22 D’ailleurs, dans ce débat, l’affrontement des disciplines est bien souvent produit par ceux qui en connaissent mal la complexité. Et même, peut-être, est-ce une certaine méconnaissance des questions que rencontre la sociologie qui pousse certains chercheurs en Sic à s’autoriser d’elle pour stigmatiser le travail sémiotique. Tous les sociologues sont loin de croire pouvoir ramener le sens à l’action. On trouve une discussion serrée du rapport entre prétention sociologique et prétention sémiotique dans le livre de Jean-Claude Passeron, Le raisonnement sociologique. Dans un chapitre de cet ouvrage, Passeron discute les conditions d’une analyse des pratiques culturelles, à propos de l’image. Sa visée principale est l’art pictural, mais il indique explicitement, à plusieurs reprises, que les questions qu’il pose concernent toute sociologie des pratiques liées à l’image. Logiquement, Passeron pose, en termes impeccables, la provocation que mérite
tout travail sémiotique : « Aucun texte, ou icône, aucune marque textuelle ou iconique, écrit-il, n’est jamais si contraignante ou si parlante qu’elle puisse suffire à imposer en tout contexte un pacte de réception assurant la rencontre des attentes du récepteur inscrites dans le texte ou l’icône » [Passeron, 2006 : 425]. C’est, je crois, indiquer définitivement que la sémiotique doit se donner un autre objet que de reconstruire le parcours du sens. Mais à la différence de bien des sociologues Sic (réels ou déclarés) qui fondent leur prétention sociologique sur un déni de l’analyse sémiotique, Passeron indique clairement que celle-ci est une condition indispensable pour qu’une enquête sur des pratiques signifiantes ne passe pas à côté de leur objet. Il demande qu’on s’emploie à identifier « l’ensemble des stipulations, présentes ou non dans l’image, mais toujours inscrites dans sa texture aussi bien dans son contexte », prenant soin
tout travail sémiotique : « Aucun texte, ou icône, aucune marque textuelle ou iconique, écrit-il, n’est jamais si contraignante ou si parlante qu’elle puisse suffire à imposer en tout contexte un pacte de réception assurant la rencontre des attentes du récepteur inscrites dans le texte ou l’icône » [Passeron, 2006 : 425]. C’est, je crois, indiquer définitivement que la sémiotique doit se donner un autre objet que de reconstruire le parcours du sens. Mais à la différence de bien des sociologues Sic (réels ou déclarés) qui fondent leur prétention sociologique sur un déni de l’analyse sémiotique, Passeron indique clairement que celle-ci est une condition indispensable pour qu’une enquête sur des pratiques signifiantes ne passe pas à côté de leur objet. Il demande qu’on s’emploie à identifier « l’ensemble des stipulations, présentes ou non dans l’image, mais toujours inscrites dans sa texture aussi bien dans son contexte », prenant soin
de préciser : « Seule la connaissance des ressorts sémiotiques de l’interprétation des images peut informer utilement les protocoles d’une enquête sociologique portant sur les effets propres, artistiques ou non, de la circulation des images » [Passeron : 428]. Les chercheurs qui s’inspirent de Jean-Claude Passeron auront donc grand peine à distinguer ce qui, dans leur travail, relève du sémiotique, du sociologique, du communicationnel : ainsi la recherche menée par Emmanuel Ethis sur les publics des cinémas et des festivals, qui repose sur une analyse de traits sémiotiques qu’il choisit de placer au cœur de son investigation [Ethis : 2004].