la République, capitaine d'industrie. S'affichant sauveur d'Alstom, Nicolas Sarkozy voudrait bien faire la même chose pour Airbus. Il est 11 h 44 quand il arrive dans le restaurant du comité d'entreprise d'Airbus près de Toulouse. Il est accompagné de Jean-Louis Borloo, à peine nommé à la tête d'un grand ministère de l'économie et de l'emploi. Le nouveau ministre sourit, mais ne dira pas un mot. M. Sarkozy, lui, est pressé. "Je suis venu vous voir déjà cinq fois, je ne suis pas venu simplement pour vous écouter" prévient Nicolas Sarkozy, un brin agacé par la longue présentation liminaire du délégué central de FO. Renouvelant son soutien au PDG d'Airbus, il glisse tout de même cette recommandation : "Je ne veux pas voir une entreprise dotée d'une tradition de dialogue social avec des salariés dans la rue." Les "French Doctors" Bernard et Philippe. Au Quai d'Orsay, en remettant les clefs à Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy fait remarquer que "c'est la troisième fois que nous nous passons le flambeau, les deux premières c'était moi qui rentrais, cette fois c'est moi qui sors, on verra..." Le ministre sortant avait notamment succédé à la Santé à son confrère médecin. Sauf que... "ce n'est pas après la victoire de la gauche que je viens reprendre le flambeau, c'est un moment difficile" admet le nouveau ministre des affaires étrangères. "Si ce n'était pas pour le service de la France, nous ne l'aurions pas fait", affirme-t-il aux côtés de Jean Pierre Jouyet, nouveau secrétaire d'état aux affaires européennes. "L'Europe sera notre détermination première malgré les nombreuses urgences", promet M. Kouchner, qui a dû batailler pour garder les affaires européennes et son nouveau titulaire, que voulait Matignon. Roselyne Bachelot à l'Intérieur. La conseillère régionale des pays de la Loire, amie de longue date de François Fillon, dit se réjouir de retrouver le deuxième étage de l'avenue de Ségur : "Je suis longtemps venue ici présider le Conseil national des personnes handicapées. J'ai l'impression de revenir à la maison." "La santé c'est un peu comme l'intérieur, c'est un ministère où il peut y avoir des crises qui mettent en jeu la vie de nos compatriotes", la met en garde son prédécesseur, l'ancien secrétaire général de l'Elysée, Philippe Bas. Vestige des temps anciens, une affichette annonçant l'interdiction de fumer dans les lieux publics, est restée scotchée sur un mur : "2007, il y a du changement dans l'air." "Les deux frisés de la République". C'est en ces termes que Jean-Louis Borloo décrit le couple qu'il forme avec son prédécesseur à Bercy, Thierry Breton. Ils auraient même pu écrire un livre ensemble, réplique M. Breton, si leurs agendas respectifs ne les avaient conduits chacun à une oeuvre solitaire. Nouveau patron de l'économie française, M. Borloo garde le double des clefs de son ancien portefeuille. A Christine Boutin, qui hérite du logement, il lui demande d'assurer la continuité et le respect des engagements déjà contractés : "Je compte sur toi, parce que c'est un secteur extrêmement fournisseur d'emplois." A Xavier Bertrand, nouveau ministre du travail, il rappelle que "les partenaires (sociaux) sont une partie de l'âme du pays". Mais, se rassure-t-il, le président de la République a fait "le meilleur choix possible." Valérie Pecresse, ministre des étudiants, Xavier Darcos de la réforme. Rappelant qu'il a déjà franchi le perron du ministère de l'éducation à plusieurs reprises, M. Darcos prévient qu'il ne revient pas avec un "esprit de pèlerinage" mais de "réforme". Mme Pecresse, ministre à part entière de l'enseignement supérieur et de la recherche, envoie un message appuyé aux enseignants, chercheurs mais aussi aux étudiants, que les futures réformes risquent d'inquiéter : "J'ai entendu les angoisses exprimées par les étudiants, il faut redonner confiance à la jeunesse : je serai aussi la ministre des étudiants." Rachida Dati dans l'histoire. La nouvelle garde des sceaux Rachida Dati est arrivée place Vendôme en compagnie d'Albin Chalandon, son ancien mentor, qu'elle est allée chercher à son domicile. Elle se dit fière d'être "un symbole de la France", première fille d'immigrés maghrébins à obtenir un ministère régalien. "Dans l'histoire de France, vous êtes à vous seule une page", renchérit son prédécesseur Pascal Clément. Elle passera une partie de sa première nuit en prison, dans le quartier des mineurs de Fleury-Mérogis (Essonne) : "Nous serons intraitables sur la délinquance des mineurs." Premier jus d'orange à l'Elysée. Il est 17 h 30. Les vingt membres du gouvernement viennent d'achever leur premier conseil des ministres. Mais il pleut ... Il faut donc patienter pour faire la photo de famille sur le perron. Sirotant un jus d'orange, ils attendent. Tout comme l'avion du président, qui doit décoller pour le Fort de Bregançon, où sa famille l'attend. § Plusieurs sondages préélectoraux soulignaient la fragilité politique de Philippe Douste-Blazy à Toulouse. Et Ségolène Royal a obtenu près de 59 % des voix dans la circonscription. § I l ne sera plus ministre, ni député. Philippe Douste-Blazy a renoncé à se présenter aux élections législatives. "J'ai décidé de ne pas me présenter aux élections législatives dans la 1re circonscription de la Haute-Garonne", a fait savoir l'ancien ministre des affaires étrangères dans un communiqué. Laconique, le texte a été envoyé à la presse, vendredi 18 mai, à 14 h 40, quelques instants avant l'heure limite de dépôt des candidatures à la préfecture. C'est son successeur à la mairie de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, qui le remplacera au pied levé. La circonscription est "historiquement celle des maires de Toulouse", souligne M. Douste-Blazy. Un argument repris quatre heures plus tard par M. Moudenc dans un autre communiqué tout aussi lapidaire pour justifier sa candidature de dernière minute, alors qu'il avait fait savoir en début d'année son intention de ne pas briguer de fauteuil à l'Assemblée pour se consacrer uniquement à son mandat de maire "à plein temps". DEMI-SURPRISE Le forfait de Philippe Douste-Blazy n'est qu'une demi-surprise à Toulouse. La Dépêche du Midi s'était risquée à l'annoncer depuis samedi 12 mai, égrenant chaque jour dans ses colonnes le compte à rebours de ce faux suspens. Le ministre, qui nourrissait encore un faible espoir d'être reconduit au gouvernement, avait alors mollement démenti. Rejetant les solutions de repli sur Paris envisagé à l'UMP, Philippe Douste-Blazy tient à faire savoir qu'il compte "plus que jamais (s)'investir pour l'avenir de l'agglomération" toulousaine. Symboliquement, c'est sur papier à en-tête de la communauté d'agglomération du grand Toulouse, dont il est le président, qu'il a fait connaître sa décision. Ce renoncement était déjà inscrit par plusieurs sondages préélectoraux soulignant la fragilité politique de Philippe Douste-Blazy à Toulouse. Il a été confirmé dans les urnes lors de l'élection présidentielle, qui a vu Ségolène Royal l'emporter avec près de 59 % dans la circonscription. L'ancien député et maire de la ville, qui n'avait repris le siège de Dominique Baudis que par 400 voix d'écart face à un candidat des Verts, soutenu par le Parti socialiste, en 2002, aura préféré éviter l'humiliation d'une possible défaite après son éviction du gouvernement. Sentant dès 2006 qu'une victoire était possible, le PS a délibérément misé cette fois sur une jeune femme encore inconnue, Catherine Lemorton, pour accentuer l'effet "David contre Goliath" dans la circonscription. De façon quelque peu surprenante, Jean-Luc Moudenc a pour sa part choisi de ne pas revendiquer l'étiquette UMP, préférant se présenter comme "candidat centriste, membre de la majorité présidentielle". Sa suppléante sera Sofia Herzi, 38 ans, médecin d'origine tunisienne, préférée à Bernadette Paix (UMP), candidate sortante, qui fut la suppléante de Dominique Baudis avant de remplacer Philippe Douste-Blazy à l'Assemblée. S'il est élu, M. Moudenc indique qu'il ne siégera ni avec l'UMP ni avec l'UDF-Mouvement démocrate. Au total, 19 candidats brigueront les suffrages des électeurs toulousains de la première circonscription. M. Douste-Blazy pourrait se voir confier une "mission" auprès du président de la République, selon certains de ses proches rencontrés lors de la visite de Nicolas Sarkozy à l'usine Airbus de Colomiers. § Pour les législatives, la parité telle qu'elle est conçue dans la loi du 6 juin 2000 est incitative. L'Assemblée nationale élue en 2002 ne compte que 12,3 % de femmes. § M algré les embûches, l'idée de parité fait son chemin : pour les élections législatives de juin, la plupart des partis ont tenté de promouvoir des femmes. Avec 12,3 % de femmes à l'Assemblée nationale, la France se place, selon l'Union interparlementaire, au 88e rang mondial, loin derrière le Chili, l'Ouganda, la Lituanie ou la Tunisie. Pour les législatives, la parité telle qu'elle est conçue dans la loi du 6 juin 2000 est incitative. Les textes se contentent d'imposer des pénalités financières aux mouvements politiques qui présentent moins de 50 % de candidates, à 2 % près. En 2002 - la loi s'appliquait pour la première fois -, la plupart des partis avaient préféré payer des amendes : l'UMP, qui avait présenté moins de 20 % de candidates, s'était ainsi privée de 4,2 millions d'euros et le Parti socialiste, qui comptait 36 % de femmes sur ses listes, avait vu sa dotation baisser de 1,6 million d'euros. Le PS sera à deux doigts de respecter la loi : cette année, près de 48 % des 577 circonscriptions ont été dévolues à des candidates. "Pour ces législatives, le PS a eu la volonté de respecter la parité et de confier aux femmes des circonscriptions de qualité", souligne la déléguée nationale à la parité du PS, Geneviève Couraud. Pour le PS, cet équilibre est le fruit d'un long travail sur la parité. En 1997, Lionel Jospin, alors premier secrétaire, avait demandé de réserver 30 % des circonscriptions à des femmes : le chiffre final tomba à 28 % mais restait bien supérieur à celui des autres grands partis. Devenu premier ministre, Lionel Jospin avait été à l'initiative de la loi sur la parité du 6 juin 2000. "Si nous sommes parvenus, cette année, à un chiffre de près de 48 %, c'est grâce à un travail de longue haleine qui a commencé dès le mois de septembre 2004, précise Mme Couraud. Sans cet engagement, nous n'aurions pas réussi." Pour l'UMP, les chiffres seront nettement plus modestes : le parti du président ne devrait présenter que 30 % de femmes. "La tâche n'est pas aisée puisque nous avons plus de 350 sortants, mais nous avons fait une place aux femmes, souligne Alain Marleix, député du Cantal et secrétaire national chargé des élections à l'UMP. Nous avons également joué la qualité en leur réservant des circonscriptions "gagnables". A l'issue de ces élections, nous espérons multiplier par trois le nombre de nos députées." VIVIER NOUVEAU L'UDF-Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou, a, lui aussi, tenté de féminiser les candidatures. En 2002, l'UDF avait fait partie des mauvais élèves de la parité puisqu'il avait perdu plus de 600 000 euros de financement public en présentant à peine 20 % de candidates. Pour ces élections législatives, le MoDem voulait imposer une véritable parité à 50/50 mais les aléas des constitutions de listes ont fait tomber la part des femmes à 38 %. "Seul le scrutin proportionnel permettra de respecter un jour la parité", estime Marielle de Sarnez, vice-présidente de l'UDF. Quant aux petits partis, notamment à gauche, ils respectent pour la plupart la parité sans que cela pèse sur l'équilibre de l'Hémicycle en raison de leur faible représentation. Pour trouver des candidates, les partis ont pu puiser dans un vivier nouveau : depuis l'instauration de la parité, en 2000, les conseils régionaux et les conseils municipaux des villes de plus de 3 500 habitants, élus au scrutin de liste proportionnel, comptent plus de 45 % de femmes. Grâce à la parité, une génération nouvelle d'élues a donc pris des responsabilités politiques et acquis une expérience précieuse de la gestion locale. § Michel Vauzelle, président socialiste de la région tout comme Jean-Louis Bianco, qui codirigea la campagne de Ségolène Royal, mettent en avant leur bilan et leur personne. § E n visite au hameau arlésien de Mas-Thibert, Michel Vauzelle, président socialiste de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et candidat dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône, explique : "Le peuple a choisi, le débat idéologique est arbitré : la législative n'est pas un troisième tour de la présidentielle." La stratégie de celui qui fut maire d'Arles et député jusqu'en 2002 est donc tracée : "Je vais faire campagne sur mon bilan de président de région et faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'une bataille Vauzelle/Sarkozy, mais d'un duel Vauzelle/Chassain", du nom de Roland Chassain, le député UMP sortant. M. Vauzelle va donc distribuer dans chacune des onze communes de sa circonscription un tract spécifique, expliquant tout ce que le conseil régional a financé, des digues du Rhône à la gratuité des livres pour les lycéens en passant par l'aide à la réhabilitation des friches SNCF d'Arles. Comme les autres candidats de gauche, M. Vauzelle craint en effet une "vague bleue" UMP. A l'autre bout de la région, Jean-Louis Bianco, député socialiste sortant des Alpes-de-Haute-Provence, est sur la même longueur d'onde : "On va faire campagne sur nos qualités personnelles et sur notre action." Pour celui qui codirigea la campagne de Ségolène Royal, il s'agit par exemple de rappeler ses "multiples interventions" pour sauver les emplois d'Arkéma, filiale chimique de Total, dans le canton de Château-Arnoux, qui a offert les meilleurs scores du département à Mme Royal. Députée sortante, vice-présidente du conseil régional, Sylvie Andrieux table elle aussi sur son ancrage local. Alors qu'elle fait du porte-à-porte dans une des plus vieilles cités HLM de son quartier, son suppléant Garo Hovsépian, maire du secteur, explique : "La rénovation de la place des Etats-Unis, un peu plus bas, a été financée à 80 % par la région, obligée de se substituer à la Ville", dirigée par l'UMP Jean-Claude Gaudin. SUPPLÉANTS À L'IMPLANTATION SOLIDE Cette façon de se centrer sur le local dans une campagne que les candidats de gauche sentent difficile n'est pas réservée aux seuls socialistes. Si Michel Vaxès, maire de Port-de-Bouc, et un des deux députés communistes restant du département, affiche un peu d'optimisme c'est surtout, dit-il, "parce que les gens me connaissent, ils savent ce que j'ai fait pour eux, tant par mes interventions à l'Assemblée que comme maire". Et d'ajouter : "Mon suppléant est le président de la communauté urbaine Martigues/Port-de-Bouc, cela devrait peser dans le débat." D'ailleurs, sortants ou postulants, les candidats à la députation se sont tous adjoint l'image et les services de suppléants à l'implantation solide. Michel Vauzelle est secondé par Claude Vulpian, maire de Saint-Martin-de-Crau, qu'il présente comme un "agriculteur modéré". Il est chargé de rassurer une population rurale majoritairement sarkozyste. Jean-Louis Bianco se fait aider par le conseiller général de Castellane, Gilbert Sauvan. Quant à Patrick Mennucci, qui fut l'aide de camp de Ségolène Royal, on le rencontre distribuant ses tracts sur un marché populaire du centre de Marseille. Il fait équipe avec une suppléante à fortes racines locales, la conseillière municipale Josette Sportiello, "issue d'une grande famille socialiste", c'est-à-dire fille d'un conseiller général du secteur. Et M. Mennucci va diffuser une lettre du président (PS) du conseil général, Jean-Noël Guérini, rappelant tout ce que le département a fait pour cette circonscription. § Le président élu a chargé l'une des têtes pensantes de son équipe, Emmanuelle Mignon, de chercher à "débaucher" quelques intellectuels de gauche et de renom. § J usqu'où ira la volonté d'"ouverture" et de "renouvellement" de Nicolas Sarkozy ? Le candidat avait dit qu'il irait "très loin". Fidèle à cet engagement d'entre-deux-tours, le président élu a chargé l'une des têtes pensantes de son équipe, Emmanuelle Mignon, devenue sa directrice de cabinet, de chercher à "débaucher" quelques intellectuels de gauche et de renom, proches de La République des idées. La plupart avaient fait ouvertement campagne pour la socialiste Ségolène Royal ou, moins souvent, pour l'UDF François Bayrou, mais en tout cas contre M. Sarkozy. Créée en 2002 après l'auto-dissolution de la Fondation Saint-Simon et présidée par Pierre Rosanvallon, historien, proche de la CFDT, et professeur au Collège de France, La République des idées se propose d'être à la fois "un lieu de production et d'échanges d'idées neuves" en Europe et dans le monde et un lien "entre les personnalités, les organisations, les publications qui défendent la force des idées comme moteur de l'activité humaine". Ainsi défini, cet "atelier intellectuel" - dont le trésorier est l'économiste Jean Peyrelevade, ancien "dircab" du socialiste Pierre Mauroy à Matignon -, est un vivier de personnalités réputées pour la qualité de leurs travaux dans le domaine des sciences humaines et sociales, comme les économistes Daniel Cohen et Philippe Askenazy ou l'historien Patrick Weil. "ENGUEULADES" "Je connais un peu Emmanuelle Mignon parce qu'elle s'est beaucoup intéressée à mes travaux sur la ségrégation urbaine et il m'est arrivé d'avoir des échanges avec elle sur ce thème, qu'elle trouve fondamental, de même que j'ai pu en avoir avec "DSK" ou François Bayrou", a indiqué au Monde Eric Maurin, auteur d'un essai remarqué intitulé Le Ghetto français, enquête sur le séparatisme social (Le Seuil, 2004). "Mais, pour l'instant, elle n'a pas essayé de me débaucher. Et je ne pense pas qu'on puisse sérieusement penser à moi pour un bureau à l'Elysée", assure ce strauss-kahnien, ajoutant toutefois : "J'ai effectivement eu vent de contacts qu'elle aurait pris pour renforcer son équipe d'économistes au-delà du cercle habituel des économistes de droite, mais je n'ai eu aucune confirmation sérieuse sur ces bruits." La tentative, pourtant, a bel et bien existé. "Elle serait bien dans la logique de Nicolas Sarkozy, qui cherche à séduire ses interlocuteurs ou à les réduire", estime, pour sa part, Patrick Weil. Interrogé à ce sujet, le secrétaire général de La République des idées, Thierry Pech, a opposé une fin de non recevoir aux questions du Monde. Tout juste a-t-il concédé, d'un ton contraint, qu'il "regrettait" la décision de Martin Hirsch d'accepter le poste de haut-commissaire contre la pauvreté que lui a proposé le président. Conseiller d'Etat, homme de gauche proche d'un Delors, M. Hirsch préside l'association Emmaüs-France depuis 2002 et dirige l'Agence nouvelle des solidarités actives. Il a été directeur de cabinet de Bernard Kouchner à la Santé, sous le gouvernement Jospin. Son ralliement au gouvernement Fillon lui a valu, semble-t-il, quelques solides "engueulades". § L'ex-socialiste va tenter une expérience assez inédite, en faisant travailler ensemble une équipe doublement mixte, mi-droite mi-gauche, mi-publique mi-privée. § P aria du PS, transfuge pas tout à fait comme les autres à l'UMP, et pour la première fois membre d'un gouvernement : la tâche d'Eric Besson, nommé secrétaire d'Etat à la prospective et à l'évaluation des politiques publiques, n'apparaît pas des plus simples pour constituer un cabinet. L'ex-socialiste va tenter une expérience assez inédite, en faisant travailler ensemble une équipe doublement mixte, mi-droite mi-gauche, mi-publique mi-privée. Ainsi, le directeur de cabinet de M. Besson sera UMP, et le responsable de la prospective, "un copain de gauche" encarté au PS. Le premier est une vieille connaissance de la Drôme, département où M. Besson a été élu député en 1997, mais dont il préfère encore taire le nom. Membre de la direction d'une grande entreprise publique et familier des cabinets ministériels, l'appartenance à l'UMP de l'intéressé serait une garantie pour les relations avec les autres directeurs de cabinet des ministres du gouvernement Fillon. "BEAUCOUP DE FÉLICITATIONS" La venue du "copain" de gauche paraît moins sûre. Rejoindre M. Besson, c'est se fâcher avec sa famille politique qui n'a pas digéré le passage dans l'autre camp, en pleine campagne électorale, de son ancien responsable aux questions économiques. L'un de ses anciens amis, approché quelques jours avant le second tour de l'élection présidentielle, dit avoir décliné une offre : "Impossible", tranche-t-il. "Je n'ai aucun problème, affirme M. Besson. Ma boîte mél est saturée d'offres de socialistes et d'UMP. J'ai des paquets de candidatures spontanées. Et j'ai reçu beaucoup, beaucoup de félicitations de députés socialistes..." Malgré sa rupture, l'homme dit qu'il se "sent toujours de gauche", décidé à défendre ses "valeurs". En gage de faisabilité, il cite la plate-forme politique de l'UMP mise au point pour les élections législatives et que, dit-il, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont fait "relire" à quelques centristes, Gilles de Robien, Hervé Morin et lui-même, pièces rapportées, comme on dit, de la famille. M. Besson ne soutiendra aucun candidat aux législatives. Il ne se rendra pas dans son département de la Drôme, où la socialiste Anne-Marie Reme-Pic a dû prendre en catastrophe, au mois de mars, son relais dans la 2e circonscription. Mais il y a bien, en réalité, un précédent : en 1958, le socialiste André Boulloche avait rejoint le gouvernement de Gaulle avant de faire partie, l'année suivante, de celui de Michel Debré, comme ministre de l'éducation nationale. Un désaccord sur l'enseignement privé avait mis fin à l'expérience onze mois plus tard. § "J'ai trop bataillé pour convaincre qu'il fallait une réforme des minima sociaux (...) pour me défiler quand il s'agit de la mettre en oeuvre", affirme l'ex-président d'Emmaüs-France § P ourquoi vous, qui êtes un homme de gauche, avez-vous accepté d'entrer dans le gouvernement comme haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté ? Pour réduire la pauvreté, pour que l'objectif de plein-emploi soit directement lié à une diminution du nombre de travailleurs pauvres. J'ai trop bataillé pour convaincre qu'il fallait une réforme des minima sociaux n'opposant plus solidarité et travail pour me défiler quand il s'agit de la mettre en oeuvre. Ce projet découle d'une réflexion conduite dans la commission "famille, vulnérabilité et pauvreté", que j'avais présidée. En 2005, elle avait réuni des élus UMP et PS, des responsables syndicaux et associatifs, des experts, et proposé, entre autres, la création du revenu de solidarité active (RSA). Comme cela n'avançait pas assez vite, nous avons fondé l'Agence nouvelle des solidarités actives (ANSA), pour commencer à travailler avec les départements volontaires. Nous avons obtenu en 2006 un premier bout de loi pour amorcer des expérimentations. Mes entrevues avec Nicolas Sarkozy ont eu pour objet de le convaincre qu'il fallait retenir la conception de la réforme adoptée par la commission "famille, vulnérabilité et pauvreté", ce qui supposait des différences avec ce qu'il avait dit dans la campagne. Je préférais rester à l'extérieur, il a fait valoir les arguments d'efficacité et de moyens. Si je refusais et que la réforme n'allait pas dans le bon sens, chaque fois que j'aurais critiqué on m'aurait rétorqué : "Il n'avait qu'à y aller." Ne craignez-vous pas que l'on vous reproche d'être solidaire d'un gouvernement qui a l'intention de prendre des mesures condamnées par la gauche ou critiquées par le mouvement Emmaüs, dont vous avez été le président pendant cinq ans ? Je ne suis ni dupe ni naïf. J'ai conscience que, sur un certain nombre de sujets, l'équipe de M. Fillon va agir dans un sens qui ne correspondra pas forcément à mes orientations. Mais l'intitulé de ma fonction n'est pas anecdotique : je suis plus dans la position d'un haut fonctionnaire ou d'une autorité administrative que d'un responsable politique. J'appartiens certes au gouvernement et suis directement rattaché au premier ministre, mais sans avoir le titre de ministre ou de secrétaire d'Etat. Dans l'histoire de la Ve République, cela ne s'était jamais produit. Cette solution d'équilibre me permet d'être moins impliqué que les autres membres du gouvernement dans les choix politiques qui seront effectués en dehors de mon champ d'attributions. Je reste dans l'engagement non partisan qui était le mien jusqu'à présent. Userez-vous de votre liberté de parole lorsque le gouvernement légiférera dans un sens qui ne vous convient pas ? Je ne vais pas passer mon temps à commenter ce qu'il va faire. Aujourd'hui, je deviens acteur sur un segment de politique publique, qui me paraît fondamental si l'on veut combattre les phénomènes d'exclusion sociale. Je souhaite peser à 100 % pour que le RSA devienne une réalité. Quels seront vos grands axes ? La réforme à laquelle je m'attelle touchera à la fois les allocataires des minima sociaux et les travailleurs pauvres. Elle vise à donner à ces publics un véritable emploi et un salaire, afin qu'ils sortent de la pauvreté. Il n'est pas question de leur proposer des activités d'intérêt général, mal rétribuées et peu gratifiantes. M. Sarkozy a souhaité qu'un projet de loi soit élaboré dès cette année. Je le présenterai en conseil des ministres puis le défendrai au Parlement. J'espère que nous pourrons ainsi amplifier les expérimentations lancées, avant de les généraliser dans un deuxième temps. Il nous faut inventer une politique qui permette d'agir simultanément contre tous les obstacles à la reprise d'un emploi : problèmes de santé, garde d'enfants, moyens de transport, etc. De quels moyens disposerez-vous ? L'idée est de conserver les mêmes méthodes, de partir du local et de s'appuyer sur une structure légère, souple, réactive, qui pourra avoir autorité sur les administrations concernées. Le président et le gouvernement ont, par ailleurs, conscience que la réforme dont j'ai la charge nécessitera un effort budgétaire substantiel. § Le socialiste explique dans un point de vue les raisons qui l'ont amené à entrer dans le gouvernement Fillon comme ministre des affaires étrangères et européennes. § C onflits sociaux en France ou engagements extérieurs : j'ai toujours été et je demeure un militant de tous ces combats qui souvent ont fait la grandeur de notre pays. Depuis 1968, au Biafra comme à l'ONU et au Kosovo, en passant par Médecins sans frontières, Médecins du monde et de nombreuses autres expressions de la société civile, j'ai agi pour la défense des mêmes idéaux de solidarité et de progrès. Ministre, je porterai haut ces valeurs de la diplomatie française. En près de quarante ans d'action humanitaire et de batailles politiques pour les droits de l'homme, nous avons fait bouger le monde dans les domaines de la diplomatie, de la santé ou de la protection des minorités. Nous poursuivrons demain nos efforts en construisant une mondialisation plus juste, une Europe plus forte, et en retrouvant pour la France l'ambition que lui assigne son histoire. J'ai toujours été et je demeure un homme libre, militant d'une gauche ouverte, audacieuse, moderne, en un mot social-démocrate. En acceptant aujourd'hui de travailler avec des gens qui sur bien des sujets ne pensent pas comme moi, je ne renie pas mes engagements socialistes. J'ai participé à la campagne de Ségolène Royal et j'ai voté pour elle aux deux tours de l'élection présidentielle parce qu'elle me semblait représenter une chance pour la gauche. La France a tranché : cette étape est maintenant derrière nous. Je continuerai à réfléchir et à me battre, avec tous les esprits ouverts, pour qu'existe enfin une social-démocratie française. La politique extérieure de notre pays n'est ni de droite ni de gauche. Elle défend les intérêts de la France dans un monde qui se réinvente chaque jour. Elle doit être déterminée et novatrice. En me faisant l'honneur de me proposer de diriger la diplomatie de la France, le président de la République n'a pas imaginé que je devienne sarkozyste. Certaines de mes convictions ne sont pas les siennes et réciproquement. Voilà qui annonce, j'espère, d'heureux changements de style, d'analyse et d'époque. Cela porte un beau nom : l'ouverture. Je sais que certains de mes amis me reprochent ce nouvel engagement. A ceux-là, je réclame crédit : mes idées et ma volonté restent les mêmes. S'ils me prennent un jour en flagrant délit de renoncement, je leur demande de me réveiller. Je garantis que ce temps n'est pas venu. N'ayons pas peur de l'avenir ; regardons au-delà des cloisons partisanes. Je fais partie d'un gouvernement réuni pour agir et être utile à la France, à l'Europe et au monde. On me jugera sur mes résultats. Bernard Kouchner est ministre des affaires étrangères et européennes § La plate-forme des socialistes conçue pour les législatives s'affranchit néanmoins pour partie du Pacte présidentiel. § S oudés contre l'adversité, mais divisés entre eux après la défaite à la présidentielle, les socialistes mènent campagne pour les législatives avec un mot d'ordre : ne pas laisser "les plein pouvoirs" à Nicolas Sarkozy. Selon les sondages, le PS pourrait disposer de 150 à 200 sièges à l'Assemblée, soit plus que le groupe actuel qui comprend 141 députés, ce qui n'empêcherait pas l'UMP d'avoir la majorité absolue. L'enjeu. Sur les 191 circonscriptions où Ségolène Royal est arrivée en tête à la présidentielle, plus de 35 sont actuellement détenues par des parlementaires de droite, "dont une bonne vingtaine où elle a fait 53 % et où on va concentrer nos efforts", souligne Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections. Le PS fonde de grands espoirs sur la 1ere et la 4e circonscription de Haute-Garonne. A l'inverse, plusieurs élus socialistes sont menacés, et le Nord, historiquement de gauche, a basculé à droite. Le programme. Sous la bannière "la gauche qui agit, la gauche qui protège", le PS a rédigé une courte plate-forme politique qui s'affranchit pour partie du "pacte présidentiel" de Mme Royal. Ainsi, les socialistes reprennent les emplois-tremplins mais pas l'idée du "contrat première chance" réservé aux jeunes sans qualification de l'ex-candidate. De même, le programme préconise une "démocratie participative" mais passe sous silence les jurys citoyens. Et la VIe République n'est plus affichée que comme un lointain objectif. Les sortants-sortants. Plusieurs députés, anciens ministres, ont choisi de ne pas se représenter. C'est le cas de Mme Royal elle-même, qui a décidé de s'appliquer avant l'heure le principe de non-cumul des mandats, mais aussi du père de la loi anti-tabac, ex- ministre de la santé, Claude Evin, de Jean le Garrec, ancien ministre de l'emploi, et de Guy Lengagne, promoteur de la loi sur le littoral. La parité. L'objectif n'est pas tout à fait atteint puisque, le PS, présente moins de 48 % de femmes. Pour M. Le Roux, ce chiffre représente néanmoins une "progression de 10 % par rapport à la précécente législature". Dans la 9e circonscription du Pas-de-Calais, réservée à une femme, c'est finalement Jacques Mellick, maire de Béthune et ancien député, qui se présente. Les dissidents. Deux sortants, René Dosière dans la 1ere circonscription de l'Aisne, et Michel Charzat dans la 21e de Paris, n'acceptent pas la désignation d'un autre candidat qu'eux. François Hollande a prévenu : "ils seront exclus" du PS. Le parti doit cependant faire face à une autre dissidence, plus préoccupante aux yeux de M. Le Roux, de la part d'une dizaine de militants issus de l'immigration et qui s'estiment victimes de discrimination. Dans la 11e circonscription des Yvelines, Djamal Yalaoui n'accepte pas le parachutage de Safia Otokoré. Exclu du PS en mars, il a repoussé le rattrapage tenté dernièrement par la direction du parti, et se présentera-soutenu par le CRAN- sous l'étiquette du MoDem de François Bayrou. "Je suis en mesure de faire battre le PS", affirme cet avocat de 39 ans, résidant à Trappes. En Seine Saint-Denis, c'est une domienne Jeanine Maurice-Bellay qui compte disputer la place à M. Le Roux. En tout, le PS présente une vingtaine de candidats de la "diversité". Les accords. Aucun terrain d'entente n'a été trouvé avec le PCF et les Verts. Le PS ne présentera pas cependant pas de candidats là où il y a des députés Verts sortants, comme Noël Mamère, en Gironde, et laisse la place à un écologiste dans la 1ere de Loire-Atlantique. Le MRC de Jean-Pierre Chevènement dispose en revanche d'une dizaine de circonscriptions réservées, 32 pour le PRG. En raison des récentes tensions avec leur président Jean-Michel Baylet, partisan de réunir les radicaux de gauche et de droite, les candidats PRG ont tous été conviés à envoyer un courrier aux fédérations socialistes pour témoigner de leur "loyauté". L'avis de Lionel Jospin. "Préoccupé" par la situation du PS, l'ancien premier ministre mène campagne . Venu soutenir le 18 mai des candidats en Bretagne, il a ainsi commenté la formation du gouvernement Fillon : "M. Sarkozy n'ouvre pas, il manoeuvre." § Pour Thierry Vedel, chercheur au Cevipof, même si le débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n'influence pas forcément le vote, il fait partie du rituel politique et constitue une étape fondamentale du processus démocratique. § § Chaque mercredi, écoutez les meilleures chansons de la campagne 2007. Cette semaine, un hit parade spécial Ségolène face à Nicolas. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Au cœur de la polémique sur les conditions dans lesquelles elle avait vendu, en 1997, un appartement à Nicolas Sarkozy à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), commune dont il était maire, Denise Lasserre avait jusqu'à présent gardé le silence. § A u cur de la polémique sur les conditions dans lesquelles elle avait vendu, en 1997, un appartement à Nicolas Sarkozy à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), commune dont il était maire, Denise Lasserre avait jusqu'à présent gardé le silence. Pour répondre aux accusations du Canard enchaîné qui avait révélé, le 28 février, l'existence de conditions très avantageuses accordées par le groupe Lasserre, promoteur, au maire de la ville, elle s'était contentée de signer un communiqué démentant tout traitement privilégié. Deux mois plus tard, sollicitée par Le Monde, Mme Lasserre, architecte et ex-dirigeante du groupe de promotion immobilière du même nom, a évoqué l'histoire des relations entre la mairie de Neuilly et son groupe, frappé par la crise immobilière des années 1990. Démontrant, malgré sa santé fragile d'octogénaire, une solide rancune à l'égard de cette banlieue chic parisienne dans laquelle elle vit toujours, elle prévient d'emblée : "Vous verrez, après l'élection présidentielle, cela va barder." Menaces dans le vide ou réelle intention de lever le voile sur un supposé passe-droit, elle n'ira pas plus loin. "Pour l'instant, dit-elle, je ne peux rien dire, je suis squatteuse, cet appartement a été vendu à la chandelle et la mairie, qui s'est occupée de ma retraite, a joué les entremetteurs pour que l'investisseur me laisse dans l'appartement, il peut me faire partir du jour au lendemain." Sa colère est pourtant intacte depuis cette année 1996 qui a vu son monde s'écrouler. "Mon fils s'est tué en tombant d'un immeuble en construction, mon mari est mort un an après et ma chute a commencé." La famille Lasserre avait pourtant conquis tous les honneurs. "Nous avions construit une cinquantaine d'immeubles à Neuilly et dans la région parisienne, se souvient-elle. Pour finir en apothéose, mon fils, Michel, voulait réaliser un programme avec la mairie de Neuilly pour rendre service à M. Sarkozy qu'il connaissait bien et remercier cette ville dans laquelle nous vivions et où nous avions fait fortune." Ce programme va, en fait, précipiter la chute du groupe Lasserre. "Un jour de 1992, raconte Jean Claude, directeur technique des services de Neuilly de 1977 à 2006, Mme Lasserre est arrivée avec un projet pour construire l'ensemble de la rue Soyer qui comprenait une maison de retraite médicalisée et une crèche. Mais le Conseil d'Etat a bloqué ce type de projet et a imposé une réalisation mixte avec la Ville." "C'EST DU VOL" Mais voilà, rien ne marche comme prévu. Le chantier de la rue Soyer, dont le permis a été délivré, en juillet 1992, par la mairie de Neuilly, prend du retard. Les entreprises intervenant sur le chantier et la mairie vont saisir, à répétition, à partir de 1996, le tribunal administratif des retards imputables, selon eux, au seul groupe Lasserre. Ce contentieux s'ajoute au conflit qui oppose le groupe Lasserre et la mairie de Neuilly sur d'importantes pénalités pour dépassement du plafond légal de densité exigées, depuis mai 1994, pour l'extension du programme de la rue Soyer. L'ajout d'un immeuble d'habitation et de bureaux a conduit au non-respect de la surface prévue à l'origine, imposant le paiement d'une amende de 36 millions de francs. Le groupe Lasserre, qui a payé, fin 1995, 18 millions de francs, refuse d'assumer la totalité de la somme estimant que la Ville de Neuilly, co-détentrice du permis de construire, doit payer le reste. Pourtant, en mai 1994, la commune a transféré au groupe Lasserre sa part du permis de construire, lui faisant porter la totalité de la pénalité. De 1994 à 2004, la direction de l'équipement des Hauts-de-Seine et le fisc ne lâcheront rien et obtiendront, devant les tribunaux, majorations comprises, 26 millions de francs de pénalités, provoquant la chute de Mme Lasserre. Son groupe est placé en liquidation judiciaire et ses biens sont saisis. "C'est du vol, affirme-t-elle, la Ville nous a forcés à payer sa part dont elle était par ailleurs exonérée par la loi." "Quand M. Sarkozy est devenu ministre du budget (1993-1995), ajoute-t-elle, les liens se sont malheureusement distendus, il n'était presque plus à la mairie. Michel n'a pas vraiment pu lui parler de nos problèmes avec la rue Soyer." Le directeur technique de la Ville, à l'origine de la toute première saisine de la justice dans cette affaire, indique qu'"à cette époque, ce groupe était dans une fuite en avant, le marché immobilier avait chuté de 20 % à 30 %, ses programmes étaient déficitaires, ils ont voulu se refaire en travaillant avec la Ville, mais nous ne pouvions pas abandonner cette pénalité car 75 % en revient à la commune concernée". C'est dans ce contexte qu'en 1997, M. Sarkozy et son épouse négocient avec le groupe Lasserre l'achat de leur appartement dans un immeuble construit par ce promoteur sur l'île de la Jatte. "C'était un programme privé, rappelle M. Claude, le groupe Lasserre devait absolument vendre pour sauver les meubles." "Si question il y a sur les travaux faits dans l'appartement de M. Sarkozy, explique, pour sa part, Mme Lasserre, allez voir les propriétaires et les entreprises qui les ont réalisés." "Il est bien évident, lâche-t-elle, que cela ne servait à rien de se mettre mal avec M. Sarkozy dans cette histoire, mais on ne lui a fait aucun cadeau." Les entreprises conservent, elles, un souvenir amer du groupe Lasserre. Pierre Gautron, alors dirigeant de la société Artisy, chargée de la décoration intérieure, se souvient : "La commande de placard et d'agencement a été faite par le groupe Lasserre. Quand on leur a envoyé la facture, ils nous ont dit d'aller voir M. Sarkozy qui, à son tour, nous a renvoyés vers le groupe Lasserre en disant qu'il s'était engagé à payer ; à cette époque, ce groupe était réputé pour son côté mauvais payeur." La vente du programme dans lequel M. Sarkozy investit est déficitaire et n'empêche pas la déconfiture du groupe. "Quelque temps après, note, dépitée, Mme Lasserre, nous avons eu des contrôles fiscaux en série, au cours de l'un d'eux, une dame est restée trois mois dans nos bureaux et elle n'a rien trouvé sur nous et pourtant elle ne cessait de dire que nous avions forcément des traces comptables des cadeaux que nous aurions soi-disant faits à M. Sarkozy." § Les représentants de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont tombés d'accord jeudi sur l'architecture du débat entre les deux finalistes de l'élection présidentielle, qui comportera sept thèmes, a indiqué François Rebsamen, directeur de campagne de Mme Royal. § L es représentants de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont tombés d'accord, mercredi 2 mai à la mi-journée, sur l'architecture du débat entre les deux finalistes de l'élection présidentielle, qui comportera sept thèmes, a indiqué François Rebsamen, directeur de campagne de Mme Royal. Après l'introduction qui sera faite par les journalistes Arlette Chabot et Patrick Poivre d'Arvor, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal parleront de "la France, la République et les institutions", a précisé M. Rebsamen. Viendront ensuite les questions économiques et sociales, puis le triptyque éducation-recherche-environnement. LE MOT DE LA FIN À SÉGOLÈNE ROYAL Seront abordées dans la foulée "les familles", l'écologie et le développement durable, puis l'Europe. Les questions internationales seront le dernier thème abordé. C'est Nicolas Sarkozy qui s'exprimera le premier, et chaque candidat aura trois minutes pour conclure, selon le tirage au sort effectué mercredi matin au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui établit aussi que le dernier mot reviendra à Ségolène Royal. § Ancien porte-parole de Sauvons la recherche, le biologiste dénonce le discours du candidat UMP, qui peut "apparaître favorable à la recherche", mais en réalité "tourne le dos aux propositions des scientifiques". § J 'ai souhaité réagir aux réactions Internet des lecteurs à l'article du Monde daté du 2 mai : "Sauvons la recherche s'engage en faveur de la candidate PS". Si le discours officiel de Nicolas Sarkozy peut apparaître favorable à la recherche, la réalité vécue par les chercheurs c'est que la loi sur la recherche de 2006 tourne le dos aux propositions des scientifiques, pourtant largement reprises par des parlementaires du PC, des Verts, du PS et de l'UDF. Face à ce fonctionnement démocratique, l'UMP et son président ont préféré passer en force, imposer leur vision d'une recherche planifiée, contrôlée depuis le ministère de la recherche pour des objectifs utilitaristes à court terme. Nicolas Sarkozy et ceux qui partagent ses vues montrent ainsi leur ignorance profonde de ce qu'est la recherche. Si on les suivait, Einstein, Copernic, Fleming (inventeur de la pénicilline), n'auraient jamais dû avoir les moyens de travailler, ni Diderot celui de faire son Encyclopédie tout en s'attaquant à la pensée dominante. Ils rêvent d'une société rentable mais inhumaine car brutale, d'une nouvelle barbarie riche entourée de barbelés, où l'on saurait ce qu'est le CAC 40 mais l'on ignorerait qui sont Fleming ou Diderot. Est-ce de cette société que nous voulons ? § Des habitants redoutent des violences urbaines en cas d'élection de Nicolas Sarkozy. D'autres estiment qu'elle serait synonyme d'un renforcement de la répression à leur encontre. § "S i Sarko passe, ça va être le bordel et bouger dans toutes les cités." Tarek K., 17 ans, habitant des Mureaux, résume brutalement l'opinion générale dans les quartiers sensibles de la banlieue parisienne. Depuis plusieurs jours, les rumeurs d'"émeutes" courent les halls d'immeuble et les couloirs des établissement scolaires. Dans l'hypothèse d'une victoire de Nicolas Sarkozy, au second tour de l'élection présidentielle, dimanche 6 mai, nombreux sont les habitants convaincus que des violences urbaines risquent d'éclater le soir même. Dans la plupart des cas, toutefois, les jeunes rencontrés aux Mureaux (Yvelines), au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) et à Corbeil-Essonnes (Essonne) évoquent plutôt des incidents ponctuels, beaucoup plus qu'un mouvement étalé sur plusieurs semaines, comme en octobre et novembre 2005. Au rejet personnel de Nicolas Sarkozy, motivé par ses déclarations sur les "racailles" et le "Kärcher", s'ajoutent des rapports toujours aussi conflictuels avec les policiers. De ce point de vue, la situation n'a pas changé depuis les émeutes de 2005 : dans ces cités, qui ont massivement voté en faveur de Ségolène Royal au premier tour, avec parfois des scores supérieurs à 60 %, le candidat UMP apparaît d'abord comme "le candidat de la police" et donc le premier responsable, aux yeux des 15-18 ans, la tranche d'âge la plus sensible, de l'attitude générale des forces de l'ordre. "C'est toujours tendu avec la police. Il suffit d'un rien, d'un côté ou de l'autre, pour que ça dégénère", explique ainsi Faysal, 18 ans, habitant des Mureaux, qui s'exprime sous couvert de l'anonymat. Des incidents ont lieu très régulièrement avec les policiers, sans qu'ils soient médiatisés : contrôles d'identité qui se passent mal, interpellations musclées, rébellions, insultes réciproques, "caillassages" voire agressions en groupe (Le Monde daté 8-9 avril). "Les rapports avec les flics, c'est le problème numéro un. Pourquoi, moi, par exemple, je déteste Sarkozy ? Parce qu'il fait comme si les bavures policières existaient pas, comme si les flics étaient toujours les victimes, et nous les coupables", explique Farouk Khorchid, 21 ans, lycéen au Blanc-Mesnil. Ce sentiment d'injustice vaut en particulier pour les délits d'"outrage" à agent ou de "rébellion" qui reposent presque uniquement sur les déclarations des policiers. "Tout le monde sait qu'on peut être embarqué n'importe quand, n'importe comment et qu'il est quasiment impossible de se défendre ensuite face à la parole d'un policier", ajoute le jeune homme. L'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée risque, à leurs yeux, de donner plus de latitude aux forces de l'ordre. "Il y a déjà des bavures. Si Sarkozy est élu, ce ne peut être que pire : la police aura toujours plus de pouvoirs et les flics, sur le terrain, sauront qu'ils peuvent presque tout se permettre", s'inquiète Saïd Marouf, 18 ans, de Corbeil-Essonnes. Comme beaucoup, il craint notamment les patrouilles de CRS, décrits comme "les plus durs" ou les "plus racistes" dans les quartiers - y compris par les plus âgés - et qui multiplient les contrôles routiers préventifs en périphérie des cités. Les jeunes électeurs ont aussi fait le constat que Nicolas Sarkozy avait récupéré une grande partie de ceux qui avaient voté pour Jean-Marie Le Pen en 2002. Ils y voient un signe de la proximité idéologique entre l'ancien ministre de l'intérieur et le leader d'extrême droite. "Sarkozy, c'est un faux Le Pen. Il paraît moins dangereux, parce qu'il met des disquettes il a des expressions qui passent bien", souligne Jamel Jami, 18 ans, lycéen au Blanc-Mesnil. Derrière la comparaison avec M. Le Pen, ressort le sentiment que l'ancien ministre de l'intérieur les rejette, les met à part. "Avec lui, il y aura toujours une banlieue pour les pauvres, une pour les riches, avec une frontière bien gardée au milieu", ajoute Foued Benef, 19 ans, élève dans le même établissement. En tant que "jeunes issus de l'immigration", une victoire de Nicolas Sarkozy sonnerait comme une "claque", un signe plus global de rejet de la société française. "Sarkozy est cohérent avec lui-même. Il nous met de côté, en particulier quand il parle de manière négative de l'islam et quand il bloque l'immigration qui vient d'Afrique : tout ça veut dire qu'il ne veut pas de nous", se désole un jeune homme de 24 ans, qui travaille aux Mureaux et habite une autre cité sensible. Le moyen terme demeure imprévisible. La solidarité entre quartiers reste en effet très aléatoire - on déteste volontiers Nicolas Sarkozy mais on continue aussi de se battre régulièrement entre bandes ou de s'affronter, en marge de matchs de football, par exemple. La capacité de modération et de médiation des jeunes adultes - ceux qui sont allés voter en masse pour Ségolène Royal au premier tour - constitue une autre inconnue. Tout comme la stratégie du candidat UMP s'il arrivait au pouvoir. "L'avenir est dans les mains de Nicolas Sarkozy. S'il a une politique apaisante, les violences n'iront pas loin. Mais s'il continue de faire des provocations, alors ce sera bien plus dur qu'en 2005", estime Farouk Khorchid. Comme d'autres, il émet la crainte d'une radicalisation dans la violence "anti-keuf", les policiers étant perçus comme des représentants de Nicolas Sarkozy. "Le risque, c'est la bavure, dans un sens ou dans un autre", conclut-il. La préfecture de police devait organiser une réunion, mercredi 2 mai, avec les principaux responsables de la police parisienne pour caler le dispositif mis en place pour la soirée électorale. § Un coin de terre du Nord coquet, calé entre Arras, Amiens et le Touquet-Paris-Plage. Où brillent les champs de colza, les briques rouges, et les pelouses bien tondues. Et où, au soir du premier tour, avec vingt-cinq bulletins sur trente-et-un exprimés, ils ont voté massivement pour Nicolas Sarkozy. § I ls disent qu'ils vivent dans un "havre de paix". Une poignée de ruelles, où le maire, Claude Cordonnier (sans étiquette), 69 ans, est particulièrement fier de "la propreté", entretenue à la sueur de son front et de celui de son premier adjoint. Un coin de terre du Nord coquet, calé entre Arras, Amiens et le Touquet-Paris-Plage. Où brillent les champs de colza, les briques rouges, et les pelouses bien tondues. Et où, au soir du premier tour, avec vingt-cinq bulletins sur trente-et-un exprimés, ils ont voté massivement pour Nicolas Sarkozy, grimpant vite à 80,5 % des voix, le cinquième meilleur score français. "On ne s'est pas concertés !", plaisante Martial Bigot, 38 ans, l'un des trois exploitants agricole d'Haravesnes. "Après le dépouillement, j'ai même demandé qui avait surveillé l'urne entre midi et deux !" En 2002, au premier tour, Jacques Chirac avait tout juste récolté 25 % des suffrages. Aussi, sur le seuil de la quarantaine de maisonnettes au quotidien tranquille, on ne cache pas que le score de Nicolas Sarkozy a bel et bien été : "Une surprise." Mais une surprise "positive". Cette année, Jean-Marie Le Pen n'a réuni que trois voix, soit environ moitié moins qu'en 2002. Cette année aussi, tous les bulletins qui, cinq ans plus tôt, s'étaient éparpillés, de Jean Saint-Josse et Bruno Mégret à Alain Madelin et Noël Mamère en passant par Robert Hue, Jean-Pierre Chevènement ou Arlette Laguiller, se sont reportés, majoritairement sur le leader de l'UMP. Une vague sarkozyste qui a même balayé les quelques voix socialistes de l'époque. Ségolène Royal n'a obtenu que trois bulletins, et encore : "De gens qui ne sont pas d'ici", lâche-t-on. "On va faire encore plus au deuxième tour", présuppose le maire, au vu des quatre abstentions du 22 avril. "HALTE À L'ASSISTANAT" C'est qu'à Haravesnes, on travaille, on a des enfants et des toboggans dans le jardin. On est à la campagne, mais il y a peu de retraités : sur la cinquantaine de résidents, ils ne sont que huit. Comme il se doit, il y a aussi un couple d'Anglais et trois maisons secondaires. Mais avant tout, à Haravesnes, on est enseignant, aide-soignant, commercial ou policier. Et on travaille à proximité. Ceux qui sont agriculteurs, sont jeunes "quadra", repreneurs de l'exploitation familiale. Alors, oui, on vote "Sarkozy", à Haravesnes, et justement, dit-on, pour "la valeur travail". Celle des trente-cinq heures qu'en tant qu'agriculteur "on ne connaît pas". Celle qui fait que l'unique entreprise du village, un garage tenu par le fils du maire, ne peut pas embaucher "à cause des charges" et ne trouve pas d'intérimaire "en période de vacances". Ou encore celle de Charlotte de Bussy, 40 ans, trois enfants, animatrice en insertion sociale, sidérée par "la génération zapping" des jeunes en recherche d'emploi. On aime Nicolas Sarkozy, à Haravesnes, parce qu'il est "franc", "direct". Parce que le ministère de l'immigration et de l'identité nationale, "pourquoi pas". Et parce que les propos du candidat UMP sur le caractère génétique du suicide ou de la pédophilie, "on n'a pas très bien suivi". Ce qui compte ici : c'est "halte à l'assistanat". Celui par exemple, qui donne l'impression à Antonio Garcia, maçon et premier adjoint, amenant son fils à l'hôpital pour l'appendicite, qu'on lui a "demandé plein de papiers" alors que les "immigrés, eux, ils sont passés comme ça". "Insécurité" est un mot qu'on prononce en "touchant du bois", à Haravesnes. Car, excepté quelques vols d'outils agricoles, l'habitude est d'abord de laisser les portes ouvertes, les clés sur le contact de la voiture, et les enfants dévaler entre eux les rues du village à vélo. Alors la question n'est venue qu'assez tard, pudiquement, de la part de Martial Bigot : "Vous en avez rencontré beaucoup, des gens qui n'ont pas peur de perdre ce qu'ils ont ?" § Après son échec du 22 avril, le président du Front national appelle ses partisans à prendre leur "légitime revanche" sur Nicolas Sarkozy, à la faveur des législatives de juin § I l a choisi "sans états d'âme" d'appeler à "l'abstention". Comme il l'avait annoncé, Jean-Marie Le Pen a donné dimanche 1er mai, lors de la traditionnelle fête du Front national (FN) en l'honneur de Jeanne d'Arc sa consigne de vote pour le second tour de l'élection présidentielle. "J'invite, a-t-il dit, les électeurs qui m'ont fait confiance à n'accorder leur suffrage ni à Mme Royal ni à M. Sarkozy et à s'abstenir massivement". Une consigne immédiatement assortie d'une autre, celle de "rester vigilants et engagés à fond dans la campagne législative pour prendre une légitime revanche". Le président du FN qui, le 22 avril, a essuyé un sérieux revers en ne recueillant que 10,44 % des suffrages avec 3 835 029 voix, soit près d'un million de moins qu'en 2002, renvoie dos à dos Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Pour lui, "tous deux sont les représentants officiels des partis politiques qui, en 30 ans, ont amené la France (...) au bord du gouffre politique, économique, social, culturel et moral." Pas question de choisir entre "bonnet rose et rose bonnet". M. Le Pen ne va pas comme en 1988 et 1995 jusqu'à distribuer bons et mauvais points. En 1988 il s'était écrié "Non, non, non, pas une voix pour François Mitterrand" tout en laissant ses électeurs "libres de voter pour le candidat résiduel (Jacques Chirac) mais aussi de voter blanc ou de s'abstenir" à cause "des injures, des calomnies" de ce dernier. Sept ans plus tard, il avait lancé : "Chirac c'est Jospin en pire (...) Dans ces conditions, vous comprendrez que je ne peux, ni ne veux, vous recommander de voter pour l'un ou pour l'autre." SURVIE DU MOUVEMENT Aujourd'hui le contexte est différent. M. Le Pen n'a pas avec M. Sarkozy le contentieux qu'il avait avec le président de la République auquel il a toujours reproché son animosité à son égard. Le président du FN qui joue la survie de son mouvement se devait toutefois de se démarquer du candidat de l'UMP qui s'est donné pour mission de faire revenir dans le giron de la droite les électeurs frontistes. Dimanche, dans les rangs du cortège frontiste, militants et sympathisants évoquaient le discours de M. Sarkozy, dimanche 29 avril, à Bercy, en y décelant des clins d'oeil à leur égard. Les nationalistes ont ainsi applaudi la façon dont il l'a conclu - comme au soir du 22 avril - par un vibrant "Vive la République et par-dessus tout vive la France". Pour eux, en effet, la nation est au-dessus de la République. Ils ont aussi été surpris de l'entendre fustiger "l'idéologie de Mai 68" avec des accents qu'ils jugent lepénistes quand le candidat de l'UMP a accusé cette "idéologie" d'avoir fait disparaître la "différence entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid" ; d'avoir mis à mal "l'autorité", "la politesse", "le respect", "les valeurs éthiques (...) et morales" et " préparé le terrain au capitalisme sans scrupule (...) des parachutes en or (...) des patrons voyous". Acculé à sauver les meubles de la maison FN, Jean-Marie Le Pen, qui croit que bientôt ses électeurs se rendront compte de "la duplicité de Nicolas Sarkozy (...) et rentreront au bercail" a lancé dès ce 1er mai la campagne législative. Des élections "fondamentales" a-t-il souligné car elles "seront le test de l'influence" du FN, "conditionnent son financement" et marqueront "sa force d'implantation". § Il n'a pas perdu une miette du discours de Jean-Marie Le Pen. Penché en avant, les poings sur les hanches, il est resté concentré pendant l'intervention du président du FN, mardi 1er mai, place de l'Opéra, à Paris. "Le Pen parle avec ses tripes mais les Français ne le méritent pas", a lâché François Dupastel, sitôt l'intervention du leader frontiste terminée. § I l n'a pas perdu une miette du discours de Jean-Marie Le Pen. Penché en avant, les poings sur les hanches, il est resté concentré pendant l'intervention du président du FN, mardi 1er mai, place de l'Opéra, à Paris. "Le Pen parle avec ses tripes mais les Français ne le méritent pas", a lâché François Dupastel, sitôt l'intervention du leader frontiste terminée. Malgré l'admiration qu'il voue à celui pour lequel il a voté le 22 avril, cet ingénieur polytechnicien de 74 ans, qui dit avoir "roulé sa bosse pendant des années en Afrique et au Moyen-Orient", ne s'abstiendra pas le 6 mai. "Sur ce point, je ne suivrai pas Jean-Marie Le Pen ; je ne suis pas un béni-oui-oui, prévient-il. Nicolas Sarkozy m'est plutôt sympathique même si je sais qu'entre les paroles et les actes, il y a souvent beaucoup de distance. Je voterai donc pour lui car je ne vois pas qui, dans son camp, pourrait être pire que Chirac, et parce qu'il faut bien éviter que Ségolène n'entre à l'Elysée." Si le candidat de droite l'emporte, estime M. Dupastel, "on peut au moins espérer qu'il favorisera au minimum la préférence communautaire, fera travailler les Français un peu plus longtemps et réduira la taxation de l'emploi". "Pour le reste, ajoute-t-il, je ne me fais guère d'illusions. Sarkozy ne fera rien contre la mondialisation, l'explosion du capitalisme financier et pas grand-chose contre la poursuite de ce phénomène destructeur qu'est l'immigration. Il n'a rien compris à l'islam, cette religion qui n'est absolument pas soluble dans la République." A son côté, son épouse acquiesce. Pour autant, Marie-Françoise Dupastel, 71ans, ne suivra pas la voie de son mari : "Dimanche, je voterai blanc ou alors je glisserai dans l'enveloppe un bulletin Le Pen que j'ai gardé par-devers moi. Je suis française et fière de l'être, catholique pratiquante - j'ai un fils prêtre - alors je ne vote pas socialiste mais je n'apporterai pas non plus mon suffrage à Nicolas Sarkozy." Que lui reproche-t-elle ? "Il tchatche très bien et il est habile mais je ne le trouve vraiment pas assez patriote ; il préférerait être américain que français et ça, je ne peux pas l'accepter, s'indigne-t-elle. Nous vivons dans un pays où tout est en déliquescence." "La morale fiche le camp, nous allons vers une société impossible", enchérit son mari, l'air sombre. Ces approches différentes ne sont pas contradictoires mais parfaitement complémentaires, estime le couple. "Il est indispensable que des électeurs de Le Pen au premier tour rejoignent Sarkozy, le 6 mai, sinon nous risquons de connaître une mauvaise surprise dimanche soir avec l'élection de la candidate socialiste", admet madame. "A contrario, il ne faudrait pas que tout l'électorat FN se rallie comme un seul homme, sans conditions, fait valoir monsieur. L'idéal, c'est que la participation s'inscrive à la baisse et que Sarkozy soit élu de justesse. Comme cela, le signal sera clairement lisible." § Le nouveau ministre de l'éducation va-t-il continuer d'y livrer ses réflexions à chaud ? § X avier Darcos va-t-il continuer son blog, commencé en avril 2005 ? On imagine mal un ministre de l'éducation livrer à chaud des réflexions comme celles consignées dans son agenda le 10 janvier 2007, après avoir rencontré l'ambassadeur de France au Canada : "Daniel Jouanneau nous montre comment le Canada a réussi sa réforme budgétaire et réformé sa fonction publique (- 20 % de fonctionnaires) ; il y a donc des pays où c'est possible..." Le 17 octobre 2006, il rencontre Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale, aujourd'hui démissionnaire : "Pondéré, généreux, simple, plein d'humour, passionné par la question du développement du Sud ; bref, tout le contraire de ce qu'en disent les agités de l'altermondialisme et de l'antiaméricanisme primaire." M. Darcos peut aussi être caustique, comme lorsqu'il s'apitoie (23 mars 2007) sur Marie-George Buffet, qui "rame dans la sciure de langue de bois" ou qu'il se demande (19 mars 2007) "comment arrêter un tracteur à quatre Bayrou motrices ?". Il moque, chez le candidat centriste (27 février 2007), "les acrobaties politiques rêvant de marier la carpe et le lapin". "Je ne vois pas l'intérêt (...) d'avoir B. Kouchner ou J. Delors comme chef d'un gouvernement où chaque ministre serait en cohabitation avec tous les autres", écrit-t-il (1er mars 2007), s'interrogeant sur "cette énergie qu'il faudrait dépenser pour faire collaborer entre eux des acteurs disparates et incompatibles". Le même jour, il brocarde ainsi la candidate socialiste : "Il faut la voir, devant deux ou trois ahuris de banlieue, tatoués et encapuchonnés, genre Nique Ta Mère, leur annoncer d'un ton sirupeux et angélique : "Vous n'êtes pas un problème, vous êtes une partie de la solution"." Le 11 mai 2006 il assurait que "les mêmes "sauvageons", qui jouent les casseurs de banlieue et qui lapident la police ou l'école, sont prêts à manifester, le coeur sur la main, contre le racisme ou en faveur de n'importe quel pacifisme" et voyait l'école "engluée" dans "un prêchi-prêcha "droits-de-l'hommiste" global et uniforme qui interdit les hiérarchies, les différences et les choix." Le blog de M. Darcos ne contient pas, bien sûr, que des phrases à faire blêmir le syndicaliste enseignant en attente d'une négociation. Il y développe des points de vue, expose des projets, donne matière à réflexion... Sans perdre sa compétence d'expert de l'éducation, il y dévoile les ressorts de sa sensibilité d'homme de droite, impatient qu'"un Churchill" vienne enfin "imposer le sursaut vital et les réformes radicales dont la France a besoin". Mais, comme il le constate à regret (14 mars 2007), les journalistes "attendent un bon mot, un éclat, une rodomontade, une gaffe, une petite phrase qui va tourner en boucle sur France Info. Bref, n'importe quoi, sauf du sens..." § A peine nommés, les principaux membres du gouvernement Fillon ont veillé à se rendre sur le terrain § V ingt-quatre heures chrono. Nommés vendredi 18 mai à 9 h 40, les vingt membres du premier gouvernement de Nicolas Sarkozy ont pris possession des meubles dans la même journée. François Fillon, briseur de rêves. Nommé la veille, le nouveau premier ministre a pris de l'avance. Il en profite pour marquer symboliquement, vendredi, sa mandature. Dans un foyer d'accueil protestant de femmes en grande difficulté du 17e arrondissement de Paris, il promet "qu'à côté de l'efficacité économique qui est notre priorité, une solidarité réelle, effective sera mise en oeuvre". Il va "vraiment faire quelque chose" sur "les enfants, les femmes, les gardes et le logement". Il rétorque à l'une des responsables du centre qui, faute de moyens, est baptisée "briseuse de rêves" : "Mais vous seriez une parfaite première ministre !" ANATOMIE DU GOUVERNEMENT ENA. Seuls deux ministres en titre - Alain Juppé, en charge de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables et Valérie Pecresse chargée de l'enseignement supérieur et de la recherche sont passés par l'ENA dans la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par François Fillon. Ni le président de la République Nicolas Sarkozy ni le premier ministre n'en sont issus, contrairement au tandem exécutif sortant formé par MM. Chirac et de Villepin. MAROC. Deux secrétaires d'Etat sont nés au Maroc, Eric Besson, chargé de la prospective, et Roger Karoutchi, chargé des relations avec le Parlement. TOURNIQUET. Cinq ministres de l'équipe Villepin font partie du gouvernement Fillon. Trois titulaires de portefeuille dans le dernier gouvernement Raffarin qui n'avaient pas été repris par M. de Villepin - François Fillon, Xavier Darcos et Eric Woerth - retrouvent des fonctions gouvernementales. Le président de la République, capitaine d'industrie. S'affichant sauveur d'Alstom, Nicolas Sarkozy voudrait bien faire la même chose pour Airbus. Il est 11 h 44 quand il arrive dans le restaurant du comité d'entreprise d'Airbus près de Toulouse. Il est accompagné de Jean-Louis Borloo, à peine nommé à la tête d'un grand ministère de l'économie et de l'emploi. Le nouveau ministre sourit, mais ne dira pas un mot. M. Sarkozy, lui, est pressé. "Je suis venu vous voir déjà cinq fois, je ne suis pas venu simplement pour vous écouter" prévient Nicolas Sarkozy, un brin agacé par la longue présentation liminaire du délégué central de FO. Renouvelant son soutien au PDG d'Airbus, il glisse tout de même cette recommandation : "Je ne veux pas voir une entreprise dotée d'une tradition de dialogue social avec des salariés dans la rue." Les "French Doctors" Bernard et Philippe. Au Quai d'Orsay, en remettant les clefs à Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy fait remarquer que "c'est la troisième fois que nous nous passons le flambeau, les deux premières c'était moi qui rentrais, cette fois c'est moi qui sors, on verra..." Le ministre sortant avait notamment succédé à la Santé à son confrère médecin. Sauf que... "ce n'est pas après la victoire de la gauche que je viens reprendre le flambeau, c'est un moment difficile" admet le nouveau ministre des affaires étrangères. "Si ce n'était pas pour le service de la France, nous ne l'aurions pas fait", affirme-t-il aux côtés de Jean Pierre Jouyet, nouveau secrétaire d'état aux affaires européennes. "L'Europe sera notre détermination première malgré les nombreuses urgences", promet M. Kouchner, qui a dû batailler pour garder les affaires européennes et son nouveau titulaire, que voulait Matignon. Roselyne Bachelot à l'Intérieur. La conseillère régionale des pays de la Loire, amie de longue date de François Fillon, dit se réjouir de retrouver le deuxième étage de l'avenue de Ségur : "Je suis longtemps venue ici présider le Conseil national des personnes handicapées. J'ai l'impression de revenir à la maison." "La santé c'est un peu comme l'intérieur, c'est un ministère où il peut y avoir des crises qui mettent en jeu la vie de nos compatriotes", la met en garde son prédécesseur, l'ancien secrétaire général de l'Elysée, Philippe Bas. Vestige des temps anciens, une affichette annonçant l'interdiction de fumer dans les lieux publics, est restée scotchée sur un mur : "2007, il y a du changement dans l'air." "Les deux frisés de la République". C'est en ces termes que Jean-Louis Borloo décrit le couple qu'il forme avec son prédécesseur à Bercy, Thierry Breton. Ils auraient même pu écrire un livre ensemble, réplique M. Breton, si leurs agendas respectifs ne les avaient conduits chacun à une oeuvre solitaire. Nouveau patron de l'économie française, M. Borloo garde le double des clefs de son ancien portefeuille. A Christine Boutin, qui hérite du logement, il lui demande d'assurer la continuité et le respect des engagements déjà contractés : "Je compte sur toi, parce que c'est un secteur extrêmement fournisseur d'emplois." A Xavier Bertrand, nouveau ministre du travail, il rappelle que "les partenaires (sociaux) sont une partie de l'âme du pays". Mais, se rassure-t-il, le président de la République a fait "le meilleur choix possible." Valérie Pecresse, ministre des étudiants, Xavier Darcos de la réforme. Rappelant qu'il a déjà franchi le perron du ministère de l'éducation à plusieurs reprises, M. Darcos prévient qu'il ne revient pas avec un "esprit de pèlerinage" mais de "réforme". Mme Pecresse, ministre à part entière de l'enseignement supérieur et de la recherche, envoie un message appuyé aux enseignants, chercheurs mais aussi aux étudiants, que les futures réformes risquent d'inquiéter : "J'ai entendu les angoisses exprimées par les étudiants, il faut redonner confiance à la jeunesse : je serai aussi la ministre des étudiants." Rachida Dati dans l'histoire. La nouvelle garde des sceaux Rachida Dati est arrivée place Vendôme en compagnie d'Albin Chalandon, son ancien mentor, qu'elle est allée chercher à son domicile. Elle se dit fière d'être "un symbole de la France", première fille d'immigrés maghrébins à obtenir un ministère régalien. "Dans l'histoire de France, vous êtes à vous seule une page", renchérit son prédécesseur Pascal Clément. Elle passera une partie de sa première nuit en prison, dans le quartier des mineurs de Fleury-Mérogis (Essonne) : "Nous serons intraitables sur la délinquance des mineurs." Premier jus d'orange à l'Elysée. Il est 17 h 30. Les vingt membres du gouvernement viennent d'achever leur premier conseil des ministres. Mais il pleut ... Il faut donc patienter pour faire la photo de famille sur le perron. Sirotant un jus d'orange, ils attendent. Tout comme l'avion du président, qui doit décoller pour le Fort de Bregançon, où sa famille l'attend. § Plusieurs sondages préélectoraux soulignaient la fragilité politique de Philippe Douste-Blazy à Toulouse. Et Ségolène Royal a obtenu près de 59 % des voix dans la circonscription. § I l ne sera plus ministre, ni député. Philippe Douste-Blazy a renoncé à se présenter aux élections législatives. "J'ai décidé de ne pas me présenter aux élections législatives dans la 1re circonscription de la Haute-Garonne", a fait savoir l'ancien ministre des affaires étrangères dans un communiqué. Laconique, le texte a été envoyé à la presse, vendredi 18 mai, à 14 h 40, quelques instants avant l'heure limite de dépôt des candidatures à la préfecture. C'est son successeur à la mairie de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, qui le remplacera au pied levé. La circonscription est "historiquement celle des maires de Toulouse", souligne M. Douste-Blazy. Un argument repris quatre heures plus tard par M. Moudenc dans un autre communiqué tout aussi lapidaire pour justifier sa candidature de dernière minute, alors qu'il avait fait savoir en début d'année son intention de ne pas briguer de fauteuil à l'Assemblée pour se consacrer uniquement à son mandat de maire "à plein temps". DEMI-SURPRISE