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EchoGéo a lu

L’environnement urbain au défi de l’urbanisation

Ouvrage de Patrick Pigeon

Texte intégral

1Le livre offre à la fois une utile synthèse sur l’environnement urbain et une analyse géographique originale par les choix opérés. L’étude est illustrée et référencée de nombreux documents, cartes, schémas, photographies et extraits de textes qui témoignent à la fois d’une riche bibliographie et d’un travail de terrain fourni. Le cas de Colombo et du quartier de Wellawata en témoigne (p. 131). De ce point de vue, l’ouvrage est autant utile aux enseignants qui préparent un cours qu’aux étudiants qui veulent avoir un panorama de la question urbano-environnementale. Agréable à lire, il montre un souci méthodique et didactique par le soin porté aux transitions et une argumentation explicitement construite chapitre après chapitre.

2Le choix argumenté de l’auteur et fil conducteur de l’ouvrage est de définir l’environnement à partir des « mutations intensifiées des peuplements et des milieux physiques » ces mutations relevant en premier lieu de l’urbanisation. Préférant faire un sort à la définition statique de la ville, il insiste délibérément sur les processus et les mutations tout comme dans sa géographie critique des risques (Pigeon, 2003), il abordait ceux-ci par l’endommagement, processus de création de dommages.

3L’analyse trouve un intéressant équilibre dans une géographie urbaine, clairement sociale et politique qui n’oublie pas pour autant les questions physiques liée aux dynamiques naturelles de tout ordre (climatiques, géomorphologique, lithosphérique…) au point de réhabiliter l’intérêt de leur étude et ce dès le premier chapitre.

4Cette première partie est consacrée à circonscrire la notion d’environnement urbain. Après un bilan non exhaustif des définitions existantes, l’auteur montre combien l’environnement est un construit social lié à l’urbanisation et à son intensification contemporaine. Cependant il rappelle avec force l’existence d’un héritage et d’un domaine de l’environnement proprement naturel. L’approche multisclaire de la notion le conduit à distinguer l’environnement urbain, local, de l’environnement de la ville à plus petite échelle.

5Ce dernier est l’objet de la deuxième partie. L’environnement de la ville y est analysé à partir de l’intensification des mobilités et des formes d’approvisionnements de la ville (alimentation, énergie, eau, déchets). Il aboutit à une relecture des rapports urbain/rural notamment à partir des fronts pionniers et des « zones d’ombre », marges urbaines produites de « l’hybridation entre rural et urbain ». L’analyse à petite échelle des mutations bio-climatiques pousse le lecteur à avoir un regard critique sur la question du changement climatique rappelant que si l’homme crée des îlots de chaleur locaux, il existe toujours des « forçages naturels » sur lesquels l’homme n’a pas de prise et qui ont des influences locales. 

6La troisième partie, quant à elle, porte sur les mutations urbaines qui en modifiant l’environnement des villes crée un nouvel environnement urbain. Après avoir fait un bilan également non-exhaustif mais savoureux des néologismes définissant les nouvelles formes urbaines, l’auteur, de manière plus classique, tente de faire une synthèse des critères qui permettent d’analyser les dynamiques et les hybridations propres à l’urbanisation contemporaines et qui posent « problème » à l’environnement urbain (densification, spécialisation des fonctions, intensification des échanges, gestion accrue des échanges).

7La quatrième partie est également classique dans sa démarche mais non moins intéressante. Un rappel épistémologique sur ce qu’est un problème, un système, l’écologie ou encore sur la théorie complexe et le capitalisme suivi d’un rappel historique sur la croissance urbaine mettent en perspective l’urbanisation et les discours dont elle est l’objet.

8La cinquième et dernière partie insiste sur la dimension politique de l’environnement et de l’urbanisation en relation avec la notion de développement durable. Eclairé de plusieurs exemples, l’auteur souligne plusieurs paradoxes : le politique a conduit à des situations de risque environnemental qui amènent à la réhabilitation du politique à travers la profusion d’instruments de gestion ou de critères issus du développement durable ; la réponse à plusieurs formes de risque nées de l’urbanisation est précisément l’intensification de l’urbanisation.

9Au final, Patrick Pigeon montre que les contraintes, externes ou internes, loin de brider le développement le favorisent en suscitant des innovations à condition que les enjeux politiques, économiques et sociaux les rendent possibles. A cette condition, non seulement l’urbanisation tend à s’auto-intensifier comme le dit l’auteur mais nous pouvons avancer l’idée que l’urbanisation produit les conditions mêmes du développement à toutes les échelles.

10L’ouvrage s’achève sur un glossaire d’une trentaine de termes éclairant sur les choix épistémologiques effectués par l’auteur.

11[L’environnement urbain au défi de l’urbanisation, Patrick Pigeon. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2007. 189 p.]

12par Alexis Sierra

Pour citer cet article

Référence électronique

« L’environnement urbain au défi de l’urbanisation », EchoGéo, Numéro 10 | 2009, [En ligne], mis en ligne le 26 octobre 2009. URL : http://echogeo.revues.org/index11458.html. Consulté le 05 janvier 2010.

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