Le plus grand musicien de jazz de tous les temps n'avait jamais eu l'honneur d'une grande exposition monographique. La Cité de la musique, à Paris, répare l'affront avec l'exposition « We Want Miles ».
Le parcours, chronologique, suit les étapes d'une vie écrite comme un roman. Du prologue à SaintLouis, aux côtés de Charlie Parker, jusqu'à l'épilogue star-système des années 1980. De la claque (sens figuré) reçue en découvrant la faune artistique après-guerre de Saint-Germain-des-Prés au coup de matraque (sens propre) qu'un policier lui asséna un soir d'août 1959, à New York. Du funk au rock, de la douleur d'être catalogué « musicien nègre » aux succès des années Columbia. Au fil de vitrines foisonnantes (un reçu signé MDMotherfucker, des partitions, des trompettes amochées...) et d'une scénographie limpide, on pénètre l'existence et la musique chaotiques d'un géant. Si des prises aux murs permettent de connecter un casque audio, le plus confortable est de s'attarder dans les alcôves ménagées tout au long du parcours où l'on peut écouter des albums en intégralité. En plus d'un propos didactique clair, l'exposition ménage des espaces très esthétiques. Un couloir noir figure le black-out de 1976 à 1980 durant lequel Miles Davis disparut aux yeux du monde. Ailleurs, dans les murs en vinyles se reflètent les photos et vidéos savamment agencées. On surprend le regard de Jeanne Moreau dans Ascenseur pour l'échafaud ou l'entraînement d'un boxeur. Miles Davis s'est inspiré des yeux de la première pour la musique du film de Louis Malle et des mouvements du second pour sa gestuelle scénique, entre précision et improvisation. La grâce et le punch, tout Miles. W
Nos voeux nouveaux
- Tu crois que c'est l'heure ? - Attends, j'appelle l'horloge parlante... Au quatrième top...
publié le : 01-01-2010 00:00
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