Le forfait de Philippe Douste-Blazy n'est qu'une demi-surprise à Toulouse. La Dépêche du Midi s'était risquée à l'annoncer depuis samedi 12 mai, égrenant chaque jour dans ses colonnes le compte à rebours de ce faux suspens. Le ministre, qui nourrissait encore un faible espoir d'être reconduit au gouvernement, avait alors mollement démenti. Rejetant les solutions de repli sur Paris envisagé à l'UMP, Philippe Douste-Blazy tient à faire savoir qu'il compte "plus que jamais (s)'investir pour l'avenir de l'agglomération" toulousaine. Symboliquement, c'est sur papier à en-tête de la communauté d'agglomération du grand Toulouse, dont il est le président, qu'il a fait connaître sa décision. Ce renoncement était déjà inscrit par plusieurs sondages préélectoraux soulignant la fragilité politique de Philippe Douste-Blazy à Toulouse. Il a été confirmé dans les urnes lors de l'élection présidentielle, qui a vu Ségolène Royal l'emporter avec près de 59 % dans la circonscription. L'ancien député et maire de la ville, qui n'avait repris le siège de Dominique Baudis que par 400 voix d'écart face à un candidat des Verts, soutenu par le Parti socialiste, en 2002, aura préféré éviter l'humiliation d'une possible défaite après son éviction du gouvernement. Sentant dès 2006 qu'une victoire était possible, le PS a délibérément misé cette fois sur une jeune femme encore inconnue, Catherine Lemorton, pour accentuer l'effet "David contre Goliath" dans la circonscription. De façon quelque peu surprenante, Jean-Luc Moudenc a pour sa part choisi de ne pas revendiquer l'étiquette UMP, préférant se présenter comme "candidat centriste, membre de la majorité présidentielle". Sa suppléante sera Sofia Herzi, 38 ans, médecin d'origine tunisienne, préférée à Bernadette Paix (UMP), candidate sortante, qui fut la suppléante de Dominique Baudis avant de remplacer Philippe Douste-Blazy à l'Assemblée. S'il est élu, M. Moudenc indique qu'il ne siégera ni avec l'UMP ni avec l'UDF-Mouvement démocrate. Au total, 19 candidats brigueront les suffrages des électeurs toulousains de la première circonscription. M. Douste-Blazy pourrait se voir confier une "mission" auprès du président de la République, selon certains de ses proches rencontrés lors de la visite de Nicolas Sarkozy à l'usine Airbus de Colomiers. § Pour les législatives, la parité telle qu'elle est conçue dans la loi du 6 juin 2000 est incitative. L'Assemblée nationale élue en 2002 ne compte que 12,3 % de femmes. § M algré les embûches, l'idée de parité fait son chemin : pour les élections législatives de juin, la plupart des partis ont tenté de promouvoir des femmes. Avec 12,3 % de femmes à l'Assemblée nationale, la France se place, selon l'Union interparlementaire, au 88e rang mondial, loin derrière le Chili, l'Ouganda, la Lituanie ou la Tunisie. Pour les législatives, la parité telle qu'elle est conçue dans la loi du 6 juin 2000 est incitative. Les textes se contentent d'imposer des pénalités financières aux mouvements politiques qui présentent moins de 50 % de candidates, à 2 % près. En 2002 - la loi s'appliquait pour la première fois -, la plupart des partis avaient préféré payer des amendes : l'UMP, qui avait présenté moins de 20 % de candidates, s'était ainsi privée de 4,2 millions d'euros et le Parti socialiste, qui comptait 36 % de femmes sur ses listes, avait vu sa dotation baisser de 1,6 million d'euros. Le PS sera à deux doigts de respecter la loi : cette année, près de 48 % des 577 circonscriptions ont été dévolues à des candidates. "Pour ces législatives, le PS a eu la volonté de respecter la parité et de confier aux femmes des circonscriptions de qualité", souligne la déléguée nationale à la parité du PS, Geneviève Couraud. Pour le PS, cet équilibre est le fruit d'un long travail sur la parité. En 1997, Lionel Jospin, alors premier secrétaire, avait demandé de réserver 30 % des circonscriptions à des femmes : le chiffre final tomba à 28 % mais restait bien supérieur à celui des autres grands partis. Devenu premier ministre, Lionel Jospin avait été à l'initiative de la loi sur la parité du 6 juin 2000. "Si nous sommes parvenus, cette année, à un chiffre de près de 48 %, c'est grâce à un travail de longue haleine qui a commencé dès le mois de septembre 2004, précise Mme Couraud. Sans cet engagement, nous n'aurions pas réussi." Pour l'UMP, les chiffres seront nettement plus modestes : le parti du président ne devrait présenter que 30 % de femmes. "La tâche n'est pas aisée puisque nous avons plus de 350 sortants, mais nous avons fait une place aux femmes, souligne Alain Marleix, député du Cantal et secrétaire national chargé des élections à l'UMP. Nous avons également joué la qualité en leur réservant des circonscriptions "gagnables". A l'issue de ces élections, nous espérons multiplier par trois le nombre de nos députées." VIVIER NOUVEAU L'UDF-Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou, a, lui aussi, tenté de féminiser les candidatures. En 2002, l'UDF avait fait partie des mauvais élèves de la parité puisqu'il avait perdu plus de 600 000 euros de financement public en présentant à peine 20 % de candidates. Pour ces élections législatives, le MoDem voulait imposer une véritable parité à 50/50 mais les aléas des constitutions de listes ont fait tomber la part des femmes à 38 %. "Seul le scrutin proportionnel permettra de respecter un jour la parité", estime Marielle de Sarnez, vice-présidente de l'UDF. Quant aux petits partis, notamment à gauche, ils respectent pour la plupart la parité sans que cela pèse sur l'équilibre de l'Hémicycle en raison de leur faible représentation. Pour trouver des candidates, les partis ont pu puiser dans un vivier nouveau : depuis l'instauration de la parité, en 2000, les conseils régionaux et les conseils municipaux des villes de plus de 3 500 habitants, élus au scrutin de liste proportionnel, comptent plus de 45 % de femmes. Grâce à la parité, une génération nouvelle d'élues a donc pris des responsabilités politiques et acquis une expérience précieuse de la gestion locale. § Michel Vauzelle, président socialiste de la région tout comme Jean-Louis Bianco, qui codirigea la campagne de Ségolène Royal, mettent en avant leur bilan et leur personne. § E n visite au hameau arlésien de Mas-Thibert, Michel Vauzelle, président socialiste de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et candidat dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône, explique : "Le peuple a choisi, le débat idéologique est arbitré : la législative n'est pas un troisième tour de la présidentielle." La stratégie de celui qui fut maire d'Arles et député jusqu'en 2002 est donc tracée : "Je vais faire campagne sur mon bilan de président de région et faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'une bataille Vauzelle/Sarkozy, mais d'un duel Vauzelle/Chassain", du nom de Roland Chassain, le député UMP sortant. M. Vauzelle va donc distribuer dans chacune des onze communes de sa circonscription un tract spécifique, expliquant tout ce que le conseil régional a financé, des digues du Rhône à la gratuité des livres pour les lycéens en passant par l'aide à la réhabilitation des friches SNCF d'Arles. Comme les autres candidats de gauche, M. Vauzelle craint en effet une "vague bleue" UMP. A l'autre bout de la région, Jean-Louis Bianco, député socialiste sortant des Alpes-de-Haute-Provence, est sur la même longueur d'onde : "On va faire campagne sur nos qualités personnelles et sur notre action." Pour celui qui codirigea la campagne de Ségolène Royal, il s'agit par exemple de rappeler ses "multiples interventions" pour sauver les emplois d'Arkéma, filiale chimique de Total, dans le canton de Château-Arnoux, qui a offert les meilleurs scores du département à Mme Royal. Députée sortante, vice-présidente du conseil régional, Sylvie Andrieux table elle aussi sur son ancrage local. Alors qu'elle fait du porte-à-porte dans une des plus vieilles cités HLM de son quartier, son suppléant Garo Hovsépian, maire du secteur, explique : "La rénovation de la place des Etats-Unis, un peu plus bas, a été financée à 80 % par la région, obligée de se substituer à la Ville", dirigée par l'UMP Jean-Claude Gaudin. SUPPLÉANTS À L'IMPLANTATION SOLIDE Cette façon de se centrer sur le local dans une campagne que les candidats de gauche sentent difficile n'est pas réservée aux seuls socialistes. Si Michel Vaxès, maire de Port-de-Bouc, et un des deux députés communistes restant du département, affiche un peu d'optimisme c'est surtout, dit-il, "parce que les gens me connaissent, ils savent ce que j'ai fait pour eux, tant par mes interventions à l'Assemblée que comme maire". Et d'ajouter : "Mon suppléant est le président de la communauté urbaine Martigues/Port-de-Bouc, cela devrait peser dans le débat." D'ailleurs, sortants ou postulants, les candidats à la députation se sont tous adjoint l'image et les services de suppléants à l'implantation solide. Michel Vauzelle est secondé par Claude Vulpian, maire de Saint-Martin-de-Crau, qu'il présente comme un "agriculteur modéré". Il est chargé de rassurer une population rurale majoritairement sarkozyste. Jean-Louis Bianco se fait aider par le conseiller général de Castellane, Gilbert Sauvan. Quant à Patrick Mennucci, qui fut l'aide de camp de Ségolène Royal, on le rencontre distribuant ses tracts sur un marché populaire du centre de Marseille. Il fait équipe avec une suppléante à fortes racines locales, la conseillière municipale Josette Sportiello, "issue d'une grande famille socialiste", c'est-à-dire fille d'un conseiller général du secteur. Et M. Mennucci va diffuser une lettre du président (PS) du conseil général, Jean-Noël Guérini, rappelant tout ce que le département a fait pour cette circonscription. § Le président élu a chargé l'une des têtes pensantes de son équipe, Emmanuelle Mignon, de chercher à "débaucher" quelques intellectuels de gauche et de renom. § J usqu'où ira la volonté d'"ouverture" et de "renouvellement" de Nicolas Sarkozy ? Le candidat avait dit qu'il irait "très loin". Fidèle à cet engagement d'entre-deux-tours, le président élu a chargé l'une des têtes pensantes de son équipe, Emmanuelle Mignon, devenue sa directrice de cabinet, de chercher à "débaucher" quelques intellectuels de gauche et de renom, proches de La République des idées. La plupart avaient fait ouvertement campagne pour la socialiste Ségolène Royal ou, moins souvent, pour l'UDF François Bayrou, mais en tout cas contre M. Sarkozy. Créée en 2002 après l'auto-dissolution de la Fondation Saint-Simon et présidée par Pierre Rosanvallon, historien, proche de la CFDT, et professeur au Collège de France, La République des idées se propose d'être à la fois "un lieu de production et d'échanges d'idées neuves" en Europe et dans le monde et un lien "entre les personnalités, les organisations, les publications qui défendent la force des idées comme moteur de l'activité humaine". Ainsi défini, cet "atelier intellectuel" - dont le trésorier est l'économiste Jean Peyrelevade, ancien "dircab" du socialiste Pierre Mauroy à Matignon -, est un vivier de personnalités réputées pour la qualité de leurs travaux dans le domaine des sciences humaines et sociales, comme les économistes Daniel Cohen et Philippe Askenazy ou l'historien Patrick Weil. "ENGUEULADES" "Je connais un peu Emmanuelle Mignon parce qu'elle s'est beaucoup intéressée à mes travaux sur la ségrégation urbaine et il m'est arrivé d'avoir des échanges avec elle sur ce thème, qu'elle trouve fondamental, de même que j'ai pu en avoir avec "DSK" ou François Bayrou", a indiqué au Monde Eric Maurin, auteur d'un essai remarqué intitulé Le Ghetto français, enquête sur le séparatisme social (Le Seuil, 2004). "Mais, pour l'instant, elle n'a pas essayé de me débaucher. Et je ne pense pas qu'on puisse sérieusement penser à moi pour un bureau à l'Elysée", assure ce strauss-kahnien, ajoutant toutefois : "J'ai effectivement eu vent de contacts qu'elle aurait pris pour renforcer son équipe d'économistes au-delà du cercle habituel des économistes de droite, mais je n'ai eu aucune confirmation sérieuse sur ces bruits." La tentative, pourtant, a bel et bien existé. "Elle serait bien dans la logique de Nicolas Sarkozy, qui cherche à séduire ses interlocuteurs ou à les réduire", estime, pour sa part, Patrick Weil. Interrogé à ce sujet, le secrétaire général de La République des idées, Thierry Pech, a opposé une fin de non recevoir aux questions du Monde. Tout juste a-t-il concédé, d'un ton contraint, qu'il "regrettait" la décision de Martin Hirsch d'accepter le poste de haut-commissaire contre la pauvreté que lui a proposé le président. Conseiller d'Etat, homme de gauche proche d'un Delors, M. Hirsch préside l'association Emmaüs-France depuis 2002 et dirige l'Agence nouvelle des solidarités actives. Il a été directeur de cabinet de Bernard Kouchner à la Santé, sous le gouvernement Jospin. Son ralliement au gouvernement Fillon lui a valu, semble-t-il, quelques solides "engueulades". § L'ex-socialiste va tenter une expérience assez inédite, en faisant travailler ensemble une équipe doublement mixte, mi-droite mi-gauche, mi-publique mi-privée. § P aria du PS, transfuge pas tout à fait comme les autres à l'UMP, et pour la première fois membre d'un gouvernement : la tâche d'Eric Besson, nommé secrétaire d'Etat à la prospective et à l'évaluation des politiques publiques, n'apparaît pas des plus simples pour constituer un cabinet. L'ex-socialiste va tenter une expérience assez inédite, en faisant travailler ensemble une équipe doublement mixte, mi-droite mi-gauche, mi-publique mi-privée. Ainsi, le directeur de cabinet de M. Besson sera UMP, et le responsable de la prospective, "un copain de gauche" encarté au PS. Le premier est une vieille connaissance de la Drôme, département où M. Besson a été élu député en 1997, mais dont il préfère encore taire le nom. Membre de la direction d'une grande entreprise publique et familier des cabinets ministériels, l'appartenance à l'UMP de l'intéressé serait une garantie pour les relations avec les autres directeurs de cabinet des ministres du gouvernement Fillon. "BEAUCOUP DE FÉLICITATIONS" La venue du "copain" de gauche paraît moins sûre. Rejoindre M. Besson, c'est se fâcher avec sa famille politique qui n'a pas digéré le passage dans l'autre camp, en pleine campagne électorale, de son ancien responsable aux questions économiques. L'un de ses anciens amis, approché quelques jours avant le second tour de l'élection présidentielle, dit avoir décliné une offre : "Impossible", tranche-t-il. "Je n'ai aucun problème, affirme M. Besson. Ma boîte mél est saturée d'offres de socialistes et d'UMP. J'ai des paquets de candidatures spontanées. Et j'ai reçu beaucoup, beaucoup de félicitations de députés socialistes..." Malgré sa rupture, l'homme dit qu'il se "sent toujours de gauche", décidé à défendre ses "valeurs". En gage de faisabilité, il cite la plate-forme politique de l'UMP mise au point pour les élections législatives et que, dit-il, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont fait "relire" à quelques centristes, Gilles de Robien, Hervé Morin et lui-même, pièces rapportées, comme on dit, de la famille. M. Besson ne soutiendra aucun candidat aux législatives. Il ne se rendra pas dans son département de la Drôme, où la socialiste Anne-Marie Reme-Pic a dû prendre en catastrophe, au mois de mars, son relais dans la 2e circonscription. Mais il y a bien, en réalité, un précédent : en 1958, le socialiste André Boulloche avait rejoint le gouvernement de Gaulle avant de faire partie, l'année suivante, de celui de Michel Debré, comme ministre de l'éducation nationale. Un désaccord sur l'enseignement privé avait mis fin à l'expérience onze mois plus tard. § "J'ai trop bataillé pour convaincre qu'il fallait une réforme des minima sociaux (...) pour me défiler quand il s'agit de la mettre en oeuvre", affirme l'ex-président d'Emmaüs-France § P ourquoi vous, qui êtes un homme de gauche, avez-vous accepté d'entrer dans le gouvernement comme haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté ? Pour réduire la pauvreté, pour que l'objectif de plein-emploi soit directement lié à une diminution du nombre de travailleurs pauvres. J'ai trop bataillé pour convaincre qu'il fallait une réforme des minima sociaux n'opposant plus solidarité et travail pour me défiler quand il s'agit de la mettre en oeuvre. Ce projet découle d'une réflexion conduite dans la commission "famille, vulnérabilité et pauvreté", que j'avais présidée. En 2005, elle avait réuni des élus UMP et PS, des responsables syndicaux et associatifs, des experts, et proposé, entre autres, la création du revenu de solidarité active (RSA). Comme cela n'avançait pas assez vite, nous avons fondé l'Agence nouvelle des solidarités actives (ANSA), pour commencer à travailler avec les départements volontaires. Nous avons obtenu en 2006 un premier bout de loi pour amorcer des expérimentations. Mes entrevues avec Nicolas Sarkozy ont eu pour objet de le convaincre qu'il fallait retenir la conception de la réforme adoptée par la commission "famille, vulnérabilité et pauvreté", ce qui supposait des différences avec ce qu'il avait dit dans la campagne. Je préférais rester à l'extérieur, il a fait valoir les arguments d'efficacité et de moyens. Si je refusais et que la réforme n'allait pas dans le bon sens, chaque fois que j'aurais critiqué on m'aurait rétorqué : "Il n'avait qu'à y aller." Ne craignez-vous pas que l'on vous reproche d'être solidaire d'un gouvernement qui a l'intention de prendre des mesures condamnées par la gauche ou critiquées par le mouvement Emmaüs, dont vous avez été le président pendant cinq ans ? Je ne suis ni dupe ni naïf. J'ai conscience que, sur un certain nombre de sujets, l'équipe de M. Fillon va agir dans un sens qui ne correspondra pas forcément à mes orientations. Mais l'intitulé de ma fonction n'est pas anecdotique : je suis plus dans la position d'un haut fonctionnaire ou d'une autorité administrative que d'un responsable politique. J'appartiens certes au gouvernement et suis directement rattaché au premier ministre, mais sans avoir le titre de ministre ou de secrétaire d'Etat. Dans l'histoire de la Ve République, cela ne s'était jamais produit. Cette solution d'équilibre me permet d'être moins impliqué que les autres membres du gouvernement dans les choix politiques qui seront effectués en dehors de mon champ d'attributions. Je reste dans l'engagement non partisan qui était le mien jusqu'à présent. Userez-vous de votre liberté de parole lorsque le gouvernement légiférera dans un sens qui ne vous convient pas ? Je ne vais pas passer mon temps à commenter ce qu'il va faire. Aujourd'hui, je deviens acteur sur un segment de politique publique, qui me paraît fondamental si l'on veut combattre les phénomènes d'exclusion sociale. Je souhaite peser à 100 % pour que le RSA devienne une réalité. Quels seront vos grands axes ? La réforme à laquelle je m'attelle touchera à la fois les allocataires des minima sociaux et les travailleurs pauvres. Elle vise à donner à ces publics un véritable emploi et un salaire, afin qu'ils sortent de la pauvreté. Il n'est pas question de leur proposer des activités d'intérêt général, mal rétribuées et peu gratifiantes. M. Sarkozy a souhaité qu'un projet de loi soit élaboré dès cette année. Je le présenterai en conseil des ministres puis le défendrai au Parlement. J'espère que nous pourrons ainsi amplifier les expérimentations lancées, avant de les généraliser dans un deuxième temps. Il nous faut inventer une politique qui permette d'agir simultanément contre tous les obstacles à la reprise d'un emploi : problèmes de santé, garde d'enfants, moyens de transport, etc. De quels moyens disposerez-vous ? L'idée est de conserver les mêmes méthodes, de partir du local et de s'appuyer sur une structure légère, souple, réactive, qui pourra avoir autorité sur les administrations concernées. Le président et le gouvernement ont, par ailleurs, conscience que la réforme dont j'ai la charge nécessitera un effort budgétaire substantiel. § Le socialiste explique dans un point de vue les raisons qui l'ont amené à entrer dans le gouvernement Fillon comme ministre des affaires étrangères et européennes. § C onflits sociaux en France ou engagements extérieurs : j'ai toujours été et je demeure un militant de tous ces combats qui souvent ont fait la grandeur de notre pays. Depuis 1968, au Biafra comme à l'ONU et au Kosovo, en passant par Médecins sans frontières, Médecins du monde et de nombreuses autres expressions de la société civile, j'ai agi pour la défense des mêmes idéaux de solidarité et de progrès. Ministre, je porterai haut ces valeurs de la diplomatie française. En près de quarante ans d'action humanitaire et de batailles politiques pour les droits de l'homme, nous avons fait bouger le monde dans les domaines de la diplomatie, de la santé ou de la protection des minorités. Nous poursuivrons demain nos efforts en construisant une mondialisation plus juste, une Europe plus forte, et en retrouvant pour la France l'ambition que lui assigne son histoire. J'ai toujours été et je demeure un homme libre, militant d'une gauche ouverte, audacieuse, moderne, en un mot social-démocrate. En acceptant aujourd'hui de travailler avec des gens qui sur bien des sujets ne pensent pas comme moi, je ne renie pas mes engagements socialistes. J'ai participé à la campagne de Ségolène Royal et j'ai voté pour elle aux deux tours de l'élection présidentielle parce qu'elle me semblait représenter une chance pour la gauche. La France a tranché : cette étape est maintenant derrière nous. Je continuerai à réfléchir et à me battre, avec tous les esprits ouverts, pour qu'existe enfin une social-démocratie française. La politique extérieure de notre pays n'est ni de droite ni de gauche. Elle défend les intérêts de la France dans un monde qui se réinvente chaque jour. Elle doit être déterminée et novatrice. En me faisant l'honneur de me proposer de diriger la diplomatie de la France, le président de la République n'a pas imaginé que je devienne sarkozyste. Certaines de mes convictions ne sont pas les siennes et réciproquement. Voilà qui annonce, j'espère, d'heureux changements de style, d'analyse et d'époque. Cela porte un beau nom : l'ouverture. Je sais que certains de mes amis me reprochent ce nouvel engagement. A ceux-là, je réclame crédit : mes idées et ma volonté restent les mêmes. S'ils me prennent un jour en flagrant délit de renoncement, je leur demande de me réveiller. Je garantis que ce temps n'est pas venu. N'ayons pas peur de l'avenir ; regardons au-delà des cloisons partisanes. Je fais partie d'un gouvernement réuni pour agir et être utile à la France, à l'Europe et au monde. On me jugera sur mes résultats. Bernard Kouchner est ministre des affaires étrangères et européennes § La plate-forme des socialistes conçue pour les législatives s'affranchit néanmoins pour partie du Pacte présidentiel. § S oudés contre l'adversité, mais divisés entre eux après la défaite à la présidentielle, les socialistes mènent campagne pour les législatives avec un mot d'ordre : ne pas laisser "les plein pouvoirs" à Nicolas Sarkozy. Selon les sondages, le PS pourrait disposer de 150 à 200 sièges à l'Assemblée, soit plus que le groupe actuel qui comprend 141 députés, ce qui n'empêcherait pas l'UMP d'avoir la majorité absolue. L'enjeu. Sur les 191 circonscriptions où Ségolène Royal est arrivée en tête à la présidentielle, plus de 35 sont actuellement détenues par des parlementaires de droite, "dont une bonne vingtaine où elle a fait 53 % et où on va concentrer nos efforts", souligne Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections. Le PS fonde de grands espoirs sur la 1ere et la 4e circonscription de Haute-Garonne. A l'inverse, plusieurs élus socialistes sont menacés, et le Nord, historiquement de gauche, a basculé à droite. Le programme. Sous la bannière "la gauche qui agit, la gauche qui protège", le PS a rédigé une courte plate-forme politique qui s'affranchit pour partie du "pacte présidentiel" de Mme Royal. Ainsi, les socialistes reprennent les emplois-tremplins mais pas l'idée du "contrat première chance" réservé aux jeunes sans qualification de l'ex-candidate. De même, le programme préconise une "démocratie participative" mais passe sous silence les jurys citoyens. Et la VIe République n'est plus affichée que comme un lointain objectif. Les sortants-sortants. Plusieurs députés, anciens ministres, ont choisi de ne pas se représenter. C'est le cas de Mme Royal elle-même, qui a décidé de s'appliquer avant l'heure le principe de non-cumul des mandats, mais aussi du père de la loi anti-tabac, ex- ministre de la santé, Claude Evin, de Jean le Garrec, ancien ministre de l'emploi, et de Guy Lengagne, promoteur de la loi sur le littoral. La parité. L'objectif n'est pas tout à fait atteint puisque, le PS, présente moins de 48 % de femmes. Pour M. Le Roux, ce chiffre représente néanmoins une "progression de 10 % par rapport à la précécente législature". Dans la 9e circonscription du Pas-de-Calais, réservée à une femme, c'est finalement Jacques Mellick, maire de Béthune et ancien député, qui se présente. Les dissidents. Deux sortants, René Dosière dans la 1ere circonscription de l'Aisne, et Michel Charzat dans la 21e de Paris, n'acceptent pas la désignation d'un autre candidat qu'eux. François Hollande a prévenu : "ils seront exclus" du PS. Le parti doit cependant faire face à une autre dissidence, plus préoccupante aux yeux de M. Le Roux, de la part d'une dizaine de militants issus de l'immigration et qui s'estiment victimes de discrimination. Dans la 11e circonscription des Yvelines, Djamal Yalaoui n'accepte pas le parachutage de Safia Otokoré. Exclu du PS en mars, il a repoussé le rattrapage tenté dernièrement par la direction du parti, et se présentera-soutenu par le CRAN- sous l'étiquette du MoDem de François Bayrou. "Je suis en mesure de faire battre le PS", affirme cet avocat de 39 ans, résidant à Trappes. En Seine Saint-Denis, c'est une domienne Jeanine Maurice-Bellay qui compte disputer la place à M. Le Roux. En tout, le PS présente une vingtaine de candidats de la "diversité". Les accords. Aucun terrain d'entente n'a été trouvé avec le PCF et les Verts. Le PS ne présentera pas cependant pas de candidats là où il y a des députés Verts sortants, comme Noël Mamère, en Gironde, et laisse la place à un écologiste dans la 1ere de Loire-Atlantique. Le MRC de Jean-Pierre Chevènement dispose en revanche d'une dizaine de circonscriptions réservées, 32 pour le PRG. En raison des récentes tensions avec leur président Jean-Michel Baylet, partisan de réunir les radicaux de gauche et de droite, les candidats PRG ont tous été conviés à envoyer un courrier aux fédérations socialistes pour témoigner de leur "loyauté". L'avis de Lionel Jospin. "Préoccupé" par la situation du PS, l'ancien premier ministre mène campagne . Venu soutenir le 18 mai des candidats en Bretagne, il a ainsi commenté la formation du gouvernement Fillon : "M. Sarkozy n'ouvre pas, il manoeuvre." § L'ancien président socialiste de l'Assemblée nationale a appelé lundi à "une refondation du Parti socialiste" avec un "nouveau responsable". § "D ès les élections législatives passées, quel que soit le résultat, il faut se mettre au travail avec un nouveau responsable au Parti socialiste." Invité de La Chaîne parlementaire (LCP), lundi 21 mai, l'ancien président de l'Assemblée nationale, le socialiste Raymond Forni, s'est montré très critique envers le numéro un du PS, estimant "que le temps de François Hollande est passé". "La priorité, c'est de se remettre au travail sérieusement (...). Je suis favorable à une refondation du Parti socialiste sur la base de ce qui se fait dans d'autres pays d'Europe. Car on ne pourra pas être les derniers révolutionnaires qui maintiennent en vie des partis ou des groupuscules qui ne représentent qu'eux-mêmes", a estimé l'ancien député du Territoire de Belfort. Et d'ajouter : "On ne pourra pas maintenir les choses en l'état, cela me paraîtrait suicidaire".Conclusion, pour ce proche de Lionel Jospin : "Je pense malheureusement que le temps de François Hollande est passé". § Les deux chefs d'Etat ont discuté au téléphone, lundi, réaffirmant "l'intensité et la dynamique" de leurs liens bilatéraux et "l'importance du développement de leurs relations privilégiées". § L es présidents russe Vladimir Poutine et français Nicolas Sarkozy se sont entretenus pour la première fois depuis l'élection de ce dernier, lors d'une conversation téléphonique, lundi 21 mai, annonçant que les deux pays comptaient maintenir"l'intensité et la dynamique" de leurs relations bilatérales.Nicolas Sarkozy a assuré Vladimir Poutine "de l'importance qu'il attachait au maintien et au développement de relations privilégiées entre les deux pays" en lui assurant "qu'il était un homme à qui on pouvait parler". Louant cette "grande nation", M. Sarkozy, cité par le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, a indiqué qu'il mesurait "la force qu'il vous a fallu pour assurer sa stabilité" et "les efforts qu'a dû faire le peuple russe pour surpasser les soubresauts de l'histoire", ajoutant que le monde avait besoin d'une "position ouverte de la Russie". PREMIÈRE RENCONTRE LORS DU SOMMET DU G8 Le Kremlin a indiqué, pour sa part, qu'"au cours de la conversation, les deux parties ont exprimé la ferme intention de maintenir le haut niveau d'intensité et la dynamique du dialogue politique franco-russe et de la coopération dans la sphère économico-commerciale". "Le président de la Russie a une nouvelle fois félicité et cette fois personnellement Nicolas Sarkozy pour son élection et pour ses débuts dans ses fonctions", a précisé le document. Vladimir Poutine avait attendu quarante-huit heures après l'annonce officielle de la victoire de M. Sarkozy pour exprimer publiquement ses félicitations. Les deux chefs d'Etat ont par ailleurs annoncé qu'il se rencontreront en marge du sommet du G8, qui aura lieu du 6 au 8 juin, à Heiligendamm, dans le nord de l'Allemagne, "pour discuter des grands dossiers internationaux et de la relation bilatérale entre les deux pays" selon M. Martinon. Présentant en février les grandes lignes de ce que serait sa politique étrangère, le candidat Nicolas Sarkozy avait alors jugé "préoccupante" l'évolution de la Russie dans le domaine des droits de l'homme, estimant qu'"on ne peut pas rester silencieux face aux deux cent mille morts et aux quatre cent mille réfugiés des guerres de Tchétchénie". § Près de deux Français sur trois (64 %) se déclarent favorables à l'action de Nicolas Sarkozy comme président de la République, selon un sondage Ipsos. Une grande partie des membres du gouvernement bénéficie d'une cote de popularité élevée. § B ernard Kouchner, le nouveau ministre des affaires étrangères, reste en tête du palmarès des leaders politiques les plus populaires, avec 70 % d'opinions favorables (+ 9 en un mois) pour 20 % de défavorables (- 4), selon un sondage Ipsos, à paraître jeudi 24 mai dans Le Point . Une grande partie des membres du gouvernement bénéficie d'une bonne cote de popularité. Près de deux Français sur trois (64 %) se déclarent favorables à l'action de Nicolas Sarkozy comme président de la République, 24 % ayant une opinion inverse. Le premier ministre François Fillon commence son bail à Matignon en bénéficiant lui aussi d'une bonne image auprès de 60 % des personnes interrogées, 24 % étant d'un avis inverse. Jean-Louis Borloo est plébiscité par 67 % des sondés (+ 11 en un mois), 18 % lui étant défavorables. Michèle Alliot-Marie, nouvelle ministre de l'intérieur est à 65 %, (+ 17), contre 24 %. Rachida Dati, nouvelle ministre de la justice, fait une entrée remarquée, directement à la cinquième place (61 % d'opinions favorables, contre 16 %). Enfin, l'ancien premier ministre Alain Juppé, de retour aux affaires nationales (avec le portefeuille de l'écologie), progresse de 17 points en un mois et recueille 46 % d'avis positifs (contre 43 %). Hors gouvernement, l'ex-candidat centriste François Bayrou est bien placé mais recule de deux places et se retrouve à la quatrième position, malgré une progression de bonnes opinions (64 %, +6). Arrivent ensuite le maire de Paris, Bertrand Delanoë (54 %, +6), Dominique Strauss-Kahn (51 %, +7), Jack Lang (50 %, -2) et Ségolène Royal (49 %, +1). Le sondage a été réalisé le 19 mai, par téléphone, auprès de neuf cent soixante-huit personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, inscrites sur les listes électorales (méthode des quotas). § Débat en direct avec Serge Cosseron, auteur du "Dictionnaire de l'extrême gauche" (Larousse, 2007), jeudi 24 mai à 15 heures. § § Le haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté a estimé, lundi, que la franchise sur les soins pour financer la sécurité sociale prônée par M. Sarkozy n'est "pas une bonne mesure", provoquant des réactions au PS. § M artin Hirsch, l'ex-président d'Emmaüs et tout nouveau haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, a estimé, lundi 21 mai, que l'instauration de franchises sur les soins pour financer la sécurité sociale, une des réformes prônées par Nicolas Sarkozy, n'est "pas une bonne mesure". La Fondation Abbé-Pierre garde "sa liberté de parole" A la suite de la nomination de son ancien président Martin Hirsch au poste de haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, la Fondation Abbé-Pierre a tenu à affirmer, lundi 21 mai, qu'elle gardait "sa liberté de parole face aux nominations du nouveau gouvernement" et que le "choix personnel" de M. Hirsch "n'engage en rien l'indépendance de la Fondation auprès des pouvoirs publics". (Avec AFP.) "J'ai dit il y a quinze jours, un mois, deux mois, trois mois que ça ne me paraissait pas une bonne mesure", a-t-il déclaré sur les ondes de France Inter, soulignant qu'il pensait "vraiment que ce n'est pas ce qu'il faut faire". Interrogé sur le fait que l'on puisse "lui reprocher sa liberté de parole", M. Hirsch a répondu : "Peut-être, mais comment voulez-vous faire autrement ?" Le Parti socialiste a profité de cette première dissension au sein de la nouvelle équipe de M. Sarkozy pour décrier une "cacophonie gouvernementale". "L'opposition très nette de Martin Hirsch (...) montre le peu de crédibilité d'un gouvernement hétéroclite", a déclaré Faouzi Lamdaoui, secrétaire national à l'égalité et au partenariat équitable du Parti socialiste. Selon le PS, "alors que François Fillon a annoncé une application 'scrupuleuse' du programme de Nicolas Sarkozy, les débauchages médiatiques laissent déjà la place à la cacophonie et aux désaccords publics". Lors de sa campagne, Nicolas Sarkozy avait proposé un système de quatre franchises non remboursées par la sécurité sociale sur "les premiers euros annuels" dépensés en examens biologiques, en médicaments, visites médicales et hospitalisation. § Selon le ministre de l'écologie Alain Juppé, cette réunion de concertation aura lieu "au maximum dans la deuxième quinzaine d'octobre", et sera précédée d'un "point d'étape" autour du 14 juillet. § L e promoteur du Pacte écologique, Nicolas Hulot, s'est félicité, lundi 21 mai au matin, des résultats de la première réunion de préparation du "Grenelle de l'environnement", affirmant avoir eu une discussion sans "tabou" avec Nicolas Sarkozy après une réunion d'une heure trois-quarts à l'Elysée. L'animateur de télévision a joué les maîtres de cérémonie pendant cette rencontre entre le président de la République, le ministre de l'écologie, Alain Juppé et neuf ONG de défense de l'environnement. "Enfin, on met de côté nos petits préjugés (...). On n'a plus l'éternité devant nous" (...). L'heure n'est plus au constat, l'heure est à l'action", a ajouté Nicolas Hulot, qui était régulièrement consulté par l'ancien président Jacques Chirac. Il a aussi souligné que les syndicats, les agriculteurs, les pêcheurs seront associés aux discussions. "On dépassionne les débats", a-t-il jugé. UN "GRENELLE DE L'ENVIRONNEMENT" PRÉVU À L'AUTOMNE Les participants à la réunion, dont le ministre de l'écologie Alain Juppé, ont évoqué les dossiers du nucléaire, des OGM, des déchets "mais sans dogmatisme", a assuré Nicolas Hulot. Il a affirmé qu'"aucune décision lourde ne sera prise" par le gouvernement d'ici au "Grenelle de l'environnement", qu'il s'agisse des autoroutes ou des OGM. Une telle réunion, selon M. Juppé, aura lieu "au maximum dans la deuxième quinzaine d'octobre", et sera précédée d'un "point d'étape" autour du 14 juillet. M. Hulot a souligné que, "ce matin, l'idée c'était de fixer les règles du jeu, fixer les objectifs, les moyens et qu'on se garantisse que tout cela débouche sur du concret" lors du "Grenelle de l'environnement". Pour Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux, présent lui aussi :"On a vécu quelque chose de tout à fait historique. Enfin on n'est plus dans le constat, on est dans la volonté d'action." § Serge Orru, directeur général du WWF France, l'une des associations conviées par le gouvernement à un prochain "Grenelle de l'environnement", a participé lundi à une réunion préparatoire à l'Elysée. § § Interrogé à propos de l'avenir judiciaire de Jacques Chirac, Alain Juppé a répondu, sans émotion particulière vis-à-vis de son ancien mentor : "quand il n'est plus président de la République il est un citoyen comme les autres". § U n lâchage ? Une prise de distance, assurément. Interrogé, dimanche 20 mai, sur RTL, à propos de l'avenir judiciaire de Jacques Chirac lorsque prendra fin, le 16 juin, son immunité présidentielle, Alain Juppé, numéro deux du gouvernement, a répondu, sans émotion particulière vis-à-vis de son ancien mentor : "Il a un statut quand il est président de la République, quand il n'est plus président de la République il est un citoyen comme les autres. Je pense que c'est l'application des textes, de la loi." Et la loi, M. Juppé en connaît la rigueur. Condamné en décembre 2004 à quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité pour "prise illégale d'intérêt" dans une affaire concernant la rémunération frauduleuse de cadres du RPR par la ville de Paris lorsque M. Chirac en était le maire, il estime avoir payé plus que sa part. A une question sur une éventuelle réforme des délais de prescription qui permettrait de clore des enquêtes dans lesquelles l'ancien président a été cité, il a rétorqué : "La question ne manque pas de sel. Vous pensez que je pourrais répondre oui..." "Donc vous répondez non ?" a relancé son interlocuteur. "Evidemment", a répondu M. Juppé. Ancien adjoint aux finances de M. Chirac à la Mairie de Paris, M. Juppé a été auditionné, mardi 15 mai, par la police financière dans le cadre d'une enquête portant sur des emplois présumés fictifs au cabinet du maire, dans les années 1980 et 1990. Egalement interrogé par les journalistes sur cette audition, il en a profité pour se décrire modestement en "citoyen à la disposition de la justice". "On m'a demandé de venir pour être entendu comme témoin, et à ce que je sais, lorsqu'on entend quelqu'un comme témoin, c'est parce qu'a priori il n'y a pas de charges contre lui. Donc j'ai fait mon devoir et j'y suis allé". Un exemple que, de toute évidence, il souhaiterait voir suivi. § Soutiens de la première heure de M. Sarkozy, les anciens ministres des affaires étrangères et de l'éducation nationale n'ont pas été reconduits dans le gouvernement Fillon. § D ébranchés, Philippe Douste-Blazy et Gilles de Robien. Depuis que, vendredi 18 mai, ils ont passé le relais à leurs successeurs, les anciens ministres des affaires étrangères et de l'éducation nationale sont aux abonnés absents. Ils n'entraient plus dans la stratégie de Nicolas Sarkozy. Exeunt les ralliés centristes de la première et de la deuxième heure. Place aux ouvriers de la vingt-cinquième heure. Les ex-députés centristes créent un nouveau parti Les députés UDF ralliés à Nicolas Sarkozy, réunis dimanche 20 mai dans les locaux de l'Assemblée nationale, ont décidé de constituer un nouveau parti centriste au sein de la majorité présidentielle. Une quinzaine de députés participaient à cette rencontre autour d'Hervé Morin, ancien président du groupe UDF de l'Assemblée, nommé ministre de la défense dans le gouvernement de François Fillon. La formation qu'ils envisagent de créer pourrait s'appeler "Nouveau centre". Le futur parti présentera aux élections législatives plus de cinquante candidats sous le label de la majorité présidentielle, inscrits sous l'appellation "Parti social libéral européen". Pour M. Douste-Blazy, la pilule est amère. Quelle énergie n'avait-il pas déployée, tout au long de la campagne, pour être dans les petits papiers du futur président ! Jamais un mot de travers, juste ce qu'il fallait de présence appuyée pour rester dans le cadre. Le soir de la victoire, il avait même réussi à se glisser au côté de son favori sur la scène de la place de la Concorde, montrant ainsi aux yeux de tous qu'il avait sa place à la table du roi, même s'il s'était vu refuser l'entrée à celle des happy few réunis au Fouquet's. Peine perdue. Lundi 14 mai, M. Sarkozy annonçait aux cadres de son parti qu'il se démettait de la présidence de l'UMP. Il en profitait pour doucher ceux qui nourrissaient encore quelque espoir d'être dans la future équipe gouvernementale. Au premier rang, M. Douste-Blazy, mortifié, se penchait vers son voisin, dont le futur comporte aussi des points d'interrogation : "Tu te rends compte, après tout ce qu'on a fait, voilà comment on est payé de retour !" "IL NOUS FAUT CHASSER EN MEUTE" "Philippe est très malheureux, reconnaît-on à l'UMP, où l'on ne s'exprime plus que sous couvert d'anonymat de crainte de s'exposer à d'éventuelles réprimandes. Mais il y avait besoin de renouvellement et sa position s'est affaiblie dans la mesure où sa situation électorale est délicate." M. Douste-Blazy, qui avait abandonné la mairie de Toulouse pour entrer dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, a annoncé, vendredi, qu'il renonçait à se présenter aux législatives dans la 1re circonscription de Haute-Garonne. M. de Robien, lui, a sobrement fait savoir qu'il allait "se consacrer à cent pour cent" à sa ville d'Amiens. Son suppléant, Olivier Jardé, sera de nouveau candidat aux législatives dans la 2e circonscription de la Somme. Dans la course aux maroquins, l'ancien ministre de l'éducation s'est fait griller la politesse sur le poteau. Dès le soir du premier tour, pourtant, il avait lancé, avec André Santini, député et maire d'Issy-les-Moulineaux, un appel aux élus centristes à rejoindre la majorité présidentielle. Il espérait ainsi se positionner comme le meilleur rabatteur des troupes de François Bayrou vers Nicolas Sarkozy. Mais, dès lors que la majeure partie des députés UDF avait fait le choix de rallier le camp du président, Hervé Morin, le président du groupe, a eu vite fait de prendre la tête du mouvement. "Si nous voulons être invités au festin, il nous faut chasser en meute", a-t-il insisté auprès de ses collègues. C'est sans la présence de M. de Robien qu'il rencontre une première fois M. Sarkozy. Quand, le 11 mai, les centristes sont reçus rue Saint-Dominique, les jeux sont déjà faits : M. Morin aligne vingt députés, M. de Robien n'en a qu'une poignée. Le ministère de la défense revient au dernier arrivé. De son côté, M. Santini a souscrit une assurance complémentaire : en prenant pour suppléant Frédéric Lefèbvre, très proche conseiller de M. Sarkozy, il s'est offert la garantie d'un lot de consolation lors de la distribution des secrétariats d'Etat après les législatives. § Faute d'avoir trouvé une riposte efficace, les responsables socialistes décrivent avec lucidité la menace qui pèse sur eux. Et soulignent sans détour les moyens déployés à leur encontre. § F aute d'avoir trouvé une riposte efficace, les responsables socialistes décrivent avec lucidité la menace qui pèse sur eux. Et soulignent sans détour les moyens déployés à leur encontre. En invitant les Français, dimanche 20 mai sur TF1, à ne pas donner une "majorité écrasante" au gouvernement et au président de la République, François Hollande a fixé l'enjeu des élections législatives pour l'opposition : l'objectif n'est pas d'emporter la majorité des sièges, mais de ne pas aller en-deçà du rapport des forces enregistré au second tour de l'élection présidentielle. "53 % des Français ont préféré Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal, je ne le conteste pas. Mais encore faut-il qu'il y ait une Assemblée nationale qui corresponde justement à ce vote", a-t-il ajouté. Ce souhait n'est que l'expression d'un faible espoir : "On a un pouvoir qui veut écraser, qui veut dominer, qui veut avoir tous les leviers de commande, il y a péril et il y a urgence", a souligné M. Hollande. Trois meetings nationaux avant le 1er tour des législatives Le Parti socialiste tiendra son premier meeting national de campagne pour les élections législatives mercredi 23 mai, à 19 heures au Palais des congrès de Bordeaux. Deux autres meetings nationaux seront organisés avant le 10 juin, date du premier tour, l'un dans le Nord-Pas-de-Calais et l'autre en région parisienne. "DÉSTABILISER LA GAUCHE" Le PS, qui a renvoyé au lendemain des législatives tout exercice d'introspection, observe avec clairvoyance les obstacles placés sur sa route. Aux éléments structurels que constituent la dynamique engendrée par la nette victoire de M. Sarkozy et la difficulté de réclamer aux électeurs une nouvelle cohabitation, s'ajoute l'ouverture à gauche affichée dans la composition du gouvernement Fillon. C'est sur ce point que les responsables du PS concentrent leurs efforts, afin de limiter les dégâts. Interrogé, dimanche, au Forum de Radio J, le porte-parole du PS, Julien Dray, a dénoncé une "manoeuvre (qui) a un objectif essentiel, créer une désillusion, créer des confusions, déstabiliser la gauche, créer un doute, la démobiliser pour pouvoir après avoir les mains libres". Soucieux de circonscrire le sujet, M. Hollande - cette fois sur France-Inter - a qualifié de "purement symboliques" les nominations de Bernard Kouchner et Eric Besson, et s'est employé à leur dénier toute marge de manoeuvre. "Bernard Kouchner est un ministre des affaires étrangères réduites à la portion congrue. C'est Nicolas Sarkozy qui animera, qui décidera, qui organisera la politique étrangère", a assuré le premier secrétaire du PS. S'agissant du secrétaire d'Etat chargé de la prospective et de l'évaluation des politiques publiques, Eric Besson, M. Hollande a affirmé qu'il était "secrétaire d'Etat à rien du tout". Le ministre du travail, Xavier Bertrand, ancien porte-parole de la campagne présidentielle de M. Sarkozy, a répliqué sur Canal+, en estimant que le premier secrétaire du PS était "un bien mauvais perdant". Beau joueur, Laurent Fabius a jugé, lundi sur LCI, que la composition du gouvernement Fillon était "électoralement bien jouée" et "électoralement habile" de la part de M. Sarkozy. § L'intégralité du débat avec Erwan Lecoeur, auteur du "Dictionnaire de l'extrême droite" (Larousse, 2007) : "Pour un parti dont le leader affirme n'avoir jamais changé d'idées, toute mutation trop visible peut avoir des conséquences néfastes". § R ick : On peut parler d'une défaite électorale du Front national (FN) mais l'avenir de l'extrême droite est plutôt assuré, qu'en pensez-vous ? Erwan Lecoeur : Il y a toujours eu une différence entre la force des idées de l'extrême droite et ses scores électoraux. La réussite du Front national est justement d'avoir conquis les médias, puis constitué un parti capable de dépasser les 10 %. Ces idées ont pu ainsi influencer l'ensemble de la société depuis plus de vingt ans. Elles ne disparaîtront en effet pas avec cet échec électoral. goredsox : Est-ce qu'un FN post-Jean-Marie Le Pen pourrait, par la modernisation poussée par sa fille, devenir, à terme, un partenaire potentiel pour la droite "dure" ou même élargie ? Erwan Lecoeur : A ce jour, Marine Le Pen n'a pas les moyens de prendre la suite, en interne, au FN. L'exception de la réussite de Jean-Marie Le Pen ne sera pas facile à reproduire par ses suivants : Gollnisch, Marine, voire Mégret ou de Villiers. Marine est presque trop moderne pour séduire les plus radicaux ; Gollnisch n'est pas assez médiatique pour maintenir le FN à un niveau élevé sur le plan médiatique, qui est l'aune du politique désormais. Ce ne seront pas les dirigeants du FN qui décideront, mais plutôt ce que la droite de l'UMP sera prête à engager comme négociations, pour intégrer ou pour dissoudre ce qui restera du FN. Cette question est celle qui déterminera à la fois l'avenir du FN, mais aussi la question de la succession : Mégret a toujours été le plus chaud partisan des accords avec la droite, tandis que Gollnisch s'y est toujours refusé. L'hypothèse Marine semble aujourd'hui plutôt une continuité avec le refus de toute alliance de son père. liliwhite : Qui fera les frais au sein du FN de l'échec à la présidentielle et éventuellement aux législatives ? Erwan Lecoeur : En interne, c'est Marine Le Pen qui est mise en cause, parce qu'elle a incarné la soi-disant "dédiabolisation" de son père. Mais c'est maintenant Bruno Gollnisch qui est chargé de la campagne des législatives. En cas d'échec, les deux camps seraient à peu près à égalité dans la disgrâce. David T. (Yvelines) : L'électorat habituel du FN semble avoir été séduit par le radicalisme affiché par Sarkozy durant la campagne. Au vu des efforts récents de Sarkozy pour se positionner au centre, l'électorat continuera-t-il de suivre aux législatives, ou reviendra-t-il dans le giron du FN ? Erwan Lecoeur : Traditionnellement, le FN fait de meilleurs scores à la présidentielle qu'aux législatives. La personnalisation de ce parti autour de Jean-Marie Le Pen en est la principale explication. Un retour de quelques centaines de milliers d'électeurs frontistes est assez peu probable. Mais surtout, les législatives n'ont qu'une règle : le scrutin majoritaire empêche quasiment le FN d'avoir des élus. C'est sa particularité, incapable de nouer des alliances, il ne peut espérer des législatives qu'une manne financière à peu près stabilisée. La dotation publique aux partis politiques est calculée sur le nombre de voix obtenues, et pas seulement sur le nombre d'élus. freimensch : Pensez-vous que Marine Le Pen réussira à conserver le parti après le départ de son père ? Erwan Lecoeur : Pour le moment, Marine Le Pen ne pourrait pas espérer tenir le parti, et surtout les cadres, qui sont plutôt proches de Gollnisch. Elle est appréciée par nombre de militants et d'électeurs, mais elle a encore besoin de son père comme président omnipotent. C'est d'ailleurs lui qui l'avait nommée d'autorité au bureau politique et à la vice-présidence, et non les militants. Afif : Le FN subit-il une crise de mutation ou bien est-il durement frappé ? Erwan Lecoeur : Le problème du FN aujourd'hui est que plusieurs événements adviennent en même temps. L'échec présidentiel accélère la question de la succession de Jean-Marie Le Pen. En se maintenant à la tête de son parti, Jean-Marie Le Pen ne fait que repousser cette question de la succession, qui aura évidemment des répercussions sur l'avenir du parti. Si Gollnisch en prenait la tête, on peut tabler sur un rétrécissement de la base électorale et un retour aux fondamentaux de l'extrême droite de tendance catholique traditionaliste tel qu'a tenté de l'incarner Philippe de Villiers. Si c'était Marine, il y aurait une continuité du lepénisme, qui est la tendance principale du FN depuis trente ans. Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page Jean-Marie Le Pen, à l'occasion de la fête des Bleu-Blanc-Rouge le 9 octobre 2005. | AFP/PASCAL PAVANI AFP/PASCAL PAVANI Jean-Marie Le Pen, à l'occasion de la fête des Bleu-Blanc-Rouge le 9 octobre 2005. EN UNE EN CE MOMENT Législatives : ces députés UDF qui ont rallié la majorité présidentielle Les combats ont repris au Liban malgré un cessez-le-feu du Fatah Al-Islam Louis Gallois : "Le système des stock-options n'est pas sain" Meurtre de Litvinenko : Moscou refuse à Londres l'extradition d'un ex-agent du KGB ET AUSSI Le président, Nicolas Sarkozy, écoute un patient de l'hôpital de Dunkerque, mardi 22 mai. | AP/PHILIPPE WOJAZER Panorama La droite sur le pont des législatives Quelques jours avant l'évaluation, les professeurs donnent une liste de questions déjà traitées et corrigées en classe. Les questions de l'évaluation seront piochées dans cette liste. | AFP/MYCHELE DANIAU Reportage Des lycéens dispensés d'"interro surprise" Un embryon de poule dans son oeuf. | AFP Compte rendu Cellules souches : le Royaume-Uni autorise des chimères d'humain et d'animal LÉGISLATIVES 2007 Erwan Lecoeur : "Aux législatives, l'électorat tenté par le FN pourrait faire plutôt le pari d'une vague bleu foncé" Patrick Devedjian nommé secrétaire général délégué de l'UMP Martin Hirsch se dit "rassuré" sur la réforme des franchises médicales M. Bertrand propose de défiscaliser le revenu des étudiants LES DÉPÊCHES Tensions entre Moscou et Londres autour du cas Lougovoï Reuters 18h14 Une trêve rompt l'isolement de Nahr al Bared Reuters 18h12 Une trêve rompt l'isolement de Nahr al Bared Reuters 18h12 Football: le parquet de Marseille fait appel du jugement Tuzzio Reuters 18h07 (legislatives2007_index_articles&) § Le député UMP des Hauts-de-Seine remplace Brice Hortefeux, qui a démissionné de ses fonctions à la suite de sa nomination au gouvernement, a annoncé mardi Jean-Claude Gaudin, président délégué de l'UMP. Pierre Méhaignerie reste secrétaire général du parti. § J ean-Claude Gaudin, président délégué de l'UMP, a annoncé mardi 22 mai que Patrick Devedjian, député UMP des Hauts-de-Seine, a été nommé secrétaire général délégué de l'UMP, en remplacement de Brice Hortefeux, qui a démissionné de ses fonctions à la suite de sa nomination au gouvernement. Cette décision a été prise en accord avec le secrétaire général de l'UMP, Pierre Méhaignerie, a précisé M. Gaudin dans un communiqué. Le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, a démissionné le 14 mai de la présidence de l'UMP. Il a été remplacé par une direction collégiale en attendant un congrès à l'automne. Dans cette direction collégiale, M. Devedjian prend donc la place de M. Hortefeux, aux côtés de MM. Gaudin et Méhaignerie. M. Devedjian, ancien ministre, était auparavant conseiller politique de Nicolas Sarkozy à l'UMP. Lundi, Patrick Devedjian avait indiqué que le président Nicolas Sarkozy souhaitait qu'il devienne secrétaire général de l'UMP, après la modification des statuts, confiée à Jean-Pierre Raffarin. Mardi, Libération, entre autres, rapportait l'agacement de l'entourage de l'ancien premier ministre, devant l'empressement de M. Sarkozy à placer M. Devedjian à la tête de la direction temporaire de l'UMP, qui a une vocation collégiale. § Après avoir exprimé son désaccord avec cette mesure prévue par Nicolas Sarkozy, le Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté a indiqué, mardi, que ses doutes ont disparu après une réunion avec la ministre de la santé, Roselyne Bachelot. § L e Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch, a indiqué, mardi 22 mai, être "rassuré" par l'assurance que les "personnes en difficulté" seront prises en compte dans le cadre de l'instauration de franchises sur les remboursements de soins, prévue par le gouvernement de Nicolas Sarkozy. M. Hirsch, qui avait déclaré la veille qu'il "n'approuverait pas" cette mesure si elle était adoptée, est revenu sur ses déclarations après s'être entretenu, lundi en fin de journée, avec la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, qui lui a précisé que cette franchise "serait accompagnée des exonérations nécessaires pour tenir pleinement compte des situations sociales très dégradées". Interrogé sur la petite polémique suscitée par ses précédentes déclarations, M. Hirsch a expliqué :"Je n'ai pas à faire une chose dans un sens, qui est d'aider les gens en difficulté à s'en sortir, et ne rien dire sur une réforme qui puisse être en contradiction avec ce que je fais" dans un autre. "UN GOUVERNEMENT N'EST PAS UN RÉGIMENT" Evoquant le désaccord de M. Hirsch sur la question des franchises, le ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité, Xavier Bertrand, a jugé sur Canal + que c'était "une position" et qu'"on ne lui demande pas d'en changer aussitôt du jour au lendemain parce qu'il rentre au gouvernement", répétant plusieurs fois que celui-ci "n'est pas un régiment". Le député socialiste de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone, a en revanche estimé que l'on assistait aux premières "contradictions au sein du gouvernement" nommé vendredi. M. Bartolone a également accusé Nicolas Sarkozy de "publicité mensongère", signalant que l'ouverture qu'il prône sert "de camouflage à ce que risque d'être la politique économique et sociale de ce gouvernement". § 800 000 élèves du supérieur travaillent pour payer leurs études. § G este d'apaisement avant une grande réforme de l'université ? Dimanche 20 mai, dans l'émission "Dimanche +", sur Canal+, Xavier Bertrand, le ministre du travail, s'est engagé, conformément à une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy, à exonérer totalement d'impôt le revenu des étudiants qui travaillent. Le gouvernement n'a pas encore défini le nombre de personnes concernées ni le coût pour l'Etat. "Les étudiants qui aujourd'hui ont un boulot payent des impôts dessus. Mais on a toujours peur que ça fasse tomber l'allocation logement ou les bourses", a expliqué M. Bertrand. Il a précisé que cette mesure devait figurer "au programme du gouvernement pour l'été". La mesure paraît consensuelle, tant le salariat des étudiants s'est généralisé. Selon un sondage de janvier 2005, réalisé par l'institut CSA, 65 % d'entre eux ont exercé une activité salariée au cours de leur formation (sans tenir compte des stages sous convention). Ces statistiques cachent des pratiques très différentes. Certains étudiants ne travaillent que l'été (47 % selon CSA), d'autres uniquement pendant la période des cours (18 %) et les derniers de manière continue toute l'année (35 %). La nature, l'intensité et la rémunération de ce travail varient aussi. Lors d'une enquête publiée en novembre 2004 et réalisée auprès de 25 000 étudiants, l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) avait déterminé que la moyenne mensuelle des rémunérations déclarées par les actifs était de 532 euros. Même si, en théorie, elle concerne beaucoup d'étudiants, dans la pratique, la défiscalisation annoncée par M. Bertrand ne touchera qu'une partie des 800 000 étudiants (sur plus de 2,2 millions) qui travaillent à l'année pour financer leurs études. Jusqu'à présent, deux possibilités étaient offertes. Soit l'étudiant était rattaché au foyer fiscal de ses parents, soit il était indépendant. Dans le premier cas, et ce depuis 2005, à condition qu'il ait moins de 21 ans et qu'il ne gagne pas plus de deux fois le smic par an, il n'avait pas à déclarer ses revenus. S'il n'était plus rattaché à ses parents, il devait en revanche faire une déclaration. "Beaucoup d'étudiants salariés ne gagnent pas suffisamment pour être imposables", indique Claire Guichet, responsable des oeuvres universitaires au sein du syndicat d'étudiants FAGE. Bruno Julliard, président de l'UNEF, qui a réagi plutôt favorablement, lundi 21 mai, à l'annonce du ministre, estime que la défiscalisation devrait bénéficier à deux catégories d'étudiants. " Les boursiers qui pour financer leurs études doivent en plus travailler, ceux-là pourront voir leurs aides augmenter car les revenus tirés de leur salariat ne seront plus pris en compte dans le calcul de leurs aides, explique le leader étudiant. La seconde catégorie qui tirera avantage de cette mesure, sera les étudiants salariés issus des familles les plus favorisées, rattachés au foyer fiscal de leurs parents et qui ne rentraient pas dans les critères de l'exonération de 2005." Au-delà de cette mesure, les deux principaux syndicats d'étudiants, l'UNEF et la FAGE, appellent de leurs voeux une vraie réforme du système d'aides sociales pour les étudiants. § Aucune piste n'a été esquissée pour l'instant sur le contenu des négociations. Un nouveau rendez-vous de travail doit avoir lieu à la mi-juillet. § P our Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), la rencontre qui s'est tenue à l'Elysée, lundi 21 mai, marque un tournant. "C'est une étape historique, a-t-il déclaré à l'issue de la réunion entre Nicolas Sarkozy, le ministre de l'écologie Alain Juppé, et une dizaine d'ONG écologistes. Pour la première fois, on a pu parler de biodiversité sans qu'on nous traite d'intégristes." "Ils nous ont regardé sans préjugés. L'écologie est sortie de son ghetto", a renchéri Nicolas Hulot, tandis que Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace, relevait les "signes d'ouverture" donnés par le gouvernement. L'atmosphère était comparable l'après-midi, lors de la rencontre entre M. Juppé - auprès duquel était resté M. Hulot - et les scientifiques et experts de l'environnement. "Les débats ont surtout porté sur le changement climatique et la biodiversité, ainsi que sur les problèmes d'expertise, relate le climatologue Jean Jouzel. On ressent une véritable ouverture et une vraie motivation." Le spécialiste de la biodiversité Yvon Le Maho a été frappé par la tenue du débat. "Par la seule présence d'Edgar Morin, il a pris une tournure humaniste, et a porté sur une approche globale, raconte le chercheur. L'expertise et la façon pour les politiques de faire le tri entre des théories différentes a été au coeur de la discussion."AUCUNE PISTE POUR L'INSTANT SUR LE CONTENU Le gouvernement a donné l'assurance que le "Grenelle de l'environnement" prévu à l'automne serait une véritable négociation. "L'époque des colloques est derrière nous, a déclaré M. Sarkozy. Le temps est à l'action." Plusieurs axes ont été définis : la lutte contre le réchauffement climatique, la protection de la biodiversité et des ressources naturelles, la santé et l'environnement, l'aménagement rural et la politique agricole, et la réforme de la gouvernance écologique (dont la réforme de la comptabilité nationale). " Je souhaite que la discussion soit franche et aboutisse à des décisions ambitieuses qui ne se résument pas au plus petit dénominateur commun", a affirmé M. Sarkozy. Les mesures seront décidées sur cinq ans, et une évaluation annuelle aura lieu. Aucune piste n'a été esquissée pour l'instant sur le contenu des négociations. Un nouveau rendez-vous de travail doit avoir lieu à la mi-juillet. Même si M. Sarkozy ne veut "aucun sujet tabou", le nucléaire sera un thème d'affrontement. M. Juppé a affirmé que le gouvernement ne reviendrait pas sur le lancement du réacteur EPR, décidé avant l'élection présidentielle. Il s'est dit favorable "au nucléaire, mais certainement pas au tout nucléaire". "Les énergies renouvelables monteront en puissance, et l'efficacité énergétique, par exemple dans la construction, est un gisement considérable d'économies", a déclaré le ministre. "Je ne me fais pas d'illusions, il y aura des sujets difficiles, a lancé M. Juppé, en parlant de l'agriculture. Ce n'est pas parce que l'ambiance était très sympathique et chaleureuse ce matin que chacun n'a pas ses positions." Le Parti socialiste a, de son côté, condamné une politique "d'affichage". § Présent au conseil des ministres européens chargé de la compétitivité, le tout nouveau secrétaire d'Etat aux affaires européennes s'est prévalu d'être "le premier membre du nouveau gouvernement" à se rendre à Bruxelles. § J ean-Pierre Jouyet a saisi, lundi 21 mai, à Bruxelles la première occasion pour tenter d'affirmer la volonté des nouveaux dirigeants français d'assurer "une présence politique plus forte" de la France en Europe. Présent au conseil des ministres européens chargé de la compétitivité, le tout nouveau secrétaire d'Etat aux affaires européennes s'est prévalu d'être "le premier membre du nouveau gouvernement" à se rendre à Bruxelles, deux jours avant la première visite que le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, doit lui-même rendre, mercredi 23 mai, aux institutions européennes. Plutôt avare de détails, ce haut fonctionnaire des finances, qui est aussi un technicien de la machine européenne, a présenté les trois priorités du gouvernement. La première, d'ici au conseil européen des 21 et 22 juin, est la relance institutionnelle, afin de doter au plus vite les Vingt-Sept "d'institutions plus efficaces et plus démocratiques". La deuxième concerne l'Europe et la mondialisation : il s'agit, à ses yeux, de faire en sorte que l'Union soit organisée pour "défendre ses intérêts", et "mieux armée pour protéger ceux qui sont victimes de la mondialisation". La troisième est de "préparer" la présidence française de l'Union au second semestre 2008.FLOU SUR LA TURQUIE En revanche, le secrétaire d'Etat du nouveau ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner a cultivé le flou sur les intentions de la France à propos de la Turquie : "La position du président de la République est parfaitement claire. Il y a des échéances à venir. Nous y travaillons", a-t-il affirmé, sans dire si le gouvernement souhaitait bloquer l'ouverture envisagée par la présidence allemande de trois chapitres de négociations d'ici à la fin juin. L'ex-directeur de cabinet du socialiste Jacques Delors à la Commission s'est dit "extrêmement content" de retrouver Bruxelles. Face aux journalistes, il a balayé toute allusion à son ralliement à M. Sarkozy, malgré ses sympathies socialistes connues : "Ma tradition, a-t-il plaidé, c'est d'avoir toujours été social-libéral, d'avoir travaillé aux côtés de Jacques Delors : ce n'est pas un désavantage, plutôt un atout car cela représente assez bien ce qu'est l'esprit européen." En guise de signal à ses homologues européens, M. Jouyet a placé sa journée sous le signe du volontarisme en matière industrielle et environnementale. Le nouveau secrétaire d'Etat a ainsi défendu les positions des constructeurs français sur un projet législatif destiné à réduire les émissions automobiles polluantes. Par un heureux hasard, les ministres européens s'intéressaient ensuite à une communication de la Commission sur la politique industrielle : "Il fut un temps ici où ceux qui voulaient parler de (ce sujet) se faisaient taxer d'interventionnistes ou d'autres noms d'oiseaux", a-t-il ironisé, en promettant de revenir à Bruxelles le plus souvent possible. § Discrètement, au beau milieu du week-end de l'Ascension, Christian Philip a annoncé dans un communiqué laconique sa décision de retirer sa candidature au nom de "l'union" et de "l'intérêt général". § I l y a quelques jours encore, devant la presse, il avait juré qu'il ne se laisserait pas "acheter". Endossant les habits de l'incorruptible, le député (UMP) Christian Philip avait annoncé qu'il irait "jusqu'au bout", au nom de "l'éthique", pour tenter de conserver son siège de député dans la 4e circonscription de Lyon, face à Dominique Perben, le patron de l'UMP de Lyon, qui, dans sa stratégie de conquête de la ville, s'est auto-investi. Christian Philip envisageait même sa possible exclusion de l'UMP. Il avait constitué son équipe, choisi une suppléante parmi les rangs des partisans de Charles Millon et envoyé une lettre à tous les habitants de sa circonscription pour dénoncer le "coup de force" de M. Perben. Las ! Le député sortant a finalement fait acte d'allégeance. Discrètement, au beau milieu du week-end de l'Ascension, Christian Philip a annoncé dans un communiqué laconique sa décision de retirer sa candidature au nom de "l'union" et de "l'intérêt général". Invoquant son soutien à Nicolas Sarkozy et la nécessité de lui donner une majorité, il précise qu'il soutiendra "Dominique Perben, le candidat de notre majorité présidentielle". Pourquoi un tel revirement ? L'intéressé ne veut plus s'exprimer. Comme Dominique Perben, qui affiche le même silence gêné. "Le retrait de Christian Philip démontre la capacité de Dominique Perben à déminer les conflits", souligne sans sourire l'entourage de l'ancien ministre."DOMMAGE COLLATÉRAL" Certains députés lyonnais, plus prolixes, hasardent une explication : l'entrée de Christian Philip dans le gouvernement après le scrutin législatif. Ancien directeur de cabinet de François Fillon au ministère de l'enseignement supérieur, Christian Philip a été reçu à deux reprises par le nouveau premier ministre, accompagné de... Dominique Perben. En échange de son retrait, le député aurait reçu l'assurance de décrocher une mission sur la francophonie, en attendant un secrétariat d'Etat. A l'automne 2006, le député avait pourtant refusé avec superbe la nomination que lui proposait Dominique Perben, alors ministre des transports, à la présidence de Réseau ferré de France. "Je ne suis pas à la recherche d'un emploi. J'ai un métier. Je suis professeur de droit public. Je n'accepte pas ces méthodes d'un autre temps où un candidat croit qu'il peut s'acheter une circonscription", avait-il tempêté. "Il fallait sans doute placer la barre plus haut", grince un élu UMP. Débarrassé de son rival, qu'il avait qualifié de "dommage collatéral", M. Perben veut faire de cette élection législative la "première étape" de sa conquête de Lyon. Le candidat en quête de légitimité auprès des Lyonnais, qui le perçoivent toujours comme un parachuté, prend peu de risque. Le 6 mai, dans cette circonscription taillée sur mesure par Charles Pasqua, Nicolas Sarkozy a frôlé la barre des 60 %. Incapable de réunir comme il l'avait promis la droite lyonnaise, minée par ses divisions, Dominique Perben a opté pour une méthode plus efficace. En trois ans, trois concurrents dangereux ont été expurgés de la vie politique lyonnaise : il y eut d'abord l'infréquentable Charles Millon, nommé en septembre 2003 en conseil des ministres ambassadeur auprès de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), puis l'ambitieux Henry Chabert, investi en février 2006 par Nicolas Sarkozy à Villeurbanne, et enfin le tenace Christian Philip. "J'avance à mon rythme", a coutume de répéter le candidat de l'UMP à Lyon. § Député européen et ancien secrétaire national des Verts, il a largué les amarres de ce parti pour rejoindre le MoDem de François Bayrou. Figure écolo-libertaire, il ne veut plus végéter dans la cour des petits § I l n'appelle pas à la scission et ne veut pas faire de vagues chez les Verts. Juste larguer les amarres, après vingt ans de militantisme, pour rejoindre François Bayrou. L'annonce du transfert de Jean-Luc Bennahmias au Mouvement démocrate a stupéfait le petit monde écolo. On savait la figure historique Verte lasse des querelles intestines, peu favorable à la candidature de Dominique Voynet, ayant pris ses distances avec la doxa écolo. Mais le retrouver chez les centristes... La nouvelle a laissé ses amis sans voix. Parcours 1954 Naissance à Montreuil (Seine-Saint-Denis). 