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Les 100 qui font bouger le Sénégal

Vie économique

par Brigitte Breuillac, mis à jour le 15/12/2003 - publié le 27/01/2000

Industrie

Idrissa Seydi

Idrissa Seydi est un homme discret. Nulle forfanterie dans sa bouche quand il énumère les entreprises qui constituent aujourd'hui son empire industriel, de la production de piles électriques au négoce du bois, de la Biscuiterie de la Médina, gérée par sa femme, à... la Générale alimentaire malienne. S'il préside également la SGBS, une banque dont la Société générale est actionnaire, c'est la ferme de Niacourab, près de Dakar, où, fidèle à la tradition, il élève des troupeaux de vaches, qui est la plus chère au cœur de ce Peul. Passionné par les animaux, Idrissa Seydi ne perd pas de vue la rentabilité, s'attachant à croiser vaches européennes et cheptel local, afin d'accroître la production de lait.

Industrie

Pierre Kama

Il a vu naître et grandir les Industries chimiques du Sénégal; il en est le patron depuis 1981. Même si, reconnaît-il lui-même, «le père des ICS, c'est Diouf». L'Etat détient, il est vrai, 42% du capital de la plus grande entreprise sénégalaise, qui exploite les riches mines de phosphate du pays. Construite avec l'apport de sociétés indiennes, aujourd'hui principales acheteuses d'acide phosphorique, l'entreprise est, avec ses exportations d'engrais, la première source de devises du pays. Ce dont tire fierté Pierre Kama, qui fut, avant de prendre les rênes des ICS, le conseiller économique du Premier ministre Diouf.

Mansour Cama

Président de la Sénégalaise des eaux (dont l'actionnaire majoritaire est une filiale du groupe Bouygues) et de la Société sénégalaise d'investissements, un groupe exerçant principalement ses activités dans la transformation des produits de la mer, Mansour Cama est aussi le pré- sident de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal. Le patron des patrons sénégalais est un ami d'Abdou Diouf. Mais attention! si avec son frère, le patron des Industries chimiques, il accueille le chef de l'Etat, accompagné d'une importante délégation, pour un déjeuner au Laguna Beach, dont il est actionnaire, c'est bien «une marque d'amitié» et non un geste politique qu'il faut y voir.

Donald Baron

Donald Baron est un toubab, autrement dit un Blanc. Arrivé au Sénégal au lendemain de l'indépendance, il a fait carrière dans l'agroalimentaire, devenant ainsi le patron du groupe Sentenac. Il produit farine, pâtes, aliments pour animaux ou haricots verts... Mais le fleuron de sa fabrication est le concentré de tomates, un ingrédient de base de la cuisine sénégalaise, dont la publicité n'est plus à faire. Les enfants qui mendient dans les rues de Dakar utilisent même comme sébile la boîte de conserve vide. Président du Spids, un groupement professionnel, et vice-président du Conseil national du patronat, ce Français est amené à collaborer fréquemment avec le gouvernement. L'an dernier, c'était pour défendre les intérêts des entreprises sénégalaises au sommet de l'OMC.

Aliou Sow

Ce sont, dit-il, les aléas de la vie qui l'ont amené à créer une entreprise de BTP. Aliou Sow est tout de même ingénieur en travaux publics et a été, durant dix ans, cadre à la Shell, avant de partir, en 1970, à la conquête des marchés sénégalais puis étrangers. Car la CSE, la Compagnie sénégalaise d'entreprises, qui construit des routes, des bâtiments publics..., s'est vite transformée en Compagnie sahélienne d'entreprises. Aliou Sow a aussi pris des participations dans d'autres sociétés. Mais il préfère maintenant se recentrer sur ses activités de base. Face à la concurrence étrangère, surtout française, il dispose d'une carte sûre. Son fils Oumar, après avoir décroché un MBA aux Etats-Unis, est devenu son adjoint.

Jean-Claude Mimran

Le patron du groupe Mimran est résident en Suisse, mais c'est au Sénégal que sont concentrées bon nombre de ses activités. Il y a Les Grands Moulins de Dakar et surtout la Compagnie sucrière sénégalaise, deuxième employeur après l'Etat, qui produit du sucre à partir de la canne cultivée dans le nord du pays. Mais Jean-Claude Mimran ne se contente pas de gérer les entreprises créées par son père avant la guerre. Egalement implanté dans le secteur bancaire, le groupe Mimran, qui appartient à Jean-Claude et à ses deux frères, possède des sociétés basées à Monaco vouées au négoce de céréales et au transport maritime en Afrique de l'Ouest. Aujourd'hui, Jean-Claude Mimran voudrait aussi entrer dans le capital de TV 5.

