Tunisia Today

On se réveille un matin tout en ayant un certain pressentiment. Une intuition qui nous fait craindre un événement futur. Le cours des événements qui s’ensuivent nous prouve si l’on avait tort ou raison. Certains se fient entièrement à leur intuition. D’autres n’y prêtent aucune attention. Et entre les uns et les autres, il y a ceux qui n’ont aucune intuition. A quel rang appartiennent les jeunes ? Se fient-ils justement à leur sixième sens ?

Tunis-Le Quotidien

Pour se soumettre aux exigences du bon sens et suivre la voie de la raison, il faut d’abord avoir beaucoup de réalisme et d’intelligence pratique. La raison est le fruit du savoir et des expériences vécues. Elle s’acquiert avec l’âge. Or, à un jeune âge, les facultés mentales, le développement psychique et intellectuel ne sont  pas consommés. Les jeunes, ne parviennent généralement à s’assumer, à voir plus clair et à raisonner avec cohérence et logique qu’après avoir atteint une certaine maturité. Toutefois, certaines personnes et ce depuis la petite enfance, sont spécialement dotées d’une perception extrasensorielle. Elles ont une capacité naturelle de percevoir ou de comprendre les choses à partir de signes infimes. Elles se fient à leur instinct et les événements futurs leur prouvent la majorité du temps qu’elles n’avaient pas tort. Pourtant cette connaissance est totalement indépendante de la raison. Elle ne répond pas spécialement à une logique ou à une cohérence du raisonnement. Il s’agit de personnes intuitives qui comprennent les êtres et les choses d’emblée par leur sensibilité et ce, sans avoir recours à la raison. Elles sont caractérisées par une appréhension sensible et immédiate de la réalité. Elles ne se fient qu’à ce qu’elles ressentent. L’acquisition des informations chez ces gens passe sans l’utilisation des sens communs. L’intuition peut être considérée comme un aspect supérieur de connaissance qui dépasse le raisonnement fondé sur l’expérience. C’est une connaissance intrinsèque à l’esprit et la forme la plus pure de l’instinct humain. Ces qualités inhérentes à l’esprit permettent à la personne d’avoir une sorte d’avertissement qui la  prévient contre les dangers de l’adversité.  Cela dit, cette voix intérieure qui vient nous prédire un événement et cette intuition qui nous donne la chair de poule et un pressentiment positif ou négatif sont les éléments sur lesquels certains dirigent leur vie. D’autres associent ce sixième sens aux pratiques superstitieuses auxquelles ils ne croient pas…

Moez, élève, 19 ans,  semble faire partie de ces êtres qui n’écoutent qu’une seule voix : celle de leur intuition. « Parfois, tout a l’air de marcher parfaitement, mais un petit quelque chose au fond de moi me dit qu’il va y avoir des pépins. Si je le dis aux autres, ils vont m’accuser d’être un oiseau de mauvais augure. Je préfère garder ce genre de sentiments pour moi pour qu’on ne croit pas que je porte la poisse. Je pense que l’intuition est une qualité surnaturelle qui n’est pas à la portée de tous. Seules les personnes sensibles et ayant un bon cœur peuvent percevoir les choses. Certaines, peuvent avoir des intuitions mais qui restent très loin de la réalité. Or, je peux presque dire que mon sixième sens ne se trompe jamais. La majorité du temps lorsque j’ai la chair de poule, un nœud à l’estomac et des frissons inexplicables, je sais que ce sont des signes pour me prévenir contre un éventuel danger et les événements qui s’ensuivent me prouvent dans la plupart des cas que j’avais bien raison. En outre, il m’arrive de juger les personnes au premier coup d’œil. Lorsque mon “petit doigt“ me dit qu’il ne faut pas faire confiance à cette personne et qu’une intuition me prédit que cette personne est à éviter, je dois suivre mon instinct. Les rares fois où je n’ai pas prêté attention à ce que me dit cette petite voix intérieure j’en ai pris plein la gueule. Et quoi que cela semble déraisonnable, je finis toujours par revenir à ma première intuition. Je me fie entièrement à mon sixième sens et je pense ne pas avoir tort. D’ailleurs je suis une personne extrêmement sensible et je n’utilise ma raison que pour étudier ou pour résoudre un problème », dit-il.