1975 Participe au lancement du journal "Antirouille". 1985 Adhère aux Verts, qui viennent de se créer. 1997 Devient secrétaire national du parti écologiste. Réélu jusqu'en 2001. 2004 Elu conseiller régional de PACA et député européen. 2007 Quitte les Verts et adhère au Mouvement démocrate de François Bayrou. Le député européen aurait pu être dénoncé comme l'"Eric Besson des Verts", le Iago, le traître. Mais on sent peu de rage dans les rangs. Juste de l'incompréhension pour un "copain en errance". Lui, au contraire, "renaît". Il se sent "libre", "heureux". Au centre mais toujours à gauche, jure-t-il. En participant, jeudi 24 mai, à la première initiative publique du MoDem, il dit vouloir "être au meilleur endroit pour faire de l'écologie" face à un gouvernement Sarkozy qui lui "fait peur". Son regard bleu sous ses paupières tombantes s'anime alors et les mots se précipitent.LA TRIBU "ÉCOLO-GAUCHO-LIBERTAIRE" Si l'ancien agitateur des années 1970 a laissé tomber sa boucle d'oreille, longtemps sa marque identitaire, il n'a pas perdu le débit saccadé des militants. Encore une fois, celui qui a participé régulièrement aux rassemblements de l'"Appel du 18 joint" en faveur de la légalisation du cannabis et qui ne manque aucune manifestation étudiante, pour mieux sentir l'air politique dans la jeunesse, tente de convaincre qu'il a fait un "choix logique". Même si celui-ci peut paraître baroque au regard de sa trajectoire militante. C'est chez les Amis de la Terre que l'écolo-libertaire entame son long cheminement politique. Ce fils d'un pasteur de Montreuil, juif converti, avait d'abord passé quelques années aux Eclaireurs de France. Il fait un tour par le Parti socialiste unifié (PSU), mais manifeste avec la Ligue communiste pour être dans le "mouv'". Il tâte en parallèle au journalisme militant en participant, à 20 ans, au lancement d'Antirouille, puis en rejoignant La Gueule ouverte. C'est l'époque de la tribu "écolo-gaucho-libertaire", de la vie en communauté, des radios libres et de la recherche frénétique d'un espace alternatif. Le jeune étudiant en histoire regarde tout ce qui bouge, passe quelques mois chez les "pablistes" des Comités communistes pour l'autogestion, lorgne vers l'Allemagne, où se lancent les Grünen. En 1985, quelques groupuscules fondent les Verts. Il en est. Mais c'est pour mieux appeler à l'"ouverture" de l'espace écolo en direction des "alternatifs". TENIR LA BOUTIQUE VERTE C'est encore cette même ligne qu'il défend lors de la présidentielle de 1988 en lançant un quotidien, Vivant, qui soutient deux candidats : Antoine Waechter, des Verts, et Pierre Juquin, transfuge du PCF. L'expérience plonge ses finances dans le rouge, mais il n'en démord pas : c'est hors appareil qu'il faut encore et toujours promouvoir l'écologie. Pour l'heure, il rentre au bercail Vert et soutient le premier courant de gauche, Verts pluriel, qui ose défier Antoine Waechter et son fameux "ni-ni", ni de droite ni de gauche. Il rejoint Yves Cochet, Alain Lipietz, Gérard Onesta et Dominique Voynet. "Nous décidons alors de jouer la carte Voynet pour la prochaine présidentielle", se souvient le député européen. C'est là que commence cette longue amitié, faite d'engueulades, de batailles communes. Jusqu'à la trahison. Quand, en 1994, Waechter est battu, Bennahmias s'occupe de l'interne. En parfait Florentin, fin connaisseur des équilibres internes, il tient la boutique Verte quand Dominique Voynet devient ministre de l'environnement. C'est lui qui gère l'entrée de divers courants comme celui emmené par Noël Mamère, venu de Génération écologie. C'est lui encore qui prend langue avec syndicats, associations et mouvements sociaux. Le parti Vert semble en forme avec ses dizaines d'élus locaux, une ministre et 10 000 adhérents. A ses yeux, il était temps d'avoir un juste retour. A l'approche des élections européennes de 1999, le fidèle "Ben" veut un siège de député. Mais, sur la liste paritaire, les hommes de la bande à Voynet sont nombreux à postuler. Bennahmias se voit concurrencer par Alain Lipietz et Gérard Onesta. Dominique tranche en faveur des seconds et demande au secrétaire national de "garder la maison". "DINDON DE LA FARCE" Il obtempère, mais il est fou de rage. "L'ambiance était atroce", se souvient-il. "L'épisode a beaucoup influencé sa trajectoire. Jean-Luc voulait une reconnaissance institutionnelle, Voynet ne l'a pas compris, il s'est senti trahi", remarque Patrick Farbiaz, un ami Vert de trente ans. Il obtient un poste au Conseil économique et social, mais cela ne lui suffit pas. Malgré les promesses, lors des législatives, en 2001, Mme Voynet, redevenue numéro un du parti, continue à oublier son lieutenant. Il ne doit son repêchage qu'à son ami marseillais Christophe Madrolles, qui lui laisse sa place face à Renaud Muselier (RPR). Il fait 19 % et goûte enfin l'ivresse d'une campagne. "Jean-Luc a toujours été le dindon de la farce", remarque Noël Mamère. Probablement parce qu'il a été un des rares à ne pas céder aux opérations de charme de la chef écolo. La cassure est en tout cas irrémédiable. Il s'éloigne de la bande et regarde avec distance ce parti dont il n'est parvenu à changer ni les statuts, trop rigides, ni les règles de fonctionnement interne, sclérosantes. Lui, le gentil fêtard, le fan de foot qui ne peut vivre sans L'Equipe, commence à critiquer ouvertement ses camarades. Lâche des ballons d'essai pour "ouvrir" le parti à la galaxie écolo en proposant des "assises de l'écologie", puis des primaires avec Corinne Lepage et Nicolas Hulot. Rédige un appel dans Libération pour que ses amis soutiennent l'animateur de télévision, qui hésite à se lancer. "Il était le seul à pouvoir réussir la construction d'une écologie autonome", assure-t-il, encore déçu. Puis tente de convaincre la candidate Verte de se retirer au profit de Ségolène Royal. En vain. "J'ai quand même voté pour Dominique Voynet", jure le député européen. Il ne veut plus aujourd'hui végéter dans la cour des petits et préfère partir disputer la tête du MoDem, à Marseille, à Jacques Rocca-Serra, patron de l'UDF locale. Les municipales sont proches, et le PS marseillais cherche des alliances. "Pour forger une nouvelle majorité progressiste, il faut forcer la voie par le centre", argumente-t-il, jurant "être toujours de gauche". Un "mirage politique", comme le préviennent ses amis ? Un "choix alimentaire", comme le tacle son collègue européen Onesta ? La réponse cingle : "Je suis enfin au coeur de ce qui se passe." § Ils avaient soutenu François Bayrou avec enthousiasme. 20 députés UDF sur 29 l'ont fui dès le 6 mai, pour sauver leur siège à l'Assemblée. Redécouvrant que leurs voix venaient d'abord du centre droit... § L eroy, Morin : cela sonne comme une enseigne de bricolage. Jusqu'au 22 avril, ces deux-là étaient à la pointe de la campagne de François Bayrou. Au lendemain du 6 mai, ils étaient pressentis pour entrer dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy. L'un, Hervé Morin, a hérité du portefeuille de la défense. L'autre, Maurice Leroy, après avoir été envisagé pour prendre l'agriculture, devra ronger son frein jusqu'au lendemain des législatives et la distribution des lots de consolation. Mais, pour les deux, une seule et même certitude : la rupture avec celui qui avait été leur chef de file est consommée. "Ça s'est fait dans les larmes, avoue Hervé Morin, mais il ne nous a pas laissé le choix." Pour François Bayrou, la "trahison" de ses lieutenants a été rude à encaisser. Il n'imaginait pas être ainsi abandonné par les siens après les avoir menés jusqu'aux portes de la qualification et avoir recueilli un score "historique" de 18,57 %. "Près de sept millions de voix, vous vous rendez compte ! Plus que Chirac en 2002", n'a-t-il cessé de leur répéter, persuadé qu'il allait pouvoir capitaliser sur ce résultat lors du "troisième tour" des législatives. Mais ses élus ont vite fait le compte. Ils ne se sont pas vus repartir pour une cure d'opposition de cinq ans. "Ils ont préféré leur confort à leurs convictions", lâche amèrement Jacqueline Gourault, une des gardiennes du temple Bayrou. "Les députés, en ce moment, c'est comme la migration des gnous : ils cherchent les points d'eau", renchérit Bernard Lehideux, responsable des élections à l'UDF.EN FINIR AVEC LA "DIABOLISATION" Pas si simple, répondent en choeur ceux qui ont aujourd'hui l'impression d'appartenir à une nouvelle espèce, celle des "députés ex-UDF qui veulent sauver leur siège". Alors, pour en finir avec la "diabolisation", les centristes en rupture de bayrouisme livrent leur propre version de l'entre-deux-tours. Retour sur le 19 avril, dans l'avion spécialement affrété par l'UDF pour le dernier grand meeting de campagne de François Bayrou sur ses terres, à Pau. Tout au long du trajet de retour, l'ambiance est joyeuse. Maurice Leroy mène la chorale. Même le personnel navigant joint sa voix aux "Bayrou en finale !"... "Jusque-là, nous n'avions aucun problème de stratégie. La campagne a été belle. Pourquoi renierions-nous aujourd'hui un succès auquel nous avons largement pris notre part ?", relève Maurice Leroy. Courant de plateau en plateau, sillonnant les routes de France pour tenir des dizaines de réunions publiques, les deux mousquetaires ne ménagent pas leur peine pour tenter de convaincre que "Bayrou est le meilleur rempart face à Sarkozy". Les premiers grincements de dents se font sentir au soir du 22 avril. La finale se jouera entre les deux têtes de série. L'ampleur du succès remporté par Nicolas Sarkozy au premier tour ne laisse guère de doute quant à l'issue du second. "On ne peut pas rester le cul entre deux chaises, s'emporte Jean-Louis Bourlanges, qui refuse de se laisser griser. Les institutions de la Ve République sont ainsi faites qu'entre le premier et le second tour, on passe du scrutin proportionnel au scrutin majoritaire. Dans ce système, il ne suffit pas d'être sur le podium. Il faut être dans les deux premiers." Du côté de l'UMP et de ses alliés, l'offensive est déjà lancée pour ramener au bercail les élus UDF. Une heure après l'annonce des résultats, un communiqué signé de 7 parlementaires centristes appelle à saisir "une chance pour nous, UDF, de défendre nos valeurs au sein d'une nouvelle majorité présidentielle, unie et forte de sa diversité". "ÇA NE SERVAIT À RIEN" François Bayrou, lui, ne désarme pas. Sa première déclaration suivant l'annonce des résultats est sans équivoque : "Cette espérance que nous avons fait naître, j'en ai la charge, je ne l'abandonnerai pas. (...) Je ne reviendrai pas en arrière. Je récuse et je récuserai toujours l'idée qu'il n'y ait en France que deux visions de l'avenir. (...) La nouvelle politique est en train de naître (...) et personne, vraiment personne, ne l'arrêtera." Déjà, il s'est projeté dans la création d'un nouveau parti démocrate. Il compte encore que, si "les plus fragiles" se laisseront fléchir, la plupart des "bédouins" qui l'ont accompagné durant sa traversée du désert, portés par la "vague orange", lui resteront fidèles. Le surlendemain, les parlementaires et les cadres de l'UDF sont réunis. Plusieurs élus manifestent leur inquiétude. Hervé Morin suggère de "poser dix conditions" et de les soumettre aux deux candidats. "On verra bien ce qu'ils en disent. Si Royal dit qu'elle est d'accord, rien ne t'empêchera d'aller discuter avec elle, propose-t-il à Bayrou. Moi, je suis du centre droit. Je ne te suivrai pas, mais on se retrouvera." Hervé Morin soupire : "J'ai vite compris que ça ne servait à rien, qu'il était déjà dans une position d'enfermement. Je suis parti avant la fin." Un consensus se dégage pourtant : la liberté de vote est laissée aux électeurs et aux élus, François Bayrou ne donnera pas de consigne de vote. Au même moment, Pierre Albertini, le maire de Rouen et rédacteur du projet législatif de l'UDF, donne l'accolade à Nicolas Sarkozy, venu tenir meeting dans sa ville. Là où François Bayrou avait clos la sienne avant le premier tour. Maurice Leroy, alors, fait partie de ceux qui invitent à "garder le cap". "On a vécu pendant cinq ans quelque chose de beaucoup plus dur, déclare-t-il à la sortie de la réunion des parlementaires. Ce n'est pas le moment de faiblir ni de mollir. Si on décevait ces 7 millions d'électeurs qui se sont rassemblés derrière François Bayrou, ce serait catastrophique." Mercredi 25 avril, François Bayrou convoque une conférence de presse, à laquelle se pressent plusieurs centaines de journalistes. S'il ne donne pas de consigne de vote, ses plus lourdes critiques visent Nicolas Sarkozy, dont il dénonce la "proximité avec les milieux d'affaires et les puissances médiatiques (...), le goût de l'intimidation et de la menace" et le risque qu'il "concentre tous les pouvoirs". "A l'heure qu'il est, je ne sais pas ce que je ferai, conclut-il en parlant du second tour, mais je commence à avoir une idée de ce que je ne ferai pas." Le soir, interrogé sur France 2, il précise qu'il pourrait indiquer son choix personnel "en fonction de l'évolution de la campagne". "Là, ce n'est déjà plus la même ligne que mardi, souligne Maurice Leroy, mais c'est encore rattrapable." § Extraits de l'émission "Le Franc-Parler" (France Inter-i-Télé-"Le Monde"). Invité du lundi 21 mai : Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité. § C laude Guéant, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, a rappelé que les syndicats ne représentaient que 8 % de la population. A vos yeux, quelle est leur légitimité ? Pour moi, ce sont des partenaires importants, exigeants. Et j'ai, en plus, le sentiment qu'il n'y a aujourd'hui plus du tout de préjugés ou d'a priori. La France n'est pas une société bloquée. Un de vos défis est d'instaurer le service minimum... Le service minimum n'est plus aujourd'hui un sujet tabou. C'est un dossier qui échappe aux logiques partisanes, puisqu'il y a plus de 80 % des Français qui en veulent. Aujourd'hui, il y a un droit important, constitutionnel, c'est le droit de grève. Quand le droit de grève est exercé, le service est perturbé. Il faut faire la différence entre la perturbation et la paralysie du système. Car un autre droit est important, c'est le droit au travail. Et ce droit au travail qui est lié à la valeur du travail est aussi constitutionnel. Il est dans la Constitution de 1946. Le droit que vous avez quand vous êtes obligé de prendre les transports en commun, d'aller au travail et de revenir de votre travail. Est-ce que les deux sont inconciliables ? Bien sûr que non. (...) A nous de trouver des solutions. J'ai vraiment le sentiment que les voies de passage existent. Cela veut-il dire que vous n'engagerez la réforme des régimes spéciaux qui concernent notamment les entreprises de transport qu'après avoir réformé le service minimum ? Il a toujours été dit et écrit dans la loi que le rendez-vous pour les retraites, ce serait au début de l'année 2008. Dans ce rendez-vous des retraites, il y aurait notamment la question des régimes spéciaux. Vous annoncez l'égalité des salaires hommes/femmes... Oui, dans deux ans, il faudra que nous ayons réalisé l'égalité des salaires hommes/femmes. Je ne veux pas me retrancher derrière une réalité qui consiste à dire : voyez quand une femme a la même qualification, le même parcours, elle touche la même chose qu'un homme. Il faut aller plus loin. Il faut prendre en considération une autre question : la question de la garde d'enfants. Y aura-t-il une sanction pour l'entreprise qui ne respectera pas la recommandation du gouvernement ? Si au bout de deux ans, nous n'avons pas réussi à obtenir les résultats dans les entreprises, il y aura la possibilité pour l'inspection du travail de pouvoir transmettre ces cas de discrimination. Vous souhaitez l'instauration d'un contrat de travail unique et l'assouplissement des règles de licenciement. Comment ? Cela fait des années que l'on parle de la flexisécurité (droite et gauche d'ailleurs). Il n'y a pas d'opposition de principe des syndicats, pas de blocage. La flexisécurité, c'est deux aspects : à la fois une plus grande flexibilité pour les entrepreneurs, notamment sur les conditions de licenciement, mais aussi une plus grande sécurité pour les salariés. Car ce sont deux exigences, absolument pas contradictoires mais qui vont de pair et doivent se faire en même temps. Lors de difficultés, il faut pouvoir se séparer d'un salarié sans mettre en péril l'entreprise, mais en lui apportant un maximum de garanties. Le mot le plus complet dans flexisécurité, c'est sécurité. Permettre au salarié d'avoir un meilleur accompagnement s'il est licencié, une meilleure rémunération, c'est-à-dire des droits renforcés. Ce contrat de travail unique s'adressera à qui ? C'est un contrat de travail à durée indéterminée qui ne concernerait que les recrutements à venir. Restera bien sûr aussi la logique du contrat de travail temporaire. Martin Hirsch, le nouveau haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, qui vient de la gauche, a expliqué qu'il était contre le système de franchise de soins pour financer la Sécurité sociale. Comment allez-vous faire quand au sein même du gouvernement vous avez des divergences aussi fortes ? Un gouvernement n'est pas un régiment. Nous avons toujours indiqué que ce que l'on demande à ceux qui sont dans ce gouvernement, ce n'est pas de renier leurs idées, leurs convictions, leurs amitiés, on leur demande d'apporter ce qu'ils sont et ce qu'ils font. Martin Hirsch a cette position depuis des années, nous ne lui demandons pas d'en changer du jour au lendemain parce qu'il est dans le gouvernement. Qui annoncera les chiffres du chômage ? Vous ou Jean-Louis Borloo ? Je pense que c'est le même qui annoncera les chiffres du chômage, qu'ils soient bons ou mauvais. Là, c'est la logique de l'emploi, c'est donc Jean-Louis Borloo qui a vocation à les annoncer. L'objectif, c'est le retour au plein-emploi : 5 % de taux de chômage maximum dans les cinq ans qui viennent. § Le premier secrétaire du PS, invité de l'émission "Questions d'info", a confirmé mercredi qu'il "faut passer à une autre phase de direction", "dans un moment qui est proche". § "J e ne serai pas candidat à ma propre succession", a déclaré le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, dans l'émission "Questions d'info" sur LCP-Le Monde-France-Info, mercredi 23 mai. "Il faudra à un moment qui est proche passer à une autre phase de direction du Parti socialiste", a-t-il ajouté, après avoir rappelé qu'il en était à la tête depuis 1997. Et d'annoncer "un grand débat", "au lendemain des élections législatives". Le PS annonce trois grands meetings Le Parti socialiste a annoncé mercredi les dates des trois meetings qui doivent rassembler ses ténors avant le premier tour des législatives : en plus du Zénith de Paris mardi 29 mai, les socialistes se retrouveront le 4 juin à Nantes et le 7 juin à Lille. Ségolène Royal sera présente à Paris, ainsi que François Hollande, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë, mais pas Dominique Strauss-Kahn, qui est engagé ailleurs le soir de ce meeting décidé peu à l'avance. - (Avec AFP) M. Hollande avait laissé entendre, lors du congrès du Mans, en 2005, qu'il débutait son dernier mandat, mais n'avait pas depuis reprécisé ses intentions. Quand pourrait intervenir ce changement de direction ? François Hollande s'est refusé à répondre à toute question sur la date éventuelle d'un congrès, indiquant ne pas "être dans l'après-législatives". "Aujourd'hui, l'enjeu est tellement grand. Ce n'est pas 2012, (...) c'est de savoir ce que les Français vont (...) avoir comme pouvoir et contre pouvoir" pendant les cinq ans qui viennent, a-t-il ajouté. "Et je ne me distrairai pas de ce seul objectif", a affirmé M. Hollande, quelques heures avant d'animer, à Bordeaux, le premier grand rassemblement socialiste de la campagne législative, en présence du député des Verts Noël Mamère et de responsables locaux. QUE LA RÉNOVATION "AILLE JUSQU'AU BOUT" Dans les débats internes qui agitent le PS, de nombreux socialistes ont depuis le 7 mai demandé, avec plus ou moins de détours, le départ du chef du parti. Comme Manuel Valls, qui a réitéré ce souhait mercredi. "Il faut rentrer dans un processus de refondation" et "éviter la préparation d'un congrès traditionnel qui aboutit aux synthèses", a affirmé le député de l'Essonne, membre de l'équipe de campagne de Ségolène Royal. "C'est la raison pour laquelle François Hollande ne peut pas être le porteur de cette rénovation. Il doit céder sa place après les législatives pour que ce processus aille jusqu'au bout." Selon l'ancien porte-parole de Lionel Jospin, Ségolène Royal "a eu de vraies intuitions en prenant la mesure de la crise politique, en parlant d'ordre juste, en rappelant que la nation a été inventée par la gauche", mais "ces sujets n'étaient pas mis en cohérence, dans une ambition collective". § Faouzi Lamdaoui, secrétaire national à l'égalité du Parti socialiste, a dénoncé mercredi l'arrivée à TF1 de l'ancien directeur adjoint de campagne de Nicolas Sarkozy. La CFDT médias dénonce une "ère étouffante" pour l'information. § "O n est vraiment là dans la méthode Berlusconi et cette collusion des grands médias et du pouvoir politique est complètement indécente", a dénoncé Faouzi Lamdaoui, secrétaire national à l'égalité du Parti socialiste, mercredi 23 mai, critiquant l'arrivée à la direction de TF1 de Laurent Solly, ancien directeur adjoint de campagne du président Nicolas Sarkozy. Le socialiste a également épinglé l'arrivée de deux journalistes à l'Elysée et Matignon : Catherine Pégard, du service politique du Point et Myriam Lévy, des pages politiques du Figaro. Mardi, à l'issue du bureau national du parti, Benoît Hamon, porte-parole du PS, avait déjà estimé que "la parole des socialistes est difficilement audible" car "ce que beaucoup craignaient, la collusion entre certains médias et le pouvoir politique, se révèle une réalité"."NOUVELLE ÈRE ÉTOUFFANTE" Le syndicat national des médias (SNM-CFDT) a également fustigé ce transfert d'un politique vers le secteur des médias et les "pressions" sur la presse qui annoncent, selon lui, "une nouvelle ère étouffante" pour l'information. "Les juges viennent tester la capacité de résistance des journalistes par une perquisition au cur du symbole de notre profession, Le Canard enchaîné", écrit notamment le syndicat dans son communiqué de mercredi, évoquant la perquisition que les magistrats voulaient effectuer dans les locaux de l'hebdomadaire d'investigation, le 11 mai. Le SNM-CFDT évoque aussi les liens entre le président Nicolas Sarkozy et Vincent Bolloré, le retrait d'un article du Journal du dimanche révélant que Cécilia Sarkozy n'avait pas voté au second tour de la présidentielle et l'arrivée de journalistes à l'Elysée et à Matignon. "Concentrée, noyautée, la presse court aujourd'hui le danger de devenir bâillonnée", estime le syndicat, qui "souhaite qu'une intersyndicale puisse se former afin d'exercer une vigilance qui apparaît désormais indispensable à tout journaliste souhaitant exercer son métier librement". § Le ministre a promis de donner sa réponse sur les revendications syndicales "dans une semaine", après avoir rencontré toutes les organisations. § "D arcos est resté un prof dans l'âme ! Il est facile d'avoir avec lui un langage commun." Au sortir, mardi 22 mai en début de soirée, de sa première entrevue, "franchement cordiale", avec le nouveau ministre de l'éducation, Bernard Kuntz, président du SNALC, ne cachait pas sa bonne humeur. Bien sûr, il faut compter avec la proximité idéologique : représentant environ 10 % des professeurs de collège et de lycée, ce syndicat qui tient à son étiquette "apolitique" est celui qui, en milieu enseignant, compte le plus d'électeurs de Nicolas Sarkozy. Mais quelques heures auparavant, c'est avec la FSU, fédération majoritaire et ancrée à gauche, que M. Darcos avait inauguré sa série de consultations, qui doit se poursuivre jusqu'au mardi 29 mai. Et la FSU n'en est pas non plus ressortie d'humeur belliqueuse. "Personne n'a joué au bras de fer", confiait Frédérique Rollet, cosecrétaire générale du SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le second degré. Pourtant, ni aux uns ni aux autres Xavier Darcos n'a fait l'annonce qu'ils attendaient : l'abrogation du décret du 12 février 2007 de son prédécesseur, Gilles de Robien, sur les décharges horaires, et le rétablissement dès la rentrée prochaine des 3 058 postes (équivalents temps plein) ainsi économisés. Le ministre a promis de donner sa réponse "dans une semaine", après avoir rencontré toutes les organisations. "Nous avons eu un sentiment d'ouverture mais nous attendons une confirmation", a commenté Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU. "Il nous a semblé à la recherche d'une sortie élégante du décret", constatait Frédérique Rollet. "Nous attendons le retrait de ce texte, mais cela ne veut pas dire que nous défendons le statu quo. Nous avons dit au ministre que nous étions prêts à travailler", a-t-elle ajouté, faisant référence à la proposition, confirmée par M. Darcos, d'une discussion générale sur la "redéfinition" et la "revalorisation" des métiers enseignants. Cette discussion, selon les indications données par le ministre, commencerait dès juin, mais se poursuivrait à la rentrée. Sur le projet de suppression de la carte scolaire, le ministre a affirmé "l'objectif d'un système plus juste, sans concurrence entre les établissements", a rapporté M. Aschieri, tout en faisant état "de divergences sur la méthode pour arriver à ce résultat". Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, appréciait quant à lui que le ministre se soit "clairement démarqué" de son prédécesseur "sur les questions pédagogiques comme la circulaire lecture". Dans le secondaire, le SNES-FSU a nénmoins maintenu, mercredi 23 mai, une journée d'action prévue dès le 7 mai, qui se limitera à des réunions dans les établissements et au défilé d'une délégation à Paris. Le SE-UNSA organise pour sa part un rassemblement mercredi devant le ministère. "RESTITUTION" De même, l'optimisme manifesté par le SNALC ne vaut pas chèque en blanc. Cette organisation "ne se laissera en aucun cas escroquer", a averti Bernard Kuntz qui, sur le décret de Gilles de Robien, "ne veut pas jouer sur les termes" (entre suspension, abandon ou abrogation), mais insiste sur la "restitution" des heures supprimées. Fortement réticent devant la perspective de suppression de la carte scolaire, le SNALC a par ailleurs prévenu, au sujet de la concertation sur les métiers, qu'il "n'acceptera pas de nouvelle charge de travail ni de ponction sur les salaires". Au cours de la matinée, M. Darcos, qui visitait un collège à Asnières (Hauts-de-Seine), avait étonné en plaidant pour le vouvoiement au lycée. Renseignements pris, il répondait en fait à une question de la presse audiovisuelle, et a trouvé que c'était aborder le problème de l'autorité "par le petit bout de la lorgnette". Sur la mise en oeuvre des études dirigées et du soutien individuel, "les premières annonces, a-t-il indiqué, ne devraient pas intervenir avant au moins trois semaines". M. Darcos devait recevoir mercredi le SGEN-CFDT et deux syndicats de chefs d'établissements. Même si la FSU, méfiante, a rappelé que les premiers contacts étaient toujours un "exercice de style", ce dialogue semble avoir pris un bon départ. § L'intégralité du débat avec Henri Rey, auteur du "Dictionnaire de la gauche" (Broché, 2007), qui estime que la véritable question idéologique pour le PS est : "Avec qui doit-on s'allier ?" § A drien 06 : Quel est le véritable programme des socialistes pour les législatives ? En quoi se différencie-t-il du Pacte présidentiel de Mme Royal ? Henri Rey : C'est bien difficile de faire deux programmes différents alors que les deux élections sont aussi rapprochées. En fait, certaines mesures proposées par Ségolène Royal ne figurent plus dans les propositions du PS, notamment pour le premier contrat de travail qu'elle avait esquissé. Mais les principales propositions restent évidemment les mêmes. boom : La rénovation : maintenant ou après ? Henri Rey : Forcément après. Le PS est entré en campagne pour les législatives, et est donc conduit à adopter autant qu'il le peut une unité de façade et à tenter d'obtenir le maximum de circonscriptions dans le cadre de ces élections. Les débats de fond concernant la rénovation, dont le contenu est encore bien indécis, seront nécessairement situés après ces élections, qui sont toutes proches. charles : Qui est le plus à même de conduire la campagne ? Henri Rey : Il s'agit d'une campagne particulière, car ces élections se déroulent dans 577 circonscriptions. Il y a à la fois une campagne nationale et des campagnes conduites dans chacune de ces circonscriptions. La campagne nationale est une campagne de partis dans laquelle les principales figures dirigeantes, y compris Mme Royal, sont conduites à apporter leur contribution. Sans qu'il y ait focalisation sur une personnalité unique, comme dans le cas de l'élection présidentielle. Le PS a intérêt à inclure dans cette campagne celle qui a eu le capital de popularité le plus élevé dans la dernière période, Ségolène Royal. CyrilDG : Pensez-vous que les actuelles dissentions au PS pourraient constituer un véritable frein aux prétentions socialistes pour les législatives ? Vont-ils arriver à cesser du moins en apparence les luttes internes ? Henri Rey : C'est évident qu'à la suite d'un échec aussi important, 3e échec consécutif à une présidentielle, il y a de fortes interrogations, des divergences manifestes qui ont commencé à s'exprimer dès le soir de l'élection. Et peut-être même de façon plus sourde dans le cours même de la campagne. Ces divergences sont relativement connues : conflits sur des orientations, conflits entre personnalités, courants ou tendances du parti. Mais il n'y a pas de temps et pas de lieu politiques jusqu'à la fin des élections législatives pour mener d'une façon approfondie un débat et pour arbitrer entre les divergences internes au PS. Cela se fera donc nécessairement après. Bouda : Quel est le mal principal dont souffre le PS à quelques semaines des législatives ? Henri Rey : Il est difficile de réduire à une seule dimension les difficultés rencontrées par ce parti. Il y a d'abord un problème manifeste de leadership. Depuis 2002, il n'y a pas eu véritablement de leadership exercé à la tête du PS, même si celui-ci a été, pendant cette période, dirigé. Et cet état de fait a conduit à la procédure, originale, des primaires pour la désignation d'un candidat à l'élection présidentielle. Procédure originale et en même temps, d'une certaine manière, aveu de faiblesse, reconnaissance de l'absence d'un leadership clair à la tête du parti. C'est aussi une faiblesse structurelle rencontrée par le PS sur le plan électoral. Traditionnellement, le PS pouvait compter sur deux piliers principaux qui lui apportaient leur soutien au cours des consultations électorales : d'une part les classes populaires, que, depuis le début des années 1980, il avait réussi à rallier de façon importante, y compris en s'appuyant sur le ralliement des anciens électeurs communistes ; et, d'autre part, les couches moyennes salariées, urbanisées, très sensibles aux valeurs de permissivité et de modernité incarnées par le PS dans sa phase de conquête du pouvoir. Mais depuis 1993, l'appui populaire au PS est devenu irrégulier, inconstant, et constitue donc pour lui une source de fragilité dans les principales consultations électorales. Quant aux couches moyennes salariées, elles-mêmes continuent, certes, à appuyer de façon importante le PS, mais elles sont en même temps sensibles aux valeurs développées, dans le cadre notamment de cette élection, par la droite autour des notions d'autorité, d'ordre. Et une partie d'entre elles ne s'identifie plus aux valeurs traditionnelles du libéralisme culturel. Troisièmement, sur le plan programmatique, le PS ne s'est pas montré convaincant dans la dimension économique et sociale de ses propositions. De ce point de vue, en ce qui concerne le financement des retraites, les moyens d'obtenir une amélioration du pouvoir d'achat, par exemple, il s'est montré moins convaincant que n'a pu l'être, dans cette élection présidentielle, le candidat de l'UMP. 1 | 2 | 3 | 4 | suivant (fl-rg.gif) Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page Francois Hollande | AFP/JEAN AYISSI AFP/JEAN AYISSI Francois Hollande EN UNE EN CE MOMENT Liverpool-AC Milan : une finale de Ligue des champions en forme de revanche ? Les promesses de bouclier fiscal ne convainquent pas les exilés Sarkozy à Bruxelles pour renouer avec l'UE Christine Ockrent cessera de présenter son émission politique fin juin ET AUSSI Capture écran du premier ministre, François Fillon, lors d'un interview pour la radio Europe 1, retransmis sur itélé, le 23 mai. | itélé/Europe 1 Télézapping Législatives, les partis s'échauffent Photo d'un Livret A de la Caisse d'épargne, prise le 21 juillet 2003 à Caen. | AFP/MYCHÈLE DANIAU Panorama Enjeux et conséquences de la fin de la distribution exclusive des Livrets A Rachida Dati, le 17 janvier 2007. | AFP/DOMINIQUE FAGET Portrait Rachida Dati, Sarkozette sans complexes LÉGISLATIVES 2007 François Hollande ne briguera pas de nouveau mandat à la tête du PS La nomination de Laurent Solly à TF1, c'est "la méthode Berlusconi", tance le PS Premiers contacts paisibles entre M. Darcos et les syndicats d'enseignants Henri Rey : "Les débats sur la rénovation, au contenu bien indécis, auront lieu après ces élections" LES DÉPÊCHES Les liens de Sarkozy avec les médias inquiètent à gauche Reuters 18h11 Le pape admet des injustices avec la colonisation des Amériques Reuters 18h10 Les législatives, seul objectif de François Hollande Reuters 18h03 Avec la trêve, les réfugiés de Nahr al Bared fuient les combats Reuters 17h55 (legislatives2007_index_articles&) § François Rebsamen, numéro deux du Parti socialiste, a jugé que les propos du premier ministre, qui a raillé "les pitreries" de François Hollande, "traduisent en réalité une conception arrogante et méprisante du pouvoir". § L es propos du premier ministre, François Fillon, mercredi 23 mai sur Europe 1, raillant les "pitreries" du premier secrétaire du Parti socialiste, jugé "pathétique", ont été sévèrement accueillies au PS. François Rebsamen, le numéro deux du parti, a estimé mercredi midi que le chef du gouvernement avait tenu "des propos insultants et inadmissibles à l'égard de François Hollande". "Ces propos n'honorent pas leur auteur et traduisent en réalité une conception arrogante et méprisante du pouvoir rarement rencontrée sous la Ve République", a-t-il affirmé. "M. Fillon doit apprendre à respecter dans ses paroles et dans ses actes le chef du principal parti de l'opposition et à travers lui les millions de Français qui se reconnaissent dans le Parti socialiste", a-t-il ajouté, affirmant que "son rôle ne peut consister à dégrader le débat démocratique". Pour lui, "de tels faits ne doivent pas se reproduire". § Au sein du parti mais aussi à l'extérieur, la succession de Jean-Marie Le Pen, qui aura 79 ans fin juin, à la présidence du Front national occupe tous les esprits. § L a succession de Jean-Marie Le Pen, qui aura 79 ans fin juin, à la présidence du Front national (FN) occupe tous les esprits. Au sein du parti mais aussi à l'extérieur - dans la nébuleuse d'extrême droite et de droite extrême allant jusqu'à l'eurodéputé souverainiste, Paul-Marie Coûteaux - où l'on cherche à élargir le débat pour évoquer la nécessité d'un "Epinay de la droite nationale". Et cela en référence au congrès de juin 1971 qui a vu la fusion de l'ex-SFIO de Guy Mollet avec la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand pour former le nouveau Parti socialiste. Au point que Le Choc du mois, mensuel qui s'est donné pour but de désenclaver l'extrême droite, consacre un épais dossier à "l'avenir de la droite nationale" dans son numéro de mai. Cela fait des années qu'est soulevé de manière récurrente ce problème de succession. Il en était déjà question au congrès de Marly (Yvelines) en 1994. Elle provoqua le départ en décembre 1998 de Bruno Mégret, alors délégué général du FN, avec près de la moitié de l'appareil et à la création du MNR. A la suite de cette scission, Jean-Marie Le Pen avait cherché à apaiser les esprits en déclarant qu'en cas d'empêchement de sa part, autrement dit de décès ou de grave maladie, Bruno Gollnisch, alors secrétaire général, reprendrait le flambeau jusqu'au congrès chargé de nommer le nouveau président. Puis face aux impatiences des partisans de M. Gollnisch - parmi eux Jacques Bompard, Marie France Stirbois, Bernard Antony ou Christian Baeckeroot - il avait promis de se mettre en congé du parti pour se présenter "en homme libre" à la présidentielle de 2002. Une promesse non tenue au dernier moment. Rongeant leur frein, les désormais adversaires de M. Le Pen, mais aussi de sa fille Marine Le Pen, s'étaient promis de prendre leur vengeance lors du congrès de Nice en 2003. La qualification du président du FN au second tour de la présidentielle de 2002, et aussi le refus de M. Gollnisch de se présenter contre M. Le Pen a contrecarré leur plan. EUROPÉENNES DE 2009 Aujourd'hui la situation est différente. Les opposants les plus virulents - MM. Bompard et Antony - ont quitté le FN et Mme Stirbois est décédée. Plus personne ne songe à attaquer frontalement M. Le Pen qui vient d'essuyer un sérieux revers à la présidentielle. Celui-ci a d'ailleurs déjà fait savoir qu'il serait candidat à sa propre succession au congrès prévu fin novembre et qu'il comptait rester en place au moins jusqu'aux élections européennes en 2009 afin de ferrailler contre le traité simplifié promis par Nicolas Sarkozy. En revanche chacun, de Marine Le Pen à Bruno Gollnisch, s'emploie à faire comprendre au président du FN qu'il serait bon qu'il prépare lui même dès le prochain congrès la relève. Partisans de Mme Le Pen et partisans de M. Gollnisch ont commencé les grandes manoeuvres. Déjà s'esquissent deux approches. La première, portée par Mme Le Pen, défend l'idée d'un parti unifié autour d'un programme qui, une fois consolidé, pourrait passer des alliances. Il s'agit de rompre avec ce que le FN a été jusqu'à récemment : un conglomérat de sensibilités diverses. A l'inverse, M. Gollnisch n'est pas "hostile a priori" à l'idée d'un "Epinay de la droite nationale" défendu par le président du MNR, M. Coûteaux et des régionalistes. Ces deux sensibilités rivales s'accordent pour penser que "l'avenir appartient au FN" s'il se tient prêt à accueillir "les déçus Nicolas Sarkozy" mais aussi, comme l'explique M. Gollnisch au Choc du mois "les déçus du mouvement démocrate (...) car la victoire tactique de François Bayrou va se transformer en défaite stratégique". § Dans une lettre diffusée par l'entourage d'Alain Carignon, le philosophe dénonce la façon dont se trouve "instrumentalisé son passé judiciaire". § B ernard Henry Lévy a décidé d'apporter publiquement son soutien au candidat UMP Alain Carignon, qui tente, neuf ans après ans sa sortie de prison (il avait été condamné en 1996 pour corruption), son retour dans la 1re circonscription de l'Isère, contre le député sortant, Richard Cazenave. Dans une lettre diffusée par l'entourage d'Alain Carignon, le philosophe dénonce la façon dont se trouve "instrumentalisé son passé judiciaire". "Il a payé sa dette à la société", affirme le philosophe, qui ramène l'affaire Carignon à une simple histoire de financement des partis politiques, une sorte de "crime commun" qu'il aurait seul payé. Pour BHL, qui écarte l'hypothèse d'un enrichissement personnel, M. Carignon serait un "ambitieux" pas "un escroc". Le philosophe conclut sa missive en expliquant qu'il est "étonnamment proche, en idées, du candidat Carignon." "Il a lu beaucoup. Il croit en un libéralisme qui n'est plus (...), il est européen, paradoxal, social." En mars, les enquêteurs grenoblois ont décidé d'entendre M. Carignon, après les législatives, sur une nouvelle affaire concernant la légalité d'un marché de parking de stationnement passé par l'ancien maire de Grenoble avec une filiale de la Générale des eaux. § Nicolas Sarkozy, mardi 22 mai, a notamment promis de doubler le nombre d'unités de soins palliatifs en France. § "J e vais m'engager très fortement pour répondre au malaise des hôpitaux. Le rôle d'un président de la République, c'est d'aller là où ça ne va pas." En rencontrant, mardi 22 mai, le personnel soignant du centre hospitalier de Dunkerque, Nicolas Sarkozy a choisi une région, le Nord-Pas-de-Calais, mal lotie sur le plan sanitaire : surmortalité, espérance de vie plus faible qu'ailleurs, offre médicale et moyens insuffisants. Il a profité de ce déplacement pour clarifier sa position contre l'euthanasie à l'hôpital maritime de Zuydcoote, où existe l'une des 72 unités de soins palliatifs en France. Il a annoncé vouloir doubler le nombre de ces unités. Les doléances se sont multipliées. "Le personnel est motivé, a expliqué une infirmière responsable du service des soins à Dunkerque. Mais la politique de retour à l'équilibre s'est traduite par une diminution des RTT et des jours de repos. Cela conduit à une déshumanisation des soins." Elle a insisté sur la pénibilité du travail, l'insuffisance des effectifs, l'absentéisme, les fins de carrière difficiles, l'insuffisance d'encadrement des nouveaux soignants, les tensions provoquées par la tarification à l'activité. Le président l'a interrompue : "Il n'est pas absurde d'adapter le budget à l'activité !"TARIFICATION À L'ACTIVITÉ ET PÉRÉQUATION Un médecin a insisté sur la faiblesse de l'enveloppe budgétaire, qui ne dépasse pas 200 euros par habitant dans la région. M. Sarkozy lui a rappelé le programme sur lequel il a été élu, insistant : "Toute heure supplémentaire doit être payée ! (...) C'est une question d'honnêteté et de considération." Dans la foulée, il a plaidé pour laisser le personnel choisir entre RTT et heures supplémentaires. "Il ne sert à rien d'accumuler des RTT que l'on ne pourra jamais prendre ou si, de toute façon, on n'a pas les moyens de les consacrer aux loisirs." M. Sarkozy a ouvert la possibilité de revoir les modalités de la tarification à l'activité, se disant prêt à étudier le retour à la péréquation, mise en place par le gouvernement Jospin et abandonnée en 2002. Se tournant vers la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, le président a souhaité qu'elle "conduise une concertation sur les grandes missions de l'hôpital". Pour lui, "l'hôpital public ne peut tout porter". Exemple : la dépendance liée à la vieillesse. "Il faut définir des structures en amont et en aval de l'hôpital." Ou encore : face à "l'extrême commodité qui permet de se présenter aux services d'urgence à toute heure du jour ou de la nuit", M. Sarkozy veut responsabiliser les patients. Pour donner plus d'autonomie aux hôpitaux, il appelle à "une nouvelle gouvernance" : entre les contraintes budgétaires, le dialogue social, les exigences des uns et des autres, "on ne sait plus qui, finalement, dirige". Enfin, "il va falloir revoir la carte hospitalière. On peut faire des fusions sans fermer des établissements. En revanche, on n'est pas obligé de doubler tous les services." Et d'avertir les syndicats qu'il n'hésitera pas à "bousculer les conservatismes et l'immobilisme". § Les représentants des fédérations syndicales de la fonction publique jaugent le nouveau ministre, Eric Woerth, qui les a reçus séparément depuis lundi 21 mai. § L es fonctionnaires ont perdu leur ministère à part entière. Placés sous la responsabilité du budget et des comptes publics à Bercy, ils devront composer, tant en matière d'emplois que de politique salariale, avec les objectifs fixés dans sa campagne par le président de la République, Nicolas Sarkozy. En recevant séparément depuis lundi 21 mai les représentants des fédérations syndicales de la fonction publique, Eric Woerth, le nouveau ministre, leur a ainsi rappelé l'engagement du chef de l'Etat de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite - 40 % des 5,2 millions fonctionnaires doivent cesser leur activité d'ici à 2015 - et d'affecter une partie des économies réalisées à des revalorisations de rémunérations. Il a par ailleurs évité de s'engager sur la politique salariale et les augmentations pour l'année 2007 que son prédécesseur, Christian Jacob, avait laissées en suspens. S'il est resté ferme sur les principes, M. Woerth a adouci le propos sur la méthode. Il a notamment indiqué son intention de ne pas avoir "une vision comptable des choses, mais une vision humaine". Il a aussi annoncé mardi sur LCI : "En contrepartie du (départ) d'un sur deux, il faut montrer que les fonctionnaires, qui se sont paupérisés d'une certaine façon, pourront en recueillir les fruits." RENCONTRE "UTILE ET CORDIALE" Premier sur la liste des syndicats reçus, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, a retenu l'aveu du ministre selon lequel la règle du non-remplacement "pouvait poser des problèmes et que cela ne pouvait pas s'appliquer partout, notamment pour l'éducation nationale". Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT-fonctionnaires, n'a pas caché ses "désaccords profonds" tant sur les salaires que sur l'emploi. Il n'a pas non plus obtenu "d'éléments complémentaires" sur les autres dossiers, le droit de grève et le service minimum, les missions de l'Etat et les conditions de travail. En revanche, Gérard Noguès, secrétaire général de FO-fonctionnaires, a qualifié sa rencontre "d'utile et cordiale". Cela ne l'empêche pas de s'interroger, lui aussi, sur la manière dont le gouvernement compte agir. "Il (M. Woerth) dit à la fois qu'il ne veut pas être comptable et qu'il veut être le ministre des économies et qu'il faudra travailler avec intelligence, mais on n'a pas encore trouvé cette part d'intelligence", a-t-il indiqué. Les autres fédérations, CFDT et UNSA notamment, devraient être reçues ultérieurement. § Le premier ministre, a évoqué, mercredi 23 mai, sur Europe 1, une session extraordinaire du Parlement sera convoquée "jusqu'à fin juillet ou début août". § L e premier ministre, François Fillon, a détaillé, mercredi 23 mai, sur Europe 1, le programme de travail de son gouvernement pour les prochains mois. Une session extraordinaire du Parlement sera convoquée "jusqu'à fin juillet ou début août". Sécurité. Deux textes seront présentés par la garde des sceaux, Rachida Dati, en collaboration avec la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie : l'un instaurant des peines-planchers pour les multirécidivistes et l'autre abaissant l'âge de la majorité pénale de 18 à 16 ans. Le paquet fiscal et social. Il est "destiné à provoquer un vrai choc pour créer la croissance", a expliqué M. Fillon. L'objectif du gouvernement est de créer "un point de croissance supplémentaire pour être à 3 %". Les projets de loi reprendront les engagements du candidat Sarkozy : la détaxation fiscale et sociale des heures supplémentaires, la déduction des intérêts d'emprunts immobiliers de l'impôt sur le revenu, la suppression des droits de succession, "l'instauration d'un bouclier fiscal de 50 % sur tous les revenus", la possibilité de réinvestir l'impôt de solidarité sur la fortune dans les petites et moyennes entreprises, la "moralisation du capitalisme". Au même moment, sur BFM, le ministre du budget et des comptes publics, Eric Woerth, se disait favorable à une "pause" dans la réduction des déficits, "si cette pause est utile et si cette pause est efficace". La réforme de l'université. Elle sera votée "en juillet". Elle sera basée "sur plus d'autonomie et d'excellence", annonce le premier ministre, parce que "la démocratisation s'est brisée sur le mur de l'échec". Il a ajouté "qu'il n'est pas question d'instaurer une sélection - la sélection, c'est le bac - ni une augmentation des droits". Cette réforme aurait donc comme objet "de donner de l'autonomie, pour pouvoir recruter des enseignants, créer des enseignements, nouer des accords avec des organismes de recherche...". Le plan sur l'emploi des jeunes dans les banlieues. Il sera présenté cet été par Christine Boutin et Xavier Bertrand. De nature réglementaire, il ne sera pas soumis au Parlement. La fusion Suez-Gaz de France. Elle est "valable" mais "nous pensons qu'il y a d'autres options", a précisé M. Fillon qui se donne "quelques semaines, jusqu'à début juillet", pour trancher. La loi sur le service minimum. Elle bénéficiera d'un court répit, jusqu'à début septembre. "Nous ne passerons pas en force pendant la session extraordinaire", a promis le premier ministre. Le gouvernement soumettra "dans les prochains jours les principes et l'architecture" de cette réforme. "Ce n'est pas à prendre ou à laisser, si les organisations syndicales nous font une autre proposition, il n'y aura pas de loi" a-t-il ajouté. Le contrat unique. Il devra être négocié par les partenaires sociaux. M. Fillon a précisé qu'il leur laissait "jusqu'à la fin de l'année". § Le président du Front national a annoncé jeudi qu'il se représenterait à la présidence de son parti en novembre. § J ean-Marie Le Pen ne raccroche pas les gants. "Il va y avoir un congrès au mois de novembre, où je représenterai ma candidature (...). A l'inverse du PS, au Front national le chef est incontesté pour l'instant", a-t-il dit au micro de RTL, jeudi 24 mai. Le leader du FN, qui aura 79 ans le 20 juin et dirige la formation d'extrême droite depuis sa création en 1972, pense qu'il restera "probablement" le président de son parti. "J'estime ne pas être un si mauvais président que cela, et je crois que cette bonne opinion est partagée par une bonne partie des dirigeants et des membres du FN, sinon ils susciteraient une autre candidature", a ensuite déclaré M. Le Pen, lors d'une conférence de presse consacrée aux prochaines législatives. "ON A PRIS UN PETIT COUP" Jean-Marie Le Pen avait jusqu'à présent maintenu le flou sur la date du prochain congrès du FN. Selon les statuts du parti, celui-ci aurait dû avoir lieu en 2006, mais il avait été repoussé par les dirigeants. M. Le Pen a expliqué qu'il ne voulait pas passer la main à ce congrès, "parce que ce serait reconnaître (sa) responsabilité" dans l'échec de l'élection présidentielle. "On a pris un petit coup, c'est normal, cela existe", a-t-il reconnu, estimant toutefois avoir fait "une très bonne campagne". A ceux qui voulaient aborder la question de sa succession, comme le numéro deux du parti, Bruno Gollnisch, M. Le Pen a rappelé qu'il fallait "avoir de la patience en politique". Pour les élections législatives des 10 et 17 juin, Jean-Marie Le Pen a indiqué qu'il allait faire "un grand circuit" dans vingt régions de France pour "mobiliser" les militants. Le FN présentera des candidats dans toutes les circonscriptions. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Alors que le mandat de député européen court jusqu'en juin 2009, un tiers des 78 élus français briguent un siège à l'Assemblée nationale. § A lors que le mandat de député européen court jusqu'en juin 2009, un tiers des 78 élus français briguent un siège à l'Assemblée nationale. Certes, la plupart de ceux qui vont se présenter aux législatives ne gagneront pas de siège, mais pendant qu'ils feront campagne, ils ne seront ni à Bruxelles ni à Strasbourg. "Un tiers, c'est un peu surprenant et pas très sérieux", juge leur collègue socialiste allemand Jo Leinen, en se plaignant de ce que, "à la Commission aussi, Louis Michel se soit mis en congé pour les élections belges". Le président du Parlement, Hans-Gert Pöttering, a annoncé, lundi 21 mai, le départ de Roselyne Bachelot, nommée ministre de la santé, de la jeunesse et des sports dans le gouvernement de François Fillon. Autre eurodéputée de l'UMP, Françoise Grossetête, en dépit de l'attachement qu'elle éprouve pour le Parlement et de l'activité qu'elle y a déployée, a été priée de se présenter dans la Loire, pour contrer un sortant de l'UDF-MoDem. Huit élus socialistes sur 31 (25 %) sont candidats au Palais-Bourbon : Vincent Peillon (Somme), Marie-Arlette Carlotti (Bouches-du-Rhône), Brigitte Douay (Nord), Adeline Hazan (Marne), Stéphane Le Foll (Sarthe), Pierre Moscovici (Doubs), Marie-Line Reynaud (Charente), et Jean-Claude Fruteau (La Réunion). A l'UDF- MoDem, parti présenté comme le plus favorable à la construction européenne, six députés sur onze (54 %) sont prêts à abandonner le Parlement, à commencer par Marielle de Sarnez, présidente de la délégation (Paris), mais aussi Jean-Marie Cavada, président de la commission des libertés (Val-de-Marne), Thierry Cornillet (Drôme), Claire Gibault (Paris), Anne Laperrouze (Tarn) et Bernard Lehideux (Hauts-de-Seine). Chez les Verts, Alain Lipietz est candidat dans le Val-de-Marne. Au Front national, seul Jean-Marie Le Pen ne brigue aucun mandat, contrairement à Marine Le Pen (Pas-de-Calais), Fernand Le Rachinel (Manche), Bruno Gollnisch, président du groupe d'extrême droite ITS (Rhône), Jean-Claude Martinez (Hérault), Lydia Schenardi (Alpes-Maritimes) et Carl Lang (Nord). Les trois élus du groupe communiste et les trois du groupe souverainiste Ind-Dem ne tentent pas leur chance au Palais-Bourbon. § La guerre fait rage entre les deux "centres". § I l est rare qu'un parti compte vingt-deux députés sortants avant même d'avoir été créé. C'est pourtant la chance dont bénéficie le futur "nouveau parti du centre" porté sur les fonts baptismaux par les parlementaires de l'UDF ralliés à la majorité présidentielle. Les anciens lieutenants de François Bayrou ont prévu d'annoncer, mardi 29 mai, la création de cette formation, à l'occasion d'une conférence de presse qui se tiendra dans les locaux de l'Assemblée nationale. Le MoDem lance sa campagne au Zénith François Bayrou devait lancer à Paris, jeudi 24 mai, la campagne pour les élections législatives de l'UDF-Mouvement démocrate (MoDem). Malgré la défection de la plupart des députés UDF sortants, 535 candidats se présenteront sous cette étiquette. L'ancien candidat à l'élection présidentielle, qui avait recueilli 18,57 % des suffrages au premier tour, devait intervenir en deuxième partie de soirée, après une série de témoignages de candidats et d'adhérents du MoDem. La nouvelle formation, dont la création a été annoncée le 6 mai, revendique 70 000 adhérents. En attendant, un peu plus de 80 candidatures aux élections législatives ont été déposées sous l'étiquette "Parti social libéral européen" (PSLE). Les formalités permettant aux candidats de se rattacher à ce groupement administratif ont été accomplies avant le second tour de l'élection présidentielle. Avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy et de son directeur de cabinet, Claude Guéant, les ex-députés centristes ont ainsi décidé de se mettre à leur propre compte. Suivre la voie de l'indépendance choisie par M. Bayrou les aurait en effet exposés au risque de devoir affronter des candidats de l'UMP. Restait, pour pouvoir prétendre au financement accordé pendant la durée de la législature aux formations ayant pris part aux élections législatives, à présenter des candidats dans au moins cinquante circonscriptions, condition requise pour que soit attribuée l'aide publique annuelle. Celle-ci est calculée en fonction du total des voix obtenues au premier tour, environ 1,63 euro par voix, et du nombre de parlementaires, près de 44 400 euros par élu. BRICOLAGE Cependant, trouver des candidats quand on n'a pas encore de parti n'est pas chose facile. Les deux chefs d'orchestre de l'opération, Maurice Leroy et Hervé Morin, ont donc dû bricoler. La liste du PSLE est étonnante. On y relève pas moins de cinq candidats portant le patronyme de "Morin", dont la propre épouse du nouveau ministre de la défense, Catherine Broussot-Morin, candidate dans les Hautes-Pyrénées. Lui-même se représentte dans l'Eure. Julien Morin est candidat en Seine-Maritime, Lisa Morin à Paris et Philippe Morin dans le Pas-de-Calais. Outre Maurice Leroy, candidat à sa propre succession dans le Loir-et-Cher, se présentent également Bernard Leroy dans l'Eure et Philippe Leroy dans le Nord. La nouvelle formation compte pas moins de trois Pourdieu briguant un mandat de député : Brigitte dans les Landes, Jean-Pierre en Meurthe-et-Moselle et Stéphanie dans les Hauts-de-Seine. Là ne s'arrêtent pas les surprises. Les collaborateurs du groupe UDF sortant de l'Assemblée nationale ont aussi été mis à contribution. Alexandre Fontana, l'ancien attaché de presse qui a suivi son patron au ministère de la défense, se présente dans la Creuse. De même que Véronique Bucaille dans l'Ariège, Drifa El Harouat en Haute-Vienne, Muriel Montero dans le Nord ou encore Damien Abad dans les Yvelines. Même les deux chauffeurs du groupe, Marc Bisson dans le Lot et Pascal Fiaut dans le Tarn, ont été enrôlés. Chargé des élections à l'UDF, Eric Azière a comparé, mercredi sur France-Inter, la liste des candidats du PSLE à "une armée de figurants". § L'intégralité du débat avec Serge Cosseron, auteur du "Dictionnaire de l'extrême gauche" (Larousse, 2007), qui analyse les rapports de force existant entre partis et leaders de "la gauche de la gauche". § J iji : Combien y a-t-il de députés de la gauche de la gauche aujourd'hui ? Combien peuvent-ils en espérer en juin ? Serge Cosseron : Il n'y a actuellement que des députés du Parti communiste, qui appartient à la gauche de la gauche, dont le nombre est d'un peu plus de vingt et lui permet d'assurer la constitution d'un groupe parlementaire. Sans doute qu'à la suite des élections du mois de juin la survie de ce groupe parlementaire est très problématique. Il n'y a pas d'autre force politique de l'extrême gauche qui ait des représentants au Parlement français. Le mode de scrutin législatif est sans doute le plus défavorable aux candidats de la gauche de la gauche. Samuel : La gauche de la gauche sans le système de la proportionnelle, n'est-elle pas voué au mutisme au Parlement ? Comment peut-elle peser dans le champ politique ? Serge Cosseron : Dans le camp de la gauche de la gauche, aujourd'hui, il y a deux stratégies : une stratégie d'alliance avec le PS qui est représentée par le PC et qui ne devra sa survie qu'à un accord tacite ou réel avec le PS ; et il y a une autre stratégie qui est celle du refus des responsabilités politiques et qui est défendue par les candidats trotskistes (Lutte ouvrière et LCR), et qui n'aura semble-t-il aucun avenir au Parlement avec le mode de représentation actuel. Il faudrait une proportionnelle, partielle ou totale, pour qu'ils puissent accéder aux responsabilités parlementaires. Le changement n'est pas pour demain. En effet, en dépit d'une déclaration de Brice Hortefeux, mentionnant la possibilité de l'introduction de la proportionnelle partielle, Nicolas Sarkozy n'a strictement aucun intérêt politique, aujourd'hui, à changer les règles du scrutin. La gauche de la gauche est réduite à intervenir sur le champ social en tentant de mobiliser l'opinion sur des questions de société ou sur des questions sociales. Les espoirs suscités par le "non" au référendum de 2005 ont quasiment disparu. Guillemin : Pensez-vous possible la création d'un nouveau parti avant ou après les législatives regroupant la gauche antilibérale ? Serge Cosseron : Tout dépend de son périmètre. Si l'on pense à l'ensemble de la gauche de la gauche, des alternatifs au PC en passant par les trotskistes, c'est une impossibilité historique, puisque chacune des forces politiques intervient dans des champs différents. Les uns ont une politique léniniste classique (renforcement du parti), et d'autres ont une politique plus "mouvementiste" tentant de s'articuler à des mouvements sociaux. Il existe certes des minorités organisées au sein de la LCR et de LO, mais elles n'ont actuellement pas assez de poids pour imposer la constitution d'un nouveau parti. Nsh86 : Devant le bloc que constitue la droite, l'avenir de la gauche française est-il dans un rassemblement improbable ou dans un schisme entre les sociaux-démocrates et la gauche plus dure ? Serge Cosseron : Je crois que c'est dans la deuxième solution. Gouga : Si les membres les plus à gauche du PS quittent le parti, arriveront-ils à rassembler la gauche de la gauche ou à gauche ? Serge Cosseron : Je pense que les dissensions au sein de la gauche antilibérale sont assez profondes et anciennes pour qu'un processus de fusion soit long à se mettre en place. A la fois pour des raisons de personnes, de rapports de force entre les différentes organisations, et également sur des points importants de programme. La position dominante actuelle de la LCR ne la pousse pas à jouer un rôle d'unificateur dans une constellation pluripolaire. Elle aurait plutôt tendance à développer une stratégie hégémonique. Sur le plan des programmes, l'écart entre la gauche du PS et les organisations trotskistes reste très important (nucléaire, par exemple). Un rassemblement semble donc improbable. Groumpf : La présence aux législatives de candidats de l'extrême gauche n'est-elle pas uniquement liée à leur financement public ? Serge Cosseron : Oui, maintenant, avec la nouvelle loi sur le financement des partis politiques, la présentation de listes nombreuses et la possibilité de faire plus de 1 % des suffrages sont une source de financement qui valide un tel choix. Même si l'espoir de jouer un véritable rôle est très ténu. § Ni trop ni trop peu : en confirmant, mercredi, qu'il abandonnera sa fonction lors du prochain congrès, M. Hollande a entrouvert le couvercle de la marmite socialiste, menacée d'implosion. § N i trop ni trop peu : en confirmant, mercredi 23 mai, qu'il abandonnera sa fonction de premier secrétaire lors du prochain congrès du PS, François Hollande a entrouvert le couvercle de la marmite socialiste, menacée d'implosion depuis l'élection présidentielle. Cela posé, M. Hollande a précisé qu'il n'entendait pas pour autant avancer la date du prochain congrès, prévu en novembre 2008. "Je ne serai pas candidat à ma propre succession", a déclaré M. Hollande, lors de l'émission "Questions d'info LCP/Le Monde/France Info". "Il faudra, à un moment qui est proche, passer à une autre phase de direction du Parti socialiste", a ajouté le député de Corrèze, qui est à la tête du PS depuis 1997, en évoquant l'organisation d'un "grand débat" au lendemain des législatives.UN GESTE D'APAISEMENT SUFFISANT ? M. Hollande s'est ensuite empressé de minimiser la portée de ses propos. Intervenant devant la presse, mercredi soir, en marge de son meeting à Bègles (Gironde), le premier secrétaire du PS a d'abord rappelé que ses propos n'étaient qu'une "confirmation" de ce qu'il avait indiqué lors du congrès du Mans, en novembre 2005. "Personne ne doutait que je ne serais pas candidat à ma propre succession", a-t-il insisté. Puis il a clairement laissé entendre - question à laquelle il n'avait pas répondu dans l'émission précitée - que le prochain congrès n'aurait pas lieu avant l'année prochaine. "En 2008, j'aurai fait onze ans comme secrétaire national, c'est assez", a indiqué M. Hollande, en précisant que la "nouvelle phase" devra s'ouvrir "dans la stabilité, de manière organisée et maîtrisée". Ce geste d'apaisement suffira-t-il à calmer le jeu au PS ? Compte tenu de la popularité persistante de Ségolène Royal, M. Hollande est devenu la cible unique d'un tir croisé et nourri. Dans un entretien publié jeudi dans l'hebdomadaire Le Point, le député de l'Essonnne, Manuel Valls, l'invite à "céder sa place après les législatives" pour que le processus de "rénovation" du PS "aille jusqu'au bout". Dans un entretien à L'Express, également publié jeudi, Bertrand Delanoë évoque la "crise identitaire" du PS. Tout en suggérant de "ne pas se précipiter", le maire de Paris invite son parti à "entamer, dès l'automne 2007, la régénérescence de notre logiciel". § Aucun des ténors nationaux ne s'est déplacé au côté du premier secrétaire du PS sur une terre qui avait placé Mme Royal en tête le 6 mai. § L a journée fut riche en symboles pour François Hollande, de passage à Bordeaux, mercredi 23 mai, pour lancer la campagne nationale des socialistes aux élections législatives. D'abord symbole de dispersion : aucun des ténors nationaux du PS n'est venu accompagner le premier secrétaire. Pas même Ségolène Royal. Elle avait pourtant réalisé un "score symbolique" en Gironde, terre radicale avec 51,72 %, plus surprenant encore à Bordeaux (52,44 %), la ville du nouveau ministre d'Etat, Alain Juppé, et dans le Sud-Ouest de manière générale. "Si tous les départements et régions avaient fait aussi bien, la France aurait un autre visage", a soufflé le député et maire de Tulle. Mais ni la candidate ni Henri Emmanuelli, en voisin président socialiste du conseil général des Landes, ou encore Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées où Ségolène Royal était arrivée en tête, n'ont pas fait le déplacement. Ils étaient tous occupés dans leur campagne législative respective, ont-ils fait savoir. En apparence, le premier secrétaire n'a pas voulu s'en offusquer : "J'ai toujours dit qu'il fallait, au lendemain de la présidentielle, préparer les élections législatives et que c'était moi qui en serais chargé avec tous les talents du Parti socialiste et, aujourd'hui encore, avec Ségolène Royal puisque nous allons nous retrouver dans un certain nombre de meetings les uns et les autres." D'autres grands rassemblements sont prévus le 29 mai au Zénith à Paris, le 4 juin à Nantes, et le 7 juin à Lille. Ségolène Royal devrait participer à certains d'entre eux."A L'ARRACHE" Autre défection au meeting : Noël Mamère, député et maire (Vert) de Bègles, dans la banlieue ouest de Bordeaux. Pour ne pas rater cette rencontre symbolique sur le plan politique, François Hollande est allé rendre visite au député sur ses terres. "Si je suis à Bègles, c'est pour montrer que l'union de la gauche dépasse le Parti socialiste et que toute la gauche doit se rassembler", a insisté le premier secrétaire. Pour être plus clair sur sa volonté d'ouverture : "L'enjeu est de refonder la gauche après les élections législatives", a-t-il dit à côté du député Vert. Sur le plan local, les choses sont différentes : les Verts Gironde présentent un candidat dans chaque circonscription, comme ailleurs. Noël Mamère a lui-même subi, il y a quelques jours, des tentatives de déstabilisation de la part de Gilles Savary, député européen et conseiller général socialiste qui a failli se présenter, malgré l'annonce du soutien national du PS sur trois circonscriptions Vertes dont Bègles fait partie et pour lesquelles aucun candidat socialiste n'est engagé. A défaut de pointures nationales, dans ce département encore fabiusien, les 11 candidats locaux, le président de la région Aquitaine, Alain Rousset, et celui du département de la Gironde, Philippe Madrelle, ont chauffé la salle du Palais des congrès, un peu triste, sans aucune décoration et à la signalétique extérieure absente. "Ce meeting s'est fait en deux jours, à l'arrache, se justifie une militante. Alors ceci explique cela." DERNIER RENDEZ-VOUS AVANT CINQ ANS A l'arrivée de François Hollande, avec une heure trente de retard, Razzye Hammadi, le président du Mouvement des jeunes socialistes, est venu galvaniser les troupes jusque-là sagement assises, à l'exception des jeunes du MJS : "Nous allons à la bataille avec la hargne", a-t-il scandé, critiquant la "droite totale qui n'a qu'une seule religion : l'unité de bruit médiatique". La salle s'est emballée. En chef de troupe, François Hollande a rappelé l'enjeu "grave et important" des prochaines élections législatives : "C'est le dernier rendez-vous démocratique national avant cinq ans. Il faut empêcher que la droite ait tous pouvoirs dans notre pays." En passant, il égratigne la "forme dévoyée de la présidentialisation du régime : il (Nicolas Sarkozy) veut tout régenter et décider de tout (...) avec une confusion des genres : pouvoir politique, financier, économique, médiatique, tout revient au gouvernement. (...) Je pense qu'il y a danger pour le pluralisme des idées et même pour la cohésion sociale et nationale." Et aux électeurs de gauche démobilisés, il répond : "Mieux vaut d'abord voter que de manifester." § En déclarant, mercredi 23 mai sur Europe 1, qu'ils avaient jusqu'à la fin de l'été "pour faire des propositions" sur le service minimum et "jusqu'à la fin de l'année" pour le contrat unique, François Fillon a braqué tous les syndicats. § V olonté de mettre sous pression les syndicats ? En déclarant, mercredi 23 mai sur Europe 1, qu'ils avaient jusqu'à la fin de l'été "pour faire des propositions" sur le service minimum et "jusqu'à la fin de l'année" pour le contrat unique, François Fillon a braqué tous les syndicats. Réunis à Séville à l'occasion du 11e congrès de la Confédération européenne des syndicats, les principaux dirigeants du syndicalisme français ont très mal compris que, quelques jours avant leur deuxième rencontre avec le président de la République, le premier ministre "fixe déjà le calendrier et les conclusions des négociations", selon les mots de Jean-Claude Mailly (FO). "Cela veut-il dire qu'il prépare des réformes dures et qu'il veut préalablement remettre en cause le droit de grève ?", demande M. Mailly. Pour Bernard Thibault (CGT), "cela ne correspond pas à la méthode qui devait être définie lors de la prochaine rencontre avec Nicolas Sarkozy". "On est plutôt dans la philosophie de M. de Villepin qui a décidé seul du CNE et qui a consulté après les syndicats qu'ils savaient tous hostiles", a-t-il estimé. "PAS DE DISCUSSION" Mécontentement aussi à la CFDT. "Si le calendrier nous est imposé, a déclaré François Chérèque, il n'y a pas de discussion." Et Marcel Grignard a ajouté qu'"on ne peut fixer d'entrée la date de sortie d'une négociation et l'objet de la sortie". D'autant, précise Alain Olive (UNSA) qu'il s'agit de "sujets politiquement délicats et techniquement complexes". Jacques Voisin (CFTC), estime, lui, que le premier ministre "s'est coincé sur deux points". "Le programme est trop précis, aucun syndicat n'ira sur le service minimum ou sur le contrat unique dont le patronat, d'ailleurs, ne veut pas non plus, a-t-il expliqué. Et il s'est trop engagé sur l'échéancier." Les dirigeants syndicaux auront l'occasion de demander des précisions lors des rencontres qu'ils vont avoir - vendredi pour la CFDT, FO, la CFTC et la CFE-CGC et mardi pour la CGT - avec M. Sarkozy qui devrait être accompagné de M. Fillon et de deux de ses ministres, Jean-Louis Borloo et Xavier Bertrand. Les syndicalistes comptent faire une lecture commentée de la loi du 31 janvier 2007 sur "la modernisation du dialogue social", votée par la majorité gouvernementale et qui n'a encore jamais servi. Elle prévoit que "tout projet de réforme envisagé par le gouvernement (sur l'emploi, les relations du travail, etc.) fait l'objet d'une concertation préalable avec les organisations syndicales (...) en vue de l'ouverture éventuelle d'une telle négociation". Si elles souhaitent ouvrir la négociation, "les organisations indiquent également au gouvernement le délai qu'elles estiment nécessaire". En clair, selon les syndicats, la loi ne dit pas que c'est au gouvernement de fixer l'échéancier. Un ancien conseiller du cabinet de Gérard Larcher, le ministre délégué à l'emploi qui a rédigé cette loi, fait valoir que "si les partenaires sociaux proposent un délai, c'est bien le gouvernement qui le fixe d'un point de vue juridique". Tout en reconnaissant que "c'est un peu plus compliqué d'un point de vue politique". Dans l'entourage de M. Fillon, on estime que les propos du premier ministre fixent "un cap, un objectif", et que les partenaires sociaux vont "avoir l'occasion de s'expliquer". De son côté, le ministre des relations sociales, M. Bertrand rencontrera les syndicats la semaine prochaine. L'occasion de repréciser la méthode. § "Sans majorité à l'Assemblée nationale, rien ne pourra être réalisé", a affirmé le premier ministre, venu tenir à Marseille son premier meeting des législatives. § A Marseille, le maire, Jean-Claude Gaudin, veut faire sauter la banque. "Le 6 mai, on a gagné un billet de 500 euros coupé en deux. Il faut maintenant aller chercher l'autre partie dans les urnes des élections législatives !", a-t-il déclaré, mercredi 23 mai, devant François Fillon. C'est aussi l'objectif du premier ministre, venu tenir son premier meeting de la campagne des législatives : "Sans majorité à l'Assemblée nationale, rien ne pourra être réalisé". 