Fayçal Sharara

Fait rare, ce Sénégalais d'origine libanaise est capitaine d'industrie. Et associé à des Sénégalais de souche dans les deux importantes sociétés qu'il dirige. Ce patron de la filière pêche détient 30% des parts dans Amerger Casamance et les Pêcheries frigorifiques du Sénégal, où les frères Kama sont majoritaires. Autre signe que Fayçal Sharara a pleinement réussi son intégration, il est vice-président de la Cnes, une organisation patronale. Alors que la communauté libanaise est assez refermée sur elle-même, cet «immigré de la deuxième génération» revendique sa «sénégalité», fondée sur le partage de valeurs communes. Et milite pour la cause de l'intégration dans L'Alliance, une association dont il est le président.

Omar Guèye

Ce patron de 35 ans fait partie de la nouvelle génération de Sénégalais, formée aux Etats-Unis au monde de l'entreprise. Après ses études, il y a travaillé comme ingénieur production et n'a accepté de revenir au Sénégal pour intégrer la société métallurgique de son père qu'à une condition: que le clan familial laisse fonctionner la Sosetra de manière professionnelle. Le jeune directeur ne manque pas de projets. Pour réduire les importations de matières premières nécessaires à la fabrication des fers à béton, la principale activité de la Sosetra, il a décidé de récupérer de la ferraille et de la transformer dans une nouvelle unité sidérurgique. Avec ces capacités de production accrues, Omar Guèye ambitionne de conquérir le marché de la sous-région et, ensuite, de traiter le minerai de fer gisant dans les mines du Sénégal.

Nouvelles technologies

Amath Bâ

Spécialisée dans la saisie graphique et numérique, Alphacad, la société que dirige Amath Bâ, a vu le jour en 1997 afin de répondre à la demande de collectivités locales françaises qui voulaient transférer sur support informatique les plans des bâtiments publics, tout en en minimisant le coût. Les opérateurs d'Alphacad reprennent les structures des bâtiments, le travail le plus long, et réexpédient par Internet les plans, qui sont finalisés en France. Mais, à 39 ans, Amath Bâ est un commercial qui vise d'autres marchés, comme celui du réseau téléphonique au Sénégal. Et il reste le président de Rezo, un club destiné à fournir des outils d'information aux cadres et aux dirigeants d'entreprise.

Architecture

Pierre Goudiaby

Le siège de la Banque centrale d'Afrique de l'Ouest, à Dakar et, bientôt, une tour de bureaux de 33 étages, l'aéroport de Banjul, en Gambie, ou le centre de conférences de la capitale équato-guinéenne font partie de ses œuvres maîtresses. Cet architecte de 52 ans, qui n'hésite pas à parler de «feu mon ami Mobutu», a des relations dans les hautes sphères du pouvoir en Afrique. Avec son «ami» Diouf, il s'entretient du conflit en Casamance. Originaire de la région, il s'efforce en effet de participer au processus de paix sans pour autant négliger ses affaires. Atépa Technologies, sa société d'ingénierie financière, technique et immobilière, prospère et voit loin. Elle est actionnaire de la Bourse d'Abidjan.

Commerce

Adja Dior Diop

Adja Dior Diop s'est lancée dans le commerce en 1964. A force de ténacité, elle a réussi à se rendre en Europe, puis en Asie du Sud-Est, pour faire de l'import-export. Sans diplôme, mais décidée à travailler, elle s'est imposée dans l'informel, ce pan de l'économie où les affaires se traitent en marge du cadre légal. Si, aujourd'hui, elle continue d'acheter en Asie des textiles et des ustensiles de cuisine, elle dirige aussi une entreprise de BTP, une vraie société enregistrée! Cette dioufiste hyperactive a une âme de militante. Avec l'Association des femmes d'affaires et commerçantes, elle défend les intérêts des femmes qui travaillent comme elle dans l'informel.

