Dimanche 18 septembre, Jean-Luc Mélenchon a eu droit à 15 minutes de discours lors de la clôture de la Fête de l’Humanité, 76e du nom. Une première. Ainsi, le PCF poursuit sa transformation. Une mue nécessaire sous peine de disparaître de l’échiquier politique.
Il fut un temps où l’on moquait le faible score électoral du parti communiste par des plaisanteries. « Connaissez-vous la différence entre le Beaujolais et le Parti Communiste Français ? Le Beaujolais est sûr de faire au moins 12.5°C ». Pour le parti de gauche français, il y a bien longtemps que même la barre des 10 % n’est plus qu’un doux rêve. Le monde ouvrier, autrefois pierre angulaire de l’électorat communiste, est moins conséquent et s’est progressivement détourné d’un parti qui, pour beaucoup, appartient au passé pour rejoindre les rangs du Front National.

Un PCF avalé

Pour la première fois de son histoire, le parti de Thorez sera représenté à la prochaine présidentielle par un candidat non-issu de son sein. Jean-Luc Mélenchon, ancien parlementaire PS et président du Front de Gauche, a en effet été adoubé par l’institution de la place du Colonel Fabien. Malgré les réticences d’une partie des militants soutenant une candidature interne - celle notamment d’André Chassaigne - les communistes ont fait le choix de la raison plutôt que de la fierté.

Mélenchon semblant, avec son discours en rupture avec le monde politique classique, en mesure de donner un poids certain à cette partie de la gauche lors des prochaines échéances électorales. Une visibilité plus conséquente que celle qu’a offert Marie-Georges Buffet, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports, en ne récoltant qu’1,93 % des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle de 2007. Un score historiquement bas.

Désintérêt des socialistes ?

De Georges Marchais à Pierre Laurent, en passant par Robert Hue, le parti créé en 1920 lors du Congrès de Tours n’a pas su endiguer un déclin concomitant à la dislocation du bloc soviétique. Bien sûr, le PCF fut un parti de gouvernement, chose inédite dans une démocratie de l’Ouest, au début de l’ère Mitterrand et sous la cohabitation Chirac-Jospin de 1997 à 2002.

Il semble cependant peu probable qu’une telle situation ne se réitère si le PS revenait au pouvoir l’année prochaine. Comme en témoigne l’importance qu’a tenu la question du nucléaire dans le premier débat télévisé des primaires, le parti de la rue de Solférino semble bien plus enclin à séduire Europe-Ecologie-Les Verts dont le poids politique actuel dans l’électorat est supérieur (Cécile Duflot, la secrétaire nationale d’EELV, estime que la candidate écologique, Eva Joly, pourrait réunir 10 % des suffrages en mai prochain). Pourtant, lors de la journée de clôture de la Fête de l’Humanité, dimanche dernier, le parc de la Courneuve a vu débarquer Arnaud Montebourg, Martine Aubry et Ségolène Royal, tous trois venus soigner leur gauche à quelques semaines des primaires. Un signe positif pour Mélenchon, soucieux de voir le PS naviguer vers la gauche plutôt que vers EELV ou le Centre.

Benjamin Delombre, étudiant à l’université Jean Moulin- Lyon III

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