577 circonscriptions passées au peigne fin Reconnaissons-le, la publication de 577 députés à élire, dictionnaire des circonscriptions (SG Presse, 39 euros) rend un fieffé service aux journalistes chargés de rendre compte de la campagne des législatives. Mais son audience pourra être plus large, puisqu'il livre d'indispensables points de repère à la compréhension de l'histoire politique de la France depuis les débuts de la Ve République. En 772 pages, Brice Soccol, diplômé de l'Essec et de l'Institut des hautes études internationales, qui était conseiller au cabinet de Jean-Louis Borloo au ministère des affaires sociales, et Patrick Lafarge, consultant et spécialiste de la vie parlementaire, passent en revue les 577 circonscriptions qui éliront, les 10 et 17 juin, leurs représentants à l'Assemblée nationale. Chacune d'entre elles est passée au peigne fin : sociologie, histoire détaillée des scrutins, profils des sortants et des principaux prétendants sont exposés de façon claire et synthétique. Imprimé au lendemain de l'élection présidentielle, l'ouvrage donne les résultats enregistrés aux deux tours dans chaque circonscription. En annexe : les dates de toutes les élections et référendums depuis 1944 et la liste des gouvernements depuis 1959. Surtout pas le calendrier de réformes à marche forcée que le gouvernement propose et que les syndicats, déjà, contestent. François Fillon leur a répondu, à Marseille, que "la majorité silencieuse, qui en a assez de voir qu'une minorité est capable de tout enrayer, a désormais pris la parole. Maintenant, c'est elle qu'on va écouter ! Et maintenant, c'est elle qui va décider". Répétant l'agenda qu'il avait dévoilé le matin sur Europe 1 (Le Monde du 24 mai), il n'a pas hésité à agiter un nouveau chiffon rouge : "Nous ne pouvons financer l'augmentation des petites retraites que si nous allongeons la durée de cotisation et si nous engageons la réforme des régimes spéciaux." A propos du service minimum, dossier sur lequel le premier ministre veut aboutir en septembre, il prévient : "Les Français le veulent, et qui osera prétendre que leur requête est illégitime ?" "Le droit de grève est indiscutable, mais la continuité du service public l'est tout autant. Je suis un homme d'écoute. Je respecte les partenaires sociaux. Je ne suis pas un idéologue. Mais je suis aussi un réformateur décidé !", a-t-il développé. Pour François Fillon, la lecture des résultats de l'élection présidentielle ne souffre aucune ambiguïté : "La victoire massive du 6 mai est fondée sur une franche adhésion de notre peuple." "Ce n'est pas une victoire par défaut, ce n'est pas une victoire du hasard", a-t-il insisté. Mais, comme le programme de réformes est lourd et délicat, il met au défi l'opposition de lui prouver le contraire lors des élections législatives des 10 et 17 juin. Lui-même et onze des membres de son gouvernement sont d'ailleurs candidats. S'ils sont battus, ils devront quitter le gouvernement, a-t-il annoncé le matin même. Pour le premier ministre, l'"ouverture" réalisée dans la constitution du gouvernement est l'une des principales armes de cette campagne législative : "La gauche attendait, espérait que nous retombions dans les clichés et les poncifs d'autrefois, et voilà que la nomination du gouvernement annonce avec fracas une nouvelle donne politique." Cette nouvelle ère, M. Fillon veut en voir aussi l'illustration dans le conseil des ministres d'un nouveau genre qui s'est tenu le matin même à l'Elysée. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a ouvert, en fin de réunion, un débat sur les modalités de la défiscalisation des heures supplémentaires. "Membre de 4 gouvernements, pendant 7 ans au conseil des ministres, je n'avais jamais vu un débat aussi libre, vivant, témoin d'une démocratie moderne et rénovée", a décrypté M. Fillon "NOUS NE CALERONS PAS" A Marseille, les élus ont même promis au premier ministre une "rallonge" lors des législatives. Le premier adjoint au maire, l'ancien secrétaire d'Etat aux affaires étrangères Renaud Muselier, en fait le pari : "Aujourd'hui nous sommes 12 députés sur 16 (dans le département) et demain nous serons encore plus nombreux." Le très bon score réalisé par M. Sarkozy à la présidentielle (56 % à Marseille, 58 % dans les Bouches-du-Rhône) nourrit en effet les espoirs de la droite locale de décrocher deux circonscriptions supplémentaires. Après cette hypothétique confirmation électorale, Jean-Claude Gaudin veut croire qu'"il n'y aura pas de troisième tour social". Car, ajoute-t-il, en forme peut-être de recommandation : "Le gouvernement associe les organisations syndicales, et les réformes, vous, vous savez les faire !" M. Fillon n'a, lui, qu'une certitude : "Nous ne calerons pas en chemin." Aux 1 500 militants UMP - dix fois moins nombreux que lors du dernier meeting du premier tour de Nicolas Sarkozy le 19 avril - il lance : "Les Français ont voté pour une rupture, dites-leur que nous allons l'engager". § Si l'ouest de la capitale est acquis à la droite, l'est est majoritairement de gauche. Le clivage géographique très net. § § Débat en direct avec Henri Sterdyniak, directeur de département à l' Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), lundi 28 mai à 15 heures. § § Quatorze organisations universitaires veulent tenir "rapidement" des "assises de l'enseignement supérieur", afin d'élaborer des propositions pour une réforme large, jugeant la loi sur l'autonomie des universités insuffisante. § Q uatorze organisations représentatives de la communauté universitaire veulent tenir "rapidement" des "assises de l'enseignement supérieur", afin d'élaborer des propositions pour une réforme large de l'université, ont-elles annoncé vendredi 25 mai. Parmi les signataires figurent la CPU (Conférence des présidents d'université), les étudiants de l'UNEF, la FAGE, la Confédération étudiante, Sauvons la recherche, les syndicats de la FSU, l'UNSA-Education ou encore la CGT. Le rassemblement devrait avoir lieu "à l'automne". Cette annonce intervient alors que le gouvernement a annoncé pour juillet le vote d'une loi sur l'autonomie des universités, présentée par la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche Valérie Pécresse comme "la première brique" d'une réforme plus large. "IL Y A DES PROBLÈMES NOMBREUX" "Cette loi, qui touchera à l'organisation et à la gouvernance des universités, ne réglera pas tous les problèmes, estime Michel Lussault, troisième vice-président de la CPU. Il y a des problèmes nombreux, que Valérie Pecresse a nommés elle-même des 'chantiers prioritaires', qui imposent une réflexion collective." Dans un communiqué commun, les organisations réclament "dès à présent, l'adoption rapide d'un collectif budgétaire significatif en faveur des universités, dont l'état actuel de sous-dotation a été reconnu par tous les responsables politiques, sans exception". "Un comité de pilotage va se réunir et il est possible que ce comité propose une première initiative avant l'été", a ajouté Bruno Julliard, président de l'UNEF, qui demande notamment des actions pour de meilleures conditions de vie des étudiants. Ces assises seront donc organisées au plan national et dans les universités elles-mêmes, "en prévoyant les durées nécessaires à la concertation", selon le communiqué. § Débat en direct avec Nicolas Sauger, du centre de recherches politiques de Sciences Po, auteur d'une thèse consacrée aux scissions de l'UDF, mardi 29 mai à 15 heures. § § L'intégralité du débat avec Florence Haegel, coauteure du "Dictionnaire de la droite" (Larousse, 2007), pour qui le défi de l'UMP sera "l'encadrement et la gestion d'un très gros groupe, assez hétérogène, et donc marqué par des forces centrifuges". § W ww.dstricher.blog.lemonde.fr : Avec le quinquennat et l'inversion du calendrier, les élections législatives ont-elles encore un sens ? L'UMP peut-elle perdre ? Florence Haegel : Il est vrai qu'avec le quinquennat, la succession des élections présidentielle et législatives, on se retrouve avec un cycle électoral à quatre tours. De ce point de vue, il y a une grande dépendance des législatives par rapport à la présidentielle. Mais les législatives restent quand même utiles pour la désignation des parlementaires, donc pour la mise en lois du programme présidentiel. La dépendance des législatives par rapport à la présidentielle rend assez peu probable la défaite de l'UMP aux législatives. Chapo pointu : Qu'est-ce qui explique la montée continue de l'UMP dans les sondages ? Florence Haegel : En fait, c'est un phénomène qu'on a connu à d'autres présidentielles. L'idée qu'il existerait par exemple un vote stratégique et que les électeurs rééquilibreraient leur vote pour répartir le pouvoir entre la présidentielle et les législatives. Cela a rarement été démontré. Généralement, une forte victoire à l'élection présidentielle enclenche une dynamique, au moins dans le court terme, donc on se trouve plutôt dans un mouvement d'amplification des résultats de la présidentielle que dans un effet de rééquilibrage. Rafael : Quel est l'accord conclu entre l'UMP et le nouveau parti centriste (centre droit d'Hervé Morin) ? Florence Haegel : Les députés UDF ralliés représentent d'abord une manière de déstabiliser Bayrou dans la mesure où le succès de constitution d'un parti politique pour Bayrou ne tient pas uniquement à la mobilisation des militants, mais également au fait qu'il arrive à constituer un groupe parlementaire et qu'il arrive à produire des élus. Cet élément est absolument essentiel, non seulement parce qu'en fait un parti politique s'appuie en partie sur ses élus, mais parce que ses députés lui permettent d'accéder à la dotation publique, donc de s'enraciner un peu dans le système politique. A contrario, pour l'UMP, ces députés lui permettent de prétendre rassembler l'ensemble de la droite, mais également, peut-être, de drainer plus d'argent et plus de dotations publiques. On ne connaît pas exactement les termes de l'accord qui a été passé et les termes de la négociation. Ce qu'on sait, c'est que Nicolas Sarkozy a organisé l'UMP à partir d'un ensemble d'organisations satellisées. En 2002, l'UMP avait le choix : soit produire un véritable pluralisme dans le parti, une sorte de fonctionnement par courants. C'est d'ailleurs ce qui était prévu dans ses statuts. Mais les statuts n'ont pas été appliqués et, en particulier, Sarkozy a préféré créer des organisations satellites liées à l'UMP par un lien d'association. Ce lien se fonde sur des contrats privés définis au cas par cas de manière assez peu transparente. On ne sait pas exactement par exemple, dans le contrat avec le Parti radical ou d'autres, ce qui est négocié, en particulier en termes financiers. Donc l'association avec l'UDF d'Hervé Morin entre dans ce cadre général : à la fois une négociation ponctuelle et peu transparente. Ce que l'on peut penser, c'est que les anciens UDF auront négocié une certaine autonomie financière qui se manifesterait par la constitution d'un groupe parlementaire autonome. Harry : Nicolas Sarkozy a-t-il tué le Modem dans l'uf ? Florence Haegel : Paradoxalement, le relatif succès de François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle était en fait un échec potentiel. En effet, si l'on n'entre pas dans un système d'alliances, il est beaucoup plus difficile de capitaliser les voix qu'on a recueillies au premier tour. De ce point de vue, c'est moins Sarkozy qui a tué le Modem dans l'uf qu'une stratégie de totale autonomie qui est difficilement vivable dans le système de la Ve République. A moyen terme, c'est vrai qu'on peut penser que le Modem sera difficilement vivable car il manquera d'élus et d'argent, comme je l'ai dit plus haut, et qu'un parti ne peut uniquement vivre par la mobilisation des adhérents. Par ailleurs, le fait qu'il ait été dépecé de l'essentiel de son équipe dirigeante rendra difficile la reconstitution d'une direction du Modem. Pour le moment, il réussit à agréger une équipe venant d'horizons très divers, à la fois bien sûr quelques anciens UDF, mais aussi des personnes venant de la société civile ou quelques transfuges de l'écologie. Mais une des difficultés sera de faire vivre ensemble une équipe hétérogène. Diabolotique : Est-ce que la stratégie d'ouverture de Nicolas Sarkozy n'est qu'un moyen de gagner la deuxième partie des élections présidentielles : les législatives ? Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT M. Raffarin plaide pour une présidence collégiale à l'UMP Au Liban, Bernard Kouchner estime qu'attaquer le Fatah Al-Islam serait "juste" Eurotunnel a réussi son OPE lui évitant la faillite Le président turc met son veto à l'élection de son successeur au suffrage universel ET AUSSI Suisse | Dessins du jour Samedi 26 mai 2007 La consolidation bancaire en Europe continue. Qui de la britannique Barclays ou du consortium mené par la Royal Bank of Scotland obtiendra le rachat de la banque néerlandaise ABN Amro ? | AFP/RICK NEDERSTIGT Thématique La consolidation bancaire européenne François Fillon | AFP/PHILIPPE HUGUEN Chat Florence Haegel : "Les conditions vont être réunies pour que Nicolas Sarkozy soit jugé sur son action" LÉGISLATIVES 2007 Où en est-on de la parité en politique ? Les mesures fiscales annoncées par le gouvernement vont-elles relancer la croissance ? Les organisations universitaires annoncent des "assises de l'enseignement supérieur" Législatives : Qui va gagner la guerre des centres ? LES DÉPÊCHES Cyclisme: Bjarne Riis avoue s'être dopé Reuters 18h28 Les USA en désaccord avec la position allemande sur le climat Reuters 18h16 25 ans de réclusion requis au procès Shaftesbury Reuters 18h12 Un criminel de guerre bosno-serbe se serait évadé en Bosnie Reuters 17h57 (legislatives2007_index_articles&) § Le président du Front national a affirmé vendredi près de Perpignan que Nicolas Sarkozy "est à peine un gouverneur de province et il a bien moins de pouvoir qu'Arnold Schwarzenegger", le gouverneur de Californie. § "L e gouvernement, c'est Nicolas Sarkozy qui l'a décidé lui-même. Il fait comme Napoléon III : il s'est plutôt proclamé empereur que président de la République, a raillé le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, en déplacement près de Perpignan pour les législatives, vendredi 25 mai. C'est comme les dictateurs, ils sont toujours à la limite. Hitler était autrichien, Napoléon était corse, peut-être que ses origines hongroises le porteront à agir en hussard." M. Le Pen a vivement critiqué au Soler, à 10 km de Perpignan, la présence de quatre socialistes dans ce gouvernement, s'en prenant vivement à Bernard Kouchner, et à la position de M. Sarkozy sur l'Europe. "Sa photo officielle à côté du drapeau européen prouve bien ses intentions. Il est à peine un gouverneur de province et il a bien moins de pouvoir qu'Arnold Schwarzenegger", le gouverneur de Californie, a-t-il lancé. "CONTRAINDRE LE GOUVERNEMENT" "En liant les mains de la France au sein de l'Union européenne, il ne pourra pas mettre en place le moindre début de commencement des réformes nécessaires au pays", a-t-il développé, citant notamment l'immigration ou la baisse des impôts. Selon lui, M. Sarkozy ne pourra empêcher l'entrée de la Turquie dans l'Europe "puisque la Constitution européenne qu'il veut faire adopter par la France prévoit la généralisation du vote des lois européennes à la majorité qualifiée". Après son échec relatif à la présidentielle, M. Le Pen appelle les électeurs de l'UDF et de l'UMP à se mobiliser "massivement" pour soutenir les candidats FN afin "de contraindre le gouvernement à appliquer la politique pour laquelle Sarkozy a été élu". M. Le Pen, accompagné de son épouse, poursuivra sa tournée en province vendredi après-midi à Toulon et à Marseille. Samedi, il sera à Ajaccio pour soutenir les candidats de son parti aux élections législatives des 10 et 17 juin. § L'Elysée l'a annoncé vendredi, "conformément à ce qu'avait déclaré Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle". En 2002, les contraventions pour le stationnement non dangereux avaient été les seules infractions au code de la route amnistiées. § I l n'y aura "pas d'amnistie pour les infractions au code de la route", "conformément à ce qu'avait déclaré Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale", a annoncé David Martinon, porte-parole de l'Elysée, vendredi 25 mai dans un communiqué."Le président a toujours considéré qu'il n'était pas moralement juste de décider de ne pas appliquer la loi : la loi doit s'appliquer de la même façon pour tous", a-t-il ajouté. "Il ne doit donc pas y avoir de différence de traitement par la puissance publique entre un délit commis en mai 2007 et un délit commis en mai 2006 ou à toute autre date. C'est une question de principe : la loi est la même pour tous les citoyens de la République française." A la veille du week-end de la Pentecôte, le porte-parole de l'Elysée "tient à rappeler qu'en 2006", ce même week-end "avait causé 845 accidents, 1 027 blessés et 41 morts sur les routes de France". L'amnistie présidentielle est une spécificité française qui se traduit par le vote d'une loi au Parlement dans les mois qui suivent l'élection du chef de l'Etat, et peut porter sur divers délits. Elle avait déjà vu son champ largement réduit en 2002, et notamment en matière d'infractions routières, après la réélection de Jacques Chirac, au motif d'une lutte contre l'insécurité. Mais elle avait toutefois été maintenue pour le stationnement non dangereux (sur trottoir, passage piéton). Lors de la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou et Dominique Voynet s'était opposés à l'amnistie des infractions routières. § Après avoir rencontré à son tour le gouvernement, le président du syndicat, Jacques Voisin, a indiqué que le service minimum dans les transports en cas de grève fera l'objet, dès le mois de juillet, d'une "loi-cadre" à négocier au sein de chaque entreprise. § R eçu à son tour par Nicolas Sarkozy et plusieurs de ses ministres, le président de la CFTC, Jacques Voisin, a indiqué que le service minimum dans les transports en cas de grève fera l'objet d'une "loi-cadre" dès juillet, appelant les partenaires sociaux à négocier au sein des entreprises. "On a compris qu'il y aurait au moins une loi-cadre dans le paquet de juillet, qui appellerait les partenaires sociaux à négocier à partir de septembre notamment sur l'alarme sociale, la prévention des conflits", a-t-il déclaré, ajoutant que son syndicat a insisté pour que les négociations soient faites "entreprise par entreprise, ou branche quand c'est nécessaire". "Je pense qu'on a trouvé un accord avec le président de la République sur la question", a jugé M. Voisin, au terme d'un entretien jugé "très positif". "Le président de la République a bien dit qu'il n'était pas question de toucher au droit de grève. On est sur ce point rassurés", a-t-il ajouté, rejoignant ainsi le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui s'était entretenu avec le gouvernement peu de temps avant. M. Mailly avait également fait part de sa volonté de négocier, entreprise par entreprise, des accords de prévention des conflits, du type de celui en vigueur à la RATP. LES NÉGOCIATIONS SUR LE CONTRAT DE TRAVAIL REPOUSSÉES EN 2008 Comme l'avait affirmé M. Mailly, les conférences sociales de septembre, en particulier celles abordant des thèmes en négociation entre patronat et syndicats sur la flexisécurité et le contrat de travail, serait reportées "sûrement en 2008" après d'éventuelles négociations, selon M. Voisin. Resteraient les conditions de travail, l'égalité salariale et la démocratie sociale. En ce qui concerne les thèmes non négociés, le gouvernement fera des "consultations" ou des "concertations", selon Jean-Claude Mailly, qui a notamment plaidé pour "une l'égalité salariale" hommes-femmes, demandant "un système de contraintes pour les entreprises ne (la) respectant pas". Sur les heures supplémentaires, une "concertation rapide" est prévue avec Jean-Louis Borloo, a indiqué M. Mailly, en rappelant "les problèmes de faisabilité de la mesure" et la crainte que "les entreprises compressent ainsi la masse salariale". Le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-François Roubaud, qui a ouvert le bal des consultations à 10 heures, s'est dit pour sa part satisfait de la "volonté du gouvernement d'aller vite" et de la méthode choisie. François Chérèque, leader de la CFDT et Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, doivent être reçus en fin d'après-midi. § Ce constat, dressé par l'OCDE en 2004, reste valable malgré les allégements consentis en 2004 et 2005. § L a France est un des pays de l'OCDE où la fiscalité sur les successions est la plus élevée : elle représentait 0,52 % de son produit intérieur brut (PIB), contre 0,31 % en Finlande, 0,26 % aux Etats-Unis, 0,19 % en Allemagne, 0,12 % au Japon et 0,10 % en Suède. Ce constat, dressé par l'OCDE en 2004, reste valable malgré les allégements consentis en 2004 et 2005. En Europe, de nombreux Etats exonèrent totalement les transmissions en ligne directe (ascendants et descendants) : Chypre, l'Estonie, la Slovaquie, la République tchèque et la Hongrie. De nombreuses législations exonèrent totalement les transmissions entre conjoints (la France le fait lorsque les époux ont opté pour la communauté universelle). Des abattements importants sont fréquemment accordés au conjoint survivant et aux héritiers en ligne directe : plus de 47 000 euros par héritier en ligne directe en Espagne auxquels s'ajoutent plus de 122 000 euros en cas d'acquisition de la résidence principale du défunt, 307 000 euros par conjoint (563 000 avec l'abattement alimentaire) et 250 000 euros par enfant en Allemagne.LES DONATIONS FAVORISÉES Outre la complexité de ses barèmes, la France a des taux d'imposition élevés : jusqu'à 40 % en ligne directe (7 % à 30 % en Allemagne), de 35 % à 60 % pour les non mariés. Le Royaume-Uni, où il n'existe pas de réserve héréditaire, taxe à 40 % les actifs successoraux à partir de 280 000 livres, mais, en dessous, l'exonération est totale. La plupart des pays favorisent les donations entre vifs et facilitent les transmissions d'entreprise. La France suit ce mouvement depuis 2004. Deux pays de l'OCDE ont cherché à supprimer les droits de succession : l'Italie et les Etats-Unis. Silvio Berlusconi l'a fait le 25 octobre 2001, mais Romano Prodi a rétabli cet impôt fin 2006. Depuis 2001, George Bush n'a eu de cesse de faire baisser les droits de succession, la "death tax" que les conservateurs jugent néfastes à l'économie. Il avait prévu de les supprimer complètement en 2010 : il a peu de chances d'y parvenir avec un congrès à majorité démocrate. . § La proximité des élections législatives et la couleur politique opposée des deux hommes ont fait de la rencontre du 24 mai un événement très couru. § C 'est une tradition républicaine - la visite du nouveau président de la République au maire de Paris - mais la proximité des élections législatives et la couleur politique opposée des deux hommes en ont fait un événement politique très couru. Devant 600 personnes réunies sous les dorures de la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville, Nicolas Sarkozy en a profité pour vanter sa stratégie d'ouverture. "Je vais continuer à tendre la main à toutes les femmes et à tous les hommes de bonne volonté qui aiment leur pays et qui veulent le servir", a expliqué le président, qui a pris dans son gouvernement quatre personnalités issues de la gauche. "Je n'ai pas l'ambition de supprimer majorité et opposition. Il faut les deux. Simplement, peut-être, n'avons-nous pas la même idée des rapports de forces réciproques entre la majorité et l'opposition", a-t-il lancé à Bertrand Delanoë."INTÉRÊT GÉNÉRAL" M. Sarkozy a promis, jeudi, de prendre des "initiatives" en faveur d'une "démocratie exemplaire", après les élections législatives des 10 et 17 juin. "Travaillons ensemble dans un esprit d'ouverture et dans un esprit de tolérance", a conclu le chef de l'Etat, qui a assuré qu'il n'entendait pas céder "au sectarisme, ni à l'esprit de clan, ni à l'intolérance." Bertrand Delanoë a souhaité que l'Etat et la Ville de Paris puissent "travailler ensemble au service exclusif de l'intérêt général" et formé "des voeux pour que les cinq années à venir servent à l'épanouissement d'une société dédiée aux valeurs de paix, de vérité, de respect, de justice sociale". "Par-delà nos différences, les idéaux républicains sont le ciment de ce pacte démocratique qui constitue le plus précieux des legs", a-t-il ajouté. Mais, a-t-il glissé à la fin du discours aux journalistes présents : "Ce soir je serai en meeting dans le 12e arrondissement" pour soutenir la candidate socialiste "pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté." § Le dirigeant centriste a réuni plus de 6 000 personnes jeudi soir au Zenith de Paris pour le lancement de son nouveau mouvement dans la campagne des législatives. § A la veille de son 56e anniversaire, François Bayrou s'est offert... un bain de jouvence. Jeudi 24 mai, le Zénith de Paris était de nouveau pavoisé en orange. Plus de 6 000 fidèles ont porté sur les fonts baptismaux le nouveau Mouvement démocrate (MoDem). A l'accueil, ce sont plusieurs centaines de nouvelles adhésions qui ont été enregistrées. Pour tous, une même foi : "Une nouvelle force politique est en train de naître." On lui promet une nouvelle traversée du désert, après que la plupart des députés sortants de l'UDF ont choisi de rejoindre la majorité présidentielle ? M. Bayrou cite André Malraux, quand le général de Gaulle avait été abandonné, en 1952, par la majorité des élus de son mouvement : "Si un certain nombre de parlementaires vous abandonnent, c'est dommage. C'est un incident. Mais si vous abandonnez une idée, l'idée dont vous avez vécu, ce n'est pas un incident. C'est un suicide." "Vous étiez un parti de notables, vous êtes en train de devenir un mouvement populaire", s'est réjoui l'acteur Vincent Lindon, "guest-star" de cette soirée. Dans un autre registre, l'historien Jean-Pierre Rioux en a appelé à l'"insurrection de l'intelligence". Corinne Lepage, présidente de Cap 21, et Jean-Luc Bennahmias, ancien secrétaire national des Verts, sont également partants pour l'"aventure". Jean-Christophe Lagarde, député (UDF) de Seine-Saint-Denis, semble, lui, moins sûr de vouloir embarquer. "LONGUE MARCHE" En présentant les 535 candidats du MoDem aux législatives, M. Bayrou a donné le signal de départ d'une "longue marche". "Le but principal du MoDem sera la naissance et la promotion d'une génération politique nouvelle, a-t-il indiqué. La vie a fait que nous avons été en grande partie privés de notables. Il faut faire de cet accident une force." L'épreuve des législatives, il le sait, "sera rude". Mais il vise au-delà : les municipales, " véritable occasion de reprendre à la base l'enracinement de terrain", les européennes et les régionales, "avec un mode de scrutin pluraliste". "Ce mouvement ne s'arrêtera pas", a promis l'ancien candidat à l'élection présidentielle. Encore faut-il qu'il ne subisse pas un sévère coup d'arrêt dès la première étape des législatives. Sans grand espoir de reconstitution d'un groupe à l'Assemblée nationale, il lui faut éviter une dissolution des 18,57 % d'électeurs qui ont voté pour lui le 22 avril. Et il lui faut aussi consolider un "mouvement" qui, pour l'instant, n'existe que par les "75 000" demandes d'adhésion qu'il revendique. M. Bayrou a annoncé la tenue, "probablement dans la dernière semaine du mois d'août", d'"assises de la démocratie". Il promet également que va être engagée une réflexion pour "inventer les statuts, les règles de fonctionnement de ce mouvement nouveau". Ainsi le MoDem devrait-il se doter d'une "charte éthique". "Ce qui m'a frappé dans les récents changements de camp, aussi bien dans les rangs socialistes que dans les nôtres, ce ne sont pas les destins individuels, souligne M. Bayrou. C'est la tristesse des citoyens qui avaient donné leur confiance." Et lui dans tout ça ? "J'ai en tête une seule question, qui m'obsède : qui défendra les Français ?" Il entend "être capable de dire oui quand les décisions vont dans la bonne direction, de dire non et de se battre quand elles menacent d'être injustes". Première illustration : le satisfecit qu'il a accordé à Nicolas Sarkozy en matière européenne, approuvant son "évolution" en faveur d'un traité simplifié. Et l'"inquiétude", en revanche, sur la mise en place d'une "franchise" sur les soins médicaux, sur la "pause" annoncée dans la réduction des déficits publics ainsi que sur la loi d'autonomie des universités promise en juillet. Moins d'une semaine après la formation du gouvernement, les moins l'emportent déjà sur les plus. § L'ancien ministre de l'éducation nationale de Lionel Jospin, Claude Allègre, estime, dans un entretien à "Libération" que le PS a fait de "l'incompétence le gage de la démocratie" et dénonce la stratégie adoptée par François Hollande. § L 'ancien ministre de l' éducation nationale de Lionel Jospin, Claude Allègre, estime, dans un entretien à Libération samedi 26 mai, que le Parti socialiste a fait de "l'incompétence le gage de la démocratie", ajoutant que "ce ne sont pas les socialistes qui sont nuls, c'est la direction du PS". Pour l'ancien ministre, "pour limiter la casse, il faut que le PS arrête avec l'opposition frontale pratiquée par François Hollande". Selon lui, cela conduit à la catastrophe". Interrogé sur la stratégie adoptée par le premier secrétaire du PS, Claude Allègre affirme"là, je suis vraiment fâché contre lui. Il nous a pris pour des imbéciles. Il a accumulé les combines, pensant qu'il finirait par être désigné candidat. Il croyait que Royal allait s'arrêter. Elle n'a pas le talent nécessaire, mais une niaque pas possible." Il a préféré "s'entourer de magouilleurs incompétents", ajoute-t-il. Concernant l'avenir du Parti socialiste et de la gauche en France, le fidèle de Lionel Jospin pense que "Ségolène Royal risque de prendre le leadership de la gauche". D'après lui, "la seule personne qui puisse lui résister aujourd'hui, c'est Bertrand Delanoë". Claude Allègre a été contacté par Nicolas Sarkozy pour entrer dans le gouvernement de François Fillon. Il a refusé ce poste ministériel, dit-il dans l'entretien, car il a "des interrogations sérieuses sur divers projets" du nouveau président. "Je n'ai pas envie de laisser démolir le code du travail même si, c'est clair, il faut le modifier largement. L'instauration de peines incompressibles me pose aussi problème, même si je comprends qu'on soit choqué par le laxisme de certains juges." Interrogé pour savoir s'il restera au PS, l'ancien ministre indique qu'il paie ses cotisations et il attend pour voir ce qui se passera. § Débat en direct avec Mariette Sineau, du Centre de recherches politiques de Sciences Po, membre de l'Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes, vendredi 1 juin à 15 heures. § § Débat en direct avec Henri Sterdyniak, directeur de département à l' Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), lundi 28 mai à 15 heures. § § Quatorze organisations universitaires veulent tenir "rapidement" des "assises de l'enseignement supérieur", afin d'élaborer des propositions pour une réforme large, jugeant la loi sur l'autonomie des universités insuffisante. § Q uatorze organisations représentatives de la communauté universitaire veulent tenir "rapidement" des "assises de l'enseignement supérieur", afin d'élaborer des propositions pour une réforme large de l'université, ont-elles annoncé vendredi 25 mai. Parmi les signataires figurent la CPU (Conférence des présidents d'université), les étudiants de l'UNEF, la FAGE, la Confédération étudiante, Sauvons la recherche, les syndicats de la FSU, l'UNSA-Education ou encore la CGT. Le rassemblement devrait avoir lieu "à l'automne". Cette annonce intervient alors que le gouvernement a annoncé pour juillet le vote d'une loi sur l'autonomie des universités, présentée par la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche Valérie Pécresse comme "la première brique" d'une réforme plus large. "IL Y A DES PROBLÈMES NOMBREUX" "Cette loi, qui touchera à l'organisation et à la gouvernance des universités, ne réglera pas tous les problèmes, estime Michel Lussault, troisième vice-président de la CPU. Il y a des problèmes nombreux, que Valérie Pecresse a nommés elle-même des 'chantiers prioritaires', qui imposent une réflexion collective." Dans un communiqué commun, les organisations réclament "dès à présent, l'adoption rapide d'un collectif budgétaire significatif en faveur des universités, dont l'état actuel de sous-dotation a été reconnu par tous les responsables politiques, sans exception". "Un comité de pilotage va se réunir et il est possible que ce comité propose une première initiative avant l'été", a ajouté Bruno Julliard, président de l'UNEF, qui demande notamment des actions pour de meilleures conditions de vie des étudiants. Ces assises seront donc organisées au plan national et dans les universités elles-mêmes, "en prévoyant les durées nécessaires à la concertation", selon le communiqué. § Débat en direct avec Nicolas Sauger, du centre de recherches politiques de Sciences Po, auteur d'une thèse consacrée aux scissions de l'UDF, mardi 29 mai à 15 heures. § § L'intégralité du débat avec Florence Haegel, coauteure du "Dictionnaire de la droite" (Larousse, 2007), pour qui le défi de l'UMP sera "l'encadrement et la gestion d'un très gros groupe, assez hétérogène, et donc marqué par des forces centrifuges". § W ww.dstricher.blog.lemonde.fr : Avec le quinquennat et l'inversion du calendrier, les élections législatives ont-elles encore un sens ? L'UMP peut-elle perdre ? Florence Haegel : Il est vrai qu'avec le quinquennat, la succession des élections présidentielle et législatives, on se retrouve avec un cycle électoral à quatre tours. De ce point de vue, il y a une grande dépendance des législatives par rapport à la présidentielle. Mais les législatives restent quand même utiles pour la désignation des parlementaires, donc pour la mise en lois du programme présidentiel. La dépendance des législatives par rapport à la présidentielle rend assez peu probable la défaite de l'UMP aux législatives. Chapo pointu : Qu'est-ce qui explique la montée continue de l'UMP dans les sondages ? Florence Haegel : En fait, c'est un phénomène qu'on a connu à d'autres présidentielles. L'idée qu'il existerait par exemple un vote stratégique et que les électeurs rééquilibreraient leur vote pour répartir le pouvoir entre la présidentielle et les législatives. Cela a rarement été démontré. Généralement, une forte victoire à l'élection présidentielle enclenche une dynamique, au moins dans le court terme, donc on se trouve plutôt dans un mouvement d'amplification des résultats de la présidentielle que dans un effet de rééquilibrage. Rafael : Quel est l'accord conclu entre l'UMP et le nouveau parti centriste (centre droit d'Hervé Morin) ? Florence Haegel : Les députés UDF ralliés représentent d'abord une manière de déstabiliser Bayrou dans la mesure où le succès de constitution d'un parti politique pour Bayrou ne tient pas uniquement à la mobilisation des militants, mais également au fait qu'il arrive à constituer un groupe parlementaire et qu'il arrive à produire des élus. Cet élément est absolument essentiel, non seulement parce qu'en fait un parti politique s'appuie en partie sur ses élus, mais parce que ses députés lui permettent d'accéder à la dotation publique, donc de s'enraciner un peu dans le système politique. A contrario, pour l'UMP, ces députés lui permettent de prétendre rassembler l'ensemble de la droite, mais également, peut-être, de drainer plus d'argent et plus de dotations publiques. On ne connaît pas exactement les termes de l'accord qui a été passé et les termes de la négociation. Ce qu'on sait, c'est que Nicolas Sarkozy a organisé l'UMP à partir d'un ensemble d'organisations satellisées. En 2002, l'UMP avait le choix : soit produire un véritable pluralisme dans le parti, une sorte de fonctionnement par courants. C'est d'ailleurs ce qui était prévu dans ses statuts. Mais les statuts n'ont pas été appliqués et, en particulier, Sarkozy a préféré créer des organisations satellites liées à l'UMP par un lien d'association. Ce lien se fonde sur des contrats privés définis au cas par cas de manière assez peu transparente. On ne sait pas exactement par exemple, dans le contrat avec le Parti radical ou d'autres, ce qui est négocié, en particulier en termes financiers. Donc l'association avec l'UDF d'Hervé Morin entre dans ce cadre général : à la fois une négociation ponctuelle et peu transparente. Ce que l'on peut penser, c'est que les anciens UDF auront négocié une certaine autonomie financière qui se manifesterait par la constitution d'un groupe parlementaire autonome. Harry : Nicolas Sarkozy a-t-il tué le Modem dans l'uf ? Florence Haegel : Paradoxalement, le relatif succès de François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle était en fait un échec potentiel. En effet, si l'on n'entre pas dans un système d'alliances, il est beaucoup plus difficile de capitaliser les voix qu'on a recueillies au premier tour. De ce point de vue, c'est moins Sarkozy qui a tué le Modem dans l'uf qu'une stratégie de totale autonomie qui est difficilement vivable dans le système de la Ve République. A moyen terme, c'est vrai qu'on peut penser que le Modem sera difficilement vivable car il manquera d'élus et d'argent, comme je l'ai dit plus haut, et qu'un parti ne peut uniquement vivre par la mobilisation des adhérents. Par ailleurs, le fait qu'il ait été dépecé de l'essentiel de son équipe dirigeante rendra difficile la reconstitution d'une direction du Modem. Pour le moment, il réussit à agréger une équipe venant d'horizons très divers, à la fois bien sûr quelques anciens UDF, mais aussi des personnes venant de la société civile ou quelques transfuges de l'écologie. Mais une des difficultés sera de faire vivre ensemble une équipe hétérogène. Diabolotique : Est-ce que la stratégie d'ouverture de Nicolas Sarkozy n'est qu'un moyen de gagner la deuxième partie des élections présidentielles : les législatives ? Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT Alvaro Uribe veut libérer des rebelles des FARC Nouvelles négociations entre MM. Iouchtchenko et Ianoukovitch Washington rejette la stratégie allemande de lutte contre le réchauffement L'Iran tente de désamorcer la crise du dossier nucléaire et en appelle à Nicolas Sarkozy ET AUSSI Eurotunnel se redécouvre un avenir | Dessins du jour Dimanche 27 mai 2007 Le président algérien Abdelaziz Bouteflika vote le 17 mai, à Alger, lors des élections législatives. | AP Sons Algérie : "les résultats des législatives reflètent l'agonie du système" Les candidats antilibéraux José Bové et Marie-George Buffet, la vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France chargée des Solidarités Francine Bavay et le candidat de la LCR Oivier Besancenot, le 21 mai 2005, lors d'un rassemblement pour le non de gauche | AFP/JEAN-PIERRE MULLER Chat "Un rassemblement à gauche reste impossible" LÉGISLATIVES 2007 Claude Allègre invite le PS à arrêter sa stratégie "d'opposition frontale" La parité s'impose-t-elle en politique ? Les mesures fiscales annoncées par le gouvernement vont-elles relancer la croissance ? Les organisations universitaires annoncent des "assises de l'enseignement supérieur" LES DÉPÊCHES Israël poursuit ses frappes dans la bande de Gaza Reuters 18h28 Le président et le Premier ministre ukrainiens discutent à Kiev Reuters 18h24 Forte cote de popularité pour François Fillon, selon Ifop Reuters 18h10 Ségolène Royal lance un appel à la mobilisation des électeurs Reuters 18h09 (legislatives2007_index_articles&) § Le président du Front national a affirmé vendredi près de Perpignan que Nicolas Sarkozy "est à peine un gouverneur de province et il a bien moins de pouvoir qu'Arnold Schwarzenegger", le gouverneur de Californie. § "L e gouvernement, c'est Nicolas Sarkozy qui l'a décidé lui-même. Il fait comme Napoléon III : il s'est plutôt proclamé empereur que président de la République, a raillé le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, en déplacement près de Perpignan pour les législatives, vendredi 25 mai. C'est comme les dictateurs, ils sont toujours à la limite. Hitler était autrichien, Napoléon était corse, peut-être que ses origines hongroises le porteront à agir en hussard." M. Le Pen a vivement critiqué au Soler, à 10 km de Perpignan, la présence de quatre socialistes dans ce gouvernement, s'en prenant vivement à Bernard Kouchner, et à la position de M. Sarkozy sur l'Europe. "Sa photo officielle à côté du drapeau européen prouve bien ses intentions. Il est à peine un gouverneur de province et il a bien moins de pouvoir qu'Arnold Schwarzenegger", le gouverneur de Californie, a-t-il lancé. "CONTRAINDRE LE GOUVERNEMENT" "En liant les mains de la France au sein de l'Union européenne, il ne pourra pas mettre en place le moindre début de commencement des réformes nécessaires au pays", a-t-il développé, citant notamment l'immigration ou la baisse des impôts. Selon lui, M. Sarkozy ne pourra empêcher l'entrée de la Turquie dans l'Europe "puisque la Constitution européenne qu'il veut faire adopter par la France prévoit la généralisation du vote des lois européennes à la majorité qualifiée". Après son échec relatif à la présidentielle, M. Le Pen appelle les électeurs de l'UDF et de l'UMP à se mobiliser "massivement" pour soutenir les candidats FN afin "de contraindre le gouvernement à appliquer la politique pour laquelle Sarkozy a été élu". M. Le Pen, accompagné de son épouse, poursuivra sa tournée en province vendredi après-midi à Toulon et à Marseille. Samedi, il sera à Ajaccio pour soutenir les candidats de son parti aux élections législatives des 10 et 17 juin. § L'Elysée l'a annoncé vendredi, "conformément à ce qu'avait déclaré Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle". En 2002, les contraventions pour le stationnement non dangereux avaient été les seules infractions au code de la route amnistiées. § I l n'y aura "pas d'amnistie pour les infractions au code de la route", "conformément à ce qu'avait déclaré Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale", a annoncé David Martinon, porte-parole de l'Elysée, vendredi 25 mai dans un communiqué."Le président a toujours considéré qu'il n'était pas moralement juste de décider de ne pas appliquer la loi : la loi doit s'appliquer de la même façon pour tous", a-t-il ajouté. "Il ne doit donc pas y avoir de différence de traitement par la puissance publique entre un délit commis en mai 2007 et un délit commis en mai 2006 ou à toute autre date. C'est une question de principe : la loi est la même pour tous les citoyens de la République française." A la veille du week-end de la Pentecôte, le porte-parole de l'Elysée "tient à rappeler qu'en 2006", ce même week-end "avait causé 845 accidents, 1 027 blessés et 41 morts sur les routes de France". L'amnistie présidentielle est une spécificité française qui se traduit par le vote d'une loi au Parlement dans les mois qui suivent l'élection du chef de l'Etat, et peut porter sur divers délits. Elle avait déjà vu son champ largement réduit en 2002, et notamment en matière d'infractions routières, après la réélection de Jacques Chirac, au motif d'une lutte contre l'insécurité. Mais elle avait toutefois été maintenue pour le stationnement non dangereux (sur trottoir, passage piéton). Lors de la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou et Dominique Voynet s'était opposés à l'amnistie des infractions routières. § Après avoir rencontré à son tour le gouvernement, le président du syndicat, Jacques Voisin, a indiqué que le service minimum dans les transports en cas de grève fera l'objet, dès le mois de juillet, d'une "loi-cadre" à négocier au sein de chaque entreprise. § R eçu à son tour par Nicolas Sarkozy et plusieurs de ses ministres, le président de la CFTC, Jacques Voisin, a indiqué que le service minimum dans les transports en cas de grève fera l'objet d'une "loi-cadre" dès juillet, appelant les partenaires sociaux à négocier au sein des entreprises. "On a compris qu'il y aurait au moins une loi-cadre dans le paquet de juillet, qui appellerait les partenaires sociaux à négocier à partir de septembre notamment sur l'alarme sociale, la prévention des conflits", a-t-il déclaré, ajoutant que son syndicat a insisté pour que les négociations soient faites "entreprise par entreprise, ou branche quand c'est nécessaire". "Je pense qu'on a trouvé un accord avec le président de la République sur la question", a jugé M. Voisin, au terme d'un entretien jugé "très positif". "Le président de la République a bien dit qu'il n'était pas question de toucher au droit de grève. On est sur ce point rassurés", a-t-il ajouté, rejoignant ainsi le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui s'était entretenu avec le gouvernement peu de temps avant. M. Mailly avait également fait part de sa volonté de négocier, entreprise par entreprise, des accords de prévention des conflits, du type de celui en vigueur à la RATP. LES NÉGOCIATIONS SUR LE CONTRAT DE TRAVAIL REPOUSSÉES EN 2008 Comme l'avait affirmé M. Mailly, les conférences sociales de septembre, en particulier celles abordant des thèmes en négociation entre patronat et syndicats sur la flexisécurité et le contrat de travail, serait reportées "sûrement en 2008" après d'éventuelles négociations, selon M. Voisin. Resteraient les conditions de travail, l'égalité salariale et la démocratie sociale. En ce qui concerne les thèmes non négociés, le gouvernement fera des "consultations" ou des "concertations", selon Jean-Claude Mailly, qui a notamment plaidé pour "une l'égalité salariale" hommes-femmes, demandant "un système de contraintes pour les entreprises ne (la) respectant pas". Sur les heures supplémentaires, une "concertation rapide" est prévue avec Jean-Louis Borloo, a indiqué M. Mailly, en rappelant "les problèmes de faisabilité de la mesure" et la crainte que "les entreprises compressent ainsi la masse salariale". Le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-François Roubaud, qui a ouvert le bal des consultations à 10 heures, s'est dit pour sa part satisfait de la "volonté du gouvernement d'aller vite" et de la méthode choisie. François Chérèque, leader de la CFDT et Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, doivent être reçus en fin d'après-midi. § Ce constat, dressé par l'OCDE en 2004, reste valable malgré les allégements consentis en 2004 et 2005. § L a France est un des pays de l'OCDE où la fiscalité sur les successions est la plus élevée : elle représentait 0,52 % de son produit intérieur brut (PIB), contre 0,31 % en Finlande, 0,26 % aux Etats-Unis, 0,19 % en Allemagne, 0,12 % au Japon et 0,10 % en Suède. Ce constat, dressé par l'OCDE en 2004, reste valable malgré les allégements consentis en 2004 et 2005. En Europe, de nombreux Etats exonèrent totalement les transmissions en ligne directe (ascendants et descendants) : Chypre, l'Estonie, la Slovaquie, la République tchèque et la Hongrie. De nombreuses législations exonèrent totalement les transmissions entre conjoints (la France le fait lorsque les époux ont opté pour la communauté universelle). Des abattements importants sont fréquemment accordés au conjoint survivant et aux héritiers en ligne directe : plus de 47 000 euros par héritier en ligne directe en Espagne auxquels s'ajoutent plus de 122 000 euros en cas d'acquisition de la résidence principale du défunt, 307 000 euros par conjoint (563 000 avec l'abattement alimentaire) et 250 000 euros par enfant en Allemagne.LES DONATIONS FAVORISÉES Outre la complexité de ses barèmes, la France a des taux d'imposition élevés : jusqu'à 40 % en ligne directe (7 % à 30 % en Allemagne), de 35 % à 60 % pour les non mariés. Le Royaume-Uni, où il n'existe pas de réserve héréditaire, taxe à 40 % les actifs successoraux à partir de 280 000 livres, mais, en dessous, l'exonération est totale. La plupart des pays favorisent les donations entre vifs et facilitent les transmissions d'entreprise. La France suit ce mouvement depuis 2004. Deux pays de l'OCDE ont cherché à supprimer les droits de succession : l'Italie et les Etats-Unis. Silvio Berlusconi l'a fait le 25 octobre 2001, mais Romano Prodi a rétabli cet impôt fin 2006. Depuis 2001, George Bush n'a eu de cesse de faire baisser les droits de succession, la "death tax" que les conservateurs jugent néfastes à l'économie. Il avait prévu de les supprimer complètement en 2010 : il a peu de chances d'y parvenir avec un congrès à majorité démocrate. . § L'ancien premier ministre socialiste, Laurent Fabius,"demande aux dirigeant(e)s socialistes combativité et unité" dans la bataille pour les législatives, dans une interview au "Journal du Dimanche". Ségolène Royal estime que les électeurs de Nicolas Sarkozy à la présidentielle avaient été "floués" sur un certain nombre de sujet. § L 'ancien premier ministre socialiste, Laurent Fabius, "demande aux dirigeant(e)s socialistes combativité et unité" dans la bataille pour les législatives, dans une interview au Journal du dimanche."A quinze jours du premier tour des législatives, ils (les Français) nous demandent avec force deux choses : pas de division mais de l'unité; pas de défaitisme mais de la combativité", déclare le député PS de Seine Maritime."Les Français n'ont que faire des querelles internes du PS et des positionnements. Ils veulent nos propositions pour l'emploi, l'école, la santé, le logement, les services publics, l'environnement, l'Europe sociale. Ils veulent que nous dénoncions d'une même voix la propagande gouvernementale", ajoute-t-il, dans un "coup de gueule" aux dirigeants du PS. SÉGOLÈNE ROYAL EN CAMPAGNE Ségolène Royal a déclaré, samedi 26 mai, à La Rochelle que les électeurs de Nicolas Sarkozy à la présidentielle avaient été "floués" sur un certain nombre de sujets et a réclamé un "passage à l'acte avant les législatives" sur certaines mesures pouvant être prises par décret. "Les gens vont se rendre compte petit à petit qu'ils ont été floués sur un certain nombre de propositions qui sont intenables", a estimé la candidate malheureuse à la présidentielle, qui s'exprimait devant la presse lors de son premier déplacement de soutien aux candidats socialistes aux législatives. "Il y a eu des mensonges tenus par Nicolas Sarkozy (...) aujourd'hui les rendez-vous de vérité sont là", a poursuivi Mme Royal, évoquant notamment la déception d'électeurs "qui ont acquis leur résidence principale il y a quelques mois et qui pensaient pouvoir bénéficier de déduction d'intérêts d'emprunts". Concernant la question du service minimum, "là je crois que le gouvernement recule déjà devant la réalité et le bon sens des partenaires sociaux", a-t-elle estimé. Sur des mesures annoncées par le candidat UMP durant la campagne présidentielle et qui peuvent être prises par décret, Mme Royal a par ailleurs réclamé un "passage à l'acte avant les législatives". Citant la création de postes dans les hôpitaux, les moyens supplémentaires pour l'enseignement supérieur et la recherche, la revalorisation des bas salaires et des petites retraites, ou encore les mesures concernant les "golden parachutes", elle a demandé "que ce soit fait avant le premier tour" des législatives. Lançant un "message de mobilisation aux électeurs", Mme Royal a présenté les législatives comme "un enjeu majeur pour réinventer la gauche de demain". § Soixante-cinq pour cent des Français sont satisfaits de Nicolas Sarkozy comme président de la République, tandis que 62 % sont satisfaits de la nomination de François Fillon, selon un sondage IFOP pour le Journal du dimanche. § S oixante-cinq pour cent des Français sont satisfaits de Nicolas Sarkozy comme président de la République, tandis que 62 % sont satisfaits de la nomination de François Fillon, selon un sondage IFOP pour le Journal du dimanche. 23% sont "très satisfaits" et 42 % "plutôt satisfaits" du chef de l'Etat, soit un total de 65 % qui fait de Nicolas Sarkozy le président le plus populaire juste après sa prise de fonctions, à l'exception de Charles de Gaulle En juillet-août 1958, après son retour au pouvoir, Charles de Gaulle avait obtenu 67 %, et 61 % en janvier 1966 après sa première élection au suffrage universel pour un second mandat. Les autres présidents de la Ve République ont lors de leur arrivée à l'Elysée et dans l'ordre chronologique obtenu les cotes de popularité suivantes : Georges Pompidou 54 %, Valéry Giscard d'Estaing 44 %, François Mitterrand 54 % (à la fois en 1981 et 1988), Jacques Chirac 59 % en 1995 et 51 % en 2002. 31 % des personnes interrogées sont mécontentes du président Sarkozy (20 % "plutôt mécontentes" et 11 % "très mécontentes"). Quant à François Fillon, 14 % sont "très satisfaits" de sa désignation à l'hôtel Matignon, et 48 % "plutôt satisfaits", un total de 62 % de satisfaits qui le place dans le trio de tête des chefs de gouvernement les plus plébiscités en début de mandat, entre Alain Juppé (63 %, en 1995) et Jean-Pierre Raffarin (60 %, en 2002).La nomination du premier ministre fait 30% de mécontents (21 % "plutôt mécontents" et 9 % "très mécontentes"). § L'ancien ministre de l'éducation nationale de Lionel Jospin, Claude Allègre, estime, dans un entretien à "Libération" que le PS a fait de "l'incompétence le gage de la démocratie" et dénonce la stratégie adoptée par François Hollande. § L 'ancien ministre de l' éducation nationale de Lionel Jospin, Claude Allègre, estime, dans un entretien à Libération samedi 26 mai, que le Parti socialiste a fait de "l'incompétence le gage de la démocratie", ajoutant que "ce ne sont pas les socialistes qui sont nuls, c'est la direction du PS". Pour l'ancien ministre, "pour limiter la casse, il faut que le PS arrête avec l'opposition frontale pratiquée par François Hollande". Selon lui, cela conduit à la catastrophe". Interrogé sur la stratégie adoptée par le premier secrétaire du PS, Claude Allègre affirme"là, je suis vraiment fâché contre lui. Il nous a pris pour des imbéciles. Il a accumulé les combines, pensant qu'il finirait par être désigné candidat. Il croyait que Royal allait s'arrêter. Elle n'a pas le talent nécessaire, mais une niaque pas possible." Il a préféré "s'entourer de magouilleurs incompétents", ajoute-t-il. Concernant l'avenir du Parti socialiste et de la gauche en France, le fidèle de Lionel Jospin pense que "Ségolène Royal risque de prendre le leadership de la gauche". D'après lui, "la seule personne qui puisse lui résister aujourd'hui, c'est Bertrand Delanoë". Claude Allègre a été contacté par Nicolas Sarkozy pour entrer dans le gouvernement de François Fillon. Il a refusé ce poste ministériel, dit-il dans l'entretien, car il a "des interrogations sérieuses sur divers projets" du nouveau président. "Je n'ai pas envie de laisser démolir le code du travail même si, c'est clair, il faut le modifier largement. L'instauration de peines incompressibles me pose aussi problème, même si je comprends qu'on soit choqué par le laxisme de certains juges." Interrogé pour savoir s'il restera au PS, l'ancien ministre indique qu'il paie ses cotisations et il attend pour voir ce qui se passera. § Débat en direct avec Mariette Sineau, du Centre de recherches politiques de Sciences Po, membre de l'Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes, vendredi 1 juin à 15 heures. § § Débat en direct avec Henri Sterdyniak, directeur de département à l' Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), lundi 28 mai à 15 heures. § § Quatorze organisations universitaires veulent tenir "rapidement" des "assises de l'enseignement supérieur", afin d'élaborer des propositions pour une réforme large, jugeant la loi sur l'autonomie des universités insuffisante. § Q uatorze organisations représentatives de la communauté universitaire veulent tenir "rapidement" des "assises de l'enseignement supérieur", afin d'élaborer des propositions pour une réforme large de l'université, ont-elles annoncé vendredi 25 mai. Parmi les signataires figurent la CPU (Conférence des présidents d'université), les étudiants de l'UNEF, la FAGE, la Confédération étudiante, Sauvons la recherche, les syndicats de la FSU, l'UNSA-Education ou encore la CGT. Le rassemblement devrait avoir lieu "à l'automne". Cette annonce intervient alors que le gouvernement a annoncé pour juillet le vote d'une loi sur l'autonomie des universités, présentée par la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche Valérie Pécresse comme "la première brique" d'une réforme plus large. "IL Y A DES PROBLÈMES NOMBREUX" "Cette loi, qui touchera à l'organisation et à la gouvernance des universités, ne réglera pas tous les problèmes, estime Michel Lussault, troisième vice-président de la CPU. Il y a des problèmes nombreux, que Valérie Pecresse a nommés elle-même des 'chantiers prioritaires', qui imposent une réflexion collective." Dans un communiqué commun, les organisations réclament "dès à présent, l'adoption rapide d'un collectif budgétaire significatif en faveur des universités, dont l'état actuel de sous-dotation a été reconnu par tous les responsables politiques, sans exception". "Un comité de pilotage va se réunir et il est possible que ce comité propose une première initiative avant l'été", a ajouté Bruno Julliard, président de l'UNEF, qui demande notamment des actions pour de meilleures conditions de vie des étudiants. Ces assises seront donc organisées au plan national et dans les universités elles-mêmes, "en prévoyant les durées nécessaires à la concertation", selon le communiqué. § Débat en direct avec Nicolas Sauger, du centre de recherches politiques de Sciences Po, auteur d'une thèse consacrée aux scissions de l'UDF, mardi 29 mai à 15 heures. § § L'intégralité du débat avec Florence Haegel, coauteure du "Dictionnaire de la droite" (Larousse, 2007), pour qui le défi de l'UMP sera "l'encadrement et la gestion d'un très gros groupe, assez hétérogène, et donc marqué par des forces centrifuges". § W ww.dstricher.blog.lemonde.fr : Avec le quinquennat et l'inversion du calendrier, les élections législatives ont-elles encore un sens ? L'UMP peut-elle perdre ? Florence Haegel : Il est vrai qu'avec le quinquennat, la succession des élections présidentielle et législatives, on se retrouve avec un cycle électoral à quatre tours. De ce point de vue, il y a une grande dépendance des législatives par rapport à la présidentielle. Mais les législatives restent quand même utiles pour la désignation des parlementaires, donc pour la mise en lois du programme présidentiel. La dépendance des législatives par rapport à la présidentielle rend assez peu probable la défaite de l'UMP aux législatives. Chapo pointu : Qu'est-ce qui explique la montée continue de l'UMP dans les sondages ? Florence Haegel : En fait, c'est un phénomène qu'on a connu à d'autres présidentielles. L'idée qu'il existerait par exemple un vote stratégique et que les électeurs rééquilibreraient leur vote pour répartir le pouvoir entre la présidentielle et les législatives. Cela a rarement été démontré. Généralement, une forte victoire à l'élection présidentielle enclenche une dynamique, au moins dans le court terme, donc on se trouve plutôt dans un mouvement d'amplification des résultats de la présidentielle que dans un effet de rééquilibrage. Rafael : Quel est l'accord conclu entre l'UMP et le nouveau parti centriste (centre droit d'Hervé Morin) ? Florence Haegel : Les députés UDF ralliés représentent d'abord une manière de déstabiliser Bayrou dans la mesure où le succès de constitution d'un parti politique pour Bayrou ne tient pas uniquement à la mobilisation des militants, mais également au fait qu'il arrive à constituer un groupe parlementaire et qu'il arrive à produire des élus. Cet élément est absolument essentiel, non seulement parce qu'en fait un parti politique s'appuie en partie sur ses élus, mais parce que ses députés lui permettent d'accéder à la dotation publique, donc de s'enraciner un peu dans le système politique. A contrario, pour l'UMP, ces députés lui permettent de prétendre rassembler l'ensemble de la droite, mais également, peut-être, de drainer plus d'argent et plus de dotations publiques. On ne connaît pas exactement les termes de l'accord qui a été passé et les termes de la négociation. Ce qu'on sait, c'est que Nicolas Sarkozy a organisé l'UMP à partir d'un ensemble d'organisations satellisées. En 2002, l'UMP avait le choix : soit produire un véritable pluralisme dans le parti, une sorte de fonctionnement par courants. C'est d'ailleurs ce qui était prévu dans ses statuts. Mais les statuts n'ont pas été appliqués et, en particulier, Sarkozy a préféré créer des organisations satellites liées à l'UMP par un lien d'association. Ce lien se fonde sur des contrats privés définis au cas par cas de manière assez peu transparente. On ne sait pas exactement par exemple, dans le contrat avec le Parti radical ou d'autres, ce qui est négocié, en particulier en termes financiers. Donc l'association avec l'UDF d'Hervé Morin entre dans ce cadre général : à la fois une négociation ponctuelle et peu transparente. Ce que l'on peut penser, c'est que les anciens UDF auront négocié une certaine autonomie financière qui se manifesterait par la constitution d'un groupe parlementaire autonome. Harry : Nicolas Sarkozy a-t-il tué le Modem dans l'uf ? Florence Haegel : Paradoxalement, le relatif succès de François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle était en fait un échec potentiel. En effet, si l'on n'entre pas dans un système d'alliances, il est beaucoup plus difficile de capitaliser les voix qu'on a recueillies au premier tour. De ce point de vue, c'est moins Sarkozy qui a tué le Modem dans l'uf qu'une stratégie de totale autonomie qui est difficilement vivable dans le système de la Ve République. A moyen terme, c'est vrai qu'on peut penser que le Modem sera difficilement vivable car il manquera d'élus et d'argent, comme je l'ai dit plus haut, et qu'un parti ne peut uniquement vivre par la mobilisation des adhérents. Par ailleurs, le fait qu'il ait été dépecé de l'essentiel de son équipe dirigeante rendra difficile la reconstitution d'une direction du Modem. Pour le moment, il réussit à agréger une équipe venant d'horizons très divers, à la fois bien sûr quelques anciens UDF, mais aussi des personnes venant de la société civile ou quelques transfuges de l'écologie. Mais une des difficultés sera de faire vivre ensemble une équipe hétérogène. Diabolotique : Est-ce que la stratégie d'ouverture de Nicolas Sarkozy n'est qu'un moyen de gagner la deuxième partie des élections présidentielles : les législatives ? Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page EN UNE EN CE MOMENT M. Hollande appelle à "la combativité" et critique François Fillon Elections en Espagne : un test grandeur nature avant les législatives de 2008 Tony Blair veut renforcer les pouvoirs de la police au détriment des libertés publiques La police moscovite interpelle des militants homosexuels ET AUSSI Eurotunnel se redécouvre un avenir | Dessins du jour Dimanche 27 mai 2007 Dans un laboratoire hongrois, analyse d'oeufs infectés par le virus H5N1, le 23 janvier 2007. | AFP/FERENC ISZA Compte rendu L'OMS parvient à un accord sur l'échange des souches d'H5N1 Jacques Chirac, lors de son élection à la présidence de la république, le 17 mai 1995. | AP/FRANCOIS MORI Thématique Jacques Chirac ou Sisyphe à l'Elysée LÉGISLATIVES 2007 Les socialistes partent à l'offensive pour les législatives Etat de grâce pour Nicolas Sarkozy et François Fillon Claude Allègre invite le PS à arrêter sa stratégie "d'opposition frontale" La parité s'impose-t-elle en politique ? LES DÉPÊCHES LogicaCMG annonce le départ de son DG Martin Read Reuters 18h28 Bertie Ahern, vainqueur fragile, cherche des alliés en Irlande Reuters 18h25 F1: Fernando Alonso remet les pendules à l'heure à Monaco Reuters 18h18 F1: Fernando Alonso remet les pendules à l'heure à Monaco Reuters 18h18 (legislatives2007_index_articles&) § Le président du Front national a affirmé vendredi près de Perpignan que Nicolas Sarkozy "est à peine un gouverneur de province et il a bien moins de pouvoir qu'Arnold Schwarzenegger", le gouverneur de Californie. § "L e gouvernement, c'est Nicolas Sarkozy qui l'a décidé lui-même. Il fait comme Napoléon III : il s'est plutôt proclamé empereur que président de la République, a raillé le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, en déplacement près de Perpignan pour les législatives, vendredi 25 mai. C'est comme les dictateurs, ils sont toujours à la limite. Hitler était autrichien, Napoléon était corse, peut-être que ses origines hongroises le porteront à agir en hussard." M. Le Pen a vivement critiqué au Soler, à 10 km de Perpignan, la présence de quatre socialistes dans ce gouvernement, s'en prenant vivement à Bernard Kouchner, et à la position de M. Sarkozy sur l'Europe. "Sa photo officielle à côté du drapeau européen prouve bien ses intentions. Il est à peine un gouverneur de province et il a bien moins de pouvoir qu'Arnold Schwarzenegger", le gouverneur de Californie, a-t-il lancé. "CONTRAINDRE LE GOUVERNEMENT" "En liant les mains de la France au sein de l'Union européenne, il ne pourra pas mettre en place le moindre début de commencement des réformes nécessaires au pays", a-t-il développé, citant notamment l'immigration ou la baisse des impôts. Selon lui, M. Sarkozy ne pourra empêcher l'entrée de la Turquie dans l'Europe "puisque la Constitution européenne qu'il veut faire adopter par la France prévoit la généralisation du vote des lois européennes à la majorité qualifiée". Après son échec relatif à la présidentielle, M. Le Pen appelle les électeurs de l'UDF et de l'UMP à se mobiliser "massivement" pour soutenir les candidats FN afin "de contraindre le gouvernement à appliquer la politique pour laquelle Sarkozy a été élu". M. Le Pen, accompagné de son épouse, poursuivra sa tournée en province vendredi après-midi à Toulon et à Marseille. Samedi, il sera à Ajaccio pour soutenir les candidats de son parti aux élections législatives des 10 et 17 juin. § L'Elysée l'a annoncé vendredi, "conformément à ce qu'avait déclaré Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle". En 2002, les contraventions pour le stationnement non dangereux avaient été les seules infractions au code de la route amnistiées. § I l n'y aura "pas d'amnistie pour les infractions au code de la route", "conformément à ce qu'avait déclaré Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale", a annoncé David Martinon, porte-parole de l'Elysée, vendredi 25 mai dans un communiqué."Le président a toujours considéré qu'il n'était pas moralement juste de décider de ne pas appliquer la loi : la loi doit s'appliquer de la même façon pour tous", a-t-il ajouté. "Il ne doit donc pas y avoir de différence de traitement par la puissance publique entre un délit commis en mai 2007 et un délit commis en mai 2006 ou à toute autre date. C'est une question de principe : la loi est la même pour tous les citoyens de la République française." A la veille du week-end de la Pentecôte, le porte-parole de l'Elysée "tient à rappeler qu'en 2006", ce même week-end "avait causé 845 accidents, 1 027 blessés et 41 morts sur les routes de France". L'amnistie présidentielle est une spécificité française qui se traduit par le vote d'une loi au Parlement dans les mois qui suivent l'élection du chef de l'Etat, et peut porter sur divers délits. Elle avait déjà vu son champ largement réduit en 2002, et notamment en matière d'infractions routières, après la réélection de Jacques Chirac, au motif d'une lutte contre l'insécurité. Mais elle avait toutefois été maintenue pour le stationnement non dangereux (sur trottoir, passage piéton). Lors de la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou et Dominique Voynet s'était opposés à l'amnistie des infractions routières. § Droits de succession, heures supplémentaires, etc. Henri Sterdyniak, directeur de département à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) pointe les limites des mesures fiscales annoncées par le gouvernement Fillon. § N arbé : L'ensemble des mesures fiscales prises par M. Sarkozy auront-elles l'impact attendu sur la croissance ? Si oui, laquelle est selon vous, susceptible d'être la plus efficace ? Henri Sterdyniak : Actuellement, nous n'avons pas encore un programme bouclé. N'ont été annoncées que des mesures de réduction des impôts. On ne sait pas comment ce programme sera financé. On ne sait pas si les mesures de hausse des dépenses pour la recherche, l'enseignement, la sécurité professionnelle seront effectivement mises en uvre. Les mesures annoncées actuellement ne semblent guère capables à elles seules de provoquer le choc attendu. La mesure qui secoue le plus est celle portant sur les heures supplémentaires. C'est la plus coûteuse et c'est celle qui peut modifier le comportement des entreprises et des salariés. Eric le sudiste : Quel pourrait être le coût réel des mesures fiscales pour le budget de l'Etat mais également pour les caisses de retraites en lien avec la suppression des cotisations sociales ? Henri Sterdyniak : Les mesures annoncées actuellement ont un coût en année pleine de l'ordre de 15 milliards d'euros. Soit 0,8 % du PIB. Là-dessus, 5 milliards seraient des allègements de cotisations sociales. Mais en principe, l'Etat devrait les rembourser aux caisses de sécurité sociale. Pierre_1 : Combien de contribuables français sont réellement concernés par les projets fiscaux ? Henri Sterdyniak : Pour la réduction des droits de succession, le nombre de bénéficiaires chaque année, sera de l'ordre de 100 000. Mais beaucoup de personnes se ressentent comme des "bénéficiaires potentiels", parce qu'ils n'ont pas conscience que de toute façon, leur patrimoine est trop faible pour payer des droits de succession. Pour le bouclier fiscal, c'est plus difficile à dire. Il devait bénéficier à 100 000 personnes cette année, jusqu'à présent, il n'y a eu que 1 000 demandes de restitution. Beaucoup de contribuables ont eu peur d'attirer l'attention du fisc sur eux. La mesure permettant, au lieu de payer l'ISF, d'investir 50 000 euros dans une PME, pourrait faire passer le nombre de personnes payant effectivement l'ISF de 450 000 à 20 000. ALRY : En quoi le programme fiscal de Nicolas Sarkozy est-il novateur ? Henri Sterdyniak : La baisse des droits de succession, même dans ce contexte, est particulièrement malvenue, car elle profite à des enfants dont le seul mérite est d'être né là où il fallait. Ces 5 milliards auraient sans doute été mieux employés à favoriser l'accès à l'enseignement supérieur et à la possibilité de créer des entreprises, des jeunes des milieux modestes. C'est un programme qui n'hésite pas à briser certains tabous. Par exemple, en baissant l'impôt sur les successions et en abaissant le bouclier fiscal. C'est un programme assumé de redistribution vers les plus riches. En sens inverse, on peut lui reprocher de rester dans la tradition française de multiplication des niches fiscales. L'impôt va devenir de plus en plus compliqué, aussi bien avec le bouclier fiscal qu'avec la détaxation des heures supplémentaires. Un programme plus simple de baisse des taux et de simplification aurait sans doute été préférable. Yznn : Quelles mesures fiscales annoncées durant la campagne peuvent au final ne pas être appliquées , et pour quelles raisons ? Henri Sterdyniak : De nombreuses mesures ne seront pas appliquées. Par exemple, la baisse de la TVA à 5,5% dans la restauration puisque nos partenaires européens s'y opposeront. Par ailleurs, l'objectif de baisse du taux de prélèvement obligatoire de 4 points sera difficile à atteindre, Nicolas Sarkozy n'aillant pas annoncé de réduction des dépenses publiques correspondant à ce niveau. RTP : L'exonération des charges et la défiscalisation des heures supplémentaires : est-ce une bonne ou une mauvaise mesure financière ? Quel impact pour l'emploi ? Henri Sterdyniak : C'est une mesure très délicate à mettre en uvre. Elle coûterait environ 5,6 milliards d'euros mais elle pose de nombreux problèmes. D'abord elle pourrait inciter les entreprises à donner plus d'heures supplémentaires aux travailleurs déjà employés plutôt qu'à embaucher, ce qui serait une catastrophe pour l'emploi. Ensuite, elle pourrait donner lieu à de l'évasion fiscale, les entreprises et les salariés ont intérêt à se mettre d'accord pour transformer les primes et une partie du salaire en fausses heures supplémentaires. 