Dame Ndiaye

Il incarne la génération de ces commerçants qui se sont imposés après l'indépendance, de ces baol-baol qui mènent leur chemin tout seuls. Sans un parchemin en poche mais avec un solide sens des affaires, Dame Ndiaye a sillonné l'Afrique de l'Ouest, puis l'Europe et l'Asie, important des chaussures, du riz, des tissus et ouvrant des magasins à Dakar... Le secteur de l'informel est souvent fait de patrons qui, comme lui, ne se cassent pas la tête à tenir une comptabilité. Il a aussi son syndicat, l'Unacois. Il l'a créé en 1989 pour se défendre face aux pouvoirs publics. Et il vient d'en reprendre la présidence à l'arraché. Entre commerçants, tout ne se passe pas toujours à l'amiable.

Serigne Mboup

«Dans l'informel, on peut gagner de l'argent, mais on ne peut pas réaliser quelque chose de grand.» A 33 ans, Serigne Mboup est un des rares commerçants de Sandaga, à Dakar, à l'avoir expérimenté. CCBM, le Comptoir commercial Bara Mboup, créé par son père, prospérait. Mais, pour le développer, Serigne Mboup a sauté le pas. Il est sorti du secteur informel. Aujourd'hui, le groupe CCBM fait du commerce de produits alimentaires et de matériel électronique, et comprend aussi des unités industrielles. Il produit du lait en poudre, des détergents, assemble des cuisinières à gaz. Et, dans quelques mois, ouvrira à Sandaga un centre commercial de 130 magasins. Maintenant, Serigne Mboup peut faire les choses en grand.

Banque

Amadou Kane

Ce banquier de 45 ans a suivi des études à Paris, où il a travaillé avant de rejoindre la Banque ouest-africaine de développement, au Togo. Après quatorze ans passés à l'étranger, Amadou Kane est revenu au Sénégal pour que ses enfants connaissent «leurs racines». Depuis qu'il a pris, en 1996, la direction de la Bicis (Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Sénégal), les résultats de cet établissement ont nettement progressé. Et la Bicis a orchestré la plus grosse privatisation dans le pays, celle de la Sonatel, la société nationale de télécommunications.

Télécommunications

Cheikh Tidiane Mbaye

Voici un quadra qui gagne. Prépas au lycée Janson-de-Sailly, dans le XVIe arrondissement, puis, toujours à Paris, l'Ecole supérieure des télécommunications... Cheikh Tidiane Mbaye commence à travailler en 1983 à l'OPT (les PTT sénégalaises). Cinq ans plus tard, il devient directeur général de la Sonatel. Il n'a alors que 31 ans. Depuis, ça va pour lui. La Sonatel, qui a réussi sa privatisation et dont l'action est bien cotée à la Bourse régionale d'Abidjan, est devenue le premier opérateur de télécoms de la région. Et a fortement contribué au développement du réseau Internet et du téléphone cellulaire au Sénégal.

Institutions

Youssoufa Wade

Le président du Conseil national du patronat (CNP) est un Sénégalais qui a travaillé près de quarante ans pour des entreprises étrangères. En soi, cela n'a rien d'étonnant, puisque bon nombre d'entreprises affiliées à cette organisation patronale par le biais de groupements professionnels sont des sociétés à capitaux étrangers. Après Shell, puis la Sapal (une filiale de Saupiquet), Youssoufa Wade est devenu PDG d'une conserverie de thon. Mais il a maintenant abandonné cette activité et consacre tout son temps au CNP, qui est, dit-il, «l'interlocuteur privilégié du gouvernement pour tout ce qui touche à l'environnement de l'entreprise». Une façon de laisser entendre que la Cnes, l'autre organisation patronale, qui regroupe des sociétés sénégalaises, a moins de poids que le CNP.

Nouvelles technologies

Alex Corenthin

Si le Sénégal est «branché» depuis 1996, il le doit en grande partie à cet informaticien. Avec le département informatique qu'il dirigeait à l'Ecole supérieure polytechnique et l'Orstom, il s'est démené pour que son pays soit connecté à Internet. Et il a pris en charge la gestion du réseau des réseaux, qui connaît une belle expansion aujourd'hui au Sénégal. Outre les chercheurs de l'université, les premiers utilisateurs visés, les commerçants du secteur informel se servent du Web pour passer leurs commandes. Enseignant de métier, Alex Corenthin a fait de la formation une de ses priorités. Et, là aussi, la réussite a été au rendez-vous: le Sénégal est devenu un centre d'expertise pour toute l'Afrique de l'Ouest.

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