Ahmed, élève, 17 ans, pense que le sixième sens peut parfois se tromper. Le jeune homme croit qu’il vaille mieux ne pas y accorder une importance primordiale. « Un être humain est un ensemble de contrastes. Selon la théorie philosophique du dualisme, l’on doit admettre que l’univers tout entier est formé sur les opposés. Ce système fait l’harmonie des choses et crée un équilibre chez l’être humain. Cela me pousse à dire que nul ne doit se fier entièrement à son intuition sans avoir recours à sa raison. Un raisonnement adéquat est capable de nous servir beaucoup plus qu’une intuition parfois sans aucun fondement. Celui qui sait concilier entre raison et intuition est celui qui réussira le mieux sa vie et qui peut éviter le plus de problèmes possibles. Il arrive que mon sixième sens me prévienne contre un événement qui finit par se concrétiser. Mais il m’arrive également d’avoir l’impression qu’une personne est par exemple digne de confiance et ensuite je me rends compte que je me suis complètement trompé. Certains signes peuvent annoncer qu’il faut craindre les événements futurs. Du coup notre intuition peut nous rendre accablés. Or, il suffit parfois de se débarrasser de ce sentiment négatif pour que tout marche normalement. Je ne nie pas que les intuitions peuvent parfois “voir“ juste, mais il ne faut pas y croire si cela ne répond à aucune logique », dit-il.

Marouane, 18 ans, dit qu’il n’a jamais eu de pressentiment. Il trouve d’ailleurs que le sixième sens est directement lié à la superstition. « Tout ce qui est lié à la prédiction ne doit passer à mon sens, qu’à travers un raisonnement logique et une vision très lucide du déroulement des faits et des événements. Si  la raison n’admet pas ces pressentiments, s’il n’y a aucune justification logique, cela s’inscrit à mon sens dans le cadre des illusions et des errements. Moi, je n’écoute qu’une seule et unique voix : celle de la logique. Je trouve d’ailleurs que c’est le seul moyen de pouvoir diriger mon sort sans risquer de commettre beaucoup d’erreurs », dit-il.

Jassem, élève, 19 ans, a parfois un sixième sens très aigu. Lorsqu’un pressentiment persiste  à lui transmettre un message, il y croit. « Chaque être humain a un sixième sens. C’est un pressentiment naturel qui existe chez chacun d’entre nous. Sauf que certains y prêtent une oreille attentive alors que d’autres s’entêtent à faire la sourde oreille. Je pense que si nous avons ressenti quelque chose d’étrange et d’inexplicable, c’est qu’il doit y avoir quelque chose qui ne tourne pas rond. On ne doit certes pas s’y fier entièrement, mais il vaut mieux être sur ses gardes. Toutefois, il arrive qu’un sixième sens nous mette sur une fausse route. Je me fie donc à ce que je ressens, mais je fais en sorte à faire intervenir la raison. Si mon raisonnement logique va avec ce que j’ai ressenti, je finis par y croire. Mais il m’est arrivé d’éviter certaines personnes juste parce qu’un petit quelque chose n’arrête pas de me lancer un signal d’alarme, mais je me rends compte plus tard que je me suis trompé. Il faut peut-être suivre notre intuition mais sans exagération. Il faut surtout que la raison suive », dit-il.

Rami, élève, 17 ans, dit qu’il faut toujours croire à notre première intuition. « Il arrive que je ne ressente rien du tout et que des événements aient lieu sans que je ne perçoive quoi que ce soit. Mais dans la majorité des cas lorsque je me réveille un matin avec un mauvais pressentiment, cela se confirme dans la journée. Maintenant je me déplace avec des béquilles. Le jour même de l’accident, j’ai eu subitement un nœud dans l’estomac et j’avais une humeur maussade sans raison palpable. L’après-midi, je me suis cassé la jambe ! Il m’arrive également de ne pas accepter une personne même si elle se fait toute gentille. Les jours qui suivent me prouvent toujours que j’ai eu raison de l’appréhender ! La perception extrasensorielle est un don de Dieu. La personne est mise en garde par une force divine et celui qui n’y croit pas manque de foi à mon avis », dit-il.

Abir CHEMLI