23.01.2012

La zone euro veut faire avancer les négociations sur la dette grecque

Les ministres des Finances de la zone euro espèrent bou­cler lundi un accord sur la réduc­tion de la dette grecque, vital pour éviter la faillite du pays, et avan­cer sur le pro­jet de nou­veau pacte bud­gé­taire pour ren­for­cer leur dis­ci­pline et éviter de nou­velles crises.

Après plus d'une semaine de négo­cia­tions dif­fi­ciles autour de la dette grecque, un accord semble à por­tée de main même si le bras de fer se pour­suit entre créan­ciers pri­vés et publics du pays sur les taux d'intérêt qui seront offerts aux banques pour les nou­velles obli­ga­tions dont elles vont hériter.

"L'absence d'accord avec les créan­ciers para­lyse l'activité écono­mique et empêche tout inves­tis­se­ment. A par­tir du moment où il y aura un accord, et on en est très proche, ça va repar­tir et cas­ser la spi­rale de la réces­sion" en Grèce, a estimé lundi une source diplo­ma­tique européenne.

Trouver un accord est urgent. Athènes a besoin de cet argent afin de rem­bour­ser 14,4 mil­liards d'euros en mars si elle le pays veut éviter la banqueroute.

Le négo­cia­teur du sec­teur privé, Charles Dallara, a pré­venu dimanche que les banques et fonds d'investissement déten­teurs de dette grecque ont fait leur "offre maxi­male" et atteint la limite des pertes qu'ils peuvent supporter.

"Tout repose main­te­nant lar­ge­ment dans les mains" des créan­ciers ins­ti­tu­tion­nels (Banque cen­trale euro­péenne, Union euro­péenne et Fonds moné­taire inter­na­tio­nal) "pour choi­sir la direc­tion, soit un plan d'échange de dette volon­taire, soit un défaut" de paie­ment de la Grèce, avec des consé­quences incal­cu­lables, a-t-il ajouté à la télé­vi­sion grecque.

Ces dis­cus­sions devaient ini­tia­le­ment débou­cher sur un accord avant la réunion des ministres euro­péens des Finances qui débu­tera à 14H30 (13H30 GMT) à Bruxelles.

Elles portent sur l'effacement de 100 mil­liards d'euros de dette grecque, qui doit per­mettre au pays de faire bais­ser son taux d'endettement à 120% du PIB en 2020 contre 160% actuel­le­ment. De l'accord qui sera trouvé dépend la mise en place d'un deuxième plan d'aide de 130 mil­liards d'euros.

Le rôle des ministres était au départ de juger la vali­dité de l'accord et de son carac­tère volon­taire, sans quoi il s'apparenterait à un défaut de paie­ment pur et simple.

Mais face aux dif­fi­cul­tés ren­con­trées, l'objectif est désor­mais d'avoir un accord sur la table d'ici au som­met des diri­geants euro­péens le 30 janvier.

Les négo­cia­tions ont traîné en lon­gueur car les négo­cia­teurs grecs, sou­te­nus par le FMI, ont insisté pour que les pertes volon­taires des banques soient plus impor­tantes que prévu, au vu de la dété­rio­ra­tion écono­mique du pays.

Les créan­ciers pri­vés doivent donc accep­ter de perdre plus de 50% sur les obli­ga­tions grecques qu'elles pos­sèdent. Le hia­tus porte désor­mais sur le taux d'intérêt qui leur sera accordé pour leurs nou­veaux titres de dette.

Les banques veulent qu'il soit le plus élevé pos­sible, les créan­ciers publics — en par­ti­cu­lier le FMI et l'Allemagne — plaident pour un niveau aussi bas que pos­sible pour garan­tir la sur­vie des finances de l'Etat grec.

En plus de l'urgence grecque, les ministres vont devoir peau­fi­ner leur arse­nal contre la crise, à com­men­cer par le pacte bud­gé­taire censé ren­for­cer la dis­ci­pline de la zone euro et des pays euro­péens sou­hai­tant s'y associer.

Ce traité a été voulu à tout prix par Berlin qui en a fait une condi­tion sine qua non de sa soli­da­rité finan­cière envers les pays fra­giles. Il passe notam­ment par l'inscription d'une règle d'or sur le retour à l'équilibre des comptes publics.

Une réunion spé­ciale est pré­vue aux alen­tours de 20H00 (19H00 GMT) et a pour objec­tif d'étudier le pro­jet sur la table, qui com­porte encore plu­sieurs points litigieux.

Les som­mets de la zone euro pourront-ils être ouverts à tous les pays ayant signé ce traité ? Le pacte bud­gé­taire sanctionnera-t-il les déra­pages d'un Etat concer­nant les seuls défi­cits ou égale­ment de la dette ? Quel sera le rôle exact de la Cour euro­péenne de justice ?

Un autre sujet déli­cat por­tera sur une nomi­na­tion au sein du direc­toire de la BCE pour y rem­pla­cer l'Espagnol José Manuel Gonzalez-Paramo dont le contrat arrive à son terme, en mai. Ce poste sus­cite beau­coup de convoitises.


 

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