Fabula, la recherche en littérature (appels)

Entre sens et signification

Appel à contribution

Information publiée le dimanche 20 novembre 2005 par Camille Esmein (source : Dominique Verbeken)

Date limite : 5 mars 2006

Entre sens et signification :

Dès que l'on aborde les études sémantiques, on se trouve confronté, à un moment ou à un autre, au problème du co(n)texte . Trois attitudes semblent se dessiner actuellement en linguistique.

La première est de considérer, comme le fait Mel'uk par exemple, que les études du sens d'une unité linguistique doit être envisagées indépendamment du co(n)texte. Les études sémiques de Pottier proposent de découvrir le sens par le repérage d'unités ultimes de signification contenues dans le mot : les sèmes . Le contexte est complètement ignoré. De ce fait, le sens apparaît comme un bloc homogène et indépendant. Cette position est de plus en plus contestée.

Cette seconde position pose que le sens sémantique (« signification » selon la terminologie de Ducrot) est premier et que le sens pragmatique (« sens » pour Ducrot) est second. En d'autres mots, l'élément linguistique possède une signification première qui se modifie sous l'action du co(n)texte. Le co(n)texte joue le rôle d'un filtre qui sélectionne un travers un nombre limité de significations, le sens de l'élément linguistique. Cette position qui a donné lieu à des théories que l'on pourrait regrouper sous l'étiquette « thèse du filtrage contextuel » est aussi contestée. Cet « étapisme » accorde la part belle à la sémantique et considère que le sens (pragmatique) est un sens additionnel ou encore émotif (par opposition à descriptif). Ce point de vue, comme le précédent cherche à établir l'existence d'un invariant sémantique qui serait la valeur commune à toutes les occurrences.

La troisième position montre qu'il existe des interactions entre la signification et le sens. Des recherches dans cette direction ont déjà été menée et présentent des résultats stimulants. François Rastier, depuis plusieurs années, développe une théorie (sous le titre « sémantique interprétative » ou « sémantique textuelle ») qui place la situation de communication au centre des recherches. L'école de Genève regroupée autour de Jacques Moeschler développe un point de vue légèrement différent issu de la théorie de la Pertinence de Dan Sperber et Deidre Wilson. Oswald Ducrot et Jean-Claude Anscombre ont développé une théorie passionnante à partir des propositions de John L. Austin et de John Searle. La liste des chercheurs est longue et nous n'avons malheureusement pas la place de les citer tous.

Les débats sont encore vifs entre les partisans de la seconde position et ceux de la troisième. Chacun défend âprement son terrain.

A travers ce colloque, il s'agira de considérer l'apport de la pragmatique à l'étude du sens. L'union de ces deux sous-disciplines (sémantique et pragmatique) ne s'est pas faite sans douleur. Si la pragmatique semble avoir apporté des progrès indéniables à l'étude du sens, elle a aussi créé de nouvelles difficultés. Des bilans peuvent déjà être tirés et l'articulation sémantique-pragamatique redéfinie.




Thématique :
Nous invitons toutes les personnes intéressées à soumettre des résumés qui
portent sur un problème concernant non pas la sémantique ou la pragmatique en tant que disciplines autonomes mais l'articulation de ces deux disciplines. Plusieurs thèmes peuvent être envisagés.

Les questions abordées pourront concerner des études particulières

la réponse de la pragmatique au problème posé par les études sémantiques des temps verbaux (cf. les travaux de l'école de Genève dirigée par Jacques Moeschler),
la sémantique textuelle comprenant les études sur la thématique, la dialectique, la dialogique, la tactique (cf. les travaux de l'équipe groupée autour de François Rastier),
l'argumentation ou encore les actes du langage (cf. les travaux de Oswald Ducrot et de François Recanati),
la pragmatique lexicale (cf. les travaux de Deirdre Wilson et Robyn Carston),
etc.

ou des problèmes d'ordre épistémologique

la pragmatique appartient-elle au domaine de la linguistique ? (la pragmatique est considérée différemment selon le point de vue européen ou selon le point de vue américain)
Qu'apporte la pragmatique à la sémantique ? (Ne peut-on voir ici un aveu de faiblesse de la part de la sémantique lorsqu'elle se donne pour objectif de décrire le sens ?)
La pragmatique n'apporte-t-elle pas plus de difficultés qu'elle n'en résout ? (si les recherches sur le sens se sont approfondies grâce à la pragmatique, il semblerait que les résultats restent toujours lacunaires),
etc.


La liste des sujets n'est pas limitative.
Le colloque se déroulera dans les locaux de l'Université Catholique, 60 boulevard Vauban à Lille, les 1 et 2 juin 2006.

Conditions de soumission : Les résumés doivent être anonymes. Ils ne doivent pas dépasser deux pages, exemples et indications bibliographiques compris. Ils devront comporter une marge de 2,5 cm au moins sur chaque côté et utiliser une taille de police de
12 points minimum. Les fichiers doivent être envoyés au format RTF ou Word. Les noms et les affiliations doivent être inclus dans le corps du message. Les propositions, qui seront évaluées par un comité de lecture, doivent parvenir au secrétariat de l'Université par courrier électronique à l'adresse suivante : evelyne.maton@icl-lille.fr au plus tard le 5 mars 2006. Les communications retenues devront durer 20 minutes, et seront suivies de 10 minutes consacrées à des questions. L'avis d'acceptation sera envoyé le 16 avril 2006.

Une participation aux frais de 30 euros sera demandée à chaque participant. Cette somme couvrira les deux repas du midi, les pauses, les frais d'envoi, etc.


Responsable : Dominique Verbeken

Url de référence :
http://www.e-cerac.com/index.php?option=com_content&task=view&id=9&Itemid=2

Adresse : Université Catholique de Lille 60 boulevard Vauban BP 109 59016 Lille cedex


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