1 | 2 | 3 | 4 | suivant (fl-rg.gif) Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE, professeur à l'université Paris-Dauphine | D.R. D.R. Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE, professeur à l'université Paris-Dauphine EN UNE EN CE MOMENT La rencontre irano-américaine sur l'Irak est "un premier pas", selon Téhéran Quatre gènes impliqués dans le cancer du sein ont été identifiés Fiscalité : Matignon se fixe "un programme de redistribution vers les plus riches" Mise en place d'une super-cellule d'écoute antiterroriste en France ET AUSSI Le court 1 couvert d'une bâche de protection, le 28 mai 2007. | AFP/PIERRE VERDY Télézapping Orages, ô désespoir Une plaquette de pilules contraceptives. | AFP/MYCHELE DANIAU Les faits La pilule qui supprime les règles n'est pas révolutionnaire La ministre de la Parité et de l'égalité professionnelle Nicole Ameline pose pendant les débats, le 04 mai 2005 dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à Paris. | AFP/JOEL ROBINE Chat La parité s'impose-t-elle en politique ? LÉGISLATIVES 2007 Fiscalité : le gouvernement met en uvre "un programme de redistribution vers les plus riches" Le "coup de gueule" de Laurent Fabius Sur la dalle d'Argenteuil, Faouzi Lamdaoui, PS, porte les espoirs de reconquête de la gauche A Drancy, les ambiguïtés de Jean-Christophe Lagarde LES DÉPÊCHES Roland-Garros: la pluie arrête les matches de nouveau Reuters 18h03 L'impunité pour les assassins de reporters serait trop répandue Reuters 17h58 UE: Sarkozy et Prodi pour une meilleure gouvernance économique Reuters 17h50 UE: Sarkozy et Prodi pour une meilleure gouvernance économique Reuters 17h50 (legislatives2007_index_articles&) § L'ancien premier ministre socialiste a lancé, dimanche, aux dirigeants du PS "un appel à la raison", à quinze jours du premier tour des élections législatives. "Les Français n'ont que faire des querelles internes du PS", explique-t-il. § "L es Français n'ont que faire des querelles internes du PS et des positionnements", a dénoncé l'ancien premier ministre socialiste Laurent Fabius dans un "coup de gueule" publié le 27 mai dans Le Journal du dimanche puis lundi sur son blog. Lui-même candidat dans la 4e circonscription de Seine-Maritime, M. Fabius souligne dans ce texte "l'urgence" de la situation, à quinze jours du premier tour des élections législatives, et lance "un appel à la raison" aux dirigeants socialistes à qui il demande "combativité et unité". "Partout, je sens monter chez nos concitoyens, et d'abord chez ceux qui ont le cur à gauche, de l'exaspération et même une certaine colère", explique-t-il. "Ils nous demandent avec force deux choses : pas de divisions, mais de l'unité ; pas de défaitisme, mais de la combativité. Une élection n'est pas perdue ou gagnée à l'avance. Le résultat est affaire de volonté et de pugnacité", estime M. Fabius. Les Français "veulent nos propositions pour l'emploi, l'école, la santé, le logement, les services publics, l'environnement, l'Europe sociale. Ils veulent que nous dénoncions d'une même voix la propagande gouvernementale, l'augmentation de la franchise sur les soins médicaux qui va priver les moins favorisés de l'accès aux soins ou encore le contrat de travail unique, sorte de CPE généralisé, qui risque un peu plus de précariser la vie", souligne-t-il encore. § La gauche espère bien reconquérir la 5e circonscription du Val-d'Oise perdue par Robert Hue en 2002 face au candidat UMP Georges Mothron. § P our les socialistes, la 5e circonscription du Val-d'Oise, celle d'Argenteuil-Bezons, est symbolique à plus d'un titre. Parce que c'est ici, en octobre 2005, sur la dalle du Val-d'Argent à Argenteuil, que Nicolas Sarkozy a traité les jeunes de "racaille". Parce que la gauche espère bien reconquérir ce siège perdu par Robert Hue en 2002 face au candidat UMP Georges Mothron. Parce qu'enfin, le PS y présente un de ses dix-sept candidats issu de l'immigration : Faouzi Lamdaoui, ingénieur quadragénaire d'origine algérienne. "Tu as cette couleur de peau qui fait que tu dois plus que d'autres être efficace et plus que d'autres être conscient de la tâche qui t'attend", lui a lancé amicalement François Hollande, venu le soutenir lors d'un meeting à Bezons le 22 mai. Et de le mettre au défi : "Les résultats de Ségolène, ici, autorisent toutes les espérances." A la présidentielle, la candidate socialiste a réuni près de 58 % des suffrages. Face au député sortant, Georges Mothron, Faouzi Lamdaoui pourrait bien tirer son épingle du jeu. D'autant que si le canton de Bezons reste le dernier carré du PCF dans cette circonscription qui fut longtemps un de ses bastions, l'enjeu, pour le Parti communiste, n'est plus que d'exister. Marie-Georges Buffet y a fait 5 % lors de la présidentielle. Et pour ces législatives, il n'y a plus de candidat ouvertement communiste. Soutenu par le PCF, Bernard Calabuig, se présente sous l'étiquette "anti-droite et franchement à gauche". S'il sait que le PS peut cette fois rendre à la gauche ce territoire, M. Lamdaoui s'interdit de prendre pour acquise une victoire. "Le score de Ségolène a ouvert la voix mais il faut transformer l'essai", dit-il, conscient que le succès du PS à la présidentielle tient pour une large part à un vote contre Sarkozy. A la présidentielle le "TSS" - Tout sauf Sarkozy - a fonctionné à plein. Mais le délégué à l'égalité des chances du PS n'entend pas continuer à user de cet argument pour les législatives. "Jouer sur cela donnerait l'impression d'une revanche, d'un troisième tour. Nicolas Sarkozy est élu. Maintenant ce qu'il faut c'est un contre-pouvoir", explique-t-il, sachant qu'il doit se battre contre la résignation face à des jeunes qui pourrait se dire "Y'a Sarko, c'est fini". LA FRANCE RÉELLE M. Lamdaoui préfère taper sur le bilan de M. Mothron, député maire d'Argentueil, qui a voté "toutes les lois iniques et antisociales". Face à "l'homme du passif et du passé", il veut incarner "cette nouvelle génération de responsables politiques qui correspondent mieux à l'image de la France réelle." Une nouvelle génération "qui veut faire de la politique autrement", insiste-t-il. La venue de Faouzi Lamdaoui, issue du PS parisien, met - temporairement du moins - un terme aux luttes intestines du PS argenteuillais sur fond de bisbilles entre deux conseillers généraux, André Leikine et Philippe Doucet, tous deux candidats à la mairie. Localement, ce parachutage ne fait pas, il est vrai, l'unanimité au PS. Néanmoins, même parmi les plus réticents, on lui reconnaît, pour principal atout, sa personnalité. "Il est jeune, actif et il représente la diversité de la population d'Argenteuil. S'il n'était pas élu, c'est que vraiment il y a un problème", relève Omar Kemmoun, chauffeur de bus qui après dix-huit ans de distance avec le PS, a repris sa carte en décembre 2006. "Je ne suis pas un parachuté, mais un enfant de la France. Les législatives sont une élection nationale. Et ce n'est pas parce qu'on est né dans une ville que l'on fait du bien à ses habitants. Georges Mothron est né ici, mais non seulement les Argenteuillais ne l'ont pas vu mais il n'a rien fait pour eux", argue le candidat socialiste. Pugnace, il n'a pas relâché ses efforts depuis son installation sur les lieux en juillet 2006, pour aller à la rencontre des gens dans les associations, à la gare, sur les marchés, et organiser des débats... assumant "sans complexe" ses origines. § Officiellement, le député de la 5e circonscription de la Seine-Saint-Denis concourt pour sa réélection sous les couleurs de l'UDF-Mouvement démocrate (MoDem). Il s'est toutefois déclaré sous l'étiquette "Bobigny-Drancy". § M ais quel jeu étrange joue donc Jean-Christophe Lagarde, maire (UDF) de Drancy ? Officiellement, le député de la 5e circonscription de la Seine-Saint-Denis concourt pour sa réélection sous les couleurs de l'UDF-Mouvement démocrate (MoDem). Il s'est toutefois déclaré sous l'étiquette "Bobigny-Drancy". "Mon premier parti, c'est Bobigny et Drancy", les deux villes composant sa circonscription, explique-t-il dans le journal adressé aux électeurs de sa commune. Jeudi 24 mai, quand François Bayrou a lancé la campagne des candidats du MoDem, au Zénith de Paris, il a préféré rester à Drancy. Deux jours plus tôt, en revanche, il était à Matignon quand le premier ministre, François Fillon, a donné le coup d'envoi de la campagne des candidats de la majorité. Alors, dedans ou dehors ? Le jeune élu cultive à dessein l'ambiguïté, multipliant les déclarations de bienveillance à l'égard du nouveau président de la République. "Travailler avec la nouvelle majorité ne me posera (...) aucun problème", dit-il dans un entretien à La Croix du 24 mai. Ce faisant, il n'ignore pas que l'objectif premier de M. Sarkozy est d'"assécher" les - maigres - réserves parlementaires de M. Bayrou. Après avoir réussi à "capturer" Hervé Morin, nommé ministre de la défense, et débauché pas moins de vingt-deux députés sortants de l'UDF sur vingt-neuf, les hommes du président continuent de "travailler" ceux qui restent, en espérant rayer du paysage politique l'ancien candidat centriste. Il ne fait nul doute que M. Lagarde, élu d'un département qui, d'une certaine manière, symbolise le divorce entre l'ancien ministre de l'intérieur et la banlieue, constituerait une prise de choix. Dans la Seine-Saint-Denis, M. Lagarde s'est efforcé, surtout, de ménager ses chances de réélection en évitant d'avoir à affronter une candidature de l'UMP. Lui qui avait été un des porte-parole de la campagne de M. Bayrou s'est fait extrêmement discret au lendemain du premier tour de la présidentielle. Il a pris langue avec Eric Raoult, maire (UMP) du Raincy et député de la 12e circonscription de la Seine-Saint-Denis, pour parvenir à une répartition des rôles. C'est ainsi que, si M. Lagarde a poussé la candidature de l'ex-judoka Djamel Bouras dans la 2e circonscription, face au sortant (PCF) Patrick Braouezec, il devait empêcher qu'un candidat de l'UDF-MoDem se présente face à M. Raoult, de même que dans d'autres circonscriptions sensibles. En contrepartie, lui-même était épargné par l'UMP. Dans les 4e, 8e, 10e et 13e circonscriptions de la Seine-Saint-Denis, les candidats pressentis à l'investiture de l'UDF-MoDem ont ainsi été dissuadés de se présenter. En dépit de cet arrangement, Ahmed Khalifi a néanmoins déposé in extremis sa candidature au nom de l'UDF-MoDem dans la circonscription de M. Raoult. Au grand dam de ce dernier, qui accuse M. Lagarde de "déloyauté". Pour l'heure, le maire du Drancy se concentre sur un second tour qui est loin d'être gagné dans une circonscription qui a voté à 66,8 % à Bobigny et à 52,6 % à Drancy pour Ségolène Royal à la présidentielle. Quant à ce qu'il fera après, s'il est élu, M. Lagarde, là aussi, entretient le doute : "On verra si nous avons ou non un groupe parlementaire", se contente-t-il de répondre. § Le compromis adopté par le bureau national - réaffirmer l'accord avec le PS pour les législatives et attendre l'après-élection pour rouvrir le débat - semble avoir bien du mal à tenir. § J ean-michel Baylet a réussi à calmer en apparence la tempête qu'il avait soulevée au sein du Parti radical de gauche (PRG) en rencontrant Nicolas Sarkozy, le 15 mai, et en annonçant un rapprochement avec les radicaux de droite. Le vote de confiance qu'il a obtenue la semaine dernière de son bureau national y a momentanément mis un terme. Mais les mails échangés, comme les débats sur les sites de discussion internes, démontrent que l'initiative solitaire du président du PRG ne passe pas. Celui-ci avait envoyé, à la veille de la réunion du bureau national, une lettre par mail pour justifier son entretien avec le président de la République. Il vient de faire reproduire ce courrier dans le bulletin interne du PRG. Sans rien lâcher de sa nouvelle stratégie, M. Baylet continue à plaider en faveur d'un "dialogue entre les radicaux de gauche et les radicaux valoisiens", dialogue qu'il veut "lancer et animer". "La division des radicaux en deux partis est aujourd'hui artificielle", conclut le sénateur, bien décidé à ne pas laisser "occuper le terrain naturel du centre" par "les moins légitimes" : en clair, François Bayrou et son MoDem. Conscient que le score de M. Bayrou a ouvert un nouvel espace politique, le président du PRG n'entend pas l'abandonner à "un démocrate-chrétien". Il estime, au vu du résultat de la gauche à l'élection présidentielle, et compte tenu d'une attitude de la direction du PS qui considère le PRG "comme des vassaux et non comme des alliés", qu'il est temps de changer d'alliance. L'unification avec les radicaux valoisiens, alliés à l'UMP, permettrait de "dépasser la frontière majorité-opposition", estime-t-il. Cette orientation soulève de vives oppositions au sein de son parti. Dans un premier temps, une majorité de députés et sénateurs et une quinzaine de responsables régionaux avaient publiquement fait connaître leur désaccord. Sur le Web, les courriers continuent à fustiger la démarche de M. Baylet. Le compromis adopté par le bureau national - réaffirmer l'accord avec le PS pour les législatives et attendre l'après-élection pour rouvrir le débat - semble avoir bien du mal à tenir. "Il est temps que le président prenne des vacances", écrit un militant. "C'est le summum de l'immoralité politique", renchérit un autre de Bretagne. "Il faut serrer les dents en attendant l'après législatives", assure un troisième de Meudon. "UN JOUET ET UN FAIRE-VALOIR" Les responsables de la fronde interne ne sont pas en reste. "Le bureau national ne peut en aucun cas apporter une réponse à la ligne politique de Jean-Michel Baylet", écrit Thierry Braillard, vice-président du PRG, qui réclame toujours un débat lors du comité directeur prévu fin juin. Hélène Ledoux, secrétaire nationale, est du même avis : "Pour cet homme, le parti n'est qu'un jouet et un faire-valoir." Le lendemain des législatives risque d'être délicat pour le président du PRG et le consensus interne qu'il a construit. Cette fois-ci, la fronde dépasse la minorité des 30 % qui s'était prononcée en octobre 2006 pour une candidature de Christiane Taubira à la présidentielle. Honoré Puil, président de la fédération d'Ille-et-Vilaine, un de ses opposants, prévient : "Jean-Michel Baylet a commis une faute politique qui a brouillé l'image de notre parti. L'heure de vérité viendra." § Le président du Front national a entamé, vendredi, une tournée de vingt régions françaises pour porter la bonne parole à ses troupes. § "J e suis marin et quand la tempête menace, le commandant prend la barre lui-même. J'ai pensé que, compte tenu des difficultés, il était bon que je m'implique moi-même dans cette campagne législative", explique Jean-Marie Le Pen avant de monter dans le petit avion, un Beechcraft 1900D qu'il a loué pour une dizaine de jours. Le temps de parcourir vingt régions de France pour porter la bonne parole à ses troupes. Leur remonter le moral après le sérieux revers qu'il a essuyé à la présidentielle. "Un recul mais pas un effondrement", tient cependant à préciser le président du Front national pour qui perdre un million d'électeurs entre le premier tour de la présidentielle de 2002 et celui de 2007 n'est pas la mer à boire : "Recueillir 3 835 000 n'est tout de même pas à la portée de tout le monde", argumente-t-il. Première étape de ce vendredi 25 mai, Perpignan. De là, après une conférence de presse et un entretien avec les candidats aux élections législatives et les militants, il partira pour Toulon, puis Marseille. Le lendemain, il gagnera Ajaccio et Lyon, avant de revenir à Paris. Inlassablement, M. Le Pen répète le même discours. " La bataille n'est pas perdue d'avance", "nous allons faire mentir les sondages" qui pronostiquent un Front national entre 4 % et 8 % et faire "revenir dans le giron du Front national des électeurs qui se sont laissés séduire par Nicolas Sarkozy". Un adversaire dont il salue le savoir faire : "L'artiste salue l'artiste", souligne-t-il, en revenant sur la campagne électorale. "DANS UNE CHAMBRE DE BONNE" "Nous avons fait une bonne campagne mais ce n'était pas un examen, c'était un concours et nous avions devant nous un excellent prestidigitateur", explique-t-il. Il avait commencé sa campagne comme libéral et atlantiste, puis, il a compris qu'il était sur une voie qui le conduisait à l'échec et il est revenu sur une voie nationale, voire même nationaliste (...). Comme un élève copie sur son copain lors d'un examen, M. Sarkozy a emprunté très largement à notre patrimoine politique". Résultat ? "Il a réussi à faire croire aux Français qu'il était le candidat de la rupture, alors qu'il était dans le gouvernement", analyse M. Le Pen. M. Le Pen mise sur "l'activisme débordant" du nouveau président de la République pour éclairer les électeurs. Selon lui, M. Sarkozy devrait commettre des faux pas qui révéleront "sa vraie nature". Il en relève d'ailleurs déjà un certain nombre. "A peine élu, il n'ouvre pas son gouvernement au Front national ni même à Nicolas Dupont-Aignan", un gaulliste souverainiste, se plaint-il, "mais nomme quatre socialistes", ce qui, estime-t-il "pose un problème de crédibilité à son discours de rupture avec la social-démocratie que nous subisssons depuis trente ans". Mieux : "M. Sarkozy s'est, raconte-t-il, précipité à Berlin pour baisoter Angela Merkel, le chancelier allemand, et lui faire connaître son intention de faire ratifier par les parlementaires français un mini traité constitutionnel". Un fait qui montre, selon lui, que "les 55 % de français qui ont voté contre la constitution européenne au référendum de 2005 s'apprêtent à être cocus !". De même M. Le Pen doute-t-il de la sincérité des propos de M. Sarkozy sur la Turquie : "Dans son for intérieur, il est pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe mais il préfère s'abriter sur un vote majoritaire des autres pays européens pour ne pas endosser la responsabilité politique de cette dernière devant les Français", affirme-t-il. Enfin, dernier faux pas à ses yeux, la présence prévue de M. Sarkozy au meeting de l'UMP pour les élections législatives, mardi 29 mai au Havre : "Une décision qui montre qu'il se conduit plus en président de parti qu'en président de la République. Quand le peuple va se réveiller de son éblouissement, cela va être cruel", explique M. Le Pen qui "craint" toutefois que ce réveil risque de ne pas avoir lieu "avant les législatives". "Elire des députés à l'Assemblée nationale contribuerait à pousser M. Sarkozy à tenir les promesses faites à la droite nationale", plaide le président du FN, qui ne cache pas que la proximité de ces législatives avec la présidentielle ne joue pas en la faveur des candidats de son parti. Reste qu'il y aurait, dit-il, quelque ironie "à réélire à l'Assemblée nationale des députés qui sont responsables de la situation désastreuse dans laquelle se trouve le pays." M. Le Pen reconnaît qu'un recul à ces élections législatives mettrait son parti dans une situation financière délicate. C'est en effet sur la base des résultats à ces élections qu'est calculée la subvention de l'Etat aux partis politiques. Toujours aussi fier à bras, il fanfaronne : "Nous nous adapterons ! Nous pouvons faire de la politique dans une chambre de bonne". § Le nouveau secrétaire général délégué de l'UMP a toutes les chances d'être élu, vendredi 1er juin, par l'assemblée départementale à la tête du conseil général des Hauts-de-Seine en remplacement de Nicolas Sarkozy. § L a bataille pour la succession de Nicolas Sarkozy à la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine aura duré moins de trois semaines. Elle n'aura finalement été qu'une "guerre éclair". Patrick Devedjian a toutes les chances d'être élu, vendredi 1er juin, par l'assemblée départementale. Le nouveau secrétaire général délégué de l'UMP a d'ores et déjà reçu le soutien - écrit - d'une vingtaine de conseillers généraux UMP et UDF sur les 30 élus de la majorité. Jean-Jacques Guillet, président du groupe UMP, et Isabelle Balkany (UMP), vice-présidente chargée des affaires scolaires, sont également sur les rangs. Mais un candidat unique de la droite devrait être désigné, soit mardi 29 mai par un vote interne du groupe UMP, soit mercredi 30 mai par les élus UDF-UMP. Officiellement, M. Sarkozy n'a adoubé personne. Le 15 mai, il s'est contenté d'inviter les élus UMP et UDF du département à "élire un ou une présidente", a-t-il insisté, tout en les appelant à préserver "l'unité" de la majorité départementale. En privé, M. Devedjian, qui n'a pas été nommé au gouvernement, a toutefois reçu des encouragements de la part du chef de l'Etat. "Tu n'es pas ministre. Mais tu es certain d'avoir les Hauts-de-Seine", lui a laissé entendre M. Sarkozy, rapporte un proche de l'ancien ministre de l'industrie. La plupart des élus ont été surpris d'apprendre, lundi 21 mai, que M. Sarkozy démissionnait uniquement de sa fonction de président du conseil. Sa décision de rester simple conseiller général rendant inutile le préalable d'une cantonale partielle, la campagne interne pour sa succession s'en est trouvée abrégée. Cette décision "a brusqué le calendrier", constate Jean-Jacques Guillet, qui avait prévu un vote interne du groupe UMP le 20 juin. Jacques Gautier, président du conseil général par intérim, a, "dès le lendemain de l'appel à l'unité de M. Sarkozy", le 15 mai, dit-il, commencé une campagne de signature en faveur de M. Devedjian auprès des élus. Dans une lettre, le maire de Garches fait valoir que M. Devedjian a "la dimension politique nationale indispensable pour diriger le premier département de France". Sa qualité "d'ami fidèle du président de la République, écrit M. Gautier, assure notre département de conserver un lien très fort avec Nicolas Sarkozy". L'accélération du calendrier n'a cependant pas totalement désarmé les deux autres prétendants. Mme Balkany dénonce ce qu'elle appelle le "coup de force" de M. Devedjian, "spécialiste, selon elle, de l'autoproclamation". Elle se dit "certaine" que, parmi la vingtaine d'élus qui ont signé la lettre de soutien au député d'Antony, plusieurs ont subi des "pressions" concernant leur future investiture aux municipales ou aux cantonales. Ce dont se défend M. Devedjian : "Je trouve indigne enfin qu'on accuse les membres du conseil général d'être perméables à d'éventuelles pressions." Mme Balkany et M. Guillet comptent sur un vote interne des élus UMP "à bulletin secret" pour montrer que M. Devedjian ne dispose pas d'autant de soutiens qu'il peut prétendre. "Il n'aura pas la majorité absolue au premier tour au sein du groupe", gage Mme Balkany, qui avait l'intention de demander la tenue de ce vote, mardi 29 mai. Une "majorité d'élus du groupe UMP souhaite que nous votions", déclare M. Guillet. "J'y suis parfaitement favorable", affirme M. Devedjian, qui met toutefois en garde ses rivaux "contre le risque qu'il y a pour eux à vouloir se compter". § A quinze jours des législatives, le gouvernement prépare ses arbitrages économiques et sociaux. § S ur tous les fronts, le gouvernement avance ses réformes. Pour les heures supplémentaires comme pour d'autres dossiers, les ministres attendent les arbitrages de l'Elysée et de Matignon et les concertations avec les partenaires sociaux. Heures supplémentaires. Nicolas Sarkozy l'a affirmé, tout au long de la campagne : la défiscalisation et l'exonération de charges sociales des heures supplémentaires compteront parmi les premières mesures mises en oeuvre. Selon M. Sarkozy, elles permettraient de débloquer le travail et de résoudre le problèmes de pouvoir d'achat. Selon le ministère du travail, 37 % des salariés font des heures supplémentaires. Chez Jean-Louis Borloo, en charge du dossier, on insiste : "rien n'est arbitré". Compte tenu des concertations avec les partenaires sociaux, qui débuteront une fois les premiers arbitrages gouvernementaux effectués, et du passage du texte devant le Conseil d'Etat, le projet de loi ne devrait pas être présenté en conseil des ministres avant le 13 juin. Certaines pistes semblent avoir la préférence du ministre. Ainsi, la défiscalisation et l'exonération de charges des heures supplémentaires, pour les salariés à temps complet, seraient aussi appliquées aux heures complémentaires effectuées par les salariés à temps partiel, ainsi qu'à ceux qui sont rémunérés au forfait jour, soit essentiellement les cadres. Agenda L'agenda du président de la République et du gouvernement en matière économique et sociale s'annonce chargé pour les jours à venir. CONSULTATIONS AVEC LES PARTENAIRES SOCIAUX. Dans le cadre des consultations qu'il a ouvertes avec les partenaires sociaux sur plusieurs grands chantiers (service minimum, contrat de travail unique, représentativité syndicale, etc.), Nicolas Sarkozy reçoit, mardi 29 mai, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. Le lendemain, il rencontrera la présidente du Medef, Laurence Parisot. Les autres ministres "sociaux" consultent également : Xavier Bertrand, chargé du travail, s'entretiendra avec Jean-Claude Mailly (FO), Jean-François Roubaud (CGPME) et Bernard Van Craeynest (CFE-CGC), mardi et mercredi. Quant au ministre du budget, Eric Woerth, il doit poursuivre ses prises de contact avec les syndicats de fonctionnaires, de mardi à jeudi. LES DÉCRETS D'ATTRIBUTION, qui précisent le champ de compétences de chaque ministère, pourraient être publiés d'ici au conseil des ministres de mercredi. Cette clarification est très attendue par les partenaires sociaux, notamment en ce qui concerne les domaines respectifs du ministre de l'économie et de l'emploi, Jean-Louis Borloo, et de M. Bertrand. LES CHIFFRES DU CHÔMAGE DU MOIS D'AVRIL seront rendus publics, jeudi. C'est la première fois que le gouvernement Fillon est confronté à la livraison de ces statistiques. Il devrait également être interpellé, mardi ou mercredi, par le Comité d'alerte sur les dépenses d'assurance-maladie, qui conseillera sans doute de prendre de nouvelles mesures pour enrayer la dégradation des comptes de la Sécurité sociale. (AFP.) Concernant les exonérations de charges salariales, le ministère privilégie de ne pas supprimer la CSG ; "ce serait anticonstitutionnel", fait-on valoir à Bercy. L'Etat compenserait pour le salarié les cotisations maladie (0,75 %) et retraite (6,65 %). Ni les cotisations à l'assurance-chômage ou aux caisses de retraite complémentaire - qui sont gérées par les partenaires sociaux - ne seraient touchées. Autre levier, les heures supplémentaires qui étaient majorées de 10 % seulement pour les entreprises de moins de 20 salariés devaient passer à + 25 % au 1er janvier 2009, comme pour les autres entreprises. Cette majoration pourrait être avancée. Le manque à gagner pour les entrepreneurs serait quasi totalement compensé, explique-t-on à Bercy, par une exonération totale de cotisation patronale sur les heures supplémentaires. Service minimum. L'Elysée travaille sur l'hypothèse d'une loi-cadre incitant à la négociation par entreprise sur les systèmes d'alerte (comme celui de la RATP) et renvoyant aux collectivités territoriales le soin d'organiser contractuellement avec les entreprises de transport le service minimum dont les syndicats ne veulent toujours pas entendre parler. Le ministre du travail, Xavier Bertrand, rencontre cette semaine syndicats et patronat. Emprunt immobilier. La mise en place d'un crédit d'impôt qui concerne tous les contribuables, plutôt qu'une déduction fiscale, ne s'appliquerait que pour les emprunts contractés après le 6 mai, a confirmé la ministre du logement, Christine Boutin. Le pourcentage des intérêts pris en compte et le plafond par foyer fiscal qui seront appliqués ne sont pas arbitrés. Sécurité sociale. Roselyne Bachelot, ministre de la santé, a exclu l'instauration immédiate des franchises de soins non remboursés par la Sécurité sociale. Inscrite dans le programme de Nicolas Sarkozy, cette proposition prévoit un montant forfaitaire sur les "premiers euros annuels" dépensés "par foyer" pour les consultations médicales, la pharmacie, les soins hospitaliers et biologiques. Interrogée sur Europe 1, dimanche 27 mai, elle a précisé que cette mesure figurera au projet de loi de financement de la Sécurité sociale de 2008 débattu à l'automne. La décision ne devrait donc pas entrer en vigueur avant le 1er janvier. Le gouvernement, comme les dirigeants de l'assurance-maladie, pourraient envisager des mesures d'urgence. Le comité d'alerte sur l'évolution des dépenses de Sécurité sociale devrait demander, avant le 1er juin, un plan de redressement face à l'accroissement du déficit des dépenses de soins, qui devrait dépasser 5 milliards d'euros au lieu des 3,9 milliards initialement prévus. Fonction publique. La loi de règlement du budget 2006, qui sera présentée au conseil des ministres du 6 juin, devrait entériner la suppression de 4 100 emplois - ou équivalents temps plein - supplémentaires dans l'administration d'Etat, qui s'ajoutent aux 5 430 prévus, sur un effectif d'environ 2,5 millions de fonctionnaires. Selon Le Figaro du 29 mai, cette réduction proviendrait d'un nombre moins élevé de recrutements et du rythme des remplacements des départs à la retraite. Devant les syndicats de fonctionnaires, Eric Woerth, ministre des comptes publics, a confirmé la promesse du candidat Sarkozy de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. § Le ministère du budget, des comptes publiques et de la fonction publique a confirmé des informations selon lesquelles 9 500 postes de fonctionnaires avaient été supprimés en 2006, contre 5 430 prévus. § C onfirmant des informations publiées par Le Figaro, dans son édition du lundi 28 mai, le ministère du budget, des comptes publiques et de la fonction publique a confirmé que l'Etat français a supprimé neuf mille cinq cents postes de fonctionnaires en 2006, alors que seules cinq mille quatre cent trente suppressions étaient programmées. Le ministère a souligné que cette baisse d'effectifs était la plus importante des cinq dernières années. Selon le quotidien, les quelque quatre mille cent suppressions supplémentaires "proviennent de recrutements programmés et qui n'ont pas été effectués". Pour autant, cette baisse ne représente que 0,4 % des emplois existants dans la fonction publique et, ajoute-t-il, les départs à la retraite "ont été presque intégralement remplacés puisque quatre postes sur cinq ont été de nouveau pourvus".Les chiffres définitifs figureront dans la loi de règlement du budget 2006, qui sera présentée au conseil des ministres du 6 juin. Cette tendance devrait s'accélerer cette année, puisque cinq mille suppressions d'emplois sont inscrites dans la loi de finances votée par le gouvernement précédent, et encore plus en 2008 : si Nicolas Sarkozy maintient sa promesse de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, trente mille à trente-cinq mille emplois seraient supprimés. § "Qu'y a-t-il de plus important, maintenir la carte scolaire ou obtenir plus de mixité sociale par d'autres moyens ?", a demandé le ministre, samedi 26, devant le congrès de la FCPE § C omment passer d'une promesse de campagne à une réalisation lorsque le sujet est à la fois politiquement sensible et d'une grande complexité technique ? C'est, entre autres missions délicates, celle du ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos, qui a réaffirmé à plusieurs reprises, ces derniers jours, sa volonté de "supprimer progressivement la carte scolaire" (principe selon lequel un enfant est inscrit dans un établissement en fonction de son lieu d'habitation) "à partir de la rentrée prochaine". Le ministre ne fera vraiment connaître ses intentions qu'après avoir reçu le feu vert de Matignon, en l'occurrence sa lettre de mission qu'il attendait pour le début de cette semaine, ainsi qu'après avoir bouclé, mardi 29 mai, sa première série de consultations avec les syndicats d'enseignants. En attendant, d'un rendez-vous à l'autre, il se consacre surtout à réaffirmer la promesse présidentielle tout en s'efforçant de rassurer. C'est ce qu'il a encore fait, samedi 26 mai : s'exprimant à Montpellier (Héraut) devant le 61e congrès de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), il a indiqué que le but poursuivi était "une redéfinition de nos instruments de mixité sociale". "Je sais qu'il s'agit d'un point de désaccord entre nous, mais je veux m'en expliquer", a déclaré M. Darcos devant les 800 délégués. Rappelant que la carte scolaire "a été créée il y a quarante ans dans une France qui n'a plus grand-chose à voir avec celle d'aujourd'hui", il a lancé : "Gérer la France de 2007 avec les outils de 1963, voilà la réalité de la carte scolaire !" Le ministre a promis que "tout en supprimant progressivement la contrainte qui pèse sur les familles", il demandera "aux établissements scolaires de veiller à une plus grande diversité sociale et géographique de son recrutement". "Au fond, a-t-il conclu, qu'y a-t-il de plus important, maintenir la carte scolaire ou obtenir plus de mixité sociale par d'autres moyens ?" Ce projet continue d'inquiéter de nombreux acteurs du système éducatif. Bernard Toulemonde, ancien inspecteur général, souligne que choisir son collège implique des réaménagements et des financements : "Un collège qui sera très demandé à cause de la désectorisation devra faire des travaux ou assurer les transports scolaires." D'autres problèmes de fond restent en suspens, notamment le fait que, pour les collèges, la sectorisation ne relève plus de l'Etat mais des conseils généraux depuis la loi de décentralisation de 2004. M. Darcos n'a pas convaincu le président de la FCPE : pour Faride Hamana, au contraire d'une liberté de choix pour les familles, le projet aboutira pour celles-ci à "la possibilité d'être librement choisies par le chef d'établissement" et sera "la voie ouverte au règne de l'arbitraire". "J'attends de voir comment cela peut marcher, car je ne vois pas dans ce que propose le ministre les réponses aux problèmes qu'il pose", a réagi Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, principale fédération de l'éducation, qui assistait au même congrès. "LES ÉTABLISSEMENTS CHOISIRONT" Le PS a répété, samedi, ce qui est désormais le leitmotiv des opposants sur ce dossier : "La droite laisse croire qu'elle permettra le libre choix des parents d'un établissement pour leurs enfants alors qu'en réalité, ce seront les établissements qui choisiront leurs élèves", a déclaré dans un communiqué la responsable de l'éducation au PS, Claude Roiron. Mais le plus inquiétant pour M. Darcos est apparu sous la forme d'un sondage réalisé par l'IFOP du 24 au 25 mai auprès d'un échantillon représentatif de 1 009 personnes, et publié dimanche 27 mai par Ouest-France. Ce sondage fait apparaître que 54 % des personnes interrogées se déclarent favorables au maintien de la carte scolaire, 43 % sont pour sa suppression et 3 % ne se prononcent pas. M. Darcos sera-t-il forcément contraint à la précipitation sur ce dossier ? Nicolas Sarkozy lui-même, encore candidat, avait déclaré, le 3 mai, que la suppression de la carte scolaire ne devait pas être "un préalable" mais "un aboutissement". § Tout en appelant ses 1,5 million d'électeurs de la présidentielle à voter pour les candidats LCR aux législatives, il a prôné mardi la création d'un "nouveau parti" sous la houlette de son organisation. § O livier Besancenot a appelé, mardi 29 mai, ses 1,5 million d'électeurs de la présidentielle à voter pour la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) aux législatives, pour adresser "un message clair de résistance" face à la "politique revancharde de Nicolas Sarkozy". Celui qui a obtenu, au premier tour de l'élection présidentielle, le meilleur score de la gauche radicale (4,08 %), ne se présente pas aux législatives parce qu'il ne peut réclamer un nouveau congé sans solde à son employeur, La Poste, a-t-il précisé mais soutiendra les 475 candidats LCR et une quarantaine d'unitaires, a-t-il indiqué lors d'un point de presse. Il participera à quatre meetings (le 1er juin à Aulnay-sous-Bois, le 4 juin à Lens, le 5 juin à Evry, le 8 à Bezons), mais n'en prévoit aucun à Paris, car il veut rester "près" de son électorat issu des couches "populaires", "des jeunes, des ouvriers et des employés qui ont résisté au vote utile", a-t-il expliqué. "MAIN FRATERNELLE" Olivier Besancenot voit dans les législatives l'occasion d'une "clarification politique à gauche", alors que le PS s'est montré "inefficace" contre le gouvernement de droite et "inutile pour battre Nicolas Sarkozy". Il a appelé à la constitution d'un "nouveau parti" de la gauche radicale, "sur une base politique claire", qui doit être"l'anticapitalisme et l'indépendance politique" vis-à-vis du PS. Si ce parti ne peut être bâti "dans l'urgence" et sans débat, il "ne sera pas un cartel d'organisations" ni le fruit d'accords avec des "partenaires nationaux", c'est-à-dire les directions d'autres partis, a-t-il affirmé. "Une page a été définitivement tournée" après l'échec des antilibéraux à se doter d'un candidat commun à la présidentielle, a affirmé le porte-parole de la LCR. Il a tendu "une main fraternelle" à tous les militants de la gauche radicale et aux "déçus" du PS et a présenté son propre parti comme l'élément fédérateur de la gauche radicale. § Sur le service minimum, on ne devrait pas assister à un mobilisation syndicale massive à l'automne, estime Michel Noblecourt, éditorialiste au "Monde". § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Exerçant pour la première fois un rôle de contrôle des comptes de l'Etat, la Cour des comptes a certifié, mardi, l'exercice 2006, émettant toutefois "treize réserves substantielles". § L a Cour des comptes a annoncé qu'elle certifiait les comptes de l'Etat au titre de l'exercice 2006, émettant toutefois "treize réserves substantielles", selon un rapport rendu public mardi 29 mai. C'est la première fois que la Cour est amenée à jouer ce rôle de certification de la régularité, de la sincérité et de la fidélité des comptes, conformément à la loi organique relative aux lois de finances (LOLF), entrée en vigueur en janvier 2006. Lors de ses vérifications finales, qui se sont déroulées entre février et mars 2007, la Cour a indiqué avoir formulé 191 observations d'audit concernant surtout des "corrections d'anomalies" ou "une incertitude" sur la validité de certains comptes. "Dans la grande majorité", elles ont été prises en compte par l'administration, note le rapport. Au titre de l'exercice 2006, la Cour des comptes avait le pouvoir de certifier les comptes sans réserve, avec réserves, prononcer l'impossibilité de certifier ou bien encore refuser la certification. ERIC WRTH JUGE COMPRÉHENSIBLES CES "RÉSERVES" Jean-François Copé, ministre du budget dans le gouvernement de Dominique de Villepin, avait déjà déclaré à plusieurs reprises qu'il ne s'attendait pas à une certification sans réserve, improbable, selon lui, dès la première année de cet exercice. Depuis l'entrée en vigueur de la LOLF, la comptabilité de l'Etat a été reformée et comporte désormais un bilan, un compte de résultat, un tableau des flux de trésorerie et une annexe. Son successeur au budget, Eric Wrth, s'était dit, pour sa part, "confiant" sur le fait que les comptes seraient certifiés, mais avait également anticipé la décision rendue mardi, jugeant "compréhensible que la Cour des comptes émette des réserves", tout en estimant que "cela ne serait pas déshonorant". § "S'il y a des efforts à faire, que tout le monde les fasse", a lancé le président de la République, mardi, en visite en Seine-Maritime. § N icolas Sarkozy a affirmé, mardi 29 mai, que la France mettrait son veto dans les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) si les intérêts agricoles français y sont menacés. "Le pouvoir vert, l'existence d'une deuxième agriculture dans le monde à côté de l'agriculture américaine, la possibilité pour les jeunes de continuer à s'installer, c'est une question essentielle pour nous. Et si on ne comprend pas cela à la table de l'OMC, eh bien la France mettra son veto, c'est tout", a déclaré le président de la République en marge d'une visite dans une coopérative agricole de Seine-Maritime. "S'il y a des efforts à faire, que tout le monde les fasse. Pour l'instant, je ne vois pas les efforts que sont disposés à faire les Etats-Unis", a-t-il ajouté, pointant également l'Inde et le Brésil. A Bruxelles, une source communautaire a semblé relativiser la portée de cette déclaration : "Au moins, M. Sarkozy semble favorable à un accord équilibré alors que Jacques Chirac était opposé à tout type d'accord." Sur le plan légal, la "capacité de la France à exercer un droit de veto dépend du contour final d'un (éventuel) accord", a rappelé cette source. Autre cible du chef de l'Etat, le commissaire au commerce Peter Mandelson, qui "n'a pas le poids politique pour faire face à des puissances colossales comme le sont aujourd'hui l'Inde, le Brésil, la Chine ou les Etats-Unis". "C'est pour cela que je me bats, pour de nouvelles institutions en Europe, pour que, notamment à l'OMC, on soit représenté par le président du Conseil européen et non par un commissaire européen, quelles que soient ses compétences", a lancé M. Sarkozy, rappelant sa volonté de doter l'Europe d'un traité simplifié. "PAUSE" DANS LES NÉGOCIATIONS M. Mandelson a immédiatement réagi à cette sortie du président français, expliquant que l'Europe "a un grand intérêt" à trouver un accord dans les négociations de Doha à l'OMC mais "pas à n'importe quel prix". "Si les autres (participants) ne peuvent pas faire un effort proportionné à l'offre européenne, je n'aurai d'autre alternative que de revoir ce que l'Europe a mis sur la table", a expliqué le négociateur de l'Union européenne à l'OMC. Ce dernier est vivement critiqué par les organisations agricoles françaises qui lui reprochent d'outrepasser régulièrement le mandat de négociation que lui confient les Etats membres. Depuis cinq ans, les négociations du cycle de Doha sur la libéralisation du commerce international achoppent sur l'agriculture. Les pays émergents et les pays pauvres veulent la fin des aides agricoles versées par les pays riches à leurs agriculteurs et l'abaissement des droits de douane, tandis que les pays du Nord réclament des concessions en matière de services et de produits industriels. Le ministre de l'agriculture sortant, Dominique Bussereau, avait fait savoir que Paris rejetait la dernière proposition de l'OMC sur le volet agricole et souhaitait "une pause" dans les discussions. § Le Mouvement démocrate ne devrait pas choisir de s'allier à un camp et n'obtiendra donc que peu de députés aux législatives, estime Nicolas Sauger, du centre de recherches politiques de Sciences Po, dans un débat en direct mardi 29 mai. § D avid T. (Yvelines) : Quoi qu'on en dise, Bayrou est aujourd'hui à la tête d'une armée de militants jeunes et motivés. Croyez-vous que ce Mouvement démocrate soit éphémère ? Pensez-vous que son éclatement soit possible ? Nicolas Sauger : Le MoDem est pour l'instant plus en train de négocier sa constitution qu'un éventuel éclatement. Le mouvement n'est pas encore constitué, comme vous le rappelez. Le risque principal pour le MoDem est aujourd'hui de ne pas réussir à capitaliser sur le bon score de François Bayrou lors de l'élection présidentielle. C'est donc plus l'essoufflement qui le guette qu'un éclatement à court terme. De ce point de vue, on peut effectivement se poser la question de savoir si le MoDem est éphémère ou pas. On a vu que pour ses premiers jours, il avait réussi à obtenir un véritable soutien auprès de militants. Néanmoins, le mouvement reste très jeune et donc fragile. Une défaite importante lors des élections législatives pourrait éventuellement le remettre en cause. Savonarole : N'est-ce pas un paradoxe cinglant pour M. Bayrou de voir que son ambition d'un grand centre puissant et cohérent aboutit pour l'heure à l'inverse, en l'occurrence à l'éclatement tous azimuts : MoDem, nouveau parti de centre droit, atermoiements du PRG... Nicolas Sauger : C'est sûr que François Bayrou avait pour ambition, avant l'élection présidentielle, d'impulser plutôt une dynamique de regroupement que d'éclatement. Ou peut-être se serait-il réjoui d'un éventuel éclatement du Parti socialiste pour pouvoir se rallier sa partie la plus centriste. Ce qu'on a vu au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle est que la stratégie de François Bayrou comportait un gros risque : s'il avait réussi à se qualifier pour le deuxième tour, il aurait éventuellement gagné, mais sans ça, il se retrouvait face au paradoxe que connaît le centre en France aujourd'hui : ne pas vouloir faire d'alliance au risque de se retrouver un petit parti minoritaire qui ne sera peut-être pas représenté à l'Assemblée nationale ; soit choisir son camp et, dans ce cas-là, perdre une partie de ses soutiens. FKline : Quel objectif poursuit François Bayrou ? N'ayant pas vocation à être majoritaire et refusant pour l'instant toute alliance, n'est-il pas amené à disparaître, comme en son temps le mouvement des démocrates de Michel Jobert ? Nicolas Sauger : Ce que l'on peut dire, c'est que l'objectif de François Bayrou est maintenant l'élection présidentielle de 2012. D'une certaine manière, il a tiré un trait sur ces élections législatives qui, il le sait, ne peuvent lui apporter un résultat très favorable. Ces élections sont d'abord l'occasion de lancer son mouvement, et aussi de pouvoir réunir les fonds qui lui seront nécessaires pour exister politiquement pendant le premier mandat de Nicolas Sarkozy. De ce point de vue, je ne pense pas qu'il faille s'attendre à ce que le MoDem dévoile une alliance surprise avec le Parti socialiste au lendemain du premier tour des législatives. Renégocier des alliances en France est en effet particulièrement difficile, tant parce que les partenaires éventuels n'y sont pas prêts que parce que les électeurs n'y sont pas non plus habitués. C'est pourtant une pratique qui existe dans d'autres pays européens, notamment en Belgique ou aux Pays-Bas. Les alliances s'y négocient en fait après les élections, pour constituer un nouveau gouvernement. Mais cela correspond à une situation où le mode de scrutin est proportionnel. En France, avec un mode de scrutin majoritaire à deux tours, il existe un lien structurel fort entre les coalitions électorales et les coalitions gouvernementales. Antonin : Pensez-vous que les candidatures "fantaisistes" puissent faire perdre de la crédibilité et donc des électeurs au PSLE, l'étiquette choisie par les candidats UDF ralliés à M. Sarkozy ? Et si oui, dans quelle proportion ? Nicolas Sauger : Non, je ne pense pas que ces candidatures feront perdre des voix aux sortants de l'UDF. Elles n'auront finalement pas beaucoup de visibilité, et le soutien qui est apporté aux actuels sortants de l'UDF se porte avant tout sur leur personne. Le PSLE ou le Nouveau Centre, puisque c'est son nouveau nom, n'existe encore pas réellement. La vocation de ces petites candidatures, à dire vrai peu crédibles, est avant tout de répondre aux exigences de la loi de financement des partis politiques. En effet, pour pouvoir prétendre à obtenir une subvention pour les partis, il faut que ceux-ci présentent un nombre minimum de candidatures dans plusieurs départements. Donc la petite centaine de candidatures du Nouveau Centre s'explique en partie pour remplir ce quota. 1 | 2 | 3 | 4 | suivant (fl-rg.gif) Alexandre Piquard Lisez l'article sur une seule page Hervé Morin à l'issue du conseil des ministres à l'Elysée, le 23 mai 2007. | REUTERS/CHARLES PLATIAU Les faits Les ex-UDF ralliés à M. Sarkozy créent le Nouveau Centre Point de vue Le pôle centriste du président marque son territoire, par les députés du groupe UDF Eclairage La fille de Jack Lang suppléante d'un candidat du MoDem Parmi les articles précédents Reportage Bayrou défend son siège de député 28.05.07 Les faits A Drancy, les ambiguïtés de Jean-Christophe Lagarde 28.05.07 Compte rendu Avec le MoDem, M. Bayrou parie sur une "nouvelle génération politique" 25.05.07 EUR Les faits Les UDF ralliés à Nicolas Sarkozy dénichent 80 candidats 24.05.07 EUR (1024_voir.gif) François Bayrou au Zénith à Paris, jeudi 24 mai 2007. | AP/MICHEL EULER Vidéo Bayrou lance la campagne législative du MoDem Le dirigeant centriste, le "troisième homme" de la présidentielle, a donné le coup d'envoi de son nouveau parti du centre "indépendant", le MoDem. (1024_deb.gif) François Bayrou au Zénith à Paris, jeudi 24 mai 2007. | AP/MICHEL EULER Chat "L'objectif de François Bayrou est désormais la présidentielle de 2012" Nicolas Sauger, du centre de recherches politiques de Sciences Po, estime, dans un débat en direct mardi sur le Monde.fr, que M. Bayrou a "d'une certaine façon tiré un trait sur les législatives". EN UNE EN CE MOMENT La Cour des comptes certifie les comptes de l'Etat 2006 "avec réserves" George W. Bush annonce de nouvelles sanctions économiques contre le Soudan Nicolas Sarkozy menace de mettre son veto aux négociations agricoles à l'OMC "Il y a une vraie ouverture des syndicats pour négocier sur le service minimum" ET AUSSI Ségolène Royal en déplacement à Saintes, le 26 mai 2007. | AFP/XAVIER LEOTY Télézapping Ségo et Sarko repartent en campagne Les candidats antilibéraux José Bové et Marie-George Buffet, la vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France chargée des Solidarités Francine Bavay et le candidat de la LCR Oivier Besancenot, le 21 mai 2005, lors d'un rassemblement pour le non de gauche | AFP/JEAN-PIERRE MULLER Chat "Un rassemblement à gauche reste impossible" De gauche à droite : Vladimir Scherban, Nikolaï Khalezine et Natalia Kaliada. | FRED KIHN POUR "LE MONDE" Reportage Le Théâtre libre de Minsk joue en France son opposition au régime biélorusse LÉGISLATIVES 2007 Olivier Besancenot plaide pour un "nouveau parti" de la gauche radicale "Il y a une vraie ouverture des syndicats pour négocier sur le service minimum" Ségo et Sarko repartent en campagne La Cour des comptes certifie les comptes de l'Etat 2006 "avec réserves" LES DÉPÊCHES Le bouclier US ferait de l'Europe une poudrière, estime Poutine Reuters 18h28 Malgré les promesses, l'aide du G8 à l'Afrique aurait reculé Reuters 18h21 Roland-Garros: Federer sans peine, Gasquet en fanfare Reuters 18h03 Roland-Garros: Federer sans peine, Gasquet en fanfare Reuters 18h03 (legislatives2007_index_articles&) § D'après les résultats de l'élection présidentielle près de chez vous, votre circonscription pourrait basculer. Racontez-nous quel impact le vote du 6 mai a sur la campagne près de chez vous. § E n 2002, un député de gauche avait été élu dans votre circonscription. Mais le 6 mai dernier, on y a largement voté pour Nicolas Sarkozy. Inversement, dans votre circonscription qui est traditionellement à droite, c'est Ségolène Royal qui est arrivée en tête. Racontez-nous la campagne législative chez vous. Une sélection de vos témoignages sera publiée sur . Envoyez-nous votre témoignage par courriel à , en précisant vos nom et prénom. Si vous le souhaitez, vous pouvez également nous envoyer des photos ou des vidéos (sur le groupe Dailymotion du Monde.fr, via le formulaire ci-dessous). AUTORISATIONS Les déposants autorisent l'utilisation de leurs photographies, vidéos et écrits par Le Monde interactif pour une publication sur et dans le groupe Dailymotion du Monde.fr. Les témoignages seront toujours utilisés avec mention du nom de l'auteur. L'utilisation de ces éléments ne pourra donner lieu à un versement de droits d'auteur ou à une rétribution sous quelque forme que ce soit. Le Monde interactif s'engage à prendre le plus grand soin des uvres confiées dans le cadre de ce service, mais ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable des pertes ou dommages occasionnés aux uvres. IFRAME: http://www.dailymotion.com/widget/upload/group/28100?web=1&skin=defa ult § Dans la première circonscription de l'Aveyron, Yves Censi (UMP) va affronter Thierry Puech (Majorité présidentielle). § 1 ère circonscription de l'Aveyron Yves Censi (UMP) Thierry Puech (Majorité présidentielle) En Aveyron, la tradition intervient aussi sur le terrain électoral. Au sein de la même famille politique, l'UMP, et en dignes descendants des deux familles qui règnent depuis plus de trente ans sur les destinées de la ville de Rodez et du conseil général, ce sont les "fils de" qui reprennent le flambeau dans la première circonscription. Yves Censi, député sortant et fils de Marc Censi (maire de Rodez et ancien président du conseil régional Midi-Pyrénées), va devoir faire face à la candidature de Thierry Puech, fils de Jean Puech (président du conseil général, sénateur et ancien ministre de l'agriculture). Et ce dans un contexte où, pour la première fois depuis cinquante ans, la gauche a obtenu ses meilleurs scores dans les grandes villes, Ségolène Royal arrivant même en tête à Rodez lors du second tour de l'élection présidentielle. Pour Yves Censi, "la candidature de Thierry Puech est une candidature kamikaze pilotée par son père, dans le seul but de détruire, dans la lignée de ce qu'il fait depuis toujours pour diviser la droite aveyronnaise". Investi par la commission nationale de l'UMP et soutenu par Nicolas Sarkozy, le jeune député, élu en 2002, fait pour l'instant le dos rond. Insiste sur son bilan et son action, voulant éviter de réduire le futur scrutin à une "guéguerre stérile au sein de l'UMP". "C'est une campagne face aux électeurs, insiste-t-il, avec mes méthodes, mes avancées pour le territoire et mes soutiens aux projets importants." Thierry Puech, qui se présente pour la première fois sous l'étiquette "majorité présidentielle", répond sereinement : "Il n'a pas de bol de s'appeler Censi. Je n'attaque pas l'homme, mais justement le bilan et les méthodes. Il y a une absence totale de vie militante, le travail n'a pas été fait et les résultats électoraux le prouvent. La nature a horreur du vide, il faut que cela bouge." Marc Censi, qui a annoncé son désir de ne pas se représenter à la municipalité en 2008, reste pour l'instant en dehors du conflit. Mais Jean Puech, qui lui aussi se retirera de la présidence du département la même année, est monté au créneau. Il a annoncé la création de l'Union pour l'Aveyron, une association réunissant les élus de son camp, sous la forme d'un parti politique. Dénonçant par là même "la supercherie et l'illusionniste Yves Censi. Ce n'est pas une tare de s'appeler Puech, enchaîne-t-il, et on ne naît pas le jour de sa naissance. Thierry a toutes les qualités requises pour être un bon parlementaire." "ENNEMI HÉRÉDITAIRE" Face à cette opposition fratricide, Christian Teyssèdre, candidat du PS qui lorgne plus vers la mairie que vers le siège de député, se frotte les mains. Et s'amuse du fait que le second tour pourrait donner lieu à une triangulaire où Maïté Laur, candidate du MoDem, jouera un rôle primordial. Yves Censi se dit serein sur l'issue du scrutin et écarte l'hypothèse de prendre la succession de son père à la municipalité. Ce pourrait être, en revanche, l'objectif de Thierry Puech, dont le comité de soutien comprend commerçants et entrepreneurs ruthénois. Les législatives ne semblent pour lui qu'un galop d'essai électoral, égratignant au passage "l'ennemi héréditaire". § Le leader syndical a refusé mardi de "faire des procès d'intention" à Nicolas Sarkozy après avoir été reçu à l'Elysée. Tout en rappelant qu'il n'accepterait pas une révision du droit de grève dans le cadre du service minimum. § D e la "vigilance" mais pas de "procès d'intention" : c'est par ces mots que Bernard Thibault a résumé la position de la CGT face au projet de service minimum de Nicolas Sarkozy, à l'issue d'une rencontre de plus d'une heure, mardi 29 mai, avec le président de la République, le chef du gouvernement, François Fillon, et les ministres de l'économie et de l'emploi, Jean-Louis Borloo, et du travail, Xavier Bertrand. Il s'agirait bien d'une loi-cadre, en deux volets. Ce texte, qui pourrait être présenté en juillet, renverrait la prévention des conflits (la procédure "d'alarme sociale") à des négociations soit au niveau des branches, soit au niveau des entreprises et définirait des plans de trafic en cas de grève. "Dès lors que le président de la République nous dit son intention de ne pas vouloir remettre en cause le droit de grève et qu'il n'y a aucune raison de lui faire des procès d'intention, on va essayer de le suivre", a déclaré le secrétaire général de la confédération à la sortie. "Mais ce sont les textes qui vont nous permettre de vérifier dans les actes qu'ils sont bien conformes au dialogue, a-t-il prévenu, mettant un bémol aux commentaires plutôt positifs des organisations syndicales, notamment Force ouvrière vendredi. Nous avons réinsisté sur notre attachement aux conditions d'exercice du droit de grève telles qu'elles sont régies par les textes actuels et nous avons dit que nous n'accepterions pas une révision dans ces domaines. L'avenir nous dira si nous allons vers une compréhension ou une incompréhension sur ce sujet." "EFFETS TRÈS PERVERS POUR L'EMPLOI" S'agissant de la détaxation des heures supplémentaires, autre réforme emblématique de Nicolas Sarkozy, une concertation devrait s'ouvrir"dans les tout prochains" jours avec M. Borloo et la CGT "attend de voir" avec la crainte d'"effets très pervers pour l'emploi". "Suivant la mécanique retenue, ça peut être de nature à contraindre des salariés déjà en poste à faire un grand nombre d'heures supplémentaires si les employeurs le décident, et par contre de laisser à la porte ou de renvoyer une population intérimaire, saisonnière ou avec des contrats temporaires". Sur la flexisécurité et le contrat de travail, M. Thibault a indiqué que le gouvernement n'avait pas encore "arbitré" entre une conférence à la rentrée et des négociations entre syndicats et patronat. Vendredi, plusieurs syndicats avaient cru comprendre qu'une telle conférence serait repoussée à 2008. Or, M. Thilbault "n'imagine pas un consensus sur cette question avec le patronat" au vu de sa position actuelle. D'une manière générale, le numéro un cégétiste a "insisté" auprès de M. Sarkozy pour que les sujets où les "employeurs sont bloqués" sur leurs positions ne soient pas "renvoyées systématiquement à la négociation" entre partenaires sociaux. Je reste "tout à fait lucide sur le fait que la philosophie politique de ce gouvernement est jusqu'à ce qu'on nous fasse une démonstration contraire plus proche des thèses du Medef que des nôtres", a affirmé Bernard Thibault. La présidente du Medef, Laurence Parisot, sera reçue mercredi à l'Elysée. