Environnement
La géothermie a bonne mine
On a cessé d’en extraire le minerai. Et si on puisait de la chaleur dans les mines abandonnées du Québec?
par Joël Leblanc
Le 26 février 2007 – Depuis le XVIIIe siècle, les géologues savent que l'intérieur de notre planète est chaud. Dans l'épaisseur du manteau, une activité nucléaire soutenue génère de la chaleur et maintient la roche à des températures de plusieurs milliers de degrés Celsius. C'est là une source d'énergie faramineuse que les humains auraient tout intérêt à exploiter, selon Jasmin Raymond, étudiant au doctorat en géologie à l'Université Laval, à Québec. «L'énergie géothermique est continue, fiable et renouvelable, dit-il. Et, surtout, elle est propre car elle n'émet aucun gaz à effet de serre.»
En théorie, il est assez simple de tirer cette énergie des entrailles du globe. Il faut d'abord des puits profonds de plusieurs centaines de mètres, car plus on s'enfonce dans la croûte terrestre, plus les roches sont chaudes. Lorsqu’on envoie de l'eau au fond de ces puits, elle acquiert une partie de cette énergie et se réchauffe. Il suffit alors de pomper cette eau en surface pour puiser en même temps l'énergie thermique qu'elle contient.
Des tas de puits existent déjà au Québec. «Il y a ici plus de 160 mines qui ne sont plus en activité et qui pourraient servir de sources de chaleur, affirme Jasmin Raymond. Même les plus modestes ont leur potentiel géothermique.» Et en prime, elles sont déjà pleines d'eau!
L'étudiant chercheur a mené des essais à l'ancienne mine de cuivre de Murdochville, en Gaspésie, fermée depuis 1999. Son réseau de galeries souterraines, maintenant inondé, s’enfonce à 600 mètres de profondeur. «Dans ce secteur de la Gaspésie, on gagne 1,1°C à chaque tranche de 100 mètres vers le centre de la Terre. Dans la partie la plus profonde, la température de l’eau est de 9°C, alors qu'elle est de 4 à 5 degrés en surface.»
En pompant ces eaux profondes, on peut en soutirer la chaleur grâce à des thermopompes. Une fois sa température redescendue à 4 degrés, on rejette cette eau afin qu’elle s'infiltre dans le sol où elle sera à nouveau réchauffée en profondeur. La chaleur obtenue, elle, peut alors servir à chauffer des habitations.
Jasmin Raymond a calculé ce qu’il en coûterait pour chauffer de la sorte tous les bâtiments du parc industriel de la ville de Murdochville, soit 14 000 m2 de plancher. «L'énergie nécessaire pour pomper l'eau et en extraire la chaleur atteindrait environ 1,1 million de kilowatt-heures sur une base annuelle, soit le tiers des 3 millions de kWh actuellement nécessaires. Le chauffage serait donc trois fois moins cher, ce qui représenterait des économies de 140 000 $ par an.»
Le chercheur soupçonne que les mines abandonnées qui dorment dans la province, et ailleurs sur la planète, offrent toutes un potentiel géothermique intéressant. L'énergie éolienne a le vent dans les voiles. Et si on creusait la filière géothermique?
par Joël Leblanc
Le 26 février 2007 – Depuis le XVIIIe siècle, les géologues savent que l'intérieur de notre planète est chaud. Dans l'épaisseur du manteau, une activité nucléaire soutenue génère de la chaleur et maintient la roche à des températures de plusieurs milliers de degrés Celsius. C'est là une source d'énergie faramineuse que les humains auraient tout intérêt à exploiter, selon Jasmin Raymond, étudiant au doctorat en géologie à l'Université Laval, à Québec. «L'énergie géothermique est continue, fiable et renouvelable, dit-il. Et, surtout, elle est propre car elle n'émet aucun gaz à effet de serre.»
En théorie, il est assez simple de tirer cette énergie des entrailles du globe. Il faut d'abord des puits profonds de plusieurs centaines de mètres, car plus on s'enfonce dans la croûte terrestre, plus les roches sont chaudes. Lorsqu’on envoie de l'eau au fond de ces puits, elle acquiert une partie de cette énergie et se réchauffe. Il suffit alors de pomper cette eau en surface pour puiser en même temps l'énergie thermique qu'elle contient.
Des tas de puits existent déjà au Québec. «Il y a ici plus de 160 mines qui ne sont plus en activité et qui pourraient servir de sources de chaleur, affirme Jasmin Raymond. Même les plus modestes ont leur potentiel géothermique.» Et en prime, elles sont déjà pleines d'eau!
L'étudiant chercheur a mené des essais à l'ancienne mine de cuivre de Murdochville, en Gaspésie, fermée depuis 1999. Son réseau de galeries souterraines, maintenant inondé, s’enfonce à 600 mètres de profondeur. «Dans ce secteur de la Gaspésie, on gagne 1,1°C à chaque tranche de 100 mètres vers le centre de la Terre. Dans la partie la plus profonde, la température de l’eau est de 9°C, alors qu'elle est de 4 à 5 degrés en surface.»
En pompant ces eaux profondes, on peut en soutirer la chaleur grâce à des thermopompes. Une fois sa température redescendue à 4 degrés, on rejette cette eau afin qu’elle s'infiltre dans le sol où elle sera à nouveau réchauffée en profondeur. La chaleur obtenue, elle, peut alors servir à chauffer des habitations.
Jasmin Raymond a calculé ce qu’il en coûterait pour chauffer de la sorte tous les bâtiments du parc industriel de la ville de Murdochville, soit 14 000 m2 de plancher. «L'énergie nécessaire pour pomper l'eau et en extraire la chaleur atteindrait environ 1,1 million de kilowatt-heures sur une base annuelle, soit le tiers des 3 millions de kWh actuellement nécessaires. Le chauffage serait donc trois fois moins cher, ce qui représenterait des économies de 140 000 $ par an.»
Le chercheur soupçonne que les mines abandonnées qui dorment dans la province, et ailleurs sur la planète, offrent toutes un potentiel géothermique intéressant. L'énergie éolienne a le vent dans les voiles. Et si on creusait la filière géothermique?