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Le ministre de l'éducation nationale estime que M. Bayrou, qui a déclaré au "Monde" qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy, "entame une procédure de divorce avec les élus de l'UDF". § L a déclaration de François Bayrou au Monde, jeudi 3 mai, a suscité des réactions au sein de l'UDF, au premier rang desquelles Gilles de Robien. Le ministre de l'éducation nationale a estimé que M. Bayrou "entame une procédure de divorce avec les élus de l'UDF (...) en tournant le dos aux électeurs de la droite". "François Bayrou fait un pas de plus vers la gauche et se prépare à entrer dans l'opposition en cas de victoire de Nicolas Sarkozy", a ajouté le ministre, qui voit dans cette déclaration un "choix très personnel destiné à préparer sa candidature en 2012". Evoquant le choix des élus de l'UDF, M. de Robien a estimé qu'"aujourd'hui, (il) est clair". "Soit faire alliance avec le PS dans une refondation sociale-démocrate de l'opposition, explique-t-il, soit participer loyalement au grand rassemblement pluriel (...) que Nicolas Sarkozy propose de construire". "AFFRONTEMENT STÉRILE ENTRE LA DROITE ET LA GAUCHE" En dépit de recommandations de M. de Robien, plusieurs d'entre eux ont fait savoir, jeudi, qu'ils voteront blanc au deuxième tour de l'élection présidentielle. C'est le cas de Gérard Vignoble, député du Nord, qui, malgré sa volonté de suivre François Bayrou dans la création d'un nouveau parti centriste, a indiqué qu'il déposerait un bulletin blanc dans l'urne dimanche, car "les 6,8 millions d'électeurs qui ont voté Bayrou au premier tour ne se vendront pas pour un plat de lentilles". Même cas de figure chez Gilles Artigues, député de la Loire, qui a été conforté dans sa décision, "malgré les pressions et les risques", par "l'affrontement stérile entre la droite et la gauche" sur les plateaux télévisés. La députée du Rhône Anne-Marie Comparini a adopté une position identique. "Ce que j'ai entendu hier soir me confirme dans l'idée qu'il faut une troisième force libre", a-t-elle expliqué. "C'est un vote blanc qui signifie que ce n'est pas dans l'affrontement mais dans le rassemblement que la France se remettra d'aplomb." Bernard Bosson, député de Haute-Savoie, a été le seul élu de l'UDF à annoncer son ralliement à Nicolas Sarkozy jeudi, évoquant "les engagements forts" pris par le candidat de l'UMP : "impartialité de l'Etat, renforcement du Parlement, statut de l'opposition, fin du système du parti unique au pouvoir". "En raison de ces assurances et de la crédibilité de son programme en matière d'économie et d'emploi, je voterai pour lui", a ajouté M. Bosson, portant à 22 sur 29 le nombre de députés UDF ayant annoncé qu'ils voteraient pour Nicolas Sarkozy. § Le collectif AC le Feu de Clichy-sous-Bois estime que la candidate socialiste a "pris en considération la parole de la France et s'est engagée en signant le contrat social et citoyen". § L e collectif AC le Feu de Clichy-sous-Bois a lancé, jeudi dans un communiqué, un appel au vote pour Ségolène Royal, qui a "pris en considération la parole de la France et qui s'est engagée en signant le contrat social et citoyen, né du cahier de doléances des Français". Ce "cahier" avait été rédigé par l'association après une tournée en France destinée à recueillir des témoignages et "à faire remonter l'expression populaire auprès des édiles de la nation". Une version synthétisée de ce cahier abordant des préoccupations relatives à l'emploi, aux discriminations, au logement, à la justice ou encore aux pratiques policières avait été remise, au début de l'année 2007, aux candidats à l'élection présidentielle. § Découvrez les réactions des lecteurs du Monde.fr après le débat télévisé entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, mercredi 2 mai. § U n débat équilibré, avec avantage à Sarko sur les dossiers, et à Ségolène sur le projet. Après, il y a faiblesse de Ségolène sur les chiffres et le financement, et Sarko sans souffle lyrique. Mais il y a aussi efficacité du raisonnement et plus de sens de la réplique pour sarko, contre dans grandes phrases lénifiantes et moins de phrases qui font mouche pour Ségolène. Je pense que Sarko va garder son avantage... Dommage, Ségo avec Strauss-Kahn enfonceraient Sarko-Borloo ! § L'intégralité du débat du 3 mai avec Patrick Devedjian, conseiller politique de Nicolas Sarkozy : "son projet est réellement novateur, c'est-à-dire de nature à changer des choses importantes, et cela dérange". § P ACO83 : Pensez-vous qu'après le débat l'élection est "pliée" et que Nicolas Sarkozy est "quasiment" élu ? Patrick Devedjian : Non. Les Français font seuls l'élection, ce ne sont pas les sondages. Et nous nous battrons jusqu'à la dernière minute. rastinius : Monsieur Sarkozy était hier soir dans l'esquive. Ne trouvez-vous pas que son comportement corporel (les regards vers ses notes, vers les journalistes et rarement dans les yeux de Royal) était marqué par la crainte de débattre avec une femme et des conséquences d'un comportement plus incisif qu'il aurait pu avoir, vis-à-vis des telespectateurs ? Patrick Devedjian : Je vais vous dire ce que sont les opinions des téléspectateurs suivant les premières estimations : 53 % ont trouvé Nicolas Sarkozy convaincant et seulement 31 % pour Ségolène Royal. Votre appréciation me paraît donc très subjective. Adl : Y aura-t-il des ministres FN si M. Sarkozy est élu ? Patrick Devedjian : Vous savez bien que non et Nicolas Sarkozy a toujours été très clair à l'égard du Front national. Je vous rappelle que M. Le Pen s'en est pris à ses origines étrangères. On ne peut être à la fois victime d'attaque raciste par l'extrême droite et accusé de racisme par l'extrême gauche. natmor : Les Français pensent cependant que c'est Mme Royal qui a gagné le débat... Patrick Devedjian : Ce n'est pas ce que dit le sondage que je viens de vous citer. Je suis curieux de savoir ce qui vous permet de le dire. jack : Est-ce que l'appel à l'abstention de Le Pen représente un souci pour vous ? Patrick Devedjian : Aucunement. mohamed : François Bayrou vient à l'instant de confirmer qu'il ne votera pas pour M. Sarkozy, qu'en pensez-vous ? L'accès à la propriété comme l'indique M. Sarkozy, cela ne va-t-il pas accoître le prix de l'immobilier ? Patrick Devedjian : Nous ne nous adressons pas à M. Bayrou, qui est encore en proie à l'amertume de sa déception, mais à l'ensemble du corps électoral et aux électeurs de l'UDF en particulier. L'accès à la propriété du logement offre une sécurité pour un plus grand nombre de Français et est aussi de nature à relancer la construction immobilière, et donc à créer des emplois. En même temps, cet accès réduira la demande de logements locatifs et pourrait faire baisser le prix des loyers. furibond : M. Sarkozy n'aurait-il pas tout intêret à en dévoiler un peu plus sur son premier ministre pour contrer les rumeurs de Strauss-Kahn à Matignon, et peut-être nommer M. Borloo premier ministre pour récupérer les voix du centre ? Patrick Devedjian : Il a choisi une autre stratégie qui consiste à tenir compte des résultats du deuxième tour, et donc de la réponse des Français. JS : Ne pensez-vous pas que Nicolas Sarkozy avait les moyens d'être plus incisif lors de ce débat ? Patrick Devedjian : Certainement; mais quel était l'enjeu ? Pour la gauche, il s'agissait de poursuivre la campagne contre Nicolas Sarkozy en alléguant à nouveau sa prétendue brutalité. Après ce débat et après la feinte colère de Mme Royal, il est difficile de continuer la campagne sur la prétendue brutalité de Nicolas Sarkozy. arafat : Qu'en est-il de la proportionnelle ? Verrons-nous les extrêmes élues avec, à la clef, des échecs comme à Vitrolles ? Patrick Devedjian : Je suis très hostile à toute proportionnelle à l'Assemblée nationale. Et en tout état de cause, si elle devait être introduite en quantité réduite (de l'ordre de 10 %), il serait impératif de ne pas augmenter le total du nombre de députés. christophe : Pourquoi dire "un fonctionnaire sur deux ne sera pas remplacé" plutôt que "nous affecterons les fonctionnaires là où sont les besoins" ? Patrick Devedjian : Nous affirmons qu'il faut en réduire globalement le nombre en profitant de l'opportunité qu'offrent les nombreux départs à la retraite. Mais c'est une appréciation globale, ce qui veut dire que dans certains secteurs ou services, il ne faut remplacer aucun des départs à la retraite, et que, dans d'autres, il faut au contraire embaucher. JFe : En cas de victoire, quel poste tiendrez-vous, personnellement ? Ministre, député ? Patrick Devedjian : Je me souviens de Perrette et le pot au lait, et m'interdis donc toute expression précoce. david : Pensez-vous que la colère de la candidate socialiste ait été préparée par ses conseillers en communication ? Patrick Devedjian : Je le crois, car le fondement de cette colère est totalement inapproprié. En effet, les affirmations de Mme Royal sont totalement fausses. Il y avait, en 2002, 90 000 enfants handicapés admis dans le système scolaire. Il y en a aujourd'hui 160 000. Ces chiffres sont indiscutables et établissent le contraire de l'affirmation impérieuse de Mme Royal. Regis : Comment décryptez-vous la stratégie de Ségolène Royal dans la confrontation d'hier soir ? Patrick Devedjian : Elle est, me semble-t-il, fondée sur les résultats du premier tour, qui montrent une avance importante pour Nicolas Sarkozy et difficile à rattraper au second tour. Mme Royal est donc conduite à prendre des risques et à jouer son va-tout. sableur : Pensez-vous que si Mme Royal est élue elle prendra M. Bayrou comme premier ministre ? Patrick Devedjian : Je ne sais pas. Mais cela me paraît peu probable, car de nature à déstabiliser une majorité de gauche. Je ne crois pas que la gauche de la gauche l'accepterait. Regis : Quel sera le message principal que donnera Nicolas Sarkozy aux Français dans cette dernière ligne droite ? Patrick Devedjian : Qu'il est, lui, le seul candidat de la rénovation de notre système politique et du redressement économique et social de notre pays, et que, en fait, le véritable conservatisme est celui du projet socialiste. florex : Croyez-vous possible l'émergence -durable- d'un centre, qui fasse "tampon" entre le PS et l'UMP ? Patrick Devedjian : Non, je ne crois pas à l'émergence durable d'un centre significatif, c'est-à-dire qui serait la condition d'une majorité à gauche ou à droite. Mais c'est un vieux rêve caressé depuis 1945 par un certain nombre de gens, et toujours avorté. Regis : Pourquoi ne pas mettre plus en avant Christian Blanc et Jean-Louis Borloo pour sensibiliser l'électorat centriste ? Patrick Devedjian : Il ne tient qu'à eux de s'exprimer davantage. Nous en serions tous heureux. § De Marseille à Roubaix, le face-à-face de Mme Royal avec M. Sarkozy a suscité le même intérêt qu'un grand rendez-vous sportif. § D es cinémas déserts, des restaurants dépeuplés, des rues qui se vident au fur et à mesure que la tension monte, à domicile ou devant des écrans géants. Le visage de la France, mercredi 2 mai en début de soirée, faisait immanquablement penser aux heures précédant les finales des Coupe du monde 1998 et 2006. En concurrence, justement, avec une belle affiche pour les amateurs de ballon rond - la demi-finale retour de Ligue des champions entre AC Milan et Manchester United, diffusée à la même heure sur Canal+ - le face-à-face entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy a largement tenu le choc. Confirmant, par l'appétit qu'il a suscité, le retour en grâce du débat public dans le pays. Football ou politique ? Ancien coureur cycliste, devenu propriétaire d'une brasserie à Limoges, Pascal Hervé à hésité. L'écran géant de son établissement retransmet habituellement les événements sportifs. Mercredi soir, c'était politique. "Commercialement, je sais que j'aurais mieux fait de passer le match de football mais quelques clients m'ont demandé le débat et comme moi-même je travaille, ça m'intéresse de le regarder", témoigne l'ex-champion, qui confie avoir voté pour la première fois cette année : "Avant, dans le monde du sport, j'avais l'impression d'être au-dessus de tout cela. Maintenant que je suis dans le commerce, que j'ai des enfants, je me sens concerné." A Lyon, où les livreurs de pizzas ont doublé leurs effectifs, le club de la presse a organisé une soirée "on refait le match", ouverte à tous. Le PS avait multiplié les points de rencontres : rassemblement à la fédération, réunion dans un restaurant du 7e arrondissement, location d'un cinéma à Vaulx-en-Velin. Les militants UMP étaient simplement conviés au local de campagne ; ou au restaurant Le Petit-Bouffon, à l'invitation du député de la 4e circonscription, Christian Philip. A Marseille, les sections militantes ont supplanté pour l'occasion les clubs de supporteurs. La moindre permanence UMP avait annoncé sa retransmission en direct, y compris celle de la rue de Suez, deux fois vandalisée dans les derniers jours. Même engouement inquiet dans le camp d'en face, qui s'est rassemblé au siège de la fédération socialiste. Emmanuelle, jeune "royaliste" et animatrice culturelle, avait le ventre noué avant le début de la retransmission : "Ce soir, c'est le débat et franchement j'ai pas très envie de le voir. Mais j'ai l'impression d'être contrainte et forcée." A Versailles, une centaine de cadres supérieurs et professions libérales se sont réunis dans des salons, à deux pas du château. Attentifs et concentrés, ne lâchant des yeux le grand écran que le temps de se faire une tartine de rillettes. Au Perreux (Val-de-Marne), un jeune militant UMP, Sébastien Alaume, avait préparé buffet, vidéoprojecteur et hauts parleurs pour accueillir une trentaine de personnes dans son jardin, décoré avec des affiches de Nicolas Sarkozy. Côté PCF, au siège de la fédération, c'était barbecue dehors, puis débat au sous-sol. Maison de la solidarité, à Roubaix. Une mission protestante, collée à une rangée de maisons ouvrières, a été louée par les Verts pour un "barbecue citoyen". Rares sont les indécis parmi les 150 personnes, militants de gauche et habitants du quartier, souvent issus de l'immigration. Les déboulés de la candidate socialiste sont accueillis par des salves d'applaudissement. En l'absence de tableau d'affichage, chacun peut donner son score. Pour Hamza, "C'est France 98 : Ségolène a la facilité de Zizou, elle dribble Sarko comme elle veut ce soir ! Il vient de bégayer plus souvent en 30 minutes que ces 30 dernières années ! C'est peut-être un tournant..." Résultat dimanche soir. § En politique européenne, on connaissait les deux principaux points de désaccord entre les deux candidats : la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union et le recours à un second référendum pour ratifier le futur traité qui remplacera la Constitution rejetée une première fois par les Français en 2005. § E n politique européenne, on connaissait les deux principaux points de désaccord entre les deux candidats : la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union et le recours à un second référendum pour ratifier le futur traité qui remplacera la Constitution rejetée une première fois par les Français en 2005. Ils ont été réaffirmés avec force. "Je m'opposerai très clairement à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne", a martelé Nicolas Sarkozy. Poussée à se déclarer pour ou contre, Ségolène Royal, qui dans un livre d'entretiens paru en mars, Maintenant, affirme qu'"à terme, la Turquie a vocation à rejoindre l'Europe à condition qu'elle satisfasse aux critères d'adhésion", s'est prononcée pour "une pause", mais sans fermer la porte. "Ce n'est pas la peine de faire peur aux Français", a-t-elle dit, rappelant que la Constitution prévoyait dorénavant pour tout élargissement (sauf la Croatie) un référendum. "Ceux qui sont les adversaires de l'Europe politique sont pour l'élargissement sans fin de l'Union", a estimé le candidat de l'UMP. Il a plaidé pour l'adoption d'un "traité simplifié" qui remette à plat les règles de fonctionnement des institutions, notamment la règle de l'unanimité imposée par le général de Gaulle à ses partenaires en 1966 (et non en 1962, comme il l'a dit, mercredi soir). M. Sarkozy, qui veut faire ratifier ce traité par le Parlement, ne l'a pas rappelé lors du débat. En revanche, son adversaire socialiste a réaffirmé qu'elle veut "à nouveau consulter les Français par référendum, le moment venu". § A l'issue du débat télévisé entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, mercredi 2 mai, Jean-Marie Le Pen s'est dit "conforté" dans son choix d'appeler ses électeurs à l'abstention lors du second tour de l'élection présidentielle, dimanche 6 mai. § A l'issue du débat télévisé entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, mercredi 2 mai, Jean-Marie Le Pen s'est dit "conforté" dans son choix d'appeler ses électeurs à l'abstention lors du second tour de l'élection présidentielle, dimanche 6 mai. "Ça me conforte dans l'idée que j'ai bien fait de demander à tous les électeurs qui m'ont fait confiance de se tenir à l'écart de ce choix en pratiquant l'abstention massive lors de l'élection de dimanche", a-t-il déclaré sur France-Info. Le président du Front national a toutefois indiqué avoir préféré la prestation du candidat UMP : "Objectivement, il me semble que Sarkozy l'a emporté parce que, me semble-t-il aussi, Mme Royal a peut-être abusé de l'attaque faussement sentimentale." En Nouvelle-Calédonie, les dirigeants du FN ont annoncé lors d'une conférence de presse qu'ils appelaient à voter Nicolas Sarkozy. "Nicolas Sarkozy, contrairement à Ségolène Royal, s'est exprimé en faveur du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France", affirme Guy George, le secrétaire de la fédération, en reprochant à la candidate socialiste sa proximité avec Dominique Voynet, candidate des Verts, qui, dit-il, "soutient l'indépendance" § Le leader centriste a affirmé qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy. Brice Hortefeux, proche conseiller de Nicolas Sarkozy, souligne que ce "choix personnel" est en contradiction avec la décision prise par la "quasi-totalité" des élus de l'UDF. § L 'UMP a réagi à la déclaration de François Bayrou au Monde, jeudi 3 mai, dans laquelle il a indiqué qu'il "ne (votera) pas pour Sarkozy" sans toutefois préciser s'il votera blanc ou pour Ségolène Royal. "François Bayrou est libre de son choix, qu'il avait déjà laissé entendre à titre personnel", a réagi le porte-parole de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand. Avant de souligner : "ce que je note, c'est que les électeurs aujourd'hui de l'UDF, les élus de l'UDF, les parlementaires de l'UDF, disent très clairement qu'ils vont voter pour Nicolas Sarkozy". "C'EST SA DÉCISION PERSONNELLE, SON HISTOIRE" Brice Hortefeux, proche conseiller de Nicolas Sarkozy, s'est placé sur une ligne identique, soulignant que François Bayrou prenait une décision contraire à celle de la "quasi-totalité" des élus UDF. "C'est sa décision personnelle, son histoire", a-t-il commenté. "J'observe que M. Bayrou est le président de l'UDF, et que la quasi-totalité des élus de l'UDF, ceux qui sont en contact avec les électeurs, ont apporté leur soutien à Nicolas Sarkozy", a-t-il dit. "Ils ont raison", car les "valeurs que François Bayrou a défendues" avant le premier tour "sont à l'évidence mieux représentées par Nicolas Sarkozy que par Ségolène Royal", a-t-il déclaré. "J'imagine que les électeurs de Bayrou ne sont pas tout à fait sur la ligne" d'Olivier Besancenot ou Arlette Laguiller, qui ont apporté un "soutien déterminé" à Ségolène Royal, a-t-il ironisé. § Cool, relax, zen... Toute la semaine, Nicolas Sarkozy avait fait des exercices. Il est arrivé dans le studio calme comme Baptiste, doux comme un agneau. § C ool, relax, zen... Toute la semaine, Nicolas Sarkozy avait fait des exercices. Il est arrivé dans le studio calme comme Baptiste, doux comme un agneau. Et, de manière subite, à 22 h 55, sur un sujet inattendu - les enfants handicapés -, son adversaire a vu rouge. "Vous perdez vos nerfs", a-t-il lancé. Ségolène Royal l'a fusillé du regard : "Non, je ne perds pas mes nerfs, je suis en colère, et il y a des colères parfaitement saines." C'est presque un sujet de philo pour le bac. "Jamais le sage ne se met en colère", affirmait Cicéron. Plus subtil, Aristote estimait qu'"on ne triomphe de rien" sans la colère, à condition de s'en servir "comme soldat" et non "comme chef". Contrairement à l'adage, elle n'est pas toujours mauvaise conseillère. Il faut savoir écouter sa colère et, selon les circonstances, la maîtriser ou l'exprimer. Puis, selon le mot de saint Paul, ne pas laisser le soleil se coucher sur elle... Pour tout dire, le débat télévisé m'avait un peu énervé. J'ai essayé de garder mon calme tout au long de ce billet. Sans vouloir me vanter, je pense y avoir globalement réussi. § Le ministre de la défense, Hervé Morin, et plusieurs députés UDF ont confirmé, mardi, la création du Nouveau Centre, "pôle centriste de la nouvelle majorité présidentielle". § § Les rencontres porteront sur l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, l'amélioration des conditions de travail et le thème des salaires, des revenus et de l'emploi, a indiqué Xavier Bertrand lors du conseil des ministres, mercredi. § L ors du conseil des ministres, mercredi 30 mai, le ministre des affaires sociales, Xavier Bertrand, a annoncé la tenue de trois conférences avec les partenaires sociaux à la rentrée. Selon le communiqué du conseil des ministres, "elles porteront sur l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, l'amélioration des conditions de travail et le thème des salaires, des revenus et de l'emploi". En outre, "des négociations devraient s'ouvrir, à l'initiative des partenaires sociaux, à l'issue du processus de délibération sociale, sur quatre thèmes : le contrat de travail, la sécurisation des parcours professionnels, l'assurance-chômage et la démocratie sociale". Par ailleurs, "deux chantiers" seront également ouverts avec les partenaires sociaux sur le "régime social et fiscal des heures supplémentaires" et le "service minimum dans les transports en commun, qui fera l'objet d'un projet de loi-cadre déposé dès cet été au Parlement". Nicolas Sarkozy, qui a achevé mercredi ses rencontres avec les représentants des syndicats et les organisations patronales, avait proposé durant sa campagne quatre conférences sociales en septembre sur l'égalité salariale, la flexisécurité, les conditions de travail et la démocratie sociale. § La patronne du Medef était la dernière des dirigeants syndicaux et patronaux à être reçue, mercredi, par le président de la République afin de préparer les conférences sociales de la rentrée. § "N ous sommes partis pour de vraies réformes", a lancé la présidente du Medef, Laurence Parisot, à l'issue d'un entretien, mercredi 30 mai, avec le nouveau président de la République. Mme Parisot était la dernière dirigeante syndicale et patronale reçue par Nicolas Sarkozy pour préparer l'organisation de conférences sociales à la rentrée et évoquer les mesures qu'il entend lancer dès cet été, comme le service minimum dans les transports publics. Pour la patronne du Medef, "ce qui se passe en ce moment est historique", car "c'est la première fois qu'un chef de l'Etat dans notre pays donne autant d'importance aux réflexions menées par les partenaires sociaux", a-t-elle expliqué. "Avec cette démarche" associant toutes les parties, "nous allons pouvoir inventer des solutions nouvelles et enfin atteindre l'objectif que nous souhaitons tous, le plein emploi", a affirmé Mme Parisot. RENCONTRE AVEC LES RESPONSABLES SYNDICAUX Elle a également confirmé qu'elle inviterait "le plus rapidement possible" les numéros un des organisations syndicales et des autres organisations patronales, à une rencontre "pour décider des thèmes, des calendriers que nous souhaitons mettre en uvre pour entrer en négociation". Interrogée sur les négociations à ouvrir en priorité, elle a évoqué plusieurs pistes : "Il s'agit de travailler sur le contrat de travail, sur la sécurisation des parcours professionnels, il s'agit aussi de voir comment on fait évoluer l'assurance-chômage pour préparer d'éventuelles réformes plus tard". § Quelles sont les circonscriptions disputées ? Dans quelle situation se trouvent les ténors des partis ? Quelles histoires locales viennent troubler le jeu politique ? § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Kits militants et objets en tout genre à l'effigie du nouveau président trouvent preneurs sur le site d'enchères. § D es préservatifs et tongs estampillés "UMP Nicolas Sarkozy" (de 3 à 7 ), des aquarelles et gouaches à l'effigie du nouveau président (dont une peinture de Kiki Picasso adjugée 310 ), des autographes certifiés "authentiques", des livres et photographies dédicacés (de 30 à près de 300 ), une lettre dactylographiée du 11 avril 2007 dans laquelle il remercie Jacques Chirac pour son soutien politique (84 ), des "packs" et "kits" militants comprenant T-shirts, affiches, autocollants, etc. Des centaines d'objets spéculant sur la popularité du nouveau président sont proposées sur le site d'enchères eBay. On trouve bien quelques sacs, badges, affiches et kits militants de Ségolène Royal, quelques porte-clés, autocollants et affiches siglés "Jean Marie Le Pen", mais rien ou presque concernant les autres candidats. Sur eBay, aucune personnalité politique n'intéresse autant les collectionneurs que Nicolas Sarkozy, à l'exception de ses prédécesseurs... de droite. Si François Mitterand ne semble en effet guère passionner les familiers du site d'enchères - on n'y trouve qu'un de ses pull-overs, vendu aux enchères 400 au profit d'enfants malades -, Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing comptent encore de nombreux fans. UNE CORONA BUE PAR CHIRAC En témoignent nombre de capsules et bouteilles de champagne estampillées "Jacques Chirac", de porte-clefs du RPR et de petites voitures de soutien à ses campagnes présidentielles de 1981 et 1988, de livres dédicacés et cartes postales manuscrites (de 20 à 150 ), ou encore sa rosette de grand maître de la Légion d'honneur (adjugée 185 ), et même une "authentique Corona bue par Chirac !" récupérée au dernier Salon de l'agriculture (1 , mais elle n'a pas trouvé preneur). Les objets relatifs à Valéry Giscard d'Estaing sont plus kitsch, comme ces bouteilles musicales et tirelires en plâtre à son effigie mises en vente à 30 ou 50 qui n'ont pas trouvé preneur. Pas plus que le 45-tours VGE Rock de la campagne de 1981 (10 ). Vue d'Europe, cette starification de la fonction présidentielle a de quoi surprendre. On ne trouve en effet rien ou presque sur eBay concernant Angela Merkel, Romano Prodi ou José Luis Zapatero. Et si les autographes de Tony Blair partent à 20 (mais pas à 50 ), les dédicaces et balles de base-ball signées de la main de George Bush ou de Bill Clinton s'échangent de 40 à 150 . Les lettres et livres dédicacés par Charles de Gaulle se monnaient beaucoup plus cher, entre 200 à 500 . Au marché des collectionneurs de souvenirs politiques, la cote de Nicolas Sarkozy est ainsi deux fois moindre que celle du Général, mais deux fois plus importante que celles des deux derniers présidents américains... § En attendant le congrès constitutif du Nouveau Centre prévu à l'automne, c'est sous l'étiquette "Parti social libéral européen" que seront présentés 84 candidats au premier tour des élections législatives. " § L eçon de biologie à l'Assemblée nationale. Au 2e sous-sol du Palais-Bourbon, mardi 29 mai, la presse est conviée à une expérience de scissiparité du centre. Dans le rôle du laborantin, Hervé Morin, président du groupe sortant des députés UDF, entouré d'une dizaine de parlementaires centristes parmi ceux qui ont préféré revenir dans le giron de la majorité présidentielle plutôt que de suivre François Bayrou sur la voie de l'indépendance. En attendant le congrès constitutif du Nouveau Centre prévu à l'automne, c'est sous l'étiquette "Parti social libéral européen" que seront présentés 84 candidats au premier tour des élections législatives. "Avec un bon espoir d'obtenir au moins vingt-cinq députés", annonce M. Morin. La conférence de presse est expédiée. Les documents distribués dans une chemise cartonnée au logo du Nouveau Centre tiennent en un quatre-pages, un bulletin d'adhésion et trois coupures de presse. "Nos idées" reprennent en quelques points brossés à la hâte les thèmes défendus par M. Bayrou pendant la campagne présidentielle. "Nous restons fidèles à nos convictions", expliquent ainsi les élus de l'UDF qui ont rejoint Nicolas Sarkozy, mais "nous voulons rendre utiles les 7 millions de voix centristes" qui se sont portées sur M. Bayrou, le 22 avril. INSISTANCE À DÉNIGRER Derrière ce discours destiné à justifier le retournement de l'entre-deux-tours perce néanmoins le malaise. "Ce choix n'est ni un reniement ni un ralliement", insiste M. Morin. Récompensé d'un poste de ministre de la défense, il se défend de tout "complot" ou "négociation souterraine". "Nous sommes l'UDF", renchérit André Santini. Le député des Hauts-de-Seine, qui avait soutenu M. Sarkozy dès le premier tour de la présidentielle, "tape" sur l'ancien candidat centriste, auquel il reproche de n'avoir "pas su négocier pour les siens des postes de responsabilité après le résultat qu'il avait obtenu au premier tour". Il dénonce sa "stratégie personnelle" et raille le Mouvement démocrate constitué dans l'élan de la campagne présidentielle : "Le MoDem, c'est une autre espèce de parti, c'est un parti sans élus et bientôt sans électeurs, lance-t-il. C'est peut-être intéressant d'un point de vue virtuel, cybernétique, mais ce n'est pas notre façon de concevoir la politique." Mais cette insistance à dénigrer ses anciens amis, ainsi que l'engagement pris à soutenir dans toutes les circonscriptions les candidats de l'UMP, sèment le trouble jusque parmi les députés centristes ayant rompu avec M. Bayrou. Plusieurs d'entre eux, parmi lesquels, notamment, Philippe Folliot et Jean Dionis du Séjour, ont ainsi refusé d'associer leur signature à la tribune du "pôle centriste du président" publiée dans Le Monde du 30 mai. Quant à Pierre Albertini, député sortant et maire de Rouen, il préfère n'être d'aucun parti et se démarque de M. Morin, "dont les propos et les actes récents ne correspondent pas à ma conception de la politique". § Cette fois, ce n'est plus un "Ségo-tour" mais un bus de campagne affrété pour François Hollande, qui est parti, mardi matin 29 mai, en direction des Hauts-de-Seine, puis des Yvelines. § C ette fois, ce n'est plus un "Ségo-tour" mais un bus de campagne affrété pour François Hollande, qui est parti, mardi matin 29 mai, en direction des Hauts-de-Seine, puis des Yvelines. A bord, le premier secrétaire du PS, joue les tour-opérateurs et présente au micro les huit candidats aux législatives qui l'accompagnent, choisis pour leur jeunesse ou parce qu'ils représentent la diversité : Abdel Mokhtari (7e circoncription de l'Oise), Faouzi Lamdaoui (5e, Argenteuil), Rose Gomis (2e, Saint-Denis), Sandrine Mazetier (8e, Paris), Frédéric Léveillé (3e Orne), Mireille Le Corre (1re, Yonne), Véronique Haché-Aguilar (8e, Essonne), et Juliette Quinten (3e, Yvelines) qui atteindra l'âge minimum requis pour se présenter, 23 ans, trois jours avant le premier tour. M. Hollande veut montrer "le nouveau visage du PS, en cours depuis des années". La rénovation, le premier secrétaire, de plus en plus critiqué par ses pairs, entend bien en revendiquer sa part, avant de lâcher les rênes du parti. En traversant au pas de course le marché de Clamart avant la cité de la Coudray, à Poissy, il en profite pour attaquer le bilan de "la majorité sortante". A un militant Bayrouiste qui distribue des tracts, il lance, ironique : "Ça va le MoDem, vous tenez le coup ?" Lui prépare son bilan. § Mardi 29 mai, Ségolène Royal, François Hollande, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius ont offert l'image d'unité réclamée par les militants du PS § L a rose, tendue au pied de la scène, est pâlichonne, blanche, mais elle trouve aussitôt son usage. François Hollande s'en saisit et l'offre à Ségolène Royal, qui la passe à Dominique Strauss-Kahn, qui la passe à Laurent Fabius, qui la passe à Bertrand Delanoë... Les cinq leaders socialistes réunis au Zénith de Paris, mardi 29 mai, se sont relayés, devant 5 000 personnes, pour offrir l'image pacifiée réclamée par les militants. "Ça doit être possible dès lors que l'on crée une ambiance", jaugeait Pierre Mauroy. "Il suffit que nous nous souvenions que nous sommes tous là au nom d'un idéal de transformation, de solidarité...", a expliqué Bertrand Delanoë. Le maire de Paris a inauguré la soirée de "l'unité" en prenant soin de saluer les autres orateurs, d'abord "celle qui a su rassembler 17 millions de voix" à l'élection présidentielle, puis le premier secrétaire, et les deux anciens ministres de l'économie, "qui sont une part de nous-mêmes". Un leader, sinon cinq. Mais c'est incontestablement Mme Royal qui a remporté le plus franc succès. Pendant cinq bonnes minutes, à la fin de son intervention, le public, debout, a scandé "Ségolène, merci !", sans que l'animateur, Patrick Bloche, premier secrétaire de la fédération de Paris, parvienne à l'interrompre. Par contraste, l'accueil a été plutôt froid pour "DSK", qui a dû essuyer des sifflets pour prix de ses critiques émises dès le soir du second tour de la présidentielle. Est-ce la forme de son intervention, un message lu en son absence sur scène, ou bien sa distance à l'égard de l'ex-candidate ? Lionel Jospin, qui en appelait à "l'impératif d'être tous unis", a été durement sifflé lui aussi. Mais ces manifestations d'humeur mises à part, le message est passé : les socialistes se mobilisent pour les législatives. Et chacun des orateurs, parmi lesquels se sont intercalés des candidats franciliens, a rempli son rôle. "FACE À CE POUVOIR VORACE" La voix brisée - "des restes de la campagne", s'est-il excusé -, M. Delanoë a dénoncé "le marketing, le matraquage, les bandes-annonces" de Nicolas Sarkozy. Mme Royal a lancé un appel aux 17 millions d'électeurs qui ont voté pour elle, les pressant d'être au rendez-vous. "Revenez vers les urnes, revenez nous aider à construire une opposition forte, vibrante, vigilante, engagée (...) une opposition porteuse de promesses et de victoires à venir", a-t-elle exhorté. "Ce qui a été semé va germer et fleurir lors de ces législatives", a poursuivi l'ex-candidate en ravivant le souvenir de cette "magnifique campagne" présidentielle, et en incitant les candidats à "continuer" la démocratie participative : "Cette méthode, a assuré Mme Royal, doit rester notre label pendant ces élections." "Nous ne nous laisserons pas faire", a souligné M. Strauss-Kahn en dénonçant, dans les projets du gouvernement, les franchises sur la santé. Tour à tour, Laurent Fabius et François Hollande ont insisté sur "l'équilibre des pouvoirs". "S'il n'y a pas de holà sur certaines pratiques, de même qu'il y avait une monarchie absolue, nous risquons d'avoir une présidence absolue", a dit le premier, très applaudi. "Face à ce pouvoir vorace, il faut une gauche coriace", a plaidé le second, ovationné, en qualifiant de "machine qui veut tout absorber, tout broyer, tout digérer" la méthode Sarkozy. Le premier secrétaire a paru ouvrir une porte : "François Bayrou, a-t-il dit, nous ne le laisserons pas tout seul mais encore faut qu'il veuille nous rejoindre. Nous, nous ne sommes pas l'ouverture mais dans la culture du contrat et de la coalition." La veille, dans le Rhône, M. Strauss-Kahn avait indiqué ne pas avoir "d'hostilité de principe à un éventuel soutien à certains candidats du MoDem" au second tour des législatives. Avant de se retrouver, sans doute, le 7 juin, à Lille, chacun des orateurs va reprendre sa route de campagne, solitaire. § Les suppressions d'emplois ont été beaucoup plus nombreuses que prévu en 2006 dans les administrations de l'Etat : le gouvernement Villepin en avait programmé 5 430 en équivalent temps plein dans la loi de finances initiale, elles se sont finalement élevées à 9 530. § L es suppressions d'emplois ont été beaucoup plus nombreuses que prévu en 2006 dans les administrations de l'Etat : le gouvernement Villepin en avait programmé 5 430 en équivalent temps plein (ETP) dans la loi de finances initiale (LFI), elles se sont finalement élevées à 9 530. Cette différence de 4 100 postes - révélée par Le Figaro du 28 mai - s'explique principalement par l'entrée en vigueur effective en 2006 de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF). Cette dernière a institué un double plafond en emplois et en crédits de personnel, que les ministères, par ailleurs plus libres de la gestion de leurs effectifs et de leur enveloppe financière, ont respecté "avec une grande prudence", relève la Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution du budget 2006. Le cabinet du ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth, qui souligne, lui aussi, cette prudence, met également en avant le report des plans d'embauche et les premiers effets du non remplacement des départs à la retraite. Depuis 2003, les suppressions d'emplois dans la fonction publique de l'Etat n'ont cessé d'augmenter d'une année sur l'autre, après cinq années d'importantes créations de postes (1998-2002) sous le gouvernement de Lionel Jospin. Quelque 15 000 suppressions d'emploi ont été inscrites dans la LFI pour 2007, et Nicolas Sarkozy n'a pas fait mystère de son intention de ne remplacer qu'un départ à la retraite sur deux de fonctionnaire. Cet objectif, critiqué par l'ensemble des fédérations syndicales de fonctionnaires, avait été défendu par la majorité dès 2002, mais ni le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin ni celui de Dominique de Villepin ne l'avaient respecté. M. Woerth a pour mandat clair de s'y tenir, la diminution des charges de personnel étant censée, selon M. Sarkozy, aller de pair avec une amélioration du traitement des fonctionnaires. En 2006, les effectifs de l'Etat ont globalement diminué d'environ 29 000 postes parmi les 2,5 millions de fonctionnaires. L'accélération du processus de la décentralisation a aussi contribué à la réduction des effectifs de l'Etat, de l'ordre de 4 800 postes supplémentaires, lors du passage des agents de l'éducation nationale et de l'équipement vers les régions et départements. Mais l'essentiel de la réduction des quelque 14 000 emplois restants provient d'une nouvelle appréciation du nombre d'équivalents temps plein, un mode de calcul introduit par la loi organique relative à la loi de finances (LOLF). "La nouvelle définition des emplois a justifié la création d'un outil interministériel de décompte des emplois (ODE) et l'élaboration de règles de décomptes", rappelle la Cour des comptes en pointant "de nombreuses incertitudes". Cet outil "n'a pas satisfait les besoins des ministères pour le suivi des emplois en 2006", ajoute-t-elle. C'est une des raisons pour lesquelles les chiffres doivent être interprétés avec prudence. § En déplacement jeudi dans le Val-de-Marne pour soutenir un candidat UMP, l'ancienne ministre centriste n'a pas ménagé ses critiques contre François Bayrou. § S imone Veil, en déplacement, jeudi 31 mai, dans le Val-de-Marne pour soutenir un candidat UMP, n'a pas ménagé ses critiques contre François Bayrou. Venue apporter son soutien à Henri Plagnol, dans la 1re circonscription du département, elle a lâché à des journalistes :"ne me parlez pas du MoDem !", en affirmant que pendant cinq ans, François Bayrou "ne va penser qu'à la présidentielle". Mme Veil a ajouté qu'elle avait "toujours été présente" dans le rassemblement centriste. "Il n'y avait pas d'ambiguïté. L'UDF dans sa diversité était toujours en alliance avec la droite", a-t-elle dit. "Très sollicitée" dans le cadre de la campagne pour les législatives, Simone Veil a expliqué qu'elle était venue à Saint-Maur-des-Fossés pour l'un de ses premiers et rares déplacements parce qu'Henri Plagnol "est un vieil ami". M. CAVADA CANDIDAT DU MODEM "Je tenais à venir le soutenir", a-t-elle dit, mais cette visite est aussi un "soutien" à la majorité présidentielle. Interrogée sur la candidature de l'ancien président de Radio France Jean-Marie Cavada, investi par le MoDem dans cette circonscription de droite, Simone Veil a refusé de parler de "querelle de famille". "J'aime beaucoup M. Cavada. Il ne se trompe pas de combat, il se trompe de personne", a-t-elle ajouté. Elu député UDF dans cette circonscription en 1997, avec déjà le soutien de Simone Veil, Henri Plagnol, ancien secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat dans le gouvernement Raffarin, avait été réélu en 2002 sous l'étiquette UMP, qu'il avait rejointe dès sa création, une défection que l'UDF ne lui a pas pardonnée. § D'après les résultats de l'élection présidentielle près de chez vous, votre circonscription pourrait basculer. Une sélection de vos témoignages sur la campagne législative. § J e réside dans les Hautes-Alpes, où la droite risque de remporter les deux circonscriptions, si on se fie aux résultats obtenus par N. Sarkozy. Dans la 2e circonscription, le député PRG sortant, Joël Giraud, avait gagné il y a cinq ans grâce au candidat de droite, peu connu et sans grand charisme, et grâce également à son extraordinaire capacité de travail. Il affronte l'ancien président du Conseil général, Alain Bayrou, investi par l'UMP (aucun lien avec François Bayrou) et maire de Briançon, ainsi que Chantal Eymoud, maire d'Embrun, centriste soutenant Sarkozy, qui peut être une redoutable candidate au 2d tour. Les deux candidats de droite ont d'ores et déjà annoncé la couleur, à savoir se désister au profit du candidat le mieux placé pour battre le sortant. Dans la 1e circonscription, repassée à droite en 2002, la députée sortante UMP, Henriette Martinez, devrait être réélue sans difficulté, la question est de savoir si elle affrontera au 2d tour Karine Berger du PS, arrivée de Paris en 2005, Jean-Michel Arnaud, conseiller général et maire de Tallard, investi par le MoDem, ou Jean-Claude Eyraud, candidat de gauche, ex-leader de la CGT locale, fort de ses succès dans la défense des travailleurs, en particulier des saisonniers, qui peut créer la surprise. § La ministre de l'enseignement supérieur a rencontré, jeudi, les organisations syndicales de l'enseignement supérieur. "On ne veut pas qu'une loi soit votée pendant qu'il n'y a personne dans les facs", a réagi Bruno Julliard, le président de l'UNEF. § A l'issue d'une table ronde à laquelle ont participé une vingtaine de délégations d'étudiants, enseignants, chercheurs, personnels et présidents d'université, la ministre de l'enseignement supérieur, Valérie Pecresse, a annoncé, jeudi 31 mai, avoir constitué trois groupes de travail qui rendront leur synthèse le 22 juin sur la future loi sur l'autonomie des universités. La loi sur l'autonomie des universités, "socle" d'une réforme plus large selon elle, sera votée en juillet lors de la session extraordinaire du Parlement. Les groupes de travail devront donc plancher en trois semaines sur "la gouvernance" des universités (compétences du président, composition et compétences des conseils d'administration, etc.), "le périmètre de l'autonomie" (quelle liberté de recruter et de rémunérer les enseignants-chercheurs par exemple) et "l'accompagnement et le suivi de la mise en place de la réforme". "D'ABORD ON TRAVAILLE, ENSUITE LES MOYENS SUIVRONT" Sur ce dernier thème, Mme Pecresse s'est déclarée "à titre personnel" favorable à ce que la loi s'applique à l'ensemble des universités mais selon un calendrier s'étalant sur plusieurs années et non aux seules universités volontaires, comme le souhaitait Nicolas Sarkozy pendant la campagne. Le président de la République a dit cela dans le but de "rassurer les universités en leur disant qu'elles auraient le choix", a-t-elle expliqué, en rappelant que "tout est ouvert, il faudra obtenir un accord". Une position qui devrait rassurer les présidents d'université, qui se sont dits favorables à l'autonomie des universités mais craignent un calendrier "à deux vitesses" : "nous ne pourrions comprendre une évolution des établissements à des rythmes différents", a expliqué Jean-Pierre Finance, premier vice-président de la Conférence des présidents d'université (CPU). Quant aux moyens, la ministre a assuré se "sentir garante de l'engagement budgétaire du président pendant la campagne" d'une augmentation du budget de l'enseignement supérieur et de la recherche de 50 % sur cinq ans. Elle a cependant prévenu : "d'abord on travaille, ensuite les moyens suivront". "On ne veut pas qu'une loi soit votée pendant qu'il n'y a personne dans les facs et qu'après la loi, alors qu'il y a eu des engagements sur cinq autres chantiers, on s'arrête", a souligné Bruno Julliard, président de l'UNEF, en sortant de la rencontre. Evoquant "une grand-messe", Thiébault Weber, président des étudiants de la FAGE, a de son côté rappelé qu'il souhaitait des "garanties" que la loi votée en juillet serait "suivie d'une réforme profonde" de l'université, passant notamment par "la lutte contre l'échec en premier cycle". § Selon Jean-Marie Pernot, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES), le projet du gouvernement sur le service minimum pourrait rendre le droit de grève "à peu près inapplicable". § J ms : On s'aperçoit que dans les hôpitaux, la notion de service minimum un jour de grève revient quasiment à un service normal. Un mouvement de grève doit bien réduire la production de biens et de services, sinon il devient virtuel. Il me semble que le débat actuel porte sur le droit de grève, qui va devenir totalement aseptisé et donc impraticable. D'autre part, on semble oublier que les directions ont cinq jours de préavis pour ouvrir des négociations, ce qui n'est pratiquement jamais pratiqué. Pour résumer, j'ai l'impression que c'est un débat "faux cul" qui vise malgré tout à restreindre l'outil de lutte des salariés. Jean-Marie Pernot : La question est bien, en effet, de rendre compatibles le droit de grève des salariés et la continuité du service public, si l'on a bien compris les propos des différents intervenants sur le sujet. On a parfois le sentiment qu'on ne veut pas toucher au droit de grève, droit constitutionnel, mais que l'enjeu des réformes prévues pourrait être de le rendre à peu près inapplicable, ou de lui ôter tout effet sur la vie de ces services publics. Une façon effectivement insidieuse de remettre en cause le droit de grève. Il existe en effet, dans la fonction publique et les services publics, une règle imposée en 1963 qui est celle du préavis, obligeant les syndicats à déposer cinq jours francs à l'avance l'annonce d'une grève. Ce délai était censé offrir la possibilité d'une négociation dont la conclusion aurait rendu inutile l'exercice de la grève. C'était une façon raisonnable d'éviter les grèves "inutiles", celles nombreuses qui relèvent de quiproquos ou de conflits mineurs. Pourquoi ce dispositif n'est-il pratiquement jamais appliqué ? En réalité, les directions d'entreprise comme les syndicats ont très longtemps tenu à ce qu'on puisse compter les grévistes avant toute négociation. Cela relève d'un sentiment répandu parmi les directions d'une représentativité syndicale toujours à démontrer. Ce changement d'habitudes contribuerait certainement à restreindre un certain nombre de conflits. Il faut noter toutefois et c'est une des étrangetés de ce débat que le nombre de conflits dans les transports a nettement diminué au cours des dix dernières années. En particulier à la SNCF, le nombre de conflits locaux a été diminué environ de moitié en dix ans. freethink : Les syndicats prétendent que le service minimum dans les transports est déjà en vigueur. Dans quelle mesure cette assertion est elle exacte ? Jean-Marie Pernot : Tout d'abord, il existe des conventions entre, par exemple, la RATP et le Syndicat des transports d'Ile-de-France, obligeant à une proportion donnée de service les jours de grève. Il existe également des conventions conclues entre les régions et la SNCF visant à de tels dispositifs. Mais la question plus globale est de savoir si les transports en commun ne sont pas tous les jours en état de service minimum. Et c'est sans doute cela que signifient les syndicats. Les politiques se préoccupent beaucoup aujourd'hui des conditions de transport des passagers les deux jours de l'année où il y a des grèves. On pourrait aussi se préoccuper des conditions de transports les 363 autres jours de l'année... Et la garantie de revenir à l'heure de son travail que propose M. Xavier Bertrand pourrait être utilement interrogée sur ces 363 autres jours. En réalité, les services publics de transport sont souvent au bord de la rupture, et c'est le service quotidien assuré qui est un véritable service minimum. Transport : Quel mode de transport utilisez-vous pour aller travailler ? Jean-Marie Pernot : Le métro et le RER tous les jours. alexxxx : Quels secteurs sont concernés par le projet de loi sur le service minimum ? On a l'impression que le gouvernement, d'un projet général est passé à une réforme réduite à la simple SNCF... Jean-Marie Pernot : Oui, ce n'est pas très clair. Au départ, la loi était générale. Elle est devenue une loi-cadre engageant à la négociation secteur par secteur, du moins dans ce que l'on sait aujourd'hui. Certains secteurs en ont été écartés : les services postaux et l'éducation. L'attention est portée naturellement sur le secteur des transports. 1 | 2 | 3 | 4 | suivant (fl-rg.gif) Alexandre Piquard Lisez l'article sur une seule page Jean-Marie Pernot, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires) et auteur de "Syndicats : lendemains de crise ?" | DR DR Jean-Marie Pernot, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires) et auteur de "Syndicats : lendemains de crise ?" EN UNE EN CE MOMENT La croissance américaine au plus bas depuis quatre ans "L'exonération de charges sur les heures supplémentaires a des effets pervers" L'élection présidentielle au suffrage universel adoptée par le Parlement turc Italie : la politique en accusation ET AUSSI Jean-Claude Brialy, le 19 juin 2006 à l'église de Saint-Rémy-les-Chevreuse. | AFP/JOEL SAGET Télézapping Brialy s'en est allé Législatives : les circonscriptions qui pourraient basculer | Cartes Législatives : les circonscriptions à loupe Le 13 mai, de nombreux manifestants protestent contre les émeutes de Karachi, qui ont fait 41 morts. | AFP/Arif Ali Chronologie Deux mois de violentes émeutes au Pakistan LÉGISLATIVES 2007 Simone Veil estime que François Bayrou "ne va penser qu'à la présidentielle" Ma circonscription va-t-elle basculer ? Valérie Pecresse annonce une loi sur l'autonomie des universités dès le mois de juillet Service minimum : "Réformer la gouvernance dans les entreprises réduit plus les conflts qu'une loi générale" LES DÉPÊCHES Comme Paris, Madrid veut un traité, dit Jose Luis Zapatero Reuters 18h09 Comme Paris, Madrid veut un traité, dit Jose Luis Zapatero Reuters 18h09 Les nationalistes corses appellent à une réouverture du dialogue Reuters 18h04 L'Iran dit avoir tué des rebelles munis d'armes américaines Reuters 18h01 (legislatives2007_index_articles&) § Denis Godet, membre du Conseil d'analyse économique du premier ministre et professeur, est favorable à une défiscalisation des heures supplémentaires pour les salariés, mais pas pour les entreprises. § D enis Godet est membre du Conseil d'analyse économique du premier ministre et professeur au Conservatoire national des arts et métiers. Il a écrit Le Courage du bon sens : pour construire l'avenir autrement (Odile Jacob). La réforme des heures supplémentaires va-t-elle permettre de "travailler plus pour gagner plus" ? Oui, par définition. Mais l'idée, que j'avais formulée à partir de 2002, a été déformée. Au départ, il y a le constat que les 35 heures n'ont créé aucun emploi et ont appauvri la France, qui recule. Les Français travaillent, en moyenne par habitant, trois semaines de moins que la moyenne européenne. Notre niveau de vie, en PIB par habitant, est rattrapé par nos voisins. La question est : comment sortir des 35 heures par le haut ? Un coût estimé à cinq milliards d'euros "Nous sommes tombés dans le puits des 35 heures, qui ont coûté 20 milliards d'euros. Cela nous coûte quatre fois moins cher d'en sortir que d'y être entrés. Au pire", estime Denis Godet. Selon Les Echos du jeudi 31 mai, "la suppression des 65 % de cotisations (45 % employeur, 21 % salarié) sur les quelque 900 millions d'heures effectuées actuellement représenterait à elle seule plus de 5 milliards d'euros". Le ministère de Bercy est en train de chercher des arbitrages et pourrait privilégier la suppression de l'intégralité des charges salariales, CSG comprise, estime le quotidien économique. J'ai fait une proposition, partant du principe que l'intérêt bien compris des cigales est qu'il y ait le maximum de fourmis actives. Il fallait qu'on ait plus d'heures supplémentaires dans certains secteurs, où il y a un besoin. Par exemple le bâtiment, où les employés travaillent au noir le samedi matin, avec la connivence de l'employeur. 50 % des Français ne sont pas imposés. Les employés et les salariés n'ont pas de raison d'être imposés sur leur temps libre. Donc, c'est normal psychologiquement que les heures supplémentaires, au-delà de 35 heures, ne soient pas imposables pour le salarié. C'est du "black officiel". Là où l'idée a été déformée, c'est quand, n'entendant que le mot "défiscalisation", on a rajouté l'exonération de charges patronales. Cela coûte très cher et a un tas d'effets pervers. Quels sont ces effets pervers ? Des augmentations fictives, d'abord, c'est-à-dire des augmentations de salaire déguisées en fausses heures supplémentaires. L'idée est : "Je veux bien vous augmenter mais cela me coûte moins cher de le faire avec des heures supplémentaires, que vous n'effectuez pas." L'autre gros effet pervers est que, dans les secteurs où il n'y a pas de pénurie de main- d'uvre, au lieu d'embaucher quelqu'un de nouveau qui était sur le pavé, on sera tenté de faire travailler plus ceux qui travaillent déjà. Ce sont des effets évidents. Ces effets pervers sont sources de fraude. Donc sources de contrôle bureaucratique. Cela renforcera le "modèle soviétique" français, comme l'appelait Jacques Lesourne (prospectiviste et ancien directeur du journal Le Monde). Ces effets pervers font-ils de la défiscalisation des heures supplémentaires une mauvaise réforme ? Il faut expérimenter. Et le gouvernement va devoir négocier avec les partenaires sociaux. Il va devoir lâcher des choses. Les partenaires sociaux vont demander le maintien des charges patronales, pour financer le social, ce qui est normal. Sauf peut-être dans le cas des cadres qui travaillent à la journée. Il va falloir adapter, secteur par secteur, entreprise par entreprise. Que va-t-il rester de la réforme des heures supplémentaires inscrite dans le programme du candidat Sarkozy ? Symboliquement, on va revaloriser le travail. 40 % des Français souhaitent travailler pour gagner plus. Ils pourront le faire. Les 60 % restants qui sont contre, libre à eux de ne pas le faire. Avec la défiscalisation, les employeurs ne seront-ils pas tentés d'en imposer à des employés qui n'en veulent pas ? On n'a pas dit qu'il fallait les imposer. Mais j'irai même plus loin. Je suis pour qu'on permette la pluriactivité : un salarié va faire des heures supplémentaires dans une autre entreprise. Je prône aussi le cumul emploi-retraite. Un salarié peut-il ou pourra-t-il refuser les heures supplémentaires ? On doit pouvoir refuser les heures supplémentaires. Evidemment, si vous refusez, vous serez moins bien noté et moins bien vu par l'employeur. Mais c'est normal que la promotion se fasse en fonction du mérite et de l'effort. Certains salariés, qui ont un parent à charge par exemple, ne sont-ils pas empêchés de faire des heures supplémentaires, sans être pour autant moins méritants ? Absolument. D'ailleurs, j'étais pour qu'on propose une réduction du temps de travail aux parents de jeunes enfants et aux gens qui ont un parent à charge. Il y a de très fortes inégalités devant le temps libre, aussi fortes que les inégalités de revenus. Au fond, l'essentiel n'est donc pas de travailler plus ou moins, mais de faire du sur-mesure ? Oui. Il faut négocier branche par branche, entreprise par entreprise. Il serait dangereux de se comporter comme Martine Aubry avec les 35 heures. Sinon, on fait une réforme aveugle. Boire de l'eau c'est vital, mais si on en boit trop, on peut en mourir. Une bonne idée, quand on la pousse trop loin, peut devenir une mauvaise idée. § La précision, apportée dans le bilan de l'Etat, ne manque pas de sel : la dette de l'Etat à l'égard des organismes de Sécurité sociale s'élève à 5,257 milliards d'euros fin 2006. § L a précision, apportée dans le bilan de l'Etat, ne manque pas de sel : la dette de l'Etat à l'égard des organismes de Sécurité sociale s'élève à 5,257 milliards d'euros fin 2006. Selon le compte général 2006 de l'Etat, qui a été détaillé, le 30 mai à Bercy, l'Etat doit 412 millions d'euros à la Caisse nationale d'allocations familiales au titre de l'allocation adulte handicapé et 255 millions au titre de l'allocation de parent isolé ; 373 millions à la Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés au titre de l'aide médicale d'Etat et 118 millions au titre de l'allocation spéciale d'invalidité. Les exonérations de cotisations sociales, dont l'ampleur a été critiquée pendant la campagne, représentent un total de charges à payer de 3,22 milliards d'euros, le reste - 875 millions - étant constitué de dettes de fonctionnement. L'importance de ces dettes devrait conforter FO, longtemps gestionnaire de l'assurance-maladie, dans son analyse traditionnelle des causes du déficit de la "Sécu". Et pourrait raviver les craintes des syndicats et du patronat de voir l'Etat puiser dans les excédents attendus en cas de fusion de l'Unedic avec l'ANPE et d'étatisation de ce régime paritaire. L'annexe du compte général de l'Etat précise en outre que les engagements de retraite, seuls, représentent près des trois quarts des engagements hors bilan de l'Etat (1 255 milliards au total). Pour les pensions des fonctionnaires de l'Etat et des militaires, ils sont évalués à 941 milliards d'euros au 31 décembre 2006, soit 53 % du PIB. Sur ce total, près de 60 % concernent des fonctionnaires de l'Etat déjà à la retraite. Les besoins de financement actualisés du régime de retraite des agents de l'Etat, c'est-à-dire la somme des déficits futurs sur la très longue durée, sont évalués à 423 milliards d'euros à l'horizon de 2106. Ceux des régimes spéciaux - SNCF, RATP, fonds social des ouvriers des établissements industriels de l'Etat, invalides de la marine et mineurs - atteindraient 230 milliards d'euros à la même date. § L'équipe sortante lui a laissé une bombe à retardement : une ordonnance permet au gouvernement Fillon de demander aux employeurs de rembourser 100 % de la carte orange aux salariés d'Ile-de-France, avant mars 2008. § A lain Juppé va vivre son premier baptême du feu. Coiffé de la double casquette de l'environnement et des transports, il va devoir trancher, dans les prochaines semaines sur le dossier de la carte orange en Ile-de-france. L'équipe sortante de Dominique de Villepin lui a en effet laissé un "bogue" ou une bombe à retardement : une ordonnance du 12 mars, exhumée par le site Internet du Journal du dimanche, permet au gouvernement Fillon de demander aux employeurs de rembourser 100 % de la carte orange aux salariés d'Ile-de-France, avant mars 2008. Au milieu de 143 pages d'annexes, l'ordonnance prévoit en effet, dans sa sous-section 1 et son article L3261-2, que "l'employeur situé à l'intérieur de la zone de compétence de l'autorité organisatrice des transports dans la région d'Ile-de-France prend en charge le prix des titres d'abonnements souscrits par ses salariés pour leurs déplacements accomplis au moyen de transports publics de personnes, entre leur résidence habituelle et leur lieu de travail". Ce présent de l'indicatif diffère de la version précédente de la loi du 4 août 1982 qui prévoyait une prise en charge par l'employeur "aux taux de 40 % à compter du 1er novembre 1982 et de 50 % à compter du 1er octobre 1983". Le nouveau texte affole la région, le Syndicat des transports d'Ile-de-France et les patrons franciliens qui viennent d'écrire à Alain Juppé. Le délégué général du Medef Ile-de-France, Jérôme Dubus, indique au Monde qu'une telle modification serait "une catastrophe pour les entreprises franciliennes, à qui elle coûterait 500 millions d'euros". Alain Juppé va-t-il s'engouffrer dans cette incertitude juridique pour prendre une mesure symbolique et concrète en matière d'arbitrage entre les différents modes de transport et en faveur des transports publics ? Jeudi matin, son cabinet indiquait pourtant qu'il envisageait de prendre un décret, avant la fin de l'année 2007, pour maintenir le seuil de remboursement à 50 %. § La polémique autour de la pertinence des statistiques reste vive. Mardi, 200 statisticiens, chercheurs, syndicalistes et militants associatifs se sont réunis à Paris pour des Etats généraux des chiffres du chômage et de la précarité. § N icolas Sarkozy bénéficie de la baisse du chiffre du chômage, un mouvement continu depuis plus de deux ans. Même si, avec un taux de 8,2 % fin avril, l'objectif que s'est fixé le chef de l'Etat de ramener à 5 % le taux de chômage d'ici la fin de son mandat, n'est pas à portée de vue. Selon les chiffres révélés par le ministère de l'économie, des finances et de l'emploi, mercredi 30 mai, la France a enregistré une baisse de 25 300 chômeurs à fin avril, pour un total de 2 011 300 inscrits en catégorie 1 (recherche d'un emploi à temps plein et à durée indéterminée, sans avoir travaillé plus de 78 heures dans le mois), soit - 1,2 % par rapport au mois précédent. La diminution est cependant moins forte qu'en mars, un cru exceptionnel puisque l'ANPE avait enregistré près de 30 000 chômeurs de moins sur ses listes. En avril, comme les mois précédents, le chômage des jeunes affiche une baisse de 1,7 % sur un mois, portant à 10,6 % le reflux sur un an. Ce qui n'empêche toutefois pas le taux de chômage des moins de 25 ans présents sur le marché du travail de se maintenir à un niveau élevé : 21,1 %. La baisse est aussi sensible pour les chômeurs de longue durée, inscrits depuis plus d'un an, - 2,4 % sur un mois (en mars, la diminution était de 3,2 %). Ces derniers représentent près d'un tiers des inscrits à l'ANPE. Le chômage des seniors recule aussi, mais dans une proportion moindre comparée aux résultats des derniers mois, - 0,8 % pour avril et - 1,8 % en mars. La polémique autour de la pertinence des statistiques reste vive. Mardi, 200 statisticiens, chercheurs, syndicalistes et militants associatifs se sont réunis à Paris pour des Etats généraux des chiffres du chômage et de la précarité. Se servant des analyses du collectif Les Autres chiffres du chômage (ACDC), ils ont critiqué un "système statistique à bout de souffle", un "suivi mensuel factice et source de confusion". Selon eux, "la focalisation sur un chiffre unique du chômage traduit une vision archaïque du marché du travail". Les militants ont avancé la nécessité de travailler sur des "indicateurs trimestriels fiables et pertinents". Ils ont reçu le renfort d'une économiste du MIT (Massachusetts Institute of Technology), Esther Duflo. "Les évolutions mensuelles n'ont pas grand-chose à nous dire sur l'efficacité des politiques publiques, mais dépendent surtout de variations saisonnières et d'évolutions macroéconomiques", a-t-elle expliqué. Raymond Torres, économiste à l'OCDE, a estimé que "le taux de chômage est un indicateur de moins en moins pertinent pour juger de l'efficacité du marché de l'emploi". Jean-Louis Borloo n'est pas si éloigné de cette thèse. Arrivé à Bercy, et chargé de la mission "chômage à 5 %", le ministre marquera-t-il sa distance avec ce rendez-vous mensuel, surtout quand celui-ci offre au gouvernement des taux à la baisse ? § Dans la foulée de Jean-Luc Bennahmias, député européen, un certain nombre de cadres écologistes suivent le mouvement. D'autres semblent attendre l'après-élections législatives. § C e n'est pas encore une hémorragie mais déjà une petite saignée. Après le départ de trois élus Verts parisiens, Olivier Pages, Danièle Auffray, Violette Baranda, ralliés au Mouvement démocrate (MoDem), c'est un quatrième, François Flores, conseiller de Paris, qui vient d'annoncer son transfert. Dans la foulée de Jean-Luc Bennahmias, député européen, un certain nombre de cadres écologistes suivent le mouvement. D'autres semblent attendre l'après-élections législatives. "Je reçois tous les jours des mails qui me disent : "Moi aussi", constate M. Bennahmias. S'il se défend d'organiser les sorties, ses amis recensent tous les Verts qui souhaitent être de l'aventure centriste. Ainsi dans les Bouches-du-Rhône, Christophe Madrolle, responsable local des Verts, assure que plus de la moitié de sa fédération - soit "environ 150 personnes" - souhaite adhérer au mouvement de François Bayrou. "Cela vient d'un peu partout dans la région", s'enthousiasme M. Madrolle. Le phénomène concerne des militants mais aussi des élus, insiste-t-il. "EFFET DE MODE" D'autres groupes locaux seraient touchés comme en Poitou-Charentes, dans l'Aisne, les Yvelines, le Béarn ou en Seine-et-Marne, où le conseiller général Jean Calvet se présente aux législatives sous l'étiquette MoDem. A Paris, c'est Raymond Pronier, conseiller d'arrondissement du 15e, qui s'occupe des recrutements. "Beaucoup attendent encore mais viennent à nos réunions", confie-t-il. "De nombreux militants en ont marre d'attendre la rénovation interne et se rendent compte que le MoDem est plus capable d'intégrer nos thématiques que le PS", renchérit François Flores. La lassitude à l'égard d'un parti au fonctionnement interne chaotique n'explique pas tout. On compte parmi les ralliés de nombreux postulants à la candidature pour les élections législatives ou pour les élections municipales qui ont été recalés. Comme Syrine Catahier, adjointe au maire du 18e arrondissement à Paris. Si elle n'a pas encore franchi le pas de quitter le parti, elle avoue y songer fortement : "Les Verts ne sont plus à la hauteur des enjeux écologiques. Et c'est plutôt enthousiasmant comme perspective de créer un nouveau mouvement et d'y développer un pôle écolo", assure-t-elle. D'autres responsables du parti écologiste attendent les résultats des Verts mais aussi du MoDem aux législatives pour voir si leur voie militante doit bifurquer. C'est le cas de Jean-Félix Bernard, conseiller régional d'Ile-de-France, qui se demande "si les Verts restent le bon endroit pour l'écologie politique". Ou Nicole Guillaudin, adjointe au maire de Chambéry, qui organise jeudi avec son alter ego de Haute-Savoie une rencontre avec le MoDem local "pour ouvrir une réflexion". Pour M. Bennahmias, décidément, "c'est une affaire qui marche". "Si le MoDem fait entre 8 % et 10 % nationalement, on peut entraîner un quart des Verts !", s'emballe-t-il. Au siège des Verts, on préfère faire le gros dos et minimiser les départs. "C'est très limité", jure Cécile Duflot, secrétaire nationale. "Seuls huit adhérents se présentent sous l'étiquette Modem et ils ont été suspendus." Le député de Paris Yves Cochet, lui, ne nie pas la réalité. "Il y a un effet de mode et une déception interne. Et puis la faiblesse humaine qui fait que quand le MoDem vous appelle pour être candidat..." § Après une bataille de plusieurs jours, chaque ministre connaît désormais l'étendue de son trésor de guerre. § A près une bataille de plusieurs jours, chaque ministre connaît désormais l'étendue de son trésor de guerre. La seconde salve des "décrets d'attribution", qui définissent après chaque remaniement gouvernemental l'étendue des "fiefs" ministériels, a été adoptée, le 30 mai, en conseil des ministres. Super ministre de l'économie et de l'emploi, Jean-Louis Borloo a réussi à conserver la tutelle sur la direction de la législation fiscale, et donc sur les impôts, et sur la direction du Trésor, en charge entre autres des prévisions économiques. En revanche, M. Borloo s'est vu déposséder de la tutelle de l'énergie, qu'il revendiquait, au profit d'Alain Juppé, le ministre du développement durable, qui considérait que, outre l'équipement et les transports, l'ensemble de la politique énergétique, y compris EDF, GDF et le nucléaire, devait dépendre de son ministère. A Bercy, le second ministre, Eric Woerth, sera responsable de l'élaboration du budget et de l'ensemble des comptes publics, avec notamment l'annexion des budgets de la Sécurité sociale. Troisième acteur de l'économique et du social, Xavier Bertrand, ministre du travail, hérite des principaux chantiers du dialogue social : la loi cadre sur le service minimum, les quatre conférences sociales de rentrée, le contrat unique, la réforme des régimes spéciaux. Deux nouveaux ministères sont créés ex nihilo. Celui de Brice Hortefeux, en charge de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale pourra disposer de directions du ministère de l'intérieur, des affaires sociales, des affaires étrangères, du travail, des douanes. Celui d'Alain Juppé fusionne l'ancien ministère des transports et de l'équipement avec celui de l'écologie, auxquels s'ajoute la direction de l'énergie du ministère de l'économie. "Evidemment, ça va entraîner des réformes et des bouleversements administratifs. Nous savons tous qu'ils ne sont pas toujours faciles, mais l'enjeu en vaut la peine", a expliqué la porte-parole du gouvernement, Christine Albanel. "L'idée du président de la République et du premier ministre, c'est de vivre maintenant avec cette nouvelle architecture, de voir comment elle évolue et, peut-être, dans un an (...), de faire un point à ce moment-là et de la figer dans une loi organique pour qu'il n'y ait plus (...) ces passages de compétence à l'autre, ce qui est souvent le fait des changements de gouvernement", a-t-elle ajouté. § L'intégralité du débat avec Dominique Reynié, professeur des universités à l'Institut d'études politiques de Paris : "les carottes ne sont pas cuites pour Ségolène Royal mais les conditions de sa victoire sont difficiles à réunir". § M artin k : Pensez-vous que Mme Royal a encore des chances de gagner ? Dominique Reynié : Oui, mais avec des conditions difficiles à réunir. Premièrement, un très bon report des voix de Bayrou sur son nom. Deuxièmement, un mauvais report des voix de Le Pen sur Sarkozy (moins de 60 %). Troisièmement, le passage de l'abstention au premier tour à la participation au second d'électeurs nombreux au profit de la candidate. En 1974, on était ainsi passé de 15,7 % d'abstention au premier tour à 12,6 % au second. patsou : Connaît-on les abstentionnistes du 1er tour (leur profil sociologique, géographique et politique) ? Quelle va être le taux de participation ? Pensez-vous qu'il va y a voir démobilisation des deux côtés au vu des sondages qui donnent toujours Nicolas Sarkozy gagnant ? Dominique Reynié : Ceux qui s'abstiennent le plus sont toujours les plus jeunes et les milieux populaires. Donc plutôt un électorat favorable à Mme Royal. On s'abstient plus dans les banlieues. Typiquement, en Seine-Saint-Denis, où on enregistre le record d'abstention, le 22 avril, comme à chaque élection. Il est difficile de dire si l'abstention sera plus ou moins forte, parce qu'il peut y avoir le même niveau d'abstention avec des électeurs très différents. Par exemple, des électeurs qui vont passer de la participation à l'abstention, et qui vont croiser des électeurs qui vont, eux, passer de l'abstention à la participation. La publication des sondages peut démobiliser les deux camps, mais je fais l'hypothèse que la démobilisation peut être plus forte à gauche, parce qu'il y a un effet de découragement en raison du débat télévisé au cours duquel beaucoup ont eu le sentiment que Ségolène Royal tenait face à Nicolas Sarkozy. Beaucoup ont cru que ce débat allait relancer la candidature de Ségolène Royal et allait rendre possible sa victoire. Et les sondages qui montrent aujourd'hui que non seulement elle est donnée perdante, mais plus encore, que la défaite paraît pouvoir être de plus en plus nette, accable et décourage de nombreux électeurs de gauche. Romain : Comment vont se reporter les voix UDF du premier tour ? Dominique Reynié : La réponse la plus prudente consiste à imaginer trois tiers. Un tiers pour Sarkozy, un tiers pour Royal, et un tiers dans l'abstention ou le vote blanc. bafila12 : Est-il possible que Le Pen appelle, en réunions privées internes au FN, à faire barrage à Sarkozy ? Comment vont se comporter ses électeurs ? Dominique Reynié : La plus grande partie des électeurs de Jean-Marie Le Pen va voter pour Nicolas Sarkozy malgré la consigne de leur chef, en raison de leur opposition à la gauche et de leur préoccupation obsessionnelle pour le thème de l'immigration et de la sécurité. La consigne de vote de Jean-Marie Le Pen a été l'abstention au second tour. Seule une minorité très militante le suivra dans sa recommandation. En 1995, 51 % des électeurs de Le Pen du premier tour ont voté Chirac au second tour, et 28 % ont voté Jospin. Kévin : L'extrême gauche va-t-elle voter massivement pour Ségolene Royal compte tenu du discours d'ouverture tenu à l'égard du centre et de Bayrou , et des propos sur les 35 heures et les régimes spéciaux ? Dominique Reynié : Une partie de l'extrême gauche votera pour Royal par détestation de Sarkozy. Ces électeurs ne craindront pas nécessairement de cautionner le rapprochement entre Royal et Bayrou, d'abord parce que Bayrou a ténu un discours sur les médias qui a beaucoup plu à l'extrême gauche, ensuite parce que l'idée d'un Parti socialiste recentré pourrait être une bonne nouvelle pour l'extrême gauche si l'on imagine que cela peut dégager un espace politique à la gauche du PS. Kévin : Au dessus de quel pourcentage le score de Mme Royal en cas de défaite serait-il honorable ? Dominique Reynié : Il me semble qu'au-dessus de 48 %, la défaite de Ségolène Royal sera honorable, compte tenu de l'état du PS. En-dessous, ne doutons pas que les éléphants se précipiteront pour l'écarter, laissant penser qu'elle est la cause de l'échec. Le total gauche au premier tour le 22 avril a fait 36 %, le score le plus faible depuis 1969. Passer de 36 % au premier tour à 48 % au second, c'est une progression de 12 points, qui ne s'expliquera que par la personnalité de Ségolène Royal et à sa stratégie d'ouverture au centre. 1 | 2 | suivant (fl-rg.gif) chat modéré par Anne-Gaëlle Rico Lisez l'article sur une seule page Dominique Reynié | Dominique Reynié EN UNE EN CE MOMENT L'Iran accuse les Etats-Unis de se livrer à des actes de "terrorisme" Dominique Reynié : "la France s'installe dans une culture de droite" Le commerce équitable : l'autre aide au développement Les millions de laissés-pour-compte de "l'Inde qui brille" ET AUSSI ... | Dessins du jour Samedi 5 mai 2007 Recep Tayyip Erdogan le 13 novembre 2002. | AFP/GABRIEL BOUYS Chronologie La Turquie des "islamistes modérés" de l'AKP Une petite fille trie des déchets dans une décharge dans un quartier de New Delhi, le 1er mai 2007. | REUTERS/DESMOND BOYLAN Reportage Les millions de laissés-pour-compte de "l'Inde qui brille" PRÉSIDENTIELLE 2007 Dominique Reynié : "la France s'installe dans une culture de droite" A deux jours du scrutin, des socialistes jugent la situation difficile Le nouveau parti de François Bayrou s'appellera le "Mouvement démocrate" La France qui se lève tôt veut réveiller les électeurs LES DÉPÊCHES Football: le Recreativo achète Sinama-Pongolle à Liverpool Reuters 18h27 Accord en Ukraine sur des élections législatives anticipées Reuters 18h22 Trois morts à cause d'inondations au Pays basque Reuters 18h21 Microsoft relancerait son projet d'achat de Yahoo Reuters 18h04 § Tous les sondages publiés vendredi, dernier jour de la campagne officielle pour le second tour de l'élection présidentielle, donnent Ségolène Royal perdante. § L ors de son dernier meeting, jeudi 3 mai à Lille, Ségolène Royal affirmait devant une foule en liesse que la victoire était "à portée de main". Mais les sondages publiés vendredi matin, dernier jour de la campagne, qui tous, la donnent battue, semblent avoir flétri l'enthousiasme de certains de ses proches au Parti socialiste, à deux jours du second tour de l'élection présidentielle. Interrogé sur RFI, un des porte-parole de la candidate, Julien Dray, refusait d'anticiper la défaite mais confiait : "Je prends la réalité telle qu'elle est. Je ne veux pas non plus mentir aux gens : au premier tour, on savait que la situation était difficile. (...) J'avais d'ailleurs dit que si l'écart entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal était au-dessus de cinq points, le deuxième tour serait difficile." Il a imputé les difficultés de Ségolène Royal, qui "n'était pas forcément toujours aidée" dans son propre camp, aux "chausse-trappes, coups tordus et trahisons". Julien Dray a aussi dénoncé les volte-face de Bernard Tapie, ministre de la ville de François Mitterrand, de Jacques Séguéla, ancien gourou de la communication de François Mitterrand, et d'Eric Besson, ancien secrétaire national du PS, qui ont tous rallié Nicolas Sarkozy. "Il faut attendre de voir dimanche ce qui se passera dans les urnes et puis après il faudra en tirer les conséquences", a déclaré le député socialiste de l'Essonne. "ELLE A TENTÉ EN DIX MOIS CE QUE LE PS N'A PAS FAIT EN CINQ ANS" De son côté, Arnaud Montebourg, autre porte-parole de la candidate socialiste, semblait déjà commencer à faire le bilan. Le député de Saône-et-Loire a salué vendredi sur M6 "l'immense mérite" de Ségolène Royal, qui a "tenté de rénover en dix petits mois ce que le Parti socialiste n'a pas voulu faire en cinq ans". "Elle a réussi à proposer au pays des propositions politiques nouvelles, des attitudes nouvelles et puis des perspectives politiques nouvelles", s'est-il félicité. Elle a "un grand avenir quoi qu'il arrive". Concernant la main tendue par la candidate socialiste à François Bayrou, Arnaud Montebourg a observé que le leader centriste "a perdu tous ses amis, aspirés dans la machine à intimidation" de l'UMP alors que dans une tribune au Monde, Michel Rocard a réitéré vendredi son appel à une "coalition" PS-UDF. "INVENTER AUTRE CHOSE AVEC TOUS LES PROGRESSISTES" Le résultat de dimanche pourrait déboucher sur une recomposition politique aux contours encore très incertains. François Hollande, premier secrétaire du PS, a estimé vendredi qu'il faudrait au lendemain des législatives "inventer autre chose avec tous les progressistes", évoquant l'idée d'"assises" ou de "refondation". "On ne peut plus recourir aux formules d'hier" sur la recomposition de la gauche, a-t-il indiqué dans Les Echos, soulignant qu'"il ne s'agit pas de figer les choses dans un parti unique mais de définir une ligne politique et d'examiner un mode de vie en commun pour créer une grande force". Afin, ajoute-t-il, "de travailler durablement à la réussite du pays si nous sommes au pouvoir, ou de permettre la reconquête dans le cas contraire". De son côté, alors que plus des deux tiers des députés centristes ont appelé à voter pour le candidat de l'UMP, l'UDF a annoncé qu'il se réunirait en conseil national le 10 mai en vue de la création d'un nouveau parti du centre, qui pourrait s'appeler "Mouvement démocrate", une formation dont l'ambition est de présenter un candidat dans toutes les circonscriptions lors des législatives. § La nouvelle formation politique de François Bayrou devrait être officiellement lancée le 10 mai, lors d'un conseil national de l'UDF. § A près avoir évoqué le nom Parti démocrate, François Bayrou a finalement décidé d'appeler sa nouvelle formation politique le Mouvement démocrate, a-t-on appris, vendredi 4 mai, auprès de son entourage. "La vie politique française a besoin d'être renouvelée par une démarche politique du XXIe siècle", a déclaré M. Bayrou, qui a estimé que "des dizaines de milliers de Français ont envie de s'engager dans un tel mouvement et nous allons le construire avec eux". Le nouveau parti doit officiellement être lancé jeudi 10 mai, selon Marielle de Sarnez, la directrice de campagne du candidat centriste, à l'occasion d'un conseil national consacré au "bilan de l'élection présidentielle et à la préparation des élections législatives". Une première manifestation publique du Mouvement démocratique doit avoir lieu le 20 mai. La direction de l'UDF a par ailleurs annoncé qu'elle n'a pas l'intention d'abandonner l'usage de son sigle à des tiers. Elle "engagera des poursuites judiciaires contre ceux qui avaient déposé le nom de l'UDF, sans en avoir le droit", a-t-elle indiqué en référence au député Hervé de Charette, ancien membre de l'UDF ayant rejoint l'UMP en 2002 et propriétaire de la marque. § Les militants et sympathisants du collectif La France qui se lève tôt et de la coalition Stop Sarko organisaient une manifestation, vendredi 4 mai, à 7 heures du matin, place de la République à Paris. § § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Une étude Médiamétrie/Netratings montre que, ces six derniers mois, l'audience des sites consacrés à l'élection a crû de 253 %. § L es chiffres le confirment : la présidentielle a dopé les audiences du Web. En six mois, les sites consacrés à l'élection ont vu leur nombre de visiteurs progresser de 253 % : ils étaient 1,5 million d'internautes à s'être connectés en octobre 2006 sur des pages évoquant l'échéance ou les candidats ; en mars 2007, ce chiffre a atteint 5,2 millions, selon une enquête Médiamétrie/Netratings auprès d'un panel de 8 000 internautes (domicile et bureau). Plus d'un sur cinq s'est intéressé à la présidentielle, en mars, en se rendant soit à la rubrique politique des sites d'information, soit sur un blog citoyen ou militant, ou encore sur les sites des partis et des candidats. Pour analyser la campagne sur le Net, Médiamétrie a segmenté le Web en six groupes. Il y a d'abord les médias : l'institut s'est focalisé sur les rubriques politiques ou présidentielles des sites d'information - ceux de TF1/LCI, France 2 et 3, M6, RTL, RMC et Europe 1, des quotidiens généralistes (comme ), des grands portails comme MSN, Orange, Yahoo et AOL qui ont tous consacré de larges rubriques à l'événement. Deuxième catégorie : les sites officiels des partis et ceux des candidats. Viennent encore les sites et des blogs citoyens, ceux des jeunes militants, ceux des journalistes et des blogueurs influents, et enfin les sites satiriques et humoristiques comme Sarkostique ou Segostop. FIÈVRE ÉLECTORALE Résultat : ce sont avant tout les journaux et les grands portails qui ont profité de l'"effet" présidentielle. En mars 2007, ce sont ainsi près de 4 millions d'internautes qui ont visité au moins une fois la section politique d'un site média, soit environ 16 % de la population internaute totale. Les sites des candidats et des partis n'arrivent qu'en troisième position, avec 1, 3 million de visiteurs en mars et une nette préférence des internautes pour les pages des candidats (1 million en mars) plutôt que celles des appareils (676 000). Quant aux sites dits "citoyens", blogs collectifs et participatifs comme Agoravox, Quel candidat ou Netpolitique, ils ont été fréquentés par environ 1,5 million d'internautes en mars. Si les journalistes et blogueurs individuels ont également profité de la fièvre électorale, l'audience, ici, n'a pas toujours atteint les sommets attendus. 412 000 internautes sont allés lire les notes de Jean-Michel Aphatie (blog.rtl.fr/aphatie), de Pierre-Luc Séguillon (blog-pl-seguillon.lci.fr), de John-Paul Lepers (johnpaullepers.blogs.com), de Loïc Le Meur (loiclemeur. com/france/), de Nicolas Vanbremeersch alias Versac (vanb.typepad.com/versac/), ou encore de Karl Zero (leweb2zero.tv). Un chiffre qui illustre la difficulté à se faire entendre dans le grand brouhaha de la blogosphère. A noter que ces statistiques ne tiennent pas compte du mois d'avril, qui a probablement profité aux blogueurs, notamment le soir du 22 avril. § Au premier rang du meeting de Nicolas Sarkozy, jeudi 3 mai à Montpellier, tous ceux qui, compagnons ou convertis, fidèles ou ralliés, de longue ou de fraîche date, ont apporté leur pierre à sa campagne. § L 'image offre un saisissant raccourci. Au premier rang du meeting de Nicolas Sarkozy, jeudi 3 mai à Montpellier, tous ceux qui, compagnons ou convertis, fidèles ou ralliés, de longue ou de fraîche date, ont apporté leur pierre à sa campagne. Le candidat passe de l'un à l'autre, donne de l'accolade, adoube ces anciens ou nouveaux amis qui, de sa puissance, ont su prendre parti. Parmi eux, trois députés de l'UDF - Michel Hunault, Yvan Lachaud et Rudy Salles - qui chacun à leur tour font leur révérence. "Reste calme", a conseillé le candidat de l'UMP, interrogé sur France 3, à François Bayrou, qui avait confié au Monde qu'il ne voterait pas pour lui. Dressant un parallèle entre l'absence de consigne de vote au second tour du candidat centriste et l'appel à l'abstention massive de Jean-Marie Le Pen, M. Sarkozy a feint de s'interroger : "Je ne sais pas pourquoi il s'est mis dans cette situation-là. Nos programmes sont très proches, nous avons été amis pendant des années. Tous ses élus m'ont rejoint, tous les parlementaires, et les dernières études montrent qu'une majorité d'électeurs de l'UDF, aujourd'hui, nous rejoignent. L'UDF a toute sa place dans la nouvelle majorité présidentielle. Si j'ai la majorité, je souhaite une majorité diverse, je souhaite respecter l'indépendance et l'identité des centristes, c'est à eux de décider comment ils vont s'organiser." L'ALLIANCE OU LA GUERRE La ligne des sarkozystes est ainsi tracée. Dès la fin de matinée, Brice Hortefeux, le bras droit de M. Sarkozy, invité de "Questions d'info LCP-Le Monde-France Info", avait été amené à réagir aux propos tenus par M. Bayrou à l'issue du débat télévisé entre les deux finalistes. Dans la loge où il se prépare, le ministre délégué aux collectivités territoriales joint au téléphone Claude Guéant, le directeur de campagne de M. Sarkozy, pour lui soumettre la réponse qu'il a préparée et la petite phrase avec laquelle il pense faire mouche. La consigne tombe : pas question d'agresser le candidat centriste, au risque de braquer ses électeurs, montrer qu'il s'est coupé de ses élus, et encourager la constitution d'une nouvelle aile centriste de la majorité, dont la forme reste à définir. M. Hortefeux applique strictement sa feuille de route : "C'est sa décision personnelle, c'est son histoire, souligne-t-il à propos de la décision de M. Bayrou. J'observe une simple réalité. François Bayrou est le président de l'UDF et la quasi-totalité des élus de l'UDF, ceux qui sont en contact avec les électeurs, ont décidé d'apporter leur soutien à Nicolas Sarkozy. Je pense qu'ils ont raison. (...) Nous verrons après la présidentielle comment tout cela doit s'organiser. Il y a une réflexion engagée." A mots couverts, M. Hortefeux admet ainsi les dispositions prises pour accueillir les élus de l'UDF prêts à souscrire un engagement si M. Sarkozy est élu. Ceux-là se verront accorder l'investiture de la "majorité présidentielle". En revanche, ceux qui auront choisi de suivre M. Bayrou et de se présenter sous les couleurs du futur Parti démocrate, non seulement, devront s'attendre à affronter des candidats de l'UMP mais, dans certains cas, pourraient trouver en face d'eux des candidatures portant l'estampille UDF. Pour l'UMP, l'alternative posée aux centristes est claire : l'alliance ou la guerre. M. Bayrou fera déclaration au soir du 6 mai. L'UDF devait ensuite réunir un conseil national, jeudi 10 mai, et arrêter sa stratégie. "C'est l'éternelle question de la liberté et de l'indépendance", résume, un brin fataliste, M. Bayrou. § Dominique Perben, le ministre des transports, avait évoqué "la plus importante réunion de mobilisation de l'entre-deux-tours à Lyon". § D ominique Perben, le ministre des transports, avait évoqué "la plus importante réunion de mobilisation de l'entre-deux-tours à Lyon". Candidat de l'UMP à la mairie de Lyon, il avait annoncé la venue du député maire UDF de Rouen, Pierre Albertini - premier centriste à avoir, au lendemain du premier tour, rallié la candidature de Nicolas Sarkozy -, et promis la présence de nombreux élus centristes. En privé, le ministre avait même évoqué les "états d'âme" de Michel Mercier, sénateur UDF du Rhône et trésorier de la campagne de François Bayrou. Las ! Dominique Perben, qui avait loué, jeudi 3 mai, la symbolique salle de la Bourse du travail, espérant démontrer le ralliement du centre à Sarkozy, a essuyé un flop. Dans une salle à moitié vide, il a dû se contenter de faire lire un bref message de M. Albertini, qui a décliné son invitation en raison de problèmes de santé de son épouse. Aucun élu centriste, pourtant dûment invité, ne figurait parmi l'assistance. Ni les élus du groupe "Synergie", ces maires divers droite de petites communes de l'agglomération qui siègent dans l'exécutif de Gérard Collomb (PS) à la communauté urbaine. Des élus considérés par M. Perben comme "susceptibles de voter pour M. Sarkozy". Seuls quelques élus millonistes et un député européen villiériste, présents, étaient censés illustrer le "grand rassemblement" annoncé. L'hôte de la soirée, qui espérait couper l'herbe sous le pied du maire PS de Lyon, qui, après le premier tour, avait tendu la main aux centristes, a feint d'ignorer cette déconvenue. Dans la matinée, la députée UDF Anne-Marie Comparini avait donné une idée de l'état d'esprit des centristes lyonnais. Bien que menacée dans sa circonscription par une possible candidature UMP, elle avait indiqué au micro de RCF qu'elle "voterait blanc". De son côté, M. Mercier, ne devrait pas donner d'indication sur son choix personnel. Fidèles parmi les fidèles de M. Bayrou, les centristes lyonnais entendent ne pas dévier de la stratégie de leur candidat qui a réalisé à Lyon plus de 22 % des suffrages et ne pas céder aux sirènes de l'UMP. D'autant qu'à Lyon les centristes, à la région, au conseil général et à la communauté urbaine, ont tacitement noué des alliances avec les responsables socialistes. Sans jamais faire de vagues. § Au regard des résultats du premier tour de l'élection présidentielle, la ville de Bordeaux, fief d'Alain Juppé, à droite depuis soixante ans, pourrait-elle basculer à gauche ? § A u regard des résultats du premier tour de l'élection présidentielle, la ville de Bordeaux, à droite depuis soixante ans, pourrait-elle basculer à gauche ? Dans le fief d'Alain Juppé (UMP), la candidate socialiste, Ségolène Royal, a devancé Nicolas Sarkozy de 585 voix (31,37 % contre 30,84 %). Symboliquement, c'est un coup dur pour M. Juppé, dont le nom est évoqué pour la présidence de l'Assemblée nationale en cas d'élection de M. Sarkozy. Mais ce n'est pas unique dans l'histoire bordelaise : déjà en 1981, 1995 et même en 2002 si on additionne les voix de Jean-Pierre Chevènement et de Christiane Taubira à celles de Lionel Jospin, la gauche socialiste était arrivée en tête. "Ségolène Royal perd six points par rapport à 2002 si l'on tient compte de la gauche et de l'extrême gauche, alors que la droite progresse légèrement", fait ainsi valoir M. Juppé. Il n'empêche : les plus farouches sarkozystes locaux ont profité de ce résultat pour critiquer son manque d'implication dans la campagne. "Il a fait son boulot loyalement, mais on le voyait mal faire des excès de zèle pour un candidat qui sera peut-être un concurrent à la présidentielle de 2012, qui n'a jamais fait preuve de fidélité à Chirac, et si différent en termes de personnalité", souffle un proche du maire de Bordeaux. Certains signes laissent entrevoir une évolution de l'électorat bordelais : dans plusieurs cantons de droite, notamment ceux qui ont accueilli de nouveaux habitants, Mme Royal dépasse largement son score national, M. Bayrou aussi. La plupart de ces quartiers ont fait l'objet de réhabilitations, attirant un électorat de classes moyenne et supérieure, plutôt jeune, moins acquis à la droite. "C'est la fin des votes réflexes et des bastions électoraux, constate pour sa part Johan Taris, le jeune délégué départemental de l'UDF Gironde. Il n'y a pas de raison que Bordeaux échappe à cette tendance, sauf qu'un large consensus existe sur la grande qualité d'Alain Juppé. Je reste persuadé que la ville a encore besoin de lui." L'inverse aussi peut-être est vrai. § L'auteur des Bienveillantes a analysé le "body language" des deux candidats, tous ces signes, ces codes, ces gestes qui installent un rapport de forces et donnent le "la". § I l a regardé le face-à-face entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy une première fois, en direct, puis une seconde fois, sans le son. "Dans le silence, on aperçoit très clairement le théâtre politique, observe le romancier Jonathan Littell. Si l'on fait une analyse sémiotique de ce débat, on voit bien que Ségolène Royal, dès le début de l'échange, installe un personnage de mère sévère et inflexible, qu'elle tient sans difficultés pendant deux heures alors que Nicolas Sarkozy, qui est pourtant une bête de scène, se comporte comme un petit garçon qui a fait une bêtise. Elle est ferme sur les principes, il louvoie en fuyant son regard." L'auteur des Bienveillantes en veut pour preuve le "body language" des deux candidats, tous ces signes, ces codes, ces gestes qui installent un rapport de forces et donnent le "la" d'une relation. "Ségolène Royal est très frontale, elle le regarde sans cesse dans les yeux avec détermination en ayant l'air de dire "tu ne me fais pas peur". Nicolas Sarkozy, lui, baisse les yeux ou cherche le regard des deux journalistes comme s'il avait besoin d'un soutien. "Elle le domine complètement, comme une mère autoritaire qui sait se montrer souple, voire condescendante, mais qui s'énerve toute raide quand on passe la ligne rouge." Né il y a 39 ans à New York, Jonathan Littell, qui a passé son bac dans l'Hexagone et qui a écrit Les Bienveillantes en français, a acquis la nationalité française au mois de mars. Trop tard pour s'inscrire sur les listes électorales, pas pour se faire une opinion sur la campagne présidentielle. "Je ne suis pas un partisan de Ségolène Royal car je trouve que le PS a encore quelques longueurs de retard sur le monde moderne, poursuit-il. Mais je ne souhaite pas la victoire de Nicolas Sarkozy, dont le discours a été complètement contaminé par l'extrême droite. Ses propos suintent le racisme et ses méthodes risquent de transformer les banlieues en une fabrique de terroristes." "GROSSES CASSEROLES" L'écrivain, qui a reçu à l'automne 2006 le prix Goncourt et le Grand Prix du roman de l'Académie française, vit à Barcelone mais il vote aux Etats-Unis. "Ma famille est de tradition démocrate, je me suis toujours intéressé à la politique, mais je n'ai commencé à voter qu'en 2000, lors de la première candidature de Bush, contre lui, bien sûr. Le président républicain a été un cauchemar pour le monde, Sarkozy sera lui aussi un cauchemar, mais seulement pour la France." Pour Jonathan Littell, Ségolène Royal, en abordant ce débat, avait deux "grosses casseroles" : les accusations d'amateurisme et les doutes suscités, chez certains électeurs, par son "côté doux et féminin". "Elle a complètement inversé la situation, conclut-il. Si l'on met de côté le contenu du débat, qui n'a pas amené beaucoup d'idées nouvelles, on peut analyser cet échange comme un véritable match de boxe dont le vainqueur est incontestablement Ségolène Royal. Elle a compris qu'il lui fallait tout de suite installer un personnage qui pourrait être président. Et elle a parfaitement réussi." § Deux frères de 8 et 11 ans pourraient se voir prélever leur ADN, par la gendarmerie, pour avoir volé deux tamagotschi et deux balles rebondissantes dans un hypermarché du Nord, raconte "Le Parisien", samedi 5 mai 2007. § L eur père est choqué. Deux frères de 8 et 11 ans pourraient se voir prélever leur ADN, par la gendarmerie, pour avoir volé deux tamagotschi et deux balles rebondissantes dans un hypermarché du Nord, raconte Le Parisien, samedi 5 mai 2007. Les échantillons seraient conservés dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). Des gendarmes se sont rendus cette semaine au domicile familial. "Ils venaient nous apporter une convocation pour vol dans la mesure où le magasin a porté plainte, explique le père au Parisien. Ils ont expliqué à mon fils aîné qu'il serait photographié, qu'on lui prendrait ses empreintes digitales et aussi ses empreintes génétiques, ajoutant même que mon fils ne pourra pas forcément faire le métier qu'il veut plus tard car il sera fiché !" Comme beaucoup de Français, le père pensait que le fichage génétique était réservé aux délinquant sexuels, et aux adultes. Pour surprenant que cela puisse paraître, il n'en n'est rien, précise Le Parisien. La loi ne prévoit ainsi pas d'âge minimum, rappelle le quotidien. ELARGISSEMENT CROISSANT DU FICHAGE DEPUIS 2003 Depuis la loi Sarkozy sur la sécurité intérieure de 2003, une centaine de délits obligent à se soumettre au prélèvement génétique. Limitée, à l'origine, aux infractions sexuelles, la législation concerne aujourd'hui les meurtres et les cambriolages, les vols simples, les tags ou les dégradations. Il concerne désormais les personnes condamnées mais aussi les simples suspects. Depuis l'entrée en vigueur de ces dispositions, le Fnaeg explose. De 2003 à 2006, le nombre de profils enregistrés est passé de 2 807 à plus de 330 000. Bien que ce système ait permis d'élucider plus de 5 000 affaires, ceux qui s'opposent aux prélèvements dénoncent l'instauration d'un "répertoire de masse". Les refus de prélèvements génétiques pour des petits délits se multiplient, entraînant des procès. "CE N'EST PAS DU BÉTAIL QUE L'ON DOIT MARQUER AU FER" Le père des auteurs du larcin s'opposera au fichage génétique de ses enfants, le cas échéant, malgré les lourdes sanctions prévues pour les contrevenants : jusqu'à un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende. "Ce n'est pas du bétail que l'on doit marquer au fer, plaide-t-il dans Le Parisien. Les parents des deux chapardeurs les ont punis et sermonnés et se réjouissaient initialement du passage des gendarmes et de ses vertus pédagogiques. "Cette situation met en lumière les dérives possibles de l'utilisation abusive du fichage génétique", réagit Josiane Bigot, magistrat et président du Réseau pour l'accès au(x) droit(s) des enfants et des jeunes, dans Le Parisien. Le père et les deux fils étaient convoqués samedi après-midi à la gandermerie pour "audition des enfants" § Lundi 7 mai sera diffusé le documentaire La Prise de l'Elysée, un film d'une durée de 1 h 40 qui raconte les mois de campagne des quatre principaux candidats. § L 'image est symbolique. Sur la terrasse de sa propriété de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), Jean-Marie Le Pen ausculte Paris à l'aide d'une longue vue de pirate. Dans son viseur, le palais de l'Elysée, objet du désir des douze candidats en lice pour l'élection présidentielle de 2007. Le leader du Front National (FN) s'est volontiers prêté à ce "petit jeu". En ce mois de janvier 2007, il sait qu'il est l'homme à (a)battre après "le traumatisme" du 21 avril 2002 où il s'est qualifié au second tour au détriment de Lionel Jospin. C'est à travers le prisme de cette longue vue, tenue par le président du FN, que le réalisateur Serge Moati a construit son documentaire La Prise de l'Elysée. Un film d'une durée de 1 h 40 qui raconte les longs mois de campagne des quatre principaux candidats (Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen) et dont les dernières images seront livrées lundi 7 mai en fin d'après-midi, quelques heures à peine avant sa diffusion, en y incluant le visage de l'heureux(se) élu(e) de dimanche soir.LA "PERSPECTIVE" DE 2002 "On ne peut pas comprendre cette élection de 2007 sans la mettre en perspective avec celle de 2002", dit Serge Moati pour expliquer la mise en scène avec M. Le Pen, seul candidat à avoir accepté de se faire filmer par le réalisateur en dehors de ses apparitions publiques. Les autres ont délégué un de leurs lieutenants que Serge Moati suit au gré de leurs déplacements. On y découvre, entre autres, la verve et le franc-parler de Vincent Peillon, porte-parole de Mme Royal, mais aussi l'agressive assurance de Nadine Morano, députée UMP de Meurthe-et-Moselle, que Nicolas Sarkozy a d'ailleurs préféré envoyer au purgatoire après plusieurs maladresses. Aux images des grands meetings, peu utilisées, le réalisateur a préféré celles du quotidien. Distribution de tracts, visite sur les marchés et dans les cafés où les lieutenants vont chercher les voix une à une. Avec sa petite caméra DV, Serge Moati filme "en creux". Tel le photographe Robert Doisneau qui pouvait attendre des heures pour immortaliser "trois secondes d'éternité", le réalisateur réussit à capter en son et en images de grands moments de vérité. Ainsi, la vulgarité de Marine Le Pen, un bras d'honneur de Roselyne Bachelot, les doutes de Claude Bartolone, député fabiusien de Seine-Saint-Denis, ou cette conversation, à voix basse, saisie entre Vincent Peillon et le député PS André Vallini, expliquant que "pour réussir en politique, il faut être capable de beaucoup s'emmerder". "JE ME SUIS EMMERDÉ. UN PARADOXE." "Moi-même, je me suis emmerdé au cours de cette campagne, confie M. Moati. Un paradoxe alors que j'ai senti une vraie passion pour cette élection de la part des Français." Habitué à filmer avec enthousiasme et empathie toutes les grandes élections depuis vingt ans, le réalisateur semble, cette fois-ci, sur la réserve. "Mon regard s'est transformé, je suis plus observateur, reconnaît-il avec un brin de nostalgie. Mais je suis trop esthète pour être cynique. Je revendique seulement une neutralité bienveillante." Son commentaire en voix off est souvent ironique mais jamais moqueur. Les cinq cents heures de rushes, montés "au cordeau", font de ce documentaire un feuilleton passionnant de la vie politique. Quel que soit le résultat de dimanche, celle-ci s'écrira désormais avec de nouveaux acteurs. "La Prise de l'Elysée", lundi 7 mai à 20 h 40 sur France 3. § Parmi les mesures défendues par Nicolas Sarkozy pour faire de la France "un pays de propriétaires", il en est une qui suscite la perplexité de certains spécialistes de l'immobilier. § P armi les mesures défendues par Nicolas Sarkozy pour faire de la France "un pays de propriétaires", il en est une qui suscite la perplexité de certains spécialistes de l'immobilier. Elle consiste à déduire de la feuille d'impôt les intérêts qu'un ménage paye pour rembourser le prêt qui finance l'achat de sa résidence principale. Dans la même optique, le candidat de l'UMP souhaite verser un crédit d'impôt aux familles non imposables qui veulent acquérir leur logement. Lors du débat télévisé avec Ségolène Royal, il a précisé, mercredi 2 mai, qu'une telle réforme sera présentée dès l'été prochain s'il est élu. Jusqu'au milieu des années 1990, un dispositif similaire avait fonctionné afin de soutenir l'accession à la propriété. Il ne prévoyait pas de crédit d'impôt en faveur des particuliers non imposables mais d'autres aides existaient pour eux. Le mécanisme de déduction des intérêts d'emprunt a été supprimé en deux temps par le gouvernement Juppé : d'abord pour les logements neufs, à compter du 1er janvier 1997, puis dans le parc ancien un an après. A la place a été instauré le prêt à taux zéro (PTZ). "INFLATION IMMOBILIÈRE" En voulant réactiver un dispositif abandonné il y a dix ans, M. Sarkozy a créé une certaine surprise, notamment chez d'anciens conseillers ministériels des gouvernements Balladur et Juppé, qui témoignent sous le sceau de l'anonymat. "Une telle mesure me paraît plus attrayante qu'efficace", dit l'un d'eux. Sous l'ancien système, aboli en 1997-1998, de nombreux experts trouvaient déjà que cette incitation fiscale n'était pas déterminante dans la décision des ménages de devenir propriétaires. Directeur de la recherche économique d'Exane-BNP Paribas, Jean-Pierre Petit pense que le mécanisme prôné par M. Sarkozy va alimenter "l'inflation immobilière". "Ce que les ménages gagneront sur le plan fiscal, ils le perdront du fait de l'augmentation des prix", pronostique-t-il. En outre, la mise en oeuvre de cette idée pèsera sur les finances publiques. A quelle hauteur ? L'ancien ministre délégué au logement du gouvernement Raffarin, Marc-Philippe Daubresse, avance le chiffre de 2,5 milliards d'euros par an. Porte-parole de M. Sarkozy durant la campagne, Xavier Bertrand, lui, a déclaré, dans un entretien à La Tribune paru vendredi 4 mai, que "cela (avait) été évalué autour de 4 ou 5 milliards d'euros". En fait, le coût dépendra du calibrage de la mesure : le montant des intérêts déductibles sera-t-il plafonné ? Quelle proportion sera concernée ? Sur quelle durée ? Le mécanisme jouera-t-il au profit de tous les accédants ou seulement de ceux qui achètent pour la première fois ? Au sein des services du ministère du logement, certains se demandent si le projet de M. Sarkozy signifie la suppression, à terme, du prêt à taux zéro. § Si on veut résumer à son noyau atomique le débat qui se pose à la France, on peut s'y risquer de la façon suivante : les inégalités croissent dans le monde sous l'effet conjugué de la mondialisation et des technologies, que faire ? § S i on veut résumer à son noyau atomique le débat qui se pose à la France, on peut s'y risquer de la façon suivante : les inégalités croissent dans le monde sous l'effet conjugué de la mondialisation et des technologies, que faire ? Vous trouvez que l'égalité, ciment de l'unité sociale, doit être préservée à tout prix ? Votez Royal. Vous trouvez que l'égalitarisme est trop coûteux et que ses excès nous pénalisent ? Votez Sarkozy. Soyons plus précis. La mondialisation crée de la croissance. Comme jamais dans l'histoire humaine, des pays immenses ont pu combler leur retard de développement de façon accélérée. Trois milliards d'individus participent aujourd'hui au grand jeu de la production et du commerce planétaire contre un milliard et demi il y a vingt ans. Revers : cette mondialisation creuse les inégalités. Entre les pays et au sein de chaque pays. Les trois milliards de producteurs sus-cités se font concurrence entre eux à l'échelle "globale" : cela pèse sur les salaires de tous, à l'exception des plus talentueux, des plus rares, qui sont au contraire recherchés partout parce que l'innovation, donc la croissance, dépend de plus en plus d'eux seuls. Aux Etats-Unis, la conséquence est limpide : entre l'upper class et la middle class, les inégalités ont explosé. De 1966 à 2001, le revenu médian a crû de 11 % ; celui des 10 % les plus riches de 58 %, celui du 1 % les plus riches de 121 %, celui du 0,1 % les plus riches de 236 %, celui du 0,01 % les plus riches de 617 %. La grande machine égalitaire qu'a été l'Etat-providence créé après la grande crise de 1929 est cassée. Ce n'est pas le cas en France. Pas encore. Les inégalités de revenus continuent de baisser. Les 10 % les plus riches gagnaient 4,8 fois plus que les 10 % les plus pauvres, ils ne gagnaient plus que 3,5 fois en 1984 et 3,2 % en 2003 (L'Etat des inégalités en France, dirigé par Louis Maurin et Patrick Savidan, 2006, Editions Belin). Idem : la pauvreté a continué de reculer en France. Illustrons ces évolutions par trois schémas. La société industrielle type 1900 était un triangle : une pointe aiguë (bourgeoisie) et un corps large en bas (prolétariat). Puis avec l'ère des services, venue vers 1960, la société a pris la forme d'un losange avec un corps large au milieu : la classe moyenne. La promotion sociale se faisait automatiquement avec l'âge pour le salarié et avec le diplôme pour ses enfants. La date symbolique en est Mai 68. Aujourd'hui, la mondialisation étire ce losange en forme de sablier. La classe moyenne est coupée en deux, une petite part de très qualifiés remonte vers haut, une grande part est aspirée vers le bas. Le débat de cette campagne présidentielle était celui du losange contre le sablier. Faut-il défendre le losange français, c'est-à-dire un continuum social, gage d'une promotion possible vers le haut ? On aura reconnu le modèle de Ségolène Royal. Faut-il au contraire considérer que l'égalitarisme fait le lit des fainéants et des nuls et qu'il est temps, enfin !, de récompenser à leur juste prix le mérite, l'effort et le talent, et, corollaire, d'accepter que les inégalités croissent ? On aura reconnu l'ambition de Nicolas Sarkozy, y compris contre Mai 68. Soyons encore plus précis. Les inégalités de revenus continuent de se réduire en France mais elles ne le font plus qu'à très faible vitesse et, pour demain, il apparaît difficile d'aller contre la marée mondiale (déjà en Allemagne, et même en Suède, l'égalitarisme est en question). Si l'on prend en compte les revenus de patrimoine, gonflés par la hausse des prix immobiliers et la Bourse, les courbes ont déjà dû se renverser. Il faut surtout, comme le font Louis Maurin et Patrick Savidan, souligner que derrière l'égalité de façade du modèle français se cachent de vraies "inégalités de conditions" : de logement, d'éducation, de sexe, de couleur de peau et de carnet d'adresses. Ségolène Royal l'a parfaitement compris. Elle veut s'attaquer à ces inégalités concrètes qui comptent plus pour les gens que l'égalitarisme de façade prôné par la gauche traditionnelle. C'est là sa modernité. Nicolas Sarkozy s'accommode, lui, des inégalités. Il les souhaite même ! Car il en espère un gain de croissance de l'économie dans son ensemble, donc du pouvoir d'achat pour tous. Dans la mondialisation, il veut séduire le haut, les investisseurs, et on ne les attrape pas avec du vinaigre. Mais il assortit ces mesures pour le haut du sablier par d'autres en faveur du bas : la classe populaire dont il a repris l'électorat à Jean-Marie Le Pen. Par un discours ouvriériste, nationaliste et protectionniste, il défend les "accidentés" de la grande industrie délocalisée et leur promet qu'il va la faire revenir. N'y voir que du bushisme compassionnel est oublier qu'il renoue, ce faisant, avec la tradition gaulliste des compromis avec les communistes. Lier politiquement le haut et le bas, c'est sa force. Moderne ou fort, les deux candidats ont chacun une grande faiblesse intrinsèque pour faire entrer la France dans l'ère de l'économie mondialisée innovante et schumpéterienne. Elle, parce qu'elle conditionne la défense du losange à un "dialogue social" avec de vieux syndicats frileux, processus lent, tant de fois essayé et infructueux. Elle risque l'immobilisme. Lui parce que dans un sablier la richesse vient, comme le sable, d'en haut, de l'imagination, de la concurrence, de l'ouverture. L'étatisme et le protectionnisme datent, c'étaient les armes de défense du triangle. Ils se trompent de figure et d'époque. § Le fondateur du Parti communiste réunionnais, après appelé à vote pour Mme Buffet, soutient au second tour, Ségolène Royal. § L e Parti communiste réunionnais (PCR) tente de minimiser l'échec de sa consigne de vote au premier tour. Son fondateur, Paul Vergès, président du conseil régional, avait appelé à soutenir Marie-George Buffet, qui a récolté localement 2,97 % des suffrages. Au second tour, le PCR soutient Ségolène Royal. Mais il assortit ce choix d'une "mise en garde" adressée à la fédération socialiste locale, dénonçant "l'agression permanente" dont feraient preuve certains de ses responsables au conseil régional et la volonté des socialistes de remettre en question les contrats signés en début d'année entre la région et l'Etat, concernant notamment le futur tram-train et la route du littoral. L'Alliance, groupe majoritaire au conseil régional, dont le PCR est la principale composante, a fait de sa "plate-forme de propositions" pour le développement de l'île le coeur du débat pour cette élection. Nicolas Sarkozy et Mme Royal ont signé ce document. Lors d'une rencontre avec les responsables du PCR, le 24 avril, le premier secrétaire fédéral du PS, Gilbert Annette, s'est efforcé de rassurer ses partenaires. Du côté de la droite, Jean-Louis Borloo, en visite à La Réunion le 30 avril, face aux importantes rivalités locales, a appelé à "l'union sacrée" derrière M. Sarkozy qui n'a réuni que 25,08 % des suffrages, contre 46,23 % pour Mme Royal. Le délégué départemental de l'UDF, Thierry Robert, avait déjà fait savoir qu'il ne voterait pas pour le candidat UMP. § "Vous vous énervez !- Pas du tout". - Pas du tout. Je suis en colère et il y a des colères parfaitement saines." § "V ous vous énervez ! - Pas du tout. Je suis en colère et il y a des colères parfaitement saines." La passe d'armes restera probablement dans les anthologies télévisuelles. Nicolas Sarkozy tentant d'un côté de dépeindre un adversaire, selon lui, tout à ses nerfs, incapable de se contrôler - une faute supposée compte tenu de la fonction présidentielle convoitée. Ségolène Royal affirmant de l'autre qu'il n'en est rien et essayant de mettre à plat une émotion, d'habitude, chez beaucoup, toute en relief : une colère. Evidemment, comme Jean-Paul Gourévitch, spécialiste de l'image en politique, interrogé jeudi 3 mai par Le Figaro, il est toujours possible de se demander "dans quelle mesure la candidate socialiste n'a pas surjoué l'indignation, pour donner au débat sa dimension dramatique". Avec Catherine Lutz, anthropologue ayant observé les moeurs des Ifaluks, peuplade du Pacifique sud, on pourrait même s'interroger sur le mot le plus approprié, dans leur langue, pour qualifier celle de la candidate : lingeringer, pour la colère qui monte lentement à la suite d'une succession d'incidents contrariants, nguch, le ressentiment éprouvé quand une aide attendue n'arrive pas, tipmochmoch, qui désigne cette forme d'irritabilité quand on est malade. A moins que ce ne soit plutôt song en l'occurrence : la colère mêlée d'indignation contre quelqu'un qui a commis un acte moralement répréhensible. Les Ifaluks, qui habitent un atoll, ont la particularité d'avoir une gamme d'une grande richesse pour désigner les degrés de la colère. Dans la palette de Ségolène Royal, celle-ci, selon elle, était "saine". Trêve de plaisanterie, on ne peut que reconnaître que c'est assez tendance, cette façon d'affirmer calmement ses émotions. De les "gérer", dirait-on dans les dossiers des magazines dits "féminins", ou sur les sites Web "communautaires", ou encore dans les forums de discussion où l'on décline la façon d'apprivoiser ses émotions, de les connaître, les comprendre, de mieux les exprimer. L'anecdote des Ifaluks est d'ailleurs tirée de l'un des ouvrages à succès de François Lelord et Christophe André (La Force des émotions, éd. Odile Jacob, 2001), dont l'objectif proposé en son temps - il reste d'actualité - était d'"apprendre à faire de vos émotions une force". C'est toute l'histoire de la civilisation que cet apprentissage progressif des humeurs, du ressenti personnel, des pulsions. Le sociologue et historien Norbert Elias a décrit la façon dont le monopole de la violence transféré à l'Etat a graduellement conduit à la société civilisée et policée d'aujourd'hui... la peur aidant. Car institutionnalisée, socialisée, celle-ci pousse au respect des lois et des règlements - ceux-là même que les deux prétendants à l'Elysée, sous des formes évidemment différentes, entendent faire respecter. Mais cette lente et apparente maîtrise des émotions sur le plan collectif, pour aboutir à la civilisation que l'on connaît, masque mal cependant les difficultés contemporaines, sur le plan individuel, de chacun à les reconnaître et à les nommer. Les sollicitations émotionnelles sont telles que l'ère, sur ce point, est plutôt à la confusion. Combien de colères qui ne sont en fait que tristesse ou jalousie ? Combien de peurs qui ne sont que l'expression d'une honte travestie ? La colère, comme tentait de faire comprendre Mme Royal, n'est pas nécessairement de l'énervement. Il n'y a pas vraiment d'école, sur ce terrain-là, pour apprendre à discerner. Ce pourrait être un chantier, en primaire, au collège - même si certains enseignants ont déjà décelé combien les émotions n'étaient pas seulement l'expression d'une réaction sensible au monde, mais aussi, par leur universalité, un possible véhicule de communication. § A la veille du second tour, la gauche tente de conjurer les derniers sondages, défavorables. L'équipe de M. Sarkozy annonce une "grande fête populaire" place de la Concorde. En cas de victoire. § B ranle-bas de combat à gauche. Dans les dernières heures de la campagne, les partisans de Ségolène Royal ont jeté toutes leurs forces dans la bataille pour tenter de faire mentir les derniers sondages. Silence, la France vote. Dès samedi matin, les 43, 6 millions d'électeurs ont commencé à se rendre dans les bureaux de vote, en commençant par ceux de Saint-Pierre et Miquelon. De même, vont aux urnes samedi les habitants de Guadeloupe, Martinique, Guyane et de Polynésie française, ainsi que les Français de l'étranger installés sur le continent américain, soit quelque 175 000 inscrits. Ségolène Royal en Bretagne, Nicolas Sarkozy croise Dominique de Villepin En ce jour de repos forcé, samedi, le candidat de l'UMP a pris son petit déjeuner à Matignon avec le premier ministre Dominique de Villepin. Quant à Ségolène Royal, elle a prolongé son séjour en Bretagne où elle a effectué son dernier déplacement de campagne, en faisant une halte dans la station balnéaire de Roscoff (Finistère). L'équipe de Nicolas Sarkozy a annoncé que ce serait à sur la place de la Concorde à Paris que se tiendrait une "grande fête populaire" , en cas de victoire du candidat. L'entourage de M. Sarkozy candidat laisse entendre qu'il a prévu la venue d'artistes parmi les soutiens qui s'étaient affichés au meeting de Bercy, notamment Johnny Halliday et Faudel. M. Sarkozy a prévu de se rendre entre 20 h 30 et 21 heures, salle Gaveau, une salle de concert située près du siège de l'UMP et près de la Concorde, pour faire une déclaration. - (Avec AFP) La campagne ayant pris fin vendredi à minuit, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et leurs entourages sont soumis à un repos forcé. Radios et télévisions ont désormais interdiction de diffuser, outre les sondages, des "messages ayant le caractère de propagande électorale". Le Parisien, qui avait pensé pourvoir jouer de "l'ambiguïté" de cette interdiction, a dû renoncer à publier une interview de Nicolas Sarkozy dans son édition du samedi 5 mai, après s'être fait rappeler à l'ordre par l'équipe de campagne de Mme Royal et le président de la commission nationale de contrôle des élections. Il faut aller sur internet pour le lire. Les héritières de Mitterrand. La candidate socialiste s'est battue jusqu'à la dernière minute, sur Canal+ d'abord, dans un meeting à Brest ensuite, pour faire mentir les dernières tendances : "J'appelle les électeurs à ne pas se laisser matraquer par les sondages comme depuis des mois." "Moi, je leur demande de venir voter massivement et aussi de se révolter contre cette façon de faire qui consiste à dire que puisque les sondages ont parlé, les urnes ont parlé", a martelé Mme Royal. Entre femmes et entre "héritières" de François Mitterrand, Mazarine Pingeot, la fille de l'ancien président, a renouvelé son soutien à Mme Royal. Sur France Info, elle a aussi regretté la place que tiennent les sondages, estimant qu'ils "ne sont pas le fondement de la démocratie" et "relèvent un peu de la manipulation". "Le vote est quelque chose qui relève de la conscience de chacun", a-t-elle rappelé, espérant que "les citoyens auront un sursaut et que les indécis vont décider au dernier moment d'aller voter pour elle." La supplique d'Ariane Mnouchkine. La gauche entame en choeur le "tout sauf Sarkozy". Sur son blog, la metteur en scène de théâtre Ariane Mnouchkine supplie les "purs" de la gauche pour qu'ils ne s'abstiennent pas : "Allez-vous vraiment faire ça ? Vous les plus purs que d'autres, vous les plus subtils, vous les cohérents, vous les fins stratèges (...) vous allez vraiment, en ne votant pas pour elle, voter pour lui ?" L'association Act-Up de lutte contre Sarkozy martèle, dans un ultime communiqué : "Sarkozy 2007-2012, nous n'y survivrons pas et vous non plus". Le "QG de campagne" des mal-logés et le DAL mettent en garde : "En cas de victoire de Nicolas Sarkozy, notre expulsion serait imminente." Le collectif AC le Feu de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) lance un appel au vote pour Mme Royal qui a "pris en considération la parole de la France". Dans le même registre, Olivier Besancenot, le candidat de la LCR, s'adresse, lors d'un point de presse vendredi à 15 h 30, "à cette minorité qui traîne des pieds en leur disant : écoutez ce que dit Sarko, c'est suffisant pour voter contre lui !" Mais il refuse toujours d'appeler explicitement à voter Ségolène Royal : "c'est un vote de résistance et pas d'adhésion", justifie-t-il. Vendredi soir, à Toulouse, François Hollande résume : "Voter blanc, c'est voter Sarkozy". Sarkozy prépare sa retraite. Aussitôt élu, aussitôt parti. Le possible président a fait savoir qu'il se retirerait, peut-être dans un monastère, "pour habiter la fonction, prendre la mesure de la gravité des charges qui pèsent désormais sur ses épaules, se reposer après le fracas de la campagne"... et celui du grand rassemblement de ses partisans autour d'un concert géant sur le Champ de Mars ou le Trocadéro, prévu dimanche soir. § L'Etat fait de la résistance. § L 'Etat fait de la résistance. Pendant plusieurs années, l'affaire a paru entendue, ou presque. En caricaturant à peine, l'Etat et ses partisans, dans le champ économique et social, ne pouvaient être que "ringards", voire cryptocollectivistes. Aujourd'hui, les débats redeviennent plus nuancés, l'intervention de la puissance publique dans l'économie retrouve, peu à peu, une légitimité plus affirmée. Cette question est au centre des désaccords subsistant entre Ségolène Royal et François Bayrou. D'accord avec Mme Royal pour prôner, par ailleurs, un "Etat impartial" face aux tentations claniques prêtées à Nicolas Sarkozy, l'ex-candidat UDF conserve une ligne économique très libérale. La candidate du PS développe au contraire un registre de gauche classique, et même assez radical, en dénonçant le libéralisme et le "chacun pour soi", ce qui lui vaut d'être taxée d'"étatiste" par M. Bayrou, fidèle sur ce point au discours de la droite depuis deux décennies. Pendant toute la période gaulliste de la Ve République, le clivage gauche-droite sur l'Etat ne passe pas principalement par l'économie. Le dirigisme, une certaine planification de l'action publique, le maintien des nationalisations héritées de la Libération, sont la marque du gaullisme. Jusqu'en 1981, c'est la gauche qui reproche à l'Etat d'être trop pesant, mais elle se situe sur les terrains politique et sociétal. Inclination à la répression prêtée à la droite, atteintes présumées aux libertés publiques et individuelles... La gauche attaque surtout sur ces terrains, comme elle le fait de nouveau aujourd'hui face à M. Sarkozy. Avec le basculement de majorité de 1981, tout change. La droite se radicalise et s'assume. Elle épouse les thèses du néolibéralisme porté par Margaret Thatcher et Ronald Reagan, qui gagne les économies occidentales et fait du recul de l'Etat dans l'économie son cheval de bataille. La force de cette vague, accompagnée d'une réhabilitation de l'individualisme dans la sphère privée, est telle qu'une grande partie de la gauche, aux prises avec les difficultés de la gestion et la mise en cause de ses certitudes, se convertit de façon plus ou moins explicite, en particulier après le tournant de 1983, au discours dominant sur le "moins d'Etat". Pendant des années, l'Etat a donc mauvaise presse. Dans sa profession de foi de premier tour, M. Sarkozy résume, pour s'en démarquer, l'ambiance des années 1990 : "On vous explique que la politique ne peut plus agir, qu'avec la mondialisation les Etats n'ont plus de rôle à jouer." Un épisode de la précampagne présidentielle de 2002 pourrait symboliser le retournement de l'opinion publique, face à ce message univoque : en septembre 1999 sur France 2, après l'annonce de milliers de licenciements chez Michelin, Lionel Jospin lance son fameux "il ne faut pas tout attendre de l'Etat". Les effets dévastateurs de cette petite phrase, qui lui sera amèrement reprochée à gauche, montreront à quel point les Français rejettent désormais ce qu'ils perçoivent comme un constat d'impuissance. Le non au référendum sur la Constitution européenne de mai 2005 marquera une nouvelle expression de ce refus, face à un texte jugé d'inspiration trop libérale. Confronté à ce rejet, soucieux de gagner l'électorat populaire - le plus exposé aux vicissitudes de la vie et donc le plus demandeur de protection -, M. Sarkozy a dû atténuer la portée de la "rupture" qu'il entendait promouvoir. Ce glissement est devenu encore plus net après le premier tour. Non seulement le candidat de l'UMP veut qu'Etat et Europe protègent citoyens et entreprises face au rouleau compresseur de la mondialisation - comme il l'a réaffirmé lors du débat télévisé avec Mme Royal mercredi 2 mai -, mais il promet une politique industrielle active et veut "engager puissamment le pays dans une politique d'investissements : TGV, ferroutage, autoroutes de la mer, fibre optique, numérique, université, recherche, innovation", comme il l'a souligné dans nos colonnes le 26 avril. Ce qui suppose, là aussi, un Etat fort. M. Sarkozy annonce un programme très caractéristique d'une époque qui mélange idéologies et doctrines, avec des recettes d'inspiration libérale pour relancer l'économie, mais une puissance publique nationale et européenne qui résiste à ce libéralisme, ou atténue ses effets. COOPÉRATION DROITE-GAUCHE De son côté, Mme Royal s'appuie sur des dépenses publiques, nationales et locales, qui "rapportent davantage qu'elles ne coûtent", selon sa formule lors du "dialogue" avec M. Bayrou sur BFM-TV le 28 avril. Le raisonnement économique keynésien, fondé sur l'effet d'entraînement supposé de la dépense publique, est élargi à la vie sociale : former coûte moins cher que gérer un chômage de masse, éduquer est moins coûteux que d'affronter la violence et ses coûts induits, etc. L'intervention de l'Etat dans l'économie et la vie sociale s'exprime aussi, de façon très forte, à travers les services publics "à la française". Là encore, le changement de ton est net. Face à l'inquiétude des populations et des élus, en particulier des zones rurales et des banlieues difficiles, les politiques ont dû réagir, au moins dans leurs promesses. Les trois principaux candidats du premier tour ont fait de la présence et de la qualité des services publics l'un de leurs engagements prioritaires, dignes de figurer sur les professions de foi envoyées aux électeurs. Pendant la campagne, on a même pu entendre M. Bayrou lancer, à propos de la volonté de Bruxelles de libéraliser la poste, "il y a des choses plus importantes dans la vie que la théorie de la concurrence postale"... Mais l'Etat reste soumis au feu des critiques de tous bords. Son extrême difficulté à se réformer est une aubaine pour ceux qui mènent contre lui un combat idéologique. Ainsi, un audit rendu public le 1er février, indique que l'Etat a continué de renforcer ses effectifs, jusque dans des secteurs transférés aux collectivités locales par la décentralisation. Tout "étatique" qu'elle soit, Mme Royal a promis, dans son discours de "pacte présidentiel" du 11 février, de "donner un coup de jeune à cet Etat colbertiste, jacobin, centralisé à l'excès, croulant sous le poids des ans, des bureaucraties inutiles et des réglementations trop complexes". La loi organique relative aux lois de finances (LOLF), désormais en vigueur, représente une tentative ambitieuse pour s'attaquer à ce problème récurrent. Elle est due à une exceptionnelle coopération droite-gauche. De façon plus générale, à travers les discours de leurs candidats, les deux camps ont renoncé, le premier à faire de l'Etat un bouc émissaire, le second à y voir l'alpha et l'omega de l'action politique. S'acheminerait-on vers une conception... centriste de l'Etat ? § C'est une candidate malmenée par les sondages qui s'avance, vendredi, à Brest, pour son dernier meeting, les bras tendus vers une foule saisie par l'émotion. Et qui s'échappe totalement des totalement des discours traditionnels. § C 'est un air de biniou et du Brel chanté en breton. C'est Jane Birkin qui vient elle-même déposer un verre d'eau sur le pupitre. Ce sont 15 000 personnes, selon la police, rassemblées sur la place de la Liberté, face à la mairie de Brest, qui ne s'en vont pas. C'est Jean-Louis Bianco, codirecteur de campagne de Ségolène Royal, qui ne peut retenir ses larmes. C'est une candidate malmenée par les sondages qui s'avance, vendredi 4 mai, pour son dernier meeting, les bras tendus vers une foule saisie par l'émotion. "Je ne ressens aucune fatigue, lance Mme Royal, parce que c'est vous qui me donnez cette énergie extraordinaire (...). Je vous remercie du fond du coeur de donner ce spectacle exceptionnel d'une démocratie vivante." La candidate s'échappe totalement des discours traditionnels. "Cette tendresse que vous me donnez et que je vous rends, dit-elle, je la sens au plus profond de moi. La France a besoin de tendresse, elle en est tellement privée ! Ce qui est important, c'est la manière dont nous nous aimons les uns les autres, avec nos différences." Elle conclut : "Soyez libres, ayez cette audace de porter une femme à la présidence de la République, osez ! Je serai une présidente protectrice, attentive. Je vais bien m'occuper de vous..." Et, comme les acclamations redoublent, elle poursuit : "Laissez-moi profiter encore de ce moment incomparable, de ce trésor dans lequel est cachée une immense espérance..." "RÉSISTEZ !" Mme Royal ne s'avoue pas vaincue. Point par point, elle développe son programme et fustige "le candidat qui n'a pas cessé de flatter ce qu'il y a de plus sombre dans la personne humaine". C'est elle qui encourage les autres. "Allez, lève les bras !", enjoint-elle à Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne. Malgré les sondages qui pronostiquent sa défaite face à Nicolas Sarkozy, elle a fait preuve, tout au long de cette dernière journée de campagne, d'une étonnante combativité. "Ne vous laissez pas matraquer par les sondages, a-t-elle mis en garde un peu plus tôt à Lorient. J'entends dire élégamment du candidat de la droite que les carottes sont cuites. Eh bien, qu'il sache que c'est le peuple qui va décider. (...) Il y a encore 30 % d'indécis, c'est davantage que la dernière semaine avant mai 1981. Faisons mentir ces sondages, ce complexe médiatico-financier qui fait que, tous les jours, on assiste sur la chaîne de Bouygues et les relais de Lagardère à des tracts électoraux en permanence pour le candidat de la droite parce que leurs intérêts financiers sont liés, alors résistez !" Sur la place publique de Rosporden, elle continue : "C'est vous qui allez décider de votre vote, et certainement pas le candidat du Medef et du CAC 40. (...) Mon combat est au corps-à-corps avec vous. (...) Dressez-vous pour la lumière ! Refusez l'esprit de revanche, refusez tous les mensonges et toutes les haines. En avant, nous allons gagner !" Partout, l'émotion est au rendez-vous. Une femme, les larmes aux yeux, s'adresse aux journalistes : "S'il vous plaît, ne l'abîmez pas, elle nous a tellement donné !" Le soir, quand tout est fini, Mme Royal confie n'avoir "aucun regret". "Tout peut arriver, tout est possible, comme dirait l'autre", sourit-elle, en reprenant le slogan des affiches de son adversaire. Son énergie, elle la puise dans ce contact si particulier qu'elle a avec ses supporteurs : "Je suis sous euphorisant de la foule." § M. de Monneron, agrégé d'histoire-géographie, s'apprête, comme d'autres, à voter pour M. Sarkozy. Il s'agace de cette façon qu'aurait la gauche "de s'arroger une supériorité morale". § C atholique fervent, Philippe de Monneron, 34 ans, se définit comme "gaulliste et chrétien-démocrate" et s'est "toujours senti de la droite républicaine et modérée". Professeur agrégé d'histoire-géographie, il fait partie des 38 % d'enseignants qui, selon un sondage réalisé par l'IFOP du 6 au 9 février, pour Le Monde de l'éducation et La Chaîne parlementaire, déclaraient leur intention de voter au second tour pour Nicolas Sarkozy. Chez le candidat de l'UMP, il apprécie avant tout "la conviction qu'il semble avoir de l'efficacité de l'action politique". Il ne lui tient pas grief de ses positions les plus dures, qu'il juge "isolées de leur contexte" et accueille avec placidité ses charges répétées contre Mai 68. "C'est un discours assez convenu dans les milieux de droite. On ne peut pas revenir à un avant mai 1968, pas plus qu'il n'est jamais souhaitable de se projeter dans le passé, mais dans la pratique de l'enseignement, les professeurs, quelles que soient leurs opinions, accordent une grande importance à l'autorité."ORDRE, RIGUEUR, EXIGENCE, EFFORT... Dans son lycée à Etampes (Essonne), ses relations avec ses collègues sont sans anicroche : "Nous sommes en accord sur les finalités de l'école de la République." Mais les grèves, il ne les fait pas. "Ce devrait être un moyen ultime. Or, j'ai découvert que, dans l'éducation nationale, on pouvait faire grève sur un simple soupçon !" Et "quelque chose", dans la mentalité de gauche, l'agace : "Cette façon de s'arroger une supériorité morale." Partisan du "réalisme", c'est à ce titre qu'il est adhérent au SNES-FSU, syndicat de gauche mais majoritaire. Dans les discussions, il évite certains mots imprononçables en milieu enseignant, comme "audit" ou "management", mais assume certaines idées, en affirmant, par exemple qu'au nom de la réduction de la dette, il serait prêt à accueillir dans sa classe "deux ou trois élèves supplémentaires, jusqu'à ce qu'on sorte la tête hors de l'eau"... Longtemps, Eliane Vialleron, 58 ans, a été de gauche. Mais c'est un mauvais souvenir. "J'étais un peu paumée. Aujourd'hui, avec une meilleure assisse personnelle, j'ai compris quelles étaient pour moi les valeurs les plus fortes." Ordre, rigueur, exigence, effort... Tout ce qu'elle tient d'avoir été "élevée à la dure", par un père militaire. En poste dans un lycée à Libourne (Gironde), elle est professeur de lettres modernes. "On dit professeur de français, maintenant", soupire-t-elle, déplorant "l'abandon de l'étude des grands textes au profit de notions linguistiques inadaptées au niveau des élèves". Un regret qui, convient-elle, ne suffit pas pour la classer à droite car "les questions de pédagogie transcendent les courants politiques". N'empêche : elle trouve dans ce registre de quoi conforter ses convictions et regrette aussi que, sur l'apprentissage de la lecture, "les syndicats de gauche" se soient "opposés avec virulence" aux décisions de Gilles de Robien en faveur de la méthode syllabique. En 2001, figurant sur une liste divers droite aux municipales, elle essuie un gros coup de froid au lycée : "Certains ne m'ont plus dit bonjour. Et ne me le disent toujours pas." Les choses ne se sont guère arrangées lors de la crise du contrat première embauche (CPE), en 2006 : "J'ai participé à une action de parents excédés qui réclamaient l'accès libre au lycée. Avec une amie, on a eu droit au salut hitlérien de la part d'un groupe d'élèves. Nos collègues de gauche ne sont même pas intervenus pour les ramener à la raison !" "PEU DE DIFFÉRENCES ENTRE NOUS" Après cet épisode, elle pensait qu'il serait "difficile de revivre ensemble". Finalement, c'est "moins dur que prévu". Gardant envers ses collègues une "estime professionnelle", elle n'en reste pas moins exaspérée par leur "certitude d'être du bon côté". Lorsque M. Sarkozy lie l'immigration à l'identité nationale, ils font grise mine mais elle applaudit : "On a donné à certains l'impression qu'ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient..." A l'avant-dernière année de sa carrière, Françoise Roslin-Boetto enseigne l'anglais à Lognes (Seine-et-Marne), dans un lycée "agréable", où les élèves sont "respectueux". Son militantisme au SNALC, syndicat se déclarant apolitique, ne lui a "jamais causé de problème" : ni dans son établissement actuel, ni dans les précédents. "Si on discute enseignement, il y a peu de différences entre nous. C'est dans les hautes sphères que cela se passe, avec les fonctionnaires indéboulonnables, qui organisent la baisse des exigences et persistent dans l'erreur du collège unique." Ayant manifesté avec son syndicat, et au côté de la gauche, contre un décret de M. de Robien, ministre de droite, Françoise Roslin-Boetto est prête à recommencer si nécessaire. Ce n'est d'ailleurs pas en tant qu'enseignante qu'elle soutient M. Sarkozy, mais en raison de son "projet" et de son "charisme". Sur mai 1968, elle relativise les "propos de meeting", mais juge que la "perte des valeurs" qui s'est produite à l'époque a occasionné "des retombées qui se font encore sentir". Indéfectiblement "modérée", elle se dit pourtant séduite par une des propositions de Philippe de Villiers : le port d'un uniforme par les élèves. "Pourquoi pas ? On a bien réussi, dans certains cas, à proscrire les casquettes et, partout, à bannir le tabac. D'ailleurs, ce devrait être une revendication de gauche, puisque ça gomme les inégalités"... § En allant voter pour le second tour de l'élection présidentielle, le 6 mai, certains électeurs, qui votaient dans le 12e arrondissement de Paris, pensaient que tout était joué. § § Certains électeurs de François Bayrou, qui votaient dimanche dans un bureau du 20e arrondissement de Paris, n'ont pas voulu voter blanc. Un choix de raison, plus que d'adhésion. § § Evolution du taux de participation à la mi-journée lors du second tour de l'élection présidentielle depuis 1969, d'après les chiffres du ministère de l'intérieur. § § Les lecteurs du Monde.fr racontent leur journée de vote en images. § § Comme dans 77 autres communes françaises, les électeurs d'Issy-les-Moulineaux ont voté, dimanche, via des machines électroniques. § § Rien que pour la région parisienne, plus de 3 000 CRS et gendarmes ont été mobilisés, dimanche, dans la crainte de "possibles débordements", selon des sources policières. § P lus de 3 000 CRS et gendarmes mobiles devaient être déployés, dimanche 6 mai, à l'occasion du second tour de l'élection présidentielle, dans la région parisienne et plus particulièrement à Paris et dans les trois départements de la petite couronne, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine. "Il n'y a pas de signes avant-coureurs ni de remontée d'informations alarmistes, mais nous sommes vigilants dans les banlieues et nous surveillons les mouvances radicales de l'extrême gauche", ont indiqué des sources policières, ce qui est confirmé sur le terrain par plusieurs responsables d'associations en Seine-Saint-Denis ou dans l'Essonne. Dans la France entière, quelque 80 compagnies de gendarmes mobiles et de CRS (6 000 hommes), auxquelles s'ajoutent "les milliers" de policiers et gendarmes en uniforme ou des civils comme ceux des Renseignements généraux ou de la police judiciaire seront mobilisés, selon ces mêmes sources, qui précisent : "C'est un effectif de soirées de grands matches de la Coupe du monde (de football) ou de nuits de réveillon, pas plus pas moins, à la hauteur de l'événement" de dimanche. DISPOSITIF "AJUSTÉ" SELON LES ÉVÉNEMENTS La crainte existe cependant que les résultats de l'élection ne donnent lieu à de "possibles débordements" dans la nuit. Des sources policières ont évoqué la possible venue de bandes dans la capitale "pour s'amuser et 'dépouiller'", ou le risque qu'une victoire du candidat UMP Nicolas Sarkozy "provoque des réactions de rejet" dans certains quartiers sensibles. Des responsables policiers expliquent également que le dispositif de sécurité sera "ajusté" en fonction des événements. Il faudra, disent-ils, que les policiers et les gendarmes soient "discrets, pour ne pas gâcher la fête, mais réactifs". Certains quartiers de banlieue parisienne pourront également, dimanche soir, faire l'objet d'une surveillance particulière, effectuée par un hélicoptère doté d'un puissant projecteur, d'une caméra thermique et d'équipements permettant de détecter les mouvements, a indiqué la police nationale. Par ailleurs, des sources municipales parisiennes citées par l'AFP affirment que 34 voitures, dont un véhicule de police, ont été brûlées dans la nuit de samedi à dimanche dans la capitale, soit un nombre légèrement supérieur à celui des véhicules dégradés lors de la nuit précédant le premier tour de l'élection. Certaines se trouvaient devant des bureaux de vote du centre de Paris qui ont également été vandalisés. La préfecture de police n'a souhaité ni confirmer ni infirmer ces informations afin de "ne pas troubler le scrutin" présidentiel en cours. § Le président de la République, Jacques Chirac, accompagné de son épouse, Bernadette, a voté dimanche à Sarran, en Corrèze, pour élire son successeur. § § La candidate socialiste a voté dans sa ville de Melle, dans les Deux-Sèvres, devant des dizaines de photographes. "Je suis bien, j'attends sereinement", a-t-elle déclaré. § § Le candidat de l'UMP, accompagné de ses deux belles-filles, a voté, dimanche, dans une école primaire de son fief de Neuilly-sur-Seine. A sa sortie, nombre de ses partisans l'ont acclamé. § § Après avoir voté à Pau dimanche, François Bayrou a espéré que les cinq années à venir soient "positives pour la France". Il y a "du souci à se faire pour l'état du pays", a-t-il souligné. § § Débat en direct avec Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, grands reporters au "Monde" et auteurs d'un ouvrage à paraître sur la campagne de Ségolène Royal, mercredi 9 mai à 9 h 30. § § Philippe Ridet, journaliste au service politique du "Monde", commente la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection prédisentielle. Avec France Inter § § Dans son éditorial du 7 mai, titré pour l'occasion "Révolutions françaises", le quotidien espagnol "El Pais" note, comme la grande majorité des journaux ibéroaméricains, que "la claire élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République reflète un désir de changement" du peuple français. § D ans son éditorial du 7 mai, titré pour l'occasion "Révolutions françaises", le quotidien espagnol El Pais note, comme la grande majorité des journaux ibéroaméricains, que "la claire élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République reflète un désir de changement" du peuple français. Estimant qu'elle est "le résultat d'une véritable révolution dans la politique française", elle montre, selon l'éditorial, que la société française, a "bougé vers la droite". Rappelant que même si M. Sarkozy a "appelé à enterrer Mai 68 (...) il a été soutenu par beaucoup d'intellectuels issus de ces mêmes barricades", El Pais ajoute que le nouvel élu devra maintenant "se battre contre celui qui peut devenir son plus grand ennemi : lui-même et sa tendance au populisme", car "le président ne peut plus se comporter comme le candidat". Dans cette optique, le vainqueur du scrutin doit impérativement "rectifier le tir sur ses déclarations de campagne au risque de déchirer la société française", note le quotidien faisant notamment référence aux allusions sur l'identité nationale faites lors de la campagne électorale. "DÉCAPITATION SOCIALISTE" "A DROITE", titre le quotidien de gauche argentin Pagina 12 en décrivant Nicolas Sarkozy comme "un gourou de l'ordre et du libéralisme". Le journal relève également une"droitisation des Français, qui ont voté en faveur d'un pays protégé par la police, pour une identité préservée et pour une politique d'immigration agressive"."Sur la place de Concorde, la fête avait été préparée en avance", explique le correspondant Eduardo Febbro. "Le triomphe de Sarkozy était écrit, il ne manquait plus que la musique, l'émotion et les chiffres de la décapitation socialiste", ajoute-t-il. Pour ce qui est de l'Amérique latine, le journaliste note qu'elle a été absente de son premier discours, pourtant largement consacré à la politique extérieure, si ce n'est l'évocation de la captivité d'Ingrid Betancourt, otage d'une guérilla,"ce qui, pour la droite française actuelle, est l'emblème latino-américain par excellence". Le quotidien colombien El Tiempo n'a pas manqué de relever la même référence, citant en "une" de son site l'affirmation de Nicolas Sarkozy : "Je ne l'oublierais pas". Au-delà du cas de la franco-colombienne détenue par les FARC, El Tiempo insiste surtout sur l'idée de "rupture et changement" du président élu, qui gouvernera immanquablement avec "François Fillon, Jean-Louis Borloo ou Michèle Alliot-Marie" en tant que premier ministre, trois politiques "qui ont tous occupé des postes importants sous Jaques Chirac". "Le programme législatif de ses 100 premiers jours a été établi", affirme également le quotidien, soulignant que "les analystes sont d'accord pour dire qu'il est si dense que les députés devront prendre leur vacances d'été l'année prochaine". En Equateur, El Comercio estime que "le conservateur Nicolas Sarkozy" avait gagné les élections du 6 mai "quatre mois avant le vote, en grande partie à cause des erreurs de calcul fatales de sa rivale". Rappelant que la candidate socialiste a été désignée "six semaines avant lui" et que lors du début de la campagne de Sarkozy, les sondages les montraient régulièrement à égalité, le quotidien estime que Mme. Royal a perdu à partir du moment où "elle a commencé avec un exercice appelé démocratie participative (...) une décision naïve et finalement fatale qui l'a fait paraître indécise et sans idées propres". Plus grave, ajoute le journal, "elle a laissé le champ des médias libre à son adversaire". A partir de ce là, juge-t-il, "elle s'est retrouvé derrière lui dans les sondages. Quand elle a présenté sa plateforme, en février, il était deja trop tard". SÉGOLÈNE ROYAL REMPORTE LA PAZ En Bolivie, La Razon use d'une approche locale pour traiter l'élection, en évoquant le vote de la communauté française de La Paz. "Ségolène Royal arive en tête avec 199 voix, Nicolas Sarkozy en récolte 68" sur les 443 citoyens français inscrits sur les listes électorales. L'ambassadeur français, Alain Fouquet, cité dans l'article, tente d'expliquer ce résultat du scrutin aux Boliviens en expliquant que les Français établis en Bolivie "sont des professeurs, des journalistes", donc "traditionnellement de gauche", selon lui. L'ambassadeur ajoute que "ce résultat n'est pas représentatif de la société française". Enfin au Brésil, A Folha, le journal de Sao Paulo qui consacre une séquence spéciale au deuxième tour de l'élection française, rapporte notamment le verbatim des félicitations du président brésilien Lula, qui formule pour "Son Excellence" les "vux les plus sincères pour la réussite dans votre conduite du destin de la nation française". Le lecteur apprend également que la grande-tante hongroise de Nicolas Sarkozy, Mariann, n'était "même pas surprise" de la victoire de son protégé. Citée par le journal brésilien, elle déclare depuis Budapest : "sans vouloir paraître arrogante, j'aurais pu vous dire il ya deux ans qu'il gagnerait". § Télézapping, la revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée § § Pour Isabelle Mandraud, journaliste au "Monde", "la bataille sera sans doute rude pour déterminer qui sera le prochain leader" de la formation socialiste. § J érôme : Le score de madame Royal est il le résultat d'une droitisation du paysage politique français ou celui des imprecisions de son programme ? Isabelle Mandraud : Au vu du score enregistré par M. Sarkozy, tant au premier tour qu'au second, il y a certainement une droitisation de la société qui s'exprime. Quant au programme de Mme Royal, il a souffert de plusieurs handicaps. Il a été élaboré par le parti à un moment où il n'avait pas désigné son candidat pour l'élection présidentielle. Mais il se présentait plutôt comme le fruit d'un compromis entre différentes sensibilités du PS. A cela la candidate a ajouté des mesures qui lui sont plus personnelles et qui ont parfois bousculé le parti. Lezardo : à gauche puis à droite puis à gauche puis au centre en si peu de mois, n'est ce pas cette confusion qui a été fatale à Ségolène Royal ? Isabelle Mandraud : Il y a certes une évolution sensible du positionnement du PS, mais qui tient aussi à une réalité : bon nombre de socialistes ont fui vers le centre. Ce sont ces voix que Mme Royal a tenté de récupérer en prônant l'élargissement, tout en essayant bien évidemment de conserver celles de la gauche de la gauche, dont les leaders ont pour la première fois appelé à voter en sa faveur. Mme Royal a donc tenté de tenir les deux bouts de la chaîne. Un exercice qui n'est jamais facile. Totor : Le PS est-il menace d'imposion ? Si oui, quels seraient les scenarios possibles ? Isabelle Mandraud : Le Parti socialiste connaît - à nouveau pourrait-on dire - une période sensible car pour la troisième fois consécutive, après 1995, après le 21 avril 2002, il connaît un échec à une élection présidentielle. Cette situation ne favorise pas la concorde, d'autant plus que la candidature de Mme Royal, arrachée à la surprise de beaucoup de responsables du PS, était à peine tolérée sinon contestée par les différents courants. Désormais, le PS doit refaire son unité, mais n'échappera sans doute pas à une refondation. Et la bataille sera sans doute rude pour déterminer qui sera son prochain leader. Oo : Segolène Royal a-t-elle pris la mesure de sa défaite, on l'a vu plutôt souriante hier soir... Peut elle jouer un rôle dans la recomposition du PS ? Isabelle Mandraud : Il est exact de dire que Mme Royal a tenté de prévenir les inévitables secousses dans son parti en préemptant les réactions. Elle s'est exprimée la première et a marqué sa volonté de prendre la tête du leadership. Elle a pour elle le soutien d'une bonne partie des militants. Elle a aussi voulu nettement se distinguer de la réaction de Lionel Jospin au soir de sa défaite le 21 avril 2002. Mais déjà on sent bien que ses anciens concurrents, comme Dominique Strauss-Kahn, ont la ferme volonté de lui disputer ce leadership. Cerru : L'ensemble du PS croyait-il vraiment à la victoire ou certains éléphants avaient-ils plutôt intéret à voir une défaite de Mme Royal ? Isabelle Mandraud : Le PS avait tout intérêt à la victoire plutôt que de se trouver rejeté dans l'opposition pour cinq ans, d'autant que d'autres échéances suivent, comme les élections législatives et les municipales en 2008. Beaucoup de responsables ont mené campagne, de Strauss-Kahn à Jospin en passant par Fabius, même si certains ont eu du mal à considérer la candidature de Mme Royal comme légitime. Pika : Pensez-vous que si Dominique Strauss-Kahn s'était présenté la défaite aurait été moins rude? Isabelle Mandraud : Cette question n'a pas de sens. Les militants ont désigné Ségolène Royal comme leur candidate à plus de 60 %. C'est donc qu'ils la considéraient comme leur meilleur représentant. Dominique Strauss-Kahn n'avait pas de majorité pour pouvoir s'imposer. Philippe_2 : Croyez vous que le parti socialiste soit prêt à définitivement rompre avec ses alliés traditionnels d'extrême gauche afin de créer un grand parti social démocrate et centriste ? Isabelle Mandraud : Le Parti socialiste ne peut pas se passer des voix de la gauche, il ne peut pas complètement tourner le dos à son histoire. Mais la gauche étant devenue minoritaire en France, il se voit contraint de s'élargir. L'irruption dans le paysage politique français du centre incarné par François Bayrou bouscule le Parti socialiste. Beaucoup, en son sein, sont tentés de nouer une alliance, tout en sachant que ce même centre s'est toujours positionné plutôt à droite. L'équation s'avère donc complexe. Une éventuelle alliance suppose une mutation importante du Parti socialiste et une évolution non moins sensible du côté de François Bayrou. Talife : M. Hollande n'est-il pas celui qui a la plus a perdre dans ce résultat des présidentielles? Isabelle Mandraud : Il est certain que François Hollande se trouve aujourd'hui dans une position inconfortable. Nombre de ses camarades lui reprochent de ne pas avoir su engager une mutation plus profonde du Parti socialiste et d'avoir dirigé le PS pendant près de dix ans en favorisant des synthèses molles. Sa légitimité se trouve aujourd'hui contestée par les amis de Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius. Et il se trouve même dans la ligne de mire de certains partisans de Ségolène Royal. Le congrès qui désigne le premier secrétaire était à l'origine prévu après les élections municipales de 2008. Il ne fait guère de doute que ce congrès sera avancé, puisque le prochain premier secrétaire sera aussi celui qui incarnera le nouveau leadership du PS. Cette question concerne évidemment Ségolène Royal. Guy : Est-ce que le score de Segolene Royal hier est un mauvais signe pour le score du PS aux legislatives ? La droite bénéficie incontestablement aujourd'hui d'une dynamique de victoire importante. Mais plus que le score de Mme Royal à l'élection présidentielle, c'est la capacité du Parti socialiste à ne pas se déchirer qui va être importante. § Philippe Ridet, de la rédaction du "Monde", analyse le score obtenu par Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle. § C hris_1 : Nicolas Sarkozy peut-il être satisfait du résultat ou déçu ? Philippe Ridet : Je ne vois pas pourquoi il serait déçu. 53 %, c'est à la fois un peu moins que Pompidou mais mieux que Chirac, sauf en 2002. Il se situe donc dans une moyenne haute des scores de la droite en France. Il n'a donc aucune raison de s'estimer insatisfait. Stephane93 : Peut-on dire qu'au lieu d'un "tout sauf Sarkozy" le score montre au contraire une véritable adhésion pour le programme mais aussi la personnalité de Sarkozy ? Philippe Ridet : Il est vrai que le "tout sauf Sarkozy" n'a pas fonctionné, sinon Royal aurait été élue. Cela correspond-il à une adhésion à sa personne ? Il faut savoir raison garder. Les 53 % qu'il a obtenus sont la traduction de la domination de la droite sur la gauche en France telle qu'on l'a vu au premier tour. Un autre candidat de droite, à condition qu'il ait passé l'épreuve du premier tour, aurait peut-être obtenu le même résultat. Pierre Gibou : Quelle conclusion tirez-vous du fait que Nicolas Sarkozy ait fait un score aussi élevé malgré les appels conjugués à ne pas voter pour lui proférés par François Bayrou et Jean-Marie Le Pen, malgré l'acharnement de certains médias (notamment Le Monde) à dénigrer son action et sa candidature, sans oublier le fait qu'il apparaisse bien plus difficile d'être élu président lorsque l'on fait partie de l'équipe gouvernementale sortante ? Philippe Ridet : Je vous laisse la responsabilité de votre jugement concernant les médias, et notamment Le Monde. La victoire de Sarkozy obéit selon moi à trois facteurs fondamentaux. 1) Il a profité des erreurs de ses concurrents, et notamment de celles de Chirac. En 1997, après l'expérience malheureuse de la dissolution, Sarkozy, parce qu'il a été écarté du pouvoir, apparaît comme le seul rescapé de cette expérience malencontreuse. En 2002, lorsque Chirac nomme Jean-Pierre Raffarin à Matignon, il permet à Nicolas Sarkozy d'endosser de fait les habits de la rupture. En 2005, quand il décide de soumettre la Constitution européenne au référendum, il autorise de fait le président de l'UMP à lancer sa campagne présidentielle. 2) La victoire de Sarkozy se construit aussi en novembre 2004 quand il s'empare de la présidence de l'UMP. De son expérience balladurienne en 1995, il a tiré la certitude qu'il ne peut y avoir de victoire politique à la présidentielle sans le contrôle du parti. Encore une fois, les chiraquiens se seront révélés impuissants à désigner un autre candidat. 3) Enfin, et c'est peut-être l'élément le plus novateur de cette campagne, Sarkozy a su renouveler le corpus idéologique de la droite. En mettant l'autorité, l'ordre, le travail, la récompense, le mérite au cur de sa campagne, il a repris au Front national les thèmes que la droite, et notamment Jacques Chirac, lui avait abandonnés. En conclusion, je dirais que cette victoire était peut-être la plus prévisible de toutes. Nicolas Sarkozy a fait de la conquête du pouvoir une science quasi exacte. Louisa : Est-ce plus la victoire d'une droite dure et réactionnaire que l'échec d'une gauche socialiste qui n'a pas su réellement se positionner ? Si c'est la première solution, pensez-vous que les thèmes immigration, identité nationale sont ceux qui ont le plus porté ? Philippe Ridet : Les deux. Il y a dans la victoire de Sarkozy, incontestablement, une revanche de la droite qui ne s'est reconnue ni dans le septennat de Giscard d'Estaing, et encore moins dans les deux mandats de Chirac, qu'elle a trouvés, pour le premier, trop teinté de centrisme, et pour les seconds, trop inspirés par le radicalisme socialiste. Cela dit, ce succès souligne aussi l'échec de la gauche morale et bien-pensante. Je suis persuadé qu'une grande partie des électeurs ont exprimé une forme de ras-le-bol vis-à-vis du magistère moral qu'exercent la gauche, les artistes et les intellectuels en France depuis 1968. Les images de people venant défendre les expulsés de Cachan, par exemple, ou voler au secours des SDF du canal Saint-Martin, ont, selon moi, profondément exaspéré une partie du petit peuple de droite. Nordx : Que pensez-vous du report des voix bayrouistes au second tour ? Philippe Ridet : Il illustre un parfait équilibre entre un vote Sarkozy et un vote Royal, puisque dans les deux cas, 40 % des électeurs de Bayrou au premier tour se sont reportés sur l'un ou sur l'autre des finalistes. Seuls 20 % ont refusé de choisir. Il souligne aussi, du coup, toute la difficulté de la tâche qui attend le futur président du Mouvement démocrate. Visiblement, ses électeurs du premier tour ne lui appartiennent pas. On voit bien que son positionnement politique lui a permis de ratisser à proportions égales à droite et à gauche. On peut se demander dès lors comment il pourra trouver le point d'équilibre entre ces deux électorats. D'autant que le mode de scrutin aux législatives favorisera aussi au second tour un replacement des électeurs dans leur famille d'origine. Nicetom : L'UMP et Nicolas Sarkozy en tête, peuvent-ils être optimistes en vue des législatives de juin ? Philippe Ridet : Oui. Il y aura, du fait de l'inversion du calendrier, et comme on l'a vu déjà en 2002, un effet mécanique du résultat de la présidentielle sur celui des législatives. D'autant que Nicolas Sarkozy, même président de la République, a expliqué qu'il revenait à celui qui était élu, donc à lui-même, de conduire cette bataille, et non pas à celui qui était nommé, donc le premier ministre. Nicolas Sarkozy constitue toujours la tête de gondole de la droite en France. C'est sur son nom que se sont faites les adhésions à l'UMP, c'est sur son nom et sa personnalité que s'est jouée son élection, c'est probablement sur son nom encore que se joueront les législatives. Ajoutons à cela la division du Parti socialiste qui est déjà en germe entre fabiusiens, strauss-kahniens et royalistes. Un mois, d'ici au premier tour des législatives, cela paraît un peu court pour se remettre de cet échec et retrouver l'unité derrière un leader incontesté. § Claude Bartolone, député socialiste proche de Laurent Fabius et membre de l'équipe de campagne de Ségolène Royal, appelle au rassemblement à gauche pour s'opposer à la politique libérale de Nicolas Sarkozy. § § Claude Bartolone, député socialiste proche de Laurent Fabius et membre de l'équipe de campagne de Ségolène Royal, revient sur le vote du 6 mai et analyse la campagne du second tour de la candidate socialiste. § § Accusées de jets de canettes ou violence sur policiers, trois personnes interpellées dimanche à Rennes et à Lyon et jugées en comparution immédiate, ont été condamnées, mardi, à six, trois et deux mois de prison ferme. D'autres comparutions immédiates doivent avoir lieu mardi et mercredi. § A Rennes, quatre individus, interpellés dans la nuit de dimanche à lundi, ont été jugés en comparution immédiate, mardi 8 mai, et condamnés par le tribunal correctionnel à deux mois de prison ferme pour l'un et de 105 à 140 heures de travail d'intérêt général pour les autres. L'homme condamné à la peine la plus lourde est âgé de 20 ans et originaire de Vitré (Ille-et-Vilaine). Il était notamment accusé de jets de canettes et de bouteilles, sans faire de blessés, mais le tribunal a souligné qu'il avait déjà été condamné à de nombreuses reprises. A Lyon, quatre personnes, "essentiellement des jeunes majeurs", ont été jugées, mardi, en comparution immédiate pour des violences sur policiers et des dégradations, selon le parquet de Lyon. Deux d'entre elles ont été condamnées à des peines de six mois et trois mois de prison ferme pour des violences commises lors de la manifestation de dimanche soir. Les deux autres ont été condamnés à 120 heures de travaux d'intérêt général. Une dizaine de jeunes, arrêtés dans le cadre de la manifestation de lundi soir, doivent à leur tour être jugés en comparution immédiate mardi, a-t-on indiqué de même source. A Bordeaux, dix-huit personnes, interpellées dans la nuit de dimanche à lundi, doivent également comparaître, mercredi, devant le tribunal correctionnel pour outrage et rébellion. La moitié d'entre elles comparaîtront libres et l'autre moitié sera présentée, mardi, devant le juge des libertés et de la détention, le parquet ayant requis qu'elles comparaissent détenues, a-t-on précisé de source judiciaire. LES INSTANCES ÉTUDIANTES VIGILANTES Alors que des manifestations plus ou moins improvisées et des incidents se sont de nouveau produits, lundi soir, dans plusieurs grandes villes de France, une mobilisation au niveau étudiant est en train de prendre forme, notamment à Paris, où des petites assemblées générales se sont tenues, mardi, dans les universités de la Sorbonne et de Tolbiac. La Fédération syndicale étudiante (FSE), à l'origine de ces rassemblements, parle de cinquante à trois cents participants à ces réunions. Les principaux syndicats étudiants et lycéens, dont l'UNEF et l'Union nationale lycéenne (UNL) ont, pour leur part, très vite pris leur distance avec ces actions. "Il n'y a aucune raison de contester cette victoire ou d'appeler à des assemblées générales dans les universités ou des manifestations qui n'auraient que pour seul but de contester la victoire de Sarkozy", a ainsi déclaré le président de l'UNEF, Bruno Julliard, qualifiant ces mouvements de "contre productifs", et risquant de faire apparaître les jeunes comme antirépublicains. La présidente de l'UNL, Floréale Mangin, a pour sa part indiqué que l'"UNL n'appelle pas à ces mouvements" et qu'elle "attend de voir comment vont se passer les concertations" tout en rappelant qu'elle "reste très vigilante". § Jo Leinen, le président de la Commission constitutionnelle du Parlement européen, a demandé à la présidence allemande de l'Union européenne de ne pas autoriser ce "pinaillage". § L e président de la Commission constitutionnelle au Parlement européen, le social-démocrate allemand Jo Leinen, a estimé que "le mini-traité européen proposé par Nicolas Sarkozy est inacceptable", lors d'une rencontre avec la présidence allemande de l'Union européenne, mardi 8 mai à Berlin. Le Parlement européen n'acceptera pas que le nouveau traité génère moins de démocratie, moins de transparence et moins d'efficacité que l'ancien, a-t-il souligné. Il n'acceptera pas non plus une restriction des droits civils et de la participation citoyenne. Une telle régression serait un manque de respect vis-à-vis des dix-huit pays membres qui ont approuvé le premier traité constitutionnel, a-t-il souligné. "PINAILLAGE" La présidence allemande ne doit pas autoriser ce "pinaillage" menant au démembrement du traité constitutionnel, a-t-il mis en garde. "Le traité doit devenir plus compréhensible et plus lisible pour le citoyen", et s'accommoder de déclarations politiques et de protocoles. Une déclaration politique pourrait ainsi décrire les grands défis de la mondialisation pour l'Europe, et les moyens et possibilités de les résoudre. Et de citer en exemple l'approvisionnement énergétique, l'immigration, le terrorisme, la concurrence et le modèle social. Nicolas Sarkozy propose un "traité simplifié" non soumis à référendum, portant sur les institutions, en particulier la mise en place d'une présidence stable du conseil européen ou la création d'un ministère des affaires étrangères européen. Ce traité, assure M. Sarkozy, ne prétend pas remplacer la Constitution mais se veut un remède à la crise institutionnelle ouverte en Europe depuis que la France et les Pays-Bas ont rejeté le traité par référendum au printemps 2005. § Revue de presse quotidienne des journaux télévisés de la mi-journée. § § Alors que, traditionnellement, la ville vote davantage pour la droite à la présidentielle, Paris est allée à contre-courant cette fois-ci : Mme Royal est en tête dans 11 arrondissements sur 20. § L e score "historique" - 49,81 % -, selon Bertrand Delanoë, de Ségolène Royal à Paris dégage l'horizon électoral de la majorité parisienne et ouvre des perspectives nationales pour le maire de la capitale. Alors que, traditionnellement, la ville vote davantage pour la droite à la présidentielle, Paris est allée à contre-courant cette fois-ci : Mme Royal est en tête dans 11 arrondissements sur 20, même si Nicolas Sarkozy l'emporte de peu, avec 50,19 %, sur l'ensemble de la ville. "L'électorat Verts, qui avait voté au premier tour pour François Bayrou, est revenu à gauche", se félicite-t-on dans l'entourage du maire qui peut se targuer d'avoir atteint l'objectif qu'il s'était fixé pour Ségolène Royal : dépasser le score de François Mitterrand en 1981 (46,44 %). Chef de file des Verts, Denis Baupin se disait "rassuré", dimanche : "L'électorat parisien de Bayrou voulait essentiellement faire barrage à Sarkozy. C'était un vote tactique. Dans les deux circonscriptions tenues par les députés Verts, la gauche est majoritaire", soulignait l'élu écologiste du 20e arrondissement où Ségolène Royal réalise son meilleur score : 64,63 %. La candidate socialiste est aussi en tête dans le 5e arrondissement, dirigé par l'ancien maire de Paris (UMP) Jean Tiberi, dans lequel le vote Bayrou était le plus élevé au premier tour (24,43 %). En revanche, dans le 6e, où l'UDF est de sensibilité catholique traditionnelle, les bayrouistes se sont reportés sur M. Sarkozy. Didier Bariani, président du groupe centriste à la Mairie, se disait de son côté "impressionné par la fracture est-ouest", constatant que "les arrondissements de gauche sont de plus en plus à gauche et les arrondissements de droite de plus en plus à droite". Dans le 16e, M. Sarkozy culmine à 80,81 %. Il arrive aussi légèrement en tête dans deux arrondissements de gauche, le 9e et le 4e. Dans le 12e, dont le député est UMP, Mme Royal coiffe, en revanche, M. Sarkozy de 2 634 voix (51,86 %). "Sarkozy n'est pas le candidat des bobos", reconnaissait Vincent Roger, candidat (UMP) aux législatives dans le 4e. Chef de file de l'UMP parisienne et candidate à la Mairie de Paris, Françoise de Panafieu se félicite toutefois que "la droite soit désormais majoritaire en voix, alors qu'aux dernières élections régionales de 2004 la gauche à Paris est arrivée en tête". "CITOYEN ENGAGÉ" Rasséréné par ces résultats qu'il juge "équilibrés", M. Delanoë s'est montré très présent sur les plateaux de télévision dimanche 6 mai. Quelques proches de Dominique Strauss-Kahn en ont même été indisposés, tentant de faire en sorte que ce dernier puisse être le plus possible seul à l'antenne. Après quelques protestations de son entourage, le maire de Paris a pris place comme prévu devant les caméras en même temps que l'ancien ministre. Bien que rallié de la deuxième heure et après avoir espéré la candidature de Lionel Jospin, M. Delanoë peut se prévaloir d'avoir loyalement fait campagne pour Mme Royal, à Paris, mais aussi en province. Allant jusqu'à distribuer, dans les derniers jours de la campagne, une "Lettre aux parisiens" à 800 000 exemplaires. "Aujourd'hui, il est dans le jeu, expliquait un proche du maire, lundi à l'Hôtel de Ville. Il y a Ségolène, Strauss-Kahn et Bertrand." M. Delanoë a, de fait, l'intention de jouer un rôle dans la recomposition du PS qui s'annonce. "Sans pour cela participer au bal des diviseurs", se défend son entourage. "Je suis un citoyen engagé, a-t-il déclaré, au soir du 6 mai. Le devoir de la gauche, c'est de se rassembler. Nous avons un travail d'adaptation de notre offre politique à faire qui n'a pas été engagé dans les trois ans qui viennent de s'écouler. L'alternative passe aussi par une ouverture aux autres tout en restant fidèle à nos valeurs." Mme de Panafieu n'a toutefois pas l'intention de laisser sans réagir M. Delanoë capter l'électorat UDF à Paris. Elle s'est dite prête, dimanche, à se mettre à l'écoute de ses "partenaires naturels" centristes avec lesquels elle souhaite construire "un projet dénué d'esprit de conflit", a-t-elle déclaré. M. Sarkozy devrait trancher dans les jours qui viennent la question de la candidature aux législatives dans la 8e circonscription de Paris, dans le 12e arrondissement où l'UMP cherchait jusqu'ici à investir un "poids lourd". Après le score relativement décevant de la droite à Paris, les rumeurs sur la possible candidature de Jean-Louis Borloo redoublent. Jean-Pierre Raffarin reconnaît en privé "qu'il est à la fois bobo et titi", un profil idéal pour Paris. § Le succès de Nicolas Sarkozy a convaincu les socialistes d'une chose : ils ne pourront plus désigner leur candidat à l'élection présidentielle au dernier moment. § L e succès de Nicolas Sarkozy a convaincu les socialistes d'une chose : ils ne pourront plus désigner leur candidat à l'élection présidentielle au dernier moment. Dans les jardins de La Maison de l'Amérique latine, dès dimanche soir 6 mai, Thomas Piketty, chef de file des jeunes économistes partisans de Ségolène Royal, le disait tout haut : "Elle n'a pas eu assez de temps. Ce n'est pas un problème de casting mais de timing. Nicolas Sarkozy s'est préparé pendant cinq ans. Il ne faudra pas un vote dans quatre ans. Que tout le monde se présente mais que le choix se décide, maintenant." C'est bien à la même conclusion que sont parvenus une majeure partie des dirigeants du Parti socialiste qui ont, pour certains d'entre eux, fait aussitôt part de leur "disponibilité" - chacun ayant bien compris que les élections législatives marquaient une première étape. Battue, Ségolène Royal a, dans les minutes qui ont suivi les résultats de l'élection, pris les devants en assurant ses partisans qu'elle continuait "le combat". Elle a pour elle le vote de près de 17 millions d'électeurs et le soutien des militants. "Avec Mitterrand, on a bien vu que c'est un exercice de longue haleine, persévérez Ségolène", l'encourage une internaute sur le site Internet de la candidate, qui devrait poursuivre sa mission sous une forme rénovée. "Désirs d'avenir pourrait être le nom du courant de Ségolène Royal au PS...", suggère un autre. Pour prendre le leadership du PS, Mme Royal doit choisir. Ou bien elle s'impose comme le chef de l'opposition et reprend son mandat de députée dans les Deux-Sèvres, comme la pressent plusieurs de ses proches. Ou bien elle prend la tête du parti, comme le lui recommandent certains de ses partisans qui redoutent que son retour à l'Assemblée, en plus de sa présidence à la région Poitou-Charentes, n'apparaisse trop en contradiction avec son discours de campagne sur la fin du cumul des mandats. Le bail de location de ses bureaux, 282, boulevard Saint-Germain à Paris, s'achève le 15 mai. Passée cette date, il lui faut trouver autre chose. Quelques-uns, au sein de son équipe, ont pensé à la présidence de l'Association des régions de France située... trois étages au-dessus. Mais il faut compter avec François Hollande qui n'a pas l'intention de s'effacer et qui bénéficie, lui aussi, d'une bonne popularité chez les militants. Interrogé mardi 8 mai sur RTL sur "qui dirige le PS ?", il a répondu d'une voix cassée par la fatigue : "Son premier secrétaire, qui mènera la bataille des législatives." Ségolène Royal, a-t-il ajouté, "apportera son concours, sa popularité, son élan". Il y a aussi Dominique Strauss-Kahn. Arrivé second dans la primaire socialiste, l'ancien ministre souhaite prendre la tête de la "rénovation". Et Laurent Fabius qui entend bien, à sa façon, redresser le "drapeau de la gauche à terre". Les primaires recommencent. § "Disponible pour la suite", Ségolène Royal n'a pas prononcé le mot "défaite". La majorité des dirigeants du parti est hostile à des accords de désistement avec le centre. § L es grilles du Parti socialiste sont prises d'assaut par les caméras. A l'intérieur, le ménage a déjà été fait : au lendemain de l'élection présidentielle, lundi 7 mai, tout le décorum de la campagne a été promptement enlevé. Les tabourets en plastique de couleur ont disparu, la grande tente dans la cour centrale a été démontée. Il ne reste plus qu'à détacher les roses suspendues dans le hall d'accueil. Et aux socialistes à surmonter la défaite, pour préparer les législatives. ACCORDS Le Parti socialiste a déjà passé des accords électoraux pour les élections législatives avec deux partis. MOUVEMENT RÉPUBLICAIN ET CITOYEN. Le MRC a obtenu dix circonscriptions et six suppléants sur la base d'un accord politique et en échange du retrait de la candidature présidentielle de M. Chevènement. PARTI RADICAL DE GAUCHE. Le PRG, dirigé par Jean-Michel Baylet, a négocié trente-cinq circonscriptions en contrepartie du désistement de Christiane Taubira, candidate en 2002 à la présidentielle. LES VERTS. Vingt-cinq circonscriptions avaient été gelées dans un premier temps pour la formation écologiste, mais la conclusion de l'accord avait été renvoyée à une discussion sur un accord de gouvernement dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, qui n'a pas eu lieu. LE PARTI COMMUNISTE. Le PCF de Marie-George Buffet a pris contact avec le PS, mais, comme les Verts, pourrait se retrouver à la portion congrue compte tenu des résultats du premier tour. Convoqués à 17 heures pour un bureau national extraordinaire, les dirigeants du PS ont joué des apparences, calme, "sérénité et sérieux", selon le compte rendu officiel fait par Stéphane Le Foll, le bras droit de François Hollande. Parti le premier, Julien Dray dit qu'il ne se passe "rien, des banalités". Ségolène Royal s'en va peu après, par une sortie latérale, toujours souriante. "C'était un bureau national chaleureux, apaisé... avec beaucoup d'encouragements, déclare-t-elle. Nous nous remettons tout de suite au travail." Accueillie à son arrivée avec "les applaudissements qu'il convenait" selon M. Le Foll, elle s'est exprimée la première. La candidate a remercié tous ceux qui se sont mobilisés pendant la campagne, souhaité que la réflexion se poursuive sur quelques-uns de ses thèmes fétiches, comme "la valeur travail" ou "l'ordre juste" et s'est déclarée... "disponible pour la suite". Tout aussi "disponible" comme il l'avait dit lui-même la veille, dès l'annonce des résultats, Dominique Strauss-Kahn se montre plus prudent. Des militants, premiers secrétaires fédéraux, et jusque dans les rangs de ses propres amis, sont parvenues des réactions outrées sur son intervention dimanche soir, sur le plateau de France 2. L'ancien ministre de l'économie maintient tout de même sa critique : "C'est une défaite, dit-il, la troisième de suite (pour la présidentielle), il faut le regarder en face, elle vient de loin." Certains, à l'image de "DSK", ont plus employé le mot "défaite" que d'autres. Il ne fait pas partie du vocabulaire de Mme Royal, pas plus que dans celui du sénateur de l'Isère, Louis Mermaz, qui a préféré comparer le résultat avec une belle "occasion de rebondir"... Laurent Fabius l'a bien dit, "la défaite", mais il s'est empressé de mettre l'accent, dans le même temps, sur la nécessité du "rassemblement". François Hollande aussi, mais pour constater que la bataille perdue l'a été sur le terrain idéologique. "Les Français, a-t-il affirmé, demandent moins de nouveaux droits que des libertés." Alors que l'autocritique de campagne a été, d'une manière générale, très contenue, le premier secrétaire du PS a concédé un échec sur un "sujet majeur". "Nous n'avons pas pu, a-t-il souligné, imputer à Nicolas Sarkozy son bilan." SAUVER LES LÉGISLATIVES Voilà pour hier. L'urgence, pour le PS, consiste bien sûr à sauver le maximum de ce qui peut l'être pour les élections législatives prévues les 10 et 17 juin. Dans 190 circonscriptions, Ségolène Royal est arrivée en tête mais "cela ne veut pas dire que nous aurons 190 députés, précise M. Le Foll. Si on se divise, on peut tomber très bas." Pour mener la campagne et ménager les appétits de chacun, une direction "collégiale" va être mise en place, sous la houlette de M. Hollande. Comme chaque fois que le parti est en crise, le premier secrétaire réunit tout le monde dans la même pièce. C'est presque un rituel. Le conseil national, prévu samedi 12 mai, fournira l'occasion d'afficher l'équipe de campagne, ainsi que les "4 ou 5 grandes thématiques" qui seront mises en avant, parmi lesquelles la "valeur travail". Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essonne, a osé soulever la question qui fâche, celle d'un éventuel accord de désistement avec des candidats bayrouistes et qui rencontre une opposition majoritaire au sein de la direction du PS, en dehors de Mme Royal et du cercle de ses proches. "Mais de quoi parle-t-on au juste ? s'agace Stéphane Le Foll. Quand on regarde la situation de feu l'UDF, à part peut-être Bayrou lui-même, c'est une probabilité assez faible. 80 % de l'UDF est partie avec l'UMP. Qu'est-ce qui reste ? Pas grand-chose." Pour le directeur de cabinet de M. Hollande, il n'y a donc "aucune raison de se précipiter". "La priorité, souligne-t-il, est à gauche, avec les autres partis, même si demain tout le monde a compris qu'il faudrait s'élargir." Les accords avec le Parti radical de gauche et le Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement, conclus avant l'élection, sont maintenus. Les Verts et le PCF ont pris contact, et les discussions s'engagent, même si le rapport de forces n'est plus le même aujourd'hui et joue plutôt en leur défaveur compte tenu des résultats du premier tour de la présidentielle. Mercredi 9 mai, le PS devrait boucler ses listes de candidats, avant d'entériner la liste au conseil national samedi. Avec ou sans Ségolène Royal. A l'issue du bureau national, mardi, chacun avait le sentiment d'avoir échappé au pire, le temps des législatives, avant l'ouverture du grand chantier de la refondation annoncé. "Pas de faille mais il y aura du débat lourd après", estimait le sénateur de Paris, David Assouline, un "Royaliste". § La presse européenne a pris acte de l'élection, en France, d'un nouveau président sur "un mandat de changement". Cette volonté de changement est largement saluée dans les éditoriaux. § L a presse européenne a pris acte de l'élection, en France, d'un nouveau président sur "un mandat de changement". Cette volonté de changement est largement saluée dans les éditoriaux. Mais les accents cocardiers de la campagne ont laissé des traces. Ils suscitent certaines inquiétudes sur la manière dont Nicolas Sarkozy s'y prendra avec ses réformes pour ne pas se heurter à ses partenaires. Le Financial Times britannique salue l'élection en estimant que M. Sarkozy doit maintenant "mettre de côté le populisme" et met en garde contre sa tentation du protectionnisme et de la défense de champions nationaux inopérants. "le président fraîchement élu apporte avec lui une volonté impressionnante et une autre structure de valeurs", se félicite le quotidien économique allemand Handelsblatt. Mais en voulant "redonner de la grandeur à une France qui a perdu de la signification aussi bien économiquement que politiquement (...), il ne sera pas un partenaire facile pour l'UE", ajoute-t-il. Le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung va dans le même sens. Les partenaires européens de Nicolas Sarkozy, écrit-il, "doivent se préparer à un président qui placera les intérêts de la France avant et au-dessus de tout" et "qui ne craint pas des tons brusques dans la relation franco-allemande". Conclusion : "La relation avec la France ne sera pas plus simple dans l'avenir." Le quotidien de Munich, la Süddeutsche Zeitung, observe cependant que la défaite de Ségolène Royal et avec elle son projet d'Europe sociale "est un souci en moins pour ses partenaires" européens. "Le projet de Sarkozy avec un ersatz de traité resserré sur les problèmes essentiels de l'Union avec une ratification via le Parlement est réaliste", estime-t-il. "DROITE PRAGMATIQUE" Les commentaires de la presse espagnole laissent transparaître une interrogation sur la capacité de la France à aller jusqu'au bout de la volonté de réforme qui s'est exprimée. "Il faut espérer que Sarkozy parvienne, par ses réformes, à sortir la France de l'ornière dans laquelle elle s'est mise toute seule", écrit l'éditorialiste du quotidien de centre gauche El Pais. Le catalan La Vanguardia insiste sur "l'épreuve de feu" des premières "réformes économiques libérales" promises. A droite, ABC voit néanmoins dans cette élection la promesse d'une "nouvelle France" alors qu'El Mundo se félicite de la perspective, pour la France, d'une sortie de "la crise actuelle (qui) a incubé pendant trois décennies d'immobilisme". A l'image de La Repubblica, qui consacrait dix pages, lundi 7 mai, aux résultats de l'élection française, la presse italienne s'est passionnée pour celle-ci. La victoire de Sarkozy est saluée par le quotidien proche du centre gauche comme l'avènement d'une "droite pragmatique". Il Corriere della Sera insiste sur "la rupture" que représente "un gaulliste génétiquement modifié". "Sa droite est une droite de mouvement", écrit le quotidien conservateur milanais, concluant: "Sarkozy a redonné sa fierté à un peuple ronchon qui s'est enthousiasmé pour la solution féminine, plus rassurante et solidaire, mais qui a préféré la culture du résultat". Pour La Stampa, le nouveau président est "l'homo novus de la Rome antique, celui qui, noble depuis peu, aspirait à de hautes fonctions sans avoir la formation requise", ce qui conduit le quotidien turinois à tracer le portrait d'un "roi arriviste et ascète". Pour De Morgen, le quotidien flamand belge, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel "pourraient faire de leur duo la paire la plus importante qu'a connue l'Europe depuis Mitterrand-Kohl". "Le chevalier bleu-blanc-rouge veut brandir l'étendard français mais, pour parvenir à mener ces batailles, il ne pourra se passer de la négociation et des renoncements qui accompagnent la gestion publique des affaires", écrit de son côté le quotidien grand public francophone La dernière heure. § " Nicolas Sarkozy a été élu démocratiquement mais nous sommes là pour montrer que nous ne sommes pas contents", explique Alice, élève de terminale au lycée Molière (Paris-16e). § "N icolas Sarkozy a été élu démocratiquement mais nous sommes là pour montrer que nous ne sommes pas contents." Comme Alice, élève de terminale au lycée Molière (Paris-16e), quelques centaines de lycéens, auxquels s'étaient mêlés une poignée d'étudiants, ont manifesté à Paris, lundi 7 mai, contre l'élection de Nicolas Sarkozy. Parti de la place de la République à Paris, le rassemblement s'est prolongé pendant plusieurs heures, ponctué par des haltes dans les principaux lycées de l'est de la capitale. Après un passage place de la Bastille, le groupe s'est dirigé vers celle de la Nation, quelques jeunes tentant d'escalader les grilles du lycée Arago (12e arrondissement). Nadia, Samira et Anya, en première au lycée Jacques-Feyder d'Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), ont manifesté " préventivement". " J'ai peur de ce qu'il va faire en matière d'éducation", s'inquiète Nadia. " Hélène-Boucher, dans la rue", "Libérez nos camarades de Maurice-Ravel" : dans une ambiance bon enfant, les manifestants tentent de faire grossir leurs rangs. Carol, en terminale au lycée Maurice-Ravel (20e), se dit prêt à battre le pavé : "Ce matin, tout le monde était un peu déprimé mais la rentrée a été calme. Je me suis engagée au côté du réseau Education sans frontières pour défendre la cause d'un élève sans-papiers cet été, inutile de dire que je crains Sarkozy." Le matin, selon le rectorat de Paris, la rentrée avait été brièvement perturbée dans sept lycées et collèges. Le rectorat de Créteil indique aussi de " petits mouvements sporadiques" en Seine-Saint-Denis. Côté étudiants, deux petites assemblées générales se sont tenues à la Sorbonne et sur le site de Tolbiac (Paris-I) pour lancer une mobilisation contre le projet d'autonomie des universités de M. Sarkozy. Le président du syndicat étudiant UNEF, Bruno Julliard, a jugé lundi ces manifestations et assemblées générales " contre-productives" et risquant de faire apparaître les jeunes comme anti-républicains. "Il n'y a aucune raison d'appeler à des assemblées générales dans les universités ou à des manifestations qui n'auraient pour seul but que de contester la victoire de Sarkozy", a-t-il déclaré. L'Union nationale lycéenne (UNL), par la voix de sa présidente, Floréale Mangin, s'est également démarquée de ces actions qui, dans la soirée de lundi, ont donné lieu à des affrontements dans le quartier de la Bastille. § Tandisqu'au soir de sa victoire, Nicolas Sarkozy exprimait, dimanche 6 mai, sa "fierté indicible d'appartenir à la France", la Hongrie se souvenait des origines hongroises du nouveau président. § T andisqu'au soir de sa victoire, Nicolas Sarkozy exprimait, dimanche 6 mai, sa "fierté indicible d'appartenir à la France", la Hongrie se souvenait des origines hongroises du nouveau président élu à la tête de l'Etat français. Le village d'Alattyan, qui attendait depuis plusieurs jours la victoire de "Nicolas", a sorti le champagne et les petits fours pour célébrer, lundi, l'ascension du "petit Sarkozy à l'Elysée". C'est dans ce village de 2 000 habitants où, avant la guerre, le grand-père de "Nicolas" était un grand propriétaire, que son père Pal a passé sa première jeunesse. Aujourd'hui, il ne reste plus de trace de la présence des Sarkozy à Alattyan, mais les anciens se souviennent encore de Pal. La presse hongroise, qui affichait largement Sarkozy à sa "Une" lundi, a salué, de son côté, le succès du "fils d'immigré hongrois" qui "a gravi deux à deux les échelons du pouvoir pour arriver au sommet, le palais de l'Elysée", selon le Magyar Nemzet. Mais ce quotidien de droite ne laisse aucune illusion à ses lecteurs sur la réalité des attaches de Nicolas Sarkozy à la Hongrie : le nouveau président "n'a qu'un seul pays : la France" rappelle-t-il et "Sarkozy n'agira dans l'intérêt de la Hongrie que si cela sert aussi les intérêts de la France". Les relations de la Hongrie avec la France devraient toutefois sortir renforcées de la victoire de Nicolas Sarkozy, a déclaré la ministre hongroise des affaires étrangères, Kinga Goncz, dans son message de félicitations au nouveau président élu. Mais "pourquoi les Français ont-ils voté pour un fils de réfugié hongrois au nom imprononçable ?", feint de s'interroger le premier quotidien du pays, Nepszabadsag. "Parce qu'il est le meilleur médecin aujourd'hui pour la France", croit-il savoir. § "Je suis persuadé que notre coopération sera fructueuse", a déclaré, lundi, Ehoud Olmert. § L e premier ministre israélien, Ehoud Olmert, a téléphoné, lundi 7 mai, à Nicolas Sarkozy pour le féliciter et lui souhaiter, "au nom du peuple d'Israël, le succès" dans ses fonctions. "Je suis persuadé que notre coopération sera fructueuse et que nous pourrons oeuvrer à une politique de paix dans notre région", a ajouté le chef du gouvernement israélien tandis que le nouveau président français a répondu, selon le communiqué officiel : "Je suis un ami d'Israël et Israël peut toujours compter sur mon amitié." Les institutions juives saluent la victoire de Sarkozy Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Roger Cukierman, a adressé, lundi 7 mai, "ses plus respectueuses et chaleureuses félicitations" à Nicolas Sarkozy. "Les prises de position que vous avez exprimées sont porteuses d'espoir pour une France qui doit se réconcilier avec elle-même", indique le message qui se félicite des "valeurs" défendues par M. Sarkozy, qui ne laissent "aucune place à l'intolérance, au racisme et à l'antisémitisme". L'Union des conseils des communautés juives d'Ile-de-France se dit persuadée que M. Sarkozy "parviendra à faire éradiquer le fléau de l'antisémitisme qu'il a commencé à combattre". "Nous serons ses partenaires pour contribuer à l'établissement de la paix civile et nous l'assurons de notre soutien pour la construction de la paix entre Israël et ses voisins", ajoute-t-elle. Manifestement, l'arrivée à la plus haute fonction de l'Etat de l'ancien ministre de l'intérieur réjouit l'Etat juif. M. Sarkozy n'a jamais caché ses liens d'affection avec Israël et le gouvernement espère que le réchauffement des relations entre les deux pays engagé depuis trois ans va s'accentuer. "Une ère nouvelle dans les relations avec la France" a titré en "une" le grand quotidien Yediot Aharonot. "Les origines juives du prochain président catholique français ont suscité de grands espoirs à Jérusalem", note l'éditorial, qui fait remarquer qu'il "est significatif qu'il ait entamé sa campagne électorale à l'étranger en visitant Yad Vashem", le mémorial de l'Holocauste, lors d'une visite effectuée comme président de l'UMP en décembre 2004. Pour Maariv, autre quotidien populaire, il s'agit d'une "révolution française, grâce à laquelle un ami évident d'Israël accède à l'Elysée pour la première fois dans l'histoire de la Ve République". "Sarkozy sera un médiateur honnête entre Israël et le monde arabe, et c'est, en soi, une petite révolution française", souligne le journal. Il a souvent été reproché à Jacques Chirac d'être pro-arabe et les Israéliens ont toujours gardé en mémoire l'incident qui avait opposé le président français aux services de sécurité israéliens lors de sa visite de la veille ville de Jérusalem, en 1996, au cours de laquelle il avait menacé de reprendre l'avion pour protester contre l'attitude des forces de l'ordre. NOUVELLE DONNE Le chef de l'opposition nationaliste, Benyamin Nétanyahou, a déclaré, de son côté, qu'il se considérait comme "un ami personnel" de Nicolas Sarkozy "depuis cinq ou six ans". Les deux hommes se sont côtoyés lorsqu'ils occupaient tous les deux les fonctions de ministre des finances. "Nous nous parlons régulièrement au téléphone", a affirmé à la radio le chef du Likoud (droite). "C'est un homme qui voit les intérêts de la France sous un autre angle et son élection est un bienfait pour Israël, a-t-il fait remarquer. Je ne crois pas que la politique française va être complètement transformée, mais il est clair qu'elle ne sera plus caractérisée par un réflexe anti-israélien, ce qui signifie qu'Israël est coupable avant que le contraire ne soit démontré." Chez les Palestiniens, l'élection de Nicolas Sarkozy, qui ne s'est jamais rendu dans les territoires palestiniens, signifie une nouvelle donne. Mahmoud Abbas, président de l'Autorité, qui est allé, le 17 avril, saluer une dernière fois Jacques Chirac, espère que son successeur va "poursuivre son soutien au peuple et aux droits des Palestiniens". Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) s'est également montré optimiste en notant que la position de la France vis-à-vis des Palestiniens "a toujours été très bonne". § Cahier du "Monde" daté du jeudi 10 mai 2007. § § Télézapping, la revue de presse quotidienne des journaux de la mi-journée. § § Les propositions de réforme avancées, mercredi 22 février 2006, par le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, à l'issue de la convention UMP sur l'éducation, ébranlent les fondements du système éducatif français. § S uppression de la carte scolaire, autonomie des établissements, rémunération des enseignants au mérite, encouragement du privé sous contrat à s'implanter dans les zones sensibles : les propositions de réforme avancées, mercredi 22 février 2006, par le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, à l'issue de la convention UMP sur l'éducation, ébranlent les fondements du système éducatif français. "Je ne conçois pas que nous puissions imaginer ensemble la France d'après sans avoir un projet pour l'école. Notre devoir est de prendre des risques à la mesure des objectifs que nous croyons justes", a-t-il affirmé dans son discours. Quinze mois avant l'élection présidentielle, M. Sarkozy a donc pris le risque de se mettre à dos une partie du corps enseignant. Les organisations syndicales ont réagi très vite. Le SGEN-CFDT a qualifié M. Sarkozy de "chantre du libéralisme". L'UNSA-éducation a estimé que ses propositions constituaient "une synthèse libérale et conservatrice"."AUTONOMIE" RENFORCÉE DES ÉTABLISSEMENTS Rare personnalité marquée à gauche invitée à la convention, le secrétaire général de la FSU, principale fédération syndicale de l'éducation, Gérard Aschieri, s'est prononcé contre la suppression de la carte scolaire : "Ce n'est pas en libéralisant la carte scolaire que l'on parviendra à progresser vers la mixité sociale et à sortir de la ghettoïsation de certains établissements." Une conviction pourfendue par M. Sarkozy, qui fait du "libre choix des établissements par les parents" son principal credo. A l'inverse de la carte scolaire, qui constitue, selon lui, "un privilège pour les uns, une fatalité pour les autres", le libre choix crée "une émulation entre les établissements et incite chacun d'entre eux à améliorer ses performances". Pour réussir une telle réforme, M. Sarkozy prône une autonomie renforcée des établissements. Chacun d'entre eux devrait ainsi pouvoir se doter d'un projet éducatif spécifique "en contrepartie de la liberté d'affecter librement 20 % de son budget à la mise en oeuvre" dudit projet. Il a aussi souhaité "valoriser ceux qui exercent dans les conditions les plus difficiles" et "améliorer la rémunération et le pouvoir d'achat des enseignants volontaires". MAIN TENDUE AU PRIVÉ Le président de l'UMP a par ailleurs réitéré ses critiques à l'encontre des zones d'éducation prioritaire (ZEP), pourtant relancées par le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien, qui a ouvert la convention UMP. "Les ZEP accroissent les inégalités sociales au lieu de les réduire parce qu'elles aggravent la ségrégation urbaine en raison des stratégies de fuite qu'elles provoquent", a affirmé M. Sarkozy. Le président de l'UMP propose de développer des projets d'établissement d'excellence à l'image du lycée expérimental initié en Seine-Saint-Denis par Gilbert Béréziat, président de l'université Pierre-et-Marie Curie (Paris-VI) et par Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris. M. Sarkozy souhaite que "les établissements sous contrat, qui veulent ouvrir des antennes ou des écoles dans les zones moins favorisées soient encouragés à le faire, alors qu'ils en sont aujourd'hui dissuadés". Cette main tendue au privé risque de rallumer les vieilles querelles entre partisans de l'école publique et de l'école "libre". Le nombre d'établissements privés implantés en ZEP se compte actuellement sur les doigts d'une main. S'ils ont toute liberté de s'y installer, ils doivent largement financer leur implantation. Enfin, les propositions du président de l'UMP écornent certains points de la loi d'orientation sur l'école de François Fillon, pourtant conseiller de Nicolas Sarkozy sur l'éducation. Ainsi, parmi "les changements concrets qui donneront à l'école un visage plus moderne", M. Sarkozy a défendu le développement du sport, discipline absente du socle commun de connaissances définie par la loi Fillon. (...) (article du 24 février 2006.) "MIEUX CONNECTÉ AVEC LE MONDE DU TRAVAIL" (...) M. Sarkozy s'engage à augmenter de 50 % le budget de l'enseignement supérieur d'ici à 2012, soit 5 milliards d'euros de plus qu'aujourd'hui. Cet effort n'aura pourtant, selon le patron de l'UMP, "aucun effet s'il continue d'alimenter un système qui conduit 45 % des étudiants à l'échec et tant de diplômés au chômage". Pour lui l'amélioration du système passe par une orientation plus sélective des étudiants. M. Sarkozy souhaite notamment créer "un service public de l'orientation (...) mieux connecté avec le monde du travail". Il fournirait des informations sur les débouchés des filières et la qualité des enseignements. Les universités, de leur côté, devront donner au futur étudiant, au moment de son inscription, leur avis sur ses chances de réussite dans telle ou telle filière. Cette piste de réforme rejoint la récente proposition de François Goulard, ministre délégué à l'enseignement supérieur, d'instaurer pour les lycéens un système de préinscription à l'université afin de les aider à s'orienter. SÉLECTION À L'UNIVERSITÉ Mais le patron de l'UMP veut aller plus loin. Tout en affirmant la nécessité d'augmenter les capacités d'accueil de l'enseignement supérieur, il s'est prononcé pour "des limites" au financement de filières "sans débouchés". "Que des étudiants veuillent persister dans ces filières, c'est, après tout, leur droit. Mais ce n'est pas le rôle de la collectivité de les financer, encore moins de les inciter", a-t-il estimé. Il s'est engagé sur un terrain sensible, celui de la sélection à l'université. Il a suggéré d'instaurer à l'université une "réorientation en fin de premier semestre pour les étudiants dont les résultats seraient insuffisants". L'autre levier par lequel pourrait se faire la réforme est celui de l'autonomie. Selon M. Sarkozy, "il y a là une vraie marge d'amélioration de notre système universitaire". Il propose aux universités qui le souhaitent de les "libérer du carcan administratif, centralisé et inefficace qui pèse sur elles". Dotées d'"un statut d'autonomie réelle", ces universités seraient "libres de créer ou de supprimer des postes", "de choisir leurs enseignants et leurs chercheurs", "de les rémunérer comme elles veulent", de "gérer leur patrimoine immobilier" ou encore "de faire des choix pédagogiques en lien avec leur environnement économique...", a énuméré M. Sarkozy. L'Etat conserverait la main sur les diplômes nationaux et se chargerait d'évaluer l'ensemble des universités. (...) (article du 6 octobre 2006.) § Ségolène Royal et François Hollande ont chargé Me Jean-Pierre Mignard de saisir la justice contre un livre de deux journalistes du "Monde" à paraître le 11 mai, notamment pour "atteinte à l'intimité de leur vie privée". § L 'avocat de Ségolène Royal et de François Hollande, Me Jean-Pierre Mignard, a annoncé, mercredi 9 mai, dans un communiqué que les deux responsables du PS l'ont chargé de saisir la justice après la publication d'extraits d'un livre portant notamment sur les relations du couple. L'ouvrage intitulé La Femme fatale, écrit par Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, journalistes au Monde, doit sortir vendredi 11 mai chez Albin-Michel. Le Nouvel Observateur en a publié les bonnes feuilles mercredi. Le livre évoque notamment une "crise conjugale" au sein du couple qui "prend un tour politique" avant l'investiture de Mme Royal à la candidature à l'élection présidentielle."ATTEINTE À L'INTIMITÉ DE LEUR VIE PRIVÉE" Selon les extraits, l'ami du couple, le député Julien Dray, "passé avec armes et bagages dans le camp Royal", aurait expliqué "discrètement aux journalistes (...) que la crise est désormais ouverte entre Royal et Hollande". "'Ségolène tient une grenade dégoupillée dans la main', assure-t-il. Elle lui a dit : 'Si tu vas chercher Jospin pour me faire barrage, tu ne reverras jamais tes enfants !'", poursuit le livre. Me Mignard, avocat du couple et du Parti socialiste, précise qu'il a été chargé de saisir la justice pour "atteinte à l'intimité de leur vie privée, comme à leur honneur et à leur considération". Contacté par l'AFP, Me Mignard n'a pas souhaité préciser quel passage du livre des deux journalistes serait visé par la procédure qu'il envisage d'engager pour ses clients. § Les étudiants, réunis mercredi en assemblée générale, entendent protester contre les réformes annoncées par Nicolas Sarkozy avant son élection. § E ntre six cents et huit cents étudiants (selon les sources), réunis mercredi 9 mai en assemblée générale à Paris-I Panthéon-Sorbonne, ont voté la grève et le blocage du site de Tolbiac pour protester contre les réformes universitaires annoncées par Nicolas Sarkozy avant son élection. Il suffit de bloquer les ascenseurs des tours de l'université qui donnent accès aux salles de cours pour en interdire tout accès. Selon un membre du syndicat SUD-Etudiants, les revendications des étudiants débordent les seules réformes universitaires et concernent toutes les "réformes antisociales (service minimum, contrat unique, sans-papiers) qui devraient passer pendant l'été". "On va aller dans les TD (travaux dirigés), faire descendre les gens et bloquer les accès", a expliqué un membre de la CNT (Confédération nationale du travail). Durant l'assemblée générale, de nombreux membres du principal syndicat étudiant, l'UNEF, ont fait part de leurs réserves quant à l'hypothèse d'une grève et d'un blocage, alors que Nicolas Sarkozy n'a pas encore accédé à la présidence de la République. Interrogé par le site Internet de LCI, Bruno Julliard, le président de l'UNEF s'est dit "opposé" à cette contestation qu'il juge "contre-productive". "On pense qu'il faut respecter le résultat du suffrage. D'un point de vue démocratique, personne n'a la légitimité de contester ce vote, explique-t-il. On ne peut pas contester une réforme qui n'existe pas. C'est le meilleur moyen de crédibiliser le futur travail des syndicats lors des négociations." François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur, a aussitôt demandé au président de l'université de Paris 1 de "prendre toute mesure pour assurer la liberté d'accès au site et la continuité du service public." Il considère dans un communiqué "comme profondément inadmissible qu'une minorité d'extrémistes, manifestant leur mépris de la démocratie, prétendent s'opposer à la mise en uvre du programme du président de la République". § La nouvelle université sera aussi la plus petite de France : avec seulement, à ce jour, 3 700 étudiants, 50 enseignants-chercheurs et 586 vacataires, elle se situe, par ses effectifs, juste derrière celle de Corte (Corse). § C e pourrait être, en matière d'enseignement supérieur, l'ultime mesure du gouvernement Villepin : un décret paru le 8 mai au Journal officiel crée l'université de Nîmes (Gard). Il s'agit en fait de la transformation d'un centre universitaire de formation et de recherche, dépendant des trois universités de Montpellier et de celle d'Aix-Marseille-III, en université de plein exercice. Cela porte à 85 le nombre d'universités en France. La nouvelle université sera aussi la plus petite de France : avec seulement, à ce jour, 3 700 étudiants, 50 enseignants-chercheurs et 586 vacataires, elle se situe, par ses effectifs, juste derrière celle de Corte (Corse). Sa création avait été annoncée le 5 décembre 2006 par le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien (Le Monde du 7 décembre 2006)."TAILLE CRITIQUE" L'annonce avait surpris, car aucun nouvel établissement n'avait vu le jour depuis la création, en 1995, de l'université de Bretagne-Sud. M. de Robien s'était rendu le 7 décembre sur le campus nîmois, où il avait été accueilli par M. Yvan Lachaud, député (UDF) du Gard. Depuis 1994, M. Lachaud défendait ce projet, dont l'opportunité a été critiquée par la Conférence des présidents d'université (CPU) au motif que la nouvelle structure n'atteint pas la "taille critique" permettant de garantir une visibilité et une attractivité suffisantes. Selon le vice-président de la CPU, M. Jean-Pierre Finance, le "travail en cours" avec le ministère "va au contraire dans le sens du regroupement et de la mutualisation des moyens", notamment à travers les PRES (pôles de recherche et d'enseignement supérieur). Pour l'UNEF, la création de l'université doit beaucoup à la "proximité politique" entre le député du Gard et le ministre de l'éducation. M. Lachaud a pour sa part fait valoir que cette structure, "vouée à des formations à visée professionnelle, permet d'accueillir sur place 42 % d'étudiants boursiers" et que sa transformation en université a été approuvée par le Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche). Offrant actuellement 6 licences et 4 masters professionnels, la nouvelle université souhaite atteindre d'ici cinq ans 5 000 étudiants et poursuivre son développement dans quatre secteurs : sécurité nucléaire, bio-ingénierie, transfert d'images et arts appliqués. Son intégration est prévue au futur PRES du Languedoc-Roussillon. § Le SNES-FSU, majoritaire dans le second degré, avait devancé l'échéance en annonçant pour le 23 mai, d'une journée d'action, marquée par une manifestation à Paris. § L es réactions dans le milieu de l'éducation à l'élection de Nicolas Sarkozy oscillent entre l'inquiétude, l'expectative et la mise en garde. La campagne "a donné lieu à des évocations souvent caricaturales et outrancières de l'école. (...) Si elles devaient se traduire en actes, nous serions de nouveau confrontés à de très graves reculs", souligne Luc Bérille, secrétaire général du SE-UNSA, en prévenant qu'il "fera face". Le SNES-FSU, majoritaire dans le second degré, avait devancé l'échéance en annonçant, dès le 3 mai, l'organisation, le 23 mai, d'une journée d'action, marquée par une manifestation à Paris, pour "interpeller le nouveau ministre de l'éducation". Le SNES veut "mettre la pression sans attendre" parce que la rentrée "se prépare très concrètement en ce moment" et parce que "la nouvelle équipe ne perdra pas de temps pour annoncer une série de mesures". Sans contester la "légitimité" de M. Sarkozy, le SNES estime que ses propres revendications "ne sont pas frappées d'illégitimité"."S'OPPOSER AUX ATTEINTES AU DROIT DE GRÈVE" D'autres syndicats pourraient s'associer à cet avertissement. La FSU a lancé, lundi 7, un appel pour que les organisations syndicales se rencontrent. Elle déclare vouloir "s'opposer aux atteintes au droit de grève" et "continuer à se mobiliser en solidarité avec les élèves, les jeunes et les familles sans papiers". Contrarié par le fait que le SNES a "fixé tout seul" cette échéance, le SE-UNSA a néanmoins l'intention de proposer à ses "partenaires de l'intersyndicale" de retenir la même date du 23 mai. Il met l'accent sur les dossiers les plus urgents à ses yeux, notamment "l'abrogation" du décret Robien sur les décharges horaires. Comme le SNES, le SE réclame un collectif budgétaire pour l'éducation. Se plaçant sur un autre terrain, le Snalc-CSEN (environ 10 % des professeurs des collèges et lycées d'enseignement général) appelle d'abord "le nouvel élu à changer radicalement la politique éducative de la France", et à rompre avec "l'idéologie égalitariste" du collège unique. Mais il rejoint les autres syndicats en soulignant que la "promesse" de suspendre "les récents décrets" doit "être appliquée dans des délais très brefs". § L'opinion africaine accueille avec inquiétude l'élection du prochain président français, mais ceux dont les relations avec Paris étaient mauvaises sous M. Chirac espèrent la "rupture". § L es présidents algérien, gabonais et sénégalais ainsi que le roi du Maroc ont été parmi les premiers à féliciter Nicolas Sarkozy. Mais le choix des Français soulève des inquiétudes dans l'opinion africaine, reflétées par la presse. A entendre Omar Bongo, président du Gabon depuis 1967, c'est le prochain président français lui-même qui l'a appelé dimanche 6 mai au soir : "Nicolas Sarkozy m'a dit simplement : "Merci pour certains de tes conseils", et je lui ai dit : "Félicitations pour m'avoir compris, parfois"", a déclaré M. Bongo, mardi 8 mai, sur Radio France internationale. D'Alger, Abdelaziz Bouteflika a félicité "l'homme de coeur et d'action". Pourtant, quelques jours plus tôt, son premier ministre avait fustigé, en M. Sarkozy, "l'homme qui veut réhabiliter l'OAS". Et lundi, sous le titre "La France qui recule", le quotidien El Watan écrivait : "L'image forte dans le monde d'une France démocratique et humaniste va prendre un coup terrible avec Nicolas Sarkozy." Particulièrement empressé, le "libéral" Abdoulaye Wade a fait savoir depuis Dakar qu'il avait téléphoné au futur chef de l'Etat français dimanche dès 19 h 45. Pourtant, la presse sénégalaise n'est pas tendre. Même le quotidien progouvernemental Le Soleil estime que "les masses populaires africaines considèrent (M. Sarkozy) comme le ténor d'une France (...) opposant sans cesse un refus crispé au continent noir". Un ton au-dessus, Le Quotidien constate "l'aboutissement d'une entreprise de droitisation outrancière et raciste de la vie politique française". Qualifiant souvent de "paradoxe" le fait qu'un "fils de Hongrois" ait été élu en promettant de lutter contre l'immigration, la presse africaine exprime la crainte que "les relations, (...) caractérisées sous Chirac par une véritable chaleur humaine, changent de perspective" (Sud, Dakar). M. Sarkozy "ne voit en l'Afrique que l'immigration qui fait mal à la France" mais "ignore tout ce que l'Afrique apporte à la France et à la francophonie", regrette Le Potentiel de Kinshasa (République démocratique du Congo). "AMIS ET TOUTOUS DE LA FRANCE" Avec son "parler vrai", la presse se demande cependant si M. Sarkozy peut changer les rapports franco-africains. En Côte d'Ivoire, des journaux voient dans l'élection française un revers pour le président Gbagbo, dont le parti est affilié à l'Internationale socialiste, tout en espérant que la "rupture" annoncée permettra un renouveau des relations franco-ivoiriennes, exécrables sous Jacques Chirac. "Les appuis aux "amis et toutous de la France" ne seront plus systématiques", espère Nord-Sud, mais "Sarkozy arrivera-t-il à briser cette image de la France (de Chirac), amie des régimes corrompus ?" Souvent perçu comme franc mais teinté de cynisme, le discours de M. Sarkozy fait cependant espérer "une rupture avec le paternalisme" qui "pourrait forcer les dirigeants africains à se prendre en main", suggère Madiambal Diagne, patron du Quotidien de Dakar. Lorsqu'il était ministre de l'intérieur, M. Sarkozy est souvent venu "prendre des conseils" auprès du roi Mohammed VI. Pourtant, contrairement à M. Chirac, habitué du royaume, M. Sarkozy a choisi l'Allemagne et non le Maroc pour sa première visite à l'étranger. § Le président élu, participera, jeudi, au côté de Jacques Chirac, à la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage et de la traite négrière. Le refus de la "repentance" par M. Sarkozy diffère du "devoir de mémoire" chiraquien. § N icolas Sarkozy, le président élu, participera, jeudi 10 mai, au côté de Jacques Chirac, à la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage et de la traite négrière. Le même Nicolas Sarkozy n'a pourtant eu de cesse de dénoncer le "mode exécrable" de la "repentance", qui "exige des fils qu'ils expient les fautes supposées de leurs pères et de leurs aïeux". Une pierre dans le jardin de M. Chirac, qui a fait du "devoir de mémoire" une constante de ses deux mandats. "La présence, importante, de M. Sarkozy à la commémoration de l'abolition de l'esclavage, est tout à fait symbolique de l'esprit qu'il veut donner à sa présidence. Pour lui, il n'y a qu'une histoire de France qu'il faut savoir regarder sans sombrer dans la repentance : on peut commémorer sans se flageller", soutient Yves Jego, instigateur, au sein de l'UMP, du Cercle de la diversité républicaine. Pour lui, "la rupture (avec M. Chirac) se joue davantage sur le modèle économique et social, sur les rapports de la France aux autres, que sur la mémoire historique". Secrétaire nationale de l'UMP chargée de la francophonie, Rama Yade, émanation des "minorités visibles" proche du futur président, explique l'insistance de M. Sarkozy à dénoncer la repentance "par son amour de la France. Pour lui, insiste-t-elle, si l'on hait la France, on se renie en tant que Français. Il veut rassembler le pays autour de cette idée". Dans les discours de M. Sarkozy, le thème de la repentance est, de fait, toujours associé à "la détestation de soi", au "communautarisme", à la "concurrence des mémoires". "DISQUALIFIER L'HISTOIRE" Aux yeux de nombreux historiens, cela conduit cependant à une vision réductrice de l'histoire de France. "L'anti-repentance est une grille de lecture pour repenser l'histoire de France. M. Sarkozy veut construire une vision globale de l'Histoire de France, en gommant toutes ses aspérités, en laissant dans l'ombre la complexité des événements, les rapports de pouvoirs, les luttes sociales qui les ont forgés. Cela permet de ramener l'identité nationale à une essence, alors même qu'elle est en construction permanente", juge Nicolas Offenstadt, vice-président du Comité de vigilance face aux usages publics de l'Histoire (CVUH), collectif d'historiens créé au moment de la polémique sur la loi du 23 février 2005. Pour lui, "l'anti-repentance s'inscrit dans le prolongement du discours sur le rôle positif de la colonisation" inscrit dans cette loi. Pour Emmanuelle Saada, historienne travaillant sur les thèmes de la colonisation, de l'immigration et de l'identité, "cette présentation des mémoires comme étant toujours dans l'affrontement, la confrontation au profit d'une histoire consensuelle, est un déni de l'histoire. C'est une façon de disqualifier, de nier l'histoire de nombre de personnes, qui a pourtant été fondamentale dans l'histoire de France". "Les discours de M. Sarkozy pousse les Français dans une attitude de dénégation de pans entiers de l'histoire", appuie le sociologue du métissage créole, Michel Giraud, qui souligne l'attente pourtant forte de toute une partie de la population à aborder sereinement toutes les facettes de l'histoire. "La demande qui s'exprime n'est pas un appel à la repentance, ne consiste pas à ce que la France batte sa coulpe. S'exprime, en revanche, un besoin culturel et social de comprendre et de savoir, qui ne relève pas d'un mouvement idéologique", confirme Françoise Vergès, politologue, auteur de "La mémoire enchaînée, question sur l'esclavage". Et d'insister : "Répondre à cette demande d'une histoire partagée où chacun puisse se reconnaître contribue à l'apaisement et non à l'affrontement." § La droite a enregistré des scores médiocres dans de nombreuses villes, qui pourraient menacer des fiefs à un an des municipales de mars 2008, même si les enjeux locaux dominent dans ce type de scrutin. § V ictorieuse à la présidentielle, la droite a enregistré des scores médiocres dans de nombreuses villes, qui pourraient menacer des fiefs UMP et UDF à un an des municipales de mars 2008, même si les enjeux locaux dominent dans ce type de scrutin. Ségolène Royal a enregistré d'excellents scores qui inquiètent Jean-Pierre Raffarin (UMP). A Bordeaux, la candidate PS réalise 55,54 % des voix. Elle arrive même en tête dans la circonscription législative du maire (UMP) Alain Juppé. L'Aquitaine a connu une vague rose qui pourrait inquiéter Xavier Darcos, maire (UMP) de Périgueux (Dordogne), où Mme Royal obtient 54,54 %. En Auvergne, Clermont-Ferrand a voté massivement pour la socialiste (57,43 %), ce qui rend difficile une éventuelle candidature de Brice Hortefeux, proche de M. Sarkozy, à la mairie en 2008. En Normandie, Mme Royal obtient 55,6 % des voix à Caen, ce qui peut laisser espérer à la gauche une reconquête de la ville, actuellement dirigée par l'UMP Brigitte Le Brethon. En Midi-Pyrénées, la candidate socialiste a réalisé de bons scores dans au moins trois villes dirigées par la droite : Cahors (59 %), Tarbes (56,55 %) et Albi (54,29 %). En outre-mer, Mme Royal arrive en tête à Saint-Denis de la Réunion (56,51 %), dirigée par l'UMP René-Paul Victoria. L'ancien maire (PS) Gilbert Annette peut espérer reconquérir son fauteuil en 2008. La vague bleue a touché quelques fiefs de gauche, notamment dans le Nord. M. Sarkozy obtient 52,3 % des suffrages à Dunkerque, la ville de Michel Delebarre. Il atteint 51,14 % à Belfort, fief de Jean-Pierre Chevènement. LA PLUPART DES VILLES UDF ONT VOTÉ MAJORITAIREMENT POUR MME ROYAL La plupart des villes UDF ont voté majoritairement pour Mme Royal, même lorsque leur maire avait pris position pour Nicolas Sarkozy, comme c'est le cas à Blois, où Nicolas Perruchot avait appelé à voter, entre les deux tours, pour le candidat de l'UMP. Mme Royal y obtient 50,57 % des voix. Elle réalise 53,9 % à Rouen, la ville de Pierre Albertini, 54,5 % à Amiens, chez Gilles de Robien, 54 % des voix à Angoulême, chez Philippe Mottet (ex-UDF). En Seine-Saint-Denis, Drancy, la ville de l'UDF Jean-Christophe Lagarde, donne une courte avance au PS (52,53 %). Cette situation peut laisser prévoir des alliances inédites avant les municipales. A Lyon, Nicolas Sarkozy arrive en tête (53,08 %), mais son adversaire l'emporte dans cinq arrondissements sur neuf. A Paris, où M. Sarkozy l'emporte de 3 838 voix sur Mme Royal, la bataille des municipales se jouera essentiellement dans le 12e : la candidate PS le devance d'une courte tête dans cet arrondissement. Si la gauche le conserve, elle a toutes les chances de garder la majorité à l'Hôtel de Ville. Pour la conquérir, l'UMP a intérêt à conserver le siège de député de la huitième circonscription qui recouvre quasiment l'ensemble du 12e. Le député sortant Jean de Gaulle ne se représente pas. M. Sarkozy a jusqu'au 18 mai, date limite de dépôt des investitures, pour désigner le ou la candidate UMP. Le nom de Jean-Louis Borloo a longtemps circulé. S'il n'était pas candidat aux législatives, il pourrait l'être aux municipales.